Dip!. Ing. Maurice Koechlin und der Eiffelturm - ETH E

Transcription

Dip!. Ing. Maurice Koechlin und der Eiffelturm - ETH E
Schriftenreihe der ETH-Bibliothek, 27
Dip!. Ing.
Maurice Koechlin
und der
Eiffelturm
Zürich: ETH-Bibliothek 1990
Schriftenreihe der ETH-Bib1iothek, 27
Dip 1. I n g.
Mau r i c e
und
K 0 e chI i n
der
Ei f f e 1 t u r m
Zürich: ETH-Bib1iothek 1990
Vor
W0
rt
1989 gedachte Frankreich nicht nur der Revolution, die vor 200
Jahren so folgenreich begonnen hatte, sondern auch der grossen
"Exposition Universelle" von 1889, deren unübersehbares Wahrzeichen der Eiffelturm war. Wohl nicht nur zufällig kam die
Idee zu diesem eisernen Riesenmonument einem Ingenieur, der
unter Car1 Cu1mann am Eidgenössischen Polytechnikum zu Zürich
studiert hatte: dem Elsässer Maurice Koechlin (1856 - 1946).
Die um Basel und Mulhouse verbreitete, in vielen Vertretern
wirtschaftlich rührige Sippe stammte übrigens aus dem Kanton
Zürich - dessen Bürgerrecht unser Ingenieur 1876
städtischen und dem schweizerischen) "zurückerwarb".
(mit dem
Zwei Zeugnisse (u.a.) halten Koechlins "Erfindung" fest: ein
"Premier croquis de la tour" vom 6.Juni 1884 (75:53 cm) und
eine "Note de calcul et metre sommaire" (9 S., undatiert, aber
wohl ziemlich gleichzeitig mit der Skizze entstanden). Diese
schenkten die Nachkommen 1950 der ETH, deren Bibliothek sie
heute hütet, während die Berechnung sich noch in Familienbesitz befindet. Die ETH rief diese Beziehungen in Erinnerung
durch ein Ingenieurkolloquium: Am 25.Mai umriss der Historiker
Professor Dr. Jean-Fran90is Bergier "L'ombre economique et
sociale de la Tour Eiffel", während Professor Dr. Pierre
Dubas den "Beitrag von Maurice Koechlin zur Entwicklung der
Stahlbauweise" beleuchtete. Auch fanden zwei kleine einschlägige Ausstellungen statt, und im ETH-Bulletin vom Mai 1989
wies Frau Madeleine Fabre-Koechlin,
eurs, auf "le premier dessin" hin.
Das vorliegende
eine Enkelin
des Ingeni-
Heft fasst die gesprochenen und schriftlichen
Beiträge pro memoria zusammen.
Beat Glaus
I n haI t s ver z eie h n i s
Seite
Jean-Fran90is Bergier
L'ombre de 1a Tour Eiffe1
La Tour temoin
Le sens politique
Le signe economique
Le temoin social
L'esprit de la Tour
Une morale de la Tour Eiffel?
10
12
Gustave Eiffe1 (1832-1923): Kurzbiographie
14
Maurice Koech1in (1856-1946): Kurzbiographie
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Madeleine Fabre-Koech1in
Le permier dessin
18
Pierre Dubas
Der Beitrag des ETH-Ingenieurs und Eiffe1turmKonstrukteurs Maurice Koech1in zur Entwicklung
der Stahlbauweise
24
1. Der Beginn des Einsenbrückenbaus im
19. Jahrhundert
2. Die ersten Brücken der Firma G.Eiffel
3. Der Garabit-Viadukt bei Saint-Flour
4. Das Buch "Applications de 1a statique
graphique" von M.Koechlin
5. Erster Entwurf für den 300-Meter-Turm
6. Ueberarbeitung des Entwurfes und
ausgeführte Turmkonstruktion
7. Montage des Turmes und Schlussbemerkungen
Literaturangaben
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Jean-Fran90is Bergier
L' 0 mb r e d e 1 a T0 u r Ei f f e 1
La Tour temoin
11 faut beaucoup d'aplomb pour disserter sur un monument
aussi vertigineux, et aussi memorable, que la Tour Eiffel.
Et l'historien se sent devant elle comme le commun des
touristes, tres petit, etonne par le mystere d'equilibre
que sa silhouette recele, stupefait par l'ingeniosite de
ceux qui en con9urent le projet et par l'habilite des
equipes d'ouvriers qui, en un temps record et sans accident
grave, surent agencer et boulonner pareille denteIle de
poutres et de traverses. Mais c'est la singularite, et sans
aucun doute le privilege de l'historien que le destin a
conduit ä l'Ecole Polytechnique Federale et donc plonge
dans un milieu d'ingenieurs, d'avoir ä se montrer polyvalent. Et d'avoir ä comprendre les structures et le sens
de ces prouesses techniques qui, durablement, etonnent et
fascinent le monde.
La Tour est assurement l'une de ces prouesses. La voici
aujourd'hui centenaire: c'est une tres vieille dame. Qui
n'a cependant rien perdu de sa taille elancee, de son
elegance, de sa force de seduction. Le siecle qu'elle a
traverse, ou qu'elle a domine, a ete pourtant fertile en
evenements mena9ants pour elle, ou propres ä la deconsiderer. Nos gouts et nos perceptions de l'environnement const~uit ont evolue considerablement
et se sont eloignes de
l'esthetique dont temoigne la Tour. Le progres multiforme
des sciences de la construction et des materiaux utilisables a propose ä notre etonnement comme ä notre commodite
bien d'autres realisations, fort differentes, plus complexes, non moins audacieuses. Mais la Tour demeure, ä son
äge, et dans l'esprit du public profane, une performance
technique qui parait tenir du miracle, un monument unique
de symbolisme urbain. Au point que nous la croirions plus
vieille encore, tant il nous est devenu difficile d'imaginer le paysage de Paris sans elle.
C'est qu'au fil des cent ans qui l'ont imposee ä la vue et
ä la memoire, le sens s'est peu ä peu perdu que la Tour
Eiffel revetit, volontairement ou non, lors de son erection. C'est ä se sens que je voudrais m'arreter dans ces
pages, c'est ä dire aux intentions avouees et aux messages
cryptes que ses constructeurs, et toute leur epoque, firent
porter ä la Tour. Laissons donc la performance technique
que represente la Tour Eiffel, pour nous pencher ici sur
l'ombre dont elle couvrit un univers politique, economique,
social et moral dont elle fut elle-meme le produit
et
I 'expression.
2
La Tour fut construite en 1889 pour constituer l'attraction
majeure de l'Exposition universelle organisee sur les bords
de la Seine. Cette manifestation grandiose entendait mettre
en evidence la phase recente du progres technique; elle y
reussit en attirant un immense public ahuri de ce qu'il decouvrait de pavillon en pavillon, notamment la Galerie des
Machines (Contamin et Dutert), le plus grand hall jamais
construit jusqu'alors (bätiment helas detruit en 1910):
l'Exposition de 89 fut ä tous egards celle des records!
Mais elle entendait encore attirer l'attention et les visiteurs du monde entier sur la France l'annee ou celle-ci
celebrait le premier centenaire de sa Revolution de 1789
(on sait que le projet d'une demonstration de meme sorte en
1989 a du etre abandonne pour des raisons avant tout politiques: l'opposition de Frangois Mitterand, president de
la Republique et de son rival Jacques Chirac,
Maire de
Paris ... ). En 1889, le monument dresse au centre de
l'Exposition etait congu
-et fut en effet regu- comme
l'embleme d'un pays: la France y affirmait ä la fois sa
modernite politique, produit de la Revolution, sa qualite
de grande Puissance mondiale, ä laquelle elle pouvait en
effet pretendre alors, et son succes de grande nation industrielle. La Tour entendait marquer d'un signe triomphal
un pays, et toute une societe acquise sans reserve - mais
en meme temps etroitement soumise - ä l'idee de Progres.
Progres dans tous les sens: celui d'une economie industrielle effectivement triomphante; celui des connaissances
scientifiques et techniques que le positivisme intellectuel
tenait ä l'abri des doutes et des scrupules; celui des arts
et des lettres, dont Paris continuait d'etre la metropole.
La Tour fut cet embleme du Progres. Mais elle fut aussi
acte politique, colonne porteuse de l'idee et de l'esprit
republicain qu'il s'agissait encore d'imposer ä la France
profonde. Elle fut encore demonstration sociale, c'est ä
dire celle du triomphe de la bourgeoisie industrielle,
commergante et financiere. La Tour, avec le recul que nous
avons, apparait bien aujourd'hui comme la signature d'un
systeme de societe, le capitalisme; et comme le temoin d'un
temps si conquerant, si sur de lui qu'on a pu l'appeler, se
fiant aux apparences, la "Belle Epoque".
De sorte que cette construction spectaculaire par sa taille, son audace et sa rapidite de realisation est loin
d'avoir ete une innocente performance. Demonstration d'un
savoir-faire de pointe (que suggere sa forme), elle est
surtout arme de combat. On sait que l'entreprise, ä l'epoque, ne fut pas accueillie par un concert unanime d'eloges
et dans la satisfaction generale. Les jugements critiques
jaillirent sous la plume d'artistes et d'ecrivains renommes
(Gounod, Verlaine, Maupassant et d'autres) et agiterent
divers milieux, elitaires mais de sensibilites diverses,
soucieux de voir defiguree l'image culturelle de Paris.
Cette construction pouvait se fonder sur le doute technologique, le rejet esthetique, la peur d'un urbanisme bouleverse. Mais les vrais criteres du debat d'opinion qui eut
3
Ceremonie commemorative de la Federation de 1790, dans la
Galerie des Machines
L'Exposition universelle de Paris, commemorative et emblematique, accueillit ses visiteurs en 1889. Mais c'est l'annee
suivante que fut instituee et celebree pour la premiere fois
la Fete nationale du 14 juillet, en echo a la grande Fete de
la Federation de 1790 (et non pas directement a la prise de
la Bastille). Illustration de presse du Monde Illustre, 19
juil1et 1890
4
lieu dans la presse, les salons, sur les boulevards, et
dans les couloirs du Parlement furent de nature politique
et sociale. En somme, la Tour a cristallise dans ses poutres metalliques tensions et contradictions de sa generation.
Le sens politique
En 1889, la France en etait dejä ä sa Troisieme Republique,
mais celle-ci etait encore ä peine adolescente, et donc peu
süre d'elle. En un siecle, ce pays - et l'Europe dans son
sillage - avait traverse une singuliere succession de
bouleversements, en contraste avec la stabilite multiseculaire de cet Ancien Regime auquel la Revolution de 1789
avait mis fin sans trop savoir par quoi le remplacer. Une
succession de regimes plus ou moins ephemeres: la I-ere
Republique, 1792-1799, avec sa Terreur et ses tät2nnements
constitutionnels; le Consulat, 1800-1804; le I r Empire
napoleonien, 1804-1814 et l'appendice des Cents-Jours en
1815; la Restauration roygliste, 1815-1830; la Monarchie de
Juillet, 1830-1848; la 11 Republique, 1848-1852; le Second
Empire, effondre dans la defaite de 1870-1871 et l'effervescence de la Commune: autant d'hesitations, de paris
tantöt sur l'avenir, tantöt sur le passe, qui avaient
induit une profonde mutation des institutions, de toute la
societe civile et de l'esprit qui les animait. L'alternance
rapide de regimes tantöt autoritaires, tantöt monarchistesparlementaires, tantöt republicains avait excite durablement les passions politiques; mais elle avait aussi cree
l'incertitude sur la nature meme du gouvernement et suscite
le desarroi de la France profonde.
