2012, l`Odyssée de l`Homme - Muséum national d`Histoire naturelle

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2012, l`Odyssée de l`Homme - Muséum national d`Histoire naturelle
LeMuséum
La Lettre d’information
Numéro 9 Avril 2009
2012,
l’Odyssée de l’Homme
En 2012, un Musée de l’Homme entièrement rénové rouvrira ses portes. Dépositaire de collections dédiées
à l’Homme, il sera à la fois lieu de diffusion, centre de recherche et d’enseignement. Un tournant majeur pour un
établissement unique en son genre et intégré au site mythique du Palais de Chaillot.
Mars 2003 : une réflexion sur le nouveau Musée débute. À la demande des ministres de la Recherche, de l’Éducation
nationale, de la Culture et de l’Environnement, Jean-Pierre Mohen, conservateur général du patrimoine, pilote les travaux
d’une commission dont les conclusions vont donner le ton.
Les candidats au concours international d’architecture, lancé en 2004, doivent en effet s’appuyer sur le concept de
“musée-laboratoire” : un principe imaginé dès l’origine par Paul Rivet, auquel les experts de la commission entendent
rester fidèles.
En 2006, l’équipe Brochet-Lajus-Pueyo et l’atelier Emmanuel Nebout décrochent le chantier de rénovation,
qui concerne les futurs espaces du Musée dédiés au public, à la recherche et à l’enseignement. L’avant projet
détaillé est présenté en 2008. La même année, l’État alloue une enveloppe de plus 52 millions d’euros à la
rénovation du Musée de l’Homme.
L’accueil du public est envisagé d’ici trois ans, mais avis aux impatients ! Une visite guidée vous attend en
pages 4 et 5 de ce numéro de la Lettre du Muséum.
«
Choses rares ou choses belles, ici savamment
assemblées, instruisent l’œil à regarder, comme encore
jamais vues, toutes choses qui sont au monde.
Paul Valéry, citation inscrite sur le fronton du Musée de l’Homme.
»
Vénus de Lespugue, statuette en ivoire de mammouth,
environ 25 000 ans, Haute-Garonne. Collection d’anthropologie.
© D. Ponsard / Musée de l’Homme
Le balcon des sciences.
Image concours © s. hommes / s. latizeau
Portrait Page 8
La Fondation
Prince Albert II
Historienne
de nos origines
Jeune -elle a été créée en 2006-,
mais déjà engagée sur plusieurs
fronts, la Fondation s’intéresse
à trois zones géographiques : la
Méditerranée, les régions polaires
et les pays les moins développés.
À ses côtés, le Muséum apporte
son expertise et son savoir-faire
scientifiques.
Des villageois d’une vallée du Jura
aux Pygmées d’Afrique centrale,
en passant par les populations
du Québec et les nomades
d’Asie centrale... Évelyne Heyer
anthropologue et généticienne,
tente de démontrer l’influence
des pratiques culturelles sur
la
diversité
génétique
des
populations humaines.
© Tatyana Hegay
© P.Mondielli
partenariat Page 7
“Nous”
Rapports entre l’Homme et la nature, entre
l’Homme et “sa” nature, unicité du genre
humain au-delà du temps, de l’espace et
de la diversité des cultures… autant de
thématiques intrinsèques à notre Histoire et
de clefs de lecture pour déchiffrer les enjeux
environnementaux actuels.
Qui sommes-nous ? Comment développer
nos savoirs et rendre compte de l’avancée
de la connaissance sans occulter nos
questionnements sur la formidable aventure
de notre espèce ?
Ces interrogations - ces défis - sont ceux du
Musée de l’Homme. Un établissement dont les
activités illustrent à elles seules les missions
statutaires du Muséum national d’Histoire
naturelle, auquel il est rattaché depuis son
origine : recherche, conservation, expertise,
enseignement et diffusion dans le domaine
des sciences naturelles et humaines. Ces
domaines d’intervention trouveront leur
place dans l’espace entièrement rénové du
site de Chaillot.
En juillet 2008, sur la proposition de la
ministre de l’Enseignement supérieur et
de la Recherche, Valérie Pécresse, le
gouvernement a affecté 52 millions d’euros
à la rénovation du Musée de l’Homme.
Dès 2012, celui-ci accueillera salles
de cours et laboratoires, bibliothèque et
réserves, ateliers pédagogiques et galeries
d’exposition… respectant ainsi le principe
de “musée-laboratoire” cher au fondateur
et premier directeur du Musée de l’Homme :
Paul Rivet. Synergie entre les disciplines,
proximité avec la recherche vivante et
avec le public donnent de la force à cet
établissement original entièrement dédié
à l’Homme, et à tous les départements du
Muséum. La richesse de ses collections de
préhistoire et d’anthropologie, parmi les
premières au monde, renforce son statut
international unique. Après le transfert
de celles d’ethnologie au Musée du Quai
Branly et au MuCEM de Marseille, l’occasion
nous est offerte de valoriser ce potentiel
exceptionnel.
L’engagement de l’État, la mobilisation des
équipes, la passion des chercheurs, les
attentes du public sont là. Grâce à cette
volonté commune et à ces énergies se
prépare le Musée du “Nous”, accessible à
tous, ouvert aux débats d’aujourd’hui, futur
centre de rayonnement scientifique.
Je voudrais remercier chaque personne
impliquée dans ce projet qui me tient
particulièrement à cœur, et a pris un élan
décisif, soutenu par 25 000 visiteurs
enthousiastes, lors du week-end de fermeture
avant rénovation.
Bertrand-Pierre Galey
Directeur général
1
Avril 2009
Muséum national d’Histoire naturelle
Actualités
événements
RENDEZ-VOUS
Panthères de Chine
Nuit des Musées
Wei, une panthère de Chine mâle (Panthera
pardus japonensis), a poussé ses premiers cris
le 30 novembre 2008 à la Ménagerie du Jardin
des Plantes. Une espèce rare – 42 individus
répartis dans les zoos européens et seulement
2 500 à l’état sauvage – qui fait l’objet d’un plan
d’élevage européen auquel participe activement
la Ménagerie.
Les Galeries d’Anatomie comparée et de
Paléontologie ouvrent leurs portes en nocturne
au public qui (re)découvrira des milliers de
squelettes de vertébrés actuels (poissons…)
et de fossiles d’espèces disparues (dinosaures,
mammouths…), témoins de l’histoire de la vie.
Un éclairage original ainsi que de nouvelles
installations illumineront ce voyage dans la
nuit des temps : le Sarchosuchus imperator, un
crocodile fossile daté de 140 millions d’années,
ou encore “l’arbre du vivant”, dispositif interactif
aidant à se repérer dans la classification du
vivant.
16 mai, de 19 h à minuit, entrée gratuite.
© MNHN
Fête de la nature
événements
Cresco
L’Ifremer et le Muséum se sont associés pour
construire à Dinard le “Centre de Recherche
et d’Enseignement sur les Systèmes Côtiers”,
inauguré le 6 février dernier. Cette plateforme opérationnelle de recherche couvrant
1 200 m2 dispose de moyens à la mer mais aussi
analytiques et expérimentaux. Autant d’atouts
lui permettant de développer des recherches
fondamentales et appliquées et d’apporter une
expertise relative au développement durable
des espaces côtiers et estuariens.
