strategie africaine et plan d`action de lutte contre l`exploitation

Transcription

strategie africaine et plan d`action de lutte contre l`exploitation
“Sécuriser la Biodiversité d’Afrique pour la Durabilité et la Paix Mondiale”
STRATEGIE AFRICAINE ET PLAN D’ACTION DE LUTTE
CONTRE L’EXPLOITATION ILLEGALE ET LE COMMERCE
ILLICITE DES PRODUITS DE LA FAUNE ET DE LA FLORE
SAUVAGES D’AFRIQUE
Table des matières
Résumé analytique ................................................................................................................................................ 4
1
2
Contexte .......................................................................................................................................................... 5
1.1
Introduction ............................................................................................................................................. 5
1.2
Contexte ................................................................................................................................................... 7
1.3
Portée de la stratégie ............................................................................................................................. 9
Problèmes, lacunes et défis du Commerce illégal des espèces sauvages en Afrique ........................ 10
2.1
Etat des aires protégées et leur niveau de surveillance .................................................................. 10
2.1.1
Historique ..................................................................................................................................... 10
2.1.2
Menaces sur les aires protégées ............................................................................................... 11
2.1.3
La crise de la viande de brousse ............................................................................................... 12
2.2
Commerce illégal des espèces sauvages en Afrique ........................................................................ 13
2.3 Implications politiques, socio-économiques et écologiques du commerce illicite des espèces
sauvages ........................................................................................................................................................... 17
2.3.1
Implications politiques ................................................................................................................ 17
2.3.2
Implications socio-économiques ................................................................................................ 19
2.3.3
Implications écologiques ............................................................................................................ 20
2.4
Forces ..................................................................................................................................................... 20
2.5
Faiblesses à relever............................................................................................................................... 21
3 Le Cadre stratégique de lutte contre le Commerce illégal des espèces sauvages en Afrique de
2015 à 2024 ......................................................................................................................................................... 23
4
3.1
Objectif global ....................................................................................................................................... 23
3.2
Objectifs spécifiques ............................................................................................................................. 23
3.3
Axes stratégiques .................................................................................................................................. 23
Plan de mise en œuvre et Stratégie.......................................................................................................... 29
4.1
Approche de la mise en œuvre de la Stratégie ................................................................................. 29
2
4.1.1
Architecture institutionnelle ....................................................................................................... 29
4.1.2
Rôle des CER ................................................................................................................................ 30
4.1.3
Gestion des spécificités régionales ............................................................................................ 30
4.1.4
Mobilisation des ressources........................................................................................................ 30
5
Suivi et évaluation de la stratégie ............................................................................................................. 32
6
Révision de la Stratégie .............................................................................................................................. 32
3
Résumé analytique
Le présent document décline la stratégie africaine et le plan d’action de lutte
contre l’exploitation illégale et le commerce illicite des produits de la faune et
de la flore sauvages d’Afrique. L’Afrique constitue un continent d’une
biodiversité exceptionnelle. Cette biodiversité est cependant menacée par
une exploitation illégale et un commerce illicite sans précédents, nourris par
l’explosion démographique et une demande intérieure et internationale.
De nombreuses espèces, charismatiques ou non, animales et végétales,
souffrent de cette exploitation qui conduira à terme, si rien n’est fait, à leur
extinction. L’état préoccupant des aires protégées existantes, la difficulté
d’en créer de nouvelles, la superposition d'usage des terres, la forte
demande des produits de la faune et de la flore qui alimentent les marchés
internationaux, la demande intérieure en viande de brousse constituent des
défis à relever.
Le commerce illicite des produits de la faune et de la flore, issus de
l’exploitation illégale, résulte de nombreux phénomènes (la corruption, les
pratiques mafieuses, le financement de groupes armés) avec comme
conséquence, la déstabilisation de régions entières.
De nombreuses organisations internationales (ONUDC, UA, etc.), régionales
(CEEAC, SADEC, CEDEAO, etc.), gouvernementales et non gouvernementales
(TRAFIC, WWF, WCS, IUCN, réseau EAGLE, etc.) ont entamé un travail de
lutte contre ce fléau.
Cependant, l'on note une absence de stratégie à l’échelle africaine, définie
dans le présent document. Celle-ci s’articule autour de plusieurs objectifs
spécifiques, à savoir : i) susciter l’application des engagements nationaux et
internationaux par les Etats ; ii) renforcer le cadre de coopération
internationale en rapport avec la sauvegarde des espèces sauvages ; iii)renforcer la gestion des aires protégées nationales et transfrontalières,
particulièrement dans les paysages les plus intacts, iv) Renforcer la lutte
contre les trafics intérieurs de viande de brousse, v) renforcer les capacités
opérationnelles des services de contrôle aux frontières ; VI) renforcer les
4
cadres juridiques et institutionnels et notamment légiférer sur les espèces
végétales oubliées.
L’application de cette stratégie et de son plan opérationnel est
essentiellement du ressort de l’Union Africaine et des Etats membres,
assistés par les initiatives internationales, sous régionales et les ONG
spécialisées. Un effort considérable sur des délais courts doit être entrepris.
Les propositions d’actions assorties d’indicateurs pratiques sont tournées
vers le pragmatisme, l’efficacité et des actions concrètes de terrain.
1
1.1
CONTEXTE
INTRODUCTION
La ressource faunique et floristique africaine est riche par sa diversité. Selon
les scientifiques, l’Afrique présente deux zones zoologiques distinctes: la
zone nord et nord-ouest, comprenant le Sahara avec une importante
population de daims rouge, de fennecs, de gazelles, d’ânes sauvages, de
dromadaires, d’addax et la zone éthiopienne, englobant toute l’Afrique
subsaharienne que l’on peut diviser en quatre régions: Afrique de l’Ouest,
Afrique Centrale, Afrique de l’Est et Afrique Australe. Chaque région a des
caractéristiques distinctives en termes de vie sauvage et de priorités de
conservation.
L’Afrique Australe représente la partie la plus prospère et la plus développée
d’Afrique subsaharienne. Cette sous-région dispose des plus anciens et
grands parcs et réserves d’Afrique, et compte plus d’éléphants et de
rhinocéros que le reste du continent.
L’Afrique de l’Est est la plus complexe et la plus diverse des quatre régions
en termes de géographie, de climat, de biodiversité. La région comporte les
points les plus hauts et les plus bas du continent, avec une gamme
d’habitats allant de la forêt tropicale et récifs côtiers jusqu’aux déserts. Ces
caractéristiques uniques incluent la faune et la flore des hauts plateaux
éthiopiens, les sommets et les glaciers du massif du Ruwenzori, du Mont
Kenya et du Kilimandjaro. On observe ici les plus grandes et spectaculaires
migrations de faune de savane à savoir gnous, zèbres, et autres antilopes
suivies par les carnivores, les cobs de Buffon à oreilles blanches et les tiangs
(damalisques).
5
L’Afrique de l’Ouest montre une variation de l’aridité avec, au Nord, les
franges ouest du Sahara, au centre, la région du Sahel avec la savane boisée
et au sud les diverses forêts sempervirentes humides, bordées par les
grandes étendues de mangrove.
