En célébration des 20 ans du Protocole de Montréal

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En célébration des 20 ans du Protocole de Montréal
NOTRE PLANETE
Revue du Programme des Nations Unies pour l’environnement - Septembre 2007
Ĺ ART DE LA
DIPLOMATIE
En célébration des 20 ans du Protocole de Montréal
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
NOTRE
PLANETE
Notre Planète, la revue du Programme des
Nations Unies pour l‘environnement (PNUE)
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Nairobi (Kenya)
Tél: (254 20)7621 234
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Les numéros de Notre Planéte peuvent être
consultés sur le site du PNUE
www.unep.org/ourplanet
ISSN 101 - 7394
Directeur de Publication: Eric Falt
Rédacteur: Geoffrey Lean
Coordinateurs: Naomi Poulton, David Simpson
Collaborateur Spécial: Nick Nuttall
Responsable Marketing: Manyahleshal Kebede
Graphisme: Amina Darani
Production: Division de la communication et de
l‘information du PNUE
Impression: Naturaprint
Distribution: SMI Books
Les articles figurant dans cette revue ne reflètent
pas nécessairement les opinions ou les politiques
du PNUE ou des rédacteurs; ils ne constituent
pas non plus un compte rendu officiel. Les
appellations employées dans la présente
publication et la présentation des données qui y
figurent n‘impliquent de la part du PNUE aucune
prise de position quant au statut juridique des
pays, territoires, ou zones ou de leurs autorités, ni
quant au tracé de leurs frontiéres ou limites.
* Dollars ($) s‘entend des dollars des Etats-Unis.
...de sa formation il y a 400 million
d‘années jusqu‘a nos jours y compris les
protocoles adoptés.
une marche à travers
l’histoire - page 4
Mostafa Tolba, Président du
Centre international pour
l’environnement et le développement
et Directeur exécutif du PNUE au
moment de la négociation du
Protocole de Montréal...
...décrit le processus qui a conduit
au traité sur l’environnement le plus
performant dans le monde et appelle
de ses vœux de nouvelles mesures.
les leçons apprises - page 6
Drusilla Hufford, Liu Yi et Romina Picolotti
soulignent les succés rencontrés dans leurs
pays respectifs...
le rôle décisif des gouvernements
- page 10
Mohamed T. El-Ashry, chargé
de recherche principal à la
Fondation des Nations Unies et
Président et Directeur général
du FEM de 1991 à 2003...
...décrit le pacte sans précédent qui
permet de sauver la couche d’ozone
et demande qu’un accord du même
type soit conclu pour lutter contre les
changements climatiques.
un nouveau pacte? - page 14
M. le Professeur Mario Molina,
Prix Nobel de chimie ...
...décrit comment les changements
climatiques retardent la reconstitution de la
couche d’ozone et lance un appel pour que
des mesures soient prises.
ne ralentissons pas nos efforts
- page 16
Kalpana Sharma, journaliste
à The Hindu, où elle occupait
jusqu’à récemment le poste de
rédactrice adjointe...
...décrit les difficultés rencontrées en
Inde pour éliminer les substances qui
appauvrissent la couche d’ozone.
atteindre l’objectif - page 18
Danielle Fest Grabiel, responsable
de campagnes à l’Agence des études
environnementales (EIA)...
...estime que le Protocole de
Montréal doit être revitalisé pour
répondre à des problèmes urgents
et nouveaux.
un tournant critique
- page 20
et aussi
page 3
page 8
page 9 page 13
page 24
page 25
page 26
La couche d‘ozone en
quelques dates...
réflexions
verbatim et chiffres
livres
people
prix et événements
www
produits
Jamie Choi, responsable du
projet sur les gaz fluorés à
Greenpeace, Chine...
...décrit la diffusion rapide de la
réfrigération écologique, mais
souligne que beaucoup reste à faire.
greenfreeze - page 22
Neneh Cherry, chanteuse
et compositrice...
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
...estime que le monde “commence se réveiller”
sur les questions environnementales.
page 27
réflexions
par Achim Steiner, Secrétaire
général adjoint des Nations Unies
et Directeur exécutif du PNUE
et Marco Gonzalez, Secrétaire
exécutif du Secrétariat de l’ozone
C’était en 1987. L’Union soviétique lançait la station spatiale Mir, la population
mondiale atteignait le seuil des cinq milliards; Oscar Arias Sanchez remportait le
Prix Nobel de la paix et « Graceland » de Paul Simon était élu disque de l’année. Mais
l’événement de l’année fut sans doute l’adoption par les pays du monde du Protocole
de Montréal devant permettre de réparer et protéger la couche protectrice d’ozone
de la Terre.
Ce traité est probablement à ce jour l’accord environnemental qui a donné les
meilleurs résultats. Il engendre des connaissances scientifiques et déploie des
fonds pour aider les pays en développement à éliminer les substances chimiques
destructrices d’ozone comme les chlorofluorocarbones (CFC) et les halons. Mais son
impact dépasse le domaine de la santé publique car il fait plus que nous protéger de
l’excès de rayons solaires ultraviolets.
Il est clair aujourd’hui que comme les substances qui appauvrissent l’ozone sont aussi
souvent des gaz à effet de serre puissants, le traité a également épargné à la planète et
ses habitants un réchauffement bien plus grave encore. Il est avant tout un symbole,
celui de la capacité des pays à oublier leurs différends et à faire cause commune sous
l’égide des Nations Unies lorsqu’ils sont confrontés à une menace mondiale.
Cette édition de « Notre Planète » célèbre le vingtième anniversaire du Protocole
et les réalisations passées, actuelles et peut-être aussi futures de ceux qui ont fait
son succès. Réalisations futures car bien que 95 % des substances qu’il réglemente
aient été éliminées, les 5 % restants peuvent se révéler problématiques. Il faut s’en
débarrasser pour que la couche d’ozone puisse se reconstituer complètement.
Par ailleurs, certaines substances chimiques nocives pour l’ozone font de plus en
plus souvent l’objet d’usages qui ne relèvent pas du traité. On peut citer comme
exemple le bromure de méthyle qui n’est pas utilisé comme pesticide réglementé
mais comme produit de fumigation actuellement non réglementé, appliqué sur des
palettes en bois servant aux expéditions internationales.
Le PNUE commença à se mobiliser en 1977 pour répondre à l’inquiétude croissante
suscitée par le lien entre les CFC et les dommages causés à la couche protectrice d’ozone.
L’impulsion majeure vint de la découverte par l’Institut de recherche « British Antartic
Survey » d’un trou dans l’ozone au-dessus de l’Antarctique. Fait remarquable, une fois
acceptés les résultats des études scientifiques, les gouvernements se mirent rapidement
d’accord sur les dispositions du traité. Un autre élément tout aussi déterminant
fut la rapidité avec laquelle les industriels fournirent et utilisèrent des produits de
remplacement, dès l’instant où des preuves irréfutables leur furent fournies.
Le PNUE encourage
les pratiques respectueuses de
l’environnement au niveau mondial et
dans ses propres activités. Cette revue est
imprimée sur du papier 100 % recyclé, en utilisant
des encres d’origine végétale et d’autres pratiques
respectueuses de l’environnement. Notre politique
de distribution a pour objectif de réduire l’empreinte
carbone du PNUE.
Le Fonds multilatéral, qui a accordé aux pays en développement plus de 1,3 milliard
de dollars pour leurs programmes d’élimination progressive, est une autre clé du
succès. Cet été, la Chine a fermé cinq usines, se donnant ainsi deux ans et demi
d’avance par rapport à 2010, la date limite fixée pour l’élimination des CFC et halons
dans les pays en développement .
Les gouvernements, réunis à Montréal en septembre pour les célébrations, auront
à relever un défi de taille : accroître la contribution du traité à la lutte contre le
changement climatique. Des scientifiques néerlandais et américains estiment
qu’en 2010, l’élimination des CFC et autres substances qui appauvrissent la couche
d’ozone permettra d’éviter chaque année l’équivalent de 11 gigatonnes de dioxyde
de carbone. Cela ne représente cependant qu’une réduction d’une gigatonne par
rapport aux seuils de 1990, fixée par le Protocole de Kyoto, ou de deux gigatonnes
par rapport à ce qu’auraient été les niveaux de 2010 si on avait laissé s’accroître les
émissions de façon incontrôlée.
Selon ces experts, une plus large contribution est possible car certaines substances
chimiques de remplacement des CFC, comme les HCFC et les HFC, ont également
des effets sur le changement climatique. Ils estiment qu’en associant l’élimination
accélérée, l’introduction de produits moins dangereux pour le climat et certaines
modifications relativement minimes dans les pratiques industrielles on parviendrait
à réduire l’équivalent d’un peu plus d’une gigatonne supplémentaire de dioxyde
de carbone.
Nous ne sommes donc pas encore arrivés au dernier chapitre de l’histoire du Protocole
de Montréal. Il reste beaucoup à faire et des avantages plus importants doivent être
récoltés. Mais on peut d’ores et déjà se réjouir des progrès considérables accomplis
sur la voie du rétablissement de la couche d’ozone. Les experts ont calculé que
sans les décisions prises il y a 20 ans, les quantités atmosphériques de substances
qui appauvrissent l’ozone auraient été multipliées par dix en 2050, ce qui aurait
entraîné 20 millions de cas supplémentaires de cancer de la peau et 130 millions de
cas supplémentaires de cataracte, sans parler des dommages infligés au système
immunitaire de l’homme, aux espèces sauvages et à l’agriculture. Il faut absolument
veiller à ce que ce succès se poursuive.
Photo de couverture © Franck Boston/istockphoto. Ce numéro de Notre Planète est consacré à l’opération lancée il y a 20 ans
pour préserver la couche d’ozone, bouclier qui protège la planète contre les dangers du rayonnement ultraviolet. Dans l’esprit
de beaucoup de gens, la campagne d’élimination des gaz destructeurs de la couche d’ozone menée dans le cadre du Protocole
de Montréal se résume à un symbole : la bombe aérosol. Mais le succès de ce traité a surtout montré que les problèmes
mondiaux d’environnement pouvaient être résolus par un engagement planétaire. Comme le soulignent nos auteurs, ceci
vaut également pour le changement climatique, défi majeur de notre temps.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
© Christian Charisius/Reuters
les
app
par Mostafa
Contrairement aux autres problèmes mondiaux d’environnement - comme
les mouvements transfrontières de déchets dangereux, la dégradation
de la diversité biologique, les changements climatiques et les polluants
organiques persistants - l’appauvrissement de la couche d’ozone a
des incidences qui ne peuvent être aisément perçues ou ressenties.
Pourtant, les nations du monde ont choisi d’appliquer le principe de
précaution car les données scientifiques les plus fiables montraient (même
si l’on ne pouvait en être certain) que la couche d’ozone protégeant la terre
avait été, était et, surtout, continuerait d’être appauvrie. Elles ont choisi de
négocier un traité contraignant - le Protocole de Montréal - pour éliminer
progressivement la production et l’utilisation des substances à l’origine de
ce phénomène.
Le sentiment d’urgence partagé par ceux qui ont négocié le Protocole a
conduit à l’élaboration de plusieurs autres approches novatrices, en plus de
l’application remarquable du principe de précaution. On peut notamment
citer les suivantes :
L’application du principe d’une responsabilité commune mais différenciée,
en vertu duquel les pays en développement se sont vu accorder un délai de
dix ans pour se conformer aux dispositions du Protocole.
•
La fourniture d’une assistance technique et financière aux pays pauvres
par le biais d’un Fonds multilatéral spécial financé essentiellement par
les pays développés, mais avec un nombre égal de voix pour les pays en
développement au Comité exécutif qui décide des décaissements. Les pays
développés étaient aussi déterminés à transférer les technologies nécessaires
aux pays en développement pour leur permettre de satisfaire aux obligations
contractées en vertu du Protocole.
Et, surtout, la flexibilité. Les gouvernements ont décidé initialement, aux
termes du Protocole, d’éliminer progressivement 50 % de l’ensemble des
substances appauvrissant la couche d’ozone d’ici à 2000. Trois ans plus tard,
ils ont convenus d’une élimination totale dans le même laps de temps. Deux
années après, et face à l’accumulation davantage de preuves scientifiques, ils
ont avancé la date butoir à 1995.
•
Ces changements n’ont pas été considérés comme des amendements du
Protocole qui auraient requis de longues procédures de ratification. De fait,
les négociateurs ont inventé le terme « ajustement », impliquant que lorsque
l’un ou l’autre de ces changements a été adopté par une majorité des deux
tiers, il est devenu contraignant pour toutes les Parties sans avoir à être ratifié.
Lorsque le Fonds multilatéral a été établi par un amendement du Protocole,
les Parties ont décidé par une simple décision de mettre en place un fonds
intérimaire doté de 240 millions de dollars en attendant que le Fonds
multilatéral soit opérationnel. Pour beaucoup, cela a été considéré comme
une évolution sans précédent du droit international.
•
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Quelques éléments clés ont fait la différence à plusieurs reprises durant
les négociations :
leçons
prises
a K. Tolba
• La mobilisation de l’opinion publique est une condition indispensable
à toute négociation sur l’environnement. Lorsque la Convention-cadre de
Vienne a été conclue, l’intérêt pour la question n’était guère marqué : ni les
ONG, ni les médias n’avaient appelé suffisamment l’attention sur les problèmes
de l’ozone pour éveiller l’attention du public. Mais lorsque des scientifiques
de renom ont signalé la diminution de la couche d’ozone au-dessus de
l’Antarctique, en précisant que ce phénomène entraînerait probablement des
risques accrus de cancers, de maladies des yeux, de mauvaises récoltes et de
déficiences du système immunitaire, les médias en ont fait leurs gros titres et
un public inquiet a réclamé une action sans tarder. Des groupes de citoyens
et des ONG ont demandé et obtenu la négociation, l’adoption et l’application
rapides d’un mécanisme de contrôle viable. Quinze ans ont séparé le moment
où les scientifiques ont signalé le rôle des chlorofluorocarbones (CFC) dans
l’appauvrissement de la couche d’ozone en 1974 et l’entrée en vigueur de la
Convention de Vienne en 1989. En revanche, il en a fallu seulement deux
pour négocier, adopter, signer, ratifier et mettre en œuvre le Protocole de
Montréal. Ce sont les certitudes scientifiques qui ont été exprimées et les
préoccupations qu’elles ont suscitées dans le public qui ont fait la différence.
• La leçon essentielle à tirer des négociations tient probablement à la
contribution précieuse apportée par les consultations officieuses, tenues à
l’écart des microphones. Les objectifs des négociateurs étaient les mêmes
que dans les sessions formelles. Mais comme ils n’engageaient pas leurs
gouvernements respectifs dans ces échanges de vues informels non enregistrés,
ils pouvaient être plus détendus - et plus ouverts à la prise en compte des
intérêts des autres dans la recherche de solutions communes et de compromis.
Tous sont devenus amis, oeuvrant en faveur d’une cause commune.
