Sauvons la recherche - Ecole Nationale Supérieure d`Architecture

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Sauvons la recherche - Ecole Nationale Supérieure d`Architecture
LA LETTRE DE L’IPRAUS
BULLETIN DE L’INSTITUT PARISIEN DE RECHERCHE : ARCHITECTURE, URBANISTIQUE, SOCIETE FEVRIER 2005
LABORATOIRE DE RECHERCHE DE L’ECOLE D’ARCHITECTURE DE PARIS-BELLEVILLE
ET DE L’UNIVERSITE PARIS X-NANTERRE — DEPARTEMENT DE L’UMR AUS N° 7136 DU C.N.R.S.
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“ Sauvons la recherche ”
La Lettre de l’IPRAUS n°12, «Mise en perspective», de janvier 2002 dressait un bref panorama des recherches mises en chantier par les chercheurs
de l’IPRAUS et les équipes qui leur sont associées sur les différents programmes fédérateurs. Quelques trois années plus tard, il nous a semblé utile de
faire un nouvel état des lieux, toutefois non exhaustif, et de présenter l’évolution des travaux.
Le programme Histoire des transformations architecturales et urbaines a abouti à un colloque sur les villes françaises dans la première moitié du XIXè
siècle, à l’Ecole de Paris-Belleville les 2 et 3 décembre 2004, dont les actes donneront lieu à la publication d’un prochain volume des Cahiers de
l’IPRAUS.
Un travail de longue haleine sur Paris a été magistralement illustré par l’ouvrage de Jacques Fredet sur Les maisons de Paris. Types courants de
l’architecture mineure de la fin de l’époque médiévale à nos jours, avec l’anatomie de leur construction aux Editions de l’Encyclopédie des
nuisances.
Renforçant son engagement sur Paris et la Région Ile-de-France, l’équipe participe activement à l’animation de l’Atelier Paris, les échelles de la
métropole de l’UMR-AUS, elle est de plus largement impliquée dans le programme d’évaluation des Villes Nouvelles sur les formes urbaines et
architecturales. Enfin elle contribue auprès des services de la Ville de Paris à l’adaptation au contexte parisien de la méthode de l’Inventaire Général du
patrimoine.
Sur le thème Architectures du Transport, le programme mené dans le cadre du PREDIT (Programme interministériel de recherche et d’innovation
dans les transports terrestres) intitulé Transport et architecture du territoire qui avait donné lieu à la publication d’un Etat des lieux et perspectives
de recherche en 2003 par Anne Grillet Aubert et Sabine Guth dans une nouvelle collection Questionnements Editions Recherches/Ipraus, est arrivé à
son terme. La phase actuelle met l’accent sur la valorisation des différents axes abordés, va donner lieu à une série de publications - dont le prochain
numéro des Cahiers de l’Ipraus - et à la définition des orientations futures.
L’axe Architectures et Sociétés fondée sur la confrontation des logiques sociales et de la raison spatiale interroge aujourd’hui « la construction
architecturale et sociale des limites » aux différentes échelles territoriales, architecturales et urbaines, et renouvelle ainsi l’approche des rapports entre
privé et public, de l’articulation entre l’habitation et la ville ; mais aussi du rôle des acteurs et des parcours de conception.
Le séminaire collectif « Architectures et Sociétés : raison spatiale, logique sociale » poursuit cette confrontation dualiste entre sciences sociales et
sciences de l’espace, entre chercheurs et praticiens. La publication des textes des premières rencontres fera l’objet d’un des prochains Cahiers de
l’IPRAUS.
Dans le champ de l’architecture comparée, l’architecture de la ville asiatique reste un thème fort de nos investigations. Témoins de profondes
mutations, les villes asiatiques sont confrontées à leur histoire, aux permanences des tracés, mais aussi à l’émergence de nouvelles formes d’extension
comme de types architecturaux nouveaux. La mise à jour récente à Hanoi, sur le site du chantier de la nouvelle Assemblée Nationale, de la première
citadelle chinoise de Ba Dinh, si elle est une découverte historique majeure est aussi un nouvel enjeu urbain majeur.
La collection Archithèses - Editions Recherches /Ipraus -, inaugurée avec le travail de Zhang Liang sur « La naissance du concept de patrimoine en
Chine », se poursuit avec la publication récente (février 2005) de la thèse de Davisi Boontharm « Bangkok, formes du commerce et évolution
urbaine » et par la mise en chantier du travail de France Mangin sur La place du patrimoine urbain dans le développement du centre-ville d’Hanoi.
Si nos structures de recherche ont été confortées récemment par la reconduction pour 4 ans, à partir du 1er janvier 2005, de notre UMR-AUS du CNRS,
nous partageons néanmoins largement les inquiétudes du collectif Sauvons la recherche quand à la politique des personnels et déplorons l’absence
totale de recrutement, de création de postes nouveaux de chercheurs ou même de la reconduction des quelques postes existants au sein du Ministère de
la Culture n’offrant aucune perspective pour le renouvellement d’une population de chercheurs vieillissante. Or les missions de recherche sont renforcées dans la redéfinition en cours des établissements.
Les structures de l’enseignement de l’architecture sont elles en pleine mutation. L’adoption du système général de l’enseignement supérieur européen
Licence 3 ans, Master 5 ans, Doctorat 8 ans innove au moins sur un point non négligeable la création d’un doctorat au sein des Ecoles d’Architecture.
Le doctorat sera soumis aux règles générales, à savoir : 1/ l’habilitation des établissements à délivrer le titre de docteur, 2/ l’accréditation d’écoles
doctorales, 3/ l’existence de structures de recherche reconnues susceptibles d’accueillir les doctorants, 4/ l’habilitation de directeurs de recherche.
Cette confortation institutionnelle de la recherche exige des moyens nouveaux qui sont à mettre en place de façon urgente qu’il s’agisse d’allocations de
recherche pour les thésards, de formules d’allocataires-moniteurs, de bourses post-doc, enfin de postes de jeunes chercheurs.
Pierre Clément
Professeur à l’eapb
Directeur de l’Ipraus
Villes et architectures
aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles
Histoire des transformations
architecturales et urbaines
Responsables : Michèle Lambert-Bresson, Annie Térade.
Participants IPRAUS : Karen Bowie, Liliane Dufour, Marie-Jeanne Dumont, François Laisney, Pierre Pinon. Doctorants : Leila Amar, Tarik
Bellahsene, Lynda Benkaci, Frédéric Bertrand, Anne Bondon, Maria-Christina Costanzo, Ritra Covello, Marilyne Doutre,
Bogdan Fezi, Solenn Guevel, Dominque Jacomet, Naziha Khelil, Taous Mitiche, mathilde Mouchel, Valérie Nègre, Amina
Sellali, Zeila Tesoriere, Antonella Versaci.
Chercheurs associés : Marilù Cantelli (chercheur honoraire), Bernadette Laurencin (Enseignante EAPB), Fanette Cohen, Mayalène Guelton
Partenaires institutionnels : Bureau de la Recherche Architecturale, Ecole d’Architecture de Versailles, Institut d’Art et d’Archéologie,
Association pour l’Histoire des Chemins de fer en France (A.H.I.C.F.), Association Française des Historiens de l’Architecture
(AFHA), Région Sicilienne Direction de la Culture et du Patrimoine.
Le travail des chercheurs rattachés à ce programme s’est prolongé selon les axes définis (voir Lettre IPRAUS n° 12). Nous présentons ici les opérations ou thèmes qui s’y sont nouvelllement inscrits.
•
Villes françaises dans la première moitié du XIXe siècle :
Aménagement, extension et embellissement
Colloque organisé par l’Ipraus, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication - Bureau de la recherche
architecturale et urbaine
Organisation : Michèle Lambert-Bresson et Annie Térade avec la collaboration de Hang Le Minh et de Ryme Dardouri
Comité scientifique : Karen Bowie, Vincent Bradel, Michèle Lambert-Bresson, Pierre Pinon, Annie Térade
Lieu : Ecole d’Architecture de Paris-Belleville
Date : 2 et 3 décembre 2004
Villes françaises au XIXe siècle. Aménagement,
extension et embellissement.
Coord. : M. Lambert-Bresson, A. Térade
Paris, Ed. Recherches/IPRAUS, coll. Les Cahiers de
l’IPRAUS, 2002, 191 p.
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La période séparant la fin de l’Ancien
Régime du démarrage concret des actions
du Second Empire a vu se définir de nouvelles techniques, pratiques, ou manières
de penser la ville, parfois au détriment de
plus anciennes. L’ensemble a contribué à
former les germes de la spectaculaire
mutation qui se manifeste dans les villes
durant la seconde moitié du XIXe, et qui
réorganise leur hiérarchie sur tout le territoire. Cependant, dès la première moitié du siècle, les villes s’étendent, s’aménagent. Les acteurs de ces évolutions sont
mus par de nouvelles préoccupations
d’hygiène, de fluidité des communications, de rationalisation urbaine ; ils développent et généralisent de nouveaux
outils d’intervention, tissent de nouveaux
liens de coopération…
Tel est le constat qui a motivé ce colloque.
En effet, si ces phénomènes commencent
aujourd’hui à être mieux connus grâce à
une série de recherches récentes ou un peu
plus anciennes, il nous semblait utile de
faire le point sur ces travaux et sur ceux qui
sont en cours, afin de mieux cerner et fonder les questions restant à approfondir.
En se centrant plus particulièrement sur la
période courant de 1789 à 1860, ce colloque entendait se situer dans le prolongement de la publication du Cahier de
l’IPRAUS intitulé Villes françaises au
XIXe siècle : aménagement, extension et
embellissement.
Chaque demi-journée, respectivement présidée par David Van Zanten, Pierre Pinon,
Michaël Darin et Florence Bourillon, a été
consacrée à un thème spécifique :
- Théories et contexte des villes.
- Alignements, règles et application.
- Aménagement, transformation et équipements.
- Lotissements privés et formes urbaines.
Sur ces thèmes, se sont réparties vingt et
une interventions :
Karen Bowie Villes et réseaux pendant la
monarchie de Juillet : entre théorie et
pratique.
Lettre IPRAUS n°15
Florence Bourillon Les légitimistes et la
ville, du constat à l’action, une réflexion
opérationnelle.
Ammina Harzallah Les préoccupations
hygiénistes entre le XVIIIe et le XIXe siècle.
Olivier Balaÿ La rénovation sonore de la
ville au XIXe siècle.
Chantal Callais La mise en place des services départementaux de l’architecture au
XIXe siècle.
Gilles Bienvenu Les conditions d’élaboration du plan d’alignement de Nantes
(1808-1839).
Sylvain Schoonbaert Le plan général
d’alignement de Bordeaux sous la Monarchie de Juillet.
Vincent Bradel Nancy : la question des
alignements.
Anne Bondon Les alignements de grande
voirie à Laval.
Michèle Lambert-Bresson Du cours au
boulevard : Nîmes et Orléans.
Joëlle Burle L’évolution du quartier de
l’Arsenal des Galères de Marseille (17801840).
Solenn Guével Transformations urbaines
autour du canal Saint-Martin à Paris.
Annie Térade Lotissements parisiens et
projets de chemin de fer.
Marilyne Doutre Préfectures en Auvergne.
Werner Szambien Places et équipements
à Étampes.
François Laisney Les premiers omnibus à
Paris.
Sophie Cueille Enghien-les-Bains, Maisons-Laffitte et Le Vésinet.
Roselyne Bussière Saint-Germain-enLaye.
Catherine Bruant Le mur, l’éclair et l’escargot.
Amina Sellali Le XXe arrondissement de
Paris.
Pierre Pinon Le lotissement Saint-Bernard à Dijon.
Une table ronde finale a été organisée avec
la participation de Florence Bourillon, Michaël Darin, Pierre Pinon et David Van
Zanten.
Les actes du colloque seront publiés dans
un prochain cahier de l’IPRAUS, prévu
pour 2006.
De ce colloque ressort aussi l’intérêt d’un
séminaire qui rassemblerait (selon une périodicité à préciser) les chercheurs intéressés, travaillant sur l’histoire urbaine et architecturale du XIXe siècle. De premiers
contacts ont été pris en ce sens, et l’information sur les suites données à ce projet
sera largement diffusée dès que possible.
•
Adaptation au contexte parisien de la méthode de
l’Inventaire général et échantillonage
Responsable scientifique : Karen Bowie
Chercheurs : Bernadette Laurencin (responsable SIG), Annie Térade (conseillère scientifique), Fannette Cohen et
Mayalène Guelton (chargées d’étude), Amina Benbelaïd et Auguste Bonnin (assistants informatique)
Répondant à un appel d’offre lancé en
mai 2004 par la Direction de l’Urbanisme et
la Direction des Affaires Culturelles de la
Ville de Paris, cette recherche, placée sous
le pilotage du Département d’Histoire de
l’Architecture et d’Archéologie de Paris
dirigé par François Loyer, avait pour objet
d’élaborer une méthode et un outil « à la
fois d’aide à la décision des élus et de
renseignement des services concernés,
mais aussi d’information aux parisiens sur
leur cadre de vie et le patrimoine qui le
compose ».
L’outil à concevoir devait ainsi d’une part
pouvoir s’associer aux bases de données
cartographiques déjà utilisées par les services de la Ville et d’autre part être mis à
disposition d’un large public, via Internet
ou CD-ROM. L’application à vingt échantillons de la méthode et de l’outil proposés
devait en donner une démonstration immédiate, avant lancement de l’inventaire
complet, à développer dans une phase suivante – l’objectif à terme étant de pouvoir
obtenir, à partir d’une adresse ou d’un
« clic » sur une parcelle, un édifice ou un
secteur urbain, toutes les informations patrimoniales s’y rattachant.
Lettre IPRAUS n°15
Pour répondre à cet objectif, l’équipe réunit des compétences tant en histoire architecturale et urbaine qu’en infographie, avec
des spécialistes de l’histoire de Paris d’une
part, de cartographie informatisée (Système
d’Informations Géographiques : SIG) de
l’autre.
