le plaisir d `écrire
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le plaisir d `écrire
re le d ’é sir plai c ri Alsace 2013 1 Ma ville, instants... plai re d ’é sir le Le plaisir d’écrire c ri Cet ouvrage a pu être réalisé grâce à la participation de 385 participants qui, apprenant la langue française ou découvrant le plaisir d’écrire, nous ont fait part de ces textes écrits pour la plupart dans le cadre d’ateliers d’écriture en Alsace. Ce recueil rassemble 360 textes. Il ne saurait exister sans la contribution des formateurs, animateurs d’ateliers, éducateurs et autres passeurs de mots qui, convaincus de l’importance de l’écrit et soucieux de la parole d’autrui, ont accompagné la rédaction de ces textes. Nous remercions tous les partenaires investis dans ce projet et tout particulièrement ceux qui ont pu apporter leur soutien financier à cette action : Les services de l’Etat : La Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi d’Alsace - DIRECCTE La Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports, et de la Cohésion Sociale d’Alsace - DRJSCS La Direction Départementale de la Cohésion Sociale du Bas-Rhin - DDCS 67 L’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des Chances - Acsé La Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Alsace - DRAC Les collectivités : La Région Alsace Le Conseil Général du Bas-Rhin La Ville de Strasbourg Les partenaires privés : La Fondation d’entreprise La Poste Et tous ceux qui se sont investis en contribuant par un appui humain et logistique à la réalisation de ce projet : La Filature, scène nationale de Mulhouse Le Musée Unterlinden de Colmar Les médiathèques de Strasbourg et la bibliothèque Grand Rue de Mulhouse Le service éducatif des musées de Strasbourg L’Atelier Urbain de la Ville de Strasbourg L’association Tôt ou t’Art Nos remerciements s’adressent également à toutes les personnes impliquées à un moment ou à un autre dans l’organisation des différentes étapes du projet « Plaisir d’Ecrire » : bénévoles, formateurs, animateurs, éducateurs, écrivains, artistes, journalistes, chargés de projets, institutionnels, membres du comité de lecture régional ainsi qu’à toutes les institutions, entreprises et structures soutenant ce projet. le plaisir d’écrire / alsace 2013 sommaire Introduction Plaisir d’écrire Ma ville, instants… 8 11 Témoignages Avant-propos14 Le monde est une feuille blanche… 16 18 La parole naît Ecrire collectivement ou dans un collectif ? 19 Ma vie les lundis après-midi… 23 Textes individuels 27 Textes collectifs 289 Annexes Index alphabétique 326 Textes « coups de cœur » 333 Comité de lecture 334 Organismes participants et animateurs 336 Remerciements340 Contacts342 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Voilà un titre qui, depuis 1998, recouvre une belle aventure, une belle mission du CRAPT-CARRLI : contribuer à ouvrir l’accès à l’écrit au plus grand nombre, en particulier à celles et ceux qui sont encore exclus de la pratique, de la maîtrise et du plaisir de lire et d’écrire. introduction Plaisir d’écrire Plaisir et aussi élémentaire nécessité, pour ne pas être exclu des échanges personnels, familiaux, sociaux et professionnels. Et dans le processus d’apprentissage, plaisir des enrichissements mutuels qu’apportent les multiples activités proposées par les ateliers d’écriture pour susciter expression individuelle et échanges collectifs autour du thème proposé en 2013 : « Ma ville, instants… » Plaisir d’oser exprimer des souvenirs, des impressions et des envies, de devenir ainsi auteur et d’être publié dans ce recueil. Que vous soyez lecteur de cet ouvrage, participant aux ateliers d’écriture ou partenaire de cette opération, soyez chaleureusement remerciés ici pour votre précieux soutien à cette action. Didier LEFEBVRE Délégué académique à la formation continue Directeur du GIP FCIP Alsace 8 le plaisir d’écrire / alsace 2013 9 présentation du projet “ plaisir d’écrire ” “ MA VILLE, INSTANTS... ” Depuis 1998, le centre de ressources CRAPT-CARRLI1 coordonne et organise le « Plaisir d’écrire » en collaboration avec des structures et des associations travaillant dans le domaine de la formation linguistique, des savoirs de base et de l’insertion sociale et professionnelle (associations de quartier, centres socioculturels, organismes de formation, structures du handicap, service éducation des maisons d’arrêt, foyers d’accueil de jeunes adultes, hôpitaux de jour…). L’objectif du Plaisir d’Ecrire est de soutenir les pratiques d’écriture, de lecture et d’apprentissage de la langue française pour tous. Pour cela, un concours d’écriture est proposé chaque année avec une thématique d’écriture, un appel à textes, l’organisation d’un comité de lecture, la publication de l’ensemble des productions et la mise en voix des « coups de cœur » lors de la cérémonie régionale. D’autres actions et animations sont également proposées tout au long de l’année pour promouvoir le vivre ensemble, favoriser la rencontre de l’autre et développer l’accès à la culture pour tous. L’année 2013 a été jalonnée de nombreux temps forts : - lancement du Plaisir d’Ecrire au musée Unterlinden de Colmar - ateliers d’écriture au Musée historique de Strasbourg - rencontres avec Martin Adamiec, poète et comédien - a nimations sur les marchés de Strasbourg et à la médiathèque Malraux pendant la Semaine de la langue française - participation à la Journée départementale de la lecture publique - exposition du Plaisir d’Ecrire au lycée des Métiers du Bâtiment à Cernay - participation aux Rencontres de la diversité de Mulhouse Le Plaisir d’Ecrire, c’est aussi l’occasion pour les acteurs de terrain d’être accompagnés dans leur travail et de se professionnaliser tout au long de la vie. Dans ce cadre, le CRAPT-CARRLI propose des formations à l’animation d’ateliers d’écriture, des échanges de pratiques autour de techniques d’animation, des conseils et une mise à disposition de ressources et d’outils. L’équipe du CRAPT-CARRLI « Dans la rue, tout me semble écrit. La ville est une architecture d’écriture », notait Le Clézio dans un de ses romans. Lieu symbole de l’écrit tout autant que de la vie extérieure, la ville est par essence un des endroits les plus fascinants et les plus familiers de notre société. La ville, notion multiple et foisonnante ! Ville en tant qu’espace public où sont partagées des valeurs comme la tolérance et le respect de l’autre ; ville de notre monde globalisé et métissé qui pose les problématiques de l’émigration et de l’intégration ; ville de la découverte culturelle, historique et sociale des quartiers ; ville pour interroger son empreinte individuelle dans son lieu de vie ; ville tentaculaire et vivante de notre imaginaire collectif… La thématique du Plaisir d’Ecrire 2013 « Ma ville, instants… » était riche de réflexions et d’angles d’écriture. Les écrivants se sont appropriés ce thème pour nous transmettre une partie de leur vécu, de leurs expériences personnelles, raconter une anecdote, une scène observée, décrire un itinéraire, des rêves, des souvenirs, évoquer un lieu, une atmosphère, des envies… La ville dans leurs mots est représentée d’instants, de fragments, d’images… passer de l’image à l’idée, de l’idée à l’image… Au fil des ateliers d’écriture, chacun a pu jouer avec la langue, la manipuler, jongler avec son texte, ajouter, retrancher, réorienter, changer de cap… se perdre, se retrouver, construire son identité, cela aussi fait partie du travail d’écriture ! Et parce que « écrire permet d’affronter le plus de largeur possible du réel », ce thème a aussi été le prétexte pour emmener les groupes d’écrivants au dehors de la structure. Faire écrire à l’extérieur, repousser les murs, sortir, aller vers… Aller audelà de ce qu’on connaît déjà, de ce qui est habituel, familier, routinier. Aller vers… là-bas, l’inconnu, les autres, la vie représentée par son foisonnement, la multiplicité des espaces, des perceptions, des sensations… Des bruits… Bruits de la ville : circulation, vacarme, interpellations, rumeurs, silences inaudibles, murmures… Le lien avec le slam, art oratoire et urbain par excellence, était tout trouvé. L’oralité a donc été une dynamique de travail constante cette année : atelier slam avec June, formation « Dire-Lire-Ecrire » de Martin Adamiec, rencontres préparatoires à la mise en voix des textes entre U-Bic et les lauréats volontaires. En effet, comme le slam est aussi synonyme de scène ouverte, nous avons souhaité donner la parole à un plus grand nombre et inviter les lauréats à monter sur le plateau de la Filature pour dire leur texte lors de la cérémonie de clôture. Challenge personnel à relever pour se représenter en public, déclamer son poème, dépasser ses limites et aller vers… plus de créativité, de courage, de force, de reconnaissance de son travail, de reconnaissance de soi. A l’image de cette année basée sur le rythme et le partage, nous souhaitons que le flot du Plaisir d’Ecrire vous entraîne une fois encore vers de belles découvertes. 1. Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique / Centre d’Appui et de Ressources Régional de Lutte contre l’Illettrisme d’Alsace 10 le plaisir d’écrire / alsace 2013 * Gaston Miron introduction La ville au fil des mots Patricia Lejeune Coordinatrice du Plaisir d’Ecrire 11 témoignages témoignages 12 le plaisir d’écrire / alsace 2013 13 Le but de tout État démocratique est d’assurer les conditions nécessaires au bonheur et à l’épanouissement des individus, de susciter l’affirmation des talents et du mérite de chacun. Il n’est pas de vocation plus noble pour un État démocratique que celle de permettre la vie sereine des citoyens au sein de la collectivité. Nous l’affirmons, cela passe par la possibilité donnée équitablement à tous d’accéder aux éléments fondamentaux de la culture que nous partageons au quotidien : les récits mythologiques du monde entier, l’histoire, les courants de pensée philosophique et religieuse, les arts, etc. C’est là, d’une part, le ciment le plus durable de l’existence d’une communauté européenne, c’est là, d’autre part, la fondation la plus solide de la construction commune de l’avenir. Car la société n’existe que parce qu’elle se partage. Mais pour partager, encore faut-il que nous ayons pu, tous, recevoir le bagage culturel qui suscite le dialogue. Or, cela ne surprendra malheureusement pas, les inégalités en la matière continuent de se creuser toujours davantage en 2013. Ce constat, bien qu’extrêmement sombre, ne doit néanmoins pas entamer la détermination de rétablir une situation dans laquelle chacun, quelle que soit l’origine sociale, puisse bénéficier réellement d’une chance de s’accomplir. Aussi le ministère de la Culture et de la Communication, engagé dans cette démarche depuis sa création, a-t-il voulu affirmer plus fortement encore son engagement pour l’éducation artistique et culturelle à l’heure où les écarts deviennent béants. Aucun effort ne saurait dès lors être épargné pour permettre à l’art, à la culture et au savoir de parvenir jusqu’aux individus, sans distinction de leur localisation, de leur condition économique ou de leur âge. témoignages AVANT-PROPOS Et de fait, l’écrit, l’écriture, la lecture sont la porte d’entrée à ce bagage commun. L’action Plaisir d’écrire, entreprise par le CRAPT-CARRLI, s’inscrit pleinement dans l’ambition du ministère de la Culture et de la Communication en offrant aux participants la possibilité de se saisir de l’écrit. Nous saluons sincèrement l’occasion qui est donnée aux participants d’un moment d’intériorité pour mieux faire émerger, partager et transmettre la richesse qui est la leur. Les surprises sont d’ailleurs nombreuses à la lecture des textes produits et leur grande qualité, voire, pour certains, leur talent, démontre que l’art et la culture appartiennent à tous. Alain HAUSS Directeur régional des affaires culturelles d’Alsace 14 le plaisir d’écrire / alsace 2013 15 C’est un honneur d’être le parrain de cette édition du Plaisir d’Ecrire… J’imagine un parrain qui se porterait garant en cas de page blanche. J’écris peu, peu chaque jour, et je relis à voix haute, chaque jour, le peu de la veille… Mais je veille chaque jour à écrire avec les êtres, les arbres, les murs et les soucis que je partage avec tout le monde. Le monde est une feuille blanche qui s’écrit chaque jour J’épelle le monde chaque jour, je le brouillonne, je le bégaie… C’est le monde qui m’écrit… Moi je viens après, avec mon écriture, qui garde une trace des évènements. C’est un pacte entre le monde et moi… Le monde est imparfait, l’écriture aussi. Lire aussi me lie au monde, au destin des hommes... L’écriture est d’abord verbale… Tout ce qui me parvient des bruits du monde et de mon monde intérieur, si bavard, en toutes les langues, sur tous les tons… Je veille au dialogue entre orature et écriture. Plaisir d’écrire pour soi, pour se prendre en mains, pour tendre la main, mais cela ne suffit pas… 16 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Lire aussi me lie au monde, au destin des hommes… Les livres m’éclairent sur les êtres, les arbres, les amours et les guerres… Et lire à voix haute a libéré les mots des livres… Ils me délivrent de la peur d’écrire, puisque tous les mots du monde pourraient être les miens… Ils me délivrent des mots qu’à mon tour j’écris. J’écris ainsi un peu mieux chaque jour. écriture, orature, lecture procèdent du même vol à l’infini du quotidien témoignages Le monde est une feuille blanche... Les mots, les phrases sont mon patrimoine… sans frontières… sans barrière de langue… Je ne suis plus un sans-papier. Je ne peux plus effacer ce qui est écrit, ni m’effacer… J’écris peu, j’écris par petites gorgées, pour me vêtir, m’amadouer, être à l’endroit des failles où tremble la terre, sur la ligne de partage des eaux, au creux des lignes de la main. Ecriture, orature, lecture procèdent du même vol à l’infini du quotidien. Parrain donc, j’ai parlé d’écriture dans des ateliers d’écriture. A la prison de l’Elsau un détenu m’a demandé « De quoi le poète a-t-il peur ? » Une question qui m’a laissé sans voix, question jamais posée auparavant, ni rencontrée dans aucun écrit, et ce détenu me l’a posée… Je lui réponds aujourd’hui… Peur d’une écriture contrainte, sans projet d’évasion, au goût amer de la défaite. Martin Adamiec Acteur, écrivain 17 Écrire collectivement ou dans un collectif ? Ils écrivent… en silence. Ils écoutent leurs bruits intérieurs, Et scrutent le mot qui passe. Ils l’attrapent, le serrent contre leur plume. Et puis un autre… Bientôt le fil s’écoule. Le poème prend forme. Ils agissent sur le monde, Le façonnent aux couleurs de leurs vies. Et puis… Une voix… Bientôt deux, puis trois… La parole naît dans le tressaillement, Du fond des entrailles. La parole naît. Le poème trouve son sens, Au creux des oreilles attentives du public. Soulagement et sourires. Le plaisir d’écrire, Le plaisir de dire. « L’écrivain productif observe l’écrivain tourmenté tandis que celui-ci s’assied à sa table, se ronge les ongles, se gratte, déchire une feuille, se lève pour aller à la cuisine et s’y préparer un café, puis un thé, puis une camomille, lit un poème de Hölderlin (bien qu’il soit clair qu’Hölderlin n’a aucun rapport avec ce qu’il est en train d’écrire), recopie une page déjà écrite et puis la barre ligne après ligne, téléphone à… » témoignages Odette et Michel Neumayer1 Italo Calvino « Si par une nuit d’hiver un voyageur… » LA PAROLE NA T Lucie Rivaillé (U-bic) Non, cher lecteur, vous n’êtes pas, contrairement à l’écrivain tourmenté de Calvino, devant votre table ou votre écran, votre page désespérément blanche. Vous ne vous demandez plus comment démarrer. Vous savez en effet, car vous tenez en main cet ouvrage « Plaisir d’écrire », qu’il existe bien des manières de débuter un texte et que les ateliers d’écriture ont fait la preuve, aujourd’hui, que l’écriture est accessible à tous. Vous subodorez qu’une écriture collective est l’une des voies royales pour partager l’écriture. Mais vous vous demandez : sous quelle forme ? .. /.. 18 le plaisir d’écrire / alsace 2013 1. «Animer un atelier d’écriture – Faire de l’écriture un bien partagé» Odette et Michel Neumayer. ESF 2003. 19 Un des plaisirs de l’atelier est de partir ensemble, avant même qu’un projet ne se dessine, à la recherche de mots, de quantité de mots. Car c’est avec des mots qu’on écrit… les idées viennent ensuite, presque par surprise. Cela peut se pratiquer à partir d’une question, d’un thème, d’un événement. Cela donne lieu à toutes sortes d’écritures qui se croisent, s’interpellent, se débordent. Nous l’avons pratiqué autour de la « Journée de la femme ». Cela s’appelle « écriture effervescente ». Un autre plaisir est de se laisser porter par les consignes. Chaque proposition reçue et mise en œuvre, c’est la promesse de découvrir, au moment de la lecture des textes produits, comment chacun dans le groupe l’a interprétée, de quelle inventivité il ou elle a fait preuve. Entre pertinence et impertinence, c’est là un trésor qui ne demande qu’à être approprié. Cela s’appelle partager les trouvailles. Mais un atelier, ce sont aussi des découvertes d’un autre ordre : réaliser, chacun de son côté, une production plastique ; écrire un texte personnel à partir d’un endroit de cette production ; échanger les productions entre participants puis écrire, à partir d’un endroit de la production reçue, un texte qui sera offert à l’autre ; marier les deux productions en une série de haïkus rehaussés de fragments plastiques. Entre écriture et arts plastiques, cela s’appelle prendre l’option d’autrui. C’est encore partir sur les pas d’un photographe de presse (le personnage a réellement existé, il s’appelle Weegee1) et se mettre à produire, au sein de mini-collectifs, sur la base d’un accord minimal, des unes de journaux à sensation ; commenter les photos ; imaginer les faits avec force détails ; formuler des hypothèses ; mettre tout cela en page et, d’édition en édition, faire tout ce qu’il faut pour tenir le lecteur en haleine, à partir de « faits divers » totalement inventés, plus vrais que vrais ! Cela s’appelle tenir, à plusieurs, un projet d’écriture en temps limité. Au fil des découvertes, se dessine l’idée qu’écrire à plusieurs est une affaire passionnante qui demande patience, confiance en soi et en l’autre, non-jugement. Loin de se réduire au fait de tenir à plusieurs le même stylo, il s’agit de se former à échanger, à négocier, à coopérer ; à entrer dans la logique de l’autre, à en comprendre les mobiles et les motifs ; à faire un voyage ensemble entre entraide et affirmation progressive de soi. Se dessine l’idée que la création sert à penser ensemble ; à naviguer à travers l’espace et le temps ; à faire société. témoignages Sachez qu’il y a bien des manières de la pratiquer. En voici plusieurs, tirées d’une expérience vécue au Crapt-Carrli de Strasbourg en février 2013, à l’occasion d’une formation que nous avons animée sur le thème de « l’écriture collective ». Personne n’écrit jamais seul. Tout écrivant, tout écrivain, est entouré de présents et d’absents, de modèles à imiter et à dépasser, de normes qui, certes, construisent l’écriture mais dont il faut aussi apprendre à s’émanciper. Tout auteur dialogue avec son lecteur et accepte le pari que le texte vole finalement de ses propres ailes. Voilà l’humain à l’œuvre, au sein de micro-sociétés où l’autre devient essentiel. Wozu Dichter in so dürftiger Zeit ?2 demande le poète. Par les temps de doutes et de crises, les quelques avancées évoquées ici devraient nous rassurer et nous réjouir ! Carnoux, le 23 mai 2013 Odette et Michel Neumayer 20 le plaisir d’écrire / alsace 2013 1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Weegee 2. « A quoi bon des poètes en des temps de disette » Friedrich Hölderlin. 21 Ma vie les lundis après-midi à l’Atelier “ Savoirs de Base ” témoignages Lundi 29 avril 2013 L’absence de ma collègue m’oblige à improviser. J’aime cela, trouver une solution, vaincre les difficultés, découvrir des nouveautés : Qu’est-ce qui pourrait rassembler Nawal et Souad analphabètes, Françoise, Mina et Candan, nos lectrices en devenir ? L’esprit travaille ! Mon regard se pose sur « Le Plaisir d’écrire » 2012, sa couverture rose est attrayante ! Je feuillette : Quel texte pourrait attirer l’attention du groupe ? Je retiens : « Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? » à la page 80. J’allume le photocopieur, y aura-t-il assez d’encre ?! Oui, les 5 copies sortent… Nous sommes chacune devant cette feuille. Je « sens », lis dans la tête de chacune : ce paquet de lignes, de lettres… ??? Je me dis : Est-ce que cela va les intéresser ? Que puis-je faire ? Je n’ai même pas pris le temps de le lire moi-même ! Je fais confiance à… l’équipe du CRAPT-CARRLI ! Allons-y ! .. /.. 22 le plaisir d’écrire / alsace 2013 23 - Qui a écrit ce texte ? - Des réponses fausses : le plaisir d’écrire - Noëlle - Où habite–t-elle ? - A l’hôpital de jour -O ui et non, c’est là-bas qu’elle participe à l’atelier d’écriture comme nous à Hélios - Je sais ce que c’est l’hôpital de jour - Oui moi aussi - Donc, où habite Noëlle ? - à Molsheim - Quel titre a-t-elle donné à son texte ? - Pourquoi… - Pourquoi ? -… - Est-ce que vous entendez souvent ce mot ? - Oui, les enfants ! Je n’arrive pas à retranscrire tout ce qui a été échangé durant la lecture du texte, phrase après phrase ! Je le regrette ! J’ai sorti le dictionnaire français/turc pour Candan, car je savais, mais là, je découvre encore plus fortement, qu’elle ne maîtrise que très peu de vocabulaire. Je cherche chaque mot important, je lui montre et essaye de prononcer le mot en turc, ce qui déclenche ses rires puis ceux de toutes ! Je sollicite Françoise pour me seconder à éclairer les mots nouveaux. A Souad qui maîtrise mieux le français, je demande de traduire à Nawal, je veux être certaine de la bonne compréhension du vocabulaire. Le fait de procéder à ces recherches dans le dictionnaire nous a permis de réfléchir à ces mots : Les rêves / les humains / la reconnaissance / la joie / la tristesse / guérir / le cours de l’eau / apprécier / prendre l’air / l’été (les saisons) / main dans la main (« chez nous on ne fait pas ça… l’homme et la femme… ») discussions entre amis / maintenant et demain / attirés / les bulles de savon / rigoler / la piscine / la fratrie (« oh que oui on a parfois du mal à se comprendre !!!! »). 24 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Evidemment je ne me suis pas contentée de faire lire, mais… je les ai invitées à écrire, elles-aussi, un « Pourquoi ? » Toujours ce moment d’hésitation, que je lis dans leurs regards : Je ne sais rien, je n’en suis pas capable, je n’ai pas d’idées (cela est souvent exprimé par Françoise). Et c’est justement, Françoise qui a lancé la première : - Pourquoi y a-t-il la guerre ? Mina a affirmé : - Pourquoi mes enfants sont loin ? Souad : - Pourquoi il pleut toujours ? Nawal, tes mots isolés disent ceci : - Pourquoi je suis venue en France ? Et Candan, tu as réussi à dire : - Pourquoi je ne peux pas parler le français ? témoignages Magie de l’écriture ! Cette séance, j’ai DÛ la transcrire. Ce que ces femmes ont découvert grâce au texte de Noëlle, ce qu’elles ont osé dire à sa suite, c’est… ? Candan, depuis des mois, je m’interroge sur tes difficultés à parler le français : POURQUOI ne peux-tu pas progresser davantage ? Et là, aujourd’hui, c’est toi-même qui l’affirmes et t’interroges ! Est-ce que ce sera le début de tes progrès ? Mina, tes enfants ! Tu fais tellement d’efforts pour progresser, devenir autonome, sortir de ta maladie ! Nawal ! Tu t’es mariée et tu es venue en France, tu t’es éloignée de ta famille et tu découvres la vie ici… Si difficile ! Tu es seule, isolée… Et la présence de Françoise et Souad qui vivent avec moins de soucis, par vos « Pourquoi » plus courants, vous avez atténué les chagrins. Merci ! Voilà… Ma richesse de ce lundi 29 avril 2013. Françoise Grailhe Hélios 25 textes individuels textes individuels 26 le plaisir d’écrire / alsace 2013 27 Vous avez remarqué ? On ne dit pas : « Je meurs d’espoir ! » Mais on peut dire : « Je meurs de soif ! » Ma ville à moi, ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue. Et saches que tu me manques beaucoup, ton visage me manque le plus. Ça fait longtemps que je ne me suis pas promenée dans tes rues, et je n’ai pas senti ton odeur. Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vue grandir et élargir ton espace. Ça fait longtemps que je ne vois plus comment les gens vivent en toi, comment ils te font confiance, et comment ils te traitent. J’ai tant besoin de revoir tout ça ! Je ne peux même pas voir comment tes enfants grandissent et deviennent des adultes, et comment ils sont fiers d’être là dans tes bras. Depuis longtemps mon âme est avec toi, mes pensées sont à toi, mais malheureusement, physiquement je ne suis pas là. Je me rappelle toutes mes années dans tes bras. L’amour que tu as pour moi me manque. J’ai envie de revivre et ressentir tout ça. Je veux revenir et rester chez toi, revivre dans une de tes rues, me promener dans tes parcs, revoir ta beauté. Mais malheureusement c’est impossible… Dans notre vie, beaucoup de gens Continuent de vivre sans s’apercevoir Qu’ils sont « morts ! » Vivre, ce n’est pas seulement Respirer, bouger, se lever, travailler, Et aller chercher de l’argent à la banque ! Meurs de soif... Lola A. Trampoline, Molsheim Vivre, c’est la famille, nos racines ! Vivre, c’est sentir notre rythme, Notre équilibre Et l’harmonie entre l’homme et la nature ! Vivre, c’est savourer l’instant présent, Etre en vie ! textes individuels MA VILLE a Hélas ! L’Homme mélange tout ! Même s’il a vécu des milliards et des milliards d’instants, Pour lui, c’est comme s’il ne s’était rien passé ! Alors, il se pose la question : « C’est ça la vie ? » C’est vrai ! On a toujours soif ! On pourrait mourir de soif Mais on ne meurt pas d’espoir ! Notre vie nous appartient… Elena A. CDAFAL 68, Mulhouse 28 le plaisir d’écrire / alsace 2013 L’homme saura-t-il enfin Profiter de l’instant présent Et le savourer ? 29 Strasbourg est une ville qui ne cesse de s’étendre, de plus en plus de lignes de tram ce qui rend les déplacements plus rapides. Les zones piétonnes chassent les voitures de certaines parties de la ville ce qui simplifie les déplacements à pied ou à vélo. Il est tombé beaucoup de neige. La lune l’éclaire, l’irisant de mille reflets. Ça y est, j’ai bien calé mon sac à dos, chaussé mes skis, mis mon bonnet et enfilé mes gants. Il est sept heures du matin. Je m’élance. Rue des Rossignols, rue des Serins, nous n’en verrons pas aujourd’hui, il fait trop froid. Place Tati, rue Truffaut, je glisse dans la nuit claire ; une petite butte, voilà que je vole. Mon anorak gonfle au vent, mais mon corps est frêle. J’appuie sur mes bâtons de toutes mes forces. Les rues sont désertes. L’épais tapis de neige poudreuse bloque les bus et les sableuses dans leurs entrepôts. Pas de transports en commun ni de taxis aujourd’hui. Je suis seul dans la nuit. Il y a deux heures, je me suis levé, ai fermé délicatement la porte de la cuisine de l’appartement que je loue avec d’autres étudiants. J’ai fait un chausson, un chausson aux pommes, aux raisins de Corinthe et à la cannelle, comme les confectionnait ma grand-mère pour l’Epiphanie. J’y ai même caché une fève. Aujourd’hui, à dix heures, c’est l’anniversaire de ma grand-mère. Je veux lui faire une surprise. Elle a eu beau me dire hier au téléphone que je ne devais surtout pas sortir par ce temps, j’y tiens, je veux la voir, je veux la remercier. Je tourne rue des Albatros, un petit salut à Tabarly dont la statue trône sur la place, je m’engage dans la rue des Aventuriers. Je glisse toujours plus vite. Mon attelle à la cheville, je ne la sens pas. Je n’ai qu’une envie : être à dix heures chez ma grand-mère, l’heure à laquelle elle est née un dimanche, l’heure à laquelle sonnent les cloches, comme disait maman. Là, je veux lui dire : MERCI. Il y a fort longtemps, j’étais tout petit, mon pied venait d’être plâtré. Alors, elle s’est occupée de moi, m’a élevé avec amour et tendresse. Plus qu’une place, une rue, les cloches commencent à sonner. Bon anniversaire, grand-mère ! Marguerite A. GEM Aube, Strasbourg Strasbourg capitale européenne doit se montrer à la hauteur de son rôle dans l’Europe. Strasbourg ville à vélo et voiture électrique pour éviter les pics de pollution et donner l’exemple aux autres villes. Strasbourg, une ville en pleine transformation afin de rendre la vie dans la cité plus agréable, mais il y a encore du travail à faire. A.R. Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg Ma ville c’est Argoun. C’est une petite ville en Tchétchénie à laquelle toute ma vie est unie. C’est la ville qui a vu beaucoup de choses pendant toute la durée de la guerre, beaucoup de tragédies humaines, beaucoup de morts. Malheureusement j’ai été forcé de quitter ma ville, mais elle m’a laissé beaucoup de souvenirs. On dit que « le mauvais » s’oublie vite. C’est vrai. textes individuels TRAVERSéE DE LA VILLE a Il est probable que le fait d’oublier est un bien, mais quand notre situation s’améliore ; malheureusement sans ces souvenirs nous oublions notre devoir d’aider ceux qui sont dans le besoin et qui ont moins de chance. Je ne sais pas pourquoi de tous les souvenirs de ma ville, les souvenirs qui me font le plus grand plaisir sont ceux où je marchais pour aller courir. Comme le matin, à l’aube, lorsque je me rendais au stade de football qui se trouvait près de chez moi, tout juste au bout de notre rue. Sur mon chemin désert et calme, je humais l’air frais et matinal dans une plénitude solitaire. Argoun ce n’est pas Strasbourg. A Argoun, il n’y a pas de belles maisons, ni de rues unies, ni de squares, ni de jardins, ni de musées… mais je l’adore parce que c’est ma ville. La ville qui m’a vue naître et grandir et où se trouvent tous ceux que je connais et que j’aime… A.V. CSC Montagne Verte, Strasbourg 30 le plaisir d’écrire / alsace 2013 31 S oleil T ram R ue A rbre S apin de Noël B oulangerie Gülderen ACIKGUL CSC de l’Elsau, Strasbourg O range J’habite à Strasbourg, ville de la beauté et de la joie, la ville qui m’a accueillie et qui me charme par son calme et sa propreté. J’aime prendre le tram pour aller au centre-ville. R adis G are Centrale Dans la rue, je vois des gens qui sont heureux et j’entends le bruit des voitures de pompiers et des trams. En ville, il y a de grandes boutiques d’habits à la mode et de magnifiques bijoux. Il y a une superbe cathédrale, des musées, des cinémas, des jardins et des restaurants où l’on cuisine de bonnes choses. Mon quartier que j’aime ! Dans mon quartier, que j’aime, il y a l’école où je cherche mes enfants et où je passe la plupart du temps. Il y a le bureau de tabac pour acheter le journal, et une boulangerie pour acheter du pain et des croissants. J’aime les fleurs dans la rue et la grande mosquée. J’aime la neige et les lumières du soir. J’aime l’été, le printemps quand le soleil brille, le bruit des oiseaux le matin. J’aime le barbecue en été, la piscine et les pique-niques. Mais je n’aime pas les journées courtes, les nuits longues et le froid d’hiver. C’est une ville de passage et de cultures multiples avec l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg tout proche. Strasbourg a une forte vocation culturelle : des festivals, du théâtre, des musiques, il y en a pour tous les goûts, toute l’année. textes individuels En passant à côté du pont, je vois de jolis bateaux et les cigognes en couple. U rgence a J’aime sa couleur au coucher du soleil et ses nuits quand les étoiles brillent au ciel, c’est merveilleux. Strasbourg est une belle ville, c’est la capitale européenne, c’est le cœur de la France. Fatima AKAR CSC Montagne verte, Strasbourg Ouafaa AJOUAOU CSC de l’Elsau, Strasbourg 32 le plaisir d’écrire / alsace 2013 33 Je suis en France depuis 10 ans. J’aime Strasbourg. Je suis allée une fois à Paris mais je n’ai pas aimé parce qu’il y a beaucoup de monde mais j’ai visité la ville pour son histoire. « J’ai reconnu ce que j’avais recherché, comme si les secrets de la ville m’avaient éclairé. » L’année dernière avec ma famille, j’ai visité plusieurs fois un village qui s’appelle Klingenthal. Là-bas, il y a de très belles petites maisons alsaciennes. Il y a une grande forêt très sombre et beaucoup d’arbres fruitiers. Rodrigo Pino, photographe textes individuels Ozlem AKIL CSC Montagne verte, Strasbourg PREMIèRE NEIGE L’hiver, qu’il fait froid ! Mais je suis contente quand la neige tombe. Oh ! Elle est si belle quand elle danse. Mon petit-fils s’amuse quand il marche dans la neige si blanche, si blanche et si jolie ! La neige nous apporte la paix. Je la découvre ici à Strasbourg pour la première fois. Il fait très froid, c’est l’hiver. Mais la neige et le soleil, c’est magnifique ! Nilda Lili ALIAGA MORALES CSC Fossé des Treize, Strasbourg Dans ma vie, il y a le travail et après il y a le sommeil. Le travail consiste à surveiller le site, à savoir donner une présence statique pour dissuader d’éventuels rôdeurs à venir voler et à gérer les alarmes et incendies. De ce fait, lorsque je sillonne ma ville pour me rendre sur mon lieu de travail, je vois des gens qui promènent tardivement leur chien, des lumières aux fenêtres des immeubles qui s’éteignent et j’entends les voitures qui passent bruyamment avec la radio à fond la caisse, le brouhaha des hommes. Une fois sur place, la vie de la ville s’estompe et d’autres bruits se font entendre tels que le vol de nuit des avions postaux ou commerciaux, les vols d’oiseaux nocturnes, les cris des animaux qui appellent leur compagne, bruit lointain de la musique, le bruit des machines des usines des environs puisque je suis dans une zone industrielle. a Et le matin, en finissant mon service de nuit, je rentre chez moi et au passage, je vois des gens dans leur voiture qui se rendent au travail. Des livreurs déposent leurs marchandises devant les dépôts de leurs clients, des éboueurs enlèvent la poubelle, des enfants vont à l’école, tandis que moi je rejoins sagement mon lit douillet. Zakioudine ALIBAY CSF Victor Hugo, Schiltigheim 34 le plaisir d’écrire / alsace 2013 35 Au mois d’août à Aoçhisar, il y a beaucoup de gens dans la rue. Devant les magasins, je vois des hommes assis sur des chaises qui bavardent. Ça me dérange. Mais quand je vais acheter quelque chose, le propriétaire me demande : « Vous voulez boire quelque chose ? Je suis à l’aise avec eux. Après dîner, les familles sortent se promener au frais. D’abord, elles se baladent et quand elles sont fatiguées, elles vont s’asseoir et boivent quelque chose dans les jardins publics. Après minuit, on commence à rentrer. Certains hommes préfèrent dormir sur le balcon, au frais. Pour me reposer, je préfère Barr ; c’est plus petit et moins actif. Au mois d’août, dans notre quartier, je trouve que c’est très calme. Les gens ferment leurs volets à cause de la chaleur. De dix heures du matin à quatre heures de l’après-midi, on n’entend rien, on ne voit personne. Après l’heure du goûter, les gens commencent à sortir pour profiter de la terrasse et pour arroser leurs fleurs et leurs jardins. A ce moment-là, on entend discuter les voisins. Je suis contente de bavarder avec les voisins. De temps en temps, nous invitons les voisins à manger des spécialités turques. Après, c’est eux qui nous invitent à partager leurs spécialités, comme les tartes flambées. Enfin, nous sommes tous contents. Je suis venue de Syrie. J’habitais à Homs. C’était une grande ville où il y avait beaucoup de personnes. Comme dans tous les pays en voie de développement, il y avait un grand nombre de personnes pauvres. Un jour, je suis allée au centre de la ville. En face d’un grand magasin, j’ai vu une petite fille qui vendait des bonbons. Elle était pauvre. Elle portait des vêtements légers et des chaussures sans chaussettes malgré le froid. la vendeuse de bonbons Certaines personnes lui achetaient des bonbons et d’autres lui donnaient de l’argent sans prendre les bonbons. Je suis entrée dans le magasin et quand je suis sortie après une demiheure, la petite fille dormait sur l’escalier. Elle était très fatiguée et n’a pas caché l’argent des bonbons. textes individuels une vie, deux pays a J’étais très triste pour elle. Je me suis approchée d’elle. Elle était belle dans son sommeil. J’ai mis ma main dans ses cheveux, elle s’est réveillée, alors, je l’ai amenée chez moi, à la maison et je lui ai donné à manger. Elle avait faim. Après, j’ai contacté la police pour trouver sa famille. Soher ALKHADDOUR CSC Papin, Mulhouse Nazik ALICI Trampoline, Molsheim 36 le plaisir d’écrire / alsace 2013 37 C’est une image qui crie Qu’est-ce que je dois faire ? Je suis étrangère en France Il y a beaucoup de problèmes Je ne parle pas bien le français Et je cherche des personnes pour m’aider Je cherche des solutions pour que la vie soit belle. Que faire avec ces mains ? Elles semblent montrer quelqu’un à soigner. Et si elles étaient prêtes pour accueillir un bébé ? Et si elles se rejoignaient pour se poser sur le cœur ? Marina ANDRES CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Les mots de la francophonie* Je cherche un travail de chauffeur de poids lourds, c’est mon métier. J’ai un savoir-faire de conducteur de transports nationaux et internationaux ; je sais lire des cartes routières, arrimer une remorque, utiliser le matériel de navigation. J’ai les permis B. C. EC. BTP. Je peux aussi travailler en équipe dans un atelier. J’ai besoin de travailler car j’ai des responsabilités vis-à-vis de ma femme et de mes enfants. Je dois les protéger. Voilà mon unique problème. Mohamed ANHARI CSC Victor Schœlcher, Strasbourg J’étais clamartoise pendant quatre ans. Clamart, c’est la première ville où j’ai habité en France. J’ai beaucoup de souvenirs de Clamart. Là, j’ai appris le français, j’ai rencontré mes amies, j’ai découvert mes activités préférées. J’ai construit mes bases pour vivre en France à Clamart. Depuis l’automne 2012, je suis Mulhousienne. Mulhouse, c’est ma deuxième ville en France. Petit à petit je découvre la différence par rapport à Clamart. Cette ville est plus grande, plus active et plus traditionnelle que là-bas. Voici un dicton japonais :Suméba Miyako. . En japonais on lit : Cela veut dire en français : « Le meilleur endroit pour vivre c’est là où je suis ». La ville où je m’installe me fait grandir. Elle me fait apprendre des nouvelles choses. Elle me fait rencontrer des nouvelles amies. Maintenant, le meilleur endroit pour moi, c’est MULHOUSE. textes individuels SOS a Emiko ANNWEILER CSC Papin, Mulhouse * écrit à partir des mots de la “Semaine de la Langue française et de la francophonie 2013 ». 38 le plaisir d’écrire / alsace 2013 39 textes individuels Un jour j’ai vu un bateau-mouche passer l’écluse sur le Rhin. Dans ce très beau quartier il y a beaucoup de verdure, de ponts fleuris et le reflet du soleil dans l’eau. Beaucoup de visiteurs admirent les bateaux qui passent. Je suis née en Tchétchénie J’ai vécu et grandi à Grozny L’écluse J’aime quand le ciel est très clair. Je regarde ce spectacle magnifique et je m’exclame : « J’adore ! » De tout ce que j’ai vu, je trouve Que Strasbourg est la ville Yesita ASKHABOVA CSC Camille Claus, Strasbourg Qui me convient le plus, ici je Me sens tranquille et libre. textes individuels C’était très intéressant, très agréable d’observer la montée de l’eau qui permettait au bateau-mouche de passer de l’autre côté du canal. Nese ARABACI CSC Fossé des Treize, Strasbourg Mon village, ma respiration En me réveillant le matin, la première chose que je voyais était le soleil qui se levait et qui s’approchait tel un enfant s’avançant avec amour. L’air était pur, frais et parfumé, subtil mélange de jasmin et d’oranger. Un orchestre symphonique composé d’oiseaux accompagnait ce lever de rideau qui découvrait un chef d’œuvre de peinture. Un tableau de maître se déployait sous mon regard. Les champs tels des tapis volants aux couleurs chatoyantes ondulaient à mesure que le soleil s’élevait. J’ai eu beau chercher, je n’ai retrouvé ce tableau nulle part. J’aime mon village, je l’aime tant, sans lui j’étouffe, sans lui je ne suis plus. C’est mon inspiration, c’est ma respiration. Dans ma ville, Grozny, il y a beaucoup de soleil, beaucoup de montagnes, c’est magnifique mais il n’y a qu’un seul défaut, c’est qu’il n’y a pas de travail. a Strasbourg c’est bien. J’aime la nature dans cette ville. J’étais deux fois au bowling. J’aime les chiens mais pas les crottes sur les trottoirs. J’aime les transports (tram, bus…) et toutes les règles mises en place dans la ville. Et je suis contente de venir en cours de français. Louiza ASSOUKHANOVA CSC Montagne verte, Strasbourg Saïda ARAHOUAN CSC Montagne Verte, Strasbourg 40 le plaisir d’écrire / alsace 2013 41 D’être un mur Tout seul Entre deux propriétés De temps en temps, Le vent, un oiseau. Le mur ne peut écrire Qu’au ciel, au tilleul, Mais il sait, lui, « Je t’ai à l’œil » La main photographique Chantal AUBRY CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden On pourrait tous avoir un œil dans la main Qui filmerait Ou photographierait On n’aurait pas besoin d’emporter un appareil On aurait tout sur soi On inventerait des gants avec une ouverture spéciale à l’intérieur J’imagine les mains regarder des personnes au balcon de l’immeuble d’en face Leur visage est sans regard Leurs mains ferment les yeux Qu’il écrit en incluant sa base. » Guillevic, Art poétique, Gallimard 89 textes individuels « Ce n’est pas facile a MA VILLE NATALE ME MANQUE Qu’il est loin mon pays, qu’il est loin ! La population d’ADIYAMAN est de 28 510 habitants. La célébrité de la région est sa montagne qui s’appelle Nemrut, elle contient le 4e plus grand barrage de Turquie, c’est le barrage d’Atatürk. Parfois au fond de moi se raniment le soleil de chaque saison et la bonne nourriture. C’est une ville qui vit ses 4 saisons : en été il fait très chaud, jusqu’à 40°/42°, en hiver il fait très froid et il y a beaucoup de neige, c’est très joli ! Aysegül AVCI CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines 42 le plaisir d’écrire / alsace 2013 43 Ebru AVCI CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Un jour, quand j’étais en Lybie je suis sorti en ville. C’était à Zahare. Lorsque je suis rentré chez moi, il y avait un accident dans la rue. Un grand camion ne s’est pas arrêté au feu rouge. Une voiture traversait au même moment et elle est venue se « crasher » sur le camion. C’était un accident très grave mais nous, on ne savait pas quoi faire. Puis quelqu’un a appelé les pompiers. Quand ils sont arrivés, c’était trop tard, il y avait un mort. Ils l’ont emmené et après ils nous ont posé des questions pour écrire un rapport sur l’accident. Quand ils sont partis, je suis rentré chez moi. J’ai eu très peur et j’étais très triste. 