Israël - Consistoire de Paris

Transcription

Israël - Consistoire de Paris
Israël :
les nouvelles
générations
Par Ami Bouganim
Culture:
Le patrimoine juif
européen
Diasporas :
Les Juifs
du roi Albert
Mémoire :
Les nouveaux
marranes
N°293 - SEPTEMBRE 2009 - 3€
Israël : Le jour où éclata
la guerre de Kippour
M 01907 - 293 - F: 3,00 E
3:HIKLTA=\UXUUU:?k@c@j@n@a;
N°293 - SEPTEMBRE 2009
AU SOMMAIRE D’
A NOS LECTEURS
TICHRI
4- La prière de Hanna par le Grand Rabbin Gilles Bernheim
6- La mémoire du monde par Joël Mergui
8- "Sois très très humble" par le Grand Rabbin David Messas
8- Les jours redoutables
10- "Pour l'amour de la mémoire" par Albert Bensoussan
KIPPOUR 1973
12- "Chalom, chalom, veeyn chalom" par Josy Eisenberg
ISRAËL
15- "Welcome Sir and good Luck"… par Ami Bouganim
ECONOMIE
19- Euphorie à la bourse de Tel-Aviv par Philippe Meyer
HUMEUR
20- Interrogations par VM
DIASPORA
22- Les Juifs du roi Albert Par Gérard Silvain
LA VIE DU CONSISTOIRE -26
BONNES FEUILLES
40- Les nouveaux marranes par Paul Giniewski
MÉMOIRE
42- "Il faut laisser du temps au temps" par Paul Shaffer
CULTURE
43- Le patrimoine juif européen par Dominique Jarrassé
LIVRES
46- Les éditeurs annoncent
CINEMA
47- L'éducation carcérale d'un apprenti parrain par Elie Korchia
COURRIER -48
CARNET -49
VERBATIM -50
A
u-delà du lot de bonnes et de mauvaises
nouvelles qui font le quotidien de chacun
d'entre-nous et qui finalement rythment
nos vies, l'année écoulée a été marquée par
une conjonction exceptionnelle d'événements majeurs pour le monde dans son
ensemble. Crise économique et financière, élection de Barack
Obama à la Maison Blanche, déclenchement de la grippe A, arrivée de Benjamin
Netanyahu à la tête du gouvernement en Israël et nouvelle donne au Proche-Orient,
réélection très contestée du Président iranien : autant d'événements de premier plan
pour lesquels rien n'est joué, dont l'histoire reste à être écrite et dont l'évolution dessinera
en grande partie les contours et le contenu de l'année à venir.
Rarement dans un passé récent, un début d'année n'aura été dominé par des
incertitudes aussi fortes sur un nombre aussi élevé de sujets aussi importants. Rarement
leur issue aura été aussi imprévisible. Rarement leurs conséquences à venir auront été
aussi fortes et durables. En fonction d'un scénario ou d'un autre pour chacun d'entreeux, le monde en sortira différent.
Une telle situation fait naître au niveau individuel et collectif un défi à la fois terrifiant
et passionnant, comme le sont ces Dix jours redoutables entre Roch Hachana et Yom
Kippour, les yamim noraïm, qui sont comme chaque année sur notre route, pour aussi
nous permettre de nous y préparer.
Et comment, à l'aube de cette nouvelle année, ne pas penser à notre frère Guilad
Shalit qui va passer ses troisièmes fêtes de Tichri consécutives en captivité, loin de sa
famille et de ses proches ? Parmi toutes les incertitudes qui sont devant nous, l'attente
de son retour sain et sauf parmi les siens occupera encore et toujours une place centrale
dans nos esprits.
Dans un monde tellement incertain, Information Juive continuera à vous en faire
l'écho le plus fidèle et à vous en fournir les analyses les plus pertinentes, pour vous aider
à mieux le décrypter et donc à mieux le comprendre. A cet égard, notre constant effort
de développement, marqué il y a deux ans exactement par le lancement de cette nouvelle
formule qui vise à en améliorer tant la forme que le fond, va se poursuivre. De nouveaux
projets vous seront proposés dans les semaines à venir afin d'aller toujours plus loin
dans l'essor de votre journal, avec votre soutien et votre aide qui en demeurent les
conditions premières.
Dans un monde tellement incertain, nous resterons avant tout attaché à mériter la
confiance que vous nous accordez depuis si longtemps et à vous fournir cette information
juive de qualité que vous êtes en droit d'attendre et qui a toujours été notre unique
exigence.
Qu'il me soit permis, au nom de l'équipe du journal, de vous souhaiter, ainsi qu'à
vos proches, une année 5770 pleine de santé, de bonheur et de prospérité. Que la paix
règne enfin sur Israël et accompagne l'ensemble du peuple juif.
Chana Tova Oumetouka.
Philippe Meyer
Directeur de la Publication
INFORMATION JUIVE
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Les
manuscrits nonJUIVE
retenusJuin 2008 3
INFORMATION
ne sont pas renvoyés.
TICHRI
La prière de Hanna*
C
omme l'enseignait déjà
un maître du hassidisme,
Rabbi Elimelekh de
Lizensk, "il y a toujours
une raison de prier".
Nous avons tous quelque
chose, dans nos vies, que Dieu va utiliser
pour nous amener à nous incliner
devant Lui. Pour certains, il va s'agir
d'une maladie incurable ou d'une
souffrance physique chronique. Pour
d'autres, ce sont des problèmes
financiers, un mariage en difficulté ou
un membre de leur famille qui les irrite
profondément. Pour d'autres enfin, c'est
une mauvaise habitude, un rêve brisé
ou un désir non réalisé qui invite à la
prière.
Pour Hanna, c'était sa stérilité,
considérée comme une disgrâce. Une
femme stérile jetait le discrédit sur son
mari et sur leurs familles respectives, les
exposant à la honte et aux critiques. Pour
aggraver encore la profonde amertume
due à sa stérilité, Peninna, la deuxième
femme d'Elqana, mari de Hanna, était
mère de plusieurs enfants et prenait
plaisir à le rappeler à cette dernière.
Hanna était l'épouse préférée d'Elqana
et, bien qu'elle fût tendrement aimée de
lui, cela ne suffisait pas à soulager sa
souffrance émotionnelle. Elle se sentait
impuissante face à cette situation,
désespérée et profondément déprimée.
Dieu l'avait rendue stérile et Dieu seul
était en mesure de l'aider.
Des générations auparavant, Sara
avait été, elle aussi, stérile. Mais elle
avait un plan. Elle élabora un stratagème
afin de permettre la conception d'un fils
pour son mari, Abraham. Bien qu'ils
fussent tous deux avancés en âge, Dieu
leur avait fait la promesse d'une
descendance et d'un héritage, d'une
lignée et d'une famille aussi nombreuse
que les étoiles dans le ciel. Cependant,
après de longues années sans le
moindre signe de grossesse, Sara décida
d'offrir à Abraham sa servante Agar, afin
que celle-ci porte l'enfant de son mari à
sa place. Au lieu de venir à Dieu dans
son impuissance et d'attendre de Lui
4 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
PAR GILLES BERNHEIM, GRAND RABBIN DE FRANCE
l'accomplissement de la promesse, en
son temps, Sara préféra apporter sa
propre solution au problème.
Hanna, quant à elle, n'a pas voulu
régler son problème elle-même, comme
l'avait fait Sara. Elle s'est rendue au
Temple de Silo et a répandu son âme
devant Dieu. Consciente de son
impuissance à changer sa situation,
Hanna connaissait le Dieu qui était
capable de l'aider, plein de compassion
à l'égard de ceux qui, dans le besoin, se
tournent vers Lui. Elle pleurait et
Le grand rabbin de France, Gilles Bernheim
s'abandonnait entre les mains de Dieu
dans une attitude de totale dépendance
à Sa miséricorde. Alors qu'elle priait,
Israël et celui que l'Eternel avait choisi
pour oindre David comme roi.
Qu'est-ce que la prière et quelle est
son efficacité? La prière fait partie de ces
concepts nébuleux qui défient toute
logique. Elle est bien davantage que le
faire-part de nos besoins. Les prières de
ces femmes de l'histoire biblique ne
détiennent ni secret à découvrir ni
aucune formule garantissant une
réponse divine. Dans la prière nous
demandons notre pain quotidien. Nous
confessons nos fautes et nous partageons
nos rêves, nous supplions Dieu d'obtenir
miséricorde et nous rions de joie. Cela
ne signifie pas que nous obtenions
forcément tout ce que nous réclamons,
mais nous sommes invités à demander
avec une totale liberté sans crainte de
l'opinion des hommes.
S'il y a effectivement un secret à
propos de la prière, c'est le suivant: nous
sommes libres de demander. Pourtant,
il arrive que nous ayons besoin
d'encouragement pour continuer à
demander et à prier. Non pas que nous
ne sachions pas comment prier, mais
nous nous lassons facilement et,
découragés, nous abandonnons. Il n'est
pas nécessaire d'assister à une
conférence sur les raisons pour
lesquelles nous devons prier. Il est en
revanche utile d'avoir la présence de
quelqu'un auprès de nous pour nous
encourager à persévérer. Car le meilleur
encouragement réside souvent dans la
compagnie de ceux qui prient. S'il y
S'il y a effectivement un secret à propos de la prière,
c'est le suivant: nous sommes libres de demander.
Hanna parlait dans son cœur, sans qu'un
son sortît de sa bouche, seules ses lèvres
remuaient. Elle lui faisait tellement
confiance qu'Il ne pouvait que répondre
à son cri et venir à son aide.
Peu de temps après, Hanna fut
enceinte et donna naissance au grand
prophète Samuel. Cet enfant grandit
pour devenir un homme béni de Dieu,
destiné à devenir le dernier juge en
arrive, alors j'y parviendrai aussi! La
prière est pour vous et moi. Puissent ces
lignes nous encourager, en ce mois de
Tichri, alors que nous approchons
ensemble du trône de Dieu.
Chana Tova Oumetouka.
--*La Haftara du 1er jour de Roch
Hachana
TICHRI
La mémoire
du monde
L
e thème de la mémoire
est
un
des
plus
récurrents dans les
textes de la tradition
juive. Dans différents
versets de la Torah, il
nous est fait injonction de nous
souvenir et de ne pas oublier. Moïse
lui-même, dans les paroles d'adieu
qu'il adresse au peuple hébreu,
adjure nos ancêtres : "Souviens-toi des
jours antiques, médite sur la
génération du lointain passé.
Interroge ton père, il te l'apprendra ;
tes grands parents, ils te l'expliqueront".
Mais c'est au mois de Tichri et de
ses solennités en particulier, que ce
thème revêt pour nous une
importance considérable. C'est le mois
au cours duquel nous sommes appelés
à nous souvenir. De quoi ? D'abord,
de la création du monde et du fait
qu'elle n'a pas été le fait du hasard.
Des finalités de l'homme, de ses
devoirs envers le ciel et de ses
responsabilités envers les
autres. De ce qu'il a fait et de ce
qui lui reste à faire. Nous
souvenir aussi que nous avons
des comptes à rendre au ciel
ainsi qu'aux femmes et aux
hommes qui nous entourent.
Tichri est le mois au cours
duquel nous sommes jugés
mais c'est aussi celui de la
confiance et de l'espérance.
Nous souvenir enfin de ce
que le repentir est à tout instant
à la portée de l'homme. Ce concept de
la techouva est sans doute un des plus
forts et des plus denses dans les textes
de la liturgie de Tichri et
singulièrement dans celle de Roch
Hachana et de Kippour. Il ne signifie
pas seulement retour et réponse. La
techouva
est
également
reconstruction, refonda-tion. Elle
6 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
PAR JOËL MERGUI*
permet de réparer ce qui a été
fautivement ou incomplè-tement
accompli ou encore ce qui a été raté.
Le repentir a pris dans nos différents
textes de référence une importance
tourner de temps à autre vers nos
racines. Parce qu'elles nous informent
et qu'elles nous enrichissent.
Comprendre ses racines est une tâche
difficile mais indispensable. Un
“J'ai toujours considéré les diverses étapes
qui ponctuent le mois de Tichri comme
l'expression de la nécessité de nous tourner
de temps à autre vers nos racines.”
telle que nos maîtres disent qu'il a été
créé avant le monde lui-même.
Un des dictons les plus connus dans
la littérature rabbinique est celui qui
prétend que " les portes de la prière
peuvent parfois être fermées mais
celles du repentir sont, elles, toujours
ouvertes". C'est ainsi que Maïmonide
évoque à propos de la techouva et de
Roch Hachana, que la sonnerie du
chofar renferme une allusion
essentielle au réveil, à l'examen de sa
propre conduite et au souvenir de la
Création.
Personnellement, j'ai toujours
considéré les diverses étapes qui
ponctuent le mois de Tichri, l'un des
plus beau de notre calendrier, comme
l'expression de la nécessité de nous
éducateur kibboutznik, Moki Tsour,
raconte l'exemple d'une personne qui
ayant entendu parler de l'importance
des racines, déracinait chaque matin
le jeune arbre qu'elle venait de planter
pour l'examiner. L'arbre ne grandit
jamais.
On sait que Benjamin Disraéli resta
farouchement attaché à ses racines
juives. Un jour, il répondit ceci à un
opposant politique qui raillait ses
origines juives : " Quand les
ancêtres de cet honorable
monsieur n'étaient que des brutes
sauvages habitant dans une île
inconnue, les miens étaient
prêtres au Temple de Jérusalem".
" Yom Hazikarone ", jour du
souvenir que nous célébrons avec
tant de foi et de ferveur dans
toutes nos synagogues : c'est ainsi
que la Bible appelle le jour de
l'an, Roch Hachana. Evoquer le
passé et le comprendre nous aide
à regarder les événements sous
leur jour véritable. Selon le
Nahman de Braslaw, "C'est dans le
souvenir que réside le secret de la
rédemption". Et il est bon que cette
inscription figure à l'entrée du Yad
Vashem, le Mémorial de la Shoah.
--*Président du Consistoire Central et
de Paris
TICHRI
“Sois très très humble”
(Mishna Avoth)
PAR DAVID MESSAS, GRAND RABBIN DE PARIS
H
illel enseigne : " Quiconque se
sert de la couronne (de la
Torah) se perdra ". La Torah est
la carte d'identité d'Israël.
Nous n'y lisons pas seulement notre histoire ancienne, nous y découvrons qui
nous sommes aujourd'hui. Les rêves de
nos illustres ancêtres sont toujours nos
rêves, leurs combats sont toujours nos
combats. Cette Torah appartient donc à
chacun. " La couronne de la Torah est
posée devant chaque homme, qui veut la
prendre, vienne la prendre. " Hillel pose
une condition à cette démocratisation du
savoir : Ne pas user de la Torah à des fins
personnelles. La Torah ne peut servir que
la noble tâche du service divin, non un
intérêt privé, fût-ce pour être appelé "
Rabbi ".
L'homme est toujours prompt à tirer profit de toute situation qui lui offrira un
avantage. Le basculement vers l'orgueil
demeure alors un piège permanent. Ne
pas se servir de la Torah pour briller soimême, mais pour faire briller le nom divin
reste un défi.
Les fêtes de tichri représentent des rendez-vous exceptionnels pour ne pas basculer dans l'illusoire et découvrir le vrai
sens de la vie. Alors que la société
moderne nous fait miroiter que plus
l'homme possède et plus l'homme est heureux, la Torah nous enseigne au contraire.
Que c'est, souvent, dans le dépouillement
et la simplicité que l'homme peut trouver
la joie authentique, la simha. J'en veux
pour preuve cette belle fête de Souccoth
nommée " temps de notre joie ". Ici la joie
se conjugue avec le fait de quitter sa
demeure fixe pour entrer dans une
demeure provisoire. Quitter la condition
du sédentaire pour redevenir un nomade
devant D., c'est affirmer que l'essentiel ne
se trouve pas dans l'avoir, mais dans l'être.
Nous comprenons pourquoi nous lisons
Kohéleth à la fête de Souccoth. Le livre
de l'Ecclésiaste commence en effet par :
" vanité des vanités " et s'achève par : "
crains D. et accomplis Ses commandements, car c'est cela tout l'Homme. " Certes, tel est le sens de notre authentique
humanité.
Chana tova oumétouka.
Les jours redoutables
On sait que selon la tradition, c'est à Roch Hachana que chacun est jugé pour l'année à venir et c'est à Yom Kippour
qu'est rendu le verdict définitif. Quant aux dix jours qui s'écoulent entre le début du Jour de l'an et la fin du Grand
Pardon, ils sont appelés les jours de repentance. Les thèmes de la prière et de la techouva sont omniprésents dans
la liturgie de ces journées. Voici, extrait du livre " Ainsi parlait le hassidisme " ( Editions du Cerf ) un bouquet de
formules relatives à ces thèmes.
Si j'avais à choisir, j'aimerais mieux ne
pas mourir. Dans le monde à venir en effet,
il n'existe pas de "jours redoutables".Or, que
peut faire l'âme humaine sans " les jours
redoutables"?
Chmelke de Nikolsbourg
Puissè-je aimer le plus grand sage d'Israël comme Dieu aime le plus grand pervers
Chlomo de Karlin
Quand au sein du peuple règnent l'union
et l'amour, qui a besoin d'un roi ?
Yossef Leiner
-Rabbi, apprenez-moi à craindre Dieu !
-Cela, je ne le sais pas mais je peux
t'apprendre à aimer Dieu : commence par
aimer ton prochain!
Mendel de Kotzk
La voie du bien est unique. Les chemins
du mal sont multiples.
Chmouël de Chokhsov
Nous ne savons absolument pas de
quelle façon nous devons prier. Tout ce que
nous savons c'est crier au secours selon le
besoin et la détresse du moment.
Ouri de Strelisk
8 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
Il vaut mieux encore une ferveur sans
prière qu'une prière sans ferveur.
Bounam de Pssiskhé
Si je savais que j'ai, une seule fois, prononcé un amen comme cela doit être dit réellement, je ne me ferais pas de soucis
Moché de Kobryn
Peut-être en effet toutes les portes du ciel
se sont-elles fermées à nos prières? Mais pas
celles du chant et des cantiques.
Nahman de Braslaw
Le tsar prétend qu'il est le roi ainsi qu'Untel et Untel. Et moi je dis : que le Nomde
Dieu soit sanctifié et qu'il soit glorifié !
Lévy Yitzhak de Berditchev
Dieu ! Si nous n'avions pas de péchés, que
ferais-tu de ton pardon ?
Lévy Yitzhak de Berditchev
Maître du monde ! Je viens te demander
ce qu'Israël représente à tes yeux. Il y a longtemps que tu ne t'occupes plus de ton peuple. Tu comptes beaucoup de peuples dans
le monde. Et chacun d'entre eux affirme que
son Dieu est le vrai Dieu. Les Russes disent:
" Notre Dieu est le roi du monde " ; les Allemands : " Notre royaume est éternel " ; les
Anglais : " Notre roi est le seigneur de toute
la terre ". Et moi, Lévy Yitzhak, fils de Sara,
je dis : " Que ton Nom soit sanctifié ! ". Et je
ne bougerai pas d'ici tant que tu ne nous
envoies pas le Messie ".
Lévy Yitzhak de Berditchev
Le pardon ? Pour cela, il y a la journée de
Kippour. Mais pour se purifier, l'homme a
besoin de lui-même !
Yitzhak de Worke
L'âme humaine est comme une bougie :
elle est, par moments, allumée et, à d'autres, éteinte !
Baal ChemTov
Tout homme peut défoncer les portes du
ciel et faire repentance ! Mendel de Kotzk
Maître du monde ! J'avoue avoir beaucoup péché contre toi mais toi non plus tu
ne m'as pas donné que des joies ! Alors, je
te pardonne les peines, les malheurs et les
douleurs que tu m'as envoyés. Et, à ton
tour, pardonne-moi !
Yossef de Brod
Plutôt que de se soucier de ce que l'on va
faire demain, mieux vaut réparer ce qu'on a
fait hier !
Baal Chem Tov
REPÈRES
Tapis persan
Ramin Parham et Michel Taubmann
racontent dans le livre qu'ils publient
chez Denoël (L'histoire secrète de la
révolution iranienne ) ce que furent
ces journées de février 1979 au cours
desquelles le régime des ayatollahs
a remplacé celui du shah en Iran. Les
deux auteurs racontent en particulier
la journée du 18 février 1979, une
journée au cours de laquelle Arafat
fut reçu par Khomeiny. Le leader
palestinien se rend ce jour-là à ce
que
fut
la
représentation
diplomatique d'Israël en Iran : " Une
foule compacte et brûlante de haine
encercle le bâtiment, situé en plein
cœur de la ville, à quelques pas du
campus de l'université de Téhéran.
Victorieux, son keffieh presque défait
(…) Arafat ira saluer la foule depuis
le
balcon
de
la
mission
diplomatique. Sur la façade en crépi
jauni, au-dessus d'un drapeau
palestinien planté sur le balcon et
d'un bouquet d'œillets rouges, deux
mots tagués en lettres rouges latines
" Viva PLO ".Les Israéliens avaient
pris soin de détruire tous les
documents sensibles. Une foule
déchaînée dévalisera les locaux,
emportant en butin un gigantesque
tapis persan .Celui-ci avait garni
jadis les intérieurs de Son Excellence
l'ambassadeur de l'Allemagne nazie.
Au lendemain de la guerre, la
communauté juive téhéranaise l'avait
acheté et en avait fait don, dans les
années 60, à la chancellerie
israélienne. Il ne servira donc pas à
garnir le parterre de la délégation de
Palestine à Téhéran".
Le bac à Bné Berak
Selon une étude rendue publique cet été par des services officiels
israéliens, il existe un grand écart dans les résultats du baccalauréat
israélien entre d'une part les grandes villes et d'autre part les villages
pauvres et les quartiers orthodoxes. Ainsi 82,3 % des élèves de Kokhav
Yaïr et 75,6 % de ceux de Ramat Hasharon à Tel Aviv ont réussi l'année
dernière leurs examens de " Bagrout ( le bac israélien ) tandis que 14,9
% seulement des élèves étudiant à Bne Berak ont réussi à passer ce cap.
Un étudiant orthodoxe de 17 ans de Bné Berak a déclaré au journal
Maariv : " Qu'ai-je besoin d'un quelconque bac ? L'étude la Tora aiguise
l'esprit plus que tous les bas réunis. Je serai étudiant en Torah et pour
ce qui est de la vie quotidienne, il y aura ma femme ". Un autre étudiant
ajoute : " Je n'ai pas besoin d'apprendre des métiers qui m'aideront peutêtre à gagner ma vie. Nous avons vécu ainsi durant des millénaires ".
Une médaille
Rabin
Quatorze ans après qu'il ait été
assassiné, la Banque d'Israël se
prépare à mettre en circulation dans
les mois qui viennent des pièces de
monnaie portant effigie d'Itzhak
Rabin, l'ancien premier ministre et
Prix Nobel de la Paix 1994. C'est une
tradition de la Banque nationale de
frapper des monnaies à la mémoire
de Prix Nobel. Ce fut notamment le
cas pour Menahem Begin et pour
l'écrivain Chaï Agnon, prix Nobel de
littérature.