Pendant ce week-end spécial, plusieurs
parcours commentés et destinés à tous sont
proposés : visite générale du Jardin écologique,
découverte de la flore sauvage, initiation au
dessin naturaliste, observation et écoute des
oiseaux. Des sorties nature en forêt, encadrées
par des scientifiques du Muséum, sont également
prévues.
16 et 17 mai 2009
Programme détaillé sur www.mnhn.fr
Plus d’info sur : www.fetedelanature.com
Journée internationale
de la biodiversité
Pour fêter la JIB, qui a lieu chaque année le 22 mai,
les espèces exotiques “envahissent” le Jardin
des Plantes : identification des plantes invasives
à l’École de botanique, film-débat le 23 mai
et cycle de conférences-débats programmé le
24 mai. Par ailleurs, une exposition-panneaux
Les espèces exotiques envahissantes s’installe
dans le hall de la Grande Galerie de l’Évolution.
© DR
Du 22 au 24 mai 2009
Exposition : du 22 mai au 5 juin, tous les jours
sauf le mardi, de 10 h à 17 h 15. Accès libre.
Onze espèces de mammifères sur 119 -dix espèces
continentales et une marine- sont menacées de
disparition du territoire métropolitain : tel est
le verdict du chapitre 3 de la Liste rouge des
espèces menacées en France. Des chiffres issus
de l’évaluation réalisée par le Muséum et le
Comité français de l’UICN, en partenariat avec
la Société française pour l’étude et la protection
des mammifères et l’Office national de la chasse
et de la faune sauvage.
Observatoire des papillons
Le Muséum et l’association Noé Conservation, en
partenariat avec la Fondation Nicolas Hulot pour
la Nature et l’Homme, lancent la 4e saison de
l’Observatoire des Papillons des Jardins. Cette
année, l’Observatoire s’agrandit avec l’Opération
Escargots. L’objectif : installer un réseau de
surveillance national d’espèces communes dans
les jardins. Comment ? Grâce à la participation
des citoyens, puisque l’originalité de ces
observatoires est de mobiliser le grand public.
Les informations collectées permettent de mieux
comprendre les impacts des changements
climatiques, des modifications du paysage
ou encore des pratiques de jardinage. Alors,
rendez-vous au jardin de mars à octobre !
www.mnhn.fr/vigie-nature
2
© MNHN
Espèces menacées
Rendez-vous aux jardins
Dans le cadre de cette manifestation qui se
déroule partout en France, les jardiniers du
Jardin des Plantes répondent aux questions des
visiteurs sur “Terre, terrain, territoire”, le thème
de cette année. À cette occasion, l’accès au
jardin alpin est gratuit.
Du 5 au 7 juin 2009
RÉCOMPENSE
Une équipe qui gagne !
Aux Sources de la Terre, projet développé
conjointement par le Muséum et le BRGM en
2008 à l’occasion de l’Année internationale
de la planète Terre, a reçu en février dernier le
TOPCOM d’Or dans la catégorie “RP Evénement
Externe Corporate”. Le jury a souligné l’originalité
de cet événement, la forte alchimie dégagée par
l’association de l’image des deux institutions,
ou encore l’efficacité dans l’approche des
différents publics.
Avril 2009
Souci © P. Alletru / NoeConservation
Escargot des Haies © Chambon
Or des Amériques
Le Musée de la civilisation de Québec, en collaboration avec le Muséum, invite
à la conquête de l’Or des Amériques, où le précieux métal domina largement
le marché mondial durant quatre siècles, avec un pic au XIXe siècle. Source de
fascination depuis la nuit des temps, l’or a attisé bien des convoitises, bouleversé
la vie des autochtones, des conquérants, des explorateurs et des pionniers,
provoqué la colonisation de nouveaux territoires, une immigration massive, la
création de villes éphémères, la dégradation des milieux, l’accumulation de
fortunes colossales pour certains et la ruine pour tant
d’autres. S’appuyant sur plus de 280 objets rares,
illustrations, vidéos et dispositifs originaux,
l’exposition aborde l’or sous plusieurs
aspects, à travers six espaces. La
minéralogie d’abord, avec L’or dans la
nature et La nature de l’or, mais aussi
l’histoire -L’or des dieux présente
les civilisations précolombiennesjusqu’à La fièvre de l’Or et Les
chasseurs de rêves, qui relatent la
folle quête du métal au cours des
siècles. Enfin, l’écologie et les
risques environnementaux -une
thématique à laquelle le Muséum a
pu apporter activement son expertisesont présentés dans L’extraction de
l’or en Guyane française. Le parcours
se termine sur les usages les plus récents
avec L’or et nous.
Or des Amériques,
Galerie de Géologie et de Minéralogie,
8 avril 2009 - 11 janvier 2010
Accessible à tout public dès l’âge de 8 ans.
www.mnhn.fr/or
Buisson d’or, collection du Muséum national d’Histoire naturelle
Agrégat de cristaux d’or sur gangue de quartz blanc
Mine Eagle’s Nest, comté de Placer, Californie, États-Unis
© MNHN
Nouveau président
Depuis février 2009, Gilles Boeuf est le nouveau
Président du Muséum. Titulaire d’un DEA en
océanographie biologique, docteur de 3e cycle en
biologie du développement et docteur d’État ès Sciences
naturelles, il enseigne la physiologie environnementale,
la biodiversité et les ressources vivantes de l’océan à
l’université Paris VI. La physiologie de l’adaptation au
milieu chez les poissons, ainsi que la physiologie et
l’endocrinologie du développement et de la croissance
font partie de ses principales activités de recherche.
Auteur de plus de 300 publications nationales et
internationales, Gilles Boeuf participe également à de
Gilles Boeuf, Président du Muséum
© M. Carton / MNHN
nombreuses missions à l’étranger, à titre de coopération
scientifique ou encore d’expertise. Fin connaisseur du Chili, où il a passé trois
années, il est responsable du projet de recherche ARCUS qui réunit ce pays
et le Brésil sur “la Biologie cellulaire et moléculaire, les sciences de la santé
et l’utilisation de modèles marins”. Il a présidé le Conseil scientifique du
Muséum pendant deux ans, et demeure par ailleurs président de nombreux
Conseils scientifiques.
Les vélins de Redouté
La Bibliothèque Centrale du Muséum
célèbre le 250e anniversaire de la naissance
de l’un des plus célèbres peintres de fleurs :
Pierre-Joseph Redouté. À cette occasion,
une sélection d’œuvres (vélins, dessins,
aquarelles, estampes…) souligne le talent
de ce jeune peintre wallon. Technicien
remarquable et aquarelliste talentueux,
Redouté enchaîne les succès et les titres
dont celui de Maître de dessin du Muséum
d’Histoire naturelle. Il publie des ouvrages
à succès comme Les Liliacées (1802-1807),
Les Roses (1817-1824) et Choix des plus
belles fleurs (1827). Dans la collection des
vélins du Muséum, les œuvres signées de
Redouté impressionnent d’abord par leur
nombre (plus de 500), mais aussi par leur
incroyable qualité.
Cabinet d’histoire du Jardin des Plantes,
du 21 janvier au 27 avril 2009
Amaryllis equestris Jacq et Ornithogalum miniatum
Jacq (en arrière plan).
© Bibliothèque centrale, MNHN, Paris
Terrain
L’Homme,
objet de collection ?
C
omme toutes les collections du Muséum
national d’Histoire naturelle, celles du
Musée de l’Homme ont la particularité
d’être à la fois objets de musée et supports
de recherche. Supports pour les deux départements
scientifiques associés au Musée : Préhistoire et
Hommes, Natures, Sociétés. Supports également pour
les chercheurs ou étudiants internationaux. « Il existe
un lien évident entre muséologues et scientifiques.
