solanacées médicinales et philatélie(*)

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solanacées médicinales et philatélie(*)
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Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2005, 144, 311-332
SOLANACÉES MÉDICINALES
ET PHILATÉLIE (*)
Étienne JOUZIER
(1)
La famille des Solanacées présente environ 2 000 espèces comprenant
de nombreuses plantes toxiques et renfermant des drogues importantes.
Nous envisagerons successivement les Solanacées médicinales à
alcaloïdes, à amides et les Solanacées médicinales utilisées dans
l’alimentation.
Solanacées médicinales à alcaloïdes esters d’amino-alcools
dérivés du tropane
Atropa belladonna, Belladone
Atropa dérive du grec Atropos, nom de la troisième des Parques
romaines qui tenaient entre leurs mains le fil de la vie (ce qui rappelle la
toxicité de la plante). Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi “belladonna”, la
“belle dame”, car les Romaines s’en servaient pour confectionner les fards
destinés à entretenir la blancheur de leur teint et utilisaient le suc des baies de
belladone pour dilater leurs pupilles (mydriase) et rendre leur regard plus
séduisant.
C’est une plante vivace à tige ramifiée portée par une grosse racine
conique. La tige porte des feuilles alternes, ovales et molles. À leur aisselle
apparaissent des fleurs campanulées, pédonculées, de couleur brun rouge, se
transformant par la suite en baies noires.
(*)
(1)
Manuscrit reçu le 05 juillet 2005.
Laboratoire de Biochimie fondamentale et clinique, Faculté des Sciences
pharmaceutiques, Université Victor-Segalen Bordeaux 2, 146, rue Léo-Saignat,
33076 Bordeaux Cedex
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Couverture d’un carnet anglais de 1972
contenant 22 timbres
La Belladone croît en Europe en bordure des forêts dans les
décombres et les lieux abandonnés.
Elle est cultivée en France en particulier à Milly-la-Forêt et à Chemillé.
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Les feuilles (seules ou mêlées de sommités florifères) ou la racine
contiennent des alcaloïdes dérivés du tropane : hyoscyamine, atropine, un
peu de scopolamine. Les préparations galéniques ainsi que les alcaloïdes
isolés possèdent des propriétés spasmolytiques sédatives (réduisent les
douleurs des coliques urinaires, de la vésicule biliaire). On les emploie
également pour réduire les sueurs nocturnes chez les tuberculeux. La
mydriase de l’atropine est mise à profit dans les examens ophtalmologiques.
Les Daturas et Brugmansias
Datura stramonium, Datura officinal ou Stramoine
C’est une plante herbacée annuelle de port puissant à tige ramifiée
portant des feuilles alternes, dentées.
À l’aisselle des ramifications ou à l’extrémité des tiges se forment de
grandes fleurs tubuleuses dressées, blanches ou violacées. Le fruit est une
capsule renfermant des graines noires. Toute la plante est violemment
vénéneuse.
Les feuilles et les graines contiennent
comme la Belladone de l’hyoscyamine, de
l’atropine et plus de scopolamine. Elles ont
des propriétés antispasmodiques, antiasthmatiques et sont utilisées dans la maladie
de Parkinson.
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Datura metel, Métel
Originaire d’Inde et d’Égypte, il figure à la Pharmacopée indienne. En
Chine, les feuilles et les fleurs sont utilisées pour soulager les douleurs
rhumatismales, les infections mycosiques et asthmatiques. Il est utilisé sous
forme de cigarettes anti-asthmatiques et surtout comme source de
scopolamine.
Datura inoxia = D. meteloides, Stramoine faux-métel
Cette espèce originaire du Mexique, riche en mételoïdine, est cultivée
en Europe de l’Est pour l’extraction de la scopolamine. Les Aztèques
utilisaient cette plante comme hallucinogène, mais aussi pour traiter toutes
sortes de maux, plus particulièrement en usage externe, pour soigner les
rhumatismes et réduire les enflures.
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Les trois espèces suivantes sont ligneuses et placées dans le genre
Brugmansia. Elles sont consommées au cours de rites magiques et religieux
en raison de leurs propriétés hallucinogènes :
Brugmansia X candida est utilisé comme anticholinergique.
Brugmansia sanguinea, Datura arborescent d’Amérique du Sud, est
employé comme sédatif ou analgésique dans le sud du Pérou. Les feuilles
sont une source industrielle de scopolamine.