La colère
du rabbin
Un jeune rabbin, député de la
Knesset et membre de la
formation Chas, Hayim Amsellem, a défrayé la chronique en
Israël au mois d'août. Il a accusé
les responsables de son parti
d'avoir abandonné en vérité les
positions modérées des Séfarades
dans des questions religieuses.
Bien plus, il accusé les
responsables de son parti d'être
des hypocrites en ce qu'ils
annoncent vouloir perpétuer les
traditions séfarades alors même
qu'ils envoient leurs propres
enfants dans des établissements
d'éducation ashkénazes. " Notre
parti, ajoute-il, fonctionne selon
des
règles
des
yéchivot
lituaniennes. Nous sommes
responsables du sentiment d'infériorité que nous ressentons. C'est
nous-mêmes qui entretenons ce
sentiment ".
Le rabbin Amsellem est âgé de
50 ans. Il est né dans une famille
marocaine qui s'est installée en
Algérie. Il avait six mois quand
il a quitté avec sa famille
l'Algérie pour la France et 12 ans
quand il a fait son aliya en Israël.
Il a été rabbin à Genève et a
quitté la Suisse pour devenir, en
2006, député du parlement
israélien.
Il est aujourd'hui candidat au
poste de rabbin de la ville
d'Ashdod.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 9
TICHRI
“Pour l'amour
de la mémoire”
T
ichri frappe à notre porte
comme la main de cet
enfant matinal invitant
aux selihot, aux prières
de repentance, car ce
mois qui voit la
naissance de l’an neuf est aussi celui
des jours redoutables, les yamim
noraïm, qui culminent au jeûne de
Kippour. Nous savons pleurer ce jourlà, et les motifs de désolation ne
manquent pas. Nous pleurons sur les
nôtres qui ne sont plus, les parents ,
frères et soeurs, oncles et tantes, la
famille d’année en année rétrécie. Nous
pleurons sur nos morts bien plus que
sur nos fautes supposées, dont la liste
est si longue qu’elle en devient,
finalement, irréelle. Au demeurant, nous
savons bien tout ce que nous avons à
nous reprocher sans qu’on nous en dicte
l’énumération confondante, mais
saurons-nous échapper à l’automatisme
de la prière qui nous fait croire,
fallacieusement, qu’à l’issue du viddouï,
de cette confession générale des péchés,
nous serons “purs” ? Les ennemis d’hier
sont tout autant brouillés à l’issue du
Kippour, les haines se prolongent, voire
se renforcent, les bonnes résolutions ne
sont que chiffon de prière, alors à quoi
bon ? Qui n’a pas lu Qohèlet et n’en a
pas retenu pour lui-même la leçon, n’a
rien lu ni su. “L’œil n’est jamais rassasié
de voir, ni l’oreille saturée d’entendre”.
PAR ALBERT BENSOUSSAN
Le livre tout entier, pieuse
remémoration, porte le visage du père
et se présente comme un émouvant
témoignage sur cet amour inouï qui
liait l’enfant à son géniteur, et là je me
suis reconnu dans ma propre
démarche et mon sentiment le plus
profond. Alors, comme je le fais
toujours, je reprends à mon compte les
lectures de l’auteur, et me voilà plongé
dans cette poésie d’une des plus
grandes voix poétiques d’Israël – prix
Bialik, le plus prestigieux du pays.
Yehouda Amihaï, qui a connu deux
guerres, d’abord dans la brigade juive
au temps du mandat britannique,
10 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
Alors il se penche sur son propre
fils, et il s’écrie : “Mon enfant sent la
paix”. Définitivement le monde à ses
yeux se partage entre deux odeurs,
celle du vert paradis de l’enfance et
celle du carnage des bûchers, dont les
flammes s’élèvent en buisson – le
buisson ardent de Moïse – consumant
le corps de l’homme, de l’humanité
Et pour l'amour de la mémoire
je porte sur mon visage le visage de mon père.
puis dans les rangs de Tsahal pour la
guerre d’indépendance d’Israël, a écrit
des choses bouleversantes sur le
combat et la perte définitive de
l’innocence :
Dans mon labeur quotidien d’homme
d’écriture et de passeur de textes, voilà
que je tombe sur le roman de Héctor
Abad Faciolince, L’oubli que nous serons
(que je traduis pour Gallimard) et voilà
que cet écrivain colombien a mis en
exergue ces vers fulgurants de Yehouda
Amihaï :
Et pour l’amour de la mémoire
je porte sur mon visage le visage de mon
père.
En route pour le front nous avons
couché dans un jardin d’enfants
Un ours en peluche me servait d’oreiller
Vers mon visage las descendaient des
toupies
Des trompettes et des poupées
Mais non des anges
tout entière. Lui, qui est croyant et fut
élevé dans la stricte orthodoxie
ashkénaze dans l’Allemagne de son
enfance, se déchausse là, devant le
supplice des hommes consumés, car
cette terre est sacrée, elle est celle où
l’homme souffre et se déchire, et parce
que, écrit-il lumineusement “les
hommes ont tous été des enfants qui
sentaient la paix”. Mais Dieu dans
cette affaire ? La question, on le
sait, depuis l’horreur concentrationnaire est bien : “Où était Dieu à
Auschwitz?” mais Yehouda répond :
Dieu a pitié des petits enfants,
Moins encore des écoliers,
Et plus du tout des adultes
Qu’ils laissent seuls.
Yehouda Amihaï
Non, pour lui, Dieu – qui est à
l’image de son père définitivement
en allé - n’est pas absent, et il a cette
image terrifiante – et si juste, ence
qu’elle envoie à la kappara de
Tichri :
TICHRI
La main de Dieu est dans le monde
Comme la main de ma mère dans
les entrailles du coq égorgé.
Comment ne pas les entendre
clamer et invectiver les pousse-aufeu, les va-t-en-guerre ? Etre
pacifiste, est-ce donc un crime ?
Surtout quand on a déjà donné son
sang pour irriguer cette terre
d’Israël. Comment ne pas être
choqué des réactions soulevées par
l’attitude – certes, pour le moins
provocante avec son passeport
palestinien en poche - de Daniel
Barenboïm, l’un des plus illustres
musiciens de notre temps, alors que
le chef israélien n’a qu’une
ambition, lui qui a déjà tant
souffert: l’avènement de la paix sur
la terre d’Israël ? Aujourd’hui, quel
malheur ! Le mot “paix” pour
certains sonne comme une injure,
ou une insanité. Sachons écouter
un homme de souffrance tel que
David Grossman lorsqu’il nous
lance, avec les accents de
l’Ecclésiaste : “De la même manière
qu’il y a des guerres inévitables, il
y a aussi des paix inévitables”. Oui,
inévitablement il y aura un temps
de paix, comme le prédit le
Prédicateur (Qohèlet).
Alors pour Kippour, que peut-on
demander dans notre vœu de
Tikkoun olam, cette “ réparation du
monde” voulue par les kabbalistes?
Que les vases brisés, chers au
romancier hiérosolomytain David
Shahar, soient recollés, que les
mains des ennemis s’étreignent
dans une chaleur humaine et un
regard retrouvé d’enfance et
d’innocence, comme le souhaite
aussi, dans toute son œuvre, le
cœur immense d’Amihai. Et
gardons en mémoire, pour finir,
cette si belle métaphore qu’il
développe sur Kippour à Jérusalem,
cette “ville portuaire sur le rivage
de l’éternité”:
Le mont du Temple est un vaste et
luxueux bateau de plaisance
Le chofar retentit : une autre nef
lève l’ancre.
Les marins de Yom Kippour, en
uniforme blanc, grimpent aux
cordages des prières les plus
hautes…
A. B.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 11
KIPPOUR 1973
“Chalom, chalom,
veeyn chalom”
PAR JOSY EISENBERG
En octobre 1973, au lendemain de la guerre de Kippour, notre ami le rabbin Josy Eisenberg avait publié cette
tribune dans les colonnes du journal Le Monde. Il nous a paru intéressant de la reproduire ici parce que
quelques décennies après, elle n'a pas pris une ride.
J
e me trouvais dans la
synagogue du président, à
Jérusalem, lorsque les
sirènes ont retenti. Des
jeunes gens ont ouvert la
porte et fait un signe.
D'autres jeunes gens ont, sans un mot,
déposé leur châle de prière, et sont
sortis. Une jeep a démarré. Personne
de songeait à la guerre. La guerre,
maintenant, et en plein Kippour ?
Impossible. Une alerte. Une alerte
assez grave pour que l'on profane
l'interdit de voyager à Kippour. Mais
pas la guerre. Ceux qui résistaient ont
continué d'observer Kippour : le
jeûne, la prière, l'immobilité. On n'a
pas ouvert la radio. J'avais décidé
d'achever la journée devant le Mur.
J'y suis allé : la vieille ville était
bouclée. On ne m'a pas laissé passer.
Un vieux Yéménite invectivait le
policier : de quel droit ? Les portes
sont fermées, a dit l'agent. Les portes
du Ciel sont ouvertes, a répondu le
vieillard.
" Je suis là pour te protéger.
- Sot : c'est moi qui te protège
lorsque je prie. "
Il n'y a pas eu de profanation du
Kippour ce jour-là. Du moins, je ne l'ai
pas ressentie. L'angoisse et la vie
étaient si évidemment sacrées pour
tous ! Abba Eban devait parler,
quelques jours après, du Pearl-Harbor
moral. Non. Le Pearl-Harbor, c'est la
guerre. Il n'y a pas de temps propre
ou de temps sale pour faire des choses
sales. C'est la guerre qui est
profanation. Attaquer le jour du
Kippour, interrompre brutalement le
dialogue d'Israël et de son Dieu, ce
n'est rien d'autre qu'un Symptôme : le
sacré s'est éclipsé, les mots et les rites
ne sont plus sécurisants, l'état d'alerte
est notre lot quotidien.
12 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
Si c'est cela que les Arabes ont
voulu montrer : rien n'est stable, rien
n'est acquis, même le temps des
incantations nous est compté, et les
mots prononcés par nos ancêtres
peuvent être couverts par le bruit des
canons, alors, l'attaque du Kippour
était bien pensée, dans la ligne du
Chofar, de cette corne de bélier que
l'on venait de sonner partout dans le
monde, comme chaque année, pour
empêcher la conscience d'Israël de
s'assoupir. Mais s'il s'agissait d'une
opération tactique et s'ils en
attendaient un retard dans la
mobilisation de l'armée d'Israël, quelle
grossière -providentielle, disaient mes
amis- erreur d'appréciation !
Immobilisé dans la prière, Israël était
plus aisément mobilisable à Kippour
que n'importe quel jour de l'année ?
Ce jour-là, on ne voyage pas, les cafés
sont fermés. Les uns sont à la
synagogue, les autres à la maison.
A 6 heures, Kippour s'arrête. Avant
même de rompre le jeûne, chacun
s'est précipité sur sa radio ou sur sa
télévision. Dayan apparaît. Il explique
qu'Israël n'a pas voulu faire la guerre
préventive et que les Egyptiens ont
franchi le canal. Il annonce qu'ils
seront encore plus nombreux à le faire
la nuit suivante. Puis, il tente de nous
rassurer et achève son intervention,
dans ce qui apparaît déjà comme le
délire de la guerre du Kippour, par
une sentence empruntée au rite : la
guerre, dit-il, s'achèvera par une
Hatima Tova, une bonne signature,
une conclusion heureuse. C'est le vœu
que les juifs adressent traditionnellement, ce jour-là, depuis deux
mille ans : obtenir une bonne
signature de Dieu dans le livre de la
vie, après avoir obtenu son pardon. Et
ces hommes, quand commenceront-
ils à oublier et à pardonner ? Et Israël,
lui pardonnera-t-on d'exister ?
Qu'une armée prenne
position contre moi…
Cinq jours après le Kippour, c'est la
fête des Cabanes : sa préparation
commence en même temps que la
guerre. Le pays n'est plus qu'un
immense réseau de communications.
Les familles se téléphonent sans cesse
pour s'informer de l'état de la
mobilisation. Une angoisse indicible
s'est abattue sur les cœurs, alors que
les esprits fonctionnent avec diligence
et rigueur. Quelquefois mes amis
utilisent un mot qui me choque :
untel a été, disent-ils, " pris ". Ce n'est
qu'une façon de parler, mais qui
évoque d'autres souvenirs. Et je pense,
et je dis : naguère, quand un juif était
" pris " c'était par ses bourreaux et non
par ses frères, c'était dans la honte et
non dans la ferveur. Mais je ne sais
plus : être assassiné ou mourir les
armes en main, ce n'est pas la même
mort, mais c'est bien la même chose.
Morts stériles, morts fécondes : les
beaux mots ne font pas de belles
morts.
Au marché, les juifs de Mea
Shéarim, et les autres, achètent avec
le même zèle les quatre espèces que
l'on va agiter à Souccoth. Le temps
s'est arrêté : ils examinent
soigneusement, quelquefois durant
un quart d'heure, l'extrémité des
branches de palmier, qu'ils achètent,
ces branches qui ressemblent à des
épées de verdure, pour s'assurer
qu'elles sont belles, entières,
impeccables, propres aux exigences
du rite. Je sens que je deviens fou ?
Dans un ultime éclair de lucidité, je
sais que nous sommes fous.
KIPPOUR 1973
Fous de croire et de prier et de
faire les gestes, tous les gestes, et
d'interpeller Dieu avec pudeur et
modestie, et de ne pas hurler. Et je
sais que nous n'existerions pas si
nous n'étions pas naïfs et fous,
embrasés et illuminés, et que c'est la
même folie qui anime les fous du
Retour qui ont ressuscité les steppes
et les marécages d'Israël.
Et voilà qu'arrive Souccoth, et cette
autre folie des mots et des rites. On
va manger dans la Souccah, dont le
tout est à ciel ouvert, mais sous terre.
L'abri est préparé. Dîner aux
chandelles à cause du couvre-feu.
Le mot Souccah signifie à la fois
cabane et abris. Et comme toujours
on vient de prononcer dans la prière
du soir la phrase traditionnelle : "
étends sur nous la Souccah de ta
paix ". Et point n'est besoin de créer
un rite nouveau. Entre Kippour et
Souccoth, chaque année, après
chaque office, on récite le psaume
27 de David. Il commence ainsi : "
Le Seigneur est ma lumière et mon
salut : de qui aurais-je peur ? Le
Seigneur est le rempart qui protège
ma vie : qui redouterais-je ? Quand
des malfaiteurs m'approchent pour
dévorer ma chair -mes adversaires
et mes ennemis qui me guettentsont ceux qui bronchent et tombent.
Qu'une armée prenne position contre
moi, mon cœur n'éprouve aucune
crainte ; que la guerre fasse rage
contre moi, même alors je garde ma
confiance. "
Est-ce que vraiment tout est
écrit ?
Un temps pour la guerre,
un temps pour la paix
A Souccoth, un enfant récite aussi,
le matin, à la synagogue, la livre de
l'Ecclésiaste. Vanité des vanités.
Vanité du pouvoir, du plaisir, de
l'argent. Vanité de la science. Il est
un temps pour tout, un temps pour
vivre et un temps pour mourir. Un
temps pour la guerre et un temps
pour la paix.
14 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
Il faudrait pouvoir tout raconter.
Les éboueurs mobilisés, et un général
en retraite - la seule retraite en Israël
qui ne menace pas son existence ramassant les poubelles dans les rues
de Tel-Aviv. Ce permissionnaire de
vingt-trois que je prends en auto-stop
aux portes de Tel-Aviv et que je
conduis à Jérusalem. Il rentre du
ne puis expliquer comment, mais je
sais pourquoi. Parce qu'Israël a la foi,
une foi indéfinissable, frémissante et
communicative, qui est quelquefois
autre que la mienne. Ne serait-ce que
pour cela, ne serait-ce que parce qu'il
existe sur un coin de terre des
hommes
qui
croient
encore
aujourd'hui à quelque chose et
Les hommes et le pays qui vendent leurs âmes aux
Méphistophélès du pétrole entrent de plain-pied
dans la damnation de l'histoire.
front. Sa femme est enceinte. Il a
quatre heures pour la voir. Demian
matin, il sera sur son tank dans le
Sinaï. Ce prisonnier égyptien,
désarmé, désarmant, qui parle à la
télévision Israélienne, sans une
pensée pour la guerre. De sa femme
Mahsia et de son fils Ahmed, qui a
onze ans, et qu'il espère bientôt revoir.
De ces chants diffusés par la radio :
vieux chants d'il y a quarante ans,
refrains de prisonniers qui chantent
l'amour de la terre, des vignes et des
arbres. C'est une guerre d'amour.
Chants des combattants de 1948 : c'est
une guerre d'hommes aux yeux froids.
Chants empruntés à la Bible,
prophétie d'Isaïe sur les épées
transformées en socs de charrue,
entrecoupés de brefs appels codés
militaires, et, incessant, le mot "
chalom " qui résonne. Chalom.
Bonjour. Chalom, espoir. Chalom
partout. Et pensée pour le prophète
qui disait : " Chalom, chalom, veeyn
chalom " (1). Et il n'y a pas la paix.
On ne peut pas tout dire ni tout
croire. Le plus poignant, c'est la
solitude. Douze pays arabes contre
Israël. Et les autres ! Et la France ! Et
ce combat inégal que des analystes
politiques reprocheraient presque à
Israël ne n'avoir pas remporté aussi
vite que d'habitude !
Les abonnés du miracle ont déçu.
Patience. Et j'allais oublier l'essence
qui précède l'existence. Le combat est
inégal, aujourd'hui plus qu'hier, mais
personne ne doute qu'Israël vivra. Je
rendent si dérisoires les gadgets de la
logomachie de l'Occident, oui, ne
serait-ce que pour cela, Israël doit
vivre, et Israël vivra pour que cette foi
existe et pour qu'elle atteigne tous les
hommes qui ont si soif de croire et
sont tant altérés. Sur ce coin de terre,
un juif aurait dit un jour : " Que mon
sang retombe sur leurs têtes ".
Il n'est point un seul historien des
religions qui pense aujourd'hui que
Jésus aurait réellement pu prononcer
une telle phrase : il aimait trop son
peuple pour cela. Mais cette petite
phrase devrait faire réfléchir tous
ceux, hommes d'Etat, marchands de
canons, redresseurs de torts et autres
beaux esprits, qui jouent avec
l'existence d'Israël, dans le jeu subtil
et tamisé des idéologies et des
escalades calculées. Si personne n'est
innocent, ce sont eux les vrais
coupables : les hommes et le pays qui
vendent
leurs
âmes
aux
Méphistophélès du pétrole entrent de
plain-pied dans la damnation de
l'histoire.
Même si la justice n'est pas toujours
immanente, ce crime-là ne paiera
point. Le jour où nous nous
présenterons devant le jugement de
Dieu, j'aimerais être Israélien ou
Arabe, pas Russe. J'aimerais aussi ne
pas trembler d'être français.
-(1)" Ils ont guéri la plaie de mon
peuple à la légère en disant : " Paix,
paix et point de paix " ." (Jérémie,
XIV.)
ISRAËL
Les nouvelles générations :
“Welcome Sir
and good Luck”…
PAR AMI BOUGANIM
L
a première génération
était composée de
personnes qui avaient
connu la diaspora. En
désertant les maisons
d’étude, en brisant les
lanières des phylactères, en rangeant
les châles de prière, ils s’étaient
enhardis à braver le ciel et c’était cette
hardiesse qui leur imprimait l’énergie
requise pour “conquérir la terre” et
l’endurance nécessaire pour surmonter
pas tant parmi les laïcs que parmi les
religieux qui s’étaient arrachés au
ghetto et à sa moisissure. C’est cette
grande hérésie qui a constitué le
terreau où ont prise les racines sionistes
et qui a fourni la sève qui les a nourries.
Les premiers pionniers ne rompaient
pas impunément avec la tradition. Ils
conservaient, remisés dans l’arche de
leur mémoire, les rouleaux de la Loi.
On l’a vu avec Ahahon David Gordon
(1856-1922), Berl Katznelson (1887-
Parce qu’elle avait grandi dans
une ambiance juive, la deuxième
génération aussi avait des
rudiments de judaïsme. On
connaissait encore les paroles du
Shéma ; on pouvait encore lire le
kaddish ; on était encore assez poli
pour accueillir le Shabbat et s’en
séparer.
Dans l’Antiquité, les Philistins
habitaient la bande côtière, les Hébreux
les terres intérieures. Ils ne se
disputaient pas seulement le sol, ils se
disputaient aussi le ciel. Les premiers
avaient leurs dieux et leurs cultes, les
seconds les leurs. Les mœurs des
premiers étaient plus maritimes – nous
dirions aujourd’hui méditerranéennes
– qu’agrestes ; celles des seconds,
héritées d’ancêtres nomades, ignoraient
la mer. Les Philistins ont disparu de
l’histoire, laissant derrière eux les récits
qu’en propose la Bible et un soupçon
de mauvais goût, sinon de veulerie, que
leur garantit pour l’éternité l’acception
moderne du mot philistin chez des
auteurs comme Matthew Arnold
Frédéric Nietzsche. Le philistinisme
israélien est d’autant plus pernicieux
qu’il s’insinue partout, dans le monde
culturel autant que dans le monde
politique, dans la sphère privée autant
que dans la sphère publique,
philistinisme d’anciens parias devenus
des parvenus. Dans tous les domaines.
Sans grande classe. Sans grandes
politesses. Du bagout. Dans un anglais
encore plus mercantile qu’à Londres
ou Washington. On a de la beauté à en
revendre, du talent à en revendre… des
armes à en revendre.
La troisième génération se
révélait, elle, totalement inculte.
En matière de sagesse des nations
autant qu’en Torah. Ses membres
ne s’en réclamaient pas moins
d’une certaine noblesse et se
Pendant de longues années, Doudou
Topaz était le roi israélien du rating. Il
animait des émissions de télé où l’on
rivalisait de singeries, de rires et de
petits moments d’émotion. Il était si
populaire qu’il pouvait se permettre,
En définitive, il se suicide dans les douches
de la prison pour s'épargner la vision
cauchemardesque de sa déchéance. Sa gloire,
sa disgrâce et sa mort sont symptomatiques d'une
société aux humeurs exacerbées par la violence et
l'arrivisme et où l'on ne distingue plus entre sphère
privée et sphère publique…
les écueils. Les pionniers sionistes du
début du XXe siècle ne se recrutaient
Doudou Topaz
posaient en “sel de la terre”. Or leur
pensée et leur voix se contentaient de
suivre des comportements et des gestes
irrémédiablement grégaires. “Grattez
un prince belge”, disait Baudelaire,
“vous trouverez un rustre.” On pourrait
dire pareillement : “Grattez le vernis
sioniste, vous trouverez un philistin.”
