rosita beta new

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rosita beta new
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essai interface numérique sans fil
ROSITA BETA NEW
Prix indicatif : 3 990 €
Derrière le nom de Rosita se cachent plusieurs modèles de terminaux pour ordinateurs, Mac ou PC, destinés à relier en mode Wifi (liaison sans fil) un ordinateur à une chaîne hi-fi. A l'aide du logiciel iTunes de chez
Apple, l'ordinateur lit un fichier audio et envoie les données non compressées vers Rosita, en mode Wifi.
Développée autour d'une "borne Airport", Rosita effectue le traitement puis la conversion de ces données
(même résolution qu'un CD : 16 bits / 44.1 kHz) afin de proposer, en sortie, un signal audio analogique stéréophonique capable d'attaquer l’une des entrées haut niveau d’un préamplificateur ou d’un intégré.
Ces produits Rosita sont donc ce que l'on appelle communément des passerelles entre l'informatique et la hi-fi, utilisées pour écouter de la musique dématérialisée sur une
chaîne.
Nous voyons déjà certains spécialistes en informatique
sourire et déclarer : "On fait exactement la même chose
avec une simple borne Airport d'Apple beaucoup moins
chère… D'autant plus que Rosita en utilise une…" ! Cela
peut sembler vrai, à première vue, comme il pourrait sembler pertinent de dire qu'une montre Swatch à quartz et
un chronographe Patek Philippe font exactement la même
chose : donner l'heure…
Il est vrai que la fonction de "passerelle Wifi" réalisée par
Rosita est identique à ce que peut faire une borne Apple.
Par contre, il ne faut pas oublier que la borne en question
est réalisée par un spécialiste de l'informatique et que
Rosita a été développée par un spécialiste de l'audio "high
end”. Nous avons d'un côté un périphérique pour ordinateur développé et réalisé sous un angle purement informatique et, de l'autre côté, un appareil réalisé sous un angle
audiophile, avec une alimentation, un traitement du
signal, une connectique "qui vont bien".
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La famille Rosita se décline en plusieurs modèles : Iota,
Alpha, Alpha +, Beta, Pi, Omega et enfin la nouvelle Beta
New avec ses sorties symétriques. Ces modèles se différencient principalement par leur présentation esthétique,
leurs possibilités d'utilisation (audio symétrique, asymétrique, sortie numérique, etc.) et leurs qualités musicales
(liées à la nature des composants utilisés, aux alimentations, aux horloges, etc.).
Ainsi, Rosita Beta new apparaît comme l'un des modèles
les plus aboutis de la gamme, avec entre autres des sorties
symétriques sur XLR réalisées à l'aide de transformateurs
de très haute qualité ("Lundahl Inside").
CONDITIONS D'ÉCOUTE
Nous avons utilisé Rosita Beta New avec, en aval, notre système d'écoute point de repère habituel. Nous avons relié
Rosita à l'amplificateur en asymétrique Cinch, puis en
symétrique XLR, afin de comparer les deux modes de liaison. Le symétrique s'étant rapidement avéré supérieur
(plus grande précision et meilleure stabilité de l'image stéréophonique), nous sommes restés reliés en XLR pour tout
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notre essai (décision d'autant plus "pertinente" que l'une
des principales spécificités de Rosita Beta New, par rapport
à d’autres modèles, est justement de proposer une sortie
symétrique).
En amont, nous avons utilisé deux ordinateurs : un Mac et
un PC, tous deux de type portable, puis un iPod. Pour la
musique dématérialisée, on utilise le plus souvent des ordinateurs portables, car leur système de batterie nous affranchit des problèmes de rayonnements et de parasites occasionnés par les alimentations à découpage des ordinateurs
classiques. Avec les Rosita, le problème ne se pose pratiquement pas puisque la liaison sans fil "Wifi" offre une isolation galvanique totale entre la source et le terminal.
Cependant, le Wifi ne nous affranchit pas des risques de
rayonnements et de pollution du secteur, par les alimentations à découpage, qui risquent de se répercuter de façon
néfaste sur la qualité de restitution sonore de l'amplificateur.
Pour notre essai, nous avons bien sûr travaillé avec le logiciel iTunes sur chacun des deux ordinateurs. Ce logiciel est
obligatoire pour l'utilisation d'une Rosita qui, rappelons-le,
est équipée d'un système de réception et de traitement
des informations Apple Airport. Cela constitue d'ailleurs un
avantage non négligeable, car ce programme bénéficie de
mises à jour très fréquentes, utilise des codecs de conversion audio de "haute volée", et s'avère indispensable pour
exploiter les iPod, iPhone et dérivés, sources de lecture et
de stockage les plus utilisées actuellement.