Oe sorte qu'au regne de Napoleon 111, ä la perte de l'Alsace-Lorraine, ä la repression severe de la Commune de
Paris succeda une situation passablement confuse. La France
hesita quelques annees entre une nouvelle restauration
monarchiste ou une nouvelle republique. Et c'est un peu par
hasard que cette derniere s'imposa, en 1873, au gre d'un
vote d'un parlement provisoire, puis de lois constitutionnelles chaudement debattues. Seize ans plus tard - en 1889cette republique surnageait tant bien que mal, mais elle
etait loin d'etre assuree d'un avenir que des forces encore
puissantes s'activaient ä mettre en question. La nostalgie
des fastes de la royaute, entretenue par 1es milieux catholiques conservateurs alarmes par le programme de laYcite
des republicains, le prestige encore chaud de l'Empire (les
faibles ses du Second n'ayant point efface les grandeurs du
Premier): ces sentiments ne cessent d'inspirer de larges
couches de la population, dans la bourgeoisie traditionnelle et dans les campagnes. La securite et le bon ordre
garantis par un pouvoir autoritaire mais fidele aux traditions gardent leurs partisans. L'annee meme de l'Exposition
et de la Tour, un projet de coup d'Etat bonapartiste echoue
5
de justesse, moins gräce ä la vigilance des republicains
que par la pusillanimite du general Boulanger, heros que
les conjures avaient choisi en raison de sa popularite pour
prendre la tete de l'entreprise.
Rien n'est donc definitivement acquis, en 1889, pour cette
III e Republique fragile de l'echec de ses deux devancieres
et d'un consensus national qui lui fait encore defaut. Ses
partisans momentanement au pouvoir savent qu'ils doivent
tout mettre en oeuvre pour gagner ce consensus, c'est ä
dire pour convaincre les Fran9ais d'adherer dans leur
majorite au systeme politique qu' ils defendent - republicain et parlementaire (gouvernement d'assemblee), dont
il n'existe alors aucun precedent viable depuis la republique romaine, ni aucun autre exemple parmi les grandes
nations d'Europe.
Dans cette grande bataille des esprits, le centenaire de la
grande revolution devient ainsi un evenement-clef, un enjeu. 11 convient d'autant plus de le manipuler par une
celebration spectaculaire que, justement, cette revolution
semble aux uns inachevee, et aux autres une perversion de
l'histoire. Aux yeux des republicains qui l'organisent,
cette fete doit etre le point final exclamatif (que la
Tour, en effet, dessine dans le ciel de la capitale), et la
proclamation des valeurs revolutionnaires. Ou plutöt, d'une
de ces valeurs, que les circonstances evoquees obligent ä
privilegier: le principe meme de la republique. En quoi il
y a d'ailleurs abus de l'histoire. Car l'annee de reference
de cet anniversaire, 1789, n'a contenu en fait aucun message republicain. Nul encore, en France, lorsque furent
reunis les Etats-Generaux,
prise la Bastille,
ramene la
Cour ä Paris, n'avait songe un instant ä instituer une
"republique": l'idee, et la realite, naquirent des evenements precipites dans les mois qui suivirent, jusqu'ä
l'abolition de la royaute, le 21 septembre 1892. Mais peu
importa, cent ans plus tard, cette entorse ä la chronologie. 11 fallait celebrer le projet republicain en priorite,
en releguant ä l'arriere-plan et en occultant meme tout ä
fait l'idee, si peu actuelle dans l'Europe colonialiste de
la fin du XIX e siecle, des Droits de l'Homme (ce sera le
privilege du Bicentenaire, que nous venons de vivre, que de
remettre les pendules ä l'heure).
La Tour Eiffel a donc ete, en tout premier lieu, l'affirmation en France et ä la face du monde du principe republicain.
Le signe economique
La Tour vient se dresser au-dessus d'une capitale, d'un
pays, d'un continent (ou sa partie occidentale) en pleine
expansion economique, et plus particulierement en formidable developpement industriel.
6
La mise en roue des obligations a lots de Panama, en presence
des Administrateurs (Le Monde Illustre, 11 aout 1888).
Cette illustration polemique evoque les difficultes financieres
et les remous politiques de l'entreprise du Canal de Panama aux
abois. Pour attirer les souscriptions d'un emprunt des obligations
ä lots (primes tirees au sort) furent emises en ete
1888
sans succes: La compagnie sera mis en liquidation en
fevrier 1889, et le scandale (malversations multiples) eclata.
La roue symbolise ici ä la fois le monde industriel et la
fortune changeante de speculations financieres.
7
La "RAvolution industrielle", c'est ä dire la phase de
dAmarrage de la grande industrie mAcanisAe, concentrAe et
mobilisatrice d'une large force de travail, est achevAe
depuis une gAnAration ou davantage, en France comme en
Grande-Bretagne, en Belgique ou en Suisse. Ces pays sont
entrAs depuis les annAes 1850 (l'Angleterre des les annAes
30) dans une phase de consolidation de leur Aconomie industrielle et d'extension croissante de celle-ci ä de nouveaux secteurs de production. L'industrie conquArante de la
premiere moitiA du siecle, qui luttait pour sa place au
soleil, qui peinait ä convaincre les investisseurs de capitaux et qui suscitait encore la mAfiance des pouvoirs
publics, a fait place ä une industrie triomphante, qui
nIest plus contestAe dans son principe mais le devient dans
la forme Aconomique et sociale qu'elle a prise, celle du
capitalisme industriel que dAnoncent dAsormais les socialistes. D'abord rAalisAe dans les secteurs essentiels, mais
particuliers, du textile (filatures de coton) et des machines, l'industrialisation a peu ä peu gagnA toutes les
productions courantes de biens de production et de consommation. A l'heure de la Tour, elle a dAjä conquis une bonne
part du marchA des produits alimentaires, contribuant ainsi
ä faire disparaitre d'Europe le spectre de la famine, qui
avait encore sevi terriblement en 1845 - 47; elle est en
train de dAcouvrir la chimie. Elle s'est etendue aux domaines des transports (chemins de fer,
navigation ä vapeur;
bateaux frigorifiques; moteur ä explosion qui va inaugurer
l'ere de l'automobile), des telecommunications. Ses besoins
croissants d'energie l'ammenent ä trans former ce secteur
aussi; sans renoncer ni au charbon, ni ä l'Anergie hydraulique, elle adopte l'electricite; elle eclaire au gaz ses
usines, les rues et les immeubles des immenses agglomerations qu'elle a contribue ä faire naitre. L'industrie s'impose jusque dans l'agriculture, qui se mecanise (ä partir,
cette fois, des plaines d'Amerique). En Europe occidentale,
les annAes autour de 1889 marquent le debut du dAclin, en
nombres absolus, des effectifs de la population rurale, au
profit surtout du secteur industriel. En Suisse, les quelque 650'000 paysans de 1850 (environ 54% de la population
active) ne sont dejä plus que 475'089 (36,4%) lors du recensement fedAral de 1888. Pareille mutation, il est vrai,
est beaucoup plus lente au pays d'Eiffel: la France profonde va rester jusqu'en plein XXe siecle la plus rurale
des nations de l'Europe industrielle. Les 26,8 millions de
ruraux (actifs et leur familIe) en 1846, 75,6% de la population totale, sont encore 24,5 millions en 1881 (64,0 %),
22 millions en 1911 (55,8%). En proportion de la population
active,
les agriculteurs constituent 51% en 1872, 45% en
1896. A 1 'inverse, la Grande Bretagne connait le mouvement
le plus precipite: 25% seulement de paysans actifs en 1851
dejä ...
Ces donnAes, ä titre d'exemple, expriment la soudaine mobilitA des populations (facilitee d'une part par la commoditA
des deplacements, d'autre part par le developpement de
8
l'instruction publique); et en consequence, la tres forte
croissance urbaine en Europe (avec ses nuances: davantage
vouee par ses ressources aux industries legeres ou de
transformation, la Suisse n'a pas connu ce phenomene avec
la meme ampleur que ses partenaires).
Un pareil developpement, une pareille transformation de
toutes les conditions de la vie economique et sociale n'ont
pas manque de creer des difficultes ni de connaitre des
heurts, de traverser des crises, sectorielles ou generales.
La croissance
n'a pas ete lineaire ni harmonieuse, mais
saccadee; ella a suivi plusieurs rythmes a la fois, irreguliers et donc imprevisibles
meme si apres coup, les
economistes ont pu definir une certaine cadence des temps
de crise et en reconstituer le modele. 11 est evident que
l'offre et la demande interieures ou internationales n'ont
pu s'ajuster de maniere instantanee sur un marche sans
cesse desequilibre par la capacite d'achat des consommateurs et par la concurrence sans vergogne des entrepreneurs
industriels et commerciaux. Les mecanismes economiques et
institutionnels (legislation) de contr61e et de securite
n'etaient jamais en mesure d'anticiper sur les situations
aberrantes qui se creaient (ils lesont a peine davantage
aujourd'hui ... ). L'economie industrielle restait ainsi a la
merci des crises de surproduction, des goulots d'etranglement; ou a 1 'inverse, des obstacles technologiques, des
insuffisances de l'infrastructure, des gestions maladroites, de la speculation abusive, de la corruption et ainsi
de suite.
En outre, la modernisation acceleree et la multiplication
d'equipements industriels de plus en plus complexes et
coüteux exigea de tres gros investissements. Dans la phase
precedente d'industrialisation, les investissements avaient
ete relativement modestes et surtout rentables a court
terme, un an ou deux. Oe sorte que les entrepreneurs avises
disposaient rapidement de capitaux frais pour developper
leur affaire. Desormais, les delais de rendement s'allongent dangereusement, et les capitaux propres ne suffisent
en general plus, ou ne sont pas disponibles. C'est pour
resoudre cette equation que, dans les deux ou trois decennies qui precedent l'erection de la Tour Eiffel, des instituts de credit ont ete crees un peu partout, a l'echelle
nationale: ce sont les grandes banques d'affaires, qui
drainent l'epargne en la remunerant et la mettant au service des besoins de l'industrie en capitaux. Pourtant, une
seule generation des ces gros administrateurs de banques
n'a pas encore, en 1889, accumule assez d'experience ni
acquis assez de sagesse et de sens du long terme. Les gains
faciles de la speculation les entrainent dans des aventures
- dont les epargnants font les frais.
L'ombre de la Tour
couvre de sombres magouilles et son architecture est eclaboussee de scandales financiers. L'un des plus graves, dit
de Panama (des millions engloutis dans un canal qui fut a
peine ebauche et surtout detournes vers les poches de quel-
9
ques affairistes), eclate precisement pendant que la Tour
est en chantier. Faute de strategies solides, le marche
financier de la fin du XIX e siecle s'est revele pronfondement instable, tandis que les monnaies ne donnaient aucun
souci: l'inverse en somme d'aujourd'hui, ou le marche
financier est relativement ferme, mais le marche monetaire
en pleine anarchie ...
Des structures aussi fragiles et mouvantes ont ete tres
sensibles aux variations ä court ou moyen terme de la
conjoncture economique - elle-meme liee aux affrontements
politiques de l'epoque, en particulier la construction
concurrente d'empires coloniaux en Afrique et en Asie. On
pouvait craindre (ou esperer, selon le milieu social et
ideologique) ä chaque fois que ces structures ne fussent
emportees par les crises periodiques, plus ou moins graves,
qui les ebranlerent: en 1866, 1873, 1882-84, 1890-93, etc.
Dans un temps plus long, l'annee de la Tour se place vers
la fin d'une phase relative de depression (1870-1893), plus
sensible il est vrai dans le monde anglo-saxon qu'en Europe
continentale ou les industriels ont su faire preuve d'un
dynamisme regulateur et d'une gestion imaginative dont
l'Exposition de 1889 est precisement, en France, la manifestation.
Le temoin social
Orgueil d'une nation, symbole d'une societe, la Tour en
exprime aussi les contradictions et, dans son ombre, les
desillusions. Car la gigantesque mutation industrielle a
porte ses consequences sur toute la societe. Elle a creuse
entre ses privilegies et ses desherites des fosses plus
larges encore que ceux des societes pre-industrielles, et
beaucoup moins tolerables: nul besoin d'insister ici sur
les conditions d'existence faites aux travailleurs - salaires miserables, temps de travail demesures, hygiene et
conditions physiques du travail lamentables, et absence,
dans la regle, de toute securite sociale. Certes, ä long
terme, croissance quantitative et progres qualitatif profitent ä l'ensemble de la societe: on le voit ä la disparition des famines et des grandes epidemies, au recul de
certaines maladies (mais ä la montee de la tuberculose), ä
l'allongement de l'esperance de vie moyenne. Mais l'individu, l'ouvrier moins encore que les autres, n'en a guere
conscience. 11 constate l'ecart grandissant qui le separe
des autres, et il souffre, dans sa chair et dans sa dignite. Le paternalisme eclaire de quelques industriels plus
sensibles a pu panser parfois les plaies materielles de
leurs salaries, mais rarement les retablir dans leurs
droits d'hommes, de femmes ou d'enfants. En somme, la
societe s'est vue destabilisee par son propre progres. Avec
l'ecart des revenus, la difference des niveaux et des
espaces de vie (beaux quartiers distincts des quartiers
ouvriers), les tensions se sont exasperees. Elles se traduisent (surtout apres 1889) par des mouvements de greves,
parfois par des violences.
