Un mois en Thaïlande - La maison de l`image

Transcription

Un mois en Thaïlande - La maison de l`image
2013
Cette compilation de textes a été réalisée par l’équipe
documentation de LA MAISON DE L’IMAGE à Aubenas
à l’occasion des RENCONTRES DES CINEMAS D’EUROPE 2013
UN MOIS EN THAILANDE
de PAUL NEGOESCU
FICHE TECHNIQUE
Titre français:Un mois en ThaÏlande
Titre roumain :O luna in Thailanda.
Réalisation : Paul Negoescu
Scénario : Paul Negoescu et Vlad Tranfadir
Avec Andrei Mateiu, Ioana Anastasia
Anton,
Sinziana Nicola, Tudor Aaron Istodor
Genre : Comédie
Roumanie : 2012
Durée : 85 min
Sortie : 26/06/2013
Directeur Photo : Andrei Butica
Dévoilé à la 27ème Semaine
Son : Filip Muresan et Vlad Voinescu
de la Critique de la Mostra
Costume : Ciresica Cuciuc
Maquillage : Dana Roseanu
de Venise 2012
En compétition au festival des Musique : Hernán Cheyre, Franco Sanguinetti
premiers films à Angers en
Montage : Alexandru Radu
Numérique HD - Couleur - 1.85 - Doljanvier 2013
by digital
SYNOPSIS
En pleines fêtes du Nouvel an à Bucarest,
Radu, jeune trentenaire, décide de rompre
avec sa fiancée. La même nuit il part à la recherche de Nadia, sa précédente petite amie,
persuadé que c’était l’amour de sa vie …
Paul Negoescu
Né en 1984 à Bucarest, Paul Negoescu étudie la réalisation à l’Université Nationale du Film.
Il signe de nombreux courts métrages sélectionnés dans près de 270 festivals et qui
remportent une trentaine de prix. Son dernier court métrage, « Horizon », sélectionné à la
Semaine de la Critique à Cannes, est également présenté en Compétition internationale cette
année au FIFF. Ses précédents films « Derby » (2010) et « Renovation » (2009) sont
sélectionnés au Festival de Berlin et dans de nombreux festivals comme Karlovy Vary,
Rotterdam, et au FIFF ! « Un mois en Thaïlande », son premier long métrage, était présenté
en avant-première à la Semaine de la Critique du Festival de Venise. Paul Negoescu est aussi
le fondateur et le directeur artistique du Timishort Film Festival à Timisoara, festival
international roumain de courts métrages.
Un mois en Thaïlande est son premier long métrage
Il est diplômé de l’Université nationale d’art théâtral et cinématographique de Ion Luca
Caragiale (Bucarest, Roumanie). Il commence sa carrière en 2006 avec son court métrage,
Examen. C’est avec Derby (2010), sélectionné lors de nombreux festivals tels que le festival
de Berlin, le festival du film de Vancouver et les European Film Academy Award, qu’il
connaît un succès international.
Actuellement il prépare un Doctorat en Cinéma dans la même université.
PRESSE
« Un portrait incisif de la jeunesse roumaine actuelle » LE MONDE
« Sensible et juste » L’HUMANITÉ
« Ce film à la trame ténue ne manque pas de charme et porte un message fort » LA CROIX
« Un jeune cinéaste roumain décrit avec brio une génération en quête de bonheur »
TELERAMA
« Une plaisante satire » LES INROCKUPTIBLES
« Un petit bijou d’observation et d’humour. Un film subtil, fort bien construit » LE CANARD
ENCHAINÉ
« Une saveur de romance roumaine » GALA
« On ne reste pas insensible à la fraicheur du cinéaste » PARISCOPE
« Un reflet d’une société s’ouvrant sur une nouvelle liberté d’expression » STUDIO
CINELIVE
« Le portrait d’une génération à la recherche d’elle même » PREMIERE
« Un mois en Thaïlande nous fait voyager, avec insolence et brutalité, au cœur de l’éternelle
insatisfaction humaine » TROIS COULEURS
« Un film fiévreux et palpitant remarquablement écrit et mis en scène » EVENE.FR
Prix et festivals
- Mostra de Venise 2012
- Festival d'Angers Premiers Plans 2013
- Festival International du Film Francophone de Namur 2012
(édition n°27)
Nommé :Bayard d'Or de la Meilleure première oeuvre
Nommé :Prix Découverte
Nommé :Prix du Public Long métrage Fiction de la Ville de Namur
- Festival du Nouveau Cinéma de Montréal 2012
-Zurich Film Festival 2012
-Festival de Sofia - Prix FIPRESCI
-Festival A l'Est du Nouveau à Rouen, Prix du Jury
http://www.premiersplans.org/festival/selection_officielle-competition-LM-film.php?id=3789
Paul Negoescu
Né en 1984 à Bucarest, Paul Negoescu sort diplômé de la section
réalisation de l'Université Nationale du Film de Bucarest en 2007. Il prépare actuellement un
doctorat en cinéma dans la même université. Il a réalisé plusieurs courts métrages sélectionnés
dans de nombreux festivals et maintes fois primés tels que Horizon en 2012, Derby en 2010
ou Renovation en 2009. Paul Negoescu est également le fondateur et le directeur artistique du
Festival du Cinéma Timishort, festival de courts métrages de Timisoara. Il dirige aussi une
petite société de production indépendante qui produit des courts-métrages de fiction et
d’animation.
J’ai 28 ans et je sens que j’appartiens à une génération perdue. Mes parents se sont mariés à
22 ans, ce qui était alors très courant. Je me demande ce qui a changé dans nos modes de vie
qui nous rend si incertains de nos sentiments. La seule raison à laquelle je pense est que ma
génération est l’une des premières à avoir grandi après la chute du communisme, dans un
environnement consumériste. Mes parents n’avaient pas le choix. Nous, au contraire, n’avons
que des options. Nous ne sommes donc jamais sûrs de faire le bon choix. Cet état d’esprit me
paraît s’être diffusé jusque dans nos rapports amoureux. Toujours hésitants, nous
consommons la relation comme un produit. Nous sommes de plus en plus superficiels et ne
prêtons plus attention à nos sentiments. Nous prenons des décisions en suivant nos esprits
fermés et non nos instincts. Un Mois en Thaïlande est un film sur les bonnes et les mauvaises
décisions. C’est un film sur ma génération et pour ma génération.
http://www.premiersplans.org/festival/selection_officielle-competition-LM-film.php?id=3789
Un mois en Thaïlande
Echange, hésitation, revirement : telles sont les constantes de ce premier film roumain assez
peu démonstratif, dont l’ironie, car ironie il y a tout de même, est résumée par son titre, le
voyage exotique que Radu propose à sa petite amie et qui sera un révélateur de la médiocrité
de ce piteux Don Juan. La charge est discrète par rapport à d’autres films roumains carrément
sarcastiques, mais elle est là, enfouie sous une apparence de banalité.
Par sa retenue et sa tonalité douce-amère, ce voyage au bout de la nuit du Nouvel an à
Bucarest dégage une certaine froideur antonionienne. Une Notte hivernale en demi-teinte où
le héros introverti se débat moralement et physiquement pour trouver une étincelle
amoureuse, après s’être prêté à la comédie du jeune couple heureux. Séquence charnière et
symptomatique qui exprime son indécision mais aussi sa versatilité égoïste : son trajet en taxi,
où il change plusieurs fois de destination…
Un type d’hésitation déjà suggéré trivialement dans un supermarché où il se demandait quelle
lotion offrir à son beau-père (potentiel). Un regard assez critique sur le consumérisme, qui
pour le cinéaste a gagné la sphère amoureuse – les partenaires sont considérés comme des
produits. D’où les reproches qu’adresse Radu à sa petite amie Adina ; il semble critiquer ses
défauts comme on le ferait avec une automobile bas de gamme, dépourvue des bonnes options
(sièges en cuir, air climatisé, etc.).
L’ironie du film est soulignée par sa construction en boucle, qui montre le héros répétant à la
fin les mêmes actes qu’au début, et par le dernier plan, semblable au premier, du panorama de
la ville. Ce film sobre, fluide et sans morceau de bravoure est une plaisante satire d’une
marchandisation qui, tel un cancer, se met à contaminer les sentiments.
par Vincent Ostria le 25 juin 2013 à 18h30
"
http://www.telerama.fr/cinema/films/un-mois-en-thailande,439872.php
Un mois en Thailande
Comme chaque matin, Radu fait l'amour avec la femme de sa vie. Adina est douce, serviable,
dévouée, elle l'a sauvé, quand, apeuré, misérable, il se traînait sans but après une rupture
amoureuse... Sans doute sait-elle un rien trop ce qu'elle veut, où elle va. Peut-être décide-t-elle
un rien trop vite du présent et de l'avenir. Mais elle l'aime, elle le lui dit, elle le lui prouve.
Pour l'en remercier, il s'apprête à l'emmener en vacances. Tout un mois en Thaïlande. Le
bonheur... Et puis, dans un supermarché, Radu croit entrapercevoir une silhouette de femme.
Dans le restaurant où il dîne avec Adina et des amis pour fêter le nouvel an, un prénom, lancé
dans le brouhaha, le transperce : « Nadia. » Soudain, tout lui devient évident : jamais il
n'aurait dû abandonner cette femme que, manifestement, il ne peut oublier...
En 2012, les lieux de réjouissance roumains semblent aussi tristes que ceux filmés par Milos
Forman, il y a cinquante ans, dans la Tchécoslovaquie
Tchécoslovaquie communiste des Amours d'une blonde
et d'Au feu les pompiers. Plus ils s'y agitent, avec la rage de devoir s'amuser à toute force,
plus ceux qui accompagnent Radu dans sa quête s'immobilisent, comme coincés en eux mêmes. Avec un étonnant brio, ce jeune
jeune cinéaste inconnu reflète le vide : le désarroi tranquille
d'une nouvelle « génération perdue ». Ces trentenaires de l'Est, vieux sages, semblent déjà
avoir admis leur défaite. Se révolter ? A quoi bon ! Les parents ont essayé : pourquoi leurs
enfants feraient-ils mieux ? Aimer à la folie ? Oui, ce rêve-là demeure : entre deux danses, sur
le toit d'un immeuble, une jeune femme raconte à ses amis d'une nuit — on se croirait dans
une nouvelle de Stefan Zweig — comment elle a plaqué famille et études pour suivre en
Espagne un amant infidèle. De cette passion vite évanouie, elle parle, désormais, avec
désinvolture et quelques rires amusés pour cette romantique qu'elle ne regrette pas d'avoir été.
Un temps...
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Dans cet univers désenchanté et indécis, Radu nage comme un poisson dans l'eau. Il hésite
sans cesse. Entre deux produits dans un supermarché. Sur la direction à prendre dans un taxi.
Entre deux femmes qui, sans qu'il s'en aperçoive, se ressemblent jusqu'à leur prénom —
Adina est l'anagramme de Nadia. Il se croit résolu, mais non, il zigzague comme un faux
adulte, atteint du syndrome de Peter Pan. Heureusement pour lui, il a l'égocentrisme
séduisant. Le charme enfantin de ceux que les femmes protègent en sachant qu'elles en seront
victimes.
Comme le prouve le long affrontement qui l'oppose à Nadia, enfin retrouvée : cela démarre
comme un règlement de comptes féroce, mais la cruauté se dissout peu à peu — on n'est plus
chez Zweig, alors, mais chez Schnitzler — dans la ronde des sentiments qui, une fois encore,
recommence... Le jour se lève. Dans son lit, comme la veille, Radu fait l'amour avec la femme
de sa vie. —
Pierre Murat
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http://www.avoir-alire.com/un-mois-en-thailande-la-critique
Un mois en Thaïlande - la critique
Bucarest, 31 décembre
Le cinéaste roumain Paul Negoescu signe un premier film lent, maîtrisé et au regard très
cynique sur un personnage lâche et indécis, plongé au coeur de ses tourments sentimentaux la
nuit de la Saint-Sylvestre. Présenté au Festival Premiers Plans d’Angers 2013.