Aucun de ces facteurs n’aurait suffi, toutefois, à permettre la conclusion
du Protocole, si un changement fondamental n’était intervenu dans les
attitudes nationales, la primauté de la souveraineté nationale laissant la
place à la coopération internationale. Durant les négociations, la question
de la souveraineté n’a jamais été soulevée, alors même que, d’une certaine
manière, chaque pays s’ingérait dans les affaires intérieures de tous les autres
pour sauvegarder l’environnement de chacun.
La présence d’un groupe central de pays déterminés à adhérer à un
Protocole éliminant progressivement toutes les substances à l’origine de
l’appauvrissement de la couche d’ozone.
•
Le rôle de la science et de la technologie. La science - et le consensus
existant parmi les scientifiques du monde entier - ont contribué de façon
déterminante à l’élaboration du Protocole. La technologie a joué le même
rôle tout comme le consensus qui est apparu sur les objectifs à atteindre et
les délais pour ce faire. Plus important encore a été le processus d’évaluation
et de réévaluation du Protocole, qui a contraint à un réexamen et auquel il
était pratiquement impossible aux Parties de se soustraire.
•
La volonté de compromis. La négociation du Protocole a impliqué de
nombreux pays ayant des idées bien arrêtées sur ce qui devait être fait mais toujours prêts à avancer étape par étape. L’esprit de compromis a été
essentiel à son succès.
•
De fortes personnalités. Au final, tout dépend des individus et des
personnalités. Et les interventions individuelles déterminées et efficaces n’ont
pas manqué durant le processus d’élaboration du Protocole de Montréal.
Le PNUE, qui assurait la direction des débats, a dû s’employer à assurer la
cohésion, sachant à qui il fallait demander de faire quelque chose, qui il fallait
persuader, flatter, pousser et tirer. Le G-77, quant à lui, avait une direction qui
comprenait parfaitement quand et où il fallait prendre position et quand et
sur quoi il fallait transiger.
•
Ce qui est réellement important c’est que les obligations légales contractées
en vertu de la Convention et du Protocole pour la protection de la couche
d’ozone ont un caractère préventif et non correctif. Ces deux instruments, et
surtout le Protocole, ont été conçus pour être flexibles et adaptés en fonction
de l’évolution des circonstances. Les évaluations périodiques qu’ils prévoient
assureront leur pertinence et leur utilité dans les périodes à venir. On peut
s’inquiéter, toutefois, que les gouvernements n’aient pas souhaité renforcer
les procédures de non-respect et les mettre en œuvre énergiquement; cet
aspect doit faire l’objet d’un examen attentif.
Alors que le Protocole fête son vingtième anniversaire, ses Parties peuvent
aussi l’utiliser dans le combat qu’elles ont engagé contre le réchauffement
planétaire. On sait depuis longtemps que les hydrochlorofluorocarbones
(HCFC) et les hydrofluorocarbones (HFC), qui ont servi de produits de
remplacement aux substances appauvrissant la couche d’ozone, contribuent
beaucoup à ce réchauffement. Ils sont utilisés depuis près de 20 ans et doivent
maintenant être éliminés.
Dans cette optique, les Parties au Protocole de Montréal peuvent appliquer
graduellement la procédure d’ajustement flexible. Selon les estimations,
les mesures actuelles d’élimination du Protocole réduiront le potentiel de
réchauffement planétaire des gaz à effet de serre cinq à six fois plus que les
réductions convenues dans le Protocole de Kyoto et en accélérant l’élimination
de HFC et de HCFC la réduction sera encore plus importante. C’est loin d’être
négligeable. Cet objectif devrait, à mon avis, pouvoir être réalisé pour autant
que les très graves incidences des changements climatiques inquiètent
véritablement la communauté mondiale.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
“Le Protocole de Montréal est sans doute l’accord
international le plus réussi à ce jour.”
Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies dans son
rapport du Millénaire
“Nous nourrissons l’espoir que la Convention de
Vienne et le Protocole de Montréal intéresseront
non seulement les nations de l’hémisphère Nord
mais aussi celles du Sud et que ces dernières
prendront les mesures nécessaires et participeront
pleinement à la recherche de solutions aux
conséquences économiques, sociales et écologiques
de l’appauvrissement de la couche d’ozone.”
Abdoulaye Wade, Président du Sénégal
“C’est en suivant de près l’étendue des dégâts
occasionnés à l’ozone qu’on peut inciter les pays et
les gouvernements à agir bien plus vite qu’ils ne l’ont
sans doute fait jusqu’à présent...”
Richard Branson, Virgin Group
“Nous pensons que les effets de l’ozone sur les plantes
pourraient doubler l’importance de l’augmentation du
taux d’ozone dans la couche inférieure de l’atmosphère
et contribuer au changement climatique. Les politiques
visant à limiter l’augmentation du taux d’ozone près
de la surface de la Terre doivent être plus que jamais
considérées comme prioritaires.”
Professeur Peter Cox, University of Exeter, Royaume-Uni
“Je suis heureux de constater que le Protocole de
Montréal est, à ce jour, largement reconnu comme l’un
des meilleurs accords multilatéraux sur l’environnement,
non pour ses promesses mais pour ses résultats.”
M. M. Enkhbold, Premier Ministre de Mongolie
“Si la protection de la couche d’ozone faisait l’objet d’un
enseignement régulier dans nos institutions dans le cadre
des sujets relatifs à la science et à la santé, les élèves et
les étudiants deviendraient des messagers permanents
en informant leurs parents et la communauté des
problèmes posés par la protection de la couche d’ozone .”
Francis Nhema, Ministre de l’environnement et du
tourisme, Zimbabwe
1913
© AFP/Gallo Images
verbatim
“La fermeture de ces usines témoigne de
l’engagement assidu de la Chine à remplir ses
obligations découlant de ce traité pour éliminer
progressivement ces produits chimiques. Avec la
fermeture de ces installations, … des réductions
importantes des substances appauvrissant la couche
d’ozone seront bientôt enregistrées et nous devrions
nous préparer aux changements à venir.”
Zhang Lijun, Vice-Ministre, Administration nationale pour la
protection de l’environnement. En juillet 2007, la Chine ferme des
usines de substances chimiques appauvrissant la couche d’ozone
“Il faut se rappeler que le cancer de la peau est un
problème important en Australie. Chaque année,
environ 1 500 Australiens en meurent et un habitant
sur deux développera un cancer de la peau au cours
de son existence.”
Dr Stephen Shumack , Secrétaire de l’Australasian College of
Dermatologists, Australie
chiffres
2010
Délai fixé par le Protocole de
Montréal pour l’élimination des
Année de la découverte de
20 000
chlorofluorocarbones (CFC) et
l’existence de la couche d’ozone Nombre estimé de décès prématurés causés 10
des halons. Sans le Protocole
Pourcentage d’accroissement du rayonnement UVB
par les physiciens français
par l’exposition à l’ozone dans l’Union
de Montréal, les quantités de
engendrant une augmentation de 19 % des cas de
Charles Fabry et Henri Buisson
européenne (www.eea.europa.eu)
substances destructrices d’ozone
mélanome chez les hommes et de 16 % chez les
1 500 000
femmes.(http://en.wikipedia.org/wiki/Ozone_depletion) dans l’atmosphère auraient été
Nombre de cas de mélanomes (cancers de la peau)
multipliées par dix en 2050,
95
évités dans le monde à l’horizon 2060, grâce
ce qui aurait pu entraîner 20
Elimination progressive de la production et de
à la mise en oeuvre du Protocole de Montréal.
4
millions de cas supplémentaires
la consommation de substance appauvrissant
(OzonAction, PNUE)
Pourcentage représentant le
de cancer de la peau et 130
la couche d’ozone exprimée en pourcentage,
taux
moyen
de
diminution
des
millions de cas supplémentaires
en 2005 par rapport à 1987. Ceci malgré une
476 300
concentrations d’ozone dans
de cataracte par rapport à
augmentation de 33 % des émissions de CO2
Nombre total de tonnes de chlorofluorocarbones
l’hémisphère nord (Wikipedia) 1980. (http://www.unep.org/
dans le monde depuis 1987. (OzonAction, PNUE)
utilisés dans les appareils de réfrigération dans
Documents.Multilingual)
le monde depuis la fin 2005. (OzonAction, PNUE)
700
90
Pourcentage d’ozone atmosphérique présent dans la stratosphère,
à environ 15 à 40 km au-dessus surface de la terre
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Nombre de stations mesurant la qualité de l’air à travers l’Europe.
Elles transmettent leurs données toutes les heures à l’Agence
européenne de l’environnement à Copenhague. (www.eea.europa.eu)
3
Nombre d’atomes d’oxygène qui se
combinent pour former l’ozone, O3
livres
Graphiques essentiels sur la couche d’ozone
Protéger la couche
d’ozone
Auteurs: Stephen O. Andersen
et K. Madhava Sarma
(publié par Earthscan en
2002 pour le PNUE). Le récit
de la remarquable histoire
du Protocole de Montréal,
aujourd’hui reconnu comme
un exemple unique de
coopération internationale sur
les questions d’environnement.
Il est ponctué de points de vue
personnels vivants, fournis par
près de 60 participants de haut
rang du monde entier. Dans le dernier chapitre, les auteurs s’inspirent
de leur expérience pour faire la synthèse des leçons à tirer des efforts
mondiaux pour la protection de la couche d’ozone stratosphérique.
GEO-4
Le quatrième rapport de
l’Avenir de l’environnement
mondial (GEO) fournit une
évaluation actualisée de
l’état et des perspectives
de l’environnement
mondial à la fois complète,
scientifiquement crédible
et utile pour l’élaboration
des politiques. GEO-4 paraît
20 ans après le rapport
historique de la Commission
du développement
durable – Notre avenir à tous. Il a pour thème l’environnement
pour le développement et s’intéresse plus particulièrement au rôle
et à l’impact de l’environnement sur le bien-être humain ainsi qu’à
l’évaluation environnementale en tant qu’outil de la prise de décision.
Produite par l’Initiative
Construction durable
(SBCI), cette publication
passe en revue les
principaux aspects de la
consommation d’énergie
et des émissions de
gaz à effet de serre
liés à l’utilisation et
à la construction des
bâtiments. Elle évalue
les facteurs influant sur
la capacité et la volonté
des acteurs du secteur de
la construction à adopter
des mesures d’efficience
énergétique et, par voie de conséquence, de réduction des
émissions de gaz à effet de serre. L’Initiative rassemble les
acteurs intervenant aux différents stades de la vie d’un bâtiment,
tels que les fabricants de matériaux, les architectes, les agents
immobiliers, les entreprises de construction, les sociétés de
maintenance et de services ainsi que les autorités locales.
Partenariats et
solidarité
Cette publication
décrit les initiatives
et les succès obtenus
par les réseaux
régionaux ozone en
Europe et Asie centrale.
L’accent est mis sur la
puissance du réseautage
en tant qu’outil efficace
et créatif de mise en
œuvre du Protocole
de Montréal
Evaluation environnementale post-conflit au
Soudan
Ce bilan décrit l’état de
l’environnement et les
problèmes environnementaux
dans ce pays ainsi que dans
ses eaux territoriales de la mer
Rouge. Il étudie les liens entre
l’environnement, le conflit et
les programmes humanitaires
et de développement
actuellement mis en œuvre.
Plusieurs aspects sont
abordés : organisations de
défense de l’environnement
et législation environnementale, environnement marin et des
eaux douces, utilisation et dégradation des terres agricoles,
exploitation forestière, conservation de la faune et de la
flore sauvages et zones protégées, impact des populations
déplacées sur l’environnement et leurs besoins en ressources
environnementales. Le rapport est basé sur une combinaison
d’études théoriques, de campagnes de télédétection et de
missions de reconnaissance.
Transfert de technologies pour la couche d’ozone :
leçons pour le changement climatique
w w w . u n e p . o r g / p u b l i c a t i o n s
A l’aide de graphiques de très grande qualité et de faits et chiffres
concis, cet ouvrage aide le lecteur à comprendre la question de
l’appauvrissement de la couche d’ozone, l’action internationale menée
dans le cadre du Protocole de Montréal, les succès enregistrés à ce
jour et les défis à venir. Destinée au grand public et aux journalistes,
cette publication marque les célébrations mondiales du vingtième
anniversaire du Protocole de Montréal.
Bâtiments et changement climatique – Etat de
la situation, défis et opportunités
Auteurs : Stephen O. Andersen,
K. Madhava Sarma et Kristen N.
Taddonio (Earthscan, 2007)
Cette étude récente présente des
enseignements et des articles
d’experts expliquant pourquoi le
transfert de technologies fonctionne
bien pour la protection de l’ozone
stratosphérique. Elle est la seule
évaluation complète de ce transfert
réussi, qui a les caractéristiques et
l’envergure requises pour combattre
le changement climatique et relever
d’autres défis environnementaux
mondiaux. Le lecteur pourra
analyser les détails du transfert de technologies sans danger pour l’ozone
sur une période de 15 années, connaître l’avis d’une quarantaine d’experts,
se rappeler éventuellement ses propres contributions à la brillante victoire
contre la dégradation de l’ozone qui a contribué à rendre le monde plus sûr
pour les générations futures et voir comment ce succès peut se traduire sur
le plan du changement climatique.
Survivre au siècle
– Chaos climatique et autres défis mondiaux
Edité par Herbert Girardet (Earthscan 2007)
Une catastrophe écologique et humaine menace de plus en plus la planète
Terre. Depuis la nécessité de construire des villes durables pouvant abriter
une population croissante jusqu’à la transformation du système commercial
international en passant par la maîtrise d’un climat devenu insaisissable,
les défis qui se présentent appellent une action immédiate pour pouvoir
transformer une crise qui s’aggrave en une opportunité de changement.
C’est le premier ouvrage majeur du World Future Council (WFC), lobby
international pour les générations futures. Rédigé par des membres
influents de cette organisation, il préconise une transformation des modes
de relation que les hommes entretiennent avec le monde ainsi qu’entre eux.
Là où la terre est plus verte
Edité par : Hanspeter Liniger et
William Critchley
Co-publié par : CTA, FAO, PNUE et
CDE pour WOCAT
N’y a-t-il que des mauvaises
nouvelles, des histoires de
dégradation de l’environnement
ou d’érosion du sol? Pas seulement!
