Le Vieillissement Démographique et les Personnes
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Le Vieillissement Démographique et les Personnes
Le Vieillissement Démographique et les Personnes Agées en France Jo'ètU Qaymu CICRED Paris FRANCE INIA Valletta MALTA Le Vieillissement Démographique et les Personnes Agées en France Le Vieillissement Démographique et les Personnes Agées en France Joëlle Utaumu Joëlle Gaymu, Institut National D'Etudes Démographiques Publié par International Institute on Ageing (United Nations - Malta) ©INIA/CICRED1993 Tous droits réservés. Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite; réservée dans un système de recouvrement de données; ou transmise sous n'importe quelle forme ou par n'importe quel moyen, électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autre sans l'autorisation de l'auteur. Gaymu, Joëlle Le Vieillissement Démographique et les Personnes Agées en France ISBN 92-9103-020-1 Rédigé par International Institute on Ageing (United Nations - Malta) Mise en pages par: Antoinette Scicluna/Sharon Vella Imprimé à Malte par Union Print Co. Ltd., Valletta, MALTA Avant-Propos La présente série de monographies nationales sur "les aspects démographiques et socioéconomiques du vieillissement de la population" est le fruit d'une collaboration de longue date, entreprise en 1982 par le CICRED (Comité International de Coopération dans les Recherches Nationales en Démographie). Notre projet a bénéficié du généreux appui du FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la Population), ainsi que de diverses institutions nationales, notamment l'Université de Montréal au Canada et la Duke University aux Etats-Unis. La réalisation de ce projet a en outre été facilitée par le co-financement d'un organisme bien connu sous le nom d'INIA (International Institute on Aging, Nations Unies, Malte). Ces monographies nationales devraient rendre de grands services à un large public d'universitaires et de décideurs du monde entier. Elles témoignent du dévouement des chercheurs qui se sont associés à cet effort sous la coordination de George C. Myers. Nous voudrions les féliciter pour leur travail. Comme l'écrit George C. Myers dans son introduction, ce projet n'aurait pas pu voir le jour sans la ténacité de Jean Bourgeois-Pichat, qui a été Président du CICRED de 1972 à sa disparition, le 15 Avril 1990. Nous dédions cette série de monographies à sa mémoire, en souvenir de son oeuvre. LéonTABAH Président du CICRED Alfred GRECH Directeur de VINIA INTRODUCTION George C. Myers, PhD. Center for Demographic Studies Duke University Durham, North Carolina, Etats-Unis La décennie 80 a marqué le début de "l'ère des personnes âgées" et a de ce fait attiré l'attention mondiale sur le vieillissement de la population et sur ses conséquences pour l'évolution de la société et le bien-être des "aînés". La parution de la présente série de mono graphies nationales atteste du récentfoisonnementd'activité que connaît larecherche en ce domaine dans la plupart des pays, qu'ils soient industrialisés ou en voie de développement. Elle est la concrétisation d'un des principaux objectifs du "Programme International sur le Vieillissement de la Population". Ce projet de longue haleine a été lancé en 1982 par le CICRED (Comité International de Coopération dans les recherches nationales en démographie) à Paris (France) à l'initiative et sous la direction de son Président, le démographe Jean Bourgeois-Pichat. Dans un ouvrage de référence des Nations Unies auquel il a apporté sa contribution, notre estimé collègue a émis les postulats qui nous ont ensuite permis d'explorer les aspects démographiques du vieillissement L'ouvrage en question, publié en 19S6, s'intitulait "Le vieillissement de la population et ses conséquences socio-économiques" et le message qu'il annonçait s'est largement confirmé au cours des trente-cinq dernières années. Le voici : "... on peut raisonnablement s'attendre à une poursuite du processus de vieillissement de la population des pays économiquement ou dêmographiquement avancés. Ce processus semble également avoir démarré dans les pays sousdéveloppés, et bien qu' il soit difficile denprévoir l'évolution avec précision, il est probable que la tendance s'accélérera à long terme". L'examen de cette tendance vers un vieillissement accru de la population, de ses facteurs déterminants et de ses conséquences pour des pays situés à divers niveaux de développement socio-économique, a donné un nouvel élan à la recherche internationale. En 1983, s'est tenue à Montebello (Canada) la première rencontre du CICRED sur le sujet. Les 45 participants, issus de 20 pays différents, se sont attachés à déterminer les trois principaux objectifs du projet. Par la suite, d'autres conférences ont eu lieu à Florence (Italie) en 1985 et à la Duke University de Durham (Caroline du Nord) en 1988, afin que les participants aient l'occasion de se rencontrer et de discuter des progrès de leurs recherches respectives. Ces trois objectifs sont les suivants : 1. Mettre en place une base de statistiques nationales pertinentes, afin de saisir l'aspect dynamique de l'accélération sans cesse croissante de la proportion des personnes âgées dans le monde. 2. Encourager les centres démographiques de nombreux pays à entreprendre une série d'études systématiques, en vue d'avoir des informations sur le vieillissement de la population et ses principaux facteurs, mais aussi de déterminer les conséquences de ces modifications démographiques sur la société. 3. Présenter les résultats de ces recherches sous la forme de monographies nationales, qui seront ensuite publiées dans le cadre d'une série. La collecte systématique des statistiques nationales devait, comme convenu, fournir une source de renseignements fort utile pour la description des populations âgées dans les pays du monde entier. Un ensemble de tableaux modèles fut mis en place, afin de permettre à la fois de traduire les modifications historiques intervenues dans la répartition par âge de la population et d'en prévoir l'évolution à venir. Les données devaient intégrer les résultats des recensements nationaux les plus récents, effectués pour la plupart au début des années 80. La répartition de la population âgée en fonction de l'âge et du sexe en était un élément essentiel et devait être suffisamment détaillée pour faciliter la compréhension des multiples caractéristiques sociales et économiques de ces personnes, ainsi que de leur état de santé. Ces statistiques, qu'un certain nombre de pays ont effectivement transmises, ont constitué une première base fiable pour la mise en place de l'IDB A (International Database on Aging), que le Center for International Research du U.S. Bureau of Census s'est proposé de coordonner et de faire circuler. Cet effort se poursuit aujourd'hui avec l'appui du UJS. National Institute on Aging et de la U.S. Agency for International Development. Les chercheurs ont désormais accès aux fichiers informatiques d'une version étendue de l'IDB A depuis l'ICPSR/NACDA (Inter-University Consortium for Political and Social Research/National Archive of Computerized Data on Aging) situé à Ann Arbor (Michigan). De très nombreux centres démographiques ont été invités à participer à l'opération destinée à permettre la collecte systématique des données relatives à toutes sortes de domaines. Ces informations concernaient des aspects très variés des conditions de vie des personnes âgées : structures familiales, situations économiques, conditions d'hébergement, état de santé, niveau de culture. Une attention toute particulière a également été accordée aux disparités de situations en fonction des régions géographiques d'un même pays, notamment entre les zones rurales et urbaines. La deuxième conférence à laquelle ont été conviés les représentants nationaux, s'est tenue à Florence (Italie) en 1985. Elle a permis d'étudier plus en profondeur les objectifs du projet et de coordonner les différents efforts nationaux. Un plan détaillé complet, accompagné de suggestions de tableaux et de graphiques, a été mis au point avant la conférence de Florence pour fournir le support structurel nécessaire à l'établissement des monographies nationales. Quarante personnes ont assisté à la troisième et dernière rencontre qui s'est déroulée à la Duke University de Durham (Caroline du Nord) en 1988. Il y a été question de plusieurs monographies achevées et de celles qui étaient encore en cours. Les participants ont ainsi pu évaluer l'ensemble du projet et prendre la mesure de la rapidité de l'accroissement du vieillissement démographique dans le monde. Un travail de collaboration fructueux, issu d'un accord avec l'INIA (International Institute on Aging), organisme récent fondé par les Nations Unies à Malte, a rendu possible la publication de cette série de monographies. A la série de monographies préparées pour le projet du CICRED se sont ajoutées trois monographies provenant d'un projet parrainé par la Division de la Population des Nations Unies et intitulé "les aspects du vieillissement de la population : leurs conséquences socio-économiques". Les monographies nationales regroupées dans cette série représentent une première approche pour la compréhension des caractéristiques du vieillissement de la population, de ses facteurs et de ses conséquences. L'information qu'elles renferment seront à la base des études futures. Elle doit en effet permettre une mise à jour régulière des données relatives à la structure de la population âgée d'un pays, en fonction de l'apparition d'éléments nouveaux et du dépouillement des résultats des derniers recensements. Si l'on veut que les recherches comparatives tr ans-nationales réalisées soient réellement utiles, il est indispensable de respecter les méthodes normalisées de mesure et de rendre compte des principaux paramètres du processus de vieillissement. De même, le cadre conceptuel et les procédures analytiques d'examen des modèles intra- et inter-nationaux devront progresser de façon plus systématique. Il est, par exemple, possible de prendre des mesures concrètes à partir de renseignements démographiques et socio-économiques détaillés sur les personnes âgées, en fonction de leur âge et de leur sexe. Ces renseignements pourront être tirés des recensements entrepris en 1990 et ultérieurement Pour faciliter le progrès des recherches à venir, il est également nécessaire de concevoir pour chaque pays des tableaux détaillés des classifications géographiques et régionales. Ce sont là des objectifs qui semblent tout à fait accessibles, tant pour les chercheurs que pour les organismes internationaux. Quel que soit le sérieux des efforts initiaux mis en oeuvre, de nouvelles mesures sont indispensables si l'on veut que la recherche se poursuive de manière plus approfondie. Les responsables du projet du CICRED ont donc reconnu explicitement la nécessité d'un deuxième niveau de recherche. Le programme initial prévoyait un premier noyau d'activités de base - lequel a été largement concrétisé par les monographies nationales - et un second, d'activités plus spécialisées. Compte tenu du recul dont nous jouissons aujourd'hui, le programme semble avoir été quelque peu ambitieux pour l'époque, mais il paraît tout à fait réalisable dans la décennie à venir. Examinons pour cela rapidement les principaux types d'études à mener dans les différents domaines. Démographie. Les recherches suivantes sont à envisager : a) Etudes de cohortes visant à connaître les modifications de taille et de composition des groupes d'individus de la même génération au cours de leur vie, et plus particulièrement à partir du seuil de vieillesse ; b) Etudes démographiques du quatrième âge, à savoir des personnes, en majorité de sexe féminin, présentant un haut risque d'invalidité et requérant un soutien extérieur soit de la famille, soit des services d'aide sociale dispensés par l'Etat ; c) Recherche des caractéristiques géographiques/régionales de la population âgée, afin de déterminer l'influence exercée sur celle-ci par la migration des jeunes comme des personnes âgées ; d) Evaluation de la qualité des renseignements utilisés pour cette recherche ; condition sine qua non d'une connaissance fiable. Socio-Economie. Les recherches suivantes semblent prioritaires : a) Etudes de l'incidence des facteurs démographiques (les chances de survie, par exemple) et des modèles de comportement (mariage et divorce, etc..) sur les modifications de structures familiales et parentales ; b) Partant de là, études sur le mode de vie des personnes âgées celui-ci ayant de profondes conséquences sur leurs conditions de vie ; les besoins en matière de logement ; et les aides souvent indispensables à leur qualité de vie ; c) Examen suffisamment détaillé des conditions économiques des personnes âgées visant à évaluer l'importance relative du patrimoine, des revenus salariaux, des prestations sociales, telles que les retraites de la sécurité sociale, les flux de ressources monétaires entre les générations et les habitudes de consommation de ces personnes ; face à l'évolution sociale due au vieillissement des populations, y compris en matière de participation politique. Santé. Une attention particulière doit également être accordée à la multitude des facteurs qui influent sur le processus de vieillissement de l'individu, et notamment la survenance de maladies et d'invalidités. Il s'agit donc principalement de : a) Savoir si l'allongement de l'espérance de vie s'est accompagné d'une augmentation correspondante du nombre des années exemptes de maladies chroniques importantes ou d'invalidités ; b) Examiner les soins de longue maladie des personnes âgées et l'investissement financier et psychologique qu'ils entraînent pour les bénéficiaires comme pour les contributeurs (souvent la famille, mais de plus en plus l'Etat) ; c) Déterminer les écarts importants dans l'état de santé des personnes âgées en fonction de leur sexe, de leur statut socio-économique, de leur race ou de leur appartenance ethnique, et de leur lieu de résidence. Les sujets de recherche suggérés touchent à des questions essentielles qui devraient être à la base des politiques et des programmes sociaux de l'avenir. Si l'on veut que le lien entre larecherche et la politique sociale se concrétise vraiment, il faudra que l'on admette plus clairement d'intégrer les découvertes dans des modèles qui permettront de prévoir les évolutions probables. Pour cela, la recherche devra probablement se concentrer sur des problèmes pluri-disciplinaires, être capable de fournir des résultats quantitatifs de portée régionale et nationale, et être prête à examiner des perspectives dynamiques. Il est clair que des études à la fois synchroniques (transversales) et diachroniques (longitudinales) sont nécessaires. Une prémisse fondamentale du projet du CICRED - d'ailleurs partagée par l'INIA et les autres organismes des Nations-Unies -, est que les études trans-nationales comparatives peuvent aider les différents pays à mieux évaluer les conséquences du vieillissement démographique, pourvu que le phénomène soit considéré d'un point de vue mondial et qu'il soit relativisé par les positions spécifiques des pays dans la transition démographique ainsi que par leurs conditions sociales et culturelles propres. La connaissance que nous avons de nos voisins vient enrichir celle que nous avons de nous-mêmes. Cet axiome se vérifie tant pour les pays en voie de développement, qui découvrent aujourd'hui le processus du vieillissement de leurs populations, que pour les pays industrialisés qui sont concernés depuis bien longtemps. Le projet du CICRED a joué un rôle de stimulant important dans la préparation des monographies, mais s'il a pu être mené à bien, c'est avant tout grâce aux efforts et à la collaboration des chercheurs qui se sont consacrés à ce travail. Le Vieillissement Démographique et les Personnes Agées en France Introduction Analyser le vieillisement d'une population, autrement dit prendre la mesure du poids démographique des personnes âgées et à fortiori, décrire leur situation ou leur rôle social ne va pas sans difficultés. La première, est de définir le seuil de la vieillesse. Dans l'Antiquité ou le Moyen Age, alors même que l'espérance de vie à la naissance n'avoisinait que 20 ans, la vieillesse, que seuls quelques rares élus avaient la chance d'atteindre était déjà fixé vers la soixantaine. Il semble qu'aujourd'hui encore ce seuil de 60-65 ans fasse l'unanimité, on en veut pour preuve l'adoption par l'ONU, lors de l'Assemblée mondiale sur le vieillissement en 1982, du seuil de 60 ans. A leur naissance, sous les conditions de mortalité des années 1984-1986 les français pouvaient espérer vivre 75 ans en moyenne, on peut donc douter du bien fondé d'un seuil aussi bas, sans parler du bien fondé d'un seuil unique pour tous les pays, quelle que soit leur situation démographique. La vieillesse est à relier avant tout à l'état de santé. Le dictionnaire, la définit ainsi: c'est "la dernière période de la vie normale qui succède à la maturité, caractérisée par un affaiblissement global desfonctions physiologiques et des facultés mentales et par des modifications atrophiques des tissus et des organes". Si l'on s'en tient à cette seule définition, il est évident qu'il y a recul du seuil de la vieillesse, on atteint ce stade d'incapacité physique de plus en plus tard. En effet, si l'on prend pour définition de l'âge non pas la durée qui s'est écoulée depuis la naissance, mais celle qu'il reste à vivre, on voit que la signification d'un seuil évolue dans le temps. Un homme de 60 ans aujourd'hui n'a pas le même âge qu'un homme qui atteignait ce même seuil il y a 50 ans par exemple. Avec les taux des années 1933-1939, il lui restait 14 années en moyenne à vivre avec les risques des années 1984-86,18.0n peut multiplier les exemples allant dans ce sens, avoir 60 ans n'a pas la même signification pour un homme et pour une femme puisque, à cet âge, 5 années d'espérance de vie les séparent en moyenne. De même, en raison de l'inégalité sociale devant la mort, un ouvrier de 60 ans n'a pas le même âge biologique qu'un cadre supérieur qui atteint ce seuil. Et, nous pourrions encore étoffer l'argumentation en introduisant la notion d'espérance de vie sans incapacités, c'est-à-dire en donnant une valeur plus qualitative aux années restant à vivre. Autrement dit, la signification de l'âge varie en fonction de l'époque, mais également en fonction du sexe, des catégories sociales, de l'appartenance géographique... Du fait même de la complexité de la notion d'âge, de l'évolution de la multiplicité des réalités qui se cachent derrière un même chiffre, fixer un seuil de la vieillesse ne peut donc être qu'arbitraire, une convention pratique de statisticien. Mais, la vieillesse a également un définition sociale, éminemment liée à l'activité professionnelle. C'est l'assimilation retraite-vieillesse qui supplante de plus en plus la définition physiologique. En France l'âge de la retraite a été abaissé à 60 ans en avril 1983, conquête sociale pour les uns, régression sociale pour les autres, nous aurons l'occasion d'y revenir, le fait est que nous sommes aujourd'hui en présence d'une population en parfait état de santé mais sans fonction économique reconnue (si ce n'est celle de consommer). Peut-on légitimement qualifier de vieux ces personnes de 60-70 ans (voir 55-75 ans) qui n'ont aucun point commun avec leurs aînés (en matière de santé mais également de revenus, de besoins..), mais que notre société a quand même tendance a marginaliser? Le fait d'être à la retraite cache donc une pluralité de situations. En d'autres termes, la population âgée n'existe pas comme entité homogène. Si, tout au long des chapitres qui vont suivre, nous étudierons la population âgée de 60 ans et plus (données statistiques, comparaisons internationales obligent), c'est bien son hétérogénéité qui sera avant tout mise en lumière. Dans tous les domaines abordés (localisation spatiale, famille, travail, santé, revenus, consommation) nous nous efforcerons de montrer que non seulement la population âgée se différencie du reste de la population mais, qu'il existe également en son sein des disparités très marquées. C'est par l'étude de cette variété de facettes de la vieillesse que l'on arrivera à mieux prévoir ce que les personnes âgées risquent d'être demain et, par la même, à prendre la mesure des conséquences économiques et sociales du phénomène qui, aux yeux de A. SAUVY, est le plus important de cette fin de siècle et du siècle à venir: le vieillissement démographique. Chapitre I D'Hier à Aujourd'hui: Tendances du vieillissement 1. Concept et mécanisme du vieillissement Le vieillissement individuel est une notion simple, une personne vieillit lorsque son âge augmente et son vieillissement est l'ensemble des conséquences, tant physiologiques que sociales ou économiques, liées à cette avancée en âge. Le vieillissement d'une population est, par contre, une notion plus complexe. En premier lieu, pour une simple question de vocabulaire, le terme "vieillissement" recouvre, en effet, une double réalité: un processus - la croissance de la proportion de personnes âgées dans la population totale - et, l'état qui résulte de cette progression - la proportion de personnes âgées dans la population totale. Pour dépasser cette ambiguïté terminologique, on parle de vieillissement-processus et de degré de vieillissement atteint, ou mieux encore, et même si ces deux mots restent encore quelque peu confidentiels dans la communauté scientifique, de gérescence (pour décrire le mouvement) et de gérité (pour décrire le résultat). A ce problème de vocabulaire s'ajoute l'imprécision qui résulte de la réduction de la description du mécanisme au seul indice qu'est la proportion de personnes âgées dans la population totale. En effet, si une population vieillit lorsque sa gérité augmente, on sera tenté de dire par opposition, qu'elle rajeunit lorsqu'elle diminue, mais si ce déclin s'accompagne également d'une décroissance de la proportion de jeunes, y-a-t-il réellement rajeunissement ou vieillissement? Pour pallier cette ambiguïté on parlera, dans ce dernier cas, de vieillissement par le bas de la pyramide (il y a de moins en moins de jeunes) et de rajeunissement par le sommet (il y a de moins en moins de vieux). La comparaison de l'intensité des deux phénomènes nous permettra, de plus, de conclure si la structure par âge est plus ou moins vieillie. Dans tous les cas, un vieillissement par le bas de la pyramide est porteur de fortes gérescences futures, de moins en moins de naissances au présent signifiant de moins en moins de femmes an âge de procréer dans l'avenir et donc, à fécondité constante et, abstraction faite de forts mouvements migratoires aux âges adultes, une amplification du rétrécissement de la base de la pyramide, et parallèlement, une progression de la proportion de personnes âgées dans la population totale. Le vieillissement d'une population, par le haut ou par le bas de la pyramide, traduit donc une modification de la structure par âge. Les facteurs explicatifs du mécanisme sont nombreux, ils dépendent du type de population étudiée. A l'échelon régional, par exemple, les migrations seront déterminantes, exode des jeunes ou arrivée de retraités contribuant à vieillir la structure par âge, dans le cas de la population active, législation et comportement en matière de scolarité et de retraite, auront une grande incidence sur les entrées et les sorties et, par là même, sur le degré de vieillissement. Lorsqu'on étudie une population nationale, deux facteurs essentiels contribuent à rajeunir ou à viellir la structure par âge: la fécondité et la mortalité. Au cours de la transition démographique, les variations de l'une et l'autre donnent des configurations bien spécifiques aux pyramides des âges, fonction principalement des niveaux de fécondité et de mortalité initiaux, de l'intensité de leurs baisses et du décalage existant entre les deux mouvements. Mais, le plus souvent, la composition par âge connaît cinq phases, rappelons-les brièvement. Partant d'une forme triangulaire, caractéristique d'une population à fortes fécondité et mortalité, la pyramide s'élargit à la base et prend un profil en accent circonflexe. La réduction de la mortalité qui prévaut dans cette phase, touche en premier les jeunes enfants et contribue à rajeunir la population. La pyramide évolue ensuite vers uneforme en as de pique, la baisse de la fécondité (le nombre moyen d'enfants par femme passe généralement de 5 à 2) se traduit par un fort rétrécissement de la base alors que les progrès de la médecine concernent peu à peu les âges adultes et contribuent à gonfler le milieu de la pyramide. Il y a vieillissement par la base puis par le milieu de la pyramide. Ce dernier phénomène s'accentue ensuite, les générations pleines gravissant l'échelle des âges et les gains en matière de mortalité touchant principalement le haut de la pyramide (les autres âges ayant atteint des niveaux difficilement compressibles), elle prend petit à petit laforme a" un champignon, le vieillissement résulte désormais surtout du sommet. Durant le dernier stade, qui n'a encore été observé dans aucun pays, stabilité des niveaux de fécondité et de mortalité, extinction des dernières générations pleines, contribuent à donner à la structure par âge une configuration en rectangle, ou même en triangle inversé. 2. Le vieillissement de la population française Très tôt, la France se singularise dans cette évolution, ayant amorcé sa transition démographique bien avant Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 13 la plupart de ses voisins européens, elle se retrouvait la nation la plus vieillie du monde dès le XVIIIe siècle. Le graphique 1.1 montre que dès 1850 le nombre moyen d'enfants par femme y était inférieur à 3,5 alors que dans la plupart des autres pays il se situait au-dessus de 4 voire 5, en 1900. Graphique 1.1 - Indice de fécondité, quelques pays d'Europe Nombrt aoycn d'enflnU p*r fern* SS ' r Autriche â fi W > i l SU 1*00 USO Annie» Source: CHESNAIS J.C., "La transition démographique", Travaux et Documents, INED-PUF, Paris. Juillet 1986. Il faut dire que la première phase n'a pas existé dans notre pays. Mortalité et fécondité ayant diminué au même rythme, sa pyramide, de moins en moins alimentée à la base, avait déjà un forme en as de pique en 1900, alors que la structure par âge de la plupart des pays européens avait encore une configuration en accent circonflexe (voir graphique 1.2). Dès 1790, la France comptait 8% de 60 ans et plus, il faudra attendre 1860 en Suède, et 1910 en Grande-Bretagne pour trouver des proportions équivalentes. Les 9% de 65 ans et plus dépassés chez nous au lendemain de la première guerre mondiale, ne seront atteints que dans les années 1940 en Allemagne ou en Grande-Bretagne. Même si la plupart de ses voisins européens l'ont désormais rejointe, voire même dépassée si la chute de la fécondité à été plus précoce en France, une fois déclenchée, son rythme à été plus soutenu dans les autres pays, et la plupart d'entre eux se situent en-dessous du niveau français depuis la guerre - , elle reste toujours dans le peloton de tête des nations vieillies. Les graphiques 1.3 et 1.4 et le tableau 1.1 sont, à ce titre, explicites. Joëlle Gaymu Graphique 1.2 - Structure par âge de la population de la France ISO ISO soo soo tso Effxnfi tm f rovp« 4« cinq ann4«t 4'6)tt pour 10.000 p*no*w «u toxt tso Source: PRESSAT R., "Évolution générale de la population française", in: Population de la France, CICRED, 1974, pp. 11-29. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 15 Graphique 1.3 - Evolution de la proportion de personnes âgées (60 ans ou plus) dans quelques pays d'Europe occidentale depuis 1946. Proportion <t* personnes ' S ' « de 60 »ns ou plus 33, I l»4» I9SI ItSi 1941 im I»7I im i« ao Années Source: Onzième rapport sur la situation démographique de la France, POPULATION, no. 4-5, INED, Paris, 1982, pp. 729-806. Graphique 1.4 - Evolution de la proportion de personnes âgées (60 ans ou plus) en France et dans les pays d'Europe de l'Est depuis 1946. Proportion de personnes i g t e t de 60 ans ou plui 1*44 Source: opus cité ci-dessus I«SI ItS» 197« IM0 Années 16 Joëlle G ay mu Tableau I.l- Proportions de personnes âgées de 65 ans ou plus dans la population totale. AN NEES PAYS 1850 Allemagne Belgique Danemark Grande Bretagne Italie Pays-Bas Suède France 1870 1900 1910 1920 1930 1940 5.8 6,5 6,9 6,0 6,8 5,9 8,4 7,4 7,6 8,9 5,9 5,5 4,6 4,8 4,8 6,3 5,8 4,8 5,1 5,5 5,4 4,9 6,2 6,7 4,7 6,2 6,0 8,4 5,0 6,4 6,6 5,2 6,5 6.1 8,4 5,8 8,5 3,0 6,5 5,5 7,4 • _ 8,6 9,2 7,4 6,2 9,2 9,6 1950 1960 1965 1970 1975 1980 1985 9,4 10,8 11.1 12,2 10,6 11,9 11,9 12,6 11,3 12,0 8,3 7,7 9,5 8,7 9,9 9,6 10,3 12,0 12,7 13,2 13,4 12,4 13,3 11,3 10,2 13,7 14,5 13,5 13,4 14,0 12.1 10,8 15,4 15,4 13,9 14,1 14,9 13,0 11,5 16,2 14,5 13,4 14,9 15,1 13,0 11,8 16,9 11,8 . 10,2 11,8 10,5 12,1 11,4 13,4 14,2 13,6 13,8 14,0 12,4 10,7 7,5 9,0 7,4 7,0 9,4 10,5 8,4 Sources: "Le vieillissement des populations et ses conséquences économiques et sociales", ONU: Etudes démograhiques No. 26, 1956. Global estimates and projections of Population by sex and age. The 1984 Assessment, ONU 1987. Aussi loin que l'on remonte dans les statistiques et quel que soit le seuil de la vieillesse pris en considération, à quelques exceptions près (années 1956-58 ou 1975-82) la proportion de personnes âgées n'a cessé de croître en France. De 8,5% au début du siècle la part des 65 ans et plus dans la population totale est passée à 10% en 1936 et 14% aujourd'hui. La progression de la proportion des très âgés est encore plus impressionnante. Aux mêmes dates, pour ne citer quelques exemples, les 75 ans et plus représentaient respectivement 2,5 - 3,1 et 6,6% de la population totale. A contrario, la proportion déjeunes a diminué régulièrement. En 1900, 34% des français avaient moins de 20 ans, 30% en 1936, 28,7% en 1982. La part des adultes restant inchangée (54%), "l'effet de ciseaux" est net. Les points de pourcentage perdus au bas de la pyramide (5,5 points depuis le début du siècle) se sont ajoutés au sommet (voir tableau 1.2). Tableau 1.2 - La population française par grands groupes d'âges à divers recensements. IPopulation Années 1851 1901 1911 1921 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 Moins de 15 ans TOTAL 35 38 39 38 41 41 40 42 46 49 52 54 783 486 232 775 257 194 125 885 422 756 589 273 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 9 770 9 889 9 989 8 689 9 340 10 067 8 592 10 251 12 238 11 796 11 923 11 233 Proportions (en (en nilliers) 27,3 25,7 25,5 22,4 22,6 24,4 21,4 23,9 26,4 23,7 22,7 20,7 Moins de 20 ans 12 13 13 12 12 12 11 13 15 16 16 15 920 168 177 144 398 336 839 165 382 028 160 595 36,1 34,2 33,6 31,3 30,0 30,0 29,5 30,7 33,1 32,2 30,7 28.7 20 ans à 64 ans 20 22 22 23 24 24 23 24 25 27 28 31 S44 064 689 059 915 728 847 792 571 048 954 163 57,4 57,3 57,8 59,5 60,4 60,0 59,4 57,8 55,1 54,4 55,1 57,4 60 ans et plus 3 633 4 906 5 027 5 389 5 871 6 144 6 438 6 963 7 932 9 359 9 947 10 024 10,2 12,7 12,8 13,9 14,2 14,9 16,0 16,2 17,1 18,8 18,9 18,5 65 ans et plus 2 3 3 3 3 319 254 366 571 944 4 130 4 440 4 929 5 470 6 680 7 475 7 515 75 ans et plus 6,5 8,5 8,6 9,2 9,6 10,0 11,1 11,5 11,8 13,4 14,2 13,8 1 624 961 990 1 073 1 186 1 281 1 380 1 732 2 051 2 525 2 948 3 560 1,7 2,5 2.5 2,8 2,9 3,1 3,4 4,0 4,4 5,1 5,6 6,6 Sources: Annuaire statistique rétrospectif de la France, 66e vol., nouvelle série no 8, 1961, INSEE; Recensements de 1962, 1968, 1975, 1982, Série structure de la population totale, INSEE. Une analyse longitudinale, nous apporte des informations supplémentaires. En effet, à suivre l'évolution de la part des jeunes et des vieux dans la population totale, on ne peut que constater leur étroite liaison. Les jeunes d'aujourd'hui sont les vieillards de demain, et les différentes oscillations (à la hausse ou à la baisse) que l'on peut Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 17 noter sur la courbe des premiers se répercutent quelque 60 ans après sur celle des seconds (voir graphique 1.5). Jusqu'à présent, seule la chute de la fécondité durant la première guerre mondiale (la proportion de moins de 15 ans est passée de 25,5% à 22,4% entre 1911 et 1921) a fait sentir ses effets: la proportion de 65 ans et plus a baissé de 14,2 à 13,8 entre 1975 et 1982. Les autres accidents de l'histoire démographique contemporaine n'auront une incidence sur l'évolution des personnes âgées qu'à l'aube du XXIe siècle. Mais si l'évolution du nombre de personnes âgées (et de leur proportion dans la population totale), reflète les mouvements passés de la natalité, l'évolution de la mortalité joue désormais un rôle non négligeable. Depuis quelques années en effet, les gains en espérance de vie aux grands âges sont importants, ce qui tend à amplifier la montée relative en âge, au sein de chaque génération: non seulement les individus sont plus nombreux à accéder à la soixantaine mais leur espérance de vie à cet âge s'allonge. Graphique 1.5 - Evolution de la part de divers groupes d'âges dans la population totale. % 35 M o m i d e 20 a n s Momt del S a ï s 60 ans *l plus 6S ans t l plus 10 1850 1900 1910 1920 1930 1940 I9S0 I960 1970 1980 annttt Les développements précédents ont montré que c'est la baisse de la fécondité qui avait été à l'origine du vieillissement. Dès les années 50, des experts de l'ONU avaient, en effet, démonté les mécanismes du vieillissement et mis en évidence l'incidence primordiale de ce facteur en utilisant la technique des populations stables. Mais 18 Joëlle Gaymu aujourd'hui, la pyramide de la France évolue lentement vers une forme en champignon; le vieillissement par la base se double d'un vieillissement par le sommet, et on se doit de se demander dans quelle mesure la mortalité accentue le mouvement. Le mécanisme du vieillissement a été amplement analysé en France, par J. BOURGEOIS-PICHAT, du XVIIIe siècle à 1950 par A. PARANT et A. DITTGEN et L. LEGOUX pour l'époque contemporaine. Les développements qui suivent sont largement inspirés des travaux de ces auteurs. 3. Ses origines Partant de la population française de 1776 (23,5% de moins de 10 ans et 4,3% de 65 ans et plus), J. BOURGEOIS-PICHAT a calculé ce qu'elle serait devenue si la fécondité était restée constante, la mortalité diminuant comme elle l'a fait effectivement, l'évolution de la structure par âge ne dépendant donc que de ce seul facteur. Sous ces conditions, la France de 1951 aurait été peuplée de quelque 437 millions d'habitants dont 29,4% de moins de 10 ans et 3,8% de 65 ans et plus (voir tableau 1.3 et graphique 1.6). Les rouages du mécanisme dans le très long terme sont donc mis à jour. La baisse de la mortalité telle qu'elle s'est produite au cours de cette période en France a contribué à rajeunir la structure par âge, c'est donc à la chute de la fécondité qu'il faut attribuer la fantastique croissance de la proportion de personnes âgées (11% en 1950). Toutefois, il est certain que fécondité et mortalité ne sont pas indépendantes: la baisse de la mortalité ne tarde pas à entraîner une croissance difficilement supportable des effectifs, elle implique donc, à terme une baisse de la fécondité. On prend là toute la mesure du caractère irréversible et universel du vieillissement: "Tout pays, sous quelque régime que ce soit, qui réduit pendant une large période sa natalité de façon continue, ne peut que vieillir"* Poussant l'exercice plus loin, sous des conditions de départ comparables (population de 1745 très proche de l'état stationnaire), A. DITTGEN et L. LEGOUX trouvent 1,5 milliard de français en 1985 dont 42% de moins de 15 ans et 4,3% de 65 ans et plus (voir graphiques 1.7 et 1.8). Si l'évolution de la mortalité depuis les années 50 a donc joué dans le sens d'une croissance de la gérité, il faut bien garder à l'esprit l'incidence réelle des deux facteurs. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, début de la transition démographique en France, l'évolution de la mortalité n'a contribué à accroître la proportion de 65 ans et plus que de 0,7 point de pourcentage (gagné en fait depuis 1950), soit une progression dérisoire en comparaison de V augmentation réelle (+ 10,5 points) liée à la chute de la fécondité. Tableau 1.3 - Structure par âge de la population française en cas de constance de la fécondité 1778 1806 1836 1866 1896 1936 1931 0-9 ont 10-44 •»• 65 ait «I pUii 23,a 25,6 26,1 27,1 27,8 28.1 29.4 73.S 89.4 4.3 3.0 ae.J «,7 68,8 68.0 67,8 66.« 4,3 4.a 4.1 3.8 roo.o 100,0 100,0 100.0 100.0 100.0 100.0 Source: BOURGEOIS-PICHAT J.: "Evolution générale de la population française depuis le XVIIIe siècle", POPULATION, 1951, vol. 6. no.4. • Paul PAILLAT: VIEILLISSEMENT ET VIEILLESSE, "Que saU-je", no. 1046, PUF, 1982. pp. 13-14. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique 1.6 - Répartition par grands groupes d'âge de la population française dans deux hypothèses •1 "Vi«»«pon 1 00C •dvll.i (1014 ai>.> 276^íl _ _ — (popwloiiQi — — _ écoAd<i4 500 Ig I I a ».él1* «vont 1770 popwlatiof hypofhét 400 J«un«t 0-9 oni 1 300*"*^. - » \ :oo v / 1 Vi«wi 65 sm «i plwi | 100 • ——— I 0 1776 1 1804 1836 1866 1896 1936 l»54 Graphique 1.7 - Pyramides des âges en 1745 et en 1985 à fécondité constante et dans la réalité. 6 4 2 0 2 4 1965 7éoondité oonatut« 1985 j ^ 8 6 4 2 0 2 4 6 Q% % 2 0 2 19 20 Joëlle Gaymu Graphique 1.8 - Evolution des pourcentages de différents groupes d'âges entre 1745 et 1985, en cas de constance de la fécondité. Pourc«nt*£* SOI 40 Mola* d« 1) 3.réuni» 30 65 uii «t plaa S.fi.lnlD S.riunl. S.auculin 1^00 1650 I900 1950 Dit« Source: DITTGEN A. et LEGOUX L.: "Vieillissement par le haut et par le bas: l'exemple de la France", Chaire QUETELET. Louvain, 1986. Si dans l'analyse des déterminants du vieillissement sur le très long terme l'incidence de la mortalité passe presque inaperçue, on peut penser que le vieillissement par le haut de la pyramide s'est considérablement accentué depuis la dernière guerre. En effet, l'espérance de vie des femmes à 60 ans, par exemple, égale à 13,9 ans en 1861-1865, n'a progressé que jusqu'à 16,5 ans en 75 ans. Par contre, ensuite l'accélération du mouvement est impressionnante puisque cette espérance de vie atteint 23 ans aujourd'hui - 34% des gains en espérance de vie à la naissance chez les femmes depuis 1950 (soient 9,2 années) sont attribuables aux 60 ans et plus. Pour mesurer l'effet réel de la fécondité et de la mortalité sur le vieillissement contemporain, il suffit de répéter l'exercice précédent, mais en partant d'une population stationnaire plus proche du présent, quelle que soit la population départ et la période d'analyse prise en compte, 1931-1976 pour A. PARANT et 1948-1983 pour A. DITTGEN et L. LEGOUX, les résultats convergent. Nous les avons rassemblés dans les pages suivantes. Au cours de la première période, et dans le cas de constance de la mortalité, les proportions de personnes âgées augmentent régulièrement jusqu'en 1946 ((11,1% de 65 ans ou plus), puis décroissent ensuite pour revenir au niveau de départ, 10,6% de 65 ans et plus en 1976. Alors que, du fait de sa chute, la fécondité de la période de la guerre a joué dans le sens du vieillissement, celle de l'après-guerre, autrement dit le baby-boom, a contribué à rajeunir la structure par âge. Si, donc, au total la population française à vieilli, elle le doit à l'évolution de la mortalité. En effet, sous l'hypothèse de mortalité réelle, la proportion de personnes âgées ne cesse de croître pour Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 21 atteindre 12,7% en 1976. La progression de la proportion est plus marquée chez les femmes: +2,8 points de pourcentage, et chez les très vieux: +1,5 points de pourcentage, contre seulement: + 1,3 pour les hommes de 65 ans et plus. En partant de l'immédiat après-guerre et en prolongeant l'analyse jusqu'en 1983, on voit que l'effet de rajeunissement dû à la forte fécondité des années 50-60, n'a duré que jusqu'au milieu des années 1970, ensuite la fécondité a, à nouveau, joué dans le sens du vieillissement (compte tenu des niveaux atteints par l'indicateur conjoncturel: 1,8 enfants par femme en 1976, on ne s'en étonnera guère). S'ilya eu vieillissement sur l'ensemble de cette période, c'est bien là encore parce que la mortalité est venue contrebalancer l'effet de la forte fécondité. Ce sont les gains en espérance de vie aux grands âges qui expliquent principalement le vieillissement des 35 dernières années. Graphique 1.9 - Proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus et proportion de personnes âgées de 75 ans ou plus, évolution depuis 1931, selon deux hypothèses. —i—¡—i—r—i—r~T 15 A) POPULATION MASCULINE I -B) i I I I ' I POPULATION FEMININE I I I I I I I I I i C) POPULATION TOTALE % |,s J 65 ans et plus „ -• 65 ans e t p l u s 65 ans e t plus -.10 1 75 ans e t plus 75 ans et plus „«.-—* 75 ans e t plus 1 A- mortalité constant* — . mortalité récll« » I I v1» c > c> I ' J>> w* V^ *!• -X s -s"» Années I »> • > I I v> I t> I ws I «> I A s A*» -xN -0» Années i kN i i i k1» <^N S*» tas ví» V 1 A1" Années Source: Parant A.: "Les personnes âgées en 1975 et le vieillissement démographique en France (1931-1975)", POPULATION, no. 2, vol. 33, mars-avril 1978. 22 Joëlle G ay mu Tableau 1.4 - Pourcentages de personnes âgées en 1948 en cas de stationnante et en 1983 (entre parenthèses: Variation entre les deux dates) 1 .01 1.01. 1948 population Sexe stationnaire GROUPE Masculin SIHULATION A (mortalité réelle) 1933 SIHULATION B (mortalité constante O E S 6 5 A N S E T PLUS 11.70 11,50 (- 0,20) 10,90 (- 0,80) F é m í nin 15.20 16,36 (1,08) 14,84 ( - 0.44) Réuni s 13,52 13,98 (0.46) 12,87 ( - 0,65) GROUPE Masculin D E S 7 5 A N S E T PLUS 3.98 4.19 (0,21) 3.66 I - 0,32 ) Féminin 6,17 7,36 (1,19) 5.91 (- 0.26) Réunis 5,09 5,81 (0,72) 4,78 ( - 0,31) Graphique 1.10 - Evolution du nombre de personnes âgées entre 1948 et 1983 en cas de stationnante en 1948. SIMULATION A - (»ortalit* ) 14, SIMULATION B *"~ ~— — ( B o r t á H t é constant«) 65 ANS ET PLUS 13 1948 53 58 63 68 73 75 ANS ET PLUS 78 83 1948 53 58 63 68 73 78 83 Source: DITTGEN A. et LEGOUX L.: "Vieillissement par le haut et par le bas: l'exemple de la France", Chaire QUETELET Louvain, 1986. Partir d'une population stationnaire et faire varier la fécondité ou la mortalité, permet d'éliminer les effets de structure de départ et donc de mesurer la réelle incidence des 2 facteurs sur le vieillissement. Mais, si, l'on part de la véritable structure par âge et que l'on construit une simulation à fécondité et à mortalité réelles, la comparaison des résultats obtenus avec la réalité nous renseigne sur l'incidence d'un troisième facteur, jusqu'à présent passé sous silence, les migrations. Or, on sait que si depuis 1974, l'apport de population extérieure est Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 23 devenu dérisoire en France, les 20 années précédentes sont caractérisées par une balance migratoire amplement excédentaire puisque 175 000 personnes en moyenne, sont venues chaque année gonfler les effectifs globaux. Comme la fécondité, les migrations ont contribué à rajeunir la structure par âge. Sans cet apport de population extérieure, la proportion de 65 ans aurait dû progresser de 2,4 points de pourcentage, or la croissance n'a été que de 1,9 points; l'immigration ayant été à forte dominante masculine, l'effet de rajeunissement a été plus fort pour les hommes (sans les migrations la croissance de la gérité aurait dû être de 1,45 elle n'a pas été que de 0,96) que pour les femmes (soit respectivement: +3,31 et 2,91). L'analyse des causes du vieillissement laisse aussi entrevoir l'existence d'un vieillissement différentiel selon le sexe et l'âge. La mortalité a contribué à vieillir davantage la population féminine alors que les migrations ont plus rajeuni les effectifs masculins. C'est ce vieillissement différentiel que nous nous proposons d'étudier maintenant en détail. 4. Sa diversité La première constatation qui s'impose au regard du tableau 1.5 est que la population féminine est plus vieillie que la population masculine et ce, quel que soit le recensement pris en compte. En 1982 par exemple, 21,3% des femmes avaient au moins 60 ans, 8,4% ayant franchi la barre des 75 ans et plus; pour les hommes, ces 2 pourcentages n'étaient que de 15,5 et 4,6. Plusieurs facteurs contribuent à expliquer ce survieillissement. Tableau 1.5 - Effectifs et proportions de personnes âgées aux divers recensements, selon le sexe et l'âge. (¡5 - 69 ans 60 -- 64ans Effectif \ Effectif 10 - 74 ans Effectif 75 - 79 ans Effectif \ 1954 Hoaaes Feaaes TOTAL 846 840 1 227 180 2 074 020 4,1 5,5 4,9 743 000 3,6 1 084 820 4,9 1 827 820 4,3 569 880 2,8 895 920 4,0 1 465 800 3,4 410 180 2,0 651 260 2,9 1 061 440 2.5 180 908 0,9 I 323 522 1,5 504 430 1,2 102 232 0,5 222 478 1,0 324 710 0,8 1962 Hoaaes Fesses TOTAL 1 189 560 1 365 300 2 5S4 860 5,3 5,7 5,5 813 760 3,6 1 192 880 5,0 2 006 640 4,3 594 220 2,6 966 220 4,0 1 560 440 3,4 416 900 1.8 749 320 3.1 1 166 220 2,5 237 720 1,1 464 580 1,9 I 702 300 1,5 121 320 0,5 277 800 1,2 399 120 0,9 1968 Hoaaes Feaaes TOTAL 1 253 920 1 425 300 2 679 220 5,2 5,6 5,4 427 440 1,8 825 440 3,2 1 252 880 2,5 251 320 1,0 I 536 160 2.1 787 480 1,6 132 600 0.5 351 680 1,4 484 280 1,0 1975 Hoaaes Feaaes TOTAL 1 055 160 4,4 690 060 2.8 1 311 360 5,1 1 098 800 4,3 2 366 520 4,8 1 788 860 3,6 ..... 1 153 320 1 318 680 2 472 000 4,5 4,9 4,7 1 096 920 4,3 1 338 640 5,0 2 435 560 4,6 878 860 3,4 1 212 540 4,5 2 091 400 4,0 547 640 2,1 933 360 3,5 1 481 000 2,8 262 720 1,0 611 740 2,3 874 460 1,7 153 880 0,6 439 100 1,6 592 980 1.1 1982 Hoaaes Feaaes TOTAL 1 174 700 1 334 040 2 508 740 4,4 4,8 4,6 806 740 3,0 1 003 100 3,6 1 809 840 3,3 900 540 3,4 1 244 560 4,5 2 145 100 4.0 654 380 2,5 1 045 380 3,8 1 699 760 3,1 380 460 1,4 739 480 2,7 1 119 940 2,1 182 960 0,7 557 400 2,0 740 360 1,4 80 - 84 ans \ Effectif 85 ans etplus Effectif \ 24 Joëlle Gaymu 60 ans et plus Effectif \ 65 ans et plus Effectif \ 7!> ans et 1:ffectif 2 853 040 13,9 4 405 180 19,8 7 258 220 17,0 2 006 200 9,8 3 178 000 14,3 5 184 200 12.1 693 320 3,4 1 197 260 5,4 1 890 580 4,4 20 510 480 100 22 252 800 100 42 763 280 100 3 373 480 14,9 2 183 920 9,7 3 650 800 15,3 5 834 720 12,6 775 940 3,4 1 491 700 6,2 2 267 640 4,9 22 577 760 100 23 878 500 100 46 456 260 100 1968 Houes Feaaes TOTAL 3 810 500 15,7 2 556 580 10,5 5 548 740 21,8 | 4 123 440 16,2 9 359 240 18,8 6 680 020 13,4 811 360 3,3 1 713 280 6,7 2 524 640 5,1 24 249 000 100 25 506 780 100 49 755 780 100 1975 Houes Feaaes TOTAL 21,8 18,9 2 940 020 11,4 4 535 380 16,9 7 475 400 14,2 964 240 3,7 5 854 060 9 947 400 1 984 200 7,4 2 948 440 5,6 25 752 560 100 26 836 560 100 52 589 120 100 4 099 780 5 923 960 15,5 21,3 18,5 2 925 080 11,0 4 589 920 16,5 7 515 000 13,8 2 342 260 8,4 3 560 060 6,6 1954 Hoaaes Feaaes TOTAL 1962 Hoaaes Feaaes TOTAL 1982 Houes Feues TOTAL 5 016 100 21,0 8 389 580 18,1 4 093 340 15,9 10 023 740 TOU!i âges Effectif plus \ \ 26 492 800 100 27 780 400 100 54 273 200 100 1 217 800 4,6 L'immigration, dans la mesure où elle est à dominante d'adultes masculins (il suffit pour s'en convaincre de se pencher sur les pyramides des âges de la population étrangère aux divers recensements - Graphiques 1.11 et 1.12) tend à gonfler ce groupe d'âges et, par là même, à diminuer la part relative des hommes âgés. Mais les effets de ce facteur sont toutefois minimes. En 1968, pour nous situer en milieu de période, les étrangers ne représentaient que 6,7% de la population masculine et 4,1% de la population féminine. La proportion de 60 ans et plus, calculée sur les effectifs de nationalité française, était de 15,9% pour les hommes et de 21,9% pour les femmes, contre respectivement: 15,7% et 21,8% pour l'ensemble des deux populations. L'effet de rajeunissement dû à l'immigration est certes plus fort pour les hommes, mais la réduction dans la disparité des degrés de vieillissement qui en résulte est tout à fait dérisoire. Graphique 1.11 - Etrangers par sexe et âge (y compris les musulmans nés en Algérie) 100 160 110 10 40 0 0 40 Effectif! m m i l l i e r ! p»r d i l l e d'ice quinquennale 80 120 160 200200 KO 120 Í0 40 p l 0~6 40 60 120 160 200 Effectif! en m i l l i i r j r d l l l c lltfi qu :nq<i«m-.ale Source: RABUT O., "Les étrangers en France", La Population en France, CICRED, 1974, pp. 147-160. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique 1.12 - Répartition de la population étrangère par âge et sexe comparée aux deux derniers recensements. CH* l a liii«ni<i De Wi _! i It I« I * L J ÍKenlMtnt it I98J I) II II 10 » I 7 k S 4 J J I 0 0 Source: TRIBALAT M. "Chronique de l'immigration", POPULATION, No. 1, 1985, pp. 131-156. Tableau 1.6 - Bilan démographique de la période 1914-1919 Naissances vivantes 1914 1915 1916 1917 1918 1919 Total 753 4S0 382 410 470 504 Décès civils .770 745 695 710 865 737 Balance Naissances- Décès - - 17 265 313 300 395 233 - 1523 Décès militaires - 360320 270 145 250 - 1 345 Variation totale - 377 585 583 445 645 233 - 2 868 Source: HUBER M. "La population de la France pendant la guerre", PUF, Paris, 1931, p. 459. Le second facteur d'explication est l'histoire démographique différentielle selon les sexes. Depuis les années 1950, ont franchi les divers seuils de la vieillesse, les générations masculines décimées par la guerre 1914-1918. Les morts ont représenté plus de 20% des effectifs de mobilisés des générations 1887 à 1895, près de 30% des appelés de la génération 1894. Au total, les seules pertes militaires ont été évaluées à 1,3 million (voir tableau 1.6). Un tel déficit contribue bien évidemment à creuser l'écart entre degrés de vieillissement des populations féminine et masculine, la chute des naissances pendant cette période touchant indifféremment les deux effectifs. Le troisième facteur dont l'incidence est prédominante est: la mortalité différentielle. Il naît 105 garçons pour 100 filles, sous les conditions de mortalité actuelle, et, compte tenu de la surmortalité masculine à tous les âges, le rapport ne cesse de diminuer pour s'équilibrer vers 45-50 ans, ensuite la chute se fait plus brutale: 92 hommes pour 100 femmes à 60 ans, 69 à 75 ans et 46 à 85 ans. Les contrastes de structures que l'on note entre les populations féminine et masculine reflètent donc cette inégalité devant la mort. La pyramide des âges masculines est plus large à la base (en 1982,30,2% de moins de 20 ans contre 27,4% pour les femmes), au milieu (54,4% de 20 - 60 ans contre 51,3%) et par voie de conséquence plus étroite au sommet (voir graphiques 1.13 et 1.14). 25 26 Joëlle G ay mu Si nous nous intéressons à ce seul sommet de la pyramide, on constate, un survieillissement des effectifs féminins âgés. En 1982, la majorité des femmes de 65 ans et plus avaient fêté leur 75ème anniversaire, 41,6% seulement des hommes étaient dans ce cas. Quels que soient les indices pris en compte (voir tableau 1.7) ce vieillissement interne n'a cessé de croître chez les femmes, par contre chez les hommes, le parcours est plus heurté. Ces différentes oscillations dans le vieillissement interne de la population âgée masculine s'expliquent en grande partie par l'histoire. Si, par exemple, la part des 75 ans et plus dans les 65 ans et plus chute entre 1962 et 1968, c'est parce qu'à la première date se trouvent au dénominateur les générations qui ont fait la première guerre mondiale, alors qu'en 1968, elles se retrouvent au numérateur (le dénominateur étant constitué des générations du début du siècle, beaucoup plus nombreuses). Mais à cela s'ajoute l'évolution différentielle de la mortalité selon les âges. Graphique 1.13: Pyramide France, au 1er janvier 1989 ANNÉE DE NAISSANCE 400 300 200 EFFECTIFS DES CLASSES D'ÂGES (en milliers) 1 Pertes militaires de la guerre de 1914-1918 2 Déficit des naissances dû i la guerre de 1914-1918 (classes creuses) 3 Passage des classes creuses a l'âge de fécondité AGE 0 0 1 100 1 1 I I I 200 300 400 EFFECTIFS DES CLASSES D'ÂGES (en milliers) 4 Deficit des naissances dû l II guerre de 1939-1943 5 "Baby Boom" 6 Non remplacement des générations Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 27 Graphique 1.14: Pyramide des âges de la population âgée au recensement de 1982 Age atteint en 1982 SEXE MASCULIN SEXE FÉMININ 95 90 85 80 75 70 65 300 EFFECTIFS DES CLASSES D'ÂGES (en milliers) 200 100 0 100 0 200 300 EFFECTIFS DES CLASSES D'ÂGES (en milliers) Tableau 1.7: Le vieillissement interne de la population âgée d'après les recensements 1954 1962 1963 1975 - 1932 75 ans et f / 60 ans et + Hommes Femmes 24,3 27,2 23,0 29,7 21,3 30,9 23,6 33,9 29,7 39,5 75ans et + / 65 ans et + Hommes Femmes 34,6 37,7 35,5 40,9 31,7 41,5 32,8 43,7 41,6 51,0 35 ans et f / 60 ans et t Hommes Femmes 3,6 5,1 3,6 5,5 3,5 6,3 3,3 7,5 4,5 9,4 35 ans et f / 65 ans et + Hommes Femmes 5,1 7,0 5,6 7,6 5,2 3,5 5,2 9,7 6,3 12,1 28 Joëlle G aymu Tableau 1.8: Table de mortalité: les survivants aux âges élevés (pour 10,000 nés vivants), évolution depuis 1952-1956 Table de aortalité H 1952-1956 1966-1970 1975 1981 1985 Evolution (en \) : 1966-1970/1952-1956 1975/1966-1970 1981/1975 1985/1981 60 ans F 8208 8736 8902 9056 9133 7151 7616 7768 7939 8034 + + + + H 6,5 + 6,4 2,0 + 1,9 2,2 + 1,7 1,2 + 0,9 65 ans F 6238 6675 6912 7142 7275 + + + + 7625 8258 8489 8682 8796 7,0 + 8,3 3,6 + 2,8 3,3 + 2,3 1,9 + 1,3 H 75 ans F 3669 '4028 4348 4769 5014 + + + + 9,8 7,9 9,7 5,1 H 5480 6388 6817 7236 7464 + + + + 16,6 6,7 6,1 3,2 85 ans F 902 1222 1395 1666 1867 + + + + 35,5 14,2 19,4 12,1 1973 2862 3260 3773 4140 + + + + 45,1 13,9 15,7 9,7 H = hommes, F = femmes Source: PARANT A., "Si vieillesses m'étaient comptées", FUTURIBLES, Paris, no. 88, mai 1985. Les tables de mortalité, nous montrent que les indices de vieillissement interne suivent une croissance régulière, autrement dit, les gains en espérance de vie ont été d'autant plus forts que l'on avance dans les seuils de la vieillesse (voir tableaux 1.8 et 1.9). Une hiérarchie subsiste toutefois en fonction des sexes. On note que, si les gains ont été plus favorables aux femmes jusqu'à la fin des années 1960, c'est désormais l'inverse qui prévaut, le rythme de croissance devient plus soutenu pour les hommes et aboutit à un resserrement des disparités. Ainsi, en 1954, entre 65 et 75 ans la probabilité de survie des femmes dépassait celle des hommes de plus de 22%, cet écart a progressé jusqu'à 28,4 en 1968, il n'est plus que de 24,3% en 1982. L'autre conséquence, et non des moindres, de ce rattrapage en matière de mortalité que semblent effectuer les hommes depuis quelques années, devrait être une redistribution du rapport des sexes au sein de la population âgée. En effet, la dominante féminine de la population âgée est indéniable et, elle est d'autant plus importante que l'on avance en âge. Au dernier recensement 59,1% des 60 ans et plus étaient des femmes, 61% des 65 ans et plus, 65,8% des 75 ans et plus et 75,3% des 85 ans et plus. Du seul fait de la mortalité, à une féminisation croissante de la population âgée aurait donc du succéder, depuis les années 1970, une redistribution plus favorable aux hommes. Or la réalité est toute autre, les rapports de masculinité ayant suivi au fil des recensements des évolutions des plus irrégulières qui n'ont qu'un lointain air de voisinage avec celles de la mortalité. On prend là, une fois plus, toute la mesure de l'inertie des phénomènes démographiques. Si, durant la dernière période intercensitaire, le nombre d'hommes pour 100 femmes n'augmente pas c'est que l'histoire imprime sa marque sur l'évolution du rapport des sexes au sein de la vieillesse. Le rapport de masculinité diminue au seuil de 65 ans parce que l'ont franchi, entre 1975 et 1982, les générations creuses, issues de la première guerre mondiale et en âge de faire la seconde; la décroissance au seuil de 85 ans tient au fait que les hommes de cet âge sont des survivants de la guerre 1914-1918 (voir tableau 1.10). Tableau 1.9: Espérances de vie selon le sexe, à divers âges, depuis le milieu du 19e siècle 0 an F H 1361-1865 1898-1903 1920-1923 1933-1938 1946-1949 1952-1956 1960-1964 1966-1970 1973-1977 1980-1984 1933-1985 39,1 45,3 52,2 55,6 61,6 64,7 67,2 67,7 69,1 70,6 71,0 H 60 ans F 13,6 13,9 40 ,6 43 ,7 13,3 14,6 55 ,9 13,8 15,6 13,9 16,5 61 ,4 67 ,2 15,3 18,1 70 ,9 15,2 18,5 74 ,2 15,8 19,8 75 * 15,820,4 16,6 21,4 77 ,0 78 ,8 17,6 22,6 17,8 22,8 79 ,2 a 65 ans H F 10,8 10,5 10,9 11,1 12,1 12,1 12,7 12,7 13,9 14,2 14,4 11,0 11,5 12,3 13,1 14,4 14,8 15,9 16,4 18,2 18,4 18,6 75 ans H F 85 ans H F 6,8 5,8 6,1 6,3 6,9 6,8 7,5 7,6 7,9 8,4 8,5 3,6 3,4 3,1 3,3 3,6 3,4 3,9 4,0 4,3 4,4 4,5 6,3 6,5 6,9 7,5 8,3 3,3 9,1 9,6 10,1 10,8 11,0 3,7 3,9 3,6 4,0 4,2 4,1 4,6 4,9 5,2 5,4 5,5 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 29 Tableau 1.10: Rapports de masculinité aux divers recensements (nombre d'hommes pour 100 femmes) 60-64 ans 65-69 anr. 70-74 ans 75-79 ans 30 -34 ans 35 ans et r-lus 1954 1962 1968 1975 1932 69 ,0 63 ,5 63 ,6 63 ,0 55 ,9 37, 1 68,2 61,5 55,6 51,2 33,0 80,5 62,3 51,8 46,3 37, 5 SI, 9 72, 5 53, 7 42, 9 33, 1 46 ,0 •13,7 37,7 35, 0 32, 3 SO, 4 72, 4 62, 6 51, 4 Même si elles ne se traduisent pas encore dans les faits, les dernières évolutions de la mortalité vont dans le sens d'une diminution des disparités entre les sexes. La surféminisation de la population âgée et le survieillissement des effectif s féminins âgés, quoique restant deux phénomènes particulièrement importants puisque au total près du quart des personnes de 60 ans et plus sont des femmes de 75 ans et plus - tendent à se réduire abstraction faite de l'histoire démographique différentielle des générations. Ces dernières tendances de la mortalité sont évidemment lourdes de conséquences pour l'avenir. La France se caractérise, en effet, par une des surmortalités masculines les plus importantes (voir tableau 1.11), la réduction des disparités, autrement dit une simple harmonisation avec la mortalité des autres pays développés, pourrait être un facteur supplémentaire de vieillissement dans les années futures. Car, si nous venons de voir que le vieillissement avait une longue histoire pleine de péripéties, tant dans ses déterminants (au traditionnel vieillissement par le bas s'ajoute désormais un vieillissement par le sommet de la pyramide) que dans ses mouvements internes (le vieillissement dans le vieillissement n'a cessé de croître et, s'il touchait davantage la population féminine, les éléments masculins semblent amorcer un rattrapage depuis quelques années), il a aussi un brillant avenir. C'est ce que nous nous proposons, maintenant, de démontrer car, comme l'écrit Alfred SAUVY: "le XXIe siècle sera le siècle du vieillissement". Tableau 1.11: Écarts d'espérance de vie à 60 ans entre les hommes et les femmes, dans quelques pays de l'OCDE. ESPERANCE DE VIE A 60 ANS Années Hommes Femmes Ecart 21,3 20,9 21,6 4,6 4,6 4,4 4,1 3,8 4,6 4,4 Angleterre-Galles Belgique Danemark Italie Japon Norvège R.F.A Suède Suisse U.S.A 1982-1934 1979-1932 1933-1934 1977-1979 1984 1932-1933 1932-1934 1984 1931-1932 1983 16,7 16,3 17,2 17,0 19,2 13,0 16,3 13,5 13,1 17,8 21,2 22,8 22,9 22,6 France 1930-1984 17,5 22,6 21,1 23,0 22,6 4,3 4,3 4,8 5,1 30 Joëlle Gaymu Chapitre II L'Avenir du Vieillissement de 1989 à 2040 1. L'évolution du nombre de personnes âgées A. Les hypothèses de mortalité L'évaluation future des effectifs de personnes âgées ne dépend que des hypothèses de mortalité, les 60 ans et plus de 2040 étant déjà nés en 1980. Deux hypothèses ont été retenues dans les dernières projections établies par l'INSEE. L'hypothèse tendancielle, qui suppose qu'à chaque âge la mortalité future évoluera comme dans le passé récent, aboutit - quel que soit le sexe - à un gain de 2 ans d'espérance de vie à 60 ans, entre 1980 et 2000, le rythme ralentissant ensuite (+0,6 année jusqu'en 2020). Avec l'hypothèse basse, qui suppose une diminution plus forte, les progressions sont respectivement de 3,1 et 1,7 années. A 85 ans, l'espérance de vie passe pour les hommes de 4,5 ans en 1985 à 4,8 en 2020 (5,2 avec l'hypothèse de mortalité basse), pour les femmes, de 5,5 à 5,9 (6,4). Dans les deux cas, après 2020 la mortalité est maintenue constante (voir Tableau II. 1). Tableau II.l: Evolution des divers indicateurs de la mortalité A fkt fhf ¿ C ANNEE 0 an 1 an Survivants à divers âges 943 1950 . .1 000 969 1960 . .1 000 980 1970 . . 1 000 988 1980 . .1 000 SEXEMASCULir 20 ans 35 ans 60 ans 85 ans 920 955 965 976 889 931 941 951 697 980 955 957 803 812 960 960 961 824 SEXE FÉMININ 0 an 1 1 an 20 ans 35 ans 60 ans 85 ans ! 1 000 1 000 1 000 1 000 956 977 993 830 833 1 000 1 000 1 000 1 000 .259 1 000 804 818 839 850 857 191 222 278 321 351 1 000 993 995 997 997 991 956 958 961 961 960 Espérances de vie à divers âges 66,2 48,7 1950 . . 63,4 68,1 50,0 1960 . . 67,0 68,8 50,7 1970 . . 68,4 70,0 51,8 1980 . . 70,2 35,1 36,1 36,8 37,9 15,4 15,7 16,2 17,3 3,7 69,2 3,7 73,6 4,2 4,5 Hypothèse tendancielle 70,9 1985 . . 71,3 71,7 1990 . . 72,1 72,6 2000 . . 73,1 73.1 2010 . . 73.8 73,3 2020 . . 74,0 52,6 53.3 54.1 54,6 54,8 38,7 39,5 40,4 40,9 41,2 18,0 18,5 19,3 19.7 19,9 Hypothèse basse 1985 . . 71,4 1990 . . 72.7 2000 . . 74,6 2010 . . 75,8 2020 . . 76,6 52,7 53,7 55.4 56,5 57.3 38,9 39.9 41,7 43,0 43,9 18,1 18,9 20,4 21,4 22,1 Hypothèsei tendancielle 991 1985 . .1 000 992 1990 . .1 000 994 2000 . . 1 000 995 2010 . .1 000 995 2020 . . 1 000 Hypothèsei basse 1985 . . 1 000 1990 . .1 000 2000 . . 1 000 2010 . . 1 000 2020 . . 