44 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Accident Nicholas AYAMBA PADEP, Strasbourg Je m’appelle Yusuf et je suis né à Tunceli, une grande ville à l’est de la Turquie. Tunceli est à 1 400 km d’Istanbul. La ville a 130 000 habitants et beaucoup de chômage vu l’absence d’usines. C’est une belle ville située entre quatre montagnes hautes comme les Alpes. Le Munzur traverse toute la ville. Proche de la ville, s’étend un grand parc zoologique naturel. Il a plus de 60 km de longueur et de très nombreux animaux sauvages y vivent. Le printemps est magnifique à Tunceli avec des fleurs variées et beaucoup de roses. De l’eau des montagnes coule partout. En été, il fait très chaud, jusqu’à 40 degrés, même si la neige couvre les montagnes. En automne, beaucoup de neige fond et coule dans le Munzur, la ville est alors en partie inondée. L’hiver est très dur avec beaucoup de neige, parfois jusqu’à deux mètres de hauteur. De nombreuses routes sont alors fermées pendant plusieurs jours. J’aime beaucoup ma ville natale. textes individuels Gaziantep est la 6e plus grande ville de Turquie. Gaziantep est touristique. Il y a le troisième plus grand zoo du monde, le zoo est un grand espace de 100 hectares avec beaucoup de sortes d’animaux. J’aime beaucoup Gaziantep, toute ma famille est là-bas. Ma famille et mes amis me manquent beaucoup parce que je suis née et j’ai grandi dans cette ville. La cuisine de Gaziantep est très célèbre. Les spécialités sont : Baklama - Dolm - Içk Köfte Kebap. Je suis impatiente de retourner pour les vacances voir ma famille, je suis contente… a Yusuf AYTAC Trampoline, Molsheim 45 Monsieur Queneau, Je me souviens de la vie dans mon quartier, qui ressemblait à celle d’un village, avec tous ses commerces : boulangerie, épicerie, boucherie, coiffeur, laiterie, mercerie… C’était une joie de vivre à Dornach. Je me souviens de l’allumeur de réverbère qui passait à heures régulières. Je me souviens qu’avec mes parents, nous prenions le trolleybus pour aller au centre-ville. Je me souviens que nous passions à côté de DMC, la grande filature de Mulhouse. Je me souviens que j’aimais aller jouer dans les squares où trônaient déjà de beaux arbres. Je me souviens avoir pris le train à la gare, et maintenant j’emmène mes petits-enfants les voir au Musée du Chemin de Fer ! Je me souviens de ces instants heureux de mon enfance… Béatrice B. Cultures du Cœur, Mulhouse textes individuels Je me souviens Passez-vous la nuit dans le jardin des Tuileries ? Vous ne trouvez pas que vos statues ont plein de rouge à lèvres, vous qui aimez rêver sur un banc comme dans ce jardin ! J’admire et j’observe les belles fesses de ces comtesses. Monsieur Queneau, ces messieurs et ces dames vous invitent à crier fort le soir. Vous êtes d’accord, on se met à poil tout de suite ! On s’en fiche des enfants, plus tard ils seront comme nous. Moi, je suis comme vous, on fait pareil, n’est-ce pas les touristes ? Dominique B. La Croisée des Chemins, Colmar En réponse au poème Le petit peuple des statues Le petit peuple des statues Du jardin des Tuileries Est un petit peuple de nudistes b Ces messieurs et ces dames Se mettent volontiers à poil Bien qu’il y ait là des enfants Et des touristes à l’âme pure Et les pigeons chient dessus Sur le petit peuple des statues. Raymond Quéneau 46 le plaisir d’écrire / alsace 2013 47 La vitrine Encadrement, reproductions d’Art Galerie d’Art Rendez-vous.com Je me rapproche de la vitrine : Des lièvres noir, vert, orange, rouge, jaune, bleu, doré gris, Une tête de cheval et un coq doré, … c’est Ottmar HÖRL. Les Fiancés de la Tour Eiffel, … c’est Marc CHAGALL. La neige éclaire... La neige éclaire la ville blanchie, Les habitations et la nature sont gelées par la neige et le verglas. On peut faire du ski, du patinage artistique et des bonhommes de neige… Il fait froid, les routes sont couvertes de neige… Et sont dégelées par le sel et le sable. Les habitants vous font connaître la ville On découvre des monuments, Haguenau, les musées, les jardins publics… Le printemps approche dans le calme et la tranquillité avec le beau temps. Jean-Paul B. Centre de Harthouse, Haguenau 48 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Un rayon de soleil… Tiens, tiens, mais c’est moi ! Et je suis transparente, Dans la vitrine aux œuvres d’Art ! Keli B. IMPRO La Ganzau, Strasbourg Martine B. EPSAN - Hôpital de Jour, Saverne textes individuels Hacène B. Maison d’arrêt, Strasbourg Je passe devant le toit de Strasbourg et je m’émerveille devant la cathédrale qui lance sa pointe vers le ciel. Une question me taraude : pourquoi n’avoir jamais construit une deuxième flèche ? Peut-être par manque de temps et de moyens… Ou bien les deux doigts pointés vers le ciel auraientils été blasphématoires aux yeux du Tout-Puissant ? b Si j’étais un lieu dans ma ville : Ce serait la foule des gens et les magasins. De belles bottes embellissent les vitrines et, chez le primeur de beaux fruits et de bons légumes comme le choux fleur et les carottes. Si j’étais un lieu dans ma ville, ce serait le magasin de primeurs avec de beaux fruits comme les mandarines et les raisins. J’aime bien les gens, car on peut parler des problèmes. 49 CRITIQUES Les critiques sont toujours faciles à partir du moment où les gens ne pensent pas comme nous. Il est facile de critiquer les choses différentes. Mais je trouve que notre entourage est fait de choses différentes qui ne nous ressemblent pas forcément alors pourquoi les critiquer, le charme de la vie est que tout n’est pas identique… Les maisons ne se ressemblent pas, les voitures non plus, les gens non plus. Nous sommes tous différents, nos pensées sont différentes, nos joies sont différentes, nos peines aussi, alors pourquoi critiquer ? Je trouve que c’est trop facile. Il vaut mieux s’intéresser aux gens, les écouter, leur parler et accepter que leurs points de vue soient autrement. C’est beaucoup mieux que de critiquer. Un inconnu rencontré en ville, banal me direz-vous ! Il y en a tant ! Et puis nous nous sommes installés sur un banc. Après avoir échangé sur la pluie et le beau temps, je me lance, sans savoir pourquoi justement avec cet homme que je ne connaissais pas, pour soulager quelque peu mon cœur blessé. Car trop c’est trop : mes amours perdues, les enfants trop loin, le décès de ma mère, mon frère, mon neveu, cette boule qui me pèse, source de mes insomnies. Une lumière s’est éteinte en moi, l’affection d’une mère pour son fils que l’on ne peut remplacer. En parler tout simplement à cet inconnu pour me libérer, me vider la tête, avoir simplement en face de moi une oreille qui m’écoute, entendre sa façon de voir les choses, me laisser guider peut-être vers des chemins inexplorés avec de nouveaux moments de joie et de bonheur, bref, une vie sereine. Une vie pleine de lumière et de joie, ce jour reviendra, me dit l’inconnu. Dès que tu sauras t’aimer toi-même, avec tes qualités et tes défauts. Ce jour-là, tu verras la vie comme je la perçois, mais ce travail est intérieur et toi seul peut le faire, il faut le vouloir et cela ne se fera pas en un jour. Lorsque tu y seras arrivé, tu verras la vie autrement, les choses et les gens que tu croises seront différents, il y aura de la joie dans ton cœur et de l’amour à revendre ! Bon vent à toi ! BON VENT ! textes individuels Oh ma ville, Nador, Nador, Mon trésor, Connu pour son port. La petite ville de mon enfance, Où touristes et habitants sourient sans cesse. De grandes boutiques, Des restaurants, Mohamed B. Maison d’Arrêt Des gens si accueillants… de Strasbourg La plage où le soleil Tape sur la mer et donne Sa lumière et ses reflets à Nador. Et le grand boulevard Avec toutes ses boutiques d’or C’est pour cela, je pense, Que tu t’appelles Nador. Nador, je t’adore ! b Roger B. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar Monique B. EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller 50 le plaisir d’écrire / alsace 2013 51 J’ai choisi cette photo car c’est un château et parce que c’est beau dans une petite ville. C’est un musée, il y a des gens qui visitent le château, il y a du macadam, une peinture murale et j’entends les gens qui parlent et le bruit des voitures. Moi, je visite ce château avec mon compagnon et mon fils. On est passé devant. J’ai visité le château de Carcassonne et la petite ville à côté, c’est une cité et il faut deux heures de visite. Séverine B. Maison d’Arrêt de Mulhouse 52 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Un petit homme particulier textes individuels Un château dans ma ville Dans la marmite, De la farine, de la cassonade et des œufs Qui attendent. De grands fouets qui s’agitent et tournent et tournent sur eux-mêmes Mélangeant le tout, claps ! Claps ! Claps ! Un ruban de miel jaune d’or Qui coule du pot, Filet brillant Qui plouch ! Plouch ! Plouch ! Tombe et s’étale dans la marmite. Puis une pluie de girofles Qui à grand fracas Plaf ! Plaf ! Plaf ! s’écrase dans la marmite. Et la muscade Yvette B. Qui plach ! Plach ! Plach ! ReFormE, Lingolsheim S’empresse de les rejoindre. Et les grands fouets qui tournent et tournent Une bonne dose de cannelle, Hum ! L’odeur agréable des parfums Qui se mélangent et chatouillent les narines. Et les grands fouets qui, infatigables, tournent et tournent encore. Des bulles d’air Qui se forment et éclatent en surface, plouch et plach ! Oh ! Les fouets qui arrêtent de s’agiter ! Plouf ! Plus rien… Silence ! La pâte, retirée de la marmite, Qui se fait malaxer, pétrir, caresser par des mains agiles. La pâte qui prend forme. Les mains qui la caressent encore, la chatouillent, guili guili ! Hi ! Hi ! Un petit bonhomme, qui rit aux éclats, Est né. Suivi de dizaines de petits frères en pain d’épices Qui vont se reposer avant D’aller se faire bronzer au feu du soleil et avant D’être croqués par des enfants gourmands. Mmm ! Mmm ! Mmm ! Hummmmm ! b 53 Rire Visiter Heureux Sortie Rigolo Châteaux Nombreuse David B.G. EPSAN - Hôpital de Jour, Saverne 54 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Rohan Animer Entendre Jolie Superbe Ecouter Content textes individuels Joyeux Spectacle Pessimiste Bruit Splendide Théâtre Achat b 55 Mulhouse-Cernay THE DEE ESTUARY Du lundi au vendredi, je pars de chez moi à six heures quinze pour aller à la gare de Mulhouse. Je prends le tram-train. Sur le trajet il y a beaucoup d’arrêts. Il y a des gens qui montent, d’autres qui descendent. Ce sont des hommes et des femmes qui vont au travail. Je rencontre beaucoup de monde jusqu’à ma destination. Quand j’arrive à Cernay, il est sept heures cinquante. De là, je prends le bus, je retrouve mes collègues pour me rendre sur mon lieu de travail. C’est peut-être un long trajet fatiguant, mais cela me permet d’être heureux. Je suis bien quand je suis dans mon entreprise. Et, le vendredi à onze heures quarante cinq, c’est le week-end, je me retrouve chez moi dans ma ville pour d’autres occupations. Daouda BA ESAT Saint-André, Cernay Derrière ma maison en Angleterre, il y avait une allée qui menait à la plage. J’avais l’habitude, quand j’étais enfant, d’aller m’y promener. Il faisait presque toujours froid et venteux. J’aimais l’odeur de l’air salin de la mer et entendre le cri des mouettes. Notre petite plage donnait sur l’estuaire de Dee et à l’horizon, on pouvait apercevoir les collines du Pays de Galles. Lorsque nous regardions la nuit dans cette direction, au loin, on pouvait voir les lumières briller dans le noir. J’avais l’habitude de courir au bord de l’eau dans mes bottes en caoutchouc, de ramasser des coquillages et d’autres choses intéressantes que j’ai pu trouver et qui avaient échoué avec la marée. J’adorais l’air frais sur mon visage et de voir l’immensité de la mer me faisait sentir libre. Même si vous pensez qu’en Angleterre il fait toujours gris et pluvieux, pour moi, mon petit coin de nature, c’était le paradis. textes individuels ( L’estuaire de Dee ) b Caroline Alice BALL Trampoline, Molsheim ma mère Khalidou BA APP ReFormE, Strasbourg 56 le plaisir d’écrire / alsace 2013 C’est ma mère Elle est unique pour moi Comme Dieu est unique pour tout le monde Elle m’a porté pendant neuf mois Neuf mois de souffrance Pour elle neuf mois de paradis Elle m’a mis au monde en souffrance Mais riait de joie avec l’aide de Dieu A chaque fois que je suis en danger Elle vient à mon secours immédiatement Saliha BANNOUR CSC Montagne Verte, Strasbourg Pendant les vacances d’été, je vais au Maroc avec ma famille parce que j’adore la nature, la mer, les montagnes et le soleil du Maroc. Dans la ville que j’ai quittée, il y a un magnifique soleil, la nature, des musées, beaucoup d’orangers et l’Aïn Asserdoune avec ses falaises, sa verdure et son barrage. 57 A titre d’exemple de persécution, je convoque rapidement Auschwitz et le goulag, plus près de nous, les massacres des Khmers rouges au Cambodge, des Hutus et des Tutsis au Rwanda, les atrocités de Sebrenica et de Grozny. Enfin tout temps et tout lieu où l’Homme s’est révélé bourreau ou victime de son semblable humain sous quelque prétexte que ce soit : purification ethnique, volonté de puissance, désir de possession. Quelle noirceur peut ainsi s’emparer contagieusement des cœurs humains ? Au bord du gouffre, mille nécessités affluent et il devient impossible de n’en satisfaire aucune. Alors on tue ! J’étais revenu dans ma campagne après une énième cure d’alcoologie et je veillais à scrupuleusement observer les bons conseils dont on nous avait béatifiés. Retourner en ville était une autre histoire. Je n’en pouvais infiniment différer la nécessité. Il y eut ce jour là (mais d’autres fois avant, bien d’autrefois, mais jamais exacerbées à ce point) une tornade de peur panique qui m’emporta, me trouvant sans but et sans farniente errant, empêtré dans les loques de mon corps et l’esprit soufflé comme une chandelle, sans contenance ni consistance aucune, dans les déferlantes de la foule, de chaque regard, de chaque corps autre que le mien, comme si tout regard, toute appréhension corporelle, étaient basiquement des rapports de force dont il fallait sortir vainqueur arrogant de préférence, ou dominé, le regard en fuite, l’estomac noué et la peur au ventre, ou plus souvent dans un rapport prostitutionnel où une pseudo pacification se négocie comme à l’étal, mais sans paix intérieure effective. C’était comme si chaque regard lisait sur mon visage à livre ouvert, le strict bilan nul des livres de ma vie. Et nul regard bienveillant à quoi s’accrocher pour n’avoir plus à se soustraire, avec la sueur qui dégouline du front jusqu’au bas du dos de n’être pas regardable faute de pouvoir passer invisible. J’appelle ce vécu sur ce registre « persécution ». Et comme il y a des limites à ce que peut endurer de douleur l’homme, des limites à sa vacuité d’esprit, il y a l’amical alcool qui vous attend presque partout, salvateur, consolateur, rédempteur. Ma persécution à zéro mort, mais à des centaines de cadavres vous semblera peut-être bien vaine et bien dérisoire, mais je revendique le droit d’être seul juge de la quantité de douleur physique ou de vacuité mentale que je puis endurer. Alors on boit. François BARTH Ithaque, Strasbourg 58 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Il est 5 heures 15 minutes le matin, et le soleil se lève sur une petite colline à la campagne. Il y a cinq yourtes dans les riches pâturages tout verts. Autour des yourtes, il y a des troupeaux qui sont prêts pour aller à la pâture pour bien manger ce jour. Oui, c’est une simple mais très belle matinée à la campagne de Mongolie, et c’est une image spéciale sur le monde. La Mongolie est un pays entre la Chine et la Russie. Pour parler de la géographie de la Mongolie, on peut dire que c’est un pays avec une vaste steppe en haute altitude. Donc, il y a souvent le ciel bleu et la brise douce. La vie à la campagne mongole est magnifique et elle peut vous donner une idée pour vivre sans stress. Tout est étrangement calme là-bas. Une famille Mongole à la campagne élève cinq types d’animaux. Ce sont des vaches, chevaux, moutons, chameaux et des chèvres. Les gens se nourissent avec la viande de ces troupeaux et des produits laitiers de ces animaux. Ils utilisent aussi des bouses de vache séchées pour allumer le feu, pour préparer à manger et pour être au chaud. Une spécialité de la vie nomade est « la yourte » ou « ger » comme disent les Mongols. C’est une structure faite en bois avec le feutre à l’extérieur. C’est facile à construire. Depuis des années l’habitation « yourte » est très pratique pour déménager ici et là-bas. Le feutre sert à protéger la famille de la chaleur en été et du froid en hiver. Bien sûr il y a beaucoup de travail à la campagne avec des troupeaux et avec la yourte. Chaque jour on peut trouver presque le même travail. Mais il apporte la joie à nos cœurs et une grande paix pour la vie. à la campagne en Mongolie textes individuels PERSéCUTIONS URBAINES b Uyakhan BATDORJ CDAFAL 68, Mulhouse Ayse BATIBEY Centre Social et Culturel de l’Elsau, Strasbourg Soleil Tram Radio Arbre Sapin de Noël Bateau hOtel Urgence Rivière Gare Centrale 59 Thann Il faut que cela prenne un sens Je suis épanoui dans ma ville Cela me plaît, Souvent le soleil se lève Un si bon réveil à THANN Dans la rue les gens se multiplient Je ne suis plus seul Je ne reste pas chez moi Sinon je suis dans la solitude Moi et THANN rien à prouver, Mais tout à trouver J’aime THANN Mes potes sont d’ici ; on joue au foot aussi C’est du plaisir Dans l’instinct, comme ton destin Un calendrier en acier Dans lequel on peu prendre un verre Plein de dignité Nous sommes plusieurs C’est notre valeur Faite de relation amicale D’ici THANN Do ré mi facile Ma ville on l’adore comme MANHATTAN textes individuels Je cours à toute vitesse, Arrive sous le porche La pluie cesse Pour mille raisons Me voila à genoux sur l’avenue L’horloge me donne l’heure, Soudain le soleil Me rappelle à la réalité Qu’elle soit dure ou douce. Je reprends ma course Aucun obstacle me gène Je n’ai plus de haine Me voila perché dans les cieux Tranquille, immortel, avec l’Éternel Je suis assis sur l’œil de la sorcière Je canalise mon souffle ; je fais abstraction de tout le reste Je vois l’horizon, car c’est la bonne saison Métaphysique oui métaphysique ! Instantané - elle arrive là Un peu de science évidement, Il y a un moment de la journée Où je ne suis plus seul Je reste persuadé que tout baigne Quelque chose arrive, atteint ma conscience b Emmanuel BAUD ESAT Saint-André, Cernay 60 le plaisir d’écrire / alsace 2013 61 Ma promenade quotidienne J’aide tout le monde quand ils veulent écrire leurs idées. Pour moi, c’est très intéressant. Quand quelqu’un veut peindre, il a besoin de moi. Pour faire les livres, les cahiers, les journaux, ils ont besoin de moi encore. Je suis heureux quand ils m’aiment, quand ils ne me déchirent pas. J’ai mal au cœur quand quelqu’un me fait mal. Mais juste une signature sur moi et je peux changer beaucoup de choses. Je peux commencer la guerre et je peux l’arrêter. Je peux punir et je peux acquitter. Je peux faire tout sur la terre. Je suis un petit papier mais je me sens très fort. Marine BEJANYAN Plurielles, Strasbourg Tous les jeudis matins, et parfois le dimanche aussi, je fais 8 kilomètres de marche. Je sors de chez moi, il est 8h30, rue des Capucins. Je prends la direction de Wolfisheim par le lac. C’est magnifique ! C’est vert ! C’est sympa ! Il y a du monde surtout le dimanche. Les familles avec leurs poussettes, les trottinettes et les vélos. Les couples de vieux qui se donnent la main. Ça me fait sourire. Un jour, je me souviens : je n’avais pas entendu les sonnettes de deux cyclistes qui voulaient me doubler et quand ils sont passés à côté de moi, un des messieurs a dit en plaisantant : « Verdeck’l ! Gall ehr schlohfè !? ». C’est de l’alsacien. Ça veut dire : « Purée ! Vous dormez ou quoi !? ». Oh là là j’ai rigolé ! textes individuels Le papier Je vais avoir 74 ans et j’aime toujours autant mon quartier et Strasbourg. On s’y promène comme on veut, on y voit de belles choses. b Vous savez, les promeneurs sont gentils. Ils me disent tous bonjour. Souvent, je m’installe sur un banc. Il y a des gens. Je ne les connais pas : « Vous êtes courageuse de marcher autant à votre âge ! », « Quel beau temps aujourd’hui ! ». Et je repars le cœur léger. Terminus du bus 4. Je continue à marcher. Rue Virgile. Le centre socio-culturel à ma droite. J’arrive près de chez moi. Je termine parfois seule, parfois accompagnée. Il est midi moins le quart. Je me sens bien. Il me manque une seule chose : mes petits enfants pour m’accompagner un bout de chemin. Hemama BEKRAR CSC Camille Claus, Strasbourg 62 le plaisir d’écrire / alsace 2013 63 Strasbourg, le 18 mars 2013 La ville où j’ai vécu. Rhadouane BEN HENIA Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg Un endroit très impressionnant « la Barouta » : c’est un pauvre dromadaire qui tourne en rond pour puiser de l’eau dans un puits et les gens vont boire de l’eau pour se désaltérer. Ma ville d’avant, ma ville d’aujourd’hui Sfax est verte comme un arbre Sfax est un cheval qui chante Sfax sent le soleil et la banane Strasbourg est rouge comme les fleurs Strasbourg est un chat qui marche Strasbourg sent la neige et la pizza La décharge Nous y jetons nos poubelles Vue du ciel elle est trop belle Avec ses taches multicolores aux tons pastel Même dans la décharge Il y a de la vie Il y a des couleurs des fleurs Et des plantes aussi Des maisons Des hommes et des animaux Qui s’y aventurent textes individuels Je suis Rhadouane et je suis originaire de Tunisie. J’ai vécu 8 ans en Tunisie, dans la magnifique ville de KAIROUAN. KAIROUAN est une ville qui se situe au centre de la Tunisie. Il y a beaucoup de palmiers, de dattiers, c’est le soleil presque toute l’année. Les souks sont de grands marchés où les artisans vendent leur produit aux touristes. b Décharges près de la ville Décharges tout près des maisons Décharges près de la plage aussi Des montagnes de décharges Colorées par les fleurs des déchets Où les vagues se butent Des montagnes de décharges Qui envahissent la ville dans Un brouillard de pollution. Yamina BENDJEBBAR ReFormE, Lingolsheim Beya BEN MANSOUR Plurielles, Strasbourg 64 le plaisir d’écrire / alsace 2013 65 Au marché de Noël, il y a de la lumière dans les rues et de la musique. Beaucoup de gens viennent regarder le marché de Noël. Et c’est beau avec la lumière le soir. Et dans les rues, il y a le Père Noël qui vient au marché de Noël pour voir les enfants. Et il donne des cadeaux aux enfants. Et les enfants sont contents de voir le Père Noël au marché de Noël. Et c’est bien beau avec toutes ces décorations de Noël : de la lumière, un sapin de Noël décoré, des boules de Noël, une crèche de Noël. Et les gens sont contents de voir le marché de Noël décoré. Et on peut boire du cacao chaud et acheter plein de belles choses de Noël. C’est beau avec la musique de Noël et la lumière au marché de Noël. Les gens se promènent au marché de Noël. C’est bien de voir des gens au marché de Noël. Et il y a la patinoire et les gens en font ou regardent. Et il y a aussi des manèges pour les petits enfants. Et on peut boire du vin chaud et aussi manger des gâteaux de Noël pour déguster et parler avec les gens au marché de Noël. Et c’est génial, c’est beau, c’est sympa. C’est bien d’aller au marché de Noël. Et tout le monde aime écouter de la musique de Noël. Marie BETTER ESAT Les Papillons Blancs, Soultz 66 le plaisir d’écrire / alsace 2013 « L’extraordinaire est au coin de la rue. » textes individuels LE MARCHé DE NOëL b Ma ville - Instant Aujourd’hui le jour tarde à s’éclaircir, Des nuances grises se profilent à l’horizon. Le clignotement des feux de signalisation semble seul à l’embellir, Le rouge, le vert, embrasent l’orange en diapason. Les voitures vont, viennent, avec ou sans plaisir… Les passants passent et repassent, ton sur ton, Tout bouge, mais où vont-ils tous courir ? Déployer les parapluies et relever les capuchons ! La pluie n’a pas cessé de vous envahir. Renée BILGER Mais ne soyons pas cabochons, GEM Aube, Strasbourg Ce n’est que l’instant qui ne fait pas rire. Demain nous en amènera d’autre, alors positivons ! Soleil, joie, découverte et nouveaux plaisirs. A demain 67 Lors de la fin de la guerre de 40, dans un petit village des Ardennes restait une dizaine de personnes ! Horrible, presque toutes les maisons furent détruites en morceaux avec encore une église presque intacte : sauf le clocher disparu dans les décombres ! Vraiment triste et moche, voire même bien plus… Dans cette petite localité, un petit nombre d’humains se trouvait complètement seul, dont une vielle dame d’un âge très avancé ! Environ 94 ou 95 ans, dans sa maison, en grande partie détruite sans trop de choses pour survivre. Une journée du mois de juin, des soldats et une ambulance arrivèrent et s’arrêtèrent devant sa maison à quelques mètres. Après quelques coups frappés à la porte, elle parvint à l’ouvrir ; sans plus attendre, les infirmiers la soutiennent et la dirigent vers le véhicule avec une croix rouge. Après quelques bavardages, elle fut donc amenée vers un centre hospitalier à quelques kilomètres de son village. Et là, rien, personne à l’accueil. Alors ils allèrent vers les autres rues du village à la recherche de sa famille, en suivant ses dires. Bref ! Son frère et sa fille étaient là, bien vivants et heureux de revoir leur maman qui venait vers eux. Un petit paradis pour elle. Michel BLANCHEGELEY CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines La danse en ferronnerie... - Salut - Ah, salut, ça va ? - Oui, ça va et toi ? - Oui, très bien. Qu’est-ce que tu fais ? - Regarde en face. - Oui, c’est le balcon décoré d’un garde-corps en ferronnerie, c’est joli, les formes, le travail réalisé. - Hé ! Vous deux là-bas, vous parlez de moi ? Je peux vous raconter mon histoire si vous voulez. Comment je suis devenu beau. Au début, j’étais du simple fer, mon maître m’a trouvé dans la terre, il a commencé à me travailler. Il m’a mis dans le feu, il m’a frappé à grands coups de marteau. Le métal tintait et jetait des étincelles, il m’a trempé dans l’eau qui chuintait. J’ai beaucoup souffert, il m’a donné des formes, des courbes ; il m’a assemblé avec mes copains et mes copines et il m’a mis dans sa boutique. Une dame m’a vu, elle est tombée sous mon charme, elle m’a acheté et elle m’a mis devant ses fenêtres. Maintenant je trône au milieu de Guebwiller, je domine la rue, tout le monde m’admire et Selma me prend en photo. textes individuels désolation ! Il est minuit Je suis sous ma couette A deux heures, je me retourne dans mon lit Jacqueline BOCKSTALLER Le réveil sonne, il est cinq heures. ESAT Saint-André, Cernay Je prends mon petit déjeuner, il est six heures A neuf heures quarante cinq, au travail c’est la pause On rigole bien avec les copains et les copines On s’échange des services, on se fait confiance De temps en temps avec mon mari, on va manger au restaurant. La porte est en bois et l’intérieur est en bois avec des motifs. On peut y manger une raclette ou une tartiflette. Les gens sont sympas et on mange bien. b Selma BÖCÜ Association Hélios, Guebwiller 68 le plaisir d’écrire / alsace 2013 69 A l’intérieur de moi, bat le cœur de ma ville. Je ferme les yeux, je respire lentement et j’écoute le pouls de ma ville. Comme un fleuve impatient, les artères qui pulsent parcourent ma ville en zigzaguant et irriguent les différents quartiers. Les habitants microscopiques de ma ville se transportent dans mes veines. Les plus aventureux logent dans mes orteils et mon système lymphatique paresseux les bloque en été dans leur logis quand ils aimeraient chercher de la fraicheur vers mes genoux. Les curieux regardent par mes yeux comme les touristes qui admirent l’Hudson du haut de la Statue de la Liberté. Les mélomanes s’installent dans mes tympans et se prélassent dans les vagues de ma musique. Les torturés squattent dans mon cerveau tarabiscoté et s’égarent dans mes synapses labyrinthiques. Les gourmands installent leurs transats dans mon palais délicat et dégustent les petits plats concoctés par mes soins. Les acrobates dégringolent en rappel dans mes intestins et se font de bonnes bouffes entre copains sportifs. Les boulimiques siègent dans les capitons graisseux de mes hanches dodues. Ce quartier est très fréquenté en période de réveillon. Je me prépare à l’invasion fin décembre. Les invisibles aiment bien la fraicheur de mes bras en hiver, cette zone urbaine est vraiment glaciale, surtout mes mains qui, même protégées de gants, ont la faveur des touristes nordiques. Les plus câlins habitent le quartier de mes seins, ils se sentent protégés dans cet habitat douillet et ne déménageraient pour rien au monde. 70 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Je me suis mise à faire des abdominaux au grand dam des squatteurs de mon ventre grassouillet qui ont migré vers les capitons graisseux de mes hanches déjà bien surpeuplés. Ça tousse et ça crache dans le sombre quartier de mes poumons encrassés ! Je me demande ce qui peut attirer la populace dans ces alvéoles lugubres et mal ventilées. Mon oncologue, mon nouvel ami, m’a prévenue que si je n’arrête pas la clope et que je continue ma chimio, mes jours sont comptés. Les habitants de ma ville iraient-ils squatter dans un corps plus accueillant et plus vaillant s’ils s’imaginaient disparaître avec moi ? Petite remarque pour les curieux : dans le quartier de mon sexe, pas grand monde à signaler ! Les HLM des années70 ont été dynamités et le quartier déserté attend un architecte futuriste pour une éventuelle réhabilitation… Le cœur de ma ville est quelquefois encombré d’embouteillages et ça klaxonne à tout va. J’ai le cœur qui s’emballe et qui cogne comme un fou. Quand va-t-il se calmer celui-là ? Ma ville attend un afflux de touristes aventureux pour le printemps prochain. Serez-vous parmi les heureux visiteurs ?… textes individuels Moi, ma ville b Bibi BOIDOT Atelier ADC, Sélestat 71 Ce furent ses derniers mots… Sabiha BOUKRAA CSC Victor Schœlcher, Strasbourg 72 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Loubna BOUKROUNA CSC de l’Elsau, Strasbourg textes individuels L’attente J’attendais mon visa pour partir à la Mecque ; j’étais très contente. Ma valise était prête une semaine avant le départ. J’attendais avec impatience ce grand jour. Tous les soirs avant de dormir, je priais pour ce jour. J’ai réuni tous mes amis, les voisins, la famille pour qu’on se dise au revoir. Deux jours avant le départ, on m’a appelée pour me dire qu’il n’y avait pas de visa et que je ne pouvais pas partir cette année; il fallait que j’attende l’année suivante pour y aller. J’étais très déçue, j’ai pleuré. J’ai attendu. Finalement le grand jour est arrivé, je suis partie à la Mecque en octobre 2012. C’était magnifique ! A mon retour, mes enfants m’attendaient à l’arrivée de l’autocar. Ils semblaient heureux et pourtant je voyais de la tristesse sur leurs visages. Moi, je ne comprenais pas, je leur demandais « Vous n’êtes pas contents de me voir ? » Ils ont répondu : « Ce n’est pas ça maman, c’est ton frère qui est très malade, il t’attend, il veut te voir, cela fait un moment qu’il te réclame. » J’étais choquée. Je suis partie tout de suite au Maroc. Arrivée à l’hôpital, j’ai trouvé mon frère allongé sur un lit en train de mourir. Il souffrait beaucoup, je me suis approchée de lui, je l’ai embrassé. Il m’attendait, il m’a pris la main, il m’a embrassée et a dit : « Enfin tu es arrivée, je n’attendais que toi, je voulais te voir une dernière fois avant de quitter ce monde, maintenant, je peux mourir tranquille. Je ne veux pas que tu pleures pour moi. Je veux que tu te souviennes de moi comme quand j’étais bien, en bonne santé. Si tu te souviens de moi en pleurant, je préfère que tu ne te souviennes pas de moi du tout. » Je m’appelle Loubna. J’habite à l’Elsau rue Rembrandt. Dans ma rue il y a beaucoup de verdure. Dans ma rue il y a beaucoup de voitures. Elles passent dans ma rue. Dans mon quartier il y a des petits bâtiments, seulement 4 étages. Dans mon quartier il n’y a pas de parcs pour les enfants, mais seulement des parkings pour les voitures. J’imagine que je suis très, très loin de mon quartier parce qu’il y a beaucoup de bruit. Je rêve d’un quartier très, très calme. b la rentrée Quand je suis entré à l’école, j’ai rencontré mes nouveaux maîtres et maîtresses, dans ma nouvelle classe qui était jolie et fraîchement repeinte. A midi, j’ai été dans une grande salle qui servait de réfectoire et j’ai pris mon repas. Il y avait de la viande et des carottes que je n’ai pas aimées. Je suis sorti m’amuser dans une cour où il y avait plein de feuilles par terre et que le concierge balayait en faisant des gros tas. Comme j’étais dans la cour, j’étais très triste car il n’y avait pas mes copains dans la même école, mais il y avait des copines alors j’ai souri. François BOURGEOIS Adoma - Club de Jeunes l’Etage, Strasbourg 73 Heureux quand même Nouvelle vie Je m’imagine écrire à côté de la mer, en écoutant le bruit des vagues Je m’imagine écrire sur un bateau, mais pas toute seule, sinon j’ai peur Mon histoire est celle d’une étudiante, mariée, venue en France Je suis devenue maman Une nouvelle vie a commencé Mon plaisir d’écrire commence un jour de pluie A la maison, je peux écrire Je m’ennuie un peu quand il pleut Et je peux réfléchir textes individuels Une image ancienne Elle me rappelle quand j’étais petite Dans mon pays, si les personnes n’ont pas beaucoup d’argent, elles sont heureuses quand même Cet homme ressemble à mon grand-père Lui aussi porte un chapeau Il n’est pas riche Il est courageux Il a besoin d’aide Il cherche un travail Tous les deux partent quelque part Peut-être vont-ils chercher des vêtements pour elle, pour la famille ? Peut-être vont-ils faire de petites courses ? Peut-être l’emmène-t-il à son premier jour d’école ? b Semra BOZLAK CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Esra BOZLAK CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 74 le plaisir d’écrire / alsace 2013 75 Maintenant il y a des boutiques modernes, des grands parcs, des crèches privées, il y a des grands magasins. Tout le monde travaille. Ils ne sont pas heureux parce que les salaires sont tout petits et les prix très élevés. C’est difficile d’acheter quelque chose. Les produits sont très chers. Avant il y avait des petites rues. Il n’y avait pas de place de parking. Les enfants travaillaient dans la rue. Ils vendaient des cigarettes. Maintenant les rues sont grandes, il y a des autoroutes. Les enfants vont à l’école, ils jouent dans des salles, il y a beaucoup de salles de sport. Shqipe BRAHA Adoma - Club de Jeunes l’Etage, Strasbourg 76 le plaisir d’écrire / alsace 2013 À l’autre bout des États-Unis, New-York, arrogante avec ses gratte-ciel qui s’élancent fièrement, son animation nuit et jour, ses enseignes aux néons multicolores. Pourtant, on se demande laquelle de ces deux villes est la plus cauchemardesque. New-York, capitale mondiale de la spéculation, pourrait être vouée au même sort que la ville fantomatique. Sa richesse ne repose que sur un jeu toxique où quelques banquiers se remplissent les poches au détriment du reste de l’humanité. textes individuels Avant dans ma ville, il n’y avait pas beaucoup de boutiques, pas beaucoup de magasins, de parcs, de crèches. Il manquait beaucoup de choses. Je me souviens d’une ville au fin fond du Colorado. Fantomatique. Rues désertes. Toitures défoncées. Vitres cassées. Portes fracturées. Probablement une ville de chercheurs d’or, abandonnée lorsque les filons furent épuisés et l’argent devenu moins facile. b Un jour, tout le monde comprendra enfin que les manipulations financières ne produisent strictement rien. Le filon des exploiteurs sera alors définitivement épuisé. Jean-Louis BRINGOLF GEM Aube, Strasbourg 77 La statue Je marche, une cigarette à la main, Grand Rue. Je croise sur le côté quelqu’un qui me demande de l’argent et qui vit dans la nuit dehors. Je lui dis : « Voulez-vous une cigarette, je n’ai pas beaucoup d’argent». Il répond : « Oui, c’est une bonne idée » et je lui dis : « Gardez-la pour demain car la cigarette du matin est importante». Il y a, par cet acte de gentillesse, on peut le dire, un lien qui se crée. Par cet acte social, les gens se rapprochent. Rencontre de l’autre dans une ville Lionel BRUDI Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg LE CHATEAU DE BOLLWILLER textes individuels Je suis né à Argentoratum. Un jour, m’en allant chercher de l’eau pour ma famille, je rencontrai sur le chemin une dame qui, moyennant quelques piécettes, voulut me vendre une potion qui, selon elle, pouvait guérir toutes maladies. La toisant de haut en bas, je ne mis guère longtemps à m’apercevoir qu’il s’agissait d’une sorcière ou d’une rebouteuse. Alors je lui dis d’un ton bien décidé : -H ors de mon chemin, vieille peau ! Il y a bien des années, voire des siècles qu’on ne croit plus à vos rituels païens ! Sur ces mots, l’enchanteresse me changea en statue. Je mis bien une dizaine d’années à me résigner à mon sort en me posant en simple observateur, sachant que mon ancienne vie ne me plaisait pas non plus tout compte fait. Tandis que je vieillissais mais que mon corps restait le même, le monde, lui, changeait. Je survécus aux guerres, aux maladies et à la disette ! Seuls le vent ou la pluie pouvaient m’attaquer. Siècle après siècle, trônant au milieu de ma ville, je voyais des routes de mieux en mieux agencées, des maisons qui comme de la mauvaise herbe poussaient et dont les hauteurs ne semblaient s’arrêter. J’ai presque 2000 ans, mais je regrette mon ancienne vie, aujourd’hui le ciel s’assombrit et l’air est irrespirable, tant et si bien qu’il n’y a plus de nature. Je n’entends plus le bruissement des feuilles poussées par le vent, ni la douce mélodie du ruissèlement de l’eau. Le chant du coq et des cathédrales ont eux aussi disparu, remplacés par le chant des klaxons. Les oiseaux fuient la ville et je voudrais faire de même mais cela est impossible. Je me souviens quand, petit, j’entendais le prêtre parler du jugement dernier et voyant le changement, je pense qu’il ne saurait tarder. Alors, pour conserver la beauté de mon temps passé, je composai quatre vers pour le protéger : O ville d’été, que j’apprécie le soleil qui me submerge de toutes parts O ville d’automne, que j’aime contempler tes feuilles multicolores, tombées de toutes parts O ville d’hiver, au paradis j’ai l’impression d’être, quand le soleil réfléchit la neige de toutes parts O ville de printemps quand je vois les bourgeons, nulle envie pour moi de me dire « je pars ». b Quand j’avais cinq ans, je suis rentrée dans cette école. C’était une grande école, mais je n’ai pas eu peur. Ça m’a plu tout de suite. Je n’ai pas pleuré le premier jour quand ma maman m’y a déposé. L’école était importante pour moi pour apprendre à lire et à écrire. Je voulais aussi apprendre à calculer. J’ai fait connaissance avec des copains et des copines, en discutant avec eux. J’ai fait plein de choses avec eux, du foot, de la balançoire, du cheval… C’était génial. Le midi, ça sentait bon la cuisine. Nous mangions tous ensemble. Et l’après-midi, nous prenions un goûter. Puis nous prenions le bus. J’étais contente de rentrer chez moi le soir. Et quand j’arrivais, ça sentait bon la cuisine. Stéphanie BRUNNER ESAT Les Papillons Blancs, Soultz Alix BRUCKERT Ithaque, Strasbourg 78 le plaisir d’écrire / alsace 2013 79 Je me trouve magnifique ! Je fais naître de belles fleurs tout au long de l’été. L’arbre, mon voisin, est plus grand que moi, il me donne son ombre lorsque le soleil brille très fort. Ensemble nous guettons le touriste qui s’arrête, en extase, devant le portrait de Théodore Deck. Au fait, qui est ce monsieur qui porte une si belle barbe et une moustache ? - Eh toi, le vase, tu le sais ? -B ien sûr, c’est un homme célèbre ! Il est né dans une maison tout près d’ici, dans la rue de la Monnaie, le 2 janvier 1823. A 18 ans, il a commencé à vivre de sa passion : la poterie et la céramique. Plus tard, il a découvert une couleur bleue particulière qui deviendra le « bleu Deck ». Regarde-moi, comme je suis beau, tout aussi magnifique que toi ! Françoise BRUNORI Association Hélios, Guebwiller Ayse Budak CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines 80 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Bonjour Ebru, J’habite à New York au 25ème étage. Je t’invite avec les enfants. Il y a beaucoup d’appartements, il y a des gratte-ciel, on peut voir des stars de cinéma. C’est pas calme, c’est une très grande ville, il y a beaucoup de boutiques, beaucoup de grands magasins. Je t’envoie des billets d’avion. J’attends ta réponse, à bientôt. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. Dans ma ville instant, on court après le temps. Pour ne pas prendre de temps, on court à chaque instant. Un instant au petit matin quel que soit le temps. Le temps d’un petit déjeuner puis en un instant. On sort du tram en un instant, faute de temps. Tous veulent monter faute de temps, en un instant. On prend plus le temps de parler un instant. Juste pour gagner un instant pour plus de temps. Un instant aux caisses automatiques pour un gain de temps. Tout cela pour ne pas perdre de temps un instant. Plus le temps de se mettre au vert un instant. Un parc dans ma ville instant pour un peu de temps. Des plats faits en un rien de temps, pour un instant. Un instant dans un « fast food » pour plus de temps. Le temps d’un contrôle de police, fait en un instant. Un instant plus tard on a beaucoup moins de temps. Le temps des lumières apparues en un instant à la tombée de la nuit. L’instant du journal télé vu en un temps record. Enfin le temps du sommeil est arrivé en un instant. L’instant du rêve est venu où ma ville prend le temps. textes individuels Le pot de fleurs... b Jean-Jacques BUTCHER PADEP, Strasbourg 81 textes individuels c « Une ville cela commence où ? Cela se finit comment ? Difficile d’en saisir les limites, les frontières et la définition. Explorer la question urbaine comme l’on peut rêver la ville. Un endroit et son envers. À partir d’une question qui revient sans arrêt, jusqu’où cette ville ? » Jusqu’où cette ville ? Fabienne Swiatly, Publie.net, 2008 82 le plaisir d’écrire / alsace 2013 83 Religion Le christ Ecole primaire Magasin pour homme Station service Salon de thé Ville jumelée Mairie Siewiller Garages Voitures Maisons Oiseaux Chat Lionel C. EPSAN - Hôpital de Jour, Saverne Lorsque je pense à la ville de Gérardmer cela me fascine. En été je me rappelle d’un jour de fête, de cette vaste étendue de jonquilles. On pouvait voir ce jour là des chariots décorés de ces fleurs, les uns plus originaux que les autres. Il y avait une Miss Jonquille qui saluait avec un radieux sourire la foule, qui d’un air plutôt admiratif prenait des photos souvenirs. Je ne voudrais pas oublier d’évoquer Gérardmer et son lac d’une beauté indicible. En été on a l’occasion d’y faire du pédalo, de nager, et de profiter de la beauté du paysage qui l’entoure. Le reflet du soleil sur le lac donne encore plus de charme à ce lieu si réputé. PRINTEMPS Le printemps arrive Arc-en-ciel de couleurs De joie de bonheur De fleurs de jacinthe Du rouge du jaune du rose du blanc Un petit œil tout blanc Nuage blanc Blanc blanc blanc Un regard frais sur la vie. c Souvenir d’une ville... J’aimerais aussi ajouter la tradition du 14 juillet avec ses feux d’artifice sur le lac, c’est formidable : la diversité de ces feux, leur originalité, charment beaucoup le public. On y trouve aussi la possibilité de se restaurer, de se rafraîchir sur la terrasse d’un café et ainsi discuter avec les habitants ou d’autres estivants bien sympathiques. Les vosgiens, c’est-à-dire les habitants de cette région, peuvent être vraiment fiers de leurs traditions. Sirvan CETIN APP ReFormE, Strasbourg textes individuels Petite commune Rue des roses Blason Belle commune Eglise Restaurant Française des jeux Pôle emploi Piste cyclable ma ville Sophie CHABAB APP ReFormE, Strasbourg Ma ville est un mandala Un vitrail de cathédrale Aux couleurs flamboyantes Qui brille Etincelle Et donne du baume au cœur Ma ville est apaisante. Je voudrais maintenant évoquer l’hiver, avec ses paysages féeriques, ses montagnes joliment garnies de neige, qui donnent aux skieurs un plaisir très grand et aux enfants l’occasion de se défouler. Annette CALDERARA ESAT Saint-André, Cernay 84 le plaisir d’écrire / alsace 2013 85 Ma ville, un instant. Parfois, je me promène dans cette ville et j’observe les gens : dans les rues, dans les magasins, leur bonjour est enjoué, et ils se lient facilement d’amitié. Leurs yeux sont remplis de bienveillance et leurs sourires sont plein d’espoir. Ils ont de l’amour à offrir. Ils rient et boivent à votre santé. A la recherche du meilleur, ils s’aident dans les douleurs et les souffrances. Leur respect n’a comme limite ni la couleur de peau, ni la sexualité, ni l’âge, ni l’argent. Ils préservent leur environnement et révèrent la nature. Leur bannière est la paix, l’amour et la fraternité. Quand j’ouvre mes yeux, cette ville me manque. Les gens me manquent. Leur altruisme me manque. Mais, de temps en temps, par bonheur, je les rencontre ici et la sérénité regagne mon cœur. J’aime ma ville parce que je peux faire de longues marches et parce que je peux aller à mon cours de français. J’aime mon quartier parce qu’il est calme, parce que ses habitants sont aimables et chaleureux. J’aime ma rue parce qu’il y a une mosquée et une école pleine de cris d’enfants, c’est vivant et joyeux. textes individuels Dans mes rêves, il y a une ville, une très jolie ville. Sa beauté n’émane ni de ses espaces verts, ni de son architecture, ni même du chant des oiseaux ou encore des fleurs et des merveilleux papillons qui s’y reposent. Sa beauté vient d’ailleurs. J’aime c J’aime surtout l’instant où je me promène au parc de l’Orangerie à la tombée de la nuit, les soirs d’été, éclairée par les lampadaires et un soleil qui tarde à se coucher. Fatiha CHADDA Plurielles, Strasbourg Melyca CHABAN CSC Camille Claus, Strasbourg 86 le plaisir d’écrire / alsace 2013 87 Je suis enivrée de Strasbourg, c’est ma ville et j’y ai passé le plus long temps de ma vie. Dans cette ville, il y a des monuments majestueux, beaucoup de sculptures sur le mur de la préfecture, un signe de pouvoir et sa prestigieuse Cathédrale, qui attire de nombreux touristes. Quand vous êtes devant la Cathédrale, vous êtes obligés de lever la tête pour la saluer, par sa grandeur elle impose le respect. Il y a aussi un célèbre Parlement européen qui est beaucoup loué dans le monde, même s’il n’est pas si grand, c’est une valeur sûre pour notre avenir. Et n’oublions pas le marché de Noël de Strasbourg, ses lumières et ses petits étals artisanaux de décorations, y compris le vin chaud, qui a un goût subtil d’épices et d’orange, qui vous réchauffe le cœur, ainsi qu’un tramway rapide et sûr pour les Strasbourgeois. Une ville propre et historique où il y a un vrai hiver, la neige qui tombe sans rendez-vous, toute blanche et couvre les toits alsaciens, des petites fumées de cheminées, un paysage glaçant mais beau. Quant à l’été, il y a un soleil agréable qui brille avec ardeur pour les géraniums, ces fleurs qui vous sourient des balcons, d’authentiques et splendides villages pour se promener et des roses odorantes dans le parc de l’Orangerie. Les Strasbourgeois admirent ce jardin près de la ville, il y a des animaux pour les petits, il y a de l’ombre pour les gens âgés, c’est l’endroit de détente pour tous. Et puis il y a la gastronomie de Strasbourg, la choucroute alsacienne, sans oublier la crème d’Alsace, que l’on tire du bon lait, des tartes aux pommes, des quiches lorraines, des foies gras et le roi des légumes : l’asperge douce avec ses pointes violettes, la volaille de la campagne. Tous ces plats passionnent beaucoup de monde. On ne peut pas oublier les vins prestigieux comme le Pinot gris, le Gewurztraminer, issus de fruits légèrement dorés grâce à un bel été, plantés sur des terrains riches et bien exposés. textes individuels La grande terrible guerre d’Asie nous a fait quitter notre pays natal et notre misérable situation, pour survivre et suivre un vent plus favorable. Et comme les graines semées au hasard par le vent, comme les feuilles étiolées en automne, comme les oiseaux qui s’envoleront en hiver, la fatigue et la peur nous ont poussés à prendre la route. Nous sommes partis pour trouver une autre cité. Là, exilés, on s’est débrouillés. Nous avons eu de la chance et avec notre inébranlable volonté, nous avons bâti une nouvelle vie en Alsace et c’est là que j’ai trouvé le bonheur. Nous avons accepté de petits emplois, où le trajet était plus long que les heures de travail, où l’on partait très tôt le matin et l’on rentrait tard le soir mais quand le premier salaire est tombé dans nos mains, c’était une très grande joie ! J’ai une famille chaleureuse, je vis en paix, et je ne connais plus la faim. Nos efforts et des conditions sociales plus justes nous ont permis d’avoir une vie plus confortable, agréable, apaisante et prospère ! c La ville change à tout moment, de nouvelles constructions apparaissent sans cesse : un hôpital près du centre-ville, des bâtiments sociaux très en ordre, des grandes surfaces et de luxueuses boutiques. Les gens sont certes pressés mais travaillent et respectent cette ville propre et calme. Je suis transportée par cet endroit, j’aime Strasbourg ma ville ! Kien Huy CHANG CSC Montagne Verte, Strasbourg 88 le plaisir d’écrire / alsace 2013 89 Toulouse c’est ma ville préférée Attendre que les cours de français commencent Attendre d’écrire bien le français Attendre de pouvoir bien parler avec les gens Attendre de bien lire le français parce que j’aime cette langue C’est pour cela que je viens ici apprendre le français. Alia CHERIET CSC Victor Schœlcher, Strasbourg à la façon de Marcel Proust Si ma ville était un objet, cela serait un berceau Si ma ville était une saison cela serait l’hiver Si ma ville était un plat cela serait la dinde farcie Si ma ville était un animal cela serait un bœuf Si ma ville était une chanson cela serait « Sainte nuit » Si ma ville était une couleur cela serait le rouge Si ma ville était un roman cela serait un conte Si ma ville était un conte cela serait un roman Si ma ville était un film cela serait « Les dix commandements » Si ma ville était un dessin animé cela serait « Oui Oui » Si ma ville était une arme cela serait une fleur Si ma ville était un oiseau cela serait la colombe Si ma ville était une musique cela serait « douce nuit » Si ma ville était un végétal cela serait le foin Si ma ville était un fruit cela serait une clémentine Si ma ville était un bruit cela serait le cri du nouveau né Si ma ville était une planète cela serait une étoile Si ma ville était un vêtement cela serait un manteau Si ma ville était un véhicule cela serait une charrette Et voilà ce qu’est ma ville : la ville sainte. Bruno CHRISTEN La Croisée des Chemins, Colmar 90 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Toulouse, c’est ma ville préférée : les montagnes entourent la forêt. Dans cette ville habitent ma tante et mon oncle. Je sors de la ville et je marche dans la montagne. Il y a de la neige. Je visite un musée et je suis allé à Lourdes, il y avait des inondations. Timothée CLEMENT SAJH, Schiltigheim Tous les ans je vais à Toulouse. A Noël, la ville est différente, elle est décorée, pleine de lumière et il n’y a pas de marché de Noël comme à Strasbourg. Je voudrais y habiter mais gros problème, Mathilde ne veut pas aller là bas. Un jour je l’emmènerai pour les vacances Retour dans le passé Alice Aynur COLAK CSC Papin, Mulhouse textes individuels Attendre c Le soleil se lève sur mon toit Une nouvelle journée commence avec le reflet d’hier sans me demander mon avis. Une bonne tasse de café, ça ferait plaisir à cet instant. Je me cherche derrière les souvenirs. J’entends les chansons des enfants de mon passé. Le vent souffle harmonieusement dans les arbres et le soleil se lève et brille avec une grande passion. Et moi j’ai froid encore, de plus en plus, sans en parler et sans pouvoir changer… Je cherche mon enfance dans la trace du passé, sur le reflet du soleil et sur chaque goutte de café. 91 Présent à chaque fois que le temps passe / Ou quand le temps va s’arrêter. Juste avant présentement Ou la fin du devenir Je suis l’instant dernier. Pas la peine de vouloir me saisir avant l’heure Je suis insaisissable Point besoin de vouloir me retenir Par après Je suis passé. Passé présent à la naissance du présent Dépassé par ce dernier Je ne suis plus moi. Je finirai par arriver / D’aucuns disent avec un jugement / Pour toi, tes proches, le monde. Je suis arrivé à chaque fois que tu t’es retourné sur le présent. Je suis arrivé à chaque fois Que tu as Posé ton regard Sur mon frère, L’instant d’avant. Et j’ai beaucoup de frères. Mes sœurs s’appellent minute, seconde, heure / Mes parents avaient un nom avant / Il a été oublié tant ils ont eu d’enfants / Il leur avait été donné aux premières lueurs Du monde. La dernière seconde est trop proche de celle-ci pour / Que j’en détermine les contours / La dernière minute se Propage ? Dans l’onde des jours… Pourquoi attendre le dernier jour pour vivre comme un saint ? Pourquoi craindre un quelconque fléau si l’on n’agit pas comme il aurait fallu ? Au dernier instant / Je boirai la coupe pleine / Car il faut refuser de la voir vide / Pleine de tout ce que j’aurai bu. Ce que j’aurai bu de toute une vie qui n’est qu’un instant : textes individuels INSTANT DERNIER c Ce précieux instant S’en est allé Comme les pires S’en sont allés Tous iront quoi que l’on fasse. Dis oui, dis non, il faudra danser ! (Sag ja, sag nein, getantzt muss sein !) Marcel-Pierre COMPTE Atelier ADP, Sélestat 92 le plaisir d’écrire / alsace 2013 93 textes individuels Sur ce vieux banc en granit, je m’y étais assis d’innombrables fois. Là je contemplais cette nature artificielle. Les ronces, fougères et chiendent avaient depuis longtemps été remplacés par un gazon linéaire et des massifs géométriques fleuris. Les chemins recouverts de gravier chantaient au passage d’une poussette ou sous les semelles des badauds venus se mettre au vert. Sous un soleil de printemps, un couple de pigeons roucoule sur les branches d’un platane. Malgré une allée de thuyas qui protégeait la quiétude du parc du tumulte urbain, on entendait le dégazage de l’ouverture des portes du bus 60. UN INSTANT à GAGNY Un nuage délétère de fumées, indifférant à la nature qu’il dessert, continuait sa route. Au-dessus des cèdres du Liban, bien que gigantesques, une architecture cubique s’élevait dans le ciel et offrait à ses résidents une vue d’ensemble sur un océan gris parsemé d’îles chlorophylliennes. En fin d’après-midi, l’air vespéral se confondait avec celui d’une campagne sauvage, mais ne vous méprenez pas, car même si ce lieu est au-dehors de la ceinture goudronnée qui asphyxie inexorablement cette mégapole, il reste figé dans une banquise bitumée. Cette ville banlieusarde est Gagny, contrée au-delà du périphérique de Paris. Un instant, un petit instant, mais combien de souvenirs y restent présents ! d « La vie n’était pas bonne, mais elle était belle. Ta jeunesse. La rue. Ta chambre tout en haut. Les sons d’un piano sous un coin de toit bleu de neige… » Léon-Paul Fargue, Epaisseurs. Alexandre D. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar 94 le plaisir d’écrire / alsace 2013 95 Itinéraire “ Tu prends la première rue à droite...” Ali D. Maison d’Arrêt de Mulhouse Je trouve ça nul, ces messieurs et ces dames. Si cela ne te plaît pas, tu n’as qu’à les habiller ! En réponse au poème textes individuels Tu prends la première à droite. Tu longes la rue jusqu’au stop. Au stop, tu prendras à gauche, jusqu’à l’intersection. A cette intersection, tu retournes à gauche. A environ 150 mètres, tu y trouveras un arrêt de tram-train. Tu y prendras le tram direction la Gare, Et de là, tu te sauveras de cette ville pour chercher un meilleur futur que celui que je vis actuellement ! Quelle direction ? Peu importe, mais partir, vivre ailleurs que là où je suis né, où j’ai vécu, où j’ai étudié, travaillé et surtout « galéré». Chaque instant passé ici dans cette ville m’étouffe ! J’ai grand hâte de partir pour retrouver ma ville et mes enfants ! Cette ville est Annemasse (74) !!! Salut vieux Queneau ! Le petit peuple des statues Le petit peuple des statues Du jardin des Tuileries Est un petit peuple de nudistes d Ces messieurs et ces dames Se mettent volontiers à poil Bien qu’il y ait là des enfants Et des touristes à l’âme pure Et les pigeons chient dessus Sur le petit peuple des statues. UNE ASSIETTE ALSACIENNE Jean-Pierre D. EPSAN - Hôpital de Jour Bischwiller 96 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Raymond Quéneau Une de mes assiettes alsaciennes me rappelle toujours les meilleurs moments de ma jeunesse… Marie D. La Croisée des Chemins, Colmar Cette assiette que j’ai eue à la mort de mes parents, en héritage et qui me rappelle tout un tas de souvenirs… 97 Notes impressionnistes sur un tableau - Rangée de peupliers bousculée par le vent, sont-ils des coupe-vents plantés pour protéger la végétation alentour ? - Bouleau en gros plan. - Restes tolérés de nature sauvage au milieu d’un champ de blé. - Fond d’arbres plus trapus. Y a-t-il un lac derrière ces arbres ? La montagne est violette à gauche, ardue puis plate au sommet, comme les côtes du Dijonnais. De la gauche à la droite, les montagnes augmentent en hauteur. Une partie nue se situe directement sous le sommet. Le tout donne une impression d’élan vers le haut et vers la droite. C’est un paysage de bric et de broc, fait de morceaux juxtaposés avec une présence humaine (champ de blé) discrète (pas de maisons). Monique D. Gem Aube, Strasbourg Depuis ma naissance, sur l’arrière de la tête, j’ai une tache circulaire de couleur rouge. Étant petit, j’étais blond et elle se voyait. Souvent moqué, il est vrai que j’en ai souffert. Mais ça, c’était avant. Avant que je n’en sache la provenance. Maintenant que je sais, je vais vous en donner l’origine : Dans une vie antérieure, j’étais un ange et, comme vous le savez, tout ange a des ailes. Mais pas moi. Le bon Dieu n’ayant plus de paire d’ailes en stock, me donna à la place une auréole. J’étais donc un ange, mais un ange pas comme les autres, un ange sans ailes mais avec une auréole, un ange tête en l’air, déconcerté et assez frivole. Ne pouvant voler, je sautais donc, de nuage en nuage, de bringue en bringue, noyant mon chagrin pour oublier que je n’avais pas d’aile. Et souvent, comme après chaque bringue, perdu dans les vapeurs d’alcool, je ne savais plus ce que j’avais fait de mon auréole. Alors, je pris la décision de me la faire greffer pour éviter ainsi de la perdre. Avec l’aide du bon Dieu, je choisis donc une auréole mais pas n’importe laquelle : Une auréole bien « Bling-Bling » en platine. Tant qu’à faire, déjà que je n’ai pas d’ailes, autant en choisir une belle. Ainsi j’ai pu continuer à sauter, de nuage en nuage, de bringue en bringue, sans me soucier du lendemain. Mon auréole bien ancrée sur la tête. Mais un jour, au matin, après une nuit bien vaporeuse et bien chargée, je me réveillai sans mon auréole. Hééé… Oui ! J’étais tombé sur le nuage des anges malfaisants. Celui habité par l’ange Cheyenne. Un ange dont l’activité favorite tenait en deux mots « voler et scalper ». Un ange maléfique qui profita de mon coma spirituel et éthylique pour me scalper et me dérober ma belle auréole. Depuis ce jour, à chaque réincarnation, ma vie passée s’efface mais la trace de mon auréole reste. textes individuels Chronique du n’importe quoi vrai d Renaud D. Maison d’arrêt de Strasbourg 98 le plaisir d’écrire / alsace 2013 99 AU MARCHé Au marché, ça sentait bon le poulet bien cuit. Ça sentait la sauce du poulet. Ça sentait bon le savon, il y avait différentes odeurs. Ça sentait bon le fromage que les gens achètent. Ça sentait bon les légumes, les oignons, les poireaux… Au marché, j’ai entendu des gens qui parlaient dans les stands. Les gens font leurs courses au marché. Moi j’aime y aller au marché. Laetitia D’AURORA ESAT Les Papillons Blancs, Soultz quand Rose DARIUS APP ReFormE, Strasbourg 100 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Quand il est à côté de moi Quand nous sommes assis Sous un arbre en fleurs Quand les pétales Tombent sur moi Je sens la vie en rose Le Parc de l’Orangerie Je peux dire que la ville de Strasbourg est une ville de rêve. Je suis très contente d’habiter ici. Il y a un endroit qui me plaît beaucoup, c’est le parc de l’Orangerie avec ses jardins fleuris, son petit lac et ses barques, les cygnes et les canards dans l’eau et les cigognes dans leurs nids, les oiseaux dans leurs cages, le petit zoo et les nombreux visiteurs de tous âges. Tout cela est unique et en même temps vivant, animé et inoubliable. C’est très agréable de passer la journée là. Je suis venue plusieurs fois me promener à vélo, faire de la marche à pied, courir à six heures du matin dans cette magnifique atmosphère et respirer l’air frais ! J’aime bien ramer avec les barques, admirer la cascade. Le temps passe très vite ici, je peux bien me reposer dans la nature. textes individuels Au marché, j’ai vu une dame qui me regardait. Elle vendait des livres. J’ai vu des vêtements et des chaussettes, noires et brunes. J’ai vu des fruits et des légumes, verts et orange. J’ai vu des pots de confiture, grands et petits. J’ai vu de la couture et de la ficelle de toutes les couleurs. J’ai vu plein de gens qui se baladaient dans le marché. J’ai vu des couleurs jaune, rose, violette, blanche, verte et orange. d Le restaurant gastronomique offre des repas de choix, la cuisine y est délicieuse. Dans le centre du parc se trouvent le pavillon Joséphine et des parterres de fleurs, un jet d’eau sur le lac et l’harmonie de cet ensemble représente le triomphe de la nature ! Nadejda DE ASSIS CSC Fossé des Treize, Strasbourg 101 Anabela DE SOUSA MARQUES CSF Victor Hugo, Schiltigheim J’aime la ville de Strasbourg parce qu’il y a beaucoup de magasins, d’universités, une préfecture, un parlement, des musées et une grande gare, beaucoup de collèges et de lycées, des mairies, des centres sociaux et des cours de français. Il y a des parcs, des ponts, des bateaux et beaucoup de pluie. J’aime Strasbourg parce que c’est une ville confortable et très verte. La silhouette Une silhouette devant une fenêtre Une image figée et sans vie Simple triste et peu parlante Mais maintenant Imaginez que vous êtes à la place de cette statue Qui regarde à travers la fenêtre Vous voici à la place de la silhouette Vous prenez votre temps Vous mettez vos sens en éveil Et vous observez Vous voyez des personnes Qui attendent le tram dans ce froid glacial Vous voyez les allées et venues du tram Vous entendez son bruit particulier Vous constatez Que la ville est vivante et constamment en mouvement Vous voyez un véhicule de la compagnie E.S.R. Sa venue est sûrement due Aux fortes chutes de neige cette nuit Ainsi vous vous rendez compte Que votre fenêtre si simple si froide Reflète des vies Alain DERNONCOURT Des histoires APP ReFormE, Strasbourg De la joie de la tristesse De l’imaginaire de l’inspiration De l’émotion textes individuels Nostalgie… Je me réveillais chaque matin avec le chant des oiseaux. C’était une petite maison où les carreaux bleus et blancs racontaient des histoires de la vie à la campagne. C’était ma maison… Quelque part dans un village qui est maintenant si lointain. Il y avait une école dans le milieu des champs verdoyants, loin du bruit des voitures. Nous attendions le moment du goûter avec tellement de plaisir. En fin de journée, quand nous rentrions à la maison, nous jouions souvent au ballon au milieu de la rue, et ce jusqu’à la nuit tombée. Je suis née et j’ai grandi dans un village de pêcheurs. Nous vivions à proximité des plages et il y avait un musée « Musée Maritimo ». Les travaux de la pêche étaient incroyables, ils se faisaient à la main de manière traditionnelle. En été nous allions dans une maison sur la plage et nous restions là-bas jusqu’à la fin juillet. Le calme de la campagne, l’odeur de la plage, le bruit des vagues, le soleil de plomb et l’immensité de la mer me manquent. Avant, je rêvais qu’un jour mon fils irait à mon école et qu’il aurait une enfance aussi heureuse que la mienne. Aujourd’hui l’école est fermée et les enfants ne jouent plus dans les rues. Il n’y a plus que la plage, les pêcheurs et la brise marine. Souvenirs d’un village qui a grandi dans une ville. Ma petite ville. d Maintenant vous verrez votre fenêtre Autrement ! Zalpa DEBIROVA CSC Montagne Verte, Strasbourg 102 le plaisir d’écrire / alsace 2013 103 Des « a » comme le mot « amour », il en faut entre les humains pour vivre. Des « b » comme le mot « balance » pour mesurer les ingrédients pour la cuisine. Des « c » comme le mot « courage », il en faut pour vivre ! Des « d » comme les mots « dame de chambre » ou « dame de compagnie ». Des « e » comme le mot « éclairs » quand il y a de l’orage. Des « l » comme le mot « livre » pour lire au coin du feu en hiver. Des « r » comme le mot « raccommodage » des vêtements. Des « t » comme le mot « tuiles » sur les maisons. Thérèse DESBUISSON La Croisée des chemins, Colmar J’aime Strasbourg et sa cathédrale, les promenades au bord de l’eau, sortir le soir et m’installer sur une terrasse, profiter des bons petits plats de la région et aussi prendre le train qui me mène en deux heures vingt à Paris, une autre ville que j’aime bien. Dans la valise d’éloise Dans la valise d’Eloïse, il y a des vêtements d’hiver qu’elle a achetés en Italie. Ceux d’été qu’elle a achetés aux Etats-Unis. Un miroir qui lui a été offert par sa grand-mère. Des sous-vêtements qu’elle a achetés en Angleterre. Un collier offert par son père. Des livres qu’elle a pris dans son association. Des cigarettes qu’elle a achetées en Allemagne. Des photos de son enfance. Des chaussures d’hiver et d’été. Des chaussettes lavées par sa tante Anne. Elle cherche partout son maillot de bain. Elle ouvre son sac à main. Elle le découvre avec joie. Elle le regarde, et le met dans sa valise textes individuels Je rentre dans ma ville, mon quartier ou mon village avec l’alphabet. d Léontine DIENG Adoma - Club de Jeunes l’Etage, Strasbourg Yacouba DIABATI CSC Montagne Verte, Strasbourg 104 le plaisir d’écrire / alsace 2013 105 Je ferme les yeux... Je me retrouve dans le parc de la Marseillaise à 16 heures, au printemps, lorsque toutes les fleurs poussent sur les arbres. Et moi, je me vois avec une robe de mariée, elle est blanche avec des roses rouges cousues dessus. J’aime bien laisser ma fenêtre ouverte, face à la ville de Cernay, pour entendre le sifflement des oiseaux. Ils me font sortir de l’ordinaire et me donnent envie d’écouter de la musique ; oublier les soucis de la vie de tous les jours. A Saint-André j’habite à la résidence les Pins, j’ai la vue sur l’église de Cernay, où je rencontre de bons amis. Je passe de belles journées dans une bonne ambiance. Je me promène des fois tout seul pour écouter les bruits de la nature, les oiseaux. Des pétales de fleurs voltigent dans l’air et moi, je danse au bras de mon bien-aimé avec beaucoup de joie. textes individuels Ma fenêtre ouverte... d A Cernay, il y a le marché du vendredi, les marchés aux puces et Emmaüs où on cherche des puces. Il y a un parc à cigognes, des routes pour piétons et vélos pour se promener et trouver la tranquillité. Les « sentiers de la tranquillité » me permettent de me ressourcer, de me détendre. Dans ma ville, j’aime aller au cinéma pour me distraire. Je vais aussi jouer de la guitare dans des restaurants Béatrice DOELL KIEN Association Hélios, Guebwiller pour passer le temps. René DORSCHNER ESAT Saint-André, Cernay 106 le plaisir d’écrire / alsace 2013 A Cernay, il y a aussi des coiffeurs pour se faire beau et propre et avoir du succès auprès des belles filles que je rencontre. 107 Cela est bien vrai. Mais en regardant les formes et les muscles, c’est une forme de beauté. En ce qui concerne les enfants, il suffit de leur expliquer naturellement. Il est bien triste que les maîtres des chiens soient négligents. Malheureusement, les pigeons ont leur place aussi dans ce monde. Marie Véronique DUTARTRE La Croisée des Chemins, Colmar En réponse au poème Le petit peuple des statues Le petit peuple des statues Du jardin des Tuileries Est un petit peuple de nudistes Ces messieurs et ces dames Se mettent volontiers à poil Bien qu’il y ait là des enfants Et des touristes à l’âme pure Et les pigeons chient dessus Sur le petit peuple des statues. e s u o h l u m Mulhouse Rue de la Fonderie Chère au cœur des Mulhousiens, l’ancienne fonderie automatique construite en 1921 pour la SACM a été conservée. Ses énormes voûtes en béton armées, une première en Europe, ont vu la réalisation de pièces de très grandes tailles destinées à fournir les différents ateliers de cette grande entreprise mulhousienne. Elles ont été conservées pour abriter prochainement des services d’archives, un musée d’art contemporain et la faculté des sciences économiques sociales et juridiques. La rue qui borde celle que l’on a appelée la « cathédrale » se devait de porter son nom. textes individuels Monsieur Queneau, d Raymond Quéneau 108 le plaisir d’écrire / alsace 2013 109 Dans ma ville... Mina E.M. Association Hélios, Guebwiller Quelle belle ville avec ces ruelles de pavés, la zone piétonne qui se trouve près de la place de la Mairie, et au centre ce grand restaurant typiquement alsacien qui s’appelle la Halle aux Blés. Et voici en face un joli bar, où les touristes peuvent se rafraîchir. En période estivale, Obernai est la deuxième ville touristique après Strasbourg. Il y a des monuments historiques et de belles églises. Une belle salle de cinéma où on peut passer un bon moment en regardant un beau film. Mais en été quels embouteillages avec tous ces touristes et le petit train qui passe dans la ville pour la faire visiter. Au centre d’Obernai se trouvent des restaurants, des hôtels et de beaux magasins d’habits et des fontaines. Mais quelle histoire pour se garer en voiture ! Et la police municipale qui se promène toute la journée pour nous donner des PV, et ces beaux géraniums qui garnissent les belles maisons, magasins, hôtels, restaurants… En hiver, on trouve une patinoire sur la place de la Mairie, pour attirer les touristes d’hiver et surtout les enfants ! A Obernai on trouve aussi de belles pâtisseries et salons de thé, de beaux salons de coiffure et de beaux parcs pour les enfants. LA VILLE D’OBERNAI Marie-Thérèse ECK EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller 110 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Les villes où j’ai vécu Ma ville natale est une petite ville au nord du Maroc. Presque tous les gens se connaissent, il n’y a rien de spécial dans cette ville, sauf sa belle nature. Cela fait dix ans que je suis partie vers l’Espagne. C’était l’Europe pour moi ! Je me suis étonnée en arrivant dans la ville de Saragosse. Elle est très propre. Son architecture, ses rues me rendent amoureuse d’elle. Les gens sont très conviviaux. Saragosse est une ville où il y a une rivière qui s’appelle « Ebro » et des monuments très importants, comme la grande cathédrale, « Le Pilar ». Chaque année, le 12 octobre, les catholiques y viennent en pèlerinage. Il y a cinq mois, j’ai décidé de quitter Saragosse pour des raisons personnelles. Une matinée, je suis descendue du bus à Strasbourg, malgré le froid et le mauvais temps. J’ai vu une carte postale. Elle est très belle : une architecture tout à fait différente, comme je n’ai jamais vu, sa rivière, ses rues bien propres, ses églises, ses musées. Tout cela la rend une ville très importante dans le monde. J’ai pris le tram pour aller chez moi. Ça me plaît beaucoup ce moyen de transport qui organise très bien la circulation dans la ville. Je suis arrivée à l’Elsau. C’est un très beau quartier avec des grands bâtiments, un centre commercial et ses espaces verts qui le rendent très propre. Dans ce quartier il y a un centre culturel où je suis en train d’apprendre la langue française. Je peux dire que Strasbourg c’est la ville de mes rêves ! textes individuels Je me souviens d’un bel après-midi, l’été dernier, avec mes quatre enfants, mes deux garçons et mes deux filles. Nous avons traversé le parc de la Marseillaise, il faisait chaud, il y avait de l’herbe, des arbres et un écureuil qui grimpait aux arbres. Les enfants jouaient à la balle. Ils couraient dans tous les sens. Ils étaient contents et moi, leur maman, j’étais très heureuse. Nous avons mangé des gâteaux, nous avons bu du jus d’orange. Après, nous sommes passés au Super U acheter des bonbons et des yaourts. C’était une belle journée, un bel après-midi dans ma ville, au parc de la Marseillaise. e Khadija EL FADDAOUI CSC de l’Elsau, Strasbourg 111 J’aime le quartier de l’orangerie par une belle journée de soleil où je retrouve la nature, les animaux et les promenades dans le parc. Je m’installe au bord du lac et je rêve. Mimoun EL OUACHOUNI CSC Montagne Verte, Strasbourg M. Raymond Queneau, Père de famille que je suis, je suis très triste pour vos textes à faire lire à mes enfants et neveux, avec des mots intimes réservés aux adultes. Je suis quelqu’un qui défend les valeurs nobles de l’être humain. Mais cher Raymond, tu perds l’âme que tu veux donner à la société. Tes textes sont injustes pour un monde civilisé ! Abdoulhay EL-BARWANE La Croisée des Chemins, Colmar En réponse au poème S comme Sucre T comme Travail R comme Rose Touda EL OUALLALI A comme Ami CSC de l’Elsau, Strasbourg S comme Salut B comme Beau O comme hOpital U comme EUrope R comme Rester à la maison G comme Gâteau Le petit peuple des statues textes individuels Strasbourg est une ville que j’aime. e Le petit peuple des statues Du jardin des Tuileries Est un petit peuple de nudistes Ces messieurs et ces dames Se mettent volontiers à poil Bien qu’il y ait là des enfants Et des touristes à l’âme pure Et les pigeons chient dessus Sur le petit peuple des statues. Raymond Quéneau 112 le plaisir d’écrire / alsace 2013 113 Les femmes me confient beaucoup de choses précieuses comme leur porte-monnaie, leur portefeuille, leurs clefs et d’autres objets. Je suis content parce que je ne suis pas seul, je ne m’ennuie pas. Je suis avec le portefeuille et le porte-monnaie. Je suis heureux parce que je me promène partout où elles vont, en ville, aux magasins, à la maison et que je protège leurs affaires. Je ne me sépare jamais des personnes qui m’aiment. Je voyage partout. Je suis aimable, quand elles ont besoin de quelque chose, elles le trouvent chez moi. Quand je me perds elles me cherchent et elles me trouvent très vite parce que j’ai leurs affaires. Je suis connu, je vis longtemps mais ne vieillis pas. Je suis si beau et si cher. Nadia ERRAMAMI Plurielles, Strasbourg le plaisir d’écrire / alsace 2013 Philippe ESCALIN ESAT Saint-André, Cernay e Strasbourg est belle, Berat aussi Strasbourg est classée patrimoine mondial, Berat aussi Strasbourg n’a pas de mer, Berat non plus Strasbourg n’a pas de grandes tours, Berat non plus Strasbourg a un marché de Noël, Berat non Strasbourg a un Parlement, Berat non À Strasbourg j’ai mes amis, à Berat j’ai ma famille À Berat j’ai mes souvenirs, à Strasbourg j’ai mon avenir. Je suis le sac. 114 En ce moment, je retrouve le sourire, j’ai eu des petits soucis au travail et cela m’a contrarié. Je ne m’en fais plus aujourd’hui, je m’en moque. Je suis content quand je rentre chez moi. Je suis au calme pour câliner mon chat et m’occuper de moi, mais surtout de mon chat. J’aime aller me balader en forêt dans la neige, faire le vide, être bien, pour revenir le lundi au travail. C’était super génial l’atelier d’écriture, je le referai à nouveau. textes individuels Je suis utile pour les femmes et les hommes Selavdin ESKIV CSC Montagne verte, Strasbourg 115 J’ai fait un rêve extraordinaire ! C’étaient les informations, le JT de 20 h et devinez qui était l’invitée de la soirée ? Elle faisait la UNE, c’était l’événement du jour, totalement inattendu : Marine Le Pen était passée au Parti Socialiste et se battait pour la Paix dans le Monde qu’elle réclamait à cor et à cris. En apprenant la décision de sa fille, son père, furieux, se voyant désavoué par sa propre famille, prend une arme pour se suicider lorsque soudain il entend un cri d’appel à l’aide. Il laisse tomber son arme pour aller voir… c’était Marine en train de se noyer et se faire dévorer par son crocodile Lacoste. Perpignan, j’y ai vécu beaucoup de temps ! Là-bas ! Mes copains et les monitrices que j’aimais très fort y sont restés. J’AI FAIT UN RêVE J’adorais le beau temps, la mer, la plage. Strasbourg n’est rien à côté de Perpignan ! I love you Perpignan !!!! Strasbourg : il y a tout le temps des travaux ! textes individuels Evidemment, son papa n’était pas d’accord et ne voulait plus entendre parler de sa fille. Elle a donc voulu créer sa propre famille. La solution : partir en Afrique et adopter des enfants orphelins, notamment après avoir perdu leurs parents pendant les guerres ou suite à la famine. Perpignan - Strasbourg, 10 à 0 Je sais que les impôts servent souvent à ça, je suis concerné, mais C’est chiant ! Abdelrani F. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar A Perpignan, tout était nickel ! Il n’y avait jamais de travaux. Il y avait bien quelques ascenseurs en panne (grâce à moi !) f Pour moi, Perpignan, c’est ma ville de cœur ! Je l’ai toujours aimée et je l’aimerai toujours, même si Gamin, j’y ai fait des bêtises que je regrette énormément. Axel F. SAJH, Schiltigheim La porte de ma cellule s’ouvre. Deux surveillants hurlent : « Changement de cellule ». Je me réveille en sursaut. Ce n’était qu’un rêve. 116 le plaisir d’écrire / alsace 2013 117 L’oeil qui voit tout... Petite France Des gens de tous les pays viennent visiter et admirer « La Grande Petite France ». Najma FERHAT CSC Camille Claus, Strasbourg Tes murs sont imprégnés de cette histoire, on sent dans tes rues que tu as vécu tant de choses. On t’avait complètement détruite, mais tu as ressurgi de l’Ill, tu as repris des forces tel un arbre. textes individuels Je suis l’oculus sur le toit de l’hôtel de ville ; chaque jour, j’entends l’horloge qui sonne tous les quarts d’heure. Les pigeons me tiennent compagnie ; de là où je suis, je vois tout ce qui se passe sur la place de l’hôtel de ville, et même le vignoble juste en face qui change de couleur selon la saison. Deux fois par semaine, la place devient bruyante, il y a beaucoup de monde, il y a foule : c’est jour de marché. J’aime les jours de marché ; il y a plein de marchands, des gens qui achètent des légumes, du pain, de la viande, des fromages. Les traiteurs préparent la paëlla, des poulets rôtis. Chaque année, la dernière semaine du mois de novembre, des boules bleues et argentées s’allument chaque soir. Des fois il y a la neige qui me cache la vue et je ne vois plus rien. Et quand la neige fond, je vois le vignoble comme à travers un voile. J’aime me promener dans tes rues étroites où l’ancien et le neuf vivent ensemble. f Nawal F. Association Hélios, Guebwiller Après la guerre Une collecte de vêtements pour les pauvres Beaucoup d’habits sont rassemblés La femme cherche quelque chose pour elle Il y a une grande boutique sur la route Tout le monde fait quelque chose pour les pauvres Elle trouve une robe de mariée et la porte Elle rentre chez elle, elle est heureuse Ahmed FARHAT CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 118 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Figuig est une ville qui se trouve au sud du Maroc. Son histoire est vivante, là, partout : dans les sables, dans ses jolis paysages, dans ses eaux qui se reposent dans les bassins, au cœur des palmiers où nichent les oiseaux. Figuig Les habitants des maisons traditionnelles en terre nous ouvrent leur porte et nous offrent le thé et des dattes, chaleureusement, simplement. Alors, venez ! Oum Kaltoum FIEFFEL CSC Camille Claus, Strasbourg 119 à la façon de Roald Dahl Mon imagination me ravit... LA CONDITION POUR VOIR JULIEN « Près de chez moi, il y avait une drôle de maison tout en bois, inhabitée, isolée et située au bord de la route. Je brûlais d’envie de l’explorer mais la porte restait toujours fermée… Un beau matin je lus ’Vendu’. Cette nouvelle inscription me laissa tout songeur. » Je passe devant cette maison étrange où j’entendis jadis des bruits étranges. Je me dis ce sont peut-être des fantômes et je décide de poursuivre mon chemin en laissant ces fantômes hanter mes nuits et celles des autres car celui qui voudrait les déranger en paierait le prix ! Chouette ! Des fantômes ! Adrien FLUHR La Croisée des chemins, Colmar 120 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Je passe devant le collège des Missions Africaines à 14 heures 02 ; ça me rappelle des souvenirs. Juste à coté du collège, se trouve la gendarmerie ; mon oncle y travaillait. En face de la gendarmerie, je passe devant un bureau de tabac. Il y a des cigarettes. Je prends la rue du cimetière où je m’arrête au feu rouge. Je pense à ma grand-mère. J’arrive au centre ville où il y a le grand parc de l’horloge fleurie, c’est beau. textes individuels Je prends le bus de 14 heures juste devant la maison. Je suis libre. f En face du parc, il y a un cabinet médical, les escaliers sont compliqués. J’arrive à la gare, Julien m’attend… Je suis heureuse. Julien c’est mon copain. Ça fait 6 mois qu’on est ensemble. Julien a une grande sœur, Cinthya, qui connaît ma sœur. Julien a un petit frère qui habite dans son immeuble. Julien et moi on est fiancés. On se voit en ville parce que mes parents n’ont pas suffisamment confiance en moi pour le laisser venir à la maison. Allison FOUCHARD Fondation Protestante Sonnenhof, Bischwiller 121 De ma maison, Je regarde par la fenêtre de ma chambre. Je regarde dans mon jardin et je vois l’herbe, les petites fleurs multicolores par terre le long du grillage. Je regarde l’immeuble en face de la maison. Je regarde les fenêtres, des rectangles blancs et des vitres noires, il y a rien à voir. Je regarde les volets blancs. Des fois, Je regarde aussi les gens qui sortent de l’immeuble. Je suis curieuse et des fois il y a de beaux garçons qui passent… Je regarde le parking, il y a de jolies voitures stationnées des fois. Je regarde la porte d’entrée de l’immeuble. Des fois les gens ont des animaux, des chiens. Toutes sortes de race ; ils sont tout mignons. Je regarde les nuages parce que le temps change et que les nuages ont plein de couleurs, du bleu, gris. Je regarde les oiseaux, les corbeaux, les pies, les mésanges, les hirondelles… Je regarde les arbres en bourgeons, les papillons aux ailes colorées, le soleil rond. Je regarde aussi les garages, c’est la première chose que je vois, leur forme carrée, alignés, blancs. Je regarde aussi les toits : les tuiles n’ont pas les mêmes couleurs. Je regarde les fleurs… textes individuels De ma maison je vois... f « Les matériaux de l’urbanisme sont le soleil, l’espace, les arbres, l’acier et le ciment armé, dans cet ordre et dans cette hiérarchie. » Le Corbusier Mélody FRIEDRICH Fondation Protestante Sonnenhof, Bischwiller 122 le plaisir d’écrire / alsace 2013 123 L’HIVER Mon quotidien Je me lève, il est 6 h. Je sors de chez moi à 7h30, la tête pleine de rêves qui sont rattrapés par la triste réalité du travail. Une fois mon travail terminé, je sors m’aérer l’esprit, un petit tour en ville entre amis, discuter de choses et d’autres autour d’une bonne coupe de champagne. Ensuite, je ne peux m’empêcher de prendre mon téléphone et de donner des nouvelles à mon mari qui doit sûrement s’inquiéter de mon absence. Une fois ce dernier rassuré, je me dirige vers un parc à eau naturelle où je m’assois sur un banc et là, j’en profite pour faire le bilan de ma vie qui, dans mon rêve, ne présente aucune rayures ni ratures, mais comme je le disais, je suis vite rattrapée par la réalité. Jennifer G. Maison d’Arrêt de Mulhouse Arnaud G. Hôpital de jour, Molsheim Mon quotidien Sortir, fermer la porte à clef, dire bonjour comme tous les matins à ma voisine, j’attends le tram en fumant ma cigarette, puis il arrive, je monte, je me dirige vers mon magasin, je fais mes courses, je paie, je repars, de retour à la maison, repas, ménage. Je déjeune avec mon homme, ensuite, je me pose pour fumer ma cigarette avant de reprendre le quotidien. 