Grave acciDent à Delmas

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Grave acciDent à Delmas
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
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HAÏTI LIBERTÉ
JUSTICE • VÉRITÉ • INDÉPENDANCE
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Pouvwa Martelly a ak akolit
li yo ap fè mannèv pou retounen ak yon
lame restavèk
nan peyi a.
Page 6
Deux ans après, à quand
la reconstruction d’Haïti ?
Voir page 4
Brigade Dessalines : initiative de La
Via Campesina et du Mouvement des
Sans Terre du
Brésil
Page 8
Le Président haïtien Martelly et son homologue dominicain Fernandez accompagnés de leurs épouses le 12
janvier 2012 pour l’inauguration au nom de la reconstruction d’Haiti de l’Université Henri Christophe…C’est
plutôt triste, voire une honte nationale ou encore mieux un affront pour les victimes
Les Ivoiriens
expérimentent des dérives totalitaires sans
précédent !
Page 10
Grave accident à Delmas !
Voir page 3
Dans sa course folle, le camion a heurté également des motocyclistes, 2 véhicules dont un minibus et une
camionnette, tous écrabouillés, pour finalement terminer sa course sur la cour de la TNH à Delmas. Selon le
dernier bilan des autorités, le nombre de victimes s’élève à 30 morts et 56 blessés
Pourquoi
la tournée
d’Ahmadinejad
en Amérique
Latine énerve
tant Washington ?
Page 17
Editorial
HAITI
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Haiti : d’une dérive à l’autre !
Par Berthony Dupont
H
orreur après horreur, jusqu’à quand devra t-on nager dans
cet océan d’horreurs, de honte, d’humiliation, d’impunité et
de malheur? Quelle tragique situation ! Quel désastre total ! C’est
une déception générale, traumatisante qui se manifeste dans le
pays. Cette dégradation est liée, sans aucun doute, non seulement
à l’effacement quasi-total d’une certaine bourgeoisie nationale,
mais également à l’inexistence de l’Etat haïtien qui pratique une
politique de bassesse et de l’échine courbée.
En effet, les tragiques événements qui ont endeuillé le pays,
qu’ils soient catastrophes naturelles, catastrophes politiques, sociales et économiques, ne sont, hélas pas surprenants. C’est le
même scénario depuis le coup d’état de 1806 qui se poursuit, à
savoir écarter les masses populaires haïtiennes de la direction du
pays.
La réalité est que les forces obscures que symbolise Washington l’ont voulu ainsi et l’ont cyniquement provoqué et programmé
afin de nous assujettir, de nous mettre à genoux pour quémander.
En un sens, nous rendant domestiques, dépendants, colonisés ne
pouvant rien faire pour nous-mêmes sans l’assistance du maître.
La bourgeoisie haïtienne n’a jamais eu aucune volonté de changement et de développement pour le pays. La réalité de la politique
quotidienne nous l’a déjà démontré à travers ces quelques mois
du régime en place, quand aucun parti politique n’a osé élever la
voix pour mettre à nu les gabegies de cette nouvelle administration où règnent les forces impériales qui nous acheminent vers la
plus extrême et vile décadence.
Dans ce climat de chaos, le rôle opportuniste de notre élite se
réduit à soumettre la vie politique au service de l’idéologie bourgeoise dominante et au profit de la fraction hégémonique mondiale qui continue à accaparer et à se partager les richesses du pays
afin de mieux nous dominer.
A ce compte, Haiti est devenue, depuis 2004, un pays martyr gouverné par des marionnettes tels que Boniface Alexandre,
René Garcia Préval et depuis la dernière mascarade électorale, par
un groupe de malfaiteurs armés, de toutes obédiences, sans foi ni
loi ; le pire est qu’ils nous ont été imposés au prix de fortes manipulations éhontées de Washington, vu que celui qui donne non
seulement ordonne, mais coordonne !
C’est dans cette optique qu’il faut comprendre la présence
de Bill Clinton comme proconsul à la tête de l’Etat haïtien pour
la reconstruction d’Haiti sur fond d’occupation, de dépendance
économique que viennent de renchérir la bourgeoisie et le gouvernement de la République Dominicaine en conciliabules avec
les forces obscures de l’empire pour nous gifler en plein visage, à
l’occasion du second anniversaire de la catastrophe de 2010.
Véritable occasion en or pour eux d’utiliser nos malheurs,
pour nous rabaisser jusqu’à nous faire taire sur leurs atrocités à
l’égard de nos compatriotes esclaves dans la Zafra. La bourgeoisie
Haïtienne, parasite et sans gêne, préfère aller applaudir les autres
qui dépensent, investissent dans le pays, une façon d’alimenter
cette propagande des grandes puissances qui soutiennent que nous
autres Haïtiens nous sommes plutôt obsédés par la passion de ne
rien faire que d’essayer quoi que se soit capable de faire avancer
le pays. Alors que nous avons les matières premières, nous avons
la main-d’œuvre, seule nous manque la volonté politique. Cette
bourgeoisie compradore irresponsable n’a jamais contribué un iota
au développement du pays mais bien à sa déstabilisation. A titre
d’exemple nous pouvons évoquer le financement des deux derniers coups d’Etat qui ont engendré l’occupation du pays.
Dans la foulée de toutes ces oppressions et de ces dérives,
voici qu’il nous est donné de nous accommoder avec un gouvernement dont on ignore encore la nationalité du président, celle
du Premier ministre et même de certains députés et sénateurs, du
seul fait qu’ils ont été tous, au départ, imposés dans des élections
truquées ; pratiques politiques qui ont été encouragées par et sous
la supervision de la Communauté internationale.
Les 50 millions de dollars d’investissement en cadeau
dominicain à Haiti ne représentent rien en comparaison de ce que
le dictateur Jean-Claude Duvalier avait pillé au pays, soit plus de
800 millions de dollars. Pour comble de honte et d’ironie, il a été
en première loge au cours de la cérémonie officielle du 12 janvier
2012 à St Christophe avec Prosper Avril et Bill Clinton, grâce à la
complicité des autorités néo-duvaliéristes. Combien d’universités,
d’hôpitaux, de routes, de centres sportifs et tant d’autres aurait
t-on pu construire avec ces 800 millions, sans compter la fortune
des autres pilleurs de la Nation ?
Dans ces conditions de dérives et d’éternelles poussées de
déstabilisations anarchisantes, le pouvoir en place n’a rien à envier à la gargote et au pillage duvaliériste. Et ce n’est pas sans
raison que l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier revenu en Haiti
vit librement sans être inquiété par Martelly, en dépit des plaintes
déposées contre lui et un rapport de l’Amnesty international demandant son jugement.
En dépit de tous ces nuages qui assombrissent le ciel haïtien,
le pire pourrait bien être évité, sauf qu’il reste que l’avenir est
lourd d’incertitudes et que la question cruciale à se poser maintenant est: comment donc sortir le pays de cette descente aux
enfers?
Notre unique devoir est d’organiser et de mettre en œuvre
la résistance. Il ne nous faut pas rester les bras croisés attendant
qu’un certain messie vienne nous délivrer. Si le peuple haïtien se
met au centre de son propre développement, il finira coûte que
coûte avec la mainmise coloniale. Grâce à un Grand Mouvement
d’Unité Populaire des forces progressistes et révolutionnaires
nous pourrons arrêter le pourrissement de la situation, écarter
le pays de ce cauchemar carnavalesque que nous apportent Martelly et ses alliés.
Nous restons persuadés que la vigilance des forces populaires organisées saura déjouer les machinations non seulement des
forces occupantes mais de ces valets au pouvoir pour libérer et
construire une nouvelle société haïtienne dans la dignité et le respect des lois.
Pour qui savent espérer, lutter et s’organiser, la libération
d’Haiti est au bout de la persévérance et dans le combat pour le
changement.
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
A travers Haiti
Grave accident de la route à Delmas !
Haïti envisage de devenir
membre à part entière de l´ALBA
Par Jackson Rateau
L
L
e soir du lundi 16 janvier dernier,
aux environs de 9hres 30 pm un
camion venant du haut de Delmas,
dont les freins ont lâché, a causé un
accident catastrophique qui a laissé la
population de cette zone dans la consternation et le deuil.
Le
tomberau
immatriculé
ZA12655 qui dégringolait du monticule
de Delmas, depuis Delmas 40, a échappé au contrôle du conducteur, puis a
percuté les échoppes des marchandes
de poulets grillés, de boissons gazeuses
occupant les trottoirs.
Un premier bilan partiel de ce
tragique accident a fait état de 26 morts
et de 50 blessés graves, mais selon
le dernier bilan des autorités gouvernementales, le nombre s’élève à 30
morts et 56 blessés. Ces derniers ont été
hâtivement transportés vers 4 centres
hospitaliers dans la capitale haïtienne
dont l’Hôpital de l’Université d’Etat
d’Haiti (HUEH), le Centre Médecins
sans Frontières, l’Hôpital de La Paix et
l’OFATMA.
Dans sa course folle, l’engin a
heurté également des motocyclistes, 2
véhicules dont un minibus et une camionnette, tous écrabouillés, pour finalement terminer sa course sur la cour de
la TNH à Delmas. Il semblerait que le
chauffeur soit sorti du véhicule avant
même qu'il ait fait tous ces dégâts. Il est
maintenant recherché par la police, selon les déclarations du commissaire Will
Dimanche, chef de la Direction Centrale
de la Police Routière (DCPR).
Une des victimes de l’accident de Delmas
« Dans tous les pays du monde, il
y a des accidents ; cependant, il faut un
minimum de contrôle, basé sur des inspections, surtout sur les engins lourds,
en vérifiant le système mécanique
leur permettant de circuler. Ça arrive
toujours que les freins d’un véhicule
lâchent. Mais cette foule innombrable
de marchandes circulant à double sens
de la rue aggrave systématiquement
l’accident », a jugé un riverain, analysant la situation.
Le porte-parole adjoint de la
PNH Gary Desrosier, rappelant que la
PNH enregistre au moins 15 accidents
par mois, a préconisé la sensibilisation à la sécurité routière. Il indiquait
: « La police n’est pas responsable de
l’évacuation de la rue. Il incombe à la
mairie cette tache de faire évacuer les
artères. Cependant, elle peut toujours
solliciter du renfort, à laquelle demande
Rabais! Le riz parfumé au
meilleur goût, cuit en 12 minutes.
que la police réponde immédiatement.
Ça ne veut pas dire pour autant que
nous fuyons nos responsabilités...
Analysant les données, nous avons
constaté que dans les années 90, les
mortalités issues des accidents de circulation étaient classées 2e après celles
issues du SIDA. Ces derniers temps, les
décédés des causes d’accident ont dépassé largement ceux du SIDA. Dans
nos rapports hebdomadaires rendus
publics, chaque mercredi, nous avons
enregistré entre 10 à 15 cas de mortalité d’accident de circulation... »
Des gens ont sur le coup perdu
leurs membres comme dans les cas
d’une jeune femme qui a perdu une
jambe et d’un chauffeur de taxi-moto
qui lui-même a perdu ses deux jambes.
C’était une situation de panique
avec des corps décapités presque semblable à celle du séisme du 12 janvier
Rabais! Champion: Le
Rabais! Groenland,
meilleur Riz Basmati du monde du lait frais à 100% pur.
e Président de Haïti, Michell Martelly,
a annoncé ce mercredi à l´envoyée
spéciale de TeleSUR à Port-au-Prince,
Madeleín García, que son pays évalue
la possibilité de devenir membre à part
entière de l´Alliance Bolivarienne pour
les Peuples de Notre Amérique (ALBA)
dont Haïti est membre observateur
depuis 2007. Le mandataire a réaffirmé
l´importance de “travailler avec les peuples frères" pour parvenir à reconstruire
la nation caraïbe.
À la question de savoir si cette
décision affecterait les relations de Haïti
avec les États-Unis, Martelly a expliqué qu´il ne s´agit pas d´un problème
d´idéologie mais de la possibilité de reconstruire son pays. “Ce sont des peuples frères et nous allons travailler avec
eux” a déclaré le Président haïtien.
Martelly a fait ces déclarations ce
mercredi après une conférence de presse
durant laquelle il a annoncé que grâce
à l´aide du Canada 20 mille familles qui
vivent dans des campements improvisés
depuis le tremblement de terre de 2010
pourront être relogées.
Martelly a également profité de
l´occasion pour informer que ce mardi
qu’on venait de commémorer jeudi
dernier le second anniversaire.
Signalons que les autorités du
pays ont accouru sur la scène entre autres le président Martelly et son épouse,
le Premier ministre Garry Conille, le
secrétaire d'Etat à la sécurité Reginald
Delva, des parlementaires, le sénateur
Youri Latortue, le député de Tabarre
L´envoyée spéciale de TeleSUR à
Port-au-Prince, Madeleín García
à Managua (Nicaragua) en marge de
l´investiture présidentielle de Daniel
Ortega, il a soutenu une conversation
avec son homologue vénézuélien Hugo
Chávez pour se mettre d´accord sur
l´approfondissement de l´aide qu´apporte
le programme Petrocaribe dans la reconstruction de la nation caraïbe.
La revolucion vive 11 janvier 2012
Delmas Arnel Belizaire, les maires
Yvon Jérôme, Wilson Jeudi et d’autres
autorités.
Les blessés sont répartis comme
suit dans les hôpitaux: 13 à l’Hôpital
de Médecins Sans Frontières (MSF), 28
à l’HUEH, 10 à l’Hôpital de la Paix, 4
à l’OFATMA et 1 à l’Hôpital Bernard
Mews.
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Haiti Liberté/Haitian Times
3
L’université Henry Christophe est un acte de réparation
pour les victimes du massacre de 1937
Par Joël Léon
L
’inauguration du campus universitaire Henry Christophe dans la
localité de Limonade, dans le département du nord, suscite beaucoup de
controverses. Pour certains, il s’agit
d’un acte humanitaire désintéressé de
l’Etat Dominicain à celui d’Haïti qui se
trouve en grandes difficultés après le
séisme meurtrier qui ravagea le pays
en 2010, dont nous venons de commémorer les deux ans. Pour eux, cette action se situe dans la logique d’échange
et de solidarité sud/sud qui, ces derniers temps est sur toutes les lèvres en
Haïti. Pour d’autres, il s’agit tout simplement d’un acte d’humiliation de la
part de la République Dominicaine. Ils
le qualifient « d’université de la honte ». En réalité, de quoi s’agit il ?
L’animosité de la république
Dominicaine à l’endroit d’Haïti est
largement documentée. Des livres ont
été publiés à ce propos, des documentaires ont été montés, des centaines
d’articles publiés et des centaines de
reportages qui décrivent les relations
dégradantes entre les deux pays. Personnellement, c’est un sujet qui m’a
toujours fasciné. J’ai déjà produit plus
de 4 textes sur le sujet, sans compter
les interventions publiques, radiophoniques et discussions sur le web.
Donc, j’ai une certaine maîtrise en ce
domaine.
D’abord il y a les rancoeurs historiques qui aveuglent l’élite intellectuelle Dominicaine. En 1822, Jean Pierre
Boyer, le nouveau président d’Haïti,
envahit et occupa la partie Est de l’Ile,
sur la demande expresse des habitants de la partie Est de l’île, jusqu’à
son départ en 1843. A noter que cette
occupation a eu lieu sans le tir d’un
coup de feu. Cela dit qu’un secteur
dominant de la vie publique dominicaine voulait la présence haïtienne sur
leur territoire. Pendant ces 21 ans, les
universités en Dominicaine furent fermées et un climat de répression avait
été entretenu dans le pays. Les intellectuels dominicains, toutes tendances
confondues, ont unanimement qualifié
ce règne d’obscurantiste et d’« années
perdues ». Aujourd’hui encore, beaucoup pensent que si ce n’était à cause
de ces années-là, la Dominicaine aurait
pu avoir un meilleur présent. Cette interprétation de l’histoire est répandue
constamment dans les écoles dominicaines, à savoir que les Haïtiens sont
des obscurantistes. Cette haine implacable est transmise de génération en
génération.
Rafael Léonidas Trujillo (1),
l’ancien dictateur dominicain, se basa
sur cette rancœur historique pour
massacrer plus de 35.000 haïtiens
en 1937. Beaucoup de compatriotes
haïtiens pensent et, à juste titre, que la
construction de ce centre universitaire
est un acte de réparation et de justice à
l’endroit des frères et sœurs assassinés
lors de ce carnage. Et, ils croient fermement que l’université devrait porter un nom approprié aux victimes du
génocide, surtout lorsqu’on considère
que l’accord de réparation conclu entre
les gouvernements haïtien et dominicain, sous l’œil bienveillant du président américain Franklin D. Roosevelt,
pour que Trujillo verse 750.000 dollars
aux parents des victimes, n’a jamais
été honoré. Donc, la construction de
l’université Henry Christophe n’est pas
un acte humanitaire, mais une dette
historique à l’endroit du peuple haïtien.
Il y a un autre aspect dans le
geste du président Leonel Fernandez
qui mérite d’être pris en compte. On se
souvient du débarquement des soldats
français dans le nord du pays, particulièrement au Cap-Haïtien. Cette ville
martyre et de grande prouesse, qui
poussa Rochambeau à répondre aux
critiques de Napoléon, s’agissant de
l’armée Indigène, qu’il était en train de
faire la guerre au groupe le plus supérieur de l’Afrique noire. En traversant
« Barrière bouteille » en 2004, l’armée
française comptait altérer l’histoire. Effacer la cinglante défaite qu’elle avait
subie 200 ans de cela. Les Américains
font de même à propos de la guerre
contre le Vietnam. A travers des films
cinématographiques comme Rambo
etc. Ils veulent endiguer le spectre
de la défaite qui traumatise toujours
l’armée américaine. C’est ce que Pierre
Bourdieu a qualifié de « violence
symbolique ». Une disposition à faire
passer l’arbitraire comme légitime, la
laideur pour de la beauté.
Par l’octroi d’un centre universitaire, les Dominicains entendent prendre leur revanche sur l’histoire. Ils veulent exhiber à la face du monde leurs
supériorités de peuple et de race. Parce
qu’il y a tant d’autres domaines où les
Dominicains peuvent aider, pourquoi
un centre universitaire ?
Je pense que Jacques Stephen
Alexis, l’auteur de « Compère Général
Soleil » serait d’accord avec moi dans
ma tentative de déceler la signification
du geste de l’Etat dominicain.
Ceux qui pensent que le don de
l’université Henry Christophe à Haïti
est un geste innocent doivent se rappeler d’une chose. Depuis la dernière
tentative de Faustin Soulouque en
1858 de reprendre sous contrôle la
partie Est de l’Ile, Haïti n’a jamais commis aucun acte d’hostilité vis-à-vis des
Dominicains. De leur côté, ils ne cessent de comploter contre les Haïtiens.
A commencer par le tracé frontalier
de 1919, qui accorda les deux tiers
de l’Ile aux Dominicains au détriment
des Haïtiens. Les Américains furent les
artisans de ce traité soi-disant inspiré
de celui de Ryswick de 1697. A cette
époque les deux états qui composent
l’Ile subissaient l’occupation américaine. Donc, ce traité est invalide du
fait de l’influence d’un corps étranger
dans l’affaire, c’est-à-dire le président
américain de l’époque. Aujourd’hui
même, l’Ile doit être séparée en deux
moitiés égales, point barre!
En ce sens, si Leonel Fernandez
veut inaugurer une nouvelle ère dans
les relations entre les deux pays, il doit
nécessairement poser des actions concrètes en ce sens :
Entrer en négociation avec les
autorités constituées de l’Etat haïtien
pour un nouveau tracé frontalier, celui de 1919 ayant été défavorable à la
partie haïtienne. Celui imposé par les
L’université Henry Christophe don de la république Dominicaine à Haïti
Américains est injuste et ne reflète pas
les intérêts des deux peuples.
Déclarer la boucherie de 1937
un génocide et entreprendre le processus de réparation financière à raison de
1 million de dollars par victime, sous
contrôle d’organisations liées aux intérêts des masses populaires.
Mettre fin à la campagne raciste
contre Haïti que les intellectuels et médias dominicains agitent froidement en
Dominicaine et du même coup dénoncer le livre de Joaquin Balaguer « L’île
à l’envers » comme un instrument raciste d’incitation à la haine épidermique.
Demander pardon au peuple
haïtien. De la même façon que l’église
Catholique a imploré le pardon des Africains pour sa participation dans la
traite négrière et aux Juifs à cause de
leur silence complice pendant le génocide nazi durant la deuxième guerre
mondiale. Ce sera justice rendue !
Octroyer la nationalité dominicaine aux Haïtiens qui sont nés sur le
territoire dominicain et qui désirent
l’acquérir. Entreprendre une campagne
d’éducation civique contre la xénophobie sur tout le territoire national
pendant 3 ans tout en admettant leur
culpabilité.
Mettre fin à la politique de déstabilisation politique, économique et
culturelle d’Haïti. Depuis 1986, l’Etat
dominicain participe à tout mouvement réactionnaire, anti-haïtien de
déstabilisation mis en place par des
« haitiens-étrangers » assoiffés de pouvoir. Comme illustration, on peut citer
les deux coups d’état de 1991 et de
2004.
Aux nantis du pays qui préfèrent
dépenser des millions de dollars pour
envoyer leurs enfants étudier dans les
grandes capitales occidentales, nous
disons : honte à vous ! C’est aussi le
moment pour que les bourgeois haïtiens prennent conscience de leur mission historique de classe. C›est-à-dire,
doter le pays d’infrastructures adéquates, assurant la haute valeur éducative et la dignité du « premier épître
nègre indépendant du monde ».
En terme de conclusion, le don
de l’université Henry Christophe est
une honte nationale, mais un outil
utile à la nation !
Notes
Joaquin Balaguer, ancien président dominicain eut a écrire « l’île à
l’envers », un livre très controversé
mais illustrant clairement la haine nationale. Ce bouquin fut pendant longtemps la « Bible » d’une grande partie de l’intelligentsia dominicaine qui
l’utilisa à des gains racistes et politiciens.
Deux ans après le séisme, à quand la reconstruction d’Haïti ?
Par Thomas Péralte
D
eux années sont bel et bien passées
depuis le passage du violent tremblement de terre qui a frappé le pays,
faisant toute une quantité de morts que
mêmes les autorités de l’Etat mieux
placées que quiconque n’arrivent
jusqu’ici pas à chiffrer de manière rai-
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fournitures scolaires
4
sonnable. Mais on est tous plus ou
moins d’accord que le nombre de disparus dépasse largement les 300.000.
En dépit des promesses des pays
amis, les séquelles de la tragédie pèsent
encore lourdement sur les épaules des
milliers de sans-abri qui se sont réfugiés dans des campements de fortune
depuis le soir du 12 janvier 2010.
L’apparition surprise de la catastrophe du 12 janvier 2010, sans précédent si on se réfère à ceux qui n’ont pas
notre âge bien entendu, avait suscité,
reconnaissons-le, un élan considérable
de solidarité fraternelle des pays étrangers envers cette terre touchée par l’une
des plus graves catastrophes naturelles.
De toute notre histoire de peuple, on n’a
jamais vu cette quantité innombrable
de pays dits amis ou d’autres animés
par le sentiment de compassion, manifester autant de volonté, d’engouement
à fouler le sol national en vue de nous
apporter leur soutien et leur sympathie.
12 janvier 2010 aurait dû être la
plus favorable des occasions pour un
vrai redémarrage de la barque nationale trop longtemps amarrée dans ce
marécage à la fois boueux et puant.
Ç’aurait dû être l’année du renouveau
haïtien, d’une nouvelle naissance de la
mère patrie où tout allait être repensé
si et seulement si, nous avions compris
la nécessité de profiter de l’opportunité
déposée au seuil de notre porte.
Deux ans après le séisme, on est
en droit de se demander où est passé
l’argent collecté par les bailleurs de
fonds pour la reconstruction d’Haïti et
quand les victimes auront à sortir sous
des tentes ? Des questions qui restent
pourtant pendantes. Qu’est ce qui est à
Haiti Liberté/Haitian Times
la base de toute cette lenteur enregistrée dans le processus de reconstruction
? Peu après le séisme, le gouvernement
Préval-Bellerive, dépassé par les dégâts
apocalyptiques avait décrété la période
dite de l’urgence qui rimait avec les
différentes sortes de distributions à la
population victime déplacée, vers des
camps d’hébergement. Tout au long
de cette période la liste des ONG qui
assuraient des distributions d’aide aux
victimes passait de 4000 à 10.000 sur
le terrain en 2010 selon l’ex-Premier
ministre, Jean Max Bellerive, lors d’un
point de presse.
Passée la période d’urgence, le
gouvernement avait procédé à la création d’une commission devant recueillir
les fonds de la reconstruction. Telle a été
la mission de la Commission Intérimaire
pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH),
coprésidée par Jean Max Bellerive et
l’ancien président des Etats-Unis, Bill
Clinton. Deux ans après le séisme,
l’évidence s’impose ici en ce qui a trait
à l’échec cuisant de cette mascarade de
commission formée de toutes pièces par
des étrangers qui n’ont absolument rien
à voir avec la réalité haïtienne et qui
ont, dans la foulée, transformé Haïti en
une République d’ONG où pullulent des
succursales par-ci et par-là pour mieux
blanchir les fonds alloués à l’origine à
ce qui devraient être de véritables projets de reconstruction en faveur des
victimes
Bénies par le laxisme des autorités haïtiennes, les organisations internationales donnent libre cours à ce que
bon leur semble, galvaudant des fonds
pour lesquels elles n’auront aucun
compte à rendre, puisque l’Etat haïtien
Campus Universitaire dont les clés ont été remises officiellement au
gouvernement haïtien ce 12 janvier 2012, lors d’une cérémonie inaugurale
n’a aucun pouvoir de contrôler sur les
folles dépenses qui ne riment en fin de
compte qu’à des constructions d’abris
de misère qui ne font que rabaisser les
victimes du tremblement de terre. Un
affront sans précédent à la mère patrie,
à toute la population haïtienne trop
longtemps soucieuse de mener une vie
décence. Il n’y a donc « aucune preuve
de transparence dans ce que font les
ONG sur le terrain. Elles mettent en
œuvre des projets qui n’ont pas été élaborés avec la participation des victimes
» selon le Réseau National de défense
des Droits Humains (RNDDH) au cours
d’une conférence de presse sur les deux
ans du séisme.