Brugmansia suaveolens renferme aussi des alcaloïdes tropaniques.
Les Jusquiames
Le genre Hyoscyamus comporte une vingtaine d’espèces surtout
représentées dans le bassin méditerranéen, l’Afrique du Nord et l’Asie
occidentale. Toutes les jusquiames sont toxiques. Deux sont très utilisées en
pharmacie.
Hyoscyamus niger, Jusquiame noire, Jusquiame officinale
La feuille, récoltée au moment de la floraison, est inscrite dans de
nombreuses Pharmacopées dont l’Européenne. La graine est inscrite à la
Pharmacopée française en 1975.
Les alcaloïdes sont représentés par de l’hyoscyamine et de la
scopolamine. À dose thérapeutique, la Jusquiame est employée comme
parasympatholytique et sédatif nerveux. Elle entre dans la composition de la
Boldolaxine®, de la Néoboldolaxine® et des Grains de Vals®.
Empreinte de machine à affranchir
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Carte maximum d’Allemagne de l’Est de
1982
C’est une plante herbacée avec des feuilles très velues, des fleurs au
calice velu à cinq lobes, à corolle subrégulière de teinte jaune sale veinée de
violet et d’un pourpre noirâtre à la gorge. Le fruit est une pyxide, capsule
renflée à la base s’ouvrant au sommet par un couvercle convexe et contenant
plusieurs centaines de graines très petites.
Hyoscyamus muticus, Jusquiame d’Égypte
Cette espèce, originaire
des régions désertiques d’Égypte
et d’Iran, figure à la Pharmacopée
indienne, à la Pharmacopée
internationale et à la Pharmacopée
belge. Elle est utilisée surtout
comme source d’hyoscyamine et
d’atropine : 0,5 à plus d’1 %
d’alcaloïdes totaux dont 90 %
d’hyoscyamine dans les feuilles.
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Les Mandragores, Mandragora officinarum, Mandragore mâle et M.
autumnalis, Mandragore femelle
Ce sont des plantes herbacées, sans tige, à grandes feuilles ovales et
dentées, dont la racine est épaisse, charnue, fourchue et anthropomorphe. On
utilise les racines qui contiennent de nombreux alcaloïdes dérivés du tropane.
Les Mandragores possèdent surtout un effet antispasmodique et analgésique
et ne sont plus guère utilisées dans la thérapeutique moderne.
Scopolia carniolica
C’est une plante d’Europe
centrale, connue sous le nom de
“Belladone de Hongrie”, parce que ses
feuilles ont été substituées à celles de la
Belladone. Les feuilles et les parties
souterraines sont assez riches en
alcaloïdes constitués par un mélange
d’hyoscyamine,
d’atropine
et
de
scopolamine et ont des propriétés
antispasmodiques.
Withania somnifera, Ginseng indien
La racine très développée et
ramifiée est inscrite à la Pharmacopée
indienne, où elle est utilisée pour ses
propriétés sédatives. En Inde, cette
espèce, appelée Ashwagandha, est
spontanée et cultivée. Elle s’est répandue
en Afrique du Sud, au Proche-Orient et
dans la région méditerranéenne.
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Bien que les feuilles et les fruits aient une action thérapeutique, la
plupart du temps, la préparation à base de cette plante en Occident provient de
ses racines.
Elle contient de nombreux composés, notamment des stéroïdes
originaux appelés withanolides, des alcaloïdes dérivés du tropane (somnine,
somniférine, tropine, withanine, etc.) et des lactones stéroïdiques. La racine
est très utilisée dans la thérapeutique indienne. Elle est préconisée dans la
médecine ayurvédique comme tonique général, aphrodisiaque et dans le
traitement des maladies nerveuses.
Solandra grandiflora, Trompette à Mari-Barou
C’est une puissante liane grimpant sur les arbres les plus élevés. Elle
contient de la solandrine (pseudohyoscyamine, norhyoscyamine) dont les
effets sont proches de l’atropine. Elle est utilisée au Mexique pour ses
propriétés hallucinogènes.
Solandra guttata
Toutes les parties de la plante, sauf le fruit, contiennent de la
solandrine. Elle est utilisée au Mexique.