Les derniers diffusent leurs résultats avec l’aide des
premiers », explique Jean-Pierre Mohen, directeur de
la rénovation du Musée de l’Homme.
Collection de préhistoire
La préhistoire couvre 2,5 millions d’années, depuis
l’apparition des êtres humains jusqu’à l’invention de
l’écriture. « Le Muséum est le seul musée européen
à posséder une collection de référence sur cette
période, d’une telle diversité géographique et
chronologique », indique François Semah, directeur
du département Préhistoire. La collection compte
environ 500 000 objets relevant des “industries”
préhistoriques : des pierres taillées par l’Homme,
des éléments de squelettes d’animaux chassés,
consommés et utilisés comme matière première, mais
aussi des poteries et des objets métalliques pour les
périodes les plus récentes. Tous les continents sont
représentés, mais plus de la moitié des pièces sont
originaires d’Afrique. La collection de préhistoire
comprend également des relevés d’art rupestre
-reproductions de peintures et de gravures ornant les
grottes et les rochers du paléolithique supérieur et du
néolithique, à travers le monde.
Une particularité : toutes les pièces ne sont pas
conservées au Musée de l’Homme. Certaines sont
abritées à l’Institut de Paléontologie humaine ou
à l’abri Pataud, site de fouilles archéologiques en
Dordogne appartenant au Muséum.
Les collections en chiffres
Les collections du Musée de l’Homme représentent plus
de 500 000 “entrées”, qui regroupent notamment
différents ossements d’un même squelette, silex taillés
d’une même couche archéologique ou divers éléments
de harnachement d’un chameau. Elles comptent près
de 500 000 entrées en préhistoire -dont 350 000 restes
animaux des faunes quaternaires et actuelles-, 30 000
en anthropologie physique (spécimens et représentations
du corps humain) et 2 500 en ethnologie.
Silex taillés, vallée de la Somme, étiquettes annotées par Boucher de Perthes.
Collection de préhistoire. © D. Ponsard / Musée de l’Homme
Anthropologie biologique
« En termes de diversité, la plus importante au
monde ! », s’enthousiasme Serge Bahuchet, directeur
du département Hommes, Natures, Sociétés.
Que présente-t-elle ? En premier lieu, des os, des crânes,
des fossiles… Autant de témoins de notre évolution
biologique ; autant d’arguments démontrant l’unicité
de l’espèce humaine. Les collections d’ostéologie
du Musée de l’Homme intègrent la majorité des
fossiles d’hommes préhistoriques découverts en
France, notamment des hommes de Cro-Magnon et
de Néanderthal, et même une collection de momies
originaires d’Égypte, des Canaries ou du continent
sud-américain. « Une collection universelle qui
présente des spécimens du monde entier », précise
Serge Bahuchet.
Parallèlement, de nombreuses pièces mi-artistiques,
mi-scientifiques reproduisent le corps humain et
reflètent ainsi les grands mouvements scientifiques
d’anthropologie. Parmi celles-ci : 500 moulages de
visages et de bustes, des préparations anatomiques,
des sculptures ou des collections de “curiosa”,
rendant compte, entre autres, de thèses scientifiques
aujourd’hui dépassées -telles la phrénologie- mais
constituant une documentation unique sur l’évolution
de l’humanité lors des deux derniers siècles.
Figurine en fromage de brebis, Ukraine, milieu XXe. Don T. Fougal. Collection d’ethnologie.
© D. Ponsard / Musée de l’Homme
Des collections d’ethnographie…
Pour créer le Musée d’ethnographie, à la fin
du XIXe siècle, Ernest Hamy réunit tous les lots
jusque-là dispersés dans différentes institutions :
la Bibliothèque nationale, le musée du Louvre, la
Bibliothèque Sainte-Geneviève… La collection s’est
ensuite enrichie grâce aux donations, aux legs et
aux achats mais surtout grâce aux collectes des
chercheurs sur le terrain. En 2000, elle comptait plus
de 350 000 objets. Mais en ce début de XXIe siècle, le
paysage muséal français change. En 2004, toutes les
collections non-européennes, près de 300 000 objets,
sont transférées au nouveau musée du Quai Branly.
L’année suivante, les 50 000 objets européens sont
déposés au futur Musée des Civilisations de l’Europe
et de la Méditerranée (Mucem) prévu à Marseille.
Mais ces transferts sont loin de marquer la fin des
collections ethnographiques au Muséum.
« Auparavant, les objets ethnographiques représentaient
90 % des pièces exposées au Musée. L’importance des
deux autres collections était complètement oblitérée !
Cette nouvelle donne a permis de repenser le Musée
de l’Homme et la collection d’ethnographie »,
explique Serge Bahuchet.
Trophée : crâne d’un Dayak ciselé et orné de coquilles, Bornéo, XIXe s.
Collection d’anthropologie. © D. Ponsard / Musée de l’Homme
… Aux collections d’ethnologie
Désormais, ce qui intéresse le Musée en termes
d’anthropologie culturelle, ce sont les rapports
que l’Homme entretient avec la nature, depuis
ses origines jusqu’à nos jours : comment s’est-il
adapté ? Comment l’a-t-il transformée ? Comment
s’en est-il servi ? Comment la considère-t-il ?
Pour ces recherches, le département Hommes,
Natures, Sociétés doit s’appuyer sur des témoins
matériels : des outils ou des objets de consommation,
du passé jusqu’à nos jours. Dans la même perspective,
les expositions du futur Musée resitueront l’Homme
dans son environnement naturel et dans toute la
complexité de ses activités.
Il ne s’agit donc pas de reconstituer une collection
d’objets ethnographiques telle qu’elle existait
auparavant : les prochaines acquisitions doivent
être intimement liées aux orientations scientifiques
du Muséum. La nouvelle collection d’ethnologie
compte actuellement 2 500 objets environ :
vanneries, textiles, poteries, outils divers… sans
oublier d’importantes archives scientifiques liées aux
collections ethnographiques, anciennes et récentes.
Collectes sur le terrain par les chercheurs, dons et
legs viennent enrichir la collection.
La face cachée des collections
Les collections du Musée de l’Homme constituent l’outil
de travail des deux départements scientifiques présents
dans les murs. Elles sont composées d’objets,
de vestiges environnementaux, de fossiles humains,
de relevés rupestres mais aussi de documents imprimés
et d’archives scientifiques. Les premiers sont gérés
par la direction des Collections, les seconds,
par la direction des Bibliothèques. Par ailleurs,
la Bibliothèque du Musée de l’Homme, spécialisée
en préhistoire et en anthropologie physique, est Centre
d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique
et technique pour la préhistoire : chaque année, l’État
lui octroie une subvention pour l’acquisition d’ouvrages
sur cette thématique.
3
Avril 2009
Buste en plâtre d’Asénat.
Eleonora Elizabette,
femme inuit, 27 ans, 1856.
Collection d’anthropologie.
© D. Ponsard / Musée
de l’Homme
Au départ était le musée d’ethnographie, créé en 1880 au palais du
Trocadéro. En 1928, Paul Rivet, professeur d’anthropologie au Muséum
en devient le directeur. Il décide de réunir toutes les collections
consacrées à l’espèce humaine : celles d’ethnographie, d’anthropologie
physique et de préhistoire. Ainsi naît le Musée de l’Homme.