En 2012, le cri de la population
victime est encore très douloureux
compte tenu du peu de service obtenu
dans le cadre de l’assistance post-sis-
mique. Plus de quatre (4) milliards de
dollars ont pourtant été décaissés en
ce sens par la Communauté Internationale. Qu’est-ce qu’on a vraiment réalisé
avec cet argent ?
En 2010, le gouvernement Préval-Bellerive avait commandé des
tentes et des bâches en plastique pour
mieux disait-on aider les déplacés à
faire face à la saison pluvieuse, il n’y
avait jamais eu une vraie politique de
création de logements sociaux en vue
de permettre à ces milliers de sans-abri
de rentrer dignement dans leurs quartiers d’origine. Hormis le ramassage
des débris dans des sites écrabouillés
sous le poids du séisme, 50 millions
de dollars avaient été déjà décaissés du
Trésor public pour entamer les travaux
de reconstruction dans la zone du Fort
Suite à la page (14)
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Twa fèy, Twa rasin O!
Comme je me suis senti fier!
Par Fanfan La Tulipe
U
ne chanson haïtienne affirme
que . A la vérité, j’en connais, et ils sont des millions, qui se
promènent, cherchent et cherchent,
cherchent encore, cherchent toujours, et qui pourtant ne trouvent
rien à se mettre sous la dent. Alors, chantez au rythme de Nemours
Jean-Baptiste, mais ne prenez pas
cette chanson à la lettre. Je suis
bien chanceux, moi qui sans chercher, ai trouvé à souper, mais pas
n’importe quelle nourriture. Je m’en
vais vous le raconter bientôt.
S’il en est beaucoup à se
promener le ventre creux, il y en
a aussi qui se promènent la panse
pleine, la tête , l’air désinvolte, la
gargane en de contrariété toujours
prête à sortir une incongruité ou
une absurdité quand ce n’est pas
une obscénité ou une vulgarité. Ce
sont des gens qui ne se promènent
pas en cherchant de quoi souper. Ils
cherchent autre chose. D’ailleurs,
ils ne se promènent pas sur leurs
deux . Ils se baladent en 4X4 aux
vitres teintées ou en jets privés
loués à raison de milliers de dollars
par heure. C’est le cas du président
Martelly arrivé au pouvoir dans les
conditions scabreuses que l’on sait
et qui se cherche le souper d’une légitimité qu’il n’a pas eue vraiment
par les urnes.
Depuis sa prestation de serment, Martelly n’a pas arrêté de
voyager, à la recherche de cette
légitimité, espérant projeter une
stature d’homme d’Etat, espérant
gommer un passé très peu reluisant d’homme de boîtes de nuit,
espérant se faire admettre , non
pas au sens politique du terme,
mais plutôt au sens du concept
psychologique développé par JeanPaul Codol qui, dans ses travaux
sur le double comportement, montre qu’un sujet peut donner une image positive de lui-même aux autres tout en voulant défendre son
originalité individuelle. Ainsi, les
voyages de Martelly en Europe, en
Amérique latine ou dans les Antilles n’ont pour lui d’autre but que
d’essayer de se «mesurer» (hélas !)
à des leaders, des chefs d’Etat ou
de gouvernement représentatifs ou
prestigieux, de se faire passer pour
un vrai président, un président ,
tout en gardant son naturel, son
«originalité» de musicien dépravé.
Y en a d’autres qui se promènent à la recherche de passeports «étrangers». Ils en trouvent
d’américains, de canadiens, de
boliviens, d’italiens, peut-être de
mongoliens, qui sait ? Les Haïtiens disent volontiers que le malheur n’est pas «mal». Dans le cas
de ceux qui en se promenant ont
trouvé des passeports étrangers à
souper, c’est un mal pour un bien.
Ils mettent des sur la défensive,
forçant tel ou tel autre ministre à
venir accoucher d’un gros mensonge de natif-natalité, tel autre
ministre à s’empresser de venir se
confesser alors que Jean-Charles
ne l’a même pas accusé d’être un
pécheur, bien qu’il soit un pêcheur
en eau trouble depuis la Faculté de
médecine. Il fait plaisir de voir cette
question de double ou triple nationalité forcer un président d’ordinaire
si démesurément verbeux, dévergondé et à rentrer dans sa coquille
et à faire du marronnage en atten-
dant un éventuel bras de fer politique qui pourrait mettre la nation
à feu et à sang (au figuré, je veux
dire).
Moi qui n’ai besoin ni de légitimité, ni de passeport «étranger», ni de confession encore moins
d’absolution de la part de JeanCharles, je m’en viens vous dire
ce que sans chercher j’ai trouvé
pour souper : une nourriture épicée
jusqu’à stimuler les fibres patriotiques de tout Haïtien fier de cette
terre nôtre, mère de liberté; à les
faire vibrer à l’unisson des voix
reconnaissantes envers le fondateur de la nation, celui dont le sang
rebelle, indomptable et coule encore dans nos veines. J’ai trouvé à
souper sans chercher en revoyant
les principaux textes parus dans ce
numéro du journal.
Quelle surprise ! Quelle joie !
Quelle émotion ! Quelle jubilation
intérieure !
Quel ravissement !
Quelle fierté lorsque j’ai noté le titre d’un reportage signé Luciana
Taddeo (p. …), l’envoyée spéciale
à Port-au-Prince de l’agence Opera
Mundi. Un titre inattendu : «Brigade Dessalines, initiative de La
Via Campesina et du Mouvement
des Sans Terre du Brésil» ! Quel témoignage émouvant tout en éclat
de pierreries à l’immortel Père de
notre patrie, un hommage en arcen-ciel caraïbéen à ce symbole de
résistance et de courage herculéen
que fut Jean-Jacques Dessalines.
Comme je me suis senti fier que
deux organisations paysannes
aient voulu saluer la mémoire de ce
titan dont l’un des titres de gloire
fut justement que la terre revînt
aux va-nu-pieds qui avaient combattu pour elle et l’avaient méritée
de plein droit.
On sait les forts préjugés de
l’Occident à l’endroit de Dessalines
dont la formule « » a laissé de profondes et durables cicatrices dans le
tissu de sa vision de notre grande
révolution anti-esclavagiste, la
seule du reste. Tous ces intellectuels, historiens, critiques qui se
sont sentis confortables dans le
moule occidental, ont oeuvré, consciemment ou inconsciemment,
pour gommer l’image authentiquement révolutionnaire de ce titan, le
premier à avoir exprimé dans les
actes que la liberté doit être une et
pour tous. De la révolution à Saint
Domingue, de la geste héroïque
qui a conduit à 1804, ils n’ont
voulu retenir, la France surtout,
que l’ombre de leur jacobin noir.
Or, comme l’a si bien écrit Prince
Guetjens, la semaine dernière, dans
les colonnes de ce journal : «». Et ce
n’est qu’hommage mérité.
J’avance que même dans le
monde des progressistes ou des
révolutionnaires, il est rare qu’on
fasse référence à Dessalines qui
reste un méconnu, sauf, à ma connaissance le général vietnamien
Giap, cité dans une étude par MarcArthur Fils-Aimé*. On mentionne
souvent Bolivar, Sucre, Sandino,
Martí qui ont eu sans doute leur
mérite. Pourtant, avant eux il y a
eu Dessalines qui a fait éclore la
liberté en Amérique, une vraie, une
liberté pour tous qui d’ailleurs a été
la boussole de Bolivar. A quelques
reprises, j’ai fait part de cet oubli,
si ce n’est cette involontaire négligence à des frères et camarades de
lutte, notamment dans le journal.
Pour étayer mon propos, je
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Quel témoignage émouvant tout en
éclat de pierreries à l’immortel Père
de notre patrie, un hommage en arcen-ciel caraïbéen à ce symbole de
résistance et de courage herculéen
que fut Jean-Jacques Dessalines
veux rappeler que le militant révolutionnaire Hugo Chavez, en 2007,
a parrainé l’idée d’un film sur la vie
de Toussaint Louverture que devait
tourner l’acteur Danny Glover. Du
reste, Glover lui-même, certainement un progressiste, rêvait depuis
longtemps d’un tel film. C’était une
occasion en or pour Chavez de
mettre en lumière Dessalines, dont
la geste fulgurante a ouvert la voie
aux indépendances latino-américaines, mais l’idée lui a échappé. Je
ne lui en tiens pas rigueur, Un téléfilm inédit sur Toussaint Louverture
réalisé par Philippe Niang, réalisateur et dialoguiste de télévision, sera
proposé prochainement sur France
2 avec Jimmy Jean Louis, acteur
et ancien mannequin et danseur
haïtien, et Aïssa Maïga, scénariste, réalisatrice, comédienne et
animatrice française, originaire
du Sénégal. On aura encore oublié Dessalines. A quand un
film sur Dessalines parrainé par
l’UNASUR, l’ALBA ou la CELAC ?
Je rêve de gouvernements
haïtiens progressistes, farouchement nationalistes, qui feraient
campagne pour sortir Dessalines
de l’ombre dans laquelle l’Occident
l’a plongé. Je rêve de voir des intellectuels dignes du patriotisme
et de l’écriture «dyacoutique» de
Morisseau-Leroy qui viendraient
dépoussiérer l’image de Dessalines et donner à notre grand héros
sa place de révolutionnaire conséquent que l’Occident et ses disciples lui ont ravie. Et ce ne sont
assurément pas ces intellectuels
de la honte, admirateurs béats de
l’Hexagone, «culturellement raffinés à la parisienne», ces saboteurs
de la célébration du bicentenaire de
notre indépendance qui viendraient
s’atteler à cette tâche collective de
faire vivre la mémoire de notre demi-dieu et de le rendre tout entier,
grand, superbe à l’Histoire. Assurément un devoir national qui leur
serait totalement étranger.
Merci à Via Campesina (VC),
ce mouvement international qui
coordonne des organisations de
petits et moyens paysans, de travailleurs agricoles, de femmes rurales, de communautés indigènes
d’Asie, des Amériques, d’Europe et
d’Afrique et qui milite pour le droit
à la souveraineté alimentaire et pour
le respect des petits et moyens paysans.
Merci au Mouvement des
Travailleurs sans-terre (MST),
l’organisation populaire brésilienne
qui milite pour que les paysans
brésiliens ne possédant pas de terre,
disposent de terrains pour pouvoir
cultiver. Merci à ces deux entités
d’inspiration populaire qui ont eu
la lumineuse idée d’associer le nom
de Dessalines à cette Brigade venue
en Haïti «réaliser un diagnostic des
conditions du sol, de la production
agricole et de la dynamique sociale» en vue d’un «programme de
coopération pour le renforcement
de l´agriculture locale».
Assurément, quelqu’un des
MST ou de Via Campesina a su
passer à travers les mailles de la
censure occidentale (non exprimée) pour découvrir qui était
Jean-Jacques Dessalines, ses liens
politiques et viscéraux avec cette
population d’esclaves qui avaient
irrigué la terre de Saint Domingue
de leur sueur et de leur sang pour
le plus grand profit des colons français. Quelqu’un a dû leur faire lire
le magnifique ouvrage de Berthony
Dupont, «Jean-Jacques Dessalines.
Itinéraire d’un révolutionnaire», le
livre par excellence sur le grand
stratège et héros de Vertières, mon
livre de chevet. Il faut soupçonner
fortement que des membres de VC
ou de MST, peut-être même des
deux organisations ont dû remarquer au hasard de leurs lectures
cette exclamation historique de
Dessalines : «Et les pauvres nègres
dont les pères sont en Afrique, ils
n’auront donc rien !»
C’est vrai qu’ils n’ont rien
eu, qu’ils ont été marginalisés,
refoulés dans «le pays en dehors»
pour que les nantis et les bonnes
gens des villes ne remarquassent
point leurs «gros orteils». C’est
tout à l’honneur de VC et de MST
d’avoir rendu ce bel hommage au
libérateur et fondateur de la patrie
en l’associant à leur démarche internationaliste, paysanne,
avec
les paysans haïtiens. C’est tout à
leur honneur, d’autant que depuis
2009 ils sont à pied d’œuvre
dans l’Artibonite. Et je n’ai pas
l’impression que la grande presse
haïtienne parlée ou écrite, celle qui
a contribué au chambardement des
années 2003-2004, ait porté grand
intérêt à cette «Brigade Dessalines» car leur inconscient ne s’est
sans doute pas encore libéré de
l’emprise-lavage-de-cerveaux de
l’Occident. ! Laissons-les à leurs
analyses de la conjoncture.
Comme je me suis senti fier
et heureux quand j’ai lu ce reportage par Luciana Taddeo ! Comme
je me suis senti pleinement haïtien
de voir le nom de Dessalines associé au travail internationaliste
de paysans concernés par la condition des travailleurs sans terre et
engagés à leur apporter une aide
technique, professionnelle, morale,
véritablement fraternelle. Merci à
Via Campesina, merci au Mouvement des Travailleurs sans Terre
de m’avoir apporté cette nourriture
intellectuelle que je ne cherchais
pas. Ce soir j’irai me coucher non
sans avoir bien soupé. Et , même
quand la chanson de Nemours Jean
Baptiste affirme que , ce n’est pas
toujours le cas.
* «Le général Giap du Vietnam
a écrit que la tactique de guerre de
Dessalines l’a aidé à combattre les
Américains». Marc-Arthur FilsAimé, in «Haiti : Les premières
racines de notre mal- développement» , 16 mai 2008.
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Haiti Liberté/Haitian Times
5
Kwonik Kreyòl
Pouvwa Martelly a ak akolit li yo ap
fè mannèv pou retounen ak yon
lame restavèk nan peyi a
Sipòtè Martelly yo devan Palman an, lendi 8 janvye 2012 la pou apiye
pwojè retou Lame kraze zo a
N
an mwa janvye 1995, yon arete
prezidansyèl mete fen nan sèvis
lame FADH la nan peyi a. Desizyon sa
a pase san bri, san kont paske tout popilasyon an te bouke ak krim, ekzaksyon
epi vyolasyon dwa moun lame a t ap fè
nan peyi a. Depi apre depa rejim Duvalier yo an 1986, se lame a ki te mete,
wete prezidan, minis kou direktè jeneral. Li te gen kontwòl yon bon pati nan
ekonomi peyi a sitou sila a ki chita sou
trafik dwòg ak kontrebann lan.
Jodi a, devan mannèv Martelly
ak akolit li yo pou retounen ak lame
bouyon rechofe a, tout moun serye
ki te viv peryòd sa a ap poze tèt yo
kesyon pou konnen, èske pouvwa a
kwè li kapab retounen peyi a nan rèy
baboukèt ak kraze zo a?
I. Riz pouvwa a ak konpayèl li yo
ap itilize pou yo tounen ak fòs lame
kriminèl menmjan ak FADH la.
Menmsi, swadizan, gen twa (3) pouvwa nan tèt Leta a, jounen jodi a, lè
yon ekip monte sou pouvwa ekzekitif
la epi li bezwen fè yon pwojè pase, se
ak otorite titèl yo li diskite l dabò epi
apre li chache jwe nan lòlòj popilasyon
an pou l pa pwoteste kont pwojè sa a.
Martelly ak patizan l yo vle fè
konprann, se lame ki te kreye nasyon
Ayisyèn lan, se lame ki pou retire l
nan move pas li ye a. Non ! Se nasyon
Ayisyèn lan ki te kreye lame endijèn li
pou libere l anba esklavaj epi rive jete
baz Leta d Ayiti. Yon ti tan apre, lelit
yo ak negosyan etranje yo rekipere
BOUKAN
lame a pou mete l osèvis yo kont enterè
nasyon an. Lè lame sa a te fin depafini,
Meriken debake an 1915, li mete n
anba okipasyon epi li kreye Gad d Ayiti
ki vin tounen FADH, ki te la pou kraze
zo popilasyon an pou pwoteje enterè
Meriken ak oligachi a.
Patizan lame pèpè a vle fè kwè
se lame ki ka garanti envestisman
etranje nan peyi a, pwoteje fwontyè yo
epi ranplase MINUSTAH lè li ale. Soti
1920 rive 1995, te genyen yon lame
restavèk nan peyi a. Apati fen ane 1940
yo, prèske tout envestisman etranje tèt
chat ki te vini avèk okipasyon an ale
epi yo pa janm tounen. Pandan tout
peryòd ekzistans FADH la, pi espesyalman apati 1957, fwontyè nou yo
tounen yon paswa pou trafik dwòg,
zam, braseròs ak bòt pipòl, men lame
a pat janm fè anyen pou frennen sa,
okontrè se li ki t ap asire pwoteksyon
trafikan yo.
II. Ki objektif kache ki dèyè pwojè
retou ak yon lòt fòs lame tyoul
nan peyi a?
Se te fòs rezistans pèp la ki te kreye
kondisyon pou pèmèt negosiyasyon
pou retou Aristide ak kraze lame a rive
fèt. Ansyen prezidan Clinton ak lòt otorite titèl yo rive mare sosis yo ak ekip
Martelly a epi, ansanm ak kèk sektè
nan mafya lokal la, yo renmèt li pouvwa a an 2011 lan. Kidonk Prezidan
Martelly ak konpayèl li yo se popetwèl;
yo pa fouti retounen ak yon lame nan
peyi a si yo pa gen aval Meriken.
Dapre dokiman ekip Martelly
a prepare sou kesyon fòs lame a, se
yon veritab pouvwa paralèl li vle mete
sou pye ak Konsèy Nasyonal Defans
ak Sekirite a (CNDS). Nan misyon l, l
ap gen pou okipe kesyon pwoteksyon
sivil, anviwònman, ransèyman, fwontyè, dlo, enèji, espas ayeryen, defans,
sekirite piblik ak devlopman. Se Chèf
Leta a k ap nan tèt Konsèy sa a epi l ap
gen ladann: Premye Minis lan, Minis
Defans lan, Minis Jistis la, Minis Enteryè a, Minis Afè Etranjè a, Minis Ekonomi ak Finans lan epi tout lòt moun
Prezidan an chwazi pou sa.
Prezidan Martelly ak akolit li yo
dèyè pou yo fè dekabès nan koze lame
sa a. Yon bò y ap bay oligachi a ak
konpayi miltinasyonal ki enterese vin
souse peyi a yon lame restavèk kraze
zo pou garanti enterè yo epi, yon lòt
bò, y ap konsantre tout pouvwa Leta
a nan men yo. Si yo rive mete CNDS
lan kanpe, yo pap bezwen ni palman,
ni pouvwa jidisyè, ni gouvènman ankò
pou regle kèlkeswa gwo koze ki ta oblije yo pase devan enstans sa yo.
III. Ki atitid fòs pwogresis yo
dwe genyen fas ak volonte pou
retounen ak yon lame gwo ponyèt?
Pwogresis yo pa dwe pran pawòl lame
sa a pou pawòl van; yo pa dwe kwè
entènasyonal la pa dèyè kesyon an.
Depi 1994, peyi a genyen yon anbago
pou l pa achte zam lòt bò dlo. Jounen
jodia, y ap anvizaje kijan pou leve anbago sa a. Nan premye manch titèl la,
kote y ap kreye kondisyon pou konpayi
miltinasyonal yo vin tabli nan 25 zòn
franch k ap fèt yo, se MINUSTAH ki gen
koze sekirite a nan men l. Nan dezyèm
manch titèl la, se Depatman Leta Meriken, atravè yon pouvwa ak yon lame tyoul an Ayiti, ki pral fè l. Yo bay Martelly
ak ekip li a wòl pou teste teren an, pou
ka wè kijan pou regle koze a pi devan.
Jodi a, pandan fòs pwogresis yo
ap chache òganize tèt yo yon lòt fwa
ankò epi makonnen yo piplis ak popilasyon an, yo dwe devlope yon veritab
kanpay konsyantizasyon ak mobilizasyon nan peyi a kont titèl entènasyonal
la, kont retou pouvwa gwo ponyèt nan
tèt Leta ak tout fòm lame kraze zo sou
teritwa a.
Astride MALEBRANCHE
Santinèl pèp la
Volim II, Nimewo
7 Novanm 2011
Independent Rent a Car (IRC)
101.9 FM • SCA
Radyo Pa Nou
Emisyon KAKOLA
Konbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti
• Nouvèl •
• Analiz •
• Kòmantè •
• Deba •
Pou yon Ayiti Libere
(917) 251-6057
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Mèkredi 9-10 pm
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Adresse: Fontamara 43, Rue Sassine #12
P.au.P, Haiti
Jijman Duvalier :
KOSIJID mande Lajistis
pran responsabilite l
Kòdonatè KOSIJID la, Raymond Davius
L
undi 16 janvye 2012 ki fè yon lame
depi ansyen diktatè Jean Claude
Duvalier te retounen nan peyi a ; Kolektif Sitwayen pou Jije Duvalier (KOSIJID) mande Lajistis ayisyen pou l pran
responsabilite l, nan mete tout sa ki
nesesè an plas pou Jije Jean Claude Duvalier. Kòdonatè KOSIJID la, Raymond
Davius denonse konplisite gouvènman Martelly/Conille lan k ap tolere
enpinite nan peyi a, pandan y ap pale
sou Etadedwa. Selon Raymond Davius, pa ka gen rekonsilyasyon si Lajistis pa fè travay li, pa ka gen Etadedwa
nan enpinite. Prezans Jean Claude Duvalier nan peyi a san kòd Lajistis pa
nan kou l, se tolerans enpinite pou 30
mil moun rejim Duvalier yo te touye,
nan tout kondisyon.
Viktim yo sezi tande ak ki
awogans, Jean Claude Duvalier ak
konplisite prezidan Michel Martelly ap
pase anba pye dwa viktim yo, fwase
viktim yo, lè yo wè yon kriminèl notwa konsa ap mache nan tout peyi a.
Lendi 16 janvye a, Jean Claude
Duvalier te vizite vil Jakmèl ak kèk
komin nan depatman an. Viktim yo
denonse monte desann Jean Claude
Duvalier ap fè nan peyi a, yo fè
konnen aktivite sa yo, se yon move
siy pou Lajistis, pou demokrasi ak
Etadedwa nan peyi a. Viktim yo fè
konnen wè pa wè fòk Jean Claude
Duvalier jije e fòk yo jwenn jistis ak
reparasyon. « Kolektif sitwayen pou
Jije Duvalier « KOSIJID » ap pran yon
minit rekèyman pou salye memwa
plis pase trant mil 30.000 viktim
rejim sanginè, sanmanman Duvalier
yo te touye, sasinen, masakre, tòtire,
disparèt pandan 29 lane yo pase sou
pouvwa a.
Kolektif pou jije Duvalier « KOSIJID » santi l endiye devan konpòtman dwayen ak etidyan Fakilte Dwa
Gonayiv la, pou reyabilite Jean Claude
Duvalier, Pitit Tig la, masakre plizyè
milye Kretyen Vivan nan sosyete Ayisyen an. Sa a se yon wont pou entelektyèl nan peyi a.
Kolektif Sitwayen pou Jije Duvalier « KOSIJID » ap raple pèp Ayisyen
an, Jean Claude Duvalier ansyen sanginè diktatè a ki akize pou krim kont
limanite, nan konplisite Prezidan Joseph Michel Martelly , yon fwa ankò,
t al Titanyen, Jedi 12 Janvye 2012 la .
Aprè 25 lane li pase nan peyi
Lafrans, jodi lendi 16 Janvye 2012 la
fè yon lane depi ansyen diktatè Jean
Claude Duvalier retounen nan peyi a.
Plizyè dizèn viktim déjà depoze plent
devan Lajistis pou krim li komèt pandan 15 lane rejim li an. N ap raple pou
tout moun lajistis déja enkilpe Jean
Claude Duvalier pou detounman lajan
Leta e kounye a Lajistis ap kontinye pousuiv Jean Claude Duvalier pou
krim li komèt sou pèp Ayisyen an.
Jean Claude Duvalier ensilte
memwa viktim yo se te yon lòt afwon
pou pèp ayisyen an tann jistis ak
reparasyon pou disparisyon , masak,
asasina, manman, papa, frè ak sè yo
ki te koule sou rejim Kriminèl Duvalier
a ak akolit li yo.
Kolektif pou jije Duvalier KOSIJID ap mande Jij Carvès Jean ki kote
li ye ak dosye Jean Claude Duvalier a
ki akize pou krim kont limanite k ap
paweze lib e libè nan peyi a ? Fè tout
sal deside san kè l pa sote. Duvalier
ak akolit li yo ap bay Lajistis ayisyen
defi, paske Lajistis mete sou rezidans
siveye, men l ap mache nan tout peyi
a, si Lajistis refize travay li.
Kolektif Sitwayen pou jije Duvalier KOSIJID ap entansifye demach ak
aksyon li yo nan.
1) Ekri yon lèt ouvèt ak otorite
Ayisyen yo pou yo pran responsabilite
yo nan dosye Jean Claude Duvalier a
pou lenpinite kaba, pou Lajistis ak la
verite triyonfe.
2) Fè manifestasyon, sitin ak lòt
aksyon pou fòse chak aktè nan dosye
Jean Claude Duvalier a yo deside aktive
l pou fè jistis ak reparasyon pou viktim
yo tounen yon reyalite.
3) Kolektif pou jije Duvalier
KOSIJID ap di pou Bawon k ap sipòte
kòz Jean Claude Duvalier a, rejim sa
a pa t janm kwè ni nan zanmitay ni
nan patizan piske Baby Docratophobie
se sèlman yon kontinwite papa Doc te
aprann makout yo ki te di :
1) Rekonesans se yon lachte
2) Tout ayisyen ki pa renmen
Duvalier se yon enmi danjere patri a
3) Tout makout dwe bay tout
apui li, dwe aplodi ak de men l e touye
tout kamoken ak moun nan opozisyon
k ap nwi tèt Duvalier.