L’argument : En pleines fêtes du Nouvel an à Bucarest, Radu, jeune trentenaire, décide de
rompre avec sa fiancée. La même nuit il part à la recherche de Nadia, sa précédente petite
amie, persuadé que c’était l’amour de sa vie…
Notre avis : Bucarest, 31 décembre. Le premier long-métrage de Paul Negoescu prend pour
base un dispositif simple – une ville, une nuit –, déployé avec ingéniosité autour d’un
personnage central étrange : sous ses airs d’homme sûr de lui, Radu, trentenaire, souffre
d’indécision chronique et de revirements successifs au gré des fluctuations de ses désirs
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Son parcours dans la capitale de la Roumanie la nuit de la Saint-Sylvestre, à la recherche d’un
amour qu’il croit véritable, est donc moins une quête qu’une longue errance adolescente,
camouflée sous les apparences de la maturité et de la fête. Le cinéaste adopte d’emblée un
regard cynique sur les personnages qui, s’il court sans cesse de nous mettre à une froide
distance des protagonistes, est assumé jusqu’au bout et fait du film moins une comédie
dramatique et sentimentale qu’un laboratoire d’étude anthropologique d’une poignée de
jeunes adultes, génération de l’électro minimale et de la fête en « bar alternatif », courant de
lieu en lieu pour faire en sorte que la célébration ne puisse pas connaître de fin. Mais la triste
vérité, c’est que tout romantisme et même tout idée d’un amour véritable semble avoir déserté
ces relations fonctionnelles et vidées que Radu met en place autour de lui sans réellement
ressentir d’émotion – la femme du quotidien, la femme rêvée, les compagnons de fête…
Habile dans son écriture et sa mise en scène, et ayant fait du manque absolu de moyens une
force dans ses images, le film Paul Negoescu souffre paradoxalement de sa maîtrise et paraît
souvent démonstratif, le propos frôlant parfois l’arrogance : ceci serait donc la vérité d’une
génération – à laquelle le cinéaste lui-même appartient… Mieux vaut donc se laisser porter
par les longs plans-séquences et les scènes parfois interminables, et ne pas trop chercher à
accéder à ce discours quasi-sociologique qui (sur)plombe le film, sans se rendre compte qu’il
laisse par là même échapper les points d’accroche les plus touchants du film, se posant en une
sorte d’anti-Oslo, 31 août, auquel Un mois en Thaïlande ne fait guère écho que par le
dispositif. Radu est un personnage plongé dans un environnement dont il est incapable de
déchiffrer les signes et les subtilités, et qui ne nous fait ressentir rien d’autre que sa propre
lâcheté, qu’il a lui-même de la peine à réellement éprouver. Seule la musique électronique, à
laquelle sont consacrées des scènes entières, paraît catalyser un peu de l’énergie urbaine de
ces personnages – en tout cas davantage que les longues discussions galvaudées sur l’amour
et la passion. Si Un mois en Thaïlande paraît long, malgré sa courte durée, c’est que ce
parcours reste essentiellement une triste et lente stagnation qui ne peut connaître comme fin
qu’une boucle dérisoire et pathétique.
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http://www.benzinemag.net/2013/06/28/un-mois-en-thailande-paul-negoescu/
Un Mois en Thaïlande – Paul Negoescu
L’action se déroule à Bucarest mais cela pourrait se passer dans n’importe quelle ville
occidentale. Radu est en couple depuis 9 mois avec Adina et ensemble, ils se préparent à fêter
le nouvel an. Le jeune homme aurait toutes les raisons d’être heureux, pourtant, peu enclin à
exprimer ses sentiments, il semble absent et même encore obnubilé par une histoire d’amour
plus ancienne. Et qui doit se passer, arrive : Radu rompt brutalement avec Adina.
Un Mois en Thaïlande est un film sur l’indécision amoureuse et sur l’idéalisme qui se
confronte à la réalité. Radu aime et il est aimé en retour, mais ce n’est pas pour lui suffisant. Il
lui en faut plus : plus d’entente, plus de passion ; il veut plus de tout et de rien, il ne le sait pas
vraiment lui-même. On le suit une nuit entière dans ses hésitations, ses tergiversations et la
réécriture de sa propre histoire : le retour possible puis avéré de Nadia – cette ex qui, avec le
recul, a épousé le contour de la femme de sa vie – a activé chez lui le rêve d’une nouvelle
chance et d’une nouvelle vie plus « amoureuse ». Il la cherche dans tous les cafés et soirées
du nouvel an et au-delà même de vouloir se rabibocher avec elle, il veut surtout lui expliquer
qu’il a changé d’avis. Aujourd’hui, Nadia est à ses yeux son âme soeur, mais rien ne dit
qu’Adina ne le redevienne dans neuf mois. Radu y mettra autant de certitude et volonté à le
croire.
Un mois en Thaïlande est un film modeste quant à son envergure ; il n’empêche que Paul
Negoescu tire le meilleur de son sujet que ce soit par sa mise en scène ou par la structure
même de son film. Ne rentrant vraiment jamais dans le champ, le cinéaste roumain observe
son personnage principal de loin, de profil, de dos, avec un certain détachement comme il le
ferait pour une étude zoologique. Au risque de porter un regard froid sur son personnage. Très
habilement, Negoescu exprime surtout dans son film le caractère interchangeable de la femme
convoitée par Radu : celle-ci sert avant tout à remplir une fonction fantasmée, un idéal et elle
doit le faire au mieux, sous peine d’être larguée. Tout concourt à cette idée : Adina n’est que
l’anagramme de Nadia ; le voyage de rêve projeté avec l’une est finalement proposé à l’autre
et surtout le film se ferme et s’ouvre de la même manière. Radu en train de faire l’amour dans
un lit avec une lumière matinale et un cadrage identiques : seule sa partenaire a, entre temps,
changé. Dur.
Denis Zorgniotti
http://www.benzinemag.net/2013/06/28/un-mois-en-thailande-paul-negoescu/
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http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Premiers-plans.-La-critique-Un-mois-enThailande_40774-2156475------49007-aud_actu.Htm
Angers - Premiers plans. La critique :
Un mois en Thaïlande
Cinéma mercredi 23 janvier 2013
Paul Negeoscu, le réalisateur. Sébastien Aubinaud.
Un mois en Thaïlande, un film roumain de la sélection
officielle des longs métrages européens, est un film d’un
trentenaire sur les trentenaires de l’ère de la
consommation post communiste
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Une génération confuse
Le réalisateur roumain Paul Negoescu, 28 ans dit appartenir à une génération en pleine
confusion. Et il en fait un film, qui se situe dans le milieu créatif de jeunes intellectuels
roumain.
Le fondateur d’un festival de courts métrages à Timisoara, dans une construction
hyperréaliste, utilise des métaphores pour ne pas nommer les faits mais tenter de les
comprendre.
Son premier long-métrage Un Mois en Thaïlande commence au bord d’un lit que Radu, jeune
trentenaire replie avec sa fiancée en ce matin de 31 décembre, pour s’y terminer, 24 heures
après, même endroit, même lit qu’il déplie pour s’y coucher avec une ex - compagne.
La consommation des êtres et de l’amour qui ne mène nulle part. Dans cette nuit qui aurait dû
être de fête, il a rompu avec sa fiancée pour retrouver à travers boîte et bars de nuit en pleines
festivités son ancienne compagne Nadia avec qui il entamera donc la prochaine journée.
« En Roumanie, après la prison du communisme, la nouvelle génération, cultivée, a enfin la
possibilité de s’exprimer. Mais devant la profusion des objets de consommation, on ne sait
plus choisir, on consomme les objets comme les relations amoureuses.
L’ennui s’installe », explique Paul Negoescu qui met beaucoup de lui-même dans ce premier
long-métrage. « Mon film, c’est un bloc de 24 heures pour boucler une boucle métaphorique,
avec un héros narcissique symbole d’une génération à qui rien ne manque et qui se pense
centre de l’univers ».
http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Premiers-plans.-La-critique-Un-mois-enThailande_40774-2156475------49007-aud_actu.Htm
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http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/06/25/un-mois-en-thailande-portrait-desenchantede-la-jeunesse-roumaine-actuelle_3435476_3246.html
"Un mois en Thaïlande" : portrait
désenchanté de la jeunesse roumaine
Le Monde.fr | 25.06.2013 à 08h50 • Mis à jour le 25.06.2013 à 18h10 |
Par Sandrine Marques
Qu'on ne se fie pas au programme touristique du titre, le premier long-métrage de Paul
Negoescu n'a pas pour décor les plages paradisiaques de Phuket, pas plus que les marchés
flottants ou les salles de boxe de Bangkok. Le jeune réalisateur de 29 ans installe son histoire
dans le froid hivernal de Bucarest, le soir du 31 décembre. Le sens du contrepoint dont il fait
montre dès le titre, se retrouve dans son drame sentimental qui se double d'un portrait incisif
de la jeunesse roumaine actuelle.
C'est le matin, un couple se réveille et accomplit les gestes banals du quotidien. Ils se
prénomment Adina et Radu et dans quelques heures, après que les douze coups de minuit
auront retenti, ils ne seront plus ensemble. Dès les premiers plans, le malaise de Radu est
perceptible. En retrait, il accueille les marques de tendresse de sa compagne sans passion.
A l'évidence, il s'ennuie dans ce qui apparaît comme une relation tristement conventionnelle.
Les voilà au supermarché, achetant des cadeaux pour les parents d'Adina chez qui ils se
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rendent. Sur la réserve, Radu escamote les questions et le sentiment qu'il n'est pas à sa place
grandit avec ses doutes. Le couple part retrouver des amis et au cours de la soirée, Radu
rompt avec Adina.
Un événement a précipité sa décision. Il a entendu un passant crier dans la rue, le prénom de
son ex fiancée Nadia. De clubs en clubs, il se met en quête de celle qu'il n'aurait, selon lui,
jamais dû quitter. Mais est-elle au moins en Roumanie ?
UN CONTE AMER INSPIRÉ DU CINÉMA ITALIEN
Le fantasme voisine avec le réalisme dans ce conte amer, qui s'inspire de classiques du
cinéma italien. On pense à Rossellini et particulièrement à Voyage en Italie, comédie du
remariage ambigüe, où un couple sur le point de divorcer prenait in extremis conscience de
son amour, grâce à la voix de la rue. La déambulation nocturne, où toutes les fêtes finissent
par se ressembler, évoque par ailleurs La Dolce Vita de Fellini. Aussi désillusionnée que la
quête du journaliste interprété par Marcello Mastroianni, l'errance de Radu se solde pourtant
par les retrouvailles avec sa bien-aimée.
Mais en quelques plans de fin cinglants, Paul Negoescu figure le miroir aux alouettes qu'est
cette relation renaissante. Radu retourne à la case départ. A l'image de l'anagramme que
forment les prénoms de ses petites amies successives (Nadia et Adina), Radu aura beau
redistribuer les lettres, il est dans une impasse. C'est dans ce constat désenchanté que se loge
toute la force du premier film de Negoescu dont le style ne demande qu'à s'affermir.
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/06/25/un-mois-en-thailande-portrait-desenchantede-la-jeunesse-roumaine-actuelle_3435476_3246.html
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http://www.commeaucinema.com/interviews/un-mois-en-thailande,287078
Interview : Un Mois en Thaïlande en salle le 26 Juin 2013
Entretien avec Paul Negoescu –
Bucarest - 31 décembre
Vous dites avoir le sentiment d’appartenir à une génération perdue... pour
quelles raisons ?
Les années 90 furent le cadre d’un boom médiatique en Roumanie qui changea la perception
de la vie chez beaucoup de jeunes de cette époque. Je l’ai moi-même vécu lorsque j’avais
environ 10 ans et je me souviens que les médias avaient un énorme impact sur ma vie. J’ai
grandi avec des idéaux et des buts différents de ceux des générations précédentes qui
n’avaient alors accès qu’à deux heures de télévision nationale par jour. Et je pense que le
fossé entre ce que fait miroiter les médias et la réalité à laquelle nous devons faire face a
déboussolé toute notre génération.