1944), voire David Ben Gourion (18861973). Ils connaissaient les textes, les
commandements et les rites; ils les
ont mobilisés pour donner l’allure
d’un culte à leur culture de la
terre.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 15
ISRAËL
en toute impunité, de briser les lunettes
d’un critique qui dénonçait la veulerie
de son animation et de mordre une
actrice qui lui plaisait ou lui déplaisait.
Il n’avait de cesse de montrer à la
nation réunie autour du petit écran
comment il rajeunissait de semaine en
semaine. C’était avant la télé-réalité qui
a bouleversé les grilles des
programmes. Topaz est tombé en
disgrâce. On ne voulait plus de lui, il
était trop paternaliste, il se posait en
père amuseur de la nation. Il était d’un
autre âge. A plus de soixante ans, quel
que soit son look, on n’amuse pas des
jeunes de quatorze et seize ans. Il aurait
pu se résoudre et vivre du trésor de télé
qu’il a gagné à orchestrer pendant une
décennie le divertissement de masse.
Il est tout un art de se retirer de ce
monde ; il requiert discrétion et
tendresse. Un jour on est sur le devant
de la scène ; le lendemain, on doit
gagner les coulisses. Topaz aurait pu
se convertir dans la littérature et écrire
ses mémoires ; dans la politique
et représenter le saint peuple à
la prestigieuse Knesset. Il aurait
pu également retourner aux
sources et devenir rabbin. Dans
les trois cas, il aurait réussi sa
mutation. Or il décida de se
reconvertir dans la… pègre. La
télévision ne voulait plus de lui,
il allait la démolir. Il loue les
services de voyous pour briser
les os d’un producteur,
malmener brutalement une
coordinatrice des programmes,
intimider nombre d’animateurs
de la nouvelle génération. Deux
ou trois jours avant son
arrestation, il s’écriait indigné
devant les caméras : “Vous êtes
tombés sur la tête ! Me
soupçonner, à moi, Doudou !”
Deux ou trois semaines plus tard, il
déclarait quelque chose dans le genre
: “Après toute la joie que j’ai donnée au
peuple, on me traite en vulgaire
criminel !” Deux à trois mois plus tard
: “Pourquoi s’acharne-t-on contre moi
de la sorte ? Je me suis platement
excusé. On a pardonné leurs crimes
aux nazis et à moi on ne veut pas me
pardonner.” En définitive, il se suicide
dans les douches de la prison pour
s’épargner la vision cauchemardesque
16 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
de sa déchéance. Sa gloire, sa disgrâce
et sa mort sont symptomatiques d’une
société aux humeurs exacerbées par la
violence et l’arrivisme et où l’on ne
distingue plus entre sphère privée et
sphère publique…
Le récit d’Assi Dayan est une autre
illustration de mes histoires sur la
philistinisation des caractères, des
mœurs et de l’ambiance dans le pays.
C’est le fils du légendaire Moshé
Dayan (1915-1981) qui, son bandeau
sur l’œil, convoitait avec la même
nonchalance les jeunes jupons et les
s’accompagnait
de
scandales
domestiques. Il n’a pas un centime
pour se nourrir ; il dépérit dans une
misérable chambre ; il menace son
énième compagne pour on ne sait quoi.
On se montre indulgent à son égard.
Les médias ; les autorités ; les
tribunaux. Lors du dernier scandale,
avant que la plainte ne soit retirée, on
l’a assigné en résidence dans la
propriété d’un autre aventurier installé
dans le désert. Le malheureux cherchait
sa noblesse dans le talent, il s’est
rabattu sur la drogue. Il ne s’en cache
pas, il le clame à longueurs
Burg ne se rase plus le matin sans chercher
son nombril sur la glace.
ruines archéologiques. Lui-même était
le fils de Shmuel Dayan (1891-1968),
le visionnaire et bâtisseur de Nahalal,
le premier moshav du pays. Dans sa
jeunesse, Assi Dayan incarnait le bel et
Abraham Burg
jeune sabra, dénué de tout complexe et
de toute inhibition, libre de ses gestes
et de ses regards. Il était si magnifique
que Romain Gary l’a choisi pour
incarner son rôle de pilote de chasse
dans La Promesse de l’Aube. Il est
réalisateur, scénariste, peintre, écrivain,
poète… et tous les autres titres qu’on
est en droit de briguer quand on porte
un prestigieux nom. Ces dernières
années, il ne cessait de se dégrader et
chaque phase dans sa dégradation
d’interviews, il pose la décadence
devant les caméras. La voix ravinée par
l’alcool, l’allure négligée et brimée par
les ans et les avatars mondains, les
ongles désincarnés. Sans plus de
noblesse et de distinction. On
n’en continue pas moins de le
ménager et de le dorloter. Avec
lui, même le sel, censé
conserver et se conserver,
dégage des relents de
décadence
Chez les deux personnages,
la même vulgarité, la même
veulerie se cacheraient derrière
l’art, bon ou mauvais. L’un
donnait sa mégalomanie en
spectacle, l’autre sa déchéance.
L’un protestait à grands
hurlements contre sa disgrâce,
l’autre bafouillait de disgrâce
universelle. Dans les coulisses,
derrière une caméra, sur le
devant de la scène. Ils n’auront
cessé de défrayer la chronique.
De leurs frasques et de leurs turpitudes.
On leur passait tout, on leur accordait
je ne sais quelles circonstances
atténuantes. L’un était un amuseur
public se prenant pour une vedette de
culture, l’autre était le fils de son père
et n’était pas mauvais acteur. De ce côté
du monde, le talent excuserait tout, le
lignage encore plus. Tous deux
refusaient de descendre de scène, ils
ne pouvaient renoncer aux caméras.
Sinon ils menaçaient, chacun à sa
ISRAËL
manière, de détruire la scène avec leur
vie. Ce n’étaient que deux petits Néron.
Plutôt que de jouer de la lyre, ils
battaient leurs producteurs ou leurs
compagnes. Ni l’un ni l’autre ne
voulaient se résoudre à leur
décrépitude. Ils ne sont plus ni aussi
jeunes ni aussi beaux et les talents – de
cabotin dans le premier cas, d’acteur
dans le second – changent avec les ans.
Cette génération est née et a grandi
avec le pays. Elle s’est tant convaincue
de ses compétences, de ses habiletés,
de ses talents… de sa supériorité qu’elle
ne se sait pas vieillir : on ne vieillit pas
quand on n’a pas mûri. Le malheur
c’est que l’univers de Doudou Topaz et
d’Assi Dayan est aussi celui d’hommes
politiques de leur génération. Abraham
Burg et Binyamin Natanyahou pour ne
citer que deux exemples parmi tant
d’autres. Burg était l’une des promesses
les plus emblématiques de cette
deuxième génération. Il était grand,
beau, cultivé, intelligent. Il portait une
kippa et montrait une telle libéralité
religieuse qu’il a été parmi les premiers
membres du parti travailliste, à
demander la séparation de l’Etat et de
la Synagogue. Surtout, il était d’un haut
lignage. Ni plus ni moins que le fils du
mythique Yossef Burg (1909-1999),
dirigeant historique du modéré parti
sioniste religieux, un de ces hommes
dont la grande culture pourvoit d’une
langue acérée sans être vulgaire ou
violente. Un monument de sagesse,
d’entregent et de cette virtu – sens
civique – que Machiavel persiste à
réclamer de l’homme politique. De son
côté, Burg le fils a été député, président
de l’Agence juive, président de la
Knesset et il n’a pris ses retraites que
pour exploiter le capital social qu’il a
accumulé dans sa carrière et se lancer
à son tour dans le… commerce. Sans
renoncer pour autant aux privilèges
matériels que lui garantissent ses
mandats de député, de président de
l’Agence juive, de président de la
Knesset. Il pousse la désintégration du
mythe – le beau disciple-de-sage se
mobilisant par patriotisme pour
promouvoir l’intérêt public – jusqu’à
prendre la nationalité française de son
épouse et voter aux dernières élections
présidentielles. Il publie enfin un
ouvrage où il se trahit davantage qu’il
ne dénonce le sionisme qui l’a porté
aux plus hautes fonctions au sein du
Mouvement sioniste et de l’Etat. Burg
ne se rase plus le matin sans chercher
son nombril sur la glace. Il fait partie
revendications sectorielles et de
l’incurie administrative. On a vite
oublié le mot-clé de Ben Gourion qui
préconisait le sens de l’Etat – derrière
sa mamlakhtiout ou souveraineté
étatique – pour retourner au régime
Une nouvelle génération est en train de monter.
Moins bornée et dogmatique, moins exhibitionniste
et brutale, plus dévouée à la cause juive que ce
soit en diaspora ou en Israël.
de cette ligue de “fils et filles de…”
qu’on a hâtivement intronisés “princes
et princesses” et qui se sont révélés,
pour certains, de piètres “enfants gâtés”
dans une démocratie qui aura manqué
de se donner un Messie en guise de
monarque.
Les structures étatiques, la nature du
régime politique et les modes de
gouvernance ne cessent, autant le
reconnaître, de régresser sous la
pression des accords de coalition, des
d’un ghetto ou d’un mellah. Le 31 mars
2009, le gouvernement de coalition de
Natanyahou, formé de bric et de broc,
comptait trente ministres et neuf viceministres pour un parlement de cent
vingt membres. Ces derniers prêtaient
serment en présence de deux
milliardaires non israéliens qui
n’avaient rien épargné pour assurer le
retour aux affaires de leur poulain.
Sheldon Harisson des casinos et Ron
Lauder des articles de beauté. Un
gouvernement aussi pléthorique
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 17
ISRAËL
réduisait le travail parlementaire à une
vaine mascarade. Dans son discours
comme chef de l’opposition, Tsipi Livni
dénonçait le nombre de ministres sans
portefeuille et des vice-ministres de
rien. Le niveau des ministres ne cessait
de baisser, la démocratie est exacerbée
dans ce qu’elle avait de plus vilain. On
ne distingue plus entre gauche et
droite, entre coalition et opposition. En
outre, ce même gouvernement se
donnait un rustre, bientôt sous
inculpation, comme ministre des
Affaires étrangères.
Natanyahou aussi ne se résout pas à
descendre de la scène et surtout à
changer de discours et de
dégaine. Pourtant le monde a
grandement changé autour de
lui. Le président américain lui
dit à mots voilés qu’une époque
est révolue. Celle où les EtatsUnis se laissaient convaincre
qu’Israël servait ses intérêts
stratégiques dans la région alors
qu’il les desservait. Celle où l’on
pouvait mobiliser le Congrès et
le Sénat contre l’administration.
Celle où l’on pouvait arracher
des larmes aux donateurs pour
couvrir les frasques d’une classe
politique plus véreuse que
dévouée à l’intérêt public. Celle
où l’on ne s’engageait à arrêter
les colonies que pour mieux les
étendre. Natanyahou n’en
persiste pas moins à miser sur la
vulnérabilité du président
américain, sur un accroc qui viendrait
perturber sa vision stratégique, sur des
pressions d’on ne voit plus d’où elles
pourraient venir. C’est, pour reprendre
les considérations d’un Blanqui, un
homme en caoutchouc dans une
démocratie en plastique 1. D’un côté,
la Shoah ; de l’autre, la Paix. L’une est
indélébile ; l’autre inaccessible. Ce n’est
pas un hasard si nous avons des
silhouettes écorchées et pantelantes qui
ne comprennent pas qu’Obama ne
partage ni leur vision stratégique ni leur
pratique de la politique. C’est peut-être
un niais – à l’aune de la politique
israélienne ; il n’en incarne par moins
une nouvelle sincérité – à l’aune du
monde. Quand on est de bons amis, on
se dit tout. Or la vérité d’Obama se
18 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
résumerait en une phrase qui dirait :
Le soutien inconditionnel à Israël ne
sert pas les intérêts stratégiques des
Etats-Unis. Un seul Etat entre la
Méditerranée et le Jourdain est
condamné à devenir arabe. Dans un
siècle sinon une décennie. Seule la
solution de deux Etats préserverait
l’existence d’Israël. Quand la garde
rapprochée de Natanyahou a compris
que les règles du dialogue américanoisraélien avaient changé, on s’est mis
à incriminer… la haine de soi des
conseillers juifs d’Obama. Sous
l’administration de Natanyahou, Israël
entre dans une phase délicate de son
existence. Ce ne sera pas seulement un
David Ben Gourion
casse-tête pour les Nations, il risque de
le devenir pour les Juifs aussi.
Pour le dire en termes moins
diplomatiques, Israël risque de passer
pour un Etat roquet. Un moustique se
prenant pour une puissance et se
comportant en moustique. Du moins
présenterait-il des signes de cette
méchanceté dont Baudelaire disait
qu’elle était la marque “des petits pays
[…], des faibles, des roquets et des
bossus”. Les Juifs américains ne
s’ingèrent plus dans les affaires internes
israéliennes. Ils ne se le permettraient
pas, ils ne vont pas s’aliéner la classe
politique, les médias et l’opinion
publique israélienne. En outre, ils ne
comprennent pas grand-chose à la
chronique domestique de cette contrée
levantine, ils ne cherchent plus à
comprendre. On les a tant dissuadés
de se mêler de ce qui se passe de ce
côté du monde et de leur âme – on se
souvient des sorties intempestives de
l’écrivain A. B. Yehoshoua contre
l’écrivain américain Leon Wieseltier –
qu’ils ne visitent plus Israël. Ils se sont
rabattus sur la politique américanoaméricaine. Ce sont des citoyens
américains et ils veillent aux intérêts
américains dans la région. Or ils ont
l’outrecuidance de croire que ce sont
les intérêts des Etats-Unis qui servent
ceux d’Israël et non le contraire. C’est
Dennis Ross qui voyage à Téhéran, ce
sont Daniel Shapiro et Jeffrey
Feltman qui se rendent à
Damas, c’est Martin Indyc qui
conseille John Mitchell, etc.
Je m’empresse de rassurer
mes lecteurs. Cette génération
est en train de disparaître.
Bientôt, elle ne sera nulle part.
Ni dans la recherche ni dans la
culture ; ni aux commandes de
l’armée ni à celles des
ministères. Une nouvelle
génération est en train de
monter. Moins bornée et
dogmatique,
moins
exhibitionniste et brutale, plus
dévouée à la cause juive que ce
soit en diaspora ou en Israël.
Elle n’émergera peut-être pas là
où on l’attend. Ni dans les
comités centraux des partis
israéliens ni dans les comités de
rédaction des médias israéliens ; ni
dans les universités israéliennes ni sur
les scènes mondaines israéliennes. Une
nouvelle génération, plus prompte, plus
conséquente, plus habile, plus
déterminée.
Celle de Ram Emmanuel. Welcome
sir and good luck !
A.B
---1 “Qu’est-ce qu’un démocrate, je vous
prie ? demandait ce brave Blanqui. C’est
là un mot vague, banal, sans acception
précise, un mot en caoutchouc .” A.
Blanqui, “Lettre à Maillard”, le 6 juin
1852, dans Instructions pour une prise
d’armes, Sens et Tonka, p.380.
ECONOMIE
Euphorie à la bourse
de Tel-Aviv
L
es marchés financiers
sont décidément incorrigibles. Après s'être
effondrés, de la fin 2007
au début 2009, les
bourses
mondiales
affichent depuis le mois de mars
dernier un rebond tout aussi historique.
Sur les six derniers mois, la hausse
enregistrée sur les principales places
boursières est tout simplement la plus
forte jamais observée depuis 50 ans !
Les investisseurs parient sur la fin de
la crise, grâce aux mesures fortes prises
par les autorités politiques et
monétaires à travers le monde pour la
combattre. Sur fond d'indicateurs
économiques donnant partout des
signes de redressement, tous tablent
sur un scénario de reprise mondiale
qui aurait déjà commencé et qui se
renforcera en 2010.
Dans ce climat ultra-optimiste, la
bourse de Tel-Aviv, qui avait moins
baissé que les autres au plus fort de la
crise, affiche désormais les meilleures
performances parmi les principales
places internationales : depuis mars
dernier, la hausse y atteint 57%, contre
40% pour New-York, 45% pour Tokyo
et 42% pour Paris.
La bourse israélienne profite certes
de ce climat de confiance global, mais
cette performance exceptionnelle et
fondamentaux économiques israéliens
résistent bien et apparaissent
aujourd'hui comme particulièrement
solides. D'une part, la croissance
économique est redevenue positive au
deuxième trimestre 2009 (+1.2%, après
-3.2% au premier trimestre), un résultat
Grâce notamment à des secteurs
bancaire, immobilier et technologique
qui n'ont pas été aussi frappés par la
crise que dans les principales
économies de la planète, les
terminée en Israël comme ailleurs ?
Loin s'en faut. Sur le plan international, la solidité de la reprise
mondiale, dont l'économie israélienne
est tellement dépendante, n'est pour
l'heure pas acquise. Sur le plan
intérieur, malgré des signaux
La bourse de Tel-Aviv a rebondi de 57%
depuis six mois, du jamais vu, contre 40%
à New-York et à Paris
qui n'a été observé ni aux Etats-Unis,
ni en Europe. D'autre part, les finances
publiques ont été davantage
sauvegardées qu'ailleurs grâce à une
rigueur budgétaire plus marquée et
l'absence de nécessité de mettre en
place un plan de relance trop
gourmand en dépenses publiques
comme cela a trop souvent été le cas
dans les économies touchées par la
crise. Par ailleurs, une certaine phase
de stabilité politique et militaire depuis
les dernières élections générales est
aussi de nature à rassurer les
investisseurs.
C'est dans ce contexte positif, que
l'agence de notation internationale
Moody's ainsi que l'OCDE ont
récemment émis un jugement très
positif sur l'économie israélienne,
accompagné de perspectives très
Un optimisme excessif et prématuré ?
inédite par rapport aux autres
principales places dans le monde, tout
comme la très bonne tenue du shekel
depuis plusieurs mois, reflètent avant
tout une très grande confiance des
investisseurs
dans
l'économie
israélienne.
PAR PHILIPPE MEYER
favorables, et que la Banque centrale
d'Israël a décidé, le 24 août face aux
signes de reprise, de relever son taux
directeur (de 0.50% à 0.75%),
confirmant ainsi par ce geste
symbolique son optimisme pour les
perspectives de reprise. Un tel geste
n'a, pour l'heure, été décidé par aucune
des autres principales banques centrale
dans le monde.
Ce rebond de la bourse de Tel-Aviv
signifie-t-il cependant que la crise est
indéniablement encourageants, mais
qui demandent à être confirmés, le
chômage continue de monter pour
atteindre 8% et les problèmes sociaux
demeurent largement préoccupants .
Quant à la situation politique et
militaire, qui peut aujourd'hui garantir
une stabilité durable et l'absence de
nouvelles tensions dans les mois à
venir ?
Face aux exagérations coutumières
des marchés financiers, la prudence
doit donc rester de mise. La récente
crise n'était pas celle de 1929 et la
reprise qui tente de se dessiner ne sera
pas fulgurante. Après une baisse
vertigineuse, vient le temps d'un
rebond surprenant. Les marchés ne
connaissent malheureusement pas le
juste milieu. Malgré le débat actuel sur
les leçons à tirer de la crise, les
marchés financiers restent trop
nerveux, aveugles et excessifs. Cette
incapacité chronique à refléter
fidèlement la situation réelle de
l'économie, dans un sens comme dans
l'autre, demeure un problème majeur,
même si ses conséquences suscitent
moins de réactions quand les marchés
s'envolent que lorsqu'ils s'effondrent.
Et pourtant, la responsabilité des
pouvoirs publics est d'éviter aussi bien
un pessimisme infondé qu'un
optimisme débridé. Dans les deux cas,
les risques encourus pour l'économie
réelle sont trop importants pour être
négligés.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 19
HUMEUR
Interrogations
Six heures du matin. Les émissions de Kol Israël commencent
régulièrement par la récitation par
le speaker du Chema Israël. Moment
de grâce et d'émotion. Instant privilégié qui éclaire la journée d'une
lumière particulière.
Que l'on soit pratiquant ou non !
Un juif israélien, Uri Davis,
vient d'être élu membre de la direction du Fatah. Ce sabra ayant
épousé, en quatrièmes noces, une
musulmane, il lui a fallu du même
coup se convertir à l'islam. Il dit militer désormais pour la destruction
pure et simple de l'Etat sioniste.
Nous savons qu'il n'est pas le seul
dans ce cas.
Avez-vous remarqué que, malgré
la Shoah et les plaies creusées au
flanc du vingtième siècle, certains
des nôtres ont un talent supérieur
quand il s'agit d'insulter ce qu'ils
appellent encore leur peuple d'origine ?
Israël, pays de paradoxes ?
Quiconque a pris un jour l'avion
pour Tel Aviv ou pour les Etats-Unis
sait que, s'il transporte dans ses
bagages de cabine, une paire de
ciseaux, un dérisoire coupe-ongles
ou le moindre flacon d'after shave, il
en sera dépossédé sur le champ sans
autre forme de procès. On ne plaisante pas, dans les aéroports, avec
les dures exigences de la sécurité.
Fort bien et nul, en vérité, ne
trouve à y redire.
Mais comment expliquer alors
qu'un soldat ayant tout à la fois un
passé de délinquant et un casier
judiciaire puisse entrer comme il
veut et à l'heure qu'il veut dans le
Saint des Saints de Tzahal, l'armée
d'Israël : le bureau du chef d'étatmajor lui-même? Comment expliquer
que ce soldat ait pu tout à loisir y
photocopier la carte bancaire du
général en chef et y dérober - entre
20 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
On croyait que les
secrets d'Israël étaient
mieux gardés.
Gaby Ashkénazi
autres - un revolver, le tout revendu,
le jour même à des délinquants arabes appartenant à la pègre ?
On peut sans difficulté imaginer
ce qui se serait passé si le soldat en
question avait placé une bombe sur
le siège du général en chef ou s'il
avait " simplement " installé des
micros dans le bureau du militaire
le plus gradé du pays.
On pensait que les secrets d'Israël
étaient mieux gardés…
Le cours traditionnel du
regretté Emmanuel Lévinas avait, ce
samedi-là, commencé après l'office,
de manière inhabituelle. Le philosophe tenait à avertir les fidèles qui
venaient l'écouter qu'il venait de
recevoir de l'un d'entre eux une lettre peu sympathique, évidemment
anonyme et dans laquelle on mettait
en cause le peu de pratique religieuse dont il semblait faire preuve
: " On me reproche notamment d'apporter avec moi le jour du shabbat
les livres dont j'ai besoin ". Le philosophe semblait quelque peu attristé
qu'on puisse ainsi lui reprocher de
ne pas se conduire en juif ultraorthodoxe, ce qu'il n'a jamais prétendu être.
J'observai alors un à un les auditeurs présents et fis immédiatement
part à l'un de mes amis que je
croyais savoir qui était l'auteur de la
lettre anonyme. Le cours terminé, je
me dirigeai donc vers cet auditeur,
un juif dont l'ultra- orthodoxie était
manifestement équivalente à son
ignorance. C'était un de ces juifs
dont la tradition dit qu'ils sont " am
haaaretz ", peuple de la terre.