La faune de cette sous-région regroupe des espèces endémiques et
emblématiques telles que l’hippopotame nain, plusieurs primates, des
antilopes, des oiseaux, des amphibiens et des reptiles. Parmi les espèces
dont les besoins de conservation sont importants, on trouve l’éléphant, le
lion, le chimpanzé, le guépard du désert, le gorille de la Cross River, l’Eland
de Derby, la girafe et plusieurs antilopes (addax, oryx, etc.). Les zones
humides sont d’une importance extrême pour la migration des oiseaux d’eau.
L’Afrique de l’Ouest est la principale zone d’hivernage pour une grande partie
d’espèces d’oiseaux paléarctiques. La richesse en biodiversité est très élevée
dans la petite zone forestière.
L’Afrique Centrale renferme le Bassin du Congo, deuxième poumon
écologique mondial d’un seul tenant, après l’Amazonie. De ce fait, il joue un
rôle majeur dans la séquestration du carbone et recèle une faune et une
flore très diversifiée et endémique. On y rencontre les espèces
emblématiques et endémiques telles que l’éléphant de forêt, l’okapi, quatre
sous-espèces de gorilles, le bonobo, la genette aquatique, le paon congolais,
etc.
Madagascar, pour sa part, est biologiquement distinct des autres régions du
continent. En effet, elle constitue une région d’importance de conservation
hors norme, avec un haut niveau d’endémisme et une forte proportion
d’espèces menacées. La faune particulière de Madagascar inclut les fameux
lémuriens, les tenrecs et les caméléons.
Le taux d’épuisement des ressources biologiques est l’une des causes de
dégradation des écosystèmes. Cette situation est à l’origine des menaces au
niveau des services éco-systémiques. La vente des produits et des dérivés,
consécutive à l’exploitation illégale et au commerce illicite de la faune et de
la flore sauvages, est source de privation des revenus pour les
gouvernements. Cette vente, d’une part, entrave la croissance économique
et, d’autre part, sape les capacités des pays à mettre en œuvre leurs
programmes de développement.
Les moyens de subsistance des populations et le développement socioéconomique de leurs terroirs dépendent, en grande partie, de l'utilisation des
ressources de la faune et de la flore sauvages.
6
Des efforts considérables ont été accomplis par les pays africains pour (i) la
lutte contre le commerce illégal de la faune et de la flore sauvages, (ii) la
ratification et l'adhésion à plusieurs instruments régionaux et internationaux,
et (iii) la mise en place des stratégies nationales en matière d'exploitation
forestière et de conservation des espèces sauvages.
Il sied de relever que d’importants moyens financiers continuent d’être
investis par les parties prenantes à la conservation de la faune et de la flore
sauvages.
Les Etats, à travers leurs agences nationales respectives, soutenus par les
organisations intergouvernementales et non gouvernementales travaillent
sans relâche pour trouver des solutions à cette problématique.
Préoccupée par cette situation, l'Union Africaine (UA), lors de sa 23ème
session de Juin 2014, avait adopté la décision EX.CL/Déc.832 (XXV) sur la
conservation et le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages
d'Afrique.
Cette décision a reconnu la nécessité de renforcer la gouvernance
environnementale et d’éradiquer le commerce et le trafic illégaux de la faune
et de la flore sauvages qui menacent la paix et la sécurité mondiales.
Elle a interpelé les Etats africains à tout mettre en œuvre pour élaborer et
adopter une stratégie commune en matière de lutte contre le commerce
illicite de la faune et de la flore sauvages.
1.2
CONTEXTE
De nombreuses espèces animales et végétales en danger, inscrites à la
CITES, sont en train de disparaître à un taux élevé.i
Selon une étude menée par le PNUE, près de 25% d’espèces de faune
pourraient disparaître d'ici2020.Par ailleurs, durant la même période,
certaines autres études estiment que la disparition de la faune se produirait
à l’échelle d’un cinquième pour toutes les espèces existantes.
La menace qui pèse sur les espèces de faune et de flore sauvages émane de
sources multiples, particulièrement l’exploitation illégale et le commerce
illicite.
7
La demande en produits fauniques et forestiers est en augmentation.
L'Afrique se situe au centre de l’approvisionnement du monde en trophées et
spécimens vivants d'animaux.
En Afrique du Sud, la demande des produits de la faune, tels que la corne de
rhinocéros et le braconnage associé, est passée de moins de 50 rhinocéros
en 2007 à plus de1000 individus, de nos jours. Le rhinocéros noir d'Afrique
de l'Ouest est menacé d'extinction.
De même, l'ivoire de l’éléphant d'Afrique continue de faire l’objet d’un trafic
significatif entretenu par les pays de l’Asie du Sud-est (Vietnam et Thaïlande)
et par la Chine.
Pour illustration,
de 2009 à 2014, plus de 60 saisies importantes,
comprenant plus de 92 tonnes d'ivoire ont été enregistrés. Ceci représente
des milliers d'éléphants abattus illégalement (20 000 à 25 000 éléphants par
an) sur une population estimée entre 420 000 et 650 000 individus.
Le braconnage est également la cause du déclin catastrophique des
populations d'éléphants de forêt africains, jusqu'à 62% entre 2002 et 2011
(Maisel et al. 2013).
Ces données corroborent les récents rapports MIKE. En effet, selon ces
rapports, la moitié des éléphants récemment retrouvés morts sur les sites
MIKE est issue des abattages illégaux. Cette situation a été observée en
Afrique centrale, en Afrique de l'Ouest, en Afrique de l'Est et en Afrique
australe.
D'autres espèces sont également touchées. On estime que 22 000 grands
singes (Gorilles et Chimpanzés) ont été décimés entre 2005 et 2011. Le
commerce illégal de pangolins géant a été estimé à 40.000-60.000 individus
en 2011. En tenant compte de l’évolution des prises, cette espèce pourrait
constituer le mammifère le plus commercialisé.
Concernant la perte de la flore, les pratiques agricoles et la construction des
infrastructures sont à l’origine de la déforestation. Les forêts sont aussi
détruites pour approvisionner l'industrie mondiale du bois et pour les
besoins énergétiques.
Selon les estimations du PNUE, le commerce illicite de la faune sauvage
rapporte entre 50 et 150 milliards USD, chaque année, la pêche illégale,
8
entre 10 à 23,5 milliards USD et l’exploitation illégale du bois, entre 30 et
100 milliards USD.
Il sied de souligner qu'il existe un trafic « oublié ». Loin des espèces
emblématiques de faune, loin des listes CITES, loin des législations
nationales précises sur le bois et des initiatives pour réguler son trafic
(comme le FLEGT), un ensemble d’espèces végétales est commercialisé ou
exporté pour ses vertus médicinales, son potentiel pharmaceutique ou
cosmétique, sa valeur alimentaire ou pour ses vertus décoratives, etc. Son
exploitation est l’objet d’une industrie extractive dont les conséquences sont
souvent non documentées et son commerce illégal, ou pire encore, non
légiféré.
En dépit des plaidoyers au plan international, le commerce illégal de la faune et
de la flore sauvages reste une activité de plus en plus lucrative.
Une stratégie commune africaine sur la lutte contre le commerce illicite et
l'exploitation illégale de la flore et de la faune sauvages est donc essentielle pour
relever le défi.
1.3
PORTEE DE LA STRATEGIE
Cette stratégie complète les initiatives en cours et guide les réponses et
actions concertées aux niveaux national, sous régional, régional et
international visant à la sauvegarde de toutes les espèces de la faune et de
la flore sauvages en Afrique.