124 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Chantal G. Maison d’Arrêt de Mulhouse Mon lieu préféré Mohamed G. Maison d’Arrêt de Mulhouse textes individuels C’est l’hiver, le début des premiers frimas, on voit à l’horizon s’étendre de gigantesques étendues de neige, les branches des arbres reluisent de givre et sont comme de grands épouvantails glacés. Sur les routes, il y a du verglas que sablent régulièrement les services municipaux. Les flocons tombent en tournoyant sur eux-mêmes dans une sarabande effrénée, chaque couche s’amoncelle sur une autre, sur un sol déjà durci par le gel. Mais chez lui, l’Ami Fritz est bien tranquille, assis sur un voltaire, une couverture sur les genoux, près de l’âtre où flambe un grand feu de chêne. Sa gouvernante lui présente une tasse de café fumante avec un assortiment de brioches gonflées, jaunes et délicieuses. Dehors, il y a un tel brouillard qu’on n’y voit goutte à dix mètres à la ronde. Les enfants du village dévalent les coteaux du Repsberg avec leurs nouvelles luges en bois en s’amusant comme des fous. Fritz approcha son tisonnier du feu pour remuer les braises et les faire repartir de plus belle. Au dehors, les stalactites pendaient aux gouttières de la maison. g Si j’étais un lieu dans la ville, je serais un étang, préservé de tout déchet. Je participerais à tellement de belles choses de la vie, seulement par ma présence. Je serais le centre indispensable au bon développement naturel et vital de mon secteur et peut-être d’ailleurs… Dans ce lieu, il se passe de magnifiques choses, de nouvelles formes de vie. Il y a des femelles de différentes espèces d’animaux aquatiques et terrestres… J’aime son calme… 125 La gardienne de la banque Souad G. Association Hélios, Guebwiller A Strasbourg où je vis maintenant, j’aime le confort et la richesse de ma vie que je n’avais pas dans la ville où je suis née. Il y a à Strasbourg une très belle cathédrale, le tram, des bateaux, des boutiques, des restaurants alsaciens, des cigognes et des maisons historiques. textes individuels Je suis au milieu de la ville, Je me trouve sur le toit d’un bâtiment important Et je vois tout ce qui se passe à ce carrefour. Des voitures s’arrêtent quand le feu est rouge Et les gens traversent la rue. Les uns vont au centre-ville et regardent les magasins, D’autres vont chez le dentiste et le médecin. Et beaucoup viennent chez moi, Parce que je suis la tourelle sur le toit de la banque. Les uns sont contents, le distributeur leur donne Beaucoup de billets, mais d’autres sont déçus, Leur porte-monnaie reste vide. C’est moi, la gardienne de la banque. g La ville que j’ai quittée est plutôt un petit village qui s’appelle Malesõu et se trouve en République Je fais un voyage imaginaire dans une ville différente de Strasbourg. Dans cette ville il y a beaucoup de lumière. L’air est pur et a l’arôme d’un gâteau. Le ciel est rose et les nuages d’argent volent. Les jardins sont habillés d’or. Dans cette ville, le temps ne passe pas vite. Dans cette ville, il y a la paix et le calme, tous les habitants sont contents parce qu’il n’y a pas de tristesse. Dans cette ville, tous les habitants sont égaux. Ma ville rêvée Tchèque. J’aime ses châteaux et ses objets en cristal. Je regrette ma famille, elle me manque, et aussi ma maman qui nous a quittés l’année dernière au mois d’août. GASS Monika CSC Montagne Verte, Strasbourg Lule GASHI Plurielles, Strasbourg 126 le plaisir d’écrire / alsace 2013 127 EST-CE ELLE ? Dans ma ville 128 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Mon cauchemar Je déteste les embouteillages. C’est énervant, on aimerait que ça avance plus… Mais ils s’endorment tous ! Le chauffeur klaxonne : « Avancez ! Plus vite ! ». Ça n’avance plus. Tout s’arrête, immobile, rivé. Et moi ? Je continue à vivre. textes individuels Une silhouette tournant furtivement dans une ruelle sombre, Devancée par son ombre Cherchant sous les décombres Un endroit sans ombre Pour enfin sombrer dans les bras de Morphée. La ville la nuit Un parc, des bancs, Un couple d’amoureux s’embrasse Délicatement Pascal GASSMANN En préservant le plaisir Ithaque, Strasbourg Pour plus tard en jouir. La ville la nuit De l’autre côté du trottoir, Un bar, il est déjà tard Mais jamais trop pour boire En noyant son désespoir Sachant que tu ne pourras plus la voir. La ville la nuit Une sirène au loin déchire Le silence du train-train quotidien N’annonçant rien de bien Eh toi ! Quand je me promène dans ma ville Avec ton joint Je vois, je sens des rayons de soleil qui Qui ne penses à rien, Entrent dans mon cœur. Écoute un instant ! Je pense à toutes les personnes Ouvre tes oreilles ! Mortes pendant la guerre Je l’entends… Et à toutes celles qui souffrent C’est Elle. De maladie. La ville la nuit La vie est comme ça. On n’y peut rien. Pourtant si on restait main dans la main, Tous ensemble, On pourrait Thierry GAUGER Faire beaucoup de choses. ReFormE, Lingolsheim Virginie GAUTHIER IMPRO La Ganzau, Strasbourg g Ma ville - instant Je me trouve dans un immeuble donnant sur la place de la Bourse - Etoile, je regarde par la fenêtre, instant de voyeurisme sur le flot de véhicules qui passent dans tous sens. Le temps s’arrête et j’écris, plaisir d’écrire. Le flot de pensée qui se traduit sur le papier par les trois doigts de ma main qui tiennent mon stylo. Je suis pratiquement immobile et dans Strasbourg ça circule, mon immobilité tend à arrêter le temps pour décrire ce qui se passe autour, et le temps passe quand même. Seulement je suis spectateur et j’attends quelque chose, j’observe que tout autour il y a toujours du mouvement. Ce brassage dans les rues, les magasins, la cohue jamais ne s’arrête vraiment. Et moi mon cœur bat et pousse dans ma main, le flot de mon écriture, tel mon sang, se répand sur la feuille de mon éternité. Rémi GEIGER Gem Aube, Strasbourg 129 Ma ville Je rêve… …que tout le monde est heureux et en bonne santé. …que ni les enfants, ni les femmes enceintes, ni les hommes, ni les animaux, ne soient tués par la guerre. …que les gens ne meurent pas de maladies graves. …qu’il n’y ait pas de méchants, ni de pays qui vendent des armes pour gagner de l’argent. Les pays ne montrent pas leur vrai visage : une main caresse, l’autre frappe. De toute façon tout le monde meurt un jour, alors pourquoi s’entretuer ? Ça me fait mal au cœur. J’ai peur pour l’avenir de mes petits-enfants et pour l’avenir du monde aussi. Sennaz GENDOGLU CSC Camille Claus, Strasbourg DANS MA VILLE J’aime me promener dans ma ville : Guebwiller. Il y a des fleurs, des magasins. Ma ville est grande. Elle est jolie quand elle est propre. J’aime rentrer dans les magasins pour acheter des livres ou des cadeaux. J’aime parler avec les gens, rencontrer les autres. Et quand j’ai fini, je rentre dans ma maison. Je suis contente d’habiter à Guebwiller. Santina GENTILUOMO ESAT Les Papillons Blancs, Soultz 130 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Ma ville est verte comme la pelouse des parcs et les arbres qui l’habitent Ma ville est bleue comme un ciel d’été, comme les yeux de cet enfant Ma ville est jaune comme un soleil qui illumine la nature Ma ville est couleurs, ma ville est lumière, ma ville est espoir. Annman GEULDELEKIAN Plurielles, Strasbourg Je suis heureux parce que j’ai pris la place de la télévision, des radios, des journaux, des magazines, de la publicité, des magasins… Je fais tout ce que vous voulez. Je suis là avec vous où vous êtes. J’ai traversé le monde avec mes forces et mon intelligence. J’aime les gens, ils me font confiance, ils sont contents, surtout les enfants qui jouent bien tranquillement. Je vole dans le ciel et je suis sur terre. Je prends tous les messages de tout le monde. Je suis le plus fort au monde. J’ai l’honneur de tout savoir pour vous. Je suis Internet. Mohamed GHOMRANI CSC Montagne Verte, Strasbourg textes individuels J’ai un rêve g Hadda GHELIM Plurielles, Strasbourg Dans ma jeunesse, je suis venu à Strasbourg. Je me suis marié. J’ai connu une belle période de vie de famille et de travail. Me voilà retraité et je m’y plais toujours car c’est une ville bien agréable pour vivre avec ses animations durant l’année, ses pistes cyclables où l’on peut faire de belles sorties. C’est vraiment une ville que j’aime beaucoup. 131 Le passage sous l’arche en pierre signe le contact avec la ville. La petite ruelle est encore dans l’obscurité du premier matin. Seulement à la fin, on voit les lumières de la rue principale et les premiers magasins qui sont en train de s’ouvrir. Aujourd’hui il n’y a pas de voitures mais je ne comprends pas pourquoi. Je traverse et je continue de marcher en regardant les pierres de cette rue et écoutant le bruit de mes chaussures sur le pavé. Petit à petit, un bruit insolite qui mélange sons métalliques et voix monte. L’arrivée sur la place ouvre la vision du marché qui est en train de se monter. Je lève la tête et les grandes maisons à colombage semblent observer ce grand mouvement. Les vendeurs sont en train de monter les stands et les produits. Ils se parlent entre eux. Je tourne à droite et après quelques pas, c’est la place avec la synagogue qui s’ouvre devant moi. Juste le temps d’esquiver les voitures et je fais la queue pour passer par la petite porte qui me fait sortir de la vieille ville. Le soleil ne tardera pas à se montrer et il arrive déjà à colorer les remparts. C’est là que je me retrouve avec l’Ehn, rivière qui finit d’entourer le centre historique et qui coule tranquillement. Mais moi je suis pressé et je ne peux pas éviter de me retourner vers les remparts. Le drapeau de la ville flotte sur la tour. J’ai l’impression d’avoir fait une petite promenade dans l’histoire, là où tradition et modernité fascinent depuis des siècles. Dans un joli endroit Dans un joli endroit, très loin de chez moi, il y a plein de trucs et d’histoires, que parfois j’aime bien revoir, des photos de mon enfance, et de magnifiques vêtements tendances, de ma jeunesse j’ai gardé des pantins, de mon adolescence des bouquins, récits d’aventures et romantiques, mais aussi policiers et historiques. Dans cet endroit je ne vais pas souvent, même si je vivais là-bas avant. C’est un endroit incroyable, coquet, sûr et agréable, la tranquillité je la trouve là-bas, parce que j’y reçois des câlins, il y a aussi un petit lit, où je me suis souvent endormi. textes individuels Une dernière promenade g Irene GILES CSC Fossé des Treize, Strasbourg Je quitte Obernai. Stefano GIACOPINI Trampoline, Molsheim 132 le plaisir d’écrire / alsace 2013 133 Je suis né à Sulecrya en Pologne, c’est la campagne au nord de la Pologne. J’ai habité au centre de la campagne. Ma maison familiale est à côté de la banque. Il y a un carrefour. A ce carrefour, se trouve la grande croix. J’ai passé mon enfance avec mes parents et mes grands-parents. Je travaillais à la ferme, je donnais à manger aux poules, aux vaches et aux cochons. Maintenant, je suis prêtre. Alors, je n’habite plus la campagne familiale. Je ne suis pas dans mon pays natal non plus ; mais je me suis rappelé un peu des moments de mon enfance ! Chaque homme connaît ses voisins ; ils s’invitent pour un café. Ils sont très accueillants. Les places les plus importantes à la campagne, ce sont l’église et le stade. Tous les dimanches, les gens prient. Pendant les vacances, tous passent des discothèques au stade. Ils s’amusent et passent le temps. Dans ma campagne, il y a beaucoup d’arbres. En face de ma maison se trouve un châtaignier. L’endroit est très important pour moi parce que j’ai grandi là-bas. Quand je pars en Pologne, je revisite toujours ce lieu. Dans la rue du Dôme J’ai acheté un jeu de paume Dans la boutique qu’on dénomme La boîte à gommes Car le magasin embaume De leurs arômes. Le patron qui se prénomme Jérôme Est un drôle de bonhomme. On le surnomme Le métronome Il est ridé comme une vieille pomme. Avec une pléthore de mots, il nous assomme Dans sa barbe souvent il ronchonne. Assis derrière sa caisse, son trône Il surveille son royaume. textes individuels La ville de mon enfance g Rachel GNAEDIG Adoma - Club de Jeunes l’Etage, Strasbourg Wozciech GLINIECKI Trampoline, Molsheim 134 le plaisir d’écrire / alsace 2013 135 Budapest est verte comme les arbres Budapest est une chienne qui aboie Budapest sent le froid et le thé Strasbourg est jaune comme le soleil Strasbourg est une girafe qui marche Strasbourg sent le chaud et le pain Ibolya GOMAN Plurielles, Strasbourg Dans cette ville que je découvre tous les jours, je recherche des raretés architecturales, des maisons à colombages avec des portes en fer forgé. Des bâtiments plus récents qui dans l’habitat strasbourgeois ont trouvé leur place. J’aime beaucoup les intérieurs du début du siècle. Ma ville, c’est Strasbourg depuis peu et je la regarde de mes yeux émerveillés, des nouvelles constructions en béton brut. Tout ce qui me plaît ce sont les formes géométriques extraordinaires que conçoivent les architectes et le travail formidable des équipes d’ouvriers qui bâtissent ces merveilles. textes individuels Ma ville d’avant, ma ville d’aujourd’hui Ma ville, un instant de plaisir visuel g Olivier GOUTAL GEM Aube, Strasbourg 136 le plaisir d’écrire / alsace 2013 137 On ne peut guère évoquer Sainte-Marie-aux-Mines, sans parler de la bourse aux minéraux, événement qui fêtera ses 50 ans cette année. Pourtant à la même période l’an passé, les organisateurs annonçaient son déménagement pour Colmar, lieu plus spacieux et plus lucratif pour eux. C’était sans compter l’attachement des habitants de la vallée à leur bourse, événement mythique et vital pour beaucoup d’associations. Le maire de la ville, M. Abel, décida alors de se battre et de lancer avec l’appui de la municipalité et des habitants de toute la vallée le pari fou d’organiser une bourse concurrente aux mêmes dates. Là, ce fût réellement magique, en quelques semaines les exposants ont été conquis par le dynamisme et la volonté de notre ville pour maintenir la bourse dans son site historique et très vite des dizaines d’exposants ont réservé un emplacement. Devant ce succès, les anciens organisateurs jetèrent l’éponge et décidèrent de ne plus faire de bourse à Colmar. A ce moment-là, plus moyen de faire marche arrière, ce fût alors la course contre la montre pour réaliser en quelques mois ce qui se préparait en un an et cela sans réelle expérience. Pour ma part, participant bénévolement à plusieurs autres manifestations, je décidai cette année de rejoindre l’équipe de restauration. Je pénétrai donc pour la première fois au cœur de cette manifestation qui mobilise toute cette ville, provoque dans les rues d’interminables bouchons, problèmes de stationnement mais toujours, ou presque, dans la bonne humeur. Dès le matin, le lieu est devenu une véritable fourmilière, dans tous les coins, des hommes et des femmes passent et repassent avec des chariots ou les bras chargés de cartons remplis de pierres, bijoux, fossiles etc. destinés à être exposés. Puis commence le grand déballage du fruit de leur travail, de leurs recherches et de leurs découvertes. Quant à moi, je suis avec plusieurs bénévoles pour préparer la salle qui accueillera les exposants et visiteurs venant se restaurer à midi. Après avoir mis les tables en place, la marchandise dans les frigos, le matériel à sa place, je fais une pause et me balade dans la bourse à travers les stands. Soudain j’aperçois un brillant sous une bâche près d’un stand, je me précipite pour le ramasser, et zut ! Mon dos se bloque. Très vite des bénévoles de l’organisation me portent secours et me conduisent dans un stand où se trouvent des masseurs kiné dont l’un pratique la fasciathérapie, ce que je choisis pour me soulager. Miraculeusement je ressors du stand sans douleur ou presque, et je retourne sur le lieu et là, le brillant est toujours là. Je me baisse cette fois doucement et ramasse la pierre magnifique et la remets à son propriétaire qui tout heureux de la retrouver m’invite dans son stand. Il me montre tous ses bijoux et pierres venant de l’Oural dont l’une, son joyau, valait plus de 50 000 euros. Je poussais un « ouah » d’admiration en la voyant car elle brillait de mille feux. Il m’expliqua aussi le procédé chimique qui améliore et conserve le cristallin des pierres. Ensuite je repartis avec une belle pierre en cadeau pour me remercier et retournai au travail. C’était dur de servir ces centaines de repas mais tellement gratifiant le contact avec les clients. Tout se passait dans la bonne humeur et l’ambiance était vraiment chaleureuse. La semaine fut longue, difficile, épuisante mais quelle joie que d’avoir participé à une vraie réussite. De l’avis de tous, exposants, visiteurs, bénévoles, ce fut mieux et plus convivial que les années passées. Je repartirai cette année si l’on a besoin de moi, mais en attendant un grand et immense MERCI à M. Abel et son équipe. Mille bravos. textes individuels La Bourse “Made In” Sainte-Marie g Henry GRIFFRATE CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines 138 le plaisir d’écrire / alsace 2013 139 Des couleurs pour Strasbourg Ali GUEROUI ReFormE, Lingolsheim J’aime la France même s’il n’y a pas beaucoup de soleil. Je suis allée à Paris une fois et c’était magnifique : l’église Notre Dame, les Champs Elysées, la Tour Eiffel. Les gens vendent des choses dans la rue, ça ressemble à la Turquie. C’était vraiment chouette. J’aimerais bien encore une fois aller à Paris. Zeynep GÜL CSC Montagne Verte, Strasbourg 140 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Balade à Ste Marie-aux-Mines Nous sommes allés au quartier Rohmer, les arbres étaient le long de l’allée, un joli portail de couleur verte en fer forgé. Quand la bourse aux minéraux est là, les routes sont détournées, on doit faire le tour de la ville ; sur les trottoirs, il y a des troncs d’arbres posés pour empêcher les voitures de se garer n’importe où. Quand je suis au bord de la rivière, je sens un léger vent qui me caresse le visage, le ruissellement de la rivière me calme un peu l’esprit, je suis zen. Une odeur agréable sort du ruisseau, l’eau est fraîche, un joli papillon passe, c’est beau. Durant le trajet, j’ai fermé les yeux, je me suis dit : On est sur la route, on tourne pas mal, un moment dans ma tête je voyais qu’on roulait sur un chemin de terre. Nous passons devant une petite route, il y a de beaux jardins, ici on plante des légumes et des fleurs. En arrivant au centre socioculturel, un peu de soleil et de vent qui soufflent léger, en face une usine qui tourne encore, un peu de bruit mais pas trop. La pelouse est agréable à regarder car elle a été tondue. textes individuels Un peu de joli blanc pur Pour les rues de la ville de Strasbourg Un peu de noir Pour les ailes des cigognes Un peu de beige Pour les portes des écoles Un peu de gris Pour le ciel de Strasbourg Toujours gris Un peu de ciel bleu Pour mon rêve algérien. g Olga GVOZDEN CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines 141 textes individuels h « Dans une grande ville, pour peu qu’on regarde aux fenêtres, on se sent entraîné vers la poésie épique ; dans un village, au contraire, on ne composera que des idylles ou des poésies lyriques. » Johann Richter 142 le plaisir d’écrire / alsace 2013 143 Par un dimanche solitaire, debout derrière les carreaux du salon, je contemplais la pluie noyer le paysage. Je décidais de mettre un peu de vie et de couleur dans cette journée qui s’annonçait quelque peu triste et monotone. Me voici partie pour m’évader, me voici devant le musée. Une fois à l’intérieur je me sens tout de suite moins seule, entourée que j’étais d’un public hétéroclite et en même temps seule avec moi-même. Tout en déambulant dans cet espace, je rêvais de soleil, de fleurs, de liberté et me voici devant une photographie au diapason de mon état d’esprit. Un jeune garçon se trouve au milieu d’un champ, il est seul dans un lieu paisible, ensoleillé, fleuri et n’aspire qu’à plus de liberté en se débarrassant de ses vêtements qui entravent ses mouvements, emprisonnent son corps. Seul face à lui-même en parfaite communion avec la nature le voici à présent libre, dénudé comme au premier jour dans cet écrin de verdure. Carole H. Hôpitaux Universitaires de Strasbourg Je me souviens avec nostalgie de ma jeunesse, insouciante, où, avec mes camarades on riait et jouait tous ensembles. La vie était simple. On n’était pas riche, mais on ne manquait de rien, on était bien, car les familles de toutes catégories vivaient une sorte de communauté de partage, jusqu’au jour où la vie a basculé à cause de l’euro. A partir de là, on a vu naître cruellement le manque d’argent et en même temps la cupidité de certains, la tromperie, la fermeture des entreprises. C’est tout cela qui m’a amené là où j’en suis. Avec la pauvreté et la tolérance zéro, beaucoup se font arrêter, condamner, car ils sont obligés de voler pour nourrir leur famille. Or, si on s’occupait un peu plus de cette catégorie de personnes, si on les soutenait d’avantage, cela n’arriverait pas. Lorsque je vois la différence de paie entre par exemple un ébéniste qui gagne 1 000 € et un ministre ou un footballeur, qui eux gagnent des millions alors que d’autres n’ont pas même de quoi nourrir leurs enfants, cela me révolte et je me demande où va notre monde ! Je regrette que la France soit tombée aussi bas car c’était un beau pays. Aujourd’hui on travaille pour survivre et non pour vivre. Où donc est passée l’insouciance de ma jeunesse ? PAUVRE FRANCE textes individuels Rêveries dominicales h Julien H. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar 144 le plaisir d’écrire alsace 2012 145 Lynda H. Association Espoir, Strasbourg Ça m’énerve ! Tram B direction Hoenheim Gare : Trop serrée, trop de monde… Ça m’énerve ! Marilyne H. IMPRO La Ganzau, Strasbourg Ils me font mal, ils me poussent, Personne ne fait attention, ne dit pardon… Ça m’énerve et ça m’énerve ! J’entends des insultes, les gens parlent « frech », Je vois des bagarres… Ça m’énerve, ça m’énerve et ça m’énerve encore ! Je m’énerve très vite, et ma colère dure jusqu’au soir. Le calme revient quand je dors, et je rêve des dauphins. Benichicker c’est la ville où je suis né. C’est une ville au bord de la mer. Par endroit on se croirait dans un western. On dirait que c’est le bout du monde. Et quand on y va on ne veut plus en revenir. Et les yeux brillent… 146 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Mohamed H. Maison d’arrêt de Strasbourg UNE BELLE VILLE ALSACIENNE Entre le Congo et l’Alsace il n’y a vraiment rien de commun, si ce n’est la fête. Cela fait 14 ans que je suis venu en France, à Strasbourg, dans le quartier du Neudorf, quartier calme et agréable à vivre. Les hivers sont difficiles et longs, mais en été, nous arrivons à nous retrouver presque tous les dimanches dans une ambiance de fête extraordinaire. Petits et grands sommes rassemblés autour d’un grand barbecue. Chacun rapporte quelque chose : de la viande, des brochettes, un mouton ou d’autres grillades, des boissons, des beignets, des chips, des gâteaux, des fruits, etc. Cela commence à la sortie de l’Eglise et c’est ainsi que toute la communauté africaine se retrouve sur le terrain de la Haute Pierre. La musique va bon train et nous entraîne parfois à la danse, pendant que les enfants jouent au ballon ou à d’autres jeux car l’espace libre est immense. Quelques fois, nous organisons des matchs de foot Afrique/Alsace ou contre les Arabes ou Turcs, car eux aussi sont présents dans un coin de ce grand terrain. Chacun fait la fête à sa manière et il y a une bonne entente entre nous tous. Nous sommes nombreux à venir, jusqu’à 200 personnes, le besoin de se retrouver, bavarder, échanger, parler du pays, de nos joies et soucis, de nous serrer les coudes. Cette ambiance libre et joyeuse nous rappelle le Congo et le Togo, et nous fait un peu oublier les problèmes et difficultés de tous les jours. Cela dure parfois jusqu’à 23 h et en nous séparant, nous pensons déjà au dimanche suivant ! textes individuels Le lieu qui me plaît à Strasbourg, c’est le parc d’attraction à l’Orangerie. J’aimerais bien aller me reposer et découvrir les animaux que je ne connais pas, et en plus avec la verdure, le calme, je me sens comme dans un paradis. h Mutundo H. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar 147 Faubourg National Des boulangers, des magasins Et un restaurant que j’aime bien. Une pizza royale unique Un fanta sucré Et au dessert une coupe glacée… Chocolat-vanille ! C’est un endroit que j’aime bien. Thomas H. IMPRO La Ganzau, Strasbourg textes individuels Ma ville C’est une ville futuriste avec un standing de qualité. Un grand restaurant vitré avec un casino à l’étage. Un restaurant illuminé comme un grand soir. On y sert de grands plats frais, tous les jours à des riches qui possèdent un carton d’invitation. Un parking souterrain pour y garer les voitures. Ce restaurant se situe au bord de la mer à Nice. Mon rêve est de construire un restaurant à Tunis au bord de l’eau, bien sûr. Le parking est caché, on y entend de la musique classique, les clients montent à l’étage où se trouvent une terrasse et des tables de jeux sur toute la surface, des clients avec de gros cigares. Les femmes boivent des cocktails, et les hommes aussi… Nabil H. Maison d’Arrêt de Mulhouse Dans ma ville, volent les mouettes sur le fleuve. Leurs cris se mêlent aux rumeurs des péniches et des bateaux. L’air y sent déjà la mer, le ciel est souvent bas, grisâtre, le temps pluvieux… La rive droite du fleuve regorge de maisons somptueuses, de ruelles étroites et moyenâgeuses, de ruines du temps passé qui attirent les touristes. C’est là aussi que la cathédrale gothique pointe fièrement ses flèches vers le ciel, illumine la place de ses vitraux quand le soleil veut bien les caresser. La rive gauche, par contre, est industrielle et laide. Nicole H. Les raffineries de pétrole éternuent des panaches Hôpitaux Universitaires de Strasbourg de fumée grise, les torchères… grésillent… comme en enfer. La radio vient d’annoncer ce matin qu’une des raffineries va être fermée et peut être rachetée. Dubaï s’y intéresse. Cette industrie pétrolière si florissante naguère va encore engendrer hélas, des flots de chômeurs. Les mouettes volent, volent, volent. Leurs cris se brisent sur les mâts des bateaux. Le long des falaises grises roulent les eaux, que serait la ville sans le Dieu Eole ? Ma ville 148 le plaisir d’écrire / alsace 2013 J’aime me promener dans Mulhouse h Depuis 40 ans, Mulhouse a beaucoup changé. Les rues et les places comme la place de la Réunion où il y a le temple et les magasins. Mulhouse est une ville propre où il y a beaucoup de fleurs. Les enfants jouent dans les parcs. Il y a aussi un zoo où les enfants peuvent aller voir des animaux. J’aime bien me promener dans Mulhouse, voir les magasins comme le Globe et Monoprix. A la Porte Jeune, avant, il n’y avait que des bus. Maintenant, il y a aussi le tramway. Le tramway est plus rapide que le bus. En hiver, il tombe beaucoup de neige. Les arbres sont tout blancs et les enfants jouent dans la neige. Ils sont très contents, ils font des bonhommes de neige. Zina H. CSC Papin, Mulhouse 149 La cité de Carcassonne Grand Château aux remparts des histoires de Madame Carcasse Après la guerre, Des monuments historiques du Moyen Age, Donc le château fut attaqué, Les sarrasins défendent Madame Carcasse, Donc la ville basse, fut défendue, Accroché sur le mur de la pharmacie, il est grand et beau. Il vient… de la guerre 14-18 ? Il me voit en 2013 et me trouve belle aussi. Mais désolée, il est mort ! Dommage ! textes individuels L’Homme de Fer Cité de mon enfance, h Elle jeta le cochon à ses ennemies, Voila le récit de cette histoire méridionale, Dans la Méditerranée, Aube, Pas Aube. Justine HAMDI IMPRO La Ganzau, Strasbourg Benaouda HAMADOUCH GEM Aube, Strasbourg 150 le plaisir d’écrire / alsace 2013 151 Ici il y a beaucoup de choses positives pour moi. Et je remercie mes professeurs qui m’apprennent la langue française. Khadicht HAMZATOVA CSC Montagne verte, Strasbourg Ma ville, instant de grâce, ce bourg fleuri, propice à la rêverie, doux printemps ponctué par le chant des oiseaux. Même le ronronnement des voitures qui passent ne peut perturber cet enchantement, c’est ma ville, j’y suis née, j’y ai grandi. Dans chaque demeure reste inscrite une mémoire, des images me reviennent, des sons résonnent dans ma tête, des parfums réveillent des moments heureux de mon enfance, je me perds dans mes souvenirs. Les façades des maisons typiques s’efforcent d’attirer nos regards pour susciter notre admiration. Ma ville Simone HANS Atelier ADC, Sélestat Un labyrinthe, une petite souris qui court après un galet ; de grands murs sombres qui étouffent des ombres fuyantes, pas un rayon de soleil ne perce les nuages plombants. On respire à peine, sur le béton, la solitude, l’indifférence, l’apparence… Les yeux noirs, les visages gris, les cœurs sombres, il y a des cadavres dans la rue. Il y a des familles décomposées, des violences étouffées… béton… grisaille sur le moral, LA CRISE, peur de l’avenir, peur de ne plus avoir, peur de mourir… Ensemble, il n’y a plus de solidarité ou presque. Un jour, est-ce que les gens réagiront dans le bon sens, vers le moins gris ? Est-ce que la bruine humidifiera les trottoirs sales ? Les nuages se videront-ils et laveront-ils ces morosités ambiantes, ces dépressions chroniques, ces maladies d’addiction de l’alcool, de la drogue et de la violence ? Les humains se lèveront-ils pour apaiser les cœurs et s’ouvrir les uns aux autres ? textes individuels J’aime la ville de Strasbourg comme ma ville Grozny parce qu’ici, j’ai retrouvé une maison. Je suis ici depuis quatre ans, et je suis triste parce que j’ai dû quitter Grozny que j’aime et qui est une belle ville. h Il y a des solutions pour tous et pour chacun et des fois plus. Ensemble, il faut essayer de faire des efforts vers une éclaircie de lumière même si elle n’est qu’infime. Chacun un petit effort, la lumière jaillit dans la vie de chacun, et la ville est plus humaine, plus consciente. Ainsi la cité peut être moins sombre. Christine HAREL CSC Montagne Verte, Strasbourg Les vitrines des magasins au décor original nous invitent à en franchir le seuil. Quelle merveilleuse harmonie entre ces architectures, à nulles autres pareilles, les bacs remplis de fleurs multicolores et le sourire des gens que l’on croise dans les rues aux pavés impeccablement alignés. 152 le plaisir d’écrire / alsace 2013 153 Moi, bien à l’abri derrière mon parapluie magique, je marchais ainsi des heures narguant l’incessant crépitement des gouttes qui tombaient sans jamais pouvoir m’atteindre. Les larmes rouges J’avais ce tout puissant sentiment que l’on peut éprouver quand on arrive à contrôler je ne sais quelle force. Ni la puissance de l’orage, ni les couleurs du ciel et son grondement ne me faisaient peur, bien au contraire, je prenais plaisir à défier ces éléments, à me mêler à eux pour finalement m’en rendre maître, jour après jour. J’étais devenu comme le chasseur traquant sa proie, guettant dans l’horizon la moindre trace annonciatrice d’un orage. Moi, Nicolas H. j’étais devenu le maître du ciel et de ses caprices. Plus rien ne pouvait m’arrêter tel le phénix immortel, j’allais d’orage en orage et ni la violence du vent, ni celle du tonnerre ne me faisaient reculer. Là où les gens ordinaires se terraient dans leurs maisons, moi, tel un dieu, je défiais le temps me moquant de la tourmente et des éclairs. Jusqu’au jour où, sans doute fatigué et las de toutes ces aventures, mon fidèle ami, le parapluie rouge, mourut, une baleine ayant cédé. Mon lieu préféré Si j’étais un lieu dans ma ville ce serait un parc avec beaucoup d’arbres et de fleurs. Je choisis cela car il y a beaucoup d’animaux : des chevreuils, des oiseaux, des sangliers, des hérissons et des chats. J’y rencontre un couple d’écureuils qui s’embrassent tendrement. Ils se donnent des bisous et viennent ramasser des noix. Il y a aussi des biches, des chevreuils et des sangliers. Ils viennent manger des châtaignes et des pousses de petits arbres. Il y a aussi le club vosgien, que j’apprécie et il y a beaucoup de promeneurs et de chiens. J’adore la nature et j’y suis très sensible. A côté de chez moi, il y a un chemin forestier avec des tracteurs remplis de bois. Je me sens exister avec une sensation de bien-être et de liberté. textes individuels Quand j’étais jeune, j’aimais quand le ciel était gris et qu’il pleuvait à grosses gouttes. C’était dans ces moments qu’il me prenait de sortir, armé, avec comme unique carapace ce parapluie rouge. Mon parapluie rouge ; fait d’un plastique translucide où les gouttes de pluie venaient mourir en s’écrasant sur cette matière qui colorait le ciel et transformait la réalité de son aura pourpre. h Jean-Luc HESSE EPSAN - Hôpital de Jour, Saverne Mais avant que sa fin ne fût complète, nous sortîmes lui et moi, complices une dernière fois dans un baroud d’honneur. Ce doux crépitement de l’eau ruisselante sur cette carapace rouge translucide qui m’offrait le ciel résonne toujours à mes oreilles… Nicolas HENCK Ithaque, Strasbourg 154 le plaisir d’écrire / alsace 2013 155 Je vous parle d’une rivière dans le nord de l’Allemagne qui s’appelle la Weser. C’est une grande rivière qui traverse Brême où j’habitais pendant neuf ans. Le débit de cette rivière est très variable ; quand il y a beaucoup de pluie, parfois les chemins qui sont à côté sont inondés. Il y a aussi un barrage hydroélectrique dans la ville. textes individuels Il existe beaucoup d’activités autour de la Weser. Au milieu, il y a une grande île où se trouve un petit quartier calme où j’habitais, il y a aussi des jardins et des parcours de santé pour faire du sport. Il existe aussi un grand café avec une grande terrasse à côté d’une plage et d’un terrain de volleyball. En été, c’est possible de nager dans la Weser. Quand il fait beau, beaucoup de monde va nager mais cela devient dangereux parce qu’il y a un courant fort et des bateaux de toutes sortes qui naviguent, notamment des voiliers et des cargos transportant des containers. h La Brême n’est pas loin de l’embouchure, c’est pourquoi il y a des ports et des zones industrielles. Je me souviens qu’au bord de cette rivière, tous les samedis, il y avait un marché aux puces où je rencontrais des amis pour prendre un café. Une fois je suis arrivée à traverser la Weser à la nage. « Chaque ville nous reflète, nous révèle. Parfois, elle nous montre déjà ce que nous serons. Parfois aussi, elle nous demande de ne pas oublier ce que nous avons été. » Colette Fellous, écrivain, journaliste et éditrice Susanne HORSTKOTT CSC Victor Schœlcher, Strasbourg 156 le plaisir d’écrire / alsace 2013 157 Ma ville un instant Noël à Strasbourg On « se les gèle » à moins douze, et pourtant ça bouillonne comme le chaudron du Diable, à croire que tout Strasbourg monte à l’assaut. Il en grimpe de la place Broglie. Il en tombe de la place de la République, de la gare et des trams, tous en direction du marché de Noël, illuminé de mille et mille lumières, appelés par les chants de Noël et des odeurs variées. Des personnes par milliers avec leurs chiens. Une petite boule errante, un petit chien qui a soif et faim lèche la glace bien fraîche et sale, un reste d’un petit enfant maladroit, une vanille des îles. Que c’est bon, sucré mais sale ! En fin de journée quand la nuit tombe, un bon vin chaud avec un petit gâteau de Noël. Le retour pour le calme et au lit au chaud ! textes individuels Ma ville a des airs de campagne, avec beaucoup d’arbres, en été on apprécie leurs épais feuillages. Dans les parcs, sur les places, des fleurs à profusion où toutes les variétés se mêlent. Je marche tranquille, sur mon passage de belles maisons bordent les rues, j’admire le style de chacune. Je continue, le bruit me happe tout d’un coup, ici que de monde qui se presse, trams, bus et voitures se croisent, j’entends des rires, des paroles échangées, le dialecte est présent, je m’y suis habituée sans le parler. Je me hâte un peu pour échapper à cette agitation, un banc m’accueille pour me reposer, devant moi la rivière qui coule sans se lasser, m’apporte le calme ; des mouettes crient et se chamaillent en vol, je les suis des yeux ; les nuages me charment par leurs couleurs ; un peu plus loin, mon regard aperçoit la flèche de la cathédrale qui domine la ville. Un peu de soleil accompagne mon chemin du retour et l’inattendu est dans mon courrier, une personne que j’aime bien sera là bientôt. Ce soir j’aurai dans mes pensées une bonne nouvelle et le souvenir de ma promenade. J’en ferai encore, à moi de choisir, il y en a tant dans cette belle ville que j’ai appris à aimer. h (à la manière de Daniel Pennac) Sylvie HUCHELMANN CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Eliane HUBERT CSC Montagne Verte, Strasbourg 158 le plaisir d’écrire / alsace 2013 159 Oh belle inconnue Toi que je n’ai jamais vu Lisa HURST Mais qui porte en elle l’éternel Atelier ADC, Sélestat Par cette église qui te caractérise Tu chantes et cries douces nuits Je suis là pour toi, demain quand enfin Je te verrai belle et rebelle comme une reine Tu m’ensorcelles. Ces chemins de fer qui me mènent à ton immense gare Je vais me taire et l’écouter l’avare Mais je me marre, c’est une histoire. Je vais y vivre et les cueillir. A vos gardes ! J’arrive et même ivre ! C’est un vrai livre dont chaque page a son histoire. C’est elle l’hirondelle qui fera son nid et moi dans mon lit je me réveillerai pour elle. Cette ville que je ne connais guère. La ville que j’aime bien est Bonifacio. L’année dernière, en automne je suis allée en vacances, en Corse, pendant deux semaines avec mes amis. J’ai visité beaucoup de villes mais celle que j’ai préférée c’est Bonifacio qui est une très belle ville nichée en haut d’une falaise d’où vous pouvez voir plein de bateaux blancs sur une mer toute bleue. C’est un paysage magnifique que j’ai beaucoup photographié. Il y a aussi de très belles boutiques, de très bons restaurants. Au bord de la mer, j’ai vu des coquillages et des poissons nager sous l’eau claire, pure et transparente. J’ai acheté beaucoup de petits cadeaux pour mes amis. La ville qui m’accueille est Strasbourg. C’est une grande ville en France et c’est une ville importante en Alsace parce que tous les pays d’Europe viennent se réunir dans cette ville qui est la capitale de l’Europe. textes individuels Oh belle inconnue h J’ai de la chance, j’habite au centre ville à côté de la Petite France où il y a beaucoup de maisons et de restaurants alsaciens. Et j’aime le pont couvert avec sa terrasse panoramique sur laquelle je monte prendre des photos de l’ENA qui était une ancienne prison pour les femmes. J’aime bien la cathédrale parce qu’elle est connue et il y a beaucoup de choses intéressantes. Diem HUYNG NGOC CSC Montagne Verte, Strasbourg 160 le plaisir d’écrire / alsace 2013 161 La rue de la vie C’est une rue calme Bien pour enlever le stress On ne sait si le chemin reste tout droit Ou s’il tourne La vie n’est pas toute droite Elle a des descentes, des montées, des virages Et si l’image suivante était le paradis ? Et si au bout du chemin, il y avait une grande maison et un restaurant ? E. I. CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Le soleil brille fort par la vitre de ma fenêtre. C’est une très jolie matinée, dirais-je. Je me lève de mon lit et je regarde par la fenêtre. Je ne sais pas pourquoi, mais un sourire est en train de naître sur mes lèvres. Aujourd’hui la ville semble différente, plus propre, plus lumineuse, plus verte. Cette journée s’annonce merveilleuse ! Les hommes semblent meilleurs parce que le soleil illumine leurs visages. Je décide de faire une promenade dans cette ville transformée. Je sors de ma maison impatiente de découvrir la nouvelle face de ma ville. Je suis heureuse parce que je me sens libre comme un oiseau évadé de sa cage. Je suis surprise, je regarde tous les magasins, tous les édifices, le monde entier et je ne peux pas comprendre comment le soleil peut changer les façades à ce point. Aujourd’hui, elles sont plus colorées, elles semblent neuves. C’est la première fois cette année que je vois comme la ville est jolie. Les parcs et les jardins publics sont verts. C’est la première fois que je peux admirer la Cathédrale dans toute sa splendeur. Je me sens étourdie devant toute cette beauté. Un petit papillon vole près de moi. Il a réuni toutes les couleurs du monde dans ses petites ailes. Son vol ressemble à une danse et au chant d’oiseaux qui résonne partout. Ah! Cette journée ! Ce soleil ! Aujourd’hui je suis tombée amoureuse de ma ville. Aujourd’hui la lumière et la paix ont envahi ma ville et les cœurs des hommes. textes individuels Le soleil illumine notre vie i Andreea Irina IONASCU CSC Papin, Mulhouse Ma belle ville de Sivas C’est ma ville natale et toute ma famille est là-bas. Sivas est une grande ville touristique. Le plus long fleuve, le Kizil Irmak, passe par Sivas. Dans cette région il existe une race de chien unique : le kangal ; ils sont très grands et ils gardent les moutons. J’aime bien le köfte et le madimak, spécialités de Sivas. Badegül ISIK CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines 162 le plaisir d’écrire / alsace 2013 163 Tu m’as dit des mots d’amour qui se sont glissés en moi avec simplicité, Des tout petits mots parfumés, Des oiseaux sont tombés du ciel… Je ne crierai plus au secours, Le chagrin d’hier tourne court, c’est toi qui l’as tué. Je t’emporte dans ma chanson d’amour inventée pour toi Qu’elle soit belle ou non ma chanson, elle suit le fil de ta voix, C’est seulement t’aimer. Je sais très bien désormais pour qui j’ai envie de chanter. Tu me quittes une heure, je suis morte Je n’ai plus ni cœur, ni corps, je désenchante. Une ombre dans tes yeux, le soleil cambriole mon sommeil. Un orage dans l’air, un sourire sur la mer, un éclair, C’est ton électricité. Le printemps peut battre tambour, La fleur qui fait mon cœur moins lourd, C’est toi qui l’as semée. Je sais pour qui désormais j’ai envie de chanter Toute ma vie. Marie-Antoinette J. Maison d’arrêt de Strasbourg 164 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Patrick J. FAS - Fondation Sonnenhof, Bischwiller Dans ma ville, le Sonnenhof, Il y a plein de coccinelles, Elles reviennent, Les mouches reviennent aussi, Elles se mettent contre un mur. Il n’y a plus de punaises, Parce que c’est encore l’hiver. Une soirée particulière à Mulhouse Hier soir, j’ai suivi l’avenue Kennedy Jusqu’au Nouveau Bassin Pour me rendre à la soirée d’ouverture De l’association des amis de la Filature. J’y ai rencontré des personnes fort aimables, Et j’ai ensuite assisté à une pièce formidable, Une pièce de théâtre peu commune. Françoise J.- P. Dehors, dans le ciel noir, brillait la lune. Cultures du Cœur, J’ai rejoint ma voiture Mulhouse Garée en face de la Filature. J’ai fait le tour du quartier, le long des jardins Heureusement, j’avais fait le plein. Je suis passée devant le cinéma Kinépolis, Tandis qu’en trombe me dépassait une voiture de police. Tranquillement, j’ai poursuivi mon chemin jusqu’aux universités Pour me rendre là où j’habite, dans le quartier de Dornach. Chez moi, pour terminer la soirée, j’ai dégusté un thé En écoutant de la musique de Bach. textes individuels Des mots d’amour j 165 Ne m’oubliez pas. Le Neuhof Jonathan JOST PADEP, Strasbourg Naziha JALLABI Plurielles, Strasbourg Un quartier est bien parce qu’on est soudé. La police se demande pourquoi ils se font caillasser mais il faut comprendre que, quand la B.A.C.* nous voit le soir, ils nous menottent dans la voiture, ils nous frappent et nous laissent partir vers le Neudorf ou la Kibitzenau et on marche jusqu’à chez nous. Avec la crise sur la police même avec les bons il n’y a plus de confiance, le mot police ne veut plus rien dire ; même que des violeurs, prennent presque, voire les mêmes, peines que nous ; à savoir le pourquoi du comment. Ils nous embarquent pour deux ou trois joints. Ils nous emmènent pas pour le « shit », mais parce qu’ils s’amusent à nous frapper, leurs lampes de poche sur la tête, avec leurs gants de cuir noir, et ils nous relâchent plus loin pour, en plus, nous faire marcher. Bravo la police, heu… Police ou novice ? * 166 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Des minutes bleues… Il y a un beau soleil, je pars de mon appartement et je vais à la gare de Haguenau. Une journée orange… Je prends le train SNCF. Il passe par Marienthal, Bischwiller, Kurtzenhouse, Weyersheim, Hoerdt et arrive à Strasbourg. Un avenir vert… Je prends le bus numéro 6 pour aller à Schiltigheim. Je vais voir mes anciens collègues et moniteurs pour leur passer un petit bonjour. Je vais aussi voir mes amies, les deux Angélique et Cécile. Le temps rose… Je vais ensuite à la piscine de Schiltigheim. textes individuels Je suis important pour le cahier. Je suis un ami pour lui et sans lui je ne serai rien. Je suis content quand les gens me tiennent entre les doigts car je sens que quelqu’un me protège et a besoin de moi et je suis triste quand je ne sors pas de la trousse et ne sers pas aux gens. Mon seul ennemi c’est Internet qui a pris ma place. Avant j’étais bien, tout le monde pensait à moi et sans moi, ils ne pouvaient pas remplir les papiers, écrire une lettre à la famille ou à un ami. Bientôt, je ne serai presque plus là, ce sera difficile pour moi. Je suis un stylo malheureux. j Un moment violet… Je reprends le bus numéro 6 pour aller me promener à Strasbourg, en ville, pour voir du monde, des personnes. Une heure jaune… Je vais manger au Mac Donald. Je prends le menu avec du bacon. Puis je rentre chez moi, avec le bus, fatiguée de cette journée pleine de couleurs. Rachel JOYEUX ADAPEI du Bas-Rhin, Haguenau brigade anti-criminalité 167 Ma toile : STRASBOURG En l’an 2012 je découvre ton texte cru décrivant l’hypocrisie régnante. La nudité statufiée ne signifie rien, alors qu’en public, elle est un outrage. Nos petits hommes sont plus malins et purs que nous et toi réunis ! Oh Ray ne t’en fais pas ! L’artiste, le vrai, imagine fort bien chacun de nous dans un nu limpide ! En réponse au poème Le petit peuple des statues Christiane K. La Croisée des Chemins, Colmar Le petit peuple des statues Du jardin des Tuileries Est un petit peuple de nudistes Ces messieurs et ces dames Se mettent volontiers à poil Bien qu’il y ait là des enfants Et des touristes à l’âme pure Et les pigeons chient dessus Sur le petit peuple des statues. Raymond Quéneau 168 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Poussée par mon intuition, je longe ma vie à grands coups de peinture à l’huile. Au rythme d’un tout qui m’incite à la passion. L’écho me revient décalé de l’époque où je battais l’asphalte. Strasbourg étale ses tentacules devant mes yeux qui tuent toujours les mêmes souvenirs. Strasbourg expose sa toile, pour tous ces mômes bâtards qui sont nés nulle part, entre l’envie, la mort et l’ennui. Elle étale sa toile et ses tours en pierre, qui renferment leurs milliers de solitudes glacées. Strasbourg, je t’aime autant que je te hais. Nous sommes dans ton corps et tu meurs un peu plus chaque jour dans nos têtes. Strasbourg, ses enfants ; je suis la fille de la peine de cette smala en famine assoiffée de tendresse, emmurée dans sa douleur crânienne. Strasbourg, je te fuis. Strasbourg, je reviens. Mais des fois, je pense que c’est toi qui m’échappe, loin de toimême et moi loin de toi à ne plus te reconnaître. textes individuels Oh ! Ray, k Marie-Christine K. Ithaque, Strasbourg 169 Adolescent, j’habitais une petite rue débouchant sur le quai des pêcheurs, dans un immeuble du 18e siècle dont les fenêtres donnaient sur le vieux Strasbourg, et notamment sur sa cathédrale. Comme nous étions plusieurs dizaines de lycéens et d’étudiants à résider là, les idées farfelues et les facéties de plus ou moins bon goût ne manquaient pas. textes individuels Ma ville, instants... k L’une d’elles consistait à observer la plateforme de la cathédrale aux jumelles, d’y repérer les photographes avant de les éblouir à l’aide de miroirs lorsque le soleil passait à la bonne hauteur. Comme dit le poète, on n’est pas sérieux quand on a 17 ans. « La plupart des hommes ne voient dans l’univers que la rue où ils vivent, et dans l’histoire de l’éternité que celle de leur petite ville. » Pascal K. Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg Johann Richter 170 le plaisir d’écrire / alsace 2013 171 C’était le 28 août 1984 que je suis partie de mon village, j’avais 16 ans. L’HOMME ET LA VILLE Le soir, j’étais avec mes parents, on a Güzel KARADUMAN CSC Victor Schœlcher, Strasbourg parlé, on s’est dit au revoir. Le soirmême, ils ont préparé la voiture, les valises, tout, et on est partis. Quand Une ville est constituée de boutiques, d’entreprises et de magasins, tout est fait pour consommer. Quand je me suis promené en ville, j’ai marché sur une crotte de chien en plus c’était le pied gauche, on dit que ça porte chance. Effectivement je me suis acheté un paquet de cigarettes et un jeu de grattage et là j’ai gagné 500 euros ! Je vais dans une pâtisserie car j’ai besoin de lumière pour savoir que faire de cet argent. Je demande une torche aux marrons pour éclairer mon esprit ! Topkapi, les policiers de la douane ne m’ont pas laissée partir parce que j’avais 16 ans, il fallait une permission de mes parents pour sortir du pays ; textes individuels on est arrivés à la douane de Edirne après on m’a dit d’attendre. On a roulé en direction de la Bulgarie. Nous avons traversé la Yougoslavie k et l’Italie mais quand on est arrivés en Italie les policiers ne m’ont pas laissée Yves K. Hôpital de jour, Molsheim passer et nous ont obligés à faire demi-tour parce que je n’avais pas de visa. Nous avons attendu au bord de la route que des gens passent et il y a eu une famille qui partait à Lyon ; ils m’ont cachée dans leur minibus ou bien dans une voiture Espace, je ne sais plus, et on est venus en France comme ça. Voilà comment je suis arrivée en France. 172 le plaisir d’écrire / alsace 2013 173 Je n’oublierai jamais cet instant ! J’habitais à Corum, près d’Ankara en Turquie, avec mes parents, mes trois sœurs et mon frère jusqu’à l’âge de 18 ans. Après mon mariage en 1996, je suis venue en France ! Aujourd’hui, ma ville c’est Molsheim et je suis là avec mes deux filles, Mélisa et Gizem ! Mardi on m’a convoquée à la Préfecture de Strasbourg pour obtenir la nationalité française ! J’attendais cet instant depuis si longtemps ! Quand je suis entrée dans le bureau Porte 4, j’avais très peur !… J’ai donné tous les papiers qu’on m’avait demandés à la secrétaire, Madame L. Elle m’a posé des questions : - Quel est mon travail ? - Dans quelle classe sont mes filles ? - Quelle langue on parle à la maison ? - Est-ce que j’étais à l’école en France ? - Est-ce que j’ai des activités ? - Est-ce que je retourne encore en Turquie ? - Qu’est-ce qui a changé dans ma vie depuis 2011 ? textes individuels Ma vie dans deux pays : la Turquie La France Je suis née en Turquie, à KANGAL. Quand j’avais sept ans, mon père est tombé très malade. Il a été amputé de sa jambe droite. J’ai trois sœurs et un frère. Notre maison en Turquie est très grande avec un immense jardin avec beaucoup d’arbres et des fleurs. Avec mon frère et mes sœurs, on jouait dans le jardin. Ma mère était femme au foyer. Mon père était patron. Le week-end, été comme hiver, on allait nager à la piscine thermale. Nous fêtons les fêtes religieuses avec les grands-parents, avec les parents, avec la famille et les voisins. Le symbole de ma ville natale, KANGAL, est un grand, un énorme chien qui s’appelle « kangal kopegi » (chien de Kangal). Il y a un festival tous les ans, animé par des musiciens avec du folklore… Mes parents ont divorcé quand j’avais onze ans. A vingt ans, en 1990, j’ai fait la connaissance de mon mari et nous sommes venus nous installer à Marlenheim (67). Ma vie a bien commencé, mais j’ai divorcé de mon mari. J’ai quatre filles. Dans ma vie en Turquie, comme dans ma vie en France, il y a des moments heureux et des moments plus difficiles. Aujourd’hui, j’ai 43 ans. Je travaille. J’élève mes enfants et je ne me plains pas. Je remercie la France pour son accueil et son aide. Je remercie la Turquie parce qu’elle est mon pays natal et que je l’aime. k Özlem KARAYALCIN Trampoline, Molsheim Quand Madame L. m’a dit enfin que tout était positif, j’avais envie de crier de joie ! En sortant, j’ai appelé mes amis pour leur annoncer la bonne nouvelle ! Arrivée à la maison, j’ai embrassé mes filles ! Nous avons ri ! Ayse KARASU Trampoline, Molsheim 174 le plaisir d’écrire / alsace 2013 C’était un grand bonheur ! Je n’oublierai jamais cet instant, cet instant où je suis devenue française ! 175 Je m’y promène souvent avec mon chien, car c’est un lieu tranquille et j’y trouve de tout. Mais le soir pour la promenade, Alizée et moi filons au grand parc, le Champ de Mars. Nous adorons sa pelouse couverte de fleurs, la statue du Général Rapp qui m’observe de haut, la grande fontaine avec ses cinq statues représentant les cinq continents, les immenses arbres et le manège avec ses cris d’enfants en été. Le terrain de jeu idéal de tout le monde, c’est de courir entre les jets d’eau, se promener et se reposer à l’ombre des grands arbres. J’aime mon quartier… J’aide les enfants à apprendre au début, à apprendre l’alphabet, à apprendre à dessiner. Je suis très contente parce que je suis très importante pour les enfants. Je veux te remercier mon ami le feutre parce que c’est toi qui me permets de vivre. Sans mon ami le feutre, je ne fais rien. Je me fâche avec les enfants qui ne prennent pas soin de moi. Je suis une ardoise. Malika KAUFFMANN ESAT Saint André, Wintzenheim Zohra KHIREDDINE CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Ma ville de Tbilissi Tamar KENCHKHADZE CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines 176 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Ma ville de Tbilissi est très jolie et pas très grande, il y a des bâtiments neufs et anciens. Beaucoup d’églises : on dit que Tbilissi est une petite Jérusalem ! Au milieu de la ville il y a la grande rivière « Mtkvari » Je ne veux pas changer ma ville avec une autre, je l’aime, elle signifie beaucoup pour moi. Mon appartement est au centre ville, quand je me réveille le matin et que j’ouvre la fenêtre, je sens la chaleur de mon pays, il me manque et j’espère que je vais voir ma ville bientôt. Aouda KHAOUNI Plurielles, Strasbourg Je connais une petite fille qui n’est pas allée à l’école : son père ne veut pas qu’elle aille à l’école mais qu’elle reste à la maison. Elle demande à sa mère : pourquoi moi je ne vais pas à l’école ? Sa mère lui dit : parce que dans ce pays les petites filles ne vont pas à l’école. Pour ça elle se sentait triste et le soir elle pleure quand elle voit le petit garçon qui va à l’école pour lire et écrire. Je reste tout le temps à la maison pour faire le ménage, mais ça fait mal parce que je ne suis pas allée à l’école, pour ça j’ai mal au cœur. Ville de lumières à Colmar Ivre mort comme un alcoolique Livre de chevet pour s’endormir Lenteur Eternité comme l’amour éternel de Rêver d’un monde meilleur Etre vivant Vent de liberté Etre vivant. textes individuels Mon quartier au centre ville k Ville de rêve Raymond KIELESKY La Croisée des Chemins, Colmar 177 Gaziantep est rouge comme une pomme Gaziantep est un lion qui danse Gaziantep sent le froid et le thé L’Elsau est jaune comme une banane L’Elsau est un panda qui chante L’Elsau sent la pluie et le chocolat chaud Selda KILCIK Plurielles, Strasbourg Pollen Parfum Taille Anniversaire Harmonie Courir Nectar Pistil Abeille Pétale Humer Rosée Tige Epine 178 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Pierre KOENIGUER EPSAN - Hôpital de Jour, Saverne Hier, aurais-je été plus heureux ? Dans un petit village, Loin des grandes villes. Un petit village perdu dans la montagne Au bord d’un ruisseau où, Au printemps, S’éveillent les moineaux et Les animaux de la forêt. Me déplaçant à vélo, N’ayant ni machine à laver, Ni frigidaire, ni télé, ni même L’électricité. Vivant de ce que je sème, Récolte ou élève, Dans l’entraide et le Partage. Aujourd’hui, dans ma ville, J’ai la télé, une voiture. Je cours après le temps, Le travail, l’argent, Les transports et d’un Magasin à l’autre… Suis-je plus heureux ? Hier, aujourd’hui, demain Jean-Paul KOLB ReFormE, Lingolsheim textes individuels Ma ville d’avant, ma ville d’aujourd’hui k Demain, peut-être, dans la ville du futur, Sans verdure, je vivrai Dans un gratte-ciel, Dans la pollution, les maladies, Sans travail. Au milieu de gens indifférents, Dans la peur… Peur d’un futur qui arrive Trop vite ! 179 Lieu d’échanges éphémères ou loisir quotidien, le spectateur recherche à se divertir et peut-être même rire. Un lieu dans la ville Rire pour ne pas s’obscurcir ou encore ne pas s’aigrir. Rire pour espérer se réjouir, rire pour tout simplement sourire. Moments joyeux, douloureux, langoureux, délicieux, somptueux, respectueux ou heu-reux… Le cinéma, c’est un savoureux mélange de tout ça !!! En bref, c’est un peu tout moi. Jérémy KOLBECHER Accueil de jour APF, Strasbourg 180 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Crac ! Boum ! Fait mon cœur quand je ne peux pas m’offrir ce qu’il y a en boutique. Aïe ! Cui cui! C’est une manière d’écouter le silence. Bing ! Une vitrine de jouets vient d’éclater dans la rue. Ah ! Quelle surprise de se retrouver ! Tu vas bien ? Pok ! Pfff ! Tiens un pneu de voiture vient d’éclater. Bing ! Pan ! Il m’est arrivé de claquer la porte de colère mais sans casse. Tut tut ! Drinn ! Fait le téléphone et voilà que je sursaute. Plouf ! Les bottes de mes enfants dans les flaques d’eau. Hmmm ! Ma manière de déguster un bretzel au gruyère… textes individuels Si j’étais un lieu dans la ville, je serais : le cinéma. Lieu de rencontres multiculturelles incontournable où tout le monde se croise et s’entrecroise. Les bruits de ma ville m’ont raconté que... k Stella KORN La Croisée des Chemins, Colmar 181 Aujourd’hui la terre est poison Je disais : avant, ce n’était pas maintenant Moi j’habite en ville, Je regarde par la fenêtre Le soleil est couché La lune blanche éclaire la nuit Les nuages bougent et passent… J’écoute Aucun bruit ce soir. Dans le ciel Les étoiles scintillent Brillent sur le monde endormi. Pendant la guerre Je mangeais une fois par jour Un jour du riz, un jour du boulgour J’avais encore faim, je n’avais pas de pain. Aujourd’hui la terre est poison Je disais : avant, ce n’était pas maintenant Je pleure ma maison Ma maison a brûlé Mon fils pleure pour son ours Ma fille pour sa poupée Il n’y a plus rien à jouer. Pendant la guerre Je marchais pieds nus Sous le soleil et sous la pluie Aujourd’hui, avec des chaussures J’aime dire, la France, merci. textes individuels C’était mon village Il était très beau Au milieu, traversée de l’eau Il y avait des oiseaux. k Ajmone KRASNIQI CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Caroline KRELL ESAT Saint-André, Cernay Aujourd’hui je suis libre. 182 le plaisir d’écrire / alsace 2013 183 Myriam KSOURI Association Espoir, Strasbourg Mon très cher Raymond. Tes paroles me choquent et me font rire en même temps, surtout devant les enfants. Cela me fait très rire, tous ces zizis, ces fesses, elles n’ont pas froid tes statues ? Je te propose de tricoter pour chacune une culotte, de coudre un costume avec une queue de pie pour les hommes et pour les femmes, une robe comme Jane de Tarzan. Je te laisse, je pars prendre les mesures des statues. A très bientôt. Yuksel KUZU La Croisée des Chemins, Colmar En réponse au poème Le petit peuple des statues Le petit peuple des statues Du jardin des Tuileries Est un petit peuple de nudistes Strasbourg textes individuels Je suis maman de trois petits garçons, pour moi, c’est le plus beau métier, je ne m’en lasse jamais de m’occuper d’eux, voilà c’est ce que j’aime. La chose que je déteste c’est d’être enfermée dans un ascenseur, et oui, c’est bête !!! Mais je n’aime pas ça. Bien entendu, il y a beaucoup de choses que j’aime et n’aime pas !!! k Strasbourg La rue du Coin Brûlé En 1348, un gigantesque incendie détruisit, à Strasbourg, plus de 300 maisons. Arrivé à bout de souffle, il s’arrêta à l’immeuble situé à l’angle de la rue et l’épargna. En 1790, la rue était désignée sous le nom de rue du « Bout du feu ». Ces messieurs et ces dames Se mettent volontiers à poil Bien qu’il y ait là des enfants Et des touristes à l’âme pure Et les pigeons chient dessus Sur le petit peuple des statues. Raymond Quéneau 184 le plaisir d’écrire / alsace 2013 185 La Gare Centrale de Bruxelles, gare qui invite au voyage ! Instants insolites dans ma ville L’Histoire : J’ai aperçu des gens blottis sous un abribus Lieu d’arrivée que la gare, lieu de départ que la gare, lieu de départ pour tous les possibles, pour tous les horizons, pour énormément d’ailleurs ! J’ai vu un divan posé sur un trottoir J’ai vu quelqu’un s’approprier une place de parking en mettant deux seaux sur la route J’ai vu un triste clochard qui faisait la manche sur son carton La gare, lieu d’accueil d’autrui, de proches, de familiers, d’invités, lieu cosmopolite, lieu de melting-pot, lieu où peuvent être rencontrés l’artiste, l’ouvrier, le miséreux, le nanti, les nantis pouvant voyager… Ce que l’on ne voit pas sur cette photo est le lieu, la ville de départ des voyageurs venant d’ailleurs. Ce que l’on ne voit pas, ce sont les sourires de joie lors de retrouvailles, ou les larmes liées aux adieux, lors des départs, longs voire définitifs, séparation, émigration… Ce que l’on entend, c’est le bruissement de la foule, le bruit des pas et le roulement des valises au sol, le murmure ou le brouhaha des conversations, les mille et un cliquetis de toute la vie mécanique, électronique, de la gare ferroviaire, ainsi que les rires et les cris de tous les usagers de cette même gare, qui, selon son importance, est une ville dans la ville, pleine de vie et donc de mouvement, et donc de mobilité. textes individuels Europe, Bruxelles, 1931. J’ai vu un chat sans queue devant l’entrée d’un foyer d’accueil J’ai croisé le regard de personnes dans la détresse J’ai envié un groupe de jeunes qui passait en riant l J’ai été triste de voir un enfant pleurer dans les bras de sa maman J’ai été choquée d’entendre des propos violents dans une conversation entre jeunes J’ai vu des femmes marcher derrière leurs maris, au lieu d’être à côté d’eux, ou de marcher main dans la main J’ai deviné la solitude de certaines personnes âgées J’ai vu les visages graves des passants J’ai aimé voir un homme oser porter un regard amoureux sur une femme J’ai vu, j’ai été émue, j’ai aimé… ces instants dans ma ville. Evelyne L. Cultures du Cœur, Mulhouse Claude-Ahmed L. Maison d’Arrêt de Mulhouse 186 le plaisir d’écrire / alsace 2013 187 Nous avons fait trois sorties en montagne, au Lac Blanc, avec Alex, le moniteur de sports et quatre détenus, en toute liberté ! La première journée fut une sortie raquettes. Il ne faisait pas très beau, mais l’idée de sortir et de marcher en montagne suffisait amplement. Ce hors piste à travers la forêt passait au-dessus du Lac Blanc. Parfois des rafales de vent nous faisaient tituber, mais le paysage était magnifique. Quel bonheur de sentir l’air frais, le vent et de voir d’autres visages. La deuxième sortie d’une demi-journée était en ski de fond. C’était un peu galère de chausser les skis, car personne n’en avait jamais fait. Avec courage nous nous sommes lancés et avons constaté que ce n’était pas si difficile que ça quand le sol est plat, mais quand il y avait des montées c’était un peu plus dur et alors attention pour la descente, il fallait gérer ! On s’en est ramassé des gamelles et on a bien rigolé ! En fait c’est une question d’équilibre, mais pour s’arrêter c’est une autre affaire. Je me couchais par terre, histoire de ne pas me manger un arbre ! On s’est bien amusés ce jour là et nous sommes rentrés fatigués, n’étant plus habitués à tant d’efforts. Pour la troisième journée de ski de fond, nous étions déjà bien préparés à bien rigoler. Après un petit café à l’auberge, nous avons fait un sacré parcours de 9 km. Le hors piste en forêt était un peu galère pour éviter arbres et buissons, mais c’était cool. A la ferme-auberge, le patron nous a offert un énorme plat de frites pour accompagner notre casse-croûte prévu par la Maison d’Arrêt, et nous avons tout mangé pour faire honneur à ce geste sympathique, jusqu’à en avoir mal au ventre. L’après-midi était prévu pour du tir au fusil laser. Il fallait toucher des cibles lumineuses qui s’éteignaient au fur et à mesure qu’elles étaient atteintes. Certains étaient plus doués que d’autres, moi pas trop. Je tremblais, j’étais trempé et j’avais froid. Ce fut une belle journée, malgré la légère pluie. Et puis fin du roman, retour à la Maison d’Arrêt. J’étais vraiment content d’avoir participé à ces trois sorties car j’adore la montagne et la neige. Moi je fais du snowboard, Le ski de fond et les raquettes étaient donc une première, et puis on a bien rigolé ! Le bonbon est super bon… Bonbon est craquant Bonbon est délicieux Bonbon moelleux et croustillant Bonbon est dur Bonbon au caramel Bonbon est appétissant Bonbon est excellent Bonbon arc en ciel arlequin Bonbon fond dans la main Le bonbon au chocolat Ouvrir les bonbons… Sucer les bonbons c’est super bon… Bonbon Stéphanie L. Accueil de jour APF, Strasbourg textes individuels SORTIES SKI ET RAQUETTES l Les instants passés défilent à la vitesse d’un compte à rebours Mais des instants à jamais gravés Des moments à se promener Tout au long de la journée. Strasbourg ma ville, J’y ai construit ma vie, Ma famille. Ici, mes enfants Sont nés et grandissent ; Ce sont des moments, Des instants Qui ne s’arrêteront Steve L. Et ne s’envoleront Maison d’arrêt de Strasbourg JAMAIS !!! Strasbourg, instants... Sébastien L. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar 188 le plaisir d’écrire / alsace 2013 189 Svetlana LADINA Plurielles, Strasbourg STRASBOURG EN JANVIER 2013 Strasbourg, ma ville, c’est comme ma mère A l’Aubette, au Flunch j’y mange bien ! Ma mère, sa spécialité c’est le poisson, le thon blanc ! A la FNAC, j’achète des DVD. Ma mère achète les siens à prix d’or et lit les miens. Philippe LAMBERIGTS Place des officiers, le Mess, choucroute, SAJH, Schiltigheim Ma mère, mon père, légion d’honneur ! Strasbourg en janvier 2013, c’est le cauchemar ! L’infarctus du cœur. Mon père est mort. En janvier 2013, la ville devient une patinoire mortelle. J’en tremble encore ! Attention les dégâts ! La glace a fait des blessés et des morts ! C est l’hiver dans les rues. Tous les gens ont des manches longues ! C’est le calme plat… C’est le désert, on se croirait au Pôle Nord, en Antarctique… l L’écrivain Je suis allé à la médiathèque de Lingolsheim pour écouter un Monsieur qui lisait des poèmes et racontait des histoires, et même des histoires réelles. Il parlait de lui. Une fois, il a pris le train pour voir sa mère ; elle était entre la vie et la mort. Dans le train, montaient des gens avec leurs enfants. Ils s’asseyaient en face de lui et parlaient fort ; il n’a rien dit car il n’osait pas. Mais il écrivait. Le train est arrivé au terminus, il est descendu. Il est allé chez sa mère mais il est arrivé trop tard ; elle était déjà partie dans un monde meilleur. Sa peine, il l’a écrite. Comme un souvenir. Dans les moments difficiles, ça fait du bien d’écrire. Patrick LAFAURIE ReFormE, Lingolsheim 190 le plaisir d’écrire / alsace 2013 textes individuels Je suis très contente. J’ai une belle couleur rouge, mon salon est en cuir blanc. Mon propriétaire s’occupe bien de moi. Il me lave, achète pour moi du parfum et toujours de nouveaux CD de musique. Je roule à grande vitesse, pas comme les autres. Quand je roule au centre ville, tout le monde me regarde. J’habite dans un grand garage à côté d’une villa superbe au bord de la mer. Nous partons souvent avec mon propriétaire à Cannes, Nice, Paris, Monaco, Miami. J’ai une belle vie, comme une princesse. Beaucoup de gens veulent m’acheter, moi Ferrari, voiture de luxe mais je suis un rêve. Xavier LAMOTTE PADEP, Strasbourg Aujourd’hui donc 4 avril 2013, quel nouvel accroc dans ma vie sentimentale ? Quelle épreuve littéraire, comment écrire une lettre à quelqu’un ? Mais à qui l’écrire ? Toujours pas… Il va falloir qu’on se débrouille tout seul. Ne pas y arriver… Dans quelle situation émotionnelle vais-je être pour réaliser de tels « othograms*» ? Je ne vois vraiment pas de texte là-dedans même pour le Plaisir d’Ecrire. * mot inventé par l’auteur 191 Sébastien LANG Ithaque, Strasbourg Le village d’Illkirch-Graffenstaden Patrice LEFRANC Centre de Harthouse, Haguenau Piste cyclable, des lieux de promenade… Le week-end… Ensoleillé et aux 4 saisons Un village fleuri en Alsace. Le feu d’artifice, le 13 juillet, A Illkirch-Graffenstaden, et le défilé militaire… Tram « Division Leclerc » Le premier jour en 1981, jusqu’en 2010 dans le village d’Illkirch-Graffenstaden… Les deux villes que j’aime Hoenheim, c‘est plus la même chose qu’avant, c’est plus pareil. Il n’y a plus autant de tourniquets pour les enfants. Avant c’était plus calme ! Il n’y avait pas le tram… Je me souviens aussi… C’est surtout ce qu’on m’a raconté… Il y avait des champs et des jardins… C’est fini tout ça ! Juste après la guerre, les blocs ont été construits. Ils ont rasé le « Mutant », ils vont le reconstruire au mois d’avril 2013. J’ai perdu mes copines, elles ont fait leur vie, je suis toujours seule, je ne trouve plus le sommeil. Des voyous dégradent tout, font du bruit tous les soirs jusqu’à 2 heures du matin et plus. textes individuels Strasbourg, une ville que j’aime, une petite ville aux abords du Rhin, où s’est bâtie cette métropole chaleureuse avec ses différents accents, dialectes ou patois, avec sa cathédrale où il y a toujours du vent. Il paraît que c’est le cheval de Satan qui attend son maître emmuré dans une statue. J’aime marcher le long de l’Ill et compter le nombre de terriers de ragondins, donner du pain aux cygnes de la Rive Etoile, flâner au parc de l’Orangerie. Dans ma ville, je suis le roi du bitume, le fou du pavé. Ce sont là des plaisirs simples, aussi lumineux qu’une pièce d’or dont ici personne ne discute le prix. l Louvigne-du-désert, c’est une petite ville à coté de Fougères. Il y a ma frangine, j’aime bien y passer des vacances, c’est calme et tranquille, on entend des oiseaux, on voit des chevaux dans le pré… Quel bonheur !!! On se balade dans une rue et on retombe sur une autre rue qu’on connaît. C’est différent d’Hoenheim. On ne peut pas se perdre, c’est petit mais c’est bien quand même. Laëtitia LEHMANN SAJH, Schiltigheim Je me promène avec mon fox terrier Quand il fait beau temps. 192 le plaisir d’écrire / alsace 2013 193 STADIUM de COLMAR Julien LIROT ESAT Saint André, Wintzenheim Dans ma ville, je suis supporter de l’équipe du SRC (Sports Réunis de Colmar). Je les suis dans tous les déplacements et surtout dans le nouveau stade de foot de Colmar. C’est un des coins de ma ville que je préfère. Je rêve de visiter les vestiaires des joueurs. Quand je suis assis dans les gradins, tout en haut, j’ai l’impression d’être un géant, à dominer la pelouse, et à entendre hurler la foule. LA COMPLAINTE DE L’HIVER Silence ! Oiseaux, cessez votre chant, parce que vous troublez ma paix. Taisez-vous, heureux enfants, avec vos cris et vos jeux, le repos m’avez volé. Gardez vos rires et vos soupirs, vous, les amoureux, je ne peux plus les supporter ! C’est de ta faute ! Tu arrives et agites ma demeure tranquille et grise. Crois-tu que, pour être beau, tu as le droit de parer de vert les arbres que j’avais dénudés ? Penses-tu que, parce que tu es jeune, tu peux changer le blanc manteau que j’ai tissé en un tapis de fleurs multicolores ? Tu t’allies avec le soleil, ce soleil qui vole du temps à ma nuit bien-aimée. Tu couvres la terre de nouvelles créatures, ce qui trouble ma solitude. Qui crois-tu être, Printemps, pour transformer le royaume, en profitant des faiblesses d’un vieillard ? Maintenant, laisse-moi dormir, cruelle saison, ton insolence m’a vaincu. Tu as le pouvoir, mais n’oublie pas que ton trône sera éphémère. Mon temps est compté et j’ai envie de me reposer. Maintenant tu as les lauriers de la victoire jusqu’à ce que ton ami le soleil prenne des forces et te chasse. Jusque-là, règne ! Mais laisse-moi dormir. Chante ! Ris ! Danse ! Mais… laisse-moi mourir… textes individuels C’est la fête de la musique ! En marchant vers les rives de la Thur Je vois des gens qui dansent C’est la fête de la musique dans le parc de Cernay. En juin il nous manque rien, C’est que du bonheur Moi et mes potes on danse, On chante ! J’aime les rythmes, La musique Philippe LEITHEIM C’est l’heure de manger, ESAT Saint-André, Cernay Deux paires de « knacks », Une bonne bière ! Je continue sur le chemin des artistes On porte des chapeaux Avec notre charme on rame ! Avec mes potes on passe le temps, On boit de la soupe dans le bol, pas de bol Il est déjà l’aube La fête n’est pas finie ! Après nous allons partir, Prendre un café, un petit déjeuner, Tranquille, Avec la tête en bois ! Fatigué, on se pause, on discute, On dit de bonnes blagues On délire ! Avec notre respect, on partira Rendez-vous pour l’année prochaine Génération Opérationnelle l Elena LOPEZ BORREGO CSC Fossé des Treize, Strasbourg 194 le plaisir d’écrire / alsace 2013 195 Commune qui a bercé mon enfance Habitée par ma famille Amour d’une mère si jeune qui s’occupait d’un bébé trisomique Unis autour de la fête de Noël Miroir de ma vie qui se reflète Ombre de mon arrière-grand-père assis sur son fauteuil, fumant sa pipe Naturel, un chien veille sur moi Torrent d’émotion Née comme une fleur de printemps Amour d’une ville de culture et d’histoire Naissance de rêve et d’amour Charmante famille lorraine Youpi la ville de ma vie Mirage d’émotion Amour d’une ville riche d’histoire Union d’un peuple qui me manque Ximenia qui fleurit dans mon cœur Mes villes, instants d’acrostiches Sentimentale avec la pluie et le verglas Torrent d’une ville pleine de culture Radieuse avec le printemps et l’été Amitié forte avec la compagnie transparence Solidaire dans le monde associatif Bonheur d’une nouvelle vie Ouvert sur le monde Uni dans la joie et les larmes Rayon de soleil ma nouvelle ville de joie Générosité avec mes amis d’en dehors 196 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Le musicien Etre libre, Toucher l’instrument. Il devient rythme, mélodie, musique. Je me sens moi-même lorsque je joue de la musique. La musique rapproche de ses racines. Le monde du spectacle, Beaucoup de belles rencontres. textes individuels Règne de Clovis Emerveillement de la naissance de mon frère Incroyable grande sœur Miracle de la vie Soulagement d’avoir un petit frère beau comme un ange l Somdeth LUANGPRASEUTH CSC Victor Schœlcher, Strasbourg Emmanuelle LOUYOT SAJH, Schiltigheim 197 Dans ma rue, il y a cet oiseau Le «tisserand», d’où son nom, choisit pour faire son nid une branche tendue Ce dernier, soigneusement travaillé avec soin, en forme de tasse, est suspendu, Jamais oiseau n’aurait tissé sans relâche une si précieuse habitation Il n’avait point son semblable tout autour en imitation, Persistant et sifflant constamment en chantant sa mélodie Il se laisse balancer, tourner tel un manège au gré du vent en harmonie, Ainsi sa besogne terminée, la mère pond ses œufs et prépare sa couvée Le nid, laissant un juste passage vers le bas pour la becquée. Dans ma rue, il y a ce terrain qui est devenu une salle de danse On s’y retrouve entre amis pour faire éloges et connaissances, Les lundis et jeudis c’est le début du meringue et de la samba Les vendredis et samedis on y pratique le cha cha cha, Les cymbales et accordéons accompagnent les ritournelles Le choix est aux plus beaux de présenter leur Demoiselle, Quand arrive le dimanche on y va pour le grand show On chante des mélodieuses au son des rythmes tropicaux. Dans ma rue j’ai rencontré cette chère Dame qui marchait toute ouïe D’une allure joviale et gaiement elle m’a demandé si j’avais l’heure Puis nous nous sommes arrêtées à nous regarder avec bonheur, Fièrement et avec enthousiasme, je lui ai répondu avec docilité : Je viens de ce jardin, lui-dis-je, faisons quelques pas ensemble J’ai pris sa main et toutes deux marchions comme bon nous semblait, Arrivant devant chez moi et persistante sans médiocrité, J’ai demandé à la raccompagner et me suis faite une amie. 198 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Dans ma rue tout a changé Le mal s’en est chargé, L’arbre fruitier où je me reposais Ce qui était jadis un havre de paix, N’existe plus Tout est ennui, Tout est compétition Plus de relaxation, La tension monte L’effort s’affronte, Les jeunes n’ont plus de mesure La monotonie perdure, La vie est morose Par cette matinée à peine éclose, L’inquiétude est grandissante La nuit inquiétante, Plus aucune détente Nous sommes dans l’attente, Que tout redevienne serein Surtout pour notre quotidien. textes individuels Dans ma rue Richelaine LUCAS Hôpitaux Universitaires de Strasbourg l 199 Dans le train, à Lyon, j’ai failli me faire voler une valise. Ensuite, avant la gare de Grenoble, j’ai pu apercevoir de belles montagnes. Et puis le trolley m’a emmené dans la banlieue… J’ai pu voir de beaux bâtiments et des patients d’à peu près mon âge y séjournaient. S’il n’y avait pas eu la maladie cela aurait été le paradis ! Hubert LUTZ EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller textes individuels GRENOBLE Mon psychiatre m’avait parlé d’une clinique pour lycéens dans les Pyrénées. Le temps passait pour, en fin du compte, apprendre qu’il n’y avait pas de place de libre. Bien sûr je ne m’intéressais pas au BAC ! Ensuite j’ai reçu une invitation dans une clinique pour étudiants, avec une belle photo. Je ne regrettais que le « messti » dans mon village ! l 200 le plaisir d’écrire / alsace 2013 201 LE PASSE-TEMPS D’ARTHUR Hôpital de jour, Molsheim Un tour en ville Quand je suis venue à Mulhouse pour la première fois, la ville était jolie mais maintenant elle a beaucoup changé, elle est encore plus belle. Un jour, j’ai fait un tour en ville, avec mes camarades de classe. J’ai vu plein de choses qui ont changé. Je suis passée par le parking Franklin, après j’ai vu un grand arbre devant un grand immeuble. Puis, j’ai vu le collège Kennedy. Un tramway passait devant. On a traversé les rails. textes individuels Par une belle journée lumineuse et ensoleillée, Arthur admirait les piétons qui se promenaient. Il y avait de multiples couleurs comme un arc-en-ciel après la pluie. Les gens flânaient dans les petites rues et ruelles étroites où se trouvaient de nombreuses boutiques d’alimentation et des gourmandises régionales. Arthur était là derrière sa chaise, il rêvait qu’il se laissait emporter par une ombre ou par un sac de poussière. Il n’avait jamais d’amis car il était boudeur et grognon tout à la fois. Quel sale caractère ! Pourtant, lui et sa mère sont des gens simples et sympathiques comme beaucoup d’autres. Enfin c’est la vie, et Arthur on ne pouvait pas le changer. Comme un tram qui roule qui lui aussi suit son programme. Brigitte M. Tel est son train train quotidien. Après, on est allés directement à la bibliothèque Grand-Rue Si j’étais ma ville Je serais belle Avec de belles couleurs Leila M. Des couleurs de l’arc-en-ciel ReFormE, Lingolsheim Le soleil brillerait tous les jours Il n’y aurait plus de bâtiments gris Les immeubles seraient beaux aussi L’herbe serait verte et les oiseaux chanteraient Et il y aurait peut-être la mer Il ferait beau tous les jours Les gens se promèneraient à vélo Les voitures ne seraient pas autorisées On ne travaillerait que le matin Et les écoles ne seraient ouvertes que le matin Tous les après-midis seraient consacrés à la famille Balade, barbecue et activités diverses En fait ma ville est trop belle Mais ce n’est qu’un rêve ! la belle vie 202 le plaisir d’écrire / alsace 2013 C’était la première fois que j’allais à cet endroit. A l’accueil, une dame nous a expliqué les différentes salles. Il y avait plein de livres de géographie et plein d’autres classés dans les rayons. Il y avait aussi une salle d’informatique et une exposition de choses fabriquées en carton. C’était là que s’est achevée notre visite. m J’en garde un beau souvenir. J’ai trop aimé l’exposition en carton. Plus tard, en passant dans la rue, j’ai aperçu dans les vitrines des magasins, des affiches de soldes. J’aime bien acheter en soldes et me balader dans la ville de Mulhouse. Naïma M. CSC Papin, Mulhouse 203 le vignoble... Je suis le vignoble. Je regarde la ville de Guebwiller. Je vois les gens qui marchent dans les rues et au marché le vendredi et le mardi, ils sont tout petits. Je vois la rivière qui coule et les canards qui nagent. Aujourd’hui Je vois tout ! Il y a du bruit et de la lumière, je vois du monde autour de moi, je suis au chaud, il y a plein d’amour. Il est dix heures quinze du matin. Maman a accouché de moi le 3 septembre 1979, à Colmar. Nawal M. Association Hélios, Guebwiller Si j’étais un monument, que serais-je ? Quand je traverse une ville, je n’aime pas rendre visite aux monuments. En général, je me plais à vagabonder. De rues en ruelles, j’observe : un dessin sur un mur, un objet tombé d’une poche, et d’autres signes d’une présence. Je me rends aussi attentif aux bruits de la ville, aux voix, aux intonations, aux ambiances. Mais les monuments c’est tout de même impressionnant. La Tour Eiffel par exemple, quelle idée de construire un machin pareil ?! Le Taj Mahal en Inde m’a toujours fait rêver. Le Manneken-Pis est plus discret, un peu farceur, à l’image de l’humour belge. A Strasbourg, la cathédrale m’impressionne toujours. J’aime aussi la passerelle des Deux Rives, légère, et épurée ; je l’apprécie également pour sa symbolique. Enfin, j’aime les oreilles des arbres dans le parc de Pourtalès… Les connaissez-vous? textes individuels Je vois les montagnes de l’autre côté de Guebwiller et de toutes petites jolies maisons cachées dans la forêt. n m C’est samedi après-midi, il est quinze heures. Je vais en ville faire les boutiques, boire un verre avec mon chéri. J’aime me promener main dans la main avec lui et regarder les gens sourire. J’aime aller au cinéma Grün. J’aime entendre les voitures qui passent devant moi. J’aime la ville, j’aime Cernay. Safia MATA ESAT Saint-André, Cernay Pierre M.DH. GEM Aube, Strasbourg 204 le plaisir d’écrire / alsace 2013 205 MA VILLE SOUS LA NEIGE Il se trouve à l’est de Kalisz et existait déjà en 1136. Son nom vient de Jan Radlica, évêque de Cracovie au XIVème siècle et médecin des rois de Pologne et de France. L’école où je suis allée, c’est l’ancien palais de Stanislas Radlica. Autour il y a un parc et deux petits étangs. Non loin se trouvent la gare et deux magasins. Dans le village il y a la chapelle. Pourquoi les flocons voltigent-ils sur ma ville aujourd’hui ? Sans répondre à ma question, Comme des plumes d’ange, Ils dansent et dansent dans le ciel de ma ville. Mais je préfèrerais une pluie de pétales de fleurs. Teruko MATSUO CSC Fossé des Treize, Strasbourg C’est un village agricole typique. J’ai grandi dans la maison familiale de ma mère. C’était une grande ferme. On cultivait des pommes, des fraises, des framboises et des pommes de terre. Et on élevait des vaches, des cochons, des poules, des canards, des dindons. Tous les jours j’aidais au travail de la ferme. C’est un petit village. Beaucoup de nos voisins sont de ma famille. A 100 mètres, habitait une amie d’enfance, Dagmana. Nos deux papas nous avaient construit une jolie cabane en bois pour jouer et pour se dire nos petits secrets. Le lieu que j’aime bien visiter, les parcs où il y a de la verdure, les petits manèges pour les enfants. Je me sens bien à l’aise, je me vide de mon stress, Btisame MAZOUZ Association Espoir, Strasbourg je m’éclate avec mes enfants sans me soucier de rien. La nature, les animaux me rafraîchissent en douceur. textes individuels Radliczyce est en Pologne. C’est le village de mon enfance. n m En été, tous les voisins venaient le soir dans notre ferme, autour d’un grand feu. On faisait griller des brochettes de pommes de terre et de saucisses. Plus tard mon père a bâti une nouvelle maison près de la ferme, avec un grand jardin. Et cette maison est l’endroit que je préfère parce que j’y trouve la paix, le silence et le réconfort. J’aime beaucoup mon village. Pour moi ce sont de beaux souvenirs. Et j’ai l’intention d’y revenir plus tard. Agnieszka MATCZAK Trampoline, Molsheim 206 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Quand je stresse, je n’ai qu’une idée : aller en ville, Elle est une vraie source d’évasion. Des bruits assourdissants, Des couleurs chatoyantes, Des événements parfois troublants. Tout cela me fait oublier les ennuis Qui inondent mes pensées, une fois que tombe la nuit. La ville, je la considère comme une thérapie, Car quand j’y suis, je mets tout au tapis… La ville, une vraie évasion Françoise MBASSI Cultures du cœur, Mulhouse 207 L’HOPITAL Marie-Christine MEHR ESAT Les Papillons Blancs, Soultz Sainte-Marie à la manière R.G. Cadou Celui qui vient par hasard à Sainte-Marie-auxMines ne sait pas ce qu’il va trouver : chaque personne peut voir des choses intéressantes, on entend des cris d’oiseaux avec de belles voix, il suffit d’un peu de lumière pour voir la forêt. A la tombée du soir, personne ne connaît le chemin pour chercher des livres au château Burrus. Histoire à suivre En hiver, dans la forêt tout est blanc. Les animaux manquent de nourriture. Les chasseurs leur apportent à manger, de la paille et du maïs, durant tout l’hiver, jusqu’à fin mars où le soleil revient. Maintenant, les fleurs, les arbres bourgeonnent, les oiseaux gazouillent, les biches donnent naissance aux jeunes faons. Dans la forêt, on trouve encore des feuilles mortes tandis que dans les montagnes, les marmottes creusent des galeries et les aigles font leurs nids. Ainsi, dans la forêt et la montagne, la vie, à laquelle les fleurs donnent leurs meilleures couleurs, recommence. Les arbres revêtent leurs couleurs printanières, les enfants courent dans la forêt et cueillent des fleurs pour leur maman. Certains font déjà du camping. Le soir, ils font un barbecue et se promènent au clair de lune avant de refermer leurs tentes. Quand le jour se lève, ils prennent un dernier petit déjeuner campagnard avant d’aller à la piscine ou au cinéma ; un dernier bol d’air avant de reprendre la vie citadine. Ça sent l’odeur de pain frais. On dit : « Je rentre pour voir ce qu’il se passe là, car je tente ma chance et je gagne le bonheur. » textes individuels Quand on rentre dans un hôpital, on est bien pris en charge. Ça sent le sérum et les médicaments. L’hôpital, c’est un lieu où l’on se fait soigner, où l’on peut parler et voir d’autres personnes. Les gens sont sympas avec nous. Ils nous donnent envie de vivre. On se repose pour récupérer de nos souffrances et de nos peines. Moi, je me suis sentie bien entre les mains des docteurs et des infirmières. Quand j’étais mal dans ma peau, ils m’aidaient à me ressourcer. Je pouvais sonner pour parler avec eux. Ce n’est pas facile d’être à l’hôpital. Mais j’étais très contente de leur soutien moral. Les malades pleurent souvent car personne ne leur rend visite. Mais on rigolait quand même tous ensemble. On « se donnait la pêche » entre nous. n m Celui qui cherche un cadeau pour moi demande où se trouve la maison du pays. Nafissa MENNADI CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Michel MEIGNAN ReFormE, Lingolsheim 208 le plaisir d’écrire / alsace 2013 209 L’abribus Sabrina MERDOUD Association Espoir, Strasbourg P oème emboîté Instants dans ma ville Najla MESTIRI La Croisée des Chemins, Colmar Dans ma rue il y a une voiture Dans ma voiture il y a un volant Dans ce volant il y a un anneau Dans cet anneau il y a un arbre Dans cet arbre il y a une branche Dans cette branche il y a une feuille Dans cette feuille il y a une abeille Dans l’abeille il y a du miel. Un Espagnol-Marocain à Strasbourg Romous est arrivé à Strasbourg Avec son diplôme de peintre Il va peindre la ville de Strasbourg Il va peindre les arbres en blanc Le cinéma du Neudorf en rouge EMI Inter en vert paradis La Banque Populaire en bleu Pacifique La Place de l’Homme de Fer en jaune safran Mimoun MESAUDI APP ReFormE, Strasbourg 210 le plaisir d’écrire / alsace 2013 textes individuels L’abribus, un endroit que je déteste peu importe la saison, quelle que soit la raison. Attendre, attendre, attendre et toujours attendre. Attendre c’est dépendre, dépendre de l’autre. L’autre qui vient, qui ne vient pas, qui vient tard, trop tard. Attendre, c’est suspendre le temps, le temps de souffrir, de réfléchir, de lire ou même de rire. Selon l’humeur du jour, le bus est là, on doit dire « bonjour », quand on pense « mauvais jour ». n m Le TUNING Il peint aux couleurs Du drapeau espagnol Du drapeau marocain Du drapeau algérien Du drapeau français Du drapeau guinéen Du drapeau mauritanien Du drapeau tchadien Et du drapeau turc Vincent aime la mécanique, les moteurs, les voitures qui font VROUM, les suspensions LA PEINTURE BLEUE MARINE brille sur la carrosserie. Le TUNING c’est le rêve. Une photo avec une voiture, deux filles sexy et moi tout musclé au milieu. Vincent METZGER Fondation Protestante Sonnenhof, Bischwiller 211 Antoine MEYER ESAT Saint André, Wintzenheim Village de rêve Voir au loin les collines aux arbres couleur automne Incroyable à imaginer pour les gens des grandes villes Lumières différentes que l’on ne trouve que dans les petites cités L’allégresse des enfants dans les champs en fleurs Autour de fêtes uniques à nulle autre pareilles Gens plus ou moins agréables, en Effet ça change par rapport aux grandes agglomérations de Patrick MEYER La Croisée des Chemins, Colmar Retour toujours et encore avec plaisir Etre au soleil en été, marcher sur les pentes enneigées Vivre dans un climat plus sain avec un air plus pur Et rêver de temps à autre à des horizons plus lointains. 