1 000 991 993 996 996 996 71.0 72,1 73,9 75,2 75,9 983 986 987 988 980 984 989 990 752 773 790 91 112 134 165 984 991 938 967 976 984 914 954 965 975 795 853 186 242 880 903 302 414 448 491 517 378 987 989 991 991 992 978 980 982 983 984 914 978 981 985 986 986 915 926 942 950 955 420 997 987 990 993 993 994 75,8 78,4 71,3 74,4 76,0 78,1 53,6 56,0 57,6 59.6 39.8 41,7 43,2 45,1 18,4 19,5 20,8 22.4 4,4 4,5 5,0 4,5 4,6 4,7 4,8 4.8 79,5 80,4 81,5 82,1 82,4 79,0 79,8 80,8 81.4 81,6 60.4 61.2 62.2 62.8 63,0 45,9 46,7 47,7 48,2 48,4 23,0 23,6 24,4 24,9 25.1 5,5 5,6 5,8 5,9 5,9 4,5 4,7 4,9 5,1 5.2 79,6 80,9 83.0 84,3 85.1 79.1 80,3 82,2 83,5 84,3 60.6 61,7 63,6 64,8 65,6 46,1 47,2 49.0 50,2 51,0 23.1 24,1 25,5 26,5 27,2 5,5 187 208 235 253 1 1 1 1 000 000 000 000 994 996 996 997 921 930 935 937 527 471 553 611 647 5,4 5,7 6,0 6,3 6,4 Source: Quang-Chi Dinh et Labat J.C.: "Projection de population totale pour la France, 1985-2040", no 532, Collections de l'INSEE, série D no 113, novembre 1986. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 31 Si l'évolution de la mortalité, selon les sexes va bien dans le sens de ce que l'on a observé ces dernières années, elle aboutit à une réduction minime (et donc, quelque peu critiquable dans sa prudence) de la mortalité différentielle. En 1980, l'espérance de vie des hommes de 60 ans représentait 77% de celle des femmes du même âge (soit 17,3 et 22,4), 5 ans plus tard, ce pourcentage atteignait 78,3% (soit 18 et 23). Alors que d'ores et déjà il dépasse 80% dans bon nombre de pays, en France, dans le meilleur cas, dans l'hypothèse de mortalité basse, il n'est supposé progresser que jusqu'à 81,2%; l'espérance de vie masculine n'est supposée atteindre que 74,6 ans en 2000 chiffre que dépasse, dès aujourd'hui, les Japonais. De même.on peut se demander pourquoi ces hypothèses supposent un ralentissement du rythme de la baisse de la mortalité après l'an 2000, et a fortiori une stabilité après 2020. Alors que les femmes ont gagné 1,6 années d'espérance de vie à 60 ans entre 1970 et 1980, elles ne pourront escompter gagner qu'une année supplémentaire entre 2000 et 2010 et 0,7 année entre 2010 et 2020. Mais, les projections sont du domaine de l'incertitude par excellence et il faut bien convenir que deux hypothèses de mortalité valent mieux qu'une, situation qui a longtemps prévalu dans les projections françaises et qui reste aujourd'hui encore la norme dans celles de l'ONU. De plus, le rythme de baisse de la mortalité a été exceptionnellement rapide sur la période de référence (le gain annuel de l'espérance de vie à la naissance a été de 0,24 ans pour les hommes, contre 0,13 au cours de la période 1960-1974, par exemple) et, on peut estimer que ces gains ne pourront se poursuivre indéfiniment, d'autant plus que des phénomènes de seuil pourraient apparaître surtout en ce qui concerne la mortalité féminine. A contrario, on peut miser sur une meilleure prévention de la maladie ou de nouvelles découvertes en matière de santé, auquel cas, les évaluations qui suivent devront être considérées comme des valeurs minimales. B. .La croissance des effectifs âgés La première constatation qui s'impose au regard des tableaux II.2 et II.3 et du graphique II.1, quel que soit le seuil retenu, est qu'il y a croissance des effectifs âgés. Mais, la progression est plus ou moins continue selon les âges. Nous l'avons déjà dit par ailleurs, les 60 ans et plus de 2040 sont déjà nés, l'évolution future de la population âgée retrace donc l'histoire de la natalité française, autrement dit, le franchissement des seuils de la vieillesse de générations plus ou moins nombreuses. Quatre grands événements cassent la régularité de la pyramide des âges de la France, et par là même la régularité de l'allure des courbes. - Tout d'abord la première guerre mondiale, les générations creuses de 1915 à 1919 ont franchi le seuil de la soixantaine pendant la dernière période intercensitaire. Elles fêteront leur 75e anniversaire entre 1990 et 1995, leur 85e entre 2000 et 2005, il y a donc infléchissement des courbes correspondantes au cours de ces deux périodes. - La seconde guerre mondiale agit de même, le déficit des naissances des années 1939-1945 se traduit par un ralentissement de la croissance entre 2000 et 2005 des 60 ans et plus, entre 2015 et 2020 des 75 ans et plus, et entre 2025 et 2030 des 85 ans et plus. 32 Joëlle Gaymu Tableau II.2: Evolution future des effectifs âgés 60 an-j •it effectif plue * 65 ans et plus * effect if 75 an3 et y lu* + effectif 85 ans et ffectif 1962 8 323 530 5 834 720 2 267 640 "!1 c 1963 9 359 240 6 6S0 020 2 524 640 484 230 1975 9 347 400 •7 475 400 943 440 592 930 1532 10 023 740 1 515 000 100 120 060 100 740 360 100 10 709 764 1 « 757 Ci I 3f % 107 1 / / 1 315 531 353 / ù l 100 ME ICI 3 777 408 302 575 106 107 840 242 003 .il 1 1 3." 1 031 11 54 3 937 114 H5 3 433 035 634 J J i 109 110 352 423 3 442 621 94 97 3 56 503 131 r y f\ •J -j O 1?5 11 800 256 12 109 317 113 121 9 113 321 9 402 035 117 120 3 943 836 ñ 145 313 "1 4 12 053 431 553 250 120 125 9 45.3 436 9 933 410 121 127 4 453 391 4 CO-1 173 125 135 342 733 114 MO 7 M 4 ^ "» ¡ _ Í 13 256 293 13 994 904 132 140 q 600 100 14 396 056 334 503 13/0 îiT 1995 joO • MB 2000 MT MB 20G5 MT ME 2C10 MT M2 2015 MT MB 2020 MT MB 2025 MT MB 2030 MT MB 2040 MT MB A /-\ T z •^ «" 4 1 4 A 4 1 • 115 t 059 1 4 ""* ß ! J *: ^» Cl M Í.'••t 112 4 4^ I t J 143 4 i~ -» ' J J t ¿. J t 10 230 333 132 c 350 490 363 792 136 i:i 1 170 597 1 356 496 1Í3 153 10 608 746 11 520 377 136 147 4 919 722 c; 599 139 133 157 1 345 170 1 629 471 132 220 15 306 607 16 534 451 153 165 11 580 658 12 720 357 148 4 834 741 163 5 636 363 136 153 1 405 C45 1 763 365 130 233 16 126 430 17 594 254 161 176 12 363 493 13 737 254 153 176 5 563 249 6 545 735 156 184 1 359 399 1 760 443 238 16 685 155 13 372 996 166 183 13 022 493 14 607 470 167 6 235 628 175 7 413 797 203 323 290 1 745 734 235 16 641 761 13 623 224 166 186 13 440 003 15 327 109 191 1 371 295 253 2 523 956 341 144 * : Indice d'évolution , 1982 base 100. MT : Mortalité tendancielle M B r M o r t a l i t-p h.ir-.^í» 4 *•> *% 137 172 196 6 304 591 8 266 491 232 153 134 A 1 rt 1 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 33 Tableau 113: Indices d'évolution future des effectifs de personnes âgées (base 100:1982) 60 - 64 ans 65 - 69 ans 70 - 74 ans 75 - 79 ans 80 - 84 ans 85 - 89 90 ans et plus Années 2 508 740 100 1982 1 809 840 100 2 145 100 100 1 699 760 100 1 119 940 100 525 260 100 215 100 100 1990 MT MB 115 116 149 150 62 62 102 103 107 108 117 118 105 106 1995 MT MB 116 116 149 150 114 115 66 67 113 116 130 135 131 13G 2000 MT MB 107 108 150 152 114 117 121 126 74 78 140 150 151 1C2 2005 MT MB 103 105 139 142 115 119 123 129 137 148 93 103 165 185 2010 MT MB 146 148 135 138 108 112 124 133 140 155 173 199 123 144 2015 MT MB 151 154 190 197 105 110 117 127 142 162 177 212 193 240 2020 MT MB 149 152 197 205 148 157 114 125 134 155 180 223 213 275 2025 HT MB 150 154 194 203 153 164 161 180 131 155 170 216 218 292 2030 HT MB 146 150 196 205 151 162 167 187 186 222 167 215 208 286 2040 MT MB 128 131 191 200 148 160 166 188 189 228 243 319 277 394 34 Joëlle G ay mu Graphique H l : Evolution des effectifs âgés de 1962 à 2040 millions 20 mortalité mortalité tendancielle basse 6 0 ans et plus 15. ans et plus 10. ans ans I960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 et plus et plus années 2040 Avec 1946 débute le Baby-Boom, les générations très nombreuses qui ont alors vu le jour (l'allure de la pyramide des âges montre qu'il y a eu 28 classes pleines-générations 1946-1973 - d'effectif moyen à la naissance voisin de 850 000), franchiront le seuil de 60 ans dès 2006, leur avancée en âge se traduit par une très forte croissance des 65 ans et plus à partir de 2011, des 75 ans et plus à partir de 2021 et des 85 ans et plus enfin, à partir de 2031. Quant à la diminution de la natalité très marquée depuis 1973 et au maintien de la sous-fécondité (depuis 1975 l'effectif moyen des générations est de l'ordre de 750 000), elles ne feront sentir leurs effets (dans Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 35 le sens d'une décroissance donc) qu'à partir des années 2035 pour les 60 ans et plus. Ces divers à-coups expliqués, qu'en est-il des résultats, et qu'en est-il du degré de sensiblité des projections aux variations de la mortalité? La France comptait, en 1982,10 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, 7,5 millions avaient franchi le seuil de 65 ans, 3,5 millions celui de 75 ans et 740 000 celui de 85 ans. Dans l'hypothèse de mortalité tendancielle, en 2005, ces chiffres atteindront respectivement plus de 12 millions, près de 9,5 millions, environ 4,5 millions et plus de 840,000.' Et, 20 ans plus tard, 16 millions, 12,3 millions, près de 5,6 millions et plus de 1,3 million. En 2013, il y aura en France plus de personnes de 65 ans et plus qu'il n'y a aujourd' hui de 60 ans et plus, soit plus de 10 millions. En 2027. l'effectif des 75 ans et plus sera égal à celui des 65 ans et plus de 1962, soit près de 5,9 millions. Quant aux 85 ans et plus de ¡' an2040, ils seront presque aussi nombreux que les 75 ans et plus de 1962 (soit respectivement • 1 $ et 2 3 millions). Avec l'hypothèse de mortalité basse, ces chiffres varient bien évidemment à la hausse, mais avec une hiérarchie dans les écarts (voir Tableaux II.4). Ces demiers progressent d'autant plus que l'on avance dans le temps et dans les âges. Pour ne prendre que les extrêmes, la différence entre les deux évaluations de 60 ans et plus en 1990 n'est que de 0,5%, ce pourcentage atteint près de 35% pour les 85 ans et plus de 2040 (soient 650 000 personnes, c'est-à-dire l'effectif dece groupe d'âge en 1975). L'augmentation des écarts d'évaluation selon les âges (à une même date) s'explique aisément par la mortalité différentielle. Cela va de soi, c'est aux très grands âges que les risques sont les plus forts, les gains escomptables ne peuvent être que plus importants, il est donc normal que les populations les plus âgées soient plus sensibles à une variation de la mortalité. Quant aux écarts croissants selon l'échéance, ils tiennent à l'écoulement du temps: plus on se situe dans le long terme et plus les fourchettes d'évaluations sont larges, les effets se cumulant. Tableau II.4: Ecarts* (en %) dans les évaluations des effectifs de personnes âgées en fonction des hypothèses de mortalité. 50 ana et plus 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 0,5 1,3 2,S 4,2 5,6 6,9 3,0 9,1 10,1 11,9 £5 ans et plu:3 0,6 1,7 3,2 5,0 7,1 8,6 9,3 11,1 12,2 14,0 75 an:: et plu-j 0,3 2,7 4,9 7,6 10,6 13,8 16,6 17,7 13,9 21,5 35 ans et plus 1,0 3,4 7,1 11,6 15,9 21,1 25,5 29,5 31,9 34,9 Mais projection ne signifie pas prévision, avoir une évaluation exacte importe peu (et de toute façon est impossible dans le long terme où les risques d'erreurs s'ajoutent), leur but est avant tout de nous renseigner sur les tendances à venir. Ici en l'occurance, le caractère inéluctable de la croissance du nombre de personnes âgées. En effet, par rapport aux chiffres précédément énoncés, avec l'hypothèse de mortalité basse, on constate un simple décalage de 5 ans: dès 2007 les 65 ans et plus dépassent les 10 millions; dès 2022 les 75 ans et plus atteignent presque 6 millions et en 2040 les 85 ans et plus dépassent 2,5 millions. C. Le vieillissement interne La seconde constatation est l'inégal rythme de progression des effectifs; aufur et à mesure que l'on avance dans les seuils, l'intensité de la croissance devient plus forte. La hiérarchie est nette (les chiffres entre parenthèses donnent les résultats de l'hypothèse de mortalité basse), (voir tableau II.5). 36 Joëlle G ay mu Tableau II.5: Evolution du vieillissement interne de la population âgée Années 1962 1968 1975 1982 65 ans et t / 60 ans et * 75 ans et + / 60 ans et + \ 85 ans et + / 60 ans et t \ 75 ans et + / 65 ans et + \ 85 ans et + / 65 ans et + \ 85 ans et + / 75 ans et t \ 69,5 71,4 75,1 75,0 27,0 27,0 29,6 35,5 4,8 5,2 6,0 7,4 38,9 37,8 39,4 47,4 6,8 7,2 7,9 9,9 17,6 19,2 20,1 20,8 1990 HT MB 73,0 73,1 35,3 35,4 7,8 7,9 48,3 48,5 10,8 10,8 22,2 22,3 1995 HT MB 74,6 74,8 29,4 29,8 8,5 8,7 39,5 39,9 11,4 11,6 28,8 29,0 2000 MT MB 77,2 77,6 33,5 34,2 9,0 9,4 43,3 44,1 11,6 12,1 26,8 27,4 2005 MT MB 78,5 79,1 37,0 38,3 7,0 7,5 47,2 48,4 8,9 9,5 18,9 19,6 2010 MT MD 72,4 73,5 36,6 38,3 8,8 9,7 50,5 52,2 12,2 13,2 24,1 25,3 2015 MT MB 73,7 74,9 34,2 36,4 9,3 10,6 46,4 48,6 12,7 14,1 27,3 29,1 2020 MT MB 75,7 76,9 31,6 34,1 9,2 10,7 41,7 44,3 12,1 13,9 29,1 31,3 2025 MT MB 76,7 78,1 34,5 37,2 8,4 10,0 45,0 47,6 11,0 12,8 24,4 26,9 2030 HT MB 78,0 79,5 37,4 40,4 7,9 9,5 47,9 50,8 10,2 12,0 21,2 23,5 2040 MT MB 80,8 82,3 40,9 44,4 11,2 13,6 50,6 53,9 13,9 16,5 27,5 30,5 MT : Mortalité tendancielle MB : Mortalité basse Prenant 1982 pour base 100, et nous situant en fin de période pour ne pas accumuler les exemples, nous constatons des coefficients multiplicateurs de 1,66 ( 1,86) pour les 60 ans et plus; 1,72 ( 1,96) pour les 65 ans et plus; 1,91 (2,32) pour les 75 ans et plus; 2,53 (3,41) pour les 85 ans et plus; le maximum de 2,77 (3,94) étant atteint par les 90 ans et plus. La conséquence de telles différences de rythme de croissance est un fort vieillissement interne de la population âgée. Comme celle de la population totale au cours des divers stades de la transition démographique, la pyramide des âges de la population âgée de 60 ans et plus passe d'une forme triangulaire (caractérisée par uneforte présence de moins de 70 ans, autrement dit.de "jeunes vieux)" à umforme en tonneau (où les "vieuxvieux" -Ies75 ans et plus-sont plus nombreux),\ou graphique II.2. Comptç tenu de l'histoire démographique française, arriveront à une même date, aux divers âges de la vieillesse, des générations, plus ou moins nombreuses, le vieillissement interne de la population âgée n'a donc pas un caractère continu. Ainsi, la part des 75 ans et plus dans celle des 65 ans et plus chute entre 2010 et 2020 parce qu'arrivent à 65 ans les générations pleines du Baby Boom, alors qu'aux âges plus avancés se trouvent les générations touchées par la Deuxième Guerre Mondiale. Malgré ces fluctuations et quel que soit l'indice retenu, les résultats convergent, la part des très âgés est amenée à croître et à croître d'autant plus qu'il y aura baisse de la mortalité, puisque nous avons vu précédemment que c'était au plus haut de la pyramide que les gains escomptables étaient les plus importants. En 2040, dans /' hypothèse de mortalité basse, les 75 ans et plus représenteront près de 54% des 65 ans et plus (47,4% en 1982) et les 85 ans et plus: 16¿% (contre 9,9% en 1982, et moins de 14% avec l'hypothèse de mortalité tendancielle). Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 37 De tels mouvements sont évidemment lourds de conséquences, en matière de retraite ou de santé par exemple, mais ce qui nous importe pour l'heure, c'est qu'ils nous montrent que la population âgée n'est pas un ensemble homogène. En son sein, existe et existera une pluralité d'évolutions étroitement liées à l'histoire démographique française et à la sensibilité des différents seuils de la vieillesse aux variations de la mortalité. Nous savons que croissance des effectifs de personnes âgées ne signifie pas pour autant vieillissement, il suffit qu'il y ait également croissance des jeunes pour que la structure de la population reste inchangée (voire rajeunie). Comment va évoluer la proportion de personnes âgées? C'est ce que nous nous proposons maintenant d'étudier. Interviennent désormais les hypothèses de fécondité qui déterminent l'évolution de la base de la pyramide et par là même de la population totale. Graphique n.2 - Pyramides des âges de la population âgée. ACES SEXE MASCULIN 9S f ir X 1 ' ' I9BÎ 60 r iio SEXE FÉMININ 7S | i o s'o ' o lio loo 7.. ACES •»S SEXE MASCULIN F »0 r i—' H H lio J il tío I 1 SEXE rÊMINiN 2 000 85 I i» «0 1 — ^^— mortalité tendanciel mortoiiíí baste 1 u 7S L 70 • S «S' «o oo . SEXE MASCULIN too I' so ih %o SEXE FÉMININ 2030 moflolilt Kndoncicllt marlalil« b a t » lío too %o ACES ÎEXE MASCULIN SEXE rÉMININ / inorlollté tendanciel l morlalile bail» : es 80 7S 70 6S fQ lio 100 100 */„ 38 Joëlle G ay mu 2. L'évolution du vieillissement A. Les hypothèses de fécondité Le facteur le plus difficilement prévisible et pourtant le plus fondamental dans l'évolution future de la population est la fécondité. Pourquoi le plus difficilement prévisible? Il suffit pour s'en convaincre de faire un rapide retour en arrière. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'indicateur conjoncturel de fécondité (qui résume, par addition, les taux de fécondité observés au divers âges une année donnée) atteignait le record de 3 enfants par femme (soit le niveau de fécondité de la dernière décennie du XIXe siècle), il va ensuite, pendant une dizaine d'années se maintenir à un seuil légèrement inférieur(derordrede2,7à2,8jusqu'en 1962),puisànouveau accuser une légère croissance (2,9 en 1963etl964). A partir de 1965, la chute se fait plus brutale, dès 1974 il tombe en dessous du seuil de remplacement des générations et en 1976, il n'est plus que de 1,8. Depuis, son évolution est marquée par une série d'oscillations: tantôt à la hausse -1,95 en 1981, tantôt à la baisse -1,79 en 1983 - Face à un tel constat, on comprend la difficulté à faire un quelconque pronostic pour l'avenir. L'INSEE envisage donc 4 hypothèses de fécondité, afin de couvrir un large champ de possibilités: 1,8 enfant par femme (valeur proche du niveau actuel); 2,1 enfants par femme (valeur du remplacement des générations) et 2 valeurs encadrantes: 1,5 et 2,4 enfants par femme. Même si ces deux dernières hypothèses semblent excessives, de prime abord, elles sont tout à fait du domaine du possible et on ne doit pas les écarter. En effet, l'Italie, la RFA, les Pays-Bas, le Danemark, la Belgique pour ne citer que quelques pays, ont depuis plusieurs années un niveau de fécondité voisin, voire inférieur à 1,5 enfant par femme; et même s'il s'agissait d'un accident dans l'évolution séculaire de baisse de la fécondité, il n'y a qu'une quinzaine d'années que le nombre moyen d'enfants par femme se situe, en France, en-dessous de 2,4. Chaque scénario suppose une évolution régulière du niveau de fécondité actuel à la valeur de référence, supposée atteinte peu après 2000, et maintenue constante ensuite. Même si elles sont invraisembables dans leur stabilité (mais si le niveau de fécondité futur est difficilement prévisible, ses fluctuations le sont encore plus, ne serait-ce que parce que la plupart des oscillations passées restent sans explication), ces hypothèses de fécondité nous donnent amplement matière à réflexion, en nous permettantnotammentde prendre la mesure del'incidenced'une variation de lafécondité sur l'avenir démographique. B. La déformation de la structure par âge Nous avons vu précédemment que dans le futur, la population âgée va croître dans des proportions considérables (on comptera au minimum 16 millions de 60 ans et plus en 2040), les évolutions des populations totales jeunes et adultes sont beaucoup plus contrastées. Constrastes qu'accentuent, en outre, les hypothèses de fécondité (voir tableau II.6 et graphiques II.3 et II.4), le solde migratoire global étant supposé nul chaque année. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 39 Graphique 113: Evolution de la population par grands groupes d'âges E ffectif en millions Effectif en millions 1950 j 1960 1070 1980 1990 2000 2010 2020 2030 O 19 ans T2.4 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2.5 85 ans ou plus 2.0 1.5 10 Mortalité basse / 1.0 8l__ i -. . i i 1950 1960 1970 1980 1990 2000 .-^ / A // • V 2010 2020 2030 Mortalité tendancielle 0.5 Source: Quang-Chi Dinh et Labal J.C.: "Projection de population totale pour la France, 1985-2040", no. 532, Collections de l'INSEE, série D No 113, novembre 1986. 40 Joëlle G ay mu Tableau II.6 - Population totale par groupes d'âges et mouvement de la population Unité : millier Année Population totala , «* itf janvw Répartition par Joes 0-19 ant 20-59 ans 12 556 13 343 14 665 16 511 16 748 16 888 16418 22 327 22 846 23 196 23 586 24 670 26 040 28 155 Structura par Iget 60 ans 75 ans 85 ans ou plus ou plus OU plus 0-19 ans 6 764 7 039 7 604 8 46S 9110 9 672 9 158 30.2 30.8 32.3 34,0 33.2 32.1 30.6 20-59 ans *»• 60 ans ou plus mêo'itft Nansa ncas Mouvement da la population T.L « pour 1000 Accrois- Décès semant total 530 + 363 + 400 + 439 + 432 + 488 + 198 -¡-297 20.5 18.5 17.9 17.7 163 14,1 14.9 12.7 120 11.3 11,1 10.7 10.6 10.2 + 208 13,7 13,4 12,9 12,2 11 6 11.2 10.8 10,4 10.2 9.9 9.8 9.8 10.1 10,7 11 7 13,0 14.9 13.9 14.7 14.7 13.9 13.1 12.8 13,2 12.8 12.7 9.9 9.8 9,7 9.6 9.9 10.3 11.0 11,9 13,1 ¡•4,9 + 4.9 1-4.2 + 3.2 + 2.5 + 2.2 + 0,8 -0,4 natalité mortalité accroissement oasE RVATIC N 1950 . . 1955. . . 1960... 1965. . . 1970. . . 1975. . . 1980. . . 41 43 45 48 50 52 53 647 223 465 562 528 600 731 1 565 1 773 1 962 2171 2 356 2 656 3 079 201 231 290 361 423 498 567 53.6 52,9 51.0 48.6 48.8 49,5 52,4 16.2 16.3 16,7 17,4 18.0 18,4 17.0 34.8 33.0 33.0 32.8 32,5 31,6 32.2 858 802 816 862 848 745 800 517 540 540 560 547 523 4 8.7 + 9.2 + 97 + 8,9 + 9,6 + 3,8 + 5,5 PROJECTION Mortalité tendancielle - Fécondité 1.8 1985. . . 1990... 1995... 2000... 2005. . . 2010.. . 2020. . . 2030... 2040. . . 55 56 57 57 58 58 58 57 55 064 091 061 883 451 766 664 742 656 16 019 15 494 14 945 14 861 14 432 14 053 13251 12645 11 990 29 072 29B87 30 725 31 222 31 965 31 457 30 106 28412 27 024 9 973 10710 11 391 11 800 12 054 13 256 15 307 16 685 16 642 3 464 3 777 3 352 3 950 4 464 4 850 4 835 6 237 6 805 684 840 967 1059 843 1 171 1 405 1 323 1 871 29.1 27.6 26.2 25,7 24.7 23.9 22.6 21.9 21,5 52,8 53.3 53S 53,9 54.7 53,5 51,3 49.2 48,6 18,1 19.1 20.0 20.4 20.6 22.6 26.1 28.9 29.9 33.5 34,9 36,2 37,5 38.9 40.1 42.0 43.3 44,0 758 7SS 743 707 679 662 638 600 S69 550 555 562 573 596 629 689 754 832 9 10 11 11 12 13 15 16 16 3 3 3 3 4 4 4 6 6 684 840 967 1 059 843 1 171 1 405 1 323 1 871 29.1 27,9 27.0 27.2 26.9 26,5 25.5 25.5 25.5 52,8 53,1 53,3 52.8 53,1 513 50.0 48.3 48,4 18.1 19.0 19,7 20.0 20.0 21.7 24,5 26.2 26,1 33,5 34.7 35.8 36.7 37.8 38.7 39.4 39.5 39.9 772 834 851 794 789 832 816 813 551 555 563 574 598 631 693 759 841 3 950 1 059 4 835 1 405 6 805 1 871 24,2 19.5 17,3 55.0 52.7 48,4 20.8 27.8 34.3 38.2 44.6 48.8 592 471 375 572 686 824 -215 - 449 10.4 8.5 7,7 10.0 12.5 17.0 + 0,4 - 3,9 -9.2 3 950 1 059 4 835 1 405 6 805 1 871 28,5 28,2 29.2 51.9 48.7 47,8 19.6 23.1 23.0 36.1 36.9 36.3 935 1035 1 101 575 696 850 + 360 + 339 + 251 15,4 15,5 15.1 9.5 10.4 11,7 + 5,9 + 5,1 4 145 1 134 5 636 1 764 8 266 2 524 25,5 22,1 20.8 53.7 50.4 47,0 20.8 27,5 32,2 37.7 42,9 45.S 708 639 571 529 636 824 + 179 3 - 253 12,1 10.6 9,8 9.0 10.6 14.2 + 3,1 0 - 4.4 4 145 .1 134 5 636 1 764 8 266 2 524 27.1 25.0 24.8 52.5 49,2 47,0 20.4 25.8 28.2 36.9 40,2 41.2 824 834 816 529 639 832 + 295 + 195 - 16 13.8 13.0 12.3 8.8 9.9 12.5 - 0,2 + 200 + 181 + 134 + 83 + 33 - 51 - 154 -263 98 + 3,7 + 3,5 + 31 + 2.3 + 1 4 + 0.5 -0.8 - 2.6 - 4.7 Mortalité tendancielle - Fécondité 2.1 1985.. . 1990. . . 1995.. . 2000. . . 2005... 2010. . . 2020. . . 2030.. . 2040.. . 55 56 57 59 60 61 62 63 63 064 301 732 114 252 146 589 708 799 16 019 15 704 15616 16 092 16 233 16 225 15 960 16 270 16 286 29 072 29 687 30725 31 222 31 965 31665 31 322 30 753 30 871 973 710 391 800 054 256 307 685 642 464 777 352 950 464 850 835 237 805 823 + + + + + + + + - 221 279 288 249 196 158 139 57 28 + 4.0 Mortalité tendancielle - Fécondité 1.5 2000. . . 2020.. . 2040.. . 56 739 54 985 48 451 13 717 31 222 11 800 10 702 28 976 15 307 8 391 23 413 16642 + 20 Mortalité tendancielle - Fécondité 2.4 2000. . . 2020. . . 2040. . . 60 183 66 390 72 387 17 161 31222 11 800 18 705 32 378 15 307 21 145 34 600 16 642 + 3.4 Mortalité bana - Fécondité 1.8 2000... 2020. . . 2040. . . 58 256 60 078 57 877 14 878 31 269 12 109 13 286 30 258 16S34 12041 27 213 18 623 + Mortalité baua - fécondité 2,1 2000. . . 2020. . . 2040. . . 59 488 64 012 66 055 16 110 31 269 12 109 16 002 31476 16 534 16 356 31 076 18 623 ^.0 •t 3,1 Source: Quang-Chi Dinh et Labat J.C.: "Projection de population totale pour la France. 1985-2040", no 532, Collections de l'INSEE, série D No 113. novembre 1986. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 41 Graphique II.4: Pyramide des âges à divers horizons SEXE MASCULIN f •00 300 \ 0 SEXE FEMININ 0 200 SEXE MASCULIN «00 400 200 0 0 • •'JANVIER 2000 l " JANVIER 2040 pOO root SEXE MASCULIN , 2C0 SExE F C M I N I N 200 .SEXE FEMININ 0 0 200 E f f tciifl 400 400 200 200 400 n tnnuil». « I w i n m n M imllwrt ^ ^ _ Hypoihtus morulil« itnawKWllf. ttmnant 1.8 _ _ _ Hvpoihtwi fnonëtnè ttno«nct«lt«. Ucontfité 2.1 Source: Quang-Chi Dinh et Labat J.C.: "Projection de population totale pour la France, 1985-2040", no 532, Collections de l'INSEE, série D No 113, novembre 1986. Partant de 55 millions en 1985, la France comptera en 2040 entre 48,4 millions (si la fécondité chute à 1,5 enfant par femme) et 72,4 millions d'habitants (sous l'hypothèse de 2,4 enfants par femme), entre 8,4 et 21,1 millions déjeunes et entre 23,4 et 34,6 millions d'adultes. QueHequesoitl'hypothèsedefécondité.dansksiouiesprochainesannéeslapopulationjeunevadiminuerQeskmmQS en âge de procréer, nées dans les années 70 étant moins nombreuses), il faudra que la fécondité progresse au moins jusqu'à 2,1 enfants par femme pour que l'on retrouve vers 2000 les effectifs de 1985. Jusqu'à cette date, ce sont les adultes et les personnes âgées qui assureront la croissance globale. Ensuite, si redressement de la fécondité implique progression des jeunes, le nombre de ces derniers diminuent régulièrement sous les deux hypothèses de fécondité faible (non seulement les femmes en âge de procréer sont moins nombreuses, mais elles font moins d'enfants). Les adultes - dont l'évolution dépend de la fécondité des 2005 - accusent eux aussi une décroissance dont le rythme est d'autant plus fort que la fécondité est faible, ils ne poursuivent leur progression que si la fécondité remonte à 2,4 enfants. Avec les 2 hypothèses de fécondité faible, 42 Joëlle G ay mu l'augmentation des personnes âgées ne suffit plus à assurer une croissance des effectifs globaux. Ceux-ci diminuent dès 2007, dans l'hypothèse de 1,5 enfants par femme et, 5 ans plus tard, si la fécondité atteint 1,8 enfant par femme. Ils continuent à croître légèrement si la fécondité est fixée au seuil du remplacement des générations, mais en fin de compte, seule l'hypothèse forte assure une progression soutenue des effectifs globaux (de 12 millions entre 2000 et 2040, dont, rappelons-le, plus de 4,6 millions de 60 ans et plus). Compte tenu de ces évolutions et, quels que soient les indices pris en compte, le vieillissement de la France paraît inévitable, même le relèvement de la fécondité à 2,4 enfants ne suffirait pas à contrebalancer l'extraordinaire croissance du nombre de personnes âgées. La proportion de 60 ans et plus, égale à 18,5% aujourd'hui, va progresser régulièrement, dans tous les cas, elle dépassera 20% dès 2000. En 2040, elle culminera à 34,3% si la fécondité tombe à 1,5 à près de 30% si la fécondité reste au niveau actuel et respectivement à 26,1 et 23% si la fécondité s'élève aux 2 seuils supérieurs. La progression de la part des très âgés est encore plus exceptionnelle. La France compte aujourd'hui 6,6% de 75 ans et plus, cette proportion sera double en 2040, sous les deux hypothèses de fécondité faible, et de l'ordre de 10% si la fécondité atteint ou dépasse 2,1. 1.4 % de la population a aujourd'hui franchi le cap des 85 ans, selon les hypothèses de fécondité, ce pourcentage s'élèvera à 3 ou 4% en 2040. Faire intervenir le bas de la pyramide donne des résultats entre plus saisissant (voir tableaux II.7 et II.8). Tableau II.7 - Evolution de la structure par grands groupes d'âges de la population totale ANNEES 0 - 14 ans ICF : 0 - 1«) ans 1Cl 20 - >9 ' ans ICIF : (0 ans et f ICF : 65 dn! et • ICI• . 75 ans et f as ans et • ICF : ICF : 1.8 1,8 1.8 1,8 1.8 1,8 2,1 2,1 2,1 2.1 24 8 23 7 22 7 20 ,7 20,0 20,3 20,0 20.3 2 2 0 Ï8 27,( 27,( 2 2 7 7 27,9 27,9 49 49 50 52 53,3 53,2 7 0 4 8 53,1 53.0 18 18 18 18 U.1 11.2 1 8 9 5 19,0 19,1 12 13 14 13 13,9 14,0 19,7 11,7 20,6 20,6 26,;î 26, 27,0 27,0 53,8 53,7 53,3 53.1 20,0 20,2 19,7 1»,9 2000 HT HB 18.9 18,9 20,7 20,6 25,"r 25,') 27,2 27,1 53,9 53,7 52,8 52,5 20,4 20,8 2005 HT HB 18,3 18,2 20,4 20.3 2 4 /F 24,! 26,9 26,7 54,7 54,2 53,1 52,7 2010 HT HB 17,7 17,5 It,8 13.6 23,!1 23,1! 26,5 26,2 53,5 52,9 2015 HT HB 17,1 16,8 11.2 18,9 23, ! 22,11 25,9 25,5 2020 HT KB 1«,7 U.I 16,4 1 18,7 22,( 22. 2025 HT HB 16.5 16,1 19,2 18,8 2030 HT HB 16,3 15,8 2040 HT HB 15,8 15,4 1962 nés 1975 1982 1990 HT m 1995 HT m 2,1 2.1 4 5 5 i 6 4 2 8 1,8 9 1 6 g | 2.1 0 9 10 1 1 1 4 13,9 13,9 6,7 6,8 6,7 6,8 1,5 1.5 1.5 1.5 14.9 15,1 14,7 14,9 5,9 6,0 5,9 5,9 1,7 1.7 1.7 1.7 20,0 20,4 15,7 16,1 15,4 15,8 6,8 7.1 6,7 7,0 1.8 1.9 1.8 1,9 20,6 21.3 20,0 20,6 16,2 16,8 15.7 16,3 7.6 8,1 7,4 7,9 1,4 1,5 1,4 1.5 51,8 51,2 22.6 23,5 21.7 22,6 16,3 17,2 15,7 16,6 1.3 ,0 7,9 8,6 2.0 2,3 1.9 2,2 52.3 51,5 50,8 50,1 24,5 25,7 23,3 24.4 18,0 19.2 17,1 18,3 ,4 ».3 7,9 8,9 2,2 2,3 2,7 I 2.6 25,5 25,0 51,3 50,4 50,0 49,2 26,1 27,5 24,5 25,8 19,7 21,2 18,5 19,9 1.2 .4 7,7 8,8 2,4 2,1 2.2 2.8 22,!l 21, t 25,4 24.8 50,2 «M 49,1 48,1 27,6 29.3 25.5 27.1 21.2 22.9 11.6 21,2 1.5 10,9 8,8 10,1 2,3 2.9 2.1 2.7 19.3 18,8 21.)1 21. » 25,5 24,9 «1.2 47,9 48,3 47,1 28,9 30,8 26.2 28.0 22.6 24,5 20,4 22,3 10,8 12.4 ».8 11.3 2.3 1 2.1 2.7 2,1 19,0 18,5 21,'1 20,11 25,5 24,8 48,6 47,0 48,4 47,0 Î9.9 32,2 26,1 28,2 24,1 26,5 21,1 23,2 12.2 14,3 10,7 12,S 3,4 2.1 4.4 ! 3,8 HT : Mortalité tendancielle HB : Hoxtalité basse ICI : Indicateur conjoncturel de fécondité. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 43 Tableau II.8 - Quelques indices de déformation de la structure par âge 60 ans et + 65 ans et + 75 ans et + 1 60 ans et • 65 ans et + 0 - 14 ans 0 - 14 ans 0 - 14 ans 0 - 19 ans 0 - 19 ans I CF 2, 1 1,8 IC F 2, 1 1,8 I C F 2, 1 1,8 ICF 2, 1 1,8 IC F 2, 1 1,8 73 ,0 79 ,3 83 ,3 89 ,4 19,8 21,5 24,7 31,9 33,0 33,5 34,0 33,5 56,2 58,4 61 ,6 64,5 69,2 68,1 69,6 68,5 39,1 41,6 46 ,3 48,1 50,4 49 ,8 50,7 49 ,8 76 ,3 MT MB 95,5 96,0 93,6 94,1 50,8 56,5 62,6 66,7 68,5 69,5 70,0 68,5 MT MB 101 ,5 102 5 95,6 96,6 75 ,6 76,6 71 ,4 72,3 29,9 30,5 28,2 28,6 77,4 73 ,0 73,7 56 ,9 57,9 54,4 55,2 2000 MT MB 107 9 110,0 96,6 99,0 83,1 85,2 74 ,4 76,7 36,0 37,6 32,4 34 0 79 ,4 81 6 73,5 75,3 61,1 63,1 56,6 58 3 2005 MT MB 112,6 117 0 98,0 101 5 88,5 91 8 77,0 80 3 41 5 44 5 36 3 38 9 83 4 86 9 74,3 77,2 65,6 68,6 58 4 61 ,0 2010 MT MB 127 7 134 3 109 6 95 8 92 1 98 3 79 3 84 7 46 9 51 4 39 9 43 9 94 6 99 6 81 ,9 86 3 68,2 72 9 59 2 63 4 MT 143 3 153, 0 121 4 129 1 105 3 114 3 89 1 96 8 49 1 55 4 41 1 47 1 105 6 112 7 90 0 95 7 77 6 84 2 66 0 71 8 MB 156, 3 167, 7 128,3 138 0 118 0 129, 3 96 9 106 4 49, 1 57, 3 40, 3 47, 1 96 1 115, 5 124, 4 ' 103,2 87 2 95, 9 72 5 79, 6 2025 MT MB 167, 3 182,0 132 8 144, 1 128,5 142,2 102 8 112, 8 57, 6 67,7 45, 8 53, 7 124, 3 135, 6 100, 4 109,3 95, 5 106,0 77,2 85, 5 2030 MT MB 177, 3 194,9 135,8 148,9 138,7 155, 1 105,7 118,6 66, 3 78, 5 50,8 60, 1 132,0 144, 6 102, 7 112,4 103,2 115,0 80,0 89, 6 MT MB 189, 2 209, 1 137,4 152, 4 152,5 172, 1 111, 1 125,4 77, 2 92,9 56, 3 67, 6 139, 1 154, 8 102, 4 113,7 112, 1 127,4 82,7 93, 5 1962 1968 1975 1982 1990 1995 2015 MB 2020 2040 MT Avec l'hypothèse de fécondité la plus faible, ¡apart des 60 ans et plus dans la population totale dépasse celle des rnoinsde20ansdès2007(elleatteintalors21$%),dès2013.silaféconditéresteauniveauactuel(23,8%de60ansetplus). et en 2025, si elle atteint 2,1 enfants parfemme (on compte alors 255% de 60 ans et plus). Seule l'hypothèse de fécondité forte maintien la supériorité en nombre des moins de 20 ans sur ¡es 60 ans et plus. Mais le rapport des 2 effectifs s'élèverait à 79% en 2040, alors qu'il n'est que de 623% en 1985. Avec les deux hypothèses defécondité les plus basses, même les 65 ans et plus dépassent les moins de 20 ans, respectivement à partir de 2018 et 2028. L'évolution des différents déciles, ou âges au-delà desquels se groupent 10,20 30 où 50% des effectifs, sont également une bonne illustration de ce vieillissement à venir. Les hypothèses de fécondité conditionnent d'autant plus les résultats que l'on cherche àappréhender l'âge dépassé par un pourcentage important de population. On peutraisonner sur les âges au-delà desquels se situeront 10 ou 20% des effectifs avec une grande part de certitude; par contre passés ces seuils, les intervalles de variation sont beaucoup plus larges, la fécondité future ayant une influence autrement plus déterminante. L'âge médian, par exemple (voir tableau II.9) qui égale aujourd'hui 33,5 ans, dépassera 40 ans dès 2026 si la fécondité tombe à 1,5, dès 2009 sous l'hypothèse de 1,8 enfants par femme, il sera très proche de ce seuil en 2040 seulement sous l'hypothèse 2,1 et, à cette date, ne sera égal qu'à 363 ans si la fécondité remonte à 2,4. Toutefois, et quel qu'en soit le rythme, la croissance 44 Joëlle G ay mu decetindice traduit bel etbien un fort gonflementdusommetde la pyramide desâges. Demême.etpourneciterquequelques exemples (le graphique II.5 donnant l'ensemble des résultats), aujourd'hui 10% de la population a plus de 70 ans, en 2040 et avec les hypothèses de 1,8 enfant par femme et de mortalité tendancielle, ce seuil correspondra aux 77 ans et plus. Les 20% supérieurs de la pyramide des âges sont aujourd'hui composés de 58 ans et plus, ce sont les 68 ans et plus qui les constitueront en 2040. Tableau II.9 - Evolution de l'âge médian OBSERVATION: 1950 1955 1960 34,8 33,0 33,0 32,3 32,5 31,6 32,2 1965 1970 1975 1930 PROJECTIONS Mertalité tendancielle ICI Années i1 Í935 1990 1995 2000 2005 2010 2020 2030 2040 , 5 33, 5 35,0 36, 5 33, 2 39, 9 41, 5 44, 6 47, -i 43, 3 3 2, 1 2,4 33, 5 34, 9 36, 2 37, 5 33, 9 40, 1 42,0 43, 3 44,0 33,5 34,7 35,8 36,7 37,3 38,7 39,4 39,5 39,9 33, 5 34,6 35, 4 36, 1 37,3 37,3 . 36, 9 36, 3 36, 3 4 1 1 Mortalité I C F 1,3 2, 1 33,0 35,9 36,3 37,7 39,2 40,6 42,9 44,5 45,5 33 5 34 3 Í 21 9 i ~i C i 9 33 1 i 39 1 2 40 2 40 6 f 41 1 2 Jusqu'à présent nous nous sommes bornés à décrire les fourchettes d'évaluation consécutives des hypothèses de fécondité en réintroduisant les hypothèses de mortalité, nous allons nous efforcer de déterminer l'incidence de chacun des 2 facteurs sur la déformation future de la pyramide. Dans quelle mesure un facteur l'emporte-t-il sur l'autre dans l'estimation et l'évolution de la part des divers âges dans la population totale. C. Sensibilité des résultats aux hypothèses Du tableau 11.10, il ressort en premier lieu que les effets sur la structure par âge de l'évolution de la fécondité, varient en fonction de l'échéance. Dans le moyen terme, la progression de la fécondité de 1,8 à 2,1 enfants par femme, soit le passage d'une valeur proche de la réalité actuelle au niveau de remplacement des générations tend, bien évidemment, à gonfler la base de la pyramide, mais surtout, à réduire davantage la part relative du milieu que celle du sommet Autrement dit, à législation en matière d'âge de cessation d'activité inchangée, la hausse de la fécondité, par le rétrécissement du milieu de la pyramide qu'elle induit, tend dans le moyen terme, à gonfler le rapport des inactifs aux actifs. Par contre, à une échéance plus lointaine, ce que la pyramide gagnera à la base elle le perdra pratiquement au sommet, la part relative des adultes diminuant à peine. Quelles que soient les variations de la fécondité envisagées, les conclusions sont identiques, seule l'intensité des mouvements varie. L'effet de vieillissement résultant de la baisse de la mortalité est par contre continu sur toute la période. Au fur et à mesure que l'on avance dans le temps, le gonflement du sommet de la pyramide qu'elle implique, tend à être pratiquement compensé par le rétrécissement du milieu, celui du bas étant de bien moindre intensité. Conséquence logique, le rapport des moins de 20 ans et des 60 ans et plus aux adultes, ne cesse de croître. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 45 Graphique II.5: Age au-delà duquel se situe..% de la population -80B18 B21 T18 T21 -75 -70 10% 818 — T18 821 T21 -65- BI8 -60- T18- 20% B21 T21 -55. -50 -45 1980 30%- 1990 2000 2010 2020 2030 "1 2040 Comparons maintenant l'intensité des effets des 2 facteurs, toujours en termes de "charges" (tableau IL 11). Partant de l'hypothèse 1,8 enfant par femme - mortalité tendancielle, la déformation qu'entraînerait une croissance de la fécondité (hypothèse 2,1 enfants par femme - mortalité tendancielle) est plusforte que celle due à une baisse de la mortalité (hypothèse 1,8 enfant par femme - mortalité basse),jusqu' en 2020, ensuite c'est l'inverse quiprévaut, la diminution de la mortalité prend le dessus. Le cumul des 2 effets (autrement dit, l'hypothèse 2,1 enfants par femme - mortalité basse) aboutit à la plus forte déformation, soit 11S inactifs pour 100 actifs en 203S. Même si dans tous les cas ces chiffres traduisent une forte croissance du poids des effectifs où l'inactivité prévaut (le rapport pré-cité n'atteint pas 90 en 1985), il faut bien garder à l'esprit que ce ne sont que des rapports démographiques. Leur traduction en termes de charge repose sur une hypothèse discutable de constance des comportements en matière d'activité et, notamment, de cessation d'activité. Par ailleurs ces rapports cachent des réalités différentes. Une personne âgée n'égale pas un jeune (en termes de besoins, de coûts,..) et une identité de rapport de charge sous des hypothèses de fécondité différente (soit, en 2025,104 jeunes et personnes âgées pour 100 adultes), masque des structures par âge radicalement opposées et par là même des adaptations de sociétés différentes. Ainsi pour 49,1% d'adultes, l'hypothèse 2,1 enfants par femme - mortalité tendancielle donne 25,4% déjeunes et 25,5% de vieux, avec l'hypothèse 1,8 enfant par femme - mortalité basse, ces 2 proportions sont respectivement: 21,6% et 29,3% (voir graphique II.6). 46 Joëlle Gaymu Tableau 11.10 - Sensibilité des résultats à différentes hypothèses de fécondité et de mortalité 1990 | 2000 | 2005 | 2010 1 2015 | 1 1 1 1 1 (en points de \) si la fécondité passe 0',8 • 1 ,5 • 2 ,3 • 2 ,8 • 3 ,0 - 1,7 - 1. 7 - 1, 9 0,6 - 1, 1 - 1 ,3 0,2 - 0 ,4 - 0 ,6 - 0 .9 - 0 ,3 - 0 ,3 - 0 .4 / - o ,2 1 1995 1 Variations des proportions •oins de 20 ans • 0 ,2 • 20 1 59 ans - 0 1 60 ans et plus - 0, 1 75 ans et plus - 0 1 2020 • • •*# ^0 ^m VV •• 1 2030 1 1 2035 1 | 2040 1 de 1, 5 à 1,8 enfant par f e u e • 3,4 • 3, i • 3,8 t 4,1 - 1,4 - 1.0 - 0,8 - 0,4 - 1.7 - 2,4 - 3,7 - 3,0 - 0 - 0,8 - 1.4 - 1.1 Variations des proportions (en points de \ ) si la fécondité passe de * n« » 1 •oins de 20 ans + 0, i - 1 6 - 0 2 -0,5 - 1' i 20 a 59 ans - 1 7 - 1 5 - 1 - 1 60 ans et plus - 0 1 -0,3 - 0 4 - 0 6 - 0 9 - 1 2 -0,1 - 0 1 75 ans et plus - 0 2 - 0 5 - 0 i - 0 4 •V^V | 2025 1 .8 à 2 , 1 enfants par • 4,2 0,2 - 4.4 1,8 feue l|l# Variations des proportion:> (en points de \ ) si la fécondité passe de •0,7 +1 3 •oins de 20 ans • 0 2 • 2 4 + 2 5 • 2 • 2 0 20 1 59 ans -0,5 - 0 9 - 0, 2 - 1 5 - 1 6 - J 4 - 1 -0,2 - 0 4 60 ans et plus / - 1 1 - 1 - 0 S - 0 8 75 ans et plus - 0 2 - 0 3 - 0 / - o 1 - 0 2 / 3 6 5 - 1.1 - 2.1 - 0,7 - 0,9 - 2,7 - 1,0 - 0,6 - 3,3 - 1,3 0,2 3.8 - 1.5 2 1 a 2 , 4 enfants par f e u e 7 • 3,0 • 3,7 • 3,3 • 3,6 3 - 1.2 - 1.0 - 0,9 0,6 4 - 1.8 - 2,3 - 2,7 3,1 4 - 0,6 - 1,3 - 0,9 - 1,1 Variations des pioportions (en points de \ ) si la Mortalité passe de 1 hypothèse tendancielle i l'hypothèse basse (avec 1. 8 enfant pai f<!U«) •oins de 20 ans -0,1 - 0 2 - 0, 3 - 0.5 - 0, 4 - 0,6 - 0,6 1 - o, 2 - 0,7 20 1 59 ans - 0, 1 -0,1 - 0, 2 - 0, 5 - 0 6 - 0, 8 - 0. 9 - 1.3 - 1.1 - 1,4 60 ans et plus • 0,2 f 0, 4 • 0, 7 » 1,4 • 0, 1 • 0, 9 • 1,7 • 1, 2 • 1.9 • 2,1 75 ans et plus •0,1 +0,3 • 0, 5 • 0, 7 • 0.9 + o, 1 • 1.4 < 1,6 • 1,8 » 1,2 0,7 1.6 • 2,3 2,1 Variations des pi oportions (en points de \ ) si la a o r t a l i t c passe de 1 hypothèse tendancielle à l'hypothèse basse (. avec 2 , 1 enfants par f e u e ) / •oins de 20 ans - 0. 2 - 0,5 - 0,6 - 0,6 / - 0, 1 - 0,7 - o, 3 - o. 4 20 a 59 ans - 0,2 - 0, 3 - 0, 4 - 0, 1 - 0,7 • 0, 8 - 1.0 - 1,2 - o, 5 - 1.3 • 1,8 60 ans et plus • 0, 1 + 0,2 • 0. 4 • 0, 6 • o, 9 • 1.6 • 2.0 • 1 , 1 < 1. 3 75 ans et plus •0,1 +0,3 -i 1 • 0, 5 + 0, 7 • 0, 1 • 1,3 • 1.5 • 1,7 • 1.0 • • Tableau 11.11 - Evolution du rapport 0-19 ans +60 ans et plus / 20-59 ans, selon les différentes hypothèses Mortalité tendancielle Mortalité basse Années I 1,8 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 89,4 87,7 85,7 85,4 82,9 86,8 91,1 94,9 99,4 103,2 106,7 105,9 : F 2,1 89,4 88,4 87,9 89,3 88,5 93,1 96,8 99,8 103,8 107,2 109,3 106,7 I 1,8 : F [ 2,1 89,4 87,8 86,2 86,3 84,3 89,0 94,0 98,6 103,9 108,7 112,9 112,7 89,4 88,5 88,4 90,2 89,9 95,2 99,6 103,4 108,1 112,2 115,0 112,6 | 0,7 1.4 2.1 1.8 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique II.6: 47 Evolution de la structure par âge de la population selon 2 hypothèses mortalité tendanciel l e - 1 , 8 enfant mortalité basse - 2,1 e n f a n t s par p a r femme femme DATES 60 ans et plus 20-59 ans Moins de 20ans 20 30 40 50 60 48 Joëlle G ay mu Nous avons vu que si le bas de la pyramide ne dépendait pratiquement que du niveau de la fécondité, le sommet était sensible à la fois à la fécondité qui contribuait dans le sens d'un rétrécissement, et à la mortalité qui contribuait au gonflement. Dans quelle mesure, un facteur l'emporte-t-il sur l'autre? En 2015, sous l'hypothèse 1,8 enfant par femme - mortalité tendancielle, la France comptera 24,6% de 60 ans et plus; si la fécondité remonte à 2,1 enfants par femme cette proportion chute à 233; si la mortalité baisse elle atteint 25,7. L'effet (en différences de points de pourcentage) de la variation de la mortalité est tout à fait comparable à celui de la variation de la fécondité. Le premier jouant à la hausse, et le second à la baisse, ils tendent à s'annuler et l'hypothèse 2,1 enfants par femme mortalité basse aboutit à 24,4% de 60 ans et plus soit un résultat très proche de celui de la première hypothèse. Autrement dit, l'effet de rajeunissement dû à un éventuel relèvement de la fécondité au niveau du remplacement des générations serait entièrement compensé par l'effet de vieillissement résultant d'une baisse de la mortalité (que i on peut, qui plus est, vraisemblablement escompter). A une échéance plus lointaine, l'effet de la croissance de la fécondité reprendrait le dessus et les 2 hypothèses précédentes, qui aboutissaient à une identité de résultats en 2015, donneraient respectivement 29,9 et 282% de 60 ans et plus en 2040 (voir graphique II.7) En outre, au fur et à mesure que l'on gravit les seuils de la vieillesse, les effets précédents s'accentuent, l'évolution de la mortalité devient prédominante sur toute la période de projection. Ainsi, la hausse de la fécondité serait loin de suffire à compenser la croissance de la proportion de 75 ans et plus résultant de la baisse de la mortalité. Quelle que soit la date prise en compte, V hypothèse 2,1 enfants parfemme - mortalité basse, donne des évolutions de la part des 75 ans et plus dans la population totale, toujours supérieures à celles de V hypothèse 1,8 enfant par femme - mortalité tendancielle. Publications statistiques obligent, notre étude a dû se borner aux hypothèses moyennes, les plus proches de la réalité actuelle. Elles ont quand même le mérite de nous montrer que le vieillissement par le haut de la pyramide pourrait jouer dans l'avenir un rôle de plus en plus important. Le relèvement de la fécondité au seuil de remplacement des générations, même s'il aboutit à un élargissement de la base ne suffirait pas à compenser le gonflement du sommet de la pyramide résultant de la baisse de la mortalité amorcée depuis quelques années, et, que les hypothèses de projection intègrent, qui plus est, avec une grande prudence. Dans tous les cas, la France va vieillir. Quelle place accorde-t-elle aujourd'hui à ses personnes âgées? Et, compte tenu de cette place, quel avenir se prépare-t-elle? Telles sont les questions qui sous-tendent les chapitres qui vont suivre. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 49 Graphique Ü.7: Evolution de la part de divers groupes d'âges dans la population totale, selon plusieurs types d'hypothèses de projection 30 29 60 ans et plus 28 27 26 25 24 65 ans et plus 23 22 21 20 19 mortalité tendanciel le-1,8 enfant par femme mortalité basse - 2,1 enfants par femme 18 I7 16 15 14 13 ? 5 ans 12 I I 10 9 8 7 6 années S. I 98 b I990 2000 20i0 2020 2030 2040 et plus 50 Joëlle Gaymu Chapitre III Le Vieillissement dans L'Espace: la ville et la campagne; les départements; les cantons et les quartiers Parce que le vieillissement démographique des communes urbaines et rurales n'a pas la même intensité et que, selon qu'elles vivent en ville ou à la campagne, les problèmes auxquels doivent faire face les personnes âgées ne sont pas de même nature, la dimension géographique est une variable fondamentale dans l'analyse du vieillissement. Divers découpages administratifs, plus ou moins fins existent en France. Ainsi, au dernier recensement, on pouvait compter 9 ZPIU (zones de peuplement industriel ou urbain), 22 régions, 96 départements, 325 arrondissements, 3 714 cantons et 36 432 communes. De plus, une ventilation des communes, en fonction principalement de leur taille, dépasse la traditionnelle distinction urbain - rural; les composantes socio-démographiques se modifiant fortement lorsqu'on passe du rural profond à la périphérie d'une agglomération ou d'une petite ville à une métropole, 6 catégories sont généralement retenues: - les communes rurales n'appartenant pas à une ZPIU; les communes rurales appartenant à une ZPIU; les unités urbaines de moins de 20 000 habitants; les unités urbaines de 20 000 à 99 999 habitants; les unités urbaines de 100 000 à 1 999 999 habitants; l'agglomération de Paris. Si la composition de la population d'une unité territoriale, quelle qu'elle soit, est fortement influencée par son degré d'urbanisation, d'autres facteurs sous-jacents, liés aux traditions socio-démographiques, impriment également leurs marques et aboutissent à faire de notre pays une mosaïque de spécificités démographiques. L'objet de ce chapitre est d'essayer de mettre en lumière ces contrastes territoriaux. La Ville et la Campagne En 1982, plus de 73% de Français vivaient en ville, quel que soit le seuil pris en compte, les personnes âgées vivent plus fréquemment à la campagne, avec, toutefois, aux très grands âges, une tendance à privilégier un peu plus souvent le mode de vie urbain (voir graphique III. 1). Ainsi, entre 60 et 64 ans, à peine plus de 70% des individus vivent dans des communes urbaines. Cette proportion ne cesse de décroître pour atteindre le minimum de 67% entre 75 et 79 ans, ensuite, la population tend à s'urbaniser, et après 90 ans, plus de 71 % des effectifs vivent en ville. Les extrêmes ont alors leur préférence. C'est en effet dans les petites villes et, dans une moindre mesure, dans l'agglomération parisienne, qu'on les trouve sur-représentés par rapport à leurs cadets. Nul mystère à ces différences de degré d'urbanisation selon les âges, significatives surtout à partir de 1975. Avec l'avancée en âge, les besoins changent, l'institutionalisation et l'hospitalisation augmentent fortement et c'est la ville qui répond le mieux aux attentes des personnes âgées. Au fil des recensements, il y a toujours survieillissement de la campagne. En 1962, le monde rural comptait 14,3% de 65 ans et plus, dans les villes cette proportion n'atteignait que 11,5%, 20 ans plus tard, la hiérarchie est toujours respectée, ces deux chiffres s'élevant à 16,6 et 12,9%. En plus de l'écart d'intensité, les déterminants du vieillissement opposent la ville et la campagne (voit tableau III. 1). La population urbaine n'a cessé de croître depuis 1962 (de près de 36% en 20 ans), mais l'augmentation a été plus forte pour sa fraction âgée (soit 52%). A contrario, la campagne s'est dépeuplée (de 15,5% entre 1962 et 1982) mais la décroissance a été de moindre intensité pour les effectifs âgés (- 2,5% pour les 65 ans et plus), il y a même eu croissance des très âgés (+ 14,3% pour les 75 ans et plus). Vieillissement par le haut de la pyramide en ville, par le bas à la campagne, ce dépeuplement par les jeunes et les adultes ne pouvant qu'entraîner une accélération du processus du vieillissement. De moins en moins d'enfants aujourd'hui signifiant de moins en moins de femmes en âge de procréer demain et, par là même, un rétrécissement plus fort encore de la pyramide. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 51 Graphique ULI: Distribution des effectifs (en %) selon l'âge et le type de commune en 1982. / /o. 80-i 70 ' I 65 ans el [••'••••I 85 ans tous 60 plus 1 Communes rurales hOfi ZPIU 2 Communes rurales en 2PIU 3 Unité» urbaine* do moins do 20000 habitants et plus âges 4 Unités urbaines d« 20000 à 99999 habitants 5 Unités urbaines 100000 à 1999999 habitants 6 Banlieue parisienne et 50- Ville de Paris 40- 7 Communes rurales 8 Unités urbaines 30- 20- 10« 1 Autrement dit, le vieillissement appellerait le vieillissement. Mais ce serait sans compter avec les éventuels apports de population extérieure. Or, depuis 1975, apparaît une redistribution des âges un peu plus favorable à la campagne, qui bénéficie d'excédents migratoires. Alors que précédemment la croissance de la population jeune et adulte se concentrait en ville, sur la dernière période intercensitaire (1975-1982), quel que soit le type de commune, les moins de 20 ans ont suivi la même évolution, à savoir, une décroissance de l'ordre de 35%, et l'augmentation des adultes a été plus forte à la campagne (soit 9,7 et 7,7%). Quant aux effectifs âgés, ils ont augmenté en ville (de plus de4%), et diminué dans les communes rurales (de 6,4%). Sans doute, ce phénomène résulte-t-il de la combinaison de multiples facteurs: plus forts départs vers la ville dans le passé des générations rurales arrivées au seuil de la retraite en 1982; effets de la Première Guerre mondiale (et en particulier déficit de naissances) plus marqués à la campagne; moins fortes migrations de retour des citadins âgés vers la campagne sur la dernière période intercensitarie ou, a contrario, plus forts départs des ruraux âgés vers la ville. Les éléments qui nous permettraient de conclure nous font défaut, le fait est que ces évolutions contrastées des divers groupes d'âges tendent a homogénéiser quelque peu les structures par âge des deux catégories de communes. En 1975, la proportion de 65 ans et plus était de 40% plus forte à la campagne (soient 18 et 12,8%), l'écart relatif n'est plus que 29% (16,6 et 12,9). Mais ce mouvement de redistribution de la population dans l'espace, appelé parfois "rarbanisation" masque, en fait, un double phénomène. Une extension de l'urbanisation qui touche de plus en plus de communes considérées comme rurales, mais proches d'une zone de peuplement industriel ou urbain (ZPIU), et, l'existence de vastes espaces échappante l'influence des villes et dont la population continue de diminuer. Un découpage plus fin montre cette profonde hétérogénéité des communes rurales: selon qu'elles sont ou non placées dans une ZPIU, nous constatons soit une très forte croissance des effectifs (+58%), doublée d'une diminution de leur proportion de personnes âgées (égale à 15,2% en 1975, elle n 'atteint pas 14,5 en 1982), soit un important dépeuplement (de plus de 34%) auquel s'ajoute un vieillissement processus soutenu. En 1982, une personne sur cinq avait fêté son 65ème anniversaire dans la campagne profonde française. 52 Joëlle Gaymu Tableau ULI: Evolution depuis 1962 de la structure par âge des populations urbaine et rurale. Moins de 20 ans Effectifs \ 20 <\ fcO ans Effectifs \ SO ans et plus \ Effectifs 55 ans et plus Effectifs \ 75 ans et plus Effectifs \ Enseable Effectifs 19 6 2 urbain ruial Ensemble 9 313 640 5 £53 140 14 966 780 31,8 33,0 32,2 15 060 980 8 001 340 23 062 320 51,4 46,7 49,7 4 907 440 3 482 140 8 389 580 16,8 20,3 18,1 3 375 880 2 458 840 5 834 720 11,5 14,3 12,7 1 271 800 995 840 2 267 640 4,3 29 282 0£0 5,8 17 136 620 5,4 46 418 680 100 100 100 19 6 8 urbain rural Ensemble 11 151 180 4 876 780 16 027 960 32,0 32,6 32,2 17 669 080 6 699 500 24 368 580 50,8 44,9 49.0 5 994 400 3 364 840 9 359 240 17,2 22,5 18,8 4 241 880 2 438 140 6 680 020 12.2 16,3 13,4 1 604 240 920 400 2 524 640 4,6 6,2 5,7 34 814 660 14 941 120 49 755 780 100 100 100 19 7 5 urbain rural Ensemble 11 815 980 4 344 100 16 160 080 30,8 30,6 30,7 19 969 300 52,0 6 512 340 45,8 26 481 640 50,4 6 602 060 3 345 340 9 947 400 17,2 23,6 18,9 4 913 460 2 561 940 7 475 400 12,8 18,0 14,2 1 957 640 990 800 2 948 440 5,1 38 387 340 7,0 14 201 780 5,6 52 589 120 100 100 100 19 8 2 uibain rural Ensemble 11 413 200 4 181 760 15 594 960 28,7 28,9 28,7 21 512 240 7 142 260 28 654 500 6 874 380 3 149 360 10 023 740 17.3 21,8 18,5 5 116 740 2 398 ?60 7 515 000 12,9 16,6 13,8 2 422 200 1 137 860 3 560 060 6,1 7,9 6,6 39 799 820 14 473 380 54 273 200 100 54,0 49,3 52,8 100 100 Evourr: ON DES EFFECTIFS 1962-1968 urbain rural Enseable • 12.4 - 13.7 + 17,3 - 16,3 + 22,1 - 3,4 t 25,7 - 0,8 7,1 5,7 11,6 14,5 1968-1975 urbain rural Enseable + 6,0 - 10,9 + 0,8 + 13,0 - 2.8 + 8,7 + 10,1 - 0,6 1975-1982 urbain rural Ensemble - 3,4 - 3,7 - 3,5 • 1962-1982 urbain rural Enseable + 22,5 - 26,0 + 4,2 6,3 15,8 + 5.1 + 11.9 7,7 9,7 8,2 - 5,9 0,8 «M 0,5 + 42,8 - 10,7 t 40,1 • 9,6 + 51,6 - 2,5 + + 24,2 4.1 4.1 t 19,5 - 28,8 • 26,1 - 7.6 t 11,3 + 18,9 - 12,8 7,2 + 22,0 t 7,6 • 16,8 + 10,3 - 4,9 • 5,7 + 23,7 + 14,8 + 20,7 t 3,7 + 1,9 + 3,2 + 90,5 + 14,3 + 57,0 + 35,9 - 15,5 + 16.9 Vieillissement interne et féminisation de la population âgée opposent également la ville et la campagne. Légèrementsurvieillieen 1962, la population âgée rurale a un peu moins vieilli que son homologue urbaine. En 1962, l'âge moyen des 60 ans et plus s'élevait à 70,9 ans à la campagne et à 70,4 en ville; 20 ans après, ces 2 chiffres atteignent respectivement 72,4 ans et 72,2 ans. Conséquence de ce fort voisinage de structures internes, ¡apart des très anciens dans la population totale est plus forte à la campagne (voir graphique 1112) et elle est d'autant plus forte que l'on s'enfonce dans la campagne profonde. La hiérarchie est nette: entre les communes rurales hors ZPIU et l'agglomération parisienne, Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 53 la proportion de 75 ans et plus s'échelonne de près de 10% à 6%, et ce n'est qu'un exemple, le graphique III.3, nous donne dans le détail les âges sous et sur-représentés dans les différentes catégories de communes. A tous les âges, la féminisation de la population âgée est plus forte en ville qu'à la campagne. Ainsi, pour 100 hommes âgés de 60 à 64 ans, on compte 103 femmes dans les communes rurales, plus de 118 en ville, entre 80 et 84 ans ces deux chiffres atteignent respectivement plus de 166 et près de 210. Entre ces deux catégories de communes et, comme précédemment pour le degré de vieillissement, la hiérarchie est respectée, autrement dit la féminisation de la population âgée est fonction du degré d'urbanisation. Si, par exemple, on compte 173 femmes pour 100 hommes, entre 75 et 79 ans, dans l'ensemble des communes urbaines, ce chiffre atteint près de 190 dans l'agglomération parisienne (à peine 131 dans les communes du rural profond) (voir graphique III.4). Plusieurs facteurs contribuent à expliquer ce déséquilibre des sexes. Même si la dispersion n'est pas très importante, la surmortalité masculine est un peu plus forte en ville, l'agglomération parisienne faisant exception, les disparités de mortalité selon le sexe y étant parmi les plus faibles. La proportion de veuves, légèrement plus forte en ville (phénomène accentué par les migrations de veuves rurales), tend a accroître la sur-représentation des citadines par rapport à leurs homologues masculins. A contrario, l'inégalité de situation dans le célibat réduit le déficit des hommes à la campagne: le célibat masculin y est, en effet, beaucoup plus fort qu'en ville (dans les communes rurales 156 hommes sur 1,000 sont célibataires à 50 ans, par exemple, alors que dans les communes de 50,000 à 1,999,999 habitants, ce chiffre n'est que de moitié), alors que le célibat féminin n'a pas, en fonction du degré d'urbanisation, une telle dispersion (pour 1,000 femmes âgées de 50 ans entre 57 et 73 sont célibataires). Paris se singularise par des taux de célibat définitif tout à fait comparables entre les hommes et les femmes. Le dernier facteur qui sous-tend, en outre, cette inégalité de situation dans le célibat sont les migrations passées, différentes selon les sexes. Les femmes ont quitté beaucoup plus fréquemment la campagne que les hommes et sans aucun doute c'est ce dernier phénomène qui explique, à lui seul, la surféminisation de la population parisienne âgée, Paris ayant longtemps exercé un fort pouvoir d'attraction sur les campagnardes des régions septentrionales. Cette intrusion dans les communes françaises montre bien à quel point le degré d'urbanisation est un critère discriminant en matière de vieillissement De plus, si la dimension urbaine ou rurale d'une région et a fortiori d'un département contribue à déterminer ses spécificités démographiques, d'autres éléments tels que la mortalité différentielle, l'histoire de la fécondité ou des migrations, les traditions culturelles,... réduisent ou accentuent les écarts. C'est ce que nous nous proposons maintenant d'analyser. 54 Joëlle Gaymu Graphique III.2: Pyramide des âges des populations urbaine et rurale en 1982 POPULATION RURALE POPULATION URBAINE sexe masculin i Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 55 Graphique III.3: Sur-représentation ou sous-représentation par âge détaillé pour certaines catégories de commune* COMMUNES RURALES HOnS ZPIU En% UNITÉS URBAINES DE 1 00 000 A 199 999 HABITANTS 150 un 7a 150 130 • 1 1 ,. France = 1 0 0 ' \ •• • France = 100 • 90 •*• "«-•••- 110 0 Aqe 20 i i i 40 90 i 70 i i 60 0 Ag. 80 20 COMMUNES RURALES EN ZPIU En% 60 40 80 UNITÉS URBAINES DE 200000 HABITANTS OU PLUS (SAUF PARISI En% ' 150 150 - 130 130 110 s* " '*•• .' • ' >^«' '•• 90 — Fr«"C€ = 100 ' .. " * • — « . ' • France = 100 . *.,/ ~'v.; 20 40 70 1 i 80 60 0 Ag. * ••• ''.y' i 20 i i i i 40 60 80 AGGLOMÉRATION DE PARIS UNITÉS URBAINES DE MOINS C E5000 HABITANTS En% " En*1 150 20 130 110 110 * '*«. .* Franc« = 1 0 0 '-•••• 90 Franc« = 1 0 0 40 60 150 • 130 •• 90 "u % '-. ' 70 0 110 90 70 1 0 Age 110 . P i 130 70 0 80 20 40 60 80 Age UNITÉS URBAINES DE 5000 A I 9999 HABITANTS En%" 150 VILLE DE PARIS En% • 130 130 *• # 110 s *• # . * ' • " . France =100 70 70 20 40 60 80 110 90 90 Franca =100 . 0 Age 150 0 Ag« 20 40 60 80 L'indice de surreprésentation â chaque âgf est le rapport, exprimé en pourcentage, entre la part des individus de ctt Age dans la catégorie de considérée et la part nationale correspondante. Source: Jean-Michel DURR et Michel de S ABOULIN: "L'âge des Français: contrastes régionaux et opposition ville-campagne", Economie et Statistique, INSEE, Paris, no 173. janvier 1985, pp. 25-32. 56 Joëlle G ay mu Graphique HL4: Féminisation de la population âgée selon le type de commune en 1982 NOMBRE CE PEMMES'POUR 100 HOMMES 300' l'.'.'j Communes rurales hors ZPIU |'.:.y;-| Communes rurales en ZPIU Communes urbaines de Moins de 20 000 habitants 250- Communes urbaines de 20 000 à 99 999 Communes urbaines de 100 000 à 1999 999 Agglomération de Paris Ensemble des communes rurales ^^ Ensemble des communes urbaines 200- I I Ensemble da communes 150 I=J AGES 100 65-69 ANS 7 5 - 7 9 ANS 8 5 - 8 9 ANS Les départements En 1982, la population de l'Essonne était composée de 32% de moins de 20 ans et de 7,9% de 65 ans et plus; dans la Creuse ces deux chiffres s'élevaient à 23,7 et 22,1%. Cet exemple l'aura fait comprendre, la localisation des âges dans Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France SI l'espace français est loin d'être homogène. Les graphiques M.5 et 6 donnent une première mesure de cette dispersion et de l'inégale intensité du vieillissement des départements entre 1962 et 1982. En 1962, dans 41 départements (où vivaient près de 45% des français), il y avait un minimum de 34% de moins de 20 ans, en 1982 un seul département est toujours dans ce cas. En l'espace de 20 ans, l'éclatement des situations et le glissement du nombre de départements dans les classes où les proportions de moins de 20 ans sont les plus faibles, est net. Graphique ITJ.5: Evolution (1962-1982) de la répartition des départements en fonction de leur proportion de moins de 20 ans. fo «o PROPORTION OE MOiXS OE 20 *NS 1 : 34 •1 plus 2 : 32 i 33.a ] : 30 i 31.9 4 : 2 1 1 2».» S: 2 6 i 27.9 4 : 24 1 39.9 7 : moin« d«34 JO 10 10 12 I 12 2 ñ Graphique FJI.6: Evolution (1962 -1982) de la répartition des départements, en fonction de leur proportion de 65 ans et plus. paid« ocmo 4.0 12 1962 PROPORTION DE 4S ANS ET PLUS(%) moins 0« M il k 12.9 13* M » IS i I»» J0 IT k 18.9 19 « I plu« 21 10 li 27 17 14 58 Joëlle Gaymu Si désormais la population de 38 départements (soit 48% des Français) est composée de plus de 30% déjeunes, dans 35 d'entre eux (où 31 % de la population totale a élu domicile) cette proportion est inférieure à 28%. Dans 16 départements elle est de moins de 26% (3 seulement étaient dans ce cas en 1962). Le même type de constatation vaut pour la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus. En 1962,48 départements (soit 69% de la population française) comptaient moins de 13% dcóSansetplus^sculcmentavaicnt franchi labarredes 17%. Vingtansplus tard, ils nesontplusque33 dans lepremier cas (soit moins de 50% des français), par contre 23 sont désormais dans le second. En outre, si la diffusion du vieillissement est nette, les disparités de degré de vieillissement des départements restent inchangées aufildes recensements. Tant par leurs plus fortes proportions déjeunes que par leurs plus faibles fractions d'âgés, les départements les plus jeunes en 1982 étaient déjà dans ce cas 20 ans plus tôt. Inversement, les plus vieillis ont continué de vieillir, et sont toujours en tête en 1982. La hiérarchie est nette, comme l'illustrent les caries 1 et2. Il existe une France jeune, située au Nord ou il n'est absolument pas rare de trouver des départements comptant moins de 11% de personnes âgées et plus de 32% de moins de 20 ans. Ceux des régions Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France (à l'exception de Paris), l'Oise, le Doubs,.. pour n'en citer que quelques-uns sont dans cette situation. A l'opposé, la France du centre et du Sud est beaucoup plus vieillie. Plus de 20% de 65 ans et plus et moins de 25% de moins de 20 ans y sont des structures qui n'ont rien d'exceptionnel. L'ensemble des départements de la région du Limousin sont dans ce cas, mais nous pouvons également citer l'Ariège, le Gers et le Lot dans la région Midi-Pyrénées ou l'Aude et, plus au Sud-Est, les Alpes-Maritimes. Les facteurs explicatifs de cette inégale distribution des âges sur le territoire, que les cartes 3 illustrent plus complètement, sont nombreux. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Cartes 1: Proportion de moins de 20 ans en 1962. Proportion de 65 ans et plus en 1962. 1;. A i,««ríT7rr" 1 ( Cy— L >|..>.»I- X, L-W—-C; - "TILMIKCI i l!JÎK l 1 MM. de 11k 12.99 I mïïn de 13 i 14.99 t i=i de I S 1 16,99 1 1558281 RHHBflfl de 17 * 18,99 t H H plus de 19 t ^ ^ L PH IIP g min t L' ciao«M| • 11111 ^ S ft ^ ^ ^ II P r.i>!,^ ¿L *J ff?M 1 i 1 11 M 9t Ct>O<«-it 92 M*UT> pf » S.'-l >' ItfH.t 94 VM'OI * 9^ «4«. P tl » • A II*"*il t S lus ! alUI 1 •••1L ïï(ttr [fïrV L • ^OBi tri \ 1 ÍES luna f | ï • - C7[MM M É l i l 11 J*1 '—vu Ulf sL. R_ UUM| yffi LLUlMj MESÊÉ winrllll IÏÏ == tuü •Ul I Ui fiiM | ^ÂË-—'4 M H I I I Y" m ^ - Jif'^^y • / raÉ 1m-\ r^" • o i n t de 11 1 • /.. JsTv/h.—/ •tfai.fr. ."•'•' A* ^^rrv^ \ A -/ / ^ i ( mi (<Y ^---— \ v / .-. u. i r ',|Olil \ \ i It" IM*« Ji«Ol|j \ ilil iïï liU f\ •m III1 VA* mu* r- / ^ \ J 59 60 Joëlle Gaymu Cartes 2: Proportion de moins de 20 ans en 1982. Proportion de 65 ans et plus en 1982. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 61 Cartes 3: Indice de sur-représentation des groupes d'âge par région* 20 * 29 i m C à 9 ans 70 ans et plut 30 à 39 ant Indict d« surreprtMntation des group« à'iç* par région* Moins de 94 94 i 97 97 a 103 103a 106 Plu i de 106 'L'indicé de surreprésentation d'un groupe d'tge donné est le rapport, exprimé en pourcentage entre là curt de ee groupe d'âge dans ¡a rigion considérée et la part nationale correspondente. Source: Jean-Michel DURR et Michel de SABOULIN: "L'âge des Français: contrastes régionaux et opposition ville-campagne". Economie et Statistique, INSEE, Paris, No 173, janvier 1985, pp. 25-32. La proportion déjeunes de moins de 20 ans estfortement liée au niveau de fécondité. Une France coupée en deux ressort à nouveau des cartes illustrant la somme des naissances réduites des départements et ce, quelles que soient les années prises en compte. La France du Nord est plus féconde que celle du Sud (voir cartes 4). Dans les conditions de fécondité par âge observées en 1981 -1982, par exemple, les Limousines mettaient, en moyenne, 1,57 enfant au monde, dans la région Nord - Pas-de-Calais, ce chiffre culminait à 2,26. Ces niveaux de fécondité extrêmes ont pour conséquence de placer ces 2 régions en queue et en tête de la distribution des régions, en fonction de leurs proportions de jeunes. On y trouve respectivement 23,6% et 32,8% de moins de 20 ans. Entre ces deux bornes, la hiérarchie est respectée, autrement dit, la proportion déjeunes est d'autant plus forte que la fécondité est forte (voir tableau III.2). Seule fait exception la Corse qui, 60 Joëlle Gaymu Cartes 2: Proportion de moins de 20 ans en 1982. Proportion de 65 ans et plus en 1982, | | moins de 11 ï de 11 è I?,'>9 I dp 13 i M . 9 9 l de 15 à 16.99 I de 17 a 1H.19 I plus de I9 t Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Canes 4: 63 Somme des naissances réduites (niveaux relatifs ou absolus) dans les départements français à diverses dates. Niveau relatif de la somme des naissances réduites en 1930-1932 (France, entier» = 100). Niveau relatif d« la somme des naissances réduites en 1974-1979 (Franc» entière s 100). Somrri« oes na.ssances r<du.t«J (19Í1-I9ÍJ) MOINS o e 1 . 7 \ ht \.l * 1.9 Df 1 . 4 « 1 . 3 or I . Î » 2,o i »LUS nr 2,n Source: 10e Rapport sur la situation démographique de la France, POPULATION, INED, Paris, No 4-5, juillet - octobre 1981, pp. 685-764. S ANTR YO.: "Données de démographie régionale 1982, Collections de l'INSEE. paris, no 537, série D no 115, novembre 1986. 64 Joëlle Gaymu Tableau III.2: Population des groupes d'âges 0 à 19 ans, 20 à 64 ans et 65 ans et plus, indicateur de fécondité, taux d'urbanisation et durée moyenne de vie par région*. Population Indica- 0 à 19 »ni Taux 20 a 64 ans teur Région d« fé- totale Population (En % ) condité 65 ans ou plus d'urbanisation Population (En %) Durée moyenne de vie Population (En %) (années) Franc« entière 54 27Î Î0O 15 594 960 28.7 1,92 31 163 240 57.4 73,4 7515000 13.8 74,3 Ile-de-France 10 064 840 2 721 340 27.0 1.85 6184 960 61.5 96.3 1 158 540 H.5 75.1 Champagne-Ardenne 1 344 820 418 920 31.2 2.04 750 760 5S.8 62.4 175140 13.0 73.9 Picardie 1740 440 552 480 31.7 2.04 971 300 55.8 60.7 216 680 12.4 73.4 1 65? 520 522 580 31.5 2.08 937 820 56.S 69.1 199120 12,0 73.6 651 700 28.8 1.89 1 260 500 55.6 62.9 353140 15.6 75,3 416 760 30.9 2.03 751 160 55.6 53.4 182 560 13,5 74.4 1,92 879 320 55.2 57,9 259 800 16.3 74,6 Haute-Normandie Centre Buje-Normandie 2 265 340 1 350 480 Bourgogne 1 592 300 453180 28.5 Nord - Pas-de-Calais 3 919 240 1285 060 32.8 2.26 2177 360 55,6 86.4 456 820 11.7 71,6 Lorraine 2 334 740 719 040 30.8 1.96 1 348 000 57.7 72.4 267 700 11.5 73.0 Alsace 1 553 740 451 120 29.0 1.86 910 560 58,6 73.2 192 060 12.4 73,1 Franche-Comté 1 078 700 334 480 31,0 2.07 606 240 56,2 58.8 137 980 12.8 74,4 Pays de la Loire 2 937 980 937 660 31.9 2.11 1 612 860 54.9 60,1 387 460 13.2 74.7 Bretagne 2 703 440 809 840 30.0 2.01 1 501740 55.5 55.6 391860 14.5 72.9 Poitou-Charente» 1 567 600 441 660 28.2 1.85 864 880 55.2 50.5 261060 16,7 75.8 Aquitaine 2 655 800 700 920 26.4 1.71 1 S12 780 S7.0 64.6 442100 16.6 75.0 Midi-Pyrénées 2 308 740 592740 25,7 1.65 1 321 520 57.2 59.3 394 480 17.1 75.6 736 340 173 600 23.6 1,57 412 320 56.0 50,9 150 420 20.4 75.1 Limousin Rhône-Alpes 5 022 800 1 481 200 29.5 1.97 2 903 060 57,8 76,9 638 540 12.7 74,8 Auvergne 1 329180 354 380 26.7 1.76 752 560 56.6 58,2 222 240 16,7 74,1 Languedoc-Roussillon 1 929 520 501 040 26.0 1.73 1091440 56.6 70.7 337 040 17.5 75,4 Provence - Alpes - Côte d'Aïur 3 942980 1 016040 25.8 1.80 2275 680 57,7 89.6 6S1 260 16.5 75.1 234 640 59 220 25.2 1.91 136 420 58,1 54.3 39 000 16,6 74.6 Corse * L'indicateur de fécondité présente" dans ce tableau est un nombre moyen d'enfants par femme calculé sur la période 1981Í982 [7]. Il s'agit du nombre moyen d'enfants mis au monde par une génération de femmes qui seraient soumises pendant leur vie aux conditions de fécondité par âge observées dans la région en 198Î-1982. Le taux d'urbanisation est la part de la population urbaine dans l'ensemble de la population. La durée moyenne de vie est la moyenne des espérances de vie masculine et féminine sur la période 1981-1982. Pour chaque sexe, l'espérance de vit est l'Age moyen au décès d'une génération de personnes gui seraient soumises aux conditions de mortalité par âge observées dans la région en 198Í-Í982. Source: DURR J.M. et de SABOULIN M.: "L'âge des Français: contrastes régionaux et opposition ville-campagne". Economie et Statistique, INSEE, Paris, no 173, janvier 1985, pp. 25-32. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 65 Tableau III3: Taux annuels moyens de migration nette pour les groupes d'âges 0-64 ans et 65 ans et plus (en pour 1000) . Groupe d'âges 0-64 ans Régions déprogramme Différence Différence entre taux entre taux 1954-1962 1968-1975 des deux 1954-1962 1968-1975 des deux périodes périodes Uli Région parisienne Champagne Picardie Haute-Normandie Centre Basse-Normandie Bourgogne Nord Lorraine Alsace Franche-Comté Pays de la Loire Bretagne Poitou-Charente Aquitaine Midi-Pyrénées Limousin Rhône-Alpes Auvergne Languedoc-Roussillon Provence-Côte d'Azur Corse Groupe d'âges 65 ans et plus + 33.46 - 13,66 - 8,54 - 2.01 - 4,06 -31,33 - 10,40 - 9,02 - 1.74 + 0,80 - 1,02 - 16,82 - 26,47 - 19,08 - 4,60 - 11,57 - 18,96 + 10,76 - 13,07 - 13,44 + 20,92 -62,91 - 4,42 - 19,71 - 1.92 - 0,26 •+ 18.97 - 17,28 + 1,44 - 28,36 - 27,95 + 11,47 - 18,40 + 1,64 + 4.70 - 9,48 + 5,29 + 3,30 - 3.17 + 12,57 - 11,17 + 9,85 + 44,14 + 8,67 kl w V4AUA - 37,88 - 6.05 + 6,62 + 1,75 + 23,03 + 14,05 + 11.84 - 17.34 - 26,21 + 10,67 - 17,38 + 18,46 + 31.17 + 9.60 + 9,89 + 14,87 + 15,79 + 1,81 + 1,90 + 23,29 + 23.22 + 71,58 Willi v - 26,62 + 1.51 + 9,72 + 2,95 + 13,32 + 6,02 + 13,82 - 2.25 - 4.20 + 2.23 - 0,38 + 4.44 + 4,00 + 3,58 + 5,63 + 2,69 + 5,28 + 1.21 + 2,96 + 4,39 + 24,56 - 26,33 -65,13 - 0,41 + 17,63 + 2,26 + 33.43 + 11,77 + 23,46 - 6,51 - 6.36 + 3,52 - 0,08 + 16.55 + 17,46 + 13,67 + 16.54 + 9.89 + 18,56 + 1,05 + 7.49 + 19,93 + 38,47 + 20,87 14114^ -38,51 - 1.92 + 7,91 - 0,69 + 20,11 + 5,75 + 9.64 - 4,26 - 2,16 + 1,29 + 0,30 + 12,11 + 13,46 + 10.09 + 10.91 + 7,20 + 13.28 - 0,16 + 4.53 + 15.54 + 13.91 + 47,20 Source: COURGEAU D. et LEFEBVRE M.: "Les migrations internes en France de 1954 à 1975. Vue d'ensemble", POPULATION, INED, Paris No 3, mai-juin 1978, pp. 525-546. La proportion de personnes âgées dépend de la combinaison des facteur s précédents auxquels s'ajoutent la mortalité différentielle selon les départements et les migrations de retour des personnes âgées. Dans la France méridionale et du Centre, tous les effets sont cumulés dans le sens du vieillissement: faible niveau de fécondité, tendance à l'émigration des jeunes et des adultes, espérances de vie plutôt plus forte que la moyenne nationale (voir cartes 6). Le Limousin en est l'exemple type: en 1982 par exemple, son indice de fécondité n'était que de 1,57 (1,92 pour l'ensemble de la France), son taux annuel moyen de migration nette atteignait -19% entre 1954 et 1962 et - 3,2% entre 1968 et 1975 pour les moins de 65 ans, pour les 65 ans et plus, ces taux s'élevaient à +5,3 et 18,6% respectivement, quant à son espérance de vie à la naissance, elle atteignait 75,3 (74,6 à l'échelon national) en 1981. Une telle association d'éléments qui tendent à la fois à réduire la base de la pyramide et à gonfler le sommet, aboutissent à faire de cette région une des plus vieillie de France. 66 Joëlle Gaymu Cartes 5: Immigration et émigration par région et par groupes d'âges entre 1975 et 1982. 1.en X sur l a période Age atteint en 1982 1975-1932 TAUX D'IMMIGRATION' TAUX D'EMIGRATION1 SOLDE MIGRATOIRE RELATIF1 20 A 29 ANS i—IMOIM« oes, s eaoeiiAi3.s tss\ OE is A U tasa OE13.SA17 • • 1 7 ET PLUS r~~i MOINS oe M 14 A 1» rrx P I B m 1993011« A it M l « IT PLUS .A oe-a CZ2OÏ-SA-4 A. o E z a « 0A4 • • 4 CT PLUS 30 A 54 ANS i—i MOIN» oe • m oe a A « A 10 Ens ° t 1 0 * i a • i 12 ET PLUS MOINS O t • D( I A 10 EZJOI f i t r > y ^ 10 ET PUIS ot - J A o n a OE J A 4 4 ET PLUS 60 A 69 ANS i—i MOINS oe 4 • ET PLUS E7Z ZZ2 M T Er PLU» 4 Ar EZ3 oE-i 4 o 2 1 1 OE 3 A S Source: BOUDOUL J et FAUR J.P.: "Depuis 1975, les migrations inter-régionales sont moins nombreuses", Economie et Statistique, INSEE, Paris, septembre 1985, no 180. pp. 11-22. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 67 Cartes 6: Durée moyenne de vie selon le sexe dans les départements français en 1981-1993. Durée moyenne de vie des hommes (1981-198J) Espironce ae *'e û lu naissance années MOINS OE 8 9 . 1 UE 6 9 . 1 A 7 0 . 1 OE 7 0 . 1 A 7 1 . 1 OE 7 1 , 1 A 7 2 . 1 »LUS OE 7 2 . I Durée moyenne de vie aes femmes (1981-198.3) Esperance (Je Á a la naissance onn«e» • H i MOINS OE 79.S wnrni OE 73,6 A 73.? 1777m OE 73.9 A 79,2 ^ 3 OE 79,2 A 79.5 PLUS OE 73.5 Source: Olivier SANTORY: "Données de démographie régionale, 1982", Collections de l'INSEE, Paris, no 537, série D no 115, novembre 1986. A l'opposé, dans la France septentrionale, tous ces facteurs cumulent leurs effets en sens inverse. Forte fécondité, départ déjeunes de moindre intensité (voire arrivée), faibles migrations de retour à l'âge de la retraite et, mortalité nettement supérieure à la moyenne se conjuguent pour freiner le vieillissement. Cette dichotomie Nord-Sud se retrouve sur la carte des proportions de personnes très âgées. Comme en témoignent les cartes 7, non seulement la distribution de la population des 75 ans et plus est inégale, mais sa structure l'est également. 68 Joëlle G ay mu Le taux de féminité est un premier élément de disparité. Comme nous l'avons déjà vu par ailleurs, au fur et à mesure que l'on avance dans les âges de la vieillesse, en raison de la mortalité différentielle, la population se féminise. Mais derrière un taux de féminité moyen de 66% se cachent de fortes variations sur le territoire, conséquence des disparités départementales de mortalité différentielle selon les sexes. Le déséquilibre n'est pas très accentué (59 à 64% de femmes) dans les départements où la surmortalité masculine est traditionnellement relativement modérée: c'est le cas des départements du Sud-Ouest, Sud-Est et de la région parisienne. La plus forte tendance des femmes, dans le passé, à migrer vers la ville explique les deux exceptions que constituent Paris et la Gironde. A l'inverse, le déséquilibre est plus marqué (plus de 68% de femmes) dans les régions de forte surmortalité masculine: la Bretagne, la Basse Normandie, le Nord - Pas-de-Calais, le Nord-Est et la région lyonnaise étant les cas types. Les degrés de vieillissement de la population très âgée sont également très contrastés. A de rares exceptions près, les disparités reflètent à nouveau l'inégalité face à la mort dans les différents départements. Dans le croissant septentrional, la population des 75 ans et plus n'est pas très vieillie: la part des 85 ans et plus, dans les 75 ans et plus, y est inférieure à 19%, elle chute même à 17% dans le Bas-Rhin, la Moselle ou le Finistère. Tandis qu'au contraire, l'indice monte au-dessus de 21% dans la France méridionale, la région parisienne et quelques départements du Centre. Cartes 7: Localisation des personnes âgées de 75 ans et plus n.O-J.J t.».7.» 4a.rct i • *. <••*. V«. l « i - 31 5>t COCC-0 P'opo-iion Je perionne» lies ájeeí |75 ¡m el pluji dm« ¡à populliion loule en l»«:. taux de féminité de la population très âgée (75 ans et plus) en 1932. Indice de la vieillesse de la population tres âgée en 1982. Source: NOIN D.: "La population très âgée en France", Espace Population Sociétés, Paris, no 1,1987, pp. 29-40. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 69 S'il n'est pas possible, dans le cadre de cette étude, d'évaluer l'influence respective des divers facteurs qui interviennent dans les écarts observés, force est de constater que leurs combinaisons aboutissent à des clivages sans cesse croissants. On en veut pour preuve la carte 8, par exemple, qui résume les principales évolutions démographiques au cours de la demiére période intercensitaire La croissance de la population, et, des moins de 20 ans en particulier, s'est concentrée dans les zones les moins vieillies, alors que les plus vieillies ont continué à se vider de leurs éléments jeunes. Notons, de plus, que certaines régions jusqu'à présent relativement "protégées" - notamment, la Bretagne et la Lorraine - ont également subi une forte "hémorragie" de population jeune et adulte qui ne peut que laisser présager un important vieillissement dans l'avenir. De toute évidence, de tels déséquilibres ne peuvent être que source de problèmes pour le moins préoccupants. Parmi eux, le maintien voire le nécessaire développement de services publics et d'équipements coûteux dans les régions à population peu nombreuse, âgée.ou très âgée n'est pas le moindre: les déséquilibres démographiques se doublent de fortes inégalités d'accès aux services médicaux sociaux en particulier. Si rien n'est fait d'urgence, s'il n'existe pas de réelle politique d'aménagement du territoire, les clivages ne pourront que s'accroître et, force est de conclure alors que l'avenir est sombre pour des espaces entiers de notre pays, en perte de vitalité démographique. Signalons, pour terminer, que si à l'échelle nationale le rapport des 65 ans et plus aux moins de 20 ans égale 46% en 1982, dans un département sur 10 ce chiffre dépasse 80%! (voir tableaux III.4 et 5). Mais cette vision du vieillissement différentiel dans l'espace reste très globalisante, et le phénomène prend une toute autre ampleur encore lorsqu'on décide de descendre à un échelon géographique plus fin: le canton. Le département est, en effet, une unité démographique trop importante (la population y varie de 70,500 à 2,1 millions), trop hétérogène pour donner une bonne mesure de la diffusion du vieillissement dans notre pays, une moyenne départementale pouvant masquer d'importantes poches de concentration de personnes âgées. 70 Joëlle G ay mu Carte 8: Evolution intercensitaire (1975 - 1982) des populations totales, jeunes et âgées. u Is le ¡7 CROISSANCE OC LA POPULATION DES HENA6ES OP.OINAIRES SUPERIEURE A LA MOYENNE NATIONALE . « t e 1 . Un« crofstinca d « «oint da 20 t m sup^ritur« à la crol » m e t dts 65 tns ou plut : 2 . Un« c r o l m n c t das m i n t da 20 ans Inftfriaur« I U c r o i m n e t das 65 tns ou plus ; 3 . Una dfcroissanca das «oins da 20 ans at una croissanca das 65 ans ou plus. CHOISSAWCE OE LA MWUTIOU OES IMAGES OROIIUIRES INFERIEURE A LA MOTEHWE KATtOHAlE . «vtc 4 . Una dtfcraissinca das «oins da 20 ans 1nf<Haur« k la décroîti*nca das 65 ans ou plus ; 5 . Una décroimnea das «oins da 20 ans »up4r1aur* k la dicroliMnca das 65 tns ou plus ; ( . Una d í c r o l m n c a das «oins da 20 ans at U M crol I tanca das 65 ans ou plus. 7 . OECROISSAWCE DE LA POPULATION OES HEWAGES ORDINAIRES. Source: GAYMU J.: "Les populations âgées en France au recensement de 1982", POPULATION, INED, Paris, no 4-5, juillet-octobre 1985, pp. 699-72 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau IRA: Structure démographique des régions et départements Français au recensement de 1982 (sondage au l/20ème). Régions cl départements Population des ménages ordinaires Moins de 20 ans effectifs Vt 60 ans et )lus effectifs 65 ans et jlus V. effectifs 75 ans cl iMus % effectifs % Ile-de-France Paris Seine-cl-Marne Yvelines Essonne Hauts-de-Seine Seine-Saim-Denis Val-de-Marne Val-dOist 9 831620 2 104 740 872 680 1 ISS 020 954 560 1 347 140 1 298 400 1 162 900 900 180 2 696 820 405 400 284 540 366 320 305 520 331460 391 620 323 300 288 660 27.4 18.9 32.6 31.7 32.0 24.6 30.2 27.8 32.1 1 506 860 472 020 117 780 132 380 107 200 228 180 170 860 173 040 105 400 15.3 22.0 13.5 ILS 11.2 16.9 13.2 14.9 11.7 1 104 780 363 460 87 480 92 680 75 740 164 640 122 820 124 240 73 720 11.2 17.0 10.0 8.0 7.9 12.2 9.5 10.7 8.2 527 700 181420 38 880 42 340 36 080 79 840 55 980 57 980 35 180 5.4 8.5 4.5 3.7 3.8. 5.9 4.3 5.0 3.9 Champagne-Ardennes Ardennes Aube Marne Haule-Marne 1315 200 301 360 278 600 531 140 2O4IOO 413 580 99 720 81 840 168 500 63 520 31.4 33.1 29.4 31.7 31.1 220 260 49 420 53 680 80 140 37 020 16.7 16.4 19.3 15.1 18.1 165 380 37 460 40 180 59 980 27 760 12.6 12.4 14.4 11.3 13.6 77 540 17 540 19 580 27 920 12 500 5.9 5.8 7.0 5.3 6.1 Picardie Oise Somme Aisne 1 699 720 641060 536 220 522 440 546 740 211300 171 160 164 280 33.2 33,0 31.9 31.4 273 980 90 540 93 000 90 440 16.1 14.1 17.3 17.3 202 360 66 840 68 220 67 300 11.9 10.4 12.7 12,9 92 000 29 900 31 260 30 840 5.4 4,7 5.8 5.9 Haule-Normandie Eure Seine-Maruime 1 621 800 450 220 1 171 580 517 300 146 440 370 860 31.9 32.5 31.7 255 820 73 400 182 420 15.8 16.3 15.6 186 440 53 280 133 160 11.5 11.8 11.4 82 700 24 000 58 700 5.1 5.3 5.0 Centre Cher Eure-el-Loire Indre Indre-et-Loire Loir-et-Cher Loiret 2 211320 312 740 357 620 233 180 494 040 289 600 524 140 643 520 85 560 112 420 60 680 147 140 81 200 156 520 29.1 27.4 31.4 26.0 29.8 28.0 29.9 436 380 67 880 63 980 56 680 91460 63 340 93 040 19.7 21.7 17.9 24.3 18.5 21.9 17.8 331040 52 100 48 260 43 840 67 160 49S8Û 70 100 15.0 16.7 13.5 18.8 13.6 17.1 13.4 152 940 23 840 20 920 21420 31500 23 220 32 040 6.9 7.6 5.8 9.2 6.4 8.0 6.1 Basse-Normandie Calvados Manche Orne 1 318 340 581 080 448 980 288 280 412 680 185 640 136 400 90 640 31.3 31.9 30.4 31.4 231 880 90 760 87 9O0 53 220 17.6 15.6 19.6 18.5 169 660 66 400 63 940 39 320 12.9 11.4 14.2 13.6 74 840 28 840 28 080 ' 1 7 920 5,7 5.0 6.3 6.2 M534 78O 332 540 503 220 336 900 362 120 436 840 »1 240 141 340 101 220 103 040 28.5 27.4 28.1 30.0 28.5 328 120 71920 113 760 67 640 74 800 21.4 21.6 22.6 20.1 20.7 247 480 55 280 84 200 50 700 57 300 16.1 16.6 16.7 15.0 15.8 114 580 26 960 38 000 22 740 26 880 7.5 8,1 7,6 6.7 7.4 Aquitaine Dordogne Gironde Landes Lot-et-Garonne Pyrénées-Atlantiques 2 S93 620 366 140 1 101 380 292 040 295 420 538 640 690 520 88 700 303 740 77 160 77 480 143 440 26.6 24.2 27.6 26.4 26.2 26.6 557 420 94 400 210840 67 480 67 260 117440 21.5 25.8 19.1 23.1 22.8 21.8 419 020 70 180 157 160 51600 50 080 90 000 16.2 19.2 14.3 17.7 17.0 16.7 195 900 33 060 74 440 24 180 22 920 41 300 7.6 9.0 6.8 8.3 7.8 7.7 Midi-Pyrinies Ariege Aveyron Haute-Garonne Gers Lot Hautes-Pyrénées Tarn Tarn-et-Garonne 2 249 940 134 700 267 000 799 920 .172 780 148 540 218 180 324 380 184 440 583 980 33120 67 780 213 280 42 220 35 980 55 540 86 000 50060 26.0 24.6 25.4 26.7 24.4 24.2 25.5 26.5 27.1 493 660 36 560 64 720 146 120 43 660 39 360 48 760 73 020 41460 21.9 27.1 24.2 18.3 25.3 26.5 22.3 22.5 22.5 371760 28 220 49 280 107 520 34 320 29 920 35 620 55 360 31 520 16.5 21.0 18.5 13.4 19.9 20.1 16.3 17.1 17.1 172 380 14 800 22 380 49 240 156O0 13 380 16 760 26 140 14 080 7.7 11.0 8.4 6.2 9.0 9.0 7.7 8.1 7.6 717 880 238 440 134 460 344 980 171300 56 880 29 720 84 700 23.9 23.9 22.1 24.6 I85OOO 61360 40 740 82 900 25.8 25.7 30.3 24.0 142 580 46 720 31820 64 040 19.9 19.6 23.7 18.6 66 840 21420 15 640 29 780 9.3 9.0 11.6 8.6 Poitou-Charenies Charente Charente Maritime Deux-Sèvres Vienne Limousin Correze Creuse Haute-Vienne t 71 72 Joëlle Gaymu Tableau III.4: suite Moins de 20 ans 60 ans et (ilus Population des ménages ordinaires 4 891 600 409 600 255 840 380 680 911660 727 620 1400 500 315 520 490 180 1 462 780 126 660 72 240 112 520 282 440 215 640 411300 91 840 150 140 29.9 30.9 28.2 29.6 31.0 29.6 29.4 29.1 30.6 813 220 69 780 53 940 71 920 136 000 133 300 222 120 53 720 72 400 16.6 17.0 21.1 18.9 I4.V 18.3 15.9 17.0 14.8 Bourgogne Côte-d'Or Nièvre Saône-et-Loire Yonne 1 552 440 457 460 235 760 553 940 305 280 447 680 138 180 61 940 159 340 88 220 28.8 30.2 26.3 28.8 28.9 322 060 77 940 58 800 116 160 69 160 Nord - Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais 3 852 040 2 463 500 1 388 540 1 273 000 814 240 458 760 33.0 33.1 33.0 Lorraine Meurthe-et-Moselle Meuse Most le Vosges 2 277 980 699 660 198 080 985 680 394 560 710 540 213 720 61 340 310 360 125 120 Alsace Bas-Rhin Haut-Rhin 1 514 360 885 680 628 680 Franche-Comté Doubs Jura Haute-Saône Belfon Région* et départements 65 ans et |>lus 75 ans et |>lus % effectifs v. 597 680 51540 40 240 53 160 99 540 100 060 161 640 39 340 52 160 12.2 12.6 15.7 14.0 10.9 13.8 11.5 12.5 10.6 268 420 23 780 18 280 24 780 44 560 44 080 72 280 18 020 22 640 5.5 5.8 7.1 6.5 4.9 6.1 5.2 5.7 4.6 20.7 17.0 24.9 21.0 22.7 243 580 57 660 45 620 87 700 52 600 15.7 12.6 19.4 15.8 17.2 115360 26 760 21 300 41420 25 920 7.4 5.8 9.0 7.5 8.5 602 600 375 080 227 520 15.6 15.2 16.4 435 920 2 700 620 165 300 11.3 U.O 11.9 195 280 123 980 71 300 5.1 5.0 5.1 31.2 30.5 31.0 31.5 31.7 346 980 105 700 37 180 134 220 69 880 15.2 15.1 18.8 13.6 17.7 252 680 77 860 28 060 93 880 52 880 11.1 11.1 14.2 9.513.4 II) 160 34 960 13 180 39 if s 23 460 4.9 5.0 5.9 4.0 5.9 445 380 258 860 186 520 29.4 29.2 29.7 242 240 143 500 98 740 16.0 16,2 15.7 180 760 107 860 72 900 11.9 12.2 11.6 82 380 48 560 33S2U 5.4 5.5 5.4 1054 400 468 580 234 920 222 920 127 980 331 140 153 660 69 100 69 240 39 140 31.4 32.8 29.4 31.1 30,6 176 320 66 740 31440 42 780 19 260 16.7 14.2 13.4 19.2 15.0 129 900 48 400 34 740 31840 14 920 12.3 10.3 14.8 14.3 11.7 59 48Ü 21 520 16 100 14 640 7 220 5.6 4.6 6.9 6.6 5.6 Pays^ie-la-Loire Loire-Atlantique Maine-et-Loire Mayenne Sarthe Vendée 2 865 700 977 540 659 540 261600 493 080 473 940 929 520 317 580 227 620 82 340 154 920 149 060 32.4 32.5 34.2 31.5 31.4 31.5 478 080 150 060 102 740 46 860 89 000 89 420 16.7 15.4 15.6 17.9 18.0 18.9 351820 109 060 76 520 33 740 66 120 66 380 12.3 11.1 11.6 12.9 13.4 14.0 153 200 47 020 34 000 13 940 29 820 28 420 5.3 4.8 5.2 5.3 6.1 6.0 Bretagne Côtes-du-Nord Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan 2 632 620 527 520 806 780 724 920 573 400 801 160 156 840 235 300 229 400 179 620 30.4 29.7 29.2 31.6 31.3 493 920 110 200 163 100 115 940 104 680 18.8 20.9 20.2 16.0 18.3 362 740 80 760 120 860 83 060 78 060 13.8 15.3 15.0 11.5 13.6 153 420 34 880 51 540 34 660 32 340 5.8 6.6 6.4 4.8 5.6 Auvergne Allier Cantal Haute-Loire Puy-de-Dôme 1 294 780 359 640 159 260 199 480 576 400 349 420 92 320 42 080 53 720 161 300 27,0 25.7 26.4 26.9 28.0 272 660 87 520 36 180 44 020 104 940 21.1 24.3 22.7 22.1 18.2 208 220 66 820 28 240 33 820 79 340 16.1 18.6 17.7 17.0 13.8 95 900 31440 13 160 15060 36 240 7.4 8.7 8.3 7.5 6.3 Longuedor-Roussillon Aude Gard Hérault Lozère Pyrénées-Orientales 1 880 480 277 080 517 540 685 200 70 500 330 160 492 980 68 440 138 560 181 460 19 740 84 780 26.2 24.7 26.8 26.5 28.0 25.7 429 920 73 000 110 360 146 940 16440 83 180 22.9 26.3 21.3 21.4 23.3 25.2 320 880 55 860 81360 108 680 12 460 62 520 17.1 20.2 15.7 15.9 17.7 18.9 147 980 27 620 37 800 49 400 5 620 27 540 7.9 10.0 7.3 7.2 8.0 8.3 Provence<:6u d'Azur Alpes-de-Haule Provence Hautes-Alpes Alpes-Maritimes Bouches-du-Rhône Var Vaucluse 3 846 480 116 940 99 640 855 680 1665 780 693 560 414 880 1002 420 31320 26 380 188 640 461000 176 840 118 240 26.1 26.8 26.5 ¿¿0 27.7 2J.J 28.5 830 220 25 120 21400 235 320 305 840 161200 81340 21.6 21.5 21.5 27.5 18.4 23.2 19.6 622 820 18 780 16 200 184 520 223 440 119 880 60 000 16.2 16.1 16.3 21.6 13.4 17.3 14.5 278 340 9000 7000 86 960 96 300 52 160 • 26 920 7.2 7.7 7.0 10.2 5.8 7.5 6.5 224 260 102 760 121 500 58 4S0 27 160 31320 ¿U «.< ZÍ.Í 50 500 23 000 27 500 22.5 22.4 22.6 37 780 17 100 20680 16.8 16.6 17.0 16 500 7 180 9 320 7.4 7.0 7.7 15 417 7 » 29.1 9 54S1M no 7M5 2M 13,4 3I34S4« M Rhône-Alpes Ain Ardèche Drôme Isère Loire Rhine Savoie Haute-Savoie Corse Corsc-du-Sud Haute-Corse FraM« M d « S2MI3M effectifs % effectifs % effectifs Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau HL5: Rapport des 65 ans et plus aux moins de 20 ans dans les départements Français, au recensement de 1982. Régions et départements Ile-de-France Paris Seine-et-Marne Yvelines Essonne Hauts-de-Seine Seine-Saint-Denis Val-de-Marne Val-dOise Champagne-Ardennts Ardennes Aube Marne Haute-Marne Picardie Oise Somme Aisne Haute-Normandie Eure Seine-Maritime Centre Cher Eure-et-Loire Indre Indre-et-Loire Loir-et-Cher Loiret ' Basse-Normandie Calvados Manche Orne Poilou-Charentei Charente Charente Maritime Deux-Sevres Vienne Aquitaine Dordogne Gironde, Landes Lot-et-Garonne Pyrénées-Atlantiques Midi-Pyrénées Ariegc AveyroD Haute-Garonne Gen Lot Hautes-Pyrénées Tarn Tani-et-Garonne Limousin Corrèzc Creme Haute-Vienne 40,9 . 89.9 30,7 25.3 24,7 49,6 31,5 37.5 25.5 40.1 37,5 49,0 35,6 43.7 35,8 31.8 39,8 41,1 36,1 36,3 36.0 51.5 60,9 43,0 72.3 45.6 61.1 44,8 41,2 35,7 46.7 43.3 56.5 60.6 59,4 50,0 55,4 60,9 79.3 51.8 67.0 64,9 62.8 63.S 85,4 72,8 50.2 81.6 83,1 63,9 64.5 63,1 83,3 82,0 107,2 75.6 Rhônt-Alpei Ain Ardèche Drame Isère Loire Rhone Savoie Haute-Savoie 40,8 40,8 55,7 47.3 35.2 46,6 39.1 43,0 34.6 Bourgogne 54,5 41,7 73,8 54.9 59.5 Côte-d'Or Nièvre Saâae-et-Loire Yonne Nord • Pas-de-Calais Nord Pas-de-Calais Lorraine Meurthe-et-Moselle Meuse MoseMe Vosge* Alsace Bas-Rhin Haut-Rhin Franche-Comté Doubs Jura Haute-Saine Belfort Pays-de-la-Loire Loire-Atlantique Maine-et-Loire Mayenne Sarthe Vendee Bretagne G5tes-du-Nord Finistère Ille-et-Vilaine Morbihan Auvergne Allier Cantal Haute-Loire Puy-de-Dôme Languedoc-Roussillon Aude Gard Hérault Lozère Pyrénées-Orientales Provence-Côte d'Azur Alpes-de-Haute Provence Hautes-Al pe« Alpes-Maritime* Bouche*-du-Rhône Vtr Vaucluie Con« Cone-du-Sud Haute-Corse FruMMtttr* 34,2 33.2 36,1 35,6 36,4 45,3 30,2 42,3 40,5 41,8 39.1 39,2 31.4 50,3 46.0 38.2 38.0 34,2 33,9 41.0 42,7 44,4 42,1 51.5 51,4 36,4 43,5 59,6 72,4 67.0 63,2 49.3 65,3 81.8 58.6 60,0 63,2 73.5 62,1 60,1 61,5 98,2 48.4 67,8 50.9 64,4 62.9 65.9 46.0 73 74 Joëlle Gaymu En outre, une des principales conclusions de ce qui précède est la relative jeunesse du monde urbain, en comparaison du survieillissement de la campagne; or, si l'on décide de sillonner cette France des villes, on ne peut qu'être surpris par les forts contrastes démographiques que l'on y rencontre. De même que l'échelon départemental reste très grossier, étudier les communes, les arrondissements voire les cantons urbains, conduit à occulter les disparités spatiales qui peuvent exister au sein des villes. Une analyse par quartiers s'avère alors plus judicieuse. C'est parce que le quartier est, de plus, le lieu de vie quotidienne, le territoire immédiatement perceptible et environnant, l'espace où l'habitant est piéton, qu'il est intéressant d'en saisir la réalité démographique. Cantons et quartiers seront donc les derniers espaces territoriaux où nous allons pénétrer. Les cantons et les quartiers L'une des premières études effectuées en France à l'échelon cantonnai, concernait la campagne française2, puisque la sur-représentation des personnes âgées y était la plus forte. Les résultats y étaient saisissants: le nombre de cantons ruraux vieillis à 20% ou plus passaient, en l'espace de 13 ans (1962-1975) de 173 (sur 1572) à 714 (sur 1265). Si la barre était fixée à 28%, soit le double de la moyenne nationale, on en dénombrait encore 92, contre 2 seulement en 1962. La fraction âgée de 65 ans et plus était deux fois plus importante que celle des moins de 20 ans dans un nombre croissant de cantons (206 en 1975) et, les cantons où les 75 ans et plus étaient plus nombreux que les moins de 20 ans n'avaient rien d'exceptionnel. Mais relisons Paul PAILLAT 3 qui, mieux que quiconque, a décrit les problèmes que soulevait une telle réalité démographique: "Localement, et ce point a des implications directes sur l'action médicale et sociale, se créent des "aires de vieillissement homogènes" : des régions comme le Limousin ou des départements comme l'Yonne ne comptent plus un seul canton rural en-dessous de la barre des 20%. Si un canton est vieilli à ce niveau au sein d'un territoire resté nettement plus jeune, il ne pose guère de problème, étant donné qu'un canton n'est qu'une petite unité administrative sansfrontières. Qu'en est-il, par contre, lorsque tous ¡es cantons limitrophes sont eux aussi vieillis? Doit-on évoquer ¡afable de l'aveugle et du paralytique? En 1975, nous avons dénombré 465 cantons vieillis, presque entièrement cernés par d'autres cantons ruraux, eux aussi vieillis". Un pays de la vieillesse existe bel et bien en France. On peut, en effet, parcourir une aire continue sans quitter un seul instant des cantons ruraux où, au moins, une personne sur 5 a fêté son 65 ème anniversaire. Cet espace représentait 20% du territoire national en 1975 et s'étendaitde la Seine-et-Mame aux Pyrénées, comme l'illustre la carte 9. Actualisation faite, en 1982, et, après extension de l'analyse à l'ensemble des cantons, on trouve désormais 33% du territoire national métropolitain vieilli à plus de 20%. 10% de la population française y vit (voir tableaux III.6 et 7). Là encore, la dispersion est forte. Si 1% des habitants de la Lorraine vit dans des cantons ou la fraction âgée de 65 ans et plus représente un minimum de 20% de la population, 30% des habitants du Midi-Pyrénées ou du Languedoc-Roussillon sont dans ce cas, et cette proportion culmine à 49% dans le Limousin. 2. Paillât P. et Parant A.: "Le vieillissement de la campagne française". Travaux et Documents de l'INED, Cahier No* 88, PUF, 1980. 3. Paillât P.: "Vieillissement et Vieillesse", Collection "Que sais-je", no 1046, PUF, 1982, p.37. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 75 Carte 9: Vieillissement cantonal rural: aire centrale continue vieillie à 20% ou plus. fini (S MCIt m(0 wit Source: PAILLAT P. et PARANT A.: "Le vieillissement de la campagne française", série Travaux et Documents de l'INED, INED-PUF, Cahier no. 88,1980, p39. 76 Joëlle Gaymu Tableau III.6: Le vieillissement local de la population française de 1962 à 1982. Evolution de la population des ménages ordinaires des unités territoriales selon leur gérité. 1962 196« 1975 (A) 1982 1975 (B) Moins d« I I , i l . Unités Territoriale* Population (otile donc - moiiu de 20 ans - 65 aru et plus 585(1 .013) 19.378.282 43.0 6.850.695 1.860.558 46.4 33.6 356 (739) 239 (657) 537 (609) 37.¡ 18.765.165 36.S 18.011.510 35.3 21.074.8 28 6.362.649 40.4 1.725.837 27.4 6.407.635 1.806 .613 40.3 21.6 6.329.070 1.626.490 39.8 23.1 6.888.784 1.921.576 1.010(1.321) 39.7 717 (972) 16.127.885 31.7 39.4 40.3 5.155.757 2.163.157 32.4 30,7 17.817.709 6 59 (869) 39,9 44,9 27.2 11,6* • 15.5* Unites Territoriale« Population total« dont: - moins de 20 ans - 65 ans et plus 1.2250 .507) 19.488.162 43.2 6.123.311 2.576.441 4 ¡.4 46.5 19.031.72« 6.208.805 2.534.642 902 (960) 15.809.320 5.029.030 2.113.920 972(1.084) 31.0 16.446.468 31,2 31.7 30.0 4.792.512 2.200.080 3¡.2 31.2 15,«* - 19,5* (879) ¡2,¡ 898 (922) 8.546.223 ¡7.8 788 5.436.742 10.301.350 20.2 11.021.120 21.6 9.896.008 18.8 1.590.592 935.660 ¡O.t ¡6.9 2.497.820 1.466.117 ¡S.8 23.3 2.857. 060 1.781.508 ¡S.O 23.3 3.010.415 1.920.955 1S.9 21.2 2.469.888 I.72S.5O4 16.1 24.4 362 (375) 4.7 582 (599) 4.190.195 8.2 4.259.900 604 (610) 8.4 3.851.832 7,3 896.376 813.500 5.8 ¡¡.S Unité« Territoriale! Population total« dont: - moins de 20 ans - 65 ans et plus 734 (755) 903 (920) 824 (855) 19.6* - 2 3 . 5 * 171 (171) Unites Territoriales Population totale dont: • moins de 20 ans - 65 ans et plus 553 (557) 774.264 ¡.7 2.238.176 207.871 161.895 1.4 2.9 602.09« 468.945 3.8 7.3 1.093.940 890.486 6.9 ¡2.6 1.100.340 900.245 M (II) 91 353.910 (91) 0.7 253 1.206.620 (235) 2.4 1.404.445 2.8 «8.127 87.443 0.6 1.4 295.79« 301.304 1.9 4.3 330.270 352.010 2.1 5.0 232.136 271.876 1.5 3.9 II (II) 6.9 12.8 23.6*-27,3* Unites Territoriales Population totale dont: - moins de 20 ans - 65 ans et plus 24.896 5.482 6.338 0.1 2 (2) 259 (263) 222 (223) 1.081.064 2.0 27,6* oopios Unités Territoriales Population totale dont: - moins de 20 ans - 65 ans et plus 25.29« 3.W3 53) 1.088 — 5.158 7.595 O.¡ 97 (97) 98 (98) 0.7 442.540 0.9 73 407.340 (74) 350.585 74.440 103.430 0.3 1.3 88.115 134.740 0.6 1.9 72.220 126.056 0.3 1.8 0.8 TOTAL Unités Territoriales Population totale dont: • moins de 20 ans - 65 ans et plus 3.303(3.460) 45.105.639 100.0 2.72S(3.459) 48.033.0*4 ¡00.0 2.72« (3-459) 100,0 50.941.800 50.948.925 I0O.0 3.303(3.662) 52.757.540 100,0 14.778.484 ¡00.0 5.541.980 ¡00.0 15.764.657 ¡00.0 6.290.579 100.0 15.884.630 7.046.49« ¡00,0 ¡00.0 15.887.240 ¡00.0 7.048.360 100.0 15.351. 916 ¡00.0 7.058.592 ¡00.0 2.72ÍC(.459) (A) à territoire constant 1962-1975. (B) 1 territoire constant 1975-1982. Source: PARANT A.: "Le vieillissement démographique des cantons français de 1962 à 1982, Espace Populations et Sociétés, Paris, no 1,1987, pp. 75-86. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 77 Tableau IÜ.7: Gérité moyenne (1), proportion de population des ménages vivant dans une unité territoriale vieillie à moins de 11,6% (2), ou vieillie à 19,6% ou plus (3). Evolution 1962-1982 au niveau régional. 1962 1975 (A) 1975 (B) 1982 RFC! ION II - Ile-de-France 21 - Champagne 22 - Picardie 23 - Haute-Normandie 24 - Centre 25 - Basse-Normandie 26 - Bourgogne 31 - Nord-Pas-de-Calais 41 - Lorraine 42 - Alsace 43 - Franche-Comté 52 - Pays-de-la-Loire 53 - Bretagre 54 - Poitou-Charentcs 72 - Aquitaine 73 - Midi-Pyrénées 74 - Limousin 82 - Rhône-Alpes 83 - Auvergne 91 - Languedoc-Roussillon 93 - Provence-Alpes-Côte-d'Azur FRANCE (Corse exclue) (1) (2) 11.2 U.9 12.1 10,4 14.3 10.2 15.0 10.5 0,60 0,53 0,37 0,80 0.17 0.80 0,22 0,64 0,80 0,62 0,54 0,56 0,53 0,15 0,06 0,08 — 0.44 0,15 0.04 0,09 9.4 U.3 ¡1.4 ¡1.5 11.6 13.8 14,6 14.7 17.2 11.8 14.4 15.2 13.9 (3) 0,01 — — 0,04 — 0.13 — — — — — — — 0.01 0,04 0.25 0.01 0.05 0.04 0.03 12,3 0.43 0,02 (1) (2) (3) (1) (2) (3) (I) (2) (3) U.9 0,64 0,43 0,40 0,50 0,21 0,40 0,24 0,43 0,61 0,20 0,58 0,48 0.35 0,12 0,14 0,05 0.41 0.22 0,02 0,10 0,04 0,07 0,01 — 0,25 0,02 0,28 — 0,03 0.01 0,09 0,04 0,11 0,22 0,23 0,29 0.52 0,04 0.27 0,29 0,21 11.9 13,1 12.9 12.0 15.7 12,7 16.4 12,0 11,5 12,9 12.6 12.7 14,0 16.2 16,7 16.9 20.5 12,7 16,4 17.8 16.1 0,57 0,37 0,33 0.46 0,23 0,37 0,16 0,50 0,53 0,30 0,52 0,42 0,27 0,09 0,14 0,17 0,03 0,42 0,16 0.08 0.15 0,04 0,07 0,01 11.2 12,6 11.8 11.6 15.1 12.7 15.8 11.3 11.3 11.9 12.3 ¡2.4 13.8 16,1 16.2 16.7 20.1 12.3 15.8 17.1 16.1 0,60 0.48 0.47 0.55 0,26 0,39 0.17 0,65 0,58 0.45 0,50 0,48 0.31 0.07 0.17 0.19 0.06 0.46 0,13 0,13 0,15 0.02 0.05 — 0.01 0,20 0,03 0,24 — 0,01 — 0.04 0,03 0,09 0,23 0,25 0,30 0,49 0,06 0,23 0,30 0,17 13,0 12.9 12,0 15,7 12,6 16,4 12.0 U.5 12.9 12.6 12.7 14.0 16,2 16.7 16.9 20.5 ¡2.7 16.4 17.8 16.1 13.8 0,37 0,11 — 0,26 0,03 0,28 — 0,02 0,01 0,09 0.04 0,11 0,24 0.27 0,32 0,54 0,07 0,28 0,36 0.18 13,8 0,35 0,12 13.4 0,40 0,10 (A) territoire constant : définition 1962-1975. (B) territoire constant: définition 1975-1982. Source: PARANT A.: "Levieillissementdémographiquedescantonsfrancaisdel962al982'f,£5pac«Popu/a/tonjeí5octó¿í Paris no 1.1987, pp. 75-86. ' Certes le vieillissement dans le monde urbain peut sembler moins inquiétant, parce qu'il y a abondance et proximité de services, la vie dans un quartier d'une grande ville, aussi vieilli soit-il, sera moins difficile que dans un canton dufinfond de la Creuse. Mais, d'autres formes de ségrégation ressortent de l'analyse du vieillissement des quartiers des grandes villes françaises. L'étude4 porte sur les 22 capitales régionales auxquelles nous avons ajouté les villes de Metz, du Havre et de Tours qui sont les plus peuplées des régions Lorraine, Normandie et Centre, ainsi que Nice, compte tenu de sa vocation d'accueil de personnes âgées. Au total, 650 quartiers les constituent et, en 20 ans, la plupart ont fortement été touchés par le vieillissement (voir tableau III.8 et graphique III.7). En 1962, les personnes âgées de 65 ans et plus y représentaient 46% des effectifs de moins de 20 ans, ce pourcentage est passé à 60% en 1975 et à plus de 64% en 1982 (il n'atteint que 46% à l'échelle de la France). A cette dernière date, dans 178 quartiers les 65 ans et plus sont plus nombreux que lesjeunes, alors au' une dizaine seulement était dans ce cas 20 ans plus tôt: plus du quart de la population étudiée (soit 1,8 million) y vit et ils sont composés, en moyenne, de 17.6% de moins de 20 ans pour21 J% de 65 ans et plus. Si dans la quasi totalité des villes prises en compte on trouve des quartiers de ce type, ils sont avant tout le privilège des grandes villes vieillies (voir graphique III.8). Plus de 34% des Lyonnais vivent dans de tels quartiers, près de 43% des Bordelais, 48% des Parisiens et, on ne s'en étonnera pas, 58% des Niçois. 4. Gaymu J., Paillât P. et Parant A.: Le vieillisement de la France peu ou prou urbanisée" Cahier de 1TNED à paraître. 78 Joëlle Gaymu Comme en attestent les graphiques III.9 à III. 14, les ilôts de concentration de personnes âgées sont, avant tout, le propre des quartiers historiques. Lorsqu'on passe, en effet, des quartiers neufs, et généralement périphériques (où la majorité des logements ont été construits après 1962), aux quartiers anciens (où la majorité des logements datent d'avant-guerre), la proportion de moins de 20 ans est divisée par 1,7 (soit respectivement 33,5 et 19,7) tandis que celle des 65 ans et plus est multipliée par 2,4 (soit respectivement 7,4 et 17,7). L'absence de renouvellement du parc immobilier et la saturation de l'espace des quartiers du coeur de nos villes font qu'il subissent un fort vieillissement-processus et, la concentration de personnes âgées que l'on y trouve est d'autant plus préoccupante qu'elle va de pair avec de fortes proportions de logements inconfortables (près de 60% des logements construits en ville avant 1949 ne disposent pas de tout le confort en 1982) et, de forts taux d'isolement. Que ce soit dans un environnement vieilli (comme à Paris ou à Bordeaux), ou un environnement jeune (Amiens) des ilôts de concentration de personnes âgées existent partout, atteignant parfois des dimensions impressionnantes (à Nice par exemple) et posent dans tous les cas, le problème de l'adaptation de la ville aux personnes âgées. De nouvelles formes d'habitat existent, entre les maisons de retraite (qui sont la plupart du temps à l'extérieur des villes) et le maintien à domicile, souvent source d'isolement. Gageons qu'elles se développeront et contribueront à une meilleure intégration des personnes âgées à la ville et par là même, à la vie sociale. C'est ce dernier problème de l'intégration sociale que traiteront les chapitres suivants. A travers la famille et le travail, quelle place notre société accorde-t-elle à ses anciens? Tableau III.8: Evolutions moyennes des principales caractéristiques démographiques des quartiers selon leur degré de vieillissement en 1962. Proportion de 65 ans et plus en 1962 Moins de 11,6% De 11,6 à 15.5 % 15,6 % et + + 1.4 + 26,2 + 61.0 + 21.2 -32,6 -22.1 + 0,1 -21.5 -39,3 -29,6 -10.3 -28,5 33,0 27,5 -16,7 23.2 19,9 -14,2 21.2 17,9 -15,6 9 11,8 + 31,1 13,6 17,3 + 27,2 16.4 20,6 + 25,6 Evolution 1962-1982 Moins de 20 ans 20 ans à 64 ans 65 ans et plus Population totale Proportion de moins de 20 ans 1962 1982 Evolution 1962-1982 Proportion de 65 ans et plus 1962 1982 Evolution 1962-1982 Graphique IÜ.7: de 65 ans et plus. Poids démographique des quartiers des grandes villesfrançaises,en fonction de leur proportion de personnes âgées % po id s démographique 100 Moins de 1 1 . 6 11.6 à 15,5 15.6 à 19.5 19,6 á 23,5 proportion ?3.6 et plus d« 65 ont »I plu« Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique DI.8: Position des villes en fonction de leur proportion de 65 ans et plus en 1962 et en 1982. 1962 20 I I I I I i T i l r i i Nice« Proportion de 65 ans et plus (%) 17 Bordeaux • Limoges u Hours FRANCE • Lille 12 • Paris Marseille • #Lyon • Toulouse Nantes Strasbourg! » »Rouen PoitiersK Nancy© / 1 Le Havre Reims« • • • 00 »Dijon Clermont 10 — • Rennes Metz* •Besançon • Caen 7 Graphique m.9: I » 10 11 12 I I 11 H I 15 M 17 I I II It I 20 21 Structures comparées des quartiers historiques et des quartiers neufs, en 1975. «cèdent quartiers historiques (xcédent quartiers neufs 22 23 79 80 Joëlle G ay mu Graphique HI. 10: Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers d'Amiens. I I Moin» de 11.6 l-'.y-'l 11.6 t 15.5 I l i l i l 15,S t 19.5 t = l 19.6 è 23.5 21.6 i 27.i 27.i tt plus Graphique ULI 1: Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Nice. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique HI.12: Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Paris. I I Moins de 11.6 C D 11.6 I 15.5 lililí 15,6 t 19.5 i ^ 19,6 I 23.5 23.6 I 27.5 27,6 t t plus 1 I Moins d» 11.6 C D 11.6 t 15.5 QED 15.6 I 19.5 1 = 1 19,6 1 23.5 23.6 1 27.5 27.6 tt plus 81 82 Joëlle Gaymu Graphique 111.13: Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Bordeaux. Graphique ETI.14: Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Marseille. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 83 Chapitre IV Environnement Familial et Conditions de Logement des Personnes Agées 1. La situation matrimoniale L'un des principaux déterminants du mode de vie des personnes âgées est leur situation matrimoniale, le plus souvent, leur itinéraire est le suivant: vie en couple après le départ des enfants, puis décès du conjoint et, par là-même, vie en solitaire du survivant, et, le grand-âge venu, prise en charge par la famille ou entrée en institution. Mais, compte tenu de la mortalité différentielle, de l'écart d'âge entre époux et des plus grandes chances de remariage des hommes, les destins sont contrastés selon le sexe: le parcours décrit ci-dessus est beaucoup plus fréquemment suivi par les femmes alors que les hommes ont plus de chance de vivre en couple jusqu'à leur décès. Comme en témoignent le tableau IV. 1 et les graphiques IV 1 et IV 2, après 50 ans au fur et à mesure que l'on avance en âge, la proportion de mariés ne cesse de décroître alors que parallèlement celle des veufs progresse considérablement (la part des célibataires et divorcés restant pratiquement inchangée). En 1982 par exemple, on compte parmi les hommes de 55-59 ans, plus de 84% de mariés et moins de 3% de veufs, pour leurs aînés de 90 ans et plus ces 2 proportions atteignent: 35,5 et 57,9%. Mais le veuvage concerne surtout les femmes: les veuves sont aussi nombreuses que les femmes mariées, dès 70-74 ans, alors que du côté masculin, cette égalité ne s'observe qu'à partir de 85-89 ans. De même, entre 80-84 ans, alors que les hommes mariés sont 2fois plus nombreux que les veufs, les veuves sont 3,8fois plus nombreuses que ¡esfemmes mariées. Conséquence d'un effet de génération, la part des divorcés décroît au fil des âges. Elle reste toujours faible et ne concerne jamais plus de 4,5% des effectifs. Quant au célibat, il est la traduction des oscillations passées de la nuptialité. La proportion de célibataires atteint le maximum de 11,3% pour les femmes de 85 ans et plus, générations en âge de se marier durant la première guerre mondiale. 84 Joëlle G ay mu Tableau IV.l : Répartition des personnes âgées selon leur état matrimonial en 1962 et 1982. 1 9 ( Célibataires Mariés 55 - 59 ans Homnes Femes 131 780 140 960 9,7 '.7 (0 - (4 ans Homnes Femaes 100 080 144 960 8,4 10,6 975 700 831 720 65 - 69 ans Houses Feines 59 040 136 700 7,2 11,5 70 - 74 ans Houes Femes 39 8(0 108 640 75 - 79 ans Hones Feues 2 /eufs 1 127 100 83,1 1 021 ((0 70,3 Divorcés Enseible 63 420 246 400 4,7 16,9 33 600 44 600 2,5 3,1 1 355 900 1 .453 (20 100 100 82,0 (0,9 89 960 354 820 7,6 26,0 23 820 33 800 2,0 2,5 1 189 560 1 3(5 300 100 100 646 (80 580 120 79,5 48,6 94 160 449 880 11,6 37,7 13 880 2( 180 1,7 2,2 813 760 1 192 880 100 100 «¡7 11,2 441 100 335 920 74,2 34,8 105 720 503 100 17,8 52,1 7 540 18 5(0 1,3 1,9 594 220 9(6 220 100 100 26 900 76 720 6,5 10,2 274 780 1(7 280 (5,9 22,3 110 920 492 660 26,6 65,8 4 300 12 660 1,0 1,7 416 900 749 320 100 100 80 - 84 ans Honacs Fennes 14 560 48 940 6,1 10,6 129 780 58 700 54,6 12,6 91 600 350 820 38,5 75,5 1 7806 120 0,8 1,3 237 720 464 580 100 100 85 - 89 ans Homes Fesses 5 880 21 9(0 6,0 10,3 40 440 14 180 41,3 6,6 51 040 175 220 52,1 82,0 2 600 360 0,( 1,1 97 960 213 720 100 100 2 220 7 940 9,5 12,4 6 5(0 2 760 28,1 4,3 14 420 52 720 61,7 82,3 160 6(0 0,7 1,0 23 360 64 080 100 100 90 ans et plus Homes Femes 9 8 Célibataires Mariés 5S - 59 ans Hommes Finies 143 620 126 800 9,7 8,0 60 - 64 ans Hommes Feues 96 640 104 200 8,2 7,8 988 680 892 500 65 - 69 ans Honaes Foaaes 66 680 81 680 8,3 8,1 70 - 74 ans Homes Feaaes 74 320 103 900 75 - 79 »ns Hommes Femmes «0 -84 ans Hommes Femes 2 1 240 KO 84,1 1 171 320 74,1 Ensemble Divorcés Veufs 41 320 212 180 2,8 13,4 50 160 70 380 3,4 4,5 1 475 2(0 1 580 (80 100 100 84,2 66,9 51 680 280 240 4,4 21,0 37 700 57 100 3,2 4,3 1 174 1 334 700 040 100 100 658 320 555 160 81, ( 55,3 59 760 325480 7,4 32,5 21 980 40 780 2,7 4,1 1 003 806 740 100 100 100 8,2 8,3 697 (40 555 120 77,5 44,6 106 280 542 120 11,8 43,6 22 300 43 420 2,5 3,5 900 540 1 244 5(0 100 100 48 540 98 140 7,4 9,4 468 700 323 980 71,6 31,0 123 320 593 400 18,9 56,8 13 820 29 860 2,1 2,8 1 045 654 380 380 100 100 25 720 73 940 6,8 10,0 236 3(0 135 2(0 62,1 18,3 113 000 512 420 29,7 69,3 5 380 17 8(0 1,4 2,4 380 4(0 739 480 100 100 6 940 43 700 5,0 11,3 (( 440 33 3(0 48,4 8,6 62 500 303 5(0 45,5 78,3 1 560 7 200 1,1 1,8 137 440 387 820 100 100 2 6(0 19 180 5,9 11,J 16 K O 6 520 35,5 3,9 26 360 141 100 57,9 83,2 2 340 780 0,7 1,6 45 520 169 580 100 100 es - 89 ans Hommes Feaaes 90 ans et plu3 Monies Feaaes Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique IV. 1: 85 Evolution (1962 -1982) des proportions de mariés selon l'âge 100 homme« 1962 1982 femme« 1962 —i 1982 — âge» O 15 20 2S 30 3S «0 «5 50 5S 60 6S 70 75 80 85 90 95 Graphique IV.2: Evolution (1962 -1982) des proportions de non-mariés selon l'âge. i 100' 90 80 70 60 50 40 30 20 10 ages 0 15 20 2S 30 35 *0 «S S0 55 60 65 70 75 80 85 90 95 En outre, si ces constatations valaient également en 1962, il y a eu réduction du veuvage sur la période, hormis pour les femmes aux très grands âges. Les gains en matière de mortalité impliquent en effet une plus grande survie des couples qui diffère l'âge d'entrée dans le veuvage. De plus, aux progrès de la mortalité, s'ajoutent pour les femmes, l'extinction des 86 Joëlle G ay mu générations de veuves de la première guerre mondiale. Ainsi, en 1962, la proportion de veufs devenait majoritaire chez les hommes entre 85 et 86 ans et chez les femmes entre 71 et 72 ans. En 20 ans, ces seuils ont reculés de près de 2,5 années pour les hommes, et de plus de 3 ans pour les femmes. Ces contrastes, dans les situations matrimoniales selon le sexe, ont une grande influence sur le mode de vie des personnes âgées et, par là même, sur la population des ménages âgés. Points que nous proposons d'étudier maintenant. 2. Les modes de vie des personnes âgées Le mode de vie des personnes âgées se singularise à plus d'un titre de celui du reste de la population. Ainsi en 1982: - 2,4% des effectifs totaux vivent hors ménages ordinaires, ils sont 5,7% parmi les 65 ans et plus; 8,9% vivent seuls alors que cette proportion atteint 30,3% pour les personnes âgées; 88,7% de la population totale appartient à des ménages d'au moins 2 personnes, 64% des 65 ans et plus sont dans ce cas. De plus, âge et sexe accentuent encore cette propension des personnes âgées à vivre hors milieu familial. Si 13,4% des hommes de 60 à 74 ans vivent seuls ou en institution, cette proportion atteint 61 % parmi les femmes de 85 ans et plus (voir tableau IV.2). Ces contrastes dans les modes de vie reflètent les écarts de situations matrimoniales, mis précédemment en lumière. Les graphiques IV.3 et IV.4 sont, à ce titre, explicites. La vie en couple suit le même type d'évolution que celle des mariés. Elle concerne plus souvent les hommes et d'autant plus qu'ils sont jeunes: 81,1% des hommes de 60 à 74 ans vivent en couple, contre seulement 55,9% des femmes du même âge. Parmi les 85 ans et plus ces 2 chiffres chutent respectivement à 42,5% et 6,4% (voir graphiques I V.5 et I V.6). La vie en solitaire est surtout le reflet des écarts de situation dans le veuvage, et donc, est avant tout un phénomène féminin: près de 40% des 60 ans et plus vivant seuls sont des femmes de 75 ans et plus (voir graphique I V.7). Tout comme le veuvage, la proportion de personnes vivant seules ne cesse de croître avec l'avancée en âge, elle atteint un palier autour de 80-85 ans (elle culmine alors à 47,9% pour les femmes) pour décroître ensuite, alors qu'à l'inverse, les personnes âgées vivant en institution ou prises en charge par leur famille accusent une forte progression. Croissance de l'invalidité, faibles ressources financières dans ces générations expliquent en grande partie que le grand âge venu, les personnes âgées ne sont plus capables de mener une vie autonome. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau IV.2 87 Evolution du mode d'hébergement d'après les recensements de 1962, 1975 et 1982. Effectifs Population par sexe, ige et état matrimonial selon le mode d'hébergement Ensemble 1962 1975 8389 600 9 947 400 335 320 4 431320 1 865 580 Répartition (en % ) 1982 1962 197S 1982 10 023 740 100,0 100,0 100,0 1 757 380 466 5 479 1 624 2 377 240 420 540 200 475 640 5 595 560 1299 460 2 653 080 4,0 52.8 22,2 21,0 4.7 55.1 16.3 23.9 4,7 55.8 13.0 26.5 2 597 540 3129100 100.0 100,0 81320 2 469 860 242 860 33SO60 2 881980 66 700 100,0 63 020 2 041600 255 220 237 700 2 337 760 159 920 317 600 2.4 78.6 9.8 9.2 2.6 78.9 7.8 10,7 2.3 81,1 5.5 11.1 654 600 34 880 394 560 124160 101000 810 360 1034 840 100,0 100.0 100.0 44 500 519 440 105 920 140 500 52740 692 620 96220 193 260 5.3 60.3 19,0 15,4 5.5 64.1 13.1 17.3 5,1 66.9 9,3 18,7 121 320 11400 44440 44 820 20 660 153 880 19160 65020 37 600 32100 182960 21920 77780 36 920 46 340 100,0 100.0 100,0 9.4 36,6 37,0 17.0 12.4 42J 24.4 20.9 42.5 20,2 25,3 , 3 524H40 3 869 860 3 581 700 100,0 100.0 100.0 Hors ménage ordinaire Faisant partie d'un couple Hors couple, ménage de 2 personne* ou plus. Personne seule 93 840 1720 660 832860 872080 106 460 2062 620 635780 1065 000 83 720 2 003 480 450 860 1043 640 2.8 48.8 23,6 24,8 2,8 53.3 16.4 27,5 2.3 55,9 12,6 29,2 1213 900 1545100 128 000 339160 426 080 651860 1784 860 133 420 448 320 374 620 828 500 100,0 100.0 100.0 86180 215680 464 400 447 640 7,1 17,8 38,2 36,9 8J 21.9 27.6 42.2 7.5 25.1 21,0 46.4 277 800 439100 100.0 100.0 100.0 14,7 S.2 51.9 28,2 19,8 5.3 40.1 34.3 21.0 6.4 32.5 40.1 Hors ménage ordinaire Faisant partie d'un couple H o n couple, ménage de 2 personnes ou plus Personne seule Hommes de 60 à 74 ans Hors ménage ordinaire Faisant partie d'un couple Hors couple, ménage de 2 personnes ou plus Personne seule Hommes de 75 à 84 ans Hors ménage ordinaire Faisant partie d'un couple Hors couple, ménage de 2 personnes ou plut, Personne seule Hommes de 85 ans ou plus Hors ménage ordinaire , Faisant partie d'un couple , Hors couple, ménage de 2 personne« ou plus Personne seule Femmes de 60 a 74 ans , Femmes de 75 à 84 ans Hors ménage ordinaire Faisant partie d'un couple , Hors couple, ménage de 2 personnes ou plus. Personne seule 14 380 144120 78 300 86 800 23 320 176 300 152 680 557 400 117140 35600 180 920 223 740 843 480 990760 1105 820 100,0 100.0 100.0 51280 403 460 380 820 74 400 356440 548 940 78 500 312800 700 280 6.1 47.8 45.1 7,S 36.0 S5.4 7.1 28.3 63.3 , 227 940 358 080 444 660 Hors ménage ordinaire Hors couple, ménage de 2 personnes ou plus, Personne seule 28 820 130 260 67 760 64 320 158 680 133120 85680 161280 194 660 100.0 12,6 S7.1 29,7 100.0 18,0 44.3 37.2 100,0 19.3 36,3 43.8 Femmes de 85 ans ou plus Hors ménage ordinaire Faisant partie d'un couple Hors couple, ménage de 2 personnes ou plus, Personne seule Veuves de 75 a 84 ans Hors ménage ordinaire Hors couple, ménage de 2 personnes ou plus, Personne seule Veuves de 85 ans ou plus Source: 39-54. 41000 AUDIRAC P.A.: "Les personnes âgées, de la vie de famille à l'isolement. Economie et Statistiques, no 175, Mars 1985, pp. 88 Joëlle G ay mu Graphique IV.3: Pyramide des âges de la population de 60 ans et plus selon l'état matrimonial (recensement de 1982) Agt itttint in 1982 Cilltutaire ou divorci FEMMES HOMMES Veuf | | 20 000 pwionnei . TW/m-.:-:-:-:::-.-.-. y////A::::::ïT: y/m-- 75 1 k M/A: / / ' * • • I V//A TIE I YA: 60 XO 000 200 000 100 000 O O 100 000 200 000 200 000 Graphique IV.4: Pyramide des âges de la population de 60 ans et plus selon le mode d'hébergement (recensement de 1982) HOMMCt Prnmn« n« bfHnt p « ptntt d'wt coupla 4Mtfim«nifi«lp Pnom ^.«4 ml« f,Ww,"^ Ptoom ton** p*i« rfun couotfl k • • • .1 JtlJL- ^ - , . j T7 * I~~~~~™J ~ Pgio*w " fwwa p*n>«duncooeM um p*fi>« d'un «Ki •9t da pint d» J p* 300000 Source: AUDIRAC P.A.: "Les personnes kgées, de la vie de famille à l'isolement", Economie et Statistiques, no. 175 mars 1985. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique IV.5: Population masculine par âge selon le mode d'hébergement en 1982 100 90 80 Personnes faisant pan i l d'un cou pi« 70 Perionne* ne faisant pa* partit d'un coupl« dani un mén«gt de deux personnes ou plus 60 Personnes vivant saules (mtnaga d'une personne) 20 (1 ^ " ^ 10 l»»*>alaM — -* \ Hon managt ' 0 60 65 70 75 80 85 90 Graphique IV.6: Population féminine par âge selon le mode d'hébergement en 1982 100 _ Paraonnal na faisant pas p a n a d'un coupla, dint un managt d t daux paisonnas ou plut rtnonnat vivant tau las (managat d'unt panonna) Source: opus cité page précédente 95 Agt 89 90 Joëlle Gaymu Graphique IV.7: Pyramide des âges des personnes vivant seules selon l'état matrimonial (recensement de 1982) 300 En milliers 1 400 500 En milliers La vie des proches concerne 13% des 60 ans et plus et recouvre des situations très diversifiées. La catégorie la moins étoffée - à peine 0,5% des 60 ans et plus - est composée de familles monoparentales (personnes vivant avec un ou plusieurs enfants célibataires de moins de 25 ans). Pour plus de la moitié ce sont des femmes de 60 à 64 ans et des veuves. Plus important (5,5% des 60 ans et plus) est le groupe constitué des personnes cohabitant avec une famille. Dans plus de 75% des cas, il s'agit d'un ascendant d'un des membres de la famille et ce mode de vie concerne surtout des femmes veuves, et relativement âgées (plus de 40% sont des femmes de 80 ans et plus). Le dernier ensemble, le plus important puisqu'il concerne près de 7% des 60 ans et plus, est composé des personnes vivant dans un ménage ne comportant aucune famille. La situation la plus fréquente est celui d'un ménage de 2 personnes dont le lien de parenté est l'ascendance. La cohabitation mère - fils vient alors en tête, suivie de près par la cohabitation mère - fille, alors que la cohabitation père - fille est de loin la moins fréquente. Si les écarts de situations matrimoniales expliquent en grande partie ces cheminements différents pour les femmes et les hommes dans leurs fins de vie, s'ajoutent également des différences de comportements, à même état matrimonial identique. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 91 On peut avoir une idée précise de l'effet de l'âge et du sexe sur l'isolement, la prise en charge familiale ou la vie en ménages collectifs en raisonnant sur les non-mariés (voir tableau I V.3). Ainsi constate-t-on qu'hormis aux très grands âges, les femmes non mariées vivent beaucoup plus fréquemment seules que leurs homologues masculins. La proportion d'isolés non mariés augmente pour les deux sexes jusqu'à 75 ans (elle atteint le maximum de 67,7% pour les femmes contre 60% pour les hommes), départs des enfants et décès des parents obligent. Conséquence de la croissance des handicaps, elle baisse après ce seuil en restant toutefois nettement supérieure pour les femmes jusqu'à 85-90 ans. Alors qu'on sait par ailleurs que leur degré d'incapacité est plus fort, leur plus grande maîtrise des tâches domestiques explique sans doute qu'elles sont moins désemparées lorsque leur conjoint disparaît et qu'elles entrent moins fréquemment en institution que les hommes (la prise en charge familiale touche, en effet, de la même façon les deux sexes). Entre 65 et 74 ans, 13,5% de ces derniers vivent en ménages collectifs alors que pour les femmes, cette proportion est inférieure de moitié. Tableau IV.3: Mode de vie des personnes âgées non mariées selon l'âge et le sexe en 1982 (en %) Hors ménages ordinaires Hommes Femmes 60 65 70 75 80 85 90 - 64 ans - 69 ans - 74 ans - 79 ans - 84 ans - 89 ans ans ou + Ensemble Prise en charge familiale Hommes Femmes Isolés Hommes Femmes 12,6 13,2 13,7 16,2 19,6 22,0 25,3 5,5 6,1 7,1 10,1 15,0 22,1 29,9 32,4 28,5 26,4 26,4 28,6 32,7 37,7 34,1 27,3 25,2 26,2 28,6 31,5 38,6 55,0 58,3 59,9 57,4 51,8 45,3 37,0 60,4 66,6 67,7 63,7 56,4 46,4 31,5 15,8 11,5 29,0 28,7 55,2 59,8 Aux grands âges, la tendance s'inverse, les femmes vivent plus souvent en institution (près de 30% contre 25,3% pour les hommes) et moins souvent seules que les hommes (respectivement 31,5 et 37%). Nul mystère à ce phénomène. C'est en effet à partir de 85 ans que les limitations d'autonomie deviennent vraiment sévères et se manifestent de façon beaucoup plus accusée pour les femmes (29,4% sont confinées au domicile, alors que 14,5% seulement des hommes sont dans ce cas, par exemple); elles entrent alors massivement en institution. Ajoutons, pour terminer, que si ces différences en fonction de l'âge et du sexe restent valables, quel que soit l'état matrimonial; le célibat accentue la tendance à vivre en ménages collectifs alors que le veuvage accentue celle à vivre seul (voir graphiques IV.8 et IV.9). Graphique IV.8: Proportion de personnes vivant seules ou hors ménage parmi les hommes veufs ou célibataires selon l'âge en 1982. an % Veuf» _ _ _ _ Célibataires 70 60 50 40 30 20 10 60 65 70 75 80 85 90 Age 92 Joëlle G ay mu Graphique IV.9: Proportion de personnes vivant seules ou hors ménage parmi les femmes veuves ou célibataires selon l'âge en 1982. 80 r Veuves Célibataires 70 . 60 ^y Personnes vivant seules f\ 50 A 40 30 L f r 20 . Hors ménage 60 Source: ~vj—— 65 1"— 70 1 75 \ 1 80 85 90 Age AUDIRAC P.A.: "Les personnes âgées, de la vie de famille à l'isolement", Economie et statistiques, no 175, mars 1985. Outre l'âge, le sexe et l'état matrimonial, d'autres facteurs tels le degré d'urbanisation, l'ancienne catégorie socio-professionnelle ou la région d'appartenance, influent encore sur le mode de vie des personnes âgées. 