Peut-on dire que « Un Mois En Thaïlande » est, d’une certaine manière, un
portrait de cette génération ?
Je n’ai pas pensé à cela lorsque j’ai commencé le film. Je n’avais pas l’intention de faire un
film sur la Roumanie. Mais je suis roumain, j’ai vécu toute ma vie ici et je pense à des
histoires qui se déroulent ici. Donc automatiquement il y a une touche roumaine dans
l’atmosphère du film. Il respire la Roumanie car c’est la façon dont je respire. Mais,
néanmoins, le film parle avant tout de la jeune génération, orientée vers la culture occidentale
et voulant fuir le passé communiste.
Un premier film comprend souvent une part d’autobiographie. L’histoire
de Radu est-elle quelque part aussi la vôtre ?
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Je me reconnais dans Radu à travers beaucoup de situations, même si rien dans tout cela n’est
autobiographique. Je n’aurais, en effet, certainement pas eu le courage de larguer quelqu’un
au jour de l’an comme il le fait. Mais la plupart des choses dans son attitude font partie de
moi, même ses pires défauts.
Quel a été le point de départ du scénario ?
La toute première version, à peine écrite, juste ébauchée, était à propos d’un jeune homme qui
au début du film quitte sa petite amie et part à la recherche de son ex dans l’espoir de la
reconquérir. Il finit par la retrouver, mais il est complètement ivre au moment des
retrouvailles et il se demande finalement si son désir de renouer avec elle est si profond. Puis
j’ai discuté de cette idée avec Vlad Trandafir, qui est un ami que j’ai rencontré à l’école de
cinéma, et lui ai proposé de me rejoindre pour l’écriture du scénario. Il a apporté ses propres
idées et, ensemble, nous avons écrit plus d’une dizaine de versions pendant environ un an. Le
problème principal auquel nous nous sommes confrontés était de trouver la dose exacte de
situations « véridiques » pouvant survenir en une journée de 24 heures au cours de laquelle le
héros allait passer d’une relation amoureuse à une autre. Comme la situation de départ est
assez peu commune, nous tenions en revanche à ce que tout soit crédible à l’écran.
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Il y a deux scènes d’exposition qui me semblent importantes pour
comprendre cette génération perdue dont vous parliez tout à l’heure.
D’abord celle du repas chez les beaux-parents de Radu...
Cela fait partie de ces scènes qui racontent non seulement le héros mais le contexte, social,
humain, affectif... dans lequel il évolue. Confronter Radu aux parents d’Adina nous permettait
à la fois de mettre en avant les différences qui existent entre ces deux générations pourtant
juxtaposées, et induire un contrepoint à la perception que Radu a du couple au début du film.
Celle du supermarché met en évidence une Roumanie consumériste dans
laquelle Radu semble perdu...
La scène dans le supermarché est arrivée assez vite dans le processus d’écriture du scénario.
Elle est importante pour moi car elle met Radu dans l’obligation de choisir entre différents
produits. Un truc banal de la vie de tous les jours. Mais je pense que le consumérisme et la
mentalité qui lui est liée, tous deux nés en Roumanie avec l’arrivée récente du capitalisme,
ont provoqué une confusion dans la génération à laquelle j’appartiens. Lorsque j’étais petit, il
n’y avait que peu de produits dans les magasins où je me rendais. Et je les connaissais tous.
Du moins ceux qui représentaient un centre d’intérêt pour moi. Mais de plus en plus de
produits et de marques sont apparus ces dernières années et même moi, je m’y perds. Je ne
sais presque jamais choisir le produit dont j’ai vraiment besoin .Radu est face au même
dilemme. Mais à un autre degré. Lorsque plusieurs options vous sont offertes, il est difficile
de savoir celle qui vous convient vraiment.
Les prénoms des deux petites amies de Radu sont des anagrammes. Ce n’est
pas un hasard...
C’est un clin d’œil de mon coscénariste. Une manière de faire comprendre au public qu’Adina
et Nadia sont peu ou prou deux personnes au caractère similaire. Une façon de dire que
souvent, nous recherchons les mêmes typologies de relations, et des amants ou des maîtresses
qui se ressemblent. Et cela, même si ces amours ne sont pas faites pour nous.
Quels étaient les enjeux de la mise en scène pour ce film qui parle d’une
crise intime mais ne passe pas ou très peu par le dialogue ?
Le plus difficile dans ce film était de traduire en images et les émotions et les pensées intimes
de Radu en n’ayant recours qu’à un point de vue filmique purement objectif. Le film parle du
combat entre le rationnel et l’émotionnel. Radu est capable de ressentir de fortes émotions
qu’il essaie de combattre en étant rationnel, mais il échoue : ce qui le conduit à quitter Adina,
avec laquelle il a conscience de ne plus être heureux, pour tenter de renouer avec Nadia...
D’où l’incessante difficulté de traduire tout cela à l’écran à travers les gestes et les
mouvements du corps qui seraient les plus justes. J’avais la certitude qu’il fallait limiter le
discursif le plus possible. D’autant que notre histoire allait se passer dans des soirées et clubs
de nuit où parler avec les autres n’est pas la chose la plus facile et la plus spontanée. J’ai donc
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choisi de filmer un homme qui n’aurait pas de direction précise, un homme qui pense savoir
ce qu’il veut, où il va mais qui en réalité ne le sait absolument pas.
Le travail de la bande son intervient pleinement dans la narration... Pour le son, nous avions
dès le départ songé à quelque chose de très réaliste. Avec toutefois deux exceptions majeures :
les séquences d’ouverture et de fin, où la musique serait extra diégétique, au contraire du reste
du film où les musiques que l’on entend proviennent des lieux où se situe l’action. Même si
elles ont été rajoutées en post production. Mais là encore avec l’ambition de coller au plus
près de la réalité qui entoure le héros.
Le film travaille une forme très réaliste, comme saisie sur le vif...
A l’exception du tout premier plan, qui est un large panoramique de Bucarest accompagné par
une chanson, et du dernier qui lui fait écho, le reste du film repose en effet sur un cinéma en
prise avec le réel. Mais sur la fin, à nouveau, nous nous en détachons en particulier lors de la
scène de danse entre Radu et Emilia. Idem avec Idem avec ce plan de fin où l’on voit les
étoiles briller dans le ciel de Bucarest après les retrouvailles et la réconciliation entre Radu et
Nadia. Un instant que je qualifiais dans le scénario comme « virgule » car Radu a enfin atteint
son but. Enfin semble l’avoir atteint car pour moi ce n’est pas un point final mais bien une
virgule. C’est pour cela que j’ai voulu finir le film sur ce plan circulaire qui signifie deux
choses. À la fois que la boucle est bouclée, mais aussi que Radu revient au point de départ.
Car ce plan est aussi celui sur lequel s’ouvre le film...
20
Le travail sur le cadre est particulièrement important ici car c’est la
manière dont vous parvenez à faire ressentir au public le rapport de Radu
au monde qui l’entoure...
C’est sans doute l’une des premières choses dont nous avons parlé avec Andrei Butica, mon
chef opérateur. Le type d’histoire que je voulais raconter impliquait presque par principe que
la caméra soit en orbite autour du personnage principal. Mais il était aussi très important que
le cadre nous laisse la liberté d’observer ce qui se déroule autour de Radu. Sans pour autant
jamais anticiper ses actions ou ses mouvements. Je souhaitais que le cadre inscrive Radu dans
une réalité urbaine, sociale ou affective tout en révélant de manière implicite son rapport à
celles-ci. Il est impossible de pénétrer au cinéma le mental d’un personnage, au contraire de la
littérature. Nous avons choisi de rester au plus près de lui le temps d’une journée et de faire
comme si nous avions gardé les moments clés. Et j’espère que cela permettra au spectateur
d’éprouver une sorte d’empathie et de comprendre le parcours de Radu.
Comment avez-vous songé à Andrei Mateiu pour le rôle principal ?
J’avais déjà travaillé avec lui sur mes court-métrages y compris celui de mon diplôme. Il
convenait parfaitement au personnage de Radu, à ce caractère obtus, que j’avais en tête. J’ai
trouvé les autres comédiens après une longue période de casting et une fois la distribution
terminée, nous avons tout de suite commencé les répétitions. Je voulais confronter des non
professionnels aux comédiens professionnels, et leur laisser la possibilité d’improviser dans
certaines scènes pour lesquelles je ne leur donnais pas les dialogues mais simplement les
enjeux de la séquence.
Le cinéma roumain connaît un essor salué par les festivals et les critiques
internationaux. Un cinéma qui se caractérise par un fort ancrage sociétal...
Avant les années 90, les cinéastes roumains dépendaient du bureau de la censure et n’étaient
pas libres de faire les films qu’ils souhaitaient. Par exemple, il ne leur était pas possible de
parler des problèmes de société. Les membres du parti responsables du secteur culturel les
forçaient à créer une vérité aussi factice qu’artificielle vantant les mérites du monde
communiste. Ce n’est qu’après la chute du mur que de jeunes cinéastes ont commencé à faire
des films plus en phase avec la vérité sociale qui était la nôtre.
Si ce sujet leur tient à cœur c’est que la plupart d’entre eux sont nés dans les années 80 sous
l’ère communiste. Ils ont vu et vécu la rupture et les débuts de la démocratie. Ces années de
transition où il était vital de témoigner du changement et de ses conséquences sur le quotidien
des roumains. Raison qui explique selon moi cette empreinte réaliste et sociale de l’actuel
cinéma roumain.
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Entretien avec Ada Solomon, productrice
Regard sur le jeune cinéma roumain
Une Palme d’or à Cannes il y a six ans avec « 4 Mois, 3 Semaines, 2 Jours » et un Prix du
scénario en 2012 pour « Au-delà Des Collines » de Cristian Mungiu, un Ours d’or cette année
à Berlin pour Calin Peter Netzer avec « Child'S Pose », une Caméra d’or pour Corneliu
Porumboiu ( « 12h08 À L’est De Bucarest », « Policier, Adjectif »), le succès critique de
Cristi Puiu ( « La Mort De Dante Lazarescu », « Aurora ») mais aussi Radu Muntean ( «
Boogie », « Tuesday After Christmas »)... le cinéma roumain est en pleine effervescence et
reconnaissance internationale. Ada Solomon, productrice exécutive d’« Un Mois En
Thaïlande » et de « Child'S Pose » analyse cet essor.
Les films roumains que nous avons découvert en France récemment sont
majoritairement mis en scène par des cinéastes relativement jeunes et qui n’ont pas
réalisé plus de deux films. il s’agit même souvent de premiers films...
Luminita Gheorghiu (comédienne principale de « Child'S Pose ») a dit une fois que les
cinéastes roumains étaient encore « à l’heure de la confession ». Ils ont tous un ressort intime
pour s’engager dans leurs démarches particulières. Les films roumains n’ont jamais attiré
l’intérêt du monde entier pour des raisons « d’entertainment ».
Le style minimaliste qui caractérise l’ensemble de ces films n’est pas seulement un choix
artistique, mais aussi une conséquence des maigres possibilités financières.
Je dois mentionner aussi l’appui des critiques de film, qui ont beaucoup aidé - par leur
networking et leurs interactions avec la critique internationale - à mettre en valeur les
réussites du cinéma roumain. Et il y a enfin la contribution des actions privées, tel le Festival
Transylvania qui a grandi avec les cinéastes roumains et qui est un porte-parole aujourd’hui
pour le cinéma roumain, le mettant en rapport avec le cinéma du monde entier.
Ces films partagent un même ancrage social et sociétal même si les traitements, du
drame à la comédie, sont radicalement différents. Quel est votre sentiment à ce propos...
Nous avons besoin de diversité. C’est comme si on ne parlait pas de solistes mais d’un
orchestre. Mais un orchestre bizarre, car il n’y a pas de chef. Il n’existe pas de manifeste
commun des cinéastes roumains, mais tout ce qui se passe dans le cinéma roumain crée une
nouvelle cinématographie nationale. Comme dans un puzzle, les pièces ont des reliefs
distincts, mais elles forment une image complète et surtout complexe.