10
La masse ouvriere, d'ailleurs, prend -lentement- conscience de sa situation. Elle s'ouvre aux mouvements de solidarite horizontale qui se dessinent; elle regoit favorablement les messages ideologiques qui lui sont proposes et
dont une propagande adroite, souvent intelligente, simplifie et rend militantes les subtilites dialectiques: ä
l'ouvrier moyen, L e
C a p i t a l de Marx n'est pas
accessible en version originale ... Les travailleurs repondent avec ardeur aux projets d'organisation syndicale et
politique qui lui sont soumis par des socialismes aux teintes dejä les plus diverses, du cooperatisme ä l'anarchisme,
du syndicalisme professionnel et de la social-democratie
au marxisme revolutionnaire ...
La bourgeoisie
aggressee.
triomphante
est
en meme temps contestee,
L'esprit de la Tour
La Tour Eiffel est ainsi la marque de cette bourgeoisie
triomphante de 1889, comme l'avait ete pour celle de 1789
la forteresse de la Bastille - en sens inverse! La marque,
du meme coup, du capitalisme lui aussi triomphant avec
quelque arrogance, auquel cette bourgeoisie s'identifie. Et
encore, on l'a vue, l'etendard de l'idee republicaine,
puisque celle-ci est inherente ä l'ideologie liberale et
laYque de cette bourgeoisie. Le milieu qui s'est adjuge
d'abord le pouvoir economique, puis le pouvoir politique
-l'un restant caduc sans l'autre-, a ses vertus: sens du
devoir; gout du travail (qui n'est pas seulement celui des
autres, ceux dont la force est exploitee); sens de l'epargne active (ä la difference du "bas de laine" paysan);
audace dans 1 'entreprise, ä la limite du raisonnable et
parfois au-delä; foi dans l'education, l'instruction generale et professionnelle, mais avec assez peu encore, autour
de 1889, d'interet pour la culture et de gout artistique,
qui ne vont venir qu'ä la generation suivante. Ce milieu
bourgeois a ses hesitations - elles impregnent, en France,
la politique du temps qui n'a ni reine Victoria ni chancelier Bismarck pour la diriger. 11 a ses abus manifestes,
evoques tout ä l'heure, ses erreurs, ses mesquineries, sa
myopie economique et surtout sociale.
Dans la purete meme et dans l'audace de son architecture,
la Tour Eiffel exprime exactement l'esprit du temps, la
Belle Epoque, et du milieu de ses constructeurs. Elle en
exprime le dynamisme, et aussi ce puritanisme propre ä la
bourgeoisie contemporaine de la proverbiale souveraine
britannique. Un puritanisme dont les grands temoins litteraires de l'epoque, de Dickens (un peu plus tot) ä Zola
denoncent ä juste titre l'hypocrisie autant dans la vie
privee qu'en affaires. 11 n'en reste pas moins qu'un grand
nombre de ces cadres bourgeois ont reellement vecu une
11
Degas, L'Absinthe, 1876
C1asses 1aborieuses, c1asses dangereuses.
L'a1coo1,
particu1ierement 1 'absinthe, exprime l'ambiguYte d'une
societe Oll contrastent 1e succes de que1ques-uns, 1a
misere morale et materielle de beaucoup.
12
stricte rigidite morale qui fut une source du paternalisme
qu'ils afficherent non sans arrogance, et donc de leur
comportement social dephase face 8 la misere et 8 la contestation des travailleurs.
Alors que dans le monde du travail les femmes occupent une
place tres large, le monde patronal de l'epoque est exclusivement et resolument masculin. La femme, epouse, fille ou
maitresse n'y est qu'un objet, soulignant par sa presence,
son maintien, ses toilettes monumentales (en 1889, la robe
8 "tournure" qui par un coussinet bouffant fait jaillir
l'arriere-train a remplace l'encombrante crinoline, mais le
corset etrangle la taille des dames) le prestige et le
succes de son proprietaire. C'est une societe "machiste"
qui etale et monumentalise sa propre image: n'a-t-on pas
denonce des son erection le gigantesque phallus du Champde-Mars? Sa vie est rythmee de conquetes economiques et de
revers, de scandales - celui de Panama succede tout juste
au krach de l'Union Generale (1882) et precede de peu les
debuts de l'Affaire Dreyfus (1894). Elle se deroule presque
publiquement - la clef du succes est d'etre vu
sur le
theätre de la mondanite (d'ou l'immense succes, justement,
des theätres de boulevard).
Une morale de la Tour Eiffel?
Si l'histoire de la Tour Eiffel a une morale, c'est bien de
nous rappeler, et de rappeIer 8 ceux-18 surtout qui ont
metier et mission de construire, que nul edifice n'est
innocent. Qu'il reponde 8 une exigence de prestige du maitre d'oeuvre ou qu'il soit banalement utilitaire, il porte
temoignage par son existence meme, par ses formes, par les
materiaux et les techniques qu'il integre, sur l'esprit de
son temps, sur les ambitions, les contradictions, les tensions de la societe qui le construit, 1 'habite, l'admire
ou le rejette. Dans ce sens, d'ailleurs, l'histoire sociale
et culturelle des monuments se repete. Des pyramides
d'Egypte aux cathedrales gothiques, de VersailIes aux
gratte-ciels americains, de la Tour Eiffel 8 l'Arche de
Defense et 8 la pyramide du Louvre, chacun de ces monuments
n'est pas seulement une performance en soi, mais un temoin,
le message des intentions du milieu social et mental qui
l'a bäti.
L'historien est 18 pour decoder le message. Et donc pour
souligner cette verite et la rappeIer aux bätisseurs d'aujourd'hui: ils ne sont pas des constructeurs seulement,
mais 8 leur tour des temoins et des createurs de sYmboles.
Puissent ces sYmboles que l'ont construira demain devenir
aux yeux de nos descendants ceux d'un monde plus harmonieux.
13
Gustave Eiffel
14
Gu s t ave E i f f e 1
(1 8 3 2 - 1 9 2 3)
1832
15.12.
1852-1855
1856-1864
1860
1866
1867
1867
1876
1881 ff.
1884
1885
1887
1889
1923
Geboren in Dijon als Sohn eines Militärbeamten (der ursprünglich aus der Eiffel
stammte)
Studium an der Ecole centrale des Arts et
des Manufactures zu Paris. Abschluss als
Chemieingenieur
Ingenieur bei der Compagnie des chemin de
fer de l'Ouest, dann der Compagnie generale
de materiel de chemin de fer
Eiffels erster Grossbrückenbau (über die
Gironde bei Bordeaux)
Eiffel macht sich selbständig
Er gründet die Societe de Constructions in
Levallois-Perret und realisiert in der Folge
u.a. spektakuläre Eisen- und Stahlbauten:
Galerie des Machines (Palais de l'Exposition
Universelle) zu Paris
Warenhaus "Au Bon Marche" in Paris; Brücke
über den Douro bei Porto (Portugal)
Statik und Armierung der New Yorker Freiheitsstatue
Observatorium zu Nizza
Eiffels Mitarbeiter Maurice Koechlin skizziert die Idee einer "Tour de 300 metres"
für die Pariser Weltausstellung von 1889,
die Eiffel in der Folge aufgreift und propagiert
Garabit-Viadukt
(Linie
Beziers-Clermont)
unter Mitwirkung Koechlins
Der französische Staat und die Stadt Paris
schliessen mit Eiffel einen Bauvertrag für
den 300-m-Turm der kommenden Weltausstellung
Der "Eiffelturm" steht und ist die Grossattraktion der Exposition Universelle
Parallel zur Turmunternehmung arbeitet die
Firma an den Schleusen des Panamakanals;
doch macht die Panamagesellschaft Konkurs
Eiffel zieht sich sukzessive aus seiner
Firma zurück und widmet sich meteorologischen und aerodynamischen Studien
27.12.
Gustave Eiffel stirbt hochbetagt.
15
Maurice Koechlin
als "frischgebackener" Zürcher Bücher und ETH-Ingenieur
16
Mau r i c e K 0 e chI i n
(1 8 5 6 - 1 9 4 6)
"E r f i n der" des Ei f f e 1 t u r ms
1856
8.3.
1873-1877
1876
1877-1879
1879
1884
1886
1887
1903
1929
1939
1946
12.6.
Geboren zu Bühl im Elsass, als Sohn des
Fabrikanten Jean Koechlin und der Anne Marie
gebe Beuck (neben drei Schwestern und sechs
Brüdern)
Studium und Diplom als Bauingenieur an der
ETH Zürich (Schüler des Baustatikers Carl
Culmann)
Zürcher Bürger
Im Dienste der französischen Gesellschaft
Chemin de Fer de l'Est
Wird "Chef du bureau des etudes" der Konstruktionsfirma G.Eiffel in Levallois-Perret, der er lebenslang dient (seit 1900
"Administrateur-directeur", zuletzt Verwaltungsratspräsident der Firma sowie Präsident
der Eiffelturmgesellschaft)
Idee und Skizze einer "Tour de 300 metres"
für die Pariser Weltausstellung von 1889; in
der Folge von G.Eiffel aufgegriffen und
propagiert
Heirat mit Emma Rossier (1867-1965; Tochter
des Arztes Henri Rossier zu Vevey und der
Madeleine gebe de Graffenried); drei Söhne
und drei Töchter
Vertrag Eiffels mit dem Staat und der Stadt
Paris für den Bau des Turms; alsdann Ausarbeitung der Detailstudien durch Maurice
Koechlin, seinen Bruder Henri und Ingenieur
Emile Nougier, und Realisierung des Werks
durch die Firma Eiffel
Koechlin erhält die goldene H.SchneiderMedaille der Societe des Ingenieurs Civils
de France
Ehrenmitglied der Gesellschaft Ehemaliger
Polytechniker,
anlässlich
ihrer Pariser
Generalversammlung
Er nimmt an der Feier "50 Jahre Eiffelturm"
teil
Maurice Koechlin stirbt im 91.Lebensjahr (in
dem 1900 von ihm erbauten Haus) zu Veytaux
am Genfersee
17
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Maurice Koechlin
Pylon de 300 m de hauteur pour la ville de Paris
Premier croquis de la tour, Paris le 6 juin 1884
18
Madeleine Fabre-Koechlin
L e p rem i
e r des s i n
L'ETHZ possede en ses archives, parmi les travaux de ses
anciens eleves, un document precieux, qu'elle a accepte de
preter au Musee d'Orsay, a Paris, pour l'exposition qui du
16 mai au 13 aout 1989, doit celebrer le centenaire de la
Tour Eiffel.
Date du 6 JU1n 1884, et signe par son auteur: Maurice
Koechlin, c'est le tout premier projet de la celebrissime
tour. Bien que la silhouette dessinee soit un peu differente
de celle du monument qui domine Paris, avec cinq etages au
lieu de trois, bien qu'elle s'appelle alors: "PylOne de 300
metres", c'est bien elle, saisie au moment ou elle n'est
encore que le reve vraiment fou d'un jeune ingenieur de 28
ans, l'illumination qui lui vint chez lui, a Paris, un soir
de printemps.
Avec son collegue de travail, Emile Nouguier, ingenieur
comme lui aux Etablissements de Construction Metallique
Gustave Eiffel, a Levallois-Perret, il avait discute "de ce
qu'ils pourraient faire pour donner de l'attrait" a l'exposition universelle projetee pour 1889. Et puis, rentre chez
lui, rue Le Chätelier, Koechlin se met a dessiner. Mais loin
de son bureau, il n'a pas sa planche a dessin ni ses instruments, ni meme un vrai papier professionnel. 11 attrape une
grande feuille, et elle monte sous ses doigts, la "tour de
mille pieds", dont ont tant reve des ingenieurs anglosaxons.