En cherchant un outil adaptable au cas de
Paris, l’attention de l’équipe a été attirée
par le « dossier électronique », élaboré par
les services de l’Inventaire général pour la
ville de Rennes et aujourd’hui en cours de
développement pour Amiens par la DRACPicardie. Cet outil informatique permet de
3
gérer un système de bases de données sur
le patrimoine architectural et urbain (intégrant des informations historiques,
iconographiques, bibliographiques… sur
un objet : bâtiment, parcelle, rue, quartier…), et de le coupler à une carte informatisée (SIG) autorisant une représentation
de l’espace à différentes échelles. C’est
ainsi à la fois d’un outil de gestion, de recherche et de publication.
C’est aussi un outil hautement évolutif, qui
évite la rigidité parfois reprochée aux « dossiers documentaires » sur papier élaborés
par l’Inventaire général, car il présente
l’avantage de permettre l’intégration de
nouvelles informations, mais aussi des
nouvelles problématiques et champs d’investigation qui ne manqueront pas d’apparaître avec le développement des recherches sur la ville de Paris.
Pour traiter, sans se noyer dans la masse
documentaire ni aboutir à une collection
d’objets isolés, des quelques 75 000 parcelles et 100 000 bâtiments que comporte
Paris, l’équipe a proposé de décomposer
le territoire de la ville selon différentes
échelles d’analyse. Elle a ainsi défini :
- Des « zones de cohérence globale »,
correspondant à une phase d’extension
urbaine, à un mode d’urbanisation (vieux
village, faubourg…), et/ou à des critères
topographiques (butte Montmartre, vallée
de la Bièvre…).
- Des « secteurs dérivant d’un projet
urbain » (lotissements, ZAC, secteurs de
rénovation…).
- Des « édifices ou ensembles d’édifices »,
qui constituent l’échelle la plus fine
d’analyse.
Tandis que la cartographie d’ensemble des
« zones de cohérence » tend à faire ressortir les dynamiques quantitatives et les
directions d’extension de la ville selon les
époques et les caractéristiques du site de
la capitale, l’emboîtement, la superposition
ou l’imbrication des trois catégories de
subdivisions sont plus ou moins complexes selon les portions de territoire – ce qui
reflète la complexité inhérente aux processus de formation des tissus. À chacune
des entités définies correspond un dossier documentaire et, via les liens informatiques que l’on peut créer entre ces dossiers, des informations allant du général
au particulier ou vice versa, deviennent
accessibles – ce qui vise à resituer chaque
objet dans un contexte éclairant pleinement
son sens patrimonial.
•
Etude historique sur les emprises ferroviaires de la
ZAC Paris Rive Gauche
Responsable scientifique et chercheur : Karen Bowie
Recherche terminée (mars 2004)
Située entre la gare d’Austerlitz et le boulevard périphérique, sur des terrains cédés à la ville de Paris en grande partie par
la SNCF et devant accueillir notamment
les nouveaux bâtiments de la Bibliothèque Nationale de France, la Zone d’Aménagement Concertée « Seine Rive Gauche »
fut créée en 1991. Un des objectifs primordiaux du projet était de relier le 13e arrondissement résidentiel et commercial avec
la Seine en créant des axes transversaux.
Les équipements ferroviaires et industriels
du site, implantés parallèlement au fleuve
et conçus souvent à l’échelle des convois
- le bâtiment voyageurs, les magasins généraux, les messageries Sernam ont chacun 300 mètres de longueur environ étaient perçus comme constituant une coupure entre la ville et la Seine.
Suite à des recours, les statuts de la ZAC
sont modifiés en 1996 : elle change de
nom, devenant « Paris Rive Gauche », et
le Plan d’Aménagement de Zone est modifié. Une lettre du Préfet de la Région d’Ilede-France adressée au Maire de Paris le
19 mars 1996 précise, entre autres, que la
modification du PAZ doit être l’occasion
d’intégrer dans le projet d’aménagement
une mise en valeur du patrimoine industriel, ferroviaire et portuaire du site. Le
Groupe de Concertation Patrimoine Indus-
4
triel, composé de représentants d’associations, de la Ville de Paris et de l’aménageur
SEMAPA, fut créé pour répondre à cette
exigence. C’est ce groupe qui a commandité deux études sur le patrimoine bâti du
site, dont une fut confiée à l’IPRAUS.
Carte Buffet Austerlitz
Lettre IPRAUS n°15
Cette étude devait initialement concerner
l’ensemble du site ferroviaire, entre le bâtiment voyageurs et le pont Masséna.
Mais devant l’importance du fonds documentaire concernant l’histoire de la gare
- fonds conservé au Centre des Archives
Historiques de la SNCF au Mans - il fut
décidé de concentrer l’étude sur deux
points seulement : les ponts de la rue Watt
et l’aile du Buffet de la gare voyageurs.
Les projets de démolition de ces deux éléments avaient donné lieu à des controverses ; l’objet de l’étude était d’apporter des
éléments documentaires objectifs permettant d’éclairer les débats en cours.
L’étude documentaire de l’histoire de la rue
Watt et de ses ponts ferroviaires permet
de suivre les conflits provoqués par l’aménagement de ces ouvrages, qui constituaient une limite entre les territoires de la
Compagnie du Paris-Orléans et la ville de
Paris. L’étude éclaire par ailleurs les stratégies de l’entreprise ferroviaire en matière
de conservation et de « recyclage » de ces
ponts métalliques, dont certaines ne furent mises en place que plusieurs décen-
•
nies après leur fabrication. Mais les documents concernant ce point sensible permettent surtout de suivre sur plus d’un siècle la gestion de l’immense site de la tête
du réseau du P-O, à travers des évolutions
stratégiques et technologiques fondamentales : fusion avec le Grand Central, électrification, création de la gare d’Orsay…
L’étude de l’aile du Buffet du bâtiment
voyageurs éclaire un tout autre aspect du
patrimoine ferroviaire du site : la tradition des buffets de gare. Une seule famille
est concessionnaire du Buffet de la gare
d’Austerlitz, de père en fils depuis 1897, ce
qui a permis de conserver et de transmettre - grâce notamment à un manuscrit de la
main du père du concessionnaire actuel la mémoire de cette activité.
Moins spectaculaire que le Buffet de la
Gare de Lyon, le restaurant de la gare
d’Austerlitz a subi de nombreuses altérations au cours du XXe siècle : on note en
particulier l’ajout d’un niveau supplémentaire coupant le volume sur sa hauteur. Le
rôle urbain du bâtiment, qui depuis ses origines (1867-1870) abrite le Buffet, se trouve
aujourd’hui modifié par les cessions de
terrains entre l’entreprise ferroviaire et la
ville. L’aile du Buffet définit un côté de la
cour de départ, qui constituait jusqu’ici une
sorte de vestibule urbain marquant une
transition entre la voie publique et un territoire plus proprement ferroviaire. Mais l’espace derrière ce bâtiment est dévolu désormais à la ville et l’avenue MendèsFrance s’arrête à quelques mètres seulement des fenêtres du premier étage en attendant vraisemblablement la démolition
complète ou partielle de l’édifice. Le traitement de cet élément dans le projet d’aménagement soulève ainsi de nombreuses
interrogations.
On constate ici la difficulté que présente
la nécessité d’adapter en cours de route
un projet dont les orientations fondamentales sont déjà arrêtées. Ici, ces orientations furent définies sans qu’on ait pu prévoir l’importance qu’allait prendre pour
les Parisiens le patrimoine bâti de ce site
particulièrement riche pour l’histoire industrielle de la capitale.
Thèses soutenues sous la direction de Pierre Pinon 2002-2004
• Amina SELLALI
Sous la ville, jadis la campagne. Une mosaïque de lotissements privés à l’origine de l’urbanisation
de Belleville et Couronne (1820-1902).
Thèse de doctorat soutenue le 9 février 2002, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8,
mention : très honorable avec félicitations
Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 10
• Derin ONCEL
Un nouveau type d’habitat ottoman à Galata (Istanbul) à la fin du XIXè siècle : questions de
continuité et de rupture
Thèse de doctorat soutenue le 17 juin 2002, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8,
mention : très honorable avec félicitations
Cette thèse traite de « l’immeuble collec- contrairement à l’hypothèse d’un simple mestiques ottomanes sont interprétées
tif », qui correspond à un mode d’habiter transfert du modèle occidental. Ce travail a dans le contexte des nouvelles conditions
assez éloigné des pratiques domestiques permis d’observer dans un certain nombre physiques de l’environnement, des noude la société ottomane traditionnelle, d’habitats familiaux, construits avant l’ap- veaux besoins de l’époque, et d’une momais qui a constitué une réponse au be- parition de ces immeubles, une tendance à dernisation également sociologique.
soin de logements à Istanbul, ville surpeu- distribuer l’habitation de façon à créer, Enfin, ce travail examine la question des
plée, dans une période de modernisation. potentiellement ou effectivement, des ap- continuités et ruptures sur un type précis,
et le confronte également à des exemples
Issu notamment de l’initiative privée, il se partements indépendants.
Quant
aux
concepts
spatiaux
et
à
l’organisimilaires au Caire, à Beyrouth et à Paris.
manifeste d’abord à Galata, l’ancienne cité
sation
interne
des
appartements
dans
les
Il montre que le contexte, propre à une
levantine, et à Péra, sa luxueuse extension.
grands
immeubles
collectifs,
édifiés
dans
époque et à un environnement, configure
Les investigations menées sur les manièle
dernier
quart
du
siècle,
on
y
constate
un nouveau type qui, au premier abord,
res dont une tradition architecturale
une
grande
variété
de
configuration
des
semble être influencé par l’architecture
existante s’adapte à de nouvelles condidispositifs.
Huit
types
de
plans
différents
domestique occidentale, mais qui témoitions tant d’échelle urbaine qu’architectugne en réalité du rapport entre données
ont
été
étudiés
dans
un
corpus
de
cinrale, ont mis en évidence l’intérêt de parler
traditionnelles et modernes.
quante-trois
immeubles
;
les
coutumes
dod’étapes successives d’une évolution,
Lettre IPRAUS n°15
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• Maria Cristiana COSTANZO
Les projets d’assèchement des marais littoraux français par les ingénieurs des Ponts et Chaussées au début du XIXe siècle.
Thèse de doctorat soutenue le 5 juin 2004, sous la direction de Giorgio Muratore et Pierre Pinon, co-tutelle « Technologie de
l’Architecture », Dipartimento ITACA, Université “La Sapienza” de Rome et « Architecture », Ecole d’Architecture de Paris Belleville, Université Paris 8, mention: très honorable, avec félicitations.
A partir de l’expérience du Corps des Ponts
et Chaussées dans les Marais Pontins au
début du XIX e siècle, la thèse décrit
l’activité contemporaine des ingénieurs
chargés de l’assèchement des marais
littoraux français. Dans le cadre de la
politique napoléonienne des Grands
Travaux Publics, le Cadastre Napoléonien,
la Loi du 16 septembre 1807 et le Code de
Dessèchement sont les instruments
techniques et législatifs à la base de tous
les projets d’assèchement modernes.
Protagonistes de cette immense opération
de construction du paysage, les hommes
politiques et les ingénieurs des Ponts
dressent un programme véritablement
technique pour imposer le principe d’une
rigoureuse coordination entre tous les
agents appelés à intervenir sur le territoire.
Les cas étudiés – Gard, Bouches du Rhone,
Vendée, Charente - sont illustrés par la
correspondance entre les acteurs du procès
et par des plans, profils et devis inédits.
• Zeila TESORIERE
Le logement temporaire comme laboratoire pour l’architecture. France, XIXe-XXe siècle : Caractères, généalogie
et perspectives d’un espace domestique.
Thèse de doctorat soutenue le 27 avril 2004 sous la direction conjointe de Pierre Pinon et de Cesare Ajroldi, co–tutelle
Université Paris 8 / Universita degli Studi di Palermo, Doctorat en Architecture / Dottorato in Progettazione Architettonica
XV ciclo, mention: très honorable, avec félicitations.
Cette thèse s’inscrit dans le cadre des analyses des processus de conception architecturale, et porte sur le logement temporaire dans ses relations au logement ordinaire, et sur son rôle dans l’innovation
de l’espace domestique.
Le panorama actuel des recherches, où le
logement temporaire est souvent perçu
comme un produit technique conçu dans
un cercle restreint de spécialistes pour
des conditions exceptionnelles qui
s’adresserait à des usagers spéciaux, s’op-
pose à la réalité de la pratique architecturale, car les concepteurs qui ont travaillé
sur ce type de projet affirment avoir été
marqués par cette expérience, qui a contribué à dégager des références longtemps
opérantes chez eux, soit en ce qui con-
Roland Simounet, Grille CIAM 9, 1953. Projet de recasement pour le bibonville de Mahieddine, plan des cellules et croquis depuis la loggia.
Document Fondation Le Corbusier
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Lettre IPRAUS n°15
cerne les fondements théoriques du projet, soit en ce qui concerne les acquisitions « linguistiques » et techniques.
La problématique cherche donc à démontrer l’interaction qui existe entre la conception du logement temporaire et la conception architecturale savante du logement.
Le travail est centré autour de trois questions, développées en trois parties correspondantes.
La première vise à identifier le rôle du logement temporaire dans la définition de la
poétique d’un auteur, Roland Simounet, par
une analyse du rôle que l’ensemble de cités de transit, de relogement, de
recasement, d’urgence qu’il a réalisé pendant ses années algéroises a tenu dans la
constitution de sa méthode de conception.
La deuxième partie de la thèse porte sur les
modalités d’émergence des nouveaux dis-
positifs architecturaux, leur persistance et
leur diffusion. La généalogie d’une forme
spécifique de logement temporaire est
ainsi proposée : le bloc à cour avec équipements collectifs, qui apparaît à Paris à
la fin du XIXe siècle pour loger temporairement les ouvriers, s’émancipe de ses
idéologies d’origine et dégage une série
de transformations suivie, au delà des visées typologiques, jusqu’à ses étapes contemporaines.
Ces propositions sont venues nourrir une
réflexion plus ample sur les modalités
d’élaboration du projet et sur sa
conceptualisation théorique, qui fait l’objet de la troisième partie.