« Un Mois En Thaïlande » ou encore « Child'S Pose » sont-ils des films difficiles à
produire ?
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Tous les films sont difficiles à produire en Roumanie. Les moins chers, comme « Un Mois En
Thaïlande », ainsi que les plus onéreux, comme « Child'S Pose ». Ça prend beaucoup de
temps pour mettre en place un budget correct, parce que les sessions du CNC sont rares et que
l’on ne sait jamais quand exactement elles se tiendront (il n’y a pas de dates précises pour les
sessions de soutien). Par exemple, maintenant on a une première session après 18 mois. Elle a
été annoncée comme la première session 2012, mais nous n’aurons des résultats qu’en avril
2013... Parfois nous préférons prendre des risques et ne pas attendre encore un an la session
suivante. Même si cela pourrait apporter plus d’argent par des co-productions ou des aides
supranationales. Par exemple, pour « Un Mois En Thaïlande » il nous fallait tourner en hiver,
et nous avons décidé de ne plus attendre un hiver de plus... C’est un choix difficile mais
parfois nécessaire pour soutenir les réalisateurs et entretenir leur intérêt pour le sujet du film.
Ce n’est pas facile du tout, on pourrait dire que notre manière de mettre en place une
production est en style guérilla.
Ces films se vendent-ils bien à l’étranger ?
Oui, mais il y a plus d’intérêt pour les films roumains à l’étranger qu’en Roumanie. Et cela
reste notre plus grande frustration. La reconnaissance à l’étranger nous plait, mais nous avons
aussi besoin de la reconnaissance en Roumanie.
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Existe-t-il des aides de l’état, des subventions pour favoriser la production roumaine et
sa diffusion ?
Oui et non. Il existe des lois qui ne sont pas parfaites, mais qui sont quand même
fonctionnelles. Le problème vient de la manière dont ces lois sont appliquées, des gens qui
décident et des intérêts qui sont derrière leurs décisions. L’aide à la distribution baisse chaque
année et il n’y en a presque aucune pour les exploitants de salles. Rien par exemple pour la
digitalisation des salles qui reste de l’investissement privé. Il nous faut une reforme réelle du
système pour survivre.
Et, dans les salles roumaines, quelle est la diffusion des films nationaux ?
Il y a plusieurs problèmes par rapport à ça : en Europe, nous sommes situés en dernière place
par le nombre de salles rapporté à la population du pays. Il y a 20 millions de Roumains et
nous avons moins de 100 salles dans le pays pour approximativement 200 écrans. En plus, les
Roumains ne vont plus au cinéma. Selon les chiffres 0,4 Roumain a vu un film en salle en
2012, alors que, par exemple, les Français vont en moyenne plus de 5 fois par an au cinéma.
Tenant compte de ces conditions d’exploitation, il est impossible d’avoir du succès et de faire
des recettes chez nous. En plus, nous n’avons pas assez de moyens pour la promotion de la
distribution, ce qui fait que les gens ne sont pas au courant quand un film roumain sort en
salles. Quand, finalement, l’information arrive chez eux, le film n’est plus à l’écran. De plus
le cinéma n’est pas intégré dans le système d’éducation en Roumanie et l’on ressent ce
manque.
Quel rôle la critique de cinéma en Roumanie joue-t-elle dans la promotion de ces films ?
La critique de film a disparu de la presse. Internet a tout accaparé et le public ne fait pas de
différence entre un post sur un blog écrit par un gamin de 14 ans et un essai écrit par un
critique de film réputé. De plus, les magazines spécialisés en cinéma ont disparu. Il n’existe
plus qu’une revue d’étudiants en fac de cinéma, Film Menu, publication qui n’existe que
grâce à l’action bénévole de ces jeunes filmologues ou critiques de film. Autrement dit, il est
certain qu’un commentaire sur un film écrit par une star télé de seconde classe attirera plus
d’intérêt que l’exégèse d’un intellectuel cinéphile.
Un prix comme le récent Ours d’or remporté par Calin Peter netzer avec « Child'S Pose
» a-t-il un impact ?
Il est intéressant de voir qu’un « breaking news » positif comme la remise des prix à Berlin et
le premier Ours d’Or « pour la Roumanie » (il est significatif de noter que ce n’est jamais un
prix pour « un film roumain », mais toujours un prix pour « la Roumanie ») et le tour des
chaînes télé exécuté par l’équipe du film dans la foulée ont eu un effet sur la sortie de «
Child'S Pose ». Nous avons déjà franchi le seuil de 50,000 entrées après 2 semaines
d’exploitation, alors que la majorité des bons films roumains ne font pas plus de 10-15,000
entrées au total. De plus, des multiplexes ont programmé ce film. Cela donne de l’espoir pour
continuer et surtout ouvrir aussi la porte aux films roumains à venir.
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http://cineuropa.org/ff.aspx?t=ffocusarticle&l=fr&tid=2456&did=228519
Un monde d'amour et d'indécision
par Stefan Dobroiu
02/11/2012 - Malgré son titre "exotique", A Month in Thailand de Paul Negoescu, dévoilé à la
27ème Semaine de la Critique de la Mostra de Venise 2012, a une saveur très spécifiquement
roumaine. Cependant, le regard du jeune réalisateur (il aura 28 ans le 5 septembre) est très
rafraîchissant par rapport au productions habituelles de son pays. Car dans ce film, le passé
est oublié, et bien que le budget modeste implique un certain minimalisme dans l'approche du
sujet, le résultat est tout à fait nouveau et différent.
Le héros du film, Radu (Andrei Mateiu), est un jeune homme qui s'apprête à passer le Nouvel
An avec sa petite amie Adina (Ioana Anastasia Anton) et avec d'autres amis. Elle est
amoureuse de lui, mais quelque chose retient Radu ne l'aimer en retour. Un jour, au
supermarché, il croit apercevoir une ex et cela le pousse à prendre de surprenantes décisions
concernant son avenir.
Sans être une histoire d'amour, A Month in Thailand vise juste et s'avère bien plus qu'un film
sur "'un type qui largue sa petite copine". En réalité, il est question de regrets, d'espoir et de
courage, de fureur de vivre et de maturité, et de cette impression qu'on a parfois d'avoir fait
une erreur, quitte à faire des pieds et des mains pour remettre les choses en ordre avant qu'il
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ne soit trop tard. A Month in Thailand raconte le dilemme d'un homme ordinaire (Radu, sa
petite amie et ses amis n'ont absolument rien de particulier) et engage le spectateur à se poser
la question la plus difficile, une question qui commence par "Et si... ?"
Le scénario, sincère et subtil, a été co-écrit par Negoescu avec le scénariste et acteur Vlad
Trandafir. Il explore l'angoisse d'une génération qui n'est généralement pas très populaire
auprès des réalisateurs roumains. Ce sujet différent pourrait faire du film un succès auprès des
jeunes quand il sortira en Roumanie, à la mi-novembre.
Une autre grande qualité de cette production Hi Film, c'est qu'elle présente une nouvelle
génération d'acteurs très intéressante qu'on a encore peu vue dans le cinéma roumain. Andrei
Mateiu est excellent dans le rôle du taciturne Radu, qui semble parfaitement déplacé au milieu
de son énergique bande de copains, tous décidés à fêter dignement la nouvelle année et à bien
arroser l'occasion. Ioana Anastasia Anton parvient de son côté à incarner une Adina tout à fait
passive-agressive, mais les vraies stars de la troupe sont Victoria Raileanu dans le rôle
d'Emilia, une fille de la bande qui raconte une histoire d'abandon total devant l'amour, et
Sinziana Nicola dans celui de Nadia, l'ex petite amie, qui est également au centre d'une des
scènes les plus puissantes du film.
A Month in Thailand aurait naturellement gagné à bénéficier d'un budget plus ample que les
600 000 euros avec lesquels il a été réalisé, des moyens modestes que trahissent les scènes de
foule et les séances de karaoké, un peu trop longues – bien que la productrice Ada Solomon et
le réalisateur Tudor Giurgiu y fassent d'amusantes apparitions. Il n'en reste pas moins que
c'est un premier long métrage engageant et bien fait, comme on pouvait l'attendre d'un jeune
metteur en scène dont les courts métrages ont été sélectionnés dans les plus grands festivals
du monde, y compris Cannes et Berlin.
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Interview : Paul Negoescu • Réalisateur
“Un film fait par des jeunes, sur des
jeunes et pour un public jeune”
par Stefan Dobroiu
Cineuropa : Est-il difficile de faire un premier long métrage en Roumanie ?
Paul Negoescu : Ce ne fut pas chose facile pour moi, loin de là. J'ai eu beaucoup de mal à
réunir l'argent et tout s'est retrouvé en place juste au moment où le tournage était censé
commencer. Pendant un long moment, j'ignorais sur quel budget je pouvais vraiment compter.
Mais je fais partie des chanceux car j'ai fini par réussir à sortir un premier long métrage à mon
âge, à 27 ans. Le budget a été complété grâce à l'aide de gens qui avaient aimé mes courts
métrages. Si je n'avais pas réalisé ces courts, il aurait été impossible de faire ce long. Je pense
que s'il a été difficile pour moi de financer A Month in Thailand, pour d'autres confrères qui
n'ont pas eu la même chance, cela aurait été encore plus dur. Les conditions posées par le
Centre national de la cinématographie n'encouragent en aucune façon les jeunes réalisateurs.
A Month in Thailand se détache d'autres films roumains récents. Comment
s'inscrit-il dans le panorama cinématographique national ?
Je pense que la nouveauté est le sujet du film : il parle des jeunes. Il y a eu quelques films
roumains sur des personnages jeunes, mais ils n'ont pas été bien accueillis par le public et la
critique. La différence, c'est que je fais partie de cette génération et que je connais mieux ses
réalités que les réalisateurs de ces films. Et il n'y a pas que moi : toute l'équipe qui a travaillé
sur ce projet est très jeune. C'est un film fait par des jeunes, sur des jeunes et pour un public
jeune. En plus, certains spectateurs rejettent les productions roumaines récentes, qu'ils
trouvent trop sombres ou ancrées dans le passé. Qu'ils se détendent : A Month in Thailand est
très différent.
Quels avantages et inconvénients y a-t-il à faire des films en Roumanie ?
Les avantages sont d'ordre économique. Faire des films en Roumanie reste peu coûteux,
même si je suppose qu'il y a d'autres pays où c'est encore moins cher. Mais ici, il y a des
professionnels expérimentés et il n'y a pas de syndicats. En termes de production, il est
rentable de tourner en Roumanie. D'un autre côté, il n'existe aucune législation encourageant
les producteurs à venir faire leurs films en Roumanie, comme dans d'autres pays qui
accordent des soutiens et qui trouvent des moyens d'attirer les productions étrangères. Rien
qu'une simple autorisation de tourner dans la rue est difficile à obtenir et onéreuse. Par
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ailleurs, en ce qui concerne nos productions nationales, le tournage en langue roumaine rend
difficile leur circulation des films dans les autres pays. Et je ne vais même pas ouvrir le sujet
du manque d'infrastructures pour la distribution des films en Roumanie...
Si vous aviez 10 millions d'euros, quel genre de film feriez-vous ?
Je ne peux pas imaginer une situation où on me donnerait 10 millions d'euros pour me laisser
tourner tout ce que je voudrais. Si c'était le cas, je ne tournerais d'ailleurs probablement pas en
Roumanie, car un film roumain avec des dialogues en roumain a peu de chances d'être
distribué ailleurs à moins d'être très bien reçu dans des festivals importants. L'idée de faire un
film commercial en Roumanie semble absurde, vu le petit nombre de cinémas où le projeter.
Avez-vous un nouveau projet ? Êtes-vous en écriture ?