Son identité est indissociable des collections qu’il abrite.
Dossier
Le nouveau
Musée de l’Homme
Le Musée de l’Homme fait peau neuve. Dédié à l’étude de l’espèce humaine,
il présentera les grandes lignes de son histoire naturelle et sociale,
à partir de 2012, dans un espace entièrement revisité.
Chinois ou Homme de type Mongol, bronze de Charles Cordier, 1853.
Collection d’anthropologie. © D. Ponsard / Musée de l’Homme
Pérenne et éphémère
Le Musée de l’Homme en surface
La saga de l’Homme
Construit par Davioud pour l’exposition
universelle de 1878, le Palais du Trocadéro
fut remodelé par Carlu pour celle de 1937. Le
bâtiment historique qui abrite le Musée de l’Homme
est donc le fruit de deux gestes architecturaux
majeurs. Comment rénover pareil monument ?
Olivier Brochet fait partie de l’agence bordelaise
Brochet-Lajus-Pueyo chargée de relever le défi,
en association avec le Montpelliérain Emmanuel
Nebout. Pour lui, la reconquête du site doit se faire
en harmonie avec l’édifice actuel : « Il faut que
rien ne change dans l’apparence de ce monument
en plein cœur de Paris mais que tout change dans
les usages possibles. »
Sur une surface rénovée de 17 000 m2 environ,
6 000 m2 sont dédiés au public. Les 3 000 m2
de galeries accueillent l’exposition permanente et
1 000 m2 sont réservés aux présentations temporaires.
Le Musée abrite également médiathèque, cinéma,
auditorium, café et salles modulables. Départements
scientifiques, salles d’études, réserves et laboratoires
se partagent quant à eux 4 200 m2.
« On est une synthèse biologique, culturelle,
génétique… soi-même ! Et bien, nous souhaitons
que le Musée de l’Homme en soit le reflet », affirme
Jean-Pierre Mohen, directeur de la rénovation.
Mais comment aborder l’humanité dans son
unité, sa diversité et son évolution ? Aperçu de la
nouvelle muséographie, pilotée par l’agence de Zette
Cazalas…
Les galeries permanentes mettront en scène
des sujets aussi singuliers, passionnants et
complémentaires que les origines des lignées
humaines, la transformation du monde minéral,
les rites identitaires des sociétés, les âges de la
vie... « Le tout dans un registre compatible avec
celui du musée, précise Zette Cazalas, c’est-à-dire
un lieu d’enchantement, de divertissement, de
réflexion et de connaissances ». Loin d’être alignés
dans des vitrines, les objets sont replacés dans
leur contexte. Fluide, le parcours s’effectue sur
deux niveaux, associant collections et multimédia.
Le visiteur passe de dispositifs ludiques à des
points d’information centrés sur l’avancée des
connaissances.
Plus d’espace et de lumière
Avril 2009
4
L’atrium.
Image concours © s. hommes / s.latizeau
Transparence retrouvée sur la Tour Eiffel, mise en
scène épurée, projection de superbes ciels d’îlede-France... le hall d’entrée réserve un bel accueil
au visiteur.
« C’est la volonté de remettre les espaces en
lumière naturelle qui guide notre travail », précise
Emmanuel Nebout.
Le parti pris des architectes est la création d’un
vaste atrium, haut de 16 mètres, sur deux niveaux.
Eclairé par la verrière de Davioud, grâce à une
suppression partielle du plafond, il offre une
perspective inédite sur la Seine et le Champ de Mars.
Ce lieu ouvert à tous est le cœur du Musée,
desservant galeries d’exposition, librairie, café, ateliers
pédagogiques, auditorium, salles de conférences…
Un “musée-laboratoire”
Respectueux du monument, le projet de
rénovation l’est aussi de l’histoire du Musée de
l’Homme. Un point essentiel, car la richesse de
l’établissement, sur le plan international, réside
dans un fonctionnement imaginé par son fondateur,
Paul Rivet. Dès 1938, celui-ci souhaite créer “un
musée-laboratoire”, rattaché au Muséum d’Histoire
naturelle, réunissant bibliothèque, collections
d’ethnographie, de préhistoire et d’anthropologie,
mais aussi recherche et enseignement.
Au troisième niveau du bâtiment, quelque 160
chercheurs sont donc attendus. Le nouveau Musée
concrétise ainsi le rêve d’une institution tournée
autant vers la construction des savoirs que vers la
diffusion des connaissances sur l’Homme. Il veut
faire le lien entre la science et le public en s’appuyant
sur des conférences, des films, des concerts, une
offre pédagogique de qualité et ses collections.
En dépit du transfert de celle d’ethnographie au
musée du Quai Branly et au MuCEM de Marseille,
les galeries du Musée resteront riches de pièces
évocatrices de l’épopée humaine.
Crâne de l’Homme de Cro-Magnon,
dit “Le vieillard”, 28 000 ans
(les Eyzies-de-Tayac, Dordogne).
Collection d’anthropologie.
© D. Ponsard / Musée de l’Homme
Dossier
Les temps forts de la visite
Entre culture et nature
Parmi les temps forts, une immense tête composée
de 350 bustes, moulés sur nature au XIXe siècle,
illustre l’unicité et la diversité de l’humanité.
Une tour de 12 mètres, déployée sur le double niveau
des galeries, raconte la formidable inventivité de
l’Homme pour s’adapter à son milieu naturel : filet
attrape-nuages, équipements pour se protéger du
froid, du soleil, de la pluie, ou explorer les volcans,
les fonds marins, l’espace…
Plus loin, arbre phylogénétique, buissonnement
des lignées humaines et comparaison des primates
supérieurs permettent au visiteur de renouer
avec ses ancêtres. Il faut dire que le Musée de
l’Homme possède des fossiles exceptionnels, en
particulier “Cro-Magnon” et Homo néandertalensis
de “La Ferrasie”.
Dans la section de la galerie consacrée à notre
anatomie, la visite d’un cerveau géant étonne.
Vient ensuite une réflexion sur des éléments clefs
de notre adaptation : domestication des animaux,
sédentarisation, création d’outils, naissance des
grandes civilisations, industrialisation.
L’observatoire de l’humanité rend compte, à la fin
du parcours, des recherches actuelles.
« Le projet de rénovation est aussi l’occasion de
développer un grand centre de recherche intégré,
consacré à l’évolution de l’Homme », explique
Serge Bahuchet, directeur du département
Hommes, Natures, Sociétés. Celui-ci s’interroge
sur l’articulation entre sociétés humaines et
environnement, et sur les liens entre biologie et
culture. Unité et diversité de l’Homme, relations à
la nature dans le temps et dans l’espace, du point
de vue biologique, écologique, social et culturel
intéressent les chercheurs. Ces derniers s’appuient
sur des collections d’anthropologie biologique,
d’ethnologie et d’ethnobiologie (plantes cultivées,
végétaux et animaux utilisés par les sociétés
humaines, objets d’ethnomédecine). Les travaux
actuels concernent les familles linguistiques des
populations d’Asie centrale, la diversité génétique,
musicale et linguistique des populations d’Afrique
centrale
(chasseurs-cueilleurs
pygmées
et
agriculteurs). Le département est également présent
en Mauritanie, en Ethiopie, au Groenland, en
Laponie, au Vanuatu, au Brésil et à Madagascar.
«
Feuille de laurier en cristal
de roche, Solutréen (Dordogne).
Collection de préhistoire.
