1-Cas clinique ça déménage

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1-Cas clinique ça déménage
CAS CLINIQUE N°1 : LE GRAND MENAGE DU DEBUT DE THERAPIE Ça y est ! Après un premier entretien, votre patient a sauté le pas, et décide de s’engager dans une thérapie. Vous avez su l’accueillir, et c’est avec vous qu’il a envie de cheminer. DE LA DEMANDE CONSCIENTE… Parfois, certains patients ont les idées très claires ou ont déjà fait un bout de chemin, et peuvent vous dire d'emblée pourquoi ils ont besoin de votre aide : "Bonjour, je viens de vivre un deuil, pouvez-­‐vous m'aider" ? Ou encore "Bonjour, j'ai vécu des abus et j'ai besoin de l'aide d'un professionnel pour me construire en tant qu'adulte et consoler l'enfant blessé." …AUX BESOINS INCONSCIENTS Mais les demandes ne sont pas toujours aussi explicites… Je me rends compte que très souvent, les personnes frappent à ma porte parce qu'elles savent qu'elles en ont besoin, mais sans pouvoir dire exactement pourquoi... ou sans oser le dire, par peur, par honte... il y a tellement de raison de ne pas s'exposer... Mais le plus important c’est qu’elles soient là, la part d’elles qui a envie de s’en sortir a gagné pour cette fois-­‐ci. DES REVES POUR TROUVER LE BON CAP C'est dans ce contexte que les rêves de début de thérapie sont particulièrement précieux pour celui qui les entend et pour celui qui les formule. Mathilde JUAN – Psychanalyste et « attrapeuse de rêves » -­‐ 1 -­‐ Il me semble que leur interprétation permet au rêveur de prendre conscience de sa demande profonde, de la composante inconsciente qui l'a poussé à venir en thérapie. M. OU LE BESOIN DE REMETTRE LES CHOSES A LEUR PLACE En préparant ce premier cas clinique, j’ai tout de suite pensé à M, une dame de 60 ans en proie à de grandes difficultés pour s'autoriser à faire un travail sur elle. Après quelques séances, elle me parle d’un chemin de vie difficile où elle a dû prendre en charge ses parents depuis un très jeune âge sur tous les plans. Elle s’est occupée d’eux comme s’ils étaient ses enfants, réparant leurs « bêtises » en silence, accablée par la honte de leurs actes, et meurtrie par leur absence totale de reconnaissance à son égard. Lors de la 5ème séance, elle amène un rêve : « Je suis dans une chambre d’hôpital, et je m’occupe d’une petite fille, les instruments sont mal rangés, je sors tout pour tout bien ranger. Je prends une pause, je suis remplacée par une collègue, je marche longtemps et sans but, je me perds, je croise des gens en costume d’époque, je me rends compte que je suis moi aussi en costume d’époque. Ma collègue vient me chercher. Je m’inquiète car j’imagine la petite fille toute seule, je reviens m’occuper d’elle. Il y a beaucoup de monde dans la chambre, c’est étouffant, je demande sèchement à tout le monde de dégager, et je m’en veux de ça. » Il y aurait beaucoup à dire sur ce rêve, mais concentrons-­‐nous sur l’essentiel. Que se passe-­‐t-­‐il à l’intérieur d’elle ? Quelle part d’elle demande de l’aide de façon urgente ? A l’issue d’un échange, M. formule l’interprétation suivante : Il faut retourner voir la petite fille qu’elle a été, ne plus la laisser seule dans sa chambre. D’ailleurs, comme elle me l’avait dit dès la 1ère séance, il règne la plus grande confusion dans cette mémoire de chambre d’enfant: Son père avait pour habitude de s’allonger dans son lit dès qu’il se Mathilde JUAN – Psychanalyste et « attrapeuse de rêves » -­‐ 2 -­‐ disputait avec sa mère. Il n’était pas activement incestueux, simplement là, envahissant tout son espace d’enfant, « étouffant », tel un poids mort… « C’est le bordel ! » me dit-­‐elle, rien n’est clair… M. a tout déballé dès le début de thérapie, elle a déballé les « instruments mal rangés », et maintenant, c’est notre travail à toutes les deux de « tout bien ranger ». Et pour cela, pas d’autre choix que d’aller faire un tour dans son histoire, et de revêtir les oripeaux du passé, en enfilant les « costumes d’époque». Nous aurions pu aller bien plus loin dans l’interprétation, mais à ce moment-­‐là, j’ai préféré me taire et respecter son rythme. A mon sens, l’injonction « dégage de la chambre » s’adressait à son père mais il était un peu tôt pour qu’elle l’accepte. Elle ne réagit pas aux questions que je lui pose dans ce sens « Qui dois dégager de la chambre de la petite fille ? –Je ne sais pas… ». Il est prématuré de l’amener dans cette direction, car la culpabilité semble trop forte. Cette fois-­‐ci j’ai su me taire, mais cela n’a pas toujours été le cas malheureusement. C’est un long apprentissage que celui de savoir, et de ne pas dire. Ne pas voler une interprétation au rêveur, lui laisser la primeur d’une prise de conscience… Pour la petite histoire, savez-­‐vous ce que fit M. en sortant de la séance ? Elle alla tout simplement s’acheter un plumeau ! Quand je lui demandais quel usage elle comptait en faire ? Elle me répondit tout simplement « Pour faire le ménage dans les coins ». Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi j’aime bien cette métaphore de la thérapie : « ALLER FAIRE LE MENAGE DANS LES COINS »… Et c’est ce que nous fîmes pendant tout le temps que dura l’accompagnement, avec des hauts et des bas, mais toujours guidées par le flux de ses rêves. Mathilde JUAN – Psychanalyste et « attrapeuse de rêves » -­‐ 3 -­‐ UN MOT SUR L’AUTEUR Je suis Mathilde Juan, psychanalyste membre de la Société de Psychanalyse Active et Intégrative de Paris. Je pratique une forme ouverte et holistique de psychanalyse basée sur l’efficacité thérapeutique et l’autonomie du patient. Passionnée par l’étude des rêves, les miens et ceux de mes patients, j’ai guidé mes consultants dans l’analyse de milliers de rêves. Je continue de noter mes rêves chaque matin, et j’y trouve une source inépuisable d’inspiration et d’informations précieuses pour avancer sur mon chemin de vie. Je propose des formations et des supervisions à l’attention des thérapeutes qui souhaitent exploiter l’immense potentiel des rêves dans leur accompagnement. Me contacter : [email protected] tél : 06 88 74 02 61 Ce fascicule vous est offert par © Mathilde JUAN-­‐ Psychanalyste www.mathildejuan.com www.naitremere.com Mars 2015 Tous droits réservés Mathilde JUAN – Psychanalyste et « attrapeuse de rêves » -­‐ 4 -­‐