4) Pèsonn pa dwe pran chans
rezève oubyen ki fè tètdi, ki fè vini sispèk : « yon senkyèm kolòn. »
Kolektif Sitwayen pou jije Duvalier KOSIJID ap raple nou Jean Claude
Duvalier te itilize tout moun kòm yon
pyon nan jwèt echèk, li toujou prè pou
l livre nenpòt nan pyon. Kesyon n ap
poze ak resèlè k ap sipòte ak pwoteje
Jean Claude Duvalier yo, eske yo prè
pou yo aksepte viktim yon fason e yon
lòt nan foli kriminèl li toujou devlope
lakay li ak akolit li yo. Ekzanp : ansyen
kòmandan Makout Palè Nasyonal byen
zele yo te rele Justin Bertrand.
KOSIJID ap fini pou l di wè pa wè
Jean Claude Duvalier ap jije. Pèsonn
paka anpeche jijman sa fèt. Fok viktim yo jwenn jistis ak reparasyon e fòk
enpinite kaba nan peyi a. »
Viv Jistis ak reparasyon pou tout
viktim yo !Aba Babydocratopholbie !
Viv yon Etadedwa san demagoji !Viv
Ayiti ! Aba Enpinite !
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Perspectives
Coopération Cubano-Haïtienne:
Bilan des activités de
la Brigade médicale de
Cuba en Haïti
De gauche à droite l’ambassadeur cubain Ricardo Garcia Nàpoles, le
Docteur Lorenzo Somarriba Lopez, chef de la Brigade médicale cubaine
en Haiti et Carmen Maury
Par Yves Pierre-Louis
L
e mercredi 11 janvier 2012, le
chef de la Mission médicale de la
République révolutionnaire de Cuba
en Haïti, Docteur Lorenzo Somarriba
Lopez, accompagné de l’ambassadeur, Ricardo Garcia Nàpoles a exposé
le bilan des réalisations de la Brigade
médicale cubaine présente en Haïti
depuis 13 ans. Ce nouveau bilan est
centré sur les activités des médecins
cubains durant les deux années qui
ont suivi le tremblement de terre du
12 janvier 2010 et le secours apporté
aux victimes de l’épidémie de Choléra
importée par les soldats des Nations
Unies en Haïti.
L’ambassadeur Ricardo a profité
de l’occasion pour faire un bref historique de la coopération cubaine en
Haïti. Selon lui la coopération cubaine
a démarré ses activités le 4 décembre
1998, suite à l’ouragan Georges qui
avait dévasté le pays. Elle intervient
dans le système de santé pour apporter
des soins de santé aux plus pauvres
du pays.
Docteur Lorenzo Somarriba Lopez le principal intervenant de la rencontre avec la presse à Delmas 83, a
fourni des informations précises au
public concernant la réalisation de la
Brigade médicale cubaine, deux ans
après le séisme dévastateur qui a frappé Haïti. Cuba est intervenu 22 heures
après le séisme avec la Brigade « Henry
Reeve » comprenant des spécialistes en
intervention médicale post catastrophe.
Aux premières heures de tremblement
de terre, 81 coopérants cubains étaient
arrivés en Haïti, quelques jours plus
tard 331 autres collaborateurs y étaient
arrivés pour apporter leur assistance
médicale aux victimes. Le 8 Mars
2010, 1712 autres collaborateurs étudiants et les médecins haïtiens gradués
à l’Ecole Latino-américaine de médecine (ELAM), sont venus renforcer la
Brigade médicale de Cuba. Ces médecins se sont éparpillés dans des grands
centres hospitaliers de la zone métropolitaine de la capitale : Hôpital de la Paix
a Delmas 33, Hôpital de l’OFATMA,
Hôpital de la Renaissance, Hôpital de
Grand-Goâve et Hôpital de Petit-Goâve.
Ils ont mis sur pied, en outre, cinq (5)
autres hôpitaux de campagne à Léogane, Carrefour, Croix-des-Bourquets,
Arcahaie et Jacmel. Cinq (5) autres
unités communales ont été constituées
dans le département de l’Ouest a : Ganthier, Thomazeau, Cabaret, Kenscoff et
Anse-a-Galets (La Gonave). Deux petites Brigades ont été instituées, l’une
composée de 56 membres de spécialité
en maladies épidémiques et l’autre faite
de spécialistes paramédicaux donnant
des accompagnements psychologiques
aux enfants et adolescents. 116 mille
162 enfants et adolescents ont bénéficié d’un appui psychologique.
Jusqu’au 30 Avril 2010, 347
mille 601 patients ont été examinés,
8.870 interventions Chirurgicales et
1210 accouchements dont 421 cas
d’opération césarienne. Dans le cadre
du projet Alternative Bolivarienne des
Amériques (ALBA), Cuba participe à la
reconstruction et au renforcement du
système de Santé haïtien, dans l’objectif de construire 30 hôpitaux, dont 10
ont déjà été construits dans 10 départements géographiques du pays. Cette
initiative entre directement dans la politique de décentralisation des services
médicaux d’Haïti pour qu’ils arrivent à
atteindre les populations les plus éloignées du pays.
Suite à l’introduction du choléra
en Haïti, la Brigade médicale cubaine
est rapidement intervenue dans 33
centres de traitement de Choléra (CTC).
A mesure que l’épidémie de Choléra
continue de faire rage dans le pays, les
médecins cubains sont présents dans
plus de 67 CTC.
De plus, sur demande des autorités haïtiennes, 10 avions Cargos de
médicaments contre le Choléra avaient
été expédiés en Haïti par le gouvernement cubain. Une base logistique de
5 camions de médicaments de toutes
sortes a été constituée à l’OFATMA.
Enfin, durant les 13 ans de service de la Brigade médicale cubaine
en Haïti, plus de 4 mille coopérants
cubains ont apporté leur solidarité au
peuple haïtien dans le domaine de la
Santé. Ils ont examiné plus de 18 millions 254.145 patients, 135 mille 605
accouchements, 310.665 interventions
Chirurgicales, 54.305 Haïtiens ont été
soignés des yeux dans le cadre du programme baptisé « opération Milagro »
et 311.493 vies humaines ont été sauvées par des spécialistes cubains.
A l’occasion de la journée Cuba
/ CARICOM, le 8 décembre 2011, lors
d’une intervention devant la presse,
l’ambassadeur de Cuba en Haïti, Ricardo Garcia Nàpoles eut à déclarer : « La
présence de collaborateurs cubains en
Haïti est l’une des meilleures preuves
des avantages et la portée de la coopération cubaine dans les Caraïbes.
Dans le secteur de la Santé, nous pouvons l’illustrer avec plus de 18 millions
de consultations médicales offertes,
133 593 accouchements pris en charge
et 311.008 vies sauvées en 13 ans de
coopération médicale. Les autres domaines où des progrès ont été tout aussi
remarquables, sont l’éducation, lancée
en octobre 1999, permettant par la méthode « Oui je peux » l’alphabétisation
de 8633 personnes en 2009. La pêche
a également permis la production de
15,7 millions de larves de cyprinidés
et 2,6 millions d’alevins pour la consommation humaine. Je vais également
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
12 janvier, la honte !
Par Catherine Charlemagne
I
l y a des dates qui marquent à jamais
l’histoire de l’humanité ou d’un pays.
L’humanité a connu des dates heureuses. Remplies d’allégresse. Comme elle en
a connu de bien tristes. Catastrophiques.
12 janvier 2010 en est une. Particulièrement pour un peuple. Une nation. Une
République. Un Etat. Celui d’Haïti. Celuilà même qui a marqué en lettres d’or,
la date du 1e janvier 1804 au tableau
d’honneur de l’histoire de l’humanité.
Cette date a aussi changé les cours des
choses pour l’histoire des êtres humains
tout entier.
12 janvier 2010 demeurera pour
le peuple d’Haïti, non seulement une
date traumatisante, mais aussi celle de
la honte. Cette date, si l’on pouvait la
bannir du calendrier romain, les Haïtiens le feraient volontiers. Elle marque
depuis ce maudit cataclysme le point
culminant de la faillite des élites de cet
Etat pourtant fondé par des femmes et
des hommes ayant le sens de la grandeur et de la fierté. 12 janvier 2010 a
été sans équivoque un rappel à l’ordre.
Un rappel au réveil pour les gouvernants
haïtiens. Un rappel à la valeur morale et
à la conscience des dirigeants de ce pays
12 janvier 2010 demeurera pour le peuple d’Haïti, non seulement une
date traumatisante, mais aussi celle de la honte. Cette date, si l’on
pouvait la bannir du calendrier romain, les Haïtiens le feraient volontiers
qui semblaient oublier leur mission visà-vis de leurs compatriotes. Leur pays.
Noyé dans des nuages de poussière et
enfoui sous des tonnes de décombres
après le passage des forces telluriques,
ce qui restait de la population croyait
que de ses malheurs, naîtra enfin son
salut dans ce pays qui est le sien.
Elle était prête à pardonner. Féliciter. Honorer. Elever même au rang
de héros ceux-là mêmes qui l’avaient
oubliée. Méprisée. Ignorée pendant si
longtemps. Depuis toujours. Cette espérance de pouvoir glorifier ses oppres-
seurs d’hier n’avait rien de masochisme.
De coup de folie insensée. Encore moins
d’une quelconque amnésie. Cette envie
nourrie d’un sentiment de fierté retrouvée était légitime. Puisque dans la
douleur et le traumatisme post séisme,
sur les tombeaux mal refermés de nos
morts, sur les pertes incommensurables
d’un pays dévasté devrait accoucher
la renaissance d’une Haïti dont nous
rêvons tous. Les Ecritures Saintes nous
ont appris à pardonner à ceux qui nous
ont offensés.
Suite à la page (15)
Il existe un pays appelé Haïti…
vous en souvenez-vous ?
Par Oliver Zamora Oria
e 12 janvier, il y a tout juste deux
ans et un jour, la terre tremblait à
Haïti : un terrible séisme a coûté la vie à
environ 300 000 personnes et a détruit
plus de 80 000 immeubles, laissant presque deux millions de personnes sans
abris. Que s’est-il passé ensuite ? Que
disent les images et les statistiques au
sujet d’Haïti ? Quelles sont les perspectives pour ce pays caribéen ?
Le président Michel Martelly a déploré que son gouvernement n’ait reçu
qu’ 1% des 4 milliards de dollars destinés à Haïti. Autrement dit, pour chaque
dollar donné au titre de l’aide humanitaire, le gouvernement haïtien n’a reçu
qu’un centime. Qui a donc bénéficié des
dons ? La presse haïtienne montre du
doigt les organisations non gouvernementales, les gouvernements étrangers
qui se sont « engagés » à contribuer à la
reconstruction d’Haïti et, évidemment,
des entreprises privées, majoritairement
étasuniennes. Dans un accès de transparence, le Congrès nord-américain
a reconnu que le Département de la
Défense des Etats-Unis a récupéré 655
millions de dollars des fonds destinés à
Haïti, tandis que le Département de la
Santé et des Services sociaux en a empoché quelques 220 millions.
La question n’est pas « comment
a-t-on pu en arriver là ? » mais plutôt «
comment aurait-il pu en être autrement
? ». En effet, depuis des siècles, Haïti est
saignée à blanc par les grandes puissances, qui ont instauré des dictatures
et des mécanismes économiques pour
piller ce petit pays. En 1825, Haïti avait
été contrainte de verser une énorme
somme d’argent à la France, pour que
celle-ci reconnaisse son indépendance.
Des années plus tard, Haïti a été l’un
des exemples les plus dramatiques
des effets néfastes des politiques néolibérales et de la dette extérieure. La
première république indépendante
d’Amérique Latine et des Caraïbes, qui
finira par devenir le pays le plus pauvre
de la région, a donc payé au prix fort
son émancipation.
Mais fallait-il attendre autre
chose des centres du pouvoir ? Depuis
quand les Etats-Unis, la France, la
Grande Bretagne ou le reste des grandes
ex-métropoles s’inquiètent-ils du destin
de leurs ex-colonies et du Tiers Monde
? Pourquoi ces pays changeraient-ils
d’attitude ? Encore une fois, l’histoire
nous éclaire, elle nous aide à comprendre le présent et augure souvent
l’avenir.
L’industrie médiatique et les
agences de « tourisme humanitaire »
ont sauté sur l’occasion. Les enfants
presque nus dans les campements improvisés et les rues de Port au Prince,
pleines de cadavres sous les décombres,
ont été perçus comme quelque chose de
faire référence à la coopération dans le
domaine des sports, par lequel ses coopérants ont permis d’obtenir 19 médailles d’or, 14 médailles d’argent et 13
médailles de bronze à des compétitions
régionales ainsi que 3 records nationaux, tout cela uniquement dans la spécialité d’athlétisme, l’une des quatre
dans lesquelles ils travaillent. »
Somme toute, la solidarité du
gouvernement cubain au peuple haïtien durant les 13 ans interrompus dans
plusieurs domaines a été reconnue par
les secteurs les plus réactionnaires du
pays et le gouvernement d’extrême
droite de Michel Martelly. N’était-ce
le maintien du blocus économique,
commercial et financier imposé par les
Etats-Unis d’Amérique contre Cuba,
depuis environ 50 ans, Haïti aurait bénéficié de beaucoup plus de solidarité
franche et sincère de l’Ile sœur dans le
cadre de la coopération Sud/Sud. Malgré cet embargo injuste et injustifié,
désapprouvé par l’Assemblée générale
des Nations-Unies, les dirigeants cubains ont toujours manifesté leur volonté de partager dignement leur pauvreté avec Haïti et non d’envoyer tout
ce dont ils n’ont plus besoin. Il est clair,
contrairement aux autres pays latinoaméricains tels : Le Brésil, l’Argentine,
le Chili, l’Uruguay et autres que Cuba
a envoyé des médecins pour soigner
le peuple haïtien et non des soldats
lourdement armés pour tuer, violer et
terroriser le peuple le plus pauvre de
l’Amérique.
L
nouveau et de profondément bouleversant par les millions de personnes qui
ne savent rien des malheurs du monde
: du véritable pain béni pour les grands
médias. Washington et les gouvernements européens ont saisi l’occasion
pour se montrer charitables et tâcher
de faire oublier qu’ils ont toujours pillé
ce pays, quant à certaines ONG, elles
en ont profité pour résoudre leurs problèmes financiers.
Depuis deux ans, l’aide réelle,
durable et sincère est venue des pays de
l’Alternative pour les Peuples de Notre
Amérique (ALBA) et de l’Union des
Nations Sud-américaines (UNASUR).
Lorsque tout le monde pliait bagage, les
médecins cubains et vénézuéliens, eux,
sont restés. Hier douze janvier, les médias internationaux se sont souvenus
d’Haïti, mais aujourd’hui, treize janvier,
ce pays est redevenu un des nombreux
endroits oubliés de la planète.
Cuba si Lorraine 16 Janvier 2012
LA DIFFERENCE
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Haiti Liberté/Haitian Times
7
Perspectives
Brigade Dessalines : initiative de La Via Campesina et du
Mouvement des Sans Terre du Brésil
Les agriculteurs des zones rurales marchent sur des kilomètres pour
vendre leur produit à la foire paysanne.
Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST
« L´exploitation étrangère est la cause
des difficultés de Haïti ».
Par Luciana Taddeo*
“Vous êtes vraiment blancs ?”, se
demandaient les Haïtiens, rassemblés
en petits groupes pour les voir travailler
et se salir les mains de terre. Les voir
se saisir de la houe, se pencher sur la
terre et travailler dans les plantations de
la zone rurale, transporter des bottes de
paille ou tirer de l´eau d´un puits étonnaient les noirs qui s´arrêtaient pour
contempler la scène, absorbés, immobiles durant 20, 30 minutes.
Avec le temps, la vie en commun a fait place à la confiance, et a dépassé la tonalité de peau des membres
du MST (Mouvement des Travailleurs
Sans Terre) en Haïti, une couleur traditionnellement associée à l´exploitation
inhumaine, pendant des siècles, de la
population du pays. C´est comme membres de l´organisation internationale
Via Campesina, que les premiers Sans
Terre brésiliens sont arrivés dans ce
pays caraïbe en 2009 pour opérer une
reconnaissance du territoire haïtien, réaliser un diagnostic des conditions du
sol, de la production agricole et de la
dynamique sociale.
C´est ainsi que la “Brigade Dessalines” a initié le programme de
coopération pour le renforcement de
l´agriculture locale qui fournit 40% de
la consommation alimentaire du pays.
Dans cette interview pour Opera Mundi,
le coordinateur de la brigade José Luis
“Patrola”, l´agronome Dayana Mezzonato, l´agriculteur brésilien André
Luis Guimarães et l´ingénieur agronome
Rafael Aquino racontent les expériences
vécues en Haïti.
Comment s´est passée la période de
reconnaissance du territoire?
Patrola – D´abord nous avons
appris le créole, ensuite nous avons
commencé à parcourir les départements
du pays. Nous avons voyagé en moto,
en omnibus, en voiture, en tap-tap
(transport collectif) et à pied. Ce contact
avec l´intérieur a été fondamental pour
comprendre, par exemple, que hors de
Port-au-Prince il n´y a pratiquement pas
de téléviseurs ni de réfrigérateurs. Nous
avons travaillé dans un lieu appelé Ti
Riviè Latibonit qui possède près de 150
mille habitants. André, combien de
réfrigérateurs as-tu vu là-bas ?
André – Hors du poste ? Aucun.
(Rires)
Dayana – Dans ces villes ils
n´ont l´électricité que deux fois par semaine, entre une heure et deux heures
du matin.
Rafael – Personne ne sait quel
jour elle va arriver, ni á quelle heure elle
s´en ira. Si elle arrive le mercredi, on
peut en avoir une, deux ou trois heures
Patrola – Nous avons découvert aussi que le principal moyen de
communication est la radio et si tu ne
comprends pas le créole, tu ne sauras
rien de ce qui se passe au quotidien.
Cette période de vie avec les habitants
nous a permis de mieux connaître et
d´interpréter la réalité haïtienne, ce qui
est fondamental pour établir un programme d´appui et de coopération. Nous
avons établi le siège central de la brigade
à L’Artibonite, à deux heures et demie
de Port-au-Prince et c´est de lá que nous
nous sommes déplacés vers les régions
où nous opérons.
Comment avez-vous ressenti
l´évolution de la relation avec les
Les agriculteurs haïtiens ont été étonnés quand ils ont vu des « blancs » du
MST travailler la terre. Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST
Formation offerte par des membres du Mouvement des Sans terre à la
population haïtienne. Photo : Rafael Aquino Nogueira/ Courtoisie du MST
haïtiens après deux ans ?
André – Quand l’haïtien ne te
connaît pas, tout étranger est réputé «
blan » (blanc, en créole haïtien). Par la
suite quand tu parles leur langue, ce qui
n´est pas courant, la réceptivité est différente. Comme nous travaillons et vivons
avec les paysans, ils nous traitent avec
ce qu´ils ont de meilleur. Vous ne pouvez
pas expliquer le dévouement avec lequel
ils vous traitent quand ils savent que
vous contribuez.
Dayana – Il existe une question
raciale très forte ici. Dans une population dont plus de 90% est noire, la
vision première est que le blanc ou le
colonisateur a de l´argent. Au début ils
nous appelaient tellement “blan” que
ça en devenait gênant. Mais quand les
volontaires vivent longuement dans la
communauté, l´ouverture est incroyable.
Les Haïtiens aiment le Brésil, ce qui est
un facteur positif, mais pour gagner leur
confiance, nous avons dû vivre avec
eux, démontrer qu’il existe des blancs
pauvres dans le monde, que la solidarité
se noue entre les peuples et que nous
apprenons ensemble.
Patrola – Notre brigade est
constamment motivée à parler le créole,
cela peut même vous sauver d’une
situation délicate en nous permettant
d’expliquer qui nous sommes. Souvent,
nous sommes arrêtés par les policiers
sur la route et ils sont surpris parce que
nous parlons la langue. Une fois ils n´ont
même pas regardé nos papiers, rien que
parce que nous parlions le créole et venions du Brésil. Ils nous ont demandé
notre nationalité, si nous vivons ici et si
nous aimons, et on a gagné la journée.
Quel est votre diagnostic de la
situation en Haïti ?
Patrola - L’eau est un besoin
prioritaire et un luxe, même pour la
classe moyenne qui vit dans la capitale
haïtienne, qui paie et se fait approvisionner par un camion hebdomadaire,
ne disposant d’eau publique qu´une
fois par mois. Dans les zones rurales,
l’accès est beaucoup plus difficile. Dans
les montagnes, il est normal de voir des
enfants de 8, 10 ans, marcher trois ou
quatre heures avec un seau de 20 litres
sur la tête. Et c´est une eau complètement pourrie, que même les animaux ne
boivent pas dans mon campement agricole au Brésil.
D’autre part, il y a de graves problèmes structurels qui sont la formule
de base de problèmes mineurs. Par exemple, la crise économique. Un taux
de chômage de 75% et une agriculture
en déclin. Le travail en milieu rural est
lourd et il ya un exode rural permanent
des jeunes. Malgré ces difficultés, la
campagne produit l´alimentation de 40%
des Haïtiens et constitue un pilier majeur
de l’économie.
Dayana - Depuis le milieu des
années 1980, de nombreux produits
agricoles entrent dans le pays et la production nationale est de moins en moins
prioritaire. Les producteurs de riz ont
toutes les peines à rester concurrents
sur ce marché parce les importations des
États-Unis sont subventionnées.
Rafael – Une forte caractéristique
de l’agriculture haïtienne est la diversification des plantations, d´où le maintien de la fertilité des sols. Ceci réduit la
présence de parasites et de maladies et
permet d´éviter l’utilisation de pesticides.
Dans les montagnes il y a tout ce qu´il
faut : riz, canne à sucre, banane, manioc, haricots ... Mais les paysans utilisent
peu de techniques de conservation des
sols, et il ya des problèmes d’érosion et
d’assèchement des rivières.
Comment agit la brigade pour
améliorer la situation dans ce
secteur ?
Patrola – En 2010, nous avons
installé près de 1500 réservoirs dans les
maisons des paysans. Ils ont été donnés
par le gouvernement de Bahia et transportés par le Secrétariat des Actions Internationales du Combat contre la Faim
du Ministère des Affaires étrangères.
Ce n´est pas une grande quantité, mais
les paysans vivent l´un près de l´autre
et chaque réservoir est utilisé pour un
maximum de cinq familles.
Nous avons des centres de reproduction de semences de légumes, parce
que la base de la souveraineté est la capacité de produire, alors qu´actuellement
100% des graines de légumes utilisées ici
sont importées. Nous sommes également
en train de construire une école de formation technique pour les jeunes Haïtiens.
Il y a une Faculté d’Agronomie en Haïti
et près de la moitié des diplômés quittent
le pays, qui a déjà un grand manque de
connaissances techniques et d´outils de
travail tels que des houes et des machettes, que le pays ne fabrique pas.
Suite à la page (15)
Le Fonds National d’Education sur la sellette
Par Isabelle L. Papillon
L
e 15 Juin 2011, un mois après son
entrée en fonction, le président
Michel Joseph Martelly a autorisé des
prélèvements illégaux de 1.5 dollar
sur chaque transfert d’argent et de 0.5
centime sur les appels téléphoniques
internationaux au profit du Fonds National d’Education (FNE). Aucune loi
n’a été jusqu’à présent élaborée en ce
sens pour être soumise à la sanction
du Parlement. Alors que la Constitution haïtienne en vigueur est claire làdessus, en matière des finances publiques, en son article 218 qui stipule
: « Aucun impôt au profit de l’Etat ne
peut être établi que par une loi ». La
question qu’on doit se poser maintenant est, est-ce que les prélèvements illégaux sur les appels entrant et sortant
et les transferts d’argent sont au profit
8
de l’Etat ou de la famille présidentielle
au pouvoir ?
Environ six (6) mois plus tard,
des doutes commencent à planer sur
l’utilisation des fonds déjà recueillis et
évalués à des dizaines de millions de
dollars. Dans une entrevue accordée
au quotidien Etatsunien, New-York
Times, le directeur de la Compagnie
de téléphonie mobile Digicel, Denis
O’Brien a demandé un audit sur le
fonds, suite à des informations pertinentes insinuant que 26 millions de
dollars ont été détournés de ce fonds.
Dans une note rendue publique, la
compagnie Digicel a fait savoir qu’elle
a déjà versé 11.1 millions de dollars.
Pour sa part, le directeur général
du Conseil National des Télécommunications (CONATEL), Jean Marie
Guillaume chargé de la collecte de ces
fonds a indiqué dans une note que du
16 Juin au 30 novembre 2011, il a déjà
Haiti Liberté/Haitian Times
collecté, de la Digicel et de Comcel/
Voilà, un montant de 4,897,558.26)
dollars américains et 336,159,069.13
en monnaie locale [gourde]. Ce qui fait
un montant total de 13,116,606.40
dollars américains, calculé selon le
taux de référence de 40.90 gourdes
pour 1 dollar, par la Banque de la République d’Haïti (BRH).
Le 30 Septembre 2011, le
ministre de l’Education Nationale
d’alors, Gaston Georges Mérisier avait
fait savoir que le fonds avait déjà
recueilli 28 millions de dollars US et
le président Michel Martelly l’avait
confirmé dans l’une de ses déclarations, lorsqu’il a annoncé avant même
la ratification de son Premier ministre,
que Georges Mérisier est : « mon ministre de l’Education Nationale. »
Le gouverneur de la Banque de
la République d’Haïti, Charles Castel
a réagi pour dire qu’il ne dispose que
de quelques 2 millions de dollars US
dans le compte du FNE. Alors qui dit la
vérité ? Où est passé l’argent collecté
pour la soi-disant éducation gratuite?