On observe des signes de succès
partout dans le monde, là où les
gens améliorent leurs terres. Ces
signes sont manifestes et donnent
espoir, pas uniquement pour la
lutte contre la pauvreté ou l’apport
de moyens de subsistance mais
aussi dans le combat contre le changement climatique. Chaque hectare
de terre protégé contre l’érosion capte le carbone dans le sol et empêche le
rejet de gaz à effet de serre. La terre est ainsi également protégée contre
la désertification et retient mieux l’eau pour l’alimentation des cours
d’eau. « Là où la terre est plus verte », compilé par le Panorama mondial
des approches et des technologies de conservation (WOCAT), présente 42
cas dans une vingtaine de pays et analyse les éléments moteurs de ces
évolutions positives. L’ouvrage est bien illustré, avec des graphiques et
images simples mais descriptives.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Les Etats-Unis
d’Amérique
par Drusilla Hufford
Le mouvement pour la protection de l’ozone aux Etats-Unis a démarré en 1987,
bénéficiant de l’appui personnel du Président Ronald Reagan, accordé contre l’avis
de certains hauts responsables. Il a, depuis, toujours été solidement dirigé : par
le Congrès américain pour l’élaboration d’une approche visionnaire qui a guidé
la réponse nationale à la décomposition de la couche d’ozone; par des capitaines
d’industrie qui ont investi, partagé des informations et pris des risques commerciaux;
par des personnalités influentes de la communauté de défense de l’environnement;
et par des responsables politiques animés d’un esprit d’entreprise.
le
des go
Les premières années, il a fallu se doter d’un cadre d’action. Celui-ci a été fourni
par le Congrès américain, qui a amendé la loi sur l’air pur (« Clean Air Act ») pour
permettre à l’Agence pour la protection de l’environnement de mettre en œuvre
ses engagements en matière d’élimination des substances appauvrissant l’ozone.
Le Congrès a également établi des mécanismes nationaux facilitant le bon
déroulement, la progression et la clarté de la transition, interdisant notamment
des produits non essentiels et mettant en place un système d’examen et
d’approbation des produits de remplacement sans risques.
Le Congrès a ainsi pu s’acquitter de ses obligations plus rapidement, et à moindres
frais, que prévu. En 1996, notre programme d’élimination avait quatre ans d’avance
et couvrait 13 substances chimiques supplémentaires par rapport à ce qui était
prévu, tandis que les coûts estimatifs passaient de 3,55 à 2,45 dollars par kilo.
Certaines études, comme le Rapport Thomson de 2003, réalisées par le Bureau du
budget montrent que sur le plan sanitaire nous tirons davantage de bénéfices de
la protection de l’ozone que de presque n’importe quel autre programme lié au «
Clean Air Act ». En mettant fin à la dégradation de la couche d’ozone, on devrait
éviter 6,3 millions de décès dus au cancer de la peau, les avantages étant vingt fois
supérieurs aux coûts.
de données électronique permet de suivre les milliers de transactions réalisées
annuellement par des dizaines de compagnies qui vendent ou achètent des
substances appauvrissant la couche d’ozone dans le cadre des programmes
d’attribution et de dérogation, ce qui permet de s’assurer non seulement que les
entreprises respectent la « Clean Air Act » mais aussi que le pays communique des
données fiables et ponctuelles aux Parties au Protocole.
Les Etats-Unis ont pratiquement achevé l’élimination des substances les plus
nocives pour l’ozone. Les dérogations limitées font l’objet d’une surveillance étroite
et diminuent chaque année : l’utilisation des CFC dans les inhalateurs destinés au
traitement de l’asthme, par exemple, a été réduite de plus de 90 % au cours des
dix dernières années. L’un de nos plus gros défis a été l’élimination du bromure de
méthyle (MeBr), produit de fumigation, ceci en raison de conditions particulières
à l’agriculture américaine mais, là aussi, nous avons fait des progrès remarquables
: la quantité de MeBr autorisée aujourd’hui pour utilisations critiques représente
le cinquième de la consommation de cette substance en 1991. Cette baisse de la
consommation devrait se poursuivre à mesure que les producteurs adoptent des
produits de remplacement, réduisent la proportion de bromure de méthyle dans les
pesticides et diminuent les quantités nécessaires pour la lutte contre les ravageurs.
L’aide au respect du Protocole peut faciliter les changements nécessaires. Les
documents d’orientation, les programmes de formation et l’appui technique
de l’Agence pour la protection de l’environnement – notamment des vidéos sur
des aspects techniques comme la réparation des fuites de substances nocives
pour l’ozone et leur élimination sans risque – sont fort demandés aux EtatsUnis et à l’étranger. Lorsque les mesures d’appui ne portent pas leurs fruits, le
Gouvernement poursuit sans hésiter les auteurs d’infractions. Entre janvier 1998
et juillet 2003, le Département américain de la Justice a jugé 82 affaires, reconnu
coupable ou obtenu la reconnaissance de culpabilité de 119 accusés, infligé
76 années d’emprisonnement, imposé des amendes pour un montant total
de 40 233 395 dollars, obtenu 30 156 260 dollars de réparation et saisi environ
600 tonnes de CFC.
Les Etats-Unis sont également en avance dans le respect des dispositions du
Protocole pour l’élimination des hydrochlorofluorocarbones (HCFC), produits de
remplacement de transition moins nocifs. Dans le cadre d’une stratégie visant à
« écarter le pire d’abord », le pays a abandonné le HCFC-141b, dépassant ainsi la
réduction de 35 % requise par le Protocole et prenant une année d’avance par
rapport au calendrier. Dès 1993, l’Agence pour la protection de l’environnement
a envoyé des signaux réglementaires cohérents sur le calendrier d’élimination,
donnant aux fabricants largement le temps de réaliser des investissements
judicieux dans les substances et technologies de remplacement.
Les mécanismes d’accompagnement créés par le Congrès ont également été très
efficaces. Les premières interdictions – notamment les aérosols, les distributeurs
sous pression et les mousses souples – ont servi à limiter les émissions et à accélérer
les transitions pour les CFC comme pour les HCFC. Il est également essentiel de
s’assurer de la disponibilité de produits de remplacement viables : le programme
relatif à la politique des nouveaux produits de remplacement (SNAP) a jusqu’ici
identifié et examiné plus de 300 de ces produits dans des applications liées aux
domaines de la production industrielle, de la consommation et de la défense.
Le succès des Etats-Unis repose sur son système d’attribution basé sur le marché,
qui permet à l’Agence pour la protection de l’environnement de suivre les progrès
dans le respect des mesures et de contrôler les importations et exportations
tout en fournissant un mécanisme d’échanges entre les entreprises. Sa base
10
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Dans toutes ces initiatives, les autorités ont joué un rôle moteur décisif pour
la contribution des Etats-Unis au succès mondial du Protocole. Pour mener à
bien son vaste programme d’activités, le pays devra s’appuyer également sur
des partenariats, adopter une vision d’ensemble et être disposé à prendre des
décisions difficiles et à les mettre en œuvre avec rigueur.
La Chine
par Liu Yi
A la fin du mois de juin, la Chine est parvenue, grâce à son Plan national
d’élimination accélérée, à se débarrasser totalement des CFC et halons. Le
Gouvernement et le peuple chinois ont officiellement présenté ce magnifique
« cadeau » à l’occasion du vingtième anniversaire du Protocole de Montréal.
Une étape importante a ainsi été franchie vers l’objectif ultime du Protocole.
Elle représente un nouveau succès majeur pour le traité.
Au cours des 20 dernières années, la Chine, principal pays en développement
producteur et consommateur de CFC et halons, s’est attelée à la mise en
application du Protocole avec un sérieux et une détermination constante.
Les énormes progrès réalisés lui ont valu le respect et les félicitations de
l’ensemble de la communauté internationale. Fort de ce soutien mondial, le
pays a montré la voie en imposant un mécanisme d’élimination dans ses 12
secteurs industriels. Son Plan d’élimination accélérée lui a permis d’appliquer
plus rapidement les dispositions de l’accord-cadre, la Convention de Vienne,
tout en se fixant un objectif supplémentaire : aider le monde entier à mettre
en œuvre le Protocole. Malgré les lourdes pressions et pertes économiques
qu’ont eu à subir la population et les entreprises pour atteindre cet objectif,
les pouvoirs publics et les citoyens sont restés fermement convaincus de la
nécessité et de l’intérêt de leur action pour le bien-être de l’humanité. C’est
donc sans hésitation que le pays a poursuivi son plan d’accélération.
© Eric Gaillard/Reuters
rôle décisif
ouvernements
Dans l’histoire du développement humain et des Nations Unies, la mise en
œuvre du Protocole constitue l’un des rares succès reconnus de coopération
entre tous les pays en vue de la réalisation d’objectifs communs. Cette initiative
menée au cours des deux dernières décennies n’aura peut-être duré qu’un
court instant par rapport au long développement de l’humanité mais elle est
aussi une grosse étincelle. Riche en enseignements, elle fait également office
de salle de classe.
Plusieurs raisons expliquent cette réussite. Grâce aux avancées scientifiques,
le monde a compris la nécessité de protéger la couche d’ozone et l’urgence
de préserver la terre. Un autre facteur a été le maintien au niveau mondial
du principe des « responsabilités communes mais différentiées » régissant
la mise en œuvre des engagements et obligations des Parties. Par ailleurs,
les Nations Unies ont créé et géré avec succès les Conférences des Parties au
Protocole, le secrétariat de la Convention et le Comité exécutif/secrétariat du
Fonds multilatéral. Enfin, les organismes internationaux d’exécution – dont le
PNUE, la Banque mondiale, le PNUD et l’ONUDI ainsi que les unités nationales
de l’ozone des pays (en développement) visés à l’article 5 – ont établi un
mécanisme efficace d’application du Protocole. Ainsi s’est formée une grande
famille de l’ozone, soudée et coopérant en parfaite harmonie.
Aidés par des règles strictes, des politiques souples, un mécanisme
opérationnel revu régulièrement et un puissant soutien financier et technique,
les Parties engagées dans la mise en application du Protocole ont été dirigées
et organisées de façon à stimuler leur coopération et leur engagement. Cet
exemple exceptionnel d’action onusienne s’est avéré être une grande source
d’inspiration pour la mise en œuvre d’autres conventions environnementales,
politiques, militaires et économiques.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
11
© Eric Gaillard/Reuters
L’Argentine
par Romina Picolotti
Il y a peu de pays au monde qui se réjouissent autant que l’Argentine des
progrès extraordinaires accomplis grâce au Protocole de Montréal dans
la protection et la reconstitution de la couche d’ozone. La décomposition
de l’ozone juste au-dessus de la pointe australe de l’Amérique du Sud, due
aux quantités massives de substances chimiques toxiques rejetées par
l’homme dans l’atmosphère, a directement affecté la situation sanitaire,
l’environnement et l’économie de mon pays. Nous continuerons à en ressentir
les effets pendant plusieurs années encore mais je dors mieux depuis que je
sais que mes enfants, les enfants de l’Argentine et les générations futures ne
souffriront pas de cette menace. L’ozone retisse lentement mais sûrement sa
toile naturelle et va à nouveau nous protéger des dommages que peuvent
causer les rayons du soleil.
Le succès de l’Argentine repose sur un travail acharné et une détermination
sans faille mais il n’aurait pas été possible sans le soutien des mécanismes de
financement et d’appui technique du Protocole. Aujourd’hui nous sommes
heureux d’avoir été sélectionnés pour un prix d’excellence pour notre système
national d’octroi de licences.
Conscients que les substances qui appauvrissent l’ozone contribuent aussi
au réchauffement de la planète, l’Argentine et le Brésil ont soumis, en mars
dernier, une proposition conjointe d’ajustement du Protocole visant à
accélérer l’élimination des HCFC. Cette mesure permettra à la fois d’optimiser
les bénéfices du traité et de mieux protéger encore l’ozone. Des produits
de remplacement des HCFC sont disponibles mais il faut veiller à utiliser
uniquement ceux qui présentent le moins de danger pour le climat si l’on veut
tirer les bénéfices d’une élimination accélérée. Pour cela, il faudrait que les
pays donateurs fournissent, par le biais du Fonds multilatéral, une assistance
financière appropriée pour couvrir les coûts supplémentaires de la transition
menant à l’adoption de ces produits de remplacement. Il sera également
essentiel d’envoyer des signaux réglementaires clairs aux industriels pour
encourager et récompenser l’innovation technologique.
A cause des impacts directs qu’elle a subis, l’Argentine a fait de sa mise en
œuvre du Protocole une priorité environnementale. En 1990, elle a montré
son engagement international en ratifiant la Convention de Vienne et le
Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche
d’ozone. Depuis lors, nous avons interdit la création d’usines produisant des
CFC et des aérosols à base de CFC (à l’exception d’usages électroniques et
médicaux) ainsi que l’importation d’halogènes.
L’Argentine est consciente que l’intégration des priorités climatiques dans
le Protocole ravivera son extraordinaire aptitude à susciter l’innovation
et stimulera ainsi la mise au point de nouvelles substances chimiques et
technologies sans danger pour le climat. La mise à profit des bénéfices
potentiels du Protocole pour le climat représente l’une des stratégies les plus
adéquates et les plus rentables pour une réduction significative et rapide
des émissions de gaz à effet de serre, fournissant ainsi une garantie contre la
menace d’un brusque changement de climat.
La mise en application du Protocole par le Gouvernement argentin a permis au
pays non seulement d’atteindre l’objectif qu’il s’était fixé de diminuer de moitié
sa consommation de CFC en 2005 mais surtout de réduire ses émissions de 65
%. Ces résultats ont été obtenus principalement en remplaçant des procédés
industriels utilisant des CFC par des technologies basées sur des substances
de remplacement, moins néfastes pour l’ozone. Nous avons fourni le matériel
et les outils nécessaires pour assurer de bonnes pratiques de réfrigération à
des petits ateliers qui n’auraient jamais été capables d’adopter les nouvelles
mesures et technologies sans assistance. Nous avons également réduit la
consommation de bromure de méthyle de l’industrie du tabac de près de
80 % (un objectif important pour l’Argentine) grâce au développement par
nos experts de nouvelles technologies permettant de diminuer le coût des
produits de remplacement.
L’Argentine pense que la communauté internationale devrait tirer parti de
l’expérience et des ressources du Protocole de Montréal, notamment de son
réseau développé et solide de responsables de l’ozone dans chaque pays et
de son efficace mécanisme financier de mise en œuvre. Ses expériences et
son succès sont des leçons précieuses pour les traités environnementaux
et pourraient être particulièrement utiles dans les efforts menés à l’échelle
mondiale pour relever le défi du changement climatique. Le Protocole nous
donne des outils réglementaires précis pour nous aider à régler le problème
du climat. Le nouveau régime dont nous aurons besoin lorsque la phase
actuelle du Protocole arrivera à échéance en 2012 pourrait associer l’approche
réglementaire de Montréal à un système de plafonnement et d’échanges
commerciaux basé sur le marché. Les deux sont nécessaires et nous devons
les faire fonctionner ensemble.
12
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
people
KATHARINA KUMMER-PEIRY (Suisse) a
été nommée Secrétaire exécutive de la
Convention de Bâle sur le contrôle des
mouvements transfrontières de déchets
de la Paix, et de l’ex-Premier Ministre
canadien, Paul Martin. La stratégie
du Royaume-Uni pour freiner le
changement climatique consiste en
partie à investir massivement dans la
protection et la réhabilitation des forêts
pluviales tropicales, notamment celle du
Bassin du Congo.