Elle est raide et sans elegance, elle ressemble a une pile de
viaduc, mais ce sera l'edifice le plus haut jamais construit.
Et pour bien signifier la prouesse,
il s'amuse a crayonner
dans la meme echelle, a droite du dessin, entasses les uns
sur les autres: Notre-Dame de Paris, la Statue de la Liberte,
la colonne VendOme, l'Arc de triomphe de l'Etoile, la colonne
de la Bastille, l'obelisque de la Concorde et un immeuble de
9 etages. Dessiner est pour lui, depuis son enfance, un geste
natureI. 11 a le don de croquer son entourage, en mouvement,
a tres petits traits humoristiques, en de vraies petites
bandes-dessinees.
Mais ce soir-la, son esprit ne s'attarde pas a l'humour. La
tour de 300 metres, on peut bien l'imaginer, mais peut-on la
faire? Et par quelle technique?
Maurice Koechlin est ingenieur,
il est l'eleve de Carl
Culmann,
le grand professeur de l'ETH, specialiste des
constructions et des chemins de fer,
l'inventeur de la
Statique Graphique. C'est sur la recommandation de ce maitre
que, apres plusieurs autres de ses anciens eleves, Koechlin
est entre chez Eiffel au moment ou l'on calculait l'arc du
prestigieux viaduc de Garabit, en 1879. 11 a apporte a la
19
conception de l'ouvrage, un nouveau type de "poutre-caisson"
ä membrure tridimensionelle,
qui a permis son achevement,
tout recent,
le 24 avril 1884. 11 ne cesse d'en approfondir
les ressources, et prepare une publication:
"Applications de
la Statique Graphique" (premiere edition 1889), qui demeurera
l'un des ouvrages de reference de la construction metallique.
Pour la Tour, les problemes techniques sont analogues ä ceux
des piles de pont. C'est la hauteur et la resistance au vent.
Le vent, qui dans la nuit du 26 au 27 janvier de cette meme
annee 84, a entraine la chute du viaduc de la Tarde, seul
echec d'Eiffel, mais aussi defi pour lui et ses ingenieurs.
M. Koechlin commence ses calculs, dont la premiere note nous
est restee:
"Note de calcul et metre sommaire". La note
comprend "la determination des surfaces offertes au vent, la
resistance aux charges, et enfin la determination des poids,
tous ces elements etant fonctions les uns des autres et les
calculs devant etre tous menes de front". Plus tard, dans un
article qui paraitra dans la "Bauzeitung" du 22 juin 1889, il
expliquera toute cette technique, par des calculs de "resistance de stabilite et de deformation".
Ces calculs, il ne les acheve pas en une nuit d'inspiration.
Mais quand, sans doute des le lendemain, il soumit ä Nouguier
son dessin et sa note de calcul, il est sur que le jeune
inventeur croyait son projet viable. L'ingenieur Emil Nouguier, ne en 1840, et depuis 1876 charge chez Eiffel de la
direction des etudes techniques, de la direction des chantiers, et specialiste en montages,
- Koechlin etant lui-meme
chef du Bureau des Etudes -, est un homme d'experience, de
competence et de renom. 11 n'aurait pas cautionne le projet
en y mettant son nom, s'il n'y avait pas reconnu le fruit
d'etudes communes, et s'il n'y avait pas cru, lui aussi. Son
appui et son conseil etaient bien necessaires, car en ce 6
juin 1884, veritable jour de naissance de la Tour, ses
chances d'aboutir etaient minimes. Et jusqu'au 31 mars 1889
ou l'equipe Eiffel gravit ä pied l'escalier (les ascenseurs
ne foncionnant pas encore) pour planter au sommet de la Tour
enfin achevee le drapeau triomphal, le projet avait devant
lui un long parcours d'obstacles.
11 fallait d'abord entrainer le patron qui, ä premiere vue,
ne fut pas convaincu. Dans le "Resume historique de l'origine de la Tour Eiffel" que M.Koechlin redigea de sa main en
1939, pour accompagner le premier dessin,
sorti pour la
premiere fois de ses archives personnelIes, ä l'exposition du
cinquantenaire de la Tour, il ecrit:
"Cet avant-projet fut
soumis ä M.Eiffel qui declara n'avoir pas l'intention de s'y
interesser, mais qui toutefois donna l'autorisation ä ses
ingenieurs d'en poursuivre l'etude". Une teIle reaction de la
part d'Eiffel parait aujourd'hui surprenante. Elle est ä vrai
dire, replacee dans les circonstances de l'epoque, tout ä
fait explicable.
20
Le gouvernement fran9ais souhaitait par l'exposition universelle de 89, commemorer la Revolution, mais surtout
celebrer l'immense progres technique de "l'ere des ingenieurs". Eiffel qui a deja pris une part active aux expositions precedentes, celle de 1867 et de 1878, demande a ses
ingenieurs de chercher des idees pour une porte monumentale.
Mais ce que lui proposent Koechlin et Nouguier, ce pylone en
fer boulonne, ne ressemble arien de ce qu'il attendait. Lui
qui a construit tant d'edifices utilitaires, ponts, viaducs,
gares, usines a gaz, barrages, ecluses, magasins, banques,
lycees et meme eglises, devra-t-il mobiliser ses ingenieurs,
tout son personnel qualifie, sa matiere premiere, son potentiel mecanique et d'enormes capitaux pour realiser une structure de pure decoration, provisoire et inconnus, car on
n'etait encore jamais monte si haut. 11 possede tous les dons
qui font le grand entrepreneur: la competence technique, le
sens des affaires et de la gestion, la tenacite, la prevoyance, le flair, la chance dans le choix de ses collaborateurs
et de ses connexions politiques, et sa posture financiere est
excellente. Mais devant ce projet tout d'abord, le logisticien en lui se derobe.
Et pourquoi le lui reprocher? En cemois de juin 1884 plus
lui que les auteurs du projet, personne ne pouvait imaginer
ce qu'allait devenir la Tour: le sigle du siecle, l'embleme
de Paris.
Rejete tel qu'il est, le projet garde une chance, et ses
auteurs ne se decouragent pas. Mais leur structure est
laide, ella a besoin du coup d'oeil d'un architecte. Stephen
Sauvestre, ami et collaborateur d'Eiffel est consulte. "11
habilla notre pylone. 11 dessina un arceau complet, changea
un peu la forme primitive, a laquelle il fallut revenir, car
elle etait le resultat de nos calculs quant a la poussee du
vent", dit Koechlin dans une interview de 1939.
Ces calculs, c'est Koechlin qui s'en charge. 11 travaille
depuis longtemps sur les poutres a treillis, et prepare un
article qui paraitra dans la "Bauzeitung", des le 1 novembre
1884: "Efforts engendres par les moments flechissants dans
les barres de treillis et les montants des poutres a treillis
multiple". Son nouveau systeme de piles sans entretoisements
et a aretes courbes avait permis de finir Garabit. Pour la
Tour il con90it avec Nouguier une "disposition nouvelle
permettant de supprimer les treillis dans les faces des piles
et pylones metalliques en donnant aux montants une courbure
teIle que les tangentes aces montants sont les memes que
l'inclinaison de la resultante des actions dues au vent et au
poids mort de la structure".
Sous la technicite de ces termes se cache le secret de la
Tour, pour lequel est pris par eux le 18 septembre 1884 un
brevet d'invention:
"Disposition nouvelle permettant de
construire des piles et des pylones
metalliques d'une
hauteur pouvant depasser 300 m".
21
De juin a septembre, le projet a bien progresse. Dresse par
Sauvestre, protege par son brevet et accompagne de ses
calculs il est montrable et realisable. 11 sera expose au
Palais de l'Industrie, a l'exposition annuelle des Arts
Decoratifs et singe: Nouguier, Koechlin, Sauvestre. Mais il
manque toujours la caution d'Eiffel. Une derniere tentative
est faite aupres de lui, il accepte de le revoir chez
Sauvestre et il donne son aval.
"11 mit son nom de constructeur sous celui de ses ingenieurs" (Resume historique).
L'exposition s'ouvre le 27 septembre, et le projet est fort
remarque.
Comment s'explique ce revirement? En trois mois, rien n'a
change. Eiffel croit-il maintenant que la Tour sera une
bonne affaire, porteuse de gloire et d'argent? Lui-meme ne
s'en est pas explique, et l'episode semble s'etre efface de
sa memoire. En tout cas, a partir du moment oü il fait sien
le projet de la Tour, il va faire, comme dit Koechlin, "tout
le necessaire pour le faire adopter et realiser". Et surtout,
il ne va pas cesser de le justifier par des raisons scientifiques. Eiffel a compris,
ce qui n'etait peut-etre pas
l'optique de Nouguier et Koechlin seduits plutöt par la prouesse technique -, que la Tour pouvait devenir, ainsi qu'il
l'a souvent formule: "un observatoire et un laboratoire".
Quand on se rappelle que, retire des affaires apres l'echec
de Panama, Eiffel consacra les trente dernieres annees de la
vie ades experimentations, menees pour la plupart, a partir
de la Tour, dans les trois domaines pionniers de la meteorologie, de l'aerodynamique et de la radio-electricite, on est
fonde a penser que c'est la conviction d'une vocation scientifique de la Tour qui s'imposa a lui en cet ete 1884 et lui
permit par la suite, de la sauver de la demolition.
En decembre 1884 il passe avec Nouguier et Koechlin un
contrat oü ils lui cedent la propriete exclusive de leur
brevet. "Au cas oü il obtiendrait la construction d'une Tour
qui aurait pour origine leur avant-projet, ils recevraient
des primes de 1% sur le total des sommes payees." Et Eiffel
s'engageait a "citer toujours les noms de MM. Nouguier et
Koechlin chaque fois qu'il y aura lieu de mentionner soit le
brevet, soit l'avant-projet". Ce contrat, fort prevoyant,
puisque la decision de confier la Tour a Eiffel ne fut prise
que deux ans plus tard, fut respecte.
Et la Tour devint leur Tour. L'histoire en est bien connue.
L'avanture de la Tour, c'est celle d'une equipe d'hommes qui
travaillerent dans l'enthousiasme, parce qu'ils avaient en
commun la passion du progres.
En 1939, au moment du cinquantenaire, Maurice Koechlin,
homme d'une modestie et d'une simplicite bibliques, sortit
de l'ombre et pour la premiere fois exposa ses archives et
re9ut les journalistes. La Tour, desormais, pensait-il,
22
appartenait ä l'Histoire. Le premier dessin que ses petitsenfants avaient toujours vu encadre chez lui au-dessus de
son bureau, fut enfin montre au public et une carte postale
de l'exposition du cinquantenaire le reproduisit, avec la
mention: avant-projet de la Tour Eiffel imagine par M.
Maurice Koechlin. Cette carte,
aujourd'hui, n'est plus
connue sur la Tour, devenue un "one man show", entierement
consacree ä la gloire du seul Eiffel, et ou le generique de
cette oeuvre d'equipe est quelque peu oublie.
Mais ä Zurich, ä l'ETH ä laquelle la familIe de M.Koechlin a
confie le premier dessin, on se souvient du jeune homme
inspire qui, d'Alsace, etait venu s'y former. On sait, et on
fera savoir, que le 6 juin 1889 la Tour Eiffel aura en fait,
non pas 100, mais 105 ans.
23
Maur~ce
Koechl~n
zur
"E~ffelturmzeit"
24
und
Der Beitrag des ETH-Ingenieurs
Eiffelturm-Konstrukteurs Maurice Koechlin
zur Entwicklung der Stahlbauweise
Prof. Dr. Pierre Dubas, Baustatik und Stahlbau, ETH-Hönggerberg
1. Der Beginn des Eisenbrückenbaues im 19. Jahrhundert
In der ersten Hälfte des 19. Jahrhundertes wurden bekanntlich die ersten Eisenbahnlinien gebaut, zuerst in England, anschliessend auf dem europäischen Kontinent. Wegen der beschränkten, in Promillen ausgedrückten Neigungen und der grossen erforderlichen Krümmungsradien
ergeben sich, im Vergleich zu den damals üblichen Landstrassen, bei der Trassierung von Eisenbahnstrecken zahlreiche, teilweise weitgespannte Brücken.