Quand la lumière sera-t-elle faite sur
les prélèvements illégaux, tirés des
maigres ressources des rudes travailleurs de la diaspora haïtienne ? Quand
cessera-t-on de faire sentir que : «
Chodyè a monte sou non Timoun, pou
l desann sou non granmanjè yo nan
Leta aloufa sa a. »
En attendant que toute la lumière soit faite sur le Fonds National
d’Education, le président « Tèt Kale
» a tenté d’apporter quelques explications non explicites sur la gestion
de ce fonds. Il a affirmé que jusqu’à
date il n’est pas au courant du montant exact disponible de ce fonds. Et
de plus il a fait savoir que cet argent
est géré par le CONATEL, il a donc
référé au CONATEL les journalistes
qui lui demandaient des informations.
Le Conatel lui, a fait savoir que ces
recettes alimentées par seulement les
deux grands opérateurs (Digicel et
Voilà) sont disponibles sur son compte
et seront transférés au Trésor public,
une fois que les instances concernées
en produiront la demande.
Faute de cadre légal, le Parlement n’a aucun contrôle sur ce fonds.
Près de 4 mois après l’ouverture des
classes, aucun montant n’a encore été
versé aux responsables des établissements scolaires impliqués dans le programme dit d’« éducation gratuite ».
Au commencement, on leur promettait
de verser l’argent au début du mois de
novembre 2011. Jusqu’à maintenant,
les responsables de ces écoles continuent de compter : « ze nan vant poul
» pendant que des informations qui
circulent font état de détournement de
l’argent de FNE.
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
This Week in Haiti
Two years after the earthquake:
Where is Haiti’s reconstruction?
Two years after the quake, despite the disbursement of some $2.4 billion
in recovery aid, tens of thousands of Haitians still are homeless,
living in tent camps
By Thomas Péralte
T
wo years have passed since the 7.0
earthquake struck Haiti, killing tens
of thousands Haitians.
Despite the promises from many
countries, many thousands of people
remain homeless in makeshift camps
since that fateful afternoon of Jan. 12,
2010.
This disaster, unprecedented in
recent times, has admittedly stirred
considerable solidarity from many nations to one of history’s worst natural
disasters. In our history as a people,
we have never seen so many nations,
both true and possibly false friends,
moved to come to our country, bringing us their support and sympathy.
Jan. 12, 2010 could have been
an opportunity to truly relaunch our
national boat, which has been moored
too long in a muddy, smelly swamp.
It should have been a year of renewal
for Haiti, a new birth for our country
where everything would be redesigned.
Instead, on this second anniversary, we are asking where is the money raised by donor nations for Haiti’s
reconstruction? When are so many of
the quake’s victims going to be able
to move out of their tents? Why is
the reconstruction process moving so
slowly?
Shortly after the earthquake, the
government of President René Préval
and Prime Minister Jean-Max Bellerive,
overwhelmed by the apocalyptic damage, decreed an emergency period to
allow all kinds of distributions to the
people who had moved into makeshift
camps. Throughout this period, the
number of NGOs providing aid to victims increased from 4000 to 10,000 in
2010, former Prime Minister Jean-Max
Bellerive said during a press briefing.
After the emergency period, the
government proceeded with the creation of a commission to raise funds for
reconstruction. This was the mission of
the Interim Haiti Recovery Commission
(IHRC), co-chaired by Bellerive and
former President of the United States,
Bill Clinton.
The evidence is overwhelming
that this commission was a dismal
failure, having been concocted entirely
by foreigners who have absolutely no
clue about Haitian realities and who, in
the process, transformed Haiti into a
Republic of NGOs, which are sprouting
up everywhere in order to divert funds
from what be should be true reconstruction projects for the quake victims.
Abetted by the laxity of the
Haitian authorities, international organizations are given free rein to do
whatever they like, wasting funds for
which they bear no accountability,
because the Haitian government has
no power to control the wild expenses
that ultimately result in the building of
miserable shelters that only demean
the earthquake victims. It is an unprecedented affront to the motherland and
to all the Haitian people, who have for
too long desired just to lead a decent
life. There is “no evidence of transparency in what the NGOs do on the
ground,” said the National Network for
the Defense of Human Rights (RNDDH) during a press conference on the
quake’s two years anniversary. “They
implement projects that have not been
developed with the participation of the
victims.”
In 2012, the quake victims’ cry
is still very piercing given the lack of
service provided by post-earthquake
assistance. The international community has reportedly “disbursed” about
half of $4.5 billion in aid promised at
the March 2010 UN Donors Conference. what has really been done with
this money?
In 2010, the Préval/ Bellerive
government ordered tents and plastic
sheeting to help people deal with the
rainy season. But there was never a
real policy to create and rebuild housing for the thousands of homeless
people to return with dignity in their
neighborhoods of origin. Apart from
the debris collected from large public
buildings that fell in the earthquake,
$50 million had already disbursed by
the Treasury to begin reconstruction
work in the area of Fort National. But
it still remains in disrepair, and most
families displaced from there by the
earthquake are still crammed into
tents on the Champ de Mars in very
poor conditions.
Throughout Haiti, there is a
problem of employment. Sometimes
authorities have given 20 or 21 thousand gourdes ($500 or $525) to a
homeless person with no job, but a
year later those people find themselves
in the same situation after having paid
a year’s rent. “There are never any
concrete results where NGOs intervene,” says Rosemond Jean, the coordinator of the citizens’ group CONASOVIC. “For if they actually provided
solutions to the Haitian people’s problems, there would come a time when
we would no longer needs these NGOs,
yet their goal is to stay permanently
and suck the breast” of development
and relief aid. He proposes a national
consciousness, a redefinition of the
mode of cooperation with international groups to curb the waste of these
NGOs that have long displaced the role
of our own institutions, including the
state in particular. It is clear that the
lack of effort by NGOs with their missing millions has left us with camps
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
lacking health facilities, electricity, or
drinking water supplies to prevent the
spread of the cholera epidemic imported by UN soldiers ten months after the
earthquake.
Two years later, despite the call
by both Haitian and international partners to “build back better” a new Haiti, it is clear that nothing really concrete has yet been done to get people
out of the dirty tents they still live in. It
seems that here in Haiti, every project
that is provisional becomes long-term,
if not final.
Haiti Liberté reporters conducted interviews with earthquake
victims still living in camps and found
them hungry for social justice, for the
freedom that we find when we have
a chance to work. They needed basic
social services including education,
healthcare, food security, employment, in short, well-being. “We’ve
lived in this camp since just after the
earthquake,” said Rose Carmelle, a
33-year-old woman living in PétionVille’s St. Thérèse camp. “We used to
find a little something when we first
came to this camp. But for some time
now, we’ve received nothing. The
authorities don’t even glance at us.
We just struggle so that our children
don’t die of hunger.”
“We no longer have the strength
to continue in this misery,” said her
friend, Mariela, with an air of desperation. “We lack almost everything
here. Not enough food, no treated
water for young children, we are left
on our own, and there are no jobs
which would allow us to take care of
ourselves. We do pray every day for
a miracle.” Some speak with anger,
while others stand back, afraid to approach the microphone.
On Jan. 12, 2012, many events
across the country commemorated the
quake’s second anniversary. Some
voices demanded that light be shed on
how funds have been disbursed for reconstruction. This was the call in a Jan.
11 demonstration organized by more
than a dozen social organizations led
by the platform “Je nan Je” (Eye to
Eye), headed by the NGO ActionAid.
They clearly raised the issue of housing with placards and consciousnessraising slogans. Thousands of people
took part in this mobilization, which
ended its march at the Haitian Parliament where a document with people’s
grievances was presented to representatives of the National Assembly.
Meanwhile Haiti’s Muslim community also observed the second anniversary in its own way. In a warm
atmosphere, the Muslim Brotherhood
joined with representatives of the Haiti’s Islamic community to pray for and
commemorate the quake’s victims.
It is rather sad, if not a national
disgrace, that Haiti has failed to erect
a monument to the memory of the
quake’s dead, while our neighbors, the
Dominicans, despite the troubles that
still exist along the border, have succeeded in such a short time in building the new and prestigious King Henri
Christophe University campus in the
north. The school’s keys were handed
over to the Haitian government officially on Jan. 12, 2012 in an inaugural
ceremony.
Two years later, the earthquake’s
damage is still seen everywhere. Tens
of thousands in tents wade through
mud and filth, without food. Two years
under the stars. There remains no privacy. Our girls must bathe in the street.
They fight to stay alive, and are often
sexually assaulted. Two years later, the
displaced population is still exposed to
wind, sun and rain.
The overriding question remains:
Where are the funds allocated for the
reconstruction process in Haiti two
years after the disaster?
Haiti has not yet brought
Jean-Claude Duvalier
to justice
Former Haitian dictator Jean-Claude Duvalier returned to Haiti one year
ago but has not yet been prosecuted for his government’s crimes against
humanity or embezzling hundreds of millions of dollars from the
Haitian treasury
By Amnesty International
F
ormer Haitian president Jean-Claude
“Baby Doc” Duvalier continues to
evade justice, one year after authorities
launched an investigation into crimes
against humanity committed under his
rule, Amnesty International said on Jan.
16.
Duvalier returned to Haiti on Jan.
16, 2011, after 25 years in exile in France.
Since then, he has been under investigation for serious human rights violations – including torture, disappearances
and extrajudicial executions – that took
place during his rule from 1971 to 1986.
“Crimes against humanity committed while Jean-Claude Duvalier was
in power remain shrouded in total impunity,” said Javier Zúñiga, Special Advisor
at Amnesty International.
“The authorities haven’t made a
serious effort to look into past events that
afflicted a generation of Haitians with
torture, enforced disappearance, extrajudicial executions, arbitrary arrests and
other serious human rights violations.”
Regional and international human
rights bodies including the Inter-American
Commission on Human Rights and the
UN Office of the High Commissioner on
Human Rights have re-affirmed Haiti’s
obligation to investigate these crimes and
bring those responsible to justice.
Haiti’s Justice Minister recently
committed to tackling impunity for crimes
committed since 2000, although this
would not cover crimes committed under
Duvalier’s rule.
The investigation has also been undermined by repeated personnel changes
in the post of Public Prosecutor – who
makes critical decisions about how the
investigation into Duvalier progresses –
since current Haitian President Michel
Martelly took office in May 2011.
At the end of September 2011,
Public Prosecutor Félix Léger told Amnesty International that the file on Duvalier’s
investigation for crimes against humanity
had already been submitted to his office in
July and that a task force would be created
to examine the investigation’s findings
and determine the next steps.
Félix Léger was replaced as Public
Prosecutor in October and since then his
position has been filled by three different
people. René Cénatus, the most recent appointee to the post, took office on Jan. 4,
2012.
“The investigation seems to have
deliberately stalled by changing Public
Prosecutors multiple times,” said Javier
Zúñiga.
“It has become evident that in
Haiti, the independence of the judiciary
is just a mirage.”
Haitian authorities at the highest
level have until now shown great leniency towards Jean-Claude Duvalier, while
showing contempt to the victims of human rights violations who continue to
await justice and reparation.
Despite being assigned to his
residence during the investigation, JeanClaude Duvalier continues to take part in
public events accompanied by his lawyers
and supporters.
In October, President Martelly paid
a highly publicized visit to Duvalier’s
home, under the pretext of national reconciliation. Duvalier took also part in an
official ceremony this month to commemorate the second anniversary of Haiti’s
earthquake.
“The Haitian government must
end this pretense of justice and take a
clear, public stance on the case against
Jean-Claude Duvalier,” said Javier Zúñiga.
“Haitian judicial authorities must
be given all the resources and support including from the UN – they need to conclude the investigation and bring those
responsible to justice in trials that meet
international standards.”
In September 2011, Amnesty International published You cannot kill the
truth: The case against Jean-Claude Duvalier, a report that revisits the organization’s previous research on widespread
and systematic human rights abuses committed in Haiti in the 1970s and 1980s.
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9
Voilà sept mois qu’Alassane Ouattara, soutenu par la « communauté
internationale », est devenu le président de la Côte d’Ivoire au détriment
de Laurent Gbagbo et au terme d’une
crise qui aura vu le pays se déchirer.
Si l’inculpation de Gbagbo par la CPI
a été largement médiatisée, la situation en Côte d’Ivoire est passée sous
silence. L’ordre et la tranquillité sont
pourtant loin d’être revenus comme
le remarque le professeur Dedy Sery.
Il pointe un bilan désastreux et condamne la recolonisation du pays par
la France. (IGA). Interview réalisée
par Camus Ali
Par Ali Camus
Ali Camus :
Alassane Ouattara est président
depuis sept mois. Comment se portent
les Ivoiriens ?
Dédi Séry :
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les Ivoiriens dont la communauté
internationale prétend qu’ils ont rejeté
Laurent Gbagbo à l’issue du scrutin
du 28 novembre 2010, regrettent ce
dernier, au grand dam des soutiens
extérieurs de Ouattara, le vainqueur.
Ceci indique clairement que l’Occident
a échoué. Et que le vrai vainqueur,
c’est Laurent Gbagbo. Mais le drame
de la Côte d’Ivoire est que les grands
de ce monde ne peuvent pas et ne
veulent nullement se déjuger, par arrogance. Sinon comment comprendre
Laurent Gbagbo arrêté par la
France et déporté à Korhogo puis à
La Haye
totalisant 704 jours d’inactivité, de
2003 à 2010, sous Laurent Gbagbo,
préfèrent aujourd’hui ne rien dire, ne
rien entendre et ne rien voir. Cela veut
dire qu’ils ont peur mais nous sommes d’accord que cette peur n’est pas
un hommage rendu à Ouattara. C’est
plutôt à Laurent Gbagbo que l’on
rend hommage, lui qui apparaît ainsi
comme le chef permissif et démocrate
par excellence. Ajoutons à cela un fait
gravissime qui ne suscite, curieusement, aucune indignation de la part
des soutiens extérieurs du nouveau
régime : le pillage et la fermeture
des Universités publiques de Cocody
et d’Abobo-Adjamé, pour deux ans.
Cela a pour conséquence un manque
à gagner se chiffrant à 900 Doctorats, avec 77 000 étudiants jetés à la
rue, sans compter 3 générations de
bacheliers non inscrits et contraints à
Ivoiriens (octobre-décembre 2001),
Laurent Gbagbo avait fait rentrer
d’exil ses principaux adversaires
politiques de l’époque : Ouattara,
Bédié, Guéï. Mais à son tour, Ouattara entend réconcilier «ses compatriotes» sans Laurent Gbagbo et ses
partisans qui représentent pourtant
au moins 46% de la population si je
m’en tiens au résultat de la communauté internationale. C’est dire qu’on
est en présence d’une réconciliation
non-inclusive de la part d’un leader
qui a été soutenu par les puissances
extérieures parce qu’il était victime de
pratiques d’exclusion de type «ivoiritaire». Ouattara vient même de faire
extrader son «frère Laurent Gbagbo»
à La Haye, non pas à la demande de
ses «compatriotes ivoiriens», mais
sur injonction de Paris : peu avant
cette déportation, le ministre français
des Droits de l’Homme estimait que
la réconciliation des Ivoiriens passaient par l’extradition de «son frère
Laurent Gbagbo». Est-ce ainsi qu’on
traite un frère ? Est-ce ainsi qu’on
doit désormais traiter les frères ?
Autant de questions qui incitent les
compatriotes de Ouattara à dire qu’il
veut toujours une chose et son contraire. Voilà pourquoi ils ont du mal
à le suivre. J’en veux pour preuve les
cris de désapprobation qui ont surgi
et continuent de secouer cette coalition à propos de la déportation d’un
frère : Djédjé Mady, président du Directoire dudit RHDP [4] a parlé d’une
«déchirure profonde dans le tissu na-
Depuis l’avènement de Ouattara, la vie des Ivoiriens sombre dans la
précarité : il y a environ 2 000 000 de réfugiés/déplacés ; près de 200 000
personnes ayant perdu leur emploi ; 400 hauts cadres FPI/CNRD meurent
de faim depuis le gel de leurs avoirs bancaires
Les Ivoiriens expérimenten
sans pré
que ces grands dirigeants de grande
tradition démocratique, assistent sans
broncher au recul de l’Etat de Droit
dans un pays comme la Côte d’Ivoire
qu’on prétend avoir remis sur les rails
de la démocratie ? Comment ces dirigeants peuvent-ils tolérer que des
«forces indisciplinées et incontrôlées»
– c’est le terme de Ban-Ki Moon luimême – puissent contrôler une armée
républicaine qui crée l’insécurité, au
point que ces mêmes soutiens extérieurs délocalisent leur Ambassade
à Dakar ou à Accra ou déconseillent
carrément la destination Côte d’Ivoire
à leurs ressortissants ? Est-il rationnel et politiquement correct que des
démocraties comme la France et les
Etats-Unis puissent soutenir, sur la
place publique et en ce début de XXIème siècle, un système politique qui
rappelle si étrangement la féodalité
du Moyen Age avec ses seigneurs
et vassaux unis davantage par des
liens tribaux que par des règles impersonnelles ? En effet, chaque village, chaque quartier, du Nord au Sud
et d’Est en Ouest de la Côte d’Ivoire,
est aujourd’hui militairement occupé
par des Dozos/FRCI [1]venus de la
CEDEAO 2], qui tuent et dévastent
tout sur leur passage, depuis sept
mois. Impunément ! Au vu et au su
des forces Licorne/ONUCI et des ONG
de défense des Droits de l’Homme.
Tout simplement parce que les victimes sont des pro-Gbagbo. Outre ce
problème sécuritaire, il faut noter que
la cote de l’économiste Ouattara est
aujourd’hui bien plus pauvre que celle
de l’historien Laurent Gbagbo. Depuis
l’avènement de Ouattara, la vie des
Ivoiriens sombre dans la précarité : il
y a environ 2 000 000 de réfugiés/
déplacés ; près de 200 000 personnes
ayant perdu leur emploi ; 400 hauts
cadres FPI/CNRD meurent de faim
depuis le gel de leurs avoirs bancaires
; il y a des dizaines de prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles
du régime des vainqueurs, avec la
caution des grandes puissances de ce
monde ; les prix des denrées alimentaires flambent ; les syndicats qui ont
organisé 116 mouvements de grève
10
l’oisiveté. Depuis la disparition de Félix Houphouët-Boigny, c’est la toute
première fois que les Ivoiriens expérimentent de telles dérives totalitaires.
Sur le plan institutionnel,
l’Assemblée Nationale a été dissoute
de fait et les Députés jetés à la rue,
sans émoluments depuis le 11 avril
2011. Les organisations de défense
des Droits de l’Homme ont fermé les
yeux là-dessus, tout comme elles ont
cautionné un découpage électoral des
plus iniques et des plus ethnocentriques, la configuration tout aussi
tribale de la CEI [3], les nominations
illégales au Conseil constitutionnel,
etc. Sur cette base, je puis dire que
depuis sept mois, les Ivoiriens se portent très mal alors qu’on leur avait
promis le bonheur dans la paix et la
quiétude devant l’avenir.
Ali Camus :
Beaucoup présentent Alassane Ouattara comme un monstre froid et cynique. Comment vous, vous le décrivez ?
Dédi Séry :
Pour avoir suivi la campagne électorale de Ouattara, mais aussi pour avoir
suivi ses discours depuis l’arrestation
de Laurent Gbagbo par la France et
sa déportation à Korhogo puis à La
Haye, je sais que le Chef de l’Etat
actuel affectionne les expressions
de type «mon pays», «mes compatriotes», «mon frère Laurent Gbagbo».
Mais entre le dire et le faire, je note un
gouffre consternant. D’après les ONG
internationales qui sont généralement
pro-Ouattara, les Dozos et FRCI ont
tué et continuent de tuer des milliers
de pro-Gbagbo, c’est-dire les compatriotes de Ouattara ; mieux, parmi les
milices et FRCI qui ont déferlé sur la
partie Sud de la Côte d’Ivoire à partir du 17 mars 2011, on dénombre
des gens venus de presque tous les
pays de la CEDEAO. Ce qui donne à
la Côte d’Ivoire, l’image d’un pays
occupé et en voie de recolonisation
par la sous-région. Voilà ma première
observation. La deuxième concerne la
problématique de la réconciliation. On
se souvient que pour réconcilier les
Haiti Liberté/Haitian Times
tional».
Ali Camus :
Que répondez-vous à ceux qui disent
que la France dirige la Côte d’Ivoire
avec Ouattara comme homme de
mains ?
Dédi Séry :
Cela est une évidence. Ouattara a
demandé à la France de maintenir
la Force Licorne sur le sol ivoirien
aussi longtemps qu’il restera au pouvoir, contrairement à la position de
Laurent Gbagbo qui, lui, avait demandé le départ de la base militaire
française de la Côte d’Ivoire. Or une
présence militaire étrangère dans un
pays indépendant n’est rien d’autre
que l’expression d’un assujettissement politique. Si à cela vous ajoutez
l’assujettissement économique en
termes d’endettement, de contrats de
gré à gré, de bradage des ressources
stratégiques, vous obtenez non pas la
domination mais l’esclavage. En effet, François Fillon a révélé, le 14 juillet 2011, que c’est la France qui paye
les fonctionnaires ivoiriens ! Du jamais vu sous Laurent Gbagbo dont le
pays était pourtant coupé en deux et
qui avait des raisons objectives de ne
pas pouvoir payer les fonctionnaires
ivoiriens. Une confidence : de 1960
jusqu’en 1979, 80% des conseillers
techniques au sommet de l’Etat ivoirien étaient des expatriés français.
De juin 1980 jusqu’au 11 avril 2011,
ce sont les Ivoiriens eux-mêmes qui
ont géré leurs propres affaires dans
les différents cabinets ministériels. Ce
que nous constatons donc depuis la
chute du régime de Laurent Gbagbo,
c’est bien le retour massif de ces expatriés pour la recolonisation de la
Côte d’Ivoire.
Ali Camus :
Il paraît que Ouattara a donné l’ordre
aux chasseurs Dozos et à ses milices
de dégager les rues. A-t-il les moyens de chasser ceux qui l’ont porté au
pouvoir ?
Dédi Séry :
Je réponds à cette question par la négative et les preuves ne manquent
Ouattara a demandé à la France de maintenir la Force Licorne sur le
sol ivoirien aussi longtemps qu’il restera au pouvoir, contrairement à la
position de Laurent Gbagbo qui, lui, avait demandé le départ de la base
militaire française de la Côte d’Ivoire
pas pour démontrer que Ouattara n’a pas
les moyens de chasser les Dozos/FRCI qui
l’ont porté au pouvoir. Ces derniers, une
catégorie particulière de Forces Républicaines, défient tous les jours leurs chefs,
indiquant qu’ils ne quitteront la rue ou
qu’ils continueront le trouble dans les villages, hameaux et quartiers du pays aussi
longtemps que Ouattara ne leur donnera
pas leur part du butin de guerre : il leur
aurait promis 5 000 000 de FCFA par
combattant, des villas ou des véhicules,
promesses qui tardent à se concrétiser
dans leurs mains. D’où les slogans hostiles à l’endroit du pouvoir actuel. On
peut donc dire qu’à chaque catégorie
socioprofessionnelle et à chaque époque
ses prisonniers. La population ivoirienne
est otage des Dozos/FRCI ; le gouvernement actuel est prisonnier des Dozos/FRCI
; ce même régime dépend de ses appuis
extérieurs ; lesquels appuis extérieurs
dépendent de leurs contribuables respectifs en cette période de crise économique
et financière sévère (…). Tout est dans
le tout. Et c’est cet enchevêtrement des
choses qui passionne les observateurs
nationaux et internationaux de la scène
politique ivoirienne.
Ali Camus :
La peur de se retrouver aussi un jour à La
Haye ne va-t-elle pas pousser Ouattara et
ses seigneurs de guerre à s’éterniser au
pouvoir ?
Dédi Séry :
S’éterniser au pouvoir pour échapper à
la rigueur de la CPI ?
C’est possible. C’est
aussi légitime, humainement parlant.
Mais je me demande
si la longévité politique d’un système
dépend forcément et
toujours de la volonté de ses dirigeants.
Cependant, j’avoue
que votre question
est quelque part judicieuse dans la mesure
Le professeu
où près de la moitié
des ministres du gouvernement OuattaraSoro viennent de se donner une carapace
d’immunité parlementaire en se faisant
élire Députés lors de la dernière mascarade
électorale du 11 décembre 2011. Mais ce
parapluie me paraît d’une extrême fragilité
au regard de l’humiliation que les Députés
de la dernière législature ont vécue : avec
(…) l’arrestation du Président Gbagbo le
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
des anti-Gbagbo. Or, tout effort de
paix authentique de la part d’un médiateur s’inscrit obligatoirement dans
l’impartialité et la neutralité… On
observe cela chez les animaux non
humains, notamment les gorilles, on
l’observe tout naturellement chez les
animaux humains, qui ont la prétention d’être plus éthique que les grands
singes. L’exemple de Desmond Tutu
en Afrique du Sud est là pour le prouver.
Les supporteurs de l’ex-président Laurent Gbagbo à La Haye
Ali Camus :
On a encore en mémoire l’économiste
en pleine campagne qui construira
une université chaque année, des
hôpitaux… Vous le croyez encore ?
Dédi Séry :
Eh oui ! La période de la campagne
électorale est terminée, bien loin derrière nous ! Le camp Ouattara avait
promis, dans le plus pur style démagogique, beaucoup plus de choses
que possible. Il l’a fait tout simplement parce qu’il voulait se donner de
la consistance aux yeux de l’opinion.
C’est dans cette logique publicitaire
qu’il a promis une Université et des
hôpitaux chaque année. Mais on
notera que l’économiste Ouattara
n’a pas indiqué préalablement le lieu
d’implantation de ces infrastructures
culturelles et sociales alors qu’il envisageait une politique de décentralisation. Lui qui disait en 2000 que le
système d’Assurance Maladie Universel proposé par Laurent Gbagbo
était dangereux parce que coûteux, a
Alassane Ouattara le président
de la Côte d’Ivoire imposé par la
Communauté Internationale
preuve que sans l’affaiblissement forcené d’un parti redoutable comme le
FPI [5], le RDR [6] n’aura jamais le
sommeil tranquille parce qu’il redoute
les joutes démocratiques. Il ne peut
pas durer sans la violence. Ce qu’il
faut au RDR, c’est moins un contexte de lutte institutionnelle, à armes
égales, qu’une dictature ou système
oligarchique, comme c’est le cas
aujourd’hui. Le contexte que nous vivons est celui d’une dictature qui dépasse de très loin le système de parti
unique sous Félix Houphouët-Boigny.
