la tunisie nouvelle

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la tunisie nouvelle
LA TUNISIE NOUVELLE
NE SE FERA PAS SANS NOUS
Organisation Tunisienne de Défense
des Droits des Personnes Handicapées
Mars 2012
LA TUNISIE NOUVELLE
NE SE FERA PAS SANS NOUS
Organisation Tunisienne de Défense
des Droits des Personnes Handicapées
Auteur : Organisation Tunisienne de Défense des
Droits des Personnes Handicapées.
Membres du groupe de travail : Wafa ELLOUMI;
Imed OUERTANI ; Fedi BEHRI ; Houssem ALOUI;
Yousri MZATI; Khaled AMAIMIA; Salah HEFIEN; Nahla TBIB; Anouer HENI; Sami Ben Younes; Kamel
SLAMA
Contributeurs: :
Louis Bourgois, Coordinateur Technique Maghreb,
Handicap International
Manel Mhiri, Chef de projet, Handicap International
Sami Ben Jemaa, Chef de mission Handicap International Tunisie
Léo Goupil-Barbier,Chargé de mission gestion des
connaissances, Handicap International Maghreb
Date de publication : MARS 2012
Photo de couverture : © A. Vincens de Tapol pour
Handicap International et GIZ
Edition : © Handicap International
Programme Maghreb
Conception et réalisation : Eye Touch Design
Cette publication a été réalisée dans le cadre du
projet « Vers une pleine participation des personnes
handicapées dans la transition démocratique en
Tunisie », mis en œuvre par Handicap International et
l’Organisation Tunisienne de Défense des Droits des
Personnes Handicapées de décembre 2011 à juin
2012 et avec le soutien de Open Society Foundations
et du gouvernement fédéral allemand par l’intermédiaire de la Deutsche Gesellschaft für Internationale
Zusammenarbeit (GIZ) GmbH.
Sommaire
INTRODUCTION................................................
5
1
Pour un meilleur accès des personnes handicapées
au processus électoral....................................
7
2
Pour une meilleure participation des personnes
handicapées aux décisions qui les concernent.....
12
Pour un cadre législatif qui respecte les droits des
personnes handicapées et garantisse l’égalité avec
les autres citoyens..............................................
15
3
4
Pour un changement de regard sur les personnes
handicapées et une mise en valeur de leurs
capacités..........................................................
ANNEXES........................................................
De l’individuel au Collectif : portraits de militants
16
19
Les résultats, interprétations et conclusions exprimés dans ce document sont de la seule responsabilité de leurs auteurs, et ne sauraient être attribués en aucune manière au gouvernement fédéral
allemand, à la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, à Open Society Foundation ou aux autres partenaires institutionnels et associatifs du projet.
Ce document peut être utilisé ou reproduit sous réserve de mentionner la source, et uniquement pour
un usage non commercial. Les droits d’auteur de
l’ensemble des photos de ce rapport appartiennent à
© A. Vincens de Tapol pour Handicap International et
GIZ.
Organisation Tunisienne de Défense
des Droits des Personnes Handicapées
Imed-Eddine OUERTANI,
(00216) 21.11.89.23
Wafa ELLOUMI
(00216) 20.91.97.76
[email protected]
Handicap International Tunisie
10 Bis Rue du Brésil
Le Belvédère 1002 Tunis
(00216) 71.89.22.89
(00216) 71.79.61.84
[email protected]
3
4
INTRODUCTION
QUI SOMMES - NOUS ? POURQUOI CE DOCUMENT ?
Nous sommes une coalition de jeunes citoyennes et citoyens handicapé(e)s et parents d’enfants handicapés
représentant différentes déficiences, et réunis spontanément suite à la révolution tunisienne de janvier 2011
et dans le cadre de la transition démocratique en cours. Nous nous sommes regroupés initialement sous
forme d’un collectif puis nous avons décidé de constituer «l’Organisation Tunisienne de Défense des Droits
des Personnes Handicapées1». Les membres de l’Organisation sont conscients de l’importance majeure
de fonder leurs actions sur les principes relatifs aux droits de l’homme, et notamment inscrits dans la
convention internationale relative aux droits des personnes handicapées2 ratifiée par la Tunisie en avril 2008.
Cette Organisation est la première Organisation auto-représentative de personnes ayant différentes déficiences et exerçant selon une approche de droit en Tunisie.
Pour moi, cette Organisation, c’est l’appropriation par
les personnes handicapées des problèmes qui les
concernent. Puisque personne d’autre ne semble en
mesurer les enjeux.
Lilia Challougui
L’Organisation tunisienne de défense des droits des personnes handicapées est engagée sur le chemin de la
construction d’une citoyenneté pleine et entière dans le cadre d’une Tunisie nouvelle, sur la base du respect
des droits humains universels et dans la prise en compte de la diversité intrinsèque aux êtres humains, sans aucune discrimination d’aucune sorte, notamment sur la base du handicap. Les membres
de l’Organisation sont décidés à rompre avec la tutelle plaçant, jusqu’ici, les personnes handicapées dans
le cadre d’une approche principalement caritative et médicale.
Ce document n’est donc pas un rapport «d’experts» ou de spécialistes. Il est le fruit de plusieurs ateliers
de travail entre membres de l’Organisation, et d’une réflexion collective sur le rôle et la place des personnes
handicapées au sein de la société tunisienne. Plusieurs constats proviennent également d’observations de
terrain, effectuées notamment lors des élections de l’assemblée constituante d’octobre 2011.
L’une des principales conclusions de ces échanges est la conviction que tout changement de fond
de la situation des personnes handicapées en Tunisie ne pourra se faire sans un effort massif permettant qu’ils participent directement à la prise de décision. C’est pourquoi ce premier document
produit par l’Organisation revient particulièrement sur les obstacles à la pleine participation politique des
personnes handicapées, et propose des pistes concrètes d’amélioration.
Principalement destiné aux décideurs politiques et aux acteurs de la vie publique – notamment les médias
– il vise à mettre en lumière les écarts entre la réalité vécue par les personnes handicapées et les engagements pris par l’Etat tunisien notamment au regard de la Convention des Nations Unies relative aux
Droits des Personnes Handicapées , ratifiée par la Tunisie en 2008.
5
1. Certaines actions ont été réalisées par les membres du groupe avant que l’Organisation ne soit officiellement constituée. Cependant pour des raisons de compréhension du texte, nous utiliserons le terme «Organisation» tout le long du document
2. Le texte intégral de la convention est notamment disponible sur le lien suivant : www.un.org/french/disabilities/
RESUME DES ACTIONS MENEES PAR L’Organisation
DEPUIS LE 14 JANVIER 2011
Depuis leur rencontre en mars 2011, les membres de l’Organisation (à ce moment là encore collectif) ont
pu profiter de plusieurs formations et ateliers pratiques sur la convention internationale relative aux droits
des personnes handicapées, sur la législation tunisienne ainsi que sur les techniques de communication
assurées par Handicap International (HI) et par International Disability Alliance (IDA) et s’est engagé dans de
nombreuses actions de sensibilisation et de plaidoyer autour des dispositions de la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, et notamment:
}}
Plaidoyer auprès des décideurs politiques, notamment via plusieurs rencontres avec les responsables
de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), autour de l’adaptation des lois électorales
(modification de l’article 61 de la loi sur les élections ; plaidoyer pour le changement du de la terminologie
« personnes avec des dégâts visibles » en « personnes ayant un handicap »; recommandations sur les
dispositions impératives liées à l’accessibilité des bureaux de vote, que l’ISIE s’est engagée à respecter,
etc.)