Je viens de finir un court métrage à Sarajevo. C'est le deuxième volet de la trilogie sur l'eau
commencée avec Horizon. J'espère tourner le dernier l'année prochaine, en Allemagne. Je n'ai
pas encore pris de décisions quant à mon prochain long : je cherche encore des histoires. Je
suis curieux de voir comme A Month in Thailand va être accueilli par le public roumain. S'il
ne marche pas, cela signifie qu'il est impossible de faire un film à succès en Roumanie et
alors, mon projet suivant sera plus radical.
http://cineuropa.org/ff.aspx?t=ffocusarticle&l=fr&tid=2456&did=228519
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http://www.toutlecine.com/cinema/l-actu-cinema/0002/00026099-un-mois-en-thailande-paulnegoescu-c-etait-presque-ma-destinee.html
Un mois en Thaïlande - Paul Negoescu :
«C'était presque ma destinée...»
Premier long-métrage de Paul Negoescu, Un mois en Thaïlande sort en salles cette semaine.
Le jeune cinéaste roumain a bien voulu nous rencontrer. Compte-rendu.
Pourquoi avoir choisi le thème abordé dans Un mois en Thaïlande, celui du
désœuvrement voire même de l'incompréhension dans les relations intimes, pour vos
débuts en tant que cinéaste ?
Plus jeune, j'ai étudié la réalisation à Bucarest, et j'ai même dirigé quelques courts-métrages.
Mais cette fois-ci, je voulais parler de la génération à laquelle j'appartiens. C'était presque,
dirais-je, ma destinée que de faire un film sur la jeunesse roumaine dont je suis extrait. C'est
29
en outre un sujet qui m'intéresse particulièrement bien sûr. Réaliser Un mois en Thaïlande m'a
permis d'aborder un thème qui me tient à cœur, et qui devrait -je l'espère tout du moinsinterpeller d'autres gens qui y reconnaîtront peut-être même leur propre expérience.
Pouvez vous nous parler de cette génération ?
En Roumanie, nous sommes la première vague de jeunes à avoir du appréhender le monde
d'une nouvelle manière, après la chute du communisme. J'avais cinq ans lors de la révolution.
J'ai grandi dans les années quatre-vingt-dix, dans ce qu'on pourrait appeler une période de
transition. J'ai vu le pays envahi par une culture nouvelle, que ce soit à travers les médias, le
cinéma, les séries télévisées, la musique... Cela a altéré la mentalité des gens de mon âge.
Nous avons grandi dans une sphère consumériste imprégnée d'une culture étrangère.
Fatalement, il en a résulté une scission entre générations. Cela a même affecté la manière dont
les gens envisagent les relations sociales et amoureuses. Prenez mes parents par exemple, ils
se sont mariés à vingt-deux ans. C'était une chose commune à l'époque. Aujourd'hui, on
s'engage dans la vie de couple bien plus tard. Le point de vue occidental a pris le dessus sur le
mode de vie orthodoxe et traditionnel roumain. Ce choc des cultures a donc engendré une
génération confuse qui se heurte à une réalité différente de celle qui leur a été inculquée. Il est
extrêmement difficile d'en trouver le juste milieu.
Qu'en est il de la Roumaine aujourd'hui ?
Aujourd'hui, les jeunes roumains sont plus attachés aux valeurs de l'Ouest qu'autre chose. Ils
ont catégoriquement rejeté leurs racines et traditions, même si la plupart d'entre-eux sont
souvent bêtement nationalistes. Ils rêvent d'un pays occidentalisé. J'estime que c'est un tort.
Notre histoire est très riche et a bénéficié de nombreuses influences. Le désir de cette
génération de vouloir être exclusivement européenne génère de fait beaucoup d'insatisfaction.
Il serait plus juste d'accepter que la Roumanie est une nation éclectique. C'est d'ailleurs là que
réside sa force !
Cette insatisfaction se manifeste-elle fatalement dans une nouvelle conception du
rapport à l'autre ?
Au vingt-et-unième siècle, les choses vont beaucoup plus vite ! Quelqu'un te plaît, tu lui
envoies un texto, tu lui donnes un rendez-vous, vous faites l'amour, tu commences une
relation avec cette personne et tu finis par t'en séparer. C'est très différent du quotidien de nos
parents, comme je le disais. Aujourd'hui, c'est une situation universelle, car l'influence
occidentale s'est répandue dans le monde entier, même en Iran. C'est déroutant pour les gens
de mon âge, ça les rend malheureux. Un mois en Thaïlande a l'ambition de les faire réfléchir à
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ce sujet et de les faire se poser les bonnes questions. Le premier pas vers le bonheur réside
dans la prise de conscience d'une situation de fait.
Comment se manifeste cette insatisfaction ?
Au delà des rapports amoureux, on peut la retrouver dans tout ce qui touche à notre quotidien.
Je pense même que le scénario y a puisé sa force. Il y a quelques années, nous avions décidé
de fêter Halloween avec quelques amis. Nous sommes allées à une soirée, puis à une autre,
puis à une autre encore. Lorsque le jour a commencé à poindre, nous n'avions trouvé aucun
endroit où nous nous étions senti bien. Je n'ai pu m'empêcher de penser : «Encore une nuit de
gâchée...»
Pourriez vous nous parler des présences féminines d'Un mois en Thaïlande ?
Les deux personnages féminins majeurs du films sont assez similaires. Même dans leur
prénom d'ailleurs, qui sont des anagrammes : Nadia et Nadina. Je voulais mettre en lumière le
fait qu'inconsciemment, on se dirige toujours vers le même genre de partenaires. C'est une des
erreurs que fait Radu. Ni l'une ni l'autre ne lui conviennent et pourtant... Lorsqu'il rencontre
Emilia, plus aventureuse, il n'envisage même pas la possibilité de la considérer comme une
amante. C'est assez ironique en soi. Lorsqu'il s'agit d'amour, nous devons être capables de
faire la part des choses entre la réflexion et l'intuition. Ça me fait penser à une très belle
citation de Charlie Chaplin : «We think too much and feel too little.» (Nous pensons trop et
nous ressentons trop peu.)
Comment avez-vous sélectionné vos acteurs ?
J'avais porté mon choix sur l'acteur principal avant même de commencer à écrire le script du
film. Je l'ai même rédigé en pensant à lui pour tout vous dire. Nous avions déjà travaillé
ensemble et j'estime que c'est un excellent comédien. Le casting s'est fait assez rapidement du
reste, en un peu moins de deux mois. Je pense que c'est un manque de courage de la part des
réalisateurs de choisir des acteurs d'ores et déjà reconnus. Du coup, je souhaitais vraiment
tourner Un mois en Thaïlande avec des visages inconnus. Il y a une exception dans le film. Le
jeune homme qui incarne le meilleur ami de Radu est le fils d'une actrice roumaine très
connue... Mais je dois dire que je n'ai trouvé aucun acteur qui convenait mieux à ce que j'avais
en tête.
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Quelle image de la Roumanie renvoie votre film ?
Je ne voulais pas réaliser un film touristique. Bien évidemment, lorsque les étrangers pensent
aux roumains, ils ont en tête de nombreux clichés : voleurs, mendiants dans le métro,
assassins... Sans pour autant renvoyer une image trop embellie de mon pays, il était important
pour moi de dénoncer ces stéréotypes. C'est ce que j'ai fait, de la manière la plus simple qu'il
soit, en évoquant l'univers dans lequel je vis.
Par Emma Martin (26/06/2013 à 15h39)
http://www.toutlecine.com/cinema/l-actu-cinema/0002/00026099-un-mois-en-thailandepaul-negoescu-c-etait-presque-ma-destinee.html
32
http://www.iletaitunefoislecinema.com/critique/5986/un-mois-en-thailande
Portrait sans intérêt d’une
jeunesse sans intérêts.
Article de Mickaël Pierson
Autant mouvance réelle du réveil cinématographique d’une nationalité qu’effet d’annonce
bien pratique pour fédérer et distribuer les films à l’étranger dans le sillage du succès d’estime
de 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Christian Mungiu (Palme d’or en 2007), une « nouvelle
vague » roumaine est à l’œuvre très centrée sur des préoccupations sociales, mais dépassant
souvent ce cadre afin de s’ouvrir à une lecture burlesque de la réalité quotidienne teintée de
surréalisme. On s’en fait régulièrement écho ici-même. Profitant de cet effet publicitaire, il
n’est pas étonnant que producteurs et distributeurs surfent sur cette vague pour y raccrocher
des films qui n’ont pas grand-chose à y voir. Un mois en Thaïlande est un premier long
métrage, un film de trentenaire dont le cadre aurait pu être n’importe quel pays urbanisé. Un
31 décembre, des préparatifs aux différentes fêtes, on suit le trajet de Radu, jeune homme
mou du genou et lâche qui largue sa copine bien comme il faut pour retrouver son ex qui, ben
en fait, était pas si mal. Entre-temps, il aura aussi proposé aux deux donzelles ce voyage en
Thaïlande, parce que bon quand même il est réservé, alors il faudrait bien y aller quand même.
« J’attends quelque chose. »
La caméra le suit du déjeuner chez les beaux-parents, au repas du 31, puis de boîtes en boîtes
dans une errance aussi vide de sens que d’intérêt. Le tout pour finir assis par terre sur le toit33
terrasse d’un immeuble en faisant tourner un joint, ce qui semble pour ces ados attardés le
summum de la rébellion. Là, se bidonnant devant un couple qui s’envoie en l’air à la fenêtre
d’en face, on a l’impression de brûler la vie par les deux bouts. Malheureusement, le vide de
cette vie et l’inanité des rapports sociaux n’est pas le moins du monde envisagé par le
réalisateur. Il y avait là la matière pour un film sur l’errance contemporaine de personnages à
qui tout s’offre et qui restent perclus par tant de possibles. Mais Paul Negoescu ne les inscrit
ni dans le temps ni dans l’espace et ne possède aucun recul sur Radu qu’il suit aveuglément.
On est loin d’un Hou Hsiao-hsien chez lequel l’errance personnelle est programmée dans un
rapport beaucoup plus large à la ville, ou encore, pour un exemple plus proche, de Adieu
Falkenberg (2010), premier film du Suédois Jesper Ganslandt (dont on attend avec impatience
Blondie) où le regard sur un groupe d’ados attardés à l’aube de la trentaine n’était pas dupe de
leur immaturité et trouvait un contrepoids salutaire dans la détresse troublante de l’un d’entre
eux.
Rien de cela ici, seule une adhésion et une identification probable du réalisateur à son
personnage, incapable de mettre au jour les enjeux réels de son film, s’ils existent. Le filmage
banal d’une histoire banale avec une absence de regard condamne Un mois en Thaïlande
d’emblée.
http://www.iletaitunefoislecinema.com/critique/5986/un-mois-en-thailande
34
http://www.brefmagazine.com/pages/actus.php?id_actu=592
Un mois en Thaïlande de Paul Negoescu
Encore un flot de sorties en ce dernier mercredi de juin, parmi lesquelles il nous tient à cœur
de distinguer le premier long métrage de Paul Negoescu, Un mois en Thaïlande, présenté
(notamment) au festival Premiers Plans d’Angers en janvier dernier. On connaît bien
l’explosion créative du jeune cinéma roumain des années 2000 et une nouvelle génération se
profile dans le sillage de celle des Mungiu, Puiu, Mitulescu et du regretté Cristian Nemescu :
Paul Negoescu est né dans les années 1980 et a, contrairement à ses déjà glorieux aînés, très
peu connu la Roumanie de Ceaucescu, déchu à la fin de 1989. Son cinéma n’est donc pas
directement politique, mais porte un regard très personnel sur le pays tel qu’il apparaît après
la période des grands changements et l’intégration à l’Union européenne.
Ce sont donc des tranches de vie que relataient les courts métrages qui ont fait connaître dans
les festivals internationaux cet ancien étudiant de l’Académie des arts du théâtre et du cinéma
de Bucarest. Derby (2010) montrait l’accueil un peu rude réservé au petit ami d’une
adolescente par le père de celle-ci, l’antagonisme larvé entre les deux mâles s’exacerbant à
travers leurs préférences footballistiques opposées (et révélatrices) – l’un pour le Steaua, club
de l’ancienne Roumanie (lié à l’armée) ; l’autre pour le Dinamo, symbole de la nouvelle,
35
rebaptisé en 1992. Dans Rénovation, l’année précédente, trois points de vue différents
présentaient trois générations d’une même famille sur un micro-événement quotidien, les
travaux d’un appartement faisant écho – sans extrapoler – à ceux d’une nation.