212 le plaisir d’écrire / alsace 2013 MOSCOU S’éVEILLE Il est cinq heures du matin, Moscou s’éveille. Je suis dans le métro de ma grande ville. Tout le monde se dépêche. Les adultes se rendent à leur travail, les enfants vont à l’école. Il est cinq heures du matin, Moscou s’éveille. Les gens qui ne sont pas pressés prennent le petit déjeuner. La Place Rouge est déjà pleine de touristes. Il n’y a pas encore de bouchons dans les rues. Il est cinq heures du matin, Moscou s’éveille. Le bruit commence déjà, les gens ont mauvaise mine, mais j’adore l’agitation et tout ce qui se passe dans la ville parce que c’est ma ville, c’est Moscou Il est cinq heures du matin, Moscou s’éveille. Milena MINASSYAN CSC Fossé des Treize, Strasbourg textes individuels La Petite Venise de Colmar Ce petit coin de la ville me fait rêver. De petites barques glissent sur l’eau, entre les maisons à colombages. Elles servaient il y a fort longtemps à livrer les légumes au marché des halles. A présent elles transportent les touristes dans ce coin très typique de l’Alsace. J’aime ce petit coin de ma ville, tout le monde vient se faire photographier. n m LES SAISONS Belles sont les saisons qui passent. Hiver, automne, printemps, été… Belles sont les plantes qui fleurissent au rythme du printemps. L’été, elles se réjouissent pour quelques gouttes de pluie et fanent en hiver… Quand on y pense, elles ne vivent que le printemps et l’été ! Stéphane MITZEL EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller 213 Ma ville. C’est se lever tôt pour aller au boulot. Rentrer éreintée. Tout ça pour survivre, Stressée, bousculée, dépassée, fatiguée, Epuisée. Instants sur la piste cyclable Maria MONTEIRO Trampoline, Molsheim Instants sur la piste cyclable Maytana MORENO ReFormE, Lingolsheim Ma vie. C’est me lever, Marcher sur le sable chaud, Me nourrir de poissons cuits sur un feu de bois, Boire l’eau de pluie Qui coule des feuilles d’un palmier. textes individuels De temps en temps, il me prend l’envie de sortir me promener. La piste cyclable est toute appropriée. En effet, on peut y faire de la bicyclette, se promener à pied en admirant le paysage, sentir l’odeur de la terre, de l’herbe et des fleurs des champs. Elle est longée d’un côté par la rivière la Bruche, de l’autre par le canal. J’aime m’y promener, voir les cygnes, les canards, les oies et les poules d’eau. Regarder un cygne se déplacer sur l’eau est un moment merveilleux. Sur la piste cyclable je peux également entendre les oiseaux chanter. Le long de la piste vient d’être aménagée une passe à poissons permettant aux saumons de remonter le courant. Je vois également des prairies, des vergers et sur la colline, des vignes à perte de vue. Au-dessus, j’aperçois le « Horn », une statue du Christ, les bras ouverts comme pour protéger ce beau paysage. C’est un bel endroit entouré de la nature où je me sens bien en respirant l’air pur. n m MON éGLISE L’église, c’est le centre de mon village. C’est l’endroit où je vais quand je ne vais pas bien. J’y allume des bougies. Il y a de la Lumière. L’église, c’est pour prier, pour se relaxer, pour se rencontrer. C’est l’endroit où j’ai fait mon baptême, ma communion et toutes les fêtes de Noël. Bientôt il y aura le mariage de mon neveu dans cette église. Je suis contente car je vais voir toute la famille. Tout le monde est heureux pour un mariage. Le petit, le fils de mon neveu, ne restera sûrement pas tout le temps de la messe. C’est trop long pour les enfants. Alors je sortirai avec lui. J’irai me promener et j’attendrai la fin de la messe. Ce que je préfère, c’est quand les mariés sortent de l’église et s’embrassent. Vive les mariés ! Fabienne MOTSCH ESAT Les Papillons Blancs, Soultz 214 le plaisir d’écrire / alsace 2013 215 Parle moins Arrête de crier. Dispute-moi moins. Fais moins de courses Achète moins. Sors moins Travaille moins Prépare moins au dîner. Revendications d’un homme Catherine MUHUNTAN Plurielles, Strasbourg Karima MULLER Association Espoir, Strasbourg Moi, je suis partie de la maison paternelle, j’avais 23 ans. La première fois, je suis venue à Strasbourg en train pour quitter mon pays natal. A l’époque, je connaissais déjà mon futur mari. Je n’avais jamais la nostalgie. Après mon départ, je voyais souvent mes parents en larmes. Ils étaient déçus que je ne sois pas restée avec eux. Mais moi, je voulais faire comme mes frères. Je voulais fonder une famille, avoir des enfants. Alors, je suis venue vivre en Alsace, parce que mon futur mari ne trouvait pas de boulot au Luxembourg. C’est comme ça que j’ai quitté le foyer paternel. le départ le plaisir d’écrire / alsace 2013 n m Marianne MULLER Hôpitaux universitaires de Strasbourg Dans les rues, j’ai entendu, j’ai vu, j’ai senti Sylvie MULLER ReFormE, Lingolsheim 216 Les plus beaux endroits que j’aime à Strasbourg, ce sont les parcs où je trouve plus de calme et de verdure qui me rendent plus heureuse, libre, car il y a de l’air propre, loin des bruits et du stress. textes individuels J’aime Strasbourg parce que c’est ma ville. Elle est très jolie et il y a beaucoup de magasins. J’aime bien aller à l’école. J’apprends le français, Binti MUHUDIN ALI Je prends des cours de couture. CSC de l’Elsau, Strasbourg J’aime le travail ! Je prends le tram à Elsau, je vais à Auchan. J’achète du pain, du poisson… C’est tout. Tous les jours je sors le matin pour aller à l’école. Après, à la maison je fais le ménage, Je fais à manger : du riz, du poulet. Après je me repose. Mon appartement est propre, mes voisins sont gentils. C’est calme et propre dans tout le bâtiment. L’après-midi je me promène, je vais au magasin… J’aime le soleil parce que toutes les personnes vont au centre ville. Je n’aime pas la neige parce qu’il fait froid et je ne peux pas sortir. J’ai entendu des gens qui criaient Un ballon qui roulait Des enfants qui riaient Et une musique J’ai vu des gens qui chantaient Qui jouaient d’un instrument Qui discutaient J’ai senti le vent qui soufflait Dans les branches des arbres Et dans ma chevelure Et le parfum des fleurs Notre ville est faite De sensations couleur arc-en-ciel. 217 Ma ville, instant glacé, de glissades en glissades je traverse les rues verglacées. ma ville Instant de stupeur au matin où tout est blanc. Instant tant attendu où brusquement tout éclate en mille tourbillons de vent tiède et de fleurs. Instant d’explosion où j’éternue à cause des milles parfums. Instant de lumière toujours plus éclatante. Instant alors de brûlure et de soif, le soleil est au zénith. Instant de trop forte chaleur et de lassitude. Instant de vacances, de passages et de foules. Instant qui craque sous les orages et la pluie qui m’inondent d’un seul coup. Laurence MUNSCH Atelier ADC, Sélestat Instant de feuilles séchées, de cartables et de soleil plus tiède. Instant que l’on voudrait retenir à l’annonce des premières fraîcheurs matinales. J’aime ma ville parce qu’elle est accueillante, parce qu’elle est ouverte à l’autre, elle est promesses de printemps et lumières de l’été. J’aime mon quartier parce que je le connais bien, parce qu’il m’offre la tranquillité et me rapproche et me lie aux autres. J’aime ma rue parce qu’elle est animée, parce que je rencontre des visages sympathiques et souriants. J’aime aussi ma rue parce que de ma fenêtre, je peux voir le parc et surtout le grand tilleul que j’admire tant. textes individuels Instant de froidure, toute recroquevillée je vais d’un point à l’autre. n m J’aime surtout l’instant où je me promène au cœur de la ville avec mon fils. J’aime quand on s’installe à une terrasse de café. Je déguste alors un café en fumant une cigarette. Je savoure ainsi ce moment ordinaire mais si précieux. Instant qui s’embrume dans la grisaille. Instant qui s’ennuie et rêve d’une fête pleine de saveurs et de brillance. C’est Noël qui arrive. Sadija MUSTAFIC Plurielles, Strasbourg L’horloge du temps et des instants achève son grand tour circulaire. 218 le plaisir d’écrire / alsace 2013 219 « Les grandes villes rendent fou, elles vous sucent l’âme et la recrachent comme une chique. » Le voleur d’ombres, Marc Lévy 220 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Ma ville c’est… Quelques mots d’amour griffonnés sur les marches d’une vieille église. Ton regard qui m’inspire, mon cœur qui tremble. Ma ville c’est… Méditation et contemplation sur le mont aux roses. Ton sourire qui s’épanouit et mon âme qui s’envole. Ma ville c’est… Cette magnifique cathédrale dont les gargouilles gardent les secrets murmurés dans ses alcôves. Ma ville c’est… Des maisons décrépites, taguées, cernées de terrains vagues où rode le dragon. Ma ville c’est… Ces murs aveugles, barbelés qui détruisent les hommes et engendrent des fauves. David N. Ma ville c’est… Maison d’arrêt de Strasbourg Des tours bâties sur les ruines de nos espoirs, c’est aussi la ville de nos futurs. Ma ville c’est… Cette fenêtre grillagée qui découpe le ciel en fragments de néant. Ma ville c’est… Des traditions qui en font battre le cœur, des innovations qui lui donnent ses couleurs. Ma ville c’est… Ce qu’il reste de toi, une absence qui garde ton empreinte. Ma ville c’est… La justice des bonnes gens qui n’est parfois que l’exutoire de leur méchanceté. Ma ville c’est… Le petit chien de pierre caché sous la chaire. Ma ville c’est… Une prison qui oblitère le monde, un cœur pur qui en chasse un peu les ombres… textes individuels ma ville n 221 JOUR DE NEIGE UN ENDROIT DANS LA VILLE Malika NATSAIEVA CSC Fossé des Treize, Strasbourg textes individuels Le temps s’est arrêté le jour où j’ai franchi les portes de cet endroit ! J’aurais tellement voulu que ce ne soit qu’un cauchemar et que je puisse me réveiller auprès de ma bien-aimée. Mais la réalité fut difficile à avaler lorsque, à mon réveil, ce fut une personne en uniforme qui m’a interpellé. Ensuite ce furent des bruits de métal qui me donnaient la chair de poule et là j’ai bien dû prendre conscience que la réalité n’était vraiment pas un cauchemar, mais «bienvenue en prison ». Dans cet endroit-là, on est totalement perdu : aucun visage familier, aucun repaire. Que c’est dur d’être privé de Trung Tri N. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar liberté ! On ne peut vraiment s’en rendre compte que lorsqu’on en est privé. Tout change, jusqu’à la moindre respiration. La prison est noire, sale et sent mauvais, même les draps frais qu’ils m’ont donnés ne sentaient pas bon, pas comme à la maison. Et puis les jours interminables se suivent et se ressemblent tellement, toujours les mêmes rituels : debout, se laver, manger, marcher et dormir. C’est cela aussi, un endroit dans la ville, un endroit que beaucoup ne connaissent pas ou veulent ignorer, surtout ignorer ce qui s’y passe et ceux qui sont dedans. En ce qui me concerne, jamais je n’aurais imaginé qu’un jour je pourrais le voir de l’autre côté, de là où je me trouve actuellement, mais je promets qu’à ma sortie, jamais plus je n’y remettrai les pieds. A la fenêtre j’ai vu La neige tomber, Des flocons voltiger et danser la valse. Troublant le silence, j’ai entendu Des enfants courir avec des boules et crier. Mes villes La ville que j’ai visitée se trouve à côté de la mer où nous sommes allongés sous les cocotiers. Elle était chaude la journée, humide et animée la nuit. Sous la lune, les eaux argentées de la mer faisaient rêver et sa couleur se mélangeait à l’ombre. Hong Hanh NGUYEN La ville que je contemple a deux facettes : elle est à la fois ancienne et moderne. n CSF Victor Hugo, Schiltigheim La ville qui m’a accueillie avec plein d’enthousiasme m’est très chère ! Elle est espiègle, malicieuse et captivante. La ville que j’ai quittée est encore imprégnée dans ma mémoire à travers ses spécialités et ses plats locaux qui me manquent et la nostalgie me gagne quand je pense à elle. La ville que j’ai remarquée est fidèle et velléitaire. La ville que j’admire est un peu frivole mais authentique. La ville que j’aime, elle est propre avec des plants verts, elle a du charme et elle adore être belle ! 222 le plaisir d’écrire / alsace 2013 223 Ma chère Ngoc My, De ma ville, je vois des maisons et des blocs qui s’agitent. J’aime le silence. Les lumières, les lampadaires qui brillent toute l’année. J’aime entendre les enfants qui jouent dans la neige. Il y a beaucoup de parcs pour se promener où les enfants jouent. Il y a un quartier qui s’appelle la Petite France, c’est comme une petite ville, il y a encore des maisons alsaciennes anciennes. J’aime les cadeaux, l’ambiance de fête. A Strasbourg, il y a beaucoup de quartiers, moi j’habitais avant à Koenigshoffen. Dans chaque quartier il y a des magasins, des supermarchés pour acheter des choses pour faire la cuisine, des assistantes sociales pour aider les habitants qui en ont besoin, un centre socioculturel pour apprendre le français et faire d’autres activités, une pharmacie pour acheter des médicaments. On peut aller au bureau de tabac pour acheter des journaux et lire les informations. Il y a aussi l’hôpital pour soigner les maladies. Il fait bon vivre ici. J’aime me retrouver au restaurant, une bougie qui brûle, Les mots d’amour de mon ami, Quand il pleut il y a des vers de terre par terre. Le vendredi matin, le marché est intéressant, utile et agréable. Fin de la semaine, je vais à Emmaüs pour y faire mes emplettes. Vivre à Cernay, c’est gai ! Ici, les étrangers comme les français, peuvent apprendre et travailler. Je vais au cinéma, c’est extra ! Le film est beau. Il y a beaucoup de pistes cyclables à Strasbourg, tout le monde peut faire du vélo. Dehors, les cigognes font du bruit avec leur bec. A la piscine, les enfants s’amusent. Et toi, comment vas-tu ? Est-ce que tu travailles à l’école, comment va ta fille ? Est-ce qu’elle est encore à l’université ou bien travaille-t-elle ? Raconte-moi tout cela. Je rentre d’un concert à minuit, Je te souhaite une bonne santé, bonne chance. J’attends ta réponse, Bisous, Je rêve de cette soirée magnifique et magique. J’allume la télé, je prends un bon café, un bon cigare la fenêtre ouverte. J’entends les oiseaux qui sont blottis dans leurs nids. Je suis heureuse dans ma vie. My Hang NGUYEN CSC Victor Schœlcher, Strasbourg le plaisir d’écrire / alsace 2013 n Le réveil sonne c’est le matin, je vais au travail, contente. My Hang 224 En contemplant ma fenêtre ouverte, je vois les marchés de Noël, textes individuels Je suis arrivée en France, il y a neuf ans et demi. J’habite à Strasbourg, c’est une grande ville, magnifique. C’est la capitale de l’Europe, le centre du marché de Noël. Il y a des transports en commun tels que des bus, des trams, c’est pratique. Renée NIEDERGANG ESAT Saint-André, Cernay 225 Ahmedabad Mes villes Faridabay OUMAR Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg Ensuite en 1987 avec mon mari, on est venus en France à Strasbourg. D’abord à Bischheim au foyer Sonacotra puis dans un appartement à Cronenbourg. Aujourd’hui à Madagascar, ce n’est plus comme avant, la vie est devenue chère, c’est pour ça qu’on est venu en France. Il n’y avait pas de médicaments. Nous sommes plus heureux en France. Nous n’avons plus de famille à Madagascar, ma sœur est aussi venue en France à Poitiers. n o Jehanne O. Maison d’Arrêt de Mulhouse ma ville Mon pays Ma ville Bakou est la capitale de l’Azerbaïdjan. Elle est grande et à Bakou habitent 4 millions de personnes. La ville se trouve à côté de la Mer Caspienne. C’est une ville antique. Ses rues sont anciennes et historiques, cette ville est ensoleillée neuf mois sur douze. A Bakou, vous pouvez voir le passé et l’avenir. Taleh OULIGEV CSF Victor Hugo, Schiltigheim 226 le plaisir d’écrire / alsace 2013 textes individuels Ahmedabad est une ville très peuplée, je l’ai choisie parce qu’elle est populaire. On imagine les mendiants estropiés qui vacillent entre les artisans souriants. Ici, on accepte son sort, sa caste, on peut être heureux avec rien, le luxe côtoie la misère. Cette photo me donne quand même de l’effroi quand je pense à la population qui doit y régner. La ville grignote peu à peu la santé des ouvriers et de leurs enfants, sans qu’on ne s’en inquiète vraiment. On accepte le va-et-vient de la vie, de la mort… On y marche souvent nu pied et l’odeur des épices embaume la rue qui est coloriée de tous ces saris chatoyants qui semblent onduler dans la foule… D’ailleurs, la musique souvent perce les murs, transparaît dans la foule bruyante. Je suis née à Nossi Be à Madagascar ; j’ai grandi à Tananarive, je me suis mariée à Majunga. Qu’il est loin mon pays, c’est une grande ville. Au fond de moi, se raniment L’eau verte de la mosquée et du bain, Et la brique de l’usine du textile. Mon cartable est bourré de théâtres et de monuments. Il y a des musées archéologiques. A Pamukkale, il y a des eaux thermales et des écoles supérieures. A Denizli, le coq est célèbre et aussi le grand marché couvert. Ô mon pays, ô Denizli. (à la manière de Claude Nougaro, Toulouse) Akife ÖZEN CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines 227 Nous sommes tous uniques, Vis-à-vis de tous les autres Almina P. Maison d’arrêt de Strasbourg Certains ne savent pas protéger leur dos, Certains jouent faux dans l’équipe, D’autres ont un coup de foudre pour les cachets bleus. Le bouquet de l’histoire est bien de savoir faire les choses dans l’atelier de la vie. Voilà. Ma ville c’est Haguenau, Cela faisait six ans que j’étais solitaire. Solitaire de jour, solitaire de nuit. Quand on est solitaire on a du mal à avancer, à faire ce qui doit être fait. Le plus petit effort pour un solitaire demande un effort surhumain. On a l’envie de rien ! Se coucher sur un canapé et laisser passer le temps… Heureusement que cette solitude a pris fin. J’ai fait une rencontre et à deux ça va mieux. L’un encourage l’autre. C’est le premier Noël depuis six ans où je ne serai pas seule. Ce soir, je penserai à tous ceux qui sont solitaires. Car il en existe beaucoup, il peut exister des solitaires par choix, mais c’est rare. La plupart du temps ceci est imposé par la vie moderne. On n’a plus le temps de s’intéresser aux autres, sauf peut-être par intérêt et un solitaire n’est pas intéressant. Pour ma part je suis prête à tout pour ne plus être solitaire ! Viviane P. EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller Il y a des voitures, Des maisons, des rues, textes individuels SOLITAIRE n o Il y a des sculptures sur les voitures, Des musées, des expéditions sur les animaux, Du canoë kayak, on a visité un bateau, On a visité la cathédrale, on a fait le marché aux puces. A Noël, il y a de belles lumières accrochées dans les rues. Haguenau, c’est une ville pleine de surprises ! Gilbert P. FAS - Fondation Sonnenhof, Bischwiller Avant de venir en France, j’habitais à Berat, une petite ville albanaise très touristique. Son musée de plus de 2 400 ans appartient au patrimoine mondial de l’UNESCO. Berat est une ville joyeuse comme Strasbourg, elle est jolie et attire de nombreux visiteurs. Ces voyageurs forment une ville dynamique et multiple. L’industrie textile fait vivre plus de 50 000 salariés qui produisent des vêtements. C’est une ville propre et romantique. PAPI CSC Montagne verte, Strasbourg 228 le plaisir d’écrire / alsace 2013 229 MA BELLE VILLE DE DENIZLI Ma belle ville natale Denizli, son parfum de verdure et sa lumière, ses secteurs d’activités… Ma belle ville Denizli. Permettez-moi de vous dire ce qui suit : Denizli se trouve à l’ouest de la Turquie, il y a 500 000 habitants. Ce qui est célèbre à Denizli c’est la ville antique de Hiérapolis, à côté il y a Pamukkale où se trouvent des terrasses de calcaire pleines d’eau chaude. Les tissus de « Buldan » avec la production de serviettes et de peignoirs sont importants à Denizli. Il y a aussi des sources géothermales et le célèbre coq de Denizli qui est capable de crier très longtemps. C’est une belle région, c’est un beau pays et ma ville, je l’aime… Filiz PAYAT CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines J’aime beaucoup la Turquie Huriye PAYAT CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Mon trajet de l’aller textes individuels La richesse de DENIZLI J’aime beaucoup Denizli C’est ma ville natale et toute la famille est à Denizli, la grande ville. Il y a du soleil. C’est une ville touristique et on ne s’ennuie pas. La célébrité de Denizli est un coq. J’aime beaucoup Denizli. n o Départ à 7h20 de chez moi, en prenant le bus 63 de Blaesheim à Lixenbuhl (à 8h03, 8h07 ou 8h12). Ensuite j’attrape le tram A de Lixenbuhl à Couffignal (à 8h13, 8h18 ou 8h22). Et pour finir, le bus 40 de Couffignal à Faisanderie (à 8h29). Arrivé à l’Impro… Ouf ! Je suis essoufflé. Il y a quelque chose qui m’angoisse : que je rate le tram A, le 2ème bus, le retard. Alors je fonce direct ! Alexandre PEREA IMPRO La Ganzau, Strasbourg 230 le plaisir d’écrire / alsace 2013 231 Je suis originaire du Portugal, d’une petite ville qui s’appelle Fafe. Elle se trouve à 60 km de Porto, la deuxième ville la plus grande du Portugal. Ville auboise J’ai fait mes études au Portugal et en 2010, j’ai obtenu mon diplôme de technicien de laboratoire médical. La ville que nous avons choisie pour vivre en France c’est Strasbourg parce que ma compagne a de la famille dans cette ville. Au début, j’ai travaillé comme horticulteur et au bout de trois mois, j’ai trouvé un emploi comme technicien de laboratoire médical à l’hôpital de Haguenau. J’aime bien travailler à l’hôpital, tous mes collègues sont gentils et sympathiques avec moi. L’ambiance de travail est toujours agréable, ça se passe très bien. Le mode de vie et de culture ne sont pas très différents entre les deux pays mais en France, la qualité de vie et les opportunités personnelles sont meilleures. Du Portugal, les choses qui me manquent le plus sont la famille, les amis et bien sûr le climat, comme les jours pleins de soleil et de vivre à côté de la mer. J’aime beaucoup la France mais j’aimerais bien retourner un jour dans mon pays. Je ne sais pas quand ça pourra arriver, la situation au Portugal est toujours difficile et ici, en France, je commence à avoir une vie stable mais comme on dit dans mon pays : « Le futur, seul Dieu le connaît ! » A Troyes on « caille », on se les gèle et pourtant j’y suis née. Sur la place de la gare, et dans la rue Jean-Jaurès s’entassent les poubelles. Les éboueurs sont en grève, les barricades sont alignées. Ça hurle dans les rues, les Troyens sont en colère, les rats manifestent dans l’obscurité, chacun à son tour monte la garde propice aux régals périmés. La neige tombe à gros flocons sur cette ville désordonnée. On dirait que cette nuit les gens sont barricadés, Les portes sont fermées à clés textes individuels Pendant une année et demie, j’ai travaillé comme technicien de laboratoire à Lisbonne, la capitale du Portugal mais, après en avoir parlé avec ma famille et ma compagne, nous avons décidé de partir pour la France. n o A cause des gens mal intentionnés Qui squattent les rues. A part ça, Troyes reste la même c’est à dire toujours accueillante, Aucune crotte sur les trottoirs Ça devient propre, ça devient ennuyeux. (inspiré de Daniel Pennac « La Fée Carabine ») Marie PETIT CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Helio José PEREIRA COSTA Trampoline, Molsheim 232 le plaisir d’écrire / alsace 2013 233 1. Prenez un parc d’attractions connu qui est proche de la capitale, 2. Ajoutez-y un zeste d’émerveillement d’enfants ébahis par l’atmosphère féerique de ce parc. 3. Créez de splendides parades avec d’étonnants costumes colorés. 4. Déguisez des gens en divers personnages de Walt Disney. 5. Créez un monde imaginaire qui remplira nos yeux d’images inoubliables. 6. Jetez-y un brin de bonne humeur. 7. Faites monter l’adrénaline en tentant les manèges à sensation. 8. Mélangez votre joie de vivre à la magie que génèrent les parades et parsemez-les d’étoiles qui feront pétiller vos yeux. 9. Jetez des confettis pour accentuer cette atmosphère festive ! Adieu la mélancolie, bonjour les mines réjouies ! 10. Laissez reposer et prenez le temps d’assimiler toute cette journée qui vous restera gravée. Douceurs nocturnes saintes-mariennes Cet été 2010, ô combien de nuits veloutées ai-je passé à flâner dans tes ruelles et tes chemins secrets, Sainte-Marie !!! Candeur des nuits pures au ciel scintillant de mille étoiles : Dauphin, Chevelure de Bérénice, Orion : tant de constellations nous invitant au rêve !!! Femme d’un âge moyen aux cheveux rougeoyants, teint lisse et clair, Hélène, vous m’escortiez, me chaperonniez dans mes douces escapades. Discussions, restos, cigarettes sous un lampadaire, les cimetières… Les cimetières qui me flanquent la frousse devenaient des endroits paisibles. L’un d’entre eux possédait un cerisier. Hélène et moi chipions quelques cerises tout en évoquant les mérites des défunts que nos chemins avaient croisés. Nous pensions à nos chats. Ma Malicia et son Voyou avaient-ils peur seuls ? Nous sirotions des diabolos caramel sur telle ou telle terrasse. Nous rendions visite à des connaissances. Nous rencontrions des gens formidables, des animaux fantastiques comme Roxanne le rottweiler, Kiki le cavalier king charles et beaucoup d’autres encore, que nous n’aurions jamais (ou presque) rencontrés le jour. Et lorsque l’horloge de l’église Sainte Madeleine égrenait un timide « deux heures du matin » nous regagnions nos demeures. Malicia et Voyou, les yeux mi-clos, poussaient un « miaou » de plaisir en entendant le cliquetis de la clé des champs subtilisée par leurs maîtresses, le temps d’une escapade nocturne. textes individuels La ville qui m’a fait rêver, c’est... n o Océane PIERRE Centre d’Accueil de Jour de Sainte-Marie-aux-Mines Julie PHILIPPE Accueil de jour APF, Strasbourg 234 le plaisir d’écrire / alsace 2013 235 Mulhouse Porte du Miroir mulhouse textes individuels Autrefois, la Porte du Miroir permettait d’accéder à la ville depuis le vignoble et la vallée de l’Ill. Elle se trouvait à proximité du château de l’évêque de Strasbourg. Elle doit sans doute son nom à une famille Spiegel qui était vassale de l’évêque. C’est après 1798 que le nom a été traduit improprement en “Miroir”. En 1809, pour faciliter un trafic croissant, le conseil municipal décide sa démolition. Un an plus tard, elle disparaît et seul son nom nous rappelle aujourd’hui son existence. q L’été dernier j’étais en ville, j’ai rencontré un copain, il était au restaurant sur la terrasse. Il m’a appelé : « Sylvie !», m’a payé une limonade et puis après je suis partie. Et c’était une belle après midi. Sylvie Q. Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg 236 le plaisir d’écrire / alsace 2013 237 Mercredi, jour de marché de mon quartier, j’ai l’habitude de m’y rendre tous les mercredis. J’ai rencontré une amie, j’ai discuté un moment avec elle et puis j’ai fait des achats. Eva R. Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg J’ai acheté des fruits et des légumes. Un lieu dans ma ville Si j’étais un lieu dans ma ville, je serais un musée car, pour moi les objets vivent à travers l’Histoire et cette vie qui fait perdurer l’histoire m’intrigue. En regardant ces objets je vois autre chose, et cela me transporte. Patrice R. Maison d’Arrêt de Mulhouse Si j’étais un lieu dans la ville, je serais un chemin, je serais aussi une vieille église avec de magnifiques vitraux, des gravures de pierre, des statues, des toitures anciennes d’un autre temps. Il y a la vieille ville et la nouvelle ville qui n’est pas aussi bien, car la vieille ville est si tranquille, je voudrais de nouveau y vivre, c’est la ville qui avait un charme de jeunesse mais je ne pourrais plus y vivre. Jean-Pierre R. Maison d’Arrêt de Mulhouse DANS LA VILLE OÙ JE SUIS NÉ Je suis né à Strasbourg et je vivais dans un HLM. Souvent, les après-midis assis sur une barrière, je mangeais des glaces avec mon frère et mon cousin Claude. Les trois mousquetaires jouaient aux billes, disait mon père. Mon cousin a été le premier à avoir une mobylette. Mon frère Pascal et moi avons acheté une 50 centimètres cube, à l’âge de 16 ans. Ensuite nous avons eu une voiture à notre majorité. On venait de commencer à travailler. Je n’étais pas bon partout. Et ma maladie m’a atteint, ce fut le drame. Michel R. Hôpital de jour, Molsheim 238 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Lieux communs et noms propres C’est une ville moyenne, comme tant d’autres, et pourtant… Si elle possède ses places : Réunion, Victoire, et ses parcs généreusement arborés : Salvador, Steinbach, elle nous propose aussi ses vieux remparts ou du moins ce qu’il en reste, armés de tours : du Diable, Nessel, et percés de portes : Jeune, Haute, du Miroir. Comme bien de ses concurrentes et néanmoins amies, elle est parcourue de cours d’eau : Ill, Doller, bordés de quais aux noms évocateurs du siècle dernier : Isly, Oran, Alger. textes individuels Mon lieu préféré r Ses rues anciennes et devenues piétonnes évoquent elles aussi avec nostalgie les métiers anciens : Tanneurs, Maréchaux, Mercière. Mais la modernité n’y est pas absente : la Tour de l’Europe, et la gare SNCF élevée depuis peu au rang de seul nœud de TGV existant en France. La culture, avec la Fonderie, la Filature, et les salles de spectacle : Noumatrouff, Entrepôt, n’y est pas absente, pas plus que les lieux de réunions sportives : stade de l’Ill et nautique, Palais des sports. Voilà en raccourci la ville qui m’accueille depuis plus de cinquante années, qui a vu naître mes trois enfants, et qui, bien plus que tous les lieux communs la concernant, est devenue mon port d’attache que je retrouve à chaque fois avec plus de plaisir au retour de mes nombreux périples à travers le monde. Ma ville, qui mérite beaucoup mieux que sa réputation d’austérité et de mal vivre véhiculée par ceux qui ne la connaissent pas, c’est Mulhouse… Gérard REBRASSIER Cultures du Cœur, Mulhouse 239 J’ai vécu avec ma famille dans un petit village en Algérie. Il s’appelait Afir. Il était beau comme un paradis. Devant chaque maison il y avait de petits jardins pleins de fleurs et d’arbres fruitiers. Il y avait une grande forêt et de vastes champs autour du village et on ne voyait pas beaucoup de gens dans les rues, chacun s’occupait de son travail. Près de mon village il y avait une petite ville Dellys. Dans cette ville aux rues étroites, il y avait de vieux bâtiments et de petites boutiques. La ville était située au bord de la mer et c’était merveilleux. Quand je suis venue à Mulhouse pour commencer une nouvelle vie, certaines choses me surprenaient. Un jour dans le tram, j’ai vu un vieux monsieur avec son chien. Le chien avait des pattes sales, pleines de boue et il les a mises sur les genoux de son maître. J’ai remarqué aussi une femme âgée qui passait tous les jours à la même heure, exactement 11h30, devant mon immeuble. Elle promenait son chien. Et puis, j’ai trouvé bizarre que mes voisins au-dessus fassent tellement de bruit, jour et nuit. Mais Mulhouse c’est une jolie ville, avec ses grands bâtiments, ses magasins, ses voitures, ses parkings, ses jardins et tout ce monde dans les rues. Hassina RECHIDI CSC Papin, Mulhouse 240 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Clarisse REYDEL EPSAN - Hôpital de Jour, Saverne Amitié Cheval Roseraie Rohan Cafés Saverne Emblème Bistrots Boutiques Lieu Cornes Heureux Galop Fleurie Museau Licorne Bière Attendre une cérémonie à laquelle je n’ai pas pu assister Dans notre religion, les femmes musulmanes n’ont pas le droit d’assister à un enterrement. J’ai appris la mort de mon mari par téléphone un samedi matin. A ce moment, j’ai cru que le monde allait s’écrouler, et que je ne pourrais pas m’en sortir avec trois enfants à charge. Il devait être enterré la même journée avant le coucher du soleil. C’était très dur pour sa mère, sa sœur et moi, de ne pas pouvoir assister à son enterrement. Ce jour là, le 26 septembre 2009, je me suis sentie très mal. Je n’ai pas trouvé de billet d’avion qui parte au Maroc le jour même. J’ai trouvé un billet pour trois jours après. Je suis partie avec mon frère, ma sœur et mes filles au Maroc. En arrivant chez ma belle-mère, la maison était pleine de monde. Je n’ai pas pu retenir mes larmes devant mes beaux-parents. Quelques jours plus tard, je suis partie au cimetière, voir la tombe où était enterré mon mari. Je ne savais pas que la mort existe, pas maintenant, pas si jeune, pas à vingt-huit ans. textes individuels Mon beau village r Depuis ce jour-là, ma belle famille et moi, nous nous parlons souvent au téléphone, nous sommes devenus très proches. Salima RIDAL CSC Victor Schœlcher, Strasbourg 241 Sans toi Hier je suis née Aujourd’hui je vis Demain je serais morte Je sais les hivers* Je sais le froid Mais la vie sans toi je sais pas Assise, regardant à travers ma fenêtre, j’aperçois la vie : des chiens qui jouent avec leurs maîtres, des lumières allumées à toutes les maisons, la pleine lune qui brille de mille feux, le ciel noir empli d’étoiles. Je détourne mon regard, cette vie disparaît, la solitude m’emporte. Je ne suis pas triste car elle est ma meilleure amie. Sans elle je ne pourrais plus être seule. La solitude qui m’envahit chaque soir m’apporte un sentiment de calme, d’apaisement et de détente qu’une foule ne pourrait donner. Hier je suis née Aujourd’hui je vis Demain je serais morte Je sais les hivers Je sais le froid Mais la vie sans toi je sais pas *Paroles de J.J. Goldman Charlotte RIEFSTAHL APP ReFormE, Strasbourg Dans les rues de Strasbourg, il y avait beaucoup d’enfants abandonnés. Un jour, comme je dînais en compagnie de ma femme et de mes enfants, j’ai vu, par la fenêtre de ma cuisine, des enfants cherchant à manger dans des poubelles. J’étais triste pour ces gosses. Les jours passaient, je n’arrivais pas à oublier ces enfants. J’ai parlé à ma femme de cette image qui me hantait. Alors, elle m’a rassuré et m’a dit : « On va les sortir de la rue ; je te le promets. » J’étais vraiment content qu’elle me dise ces belles paroles. Alors, nous avons cherché ensemble une solution pour ces enfants. Et nous avons décidé d’ouvrir un centre pour ces jeunes. Le lendemain, nous sommes allés chercher un endroit où installer le centre. Et là, au loin, auprès d’un village, il y avait un champ très vaste. C’était l’endroit idéal pour nous poser avec les enfants. Il ne restait plus qu’à voir le maire du village. Mais ce monsieur ne voulait pas de notre centre dans son village, craignant que les cris et les rires des enfants ne dérangent les habitants déjà vieux. Alors, ma femme et moi avons rassemblé tous les habitants sur la place du village. Nous leur avons expliqué les problèmes de ces gosses des rues de Strasbourg qui n’avaient rien à manger. Ma femme tenait notre plus jeune enfant dans ses bras. Les villageois furent touchés. Soudain, ils sont partis tous ensemble voir le maire. Et Monsieur le Maire et tous les habitants du village décidèrent de construire ce centre. Puis est arrivé le temps d’aller chercher les enfants des rues de Strasbourg pour les emmener dans ce centre construit pour eux. textes individuels Pour les enfants des rues r C’est ainsi que les enfants des rues de Strasbourg n’ont plus eu besoin de chercher à manger dans les poubelles car ils ont trouvé à manger et beaucoup d’amour dans ce centre qu’ils ont appelé : « le Centre des Rues ». David RINGWALD ReFormE, Lingolsheim 242 le plaisir d’écrire / alsace 2013 243 Ma ville est cette image de mille belles choses à découvrir, à partager et pourquoi pas à inventer ! Il y a des villes pareilles aux visages humains qui expriment une bonne mine, grise mine, mal-être, stress ou encore déprime. Ma ville est cette communauté de communes qui occupe un petit territoire d’un grand pays. Dans mon quotidien, il y a des quartiers en retrait et de nouveaux quartiers sortis de terre qui transforment la pierre en amants et n’empêchent pas le cœur de battre. On découvre dans ma ville entre autres, une belle cathédrale, un opéra national avec sa petite histoire, des sculptures d’hommage, de curieuses traces de corporations de métiers d’artisans et de marchands du Moyen Âge. Il y a aussi de beaux musées, des bâtiments historiques, des circuits touristiques ou encore des archives magnifiques qui nous tendent les bras pour une valse à mille temps et mille époques. On partage dans ma ville, entre autres, des instants de convivialité dans des lieux de culture, de spectacle, de sport mais aussi des moments de relaxation, de détente et d’ambiance dans des parcs, des piscines, des bains romains ou arabes… D’ailleurs, elles sont mémorables ces fêtes de quartiers qu’on organise dans ma ville ou ces pique-niques entre voisins qui crient à table et disent adieu à la solitude de nos cités. Prisonniers de l’espace et du temps, ils veulent créer la marque du « vivre ensemble ». 244 le plaisir d’écrire / alsace 2013 De l’attractivité à la diversité en passant par la solidarité, ma ville ouvre ses portes pour accueillir des collecteurs d’idées et de projets visant à renouveler ou à redonner un autre cœur à nos quartiers. Et ainsi ma ville aura un beau visage social, souriant et rejoindra l’ambition de cultiver un jardin collectif avec des aires de partages et d’échanges entre ses habitants. Il sera plein de bon sens et rassemblera les générations à un moment ou à un autre pour vivre ensemble. textes individuels Ma ville est un jardin collectif r Ghayas ROUSTOM CSF Victor Hugo, Schiltigheim 245 C’est dans de grandes vies qu’on alimente des rêves pas possibles ! Tous nos médaillés sportifs en étant jeunes rêvaient de devenir grands et de grimper aux plus hauts échelons… Car c’est en persévérant qu’ils arrivent à trouver la plus haute marche du podium ! textes individuels TOUS LES RêVES POSSIBLES s Je pense aussi aux enfants et aux adultes handicapés qui participent aux jeux para-olympiques. Vivent le sport et la santé ! « C’est un dur métier que l’exil. » André S. EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller Nâzim Hikmet 246 le plaisir d’écrire / alsace 2013 247 Konya-Molsheim Je suis née en Turquie dans la ville de Konya. Mevlana a vécu ici. J’habitais à Cetmi, un village à 200 km de Konya. Dans ma rue il y a des retraités Avec leurs petits chiens ils errent décontractés Ils échangent avec d’autres gens tout aussi esseulés Puis avec une baguette s’en retournent dans la maisonnée Dans ma rue il y a des enfants Qui se regroupent autour d’une maman Parfois sages mais le plus souvent tonitruants Ils rejoignent leur classe pour y être charmants ou insolents Dans ma rue il y a des commères Elles suivent toujours le même itinéraire Elles épient les braves gens et font des commentaires Parfois cachotières elles sont souvent grossières Dans ma rue il y a des travailleurs Les lundis et les jeudis passent les balayeurs Les autres jours ce sont d’autres acteurs Qui vaquent à leurs occupations en véhicule à moteur Dans ma rue il y a des toutes vieilles Qui se promènent et qui surveillent Elles comptent les chats qui sur les chambranles sommeillent Et contrôlent les vélos attachés à la treille Je suis allée à l’école le matin et l’après-midi pendant cinq années. Je travaillais dans le jardin pour cultiver des légumes, des tomates, des courgettes, des salades, des concombres, des pommes, des patates. Je retourne en Turquie pour des raisons familiales. J’habite à Molsheim dans un bloc au premier étage avec mes trois enfants. J’ai des amis turcs que je vois souvent. Molsheim me plaît car c’est une ville calme. Cennet S. Trampoline, Molsheim textes individuels dans ma rue s Tout est à faire Tout est à faire !… Qu’est-ce qu’il reste à faire ?… Certainement pas mal de choses, je pense par ailleurs au fait de venir à l’Hôpital de Jour, de prendre soin de sa santé et de celle des autres ! Denis S. EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller Astrid S. Hôpitaux Universitaires de Strasbourg 248 le plaisir d’écrire / alsace 2013 249 JOUR DE NEIGE STRASBOURG, AVANT Je suis né à Strasbourg le 14 août 1990. Une fois quand j’étais au marché de Noël, j’ai bu un vin chaud. J’ai vu le sapin de Noël, place Kléber. J’ai visité la cathédrale et j’ai allumé une bougie pour mon grand-père. Mon père m’a raconté cette époque : il est né au moment de la guerre entre la France et l’Allemagne. En bas, dans la cave de sa maison, il y avait des armes, des pistolets ! Ça m’a fait un peu peur !… Il n’y avait pas assez à manger : quelques pommes de terre, des topinambours. On ne trouvait pas de café : les gens allaient dans la forêt pour ramasser des glands. Ils les faisaient griller et les écrasaient : « Ce café-là n’était vraiment pas bon ! » Les avions allemands lâchaient des bombes sur la ville ! Des tanks avec des canons allumaient le feu ! Frédéric S. SAJH, Schiltigheim Je suis content d’avoir échappé à tout ça !!! 