}}
Sensibilisation des personnes handicapées à la participation électorale, à travers notamment une
série d’ateliers et de rencontres dans 8 gouvernorats du pays.
}}
Sensibilisation du grand public à la participation sociale et politique des personnes handicapées, à
travers des interventions dans les médias (émissions TV et radio)
}}
Inscription de certains membres de l’Organisation comme observateurs officiels des élections, et sensibilisation de l’Association Tunisienne de l’Intégrité des Elections (ATIDE) pour l’inscription de questions
spécifiques sur l’accessibilité des bureaux de vote dans le processus d’observation des élections.
}}
Observation directe des élections dans plus de 100 bureaux de vote du pays, afin d’évaluer le respect des normes d’accessibilité des locaux.
Nous avons également contribué au suivi de l’application des droits de l’homme en Tunisie en rédigeant
une communication déstinée à alimenter l’examen de la Tunisie par le Conseil des Droits de l’Homme des
Nations Unies dans le cadre de l’Examen Periodique Universel dont la Tunisie fera l’objet en 2012.
L’Organisation entend continuer et amplifier ses actions dans la période à venir, afin de garantir la pleine
participation des personnes handicapées à la transition démocratique en cours, et de rompre définitivement avec les pratiques discriminatoires de la période précédente. D’abord constituée de manière
informelle autour d’un noyau de jeunes militants, l’Organisation a eu son enregistrement officiel en tant
qu’association en février 2012.
6
1
Pour un meilleur accès des personnes handicapées au processus electoral
ARTICLE 29 - Participation à la vie politique et à la vie publique
Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées
Les États Parties garantissent aux personnes handicapées la jouissance des droits politiques et la possibilité
de les exercer sur la base de l’égalité avec les autres, et s’engagent :
a. À faire en sorte que les personnes handicapées puissent effectivement et pleinement participer à la vie
politique et à la vie publique sur la base de l’égalité avec les autres, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de représentants librement choisis, notamment qu’elles aient le droit et la possibilité de voter et
d’être élues, et pour cela les États Parties, entre autres mesures :
i. Veillent à ce que les procédures, équipements et matériels électoraux soient appropriés, accessibles
et faciles à comprendre et à utiliser;
ii. Protègent le droit qu’ont les personnes handicapées de voter à bulletin secret et sans intimidation aux
élections et référendums publics, de se présenter aux élections et d’exercer effectivement un mandat
électif ainsi que d’exercer toutes fonctions publiques à tous les niveaux de l’État, et facilitent, s’il y a
lieu, le recours aux technologies d’assistance et aux nouvelles technologies;
iii.Garantissent la libre expression de la volonté des personnes handicapées en tant qu’électeurs et à
cette fin si nécessaire, et à leur demande, les autorisent à se faire assister d’une personne de leur
choix pour voter;
Kamel SLAMA, membre de l’Organisation, déficient visuel, lors du vote d’octobre 2011
pour l’élection de l’Assemblée constituante
7
Suite à la révolution du 14 janvier 2011, une véritable effervescence nationale s’est produite au niveau de la
scène politique tunisienne, marquée par la succession sans précédent de divers gouvernements et un fort
sentiment patriotique et citoyen au sein de la population. Les personnes handicapées, au même titre que
les autres citoyens, pensaient avoir le droit et le devoir de participer effectivement à la construction de la
nouvelle Tunisie post-révolutionnaire et notamment d’avoir le droit de participer à la vie politique.
Si l’annonce en mars 2011 de l’Organisation d’une élection libre visant à désigner l’assemblée constituante
fut la consécration de l’effort de tout un peuple, malheureusement lors de la parution de la loi électorale, les
personnes handicapées se sont vues encore une fois écartées dans un évènement aussi historique. En effet,
aucune disposition n’était entreprise pour permettre la pleine participation des personnes handicapées au
vote, aucune notion d’accessibilité n’était mentionnée. Seul l’article 61 de cette loi électorale donnait le droit
aux personnes avec «dégât visible» de disposer d’un accompagnateur le jour du vote.
C’est en constatant cette situation que l’Organisation adressa une demande d’audience auprès des responsables de l’Instance Supérieur Indépendante pour les Elections (ISIE) qui fut acceptée le jour de son
dépôt le 18/07/2011. Suite à cette première rencontre qui a eu lieu le 22/07/2011, l’Organisation a pu
obtenir la modification du terme «personne avec dégât visible» en « personne avec un handicap». A cette
date, l’Organisation a également obtenu l’engagement de l’ISIE à aménager les centres de vote selon les
recommandations élaborées par l’Organisation en usant de références et de normes internationales pour
garantir l’accessibilité sur tous les plans aux différents types de déficiences. L’arrêté pris par l’ISIE en septembre 2011 concernant le droit de vote des personnes handicapées reprend ainsi certaines de ces recommandations.
Malgré ces efforts, de nombreux obstacles demeurent quant à la participation effective des personnes
handicapées au processus électoral, élément pourtant clef de la reconnaissance du statut de citoyen à part
entière.
1.1.PRINCIPAUX OBSTACLES A LA PARTICIPATION ELECTORALE
a. L’accès à l’information
L’insuffisance d’informations accessibles en amont des élections présente un problème majeur dans la
participation électorale des personnes handicapées du fait du nombre très limité de supports en braille, en
langue des signes ou en version facile à lire (pour les programmes politiques, les documents présentant les
démarches pour voter, etc….). En outre, les personnes vivant en institutions ou en établissements (notamment les personnes ayant un handicap mental ou une déficience intellectuelle) se voient également isolées
des débats et de l’information, car souvent considérées comme “inaptes” au vote. Le manque de séances
de sensibilisation et d’accompagnement, le manque d’information sur leurs droits et leurs devoirs est un
frein certain à leur pleine participation en tant que citoyens et citoyennes.
b. Un système d’accompagnement pour compenser les techniques et procédures
insuffisantes
8
L’arrêté de l’ISIE de septembre 2011 “fixant les mesures facilitant à l’électeur handicapé son droit de vote”3
mentionne que peuvent se faire assister d’un accompagnateur les électeurs handicapés disposant de la
carte de handicap et étant soit non voyant, soit ayant une déficience motrice les empêchant d’écrire, soit
ayant un “handicap mental léger”. En cas d’absence d’accompagnateur, «le président du bureau de vote
désigne, à la demande de l’electeur handicapé, un des électeurs à l’intérieur du bureau de vote qui l’assistera dans l’exercice de son droit de vote». Cette solution ne correspond pas aux droits de tout citoyen de
voter dans le secret. De plus, elle exclut une partie des personnes handicapées n’ayant pas de carte et ceux
ayant une déficience mentale moyenne ou profonde. Beaucoup de solutions techniques sont possibles pour
éviter le recours à l’accompagnement et pour respecter le principe du vote secret. L’Organisation exprime
sa crainte que cette solution, utilisée de manière hâtive lors des élections du 23 octobre, devienne une règle
pour les prochaines élections.