3. Quelques aspects différentiels des modes de vie Le degré d'urbanisation Quel que soit l'âge et le sexe,/'isolementsuit une hiérarchieinverseaudegrécfurbanisation'.làiiïoparûonàepeTSonnes âgées vivant seules est faible dans les communes rurales et à l'inverse beaucoup plus forte dans les communes urbaines. Ainsi par exemple, 38,4% des femmes de 75 ans et plus vivent seules dans les communes rurales hors ZPIU, alors que cette proportion culmine à 53,5% dans l'agglomération parisienne (voir tableau IV.4). De plus, cette hiérarchie reste valable si l'on enlève le biais des écarts de structures matrimoniales (la proportion de non-mariés étant légèrement plus forte en ville). Dans le groupe plus homogène des femmes non mariées de 75 ans et plus, à peine plus de 50% vivent seules dans les communes du rural profond, alors que cette proportion atteint le maximum de près de 67% dans le capitale. Jeu des migrations qui ont éloigné les différents membres des familles, conditions d'habitat (le nombre de pièces des logements varie de pi us de 4 dans les communes rurales à moins de 3 dans la région parisienne), permanence de traditions culturelles à la campagne... sont autant de facteurs qui contribuent à expliquer cette hiérarchie. L'ancienne catégorie socio-professionnelle Pour les hommes, la proportion de personnes vivant en couple suit la hiérarchie des espérances de vie selon les catégories socio-professionnelles, autrement dit, à peu de choses près, la hiérarchie sociale: les anciens cadres supérieurs, artisans commerçants ou cadres moyens, vivent plus fréquemment en couple que les anciens ouvriers, par exemple (voir tableau IV.5). Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau IV.4: 93 Proportions d'isolés selon l'âge, le sexe et le type de commune au recensement de 1982 (en %). Hommes 55 à 64 ans Femmes Ensemble Hommes Í5 à 74 ar IS Femmes Ensemble Hommes 5 ans et plus Femmes Ensemble Communes rurales hors ZPIU Comunes rurales en ZPIU Ensemble des communes rurales 9,8 7.8 8,7 10,6 11,6 11.2 10,2 9,7 10,0 13,3 12,1 12,7 27,1 28,1 27.6 20,6 20,8 20,7 18,5 19,5 19,0 38,4 40,0 39,3 30,7 32,4 31,6 Villes de - 20 000 habitants Villes de 20 000 à 99 999 hab. Villes de 1 000 000 à 1 999 999 d'habitants Agglomération parisienne Ensemble des communes urbaines 7,3 7,3 14,4 17,0 11,1 12,5 10,6 11,0 32,6 36,1 23,0 25,5 17.6 18,7 41,0 46,1 33,1 37,2 7,9 11,5 8,4 18,6 23,0 18,3 13,6 17,6 13,7 10,2 15,4 12,3 38,2 43,5 37,6 27,6 32,3 27,0 20,2 24,2 20,0 48,8 53,5 47,4 39,5 44,4 38,5 8,5 16,3 12,6 12,4 34,6 25,0 19,7 44,9 36,3 France entière Tableau IV.5: Distribution (en %) des personnes ayant 65 ans ou plus selon leur mode de cohabitation, en fonction de l'âge, du sexe et de l'ancienne catégorie socio-professionnelle (recensement de 1982). Hors ménage ordinaire Vivant seul Faisant partie d 'un couple Autre: cas Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Anciens agriculteurs 6S-74 ans 75 ans et plus 2,1 4,3 1,5 7,0 12.1 16,6 27,8 36,0 75,2 «0,7 51,8 21,2 10,6 18,4 19,0 35,8 Anciens artisans, commerçants... (5-74 ans 75 ans et plus 1,7 4,6 1.7 9,0 10,5 18,7 37,5 49,3 83,5 67,9 48,7 18,9 4,3 8,8 12,1 22,8 Anciens cadres «5-74 ans 75 ans et plus 0,9 3,3 2,4 11.« 10,5 18,4 45,1 53,1 85,9 71,9 38,3 17,1 2,7 6,4 14,2 18,2 65-74 ans 75 ans et plus 2,2 S,8 8,0 19,5 10,3 18,7 39,9 47,5 84,2 «7,8 40,0 14,7 3,3 7,7 12,1 18,3 Anciens employés (5-74 ans 75 ans et plus 1,4 6.1 1,8 10,7 12,0 20.4 44,2 53,1 82,« 65,4 41,7 16,4 4,0 8,1 12,3 19,8 Anciens ouvriers «5-74 ans 75 ans et plus 2,2 5,8 2,1 11,6 13.« 21,6 40,1 50,2 78,8 62,9 44,7 17,3 5,4 9,7 13,1 20,9 Autres inactifs «5-74 ans 75 ans et plus 28,3 38,0 2,9 10,8 19,« 25,2 24,1 38,3 40,« 24,9 «1,3 27,7 11,5. 11,S 11,7 23,2 Personnes actives «5-74 ans 75 ans et plus 2.« 3,7 8,0 17,7 13,5 21,5 34,2 39,7 76,2 62,8 39.« 1 21,6 7.7 12,0 18,2 21,0 Ensemble «5-74 ans 75 ans et plus 2,5 6,1 2,7 10,7 12,4 19,7 34,5 44,9 79,3 63,3 1 49,4 20,7 5,8 10,9 1 13,4 23,7 Anciens professions interme- 1 • 94 Joëlle Gaymu Pour les femmes, les écarts d'espérance de vie selon les catégories socio-professionnelles sont plus faibles et les disparités semblent plus tenir à des différences de situations matrimoniales. La vie en couple est plus rare chez les cadres supérieurs, compte tenu du fort taux de célibat qui existe dans ces professions. A l'opposé, les inactives ou les anciennes agricultrices sont beaucoup plus fréquemment mariées. Hormis le cas des agriculteurs, les familles ont un comportement assez similaire dans l'accueil de leurs aïeux, quel que soit l'ancienne profession de ces derniers. Cette plus grande fréquence des anciens agriculteurs, à vivre avec des proches, eux-mêmes le plus souvent agriculteurs, tient notamment au fait que leurs logements sont nettement plus vastes que ceux de l'ensemble des Français. Ils comptent 4,6 pièces contre 3,6 en moyenne. La localisation territoriale Pour avoir une idée précise des différences départementales de comportements face à l'isolement, il faut tout d'abord enlever le biais de l'inégal vieillissement territorial et ne considérer, par exemple, que les personnes âgées de 75 ans et plus. La carte de France des très âgées isolés est assez classique, on y retrouve la traditionnelle opposition Nord-Sud (valable pour la fécondité ou la mortalité); l'isolement est rare dans la France du Sud-Ouest et de la Méditerranée; il est. au contraire, fort dans la France du Nord de la Loire (voir cartes 1 et 2). Si en moyenne 44,7% des femmes de 75 ans et plus et 19,7% des hommes du même âge, vivent seuls, dans les départements du Gers, des Landes, du Tam, du Tarn-et-Garonne et de l'Aveyron, moins de 32% des femmes et de 15% des hommes sont dans ce cas. Al'opposé, Paris constitue lefiefde l'isolement avec plus de 63% de femmes et de 29% d'hommes solitaires. Mais, ces écarts peuvent résulter de simples différences de structures matrimoniales (liées notamment aux écarts régionaux de surmortalité masculine, de taux de célibat,...). En enlevant ces disparités et en raisonnant par exemple sur la population des femmes non mariées de 75 ans et plus, force est de constater que les mêmes oppositions territoriales apparaissent (voir cartes 3 et 4). Carte 1: Proportion d'hommes âgés de 75 ans et plus vivant seuls Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Carte 2: 95 Proportion de femmes âgées de 75 ans et plus vivant seules. Source: DELBES C. et G AYMU J., "Croissance du nombre des isolés: vers de nouveaux comportements?", in: Les Actes du Colloque Démographie et Différences", AIDELF, à paraître. 96 Joëlle G ay ma Carte 3: Propension à vivre seules des femmes non mariées de 75 ans et plus en 1975 Propension à vivre seules des femmes non mariées de 75 ans et plus en 1975 75 78 91 92 93 94 9*> | I* j «I ¿47,5 % 47,5 à 50,4 50,5 à 53,4 53,5 à 56,4 56,5 à 59,4 ^59,5 Moyenne France = 4 9 , 9 into PARIS YVCUNCS ESSONNE HAUTS-Qt J£INC SfINI S'DCNIS VAI-DEM.MINC VAl-D'OISE Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Carte 4: 97 Propension à vivre seules des femmes non mariées de 75 ans et plus en 1982 Propension à vivre seules des femmes non mariées de 75 ans et plus en 1982 75 7 1 YVIUNES 91 ESSONNE 92 HAUTS C* $CINC 93 94 VAlDf 95 VAlO'OPSt Moyenne France = 57,1 % into 98 Joëlle Gaymu Carte 5: Proportion de femmes non mariées vivant dans des établissements sanitaires ou sociaux en 1982 Proportion de femmes non mariées vivant dans des établissements sanitaires ou sociaux en 1982 75 7« 91 92 93 94 91) PARIS YVtUNfS ESSONNE WAUtiK Jf iMi SfINf S'MNIS V*t-Dt HURNt VAlCOlSt 1O à 1 1 , 9 Certes la dimension des logements facilite la cohabitation de plusieurs générations, ainsi, dans les régions Aquitaine ou Midi Pyrénées, dans les départements de la Creuse et de la Corrèze,... la taille des habitations est nettement supérieure à la moyenne. Mais d'autres raisons contribuent certainement à expliquer leur faible taux d'isolement, d'autres régions où l'habitat est tout aussi vaste (Nord, Lorraine, Franche-Comté,...) comptant parmi les plus fortes proportions de solitaires. Le même type de remarque vaut pour le degré de ruralité. Ce sont donc plus dans des différences de comportements (à la fois dans le désir des personnes âgées de vivre seules et dans l'aptitude de leur entourage à les accueillir) que dans des facteurs démographiques qu'il faut chercher l'explication de ces contrastes. Il est de plus, frappant de constater, que dans les régions où l'isolement est le plus faible, peu de personnes âgées vivent en maison de retraite(voir carte 5). Il existe donc bel et bien desrégionsplusbienveillantesqued'autresàl'égard de leurs anciens: ainsi, dans le Sud-Ouest, perdure le modèle de la famille-souche1 où cohabitent plusieurs générations alors qu'à l'inverse, le Centre-Ouest se caractérise à la fois par de forts taux d'isolement et d'institutionnalisation des personnes âgées. 1. Voir à ce sujet: Le BRAS H. ETTODD E., "L'invention de la France", Atlas anthropologique et politique - le livre de poche. Hachette, collection pluriel, Paris, 1981, 512p. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 4. 99 L'évolution des modes de vie des personnes âgées depuis 1962 L'une des principales transformations des modes de vie des personnes âgées, depuis une vingtaine d'années, est le rétrécissement de leur environnement familial; la proportion de personnes âgées accueillies par des proches a fortement chuté alors que, parallèlement, la part de celles vivant seules n'a cessé de croître. La vie en couple et l'institutionalisation ont également accusé une croissance, mais de bien moindre intensité (voir graphique IV.10). En 1962, à tous âges et quel que soit le sexe, les personnes vivant avec des parents (un de leurs enfants, le plus souvent), étaient plus nombreuses que celles qui vivaient seules. En 1982, c'est toujours l'inverse qui prévaut et jusqu'au seuil de 85 ans, les isolés, sont désormais au minimum deuxfois plus mombreux que les personnes âgées accueillies par des proches. Graphique IV.10: Evolution du mode d'hébergement des personnes âgées selon l'âge et le sexe, d'après les recensements de 1962,1975 et 1982. m i l »ur.rapreaentaiion I •ur_reproson«atlon masculine feminin« 20 Hort m*nir« ordinaire 10 I 1962 1975 1982 t » 60 a 74 an% II i962 1975 1982 i962 l97S 1982 75 a 84 ans 85 ans • ! plus Filant parti« d'un ceupl« Vi îv# 1962 1975 1982 « » 60 à 74 ans 1962 I97S 1982 •- 73 a 84 ans M 1962 1975 1982 89 ans st plus SC H o n coupla» méntf« da 2 p*rtonn«s ou plu« 1962 I97S 1982 « ao à 74 ans 1962 1975 1982 I » 79 à M a n * 1962 1975 1982 t » a« ans »t plus 100 Joëlle G ay mu La population âgée des ménages ordinaires Comme l'indique le tableau IV.6 et, conséquence de la croissance de l'institutionnalisation, il y a eu entre 1962 et 1982 diminution de la proportion de personnes âgées vivant en ménages ordinaires. Mais il y a surtout eu, au sein de ces derniers redistribution des personnes âgées. Elles sont beaucoup plus fréquemment chef de ménage ou conjoint de chef de ménage (80,8% en 1962 et 863% en 1982), et, cause ou conséquence, elles vivent moins souvent avec un de leurs enfants ou autre parent (17,7% en 1962,13,1% en 1982). Quantité de facteurs interviennent dans l'expl ¡cation de cette redistribution des modes de vie au sein de la population âgée. La cohabitation de plusieurs générations qui, il y a quelques années encore, était de rigueur parce que nos sociétés étaient plus rurales, et les entreprises familiales plus nombreuses, devient aujourd'hui difficile voire impossible, migrations d'actifs vers les villes où les logements sont plus petits, extension du travail féminin étant autant de facteurs de l'éclatement des familles. De plus, en raison de leur meilleur état de santé, de leurs plus grandes ressources financières, les personnes âgées d'aujourd'hui sont plus autonomes que celles d'hier et lorsqu'on les interroge sur leur désir de partager le même toit que leurs enfants, rares sont celles qui répondent par l'affirmative. Une large majorité de personnes âgées vivent donc dans un ménage dont elles sont le chef de famille, ou le conjoint du chef pour les femmes. Mais âge et sexe s'avèrent être, une fois de plus, des critères de disparités. Conséquence du départ des enfants et du décès des parents, la taille des ménages âgés est beaucoup plus réduite que celle de leurs cadets, mais, elle est d'autant plus réduite que le chef est une femme et que l'on avance en âge. En 1982 par exemple, si l'ensemble des ménages comptent 2,72 personnes, les ménages dont le chef est une femme de 75 ans ou plus n'en comptent qu'1,08. La proportion de chefs de ménage (ou de personnes de référence pour prendre la dénomination du dernier recensement) n'a cessé de croître pour les hommes depuis 1962, alors que pour les femmes, en fonction des âges, les évolutions sont plus variées. Pour ces dernières, en effet, la situation de chef de ménage est éminemment liée au célibat, au veuvage ou au divorce. Il y a eu, par exemple, durant les vingt dernières années, croissance du nombre de femmes mariées entre 45 et 75 ans, la proportion de chefs de ménage féminins a donc baissé entre ces âges (voir graphique IV.l 1). Tableau IV.6: Evolution des effectifs de personnes âgées selon leur mode de vie Population Population total« •énages 19 6 2 65 ans et + Hones Feues Ensemble 2 183 920 3 650 800 5 834 720 2 098 120 3 455 800 5 553 920 1 823 120 1 600 500 3 423 620 1S2 980 617 540 800 520 19 440 46 2(0 131 5(0 1 048 140 184 820 1 067 580 19 8 2 65 ans et + Houes Feues Ensemble 2 925 080 4 589 920 7 515 000 2 806 960 2 570 700 4 278 320 1 990 300 7 085 280 4 561 000 163 720 5Í3 800 757 520 53 940 114 Î20 168 860 dont Chefs Ascendant* Population : Autre* paiants Conjoint* t 1 550 520 1 550 520 •énages dont : •aison de retraite 85 800 195 000 280 800 61 840 121 600 183 440 118 120 311 600 429 720 79 620 207 260 286 880 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique IV.ll: 101 Proportion de chefs de ménage dans la population totale d'âge correspondant ¡ 100 90 80. 70. 60. 5040 hommes 1962 1982 femmai 1962 1982 30 20 10 ages 0 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 D'une façon générale, la croissance de la proportion de chefs est à relier à la diminution de la taille des ménages. Tous âges confondus, cette dernière est passée en l'espace de 20 ans, de 3,11 à2,72 personnes; de 2,09 à 1,77 pour les ménages dont le chef a entre 65 et 74 ans et de 1,79 à 1,42 pour ceux dont le chef a 75 ans ou plus (voir tableau I V.7). Chez les personnes âgées, et contrairement aux autres groupes d'âges, il y a eu systématiquement décroissance des ménages de 3 personnes ou plus: la croissance du nombre de ménages résulte de la seule croissance des ménages d'une ou deux personnes et de la seule croissance des isolées pour les ménages dont le chef est une femme âgée. En 1982,50% des chefs de ménage de 65 ans ou plus vivent seuls (41,6% en 1962) et, près de 41% sont chefs d'un ménage réduit à 2 personnes (39% en 1962). Pour les 75 ans ou plus, ces deux proportions atteignent respectivement 59,7 et 34,9% en 1982, contre 50,2 et 35,1% vingt ans plus tôt. Selon l'horizon auquel on se place, l'histoire de la fécondité jouera un rôle de frein ou d'accélération de ce processus de réduction de l'univers familial des personnes âgées. Ainsi, dans un futur proche, arriveront à l'âge de la prise en charge, les générations à forte fécondité de l'après-guerre dans lesquelles la proportion de femmes sans enfant est plus faible qu'à l'heure actuelle (16% des femmes nées en 1917-1919, n'ont pas eu d'enfant contre moins de 11% de celles nées en 1935-1936). Ce n'est qu'à un horizon beaucoup plus lointain que la baisse récente de la fécondité limitera le nombre d'enfants potentiellement disponibles pour prendre en charge leurs parents, d'autant plus que la proportion de femmes sans enfant semble augmenter à nouveau pour les générations nées après 1950. 102 Joëlle G ay mu En outre, durant les vingt dernières années, les structures matrimoniales ont joué à la baisse de la proportion d'isolés, la diminution du veuvage ayant plus que compensé la croissance du divorce, faible dans ces générations. On peut, par contre, se demander si cette tendance se poursuivra. La croissance du nombre de divorcés n'annihilera-t-elle pas la baisse future, que l'on peut légitimement espérer, de celui des veufs? D'autres facteurs pourraient également jouer dans le sens d'une accentuation de l'isolement poursuite de l'homogénéisation des disparités territoriales, multiplication et diversification des services d'aide à domicile qui permettraient à un nombre croissant de personnes âgées de vivre seules (à condition, bien évidemment, que le pouvoir d'achat des retraites soit maintenu), évolution des comportements au premier rang desquels il faut mentionner le travail féminin. Dans quelle mesure les femmes2 prendront-elles le temps de s'occuper d'un parent âgé? Et, dans quelle mesure les personnes âgées, conscientes de cet état de fait, ne préféreront-elles pas entrer dans une institution plutôt que de faire appel à un de leurs enfants? La population des ménages collectifs Trois catégories: les malades hospitalisés en traitement de longue durée, les communautés religieuses et les maisons de retraite regroupent plus de 97% de la population âgée vivant hors ménage ordinaire (voir tableau IV.8). En 1975, cet ensemble était composé de 59,8% de 65 ans et plus, en 1982 cette proportion atteint 73,5%. Tableau IV.7: Evolution (1962-1982) de la distribution (en%) des ménages selon leur taille et l'âge du chef de ménage. Taille du •énage Age du chef de Binage Moini de 25 A 35 A 45 A 55 A 65 A 75 a m Tous 25 a m 34 ans 44 ans 54 ans 64 ans 74 ana et + ages 1 personne 1562 1982 40,6 43,2 9,9 16,4 7,1 10,0 10,9 12,5 19,4 22,2 36,4 41,3 50,2 59,7 19,6 24,6 2 personnes 1962 1982 31,4 36,8 19,2 21,3 11,3 11,6 21,0 22,6 37,8 42,9 41,4 46,2 35,1 34,9 26,8 28,5 3 personnes 1962 1982 17,6 14,9 26,6 27.6 18,6 20,0 21,8 23,3 1»,7 19,7 11.4 9.0 8,1 4.1 18,7 18,8 4 personnes 1962 1982 6,8 3,7 22,4 24,0 23,3 3T.7 18,7 20,7 10,3 8,6 4,6 2,3 2,9 0,9 14,7 16,1 5 personnes 1962 1982 2.3 0.9 12,2 8,0 ",6 16,8 12,3 11.4 6,0 3,6 2,7 0,7 1,6. 0,3 9,4 7,4 6 personnes 1962 1982 1,4 0,5 9,8 2,6 22.1 10,0 15,3 9,6 6,8 3,0 3,4 0,5 2.1 0,1 10,8 4,6 2,03 1.84 3,17 2,96 2,73 2.40 2,09 1.77 1.79 1,42 Taille Boyenne 1962 1982 4,21 3,74 3,62 3,35 3,11 2,72 2. C'est, en effet, à elles qu'incombe beaucoup plus fréquemment la prise en charge d'un parent âgé: ainsi, une étude très détaillée d'un groupe de familles britanniques soignant elles-mêmes des parents âgés gravement invalides a montré que la durée moyenne des soins durant la semaine était de 3 heures et 24 minutes par jour, 3 heures et 11 minutes pour les femmes et 13 minutes pour les maris! in: "3ème âge et soins de santé". Actes du colloque sur le vieillissement, de la population et les contraintes financières du secteur de la santé, Ottawa, mai 1986, p.36. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau IV.8: 103 La population âgée vivant hors ménages ordinaires selon la catégorie de population Malades hospitalisés et personnes en traitement de longue durée Total Personnes vivant en hospice ou en maison de retraité Membres d'une communauté religieuse Divers 1975 1982 1975 1982 1975 1982 1975 1982 1975 1982 Hommes (%) I2OO2O 100 118120 100 19620 16.3 25780 21,8 90580 75,5 79620 67.4 5020 4,2 6180 5,2 4 800 4,0 6540 5.6 Femmes (%) 292860 100 311600 100 41600 14.2 61080 19.6 209380 71,5 207260 66,5 37380 12.8 37220 12,0 4500 1,5 6040 1.9 Ensemble (%) 412880 100 429720 100 61220 14.8 86860 20.2 299960 72,6 286880 66,8 42400 10,3 43400 10,1 9300 2,3 12580 2.9 Hommes (%) 63660 100 74660 100 8080 12.7 15560 20,8 52420 82,3 54340 72.8 1880 3,0 2200 3,0 1280 2.0 2560 3.4 Femmes (%) 214800 100 250560 100 25660 11,9 47360 18,9 170660 79.5 179880 71,8 16760 7.8 19920 7.9 1720 0.8 3400 1.4 Ensemble (%) 278460 100 325220 100 33740 12,1 62920 19,4 223080 80,1 234220 72.0 18640 6,7 22120 6.8 3000 1,1 5960 1.8 fi5 ans et plus 75 ans el plus Source: PARANTA.: "Si vieillesses m'étaient comptées", Futuribles, Paris, No. 88, mai 1985. C'est la population hospitalisée qui a subi le plus fort vieillissement, sa proportion de personnes âgées de 65 ans et plus est passée de 28,6% en 1975 à près de 41,5% en 1982. 'Les effectifs de 75 ans et plus y séjournant ont pratiquement doublé durant ces sept années. Mais, l'ampleur de la croissance constatée est artificielle car elle tient, en grande partie, à la transformation des hospices. En 7 ans, environ 10,000 lits d'hospices ont été réhabilités et médicalisés, la population concernée étant désormais comptabilisée dans le secteur hospitalier. Toutefois même en tenant compte de ce biais, la croissance de la population âgée hospitalisée reste forte (plus de 25%) et il ne nous semble guère abusif de conclure que la clientèle des hôpitaux est déjà, et sera de plus en plus, compte tenu du fort vieillissement latent inscrit dans la pyramide française, une clientèle de personnes âgées. Souhaitons simplement que le monde médical saura prendre en compte ces tendances lourdes. Récemment, Hervé LE BRAS et Monique LEFEB VRE avaient intitulé un article: "Le clergé français, une population en voie d'extinction". A l'observation des résultats de 1982, on ne peut qu'aller dans ce sens, en ce qui concerne l'ensemble des communautés religieuses. La décroissance des effectifs (de près de 17%) s'est accompagnée d'un fort vieillissement: les 65 ans et plus sont désormais majoritaires: 41% en 1975,50,2% en 1982. 36% des religieux ont 70 ans et plus, 7,4% seulement moins de 30 ans. Il faut bien convenir qu'un renversement de tendance de cette pyramide particulièrement déformée n'est guère concevable, sauf s'il y a une très forte remontée des vocations (difficilement prévisible). Restent les personnes âgées qui vivent en hospices et maisons de retraite. Elles constituent la plus grande partie des effectifs vivant en ménages collectifs, soit près de 69%. Cette population a connu une légère décroissance depuis 1975 (de 7,6%) mais, cette baisse résulte, en fait, de la transformation des hospices précédemment mentionnée. En outre, depuis 1975 est apparu un nouveau type de logements pour personnes âgées, les logements-foyers: nouveau type d'habitat intermédiaire entre les maisons de retraite et les logements ordinaires où sont assurés généralement différents services (repas, soins,...). Si l'on tient compte de cette catégorie, la population totale des personnes placées en institutions a augmenté de 22% depuis 1975, et a pratiquement doublé depuis 1962. Si la proportion de personnes vivant en institution reste faible et diminue en-dessous de 75 ans, passé ce seuil, elle est plus élevée et, qui plus est, elle progresse: 75% en 1975,8,4% en 1982. Ce mode de vie concerne en effet des personnes de plus en plus âgées: l'âge moyen de la population vivant en hospice ou en maison de retraite est passée de 76,8 ans en 1962 à 80,6 en 1982, alors que dans le même temps l'âge moyen des 60 ans et plus n'est passé que de 70,3 à 72,3 ans. On peut voir là une conséquence de la multiplication des services d'aide à domicile, de l'élévation des ressources financières 104 Joëlle G aymu et, surtout, de l'amélioration de l'état de santé des personnes âgées qui restent autonomes plus longtemps et retardent l'entrée en institution. En effet, durant les dernières années la réduction de l'incapacité lourde aux grands âges a tendu à différer l'âge d'entrée en institution, il est, par contre, très difficile de se prononcer sur l'évolution future de cette tendance. Du rythme de croissance différentiel entre l'espérance de vie et l'espérance de vie sans incapacité dépendra en grande partie les besoins de prise en charge des personnes âgées de demain. Au terme de cette description des modes de vie des personnes âgées plusieurs questions restent sans réponse. Le rétrécissement de l'univers familial des personnes âgées traduit-il une réelle tendance à l'isolement social ou n'est-il que la simple conséquence d'une réduction du réseau parental, autrement dit, d'une diminution du nombre de personnes susceptibles de les accueillir? De plus, l'indépendance des générations dans leur lieu de vie signifie-t-elle pour autant absence de relations? Quelle est la réalité des liens existants entre les personnes âgées et les membres de leur famille? 5. Réseau parental et relations familiales A propos du réseau parental nous nous référerons ici principalement aux travaux d'Hervé LE BRAS3. Comme en témoigne le graphique IV. 12,1'auteur a reconstitué la composition de la parenté dans la France du début du 18e siècle et dans celle des années 70, en fonction de l'âge. Aujourd'hui, comme jadis, la proche parenté, est composée en moyenne d'une vingtaine de personnes. La stabilité de l'étendue du réseau familial est frappante mais "dans l'ancienne France, la ligne directe est très minoritaire eine représente guère plus de 10% de la parentéjusqu' à 50 ans, puis elle prend son essor: ceux qui ont survécu sont alors entourés d'enfants et de petits-enfants. Pendant la plus grande partie de la vie... la famille était essentiellement constitutée par le cousinage Au contraire, à l'époque récenle, la ligne directe s'est créée son espace. Elle ne comprendjamais moins de 4 personnes en moyenne et descend à peine en dessous de 20% de la párentele proche. Inversement, elle ne s'étend pas beaucoup dans la vieillesse"*. Si l'on s'en tient à la seule très proche parenté, force est de conclure que l'isolement démographique était plus fréquent dans l'ancienne France. La proportion de personnes, sans proche parent (conjoint, enfant, petit-enfant, frère, soeur), était 2 fois plus élevée hier qu'aujourd'hui dès les 75 ans (respectivement 11,7% e 24,8%). Ce qu'il en sera demain dépendra, en grande partie, de l'évolution de la fécondité. Si l'on s'en tient à la seule hypothèse (tout à fait) extrême d'une chute de la descendance finale à 1,5 enfant par femme3, la proportion de personnes âgées, sans descendant réel, augmente considérablement (voir tableau IV.9). Dès 60 ans près de 35% des personnes n'ont ni conjoint, ni enfants, ni petits-enfants, à l'âge de 85 ans près de 47% sont dans ce cas et 20% sont complètement isolés (ces deux dernières proportions atteignant aujourd'hui: 14,7 et 5,4%). Certes, il s'agit là d'un exercice d'école, d'un raisonnement "toutes choses égales par ailleurs", et on peut toujours imaginer que les amis, les voisins voire la collectivité, en général, se substitueront à la famille en cas de besoin. Mais, alors qu'aujourd'hui, et malgré la présence d'un réseau familial étoffé, les personnes âgées vivent de plus en plus souvent seules, les résultats précédents montrent à quel point le contexte démographique pourrait accentuer cette dernière tendance. 3. LE BRAS H: "Evolution des liens de famille au cours de l'existence", Les âges de la vie. Cahier Travaux et Documents, INED-PUF, París, 1982, Tome 1, pp. 27-47. 4. LE BRAS H.: "Famille et parenté dans la France actuelle: le mythe de l'isolement", in: "Familles et vieillissement", Actes du colloque de Royaumont (12-15 novembre 1985). Collection CLEIRPPA, 1986, pp. 46-56. 5: BLUM A.: "Fécondité, solidarité intergénérationnelle, isolement", in: "Familles d'aujourd'hui", Actes du colloque de Genève (17-20 septembre 1984), AIDELF, Mai 1986, pp. 583-600. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique IV.12: Structure de la parenté à divers âges de l'individu Nonbre de f w n o n w j o n <K ptrtonn«« ANCICNNC FRANCE ACTUCLU 20 — I Petits enftntt I Nt>tui ntècet ' l — I CouHnt qcrotinl I Pirtntl Source: ' EnfinU ^^M Fr«ft> I t ioíurl X42A Oncit« i t tint» gSa Grindfpirentf LE BRAS H., "Famille et parenté dans la France actuelle: le mythe de l'isolement", CLEIRPPA 105 106 Joëlle G ay mu Tableau IV.9: Répartition de la parenté la plus proche France 1970 Df - 2,2 v-v 0 - 7 P 2 • 0.6, P 3 - P 4 Kypothlse 1 Of . 1,5 Pr -Uf/ 0 7 o P, - 0,6 P . P .... . 0.* 2 3 Hypothls« 2 Df . 1,6 P o . 1. P, . 0,5 P Source: . p .... . 0,4 60 65 70 75 80 85 Conjoint Enfant Petit-enfant frire Neveu Onde Cousin-geraain Aucun 11.5 78,5 0,1 4.9 2.9 0.0 1.8 0.3 1.1 86,8 0,4 2.1 7.1 0.0 1.9 0.6 0.4 87.1 1,2 0.3 8,6 0.0 1.3 1,1 0,0 86,2 2.1 0.0 9.1 0.0 0.6 2.0 0,0 81,1 6,5 0,0 9.3 0,0 0.2 2.9 0.0 52,9 32,4 0.0 9.2 0.0 0.1 5.4 Conjoint Enfant Petit-enfant Frire Neveu Onclt Couiin-geraain Aucun 11.8 52.7 0,0 18,4 9,3 0,0 5.0 2,8 1.0 58,6 0.2 7.3 21.3 0.0 5.5 6.1 0,2 58.7 0.4 1.2 27,1 0.0 3.0 9,4 0.0 58,3 0,8 0.0 28,4 0.0 2,0 10.5 0.0 54,8 3.1 0,0 27.5 0.0 0.8 13.8 0,0 35,6 17.1 0.0 26,1 0,0 0,5 20,7 Conjoint Enfant Petit-enfant Frire Neveu ' Onde Cousin-geraain Aucun 14,9 74,7 0,0 4,7 2,4 0,0 2.0 1,3 1.0 86,1 0,4 1.4 6.9 0.0 2.2 2,0 0,0 86,7 0,9 0,3 7.8 0,0 85,8 2.4 0.2 7.6 0,0 0.6 3.4 0.0 78,4 8.9 0,1 7.8 0.0 0.2 4.6 0.0 44,0 39,2 0.0 8,2 0.0 0.1 8.5 o.o 1.2 3.1 A. BLUM, "Fécondité, solidarité intergénérationnelle, isolement". Les familles d'aujourd'hui Si elles le voulaient, les personnes âgées pourraient faire appel à un abondant réseau familial, leur isolement n' est donc pas d'ordre démographique mais bien un phénomène social. Mais, la séparation des lieux signifie-t-elle pour autant absence totale de contacts? Les informations sur ce sujet sont rares en France, aussi convient-il de s'attarder sur les résultats d'une toute récente enquête portant sur le passage de la vie active à la retraite6. Comme en attestent les tableaux IV. 10 à 15, lesrelationsfamiliales sont loin d'être épisodiques. Rencontrer ses parents, au moins une fois par semaine, est la norme pour la majorité des enquêtes et, si la distance le permet (domiciles séparés de moins de 20 kilomètres), la visite hebdomadaire concerne les trois-quarts des enquêtes. 11 en est de même des relations avec les enfants: deux-tiers des enquêtes ayant des enfants ne vivant pas avec eux, en voient au moins un chaque semaine. S i un enfant réside à moins de 20 kilomètres de ses parents, la proportion culmine alors à 90%. La fréquentation des petits-enfants est légèrement plus faible que celle des enfants mais reste, toutefois, considérable: 60% environ des enquêtes concernés en voient au moins un chaque semaine. Par contre, les rencontres se raréfient très nettement lorsqu'on s'intéresse aux parents plus éloignés. Au total, les hommes de 59 ans reçoivent en moyenne 10,7 visites familiales par mois et les femmes 9,5. Chez les enquêtes plus âgés les chiffres diminuent respectivement à 9,2 et 8,5. L'état matrimonial influe également sur le nombre de visites: divorcés et célibataires entretiennent moins de relations familiales que les mariés et les veufs. A noter, de plus, que pour les femmes c'est le veuvage qui favorise le plus les rencontres alors que pour les hommes c'est le mariage. 6. Il s'agit d'une enquête à passages répétés (au nombre de trois, réalisés entre 19S0 et 1984) auprès de deux échantillons de 1500 personnes, le premier étant composé d'individus nés en 1916, le second d'individus nés en 1922. ATTIAS-DONFUT C , CLEMENT F., DELBES G, PAILLAT P., RENAUT S., ROZENKIER A.: "Passage de la vie active à la retraite". PUF. Paris, février 1989. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 107 Tableau IV. 10: Relations avec les enfants: distribution de la fréquence Enquêtes de 64 ans Fréquence Enquêtes de 59 ans H F N = 756 N = 391 Plusieurs fois par semaine 39,6 % 46,3 % 41,6 % 44,2 % Chaque semaine 25,9 % 22,0 % 28,6 % 23,6 % 1 ou 2 fois par mois 20,4 % 18,9 % 16,8 % 19,9 % Plus rarement 11,2 % 11,8 % 11,2 % 10,8 % 2,9 % 1,0 % 1,8 % 1,5 % Jamais ou presque H F N =* 766 N = 407 Tableau IV.l 1: Nombre* mensuel moyen de rencontres avec un membre de la famille selon l'état matrimonial des enquêtes Nombre mensuel de v i s i t e s Etat matrimonial Célibataire Marié(e) enquêtes de 64 ans Enquêtes de 59 ans H F H 3,1 4,3 3,7 4,7 10,0 9,8 11,4 10,5 8,0 10,3 9,0 10,9 3,7 6,9 6,2 7,9 9,2 8,5 10,7 9,5 F * Ces nombres sont des minimaux. Nous avons, en effet, estimé égal à 2 le nombre de visites hebdomadaires de la classe ouverte "plusieurs fois par semaine". Tableau IV. 12: Proportion des enquêtes prenant chaque semaine ou presque un repas en commun avec divers membres de leur famille (%) Enquêtes Repas pris avec B d« 64 ans Enquêtes da 59 ans r H r 19,5 22,2 51,2 29,3 50,7 47,9 44,9 leurs ascendants 1S.6 leurs beaux-parents 21,9 leurs enfants 47,7 43,2 23,3 14,3 51,2 44,9 leurs frères et soeurs 5,7 9,6 4,3 9,8 d'autres membres de la famille 3,6 «< 7 3,0 3,4 leurs petits-enfant« 10,8 108 Joëlle Gaymu Tableau IV.13: Proportion des enquêtes ne voyant jamais d'ami selon la catégorie socio-professionnelle. Catégorie socio-professionnelle Cadres supérieur! Hosmes FesB«s 4% Cadres moyens 10 % EfflDloyéj 11 % 1» % Ouvriers 22 « 27 % 10 » 28 » Tableau IV.14: Services rendus aux enquêtes de 59 ans par leurs enfants ou petits-enfants ne cohabitant pas avec eux* Services rendus (a) Travaux ménagers, aide dans le bricolage, le jardinage Objets utiles Soins en cas de maladie . . Sorties Hébergement temporaire . . . Démarches administratives Hommes Femmes 24 % 20 % 19 % 23 % 18 % 18 % 11 % 17 % 11 % 16 % 9 % 9% 8 % 11 % 8 % 9% 7% 12 % 3 % 3% 2% 3% 3% 2% 37 % 32 % Aide financière (b) (a) (b) p o s s i b i l i t é de réponses multiples l e pourcentage e s t de 39 % chez l e s hommes de 64 ans, 28 % chez l e s femmes. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 109 Tableau IV. 15: Enquêtes devenus inactifs durant l'enquête: proportion de ceux gardant un petit-enfant au premier et au dernier entretien selon la classe sociale. 1 Premier entretien Troisième entretien Pourcentage d1 enquêtes Groupe cadres de 64 ans Groupe ouvriers de 59 ans Groupe cadres ¿gas alors de 67 ans Groupe ouvriers âgés alors de 62 ans gardant de temps à autre leurs petits-enfants 68,7 % 53,7 % 57,3 % 52,7 % les accueillant pour des vacances 52,7 % 54,7 % 45,5 % 46,0 % Quel que soit le parent considéré c'est autour d'une table, pour partager un repas, que se font le plus souvent les rencontres. En outre, les services rendus par les enquêtes à leurs enfants sont pour la majorité, centrés sur la garde des petits-enfants: accueil pendant les vacances et aide occasionnelle le reste de l'année (pour 15% seulement des enquêtes la garde des petits-enfants atteint ou dépasse 21 heures par semaine). S'il n'y a pas de différences significatives dans la fréquence des relations selon les classes sociales, ce dernier facteur a une influence sur le type de services rendus. Les séjours en vacances et l'aide financière sont surtout le fait des cadres (51 % de ces derniers contre 21% des ouvriers aident financièrement leurs enfants) alors que les services en matière de bricolage ou de jardinage caractérisent la classe ouvrière. Les enfants, quant à eux, aident leurs parents âgés surtout pour les travaux ménagers, les commissions,... Les femmes se disent plus fréquemment aidées que les hommes, sans doute faut-il relier ce résultat au fait qu'elles sont plus souvent veuves. L'une des importantes conclusions de cette enquête est que l'âge semble avoir un effet dégressif sur le rythme des visitesfamiliales. Le phénomène se manifeste nettement chez les hommes entre 59 et 64 ans et, plus tardivement chez les femmes. D'autant plus que l'enquête dont nous nous sommes amplement inspirée, ne traduit nullement les contacts de l'ensemble des personnes âgées avec leur famille, mais simplement ceux de la frange la plus jeune. Sans aucun doute, avec le grand âge, l'isolement familial est plus fort, des enquêtes7 venant d'autres pays, le montrent clairement. Que ce soit en Grande-Bretagne ou en Suède, au fur et à mesure qu'elles vieillissent, les personnes âgées sont moins fréquemment visitées, aidées dans leur quotidien par leur famille. Alors même qu'avec l'avancée en âge, le degré de dépendance et par là même les besoins d'aide augmentent, cette "démission" de lafamille est lourde de conséquences. Commeon l'a vu précédemment, les personnes très âgées vont croître dans Vavenir dans des proportions considérables et on prend là toute la mesure du nécessaire développement de services d'aides et de soins à domicile. Mais dès aujourd'hui, dans quelle mesure le lieu de vie des personnes âgées est-il adapté à leur "fragilité" croissante avec l'âge? 6. Les conditions de logement des personnes âgées En matière de logement, deux caractéristiques principales opposent les personnes âgées au reste de la population. Elles sont plus fréquemment propriétaires de leurs habitations, mais ces dernières sont plus anciennes et moins confortables que la moyenne. En 1982, alors qu'à tous les âges, 50,7% des chefs de ménages sont propriétaires de leurs logements, cette proportion atteint près de 58% parmi les 65 ans et plus. Mais si 62,6% de l'ensemble des logements français disposent de 7. "Le rôle des personnes'âgées dans la famille dans la perspective de la société des années 1980", Conférence des Ministres Européens chargés des Affaires Familiales, Copenhague 1983, Conseil de l'Europe, Strasbourg, 1983, Dossier de 23 fascicules. 110 Joëlle G ay ma tout le confort", ce pourcentage chute à 46,2 lorsque l'habitant a 65 ans ou plus. En outre, situation familiale, âge et degré d'urbanisation sont autant de critères de différenciation. Quel que soit l'indice pris en compte, les personnes âgées vivant seules ont de moins bonnes conditions de logement que leurs homologues vivant en couple. Par exemple, 21,6% des isolés de 65 ans et plus habitent un logement ne disposant que de l'eau, ce pourcentage chute à 13,2% pour les personnes âgées vivant en couple et à9,4% pour l'ensemble des ménages (voir tableau IV. 16). Plus l'âge augmente et plus les conditions de logement son dégradées, et elles le sont d'autant plus que l'on se situe en milieu rural (voir tableau IV.17). Dans les communes rurales hors ZPIU par exemple, de 55-64 ans à 85 ans et plus, le pourcentage de logements ne disposant pas de tout le confort progresse de 66,7% à 82,7%. On peut voir là un effet de génération, celles qui arrivent aujourd'hui au seuil de la vieillesse ayant de meilleures ressources financières et plus d'exigences en matière de confort que les plus âgées qui ont toujours vécu avec moins de commodités matérielles. A cela s'ajoute l'effet négatif de l'âge sur la mobilité et plus encore sur la tendance à emménager dans un logement neuf. Ainsi, entre 1975 et 1982, plus de 15,5% des français se sont installés dans un logement construit durant la période, mais cette proportion chutait à 8,1 % pour les 55-64 ans, et, à 0,6% pour les 85 ans et plus. A un âge donné, 85 ans et plus par exemple, des communes rurales hors ZPIU à l'agglomération parisienne, la proportion de logements ne disposant pas de tout le confort diminue de 82,7% à 48,8%. Tableau IV.16: Principales caractéristiques des logements en 1982 selon la composition des ménages âgés (en %) Chef de ménage âgé de 65 ans et plus Vivant seul STATUT D'OCCUPATION Propriétaire Logé par l'employeur Logé à titre gracieux „Locataire ou sous-locataire EPOQUE D'ACHEVEMENT DE LA CONSTRUCTION Avant 1871 1871-1914 1915-1948 1949-1961 1962-1967 1968-1974 1975 ou après COMBINAISON DES ELEMENTS DE CONFORT Logèrent sans eau Eau seulement Eau, sans.installations sanitaires, VC intérieurs Eau, installations sanitaires, WC extérieurs Eau, installations sanitaires, WC intérieurs, sans chauffagecentral Eau, installations sanitaires, WC intérieurs, chauffage central LOGEMENT POURVU DO TELEPHONE I |Vivant en couple Ensemble des ménages 47,2 68,2 50,7 1,3 11,3 40,2 1,2 6,1 4,0 4,3 24,5 41,0 22,3 22,8 20,4 12,8 20,2 19,9 18,5 16,1 14,1 15,5 14,4 13,8 6,7 9,0 6,0 8.4 9,9 10,8 16,7 15,6 6,1 2,0 0,7 21,6 13,2 0,8 9,4 14,9 8,9 5,1 5,1 5,8 5,0 15,8 18,2 17,1 40,6 53,2 62,6 64,8 82,0 74,4 8. Note de 1TNSEE: les logements ayant "tout le confort" disposent de l'eau courante, d'une baignoire ou douche, des W C intérieurs et du chauffage central. Cette dénomination peut sembler abusive alors que nombre d'entre eux sont affectés de nuisances telles que mauvaise qualité de la construction ou de l'environnement, bruit, enclavement. Mais se sont là des aspects subjectifs qui ne peuvent être appréhendés dans le cadre d'une opération aussi vaste que le recensement. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau IV.17: 111 Caractéristiques combinées de confort de la résidence principale selon l'âge de la personne de référence, en 1982 — le pourcentage de gauche (en romain) concerne l'ensemble des communes. — le pourcentage de droite (en tatique) concerne les communes rurales. Tous Iges V, 60-64 ans Logements sans eau 0.8 1.0 Eau seulement 9.4 i 1.6 2.0 10.8 16.4 Eau. WC intérieur, sans installations sanitaires 5.1 17,1 Eau. installations sanitaires, WC intérieur, chauffage central y. Logements sans eau 1.5 19,6 31.4 Eau. WC intérieur. sans installations sanitaires 13,4 5.4 Eau. installations sanitaires, WC intérieur, sans chauffage 16,7 17.8 17.6 4,7 4.1 4.3 13,7 13.2 14.7 17.3 38.6 21.2 37.4 18.9 4.6 40.2 *$ 23.0 37.7 4.7 14.6 43,4 2.3 4.4 17,7 5.1 20.8 Eau, installations sanitaires, WC intérieur, chauffage central 2.2 17.2 4J 30.8 90 ans et + y. 23,7 15.8 24.2 48.1 8S-89 ans 35.8 15.1 Eau, installations sanitaires, sans WC intérieur 18.8 36,7 3.8 22.4 5.4 26.6 53.6 1.9 2.8 Eau seulement 5.7 39.2 80-84 ans V, 11.8 3.7 19.5 57.1 75-79 ans 10.1 27.7 46,1 25.3 7.9 6.0 19,9 62.6 21.0 6.5 24.3 2.5 16.1 7.2 5.9 V, 2.1 6.0 5.1 Eau. installations sanitaires, WC intérieur, sans chauffage l.l 1.2 12.6 5.3 5.0 70-74 ans 18.6 6.3 Eau, installations sanitaires. sans WC intérieur 65-69 ans V. 16.5 38.5 20.2 Nous pouvons faire le même type de constatation à propos du pourcentage de personnes ayant le téléphone (voir tableau IV.18). Il décroît avec l'âge, et, le sous-équipement est plus important en milieu rural: 75,5% des 60-64 ans y disposent du téléphone (80,5% en milieu urbain), seulement 46,5% des 90 ans et plus (64% en milieu urbain). Si ces disparités de situations valaient également au recensement précédent, les conditions de logements des personnes âgées se sont nettement améliorées sur la période, comme en témoigne le tableau IV. 19. Tous les indices vont dans le même sens et traduisent d'importants progrès en matière de confort. Pour ne mentionner que le plus synthétique la proportion de logements disposant de tout le confort - il est passé de 25,6% à 41,5% parmi les 75 ans et plus. Tableau IV.18: Proportions de logements équipés en téléphone selon l'âge du chef de ménage et la catégorie de commune, en 1982 Communes urbaines Communes rurales Ensemble des communes Communes urbaines Communes rurales Ensemble des communes Tous âges % 60-64 ans V, 65-69 ans % 70-74 ans % 75,1 72,4 74,4 80,5 75.4 79.0 80.9 74,1 78,9 79,0 69,6 76,1 75-79 ans % 80-84 ans % 85-89 ans % 90 ans et + 74,8 63.1 71,2 71,2 56,1 66,7 66,5 49,0 61.6 64,0 46,5 59,1 % • Source: GAYMU J: "Les populations âgées en France au recensement de 1982", POPULATION INED, Paris, No 4-5, juillet-octobre 1985. pp. 699-724. 112 Joëlle G ay mu Tableau IV.19: Caractéristiques des résidences principales en 1982, selon l'âge de la personne de référence du ménage Age de la personne de référence Tous âges Nombre total de logements Statut d'occupation Propriétaire Logé par l'employeur Logé à litre gracieux Locataire ou sous-locataire Époque d'achèvement de la construction de l'immeuble Avant 1871 1871-1914 1915-1948 1949-1961 1962-1967 1968 ou après Combinaison des éléments de confort Logement saos eau Eau seulement Eau, sans installation sanitaire, WC intérieurs Eau, installations sanitaires, WC extérieurs Eau, installations sanitaires, WC intérieurs, sans chauffage central Eau, installations sanitaires, WC intérieurs, chauffage central Logement pourvu du téléphone Indice de peuplement Sous-peuplement très prononcé Sous-peuplement prononcé Sous-peuplement modéré Peuplement normal Surpeuplement modéré Surpeuplement accentué Source: 65 74 ans 19590400 100,0 100,0 2395460 9928780 783540 845380 8032700 50,7 4,0 4,3 41.0 46.6 2763760 3036500 2820840 2706300 1928240 6334760 75 ans ou plus 100.0 100.0 2165540 100.0 KX1.0 4,7 42,9 1460980 37940 147580 748960 61.0 1.6 6,1 31,3 58.3 2.5 6.4 32,8 1 168980 23760 244160 728640 54.0 1.1 11,3 33,6 53.6 1.8 11,3 33,3 14,1 15,5 14,4 13.8 9,9 32,3 19,4 19,5 16.2 14,9 12,1 17,9 482320 481180 424280 386100 196900 424680 20.2 20,1 17,7 16,1 8,2 17,7 27,6 25,1 20.6 12,6 7,2 6,9 514160 499600 455500 264 820 142280 289180 23,7 23,1 21,0 12,2 6,6 13,4 31,1 27,3 22,9 9.3 4,9 4,5 148280 1837840 1002480 978140 0,8 9,4 5,1 5,0 2,8 18,4 8,6 5,1 27160 347660 210320 140480 1.1 14,5 8,8 5.9 4,4 27,8 13,8 5,3 38440 458940 324440 111480 1,8 21,2 15,0 .5.1 5.6 33,4 18,5 4,5 3354720 17.1 17,5 458400 19.1 16,4 334100 15,4 12.4 12268940 14 579580 62,6 74,4 47,6 26.6 1211440 1852940 50,6 77.4 32,3 25.3 898140 1470120 41.5 67,9 25,6 21,7 2023040 3258760 5694040 5521000 2602440 491120 10,3 16.6 29.1 28.2 13,3 2.5 8.0 13.2 26,5 31.0 16,7 4,6 367900 504440 755800 552380 198960 15980 15.4 21.1 31.5 23,0 8.3 12.0 16,9 28.9 27.7 12.7 1.8 278700 375820 637 740 587300 275760 10220 12,9 17.4 29,4 27,1 12.7 0,5 11,3 15,5 27.4 29.2 15.2 1.4 5.8 0,7 PARANT A.: "Si vieillesses m'étaient comptées", FUTURIBLES, no 88, mai 1985, pp. 5-24. Mais malgré ces évolutions positives, près de 2,5 millions de chefs de ménage âgés sont toujours mal logés en 1982 (faute de données suffisantes nous ne pouvons y ajouter les mal-logés âgés vivant dans des ménages dont ils ne sont pas le chef). Parmi eux, 55% soit 1,355,000 sont isolés. C'est dans les communes rurales, là où les isolés sont les moins nombreux (26%) que leurs conditions de logement sont le plus dégradées (81,5% des isolés sont mal logés). Au total 21,4% des 65 ans et plus y sont seuls et mal logés; c'est dans les villes moyennes (20,000 à 100,000 habitants) que cette proportion est la plus faible, soit 16,5% (voir tableau IV.20). La dispersion de cette proportion est relativement faible et on peut dire que, honnis les deux extrêmes, précédemment cités, toutes les communes connaissent une situation identique: 19% environ de personnes âgées y sont seules et mal logées. Toutefois cette proportion recouvre deux réalités totalement différentes. Dans les communes rurales, l'isolement est rare, mais lorsqu'il existe, il est pratiquement synonyme de logements dégradés. A l'inverse, dans les communes urbaines les personnes âgées sont beaucoup plus souvent seules, mais cet isolement est compensé (plus ou moins) par des conditions de vie plus décentes. Selon qu'elles vivent à la ville ou à la campagne, les personnes âgées ont donc des conditions de vie très différentes, mais la dimension géographique (et par là même culturelle) est loin d'être secondaire. Deux régions fortement agricoles comme, par exemple, la Bretagne et l'Aquitaine se situent, de ce point de vue, à l'opposé l'une de l'autre: près de 27% de personnes âgées sont seules et mal logées dans le Morbihan, moins de 15% dans les Landes. De même, malgré la présence d'une grande ville, en Gironde et dans le Nord, on trouve 17,7% de vieux seuls et mal logés dans le premier département, 25,8% dans l'autre. La dernière représentation cartographique des personnes âgées (carte 6) nous permet de constater que dans 18 départements, plus de 23% des 65 ans et plus sont seuls et mal logés. S'ils sont en grande majorité situés dans le Nord, Nord-est de la France, on peut noter que: - certains départements où l'isolement est également très fort n'en font pas partie, du fait des bonnes conditions de logement que l'on y trouve: les Alpes-Maritimes ou l'Ile-de-France (hormis Paris); à l'opposé, certains où l'isolement est faible, mais l'habitat très vétusté, sont concernés: Dordogne, Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 113 Corréze, Puy-de-Dôme, Aveyron et Tarn. Si les disparités spatiales mises en évidence en étudiant la population âgée se retrouvent au niveau de la population totale, et sont donc le reflet des différences régionales de l'état des parcs immobiliers, un dernier exemple suffira pour montrer à quel point vieillesse et isolement accentuent considérablement le risque d'être mal logé: dans le Nord où les logements sont les plus vétustés de France, 53,3% des logements ne disposent pas de tout le confort, mais lorsqu'on est âgé et seul la probabilité d'habiter dans un tel logement dépasse 74%. Tableau IV.20: Proportions de logements n'ayant pas tout le confort selon l'âge de la personne de référence et la catégorie de commune Tous âges % 55 ans a 64 ans Communes rurales hors ZPIU Communes rurales en ZPIU Communes rurales 47,8 62.6 53.8 54.3 66,7 59.9 Moins de 20 000 habitants de 20 000 a 99 999 de 100 000 à 1999 999 Agglomération de Paris Communes urbaines 38.9 28.9 31.4 28.7 31.9 37,4 42,7 31.8 35.0 26.8 34.2 Ensemble des communes Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus 65 ans i 74 ans y. 62,5 71,3 66.6 50.1 38,6 41.4 36.9 42.0 49.4 41.5 75 ans a 84 ans 73.3 79.8 76J 59,7 47.5 47.7 44.7 49,7 57.9 85 ans et plus Vo 77.5 82.7 80.0 64.0 53.8 52.3 48.8 54.2 61.4 Proportion d'isolés dans la population âgée de 65 ans et plus Proportion de mal logés dans la population isolée de 65 ans et plus Proportion d'isolés mal logés dans la population des 65 ans et plus 26.2 27,6 27.0 31.0 33.4 34.8 40.0 34.7 32,2 81.5 76.3 78,7 62.0 49,2 50,4 48.6 52,2 59.4 21.4 21.1 21.2 19,2 16.5 17,5 19,4 18,1 19.1 V. Communes rurales hors ZPIU Communes rurales en ZPIU Communes rurales 19,6 13.9 16,2 Moins de 20 000 habitants de 20 000 i 99 999 de 100000 a 1999999 Agglomération de Paris Communes urbaines 13,4 12,5 12,2 11.5 12.4 13,4 Ensemble des communes - Carte 6: Proportion des isolés et mal logés dans la population âgée de 65 ans ou plus en* 1982 Source: Joëlle GAYMU: "Les populations âgées en France au recensement de 1982, POPULATION, no4-5,INED, juillet-octobre 1985, pp. 699-724. 114 Joëlle G ay mu Chapitre V L'Activité Professionelle des Personnes Agées 1. Evolution de la présence des personnes âgées dans le monde du travail A . L'évolution des taux d'activité Les taux d'activité suivent, en fonction de l'âge, une évolution bien connue (voir graphique V. 1). Pour les hommes, suite à lafindes études et à l'entrée dans le monde du travail, l'activité augmente fortement jusqu'à 25-30 ans. Elle décrit ensuite, un palier jusqu'à la cinquantaine (le taux d'activité oscille alors autour de 96%), puis, en raison du départ à la retraite, accuse une chute qui devient brutale à partir de 60 ans (à 61 ans, en 1988, le taux d'activité atteignait à peine 22%). Si pour les femmes le parcours est globalement similaire, l'activité est maximale plus précocement (entre 25 et 30 ans), et les taux d'activité diminuent dès l'âge de 30 ans, suite aux interruptions d'acitivité à l'occasion d'une union, ou d'une naissance. En outre, l'écart entre les taux d'activité féminin et masculin (qui est du simple au double dès 65 ans) contrecarre les plus grandes chances des femmes d'arriver au seuil de la vieillesse. La légère féminisation de la population active que l'on constate avec l'avancée en âge (38% des actifs de 55 à 59 ans sont des femmes, près de 45% des 75 ans et plus), n'est donc en aucun cas comparable à celle de la population totale. L'une des constatations qui ressort des graphiques V.2 est que l'abaissement de l'âge de la retraite - qui est passé en France de 65 à 60 ans en avril 1983 - n'a fait qu'entériner un mouvement de chute de l'activité amorcé depuis bon nombre d'années. Depuis 1975, la population active de 60 ans et plus a, en effet, diminué de 34,5%, le taux d'activité égal à 15,5% en 1975, a chuté à 10% en 1982 et à 7,9% en 1988. Quant aux actifs après 65 ans, c'est une population en voie d'extinction, en 1988, ils ne sont plus que 2,9%, soit 220,000 environ (voir tableaux V.l). Tableau V.l: Evolutions intercensitaires de la population active selon l'âge EFFECTIFS 50-54 an3 55-59 ANS 60-64 ans 65-69 ans 70-74 ans 75 ans et + 2 011 440 1 768 180 1 308 140 569 080 249 320 176 720 50 ans 55 ans 60 ans 65 ans 6 082 880 4 071 440 2 303 260 995 120 et et et et + + + + 1975 1968 1962 1 327 164 1 737 576 1 281 744 520 776 185 008 123 372 | 1982 | 2 231 685 |2 | 1 230 845 |1 | 990 900 | | 343 275 | | 118 595 | | 79 500 | I 5175 640 | 4 994 I 3 848 476 | 2 763 I 2 110 900 | 1 532 829 156 | 800 115 270 541 370 322 720 845 380 756 660 125 320 68 840 52 200 |5 171 120 |2 848 400 |1 003 020 ! 246 360 EVOLUTION DES EFFECTIFS 1968-1975 1962-1968 1962-1982 | 1975-1982 50-54 ans 55-59 ANS 60-64 ans 65-69 ans 70-74 ans 75 ans et + _ _ - 34,o 1,7 1| 2,o 1 8, + 68 ,2 - 29,2 - 22,7 - 34 ,1 - 35 ,9 - 35 ,6 + + - 4,1 49,9 23,6 63,5 42,0 34,3 + 15 ,5 + 4 ,4 - 42,2 - 78 ,0 - 72,4 - 70,5 50 ans et 55 ans et 60 ans et 65 ans et _ — 14,9 1 5,5 1 - 3,5 - 28 ,2 - 27,4 - 34,7 + + - 3,5 3,1 34,5 54,5 - 15,0 - 30,0 - 56,5 - 75 ,2 + + + + 5 25,8 30,2 8,4 16 7 1 1 ! | ¡ Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 115 Graphique V.l: Taux d'activité économique, suivant l'âge et le sexe eh 1954 et en 1987 Taux d'activité 100 1987 Wk CIULD Ecart en moins, hommes Écart en moins, femmes Écart en plus, femmes 15 Source: 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 CHESNAIS J.C.: Les hommes et l'économie. La croissance et les changements structurels" in: Histoire de la Population Française, de 1914 à nos jours, vol. 4, PUF, Paris, décembre 1988, p. 357. Graphique V.2: Taux d'activité des plus de 50 ans Tiu« a «clív'iié f T«u« d'Klivilé Hommit F«m<n«t UAKI 90 80 70 60 60 1962 SO SO \ 40 • 30 30 V\ \ 10 • 40 " " ^ 1982 30 ""^^ 1968 30 . 1975 « 1982 10 g so ss 60 65 70 1962 60 65 116 Joëlle G ay mu L'analyse sur les années 1962-1982 donne une image plus saisissante encore de cette quasi-disparition des individus âgés du monde du travail: 30% des hommes de 70 ans travaillaient en 1962,20 ans plus tard ce taux d'activité correspond aux hommes de 62 ans. Le taux d'activité des hommes de 60 à 64 ans a été divisé par près de 2, celui des 65-69 ans par 4,5 passant de près de 42% en 1962 à 9,4 en 1982. Pour les femmes, en revanche, l'évolution est plus complexe. Jusqu'à 60 ans en effet, les taux d'activité ont augmenté, leur plus forte participation au monde du travail faisant plus que compenser les effets des cessations d'activité anticipées. A partir de 1982 toutefois pour les femmes de 55 à 59 ans, ce dernier phénomène supplante le premier et les taux d'activité se mettent à chuter. Après 60 ans, l'évolution va dans le même sens que pour les hommes. Le taux d'activité des 65-69 ans, par exemple a été divisé par 4 entre 1962 et 1982, à ces âges 5% seulement des femmes continuaient à travailler en 1982 (4% en 1988). Mais, par population active on entend à la fois actifs ayant un emploi, et actifs à la recherche d'un emploi, le graphique V.3 - qui dissocie les individus selon leur situation professionnelle - nous apporte quelques informations supplémentaires. La redistribution est nette. Par rapport à 1968, en 1982 - et quel que soit l'âge - les chômeurs et les anciens actifs occupent une place plus importante alors que les actifs ayant un emploi et les autres inactifs (surtout ¡esfemmes aufoyer) ont perdu du terrain. En outre, la chute de la proportion d'actifs ayant un emploi a été d'autant plus forte que l'on avance dans les seuils de la vieillesse. En 1968, près de la moitié des 60-64 ans étaient des actifs ayant un emploi à peine un quart étaient retraités. Quartorze ans plus tard, ils sont presque majoritairement anciens actifs alors que moins de 30% travaillent De même, si plus de 20% des 65-69 ans avaient un emploi, ils sont désormais moins de 7% dans ce cas alors que plus des trois quarts sont retraités (52% en 1968). Graphique V.3: Evolution de la distribution (en %) de la population âgée selon la situation professionnelle Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 117 Ces quelques constatations n'ont pas de quoi étonner, la France s'étant dotée, depuis un bon nombre d'années, de tout un système de réglementations (résumé dans l'encadré qui suit), visant à un départ de plus en plus précoce du monde du travail de ses éléments vieillissants. Les dispositifs de préretraite occupent une place essentielle dans la sortie d'activité avant 60 ans puisque, comme en témoigne le graphique V.4, à ces âges les préretraités étaient plus nombreux que les retraités proprement dits. Mais, entre 60 et 65 ans on comptait encore 1 préretraité pour 3 retraités. Et, contrairement à ce que le terme préretraité pourrait suggérer, l'âge moyen de cessation d'activité a été, dans les années les plus récentes, de 57 ans pour les préretraités et de 58 ans pour les retraités, soit des ordres de grandeur tout à fait comparables. Ces. départs à la retraite de plus en plus précoces ont évidemment de multiples conséquences, au premier rang desquelles une modification de la structure par âge de la population active. B. L'évolution de la structure par âge de la population active depuis 1962 Depuis 1962, alors que la part des personnes âgées de 60 ans et plus dans la population âgée de 15 ans ou plus n'a que fort peu évolué (24% en 1962,23,3% en 1982), la même proportion calculée, pour la population active, a pratiquement été divisée par 3:12% des actifs avaient 60 ans ou plus en 1962,43% seulement 20 ans plus tard. On prend là toute la mesure de la chute vertigineuse des taux d'activité des anciens qui entraîne un rajeunissement du haut de la pyramide de la population active (voir graphique V.5). Ainsi, la valeur du dernier quartile est-elle passée en l'espace de 20 ans, de 53,2 ans à 48,5 ans. Le même type de constatation vaut, dans une moindre mesure, pour les jeunes actifs. Alors qu'entre 1962 et 1982 dans la population totale, les 15-25 ans sont passés de 17,7 à 20%, dans la population active leur part est restée stable soit 15,9%. Le premier décile égal à 21,5 ans en 1962, a augmenté d'une année en 20 ans. Graphique V.4: Retraités et préretraités entre 55 et 65 ans* 167| 2231 155 152 1821 2O4| 1)2 149 146| 163) 71 L, 135 1 112 109 981 43 „,,«?,, F 44^ j 621 22 Í Retraités 150 100 50 97 |112 78 98 52 |B2 1"? 38 4P... En Tiillierf 20 42 18 I 24 00 102 S 3« 54 66 24 E |134 |l33 |134 130 o'2'iö oí3Ó | ..5.5 86] 32 4 vilï.î Si >:-:-:3; ; : i: :3* :;:;i:J 0 50 0 100 " • : *n man f9B5. nir 1S3 OOO I**» " • « ay»"t »nmiM SO ênt, 44 OOO to '•mir pti'mtiwftfj. 109 OOO Préretraités US DIFFÉHEhJTS RÉGIMCS Dt PfítñETRAITtS H y avait, en mars 198S, 746 OOO préretraité* dont 658 OOO Forte croissance entre 1977 et 1983 bénéficiaient de régimes nationaux llableau ci-conue). 1 200 OOO personne» ont bénéficié <?e différants systèmes nationaux de cessation anticipée d'activité »alertée depuis leur créstion en 1972. Limitées à mo>n» de 30000 personnes par en eu début, dans le cadfe du régime de le Régime* nationaux ... garantie de ressources-licenciement, les entrée» en préreDifférent» régimes * nationaux » de préretraite se Boni suc- traite ont connu une première extension en 1977 avtc le cédé : garantie de ressources-licenciement (CRU. garantie création de le garantie de ressources-démission, et un ton de ressources-démission IGRDt. allocation conventionnelle développement i partir de 1981-1982 tvec les contrats de da solidarité (ACSf. allocation spéciale du Fonds national de solidarité. L» plus fort afflux « eu Heu en 1983 avec phi$ de l'emploi (ASFNE). 300000 entrée*. Le moitié dea préretraité» relevant des régimes netioneux en mars 1985 ë Quitté ïactnttè en 1982Le premier dispositif à connaître une réelle extension a été 1983. Depuis cette date, lea sorties du système de le celui dm la garantie do ressourças, pour le* chômeur» âgés préretraite vert le régime de la retraite l'emportent tur let de plu* de SO ans et licenciés ¡CRU H date de /uillet 1972. entrées, du fait de la suppression de l'accès aux régimes les La formule assurait au bénéficiaire 70 4f> de »on dernier plus ancien». L évolution est comparable pour les dispositifs salaire brut. 65 % i partir de 1983. Une extension imporparticuliers d'entreprise ou de branche è celle des régime* tante est intervenue par accord paritaire en /um 1977 en nationaux. ouvrant la garantie de ressources aun démissionnaire» âgés iGRD). Lacees i ces deux formes de I» garantie de ressources est Maintenant fermé€n 1982 et 1983. I» formule de le préretraite-démission, ouverte par les contrata de solidante connaît un grand succéa. Une ailocatwn conventionnell« da sohdanlt est versée par les ASSEDIC aux salariés êgés de 55 * 60 ana. démissionnaires dune entreprise ayant conclu un contrat avec l'État, l'entreprise s engageant i remplacer tous les partants. Ce régime est aussi en voie d'extinction. Le seul régime encore ouvert est celui de ''allocation 1D«ctale du Fonds national de Templa en cas de licenciement Une convention entre les entreprises concernées et l'État permet le prise en charge des licenciés âgés de plu» de 56 ans et deux mois Ce type de préretraite FNE. qut existait sous une forme hmitée depuis 1963. existe sou» s» forme actuelle depuis le 24 novembre 1982. Let »tttctfft da prérttrafté» «n mar« 1985 Dap'«« ranouatc oorrtttmmtam » r«nqw*fa EmpW « S I OOO Garantiaa da mrovvas - tfèmitHon Alhxetwi tûéc-fs du fNt 425 OOO (394 OOOI1 0 3 1 000) r UNE CMC* ees 077 391 649 toi ooo 1176 696) 1212 »13) 126 49$ 126 OOO 137 033 ftéglma* B*rtlcuH*ra da branch«« at 74 OOO ... et régimes particulier» Une partie des préretraités ne peut être connue directement par le moyen de IVNEDIC : ce sont les bénéficiaires de divers dispositifs établit eu niveau d'un» entreprise ou d'une branche. Les conventions spéciales de la sidérurgie sont les plus importants de cas accords de branche. L'indemnité viagère de départ est une autre forme d'incitation i un retrait anticipé de I activité agricole. Enfin, un système de cessation anticipée d'activité avait été ouvert dans le fonction pubiiQve entre fin 1982 et mt-1964. Coawtlwi anticipa« «TactMt* dam la Fwwtlon BwbttpH 14 OOO 74« OOO Total mmmrmtmmt* tif M M * * * tm t*w\ s m fmum t i*piM Onêrn ****** n * r itHtinirmm tr* *canc*i m ISO OOO 0 ***** *nuewuç »ha a**** *— a—»*n M > V W K Source: HELLER J.L, "La retraite anticipée: choix ou contrainte?". Economie et Statistique, INSEE, novembre-décembre 1986 no 193-194, pp. 97-111. 