La confluence systématique d’éléments
provenant du logement temporaire dans la
conception du projet domestique, lorsque
les architectes cherchent à innover, per-
met de démontrer à quel point la contamination et la transformation progressive
constituent des outils opérateurs du projet moderne et contemporain.
A partir des propositions présentées à
l’occasion des concours ou des expositions qui visent l’innovation de l’espace
domestique, le projet du logement temporaire s’affiche comme une des opérations par laquelle les architectes savent
fonder les théories, les modes opératoires et les préceptes propre à la discipline.
Une multiplicité de registres est employée
dans cette thèse, qui associe le plan descriptif, analytique, critique dans le but de
reconstituer, pour chaque étape, un discours spécifique jouant un rôle précis dans
l’invention architecturale.
• Frédéric BERTRAND
L’architecture et l’urbanisme funéraires à l’ère des métropoles. Regards sur l’œuvre et la pensée de
Robert Auzelle (1913-1983).
Thèse de doctorat soutenue le 24 mars 2003, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8,
mention : très honorable avec félicitations.
Cette recherche tente de situer la pensée
qui se développe sur le cimetière en urbanisme dans une histoire de la pensée urbaine, en général, et de la construction de
la métropole, en particulier. Avec l’impératif de l’insularisation du cimetière, l’État
doit construire une autonomie idéologique,
« inventer » la mort laïque et ses typologies. Il importe alors de savoir comment
cet ensemble va se constituer, quelles vont
être ses références et enfin, quelle va être
sa traduction « finale ».
L’insularisation et la laïcisation du cimetière concourent à en faire un équipement
inscrit dans une stratégie hygiénique et
disciplinaire. Mais le lieu reste chargé de
pesanteurs sociologiques, symboliques,
irréductibles
à
une
idéologie
fonctionnaliste. C’est un espace de socialisation et de moralisation soumis à une
révolution de l’affectivité. Cette approche
comparée et analogique éclaire la nature
des politiques et le processus de leur réalisation.
Le cimetière constitue ainsi une pièce importante des pratiques de l’aménagement urbain et des cycles qui s’y rattachent. Ces cycles ne sont pas étanches et
des figures urbaines et architecturales se
déplacent. L’étude des mutations liées à
l’espace funéraire doit donc s’étendre à
leur diffusion afin de dégager leur spécificité au sein des grandes concentrations
urbaines et les conditions d’un partage de
structures formelles de l’espace.
Plus qu’une étude exhaustive, cette thèse
trace un cadre indispensable à l’analyse
des travaux de R. Auzelle ; elle permet de
situer la réception des références étrangères et leur intégration dans la définition
que celui-ci a formulée d’un nouveau cimetière français ; enfin, elle analyse cette
définition de façon privilégiée à partir de
l’exemple parisien. Les archives de cet
architecte et urbaniste ont donc formé la
part la plus importante du corpus (fond
documentaire, publications spécialisées,
corpus lié aux missions de maîtrise
d’œuvre).
• Valérie NEGRE
L’ornement en série. Le monde du bâtiment et la standardisation des produits en terre cuite et des
matériaux de construction au XIXè siècle, dans le Midi toulousain.
Thèse de doctorat soutenue le 19 décembre 2002, sous la direction de Pierre Pinon et André Guillerme,
Université Paris 8, mention : très honorable avec félicitations.
Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 9
• Marilyne DOUTRE
Modalités de transformation de la ville au début du XIXè siècle en Auvergne : l’édifice public et son
espace urbain – Pouvoirs et conflits.
Thèse de doctorat soutenue le 25 mars 2003, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8,
mention : très honorable avec félicitations.
Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 9
Lettre IPRAUS n°15
7
• André Bogdan FEZI
Bucarest et l’influence française. Entre modèle et paradigme urbain (1831-1921).
Thèse de doctorat soutenue le 24 septembre 2003, sous la direction de Pierre Pinon et Emil Barbu
Popescu, Université Paris 8 et Université d’Architecture et d’Urbanisme « Ion Mincu », Bucarest,
mention : très honorable avec félicitations.
Il y a plus d’un siècle, Bucarest vivait au
rythme de Paris : en 1848, elle descend dans
la rue pour la révolution ; en 1870, elle manifeste en soutien à la France vaincue ; en
1916, elle fait la guerre aux côtés de sa
« sœur latine ». Entre 1831 et 1921, l’administration et la législation urbaines mises
en place seront, en grande partie, inspirées du modèle français, de même que l’enseignement et les organisations professionnelles. Les échanges avec le préfet de la
Seine sont réguliers. La plupart des architectes roumains font leurs études à Paris, à
l’École des Beaux-Arts, et un nombre important de bâtiments représentatifs sont
construits à Bucarest par des architectes
français. Après une période d’influence de
la stylistique architecturale française, c’est
toujours à travers la France que naît le style
architectural roumain. La série de transformations administratives et législatives
bucarestoises permettra, dès la seconde
moitié du XIXe siècle, une réforme de la
voirie par la réalisation d’un système de
percées de type haussmannien. Ce rapport
avec son modèle lui vaudra, au début du
XXe siècle, le surnom de « petit Paris des
Balkans ».
Cependant, le lien entre Bucarest et Paris
doit être cherché en profondeur et non dans
les apparences. L’urbanisme bucarestois
opère avec les outils français mais agit en
fonction des conditions locales. Les travaux urbains bucarestois quittent notamment la référence au modèle parisien,
s’acheminent vers le renforcement du paradigme radioconcentrique de la ville et
culminent par la matérialisation de l’archétype urbain, le cardo-decumanus inscrit
dans les boulevards circulaires. Au-delà de
la spécificité locale, l’influence française à
Bucarest a mis en valeur l’existence d’éléments urbains invariants : les processus
récurrents, le paradigme radioconcentrique
et l’archétype de la ville. Partant d’une longue période d’influence française, Bucarest a construit sa propre identité urbaine.
• Giampiero MELE
De la géometrie : une règle pour le dessin des églises médiévales entre XIIIe et XIVe siécles.
Thèse de doctorat soutenue le 7 septembre 2004 sous la direction de Pierre Pinon et Maria Teresa Bartoli,
Université Paris 8 et Université de Florence, mention : très honorable avec félicitations.
À travers la lecture de quelques monuments médiévaux, français et italiens, effectuée sur la base des graphiques de relevés informatisés, et suivant une série
d’opérations de recherche vouées à dévoiler une connaissance cachée, on est parvenu, au travers du dessin, à reconnaître
une des règles utilisée par les architectes
•
médiévaux pour la composition des bâtiments religieux. Cette règle, utilisant
comme outils l’arithmétique et la géométrie, constitue le point de départ de l’élaboration des formes finales plus compliquées qui ne laissent plus du tout transparaître le schéma initial. Mais quelle est l’origine de ce type de raisonnement ? L’ap-
proche historiographique avait déjà laissé
entrevoir une certaine continuité entre
monde romain et monde chrétien. En étudiant le problème, on a pu montrer le lien
étroit, mis en évidence grâce au dessin (tendant à la reconstruction du projet), entre la
méthode ideative du temple chrétien et celle
du temple romain.
Thèses en cours sous la direction de Pierre Pinon
• Emanuela BAGATTONI
Pietro Tomba, l’architecture néoclassique à Faenza et le rapport avec l’architecture française à l’époque
du Ier Empire et de la Restauration.
Le but de cette étude est de mettre en lumière l’œuvre de l’architecte Pietro
Tomba (Faenza 1774-1846), le développement de l’architecture néoclassique à
Faenza à l’époque du premier Empire et
de la Restauration et le rapport avec la
culture architectonique et artistique française.
On trouve, parmi les protagonistes du
grandiose développement architectonique
et urbanistique à Faenza durant ces années, P. Tomba, personnalité sans aucun
doute très intéressante à laquelle nous
8
devons d’importantes inventions architectoniques. C’était en outre quelqu’un qui
possédait une vaste culture dans les domaines architectonique et artistique et
avait des relations culturelles au niveau
européen.
Tomba qui avait étudié à l’Académie des
Beaux-Arts de Bologne, au début de son
activité élabora des projets clairement placés sous le signe du style néo-palladien.
Ce sont sa prédilection pour les principes
de l’antiquité grecque et son amour des
modèles du seizième siècle en Vénétie qui
influencèrent la totalité de sa production
architectonique, oscillant entre valeurs
néoclassiques et tendances puristes.
Tomba occupa, à partir de 1820, la chaire
d’architecture de l’Ecole de dessin de
Faenza et il eut un rôle primordial dans la
formation d’un grand nombre d’architectes, artistes et décorateurs, laissant une
forte empreinte sur l’architecture et l’art
de la première moitié du XIXème siècle
en Romagne.
Lettre IPRAUS n°15
• Julien BASTOEN
Le Musée des Artistes vivants, du Palais du Luxembourg à Beaubourg (1818-1976).
Le Musée des Artistes vivants est mieux
connu sous le nom de Musée du Luxembourg.
Jusqu’à maintenant, seules des études sur
l’histoire des collections avaient permis de
cerner la spécificité du premier musée d’art
contemporain créé dans le monde. L’intérêt de notre travail de recherche est de comprendre quelles ont été l’importance et la
nature du rôle des conservateurs dans l’élaboration de programmes architecturaux et
muséographiques entre 1818, date de la
création du Musée par Louis XVIII, et 1976,
date de son transfert au Centre GeorgesPompidou.
Il s’agira également de déterminer les
enjeux urbains de tels programmes.
Ainsi, le travail s’organise autour de trois
échelles : l’échelle de l’architecture inté-
rieure et de la muséographie ; l’échelle du
bâti ; l’échelle urbaine.
L’enjeu de la recherche, qui s’appuie essentiellement sur un travail de dépouillement d’archives, sera de savoir pourquoi
l’Etat n’a jamais, contrairement à d’autres
nations européennes, voulu prendre le risque financier de doter sa capitale d’un bâtiment conçu exclusivement pour accueillir
des collections d’art contemporain. Il semblerait que la définition même de musée
d’art contemporain posait problème.
• Leila AMMAR
• Michèle LAMBERT-BRESSON
• Naziha KHELIL
Tunis, de la rue à la modernisation de l’espace public dans une ville maghrébine et
méditerranéenne, 1845-1935
Etude des transformations de Nîmes et
d’Avignon au XIXè siècle à la suite de l’implantation du chemin de fer.
Le boulevard Saint-Marcel : inscriptions,
conception, réalisations et effets d’une
percée « haussmannienne » sur la Rive
Gauche de Paris.
Concours des Musées d’Art moderne, 1934. Projet de Carlu, Boileau, Azèma
• Tarik BELLAHSENE
• Valérie MAIRE
Formation de l’espace colonial en Grande
Kabylie : 1857-1890, de la plaine vers la
montagne.
Architecture et forme urbaine de la ville
ottomane dans les Balkans. Symbole de
la maison tour.
• Lynda BENKACI
Les premières percées dites «haussmanniennes» à Paris . L’ouverture du boulevard de Strasbourg et son prolongement
par le boulevard de Sébastopol.
• Taous MITICHE
• Anne BONDON
• Mathilde MOUCHEL
L’urbanisme en question : réflexions et
pratiques urbaines dans les villes moyennes françaises au 19è siècle.
La conversion institutionnalisée 17951830. Considérations du Conseil des bâtiments civils pour les édifices nationaux.
• Solenn GUEVEL
• Antonella VERSACI
Les canaux parisiens comme éléments fondateurs de la forme urbaine au XIXè siècle.
L’origine des secteurs sauvegardés
résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 10.
Les villes coloniales françaises fondées sur
des sites antiques en Algérie au
XIXè siècle.
• Dominique JACOMET
Premier plan de lotissement du cours
< Bonaparte, Avignon, 1957
Thèories, doctrine, dogme
•
Thèses en cours sous la direction de Stéphane Yérasimos
(doctorants rattachés à l’IPRAUS)
• Ayse AYDOGAN
• Adriana DIACONU
• Maria Teresa VASI
Le rôle des corps de métiers dans le processus d’institutionnalisation des pratiques patrimoniales en Turquie : entre l’importation et l’émergence d’une conscience
locale.
L’Immeuble collectif moderne dans le centre-ville de Bucarest entre 1930 et 1954.
La confrontation entre type architectural
et idéologie.
Les parcours commerçants en Europe
entre le XIIIe et le XVIIIe siècle.
Lettre IPRAUS n°15
• Mariam KHACHATRYAN
Urbanisme de transition en Ex-URSS.
9
Architectures du transport
Recherche PREDIT (Programme interministériel de recherche et d’innovation dans les transports terrestres)
Le programme de recherche Transport et architecture du territoire commencé en janvier 2002 s’achève cette année. Il comprenait six
recherches organisées dans le cadre de trois axes thématiques et un séminaire de recherche en six séances dont un colloque de clôture.
Actuellement un troisième phase en cours poursuit le travail accompli lors des deux précédents programmes pour le Predit, mettant
l’accent sur la valorisation des recherches effectuées et des collaborations amorcées.
Le programme de recherche a été exposé en détail dans la Lettre de l’IPRAUS n° 13 : Architectures du transport, juin 2003.
•
Les résultats du programme de recherche
Responsable scientifique : Pierre Clément
Coordination : Anne Grillet-Aubert et Sabine Guth
Comité scientifique : Karen Bowie, Pierre Clément, Anne Grillet-Aubert, Antoine Grumbach, Sabine Guth, Isaac Joseph, François
Laisney, David Mangin, André Peny, Philippe Villien
Chercheurs IPRAUS : Karen Bowie, Pierre Clément, Nicole Eleb-Harlé, Isaac Joseph, François Laisney, Eliane Nicolino
Autres chercheurs : Sabine Guth, Anne Grillet-Aubert, Anne-Sophie Lebreton (RATP), David Mangin (ENPC, E.A. Marne la Vallée),
Aleth Picard (E. A. Normandie - GEVR ), Corinne Tiry (E. A. Lille - AVH)
Consultants : Thierry Bloch (E. A. Nancy), Nicolas Bonvalet (AREP), Yan Le Gal, Bert McClure (EDF), Michèle Collin (CNRS,
TMU), Claude Prelorenzo (E. A. Versailles - GRAI), Philippe Villien (E. A. Paris-Belleville)
Le premier axe Transport, densités et formes urbaines, centré sur le phénomène de
la périurbanisation a donné lieu à différentes approches, s’intéressant soit aux mécanismes morphogénétiques de certaines
situations construites, soit aux analyses
et aux discours.
