contemporain - Robert Mills Architects
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contemporain - Robert Mills Architects
CONTEMPORAIN Dans le quartier de plus chic de Melbourne, elle n’a rien à cacher. Au contraire, elle est fière de la transparence cubique aérée que l’architecte Rob Mills, fondateur du studio RMA (Robert Mills & Architects) a su lui insuffler. La sensation de respiration, d’impalpable légèreté et de fraîcheur est amplifiée par l’évaporation de l’eau de la longue piscine de 25 mètres, véritable canal de nage qui court entre un flanc de la maison et un mur métallique ciselé de frises géométriques. Les chambres des deux étages donnent sur des frondaisons, derrière leurs hauts volets à persiennes. Sur la terrasse de plain-pied avec le jardin, des chaises « Fjord » de Patricia Urquiola pour Moroso. La belle DANS LE QUARTIER LE PLUS RÉSIDENTIEL DE MELBOURNE, UNE SUPERBE MAISON AU CUBISME TRANSPARENT TRÈS CONTEMPORAIN CACHE DES COURBES SENSUELLES QUI ADOUCISSENT LES ANGLES. ELLE A SUCCOMBÉ À LA TENTATION ACTUELLE D’UN DIALOGUE À LA COMMUNICATION ININTERROMPUE ENTRE L’INTÉRIEUR ET L’EXTÉRIEUR… À LONGUEUR D’ANNÉE. Par Jenna Reed Burns - Texte Catherine Peyre Photos John Wheatley, Jason Busch et Trevor Mein LA MONOCHROMIE DE L’ESCALIER EN SPIRALE ET DES MURS PERMET TOUS LES POSSIBLES ET OFFRE DE BELLES CIMAISES À LA COLLECTION D’ART ABORIGÈNE CONTEMPORAIN. T Robert Mills avoue avoir été inspiré par le travail de l’architecte anglais David Chipperfield et de Pei (qui lui a « appris la force des formes pures ») pour sculpter ce monumental escalier en spirale, un chef-d’œuvre de style qui distribue les trois niveaux. Dans cet angle du livingroom côté piscine, un canapé Moroso anthracite en parfait chromatisme avec le parquet de chêne noirci et le tapis des marches en alpaca noir (Velieris), rompt la monochromie blanche. Sur le mur du fond, les éclaboussures de couleurs vives et joyeuses de la peinture Sweetheart de Todd Hunter. En haut à droite, la cuisine nette et fonctionnelle. oorak est un peu le Beverly Hills ou le Neuilly de Melbourne. C’est la it place to live. Le projet Verdant Avenue du studio Robert Mills Arhitects and Interior Designers (RMA) renvoie assurément à l’engagement de Rob Mills de marier la pureté de la forme à la fonction - l’éternel dilemme - et à la conviction qu’un équilibre affûté entre architecture, design intérieur et environnement ne pourra qu’aboutir à la création d’une maison époustouflante. Sa structure transparente, on ne peut plus tranchée, permet à un chêne des marais presque centenaire de tenir la vedette dans le jardin sur la rue et d’en être le point de mire depuis le salon, la salle à manger et les chambres. Dès le départ, le concept anticipait la construction d’une luxueuse résidence familiale contemporaine, avec le postulat de répondre à trois exigences prioritaires : établir une relation fluide entre l’intérieur et l’environnement naturel extérieur, aménager des espaces dédiés aux loisirs et organiser les volumes pour mettre en valeur une importante collection d’art aborigène. Aujourd’hui, les secteurs et les pièces de séjour du rez-de-chaussée sont mitoyens, tant dedans que dehors, uniquement séparés par des murs en verre et des baies coulissantes du sol au plafond, qui donnent accès à un canal de nage qui file sur vingt-cinq mètres sur toute la longueur du bâtiment et qui fournit, par évaporation, un rafraîchissement spontané. Le perfectionnisme que RMA et Rob Mills portent aux moindres détails se confirme Ci-contre à gauche : comme une pluie de verre, une suspension lumineuse d’Omer Arbel (Bocci) cascade de toute sa hauteur