118 Joëlle Gaymu. Graphique V5: Pyramide des âges de la population totale et de la population active I9 61 " 3 J-l— 400 300 200 '00 0 0 100 1982 FEMMES n 197 ROMMES pivt M M MES 70.14 1 i 1 1. 1 II ! ro>74 IMS »U MI SO« I ••i 1 IMS HVU I1 1 1 ] 71-11 n-* 1 1 1 1 1 1 I 1 H o* 1 1 400 I ,1 1 3M( 30J4 300 200 0 100 1 10.14 L 1 J 0 100 00 400 JOO MO 100 0 0 Iffvetiti <•* m 400 • f »OOWIMIOM iota» Paowiatis« activa ¿'évolution de la structure par âge de la population active va donc dans le sens d'un rétrécissement, à lafois du bas et du sommet de sa pyramide : travailler avant 20 ans ou après 60 ans devient tout à fait exceptionnel: en 1962, à peine plus de 63% des actifs avaient entre 25 et 55 ans, 20 ans plus tard, près des trois quarts sont dans ce cas. De plus, si on enlève le biais du chômage, on constate qu'en 1982, plus de 82% des actifs ayant un emploi ont entre 25 et 55 ans. En outre, selon les régions, les disparités de degré de vieillissement de la population active sont importantes. Si 2,4% seulement des Alsaciens qui travaillent ont 60 ans ou plus, cette proportion atteint 5,8% dans le Limousin. D'une façon générale, c'est dans les régions les plus vieillies (Limousin, Auvergne, Aquitaine, Midi-Pyrénées) que la population active est la plus vieillie. Sans être pour autant une condition suffisante (voir les Pays de la Loire), leur dominante agricole contribue à expliquer ce fort vieillissement de leur population active, d'autres régions (telles la Bretagne ou la Basse Normandie) bien moins vieillies mais tout aussi agricoles, comptant également une forte proportion d'actifs âgés. De plus, compte tenu de leur proportion de 60 ans et plus certaines régions sont caractérisées par un sous ou survieillissement de leur population active (voir colonne 2 du tableau V.2). L'Alsace est dans le premier cas l'Ile-de-France dans le second, pour ne prendre que les extrêmes. A l'évidence, derrière cette constatation se cache un différentiel régional des taux d'activité des anciens. Ces derniers semblent suivre le même classement que celui des taux d'activité globaux. En d'autres termes, les personnes âgées sont plus intégrées dans- le monde du travail dans les régions où les actifs sont proportionnellement plus nombreux: PIle-de-France, la Haute-Normandie, la Basse-Normandie et la région Rhône-Alpes, pour ne prendre que quelques exemples; la Corse, le Languedoc, l'Alsace, le Nord la Lorraine étant dans la situation inverse. Ces quelques constatations qui mériteraient de plus amples recherches, nous amènent à penser que selon les régions l'intégration des personnes âgées dans le monde du travail est plutôt dépendante de l'offre d'activité (dans les régions les plus jeunes, mais plus actives que la moyenne nationale) ou plutôt dépendante du type d'activité (dans les régions plus agricoles et généralement plus vieillies que la moyenne). Dans quelle mesure cette hiérarchie a-t-elle une quelconque valeur prédictive? L'intégration professionnelle des personnes âgées dans les régions vieillies préfigure-t-elle leur situation dans la France vieillie de demain? Sans aucun doute, l'évolution économique sera à ce titre déterminante, les régions en déclin économique (et en particulier industriel) étant également celles où les taux d'activité des anciens sont les plus bas. Mais, Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 119 d'une façon générale, on peut se demander si nos sociétés pourront se permettre de continuer longtemps encore dans la voie d'un raccourcissement de la période d'activité. Quelles seront les conséquences de la poursuite de l'éviction des personnes âgées du monde du travail? Tableau V.2: Evolution de la population active âgée dans les régions françaises. 60 ans et plus Taux d'activité active Régions Ile-de-France Champagne Picardie Haute-Normandie Centre Basse-Normandie Bourgogne Nord Lorraine Alsace Franche-Comté Pays de la Loire Bretagne Poitou Aquitaine Midi-Pyrénées Limousin Rhône-Alpes Auvergne Languedoc-Roussillon Provence-Côte d'Azur Corse France enture Taux d'activité des 65 ans et plus Taux d'activité tous âges confondus 1982 1982 »3,9 9,5 9,2 10.7 9.8 12,4 9.4 7.1 7,2 6,4 8,8 9,2 10.0 9,0 10.1 10.0 9.4 10,8 9,7 8,1 8,9 7,9 10,4 6,7 6,0 7.9 6.3 9.6 5,7 4,5 4,7 5,0 6,4 5,9 6,0 5.1 7,1 6,1 6,9 7,8 7,1 5,6 6,8 5,5 4,8 3,0 2,7 3,7 2,8 4,5 2,8 1,9 2,2 1.8 2,7 2.6 3.3 2,8 3,4 3,7 3,3 3,5 3,3 2,7 3.1 3.5 74,3 69,4 69.4 72.7 75.4 . 74,4 72,8 64,4 . 65,4 69.6 71,1 72.9 71.0 71,9 70,8 69,6 74,6 71.9 72,9 65.5 66,8 62,7 1469 060 1 003 020 15,5 10,0 7,0 3.3 71,3 338 665 34 300 38 575 43 880 65 125 41245 42 755 67 570 40 770 27 215 26 875 68 150 67 570 41070 83 665 66 445 26 935 137 315 40 800 50 340 110 780 5 190 2 % 1975 1982 1975 1975 1 1982 217 220 21920 26 740 28 960 45 020 30 560 31840 44 540 26 060 16 320 16 240 47 760 52 780 30 880 58 700 51800 18 240 92 660 27 880 36 420 76 360 4 120 21.9 15,2 14,0 17,5 15,1 18.9 13.1 10.9 11,5 10,7 15.3 14.6 14.0 12.8 15.2 13.4 14,0 17,2 14,5 13,8 14.3 10,4 4,4 3,8 3,6 3.9 4.5 5.1 4,7 2,9 2,7 2,4 3,5 3,8 4,7 4,7 5.3 5.4 5.8 4,2 4.9 4.9 4.8 4.7 28 22 22 24 22 28 22 18 17 15 20 22 24 21 24 24 22 25 23 21 22 21 4.3 23 1) Proportion de personnes figées de 60 ans et plus dans la population active (en %). 2) Proportion de personnes figées de 60 ans et plus dans la population active par rapport à la mime proportion dans la population totale (en %). Source: GAYMU J., "Les populations âgées au recensement de 1982", Population, no."4-5, juillet-octobre 1985, pp. 699-724. C. L'évolution future de la population active et ses conséquences socio-économiques L'analyse des projections de la population active effectuées par l'INSEE1 nous donne quelques éléments de réponse, les taux d'activité ayant été projetés par extrapolation des tendances d'évolution passée (voir graphique V.6). Pour aussi imparfaits qu'ils soient (parce qu'ils ne tiennent pas compte du chômage, ne sont fondés que sur une seule hypothèse moyenne de projection des effectifs globaux,..) ces résultats (tableau V.3 et graphique V.7) sont riches d'enseignements. Etant donné qu'il y a la fois poursuite du recul de l'âge d'entréeen activité et arrivée de générations moins nombreuses sur le marché du travail, la part des moins^fe 25 ans dans la population active ne cesse de diminuer. A l'orée du XXIe siècle, elle est déjà inférieure à 11,5%; jusqu'à cet horizon, la proportion de 55 ans et plus suit la même tendance. Ensuite, compte tenu de l'arrivée dans les âges élevés des classes pleines du baby boom, et malgré une projection à la baisse de leur taux d'activité -il y a vieillissement du haut de la pyramide de la population active: en 2010, la proportion des 55 ans et plus dans ¡a population active sera, tout comme celle des moins de 25 ans, de l'ordre de 10%. De plus en plus donc l'activité se concentrera entre 25 et 55 ans. En outre, à l'intérieur de ces groupes d'âges, le vieillissement s'accentuera: plus dj* 40% des actifs auront entre 40 et 50 ans alors que moins de 30% sont dans ce cas aujourd' hui. D'une façon générale, il y aura donc de moins en moins d'entrées de personnes récerfïïnent formées, inévitablement, compte tenu de l'évolution technique permanente, le besoin de formation professionnelle complémentaire aux âges adultes s'en trouvera dHmtant accru. Cette évolution pourrait donc avoir pour conséquence un développement de la formation des travailleurs vieillissants, unexeftàin remise en cause de la précocité de leur exclusion dù*monde du travail. D'autant plus que le vieillissement interne de la population active atteindra des proportions considérables dans certaines professions qui ont embauché récemment et massivement des jeunes. 1. MARC N. et MARCHAND O.: "Projection de population active disponible 1985-2010", Collection de l'INSEE, Série D, no" 118, mai 1987. 120 Joëlle Gay mu Graphique V.6: Evolution des taux d'activité par sexe et âge, de 1962 à 2010* En% 50 , HOMMES FEMMES 40 15-19 ans 30 . 20. 15-19 ans _ 10 . 20-24 ans 100 . 25-39 ans 90 _ •*40-54 ans 25-39 ans 80 . 70 . 40-54 ans 60 _ 50 _ i Niveaux observés aux recensements (1975 a été corrigé) , Niveaux observés aux enquêtes emploi et recalés sur les recensements • Projections . 55-59 ans 55-59 ans — 60-64 ans 60-64 ans H > 70-74 ans ••V.s%V.V.V.V, 1968 1962 1975 1982 1985 1990 1995 2000 2005 , ¿75 ans 2010 1962 1968 1975 1982 1990 1995 2000 2005 2010 1985 • Le profil parfois heurté de la courbe des taux d'activité projetés s'explique par des modifications dans la structure de la population totale par âge détaillé au sein d'une tranche d'âge quinquennale (par exemple, pour les 60-64 ans en fin de période de projection!. Source: MARC N. et MARCHANDO., "Projection de population active disponsible 1985-2010", Collection de FINSEE Série D No 118, mai 1987. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 121 Tableau V.3: Répartition de la population active disponsible par sexe et par groupe d'âge, de 1975 à 2010* Âge anemt au cours de l'année 1980 1975 Milliers % Milliers 1990 1985 <*> Milliers % Milliers 1995 % Milliers 2000 % Milliers 2010 2005 % Milliers % % Milliers Hommes Moms de 25 ans . . 2 376 10.7 2 292 9.8 2 137 8.8 2 002 7.9 1 831 7.1 25 a 39 ans 5 217 23.5 5717 24.4 6 181 25,5 6 035 24.0 5 966 22.9 40 a 54 ans . . . 4 647 20.9 4473 19.1 4315 17.8 4 858 19.3 5 385 20.7 55 ans et plus 1 733 78 1 767 7 5 1 524 6 3 1 360 54 1 248 48 .. Total 13 973 62 9 14 249 60.8 14 157 58 4 14255 56 6 14 430 1 641 6.2 5 898 22.3 5 808 22.0 1 189 45 55.5 14 536 1 619 6.1 1 533 5.9 5 632 21.2 5 455 21.1 5 700 21.5 5 641 21.8 1 568 59 1 480 57 54.7 14 109 54. E 55 0 14 519 Femme» Moins de 25 ans . . . 1 827 8.2 1 805 7.7 1 719 7.1 1 611 6.4 1 485 5.7 25 a 39 ans 2 911 13 1 3 687 15 7 4 555 18 8 4 892 19 4 5 034 19 4 40 à 54 ans 2 468 11.1 2 566 11 0 2 770 11 5 3 467 13 8 4 196 16 2 55 ans et plus 1 039 4.7 1 128 4.8 1 029 4.2 946 3.8 835 3.2 Total 8 245 37.1 9 186 39.2 10 073 41.6 10916 43,4 11 550 1 315 5.0 5 035 19 0 4 763 1 8 0 800 3.0 1 292 4,9 1 220 4.7 4 808 18 1 4 656 17 9 4 844 18 2 4 826 18 6 1 094 4.1 1 098 4.3 45.3 11 800 45.5 44.5 11 913 45.0 12 038 Ensemble 2 956 Moins de 25 ans 4 203 18.9 4 097 17.5 2 753 10.6 25 a 39 ans 8 128 36 6 9 404 40 1 10 736 44 3 10927 43 A, 11 000 42.3 10933 41 3 10 440 39 3 10 111 39.C 40 à 54 ans . . . . 7 115 320 7 039 30.1 7 085 29.3 8 325 33.1 9 531 36.9 10571 40.0 10 544 39.7 10467 40.4 55 ans et plus 2 772 12.5 2 895 12.3 2 553 10.5 2 306 9.2 2 083 10.0 10.0 Total 3 8S6 15.9 3613 14.3 3316 12.8 8.0 1 989 11.2 7.5 2 911 2 662 11.0 2 578 2 2 2 1 8 100.0 23 435 100.0 24 230 100,0 25 171 100.0 25 980 100.0 26 449 100.0 26 557 100.0 25 909 100.C * Pour les 1"* janvier 7975 et 1380. les chiffres sont ceux de la population active observée, déduite des taux d'activité. Du ¡"janvier 1985 au I" ¡anvier 2010. les chiffres sont ceux de la population active disponible estimée. Les pourcentages sont calculés par rapport è l'ensemble des actifs. hommes et femmes. Source: MARC N. et MARCHAND O., "Projection de population active disponsible 1985-2010:, Collection de l'INSEE, Série D. no 188, mai 1987. 122 Joëlle G ay mu Graphique V.7: Répartition de la population active disponsible par groupe d'âge de 1975 à 2010 1975 55 tnt il o'ut 1980 h 40 t 54 «nt 25 • 39 •«« Mom» dl 25 *na 10 30 20 «0 10 20 1935 SS tnt it plgt 30 40 30 40 30 40 1990 43 1 54 am 25 i 39 ani Moini 31 25 tni 10 30 20 40 IU 20 199S 55 àn\ it plut 2000 40 i 54 <n> 25 • 39 mi Moiftl dl 25 <nf 10 30 20 10 40 20 2010 2005 55 int •( plus 40 i 54 «n» 25 • 39 •"• Mo'.«i d l 25 an« X 10 20 30 10 20 30 En outre, s'il est vrai que pour bon nombre de personnes qui ont commencé à travailler tôt, et souvent fort durement tout au long de leur vie, partir à la retraite à 60 ans est une mesure pleinement justifiée, de droit qu'elle est, la cessation d'activité anticipée a bien souvent été une contrainte. Il ressort, en effet d'une étude2 fondée sur l'enquête emploi de mars 1985, que 49% des hommes préretraités et 35% des femmes parties dans les mêmes conditions ont subi leur départ. Ces deux proportions atteignant respectivement 67 et 65% lorsqu'il s'agissait de bénéficiaires de la garantie de ressources licenciement et de l'allocation spéciale du Fonds National de l'emploi (voir graphique V.82). Bon nombre de départs se sont en effet effectués dans un climat de pressions psychologiques, les postes libérés par les anciens devant permettre l'embauche des jeunes. Or, on a constaté qu'une fois sur trois seulement il y avait eu création d'un emploi à la suite d'un départ en préretraite! 2. HELLER J.L., "La retraite anticipée, choix ou contrainte?". Economie et Statistique, no 193-194, novembre-décembre 1986, pp. 97-111. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphique V.8: Le souhait de poursuivre son activité au moment du départ* Aurait souhaité poursuivre son activité : En% Garantie de ressources licenciement - Allocation H spéciale du Fonds national . de l'Emploi Garantie de ressources démission - Allocation conventionnelle de solidarité " F Ensemble des pré-retraites tous types de régimes H p Retraités, anciens salariés départ « normal y H F Chômeurs N'aurait pas souhaité poursuivre son activité à temps partiel à temps plein Retraités (anciens non-salariés) 123 J 65 59 33 35 ïl 4 26 16 1 70 77 1 mmmm 87 81 6| 10 | 11 | 25 24 95 80 1 65 65 7| 6 Lecture : 46 % des hommes préretraités auraient souhaité poursuivre leur activité è temps plein, et 3 % à temps partiel. Les générations futures qui arriveront au seuil de la retraite continueront-elles à accepter d'être évincées du monde du travail et se contenteront-elles d'avoir pour seule utilité sociale reconnue celle de consommer, alors même qu'elles constitueront une part de plus en plus importante de notre société? On peut en douter. De nouveaux rôles, de nouveaux partages du temps et du travail seront certainement à définir. D'autant plus qu'il peut sembler paradoxal qu'alors même qu'il y a allongement de la durée de vie, la période de travail ne cesse de raccourcir! Mais, même si les aspirations des personnes âgées, quelles qu'elles soient, ne sont pas prises en compte, les problèmes économiques prendront le dessus. On peut en effet penser qu'une évolution qui rétrécit les deux extrêmes de la pyramide et alourdit par là même le fardeau des travailleurs d'âges intermédiaires n'est guère viable car, destendances précédemment décrites, résulte, évidemment, une dégradation sans cesse croissante du rapport des inactifs âgées aux actifs. En 1985. on comptait 46 inactifs de 55 ans et plus pour 100 actifs, en 2000, toutes choses égales par ailleurs (et, en particulier, abstraction faite de l'évolution du chômage) on en comptera 50, en 2010 60 et en 2025 72 (voir tableau V.4). Ce sujet a suscité une abondante littérature en France et a notamment conduit certains organismes (Direction de la Prévision, Commissariat Général au Plan,... ) à faire des projections tendancielles à long terme du rendement des régimes de retraite. S'il n'est pas de notre propos de rentrer dans le détail des calculs, quelques résultats méritent d'être mentionnés. En effet, les régimes de retraite qui fonctionnent en France par répartition, bénéficient à l'heure actuelle d'une situation exceptionnelle à plus dun titre: - Le contexte démographique joue aujourd'hui favorablement étant donné que les générations pleines du baby-boom sont en âge de travailler. On l'aura compris avec les développements précédents, ce facteur jouera en sens contraire dès 2005. - L'allongement des carrières féminines a également un effet positif. Actuellement, les femmes âgées qui n'ont été salariées que pendant 12 années, en moyenne, coûtent peu aux caisses de retraite alors que les femmes d'adultes qui cotisent pendant 19 années, en moyenne leur rapportent beaucoup. Cette situation est tout à fait transitoire, tôt ou tard l'activité féminine aux âges adultes plafonnera (dès l'orée du XXIe siècle, selon les projections de l'INSEE). L'augmentation des droits à pension des femmes liée à l'allongement de leurs carrières se traduira alors par une dégradation du rendement des régimes. 124 Joëlle G ay mu - Enfin, les régimes de retraite des salariés ne sont pas encore parvenus à complète maturité, seules les périodes d'activité postérieures à la date de création du régime ouvrant, en général, droit à pension. Ainsi, les régimes complémentaires créés la plupart dans les années 60-70 arriveront à maturité vers 2010, facteur supplémentaire d'infléchissement de leur rendement. Tableau V.4: Evolution. 1985-2025, du rapport des inactifs aux actifs Effectifs en millisrs 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2025 15 - 24 ans Actifs Inactifs Ensemble 3 856,1 4 723,9 8 580,0 3 612,5 4 746,7 8 359,2 3 316,0 4 544,0 7 860,0 2 955,8 4 587,1 7 542,9 2 911,6 4 592,6 7 504,5 2 752,6 4 592,9 7 345,5 2 551,1 4 203,4 6 754,5 55 ans et. plus Actifs Inactifs Ensemble 2 552,7 11 112,3 13 665,0 2 306,3 12 032,6 14 338,9 2 083,0 12 654,9 14 737,9 1 929,1 13 138,9 15 128,0 2 661,8 14 052,0 16 713,8 2 578,2 15 433,4 18 011,6 2 552,1 17 401,2 19 953,3 60 ans et plus Actifs Inactifs Ensemble 953,8 9 722,5 10 576,3 606,4 10 721,1 11 327,5 422,7 11 533,9 11 956,6 314,9 11 991,7 12 306,6 295,8 12 343,1 12 638,9 333,8 13 727,1 14 060,9 377,7 15 748,8 16 126,5 Tous Ages Actifs Inactifs Ensemble 24 229,9 30 834,1 55 064,0 25 171,0 30 920,0 56 091,0 25 980,2 31 080,8 57 061,0 26 448,8 31 434,2 57 883,0 26 557,0 31 894,0 58 451,0 25 908,9 32 857,1 58 766,0 24 161,5 34 164,5 58 326,0 Inactifs de 55 ans et + / ensemble des actifs 0,459 0,478 0,487 0,497 0,529 0,596 0,720 Inactifs de 60 ans et + / ensemble des actifs 0,401 0,426 0,444 0,453 0,465 0,530 0,652 Ensemble des inactifa / ensemble de actifs 1,273 1,228 1,196 1,188 ,201 1,268 1,414 Tous ces éléments conjugueront donc leurs effets dans le même sens, mais cette baisse future des rendements des régimes n'est, en quelque sorte, qu'un "retour à la normale". C'est la situation actuelle qui est historiquement anormale. Boom des naissances de l'après-guerre, immigration, croissance des taux d'activité féminin, permettent aux régimes d'avoir aujourd'hui un fort rendement. Le paiement d'un franc de cotisation assure le versement de 11,5 centimes de pension pendant toute la durée de la retraite. Ce rendement sera divisé par 1,5 dès 2015 et par 1,8 dix ans plus tard, quelles que soient les hypothèses de projection. Loin de nous pour autant l'intention de verser dans le catastrophisme. Des solutions existent, d'autant plus que le système de retraite français est un des plus favorables qui soient (âge de cessation d'activité (liquidation) bas, taux de remplacementdusalaireparlapensionélevé). Gérard MALABOUCHE,dansunarticlerécent3,évalueclairementles mesures à prendre: "Une division du rendement par 15 ou 1,8 signifie que: - Si les conditions de liquidation et les taux d annuité restent inchangés, et que les pensions restent indexées sur le salaire brut, les taux de cotisation devront être accrus dans une proportion égale à 50% ou à 80% sauf à fiscaliser une partie des recettes. 3. MALABOUCHE G.: "L'évolution à long terme du système de retraites: une nouvelle méthode de projection" Population N'1<Jiînvierfévrierl987.pp. 9 à 39. ' Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 125 - Si l'on souhaitait jouer seulement sur l'âge de la retraite, il conviendrait de le reculer de 7 ou 9 ans. - A âge de liquidation et taux de cotisation inchangés, le taux de remplacement du régime général, pour une carrière complète, actuellement égal à 50%, devrait être abaissé à 33%, voire à 28%; dans les régimes spéciaux, le taux de la pension passerait de 75% à 50% ou 42%. - Si l'on veut jouer uniquement sur l'indexation des salaires pris en compte lors de la liquidation, et des pensions, il faudrait sous-indexer les pensions de: - 2 à 3% par an pour le régime général (qui calcule la pension sur le salaire des dix meilleures années). La pension d'un octogénaire s'en trouverait réduite de 45 à 60% par rapport à la situation actuelle; - 4 à 6% par an pour les régimes spéciaux des salariés du secteur public (qui calculent la pension sur le salaire de fin de carrière). Un octogénaire perdrait 55 à 70% par rapport aux dispositions actuelles. Le rééquilibrage passe sans doute par une combinaison de ces mesures, et par une réforme plus profonde du système". Cette réforme profonde du système pourrait être notamment fondée sur un allongement de la durée normale de cotisation. A l'heure actuelle, la durée de cotisation exigée et plafonnée pour recevoir une retraite à taux plein est de 37,5 ans. Or, d'une part, la durée assurant l'équilibre des comptes dépasse légèrement 40 annuités, et, d'autre part, le plafonnement de cette durée pénalise durement les salariés entrés tôt dans la vie active et ayant souvent effectué les tâches les plus pénibles. De plus, le calcul des droits à la retraite fondé non pas sur l'âge mais sur la durée de cotisation serait plus juste socialement, l'espérance de vie à 60 ans s'échelonnant de 14 ans pour un ouvrier spécialisé à 18 ans pour un ingénieur. Tôt ou tard, des décisions devront être prises, elles seront d'autant plus difficiles à prendre que la crise se prolongera. On peut en effet penser que si le chômage se maintient à un niveau élevé, la priorité sera toujours donnée à l'emploi des jeunes et l'âge de la retraite restera fixé à 60 ans, quel qu'en soit le coût pour les régimes. Mais, les décisions seront également d'autant plus douloureuses que l'on en reculera l'échéance. Certains pays l'ont compris, et, dès à présent, font face au problème comme en témoigne l'encadré qui suit Les systèmes de retraite dans quelques pays développés: problèmes et solutions "En Suède, pour la première fois en 1983, les charges des fonds nationaux de pension ont dépassé leurs ressources. Un sondage réalisé la même année montrait que 87% des Suédois de 40 à 47 ans pensaient que les retraites seraient progressivement dévalorisées et que le système actuel (minimum vieillesse, mais surtout retraite complémentaire généralisée) ne tiendrait pas ses promesses. Naturellement, l'avenir du régime dépendra, comme partout ailleurs, pour partie, du rythme de croissance économique; en toute hypothèse, un recul de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans n'est pas exclu. La couverture privée du troisième âge s'est parallèlement beaucoup développée (assurance-vie ou produits d'assurance-retraite). Plus d'un Suédois sur cinq détiendrait déjà un produit de ce type et dans les titulaires de revenu de plus de 120,000 couronnes par an (à peu près autant de francs français), la proportion est de un sur deux. Le gouvernement social-démocrate n 'encourage évidemment pas officiellement le mouvement dont il bénéficie cependant pour le financement de son déficit budgétaire puisque les compagnies d'assurances sont tenues, par la loi, d'employer 73 % de leurs fonds en obligations d'État. D'ailleurs, il semble que les versements individuels sur des produits de retraite ou d'assurance-vie soient assez largement exonérés de l'impôt sur le revenu. En Norvège, l'évolution paraît encore plus nette puisque l'État encourage ouvertement les particuliers à souscrire une assurance complémentaire individuelle. Dans ce pays où la pression fiscale directe est lourde, c'est jusqu'à 15% du revenu imposable qui peuvent être exonérés de l'impôt en raison de versements à des compagnies d'assurances. Aussi le nombre d'assurés a-t-il rapidement augmenté au cours des années récentes. Mais les pays du Nord de l'Europe, n'ont pas le monopole des difficultés rencontrées par les régimes de retraite. En Espagne, entre 1977 et 1984, les prestations vieillesse ont augmenté à un rythme annuel de 24% alors que le produit national brut à prix courant ne croissait qu'à 15% l'an. En face de ces charges, la progression des cotisations est restée limitée tant en raison du chômage qu'à cause du vieillissement de la population. L'État a donc dû intervenir 126 Joëlle Gaymu pour rééquilibrer financièrement le régime. Mais le gouvernement socialiste est alors entré en conflit (grève générale du 20 juin 1985) avec l'Union générale des travailleurs (UGT), car il souhaitait introduire deux mesures de freinage des dépenses: d'une part, faire passer de 10 à 15 ans le nombre minimal d'années requises pour pouvoir bénéficier d'une pension; d'autre part calculer le montant des pensions sur les huit dernières années d'activité (et non plus sur les deux années les plus favorables parmi les sept dernières). En contrepartie, le gouvernement s'engage à revaloriser automatiquement les pensions en fonction du coût de la vie, mais la référence est l'évolution prévue de l'indice des prix à la consommation et non pas nécessairement l'évolution enregistrée. Ce projet de loi à été définitivement adopté le 23 juillet 1985 par le Parlement espagnol malgré la bataille menée par les syndicats. Toujours en Europe, le système de retraite en RFA a été l'un des premiers touchés par le vieillissement de la population. Aussi, dès le début des années quatre-vingt l'indexation automatique des retraités sur les salaires a été supprimée. En conséquence, il y a déjà eu une perte de pou voir d'achat des pensions en RFA sur la période 1975-1981. La Dresdner Bank, entre autres, a dès lors été amenée à proposer à ses clients un plan d'épargne-retraite investi dans l'immobilier et dans des obligations. L'Italie de son côté a déjà prévu de reculer l'âge de cessation d'activité. Il en est de même aux États-Unis, selon un calendrier sagement étalé: passage de 65 à 66 ans entre 2003 et 2009 et à 67 ans entre 2021 et 2027. Les retraites représentent naturellement, s'il en est, un domaine où s'imposent des décisions à long terme. Au Royaume-Uni, en raison de la charge grandissante des prestations vieillesse, Mme Thatcher a été amenée à annoncer en juin 1985 une grande réforme du système des retraites. La retraite complémentaire d'État cesserait d'exister et elle serait remplacée par des cotisations à des organismes privés. Les aspects de cette réforme, vigoureusement combattue par les travaillistes, sont encore très mal connus au moment où nous écrivons. Le premier projet de loi ne devrait pas être soumis au Parlement avant l'automne 1985 et la réforme n'entrerait pas en vigueur avant 1987. Au Japon, l'âge de la cessation d'activité est encore de 55 ans. Cet âge avait été fixé dans les années cinquante au moment où l'espérance de vie à la naissance était à peine supérieure. Maintenant, le Japon a l'espérance de vie la plus élevée du monde: le rapport actifs sur inactifs âgés s'est donc dramatiquement dégradé. Le système de pensions n'assure pas un niveau de vie décent aux retraités de 55 ans qui, en fait, sous une forme ou sous une autre, poursuivent une activité. Pourtant le taux de prélèvement obligatoire augmente très rapidement. Pour atténuer le caractère aigu de ces problèmes, le recul de l'âge de la retraite est à l'ordre du jour. Un sondage réalisé en juillet 1983 montrait que 80% des ouvriers souhaitaient prendre leur retraite à 60 ans. Mais certains projets sont allés plus loin puisqu'on a été jusqu'à envisager de reculer chaque année d'un an, de 1985 à l'an 2000, l'âge de la retraite qui passerait ainsi de 55 à... 70 ans." Source: BABEAU A.: "La fin des retraites?". Collection Pluriel, Hachette, 1985, pp. 212 à 215. Mais aujourd'hui, quelle place notre société accorde-t-elle à ses travailleurs vieillissants? Si la fin d'activité professionnelle intervient de plus en plus tôt, il n'en reste pas moins vrai que certains individus continuent à travailler après 60 ans voire après 65 ans. Qui sont-ils? En quoi se différencient-ils des actifs plus jeunes? Dans quelles catégories socio-professionnelles, et quels secteurs d'activité les trouve-t-on? 2. Les spécificités de l'activité professionnelle des travailleurs vieillissants A. Le statut et la durée du travail L'une des premières caractéristiques qui distingue les individus âgés de leurs cadets est qu'ils exercent plus fréquemment une activité indépendante. Si moins de 17% de l'ensemble des hommes actifs sont leur propre patron, plus du quart des 50-59 ans sont dans ce cas, et, une grande majorité des 60 ans et plus (voir tableau V.5). Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau V.5: 127 Distribution (en %) des actifs âgés selon leur statut, 1987. 50 a '>9 ans Feues Hommes Indépendants - Employeurs dont teiFS partiel (\) Aides familiaux dont temps partiel 2,5 0,7 49,6 Salariés du Secteur public dont temps partiel 23,7 54,4 14,7 14 7 14,8 Salariés du SecteOr privé dont temps partiel Ensemble dont temps partiel 11 1 26,0 28,4 7,3 43 3 30 9 20,4 2,7 100 26,2 23,7 15,5 100 33,7 100 50,5 2,8 24,9 32,0 35,7 27,3 57,1 15,9 16,6 7,1 1,1 34,8 11,1 12,7 2,5 3,4 46,7 31.7 25,6 6,7 16,9 16,2 59,3 30,2 Tous âges Hommes Femmes 26,7 11,5 35,1 2,7 100 60 ans et plus Femmes Hommes 23,2 35,7 4,4 21,7 3,6 100 23,1 100 Une autre différence est qu ils travaillent plus souvent à temps partiel, surtout à partir de 60 ans. Toutefois, même si 15,5% des hommes de 60 ans et plus sont concernés, l'allégement du temps de travail est surtout un phénomène féminin. Passé 60 ans et, quel que soit leur statut, par rapport aux hommes, les femmes exercent au minimum deux fois plus souvent une activité à temps partiel. De plus, on peut légitimement penser que la réduction du nombre d'heures de travail est bien un phénomène lié à l'âge ou à la situation économique du moment et non pas un phénomène de génération. Pour ne prendre qu'un exemple, les femmes nées entre 1928 et 1937 n'étaient que 19,4% à travailler à temps partiel en 1977, elles sont 26% alors qu'elles ont 10 ans de plus. Dans un contexte de crise économique et de chômage, sans aucun doute le travail à temps partiel a un grand avenir, d'autant plus que pour les travailleurs vieillissants, il permettrait "un passage en douceur" de la vie active à la retraite. B. Les catégories socio-professionnelles Comme l'indique le tableau V.6, en 1982, agriculteurs-exploitants, artisans-commerçants-chefs d'entreprise, cadres-professions intellectuelles supérieures sont les 3 groupes de professions qui ont la prédilection des actifs âgés. Alors qu'elles ne regroupent pas le quart de l'ensemble des actifs, ces 3 catégories socio-professionnelles concentrent plus de la moitié des actifs de 60 ans et plus. En outre, conséquence de la législation en matière de cessation d'activité, plus l'âge augmente et plus le nombre de professions ou l'on trouve des actifs âgés diminue. Comme en atteste le tableau V.7, les 12 professions les plus vieillies qui n'occupent que 23,5% de la population active, regroupent plus de 56% des actifs de 60 ans et plus, plus des trois quarts de ceux qui ont franchi le seuil de 65 ans. Près de44% de ces derniers se concentrent dans 3 professions: agriculteurs sur petites exploitations, artisans et commerçants. 128 Joëlle Gaymu Tableau V.6: Distribution des actifs selon les catégories socio-professionnelles en fonction du sexe et de l'âge en 1982. Hommes Agriculteurs - Exploitants Artisans - Commerçants Chefs d'entreprise Cadre?», professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires Employés ( y compris personnels de services) Ouvriers (y compris agricoles) 60 ans et plus Femmes Ensemble 15,4 16,6 22,1 16,5 19,9 15,0 13,6 14,5 21.0 19,5 20,4 12,6 H.4 4,8 12,3 3,6 13,6 13,2 12,6 5,0 12,3 9,9 12,4 9,8 38,2 20,8 9.5 35,1 19,6 30,9 15,7 24,9 21.7 11,7 17,8 100 100 100 100 100 100 65 ans etplus Feues Ensemble Hommes _J 70 ans et plus | Femmes Ensemble 29,2 16,0 23,8 29,0 16.0 23,6 28,9 33,7 30,8 31,1 38,1 34,0 13,2 12,2 5,3 15,3 10,0 13,5 12,2 12,3 4,7 18,4 9,1 14.9 6,6 23,5 13,5 6.0 18,5 11,2 9,9 6,2 8,4 9.4 4,3 7.3 100 Houes Agriculteurs - Exploitants Artisans - Commerçants Chefs d'entreprise Cadres, professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires Employés ( y compris personnels de services) Ouvriers (y compris agricoles) Hommes 17,3 Hommes Agriculteurs - Exploitants Artisans - Commerçants Chefs d'entreprise Cadres, professions intellectuelles supérieures Professions intermédiaires Employés ( y compris personnels de services) Ouvriers (y compris agricoles) 55 ans et plus Femmes Ensemble 100 Tous âges Feues | 100 Ensemble 6,7 5,9 6,4 8.8 6,6 7,9 10,3 17,1 5,0 17,1 8,2 17,1 12,5 48.2 27,0 17,1 33,4 100 100 44,5 100 1 | 100 _J 100 | 100 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau V.7: Les catégories socio-professionnelles les plus vieillies en 1982. Proportion dans le total des effectifs de la C . ; P de : 55ans et + 60 ans et + 65 ans et + Agriculteurs sur petite exploitation Agriculteurs sur moyenne exploitation Agriculteurs sur grande exploitation Artisans Commerçants et assimilés Chefs d'entreprise de 10 salariés et Professions libérales Professions de l'information - Arts Spectacles Clergé - Religieux Cadres administratifs et couerciaux d'entreprise Personnels des services directs aux particuliers Ouvriers agricoles 39,8 27.1 23,0 18,4 25,9 28,2 20,8 18,3 9,7 8,5 8,6 13,6 13,7 11,1 5,7 2;5 2,3 2,6 5,6 5,3 4,8 15,1 61,0 8,1 45,9 3,5 29,7 15,2 4.3 0.6 15,0 16.8 6,2 5,7 1,5 0,8 Ensemble des 12 C S P 23,1 10,4 3,5 Ensemble des C S P 12,3 4,3 1.1 Proportion des actifs de la C S P dans le total des actifs 55ans et + 60 ans et + 65 ans et + Tous âges Agriculteurs sur petite exploitation Agriculteurs sur moyenne exploitation Agriculteurs sur grande exploitation Artisans Commerçants et assimilés Chefs d'entreprise de 10 salariés et Professions libérales Professions de l'information - Arts Spectacles Clergé - Religieux Cadres administratifs et commerciaux d'entreprise Personnels des services directs aux particuliers Ouvriers agricoles Ensemble des 12 C S P Ensemble des C S P 10,8 1,8 2.7 16,1 4,6 3,1 9.7 18,2 2,9 4,6 3,0 1,9 1,4 3,9 3,4 0,6 1.0 0,6 1,3 0,9 2,7 1,6 7,1 0.5 0,3 3,0 2,4 1.4 2,4 4,7 1,7 5,6 1.7 5,5 0,9 3,8 1,3 44,1 56,1 75.7 23,5 100 100 100 100 9,7 4,2 2,7 5,9 7,3 1,3 1,7 12,6 4,4 2,8 7,7 129 130 Joëlle Gay mu Ces observations n'ont pas de quoi étonner, les retraites on été instaurées plus tardivement (avec des cotisations et donc des droits moindres) dans les professions indépendantes où, de plus aucune législation n'interdit aux individus de poursuivre plus tardivement leur activité, l'âge moyen de départ à la retraite varie fortement en fonction des catégories socio-professionnelles (voir tableau V.8). En 1982, les hommes artisans et commerçants sont ceux qui conservent le plus longtemps leur activité, ils ne deviennent majoritairement retraités qu'entre 64 et 65 ans. Viennent ensuite les agriculteurs, un sur deux continuant à travailler jusqu'au seuil de 62-63 ans, suivis de près par les cadres et professions intellectuelles. A l'inverse, les employés quittent beaucoup plus précocement leur activité, entre 59 et 60 ans, plus de la moitié sont déjà retraités. Enfin, le comportement des ouvriers et professions intermédiaires correspond à celui de l'ensemble des actifs: ils deviennent majoritairement retraités entre 60 et 61 ans. Le maintien en activité plus tardifdes indépendants par rapport aux salariés vaut defaçon significative, surtout pour les hommes; pour lesfemmes la dispersion des comportements est nettement moins importante. Les ouvrières, qui quittent le monde du travail le plus tôt, sont majoritairement retraitées entre 60 et 61 ans, alors que les commerçantes, qui partent le plus tard, sont également dans ce cas: 1 an seulement après. L'une des conséquences, et non des moindres, de ces écarts d'âge au moment du départ à la retraite, est un inégal vieillissement des catégories socio-professionnelles. Si la population active compte 12,3% de personnes âgées de 55 ans ou plus, cette proportion est de plus du triple parmi les agriculteurs sur une petite exploitation, de plus du double chez les agriculteurs sur moyenne exploitation, les chefs d'entreprises ou les commerçants. De même, alors que 4,3% des actifs ont 60 ans ou plus, cette proportion dépasse 18% parmi les agriculteurs sur petite exploitation, elle atteint près de 14% chez les chefs d'entreprise ou les commerçants, et plus de 11% dans les professions libérales. Ajoutons pour terminer que le record revient au clergé, près de 46% des religieux ont en effet 60 ans ou plus (cf. tableau V.7). Tableau V.8: Proportion de retraités suivant la catégorie socio-professionnelle et l'âge, en 1982. Er.iaatol Agrie. •xploitant Artigan coa««r. cint Cadra prof, inttll. Prof, inttraé diaira E «ployé a 4.48 5.19 1.58 1.31 2.36 1.83 1.69 1.60 2.96 3,40 10.53 12.15 5.58 7.09 55-59 16.80 5.84 6.10 8.43 15.42 37.44 19.40 55 56 57 7.50 13.96 18.15 20.99 24.16 1.96 4.27 5.98 6.97 9.72 2.65 3.91 7.12 7.65 9.37 3.52 5.50 10.13 9.64 14. M 5.93 13.36 16.73 19.74 22.93 17.69 33.96 40.32 43.80 47,54 9.43 15.87 20.63 25.13 27,97 58.80 39.31 30.35 45.32 60.47 75,80 69.88 53 se 59 60-64 Ouvriar (y coa«, ajne. | 15,05 36.93 46.86 55.50 60.83 13,47 25.69 34.86 42.19 48.78 18.42 47.42 54.72 60.29 61.07 31.61 62.29 70.69 73.43 79.83 55,01 76.02 79.39 84.39 88.43 36.98 71.83 78,67 84.60 87.20 65-69 90.40 80.99 75.96 83,13 89.45 96.47 97.22 65 66 67 69 69 81.07 89.90 91.88 92.09 93.77 64.79 76.27 81.68 83.03 87,74 55.96 73.23 79.00 79,73 83.36 71,73 81.96 84,77 85.16 88.28 82.14 89.05 90,78 91.58 92,20 89.80 96.34 97.29 98.31 98.36 »0.62 97.53 98.64 98.72 98.92 70-74 95.29 91.98 87.40 91.95 93.71 98.67 99,09 70 71 72 73 74 94.54 94.92 95.25 95.72 96.19 69.52 90.45 92.12 93.15 94.63 85.57 86.22 87.62 88.47 89.44 90.65 93.61 90.76 91,60 93.37 93.79 92.23 94.37 94.76 93.42 98.54 98.84 98.18 98.41 38.93 98.91 99.01 98.96 99.34 99.31 75-79 97.10 96.56 91.57 94,06 96.33 99.00 99.17 75 76 77 78 79 96.46 96.91 97.25 97.62 97.47 95.37 95.79 96.99 97.42 97.54 90.04 91.23 90.99 93.20 93.01 92. «8 94.07 94.23 95,08 94.44 95.29 »6.48 96.51 97.38 »6.25 98.99 98.40 99.30 99.03 99.43 99.13 99.32 99.34 99.15 98.82 60-64 98.04 98.28 . 95,38 96.27 97.38 99.03 98.87 80 61 82 S3 84 97.56 97.79 98.32 98.58 98.41 97.88 98.21 98.46 98.78 98.30 94.83 94.05 96.61 95.83 96.15 96.10 95.81 96.69 96.96 »6.00 96.01 98.37 97.07 97.69 98.23 99.08 98.27 98.62 99.81 99.78 98.18 98.73 99.37 99.43 »9.19 98.13 98.47 98.72 99.13 96.16 97.93 96.67 97.54 97,21 97.19 99.17 »8.83 98.63 »8.76 85-89 90 OU PLUS txploitint« Artisan eo«Hrcanta 4 03 5.53 3.33 3.93 4.92 7.36 2.25 4.75 S. 47 6.22 3.97 6. OS 3.55 4.63 55-59 14.87 13.53 15.44 12.00 19.81 13,73 15.28 55 56 57 58 59 6.55 11 14 15.34 19.13 23.06 5.69 9.95 11.37 18.75 22.58 8.37 10.98 14.00 20.59 22.66 3.18 9.66 12.83 13.45 22.57 7.02 16.16 22.11 25.89 27.87 S 54 10.55 14 62 16.79 21.36 S. 88 10.41 16.11 19.91 24.05 61.38 56.97 46.00 50.45 62.66 61.21 74.09 31.47 60.61 69.88 74.09 77,59 30.05 53.88 64.70 89.12 77.94 25.84 40.87 50.58 59.87 61.67 2S.06 48.92 58.68 64.39 67.36 37.12 61.32 73.47 77.20 74.49 30,07 81.02 70.39 73.96 77,34 36 26 77 23 82.51 84 73 88.1« 53 54 60-64 31.27 58.70 66.20 72.91 77.15 60 61 62 63 64 SO 61 62 63 64 ! Cadra prof, EnsaaOl t inttll. Prof, 1 intaraa- Employa« diaira Ouvritre (y coao agrie. I 65-69 93.02 93.57 82.12 84.74 91.13 94.37 97.57 65 66 67 68 69 82.62 92.90 94.10 95.01 95,71 83.93 92.06 93.76 94,77 96.31 68.88 81.32 81.47 85.35 86.60 67.70 80.74 87.93 90.45 89.96 82.34 92.07 93.31 91.86 93.22 83.12 94.43 95.86 96.89 97.28 90.18 70-74 96.98 97,27 90.40 93.50 94.34 98.32 99.16 70 71 72 73 74 96.10 99.51 97.03 97.56 97.81 96.20 96.39 97.07 98.46 98.23 68.00 89.79 90.19 91.48 92.79 90.62 91.78 95.74 94.39 95.72 93.14 95.12 93.40 94.11 96.21 98.08 97. S8 98.53 98.77 98.59 99.18 99.34 99.60 75-79 98.31 99.99 94.13 96.90 95.80 99.03 99. /S 75 79 77 73 79 97.97 98.29 98.40 98.26 98.70 98.89 98.89 99.00 99.02 99.18 92.15 94.25 94.66 93.54 96.44 98. SO 94.89 95.23 97.36 98.66 95.12 95.89 99.90 95.52 95.58 99.79 99.05 99.99 99.01 99.39 99 85 99.90 99.58 99.38 99 52 80-84 98.76 99.31 96.73 96.62 96.62 99.05 99.60 80 81 92 93 94 98.60 98.83 98.54 99.06 99.12 98.92 99.03 99.18 99.90 99.89 96.25 97.20 96.12 97.43 96.85 94.80 95.83 97 69 95.83 100.00 96.62 96.21 97.05 97.43 95.72 99.19 99.72 99.92 99.12 99.75 99.73 99 93 99.69 99 91 99 81 99.00 99.19 99.70 99.53 97.88 98.82 99.41 100.00 95.77 96.99 99.33 99.16 99.74 99 67 85-99 90 OU PLUS 97.« 98.66 99.16 99.19 99. SO 99.72 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 131 Pour aussi instructifs qu'ils soient, parce qu'ils posent le problème du renouvellement des effectifs dans certaines professions, ces résultats restent insatisfaisants. Les actifs ventilés par catégories socio-professionnelles comprennent, en effet, en France, à la fois les individus qui ont un emploi et ceux qui sont à la recherche d'un emploi. Or, le chômage touche une part non négligeable des actifs de 55 ans et plus comme en témoigne le tableau V.9. Le taux de chômage (rapport des chômeurs aux actifs) est maximum chez les moins de 20 ans, il ne cesse de diminuer jusqu'à 50 ans et accuse ensuite une croissance: il atteint 7,2% parmi les hommes de 55-64 ans et un maximum de 8,5% parmi les femmes de 55 à 60 ans. Une analyse de la population active occupée par secteurs d'activité s'avère alors plus proche de la réalité. C. Les secteurs d'activité La distribution des actifs âgés selon les secteurs d'activité se différencie fortement de celle de l'ensemble des travailleurs. Agriculture, commerce et services marchands sont les secteurs où il y a sur-représentation des personnes âgées par rapport aux autres groupes d'âges. Ils regroupent 57,7% des 60 ans et plus mais seulement 38,8% de l'ensemble de la population active (voir graphique V.9). En outre, au fur et à mesure que l'on avance en âge, le concentration des actifs dans ces trois secteurs augmente. Si 39,9% des 50-55 ans travaillent dans ces 3 branches d'activité, près de 68% des 65 ans et plus sont dans ce cas. Tableau V.9: Actifs, chômeurs et taux de chômage selon l'âge et le sexe en 1982. Les deux sexes Population Chômeurs active 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 - 19 ans - 24 ans - 29 ans ~ 34 ans - 39 ans - 44 ans - 49 ans - 54 ans - 59 ans - 64 ans - 69 ans - 74 ans ans ou + Ensemble * Raooort 2 3 3 2 2 2 2 1 842 892 431 583 947 292 363 322 845 756 125 68 52 680 140 640 860 620 700 360 720 380 660 320 840 200 23 525 120 : chôaturs/tctift 284 561 304 224 150 111 112 119 132 54 2 120 240 960 020 100 320 060 860 880 140 700 Taux de chômage* I 33,7 19,4 25,4 15,7 8,9 6,3 45,0 23,3 12,0 5,2 6,6 4,6 3,8 4,0 3,9 4,3 7,2 6,4 I 2,3 11,7 5,1 4,9 4,7 I Taux de chômage Hommes Femmes 380 7,2 2,2 0,6 1 380 2,6 7,0 2,0 0,3 2,9 2 056 160 8,8 6,7 8,8 7,1 6,3 6,1 6,6 8,5 7,4 0,9 2,3 132 Joëlle G ay mu Graphique V.9: Distribution (en %) des actifs âgés selon les secteurs d'activité. Común fe M Ion Secteurs d'activité Graphique V. 10: Evolution du volume et de la répartition par sexe et âge de la population française par catégorie d'activité économique. Professions jgricoitt Profession! industrwll«! Autan «9« Agt 90 1911 Ugtnd«! Q MO 000 p*rionn«i 1931 JHW\ 195« 1975 Source: CHESNAIS J.C.: "La croissance et les changements structurels" in: DUPAQUIER: Histoire de la population française, PUF, Paris, 1988, vol. IV. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau V.10: 133 Evolution (1975-1982) des actifs selon les secteurs d'activité et l'âge. Agriculture, sylviculture, pèche Industries agricoles et alimentaires Production et distribution d'énergie Industries des biens intermédiaires Industries des biens d'équipement Industries des biens de consommation Bâtiment - Génie civil et agricole Commerce Transports et Télécommunications Services marchands Location - assurances et organismes financiers Services non marchands Ensemble 50 ans et plus 55 ans et plus 60 ans et plus 65 ans et plus Tous âges - 3,0 + 6,0 - 29,6 - 50,4 - 16,4 - 2,0 - 0,7 - 40,4 - 59,5 + 4,0 - 2,9 + 19,4 - 21,9 - 77,0 - 1,2 - 10,4 - 17,9 - 62,8 - 71,2 - 15,9 + 0,5 - 5,2 I I - 57,7 - 65,5 - 7,7 - 15,2 I - 22,6 - 56,1 - 67,5 - 12,0 + 8,7 - 0,2 + 4,5 + 11,4 - I I | I + + 2,0 2,2 15,5 6,7 I 46,6 33,3 24,7 26,1 - 63,6 50,0 52,6 44,4 - 7,1 + 8,2 + 7,0 + 27,3 + 12,5 I + 12,9 - 2,3 - 3,9 - 30,8 - 56,4 + 15,3 - 33,9 - 63,0 + 10,8 - 0,2 - 36,6 - 54,5 + 2,5 - 1,2 Les changements de définition de la notion de secteurs d'activité rendent difficile l'analyse dans le détail et le long terme de l'évolution de la composition sectorielle de la population active. Le graphique V.10 en donne toutefois une illustration pour les trois branches principales. La décroissance et le vieillissement de la population industrielle, et plus encore agricole contrastent fortement avec l'expansion et le rajeunissement du secteur tertiaire. Durant les années récentes, c'est la réduction des possibilités d'emploi pour les personnes âgées dans la plupart des secteurs où le salariat prévaut (62% de la décroissance des actifs de 60 ans et plus résulte d'une diminution d'emplois salariés) qui a entraîné leur concentration dans un nombre réduit de branches d'activité. En effet, entre 1975 et 1982, alors que l'ensemble des actifs occupés de 60 ans et plus ont diminué de 36,6%, dans l'industrie la décroissance a atteint 56,5% (plus de 62% dans les industries des biens d'équipement), mais elle n'a été que de 26% dans les services marchands. On peut noter que l'évolution de l'emploi sectoriel des travailleurs vieillissants n'est que la reproduction exacerbée de l'évolution de l'emploi global. Les secteurs industriels faisant partie de ceux qui ont subi les plus fortes diminutions d'effectifs globaux alors qu'à l'inverse les services marchands ont connu la plus forte progression. Ajoutons, pour terminer, que la mise en place de la retraite des agriculteurs, l'instauration de l'indemnité viagère de départ puis de l'indemnité d'aide au départ expliquent la diminution tout à fait considérable (près de 30%) des actifs âgés dans l'agriculture (voir tableau V.10). Comme précédemment pour les catégories socio-professionnelles, la conséquence de ces évolutions contrastées est un inégal vieillissement des secteurs d'activité. Les graphiques V. 11 sont à ce titre explicites. Si moins de 12,5% des actifs ayant un emploi ont 60 ans et plus, dans l'agriculture cette proportion atteint près de 29,5% alors qu'elle chute à moins de 9% dans l'industrie des biens d'équipement, le bâtiment ou la production et la distribution d'énergie. 134 Joëlle G ay mu Graphique V.I 1: Composition par âge de quelques branches d'activité en 1982. í«4ICUUtu«C. »TLVlCUlTuHl 'CCMC. •4imcnr er sime c t v u cr «MICOCC* Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 135 Chapitre VI Revenus et Consommation des Personnes Agées 1. Les ressources des personnes âgées Quel que soit l'âge, les données sur les ressources des personnes ont longtemps fait cruellement défaut en France. Aussi convient-il de s'attarder sur les résultats d'une récente enquête sur les revenus fiscaux des ménages1. Elle apporte un éclairage particulièrement riche sur un sujet quelque peu tabou dans notre pays, et surtout, remet en cause l'image d'une vieillesse vécue dans la pauvreté. A. Le montant - Quelques aspects différentiels La profession du chef de ménage est bien évidemment le premier critère de disparités (voir tableau VI.l). Entre les professions non commerciales supérieures et les agriculteurs exploitants, les revenus initiaux2 par ménage s'échelonnaient, en 1984,de 27,171 Fà7,345F par mois. Avec o.SISF.lerevenudesinactifsreprésentaitprès de 77%de celui del'ensemble, en termes de revenu par tête, il se situait légèrement au-dessus de la moyenne, et en termes de revenu par unité de consommation, légèrement en-dessus (4,379 F. contre 4,651 F.). Ces résultats sont toutefois à considérer avec une extrême prudence, de nombreux biais (voir note du tableau VI.l) tendant notamment à sous-estimer le revenu des actifs, de même, le raisonnement sur des revenus par tête, qui attribue des pondérations identiques aux personnes quel que soit leur âge, désavantage les couples avec enfants. Même si elle n'est pas exempte de critiques, l'analyse en termes d'unité de consommation est la plus pertinente. "Le revenu fiscal est constitué de la totalité des ressources des ménages qui sont par nature imposables. On y ajoute les allocations de vieillesse non imposables dites du "minimum vieillesse". Les principaux revenus partiels entrant dans le revenu fiscal sont: les traitements et salaires, les pensions et rentes viagères, les bénéfices industriels et commerciaux, les bénéfices non commerciaux, les bénéfices agricoles, les rémunérations de gérants et associés, les revenus de valeurs mobilières, les revenus fonciers. C'est un revenu avant impôt et transferts familiaux. Il ne s'agit pas du revenu imposable au sens fiscal (assiette de l'impôt), les divers abattements et déductions prévus par la législation fiscale n'ayant pas été déduits. Sous l'étiquette de revenu fiscal on amalgame différents revenus dont la signification n'est pas la même. Si les salaires et les pensions déclarés par les contribuables correspondent bien à des revenus effectivement perçus, il n'en est pas de même des revenus des entrepreneurs individuels dont l'imposition est souvent basée sur une évaluation forfaitaire. Les revenus d'activité non salariaux estimés par la source fiscale sont très inférieurs aux évaluations plus économiques de ces mêmes revenus en comptabilité nationale. Par suite, les revenus des ménages sont connus avec une précision variable selon les cas: en moyenne, elle est bien meilleure pour les salariés et les inactifs que pour les indépendants et les agriculteurs." Au sein de la vieillesse, le problème de la comparabilité se pose avec moins d'acuité et force est alors de constater que les disparités entre les ménages sont accentuées. Ce sont les anciens agriculteurs qui, avec 3,332 F. par mois, et par unité de consommation, sont les moins bien lotis, alors qu'à l'autre l'extrême les anciens cadres du secteur privé ont un revenu qui culmine à 8,876 F., soit un rapport de 1 à 2,7. Il semblerait néanmoins que la dispersion de revenus soit moindre dans la vieillesse que durant la vie professionnelle, les ressources des 2 catégories précédemment citées allant du simple au triple pendant la période d'activité. 1. CANCEILL G.: "Les revenus fiscaux des ménages en 1984", Paris, INSEE. Collection M, No* 139, mai 1989, 146 p. 2. Le revenu initial est l'ensemble du revenu fiscal et des allocations non imposables du "minimum vieillesse". 136 Joëlle G ay mu Tableau VI.l: Revenu initial par ménage, par personne et par unité de consommation selon la catégorie socio-professionnelle de la personne de référence du ménage, en 1984. en francs PAR MENAGE ENSEMBLE. AGRICULTEUR EXPLOITANT. PROFESSION INDEPENDANTE. Artisan Commerçant Chef d entreprise de 10 salariés et plus Profession non commercials supérieure Profession non commerciale intermédiaire CAORE SUPERIEUR. Cadre de la Fonction Publique Cadre d entreprise PROFESSION INTERMEDIAIRE. Prof, interm. de la Fonction Publique Prof, interm. administr. des entreprises Technicien Agent de maîtrise EMPLOYE. Employé de la Fonction Publique Employe administratif d entreprise Employe de commerce Pers. des serv. directs aux particuliers OUVRIER. Ouvrier qualifié Ouvrier non qualifié Ouvrier agricole INACTIF. Ancien agriculteur exploitant Ancien indépendant non agricole Retraité du secteur public Retraité du secteur privé (cadre) Retraité du secteur privé (autre) Autre inactif PAR PERSONNE PAR UNITE CONS 114661 43166 55817 88141 25277 33729 193597 60419 80635 119587 147756 315450 326064 167318 35095 50984 94547 102809 59595 47264 66699 126178 138728 77217 229295 74312 99007 207761 243491 71283 76132 94299 101867 147755 49861 66148 134285 166137 148423 147012 50450 55720 47480 44424 65961 74037 63855 59206 103387 40335 52367 105188 115331 89923 65052 38385 45749 38115 29847 50526 59203 48679 37258 95021 28410 38745 99792 85517 84552 29682 25681 27151 40495 35068 36224 81818 45093 52548 61886 98930 107702 179187 80830 55O38 34661 58601 56319 90528 46734 28169 39979 66830 65885 106514 53668 34025 Le revenu fiscal est constitue de la totalité des ressource» det minage« qui sont par nature imposable». On y ajoute let allocations de vieillesse noa imposable» dites du "minimum vieillesse'. Le» principaux revenue partieh entrant dans le revenu focal sont : tes traitements et salaires, le» pensiona et remet viagères, let benefice» industriell et commerciaux, les bénéfice* non commerciaux, let bénéfices agricole«, les rémunémioa» de gérants et associés, let revenus de valeurs mobilières, les revenus fonciers. Csst un revenu avant impôt et transferts familiaux. II ne s'agit pat du reveau imposable au sens ftscal (assiette de l'impôt). les divers abattements et déduction» prévus par la législation fiscale n'ayant p u été déduits. Sous l'éttquciie de revenu fiscal, on amalgame différents revenus dont la signification n'est p u la mime. Si les salaires et les pensions déclarés par les contribuable« correspondent biea à det revenu» effectivement perçut, il n'en e* p u de mime des revenus des entrepreneurs individuell dont r'tnpo*ition est souvent basée sur une évaluation forfaitaire. Les revenus d'activité non salariaux estimés par la source fiscale sont tres inférieurs aux évaluations phis économiques de ces mêmes revenus en comptabilité nationale. Par suite, les revenus des ménages sont connus avec une précision variable selon tes cas: en moyenne, elle est bien meilleure pour let salariés et les inactifs que pour les indépendants cl les agriculteurs. Source: "Les revenus fiscaux jdes ménages en 1984", Collection M de l'INSEE, no 139, mai 1989, 146 p. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 137 L'âge est également source de forts clivages: voir tableau VI.2. Ainsi, 43,5% des individus âgés de 71 ans ou plus, vivant seuls (soitprès de 1,2 million de personnes) ont perçu moins de 2,917 F. par mois durant l'année 1984, cette proportion dépassant à peine 28% chez leurs cadets de 61 à 70 ans. A l'autre extrême de la distribution des revenus, près de 39,5% des couples dont le chef avait moins de 71 ans (au nombre d'environ 490,000) avaient un revenu mensuel supérieur à 8,333 F. alors que moins de 29,5% des plus âgés étaient dans la même situation. En moyenne, un ménage dont le chef avait 75 ans ou plus ne disposait, par unité de consommation que de 85,8% des ressources d'un ménage dont le chef était âgé de 55 à 64 ans. Tableau VI.2: Distribution des ressources selon l'âge du chef de foyer et le type de foyer en 1984. Chef de foyer âgé de 61 à 70 ans Chef de foyer âge de 71 ans ou plus Tranche de revenu fiscal Source : enquête sur les revenus fiscaux des ménages en 1984. Champ : foyers fiscaux dont le chef est inactif âgé de plus de 60 ans, composés d'une ou deux personnes. * Une personne seule allocataire du minimum vieillesse percevait 28 400 F en 1984. A titre indicatif, un salarié payé au SMIC aurait perçu environ 40 500 F la même année, pour une durée effective de travail de 169 heures. Foyer d'une personne Moins de 27 500 F De 27 500 à moins de 35 000 F De 35 000 à moins de 45 000 F De 45 000 à moins de 55 000 F De 55 000 à moins de 70 000 F De 70 000 à moins de 100 000 F De 100 000 à moins de 150 000 F De 150 000 à moins de 200 000 F Plus de 200 000 F Ensemble Effectif Foyer de deux personnes Foyer d'une personne Foyer de deux personnes 9.0 19.1 16.0 17,7 13.8 14,7 6,2 2,2 1.3 2.8 1.7 3,5 12,9 16,8 22.9 24,2 8,9 6,3 0,7 42,8 16,6 13,3 10,4 8,3 5,7 1.1 1,1 0,0 0,5 0.5 26,6 18.9 24.1 16,4 6,7 6,3 100,0 100,0 100,0 100,0 1 079 987 1 238 436 2 696 339 1 278 471 Source: CANCEILL G.: "Ressources et niveau de vie des personnes âgées", in: Economie et Statistique, no 222, juin 1989, pp. 3 -15. Nul mystère à cette constatation: les personnes très âgées sont moins bien couvertes par les régimes de retraites (en particulier les régimes complémentaires, compte-tenu de leur création récente), de plus avec l'avancée en âge, la part des femmes dans la population augmente. Or, parce qu'elles n'ont pas eu d'activité professionnelle propre, une forte majorité d'entre elles ne bénéficie que de droits dérivés ou d'assistance, les revenus moyens sont donc plus faibles dans les générations anciennes. Si, par exemple, 1 personne âgée sur 5 percevait en 1985 leFonds National de Solidarité3 70% de ces bénéficiaires étaient des femmes, près de 50% des femmes âgées de 75 ans et plus (voir graphique VI. 1). Seule exception à cette fonction décroissante des revenus avec l'âge, la génération 1914-1916 qui, âgée de 66 à 70 ans en 1984, disposait de revenus plus élevés en moyenne que les retraités plus jeunes. Une très faible proportion de célibataires (qui en règle générale, parce que moins qualifiés, ont des revenus moindres que les mariés), une structure professionnelle plus favorable (les dirigeants d'entreprises en particulier poursuivent leur activité au-delà de 65 ans) contribuent largement à expliquer cette constatation. De plus, le montant des ressources disponibles varie beaucoup en fonction de la situation familiale du retraité. Ainsi, par exemple, à taille égale, les foyers âgés vivant avec des personnes plus jeunes (le plus souvent des femmes seules habitant chez un de leurs descendants) disposent d'un revenu fiscal inférieur d'environ 25% à celui des foyers âgés non cohabitants. Mais, en règle générale, ces derniers sont dans une situation toujours plus favorable que celle des familles avec plusieurs enfants. Le graphique VI.2 fait une synthèse des différents critères de disparités en matière de revenus de's personnes âgées. Outre ceux précédemment énoncés, on peut y voir que la taille des ménages et celle de la commune d'habitation ont également une influence non négligeable. Minimum vieillesse: total minimal auquel a droit une personne figée d'au moim 65 ans. Minimum dei avantagei de base: les droits à la retraite sont portés à ce minimum, quel que soit le montant des droits acquis par l'intéressé (A V T S). Allocation supplémentaire du Fonds National de Solidarité (FNS): allocation non contributive qui complète les avantages de base, à concurrence du minimum vieillesse. 138 Joëlle Gay mu Graphique VI. 1: Pyramide des âges des bénéficiaires du Fonds National de Solidarité AGE HOMMES FEMMES Nombre do bénéficiaires (en milliers) 200 100 mariés Graphique VI.2: ^H 200 300 Isolés Les facteurs de disparités de revenus des personnes âgées SITUSTION DU MÉNAGE AGE DU CHEF DE rf.HAGE RAP70HT A LA t 2.0 1 1 CATÉGORIE SOCIO BEMCGRAPH1Q'.£ DE CÉNASE CÉNAGE EU Q € F DE 1,1 TAILLE DU CÉNAGE TAILLE DE LA CCfHNE I D'HABITATICN • PERSONNES ET PLUS D'HABIT; \ • ACTIFS 3 PERSONNES AGGLOMERATION PARISIENNE 15 HENAGES DE DEUX P E R S O N N E S . 6 0 _ M ANS RETRAITE OU SECTEUR PUBLIC. RETIRE DES AFFAIRES OU PLUS 6 5 - 6 9 ANS 2 PERSONNES PLUS CE 200 000 HAB 50 A 200 000 HAB. ANCIEN SALARIE DU SECTEUR PRIVE Mort»« IP 7 0 - 7 4 ANS ItlK• MOINS CE 50 000 HAS AUTRES INACTIFS 75 ANS ET PtUS HOWES SEULS FEJWES Source: SEULES CCM4UNE RURALE VEUVES ANCIEN AGRICULTEUR 1 PERSONNE Illeme Rapport sur le revenu des Français, C E R C , La Documentation Française, Editions Albatros, 1981. B. L'évolution Malgré l'existence de fortes disparités de revenus au sein de la vieillesse, par rapport aux autres groupes sociaux, la situation économique globale des personnes âgées est plutôtfavorable. Durant les dernières années, leurs revenus ont en effet augmenté plus vite que l'ensemble des revenus. Les tableaux VI.3 et VI.4 sont à ce titre explicites. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 139 Tableau VI.3: Evolution du revenufiscalmoyen par ménage de 1970 à 1979 selon la catégorie socio-professionnelle du chef de ménage. Évolution du revenu ' (indice base 100 en 1970) Évolution du pouvoir d'achat * (variation annuelle moyenne en %) Catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage 1970 1975 1979 Agriculteurs exploitants 100 193 382 4,8 8,1 •f 6,3 Professions indépendantes 100 176 299 2.9 4.0 + 3.4 Cadres supérieurs 100 173 248 2,5 — 0.2 -r 1.3 Cadres moyens 100 176 262 2.9 H- 0.6 + 1.9 Employé] 100 180 276 3.4 + 1.4 + 2.5 Ouvriers qualifiés 100 184 276 3.8 + 0.9 - 2.5 Ouvriers non qualifiés et salariés agricoles 100 196 30S 5.1 + 1.8 + 3.6 Inactifs 100 200 341 5.6 + 4,1 + 4,9 100 188 297 4,2 + 2,3 3.3 Ensemble 1970-197S 1975-1979 1970-1979 1. (( s'agit du revenu avant attribution des allocations dites du minimum vieillesse. Le « minimum vieillesse » n'a pu être calculé en 1970 et a donc été éliminé en 1975 et en 1979. 2. Valeurs prises par l'indice des prix base 100 en 1970 : 1S2,8 en 1975 et 221.3 en 1979. Source: CANCEILL G.: "Les revenus fiscaux des ménages en 1979", Economie et Statistique, no 166, mai 1984, pp. 3 9 - 5 5 . Tableau VI.4: Evolution des revenus fiscaux de 1979 à 1984 selon la catégorie socio-professionnelle de la personne de référence du ménage (en francs constants). Indice base 100 en 1979 Revenu par ménage Exploitant agricole Revenu par líte 112 119 99 98 Salarie dont : Cadre supérieur Profession intermédiaire Employé Ouvrier 103 97 99 101 98 106 96 100 104 10O Inactif dont : Retraité 103 109 • 106 111 Ensemble 102 IOS Profession indépendante Source: "Les revenus fiscaux des ménages en 1984", collection de l'INSEE, Série: Premiers résultats, no 141, juillet 1988. Entre 1970 et 1979, alors que le revenu moyen n'a pas tout à fait triplé, celui des inactifs a été multiplié par 3,4\ En termes de pouvoir d'achat, l'augmentation moyenne de 3,3% par an est sans commune mesure avec celle qu'ont connue les inactifs, soit4,9%. De même entre 1979 et 1984, si le revenu fiscal moyen par ménage a augmenté de 2% en francs constants, pour les retraités, la croissance a atteint 9%. En termes de revenu par tête, les augmentations ont été respectivement de 5 et 11%. 4. Sur cette période, le revenu moyen ne prend pas en compte les allocations du minimum vieillesse; compte tenu de la très forte revalorisation de cet dernières, la croissance réelle des revenus des inactifs a été beaucoup plus forte. 