La stratégie traite des questions relatives aux pays d’origine, de transit et de
destination des spécimens de faune et flore sauvages ayant fait l’objet de
commerce illicite. Elle vise à transformer les paroles en actes, à mettre en
œuvre les décisions prises lors de divers forums internationaux et à susciter
la mobilisation des fonds nécessaires à soutenir sa mise en œuvre.
9
2
PROBLEMES, LACUNES ET DEFIS DU COMMERCE ILLEGAL
DES ESPECES SAUVAGES EN AFRIQUE
2.1
ETAT DES AIRES PROTEGEES ET LEUR NIVEAU DE SURVEILLANCE
2.1.1
Historique
Les premières aires protégées en Afrique apparaissent avec les excès
cynégétiques de la colonisation. Devant l’extinction de certaines espèces
(comme l’Hippotrague bleu) perpétrée au cours d’abattages massifs, les
premières Réserves de faune voient le jour. Le premier parc national
d’Afrique (Parc National Albert) est créé en 1925 au Congo Belge, suivi du
Parc Kruger en 1926. La tendance se poursuivra, y compris après la vague
d’indépendance, pour atteindre une exponentielle ces trente dernières
années.
De nombreux projets d’aires protégées, presque aboutis, attendent encore
l’impulsion politique de leurs Etats. Le temps et la croissance démographique
10
jouant contre leur création, il est recommandé de publier les textes y relatifs,
le plus vite possible.
Les spécialistes s’accordent pour dire que, dans quelques années, il ne sera
plus possible de créer de nouvelles aires protégées, en raison de la
croissance démographique humaine qui colonise l’ensemble de l’espace
terrestre. Seuls quelques grands écosystèmes encore plus ou moins intacts
échappent à cette conclusion. Pour ces derniers, une approche
« paysagère » a été adoptée, qui détermine un paysage comme un
ensemble d’aires protégées entourées d’espaces non protégés mais
bénéficiant d’une protection via d’autres mécanismes (forêts d’exploitation
sous certification internationale, secteur minier engagé dans la conservation,
aires privées..). Ces vastes espaces méritent d’être clairement identifiées et
doivent faire l’objet d’une attention particulière.
Cependant, de nouvelles aires protégées pourraient être créées en tenant
compte de la nécessité de restaurer les zones dégradées et fragiles ou de
protéger certaines espèces rares ou endémiques. Par ailleurs, certains sites
dits « critiques » méritent un classement prioritaire.
2.1.2
Menaces sur les aires protégées
Malgré la croissance récente des différentes formes de conservation, de
nombreux pays africains n'ont pas 10% de leur territoire national en aires
protégées, comme le recommande l’UICN et le protocole de Nagoya. De
surcroit, un grand nombre d’entre elles sont devenues des paper parks, des
parcs qui n’existent plus que sur les cartes officielles. Sur le terrain, elles
subissent une pression anthropique liée à la création des infrastructures, à
l’agriculture itinérante sur brûlis et le développement agro-industries,
l’élevage, la superposition des activités extractives dans les zones forestières,
etc. A cet effet, à Oti-Mangouri au Togo, par exemple, la faune a
complètement disparu.
Ces pressions humaines ont pour conséquence la fragmentation des
écosystèmes et la migration des animaux vers des zones jadis enclavées. De
plus, les aires protégées qui subsistent, présentent de graves problèmes
structurels (gouvernance, financement, etc.) entravant leur principale
mission.
11
L’un des plus grands problèmes rencontrés concerne l’affectation multiple
des terres et la superposition des usages incompatibles, résultat de l’absence
d’aménagement du territoire à l’échelon national. Commune à de nombreux
pays d’Afrique, comme le Gabon ou la République du Congo, cette
problématique aiguë est à la base de nombreuses incohérences dans
l’affectation des terres. Les permis miniers notamment sont attribués au
mépris d’autres vocations. Il n’est ainsi pas rare de voir des concessions
minières ou des permis d’exploration miniers (ou pétroliers) attribués sur des
concessions forestières sous aménagement durable, voire à l’intérieur de
parcs nationaux. Javelle & Veit (2012) notent en République Démocratique
du Congo que 3,5 millions d’hectares de permis miniers seraient superposés
à des aires protégées.
D’autres problèmes entravent en pratique la bonne gestion des aires
protégées :les pesanteurs administratives et politiques, le manque de
stratégie d’implication des populations et l’absence de retombées
économiques pour les populations,
le statut des éco-gardes, encore
considéré dans de nombreux pays comme un « sous corps », non habilités à
porter des armes ou à verbaliser ; le salaire du personnel des aires
protégées, trop faible au regard des dangers encourus et de l’isolement
géographique ; le faible niveau de formation, en particulier concernant les
aspects paramilitaires, la gestion participative et communautaire ; la faible
possibilité de progression dans la carrière, pour l’ensemble des agents ; le
faible niveau des incitations, la faible valorisation médiatique de leur travail ;
la présence de groupes armés au sein de nombreuses aires protégées ; et
enfin le sous-équipement, particulièrement en technologies de pointe et en
armes modernes de qualité, de plus en plus nécessaires dans un contexte
d’affrontement avec des braconniers puissamment armés.
Il en résulte des aires protégées mal surveillées, où se joue le premier
maillon du trafic, l’abattage de l’animal ou la collecte de la plante, et qui,
évité, permettrait de réduire l’effort autour du commerce.
2.1.3
La crise de la viande de brousse
L’Afrique vit une crise majeure de la viande de brousse, et particulièrement
en Afrique centrale. Dans certains pays, la consommation de viande de
12
brousse est devenue marginale (soit en raison de la disparition complète des
espèces ciblées, soit en raison d’un désintérêt culturel pour ce type de
protéines). Dans d’autres, elle reste très importante.
Les peuples des régions forestières ont toujours consommé de la viande de
brousse, principale source de protéines animales dans des écosystèmes où
l’élevage est réduit à sa plus simple expression. Elle constitue un des
éléments de la sécurité alimentaire de ces peuples, et doit, à ce titre, être
gérée durablement. Mais cette consommation locale s’est doublée de la
demande élevée des centres urbains, toujours en pleine expansion
démographique et présentant un pouvoir d’achat supérieur. Il en résulte des
trafics nationaux criminels mis en place par des petits opérateurs, qui
commanditent les réseaux de braconnage, financent la chasse au piège et au
fusil, organisent l’évacuation du gibier et corrompent les agents sur le
terrain. Les consommateurs finaux sont les ménages, les élites urbaines et
les restaurants.
Les études scientifiques montrent que les écosystèmes parviennent à peine à
répondre à la demande des peuples des zones forestières, mais sont
incapables de répondre à la demande des centres urbains. Il en résulte des
« forêts vides », écosystèmes amputés de toute faune sur de vastes étendus
autour des grandes villes (exemple, Yaoundé, Cameroun). Dans ces « forêts
vides », même les derniers grands oiseaux ont été abattus, et les dernières
proies sont constituées par des rats (Gillet et al, 2014). Le bol alimentaire
des populations locales n’est plus constitué que de rares protéines de
poisson, quand il en reste encore.