« Le changement climatique est
le principal enjeu politique pour
notre génération et chaque année
la destruction des forêts participe à
hauteur de 20 % aux émissions de gaz
à effet de serre à travers le monde. C’est
un privilège de pouvoir mener une
action qui aura une incidence réelle sur
la vie de nos enfants et des générations
futures. », a déclaré M. Gardiner.
dangereux et de leur élimination. Sa
connaissance approfondie de la Convention,
ses talents de négociatrice et son aptitude à
diriger seront un atout précieux. Au cours
de sa riche carrière, elle a travaillé plusieurs
années au Ministère suisse des affaires
étrangères comme chef du Département
des affaires environnementales puis comme
assistante d’université et, plus récemment,
comme consultante spécialisée dans les
lois et politiques sur l’environnement. Elle
a participé, comme auteur ou contributrice,
à de nombreuses publications sur la gestion
internationale des produits chimiques et
des déchets et s’est forgée une renommée
internationale en tant qu’expert dans le
domaine de la gestion des substances
chimiques. Titulaire d’un doctorat en droit
international et d’une maîtrise de droit, elle
prendra ses fonctions en septembre 2007.
Le
député
britannique
BARRY
GARDINER a été nommé représentant
spécial du Premier Ministre pour les
questions forestières. Il travaillera aux
côtés de Wangari Maathai, Prix Nobel
MARYAM NIAMIR - FULLER, a été
nommée directrice de la Division
de la coordination du Fonds pour
l’environnement mondial. Mme NiamirFuller est titulaire d’une maîtrise en
planification régionale et d’un doctorat
en gestion de terrains de parcours et
conservation des sols. Elle apporte
au PNUE 27 années d’expérience dans
des domaines techniques tels que le
En faisant le tour du monde dans un
véhicule à propulsion solaire, Solartaxi
veut attirer l’attention sur la dépendance
du monde vis-à-vis des carburants
fossiles, alors que de nombreuses
alternatives existent déjà. Effectuant
un périple d’Est en Ouest avec Luzerne
(Suisse) comme point de départ et
destination finale, l’équipe de Solartaxi
dirigée par Louis Palmer parcourra
au moins 50 000 km et traversera 50
pays et 5 continents pendant 15 mois.
Le public peut suivre cette expédition
en ligne, lire les récits des voyageurs
et même organiser des fêtes pour les
accueillir dans les villes d’étape. Pour
plus d’informations, voir
environnemental du Gouverneur ne
tient pas tant à son contenu qu’au
fait qu’un élu républicain populaire
et très médiatisé prenne au sérieux
les problèmes d’environnement et
adopte des solutions astucieuses
pour les résoudre. En voici quelques
exemples : première norme mondiale
de teneur réduite en carbone pour les
carburants de transport; création de
l’Autoroute de l’Hydrogène; lancement
de la campagne « Breathe easier » («
Respirer plus librement »); création de
la réserve naturelle du Sierra Nevada;
promotion de l’énergie solaire; initiative
visant à promouvoir un comportement
respectueux de l’environnement sur le
lieu de travail.
www.banksiafdn.com
NUNATAK est l’orchestre « maison »
de la station de recherche « Rothera »
de l’Institut polaire « British Antarctic
Survey ». Ce groupe de cinq musiciens
fait partie d’une équipe scientifique
qui étudie le changement climatique
www.solartaxi.com
développement rural durable et la
gestion de l’environnement en Afrique,
en Asie de l’Ouest, en Asie et en Amérique
latine, notamment avec USAID, plusieurs
organismes des Nations Unies et des
ONG internationales. Elle a également
travaillé pour le FEM pendant sept
ans et depuis 2003 elle est conseillère
technique principale pour le groupe FEM
du PNUD dans le domaine thématique
de la dégradation des terres et chef de
l’équipe de gestion durable des terres.
Auteur de nombreuses publications
techniques, elle possède d’excellentes
qualités d’oratrice et elle est membre de
plusieurs comités scientifiques.
Le prix australien « Banksia International
» est attribué à des individus ou des
organisations qui ont contribué, ou
contribuent, de façon significative à
l’amélioration de notre environnement
au niveau mondial. Il est revenu cette
année à Arnold Schwarzenegger,
Gouverneur de la Californie, sixième
économie mondiale. La cérémonie
de remise du prix a eu lieu le 20 juillet
2007 au Centre de conventions de
Sydney. L’importance du programme
et la biologie évolutive sur la péninsule
Antarctique, une région où les
températures ont augmenté de près de
3°C au cours des 50 dernières années. «
Nunatak », un mot groenlandais, désigne
le sommet exposé (non enneigé) d’une
chaîne montagneuse dans un champ
de glace ou un glacier. La prestation du
groupe au spectacle « Live Earth » cette
année (7 juillet), l’a propulsé au rang de
célébrité mondiale. Dans le cadre de
cet événement, des concerts ont été
organisés sur tous les continents pour
sensibiliser l’opinion au problème de la
modification du climat.
www.antarctica.ac.uk
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
13
© Thom Lang/Corbis
14
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Membre de la Fondation des Nations Unies et Président-Directeur général du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) entre 1991 et 2003,
Mohamed El-Ashry a reçu le Prix Champions de la Terre du PNUE en 2006. Ce prix est attribué chaque année à sept leaders internationaux qui se
sont distingués dans le domaine de la protection et de la gestion durable de l’environnement.
Chaque numéro de Notre Planète contient un article de fond présentant les vues d’un des lauréats de ce prix. Pour en savoir plus au sujet de ce
dernier, voir http://www.unep.org/champions/french/
un nouveau pacte?
par Mohamed T. El-Ashry
La protection de la couche d’ozone a sans nul doute été la réalisation la plus
importante dans la jeune histoire de la politique environnementale mondiale. La
couche d’ozone est en voie de restauration, les pays industrialisés ont éliminé les
chlorofluorocarbones (CFC) et les halons — les deux principales substances qui
appauvrissent la couche d’ozone — et nombre de pays en développement sont
largement en avance par rapport au calendrier du Protocole de Montréal, qui leur
laisse jusqu’en 2010 pour atteindre cet objectif.
Nombre d’acteurs nationaux et internationaux ont contribué au succès du Protocole
de Montréal, notamment le Fonds mondial pour l’environnement (FEM). Le rôle joué
dans la protection de la couche d’ozone est l’un des principaux résultats à mettre au
crédit du Protocole. En tant que source de l’aide financière pour l’élimination des
substances qui appauvrissent la couche d’ozone en Russie et dans 18 autres pays à
économie en transition, le FEM a permis à ces pays de respecter le même calendrier
strict que celui applicable aux pays industrialisés. Les projets ont généralement
été réalisés avec un ferme appui et une forte participation des pays eux-mêmes,
ceux-ci se rendant compte qu’il était de leur intérêt de cesser d’utiliser les produits
chimiques interdits dans les pays industrialisés. Lorsque, inévitablement, des
problèmes techniques sont apparus, ils ont été réglés dans un esprit de coopération,
le transfert de technologie jouant un grand rôle à cet égard.
Le rôle du FEM dans le financement de la protection de la couche d’ozone dans ces
pays témoigne de la marge de manœuvre dont il dispose pour aller au-delà de sa
mission de mécanisme financier des conventions mondiales sur l’environnement.
Dans la même optique, il a aussi soutenu des projets intéressant les changements
climatiques, veillant à une exécution compatible avec les mandats au titre de la
Convention-cadre, mais n’entrant pas dans le cadre de ceux-ci.
L’histoire du FEM est à maints égards étroitement associée à celle de la protection
de la couche d’ozone, même sans tenir compte de sa participation au financement
de projets ayant cet objectif. Les négociations intergouvernementales qui ont
débouché sur la phase pilote du FEM, se sont déroulées parallèlement à celles
concernant la création du Fonds multilatéral et des principes communs sont reflétés
dans les deux accords. Par exemple, ils mentionnent tous deux le principe selon
lequel des fonds doivent être fournis pour couvrir les coûts supplémentaires ou «
marginaux » encourus pour protéger l’environnement mondial, l’idée étant que la
croissance des pays en développement ne doit pas être pénalisée par des dépenses
ne pouvant se justifier par l’intérêt national. Tirer parti des institutions existantes,
essentiellement la Banque mondiale, le PNUD et le PNUE, pour élaborer et mettre
en oeuvre les projets est un autre principe commun. Les conseillers scientifiques et
techniques exercent une fonction importante dans les deux systèmes et, dans les
deux cas, les donateurs négocient la fourniture de ressources sur un cycle d’environ
quatre années.
L’évolution du FEM a été déterminée à certains égards par les réactions au Fonds
multilatéral. Une différence tient à la structure de gouvernance : le Fonds multilatéral
fonctionne selon le principe appliqué dans le système des Nations Unies, à savoir
un pays, un vote, alors que le FEM a un système de double majorité, qui reflète
les intérêts des donateurs comme des bénéficiaires. Une autre distinction,
découlant des négociations du FEM, a été la volonté d’éviter une prolifération de
fonds à vocation unique. L’expérience nous a appris que les problèmes mondiaux
d’environnement sont souvent difficiles à traiter isolément : par exemple, il nous
été demandé de contribuer au remplacement des hydrofluorocarbones (HFC)
— produits chimiques qui ont été introduits pour se substituer aux substances
appauvrissant la couche d’ozone dans la réfrigération et qui malheureusement sont
apparus comme contribuant aux changements climatiques. L’aptitude à envisager
de façon transversale les problèmes mondiaux d’environnement – notamment les
interactions entre les changements climatiques et la biodiversité et les changements
climatiques et la désertification – apparaît comme l’une des caractéristiques les
plus intéressantes de la politique mondiale en matière d’environnement.
Le vingtième anniversaire du Protocole de Montréal coïncide avec un intense
débat international sur les moyens de réduire les gaz à effet de serre et de stabiliser
les changements climatiques. Au moment où le monde célèbre le succès de cet
accord, les enseignements tirés de sa mise en œuvre doivent guider la recherche
par la communauté mondiale d’un nouvel accord sur les changements climatiques
au-delà de 2012, lorsque les engagements initiaux du Protocole de Kyoto viendront
à expiration. Comme cela a été le cas durant la négociation du Protocole de
Montréal, des groupes d’intérêt particuliers prétendent que les réglementations
visant à limiter les changements climatiques auraient des incidences économiques
négatives, certains mettant en avant les incertitudes scientifiques pour retarder
toute action, alors que de nombreux politiciens sont prêts à s’accommoder des
dommages à long terme dus aux changements climatiques plutôt que d’accepter
les conséquences à court terme des mesures destinées à les éviter.
La convergence de la science et de la diplomatie dans l’élaboration de la politique
de l’ozone — et des mesures sociales ultérieures — témoigne d’une entente sans
précédent entre les scientifiques, les gouvernements, l’industrie et la société civile.
Avec le Protocole de Montréal et la Convention de Vienne a aussi été appliqué
pour la première fois le « principe de précaution », en vertu duquel une action est
engagée sans une totale certitude scientifique pour empêcher qu’un problème
émergent ne devienne une crise. Les accords se fondent également sur le principe
d’une « responsabilité commune mais différenciée » — reconnaissant que (comme
pour les gaz à effet de serre) les pays en développement ont peu contribué au
problème et doivent en conséquence faire l’objet d’un traitement particulier, même
si toutes les nations sont responsables de la protection de la couche d’ozone (et des
biens publics mondiaux). En outre, c’est la première fois que, par le biais du Fonds
multilatéral, une aide financière est fournie aux pays en développement pour
faciliter la mise en oeuvre des engagements qu’ils ont pris en vertu des accords,
cette pratique ayant été reprise dans les accords sur les changements climatiques
comme dans ceux sur la biodiversité.
Une fois encore, les gouvernements (des pays développés et en développement),
les scientifiques, l’industrie et les ONG sont invités à convenir d’un nouveau
pacte, cette fois pour éviter la grave menace que représentent les changements
climatiques. D’aucuns estiment que la conclusion de l’Accord de Montréal a été
facilité par l’impulsion politique donnée par les Etats-Unis, qui (comme c’est le cas
pour les gaz à effet de serre) étaient le plus gros émetteur de substance chimiques
appauvrissant la couche d’ozone. L’histoire se répètera-t-elle?
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
15
ne ralentissons
pas nos efforts
© Corey Rich/Aurora/Getty Images
un entretien avec Mario Molina
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NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Le nom de Mario Molina n’est peut-être pas inscrit dans les étoiles mais le
chimiste mexicain, lauréat du Prix Nobel, est l’une des rares personnes
dont un élément du système solaire porte le nom. Il s’agit, pour être précis,
d’un astéroïde.
Le Professeur Molina est à cet égard en excellente compagnie. Le nom des
écrivains Isabel Allende et Ray Bradbury est inscrit sur leurs propres blocs
de roc, éparpillés entre Mars et Jupiter. Toute l’équipe de la comédie Monty
Python est elle aussi de la même façon en orbite autour du soleil – tout
comme Engelbert Humperdinck (le compositeur allemand, pas le chanteur
pop), plusieurs chevaliers de la légendaire Table ronde du Roi Arthur et
Robbie Naish, le pionnier américain de la planche à voile. Il y a, bien sûr, un tas
d’astronomes – mais aussi un artiste japonais qui fait des ours en peluche.
Là-haut, le Professeur Molina est également accompagné de deux collègues
- le Professeur Paul Crutzen et le Professeur Sherwood Rowland qui, tous
deux, ont reçu avec lui le Prix Nobel de chimie en 1995 pour leurs travaux sur
l’identification des menaces qui pèsent sur la couche d’ozone, d’importance
vitale pour la Terre. C’est en effet on ne peut plus approprier car les surfaces
stériles des astéroïdes sans atmosphère, exposées sans pitié aux rayons ultraviolets du soleil, servent à rappeler l’importance de cette couche protectrice
pour notre planète.
En 1973, le Professeur Molina, âgé alors de 30 ans, était chercheur postdoctorant à l’Université de Berkeley en Californie lorsque Sherwood Rowland
– son professeur – lui a proposé une série d’options de recherche. Celle qui l’a le
plus passionné était de découvrir ce que devenaient, dans l’environnement, les
chlorofluorocarbones (CFC) inactifs produits par l’homme qui s’accumulaient
dans l’atmosphère suite à leur utilisation en aérosols, pour la réfrigération, dans
des mousses plastiques et toutes autres sortes d’applications. Au début, dit-il
« la recherche ne semblait pas très intéressante, rien dans la couche inférieure
de l’atmosphère ne paraissant avoir un effet sur les substances chimiques ».
Mais il savait que les CFC pourraient éventuellement dériver à une hauteur
suffisante pour être dégradées par les rayons solaires. Et lorsqu’il a examiné
ce qui se passerait alors, il a réalisé que chacun de leurs atomes de chlore
détruirait des milliers d’atomes d’ozone. Avec le Professeur Rowland, il est
arrivé à la conclusion que si les chlorofluorocarbures continuaient à être rejetés
au rythme actuel, en 30 ans ils détruiraient 20 à 40 % du bouclier d’ozone.
Molina était tellement surpris lorsqu’il a effectué ses premiers calculs que, at-il déclaré à Notre Planète : « J’ai pensé que je m’étais trompé ». Certains
scientifiques ont d’ailleurs réagi de la même manière, a-t-il ajouté, lors de la
publication de ces résultats. Les experts en la matière, dit-il « les ont accepté
immédiatement » mais « il a fallu du temps pour convaincre la communauté
scientifique dans son ensemble ». Et il ajoute « il a fallu déployer encore bien
plus d’efforts pour que les politiciens s’y intéressent ».