250 le plaisir d’écrire / alsace 2013 UNE CROIX Georgette S. EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller Posséder une croix, c’est croire au bonheur, recevoir le courage de croire en un Dieu qui nous veut du bien, ce Dieu qui nous a tant aimé, qui pour nous a tout donné. Croire pour le connaître c’est l’aimer pour revivre, tout donner pour ne plus avoir qu’un unique espoir en Dieu et s’apercevoir que l’insondable mystère de son immense pouvoir nous est pourtant à jamais offert dans l’infinie tendresse gravée dans son regard. textes individuels Aujourd’hui, il a neigé Je ne vais pas travailler Sur les toits du village, il y a de la fumée qui sort par les cheminées J’ai eu une visite inopinée J’étais étonnée Je n’étais pas encore habillée Je n’avais pas le temps alors je l’ai virée Doris S. Ces gens n’étaient pas très civilisés Hôpital de jour, Molsheim La télé était allumée, alors je l’ai regardée Il y avait une mauvaise sonorité L’appartement était maintenant enfumé par le feu de cheminée J’ai vite aéré Finalement je me suis habillée Je ne peux pas rouler en voiture alors je vais à pied Je sors faire un tour au musée. La ville de Mulhouse Dans cette ville, il y a un ancien musée d’histoire. Il y a des maisons anciennes, il y a une église. Il y a des magasins, il y a une fontaine. Il y a un ancien moulin, il y a la Tour de l’Europe. Il y a la mairie et la sous-préfecture. Il y a des jardins, il y a des bâtiments. Il y a des tribunaux et des policiers. Il y a des hôpitaux et des médecins, et même de garde aux urgences. Il y a des pharmaciens et les maisons des personnes âgées. Il y a des restaurants. Il y a tous les sports. Il y a des cafés, il y a des théâtres. Hafida S. CDAFAL 68, Mulhouse Il y a des bouchers et le marché. Il y a des canards dans le lac. Il y a un musée des voitures. Il y a le zoo et du cirque. Il y a un beau marché de Noël… s 251 Ma ville est un océan, sans cesse en mouvement et peuplée de milliers d’habitants… Comme l’océan, elle change de couleur, d’humeur et ses bruits sont des écumes de sons, des vagues de cris, de mots, de conversations lointaines… J’en suis l’un des habitants ; résident peu ordinaire d’une bulle de béton coincée en son centre à quelques mètres de son poumon économique et juste en face de l’un de ces cœurs culturels… Ma ville est une vieille dame qui se passe d’élégance dès qu’il s’agit de s’harmoniser avec les jeunes pousses des modernités technologiques…Elle est à la fois en ravalement perpétuel et en conservation de ses origines… Le même contraste saisissant qu’offre l’océan entre deux colères et certaines accalmies. Elle est aussi un arc en ciel de races, de langues, de cultures qui forment des couleurs inédites et oxygène son poumon novateur de « ville ouverte »… Ses universités, ses écoles, ses musées sont voisins des vignobles, des Restos du cœur, des misères urbaines et des cités ingommables… Elle est cosmopolite mais se veut entière ce qui en fait une ville fourmillant de création et de créateurs… Sœur cadette de Strasbourg, plus européenne, plus un tas de choses… elle n’en demeure pas moins un membre prédominant de la grande fratrie alsacienne… Un peu du cœur de Colmar et de l’âme strasbourgeoise actionne chaque mouvement de cette cité grandissante… 252 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Depuis ma bulle, la vision de ma ville est une brume épaisse d’où ne filtre que des odeurs et des sons mais ils suffisent à m’informer de son évolution. Adaptable, malléable, grandissante, on ne peut la comparer à aucune autre, c’est d’ailleurs ce qui en fait sa particularité, son individualité, son identité. La traverser de part en part, jour après jour, permet sans doute de la voir, de constater, d’en profiter mais pas nécessairement de la comprendre… Etre ainsi cloîtré dans une bulle, en son sein et si près de son cœur, autorise bien des observations et facilite la lecture de ses saisons… L’épier du dedans comme un anonyme silencieux équivaut à la survoler pour l’admirer, la situer et la contempler… Une vue aérienne équivalent à une vie souterraine, dans les deux cas, le temps offre l’image de ses mouvances… Si d’un mot, il convenait de la définir, « promesse » serait le terme adéquat… Une ville pleine de promesse et toujours tournée vers des avenirs multiples… Sa devise est à son image, elle en regroupe plusieurs et dans la petite bulle de béton, les images défilent… Tandis que Mulhouse s’éveille. textes individuels Mulhouse, ma ville... s Jean-Christophe S. Maison d’Arrêt de Mulhouse 253 La maison n 12... Keltoum S. Association Hélios, Guebwiller Voitures, vélos sillonnent les rues Il y a beaucoup de monde dans le tram Lumières, lanternes brillent dans la nuit La vie commence tôt Et les journaux sont dans les boîtes aux lettres de Ville de rêve Rentrons dans un bar pour boire un petit café Echangeons quelques mots avec la boulangère du quartier Vers les bureaux on se presse Et la ville s’éveille doucement. Se libérer Se libérer, c’est pardonner, se libérer de ses angoisses, quand on peut parler à quelqu’un qui nous écoute, un médecin ou une personne proche de nous. Nous, on vient à l’Hôpital de Jour pour faire des activités, se poser, pour évacuer nos problèmes, se libérer, pardonner c’est un bon thème pour cette fin d’année qui était une année chargée pour le personnel et les infirmiers qui ont déménagé et qui se sont installés dans ce nouvel hôpital. textes individuels Je suis la maison n°12. Je suis grande, avec beaucoup de chambres, belle, solide, ancienne. Vous vous rendez compte ! Je suis née en 1851. La famille m’aime beaucoup, j’ai été joliment repeinte. J’aime le matin, la lumière du soleil qui fait entrer la chaleur et fait briller les fenêtres. J’aime cette grosse porte, même si elle n’est pas aussi belle que moi. Grâce à cette porte, personne ne peut faire de mal à ma famille. s Se libérer quand on a des contraintes est très difficile, on n’arrive pas à évacuer le stress qui va avec… Et il y a des problèmes qui apparaissent des fois quand on veut se libérer. Isabelle SA. EPSAN - Hôpital de Jour, Bischwiller Sylviane S. Croisée des Chemins, Colmar 254 le plaisir d’écrire / alsace 2013 255 Avant j’habitais en Italie, précisément à Vérone. Vérone est une ville antique mais aussi industrielle. Au centre-ville, il y a beaucoup de lieux historiques qu’on peut visiter, par exemple la maison de Roméo et Juliette et l’Aréna, le plus grand théâtre en plein air où est organisé le célèbre festival d’opéra. Il y a aussi beaucoup de restaurants dans lesquels les visiteurs peuvent manger des plats locaux et typiques. Promenade dans la rue Ampère Christelle SAIDANI SAJH, Schiltigheim textes individuels La ville de Vérone Il y a aussi une rue Ampère à Paris. Mais celle-là à Strasbourg, c’est la mienne ! Il y a la pharmacie. J’y prenais des médicaments pour maman. Le médecin venait souvent à la maison. Il y a la piscine de la Kibitzenau. On y allait quelquefois. On voit la cathédrale, toute en hauteur ! Il y a un terrain de foot près du Polygone. On entendait les matchs. Des bruits horribles dans ma rue ! Mon bloc est là, tout blanc, il n’y a pas de couleurs. Les boîtes aux lettres, un concours de dessin, la chaleur, des voisins qui se parlent dehors, dedans. On s’invite, on boit un café ! C’est dans cette rue que j’ai appris à marcher ! Et à parler ! s La ville de Vérone est traversée par l’Adige, l’un des plus grands fleuves italiens. Ici se trouve aussi le lac de Garde, le lac le plus bleu d’Italie qui accueille un grand nombre de touristes chaque année. Vraiment, Vérone est une ville magnifique. Ma ville afghane Manizha SARWARIE CDAFAL 68, Mulhouse Aïcha SABRI CSC Papin, Mulhouse 256 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Ma lune, mon étoile Tu es fatiguée d’oppressions Tu es comme un cœur brisé Tu as la douleur sans médicament On t’a volé ta fortune Pour leurs réjouissances Mais tu es toujours sans la voix. 257 Je veux comparer Molsheim avec Ankara où je suis née. Mais j’ai déménagé à Molsheim il y a quatre mois. C’est pourquoi je ne connais pas bien cette ville. Ankara est la capitale de la Turquie. Le président de la République et le Premier Ministre habitent Ankara. Le Parlement aussi est à Ankara. Cette ville est très grande et très peuplée parce que presque cinq millions de gens vivent là. Les gens vivent dans les grands bâtiments. Chaque matin beaucoup de gens vont au travail ou à l’école. La circulation est très animée le matin et le soir. Molsheim est une très jolie petite ville. Les maisons sont de deux étages et avec des jardins. Molsheim est une ville plus silencieuse qu’Ankara. Les voitures ne klaxonnent jamais dans les rues de Molsheim. Les gens font plus de sport à Molsheim qu’à Ankara. Nous voyons qu’il y a moins de gens qui font du vélo qu’à Ankara. Nous voyons moins de soleil à Molsheim qu’à Ankara. Par contre nous voyons les cigognes et divers oiseaux à Molsheim. En hiver, il fait très froid à Ankara. En été, il fait trop chaud. A Ankara, il y a de plus grands centres commerciaux qu’à Molsheim. Finalement, nous pouvons dire que la vie est plus facile à Molsheim qu’à Ankara. Lale SAYGI Trampoline, Molsheim Isabelle, Mirabelle ; il ne se passe rien, Je n’ai rien à dire. Mon cœur est vide. Isabelle SC. Je m’en fiche. EPSAN - Hôpital de Jour, Ma soupape Saverne C’est l’isolement. Et moi, je reste seule. Rien du tout. Je m’en moque, Ras le bol d’entendre chaque fois la même chose ! Toujours pareil ! Je rigole plus… 258 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Une ville touristique qui se dégrade et métissée... Capitale de l’Europe mais pas de l’euro depuis Sarko Les regards et les relations des gens de cette ville : Strasbourg, Cronenbourg, Faubourg National sous Kro… De leur(s) foyer(s), à la rue, à dehors, de l’intérieur sous un toit, à l’extérieur sous le ciel et la météo… Des anciens combattants aux jeunes ados, le Respect se perd et nous fait tomber dans l’autodestruction, presque la Révolution, alors que l’on est tous frères et sœurs, soi-disant d’après le livre sacré, d’une et seule arche de Noë… Qui dit autodestruction dit dépendance, donc drogues, de café et cigarettes, à alcool et herbe, poudre blanche ou rouge, donc toxicomanie, torture, souffrance, l’anorexie pour trop de SDF, dépression pour anciens patrons… Qui boit pour s’évader ? Des regards mauvais pour s’avancer vers les gens intégrés, personne à qui parler car sauver nos hémorragies, c’est le cauchemar du personnel de la psy ! Surtout, une fois père ou mère l’envie de s’intégrer encore plus dans la société mais c’est déjà la crise vite et partout, surtout les poches vides et condamnés à trouver de l’argent facile !! Certains policiers en profitent, proies faciles, créatures ratées ou gâtées ?! Les plus riches boiront le soir chez eux après un festin, à la place d’une soupe pour pauvres grâce à Coluche, abattu en camion comme Mesrine ! Se battre ou pas ? J’me demandais plutôt qu’a-t-on comme droit ?! Comme choix ?! De Stricht à Strass, voici ma vision, mes questions !? textes individuels Ankara-Molsheim s Steeve SCHANG PADEP, Strasbourg 259 textes individuels s « La ville n’est pas une simple agglomération d’hommes et d’équipements, c’est un état d’esprit. » Robert Park, sociologue américain 260 le plaisir d’écrire / alsace 2013 261 Je vais souvent à des concerts de chanteurs qui sont très célèbres ainsi qu’à des spectacles au Palais de la Musique et des Congrès. J’aime me promener dans le parc de l’Orangerie, je fais souvent un tour de vieux tacots et une ballade en barque verte. Je regarde les animaux du zoo, dont les singes et le paon aux plumes multicolores avec des plumes turquoises, bronzes, jaunes d’or et parmes. La mini-ferme abrite des animaux domestiques tels que la poule d’Alsace, la vache bretonne pie noir et le mouton rouge du Roussillon. Je vais souvent me recueillir à la Cathédrale Notre-Dame qui est constituée de grès rose des Vosges et j’aime bien assister à la messe. Tous les ans, j’aime aller au marché de Noël. J’aime bien manger une choucroute aux poissons et du coq au Riesling à la maison Kammerzell qui est un restaurant gastronomique et un hôtel 3 étoiles. C’est une maison qui a été construite en 1427 et possède des colombages qui sont les plus richement décorés de Strasbourg. J’aime aller visiter des musées dont le Palais Rohan, le Musée d’Art Moderne, les musées alsacien, zoologique et historique. Je fais régulièrement des achats de vêtements dans plusieurs boutiques et j’aime bien acheter des pulls fuchsias, cuivres et pourpres ainsi qu’une veste kaki. J’apprécie de faire du vélo sur les pistes cyclables à Strasbourg car c’est la ville qui possède le plus grand nombre de pistes cyclables. Petite fille, je vivais dans un village calme et tranquille. Je connaissais tous les habitants. A cette époque, je n’imaginais pas la vie en ville. Dans mon village il y avait des vaches, en ville il y a des voitures. Maintenant j’ai grandi, je préfère la ville, c’est plus animé, il y a beaucoup de monde, et j’adore ça. Mon village a aussi grandi, il est devenu une petite ville. Dans ma ville il y a des magasins partout, et aussi près de chez moi, c’est très pratique et amusant. C’est ça ma drôle de vie ! Marie-Claude SCHMITT ESAT Saint-André, Cernay Promenade dans la ville textes individuels Strasbourg, capitale de l’Europe Chaque année, au début du mois de septembre, je vais à la foire européenne qui se déroule dans plusieurs halls et qui est située près du Parlement Européen, pour découvrir l’artisanat de nombreux pays. J’aime faire des promenades en bateau sur le Rhin. s Cher André Je voudrais te raconter ma dernière promenade en ville. Figure-toi que je me rendais à mon magasin favori de napperons et laine vers le centre-ville de Strasbourg. Je suis passée par la Place Kléber sur laquelle se déroulait un concert. Surprise par cette musique qui m’a donné le sourire, je décidai de m’arrêter. La musique folklorique m’a mise de bonne humeur et j’ai fini mon trajet en sifflotant. Bien à toi mon cher André Ton amie Véro Véronique SCHMITT SAJH, Schiltigheim Elodie SCHERER CSC Montagne Verte, Strasbourg 262 le plaisir d’écrire / alsace 2013 263 A Cernay quand il fait beau tu peux rouler à vélo ! Cédric SCHNEIDER ESAT Saint André, Cernay Mon lieu préféré et pourquoi Mon lieu préféré, c’est le lac de canotage. Cet endroit me plaît beaucoup à cause des animaux (ragondins, cygnes, etc…). Il y a également de grands arbres qui protègent du soleil. C’est un endroit calme où l’on peut laisser gambader son esprit. On voit passer du monde sans arrêt tant ce lieu est attirant. J’y vais de temps en temps pour faire le tour du lac et pour donner du pain aux animaux. Cet endroit me permet d’oublier, pendant quelques heures, les soucis. Chryslène SCHUNCK Atelier ADC, Sélestat 264 le plaisir d’écrire / alsace 2013 SORTIES SKI ET RAQUETTES Dernièrement, j’ai participé à la sortie raquettes et ski de fond, encadré par Alex, le moniteur de sport de la Maison d’Arrêt de Colmar. Quatre dates étaient prévues, mais n’en avons fait que trois, faute de moyen de transport. Nous sommes allés à la station du Lac Blanc où notre professeur de sport est également pisteur. Nous étions quatre détenus et deux accompagnateurs. Pour la première sortie en raquettes, nous avons longé les crêtes au-dessus du Lac Blanc. La vue était magnifique, mais faute de chance, il y avait beaucoup de vent et il faisait vraiment très froid, mais nous étions bien équipés. Après que la deuxième sortie fut annulée, j’attendais avec impatience la troisième. A notre arrivée à la station, Alex nous a proposé de faire du ski de fond et nous étions tous d’accord. Nous nous sommes donc lancés dans l’apprentissage avec plaisir. Cette fois-ci le temps était meilleur. Il faisait chaud et ensoleillé. N’ayant jamais fait de ski, cela m’a paru dur au début, d’autant plus que je ne suis pas sportif du tout, mais cela m’a fait beaucoup de bien. Enfin cette impression de liberté, de ne pas passer pour des détenus dans les yeux des personnes côtoyées. Pour la dernière sortie, nous avons fait du ski de fond le matin et vu qu’il pleuvait l’après-midi, nous avons décidé de faire du tir au faisceau laser sur cible électronique. Cela m’a fait énormément de bien de sortir un peu de la maison d’arrêt après sept mois d’incarcération. Je trouve que ce type de sorties devrait se renouveler plus souvent. En plus, Alex est un très bon encadrant sportif ! Merci aussi à la Juge de nous accorder ce type de permissions. textes individuels Je suis en ville à Mulhouse et je vois les gens marcher vers la tour de l’Europe. C’est bien de se promener au centre ville à Mulhouse, pour écouter la radio, pour regarder les belles filles… Je vais à la FNAC pour regarder les DVD. Papa regarde la météo à la télé sur la carte de la région. A la maison il y a des clips à la télé, sur la chaine M6 Music et sur le numérique. s Christophe SE. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar 265 Ma ville Je pars de chez moi à 9 h pour Auxonne en voiture ; à pied on n’y serait pas encore arrivé ! Nous passons le Haut-Rhin, la Moselle et nous arrivons à Auxonne en Bourgogne. L’ennuyeuse ville d’Auxonne A Auxonne il n’y a pas de magasin de fringues. Non, pas de grand centres commerciaux comme Cora, les Halles où il y a les CD, les livres, de quoi se divertir et passer le temps ! Il n’y a pas non plus beaucoup de restaurants, sauf la crêperie. Ouf ! Il n’y a pas beaucoup de monde dans les rues ; mais ils sont où les Auxonnais ! Une fois par an à la grande foire il y a quand même un peu de monde (je n’en ai jamais vu autant à Auxonne !). En fait, Auxonne est une toute petite ville. Ce n’est pas très joli sauf en été quand il y a des bateaux sur la Saône… Je n’y vais plus en été ! N’allez pas à Auxonne… Sauf pour manger. Emilie SEURET ADAPEI du Bas-Rhin, Haguenau 266 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Ville de Strasbourg, belle et douce à la fois, toi qui en as vu des choses, faible et forte. Et moi, ici, assis sur un banc en plein centre-ville qui essaye de comprendre ce que tu as vécu durant toutes ces années. Moi, petit et grand à la fois, qui ne peux que m’imaginer ce que tu as entendu et vu. Et d’un coup, je me replonge dans notre réalité, et je vois ces personnes souriantes mais tristes, qui courent sans se préoccuper de rien ; ils ne pensent qu’à vaquer à leurs occupations. Et ces autres qui arrivent avec leur regard d’enfant et qui apprennent ton passé, et essayent de se mettre dans ta peau. Je me remets à penser : si tu étais vivante, que dirais-tu, que ferais-tu ? Toi qui en as vécu des changements, toi qui en as vu des changements, et toi qui en as entendu des choses… Tu es extraordinaire avec tes ruelles, tes bâtiments, tes monuments, ta belle cathédrale. textes individuels Sur la route, je vois par la vitre de la voiture de grands terrains de pelouse avec parfois des animaux : vaches, moutons… s Les gens sont-ils conscients de tout cela ? Je ne pense pas : tu es tellement banale à leurs yeux, plus rien ne les étonne. Et pourtant si… s’ils savaient… Enfin, Ville de Strasbourg, si je suis ici et que je t’écris, c’est pour te dire que je te comprends et que tu resteras toujours dans mon cœur, que rien ne pourra être banal avec toi. Tu m’étonneras toujours. Rien ici ne me fera perdre mon regard d’enfant. Fabrizio SGRO CSC Camille Claus, Strasbourg 267 Je me souviens de mes premières vacances. Je devais avoir 4 ans. Nous sommes allés au Maroc, à Casablanca, chez des amis, avec mon père et ma sœur. Ma mère nous a rejoins plus tard, au mois d’août. Une journée, souvent la même Le jour se lève et, comme d’habitude, vers les 6h30 mon mari est debout. Vers les 7h00, il vient doucement me réveiller. La journée commence souvent de la même manière : je prends mon petit déjeuner, je me lave et je commence mes activités de ménage qui cependant ne sont jamais les mêmes. PREMIèRES VACANCES Là-bas, les enfants rêvaient d’aller à l’école. Ils en parlaient comme si c’était une chance, alors que pour moi c’était une corvée, presque une punition. Je ne comprenais pas leur intérêt pour l’école et le fait de parler de chance me paraissait encore plus étrange. Quand arrive 8h30, je commence par faire et ranger la vaisselle et encore il faut ranger le petit déjeuner. Comme toujours, quand je suis pressée, le téléphone sonne et je ne peux continuer de faire mes diverses tâches ménagères. De la même manière, des objets qui me paraissaient sans intérêt étaient pour eux l’occasion d’un amusement d’une journée, comme par exemple une vieille roue de vélo qu’ils faisaient rouler sur le sable, chacun à son tour, ou une boîte de conserve vide avec laquelle ils jouent au football. Ils avaient l’air si heureux et moi je ne comprenais pas… Arrive 9h30 et encore il faut, comme souvent, que je prépare la liste pour les courses et, comme souvent, il faut que je me prépare pour partir. Quand nous revenons à la maison il faut toujours que j’enlève ma veste, puis que je range les courses. Et encore il faut cuisiner, faire la vaisselle et la ranger. Un jour, mon père m’a acheté du chocolat. Il en a donné à un petit garçon qui était devant l’épicerie. Celui-ci l’a remercié comme s’il lui avait décroché le ciel ou donné un million ! Il était si content et moi je ne comprenais pas… En début d’après-midi il faut souvent que je lance une machine à laver, pendant qu’elle lave, de temps en temps, il faut passer le balai, toujours de la même manière : au début la cuisine, puis la salle de bain. Et, encore, il faut laver le sol. En fin d’après-midi, je dois sécher le linge et faire le repas pour le soir. Durant la semaine, comme souvent je me prends le temps pour faire du vélo et comme ceci ça m’aide à être mieux. Vittoria SGRO CSC Camille Claus, Strasbourg textes individuels Je venais de terminer ma première année de maternelle et je partais pour la première fois en vacances d’été. Quelle différence avec chez nous ! s Il l’a cassé en deux et a donné l’autre moitié à un copain qui était un peu plus loin, moi je ne comprenais pas… Mon père, voyant la situation, m’a expliqué un peu la vie menée par ces enfants, face à la mienne et que malgré le fait qu’ils n’ont rien, partagent encore le peu qu’ils ont. En France, moi y compris, nous étions radins bien que comblés, avec du mal même à prêter nos jouets dont nous ne savions plus que faire. Là, je crois que j’avais compris ! Et je n’étais plus le même petit garçon qui était monté dans le bus cet été là. J’avais changé. Christophe SI. ESPOIR - Maison d’Arrêt de Colmar 268 le plaisir d’écrire / alsace 2013 269 Ma ville, Strasbourg Kadour SOLO APP ReFormE, Strasbourg Dans le tram A : je rentre chez moi. Une fille canon me regarde, elle vient me parler et me dit : « Tu es beau ! » Et je lui réponds : « Tu es belle ! » On échange nos numéros de téléphone ; Tous les deux célibataires et tous les deux d’accord. Des mots doux entre nous. Kévin SORET On se câline… IMPRO La Ganzau, Strasbourg « Je t’aime ! » 270 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Etre un citoyen de la ville comporte de nombreux avantages. Ici tout est en place, au bout des doigts, la pharmacie, le cinéma, le théâtre, le bureau de poste… Mais cette vie quotidienne de la ville est souvent oppressante. « En ville, tout est toujours en cours et souvent en course ». une jolie fille Je m’appelle Ivelina et je suis née à Plovdiv. J’étudie les langues et les cultures du monde germanique à l’université de Strasbourg. Je parle allemand et j’apprends le français. Strasbourg est une ville riche, diverse et j’aime beaucoup me promener dans les parcs de Strasbourg. La culture française est belle et très intéressante, j’adore la découvrir comme je découvre les rues de Strasbourg. Et voici un jour courant de ma vie… La vie dans la ville. Malgré ses formes multiples, la ville vit dans une routine. Et ce n’est pas la routine résultant des saisons mais aussi la routine de chaque jour : les gens encore somnolents qui se dirigent au travail, les étudiants sautant dans le train à la dernière minute… Et puis midi vient, alors un passage de plus à travers la ville… Il faut remplir son ventre et retourner au travail. Et finalement la soirée approche, les embouteillages proclament que la journée va se terminer. textes individuels Ma ville aux quartiers resplendissants Que j’ai visités en grandissant Ma ville capitale de l’Europe Habillée de la plus belle des robes Ma ville aux matinées d’automne pleines de brouillard Et à la population débrouillarde Ma ville et son marché de Noël aux mille lumières Où viennent des visiteurs de tous les coins de la terre Ma ville strasbourgeoise Où la vie est bourgeoise. s La vie quotidienne dans la ville c’est également une multitude de visages que tu vois tous les jours, en sachant que cela peut être la première et la dernière fois dans ta vie que tu rencontres ces personnes. La vie quotidienne dans la ville, ce sont des bus bourrés de gens qui ne savent pas se regarder dans les yeux les uns les autres ; des gens qui gardent solidement des journaux et des téléphones portables dans leurs mains ; des gens qui probablement n’enlèvent jamais les écouteurs de leurs oreilles. Ivelina STOYNOVA CSC Montagne verte, Strasbourg Pour moi, la vie quotidienne dans la ville, c’est paradoxalement une vie dans le désert. Mon oasis, où puis-je te trouver ? Tomasz SYLDATK Trampoline, Molsheim 271 Ma ville : portrait Mandou Souleyman T. Maison d’Arrêt de Mulhouse ma rue Karima TAFATI Plurielles, Strasbourg 272 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Dans ma rue, il y a beaucoup de voitures, des immeubles, des arbres. Dans ma rue, il y a une salle de musique et une salle de spectacles. Dans ma rue, il y a aussi un centre de loisirs pour enfants. Dans ma rue, il y a un parc que je traverse tous les jours sous les cris joyeux des enfants. J’aime cet instant magique et unique. Le quadrillage printanier de la médiathèque Il était une fois à la médiathèque de Strasbourg un anticyclone malicieux. Le ciel était légèrement dégagé, les cygnes et les mouettes se baignaient dans l’Ill. Tout était tranquille aux abords de la médiathèque. Puis l’anticyclone est arrivé avec de belles couleurs printanières découpées dans les branches et le feuillage d’arbres mystérieux bleu-vert. Il les a collées en quadrillage sur le paysage. Mais la grue, qui n’était pas d’accord pour se laisser recouvrir par ces bandes de papier, est sortie du paysage. Quant à la médiathèque, elle est intacte. L’anticyclone qui était farceur mais respectueux ne l’avait pas recouverte, et on peut toujours apercevoir les écritures sur sa façade. textes individuels Si j’étais une ville, je m’appellerai Rivièra Palmeraie. Si j’étais une place, je serais la place des Rosiers. Si j’étais une rue, je serais la rue des Muguets. Si j’étais un monument, je serais un oiseau. Si j’étais un restaurant, je serais le Régal. Si j’étais un café, je serais le café Atito. Si j’étais un cinéma, je serais le cinéma Capital. Si j’étais un magasin, je serais le Mini Market. Si j’étais une salle de concert, je serais le centre culturel de Dabou. Si j’étais une bibliothèque, je serais un dictionnaire. Si j’étais un musée, je serais le musée des oiseaux. Si j’étais une piscine, je serais nettoyée chaque jour. Si j’étais un bureau, je serais bureau de poste. Si j’étais une école, je serais l’école primaire du Plateau. Si j’étais un parc d’attraction, je serais le parc du Road Star. Si j’étais un marché, je serais le marché Sococé. t Lucas TAUBENNEST ReFormE, Lingolsheim 273 Strasbourg Rue des Ecrivains C’est dans cette rue que se trouvait, au numéro 8 plus exactement, le greffe de la Chancellerie Episcopale Lettre à ma soeur Je souhaite une belle vie pour toi, ma petite sœur. textes individuels g r u o strasb Je souhaite arrêter les luttes pour que tu vives sans les yeux pleins de larmes. Je souhaite ne pas oublier ton visage d’enfant et ton sourire pour rester en enfance dans ma tête pour toujours. t Je souhaite trouver le moyen de partir chez toi quand je veux. Je souhaite avoir le sens pour t’entendre même si tu ne peux pas parler. Je souhaite voir ta vie future pour te protéger contre les fautes et les dangers. Je souhaite que tu gardes les rideaux entrouverts en attendant les extraterrestres pour vivre là-bas ensemble comme nous rêvions en enfance. Oksana TKACHUK Plurielles, Strasbourg 274 le plaisir d’écrire / alsace 2013 275 276 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Ville de mes rêves Bonjour ma jolie Prague Olga ULBRICHOVA CSC Fossé des Treize, Strasbourg La ville de mes rêves est une ville où il n’y a pas de crime et pas de mal, où il n’y a pas de haine. Il y a toujours la paix et la tranquillité, la joie et l’amour. Comme les gens, chaque ville a son caractère. Il y a des gens qui lient tous leurs rêves avec d’autres villes mais je ne peux pas dire que dans ma vie il y ait vraiment la ville de mes rêves. Peut être que je vais visiter toutes les villes les plus intéressantes et je vais trouver une ville proche de mon état d’esprit où je vais respirer librement et me réjouir de chaque nouveau jour. Je crois que je vais la trouver et je vais dire que oui, c’est la ville de mes rêves ! Je sais que je peux vivre où je veux mais la ville unique de mes rêves restera la ville de mon enfance. La ville de mon enfance est lumineuse, propre, confortable, sans problèmes. Dans la ville de l’enfance on ne retourne pas parce que l’enfance ne revient jamais. Elle reste pour nous un rêve. textes individuels Bonjour ma jolie Prague bien-aimée Le soleil se couche encore sous les nuages Les gens commencent à se lever Pleins d’espoir et de courage. Les lumières brillent encore Les rues sont calmes. Les boulangers font des efforts, Le gazon est en larmes, Le métro transporte les gens, Les voitures roulent lentement, Les fournisseurs partent dans tous les sens, Les enfants se lèvent doucement, Les magasins accueillent les premiers clients, Les restaurants préparent les repas, Le tram rampe comme un serpent, Les politiques imaginent leurs débats, Les auteurs dorment tranquilles, Les ouvriers travaillent durement, Les statues restent immobiles Et sourient aux enfants. Vltava le long fleuve calme Coule majestueusement au pied du château, Il a beaucoup de charme Et reçoit de nombreux bateaux. Bonjour ma jolie Prague bien-aimée, Je te tiens dans mon cœur, Je ne pourrai jamais t’oublier, Tu es ma ville porte-bonheur. uV Zahra VALIYEVA Plurielles, Strasbourg 277 Promenade dans les rues de ma ville A tire-d’ailes Nous sommes rebelles Pas du tout résignés Car nous voulons tout gagner On aura tout vaincu Pour atteindre notre but Bien sûr, il y a l’amour Qui nous aidera toujours Et les fidèles amis sincères Pour passer les moments de colère A tire-d’ailes J’ai vu cette fille très belle Et je l’ai abordé Depuis je suis comblé A tire-d’ailes Les oiseaux volent dans le ciel Ils représentent la liberté Que nous avons tant aimée A tire-d’ailes Nous avons trouvé cette chapelle Et chaque lundi, on est content de partager du bon temps La première par laquelle je suis passée, Fut la rue du Dr Béhague, où je suis née. J’y suis restée plusieurs années, En compagnie des gens que j’aimais. J’ai passé mon adolescence à errer de rues en rues, Rue Herriot, rue des Glycines, rue des Ecuries… Au grès de mes envies et de mes amis. Rue de la Douye a été le point de chute De ma première vie d’adulte. C’est dans cette rue que mes filles sont venues. Claude W EPSAN – Hôpital de Jour, Bischwiller Mais je suis passée par la rue de trahison, Alors j’ai tourné à droite vers la rue de la raison. En déambulant, je suis arrivée chemin de l’au-delà, Dans lequel j’ai perdu à jamais beaucoup de gens aimés. textes individuels à TIRE-D’AILES w Je me suis dirigée alors vers la rue de la déception, Puis à gauche dans la rue de la colère, Ces deux rues étant moches et amères. Aujourd’hui, je me suis arrêtée rue du Cottage depuis quelques années, Malheureusement, c’est une impasse Et j’aime les rues avec les gens qui passent. Ce n’est que le début de ma promenade, Car celle-ci va continuer, Vers d’autres rues, d’autres sentiers. Je me laisserai guider Pour arriver Rue des gens heureux. Nathalie W. Hôpitaux Universitaires de Strasbourg Cette rue existe, on me l’a certifié, Il faut juste se donner la peine de la chercher. 278 le plaisir d’écrire / alsace 2013 279 GRANDE TRAVERSéE Mais cette expression peut s’appliquer aussi à quelque chose de plus personnel, et servir d’image pour OSER procéder à un grand changement dans sa vie, avec un « état d’avant », de départ, et un but à l’arrivée, un « état d’après ». Par exemple, surmonter ses angoisses pour arriver à réaliser quelque chose : on est à la case « départ », et il faut prendre son courage à deux mains pour SE LANCER, pour aller en avant, vers le but à obtenir, qui peut être de vaincre ses réticences pour faire ce que font d’autres de façon banale, mais des choses pour lesquelles on peut avoir soi-même des blocages… Alors la grande traversée est un défi ! Véronique W. EPSAN – Hôpital de Jour, Bischwiller Henri va au magasin mercredi Chercher des raviolis Il va aussi acheter des radis Qu’il va manger à midi Charles WAGNER EPSAN – Hôpital de Jour, Bischwiller La jolie Elodie va à Paris Dans une poterie Puis dans une charcuterie Ensuite elle va acheter du riz Nathalie va au « Super U » Acheter une batterie Puis elle réfléchit Il lui faut encore des salsifis 280 le plaisir d’écrire / alsace 2013 De ma maison, à mon travail, un trajet quotidien Je me lève à 5h15 le matin quand je prends le bus. Je pars vers l’arrêt de bus à 6h15 de la maison. Je prends le bus à 6h31. De 6h15 à 6h31 ça fait un peu long. Je me demande ce que fait le chauffeur. Il passe par plusieurs arrêts. Il vient de Seltz, il passe à Schaffhouse, près de Seltz, il passe par Nierderroedern, par Buhl, Stundwiller, Hatten, Rittershoffen, Betschdorf rue de l’herbe, à la Piscine de Betschdorf, au foyer protestant de Betschdorf, à la Mairie de Betschdorf. textes individuels Une grande traversée, cela fait a priori penser à la traversée de l’Océan Atlantique pour arriver sur la côte des Etats-Unis, ou en sens contraire, des Etats-Unis à la côte Ouest de la France – en bateau, en barque ou en catamaran. Il faut un certain courage pour se lancer… w De Betschdorf Mairie à Schwabwiller, il y a plusieurs virages. De Schwabwiller à Surbourg, il y a encore plusieurs virages mais aussi un gros rond-point avec un pot en terre cuite dessus. Je roule avec le bus vers Haguenau, je vois une forêt. Les gens roulent doucement devant le bus qui les suit. Je suis avec les gens, je discute beaucoup avec les gens plus particulièrement avec une dame qui s’appelle Marie et qui vient de Hatten. Je prends le train à 7h10 à Haguenau vers Bischwiller. J’arrive à 7h19 à Bischwiller. Je marche à pied de la gare jusqu’au travail. Je passe à la boulangerie, je m’achète des fois des petits pains. Je commence à 8h00. J’arrive au travail vers les 7h40 en moyenne. Matthieu WALDNER Fondation Protestante Sonnenhof, Bischwiller 281 Sa population est très accueillante et hospitalière. Ville cosmopolite où l’on se trouve chez soi, libre de se mouvoir en toute sécurité. Il fait beau y vivre ou encore de la découvrir. Flore WASSER Association Espoir, Strasbourg textes individuels Wissembourg ville frontalière française vers l’Allemagne. J’aime bien cette ville de par sa culture, sa position géographique et son climat. A comme Audrey la vendeuse de la boulangerie B comme les bicyclettes qui roulent C comme le café que je bois le matin au foyer D comme le nouveau dentiste E comme l’esthéticienne qui me fait mon soin du visage F comme le foyer où je vis, rue du Puits G comme le garagiste qui répare la voiture de mon père H comme l’hôpital où je vais parfois pour mes soins I comme l’hippodrome où les chevaux courent le tiercé J comme les journaux, j’aime lire surtout « Elle magazine » K comme les « katalogues » où il y a tout dedans L comme Liliane ma voisine M comme la mairie de Schweighouse N comme les nids de cigognes sur les cheminées des maisons O comme l’opticien qui répare mes lunettes P comme les pompiers qui interviennent quand il y a un incendie Q comme les quilles du bowling R comme la route qui va de chez moi jusqu’au travail S comme le silence qui n’existe pas en ville Tcomme les tabacs trop nombreux… Parce que fumer ce n’est pas bon pour la santé U comme les urgences qui soignent les personnes V comme les voitures qui polluent Wcomme les wagons des trains qui transportent les voyageurs X comme « xxxxxx… » le bruit de la montre Y comme Yolande l’amie de maman Z comme le « zzzzzzzzzz » du moustique qui va me piquer w Anne WEISGERBER ADAPEI du Bas-Rhin, Haguenau 282 le plaisir d’écrire / alsace 2013 283 Le ciel est gris, la terre est blanche. Le givre pend à chaque branche. Faits insolites Une fois à Strasbourg, j’ai vu un homme vieux tatoué en ville Ma chère Senay, Comment vas-tu ? Je suis en France depuis quinze ans ; au début c’était très dur de rester ici parce que j’étais toute seule et je ne connaissais rien. Après, je voulais un bébé et ma fille Birsu est née. J’étais très contente et j’ai commencé à m’adapter doucement. Avec ma fille Birsu, la France est devenue belle. Après, je voulais rouler en voiture et j’ai commencé les cours pour passer mon permis de conduire. J’ai eu mon permis de conduire. Et voilà Senay, maintenant j’aime trop vivre ici parce qu’il y a mon mari et mes enfants. Ici tout va bien, les enfants vont à l’école et moi j’apprends le français. Le jour de tes fiançailles approche et je serais avec toi. Je t’embrasse et passe le bonjour à tes parents. A bientôt Senay, Sengül Sengül YILDIRIM CSC Victor Schœlcher, Strasbourg LETTRE à MON AMI Salut Christine, est-ce que tu vas bien ? Moi je vais bien parce que j’ai déménagé à la campagne. J’ai acheté une grande maison avec vue sur la montagne et il y a beaucoup de verdure. C’est très calme, Hakime YILDIZ il y a de gentils voisins. Si toi aussi tu venais ici, CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines à mon avis tu aimerais et puis en été il y a la bourse aux minéraux. Il y aura beaucoup de touristes. Je t’invite à venir voir la bourse et tu visiteras ma ville. J’espère que tu viendras, je t’attends, prends soin de toi. AU REVOIR 284 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Rajaa YOUSIF Plurielles, Strasbourg sur tout le visage et les bras. J’ai vu aussi un jeune conduire un vélo d’enfant dans la rue et tout le monde riait. Dans mon pays, j’ai vu une voiture pleine de plantes qui débordaient de la voiture. Quelques personnes vomissent dans la rue et jettent par terre quelque chose qu’ils ont mangé. J’ai vu aussi quelques personnes qui font du tapage autour de quelque chose dans le train. textes individuels Mehmet YILDIRIM Trampoline, Molsheim y Lettre à ma fille Je te souhaite une bonne santé pour vivre une longue vie avec ta famille. Je te souhaite de la chance pour t’accompagner toute la vie. Je te souhaite une lumière verte pour t’éclairer durant le voyage de la vie. Je te souhaite ce que tu peux pour te réaliser. Je te souhaite de bons amis pour t’appuyer sur eux dans les moments difficiles. Je souhaite à toi et ton mari de marcher longtemps ensemble sur le chemin de la vie. Valentina YUN Plurielles, Strasbourg 285 Yves Z. Maison d’arrêt de Strasbourg 286 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Saltane Z. Association Hélios, Guebwiller Sur le parvis Des gens d’ici et de là-bas Des blancs, des jaunes, des noirs, Des photographes, des cinéastes et des curieux Tellement différents, Tellement semblables, La tête levée vers la flèche Jusqu’au torticolis, Et au milieu de cette foule, Eux deux… Ils ne la voient pas, Ils ne voient que l’autre, Ils se regardent, Ils s’aiment. C’est là où je vis... J’ouvre ma fenêtre, j’entends les oiseaux chanter, l’envie me prend de sortir, je prends mon sac sur le dos, et me voilà dehors. Je me promène dans ma ville, je parcours ces rues étroites, ces vieilles maisons hautes qui me font du charme. J’arrive sur les hauteurs devant le château-fort qui domine la ville et là je m’imagine les combats d’autrefois. En redescendant par la vieille ville, je passe devant des vieux magasins. Ils sont fermés, les métiers n’existent plus. Je me balade et profite de cette longue journée. Les lumières de la vieille ville scintillent, le coucher du soleil m’entraîne vers le parc et je savoure les derniers instants de cette belle journée d’été. Je rentre. En arrivant chez moi j’ouvre la fenêtre, les maisons s’éclairent, je vois la montagne, la collégiale, le château, la croix de Lorraine, la chapelle SaintUrbain… Une bonne odeur de repas se fait sentir dans le couloir. Qu’est-ce qu’il fait bon vivre au pays de Thann ! Astrid ZANUTTINI ESAT Saint-André, Cernay textes individuels Je suis une belle fenêtre ovale d’une vieille et belle maison de Guebwiller. Je vois l’enseigne de la pharmacie et les personnes qui vont acheter des médicaments. Je vois les gens qui marchent sur le trottoir, qui regardent les vitrines du bijoutier, les vêtements… Les enfants qui courent, qui crient. Quand il pleut, je ne vois plus les gens, je vois un tas de parapluies de toutes les couleurs. Le soir, je vois le soleil qui se couche sur Guebwiller et le matin, je retrouve le soleil qui se lève sur la ville. Histoire d’une fenêtre... z C’est ma ville, un instant En cet instant, ici, quand je vois tous ces enfants Fatima ZAYANI CSC Camille Claus, Strasbourg jouer, tout le bonheur que j’ai vécu toutes ces années, je me rappelle mon enfance. Ma maman me lisait tous les soirs une histoire. Un jour, ma maman a eu un choc et elle a été blessée. J’étais triste, mais je restais calme car ça allait de mieux en mieux. Nous allions la voir à l’hôpital où on me disait que son état s’améliorait. Cette nouvelle réveillait toujours mon sourire. Ma maman est sortie de l’hôpital. Nous vivons tous ensemble en famille. 287 textes collectifs textes collectifs 288 le plaisir d’écrire / alsace 2013 289 Alors, petit à petit, Nous l’avons construite, Souvent sans nous parler, L’un travaillant de haut en bas, L’autre de bas en haut, En coupant, collant, ajustant, coupant, collant, Assemblant ces petits carrés A la gouache dessinés, Soigneusement, scrupuleusement. Ce que nous ne savions pas, C’est qu’ainsi nous allions tisser un lien, Le lien qui unit ces pierres, Ces pierres de toutes les couleurs, Ces couleurs qui font scintiller nos yeux, Les couleurs de tous les bonheurs. 290 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Terre d’exil NOTRE VILLE Marguerite A., Pierre M.DH., GEM Aube, Strasbourg Remarque : La lecture peut alterner une voix féminine (caractères en italique) et une voix masculine. Le dernier vers peut être lu simultanément par les deux. Cette terre nous a donné Une reconnaissance Dans notre travail notre vie sociale notre quotidien Le travail nous donne le courage D’œuvrer pour être épargné De la misère cachée vécue au travers Des rues de Strasbourg Cette ville où nous n’avons pas grandi Nous a permis l’accès à l’éducation À sa culture à ses traditions ancestrales Nous avons profité De ce que nous n’avons pas vécu dans notre pays natal Cette ville avec ses différents quartiers Ses églises ses parcs ses coins de nature Ses canaux ses rivières Cette ville qui bouge Qui est toujours en mouvement Qui change tous les jours Dans le respect de l’homme Et de la nature Cette ville que nous respectons Cette ville où nous laisserons nos enfants C’est notre Strasbourg textes collectifs Nous étions partis à quatre Mais très vite nous nous sommes retrouvés à deux. Nous avions un projet, un grand projet : Construire une ville, Une ville sans nom, Une ville sans plan, Une ville difficile à localiser, Une ville universelle, Une ville qui respire la lumière, Une ville paisible, Une ville que nul ne voudra déranger, Avec un ciel bleu, bleu-violet, Où apparaîtrait un soleil naissant. En Alsace nous avons posé nos vies En Algérie nous avons laissé nos esprits Qui s’envolent. Abderrezak AOUIMEUR Ali GUEROUI ReFormE, Lingolsheim 291 Dans ma ville rêvée, il y a des fleurs partout. Il y a des fruits partout. Il y a de l’eau qui coule partout. Il y a des papillons de toutes les couleurs. Il y a de bonnes odeurs. Ma ville rêvée Latifa AOULAD, Anne BIATA, Nadia D., Zohra DHOUIOUI, Fouziya E., Naziha ELKALLACHI, Mina GOURI, Fatiha H., Nadia RAHAL Plurielles, Strasbourg Dans ma ville rêvée, il y a le travail naturel. On travaille dans les jardins de légumes. On prend soin des fleurs. On travaille le blé pour faire du pain et de la semoule. On élève des poules, des canards, des chèvres, des vaches, des lapins, des dindes, des moutons. On travaille le coton pour faire du tissu. On récolte des plantes pour teindre les tissus. Dans ma ville rêvée, il y a la musique naturelle. On entend le chant des oiseaux, le vent dans les arbres, la pluie qui tombe. Et on fredonne. Une ville à connA tre Métissée, multicolore comme un arc en ciel Urbaine et pourtant bucolique Louée et critiquée H.L.M. et maison de ville Ouverte à la diversité Unique et multiple Savoir sourire et l’apprécier Etre bien dans sa ville textes collectifs Dans ma ville rêvée, il n’y a pas d’argent. Tout le monde cueille les fruits quand il a faim. Tout le monde récolte les légumes quand il a faim. Béatrice B., Françoise J.-P., Evelyne L., Françoise MBASSI, Gérard REBRASSIER Cultures du cœur, Mulhouse Dans ma ville rêvée, il n’y a pas de maladies. On respire l’air pur. On mange de la nourriture naturelle. On bouge, on touche la terre. Dans ma ville rêvée, il n’y a pas de stress. Il n’y a pas de tristesse. Dans ma ville rêvée, tout le monde est content. Et tout le monde est solidaire. Et tout le monde est solide. 