3. Arrêté disponible sur le site de l’ISIE : www.isie.tn
Pour moi qui suis non-voyant, il se pose toujours la
question de l’isoloir, dans lequel on n’est pas vraiment
seul. En attendant les bulletins en braille, je suis obligé de trouver une personne de confiance, dans l’idéal
quelqu’un qui vote comme moi.
Kamel Slama
c. Malgré des efforts certains, une accessibilité physique encore limitée des bureaux de vote
Malgré les dispositions positives prises par l’ISIE lors du vote d’octobre 2011, les bureaux de vote
présentent encore un manque au niveau de l’accessibilité, comme le démontrent les résultats de l’enquête
menée dans plus de 100 bureaux de vote par des membres de l’Organisation et personnes du réseau associatif4; Cette enquête structurée autour de 5 modules fait ainsi ressortir les constats suivants:
}}
Facilité d’accès au bureau de vote: dans les bureaux de vote observés, la rampe d’accès était absente
dans 65% des cas, alors que 75% de ces bureaux avaient un chemin dégagé et sans obstacles (étant
donné que les bureaux se trouvent dans des écoles et lycées, les chemins à l’intérieur des centres de
vote sont des cours et des espaces larges permettant d’éviter les obstacles), 82% avaient un chemin
bien éclairé et finalement concernant la porte des bureaux de vote, 86% étaient conformes aux normes
d’accès (+90cm).
}}
Possibilité de repos: la présence de chaises permettant le repos était de 63% .Cette disposition très
simple à mettre en œuvre concerne pourtant à la fois les personnes handicapées mais aussi les femmes
enceintes et les personne âgées; sachant que les lieux sont des écoles, les chaises sont disponibles dans
ces lieux et ne nécessitent pas de mobilisation matérielle en plus.
}}
Information et signalétique: la présence de signalisation (symboles) indiquant le lieu de vote était présente à 65%; 89% des bureaux consultés disposaient d’une personne chargée de l’information et de
l’orientation qui pouvait être ou le président du centre de vote ou l’un des agents de sécurité sur place.
}}
Accessibilité à l’intérieur du bureau de vote: il s’est avéré que 82% des bureaux présentaient un espace
dégagé permettant le libre déplacement d’un fauteuil roulant. Ceci s’expliquant par l’agencement et la
disposition standard de tous les bureaux exigée par l’ISIE.
}}
Accessibilité de l’isoloir et de l’urne: 74% des bureaux avaient un isoloir large permettant l’accès d’un fauteuil roulant. Etant donné la mobilité des isoloirs, il était facile de les déplacer afin de permettre l’accès aux
fauteuils roulants ; quant à l’éclairage 69% des isoloirs avaient un bon éclairage. En effet, le bureau de vote
étant clos à 19h, une grande partie des électeurs se sont déplacés pendant la journée et lorsque les salles
étaient assez ensoleillées. 65% des bureaux de vote consultés ne présentaient pas de tables à double niveau. Cependant les tables de vote étaient d’une hauteur ne limitant pas les personnes les personnes sur
fauteuil roulant ou de petite taille. 84% des isoloirs permettaient le libre déplacement et ne présentaient
pas d’obstacles pour y accéder et enfin 57% des bureaux consultés présentaient des urnes non élevées.
En effet, contrairement aux tables de vote, les tables sur lesquelles les urnes étaient placées étaient assez
élevées de sorte à devoir déplacer les urnes sur les chaises pour permettre aux personnes sur fauteuil
roulant et de petite taille de poser leur bulletin dans les urnes par elles mêmes.
Malgré l’échantillon limité de cette enquête, il semble que certains constats méritent une attention particulière de la part des instances en charge des élections, notamment en ce qui concerne les rampes d’accès
vers les bureaux de vote, l’installation de postes de repos et de tables à niveau ainsi que l’éclairage des
isoloirs. D’un autre coté, la sensibilisation et la formation du personnel des bureaux de vote est également
primordiale.
4. Ce questionnaire a été mené par les observateurs de ATIDE, de I watch suite à une sollicitation de l’Organisation, mais également
par les personnes handicapées elles mêmes (électeurs et observateurs), et des membres des réseaux associatifs. Il a été distribué
dans 8 grands gouvernorats : Bizerte, Sousse, Mahdia, Gabes, Gafsa, Sfax et le Grand Tunis. Plus de 100 formulaires comportants
13 questions ont été remplis.
9
d. Un manque de prise en compte par les instances chargées de l’observation des
élections
Malgré les recommandations émises par l’OTDDPH, les Organisations chargées de l’observation des élections n’ont intégré qu’à la marge des critères liés à l’accessibilité des bureaux de vote aux personnes handicapées. Les questionnaires d’observation élaborés par les différentes associations ne prennent pas ou trés
peu en compte la question de l’accessibilité (par exemple la grille d’observation de l’ATIDE comprenait deux
questions relative à l’accessibilité sur les 13 qui lui avaient été suggérées).
1.2. RECOMMANDATIONS POUR UN MEILLEUR ACCES
AU PROCESSUS ELECTORAL
En fonction des constats établis plus haut, et tout en reconnaissant les efforts importants fournis par l’ISIE
dans le cadre de l’Assemblée constituante d’octobre 2011, l’Organisation tunisienne de défense des droits
des personnes handicapées demande une révision des textes et dispositifs en vigueur (notamment la loi
électorale et les arrêtés relatifs au processus électoral), afin de renforcer encore les garanties d’un accès
équitable au processus électoral.
ÊÊ Améliorer l’accès à l’information en amont des élections
Sur la base des constats établis plus haut, l’Organisation appelle tout d’abord à:
}}
une meilleure diffusion des informations en amont des élections, notamment en braille, en langage des
signes et en version facile à lire.
}}
La mise en place de séances de sensibilisation et d’information, notamment au sein des établissements
accueillant des personnes handicapées, et en particulier pour les personnes ayant un handicap mental /
une déficience intellectuelle. Ceci suppose l’élaboration de messages adaptés aux divers types de déficiences, et la formation d’agents capables de mener ces actions de sensibilisation de manière neutre et
apolitique.
}}
Assurer l’accessibilité de l’information pour les personnes ayant un handicap mental ou une déficience
intellectuelle le long du processus des élections. Cela concerne aussi bien l’accès aux programmes
des partis politiques à travers des versions « faciles à lire/ à comprendre », des présentations vidéos et
imagées ; que la mise à disposition de guides ou brochures facile à lire ou encore pictogrammes sur le
processus des élections et la procédure de vote. Ces procédures en amont des élections favoriseront
l’autonomie de ces personnes et leur permettront de faire leur propre choix et opinion.
J’effectue des séances de sensibilisation dans les centres fréquentées par
les personnes handicapées afin de leur expliquer les enjeux du scrutin et
les inciter à voter. Trop souvent, ces personnes se sentent non concernées ou mal informées, alors même que le vote est l’acte fondateur d’une
démocratie où chaque voix est égale à une autre.
Salah HEFIEN
10
ÊÊ Réviser le système d’accompagnement
L’Organisation appelle à une réflexion de fond sur les dispositifs d’accompagnement des personnes handicapées, afin de permettre notamment aux personnes de pouvoir voter dans des conditions dignes et transparentes. L’Organisation recommande notamment :
}}
Une meilleure reconnaissance et une facilitation du droit de vote des personnes ayant un handicap mental / une déficience intellectuelle
}}
Utiliser tous les moyens techniques nécessaires afin d’éviter le recours aux accompagnateurs (clarté des
messages, accessibilité de l’information, braille, etc.)