Les historiens diront que HouphouëtBoigny avait besoin de moins de kalachnikov et de matraques pour imposer sa dictature à une population
quasiment analphabète et en contexte de guerre froide. Aujourd’hui,
les héritiers du père de la Nation, pour
répondre aux tenants de la boulimie
Ouattara parce qu’il n’est pas Gbagbo, leur ennemi juré. Voilà pourquoi
les soutiens extérieurs de Ouattara
se contentent de «soupirs diplomatiques» face aux dérives totalitaires
de leur homme. Sans conséquence
aucune pour le régime qu’ils ont mis
en place. J’appelle «soupirs diplomatiques», les mesures hypocrites qui
consistent, par exemple, à délocaliser
une Ambassade ou à déconseiller à
des ressortissants la destination Côte
d’Ivoire. Ce sont là des mesures en
trompe l’œil, donc complaisantes
qui montrent le degré d’hostilité de
la Droite Occidentale vis-à-vis des
dirigeants «d’Outre Mer» peu accommodants. Entre «ces mesures» et les
différents embargos économiques,
financiers et pharmaceutiques contre
le peuple ivoirien et ses dirigeants,
en décembre 2010 – janvier 2011, il
n’y a aucune comparaison possible.
C’est un racisme idéologique qui s’est
surajouté au racisme biologique dont
souffre le monde non occidental,
depuis le XVIème siècle.
Ali Camus :
Ouattara veut 13.000 milliards pour
reconstruire la Côte d’Ivoire là où
Gbagbo refusait l’aide. Qu’est-ce qui
fait la singularité de Laurent Gbagbo ?
Dédi Séry :
Laurent Gbagbo est l’enfant du peuple ivoirien. Il aime son peuple et son
peuple l’aime. Et c’est parce qu’il aime
son peuple qu’il est foncièrement
souverainiste, c’est-à-dire un dirige-
nt des dérives totalitaires
écédent !
Les Nations unies tuent et dévastent tout sur leur passage, depuis sept
mois. Impunément ! Au vu et au su des forces Licorne/ONUCI et des ONG
de défense des Droits de l’Homme. Tout simplement parce que les victimes
sont des pro-Gbagbo
11 avril 2011, l’Assemblée Nationale n’at-elle pas été dissoute de fait en violation
de la Constitution ? Des Députés comme
Simone Ehivet-Gbagbo n’ont-ils pas été
jetés en prison alors qu’ils bénéficiaient
d’une immunité ? L’histoire est une école
de la prudence et de la
circonspection. C’est
pourquoi, à mon avis,
l’on ne doit pas faire
à autrui ce qu’on ne
souhaite pas pour soimême.
ur Dédi Séry
Ali Camus :
Pour Guillaume Soro,
le manque de repentance serait le point
clé du transfèrement
du président Laurent
Gbagbo à La Haye.
Que lui répondezvous ?
Dédi Séry :
Cette déclaration de Guillaume Soro est
la preuve même d’une collusion entre le
régime actuel et sa justice, la justice des
vainqueurs. Et quand bien même ce ne
serait pas le cas, le Premier ministre Soro
n’est pas bien placé pour parler de repentance. Et puis si repentance il doit y avoir,
qui doit le faire et dans quelle circonstance
? En effet, qui dit repentance dit procès.
Mais peut-il y avoir procès sans toutes
les parties au conflit ? Voyez-vous, par
arrogance et par manque d’humilité, on
avance des propos qui se liguent contre
le bon sens.
Ali Camus :
Charles Konan Banny n’a toujours pas
démissionné de la commission vérité réconciliation …
Dédi Séry :
Si Charles Konan Banny n’a pas démissionné, c’est tout simplement parce qu’il
se sent bien dans sa peau là où il est. Il
pouvait bien démissionner s’il ne partageait pas la conception de la réconciliation version Ouattara. Celle-ci consiste
à ouvrir des procès, à condamner et à
réconcilier de façon concomitante, dans
une perspective de justice des vainqueurs
à la Nuremberg. Je suis convaincu qu’il
ne réussira jamais sa mission aussi longtemps que les vainqueurs continueront de
tuer, d’emprisonner, disons d’animaliser
les pro-Gbagbo. Et puis, une question
d’ordre purement éthique me rend pessimiste quant à ses chances de réussite
dans la mission qui est la sienne. Charles
Konan Banny fait partie de la galaxie
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
pu promettre des hôpitaux et des Universités chaque année. Contradiction.
Beaucoup de gens, surtout les analphabètes ont un moment accordé du
crédit à ces promesses démagogiques,
par ignorance. Et voici que la réalité
est beaucoup plus dramatique pour
le camp Ouattara. Mais se rendant
compte qu’il n’a même pas encore
achevé la construction de la clôture
de l’Université de Cocody, il envisage
de saucissonner la pauvre Université,
aujourd’hui entièrement saccagée. Du
chapeau du prestidigitateur sortiront
quatre Universités pour montrer
qu’on aura réalisé ce qu’on a prévu.
On tend ici vers une situation cocasse
: sur ces ruines, on fera de chaque
groupe d’UFR une Université : une
Université de Sciences juridiques et
Economiques ; une Université de Sciences et Techniques ; une Université
de Lettres et Sciences Humaines ; une
Université des Sciences de la Santé,
etc. En un tour de passe-passe, il aura
réalisé ce qu’il a promis. Là encore, il
va marquer contre son propre camp.
Parce que pour créer une Université, il faut tenir compte de tous les
paramètres de l’environnement, des
aspirations des populations. Là où
Laurent Gbagbo voulait décongestionner Abidjan en faisant construire
une Université dans chaque pôle de
développement régional, l’éminent
économiste veut créer plusieurs Universités sur les ruines de Cocody.
Comme ça ! Cette perspective n’est
ni plus ni moins qu’un bricolage collectif et du faux, finalement. Mais un
faux dangereux en tant qu’il crée de
faux espoirs et ne fait pas avancer la
cause du développement équilibré et
durable.
Ali Camus :
Beaucoup d’analystes disent qu’en
bloquant les Avoirs des dignitaires du
FPI et en lançant des mandats d’arrêt
internationaux, l’idée était d’affaiblir
ce parti et par ricochet de se retrouver seul à l’Assemblée. C’est ça aussi
votre avis ?
Dédi Séry :
Je suis d’accord avec vous. C’est la
néolibérale, ont besoin de plus de
moyens anti-démocratiques et déshumanisants face à un peuple ivoirien de
plus en plus intellectualisé, donc plus
exigeant. Mais cette force barbare imposée à la Côte d’Ivoire de 2012 n’a
pas beaucoup de chance de prospérer, en raison justement de ce capital
intellectuel national. On comprend
pourquoi ce régime s’acharne contre
l’Université. La Côte d’Ivoire est un
petit pays mais qui est sur le point de
rallier à sa cause bien des consciences
éprises de liberté et de justice de par le
monde. Je pense plus particulièrement
à nos Diasporas africaines (Cameroun, Togo, Angola, Afrique du Sud,
Ghana, Gambie, etc.) ainsi qu’aux
représentants de la Gauche occidentale (Jean Ziegler, Michel Galy, Guy
Labertit, Albert Bourgi, etc.).
Ali Camus :
Finalement l’UE comme les EtatsUnis n’ont pas trouvé bizarre que
Ouattara aille seul aux législatives
avec son groupe politique. Comment
vous l’expliquez ?
Dédi Séry :
Nous sommes dans une logique implacable, celle des connivences diplomatiques que l’on constate aussi bien
en amont qu’en aval des crises que
traverse la périphérie du monde capitaliste. Non seulement tout a été mis
en œuvre par l’UE et les Etats-Unis
pour noircir, diaboliser et renverser
Laurent Gbagbo, tout simplement
parce qu’il n’est pas leur homme,
mais aussi ces soutiens observent
un silence coupable face aux dérives
oligarchiques de leur homme. Ils auraient parlé de bizarrerie, crié haro sur
le baudet si c’est Laurent Gbagbo qui
était allé seul aux législatives avec
son parti, le FPI. Vous savez, chez
les mondialisateurs, la démocratie
est un système à géométrie variable.
Bernard Kouchner ne demandait-il
pas début mars 2011 à la Droite Occidentale de soutenir Hamid Karzaï
quand bien même il serait corrompu, car «c’est notre homme». De la
même manière, les Etats-Unis, l’UE,
le Canada soutiennent aujourd’hui
ant jaloux de l’indépendance et de la
dignité de son pays. Voilà pourquoi
il a horreur de faire endetter cruellement la Côte d’Ivoire. La dette n’est
rien d’autre qu’un assujettissement
économique qui se transforme, tôt
ou tard, en dépendance politique et
idéologique sur plusieurs générations.
Laurent Gbagbo n’en voulait pas du
tout. C’est pourquoi il ne pouvait pas
être aimé et soutenu par ceux qui
prospèrent à partir de l’endettement
massif des pays du Tiers-monde : le
FMI, la Banque Mondiale et tous les
spéculateurs néolibéraux. Et je suis
sûr que c’est son souverainisme qui a
été perçu comme un péché capital et
qui est à l’origine de cette haine antiGbagbo. Voyez-vous, la gbagbophilie
a débouché sur les bombardements
du 11 avril 2011. On voit donc que
Ouattara est l’ami naturel du monde
libéral qui ne prospère que sur
l’endettement des pays faibles et sans
défense. Entre Ouattara, le représentant de la boulimie néolibérale et Laurent Gbagbo, le porte-drapeau du
socialisme démocratique, donc du
souverainisme, il y a une différence
de nature perceptible à travers le traitement infligé au Woody de Mama à
l’occasion d’une simple controverse
électorale.
Ali Camus :
Je vous remercie.
Lynx.info, le 6 janvier 2012
NDLR.
1. FRCI. Forces républicaines de
Côte d’Ivoire
2. CEDEAO : Communauté
économique des États de l›Afrique de
l›Ouest.
3. CEI. Commission Electorale
Indépendante
4. RHDP. Rassemblement des
Houphouëtistes pour la Démocratie et
la Paix.
5. FPI . Front populaire ivoirien
6. RDR. Rassemblement des
républicains de Côte d’Ivoire: parti
libéral de Côte d’Ivoire, présidé par
Alassane Ouattara depuis 1999.
Haiti Liberté/Haitian Times
11
Perspectives
Guadeloupe : les Communistes appellent L’ANC de l'Afrique du Sud
à « un rassemblement des forces
a 100 ans : un bilan du
patriotiques, à l’unité du peuple et la
nationalisme bourgeois
constitution d’une Autorité Politique »
Le PCG prédit qu’en 2012, les difficultés vont s’aggraver et souligne
qu’aucun changement n’est possible sans un « véritable pouvoir politique
D
ans une déclaration remise à la
presse à l’occasion de la nouvelle
année, le Parti Communiste Guadeloupéen s’est exprimé sur la crise du »
capitalisme mondialisé » en affirmant
que le « projet des communistes d’un
renversement du capitalisme restait
d’actualité.
Analysant la situation sociale
de là Guadeloupe, le PCG prédit qu’en
2012, les difficultés vont s’aggraver
et souligne qu’aucun changement
n’est possible sans un « véritable
pouvoir politique » La conclusion de
ce document prend la forme d’un appel au rassemblement des organisations politiques qui luttent contre le
colonialisme français. Il faut rappeler
que depuis déjà une année, les communistes avaient pris l’initiative de
préparer l’organisation des « Assises
des organisations anticolonialistes et
patriotiques, » Plusieurs de ces organisations patriotiques et nationalistes,
telles que l’UPLG, le Copagua, FKNG
! y travaillent. Le CIPPA qui se définit
comme « anticapitaliste » participe
aussi aux travaux. Selon nos informations, la phase publique et populaire
de ces « Assisses » est imminente et
devrait se dérouler au cours des semaines à venir. On peut déjà penser
que ces « Assises » vont déboucher
pour la première fois en Guadeloupe,
sur la création d’une Autorité Politique
en vue de la conquête du pouvoir !
Nous pourrions faire dans le
politiquement correct en formulant des
vœux de bonheur et de prospérité à
nos concitoyens et en leur prédisant
Dr. Kesler Dalmacy
1671 New York Ave.
Brooklyn, New York 11226
Tel: 718-434-5345
Le docteur de la
Communauté Haïtienne
à New York
12
que 2012 sera meilleure que 2011,
mais, nous savons que cela ne serait que des vœux pieux tant l’année
qui s’annonce sera difficile pour les
travailleurs et les peuples du monde
confrontés à la férocité d’un système
capitaliste en crise généralisée. Pour
tenter de sauver leur système empêtré dans ses contradictions insurmontables, les institutions de la bourgeoisie capitaliste mondiale, FMI, Banque
Mondiale, OCDE, G8, OMC, OTAN et
autres instances de la mondialisation
capitaliste font payer aux travailleurs,
aux couches populaires, aux peuples
du monde entier le prix de la crise du
capitalisme mondialisé.
Les gouvernements des Etats
capitalistes notamment des Etats‐
Unis et des pays européens mettent
en œuvre à l’encontre de leurs peuples
des plans drastiques d’austérité destinés à sauver la mise du capitalisme
financier international de ses propres
turpitudes (licenciement des travailleurs, compression des salaires, réduction des droits sociaux, privatisation
et liquidation des services publics,
hausse des impôts et prélèvements,
hausse des prix des biens et services
de première nécessité…).
Dans plusieurs régions du
monde notamment aux Etats‐Unis,
en Europe, dans les pays arabes et
dans les conditions et avec les réalités qui leurs sont propres, les peuples
avec en première ligne les travailleurs,
les femmes, les jeunes, les étudiants,
s’engagent dans des mouvements de
masse pour combattre les politiques
d’austérité de leurs gouvernements
et mettre un terme à l’oppression, à
l’exploitation aux injustices qui les
frappent.
Ces mouvements de contestation
et de luttes qui se développent, sont la
manifestation et l’expression de la lutte des classes qui se déroule à l’échelle
de la planète entre les capitalistes, les
Etats à leur solde et les couches laborieuses et populaires victimes de la
domination du capitalisme financier
international qui affament les peuples.
En cette fin d’année 2011, vingt
ans après la chute des régimes socialistes de l’Europe de l’Est, l’exigence
de rupture et d’alternative au capitalisme est à l’ordre du jour pour mettre
un terme à la misère, à la pauvreté,
aux guerres, aux famines, aux catastrophes écologiques qui sont la
conséquence du système capitaliste
fondé sur l’exploitation des hommes,
la domination des peuples et le pillage
de leurs matières premières et qui met
toute l’humanité en péril pour satisfaire les intérêts d’une minorité.
Plus que jamais, le projet communiste de renversement du capitalisme est d’actualité pour répondre aux
besoins humains, pour un monde de
paix, de liberté, de progrès pour tous
Haiti Liberté/Haitian Times
les hommes et tous les peuples.
La Guadeloupe et les Guadeloupéens n’échappent pas à la tourmente
capitaliste doublée de son supplément
colonial, bien au contraire, la situation s’empire d’année en année sans
qu’aucune réponse ne soit portée aux
difficultés qui agitent le pays.
Est-il besoin pour s’en convaincre de rappeler ici les statistiques qui
illustrent la situation de catastrophe
économique et sociale dans laquelle se
débat le pays et qui traduisent la faillite
du système économique et politique en
place depuis plus de 60 ans ? Derrière
ces statistiques, ces pourcentages, ces
chiffres affolants et effarants du chômage (plus de 62000), de la pauvreté,
du surendettement, de l’illettrisme,
il y a des hommes, des femmes, des
jeunes en chair et en os, il y a des
Guadeloupéens (dont on ne nous dit
pas les ascendances) qui se démènent
au quotidien pour survivre. En 2012
leurs difficultés vont s’aggraver avec
la réduction des moyens budgétaires
nécessaires aux politiques publiques
dont la Guadeloupe a grand besoin
dans de très nombreux domaines, tels
la santé, l’éducation, l’environnement,
les transports…
En 2012, il n’y aura aucun
changement porteur de développement
économique, de progrès social, pour le
peuple guadeloupéen, s’il n’y a pas
de rupture avec le système actuel de
domination politique et économique,
de dépendance et d’assimilation que la
France impose à la Guadeloupe.
Il n’y aura aucun changement
en Guadeloupe sans un véritable Pouvoir Politique guadeloupéen, établissant de nouveaux rapports politiques
avec l’Etat français et l’Union Européenne
Il n’y aura aucun changement
en Guadeloupe sans un véritable Pouvoir Politique guadeloupéen pour décider de son organisation économique
et sociale, de l’aménagement de son
territoire, de ses relations de coopération et mettre en œuvre un plan
de développement global qui répond
aux besoins et aux intérêts du pays
et à ceux des masses populaires et laborieuses.
Il n’y aura aucun changement
en Guadeloupe, si les organisations
politiques qui luttent contre la domination coloniale et l’exploitation capitaliste, ne se rassemblent pas pour élaborer un projet politique d’émancipation
qui mobilise et entraîne l’adhésion de
la grande majorité de notre peuple.
En ce début d’année 2012
c’est à cette tâche que nous devons
nous atteler, en réalisant les Assises
des forces patriotiques, anticolonialistes et anticapitalistes de Guadeloupe
pour constituer une autorité politique
ayant en charge de conduire la lutte
d’émancipation du peuple guadeloupéen.
Carib Creol News, 31 décembre 2011
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Le centième anniversaire de l’ANC a été utilisé pour tenter de tirer une
nouvelle crédibilité de la longue histoire de lutte contre le système brutal
d’apartheid en Afrique du Sud
Par Bill Van Auken
L
a célébration du centenaire du Congrès national africain (ANC) de
l’Afrique du Sud est l’occasion idéale
pour faire un bilan de la nature et du
sort de l’ANC et des mouvements nationalistes bourgeois similaires.
Fondé en 1912, l’ANC est parmi
les premiers de ce type de mouvement,
ayant tiré son inspiration du Congrès
national indien, qui est encore plus ancien. Il a joué un rôle central dans la
fin négociée du régime d’apartheid en
Afrique du Sud et a été le parti dirigeant
du pays lors des 18 dernières années.
Le centième anniversaire a été
utilisé par l’ANC pour tenter de tirer
une nouvelle crédibilité de la longue
histoire de lutte contre le système brutal d’apartheid en Afrique du Sud, dans
laquelle de nombreuses personnes ont
été tuées ou emprisonnées et où les
travailleurs et les jeunes provenant des
cantons noirs du pays se sont battus
héroïquement contre les forces de sécurité lourdement armées.
Mais,
comme
dans
d’innombrables autres pays où les bourgeois nationalistes ou les mouvements
de « libération nationale » ont pris le
pouvoir, la direction de l’ANC, loin de
réaliser les aspirations des masses qui
sont entrées en lutte, a seulement exploité leurs sacrifices afin de renforcer
sa propre intégration dans les rangs de
l’impérialisme et des oppresseurs capitalistes nationaux. Dans ce processus,
de nombreux vieux défenseurs de la
libération sont devenus des hommes
d’affaires multimillionnaires.
Dans un discours décousu de
90 minutes donné la semaine dernière
devant une foule à Bloemfontein, la
ville où l’ANC a été fondé il y a 100
ans, le président de l’Afrique du Sud,
Jacob Zuma, s’est attardé en long et
en large sur l’histoire de l’ANC, tout
en amenant très peu de propositions
concrètes pour changer les conditions
d’oppressions dans lesquelles la vaste
majorité de la population du pays vit
toujours.
Ces
conditions
n’ont
fait
qu’empirer pendant les presque deux
décennies de gouvernance de l’ANC.
Même si l’apartheid racial a pris fin,
le fossé entre l’élite riche et les masses
de travailleurs et d’opprimés n’a fait
qu’augmenter. Les inégalités sociales,
mesurées par le coefficient de Gini*, sont
pires en Afrique du Sud aujourd’hui que
dans tous les autres pays de la planète,
sauf la Namibie. Soixante-dix pour cent
de la population vivent sous le seuil de
la pauvreté. Même si le taux de chômage officiel tourne autour de 25 pour
cent, la plupart des estimations les plus
réalistes le placent à près de 40 pour
cent.
Les fameuses « réformes de libre
marché » ont fait en sorte que ceux au
haut de l’échelle, y compris la vieille
élite dirigeante blanche et une nouvelle
couche dans la direction de l’ANC et
de la bureaucratie syndicale, puissent
accumuler d’immenses richesses. Des
gens comme Cyril Ramaphosa, ancien
chef du Syndicat national des mineurs
et secrétaire général de l’ANC qui vaut
maintenant quelque 275 millions $,
sont ceux qui ont principalement bénéficié de la politique de « Black Economic Empowerment » (Émancipation
économique des Noirs) enclenchée par
l’ANC après son arrivée au pouvoir.
L’historien
africain
Achille
Mbembe a décrit avec justesse l’ANC
comme un parti « rongé par la corruption et la cupidité, par de violentes luttes fratricides pour le pouvoir et par un
mélange fatal d’instincts prédateurs et
de vacuité intellectuelle ».
Bien que l’accent du centième
anniversaire mis sur l’âge d’or de
l’illégalité et de la « lutte armée » de
l’ANC puisse servir de diversion opportune pour le parti dirigeant et la
dure réalité à laquelle il est confronté
aujourd’hui, les germes de cette dégénérescence étaient déjà présents et
identifiables dès le tout début du mouvement.
L’ANC a été fondé dans le contexte de la défaite des longues luttes tribales contre la conquête coloniale blanche et de l’unification de
l’impérialisme britannique avec ses opposants boers sur la base d’une plateforme commune d’oppression de la majorité noire et d’expropriation de leurs
terres. L’ANC ne cherchait pas la défaite
de l’impérialisme, mais plutôt son parrainage, s’offrant comme interlocuteur entre la classe dirigeante blanche
et les masses de travailleurs noirs et
d’opprimés.
En 1956, Nelson Mandela a résumé les objectifs de l’ANC, promettant que s’il était porté au pouvoir, il
n’introduirait pas le socialisme, mais
plutôt : « Pour la première fois dans
l’histoire de ce pays, la bourgeoisie
non européenne aura la chance de posséder en son nom et en son droit des
usines, et les industries ainsi que les
entreprises privées vont prospérer et se
développer comme jamais auparavant.
» Cette vision s’est maintenant réalisée
aux dépens des masses de travailleurs
noirs.
Dans les années 1960, l’ANC,
en alliance avec le Parti communiste
sud-africain stalinien, a employé la
rhétorique de la révolution et de la
lutte des classes, mais la perspective
d’émanciper et d’enrichir une bourgeoisie noire à en devenir est demeurée le
programme fondamental de Mandela.
Lorsque les soulèvements de Soweto
et des autres villages noirs ont commencé à rendre le pays ingouvernable,
l’élite dirigeante blanche, menée par la
Anglo-American Corporation, a entamé
Suite à la page (16)
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Perspectives
Lettre d’une mère au
La paix mondiale tient à un fil !
directeur d’un hôpital
pédiatrique de La Havane J
Fidel CASTRO
Sander de la Caridad Jaime Braña avant d’entrer à la salle d’opération
Sander de la Caridad Jaime Braña et son équipe médícale
Par Vivian Braña Fernández
Dr. Rafael Antonio Broche
Director del Hospital Pediátrico Juan
Manuel Márquez, en La Habana
F
aire le récit de 11 années m’est difficile. Le 18 octobre 2000, quand
mon fils, Sander de la Caridad Jaime
Braña a vu le jour, j’étais une mère
très heureuse, mais à partir de ce moment, ma vie s’est changée en angoisse
absolue. Sander est né, sans lèvre ni
dentition, avec une fissure palatine qui
nécessitait un traitement chirurgical. Il
a été opéré à l’Hôpital Pédiatrique de
Centro Habana le 7 janvier 2002, mais
cette opération n’était pas définitive.
Les années ont passé en même
temps qu’une terrible lutte, au cours de
laquelle j’ai toujours refusé les solutions
proposées à diverses occasions dans
d’autres centres de pédiatrie. Sur un
coup de tête, j’ai appelé par téléphone la
Direction Provinciale de la Santé et j’ai
été reçue par une doctoresse prénommée Ivonne, qui, aimablement, et sans
nous connaître ni d’Eve ni d’Adam, a
fait les démarches pour que mon fils
soit reçu à l’Hôpital Juan Manuel Mar-
quez, que vous dirigez.
Là, il a été examiné d’abord
par le Dr. Fausto, puis par la Doctoresse Carmen Diaz qui est aujourd’hui
retraitée-, par Noémie, diplômée en
Logopédie pour les Patients atteints de
Fissures, puisque mon fils avait besoin
d’une préparation avant la correction
de son défaut.
Je ne vais pas vous fatiguer avec
les détails. En un an, il s’est passé
beaucoup de choses, certaines agréables, d’autres non, mais le plus important a été que le 14 décembre de
cette année, mon fils a été opéré dans
votre centre hospitalier et que, déjà,
aujourd’hui, après son premier examen
post-opératoire, l’intervention a été
déclarée satisfaisante et réussie.
Je veux, et cela vient du plus profond de mon cœur maternel, remercier
toute l’équipe du service Maxilio-facial
qui travaille sous la direction du Dr. Ernesto Sanchez.
Quand j’ai vu pour la première
fois sa petite bouche, je ne pouvais pas
croire qu’elle était si parfaite et si bien
reconstruite.