© D. Ponsard / Musée
de l’Homme
Lieu de recherche et de développement
scientifique, le Musée de l’Homme offre aussi
des espaces de débats et un éclairage sur des
enjeux de société fondamentaux. L’Homme
évolue-t-il toujours ? Comment s’est-il adapté aux
modifications de son environnement naturel ?
Comment a-t-il survécu ? Quelles sont les
populations menacées aujourd’hui ? Patience…
jusqu’à 2012 !
L’humanité est un tout indivisible,
non seulement dans l’espace,
mais aussi dans le temps.
Paul Rivet, 1937
»
Peinture sur feuille de palmier représentant un esprit des eaux à
corps de crocodile, Papouasie Nouvelle-Guinée, 2003, mission
Ch. Coiffier. Collection d’ethnologie. © D. Ponsard / Musée
de l’Homme
La profondeur du temps
D’hommes à l’Homme
Ces recherches, deux départements associés au
Musée de l’Homme y participent pleinement.
Leurs travaux, menés lors d’expéditions et au sein
de laboratoires, font référence.
Celui de Préhistoire, lieu de dialogue entre
sciences de la nature et de l’Homme, apporte
la profondeur chronologique indispensable à
l’étude des relations Homme-Nature. Il s’intéresse
notamment aux peuplements anciens de l’Eurasie
depuis près de deux millions d’années, ou encore
aux Néanderthaliens et Hommes anatomiquement
modernes
en
Europe.
Paléoanthropologie,
datations et reconstruction des environnements
continentaux, étude des territoires de l’homme
préhistorique, analyse des objets et des
représentations symboliques, ou encore histoire
des sciences archéologiques... les travaux sont
également caractérisés par une large ouverture
internationale, reflétée par un enseignement
européen de Master. « Autour des collections et
des projets de recherche, explique François Semah,
directeur du département, la priorité est de mettre
en place une approche interdisciplinaire en matière
d’anthropologie évolutive, croisant aussi bien le
présent, le passé que les aspects biologique, social,
culturel et environnemental. »
Créé par décret de Jules Ferry en 1880, le Musée
d’ethnographie est inauguré en 1882 au sein du
Palais du Trocadéro. Il s’inspire alors des conceptions
évolutionnistes et ethnocentriques de l’époque.
En 1928, Paul Rivet, professeur d’anthropologie
au Muséum, en prend la direction. Il souhaite réunir en
un même établissement toutes les collections dédiées
à l’espèce humaine -ethnographie, anthropologie
physique, préhistoire- et lui associer une mission
de recherche et d’enseignement. Georges-Henri
Rivière, musicien de jazz, passionné d’art primitif,
le rejoint. Le 20 juin 1938, le Musée de l’Homme ouvre
ses portes dans l’aile Passy du nouveau bâtiment conçu
par Carlu. L’intérêt des artistes pour les collections
stimule leurs échanges avec les intellectuels et les
ethnologues. La Seconde Guerre mondiale met fin à
cette émulation. Plusieurs membres de l’établissement,
créateurs d’un réseau de résistance contre le nazisme,
sont arrêtés, déportés ou condamnés à mort.
Les années 60 et 70 marquent le retour d’une activité
intense, nourrie par les travaux de grands chercheurs.
L’ouverture de l’exposition Tous parents, tous
différents, en 1992, réaffirme l’appartenance de tous
les Hommes à une même espèce. En 2009, le Musée
de l’Homme débute sa transformation en Musée
du XXIe siècle.
Pendant toute la durée des travaux de rénovation, les activités du Musée de l’Homme continuent.
Chacun peut suivre l’avancée du projet sur le site dédié www.museedelhomme.fr
rétrospective
portfolio
Avant le Musée de l’Homme...
(P. Colin).
1947 - (J. Falck).
1982 - Première affiche graphique
de promotion du Musée de
l’Homme (R. Savignac).
1992 - Ouverture de l’exposition
permanente Tous parents, tous
différents (J.-P. Goude).
2006 - Les 150 ans de la
découverte de l’Homme de
Néandertal (M. Carton).
Avril 2009
5
Actualités
PUBLICATIONS
© Yvan Ineich / MNHN
Rendez-vous avec Darwin
En 2009, le Muséum célèbre le bicentenaire de la naissance de
Charles Darwin et le 150e anniversaire de son ouvrage L’Origine
des Espèces, paru en 1859. Si elle est appréhendée de manière
différente aujourd’hui, la théorie de l’évolution n’en demeure
pas moins un pilier de la biologie, de la paléontologie et de
l’anthropologie modernes. Pour expliquer la transformation et
la diversité des espèces, Darwin propose le mécanisme de la
sélection naturelle. Dans un milieu donné, certains organismes
présentent des variations accidentelles de caractères, dont
certaines leur offrent un avantage reproductif. Transmises à leur
descendance, ces variations augmentent tant qu’elles confèrent
un avantage à ses porteurs, et jusqu’à ce qu’elles envahissent la
population. Ainsi les espèces évoluent-elles au cours du temps,
en fonction de leur environnement : la variation propose, le
milieu dispose.
Nouveau gecko
Grâce à l’expédition internationale Santo 2006,
une nouvelle espèce de gecko a été découverte :
Lepidodactylus buleli, lézard originaire de
l’île Espiritu Santo dans le Pacifique Ouest. Ce
spécimen a été rapporté à Paris sous forme
d’œuf, éclos en captivité fin 2006. Il a fallu
attendre plus d’une année pour qu’il atteigne
sa taille adulte, permettant sa description par
Ivan Ineich, herpétologue au Muséum. Une
première mondiale ! Il s’agit également de la
première nouvelle espèce de vertébré terrestre
décrite à la suite de la mission. L’originalité de
cette dernière a été d’étudier la faune des forêts
jusqu’aux strates les plus difficiles d’accès
comme la canopée (cime des arbres à plus de
20 m d’altitude). Diversification des méthodes
d’observation, collecte et élevage des œufs
ouvrent ainsi de nouvelles perspectives pour
l’étude de la biodiversité.
Tout au long de l’année, le Muséum rend hommage au
naturaliste anglais et à ses contemporains avec des expositions,
visites guidées, rencontres, conférences, films, débats...
Au programme depuis février, les Escales dans les galeries. Un
parcours en dix étapes attend d’abord le public à la Grande
Galerie de l’Évolution, autour des observations menées par
Darwin lors de son expédition à bord du navire Beagle, de
1831 à 1836. La visite se poursuit avec une sélection inédite
de spécimens dans les Galeries d’Anatomie comparée et de
Paléontologie : moulages, fossiles, primates...
A new arboreal Lepidodactylus (Reptilia: Gekkonidae)
from Espiritu Santo Island, Vanuatu: from egg to holotype.
Zootaxa, 29 octobre 2008.
Ambre et plancton
Des micro-organismes marins ont été trouvés
dans des fragments d’ambre prélevés en
Charente et datant du milieu du Crétacé (-100
à - 98 millions d’années). Exceptionnelle et
paradoxale -l’origine forestière de l’ambre
écarte a priori tout piégeage d’animaux
marins- cette découverte permet d’approfondir
les connaissances sur ces espèces marines
disparues.
Fruit d’une collaboration de plusieurs laboratoires
français1 et des chercheurs du Muséum, elle a fait
reculer de 10 à 30 millions d’années la datation
de la première apparition de certaines variétés
d’algues. Elle permettra également d’approfondir
les connaissances sur l’environnement côtier de
l’Ouest de la France au Crétacé.