Solandra nitida, Feur trompette jaune
Cette plante grimpante ligneuse aux grandes fleurs en cloche jaune
clair contient également de la solandrine et, comme la précédente, est utilisée
au Mexique.
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Solanacées à nicotine
Les Tabacs, genre Nicotiana
Leur alcaloïde principal, la nicotine, est toxique. On l’utilise en
phytopharmacie contre les ennemis des cultures.
Le Tabac a été anciennement cultivé par les Indiens d’Amérique qui le
fumaient dans de longues pipes ou calumets pour sceller la paix. Ils s’en
servaient aussi en médecine, et c’est comme remède que le Tabac fut introduit
en Europe, d’abord en Espagne puis en France. C’est surtout Jean Nicot (en
l’honneur de qui fut créé en 1565 le genre Nicotiana) qui contribua à sa
diffusion. Il considérait le Tabac comme un remède contre les maux de tête et
la goutte. Catherine de Médicis l’utilisa contre ses migraines.
La France est un petit producteur, la culture étant surtout pratiquée
dans les départements du Sud-Ouest (Lot-et-Garonne, Dordogne) et de l’Est
(Bas-Rhin).
Nicotiana tabacum, Grand Tabac
Inscrit à la Pharmacopée française jusqu’en 1884, les feuilles de cette
espèce annuelle ont été prescrites sous forme d’infusé, en lavement contre
l’occlusion intestinale et comme vermifuge.
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Nicotiana rustica, Petit Tabac, Tabac femelle
Originaire d’Amérique tropicale, les Indiens d’Amérique du Nord
utilisaient les feuilles fraîches en cataplasmes contre la douleur.
Entier de Russie de 1931, plantation de tabac et plant de N. rustica
Nicotiana glauca, Tabac glauque
Les feuilles de cette plante ligneuse du
Sud péruvien seraient un narcotique plus actif
que certains Daturas également employés. N.
glauca contient, outre la nicotine, de la
nornicotine et de l’anabasine. Elles sont utilisées
en applications externes
comme
antiinflammatoire en médecine populaire dans le
nord-ouest de l’Argentine.
Nicotiana alata, Tabac d’ornement
Cette espèce ornementale est
utilisée en élixir floral pour arrêter de
fumer.
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Cestrum nocturnum = C. parqui, Dame de nuit
La plante est utilisée en infusion contre les céphalées et en cataplasme
sur le ventre pour diminuer l’hypertension et la tachycardie. Elle contient des
saponosides, tel le nocturnoside A isolé des feuilles fraîches.
Fabiana imbricata, Fabiana imbriquée
Originaire d’Amérique du Sud
(Chili), la Fabiana est un arbuste
ligneux à feuillage persistant vert
sombre, présentant en été une profusion
de minuscules fleurs solitaires à calice
tubulaire. C’est un remède populaire au
Chili sous le nom “Pichi”. Il est prescrit
en médecine traditionnelle comme
cholagogue, diurétique, tonique. Il est
utilisé dans le traitement des cystites,
calculs
biliaires,
gonorrhées
et
néphrites.
Solanacées à glycoalcaloïdes stéroïdiques
Ces alcaloïdes sont fréquents dans le vaste genre Solanum, représenté
par environ 1 700 espèces des régions tempérées et tropicales. Elles
contiennent deux groupes principaux de stéroïdes azotés :
- les dérivés du solanidane, dont le type est la solanidine, génine des
solanines.
- les dérivés du spirosolane, dont le type est la solasodine, génine des
solasonines.
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Solanum adoense
Contenant de la solasodine, cette
plante est utilisée en médecine
traditionnelle rwandaise où ses fruits sont
employés dans le traitement de la
blennorragie, ses
feuilles comme
émétique et pour soigner les hémorroïdes.
Solanum crispum
Native du Chili et du Pérou, où
elle est utilisée comme plante médicinale,
elle possède des feuilles persistantes, des
grappes de fleurs bleu noir en été. Toutes
les parties de cette espèce sont toxiques.
Elle est utilisée comme plante grimpante
pour les treillis, clôtures, etc.
Solanum dulcamara, Douce-amère
Cette plante grimpante des lieux humides à tige subligneuse porte des
feuilles vert foncé, entières ou trilobées selon leur position sur la tige. Les
fleurs sont d’un bleu-violet profond taché de jaune et de vert à la base. Les
fruits sont des baies elliptiques d’un rouge brillant à maturité.