Séance de sensibilisation à la particpation électorale animée par Salah HEFIEN,
membre de l’Organisation, dans la région de Mahdia
11
ÊÊ Renforcer l’accessibilité physique et informationnelle des bureaux de vote
L’Organisation recommande de renforcer les dispositions liées à l’accessibilité des bureaux de vote, tant au
niveau physique que informationnel.
}}
Installation de “postes de repos” au sein des bureaux de vote
}}
Généralisation des rampes d’accès dans la totalité des bureaux possédant des marches à l’entrée
}}
Formation du personnel des bureaux de vote pour l’accueil et l’information des personnes handicapées.
}}
Identification au sein de chaque gouvernorat d’interprètes en langue des signes mobilisables le jour des
élections, et diffusion de l’information en amont.
}}
Généralisation d’au moins un isoloir entièrement accessible dans chaque bureau de vote (largeur de
l’entrée; table basse; lumière suffisante, etc.).
}}
Fournir des loupes chaque bureau de vote
}}
Prévoir à l’avance des bulletins de vote en braille.
}}
Mise en place de pictogrammes et de signalisations claires aussi bien pour l’identification des bureaux
de vote que pour la procédure à suivre lors du vote
ÊÊ Inclure des indicateurs spécifiques dans les opérations d’observation des élections
Afin d’effectuer un suivi détaillé des conditions d’accès des personnes handicapées au processus électoral,
il semble essentiel que les instances chargées de l’observation des élections (qu’elles soient de la société
civile ou des partis politiques) intègrent un ensemble d’indicateurs pertinents permettant une amélioration
continue de l’accessibilité du processus électoral aux personnes handicapées et de les faire participer à ce
suivi.
2
Pour une meilleure participation des Personnes
handicapées aux décisions qui les concernent
Article 29– Participation à la vie politique et la vie publique
Convention internationale relative aux droits des personnes Handicapées
Les États Parties garantissent aux personnes handicapées la jouissance des droits politiques et la possibilité
de les exercer sur la base de l’égalité avec les autres, et s’engagent :
b. A promouvoir activement un environnement dans lequel les personnes handicapées peuvent effectivement et pleinement participer à la conduite des affaires publiques, sans discrimination et sur la base de
l’égalité avec les autres, et à encourager leur participation aux affaires publiques, notamment par le biais :
12
i. De leur participation aux Organisations non gouvernementales et associations qui s’intéressent à la
vie publique et politique du pays, et de leur participation aux activités et à l’administration des partis
politiques;
ii. De la constitution d’Organisations de personnes handicapées pour les représenter aux niveaux international, national, régional et local et de l’adhésion à ces Organisations.
2.1. CONSTATS SUR LES OBSTACLES A LA PARTICIPATION DES
PERSONNES HANDICAPEES AUX INSTANCES ET MECANISMES
DE DECISION
La convention internationale relative aux droits des personnes handicapées (CRDPH) ratifiée par la Tunisie
en 2008 met un accent particulier sur la participation des personnes handicapées aux décisions qui les
concernent, et sur l’obligation des Etats parties de mettre en place les mécanismes et organes permettant
cette participation, et de garantir la représentation des personnes handicapées dans les dispositifs décisionnels.
Or jusqu’à présent, cette obligation est très peu suivie de faits en Tunisie: les personnes handicapées sont
absentes de la quasi-totalité des instances nationales ou locales impliquées dans l’élaboration ou le suivi des
politiques et dispositifs d’intérêt général.
Pour exemple, si l’Etat tunisien a mis en place un Conseil Supérieur des Personnes Handicapées en 2005,
remplacé en 2010 (décret N° 3080 du 1er décembre 2010) par un “conseil supérieur de développement
social et la protection des personnes handicapés” composé de représentants de ministères, de syndicats,
d’Organisations féminines et du parlement des jeunes, aucune représentation des personnes handicapées
n’est prévue dans ce conseil.
De même, les personnes handicapées continuent à être sous-représentées au sein des institutions issues
de la révolution du 14 janvier 2011. Par exemple la haute instance pour la réalisation des objectifs de la
révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, à l’origine de la plupart des textes de lois
entre le 14 janvier et le 23 octobre 2011, date des élections, n’incluait pas de représentants des personnes
handicapées.
En fait, la question de la représentativité des associations n’était pas une question prioritaire avant le 14
Janvier. La majorité des associations ont été créees non pas pour représenter les personnes handicapées
mais pour leur offrir des services. Mis à part certaines, les instances décisionnelles de ces associations sont
dirigées par des personnes non handicapées. En effet, sous le régime précédent, la possibilité de créer des
associations représentatives agissant pour la reconnaissance des droits individuels était quasiment impossible, et un nombre de structures était instrumentalisé par l’Etat (l’exemple le plus représentatif étant l’association BASMA présidée par la femme de l’ancien président).
Ces associations qui présentaient des services ne développaient pas la question de droit dans leur approche. Cette vision devra être renforcée, dans le cadre de la transition démocratique en cours, au profit
d’une réelle reconnaissance des personnes handicapées comme acteurs de leur propre vie, et de la vie
politique et sociale.
13
2.2. RECOMMANDATIONS POUR UNE REELLE PARTICIPATION
DES PERSONNES HANDICAPEES AUX DECISIONS QUI LES
CONCERNENT
Pour respecter ses engagements internationaux, l’Etat tunisien doit revoir en profondeur les mécanismes de
concertation impliquant directement les personnes handicapées et leurs Organisations représentatives, à la
fois au niveau national et à l’échelle locale, et favoriser la création d’Organisations réellement représentatives.
Ceci notamment via les actes suivants :
}}
Intégrer des représentants des personnes handicapées dans les négociations autour de la nouvelle
constitution
}}
Revoir la composition du Conseil supérieur de développement social et de la protection des personnes
handicapées, en y intégrant des représentants des personnes handicapées
}}
Favoriser la participation des personnes handicapées dans les instances locales impliquées dans le
développement local, et favoriser la création d’espaces de concertation.
}}
Intégrer les personnes handicapées dans les mécanismes de suivi de la Convention Internationale Relative aux Droits des Personnes Handicapées, ainsi que dans l’ensemble des mécanismes de suivi de la
mise en œuvre des droits de l’Homme dans le pays.
}}
Favoriser et renforcer les droits des femmes handicapées, particulièrement en garantissant leur participation dans les différentes instances de décision et de concertation.
}}
Sensibiliser les enfants et jeunes handicapées à leur capacité de participation et à leurs droits.
}}
Encourager le changement de regard des décideurs pour les personnes handicapées notamment à travers des séances de sensibilisation et d’information.
Réunion de travail autour d’un projet de développement local à Menzel Bourguiba : des représentants ministériels,
des personnes handicapées, des représentants de la commune, des ONG. Une forme d’espace
de concertation pilote, encore trop rare dans le pays.