1. CNRS, Universités Pierre et Marie Curie et Strasbourg 1
Evidence for marine microfossils from amber. PNAS,
11 novembre 2008.
L’exposition Tête à tête avec les insectes montre les étonnantes adaptations de ces
animaux. Ici : Polyommatus daphnis © Philippe Blanchot - www.philippeblanchot.com
En parallèle, le Jardin des Plantes offre une promenade originale
avec Charles Darwin : jardinier et botaniste ; à la manière d’un
observatoire en plein air, onze panneaux évoquent les travaux du
naturaliste dans ce domaine.
Quatre expositions temporaires sur les ressorts de la pensée
évolutionniste complètent cette rencontre avec le célèbre scientifique.
Amateurs et professionnels sont également
conviés à plusieurs conférences, projections et
discussions.
Enfin, les 23 et 24 novembre 2009 seront
l’occasion de célébrer l’anniversaire
conjoint de la parution d’ouvrages de
référence : les 200 ans de la Philosophie
Zoologique de Jean-Baptiste Lamarck
(1809) et les 150 ans de l’Origine des
espèces de Darwin (1859).
Clipperton
Inhabitée, l’île de Clipperton est encore
trop méconnue. Son étude est pourtant
particulièrement intéressante compte tenu de
sa position géographique unique, très à l’est
dans le Pacifique et éloignée de l’épicentre de
la biodiversité situé dans la région IndonésieMalaisie-Philippines. Synthèse des résultats de
l’expédition organisée par Jean-Louis Etienne
entre décembre 2004 et avril 2005, Clipperton,
environnement et biodiversité d’un microcosme
océanique dresse l’état actuel de la biodiversité
de ce rocher volcanique.
Clipperton, environnement et biodiversité d’un microcosme
océanique, coordonné par Loïc Carpy.
Éditions Publications scientifiques et IRD, 420 pages.
événement
Nouveau projet européen
Avril 2009
6
Le projet Scales1 vient d’être sélectionné dans
le cadre du 7e programme-cadre de recherche et
de développement de l’Union Européenne 20072013. Financé à hauteur de 7 millions d’euros
sur 5 ans par l’UE, ce programme scientifique
fait appel à 27 partenaires et débutera en mai
prochain. Les facteurs environnementaux et
humains responsables des changements de la
biodiversité peuvent agir à des échelles spatiales
et temporelles très différentes. L’objectif est
de mieux les comprendre afin d’améliorer les
politiques de conservation européennes, en
harmonisant les échelles écologiques avec
les niveaux administratifs de gestion de la
biodiversité.
1. Securing the Conservation of biodiversity across
Administrative Levels and spatial
Pour en savoir plus :
Programme annuel complet
Aujourd’hui l’évolution !
disponible sur www.mnhn.fr
rubrique évènements.
Toute l’information sur l’Année
Darwin : www.darwin2009.fr
Charles Darwin, 1809-1882
Nouvelle installation dans la Galerie d’Anatomie comparée et de
Paléontologie, l’arbre du vivant présente la classification phylogénétique du
vivant, en expliquant les liens de parenté entre espèces.
© Matthieu Prier
Depuis quand boit-on du lait ?
L’exploitation du lait de moutons, chèvres et bovins a
commencé avec leur domestication, il y a plus de 10 500 ans.
Aujourd’hui boisson courante, le lait n’a pas toujours été
consommé de la même manière au fil des civilisations.
Lancé en septembre 2008, le projet de recherche européen
Leche1 réunit 15 équipes de 7 pays pour explorer l’origine
et l’impact de l’économie laitière en Europe. Pendant 4 ans,
elles étudieront le lien entre les origines de l’élevage laitier
au Néolithique et la capacité des hommes à digérer le lait
à l’âge adulte. Partenaire français de ce projet, l’unité de
recherche d’archéozoologie (Muséum / CNRS), dirigée
par Jean-Denis Vigne, est notamment chargée d’éclaircir
l’histoire des premières exploitations laitières des vaches,
moutons et chèvres.
Pour assimiler le lactose du lait, les nourrissons ont une
enzyme spécifique : la lactase. Codée par un gène identifié,
sa production s’amenuise progressivement avec l’âge mais de
façon variable selon les populations, les aires géographiques
et les pratiques alimentaires. Paradoxalement, alors qu’on
observe une persistance du gène codant pour la lactase
dans les populations à forte tradition d’élevage, l’histoire
dément cette corrélation. Le Proche-Orient, région d’origine
de la domestication des vaches laitières (- 8 500 av J.C.),
compte moins d’habitants porteurs du gène que les peuples
d’Europe situés entre la Hongrie et l’Allemagne, territoires
où le bovin a été introduit 2 000 ans plus tard. Or, les études
préliminaires suggèrent que la persistance du gène confère
un avantage adaptatif et a joué un rôle singulier dans
l’évolution économique et sanitaire de ces sociétés. Malgré
tout, certaines questions restent en suspend : où, quand
et comment est apparu et s’est développé ce gène ? Enfin,
comment les sociétés ont-elles mis à profit cette capacité
physiologique avantageuse ?
1. Lactase Persistence and the Early Cultural History of Europe
Partenariats
Un lien historique,
des préoccupations contemporaines
Pour répondre à l’urgence de préserver notre planète et ses ressources, le Prince Albert II
de Monaco crée une fondation en juin 2006. Son vice-président, Bernard Fautrier,
met en lumière les liens solides et historiques liant le Muséum et la famille princière.
Bernard Fautrier © FPA II
Comment est né le projet de Fondation ?
Les liens sont également historiques, non ?
L’aventure commence par le souhait du Prince de
répondre aux grands périls environnementaux :
changement climatique, préservation de la
biodiversité, accès à l’eau et lutte contre la
désertification. Albert II de Monaco fait de ces
problèmes, interdépendants par ailleurs, les trois
socles de sa fondation. Il est convaincu qu’en
matière de préservation de l’environnement et de
développement durable, un défi planétaire est à
relever et qu’il est nécessaire d’agir de façon urgente
et concrète à tous les niveaux. Pour lui, créer une
fondation doit contribuer à régler, y compris sur le
terrain, une partie de ces problèmes. Cette action
passe par la sensibilisation des institutions et des
populations ; son statut de chef d’État lui est ici utile.
En effet, l’admiration pour l’institution et les
liens de partenariat remontent à près d’un siècle,
à l’époque du règne d’Albert 1er, Prince passionné
par les sciences et la vulgarisation. Il a ainsi établi
un partenariat fort avec le Muséum en contribuant
à la construction de l’Institut de Paléontologie
humaine, qui abrite aujourd’hui une partie des
chercheurs en préhistoire du Muséum. D’un côté
une relation ancrée dans l’histoire, de l’autre un
lien plus contemporain fondé sur les problèmes
environnementaux.
Avant tout, une amitié forte et une admiration sans
bornes pour une institution qui a joué, à travers
les siècles, un rôle majeur dans l’amélioration des
connaissances et la préservation de la biodiversité.
Des liens institutionnels également, puisque le
directeur général du Muséum a accepté, dès le début,
de participer à notre conseil scientifique et y joue
un rôle essentiel d’expertise. Et puis, au quotidien,
des échanges avec les spécialistes du Muséum,
pour consultations et avis, en fonction de la nature
des projets. Cela débouche sur des partenariats,
des réflexions sur des pistes de préoccupations
communes. Une vraie synergie.
