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Les Bassins Hydrauliques du Maroc
1. PRESENTATION
La
zone
de
KsobIgouzoulane
(côtiers
atlantiques
d’Essaouira)
est composée des bassins
côtiers atlantiques du
Ksob et de l’Igouzoulane
et s’étend sur superficie
de l’ordre de 4790Km2.
La population de la zone
est actuellement de près
de 414.000 habitants dont
80% en milieu rural.
L’activité économique est essentiellement basée sur
l’agriculture traditionnelle, l’élevage, le tourisme et
l’artisanat. Le bassin est doté également d’un port à
Essaouira où l’activité de pêche se développe.
Le régime pluviométrique est caractérisé par la succession
de deux périodes : la première sèche s’étend de mai à
septembre, et la seconde humide du mois d’octobre au
mois d’avril au cours de laquelle ont lieu plus de 90% des
précipitations. La moyenne annuelle des précipitations est
de 350 mm/an.
Les températures moyennes mensuelles varient entre 17°C
et 20°C. Les mois les plus chauds sont généralement Juillet
et Août (26°C). Le mois le plus froid est Janvier (12°C).
L’évaporation moyenne annuelle est de l’ordre de 2400
mm, variant très peu d’année en année.
Les mesures de turbidité au niveau des stations
hydrologiques ont permis de définir l’importance du
Les Bassins Atlantiques d’Essaouira
247
phénomène de l’érosion dans le bassin du Ksob. Ainsi la
dégradation spécifique est évaluée à près de 1000
tonnes/Km2/an.
2. RESSOURCES EN EAU
2-1. Les eaux de surface
Les oueds les plus importants sont le Ksob et l’Igouzoulane.
Ils prennent naissance dans le Haut Atlas et drainent des
superficies respectives de l’ordre de 1.350 et 380 Km². Les
apports en eau sont irréguliers et inégalement répartis. Les
montagnes constituent un château d’eau des écoulements
de surface. Les apports moyens annuels sont évalués à près
de 50 Mm3.
Apport d’eau (Mm3)
Min.
Moyen
Max.
Oued
Surface BV
(Km2)
Ksob
1350
3
34.5
82
380
1
15.5
41
Igouzoulane
Apports des différents oueds du bassin
2-2. Les eaux souterraines
Le bassin d’Essaouira-Kourimat comporte plusieurs niveaux
aquifères dont l’importance varie en fonction de la nature
des formations géologiques et de l’extension de leur
impluvium. Il correspond à un vaste plateau, limité à
l’ouest par l’Océan Atlantique, au Sud par le haut Atlas
Occidental, au Nord par l’oued Tensift et à l’Est par le
méridien passant à l’ouest de Sidi El Mokhtar.
Les principaux aquifères du bassin sont l’aquifère crétacé
du plateau de Meskala-Kourimat et l’aquifère plioquaternaire développé au niveau de la bande côtière. Ces
deux aquifères sont hydrauliquement interconnectés et
248
interdépendants et constituent de ce fait un seul système
hydraulique.
• Aquifère plio-quaternaire
La roche réservoir est constituée des grès dunaires et des
calcaires coquilliers du Plio-Quaternaire, s'étendant le long
de la côte sur une bande large de 20 km et longue de 40
km.
Lorsque le plioquaternaire repose sur les formations
jurassiques ou crétacés perméable, l’eau est drainée
verticalement en profondeur, ce qui explique la stérilité de
certains forages. Le réservoir n’est productif que lorsqu’il
est en position perché reposant sur les marnes
imperméables du Jurassique ou Crétacé. L’épaisseur
saturée de l’aquifère varie de 10 à 60m.
Sa transmissivité présente une grande dispersion, elle varie
de 10-5 à 5 10-3 m2/s. Les débits extraits ne dépassent guère
10 l/s et la nappe est très vulnérable à la sécheresse.
L’alimentation de la nappe s’effectue d’une part par
l’infiltration des eaux de pluie et d’autre part par
l’infiltration le long des oueds. L’écoulement général de la
nappe s’effectue vers l’océan, ceci est favorisé par le
pendage de la série crétacé vers l’ouest.
• Aquifère crétacé
C’est le plus important aquifère de par son extension et ses
caractéristiques hydrodynamiques. Il regroupe les calcaires
dolomitiques et dolomies jaunes du sénonien dont
l’épaisseur peut atteindre 100 m, les calcaires fissurés et
karstifiés du Turonien d’une épaisseur de 40 à 80m et les
calcaires lumachellique du cénomanien. L’absence de
couche franchement imperméable entre ces différents
niveaux implique que c’est un système multicouche au sein
duquel le Turonien se présente comme le plus important
avec une transmissivité qui varie entre 2.10-4 et 9 10-3m2/s.
249
Les propriétés aquifères du crétacé sont liées à l’existence
de discontinuité représentée par les plans de stratification
(qui donnent naissance à des sources), par la fracturation
et aussi par le développement de phénomène de
Karstification.
L’alimentation s’effectue essentiellement à partir des
pluies et le long de l’oued Igrounzar au sud de Meskala et à
l’aval au Sud d’Essaouira et éventuellement à partir de
l’aquifère plio-quaternaire sus-jacent. L’aquifère est drainé
par les sources qui émergent le long des oueds Igrounzar et
Ksob. L’écoulement général de la nappe se fait vers le Nord
et le N.W avant de rejoindre l’océan atlantique.
Evolution
piézométrique
d’Essaouira-Kourimat
de
la
nappe
Globalement, la tendance piézométrique de la nappe
d’Essaouira est relativement stable et les baisses
enregistrées sont plus ou moins amorties.
0
-5
- 10
- 15
- 20
- 25
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
00
01
02
03
04
250
Bilan
Hydraulique
d’Essaouira-Kourimat
du
système
aquifère
On distingue deux bilans relatifs à 2 unités distinctes :
- la partie centrale du bassin où le Crétacé est le
seul aquifère ;
- la partie côtière à recouvrement plio-quaternaire.
Il faut noter à cet égard que les eaux souterraines sont
surexploitées.
Entrée / Sorties
Infiltration
directe
• Apports
d’oueds
• Retour
d’irrigation
• Abouchements
latéraux
Total entrées
• Sources
et
Khettaras
• Drainage oueds
• Prélèvements
AEPI
• Prélèvements
irrigation
• Sorties
latérales
Total sorties
•
Entrées
Sorties
Bande
côtière
MeskalaKourimat
Total
15.0
49.1
64.1
13.0
-
13
1.0
-
1.0
25.9
-
25.9
54.9
-
49.1
20.0
104
20.0
-
-
-
8.0
6.0
14.0
46.0
30.0
76.0
30.6
84.4
19,0
75.6
39.6
160
Bilan hydraulique du système aquifère d’Essaouira-Kourimate
3. QUALITE DES RESSOURCES EN EAU
L’appréciation de la qualité des eaux de surface faite sur la
base des paramètres mesurés dans le cadre de suivi de la
qualité des eaux fait ressortir que les eaux des oueds
côtiers atlantiques (Ksob et Iguezoulane) sont globalement
251
de bonne qualité malgré les teneurs élevées en matières
organiques enregistrées en 2001 et 2002 au niveau des
stations Zelten et Igrounzar.
Concernant les eaux souterraines, la plupart des nappes du
bassin présentent une eau de qualité moyenne à bonne :