David Mangin, Philippe Renoir et des étudiants de l’Ecole d’architecture, de la ville
et des territoires de Marne-la-Vallée ont
comparé un échantillonnage de secteurs
urbains choisis dans cinq pays européens,
à partir d’une grille de lecture croisant développement des infrastructures
(auto)routières, formes de l’urbanisation
résidentielle et formes de l’urbanisme commercial. Ce travail permet de préciser le rôle
de ces différents facteurs dans les formes
actuelles de l’étalement urbain et identifie
par là même différents leviers d’une maîtrise du phénomène.
L’équipe constituée par Nicole ElebHarlé, Catherine Hanen et Amina Sellali
a abordé les effets de nouvelles modalités de transport sur les tracés, les formes
et les densités de tissus urbains situés en
banlieue parisienne, en prenant en compte
leur évolution historique; les exemples choisis s’appuyant sur des projets de prolon-
gement de ligne de métro et sur la mise en
place de pistes cyclables.
Le débat politique sur le sprawl américain
a été analysé par Karen Bowie à partir de
plusieurs exemples aux Etats-Unis, notamment à proximité de Washington. Le chercheur montre l’impact de ces débats sur de
nouvelles pratiques avec, par exemple,
l’émergence d’expériences urbanistiques
alternatives qui tentent aussi d’associer les
populations locales aux projets.
Sabine Guth a travaillé sur les discours et
les dispositifs mis en oeuvre récemment
en France et dans quelques autres pays
européens autour du développement de la
multimodalité des transports. Il ressort de
cette recherche que les approches et les
notions mises en avant varient fortement
selon les échelles et les pratiques liées à la
décision et au projet.
Le second axe de recherche Espace public
et mobilité est centré sur l’insertion du tramway dans les villes françaises. François
Laisney, Anne Grillet-Aubert, Aleth Picard,
Anne Sophie Lebreton et Thierry Bloch
(consultant) ainsi que des étudiants de
l’Ecole d’Architecture de Paris-Belleville,
du DEA et du séminaire “Forme urbaine et
mobilité” de François Laisney et Michèle
Lambert inscrit dans le cadre du séminaire
“Architecture du territoire” (Vincent
Hertenberger, Jeanne Salomé et Michel
Abchi) .
L’étude des déplacements et des transformations des espaces publics engendrées
par ce nouveau mode de transport a été
envisagée de la petite à la grande échelle
territoriale. La recherche aboutit ainsi à une
typologie des mutations de l’espace de la
voirie et précise les relations existantes
entre transformation de la mobilité et
requalification de l’espace public.
Le troisième axe de recherche s’appuie sur
l’étude de Corinne Tiry des projets de
mégastructures des années 1960 qui fonde
une réflexion sur le renouvellement des relations entre bâtiment et infrastructure,
notamment la tentative de fusion entre
l’édifice et la ville qui caractérise
aujourd’hui les grands équipements de
transport.
Une analyse typologique de ces derniers,
à travers une sélection d’exemples situés
en Europe ou en Asie, a permis de préciser
les modes d’articulation entre conception
architecturale et aménagement urbain.
• Le séminaire de recherche et le colloque
Cinq séances ont eu lieu de juin 2002 à
octobre 2003
- Etat des lieux sur l’enseignement des
transports dans les écoles d’architecture
10
- Espace et infrastructures de transport:
la question des échelles
- L’impact du métro sur les dynamiques
urbaines : Le Caire, Paris
- Espace public et transports collectifs
- L’intermodalité : un outil de
recomposition des territoires.
Lettre IPRAUS n°15
Un colloque de clôture Architectures du
transport : territoires en mutation s’est
déroulé les 3 et 4 mai 2004 à l’Arche de la
Défense (voir encadré) et a permis de confronter les résultats des recherches aux politiques et aux projets en cours dans plusieurs pays d’Europe.
Les pratiques récentes développées par
les collectivités territoriales ou les agences d’urbanisme, ainsi que les réflexions
de chercheurs confrontés à d’autres situations européennes ont enrichi le travail et
permis de dégager plusieurs conclusions.
D’une part l’étalement urbain apparaît
moins inéluctable qu’il n’est souvent présenté. Les formes de la périurbanisation
varient et les différents facteurs des phénomènes sont souvent en conflit avec
d’autres tendances sociétales telles que
l’injonction du développement durable et
l’évolution démographique (diminution de
la croissance et vieillissement de la population). Pas de fatalité donc et, comme plusieurs expériences et recherches le montrent, de nombreux leviers semblent en
mesure d’offrir une alternative crédible au
phénomène par des actions qui peuvent
changer les pratiques de mobilité, par la
création de services ou commerces de
proximité dans les lotissements, par
d’autres typologies et densités résidentielles, par d’autres projets de voirie.
Une seconde conclusion du colloque porte
sur le renouvellement urbain en cours dans
des secteurs déjà urbanisés. Cette mutation comprend trois principaux aspects :
- l’amorce d’une coordination des politi-
ques de transport et des politiques urbaines amorcé dans des villes d’Europe ou
tout au moins la mise en place des conditions d’un rapprochement créé en France
par le nouveau cadre législatif;
- la diffusion de pratiques de renouvellement urbain qui intègre de plus en plus
fréquemment une réflexion sur l’organisation de la mobiltié dans les villes et les infrastructures de transport, qui comprend
une mutaion morphologique et des usages;
- le nouveau rôle joué dans la réorganisation urbaine par les principaux équipements
de transport, ces grands bâtiments qui intègrent les fonctions urbaines et tendent à
devenir des espaces publics majeurs de la
ville contemporaine.
Architectures du transport : territoires en mutation
colloque international 3- 4 mai 2004, Arche de la Défense, Paroi Sud, organisé par l’IPRAUS avec le PREDIT
coordination : Anne Grillet-Aubert et Sabine Guth, responsable scientifique : Pierre Clément
lundi 3 mai 2004
Anne GRILLET-AUBERT, Sabine GUTH
Présentation
• La forme et le flux
Claude PRELORENZO modérateur
Serge WACHTER L’architecture, la ville et
la mobilité
Elio PIRODDI Idées de ville
Vincent KAUFMANN Mobilités quotidiennes et dynamiques urbaines : l’enjeu du
suburbain
Bernardo SECCHI Infrastructures : la
construction du territoire et du paysage
• La grande dimension : réseaux, territoires, mégastructures
Paola PUCCI modérateur
Bénédicte GROSJEAN Dispersion urbaine
et réseaux de transport dans la région du
Brabant (B)
Michèle COLLIN Mobilisation productive
•
des territoires autour des ports et des aéroports.
Corinne TIRY Mégastructures urbaines
Donald van DANSIK Deltametropool, PaysBas : la modernité de la modernité
• Table ronde
Bernard DUHEM modérateur
mardi 4 mai 2004
• Infrastructures, formes urbaines, formes de
villes
Sylvie GAYDA modérateur
Sabine GUTH Introduction
David MANGIN Accessibilités, proximités,
dépendances : parallèles européens
Karen BOWIE « Sprawl », Nouvel Urbanisme
et « Smart growth » aux Etats-Unis
Patricia GOUT Périphéries d’agglomération :
accessibilités et formes de ville à Munster en
Allemagne
• Espace public et mobilité
Maria RUBERT modérateur
Anne GRILLET-AUBERT Introduction
Charles-Henri TACHON Mon village en
l’an 2000
Jean-Pierre MARTIN Architectures de la
voirie : l’expérience du Grand Lyon
Frédéric HERAN Aménagement de la voirie : de l’adaptation de l’automobile à la mixité
des modes de déplacement.
François LAISNEY Les espaces publics du
tramway
• Table ronde
Quelles perspectives pour la recherche?
Pierre CLEMENT modérateur
Patrice AUBERTEL, Anne-Marie
DUQUENNE, Jean-Marie GUIDEZ, Eric
LENGEREAU, Alain MEYERE
• Conclusion : André PENY
Architectures du territoire : troisième étape
Equipe : Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth, CorineTiry, Eliane Nicolino (recherche documentaire)
Ce nouveau programme est constitué de
deux volets : la publication d’ouvrages issus des travaux réalisés et l’organisation
de nouvelles recherches.
Deux ouvrages sont actuellement réalisés
Déplacements, Actes du colloque Architectures du transport : territoires en mutations, 3-4 mai 2004, Arche de la Défense, Paris, Anne Grillet-Aubert, Sabine
Guth, Editions Recherches, à paraître 1er
trimestre 2005.
Lettre IPRAUS n°15
Le livre comprendra les articles issus des
communications et une synthèse de l’ensemble du séminaire de recherche qui a accompagné le programme pendant ces deux
années.
Trafics en ville, Serge Wachter, Paris, Editions Recherches, 2004.
L’auteur, consultant du programme Transport et Architecture du territoire identifie
trois âges de la voirie et analyse la relation
entre typologie architecturale et mobilité.
Plusieurs autres
ouvrages sont
aujourd’hui à l’étude :
L’Atlas du tramway dans les villes françaises, Anne Grillet-Aubert et François
Laisney.
De la maison à l’autoroute : parallèles
européens, David Mangin et Philippe Renoir.
Mégastructures urbaines de transport.
Utopies et réalisations (Europe et Asie),
Corinne Tiry.
11
Le travail en cours permettra aussi de compléter la base de données bibliographiques
réalisée avec Eliane Nicolino et regroupant
les références des trois axes de recherche
(infrastructures, densités, formes urbaine/
espace public et mobilité / mégastructures).
Cette base de données sera intégrée aux
Nantes
sites internet de plusieurs centres de documentation.
L’effort de capitalisation du travail accompli vise d’une part la définition de thèmes
de futures recherches et d’autre part la valorisation du réseau de chercheurs qui s’est
construit au cours du progamme notam-
ment en collaboration avec les chercheurs
du Politecnico de Milan en Italie et de
l’ETSAB de Barcelone par la mise place de
projets européens. Un état des lieux des
programmes et projets de recherche européens sur les relations entre transports et
territoires est en cours.
Nancy
Strasbourg
• Inscription territoriale des mobilités et riveraineté des voies péri-urbaines
Financeurs: Mission Transports de la DRAST, Ministère de l’Equipement, programme Predit,
Groupe 1- Mobilité, territoires et développement durable.
Titulaire de la recherche : Brès+Mariolle et ass. Sarl. Antoine Brès et Béatrice Mariolle (IPRAUS)
Partenaires : Marie-Hélène Bacqué, Amélie Flamand (CRH)
L’objectif de cette recherche est d’analyser comment une voie conçue et aménagée principalement pour le seul déplacement motorisé de transit devient, dans certaines situations, un élément de centralité
urbaine, un pôle d’attractivité pour les riverains, notamment piétons.
Cette étude prend pour terrain la RN7, entre Orly et Evry. Grande radiale de l’agglomération parisienne, celle-ci fonctionne de
plus en plus comme une voie de desserte
locale; en effet, seuls 3% des flux automobiles l’empruntent dans sa totalité entre
Athis-Mons et Corbeil-Essonne.
Deux questions conduisent la recherche :
- Dans quelle mesure la mobilité automobile participe à la production de pratiques
et de modes de fréquentation sur les rives
des voies qu’elle emprunte, et, par la même,
à l’émergence de lieux d’interaction sociale ?
- Quels rapports spatiaux entretiennent les
deux types de mobilité les plus répandus,
et souvent considérés comme les plus conflictuels, les mobilités motorisée et pédestre ; comment s’imbriquent le local automobile et celui du piéton ?
Définir la notion de riveraineté, qualifier une
voie en fonction de l’implication des mouvements automobile et piétonnier, sont les
objectifs que nous nous sommes donnés.
Cette étude se déroule en trois phases:
• Une première phase d’analyse urbaine
et de saisie familière porte sur le recensement, l’observation et la description des
interfaces mobilités/territoire. Deux points
de vue complémentaires sont abordés, ce-
12
lui des déplacements automobile et piétonnier que la voie accueille, et celui du local,
à partir du repérage des centralités et densités urbaines en relation avec la voie.
Cette approche est menée à travers la formalisation des « territoires de la voie »,
c’est à dire le parcellaire directement desservi depuis celle-ci; puis à travers le recensement des types de configuration spatiale de la halte automobile ; on cherche à
savoir où et comment (moins pourquoi)
l’automobiliste s’arrête sur les rives de la
voie. Les mêmes interrogations portent
également sur les déplacements piétonniers. A la rencontre de ces deux dynamiques de mobilité, de passage et de proximité, plutôt liée aux territoires situés sur
ses rives, on peut ainsi repérer des situations de riveraineté.
• Une seconde phase d’analyse sociologique informe ce travail aux plans des
pratiques et des représentations associées
à ces situations de riveraineté. Nous avons
fait le choix de centrer l’approche sociologique sur les fast food qui sont souvent
au cœur de ces dispositifs urbains et appellent des pratiques de passage comme
de proximité. En contrepoint, nous travaillons également sur une brasserie et un
bistrot dont l’implantation est plus ancienne et la clientèle différente. L’étude des
pratiques sociales s’est appuyée sur de
l’observation ethnographique menée différents jours de la semaine et à divers horaires, et sur la passation d’un questionnaire auprès des clients des restaurants.
• Une troisième phase, en cours d’achè-
vement, au croisement entre les deux premières, s’attache à définir la question de la
riveraineté. On cherche à déterminer comment la riveraineté des voies « passantes »
s’instaure progressivement en dépit des
dispositifs qui l’interdisent ou la contraignent ; à partir de quelles associations
entre fonctionnalités de la voie et de ses
abords, pratiques de déplacement et usages locaux implantés sur ses rives, elle se
développe ; par exemple, au plan des déplacements, le plus souvent « sauvages »:
piétonnisation de fait des bas-côtés, stationnement et accès automobiles improvisés… ; et au plan des usages locaux : commerces de route ou forains, grandes surfaces…
Un retournement de point de vue sur les
rapports localités-mobilités
De façon plus large on cherche à montrer
comment de nouvelles formes de centralité
se développent en rive des voies à partir
d’une convergence d’effets endogènes liès
aux mobilités qu’elles accueillent et d’effets exogènes attachés aux territoires qu’elles traversent.