Dès sa mise en marche, Rosita émet signal de réseau Wifi
sur lequel il faut raccorder l'ordinateur (préférences système / réseau sur Mac ou panneau de configuration /
réseaux sur PC). Ensuite, il convient de choisir "Rosita"
comme "haut-parleur distant" sur la page d'accueil iTunes
et tout doit fonctionner.
Pour notre test, nous avons utilisé une clé USB en "lecture
directe" (sur l'ordinateur) ainsi que des fichiers audio
stockés sur les disques durs "locaux" des ordinateurs. Bien
entendu, nous avions au préalable "ripé" certains de nos
morceaux tests préférés afin d'effectuer notre écoute dans
de bonnes conditions. On retiendra, enfin, que tout ce qui
peut être lu par l'ordinateur, en audio, peut être envoyé à
Rosita et être restitué, ainsi, par la chaîne hi-fi (fichier sur
clé USB ou disque dur, CD, radio Internet, ipod, etc.).
ECOUTE
Avant toute chose, nous tenons à rappeler qu'avec la musique dématérialisée, les résultats obtenus à l'écoute sont
tout d'abord liés à la qualité des enregistrements.
LA TECHNOLOGIE PAR L’IMAGE
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1 - Prise de raccordement au secteur avec fusible de protection.
2 - Interrupteur général marche/arrêt. 3 - Bouton poussoir
“reset” pour une remise à zéro. 4 - Sélecteur : châssis raccordé
ou non à la masse. 5 - Sortie numérique SPDIF Cinch. 6 - Liaison
Ethernet prise RJ45. 7 - Sorties analogiques asymétriques Cinch.
8 - Sorties symétriques XLR. 9 - Sélecteur de sortie : Cinch/XLR.
10 - Module V 2.0 (dernière version Airport).
Rosita Beta New dispose d’une sortie symétrique XLR. Celle-ci
est réalisée à l’aide d’excellents transformateurs de marque
Lundahl (transfos de sortie symétriseurs).
Pour le ripage d'un CD sur disque dur, il convient d'utiliser
un bon logiciel qui effectue une vraie copie bit à bit des
données et non une lecture "à la volée" avant stockage.
Le logiciel iTunes effectue cela dans les règles de l'art sous
réserve de bien décocher la case "correction d'erreurs"
dans le menu "préférences". En complément, il est très
important de bien choisir le mode de codage des données
: avec ou sans compression, compression avec ou sans perte.
Ce format dépend de ce que l'on veut : le stockage d'un
grand nombre de fichiers, privilégier la qualité audio plutôt
que la quantité de fichiers, etc. En règle générale, on peut
estimer que plus le fichier est léger, peu volumineux, plus la
qualité sonore risque d'être dégradée. Les formats les plus
adaptés à une utilisation audiophile sont le Wav et l'AIFF
(aucune compression dans un cas comme dans l'autre).
Sur l'enregistrement de la boîte à musique
extrait du CD "The Pulse", on ne peut que
rester les bras ballants devant une telle
définition, une telle transparence. On se
retrouve dans des conditions d'écoute
idéales, avec la sensation d'utiliser un
"monstre sacré" de la lecture audio numérique.
Avec Rosita, on profite pleinement des avantages du dis-
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que dur par rapport au CD. En effet, "sur le papier", le disque dur offre une lecture des données bien plus fiable
qu'un CD, le taux d'erreurs étant pratiquement réduit à
néant. La stabilité, la précision de lecture avec un disque
dur réduit considérablement le jitter par rapport à un système CD classique. Or, très souvent, avec les équipements
audio traditionnels en informatique, la lecture de fichiers
audio sur ordinateur est suivie par un système de conversion numérique / analogique douteux associé lui-même à
un étage de traitement analogique réduit à sa plus simple
expression. Pour l'audiophile, tout l'avantage de la lecture
avec disque dur est perdu, la médiocrité du traitement
audio dégrade considérablement la qualité sonore.
Rien de tout cela avec Rosita qui, justement, traite le signal
avec tous les égards qui lui sont dus, de par sa vocation
purement audiophile. Après plusieurs essais, on constate
de plus que ce système de lecture audio, avec Rosita, "s'affranchit" totalement de la source. Que l'on utilise un Mac,
un PC, un iPod (à condition de lire des fichiers strictement
identiques), la sonorité du système ne change pas, elle
reste grandiose, dynamique, hyper détaillée et très musicale.