C’est une plante toxique. La
teneur en alcaloïdes est maximale dans le
fruit vert et il existe plusieurs
chémotypes. La tige est réinscrite à la
Pharmacopée française en 1975.
Elle est depuis toujours considérée
comme une importante plante médicinale,
employée en infusion comme fébrifuge,
contre la pneumonie, la jaunisse et les
maladies vénériennes, en compresses
contre les maladies de la peau.
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Solanum elaeagnifolium, Morelle jaune
C’est
une
espèce
vivace
rhizomateuse et drageonnante originaire
du continent américain (Sud-Ouest des
États-Unis, Mexique, Brésil, Uruguay,
Argentine). Elle est utilisée comme source
d’alcaloïdes stéroïdiques dans l’industrie
pharmaceutique. C’est une mauvaise
herbe redoutable un peu partout dans le
monde, en particulier dans le bassin
méditerranéen.
Elle
présente
des
composés à activité molluscicide.
Solanum laciniatum, Morelle laciniée
C’est un arbuste glabre à
feuilles lancéolées et laciniées à fleurs
violettes, à fruits jaunes ou verts. Cette
espèce est originaire d’Australie et de
Nouvelle-Zélande. La richesse des
feuilles en hétérosides de la solasodine
en fait une matière première intéressante
pour la préparation des stéroïdes dans
les pays qui ne disposent pas des
Dioscoréas tropicaux comme source de
génines stéroïdiques. La feuille possède
une activité anti-tumorale.
Solanum lycopersicum
Appelée parfois Lycopersicum esculentum, c’est la Tomate
alimentaire. Les feuilles des Tomates sont riches en gluco-alcaloïdes dont le
principal est la tomatine, hétéroside de la tomatidine, proche de la solasodine.
La tomatidine est douée de propriétés bactériostatiques et antifongiques qui
intéressent la phytopharmacie et la médecine vétérinaire. On la dit également
anti-inflammatoire et anesthésique et elle conviendrait aux rhumatisants et
goutteux. La tomatidine peut être utilisée, comme la solanidine, pour
l’hémisynthèse des hormones stéroïdiques. Les Aztèques utilisaient la pulpe
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broyée des fruits avec du beurre contre les hémorroïdes, le jus comme
désinfectant en compresses en cas de piqûres d'insectes venimeux et
appliquaient des tranches fines des baies sur les inflammations des yeux.
Solanum mammosum, Pomme poison, Morelle mammée
Cette petite plante ornementale
ligneuse à feuilles pubescentes présente
des petites fleurs mauves suivies de fruits
très décoratifs. La plante et les fruits
contiennent des glycoalcaloïdes de type
solanine En Asie du Sud Est, à petites
doses, elle agit comme “narcotic bitters”.
En usage local, la plante macérée dans
l’eau est anti-hémorroïdaire.
Solanum mauritianum = S. verbascifolium
Cette plante médicinale est utilisée dans
de nombreux pays, notamment en Asie.
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Solanum nigrum, Morelle noire
Cette
mauvaise
herbe
annuelle possède des feuilles vert
sombre, cunéiformes ; ses petites
fleurs blanches sont groupées en
corymbe et les fruits sont des petites
baies globuleuses généralement
noires et charnues, d’où fut retirée la
solanine, première substance active
isolée des Solanum en 1820. La
teneur en alcaloïdes est très variable.
La tige feuillée a été réinscrite à la Pharmacopée française en 1975.
C’est surtout pour l’usage externe, comme émollient, antinévralgique,
analgésique qu’on emploie la Morelle noire, laquelle se rapproche à cet égard
des Solanacées para-sympatholytiques. En Dominique, l’infusé de la tige
feuillée est utilisé pour calmer les douleurs abdominales, pour traiter le rhume
et l’hypertension.
Solanum ovigerum
Le fruit de cette plante possède
une activité acétylcholinique.
Solanum pseudocapsicum
Dénommé couramment en
France ‘Pommier d’Amour’, il se
présente sous forme d’un sousarbrisseau à feuilles lancéolées. Les
fruits sont des baies globuleuses
rouge à maturité.
La plante renferme des gluco-alcaloïdes et des saponosides dont la
solanocapsine à propriétés antibactériennes.