2.2
COMMERCE ILLEGAL DES ESPECES SAUVAGES EN AFRIQUE
L’envolée des prix des produits de la faune et de la flore sauvages (ivoire,
corne de rhinocéros, écailles de pangolins, peaux de félins et de reptiles, bec
de calao, mains de gorille, viande de baleine, ailerons de requins, bois de
rose, d’ébène, d’afrormosia, etc.) a entraîné une montée de l’abattage des
éléphants, des rhinocéros et d’arbres précieux en Afrique. En sus des
produits ci-dessus énumérés, on devrait aussi prendre en compte tout ou
partie des plantes et d’animaux terrestres ou aquatiques utilisées dans la
pharmacopée, l’alimentation, le textile, l’esthétiques, etc.
13
Un marché noir, de qui génèrent plusieurs centaines de millions de dollars,
alimente la corruption dans les aéroports, les ports, les bureaux de Douanes
et les services de sécurité, fournissant de nouveaux revenus aux groupes
d’insurgés et aux réseaux criminels de l’ensemble du continent.
Le braconnage n’est certes pas un problème récent en Afrique ; cependant,
depuis la fin des années 2000, il a atteint des proportions alarmantes.
Si des mesures correctives ne sont pas prises, on assistera à une extinction
des espèces animales et végétales ci-dessus évoquées. Il ne s’agit pas
uniquement d’un problème de braconnage de ces espèces sauvages, mais
aussi d’un réseau international de trafic illégal qui renforce les groupes
mafieux et armés. C’est pour cette raison qu’il apparait important d’apporter
un soutien immédiat au réseau africain des gardes forestiers. On pourrait
ainsi ralentir la fréquence des abattages d’éléphants, de rhinocéros, de
félins, de bois de rose, etc. et de prélèvement de perroquets, de pigeons
verts à front nu, de grands singes juvéniles, de tortues-araignées, etc.
Pour faire face à cette menace, il faudra fortement réduire la demande de
ces organes d’animaux, surtout en direction des marchés asiatiques.
Selon certaines estimations, le nombre d’éléphants abattus tous les ans en
Afrique a plus que doublé depuis 2007 pour atteindre 30 000 individus. Cette
tendance a franchi un seuil inquiétant en 2010 quand la fréquence des
abattages a dépassé le rythme de reproduction des éléphants. D’où, le début
d’une baisse sensible de la population. Une récente étude à l’échelle de
l’Afrique centrale (Maiselet al. 2013) a montré que ces pachydermes avaient
perdu à l’échelle de l’Afrique centrale 62 % de leurs effectifs et 30 % de leur
surface de distribution ces dix dernières années (2002- 2011).
Le braconnage des rhinocéros a également explosé. Entre 2000 et 2007, les
abattages illégaux en Afrique australe étaient rares, souvent moins de dix
par an. L’explosion des taux de braconnage a débuté en 2008. En l’espace
de cinq ans, 1 004 rhinocéros avaient été braconnés, rien qu’en Afrique du
Sud.
En 2003, l’ivoire de haute qualité se vendait environ 200 USD. le kilo. Dix ans
plus tard, son prix est passé entre 2 500 et 3 000 USD sur le marché noir.
L’essor des prix de la corne de rhinocéros est encore plus important. Alors
que, dans les années 90, elle coûtait environ 800 USD. le kilo, elle est
aujourd’hui plus précieuse que l’or, atteignant, selon certains rapports, le
14
prix de 65 000 $US le kilo en 2013. Les cornes des 1 004 rhinocéros abattus
en Afrique du Sud pourraient donc valoir 440 millions $US.
Dents, yeux, organes et os de tigres se vendent à prix d’or sur le marché
asiatique, qui dépassent ceux de la cocaïne et de l’héroïne dans certains
pays, et menacent la disparition de sur cette espèce. Cette tendance a
même vu se multiplier les vols dans certains musées et salles de ventes qui
exposent de l’ivoire ou de la corne.
La principale raison de cette hausse des prix est la demande croissante de
ces produits, qui, auparavant, étaient considérés comme des objets de
décoration ou d’art sculptés (bijoux, bustes sur socle, etc.).
Un sondage mené auprès de professionnels chinois issus de la classe
moyenne a révélé que 87 % d’entre eux associaient ivoire et « prestige », et
que 84 % souhaitaient en acquérir.
En Asie, la croyance, selon laquelle la corne de rhinocéros a de puissantes
vertus aphrodisiaques et thérapeutiques, est également à l’origine de son
trafic.
Le braconnage a ainsi conduit à la quasi-extinction de certaines sousespèces, dont la disparition des rhinocéros du Mozambique, de la République
Démocratique du Congo, du Cameroun, et de République Centrafricaine.
En effet, dans les régions des Grands Lacs, du Bassin du Congo et de l’Ouest
de l’Afrique, divers réseaux criminels et autres groupes armés sont attirés
par les bénéfices que génère le commerce de la faune et de la flore
sauvages, ainsi que de leurs dérivés.
L’usage d’armements ultra puissants et d’autres équipements tactiques
sophistiqués démontre les capacités et moyens financiers de ces groupes, et
le danger qu’ils représentent.
Des dizaines de gardes forestiers sont tués chaque année en République
Démocratique du Congo, au Tchad, au Kenya et ailleurs. Les bénéfices de
tels trafics alimentent la corruption, affaiblissent les services publics clés de
contrôle, telles que la Police, les Douanes et l’Armée, assurant leur service.
Ces agents et intermédiaires facilitent le passage aux frontières des
marchandises illégales et se chargent du blanchiment des revenus générés.
15
En Afrique du Sud, certaines preuves ont révélé l’existence de liens entre
d’anciens membres d’unités d’élite de la police et de l’armée et des
trafiquants de corne de rhinocéros.
Les bénéfices importants et les risques faibles du trafic d’espèces sauvages
pourraient donc alimenter un sentiment d’impunité au sein du secteur de la
sécurité en Afrique. Cette situation continue à saper le professionnalisme de
ces services et à déclencher d’autres activités illégales et abusives (trafic des
drogues dures, circulation des armes légères, trafic humain, etc.).
Le soutien et la complicité de certaines communautés locales, qui grossissent
les équipes de braconniers ou ferment simplement les yeux sur les chasses
illégales qu’ils mènent, compliquent encore les efforts de lutte contre le
braconnage.
Des programmes communautaires ont été lancés pour éduquer les
populations et encourager la coopération locale. Si d’importants défis
persistent pour renverser les tendances en matière de braconnage, ces
premiers efforts portent leurs fruits.
Le Kenya a mis en place une nouvelle législation, en 2014. Celle-ci vise à
imposer des peines plus lourdes pour le trafic d’espèces sauvages. D’autres
pays, comme le Gabon, le Mozambique et la Tanzanie révisent également
des lois, en prévoyant notamment des peines plus sévères.
Concernant les espèces végétales, la CITES mentionne dans un rapport
récent que les espèces de son annexe 2, les plus commercialisées pour la
période, 1996-2010 sont le Pericopsis elata (pour son bois d’œuvre),
Aquilaria malaccensis (pour ses vertus cosmétiques), Prunus africana et
Taxus wallichiana (pour leurs vertus médicinales) et les familles et genres
des Orchidaceae, Cyathea, Euphorbia, Hoodia pour leur caractère
ornemental. Par ailleurs, selon le dernier communiqué CITES de mars 2015,
les saisies issues du trafic illégal du « bois de rose » extrait de Madagascar
atteindraient pour la période 2011-2014 plus de 4800 tonnes.