Toujours sur le CD "The Pulse", le coup de cloche ressort
avec un timbre particulièrement réaliste qui reflète à merveille le côté massif de la cloche, mais aussi la nature du
métal, en alliage de bronze, qui la compose. Avec cet
extrait passé sur CD en répétition, on remarque souvent,
d'habitude, que la sonorité peut changer légèrement
d'une lecture à l'autre, alors que la platine numérique utilisée et tous les autres éléments de la chaîne restent
inchangés. Ce phénomène s'explique par le côté aléatoire
des erreurs de lecture. Ces erreurs ne se produisent pas
toujours au même endroit, au même moment sur le disque. Or, certaines erreurs de lecture entraînent des pertes
de données numériques qui sont reconstituées par les systèmes de correction. La sonorité du lecteur CD s'en trouve
modifiée (en mal, avec un durcissement du haut médium,
entre autres). En répétant plusieurs fois le même extrait
sur le disque dur relié à Rosita, le résultat d'écoute est toujours identique, ce qui démontre une fois encore la supériorité de ce support, par rapport au CD, en termes de stabilité. Pour atteindre un niveau de performances et de
qualité sonore équivalent à cette association ordinateur /
Rosita, il faut aller chercher des lecteurs CD "de course"
dont le prix est le plus souvent deux à trois fois supérieur
(voire davantage) à celui de Rosita Beta.
De même, sur le passage "Lopsy Lou – Silly
Putty" du trio S.M.V, le système Rosita se
livre à une formidable démonstration de
savoir-faire en termes de dynamique, de
punch et de capacité d'analyse. La restitution sonore est d'une clarté exceptionnelle, laissant apparaître le bruit propre des cordes (bruit
mécanique) qui, d'habitude, est totalement masqué par le
son de ces cordes, après amplification. Tous les détails
enregistrés sont restitués sans aucun effet d'ombre ou de
masque. Ainsi, les attaques de notes sont d'une rapidité
phénoménale et l'amortissement dans le grave est parfaitement dosé. Le bas-médium n'est pas surgonfflé, survitaminé, donnant l'impression que les guitares ne sont équipées que d'une seule corde et que les musiciens jouent
toujours la même note. Au contraire, avec Rosita, toutes
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les subtilités des jeux des artistes ressortent de manière
évidente, grâce à un suivi rythmique mais aussi mélodique
de tout premier ordre.
Pourtant, le grave est d'une puissance
redoutable et les violents coups de timbales de l'extrait "Chant" du groupe Fourplay
acquièrent un caractère explosif, mais non
dénué de timbre, avec Rosita Beta. Les
impacts sont redoutables, hyper rapides et
énergiques, mais le système de lecture et d'écoute reste suffisamment subtil pour que l'on reconnaisse la timbale, sans
la confondre avec une large porte de garage subissant de
violents coups de pieds. De même, légèrement en arrièreplan, les petits instruments de percussion sont restitués avec
une précision exemplaire. Ici, encore, le son de la basse électrique est naturel, avec un haut-grave parfaitement
dégraissé et un suivi mélodique aisé.
Sur les plus belles voix féminines, Rosita se
positionne définitivement comme une
redoutable concurrente aux meilleurs lecteurs CD du marché. Sur "Vissi D'Arte" par
Renee Fleming, l'émotion envahit l'auditeur dès les premières secondes d'écoute.
La pureté du timbre, mais surtout la dimension humaine
de la voix laissent véritablement pantois. Les intonations
les plus subtiles, les plus infimes vibratos procurent un réalisme à l'interprétation qui touche au plus profond de soi.
Toutes les émotions que veut faire passer l'artiste frappent
l'auditeur de plein fouet qui se retrouve totalement dans
l'ambiance du concert, là où rien ni personne ne vient rompre la magie de l'instant. Quelle beauté, quelle émotion !
Nous avons rarement apprécié cet extrait avec autant de
"sincérité", autant de "lâcher prise", oubliant totalement
notre métier l'espace d'un instant pour ne plus écouter de
matériel mais de la musique… Rien que de la musique.
Par J. Vallienne
SYNTHÈSE DE L’ESTHÉTIQUE SONORE
Le système Rosita est véritablement "la" réponse à
tous ceux qui veulent exploiter la musique dématérialisée dans des conditions d'écoute optimales.
Les utilisateurs d'ordinateurs, pour la musique, se
posent souvent de nombreuses questions relatives
aux formats des données, avec ou sans compression,
etc., mais se préoccupent parfois assez peu de la qualité du traitement de ces données une fois extraites
du disque dur. Cela est regrettable car, après avoir
écouté Rosita Beta, nous avons réellement pris
conscience de l'aspect primordial du travail qu'elle
effectue en termes de qualité d'écoute finale.
Dynamique, analytique à souhait mais jamais dans
l'excès, capable d'une grande délicatesse sur les timbres naturels, Rosita Beta se positionne comme une
grande ambassadrice de la musique dématérialisée
qu'elle propulse à un niveau de qualité très élevé.
Capable d'en remontrer à des lecteurs CD de
légende, Rosita saura convaincre les plus récalcitrants.