C’est un retournement de point de vue qui
est proposé ici : la question ne porte pas
tant sur la manière dont la ville accueille
les mobilités que sur les conditions qui
font que le mouvement peut être par luimême générateur d’ « urbanité », si sont
prises en compte les capacités de
riveraineté des voies qu’il emprunte; ce
point de vue renouvelé s’appuie sur des
outils spécifiques de lecture et de représentation des espaces péri-urbains contemporains.
Lettre IPRAUS n°15
Architectures et Sociétés
Construction sociale et architecturale des limites :
territoires, seuils, articulations
entre privé et public
Responsable : Philippe Bonnin
Participants : Philippe Bonnin, Maïté Clavel, Agnès Deboulet, Jean-Pierre Garnier, Rainier Hoddé, François Laisney, Nathalie Lancret, JeanMichel Léger, Margaret Manale, Eliane Nicolino, Martine Segalen, Roselyne de Villanova
Chercheurs associés : Jérôme Boissonade (Université du littoral, Dunkerque), Matsumoto Yutaka, Yoriko Inada (post-doc), Daniel Pinson
(IAR-Aix-en-Provence)
Partenaires institutionnels : PUCA (Plan Urbain Construction Architecture), DAPA (Direction de l’architecture et du patrimoine
architectural ; Mission du patrimoine ethnologique), BRAU (Bureau de la recherche architecturale et urbaine), GIS Socioéconomie de l’habitat, ICCTI Portugal (Instituto de cooperação cientifica e tecnológica internacional) – Kyoto Institute of
Technology, Universités de Sapporo, d’Osaka Sangyo, et de Kobe.
Cet axe de recherches s’ancre profondément dans l’histoire de l’IPRAUS, dont les fondateurs ont compté parmi les inventeurs des
notions d’usage, de compétence, de convention, et ont contribué à créer ce champ de connaissances et d’interrogations, à la rencontre
des sciences de l’homme en société et des disciplines de l’espace, une socio-anthropologie de l’architecture et de la ville. Si la
problématique qui regroupe ces chercheurs demeure stable et non démentie, elle demeure aussi une source féconde de questions
renouvelées, et les opérations de recherche qui permettent de la mettre en œuvre évoluent plus rapidement. Certaines ont abouti et sont
à l’orée de publications importantes, collectives ou individuelles, d’autres sont en cours ou poursuivent des opérations initiées
précédemment, d’autres enfin sont entièrement nouvelles ou sur le point d’être entamées. Elles sont brièvement résumées ci-après.
Répétons-le : la question des liens entre formes spatiales et rapports sociaux est à la fois une question relativement récurrente dans le
champ des sciences de la société et une question d’actualité brûlante. Les échecs dans la production de l’espace urbain, dans la
programmation, la conception ou la réalisation de l’espace de la ville ou du logement dénoncent l’écart entre les connaissances, peutêtre obsolètes pour partie, et la réalité sociale. Mais l’idée, largement admise aujourd’hui, selon laquelle il n’y a pas de lien mécanique
entre morphologie spatiale et morphologie sociale, nous invite non pas à récuser l’existence de liens entre ces deux registres, mais au
contraire à interroger la nature plurielle de ces liens, à remettre en question la clôture des objets qu’on y travaille, à réexaminer leurs
limites et leurs articulations.
L’autonomie relative du spatial, comme on la reconnaît aujourd’hui, nécessite de s’interroger sur la pertinence des objets manipulés
par la sociologie urbaine (par rapport aux objets triviaux : logement, immeuble, quartier, cité), et sur les concepts qui permettent de
rendre compte de la structuration réelle de l’espace habité, en particulier de ces grands domaines du privé et du public que définit la
légalité. L’espace vécu et représenté ne s’arrête en rien aux limites de l’appartement, du pavillon, du quartier ou de la cité. C’est dire par
exemple qu’il faudrait étendre au-delà du seul logement l’analyse en termes de relations/oppositions d’entités et d’identités (spatiales
et sociales), qui y a montré une certaine pertinence, et prendre conscience que l’on ne peut travailler que sur des entités relatives, les
formes spatiales n’étant ni absolues, ni définitives. De plus, il faut s’interroger sur l’articulation des échelles et les durées, sur
l’extension de validité des concepts, et des phénomènes observés. Enfin, après quelques décennies de course à l’abstraction, il est
indispensable de s’interroger sur la réalité matérielle et spatiale des objets décrits.
Ces interrogations ont émergé de la confrontation de recherches différentes menées au sein de l’IPRAUS, mais qui gravitent en
particulier autour de ces points d’articulation des domaines du privé et du public, où l’un et l’autre semblent s’entre-produire. En
particulier, les recherches portant sur l’analyse des pratiques de l’espace public, de l’espace domestique, d’espaces intermédiaires,
espaces désormais marqués du sceau multiculturel ; les travaux portant sur la production de l’architecture contemporaine du logement
en France ou sur les terrains orientaux, sur l’interface entre les domaines, les espaces de médiation, les dispositifs et rituels de seuil.
La construction architecturale et sociale
des limites
La question pourrait être prise dans une
généralisation de la construction architecturale et sociale des limites. En effet,
face aux processus de dématérialisation,
de délocalisation, de mise en réseaux et en
mobilité permanente, on note une tendance
accrue à faire reposer la culture spatiale
non sur l’intériorisation d’un apprentissage
des codes et des pratiques sociales adéquates, mais sur les dispositifs matériels,
Lettre IPRAUS n°15
architecturaux ou techniques. C’est à proprement parler une réification.
En nous confrontant aux observations effectuées sur chaque terrain, il s’agit d’analyser les transformations actuelles du système spatial urbain, à différentes échelles :
espace personnel, espace de l’habitation,
espace de la ville. Le mode d’habiter urbain restreint les territoires dévolus à chacun, les rapproche à l’extrême, les superpose, et nécessite que les désignations et
délimitations en soient plus explicitement
marquées, en termes d’espace (espace individuel/collectif, espace privé/public, espace piétonnier/stationnable/carrossable,
espace sous contrôle institutionnel...),
comme en termes de temps (horaires
d’ouverture, d’usage, d’accès, de péage,
horaires de silence et même d’ensoleillement...), voire en termes de catégories
d’usage.
Ce questionnement a émergé simultanément des analyses des transformations affectant les structures de l’espace de l’ha-
13
bitation, et de celles de l’accessibilité aux
espaces publics, mais les déborde toutes
deux en ce qu’il met en question leur interdépendance, et interroge les sciences sociales sur la manière d’observer et d’analyser les transformations à l’œuvre.
L’espace public : accessibilité et débat, dimension spatiale et dimension esthétique
Si l’espace public peut être appréhendé
simultanément au sens d’un espace de
débat et d’échange accessible en principe
à tout acteur (en régime démocratique), et
dans sa dimension spatiale physique d’une
forme urbaine produite (rue, place, café,
marché, jardin, etc.), c’est-à-dire au double
sens du terme d’urbanité, il ne peut plus
être question d’en réduire l’approche à celle
de la réception d’une forme, d’une confor-
mation des acteurs à un rôle de consommation d’un programme préétabli. Les acteurs y manifestent une compétence autant
qu’une sensibilité à la dimension esthétique de la ville.
Enfin, ni l’accessibilité ni les pratiques de
l’espace public ne sont anomiques.
L’usage de l’espace public est défini par
les réglementations, par des acteurs instrumentés, des rôles de passeurs et de
médiateurs, des métiers qui agissent, régulent les pratiques, gèrent les micro-conflits, autorisent les accès ou les limitent,
les interdisent en s’appuyant sur des dispositifs de seuils.
L’analyse des fonctionnements et dysfonctionnements de l’espace public suppose celle d’espaces non-publics et d’espaces mixtes, en particulier d’espaces pri-
vés ou d’espaces de groupes, de communautés, d’institutions, et donc celle de la
production de l’urbanité. Ce n’est pas la
qualité d’un espace en soi, jamais donnée,
que l’on observe et analyse, mais la relation/opposition de celui-ci à un autre. Cet
espace est formé par des limites, qui le séparent d’un autre espace aux qualités différentes, visent à le protéger de la contagion de celles-ci, limites qui rompent des
relations, qui éloignent, qui tendent à rendre étranger le voisinage objectif. Les qualités matérielles et symboliques de ces limites, les dispositifs autant que les rituels
mis en place et accomplis aux seuils paraissent tout à la fois produire ab initio les
qualités différentielles de ces espaces, conforter la compétence de l’usager, la rappeler au quotidien.
Belleville, Place Ste Marthe - photographies Ph. Bonnin
•
Grammaire des lieux et architecture des seuils : la clôture et le Kekkai
Responsable : Philippe Bonnin
Partenaires : Prof. Matsumoto Yutaka (U. Sangyo, Osaka), Prof. Nishida Masatsugu (Kyoto
Institute of Technology)
La question des limites et du seuil apparaît
comme l’élément central d’une nécessaire
topologie sociale. Arts et sciences de
l’étendue reposent à l’origine sur le fait que
celle-ci a été morcelée puis organisée, que
des espaces, des territoires différents ont
été définis, délimités, porteurs de sens ;
que dans les limites matérielles et symboliques qui les séparent ont été ménagés des
négations, des trous, des possibilités de
passage. Ces opercules, dispositifs à topologie variable —la porte, le portail, la
fenêtre même, et bien d’autres dispositifs
sont les figures différentes de l’opercule,
du percement dans la limite, de sa négation locale—, réalisent l’impossible : être
simultanément une chose et son contraire,
14
exister potentiellement dans les deux états
—ouvert et fermé— qui caractérisent la limite ou son absence.
Un aspect plus abstrait de la recherche
portera sur une analyse comparative historique des notions de clôture et de
Kekkaï. Ces deux notions émergent vers
le Xe siècle dans la sphère religieuse, dans
les écrits et dans l’architecture, à la fois
comme un retrait du monde profane, comme
une protection contre sa dimension impure
et corrompue, comme création d’un lieu
spécifiquement propice à l’ascèse. Dans
les deux cas se pose la question de la matérialité de la limite décrétée, de son observance, des pratiques et rituels de franchissement. Mais dans le cas japonais, la no-
tion de kekkai semble ensuite s’être répandue plus largement dans la société.
« L’impossible clôture de la maison dans
les contes japonais », Philippe Bonnin, Les
temps modernes, n° 624, 2003, pp. 35-53.
« Nommer/Habiter : Langue japonaise et
désignation spatiale de la personne », Philippe Bonnin, Communications, n° 73,
2002, pp. 245-265.
« Manières d’habiter : l’étendue, l’espace,
la ville », Philipe Bonnin, Communications,
n° 73, 2002, pp. 5-9.
Lettre IPRAUS n°15
•
Les trois sources de la ville-campagne
Direction : Philippe Bonnin (IPRAUS), Augustin Berque (EHESS), Cynthia Ghorra-Gobin (CNRS)
Lieu : Cerisy-la-Salle
Date : 20 au 27 septembre 2004.
Ce colloque, coordonné par Augustin
Berque (École des hautes études en sciences sociales), Philippe Bonnin (CNRS) et
Cynthia Ghorra-Gobin (CNRS), a réuni 28
participants venus de huit pays (Japon,
Corée, Chine, Pays-Bas, Italie, France, Canada, Etats-Unis). Il s’agissait de comparer trois pôles : l’Asie orientale, l’Europe et
l’Amérique du Nord, dans la généalogie
d’une forme d’habitat qui, dans la seconde
moitié du 20e siècle, a défait dans les pays
riches l’ancienne relation ville/campagne.
Celle-ci associait deux termes nettement
distincts par leur forme autant que par leur
fonction. Or la fonction agricole n’étant
plus exercée que par une fraction minime
de la population totale, des populations au
genre de vie urbain ont remplacé dans les
campagnes la paysannerie d’autrefois, tan-
•
dis que, sous l’effet du desserrement, de
l’étalement et de la dissémination
périurbaine, la définition morphologique de
la ville devenait de plus en plus floue. Ce
phénomène a donné lieu à un foisonnement terminologique - allant de la fin des
villes à la ville émergente - dont le sens
général est qu’il s’agit d’une dynamique
essentiellement urbaine, mais dans laquelle c’est une forme d’habitat de type
rural, riche en espace et proche de la nature, qui est recherchée. Cette ambivalence explique le choix du terme “ villecampagne ”, pour souligner que dans ce
phénomène, la ville est vécue sous les espèces de la campagne.
La publication des actes du colloque est
prévue pour l’année 2005.
Périurbain ?
Responsable : Maïté Clavel
Les recherches se poursuivent autour de
ce que la plupart des chercheurs en sciences humaines et sociales appellent le
« périurbain » et qu’il vaudrait mieux désigner autrement, ne serait-ce que pour éviter de créer une catégorie qui contribue à
isoler et à spécifier des populations et des
situations. Le colloque sur « les sources
de la ville-campagne » à Cerisy, en septembre, co-organisé par Augustin Berque,
Cynthia Ghorra-Gobin et Philippe Bonnin,
tentait de déplacer le point de vue, sans y
parvenir vraiment. Il s’agit en effet de décrire, analyser et tenter de comprendre le
phénomène social et spatial qui voit les
citadins s’éloigner de la ville, des zones
densément peuplées, pour s’installer dans
une maison achetée, dans un lotissement,
dans un village ou loin de tout service urbain proche, et organisent leur vie entre le
travail, le plus souvent dans
l ’agglomération, et « la campagne ».