- Pourquoi as-tu envoyé cette lettre anonyme à M.Lévinas ?
- Je l'ai fait parce que vous jouez
tous, ici, à vous présenter en juifs
religieux. Vous étudiez les commentaires de Rachi alors que vous n'êtes
pas réellement observants. Vous êtes
donc des hypocrites et des
HUMEUR
mécréants. Je suis sûr que, vous
autant que lui, irez tous brûler, le
moment venu, en enfer!
-L'enfer, après la mort, n'est en
vérité qu'une vague hypothèse
d'école, lui répondis-je. Mais il existe
dans la vie de tous les jours un enfer,
véritable celui-là, celui dans lequel
certains semblent vivre. C'est celui
de l'ignorance satisfaite d'elle-même,
celui de l'extrémisme agressif et
imbécile, de l'irrespect et de l'incompétence arrogante.
Depuis ce jour-là, on ne le revit
plus jamais au cours du samedi.
On me dit qu'il se mit à fréquenter une yechiva dans le neuvième
arrondissement de Paris. Cela lui
permettra au moins dans l'avenir de
signer de son nom son courrier et,
à l'occasion, d'y formuler distinctement ses arguments.
Ils savent, depuis leur plus
tendre enfance, pour l'avoir appris
dans le Pirké Avot, que le silence est
d'or. Ils ont souvent enseigné à leurs
disciples que tel maître du Talmud
ne trouvait rien de meilleur pour la
vie de l'homme que le silence. Mais
eux-mêmes n'en font rien. Ils n'ont
de cesse de prendre position, de
manière intempestive et brutale, sur
des sujets dont ils ignorent tout et
se soucient, au fond, comme d'une
guigne, du mal que leurs propos
imbéciles et parfois irresponsables
peuvent faire tout à la fois au
judaïsme, à l'Etat d'Israël et d'abord
au métier, à la fonction et au sacerdoce qu'ils exercent.
L'un d'entre eux - et non des moindres puisqu'il a longtemps occupé
les fonctions de grand rabbin d'Israël - annonce, en ce mois d'août,
urbi et orbi que les juges d'Israël,
parce qu'ils ont condamné un rabbin convaincu de corruption, sont
des " mécréants " (Vraiment ? Tous?
Mais on y pense, les rabbins euxmêmes ne font-ils pas souvent office
de juges?)
Le même prélat du judaïsme a
redit à haute et intelligible voix à
ses fidèles - selon le site Internet du
journal Maariv en date du 31 août -
L'autre vient de se
livrer à l'encontre du
président américain à
une attaque dont rien
n'empêche de penser
qu'elle est raciste et
d'une lamentable
bassesse.
que ceux d'entre eux qui, à l'occasion d'une élection israélienne, mettront dans les urnes un bulletin du
parti Chas sont assurés de gagner
leur place au paradis. On ne savait
pas, pour dire le moins, que l'entrée
au jardin d'Eden était aussi facile
et aussi aisée. On la croyait, au
contraire, réservée à des happy few,
des hommes d'exigence qui ont des
titres plus solides à faire valoir.
L'autre, parce qu'il appartient à
une famille de rabbins dont le nom
fut prestigieux en d'autres temps et
sous d'autres cieux, vient tout simplement, en évoquant une référence
à un texte du Zohar, de se livrer à
l'encontre du président américain,
Barack Obama à une attaque dont
rien n'empêche de penser qu'elle
est raciste et d'une lamentable bassesse : " Comment un tel homme - a
dit le lamentable rabbin - qui est
noir peut-il donner un ordre quelconque à Israël alors qu'il appartient
à une race d'esclaves ?".
Faut-il vraiment commenter ? Il ne
sert sans doute à rien de rappeler à
de tels hommes d'une part que nous
fumes nous-mêmes jadis esclaves en
Egypte ( nous le crions assez dans
nos différentes liturgies ) et, d'autre
part, ce que nos maîtres ont de tout
temps enseigné : la vie et la mort
dépendent de la langue (Mavet
vehayim beyad lachone).
Mon Dieu, pardonnez-leur d'oublier le soir ce qu'ils enseignent le
matin dans leurs académies.
Après tout, ils ne savent peut-être
pas ce qu'ils disent !
Qui a dit que les paroles s'envolent et que les écrits restent ?
Voyez les pages écrites dans notre
enfance quand le soleil les a longtemps brûlées. Aucun scribe n'y
retrouverait ses petits !
Quant aux paroles, il y a quelques
milliers d'années, les Hébreux en
ont entendu Dix énoncées dans un
désert au haut d'une petite montagne et, depuis lors, ils s'y réfèrent
sans se lasser !
Barack Obama
V.M
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 21
DIASPORA
Les Juifs
du roi Albert
PAR GÉRARD SILVAIN
Philippe Pierret, docteur en histoire des religions, conservateur au Musée juif de Belgique et Gérard Silvain
qui a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire illustrée de la diaspora juive à partir de sa collection de
28.000 cartes postales anciennes ont uni leurs efforts pour présenter au lecteur cet ouvrage " Une mémoire
de papier. Images de la vie juive en Belgique " (Luc Pire. Filipson Editions ). Plus de deux cent- soixante petits
bristols illustrés sont rassemblés dans ce livre qui constitue un véritable kaléidoscope du judaïsme belge.
Nous avons rencontré les auteurs.
I.J : Pourquoi l'histoire du judaïsme
belge est-elle souvent méconnue ?
Dans le sillage des armées romaines,
on signale l'arrivée des Juifs dans la
région entre les années 50 et 60 de
notre ère. Quelques rares vestiges
archéologiques attestent la présence
juive au moyen âge ; une stèle funéraire
de 1255 découverte à Tirlemont ainsi
que l'établissement, au même endroit,
d'une importante yeshivah. La croisade
de 1090, l'expulsion des Juifs du
Brabant en 1261, ainsi que les
Le général Bernheim
22 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
massacres qui ont accompagné la
grande peste de 1380,ont décimé les
communautés entre le 11ème et le
14ème siècle.
I.J : Serait-ce parce que les juifs belges
sont peu nombreux ou bien parce qu'ils ne
se sont beaucoup illustrés dans le domaine
intellectuel ?
La faiblesse numérique de la
communauté ainsi que l'absence de
personnalités emblématiques au niveau
international, peuvent effectivement
expliquer le peu d'intérêt
des historiens et des
chercheurs pour cette
histoire. C'est d'autant
plus regrettable que des
pistes
passionnantes
restent à explorer. On a
recensé, par exemple, de
nombreuses " rues aux
juifs " sans qu'aucune
preuve n'ait été apportée
concernant le passage ou
l'établis-sement de Juifs
à ces endroits !
I.J : Il y a des figures
emblématiques du judaïsme
belge. Vous évoquez les parcours du grand rabbin Aristide Astruc et du général
Louis Bernheim. Qu'ont-ils
représenté l'un et l'autre ?
Alexandre
Astruc,
d'origine
séfarade,
représente une vision
moderne de la morale
sinaïtique. Concepteur
d'une liturgie débarrassée
de certains rites et de
traditions qu'il jugeait
obsolètes, il est fortement
controversé .C'est en
Belgique que ses idées
novatrices ont obtenu la
plus large audience .Membre fondateur
de l'Alliance Israélite Universelle, ce
libéral a contribué, mieux que quiconque,à la compréhension du judaïsme
parmi les non juifs.
Quant au général Bernheim, le
scandale qu'ont provoqué sa mort et ses
obsèques ont éclipsé pour un temps sa
brillante carrière militaire.
I.J : Il y a eu de nombreuses familles juives qui ont contribué grandement à l'essor
du royaume et notamment dans le domaine
de la politique et de la banque…
Dans notre ouvrage nous avons passé
en revue l'ensemble des grandes
familles de la bourgeoisie juive qui ont
" fait " la Belgique sans oublier pour
autant les petits qui ont œuvré à leur
manière au dévelop-pement du
royaume.
I.J : Vous rappelez dans votre livre que
Ludwig Lazar Zamenhof, l'inventeur de l'espéranto et le grand poète Hayim Nahman Bialik ont séjourné en Belgique.
Il nous a semblé intéressant de
signaler les visites officielles à Bruxelles
de gloires du judaïsme mondial, à
l'exemple de Zamenhof, de Marcus
Samuel ou de Bialik, car les
manifestations qui avaient été
organisées à ces occasions avaient attiré
des foules considérables dans la
capitale.
I.J : Aujourd'hui on évalue la population
juive du pays entre 40.000 et 45.000
âmes. Qu'est-ce qui caractérise ces communautés ?
Les juifs de Belgique ont les mêmes
préoccupations que celles des autres
communautés à travers le monde :
recrudescence de l'antisémitisme,
soutien à Israël, confrontations
idéologiques entre laïques et religieux.
DIASPORA
Cependant, les juifs d'Anvers se
singularisent. Seuls en Europe, les
qu'après une sérieuse étude de marché
aucun éditeur n'a jugé utile d'investir
Dans l'imaginaire collectif, la carte postale n'a
représenté durant des décennies qu'un souvenir de
voyage ou la corvée des vœux de nouvel an.
15000 membres de cette communauté
parlent encore le yddish et leur vie
quotidienne est calquée sur celle des
shtetls d'avant la shoah.
I.J : La communauté orthodoxe d'Anvers
est l'une des plus importantes d'Europe et
l'une des rares communautés juives au
monde où le yiddish est la première langue.
Ainsi sur les 45 synagogues que compte le
pays, 30 se trouvent à Anvers.
Comment s'est formée cette communauté ?
Les crypto juifs s'installent à
Anvers à la fin du XVème
siècle. Dès le XVIème siècle ,ils
achètent et ils vendent des
marchandises et des denrées très
diverses mais ils s'investissent
particulièrement
dans
le
commerce du diamant. A partir
de 1713, des ashkénazes
rejoignent les séfarades et, à
partir de 1832, une vague
d'immigration,
originaire
d'Europe centrale et orientale,
va numériquement submerger
la communauté des descendants
des expulsés d'Espagne.
dans un marché déjà envahi par la
concurrence agressive des pays
limitrophes.
I.J : Vous considérez d'ailleurs que l'antisémitisme belge n'a jamais atteint les violences que l'on a connues en France et en
Allemagne.
Si vous faites allusion à la carte
postale on peut considérer que les
I.J : A la suite de quoi cette cité
est-elle devenue la " ville du commerce du diamant " ?
Ces orthodoxes vont finir par
imposer
leur
langue
vernaculaire à tous les acteurs
participant au commerce et à
l'industrie du diamant et ce
jusqu'à nos jours . Cependant,
depuis quelques années, le
diamant
est
passé
insensiblement des mains des
Juifs à celui des Indiens.
I.J : Vous notez qu'à la différence
de la France, de l'Allemagne, de la Russie
et de la Pologne, qui ont imprimé et diffusé
des centaines de milliers de cartes postales
antisémites, la Belgique, elle, n'a pas voulu
exploiter ce filon commercial. Pour quelle
raison ?
Il faut savoir que la production de la
carte postale ne répond qu'à des critères
de rentabilité. On peut subodorer
A l'heure du shofar
caricaturistes belges n'ont pas atteint le
degré de haine et de furie antisémites
que l'on peut observer en Allemagne,
en Hongrie ou en Russie, pour ne citer
que ces trois pays.
I.J : Vous rappelez aussi que le réseau Internet diffuse aujourd'hui à propos du célèbre
Mannekenpis une légende de meurtre rituel.
Internet ne fait que reprendre une
légende récurrente qui s'est transmise
de bouche à oreille dans les milieux
chrétiens depuis le Moyen Age,en dépit
de plusieurs bulles papales mettant en
garde les autorités religieuses contre les
exactions commises par les foules
fanatisées à la suite des accusations de
meurtre rituel.
I.J : Dans votre travail, la carte postale
vient , dites-vous, au secours de la grande
histoire, même si elle a été méprisée par
les chercheurs et les sociologues. Dans
quel sens aide-t-elle à un éclairage de l'histoire d'un pays ?
Dans l'imaginaire collectif, la carte
postale n'a représenté durant des
décennies qu'un souvenir de voyage
ou la corvée des vœux de
nouvel an. Or depuis sa
création en 1869, et
particulièrement
depuis
qu'elle devient illustrée dans
les années 1880, le petit
bristol a joué un rôle
sociologique et mémoriel de
première importance. Sait-on
par exemple que, grâce aux
milliers de cartes postales
éditées jusqu'en 1939, le
centre historique de Varsovie,
rasé par les nazis et les
Soviétiques, a pu, en grande
partie, être reconstitué.
I.J : Comment expliquez-vous
qu'il y ait et en Belgique très peu
de cartes postales à thème juif ?
Parce qu'aucun éditeur
belge, fût-il juif, à l'instar d'un
Marcovici, d'unVan Dantzig
,d'un Rosenbaum ou d'un
Nias, ne s'est intéressé à ce
sujet. Toutes les cartes qui
illustrent cette problématique
entrent dans le cadre d'une
production généraliste. Ainsi,
les synagogues ont été photographiées
comme
monuments au même titre
que les églises ou les temples
protestants.
I.J : A quel type de lecteur destinez-vous
votre travail ?
Nous pensons que cet ouvrage est
susceptible de toucher toutes les
catégories de lecteurs curieux de
s'ouvrir sur un monde méconnu. Les
Juifs de Belgique ne sont-ils pas pour
d'aucuns, à commencer par les Juifs
eux-mêmes, des éléphants roses ?
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 23
DIASPORA
La petite fille
de Cappa
S
ur une photo célèbre de
Robert Cappa, prise en
1949, une toute petite
fille en haillons pleure
devant des tentes
dressées en plein
désert. Comme ce document fait
partie d’une série intitulée Camps de
réfugiés en Palestine, la plupart des
archivistes pensent aujourd’hui qu’il
s’agit d’une réfugiée arabe. En fait,
Cappa et la plupart de ses collègues
utilisaient encore indifféremment, à
cette époque, les termes de Palestine
et d’Israël. La scène se déroule en
Israël, et non en Cisjordanie ou à
Gaza. La fillette est une réfugiée juive.
Et elle est originaire d’un pays arabe.
A la fin des années 1940, plus d’un
million de Juifs vivaient dans les pays
d’islam, du Maghreb à l’Afghanistan
: plus de six cents mille au Maghreb
Juifs au Maroc, quelques centaines
en
Tunisie,
vingt
mille,
respectivement, en Turquie et en Iran,
quelques centaines en Syrie et au
Yémen. Soit 3 à 4 % du chiffre
originel. Les autres, plus de 95 %, ont
été contraints à l’exil, par vagues
successives ou simultanées. Les deux
tiers d’entre eux se sont réfugiés en
Israël. Le troisième tiers s’est installé
en Europe, notamment en France, en
Italie et en Grande-Bretagne, mais
aussi aux Etats-Unis, au Canada, en
Amérique latine, en Afrique
subsahélienne ou en Australie.
“Retour de balancier”
On affirme communément que cet
exode
est
une
conséquence
malheureuse du conflit israélo-arabe,
et que l’expulsion des Juifs aurait fait
suite, selon la règle du Talion, à celle
des Arabes palestiniens. En réalité,
Les réfugiés juifs ont été intégrés, au fil des ans, au
sein de la société israélienne, tandis que les réfugiés
arabes ont été pérennisés en tant que tels, à des fins
politiques ou stratégiques évidentes.
et en Libye, près de cent cinquante
mille, respectivement, en Turquie, en
Iran, cent mille en Egypte et au
Yémen, soixante mille en Syrie et au
Liban, quarante mille en Afghanistan.
Cette population – Edoth ha Mizrah
en hébreu, “Communautés de
l’Orient”, pratiquant le plus souvent
le rite sépharade – a bénéficié d’une
très forte croissance démographique
jusque dans les années 1960, puis
d’une croissance un plus modérée :
multipliée par plus de trois en
soixante ans, elle compte aujourd’hui
plus de quatre millions d’âmes. Mais
elle ne réside plus dans ses pays
d’origine : il ne reste que 3000 à 4000
24 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
l’éviction des communautés de
l’Orient a commencé le plus souvent
avant la fondation de l’Etat d’Israël
en 1948. Et comme l’ont noté Laurent
et Annie Chabry dans Politique et
minorités
au
Proche-Orient
(Maisonneuve et Larose, 1984), l’un
des livres les plus pénétrants sur la
question, elle se déroule dans le cadre
d’un
“retour
de
balancier”
géopolitique qui permet à la majorité
musulmane, portée par un renouveau
démographique, de se “venger” de
l’émancipation et de l’ascension
sociale dont ont bénéficié les
minorités non-musulmanes, grâce à
la protection occidentale, depuis le
PAR MICHEL GURFINKIEL
XIXe siècle. Les chrétiens subissent
une longue suite de tragédies, du
génocide arménien au génocide
assyrien, de celui-ci à la persécution
des coptes, des atrocités de Dammour
au “nettoyage ethnique” des chrétiens
de Cisjordanie après la mise en place,
en 1994, de l’Autorité palestinienne.
Les Juifs ne sont pas en reste. Dans
presque tous les pays musulmans, ils
fuient à la suite de violences (y
compris
de
pogromes),
de
harcèlements et de persécutions.
Presque partout, le gouvernement
prend des mesures législatives ou
réglementaires en vue d’accélérer leur
exode mais aussi de confisquer leurs
biens. Dans certains pays, et non les
moindres, les autorités coopèrent
après 1948 avec les organisations
sionistes ou le gouvernement de
Jérusalem en vue de transférer
directement la population juive en
Israël.
“Le Farhoud”
Depuis quelques années, certains
Juifs originaires de pays d’Orient
consacrent la date du 1er juin, selon le
calendrier
international,
ou
alternativement celle du 5 sivan, selon
le calendrier juif, à la commémoration
de leur expulsion. C’est en effet les 1er
et 2 juin 1941, au moment de la fête de
Shavuoth et sept ans avant la fondation
d’Israël, que l’une des communautés
les plus anciennes, les plus nombreuses
et les plus prospères du monde arabe
– la communauté d’Irak - a subi un
pogrome sans précédent, le Farhoud,
et compris qu’elle n’avait plus d’avenir
dans son pays.
On compte près de cent cinquante
mille Juifs en Irak au début des années
1940, soit 3 % de la population globale,
alors estimée à 4,5 millions d’âmes. La
moitié d’entre eux vivent à Bagdad,
DIASPORA
vingt à trente mille au Kurdistan, près
de cinquante mille dans le reste du
pays. Disposant d’élites anglophones
depuis le XIXe siècle, ils ont bénéficié
de la confiance du premier souverain,
le roi hachémite Fayçal ibn Hussein.
De nombreux Juifs sont chefs
d’entreprise, ingénieurs, avocats,
banquiers, hauts fonctionnaires.
Certains sont députés, sénateurs et
même ministres. D’autres enfin sont
écrivains, journalistes ou musiciens.
Mais la situation a commencé à se
dégrader dès 1933, quand Ghazi Ier,
playboy amateur de beaux
uniformes, de voitures rapides et
d’aéroplanes, succède à Fayçal. Le
nouveau souverain croit consolider
son trône en misant sur le
nationalisme arabe et l’islamisme,
en se rapprochant de l’Allemagne
hitlérienne et en multipliant les
mesures contre les non-musulmans.
Il se tue en 1939 dans un mystérieux
accident d’automobile. Mais
l’extrémisme et son corollaire
l’antisémitisme sont désormais
installés au cœur de la vie politique.
En mars 1941, un homme politique
pro-allemand, Rashid Ali al-Ghaylani,
tente d’établir une nouvelle dictature.
Quand les Britanniques le renversent,
trois mois plus tard, le “Farhoud”
(“Grand Brigandage”) secoue Bagdad
pendant deux jours, les 1er et 2 juin. Il
semble avoir été minutieusement
organisé pendant les dernières
semaines du régime de Rashid Ali, qui
comptait peut-être préparer de cette
manière l’entrée en guerre officielle de
l’Irak aux côtés de l’Axe : les
habitations et les commerces juifs
avaient été marqués d’une main rouge,
des unités de pogromistes, encadrés
par des militaires et des étudiants
membre de l’organisation pronazie AlFutuwwa, avaient été affectées à
chaque quartier de la capitale.
Plusieurs quartiers sont pillés et
incendiés. Près de deux cents Juifs sont
tués, plus de deux mille sont blessés,
estropiés ou mutilés, des centaines de
femmes ou de fillettes sont violées. Saul
Silas Fathi, un témoin oculaire, raconte
: “Le premier soir de la fête, nous
n’eûmes
qu’un
repas
léger,
contrairement à toutes les habitudes…
Nous dormions sur la terrasse, en raison
de la chaleur des nuits d’été… Mais cette
nuit là, nous ne pouvions nous
endormir… Le ciel, au dessus du centreville, avait une étrange couleur
orangée… Quand mes parents s’en
rendirent compte, ils se levèrent
brusquement. Nous fîmes de même, et
on ne nous ordonna pas de nous
recoucher… Nos parents regardaient
fixement l’incendie qui se propageaient
Juifs d’Irak
dans les quartiers juifs proches des
quartiers musulmans… Les flammes
étaient visibles. On entendait le bois des
charpentes qui craquait… Bientôt, nous
perçûmes des hurlements, des
imprécations… Notre mère commença
à pleurer. Notre père nous serra contre
lui et pria à voix basse… Je m’éveillai le
lendemain matin en entendant des cris…
Sous nos yeux, des gens se battaient à
coups de couteau… Dans des maisons
voisines, des Juifs sautaient de terrasse
en terrasse, jusqu’à ce que des voisins
arabes, pris de pitié, les fassent entrer
chez eux… L’armée
britannique, qui
avait désormais
pris le contrôle de
l’ensemble
de
l’Irak, restait aux
portes de Bagdad
et se désin-téressait
de ce qui s’y
passait…
Les
atrocités se poursuivirent jusque
dans l’après-midi.
C’est à ce moment
que le Régent Abdul-Ilah, rétabli à la
tête de l’Etat,
ordonna à la Division Kurde, la seule
unité de l’armée royale considérée
comme fiable, d’entrer dans la ville, de
mettre fin aux désordres et d’arrêter les
meneurs. A deux heures de l’après-midi,
un soldat kurde fut placé en faction
devant notre maison.”
En 1947-1948, l’Irak prend part à la
première guerre contre Israël, bien qu’il
n’ait pas de frontière commune avec ce
pays. En mars 1950, une loi spéciale
permet aux Juifs d’émigrer, à
condition de renoncer à leur
nationalité et d’abandonner leurs
biens : mieux, les autorités coopèrent
à cette fin avec les Israéliens. Près de
quatre-vingt dix mille Juifs s’en vont
en moins d’un an, à travers plusieurs
ponts aériens. En janvier 1951, des
attentats provoquent l’exode de trente
mille Juifs supplémentaires. Les
autres seront contraints à l’exil dans
les années 1960, après la chute de la
monarchie. Plus de 90 % des Juifs
irakiens ont trouvé refuge en Israël.
Les autres se sont installés en GrandeBretagne et en Amérique du Nord.