Anfänglich wurden auch bei grösseren Spannweiten Vollwandlösungen bevorzugt. Als berühmtes Beispiel sei die von Robert Stephenson auf der Strecke Chester-Holyhead zwischen 1846
und 1849 gebaute Britanniabrücke erwähnt, eine durchlaufende Konstruktion mit Öffnungen
von 142 m Spannweite (Clark and Stephenson, 1850). Sie wurde leider bei einem Brand beschädigt und ist in anderer Form ersetzt worden. Dagegen besteht auf der gleichen Strecke
heute noch die ähnlich konzipierte Conway-Bridge, ein einfach gelagerter Träger von 122 m
Spannweite. Im Bild 1 ist links die von Telford erbaute Kettenhängebrücke ersichtlich; in
deren Fortsetzung liegt die Menai-Strassenhängebrücke vom gleichen Ingenieur, mit ihren
175 m die erste grosse Hängebrücke. Rechts sieht man die Röhrenbrücke von Stephenson für
die Eisenbahn, mit ihren zellenförmigen Gurten und den in engen Abständen querversteiften
Stegen.
Bild 1: Strassenbrücke und Eisenbahnbrücke beim
Conway-Castle
Bild 2: Erste Eisenbahnbrücke über die
Weichsel bei Dirschau
Vollwandkonstruktionen dieser Art wurden anschliessend nur in kleiner Zahl gebaut, z.B. in
Frankreich die Tarnbrücke Moissac, eine durchlaufende Röhrenbrücke mit rund 70 m Spannweite, und die Garonnebrücke Langon, eine zweispurige Eisenbahnbrücke mit zwei 5,5 m hohen, 77 m weitgespannten Vollwandträgern. Auch in der Schweiz fanden sich ähnliche Konstruktionen, z.B. die Brücke über die Paudeze bei Lausanne mit einer Hauptöffnung von 48 m.
Vielleicht wurde anfänglich diese Konstruktionsart in den französischsprechenden Ländern
deshalb bevorzugt, weil die von Navier einige Jahrzehnte vorher entwickelte Biegelehre direkt angewendet werden konnte. Allerdings waren damals theoretische Lösungen für die bei
25
Vollwandträgern sehr wichtigen Beulprobleme noch unbekannt, so dass z.B. für die Britanniaund Conway-Brücken das Problem experimentell gelöst wurde (Fairbairn, 1849).
Zudem waren bei der Herstellung und insbesondere bei der Montage grosse Schwierigkeiten zu
meistern. Nicht zuletzt aus diesem Grunde wählte schliesslich Lentze, nachdem er nach einer
Besichtigung der im Bau befindlichen Britanniabrücke die ursprüngliche Idee einer Hängebrücke fallengelassen hatte, für die 1857 auf der Strecke Berlin-Königsberg in Betrieb gesetzte Weichselbrücke Dirschau mit ihren 131 m grossen Öffnungen das im Bild 2 gezeigte
engmaschige Gitterfachwerk (Mehrtens, 1889). Die konstruktive Ausbildung zeigt aber
offensichtliche Ähnlichkeiten mit der vorher gezeigten Conway-Brücke: auch hier ist der Steg
durch enge Quersteifen gestützt. Der Hauptunterschied besteht darin, dass die Stehbleche
durch sich kreuzende Flacheisen ersetzt sind, die etwa in Richtung der querkraftbedingten
Hauptspannungen angeordnet sind.
Die Berechnung erfolgte grundsätzlich wie bei einem der in den Vereinigten Staaten entwikkelten hölzernen Townschen Lattenträger (in der Schweiz z.B. die soeben renovierte Brücke
über die Engelberger Aa bei Buochs), d.h. die Gurtungen haben das Gesamtmoment aufzunehmen, während der gitterartige Brettersteg die Querkraft übernimmt. Man sagt, dass Culmann
von der Dirschauer Gitterbrücke wenig begeistert war und eine weitmaschige Ausfachung bevorzugt hätte.
In der Schweiz stellte der Grandfey-Viadukt über die Saane bei Freiburg, 1858-1862 nach
Plänen des französischen Ingenieurs Nordling von der Firma Schneider Le Creusot gebaut, die
bekannteste Anwendung der Gitterfachwerke mit vielfachem Strebenzug dar (Stüssi, 1948).
Allerdings wurden hier die Druckelemente der 4 m hohen Stege mit einer gewissen Steifigkeit
ausgebildet, so dass eine enge Querversteifung nicht mehr erforderlich war. Bild 3 zeigt schematisch den vom Ingenieur Mathieu geleiteten Montagevorgang dieser 49 m weit gespannten
durchlaufenden Brücke mit gusseisernen Pfeilern. Der Überbau wurde in Etappen längs eingeschoben, ein Verfahren, das bekanntlich beim Bau zahlreicher moderner Verbundbrücken in
der Schweiz eine neue Blüte erfahren hat. Interessant ist zu notieren, dass bei der Montage der
43 m hohen eisernen Pfeiler der auskragende Überbau für die Materialzufuhr und die Kranunterstützung benützt worden ist. Man bemerke auch die verstärkende Überspannung der Vorbauspitze sowie die unterspannte Verbindung der Pfeilerköpfe mit dem Widerlager, um die
Reibungskräfte beim Einschieben möglichst ohne Pfeilerbiegung abzuleiten.
Bild 3: Montagvorgang beim Grandfey-Viadukt (Gaudard, 1902)
2. Die ersten Brücken der Firma G. Eiffel
Der bereits erwähnte Nordling, Oberingenieur der Compagnie d'Orleans, hat auch die ähnlich
wie der Grandfey-Viadukt konzipierten, in den Jahren 1868-1869 gebauten Viadukte der Linie Commentry-Gannat an der nördlichen Umfahrung des Massif Central entworfen (vgl. z.B.
26
Buchmann, 1988). Hier treffen wir zum erstenmal den Namen Gustave Eiffel, hat doch die
junge Firma, die der damals 35-jährige, ursprünglich als Chemiker ausgebildete Ingenieur
1867 in Levallois-Perret gegründet hat, den Sioule- und den Neuvial-Viadukt ausgeführt. Bild
4 zeigt den Sioule-Viadukt, einen Dreifeldträger mit einer Mittelöffnung von 58 mund 45 m
hohen Eisenpfeilern, der massive Sockel nicht eingerechnet.
Bild 4: Sioule-Viadukt der Linie CommentryGannat
Bild 5: Detail der Hauptträger der SiouleBrücke
Die anderen, längeren Viadukte der gleichen Strecke wurden einer Arbeitsgemeinschaft der
etablierten Firmen Cail und Fives-Lille vergeben. Es ist interessant, gewisse Unterschiede in
der konstruktiven Gestaltung festzustellen. Die zuletzt erwähnten Brücken zeigen eine mehrfache Ausfachung, ähnlich zum Grandfey-Viadukt. Bei den zwei Eiffelbrücken sind dagegen nur
gekreuzte Streben vorgesehen. Bild 5 zeigt deutich, dass die Diagonalen der 4 m hohen Hauptträger aus U-förmigen zusammengenieteten Stäben bestehen. Die Druckstreben sind somit
knicksicher, wenn man deren Abstützung durch die Zugstrebe in der Mitte berücksichtigt.
Die Gurte der Pfeiler bestehen aus gusseisernen Rohren, weil es sich hier um vorwiegend auf
Druck beanspruchte Tragelemente handelt. Bei den Pfeilerfüssen gewährleisten Flanschverbindungen den Anschluss zu den Auflagerteilen. Die Pfeiler sind bei diesen Viadukten im Fussbereich nach verschiedenen Kurven gespreizt, um die Querstabilisierung zu erhöhen, d.h. um
die Verankerungskräfte klein zu halten.
Die Andreas-Kreuze und die anderen Verbindungsstäbe, welche die Verstrebung zwischen den
Gurten gewährleisten, bestehen wegen ihrer wechselnden Zug- und Druckbeanspruchungen
aus Eisenprofilen. Eine heikle konstruktive Aufgabe ist bei der Verbindung der Gurte mit den
Streben zu lösen. Moreaux, der Oberingenieur der obenerwähnten Firma Cail, hat an Rippen
der gusseisernen Rohre schweisseiserne Knotenbleche aufnieten lassen, mit der Gefahr eines
Sprödbruches bei der Verbindung dieser unterschiedlichen Werkstoffe. Eiffel hat deshalb bereits beim Vergiessen der Rohre auf Rotglut erwärmte schmiedeeiserne Knotenbleche anschliessen lassen und diese noch mit Löchern versehen, die eine Zapfenwirkung bewirken.
In den Jahren 1875-77, d.h. in der Zeit, in welcher der damals zwanzigjährige Maurice
Koechlin die zwei letzten Kurse am Eidg. Polytechnikum mit grossem Erfolg absolvierte, baute
die Firma Eiffel ihre erste grosse Brücke, die einspurige Eisenbahnbrücke Maria Pia in Porto.
Der Entwurf stammt hauptsächlich vom damaligen Hauptmitarbeiter von Eiffel, Seyrig. Bild 6
zeigt die Gesamtanordnung dieses 1989 noch im Betrieb stehenden Bauwerkes und insbesondere den 160 m weitgespannten sicheiförmigen Fachwerkbogen mit zwei Gelenken.
An sich besteht auch dieser Viadukt, wie der im Bild 4 gezeigte über die Sioule, aus rund 35 m
gespannten durchlaufenden Fahrbahnhauptträgern mit Andreas-Kreuzen, die sich auf ebenfalls
27
vergitterte Pfeiler stützen. Im Unterschied zur vorherigen Konstruktion sind allerdings jetzt
die Viaduktpfeiler vollständig aus Schweisseisen ausgebildet, wie die Fahrbahn- und die Bogentragkonstruktion selber, so dass die Strebenanschlüsse zu keinen Schwierigkeiten mehr
führen. Zudem dient im Bereich der Douromündung der Fachwerkbogen als Ersatz für die fehlende Gründungsmöglichkeit, ein allerdings aufwendiger Ersatz! Um die Querstabilität zu erhöhen, ist die Bogenkonstruktion in zwei gegeneinander geneigten Ebenen angeordnet, mit einem Anzug von rund 1 zu 8,5.
3. Der Garabit-Viadukt bei Saint-Flour
Diese statisch günstige und auch ästhetisch befriedigende Lösung wurde für die nächste grosse
Bogenbrücke der Firma Eiffel, den Garabit-Viadukt über die Truyere bei Saint-Flour im Departement Cantal, beibehalten. Mit dem Bau dieser Hochbrücke in den Jahren 1880 bis 1884
wurde die Eisenbahnstrecke Marvejols-Neussargues um fast 20 km verkürzt, weil sonst eine
Trassierung mit stark geneigten Rampen in zwei Nebentälern erforderlich gewesen wäre. Wie
Eiffel in der 1888 veröffentlichten Monographie es ausdrücklich erwähnt, war der junge
Poly-Ingenieur Maurice Köchlin verantwortlich pour retablissement des calculs et du projet.
Nach zwei Jahren im Dienste der Chemins de Fer de rEst in Paris wurde nämlich der dreiundzwanzigjährige Koechlin (vgl. den Lebenslauf auf Seite 16) - als Ersatz für Seyrig, der die
Firma nach einem Krach mit Eiffel verlassen hatte und später als Konkurrent auftrat (Seyrig,
1886) - auf Empfehlung von Culmann als Chef du bureau des etudes, d.h. als Oberingenieur
angestellt. Eine solche steile Karriere wäre heute in unserem Beruf kaum vorstellbar! Man
darf sicher annehmen, dass neben den hervorragenden persönlichen Eigenschaften des jungen
Ingenieurs und seinem ausserordentlichen Abschlusszeugnis der Ruf unserer Schule und insbesondere des Begründers der graphischen Statik eine wichtige Rolle gespielt hat. Anders lässt
sich der Kontakt von Eiffel mit Culmann kaum erklären.