Or les recherches menées concernent surtout les mobilités (les déplacements) induites par cette localisation, qui redistribue
les flux de voitures jusqu’aux lieux de travail et aux gares. Elles s’attachent également, dans une moindre mesure, à la comparaison avec des répartitions de popula-
Lettre IPRAUS n°15
tions considérées analogues, aux EtatsUnis, et qui tendent à montrer que la fuite
de l’agglomération urbaine dense correspond au désir de « l’entre-soi », à la crainte
de la confrontation avec autrui, surtout
quand il est pauvre, d’origine étrangère ou
non « blanc ».
Le phénomène, en Europe, et particulièrement en France, semble concerner les couches moyennes, mais aussi d’autres populations plus modestes. Cependant on n’a
pas encore la cartographie des regroupements sociaux. La répartition des populations, reproduit-elle la segmentation sociale
constatée dans les quartiers centraux et
dans les banlieues ? Comment se regroupet-on ? Qui évite qui ? Reconnaît-on des
aires habitées homogènes ?
La recherche poursuivie s’attache aux modes de vie de ces populations entre ville et
campagne, qui inventent peut-être une
autre manière d’habiter, dépendantes de la
voiture (de plusieurs voitures), mais plus
attachées qu’en ville aux relations de voisinage, attentives aux transformations de
leur cadre de vie et prêtes à intervenir pour
le préserver, sensibles aux plaisirs de la vie
dehors, dans la « nature », qu’il s’agisse
de jardinage, de promenades ou d’excursions plus ou moins éloignées de l’habitation, amoureuses du calme et des paysages, toujours choisis, soucieuses de
l’éducation des enfants.
Les entretiens en cours, menés dans différentes régions, auprès de personnes de
milieux sociaux différents, contribuent à
interroger la périurbanisation : plus que
d’une nouvelle « couronne » urbaine,
s’ajoutant à celle des banlieues, peut-on
parler d’une extension de l’agglomération
urbaine qui, à terme, sera aussi densément
peuplée ? d’un « front » de l’urbanisation ?
ou bien d’une véritable mutation de la ville,
choisie par ceux qui l’habitent ? En ce cas
la centralité serait abandonnée pour
d’autres relations sociales (plus limitées ?
choisies ? moins conflictuelles ? ou au
contraire,
plus
variées,
plus
enrichissantes) ? La nature, au contraire de
la centralité, serait valorisée. Mais quelle
représentation de la nature, pour quel
usage ? et quelle consommation ?
Le cours de ces recherches devra sans
doute conduire à de nouvelles définitions
de la ville comme de la campagne.
15
•
Loges et gardiens entre espace privé et espace public
Participants IPRAUS : Philippe Bonnin, Martine Segalen, Roselyne de Villanova, recherche documentaire
et statistique Eliane Nicolino
Autres participants : LASTES ( Laboratoire de sociologie du travail et de l’environnement social)
Université Nancy 2: Jean-Marc Stébé, Maria Basile, Xavier Engels, Hervé Marchal
Institutt for Samfunnsforskning, Oslo : Marianne Gullestad
Departament d’Antropologia Social, Université de Barcelone : Joan Bestard, Nadja Monnet
Housing and Regeneration Research Group, South Bank University, Londres : Barbara Reid,
Emma Hardman
Cette recherche internationale financée par le PUCA et la Mission à l’ethnologie se termine par la publication d’un ouvrage
Loges et gardiens
entre espace privé et
espace public
France, Espagne, GrandeBretagne, Italie, Norvège
Avant-propos de M. Segalen
sous la direction de
Ph. Bonnin et R. de Villanova
Créaphis
à paraître début 2005
Deux axes de réflexion ont guidé cette analyse. D’une part, la filiation de l’emploi et
du rôle aujourd’hui avec le concierge du
19esiècle (ou début 20e selon les pays);
d’autre part, les tâches et l’espace d’exercice du gardien qui nous amène à interroger cette fonction non plus seulement
comme service attaché à une résidence ou
un parc immobilier mais dans son rapport à
la ville.
Les changements intervenus dans le statut de cet emploi et les tâches ont totalement modifié le rapport des gardiens à
l’espace dont ils ont la charge. Depuis les
années quatre-vingt-dix, en France, l’emploi de gardiens augmente à nouveau après
une chute continue depuis 1945, servant
surtout les ensembles résidentiels d’une
certaine taille et les HLM. Fréquemment,
des emplois sont partagés (deux mi-temps)
entre deux immeubles contigus. Tandis que,
dans d’autres pays, il diminue globalement
16
Avant-propos : “ L’espace, le service, la
personne ” M. Segalen
Ouverture, R. de Villanova
““ L’entre ” : espaces, seuils et rituels
autour de la loge ” Ph. Bonnin
“ Les mots qui les nomment ”
“ Le métier en France ” J.M. Stébé,
R. de Villanova, H. Marchal
“ Concierges et gardiens en chiffres ”
E. Nicolino et R. de Villanova
“ La profession en Europe ” J. Bestard,
N. Monnet, B. Reid, M. Basile et
M. Gullestad
Première partie : En France
Ch. 1 “ Les loges parisiennes. De l’inconfort au confort, petite typologie ”
R. de Villanova
Ch. 2 “ La relation entre gardiens et habitants ” R. de Villanova
Ch. 3 “ Gardien d’immeuble bourgeois : un
sacerdoce laïc ” M. Segalen
Ch. 4 “ La loge parisienne comme seuil de
l’immeuble : pratiques et rituels d’accès à
l’espace privé ” Ph. Bonnin
Exploration bibliographique E. Nicolino
Deuxième partie : En Europe
Ch.1 “ Les gardiens à Barcelone : du portier au concierge ” J. Bestard et N. Monnet
Ch. 2 “ Portrait du gardien-concierge britannique ” B. Reid et E. Hardman
Ch. 3 “ Services de proximité, sociabilité et
contrôle social à Oslo ” M. Gullestad
Ch. 4 “ Le métier de gardien au sein du parc
immobilier social. Un détour par l’Italie, la
Grande-Bretagne et la France ” J. M. Stébé,
M. Basile, X. Engels et H. Marchal
et se redéfinit en plusieurs modèles nouveaux selon les types de résidences. L’un
a été défini pour répondre plus particulièrement à des populations fragiles
(supercaretakers anglais, portier social à
Milan), l’autre pour servir des immeubles
de standing (conserge à Barcelone et concierge à Londres). A Barcelone en effet, le
modèle ancien disparaît au profit d’un nouveau modèle de gardien qui sert les immeubles des classes moyennes et ceux de
standing élevé, tandis que l’emploi disparaît dans les immeubles populaires. A Oslo,
le concierge ou du moins ce qui s’y apparentait, disparaît et fleurissent des entreprises de “ vakmester ”.
Bref, tous ces facteurs nous renvoient une
interrogation : le gardien-concierge est-il
vraiment encore nécessaire ? A quoi correspond-il et de quoi est faite cette présence dans la ville aujourd’hui ?
La loge est devenue une particularité française qu’elle soit encore composée d’un
espace professionnel séparé ou non. Elle
reste un lieu d’accueil tandis que, comme
nous l’avons vu, en Angleterre, il y a tout
au plus un cagibi de rangement du matériel
de ménage, une remise pour l’outillage du
gardien qui circule et habite un logement
de fonction ailleurs ; en Espagne, les immeubles récents prévoient, dans un vaste
hall meublé, un comptoir, le gardien habitant un appartement ailleurs également. Le
concierge de Barcelone contribue au standing de l’immeuble, jouant plutôt le rôle de
portier, marquant l’accès de la rue à l’espace privé résidentiel. Avec la disparition
du modèle ancien qui formait une communauté de voisinage, disparaît une forme de
présence de quartier.
En examinant des immeubles de différentes époques, on peut voir la conception et
le confort de la loge française évoluer gran-
Lettre IPRAUS n°15
dement au cours de l’histoire de la construction et des mentalités : depuis les loges de maisons à appartements du
19e siècle avec leur pièce unique exiguë,
sombre, sans confort, aux réalisations du
20e siècle, depuis H. Guimard jusqu’aux immeubles récents où la loge, véritable appartement avec bureau peut s’ouvrir sur
un jardin privatif.
montre le changement de système de gardiennage, d’un modèle ancien à un modèle
actuel. Le service se professionnalise, influencé par les besoins nouveaux, la législation du travail, mais on perçoit la filiation
avec un service “ plus domestique ” tel
qu’il était dans le passé. La disponibilité
des gardiens, la proximité avec les habitants marque la différence entre le secteur
public et le secteur privé puis, selon un
Barcelone. Entrée d’immeuble
L’ouvrage comprend deux parties. L’une
porte sur la France. Elle présente l’emploi
actuel du gardien-concierge par rapport à
ce qu’il était au 19e siècle, l’évolution du
confort de la loge, ainsi que les relations
entre gardiens et résidents dans le secteur
privé et dans le secteur public. Elle fait intervenir différentes variables de statuts
d’immeubles grâce aux enquêtes de terrain
effectuées à Paris et en région parisienne
(pour le secteur privé) et plus largement
dans différentes régions pour le secteur
public. On a ainsi tenté de circonscrire les
différents types de gardiens-concierges
que l’on peut rencontrer aujourd’hui. Deux
monographies d’immeubles sont présentées. L’une pour un immeuble populaire de
la première moitié du 19e siècle qui étudie
notamment le maniement par la gardienne
des dispositifs spatiaux qui articulent l’espace privé/collectif/public et leur usage par
les copropriétaires. L’autre, une copropriété de standing du début du 20e siècle,
Lettre IPRAUS n°15
découpage plus fin entre ensembles d’habitations de grande taille et petits immeubles. Dans les petits immeubles, quelque
soit leur statut, les relations gardiens/habitants se ressemblent : trois types de relation gardiens/résidents se rencontrent :
la relation de confiance et de réciprocité
de service, la relation impersonnelle et distante, la relation “ maître/bonne à tout
faire ”.
La deuxième partie porte sur plusieurs villes d’Europe où l’on trouve aujourd’hui
un nouveau modèle, ou plusieurs, de gardien-concierge, mettant en évidence une
spécialisation alors qu’en France, les
fonctions et le rôle un peu plus flous, ne
sont pas redistribués entre des modèles
de gardiens spécifiques. Des enquêtes ont
été effectuées à Milan, Barcelone, Londres et resituées dans le contexte du logement de chaque pays ; dans le secteur
privé - qui est le plus fréquent - à Barcelone, le modèle ancien de concierge dispa-
raît au profit d’un modèle qui sert les immeubles de standing élevé et intermédiaire
tandis que les immeubles populaires n’ont
pas de gardien. Dans le secteur public (associatif) à Milan, la demande des habitants
pour le maintien de gardiens est forte dans
le quartier ancien. Il existe des “ portiers
sociaux ” pour les populations fragiles.
Pour la Grande-Bretagne, une enquête porte
sur le secteur associatif et entre dans le
tableau comparatif France/
Europe.
Par la monographie d’un immeuble en copropriété, le cas
d’Oslo souligne ce que les
habitants doivent prendre en
charge, comment ils s’organisent et où se situent les
frictions lorsqu’il n’y a plus
de gardien, tandis que les
tâches techniques sont éclatées entre les entreprises de
vaktmester.
Enfin, avec l’évolution d’un
emploi qui était autrefois
domestique vers un service
qui se professionnalise et se
légifère, avec la conception
actuelle de l’habitat, dans
toutes les villes d’Europe
étudiées, l’espace d’exercice
du gardien change et peut,
comme en France, devenir
une présence qui déborde le
bâtiment privé pour se
déployer dans le quartier :
c’est là que s’exerce de façon
pertinente l’articulation entre
privé et public à l’opposé des
condominiums gardés de certaines grandes
métropoles.
La loge du concierge : ethno-architecture
d’un espace d’articulation, Philippe
Bonnin (avec la collaboration de M-A.
Lalliat, Solenn Guevel et la participation
d’Evelyne Desbois), rapport de recherche,
Mission du patrimoine ethnologique, avril
2003.
Loges et gardiens : entre espace privé et
espace public, Philippe Bonnin et
Roselyne de Villanova (dirs), rapport de
recherche, Ministère de l’Equipement, des
transports et du logement – PUCA, juin
2003.
« L’immeuble parisien et sa loge : seuils
et rituels des espaces d’articulation »,
Philippe Bonnin, in A. Morel et B. Haumont
(dirs) La société des voisins, MSH-Mission
à l’ethnologie, Coll. Ethnologie de la
France 22, 2004, pp. 231-254.
17
•
Le temps d’habiter
Responsable : Philippe Bonnin
Participants : Jennifer Hasae, Emilie Bouquin
Partenaires : Ministère de la Culture et de la communication, Mission à l’ethnologie. Prof. Noguchi Takahiro,
Hokkaidô University, Sapporo, Japon.
Transformations des manières d’habiter
sur le temps long et incorporation de la
durée dans l’espace de l’habitation (Enquête longitudinale et comparative France/
Japon).
La recherche est focalisée sur l’évolution
des manières d’habiter sur la longue durée, en ce qu’elle est simultanément manifestée par les pratiques dans les espaces
privés et publics, ainsi qu’à leurs interfaces, et qu’elle a généré des transformations
de l’habitation populaire, qu’elle y laisse
des traces manifestes et durables. On observera ainsi l’émergence de nouveaux espaces —ou la réinterprétation d’anciens—
la redistribution topologique des typologies d’habitation, l’expression de décors
intérieurs ou extérieurs en des configurations esthétiques signifiantes, et enfin celle
•
des pratiques inter-individuelles, des manières d’habiter ensemble.
Y a-t-il eu création, ou internalisation de
nouveaux espaces de réception ? Comment
ont été progressivement intégrés les
dispositifs de mise en réseaux. Ont-ils
généré des espaces individuels ou collectifs
spécifiques ? Quelles traces de l’évolution
du rapport au voisinage, quelles
transformations des abords, de la façade,
et de l’apparence ? Réciproquement, y a-til eu externalisation ou projections audehors d’espaces anciennement privés ?
Y a-t-il transformation continuelle de la
typologie ou ruptures partielles, voire
totale ?
La recherche s’appuie sur une enquête récurrente (1950, 1974, 1980, 1991) au
Hokkaido, et sur une enquête longitudinale (depuis 1973) en France.