Avec Un mois en Thaïlande, c’est une nuit entière qui est envisagée comme unité de temps,
celle d’un passage d’une année à l’autre, pour un étudiant, Radu, qui rompt avec sa petite
amie et se met à la recherche d’une “ex” qu’il n’a pas oubliée… Son errance nocturne et
fêtarde le conduit à travers Bucarest et le film effectue plaisamment une boucle en même
temps que son personnage, en usant sans en abuser des plans-séquences, la marque de
fabrique du jeune cinéma roumain qui permet surtout de tirer le meilleur de ses toujours
excellents comédiens (Andrei Mateiu, Ioana Anastasia Anton et Sinziana Nicola, pour citer le
triangle amoureux majeur). Le foisonnement des dialogues, très inspirés, tranche avec le
silence total d’Horizon, autre court métrage du jeune cinéaste sélectionné à la Semaine de la
Critique en 2012 et qui mettait en scène un vieux pêcheur sur son rafiot. On reverra sans
aucun doute à l’avenir Negoescu – qui n’a pas trente ans, donc… – dans les festivals les plus
importants de la planète.
Christophe Chauville
http://www.brefmagazine.com/pages/actus.php?id_actu=592
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http://www.lexpress.fr/culture/cinema/un-mois-en-thailande-la-critique-de-studio-cinelive_1260366.html
Un mois en Thaïlande
Par Clément Sautet (Studio Ciné Live), publié le 24/06/2013 à 15:11
Parfois hésitant et répétitif, le film n'en est pas moins un reflet d'une société s'ouvrant sur une
nouvelle liberté d'expression.
Vingt-quatre ans après la chute du mur, le cinéma roumain n'en finit plus de s'émanciper.
C'est ainsi que de jeunes réalisateurs, comme Negoescu, interrogent les moeurs de la nouvelle
génération tournée vers l'Ouest. Il fait de son personnage, Toma, l'archétype du désir du
consommateur et interroge, de ce fait, cette nouvelle liberté de choix et d'envie. Parce qu'il le
peut, en une nuit, Toma bouleverse sa vie. Parfois hésitant et répétitif, le film n'en est pas
moins un reflet d'une société s'ouvrant sur une nouvelle liberté d'expression.
http://www.lexpress.fr/culture/cinema/un-mois-en-thailande-la-critique-de-studio-cinelive_1260366.html
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http://www.evene.fr/cinema/actualite/un-mois-en-thailande-before-midnight-les-stagiaires-les-fil2128227.php
Un Mois en Thaïlande, de Paul
Negoescu ****
©
Epicentre Films
Une journée et une nuit à Bucarest, pendant les fêtes de fin d’année. Radu, un trentenaire
appartenant à la « bonne » société locale rompt avec sa fiancée, Adina, sans raison apparente.
Il cavale illico après son ex, Nadia, dans l’espoir de la convaincre de reprendre le cours
interrompu de leur histoire d’amour. Une quête obsessionnelle, dont il convient de ne rien
dire, sinon que, formellement parlant, elle s’achèvera par le même plan que le tout premier du
film, ce qui ne relève bien entendu pas du hasard. D’Adina à Nadia, deux anagrammes, quelle
différence « réelle » pour Radu ? Quid du choix et de l’indécision ? L’obscur héros d’Un mois
en Thaïlande sait-il vraiment pourquoi et dans quelle direction il court ? Autour de ces
brûlantes questions existentielles, Paul Negoescu signe un film fiévreux et palpitant, une sorte
de fable morale où, sans aucun bavardage, il examine les indécisions d’un personnage et
d’une génération un rien perdus dans les faux semblants de l’époque. Remarquablement écrit
et mis en scène, un film sec et secouant qui, malgré son titre peu engageant, mérite de ne pas
passer inaperçu. ODB.
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http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Culture/Les-films-de-la-semaine/Default-544589.xhtml
dimanche 28 juillet 2013
Un mois en Thaïlande De Paul Negoescu
C’est un titre en trompe l’œil que ce Mois en Thaïlande, premier film d’un cinéaste roumain
de 28 ans. Un jeune couple de Bucarest monte un projet de voyage qui ne se réalisera pas.
L’histoire commence au matin du jour de l’an. Radu, jeune trentenaire, se lève en même
temps que sa fiancée et tous deux replient le canapé-lit. Le film se termine le lendemain matin
avec le même canapé-lit que l’on replie. « En Roumanie, dit le réalisateur de ce petit film
singulier, après la prison du communisme, la nouvelle génération, cultivée, a enfin la
possibilité de s’exprimer. Le film parle avant tout de cette génération, orientée vers la culture
occidentale. Le consumérisme et la mentalité qui lui est liée, nés en Roumanie avec l’arrivée
récente du capitalisme, ont provoqué une confusion dans la génération à laquelle j’appartiens.
On consomme les objets comme les relations amoureuses. »
C’est pourquoi son jeune héros narcissique est, selon le cinéaste, le symbole d’une génération
à qui rien ne manque et qui se pense au centre de l’univers. Et le jeune Radu va en faire la
démonstration au cours de ces vingt-quatre heures de fête pendant lesquelles il erre avec ses
amis dans Bucarest à la recherche d’un mieux être. Ce film, sélectionné à la Semaine
internationale de la Critique de Venise, représente un jeune cinéma Européen singulier et
ouvert.
http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Culture/Les-films-de-la-semaine/Default-54-4589.xhtml
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http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Un-mois-en-Thailande-les-errements-du-choix-autemps-de-l-abondance-2013-06-25-978154
« Un mois en Thaïlande » : les errements
du choix au temps de l’abondance
La nuit de la Saint-Sylvestre, un jeune homme erre dans Bucarest en quête d’une nouvelle vie
amoureuse avec une femme qu’il a aimée autrefois.
UN MOIS EN THAÏLANDE ** de Paul Negoescu
La liberté a un revers : elle contraint au choix, souvent déstabilisant. Radu en fait
l’expérience. Depuis neuf mois, il a pour compagne Adina. En ce 31 décembre, leur avenir est
tout tracé : bientôt un quotidien sous le même toit, le mariage, des enfants. Et, entre-temps,
un voyage en Thaïlande.
Mais après un dîner avec des amis, alors que tous s’apprêtent à fêter le passage à une nouvelle
année, Radu annonce subitement à Adina qu’il la quitte. Il tient à elle, mais pas suffisamment
pour continuer, estime-t-il. Au cours de l’après-midi, dans un supermarché, il a cru entendre
la voix de Nadia, sa précédente petite amie. Il était si heureux avec elle. Pourquoi l’a-t-il
quittée ? Tout au long de cette nuit festive, il tente de la retrouver.
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La Roumanie de l’abondance
« Le consumérisme et la mentalité qui lui est liée, tous les deux nés en Roumanie avec
l’arrivée récente du capitalisme, ont provoqué une confusion dans la génération à laquelle
j’appartiens, explique le réalisateur Paul Negoescu. Lorsque plusieurs options vous sont
offertes, il est difficile de savoir ce qui vous convient vraiment. » Le dilemme amoureux de
Radu naît dans un magasin où l’abondance a remplacé la pénurie qui prévalait sous le régime
communiste.
Faut-il choisir Adina ou Nadia (dont les prénoms sont des anagrammes) ? Et si le choix, réel,
était plus restreint que prévu et la répétition, la règle ? Du soir au matin, Radu passe de
restaurant en boîte de nuit, de fête chez des copains en terrasse où l’on attend les feux
d’artifice, à la recherche de Nadia, devenue la femme idéale, perdue par inconscience.
Une quête d’une nuit ou d’une vie
Dans un style réaliste propre au cinéma roumain, ce film peu dialogué et à la trame ténue
saisit sur le vif l’errance de son héros, fiévreux, indécis, étranger à l’atmosphère festive. Trop
étiré, notamment dans sa première partie avec Adina, le film ne manque pourtant pas de
charme. Seules scènes à distance de Radu, les premières images et la chute portent un
message fort.
Sa quête nocturne (la quête d’une vie ?) permet de montrer à petites touches la jeunesse de
Bucarest qui n’aspire qu’à suivre le modèle occidental de liberté et de choix, jusqu’à s’en
étourdir.
Corinne RENOU-NATIVEL
http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Un-mois-en-Thailande-les-errements-du-choix-autemps-de-l-abondance-2013-06-25-978154
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http://www.allocine.fr/film/fichefilm-210580/secrets-tournage/
Un mois en Thaïlande
La naissance du projet
La première version du scénario de Un mois en Thaïlande, écrite par Paul Negoescu, posait
les bases de l'histoire. Un jeune homme quitte sa petite amie pour reconquérir son ex. Mais au
moment où il retrouve cette dernière, il est ivre et se pose alors des questions existentielles sur
son choix et ses réelles envies. Pour étoffer son histoire,
histoire, le réalisateur a fait appel à l'un de ses
amis, Vlad Trandafir. En un an, ils ont écrit près d'une dizaine de versions en privilégiant le
réalisme des situations : "Le problème principal auquel nous nous sommes confrontés était de
trouver la dose exacte de situations « véridiques » pouvant survenir en une journée de 24
heures au cours de laquelle le héros allait passer d’une relation amoureuse à une autre",
explique Negoescu.
Anagramme
Sur une idée du coscénariste Vlad Trandafir, les prénoms Adina (la
(la petite amie) et Nadia (l'ex
de Radu) sont des anagrammes. Une manière de marquer la confusion dans l'esprit du
personnage principal puisque les deux jeunes femmes présentent des caractères similaires :
"Une façon de dire que souvent, nous recherchons les
les mêmes typologies de relations, et des
amants ou des maîtresses qui se ressemblent. Et cela, même si ces amours ne sont pas faites
pour nous", souligne Paul Negoescu.
Le renouveau du cinéma roumain
4 mois, 3 semaines et 2 jours, Au-delà des collines, Child's pose... Autant de films roumains
qui ont obtenu des récompenses et la reconnaissance dans les plus prestigieux festivals
internationaux ces dernières années. Mais la situation n'a pas toujours été favorable comme
l'explique Paul Negoescu : "Avant les années
années 90, les cinéastes roumains dépendaient du
bureau de la censure et n’étaient pas libres de faire les films qu’ils souhaitaient. Par exemple,
il ne leur était pas possible de parler des problèmes de société. Les membres du parti
responsables du secteur culturel les forçaient à créer une vérité aussi factice qu’artificielle
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vantant les mérites du monde communiste. Ce n’est qu’après la chute du mur que de jeunes
cinéastes ont commencé à faire des films plus en phase avec la vérité sociale qui était la
nôtre."
Le paradoxe roumain
La nouvelle vague du cinéma roumain souffre d'un terrible paradoxe. Car si ses films sont
appréciés à l'étranger, le désert dans les salles obscures en Roumanie persiste : "Cela reste
notre plus grande frustation", commente Ada Solomon, productrice de Un mois en Thaïlande
et de Child's Pose (Ours d'or à Berlin en 2013). La principale contrainte reste le manque de
moyens : "En Europe, nous sommes situés en dernière place par le nombre de salles rapporté
à la population du pays. Il y a 20 millions de Roumains et nous avons moins de 100 salles
dans le pays pour approximativement 200 écrans. En plus, les Roumains ne vont plus au
cinéma. Selon les chiffres 0,4 Roumain a vu un film en salle en 2012, alors que, par exemple,
les Français vont en moyenne plus de 5 fois par an au cinéma", conclut la productrice.
Direction d'acteurs
Le choix de l'acteur principal n'est pas anodin pour Paul Negoescu. En effet, Andrei Mateiu
avait déjà travaillé avec le réalisateur sur ses précédents courts métrages : "Je voulais
confronter des non professionnels aux comédiens professionnels, et leur laisser la possibilité
d’improviser dans certaines scènes pour lesquelles je ne leur donnais pas les dialogues mais
simplement les enjeux de la séquence", explique Paul Negoescu.