La même situation s’est répétée de
l’Atlantique au Pamir. L’un dans l’autre,
il faudrait donc parler d’un “échange de
populations” global entre le monde
islamique et Israël. A ceci près que
l’initiative est venue du premier, et non
du second. Et que les réfugiés juifs ont
été intégrés, au fil des ans, au sein de la
société israélienne, tandis que les
réfugiés arabes ont été pérennisés en
tant que tels, à des fins politiques ou
stratégiques évidentes.
M.G
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 25
LA VIE DU CONSISTOIRE
Coup d'envoi des dix jours
du Consistoire
L
es
Dix
jours
du
Consistoire, crées il y a
deux ans par le Président
Joël Mergui, se sont
tenus pour la troisième
année consécutive du 5
au 15 septembre à Paris et dans les
grandes villes de province, et ont débuté
sur les chapeaux de roue. A l'instar des
années précédentes, les événements
destinés à mieux faire connaitre les
missions, les fonctions et les actions du
Consistoire se sont d'emblée succédé
partout à un rythme effréné.
La rentrée nationale du Talmud Torah
à eu lieu le dimanche 6 septembre, avec
cette année une innovation de taille à
Paris et en Ile de France : l'utilisation de
nouveaux manuels pédagogiques (cf.
détails les pages suivantes), un nouveau
programme de lecture, et des formations
à venir destinées au cadre enseignant.
Le Président du Consistoire, Joël
Mergui, a visité de nombreux centres à
Paris et en région parisienne,
notamment Vauquelin, Vincennes,
Enghien, et les administrateurs du
Consistoire ont également montré
Le grand rabbin de Paris, le Président du Consistoire, le rabbin de la Victoire,
le Président de la Victoire et les deux hazanim à la fin du concert liturgique
l'importance que représente pour eux
la transmission des valeurs du judaïsme
à travers nos talmudei torah, en
participant activement sur le terrain à
cette rentrée nationale.
Le même jour, le Consistoire de Paris
et le Consistoire de France ont célébré
le dixième anniversaire de la Journée
Européenne de la Culture et du
La chorale et les instruments de la Victoire lors du concert
26 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
Patrimoine Juifs. Cette journée,
organisée depuis dix ans par Madame
Michèle Rotman, Vice-Présidente du
Consistoire de Paris, a rencontré un
grand succès. Elle avait pour thème "
Fêtes et Traditions du Judaïsme ", et a
été marquée par un programme très
dense et varié à travers de très
nombreuses communautés de Paris et
de Province qui avaient proposé de
multiples événements destinés à faire
découvrir différentes facettes de la
culture juive. A Paris et en Ile de France,
plus d'une dizaine de Synagogues ont
ouvert leurs portes pour accueillir un
public nombreux et intéressé par ce
thème. Les rabbins et Présidents de
Communautés ont organisé des
conférences, des rencontres, ou des
expositions qui ont attiré un public très
nombreux (notamment dans les
communautés de Berith Chalom, de
Buffault, d'Ahavat Chalom, de Levallois
ou de Chasseloup Laubat).
Le concert de liturgie consistoriale
organisé à la grande synagogue de la
Victoire a constitué un événement
majeur. En présence du Grand Rabbin
de Paris qui s'est exprimé sur le thème
du mariage, du Président du
LA VIE DU CONSISTOIRE
Consistoire, qui a parlé du thème du
Chbbat, et du nouveau Rabbin de la
synagogue de la Victoire, ce concert
Concordataires (Alsace et Moselle), à
l'origine de cette action, et dont le
programme était toujours aussi riche.
Rentrée du Talmud Torah et Journée
européenne de la culture juive
organisé par le Président de la
communauté Jacques Canet, a
comporté de très nombreux airs illustres
des deux rites alsacien/allemand et
hispano/-portugais, chantés par les deux
hazanim de la Victoire, Adolphe Attia,
1er Ministre Officiant et Aaron Hayoun,
2ème officiant, et accompagnés des
chœurs et des instruments de la
synagogue.
Le Grand Rabbin de France Gilles
Bernheim fit une conférence à la
Synagogue de Mulhouse et marqua de
sa présence la Journée Européenne de
la Culture et du Patrimoine en cette
région. Il inaugura, en même temps, le
Centre Communautaire de Mulhouse.
On notera également que la journée
du 8 septembre a été consacrée au
achevée par une rencontre au centre
Fleg avec l'ensemble des composantes
de ces actions au cours de laquelle un
échange de plus de trois heures a eu
lieu avec le Président du Consistoire
venu présenter les voeux de Chana
Tova aux étudiants juifs de France, sur
les grands thèmes de la jeunesse juive
et de l'université, en présence
notamment du maire du 6ème
arrondissement Jean-Pierre Lecoq, du
Président du Centre Fleg Daniel
Vaniche, de Jack-Yves Bohbot et de
Murielle Schor. A l'issue de cette
rencontre, les jeunes ont exprimé la
demande de création d'un " Consistoire
des jeunes ", fédérant toutes les
composantes représentant l'action du
La rencontre avec les jeunes à Fleg
A quelques jours des fêtes de Tichri,
et devant une nombreuse assistance,
ce concert d'une très grande tenue et
empreint de beaucoup d'émotion, a
rappelé avec intensité l'importance de
la liturgie juive dans nos synagogues,
comme composante importante de la
culture et de la tradition juive.
Dans toute la France, le succès était
aussi au rendez-vous. A Angers, à
Tours, à Arcachon, à Avignon, à
Antibes, à La Rochelle et au Havre, les
visiteurs se précipitaient dans les
Synagogues. Grand succès aussi à
Bordeaux, à Montpellier et à Nîmes. A
Bayonne, 400 personnes, avec
beaucoup de non-juifs, ainsi qu'à Belfort
et à Cavaillon, l'unes des plus vieilles
Synagogues de France qui recevait 300
personnes. Nantes et Colmar fêtèrent
aussi l'événement. Une mention
spéciale pour les Consistoires
Kavod aux ainés ainsi qu'au Bikour
Holim, la visite aux malades, afin de
témoigner notre solidarité envers ceux
qui ont besoin de nous. Les 10 Jours du
Consistoire ont voulu mettre l'accent
sur cet aspect de la générosité envers
notre prochain.
Par ailleurs, les manifestations en
faveur de la jeunesse étaient au cœur
de ce début de programme afin de
Consistoire pour la jeunesse dans les
communautés en France, ce que le
Président Mergui a immédiatement
accepté. La responsabilité a été confiée
par les participants à Shai Dahan.
Au cours de la seconde moitié du
programme, étaient notamment
prévues la cérémonie des Déportés à
la synagogue de la Victoire le
13 septembre, la soirée des mariés de
Création du “Consistoire des jeunes”
sensibiliser le plus grand nombre sur
la nécessité de donner aux jeunes une
place centrale au sein de notre
communauté. En particulier la journée
" jeunesse en mouvement " a eu lieu le
8 septembre, destinée à présenter
toutes les actions conduites par le
Consistoire en faveur des jeunes :
Centre Fleg, Team Roquette, Tikvatenou, la 'Hazac, …. Cette journée s'est
l'année le 14, la rencontre avec le Beth
Din, et la cérémonie des vœux à la
communauté juive par le Ministre de
l'Intérieur le 15 organisée au
Consistoire. A l'heure où nous écrivons
ces lignes, les Dix jours n'en sont
qu'à leur début et nous reviendrons le
mois prochain sur l'ensemble
des manifestations qui ont été
proposées.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 27
LA VIE DU CONSISTOIRE
Rentrée du Talmud Torah :
"Une vraie révolution
dans l'enseignement"
L
e Le 6 septembre a eu lieu la rentrée nationale
du Talmud Torah. A l'occasion de cette rentrée
2009, le service éducatif du Consistoire de Paris,
à l'initiative de son Président David Amar et de
son directeur Meir Moaty, et sous l'impulsion du
grand rabbin de Paris David Messas et du
Président du Consistoire Joël Mergui, innove encore cette
année, grâce au soutien de la FMS, avec la sortie de livres
pédagogiques à l'attention des
Talmud Torah.
Depuis un an, en effet, une
équipe d'une dizaine de
personnes travaille sur des
ouvrages à l'attention des
élèves fréquentant le Talmud
Torah. Cette équipe est
composée d'enseignants en
activité, de rabbins et grands
rabbins, d'universitaires de
grande renommée, d'illustrateurs, de gra-phistes, de
traducteurs, de relecteurs ...
Un travail titanesque a été
entrepris pour offrir aux
enfants les meilleurs outils
pédagogiques possibles. Cette
série d'ouvrages est composée
de vingt livres (dix livres de l'élève et dix livres du Maître),
dans les domaines de la vie juive, des personnages bibliques,
des textes bibliques, de l'histoire juive et de l'explication de la
prière.
Chaque livre comporte environ
120 pages et contient une moyenne de
30 cours. Une grande réflexion a été
menée avant d'entreprendre l'écriture
de ces ouvrages. Un audit sociologique
a même été envoyé aux parents pour
prendre en compte leur avis dans ce
grand projet. Les livres sont colorés, avec
des illustrations pour chaque exercice,
des jeux, des évaluations, des travaux
manuels inclus dans le livre (pour les
petites classes) etc.
Mais le plus important, c'est qu'un cours
ne se répète pas d'année en année. L'idée
de la H'azara à été gardé mais chaque
thème transporte l'enfant dans une
découverte. Par exemple, les livres "Textes
bibliques", qui contiennent des thèmes
choisis du Houmach qu'un enfant va
28 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
découvrir en kita guimel
(âge durant lequel l'enfant
sait lire), sont une vraie
découverte de la Bible avec
évidement le texte "mékori"
du Houmach mais aussi un
véritable apprentissage
ludique de la façon
d'étudier le Houmach. Les
thèmes abordés sont variés
et très riches.
Le livre du Maître a
également été innové. Un
livre qui est l'identique du
livre de l'enfant mais avec
des annotations, des idées
dans les marges, un timing
de cours, des indications
etc. Et les réponses aux
exercices afin de lui faciliter
sa tâche dans l'ensei-gnement. Bien sûr, rien ne remplacera
un bon professeur qui suit une formation permanente.
Une grande interrogation en fin d'année est aussi très
importante. C'est pour cela que sera renouvelée chaque année
cette interrogation (qui a réuni 1500 enfants la dernière fois)
et qui comportera ces nouveaux apprentissages.
A noter que ces livres conviendraient parfaitement à des écoles
juives. Les Talmud Torah non-affiliés au Consistoire et les
écoles juives peuvent contacter le service éducatif pour une
commande ou même, si ils le désirent, travailler ensemble sur
un programme annuel de Kodesh incluant ces nouveaux outils.
Mais les nouveautés de cette rentrée ne
s'arrêtent pas là. Parce que les efforts déployés
pour développer de nouveaux outils
pédagogiques ont aussi vocation à bénéficier
à tous les talmudei Torah en France, à
l'initiative de David Amar, une campagne de
formation à travers les grandes communautés
de province aura lieu très prochainement.
La première communauté concernée sera
Bordeaux. Cette campagne se déroulera dans
le cadre d'ateliers itinérants avec pour support
pédagogique des livres d'une qualité et d'un
enseignement exceptionnels ayant pour
disciplines majeures la lecture, le Tanakh,
les dinim et la vie juive.
Il est à noter, d'ores et déjà, qu'une Journée
Européenne de l'éducation est programmée
pour Novembre 2009.
LA VIE DU CONSISTOIRE
Comme chaque année, sous l'impulsion du Président des services éducatifs David Amar, le Consistoire de Paris a
organisé du 12 au 19 juillet un voyage en Israel (avec le soutien de l'agence juive) auquel ont participé 60 enfants
de 10 à 14 ans. Ce voyage exceptionnel leur a permis de découvrir Israël comme ils ne l'ont jamais vu ! Kayak sur le
jourdain, balade à dos de chameau, croisiere sur la kineret, fouilles archeologiques, visite des lieux saints, la cité de
David, repas de chabbat innoubliables... Les reservations sont dèja ouvertes pour juillet 2010.
Appelez le 01.40.82.26.61
Calendriers 5770 du Consistoire
C
omme chaque année, le travail de préparation et de fabrication du nouveau
calendrier 5770 de l'ACIP et de celui du Consistoire Central s'est poursuivi tout
l'été pour finalement aboutir à une publication comme prévu à l'occasion des
fêtes de Tichri. Les nouveaux calendriers
comportent notamment comme chaque année
toutes les informations nécessaires concernant la
vie des différentes communautés à Paris et sa région
ou en province, l'organisation et les missions des
services du Consistoire, les coordonnées des
synagogues, des mikvaot, des écoles ou des
commerces cacher, et la liste des produits autorisés,
et bien entendu le calendrier complet de l'année
avec les horaires des Chabbatot et des fêtes. Ils
seront disponibles sur simple demande au
Consistoire de Paris et au Consistoire Central rue
Saint-Georges à Paris.
Réunion avec les présidents de communautés
pour la préparation des 10 jours
L
Président Mergui a réunit le 22 juillet les présidents de
communautés pour une réunion de travail destinée à
préparer l'organisation des 10 jours du Consistoire. Le
grand rabbin de Paris David Messas et les administrateurs en
charge de certaines des manifestations prévues étaient présents
pour faire état des projets envisagés dans les communautés
concernées. Ces échanges ont permis de sensibiliser les
Présidents à l'importance de ce rendez-vous de la rentrée, de
faire participer les communautés en amont de l'événement, et
de recueillir de nombreuses réflexions et suggestions à ce sujet
afin de créer ensemble, par la concertation et le dialogue, les
conditions pour le succès de ces 10 jours qui sont devenus en
peu de temps un classique de la vie du Consistoire.
Déplacement du Président du
Consistoire Central à Nice
L
e Président Mergui s'est rendu à Nice le
31 août dernier pour rencontrer les
responsables du Consistoire de Nice et de
la région Nice - Côte d'Azur ainsi que le Grand
Rabbin régional David Shouchana. Au cours des
nombreuses réunions de travail organisées dans
un climat serein et constructif, il a notamment
été analysé la situation financière ainsi que
l'organisation de l'institution locale et régionale.
Le Président a fortement insisté pour mobiliser
sur place toutes les énergies possibles afin de
parvenir ensemble à la situation la plus optimale
pour tous et dans l'intérêt de la communauté
juive de la région.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 29
LA VIE DU CONSISTOIRE
Emouvante soirée en l'honneur
de Bar Mitzva et Bat Mitzva
C
omme il est désormais
de tradition, l'ACIP, en
plus de l'action sociale
religieuse de proximité
et d'urgence va au-delà.
Avec l'aide de généreux
mécènes, une cérémonie a été
organisée en l'honneur de 10 Bar
Mitzva et 1 Bat Mitzva dont les familles
n'avaient pas les moyens financiers de
leur offrir une fête.
Ces enfants étaient pour la plupart
présentés par le CASIP et les
Communautés Consistoriales qui les
avaient préparés à la Bar Mitzva.
Madame Michèle Heymann, Chef
du Service Familial du CASIP ainsi que
Madame Orly Ohayon Knafo,
Educatrice avaient convié également
les assistantes sociales chargées de
suivre les familles concernées.
Monsieur le Grand Rabbin de Paris,
David Messas, le Président du
Consistoire de Paris Joël Mergui et le
1er Vice-Président François Sitruk ont
honoré cette soirée de leur présence.
300 personnes composant les familles et amis ont été invités à prendre
place dans la magnifique salle de
réception des Salons Hoche où
l'orchestre et l'animateur ont mis une
ambiance extraordinaire au cours d'un
somptueux dîner..
Le Grand Rabbin de Paris très ému a
béni et embrassé chacun des Bar Mitzva
et les Présidents Joël Mergui et François
Sitruk ont entamé une danse avec eux.
Le message délivré en direction des
jeunes Bar et Bat Mitzva a été celui de
la solidarité dans les joies comme dans
les peines qui caractérise notre
Communauté.
Avant
les
bénédictions
et
encouragements du Rabbin Joseph
Touitou de Saint Brice, la soeur d'un
Bar Mitzva prend la parole au nom de
toutes les familles et plus particulièrement au nom de tous les jeunes qui
comme son frère fêtent aujourd'hui leur
Bar Mitzva.
" Je voudrais tout d'abord vous dire
combien nous sommes émus d'être là,
tous réunis autour d'une si belle fête.
Je m'adresse en particulier à toutes
ces personnes anonymes : bénévoles et
généreuses qui s'unissent dans un
même combat : AIDER, formant ainsi
une chaîne de solidarité.
Vous avez œuvré, dans l'ombre afin
de nous projeter dans la lumière,
chacun à votre niveau de compétence,
dans la plus grande discrétion, modestie
et pudeur afin que cette fête puisse avoir
lieu.
Aucun détail ne vous a échappé !
Franchement, "c'est d'laballe !"
Vous avez fait de nous les stars d'un
soir et le souvenir de cette merveilleuse
fête restera gravé à jamais dans nos
cœurs.
Comme nos petits copains, nous
pourrons dire " on a fait une méga fête"
J'espère qu'un jour, à notre tour, nous
pourrons suivre votre exemple,
dispensant ainsi cet amour à l'égard des
autres et de sa communauté.
Je sais que vous n'attendez ni éloges
ni remerciements et que votre seule et
30 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
unique récompense c'est l'accomplissement de la mitzva de Tsédaka ainsi
que notre satis-faction.
Eh bien croyez moi, c'est gagné! il n'y
a qu'à regarder toutes ces étincelles qui
brillent dans nos yeux… ! Elles
témoignent d'un immense bonheur qui
profitera je l'espère l'année prochaine à
d'autres familles dans les mêmes
conditions. "
Mais l'émotion n'en est pas restée là.
En effet, de somptueux cadeaux
compre-nant ordinateurs portables,
baladeurs MP3, bracelets montre de
qualité, etc.. ont été remis à chacun des
Bar Mitzva lesquels, non prévenus, n'en
croyaient pas leurs yeux, après avoir
déjà bénéficié avant cette soirée de
beaux vêtements tant pour eux que
pour leur famille.
Les larmes des parents, des
accompagnateurs et des organisateurs
et le visage comblé et émerveillé des
enfants constituent le témoignage le
plus éloquent de cette soirée qui s'est
terminée vers 1 h du matin dans la
Simha et par des danses.
CHANA TOVA
Monsieur le Grand Rabbin de
France Gilles Bernheim et Madame
Le Grand Rabbin de France et le
Président du Consistoire Central
de France
adressent à toute la communauté
juive leurs meilleurs voeux
de Chana Tova à l'occasion
de la nouvelle année 5770.
Qu'elle soit placée sous le signe
de la paix pour Israël et
le peuple juif et que chacun
soit inscrit dans le livre de la vie.
19, rue Saint-Georges
75009 PARIS
HADASSAH FRANCE
vous souhaite
Shana Tova pour l'année 5770
Le Grand Rabbin de Paris,
le Président et
les Administrateurs du
Consistoire Israélite de Paris
Ile de France
adressent à la Communauté juive
de Paris et sa région ainsi qu’à
l’Etat d’Israël leurs vœux les plus
chaleureux de Chana Tova
que 5770 soit une année
de paix et de sérénité
Votre soutien nous est précieux. Merci.
Hadassah France - 72, bd Haussmann - 75008 Paris
Tél. : 01.53.42.67.06 -/ www.hadassah.fr
de Chana Tova Oumétouka
Que cette année 5770 apporte la Paix pour le
peuple d'Israël.
Que le Tout Puissant bénisse et protège l'ensemble
de la Communauté Juive de France
KEREN KAYEMETH LEISRAEL
11, Rue du Quatre Septembre – 75002 PARIS
Tél. : 01.42.86.88.88. – Fax : 01.42.60.18.13
Site : www.kkl.fr
E.mail : [email protected]
le K.K.L. de France
“Léchana Tova Tikatévou Vétihatémou”
souhaite à toute la Communauté Juive
17, rue Saint-Georges - 75009 PARIS
Tél. 01 40 82 26 26
www.consistoire.org
CHANA TOVA !
L’œuvre de Protection des Enfants Juifs
Le Docteur Sydney Ohana Président
Michelle Israël Directrice
Béatrice Birnbaum Chargée de Mission - CHU Hadassah
Remercient tous les donateurs et amis pour leur générosité
en faveur de l'Hôpital Universitaire Hadassah de Jérusalem
adressent à l'ensemble de la Communauté Juive
de France tous leurs vœux
Le K.K.L. soutient par son action
la construction d’Eretz Israël
Le K.K.L. développe la terre, plante des
arbres et aménage les réservoirs d’eau.
Le K.K.L., la force tranquille du peuple Juif.
AVEC NOUS POUR ISRAËL !
présente ses meilleurs vœux pour
l’année 5770 à la communauté juive
de France, à Israël et au peuple juif
dans le monde.
10, rue Théodule Ribot - 75017 PARIS
Jean-François Guthmann, Président,
Les membres du Conseil d’administration,
Roger Fajnzylberg, Directeur général,
Et l’ensemble des équipes de l’OSE
vous adressent leurs meilleurs vœux pour cette nouvelle année 5770. Elle
sera marquée pour l’OSE par l’ouverture du Centre Georges Lévy, centre
de santé pour l’enfant, l’adolescent et la famille à Paris 75012, et d’une
“petite maison” consacrée à la prise en charge des enfants en danger ou
en difficulté pour le département du Val-de-Marne, à Créteil.
Avec vous, l’OSE mettra tout en œuvre pour aboutir à la réalisation
des projets qui nous tiennent à cœur.
117 rue du Faubourg du Temple - 75010 Paris
Tél. : 01 53 38 20 20 - Fax : 01 53 38 20 12
www.ose-france.org
BONNE ANNÉE
Le Grand Rabbin de France, Gilles BERNHEIM,
le Grand Rabbin de Paris, David MESSAS,
le Rabbin Moshe SEBBAG, le Président Jacques CANET
et les membres de la commission administrative de la
Grande synagogue de la Victoire
adressent à toutes les familles de la communauté leurs meilleurs vœux
de Chana Tova à l'occasion de la nouvelle année 5770.
[email protected] - Tél. :01 45 26 95 36
Le President,
le Conseil d’Administration,
la Direction, les Professeurs,
les Educateurs, le Personnel
et tous les Enfants de LAVERSINE
présentent leurs vœux de
Chana Tova
à tous les anciens élèves ainsi qu’à la
communauté avec le désir fervent que
l’année 5770 soit l’année de paix
pour Israël et le monde entier.
Tél. : 03 44 25 03 29
Le Centre Israélite de Montmartre
et les 150 enfants accueillis à :
la Crèche Israélite
la Crèche Marcel Bleustein-Blanchet
au Jardin Maternel
Les 75 personnes (25 à 30 familles) bénéficiant
de l’hospitalité du Centre d’hébergement et réinsertion sociale.
Les 450 à 500 usagers qui prennent leurs repas chaque jour
dans sa cantine sociale cachère
Forment des voeux pour la paix au Moyen-Orient
et dans le monde entier
16, rue Lamarck
75018 PARIS
LA FONDATION
CASIP-COJASOR
adresse à toute la communauté
ses meilleurs vœux de bonne
et heureuse année 5770
en particulier aux plus démunis.