© MNHN
PLACE AU HANDICAP
www.fondationprincealbertiidemonaco.net
1. avec le soutien de la Fondation Total et de la Fondation Stavros Niarchos.
Les régions polaires, l’une des trois zones géographiques sur lesquelles la Fondation
travaille. © J. Schwander, University of Bern
Vous vous impliquez dans une expédition
avec le Muséum et Pronatura international1.
Pourquoi cette aventure ?
Cette mission d’inventaire de la biodiversité à
Madagascar et au Mozambique a immédiatement
passionné le Prince et toute l’équipe. Nous avions
en tête le succès de l’expédition Santo, en 2006. Aux
côtés du Muséum, qui a la capacité de mobiliser les
scientifiques et les compétences nécessaires, nous
souhaitions nous associer à un projet exemplaire.
Il faut combler l’ignorance du public sur la vie
abritée par notre planète, méconnaissance encore
plus criante pour les espaces maritimes. On ne
peut continuer à ignorer la richesse de la Terre,
à l’exploiter comme on le fait, sans savoir au
détriment de quelles espèces on le fait. C’est une
mission essentielle et, chaque fois que nous en
aurons la possibilité, nous nous associerons à ce
type d’expéditions.
À quels autres projets s’intéresse la Fondation ?
Nous avons monté un groupe de travail sur le
phoque moine de Méditerranée, un mammifère
disparu du bassin occidental de cette mer dans
les années 70. Cette “task force” étudie les
possibilités de réimplantation ou, à tout le moins,
S.A.S le Prince Albert II de
Monaco et Bertrand-Pierre Galey,
directeur général du Muséum
© P. Lafaite / MNHN
Albert 1er, un esprit pionnier
Une anecdote relatée par Bernard Fautrier : après un séjour
aux États-Unis en 1909-1910, durant lequel il découvre le
parc de Yellowstone, Albert 1er propose au président français
et au roi d’Espagne de créer un parc naturel transfrontalier
dans les Pyrénées pour y préserver les espèces. Hélas,
nous sommes en 1914 et d’autres préoccupations hantent
alors les dirigeants européens… Le Parc naturel
des Pyrénées ne verra pas le jour.
Mais le Prince persiste, comme l’atteste son discours sur les
Parcs nationaux, à la Conférence de Paris, le 25 janvier 1917 :
« Le projet des Parcs nationaux qui préoccupe depuis
plusieurs années quelques personnes dévouées aux intérêts
de la France a saisi mon attention lorsque j’ai connu
le résultat donné aux États-Unis par de telles institutions,
dont la première fut le “Yellowstone Parc” auquel
s’ajoutèrent ensuite 43 autres créations du même genre
et distribuées sur le territoire de la grande République. […]
Et bien messieurs, il ne tient qu’à la volonté de certains
groupes de Français que la France possède une organisation
semblable dans quelques régions telles que les Pyrénées,
les Alpes, l’Auvergne, la Corse, l’Algérie. […] »
Près d’un siècle plus tard, le concept de Parc national
a fait ses preuves…
Le soutien de la Caisse d’Épargne
Île-de-France pour les serres
L’engagement de la Fondation Orange
pour la Galerie des Enfants
À l’occasion de la rénovation des serres historiques
du Jardin des Plantes, la Caisse d’Épargne d’Îlede-France finance une partie des aménagements
et dispositifs adaptés à l’ensemble des personnes
en situation de handicap, pour une découverte
polysensorielle et pédagogique du monde végétal.
Le projet prévoit l’aménagement des circulations et
l’accessibilité des personnes à mobilité réduite, mais
aussi la mise en place d’une muséographie spécifique
innovante qui intègre des dispositifs appropriés aux
déficiences visuelles, auditives et mentales.
La Fondation Orange apporte son financement au projet d’accessibilité de
la Galerie des Enfants, futur espace dédié aux 6-12 ans dans la Grande
Galerie de l’Évolution. Comment ? En intégrant un parcours adapté aux jeunes
déficients auditifs et visuels. Une préoccupation partagée par le Muséum,
engagé dans une démarche active de mise en accessibilité de ses collections
et expositions aux visiteurs en situation de handicap. Lors d’une visite libre,
ces derniers pourront découvrir un parcours original en toute autonomie à
l’aide de supports de médiation spécifiques : sous-titrage et insertion de
médaillons en LSF, visioguide, ambiance sonore, maquettes et sculptures
d’aspect tactile, supports ludo-éducatifs adaptés, cartels en braille et gros
caractères associés aux objets, site Internet dédié…
7
Avril 2009
Quels liens vous unissent au Muséum ?
Comment voyez-vous évoluer
votre partenariat avec le Muséum ?
Je le vois devenir pérenne et solide ! En peu de
temps, beaucoup de liens ont déjà été tissés. Le
Muséum doit être, pour nous, un partenaire stable.
Les problématiques de biodiversité sont énormes,
beaucoup d’inconnues restent à lever et de périls à
surmonter, notamment grâce à une connaissance et
à un savoir-faire que l’on trouve au Muséum.
En quoi la Fondation diffère-t-elle
de ses homologues ?
Elle a été créée par un chef d’État en exercice. Bien
sûr, l’action des pouvoirs publics de la Principauté
en matière d’environnement est indéniable, mais
le Prince a souhaité s’impliquer personnellement.
D’ailleurs, la plupart de nos interlocuteurs
s’adressent au président de la fondation, non au
chef d’État. Ils savent que le degré de réactivité est
bien plus fort qu’avec une administration. Autre
particularité, notre structure se limite à trois zones
géographiques : la Méditerranée, tout d’abord,
car Monaco en fait partie et qu’elle est un bon
révélateur des trois problématiques qui forment
notre socle. Les régions polaires, ensuite, car elles
représentent depuis un siècle un centre d’intérêt
affectif et passionnel pour les princes de Monaco.
Enfin, les pays les moins développés qui sont les
plus vulnérables. J’ajouterai une particularité
plus technique : notre politique de 100 % du don
affecté au projet, les charges de fonctionnement
étant couvertes par la dotation perçue de l’État de
Monaco.
de consolidation des quelques colonies subsistant
en Méditerranée orientale, sur les côtes marocaines
et mauritaniennes. Elle réfléchit également à
l’opportunité de rétablir la discontinuité. Plusieurs
experts du Muséum participent activement à
nos travaux et nous espérons aboutir à une
vision commune et scientifique sur les attitudes
intelligentes et concrètes à adopter. Je souhaite que
nous développions ce genre de réflexion dans une
perspective concrète sur d’autres thématiques.
Portrait
Évelyne Heyer
L’Homme,
cet animal social…
© Tatyana Hegacy
Anthropologue et généticienne renommée, Évelyne Heyer est directrice
du laboratoire de génétique des populations humaines au Musée
de l’Homme mais aussi directrice adjointe du département Hommes,
Natures, Sociétés. Autant de casquettes qui ne la détournent pas
d’une quête darwinienne : démontrer l’influence des pratiques culturelles
sur la diversité génétique des populations humaines.