J’ignore si les mots existent pour
rendre grâces à Dieu et à son personnel,
du Dr. Ernesto à la Doctoresse Wilma,
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
’ai eu le plaisir, hier, de converser
calmement avec Mahmoud Ahmadineyad que je n’avais plus vu depuis
septembre 2006, voilà plus de cinq
ans, quand il était venu à La Havane
participer à la Quatorzième Conférence
au sommet du Mouvement des pays
non alignés qui avait élu Cuba pour la
seconde fois à la présidence de cette organisation pour la durée prévue de trois
ans. J’étais tombé gravement malade le
26 juillet 2006, un mois et demi avant,
et je pouvais à peine me maintenir assis sur le lit. Plusieurs des dirigeants
les plus distingués qui assistaient au
Sommet eurent l’amabilité de me rendre visite. Chávez et Evo le firent plusieurs fois. Quatre dont je me souviens
encore vinrent en début d’après-midi
: Kofi Annan, le secrétaire général de
l’ONU ; un vieil ami, Abdelaziz Bouteflika, le président algérien ; Mahmoud
Ahmadineyad, le président iranien ;
et Yang Jiechi, alors vice-ministre et
aujourd’hui ministre des Relations extérieures de la République populaire de
Chine, en représentation de Ju Jintao,
chef du Parti communiste et président
du pays. Ce fut vraiment un moment
important pour moi qui rééduquais
aux prix de gros efforts mon bras droit
sérieusement blessé lors de ma chute à
Santa Clara.
J’avais commenté avec ces quatre
dirigeants des aspects des problèmes
complexes que le monde connaissait
alors et qui le sont devenus assurément
de plus en plus.
À notre rencontre d’hier, j’ai
constaté que le président iranien était
on ne peut plus tranquille, absolument
indifférent aux menaces yankees,
confiant en la capacité de son peuple de
repousser n’importe quelle agression et
dans l’efficacité des armes dont ils produisent une grande partie eux-mêmes
pour faire payer aux agresseurs un prix
insupportable.
En fait, c’est à peine s’il a parlé
de la guerre. Il est plutôt revenu sur les
idées qu’il avait exposées à sa conférence dans le grand amphi de l’Université de La Havane, axées sur l’être
humain : « S’acheminer vers la paix, le
respect de la dignité humaine en tant
que souhait de tous les êtres humains
tout au long de l’Histoire. »
Je suis convaincu qu’on ne doit
pas s’attendre de la part de l’Iran à des
actions irréfléchies qui contribueraient
au déclanchement d’une guerre. Si
celle-ci éclate, ce sera uniquement la
faute de l’aventurisme et de l’irresponsabilité congénitale de l’Empire yankee.
Je pense de mon côté que la situation politique créée autour de l’Iran
et les risques d’une guerre atomique
qui en émanerait et toucherait tous les
pays, qu’ils possèdent des armes de ce
genre ou non, sont extrêmement délicats parce qu’ils menacent l’existence
qui a aidé à l’opération, Ileana, la technicienne, Ileana, l’Infirmière en Chef
du Bloc Opératoire et d’autres dont j’ai
oublié le nom, mais que j’ai dans mon
cœur de mère reconnaissante.
Ils ont réalisé un chef-d’œuvre !
Je tire mon chapeau à votre équipe de
travailleurs, devant l’humanité, la fraternité, la bonté, la compréhension et
l’amour…
Je vous prie de rendre publics
mes remerciements, parce que, certainement, pour exiger et blâmer, les
gens se pressent, mais peu reconnaissent le travail que font nos médecins
avec tant d’abnégation. Avec des difficultés, des carences, des obstacles….
mais avec un cœur et un professionnalisme qu’on peut seulement comparer à
ceux de notre Titan de Bronze. [1]
Je joins quelques photos qui m’ont
marquées, parce que jamais je n’aurais
cru pouvoir les prendre. Heureusement,
j’étais à côté de mon fils quelques in-
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad (à gauche) rencontre à Cuba
l'ancien dirigeant cubain Fidel Castro Ruz à La Havane
même de notre espèce. Le MoyenOrient, qui produit des ressources économiques vitales pour l’économie de
la planète, est devenu aujourd’hui la
région la plus conflictuelle au monde.
La capacité de destruction de
certaines armes employées durant
la Deuxième Guerre mondiale et les
souffrances massives qu’elles infligèrent incitèrent fortement à en prohiber quelques-unes, dont les gaz
asphyxiants. Néanmoins, les conflits
d’intérêts et les énormes profits des
fabricants les conduisirent à élaborer
des armes encore plus cruelles et plus
destructrices, jusqu’au jour où la technologie moderne a fourni les matériaux
et les moyens nécessaires à la mise au
point d’armements dont l’emploi dans
une guerre mondiale conduirait à notre
extermination.
Je suis d’avis – qui est sans aucun doute celui de toutes les personnes
dotées d’un sens élémentaire de leurs
responsabilités – qu’aucun pays, grand
ou petit, n’a le droit de posséder des
armes atomiques.
On n’aurait jamais dû s’en servir
pour attaquer deux villes sans intérêt
militaire comme Hiroshima et Nagasaki, pour assassiner et irradier avec
d’horribles effets durables des centaines
de milliers d’hommes, de femmes et
d’enfants d’un pays déjà vaincu sur le
plan militaire.
À supposer que le nazi-fascisme
eût obligé les puissances liées contre
lui à rivaliser avec cet ennemi de
l’humanité dans la fabrication de
cette arme, le premier devoir de
l’Organisation des Nations Unies, créée
à la fin de la guerre, aurait dû être de
l’interdire sans la moindre exception.
Mais les États-Unis, la nation la
plus puissante et la plus riche, imposèrent au reste du monde la ligne à
suivre. Ils possèdent aujourd’hui des
centaines de satellites qui épient et surveillent de l’espace tous les habitants
de la planète ; ils ont équipé leurs forces
navales, terrestres et aériennes de milliers d’armes atomiques ; ils manipulent
à leur guise, par Fonds monétaire international interposé, les finances et les
stants avant que l’anesthésie ne ferme
ses petits yeux et au moment de son
réveil.
Recevez une fois encore les remerciements d’une personne devenue
votre éternelle obligée à vous et à tous
ceux qui travaillent sous votre direction. Aujourd’hui, je redeviens la mère
heureuse que j’étais il y a onze ans. Si
un de mes mots était hors de propos
ou incohérent, je pense que ce n’est dû
qu’à l’émotion.
Notes
[1] Antonio Maceo, un des héros
de l’indépendance cubaine
Source : Cubadebate,
29 décembre 2011
Traduit de l’espagnol et annoté par
Marc Harpon
Changement de Société
13 janvier 2012
investissements du monde.
Quand on analyse l’histoire de
l’Amérique latine, depuis le Mexique
jusqu’à la Patagonie en passant par
Saint-Domingue et Haïti, on constate
que toutes les nations, sans exception,
du début du XIXe siècle à nos jours,
soit deux cents ans, ont été victimes
et continuent de l’être toujours plus
des pires crimes que le pouvoir et la
force puissent commettre contre le droit
des peuples. De brillants écrivains ne
cessent de les dénoncer. L’un d’eux,
Eduardo Galeano, auteur de Les Veines
ouvertes de l’Amérique latine, vient
d’être invité à inaugurer le prix prestigieux de la Casa de las Américas, en reconnaissance à son œuvre marquante.
Les événements se succèdent à
une vitesse incroyable, mais la technologie permet d’en informer le public
encore plus vite. Des nouvelles importants tombent, aujourd’hui comme hier.
Une dépêche de presse du 11 nous
apprend : « La présidence danoise de
l’Union européenne a informé mercredi
qu’un nouveau train de sanctions
encore plus sévères serait décidé le 23
contre l’Iran à cause de son programme
nucléaire, visant non seulement son
secteur pétrolier, mais aussi sa Banque
centrale… Nous irons encore plus loin
dans nos sanctions contre son pétrole
et ses structures financières », a affirmé
le chef de la diplomatie danoise, Villy
Soevndal, à la presse étrangère.
On peut constater clairement que
sous prétexte d’éviter la prolifération
nucléaire, Israël a le droit d’accumuler
des centaines d’ogives atomiques, tandis que l’Iran, lui, n’a même pas celui
de produire de l’uranium enrichi à 20
p. 100.
Une agence de presse britannique bien connue fournit une autre
nouvelle sur ce thème : « La Chine n’a
Suite à la page (16)
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Tel: 718-363-1585
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13
Dans la diaspora
Mme Maryse Narcisse à New York
Par Kim Ives
L
e 7 janvier 2011, Fanmi Lavalas
avait organisé une grande réunion
à Brooklyn, avec la présence du porteparole du parti, Mme. Maryse Narcisse.
Le rassemblement a eu lieu à Our
Lady of Miracles Church à Canarsie.
Plus de 200 personnes avaient assisté à
la réunion, parmi elles des délégations
de Boston, Philadelphie, Connecticut,
New Jersey, et Spring Valley.
Parmi les intervenants on pouvait remarquer l’ancien ministre des
Haitiens Vivant à l’étranger Fritz Casséus; l’ancien député de Cerca Carvajal
et Los Palis Simon Cessoir, qui a représenté la délégation de New Jersey; Serge
Blaise, qui a représenté la délégation de
Philadelphie; Cadet Toussaint, qui a représenté la délégation de Spring Valley;
Raoul Jean, qui a représenté la délégation de Spring Valley; et Jean-Claude St.
Germain, qui a représenté la délégation
de Boston. Il y avait aussi des interventions d’autres leaders et activistes
comme Jean Luckner, Anakreyon, Paul
Mathieu, l’ancien député de l’Anseà-Veau Walter Norzéus, Anilex Obas,
et Maryse Jean-Pierre. Les maîtres de
cérémonie étaient Jean Rameau et Fred
Joseph.
Finalement, l’ancien député de
Cap Haïtien James Dérosin a introduit
l’invitée d’honneur, Maryse Narcisse.
“ Docteur Maryse Narcisse se yon patriyòt paske li se yon bon lavalasyen,”
a dit Dérosin. Pendant le coup d’état de
Plus de 200 personnes se sont rassemblées le 7 janvier à Canarsie
2004 à 2006, “li te rete fidèl, li te rete lekòl,” une critique à peine voilée de
l’absence d’“éducation gratis” claironkonsekan, e si jodia Fanmi Lavalas
née par le gouvernement de Martelly.
egziste, se gras a limenm e lit li tap
“Maladi kolera kontinye ap simennen andan peyi a.”
men dèy nan peyi a,” a-t-elle continué.
Madame Dr. Narcisse a fait une
“Dènye chif ofisyèl yo... di nou gen plis
analyse de la situation actuelle dans le
pays et a tracé les grandes lignes de la pase 500,000 moun enfekte ak kolera,
pandan genyen plis pase 7000 moun
stratégie de Fanmi Lavalas.
ki deja mouri ak maladi a... Chak jou
“Kote nou ye jodi a?” a-t-elle
genyen omwen 200 nouvo ka nan peyi
démandé à l’assistance. “Jodi a dwa
pou pèp ayisyen an viv tankou moun a.”
Narcisse a dit que cette situation
toujou pa respekte nan peyi a. Se kriz
pose “anpil defi pou Fanmi Lavalas,”
politik sou kriz politik k ap kache vrè
et alors “n ap kontinye ranfòse nou,
problèm yo: ekslizyon, mizè, ak granestriktire nou, pou n mennen misyon
gou pi rèd, anpil timoun, pa rive ale
nou ki se akonpaye pèp ayisyen an
nan konba kont esklizyon, nan lit l ap
mennen pou plis jistis sosyal.... Fanmi Lavalas ap travay pou ranfòse ak
renouvle estrikti li nan tout nivo nan
òganizasyon an.”
Concrètement, elle a expliqué
que “òganizasyon a mete anplas plizyè
kowòdinasyon depatmantal provizwa
sou tout peyi a ki gen manda pou fe
òganizasyon an mache byen nan
tout katye, seksyon kominal, komin
ak depatman yo. Yo genyen pou
manda tou pou yo miltipliye, ranfòse,
epi mobilize ti fanmi yo pou nou ka
reyalize kongrè depatmantal, ki pou
mennen nou nan direksyon kongrè
nasyonal òganizasyon an.”
Ella a rassuré l’assistance que
“batay pou nou rive nan ideyal demokratik la, jistis sosyal, transparans,
patisipasyon, diyite ak souverènte
nasyonal toujou rete objektif òganizasyon Fanmi Lavalas. Malgre kou
nou pran sou wout sa a, koudeta,
egzil, militan konsekan nou pèdi sou
wout sa a ; dekourajman ak trayizon
nan mitan nou, ideyal demokratik la
ak angajman militan toujou rete fò
nan mitan nou. E se fòs enèji sa a ki
mennen Titid tounen e se limenm k
ap bay òganizasyon an plas lejitim li
sou sèn politik la nan peyi a... Fanmi Lavalas mande nou pou n angaje
nou... Wè pa wè, depi genyen eleksyon
lib, onèt, demokratik nan peyi a, nap
ranpòte laviktwa lavalaseman.”
Après son discours, Dr. Narcisse
a répondu aux questions de l’assis-
Le Dr. Maryse Narcisse: “batay pou
nou rive nan ideyal demokratik
la, jistis sosyal, transparans,
patisipasyon, diyite ak souverènte
nasyonal toujou rete objektif
òganizasyon Fanmi Lavalas.”
tance.
A la manière du dernier rassemblement du parti le 18 décembre à St.
Jerome à Brooklyn (voir Haïti Liberté,
Vol. 5, No. 23, le 21 décembre 2011),
la soirée s’est déroulée dans une atmosphère d’amitié, de bonheur, de
militance, avec un peu de désordre.
D’après un communiqué du 17
janvier, le chapitre de New York de
l’organisation Fanmi Lavalas “compte
entreprendre cette année à partir du
mois de Mars 2012 plusieurs autres
activités politiques, culturelles, sociales et communautaires” en rappelant que “Fanmi Lavalas est une
organisation qui préfère l’inclusion à
l’exclusion et l’unité à la désunion.”
Suite de la page (4)
National, qui aujourd’hui encore
est en état de délabrement quand la
majorité des familles chassées par
le tremblement de terre s’entassent
dans de très mauvaises conditions au
Champ-de-Mars depuis le séisme.
Partout dans ce pays il se pose
un problème d’emploi tout simplement. Donc, le fait de donner vingt ou
vingt et un mille gourdes à des sansabri qui n’ont pas d’emploi, eh bien,
c’est les pousser à se retrouver en un
an plus tard dans la même situation
après avoir payé le loyer pendant
une année. « Il n’y a jamais eu de
résultats concrets là où les ONG interviennent. Car s’il fallait réellement
apporter des solutions aux problèmes
du peuple haïtien, il arriverait un moment où nous n’aurions plus besoins
14
de ces ONG ; or l’objectif c’est de rester définitivement pour sucer la mamelle », soulève le coordonnateur de
la CONA SOVIC, Rosemond Jean qui
suggère une conscience nationaliste,
une redéfinition du mode de coopération avec l’international en vue de
freiner le gaspillage de ces ONG qui
ont longtemps volé la vedette à nos
propres institutions dont l’Etat en
particulier. Il est clair que le peu d’effort consenti par les ONG avec leurs
millions n’avait pas suffi pour qu’il ne
leur en manque aujourd’hui encore
dans les camps des structures sanitaires et d’approvisionnement en eau
potable et courante en vue de prévenir l’extension de l’épidémie de Choléra importée par les casques bleus de
l’ONU 10 mois après le séisme.
Haiti Liberté/Haitian Times
Deux ans plus tard, malgré les
tollés soulevés autour de la question
de refondation d’une nouvelle Haïti
et du côté des autorités locales et du
côté des partenaires internationaux
peu après le séisme, il est évident que
rien de vraiment concret n’a encore
été réalisé pour sortir dignement les
gens sous ces tentes sales qui leur
servent d’abris. On a la mauvaise
impression qu’ici en Haïti le concept
provisoire est définitivement employé
pour signifier le long terme, le définitif
tout court.
En tout cas, le tour d’horizon effectué par les reporters d’Haïti
Liberté regorge de témoignages des
sinistrés, de vraies victimes assoiffées
de justice sociale, de cette liberté que
l’on retrouve lorsqu’on a la chance
de travailler, de la nécessité de pouvoir bénéficier des services sociaux
de base dont l’éducation, la Santé, la
sécurité alimentaire, l’emploi, bref, le
mieux-être. « N ap viv nan Kan sa
a depi lè tranblemanntè a fin pase
a. Nou te konn jwenn yon ti bagay,
lè nou fenk vini nan kan sa a. Men
depi kèk tan nou pa nan anyen ki
bon ditou. Yo pa voye je gade nou,
nou debouye n jan n kapab pou timoun yo pa mouri nan men nou ak
grangou. », raconte Rose Carmelle,
jeune femme de 33 ans dans le camp
de Ste-Thérèse à Pétion-Ville. « On
n’a plus de courage pour continuer
dans cette misère. Nous manquons
de presque tout ici. Pas assez de
nourriture, pas d’eau traitée pour les
enfants en bas âge, nous sommes
donc livrés à nous-mêmes puisqu’il
n’y a pas d’emploi pour qu’on puisse
se prendre en charge. On ne fait que
prier chaque jour pour qu’éclate un
miracle ». ajoute Mariela avec un
air de désespoir. Certains déplacés
s’expriment avec colère et d’autres se
tiennent un peu loin du micro.
Ce 12 janvier 2012 pour marquer cette date inoubliable, de nombreuses manifestations ont été orga-
nisées à travers le pays pour accueillir
le douloureux 2e anniversaire du
tremblement de terre. Des voix se sont
élevées pour exiger que la lumière soit
faite sur le chemin parcouru par les
fonds décaissés pour la reconstruction c’est le cas de plus d’une dizaine
d’organisations sociales conduites
par la plateforme sociale « Je nan Je »
sous le leadership d’ONG. Action AID
qui a clairement posé le problème de
logements via des pancartes bondées
de slogans de sensibilisation. Des milliers de personnes ont pris part à cette
mobilisation qui a terminé sa course
au Parlement haïtien où un document
contenant les doléances des couches
vulnérables de la société a été remis
aux représentants de l’Assemblée
Nationale.
Parallèlement la communauté
musulmane d’Haïti a accueilli à sa
façon le deuxième anniversaire du
séisme. Dans une ambiance plutôt
recueillie, des frères musulmans se
sont joints aux représentants de la
communauté de l’islam en Haïti pour
rappeler aux Haïtiens la nécessité
de continuer à œuvrer au service du
Dieu créateur tout en respectant le
principe devoir de mémoire envers les
disparus.
C’est plutôt triste, voire une
honte nationale ou encore mieux un
affront, une gifle appliquée à l’orgueil
des victimes que durant deux longues
années, on n’a pas réussi à ériger un
monument historique à leur mémoire,
alors que nos voisins Dominicains en
dépit des grognes existants au niveau
de la frontière, ont réussi en si peu de
temps à nous doter d’un aussi prestigieux campus Universitaire dont les
clés ont été remises officiellement au
gouvernement haïtien ce 12 janvier
2012, lors d’une cérémonie inaugurale.
Deux ans après, l’énormité des
dégâts se constate encore dans les
endroits touchés par le séisme en
particulier au centre commercial de
Port-au-Prince. Plus d’un million de
gens sous des tentes pataugeant dans
la boue et la crasse, sans nourriture.
Deux années à la belle étoile. On ne
s’en gêne pas, on n’a plus aucun respect pour l’intimité. Nos jeunes filles
prennent leur bain en pleine rue, sans
aucun scrupule, l’on se bat pour rester en vie tout en se faisant agresser
sexuellement par les mal intentionnés. Deux ans plus tard la population
est encore exposée à toute sorte de
danger que pourraient provoquer le
vent, le soleil et la pluie.
Considérant tous ses éléments,
sujets de grands débats, on ne peut
pas s’empêcher de se demander : Où
sont passés les fonds alloués au processus de reconstruction d’Haïti deux
ans après le cataclysme ?
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
12 janvier
Suite de la page (7)
Oui, tous les Haïtiens rêvaient
d’un nouveau pays. Partout dans le
pays, l’on disait que 12 janvier, au lieu
d’être une simple date de commémoration d’un tremblement de terre dévastateur sera la date de la victoire de la vie
sur la mort. Le triomphe de la bonté sur
la méchanceté. La force de l’esthétisme
sur la laideur. Bref, la résurrection après
le grand voyage. Malheureusement, le
peuple sera vite déchanté. Abasourdi.
Trompé comme d’habitude par ses élites.
Meurtri une énième fois dans sa chair et
dans son âme par ces oligarques qui
n’ont aucun scrupule à le livrer pieds
et poings liés à la merci d’une cohorte
d’ONG dont le comportement s’apparente davantage à des mercenaires qu’à
la Mère Teresa. Les dirigeants haïtiens
d’avant et d’après 12 janvier 2010, par
leur attitude irresponsable vis-à-vis du
pays, vont au-delà de la déception.
C’est une trahison. Leur comportement sans orgueil. Sans honte. Sans
prestige. Sans dignité n’est rien d’autre
qu’une catastrophe se transformant en
une honte collective pour les Haïtiens
vis-à-vis de la Communauté internationale et de nos voisins de la Caraïbe.
Soupçonnant les gouvernants haïtiens
d’être des gens sans mémoire, nous
rappelons toujours à leur intention que
la cathédrale du Cap-Haïtien fut reconstruite un siècle après avoir été détruite,
elle aussi, par le terrible tremblement
de terre de 1842. Et nous nous interrogeons !
Devons nous attendre cent ans
avant de voir relancer sérieusement la
reconstruction proprement dite des édifices publics et religieux de la capitale
haïtienne ? Or, à part les journalistes faisant leur travail d’historiens de l’histoire
immédiate, curieusement, personne ne
s’étonne que deux ans après le séisme,
le pouvoir public haïtien continue à organiser des colloques et autres séminaires
totalement inutiles en vue de savoir comment reconstruire Port-au-Prince. Pire,
qui a déjà interpellé le gouvernement haïtien sur la question de la reconstruction
des bâtiments publics devant accueillir
les institutions et autres administrations
de l’Etat, détruites le jour de ce fatal coup
du destin pour le pays ?
Là encore, n’étaient-ce les médias
qui soulèvent de temps à autre ce sujet,
on aurait pu croire que tout est déjà
terminé ou du moins, qu’il n’y a rien à
faire. Pourtant, si avant la catastrophe
l’Etat était relativement mieux installé
dans ses pierres et ses meubles, depuis
deux ans le pouvoir public haïtien s’installe dans une promiscuité et un misérabilisme qui font honte au pays. Et ce,
à l’image du secteur des affaires haïtien
dont, franchement, le confort et la beauté des locaux qui les abritent demeurent
le cadet de ses soucis, sans parler du
plaisir qu’il prend à mener ses affaires
dans un environnement qui ne fait honneur ni à ces « nantis » selon le journal
Le Monde ni à leurs amis. Et pourtant,
les deux secteurs (public et privé) ont les
moyens de leurs puissances respectives.
L’an dernier pour la première commémoration de la mémoire des disparus du
12 janvier - en passant, victimes de la
négligence de cette caste politique qui
nous gouverne - on flairait déjà l’abandon et le désistement du gouvernement
de l’époque.
Le monument qui était prévu pour
cette occasion n’était point au rendezvous. Cette année 2012 non plus d’ailleurs. Pas un seul bâtiment public n’avait
été élevé en guise de message d’espoir et
d’encouragement à une population persuadée que quelque chose doit changer
après une si grande épreuve. Même une
petite place publique au lieu symbolique
où trônait fièrement le siège de la DGI
(Direction Générale des Impôts) n’a pu
être réalisée. Peut-être faute d’argent !
Qui sait.
Mais le pouvoir de l’époque
englué dans ses magouilles électorales, réclamait des circonstances
atténuantes. Sans vergogne, la
présidence sortante s’enveloppait dans
les linceuls encore mouillés du sang de
nos morts pour cacher son incapacité.
Sa faillite. Son incompétence devant ses
responsabilités. Mais aussi sa mauvaise
foi. Son ignorance devant l’histoire et
son mépris face à l’histoire. Rien, absolument rien, n’avait été fait ni préparé
pour ce premier insoutenable anniversaire. C’était le prélude de cette honte
qui nous frappe aujourd’hui devant nos
amis étrangers. Le déplacement sur les
lieux des fosses communes à Titanyen
ne peut couvrir cette absence de vision
et d’inconscience des dirigeants d’hier.
Ha oui ! Il y avait, ce jour-là, le patron
de la Digicel, Denis O’Brien pour sauver
l’honneur. En un geste fort il a donné
une superbe leçon d’initiative et de volontarisme au gouvernement haïtien et
au secteur des affaires.
Son entreprise a mis au goût du
jour plus exactement a redonné vie à
l’historique marché du Président Florvil Hyppolite (Marché Vallière ou Marché en Fer). En moins d’une année ce
marché totalement détruit par le séisme
et des incendies successifs était remis
aux autorités haïtiennes et municipales
neuf comme au premier jour en guise de
contribution à la reconstruction de Portau-Prince. Denis O’Brien et la Digicel
avaient tracé l’exemple à suivre. Quand
on veut l’on peut. S’éterniser en conférences, séminaires et de vagues colloques n’est en fait que de la poudre aux
yeux. Subterfuges pour noyer plus facilement le poisson. Manœuvre dilatoire
pour laisser passer le temps. Tactiques
politiciennes pour contourner la reconstruction et dilapider les fonds ramassés.
Enfin, faire du marronnage pour masquer son incapacité à gouverner.
Quoi de plus facile que de trouver
des complices qui se disent experts, tous
payés rubis sur l’ongle, pour monter une
retraite dans un cadre enchanteur afin
de cogiter sur des choses qui ont été
mille fois, dix mille fois répétées. Ecrites.
Analysées. Signées. On nous dit qu’il
faut des milliards sinon plus avant de
commencer la reconstruction d’Haïti et
de sa capitale Port-au-Prince. D’accord.
Mais combien le gouvernement dominicain sous le leadership de son Président Leonel Fernández et le secteur des
affaires de ce petit pays ont-ils déboursé
pour livrer en moins de deux ans un
Complexe universitaire digne de ce nom
clé en main à Haïti ? Ce montant dans
le cadre d’un Etat est plus que dérisoire.