En Dominique, l’utilisation est identique à celle de S. nigrum. En
Tunisie, la plante est appliquée en cataplasme sur les brûlures et contre les
dermatoses, tandis qu’au Niger, la poudre des feuilles est utilisée comme
hémostatique local.
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Solanum sodomaeum
Cette plante herbacée, utilisée dans divers pays, est communément
rencontrée en Tunisie où le fruit sert à traiter, en usage externe, verrues et
eczéma. Cette espèce est une source de solasodine, matière première pour
l’hémisynthèse des hormones stéroïdiennes. La variété hermanii contient des
glycoalcaloïdes à propriétés antitumorales.
Solanum torvum
La plante et les fruits contiennent des
gluco-alcaloïdes du type solanine. Elle est
utilisée dans de nombreux pays. En Dominique,
l’infusé des feuilles jeunes, en association avec
la tige feuillée de Bidens pilosa, est utilisé dans
le traitement de la dysurie. Les fleurs sont
employées en infusion contre les douleurs
abdominales chez les nourrissons. En
Guadeloupe, on emploie les racines macérées
dans de l’eau contre les coliques néphrétiques.
Solanum tuberosum
C’est la Pomme de terre qui sera
abordée avec les Solanacées alimentaires. Mais
on doit savoir que toute la plante renferme de la
solanine, mélange de gluco-alcaloïdes dont la
génine est la solanidine. Dans la pomme de terre
verdie ou germée, la concentration en solanines
augmente et peut provoquer des intoxications.
La solanine a été préconisée en thérapeutique
comme antinévralgique et comme analgésique,
notamment dans les prurits. On trouve aussi des
calystégines, alcaloïdes dérivés du nortropane.
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Petunia X hybrida
Cette plante contient des malvidines
diacétylées (anthocyanes) dans les fleurs et
des stéroïdes immunosuppresseurs et
virostatiques.
Les Lyciets, genre Lycium
Les fruits de Lycium chinense ont été utilisés comme tonique en
médecine orientale. Ils contiennent des composés volatils neutres,
stéroïdiques et des alcaloïdes. Ils possèdent une activité antihypertensive, un
effet inhibiteur sur le développement du foie gras et la capacité à réduire le
taux du sucre sanguin.
Lycium shawii contient des alcaloïdes, des flavonoïdes, des stérols,
des triterpènes, des coumarines, des tanins. Il a une activité antimicrobienne.
Le genre Physalis
Il renferme des calystégines, alcaloïdes dérivés du nortropane, et des
glycoalcaloïdes stéroïdiques dérivés du spirosolane.
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Physalis alkekengi, Alkékenge
Le fruit, baie globuleuse rouge vif,
a été réinscrit à la Pharmacopée française en
1975. Il possède
des
propriétés
diurétiques. L’Alkékenge est utilisé de
longue date dans toutes les affections
urinaires, y compris la lithiase rénale : il
était une grande plante des voies urinaires.
La plante entière figure toujours à la
Pharmacopée du Venezuela. Les feuilles
ont été prescrites en usage externe comme
émollient et sédatif ; elles renferment de la
physaline. Le rhizome est utilisé en
Extrême-Orient
comme
expectorant,
antitussif et utéroactif.
Physalis peruviana, Coqueret du Pérou
C’est un diurétique. Il contient des withanolides. Le jus des feuilles
est donné dans les maladies intestinales tandis que les feuilles chaudes sont
appliquées en cataplasme. L’extrait des feuilles montre une activité
antibiotique contre les Staphylocoques. Dans le sud péruvien, les maladies
d’yeux sont traitées par le jus du fruit. En Guyane française, on utilise
l’infusion des feuilles comme cholagogue. En France, les fruits du Coqueret
du Pérou sont vendues dans le commerce et accompagnent agréablement le
café enrobées de sucre ou de chocolat.
Solanacées à amides
Les fruits des Piments, genre Capsicum, renferment des substances à
saveur piquante et à propriétés rubéfiantes, en particulier de la capsaïcine. Les
Capsicum sont originaires d’Amérique tropicale, mais répandus dans toutes
les régions tempérées chaudes et tropicales. C’est le fruit des Capsicum qui
est utilisé comme aliment, comme épice et en pharmacie pour ses propriétés
rubéfiantes.