Les nappes présentant une eau de bonne
qualité, apte à tous les usages sans contrainte
majeure sont celles du plateau de MeskalaAkermoud ;

La nappe du synclinal d’Essaouira présente
une qualité moyenne à mauvaise.
4. MOBILISATION ET UTILISATION DES RESSOURCES EN
EAU
4-1. L’effort de mobilisation
Excepté le barrage Igouzoulane, mis en service en 2004,
aucun
aménagement de
régularisation
d’eau de surface
n’est
réalisé
auparavant dans
le bassin.
D’une capacité de
17 millions de m3,
ce barrage est destiné à l’alimentation en eau potable du
centre de Tamanar et l’irrigation d’un périmètre à l’aval.
L’exploitation des ressources en eau du bassin est
essentiellement assurée actuellement à partir de la nappe
d’Essaouira-Kourimat. Près de 90 Mm3 en sont prélevés
annuellement dont plus de 75 Mm3 pour l’irrigation et le
252
reste est destiné à l’alimentation en eau potable et
industrielle.
4-2. Utilisation de l’eau

L’eau potable
Les prélèvements actuels pour l’alimentation en eau
potable et industrielle des agglomérations du bassin sont
évalués à près de 14 Mm3/an, provenant exclusivement des
nappes d’eau souterraines.
Depuis le démarrage du PAGER en 1995, le taux d’accès à
l’eau potable en milieu rural ne cesse de s’améliorer pour
atteindre pratiquement 50% à fin 2005. Les prélèvements
pour l’approvisionnement des populations rurales sont
assurés exclusivement à partir des eaux souterraines. Le
volume prélevé s’élève actuellement à près de 5 Mm3/an.

L’irrigation
La superficie irriguée dans le bassin s’élève à près de 3000
ha, totalement en petite et moyenne hydraulique. Les
besoins en eau pour l’irrigation évalués à environ 19
Mm3/an dont 9 Mm3/an sont assurés par des pompages et 10
Mm3 par prélèvement au fil de l’eau. Cependant, le volume
des eaux souterraines réellement exploité pour des fins
d’irrigation dépasse 100 Mm3/an.
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5. DEVELOPPEMENT DES RESSOURCES EN EAU
5-1. La demande en eau
Le développement
Besoins en eau (Mm3)
Usage
socio-économique
2004
2020
que
connaît
le
AEPI
5
22
bassin a engendre
Irrigation
19
28
une
évolution
importante
des
Total
24
50
besoins en eau,
aussi bien dans le secteur de l’approvisionnement en eau
potable et industriel que dans le secteur agricole.