Die allgemeine Gestaltung des Garabit-Viaduktes sowie die Öffnung von 165 m sind ähnlich wie
bei der Douro-Brücke. Bild 7 zeigt eine Gesamtansicht des Viaduktes mit der durch die Mauer
von Grandval aufgestauten Truyere. Man merke die grosse Höhe über der Talsohle, die vor dem
Stau bis zur Fahrbahnoberkante 124 m erreichte. Das Pfeilverhältnis beträgt rund 1/3 und
ist somit deutlich grösser als in Porto mit rund 1/4. Es mag interessieren, dass Koechlin
(1887) das optimale Pfeilverhältnis eines Stützlinienbogens unter gleichmässig verteilter
Vertikalbelastung zu --13/4, d.h. 0,43 ermittelt hat. Dabei wird als Zielfunktion das Gesamtgewicht betrachtet, genauer gesagt das Produkt der längs der Bogenachse veränderlichen Normalkraft N = H/coScjl mit der Bogenlänge. Eine elegant gelöste mathematische Aufgabe!
Bild 6: Brücke Maria Pia in Porto
Bild 7:
Garabit-Viadukt
Was die Bogenachse des Garabit-Viaduktes anbelangt, fällt sicher auf, dass sie nicht der Stützlinie aus Eigenlast folgt, die wegen des jeweils einzigen Zwischenpfeilers in diesem Punkt
deutlich geknickt wäre. Bei einer Bogenhöhe von 10m im Scheitel ist dies auch nicht erfor-
28
derlich, ganz im Gegensatz zu einem schlanken Betonbogen. Zudem spielt bei einer eisernen
Eisenbahnbrücke die Verkehrslast in ungünstiger Anordnung eine bedeutende Rolle im Vergleich zur Eigenlast, die hier für die Bogenkonstruktion rund 1200 t beträgt.
Es mag interessant sein, auf die Unterschiede in der konstruktiven Gestaltung zwischen Porto
und Garabit hinzuweisen, weil dadurch der Beitrag von Koechlin zur Entwicklung des Grossbrückenbaues ersichtlich wird. Es handelt sich zuerst um die Querschnittsausbildung für die
Gurte, insbesondere die Pfeilergurte. Bei der Douro-Brücke hat Seyrig diese Gurte als zu sammengenietete kastenförmige Querschnitte vorgesehen, so dass die Streben aussen liegen müssen, um überhaupt angeschlossen werden zu können. Sie sind daher sehr schlank und knickgefährdet. Beim Garabit-Viadukt hat Koechlin dagegen nach Bild 8 für die Pfeilergurte, wie beim
Bogen, Hutquerschnitte entworfen, die eine einfache Einführung der Füllungsglieder ermöglichen. Die Streben bestehen deshalb aus vier, in allen Ebenen miteinander vergitterten Winkeln und besitzen eine weit höhere Knickfestigkeit. Diese Lösung wurde zum Patent angemeldet. Bild 8 zeigt zudem, dass wie in Porto die Bogenkämpfer wegen der kleinen zur Verfügung
stehenden Höhe vollwandig ausgebildet sind, wobei die Ausfachung als Aussteifung noch sichtbar ist.
Sowohl die Bogen- als auch die Pfeilerausfachung bestehen aus Andreaskreuzen, wobei die
Streben als Gitterstäbe grosser Seitensteifigkeit ausgebildet sind. Die im Bild 7 sichtbare
Längsverbindung in der Bogenachse, die auch in Porto angeordnet ist, dient hauptsächlich dazu,
die Zwischenknoten der sonst zu schlanken Ständer in der Trägerebene festzuhalten und dadurch eine angemessene Knicksicherheit zu erhalten. Ein oberer und ein unterer Windverband
ergänzen die in geneigten Ebenen angeordnete Bogenkonstruktion und gewährleisten mit ihrer
in Richtung der Kämpfer zunehmenden Breite die seitliche Gesamtsteifigkeit.
Zum Vergleich wird im Bild 9 die Tragkonstruktion der 1883, d.h. praktisch zu gleicher Zeit,
dem Verkehr übergegebenen Kirchenfeldbrücke in Bern gezeigt. Mit rund 81 m ist die Spannweite nur knapp halb so gross wie diejenige des Garabit-Viaduktes, so dass die maximale Bogen höhe nicht einmal 3 m erreicht. Bei diesem eingespannten Bogen wurde selbstverständlich
eine andere Variation der Trägerhöhe gewählt, mit den grösseren Werten bei den Kämpfern.
Die Querschnittsausbildung ist ähnlich wie beim Garabit-Viadukt, mit Hutquerschnitten für
die Gurte und zwischen den Gurtstegen eingeführten doppel-T-förmigen Füllungsgliedern. Als
Ausfachung ist der einfache Strebenzug gewählt worden, wie dies bei beschränkter Trägerhöhe
schon damals ohne weiteres wirtschaftlich möglich war.
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Bild 9:
Kirchenfeldbrücke über die Aare in
Bem
Bild 8:
Kämpferbereich des GarabitViaduktes
29
Der Berner Ingenieur J. Röthlisberger hat zudem in Italien die ähnlich gestaltete Brücke über
die Adda bei Paderno entworfen, die soeben hundertjährig geworden ist. Diese eingespannte
Bogenkonstruktion hat eine Spannweite von 150 m und trägt eine obenliegende Strasse und zudem eine Bahnlinie zwischen den fachwerkförmigen Fahrbahnhauptträgern (Gaudard, 1902).
Der einfache Strebenzug, den Culmann offensichtlich bevorzugte, hat sich später auch bei
grossen Spannweiten durchgesetzt. Als Beispiel zeigt Bild 10 den in den Jahren 1898 bis
1902 von der Societe de Constructions des Batignolles hergestellten Viaur- Viadukt auf der
Strecke Rodez-Carmau. Mit seiner Mittelöffnung von 220 m und den 70 m langen seitlichen
Auslegern, die den Horizontalschub infolge Eigenlast sehr stark reduzieren, stellt dieser
Dreigelenkbogen wahrscheinlich einen Weltrekord für dieses Tragsystem dar. Man kann es
auch irgendwie als umgekehrte, in sich verankerte Hängebrücke auffassen, liegen doch die auf
Druck beanspruchten Untergurte auf der Stützlinie für eine konstant verteilte Belastung, mit
sehr kleinen Beanspruchungen für die Füllungsglieder und dem geradlinigen Obergurt als Zugband.
Auch bei dieser einspurigen Eisenbahnbrücke sind
die Tragwände geneigt und wirken grundsätzlich als
Faltwerk. Den Übergang zu den Widerlagern bilden
kurze Einhängeträger, die eine freie lotrechte Bewegung der Auslegerenden ermöglichen. In der
Trägerebene sind die zum Teil sehr langen Füllungsglieder mit veränderlicher Breite ausgebildet, um die Knickschlankheit zu reduzieren.
Bild 10: Viaur-Viadukt
Bei der Betrachtung der Gesamtansicht darf man sich fragen, ob diese Ausbildung Maillart zum
Entwurf seiner bekannten Scheibenbogenbrücken inspiriert hat. Auf alle Fälle stellt der versteifte Stabbogen, mit einer Rekordspannweite von 336 m für die Mittelöffnung bei der PortMann-Brücke über den Fraser River bei Vancouver (Storch, 1965), eine logische Weiterentwicklung dieses Tragsystems dar. Die mit einer Stahlleichtfahrbahn mitwirkenden biegesteifen Fahrbahnhauptträger übernehmen hier die Biegemomente bei einseitiger Belastung, so
dass sich eine Ausfachung erübrigt.
Nun zurück zum Garabit-Viadukt. Eine weitere Besonderheit dieses Bauwerkes besteht nach
Bild 7 darin, dass die Fahrbahnhauptträger nicht wie in Porto vor dem Scheitel aufhören - und
links und rechts aus einem Stück bestehen - sondern durch Gelenke bei den Uferpfeilern unterbrochen und bei den Widerlagern beweglich gelagert sind, eine Lösung, die bekanntlich in
ähnlicher Art später bei Betonbogenbrücken verwendet worden ist. Die Temperatureinflüsse
werden dadurch stark vermindert, allerdings bringt die Unterbrechung auch gewisse Nachteile
mit sich. Zuletzt soll erwähnt werden, dass die Fahrbahn nach Bild 7 in der Mitte der Längsträger angeordnet ist. Nach dem Bericht von Eiffel wurde diese Ausbildung gewählt, um einen
Einsturz der Haupttragkonstruktion bei einer Entgleisung möglichst auszuschliessen, d.h. die
Träger sollten dann als Leitwände wirken. Die Idee der Gefährdungsbilder ist offensichtlich
nicht so neul
30
Für den Montagevorgang war Emile Nouguier, ein Kollege von Koechlin, verantwortlich, der in
ähnlicher Funktion auch beim Eiffelturm auftrat. Bild 11 zeigt, dass es sich um einen Vorbau
mit Kabelunterstützung in mehreren Etappen handelt. Die Kräfte der Abspannseile werden dabei durch die Fahrbahnträger aufgenommen und zu den schrägen Endabspannungen bei den Widerlagern weitergeleitet. Zum Einbau der leichteren Elemente dient ein Kabelkran, für die
schwereren Gurtelemente ein auf dem Bogenobergurt fahrbares Hebezeug und die Dienstbrücke
mit dem Transportwagen. Ein ähnliches Verfahren wird noch heute oft verwendet, z.B. bei der
New River Gorge Bridge (Bode, 1978), die mit 517 m die zurzeit weitest gespannte Fachwerkbogenbrücke der Welt ist.
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Bild 11: Montagevorgang beim Garabit-Viadukt (Eiffel, 1888 und 1889)
4. Das Buch Applications de la statique graphique von M. Koechlin
Bevor wir zur bekanntesten von Koechlin entworfenen Konstruktion, zum 300-Meter-Turm,
übergehen, wollen wir sein Hauptwerk erwähnen, die Statique graphique, die 1889 und in
zweiter, erweiterter Auflage 1898 erschienen ist. Wie bei allen Veröffentlichungen mit einem
ähnlichen Titel, vielleicht mit der Ausnahme des bekannten Buches des eigentlichen Begründers der graphischen Statik (Culmann, 1866), deckt sich der Titel nicht voll mit dem Inhalt.
Was wir heute als eigentliche graphische Statik betrachten, d.h. die zeichnerische Zusammensetzung und Zerlegung von Kräften, die Momentenfläche als Seilpolygon mit Schlusslinie allenfalls veränderlich für die Bestimmung der Grenzwerte bei Verkehrslast - sowie die
Mohrsche Erweiterung für die Bestimmung von Biegelinien, die Ermittlung der Stabkräfte in
Fachwerken nach dem Culmannschen Schnittverfahren, usw. decken nur etwa einen Drittel des
Buchinhaltes, allerdings den Hauptteil des beigelegten Tafelwerkes. Die klassische Biegelehre
und die analytischen Berechnungsverfahren, z.B. die Dreimomentengleichungen von Clapeyron
für Durchlaufträger, werden meistens mit geschlossenen Formeln angegeben. Den letzten Teil
würden wir eher als Stahlbau, genauer gesagt als Stahlbrückenbau und Stahlhochbau bezeichnen.
Wir möchten noch erwähnen, dass das Kapitel über die Bogenberechnung, insbesondere für den
Zweigelenkbogen, die französische Übersetzung einer Veröffentlichung von Wilhelm Ritter
(1886), dem Nachfolger von Culmann an Polytechnikum, ist. Wahrscheinlich hat somit
Koechlin auch nach dem Tode seines Lehrers Culmann gute Beziehungen zu unserer Schule
weitergepflegt, dies sicher zum Vorteil beider Beteiligten. Den aus der Bauzeitung übernommenen Abschnitt über Nebenspannungen in Fachwerken hat dagegen nicht Wilhelm sondern
Friedrich Ritter (1884) verfasst.