8, rue de Pali-Kao
75020 PARIS
Joëlle LEZMI, Présidente de WIZO-France,
les Membres du Conseil d’Administration,
La Directrice, le personnel, toute l’équipe de WIZO-France,
vous souhaitent “chana tovatikatevou !”
Que vous soyez tous inscrits dans le livre de la vie...
Que cette année 5770 voit se réaliser nos communs espoirs de PAIX.
A vous donateurs, adhérents, sympathisants, à tous ceux qui
partagent cet idéal et cette espérance, nous présentons nos meilleurs
voeux pour une année douce et sereine.
WIZO - 10 rue Saint-Augustin - 75002 Paris
Tél. 01 48 01 97 70 - Fax : 01 48 01 97 77
E-mail : [email protected] - Site internet : wizo.asso.fr
Les établissements Marco
représentés par M. MIMOUN,
spécialistes blindages, volets roulants
et rideaux métalliques,
ont le plaisir et le bonheur de vous souhaiter
à vous-même, à tous les membres et à tous
ceux que vous aimez une année 5770
extraordinaire mieux que l'année dernière et
moins bonne que l'année prochaine
Avec mashiah tsidkenou
LE NOUVEAU CENTRE
COMMUNAUTAIRE DE PARIS
présente à tous ses membres
et amis ses meilleurs vœux de santé
et bonheur à l’occasion de la
nouvelle année, et les informe de
la reprise de toutes les activités.
119, rue Lafayette - 75010 PARIS
Tél. : 01 53 20 52 52
et le Comité Directeur
Le Crif
SPORTIVE ET CULTURELLE
présente à la communauté juive
de France et à Israël ses vœux
chaleureux de Chana Tova.
adressent à l’ensemble
de la Communauté et au
Mouvement Sportif Juif Français
leurs Meilleurs Vœux pour 5770.
Espace Rachi – 39 rue Broca - 75005 PARIS
(Bonds d’Israël)
« L’Economie au Service de la Paix »
vous présente ses meilleurs vœux
pour l’année 5770.
A.C.E.F.I.
Association de Coopération Economique France Israël
43, rue Le Peletier - 75009 PARIS
Tél. : 01 42 85 85 50
Fax : 01 42 80 48 39
Le Président
de la FÉDÉRATION FRANCAISE
Tél. : 01 42 17 11 11 - Fax : 01 42 17 11 50
email : infocrif @crif.org
www.crif.org
L’Emprunt de l’Etat d’Israël
MACCABI
4, rue de Nice - 75011 PARIS
Tél. : 01 43 67 07 62
L’Association visites aux malades
“BIKOUR HOLIM”
(Fondée en 1956)
adresse à tous ses adhérents et amis,
ainsi qu’à tous les membres
de la communauté ses meilleurs vœux
pour une bonne année.
Aidez-nous afin qu’elle soit une année
heureuse pour les plus démunis
de notre communauté.
17, rue d’Enghien - 75010 PARIS
Tél. : 01 47 70 28 21
CHANA TOVA
LA CENTRE COMMUNAUTAIRE
ISRAÉLITE DU VESINET
ODASEJ
C.C.I.V.
L’ Œ U V R E D ’A S S I S TA N C E S O C I A L E A L’ E N FA N C E J U I V E
souhaite à la Communauté Juive de France
et au peuple d’Israël ses meilleurs vœux de
Paix, de Bonheur et de Prospérité pour
l’année 5770.
est heureuse d’adresser à la
Communauté juive de France
ses meilleurs vœux à l’occasion
de la nouvelle année 5770.
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39, rue Broca - 75005 PARIS
est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919
L'Aide aux aveugles
Israéliens
Association française agréée auprès
du Ministère des Affaires sociales d'Israël
adresse à tous ses amis,
membres donateurs, légataires,
ses vœux les plus sincères.
3, rue de la Cigogne - 68000 COLMAR
Fédération
des Sociétés
Juives de France
Son Président
Maurice Skornik
Tél. : 01 42 17 07 57 – Fax : 01 42 17 07 67
le Comité Féminin
de L’ORT
présente à tous ses membres et
amis ses meilleurs vœux de bonheur
pour l’année 5770.
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10, Villa d’Eylau - 75116 PARIS
Tél. : 01 45 00 49 44
5770
Le conseil d’administration
et toute son équipe
70, rue Turbigo - 75003 PARIS
Chrétiens et Juifs de
adressent à toute
la communauté
de France
leurs meilleurs vœux
pour la nouvelle
année 5770.
Tél. 01 44 61 29 15
L’Institut Weizmann des Sciences est un centre
multidisciplinaire, un jardin des sciences à la pointe de la
recherche scientifique dans le monde.
Dans ce Campus, des centaines de chercheurs, de
techniciens de laboratoires et d’étudiants s’embarquent
chaque jour pour des voyages fascinants vers l’inconnu
afin de mieux comprendre la nature et la place de l’homme
A tous nos Amis, Heureuse Année. Chana Tova
INSTITUT WEIZMANN
DES SCIENCES
17, rue Mesnil - 75116 PARIS
Tél. : 01.47.04.33.43 - Fax : 01.47.55.10.84
e-mail : [email protected]
www.weizmann-france-europe.org
LE COMITE FRANÇAIS POUR
YAD-VASHEM
présente ses meilleurs voeux de bonne
et heureuse année à ses ahérents et à
toute la communauté. Et vous rappelle
l'importance de remplir la feuille de
témoignage (DAF-ED) gratuitement
mise à votre disposition.
33, Rue Navier, 75017 PARIS
Tél. : 01 47 20 99 57
l’Amitié Judéo-Chrétienne
de France
présentent à toute la communauté juive
leurs vœux les meilleurs à l’occasion
de Roch Hachana.
60, rue de Rome, 75008 PARIS
Tél. : 01 45 22 12 38
MAGUEN DAVID ADOM FRANCE
adresse ses meilleurs voeux de bonheur, de
prospérité et de santé à toute la communauté juive
à l'occasion de Roch Hachana 5770.
Merci de nous aider à sauver des vies en Israël
MDA France, 40 rue de Liège - 75008 Paris - 01 43 87 49 02
[email protected] - www.mda-france.org
En Israël, un seul numéro sauve des vies : le 101
ORT FRANCE
EDUCATION ET FORMATION
présente ses meilleurs vœux
à la communauté à l’occasion
de la nouvelle année.
ASI – ABSI – KEREN’OR
Gil et Karen TAÏEB ainsi que toute leur
équipe remercient les généreux
donateurs qui soutiennent leurs actions
en faveur d’Israël et tout particulièrement
de TSAHAL et leur présentent leurs
meilleurs vœux à l’occasion des fêtes
de ROCH HACHANA 5770.
236, Boulevard Voltaire
75011 Paris
Tél. : 01 45 63 55 30
L’Association Culturelle
des Sourds Juifs de France
présente à la communauté juive de France,
à tous ses membres et à tous ses amis,
ses vœux de Chana Tova.
73, rue Curial - 75019 PARIS
entrée : bât. Tour D
Email : [email protected]
Fax : 01 42 09 25 93
Jean Paul KLING,
Président
de la Communauté Israélite
de STRASBOURG
et les Membres de la
Commission Administrative
adressent à tous les membres de la
Communauté leurs vœux de santé, de
bonheur et de paix pour l'année 5770.
C.I.S. 1a, rue René Hirschler
B.P. 30183 - 67005 Strasbourg Cedex
Tél. : 03 88 14 46 50
L’Association Israélite d’Oranie en France
“ Synagogue Elie DRAY ”
le Président Joseph Georges BENAZERA
le Rabbin Shélomo ZINI
le Conseil d’Administration
adressent à l’ensemble de nos institutions,
à notre Communauté et à l’État d’Israël
nos vœux les plus sincères de Chana Tova 5770
218-220, rue du Faubourg St-Honoré - 75008 Paris
Tél. : 01 45 61 20 25 - Fax : 01 45 61 14 35
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BONNE
SHANA
ANNÉE
TOVA
33
A.C.I.P. TOURNELLES
Présente à la communauté Juive de France
La Commission Administrative
adresse ses vœux
cordiaux et chaleureux
à toute la Communauté.
21 bis rue des Tournelles
Tél : 01.42.74.32.80 - Fax : 01.48.04.93.74
Mail : [email protected]
La Coopération Féminine
Une bonne et heureuse année,
Pleine de santé, de joie et de prospérité.
CHANA TOVA 5770 -
BANK HAPOALIM FRANCE
Bureau de représentation
33 rue Marbeuf - 75008 Paris
Tél. : 01 56 88 20 00 - Fax : 01 42 25 15 51
vous souhaite une excellente année 5770
Pour vous, votre famille et vos amis
Vœux de paix dans le monde pour Israël
39, rue Broca - 75005 PARIS
Tél. : 01 42 17 10 90 – Fax : 01 42 17 10 89
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email : [email protected]
Les Fils et Filles
des Déportés Juifs de France
vous souhaitent une heureuse nouvelle
année et rappellent que ce sera celle
du 67è anniversaire de la déportation
des Juifs de France en 1942.
32, rue La Boétie - 75008 PARIS
Tél. : 01 45 61 18 78
Monsieur Eric de Rothschild, Président
Les Membres du Conseil d'Administration,
La Direction Générale
de la Fondation de Rothschild
adressent leurs vœux les plus chaleureux
aux résidents de leurs établissements, à leurs
familles et au personnel en ce début d'année 5770
et leur souhaitent de passer les fêtes de Tichri
dans la joie et le bonheur familial.
76, rue de Picpus - 75012 PARIS
M. Zvi Ammar Président du Consistoire
et l’ensemble de son Conseil d’Administration
Rav Reouven Ohana, Grand Rabbin de Marseille
Rav Shmouel Melloul, Dayane de Marseille
M. Elie Berrebi, Directeur Général
et l’ensemble des permanents
Rabbiniques et Administratifs
vous adressent leurs voeux les plus chaleureux de
Chana Tova - Année de Paix - de Santé de Bonheur - pour tout le peuple juif.
117-119, rue Breteuil - 13006 MARSEILLE
Tél. : 04 91 37 49 64 - Fax : 04 91 37 83 89
LA COMMUNAUTÉ JUIVE
DE NIMES
- L’Acing
- Le Centre Communautaire
- Wizo
- Réseau Ezra de Nimes
- BBYO
- Cercle A. Cremieux
- Association France-Israël
vous adressent leurs
meilleurs vœux pour la nouvelle année.
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40, rue Roussy, 30000 NIMES
Tél. : 01 44 68 72 98
M. le rabbin Jonathan GUEZ
Le président Michel DLUTO
La commission administrative
de la communauté israélite
de la VARENNE-SAINT-HILAIRE
souhaitent à tous leurs fidèles et amis leurs meilleurs
vœux de bonheur, santé et prospérité pour l’année
nouvelle 5770.
10 bis, avenue du Château
94210 LA VARENNE-SAINT-HILAIRE
hbve hnw
La Solidarité
présente ses meilleurs vœux
à ses membres et à ses amis
ainsi qu'à toute la communauté
pour l'année 5770.
14, rue Saint-Lazare - 75009 PARIS
Le Rabbin, le Président
et les Membres de la Commission
administrative de la Communauté
Chasseloup-Laubat
adressent leurs meilleurs vœux à tous leurs
fidèles, à tous leurs amis et aux
jeunes couples qu’ils ont eu la joie de
marier dans leur synagogue.
14, rue Chasseloup-Laubat, 75015 PARIS
CHANA TOVA
5770
A l’occasion de Roch Hachana 5770,
Monsieur le Rabbin, le Président et les
Membres du Conseil D’Administration
ont le plaisir et la joie d’offrir à tous
les fidèles et leurs familles et aux
sympathisants, leurs meilleurs voeux de
santé, de bonheur et de joie.
5, impasse Copernic, 44000 NANTES
Tél. : 02 40 73 48 92 - Fax : 02 40 73 96 44
Le Grand Rabbin, Rav Senior
Le Dayan, Rav Charbit
Le Roch Kollel, Rav Zeev Taperman Chlita
Le Rabbin du Habad, Rav Mellul
Les Rabbanins de la Communauté de Créteil
Le président de la Communauté de Créteil
M. Albert Elharrar
Les Membres du Conseil d’Administration
Les Président(e)(s) d’Association
adressent leurs voeux les plus chaleureux
de bonheur, de prospérité, de réussite et
de santé à tous les membres de leur
communauté et souhaitent au pays et à
l’Etat d’ISRAËL dont ils sont solidaires
une année de paix.
Centre Communautaire KYRIAT-EL
Rue du 8-mai 1945 - 94000 CRÉTEIL
Tél. : 01 43 77 01 70
CHANA TOVA
M. René Khalifa, Président
M. Abraham Dahan, Ministre-officiant,
les Membres de la Commission
Administrative
ACIP ANTONY
Monsieur le Rabbin Raphaël EDERY
Et la Commission Administrative d’Antony
adressent aux fidèles de la
présente à toute la communauté Juive
leurs voeux les plus chaleureux de
FONDATION FLEISCHMAN
et à leurs familles leurs meilleurs vœux
pour la nouvelle année 5770.
CHANA TOVA
Que 5770 soit une année de Paix et Sérénité
Communauté d’Antony
18, rue des Ecouffes - 75004 PARIS
Tél. : 01 48 87 97 86
M. Jacob DAHAN, Président,
Le Rabbin et les membres de
la commission administrative
CHANA TOVA
Le Rabbin, le Président,
les Membres de la Commission
Administrative de la
COMMUNAUTÉ DE CHELLES
implorent Le Tout Puissant d’accorder
au peuple juif et au monde entier,
une paix universelle.
SYNAGOGUE
ACIP “YISMAN MOCHÉ”
42 Rue des Saules - 75018 Paris
LE RABBIN, LE PRESIDENT
ET LE COMITÉ PARISIEN
DES ISRAÉLITES DE L’ALGÉROIS,
LA COMMISSION ADMINISTRATIVE
DE LA SYNAGOGUE
BERITH CHALOM
sont heureux d’adresser
au grand rabbin de France,
au grand rabbin du Consistoire Central,
au grand rabbin de Paris,
au président du Consistoire de Paris
ainsi qu’à leurs nombreux fidèles
leurs vœux
de bonne et heureuse année 5770.
18, rue Saint-Lazare, 75009 PARIS
[email protected]
Le Rabbin Mikaël JOURNO,
Gilles BOUCHARA,
Président de la communauté de
Fontenay aux Roses,
et les membres du Conseil d'Administration
adressent leurs vœux de Chana Tova
à toute la communauté.
17, avenue Paul Langevin
92260 FONTENAY-AUX-ROSES
Tél. / Fax : 01 46 60 75 94
Le Rabbin, le Président,
le Comité, Les Membres de
la Synagogue BETH DAVID
présentent à toute la communauté juive de
France ainsi qu'à l'État d'Israël leurs vœux
les plus Chaleureux pour cette
nouvelle année 5770.
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25, Avenue du Général de Gaulle
94500 CHAMPIGNY SUR MARNE
5770
présentent leurs meilleurs vœux
à l'occasion de cette nouvelle année 5770 à
tous ses membres, ainsi qu'à la Communauté
Juive de France.
14, rue des Anémones - 77500 CHELLES
Tél. : 01 60 20 92 93
LE RABBIN JEAN LEVY,
LE RABBIN SIMON AZOULAY,
ME JACQUES HUBERT GAHNASSIA,
PRÉSIDENT,
LA COMMISSION ADMINISTRATIVE
de VAUQUELIN et TALLÉ ORA
souhaitent à leurs fidèles et à toutes les
communautés Chana Tova pour 5770.
9, rue Vauquelin - 75005 PARIS - Tél. : 06 09 21 15 85
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BONNE
SHANA
ANNÉE
TOVA
Le Président Isaac Perez,
le Rabbin Kotiel Berdugo,
les Membres de la
A.C.I.P.
Commission Administrative VERCINGETORIX
souhaitent à tous leurs fidèles, amis et à
l'Etat d'Israël, leurs meilleurs vœux de
Chana Tova, de paix et de prospérité à
l'occasion de cette nouvelle année 5770.
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les offices de Kippour se dérouleront au gymnase
Le Rabbin Alain COHEN,
le Président Salomon SEBBAG
et la Commission Administrative
de Courbevoie et La Garenne-Colombes
vous souhaitent une bonne et heureuse année.
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ACIP : 13, rue L. M. Nordmann
92250 LA GARENNE-COLOMBES
Tél. : 01 47 88 43 44
31 rue du Commandant Mouchotte - 75014 Paris
Le Président
Dr David ROUAH,
ACIP VITRY
le Rabbin
et RAMBAM 94
M. David ELFASSI,
l’Association Médicale
et la Commission Administrative
vous adressent tous leurs vœux
pour l’année 5770.
A.C.I.V. – 127, av. Rouget de L’Isle,
94400 Vitry - Tél. 01 46 80 67 54
223, rue Vercingétorix - 75014 PARIS
Tél. : 01 45 45 50 51
CHANA TOVA
5770
Le Rabbin, le Président
de la communauté de
CHOISY-ORLY-THIAIS
adressent leurs meilleurs vœux
à toute la communauté juive de France
et au peuple d'Israël, particulièrement
à la ville d'O3 Yehouda.
28, avenue de Newburn
94600 CHOISY-LE-ROI
Tél. : 01 48 53 48 27
Les ETS BERTON-BALLARD
A l’occasion de la nouvelle année 5770
Le Rabbin David Benaïm
Le Président Robert Attia
La Commission Administrative de
ROISSY-EN-BRIE
souhaitent une bonne et heureuse année,
pleine de santé, de joie et de prospérité à toute
la Communauté de ROISSY-EN-BRIE
et de ses environs.
1 Av Paul Cezanne - 77680 ROISSY-EN-BRIE
Tél. 01 60 28 36 38
Dany et Jean Bernard LEMMEL
Robin et Silvie, Sonia
Ont le plaisir de présenter à leurs
famille et amis
Leurs meilleurs vœux de
CHANA TOVA
Thonon les Bains : 1 chemin de Bellevue
Lausanne et Jérusalem
Le Rabbin et les Presidents
des associations de
adressent leurs meilleurs vœux de
Chana Tova à leurs adhérents et amis.
1, rue Jean-Moulin - 91130 RIS-ORANGIS
le Bureau de l’A.C.P. Meudon
Le Rabbin A. DAHAN et
son aide M. KNAFO,
le Président G. SITBON
et les membres du Comité et
de la Communauté,
adressent à tous, ainsi qu’à l’Etat
d’Israël leurs voeux sincères
de CHANA TOVA 5770
St-Ouen-L’Aumône / Cergy-Pontoise
Ets SCHNERF
ses Collaborateurs
vous présentent
leurs vœux les meilleurs
pour cette Nouvelle année
Tél. 01 42 72 88 21
C.E.D.E.R. et D.P.M.
La Commission Administrative de la
114 Av. Marx Dormoy - 92120 MONTROUGE
11 rue Notre Dame de Nazareth
75003 Paris
L’ACIP RIS-ORANGIS
Communauté de Meudon-Clamart
et tous leurs collaborateurs vous
présentent leurs bons vœux pour la
nouvelle année
La Commission Administrative
de l’ACIP SEVRAN
Présente à ses fidèles et à toute la
communauté juive ses meilleurs
présentent à toute la communauté et à
la ville jumelle Mazkeret Batya
leurs voeux de Chana Tova.
voeux pour l’année 5770 et souhaite
15, rue Millandy - 92360 MEUDON-LA-FORÊT
25, bis Rue du Docteur Roux BP 111
Tél. : 01 46 32 64 82
93270 SEVRAN
Paix et sécurité à l’État d’Israël.
CHANA TOVA
OHR HANNA
SALOMON ROGER WARGA
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Organisation de Justice et de Bonté
Toute l’équipe d’OHR HANNA adresse à tous
ses amis et à toute la communauté ses
meilleurs vœux de Chana Tova.
Réfoua chelema à tous nos malades.
Etre au service des pauvres et des malades
est le combat de OHR HANNA. Ensemble nous continuerons
à agir au service des nôtres.
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leurs bons vœux
pour la nouvelle année.
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souhaite à tous les annonceurs,
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Chana Tova
pour cette nouvelle année 5770
BONNES FEUILLES
Les nouveaux marranes
PAR PAUL GINIEWSKI
Notre ami Paul Giniewski publie un nouveau livre " Une résistance juive " ( Editions Cheminements. 296
pages, 22 euros) dans lequel l'auteur relate ses souvenirs de jeune militant d'un réseau de la Résistance juive
de France, le MJS ( Mouvement de la jeunesse sioniste) .
Cependant, la préoccupation centrale de l'œuvre de Paul Giniewski, le conflit israélo-arabe, n'est pas absente
de ses souvenirs de jeunesse : le peuple juif en lutte pour sa survie en Europe, se battait alors déjà sur un
deuxième front, en Erets Israël. Nous publions ci-dessous un extrait du livre.
N
ous sommes comme
une petite république,
une communauté,
une
confrérie
religieuse laïque, avec
ses moeurs dictées
par la prudence et la clandestinité et
par le réconfort que nous trouvons
dans notre fraternité. Nous sommes
une famille, un ghetto. Les solutions
que nous avons trouvées à nos
problèmes sont bien adaptées à ces
problèmes, et dans les autres villes, les
Juifs les imitent ou les ont trouvées
eux-mêmes. Un jour, le rabbin Kapel
nous a parlé des Marranes, ces Juifs
d’Espagne qui, pour se soustraire à
l’Inquisition, adoptaient un masque
chrétien, il y a près de cinq cents ans.
Kapel n’a pas songé à nous expliquer
qu’ils ont fait comme nous. Ou plutôt,
nous faisons comme eux. Nous
sommes le gibier traqué et nous vivons
comme le gibier adapté efficacement
à ses conditions de vie par les milliers
de générations qui l’ont précédé.
Nous ne communiquons que de vive
voix. On ne s’envoie pas de lettres. On
ne téléphone pas. On n’inscrit aucune
adresse dans nos calepins et le mieux,
c’est de ne pas connaître celles des
camarades. On les appelle par leur
prénom. Je ne connais presque aucun
de leur nom de famille véritable, ou
même de leurs noms de guerre.
Les réunions ne sont pas annoncées.
On sait que chez Marie-du-beurre et
chez madame Jeanne on apprendra
l’heure de la prochaine conférence et
l’information est répercutée, on ne sait
pas exactement comment. De toute
façon, au chalet, on saura tout sur les
exposés et les débats que préparent tels
camarades, ou mieux encore, on aura
la surprise d’entendre l’écrivain Henri
Hertz parler de littérature, de faire la
connaissance du poète Joseph
Milbauer. Surtout, nous retrouverons
40 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
ceux que nous connaissons bien, et
que nous aimons bien et leurs thèmes
habituels dont la répétition nous
rassure. Le rabbin Kapel expliquera les
liens de l’idée sioniste avec la religion
et le pays d’Israël, Elek exposera une
nouvelle fois la pensée des grands
penseurs sionistes-socialistes, Berl
Borochov ou Haïm Brenner.