L’eau potable
Les prévisions de la demande en eau potable et industrielle
à l’horizon 2020 ont été effectuées sur la base des
projections démographiques établies pour le bassin. Les
objectifs pris en compte visent à atteindre dans les centres
urbains des taux de branchement de 80% à 90%, d’améliorer
l’efficience des réseaux de distribution pour relever les
niveaux de rendement à 71% ou 80% et, enfin, généraliser
l’accès à l’eau potable de la population rurale à partir de
l’an 2007.
• Pour les agglomérations urbaines du bassin, les
besoins en potable et industrielle sont évalués, dans
l’ensemble, à près de 7 Mm3 en l’an 2020.
• En milieu rural, les prévisions de la demande en eau
potable sont établies conformément aux objectifs
arrêtés par le plan directeur d’alimentation en eau
potable des populations rurales qui vise la
généralisation de l’accès à l’eau potable à partir de
l’an 2007. Sur la base d’une dotation de 56 l/hab/j
pour les branchements particuliers, 37 l/hab/j pour
les bornes fontaines, 15 l/hab/j pour les autres
254
systèmes d’AEP et une dotation de 20 l/tête/j pour
le cheptel. La demande en potable du milieu rural
s’élèverait en l’an 2020 à près de 7 Mm3.
• La demande en eau des unités industrielles
s’élèverait, en l’an 2020, à près de 7,5 Mm3 destinés
à la future centrale nucléaire projetée au site de Sidi
Boulabra pour la production d’électricité.

L’agriculture
Les besoins en eau d’irrigation des périmètres modernes de
petite et moyenne hydraulique (3000 ha) sont estimés à 21
Mm3/an à l’horizon 2020.
Quant à la PMH traditionnelle qui s’étendrait en 2020 sur
près de 1.250 ha, ses besoins en eau sont estimés à 7
Mm3/an.
5-2. Aménagements hydrauliques projetés

Les grands barrages
Plusieurs sites favorables à la réalisation de nouveaux
barrages dans le bassin ont été inventoriés. Les études
approfondies réalisées dans le cadre du plan directeur ont
permis d’identifier les aménagements ayant un taux de
rentabilité économique élevé et un faible impact
environnemental. Outre le barrage Igouzoulane, mis en
service en 2004, un autre barrage de régularisation, sur
oued Ksob, est projeté pour faire face à la demande en
eau.
Il s’agit du barrage Zerrar, d’une capacité de stockage de
70 Mm3 qui permettra la régularisation de 28 Mm3 destinés
à l’alimentation en eau potable de la ville d’Essaouira et
l’irrigation de périmètres dans l’oued Ksob (environ 2500
ha).
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Les petits barrages
La mobilisation des eaux de surface par les barrages de
régularisation sera complétée par la réalisation de petits
barrages en vue de satisfaire la demande en eau dispersée
d’intérêt plus local. Ainsi à l’horizon 2020, trois petits
barrages seront réalisés dans la province d’Essaouira à des
fins d’irrigation et d’abreuvement du cheptel.
Barrage
Oued
Châabat Zouiger
El Arba
N’Takouch
Châabat
Harmoukia
TOTAL
Châabat Zouiger
Timkilouine
Châabat
Harmoukia
-
Capacité
(Mm3)
0,14
But
I,AEP,AC
0,50
I
0,46
I,AEP
1,10
-
Caractéristiques barrages programmés dans le bassin

La mobilisation des eaux souterraines
Les ressources en eau souterraine mobilisables du bassin
Ksob-Igouzoulane sont évaluées à près de 42 Mm3 dont 17
actuellement mobilisés. Les nouvelles possibilités
d’exploitation d’eau souterraine dans le bassin sont
limitées. C’est seulement au niveau de la nappe de
Kourimat qu’un potentiel supplémentaire exploitable
évalué à près de 15,5 Mm3/an a été identifié.
Par ailleurs, dans le cadre des efforts de recherche pour la
mobilisation de ressources hydriques supplémentaires, des
études visant l’amélioration de l’état de connaissance du
système aquifère d’Essaouira-Kourimat sont en cours. En
l’occurrence, une étude géophysique et une étude
isotopique. Ces études permettront de mieux comprendre
le fonctionnement hydrodynamique du système aquifère
afin d’en assurer une évaluation plus précise et d’établir
les consignes d’une gestion rationnelle.
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