au centre de l’escalier en spirale. Ci-dessous, le devant du living-room où l’on retrouve le généreux canapé et son long foot stool Moroso. Tapis rond « Leon » d’Ivano Redaelli en poils de chèvre de Mongolie. Au fond, dans le jardin qui donne sur la rue, les ramures d’un chêne des marais presque centenaire procure une part d’intimité. Ci-contre, un tapis fait main en laine à gros motifs floraux de la collection « Sardinian Rugs » de Patricia Urquiola (Moroso) réchauffe l’atmosphère du salon de télévision, meublé de fauteuils Moroso, d’une lampe « Half Moon » d’Enrico Franzolini et de Vicente Garcia Jiménez pour Karboxx. Ci-dessous, une des chambres desservies par un long couloir et sa salle de bains ouverte. Lit double « Glove » à hauteur réglable de Patricia Urquiola pour Molteni & C. Ci-dessus, la lumière naturelle, en provenance du jardin, entre à flots dans la grande chambre, comme elle inonde l’ensemble de la maison. Toutes les parures de lit sont signées Ivano Redaelli. Eléments de la salle de bain et grande baignoire en résine. A droite, une belle perspective sur l’étroit canal de nage, protégé par le mur aux découpes métalliques arachnéennes. Sur la plage de la piscine, fauteuils en polyéthylène rotomoulé « Little Albert » de Ron Arad pour Moroso. Le célèbre éditeur italien a gagné les antipodes et est en vente chez Hub à Melbourne. UNE GÉOMÉTRIE RIGOUREUSE, LA RECHERCHE MINUTIEUSE DE MATIÈRES ET DE CONTRASTES SIGNENT UN HÉDONISME MINIMALISTE DONT LE LUXE SUPRÊME SE NOMME LUMIÈRE. partout, en termes d’architecture intérieure et d’aménagements des espaces extérieurs qui prolongent la maison sans aucune rupture. L’espace et les volumes aérés représentent le luxe ultime, sans ostentation superflue. La palette monochromatique de blanc pourvoit la neutralité indispensable à une galerie quasi muséale dédiée à l’art aborigène contemporain. Les murs se font cimaises pour accrocher les œuvres à la puissante énergie, remarquables par leurs transcriptions des mythes fondateurs et à haute teneur spirituelle, de Boxer Milner Tjampitjin, Emily Kngwarreye, George Tjungurrayi, Ningura Napurrula, Kathleen Padoon Napanangka, originaires de différents territoires australiens. Et au milieu coule une cascade de perles de verre en plein centre d’un extraordinaire escalier en spirale qui s’enroule, sur les deux étages, autour de cette suspension lumineuse d’Omer Arbel ; en contraste flagrant avec les thèmes de géométrie cubique et rectangulaire de la demeure, un peu comme si Rob Mills, avec cette sculpture sinusoïdale à l’épure absolue, avait réalisé sa quadrature du cercle… Bien sûr, en fonction des volumes considérables, le mobilier est au diapason, qui convoque de généreux sofas des meilleurs éditeurs italiens, avec une préférence pour Moroso et Molteni & C et les créations de Patricia Urquiola (les fauteuils « Glove », « Bloomy » orange ou « Fjord » en cuir noir), qui font aussi un tabac de l’autre côté de la planète. La réalisation des grandes tables pour les repas, en revanche, a été confiée à Lowe Furniture, des ébénistes très prisés à Melbourne. Autant la chambre parentale est vaste, autant celles des enfants se veulent résolument plus petites, un choix délibéré des parents pour réunir la famille le plus souvent possible dans les pièces communes. Rob Mills et son équipe ont, depuis le début du projet, travaillé en totale compréhension, écoute et harmonie avec leurs clients. Ils ont opté pour une architecture durable, prouvant une fois de plus que ces deux mots accolés n’excluent absolument pas le glamour, le luxe et le plaisir. Bien au contraire, ce sont des mots qui vont très bien ensemble.