Notre usage prudent de la parole,
notre réticence à nous confier à l’écrit
ne veulent pas dire que nous avons
pour règle absolue de nous passer de
la poste. Ma soeur Klara nous a écrit
plusieurs fois de Chapareillan. Ses
lettres n’ont pas été censurées.
Toto nous écrivait quand nous étions
encore en Belgique. Les enveloppes
ouvertes par la censure étaient
surchargées de tampons allemands,
des mots, des phrases entières étaient
barrés de grands traits noirs opaques.
Pour déjouer la censure, des mots
codés sont nés spontanément, qui
puisent dans la logique, dans la langue
Amalec, l’ennemi héréditaire, ou
Aman, le sanguinaire ministre du roi
Assuérus qui voulait exterminer les
Juifs de Perse, et dont on célèbre la
déconfiture lors de la fête de Pourim.
Quel Juif ne déchiffrerait pas ces
transpositions transparentes ? Hitler,
c’est évidemment pharaon.
Les travestissements linguistiques
varient à l’infini. Tout Juif comprendra
que lorsqu’on lui donne des nouvelles
de M. le curé, qui a célébré la première
communion du fils, on lui parle de M.
le rabbin qui a célébré sa bar-mitsva.
L’UGIF est la famille Brith (qui veut
dire alliance), Xavier Vallat devient
quinze, entrer à l’hôpital peut signifier
être arrêté ; devoir se suralimenter,
avoir besoin d’une carte d’alimentation
; avoir la jaunisse, porter l’étoile jaune,
donc, ne pas encore être planqué. C’est
rudimentaire, approximatif, et cela
fonctionne. Un Juif est un Breton. Le
maquis de l’Armée juive est l’auberge.
Et ainsi, indéfiniment.
Tout Juif comprendra que lorsqu'on lui donne des
nouvelles de M. le curé, qui a célébré la première
communion du fils, on lui parle de M. le rabbin qui
a célébré sa bar-mitsva.
hébraïque, dans le trésor culturel juif.
Quand on ne comprend pas, un autre
Juif, plus imaginatif, plus instruit
dépannera. Aller chez Nyster veut dire
se planquer, du verbe hébreu. Chez
Halevi signifie en Espagne, du nom
du grand poète juif hispanique
Jehouda Halevi. Chez l’oncle Mayer,
c’est en Suisse, du nom du dirigeant
communautaire bien connu de
Genève. Les Talkim sont les Italiens
(d’italkim), et les Allemands
naturellement
Notre étrange vocabulaire, nos
allusions à notre histoire et à la langue
sacrée et renaissante en Palestine,
dictés par la nécessité, expriment aussi
notre jubilation intérieure de réussir à
exprimer notre judaïsme, à faire
étalage de notre richesse culturelle et
historique devant les Allemands et
impunément. Même si nous nous
attachons peu à peu à notre nom
d’emprunt, notre spécificité, notre
authenticité rejaillissent. Quand la
troupe Rashi des EIF devenait la
troupe Pasteur des Éclaireurs
BONNES FEUILLES
unionistes, elle afficha le portrait de
Pasteur dans son local, mais n’avait
nullement renoncé à parler de Rashi à
ses louveteaux. L’occultation de Rashi
renforçait sa présence réelle. Notre
groupe MJS ne porte pas de nom
d’emprunt.
C’est le gdoud, simplement. Venir
au gdoud est une expression d’une
infinie richesse. C’est revenir à nous,
au foyer, à la maison. En plein coeur
de Grenoble occupée et sous la férule
de Vichy, c’est se débarrasser pour un
moment de son métier de placeur de
contrats d’assurance, d’étudiant, de
contremaître en maroquinerie que
nous sommes devenus, reprendre
conscience que c’est pour la durée
d’un interlude. C’est entrer, comme
un plongeur, dans sa cloche de
plongée qui lui permettra de respirer
dans un milieu qui n’est pas le sien.
Le scaphandrier se déplace sous l’eau,
mais il n’est pas un poisson. La
comparaison n’est pas aventurée. Je
ressemble à ceux que je côtoie dans
la rue, dans les trains, dans les
autocars, je parle leur langue sans
doute mieux qu’eux, et je les sens
étrangers. Ils ne sont pas comme moi,
comme nous, en permanent danger
de mort. Le Maréchal, qu’ils l’aiment
ou non, a mis fin à leur guerre, ils
sont démobilisés. Nous, les résistants
juifs et tous les autres Juifs, sommes
des mobilisés forcés permanents. S’il
y avait une rafle, cette paysanne
transportant des poulets dans un
panier s’en tirerait sans problème. Ma
mère, certainement pas. Si les
Allemands ou les chasseurs de Juifs
déshabillaient le paysan, il ne
risquerait rien. Moi, je serais pris. Audelà d’une adaptation parfaite, il reste
cette irréductible différence. Il faut
en permanence ne pas l’oublier, se
fondre encore mieux dans la masse,
s’adapter, mais tout peut s’effondrer
en un instant. On ne trouve de
véritable détente que sur notre île
déserte, entre nous. Véritable ?
Illusoire ? Je sais bien que nos “bifs”
et nos “synthés” et nos codes de
langage sont des succédanés
d’armures, peut-être seulement des
armures de théâtre en carton-pâte.
Efficaces ? Les coquilles des
escargots, les carapaces des tortues
le sont contre certaines pressions. Pas
contre des marteaux-pilons.
Je sais bien que nous ne vivons pas
en autarcie. Nous n’avons pas sécrété
tout seul notre carapace. Nous
recevons beaucoup du milieu. Je suis
bien placé, comme tous mes
camarades de “l’éducation physique”,
pour savoir ce que nous devons à nos
sympathisants et alliés, les mairies,
statut des Juifs. Je les juge peut-être
trop sévèrement ? Moi aussi, après tout,
si je m’examinais avec probité, je me
découvrirais bien des points communs
avec eux. Suis-je réellement préoccupé
des jeunes du STO dont je fais état ?
Même si nous nous attachons peu à peu
à notre nom d'emprunt, notre spécificité,
notre authenticité rejaillissent.
les curés, les secrétaires de mairies
qui nous aident, à tous ceux qui
donnent abri aux Juifs cachés. Que
ferions-nous sans eux ?
Je sais bien, aussi, qu’ils sont peutêtre les arbres qui cachent la forêt
touffue. Les autres sont également
présents.
Les vichyssois, les miliciens, les
dénonciateurs. Et après ceux qui sont
activement hostiles, la grande masse
des indifférents, tels ces enseignants
et fonctionnaires qui n’ont pas
protesté quand Pétain a institué le
Par le sort des prisonniers de guerre
français ? Et je trouve mon plaisir avec
les comédies de Plaute et les rigueurs
des Parnassiens, tandis que ma soeur
Rosa et Lily Abelew sont dans les
camps. Et chacun de nous, Georges,
Toto, même le sévère Simon, et tous les
autres, ont sûrement leurs plaisirs
secrets, leurs équivalents de Plaute. Je
pense à mon oncle Benno, le frère de
ma mère. Il aimait les dictons, comme
mon père. Quand j’étais enfant, il
répétait souvent : “Jedes Tierchen hat
sein laisirchen” (Chaque petite bestiole
a ses petites joies).
ODASEJ
L’ Œ U V R E D ’A S S I S TA N C E S O C I A L E A L’ E N FA N C E J U I V E
est une association reconnue d’utilité publique par décret du 28 mai 1919
Pa r c e q u ’ u n e n f a n t h e u r e u x
devient un adulte qui a de meilleures chances
de construire son avenir et celui
de la communauté
L’ODASEJ a pour mission
d’aider les enfants et les adolescents défavorisés ou
en difficulté sur le territoire national
Leur avenir
est entre vos
Transmettez
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votre nom à un programme
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Perpétuez la mémoire de vos parents …
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Que vous ayez des héritiers ou non, vous pouvez faire
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ODASEJ ESPACE RACHI, 39, RUE BROCA, 75005 PARIS
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 41
MÉMOIRE
“Il faut laisser
du temps au temps”
J
amais je n’ai pensé que cette
maxime pourrait trouver sa
justification
dans
une
décision que j’ai prise il y a
60 ans ! Lors de ma
déportation en septembre
1942,
mon
père,
reconnu
intransportable, avait été autorisé à
rester dans le camp de Noé, en Haute
Garonne. Il avait alors 46 ans. Puis ce
furent trois années à Auschwitz.
Evadé après la “marche de la mort”,
rapatrié via Odessa, débarqué à
Marseille, j’avais pris le train me
ramenant à Revel, l’endroit où mes
parents, ma sœur et moi avions été
arrêtés. Durant ce voyage je m’étais
mis à rêver que je retrouverais mon
père, certes pas en parfaite santé, mais
vivant et heureux de m’entourer de son
affection, après ces années de
souffrances.
De retour enfin dans cette petite ville
du Sud-Ouest, grande a été ma
déception de ne pas être attendu à la
gare. Je me suis précipité chez une
amie de mes parents car j’avais gardé
le souvenir du chaleureux accueil
qu’elle nous avait réservé lors de notre
arrivée de Bruxelles, au début de la
guerre, en mai 1940.
Après d’affectueuses retrouvailles, je
demandai aussitôt quel avait été le sort
de mon père. La nouvelle qu’il était
mort un an après notre déportation vint
s’ajouter au deuil de tous les miens.
J’allais donc devoir seul affronter
l’avenir et me frayer un chemin dans
la vie !
Accompagné par cette amie qui
m’est depuis devenue très chère, je me
suis rendu au cimetière de Revel : là,
au milieu de toutes les tombes, sur une
planchette noire, étaient inscrits le nom
de mon père et la date de son décès.
Il me fallait très rapidement acheter
une concession afin que sa dépouille
puisse reposer en paix et n’aille pas
rejoindre la fosse commune.
42 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
Puis a commencé pour moi l’effort
de la réintégration dans la vie normale.
J’ai repris des études au terme
desquelles j’ai trouvé un emploi à Paris
et dès que mes moyens financiers me
l’ont permis, j’ai décidé d’ériger une
sépulture digne de mon père.
Afin de respecter nos traditions, il
m’aurait fallu transférer son corps
dans un carré juif de l’un des
cimetières parisiens. J’ai hésité à le
faire; pensant à tort ou à raison que
mon père, durant sa dernière année
de vie, avait été entouré par les gens
du pays lesquels lui avaient apporté
aide et consolation. En outre ils
auraient pu considérer mon geste
comme une marque d’ingratitude ou
encore imaginer que j’estimais leur
cimetière indigne de la dépouille de
mon père. Ma décision fut alors, bien
que conscient d’enfreindre nos
usages, de laisser mon père reposer à
l’endroit où il avait été enterré. Je
faisais graver sur la pierre tombale un
Maguen David ainsi que les noms de
ma mère et de ma sœur, avec la
mention “Déportées en 1942 mortes
à Auschwitz”.
Guidé par l’idée que cette seule
tombe juive inciterait le passant à s’y
arrêter, à se poser des questions sur
cette présence insolite et à vouloir
connaître l’histoire de ma famille et
plus particulièrement celle de la
déportation. Quelques années plus
tard, nommé citoyen d’honneur de la
petite ville de Revel, j’ai constaté à
cette occasion à quel point cette tombe
était ignorée et j’ai pensé que mon
choix, il y a soixante ans, avait été
erroné.
Je fis part de ma frustration à mon
ami Jules Soletchnik qui avait été élève
au Collège durant les années noires.
Sa réponse m’a rasséréné. Il ne
manquait jamais, me confia-t-il, en se
rendant à Revel de déposer une petite
pierre sur la tombe qu’il considérait un
peu comme la sépulture de son père,
Résistant, déporté en juillet 1944 et
PAR PAUL SHAFFER *
mort à Bergen-Belsen. Son propos a
suffi pour réduire un peu mon regret
quant à ma décision d’autrefois.
Des années se sont écoulées depuis
sans qu’aucun autre événement ne
vienne me consoler de la décision que
j’avais prise, avec l’espoir de maintenir
à cet endroit la mémoire de la Shoah.
Mais voilà qu’invité il y a quelques
mois à témoigner de mon histoire et
de celle de ma famille, dans une
classe terminale du lycée professionnel de Revel, le professeur, Mme
Christelle Febvre, me fit part du
souhait des élèves de se rendre sur
la tombe de mon père et me
demanda donc son emplacement.
Ces élèves avaient l’âge que j’avais
lors de mon arrestation. Ils avaient
déjà, avant ma venue, travaillé sur
mon livre autobiographique “Le
Soleil voilé” où je mentionnais
l’existence de cette tombe. Par
ailleurs ils s’étaient rendus au camp
d’Auschwitz-Birkenau. De retour,
l’un d’eux, âgé de 18 ans, a écrit une
lettre admirable.
Cette lettre comportait quelques
phrases simples m’assurant combien
les élèves avaient été heureux de se
recueillir sur la tombe de mon père,
de la fleurir et de parler encore une
fois de la déportation et se termine
ainsi: “ Nous tâcherons dans le futur
d’être les porteurs des graines
plantées par vous et vos mots.”
Et c’est alors qu’ayant témoigné à
Mme Christelle Febvre, non
seulement de ma reconnaissance
mais aussi de ma profonde émotion,
j’ai reçu de sa part un message très
court… : “Mon cher Paul, dorénavant, chaque année, j’irai sur la
tombe de votre père” !
—
(*) Président du Comité francais pour
Yad Vashem ; auteur du livre : “Le
Soleil voilé” Auschwitz 1942-45,
préface de Simone Veil.
CULTURE
Le patrimoine
juif européen
PAR DOMINIQUE JARRASSÉ *
Le 6 septembre dernier a été célébrée dans un grand nombre de pays du continent européen la Journée
européenne de la culture juive. La journée a été placée cette année sous le signe du patrimoine et des traditions
juives, et a également constitué en France un des coups d'envoi des "Dix jours du Consistoire". Notre ami
Dominique Jarrassé tente de définir ci-dessous les contours et le contenu de cette culture juive.
E
xiste-t-il un patrimoine
juif européen ? Evoquer
le “patrimoine juif ”
nécessite d’emblée de se
placer
à
l’échelle
européenne, non seulement parce que les Juifs ont connu dès
l’antiquité, par leurs incessants
déplacements, un destin européen,
mais aussi parce qu’ils ont
indéniablement contribué à l’élaboration des fondements de la culture
européenne, parallèlement aux legs
grec, romain et chrétien. Or, il n’est pas
de meilleur témoin (et acteur) de ce
processus que le patrimoine juif. Il
résulte d’une symbiose identitaire et
symbolique qui transparaît dans les
coutumes religieuses et sociales, dans
les objets, les monuments et les textes,
dans les échanges aussi bien
commerciaux qu’intellectuels dont les
Juifs furent le moteur.
Non porteurs d’une tradition
esthétique, les Juifs ont pu en tout lieu
adapter leurs aspirations aux formes
locales et même les transporter. Produit
de synthèses multiculturelles, le
patrimoine juif est ancré dans la réalité
historique de chaque pays et
transcende les particularismes par la
multiplicité des identités à partir
desquelles il se constitue. Le judaïsme
est lui-même riche de plusieurs
traditions qui ont essaimé à travers
l’Europe : ainsi les séfarades ont
diffusé leur langue et certains éléments
de culture espagnole à Venise,
Thessalonique, Istanbul, Bordeaux,
Amsterdam… La yiddishkeit du monde
achkenaze constitue aussi une riche
culture transnationale de la Russie à
l’Alsace.
Les monuments reflètent cette
diversité, tels les précieux témoignages
de l’art mudéjar que sont les
synagogues d’Espagne, les oratoires
italiens qui entremêlent les motifs juifs
aux fastes de la Renaissance et du
baroque, les synagogues-forteresses et
les chefs-d’œuvre en bois de Galicie,
de Lituanie, de Pologne et d’Ukraine,
les stèles baroques des cimetières
d’Europe centrale… Même après
l’émancipation qui accélère le
processus de nationalisation des Juifs,
les édifices juifs attestent ces échanges
artistiques : l’orientalisme, par
exemple, se déploie de SaintPétersbourg à Florence en passant par
Budapest et Liverpool.
Une saveur à peu
près homogène
Les historiens ont souligné le rôle
d’intermédiaires joué par les Juifs,
surtout depuis le Xe siècle qui les voit
se déplacer le long des vallées du
Rhône, du Rhin, du Danube… Leur
diaspora suit les axes majeurs
Dominique Jarrassé
d’échanges : ils ne sont pas seulement
actifs dans le commerce et la banque –
des prêteurs du Moyen Age aux
Rothschild – ils sont médecins,
diplomates,
traducteurs…
Ils
transmettent une part de l’héritage grec
recueilli par le monde arabe avec lequel
ils sont en contact. Quand les royaumes
chrétiens d’Occident les expulsent, ils
se réfugient en Europe centrale et dans
l’empire ottoman ; ces migrations sont
encore l’occasion de transferts de
connaissances et d’idées.
Tirer un sens européen de cette
histoire inscrite dans le patrimoine,
c’est, d’une part, mesurer la
contribution des Juifs à une culture
européenne qui ne peut exister que
dans l’ouverture à l’altérité (tous les
totalitarismes s’en prennent à eux, non
sans raison, puisque leur existence est
la garantie du pluralisme), d’autre part,
comprendre leur rôle de “liant”. Nous
aurions envie de reprendre cette
étrange métaphore du défenseur de la
modernité que fut le critique allemand
Wilhelm Uhde dans son Picasso et la
tradition française (1928) : selon lui,
les Juifs, promoteurs d’une “peinture
européenne” face aux replis nationaux,
amenaient la diversité de l’Europe à
son accomplissement. Il écrivait :
“Sans eux, entre ses différentes races,
se creuseraient d’infranchissables
abîmes. Les Juifs sont le condiment qui
procure au ragoût des peuples une
saveur à peu près homogène.”
Souvent les Juifs ont été de vrais
Européens, car d’emblée capables de
transcender l’attachement, certes
légitime, aux patries étroites pour
participer d’identités plurielles.
Combien de penseurs polyglottes de
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 43
CULTURE
Synagogue de la Paix à Strasbourg
stature européenne, tel Rachi,
Champenois formé dans la vallée du
Rhin, dont le commentaire talmudique
est si essentiel qu’il est lu dans toute
l’Europe, puis dans le monde entier, tel
Kafka, Juif de langue allemande vivant
à Prague, tel Elias Canetti… Qui
réduirait Freud à Vienne ? La judéité
de Stefan Zweig n’est pas étrangère à
son sentiment d’européen effaré par la
disparition d’un monde, mais animé de
l’espoir d’une renaissance par delà les
nationalismes meurtriers. Les Juifs
furent très tôt européens, parce que
dans ces guerres fratricides qui ont
ensanglanté l’Europe depuis le XIXe
siècle, ils se sont fait tuer dans chaque
camp ; et cela parut absurde à ceux
qui ne faisaient qu’anticiper ce qui
devrait aussi apparaître inconcevable
à tout Européen.
Dans une Europe multiculturelle,
l’expérience juive est primordiale :
combien de fois n’a-t-on pas invoqué
leur exemple dans les débats sur
l’intégration des étrangers extraeuropéens ! Evidemment, il n’est pas
jusqu’à la Shoah qui n’ait, dans
l’ampleur de sa monstruosité, une
44 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
dimension européenne : ce sont tous
les Juifs d’Europe qu’ont rêvé
d’exterminer les nazis et leurs
complices de toutes nationalités. Les
traces omniprésentes de ce crime
rappellent la facilité avec laquelle
spécialistes aient voulu dresser
l’inventaire du Legs d’Israël. Or, un des
contributeurs, Claude G. Montefiore,
inconsciemment
prophétique,
dénonçait cette vision d’un judaïsme
momifié : “Si en 1900, écrivait-il, tous
Les communautés juives demeurant
en Europe assurent la continuité entre un passé
deux fois millénaire et un avenir qu'elles veulent
justement européen.
l’homme cède à l’immonde. Tout lieu
juif européen, même s’il n’est pas un
camp ou un mémorial, en porte
inévitablement la marque.
Mais il convient de ne pas limiter le
patrimoine juif à sa dimension
testamentaire
(voire
vétérotestamentaire !), mémorielle et
victimaire. Il est vivant et sa fonction
dans la construction de la culture
européenne tient à la transmission de
valeurs positives et actuelles. Il est
significatif qu’en pleine montée des
périls, à Londres en 1931, d’éminents
les Israélites avaient subi une complète
extermination, les essais ci-dessus
auraient pu être écrits exactement
comme ils l’ont été.” En matière de
patrimoine juif européen, il convient
donc d’éviter l’écueil d’une vision
passéiste en valorisant un héritage
vivant. Les communautés juives
demeurant en Europe assurent la
continuité entre un passé deux fois
millénaire et un avenir qu’elles veulent
justement européen.
Une expérience intéressante a été
lancée par le Conseil de l’Europe qui,
CULTURE
en mai 2004, a labellisé un “Itinéraire
européen du patrimoine juif ” offrant
plusieurs facettes. Au premier titre,
parce qu’il n’est pas d’itinéraire sans
ancrage dans l’espace, il s’agit
évidemment du patrimoine immobilier,
quartiers de ville à Amsterdam,
Cracovie ou Paris, juderias ou ghettos
extraordinairement conservés comme
à Venise, Gérone ou T?ebíc
(République tchèque), milliers de
cimetières – de l’humble carré perdu
dans la campagne aux amoncellements
de Prague et aux nécropoles
monumentales, mikvaot (bains rituels)
de Spire, Montpellier ou Besalú…
Quant aux synagogues, symboles
même de la présence juive, l’Europe en
conserve d’innombrables depuis
l’antiquité (Délos, Stobi en Macédoine,
Ostie…) et le Moyen Age (Rouen,
Prague, Sopron en Hongrie, Tomar au
Portugal, Cracovie…) Ce sont des
milliers de synagogues, malgré les
destructions massives (près de 2000 en
Allemagne, 2000 sur 8000 en Pologne),
qui attestent aujourd’hui la dispersion
des Juifs dans les métropoles, mais
aussi en zone rurale : combien
symbolique est toujours leur
implantation dans une cité, à l’image
du statut des Juifs dans la société !
Certaines sont des chefs-d’œuvre
artistiques, de tous les styles possibles,
alors que d’autres, humbles, offrent des
témoignages vernaculaires non moins
précieux. Car, évidemment, il serait
réducteur de ne voir le patrimoine juif
que sous son aspect monumental ; de
plus,
par
delà
les
beautés
architecturales, il est porteur de sens.
Toutefois ce n’est pas tant dans la pierre
que dans le texte, le rite et la spiritualité
que résident les valeurs patrimoniales
du judaïsme. Le plus souvent d’essence
religieuse, ce patrimoine est aussi
culturel, artistique, musical, littéraire,
mais il conserve toujours une
dimension morale : visiter le
patrimoine juif revient à recevoir
l’enseignement
de
valeurs
fondamentales, à comprendre l’autre.