14
3
Pour un cadre législatif qui respecte les droits
des personnes handicapées et garantisse l’égalité avec les autres citoyens
3.1.CONSTATS SUR LE CADRE LÉGISLATIF: DES ENGAGEMENTS
ENCOURAGEANTS, MAIS NON TENUS
Le 2 avril 2008, la Tunisie ratifiait la Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées (CRDPH) et son protocole facultatif, et de ce fait était l’un des premier pays à se rallier à la nouvelle
dynamique internationale liée à la cause des personnes handicapées. Cependant, le cadre législatif tunisien reste en grande partie non conforme à l’esprit et aux notions de cette convention. Ainsi, la notion de
non-discrimination sur la base du handicap existe dans les textes de loi mais reste cependant impunie,
permettant de nombreux préjudices sur des personnes handicapées sans la possibilité de recours pénal.
Il nous semble important également de mettre en évidence la non-conformité entre la définition du handicap mentionnée dans la convention et celle se trouvant dans les textes de loi tunisiens, notamment en ce
qui concerne les personnes ayant une déficience intellectuelle et les personnes avec des troubles mentaux
/ incapacités psychiques. Ces personnes ne sont en effet intégrées qu’à la marge dans les textes et les
dispositifs relatifs aux personnes handicapées en Tunisie, et sont notamment privées de la possibilité d’obtenir la carte de handicap. Exclues des principales réponses et dispositifs, elles se retrouvent très souvent
internées malgré-elles dans des hôpitaux ou des institutions spécialisées, sous prétexte qu’elles « présentent un danger pour les autres et/ou pour [elles] mêmes ». Non reconnues comme personnes handicapées,
ces personnes voient leurs droits de base souvent bafoués.
Ainsi, l’approche droit du handicap reste encore une piste nouvelle à explorer et à entretenir par les politiques
futures de l’Etat.. L’Organisation insiste sur la nécessité d’une nouvelle approche et de nouvelles réponses
notamment aux situations particulièrement difficiles vécues par les personnes ayant des déficiences intellectuelles et/ou des incapacités psychiques.
Autre élément particulièrement problématique : le manque de données fiables sur la situation des
personnes handicapées, qui empêche la mise en œuvre de réponses adaptées. En effet, les données officielles
disponibles indiquent un taux de 1,5% de personnes handicapées5, chiffre bien en deçà des données de
l’Organisation Mondiale de la Santé qui estime qu’en moyenne les personnes handicapées
représentent entre 10 et 15% d’une population donnée6. Ce manque d’information est un obstacle majeur à la
construction de politiques publiques pertinentes et adaptées aux besoins.
3.2.RECOMMANDATIONS MINIMALES POUR UNE REVISION DU
CADRE LEGISLATIF
Afin de mettre en conformité le cadre légal avec ses engagements internationaux, deux dispositions principales pourraient être prises rapidement :
}}
Inscription dans la nouvelle constitution du principe de non-discrimination sur la base du handicap et
inclure les droits des personnes handicapées au sein de tous les programmes de développement ;
}}
Révision de la définition du handicap et des conditions d’attribution de la carte de handicap mentionnées
dans la loi d’orientation n°83 du 15 Août 2005, en se fondant, notamment sur la définition inscrite dans
la CRDPH, et en veillant particulièrement à renforcer la protection des droits des personnes atteintes
d’incapacités intellectuelles et de handicap psychosocial.
}}
Introduction de la notion de l’aménagement raisonnable dans les textes de lois conformément à sa définition dans la CRDPH.
5. « Recensement général de la population et de l’habitat » 2004
6. « Rapport mondial sur le handicap », Organisation Mondiale de la Santé / Banque mondiale, 2011.
15
}}
Mise en place d’un système de collecte de donnée et d’information fiable sur la situation des personnes
handicapées en Tunisie, et révision des informations collectées dans le cadre du recensement général de
la population concernant la situation des personnes handicapées.
En tant que citoyen, j’attends de la transition démocratique que les droits
des personnes handicapées deviennent constitutionnels, afin que soit
sanctionnée toute discrimination basée sur le handicap et que l’égalité
théorique se concrétise enfin.
Sami Ben Younes
4
Un changement de regard sur les personnes handicapées et une mise en valeur de leurs capacités
Article 8 – Sensibilisation
Convention Internationale Relative aux Droits des Personnes Handicapées
a. Les États Parties s’engagent à prendre des mesures immédiates, efficaces et appropriées en vue de:
i. Sensibiliser l’ensemble de la société, y compris au niveau de la famille, à la situation des personnes
handicapées et promouvoir le respect des droits et de la dignité des personnes handicapées;
ii. Combattre les stéréotypes, les préjugés et les pratiques dangereuses concernant les personnes handicapées, y compris ceux liés au sexe et à l’âge, dans tous les domaines;
iii.Mieux faire connaître les capacités et les contributions des personnes handicapées.
b. Dans le cadre des mesures qu’ils prennent à cette fin, les États Parties :
i. Lancent et mènent des campagnes efficaces de sensibilisation du public en vue de :
}}
Favoriser une attitude réceptive à l’égard des droits des personnes handicapées;
}}
Promouvoir une perception positive des personnes handicapées et une conscience sociale
plus poussée à leur égard;
}}
Promouvoir la reconnaissance des compétences, mérites et aptitudes des personnes handicapées et de leurs contributions dans leur milieu de travail et sur le marché du travail;
ii. Encouragent à tous les niveaux du système éducatif, notamment chez tous les enfants dès leur plus
jeune âge, une attitude de respect pour les droits des personnes handicapées;
16
iii.Encouragent tous les médias à montrer les personnes handicapées sous un jour conforme à l’objet
de la présente Convention;
iv.Encouragent l’Organisation de programmes de formation en sensibilisation aux personnes handicapées et aux droits des personnes handicapées
4.1. CONSTATS SUR LE REGARD PORTE PAR LA SOCIETE ET
VEHICULE PAR LES MEDIAS SUR LES PERSONNES
HANDICAPEES
L’approche caritative et médicale de la question du handicap utilisée par la quasi-totalité des acteurs impliqués a clairement contribué à une image négative de la société sur les personnes handicapées, considérées
comme un fardeau que la société et les politiques doivent entretenir et supporter. Les capacités et la possible contribution de ces citoyens à la société ont longtemps été négligées et non considérées. Ainsi, sur
la scène médiatique, il est extrêmement rare que l’on parle des réalisations positives d’une ou de plusieurs
personnes handicapées; sont toujours mis en avant les actions de soutien, de dons, de charité pour ces
personnes. Sous des dehors charitables et “humanistes”, cette image et approche collective de la question
du handicap contribue à renforcer l’exclusion dont sont victimes les tunisiens et tunisiennes handicapé(e)
s sur tous les plans, conduisant ainsi à renforcer un regard basé sur la pitié, la bienfaisance et l’incapacité,
promouvant très peu la notion de droit. Ce qui domine c’est «il a besoin de ...» plutôt que «il a le droit à...».
Les rares exemples positifs mis en avant concernent des «exceptions», notamment dans le domaine sportif,
avec la mise en avant des athlètes handicapés lors des compétitions internationales. Loin de nous l’idée de
critiquer ces athlètes eux-mêmes, qui souvent ont eu à se battre plus que d’autres pour arriver à ce niveau.
Mais ce traitement uniquement sous l’ordre de l’exception peut aussi porter une vision discriminatoire: une
personne handicapée ne peut donc vraiment vivre une vie ordinaire? Il faut qu’elle soit ou un assisté, ou un
champion international? De même, un exemple d’insertion professionnelle d’une personne handicapée est
montré et présenté comme étant un exploit et une réussite de toute la politique de l’Etat.