Façade Sud en 1961
Façade Sud en 1973.
Façade Sud en 1977.
5m
Façade Sud en 1990
Façade Sud en 1994
Lozère, France, 1961 - 2000. Ph. Bonnin
Un jardin public : le parc des Buttes-Chaumont à Paris
Responsable : Maïté Clavel
Entrée du parc des Buttes-Chaumont - E. Cerise
La recherche a consisté dans l’observation d’un espace public urbain singulier et
généralisé dans nos villes, le jardin.1 Cet
espace ouvert à tous est comme tout espace public le lieu d’expression de certaines habitudes et normes sociales. Il présente néanmoins certaines particularités :
c’est un lieu où sont rassemblés des objets naturels et un lieu de détente.
Le jardin est enclos, ce qui le met à l’abri
des circulations motorisées, ses aménagements le destinent à la promenade dans
ses allées, au repos sur ses bancs et ses
pelouses, aux jeux pour les plus petits dans
les aires prévues pour eux, à certaines pratiques sportives comme la course à pied.
Les plantations mettent le citadin en contact avec la nature, même artificiellement
18
organisée et contribuent à sa détente tout
en satisfaisant son sens esthétique.
L’observation met en évidence à côté de
ces aspects que l’on peut qualifier de fonctionnels, les traits d’urbanité propres au
jardin : les promeneurs, sauf exception,
adoptent un comportement calme, arpentent ou occupent paisiblement les différentes aires aménagées pour eux ; les différentes activités, les différents âges, les différentes appartenances sociales, semblent
coexister sans conflits majeurs ; le plaisir
que procure le jardin est manifeste dans la
profusion des utilisations qu’il permet. Les
pique-nique en famille ou entre amis, les
séances de photos de mariage, les bains
de soleil ou la sieste, se comptant parmi les
plus conventionnels.
Ces appropriations temporaires du jardin,
à côté de son utilisation ordinaire, en font
un espace accueillant et tolérant. Il conserve malgré tout son caractère d’espace
public : chacun est libre de ses mouvements
tout en étant exposé aux regards, tandis
que les gardiens veillent au bon ordre des
lieux.
Le jardin est en outre un lieu « à l’écart »,
un lieu qui suggère un ailleurs possible par
la rupture qu’il opère entre lui et le reste de
la ville, par la concentration unique d’éléments naturels qui s’offrent au promeneur
et qui suggère des mondes différents, par
le calme relatif qui s’impose derrière les
grilles par rapport au tumulte de la rue, par
la juxtaposition d’activités multiples dans
un périmètre restreint.
Cette aire privilégiée de repos dans la ville
n’est cependant pas à l’abri des violences
qui sont présentes dans la ville. La drogue, la prostitution, la pauvreté y sont présentes, menaces permanentes d’un lieu que
les différents travailleurs du jardin s’efforcent de prévenir et de cacher. La suite de la
recherche s’intéresse à cet aspect.
1
Le premier volet de cette recherche a fait
l’objet d’un article à paraître
Lettre IPRAUS n°15
•
Qualités architecturales
Responsable : Rainier Hoddé
Appel d’offre PUCA
La question des “ Qualités architecturales ”
n’allant pas de soi, une première série de
recherches exploratoires menées entre 1997
et 1998 a permis de dégager les prémices
d’un appel d’offres où :
- la qualité n’est plus forcément corrélée à
l’innovation, ce qui invite les équipes à se
centrer sur la seule notion de qualité ;
- “ la ” qualité architecturale devait être
déconstruite dans ses présupposés générique et polysémique, et détaillée dans ses
mises en œuvre ;
- les qualités architecturales seraient interrogées en privilégiant les dimensions de
l’interaction et de l’élaboration collective,
celles qui s’établissent entre maîtrise
d’œuvre et maîtrise d’ouvrage étant considérées comme particulièrement révélatrices.
Lancé en novembre 1999 conjointement
par le PUCA et la DAPA, (Qualités architecturales, significations, conceptions, positions. Appel d’offres de recherche, Paris, PUCA-DAPA, 22 pages),
cet appel d’offres dont Rainier Hoddé assurait le pilotage scientifique s’organisait
autour de trois questions :
- comment acteurs et utilisateurs donnent
du sens aux objets architecturaux qu’ils ont
sous les yeux ou dont ils font usage ? Ce
qui renvoyait aux domaines de l’évaluation et de la critique, et devenait “ Les qualités perçues ou la question des significations ” ;
- comment concepteurs et maîtres
d’ouvrage contribuent-ils à l’énonciation
des qualités architecturales ? Ce qui renvoyait aux approfondissements des premiers et à la représentation de la demande
des seconds, et devenait “ Les qualités
conçues ou la question des intentions ”.
- quels concepts et focales étaient les plus
pertinents pour témoigner du travail complexe et collectif qui produit des qualités
architecturales ? Ce qui supposait de croiser processus et produit, technique et social, etc. et donnait naissance au questionnement le plus ouvert des trois “ Les qualités débattues ou la question d’une pensée de la qualité ”.
Quinze recherches ont été retenues pour
approfondir et recadrer ces questions. Cela
se fera de 2001 à 2003, en articulant le rythme
propre à chacun et des rencontres collectives. Chaque objet de recherche est ainsi
affouillé pour lui-même, mais en étant pris
dans un dispositif d’écoute et d’échange
collectif et scandé. Ces interactions
mutualisent ainsi informations, arguments
et pistes jusqu’alors individuels, voire
métissent insensiblement certains travaux.
Les dernières recherches se rendent, et
un ouvrage collectif se prépare pour 2005.
Il compose une mosaïque où chacune des
contributions participe à la définition de
ce qui constitue les qualités d’une architecture. Mais plus que d’autres travaux de
recherche qui s’en tiennent à la posture
savante sans se commettre avec le politique ou le social, ceux qui portent sur les
“ qualités architecturales ” nous concernent tous, habitants ordinaires ou déci-
deurs et experts engagés ou consentants.
Il reste à imaginer un colloque qui accompagne la sortie de l’ouvrage en le sortant
du seul débat universitaire.
Plan avec couloir et grandes chambres, rue de la
Roquette, Paris-XIe, Diener & Diener architectes
Qualités architecturales : significations,
conceptions, positions, Rainier Hoddé,
rapport final de la mission de conseil scientifique sur le thème “ Qualités architecturales ” Paris, PUCA-DAPA, 14 nov. 2003.
Organisation du séminaire :
Qualités architecturales : significations,
conceptions, positions, Rainier Hoddé
Ministère de l’équipement, des transports
et du logement Plan urbanisme construction architecture/Ministère de la culture et
de la communication direction de l’architecture et du patrimoine, Paris, 2 & 3 octobre 2004.
• Import-Export d’architecture du logement
Responsable : Jean-Michel Léger
Chercheurs : Sophie Rousseau et de Benoîte Decup-Pannier
Consultation du Puca et de la Dapa, Qualités architecturales, significations, conceptions, positions, dirigée par R. Hoddé.
Problématique et corpus
Entre l’univers de référence de l’architecte
et l’interaction avec les partenaires, l’étude
de l’écriture du projet d’architecture
appartient au champ des interrogations des
qualités architecturales. Une des missions
du sociologue peut être la compréhension
des conditions de production du projet et
de sa validation, ou de sa condamnation,
par les habitants. En déplaçant les notions
de D.W. Winnicot, M. Conan a montré
Lettre IPRAUS n°15
comment la conception est un jeu dans un
espace transitionnel sous forme
d’explorations successives de réponses
aux problèmes posés ; quant à la notion
bourdieusienne d’espace des possibles,
elle aide à comprendre les conditions de
l’innovation. La recherche s’est également
appuyée sur les travaux de V. Biau, F.
Champy, B. Haumont et R. Prost sur les
processus de conception et le métier
d’architecte.
Pour un approfondissement vertical des
conditions de production des édifices,
nous privilégions les œuvres (leur conception, leur construction et leur réception). Le corpus est formé des opérations
de Siza, Ciriani, E. Girard et Diener &
Diener (à La Haye et à Amsterdam), de
Diener & Diener et d’Herzog & de
Meuron (à Paris). La plupart des concepteurs, certains maîtres d’ouvrage et un
échantillon d’habitants de cinq opérations
19
à La Haye, Amsterdam et Paris ont été interviewés, tandis qu’étaient dépouillés les
documents graphiques et écrits des projets.
Conception in abstracto : des accouchements toujours difficiles
Si l’invitation à l’étranger, outre la reconnaissance internationale qu’elle suppose,
paraît d’abord à l’architecte de manière
mythique, comme un voyage, il sera toujours temps pour lui, comme dans un
voyage, de découvrir aussi l’inhospitalité,
l’incompréhension, d’autres manières de
faire, des règles incompréhensibles, etc.
Les renonciations ou les compromis, en
tous cas les transactions qui sont constitutifs de tout projet sont dans ce cas exacerbés par la situation d’exportation. En
effet, du moins dans notre enquête, il
s’avère que les maîtres d’ouvrage font appel à des concepteurs étrangers en utilisant la position infériorisée de ceux-ci (méconnaissance des règles et usages locaux, handicap de l’éloignement) pour reprendre à leur avantage une place dans la
co-conception, tout en bénéficiant du prestige du concepteur invité. Le sentiment de
trahison est particulièrement ressenti par
les architectes habitués à assumer la mission de chantier, retirée dans le cas d’importexport pour cause d’éloignement, mais
aussi en raison des usages locaux (aux
Pays-Bas, en règle générale, les architectes ne suivent pas le chantier). En fin de
compte, la somme des frustrations et des
frottements fait que chaque projet exporté
n’est qu’une amère victoire. Au moins
auront-ils pu continuer à travailler leurs
thèmes architecturaux favoris, car le projet
exporté n’est pas un obstacle à la démarche conceptuelle de continuité.
Les qualités architecturales des projets exportés-importés
Pour les habitants, l’entrée des architectes étrangers dans la grande galerie de l’innovation ne fait pas de différence a priori,
mais a posteriori, puisque c’est à l’usage
que les qualités des projets sont jugées.
– Soumission à la ville
C’est autant par respect envers la ville historique qu’envers l’avant-garde hollandaise des années 1920 que, débarqué à La
Haye au début des années 1980, Siza n’y
a pas dessiné les mêmes projets rationalistes épurés que ceux qu’il avait construits auparavant au Portugal et n’y a pas
provoqué non plus la rencontre entre rationalisme et baroque comme avec son im-
20
meuble de Berlin. L’interprétation de l’urbanité, parisienne cette fois, est plus personnelle chez Diener & Diener appelés rue
de la Roquette, où la composition autour
d’une cour, pour solennelle qu’elle soit,
produit un lieu fédérateur pour les habitants. Si les façades en pierre,
“ essentialistes ”, n’ont convaincu ni l’administration ni la critique ni certains habitants, c’est parce qu’il était attendu que
cette pierre soit travaillée, comme le justifie l’emploi de ce matériau traditionnel.
La mise au point de typologies de logements développées par l’Ecole de Bâle
(inversion du jour-nuit, long couloir, gran-
Universalité et contextualité
Comme l’opération de la rue de la Roquette
de Diener & Diener, les immeubles de la
rue des Suisses divisent davantage la profession et l’administration que les habitants : on ne note pas d’opposition entre
une réception cultivée et une réception
populaire. L’hostilité de certains riverains
envers la façade métallique renforce la cohésion entre des habitants déjà soudés par
l’assurance d’habiter un bâtiment exceptionnel et, pour le bâtiment arrière, celle de
partager le privilège d’un grand appartement avec véranda en bois sur une courjardin. Enfin, contre la doxa urbanistique
Trois pièces 85 m2 à La Haye, E. Girard, architecte
des chambres et petit séjour) s’accommode
assez mal de la petite taille des logements
parisiens suroccupés. En revanche, les
deux immeubles d’Amsterdam prennent
place dans un site où l’architecture de
Diener & Diener est davantage à sa mesure et où la prise en compte du contexte
est moins exigeante.
– Modernité tempérée (H. Ciriani et E.
Girard à La Haye)
La petite tour d’habitation de Ciriani s’inscrit dans son œuvre : les thèmes du hall
monumental, de la terrasse assurant la
liaison entre les corps de bâtiment, du
séjour de double hauteur et de la fenêtre
en longueur sont travaillés et renouvelés
compte tenu des contraintes de la commande et de la réglementation thermique.
L’immeuble d’E. Girard semble, quant à lui,
davantage hors parcours, les conditions
exceptionnelles de la commande (des trois
pièces de 85 m2) paraissant comme un accident dans le parcours du logement social parisien et banlieusard où elle excelle.
parisienne, Herzog & de Meuron réussissent à démontrer que la dimension universelle d’une intervention comme celle de la
rue des Suisses échappe à une vision
étroite de la continuité urbaine, tout en respectant les rapports fondamentaux entre
la rue et la cour, et entre l’espace public et
la vie privée.
L’invitation au voyage. Import-Export
d’architectures du logement en Europe,
rapport de recherche pour la Dapa, août
2003.
Logements parisiens de Diener & Diener
et de Herzog & de Meuron : entre l’ordinaire, l’universel et le remarquable, communication au colloque de l’Ecole d’architecture de Clermont-Ferrand “ L’ordinaire
des villes : habitat, modèles et prospectives ”, 31 mars - 1er avril 2004.
Lettre IPRAUS n°15
• Aalto, Siza et la maison de masse. La leçon de l’étranger
Responsables : Rainier Hoddé et Jean-Michel Léger,
Chercheurs : F. Alvarenga, T. Kuikka, V. Mamia et G. de Matos
L’absence de typologie intermédiaire entre l’immeuble collectif et la maison individuelle “ détachée ”, comme l’absence d’architectes notoires attachés à la maison en
bande étant deux particularités françaises
en matière de maison individuelle de masse,
sultats plus inattendus : la bande n’est pas
synonyme d’urbain pour ces maisons qui
savent établir de fines relations avec la
nature, et la modernité négociée ou adoucie semble éviter le rejet que trop de
radicalité entraîne. Quant aux maisons de
Patio d’une maison à Evora, A. Siza, architecte
il était intéressant d’aller voir du côté d’architectes étrangers reconnus engagés
dans la production de telles maisons. Comment passent-ils de la savante architecture
d’exception aux maisons modestes et denses ? Et comment cette typologie
architecturalement travaillée est-elle reçue
par les habitants ?