292 le plaisir d’écrire / alsace 2013 293 Ma ville préférée, c’est Haguenau Il y a des voitures Il y a des maisons Gilbert Monsieur Ying vivait en Chine et avait pour habitude d’aller au marché tous les matins en pousse-pousse. Lors de son arrivée à la station de pousse-pousse, il fit la rencontre d’un homme appelé Monsieur Yong qui avait un vélo et qui tenait à monter avec. Le problème, était que, ce jour-là, il n’y avait qu’un seul pousse-pousse à la station, pour cause de crève. Oui, crève ; crève des pneus ! Si Monsieur Yong monte avec son vélo, plus de place pour Monsieur Ying ! Voyant cela, Monsieur Ying demanda au conducteur du pousse-pousse s’il pouvait monter sur le porte-bagage afin que Monsieur Yong puisse monter avec son vélo et que Monsieur Yong fasse partie du voyage. Sans hésiter, le conducteur du pousse-pousse acquiesça. Monsieur Yong, voyant que sa tentative d’emm… d’embêter Monsieur Ying n’avait aucun effet, décida finalement de descendre du pousse-pousse et de repartir à vélo. Morale de l’histoire : dans la vie tout problème a une solution. Didier B., Kaya CAMARA, Alain DERNONCOURT APP ReFormE, Strasbourg 294 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Ma ville préférée... Ma ville préférée, c’est Strasbourg Avec son joli parc de l’Orangerie Gweltaz Ma ville préférée, c’est Mulhouse Il y a une institution pour déficients sensoriels Il y a des bus, il y a un tas de choses là-bas Philippe Mon village préféré, c’est Herrlisheim Il y a une église, du pain, de la tarte flambée, des magasins Philippe Jean-Paul B., Gweltaz F., Philippe G., Patrick J., Patrice LEFRANC, Gilbert P., Philippe W. Centre de Harthouse et Sonnenhof, Haguenau textes collectifs Une rencontre invraisemblable Ma ville préférée, c’est Strasbourg Il y a des monuments, la nature Les paysages, des parcs fleuris. C’est bientôt le printemps Qui resplendira et fleurira le parc Jean Paul Ma ville préférée, c’est Illkirch-Graffenstaden Il y a des pistes cyclables et des promenades le long du canal Patrice Mon endroit préféré est Yquell Il y a un chalet là-bas J’aime bien faire du raffut à Yquell Et on l’entend jusqu’à Munster. Il y a des coccinelles parfois Patrick 295 Dans le sachet de Fatou Des diakatous Et des bananes plantain Dans le sachet d’Azzedine Des courgettes des tomates des navets Dans le sachet d’Ismaël Tout plein de papiers, un porte-monnaie Et un téléphone cassé textes collectifs Et des pois chiches Dans le sachet de Khalidou De l’or Et des pierres précieuses Dans le sachet de Fatimé Dans nos sachets Des bonbons, du lait Et un biberon Elle a beau chercher Khalidou BA, Azzedine BEKKOUCHE, Ismaël CAMARA, Fatou DABO, Fatimé HAROUN KHATIK APP ReFormE, Strasbourg Il n’y a rien d’autre Et avec tout ça On a fait un poème Sans diamants C’est le voleur qui les a pris 296 le plaisir d’écrire / alsace 2013 297 Mille odeurs, mille couleurs Nous allons ensuite au DM et au LIDL acheter du shampoing et du déodorant. On passe devant un cinéma et il y a un film qu’on poit voir : « La fin de la Guerre des Etoiles ». En sortant, je fume une cigarette, le film n’était pas assez beau. Le cinéma ferme à 22h. Je prends le tram et rentre chez moi. Je prends ma douche, je me savonne avec un produit de beauté de femme pour homme et je prends mon cachet pour dormir et faire de jolis rêves. Lors de cette nuit, je rêve : je ne me souviens plus trop de mon rêve. Je me lève, il fait déjà jour, je me fais un café puis me prépare à sortir. Je fais ensuite une balade dans le parc, je me laisse aller, je me balade. J’y rencontre une amie avec qui je discute : je papote, je papote, je papote, je parle de ma vie, de mes expériences professionnelles, de ma vie de bohème, d’un garçon qui ne travaille plus, d’un invalide… R.A., Rhadouane BEN HENIA, Lionel BRUDI, Eva R., Sylvie Q. Hôpital de jour EPSAN, Strasbourg Mon sac à main a mille odeurs, Mon sac à main sent le maquillage, le parfum, la brosse à cheveux, Les médicaments, les mouchoirs et le crayon pour les yeux. Mon appartement a mille odeurs, Mon appartement sent les fleurs, le couscous, le produit de nettoyage et le café, Le savon, le chien, la poussière, la soupe et le pain frais. Ma ville a mille odeurs, Ma ville sent le bus, le tram, le gasoil des voitures, les magasins, La foule, les restaurants, les boulangeries, les pâtisseries, les étudiants. Ma ville sent le calme et les nuages. textes collectifs Je me promène dans la ville et je rencontre une amie et discute avec elle un moment. Puis nous décidons de faire du shopping et d’aller faire des courses en Allemagne. Ma ville a mille couleurs, Ma ville est blanche en été, noire en hiver, verte au printemps, jaune en automne. Ma ville est noire comme la nuit et la terre, Verte comme les arbres, comme les yeux d’Ibolya, Jaune comme les fleurs, la peinture et le soleil, Rouge comme une pomme, une rose, le feu, comme un camion de pompier, Orange comme les feuilles en automne, Rose comme les joues de Zarine, Violette comme une aubergine, le bonnet de Beya, la chambre d’Emma, Marron comme la boue, le chocolat, la trousse d’Husne et le café, Grise comme une voiture, une souris, comme le ciel en hiver, Bleue comme les chaises de Plurielles, la mer, la piscine, comme le ciel en été. Beya BEN MANSOUR, Husne ESKIN, Ibolya GOMAN, Emma GRIGORIAN, Selda KILCIK, Zarine MANASYAN, Qartsrriq POTOUIRIAN, Aïcha TYANE, Samira ZITOUNA HAMED, Plurielles, Strasbourg 298 le plaisir d’écrire / alsace 2013 299 Les enquiquineuses L’oeil de Râ Il veille sur nous tel un père qui veillerait sur ses enfants. Il pose les yeux sur le temps qui passe. Les saisons traversent le temps et l’hiver frileux se retire laissant place au printemps. textes collectifs Les enquiquineuses sont mal réveillées ce matin et tous les matins. En sortant de la maison, elles râlent déjà, pour un oui, pour un non. Elles râlent quand la voiture ne démarre pas ou quand elles ratent le tram. Leurs collègues les embêtent quand ils les laissent faire tout le travail. Ils les énervent déjà dès 9 heures du matin. Quand elles arrivent au boulot et qu’il manque du personnel, elles râlent toujours et encore. Et, à côté, il y a des gens qui ne râlent jamais, des gens zen. Des gens qui ne sont jamais stressés, jamais fatigués, qui prennent tout avec le sourire, qui sont toujours et toujours aimables, empressés… Et ça les énerve, ça les énerve ! Elles râlent aussi quand elles reçoivent la paye et que le salaire n’augmente toujours pas… Elles en ont marre, marre ! Elles en ont marre de la vie trop chère, de ne pas arriver à finir le mois. Et elles râlent d’avoir du mal à survivre, à vivre. Mais c’est ainsi, dans la vie, il y aura toujours des personnes qui râlent et d’autres qui restent zen. Il faut de tout pour faire un monde ; c’est la vie ! Les arbres fleurissent, les fleurs éclosent, le soleil égaye, égaille nos pensées. Kaya CAMARA, Quentin VASSE APP ReFormE, Strasbourg Yamina BENDJEBBAR, Thierry GAUGER, Patricia KERN, Saïd LKHAOUIAOUI, Leila M. ReFormE, Lingolsheim 300 le plaisir d’écrire / alsace 2013 301 être humain Regarder les gens et faire du bruit excessif dans le tram Rester positif et répondre au téléphone en réunion Ne rien dire et crier fort dans un lieu public Klaxonner sans danger et rester zen dans un embouteillage Zen est une personne très calme Réveille-toi ! Sirvan CETIN, Rose DARIUS, Patrick S. APP ReFormE, Strasbourg Katherine : « Salut, Julien ! Comment ça va ce matin ? Julien : - Oh ! Pas très fort. Katherine : - Qu’est-ce qui t’arrive encore ? Julien : - J’ai rendez-vous avec une fille. Katherine : - C’est bien ! Il est où le souci ? Julien : - C’est qu’on va se voir et, après on partira chacun de notre côté. Et je n’aurais plus de nouvelles. Katherine : - Oh ! Arrête ça va bien se passer. Et, t’as pu avoir ton augmentation ? Il y a le bureau du patron qui est juste là. Julien : - Oh non ! Ça ne va pas marcher ! Monsieur Martin, le patron : - Salut Julien. Assieds-toi, on va parler de ton augmentation… Julien ressort du bureau du patron. Julien : - Ça ne sert à rien, de toute façon, je ne l’aurai pas ! Qu’est-ce que je t’avais dit Katherine ? Katherine : - T’es trop négatif. Si on allait boire un truc au bar d’en face ? Julien : - Ah non ! Pas là ! Il fait froid, il fait chaud, il fait sec, il fait humide, il fait clair, il fait noir et c’est rempli « d’imbéciles » ! Katherine : - Trouve une idée alors mais arrête de m’embêter ! Julien : - C’est facile pour toi de dire ça. Tu n’as jamais de problèmes, toi ! Katherine : - Si ! Rappelle-toi ! Quand j’ai perdu mes clés, quand j’ai raté mon bus et qu’il m’a fallu attendre une heure dans le froid, quand, une autre fois, lorsqu’à l’arrivée du bus, je me suis rendu compte que je n’avais ni argent, ni ticket et que j’avais oublié ma carte chez moi, tu ne crois pas que j’étais mal ! Et souviens-toi, le jour où j’ai glissé dans la neige que mes habits ont été trempés et que je suis tombée malade, une bronchite aigue, dix jours au repos ! Tu vois, ce n’est pas toujours cool pour moi non plus mais je sais rester zen, moi. Julien : - Oui, bon, bon ! Excuse-moi ! Cool ! » textes collectifs Julien et Katherine Sophie CHABAB, Charlotte RIEFSTAHL APP ReFormE, Strasbourg 302 le plaisir d’écrire / alsace 2013 303 Martin Adamiec est arrivé en Alsace Avec les trains à vapeur Fatima est arrivée à Paris Avec son mari sa valise et ses papiers En vol direct Radi est arrivé à Madrid À dos de chameau Avec son chien Max et son chat Minou À Paris à cheval À Strasbourg à vélo Radi DANY, Lachen MEBAREX, Jamal SAÏDI, Fatima SARKOUH, Hasan TAS APP ReFormE, Strasbourg Lachen est arrivé à Marseille Avec le bateau « Cassis » En passager clandestin Avec les oranges et les olives Puis en Corse Avec le bateau « Liberté » Jamal est arrivé en Espagne à Barcelone Avec sa voiture sa femme ses enfants Hassan est arrivé seul à Strasbourg Avec le train le bus En septembre 2006 Il a retrouvé sa famille Dans ma ville Dans ma ville Un milliard d’enfants qui se promènent 300 000 hommes qui se regardent en souriant 1 petite fille perdue dans cette ville 10 philosophes 20 000 marchands de lumières Trop de mains glacées Des tourbillons de baisers qui volent dans l’air… Et moi qui souris. Béatrice YouuuuuHouuuu ! Wouuuuhhhoouuuu ! Dans ma ville 10 magasins fermés Trop de gens au chômage Et puis moi qui m’ennuie, qui rêve de bonheur. Françoise textes collectifs Voyageurs Pacifique Sud Mmmmmmmmmmm (fredonner une chanson) Dans ma ville 15 000 maisons 35 jardins 46 salles de fête Beaucoup de chats Un peu de froid Plein de sourires Et puis ma famille Saltane Youyouyouyouyouyouyouyou Dans ma ville Des centaines de magasins ouverts 300 restaurants et repas froid De belles plages Des milliers de gens qui viennent acheter, se baigner Des dizaines de touristes qui veulent visiter Et le vendredi, tout devient calme. Il n’y a que les habitants de ma ville. C’est jour de repos. Keltoum Ouuuuuuuuufffffff Françoise BRUNORI, Béatrice DOELL KIEN, Keltoum S., Saltane Z. Association Hélios, Guebwiller 304 le plaisir d’écrire / alsace 2013 305 Un passage vers nos villages d’autrefois Nous passons la porte secrète du Phare de l’Ill à la recherche du passage qui nous mènera jusqu’à Isnejscht, Raj et Nador Nous marchons sur le trottoir Nous croisons des arbres Nous entendons des clochettes textes collectifs Rue de l’arc-en-ciel, nous voyons beaucoup de sièges sur les nuages Rue des pierres, nous sommes surpris par une grande montagne au milieu de la rue Rue des écrivains, nous entendons de l’eau couler Nous apercevons au loin des gens qui font du vélo Nous croisons des garagistes Nous rencontrons un homme qui fabrique des assiettes Nous voyons un poisson voler dans le ciel Nous marchons sur la neige Nous sentons l’arôme des fleurs Rue de l’industrie, nous entendons le « tic tac » des usines Nous sommes arrivés Le passage secret se trouve dans une cheminée, dans un grenier, dans une cave Nous sommes à Raj, Isnejscht, Nador Je vous invite chez mes parents, pour le dîner, manger un repas traditionnel De retour, je vous ai ramené un panorama, de l’eau et des bateaux A notre retour, je vous ai rapporté une carte postale Esra BOZLAK, Semra BOZLAK, Ahmed FARHAT, E. I. CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 306 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Personne ne vit dans le manteau de ses parents Pour le voyage je choisis un grand sac Avec les enfants je suis mille fois patient Je travaille beaucoup J’ai déjà fait un carré de choc, tu sais Ça fait deux heures que le four est allumé J’appuie La coquille se brise Je m’échappe Kazem AMIRI, Yesita ASKHABOVA, Najma FEHRAT, Oum Kaltoum FIEFFEL, Fatima ZAYANI CSC Camille Claus, Strasbourg 307 Allison affolée par l’araignée agressive, alerte Alexandre. « Attention ! Il y a une araignée dans l’armoire, attrape-la et amène-la avec l’arrosoir argenté près de l’arbre et accroche-la à un abricot ». Abracadabra la voilà qui s’en va. Venez voir et visiter la ville voyante ! Venez voir ces instants de ville ! Annick est une admirable artiste. Elle adore amuser ses amis et aller en Argentine. Elle est adorable avec Amélie et Alexandre et achète à son amoureux un animal abandonné : un agneau argenté ! Venez voir et visiter la ville violente ! Venez voir ces instants de vie ! Dosca le doberman détruit Damien le dinosaure avec ses dents de dragon. Le dangereux destructeur a le dentier démonté. Il doit aller chez le dentiste pour demander des dents d’or et de diamants pour redevenir un gros dur. Venez voir et visiter la ville virtuelle ! Venez voir ces instants de ville ! Emilie écrit à ses amis Elodie, Edouard, Eliane et Enora. Elle effectue une excursion aux Etats-Unis. Elle s’énerve et éclate ; elle a échangé des e-mails effrayants avec son ennemi Emile. Venez voir et visiter la ville virile ! Venez voir ces instants de vie ! Matthieu est musclé, il mange des myrtilles, de la mâche et des mûres. Il marche de la mer à la montagne avec des manchots. Un moustique minuscule mord méchamment Mathieu à la mâchoire ; et le mec musclé se fait « mater » par ce moucheron très, très malin et va pleurer chez sa maman Venez voir et visiter la ville vaillante ! Venez voir ces instants de ville ! Misère ! Le mouton marron et mignon de Melody mange du melon avec de la moutarde. Maintenant malade il me fait des misères. Mince, malgré mes médicaments il fait « Méh ! Méh ! Méh » et il est devenu myope. Il est massacré ce mouton ! Venez voir et visiter la ville variée ! Venez voir ces instants de vie ! textes collectifs Venez voir et visiter la ville vivante ! Venez voir ces instants de vie ! Rachel mangeait les raisins et les radis sur les rayonnages. Elle réchauffe le riz, le rôti et la ratatouille. Elle sort la raie et le reblochon du réfrigérateur. Rapidement le restaurant se remplit et plus rien ne reste. Venez voir et visiter la ville virevoltante ! Venez voir ces instants de ville ! Vivace la vache de Vince vit vraiment dans un verger à Venise. Son veau Valentin voit un vélo violet voler vers la Vendée. « Viens-vite Valentin, le vent violent fait envoler le vélo comme un voilier sur les vagues ». Allison FOUCHARD, Mélody FRIEDRICH, Rachel JOYEUX, Vincent METZGER, Emilie SEURET, Matthieu WALDNER, Anne WEISGERBER, Daniel WURTZ ESAT DE L’ADAPEI du Bas-Rhin, et de le Fondation Protestante Sonnenhof, Haguenau et Bischwiller 308 le plaisir d’écrire / alsace 2013 309 STRASBOURG Avec sa grande cathédrale Un matin de printemps Au petit matin le soleil s’éclaire. La chaleur qui se dégage fait bourgeonner les branches des arbres et réchauffe les fleurs qui commencent à éclore. Les petits rongeurs de la forêt se réveillent ; ils sont heureux d’admirer le paysage baigné de soleil et se laissent dorer par ses rayons. Les gens aussi sont heureux. En ce début de journée, ils se promènent, goûtant le parfum des fleurs, le chant du ruisseau et le calme. Ses parcs Ses jardins Ses musées Sa place Kléber Capitale de l’Europe Sa grande Université textes collectifs C’est une ville de rêve Strasbourg Reflets d’images ou rêves de sensations Vécues derrière la fenêtre De mon bureau. Son marché de Noël STRASBOURG Jean-Paul KOLB, Sylvie MULLER ReFormE, Lingolsheim Mimouna CHEMLALI, Saray DIKME, Fatna HAJEB, Habiba LAKNIN, Rabia RAISS CSC Camille Claus, Strasbourg 310 le plaisir d’écrire / alsace 2013 311 Un coeur dans la ville Dans la ville, il y a la foule Dans la foule jouent des enfants Au milieu des enfants, il y a un chien Et le chien rejoint son maître Et le maître regarde l’heure Et l’heure, file, passe et tourne A toute vitesse… Dans le tram, il y a des passagers A côté des passagers attendent des valises Une des valises contient des souvenirs Parmi ces souvenirs, il y a des photos Sur une photo s’embrassent des amoureux Entre leurs mains bat leur cœur Et leur cœur… A toute vitesse… S’emballe… Jérémy KOLBECHER, Stéphanie L., Julie PHILIPPE, Véronique SCHMITT Accueil de jour APF, Strasbourg 312 le plaisir d’écrire / alsace 2013 313 Si je me balade dans le quartier Je verrai peut-être beaucoup de monde parler français, beaucoup de places pour les voitures Je verrai peut-être des gens qui vont au travail, des enfants jouer avec la neige Je verrai peut-être des personnes chanter, des personnes handicapées Et je les inviterai boire un café Je verrai peut-être un jardin de fleurs Dans le quartier J’ai vu beaucoup de voitures, un lampadaire, une école, un immeuble blanc et jaune Des personnes qui nous regardent par la fenêtre J’ai vu un bunker utilisé pendant la guerre Un panneau qui annonce le carnaval des enfants J’ai vu des casiers à poubelles bien placés, toutes les rues propres, la mairie s’occupe de tout J’ai vu la route glissante et je me suis dit qu’il faudrait passer la saleuse J’ai vu passer la saleuse J’ai vu un homme réparer sa voiture, peut-être change-t-il une pièce… J’ai vu un homme faire du vélo avec un drapeau rouge J’ai vu un homme en chapeau, en veste noire, avec un sac de courses Il fumait une cigarette J’ai vu des gens travailler dehors et grelotter, des gens parler le turc Des enfants crier, des enfants jouer J’ai vu des hommes nettoyer, des hommes en pause à côté d’un sapin Ils m’ont vu et sont partis J’ai vu un corbeau battre des ailes, un corbeau croasser dans l’arbre La nature couverte de neige, des voitures couvertes de neige Des traces de pattes de chiens et des pas dans la neige J’ai vu la neige froide textes collectifs Les sens J’ai vu la petite mosquée sous le bâtiment de la garderie Dans mon quartier J’aimerais voir des balcons, et des balcons… Des manèges pour enfants et adultes Une usine pour que tout le monde travaille Une boulangerie à côté de chez moi J’aimerais que personne ne soit blessé J’aimerais voir des ambulances vides J’aimerais voir des personnes qui s’aiment mutuellement J’aimerais voir tous les enfants jouer ensemble, dans un jardin public, dans un spectacle J’aimerais… Marina ANDRES, Chantal AUBRY, Ajmone KRASNIQI CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden 314 le plaisir d’écrire / alsace 2013 315 Dans mon village il y a des choses pures comme la nature, comme les champs, les forêts et les rivières, comme le rocher en face de ma maison, comme l’odeur du chèvrefeuille un soir d’été, comme l’air des champs, et puis le voisin qui fait un joyeux signe de la main. Dans mon village il y a des choses effrayantes à voir : les puits profonds pour irriguer les champs, la chauve-souris qui me frôle sans vergogne, la tempête et l’orage réunis, les rumeurs colportées sur les unes et les autres sans preuve et aucun fondement, les vols et les agressions, la bêtise des gens. Dans mon village il y a des choses qui sont malpropres : les détritus qui traînent dans la rue, l’odeur de l’ensilage, le fumier et la bouse sur les routes, les déchets dans la nature, les « ragots » véhiculés par les commères de maison en maison. Il y a des choses malpropres qui dorment cachées donc pas connues. Dans mon village il y a des choses qui m’enchantent et d’autres pas. Il y a des choses qui ne tournent pas rond comme la guerre entre voisins. Les humains sont étranges sur terre. Il y a aussi un fait dans ce village un peu mort et abandonné qui me révolte comme « le chacun pour soi » et puis ce qui m’énerve ce sont ces jeunes qui ne respectent plus les personnes âgées même que dans le bus, ces jeunes sont assis et les vieilles personnes sont debout. Et les choses qui m’enchantent ce sont les lampions du 14 juillet, le feu d’artifice, les illuminations à Noël qui font rêver, les piqueniques entre voisins, le cimetière où enfants nous allions chercher des pierres précieuses. Et puis il y a la vie du fermier qui est dure et fatigante. Et il puis il y a des choses qui me plaisent comme les belles fleurs du printemps, comme l’odeur de la terre après la pluie. Et enfin, il y a la petite Eva qui s’est cueillie une branche de lilas. Dans mon village il y a des choses qui donnent confiance : le soleil qui éclaire tout sans discrimination, le printemps qui revient chaque année, l’arbre à noix tout près de ma maison, le calme, la cloche qui sonne à l’église et le silence et puis des personnes confiantes et les animaux, uniquement les animaux. Dans mon village il y a des choses qui sont belles à voir : la kermesse du village, le bal du village, le bon pain proposé par le boulanger, le chant des oiseaux, les jeux de ballon des enfants, l’abricotier et ses fruits juteux, les poissons dans la rivière et le grand hamster d’Alsace qui court dans « les champs de choucroute », et les jolies filles en décolleté en été… 316 le plaisir d’écrire / alsace 2013 textes collectifs L’inventaire de mon village Bruno CHRISTEN, Adrien FLUHR, Raymond KIELESKY, Yuksel KUZU, Patrick MEYER La Croisée des Chemins, Colmar 317 dans MA VILLE Je voudrais donner des couleurs à ma ville en peignant un tableau géant que je placerais au centre. Je commencerais par le jaune d’or d’un grand soleil pour réchauffer les cœurs et des tournesols qui le regardent avec admiration. Je continuerais par du rouge, c’est notre sang, la force de vie, la passion, le désir de changer les choses et créer un monde meilleur. J’ajouterais du vert, c’est le réveil de la nature, un printemps permanent pour les nouvelles générations, l’espérance d’un futur prometteur. Je choisirais le bleu pour un ciel sans nuages et une mer de sérénité infinie où l’on pourrait plonger sans hésitation. Je terminerais avec le blanc des plumes d’un cygne pour éclairer la ville et apporter la paix à ses habitants. Nese ARABACI, Elena LOPEZ BORREGO, Milena MINASSYAN, Olga ULBRICHOVA CSC Fossé des Treize, Strasbourg Dans ma ville 5000 flocons de neige 1000 gouttes de pluie 1 milliard de voitures 5 accidents de trafic 20 malades 15 voitures de police 100 ambulances Giiiiiiiiiit Baaaaaaaaan Dans ma ville 7000 hommes, femmes Des collégiens, des écoliers 5 ou 6 écoles 1 collège Des bistrots Des paroles échangées Ciao hie salam au revoir salut… Dans mon village 422 vaches 14 chats Quelques grains de blé Les bêlements des moutons Beaucoup de neige Bêêêê, meuheuheuheuh, miaoumiaouououou Trop de boue 3 cailloux 30 tracteurs 1 myriade d’odeurs de fleurs Puis une ½ baguette Nous et vous Puis tout le monde Moi dodo dans mon lit Chchchchchchut Metin textes collectifs DES COULEURS POUR MA VILLE Nawal Selma Selma BÖCÜ, Metin M., Nawal M. Association Hélios, Guebwiller 318 le plaisir d’écrire / alsace 2013 319 Les étincelles La porte s’ouvre… Un trésor… Les étoiles brillent sur la ville, dans les yeux… partout… Une ambiance agréable Strasbourg La capitale de Noël, de l’Europe, est devant nous. Le paradis… Strasbourg. Sotsita BAHAYEVA, Phan Thi HONG HANG, Fatna KURNAZ, Anahit MIRZOYAN, Gulcan OZDEN CSC Camille Claus, Strasbourg 320 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Strasbourg L’impasse du Loup Cette rue doit son nom à la présence, au 16e siècle, d’une certaine famille Wolf (loup). textes collectifs Le rêve… 321 L’EFFERVESCENCE DE LA VILLE LES LARMES DE LA VILLE V acarme, voleurs, violence I mmigrés, isolés, illusions perdues L oin du pays, dans des quartiers lugubres L iberté limitée, larmes versées E motion, expulsion, échec. Ma belle ville Avec sa cathédrale impressionnante Son marché de Noël illuminé Ses parcs, ses jardins… parfumés… le parc de l’Orangerie Ses maisons alsaciennes, ses musées… Son tram coloré… C’est un papillon nommé… Strasbourg. textes collectifs V comme visages variés, visiteurs I comme immense, incroyable, inoubliable L comme lumières, luxe L comme loisirs et langues diverses E comme étudiants, étrangers, effervescence, espérance. Malika ASFOURI, Razet DACHAEVA, Fadouma MOULAY, Nagendram NATHANAKUMAR, Mikoyan OGANNES CSC Camille Claus, Strasbourg Nilda Lili ALIAGA MORALES, Nadejda DE ASSIS, Irene GILES, Teruko MATSUO, Malika NATSAIEVA CSC Fossé des Treize, Strasbourg 322 le plaisir d’écrire / alsace 2013 323 annexes annexes 324 le plaisir d’écrire / alsace 2013 325 Index alphabétique des écrivants 326 b A. Elena 28 A. Lola 29 A. Marguerite 30 - 290 A. R. 31 - 298 A. V. 31 ACIKGÜL Gülderen 32 AJOUAOU Ouafaa 32 AKAR Fatima 33 AKIL Ozlem 34 ALIAGA MORALES Nilda Lili 34 - 322 ALIBAY Zakioudine 35 ALICI Nazik 36 ALKHADDOUR Soher 37 AMIRI Kazem 307 ANDRES Marina 38 - 315 ANHARI Mohamed 38 ANNWEILER Emiko 39 AOUIMEUR Abderrezak 291 AOULAD Latifa 292 ARABACI Nese 40 - 318 ARAHOUAN Saida 40 ASFOURI Malika 323 ASKHABOVA Yesita 41 - 307 41 ASSOUKHANOVA Louiza AUBRY Chantal 43 - 315 AVCI Aysegül 43 AVCI Ebru 44 AYAMBA Nicholas 44 AYTAC Yusuf 45 B. Béatrice B. Didier B. Dominique B. Hacène B. Jean-Paul B. Keli B. Martine B. Mohamed B. Monique B. Roger B. Séverine B. Yvette B.G David BA Daouda BA Khalidou BAHAYEVA Sotsita BALL Caroline Alice BANNOUR Saliha BARTH François BATDORJ Uyakhan BATIBEY Ayse BAUD Emmanuel BEJANYAN Marine BEKKOUCHE Azzedine BEKRAR Hemama BEN HENIA Rhadouane BEN MANSOUR Beya BENDJEBBAR Yamina BETTER Marie BIATA Anne le plaisir d’écrire / alsace 2013 46 - 293 294 47 48 48 - 295 49 49 50 50 51 52 53 54 56 56 - 296 320 57 57 58 59 59 60 - 61 62 296 63 64 - 298 64 - 299 65 - 300 66 292 BILGER Renée BLANCHEGELEY Michel BOCKSTALLER Jacqueline BÖCÜ Selma BOIDOT Bibi BOUKRAA Sabiha BOUKROUNA Loubna BOURGEOIS François BOZLAK Esra BOZLAK Semra BRAHA Shqipe BRINGOLF Jean-Louis BRUCKERT Alix BRUDI Lionel BRUNNER Stéphanie BRUNORI Françoise BUDAK Ayse BUTCHER Jean-Jacques 67 68 69 69 - 319 70 - 71 72 73 73 74 - 306 75 - 306 76 77 78 79 - 298 79 80 - 305 80 81 c C. Lionel CALDERARA Annette CAMARA Ismaël CAMARA Kaya CETIN Sirvan CHABAB Sophie CHABAN Melyca CHADDA Fatiha CHANG Kien Huy CHEMLALI Mimouna CHERIET Alia CHRISTEN Bruno 84 84 296 294 - 301 85 - 302 85 - 303 86 87 88 - 89 310 90 90 - 317 CLEMENT Timothée 91 COLAK Alice Aynur COMPTE Marcel-Pierre 91 92 - 93 d D. Alexandre 94 D. Ali 96 D. Jean-Pierre 96 D. Marie 97 D. Monique 98 D. Nadia 292 D. Renaud annexes a 99 DABO Fatou 296 DACHAEVA Razet 323 DANY Radi 304 D’AURORA Laetitia 100 DARIUS Rose 100 - 302 DE ASSIS Nadejda 101 - 322 DE SOUSA MARQUES Anabela 102 DEBIROVA Zalpa DERNONCOURT Alain 102 103 - 294 DESBUISSON Thérèse 104 DHOUIOUI Zohra 292 DIABATI Yacouba 104 DIENG Léontine 105 DIKME Saray DOELL KIEN Béatrice 310 106 - 305 DORSCHNER René 107 DUTARTRE Marie-Véronique 108 327 Index alphabétique des écrivants E. Fouziya E.M. Mina ECK Marie-Thérèse EL FADDAOUI Khadija EL OUACHOUNI Mimoun EL OUALLALI Touda EL-BARWANE Abdoulhay ELKALLACHI Naziha ERRAMAMI Nadia ESCALIN Philippe ESKIN Husne ESKIV Selavdin 292 110 110 111 112 112 113 292 114 115 299 115 f F. Abdelrani F. Axel F. Gweltaz F. Nawal FARHAT Ahmed FERHAT Najma FIEFFEL Oum Kaltoum FLUHR Adrien FOUCHARD Allison FRIEDRICH Mélody 116 117 295 118 118 - 306 119 - 307 119 - 307 120 - 317 121 - 309 122 - 309 g G. Arnaud G. Chantal G. Jennifer G. Mohamed 328 le plaisir d’écrire / alsace 2013 124 124 125 125 G. Philippe 295 G. Souad 126 126 GASHI Lule GASS Monika 127 GASSMANN Pascal 128 128 - 300 GAUGER Thierry GAUTHIER Virginie 129 129 GEIGER Rémi GENDOGLU Sennaz 130 GENTILUOMO Santina 130 131 GEULDELEKIAN Annman GHELIM Hadda 131 GHOMRANI Mohamed 131 132 GIACOPINI Stefano GILES Irene 133 - 322 GLINIECKI Wozciech 134 GNAEDIG Rachel 135 136 - 299 GOMAN Ibolya GOURI Mina 292 GOUTAL Olivier 137 GRIFFRATE Henry 138 - 139 GRIGORIAN Emma 299 GUEROUI Ali 140 - 291 GÜL Zeynep 140 GVOZDEN Olga 141 h H. Carole H. Fatiha H. Julien H. Lynda H. Marilyne 144 292 145 146 146 H. Mohamed H. Mutundo H. Nabil H. Nicole H. Thomas H. Zina HAJEB Fatna HAMADOUCH Benaouda HAMDI Justine HAMZATOVA Khadicht HANS Simone HAREL Christine HAROUN KHATIK Fatimé HENCK Nicolas HESSE Jean-Luc HONG HANG Phan Thi HORSTKOTT Susanne HUBERT Eliane HUCHELMANN Sylvie HURST Lisa HUYNH NGOC Diem 146 147 148 148 149 149 310 150 151 152 152 153 296 154 155 320 156 158 159 160 161 i I. E. IONASCU Andreea Irina ISIK Badegül 166 JOST Jonathan 166 JOYEUX Rachel 162 - 306 163 163 164 165 - 295 165 - 293 167 - 309 k K. Christiane 168 K. Marie-Christine 169 K. Pascal 171 K. Yves 172 KARADUMAN Güzel 173 KARASU Ayse 174 KARAYALCIN Özlem 175 KAUFFMANN Malika 176 KENCHKHADZE Tamar 176 KERN Patricia 300 KHAOUNI Aouda 177 KHIREDDINE Zohra 177 KIELESKY Raymond 177 - 317 KILCIK Selda 178 - 299 KOENIGUER Pierre j J. Marie-Antoinette J. Patrick J.P Françoise JALLABI Naziha 178 KOLB Jean-Paul 179 - 311 KOLBECHER Jérémy 180 - 313 KORN Stella KRASNIQI Ajmone 181 182 - 315 KRELL Caroline 183 KSOURI Myriam 184 KURNAZ Fatna 320 KUZU Yuksel annexes e 184 - 317 329 Index alphabétique des écrivants L. Claude-Ahmed 186 187 - 293 L. Evelyne L. Sébastien 188 L. Stéphanie 189 - 313 189 L. Steve LADINA Svetlana 190 LAFAURIE Patrick 190 310 LAKNIN Habiba LAMBERIGTS Philippe 191 191 LAMOTTE Xavier LANG Sébastien 192 192 - 295 LEFRANC Patrice LEHMANN Laëtitia 193 LEITHEIM Philippe 194 LIROT Julien 195 LKHAOUIAOUI Saïd 300 LOPEZ BORREGO Elena 195 - 318 LOUYOT Emmannuelle 196 LUANGPRASEUTH Somdeth 197 LUCAS Richelaine 198 - 199 LUTZ Hubert 200 - 201 m M. Brigitte M. Leila M. Metin M. Naïma M. Nawal M.DH. Pierre MANASYAN Zarine 330 le plaisir d’écrire / alsace 2013 202 202 - 300 319 203 204 - 319 204 - 290 299 MATA Safia MATCZAK Agnieszka MATSUO Teruko MAZOUZ Btisame MBASSI Françoise MEBAREX Lachen MEHR Marie-Christine MEIGNAN Michel MENNADI Nafissa MERDOUD Sabrina MESAUDI Mimoun MESTIRI Najla METZGER Vincent MEYER Antoine MEYER Patrick MINASSYAN Milena MIRZOYAN Anahit MITZEL Stéphane MONTEIRO Maria MORENO Maytana MOTSCH Fabienne MOULAY Fadouma MUHUDIN ALI Binti MUHUNTAN Catherine MULLER Karima MULLER Marianne MULLER Sylvie MUNSCH Laurence MUSTAFIC Sadija 205 206 207 - 322 207 207 - 293 304 208 208 209 210 210 211 211 - 309 212 212 - 317 213 - 318 320 213 214 215 215 323 216 216 217 217 217 - 311 218 219 n N. David N. Trung Tri 222 NATHANAKUMAR Nagendram 323 NATSAIEVA Malika 223 - 322 223 NGUYEN Hong Hanh NGUYEN My Hang 224 NIEDERGANG Renée 225 o O. Jehanne OGANNES Mikoyan OULIGEV Taleh OUMAR Faridabay OZDEN Gulcan ÖZEN Akife 226 323 226 227 320 227 R. Eva R. Jean-Pierre R. Michel R. Patrice RAHAL Nadia RAISS Rabia REBRASSIER Gérard RECHIDI Hassina REYDEL Clarisse RIDAL Salima RIEFSTAHL Charlotte RINGWALD David ROUSTOM Ghayas p s P. Almina 228 P. Gilbert 228 - 295 P. Viviane 229 PAPI229 PAYAT Filiz 230 PAYAT Huriye 231 231 PEREA Alexandre PEREIRA COSTA Helio José 232 PETIT Marie 233 PHILIPPE Julie 234 - 313 PIERRE Océane 235 POUTOUIRIAN Qartsrriq 299 S. André S. Astrid S. Cennet S. Denis S. Doris S. Frédéric S. Georgette S. Hafida S. Jean-Christophe S. Keltoum S. Patrick S. Sylviane SA. Isabelle SABRI Aïcha SAIDANI Christelle q 221 r Q. Sylvie 237 - 298 238 - 298 238 238 239 292 310 239 - 293 240 241 241 242 - 303 243 244 - 245 annexes l 247 248 249 249 250 250 251 251 252 - 253 254 - 305 302 254 255 256 257 331 Index alphabétique des écrivants t T. Mandou Souleyman TAFATI Karima TAS Hasan TAUBENNEST Lucas TKACHUK Oksana TYANE Aïcha 272 272 304 273 275 299 u ULBRICHOVA Olga 332 le plaisir d’écrire / alsace 2013 276 - 318 v VALIYEVA Zahra VASSE Quentin TEXTES INDIVIDUELS, par ordre alphabétique 277 301 w W. Claude W. Nathalie W. Philippe W. Véronique WAGNER Charles WALDNER Matthieu WASSER Flore WEISGERBER Anne WURTZ Daniel 278 279 295 280 280 281 - 309 282 283 - 309 309 y YILDIRIM Mehmet YILDIRIM Sengül YILDIZ Hakime YOUSIF Rajaa YUN Valentina 284 284 284 285 285 z Z. Saltane 286 - 305 Z. Yves 286 ZANUTTINI Astrid 287 ZAYANI Fatima 287 - 307 ZITOUNA HAMED Samira 299 Marguerite A., Traversée de la ville - GEM Aube, Strasbourg Emmanuel BAUD, Thann - ESAT Saint-André, Cernay Hemama BEKRAR, Ma promenade quotidienne - CSC Camille Claus, Strasbourg Semra BOZLAK, Nouvelle vie - CSC Le Phare de l’Ill, Strasbourg Léontine DIENG, Dans la valise d’Eloïse - Club de Jeunes l’Etage, Strasbourg Béatrice DOELL KIEN, Je ferme les yeux - Association Hélios, Guebwiller Nadia ERRAMAMI, Je suis utile pour les femmes et les hommes - Plurielles, Strasbourg Abdelrani F., J’ai fait un rêve - Association Espoir Maison d’Arrêt de Colmar, Colmar Allison FOUCHARD, La condition pour voir Julien - Fondation Protestante Sonnenhof, Bischwiller Rachel GNAEDIG, Dans la rue du Dôme - Club de Jeunes l’Etage, Strasbourg Ibolya GOMAN, Ma ville d’avant, ma ville d’aujourd’hui - Plurielles, Strasbourg Justine HAMDI, L’Homme de Fer - IMPRO La Ganzau, Strasbourg Nicolas HENCK, Quand j’étais jeune - Ithaque, Strasbourg E. I., La rue de la vie - CSC Le Phare de l’Ill, Illkirch-Graffenstaden Yves K., L’homme et la ville - Hôpital de jour, Molsheim Caroline KRELL, Moi j’habite en ville - ESAT Saint-André, Cernay Stella KORN, Les bruits de ma ville m’ont raconté que - La Croisée des Chemins, Colmar Evelyne L., Instants insolites dans ma ville - Cultures du Cœur, Mulhouse Emmanuelle LOUYOT, Mes villes, instants d’acrostiches - SAJH, Strasbourg Nafissa MENNADI, Sainte Marie à la manière de R.G. Cadou - CSC Val d’Argent, Sainte-Marie-aux-Mines Astrid S., Dans ma rue - Hôpitaux Universitaires de Strasbourg Oksana TKACHUK, Lettre à ma sœur - Plurielles, Strasbourg Nathalie W., Promenade dans les rues de ma ville - Hôpitaux Universitaires de Strasbourg annexes SAÏDI Jamal 304 SARKOUH Fatima 304 SARWARIE Manizha 257 SAYGI Lale 258 SC. Isabelle 258 259 SCHANG Steeve SCHERER Elodie 262 263 SCHMITT Marie-Claude SCHMITT Véronique 263 - 313 264 SCHNEIDER Cédric SCHUNCK Chryslène 264 SE. Christophe 265 SEURET Emilie 266 - 309 SGRO Fabrizio 267 SGRO Vittoria 268 269 SI. Christophe SOLO Kadour 270 SORET Kevin 270 STOYNOVA Ivelina 270 SYLDATK Tomasz 271 Textes “ coups de coeur ” 2013 TEXTES COLLECTIFS, par ordre alphabétique Marguerite A. et Pierre M.DH., Notre ville - GEM Aube, Strasbourg Didier B., Alain DERNONCOURT et Kaya CAMARA, Une rencontre invraisemblable APP ReFormE, Strasbourg 333 Martin ADAMIEC - Comédien - Metteur en scène - Articulations Théâtre Marie BEIL - Chargée du service éducatif - Archives municipales de Strasbourg annexes Comité de lecture 2013 Isabelle BULLE - Chargée de publics - Service éducatif des musées de la ville de Strasbourg Pierre DURRENBERGER - Responsable pédagogique - DISP de Strasbourg (Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires) Isabelle FOREAU - Animatrice d’atelier d’écriture - Biographe - L’être en lettres Danièle FRAUENSOHN - Animatrice d’atelier d’écriture - Biographe Les Arte-Mots Marie FREYBURGER - Stagiaire DEUST Médiations Citoyennes Université de Strasbourg Corinne GERARDIN - Chargée d’Affaires Politiques de la ville Conseil Général du Bas-Rhin Nassiba GOZLAN - Déléguée aux Relations Territoriales du Bas-Rhin Groupe La Poste Chrystèle GUILLEMBERT - Directrice des Relations publiques Théâtre National de Strasbourg Sophie JAMBON - Chargée de mission illettrisme insertion - Région Alsace Delphine LUX - Bibliothécaire - Médiathèque de Lingolsheim Isabelle MONTAVON-RENOU - Assistante Pôle 3 E - DIRECCTE Alsace Faly STACHAK - Animatrice d’ateliers d’écriture - Auteur 334 le plaisir d’écrire / alsace 2013 335 APF Accueil de jour (Association des Paralysés de France) 3 rue Saglio 67100 STRASBOURG Florence PIROT Organismes participant au Plaisir d’écrire 2013 et animateurs d’ateliers d’écriture APP ReFormE (Atelier de Pédagogie Personnalisée Regroupement Formation Emploi) 6 rue des Francs Bourgeois 67000 STRASBOURG Françoise ABELA-KELLER, Marie-Claude QUENNEDEY Association Adèle de Glaubitz ESAT Saint-André (Etablissement de Service d’Aide par le Travail) 43 route d’Aspach BP 40179 68702 CERNAY Sylviane FERNBACH, Céline WEIGEL Association Cultures du cœur Secteur Mulhouse Maison des Associations 1 faubourg des Vosges 68700 CERNAY Hélène TRZEBIATOWSKI Association Espoir Maison d’Arrêt de Colmar 78 A avenue de la République 68000 Colmar Marguerite RODENSTEIN 336 le plaisir d’écrire / alsace 2013 Association Espoir Meinau 1 rue de Bourgogne 67100 STRASBOURG Nina SARKISSIAN, Marie-Claire WACK, Sylvie WENIGER, Association Ithaque 12 rue Kuhn 67000 STRASBOURG Nadia REIFF Association L’Atelier 2 rue de la Brigade Alsace - Lorraine 67600 SELESTAT Laurence LAPIERRE annexes ADAPEI du Bas-Rhin (Association Départementale des Amis et Parents de Personnes handicapées mentales) 24 rue du Château 67380 Lingolsheim Judith FISHER Association L’Atelier PADEP (Parcours de Développement Personnel) 21 rue Livio 67100 Strasbourg Valérian COLLOT, Chantal ERB Association Plurielles 1 boulevard de Nancy 67000 Strasbourg Isabelle WENDLING Centre d’Accueil de Jour Les Tournesols 12 rue des cerisiers 68160 Sainte-Marie-aux-Mines Monique LE DOARE CSC Camille Claus 41 rue Virgile 67200 Strasbourg Déborah BABILON, Nesrin TUGRAL CSC de l’Elsau 6 rue Mathias Grünewald 67200 STRASBOURG Anuta ZUBASCU 337 Club de Jeunes l’Etage 19 quai des Bateliers 67000 STRASBOURG Déborah SCHNEIDER CSC de la Montagne Verte 10 rue d’Ostwald 67200 Strasbourg Habiba AALLA, Fabienne HELFER ESAT Papillons Blancs (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) 32 route d’Issenheim 68360 Soultz Karine THOMAS CSC Le Phare de l’Ill 29 rue du Général Libermann 67000 Strasbourg Lucie CASTELIN-LERAT CSC Papin 4 rue du Gaz 68200 Mulhouse Yolanta LUBERDA, Semitra SIPAHI CSC Val d’argent 1 carrefour de Ribeauvillé 68160 Sainte-Marie-aux-Mines Nathalie ROUSSEL-SCHIMMEL CSC Victor Schœlcher 56 rue du Rieth 67200 Strasbourg Christine RAKIC, Claudine MARBACH CSF Victor Hugo (Centre Social et Familial) 4 rue Victor Hugo 67300 Schiltigheim Habiba AALLA, Fabienne HELFER CDAFAL 68 (Conseil Départemental des Associations Familiales Laïques du Haut-Rhin) 3 rue Georges Risler 68100 MULHOUSE Latifa AFNAKKAR, Malika AHMANE 338 le plaisir d’écrire / alsace 2013 ESAT Saint André (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) Les Ateliers du Steinkreuz 1 faubourg des Vosges 68920 WINTZENHEIM Danielle DIDIER Fondation Protestante Sonnenhof 21 rue d’Oberhoffen 67240 BISCHWILLER Delphine KADA Fondation Sonnenhof FAS-FAM Unité Gustave Stricker 22 rue d’Oberhoffen 67242 BISCHWILLER Audrey GUILLAUME, Claudia KUHN GEM Aube (Groupement d’Entraide Mutuel) 42 rue de la 1ère Armée 67000 Strasbourg Emmanuelle LANCHE Hélios Maison des Associations 1 rue de la République 68500 Guebwiller Christine BURGER, Emi CAYRE, Annette FISCHER, Françoise GRAILHE, Mariette HOSSENLOP, Antoinette KIHL Hôpital de Jour de Bischwiller EPSAN (Etablissement Public de Santé Alsace Nord) Unité extra hospitalière 4 rue de l’Artisanat 67240 BISCHWILLER Christine BOUCHER, Stéphanie MAILLARD, Christelle PONTONNIER Hôpital de Jour de Molsheim EPSAN (Etablissement Public de Santé Alsace Nord) 11 rue Schweisguth 67120 MOLSHEIM Pascale MAIGNET, Odile PONET Hôpital de Jour de Saverne EPSAN (Etablissement Public de Santé Alsace Nord) 16 Grand Rue 67700 Saverne Véronique BECKER, Hélène NEBINGER Hôpital de Jour de Strasbourg EPSAN (Etablissement Public de Santé Alsace Nord) Rue du Faubourg National 67000 STRASBOURG Chantal GUINEBERT, Aurélie RADMACHER La Croisée des Chemins Espace Solidarité Colmar – Vallées 15 avenue de Paris 68000 COLMAR Christiane DAUB, Dominique ZERLAUTH Maison d’Arrêt de Mulhouse Avec la bibliothèque municipale de Mulhouse 59 avenue Robert Schumann 68063 Mulhouse Hamida IMADJADJ, Corinne PAULUS Maison d’Arrêt de Strasbourg Bibliothèque de l’unité d’enseignement 6 rue Engelman 67000 Strasbourg Laurence DENIS annexes CSC Fossé des Treize 6 rue Finkmatt 67000 STRASBOURG Régine DAUTEL Maison Picasso du Centre de Harthouse Allée des Peintres BP 10231 67504 HAGUENAU Cedex Martine GRAEF, Agnès JULLY ReFormE (Regroupement Formation Emploi) 7b rue des Prés 67380 Lingolsheim Marie-Claude QUENNEDEY Hôpitaux Universitaires de Strasbourg Centre d’addictologie Hôpital Civil, 1 place de l’Hôpital 67091 Strasbourg Babette REZICINER, Anne SCHAFFHAUSER SAJH (Structure d’Activités de Jour et d’Hébergement de l’AAPEI) 5 rue Jean Monnet 67300 Schiltigheim Florence SAULNIER, Marie-Christine STREICHER-TRUNCK ImPro de la Ganzau (Institut Médico Professionnel) 118 rue de la Ganzau 67100 Strasbourg Mélanie NICOLAS Trampoline 1 chemin de Dorlisheim 67120 Molsheim Dany SCHITTER 339 au Musée Unterlinden de Colmar qui nous a accueillis dans le cadre splendide de l’ancien cloître des Dominicains pour le lancement du Plaisir d’Ecrire en lien avec le 500ème anniversaire du Retable d’Issenheim et la Semaine de l’Illettrisme Remerciements à l’équipe du Service éducatif des musées et à l’Atelier Urbain de la ville de Strasbourg pour leur collaboration dynamique et fructueuse dans la conception et l’animation des ateliers d’écriture itinérants proposés au Musée historique dans le cadre de La Muz’ annexes à Martin Adamiec pour son implication, sa générosité et son sens du partage lors des rencontres avec les participants en tant que parrain 2013. Il a su transmettre sa passion des mots et de la langue française aux animateurs et aux écrivants qui sont repartis plein d’enthousiasme et d’un nouvel élan pour l’écriture à Hamida Imadjadj et à Corinne Paulus pour leur investissement personnel dans la préparation et l’animation de l’atelier « Le don d’un mot » entre la Maison d’arrêt et la bibliothèque Grand Rue pendant les Rencontres de la Diversité à Mulhouse à Jules Grandin et à Clara Dealberto-Ricard pour l’utilisation gracieuse de leurs calligrammes et leur contribution généreuse à l’édition de cartes postales en lien avec les textes du Plaisir d’Ecrire 2013 à Marie-Hélène Helleringer de Tôt ou T’art pour son partenariat dans la conception et l’animation de jeux d’écriture sur les marchés de Neudorf et du Neuhof pendant la Semaine de la Langue française et de la Francophonie. Pour son soutien en dons de livres et de lots aux lauréats aux membres du comité de lecture pour leur implication dans ce projet, leurs échanges et leurs débats animés pour déterminer les textes coups de cœur à la Filature de Mulhouse qui accueille cette année l’ensemble des participants, animateurs et partenaires pour la Cérémonie régionale sur sa scène nationale aux collègues du Crapt-Carrli pour leur amitié et leur soutien tout au long de l’année 340 le plaisir d’écrire / alsace 2013 341 CRAPT-CARRLI / GIP FCIP Alsace Centre Régional d’Appui Pédagogique et Technique Centre d’Appui et de Ressources Régional de Lutte contre l’Illettrisme 4, rue de Sarrelouis 67000 Strasbourg Personnes à contacter : Guillaume Bauchet Coordinateur du centre de ressources Tél. 03 88 23 83 22 Courriel : [email protected] Patricia Lejeune Coordination du Plaisir d’Ecrire, appui au réseau linguistique et aux nouveaux formateurs Tél. 03 88 23 83 28 Courriel : [email protected] Shiva Parsaee Lutte contre l’illettrisme, développement des compétences de base Tél. 03 88 23 83 27 Courriel : [email protected] ’é re Création graphique, mise en page : Ratatam d Calligrammes : Jules Grandin, Clara Dealberto-Ricard plai sir Suivi de la publication Guillaume Bauchet, Patricia Lejeune CRAPT-CARRLI / GIP FCIP Alsace le Direction de la publication Didier Lefèbvre GIP FCIP Alsace c ri Impression : Coliprint Dépôt légal : juin 2013 n° ISBN 13 : 978-2-9522209-3-4 © GIP FCIP Alsace 342 le plaisir d’écrire / alsace 2013 343 Organisé par Cet ouvrage ne peut être vendu Avec le soutien de plai re d ’é sir le Et en partenariat avec c ri