« Travailler sur l’Homme m’est venu assez tard »,
confie Évelyne Heyer. Férue de biologie et de maths,
elle s’engouffre dans des études d’agronomie à
Montpellier et planche sur le fruit de la passion, son
sujet de DEA. Mais, en 1986, tout bascule. Pendant son
cours de biologie évolutive, Pierre-Henri Gouyon lui
fait découvrir la théorie de l’évolution. « Une révélation
intellectuelle ! J’ai tout abandonné pour m’y consacrer,
car elle me permettait d’expliquer tout ce que j’avais
appris et constaté sur les plantes. J’ai voulu l’appliquer
à l’Homme… ». En 1987, une bourse de thèse lui offre
sa chance : comprendre la fréquence d’une maladie
héréditaire chez des villageois d’une vallée du Jura,
sa région natale. Comme seuls outils, des données
géographiques et généalogiques disponibles à Montréal,
dans le meilleur laboratoire de démographie historique
du monde. « Ça tombait bien, j’adore voyager ! »
Révélateur du comportement
La prévalence de la maladie dans cette vallée jurassienne
s’explique par la structure du village. Il abrite un noyau
de familles stables dont les descendants demeurent sur
place, contrairement aux immigrants qui ne restent
pas plus de deux ou trois générations. « Tout l’intérêt
consiste à montrer comment des comportements sociaux
et culturels – avoir accès à des terres – ont permis aux
enfants de s’établir, contrairement aux immigrants. Il
y a donc bien interaction entre les processus culturels
et ceux d’évolution génétique. » Appartenir au noyau
stable a ainsi donné un avantage reproductif aux gens.
Évelyne Heyer s’envole ensuite pour l’université de
Chicoutimi, au nord du Canada, afin de mener des
recherches similaires sur la population humaine du
Québec mais aussi pour y enseigner. Un époux, un bébé,
un doctorat et trois années et demie d’enseignement
plus tard, le mal du pays la gagne.
«
Avril 2009
8
La langue fait barrage aux gènes
En 2001, Évelyne Heyer part avec son équipe en
Asie centrale étudier deux groupes de populations
appartenant à deux grandes familles linguistiques
-turco-mongols et indo-iraniens- et au mode de
vie différent : éleveurs nomades pour les premiers,
agriculteurs sédentaires pour les seconds. L’équipe fait
une moisson de données génétiques, ethnologiques,
linguistiques et anthropométriques. « L’organisation
sociale turco-mongole se fait en groupes de filiation :
un individu appartient à un lignage, les lignages
sont regroupés en clan et les clans en tribu. Par
comparaison, leurs voisins indo-iraniens, qui ne
suivent pas cette organisation sociale, sont différents à
la fois génétiquement et socialement. Nous avons pu
ainsi démontrer l’impact de l’organisation sociale sur
la diversité génétique. » Autre découverte, la langue,
trait culturel, joue sur l’évolution des populations :
« elle constitue une barrière puisqu’elle limite les flux
de gènes ».
Mission au Kirghiztan, lac San Kul, 2008. © Tatyana Hegay
Le nouveau Musée de l’Homme
Pour l’instant, Évelyne Heyer met son énergie dans
le chantier de rénovation du Musée de l’Homme :
« C’est d’autant plus passionnant que le responsable
du projet associe les directeurs des départements
Préhistoire et Hommes, Natures, Sociétés. Comme
aucun n’est biologiste, j’en suis ! » Enthousiaste devant
le projet du cabinet d’architecte Brochet-Lajus-Pueyo,
elle ne tarit pas d’éloge sur la muséographe Zette
Cazalas qui fourmille d’idées : « C’est du bonheur !
On a pratiquement bouclé le calage du parcours des
expositions permanentes dont une partie sera consacrée
à l’évolution. Mécanismes de la génétique, avec une
double hélice d’ADN, comparaison avec les chimpanzés,
inscription du corps humain dans le biologique et le
culturel… Des idées auxquelles je tenais ! »
Un tandem pour Human Biology
Prélèvement d’échantillons sanguins pour des études génétiques, Ouzbékistan.
© Evelyne Heyer
»
La culture ne nous écarte pas de l’évolution
mais elle change de temps en temps les règles du jeu !
Rencontre avec l’ethnologie
Le chant des Pygmées
« Mon envie de rentrer en France a coïncidé avec
celle de prendre du recul pour mieux intégrer les
nouvelles connaissances en matière de génétique des
populations. » Reçue au concours du CNRS en 1996,
elle entre au laboratoire d’anthropologie biologique du
Musée de l’Homme : « André Langaney y faisait une
large place à la génétique des populations humaines
et ses travaux m’intéressaient vivement. » Forte de la
légitimité accordée par la médaille de bronze du CNRS
en 1999, Évelyne Heyer va batailler pour créer sa propre
équipe lorsque l’aventure du laboratoire prend fin.
Intégrée dans un programme du CNRS, elle bénéficie
des moyens nécessaires pour que son unité de recherche
ouvre au Musée de l’Homme. Une belle complicité se
tisse avec Serge Bahuchet, ethnobiologiste et directeur
d’une UMR d’éco-anthropologie. Ensemble, ils décident
de rapprocher sciences biologiques et ethnologie, tout
en contribuant à la création du département Hommes,
Natures, Sociétés.
En Afrique centrale (Cameroun et Gabon), un
projet pluridisciplinaire sur la diversité génétique,
linguistique et musicale s’intéresse à des populations
pygmées. « Absence de langue pygmée – ils empruntent
les langues de leurs voisins – et de mythe fondateur
commun, ignorance mutuelle de l’existence des autres
populations… Tout est fascinant ! La génétique devait
valider si ces populations dispersées avaient ou non une
origine commune. » Ce qui est le cas, même si elle ne
remonte qu’à 2 800 ans, mais l’arrivée de l’agriculture
a entraîné deux modes de vie distincts : agriculteurs et
chasseurs-cueilleurs. En plus des anthropologues, une
ethnomusicologue était partante pour travailler avec
des biologistes ! « Les Pygmées sont les chanteurs
les plus extraordinaires de toute l’Afrique centrale :
technique de yodel, polyphonies, contrepoints… En
travaillant sur les distances musicales, nous voulons
comparer la présence et l’absence de certains répertoires
et, si possible, les mélodies. Les ethnomusicologues
ont constaté des traits musicaux communs à certaines
populations pygmées et plusieurs livres d’enregistrements
sont déjà prêts. »
Évelyne Heyer et son collègue Franz Manni, spécialiste
en calculs de distance linguistique et génétique,
se sont proposés comme nouveaux éditeurs de la revue
anthropologique internationale Human Biology.
C’est un pari : celui de redonner toute son aura à cette
publication, créée en 1929 et éditée par l’université Wayne
de Détroit. « Tous les grands noms de la biologie humaine
y ont été publiés ; nous confier cette fonction est donc
un crédit accordé à notre travail. Notre projet est
d’y promouvoir les recherches interdisciplinaires
et d’y intégrer des disciplines périphériques. »
CONTACTS
[email protected]
www.ecoanthropologie.cnrs.fr/spip.php?article291
Département Hommes, Natures, Sociétés
Directeur : Serge Bahuchet
USM 0104 Éco-anthropologie et Ethnobiologie, UMR 7206
LeMuséum
Muséum national d’Histoire naturelle
57 rue Cuvier - 75005 Paris
Tél. : 01 40 79 30 00
www.mnhn.fr
Directeur de la publication
Bertrand-Pierre Galey
Directeur éditorial
Hugo Plumel
Rédactrice en chef
Sophie Landrin
Rédaction
Agence PCA : Isabelle Servais-Hélie, Anne Béchiri,
Élisa Dupont, Laura Henimann
Graphisme
Matthieu Carton
Impression
Imprimerie Escourbiac - 81300 Graulhet
Dépôt légal Avril 2009
Téléchargeable sur www.mnhn.fr
ISSN 1760-6950

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