Les droits de l’Homme ne sont-ils pas
d’abord inscrits dans la Tora et aux
pignons des synagogues ?
Support essentiel de la préservation
et de la diffusion de ce patrimoine juif
européen, un réseau de musées s’est
créé, à la fois parce qu’ils sont des
cadres pédagogiques d’interprétation
et parce que peuvent y être proposées
des expériences et des structures
originales, que l’on songe au Musée
qu’un peu de musique folklorique. De
plus, il faut avoir conscience des
dangers qui guettent encore le
patrimoine juif et des actions immenses
à engager, car il est clair que ce
patrimoine n’était pas uniquement celui
Le plus souvent d'essence religieuse, ce
patrimoine est aussi culturel, artistique, musical,
littéraire, mais il conserve toujours une dimension
morale : visiter le patrimoine juif revient à recevoir
l'enseignement de valeurs fondamentales, à
comprendre l'autre.
juif de Berlin. C’est là que sont
rassemblées des collections d’objets
rituels, de manuscrits, d’œuvres d’art,
les archives et les documentations
irremplaçables que complètent les
bibliothèques juives, comme celle,
exceptionnelle, de l’Alliance Israélite
Universelle à Paris.
Cependant il reste une autre
dimension du patrimoine juif difficile
à mettre en valeur lorsqu’il n’y a pas de
support “monumental”. Comment
évoquer Rachi à Troyes, où certains
visiteurs prennent la synagogue, toute
récente, pour celle du grand maître ?
Peut-on présenter Rabenou Tam à
Ramerupt ?
Comment
situer
Maïmonide à Cordoue autrement que
par une statue ? Un dernier exemple
peut révéler une dimension qu’un
itinéraire culturel a du mal à restituer : où ancrer une figure aussi
fondamentale que le Baal Chem Tov,
fondateur du hassidisme au XVIIIe
siècle ? Parfois, des lieux existent où
souffle seulement l’esprit : ainsi à
Ouman (Ukraine), quel rayonnement
vivant a gardé la tombe de rabbi
Nachman de Breslev ! Car mettre en
lumière le patrimoine juif ne consiste
pas seulement à retenir les éléments
intégrés à la culture européenne, c’est
aussi découvrir les composantes les
plus spécifiques et authentiques de la
culture juive elle-même. Des journées
européennes de la culture juive s’y
efforcent, mais il faut parfois réussir un
tour de force pour partager une culture
et accéder à des strates plus profondes
des Juifs, mais celui de chaque nation
et de toute l’Europe. D’ailleurs, la
dimension européenne de la culture
juive semble naturelle : quand, en
1996, sur une initiative née à
Strasbourg, la ville de la synagogue de
la Paix1, est lancée l’idée d’une Journée
Portes ouvertes dans les synagogues
d’Alsace, trois ans après elle devient les
Journées Européennes de la Culture
Juive, à laquelle participent aujourd’hui
30 pays !
C’est donc un patrimoine, également
en devenir, qui peut aider même à la
construction européenne, puisque pas
un seul pays européen n’en est
dépourvu. Certes le “condiment” a été
durement éprouvé par la saignée de la
Shoah, mais il a également été revivifié
par les Juifs chassés des pays
musulmans qui sont venus ajouter leur
histoire et leur culture à celles des Juifs
d’Europe, en renouveler l’identité. Or
c’est là la fonction première du
patrimoine, fonder l’identité et la mettre
en dialogue. Le patrimoine juif
européen est ainsi découverte d’une
part de la culture européenne, donc de
l’autre et de soi-même.
—
*Dominique Jarrassé est professeur
d'histoire et d'art contemporain à
l'université de Bordeaux et àl'Ecole du
Louvre. Il est par ailleurs spécialiste de
l'histoire des synagogues en Europe, une
histoire à laquelle il a consacré de
nombreux ouvrages. Il travaille
actuellement sur un livre consacré à
l'histoire des synagogues en Tunisie.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 45
LIVRES
Les éditeurs
annoncent
Une heure avant la fin du monde
de Joseph Roth.
Les textes choisis pour ce recueil,
dans l'œuvre journalistique de Roth,
dénoncent le développement en
Allemagne d'un nationalisme agressif
dès les années vingt. Joseph Roth est
né en Autriche en 1894 et il est mort à
Paris en 1939. ( Editions Liana Lévi )
A lire dans la prochaine livraison
de l'excellente revue Le Meilleur des
mondes (que publient les éditions
Denoel) une étude sur "la fascination
totalitaire" chez Besancenot et Badiou.
Bob Maloubier publie chez
Calmann-Lévy, en collaboration avec
Brigitte Rossigneux, un livre de
souvenirs " Les coups tordus de Winston
Churchill". La face cachée de celui
qu'on a appelé "le vieux lion".
Historien, directeur de recherche
au CNRS, Michel Dreyfus publie aux
éditions de La Découverte "L'antisémitisme à gauche. Histoire d'un
paradoxe de 1830 à nos jours". Voici
comment l'éditeur présente ce travail :
"C'est une plongée historique
passionnante que propose ce livre, en
espérant aider la gauche à se confronter
à cette question délicate et douloureuse,
non pour battre sa coulpe dans une
autoflagellation masochiste, mais pour
rester vigilante contre un danger
toujours possible". Nous reviendrons
prochainement sur ce livre.
Yuri Slezkine est professeur
d'histoire et directeur de l'Institut
d'études slaves, est-européennes et
eurasiennes à l'université de Californie
à Berkeley. Son livre " Le siècle juif "
publié aux Etats-Unis a été couronné
par plusieurs prix et a été reconnu
comme un véritable chef d'œuvre. Voici
ce que dit de ce livre l'historien Walter
Laqueur, spécialiste du sionisme :
46 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
"Tomber sur une œuvre aussi
audacieuse, originale et panoramique
en cet âge de spécialisation étroite n'est
pas seulement un heureux événement ;
c'est presque une sensation ". Traduit
de l'anglais par Marc Saint-Upéry.
Les éditions du Seuil annoncent
la publication du livre posthume
d'André Schwarz Bart, l'auteur du
Dernier des Justes. Ce livre " L'étoile
du matin " est le dernier texte sur lequel
ait travaillé l'un des plus célèbres Prix
Goncourt.
A noter enfin la parution aux
Editions de l'Atelier une étude que
Séverine Mathieu consacre à la
"transmission du judaïsme dans les
couples mixtes".Mme Mathieu est
agrégée de sciences sociales et docteur
en sociologie.
CINEMA
L'éducation carcérale
d'un apprenti parrain
O
n nous avait bien prédit
qu'Un
pro-phète
(Grand Prix du festival
de Cannes
cette
année) serait le filmchoc de cette rentrée
2009, mais il n'en demeure pas moins
que l'effet de surprise reste entier au
sortir de la projection de ce longmétrage magistralement maîtrisé, au
scénario foisonnant et à l'interprétation
impeccable.
Un stupéfiant film de genre (à
déconseiller toutefois aux âmes
sensibles) qui ne ressemble à aucun
autre, parvient à créer ses propres codes
et son propre univers, et qui permet à
Jacques Audiard de sublimer encore
une fois son cinéma dans une de ces
oeuvres noires dont il a le secret.
PAR ELIE KORCHIA
tomber, sombre road-mavie entre deux
hommes que tout sépare, brillamment
interprétés par Mathieu Kassovitz (une
belle trouvaille à l'époque, César du
meilleur espoir) et Jean-Louis
Trintignant, deux comédiens que l'on
retrouvait deux ans plus tard dans le
non moins réussi Un héros très discret,
excellente adaptation du roman
éponyme de Jean-François Deniau.
millions et demi auront servi à
construire une véritable enceinte
carcérale, dans laquelle se déroule la
quasi-intégralité de ce long métrage,
qui retrace à la perfection l'incarcération
de Malik et son impitoyable
apprentissage de la vie en prison, lui
qui pénètre en Centrale à 19 ans,
analphabète, sans famille et sans
soutien.
Enfin, après une magnifique histoire
d'amour sur fond de splendide film noir,
Sur mes lèvres, (César du meilleur
scénario en 2002) viendra l'année de la
En effet, afin de pouvoir survivre
dans l'enceinte de cette Centrale, et
bien avant de pouvoir songer à vivre
de nouveau à l'extérieur, Malik (qui
vient d'être condamné à six ans de
réclusion pour s'en être pris à des
policiers) va devoir naviguer de son
mieux entre les deux clans qui font
régner leur loi dans la prison, les
Corses (regroupés autour de leur chef,
César Luciani) qui semblent
représenter l'ordre ancien, et les
“Barbus”, musulmans, qui représentent en quelque sorte la génération
montante.
Le réalisateur parvient en effet à nous
scotcher à notre fauteuil durant près de
deux heures et demie au travers du
parcours initiatique et hors du commun
de son anti-héros, le jeune Malik El
Djebena, incarné à l'écran par un acteur
débutant impressionnant dénommé
Tahar Rahim.
Un jeune acteur français de 27 ans
que l'on avait pu apercevoir dans la
série La Commune sur Canal plus et
qui parvient, ni plus ni moins, à tenir
aujourd'hui la dragée haute à l'un des
monstres
sacrés
du
théâtre
contemporain (et désormais du 7ème
art hexagonal), Niels Arestrup, que l'on
avait quitté il y a quatre ans en père de
Romain Duris dans le remarquable De
battre mon coeur s'est arrêté.
Et même s'il n'est plus question d'un
rapport père-fils au sens strict du terme,
Jacques Audiard revient à nouveau à
son thème de prédilection, celui qui
transcende son oeuvre quelque soit le
sujet choisi : le récit de la formation
(pour ne pas dire la transformation) d'un
jeune homme qui se cherche au travers
de sa relation contrariée à l'image
paternelle.
Un thème qui était déjà à l'origine de
sa toute première réalisation en 1994 (à
l'âge de 42 ans), Regarde les hommes
consécration en 2006 avec les huit
Césars remportés par De battre mon
coeur s'est arrêté, dont celui du meilleur
film, du meilleur réalisateur et du
meilleur second rôle masculin (avec
déjà un grand Niels Arestrup) pour ce
remake très personnel de Mélodie pour
un tueur.
Habitué à mettre la barre toujours
plus haut, Audiard s’est ici attaqué à un
script d’Abdel Raouf Dafri (à qui l'on
devait déjà le scénario de Mesrine l'an
passé) et Nicolas Peufaillit, autour de
l'implacable ascension d'un détenu très
discret...
Un projet ambitieux et terriblement
difficile à mener puisque sur les 11
millions d'euros de budget du film, deux
Un Malik particulièrement vif et
lucide, qui ne roule que “pour sa
gueule” alors même qu'il se retrouve
rapidement pris sous la coupe de
César Luciani (campé par un
phénoménal Arestrup), qu'il fait l'objet
de l'hostilité de sa propre communauté
et qu'il est victime de multiples
humiliations, le clan corse allant même
jusqu'à l'obliger de tuer un autre
détenu, « frère » maghrébin, qui doit
témoigner dans un procès à hauts
risques, et ce au cours d'une séquence
à couper le souffle.
Autant vous dire que vous ne sortirez
donc pas tout à fait indemne de ce
long-métrage aux incessants rebondissements, à la limite du thriller, du polar
et du documentaire, où la violence
n'est jamais gratuite mais toujours
présente, et que vous garderez
sûrement longtemps en vous le visage
de ce jeune Machiavel de banlieue qui
a bien appris les leçons d'une prison
qui fait ici office d'école de vie, où la
loi du plus malin est parfois la plus
forte et où il faut savoir in fine tuer le
père pour survivre au meurtre d'un
frère.
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 47
COURRIER
Mort d'un ami
Thierry Jonquet est parti un
soir du mois d'août sans faire de
bruit. Il était sans conteste, avec
Didier Daenincks, le meilleur
auteur français de roman noir.
C'était également quelqu'un
pour qui les mots justice et
dignité de l'homme signifiaient
quelque chose. Curieusement,
nous avons suivi des chemins
(presque) parallèles et, bien plus
tard, je me suis retrouvé dans ses
personnages (autobiographiques)
de "Rouge c'est la vie" ; peut-être
ai je même rencontré fortuitement
sa future compagne qui militait
alors au mouvement Dror. J'ai
exercé dans l'hôpital où il avait
travaillé
en
tant
qu'ergothérapeute à une époque
où commençaient à naître ses
talents d'écrivain ; on se prêtait
alors son livre "Le bal des débris"
(à l'époque épuisé et introuvable)
inspiré de personnages bien réels
de cet hôpital.
Il aimait les "petites gens" de
Paris, de la banlieue mais il avait
également saisi le risque de
dérives antisémites de certains
groupes
activistes
ou
de
délinquants : bien avant le
meurtre d'Ilan Halimi, il avait
écrit un livre (hélas) prémonitoire
"Ils sont votre épouvante et vous
êtes leur crainte" qui n'a pas
forcément été bien apprécié dans
les milieux bien pensants.
C'est à l'occasion de la
signature de ce livre que je l'ai
enfin rencontré au cercle Bernard
Lazare où il dédicaçait ses
romans.
Dr Guy CZERTOK
Simon Konianski
de Micha Wald
C'est un road movie juif assez
mal fichu mais diantrement
attachant, notamment pour les
enfants de parents persécutés
pendant la guerre et parlant avec
un accent à couper au couteau un
français mélangé de yiddish.
On y découvre un acteur de
génie Abraham Leber plus vrai
que nature et s'il faut ne retenir
qu'une scène on gardera en
mémoire celle où il envoie "
caquen " des policiers allemands
qui l'ont arrêté pour excès de
vitesse.
Mais ce film n'est pas
seulement drôle, il est également
tendre et il montre les difficultés
relationnelles entre les enfants de
survivants et leurs parents malgré
l'amour éprouvé mais jamais
exprimé.
Ce n'est certes pas un grand
film et je doute que le critique
cinématographique d'InfoJ s'y
intéresse.
C'est à eux que s'adresse ce film
sorti à la sauvette en août à Paris.
de l'histoire tourmentée mais très
affirmée de leur communauté.
découvrir Fès dont leurs parents
ou grands-parents leur ont parlé
si souvent.
Guy CZERTOK
COMMUNAUTÉS
Une rencontre internationale
des juifs de Fès
Plus que tous les autres
originaires du Maroc, les juifs
fassis, qu'ils soient installés en
Europe, en Israël, au Canada, aux
Etats-Unis, en Amérique du Sud
ou en Australie et la poignée
d'entre eux qui sont restés dans
leur ville origine ont conservé
intact le sentiment d'appartenance
à une communauté.
Les liens sont restés très forts et
la nostalgie atteint même ceux qui
étaient trop jeunes ou ceux qui,
nés ailleurs, ne connaissent de
leur identité de fassis que les
récits de leurs parents ou grands
parents, comme s'ils étaient
imprégnés du destin impérial et
48 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
"La rencontre internationale des
juifs de Fès à Fès" organisée du
26 octobre au 1er novembre
prochains à l'initiative du Centre
communautaire de Paris, n'aura
donc
"rien
d'habituel
et
d'impersonnel", comme l'indique
Edmond Elalouf, le président du
Centre, dans l'éditorial de la très
belle brochure réalisée à
l'occasion de ce voyage. Six jours
d'une rencontre interfamiliale,
intergénérationnelle mais aussi
de personnes de la même
génération qui ont partagé des
tranches de vie et se sont perdues
de vue. Des retrouvailles, donc
mais aussi l'occasion unique de
redécouvrir Fès après tant
d'années ; pour d'autres, celui de
Et
quel
programme
!
Découverte des lieux de la
mémoire collective des juifs fassis,
le très ancien Mellah et le
cimetière juif, ainsi que la
Médina, un "Chabbat plein"
célébré en commun , un grand
concert de musique andalouse,
un colloque sur "la contribution
de la communauté juive de Fès à
l'histoire de la ville et à celle du
judaïsme marocain."
-Programme sur demande au
Centre communautaire de Paris :
119, rue Lafayette 75010 Paris ou
sur www.centrecomparis.com
Places limitées !
CARNET
Naissance
Lucie Esther
est née le 4 août au foyer de nos amis Dan et Vanessa Oiknine.
Nous présentons aux parents et aux grands parents nos
meilleurs vœux et un sincère mazal tov.
Mariages
Mlle Sandra Berdugo, la fille de notre ami David
Berdugo et M. Gilles Cohen ont célébré leur mariage à
Jérusalem. La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune
couple le 13 août par le grand rabbin d'Israël M.Shlomo
Amar et par le grand rabbin de Paris M.David Messas.
Nous présentons aux deux familles nos vœux et un très
sincère Mazal tov.
Nathan Bouskila, le fils de nos bons amis Huguette
et Simon Bouskila (directeur de l'Ecole Akiva à Strasbourg)
a célébré son mariage avec Mlle Solika Benitah, la fille de
Virginie et Yaacov Benitah.
La bénédiction nuptiale a été donnée au jeune couple le
mardi 18 août à l'hôtel Ramat Rahel à Jérusalem.
Nous présentons aux jeunes mariés nos très sincères
félicitations et un très sincère mazal tov aux familles.
Nécrologie
Moshe Marciano
La grandeur d'un homme se mesure très souvent au vide
qu'il laisse derrière lui...
Monsieur Adolphe Isaac EL-BAZE ZL, Président de
l’oratoire du Foyer Israélite de Neuilly sur seine 19631985 est décédé le 7 aout 2009 dans sa 96eme année.
Il a été le fondateur des éclaireurs israélites du
département de Constantine, Officier de l'ordre national
du Mérite, pupille de la nation, ancien combattant,
inspecteur central honoraire auprès du Ministère des
finances.
Il repose désormais selon son vœu à Jérusalem au
cimetière de Givat Shaul où le Président du Consistoire
Central lui a rendu un chaleureux hommage.
Le mois a été célébré le 7 septembre 2009 à la synagogue
de la rue Ancelle à Neuilly et le Chabbat suivant à la
synagogue de Puteaux.
La rédaction présente ses sincères condoléances à Mme
Georgette EL-BAZE son épouse, ses enfants, ses petits
enfants et arrières petits enfants.
Tous ceux qui l’ont connu se rappelleront d’un homme juste
et droit.
Allègre Pinto
Nous avons appris avec peine le décès de
Mme Allègre Pinto, la veuve de Jean Pinto.
Elle était la sœur de notre excellent confrère et ami André
Benezra.
A ses enfants et à sa famille, Information juive présente ses
sincères condoléances.
C'est en effet avec une infinie tristesse que nous avons appris
la disparition de Moshe Marciano, le 5 août dernier à
Jérusalem. Moshe Marciano aura marqué son époque très
tôt à Casablanca. Il remplit, dans la discrétion, le rôle de
leader dans sa communauté, notamment dans la
restructuration des activités sociales et éducatives au profit
des personnes défavorisées. Il a su être un remarquable
organisateur et c'est dans les années 50 qu'il contribua à
l'organisation de la Alya des Juifs du Maroc par des activités
de l'ombre.
Ses qualités de militant dévoué et audacieux auront fait de
lui une des personnalités les plus attachantes. Il réalisa son
grand rêve en s'installant avec sa famille en 1968 à
Jérusalem, où il poursuivra son œuvre sociale au profit des
plus démunis, ainsi que son action éducative, en direction
de nombreuse Yechivot.
Moshe Marciano est le père de notre ami Raphy Marciano,
directeur du Centre communautaire juif de Paris.
Il a, jusqu'à son dernier souffle, inculqué à ses enfants l'idéal
de dévouement au service des autres, le goût de l'étude,
l'importance d'une vie consacrée aux mitsvoth, la passion
de l'engagement et l'amour d'Eretz Israël.
Il laissera le souvenir d'un homme marqué par la droiture.
Edmond ELALOUF
INFORMATION JUIVE Septembre 2009 49
VERBATIM
ALAIN FINKIELKRAUT.
Philosophe :
" La France n'est pas seulement la
patrie des droits de l'homme, c'est
une terre de vieille civilisation. Au
cœur de cette civilisation, il y a la
mixité, une visibilité heureuse des
femmes qui remonte à l'amour
courtois et que nous devons
absolument maintenir. Cessons de
tout formuler dans l'idiome des droits
de l'homme ".
BRUNO PATINO.
Directeur de France Culture :
" J'en reste à ce que disait Lévinas : Croire,
célébrer, transmettre "
imprègne tant d'intellectuels, c'est de
mêler les langues et de se frotter aux
autres "
BARACK OBAMA.
IVAN RIOUFOL.
Président des Etats-Unis :
Chroniqueur :
" Où sont les manifestations et les
boycotts du monde islamique face au
sort brutal que réserve la Chine aux
Ouïgours musulmans du Kinjiang ?
Apparemment seuls les Palestiniens
méritent la mobilisation arabomusulmane "
" Michelle a un look fabuleux, moi, je
suis plutôt mal fagoté. Il y a encore
quelques années, je n'avais que
quatre costumes. Elle me taquinait
parce qu'on commençait à voir au
travers "
PATRICK LOZÈS.
Théologien :
Président du Conseil représentatif des
associations noires de France :
" Dans quinze ans, la France aura un
président noir. Serai-je candidat ? Il
ne faut jurer de rien ! "
" Ahmadinejad n'a cessé de dire qu'il
allait détruire Israël et on ne voit
vraiment pas pourquoi Israël ne
prendrait pas cette menace au
sérieux ".
MARCEL GAUCHET.
Philosophe :
" Nous vivons un déplacement
radical des repères intellectuels "
RÉGIS DEBRAY.
JEAN-FRANÇOIS COLOSSIMO.
OLIVIER POIVRE D'ARVOR.
Coordinateur de la diffusion de la
culture française :
" Les vrais clivages sont entre
immobilisme et mouvement "
Philosophe :
" Seuls les exilés comprennent
vraiment à quelle nation ils prennent
part. Le meilleur vaccin contre la
dénégation du particulier qui
50 INFORMATION JUIVE Septembre 2009
ALAIN MINC.
Essayiste :
" Le PS n'aura un leader que quand il
aura changé de constitution. Il reste
parlementaire dans ses gènes et sa
vie intérieure dans un
environnement totalement
présidentiel. Toutsepasse à la
proportionnelle, comme au
Parlement israélien… "
ALEXANDRE ADLER.
Historien ( à propos de ce que révèle
l'affaire Fofana) :
" Après l'antisémitisme violent
comme un vomissement des
Proudhon, des Drumont et des
Bernanos, voici venu l'antisémitisme
insinuant et presque invisible des
Badiou ".
DOUGLAS KENNEDY.
Ecrivain américain :
" Les gens qui prétendent que
l'écriture est une souffrance
permanente m'énervent.. Oui, c'est
dur, oui, on est seul. Mais c'est plus
agréable que de travailler en usine ".
JULIA KRISTEVA.
Psychanalyste et écrivain :
" Après deux guerres mondiales et
quelques guerres froides, devant le
spectre lancinant des heurts des
religions, le début du troisième
millénaire paraît tenté par un
dirigisme soft qui se croit capable de
résorber conflits et divergences ".