16
2.3
IMPLICATIONS POLITIQUES, SOCIO-ECONOMIQUES ET
ECOLOGIQUES DU COMMERCE ILLICITE DES ESPECES SAUVAGES
2.3.1
Implications politiques
La CITES est la principale initiative au plan mondial qui regroupe en son sein
180 Etats-Parties, en vue de règlementer le commerce international des
espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
En mars 2013, les États parties à la CITES ont convenu de mesures
concrètes pour lutter contre le braconnage et le trafic d’un certain nombre
d’espèces menacées d’extinction, notamment les éléphants, les rhinocéros,
les tigres et les bois tropicaux.
En vue de lutter contre le commerce illicite de bois, l’Union Européenne a
conclu des Accords de partenariat volontaires (APV) qui visent à soutenir les
pays producteurs des bois tropicaux dans les efforts de renforcement de la
gouvernance du secteur forestier et la mise en place de systèmes nationaux
de traçabilité et de contrôle de la légalité.
Le Plan d’Action, issu de la Déclaration de Marrakech, consolide et complète
d’autres actions mises en œuvre par des initiatives telles que le Consortium
International de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages
(ICCWC) et les réseaux régionaux d’application des législations sur la faune
et la flore sauvages (WEN). Cette Déclaration offre une plateforme
panafricaine d’appui aux initiatives existantes.
Le Consortium International pour Combattre le Crime sur la Faune Sauvage
(ICCWC) ci-dessus évoqué comprend la Convention sur le Commerce
International des Espèces de Faune et de Flores Sauvages Menacées
d’Extinction (CITES), l’Organisation Internationale de Police Criminelle (OIPCInterpol), l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC),
la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD).
Outre l’ICCWC, l’Accord de Lusaka sur les opérations concertées de
coercition visant le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages, et la
Convention des Nations Unies contre la Criminalité Transnationale Organisée
(CTO) contribuent également à l’échange des informations et de
renseignements, à la coordination des efforts d’application des législations,
ainsi qu’au renforcement des capacités répressives au niveau mondial.
17
Au niveau africain, au-delà du fait que chaque Etat s’est doté d’un arsenal
juridique de lutte contre l’exploitation illégale et du commerce illicite des
espèces sauvages, des efforts importants sont également déployés au niveau
des Communautés économiques des différentes sous-régions. Ces entités
sous régionales s’impliquent désormais, de manière significative, dans la
lutte contre le commerce illégal des espèces sauvages. C’est le cas du Plan
d’Action sous régional des Pays de l’Espace COMIFAC pour le renforcement
de l’Application des Législations nationales sur la Faune sauvage (PAPECALF)
et du mémorandum d’entente entre la CEEAC et l’ONUDC.
Nombreux sont les pays d’origine, de transit ou de vente finale des produits
issus du braconnage et du commerce illégal d’espèces sauvages où les
ressources et l’engagement des services nationaux de répression sont
insuffisants pour faire appliquer les règles existantes. L’application effective
de ces règles demeure une gageure, d’autant que les canaux du commerce
illégal peuvent aisément être ré-aiguillés afin d’exploiter les maillons faibles
du système répressif au niveau mondial.
De nombreuses espèces sauvages à haute valeur commerciale connaissent
un déclin catastrophique de leur population. Beaucoup sont aujourd’hui
rares, menacées ou éteintes localement, comme l’éléphant des forêts dans
certaines régions du bassin du Congo, le rhinocéros de Sumatra, le
rhinocéros de Java et l’éléphant d’Asie.
Le commerce d’espèces sauvages, qu’il soit légal ou illégal, est également
associé à l’introduction d’espèces envahissantes. Ces espèces envahissantes
s’attaquent aux espèces indigènes ou leur font concurrence et constituent
une sérieuse menace pour l’équilibre des écosystèmes.
Cette nouvelle vague de criminalité organisée, liée au commerce d’espèces
sauvages et perpétrée par des groupes de braconniers transfrontaliers
lourdement armés, met en péril non seulement les avancées réalisées en
matière de conservation, mais aussi des écosystèmes entiers dans de
nombreux pays à travers le monde.
En mars 2013, le commerce des bois précieux (le bois de rose et les
ébènes), qui est interdit par la loi malgache, se double d’un embargo
international. Celui-ci ne pourra être levé que lorsque le gouvernement de
Madagascar aura présenté un plan d’action jugé crédible par les 180 pays
signataires de la CITES.
18
Le bois de rose est classé parmi les 48 espèces connues de Dalbergia de
Madagascar. Les ébènes également convoitées par les trafiquants ont aussi
été classées parmi les espèces protégées. En août 2014, en dépit des
demandes insistantes des autorités malgaches, l’embargo a été prolongé
d’un an.
En 2012, la Chine a officiellement importé 757.000 m3 de bois de rose, un
volume multiplié par 10 en dix ans. Ce bois provient de plus en plus
d’Afrique. Madagascar apparait dans les statistiques des douanes chinoises
et aucune saisie n’a jamais été réalisée par le port de Hong Kong, qui est la
plus grande porte d’entrée de ce bois illégal.
2.3.2
Implications socio-économiques
Le commerce illégal induit la corruption. Celle-ci compromet la stabilité
macroéconomique et fiscale, exerce un effet dissuasif sur l’investissement et
freine la croissance. En d’autres termes, la corruption permet à une minorité
de s’enrichir aux dépens de la société. De surcroît, elle sert directement les
intérêts des groupes criminels impliqués et entrave le développement de
plusieurs secteurs d’activités légaux.
En nuisant à la viabilité des entreprises légales, la corruption engendre une
perte importante de recettes et des coûts supplémentaires pour les États.
Ceci pourrait conduire à la faillite de ces entreprises et, par conséquent,
augmenter le taux de chômage.
D’autres conséquences directes liées au trafic illégal d’espèces sauvages sur
le développement socioéconomique peuvent être citées, et notamment :
l’épuisement immédiat et
irréversible des
ressources d’intérêt
communautaire, la menace de la sécurité alimentaire des populations locales
et autochtones en épuisant leur principale source de protéines, la pauvreté
en milieu rural et l’exode rural comme conséquence de la détérioration de
leur conditions de vie, le manque d’investissement pour le développement
local autour des projets de conservation, le financement direct de groupes
armés qui déstabilisent des régions entières, etc.
Le potentiel productif des écosystèmes peut également être affecté, au motif
que de nombreuses espèces commerciales de bois ont besoin de la faune
pour se disperser et régénérer.
19
Enfin, le commerce illégal risque de concentrer l'attention accrue des
partenaires techniques et financiers sur les questions de biodiversité,
reléguant les questions de développement socio-économiques au second
plan, alors même que ces questions sont parfois à l’origine de ce commerce
illégal.
Le braconnage et le trafic d’espèces menacées de notre planète sont le
quatrième plus grand trafic international, après celui de la drogue, des êtres
humains et des armes. Les montants issus de ce trafic ont été estimes en
2013 entre 8 et 10 milliards USD, et ce chiffre est en hausse chaque année.
2.3.3
Implications écologiques
Le trafic illégal d’espèces sauvages a un effet direct et potentiellement
irréversible sur l’environnement. De nombreuses espèces sauvages à haute
valeur commerciale connaissent un déclin catastrophique de leur population.