140 Joëlle Gay mu En 1962, le revenu disponible des ménages d'inactifs était à peine égal à la moitié du revenu moyen, en 1984, il en représente près de 80%.5 Cette amélioration globale de la situation économique des personnes âgées résulte de plusieurs éléments. Tout d'abord l'arrivée au seuil de la vieillesse de générations qui ont vécu l'expansion économique de l'après-guerre, qui ont pu accumuler du patrimoine et surtout qui sont mieux couvertes par les régimes de retraite que les générations plus anciennes, notamment parce que leurs périodes de cotisation sont plus longues. Ces "jeunes vieux" font partie aujourd'hui des Français les plus riches. A l'autre extrême, les plus âgés parmi les âgés, ceux qui constituent la grande majorité des bénéficiaires du minimum vieillesse, ont connu des revalorisations très importantes de leur pouvoir d'achat (voir graphique VI.3 et tableau VI.5). Si entre 1970 et 1988 les prix ont été multiplié par 4 et le SMIC par 8, le minimum vieillesse a plus que décuplé. En 1970, le minimum vieillesse égalait à peine 46% du SMIC, désormais il en représente 70%. Entre 1970 et 1984, les pensions des 65 ans et plus ont été multipliées par 1J8 en francs constants, alors que dans le même temps, le coefficient multiplicateur du salaire des ouvriers n'était que de 1,4. Toutes choses égales par ailleurs, on peut penser que les futures modifications structurelles de la population âgée contribueront à améliorer encore le pouvoir d'achat du "retraité moyen"; arriveront, en effet, au seuil de la retraite, des générations où les femmes seront mieux couvertes par les régimes de retraite, et, par voie de conséquence, abstraction faite de grave crise économique, la population des bénéficiaires du F.N.S. est appelée à décroître fortement, évolution que l'on commence déjà à observer (2,5 millions de bénéficiaires en 1960,1,5 millions en 1985). Graphique VI.3: Evolution comparée de l'AVTS, du FNS, du minimum vieillesse, du SMIC, des prix, du taux de revalorisation des pensions (base 100 en 1970). INO CE« AU 1«r JANVHEU FNS / / 1000»00- , — — • •" — — - — i minimum vlalllati« AVTS SMIC •00- revalorisation d « i pentlon* 7 / prix ...... —..— A »00- / . - • • • ANNEES 100 TO 71 Ti 71 74 7« 7t 77 71 7t «0 »i *t tl 14 (a •• 5. "Les revenus des ménages, 1960-1984", Document du CERC, Paris, n° 80. 2e trimestre 1986, p.73. «7 (• Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau V U : 141 Evolution depuis 1970 du minimum vieillesse tn fnnci counnti Montant annuel Au 1" janvier F.N.S. personne seule A.V.T.S. Minimum vieillesse personne seule Minimum vieillesse couple Charge« sociale« SMIC Salaire annue obligatoires Part salariale brut1 % Salaire annuel net Rapport minimum vieillesse SMIC net % 1970 1 650 1 250 2900 5 800 6 802 8,13 6 248 48 1975 3 2SO 3 550 6 800 13600 14 040 8,62 12 830 53 1980 7 40O 7 200 14 600 29 200 26 894 12.80 23 452 62 1981 8 500 8 500 17 000 34 000 30 763 12.90 26 795 64 1982 10 100 13 900 24 000 • 44 400 37 752 12.90 32 882 73 1983 11 300 15 200 26 500 49 000 41 148 13.4« 35 609 74 1984 11 960 16 09O 23 050 51 380 46 198 14 88 39 333 71 198S 12 640 17 000 29 640 53 870 49 402 15.08 41 962 71 30 870 55 940 44 650 69 1986 13 160 17 710 52 809 15.45 t. Montent etleulé tur le btf d'un» duré* tnnutll* dt trtvëil d* 2 090 hmjrn ¡utqutniW «0*2 029 h*ur*% pour Itt inné«* tuntnit*. Lin tinté : En 1 304, It minimum vitillttt* pour uni ptrtonn* ttul* t* monitit è 30 870 F. tomm* ó* I'Allocation EUX VitvM Trivtiitturt tëlênét (A VTSI t dt l'sllocttion lupolémtntiirt du fNSiïl 160 * 17 7101. Comparé tu SMICtnnutl ntt I* minimum vitilltts* pour un* p*rtonn* nul* tr rtpréttntêit 69 % (30 870 : U 6S0 • 0.631. Source: "Les personnes âgées en France - quelques statistiques". Informations rapides, SESI, no 125, août 1988. Outre le montant et son évolution, la structure des revenus différencie également les personnes âgées du reste de la population. C. La structure La majeure partie des ressources des personnes âgées est constituted de retraites. Ces dernières représentent en moyenne 72,8% de l'ensemble de leurs ressources, pourcentage qui varie de 82,5% lorsque le chef du foyer est un ancien salarié à environ 15% lorsqu'il est encore actif (tableau VI.6). Tableau VI.6: Structure des ressources des foyers fiscaux dont le chef est âgé de plus de 60 ans. A g e e t activité du chef de foyer Chefintctif Ancien agriculteur Retint des affaires Ancien salarié Revenus d'activité (%) Pensions et rentes (%> Minimum vieillesse {%) 6.1 6,1 6,2 6,0 76,2 69.8 54,1 82,4 5,3 17,9 4,8 2,8 13,5 5.5 2,9 1,9 6,9 79,7 84,2 85,4 81,7 65,5 Revenus delà propriété {%) Ensemble (%) 12.4 100,0 16.2 100,0 34.9 100,0 8,8 100,0 0.2 2,4 2,8 5,3 12,1 6.6 7.9 8,9 11.1 15,5 Revenu fiscal par foyer (F) Autres Nombre transferts de Nombre (1) personnes de foyers per foyer (%) 73 506 50 258 89 793 80 794 - 6,1 - 1,3 - 7,9 - 6.9 1.46 1,50 1.52 1,50 6 481317 954 902 451 218 4 273 283 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 89 598 88 654 81224 70654 - 8,3 7.2 6.6 5,8 3,2 1,75 1,61 1,47 1,29 1.15 1 039 726 759 472 942 546 1531539 801914 148 209 - 19,0 1,82 496 654 dont âgé da • 61 è 65 ans Source : enquête tur les revenus fiscaux des méntge« en 1984. Champ :foyersfiscaux dont le chef est âge de plus de 60 ans. * Lecture : dans les foyers oi le chef est inactif. Its revenus d'activité entrent en moyenne pour 6,1 % dans U revenufiscalet les pensions pour 762%. Source: 15. 6 6 1 7 0 ans 71 i 75 ans plus dt 75 ans Autra inactif 53192 Chef actif dont i Agriculteur 66,9 15,2 0.8 17,1 100,0 62,0 14,4 3,4 69 723 -13,5 9,1 0,6 100,0 216446 -24,4 1,91 1,86 108 945 63,9 20,2 26.4 100,0 Indépendant m . . 14,2 68,1 4,7 13.0 100,0 78 823 - 7,8 1,48 6 977 971 -1.1 . uiiemDis 150 863 1. Autres trantfort* : goUe de l'impôt sur le revenu et de la taxe d'habitation et des prestations familiales. CANCEILL G.: "Ressources et niveau de vie des personnes âgées in: "Economie et Statistique", no 222, juin 1989, pp. 3 - 142 Joëlle Gaymu Une enquête longitudinale récente6 nous apporte de précieuses informations sur l'effet de la cessation d'activité sur le montant des ressources. Certes, cette enquête ne concerne que les travailleurs salariés dépendant du régime général mais, elle montre qu'en moyenne les hommes subissent une baisse de leurs ressources de 15 à 20%, et les femmes d'environ 20%. Le fait que cette diminution puisse, a priori, sembler faible est le résultat de plusieurs phénomènes. D'une part, et comme nous l'avons vu précédemment, le montant des pensions s'est considérablement amélioré et est sans rapport avec ce qu'il était il y a encore 20 ou 30 ans. D'autre part, les sy tèmes de retraite se sont obligatoirement généralisés. Enfin, pour beaucoup des enquêtes, les salaires perçus la dernière année de travail (qui ont servi de référence) ne sont pas les meilleurs de la vie active, ce qui contribue à minimiser les écarts. Si l'on considère par exemple ce qui se passe chez les cadres supérieurs, pour lesquels le dernier salaire est plus proche du salaire le plus élevé de la vie active, on constate une baisse des ressources d'environ 25% lors de la cessation d'activité. En outre, les disparités sont fortes: le tiers des personnes interrogées se retrouvent, en effet, avec des pensions dont le montant n'atteint pas 70% du dernier salaire et il en est même 5% qui n'ont que la moitié de leur dernier salaire. Ces derniers résultats n'ont pas de quoi surprendre, les taux de remplacement des salaires par les pensions égalent, en effet, en moyenne, 70%. Ils sont, de plus, une fonction décroissante du niveau des salaires. En d'autres termes, plus ce dernier était élevé et plus le taux est faible. Par exemple, les cadres aux revenus les plus forts ont un taux de remplacement qui dépasse à peine 50% alors que pour les non cadres aux revenus les plus modestes, il égale 76% (voir tableau VI.7). Bien évidemment le montant des retraites perçues est fonction de l'ancienne catégorie socio-professionnelle. Comme l'indique le tableau VI.8, les anciens agriculteurs sont, et de loin, les plus défavorisés avec 2,041 F. par personne, leur pension mensuelle moyenne dépasse à peine la moite de celle de l'ensemble des retraités de 60 ans et plus. Les autres anciens indépendants dont les retraites se situent aux environs du SMIC, sont également en-deçà de la moyenne, soit des niveaux très inférieurs à ceux des anciens salariés en général. Tableau VI.7: Taux de remplacement du régime général et des régimes complémentaires à 60 ans. (Nouvelle réglementation d'avril 1983). (Données en %) Salaires bruts annuels de fin de carrière (en francs) Régime général Régime complémentaire * Non-cadres **' 41260 55 010 68 760 75 640 50 50 50 45 26 26 25 26 Cadres ••• 110 020 137 520 192 530 275 040 31 25 17 9 13 17 9 5 Régime complémentaire *• Total 76 76 75 71 19 27 34 37 67 65 60 51 * ARRCO pour les non-cadres et le« cadres. • • AGIRC qui n'intervient que pour les cadres. • • * Pour chacune des deux catégoriel, le CERC envisage un déroulement de carrière plus ou moins rapide. C'est l'hypothèse d'une carrière haute que nous avons retenue dans ce tableau. Source: CERC. op. cit.. p. 75. Source: BABEAU A.: "La fin des retraites?". Collection Pluriel, Hachette, 1985, pp. 75-90. 6 ATTIAS-DONFUTC. CLEMENT F., DELBESC, PAILLAT P., RENAUT S. et ROZENKIER A.: "Passages de la vie active à la retraite", PUF, Paris, février 1989. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 143 Tableau VI.8: Retraites moyennes perçues (régimes de base et régimes complémentaires), selon le sexe et l'ancienne catégorie socio-professionnelle (1984) en France, par an. Pension annuelle par personne (1) (F) Source : enquête sur les revenus fiscaux des ménages en 1984. Ouonp : bénéficiaires de pension inactifs, Igés de plus de £0 ans Nombre de personnes Hommes Anciens agriculteurs Retirés des affaires Retraités du secteur public Anciens salariés du secteur privé dont anciens cadres Autres inactifs Ensemble des hommes 29 50 82 70 136 49 63 236 794 285 807 667 030 478 544 259 603 1 667 152 113 3 188 251 834 547 392 783 501 525 Femmes Anciens agriculteurs Retirés des affaires Retraités du secteur public Anciens salariés du secteur privé Autres inectifs Ensemble des femmes 20 28 57 38 33 36 031 907 832 036 903 507 577 216 449 2 234 704 4 182 363 683 205 475 666 392 Tous sexes Anciens agriculteurs Retirés des affaires Retraités du secteur public Anciens salariés du secteur privé Autres inactifs (2) 24 40 71 52 36 497 842 851 040 002 1 121 476 1 052 3 901 818 614 517 752 867 167 Ensemble 48 174 7 370 917 1. Pensions contributives, y compris de réversion. 2. Principalement des femmes n'ayent jamais cotisé personnellement et des personnes en invalidité permanente. Source: CANCEILL C , "Ressources et niveau de vie des personnes âgées En fonction du sexe l'inégalité des montants des retraites est également très prononcée. En moyenne, la pension perçue par une femme n'égale que 575% de celle d'un homme. A même catégorie socio-professionnelle, les prestations reçues par les femmes sont toujours nettement inférieures à celles des hommes: de l'ordre de 40% pour les indépendants ou les ouvriers, 25% pour les employés, 19% pour les cadres. Ces écarts résultent à la fois de différences de rémunération à un moment donné et de moindres durées de cotisation pour les femmes. Etant donné que l'incidence de chacun de ces 2 facteurs varie en fonction des catégories socio-professionnelles, il est difficile d'en prendre la mesure. Al'ARRCO (régime complémentaire), on sait cependant que l'écart selon les sexes qui s'élève en moyenne à 61% se décompose comme suit: la durée de carrière validée des femmes n'est égale qu'aux 3/4 de celle des hommes et les salaires moyens des femmes sont inférieurs de 20% à ceux de leurs homologues masculins. L'évol ution future des disparités de revenus selon les catégories socio-professionnelles est tout à fait incertaine, mais en raison de l'allongement des carrières féminines on peut légitimement penser que les écarts selon le sexe iront en s'amenuisant. Si la grande majorité des personnes âgées sont inactives et ont donc pour ressources principales des pensions, il n'en reste pas moins vrai qu'une faible fraction d'entre elles ont encore une activité professionnelle ou appartiennent à un ménage dont au moins un des membres travaille. Les revenus d'activitéreprésententdonc, en moyenne, plus de 14% de l'ensemble des revenus des personnes âgées. Le restant de leurs ressources (13%) est constitué principalement de revenus du partrimoine. Ces derniers sont fortement dépendants de l'ancienne catégorie socio-professionnelle et de l'âge. Lorsque le chef du foyer est un ancien indépendant, les revenus de la propriété peuvent, en effet, constituer jusqu'à 34,9% de ses ressources, complément indispensable qui vient compenser des niveaux de pensions très bas, comme nous venons de le voir. Pour les anciens salariés, par contre, les revenus patrimoniaux restent accessoires (8,8% en moyenne de l'ensemble des ressources). En outre, pourprés de 65%, les revenus de la propriété ont pour bénéficiaires les personnes âgées de 56 ans et plus, pour plus de 37J% celles qui ont franchi le seuil des 65 ans. En termes de possession de biens patrimoniaux, les personnes âgées se situent en effet au-dessus de la moyenne nationale (voir tableau VI.9). En 1980, alors que le patrimoine moyen de l'ensemble des Français était 144 Joëlle G ay mu évalué à 422,000 F., il atteignait le maximum de 614,500 F., chez les 55-64 ans, mais seulement 467,000 F. pour les plus âgés. Plus qu'un comportement de désépargne lors du passage à la retraite, et donc, un effet d'âge, il semblerait que cette dernière dimimution soit liée à un effet de génération. Alors que les 65 ans et plus constituent une population très hétérogène, les 55-64 ans en 1980 ont, comme nous l'avons déjà mentionné, vécu la forte expansion de l'après-guerre et sont donc tout à fait privilégiés sur le plan économique. Et de fait, quel que soit l'actif patrimonial pris en compte, le taux de détention de ces "jeunes retraités" est toujours supérieur à celui de l'ensemble des ménages. Ils sont plus souvent propriétaires de leur logement principal, possèdent plus fréquemment une résidence secondaire, sont plus souvent détenteurs de biens mobiliers de rapport (bons, actions, obligations,..), voir tableau VI. 10. Tableau VI.9: Patrimoine brut moyen selon l'âge du chef de ménage (1980, en Francs) Classe d'âge 24 ans 25 à 34 35 à 44 45 à 54 55 à 64 65 ans Ensemble ans et plus et moins ans ans ans Patrimoine 66 200 211 500 420 400 moyen Source: 554SOO 614 500 467 000 422 000 CREP, "les caractéristiques des ménages français en 1980", rapport ronéotypé, novembre 1981. Tableau VI.10: Taux de détention de différents éléments d'actifs patrimoniaux (1981), en % Ménages dont le chef est un retraité récent (moins de 4 ans) Logement principal Résidence secondaire Autres biens immobiliers Livrets d'épargne Produits d'epargnelogement Bons Actions Obligations et emprunts Ensemble des ménages 64 12 13 82 46 10 9 76 19 11 10 13 19 5 6 4 Source: opus cité ci-dessus. Dans quelle mesure les différentes constatations que nous venons de faire, en matière de montant et de structure des ressources des personnes âgées, ont-elles une incidence sur leur consommation? Et, d'une façon plus générale, leur budget-consommation se différencie-t-il significativement de celui du reste de la population? 2. La consommation des personnes âgées La taille des ménages diminuant sensiblement avec l'avancée en âge du chef, pour savoir en quoi les personnes âgées se singularisent du reste de la population en matière de consommation, on se doit de raisonner sur des dépenses par unité de consommation. Ces dernières, égales à 2,07 en moyenne en 1984, s'échelonnaient, en effetde 1,86 dans les ménages dont le chef avait entre 55 et 64 ans à 1,37 lorsque celui-ci avait franchi le seuil des 75 ans. Notre analyse, fondée sur une récente enquête,7 portera principalement sur les années 1984-1985, ainsi que sur la période 1979-1985, dans une tentative de mesure des répercussions de l'amélioration du niveau de vie sur la consommation. D'autre part, isolement et vie en couple étant les deux principaux modes de vie des personnes âgées, dans un second temps, nous essayerons d'analyser l'effet de la situation familiale sur la consommation. Par rapport à leurs homologues isolés, les couples âgés bénéficient-ils d'économie d'échelle? La vie à deux tend-elle à privilégier certains postes budgétaires? A contrario, s'oriente-t-on vers une uniformisation des comportements? Telles sont quelques unes des questions qui sous-tendront notre réflexion. A. Incidence de l'âge sur la consommation Comme l'illustre le tableau VI.ll, depuis 1979, revenus et dépenses ont évolué de concert et ont d'autant plus 7. MOUTARDIER M.: "Les budgets des ménages en 1984-1985", Paris, Les collections de l'INSEE, série M, n" 136, mai 1989, 225 p. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 145 augmenté que l'on avance en âge. Ainsi, en 1979, les ménages dont le chef avait 75 ans ou plus disposaient par unité de consommation de moins de 79% du revenu moyen, 6 ans plus tard cette proportion atteint près de 91 %. En règle générale, l'amélioration du niveau de vie s'est traduite par une tendance à consommer plus, voire même, chez les 55-64 ans, à consommer de plus en plus au-dessus de leurs moyens (en 1979, il dépensaient 103% de leurs ressources, 105% en 1985). Seuls les 75 ans et plus font exception, leur surcroît de revenus ayant accentué leur propension à épargner (ils consommaient 94% de leurs ressources en 1979,90% en 1985). Dans un autre ordre d'idée on peut remarquer que l'autoconsommation constitue une part plus importante du budget des ménages âgés et, hormis aux grands âges, ces derniers sont plus nombreux à pouvoir autoconsommer (58,1 % des 55-64 ans par exemple, contre 55,7% de l'ensemble des ménages, voir tableau VI.12). Ce cadre général étant décrit, qu'en est-il des disparités de consommation selon l'âge? Compte tenu de la diminution des ressources disponibles avec l'âge, lafraction âgée de la population consacre une part plus importante de son budget aux deux postes difficilement compressibles que sont Valimentation et le logement, et une part d'autant plus importante que l'on avance en âge. Tableau VI.11: Structure en 1984-1985 et évolution (1979-1985) de la consommation annuelle par unité de consommation, selon l'âge au cnei ae menage. Montants (en Francs et en \) en 1984-1985 55 a 64 65 à 74 75 ans Tous ans ans et plus iges Alimentation 15408,9 23,9 14307,0 25.1 12723.5 26.3 '13899,7 22.9 - 6,2 - 5,8 - 2,9 - 6,0 Habillement 3382,6 5,3 2769,5 5,0 2566,2 5,4 3735,2 6. 1 - 23,5 - 26,5 - 2,1 - 16,1 15663,1 2t.3 3209,7 5,0 1132,3 i.t 1303,0 2.0 2236,3 3,5 308,4 0,5 3479,4 5,4 3780,8 5,9 14187,5 25.5 3374,8 6, 1 1182,5 2. 1 483,1 0,9 2031,7 3, 7 113,4 0.2 2730,6 4.9 4189,8 13854,8 29.2 3658,6 16111,9 26,5 3663,4 5,0 800,7 »,3 2819,9 4,6 1542,8 + 11,8 + 11,4 + 33,8 + 13,1 + 23,8 • 40,6 + 59,6 + 28,6 + 16,2 • 1,8 + 17,0 + 14,1 - 7,3 - 7,3 - 43,4 + 26,4 + 25,4 + 7,7 + 2,9 • 16,3 + 51,3 - 4,7 - 26,3 + 12,9 - 17,0 - 19,9 + 24,4 - 15,8 + 42,7 + 32,3 + 54,2 + 32,1 4422,8 S, 9 3400,6 5,3 5179,7 + 11,0 + 19,7 + 20,0 + 5,9 4,4 Transports et télécommunications 8597,7 13,3 Culture-loisirs dont : - appareils audiovisuels - livres, .. Habitation dont : - loyers-charges - impôts - crédits - entretien-réparations - matériaux d'équipement - équipement et services - énergie Hygiène et soins dont : - santé 1.5 9,3 994,2 2. 1 122,9 0,3 1762,3 3,7 84,7 0.2 3038,0 S,4 4182,5 1. S 5455,6 11.5 4613,8 2,5 277,1 0,5 3644,6 6.0 3151,4 5.2 3858,0 6,3 2892,6 4.« + 12,1 + 21,9 + 17,2 + 9,7 6165,6 11. 1 3268,1 £.9 8657,2 14,2 + 11,9 • 32,1 + 19,3 + 13,0 5034,5 7,5 329,1 0,5 960,5 1.5 850,9 1,3 405,9 0,5 1287,5 2.0 4157,1 3187,5 5176,5 - + - - 7,5 «,7 332,1 0.6 907,4 1.6 665,0 285,8 0.6 788,4 a,s Divers dont : - impôts sur le revenu 11906,5 M,5 5969,8 9,3 8752,6 »5,» 3935,0 7, 1 6348,2 13.4 3060,9 S,5 9410,4 • 5,5 3988,2 S.6 Total des dépenses 64415,9 100,0 55518,9 100.0 47404,0 100,0 61332,8 57229,8 52634,0 - jardinage - sorties - vacances Revenu par unité de consommation 4285,4 7, 7 7,7 Evoluti on (1979- 1985) des montants eiti Francsconstants (\) 55 à 64 65 à 74 75 ans Tous ans ans et plus âges 1.2 216,3 0,4 1441,0 2.6 »,7 562,0 1.2 202,6 0,4 942,4 2.0 8,3 6,5 0,2 4,1 - 36,5 - 21,5 - 37,8 + 1,0 + 16,8 - 4,4 + 2,8 + 16,9 - 8,4 + + 26,1 + 21,8 + 4,6 + 12,7 + 7,9 + 32,5 + 93,0 + 13,1 + 30,1 + 37,6 + 39,3 + 33,0 + 28,9 + 32,0 + 64,8 + 29,1 60848,9 100,0 + 5,2 + 9,0 + 15,3 + 6,3 57964,7 + 2,9 + 8,0 + 20,7 + 6,2 408,7 - 25,8 0,7 901,7 1.5 657,2 », > 392,1 0,6 1266,0 2. 1 + 3,0 1,4 146 Joëlle G aymu Ils représentent 49,5% du budget de l'ensemble des ménages, mais 48,2% de celui des 55-64 ans et 56,1 % de celui des 75 ans et plus. Si ce type de constatation valait également en 1979, la croissance globale des revenus a joué dans le sens d'une redistribution du poids respectif de ces deux postes. Les Français ont, dans l'ensemble, moins dépensé pour se nourrir mais consacré plus d'argent pour leur logement. Toutefois, l'habitat est un domaine où les personnes âgées se singularisent, à plus d'un titre du reste, de la population. S'il est vrai que les ménages âgés sont plus souvent propriétaires de leurs logements ces derniers sont, en moyenne, moins confortables. Conséquence logique, énergie-impôts-entretien et réparations pèsent beaucoup plus lourdement dans leur budget et ce, non seulement en valeur relative mais plus significatif encore - étant donné que dès 65 ans leurs revenus sont inférieurs à la moyenne - en valeur absolue (soit 6,939 F. pour les 75 ans et plus contre 5,495 F. pour l'ensemble des ménages). Tableau VI.12: Equipement en biens durables selon l'âge du chef de ménage en 1984-1985 1 1 1 MENACES (MILLIERS) PERSONNES PAR MENAGE UNITES DE CONSOMMATION PAR MFNAGE REVENU PAR MENAGE (F PAR AN) CONSOMMATION PAR MENAGE (F/AN) MONTANT OE L' EPARGNE LOGEMENT AUTOCONSOMMATION PAR MENAGE (F/AN) MENAGES POUVANT AUTOCONSOMMER (%) MOINS OE 25 ANS OE 25 A 34 ANS OE 35 A 44 ANS OE 45 A 54 ANS DE SS A 1046 1.92 1.58 81875 93354 1014 4194 3.00 2.16 124944 132795 1975 3839 3,71 2.65 153104 166873 1790 1068 59.32 3337 3.18 2.46 145932 152283 1405 1805 66.30 3638 2.25 1.86 114079 119807 1183 2023 68.11 214 575 15,75 40.09 LOGEMEHT ET SON 64 ANS DE 65 A 74 ANS 75 ANS ET PLUS ENSEMBLE 2304 1.73 1,51 86417 83824 1969 1.54 1.37 72109 64933 621 350 1221 63.99 52.64 20326 2.69 2.07 119987 125952 1344 1204 55.71 789 EQUIPEMENT l DES MENAGES AYANT AU MOINS UNIE) AUTOMOBILE REFRIGERATEUR SANS CONGELATEUR REFRIGERATEUR AVEC CONGELATEUR CONGELATEUR INOEPENOANT MACHINE A LAVER ASPIRATEUR LAVE VAISSELLE MACHINE A COUDRE ELECTRIQUE TELEVISION NOIR ET BLANC TELEVISION COULEUR MAGNETOSCOPE CHAINE HI-FI 71.60 61.30 33.65 9.25 52.60 58.59 4.82 10.78 35.67 38.19 4.70 43.99 86.57 58.37 41.81 32,95 83.33 83.15 22,21 30.34 33.99 63.83 7.68 53.11 90,21 63,85 40,07 «7.14 91,81 87.73 40.77 45.28 38.45 74.06 8.25 49,44 86.43 66.87 37.59 46,75 89.98 83,56 28.49 50,82 39,06 71.84 5.49 38,54 74.08 69.19 35.07 40.90 86.26 80.59 18.34 43.75 37.88 69.14 2.64 20.10 60.51 71.15 29.91 29.00 76.28 73.41 9,80 31.76 31.88 71.75 1.78 10,54 28.69 77.43 18.44 17.54 54.96 62.38 6.01 20.73 33,30 62.23 0.46 3.23 74.54 66.19 35.55 36.16 81.42 79,25 22.18 37,15 36.14 67.45 5.00 33.99 81.23 1,68 5.89 11,19 59.26 3.18 30.12 7.44 37.16 8.50 48,75 5.59 29.62 26.04 38.37 5,97 26.74 48.37 18.51 6.39 25.63 58.20 5.97 10.20 31.23 S2.30 1,29 15.17 39.00 26.94 26.14 7.92 19,62 79,83 42.86 56.74 59.07 40.57 63.76 36.14 67.22 32. 57 62.02 37.88 57.13 42.59 56.07 43.66 69.83 95,68 45,29 0,00 1,46 0,91 0.34 87.80 97.31 44.66 0.09 5.68 4.18 0.42 92.47 96.75 41.79 0.18 8.61 9 44 0.55 90. 17 94,93 39.62 0.00 5.37 10.07 0.33 89.55 90.73 36.80 0.09 6.68 4.30 0.38 89.44 88.93 39.57 0.31 12.09 2.25 0.07 82.50 80.54 39.60 0.60 35.56 0.26 0.00 88.13 92.98 40.85 0.16 9.76 5,39 0.34 42.80 20.55 7.44 2.30 3.42 2.82 3.93 15.63 0.43 0.00 0.68 31.99 32.19 12.77 2. 45 4.37 3.21 3.20 9.16 0.41 0,00 0.25 23.82 46.03 12.31 2.14 3.78 3.12 1.99 5.95 0.55 0.08 0.23 20,62 47,63 6,97 4.94 4.94 5.17 2.48 5.89 0.96 0.00 0.39 16.90 43.18 4.99 10.25 6.58 7.54 2.74 6.15 1.32 0.04 0.29 17.08 33.93 4.79 9.99 6.76 7.57 5.05 6.44 2.23 0.00 0.15 17.90 31.18 3.05 12.74 7.35 9.54 6.00 11.35 0.78 0.00 0.11 23.38 39.49 8.22 6.04 5.26 5,38 3,29 7.71 0.93 0.02 0.27 V OES MENAGES LOCATAIRES OU SOUS LOCATAIRES PROPRIETAIRES NON ACCEDANTS ACCEDANTS A LA PROPRIETE LOGES GRATUITEMENT * DES MENAGES HABITANT UNE MAISON INDIVIDUELLE UN IMMEUBLE COLLECTIF t DES MENAGES OISPOSANT OU TELEPHONE DE L- EAU CHAUDE DU GAZ OU RESEAU D'UN EMPLOYE OE MAISON LOGE D'UN EMPLOYE OE MAISON NON LOGE D'UNE CARAVANE D'UN CAMPING CAR REPARTITION DES LOGEMENTS SUIVANT LE MOOE OE CHAUFFAGE PRINCIPAL!*) CHAUFFAGE COLLECTIF. OU URBAIN CHAUFFAGE CENTRAL INOIVIOUEL CHAUFFAGE ELECTRIQUE INTEGRE CUISINIERE AU CHARBON OU AU BOIS POELE AU CHARBON OU AU BOIS POELE AU MAZOUT RADIATEUR AU GAZ RADIATEUR ELECTRIQUE FEU OUVERT DANS LA CHEMINEE CHAUFFAGE SOLAIRE PAS OE MOYEN OE CHAUFFAGE I F RFVENU PAR MENAGE EST CALCULE POUR LES MENAGES AYANT DECLARE LEUR REVENU. Source: Moutardier M.: "Les budgets des ménages en 1984-1985", Paris, Les collections de l'INSEE, série M, no 136, mai 1989,225p. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 147 Le même type de constatation vaut pour les loyers et charges mais dans une moindre mesure, toutefois, et surtout a partir de 75 ans, les individus étant alors plus fréquemment locataires. En outre, depuis 1979, l'augmentation de la plupart des dépenses mentionnées précédemment (les réparations font exception à partir de 65 ans) a été beaucoup plus accentuée pour les personnes âgées. Croissances plutôt subies dirons-nous, puisqu'elles résultent d'un mode de chauffage moins performant et donc plus coûteux (radiateur électrique, cuisinière à bois ou à charbon, poêle à mazout ont leur prédilection), et, d'un surcroît de charges dû à l'amélioration du confort des logements (particulièrement soutenue depuis 1975 pour les 75 ans et plus). Toujours dans le domaine de l'habitat, un autre point mérite d'être mentionné, c'est la redistribution que semblent opérer les très anciens entre, d'un côté, l'entretien et les réparations, et de l'autre, l'équipement et les services. En effet, les 75 ans et plus donnent davantage priorité aux services domestiques (+110,7%) alors que le poste entretien-réparations qui, certes, garde une place privilégiée dans leur budget (3,7% contre 2,5% en moyenne) n'a pratiquement pas bougé. Même si leurs conditions de logements restent des plus vétustés, désormais, l'amélioration de leur confort de vie passe aussi par des soutiens dans les tâches quotidiennes (aides ménagères en particulier). Aux autres âges par contre, c'est l'inverse qui prévaut. On dépense de plus en plus d'argent pour entretenir ou réparer son habitation(+ 16% en moyenne, + 25% pour les 55-64 ans), tandis que s'équiper ou avoir recours à des services domestiques paraît de moins en moins primordial (-16% en moyenne mais -19,9% pour les 55-64 ans). S'il est vrai que l'ensemble de la population possède les biens durables les plus courants, les personnes âgées se différencient pourtant de leurs cadets par un moindre équipement en appareils plus sophistiqués (congélateur, machine à laver,). Parce que ces derniers ne leur sont d'aucune utilité, parce qu'elles sont faiblement attirées par la nouveauté et que dans tous les cas elles sont peu demandeurs de services, leurs dépenses d'équipement-services est en-deçà de la moyenne (6% à tous âges mais 4,9% entre 65 et 74 ans, par exemple), et, la tendance va, qui plus est, au creusement des écarts. Les trois autres postes (habillement, transports-télécommunications, culture-loisirs) dont les montants sont modulés en fonction du style de vie sont sous-représentés dans le budget des personnes âgées et ils le sont d'autant plus qu'elles sont plus âgées (28,8% en moyenne mais 26,4% chez les 55-64 ans et 19% chez les 75 ans et plus). Là encore, il n'y a rien d'étonnant à cela. En effet, toutes les enquêtes sur l'occupation du temps libre ou les types de loisir des personnes âgées vont dans le même sens (voir tableau VI. 13). Contrairement aux plus jeunes, elles préfèrent les activités qu'elles peuvent pratiquer chez elles: télévision et lecture ont leur préférence et occupent plus de 60% de leur temps libre. Ressources financières insuffisantes et dégradation de l'état de santé avec l'avancée en âge étant les deux raisons principales de ce repli sur le foyer. Non seulement le fréquentation des cinémas, musées et autres spectacles est inférieure chez les 60 ans et plus, mais elle diminue considérablement avec l'âge. Si, par exemple, 24% de l'ensemble des Français ne sortent jamais le soir, cette proportion culmine à près de 71% pour la frange des 70 ans et plus. De même, si elles ont tendance à partir plus longtemps en vacances ou si elles sont plus souvent demandeuses de voyages organisés, le taux de départ en vacances est inférieur à la moyenne dès l'âge de 50 ans (52% des 50-54 ans sont partis en vacances en 1985 contre 57,5% pour l'ensemble des Français), il diminue ensuite considérablement au fil des âges pour descendre en-dessous de 35% chez les 70 ans et plus (voir graphique VI.4). 148 Joëlle G ay mu Tableau VI.13: Comparaison des pratiques de loisirs selon l'âge (chiffres indiquant la proportion d'individus ayant pratiqué une activité au cours des 12 derniers mois), en 1981. Lecture Fête foraine Bal public Cinéma Spectacle sportif Théâtre Concert» musique pop Concerts musique classique Cirque Ballets Opéra Foires, salons, expositions Monuments historiques Musées Manifestations politiques Journaux (tous les jours) Radio (tous les jours) Journal télévisé (tous les ¡ours) Jogging Natation Football Gymnastique Tennis Vélo Ski Voile 15-19 20-24 25-39 40-59 ,0-69 70et + 92.9 69.9 58.4 90.4 38.0 12.8 24.5 7.4 8.3 4.4 1.0 89.3 60.9 48.2 84.5 29.9 10.1 30.4 83.1 54.7 33.6 64,4 23.2 14.5 12.4 67.6 37.2 22.8 37.7 18.7 48.9 10.0 1.9 9.4 8.1 16.8 6.9 8.0 64.4 23.0 9.4 20.0 8.0 8.7 1.0 5.0 4.8 4.7 1.9 29,9 28.0 27.0 50.6 39.8 40.2 9.7 28.3 64.9 39.7 27.5 31.1 44.5 27.2 20.9 10.9 11.0 6.0 8.6 10.3 6.1 1.9 54.8 37,7 38.0 11.9 29.7 70.9 44,1 28.4 26.0 19.0 12.1 17.3 9.1 14.7 7.2 8.3 3.2 4.6 2.5 2.0 50.9 36.6 34.1 l|8 36.2 76.2 52.8 20.1 19.0 12.9 ll.l 14.7 11.6 12.2 42.1 30.6 28.2 8.7 56.3 72.6 67.6 16.3 10.0 3.6 7.6 4.7 6.2 5.1 0.4 4.1 4.1. 61.4 71.3 33.0 11.3 6.0 0.4 5.9 0.6 5.1 1.7 0.2 7.2 5.4 4.7 0.7 3.2 2.4 1.8 2.0 9.9 14.7 13.7 1.2 59.9 66.9 85.7 6.9 0.6 — 1.3 0.4 1.4 0.7 0.1 Moyenne nationale 74.0 43.1 28.1 49.7 20.6 10.2 10.2 7.5 9.7 5.0 2.0 41.5 31.7 30.1 8.7 46.2 71.8 62.6 18.1 14.7 IÜ 9.9 9.5 7.8 7.4 2.9 Source: Service des études etrecherche du Ministère des Affaires Culturelles, "Pratiques culturelles des Français", Paris, éditions Dalloz, 438 p. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 149 Graphique VI.4: Evolution (1975-1985) des taux de départ en vacances selon l'âge. II I I I 20 25 »30 I I I 20 10 IS Toutefois, depuis 1979, la tendance à l'ouverture sur l'extérieur est nette, cette mobilité accrue des personnes âgées se faisant au détriment de l'habillement et de l'équipement audiovisuel (ces remarques valant également, dans une moindre mesure, pour l'ensemble des ménages). En meilleure santé et disposant de ressources financières plus décentes, les personnes âgées de 65 ans et plus s'enhardissent. Elles consacrent davantage d'argent à la voiture (+24,1 % seulement pour l'ensemble des ménages contre +85,6% pour les 65-74 ans ou +45,4% pour les 75 ans et plus), à l'équipement en téléphone, aux sorties (à l'exception des 75 ans plus) et surtout, aux vacances (+13,1% en moyenne mais +32,5% pour les 65-74 ans 150 Joëlle Gaymu et +93% pour les 75 ans et plus). Sans aucun doute faut-il voir là l'effet du renouvellement des générations au sein de la population âgée. A chaque seuil de la vieillesse en effet, les taux de départ en vacances n'ont cessé de croître depuis une dizaine d'années et ce, à l'évidence, du fait d'habitudes acquises. On en veut pour preuve, par exemple, l'absence de changement de comportement en vieillissant des individus nés en 1915-1920. Agés de 55 à 60 ans (en 1975) ou de 65-70 ans (en 1985) ils étaient 48% à partir en vacances. Ajoutons pour terminer que, parce qu'étroitement dépendante de l'état de santé, et donc de l'âge, la consommation médicale est beaucoup plus importante dans la fraction âgée de la population. Cette consommation non marchande, impliquant donc l'intervention de l'Etat et aux conséquences très lourdes pour l'avenir, fera l'objet de plus longs développements dans le chapitre suivant. Même si l'amélioration du niveau de vie de la population âgée a joué dans le sens d'une augmentation des dépenses discrétionnaires, liées surtout aux transports et aux vacances, force est de conclure que la structure de son budget consommation garde des spécificités (poids plus lourd des postes alimentation, logement, santé). Ces dernières perdureront tant que les ressources financières et l'état de santé différencieront les personnes âgées de leurs cadets. Et, si l'on peut légitimement compter sur l'évolution favorable du second facteur, l'incertitude qui pèse sur le premier reste entière. B. Incidence de la vie en couple sur la consommation Si nous venons de voir qu'au sein de la vieillesse l'âge était un facteur discriminant en matière de consommation, on peut se demander si la situation familiale n'agit pas de même. Prenant pour base 100 les dépenses (en valeur absolue) d'un isolé de 65 ans et plus, nous avons pour chaque poste budgétaire, calculé les indices correspondant aux dépenses d'un couple sans enfant dont le chef a 65 ans et plus. Tout indice inférieur à 200 est donc la traduction d'économie d'échelle pour un couple, tout indice supérieur à 193 (rapport de l'ensemble des dépenses) le signe d'une préférence plus marquée pour ce type de consommation (voir tableau VI.14 et graphique VI.5). Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau VI.14: Consommation annuelle moyenne (en Francs et en %) selon le type de ménage en 1984-1985. Personne seule âgée de : moins de 65 ans 65 ans ou plus Alimentation 15812,4 79,3 Habillement 5333,2 6,5 Habitation dont : - loyers-charges 21611,7 26. 4 8567,1 12618,3 25.5 2775,5 5.6 15677,6 31.7 4968,1 Couple sans enfant dont le chef est âgé de : moins de 35 à 64 65 ans 35 ans ans ou plus 24973,9 18.9 29902,6 22.3 24996,6 26.2 9070,9 6544,5 4602,2 6, 9 4, 9 4,0 33049,6 33771,0 22680,2 25. 1 12665,1 25,2 23.8 5591,0 4029,3 70,5 10. 1 9,6 4.2 4.2 - impôts 1077,9 1021,8 782,2 2235,2 2129,6 7,3 2. 1 0,6 1.7 2.2 - crédits 2110,6 168,0 4677,9 5901,4 844,2 2.6 0.3 3.6 4,4 0.9 - entretien-réparations - matériaux d1equipment - équipement-services 1432,7 1500,4 650,0 3285,5 3102,0 0.6 0.4 0.8 1.0 0,4 4160,0 3130,4 8960,6 7871,1 4982,4 5, 7 6,3 6,8 5,9 5.2 - énergie 3766,4 4699,1 4200,3 7511,1 7179,4 4.6 9.5 3.2 5.6 7,5 3836,1 5422,0 6014,2 8935,1 10387,6 4,6 6, 7 70,9 Hygiène-soins dont : - santé Transports-Télécommunications Culture-Loisirs dont : - appareils audiovisuels - livres, . . 1. 7 487,2 4, 7 0.5 2.4 3,4 1113,6 1375,7 413,3 11.0 2600,1 4439,2 3963,7 6739,0 8862,4 3.2 9.0 3.0 5,0 9.3 13828,5 3165,1 28641,0 20850,9 11280,4 76, g 6,4 8814,8 3609,4 10.8 7.3 789,1 327,8 21.7 14818,8 11,2 1203,2 15.6 10593,7 77,0 7461,0 7.9 7.8 670,5 563,1 1.0 0, 7 0.9 0,5 0.6 1385,2 782,1 1876,9 1728,9 1577,7 1. 7 - jardinage 3.0 189,8 849,1 1.6 1.4 1.3 664,8 1380,1 1933,6 7, 7 1099,1 1.0 1,3 1.0 7,4 1.2 - sorties 1185,2 202,3 2131,8 985,0 625,4 1.4 0,4 1.6 0, 7 0. 7 - vacances 2449,4 1190,2 3129,9 2976,5 2647,1 3.0 2,4 2.4 2,2 2.8 Divers dont : - impôts sur le revenu 12588,3 6209,9 15287,3 23368,0 13979,3 Ensemble 15.1, 12.5 11.6 77,4 74, 7 6568,4 2426,6 8437,9 13903,8 7941,6 B.O 4.9 6,4 70,4 81825,0 49477,8 31855,7 JOO.O 33965,8 95387,2 700,0 700,0 100.0 100.0 fl,3 151 152 Joëlle Gaymu Graphique VI.5: Dépenses d'un couple dont le chef a 65 ans ou plus par rapport à celles d'un isolé du même âge, 1984-1985 Rapports 550 1 2 3 SOC 5 5 7 3 -/ 150 Alimentation Habillement Habitation Loyerj _ Impflts ( H é i 1 l'habitation) Crédit» Energit Equipement Entretien _ l Réparation du logement 10 Santé 11 Transport Télécomunicition 12 Culture. Loisirs 13 Oivtr« 100 Impits sur 1i revenu dépense de vacances 350 300 250 200 Tout i t e«¿»**jie« it 150 Soit • lit dlevitt 4'urt UtU ICO 10 11 12 13 H 15 t 150 into 7 Pour l'alimentation et la santé, les dépenses d'un couple équivalent à 1,9 voir 2 fois celles d'un isolé de 65 ans ou plus. En toute logique il n'y a pas d'économie d'échelle pour ces consommations. Pour le poste habitation par contre, les dépenses d'un couple ne représentent que 141% de celles d'une personne vivant seule, la structure de ce poste recelant toutefois d'importantes disparités. Pour les loyers-charges, l'énergie et l'équipement, les couples bénéficient effectivement d'économies d'échelle, le rapport de leurs dépenses à celles d'un isolé s'échelonnant de 81 à 159. A l'évidence, un logement occupé par deux personnes au lieu d'une, ne verra pas ses factures de loyer ou de chauffage doubler! Mais si les indices sont si faibles c'est également parce que les couples de personnes âgées sont plus souvent propriétaires de leur logement et, qu'en règle générale, ce demier est plus confortable, mieux équipé que celui des ménages d'une personne. Le graphique VI.6 en atteste, quel que soit le bien pris en compte, leur taux de possession est toujours plus élevé que celui des personnes vivant seules. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 153 Graphique VI.6: Taux d'équipement des personnes âgées de 65 ans ou plus selon qu'elles vivent seules ou en couple. en 1985. Taux d'équipement des personnes seules de 65 ans e t plus 100 1 1 . i RÉFRIGÉRATEUR 90 TÉLÉVISION • 80 m 70 m 60 m 50 m TÉLÉPHONE / TÉLÉVISION COULEUR MACHINE À LAVER« LE LINGE 40 / 30 / 20 *AUTO • CONGÉLATEUR 10- " LAVE-VAISSELLE / 1 10 ' into" • 1 . t 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Taux d'équipement des couples dont le chef a 65 ans et plus A l'opposé, pour les autres postes ayant trait à l'habitation, les indices franchissent allègrement la barre des 200:436 pour les crédits (ce plus fort endettement des couples tenant au fait qu'ils sont plus fréquemment accédants à la propriété), 207 pour l'entretien et les réparations ou 218 pour les matériaux d'équipement. Pourtant mieux logés, en règle générale, que les isolés, les couples semblent néanmoins plus attachés à leur confort, qu'ils améliorent davantage, soit en ayant recours à des professionnels soit, et de plus en plus, en bricolant eux-mêmes. On peut noter, en effet, que depuis 1979, le poste "matériaux" a considérablement augmenté (+ 133%) alors que les réparations nécessitant l'intervention d'un artisan ont diminué (de 6,3%), cette redistribution des postes valant également, de façon moins accentuée, pour les ménages d'une personne. Le poste transport et télécommunication atteint lui aussi un record, les dépenses d'un couple étant 3,5 fois plus fortes que celles d'une personne seule. Nul mystère à cette constatation, à raison de 64% ils possèdent une voiture alors qu'à peine 16,2% des isolés sont dans ce cas; cette plus grande mobilité des couples se confirmant à travers l'analyse du poste culture-loisirs. S'il est vrai que l'indice global dépasse à peine 200, les dépenses ayant trait aux sorties atteignent 309%, celles ayant trait aux vacances 222%. A deux, les personnes âgées semblent donc moins casanières, elles ont tendance à partir plus souvent en vacances et/ou à privilégier des formules de voyages plus coûteuses, elles ont de surcroît, une plus grande ouverture sur l'extérieur au quotidien. Notons toutefois que, depuis 1979, ces postes ont augmenté plus fortement chez les personnes seules, traduction d'une certaine uniformisation des comportements en matière de loisirs. Plus de goûts communs que de dissemblances ressortent en outre de l'analyse des autres dépenses de culture, la vieillesse à deux ne faisant guère varier ni la palette ni le coût des activités de loisir. Les couples bénéficient d'économie d'échelle en matière d'équipements audio-visuels et, comme les personnes vivant seules achètent surtout des livres ou des revues (21% de leur budget loisir, 21,6% pour les isolés et 17,6% pour l'ensemble des ménages), et des plantes ou du matériel de jardinage (15,4% du budget-loisir des couples, 17,8% de celui des isolés et 12,9% seulement de celui de l'ensemble des ménages). 154 •» Joëlle G ay mu Certes, toutes ces analyses reposent sur des données relativement anciennes. Certes, les personnes âgées de l'an 2000 n'auront sans doute que peu de points communs avec celles d'aujourd'hui. Certes les habitudes acquises au cours de l'âge adulte changeront les comportements de consommation durant la vieillesse. Mais, il n'en reste pas moins vrai que certaines caractéristiques de la population âgée semblent difficilement contoumables, l'âge modifie et modifiera toujours la structure de la consommation:' • du fait de la saturation ou de la non utilité de biens d'équipement; du fait de la diminution des ressources lors du passage à la retraite qui implique une compression des postes de consommation discrétionnaire; du fait d'un moins bon état de santé qui entraîne une moindre ouverture sur le monde extérieur. Ajoutons, pour terminer, que l'évolution de la mortalité (et donc de la survie des couples), et des situations familiales (divorces, isolement,...) sera fondamentale puisque nous avons vu que la vie à deux tendait quelque peu à amenuiser les effets précédents, à privilégier les dépenses de transport et de tourisme. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 155 Chapitre VII La Santé des Personnes Agées 1. Tendances de l'évolution de la mortalité générale Á. Quelques aspects de la mortalité différentielle Comme nous l'avons déjà vu par ailleurs (voir chapitre II), la France a, désormais, dépassé le stade où l'essentiel des gains quant à l'allongement de la durée de vie moyenne résulte d'une baisse de la mortalité dans les premières années de vie. Les progrès de la médecine et la prévention contre les maladies, dites de dégénérescence, sont tels que la contribution des groupes d'âges élevés à l'augmentation de l'espérance de vie à la naissance est loin d'être négligeable. Le tableau VII. 1 en atteste. Alors qu'entre 1950 et 1960, à peine plus de 22% (soit une année) des gains en espérance de vie féminins, à la naissance, étaient attribuables aux 60 ans et plus, entre 1970 et 1980, la baisse de la mortalité aux âges avancés devient prépondérante dans l'élévation de la vie moyenne: les 60 ans et plus ont contribué à accroître l'espérance de vie à la naissance, de 1,4 an. soit 55% de la totalité des gains. Le graphique VII. 1, qui représente les vies épargnées par la baisse de la mortalité, par sexe étages, au cours de diverses périodes donne une autre illustration de cette diminution très substantielle de la mortalité aux âges élevés depuis les années 1970. Selon les conditions de mortalité de 1986, un garçon nouveau né avait une chance sur 2 de dépasser l'âge de 75,5 ans, ce chiffre atteignait 84 ans pour une fille. L'écart selon les sexes, est en effet un des aspects différentiels majeurs de la mortalité. L'existence de deux pointes de surmortalité masculine (entre 20 et 24 ans et 40 et 70 ans) n'est certes pas propre à la France, mais comme le montre le graphique VII.2, elles y atteignent des proportions beaucoup plus fortes qu'ailleurs. Tableau VII. 1: Contribution des divers âges au gain en espérance de vie à la naissance Période TOTAL 0-1 an 1-14 ans 15-24 ans 25-59 ans 60-84 ans 85 ans et plus Sexe masculin 1950-1960 1960-1970 1970-1980 3,61 1,37 1,78 1,78 0,71 0,60 0,52 0,09 0,12 0,19 - 0,14 - 0,06 0,85 0,30 0,29 0,24 0,34 0,79 0,03 0,07 0,04 SexÊ_féjainin 1950-1960 1960-1970 1970-1980 4,42 2,22 2,56 1,49 0,58 0,55 0,51 0,11 0,08 0,27 0,00 0,02 1,17 0,43 0,50 0,94 0,94 1,28 0,04 0,16 0,13 Source: Quang Chi O. et Labat J.C.: "Projection de population totale pour la France, 1985-2040, collections de l'INSEE, série D, no 113. novembre 1986. Et, même si l'analyse des tables de mortalité du moment montre que le rythme de progression des survivants aux âges avancés, devient plus soutenu pour les hommes que pour les femmes, en valeurs absolues les écarts d'espérances de vie restent très importants: 5 années à 60 ans (soit respectivement 22,6 ans et 17,6 ans), et plus de 2 à 75 ans (10,9 et 8,5 ans). Des raisons biologiques sont à la base de la surmortalité masculine mais la faible féminisation des professions les plus pénibles ainsi que les différences de comportements en matière de soins, de prévention, et surtout, de consommation d'alcool et de tabac, contribuent également largement à l'expliquer. Dans quelle mesure ce rattrapage que semblent amorcer les hommes se poursuivra, voire s'accentuera, il est sans doute très difficile de le prévoir. Mais, de toute évidence, l'uniformisation des habitudes, que l'on peut dès aujourd'hui constater, sera fondamentale dans la réduction de ce différentiel de mortalité aux profondes conséquences sociales (en premier lieu, le veuvage féminin). 156 Joëlle G ay mu Graphique VII.l: Vies épargnées par la baisse de la mortalité Vies épargnées au terme de la période 1950-1984. par la substitution de la table 1960-1962 à la table 1950-1952 Vies épargnées au terme de la période 1950-1984. par la substitution de la table 1970-1972 à la table 1960-1962 «Clic MASCUIM •I n«t nmt nm Vies épargnées au terme de la période 1950-1984. par la substitution de la table 1980-1982 à la table 1970-1972 KUMAtCU.« «J • »M Source: *l«M 4«M 17e rapport sur la situation démographique de la France, Population no 4-51 juillet-octobre 1988, pp. 727-799. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 157 Graphique VII.2: Surmortalité masculine selon l'âge en France (1977-1981), Angleterre-Galles (1983), Italie (1977-1979), RFA (1980-1982), Suède (1979-1983). Papport del q u o t i e n t ! de () 0 Source: S 10 5 20 ¡S 10 )S 40 «S SO SS 10 6S 70 M tO SS Quatorzième rapport sur la situation démographique de la France, Population no 4-5, juillet-octobre 198S, pp. 587-657. Outre le sexe, d'autres caractéristiques telles la catégorie socio-professionnelle, le niveau d'études ou la situation familiale sont également source de forts écarts de mortalité. D'une manière générale, la hiérarchie qui se dessine en matière de mortalité selon les catégories socio-professionnelles n'est pas très éloignée de la hiérarchie sociale. Les échelons supérieurs sont occupés par les instituteurs, professeurs, professions intellectuelles et ingénieurs, alors qu'à l'autre extrême se trouvent les ouvriers, salariés agricoles et manoeuvres. A 35 ans, près de 9 années d'espérance de vie séparent les premiers des derniers, et près de 3 ans à 60 ans (voir graphique VII.3). Le graphique VII.4 illustre d'une autre manière ces inégalités. On peut y lire qu'à l'âge de 35 ans, 1 instituteur sur 2 peut escompter dépasser l'âge de 78 ans, 1 manoeuvre sur 4 seulement atteindra ce même seuil. Graphique VTI3: Espérance de vie à 35 ans et à 60 ans pour les hommes lnititut«ur» Professeurs et prof intel div Ingénieurs Cadras ad m sup d u public Clerqé catholique Cadres adm sup du privé Professions libérales Cadres moyens du public Techniciens Industriels Gros commerçant! Artisans ayant 1 A 5 salariés Cadres moyens du privé Agriculteurs Contremaîtres Ouvriers qualifiés du public Commerçants ayant 1 * 5 salar Employés du public Artisans indépendants Employé«du privé Petits commerçants Ouvriers spécialisés du public Ouvr iers qualifiés d u privé Salariés agricoles Ouvriers spécialisé« du privé Manœuvres J années années 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 13 14 15 16 17 18 19 158 Joëlle G ay mu Graphique VII.4: Ages auxquels 10%, 25%, 50% et 75% des survivants à 35 ans sont décédés, suivant la catégorie socio-professionnelle, pour les hommes, période 1955-1979. Age 50 Instituteurs Professions libérales et cadres sup Clergé catholique Cadres moyens du public Techniciens Cadres moyens du privé Agriculteurs Contremaîtres Ouvriers qualifiés du public Employés du public Artisans et commerçants Employés du privé Ouvriers spécialisés du public Ouvriers qualifiés du privé Salaries agricoles Ouvriers spécialisés du privé Manœuvres Source: 55 60 65 70 1 1. ,- , „,. i i 75 80 / 1 i 1 • 10% / I 1 1I J II i • 25% I 15% | rj ) i • „ , J f fJ i 1 25% r f Í f I 10% 25% 50% i1• i J I I Í • -• r 1 IT"1 J I'' ' • ( I ( 1 l / / 85 1 f r Desplanques G., "La mortalité des adultes", no 479 des collections de l'INSEE, série D, no 102, Paris, janvier 1985, De plus, comme l'indique le tableau VII.2, le classement est pratiquement le même aux âges actifs et durant la vieillesse. Ainsi, la probabilité de décéder entre 65 et 74 ans est de l'ordre de 30% pour les anciens cadres supérieurs ou instituteurs alors qu'elle avoisine 45% pour les ouvriers spécialisés du privé ou les salariés agricoles, et 50% pour les manoeuvres. Entre 75 et 84 ans, ces mêmes probabilités s'échelonnent de 60% environ à 70 - 75%. Ces disparités de mortalité semblent donc essentiellement traduire des différences de conditions de vie, niveau de revenu, conditions de travail, hygiènede vie, degré de protection sociale,... étantautant de facteurs d'usure plus ou moins prématurée des individus. Tableau VII.2: Probabilités de décès entre divers âges suivant la catégorie socio-professionnelle, pour les hommes Catégorie socio-professionnella Instituteurs Cadres supérieurs, professions libérales Clergé catholique Cadres moyens (public) Techniciens Cadres moyens (privé) Agriculteurs exploitants Contremaîtres Ouvriers qualifiés (public) Employés (public) Artisans et commerçants Employés (privé) Ouvriers spécialisés (public) Ouvriers qualifiés (privé) Salariés agricoles Ouvriers spécialisés (privé) Manœuvres Ensemble de l'échantillon Ensemble (état-civil) Source: 35-44 an« 45-54 ans 55-64 an* 65-74 ans 75-84 ans 1,7 1,7 2,0 2,0 4,4 5,0 5,0 5,8 6,2 6,8 6,9 7,7 7,7 7,4 7,9 8,3 9,2 9,7 9,7 10,2 13,4 8,4 9,0 11,3 13,7 13,7 15,1 15,1 16,1 15,9 17,1 18,3 17,7 17,7 19,0 20,3 21,0 21,6 22,9 26,0 18,7 19,0 27,5 31,6 31,9 32,5 34,2 35,0 35,7 37,6 37,2 38,2 36,3 37,6 39,8 42,9 44,7 43,5 47,1 38,5 37,3 54,7 60,9 60,3 61,0 65,0 65,6 64,8 67,6 65,9 67,5 65,1 64,7 70,0 67,1 74,0 70,8 73,0 66,4 66,0 2,6 2,8 3,0 1.9 2,6 3,2 3,4 3,5 3,5 3,6 4,2 4,6 5,7 3,5 3,9 Desplanques G., "La mortalité des adultes", no 479 des collections de l'INSEE, série D, no 102, Paris, janvier 1985. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 159 Pour les femmes, les écarts selon les catégories socio-professionnelles sont moins importants que pour les hommes. Les probabilités de décéder entre 35 et 60 ans des catégories les plus défavorisées, sont supérieures de seulement 50% à celles des mieux loties, alors que, la hiérarchie va du simple au triple pour les hommes. Ainsi, les femmes cadres n'ont que peu d'avantages sur les ouvrières, par exemple. Lorsqu'on classe les femmes selon la catégorie socio-professionnelle de leur mari, les écarts sont toutefois plus accusés et la hiérarchie redevient globalement la même que pour les hommes. Enfin, il est frappant de constater que les actives, même dans les catégories les plus défavorisées ont toujours une mortalité plus basse que l'ensemble des inactives (voir tableau VII.3 et graphique VII.5). Si dans l'ensemble la mortalité féminine paraît moins sensible aux effets du milieu social que la mortalité masculine, phénomène que l'on observe également lorsque l'ont fait une classification selon le niveau d'études (voir tableau VII.4), il est difficile de savoir ce qui tient réellement du milieu professionnel et du milieu familial. En effet, sont sous-jacents à ces écarts de sensibilité au milieu social, des différences de comportements entre hommes et femmes en matière de nuptialité. Le taux de célibat masculin est plus élevé dans les catégories sociales défavorisées alors qu'à l'inverse ce sont les femmes diplômées qui restent le plus fréquemment célibataires. Or, comme l'indique le tableau VII.5, quels que soient l'âge et le sexe, les probabilités de décéder sont toujours plus faibles pour les individus mariés. Tableau VII.3: Quotients de mortalité ajustés à 35 et 55 ans, probabilité de décès entre 35 et 60 ans, suivant la catégorie socio-professionnelle, pour les femmes, période 1975-1980 Quotients ajustés (pour 1 000) Probabilité de décès Catégorie socio-professionnelle de la femme Employees Institutrices Cadres supérieurs Techniciennes et cadres administratifs moyens Ouvrières qualifiées Artisans et petites commerçantes Agricultrices Ouvrières spécialisées et manœuvres Femmes de ménage Personnel de service Autres actives Ensemble des actives Inactives Ensemble à 35 ans à 55 ans entre 35 et 60 ans 0,73 0,81 0,71 0,66 0,99 0,57 0,90 0,97 0,97 0,83 0,98 0,79 1,40 1,04 2,79 3,08 3,21 3,35 3,39 4,00 3,68 3,62 4,02 4,56 3,87 3,54 5,74 4,79 4,48 4,93 4,94 5,05 5,55 5,66 5,78 5,79 6,28 6.69 6,11 5,41 8,85 7,27 Source: Desplanques G., op. cité Graphique VII.5: Probabilité de décéder entre 35 et 60 ans des femmes ayant un conjoint suivant la situation de la femme et la catégorie socio-professionnelle du conjoint (période 1975-1980) 10% Cadres supérieurs et protestions libéreles Instituteurs Contremaîtres Tecnnicans Agriculteurs 1 Artisans Cadres moyens Petits commerçants Employés Ouvriers qualifies Ouvriers spécialisés Salariés agricoles Manoeuvres Total Femmes actives Ensemble des femmes Femmes inactives Source: Desplanques G., "La mortalité des adultes", no 479 des collections de l'INSEE, série D, no 102, Paris, janvier 1985. 160 Joëlle Gay mu Tableau VII.4: Probabilités de décès entre divers âges, déduites des quotients observés et nombre de décès observés suivant le sexe et le diplôme d'enseignement général, période 1975-1980 Entre 35 et 45 ans Hommes Aucun diplôme déclaré CEP BEPC Bac Etudes supérieures Ensemble 4,33 2,79 2,35 2,27 1,62 3,19 Femmes Aucun diplôme déclaré CEP BEPC Bac Etudes supérieures Ensemble 2,16 1,19 1,19 1,16 1,23 1,52 Source: Entre 45 et 55 ans 10,4 7,6 7,1 4,9 3,5 8,3 Entre 55 et 65 ans 20,6 15,4 15,6 10,5 10,2 17,1 7,8 6,3 3,9 6,6 4,2 6,7 4,21 2,42 2,22 2,51 3,51 3,09 Desplanques G., "La mortalité des adultes", no 479 des collections de l'INSEE, série D, no 102, Paris, janvier 1985. Tableau VII.5: 1975-1980 Probabilités de décès déduites des quotients observés entre divers âges suivant le sexe et l'état matrimonial, période Probabilité d« décéder entre 35 et 45 ans (%) 45 et 55 ans (%) 55 et 65 ans (%) 35 et 60 ans (%) Hommes Célibataires Mariés Veufs Divorcés Ensemble 7,32 2,47 7,86 6,60 3,19 13,9 7,2 18,6 15,6 8.3 25,1 15,2 34,3 28,2 17,1 28,4 15,0 33,5 30,4 17,2 Femmes Célibataires Mariées Veuves Divorcées Ensemble 2,30 1,36 3,45 2,48 1,52 8,6 6,5 7,5 6,2 6,7 9,8 6,7 10,8 8,7 7,2 Source: 4,74 2,86 4,12 3,63 3,09 Desplanques G., "La mortalité des adultes", no 479 des collections de l'INSEE, série D, no 102, Paris, janvier 1985 Entre les années 1950 et 1980, l'espérance de vie à la naissance a augmenté de 7 années (passant de 68 à 75 ans) mais, 8 années séparent toujours celle des hommes et des femmes, ou celle des cadres et des ouvriers, à 35 ans. L'analyse de l'évolution de la mortalité par cause va nous éclairer quelque peu sur l'origine de ces progrès, ainsi que sur les raisons de la permanence des disparités. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France B. 161 La mortalité par cause Quel que soit le sexe, les deux principales causes de mortalité chez les personnes âgées sont: les tumeurs et les maladies de l'appareil circulatoire. Elles sont à l'origine de 70% environ des décès entre 65 et 74 ans (voir tableau VII.6). Avec l'avancée en âge, le poids des décès par tumeurs diminue au profit des maladies de l'appareil respiratoire et des états morbides mal définis. Par contre, les maladies de l'appareil circulatoire sont à l'origine d'un nombre sans cesse croissant de décès. Elles sont pratiquement la cause d'un décès sur deux parmi les femmes de 85 ans et plus. En outre, la ventilation par causes de 100 décès diffère selon le sexe. Les hommes meurent plus fréquemment de tumeurs (26% des décès entre 75 et 84 ans, contre moins de 19% pour les femmes), etde maladies de l'appareil respiratoire (près de9% des décès contre moins de 6%), alors que pour les femmes, les décès liés à des maladies de l'appareil circulatoire sont plus nombreux (47% contre 41% entre 75 et 84 ans). Comme nous l'avons vu par ailleurs, d'une façon générale, la mortalité des hommes est supérieure à celle des femmes mais le graphique VII.6 nous montre que les origines de cette surmortalité masculine sont très différentes selon l'âge. Alors qu'avant 45 ans, elle est très fortement liée aux morts violentes entre 45 et 60 ans, elle s'explique surtout par les tumeurs des appareils digestif et respiratoire, les maladies ischémiques du coeur et l'alcoolisme. Après 60 ans, si ces dernières affections continuent déjouer un rôle important, les autres maladies de l'appareil cirulatoire et les maladies infectieuses ou de l'appareil respiratoire prennent le relais et deviennent prépondérantes aux très grands âges. 162 Joëlle G ay mu Tableau VII.6: Répartition en pourcentage des causes médicales de décès Sexe masculin • CAUSES MEDICALES OE DÉCÈS Année 1985 Tous Moins 114 âges d'un an ans 5 à 14 IS a 24 25134 35 a 44 45154 55 a 64 65 a 74 75 à M S5 ans ans ans ans ans ans ans ans ans et plus 1.3 ia 2.6 25 1.0 0.9 1,2 1.0 1.1 13 1,4 -,5 23 8 0.9 12.6 18.4 97 21.8 38.2 41,9 36 7 25.8 155 1.9 0.4 12 3.1 2.4 16 1.6 1.3 1.4 1 8 2,2 26 Valides du sang et ces organes hematopoietiques 0.3 2.3 2.3 6.5 0.7 05 0.3 02 02 0.3 03 05 06 Troubles meniau« 1.8 - 0.3 2.1 3.4 3.0 1,9 1 5 1,7 Maladies du système nerveux et des organes des sens 1.6 5.7 5.1 10 3.4 2.0 2.0 1.5 1.3 1 5 1.5 ' i 1.1 Maladies infectieuses et parasitaires Tumeurs Mal.endocnn ,nutnt .metaDoiisme.trouDies immunitaires 2.6 Maladies de l'appareil circulatoire 32.6 1.3 3.9 47 3.4 7,1 15.4 19.4 25.9 33 5 41,0 12 9 Maladies de l'appareil respiratoire 6.9 4.9 3.1 1.3 1,7 2.4 2.7 4.2 63 89 12.0 Maladies de l'appareil digestif 6.0 ia 0.5 18 0.7 0.8 8.1 10.2 9.1 6.3 4 7 12 Maladies des organes genito-unnaires 1.5 0.1 0.6 0.5 0.1 3.0 0.2 0.4 0.4 06 1.2 2 1 33 0.1 - 0.1 0.0 0.1 0.1 0.1 01 0.3 0.1 0.3 0.1 0.1 0,2 0.2 0.2 - 0.2 0.3 0.3 0.4 04 0.1 0.1 0,0 0,0 Complications grossesse.accoucnement.suites de coucnes Maladies du syst cstéo-arDculaire. muscles, tissu con/onojf 0.2 0.3 Anomalies congénitales 0.4 20.8 15.5 5,1 10 0.7 0.3 Affections dont l'origine se situe dans la penode périnatale 0.3 5,7 26.3 0.3 0,1 - • - 37.1 9.3 3.1 6.8 9.4 7.9 5.4 4,0 3.7 4.7 8.3 10.3 5.3 37,2 51.4 73.3 61.2 35.0 16.2 7.9 5.3 4,8 54 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 'OO% 100% Maladies de la peau et du tissu cellulaire sous-cutane Symptômes, signes et états morbides mal defims Causes extérieures de traumansmes et empoisonnements Toutes causes 100% • Année 1985 Sexe féminin CAUSES MEDICALES 0E OÉCÍS Maladies infectieuses et parasitaires Tumeurs Motns 114 ige* d'un an in* 1.4 2.0 0.9 20,2 3.1 0.6 Troubles mentaux 2.4 Maladies du système nerveux et des organes des serrs 1.7 5114 15 i 24 2SI34 3 5 1 4 4 45154 55164 65174 7 5 1 8 4 85 ara et plia ans »ru ant ans ans ans ans ans 4.2 2.9 1.4 1.6 1.4 1.0 1.2 1.5 1.4 1.2 10.8 23.0 12.0 21.3 34.4 45.2 45.6 33.2 18.7 10.0 3.8 2.0 1.6 1.5 0.6 1.4 3.3 0.5 2.8 1.4 1.6 2.6 22 2.3 1.7 t.O 10.4 13.6 21.1 35.8 46.9 48.1 2.3 3.2 5.5 5.9 5.0 8.4 11.6 0.8 - 3.2 8.8 0.8 - 4.2 10.4 1.3 1.6 1.8 0.1 0.1 0.5 0.3 • 13.5 0.6 0.2 3.6 8.5 0.2 0.8 100% 100% 5.4 5.1 3,1 3,1 2.1 1,1 1.6 4.8 0.7 0.2 0.6 - 0.4 0.6 1.0 . 1.8. 0.4 0.4 22.6 16.9 4.7 25.9 9.0 0.5 0.5 0.2 0.3 0.8 • S.6 41,0 27.1 too % 100% Maladies des organes genrto-unnaires 1.5 Complications grossesse.accouchement.suites de couches 35.5 1.0 9.8 0.1 Symptômes, signes et (tas morbides mal définis 0.0 0.5 0.7 0.4 0.3 7.2 5.2 2.5 • 6.8 Causes extérieures de traumatismes et empoisonnements 7.6 5.0 30.2 39.5 57.2 100% 100% 100% 100% 100% 2.1 2.4 4.2 8.1 6.1 5.3 Toutes causas 0.6 0.1 Maladies de l'appareil digestif Affections dont l'ongine se situe dans la période perinatal« 3.5 0.6 0.6 1.6 3.9 6.0 3.0 Maladies de l'appareil respiratoire Maladies du syst osteo-aroculan, muscles, tissu conjoncs) 3.1 0.4 4.1 3.9 6.8 41,0 Anomalies congénitales 1.3 0.3 2.3 0.3 2.2 2,2 1.7 0.3 2.8 0.9 1.6 0.6 0.2 • - Maladies de l'appareil Circulatoire Maladies de la peau et du tissu cellulaire sous-cutane Source: Tous Maladies du sang et des organes hématrjpoiétjques Mal.endocnn.nutnt.mttaDolisme.troubles immunitaires 100% 1.4 2,7 8.7 0.2 0.6 1.1 - "Causes médicales de décès, année 1985. Résultats définitifs", France, INSERM. 4.1 0.1 - 3.9 5.9 100% 4.S - - 0.5 0.8 0.0 • 55 5.3 0.8 100% 0.6 00 • 10* 6.6 IX S Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 163 Graphique Vu.6: Surmortalité masculine adulte. Part (en %) de la différence entre les taux masculin et féminin de mortalité attribuable à chaque groupe de causes de décès, de 30 à 90 ans. T I i r i i l i i into Tireurs de I'#po*rei1 respiratoire' et de l'appareil digestif , Autrtl ulules Í« !'ipp«n(l circuljtolr *••. lies Iflfectirutcs et •«ladle* de l'appareil respiratoire ^ ¿** Haladles N I définies et causes non déterninées trtf tiweurs Source: I \ 10-14 li-1» Y 40-44 T .