Après de nombreux débats, le danger a finalement été reconnu. En 1978,
les Etats-Unis ont interdit d’utiliser des pulvérisateurs contenant des
chlorofluorocarbones et, en 1985, le monde a adopté la Convention de Vienne
pour la protection de la couche d’ozone. Mais ce n’est qu’après la découverte du
trou d’ozone dans l’Antarctique, plus tard cette année là, que la communauté
internationale a décidé de traiter globalement les chlorofluorocarbones
dans le Protocole de Montréal de 1987 qui s’est renforcé petit à petit au fur
et à mesure que les preuves scientifiques s’accumulaient et dont l’objectif est
d’éliminer les chlorofluorocarbones et autres substances qui appauvrissent la
couche d’ozone dans le monde entier.
Le Professeur Molina prétend que la quantité de substances appauvrissant
la couche d’ozone dans l’atmosphère a atteint son maximum il y a quelques
années et qu’elle « commence à diminuer lentement, ce qui est un très bonne
nouvelle ». Il ajoute que « certains chercheurs pensent qu’ils commencent
peut-être à voir quelques effets bénéfiques se produire sur la couche d’ozone
» mais il craint que – au moment où la situation semble s’améliorer – il puisse
y avoir un sérieux recul en raison des changements climatiques.
« Avec une modification de l’atmosphère due au réchauffement mondial, il
est probable qu’il faudra davantage de temps pour que la couche d’ozone se
reconstitue », dit-il. A mesure que les changements climatiques réchauffent
la surface de la terre et la troposphère (la couche inférieure de l’atmosphère),
ils refroidissent encore plus la stratosphère, ce qui accélère le processus de
destruction de l’ozone. « Plus il fait froid, plus il y a appauvrissement » dit-il. La
reconstitution, prévue autour de 2050, pourrait être retardée de 10 à 15 ans.
Ceci, comme il le fait remarquer, est une raison supplémentaire de lutter contre
le réchauffement de la planète. Renforcer le protocole relatif à la protection
de l’ozone, adopté il y a 20 ans, pourrait être une contribution importante.
En éliminant les chlorofluorocarbones qui sont de puissants gaz à effet de
serre, le Protocole de Montréal a déjà fait davantage pour lutter contre les
changements climatiques que ne le fera jamais le Protocole de Kyoto. Une
étude qui fait autorité – réalisée par les chercheurs de l’Agence d’évaluation de
l’environnement des Pays-Bas, l’Agence de protection de l’environnement des
Etats-Unis et l’Administration nationale océanique et atmosphérique et DuPont
- publiée en mars dernier a conclu que l’élimination des chlorofluorocarbones et
autres substances appauvrissant la couche d’ozone épargnera à l’atmosphère
l’équivalent de onze giga tonnes de dioxyde de carbone par an d’ici à 2010. En
revanche, le Protocole de Kyoto ne lui épargnera que l’équivalent de deux giga
tonnes sur ce qu’auraient représenté les émissions si la croissance des gaz à
effet de serre s’était poursuivie avec autant d’intensité.
Tout comme beaucoup d’autres experts, le Professeur Molina souhaite
que le Protocole de Montréal aille plus loin et accélère l’élimination des
hydrochlorofluorocarbones (HCFC) et des hydrofluorocarbones (HFC) – utilisés
comme produits de remplacement transitoires des chlorofluorocarbures – et
qu’ainsi il soit plus efficace pour lutter contre les changements climatiques
et pour protéger la couche d’ozone. « Actuellement, la tendance est à une
accélération de la transition. Certains des hydrochlorofluorocarbones
sont bien meilleurs que d’autres, il faut donc espérer qu’à l’occasion de son
vingtième anniversaire, le Protocole puisse être mis au point pour rapprocher
la date limite d’élimination de certains d’entre eux ».
Il ajoute encore : « Bien que le Protocole de Montréal connaisse un vif succès,
nous devons rester vigilants et continuer à l’améliorer car il y a toujours un
risque de retour en arrière si les pays ne le respectent pas ou s’il y a une
production illicite de substances appauvrissant la couche d’ozone. Il est très
important de continuer à faire pression pour assurer constamment le succès
du Protocole. D’aucuns estiment que le problème est déjà résolu, mais ce n’est
pas le cas ».
Néanmoins, dit le Professeur Molina, le Protocole a joué un rôle important en
servant de modèle aux efforts à déployer à l’échelon international pour lutter
contre les changements climatiques, en particulier « pour montrer que c’est
possible ». Mais le temps presse et il espère qu’il ne faudra pas attendre que se
produisent de mauvaises surprises comme le trou au-dessus de l’Antarctique
pour prendre des mesures plus rigoureuses de réduction des émissions de gaz
à effet de serre.
« Nous risquons d’atteindre un point tel que les changements ne seront
plus linéaires – comme c’est le cas pour le trou de l’ozone. Les effets visibles
du réchauffement de la planète se manifestent déjà – catastrophes telles
qu’ouragans, inondations et sécheresse. Ceci devrait être suffisant pour nous
alerter : nous disposons déjà d’informations suffisantes sur les changements
climatiques. Il serait extrêmement dangereux d’attendre que quelque chose
de plus tragique se produise. Mais le risque de surprises bien pires augmentera
sans aucun doute très sérieusement si la société ne prend pas de mesures
draconiennes pendant encore une autre décennie.
« Les experts semblent croire que nous disposons d’une dizaine d’années
environ pour commencer à changer sérieusement notre façon de faire et que,
compte tenu du temps qu’il faut pour mettre en œuvre les mesures nécessaires,
nous devons commencer à planifier un accord véritablement international sur
le climat qui reproduirait le Protocole de Montréal ».
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
17
atteindre
L’Inde, le deuxième plus gros producteur de chlorofluorocarbones (CFC) au
monde, doit cesser progressivement d’utiliser les CFC ainsi que les halons
et le tétrachlorure de carbone d’ici à trois ans.
Mais cet objectif sera-t-il atteint? Le pays
a ratifié le Protocole de Montréal en
septembre 1992 et, par la suite, les
amendements adoptés lors des
réunions tenues à Copenhague,
Montréal et Beijing. Il a adhéré
à la proposition de base selon
laquelle l’appauvrissement de
la couche d’ozone fait peser un
risque sur l’ensemble de la planète.
Il a souscrit à la nécessité d’éliminer
progressivement les substances qui
appauvrissent la couche d’ozone, comme les CFC, et
a accepté les financements fournis par le Fonds multilatéral, crée aux termes
du Protocole pour financer le passage à des technologies propres.
efficaces. Sur le papier, tout par
Le programme d’élimination es
grands secteurs d’activité uti
appauvrissent la couche d’ozone
à disposition par le Fonds multi
semblerait donc qu’il n’y ait pas d
In 1993, le Gouvernement a établi une cellule spéciale sur l’ozone dans le cadre
de son programme de pays. Cette cellule a été expressément
chargée de surveiller l’élimination des substances qui
appauvrissant la couche d’ozone, conseillant l’industrie
sur les technologies à choisir, facilitant les apports
de fonds pour la transition et suscitant une prise
de conscience générale sur la question. En 2003,
l’Inde avait reçu, selon les estimations, 137 millions
de dollars du Fonds multilatéral pour plus de
349 projets d’élimination des substances qui
appauvrissent la couche d’ozone.
Sur le terrain, toutefois, la sit
Premièrement, ce ne sont pas seulem
utilisent les substances incriminées : il en
petites unités qui font partie du secteur info
qui sont peu réglementées parce que très d
par exemple, ne sont généralement pas fabr
d’assemblage, mais dans de petits ateliers,
La plupart d’entre eux continuent d’utiliser
document relatif au programme national d
substances qui appauvrissent l’ozone sont co
petites et moyennes et dans le secteur inform
Le Gouvernement a fourni une assistance technique
et des fonds et introduit les Règles de 2000 pour la
régulation et le contrôle des substances qui appauvrissent
la
couche d’ozone en vertu de la loi de 1986 sur la protection de l’environnement,
en précisant le calendrier d’élimination. En 1995, dans le cadre d’un ensemble
d’incitations, il a accordé une totale exonération des droits de douane et des
droits d’accise aux biens d’équipement importés pour les projets d’élimination
des substances qui appauvrissent la couche d’ozone financés par le Fonds
multilatéral et, l’année d’après, il a étendu cette dérogation a de
nouveaux projets fondés sur des technologies n’utilisant pas ces
substances.
Si les plus grandes entreprises sont en mesure
administratives requises pour demander des fi
à des produits de remplacement, ce n’est pas
fait, nombre d’entre elles ont une taille inféri
pour avoir droit à un financement. Et sans
elles ne procèdera volontairement à la substi
L’Inde produit 20 000 tonnes métriques de CFC chaque année;
seule la Chine en produit plus. Quelque 6 700 tonnes métriques
sont consommées sur le marché intérieur, le reste étant exporté.
Elle produit aussi 100 tonnes métriques de halons et environ 18
000 tonnes métriques de tétrachlorure de carbone.
Après 15 années de mise en oeuvre du programme national et
deux décennies après la signature du Protocole de Montréal, peu
d’études indépendantes ont été réalisées pour déterminer si ces efforts sont
18
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Deuxièmement, la technologie offerte a
coûteuse et deviendra vite obsolète. Les ind
autrefois des CFC-11 et des CFC-12 et qui son
à nouveau changer d’ici à 2030 pour aband
Il vaudrait mieux passer immédiatement à u
rapidement périmée. Les représentants de
les financements qu’ils reçoivent soient souv
que les sociétés multinationales qui contrô
pas de substances qui appauvrissent la cou
trop cher. Les fabricants de réfrigérateurs et d
d’air, par exemple, se plaignent de ne pas av
les coûts supplémentaires sur les consomm
de la concurrence sur le marché, ce qui a
marges bénéficiaires.
© Bloomimage/Corbis
e l’objectif
raît se dérouler comme prévu.
st mis en œuvre par tous les
ilisant des substances qui
e. Les millions de dollars mis
ilatéral ont été décaissés. Il
de problème.
tuation n’est pas si simple.
ment les grandes industries qui
n va de même de centaines de
ormel en expansion de l’Inde et
dispersées. Les bombes aérosol,
riquées dans de grandes chaînes
souvent situés dans des taudis.
des CFC-11 et des CFC-12. Le
de l’Inde précise que 66 % des
onsommés dans des entreprises
mel.
e de remplir toutes les formalités
financements en vue du passage
s le cas de ces petites unités. De
ieure à la taille minimum exigée
aide financière, aucune d’entre
itution.
aux entreprises indiennes est
dustries indiennes qui utilisaient
nt passées aux HCF-134a devront
donner ce gaz à effet de serre.
une technologie qui ne sera pas
l’industrie regrettent aussi que
vent insuffisants et trop tardifs et
ôlent les technologies n’utilisant
uche d’ozone les fassent payer
d’appareils de conditionnement
voir été en mesure de répercuter
mateurs en raison de l’intensité
réduit considérablement leurs
par Kalpana Sharma
Troisièmement, si le Protocole finance le transfert de technologie, il ne
soutient pas l’innovation technologique. L’Institut indien de technologie
chimique basé à Hyderabad a produit de façon autonome des HCF-134a,
avec un financement du Gouvernement indien et de deux entreprises qui
recherchaient des produits de substitution aux CFC. Les scientifiques estiment
que l’Inde pourrait devenir un exportateur net de nouvelles technologies au
lieu de dépendre des importations, si des financements pour la recherche
fondamentale sur les produits de substitution des CFC étaient fournis par le
biais du Fonds multilatéral.
Enfin, il est aussi indispensable de mettre un terme au commerce illicite de
CFC. D’après les estimations de certaines sources dans le secteur, plusieurs
milliers de tonnes de CFC entrent chaque année en contrebande dans le pays
par les frontières poreuses de l’Inde avec le Népal et le Bangladesh. Ces CFC
sont ensuite utilisés par des petites unités du secteur informel pour produire
des aérosols. Même si les quantités ne sont pas très importantes, elles
compromettent l’effort d’élimination totale des substances qui appauvrissent
la couche d’ozone dans les délais impartis.
Contrairement à l’effervescence et à la couverture médiatique auxquelles
ont donné lieu récemment les changements climatiques, on a assez peu
parlé de la question de l’appauvrissement de la couche d’ozone et de ses
conséquences. Les autorités ne déploient guère d’effort pour faire connaître
les données du problème au public en général et, d’après mon expérience, il
est même difficile d’obtenir des réponses à des questions de routine.
Les actions engagées par l’Inde pour éliminer les substances qui appauvrissent
la couche d’ozone doivent être évaluées dans une optique critique. Le
Protocole de Montréal a pour intérêt majeur d’avoir reconnu la nécessité de
financer le transfert de technologie, mais il n’a pas pris en compte le potentiel
de pays comme l’Inde de concevoir leurs propres produits de remplacement
à ces substances pour un coût bien moindre. L’expérience de l’Inde amène
aussi à penser que des opérations indépendantes de suivi et d’évaluation sont
nécessaires pour faire en sorte que les programmes officiels soient conçus en
fonction de la réalité sur le terrain.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
19
© China Daily/Reuters
un tournant critiqu
Le Protocole de Montréal est l’accord sur l’environnement qui s’est révélé
le plus performant dans le monde – et pas seulement pour son efficacité
au regard de la couche d’ozone. En 2005, les Parties au Protocole avaient
réduit de 95 % la production et la consommation de toutes les substances
incriminées, permettant d’envisager la restauration de la couche d’ozone
au cours du siècle. Mais l’élimination des chlorofluorocarbones (CFC) et des
autres substances appauvrissant la couche d’ozone, qui sont également de
puissants gaz à effet de serre, fait aussi du Protocole le traité sur le climat le
plus efficace du monde. La réduction des émissions de gaz à effet de serre
devrait représenter l’équivalent de 11 gigatonnes environ de dioxyde de
carbone par an retardant l’apparition des changements climatiques de pas
moins de 12 ans.
L’une des qualités les plus importantes du traité — comme l’ont reconnu
les participants à un dialogue de deux journées sur l’avenir du Protocole
tenu entre les Parties à Nairobi en mai 2007 — est sa structure souple et
dynamique, qui lui a permis de tirer parti des améliorations des connaissances
scientifiques sur la dégradation de la couche d’ozone. L’établissement de
groupes d’évaluation — opérant sur une base volontaire avec la participation
de l’industrie, des gouvernements et des milieux universitaires — a contribué,
ainsi que l’a souligné le Secrétaire exécutif du Protocole, à donner accès aux
Parties aux meilleures informations disponibles pour prendre des décisions.
Elles sont ainsi plus aptes à faire face aux menaces pesant sur la couche
d’ozone rapidement, voire de façon préventive, en ajoutant à la liste des
substances à contrôler de nouveaux produits chimiques lorsque leurs risques
20
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
sont scientifiquement identifiés, ainsi qu’en soumettant à des contrôles des
produits inconnus auparavant.