Beaucoup sont aujourd’hui rares, menacées ou éteintes localement, comme
l’éléphant des forêts dans certaines régions du bassin du Congo, le
rhinocéros de Sumatra, le rhinocéros de Java et l’éléphant d’Asie. La
disparition de certaines espèces végétales et animales présente ensuite des
effets en cascade, avec la perturbation de l’ensemble des chaînes trophiques
et la disparition d’autres espèces dépendant des premières.
Le commerce d’espèces sauvages, qu’il soit légal ou illégal, est également et
parfois associé à l’introduction d’espèces envahissantes. Ces espèces
envahissantes s’attaquent aux espèces indigènes ou leur font concurrence et
constituent une sérieuse menace pour l’équilibre des écosystèmes.
Cette nouvelle vague de criminalité organisée, liée au commerce d’espèces
sauvages et perpétrée par des groupes de braconniers transfrontaliers
lourdement armés, met en péril non seulement les avancées réalisées en
matière de conservation, mais aussi des écosystèmes entiers dans de
nombreux pays à travers le monde.
2.4
FORCES
La tenue de plusieurs rencontres internationales dont les objectifs principaux
se rapportent à la problématique de l’exploitation illégale et du commerce
illicite des espèces de faune et de flore sauvages constitue un atout de
20
premier ordre. La mobilisation d’entités sous régionales (CEEAC, UEMOA,
SADEC, EAC,) en constitue un autre.
Cette prise de conscience des décideurs et autres personnalités se traduit
par un réel élan de solidarité et une volonté dans l’adoption des approches
stratégiques en vue de juguler le trafic des espèces sauvages en danger.
L’existence de programmes nationaux, sous régionaux et internationaux
proposant de mesures de coercition devrait permettre de répondre
durablement aux attentes des Etats.
L’existence
de
programmes
de
sensibilisation
et
d’éducation
environnementale est un moyen qui permet de susciter l’implication et
l’adhésion des communautés locales et des populations autochtones, dans
l’accompagnement des politiques sur cette question majeure.
2.5
FAIBLESSES A RELEVER
Devant l’ampleur de l’exploitation illégale et du commerce illicite des espèces
de la faune et de la flore sauvages soutenu par un réseau international bien
organisé, l’Afrique semble ne pas être disposée à apporter des réponses
idoines. Cette situation est due essentiellement aux facteurs suivants :
- la faible connaissance de la ressource et de la disparition progressive
de nombreux taxons, et en particulier les végétaux « oubliés » ;
- la faible gouvernance des aires protégées ;
- le faible niveau de valorisation des aires protégées ;
- le manque d’initiatives et d’activités alternatives en faveur des
populations ;
- le faible niveau de financement des aires protégées et l’absence d’un
mécanisme de financement durable des aires protégées ;
- la faible diversité dans les modes de gestion des aires protégées (dont
la plupart restent étatiques, UICN, 2015) alors que les modes de
gestion communautaires, partagés, privés ont également montré leurs
performances ;
- le faible niveau de lutte contre les trafics intérieurs de viande de
brousse ;
21
-
le non-respect des engagements souscrits dans l’application des
Accords Multilatéraux ;
le faible niveau de collaboration interservices ;
la porosité des frontières et la corruption des services de Police, des
Douanes, de l’Armée et de la justice ;
la faiblesse des capacités carcérales ;
la faiblesse des cadres juridiques et institutionnels ;
le faible niveau de formation des agents chargés de l’application des
textes ;
la faible possibilité de progresser dans la carrière et absence
d’avantages liés à l’emploi ;
des grilles salariales peu adaptées à la dangerosité du métier
le manque d’équipements et de matériels de terrain, y compris dans le
domaine des armes et munitions ;
l’impunité de certains acteurs malgré les condamnations ;
la faiblesse de la volonté politique de certains états quant aux
domaines précités;
l'absence des plans d'affectation des terres;
l'absence de la vulgarisation de l'Accord de Bangui sur la propriété
intellectuelle, qui a intégré les obtentions végétales;
le caractère informel de l'exploitation et du commerce des produits de
la flore.
22
3
LE CADRE STRATEGIQUE DE LUTTE CONTRE LE
COMMERCE ILLEGAL DES ESPECES SAUVAGES EN
AFRIQUE DE 2015 A 2024
3.1
OBJECTIF GLOBAL
Doter les Etats africains d’un ensemble de mesures visant à combattre
l’exploitation illégale et le commerce illicite des espèces de faune et de flore
sauvages, avec l’appui des partenaires au développement.
3.2
-
OBJECTIFS SPECIFIQUES
Renforcer l’engagement des pays à
l’application des traités
internationaux et des lois nationales ;
Renforcer le cadre de coopération internationale en rapport avec la
sauvegarde des espèces sauvages ;
-Renforcer la gestion des aires protégées nationales et
transfrontalières, notamment en impliquant les communautés locales
Renforcer la lutte contre l’exploitation et le commerce illicite intérieur
de viande de brousse ;
Renforcer les capacités opérationnelles des services de contrôle ;
Renforcer les cadres juridiques et institutionnels et en prenant
notamment en compte les espèces végétales « oubliées »
3.3
AXES STRATEGIQUES
Ces objectifs spécifiques seront sous-tendus par les axes stratégiques
suivants :
Axe 1. Amélioration des connaissances sur la diversité biologique
Axe 2. Renforcement du cadre institutionnel et juridique
23
Axe 3. Renforcement de la coopération entre pays d’origine, de
transit et de destination
Axe 4. Extension du réseau, aménagement et renforcement de la
gestion des aires protégées
Axe 5. Renforcement du contrôle, du commerce et de
l’application des lois nationales et internationales
Axe 6. Renforcement des capacités des parties prenantes à la
gestion et la conservation de la biodiversité, notamment dans la
cadre de la lutte contre l'exploitation illégale te le commerce
illicite de s produits de la faune et de la flore
AXE 1. Amélioration des connaissances sur la diversité biologique
Renforcer la gestion des connaissances et des informations
-
Associer les universités et les centres de recherche nationaux
Poursuivre les inventaires de la faune et de la flore
Créer un Centre de Collecte et de Traitement des Données
Développer un système de diffusion rapide des données
Développer les programmes de recherche sur la connaissance de la
biodiversité
Identifier « correctement »
les espèces végétales et animales
« oubliées » et l’intensité du trafic
AXE 2. Renforcement du cadre institutionnel et juridique
A. 2.1. Légiférer sur les espèces végétales et animales
« oubliées »
-
Identifier « correctement »
les espèces végétales et animales
« oubliées » et l’intensité du trafic
Elaborer et réviser les cadres législatifs adaptés
Poursuivre les initiatives de domestication pour les espèces végétales
et animales les plus prisées
24
A. 2.2. Renforcer le cadre légal et institutionnel
régional
-
Adapter les législations et réglementations nationales auxAccords
Multilatéraux
Harmoniser les législations et les réglementations au niveau des sousrégions
Recueillir les bonnes pratiques de certains textes nationaux pour les
adapter en cas de besoin
A. 2.3. Accroître l'engagement des gouvernements
africains et de la communauté internationale
-
Susciter la ratification des Accords Multilatéraux pertinents (ex. Accord
de Lusaka, etc.)