In den Bildern 12 und 13 sind einige Rosinen aus dem Buche gepickt. Wir betrachten zuerst
im Bild 12 eine verallgemeinerte Einflusslinie für die Querkraft im Schnitt F eines einfachen Balkens, erweitert in dem Sinn, dass nicht wie üblich die Wirkung einer Einheitslast
berücksichtigt wird, sondern die eines Lastenzuges, hier mit sieben Achsen. Dabei wird die
Einflussordinate unter der ersten Achse des Lastenzuges abgetragen. Dies würde allenfalls eine
31
knifflige Prüfungsaufgabe in Baustatik abgeben, wahrscheinlich nur für Studenten mit der
Kapazität von Koechlin geeignet I
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Bild 12: Verallgemeinerte Einflusslinie
Bild 13 zeigt einen Dreifeldträger mit dem schematisch dargestellten Verlauf der Biegesteifigkeit EI. Aus den von Koechlin angegebenen Spannweiten geht hervor, dass es sich um die
von der Firma Eiffel im Jahre 1884 gebaute Eisenbahnbrücke bei Evaux über den Fluss Tardes handeln muss, ein Bauwerk mit massiven Pfeilern und einer engmaschigen Ausfachung. Es
zeigt sich dabei deutlich, dass der Übergang vom Gitterwerk zum einfachen Strebenzug kaum
in einer geraden Linie geschehen ist. Ein Grund für die Wahl einer mehrfachen Strebenanordnung liegt vielleicht im Montagevorgang durch Längseinschieben. Durch die enge Stützung des
Untergurtes kann dessen Biegung durch die Rollen in vernünftigen Grenzen gehalten werden
(für einen Unfall beim Einschieben einer Fachwerkbrücke, vgl. Godard, 1924). Die TardesBrücke ist allerdings während einer längeren Einschiebepause bei einem Wintersturm zerstört worden. Um zu sparen, hatte man nämlich den Vormontageplatz sehr kurz gehalten, so
dass während des weiteren Zusammenbaues längere Zeit eine grosse Kragarmlänge entstand.
Für die Berechnung des zweifach statisch unbestimmten Trägers wählt Koechlin, nach einem
Vorschlag von Bertrand de Fontviolant, als Grundsystem den zwischen den Widerlagern frei
gespannten einfachen Balken, d.h. ein offensichtlich fehlerempfindliches System mit den Auflagerkräften über den Pfeilern als überzählige GrÖssen. Die Einsenkungen der freigestellt gedachten Stützenknoten werden graphisch mit der Mohrschen Analogie bestimmt, wobei als Belastung nicht die Krümmungen MIEf sondern direkt die Momente eingesetzt werden, und die
Veränderlichkeit der Steifigkeit durch eine Variation der Polweite des Seilpolygons berücksichtigt wird.
1= 1.24 + 2.75 m4
c;
I.
q=16kN/m
!
72700mm
.1..
104 550mm
-14210kN'm (-14640)
7650kN'm (7220)
Bild 13: Durchlaufträger mit veränderlicher Biegesteifigkeit
Da sich bei einem solchen Grundsystem die Ergebnisse als Differenzen grosser Zahlen ergeben,
haben wir eine Kontrollberechnung mit dem Programm Statik durchgeführt, selbstverständlich genau mit den von Koechlin angegebenen Steifigkeiten und mit deren Längsverteilung. Für
eine Vollbelastung der drei Felder weichen die von Koechlin ermittelten Pfeilerauflagerkräfte
nur um 0,4% von den genauen ab. Bei den Biegemomenten sind selbstverständlich die Unter-
32
schiede grösser, übersteigen aber nicht 5%. Für Teilbelastungen im Endfeld oder im Mittelfeld
sind die Abweichungen bei den überzähligen Grössen höher, bei den massgebenden Momenten
wird aber ein Unterschied von 5% nicht überschritten. Die erweiterte Clapeyronsche Dreimomentengleichung - allenfalls in der Form der von Culmann (1875) bereits grundsätzlich
entwickelten und von Koechlin ebenfalls erwähnten Festpunktmethode - würde hier selbstverständlich mit dem gleichen Aufwand zu einer besseren Genauigkeit führen.
Bei der Behandlung der Knickprobleme in der zweiten Ausgabe der Graphischen Statik wird
wieder die Beziehung mit dem Poly sichtbar, indem die Knickkurven hauptsächlich aufgrund
der bekannten Tetmajerschen Versuche (Tetmajer, 1896) hergeleitet werden. Zusätzlich
werden auch Ergebnisse von Bauschinger und Considere berücksichtigt. Die von Jasinski vorgeschlagene Ausgleichsgerade für gedrungene Stäbe aus Schweisseisen lautet 339 - 1,65·1.. ,
mit einem Übergang bei I.. = 115 zur Eulerschen Hyperbel aK = 7t 2 ·200'000n2 (N/mm 2 ).
Die Übereinstimmung mit der in der Schweizer Norm von 1913 enthaltenen Vorschrift,
aK,zul = 75 - 0,3·1..
für 10 ~ I.. ~ 110
und aK,zul
=
500'000/1.. 2
für I.. ~ 110
unter Berücksichtigung eines Sicherheitsfaktors von rund 4, ist frappant. Die experimentellen Untersuchungen von Tetmajer an Knickstäbe aus Eisen und Stahl sind hauptsächlich im
Anschluss an den Brückeneinsturz bei Münchenstein, im Jahre 1891, durchgeführt worden.
Das Bauwerk war 1874/75, kurz vor dem Bau der Douro-Brücke, von der Firma Eiffel erstellt worden. Dabei wurde der ursprüngliche Entwurf mit parabolisch gekrümmtem Obergurt
in eine gerade Fachwerkbrücke abgeändert, was im Liefervertrag bewilligt war (vgl. Ritter
und Tetmajer, 1891). Wir wollen hier nicht auf die Ursachen dieses Einsturzes eingehen,
sondern nur auf die Knickprobleme hinweisen.
In der ersten Ausgabe seiner Graphischen Statik, die zwei Jahre vor dem Unglück in Münchenstein erschienen ist, erwähnt Koechlin nur die Eulersche Knicktheorie, mit verschiedenen
Randbedingungen. Dabei erachtet er eine Sicherheit von zwei als genügend. Auf den ersten
Blick mag dies überraschen. Es muss aber berücksichtigt werden, dass die zulässige Spannung
auf Druck auf 6 kg/mm 2 , d.h. auf 60 N/mm 2 begrenzt war. Zudem wurde in die Eulersche
Formel aufgrund von Belastungsproben an genieteten Bauwerken ein E-Modul von nur 160
kN/m m2 eingeführt, so dass tatsächlich eine Sicherheit von rund 2,5 resultiert. Die so dividierte Eulersche Hyperbel erreicht den Wert von 60 N/mm 2 für rund I.. = 115, genau wie im
Vorschlag von Jasinski. Für gedrungene Stäbe ersetzt man somit einfach die geneigte Tetmajersche Gerade durch den Festwert von 60 N/mm 2, so dass sich überall eine vernünftige Sicherheitsmarge ergibt.
5. Erster Entwurf von Koechlin für den 300-Meter-Turm
Wir kommen jetzt zum 300-Meter-Turm, der an lässlich der Weltausstellung 1889 in Paris
errichtet wurde. Bild 14 gibt die bekannte erste Skizze wieder, die das Datum vom 6. Juni
1884 und die Unterschrift von Maurice Koechlin trägt. Die erste Frage, die man sich stellen
kann, ist wahrscheinlich folgende: Warum gerade 300 m ? Die Antwort ist klar, wenn man
sich daran erinnert, dass tausend Fuss rund 300 m ergeben. Die Idee einer solchen Konstruktion entstand schon früher, wurde aber nie konkret im Detail verfolgt. Nur mit der Verwendung des hochfesten Werkstoffes Eisen wurde es möglich, diesen Traum zu realisieren.
Als 1884 die ersten Entwürfe für die Bauten an der vorgesehenen Weltausstellung in Paris
diskutiert wurden, fasste Koechlin den Gedanken, als Hauptattraktion einen Pylon unerreichter Höhe vorzuschlagen und er erarbeitete in seiner Freizeit zu Hause einen ersten Entwurf.
Da der Name seines Kollegen Nouguier auf der Skizze als Koautor erwähnt ist, hat dieser
wahrscheinlich den Montagevorgang dieses Riesenbauwerkes bereits damals grundSätzlich
überlegt. Die Skizze wurde Gustave Eiffel vorgelegt, der zuerst von dieser nackten Eisenkonstruktion nicht gerade begeistert war. Einige Monate später, nach einer architektonischen
Bearbeitung durch den Architekten Sauvestre, wurde mit Koechlin und Nouguier ein Vertrag
33
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Bild 14: Erste Skizze des 300-Meter
Turmes (vgl. auch S. 17)
Bild 15: Erste Seite der Vorbemessung des
300-Meter-Turmes, Koechlin 1884
unterzeichnet und zudem die Konstruktion als Patent angemeldet. Von da an hat sich Eiffel mit
voller Energie und politischer Gewandheit für die Verwirklichung des Turmes eingesetzt und
auch die finanzielle Verantwortung übernommen. Diese Details mehr juristischer Natur (vgl.
dazu die Seiten 18-22) sollen uns nicht weiter beschäftigen und wir kommen zum technischen
Problem zurück.
Gleichzeitig mit seiner Skizze hat Koechlin eine Vorbemessung vorgenommen. Diese Unterlage
trägt den Namen Note de ca/cu/ et metre sommaire. Sie wurde zuerst während der Ausstellung
zum 50-jährigen Turmjubiläum von Koechlin selber anlässlich einer Sitzung der Amica/e
Parisienne der GEP vorgestellt, wie dies aus dem Band 114 (1939) der Bauzeitung (S. 112)
hervorgeht. Bild 15 zeigt die eigenhändig geschriebene erste Seite dieses Dokumentes, aufgenommen nach einer von der Familie freundlicherweise abgegebenen Photokopie.
Aus Bild 14 geht klar hervor, dass Koechlin zuerst eine Konstruktion mit sechs, je 50 m hohen Stockwerken vorgesehen hat. Die entsprechende Berechnung erfolgt selbstverständlich von
oben nach unten, d.h. das oberste Stockwerk ist als 18r, Couronnement, bezeichnet. Die Belastungsannahmen sind folgende: eine auf der ganzen Turmhöhe konstante Windbelastung von
400 kg/m 2 , wobei mit dieser Zahl wie damals üblich nicht der Staudruck, sondern der bereits
mit einem Formfaktor multiplizierte Wert gemeint ist. Alle vom Wind getroffenen Flächen der
Stabelemente werden voll berücksichtigt, d.h. für die hintere Wand wird keine Abschirmung
durch die vordere angenommen. Die parallel zur Windrichtung laufenden Wände bleiben dagegen wie üblich unberücksichtigt. Die Vertikallasten ergeben sich sukzessiv aus der Bemessung
der Stockwerke und aus den angenommenen Nutzlasten für die Plattformen.
Für die drei oberen Stockwerke, bei denen der Anzug der Gurtelemente noch nicht ausgeprägt
ist, werden die Momente und die Querkräfte aus Wind rechnerisch ermittelt. Daraus ergeben
34
sich mit den bekannten Formeln und der angenommenen Systemgeometrie die Gurt- und die
Strebenkräfte, wobei den letzten die volle Querkraft zugewiesen wird. Für die unteren Stockwerke wäre diese Annahme zu ungünstig, weil die waagrechten Komponenten der Stabkräfte
der gegenüber der Vertikalen geneigten Ständerelemente den Hauptanteil der Querkraft aus der
Windbelastung übernehmen. Koechlin verwendet hier die bekannten Verfahren der graphischen Statik.
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Bild 16 - nach S. 6 der Note de ca/cu/ et
metre sommaire - zeigt die zeichnerische Bestimmung der resultierenden
Windkraft im zweiten Stockwerk, von
unten aus gemessen. Die wiedergegebene
Originalkonstruktion von Koechlin enthält keine überflüssigen Striche. Die
Bestimmung der Lage der Resultierenden
R der acht bekannten Plattform- und
Turmschaftkräfte ist gut erkennbar. Der
nächste Konstruktionsschritt besteht in
der Culmannschen Zerlegung in die drei
gegebenen Richtungen, d.h. in die gegenüber der Vertikalen etwa 1:5 geneigten
Achsen der zwei Ständer und in die
schiefe Achse der angenommenen Strebe.
Der Lösungsweg ist allerdings nicht eindeutig nachvollziehbar. Wahrscheinlich
hat Koechlin hier zwei konservative Annahmen gemacht: die Ständerkräfte
wurden mit den gezeigten Achsen ermittelt, die in ihrer Anordnung mit
denen der Skizze nach Bild 14 übereinstimmen. Dabei wurde aber offensichtlich vorausgesetzt, dass die resultierende Windkraft im Schnittpunkt der
Ständerachsen angreift, weil diese Annahme zu den grösstmöglichen Beanspruchungen dieser Elemente führt. Für
die Strebe wurde dagegen die tatsächliche Lage betrachtet.