Le Fonds multilatéral du Protocole, comme ont aussi noté avec appréciation
les participants, est un élément essentiel de son succès. Toutes les mesures de
réglementation prévues par le traité s’accompagnent d’une obligation légale
pour les pays industrialisés de fournir une assistance financière aux pays en
développement afin d’assurer une mise en œuvre efficace. Le Fonds a été l’un
des premiers mécanismes financiers mis en place pour favoriser le respect
des obligations contenues dans un traité international sur l’environnement.
Sa gestion efficace a facilité le transfert des technologies nécessaires pour
permettre aux pays en développement Parties d’être en conformité avec ces
obligations. Il a notamment soutenu la création de 140 unités de l’ozone dans
les pays en question, contribuant à l’élaboration de réglementations et de lois
dans plus de cent d’entre eux et mettant en place des réseaux régionaux pour
favoriser le partage d’informations entre les Parties sur une base Sud-Sud et
Nord-Sud. Le Fonds a aussi mené un effort soutenu pour assurer la formation
des principaux partenaires au fonctionnement du régime de protection de
l’ozone, notamment des centaines de fonctionnaires des douanes et des
milliers de techniciens travaillant dans le secteur de la réfrigération dans les
pays en développement Parties.
Depuis le début, le Protocole s’est attaché à assurer le respect, en établissant
une procédure modèle applicable en cas de non-respect, qui a conduit à des
niveaux record de conformité, avec des avantages directs pour la couche
d’ozone. Le Secrétariat signale qu’il a obtenu et maintenu un taux de notification
des données sur le respect d’au moins 99 % et un taux global de conformité
de bien plus de 90 %. Il a aussi réussi à aider 25 Parties à revenir à une situation
de respect grâce à un encadrement coopératif et à l’affectation rationnelle
des ressources. Les participants au dialogue ont reconnu l’importance de cet
aspect et ont aussi souligné que le style direct de réglementation du Protocole,
fondé sur des mesures contraignantes et fixant des objectifs spécifiques de
production et de consommation légalement applicables, a montré qu’un «
retour aux sources » en matière de réglementation est sans doute le moyen
le plus efficace et le plus rapide d’assurer la protection de l’environnement,
faisant du Protocole un modèle pour la gouvernance internationale dans le
domaine de l’environnement.
Reconnaissant cette menace, plusieurs Parties ont présenté des propositions
pour accélérer l’élimination des HCFC en vertu du Protocole de Montréal.
Plusieurs de ces propositions émanent de nations en développement
particulièrement vulnérables face aux incidences des changements
climatiques, y compris des petites nations insulaires comme Maurice, les Palaos
et les Etats fédérés de Micronésie, alors que d’autres viennent de l’Argentine et
du Brésil. En donnant suite à ces propositions, la communauté internationale
pourrait tirer parti du Protocole pour contribuer de façon significative à l’effort
mondial d’atténuation des changements climatiques. D’après les estimations
récentes, une accélération de l’effort d’élimination pourrait éviter l’émission de
l’équivalent d‘un total de 5 à 22 milliards de tonnes métriques de dioxyde de
carbone entre 2010 et 2025. C’est mieux que les réductions des émissions d’un
milliard de tonnes équivalent dioxyde de carbone prévues par le Protocole
de Kyoto d’ici à 2012. De plus, ces estimations ne tiennent pas compte de
la réduction supplémentaire des émissions qui résulterait de la disparition
des émissions de substances dérivées non souhaitées et de l’amélioration du
rendement énergétique.
Et pourtant, comme il est clairement ressorti des discussions approfondies
tenues à Nairobi, le traité se trouve à un tournant critique : beaucoup a été
accompli, mais beaucoup reste à faire. La perception publique selon laquelle
le problème de la couche d’ozone est « résolu » est simplement infondée.
De fait, la couche d’ozone est aujourd’hui dans un état de fragilité inégalé,
exposant les individus et les écosystèmes à des niveaux sans précédent de
La gestion des substances qui appauvrissent la couche d’ozone en réserve
rayonnements ultraviolets nocifs.
— c’est-à-dire celles qui sont contenues à l’heure actuelle dans les produits et
matériels — joue aussi en faveur du maintien du Protocole et de ses institutions.
Le trou de l’ozone sur l’Antarctique réapparaît chaque printemps austral Lorsque les matériels arrivent en fin de vie utile, les produits chimiques qu’ils
depuis sa découverte initiale et chaque année il est généralement plus contiennent sont généralement rejetés dans l’atmosphère. Les incitations en
étendu et se maintient plus longtemps. Bien que des progrès significatifs
faveur de leur récupération et de leur destruction étant limitées, la plupart
aient été réalisés dans la réduction des concentrations atmosphériques des des substances appauvrissant l’ozone ainsi « stockées » seront rejetées
produits chimiques qui détruisent la couche d’ozone, la restauration de dans l’atmosphère au cours de la prochaine décennie, endommageant la
celle-ci pourrait encore prendre des décennies. Les dernières prévisions des couche d’ozone et le climat. Les émissions venant des seules banques de
experts repoussent cette restauration jusqu’en 2049 aux latitudes médianes CFC pourraient représenter l’équivalent de pas moins de 7 milliards de tonnes
et jusqu’en 2065 dans les régions polaires — c’est-à-dire à une date beaucoup
métriques de dioxyde de carbone d’ici à 2015 — plus de sept fois la taille des
plus lointaine que celle prévue dans les estimations précédentes. Ces
réductions des émissions visées initialement par le Protocole de Kyoto.
prévisions partent aussi de l’hypothèse d’un plein respect et ne tiennent pas
Le commerce illicite de substances qui appauvrissant la couche d’ozone
représente désormais environ 10–20 % du commerce total : 7 000–14 000
tonnes des seuls CFC sont commercialisés illégalement chaque année, pour
une valeur de 25–60 millions de dollars. Le problème pourrait encore empirer
sans des efforts soutenus de police et toute l’attention voulue des Parties,
surtout à mesure que les actions de contrôle se durcissent.
ue
par Danielle Fest Grabiel
compte du commerce illicite, ce qui retarderait encore plus la restauration. La
communauté internationale doit rester déterminée à aller jusqu’au bout de
son action en faveur de la protection de la couche d’ozone.
Il faut aussi être préparé à faire face à de nouveaux enjeux et possibilités,
en particulier la contribution significative aux changements climatiques
des substances qui appauvrissent la couche d’ozone et de certains de leurs
substituts. Au début des années 90, les hydrochlorofluorocarbones (HCFC)
sont devenus la première génération de produits chimiques de substitution
pour les CFC et une liste de substances contrôlées par le Protocole. Il était
admis que les HCFC n’étaient pas la solution à la destruction de la couche
d’ozone, mais qu’ils présentaient de l’intérêt en tant que « substances de
transition » pour contribuer à l’élimination rapide des CFC. Toutefois, la
croissance exponentielle de la demande de gaz frigorigènes partout dans le
monde a conduit à une production incontrôlée et excessive de HCFC. Etant
donné que beaucoup d’entre eux contribuent sensiblement au réchauffement
planétaire (le HCFC-22, notamment, à un impact sur le réchauffement 1 700
fois supérieur à celui du dioxyde de carbone), le Protocole a involontairement
encouragé la création d’une importante source de gaz à effet de serre. Les
pays en développement devraient produire des millions de tonnes métriques
de HCFC au cours des dix à vingt prochaines années et les objectifs dont ils
ont actuellement convenu en matière d’élimination en vertu du Protocole
ont une échéance encore éloignée de plusieurs décennies. La croissance
débridée de ces substances compromettra donc gravement les efforts faits par
la communauté internationale pour contrer les changements climatiques.
Lorsque le Protocole de Montréal a été adopté il y a vingt ans, nombreux
étaient ceux qui pensaient qu’il serait impossible de réaliser les réductions
de l’ampleur envisagée. D’autres craignaient que les coûts et les charges
administratives ne soient trop élevés. Cependant, grâce à une conception
soignée, des praticiens compétents et des institutions bien pourvues en
ressources, les résultats obtenus ont été bien au-delà des espérances, le
Protocole se révélant l’instrument le plus efficace par rapport aux coûts dont
nous disposons pour la protection de l’atmosphère.
Le Protocole constitue à l’évidence une ressource vitale et unique pour
s’attaquer aux problèmes associés à l’atmosphère. Nombre des gaz autres
que le dioxyde de carbone réglementés par le Protocole de Kyoto sont utilisés
dans des applications semblables à celles des substances qui appauvrissent
la couche d’ozone — dans certains cas dans des applications identiques. Il
paraît fondé de s’attendre à ce que des réglementations du style de celles
du Protocole de Montréal se révèlent aussi performantes pour ces gaz. En
outre, les interactions complexes entre les systèmes climatiques et de l’ozone
susciteront à l’évidence de nouveaux enjeux qui exigeront le maintien de
l’expertise offerte par les organes techniques et les institutions du Protocole
de Montréal.
Les défis encore à relever pour faire face aux substances qui appauvrissent la
couche d’ozone — et aux changements climatiques, le plus grave problème
d’environnement de notre temps — devraient garantir que le Protocole de
Montréal, ses institutions et son expertise restent disponibles et se consacrent
activement à la protection de l’atmosphère. Il faudra maintenant se montrer
déterminé à les revitaliser et à les renouveler.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
21
© HO Old/Reuters
greenfreeze
par Jamie Choi
22
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Vingt ans après sa signature, le Protocole de Montréal est encore salué comme
un exemple de la façon dont les gouvernements, l’industrie, les scientifiques
et les activistes peuvent trouver un terrain d’entente pour éviter une crise
environnementale. Les organisations non gouvernementales (ONG) ont fait
campagne et collaboré avec les organismes d’exécution — aussi bien durant les
sessions formelles que lors des négociations informelles — pour convaincre les
gouvernements de faire de l’environnement une priorité.
Greenpeace a été un participant de premier plan, prônant l’élimination la plus
rapide possible des substances qui appauvrissant la couche d’ozone. Mais c’est
après la ratification du Protocole que l’organisation a apporté au traité sa plus
importante contribution, au moment où l’ensemble du monde attendait de voir
quels réfrigérants et agents d’expansion remplaceraient les chlorofluorocarbones
(CFC) et les halons. Greenpeace s’est opposée à la proposition de l’industrie
chimique d’utiliser comme produits de remplacement des substances de deuxième
génération nocives pour l’ozone et contribuant au réchauffement planétaire comme
les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) ou contribuant au réchauffement planétaire
comme les hydrofluorocarbones (HFC), car elle était convaincue qu’il y avait un
moyen de les éviter en utilisant une technologie plus propre et plus innovante.
Sa quête de l’innovation a conduit Greenpeace à la création de Greenfreeze, qui
utilise des substances respectueuses de l’environnement comme les hydrocarbures
en tant que fluides frigorigènes et agents d’expansion. L’organisation a noué un
partenariat avec un fabricant de l’Allemagne orientale, Foron, qui a commencé
de construire les premiers prototypes en 1992, et a travaillé en coulisses pour
faire accepter la technologie par les gouvernements, les scientifiques et les
consommateurs. Greenfreeze a été l’une des premières tentatives jamais engagées
par une ONG pour participer activement à l’innovation technologique afin de
transformer un secteur d’activité.
Cette stratégie a été largement payante. On compte désormais dans le monde plus
de 200 millions de réfrigérateurs « Greenfreeze » : 27 millions de plus sont désormais
produits chaque année, soit un tiers de la production mondiale totale. Presque
tous les réfrigérateurs domestiques aujourd’hui vendus en Allemagne utilisent la
technologie. Depuis que les premiers réfrigérateurs Greenfreeze sont sortis des
usines Foron, plus de 250 variantes de la technologie ont été mises au point et la
plupart des fabricants — y compris Bosch-Siemens, Electrolux, Whirlpool, Samsung,
LG, Haier et Liebherr — l’utilisent aujourd’hui.
.
Mais la plus grande réalisation a sans doute été de diffuser Greenfreeze en Chine,
le marché mondial connaissant la plus forte expansion et le plus gros producteur
de substances appauvrissant la couche d’ozone dans le monde. Greenpeace a dû
surmonter d’énormes obstacles : lacunes dans le transfert de technologies, pénurie
de capitaux et faible sensibilisation du public aux problèmes de l’environnement.
Elle n’avait pas non plus une expérience suffisante des campagnes de sensibilisation
dans ce pays — elle n’y avait pas encore de bureau — ce qui a posé des problèmes
culturels, linguistiques et politiques. Mais il y avait aussi une véritable occasion à
saisir. En tant que signataire du Protocole de Montréal, la Chine avait pour obligation
d’éliminer les CFC d’ici à 2010, ce qui inquiétait les fabricants. Passer directement des
CFC à Greenfreeze était beaucoup plus justifié dans une optique financière à long
terme qu’investir dans les HCFC (dont l’élimination dans les pays en développement
devait intervenir d’ici à 2040) et les HFC (qui, si aucune date limite de ce type n’était
fixée, risquaient toujours de finir par tomber sous le coup d’une élimination), alors
même qu’il aurait fallu passer à Greenfreeze à l’avenir. En outre—contrairement
aux HCFC et HFC, qui exigeaient des licences et un traitement coûteux — les gaz
utilisés pour la technologie Greenfreeze pouvaient être purifiés à bas prix à partir
des stocks de gaz bruts déjà largement disponibles en Chine.
Greenpeace a estimé qu’il était indispensable de concilier la diffusion de Greenfreeze
avec les objectifs de développement durable de la Chine, permettant ainsi à une
économie en transition de cesser d’utiliser des technologies sales et peu durables
pour passer directement à des technologies innovantes plus propres. Impressionnés
par une exposition sur Greenfreeze, organisée lors d’une conférence internationale
sur les produits de remplacement des CFC, tenue à Beijing en 1993, les responsables
chinois ont demandé à Greenpeace de faciliter les transferts de technologie et de
favoriser des co-entreprises entre fabricants chinois et fabricants allemands.
Avec l’appui du Gouvernement chinois, Greenpeace a lancé une campagne mondiale
de pression publique pour persuader la Banque mondiale d’accorder aux pays en
développement l’accès au Fonds multilatéral du Protocole en vue du financement
du passage à Greenfreeze. En 1993, le Groupe de la Banque mondiale s’occupant de
l’ozone (Ozone Operations Resource Group) a approuvé la technologie en tant que
solution appropriée de remplacement des CFC dans les réfrigérateurs domestiques,
préparant ainsi le terrain à sa diffusion dans les pays en développement. En 1995,
Haier (le géant chinois dans le domaine des réfrigérateurs) s’est associé à Liebherr
(leader du marché en Allemagne) pour produire les premiers réfrigérateurs
Greenfreeze en Chine. Il n’a pas fallu longtemps ensuite à Foron, Electrolux et
Bosch-Siemens pour établir une coopération technique ou constituer des coentreprises avec d’autres sociétés chinoises. Au milieu de 1995, trois des quatre plus
gros sites de fabrication de réfrigérateurs en Chine étaient partiellement passés à la
nouvelle technologie.