Créer une unité de « casques verts » africains, unité d’élite appelée à
se déployer lorsqu’une aire protégée d’un pays est particulièrement
menacée. Dans un premier temps, chaque pays identifierait en son
sein un corps armé qui se spécialiserait dans la lutte armée tournée
vers les problématiques environnementales, avec une formation
spécifique mixte militaro-forestière. Cette unité se déploierait dans les
frontières nationales. Dans un second temps il est possible d’imaginer
des unités mixtes (composées d’unités de différents pays),
particulièrement dans le cas d’aires protégées transfrontalières. Ces
casques verts n’auraient pas pour vocation de remplacer à long terme
le personnel classique des aires protégées mais plutôt de leur
apporter un appui ponctuel et adapté. Leur caractère mobile sur le
pays devrait être garanti. En raison de leur caractère spécifique, ils
dépendraient directement des plus hautes autorités de l’Etat.
25
AXE 3. Renforcement de la coopération entre pays d’origine, de
transit et de destination
A. 3.1. Renforcer la coopération entre les pays
d'origine, de transit et de destination
-
Initier un cadre juridique contraignant pour intensifier les mesures de
lutte contre le commerce illicite international
Mettre en place un mécanisme de diffusion des informations au sein
des services de Police, des Douanes et de l’Armée
A. 3.2. Renforcer la collaboration entre les
Partenaires
-
Mettre en place un cadre de concertation qui réunirait les partenaires
techniques et financiers, les organismes internationaux concernés, les
organisations intergouvernementales (OIG) et les Organisations Non
Gouvernementales (ONG)
AXE 4. Extension du réseau, aménagement et renforcement de la
gestion des aires protégées
A. 4.1. Créer en urgence les aires protégées dans les
zones dégradées ou fragiles et les sites critiques déjà
identifiés
-
veiller à classer des écosystèmes représentatifs de la diversité à
l’échelon nationale et régional
élaborer, valider et mettre en œuvre les plans d’aménagement et de
gestion
A. 4.2. Renforcer le fonctionnement des aires protégées
existantes, leur périphérie, et privilégier une
approche par paysages, quand elle est possible
-
Réformer les structures nationales en charge des aires protégées
26
-
-
Rechercher les financements durables en faveur des aires protégées
Créer les mécanismes de financement durable en faveur des aires
protégées
Renforcer la gouvernance (y compris la résolution des problèmes
d’affectation des terres) et varier les modèles de gouvernance (privée,
partagée, communautaire…)
Renforcer les politiques en faveur des populations en périphérie
Développer les activités alternatives à la chasse
Mettre en place les mécanismes de partage équitable des recettes
issues de la valorisation des aires protégées
Mettre en place un système de motivation des personnels de terrain
Recruter, former, recycler et équiper le personnel de gardiennage des
aires protégées
Réformer et adapter les contenues des formations
A.4.3. Renforcer la gouvernance, la mise en œuvre et la conformité
des aires protégées
-
Mettre à disposition des outils techniques performants de terrain
Arbitrer les problèmes de superposition d’usages incompatibles des
terres
Evaluer régulièrement la gouvernance des aires protégées selon la
méthode UICN et apporter les corrections nécessaires
AXE 5. Renforcement du contrôle du commerce et l’application des
lois nationales et internationales
A. 5.1. Lutter contre les trafics nationaux de viande de
brousse
-
Augmenter les postes de contrôle fixes et mobiles le long des axes
fluviaux et routiers
Poursuivre en justice les actes liés à la criminalité faunique
Revoir les échelles de peines en fonction de leur gravité
Poursuivre les initiatives de domestication et élevage en périphérie
des centres urbains pour les espèces les plus prisées
27
A.5.2. Renforcer le contrôle aux frontières
-
Doter les postes de contrôle du matériel de pointe de détection des
produits dans les frontières
Renforcer le personnel aux postes de contrôle
Recycler et former les agents
AXE 6. Renforcement des capacités des parties prenantes à la
gestion et la conservation de la biodiversité, notamment dans la
cadre de la lutte contre l'exploitation illégale te le commerce
illicite de s produits de la faune te de la flore
A.6.1. Former et recycler les personnels
Former et recycler le personnel de l'administration forestière,
notamment dans le domaine de la lutte contre le braconnage
Former les agents des autres services (douaniers, juristes etc.) au
contrôle des produits de la faune et de la flore
A. 6. 2.Renforcer les
existantes en Afrique
-
capacités
des
institutions
Favoriser le réseautage et la mutualisation des activités au sein des
CER et du nouveau-LATF
Etendre les systèmes de communication d’Interpol et de l’OMD au
niveau des administrations en charge de la faune et de la flore
sauvages
A.6.3. Renforcer la sensibilisation des groupes cibles
-
Initier ou renforcer un programme d’Education Relative à
l’Environnement (ERE)
Introduire la problématique du commerce illicite dans les programmes
scolaires
28
4
4.1
PLAN DE MISE EN ŒUVRE ET STRATEGIE
APPROCHE DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE
Chaque Etat devra puiser au sein de la présente stratégie les éléments
nécessaires pouvant lui permettre d’élaborer et mettre en œuvre sa propre
stratégie nationale.
4.1.1
Architecture institutionnelle
Afin de permettre au continent africain d’avoir un centre unique de prise de
décisions dans la collecte et la gestion des données relatives à l’exploitation
illégale et au commerce illicite de la faune et de la flore sauvages, il
reviendra de renforcer le cadre du Task Force de l’Accord de Lusaka (LATF).
Le LATF, qui pourrait être un organe de l’UA en la matière, devrait bénéficier
de l’apport des Cellules décentralisées au sein des Communautés
Economiques Régionales (CER).
Les Etats membres de l’Union Africaine devraient ouvrir des Bureaux
Nationaux. Des accords de collaboration pourraient être signés avec les
Bureaux Centraux Nationaux (BCN) d’Interpol.
Il reviendra ainsi à chaque pays d’accéder à l’Accord de Lusaka sur les
opérations concertées de coercition visant le commerce illicite de la faune et
de la flore sauvages, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait.
Pour le LATF, il sera réalisé une étude institutionnelle afin d’apporter toutes
les adaptations possibles qui lui permettraient de jouer son nouveau rôle.
Toutefois, un projet d’organigramme du LATF pourrait être mis à la
disposition des Etats pour observations et commentaires, avant son adoption
par la Commission de l’Union Africaine.
29
4.1.2
Rôle des CER
Etant dépositaires de l’Acte de renforcement du nouveau cadre institutionnel
du LATF, à travers les Cellules décentralisées, les CER auront la mission de
coordonner les actions visant à contrôler l’exploitation illégale et lutter contre
le commerce illicite des espèces de faune et de flore sauvages dans les
Etats.
Les Bureaux-pays du LATF seront reliés par un système de communication.
Celui-ci devra être mis en place sous la forme d’un centre sous régional de
décision.
4.1.3
Gestion des spécificités régionales
A l’instar du CER Afrique Centrale, la Commission des Forêts d’Afrique
Centrale (COMIFAC) dispose d’un cadre institutionnel quasi-fonctionnel. La
cellule décentralisée du LATF-Afrique Centrale pourrait être logée au siège
de cette institution. On pourrait aussi envisager qu’elle soit directement
abritée au sein de la CEEAC. La décision de fixer le siège de la structure
reviendrait ainsi aux Chefs d’Etat.