*>' 4 1 - 4 » 50-5« I SS-S» I 40-44 I 45-4» 70-74 7J->» 10-14 I 5 - J 1 Croup« 4 ' l g c VALLIN J.: "La mortalité différentielle", manuel d'analyse de la mortalité, INED-OMS, octobre 1985, pp. 61-98. En ce qui concerne l'évolution de la mortalité par cause, nous nous limiterons bien entendu aux grandes tendances, résumées par le tableau VII.7 et le graphique VII.7. La baisse de la mortalité générale despersonnes âgées tientprincipalement à la régression de la mortalité infectieuse et des maladies des appareils circulatoire et respiratoire. Lerecul le plus spectaculaire concerne les décès par maladies infectieuses. Avec l'avancée en âge, les progrès sont toutefois moins sensibles et font même place, après 80 ans, à une aggravation. Ce dernier résultat est toutefois à considérer avec prudence, les nombreux changements dans la classification des causes biaisant dans ce cas précis les comparaisons. Le déclin des maladies cardio-vasculaires tient à de multiples facteurs: progrès thérapeutiques dûs à la diffusion de nouveaux médicaments, au recours de prothèses, aux interventions plus promptes en cas d'accident, à la pratique de soins intensifs, A l'inverse, la mortalité par tumeurs et maladies de l'appareil digestif qui a chuté aux âges adultes, a augmenté chez les personnes âgées et, qui plus est, très fortement aux grands âges. Amélioration de la détection des cas et alcoolisme jouent ici un rôle évident. 164 Joëlle G ay mu Tableau VII.7: Taux de mortalité par causes de décès, pour les hommes, taux pour 1 million, période 1950-1978. SEXE MASCULIN (Taux pour 1 million) 60-64 ans Processus 1950 I infectieux et 1960 I parasitaire 1970 | 1978 3997 2770 1616 1273 I Malnutrition, 1950 I intoxication, 1960 I allergie, etc 1970 | 1978 1671 2555 2512 2171 .... 1182 1421 1550 1205 65-69 70-74 ans ans ..... 5539 8432 6228 3960 2657 4297 1958 3441 75-79 ans 80-84 ans 85-89 ans 90-94 ans 13010 10985 7085 6266 24113 19715 11966 11457 36966 35198 20951 21143 53999 67483 36158 37834 Tous | âges | 1 3350 | 2188 | 1320 | 1135 | 2054 2919 3156 2506 3164 3477 3595 2858 4927 4262 3978 3454 9904 6197 5175 4338 14360 10160 7864 6927 18864 16816 11897 11676 1042 1036 975 852 | | | | 1408 1499 1742 1526 1509 1883 2187 2074 2345 2553 2928 3231 3815 4304 4855 5321 5679 8231 8901 9063 7692 14847 15436 15758 895 1007 1173 1051 | | | | 6238 7544 7815 8381 9317 10137 11306 11265 12248 14216 15529 16038 19094 19548 20046 21267 23634 26688 26585 27170 33661 34394 32238 33874 44898 41896 42263 40098 3174 3387 3529 3724 | | | | 1125 2026 2416 2904 1245 2133 3095 3549 1038 2210 3590 4381 1668 2188 3252 4704 1089 2058 2989 4598 1559 1775 2757 4242 2130 1888 2172 3645 353 541 736 962 | | | | I . du tube 1950 | 1960 I digestif 1970 | 1978 I ........... | Processus | hériditaire ou 1950 1960 | congénital 1970 | 1978 3058 3071 2819 2729 4745 4369 4200 3725 6407 6373 5836 5285 9926 8343 7811 7124 11009 11104 10371 9273 15505 13138 12071 11559 20366 15037 15695 14183 1523 1372 1302 1238 | | | | 36 53 73 66 36 63 73 92 40 59 80 121 61 69 96 146 85 68 150 230 153 46 327 271 258 100 228 208 513 371 277 187 | | | | | Dégénérescence 1950 | 1960 | 1970 | 1978 11773 10277 9213 7914 19623 17414 16039 13242 34701 29910 27468 23915 54734 51407 47216 42254 92936 86090 80015 70927 144722 136298 125664 116187 213179 205214 185640 176545 | Suicide 1950 | 1960 | 1970 | 1978 I ............—-— | Diabète 1950 | 1960 | 1970 | 1978 625 704 656 532 730 642 638 533 767 800 715 619 1178 1058 759 841 1234 1303 1014 1136 1863 1575 1417 1290 230 214 280 270 288 442 541 446 448 693 893 767 690 954 1235 1272 399 973 1615 1799 25732 25538 23715 21812 38995 37076 36152 31568 61309 57266 54764 49833 96039 90836 83343 78731 156120 145338 131375 122378 i_ ... I Accidents 1950 | 1960 I 1970 1 1978 I 1950 II Tumeurs 1960 | 1970 I 1978 I dont : I . de l'appareil 1950 I 1960 I respiratoire 1970 | 1978 I I Toutes | causes | | 1 1950 1960 1970 1978 2979 2177 1155 1822 ........ 741 1274 1198 800 1674 1903 2057 2234 ... 238145 343143 227100 349333 199036 294680 190812 286175 I 8899 | 7938 | 7267 | 6476 | ..... i 362 | 349 | 328 | 331 | 95 | 129 | 173 I 171 I 18330 16405 15042 13927 | | | | Source: VALLEN J. et MESLE F.: "Les causes de décès en France de 1925 à 1978". Annexe Vu du Cahier no 115. série Travaux et Documents, ENED-PUF, 1987. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau VII.7: Taux de mortalité par causes de décès, pour les hommes, taux pour 1 million, période 1950-1978. SEXE FEMININ (Taux pour 1 million) I I I | i I I I | 165 Processus infectieux et parasitaire . Malnutrition, intoxication, allergie, etc 1950 1960 1970 1978 _«_ 1950 1960 1970 1978 60-64 ans 1786 1086 755 555 885 923 767 664 65-69 ans 2815 1823 1244 947 1165 1120 70-74 ans 5168 3446 2195 1746 75-79 ans1 80-84 ans 85-89 90-94 ans ans Tous â<je3 | | 8824 6727 4200 3483 ..._ 3605 2375 2032 1445 17309 13412 7527 7296 27750 25707 14370 13778 41783 49903 26612 26741 2189 1344 792 669 | | | | 7594 4364 3153 2740 11406 8080 5947 5126 15805 14005 10228 9997 710 542 456 386 | | | | 3657 4640 5144 4850 5572 9762 11020 10731 7868 16398 21492 19932 416 517 621 553 | | | | 963 2173 1505 1278 711 922 391 401 451 372 510 610 640 534 1062 1182 998 1513 2139 2269 2053 4235 3968 3646 3573 6069 5526 5014 4682 7643 7618 6998 6598 13103 11071 10198 9219 16426 16215 14112 13203 24688 21518 18695 17550 34742 30092 26187 23410 2232 2078 1871 1745 | | | | 200 217 200 235 251 267 268 302 445 492 509 499 534 602 790 689 650 714 786 868 768 773 1032 82 84 90 100 | | | | 1950 1960 1970 1978 1452 1157 2502 2025 1568 1286 3692 3227 2541 2034 6442 5337 4216 3427 8622 8428 6629 5357 12882 10895 9317 8216 18027 16512 14372 11666 937 800 642 539 | | | | I Processus 1950 I hériditaire ou 1960 | congénital 1970 | 1978 22 25 28 39 20 32 43 29 30 52 57 47 58 80 111 36 38 75 134 60 61 94 179 87 40 168 130 390 281 204 138 | | | | I Dégénérescence 1950 | 1960 I 1970 I 1978 6998 5071 3922 2887 24605 19212 15832 12214 42241 36959 31407 25357 72562 66741 58114 50780 117651 111279 101039 89476 179674 168681 155851 145741 6532 5526 4708 3923 | | | | 320 405 285 286 413 415 367 347 504 525 404 367 100 110 108 118 | | | | „ | Accidents | | | 1950 1960 1970 1978 I —< -___-— | 1950 | Tuaeurs 1960 | 1970 | 1978 | dont • | . de l'appareil 1950 I 1960 I respiratoire 1970 I 1978 | . du tube I I digestif | 973 861 57 -------12927 9986 7757 5439 867 244 350 r 407 441 462 I Suicide I | | 1950 1960 1970 1978 203 235 211 229 219 242 217 249 213 268 236 267 360 326 261 255 | Diabète | | | 1950 1960 1970 1978 283 269 261 197 456 551 576 396 537 841 967 735 911 481 902 1567 121 | 1194 1414 1216 1321 1754 1794 1173 1930 2251 999 155 I 1824 2724 181 | | Toutes | causes | | 1950 1960 1970 1978 14803 11000 10041 8516 24181 19890 16454 13015 41235 33982 28740 23537 70604 60849 51861 43139 118385 107136 90164 81083 188442 177995 153462 139438 282030 280643' 242766 229043 159 I 12690 10553 8941 7691 | | | | Source: VALLIN J. et MESLE F.: "Les causes de décès en France de 1925 à 1978". Annexe V u du Cahier no 115, série Travaux et Documents, INED-PUF, 1987. 166 Joëlle Gay mu Graphique VII.7: Taux de mortalité en 1977-1978, en pourcentages, de leurs valeurs en 1950-1952. 1 ! r » a l i c H t s le t'jppartil digestif / V 0 S 10 IS 20 25 JO M «0 'S SO SS 60 t* 70 7S 80 SS «0 A Source: MONNIER A. et NIZARD A., "Evolution des causes de décès en France", Manuel d'analyse de la mortalité, INED-OMS, octobre 1985, pp. 133-155. En outre, hommes et femmes sont loin d'avoir été touchés de la même façon parces évolutions. D'une façon générale, pour toutes les causes de mortalité où il y a eu baisse, elle a été plus soutenue pour lesfemmes. L'exemple le plus frappant est la mortalité par dégénérescence qui est de loin prépondérante dans l'évolution de la mortalité des personnes âgées. Entre 1950 et 1980, les taux de mortalité entre 60 et 70 ans ont chuté de 60% pour les femmes, de seulement 30% pour les hommes. Déplus, cette évolution globale qui résulte pourl'essentielde la diminution des dégénérescencescardioetcérébro-vasculaires, masque une progression des dégénérescences de l'appareil respiratoire chez les hommes. Une autre divergence impressionnante concerne les tumeurs de l'appareil respiratoire qui ont progressé beaucoup plus fortement chez les hommes. De toute évidence, sont sous-jacentes à cette constatation, les différences de comportements entre les hommes et les femmes, en matière de consommation de tabac. De plus, à ces écarts d'évolution de mortalité selon le sexe s'ajoutent, chez les hommes, de fortes inégalités en fonction de leurs catégories socio-professionnelles (graphique VII.8). Ainsi, par exemple, alors que la mortalité due à des maladies de l'appareil circulatoire a connu une baisse importante, cette dernière n'a en fait concerné que les catégories les plus favorisées alors qu'à l'inverse, ouvriers, salariés agricoles et manoeuvres sont plus touchés aujourd'hui qu'hier par ce type d'affections. Le même type d'observation vaut pour les cirrhoses du foie. Inégalité d'information ou d'accès aux soins, différences de comportements face à la prévention et à la maladie, différences d'habitudes en matière d'hygiène et de consommation sont autant de facteurs qui jouent dans le sens du maintien voire du renforcement des écarts de mortalité aussi bien entre les hommes et les femmes, qu'entre les différentes catégories socio-professionnelles. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 167 Si l'évolution de la mortalité nous renseigne précieusement sur le progrès sanitaire et social d'une nation, ce type d'analyse reste très insuffisant. Des années en plus certes, mais dans quel état de santé? Viennent donc s'ajouter d'autres types de mesure, tout aussi objectives, qui nous renseignent plus précisément sur l'évolution de la morbidité au fil des âges: consommations médicales, nombre de maladies diagnostiquées... En outre, comme il importe autant de savoir dans quelle mesure ces maladies limitent les capacités fonctionnelles des individus, le dernier moyen de mesurer leur état de santé consiste à leur demander comment eux-mêmes le perçoivent. En termes de bien-être, de besoins d'assistance et donc de services à prévoir, mesurer le degré de dépendance des individus, leur capacité à exécuter les tâches quotidiennes est tout à fait fondamental. GraphiqueVn.8: Evolutíondelamortalitémasculineentre45et54ansselonlacausedudéces,etsuivantlacatégoriesocio-professionnelle entre les période 1956-1960 et 1975-1980 (1) Cadres supérieurs et professions libérales Instituteurs Techniciens. Agriculteurs , Cadres adm. moyens Pat. de l'ind. et du comm Employés Ouvriers qualifiés Ouvriers spécialisés Salariés agricoles Manœuvres J_ 0 100 Maladies cardio-vasculaires Cadres supérieurs et professions libérales Instituteurs Techniciens Agriculteurs Cadres adm. moyens Pat. de l'ind. et du comm. Employés Ouvriers qualifiés Ouvriers spécialisés Salariés agricoles Manœuvres ZD Période 1956-1960 1 3 Pénode 1975-1980 0 100 0 Tuberculose Accidents et maladie infectieuses 100 200 0 100 Cirrhose du foie 0 100 Alcoolisme ( 1 ) Quotients moyens annuels de mortalité, pour IUO0O0( = moyenne des 10 quotients de mortalité générale par âge, pondérée par la part relative des decís expliqués par telle ou telle cause. Rappelons ici, qu'un quotient de mortalité générale mesure statistiquement le risque que l'on court, à un anniversaire x d e décéder avant l'anniversaire x + / II se calcule en rapportant à l'effectif de survivants à l'âge x. les décès qui se sont produits entre x et x + l) Source: DESPLANQUES G., "L'inégalité sociale devant la mort", Economie et Statistiques, no 162, janvier 1984, pp. 3-21 2. L'état de santé A. Les consommations médicales Si l'on relie consommations médicales et âge des individus, on constate que les dépenses de santé, légèrement supérieures à la moyenne durant les premières années de vie, diminuent fortement pendant l'enfance et l'adolescence. Elles s'élèvent ensuite, d'abord à un rythme modéré (hormis pour les femmes aux âges de la maternité) puis, à partir de la cinquantaine la progression est beaucoup plus soutenue et les dépenses deviennent maximales aux âges avancés (voir graphique VII.9). 168 Joëlle G aymu Graphique VH.9: Dépenses médicales par personne (en 12 semaines) selon l'âge et le sexe (France 1980) i i Francs 1800 — Hommes* •• Femmes 1500 1000 500 100 10 Source: à 119. 20 30 40 50 60 70 80 90 Age —• MIZRAHI A. et A., "L'évolution des consommation médicales des personnes âgées", Futuribles, no 88, mai 1985, pp. 103 Les dépenses médicales des personnes de 65 ans et plus sont environ 2 fois plusfortes que les dépenses moyennes, celles des personnes de 80 ans et plus 25 fois plus importantes. Cette forte augmentation des dépenses avec l'âge résulte d'un double phénomène: - d'une part, sur une période donnée, le pourcentage de consommateurs croît avec l'âge. Ainsi en 1980-1981, sur 100 personnes de 65 ans et plus, 83 avaient eu au moins une consommation médicale durant l'enquête de 3 mois alors que moins de 67% de la population totale était dans ce cas; - d'autre part, la dépense moyenne par personne augmente fortement avec l'âge. En 1980, les dépenses trimestrielles étaient inférieures à 700 F. entre 40 et 64 ans, elles atteignaient plus de 1,100 F. entre 65 et 79 ans, et dépassaient 1,400 F. lorsque le consommateur avait 80 ans ou plus (tableau VII.8). Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau VII.8: 169 Les consommation médicales des personnes âgées par type de soins, France 1980-1981. (Indice des dépenses par rapport a la tranche d'âge 40-64 ans) Dépenses par personne en 3 mois % de consommateurs en 3 mois 40 à 64 ans 65 à 80 ans topibtk» 40 à 65a 80 ans Populattoo 79 ans et plus totale 64 ans 79 ans et plus totale 20.1 (1.00) 55,2 953 (234) (4.75) 23,6 16,8 33,9 53.8 19,7 Séances de généralistes dans un local profes25,9 sionnel (1,00) 31.0 10.8 (1.20) (0.60) 20.6 30.9 36,9 19,7 26,0 46.0 (1.00) 86,2 1113 (1,87) (2.42) 44.2 41.8 623 67,3 39.9 33,0 19.6 2U 20,4 18,7 153 63 5.2 3.8 53 92,7 503 68.9 73,2 49,3 403 10.6 5,7 33 113 18,0 13,1 18.7 11.1 10,9 11.1 7,7 16.2 20,8 6,4 13,8 3,0 33 2.9 2.2 97,4 52,4 72,9 75,4 49,1 5.6 25.2 26,1 21.5 21,8 298,4 74.2 84,1 83.8 69.4 2813 3.0 4,5 6.2 3.0 5773 69.7 82.9 83,2 66.8 Séances de généralistes au domicile Ensemble généralistes Spécialistes (radiologues exclus) 36.8 37,0 (1.00) (1.01) 22.6 20.4 Radiologues (1.00) (0.90) 105.4 143,6 Ensemble médecins (1.00) (1.36) Dentistes 39.4 20.6 (1.00) (032) Biologie 23,0 31.9 (1.00) ( U 9 ) Infirmiers 12.8 373 (1.00) (2.91) Kinésithérapeutes 20.3 23.7 (1.00) (1.17) Pharmacie prescrite 1223 2843 (1.00) (232) pharmacie non prescrite 6.9 8.8 (1.00) (1,28) 585,9 Ensemble soins de ville 360,4 (1,00) (1.63) Hospitalisation 30532 555.7 (1.00) (1.82) Ensemble des consommations médicales 661,7 (1.00) 46.7 (1.27) 10.2 (0,45) 168,2 (1.60) 18.0 (0,46) 14,4 (0.63) 52.1 (4.07) 40.7 (2.00) 285,0 (233) 93 (1.38) 613.4 (1.70) 816.6 (2.68) 1138.9 1428.2 (1.72) (2.16) Sount: Enquête nalioiunir v\x H t*n'f TÎ ffi f*"*f néf Source: MIZRAHI A. et A., "L'évolution des consommations médicales des personnes âgées", Futuribles, no 88, mai 1985, pp. 103 à 119. Mais si d'une manière générale les individus âgés sont les plus forts consommateurs de soins, leurs dépenses médicales ne sont pas supérieures à celles des autres groupes d'âge pour toutes les catégories de soins. Quatre principaux types de courbes ressortent de l'examen de la consommation des différentes catégories de soins, en fonction de l'âge: - les courbes en U, marquant de fortes consommations aux âges extrêmes sont les plus fréquentes. Outre le total des séances de médecins et les taux d'hospitalisation, c'est le cas des visites à domicile ainsi que des consommations pharmaceutiques; • les courbes en J, qui indiquent une faible consommation aux âges jeunes et une forte consommation durant la vieillesse sont spécifiques des analyses et examens, des séances de kinésithérapie, des actes infirmiers; - les deux autres types de courbes traduisent des soins consommés surtout durant l'enfance (courbes en L) ou à l'âge adulte (courbes en U renversé). On y trouve les séances de spécialistes, les consultations pour prévention, les séances de dentistes (voir graphiques VII. 10). 170 Joëlle G ay mu De plus, selon les types de soins, au sein de la vieillesse, l'âge est un facteur de forte expansion des dépenses (séances de généralistes à domicile, d'actes infirmiers) ou à l'inverse de stagnation (consultations de spécialistes) voire de diminution à partir de 80 ans (produits pharmaceutiques non prescrits, analyses en laboratoire). Apparaissent ici très nettement les difficultés de se déplacer des personnes très âgées qui, soit sont hospitalisées ou résident en institution, soit sont soignées à leur domicile, facteur supplémentaire de consommation de soins moins spécialisés. La grande opposition qu'il y a en effet entre la structure des dépenses des personnes âgées et celle des adultes plus jeunes est que les premiers recourent beaucoup plus fréquemment à des soins moins techniques, moins spécialisés. Ceci vaut, comme nous venons de le voir, pour la médecine courante mais également pour l'hôpital. Ainsi, les actes correspondant à la surveillance et aux soins courants augmentent régulièrement avec l'âge alors que les examens ou les soins spécialisés sont, d'une façon générale, maximaux pour les moins de 65 ans et ne cessent ensuite de diminuer. De même, on peut noter que sur 100 personnes atteintes de troubles mentaux, 37 seulement sont hospitalisées dans des services psychiatriques lorsqu'elles ont 65 ans et plus alors que c'est le cas des trois-quarts des malades qui ont moins de 65 ans. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Graphiques Vu. 10: 171 Séances de médecins, dentistes et autres selon l'âge Pharmacie appareils selon l'âge (Nombre annuel moyen d'unités/personne) Séances de médecins (visites) selon âge (Nombre annuel moyen/personne) Vijnei Pharmacie 8 , 80. 70. 60. 50. 40. S««e = 30 1 20. StM - 1 A9t 0 10 20 30 40 50 60 70 10. 0. Agt 0 80 90 10 20 30 40 50 60 Séances de soins infirmiers selon l'âge (Nombre annuel moyen/personne) Séances de dentistes selon l'âge (Nombre annuel moyen/personne) InfirmMfi O«ntisits 3.0 i lo.o 70 80 2.5 S«««= 2 2.0 7.5 1.5 5.0 1.0 2.5. 0.5 OJO. 0.0. 0 10 20 30 40 50 60 70 80 A9« 0 10 20 30 40 50 60 70 Séances de médecins pour prévention (Nombre annuel moyen séances/personne) Séances de médecins spécialistes selon âge (Nombre annuel moyen/personne) MM. prtv*nnon Spéculum 80 3. Se» 2. Six« = St«e = 2 0. Stxe = 0 10 20 30 1 40 Ag* 50 60 70 80 1 0. Ag« 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Source: CHARRAUD A.. MORMICHE P., "Disparités de consommation médicale: Enquête santé 1980-1981", no 511 des collections de l'INSEE, série M, no 188, janvier 1986. 172 Joëlle Gaymu Durant la dernière décennie, la consommation médicale des personnes âgées a augmenté plus vite que celle du reste de la population: la dépense moyenne par personne (en francs constants) a été multipliée par 1,83 pour les 40-64 ans, par 2 pour les 65 - 79 ans et 2,45 pour les 80 ans et plus. Cette progression, qui résulte à tous les âges à la fois d'une meilleure couverture sociale et d'une croissance de l'offre, tient également chez les personnes âgées d'un effet de génération, qui explique en grande partie la médicalisation croissante de personnes de plus en plus âgées. En outre, cette plusforte croissance des dépenses chez les personnes âgées s'est doublée d une diversification de leur consommation allant dans le sens d'un recours à des soins plus spécialisés. Ainsi, en 1970, les personnes âgées de 70 ans et plus consultaient un médecin 5 fois par an en moyenne, dans 13% des cas seulement, il s'agissaient d'un spécialiste; 10 ans plus tard, elles consultent 9 fois en moyenne et désormais dans 17% des cas il s'agit d'un spécialiste (voir tableau VII.9). Cette progression du degré de spécialisation de la consommation médicale tient à la fois de l'augmentation de la proportion de consommateurs et de la croissance des dépenses par personne (voir graphiques VII. 11 et VIL 12). Pour ne prendre qu'un exemple, le pourcentage de consommateurs consultant un spécialiste a triplé pour les 80 ans et plus et les dépenses par personne ont été multipliées par plus de 4,4. Même si, et malgré cette évolution, le degré de spécialisation de la consommation médicale des personnes âgées reste inférieur à celui des adultes plus jeunes, on peut penser que dans l'avenir l'arrivée dans la vieillesse de générations plus instruites, habituées à se soigner et plus exigeantes vis-à-vis de la médecine contribuera à amenuiser encore les écarts. La surconsommation médicale des personnes âgées résulte, bien évidemment de la croissance de la morbité avec l'âge. A lors que, un jour donné, ¡' ensemble de ¡a population est atteint de trois maladies en moyenne, ce chiffre double pour les personnes ayant fêté leur 65e anniversaire. Le net désavantage que l'on constate pour les femmes (elles souffrent en moyenne de 6,6 maladies contre 5,7 pour les hommes) est à considérer avec prudence, les femmes de 65 ans et plus constituant un groupe plus vieilli que l'ensemble des hommes ayant franchi ce même seuil. En outre, comme l'indique le tableau VIL 10, la progression du nombre de malades, avec l'âge, vaut quelle que soit la pathologie considérée, a de rares exceptions près. Quant à la croissance dans le temps et à tous les âges, du nombre moyen de maladies (voir tableau VII. 11 pour la période 1970-1980, par exemple), elle résulte de quantité de phénomènes: progrès de la connaissance médicale, allongement de la durée d'évolution des maladies, augmentation du recours aux soins et, plus particulièrement pour les personnes âgées, croissance de leur espérance de vie et meilleure prise en compte de leur pathologie. Cette dernière est dominée à la fois par des affections sans gravité mais qui entraînent des gênes dans la vie courante, et par des maladies chroniques. Parce que ces dernières ne sont pas toutes guérissables et qu'elles impliquent une dépendance plus ou moins importante des personnes âgées, savoir dans quelle mesure celles-ci ont besoin d'aide pour accomplir les gestes de la vie quotidienne constitue, sans aucun doute, un indicateur essentiel de leur état de santé. Si la famille ou la collectivité ne sont pas en mesure de prêter assistance aux personnes dépendantes pour des activités essentielles comme s'habiller, prendre un bain, se nourrir ou faire sa toilette, il faut généralement les faire admettre sans délai, dans un établissement de soins prolongés ou à l'hôpital. C'est ce problème de la dépendance que nous nous proposons maintenant d'aborder, interviennent désormais des indicateurs plus subjectifs de l'état de santé. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 173 Tableau VII.9: Fréquence des recours aux généralistes et aux spécialistes selon le sexeet l'âge en 1970 et 1980. Taux de croissance annuel. Généralistes Spécialistes 1970 1980 Moins de 2 ans J 5.2 7.2 III 2 ¿ 4 ans 1970 \tno 1.4 -1.9 Ensemble «j 1970 1980 6,6 12.1 Hommes 3.0 4.1 + 3.2 1.0 :.i III + 7,9 4,0 6.2 5 à 9 ans 2.1 2.6 + 2.1 0.8 1.4 +• 6.0 2.9 4,1 ~ 3.3 10 à 14 ans 1,4 2,2 + 5.1 0.5 1.1 + 8.2 1.8 3,3 + b.O ... III + 4.5 15 à 19 ans 1.2 1.9 + 4.5 0.5 0.7 + 3.2 1.7 2.6 ^ 4.1 20 à 29 ans 1.5 2.0 + 3,3 0.5 0.8 + 4.7 2.0 2.8 + 3.6 30 à 39 ans 1.7 2.3 + 2.7 0.5 1.0 + 6,4 2.3 3.3 + 3.7 40 à 49 ans 2,6 2.7 + 0.1 0.7 1.1 + 4,4 3.3 3.8 + 1.2 50 à 59 ans 3,2 3.8 + 1.7 0.9 1.5 + 5,5 4,1 5.2 * 2.6 60 à 69 ans 3,9 5.2 + 2.9 0.8 1.8 + 8.7 4.7 7.0 + 4.1 70 à 79 ans 4,8 7.2 + 4,1 0.7 1.3 + 6,4 5.5 8,5 4 4.4 80 ans et plus 4,0 6.8 + 5,4 0.8 2.0 + 9.8 4.8 8.8 4 6.3 2,5 3J + 2,8 0.7 U + 6.6 3.1 4.5 + 3,7 Moins de 2 ans 2 5.2 5.7 III 1.7 4.0 III 7.0 9.7 ••II 2 à 4 ans 2.7 3.9 + 3.7 0.7 2.1 + 11.5 3.5 6.1 * 5.9 5 à 9 ans 1.8 2.8 , + 4.6 0.5 1.1 + 7,5 2,4 4,0 1 5.3 10 à 14 ans 1,3 2.1 + 5.1 0.4 0.9 + 9.3 1,7 3.0 4 6.2 15 à 19 ans 1.6 2.3 + 3.6 0.6 1,0 + 5.6 2,2 3.3 i 4.2 20 à 29 ans 2.6 3.3 + 3.8 1.2 2.4 + 7.3 3.7 5.6 •t -».2 30 à 39 ans 2.5 3.3 + 3.1 0.9 2.6 + 11.0 3.4 6,0 4 5.8 40 à 49 ans 2,8 3.5 + 2.5 0,8 2.1 + 10.3 3.0 5.7 i 4.7 50 à 59 ans 3.1 4.2 + 3,0 1.1 1.5 + i.3 4,2 5.6 -t 3.1 60 à 69 ans 4.3 5.9 + 3.1 1.1 1.7 + 4,0 5.5 7.6 * 3.3 70 à 79 ans 4.9 7.4 + 4.2 0.9 1.8 + 7.1 5.8 9.2 - i.l 80 ans et plus 3.9 8.0 + 7.4 0.3 1.5 + 10,1 4.2 9.5 « 8.5 2,9 4.0 + 3.4 0,9 1.9 + 7,9 3.8 5.9 + 4.6 Total Femmes Total Source: CHARRAUD A. etMORMICHE P., "Disparités de consommation médicale. Enqête santé 1980-1981", no 511, collection de l'INSEE, série M No 188, janvier 1986. 174 Joëlle Gaymu GraphiqueVII.il: Evolution du recours aux soins selonl'âgeetlanaturedes soins. Francel970-1980 (coefficients multiplicateurs (base 1 = 1970}) % de consoinmateurs 1980 » de consommateurs 1970 Spécialistes Biologie Kinésithérapeutes Dentistes Généralistes Hospitalisation Age 70 Source: M "Consommation médicale et état de santé des personnes âgées", CREDES mai 1986. Graphique Vu. 12: Evolution des dépenses par personne selon l'âge et la nature des soins. France 1970-1980 (coefficients multiplicateurs {base 1 = 1970}) Dépenses en 1980 Dépenses en 1970 Spécialistes C20 Infirmières Radiologie Biologie Hospitalisation Généralistes 100 Age Source: "Consommation médicale et état de santé des personnes âgées", CREDES mai 1986. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau VII.10: Morbidité prévalente* selon l'âge. Répartition des maladies et taux pour 100 personnes. France 1980-1981. fige 65 - 79 40 - 64 Classes de taladies 80 et • Taux Taux Taux Haladles infectieuses et parasitaires (y.c. hépatites, grippes, îéningites, n.c. verrues, jycoses, gastro-entérites) 1,2 4.9 0,8 5,2 0,9 5,5 Tuteurs 1.2 4,7 1.2 7.2 1.2 7,4 Kaladies endocrines, nutrition, létaboliques 8,5 35,1 7.8 48,0 4.6 29,2 Kaladies héiatologigues 0.1 0,4 0.1 0,9 1.7 0.26 Haladles du systèae nerveux (n.c. fi.V.C, y.c. îigraines, céphalées) . . . . 3,7 15,1 2,9 17,6 16,1 2,5 Troubles lentaux et insotnies 5,6 (n.c. Migraines, céphalées) . . . 22,9 6,2 38,3 44,2 6,9 . 17,5 72,2 89,7 14.6 77,8 12.2 Maladies ophtalio-réfraction. 4,5 1,1 17,5 2,8 3Z.3 5,1 Autres taladles ophtaliologigues. 4,1 16,9 28,5 4,6 38,1 5,9 O.R.L Kaladies cardio-vasculalres (y.c. héiorroïdes. R.A.fi. et A.Î.C.). . Kaladies de l'appareil respiratoire . Maladies de l'appareil digestif . . Maladies de la bouche et des dents . Kaladies génito-urinaires . . . . 10,4 42,7 16,6 102,1 17.9 114,4 2,2 9,1 3,1 19,1 •3,2 20,7 8 33,2 9,4 57.9 9.3 59,6 17,4 71.7 13,5 83,3 4 16.5 2,3 14,0 2,3 14.6 . 77,2 12 0,06 Obstétrique 2 8,0 1.6 10,0 2,3 14.8 10,3 42,3 9,9 61,0 9.3 59,4 Anomalies congénitales et affections d'origine périnatale 0,3 1.1 0.1 0,7 0.2 1.1 Syiptôies, signes, états lorbides tal définis 1.1 4.5 1.2 7.7 2.4 1S.6 Trauiatistes, eipoisonneients 1.4 5,8 1.2 7.3 1.5 9.7 Kaladies de la peau (y.c. lycoses cutanées et verrues) Kaladies du systé*e ostéo-articulaire TOTAL MALADIES Population, effectifs . 100 \ 412.7 24 157 100 t 615,9 2 221 * Nombre de maladies dont souffrent les individus un jour donné. Source: "Consommation médicale et état de santé des personnes âgées", CREDES. mai 1986. 100 \ 639,3 473 175 176 Joëlle Gaymu Tableau Vu. 11: Evolution de la morbidité prévalente selon l'âge. France 1970-1980. Maladies infectieuses et parasitaires. Maladies endocriniennes et »étaboligues. Population totale Taux pour 100 Taux pour 100 1970 1980 1970 1980 2,9 5.2 2 3,9 6.1 44.8 2,6 . 19,1 65,8 104,2 18,9 28,8 3.7 7.2 1,0 2,7 Maladies appa. respiratoire 14,5 19,4 5 7,8 Maladies ophtaliologiques . 61,9 107,7 26,2 49,8 Troubles sentaux . 24,4 56,7 12,9 25,8 Maladies appa. circulatoire Tuteurs Maladies de la bouche et des dents . . . 36,0 82.2 25 54,8 Maladies appa. digestif 47,6 58,2 21,8 22,6 Maladies ostéo-articulaires 46,8 60.7 17.3 24,6 Maladies O.R.L. . Syiptôies généraux Autres TOTAL MALADIES . . Effectifs enquête. Source: 65 ans et + 21,7 30,1 10.3 16,9 5,8 9.1 3.3 4.0 22,4 34.5 15.6 24,7 359.5 620 162,0 285,9 2 897 2 694 23 197 21 007 "Consommation médicale et état de santé des personnes âgées", CREDES, mai 1986. B. L'incapacité Malgré tout ce que l'on a constaté précédemment, à savoir la croissance du nombre de maladies avec l'âge et la surconsommation médicale des personnes âgées, une forte proportion d'entre elles (44% des 60 ans et plus) se considèrent en bonne santé. Mais, l'auto-appréciation de l'état de santé est une notion complexe, certes étroitement liée à la santé objective mais également à quantité d'autres facteurs. Or, "on connaît mal les critères que les gens utilisent pour apprécier leur propre santé. Certains pensent, par exemple, que le niveau de santé auquel on aspire régresse avec ï âge de sorte qu'on atteint le niveau désiré alors que l'état de santé défini en termes cliniques s'est détérioré. Des études empiriques sur l'auto-appréciation ont montré que les facteurs associés aujugement queportent les individus sur leur état de santé variaient selon les groupes a"âges. ... De plus, les différences relativement importantes concernant l'appréciation de leur propre santé, par des personnes interrogées de mêmes groupes d'âge et du même sexe selon les pays, laissent supposer que Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France \TI l'auto-appréciation de la santé est aussi influencée par des facteurs culturels" '. Ces quelques remarques introductives l'auront fait comprendre, l'invalidité ne peut être définie que pour une société donnée, à une époque donnée et ne vaut que dans ce contexte précis. Les développements qui suivent se réfèrent principalement à une enquête INSEE-CREDES2, effectuée en 1980-1981, auprès de 8,500 ménages vivant à leur domicile et pour laquelle une échelle d'invalidité à 8 niveaux à été déterminée (voir tableau VII. 12). La remarque qui s'impose en tout premier lieu est que l'invalidité est une fonction croissante de l'âge (voir graphique VII.13 et tableau VII.12). Si l'on considère la courbe des proportions de personnes "sans gêne ou gênées de façon infime", on constate que derrière une moyenne de 50,2% pour les hommes et 41,5% pour les femmes, les pourcentages ne cessent de diminuer au fil des âges. Hormis durant l'enfance et l'adolescence où il n'y a guère de différences selon les sexes, les pourcentages féminins sont toujours inférieurs à ceux des hommes, et au seuil de 90 ans on ne trouve plus une seule femme n'éprouvant pas de gêne. A l'inverse, la courbe illustrant les proportions d'individus ayant dû restreindre leur activité domestique ou professionnelle ne cesse de croître. Si globalement 9,7% des femmes et 8,7% des hommes sont concernés, au seuil de 80 ans les individus ont majoritairement une autonomie domestique restreinte, les proportions atteignant 52,6% pour les hommes et 64,5% pour les femmes entre 80 et 89 ans, par exemple. 1. HEIKKINEN E., "Le vieillissement de la population en Europe: incidences sur la santé", rapport trimestriel des statistiques sanitaires mondiales. OMS, vol. 40 n* 1, 1987. 2. MIZRAHI A. et A.: "Indicateurs de morbidité et facteurs socio-démographiques, CREDES, janvier 198S". 178 Joëlle G aymu Graphique VÏÏ.13: Invalidité en fonction de l'âge, selon le sexe 1 90 X de personnes pas gênées ou gênées de façon infime , . . } HorrmeB X de personnes ayant dû réduire leur activité domestique et/ou professionnelle 60 Source: 70 80 90 MIZRAHI A. et A., "Indicateurs de morbidité et facteurs socio-démographiques", CREDES, janvier 1985. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France Tableau VII.12: Distribution de 1' nvalidilé selon l'âge et le sexe a «oins d* 2 an* 2 à 9 an« 10 à 15 ans 16 à 19 ans 20 à 29 an« 30 à 39 a n * 40 à 49 ans 50 60 65 i 59 a 64 à 69 an« an« an« 70 80 à 79 à 89 ans an« • 30 ans «t Enstabl« 179 : b c H 0 H H E S d • 1 1 9 h ! En««ab1c 1 100.0 100,0 57,9 23,9 10,6 0,8 0. 4 0.0 0, 4 0,0 48,2 36, 1 35.7 27.8 16,1 32.6 39. 1 13.5 18,0 4.0 0,8 1.7 0.3 0,4 0,5 0,5 40,0 39.0 33,5 15.7 22,0 31.5 1 ,3 1 .5 1 .0 0.6 0,6 0, 1 0,3 0, 1 0, 1 0, 1 24,0 16,9 35,3 30,4 9.3 5,8 5,2 25.2 22,6 16,3 2.7 5,5 11.1 11.1 28.1 23.3 8 ,1 3,4 2, 0 plus 1 1 .9 1.1 0.7 0,0 22,0 4.2 6. 1 8 ,8 15,9 26,7 35 , 0 37 , 1 2.3 4.4 1.1 3.6 5.5 4.7 9.7 11.1 9.9 19.7 21 . 3 23,6 23.7 38,9 17,8 27,8 17.9 5,8 2.1 42,3 40,6 31,9 0,0 0.3 0.6 1 .2 1 .1 3,1 11,1* 100.0 100,0 100,0 100,0 0,0 0. 1 100,0 0. 1 0.2 0.0 0.3 0.4 0.0* 0.0* 5,5* 1 0.7 0.1 1 100,0 100,0 100,0 100.0 100,0 100,0 100,0 F E H H E S a • o i n t d« 2 2 à 9 an« ans 56, 4 46.8 35,6 b -c 28,9 34, 1 11.1 13.9 26,9 15.6 41 . 6 39,3 38.6 10 16 20 à 15 à 19 à 29 30 à 39 an« 8.8 29.2 17,8 24,3 32,6 37, 1 40 50 60 65 70 à à à à à an* ans an« an« an« 4.5 19.0 13.0 7,4 39,3 32.5 23,3 4,1 3.7 80 90 à 89 ans ans « t p l u s 49 59 64 69 79 Ensenbl« •: ans ans an* : 0.9 0,6 0,0 0,0 0.4 0,0 2.9 0.0 17,6 16.3 6.6 10,3 16,2 25.3 26.5 d 3.3 4, 1 3,6 8,2 11.2 22,3 31,1 41 . 7 46.9 49,7 41,3 25,6 e f 0.4 0.5 0.9 0,0 0,3 0.3 0,6 0,5 0.5 0.6 1 .2 1 .7 4,5 1.3 1 .8 9 0.0 0,2 0,2 0. 1 0,2 0.3 0.3 1.0 0.3 h Ens*«ib 1 « 0,0 0, 1 0,0 0,0 0,0 0. 1 100,0 100,0 100.0 100,0 100,0 100,0 0,0 100,0 11.1 21.5 34,5 1 ,1 2.7 0.2 0,0 0,2 0,4 13.8 8,9 16,5 20,2 24.5 32,2 13,8 8.3 20, 7 2.5 6.9 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 22,3 6.2 2,5 0,8 0,2 100,0 5,1 7.1 à considérer avec prudence compte tenu de la faiblesse des effectifs. a. pas de gêne b. gêné de façon infime c. très peu gêné d. gêné mais mène une vie normale e. activité professionnelle ou domestique restreinte f. activité professionnelle ou domestique très ralentie g. pas, ou très peu, d'autonomie domestique h. grabataire, alitement permanent Source: "Indicateurs de morbidité et facteurs socio-démographiques". A. et A. MIZRAM, CREDES, janvier 1985. 180 Joëlle G ay mu Avant 65 ans, la comparaison des 2 courbes aboutit à une apparente contradiction: à chaque âge, par rapport aux hommes, les femmes sont plus nombreuses à être gênées et moins nombreuses à avoir dû restreindre leurs activités. Sans aucun doute, ce paradoxe trouve son explication dans la différence d'affections touchant les hommes et les femmes. Les premiers souffrent plus fréquemment de maladies très invalidantes (artérite, pathologies respiratoires,..) alors que les femmes sont plus souvent atteintes d'affections entraînant des gênes modérées (varices, troubles de la ménopause,..) et n'impliquant donc pas systématiquement une restriction des activités. Après 65 ans, les deux indices convergent, quel que soit l'âge, les femmes sont moins autonomes que les hommes. La première explication qui vient àl 'esprit est qu'une sélection peut s'opérer, dès l'instant où ils se sentiraient moins autonomes, les hommes partiraient en institution. Or le rapprochement de ces résultats et de ceux obtenus auprès de personnes résidant en institution3 (dans lesquels aucun biais n'existait puisque les informations étaient founies par le personnel) infirme cette explication. En institution, également, à âge égal, les femmes sont toujours plus dépendantes que les hommes. Ces résultats en défaveur de la gent féminine sont toutefois à considérer avec prudence. En effet, lorsque l'on raisonne sur des groupes décennaux, on ne compare pas en fait des populations tout à fait comparables, la fraction féminine étant plus âgée (les femmes de 80-89 ans en 1982 ont, en moyenne, 83,5 ans, les hommes seulement 82,9 ans, par exemple). Compte tenu de l'extrême sensibilité du phénomène étudié à l'âge, il y a là un premier biais. Notons, toutefois, que cette remarque ne vaut pas pour le dernier groupe d'âge ouvert des 90 ans et plus, les hommes constituant un ensemble de survivants très sélectionnés, l'âge moyen des effectifs féminins et masculins est pratiquement identique (respectivement 92,5 et 92,3 ans). D'autre part, on peu penser que la perception de la notion de restriction d'activité diffère selon le sexe. Compte tenu de la répartition des rôles dans ces générations, les femmes répondront plus fréquemment que les hommes que leur activité domestique est ralentie simplement parce que traditionnellement ce type d'activité leur est dévolu. Si ce type de restrictions vaut également pour d'autres indicateurs, tels l'espérance de vie sans incapacité ou le confinement à domicile, ces derniers semblent toutefois plus pertinents, la différence de subjectivité selon le sexe entrant moins en ligne de compte. Là encore, les résultats, rassemblés dans les tableaux VII.l 3, VII. 14 et VII. 15, remettent quelque peu en cause la plus grande longévité des femmes. Alors qu'à 65 ans, plus de 4 années d'espérance de vie séparent les hommes des femmes, en termes d'espérance de vie sans incapacité, l'écart n'est plus que de 0,8 années. Même si, comme nous l'avons vu précédemment, elles appellent quelques nuances, ces constatations sont lourdes de conséquences. Non seulement plus fréquemment veuves du fait de la mortalité différentielle, les femmes ont qui plus est un risque plus fort de vivre leur vieillesse en état d'invalidité. 3. Voir à ce sujet MIZRAHI A. et A., MO YS E.D., "Les personnes âgées vivant en institution: caractères socio-démographiques, autonomie et handicaps". Rapport CREDOC, juin 1977, 124 p. Le Vieillissement Tableau VII.13: Démographique et Les Personnes Agées en France 181 Proportion d'individus en état d'incapacité, par sexe et âge. % Existence d'une incapacité au domicile Tranche d'ige Hommes Femmes Existence Existence d'une d'une incapacité maladie hors domicile Incapacitante Hommes Femmes Hommes Femmes Moins de 17 anj 1 t1 c e 1 1 De 17 i 29 ans e c e e 3 2 De 30 i -M ans, 1 1 2 2 4 6 De 45 i 59 ans 2 2 7 6 12 12 De 60 1 69 ans 3 3 14 18 21 20 De 70 à 79 ans 7 8 22 26 23 19 15 20 31 38 12 11 2 2 S 6 7 7 80 ans et plus Ensemble 1. e : pourcentage inférieur à 0,5%. Existence d'une incapacité à l'extérieur du domicile Existence d'une Incapacité au domicile La personne, outre qu'elle ne présente pas d'incapacité au domicile la classant dans la première position, se trouve dons l'une des situations suivantes : La personne est dons au moins l'une des situotions suivantes : — «.Ne se lève pas », — « Peut se lever un peu », — « A «íes difficultés habituelles pour ouvrir un robinet, une porte », — «A des difficultés habituelles pour s'habiller seule ». — « Ne peut sortit sans l'aide d'une autre personne », — «A des difficultés pour monter, descendre un escalier », — a A des difficultés pour marcher deux à trois kilomètres sans peine ». Source: CHARRAUD A. et CHOQUET O., "L'inégalité devant les incapacités physiques", Economie et Statistique, INSEE; no 170, octobre 1984, pp. 25-37. Tableau VTJ.14: Taux d'institution, d'incapacité permanente de d'incapacité temporaire par sexe et âge, en France 1980-1982 (en %) Taux d'incapacité permanente '" Age Taux des personnes vivant en institution *• Tous niveaux dont confinement au domicile 0-4 i i u 5-9 ins 10-14 ans 15-19 «os 20-24 ins 25-29 ins 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ins 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ins 65-69 ans 70-74 ans 75-79 ans 80-84 ans 85 et plus Taux d'incapacité provisoire "' Taux d'arrêt en 3 mois S.M. S.F. S.M. S.F. S.M. S.F. S.M. S.F. 0.03 0.05 0.11 0.12 0.21 0.31 0.32 0.34 0.45 0.60 0.76 0.92 1.19 1.69 2.35 3.75 6.16 11.60 0.05 0,04 0,08 0.13 0,16 0.20 0,23 0.25 0.33 0,43 0,47 0,60 0.90 1.35 2,15 4,48 9.20 19.80 1.02 0.48 0.16 0.16 2.57 1,21 0.54 0.11 2,40 1,20 0.73 1.89 1,90 0.26 5,53 1,16 0,19 0,16 4,18 2.73 - 0,13 4.24 2.68 0.11 0,40 5,64 3,40 0,14 0,16 6.86 5.67 0,72 0.65 9,08 6.75 0,54 0,44 1242 8,15 1.19 1,02 15.91 14,16 1.29 1,56 23,80 21,75 1,17 1.54 22,73 27,75 1.50 2.33 30,68 33.04 3.36 4,48 38.14 44.66 7.46 9.08 43,33 64,39 8.96 16,22 61.84 64,82 14,49 29,36 18,29 18.69 15,47 12,70 12,19 13.93 12.15 13,08 12.54 12.74 14,65 11.46 14,04 5.14 10,15 4,79 13,76 11,24 16.50 19.06 15.62 11.89 15,79 18,12 19.18 15.02 13.48 9,56 10.97 11,06 12.41 6.29 10.01 942 3,03 9.31 Temps d'arrêt d'activité "' dont temps d'alitement "' S.M. S.F. S.M. S.F. u 1.6 1.0 1.0 1.4 1.8 1,1 1.5 1.4 1.7 1.7 1.4 2.2 0,6 0,7 0.6 0,6 2.5 1,6 1.5 1.1 1.2 1.9 2.1 1.9 1.4 U 1.0 1.2 U 1.3 0.7 1.4 1.3 0.2 0.8 0.6 0.4 0.5 0,3 0.3 0.3 04 0.4 0,4 0,6 0,6 04 0.8 0.2 0.7 0.3 0,5 2,5 1.0 0,5 0.4 0.5 0.5 1.0 0.7 0.6 0.5 04 0,4 0,5 0,5 0.6 0.9 1,0 0,8 (a) Parmi la population totale (RP 1982). (b) Parmi la population vivant hors nstitution (Enquête Same et Recours au Soins 1980-81). (c) Parmi la population vivant hors institution sans incapacite permanente (E.S.R.S. 1980-81). (d) Parmi le temps vécu b o n institution saos incapacité permanente (&S.HS. 198041). 182 Joëlle G ay mu Tableau VII.15: Espérance de vie (E.V.), et espérance de vie sans incapacité (E.V.S.I.), en France, en 1982 par sexe et âge. E.V. ( en années) Age 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 E VS ./E.V. E.V.S.I. ( en années) S.M. S. F. (SF-SM) S.M. F.F. (SF-SM) S.M. S.F. 70,7 66,6 61,7 56,8 52,2 47,6 43,0 38.3 33,7 29.3 25, i 21,3 17.6 14,3 11,2 8,5 6,2 4,5 78,9 74,6 69,7 64,8 60,0 55,1 50,3 45,5 40,7 36,0 31,4 27,0 22,7 18,5 14,5 10,9 7,9 8.2 8,0 8,0 8.0 7,8 7,5 7,3 7,2 7,0 6,7 6.3 5.7 5,1 4.2 3,3 2,4 1.7 1.0 61,9 57,8 53,1 48,3 43,8 39,4 35,0 30,6 26.2 22,2 18,3 14,9 11,7 9,1 6,5 4,4 2,8 1.5 67,1 62,8 58,0 53,2 48,5 43,8 39,2 34,6 30,0 25,5 21,2 17,1 13,3 9,9 6,9 4,3 2,4 1,5 5,2 5,0 4,9 4,9 4,7 4,4 4,2 4,0 3.8 3,3 2.9 2,2 1,6 0,8 0,4 -0,1 -0,4 0 87,4 86.6 85,9 85,0 83.9 82.8 81,4 79,6 77,7 75,4 72,5 70,0 66,5 63,6 58,0 51,8 45,2 33,3 85,0 84,2 83,2 82,1 80,8 79,5 77,9 76,0 73,7 70,1 67,5 63,3 58.6 53,5 47,6 39,4 30,4 27.3 5.5 Source: COLVEZ A. et ROBINE J.M., "L'espérance de vie sans incapacité en France en 1982", POPULATION, no 6, novembre-décembre 1986. pp. 1025-1043. Outre le sexe et l'âge, d'autres variables socio-économiques influent sur l'état de santé et, en tout premier lieu, l'occupation professionnelle. Que l'on se situe durant la vie active ou pendant la retraite, le degré d'incapacité décroît au furet à mesure que l'on progresse dans la hiérarchie sociale, traduction de la plus forte usure au travail des hommes exerçant des professions pénibles. Si 20% des anciens cadres salariés souffrent d'incapacité à domicile (pour se lever, s'habiller,..) ou hors domicile (pour sortir, descendre un escalier... ), celte proportion culmine à 34% parmi les individus ayant exercé une profession agricole (voir tableau VU. 16). L'état de santé est également lié à la situation matrimoniale (l'invalidité est plus forte pour les veufs), à la taille des ménages (l'invalidité décroît lorsqu'augmente le nombre de personnes du ménage), et au niveau d'instruction (l'augmentation du niveau des diplômes va de pair avec la réduction de l'invalidité moyenne) voir graphiques VU. 14 et VII.15. Tableau VII. 16: Proportion d'individus en état d'incapacité chez les retraités selon la catégorie socio-professionnelle ancienne Femmes En % Femmes retraitées Milieu agricole Milieu ouvrier Retirés des affaires , Salariés non ouvriers.... Pas d'ancienne profession Incapacité au domicile ou hors du domicile 40 35 32 32 35 Hommes Maladie incapacitante 22 17 1S 18 17 En% Hommes retraités Milieu agricole ' Milieu ouvrier ' Retirés des affaires Retraités salariés non ouvriers Incapacité au domicile ou hors du domicile Maladie incapacitante 34 28 31 20 22 22 27 18 1. Anciens exploitants ou salants ogrieoles. 2. Anciens ouvriers qualifiés, ouvriers spicialisis et manœuvres. Source: CHARRAUD A. et CHOQUET O., "L'inégalité devant les incapacités physiques". Economie et Statistique, INSEE, no 170, octobre 1984. pp. 25-27. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 183 Graphique VII.14: Invalidité moyenne selon l'âge et l'état matrimonial (hommes et femmes) Indicateurs ,d'invalidité 35 •Veufs 30 » Divorcés 25 20- 15- 10 Divorcés Mariés« Célibataires» Age 70 30 40 50 60 70 80 90 184 Joëlle G ay mu Graphique Vu.15: Invalidité moyenne selon l'âge, le sexe et le niveau d'instruction Fermée Horrmea .Indicateurs ¿d'invalidité Indicateurs d'invalidité 37 37 35- 35 Aucun diplôme • CEP Aucun diplôme 30 30 .CEP 25 / 20- 25 20 15 /.Etudes / Aupé r i eures 15 10 10 Etudes supérieures Age 0 Source: Age '20 30 40 50 60 70 80 9(f ^'20 30 40 50 60 70 80 90 MIZRAHI A. et A, "Indicateurs de morbidité et facteurs socio-démographiques", CREDES, janvier 1985. Compte tenu de la complexité et de l'évolution de la notion d'invalidité, il est difficile de faire des comparaisons dans le temps. Toutefois, il semblerait que durant les 15 dernières années, nous ayons assisté à un double phénomène: le nombre d'individus souffrant d'une gêne légère a augmenté, alors qu'à l'inverse la proportion de personnes gênées au point de ne pouvoir mener une vie normale a considérablement décliné. Ces deux évolutions ont abouti à une diminution de l'invalidité moyenne des personnes âgées, comme l'illustre le graphique VII.16. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 185 Graphique VII.16: Evolution de l'invalidité moyenne en 15 ans selon l'âge en région parisienne, 1965-1980 Invalidité moyenne 30 1970 20 1980 10 10 Source: 20 30 40 50 60 70 80 Age MIZRAHI A. et A., "Indicateurs de morbidité et facteurs socio-démographiques", CREDES, janvier 1985. Dans l'avenir, la proportion d'invalides âgées déclinera ou augmentera selon que l'espérance de vie sans incapacité progressera plus ou moins vite que l'espérance de vie globale. S'il semblerait que, durant les dernières années, la proportion de survivants en bonne santé ait augmenté moins vite que l'ensemble des survivants, l'incertitude reste de rigueur et hypothèque toute tentative de projection dans ce domaine. Toutefois, compte tenu de la très forte progression future des personnes de 85 ans et plus, inévitablement, le nombre de personnes handicapées augmentera. Aujourd'hui la France compte 680,000 personnes âgées de 85 ans et plus, parmi elles, on peut estimer4 que 116,000 souffrent d'incapacité sévère (confinées au lit ou entièrement dépendantes pour les actes élémentaires) et 290,000 d'incapacité moyenne. Ces chiffres pourraient4doublerd'ici2015. Et si la mortalité baisse les sujets souffrant d'incapacité moyenne pourraient dépasser F effectif actuel de 85 ans et plus. Certes ces quelques résultats reposent sur un raisonnement toutes choses égales par ailleurs. Or, compte tenu de ce que nous avons observé dans l'analyse de l'évolution de la consommation médicale on peut légitimement s'attendre à une amélioration des capacités fonctionnelles des individus - notamment, parce que les générations futures de personnes âgées seront habituées à mieux se soigner. Mais quelle que soit l'ampleur des progrès réalisés pour améliorer l'état de santé des personnes âgées, il paraît néanmoins hautement improbable que l'on puisse uniquement ajouter des années de bonne santé à la vie. Mais, dès aujourd'hui, comment les personnes âgées vivent-elles cette fragilité, cette dépendance croissante avec l'âge? Quelles réponses à leurs problèmes reçoivent-elles de la collectivité? 4 En appliquant aux effectif! de l'ensemble de la France, les indices d'incapacité issus d'une enquête sur la region Haute-Normandie on peut avoir une idée de l'effectif actuel et de l'évolution future de la population dépendante. Certes, ce calcul n'est pas exempt de critiques, l'incapacité pouvant évoluer et les Uux de dépendance calculés sur la seule région de Haute-Normandie différant vraisemblablement de ceux de l'ensemble des régions françaises, mais il nous permet quand même de montrer l'inéluctabilité de la croissance des individus invalides. 186 Joëlle G ay mu Chapitre VIII La Réponse de la Collectivité Aux Besoins des Personnes Agées Les interventions de l'Etat en faveur des personnes âgées se sont longtemps bornées à une action sur le montant des pensions de retraite et à des opérations d'ordre caritatif ou d'assistance telles qu'allocations minimales ou hospices, la misère étant le lot d'une très forte majorité de personnes âgées. En 1956, lorsque fut institué le Fonds National de Solidarité, on estimait en effet que près de 90% des 65 ans et plus (4,5 millions sur 5,2 millions) étaient des ayant-droits potentiels. Il faudra attendre le rapport Laroque (1962) pour que cette précarité économique des personnes âgées ne soit plus seule en cause et qu'apparaissent d'autres aspirations qui poseront les premiers jalons d'une "politique de la vieillesse" et plaideront pour une population âgée non ségrégée. Mais, il faudra attendre une dizaine d'années encore pour qu'au début de la décennie 70, apparaisse un timide début de concrétisation des objectifs préconisés. A. La politique des retraites Essentielle pour assurer la sécurité et l'indépendance des personnes âgées, la politique des retraites voit le jour au début du siècle. Mais, ce n'est qu'à la Libération que les pouvoirs publics mettront en place avec la Sécurité Sociale (1945) un droit des travailleurs à la retraite, un système obligatoire d'assurance-vieillesse, fondé sur la technique de répartition. Les encadrés qui suivent résument les grandes étapes vers la généralisation de la couverture sociale des personnes âgées. Aujourd'hui, les anciens récoltent les fruits de cette politique, arrivent en effet à la retraite des générations qui ont des périodes de cotisation suffisamment longues pour toucher des pensions décentes et, la proportion de titulaires du Fonds National de Solidarité ne cesse de diminuer (le chapitre VI en témoigne). Les régimes de retraite en France Principe général et rappel historique "Le premier régime de retraite a été institué par Colbert en 1673 qui crée l'inscription Maritime et l'Etablissement National des Invalides de la Marine Au cours du XKètne siècle, des systèmes de retraite on été mis en place pour des catégories bien délimitées: les les les les militaires en 1831 fonctionnaires civils de l'Etat en 1853 mineurs en 1894 cheminots en 1909 La nécessité d'une généralisation de la protection contre lerisquevieillesse n'est apparue qu'à l'orée du XXème siècle. Jusqu'à cette période, l'intervention du législateur ne se justifiait pas en raison de la stabilité de l'Economie et de la Solidarité familiale très active. Un premier essai de généralisation a lieu par la loi du 5 Avril 1910, sur les Retraites Ouvrières et Pay sarmes. Mais ce fut un échec; l'application de cette loi n'était pas obligatoire et les prestations étaient d'un montant minime. A l'issue de la Première guerre Mondiale, l'érosion monétaire ayant fortement touché l'épargne et les liens tissés par la Solidarité familiale s'étant distendus, le législateur par la loi du 30 Avril 1930 institue un régime d'assurance vieillesse obligatoire en faveur des salariés de l'industrie et du Commerce dont les revenus professionnels n'excèdent pas un certain montant. Le système de la "capitalisation" est adopté. Les fonds provennant des cotisations sont versés au compte individuel de l'assuré et lui sont reversés ultérieurement assortis des intérêts lors de la liquidation des droits à l'assurance vieillesse. Après la Seconde Guerre Mondiale, une loi du 14 Mars 1941 substitue le système de "répartition" au système de "capitalisation". Ainsi, par ce système de "répartition", les ressources provenant des cotisations payées une certaine année par les assurés en activité servent au paiement des retraites des inactifs âgés pour cette même armée. L'ordonnance du 19 Octobre 1945 qui a fixé le nouveau régime des Assurances Sociales applicables aux assurés relevant des professions non agricoles a maintenu le système de "répartition". Ce système présente un avantage réel par rapport à celui de la capitalisation, dans lequel le capital constitué par les cotisations des affiliés est soumis à la conjoncture et par suite susceptible de se dévaluer. La loi du 22 mai 1946 tente de généraliser l'assurance vieillesse à l'ensemble de la population, mais par suite d'une très vive opposition des différentes catégories socio-professionnelles quine voulaient pas être intégrées dans les institutions des salariés, la généralisation achoppe devant cette résistance. La loi du 17 janvier 1948 consacre alors l'indépendance des professions non salariées et plusieurs régimes autonomes d'assurance vieillesse sont organisés: le régime autonome d'assurance vieillesse des professions industrielles et commerciales le régime autonome d'assurance vieillesse des professions libérales Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 187 le régime autonome d'assurance vieillesse des professions artisanales. Quant aux régimes spéciaux, ils sont maintenus dans leur forme. Cependant le rapport entre le nombre des cotisants et le nombre des retraités ne cesse de se détériorer tant en ce qui concerne les professions industrielles et commerciales que les professions artisanales entraînant par incidence une augmentation importante des cotisations et le blocage des prestations de vieillesse. La loi du 3 juillet 1972 pose alors le principe de l'alignement de ces régimes sur le régime général tant pour les cotisations que pour les prestations. Puis la loi du 24 décembre 1974 porte généralisation de la sécurité sociale et tend à instaurer progressivement une protection de base commune à tous les Français. A compter du I er janvier 1978, l'assurance vieillesse est rendue obligatoire pour toutes les personnes exerçant une activité professionnelle et qui ne possédaient pas jusqu'à cette date une protection a ce titre (il s'agissait en l'occurence de quelques professions indépendantes). Enfin "une étape significative de la politique de progrès social" mise en oeuvre par le nouveau gouvernement, accordant la possibilité pour les travailleurs de prendre leurretraitea taux plein dès 60 ans, entre dans les faits le 1er Avril 1983. La multiplicité des régimes de base Le système des retraites en France repose sur: un régime général de Sécurité Sociale qui couvre la majorité des travailleurs salariés et comporte approximativement 41% de la population retraitée. Des régimes spéciaux tels les régimes des fonctionnaires civils et militaires, des agents des collectivités locales, des marins de commerce, de la R.A.T.P., de la S.N.C.F., des mines ... soit environ 22% des retraités. Des régimes autonomes, ce sont les régimes des professions non salariées, exploitants agricoles, artisans, professions industrielles et commerciales, professions libérales, soit un total de 26% des retraités. Un régime propre des salariés agricoles, soit 8,5% de la population retraitée. Les régimes de base allouent 1 leurs ressortissants des pensions de base en contre-partie du versement de cotisations. La durée d'assurance et le revenu procuré par l'activité sont pris en compte pour le calcul de la prestation vieillesse. Les Régimes Complémentaires Outre les prestations de base, le système des retraites comporte un second niveau constitué par les régimes complémentaires ayant pour objectif de compléter les avantages accordés par les régimes de base d'assurance vieillesse. A partir 1947, les Cadres du Commerce et de l'industrie bénéficient d'un régime complémentaire de retraite. Les assurés non cadres ont pu obtenir tout d'abord par voie d'accords, relatifs à certaines activités ou à certaines professions, des avantages complémentaires de vieillesse. Le régime s'est développé en 1961 et enfin la loi du 20 décembre 1972 rend obligatoire un régime complémentaire de retraite pour tous les salariés du régime général et du régime agricole. Les régimes complémentaires sont institués généralement par des conventions collectives concernant soit une profession, soit une catégorie de travailleurs. Les actions de ces régimes sont coordonnées et leurs décisions sont harmonisées pan L'A.G.I.R.C. (Association Générale des Institutions de Retraite des Cadres); et l'A.R.R.C.O. (Association des Régimes de Retraites Complémentaires pour les non-Cadres). On peut citer également 1'LR.C. A.N.T.E.C., Institution de Retraite Complémentaire des Agents Non Titulaires de l'Eut et des Collectivités Publiques. Le complément de retraite correspond aux cotisations versées pendant la carrière donnant droit à des points que l'on multiplie par la valeur du point en cours, lors de la liquidation. Prestations de Vieillesse Non Contributives Le troisième volet de la protection sociale en matière de vieillesse, fondé sur le principe de la Solidarité Nationale, est consitué par des allocations consùuant le "minimum vieillesse" qui sont versées en cas d'insuffisance de ressources, sans contre-partie de versement des cotisations. Les plus importantes sont: l'Allocation aux Vieux Travailleurs Salariés ou Non Salariés, l'Allocation aux Mères de Famille, l'Allocation Spéciale et l'Allocation Supplémentaire du Fonds National de Solidarité. 188 Joëlle Gaymu Les personnes les plus défavorisées sont ainsi assurées d'un minimum de ressources" Source: M. CREOF, Politique en faveur des personnes âgées, ENSP, Rennes, mai 1984, 39 p. Et de fait, lorsque l'on se penche sur les comptes de la Nation, on constate que les prestations sociales, en général, et vieillesse en particulier, ont crû à un rythme très soutenu. De 1959à 1984, si le revenu primaire des ménagesàété multiplié par 3 (en francs constants) et l'ensemble des prestations sociales par 5, pour les prestations vieillesse-survie, le coefficient multiplicateur a atteint 6 (voir graphiques VIII. 1 et 2, et tableau VIII. 1). Par voie de conséquence, la part des prestations-vieillesse dans le revenu disponible n'a cessé de croître. De 1959 à 1974, elle est passée de 7,3 à 10,9% et, à partir de cette date, la progression s'est encore accentuée: en 1984, les prestations vieillesse représentent 15,1 % du revenu disponible (voir tableau VIII.2). Si l'on ajoute l'aide sociale en faveur des personnes âgées, ce sont quelque 500 milliards de francs (soit 15,8% du revenu disponible) qui ont été versés en 1984 au titre de la vieillesse. Ce poste représente désormais 41% de l'ensemble des prestations sociales (37% seulement il y a 25 ans). Plus que la conséquence du vieillissement, il faut voir dans cette progression, l'effet de la maturation des régimes de retraite. Graphique VÏÏI.l: Prestations et revenu primaire des ménages (évolution déflatée par l'indice des prix de détail) 200 100 1959 1964 1969 1974 1979 1984 Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 189 Graphique VHI.2: Evolution des différentes prestations (déflatée par l'indice des prix de détail) 5000 100 1964 1959 1969 1974 1984 1979 Source: "Croissance des dépenses de prestations sociales: 1959-1984", Solidarité Santé: Etudes Statistiques, no 6. novembre-décembre 1985 Tableau VIII. 1 : Taux de croissance annuels moyens des prestations, des cotisations et des revenus (évolution déflatée de celle des prix) Uflit« : •/, H1WIM tttt-m» m».i»74 1t7*.<»7» 1f7t.1tM mt<*M FORMATION OU REVENU : Revenu ditponibl« 6.« S.2 3.S 0.7 4.3 10.0 7.3 !:: 7.« 2.7 4t 10.3 4.7 «.2 7.8 3.« (.9 6.8 4.8 S.4 3.4 0.7 4.1 12.2 «.7 6.9 (.9 2.7 7.0 4.7 3.0 3.2 4.1 2.2 3.8 13.0 11.1 11.7 30.4 14.1 14.3 10.0 9.3 «.8 7.» 2.9 7.3 PRESTATIONS : Santé.. 190 Joëlle G ay mu Tableau VIII.2: Les prestations sociales reçues par les ménages rai IH4 m» im 1M4 1»7» LES MONTANTS (mllllirds) : Sinti 12.S MaternUt-fimilla 10.7 0.1 27.0 17> 1.1 Î7.S U 37,7 744 Emploi 0.S VMIIcsK-iiir»t« 14.0 Divcn 44.« w.o 203.0 393.1 25.0 4Z1 83.4 1SS.0 2.5 6.1 37.7 1233 SI.* 103.0 143.7 475.« 0.7 0.4 1.7 I24.S 241,« UA¿ l¿ 1.IS5.0 STRUCTURE (%) : Sinti... .. MtternUé-hrnillt . 33 34 3« 34 •34 34 28 14 20 17 IS 14 Emploi Vlilllnjuuryl. 1 1 2 3 7 11 J7 37 41 43 42 41 c 2 1 c « y 100 IM 100 100 100 Dlv«n IM STRUCTURE 1% du revenu disponible] Santé Maternité-famille Emploi 8.1 5,5 0.3 7,3 B.3 5,5 0.3 8.1 0.1 9.1 5.0 0.5 10.1 0.1 9.6 1.5 0.7 10,9 1 1,3 1.8 2. 1 13.5 12.1 5.0 3.9 13.1 19.5 22,9 25.1 25,7 31.6 36.5 Divers Progrès social incontestable, la grande majorité des personnes âgées ne sont plus au ban de la société en matière de ressources économiques mais, il n'en reste pas moins vrai que notre système de régimes de retraite, masque de grandes inégalités. En effet, si l'on fait le bilan, sur la durée de vie, entre les cotisations versées et les prestations reçues, de profondes injustices apparaissent. C'est à cet exercice que s'est livré le CERC,1 une de ses conclusions étant que "les réglementations appliquées aboutissent à ce que un franc de cotisation ouvre droit à un montant de retraite annuelle plus important pour une personne bénéficiaire de revenus élevés que pour un titulaire de bas revenus". Autrement dit, les délais de récupération ont tendance à être d'autant plus courts que le montant du revenu était élevé. De plus, les espérances de vie étant en moyenne fonction du niveau de revenu, les "bénéfices relatifs" sont plus forts pour les professions les plus privilégiées. Ainsi entre les non-cadres et les cadres du secteur privé les bénéfices sont pratiquement du simple au double (5 ans pour un manoeuvre, près de 10 ans pour un ingénieur). Dans le secteur public, les écarts sont plus accusés encore puisqu'ils varient d'une année' (ouvriers de l'Etat) à 10 années (cadres publics ou instituteurs). Il s'agit là d'une des insidieuses conséquences de l'inégalité sociale devant la mort (voir chapitre VII). Mais, jouent également les profondes disparités dans les prestations servies par les différents régimes, tant dans les conditions d'obtention d'une pension (âge de départ à la retraite,2 durée de cotisation et obligation ou non de cessation d'activité - voir tableau VIII.3) que dans le calcul du montant des prestations. Par exemple, 1 franc de cotisation versé dans le passé ouvre droit à 0,134 franc de pension annuelle au CNRO mais à 0 162 franc à rmCANTEC - voir tableau VIII.4 et VIII.5. 