En 2000, 35% de l’ensemble des réfrigérateurs domestiques vendus en Chine étaient
équipés de la technologie Greenfreeze et la part du marché de cette technologie
a régulièrement augmenté depuis, aidant le pays à réduire sensiblement les
substances qui appauvrissent la couche d’ozone et à réaliser ainsi ses objectifs. De
nombreuses activités sont aussi entreprises en Chine pour étendre la technologie
à d’autres domaines que le marché des réfrigérateurs domestiques. Les universités
et les sociétés chinoises, par exemple, ont consacré beaucoup de ressources
ces dernières années à l’étude de nouveaux fluides de travail naturels dans les
réfrigérants, notamment le CO2, l’ammoniac, l’eau et l’air. Certaines des plus grandes
sociétés multinationales opérant en Chine, comme Unilever et Coca Cola, ont déjà
commencé de produire des réfrigérateurs commerciaux sans HFC ou étudient les
moyens de le faire.
Le Gouvernement chinois a annoncé sa décision d’éliminer les CFC et les halons
d’ici au 1er juillet 2007, deux ans avant la date limite fixée pour les pays en
développement. Le onzième Plan quinquennal du Congrès national du peuple
chinois — qui, pour la première fois, fait de la conservation de l’énergie et de la
protection de l’environnement des priorités essentielles – devrait favoriser la
diffusion des fluides de travail naturels en Chine. Greenfreeze a en outre l’avantage
d’avoir un meilleur rendement énergétique que les HCFC et les HFC.
Toutes ces évolutions montrent comment l’innovation technique peut, en
association avec une campagne de mobilisation, contribuer à des marchés plus
écologiques. Pourtant, la campagne en faveur de Greenfreeze est loin d’être
terminée. Peut-être parce que tant a déjà été accompli, les innovateurs industriels,
les gouvernements et même les activistes sont moins vigilants quant à la nécessité
d’agir en faveur d’une distribution plus large de la technologie permettant de lutter
contre l’appauvrissement de la couche d’ozone et le réchauffement planétaire. Les
HCFC et les HFC continuent d’être utilisées dans les réfrigérateurs, en particulier
les réfrigérateurs commerciaux, partout dans le monde. L’industrie chimique a
utilisé son influence aux Etats-Unis et au Canada—et continue de le faire—pour
empêcher l’introduction de la technologie Greenfreeze, limitant effectivement la
concurrence. Les efforts de mise au point et de commercialisation des appareils
de conditionnement d’air Greenfreeze ont été extrêmement limités partout dans
le monde. En outre, les problèmes posés par la récupération et la destruction en
toute sécurité des CFC mis en réserve, ainsi que des autres substances contribuant à
l’appauvrissement de la couche d’ozone et au réchauffement planétaire contenues
dans les produits existants, ne sont toujours pas réglés. Il est indispensable de
s’attaquer à ces problèmes dans des pays en développement comme la Chine, où
un grand nombre de réfrigérateurs à CFC de la première génération sont remplacés
par de nouveaux appareils.
Les études réalisées récemment par l’institut scientifique allemand Oko-Recherche
donnent à penser que tous les gaz fluorés (gaz-F) associés contribueront pour
5,2 % au réchauffement planétaire durant les 20 prochaines années, cette
contribution passant à 8,6 % en 2050. Les possibilités offertes d’empêcher de
dangereux changements climatiques s’amenuisant chaque année, la réduction
des CFC, HCFC et HFC sera déterminante pour lutter contre le réchauffement
planétaire, sans mentionner la destruction de l’ozone. Si les substances fluorées
ne sont pas totalement éliminées, il sera extrêmement difficile d’atteindre l’objectif
d’une limitation du réchauffement planétaire à deux degrés au maximum. Nous
devons tirer parti du 20ème anniversaire du Protocole de Montréal pour recréer un
sentiment d’urgence quant à la nécessité d’éliminer partout dans le monde les gaz
fluorés et de diffuser plus largement des technologies de réfrigération naturelles
comme Greenfreeze. C’est la seule option qui permette de préserver l’héritage du
Protocole de Montréal.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
23
prix et événements
prix equateur
Cinq communautés des régions tropicales d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine
ont remporté le prix Equateur, qui bénéficie du concours des Nations Unies, pour
des initiatives visant à réduire la pauvreté grâce à des actions de conservation de la
biodiversité. Les lauréats, qui recevront chacun 30 000 dollars, ont été choisis parmi
300 candidats initiaux et 25 finalistes. Le village d’Andavadoaka à Madagascar a
été récompensé pour la gestion d’une pêcherie de poulpe lui assurant des bénéfices
à long terme. Au Kenya, le « Shompole Community Trust » a été distingué pour sa
contribution à la conservation de la savane dans le cadre d’un projet commercial
d’écotourisme qui doit profiter à la population Masai locale. Au Guatemala, les femmes
de « Alimentos Nutri-Naturales » ont décroché le prix pour avoir réhabilité la noix Maya
comme produit alimentaire de base, préservant ainsi les forêts de noyers situées dans
une zone tampon adjacente à une réserve de biosphère. Les femmes de l’Association
« Blue Fish » de l’Île d’Isabella, une des Iles Galapagos (Equateur) (inscrites sur la
Liste du patrimoine mondial), ont été récompensées pour la commercialisation
d’un mets fin – le thon fumé au bois de goyavier – avec l’objectif de promouvoir
l’utilisation alternative des ressources marines et de lutter contre les espèces végétales
envahissantes. Le cinquième lauréat, Shidulai Swarnivar Sangstha, diffuse, grâce à
des centres de ressources éducatives basés sur des bateaux, des informations sur les
pratiques agricoles durables et les prix du marché à travers le delta du Gange.
http://www.undp.org/equatorinitiative/
Cette année, le Prix Sasakawa 2007 du PNUE est allé à deux lauréats : Jeunesse Park d’Afrique du Sud,
Directeur général de « Food and Trees for Africa » (FTFA), et l’ONG Shidhulai Swanirvar Sangstha (SSS) du
Bangladesh. Il couronne leur action dans le domaine du changement climatique, le thème du prix cette
année. Jeunesse Park a notamment été récompensé pour l’invention d’une calculatrice permettant de
mesurer le taux de carbone, premier instrument sud-africain de ce type capable de fournir une estimation
très précise de l’« empreinte carbone ». L’ONG SSS a reçu le prix pour plusieurs activités : conception de
pompes à vélo réduisant les émissions de CO2, systèmes solaires domestiques portables et sensibilisation
de communautés isolées aux problèmes écologiques grâce à des bibliothèques et des centres de formation
au Bangladesh. Le Prix Sasakawa est décerné annuellement et doté de 200 000 dollars, une somme qui
sera partagée cette année par les co-lauréats. La cérémonie de remise se tiendra en octobre à New York.
L’événement avait été annoncé comme
le plus grand spectacle musical de tous
les temps. Il a duré au total 70 heures, a
couvert 120 territoires sur sept continents et,
pendant 24 heures, a rassemblé 1 million de
spectateurs et a été vu en ligne par 8 millions
de personnes. Lancés par Al Gore, ex-VicePrésident des Etats-Unis, les concerts avaient
pour but de déclencher un mouvement
mondial de lutte contre la crise climatique.
Les bénéfices réalisés par « Live Earth »
permettront de jeter les bases d’un nouvel
effort mondial contre la modification du
climat, sous la direction de l’Alliance pour la
protection du climat, présidée par Al Gore.
http://www.liveearth.org/
24
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Avec son programme de prix, la « Banksia Environmental Foundation » cherche
à mieux faire connaître les problèmes environnementaux auxquels l’Australie
se trouve actuellement confrontée et à récompenser des initiatives ayant valeur
d’encouragement et d’exemple. En 2007, les 53 finalistes retenus dans le cadre
de 11 prix ont été des petites et moyennes entreprises, des particuliers et des
administrations publiques. Le prix « Origin Gold Banksia Award » est allé à
une banque, Westpac, qui s’est particulièrement distinguée dans le domaine de
la viabilité d’entreprise. Cette haute récompense est décernée à la « crème » des
lauréats de chaque « Banksia Category Award » (voir dans People la section «
Banksia International Environmental Award »). http://www.banksiafdn.com/
La fondation « Foundation For the Future » a
attribué le prix « Kistler » 2007 à un généticien,
le Dr Spencer Wells. D’une valeur de 100 000
$, celui-ci récompense des travaux originaux
contribuant à mieux faire connaître et comprendre
la relation entre le génome humain et la société.
Le Dr Wells se voit ainsi distingué pour une série
d’études dans le domaine de la génétique des
populations, qui ont culminé dans la conception et
l’actuelle mise en œuvre du Projet génographique
d’IBM financé par la National Geographic Society,
qui doit permettre de cartographier le parcours
génétique de l’humanité dans le peuplement
de la planète. Le Dr Wells, qui dirige le projet,
recevra officiellement cette somme d’argent
ainsi qu’un médaillon en or de 180 grammes lors
d’une cérémonie à Washington (Etats-Unis) le 20
septembre. www.futurefoundation.org
Cette année, la Semaine mondiale de l’eau a pour thème « Progrès et
perspectives dans le domaine de l’eau : Lutter pour la durabilité dans un
monde en changement ». Organisée par le SIWI (Stockholm International
Water Institute), cette manifestation est le principal rendez-vous mondial
annuel consacré au renforcement des capacités, à la constitution de
partenariats et au suivi en matière de mise en œuvre de processus et
programmes internationaux sur l’eau et le développement. L’eau est souvent
au coeur même des questions climatiques, qui occupent cette année le devant
de la scène. L’un des premiers symptômes d’une modification du climat est
une altération de la disponibilité de l’eau. www.worldwaterweek.org
Journée mondiale de la mer, 2007 – 27 septembre. Le thème adopté
pour cette année est la « réponse de l’OMI aux défis environnementaux
actuels ». Cela donne à l’OMI l’occasion de se pencher sur son action
environnementale passée et présente et d’intensifier ses efforts de
protection et de préservation de l’environnement avant qu’il ne soit trop tard.
World Maritime Day
Ozone et environnement: Liens utiles
Les liens proposés vers des sites gouvernementaux, d’organisations
internationales et non-gouvernementales, d’entreprises, de médias et d’autres
groupes du monde entier vous aideront dans vos recherches sur l’ozone et
l’environnement. Nous les avons rassemblés après avoir passé en revue la vaste
somme d’informations disponibles sur Internet, afin que vous puissiez avoir
accès aux sources qui vous seront les plus utiles. Le magazine « Notre Planète »
ne souscrit pas pour autant aux points de vue des groupes auxquels il renvoie et
ne garantit pas l’exactitude de l’information publiée sur ces sites. Notre intention
est plutôt de vous présenter une large diversité d’opinions et perspectives.
Il faut savoir que
www
www.unep.org
Le PNUE en chinois www.unep.org/Chinese - En juillet, le PNUE a lancé une version remaniée de sa page d’accueil en langue chinoise. Celle-ci
donne accès à toute une série d’informations sur le Programme et les questions d’environnement qui le concernent. Les principaux sites qui intéressent
particulièrement la communauté sinophone sont en cours de traduction, notamment les rubriques Journée mondiale de l’environnement, A propos
du PNUE, Changement climatique, Questions urbaines, Sport et environnement, La Campagne pour un milliard d’arbres.
Kit de ressources du PNUE www.unep.org/tools/ - Ce kit regroupe les lignes directrices et les ressources du PNUE destinées aux gouvernements,
aux responsables politiques ainsi qu’à la société civile, au secteur privé et au grand public. Il contient entre autres des directives techniques, des CD
ROMs, des manuels de formateur, des bases de données, des centres d’échange d’informations, des publications et divers outils pratiques.
Site du PNUE sur les connaissances locales www.unep.org/ik - Cette base de données sur les méthodes locales africaines de gestion et de
prédiction des catastrophes naturelles s’appuie sur des recherches menées au Kenya, en Tanzanie, au Swaziland et en Afrique du Sud. Elle s’articule
autour de quatre thèmes : conservation de la nature, gestion des catastrophes naturelles, réduction de la pauvreté et pratiques médicales traditionnelles.
Le site cherche à encourager l’utilisation du vaste répertoire de connaissances locales existant dans l’élaboration de projets et de politiques.
www.unep.org/themes/ozone/
Ce site consacré à l’ozone présente les principales activités du PNUE sur la
reconstitution de la couche d’ozone et fournit des liens vers les partenaires du Programme.
http://ozone.unep.org/
Le Secrétariat de l’ozone donne ici des informations sur la Convention de Vienne pour la protection de la couche
d’ozone (1985) et le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone (1987).
http://www.gefweb.org/default.aspx
TLe Fonds pour l’environnement mondial (FEM), en partenariat avec le Protocole de Montréal, finance des
projets permettant à la Fédération de Russie et aux pays d’Europe orientale et d’Asie centrale d’abandonner
progressivement les produits chimiques destructeurs d’ozone.
www.uneptie.org/ozonaction/
Le Programme OzonAction du PNUE aide les pays en développement et les pays à économie en transition à
respecter les dispositions du Protocole de Montréal et à s’y conformer durablement.
www.unep.org/tools/
Le Kit de ressources du PNUE contient une documentation très variée sur l’ozone, notamment des outils pour les
responsables nationaux de l’ozone, les agriculteurs, les enseignants, les agents des douanes et les petites entreprises.
www.ozzyozone.org/
Dans ce site pour enfants, le PNUE cherche à faire prendre conscience des problèmes et des risques liés à l’ozone.
http://www.unep.fr/ozonaction/networks/index.htm
Information sur les activités du réseautage se rapportant à l’élimination progressive des substances
appauvrissant la couche d’ozone et à d’autres questions connexes entreprises par les réseaux régionaux de
services nationaux de l’ozone.
www.atm.ch.cam.ac.uk/tour/
L’ « Ozone Hole Tour » du Centre de science atmosphérique de l’Université de Cambridge donne un aperçu
général de ce qu’est la couche d’ozone et le trou qui s’y est développé au-dessus de l’Antarctique.
www.multilateralfund.org/
Ce site est consacré au Fonds multilatéral, qui aide les pays en développement à respecter les mesures de
réglementation du Protocole de Montréal auquel ils ont adhéré.
www.unido.org/
L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel est l’un des quatre organismes chargés
de la mise en application du Protocole de Montréal. Elle décrit dans son site les objectifs et les résultats de
l’élimination des substances nocives pour l’ozone ainsi que la stratégie à adopter y parvenir.
www.eea.europa.eu/maps/ozone/welcome
Ce site présente une carte de l’Europe qui permet de visualiser les niveaux de pollution à des endroits
déterminés. Il explique en outre ce qu’est l’ozone, décrit les effets de la pollution sur la santé et préconise
certaines mesures individuelles pour réduire la pollution.
www.nasa.gov/vision/earth/environment/ozone_resource_page.html
Les scientifiques de la NASA et de la « National Oceanic and Atmospheric Administration » (NOAA) rendent
compte de l’état de la couche d’ozone et des dommages qu’elle a subis.
www.niehs.nih.gov/oc/factsheets/ozone/home.htm
« Ici au niveau zéro, le gaz d’ozone s’accumule en quantités excessives – mais dans la stratosphère, la couche est
trouée … comme des verres de lunettes solaires très abîmés » explique cette fiche d’information « Alerte ozone ».
en chinois
http://zhidao.baidu.com/question/27460501.html?si=2
Pour en savoir plus sur la façon dont s’est formé le trou dans la couche d’ozone.
www.jl2sy.cn/xssq/hbsn/green/gala/chouy.htm
La Journée internationale de la protection de la couche d’ozone est célébrée chaque année en septembre.