Les autres CER pourraient envisager d’installer leurs cellules décentralisées
respectives et prendre des mesures pour la création des Bureaux-pays.
4.1.4
-
Mobilisation des ressources
Création d’un organisme de coordination pour la mobilisation
des ressources
L’Union africaine devra mettre en place un mécanisme de financement
durable de l’initiative.
30
-
Conduire un audit des besoins en ressources
Un audit implique un aperçu des besoins financiers et une stratégie pour
combler les déficits de financement, un à deux ans avant la date à laquelle
les fonds sont requis. L'audit doit disposer d'un horizon à cinq ans pour
permettre la planification à long terme et la durabilité.
-
Identifier les bailleurs de fonds cibles
On devrait identifier les bailleurs de fonds cibles. Cette stratégie doit inclure
une vue d'ensemble de tous les bailleurs de fonds existants ou potentiels,
ainsi qu'un bilan des activités passées et établir des domaines d'intérêt
desdits bailleurs de fonds.
Pour les activités sectorielles, il importe de veiller à ce que le financement
provenant de bailleurs de fonds internationaux actuels soit maintenu mais
aussi à ce que de nouveaux bailleurs de fonds soient recherchés.
La stratégie de mobilisation des ressources devra cibler les besoins des Etats
pour intensifier la lutte et maintenir le contrôle.
Ces Etats doivent être encouragés à apporter des contributions sur fonds
propres.
-
Exposer l'approche de chaque bailleur de fonds
Les besoins en financement devraient être en adéquation avec les besoins
exprimés auprès des bailleurs de fonds.
-
Faire le plaidoyer pour la mobilisation des fonds
Une table ronde des bailleurs de fonds spécifiques sera organisée par la
Commission de l’Union africaine, assistée par la Commission Economique
pour l’Afrique pour l’Organisation des Nations Unies (CEA) et la Banque
africaine de Développement (BAD).
A cette occasion, il sera attendu des Bailleurs de Fonds qu’ils expriment
clairement les apports en termes de ressources.
31
-
Suivre le rendement des fonds et rendre des comptes
Pour assurer le rendu de comptes et l'entretien de l'intérêt, il sera important
d'assurer le suivi de l'utilisation des fonds, celui de la performance et
d'établir des mécanismes de reporting.
5
SUIVI ET EVALUATION DE LA STRATEGIE
Le succès de la mise en œuvre de la stratégie est basé sur les principes
fondamentaux du Partenariat et de la Participation. Chaque partenaire
identifié doit pouvoir s’impliquer entièrement et remplir pleinement son rôle
et sa responsabilité.
La mise œuvre de cette stratégie nécessitera l’implication de tous les acteurs
dans chaque Etat.
Sont impliqués pour apporter leurs contributions aux contrôles et à la lutte :
les représentants des services techniques étatiques, les organisations
intergouvernementales et Non Gouvernementales (ONG), les communautés
locales, la Société Civile, etc.
Il sera judicieux de mettre en place des structures locales de coordination et
de surveillance. Il s’agit particulièrement des Comités Scientifique et
Technique, des composantes suivi-évaluation, etc.
L’Union Africaine publiera annuellement les acquis pays par pays.
6
REVISION DE LA STRATEGIE
Le texte de la stratégie pourra avoir une durée de cinq ans, à la suite de son
adoption.
Aussi, faudra-t-il susciter préalablement la concertation des Etats, à travers
les différentes CER.
32
Il serait indispensable que cette révision se fasse à la suite d’une évaluation
technique du niveau d’exécution de la stratégie et du plan d’action.
33
Bibliographies
Africa Security Brief No. 28 May 2014
Anonymes (2014), Séminaire pour vulgariser les textes sur la lutte contre le
braconnage au Cameroun, 2 pages
CITES, (2014). Status of elephant populations, levels of illegal killing and
the trade in ivory: a report to the CITES Standing Committee (SC65
Doc.42.1).
Annonyme (2014), Communication de la commission au conseil et au
parlement européen sur l’approche adoptée par l’UE en matière de lutte
contre le trafic d’espèces sauvages, 12 pages.
Commission de coopération environnementale (2005). Le commerce illégal
d’espèces sauvages. La perspective de l’Amérique du nord, 25 pages.
Eau et biodiversité (2013), lutte contre le trafic et le braconnage des espèces
menacées, 2 pages
Executive Council 25th Ordinary Session June 2014 Decisions
availableathttp://summits.au.int/ar/sites/default/files/EX%20CL%20Dec%20
813%20-%
20850%20%28XXV%29%20_E.pdf
Grant T. Harris (2014), Nouvelle stratégie nationale de lutte contre le trafic
des espèces sauvages, 3 pages
Gosling.J, 2014. The Global Initiative against Transnational Organized Crime,
Research Report: available at http://www.globalinitiative.net/knowledgebank/publications/
Interpol et IFAW (2013). Enquête sur le trafic de l’ivoire sur internet au sein
de l’Union Européenne, 35 pages.
Javelle, A.-G. & Veit, P.G. 2012. « Managing land for mining and
conservation in the Democratic Republic of Congo. Africa Biodiversity
Collaborative Group », Working paper, 5 p. http://frameweb.org/adl/enUS/9108/file/1273/JavelleAG-VeitPV_2012_
34
La Maison Blanche (2014). Stratégie nationale de lutte contre le trafic des
espèces sauvages et interdiction du commerce de l’ivoire, 2 pages.
LATF Annual Report 2013
Maisels, F., Strindberg, S., Blake, S., Wittemyer, G., Hart, J. et al. 2013. «
Devastating Decline of Forest Elephants in Central Africa ».PLOS ONE 8 (3) :
e59469. doi:10.1371/ journal.pone.0059469.
Marcel Van Opstaland Al (2012).Le braconnage et le commerce illicite des
produits de la faune sauvage en République du Congo, 9 pages
MuzalamiKakule (2007). Etudes comparée des stratégies de LAB dans le parc
national et la réserve nationale (cas du PNKB et de la RNT), Université de
Kasuo, 2 pages
Nellemmannet al., 2014.The Environmental Crime Crisis – Threats to
Sustainable Development from Illegal Exploitation and Trade in Wildlife and
Forest Resources. A UNEP Rapid Response Assessment.Accessed at
http://www.unep.org/unea/docs/RRAcrimecrisis.pdf#sthash.RXZDIHDI.dpuf
OMD actu (2013), Commerce illicite, 52 pages
UICN (2013). Nouvelle des Aires Protégées en Afrique (n°63), 13 pages.
UNEP Year Book 2014 – Emerging Issues Update on Illegal Wildlife
Trade(http://www.unep.org/yearbook/2014/PDF/chapt4.pdf)
UNEP, OECD (1999).Trade Measures in Multilateral Environmental
Agreements.
Underwood et al. 2013.Dissecting the Illegal Ivory Trade: An Analysis of
Ivory Seizures Data. In PLoS ONE 8(10)
http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.00
76539
Rosalind Reeve, (2002). Policing International Trade In Endangered Species:
The CITES Treaty and Compliance, pp 7-8.
Vermeulen, C. (2014). Enjeux autour des forêts congolaises. In Cahiers
Africains, Numéro spécial Conjonctures congolaises 2013, N°84, pp 223-235.
35
Wilson E.O. The Diversity of Life 346 (1992): In Mara E. Zimmermann
36