Il est vrai que la situation de nombreuses personnes handicapées en Tunisie reste très difficile, avec un
taux de pauvreté et d’analphabétisme important (plus de 50 % selon les données du Ministère des Affaires
Social et de l’Institut National des Statistiques); Mais cela n’est du ni à un “manque de capacités”, ni aux
déficiences elles mêmes, mais bien à la faiblesse des moyens mobilisés pour l’intégration scolaire et professionnelle. La société tunisienne et les décideurs se bornent à adapter la personne aux structures et dispositifs mis en place, plutôt que d’adapter ces dispositifs aux capacités et aux choix des personnes. Il convient
de noter ici que les personnes les plus soumises à un discours discriminatoire dans les discours et dans les
médias sont les personnes ayant une déficience intellectuelle ou un handicap psychique, particulièrement
17
sous - représentées dans les médias, et souvent considérées avec méfiance et inquiétude. Le manque
d’information sur la réalité, les causes et les conséquences des maladies ou déficiences que connaissent
ces personnes alimentent une peur de la société envers elles et un rejet particulièrement fort. Enfin, il est
important de constater que le discours misérabiliste et discriminatoire souvent porté sur les personnes handicapées a également un impact sur les personnes handicapées elles-mêmes, les incitant à ne pas percevoir
leurs propres capacités et à accepter des situations de dépendance et de discrimination.
Ma «chance» fut d’avoir passé toute ma scolarité dans une école ordinaire,
comme n’importe quel jeune de mon âge. Mon frère n’a pas eu la même fortune
et s’est, lentement mais sûrement, replié sur lui-même et désocialisé.
Imed Ouertani
4.2.RECOMMANDATIONS POUR FAVORISER LE CHANGEMENT DE
REGARD SUR LES PERSONNES HANDICAPÉES
Conformément aux principes de la Convention Internationale, l’Etat a un rôle central à jouer dans la diffusion
d’une image renouvelée et positive des personnes handicapées, notamment à travers des campagnes de
sensibilisation et d’information à destination de la population, mettant en valeur les capacités des personnes,
et leur droit à bénéficier des mêmes droits que l’ensemble des citoyens. Par ailleurs, il semble primordial que
le système éducatif intègre également des messages renouvelés sur les personnes handicapées, notamment par la mise en place de modules à destination des enseignants sur la question.
Au sein de l’association « La voix du sourd », nous luttons contre l’isolement
des sourds en cherchant à sensibiliser les entendants à leur culture. C’est un
travail intéressant et nécessaire, mais c’est normalement aussi à l’Etat de
prendre part à cette mission.
Fedi Behri
Les médias tunisiens sont également des acteurs clefs pouvant permettre des changements de fond dans
la perception par la population des personnes handicapées. A ce titre, la première étape pourrait être une
modification en profondeur de la terminologie employée à propos du handicap et des personnes handicapées, souvent discriminante et véhiculant une vision misérablisite et charitable. A ce titre, des formations
devraient être envisagées, afin de diffuser les principes et notions basées sur les droits fondamentaux, la
dignité des personnes et l’égalité des chances. Mais également des partages d’expériences de vie de personnes handicapées ayant réussi leur vie et partageant les mêmes difficultés et jouissant des mêmes plaisirs
que n’importe quel(le) autre tunisien ou tunisienne.
18
Une meilleure représentativité des personnes handicapées dans les émissions et différents programmes
est également une condition indispensable au changement de regard, grâce à la mise en avant d’exemples
concrets d’intégration et de participation à la vie sociale, politique, économique du pays. Donner la parole
aux personnes elles-mêmes est le meilleur moyen d’influer sur les perceptions et préjugés, et de permettre
que le handicap soit perçu comme une différence comme toutes les autres différences entre êtres humains.
La révolution a commencé à changer le regard des tunisiens sur les sourds qui
ont perdu deux des leurs en prononçant le même « dégage ». Des barrières
tombaient, ils étaient enfin des tunisiens comme les autres.
Fedi Behri
ANNEXES
De l’individuel au Collectif :
portraits de militants
Ces portraits sont des instantanés.
Réalisés en octobre 2011, à la veille d’élections législatives historiques, ils résultent d’un échange, d’une
rencontre, entre le photojournaliste Antoine Vincens de Tapol et les membres de l’Organisation.
Subjectifs, ils ne cherchent pas à convaincre ou à faire passer un message.
Mais tous ont en commun la force d’un parcours de vie, le dépassement de certaines barrières, tout comme
la conscience d’être un citoyen à part entière, intégré dans une société et jouissant de droits et devoirs identiques à n’importe quel individu.
Ces portraits, ces personnes, malgré leurs singularités, ont un lien : le refus d’une certaine fatalité et la
persistance d’une croyance en l’avenir et au changement. Ils illustrent la vigueur et l’utilité sans cesse renouvelée de l’engagement associatif, le tremplin et le lien social que représentent le collectif et la participation
sociale et politique.
Ils montrent en fait l’évidence même : la Tunisie nouvelle ne se fera pas sans EUX.
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Yousri Mzati
Ma vie est un miracle
Yousri voit pourtant sa vie basculer un jour de mars 1999. Quel jour exactement ? Il ne sait plus, il est
passé à autre chose. C’était un match officiel du championnat tunisien de handball ; un coup de poing d’un
adversaire lui décolle la rétine. L’autre rétine va suivre, s’il ne fait rien. Sept opérations n’empêcheront pas un
certain 18 juillet 1999. Cette fois-ci, la date se précise, Yousri perd définitivement la vue.
Très rapidement, sa sœur aînée, Lamia, « son bras droit », quitte Tunis pour s’occuper de son petit frère.
L’année suivante, il a 20 ans et l’ambition d’embrasser le monde. Il monte une affaire, premier succès, en
suivront d’autres.
En 2007, encouragé par un ami, il se remet au sport. Le lancer de poids, javelot et disque fera l’affaire. Il
intègre l’équipe nationale des handicapés et se forme à Gabès au centre de promotion d’athlétisme d’handisport. Il devient champion de Tunisie et enregistre le record national. Médaille de bronze aux championnats
africains. 8ème lors d’une compétition mixte.
Pour la première fois dans l’histoire de l’athlétisme africain, il est appelé dans une équipe de valides, l’Atlético
Menzel Bourguiba.
Puis fin 2011, le destin de son pays se confond avec le sien. Les compétitions sportives sont arrêtées,
qu’à cela ne tienne, il s’engage dans la politique. Malgré les 117 listes, aucune ne représente vraiment les
personnes handicapées. Il se présente donc comme tête de liste dans le gouvernorat de Bizerte. Sa liste,
Lmnara (le Phare) est approuvée par l’ISIE, la Haute Autorité en charge des élections. C’est un « défi » pour
montrer que les personnes handicapées sont là. Qu’ils peuvent aussi représenter les valides. Comme dit
Lamia, « pas une famille en Tunisie n’est pas touchée directement ou indirectement par le handicap ». La
famille de Yousri est appréciée, les habitants de la commune ont la mémoire longue et se souviennent de la
générosité du père, décédé en 1993.
Ainsi, ils suivent, soutiennent le phare, cet édifice qui signale aux voyants par sa lumière le chemin à emprunter pour ne pas s’échouer.