1. En combinant plusieurs profils de carrière et 10 régimes d'assurance vieillesse, le CERC a pu distinguer 43 cas types qui sont simulés en appliquant les réglementations en vigueur au 31 décembre 1981, et depuis le 1 er avril 1983. Ce travail permet de caractériser chaque situation par un taux de remplacement (rapport de la pension de retraite au dernier revenu d'activité) par un délai de récupération (rapport entre le total des cotisations payées et le montant annuel de la retraite) et un bénéfice relatif (différence entre l'espérance de vie au moment de la retraite et le délai de récupération). Documents du CERC n« 68, Comparaison des régimes de Sécurité Sociale, Tome II: Us régimes de retraite, Paris, 1er trimestre 1984. 2. Dans presque tous les régimes où cet âge est fixé à 60 ans, certaines catégories de personnel peuvent partir plus tôt, en raison de la pénibilité particulière du métier ou de dispositions conventionnelles propres au secteur concerné: - Mines: 55 ans ou 50 ans (pour le mineurs de fond), - SNCF: 50 ans pour les "roulants" et 55 à 60 ans pour les autres, - Marine marchande: 50 ans, - Banque de France: entre 58 et 65 ans selon les fonctions exercées, - Opéra. Opéra comique: 40 ans pour les artistes de danse femmes, 45 ans pour les hommes, 50 ans pour les artistes du chant et des choeurs, - Militaires: pour les officiers ayant plus de 25 années de service, il n'y a pas de limite d'âge minimum; ceux qui ont une durée de service plus courte peuvent partir lorsqu'ils atteignent l'âge de départ réglementaire qui est différent selon le grade qu'ils obtiennent. D n'y a aucune limite minimum pour les sous-officiers ayant 15 années de service. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 191 Nous sommes donc bien loin des recommandations d'harmonisation des différents régimes de retraite, préconisées tant par le rapport Laroque que par les différentes commissions de prévision qui ont suivi (le rapport "Vieillir demain" notamment, paru en 1980). En outre, si ce système assure une sécurité matérielle tout à fait essentielle aux personnes âgées, il s'est petit à petit transformé en système d'exclusion. Parce qu'il y a droit au versement d'une pension, il n'y a plus droit au travail. Les personnes vieillissantes quittent leur emploi de plus en plus tôt, sans qu'il y ait forcément choix de leur part, et les systèmes de retraite et plus encore de pré-retraites sont devenus des systèmes de régulation du marché du travail (voir chapitre V). Passé un certain âge le droit au travail n'existe plus en France. La politique de la retraite n'est qu'une politique financière et parce qu' elle n' est pas aussi une politique des travailleurs vieillissants (avec pour objectifs le passage progressif de la vie active à la retraite, le développement du temps partiel, la reconversion des personnes avec l'avancée en âge,..), elle fait de l'âge un critère de ségrégation sociale. Tableau VÜI3: Conditions d'attribution des retraites (droits directs) pour les groupes socio-professionnels, en 1983 Durée de cotisation (en trimestres) Age de départ à la retraite dans n'importe quel régime Dans le régime minimum pour avoir droit à une pension complète (2) Cessation d'activité exigée Activité couverte par le régime Toute activité oui oui oui oui oui oui oui oui 60 oui non non prévu non prévu non oui non oui supprimé depuis 1982 oui pour 6 régimes. non pour 7 régimes une pension proportionnelle (3) SALARIES 1. Salariés du Régime Général (Salariés cadres et non cadres] . • Régime Général ¡e Régimes complémentaires ou (• Régime Général (• Régimes complémentaires 60 60 65 65 2. Salariés des régimes spéciaux (Règles le plus souvent appliquées, les exceptions figurent en note 6. bas de page 47) ans(1) ans(1) ans ans 150 150 non prévu non prévu 150 non prévu 150 non prévu 60 ans non prévu variable selon les régimes 65 ans 65 ans non prévu non prévu non prévu • Régime de base 65 ans non prévu 60 • Régimes complémentaires 65 ans non prévu EXPLOITANTS AGRICOLES 65 ans non prévu non non non non prévu prévu prévu prévu ARTISANS. COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS • Régime de base • Régimes complémentaires 150 PROFESSIONS LIBERALES 100 variable selon les régimes oui non prévu non non (t) A condition de totaliser 37.5 années d'assurance dans n'importe quel regime de Sécurité Sociale et d'être Miarle au moment de la liquidation ; les personne« totalisant entre 32,5 et 37.5 années d'assurance peuvent aussi partir i 60 ans moyennant une pension minoría. Pour les autres l'âge de départ est toujous de 65 ans. (2) Durée réglementaire pour avoir droit s une pension complète ; une durée faible. (3) Une durée Inférieure n'ouvre pas droit à une pension ; mala une proportionnelle plus élevée. durée Inférieure ouvre droit à une pension proportionnelle de cotisation supérieure permet d'obtenir une plus pension Source: Documents du CERC, no 68, "Comparaison des régimes de Sécurité Sociale", Tome Ü: Les régimes de retraite, Paris, 1er trimestre 1984. 192 Joëlle G aymu Tableau VIII.4: Calcul des pensions dans les régimes où elles sont proportionnelles à des émoluments de base TAUX DEFINITION DES DE LA PENSION EMOLUMENTS DE BASE Formule générale REGIME GENERAL Durée de c o t l s 150 * T (1) (T é t a n t f o n c t i o n de l ' S g e de l a r e t r a i t e ) Salaire ou revenu des dix meilleures années ET ALIGUES REGIMES SPECIAUX Selon les régimes : . dernier salaire ou traitement (2¡ . salaire des trois meilleures années . salaire des dix meilleures années Minimum A.V.T.S. pour au moins 15 ans de cotisation Durée de c o t i s a t i o n x 0,5 « REGIME DE BASE DES Allocation aux vieux PROFESSIONS LIBERALES travailleurs salariés Durée de c o t i s a t i o n x 1/60 èrae Maximum 37,5 x ï 30 75 % 11 n'existe plus depuis 1982 <îo minimum ; auparavant i l é t a i t de 100 » 250 % (1) Depuis le 1er Avril 1983 T dans l e Régime Général e s t aussi fonction de la durée totale d'assurance dans l'ensemble des régimes. (2) A l'exclusion de certaines Indemnités . Tableau VIII.5: Salaire de référence, valeur moyenne du point, taux de rendement en 1982 dans les principaux régimes complémentaires de salariés Salaire de référence (en F) 1982 (1) I (2) Taux de rendement (en %) (2/1) REGIMES DE L'ARRCO ( ° ) 12,23 1,66 13,6 12,10 11,96 12,45 1,626 1,656 1,7496 13,4 13,8 14,1 ANEP 10,04 90,50 1,4508 12,90 14,5 14,3 REGIMES DE L'AGIRC 11,78 1,66 14,1 9,64 1,566 16,2 UNIRS CNRO (Bâtiment, travaux publics) AGRR FNIRR IRCEM (employés de maison) II Valeur annuelle moyenne du point (en F) 1/01/83 au 1/07/83 I I I REGIME DE L'IRCANTEC (°) Ces régimes s ' a d r e s s e n t respectivement <i.34,4 %, 10,9 %, 6,6 %, 4,2 %, 4,1 %, 3,6 % des c o t i s a n t s e t 39,3 %, 10,3 %, 9,2 %, 4,4 %, 3,2 %, 2,5 % des a l l o c a t a i r e s de l'ARRCO. Source: Documents du CERC, no 68, "Comparaison des régimes de Sécurité Sociale", Tome H: Les régimes de retraite, Paris, 1er trimestre 1984. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 193 Force est de constater que, là encore, les recommandations d'il y a 25 ans sont restées lettre morte: "une adaptation satisfaisante du travail à l'homme et de l'homme au travail exige que des mutations d'emploi, voire de types d'activité soient possibles et même organisées aufur et à mesure que ï homme avance en âge et que ses aptitudes innées et acquises évoluent ... La commission a acquis la conviction qu'aucune considération économique ne saurait autoriser ni l'élimination des personnes âgées du marché du travail, ni la réduction de la place occupée par ces personnes dans les activités professionnelles... // est en tout cas indispensable de mettre celles qui le désirent à même d'exercer une activité, adaptée bien entendu à leurs possibilités". Utopie que ces phrases d'il y a 25 ans? Utopie aujourd'hui encore? Le décalage est certes grand entre ces idées et la réalité. Mais ne viendra-t-il pas un jour où par la force des choses (vieillissement de la population active, problèmes d'équilibre des régimes de retraite,..), elles devront être prises en compte? De toute évidence on ne pourra pas se permettre indéfiniment de traiter les problèmes de la retraite à la seule lumière de la conjoncture. Car à se servir des travailleurs vieillissants pour "lutter contre le chômage", les solutions prises (abaissement de l'âge de la retraite, extension des systèmes de pré-retraités,..) hypothèquent sérieusement l'avenir de notre société. B. La politique de la vieillesse Pendant longtemps les conditions d'existence des personnes âgées n'ont fait l'objet d'aucune intervention de la part des gouvernements. Prise en charge familiale et hébergement collectif étaient traditionnellement les seuls modes de vie possibles. Le rapport Laroque mit l'accent sur la nécessité d'offrir une alternative à l'hébergement collectif qui, le plus souvent, se faisait dans des conditions tout à fait primitives. II proposait de mettre en place un certain nombre de services qui permettraient aux personnes âgées de rester chez elles; mener une existence indépendante dans le cadre de vie auquel elles sont habituées étant le désir d'une très grande majorité d'entre elles. Petit à petit, l'action en matière de vieillesse prendra un nouveau visage, l'idée du maintien à domicile faisant l'unanimité, les initiatives allant dans ce sens se multiplieront: aide ménagère,soins à domicile, hospitalisation à domicile, portage des repas, surveillance par alarme, foyers-résidences, clubs et universités réservés aux personnes âgées,.. Les acquis des quinze dernières années sont importants mais laissent toutefois subsister de nombreux problèmes. La condition première du maintien à domicile est bien évidemment l'existence d un logement décent. Or l'inconfort de l'habitat de bon nombre de personnes âgées a déjà été signalé (voir chapitre IV) et la politique de réhabilitation des logements anciens reste insuffisante. Les quelque 45,000 logements rénovés actuellement annuellement ne représentent jamais que le vingtième du parc de logements inconfortables. De même, si des progrès considérables ont été faits en matière d'équipement en téléphone on note toujours au dernier recensement que les ruraux qui vivent seuls (ceux pour qui le téléphone est pourtant un besoin tout à fait essentiel) sont les moins bien équipés. L'aide ménagère apparaît dans les textes officiels dès 1954, mais ce n'est que 20 ans plus tard que ce service commencera à avoir une certaine envergure: 500,000 personnes sont désormais concernées et le nombre de communes non couvertes n'est plus que de 4,383 sur 37,708 (voir tableau VIII.6, graphique VIII.3 et carte 1). De tels résultats sont tout à fait louables mais, le nombre d'heures accordées et leur évolution les nuancent considérablement Dans le régime général (55% des bénéficiaires), les accords inférieurs à 16 heures par mois concernent 44,5% des bénéficiaires; pour la majorité (50,6%) le nombre d'heures est compris entre 16 et 30 et 5% seulement bénéficient de plus de 30 heures par mois. Les heures sont dans l'ensemble en bonne corrélation avec le degré de dépendance mais en cas d'invalidité forte, on peut s'interroger sur la signification d'une heure d'aide parjour. En outre, il existe une grande diversité des moyennes horaires par bénéficiaire selon les régions. Dans le régime général, elles s'échelonnent de moins de 7 heures par mois, pour la Caisse régionale de Marseille (moyenne la plus faible) à près de 12 heures pour celle d'Orléans (moyenne la plus forte). Enfin, les prestations horaires par personne n'ont cessé de diminuer. Elles s'élevaient à près de 12,5 heures par mois en 1976, elles ont chuté à moins de 10, en l'espace de 7 ans. Silenombred'heuresaaugmentédeplusde 59% entre 1976 et 1983, dans le même temps, la population couverte a doublé. A privilégier la quantité sur la qualité, ne risque-t-on pas de rendre ce service inefficace voire inopérant? Ajoutons de plus que, depuis 1983, nombre de bénéficiaires de dépenses allouées à ce service stagnent. Tableau Vlll.6: Evolution des dépenses (en milliards defrancs)consacrées à l'aide ménagère 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 0,45 0,55 0,58 0,75 1,1 1,3 1.7 2,5 3,4 3,7 3,7 194 Joëlle Gaymu Graphique VIII.3: Evolution du nombre de bénéficiaires de l'aide ménagère bénéficiaires 500000 - 450000 - 400000 1981 Carte 1 : 1982 1983 1984 1985 Pourcentage de bénéficiaires de l'aide ménagère (régime général) par rapport aux retraités résidant dans chaque département 1.2-2,9 3,0-3,6 3.7-4,1 4.2-4,5 4,6-3,4 5,5-8,5 Source: DELBES C , "La géographie des équipements et services en faveur des personnes âgées en France" in: Espace, Population et Sociétés, no 1,1987. pp. 249-256. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 195 Force est donc de constater que l'Etat ne se donne guère les moyens de ses objectifs, et, dans ces conditions, c'est tout au plus à soutenir la population âgée à son domicile que la politique sociale s'attache. L'absence de réelle envergure des autres services va également dans ce sens. Les services de soins à domicile qui visent aprevenir, retarder ou raccourcir V hospitalisation ou V institutionnalisation restent d un développement tout àfait modeste, les textes ne datant que de 1981. On compte aujourd'hui 780 services, soit 28,228 places installées et de l'ordre de 50,000 prises en charge par an (voir tableau VIII.7). Il y a en moyenne 5,8 places pour 1,000 personnes âgées de 75 ans et plus, mais l'implantation des services présente de fortes disparités régionales (voir carte 2). Si 12 départements bénéficient de plus de 10 places pour 1000 personnes âgées de 75 ans ou plus, plus du tiers des départements ont une capacité inférieure à 3,5 places et, il est même 5 départements qui n'ont aucun service de soins (Nièvre, Haute Loire, Lozère, Corse du S ud et Haute Corse). D'autres inadéquations entre les services et les besoins existent. Ainsi, il y a sous représentation des femmes atteintes de perte sévère d'autonomie dans la population soignée à domicile comme en atteste le graphique VIII.4. Alors que l'on sait que les femmes souffrent davantage que les hommes d'incapacité et, compte tenu du rapport de masculinité dans chaque groupes d'âge - les femmes de 80-89 ans, par exemple, sont 2,2 fois plus nombreuses que les hommes du même âge - (voir chapitre VII), les hommes très dépendants bénéficient plus fréquemment de soins à domicile. Cause ou effet de la plus forte représentation féminine en hébergement collectif, aux grands âges? Mais c' est surtout lafaiblesse de la population prise en charge qui est cause, 50,000 personnes soignées dans l'année signifiant moins d'une personne sur 2 souffrant d'incapacité sévère. Tableau VIII.7: Services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées, France entière 1/2/80 Nbre de services Nbre de places installées Source: 1/4/81 15/6/82 30/6/83 30/6/84 31/12/86 36 92 152 521 652 780 1 243 3 000 6 700 18 500 22 200 28 228 "Les personnes âgées en France. Quelques statistiques". Informations rapides du SESI, no 125, août 1988. L'hospitalisation à domicile touche une frange encore plus dérisoire de la population (3,000 lits environ au total, la moitié de la clientèle étant âgée). De plus, les possibilités d'hospitalisation à domicile sont très mal implantées sur le territoire, 17 départements seulement possèdent de tels services et cette répartition est très concentrée en région parisienne. Carte 2: Répartition départementale des services de soins à domicile au 30 juin 1984. Nombre de places installées pour 1,000 personnes de 75 ans et plus. Source: "Les services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées en 1984", Informations rapides du SESI, no 77, octobre 1986. 196 Joëlle Gay mu Graphique VHI.4: Répartition des personnes prises en charge selon le sexe, l'âge et l'état de santé (en %) SEXE MASCULIN h""I 60-69 ans 70-7«? ans SO-39 ans 90 ans ou plus 10 SEXE FEMININ Cas lourds Source: Cas moyens Cas légers "Les services infirmiers à domicile pour personnes âgées", Revue Solidarité Santé, Cahiers Statistiques, no 8, février 1986. Quant aux autres services, tels que le système de surveillance par alarme, le portage des repas, les gardes de nuit, les appartements d'accueil,... ils n'en sont encore qu'au stade expérimental. Certes il s'agit là de services récemment créés et qui n'arriveront à maturité qu'à long terme, si du moins, la politique de la vieillesse garde les mêmes objectifs et surtout, se donne les moyens de les mettre en oeuvre. A l'heure actuelle on constate qu'une journée en alternative serait réalisée pendant que 10 le sont en hospitalisation complète. C'est dire que les services à domicile sont peu développés, et, s'il est impossible de mesurer leurs effets sur la diminution éventuelle des jours d'hospitalisation, le tableau VIII.8 nous donne quand même quelques raisons d'être optimiste. Dans50% des cas, l'intervention a" un service à domicile a contribué à maintenir la personne dans son cadre de vie familial, à éviter V institutionnalisation voire V hospitalisation. Dans 40% des cas elle ne permet pas d'éviter l'hospitalisation mais vraisemblablement d'en reculer l'échéance. En outre, il ressort du tableau VIII.9, qu'à état de santé comparable (forte incapacité), c'est parmi les personnes vivant chez leurs enfants que l'on trouve la proportion d'admission en service aigu la plus faible. On prend là toute la mesure du rôle essentiel de frein à l'institutionnalisation que jouent les familles. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 197 Tableau VIII.8: Evolution des conditions de vie entre le début et la fin de la prise en charge Conditions de vie en DEBUT de prise en charge seul 0) -3 chez des per- âgé sonnes + jeunes 47,1 1,6 En couple âgé 1.0 49,0 1,6 1,0 3,1 1,3 Chez des personnes + jeunes 5.9 3.6 57,6 4.1- En institution à caractère social 4.8 3.3 4,3 51,3 Service aigu 28,9 30,9 24,8 30,2 Autres services hospitaliers 12,3 11,6 10,7 9,5 100,0 100,0 100,0 100,0 Seul >ns de vie en se en charge —\ •H t-, xj a. Condi en couple Ensemble Source: 1986. "Les services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées". Revue Solidarité Santé, Cahiers statistiques, no 8, février Tableau VÜI.9 Proportion d'admission des "cas lourds" en service aigu selon leurs conditions de vie en début de prise en charge. Conditiorî^v^^ Cas lourds de vie en d e ^ * ^ ^ but de prise en ^ * \ . charge ^ \ ^ ^ Source: en institution à- caractère social Non seniles Seniles Ensemble Seul 34,4 36,6 35,5 En couple âgé 34,1 39,0 37,0 Chez des personnes plus jeunes 32,4 27,8 29,5 En institution 35,4 42,5 39,4 "Les services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées", Revue Solidarité Santé, Cahiers statistiques, no 8, février 1986. Une politique de la vieillesse se devrait donc d'être aussi une politique de la famille: "Aider ceux qui aident" pour reprendre un slogan devenu classique devrait être un objectif prioritaire. Or, hormis quelques dispositions fiscales rien n'est fait dans ce domaine. Il n'y a pas assez de solutions intermédiaires, progressives entre le domicile et l'hébergement (appartement d'accueil temporaire, hébergement saisonnier notamment dans les zones rurales ou pendant les vacances, lieu d'hospitalisation de jour et de nuit de courte durée,...). Faute d'une aide permettant à la famille de s'occuper de son vieillard lorsqu'il devient une charge trop lourde pour elle ou lorsque l'état physique ou psychique de la personne âgée lui interdit de mener une existence indépendante la seule solution reste le placement. 198 Joëlle G ay mu La population vivant en établissements sanitaires et sociaux ne représente jamais que5% des 60 ans et plus mais cette proportion, très faible chez les jeunes (1 % des 60-64 ans), augmente fortement avec l'avancée en âge pour atteindre chez les 90 ans et plus, 17% chez les hommes et 28,4% chez les femmes. En outre, comme nous l'avons signalé dans le chapitre V, depuis 1962 nous avons constaté un doublement de la population vivant dans des établissements sociaux (hospices, maisons de retraite, logements foyers) et une amplification considérable du rôle des hôpitaux (due en partie à la transformation des hospices) alors que la proportion de personnes soignées en hôpital psychiatrique stagne. Actuellement, l'ensemble des établissements d'hébergement et de soins pour personnes âgées compte environ 500,000places (voir tableau VIII.10) et selon les textes, à chaque niveau de dépendance doit correspondre un type spécifique d'institution bénéficiant d'un financement particulier (voir tableau VIII.11). Or, dans la pratique, il y a souvent chevauchement desfrontières. Si globalement, il y a adéquation entre le mode de prise en charge et le profil de dépendance des personnes, cette cohérence globale est fortement diminuée si la comparaison se fait institution par institution: les différences entre institutions d'une même catégorie sont plus fortes que les différences entre les diverses catégories d'institutions. Ainsi une enquête5 effectuée en Alsace en 1983 montre que, si en moyenne, en section de cure médicale les personnes sont moins dépendantes qu'en long séjour, dans 11 sections de cure médicale sur les 51 étudiées, l'indice moyen de dépendance est supérieur à l'indice moyen de dépendance de l'ensemble des longs séjours. Tableau VIII.10 Capacité d'hébergement pour personnes âgées au 31 décembre 1986 Type d'établissement - Hospices et maisons de retraite publics - Maisons de retraite privées - Logements-foyers - Autres Total héberaement dont lits en section de cure médicale Lonas séiours TOTAL Source: Nombre de lits 214 580 112 293 120 928 6 364 454 165 65 567 60 376 514 541 "Les personnes âgées en France. Quelques statistiques". Informations rapide du SESE, no 125, août 1988. 3. KUNTZMANN F. et al., "Lei sections de cure médicale en Alsace - étude de leur population - comparaison avec la population résidant en long séjour", 1984. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 199 Tableau VIII.l 1 : DegTé d'invalidité et institutions d'hébergement préconisées par les textes Population cible / Source: Institutions Financement par la Caisse d'Assurance Maladie en 1986 Valides Logements- foyers Maisons de retraite Valides 12,00 F Semi-valides Maisons de retraite, plus rarement Logements-foyers '. (section de cure médicale) 91,60 F Invalides très dépendants et/ou cas médicaux Services de long séjour 152,OO F Cas médicaux lourds non chroniques Services actifs Variable DELBES C, FORETTE F., "Les soins de longue durée en institutions", F.N.G. Avril 1987. D'une façon plus générale, selon une enquête de la CNAMTS *, 25% des personnes âgées de 65 ans et plus présentes dans des établissements de soins et d hébergement se trouvent dans des structures inadéquates. Le taux d'inadéquation s'élèverait à 20% en section de cure médicale, 21% en unités de long séjour, 48% en service de médecine et 41% en psychiatrie. Or, tous les gériatres s'accordent sur ce point, pour une personne âgée, une hospitalisation injustifiée ou dans un lieu inadapté, a de graves conséquences psychologiques et comporte des risques importants d'accélération du processus de dépendance. Les raisons de ces inadéquations sont multiples, au premier rang desquelles, le manque de places. Souvent les personnes restent en court ou moyen séjour, faute de place dans un établissement mieux adapté. Les lits d'hospice restant à transformer (voir tableau VIII. 12) tout comme les capacités d'accueil en hébergement collectif ou long séjour varient fortement selon les régions: pour ne prendre que les extrêmes, les Pays-de-Loire, la Basse et Haute Normandie disposent de plus de 180 lits pour 1,000 habitants de 75 ans et plus alors qu'à l'inverse, la Corse, la Provence Alpes Côte-d'Azur et le Languedoc Roussillon ont un indice inférieur à 100 (voir carte 3). Notons toutefois que la propension à accueillir chez soi un parent âgé variant fortement selon les régions (voir chapitre IV), un indice lits-population faible ne signifie pas automatiquement un délai d'attente plus long. Les informations sur ce dernier point sont très rares et de plus, difficiles à exploiter (de nombreuses personnes figurent sur les listes de plusieurs établissements, certains de ces derniers limitent volontairement le nombre d'inscrits, sans parler des décédés non rayés des listes,...). Signalons quand même quelques exemples: dans l'Aude on note 571 personnes en attente pour 2,542 hébergées, ce rapport est de 1,700 sur 9,626 dans le Maine-et-Loire et de 2,800 sur 6,411 en Ile-de-France,... Pratiquement tous les "plan gérontologiques"3 mentionnent un besoin criant de lits pour dépendants et les taux d'occupation très élevés en long séjour (plus de 99%) et en section de cure médicale (plus de 93%) vont bien dans ce sens. "Paris semble particulièrement concerné pour les lits de long séjour. Le bruit court que les personnes âgées restent en moyenne, 18 mois sur liste d'attente. A l'Assistance Publique de Paris on nous a cependant "rassurés" en nous assurant que si la personne acceptait d'aller "n'importe où, même en banlieue", dans un délai de 2 mois, on lui trouvait une place"!6 4. "Les personnes âgéei dans les établissements de soins et d'hébergement", Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés, Paris, 1984,153p. 5. Une circulaire du 7 avril 1982 prévoit le mise en place dans chaque déparlement d'un plan gérontologique: plan descriptif, quantitatif, et prospectif des différents établissements et services concourant a la prise en charge des personnes âgées. 6. DELBES C. ET F. FORETTE. "Les soins de longue durée en institution". Fondation Nationale de Gérontologie, avril 1987. 200 Joëlle G ay mu Tableau VIII.12: Bilan national de la transformation juridique des hospices. - Situation au 1/6/1987 Lit» d'hospice originels Réglons A Trans format Ion en lits de Lits restant á B/A MA 1 sons de sections séjour s¿Jour lits (1) o b t cnust B »édlcale ILE-DE-FRANCE CIIAMI'ACNE-ARDENNES PICAHDIE IIAUTE-NOIIMANDIE CENTRE DASSE-NORMAND1E UOURCOCNE NOHD-PAS-DE-CALAIS LORRAINE ALSACE rHANCIIE-COMTE HAYS CE LA LOIRE BRETAGNE POITOU-CHARENTES AQUITAINE MIDI-l'YRENEES LIMOUSIN RIIONE-ALrES AUVERGNE LANGUEDOC-ROUS5ILLON PHOV.-ALPES-COTE D'AZUR CORSE DOM-TOM TOTAL REGIONS A.P. (Paris) TOTAL ( REGIONS • A.P.) 13982 69<I2 8440 10000 13'i78 8245 9221 10812 8178 3597 4171 14330 14722 6856 9826 835*1 7426 4213 4450 3619 5234 «725 4191 3290 5680 1989 1357 5816 5565 11388 2950 6326 5405 1382 10611 5721 3558 5791 3*79 20652 9328 7314 2435 1444 »133 76 620 672 443 1363 1812 I515 1585 120 517 0 0 0 8635 «•833 267 0 80 0 492 112 0 46 5160 »597 0 0 0 0 60 219 30 2*5 0 0 210 0 116 1026 0 0 0 0 178 96 0 115 190 0 0 0 1392 32.9 30,2 34,4 61,2 55,7 28,8 37,7 65,2 20,4 34,6 57,6 53,7 54|2 47,5 28,0 24,0 39,8 34,0 34,6 35,8 38,5 34,5 100,0 1108 1650 117223 85237 41,6 955 789 911 120 1847 385 709 512 0 0 96 120 3*5 668 1763 2514 1050 IO76 572 2210 I8OI 658 677 49I 681 3276 2399 I929 I600 2812 965 «38 80 158 15 0 191 0 0 8 2097 2901 6115 7505 2371 3474 7047 1667 1245 2404 3739 5911 5838 5609 3522 6256 2155 1702 6532 6833 3522 7044 6301 2093 13668 6047 4699 6946 0 40 218 0 7697 7977 3260 2752 2003 1386 7031 3225 2616 4379 278 40 1392 0 0 0 204985 99339 337*2 15126 9009 1810 1810 7199 0 0 9009 0 0,0 21399* 101149 35552 22325 1108 1650 126232 85237 39.8 Source t DAS - Bureau RV2 B I n f o Das n * 3 4 (1) Ce n o m b r e est I n f é r i e u r au aolde des lit» o r i g i n e l s siolns les l ' a m é l i o r a t i o n des c o n d i t i o n s d ' h é b e r g e m e n t . Carte 3: lits o b t e n u s a p r è s transforsiatlon d u Nombre de lits ou de logements en hébergement et long séjour rapporté à la population de 75 ans et plus (source: RP 82 x 1000). de de de de de FRANCE Source: fait de 62 115 13S 199 228 à \ à à 1 114 134 189 219 268 ÇiSTQH "Les personnes âgées en France. Quelques statistiques", Informations rapides, S ESI, no 125, août 1988. Alors que l'on sait que la population très âgée va croître considérablement dans l'avenir (voir chapitre II) et que, par voie de conséquence, et même si l'incapacité diminue, le nombre de personnes dépendantes va augmenter (voir chapitre VII), ce problème de l'insuffisance des structures d'accueil est un réel sujet d'inquiétude. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 201 L'incohérence de la politique tarifaire est également à l'origine de bon nombre d'hospitalisations dans des lieux inadaptés. En effet, "dans les services hospitalierspsychiatriques, les régimes d assurance maladie supportent intégralement les frais a" un séjourprolongé. Dans les longs séjours et les sections de cure médicale des maisons de retraite et des hospices, les régimes d'assurance maladie ne prennent en charge que les dépenses de soins"1 Compte tenu de cette situation, on ne s'étonnera guère de constater que les taux d'inadéquation soient plus forts dans les services intégralement pris en charge par la Sécurité Sociale. Dans les hôpitaux psychiatriques en particulier les admissions de personnes âgées, pour des motifs purement économiques, sont courantes et, qui plus est, bien souvent l'aboutissement d'un long parcours (court séjour, moyen séjour, long séjour, retour au domicile suite au coût trop lourd en long séjour ', puis à nouveau court séjour,...). En outre, dans les maisons de retraite, lefinancementétant entièrement à lacharge des pensionnaires l'admission est souvent fort sélective en fonction des ressources de ces derniers ou de leurs familles et les délais d'attente bien évidemment fort variables selon les tarifs des établissements. Les informations sur ce demier point sont très parcellaires mais le tableau VIII. 13 nous montre l'extrême variabilité des forfaits journaliers dans les logements-foyers et maisons de retraite sous compétence tarifaire de l'Etat. Dans le privé, le champ des possibles est encore plus large: le "groupement national des établissements privés" qui regroupe une centaine de maisons de retraite dans toute la France, pratiquait, en 1987, un tarif moyen de 10,000 Fpar mois, par exemple. Nulle inquiétude à avoir pour la clientèle dorée de ces établissements mais, quelle est l'accessibilité à une certaine qualité de vie dans la vieillesse, pour la frange intermédiaire et majoritaire des personnes âgées? Sans parler de celles qui n'ont pas les moyens de payer leurs frais d'hébergemenL Elles peuvent certes avoir recours à l'aide sociale (près de 33% des institutionnalisés étaient dans ce cas en 1984) mais sont alors généralement orientées vers des établissements de moindre qualité ou moins bien situés. Tableau VDX13: Forfait journalier d'hébergement dans les logements-foyers et maisons de retraite sous compétence tarifaire de l'Etat, en 1985. Logements-foyers Maisons de retraite - Moyenne 91 F 137 F Minimum 28 F 61 F 1er quartile 50 F 112 F Médiane 93 F 129 F 3e quartile 103 F 151 F Maximum 153 F 304 F Source: "Les soins de longue durée en institution", Rapport pour l'OMS présenté par C. DELBES, et F. FORETTE, Fondation Nationale de Gérontologie, Paris, 1987. En outre, les critères d'admission en hébergement collectif sont souvent arbitraires étant donné qu'il n'y a pas la moindre unanimité autour de la définition des différents degrés d'invalidité. Si en théorie, il n'y a pas de limite au maintien à domicile, dans la pratique le seuil au'-delà duquel une personne âgée ne peut plus rester chez elle dépend d'une multitude de facteurs et, il suffit parfois de peu (notamment l'insuffisance des services de maintien à domicile ou l'absence d'un réseau de solidarité familial ou de voisinage) pour qu'elle soit précipitée dans des structures collectives. De plus, l'absence totale de collaboration' entre les services de soutien à domicile et les institutions d'hébergement (en aval ou en amont) ne facilite pas les choses. Sauf cas exceptionnels, il n'y a pas de concertation entre les structures sanitaires et sociales, aucune préparation à la réinsertion sociale du malade au sortir de l'hôpital, ce qui éviterait pourtant bon nombre de transferts de .structures inadaptées en structures inadaptées,toutà fait dommageable bien évidemment pour la santé psychique du patient. Ajoutons pour terminer qu'en même temps que l'unanimité se faisait en France autour de l'idée du maintien à domicile des personnes âgées, il est pour le moins paradoxal de constater qu'elles perdaient le droit de mourir chez elles. Il y a 20 ans, 2 personnes âgées sur 3 mouraient à leur domicile, aujourd'hui elles ne sont plus que 2 sur 7 environ. Conséquence des multiples incohérences mentionnées précédemment ou plus simplement, conséquence de l'intolérance générale à l'égard de la vieillesse, de l'intolérance de chacun à l'égard de sa propre vieillesse? 7. Tarification et fonctionnement des établissements pour personnes âgées. Ministre des Affaires Sociales et de la Solidarité Nationale Secrétariat d'Etat chargé des personnes âgées, Paris, janvier 1983, 62 p. 8. Actuellement, le forfait hébergement en long séjour est de l'ordre de 300 F par jour.7.Tarification et fonctionnement des établissements pour personnes âgées. Ministre des Affaires Sociales et de la Solidarité Nationale, Secrétariat d'Etat chargé des personnes âgées, Paris, janvier 1983, 62 p. 9. Une circulaire de 1982 prévoyait la création de 500 postes de coordinateurs chargés d'assurer une liaison entre structures sanitaires et sociales mais, faute de financement, bon nombre de ces postes ont disparu. 202 Joëlle Gaymu Au terme de ce bilan de la politique en France, force est de constater que les inadéquations entre services et besoins sont nombreuses. Phénomène lent et insidieux par excellence, le vieillissement démographique semble, depuis peu, sortir de l'ombre. Les problèmes qu'il soulève sont trop souvent posés sur le seul plan financier (autrement dit, l'équilibre des régimes de retraite); s'il n'en sont pas moins réels, ces problèmes tendent quelque peu à occulter les aspects sociaux du phénomène. Outre les incohérences de l'action sociale en faveur des personnes âgées, la croissance de l'isolement, l'exclusion du monde du travail d'individus de plus en plus jeunes et la perte de vitalité démographique de pans entiers de notre territoire semblent parmi les plus cruciaux. Tôt ou tard, ces derniers occuperont aussi le devant de la scène. Le Vieillissement Démographique et Les Personnes Agées en France 203 Indications Bibliographiques Chapitres I et II: Le vieillissement démographique BOURGEOIS PICHAT J.: "Evolution générale de la population française depuis le X Ville siècle" in: POPULATION, no 4, octobre-décembre 1951, pp. 635-663. CALOT G.: "Les perspectives démographiques françaises" in: FUTURIBLES, no 67, juin 1983, pp. 24-30. CHI D.Q. et LABAT J.C.: "Projection de la population totale pour la France: 1985-2040", Paris, INSEE: Collection D, no 113, novembre 1986, 93 p. 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La déformation de la structure par âge C. Sensibilité des résultats aux hypothèses 30 30 31 35 38 38 39 44 Le vieillissement dans l'espace 50 1. La ville et la campagne 2. Les départements 3. Les cantons et les quartiers 50 56 74 Environnement familial et conditions de logement des personnes âgées 83 1. La situation matrimoniale 2. Les modes de vie des personnes âgées 3. Quelques aspects différentiels des modes de vie - le degré d'urbanisation - l'ancienne catégorie socio-professionnelle - la localisation territoriale 4. L'évolution des modes de vie des personnes âgées depuis 1962 - la population des ménages ordinaires - la population des ménages collectifs 5. Réseau parental et relations familiales 6. Les conditions de logement des personnes âgées 83 86 92 92 92 94 99 100 102 104 109 L'activité professionnelle des personnes âgées 114 1. Evolution de la présence des personnes âgées dans le monde du travail A. L'évolution des taux d'activité B. L'évolution de la structure par âge de la population active depuis 1962 C. L'évolution future de la population active et ses conséquences socio-économiques 2. Les spécificités de l'activité professionnelle des travailleurs vieillissants A. Le statut et la durée du travail B. Les catégories socio-professionnelles C. Les secteurs d'activité 114 114 117 119 126 126 127 131 page Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Les revenus et la consommation des personnes âgées 135 1. Les ressources des personnes âgées A. Le montant: quelques aspects différentiels B. L'évolution C. La structure 2. La consommation des personnes âgées A. Incidence de l'âge sur la consommation B. Incidence de la vie en couple sur la consommation 135 135 138 141 144 144 150 La santé des personnes âgées 155 1. Tendances de la mortalité générale A. Quelques aspects de la mortalité différentielle B. La mortalité par cause 2. L'état de santé A. Les consommations médicales B. L'incapacité 155 155 161 167 167 176 La réponse de la collectivité aux besoins des personnes âgées (en guise de conclusion) 186 A. La politique des retraites B. La politique de la vieillesse Indications bibliographiques 186 193 203 Tableaux, Graphiques et Cartes Page Tableaux Tableau 1.1 Tableau 1.2 Tableau 1.3 Tableau 1.4 Tableau 1.5 Tableau 1.6 Tableau 1.7 Tableau 1.8 Tableau 1.9 Tableau 1.10 Tableau 1.11 Tableau II. 1 Tableau II.2 Tableau II.3 Tableau II.4 Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau II.5 II.6 II.7 II.8 II.9 11.10 II. 11 Tableau III.1 Tableau III.2 Tableau NI.3 Tableau III.4 Tableau III.5 Tableau III.6 Tableau III.7 Tableau III.8 Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau IV. 1 IV.2 IV.3 IV.4 IV.5 Tableau IV.6 Tableau IV.7 Tableau IV.8 Tableau IV.9 Tableau IV.10 Proportions de personnes âgées de 65 ans ou plus dans la population totale La population française par grands groupes d'âges â divers recensements Structure par âge de la population française en cas de constance de la fécondité Pourcentages de personnes âgées en 1948 en cas de stationnante et en 1983 Effectifs et proportions de personnes âgées aux divers recensements, selon le sexe et l'âge Bilan démographique de la période 1914-1919 Le vieillissement interne de la population âgée d'après les recensements Table de mortalité: les survivants aux âges élevés, (evolution depuis 1952-1956) Espérances de vie selon le sexe, à divers âges depuis le milieu du 19e siècle Rapports de masculinité aux divers recensements (nombre d'hommes pour 100 femmes) Écarts d'espérance de vie à 60 ans entre les hommes et les femmes, dans quelques pays de l'OCDE 16 16 18 22 23 25 27 28 28 29 Evolution des divers indicateurs de la mortalité Evolution future des effectifs âgés Indices d'évolution future des effectifs de personnes âgées Ecarts dans les évaluations des effectifs de personnes âgées en fonction des hypothèses de mortalité Evolution du vieillissement interne de la population âgée Population totale par groupes d'âges et mouvement de la population Evolution de la structure par grands groupes d'âges de la population totale Quelques indices de déformation de la structure par âge Evolution de l'âge médian Sensibilité des résultats à différentes hypothèses de fécondité et de mortalité Evolution du rapport 0-19 ans +60 et plus/20-59 ans, selon les différentes hypothèses 30 32 33 Evolution depuis 1962 de la structure par âge des populations urbaine et rurale Population des groupes d'âges 0 à 19 ans, 20 à 64 ans et 65 ans et plus, indicateur de fécondité, taux d'urbanisation et durée moyenne de vie par région Taux annuels moyens de migration nette pour groupes d'âges 0-64 ans et 65 ans et plus Structure démographique des régions et départements français au recensement de 1982 Rapport des 65 ans et plus aux moins de 20 ans dans les départements français, au recensement de 1982 Le vieillissement local de la population française de 1962 à 1982. Evolution de la population des ménages ordinaires des unités territoriales selon leur gérité Gérité moyenne, proportion de population des ménages vivant dans une unité territoriale vieillie à moins de 11,6%, ou vieille à 19,6% ou plus. Evolution 1962-1982 au niveau régional Evolutions moyennes des principales caractéristiques démographiques des quartiers selon leur degré de vieillissement en 1962 Répartition des personne âgées selon leur état matrimonial en 1962 et 1982 Evolution du mode d'hébergement d'après les recensements de 1962,1975 et 1982 Mode de vie des personnes âgées non mariées selon l'âge et le sexe en 1982 Proportion d'isolés selon l'âge, le sexe et le type de commune au recensement de 1982 Distribution des personnes ayant 65 ans ou plus selon leur mode de cohabitation, en fonction de l'âge, du sexe et de l'ancienne catégorie socio-professionnelle (recensement de 1982) Evolution des effectifs de personnes âgées selon leur mode de vie Evolution (1962-1982) de la distribution des ménages selon leur taille et l'âge du chef de ménage La population âgée vivant hors ménages ordinaires selon la catégorie de population Répartition de la parenté la plus proche Relations aves les enfants: distribution de la fréquence 29 35 36 40 42 43 44 46 46 52 64 65 71 73 76 77 78 84 87 91 93 93 100 102 103 106 107 Tableau IV.11 Tableau IV.12 Tableau IV.13 Tableau IV. 14 Tableau IV.15 Tableau IV.16 Tableau IV. 17 Tableau IV.18 Tableau IV.19 Tableau IV.20 Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau Tableau V.l V.2 V.3 V.4 V.5 V.6 Tableau Tableau Tableau Tableau V.7 V.8 V.9 V.10 Tableau VI. 1 Tableau VI.2 Tableau VI.3 Tableau VI.4 Tableau VI.5 Tableau VI.6 Tableau VI.7 Tableau VI.8 Tableau VI.9 Tableau VI.10 Tableau VI.l 1 Tableau VI.12 Tableau VI. 13 Tableau VI.14 Tableau VII.1 Tableau VII.2 Tableau VII.3 Tableau VII.4 Nombre mensuel moyen de rencontres avec un membre de la famille selon l'état matrimonial des enquêtes Proportion des enquêtes prenant chaque semaine ou presque un repas en commun avec divers membres de leur famille Proportion des enquêtes ne voyant jamais d'ami selon la catégorie socio-professionnelle Services rendus aux enquêtes de 59 ans par leurs enfants ou petit-enfants ne cohabitant pas avec eux Enquêtes devenus inactifs durant l'enquête: proportion de ceux gardant un petit-enfant au premier et au dernier entretien selon la classe sociale Principales caractéristiques des logements en 1982 selon la composition des ménages âgés Caractéristiques combinées de confort de la résidence principale selon l'âge de la personne de référence, en 1982 Proportions de logements équipés en téléphone selon l'âge du chef de ménage et la catégorie de commune, en 1982 Caractéristiques des résidences principales en 1982, selon l'âge de la personne de référence du ménage Proportions de logements n'ayant pas tout le confort selon l'âge de la personne de référence et la catégorie de commune Evolutions intercensitaires de la population active selon l'âge Evolution de la population active âgée dans les régions françaises Répartition de la population active disponsible par sexe et par groupe d'âge, de 1975 à 2010 Evolution, 1985-2025. du rapport des inactifs aux actifs Distribution des actifs âgés selon leur statut, 1987 Distribution des actifs selon les catégories socio-professionnelles en fonction du sexe et de l'âge en 1982 Les catégories socio-professionnelles les plus vieillies en 1982 Proportion de retraités suivant la catégorie socio-professionnelle et l'âge, en 1982 Actifs, chômeurs et taux de chômage selon l'âge et le sexe en 1982 Evolution (1975-1982) des actifs selon les secteurs d'activité et l'âge Revenu initial par ménage, par personne et par unité de consommation selon la catégorie socio-professionnelle de la personne de référence du ménage, en 1984 Distribution des ressources selon l'âge du chef de foyer et le type de foyer en 1984 Evolution du revenu fiscal moyen par ménage de 1970 à 1979 selon la catégorie socio-professionnelle du chef de ménage Evolution des revenus fiscaux de 1979 à 1984 selon la catégrie socio-professionnelle de la personne de référence du ménage (en francs constants) Evolution depuis 1970 du minimum vieillesse Structure des ressources des foyers fiscaux dont le chef est âgé de plus de 60 ans Taux de remplacement du régime général et des régimes complémentaires à 60 ans (Nouvelle réglementation d'avril 1983). Retraites moyennes perçues (régimes de base et régimes complémentaires), selon le sexe et l'ancienne catégorie socio-professionelle (1984) en France, par an Patrimoine brut moyen selon l'âge du chef de ménage (1980, 3n Francs) Taux de détention de différents éléments d'actifs patrimoniaux (1981) Structure en 1984-1985 et évolution (1979-1985) de la consommation annuelle par unité de consommation, selon l'âge du chef de ménage Equipement en biens durables selon l'âge du chef de ménage en 1984-1985 Comparaison des pratiques de loisirs selon l'âge (chiffres indiquant la proportion d'individus ayant pratiqué une activité au cours des 12 derniers mois), en 1981 Consommation annuelle moyenne selon le type de ménage en 1984-1985 Contribution des divers âges au gain en espérance de vie à la naissance Probabilités de décès entre divers âges suivant la catégorie socio-professionnelle, pour les hommes Quotients de mortalité ajustés à 35 et 55 ans, probabilité de décès entre 35 et 60 ans, suivant la catégorie socio-professionnelle, pour les femmes, période 1975-1980 Probalités de décès entre divers âges, déduites des quotients observés et nombre de décès observés suivant le sexe et le diplôme d'enseignement général, période 1975-1980 107 107 108 108 109 110 111 111 112 113 114 119 121 124 127 128 129 130 131 133 136 137 139 139 141 141 142 143 144 144 145 146 148 151 155 158 159 160 Tableau VILS Tableau VII.6 Tableau VII.7 Tableau VII.7 Tableau VII.8 Tableau VII.9 Tableau VII.10 Tableau Tableau Tableau Tableau VII.l 1 VII. 12 VIL 13 VII.14 Tableau VII.15 Tableau VII.l6 Tableau VIII.1 Tableau VIII.2 Tableau VIII.3 Tableau VIII.4 Tableau VIII.5 Tableau Tableau Tableau Tableau VIII.6 VIII.7 VIII.8 VIII.9 Tableau Tableau Tableau Tableau VIII.10 VIII.l 1 VIII.l 2 VIII. 13 Probalités de décès déduites des quotients observés entre divers âges suivant le sexe et l'état matrimonial, période 1975-1980 Répartition en pourcentage des causes médicales de décès. Taux de mortalité par causes de décès, pour les hommes, taux pour 1 million, période 1950-1978 Taux de mortalité par causes de décès, pour les femmes, taux pour 1 million, période 1950-1978 Les consommation médicales des personnes âgées par type de soins, France 1980-1981 Fréquence des recours aux généralistes et aux spécialistes selon le sexe et l'âge en 1970 et 1980. Taux de croissance annuel Morbidité prévalente selon l'âge. Répartition des maladies et taux pour 100 personnes. France 1980-1981 Evolution de la morbidité prévalente selon l'âge. France 1970-1980 Distribution de l'invalidité selon l'âge et le sexe Proportion d'individus en état d'incapacité, par sexe et âge Taux d'institution, d'incapacité permanente et d'incapicité temporaire par sexe et âge; en France 1980-1982 ' Espérances de vie (E.V.), et espérance de vie sans incapacité {E.V.S.I.), en France, en 1982 par sexe et âge Proportion d'individus en état d'incapacité chez les retraités selon la catégorie socio-professionnelle ancienne 160 162 164 165 169 173 175 176 179 181 181 182 182 Taux de croissance annuels moyens des prestations, des cotisations et des revenus (évolution déflatée de celle des prix) 189 Les prestations sociales reçues par les ménages 190 Conditions d'attribution des retraites (droits directs) pour les groupes socio-professionnels, en 1983 191 Calcul des pensions dans les régimes où elles sont proportionnelles à des émoluments de base 192 Salaire de référence, valeur moyenne du point, taux de rendement en 1982 dans les principaux régimes complémentaires de salariés 192 Evolution des dépenses (en milliards de francs) consacrées à l'aide ménagère 193 Services de soins infirmiers à domicile pour personnes âgées, France entière 195 Evolution des conditions de vie entre le début et la fin de la prise en charge 197 Proportion d'admission des "cas lourds" en service aigu selon leurs conditions de vie en début de prise en charge 197 Capacité d'hébergement pour personnes âgées au 31 décembre 1986 198 Degré d'invalidité et institutions d'hébergement préconisées par les textes 199 Bilan national de la transformation juridique des hospices. - Situation au 1.6.1987 200 Forfait journalier d'hébergement dans les logements - foyers et maisons de retraite sous compétence tarifaire de l'Etat en 1985 201 Graphiques Graphique 1.1 Graphique 1.2 Graphique 1.3 Graphique 1.4 Graphique 1.5 Graphique 1.6 Graphique 1.7 Graphique 1.8 Graphique 1.9 Graphique 1.10 Graphiquel.il Graphique 1.12 Graphique 1.13 Graphique 1.14 Indice de fécondité, quelques pays d'Europe Structure par âge de la population de la France Evolution de la proportion de personnes âgées (60 ans ou plus) en France et dans les pays d'Europe occidentale depuis 1946 Evolution de la proportion de personnes âges (60 ans ou plus) en France et dans les pays d'Europe de l'Est depuis 1946 Evolution de la part de divers groupes d'âges dans la population totale Répartition par grands groupes d'âge de la population française dans deux hypothèses Pyramides des âges en 1745 et en 1985 à fécondité constante et dans la réalité Evolution des pourcentages de différents groupes d'âges entre 1745 et 1985, en cas de constance de la fécondité Proportion de personnes âgées de 65 ou plus et proportion de personnes âgées de 75 ans ou plus, évolution depuis 1931, selon deux hypothèses Evolution du nombre de personnes âgées entre 1948 et 1983 en cas de stationnante en 1948 Etrangers par sexe et âge Répartition de la population étrangère par âge et sexe comparée aux deux dernier recensements Pyramide France, au 1er janvier 1989 Pyramide des âges de la population âgée au recensement de 1982 13 14 15 15 17 19 19 20 21 22 24 25 26 27 Graphique II.l Graphique II.2 Graphique II.3 Graphique II.4 Graphique II.5 Graphique II.6 Graphique II.7 Graphique Graphique Graphique Graphique Graphique III. 1 III.2 III.3 III.4 III.5 Graphique III.6 Graphique III.7 Graphique III.8 Graphique III.9 Graphique III.10 GraphiqueIII.ll Graphique III. 12 Graphique III. 13 Graphique III. 14 Graphique IV. 1 Graphique IV.2 Graphique IV.3 Graphique IV.4 Graphique IV.5 Graphique IV.6 Graphique IV.7 Graphique IV.8 Graphique IV.9 Graphique IV. 10 GraphiqueIV.ll Graphique IV.12 Graphique V.l Graphique V.2 Graphique V.3 Graphique Graphique Graphique Graphique Graphique Graphique Graphique V.4 V.5 V.6 V.7 V.8 V.9 V.10 Graphique V . l l Evolution des effectifs âgés de 1962 à 2040 Pyramides des âges de la population âgée Evolution de la population par grands groupes d'âges Pyramide des âges à divers horizons Age au-delà duquel se situe..% de la population Evolution de la structure par âge de la population selon 2 hypothèses Evolution de la part de divers groupes d'âges dans la population totale, selon plusieurs types d'hypothèses de projection 34 37 39 41 45 47 Distribution des effectifs (en %) selon läge et le type de commune en 1982 Pyramide des âges des populations urbaine et rurale en 1982 SuT-représentation par âge détaillé pour certaines catégories de commune Féminisation de la population âgée selon le type de commune en 1982 Evolution (1962-1982) de la répartition des départements en fonction de leur proportion de moins de 20 ans Evolution (1962-1982) de la répartition des départements, en fonction de leur proportion de 65 ans et plus Poids démographique des quartiers des grandes villes françaises, en fonction de leur proportion de personnes âgées de 65 ans et plus Position des villes en fonction de leur proportion de 65 ans et plus en 1962 et en 1982 Structures comparées des quartiers historiques et des quartiers neufs, en 1975 Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers d'Amiens Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Nice Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Paris Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Bordeaux Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus dans les quartiers de Marseille 51 54 55 56 Evolution (1962-1982) des proportions de mariés selon l'âge Evolution (1962-1982) des proportions de non-mariés selon l'âge Pyramide des âges de la population de 60 ans et plus selon l'état matrimonial (recensement de 1982) Pyramide des âges de la population de 60 ans et plus selon le mode d'hébergement (recensement de 1982) Population masculine par âge selon le mode d'hébergement en 1982 Population féminine par âge selon le mode d'hébergement en 1982 Pyramide des âges des personnes vivant seules selon l'état matrimonial (recensement de 1982) Proportion de personnes vivant seules ou hors ménage parmi les hommes veufs ou célibataires selon l'âge en 1982 Proportion de personnes vivant seules ou hors ménage parmi les femmes veuves ou célibataires selon l'âge en 1982 Evolution du mode d'hébergement des personnes âgées selon l'âge et le sexe, d'après les recensements de 1962, 1975 et 1982 Proportion de chefs de ménage dans la population totale d'âge correspondant Structure de la parenté à divers âges de l'individu 85 85 Taux d'activité économique, suivant l'âge et le sexe en 1954 et en 1987 Taux d'activité des plus de 50 ans Evolution de la distribution de la population âgée selon la situation professionnelle Retraités et préretraités entre 55 et 65 ans Pyramide des âges de la population totale et de la population active Evolution des taux d'activité par sexe et âge, de 1962 à 2010 Répartition de la population active disponsible par groupe d'âge de 1975 à 2010 La souhait de poursuivre son activité au moment du départ Distribution des actifs âgés selon les secteurs d'activité Evolution du volume et de la répartition par sexe et âge de la population française par catégorie d'activité économique Composition par âge de quelques branches d'activité en 1982 49 57 57 78 79 79 80 80 81 82 82 88 88 89 89 90 91 92 99 101 105 115 115 116 117 118 120 122 123 132 132 134 Graphique VI. 1 Graphique VI.2 Graphique VI.3 Pyramide des âges des bénéficiaires du Fonds National de Solidarité Les facteurs de disparités de revenus des personnes âgées Evolution comparée de l'AVTS, du FNS, du mininum vieillesse, du SMIC, des prix, du taux de revalorisation des pensions (base 100 en 1970) Evolution (1975-1985) des taux de départ en vacances selon l'âge Dépenses d'un couple dont le chef a 65 ans ou plus par rapport à celles d'un isolé du même âge, 1984-1985 Taux d'équipement des personnes âgées de 65 ans ou plus selon qu'elles vivent seules ou en couple, en 1985 138 138 156 Graphique VII.9 Graphique VII.10 GraphiqueVII.il Graphique VII. 12 Graphique VII.13 Graphique VII.14 Graphique VII.15 Graphique VII. 16 Vies épargnées par la baisse de la mortalité Surmortalité masculine selon l'âge en France (1977-1981), Angleterre-Galles (1983), Italie (1977-1979), RFA (1980-1982), Suède (1979-1983) Espérance de vie à 35 ans et à 60 ans pour les hommes Ages auxquels 10%, 25%, 50% et 75% des survivants à 35 ans sont décédés, suivant la catégorie socio-professionnelle, pour les hommes, période 1955-1979 Probabilité de décéder entre 35 et 60 ans des femmes ayant un conjoint suivant la situation de la femme et la catégorie socio-professionnelle du conjoint (période 1975-1980) Surmortalité masculine adulte Taux de mortalité en 1977-1978, en pourcentages, de leurs valeurs en 1950-1952 Evolution de la mortalité masculine entre 45 et 54 ans selon la cause du décès, et suivant la catégorie socio-professionnelle entre les périodes 1956-1960 et 1975-1980 Depenses médicales par personne (en 12 semaines) selon l'âge et le sexe (France 1980) Séances de médecins, dentistes et autres selon l'âge Evolution du recours aux soins selon l'âge et la nature des soins. France 1970-1980 Evolution des dépenses par personne selon l'âge et la nature des soins. France 1970-1980 Invalidité en fonction de l'âge, selon le sexe Invalidité moyenne selon l'âge et l'état matrimonial (hommes et femmes) Invalidité moyenne selon l'âge, le sexe et le niveau d'instruction Evolution de l'invalidité moyenne en 15 ans selon l'âge en région parisienne, 1965-1980 Graphique Graphique Graphique Graphique Prestations et revenu primaire des ménages (évolution déflatée par l'indice des prix de détail) 188 Evolution des différentes prestations (déflatée par l'indice des prix de détail) 189 Evolution du nombre de bénéficiaires de l'aide ménagère 194 Répartition des personnes prises en charge selon le sexe, l'âge et l'état de santé 196 Graphique VI.4 Graphique VI.5 Graphique VI.6 Graphique VII. 1 Graphique VII.2 Graphique VII.3 Graphique VII.4 Graphique VII.5 Graphique VII.6 Graphique VII.7 Graphique VII.8 VIII. 1 VIII.2 VIII.3 VIII.4 140 149 152 153 157 157 158 159 163 166 167 168 171 174 174 178 183 184 185 Cartes Chapitre 3 Cartel:Carte 2: Carte 3: Carte 4: Carte 5: Carte 6: Carte 7: Carte 8: Carte 9: Proportion de moins de 20 ans et de 65 ans et plus en 1962 Proportion de moins de 20 ans et de 65 ans et plus en 1982 Indice de sur-représentation des groupes d'âge par région Somme des naissances réduites (niveaux relatifs ou absolus) dans les départements français à diverses dates Immigration et émigration par région et par groupes d'âges entre 1975 et 1982 Durée moyenne de vie selon le sexe dans les departments français en 1981-1993 Localisation des personnes âgées de 75 ans et plus Evolution intercensitaire (1975-1982) des populations totales, jeunes et âgées Vieillissement cantonal rural: aire centrale continue vieillie à 20% ou plus Chapitre 4 Cartel: Carte 2: Carte 3: Carte 4: Carte 5: Carte 6: Proportion d'hommes âgés de 75 ans et plus vivant seuls Proportion de femmes âgées de 75 ans et plus vivant seules " Propension à vivre seules des femmes non mariées de 75 ans et plus en 1975 Propension à vivre seules des femmes non mariées de 75 ans et plus en 1982 Proportions de femmes non mariées vivant dans des établissements sanitaires ou sociaux en 1982 Proportion des isolés et mal logés dans la population âgée de 65 ans ou plus en 1982 59 60 61 63 66 67 68 70 75 94 95 96 97 98 113 Chapitre 8 Caite 1 : Pourcentage de bénéficaires de l'aide ménagère (régime général) par rapport aux retraités résidant dans chaque department Carte 2: Repartition départementale des services de soins à domicile au 30 juin 1984. Nombre de places installées pour 1,000 personnes de 75 ans et plus Carte 3: Nombre de lits ou de logements en hébergement et long séjour rapporté à la population de 75 ans et plus 194 195 200 Historique de IONIA: Le Plan d'Action International sur le Vieillissement adopté en 1982 a Vienne par l'Assemblée Mondiale sur le Vieillissement et entériné par l'Assemblée Générale des Nations Unies dans sa résolution 37/51, préconise, entre autres, la promotion et l'encouragement des instituts de formation pratique, qui devront servir de centre d'échange d'informations entre les pays Industrialisé« et les pays en voie de développement. En septembre 1985, le Gouvernement de Malte a proposé au Secrétaire Général des Nations Unies de créer à Malte l'Institut International sur le Vieillissement, en harmonie avec l'esprit et les objectifs de ce plan. Les Nattons Unies ont réagi favorablement a cette Initiative de Malte et ont mené une étude de faisabilité, qwl • ensolte été examinée par un groupe d'experts in ter-gouvernementaux, lequel a préconisé ta création d'un Institut International à Malte. Par suite, le Conseil Economique et Social des Nations Unies a recommandé au Secrétaire Général, dans sa résolution 1987/41, ta création de l'Institut International sur le Vieillissement ou INIA (International Institut on Aging). Le Secrétaire Général a accueilli positivement cette résolution et a accepté que le gouvernement de Malte remplisse le rôle d'hôte de l'Institut. Le 9 octobre 1987, les Nations Unies ont signé une convention officie Ile avec le gouvernement de Malte afin de définir le sta tutde l'Institut International comme celui d'un organisme autonome placé sous l'auspice des Nations Unies. L'Institut a été inauguré le 15 avril 1988 par le Secrétaire Général des Nations Unies, Son Excellence, M. Javier Pérez de Cuéllar. L'IMA publie la revue trlsmestrlelle de gérontologie BOLD, ainsi que les documents et recommandations des réunions d'experts qu'il organise. Historique du CICRED: Le CICRED (Comité In terna tionalde Coopération dans les recherches Nationales en Démographie) a été créé a la suite d'une rencontre des directeurs d'instituts nationaux de recherche en démographie, organisée a Lyon (France) du 3 au 11 Juin 1971 par la Division de U Population du Secrétariat des Nations Unies. A cette époque, les Nations Unies préparaient la Conférence Mondiale sur la Population prévue pour 1974, et la Division de la Population cherchait un moyen d'établir une forme de lien avec la communauté mondiale des instituts nationaux dé recherche en démographie. En outre, un certain nombre de participants ont souligné, au cours de la rencontre de Lyon, la nécessité d'apporter une aide aux instituts de recherche nationaux et de développer la collaboration entre eux. Le CICRED est une association a but non lucratif, ayant pour membres environ 330 centres de recherche en démographie. Le FNUAP (Fonds des Nations Unies pour la Population) et le Gouvernement Français participent ensemble à son budget. Les activités du CICRED couvrent actuellement les domaines suivants : (I) conservation, restitution et échange des documents relatifs à la démographie, (II) promotion de la collaboration inter-organlsmes pour la recherche en démographie, (ill) évaluation des potentialités de la recherche démographique. Le CICRED publie la revue trimestrielle Revue des Revues Démographiques, ainsi que plusieurs ouvrages rendant compte des résultats des divers projets de recherche collaborative, 1 Centre de Recherche Internationale du Bureau Américain du Recensement 2 Institut National Américain sur le vieillissement 3 Agence Américaine pour le Développement interutlonaJ La collaboration du CICRED et de TIMA pour la publication de cette série de monographies nationales souligne une vocation commune de diffusion de l'information ISBN 92-9103-020-1