Cinquante millions de dollars. Mais
s’agissant de la République Dominicaine
c’est énorme. Et ce n’est pas tout. C’est
la valeur symbolique de ce don qui nous
frappe et nous surprend. Une université
de standard international comme il n’y
en a jamais eu dans notre chère Haïti.
Sauf peut-être du temps de l’Académie
Royale Henri Christophe.
C’est dire combien le défi à relever
va être difficile pour le pouvoir public
et la société civile haïtienne. Ce « Don
de la République Dominicaine » comme
c’est écrit en lettre capitale à l’entrée
du Campus universitaire situé dans la
bourgade de Limonade, même s’il a été
construit en solidarité avec le peuple
haïtien face aux malheurs qui ont frappé
le pays, doit être considéré aussi comme
un « Sceau de la honte » porté à notre
visage marqué à l’aide du fer chaud
des forgerons au temps des grandes
habitations et/ou de la colonie comme
les maîtres marquèrent leurs esclaves.
Inaugurée un 12 janvier, le jour même
de la deuxième commémoration de la
catastrophe qui a mis à nu la faillite de
l’Etat haïtien et de ses élites dirigeants,
cette université, qu’importe le sentiment
de ses donateurs, a un goût amer dans
notre bouche en tant qu’haïtiens des-
cendants de l’orgueilleux fondateur de
la patrie, Jean-Jacques Dessalines et du
roi bâtisseur, Henri Christophe.
Elle porte en elle toute la douleur
et la souffrance de notre dépendance
envers ce petit pays voisin et la honte
que cette commémoration cumule. Malheureusement, nous ne pouvons que
souhaiter longue vie à cette œuvre de
grandeur et de fierté dominicaine dont
nous connaissons la valeur symbolique
et l’importance pour la jeunesse estudiantine. Qui sait si cette université n’est
conçue et mise en branle par des gens
pour qui, au fond d’eux-mêmes, notre
chaos politique et la faillite de notre pays
sont leur raison de vivre aujourd’hui.
Cette inauguration en ce 12 janvier est
d’autant plus humiliante pour la communauté nationale, qu’aucun autre
bâtiment public ou privé entrant dans le
cadre de la reconstruction n’a encore vu
le jour. Pas un ministère. Une université.
Un lycée. Rien.
Le bâtiment devant abriter le
Parlement continue toujours d’être un
projet à l’étude. En deux ans cette institution a déménagé, deux fois mais
reste dans le provisoire. Un vrai gaspillage de ressources financières, même
si ces fonds en grande partie viennent
de la Communauté internationale.
Encore elle. Le Palais de justice qui
s’est refugié dans un ancien hôtel
au Bicentenaire, attend pour voir.
Sans oublier le Palais présidentiel toujours à genoux dans un décor de film
catastrophe. Le gouvernement haïtien,
comme le reste des habitants de la capitale, vit dans le provisoire. Alors qu’on
a vu comment, avec seulement 50 millions de dollars, la Dominicanie nous a
infligé le coup de grâce et ce, en moins
de 24 mois un très superbe cadeau empoisonné. Espérons seulement que le 12
janvier prochain nous soyons capables
de relever les défis que nous mêmes
croyons impossibles.
C.C
et étrangers apportent des ressources
financières pour le transport, pour
l’essence et la nourriture. Nous avons
aussi une très bonne relation avec
l’ambassade du Brésil, et avec la Force
aérienne qui a transporté les graines
à plusieurs reprises jusqu´ici et a appuyé la logistique pour l’échange avec
la brigade de jeunes Brésiliens qui sont
venus ici.
Mais nous voulons travailler dans
des programmes de production laitière,
dans l’installation de moulins et la distribution de citernes pour desservir plus
de 75 mille familles et pour cela nous
avons besoin de l´appui du gouvernement fédéral. Si le Brésil veut coopérer
massivement avec les agriculteurs
haïtiens, il devrait compter avec nous.
Nous avons fait la demande, maintenant cela dépend d’eux.
d’essence, de nourriture, de santé. Sur
les 40 personnes de différents mouvements de Via Campesina qui sont venus à Haïti, 36 ont souffert d´infections
gastriques, de paludisme, ou de fièvre
typhoïde parce que nous avons subi
de nombreuses privations. Vous savez
combien il y a de marchés dans la région où nous travaillons ? Zéro. Nous
comptons sur les foires paysannes, qui
sont un phénomène important ici. Là
on fait du troc, on achète et on vend
des produits, c´est là où l’économie
bouge.
André – Les agriculteurs de
montagne parcourent 4, 5 heures de
marche pour être dès 8 h. du matin à
la foire et négocier leurs produits. Ils
transportent tout sur la tête et avec
l´argent de la vente, achètent d´autres
produits pour les ramener chez eux. La
population vit en fonction de ça.
Patrola – Si j’étais photographe
je voudrais faire des images de ces
foires.
Dayana – C´est de vous qu´on
devrait prendre des photos...
(À ce moment, le photographe
d’Opéra Mundi raconte qu’il est allé à
une foire à Port au Prince vêtu d’un gilet pare-balles et d´un casque. La pièce
résonne de rires.)
tive, un préjugé. En trois ans de vie
sur place, je ne me suis jamais senti en
insécurité.
Dayana – Il y a beaucoup d’intérêts économiques derrière la construction de l’image négative des Haïtiens
comme des gens qui n’aiment pas travailler, qui sont désorganisés : il faut
donc leur apporter la paix et la civilisation... C´est vrai qu´il y a un manque
d´organisation et beaucoup de besoins,
mais nous ne pouvons passer sous
silence combien ce pays est exploité.
Les haïtiens ne jouent pas aux dés
dans l’attente qu’une aide humanitaire débarque. Les gens travaillent et
travaillent très dur, mais ils sont surexploités, et c´est la cause des difficultés
du pays.
*Envoyée spéciale à Port-auPrince de Opera Mundi
MST 13 de janeiro de 2012
Traduit du portugais par :
Thierry Deronne
La Revolución Vive
13 janvier 2012
Suite de la page (8)
D’autre part, nous installons des
pépinières pour le reboisement : Haïti
ne dispose que de 2% de couverture forestière et la déforestation est continue,
car le charbon de bois est une source
alternative de revenus pour l’agriculteur. Avec un sol plus vulnérable, les
cyclones et les ouragans sont plus dévastateurs que partout ailleurs dans les
Caraïbes.
Dayana – Une autre action concrète a été d’envoyer 76 jeunes Haïtiens au Brésil pour un an, pour vivre
la réalité du paysan brésilien, pour voir
comment nous travaillons et suivre un
cycle de formation à l’Ecole Nationale
Florestan Fernandes. La plupart sont
revenus enthousiastes, avec la volonté
d’appliquer ces expériences ici.
Comment le programme de
coopération est-il financé ?
Patrola – Nous sommes une brigade de militants volontaires soutenus
par des organisations non-gouvernementales. Des organismes brésiliens
Quelles sont les difficultés
principales de la brigade ?
Patrola – Nous avons du mal
à nous maintenir à cause des frais
RADIO
PA NOU
Comment évaluez-vous la présence
des troupes de l´ONU et la sécurité
dans le pays ?
Patrola – Je fais miennes les
paroles de l’ex-Ambassadeur Igor Kipman : Haïti a besoin de marcher sur
ses propres pieds, a besoin d´être autonome. Cela n´a aucun sens de dépenser
800 millions de dollars par an pour des
activités militaires. Peut-être que cela
était nécessaire de 2004 à 2006 quand
le pays vivait une instabilité politique,
mais aujourd’hui c´est de l´argent gaspillé. L’image de Haïti, pays violent, en
guerre civile, oú on ne peut pas marcher
seul dans la rues, est un mensonge. Il
y a des gens qui sont convaincus que
c´est vrai, y compris nos collègues brésiliens. C’est une construction néga-
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Tous les dimanches de 2 h à 4 h p.m.
Deux heures d’information et d’analyse
politiques animées par des journalistes
chevronnés haïtiens à la pointe de
l’actualité tels:
Jean Elie Th. Pierre-Louis, Guy Dorvil,
Dorsainvil Bewit, Claudy Jean-Jacques,
Jean Laurent Nelson, et pour Haïti
Liberté, Kim Ives.
En direct avec Bénédict Gilot depuis Haïti.
Soyez à l’écoute sur Radyo Panou &
Radyo Inite.
Haiti Liberté/Haitian Times
15
Attaque ciblée contre un
ancien militaire
P
Le cadavre de l’ex-militaire, Présent Rock
résent Rock, un ancien militaire,
membre de la Coordination Nationale des militaires démobilisés
des ex-Forces armées d’Haïti (CONAMIDH) a été tué à l’angle des rues
des Miracles et Docteur Aubry, le
vendredi 13 janvier 2012 au centre
de la capitale d’Haïti. Il était environ midi ce jour-là, lorsque 6 individus armés ont attaqué la victime.
Présent Rock, qui était en posses-
sion d’un révolver de calibre 38 a
essayé de se défendre, mais le temps
de recharger son arme, il était criblé
de balles et son arme emportée par
les agresseurs, selon des témoins.
Sa carte de membre des ex-Forces
armées d’Haïti était dans sa bourse.
Le porte-parole de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Gary Desrosiers
a confirmé l’assassinat de l’ex-militaire, Présent Rock.
Suite de la page (17)
Suite de la page (12)
signé par des milliers d’historiens chiliens et étrangers.
Nous autres historiens savons
que les concepts sont des outils essentiels pour la constitution de la réalité
sociale. Car de tels concepts contribuent
à produire les signifiés de cette réalité
matérielle qu’on aspire à non seulement nommer, mais aussi à transformer. Dans cette optique, la conceptualisation est un processus éminemment
politique, et le débat sur l’utilisation de
tel ou tel concept revêt une importance
capitale pour définir le passé et l’avenir.
Dès lors, remplacer le concept
de dictature par celui de régime militaire revient à changer le champ de
l’expérience nominale, et, partant, les
horizons d’attentes des acteurs sociaux.
Le ministre [de l’Education] Beyer trahit ses intentions lorsqu’il affirme que
régime/gouvernement militaire est un
concept plus général que celui de dictature, et que donc son emploi est justifié, même s’il déclare ensuite qu’il croit
que ce régime a été “effectivement dictatorial”. Ce n’est pas un problème de
généralité ou d’objectivité, car l’histoire
n’est pas objective, mais sujette à interprétation, ouverte au débat et par conséquent politiquement construite.
Quand le Chili est revenu à
la démocratie, ce débat a eu tôt fait
d’agiter le monde de l’enseignement.
Il a fallu plusieurs années pour qu’on
puisse dire publiquement qu’entre
1973 et 1990 le Chili avait connu une
dictature militaire. Cette appellation a
fait l’objet d’âpres discussions, et cette
même droite qui gouverne aujourd’hui
le pays a systématiquement refusé
qu’on introduise le terme de dictature
dans les programmes d’études et les
manuels scolaires. Résultat, les propos
du ministre non seulement ne convainquent pas nos concitoyens, mais encore dissimulent ce que tout processus
de conceptualisation implique : imposer
politiquement une nouvelle vision du
passé, où les atrocités commises pendant 17 ans contre des Chiliens seront
occultées par un concept comme celui
de régime/gouvernement militaire. La
droite qui dirige aujourd’hui le pays
veut qu’on interprète le passé dans ce
sens, et même si une telle position est
licite en démocratie, car elle s’inscrit
dans le contexte plus large de la lutte
pour le pouvoir, il serait important et
éthiquement souhaitable que ce gouvernement le reconnaisse.
du des siècles durant son indépendance face au colonialisme anglais, la
production de drogues s’est multipliée
depuis l’invasion yankee, tandis que
les soldats européens appuyés par des
drones et l’armement perfectionné des
États-Unis commettent des massacres
ignominieux qui augmentent la haine
de la population et éloignent les possibilités de paix. C’est bien ça, et d’autres
horreurs, que reflètent les dépêches des
agences de presse occidentales :
« WASHINGTON, 12 janvier
2012. Le secrétaire d’État à la Défense,
Leon Panetta, a taxé ce jeudi d’ «absolument déplorable» le comportement de
quatre hommes présentés comme des
marines étasuniens en train de pisser
sur des cadavres, selon une vidéo circulant sur Internet.
« «J’ai vu les images et je
trouve ce comportement absolument
déplorable».
«
«Ce
comportement
est
absolument inapproprié de la part de
membres de l’armée étasunienne et ne
traduit en aucun cas les critères et les
valeurs que nos forces armées jurent de
respecter».
En fait, le secrétaire à la Défense
ne confirme ni n’infirme ces faits. Chacun donc peut en douter, et lui le premier peut-être.
En tout cas, il est extrêmement
inhumain que des hommes, des femmes
et des enfants, ou un combattant afghan qui se bat contre l’occupation
étrangère, soient assassinés sous les
bombes d’avions sans pilote. Pis encore : des dizaines de soldats et officiers
pakistanais qui surveillent les frontières
du pays ont été déchiquetées par ces
bombes.
Le président afghan lui-même,
Karzai, a affirmé qu’outrager des cadavres était « «tout simplement inhumain» et il a demandé à l’administration
étasunienne d’ «infliger la peine la plus
sévère à quiconque serait condamné
pour ce crime». »
Des porte-parole des Talibans ont
déclaré : « Des centaines d’actes semblables ont été commis ces dix dernières
années sans qu’on les révèle. »
On en arrive presque à prendre
en pitié ces soldats, séparés de leurs
familles et de leurs amis, envoyés à
des milliers de kilomètres de leur patrie pour lutter dans des pays dont ils
n’ont peut-être jamais entendu parler à
l’école et où on leur confie la mission
de tuer ou de mourir afin d’enrichir
des sociétés transnationales, des fabricants d’armes et des politicards sans
scrupules qui dilapident chaque année
les fonds dont on aurait besoin pour
alimenter et éduquer les innombrables
millions d’affamés et d’analphabètes
dans le monde.
Nombre de ces soldats, victimes
de leurs traumatismes, finissent par
s’ôter la vie.
Est-ce que j’exagère quand je dis
que la paix mondiale tient à un fil ?
Fidel Castro Ruz
12 janvier 2012
Traduction J-F Bonaldi, la Havane
El Mostrador 6 Janvier 2012
Courrier International 12 Janvier
2012
NDLR. * Cristina Moyano. Docteure
en , spécialiste de l’histoire du Chili.
Professeure au Département d’Histoire
de la Faculté des Sciences Humaines de
l’Université de Santiago du Chili.
Suite de la page (13)
pas donné le moindre signe, mercredi, qu’elle céderait aux pressions des
États-Unis pour qu’elle réduise ses
achats de pétrole iranien et elle a considéré comme excessives les sanctions de
Washington contre Téhéran. »
On reste abasourdi de voir avec
quelle tranquillité les États-Unis et l’Europe censément civilisés orchestrent
une campagne assortie de méthodes
systématiquement terroristes. Pour
s’en convaincre, il suffit de la nouvelle
fournie par une autre agence de presse
européenne : « L’assassinat, ce mercredi, d’un responsable de la centrale
nucléaire de Natanz, au centre de l’Iran,
a été précédé de trois autres depuis janvier 2010. »
Le 12 janvier de cette année-là,
« un physicien nucléaire de renommée
internationale, Massoud Ali-Mohammad, professeur à l’Université de Téhéran, qui travaillait pour les Gardiens de
la révolution, est mort dans l’explosion
d’une moto piégée devant son domicile
de la capitale. »
« 29 novembre 2010 : Majid
Shahriari, fondateur de la Société
nucléaire iranienne, «chargé d’un
des grands projets de l’Organisation
iranienne de l’énergie atomique» […] a
été tué à Téhéran par l’explosion d’une
bombe magnétique fixée à sa voiture.
« Ce même jour, un autre physicien nucléaire, Feyerdoun Abbasi
Davani, a fait l’objet d’un attentat
dans des conditions identiques quand
il garait sa voiture devant l’Université
Shahid Beheshti de Téhéran, où tous
deux étaient professeurs. » Il n’a été
que blessé.
« 23 juillet 2011 : le scientifique
Dariush Rezainejad, qui travaillait à des
projets du ministère de la Défense, a été
abattu à coups de feu par des inconnus
qui roulaient en moto à Téhéran.
« 11 janvier 2012 – soit le jour
même où Ahmadineyad voyageait
entre le Nicaragua et Cuba pour donner
sa conférence à l’Université de La
Havane – le scientifique Moustapha
Ahmadi Roshan, qui travaillait à la
centrale de Natanz où il était le vicedirecteur pour les affaires commerciales,
est mort dans l’explosion d’une bombe
magnétique posée sur sa voiture, près
de l’Université Allameh Tabatabai, à
l’est de Téhéran… L’Iran en a accusé
de nouveau les États-Unis et Israël »,
comme pour les cas précédents.
Il s’agit là de l’assassinat sélectif, mais systématique, de brillants scientifiques iraniens. J’ai lu des articles
de sympathisants notoires d’Israël qui
considèrent ces crimes perpétrés par ses
services secrets en collaboration avec
ceux des États-Unis et de l’OTAN comme quelque chose de tout à fait normal.
Des agences informent depuis
Moscou :
« La Russie a alerté aujourd’hui
16
qu’un scénario similaire à celui de la
Libye était en train de mûrir en Syrie,
mais que l’attaque partirait cette fois-ci
de la voisine Turquie.
« Nikolaï Patrouchev, secrétaire
du Conseil de sécurité russe, a affirmé
que l’Occident voulait «punir Damas
non pas tant à cause de la répression
contre l’opposition, mais de son refus
de rompre son alliance avec Téhéran».
« …à son avis, un scénario libyen
est en train de mûrir, mais les attaques
ne viendront pas en l’occurrence de
France, de Grande-Bretagne et d’Italie,
mais de Turquie.
« Il s’est même risqué à affirmer
: «Il se peut que Washington et
Ankara soient déjà en train de définir
différentes options de zones d’exclusion
aérienne, où des armées de rebelles
syriens pourraient être entraînées et
concentrées». »
Les nouvelles proviennent non
seulement d’Iran et du Moyen-Orient,
mais aussi d’autres points d’Asie centrale proche de cette région. Ce qui
nous permet d’apprécier la complexité
des problèmes découlant de cette zone
dangereuse.
Les États-Unis ont été entraînés
par leur politique impériale contradictoire et absurde dans de sérieux problèmes dans des pays comme le Pakistan, dont les frontières avec celles d’un
autre État important, l’Afghanistan, ont
été délimitées par les colonialistes sans
tenir compte des cultures ni des ethnies.
Dans ce dernier pays qui a défen-
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des négociations pour mettre fin pacifiquement à l’apartheid et pour un
transfert formel du pouvoir, dans le
but de réprimer l’opposition révolutionnaire et de préserver leur richesse
et leur propriété. Mandela et l’ANC ont
accepté.
En 1935, dans une lettre à
ses partisans d’Afrique du Sud,
Léon Trotsky a mis en garde de «
l’incapacité du Congrès [ANC] de réaliser ses propres revendications à
cause de sa politique superficielle et
conciliatoire ».
Cet avertissement était prescient. La trajectoire de l’ANC, comme
celle de tous les autres mouvements
nationalistes bourgeois et de libération nationale en Asie, en Afrique,
en Amérique latine et au MoyenOrient – du Congrès national indien
à l’Organisation de libération de la
Palestine, en passant par les sandinistes – a justifié la perspective fondamentale avancée par Trotsky dans sa
théorie de la révolution permanente.
La perspective de Trotsky a
établi que la bourgeoisie dans les
pays opprimés, liée à l’impérialisme
et craignant la classe ouvrière, est organiquement incapable de mener une
lutte pour la démocratie et pour mettre
un terme à la domination impérialiste.
Ces tâches ne peuvent être réalisées
que par la classe ouvrière, à la tête des
masses opprimées, prenant le pouvoir entre ses mains et luttant pour la
révolution socialiste dans le cadre de
la lutte de la classe ouvrière internationale pour mettre fin au capitalisme
à l’échelle mondiale.
La célébration du centième anniversaire du CNA s’est tenue alors
qu’il y a des indications croissantes
d’une résurgence de la lutte de classe
en Afrique du Sud, entraînée par la
crise du capitalisme mondial. Les
travailleurs sud-africains entreront
inévitablement en conflit avec le gouvernement de l’ANC puis avec les
capitalistes multimillionnaires et les
banques et sociétés transnationales
qu’il représente. Ce qui est nécessaire est une nouvelle direction dans
la classe ouvrière fondée sur une perspective internationaliste et socialiste
dans le but de mener la lutte pour une
véritable démocratie, l’égalité et le socialisme. Cela signifie la construction
d’une section sud-africaine du Comité
international de la Quatrième Internationale.
Wsws 11 janvier 2012
NDLR. Le coefficient de Gini est une
mesure du degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société
donnée, développée par le statisticien
italien Corrado Gini. Le coefficient de
Gini est un nombre variant de 0 à 1,
où 0 signifie l’égalité parfaite (tout le
monde a le même revenu) et 1 signifie
l’inégalité totale (une personne a tout
le revenu, les autres n’ont rien, cas
extrême du maître et de ses esclaves).
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
A Travers le monde
Pourquoi la tournée d’Ahmadinejad en Amérique Latine
énerve tant Washington ?
Daniel Ortega, Chavez et Mahmoud Ahmadinejad
Hugo Chavez et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad
Non, la vraie raison n’est autre que la détermination de la République islamique à exercer son indépendance dans tous les domaines,
notamment le développement de
technologie
nucléaire
pouvant
avoir des applications militaires.
Même si l’Iran avait effectivement
et alarmante du point de vue de la
prolifération nucléaire, serait la conséquence naturelle de l’ingérence
militaire américaine au Moyen-Orient et de la complaisance vis-à-vis
d’Israël, que les Occidentaux ont
laissé se doter d’un arsenal nucléaire, sans que personne aux Etats-
Correa et Ahmadinejad
L’alliance des pays latino-américains et de Téhéran ne menace pas
la sécurité des Etats-Unis, assure
le quotidien mexicain de gauche la
Jornada. Si la tournée latino-américaine du président iranien Mahmoud Ahmadinejad (du 8 au 13
janvier) dérange, c’est parce que
ces Etats expriment leur indépendance vis-à-vis de l’impérialisme
américain.
E
n accueillant le président iranien Mahmoud Ahmadinejad,
le Venezuela, le Nicaragua, Cuba et
l’Equateur ignorent superbement la
mise en garde des Etats-Unis qui
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avaient déclaré le 6 janvier, via la
porte-parole du Département d’Etat,
Victoria Nuland, que les pays de
la région devraient «s’abstenir de
resserrer leurs liens» avec la République islamique. L’hostilité de la
Maison Blanche et de ses alliés régionaux - en particulier la Colombie
et le Mexique - envers Téhéran n’est
cependant pas liée à la question des
droits de l’homme, dont la situation
est aussi critiquable en Iran qu’aux
Etats-Unis, en Colombie ou au Mexique. Apparemment, elle ne se fonde
pas non plus sur les affirmations
selon lesquelles ce pays soutiendrait
des actions terroristes.
Mahmoud Ahmadinejad et Evo Morales
l’intention de se doter de l’arme atomique, comme on l’en accuse, une
telle attitude, quoique lamentable
Unis ni en Europe ne fasse rien pour
l’en empêcher.
Par ailleurs, le rapprochement
entre l’Iran et plusieurs Etats latinoaméricains progressistes, s’avère
logique et positif. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne le Venezuela, compte tenu des similitudes
évidentes entre les deux pays. L’un
et l’autre sont exportateurs de pétrole, déterminés à promouvoir leurs
propres technologies, et surtout harcelés par une puissance impériale
qui ne se résigne pas à la perte historique de deux Etats sur lesquels,
d’une manière ou d’une autre, elle
exerçait sa mainmise politique.
Jusqu’à présent, les Etats-Unis et
leurs alliés continentaux ont agité
en vain l’épouvantail d’un «axe
du mal» entre Téhéran et Caracas,
censé promouvoir le terrorisme dans
la région et à terme déstabiliser les
Etats-Unis.
Pourtant, il est clair que les
républiques islamique et bolivarienne ont pour seul objectif de passer
des accords de coopération dans le
domaine pétrolier, technologique et
militaire. Ce qui est tout à fait légitime. On pourrait en dire autant des
relations de l’Iran avec Cuba, le Nicaragua et l’Equateur. Il s’agit de
liens de collaboration entre Etats
souverains, qui ne nuisent en rien à
la sécurité de Washington. Le malaise de la superpuissance, face à
la visite d’Ahmadinejad sur le continent américain, s’explique donc
par une double rupture régionale
: celle survenue dans le Golfe persique après la révolution islamique
de 1979, et celle qu’a connue
l’Amérique latine avec l’Argentine
des Kirchner [Néstor et Cristina], le
Brésil de Lula et de Dilma Rousseff,
la Bolivie d’Evo Morales, l’Equateur
de Rafael Correa, le Venezuela
d’Hugo Chávez. Ces gouvernements
ont décidé de mettre résolument en
pratique le principe de souveraineté
et ont entrepris un réalignement
régional sans précédent, qui vise à
l’intégration latino-américaine et au
dépassement de la misère et des inégalités sociales.
LA JORNADA 10 janvier 2012
Courrier International 11 janvier 2012
Effacer la dictature des livres d'histoire, c'est grave
La décision du ministère de
l’Education de remplacer le mot
dictature par celui “régime militaire” dans les manuels scolaires a
suscité une levée de boucliers. Un
débat qui n’est pas innocent, affirme cette historienne : changer les
mots, c’est transformer la réalité.
Cristina Moyano *
Le programme scolaire officiel approuvé par le Conseil national de
l’Education, le 9 décembre dernier,
marque une rupture conceptuelle
importante concernant l’histoire récente de notre pays : à la page 31
du programme d’histoire, le terme
de “dictature militaire” a en effet été
remplacé par “gouvernement militaire”.
Pour certains, ce changement
conceptuel est infime et ne modifie en
rien la réalité de ce qui “s’est réellement passé” au Chili pendant 17 ans.