Bande Originale
Paul Negoescu a souhaité que la bande originale de son film soit réaliste. C'est la raison pour
laquelle la majorité des musiques de Un mois en Thaïlande proviennent des lieux où se
passent l'action, autrement dit les boîtes de nuit et les clubs. Seuls les morceaux des séquences
d'ouverture et de fin dérogent à la règle.
Radu tourne en rond
Le film s'ouvre et se termine sur le même plan. Une façon pour le réalisateur de boucler la
boucle et de faire comprendre au spectateur que Radu, le personnage principal, est revenu à
son point de départ. C'est-à-dire la situation qu'il a cherché à fuir.
http://www.allocine.fr/film/fichefilm-210580/secrets-tournage/
44
Epicentre Films présente
Avec Andrei Mateiu, Ioana Anastasia Anton, Sînziana Nicola,
Tudor Aaron Istodor, Raluca Aprodu, Victoria Răileanu
Dossier de presse et photos téchargeables
sur www.epicentrefilms.com
Roumanie - 2012 - 85 min - numérique - Couleur - 1.85 - 5.1 - Visa n° 136 374
Sortie nationale le 26 juin 2013
Distribution
EPICENTRE FILMS
Daniel Chabannes
55 rue de la Mare 75020 Paris
Tél. 01 43 49 03 03
[email protected]
Presse
ROBERT SCHLOCKOFF
BETTY BOUSQUET
9, rue du Midi
92200 Neuilly/Seine
Tél. : 01 47 38 14 02
[email protected]
SYNOPSIS
\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\
En pleines fêtes du Nouvel an à Bucarest, Radu, jeune trentenaire, décide de rompre
avec sa fiancée.
La même nuit il part à la recherche de Nadia, sa précédente petite amie, persuadé que
c’était l’amour de sa vie…
Bucarest, 31 décembre \\\\\\\\\
Entretien avec Paul Negoescu, réalisateur
Vous dites avoir le sentiment
d’appartenir à une génération
perdue… pour quelles raisons ?
Les années 90 furent le cadre d’un boom
médiatique en Roumanie qui changea la
perception de la vie chez beaucoup de
jeunes de cette époque. Je l’ai moi-même
vécu lorsque j’avais environ 10 ans et je
me souviens que les médias avaient un
énorme impact sur ma vie. J’ai grandi
avec des idéaux et des buts différents
de ceux des générations précédentes
qui n’avaient alors accès qu’à deux
heures de télévision nationale par jour.
Et je pense que le fossé entre ce que fait
miroiter les médias et la réalité à
laquelle nous devons faire face a
déboussolé toute notre génération.
Peut-on dire que « Un mois en
Thaïlande » est, d’une certaine
manière, un portrait de cette
génération ?
Je n’ai pas pensé à cela lorsque j’ai
commencé le film. Je n’avais pas l’intention
de faire un film sur la Roumanie. Mais je
suis roumain, j’ai vécu toute ma vie ici et
je pense à des histoires qui se déroulent
ici. Donc automatiquement il y a une
touche roumaine dans l’atmosphère
du film. Il respire la Roumanie car c’est
la façon dont je respire. Mais, néanmoins,
le film parle avant tout de la jeune
génération, orientée vers la culture
occidentale et voulant fuir le passé
communiste.
Un premier film comprend souvent une part d’autobiographie.
L’histoire de Radu est-elle quelque
part aussi la vôtre ?
Je me reconnais dans Radu à travers
beaucoup de situations, même si rien
dans tout cela n’est autobiographique. Je
n’aurais, en effet, certainement pas eu le
courage de larguer quelqu’un au jour de
l’an comme il le fait. Mais la plupart des
choses dans son attitude font partie de
moi, même ses pires défauts.
Quel a été le point de départ du
scénario ?
La toute première version, à peine écrite,
juste ébauchée, était à propos d’un jeune
homme qui au début du film quitte sa petite
amie et part à la recherche de son ex dans
l’espoir de la reconquérir. Il finit par la
retrouver, mais il est complètement ivre au
moment des retrouvailles et il se demande
finalement si son désir de renouer avec
elle est si profond. Puis j’ai discuté de cette
idée avec Vlad Trandafir, qui est un ami
que j’ai rencontré à l’école de cinéma,
et lui ai proposé de me rejoindre pour
l’écriture du scénario. Il a apporté ses
propres idées et, ensemble, nous avons
écrit plus d’une dizaine de versions
pendant environ un an. Le problème
principal auquel nous nous sommes
confrontés était de trouver la dose exacte de
situations « véridiques » pouvant survenir
en une journée de 24 heures au cours
de laquelle le héros allait passer d’une
relation amoureuse à une autre. Comme la
situation de départ est assez peu commune,
nous tenions en revanche à ce que tout
soit crédible à l’écran.
Il y a deux scènes d’exposition
qui me semblent importantes
pour comprendre cette génération
perdue dont vous parliez tout à
l’heure. D’abord celle du repas
chez les beaux-parents de Radu…
Cela fait partie de ces scènes qui racontent
non seulement le héros mais le contexte,
social, humain, affectif… dans lequel il
évolue. Confronter Radu aux parents
d’Adina nous permettait à la fois de mettre
en avant les différences qui existent entre ces
deux générations pourtant juxtaposées, et
induire un contrepoint à la perception que
Radu a du couple au début du film.
Les prénoms des deux petites
amies de Radu sont des anagrammes. Ce n’est pas un hasard…
C’est un clin d’œil de mon coscénariste.
Une manière de faire comprendre au
public qu’Adina et Nadia sont peu ou
prou deux personnes au caractère
similaire. Une façon de dire que souvent,
nous recherchons les mêmes typologies
de relations, et des amants ou des
maîtresses qui se ressemblent. Et cela,
même si ces amours ne sont pas faites
pour nous.
Celle du supermarché met en
évidence une Roumanie consumériste dans laquelle Radu semble
perdu…
La scène dans le supermarché est arrivée
assez vite dans le processus d’écriture du
scénario. Elle est importante pour moi car
elle met Radu dans l’obligation de choisir
entre différents produits. Un truc banal
de la vie de tous les jours. Mais je pense
que le consumérisme et la mentalité qui
lui est liée, tous deux nés en Roumanie
avec l’arrivée récente du capitalisme, ont
provoqué une confusion dans la génération
à laquelle j’appartiens. Lorsque j’étais
petit, il n’y avait que peu de produits
dans les magasins où je me rendais. Et je
les connaissais tous. Du moins ceux qui
représentaient un centre d’intérêt pour
moi. Mais de plus en plus de produits et
de marques sont apparus ces dernières
années et même moi, je m’y perds. Je
ne sais presque jamais choisir le produit
dont j’ai vraiment besoin. Radu est face
au même dilemme. Mais à un autre
degré. Lorsque plusieurs options vous sont
offertes, il est difficile de savoir celle qui
vous convient vraiment.
Quels étaient les enjeux de la
mise en scène pour ce film qui
parle d’une crise intime mais
ne passe pas ou très peu par le
dialogue ?
Le plus difficile dans ce film était de
traduire en images et les émotions et
les pensées intimes de Radu en n’ayant
recours qu’à un point de vue filmique
purement objectif. Le film parle du combat
entre le rationnel et l’émotionnel. Radu
est capable de ressentir de fortes
émotions qu’il essaie de combattre en étant
rationnel, mais il échoue : ce qui le
conduit à quitter Adina, avec laquelle il a
conscience de ne plus être heureux, pour
tenter de renouer avec Nadia…
D’où l’incessante difficulté de traduire
tout cela à l’écran à travers les gestes et
les mouvements du corps qui seraient les
plus justes. J’avais la certitude qu’il fallait
limiter le discursif le plus possible.
D’autant que notre histoire allait se
passer dans des soirées et clubs de nuit où
parler avec les autres n’est pas la chose la
plus facile et la plus spontanée. J’ai donc
choisi de filmer un homme qui n’aurait
pas de direction précise, un homme qui
pense savoir ce qu’il veut, où il va mais
qui en réalité ne le sait absolument pas.
Le travail de la bande son intervient
pleinement dans la narration…
Pour le son, nous avions dès le départ
songé à quelque chose de très réaliste.
Avec toutefois deux exceptions majeures :
les séquences d’ouverture et de fin, où
la musique serait extra diégétique, au
contraire du reste du film où les musiques
que l’on entend proviennent des lieux où
se situe l’action. Même si elles ont été
rajoutées en post production. Mais là
encore avec l’ambition de coller au plus
près de la réalité qui entoure le héros.
Le film travaille une forme très
réaliste, comme saisie sur le vif…
A l’exception du tout premier plan, qui
est un large panoramique de Bucarest
accompagné par une chanson, et du
dernier qui lui fait écho, le reste du film
repose en effet sur un cinéma en prise
avec le réel. Mais sur la fin, à nouveau,
nous nous en détachons en particulier lors
de la scène de danse entre Radu et Emilia.
Idem avec ce plan de fin où l’on voit les
étoiles briller dans le ciel de Bucarest après
les retrouvailles et la réconciliation entre
Radu et Nadia. Un instant que je qualifiais
dans le scénario comme « virgule »
car Radu a enfin atteint son but. Enfin
semble l’avoir atteint car pour moi ce
n’est pas un point final mais bien une
virgule. C’est pour cela que j’ai voulu
finir le film sur ce plan circulaire qui signifie
deux choses. À la fois que la boucle est
bouclée, mais aussi que Radu revient au
point de départ. Car ce plan est aussi celui
sur lequel s’ouvre le film…
Le travail sur le cadre est particulièrement important ici car c’est
la manière dont vous parvenez
à faire ressentir au public le
rapport de Radu au monde qui
l’entoure…
C’est sans doute l’une des premières
choses dont nous avons parlé avec Andrei
Butică, mon chef opérateur. Le type
d’histoire que je voulais raconter impliquait
presque par principe que la caméra soit
en orbite autour du personnage principal.
Mais il était aussi très important que le
cadre nous laisse la liberté d’observer ce
qui se déroule autour de Radu. Sans pour
autant jamais anticiper ses actions ou ses
mouvements. Je souhaitais que le cadre
inscrive Radu dans une réalité urbaine,
sociale ou affective tout en révélant de
manière implicite son rapport à celles-ci.
Il est impossible de pénétrer au cinéma le
mental d’un personnage, au contraire de
la littérature. Nous avons choisi de rester
au plus près de lui le temps d’une journée
et de faire comme si nous avions gardé
les moments clés. Et j’espère que cela
permettra au spectateur d’éprouver une
sorte d’empathie et de comprendre le
parcours de Radu.
Comment avez-vous songé à Andrei
Mateiu pour le rôle principal ?
J’avais déjà travaillé avec lui sur mes courtmétrages y compris celui de mon diplôme.
Il convenait parfaitement au personnage
de Radu, à ce caractère obtus, que j’avais
en tête. J’ai trouvé les autres comédiens
après une longue période de casting et une
fois la distribution terminée, nous avons
tout de suite commencé les répétitions.
Je voulais confronter des non professionnels aux comédiens professionnels,
et leur laisser la possibilité d’improviser
dans certaines scènes pour lesquelles je
ne leur donnais pas les dialogues mais
simplement les enjeux de la séquence.
Le cinéma roumain connaît un
essor salué par les festivals et
les critiques internationaux. Un
cinéma qui se caractérise par un
fort ancrage sociétal…
Avant les années 90, les cinéastes
roumains dépendaient du bureau de la
censure et n’étaient pas libres de faire
les films qu’ils souhaitaient. Par exemple,
il ne leur était pas possible de parler des
problèmes de société. Les membres du
parti responsables du secteur culturel
les forçaient à créer une vérité aussi
factice qu’artificielle vantant les mérites du
monde communiste. Ce n’est qu’après la
chute du mur que de jeunes cinéastes ont
commencé à faire des films plus en phase
avec la vérité sociale qui était la nôtre.