On trouve sur ce site tous les détails sur cette journée spéciale.
http://solvent.ozone.org.cn/shownews.asp?id=80
Si vous cherchez des informations sur la couche d’ozone, ce site Internet en offre à foison.
www.edu.cn/20010101/21144.shtml
Comment réparer le trou dans la couche d’ozone ? Des experts de l’Académie chinoise des sciences peuvent
vous aider à répondre à cette question.
www.china.org.cn/chinese/huanjing/588767.htm
De nombreuses activités sont organisées en Chine à l’occasion de la Journée internationale de la protection
de la couche d’ozone. Le Gouvernement chinois invite la population à protéger l’environnement du mieux
qu’elle peut.
www.ucsusa.org/global_warming/science/faq-about-ozone-depletion-and-the-ozone-hole.html
L’« Union of Concerned Scientists » répond aux questions fréquemment posées sur l’érosion de la couche d’ozone
et le trou de l’ozone.
www.epa.gov/
Ce site donne des informations sur la couche d’ozone et les conséquences sanitaires de son appauvrissement
ainsi que des conseils précieux sur les moyens de se protéger des rayons ultraviolets.
blogs
http://www.uneptie.org/Ozonaction/blog.htm
Ce blog a été rédigé, à titre personnel, par Rajendra Shende, Responsable du Programme OzonAction.
http://www.mongabay.com/news-index/ozone_layer1.html
Mongabay cherche à susciter notre intérêt pour les zones de nature et la faune et la flore sauvages et à nous
les faire apprécier davantage, tout en examinant l’impact des récentes évolutions climatiques, technologiques,
économiques et financières sur la conservation et le développement. Le blog sur la couche d’ozone est
régulièrement mis à jour.
http://artsbeat.blogs.nytimes.com/2007/07/07/live-earth-drugs-love-and-the-ozone-layer/
Terre vivante: la drogue, l’amour et maintenant…la couche d’ozone ? Un blog hébergé par le New York Times.
NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
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produits
Energie propre
Vols à basse altitude
H-Racer and Hydrogen Station Set est
beaucoup plus qu’un jouet. Cette petite voiture
de course avec sa station d’hydrogène laisse
entrevoir au consommateur ce que pourraient
être les moyens de transport du futur : propres,
écologiquement durables et fonctionnant à
l’hydrogène, une énergie renouvelable. HRacer est la version miniature de ce que l’on est
en train de mettre au point dans les voitures
grandeur nature. Elue meilleure invention
2006 par Time Magazine, elle s’avère être un
véritable succès commercial et continue de
remporter des prix prestigieux, récompensant
l’originalité de sa conception ou son intérêt
pour les consommateurs. La voiture fonctionne
avec un carburant 100 % propre produit par
un poste de ravitaillement solaire miniature
qui convertit l’eau en hydrogène. Non toxique,
renouvelable et propre, l’hydrogène est
l’élément le plus abondant dans notre univers.
Comme il n’y a aucune combustion à l’intérieur
d’une pile à hydrogène, il ne s’échappe de ce
type de voiture que de l’eau pure.
Aer Arann, la compagnie aérienne régionale qui
enregistre la plus forte expansion actuellement,
va moderniser sa flotte au cours des cinq prochaines
années. Pour ses vols entre le Royaume- Uni,
l’Irlande et le nord de la France, elle a choisi des
avions ATR 72-500 de nouvelle génération. La
compagnie reste ainsi fidèle aux turbopropulseurs,
préférés aux turboréacteurs car ils permettent de
voler à plus basse altitude, n’affectent ni la couche
d’ozone ni la couche supérieure de l’atmosphère,
consomment moins de carburant et ont une
empreinte de bruit nettement plus réduite.
Quelques chiffres : un appareil à turbopropulseur
comme un ATR-72-500 d’Aer Arann émet 20
% moins de CO2 par passager/km qu’un avion
à réaction récent; l’ATR produit 3 fois moins de
protoxydes d’azote par passager qu’une voiture et
40 % de moins qu’un train; et un ATR 72 consomme
sur une distance typique de 370 km autant de
carburant qu’un Boeing 747 roulant sur la piste
pendant 10 minutes.
www.aerarran.com
www.horizonfuelcell.com.
Toyota Prius hybrides
Google et Pacific Gas & Electric ont dévoilé leur vision d’un monde où
voitures et camions seraient partiellement alimentés par les réseaux
électriques nationaux et vice versa. En juillet, ces entreprises ont
présenté six véhicules hybrides Toyota Prius et Ford Escape modifiés pour
pouvoir être branchés sur le secteur et consommant 3 litres aux 100 km,
près de deux fois moins qu’un véhicule hybride normal. Un des véhicules
a également été modifié pour permettre la restitution d’énergie à
la compagnie d’électricité. Cette expérience tout à fait originale fait
franchir une nouvelle étape à la voiture hybride, aujourd’hui répandue
sur les routes américaines, en l’équipant d’une batterie supplémentaire
capable d’emmagasiner l’énergie produite et distribuée par une
compagnie d’électricité. Attendue avec impatience par les experts et
environnementalistes, cette technologie n’est pas commercialisable
actuellement à cause de la durabilité encore insuffisante des
accumulateurs supplémentaires. Un véhicule hybride qui se branche sur
le secteur permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone et les
gaz générateurs de smog. Selon les experts, il peut parcourir 5 à 6 km
avec un kilowattheure.
Réduire les émissions de carbone
Des spécialistes de la télécommande universelle
nous livrent une nouveauté technologique très
intéressante, baptisée One for All (Un pour tous), qui
permet d’éteindre ses appareils audiovisuels avec
la télécommande sans les mettre en mode veille,
générateur d’émissions de carbone.Utilisés ensemble,
les systèmes One For All Light Control et Kameleon
Generation III commandent le téléviseur, la chaîne
hi-fi, le lecteur de DVD, les décodeurs et même
les lumières. Selon le vice-président de Product
Development and Planning à One For All, Jacques
Mathijsen, « en Grande-Bretagne, un ménage moyen
maintient en permanence jusqu’à 12 appareils en
veille ou en charge, utilisant grosso modo l’électricité
produite par deux centrales électriques et 800 000
tonnes de carbone chaque année « [1]. « Bien que
nous soyons de plus en plus conscients de notre
empreinte de carbone personnelle, il nous est
souvent difficile de renoncer à l’habitude du mode
veille. Cette nouvelle télécommande très simple
permet d’éteindre tous les appareils en appuyant
sur un seul bouton et évite ainsi un gaspillage
d’énergie. »
www.oneforallkameleon.com
Google’s Energy Initiatives: www.google.com
Relax
Ferme flottante
`Relax’ est le premier complexe de piscines au monde doté
d’un système géothermal fonctionnant à l’énergie solaire et
ne produisant pas d’émissions de carbone. Il a été inauguré
en juin dernier dans l’enceinte du gigantesque complexe
aquatique, hôtelier et de loisirs AquaCity Resort, à Poprad,
dans le nord de la Slovaquie. Les luxueux bassins sont
abrités par une structure en acier, verre et bois de 12 m de
haut aux formes stylisées. L’électricité provient des cellules
photovoltaïques de la façade et le système de chauffage,
l’eau des piscines et les douches sont alimentés avec une eau
géothermale. Cet aménagement est conforme à la politique
de respect de l’environnement d’AquaticCity Resort. Les
économies d’émissions de carbone pour l’ensemble du
complexe peuvent atteindre 30 000 kg par jour, par rapport
à une station de montagne de taille similaire. Le site est
quasiment autonome en énergie, produisant 80 % de ses
besoins en électricité et alimentant ses multiples piscines et
son parc aquatique avec une eau géothermale pompée dans
un vaste lac souterrain. En 2006, AquaCity a ainsi permis
une économie de 2,5 millions d’euros par rapport à des
coûts énergétiques conventionnels.
La Science Barge (péniche de la science) est une ferme urbaine durable. Les cultures
urbaines permettent de réduire la pollution engendrée par l’agriculture et les transports
conventionnels et en même temps d’accroître l’expansion des technologies durables,
notamment de l’énergie solaire et éolienne. Au coeur de cette péniche se trouve une
serre hydroponique en circuit fermé. Les plantes sont irriguées avec de l’eau de pluie
et des eaux fluviales dessalées. Il n’y a pas d’émission nette de carbone ni de flux de
déchets. Les légumes occupent sept fois moins d’espace et utilisent quatre fois moins
d’eau que dans une exploitation conventionnelle. Amarrée à l’embarcadère 84 de
Hudson River Park, la Science Barge propose aux New-Yorkais une nouvelle approche
de la durabilité en démontrant qu’il est possible de produire des cultures locales à zéro
émission nette. Des villes comme New York pourraient exploiter l’espace inutilisé au
sommet des immeubles en y cultivant des légumes selon la méthode présentée sur la
péniche. Rien qu’à New York, l’espace des toits non ombragés représente 5 000 hectares.
http://nysunworks.org/
www.aquacityresort.com
Des jardins sur les toits
Pas assez d’espaces verts dans votre ville? Pourquoi ne pas installer un jardin
sur votre toit? La firme allemande Zinco s’impose depuis longtemps comme
l’un des leaders mondiaux de l’aménagement de toits. Son nouveau milieu
de culture Zupermix –- composé de briques ou tuiles recyclées mélangées à
des matériaux volcaniques – offre une surface de plantation parfaite avec un
apport d’éléments nutritifs, une aération et une rétention d’eau adéquats
permettant d’installer le jardin de son choix. A part l’attrait visuel de l’espace
vert, il y a aussi des avantages économiques et écologiques. Les toits de
verdure constituent une option intéressante, quelle que soit la superficie
aménagée : du petit garage à la grande surface industrielle. Outre la valeur
esthétique, le jardin augmente la durée de vie de la couche imperméabilisante
du bâtiment, mieux protégée des rayons ultraviolets, de la grêle et des écarts
de température extrêmes. De plus, le renforcement de l’isolation thermique se
traduit par des économies d’énergie. Enfin, les jardins de toit filtrent et fixent la
poussière et autres substances nocives présentes dans l’atmosphère urbaine et
améliorent le microclimat en rafraîchissant et humidifiant l’air environnant.
www.zinco.com Email: [email protected]
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NOTRE PLANETE EN CÉLÉBRATION DES 20 ANS DU PROTOCOLE DE MONTREÁL
Neneh Cherry
© Jean Pierre Amet/BelOmbra/Corbis
A Londres, au milieu du tourbillon de la circulation de Marble Arch se trouve un témoin du début de la campagne du monde du
spectacle en faveur de l’environnement. C’est un cerisier - qui, par une coïncidence on ne peut plus appropriée, a été planté par
la chanteuse, Neneh Cherry.
Les stars internationales se bousculent maintenant pour s’associer à la lutte contre le réchauffement de la planète. Certains,
comme Leonardo di Caprio et Cameron Diaz, sont au nombre des plus fervents défenseurs de l’environnement dans le
monde mais beaucoup prennent des mesures pour réduire leur empreinte personnelle de carbone et réclament un
changement comme en ont témoigné les concerts donnés dans le monde entier cet été pour une Terre vivante.
Mais, comme Cherry l’a dit à Notre Planète, « c’était il y a très, très longtemps ». Cet arbre a été planté pour
marquer le lancement de la première campagne de réduction des émissions de dioxyde de carbone, Forêts
de demain. Et elle a commencé à y participer lorsqu’elle a rencontré son initiateur, Dan Morrell, autour
d’un feu de camp dans un « champ très, très boueux » au festival de musique en plein air de Glastonbury.
« J’ai vraiment été séduite par l’idée géniale de planter la quantité d’arbres nécessaires pour absorber
nos déchets », dit-elle. « C’était très direct, très simple et très pragmatique – quelque chose que tout
le monde pouvait comprendre ».
Elle a présenté Morrell à d’autres vedettes dont Neil Tennant du Pet Shop Boys et ceci a eu un «
effet domino », les autres voulant aussi participer. Cherry et les Pet Shop Boys ont commencé
à annuler leurs tournées et, en trois ans, ils avaient réussi à produire 1,5 million de CD sans
carbone. D’autres groupes – notamment The Levellers, Pulp, Pink Floyd et Atomic Kitten –
n’ont pas tardé à se joindre à eux.
Neneh Marianne Karlsson Cherry est née il y a 43 ans à Stockholm d’un père sierra léonnais,
le percussionniste Amahdu Jah, et d’une mère suédoise, Monika Karlsson, artiste-peintre sur
textile connue. Sa mère a épousé le célèbre trompettiste de jazz, Don Cherry , et Neneh a
grandi à New York et dans la petite ville de Hässleholm en Suède.
Elle fait remonter son intérêt pour l’environnement à cette époque. « J’ai toujours eu l’impression
que j’appartiens à la campagne suédoise. J’ai vu pousser les arbres autour de moi.
Ceux qui étaient plus petits que moi sont maintenant plus grands et ceux qui
étaient déjà plus grands que moi maintenant me dominent. Il y en a beaucoup
qui ont été abattus et, parfois, cela m’a presque fendu le cœur ».
Elle a abandonné l’école à l’âge de 14 ans pour aller à Londres
commencer sa carrière musicale. Sa famille est imprégnée
de musique. Son demi-frère, Eagle-Eye Cherry, est aussi un
musicien bien connu; sa sœur, Titiyo Jah, est une chanteuse
suédoise réputée et elle est mariée avec le producteur
Cameron McVey.
Neneh Cherry est une fervente sympathisante des
Nations Unies et elle a également embrassé la cause
du SIDA – en aidant à produire très tôt un album
pour sensibiliser le public – et celle de la lutte
contre le paludisme en s’associant au chanteur
et ambassadeur itinérant de l’UNICEF, Youssou
N’Dour, à l’occasion du concert « Tous unis
contre le paludisme », donné à Genève il y
a deux ans. « Si, en ma qualité d’artiste, je
peux attirer l’attention sur un problème,
j’estime qu’il est de ma responsabilité
en tant qu’être humain de faire
ce que je peux »dit-elle. Et elle
est convaincue que la chance
commence à tourner. « Par le
passé, il n’y avait pas assez
de gens qui s’inquiétaient
de ce qui arrivait à
l ’e n v i r o n n e m e n t .
Mais
on
dirait
que le monde
commence enfin
à se réveiller ».
www.unep.org/ourplanet