La majorité des Chiliens savent que les
militaires ont gouverné de manière autoritaire, qu’ils ont été portés au pouvoir par un coup d’Etat et renversés par
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
un gouvernement démocratiquement
élu, qu’ils n’avaient pas le moindre
respect pour les droits de l’homme et
qu’ils ont transformé radicalement les
fondements matériels et subjectifs de
notre nation. Pour d’autres, le concept n’a pas vraiment d’importance si
nous sommes capables de débattre en
public de notre histoire et si la télévision aborde ouvertement les atteintes
aux droits de l’homme avec des séries
comme “Les archives du Cardinal” ou
la dernière saison de “Les années 80”.
En tant qu’historienne, je
m’insurge contre ces affirmations,
parce que le débat sur notre passé reste
ouvert et que les changements conceptuels ne sont ni innocents ni anodins.
Ces changements cachent une intention politique et idéologique évidente
et c’est pourquoi il est important de la
rendre visible au plus grand nombre.
N’oublions pas que c’est ce passé qu’on
va enseigner aux enfants de notre pays.
En janvier 1999, un groupe
d’historiens dirigé par Gabriel Salazar,
Julio Pinto, Mario Gracés, Sergio Grez
et María Angélica Illanes ont endossé
la lourde charge de débattre ouverte-
Page d'un manuel scolaire chilien consacrée au coup d'Etat d'Augusto
Pinochet du 11 septembre 1973
ment de la dénomination et de la
représentation de notre passé récent,
s’opposant ainsi à l’historien de droite
Gonzalo Vial et à son histoire du “régime militaire” expurgée des atrocités
commises pendant ces 17 années, vue
selon une perspective où le coup d’Etat
est conçu comme la planche de salut
d’institutions politiques démocratiques
en phase terminale. De ce travail est
né le célèbre “Manifeste des Historiens”
Suite à la page (16)
Haiti Liberté/Haitian Times
17
Racisme, guerre
Costa Concordia : naufrage
secrète, assassinat et du dumping social
torture au programme
de la politique
étrangère des
candidats républicains
L’échouage du paquebot de luxe aux
abords de l’île de Toscane du Giglio
a fait, selon un bilan provisoire, 11
morts et 24 disparus. Les témoins
pointent
les conditions chaotiques
de l’évacuation et un équipage mal
préparé.
Par Laurent Mouloud
H
aro sur le capitaine ! Trois jours
après le naufrage du Costa Concordia aux abords de l’île toscane du
Giglio, qui a fait, selon un bilan provisoire, six morts et seize disparus, la
polémique se focalise sur les responsabilités de Francesco Schettino, qui
dirigeait ce gigantesque navire avec
4 299 personnes à son bord. Accusé
d’« homicides multiples » et « abandon du navire », le commandant de
bord se trouve en détention depuis
samedi.
Les sept candidats en lice pour l’investiture républicaine se livrent à une
surenchère néoconservatrice en matière de politique internationale
À
l’approche de l’ouverture des
primaires, les sept candidats en
lice pour l’investiture républicaine
se livrent à une surenchère
néoconservatrice en matière de
politique internationale. État des
lieux. Mitt Romney, numéro deux
selon les sondages et considéré
comme l’un des plus modérés des
candidats, a appelé à « passer aux
actions secrètes à l’intérieur de la
Syrie pour obtenir un changement
de régime ».
Rick Santorum, ancien sénateur de Pensylvanie, a estimé que
la récente explosion d’un dépôt de
missiles iranien était l’œuvre de
Washington et averti qu’il poursuivrait dans cette voie s’il s’installe à la Maison-Blanche, avant
de plaider pour des assassinats
ciblés : « Tout savant étranger
travaillant en Iran pour le programme nucléaire sera considéré
comme un combattant ennemi
et sera promis, (...) tout comme
Oussama ben Laden, à l’élimination. Des savants ont été retrouvés
morts en Russie et en Iran. Il y a
eu des virus informatiques. Il y a
des problèmes dans ces installations. J’espère que les États-Unis
sont impliqués », a-t-il dit.
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chele Bachman, a quant à elle jugé
que la pratique de la simulation de
noyade devait être reprise. Le président Obama avait mis fin à cette
forme de torture à son arrivée au
pouvoir début 2009.
Le gouverneur du Texas Rick
Perry a déclaré devant la Republican Jewish Coalition que « toutes
nos lois émanaient de la Torah
» et a estimé que les États-Unis
devraient aider Israël à attaquer
l’Iran.
La palme de la rhétorique
néoconservatrice revient sans
conteste à l’actuel favori des sondages, Newt Gingrich. Ce dernier
a confirmé ses positions après ses
commentaires controversés sur les
Palestiniens, qualifiant ce peuple «
inventé » de « terroriste » lors d’un
débat à Des Moines.
Il a promis de financer « tous
les groupes dissidents en Iran » et
de saboter la plus grande raffinerie du pays. Il a aussi reproché au
département d’État actuel de « procéder au désarmement moral de la
tradition judéo-chrétienne » tout
en promettant la nomination du
néo-conservateur John Bolton à sa
tête, à la place de Hilary Clinton.
L’ancien président de la
Chambre des représentants déclare
que s’il devenait président des
États-Unis, il envisagerait d’être
très proche, « de plusieurs façons
», de Benyamin Nétanyahou, l’actuel Premier ministre israélien. «
Bibi est un dur à cuire. Il place la
sécurité d’Israël en premier », ditil.
Enfin, M. Gingrich veut demander au Congrès de redonner
leur « liberté » aux services de renseignement étasuniens, suggérant
ainsi de revenir sur l’interdiction
actuelle d’assassiner les dirigeants
en exercice des États qui s’opposent à la politique impériale.
Au-delà de l’habituelle rhétorique sioniste et anti-iranienne
qui vise à s’attirer les faveurs du
puissant lobby pro-israélien, ce
qui ressort de ces déclarations c’est
que désormais les candidats à la
Maison-Blanche assument ouvertement la dimension criminelle de
la politique étrangère des Étatsunis d’Amérique.
Réseau Voltaire 10 janvier 2012
Haiti Liberté/Haitian Times
Le propriétaire déplore une
« erreur humaine »
Selon des témoins cités par le journal
Corriere della Sera, son rôle serait central dans l’accident. Francesco Schettino aurait voulu « faire plaisir » au
responsable des serveurs, originaire
de l’île du Giglio, en passant près de
ses côtes pour le récompenser d’avoir
renoncé à une semaine de congés. Au
cours de cette parade, le navire aurait
percuté un rocher avant de se coucher
sur le flan à 90 degrés. L’attitude du
commandant durant le sauvetage est
également pointée du doigt. Des témoins assurent l’avoir vu quitter le
navire cinq heures avant l’évacuation
des derniers rescapés.
Le patron de Costa Crociere, société propriétaire du paquebot et leader
européen des croisières, a déploré hier
une « erreur humaine », assurant que
la trajectoire prise par le navire était
une initiative personnelle « contraire
aux règles écrites, certifiées » par la
compagnie. Il ne s’est pas épanché,
en revanche, sur les nombreux témoignages qui dénoncent une évacuation chaotique, avec des chaloupes et
des gilets de sauvetage en nombre insuffisant, et un équipage visiblement
mal préparé à ce genre de situation.
Le naufrage du Costa Concordia aux abords de l’île toscane du Giglio
Contrairement aux règles en vigueur,
aucune réunion d’information pour
donner les consignes en cas d’accident
n’aurait eu lieu en début de croisière.
De fait, derrière le luxe affiché
de ces mastodontes des mers, les
compagnies maritimes se livrent à une
course au dumping social qui n’est
pas sans répercussion sur la sécurité.
Les membres d’équipage du Costa
Concordia étaient aussi d’une vingtaine de nationalités différentes dont
environ 300 Philippins, 200 Indiens,
170 Indonésiens… « À l’évidence, il
s’agit là d’un équipage low cost, mal
payé et mal formé, dénonce Michel Le
Cavorzin, secrétaire général du syndicat CGT des marins. Avec toutes ces
nationalités, cela pose des problèmes
de communication qui peuvent – on
vient de le voir – se révéler dramatiques, lors d’un accident où il faut
diriger et coordonner l’évacuation de
milliers de personnes en panique, qui
parlent elles-mêmes des langues différentes. » À bord du Costa Concordia,
on dénombrait, parmi les 3 200 passagers, pas moins de 60 nationalités.
Le syndicat CGT des marins du
Grand Ouest a dénoncé hier « avec
force la responsabilité des États européens, de l’Organisation maritime internationale, qui autorisent les armateurs à mettre à bord des navires des
équipages à bas coût ». Le syndicat
assure que sur les 1 850 000 marins
recensés dans le monde, quatre sur
cinq viennent de pays pauvres.
Hier, le patron de Costa Crociere
s’inquiétait de voir son entreprise
Le capitaine Francesco Schettino,
a été incarcéré samedi 14 janvier
pour homicide multiple et
abandon du navire
« lésée » par cette affaire. Il a chiffré à 93 millions de dollars « l’impact
économique direct » de l’accident,
soulignant, non sans cynisme, qu’il
avait « 24 000 employés à protéger »…
Risque de désastre écologique.
Les sauveteurs ont repris hier aprèsmidi la recherche d’éventuels rescapés et des corps de disparus, grâce à
une amélioration soudaine des conditions météo sur l’île italienne du Giglio. Outre la tragédie humaine, les
autorités s’activent pour éviter un «
désastre » écologique avec la fuite
possible des 2 380 tonnes de carburant qui se trouvent dans les entrailles du mastodonte, à moins de 50
mètres de la côte où se situe notamment une réserve naturelle protégée.
La société néerlandaise Smit Salvage
a été chargée de pomper le carburant.
Les vérités d'Hillary Clinton à
Alassane Ouattara
Par Baudelaire Mieu
L
e tête à tête à Abidjan entre
la secrétaire d’État américaine
Hillary Clinton et le président ivoirien
Alassane Ouattara, commence à
livrer quelques secrets. Révélations
exclusives.
Au cours de la conférence de
presse suivant la rencontre Hillary
Clinton - Alassane Ouattara, mardi
17 janvier à Abidjan, la langue de
bois diplomatique a été bien respectée, puisque l’envoyée de Barack
Obama se disait satisfaite des derniers
progrès enregistrés en Côte d›Ivoire,
avec notamment l’organisation des
élections législatives pacifiques du
11 décembre dernier. Mais en privé,
la chef de la diplomatie américaine
n’a pas hésité à employer son francparler habituel avec son interlocuteur.
De
sources
diplomatiques
américaines, il a été fortement recommandé au chef de l’État ivoirien
de former un gouvernement de réconciliation nationale avec, à la clé, le
départ de l’actuel Premier ministre. «
Les États-Unis souhaitent que Guillaume Soro et tous les proches du
Hillary Clinton et Alassane Ouattara, le 17 janvier 2012 à Abidjan
pouvoir qui auraient pu commettre
des crimes et exactions comparaissent devant la Cour pénale internationale (CPI), même en qualité de
simples témoins. Ce message très
clair a été passé au président ivoirien
», confie une source américaine consultée par Jeune Afrique.
Les États-Unis souhaitent que
Guillaume Soro et tous les proches du
pouvoir qui auraient pu commettre
des crimes et exactions comparaissent devant la CPI, même en qualité
de simples témoins.
L’instauration d’un État de
droit, avec moins d’immixtions
d’hommes politiques et de militaires
dans les affaires de la justice semble
être une priorité pour les Américains ; lesquels conditionnent l’octroi
de leurs aides dans plusieurs domaines, notamment dans la santé,
l’éducation, la sécurité, l’économie
et l’agriculture, à des progrès dans
la bonne gouvernance. Une position
qui rejoint celle de la France, qui doit
également envoyer des émissaires de
haut rang cette semaine.
Jeune Afrique 17 Janvier 2012
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Guantánamo
Des
Lignes,
des Points
et autres
Envolées
Suite de la page (20)
B
ien avant cette époque, l’artiste
tapi en Jean-Yves, profitait des
moindres incartades pour dire le besoin
de s’exprimer. Souvent sur les serviettes,
les bouts de carton, sur les sous-mains
et sur d’autres supports périssables dans
son espace de travail, il alignait des dessins qui éveillaient la curiosité.
u cours de ces derniers mois,
il m’a été donné d’apprécier
les récentes créations de ce talent, non
encore assumé, doté, d’un crayon sur
fond uni et d’une dextérité qui déclenche
spontanément la sympathie et le respect de peintres confirmés. Je vais tenter, le temps de cette brève observation,
une lecture succincte de la démarche de
l’artiste. Ce clin d’œil qui se veut éclaireur
permettra au grand public de découvrir
les promesses que cache cette générosité
dont les frontières sont à peine perceptibles.
« Détresse » adresse un regard
tout à fait particulier, chargé d’un
désintéressement - dévouement voilé
sur le quotidien immédiat. L’attrait de
cette jeune personne représentée dans ce
vitrail réalisé au crayon, n’augure pas la
promesse de l’eau au-delà du désert.
« Jouda » ne soumet pas mieux
que ces deux yeux pris pour cible depuis
l’angle de vue du spectateur, empêchant
ainsi toute complicité avec ce regard
depuis l’autre côté du mur. Comme s’il
suffisait d’être des deux côtés du ravin
dans un même territoire pour que nos
revendications soient contradictoires.
Ni blanc ni noir, ni Marx ni Jésus,
le crayon se laisse aller à des crevasses
pour cueillir des envoûtements dans
l’antre infréquentable née des « Fissures » non encore colmatées de notre
société. Ces blessures ouvertes, béantes,
toujours pas cicatrisées qui entravent
toutes nos tentatives d’être et que certains
ne s’embarrassent guère d’utiliser pour
paraître, semblent nous rappeler que
nous sommes en retard d’une discussion.
Toutefois les « Nuances » suggérées
par l’audace de cette quête d’esthétique
forcent à admettre la nécessité de voir les
choses avec une certaine distance. Une
distance qui permet à la fois de penser
- panser les dérives en posant parallèlement les balises pour empêcher que
demain ne soit la copie d’hier.
« Zakamede » intervient dans
ce débat avec beaucoup d’autorité. Cette
divinité très respectée dans le panthéon
du Vodou haïtien, est montrée par
l’artiste dans un univers pour le moins
tourmenté, bouleversé, paisible en surface, un profil trompeur, le calme avant
la tempête. La pâleur que dégage l’aura
de cette fée aux mensurations faites de
coquillages, de fleurs, de racines et autres
libertés bouscule dans un contraste
débraillé toute étincelle d’équilibre et
d’harmonie vue à la lentille de l’Occident.
Il paraît que le personnage ainsi que
l’environnement dans lequel ils évoluent,
émanent de la spirale au premier plan de
l’œuvre.
’un trait sûr, le crayon de
Jean Yves Jason avance sur le
support avec une confiance qui culbute
aux calendres grecques le moindre défaitisme. Nées des envolées de ces points
et de ces lignes libres de toute entrave
académique, les formes, parfois opulentes, sans donner dans le factice, qui
vont naître ne connaîtront de limite que
l’immensité de vue du créateur. Les objets et les signes reconnaissables dans la
vie courante figurant dans ces dessins,
témoignent de la facilité de l’artiste à les
exécuter, en dénonçant dans le même
élan toute tendance à s’installer ou à
ne pas se démarquer de la servitude des
figures naturalistes.
Espérons que les roses soient à la
dimension de la promesse des fleurs.
Je n’aime pas penser à Guantánamo. Ces souvenirs sont pleins de
douleur. Cependant, je partage mon histoire car 171 hommes restent làbas. L’un d’entre eux est Belkacem Bensayah qui a été enlevé en Bosnie
et envoyé à Guantánamo avec moi
A
Détresse
Fissures
D
Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012
Jouda
Suite de la page (20)
j’ai fait de mon plein gré – mais ensuite, on m’a dit que je ne pouvais
pas rentrer chez moi. Les USA avaient
demandé aux autorités locales de
m’arrêter avec cinq autres hommes.
Selon les médias de l’époque, les USA
croyaient que je complotais pour faire
exploser leur ambassade à Sarajevo ce que je n’avais pas envisagé une
seule seconde.
Il était clair dès le départ que les
USA avaient fait une erreur. La Cour
Suprême bosniaque, qui a enquêté sur
les affirmations usaméricaines, a conclu qu’il n’y avait aucune preuve contre
moi et a ordonné ma libération. Cependant, au moment où j’ai été libéré, les
agents usaméricains m’ont enlevé ainsi que les cinq autres personnes. Nous
avons été ligotés comme des animaux
et transportés par avion à Guantánamo, la base navale US à Cuba. J’y suis
arrivé le 20 janvier 2002.
A l’époque, j’avais encore foi en
la justice usaméricaine. Je croyais que
mes ravisseurs allaient s’apercevoir de
leur erreur et me libérer. Cependant,
lorsque je ne donnais pas aux interrogateurs les réponses qu’ils voulaient
– comment pouvais-je le faire alors que
je n’avais rien fait de mal ? – ils devenaient de plus en plus violents. On m’a
gardé éveillé pendant plusieurs jours
de suite. J’ai été forcé à rester dans des
positions douloureuses pendant plusieurs heures à la fois. Ce sont des choses sur lesquelles je ne veux pas écrire
; je veux seulement oublier.
J’ai fait une grève de la faim
pendant deux ans car personne ne
voulait me dire pourquoi j’étais emprisonné. Deux fois par jour, mes ravisseurs m’enfonçaient, par le nez, un
tube qui arrivait jusqu’à mon estomac
en passant par ma gorge, afin de faire
couler de la nourriture dans mon corps.
C’était insoutenable, mais j’étais innocent et j’ai donc continué à protester.
En 2008, ma demande de
procédure légale équitable est arrivée
jusqu’à la Cour Suprême US. Dans une
décision portant mon nom, la Cour
Suprême a déclaré que « les lois et la
Constitution sont faites pour survivre
et rester en vigueur même en temps
d’exception ». La Cour a donc jugé que
les prisonniers comme moi, quelle que
soit la gravité des accusations portées
contre eux, ont le droit de comparaître
devant un tribunal. La Cour Suprême
a reconnu une vérité fondamentale :
le gouvernement fait des erreurs. Et la
Cour a dit cela car « une erreur peut
conduire à maintenir des personnes en
détention pendant des hostilités susceptibles de durer une génération ou
plus, ce qui constitue un risque trop
grand pour être ignoré ».
Cinq mois plus tard, le Juge Richard J. Leon, du tribunal fédéral de district à Washington, a examiné toutes
les raisons données pour justifier mon
emprisonnement, y compris les informations secrètes que je n’ai jamais
vues ou entendues. Le gouvernement
a abandonné son accusation d’un
complot d’attentat à la bombe contre
l’ambassade juste avant d’être entendu
par le juge. Après l’audition, le juge a
ordonné au gouvernement de me libérer ainsi que les quatre autres hommes
qui avaient été arrêtés en Bosnie.
Je n’oublierai jamais le moment
où j’étais assis avec les quatre autres
hommes dans une pièce sordide à
Guantánamo, écoutant à travers un
haut-parleur défectueux le juge Leon
lire sa décision dans une salle de tribunal à Washington. Il a exhorté le
gouvernement à ne pas faire appel de
sa sentence, car «pour notre système
juridique, sept ans d’attente pour donner une réponse à une question aussi
importante sont, à mon sens, plus que
trop ». J’ai été enfin libéré le 15 mai
2009.
Aujourd’hui, je vis en Provence
avec ma femme et mes enfants. La
France nous a offert un foyer et la
possibilité d’une nouvelle vie. J’ai eu
le plaisir de renouer avec mes filles et,
en août 2010, j’ai eu la joie d’accueillir
un nouveau fils, Youssef. J’apprends à
conduire, je suis en train de faire une
formation professionnelle et je reconstruis ma vie. J’espère pouvoir faire,
de nouveau, un travail dans lequel
j’aiderais les autres, mais mes sept
ans et demi de détention à Guantánamo font que peu d’organisations
des droits humains envisagent sérieusement de m’engager. Je n’aime pas
penser à Guantánamo. Ces souvenirs
sont pleins de douleur. Cependant, je
partage mon histoire car 171 hommes
restent là-bas. L’un d’entre eux est
Belkacem Bensayah qui a été enlevé
en Bosnie et envoyé à Guantánamo
avec moi.
Environ 90 prisonniers ont été
déclarés libérables pour être transférés
hors de Guantánamo. Certains d’entre
eux sont originaires de pays comme la
Syrie ou la Chine – où ils risquent la
torture s’ils sont renvoyés chez eux –
ou du Yémen, que les USA considèrent
comme un pays instable. C’est pour
cela qu’ils y restent comme des captifs
sans aucune issue à l’horizon – non
parce qu’ils sont dangereux, non parce
qu’ils ont attaqué l’Amérique, mais
parce que les stigmates de Guantánamo font qu’ils n’ont pas d’autre endroit
où aller, et les USA n’hébergeront aucun d’entre eux.
J’ai été informé que mon procès
à la Cour Suprême est, aujourd’hui,
étudié dans les écoles de droit. Peutêtre qu’un jour, cela me procurera une
satisfaction, mais tant que Guantánamo restera ouvert et que des hommes
innocents y resteront, mes pensées seront toujours avec ceux que j’ai laissés
derrière moi dans ce lieu de souffrance
et d’injustice.
NY Times 8 Janvier 2012
Traduit par Omar Mouffok
Edité par Fausto Giudice
Tlaxcala 10 Janvier 2012
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Haiti Liberté/Haitian Times
19
Guantánamo, mon cauchemar!
Regards Critiques
Des Lignes, des Points
et autres Envolées
Les derniers dessins de Jean-Yves Jason
Le camp de Guantánamo, portes de l'enfer. Derrière ces hauts barbelés,
l'entrée du camp VI. Un monde carcéral sous haute sécurité où les
moindres déplacements sont filmés
Lakhdar Boumediene: j’ai été
détenu dans ce camp pendant sept
de ces dix années sans justification
ni inculpation
Par Lakhdar Boumediene
L
Deux anciens détenus algériens de Guantanamo, au cours d’une
conférence avec Amnesty International Saber Lahmar première personne
à gauche et Lakhdar Boumediene, dernière personne à droite
Le Président des Etats-Unis, Barak Obama, endosse aujourd'hui ce
mépris consternant des droits humains. Il s'était engagé à fermer
Guantanamo au plus tard un an après son élection
Maggie Flambeau
Restaurant
e mercredi 11 janvier dernier
marque le 10ème anniversaire de
l’ouverture du camp de détention de
la Baie de Guantánamo. Pour ma part,
j’ai été détenu dans ce camp pendant
sept de ces dix années sans justification
ni inculpation. Pendant ce temps, mes
filles ont grandi sans ma présence. Elles
étaient encore des bébés lorsque j’ai été
emprisonné, et elles n’ont jamais été
autorisées à me visiter ou à me parler
au téléphone. La plupart de leurs lettres
ont été retournées comme courrier «
non distribuable », et les quelques-unes
que j’ai reçues avaient été tellement
censurées qu’elles étaient vidées de
leurs messages d’amour et de soutien.
Certains politiciens usaméricains
disent que les gens détenus à Guantánamo sont des terroristes, mais je
n’ai jamais été un terroriste. Si j’avais
été jugé par un tribunal lorsque j’ai été
enlevé, la vie de mes enfants n’aurait
jamais été déchirée, et ma famille ne
serait pas tombée dans la pauvreté. Ce
n’est qu’après que la Cour Suprême des
USA eut ordonné au gouvernement de
défendre ses actions devant un juge fédéral que j’ai été, enfin, en mesure de
réhabiliter mon nom et d’être, de nouveau, avec ma famille.
J’ai quitté l’Algérie en 1990, pour
aller travailler à l’étranger. En 1997,
j’ai déménagé avec ma famille en
Bosnie-Herzégovine, à la demande de
mon employeur, la Société du Croissant
Rouge des Émirats Arabes Unis. J’ai
travaillé au bureau de Sarajevo comme
directeur de l’aide humanitaire pour
les enfants qui ont perdu des proches
pendant les violences des conflits des
Balkans. En 1998, je suis devenu citoyen bosniaque. Nous avons vécu une
belle vie, mais tout a changé après le
11 septembre.
Lorsque je suis arrivé au travail,
le matin du 19 octobre, 2011, un officier du renseignement m’attendait. Il
m’a demandé de l’accompagner pour
répondre à des questions. C’est ce que
Suite à la page (19)
Venus
RESTAURANT
Zakamede
Prince Guetjens
’ai vu grandir, j’ai participé
depuis plus d’une quinzaine
d’années à l’émergence d’une kyrielle
d’artistes (sculpteurs, peintres, musiciens,
danseurs et comédiens) en Haïti, en leur
offrant le soutien de ma plume. À l’instar
d’un Louis Leroy pour l’Impressionnisme
(1874) et d’un Louis Vauxcelles pour le
Fauvisme (1905), le Cubisme (1908) j’ai
accompagné ces jeunes créateurs sur les
fonts baptismaux.
ontrairement à ces mouvements artistiques qui puisent
leur nom d’un article les tournant en
ridicule ou d’une plaisanterie de mauvais
goût, le mouvement Atis Rezistans de
bas grand-rue conduit par les sculpteurs
Eugène et Céleur, adopte le titre du pre-
mier article de journal consacré à leurs
travaux, que nous avions signé dans Le
Nouvelliste en Eté 2001, intitulé : Les
Fers de la Résistance.
ous avions pris ce raccourci
pour présenter les dessins de
l’artiste Jean Yves Jason, parce que justement il a été à la base de cette démarche,
que l’on pourrait appeler une découverte.
En effet, c’est lui, qui est venu me cueillir à l’Ecole Nationale des Arts, ce midi-là
pour m’emmener voir ces sculpteurs de
la récupération, å l’époque, encore dans
l’ombre le plus opaque. Et dès le lendemain matin quand le journal est paru
dans les bacs tous les « concernés » du
monde de l’art de la capitale haïtienne
(marchande de tapis, affairistes, historiens, critiques d’art et amateurs d’art)
sont accourus sur les lieux.
Suite à la page (19)
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Vol. 5, No. 27 • Du 18 au 24 Janvier 2012