Si ce sujet leur tient à cœur c’est que
la plupart d’entre eux sont nés dans les
années 80 sous l’ère communiste. Ils ont
vu et vécu la rupture et les débuts de la
démocratie. Ces années de transition où
il était vital de témoigner du changement
et de ses conséquences sur le quotidien
des roumains. Raison qui explique selon
moi cette empreinte réaliste et sociale de
l’actuel cinéma roumain.
Regard sur \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\
le jeune cinéma roumain
Entretien avec Ada Solomon, productrice
Une Palme d’or à Cannes il y a six ans
avec « 4 mois, 3 semaines et 2 jours »
et un Prix du scénario en 2012 pour
« Au-delà des collines » de Cristian Mungiu,
un Ours d’or cette année à Berlin pour
Calin Peter Netzer avec « Child’s Pose »,
une Caméra d’or pour Corneliu Porumboiu
( « 12h08 à l’est de Bucarest », « Policier
Adjectif »), le succès critique de Cristi Puiu
( « La mort de Dante Lazarescu », « Aurora »)
mais aussi Radu Muntean ( « Boogie »,
« Tuesday after Christmas »)… le cinéma
roumain est en pleine effervescence et
reconnaissance internationale. Ada
Solomon, productrice exécutive d’« Un
mois en Thaïlande » et de « Child’s Pose »
analyse cet essor…
Les films roumains que nous
avons
découvert
en
France
récemment sont majoritairement
mis en scène par des cinéastes
relativement jeunes et qui n’ont
pas réalisé plus de deux films. Il
s’agit même souvent de premiers
films…
Luminita Gheorghiu (comédienne principale de « Child’s Pose ») a dit une
fois que les cinéastes roumains étaient
encore « à l’heure de la confession ». Ils
ont tous un ressort intime pour s’engager
dans leurs démarches particulières. Les
films roumains n’ont jamais attiré l’intérêt
du monde entier pour des raisons « d’entertainment ».
Le style minimaliste qui caractérise l’ensemble de ces films n’est pas seulement
un choix artistique, mais aussi une
conséquence des maigres possibilités
financières.
Je dois mentionner aussi l’appui des
critiques de film, qui ont beaucoup aidé
- par leur networking et leurs interactions
avec la critique internationale - à mettre
en valeur les réussites du cinéma roumain.
Et il y a enfin la contribution des actions
privées, tel le Festival Transylvania qui
a grandi avec les cinéastes roumains
et qui est un porte-parole aujourd’hui
pour le cinéma roumain, le mettant
en rapport avec le cinéma du monde
entier.
Ces films partagent un même
ancrage social et sociétal même
si les traitements, du drame à la
comédie, sont radicalement différents. Quel est votre sentiment à
ce propos…
Nous avons besoin de diversité. C’est
comme si on ne parlait pas de solistes
mais d’un orchestre. Mais un orchestre
bizarre, car il n’y a pas de chef. Il n’existe
pas de manifeste commun des cinéastes
roumains, mais tout ce qui se passe dans
le cinéma roumain crée une nouvelle cinématographie nationale. Comme dans un
puzzle, les pièces ont des reliefs distincts,
mais elles forment une image complète et
surtout complexe.
« Un mois en Thaïlande » ou encore
« Child’s Pose » sont-ils des films
difficiles à produire ?
Tous les films sont difficiles à produire en
Roumanie. Les moins chers, comme « Un
Mois en Thaïlande », ainsi que les plus
onéreux, comme « Child’s Pose ». Ça
prend beaucoup de temps pour mettre
en place un budget correct, parce que les
sessions du CNC sont rares et que l’on
ne sait jamais quand exactement elles se
tiendront (il n’y a pas de dates précises
pour les sessions de soutien). Par exemple,
maintenant on a une première session
après 18 mois. Elle a été annoncée comme
la première session 2012, mais nous
n’aurons des résultats qu’en avril 2013...
Parfois nous préférons prendre des risques
et ne pas attendre encore un an la session
suivante. Même si cela pourrait apporter
plus d’argent par des co-productions ou
des aides supranationales. Par exemple,
pour « Un mois en Thaïlande » il nous
fallait tourner en hiver, et nous avons
décidé de ne plus attendre un hiver de
plus… C’est un choix difficile mais parfois
nécessaire pour soutenir les réalisateurs et
entretenir leur intérêt pour le sujet du film.
Ce n’est pas facile du tout, on pourrait
dire que notre manière de mettre en place
une production est en style guérilla.
Ces films se vendent-ils bien à
l’étranger ?
Oui, mais il y a plus d’intérêt pour les films
roumains à l’étranger qu’en Roumanie. Et
cela reste notre plus grande frustration.
La reconnaissance à l’étranger nous plait,
mais nous avons aussi besoin de la reconnaissance en Roumanie.
Existe-t-il des aides de l’état, des
subventions pour favoriser la production roumaine et sa diffusion ?
Oui et non. Il existe des lois qui ne sont
pas parfaites, mais qui sont quand même
fonctionnelles. Le problème vient de la
manière dont ces lois sont appliquées, des
gens qui décident et des intérêts qui sont
derrière leurs décisions.
L’aide à la distribution baisse chaque
année et il n’y en a presque aucune pour
les exploitants de salles. Rien par exemple
pour la digitalisation des salles qui reste
de l’investissement privé. Il nous faut une
reforme réelle du système pour survivre.
Et, dans les salles roumaines,
quelle est la diffusion des films
nationaux ?
Il y a plusieurs problèmes par rapport à
ça : en Europe, nous sommes situés en
dernière place par le nombre de salles
rapporté à la population du pays. Il y a 20
millions de Roumains et nous avons moins
de 100 salles dans le pays pour approximativement 200 écrans. En plus, les
Roumains ne vont plus au cinéma. Selon
les chiffres 0,4 Roumain a vu un film en
salle en 2012, alors que, par exemple, les
Français vont en moyenne plus de 5 fois
par an au cinéma.
Tenant compte de ces conditions d’exploitation, il est impossible d’avoir du succès
et de faire des recettes chez nous. En plus,
nous n’avons pas assez de moyens pour
la promotion de la distribution, ce qui
fait que les gens ne sont pas au courant
quand un film roumain sort en salles.
Quand, finalement, l’information arrive
chez eux, le film n’est plus à l’écran. De
plus le cinéma n’est pas intégré dans le
système d’éducation en Roumanie et l’on
ressent ce manque.
Quel rôle la critique de cinéma en
Roumanie joue-t-elle dans la promotion de ces films ?
La critique de film a disparu de la presse.
Internet a tout accaparé et le public ne
fait pas de différence entre un post sur un
blog écrit par un gamin de 14 ans et un
essai écrit par un critique de film réputé.
De plus, les magazines spécialisés en
cinéma ont disparu. Il n’existe plus qu’une
revue d’étudiants en fac de cinéma, Film
Menu, publication qui n’existe que grâce
à l’action bénévole de ces jeunes filmologues ou critiques de film. Autrement dit, il
est certain qu’un commentaire sur un film
écrit par une star télé de seconde classe
attirera plus d’intérêt que l’exégèse d’un
intellectuel cinéphile.
Un prix comme le récent Ours
d’or remporté par Calin Peter
Netzer avec « Child’s Pose » a-t-il
un impact ?
Il est intéressant de voir qu’un « breaking
news » positif comme la remise des prix
à Berlin et le premier Ours d’Or « pour
la Roumanie » (il est significatif de noter
que ce n’est jamais un prix pour « un film
roumain », mais toujours un prix pour
« la Roumanie ») et le tour des chaînes télé
exécuté par l’équipe du film dans la foulée
ont eu un effet sur la sortie de « Child’s
Pose ». Nous avons déjà franchi le seuil
de 50,000 entrées après 2 semaines
d’exploitation, alors que la majorité des
bons films roumains ne font pas plus de
10-15,000 entrées au total. De plus, des
multiplexes ont programmé ce film. Cela
donne de l’espoir pour continuer et surtout
ouvrir aussi la porte aux films roumains à
venir.
le réalisateur :
Paul Negoescu
\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\
Né en 1984 à Bucarest, Paul Negoescu est diplômé en section
Réalisation à l’Université Nationale du Film en 2007. Actuellement il
prépare un Doctorat en Cinéma dans la même université. Il a réalisé
plusieurs court-métrages sélectionnés dans plus de 270 festivals et maintes
fois primés. Son dernier court-métrage, « Horizon » (2012), a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes (2012). Ses précédents
courts, « Derby » (2010), « Renovation » (2009), « Late » (2008)
ont été sélectionnés à la Berlinale. « Un mois en Thaïlande » est son 1er
long-métrage. Il a été développé dans le cadre des Ateliers d’Angers.
Paul Negoescu est aussi le fondateur et le directeur artistique du
Festival du Cinéma Timishort. Il dirige aussi une petite société de production
indépendante qui produit des court-métrages de fiction et d’animation.
la productrice :
\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\ ada solomon
Avant de créer HiFilm Productions en 2004, Ada Solomon (née en 1964)
a travaillé en tant que directrice de production et productrice déléguée
pour Domino Film sur plus de 150 publicités. Elle a également été
productrice exécutive pour des projets internationaux comme « Callas
Forever » de Franco Zeffirelli, « Offset » de Didi Danquart ou récemment
« Tom Sawyer » de Hermine Huntgeburth.
Chez HiFilm, Ada Solomon a produit les court-métrages primés de
Cristian Nemescu « Marilena from P7 », Radu Jude « The Tube with a Hat »
et Paul Negoescu « Renovation », les premiers long-métrages de Jude
« La Fille la plus heureuse du monde », Melissa de Raaf, Răzvan Rădulescu
« Felicia plus que tout », Paul Negoescu « Un mois en Thaïlande » et
entre autres, les documentaires de Alexandru Solomon « Cold Waves » et
« Kapitalism-Our Improved Formula ». Elle développe actuellement le
premier long-métrage de Daniel Sandu « One Step Behind the Seraphim »
ainsi que le troisième long-métrage de Radu Jude « Aferim », qui succède
à « Tout le monde dans notre famille » présenté à la Berlinale en 2012
(Forum) et récompensé par le Prix du meilleur film au Festival de Sarajevo.
Elle a également produit « Child’s Pose » de Calin Peter Netzer, Ours
d’or à Berlin cette année. Ada Solomon est également l’initiatrice et la
directrice du Next International Film Festival de Bucarest, dédié à la
mémoire de Christian Nemescu et Andrei Toncu.
FICHE ARTISTIQUE \\\\\\\\\\\\\\\
Radu. ..........................................................................................................................................Andrei Mateiu
Adina. ................................................................................................................... Ioana Anastasia Anton
Nadia................................................................................................................................... Sînziana Nicola
Alex............................................................................................................................. Tudor Aaron Istodor
Raluca..................................................................................................................................... Raluca Aprodu
Emilia. ................................................................................................................................ Victoria RĂileanu
\\\\\\\\\\\\\\\ FICHE TECHNIQUE
Scénario................................................................................... Paul NEGOESCU et Vlad TRANDAFIR
Réalisation..........................................................................................................................Paul NEGOESCU
Image.........................................................................................................................................Andrei BUTICĂ
Son................................................................................................. Filip MUREȘAN et Vlad VOINESCU
Assistante réalisation........................................................................................................Cristina ILIESCU
Costumes.............................................................................................................................Cireșica CUCIUC
Décors............................................................................................................... Iulia NEGOESCU FULICEA
Montage.............................................................................................................................. Alexandru RADU
Musique..................................................................................................................................... Codrin LAZĂR
Productrice déléguée............................................................................................... Smaranda STERIAN
Co Producteur.............................................................................................................................Gabi ANTAL
Productrice........................................................................................................................... Ada SOLOMON
Production................................................................................................................................................ HI FILM
Co-Production........................................................................................................................... ABIS STUDIO
Avec le soutien de......................................................... THE ROMANIAN CNC, HBO ROMANIA
Ventes Internationales................................................................................................................. MPM FILM
Distribution France........................................................................................................ EPICENTRE FILMS
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La maison de l’image
9 boulevard de Provence
07200 Aubenas
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