Yousri en 5 dates
1979 : Naissance à Menzel Bourguiba
1999 : Yousri devient non voyant après un accident
2000 : Entrepreneur à succès
2007 : Reprend le sport et remporte des médailles
2011 : Tête de liste du parti Lmnara aux élections constituantes
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Salah Hefien
Je veux être ministre des Affaires sociales
Salah
est handicapé moteur suite à des complications à la naissance (Infirmité Motrice Cérébrale).
Rencontré deux jours avant le scrutin historique des premières élections libres de Tunisie en octobre 2011,
il arpente les écoles et centres fréquentés par les personnes handicapées. Le but étant de leur expliquer
l’enjeu électoral et de les inciter à voter. Le vote, c’est effectivement le premier acte citoyen d’une démocratie
dans laquelle chaque voix est égale à une autre. C’est la figure même de l’égalité entre les Hommes.
Alors Salah ne ménage pas ses déplacements : non entendants, déficients mentaux, handicapés moteurs,
etc. Les rencontres sont toujours enrichissantes, et le succès auprès du public, grand.
Salah habite chez ses parents et les revenus de ces derniers empêchent l’obtention de toute allocation.
Au chômage et sans diplômes, il avait pourtant entamé des études de gestion d’entreprise. Ne pouvant
écrire, il fallait demander à un surveillant de le faire à sa place. Chaque faute d’orthographe réduisait comme
peau de chagrin sa note finale. Quant à l’oral, aucune dérogation ne fut acceptée.
Il lui reste l’ordinateur qu’il manipule comme il faut. Le potentiel est là, il ne reste plus qu’à l’exploiter.
On parle souvent d’intégration en Tunisie « mais dans la réalité, il n’y a rien », il attend des élections des faits
concrets.
Il ne demande pourtant qu’une chose, être un citoyen ordinaire, avoir une responsabilité, que l’on compte
sur lui, « que l’on ne me réduise pas à mon infirmité ».
Des centaines de jeunes des centres d’autres associations (UTAIM, ATS, AGIM, etc.) comptent déjà sur lui.
La démocratie tunisienne aussi !
Salah en 5 dates
1985 : Naissance à Eljem, en Tunisie
1994 : Il a 9 ans et décide de lâcher son fauteuil roulant pour
plus d’indépendance
2003 : Il sort et commence à réfléchir sur sa situation, ses ambitions
2007 : Il obtient son baccalauréat
2011 : Facilitateur dans la sensibilisation des personnes handicapées pour le vote, dans le cadre des actions de l’Organisation Tunisienne de Défense des Droits des Personnes Handicapées ».
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Imed Ouertani
Dieu m’a donné deux malédictions :
ma vue et mon ambition
I
med a passé sa petite enfance avec une vue à peu près normale. Mais à 6 ans, les problèmes commencent. C’était écrit. Le mal est génétique dans la famille ; son frère, son grand père, sa tante en sont
atteints. « La chance » d’Imed, c’est d’avoir passé sa scolarité jusqu’au lycée dans une école ordinaire. Son
frère, plus âgé, n’a pas eu la même fortune, il s’est alors lentement mais sûrement désocialisé. Lorsqu’Imed
débarque à l’internat d’un lycée spécialisé à Sousse, armé de son vécu dans l’univers ordinaire des gens qui
voient, c’est le choc et le début d’une prise de conscience sur le monde parallèle et brutal du handicap. Le
niveau scolaire est dramatiquement bas, et Imed ressent un abandon pédagogique profond. Il commence
alors à donner des leçons de soutien en français à ses camarades. Il enregistre les cours. Leur fait découvrir
le monde extérieur, leur fait faire « des bêtises ».
Son combat ne se limite pas à l’école, il le mène sur tous les fronts. Sa détermination, il la doit aussi à sa
mère, qui lorsqu’il tombait, lui disait durement « relève-toi et marche ». Il sait qu’elle le préparait à ne compter que sur lui-même. Et ça marche plutôt bien pour Imed, il passe son diplôme de kiné et exerce dans un
institut d’orthopédie réputé. En mai dernier, il est élu le plus jeune secrétaire général de l’histoire de l’UNAT,
l’Union Nationale des Aveugles de Tunis. Quelques mois avant, ils avaient, eux aussi, fait leur «révolution» en
destituant l’ensemble du bureau et son président, un proche de Ben Ali qui avait totalement délaissé l’éducation des mal- et non voyants.
Il participe à la Révolution, se heurte à la police et ne recule pas. L’image qu’il garde du 14 janvier 2011,
c’est sa chair de poule et le drapeau tunisien qui flottait partout. Car Imed distingue encore de jour, les
contrastes. La nuit, c’est le noir absolu. D’ailleurs, ça « l’enrageait » de ne pouvoir monter la garde la nuit
dans les quartiers. Il relayait les informations par internet et partait filer un coup de main à l’hôpital pendant
la journée. Maintenant l’avenir appartient aux tunisiens. Le sien, il le voit avec sa fiancée, kinésithérapeute et
voyante. Il se voit aussi à plein temps dans l’humanitaire, sa véritable vocation. En rigolant, Imed se verrait
bien président de la République tunisienne. Alors, la Tunisie aura fait une autre révolution que tous les autres
pays pourront lui envier. Ambition, quand tu nous tiens !
Imed en 5 dates
1986 : Naissance à Tunis
1992 : Début des problèmes oculaires
2001 : Entre au lycée spécialisé de Sousse. Prise de
conscience de l’importance de l’intégration des handicapés
2007 : Diplôme de kinésithérapie
2011 : Secrétaire Général de l’UNAT. Collabore avec Handicap
International sur le manque criant de livres en braille.
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Lilia et Aziza Challougui.
Je ne veux pas perdre l’idée, que, à part marcher,
lorsque je veux quelque chose, j’y arriverai.
Aziza, victime à la naissance d’une IMC (insuffisance motrice cérébrale) provoquée par une anoxie cérébrale
(manque d’oxygène au cerveau), affirme sa détermination avec ambition et réalisme. Alors, elle apprend à
être indépendante avec l’aide précieuse de sa maman, Lilia, psychologue clinicienne.
Lilia se bat depuis longtemps pour les droits des personnes handicapées, bien avant
la naissance de sa fille. Concernant le handicap périnatal, elle déplore un manque
criant de structure, de personnel, de formation, d’accompagnement et surtout de vision.
Elle sait qu’elle n’est pas éternelle et son vœu est d’inculquer à Aziza, la jouissance de ses droits au même
titre que n’importe quel autre citoyen ordinaire. C’est l’une des raisons pour laquelle elle intègre l’Organisation , composée exclusivement de membres atteints par un handicap. Au début, elle ne se considérait pas
totalement légitime, mais, pour sa fille et pour tous les autres, elle commence à assumer et souhaite même
devenir leur porte-parole. Aziza assistera bientôt, pour la première fois, à une réunion. Cette Organisation
c’est l’appropriation par les personnes handicapées des problèmes qui les concernent, puisque personne
d’autres ne semble mesurer les enjeux. C’est aussi un lien social, une autre famille qui pourrait s’avérer précieuse dans le futur.