Bild 16: Seilpolygon für die Windkräfte am 2.
Stockwerk des Turmes
Vielleicht fragt sich der Leser schon seit einiger Zeit, wo diese postulierten Hauptstreben im
Bild 14 enthalten sind, besonders in den vier unteren Stockwerken: es gibt sie tatsächlich gar
nicht, und die Turmkonstruktion wirkt in diesem Bereich an sich eher als Rahmen, falls die
resultierende Windkraft nicht jeweils im Schnittpunkt der verlängerten Ständerachsen angreift. Wir kommen auf dieses Problem, das Koechlin bestens bekannt war, anschliessend noch
zurück.
Zum Abschluss der Behandlung des ersten Entwurfes möchten wir nur hinzufügen, dass der
Gesamtquerschnitt im oberen Bereich aus drei parallelen Wänden in jeder Hauptrichtung, im
unteren Bereich wie bei der ausgeführten Konstruktion aus vergitterten Ständern mit je vier
Eckstielen hätte bestehen sollen.
35
6.
Überarbeitung
des
Entwurfes
und
ausgeführte
Turmkonstruktion
Im Band 4 (1884) der Bauzeitung erschien unter
Miscellanea (S. 138) eine zweite Skizze, die aus den
AnnaJes des Travaux Publics übernommen wurde und im
Bild 17 wiedergegeben ist. Die nun gewählte Stockwerkeinteilung entspricht bereits praktisch der ausgeführten
Turmkonstruktion. Bei der Tragstruktur sind aber deutliche Unterschiede sowohl zum ersten Entwurf nach Bild
14 als auch zur Ausführung (vgl. z.B. Bild 18) festzustellen, insbesondere im unteren Bereich. Die monumentale Bogenstruktur, die wahrscheinlich auf die Mitwirkung des Architekten Sauvestre zurückzuführen ist,
konnte für die Ausführung nicht in dieser Form beibehalten werden. Insbesondere wäre der Anzug der Ständer
zu klein und deren Achsenführung von der erwünschten
Stützenlinienform für die Windbelastung stark verschieden. Wahrscheinlich ist es aber die Vorlage zu dieser
Zeichnung, die Eiffel nach einem Besuch bei Sauvestre auf
Anraten von Bartholdi, dem für die Freiheitsstatue in New
York beauftragten Bildhauer, von den Erfolgsaussichten
des Vorschlages seiner Hauptmitarbeiter überzeugt hat.
Bild 17: Turm-Entwurf von 1884
Der bogenartige Unterbau der ausgeführten Konstruktion hat nur noch eine dekorative Funktion und erinnert an einen Triumphbogen, wie es sich für eine Weltausstellung geziemt. Diese
Konstruktion wird im von Koechlin für die Bauzeitung von 1889 verfassten Bericht im letzten
Abschnitt La decoration de Ja construction kurz gestreift.
Die eigentliche Tragstruktur ist im Bild 18 abgebildet. Der obere Teil besteht dabei aus einem
quadratischen Querschnitt mit vier kräftigen Eckstielen und einem weiteren Mittelgurt pro
Wand. Ab Kote 180 m über Boden verzweigt dieser Mittelgurt in zwei Elemente, die im mittleren und unteren Bereich einen der vier Eckstiele der gewaltigen Ständer bilden. Gegenüber
dem ersten Entwurf nach Bild 14 fällt auf, dass die Wände nun in den zwei oberen Dritteln der
Turmkonstruktion durchgehend ausgefacht sind und somit die Querkräfte aus Wind problemlos
aufnehmen können. Es handelt sich eigentlich um eine Fachwerkröhre mit hoher Torsionssteifigkeit und Biegesteifigkeit in beiden Richtungen, eine Lösung die heutzutage bei Hochhäusern
gelegentlich verwendet wird.
Zur Einleitung der Torsionsmomente und zur GeWährleistung der Querschnittsform sind waagrechte Querverbände angeordnet. Bild 19 auf der übernächsten Seite zeigt, dass die Durchführung des Aufzuges als Zugang zum dritten Stockwerk zu einer Anordnung mit einer einzigen
Strebe geführt hat, anstelle der damals üblichen Andreaskreuze. Die kastenförmigen Eckstiele
sowie die Gitterstäbe für die Mittelgurte und für die Ausfachung sind gut sichtbar und geben
eine Idee von der geWählten konstruktiven Ausbildung.
Im unteren Drittel verbleiben allerdings nach Bild 18a nur die vier polygonal geführten
Ständer mit ihren waagrechten, gitterartigen Verbindungen in der Höhe des ersten Stockwerkes. Wie wurde der Verlauf der Ständerachsen in diesem Bereich bestimmt? Die Überlegungen
von Koechlin gehen aus Bild 20 hervor, welche die vereinfachte Darstellung der Tafel 11 aus
seiner graphischen Statik enthält. Diese Zeichnung zeigt einen verjüngten Brückenpfeiler mit
der dazugehörigen Windbelastung, konzentriert in den Knoten gedacht.
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Bild 18a: Statisches System des Turmes (nach
SBZ Bd. 13 (1889), Fig. 3)
Bild 18b:
Montagevorgang
(nach Eiffel, 1900)
Im Bild 20 wurde keine Reaktion aus dem Überbau berücksichtigt, um eine bessere Übereinstimmung mit dem ausgeführten Turm zu erreichen. Mit einem einzigen Seilpolygon kann die
resultierende Windkraft in jedem Stockwerk bestimmt werden, z.B. die Resultierende R1,2,3
aus den drei oberen Kräften F1 bis F3 , bzw. aus den dazugehörigen Hilfskräften I und IV .
Sind nun die Pfeilerständer - z.B. die vom dritten Stockwerk - jeweils so angeordnet, dass die
entsprechende Windresultierende im Schnittpunkt ihrer verlängerten Achsen, d.h. im Drehpol
der Strebe 0 angreift, so ist die Strebenkraft null und dieser Stab ist an sich überflüssig.
Koechlin hat diese für die Windbelastung stützlinienartige Form des unteren Turmbereiches
aufgrund solcher Überlegungen ermittelt. Dabei hat er vorsichtigerweise zwei Annahmen für
die Windbelastung getroffen: einerseits eine über die Höhe konstant verteilte Belastung von
300 kg/m 2, anderseits eine trapezförmige Verteilung mit einem Wert von 400 kg/m 2 an der
Spitze und von 200 kg/m 2 am Fuss. Die zwei dazugehörigen Kurven für die Ständerachsen
weichen nach Aussage von Koechlin wenig voneinander ab, und es wurde mit dem Mittelwert
konstruiert. Wie bereits erwähnt sind zudem die rahmenartig mit der hohen Traverse im
ersten Stockwerk verbundenen Ständer ohne weiteres im Stande, auch anderen Belastungsanordnungen zu widerstehen.
37
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Bild 19: Strebe eines Querverbandes
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"Sfüfzlinien"-Pfeiler
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Bild 20: Konstruktion eines "stützlinienartigen" Turmes unter Windbelastung
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Achse
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Aus den Vertikallasten erhalten die zwischen dem ersten und dem zweiten Stockwerk polygonal
geführten Ständer auf alle Fälle Biegemomente, die von diesen gewaltigen Gitterstäben problemlos aufgenommen werden können. Auch die Wirkung von Temperaturänderungen wurde
verfolgt. Sie spielt praktisch nur im unteren Bereich eine gewisse Rolle. Im gleichen Bereich,
mit dem rasch zunehmenden, waagrechten Hebelarm zwischen den Ständerachsen, überwiegen
nach Auskunft von Koechlin die Vertikallasten die Windbeanspruchungen deutlich, so dass die
Sicherheit gegen Umkippen ohne Verankerungen gewährleistet wäre. Dabei wiegt die Eisenkonstruktion rund 7000 t, d.h. weniger als das Gewicht des Luftzylinders mit einer den Fusspunkten umgeschriebenen Kreisfläche und einer Höhe von 300 m.
7. Montage des Turmes und Schlussbemerkungen
Wie bereits erwähnt lag die Planung der Montage bei Nouguier, die Montageleitung auf der
Baustelle bei Compagnon, mit seinem prädestinierten Namen für einen Nachfolger der früheren Handwerksgesellen! Compagnon war überall dabei: in Porto, Garabit und schliesslich beim
Viaur-Viadukt, wo er gestorben ist. Als Ergänzung zum statischen System nach Bild 18a sind
im Bild 18b die Hauptetappen mit den benötigten Gerüsten und Geräten schematisch dargestellt. Bild 21 zeigt den Beginn der Montage des Ständers Nr. 4. Die konstruktive Ausbildung
der Eckstiele und der Gitterstäbe für die Ausfachung ist gut ersichtlich. Zudem sieht man, mit
welchen Fördermitteln die Konstruktion errichtet wurde. Für die Montagefortsetzung sind
nach Bild 18b wegen der beträchtlichen Neigung zur Vertikalen hölzerne Stützjoche nötig.
In der nächsten Etappe mussten die vier Ständer mit der Traverse im ersten Stockwerk angeschlossen werden. Da die Ständer vorher in einer mehr vertikalen Lage montiert wurden,
waren sie zuerst genau zu richten. Dies wurde mit an den den Füssen angeordneten hydraulischen Pressen von 800 t Tragkraft erreicht. Die Montage wurde anschliessend in die Richtung des zweiten Stockwerkes fortgesetzt. Die eigentliche Eisenmontage war am 30. März
1889 abgeschlossen, rechtzeitig vor der Eröffnung der Weltausstellung. Da zum 100-jährigen Jubiläum des Turmes viele, reich bebilderte Veröffentlichungen erschienen sind, können
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wir auf weitere Montagebilder verzichten und für unser Land unter anderen auf von Büren
(1989), Glaus (1989) und Neyroud (1989) hinweisen.
Bild 21: Beginn der Turmmontage (September 1887)
Der 300-Meter-Turm hat von Anfang an, sogar vor dem Baubeginn, eine grosse Anziehungskraft ausgeübt. Bekannte Künstler wie Gounod und Maupassant haben damals gegen die Errichtung dieses barbarischen Fabrikschornsteines protestiert. Später hat dagegen Delaunay
den Turm in seinen Bildern verewigt und Jean Cocteau hat Les Maries de Ja Tour EiffeJ geschrieben, für die "Le Groupe des Six" (Auric, Durey, Honegger, Milhaud, Poulenc und
Tailleferre) 1921 die Musik komponierte.
Warum konnte dieser gigantische Brückenpfeiler ohne logisch erkennbare Funktion, weil ja
kein Oberbau zu tragen ist, zum Wahrzeichen von Paris werden und sogar im fernen Tokyo getreu nachgeahmt werden, während der Sears Tower in Chicago trotz seiner Rekordhöhe kaum
weltbekannt ist? Wie hätte Freud die Konkretisierung dieses menschlichen Traumes als psychoanalytisches Symbol ausgelegt, vielleicht mit einer Deutung, die den Puritaner Koechlin
schockiert hätte? Ich möchte solche Fragen unbeantwortet lassen, und dem Leser als Anregung
weitergeben.
Dieser Artikel ist die leicht überarbeitete Fassung des am 25. Mai 1989 im Rahmen des
Kolloquium für Baustatik und Konstruktion gehaltenen Vortrages mit dem gleichlautenden
Titel.
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LIteraturangaben
Bode H.: New River Gorge Bridge: Der Welt längster Stahlbogen. Bauingenieur 53 (1978) 264.
Buchmann F.H.: Die ersten eisernen Viadukte für die Eisenbahnen in Frankreich (1864-1869). Stahlbau
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Eiffel G.: Memoire sur le viaduc de Garabit. Baudry, Paris 1889.
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Koechlin M.: La tour de 300 metres ci /'exposition universelle de Paris. SBZ Bd. 13 (1889), 146-148,
Bd. 14 (1889) 7, 87-88, 110, 136-138, 141-144, 147-149, mit dazugehörigen Tafeln.
Mehrtens Chr.: Der Brückenbau sonst und jetzt. SBZ Bd. 32 (1898), 71-77, 79-82, 86-91, 95-97,
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Ritter W.: Der elastische Bogen berechnet mit Hülfe der graphischen Statik. Zürich 1886.
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