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Capsicum annuum, Gros Piment, Piment doux, Piment des jardins
Le fruit mûr séché a été inscrit à
la Pharmacopée française jusqu’en 1884
et figure toujours dans diverses
Pharmacopées. Peu rubéfiant, c’est
surtout un aliment riche en vitamines.
La vitamine C est abondante dans ce
Piment. Par la présence de capsaïcine,
c’est un stimulant de l’appétit et de la
digestion. En pharmacie, on l’utilise
comme excitant de l’appétit et de la
nutrition
et
aussi
comme
antihémorroïdaire. Il possède une
activité antivirale.
Capsicum frutescens, Petit Piment, Piment enragé, Piment de Cayenne
Le fruit mûr séché a été inscrit à la Pharmacopée française jusqu’en
1884, au National Formulary des États-Unis jusqu’en 1900 et figure au
British Pharmaceutical Codex (1968).
C’est une épice très utilisée dans les pays tropicaux. Très riche en
capsaïcine, elle a des propriétés irritantes qui la font employer comme révulsif
en thérapeutique (le thermogène).
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Lettre-entier belge à publicités multiples de 1913
En cataplasme, les feuilles hâtent la maturation des furoncles, abcès…
En décoction, elles soulagent asthme, toux, bronchite. En gargarisme, on les
utilise contre les maux de gorge. C’est un stimulant de la digestion.
Solanacées médicinales alimentaires
La Tomate, les Piments et le Coqueret du Pérou ont été vus
précédemment, leurs fruits étant à la fois alimentaires et médicinaux. Le genre
Solanum présente plusieurs autres espèces médicinales alimentaires.
Solanum aethiopicum, Aubergine africaine, Aubergine amère
Elle est utilisée comme
plante médicinale au Nigéria. En
Afrique centrale, le jus des feuilles
est utilisé en externe contre les
piqûres d’insectes et de scorpions.
On la trouve dans les jardins
botaniques en Europe et ailleurs.
Les fruits sont comestibles.
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Solanum macranthum
Cette
espèce
herbacée
envahissante est originaire d’Amérique
tropicale et cultivée comme la Tomate.
Avec d’autres Solanum (macrocarpon,
mauritianum, torvum), on l’appelle
Bringellier. Elle est médicinale en
Égypte.
Solanum melongena, Aubergine
L’Aubergine est originaire d’Asie
équatoriale. On la retrouve dans toutes les
régions tempérées chaudes. La partie
utilisée est le fruit. Les principes actifs
sont essentiellement des anthocyanes, de
l’acide caféique, de la choline, de la
trigonelline, des saponosides, etc.
L’aubergine joue un
rôle
régulateur sur la cholestérolémie. Elle a
également une action diurétique et
cholagogue. Surtout alimentaire, elle est
très rarement utilisée en thérapeutique :
elle l’est surtout dans le cadre de la
prévention de l’athérosclérose.
Solanum tuberosum, Pomme de terre
C’est une plante alimentaire de grande culture pour ses tubercules
riches en amidon. La fécule de Pomme de terre est inscrite à la Pharmacopée
européenne. La Pomme de terre est une plante vivace par ses tiges
souterraines renflées en tubercules. Originaire des régions montagneuses de
l’Amérique du Sud, elle était cultivée depuis longtemps au Pérou et au Chili
avant la découverte de l’Amérique par les Européens.
La plante fut importée du Pérou par les Espagnols à la fin du XVIe
siècle et fut alors cultivée un peu partout en Europe à une faible échelle. La
propagande du Pharmacien Parmentier au XVIIIe siècle a fait beaucoup pour
son amélioration et sa diffusion.
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La pomme de terre est un bon aliment glucidique, très digeste après
cuisson. Mais elle est déficiente en lipides, en protides et pauvre en vitamines
lorsqu’elle est pelée. C’est un succédané du pain chez les diabétiques.
En pharmacie, la fécule de Pomme de terre, utilisée sous forme
d’empois, de cataplasme, de lavement, est un émollient. Elle est aussi un
excipient (tablettes).
Comme nous pouvons le constater, les Solanacées médicinales sont
assez nombreuses sur le plan philatélique : un seul timbre pour certaines
espèces et plus d’une vingtaine pour d’autres.
Curieusement, alors que le genre Solanum représente à lui seul au
moins 130 espèces médicinales, seulement 15 % d’entre elles figurent sur
des timbres.
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