Bien sûr la famille, c’est avant tout le papa, les grands parents et Youssef, le grand frère qui, dit-elle avec
émotion, est « compréhensif et aidant », sans oublier Hada, la jeune fille qui aide à s’en occuper depuis la
naissance. Aziza puisera dans sa force, son intelligence, sa maturité, car elle est « grande » même si elle est
encore « jeune » et sera peut être un jour psychologue ou tiendra un jardin d’enfant, « avec ma maman ».
Quoi qu’il en soit, elle ira loin.
Lilia et Aziza en 8 dates
1989 : Lilia découvre l’autisme via son travail de thérapeute
1994 : Naissance de Youssef.
1997 : Naissance et IMC d’Aziza.
1998 : Première victoire : Aziza entre dans une crèche ordinaire à Sfax
2000 : Aziza produit ses premiers sons de voix à la suite d’une
rééducation en Slovaquie
2005 : Entre à l’école ordinaire, qui montre néanmoins ses limites
2010 : Lilia intègre l’Organisation
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28
Fedi Behri
Né à 6H00 du matin, il faut donc être optimiste
Fedi a d’abord grandi dans la nature, en montagne, avec rivière et forêt, dans le village de Ouchtata. Cadre
idyllique. Mais à onze mois, il est ébouillanté. Le médecin local le plâtre. La chaleur contenue monte. Le lendemain matin, c’était fait, la surdité était là.
A ses trois ans, la famille déménage à Tunis pour intégrer une école spécialisée en lecture labiale,
où les enseignants articulent leurs cours avec exagération. C’est une méthode contestée. Les amis
de Fedi le pousse à changer. Mais son père, qui ne digère pas le handicap de son fils, s’oppose catégoriquement à tout apprentissage de la langue des signes. Son fils est né « normal », il redeviendra « normal ». Tout rapprochement avec l’univers des sourds est pour lui une trahison. Cette opposition perdure encore aujourd’hui. Heureusement sa mère est, pour Fedi, un solide soutien. La scolarité, dure et autoritaire, se poursuit jusqu’à ses 16 ans, année durant laquelle il commence à apprendre la langue des signes avec ses camarades sourds. C’est une nouvelle naissance. Il côtoie enfin des
personnes qui partagent la même langue. Car le problème majeur des sourds est l’absence de communication avec le monde des entendants. C’est peut-être l’une des déficiences les plus « désocialisantes ».
Il intègre alors en 2005 l’association La voix du sourd, qui devient quelques années plus tard, partenaire de
Handicap International dans certaines activités sportives, et lutte contre l’isolement des sourds en cherchant
à sensibiliser les entendants à leur culture. L’association offre aussi un cadre de participation à des activités
sportives et culturelles pour les non entendant. La langue des signes est une langue vivante qui évolue sans
cesse. Grâce à internet, les sourds de Tunisie communiquent beaucoup avec ceux de France et empruntent
une partie de leur langue, surtout pour le nord de la Tunisie, très urbain. Les distinctions avec le sud se
multiplient, car les problématiques économiques et sociales sont différentes. Pour Fedi, c’est aussi plus de
richesse.
Petit bémol pourtant. Durant les élections, l’ISIE (l’instance organisant les élections constituantes) a fait traduire en langue des signes les présentations des partis politiques de leur programme. Ceux du sud n’ont
pas tout compris. La révolution a aussi changé le regard des tunisiens sur les sourds qui ont perdu deux des
leurs. Ils prononçaient le même « dégage ». 13 jours après la chute de Ben Ali, ils manifestaient devant les
ministères des Affaires sociales, de l’Education et de la Santé pour demander un changement. Les barrières
tombaient, ils étaient des tunisiens comme tous les autres.
Fedi en 5 dates
1984 : Naissance à Bèja, Tunisie.
1985 : Accident domestique qui provoque sa surdité
1987 : Départ pour Tunis et début de l’apprentissage de la lecture labiale
2000 : Nouvelle naissance, apprend la langue des signes
2011 : Observateur national aux élections constituantes
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Sami Ben Younes
Etre le premier juge non voyant de Tunisie
M
alvoyant de naissance suite à un glaucome congénital aigu, Sami est opéré. Succès pour l’œil droit,
échec pour le gauche. Les médecins lui prédisent qu’il perdra la vue. Jusqu’au 12 mars 2010, il distingue
tout, les couleurs, chaque subtilité de contraste. Et puis c’est le noir absolu.
Sami, c’est un militant, il est partout, et cela bien avant sa cécité. Il était encore au lycée lorsqu’il débute ses
activités associatives ; membre actif de l’Association Tunisienne de la Santé de la Reproduction.
Le jour même de son inscription à la fac (sociologie puis droit), il intègre l’Union Générale des Etudiants Tunisiens. Puis suit Amnesty International, le Conseil National des Libertés, l’Union Nationale des Aveugles de
Tunisie, l’association des Enfants de la Lune. La vie associative prévaut sur l’action politique.
Sa citoyenneté politique, il l’exerce comme n’importe quel voyant, voir plus encore, et ce dès 2008 aux côtés
des mineurs de Gafsa.
Naturellement, il est aux avant postes de la révolution, dès le 19 décembre, au sein de ses associations.
Quand on lui demande « l’image » qu’il a retenu de cette période, il prend un temps et répond « les pleurs,
les lamentations des mères des martyrs ».
En tant que citoyen, il attend de son pays une véritable transition démocratique, l’indépendance de la magistrature, des médias, et que le droit des personnes handicapées devienne constitutionnel.
Aujourd’hui en troisième année de droit, il compte bien peser personnellement dans la réussite de ses objectifs en devenant le premier juge non-voyant de Tunisie.
Reste à faire valider son inscription au concours de magistrature. Ça serait déjà un premier exploit !
Sami en 5 dates
1989 : Naissance à Tunis. Mal voyant
2006 : Débute son activité de militant
2008 : Son bac en poche, il entame ses études supérieures
2010 : Devient non-voyant
2011 : Participe à la Révolution
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La révolution tunisienne de janvier 2011 a créé un
immense et indicible espoir pour des milliers de
tunisiens dont les droits avaient trop longtemps été
bafoués.
Les personnes handicapées ont participé, au
même titre que leurs concitoyens, au mouvement
populaire qui a amené à la chute de Ben Ali. Ils
entendent aujourd’hui participer de manière
concrète et positive au processus de transition
démocratique.
Crée par un groupe de jeunes citoyens handicapés,
l’Organisation
de Défense des Droits des
Personnes Handicapées entend, avec ce premier
rapport, mettre en perspective les obstacles à la
pleine participation des personnes handicapées à
la vie sociale et politique du pays, et proposer des
pistes concrètes d’amélioration.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les
personnes handicapées représentent en moyenne
15% de la population. La Tunisie Nouvelle ne se
fera pas sans eux !
Cette publication a été réalisée avec le soutien de
Open Society Foundations et du gouvernement fédéral
allemand par l’intermédiaire de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH.
Les résultats, interprétations et conclusions exprimés
dans ce document sont de la seule responsabilité de
leurs auteurs, et ne sauraient être attribués en aucune
manière au gouvernement fédéral allemand, à la
Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH et à Open Society Foundations.
Cette publication a été réalisée dans le cadre du projet
« Toward the full participation of persons with disability
in Tunisia’s democratic transition » mis en œuvre par
Handicap International – programme Maghreb de
décembre 2011 à juin 2012.