Ces questions ont été posées aux maisons
de masse de Alvar Aalto (1898-1976) et de
Álvaro Siza (né en 1933). Leurs productions très différentes (un unique quartier
de 1200 maisons à Malagueira, dans la ville
d’Évora ; environ 300 maisons dispersées
sur une douzaine de sites pour Aalto) ont
d’abord fait l’objet de monographies. Pour
la première fois, les maisons de masse
d’Aalto sont recensées et restituées dans
leur extrême diversité typologique. Les
conclusions septentrionales liées au travail de Aalto se distinguent de celles plus
méridionales que Siza invite à formuler. Si
la recherche confirme que Aalto sait instiller de l’architecture dans les maisons les
plus modestes, elle surprend par deux ré-
Lettre IPRAUS n°15
Siza, leurs occupants les reconnaissent
comme de vraies maisons. En effet, le patio
inventé par l’architecte démine une densité pourtant réelle, grâce à la variation apportée par la hauteur du mur de devant,
qui enrichit la problématique classique du
montré / caché telle qu’elle avait été révélée par L’habitat pavillonnaire (Raymond, Haumont 1966). Les maisons de
Malagueira, mitoyennes et dépourvues de
la cave et du grenier chers à Bachelard
possèdent bien deux des prérequis distinguant la maison des autres formes collectives de l’habitat : une porte à soi, personne
ni au-dessus ni en dessous de soi.
Par delà des différences dues aux terrains,
ce travail engage des questions d’ordre
théorique et pratique qui renvoient aux
rapports entre architecture et société.
L’évaluation de ces architectures mineures d’architectes majeurs montre que les
habitants reconnaissent les qualités architecturales de leur habitat, ou plus exactement lui reconnaissent des qualités qui
correspondent à celles que les profession-
nels conçoivent ou identifient, à condition
que celles-ci entrent en relation avec leurs
univers de sens. On ne peut donc se situer
autrement qu’à l’articulation du matériel et
du symbolique pour parler d’architecture,
les points de vue positifs ou négatifs des
habitants constituant des informations très
utiles sur les corpus enquêtés. Dès lors, ce
travail constitue un appel à plus de
qualités…à conditions que celles-ci ne
soient pas “ purement ” professionnelles,
mais soient empreintes de bienveillance
envers des habitants qui ne sont pas toujours les plus “ modernes ” et dont les valeurs sont loin des cimaises des musées
d’architecture. Une architecture inventive
mais attentive offrirait ainsi une piste alternative à la regrettée co-conception issue
du dialogue connivent entre l’architecte et
son client.
La Leçon de l’étranger. Aalto, Siza et la
maison de masse, Rainier Hodddé, JeanMichel Léger, rapport de recherche, Plan
construction architecture programme
« Maison individuelle, architecture,
urbanité », sept. 2003.
« Petites
maisons
en
quête
d’architecture », Rainier Hoddé,
Architectures à vivre. Maisons, n° 10, hiver
2002/2003, pp. 125-127.
« Alvar Aalto en France. La maison
Carré », Rainier Hoddé, Archiscopie,
n° 28, janvier 2003, pp. 20-21.
« Lire et dire l’architecture », Rainier
Hoddé (rédacteur du numéro)
présentation du numéro Lieux communs,
Les cahiers du LAUA, Nantes, n° 6, 2002 :
Lire et dire l’architecture, pp. 7-15
« Œuvre construite, œuvre décrite : Aalto,
34 000 pour 200 bâtiments », Rainier
Hoddé, Lieux communs. Les cahiers du
LAUA, Nantes, n° 6, 2002 : Lire et dire
l’architecture, pp. 131-143.
21
•
La ville comme livre ouvert. Goûts du public, médiathèques et architecture urbaine
Responsables : Rainier Hoddé, Jean-Michel Léger
Chercheurs : B. Decup-Pannier, J. Hasae et Ch. Alibert-Sens
Il s’agit de comprendre les catégories de
perception ordinaire de l’architecture et de
tester cette perception sur un type
architectural particulier : la bibliothèquemédiathèque. Pourquoi les médiathèques ?
Parce que ce sont des équipements de
proximité le plus souvent diffus, modestes
et “ anonymes ”, soutenus par une
politique, cohérente et continue, du
ministère de la Culture en faveur du livre.
Mais aussi parce qu’elles sont l’objet
d’importantes commandes publiques,
avant d’être celui d’une forte
reconnaissance de la part de la critique.
L’observation et la parole sur l’usage des
médiathèques sont ainsi le point de départ
d’une interrogation sur la percepion de
l’espace urbain et des édifices publics, dont
on questionne les rapports entre l’image
et l’usage, entre la familiarité et le jamais
vu, entre l’historicité et la modernité.
Les deux premières monographies consacrées à la bibliothèque de Saint-Denis et à
la médiathque Jean-Pierre Melville illustrent
l’efficacité de la double approche par observation et par entretiens. Les qualités et
les défauts des dispositifs architecturaux
sont clairement mis en évidnce dans leur
rapport avec les pratiques des lecteurs et
des emprunteurs. Les dimensions individuelles et collectives de l’accueil, du service de prêt, du confort acoustique et lumineux, de la concentration, de la contemplation, des pratiques de sociabilité, etc.
sont décrites dans leur relation à l’espace,
les témoignages par entretiens étant complétés par l’observation de l’occupation
des places, des déplacements, de la formation des groupes, des relations entre lecteurs et membres du personnel, etc.
Si l’habitant d’un logement ne manque
jamais de resituer son logement dans son
environnement urbain et surtout social,
l’usager de la médiathèque mesure les
qualités matérielles de l’équipement en
faisant référence au service rendu. C’est
ainsi que les horaires d’ouverture, les
qualités des services rendus et même les
contenus des rayons apparaissent
concurrentiels, voire déterminants, au
regard de l’espace, de la lumière naturelle
ou des matériaux choisis. Mais lorsque
l’usager de la médiathèque se focalise sur
la seule dimension physique du bâtiment,
et c’est là notre second constat, il se montre
sensible aux interactions du bâtiment et de
22
son environnement ; le bâtiment n’est ainsi
jamais isolé de ses alentours, mais il a une
façade qui coupe (Saint-Denis) ou met en
relation (J.-P. Melville) et l’intérieur
organise et propose des vues qui sont
autant de relations avec l’environnement.
Dans ce dernier cas, l’extérieur participe
donc directement aux qualifications de
l’intérieur. Si l’on se focalise enfin sur cet
intérieur, et ce sera notre troisième constat,
l’usager ne le réduit jamais au visuel et au
architectural et urbain, il est encore peu
répandu, hors la recherche de JeanFrançois Augoyard (L’expérience
esthétique ordinaire de l’architecture,
2003), fondateur du champ de recherche
sur les ambiances. La dimension esthétique
de l’architecture apparaît bien sûr dans de
très nombreuses évaluations de la
production architecturale et dans de
nombreux travaux théoriques. Toutefois,
soit les enquêtes sont réalisées sous forme
Médiathèque Croix-Rouge, Reims, Lipa et Serge Goldstein, architectes
spatial qui définissent pourtant
l’architecture pour la critique
architecturale ; le bruit, le confort
climatique, voire l’entretien du bâtiment
s’invitent ainsi dans la définition de
l’architecture et enrichissent sa matérialité
de façon notable. Enfin, sur ce que l’on
pourrait appeler la fragmentation de
l’architecture par l’usager ; alors que la
conception découpe des espaces
homogènes, l’usager fait voler en éclat cette
unité pour se saisir des coins qu’elle offre
ou s’approprier des agencements de
mobilier qui, dès lors, deviennent des quasi
espaces à part entière. Il n’y a plus ainsi
“ une ” médiathèque mais d’une certaine
façon plusieurs médiathèques qui se
juxtaposent et s’interpénètrent.
Quant à l’usage de la méthode des
parcours commentés pour appréhender la
perception ordinaire de l’espace
de tests photographiques (technique que
nous avons récusée), soit la problématique
de l’esthétique architecturale n’est qu’une
partie de la démarche. Nous convenons de
l’impossibilité d’isoler l’expérience
esthétique des autres perceptions ; encore
faut-il se donner les moyens
méthodologiques d’être à l’écoute de cette
expérience. Une telle description, qui est
elle-même située dans les conditions de sa
performance, n’est qu’une restitution de
la perception esthétique ; elle est
cependant la restitution la plus capable de
témoigner de l’expérience esthétique des
citadins.
La ville comme livre ouvert. Goûts du
public, médiathèques et architecture urbaine, rapport d’étape pour la Mission du
patrimoine ethnologique, DAPA, décembre 2004.
Lettre IPRAUS n°15
•
La maison laboratoire
Responsables : Agnès Deboulet et Rainier Hoddé
La « Maison-laboratoire » de Mahdia est
une expérience pédagogique menée par
l’Ecole d’architecture de Nantes de 1999
à 2002. Elle fait d’une modeste maison
en mauvais état au centre de la médina un
objet de dialogue visant à mieux comprendre les raisonnements des habitants et professionnels aux prises avec la transformation de leurs maisons.
L’ouvrage résumé ci-dessous permet de
comprendre la genèse et le dessein de ce
projet à la fois matériel (recherche de matériaux, consolidation, etc.) et immatériel
ancienne tunisienne, à partir de relevés
habités et d’entretiens approfondis auprès
de leurs habitants. Loin de prendre la maison à patio comme archétype invariant, ce
recueil insiste sur les transformations tant
sociales que spatiales qui sont survenues
dans ces habitations depuis quelques décennies, telles que leurs occupants actuels
les subissent ou les décrivent. Il appréhende ainsi les pratiques de l’habiter dans
une perspective dynamique, mettant l’accent sur les étapes de construction et
l’adaptation constante de l’habitat, autant
qu’il relie ces évolutions aux structures
socio-familiales.
A la lumière des monographies et du travail de synthèse, la maison apparait comme
un projet perpétuel dans lequel les habitants -dans leurs discours et leurs actes
très concrets d’amélioration ou de démolition- se situent par rapport à la préservation du bâti ancien ; mais cela ne va pas
sans ambivalences, voire sans contradic-
Croquis du patio
Façade de la maison laboratoire
Chantier du toit terrasse
Rélevé
(dialogue ouvert, expositions, enquêtes,
tournage de film, etc.) qui ouvrait des pistes d’expérimentation et de débat public
entre le tout-patrimoine et le tout-modernisation. Il n’avait pas prévu que l’interruption de la coopération s’accompagnerait à partir de 2003 d’une réorientation
de l’expérience vers une classique et normative « maison du patrimoine ».
tions entre l’exigence de confort, l’émergence de l’individu, ou l’évolution des
modes de vie. Cela occasionne une mutation accélérée de la typologie du bâti et
réinterroge l’adaptation des outils classiques de sauvegarde en site ancien autant
que notre compréhension des pratiques
constatées.
« Croisements pédagogiques : la maisonlaboratoire de Mahdia, Tunisie », Rainier
Hoddé, Agnès Deboulet , Colloque international Fabrication, gestion et pratique
des territoires, Ecole d’architecture de Paris Val de Seine, Nanterre, 4-6 déc. 2003.
Une médina en transformation : travaux
d’étudiants à Mahdia, Tunisie, Agnès
Deboulet et Rainier Hoddé (coord.)
Edition Unesco-MOST, Paris, 2003,
238 p.
Cet ouvrage est issu de la collaboration de
plusieurs promotions d’étudiants de
l’Ecole d’Architecture de Nantes et de
l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme (Tunis). Il reprend et formalise
trente monographies de maisons d’une ville
Lettre IPRAUS n°15
« Une “ maison-laboratoire ” à Mahdia »,
Rainier Hoddé, Agnès Deboulet, Michèle
Elsaïr, Archiscopie, n° 43, octobre 2004,
pp. 21-22.
Pilotage scientifique d’un documentaire
sur le développement de la Maison-laboratoire de la Médina à Mahdia (1999-2002
+ 2004), Rainier Hoddé, Agnès Deboulet,
réalisation Jilani Saadi. Sortie prévue : 2006.
« Une maison-laboratoire en Tunisie entre chantiers visibles et invisibles »,
Agnès Deboulet et Rainier Hoddé, 3e rencontre du réseau socio-anthropologie de
l’habitat et de l’architecture (IPRAUS/GIS
socio-économie de l’habiat), 30-31
janv. 2004.
« La maison-laboratoire de Mahdia, Tunisie », Rainier Hoddé, Seminario
“ Urbanistica e anthropologia rubana,
un
percorso
di
formazione
all’interdisciplinarietà ”, Napoli, 23-24
marzo 2004.
23
•
Cultures territoriales et sociabilités dans le mouvement
Responsable : Jérôme Boissonade
Equipe : N. Auray, L. Devisme, J. Stavo-Debauge, S. Prat
Contrat interministériel (consultation de recherche « Cultures, villes et dynamiques sociales » : Min. culture, jeunesse et sport, DIV, PUCA,
FASild, Caisse des Dépôts). Ce contrat a été porté pour des raisons administratives par P. Chemetov (3 rapports : 91 p., 114 p., 252 p.) .
Ce travail pluridisciplinaire a été mené sur
quatre terrains : un village touristique
proche de Nantes, un seuil séparant le
Forum des Halles et la salle d’échanges
RATP à Paris, une performance publique
de hackers à Berlin et des rassemblements
de jeunes en proche banlieue parisienne. Il
a permis de confirmer l’intérêt de la notion
de “culture territoriale” mis en évidence
lors de la thèse.
Les mises en mouvement des individus ou
des groupes, conduisent à des situations
au cours desquelles les cultures se composent. Ces situations représentent peu ou
prou de véritables épreuves pour les acteurs parce qu’elles remettent en jeu des
cultures ancrées et réinterprétées par les
individus dans des espaces qui deviennent
des territoires. Relever ces épreuves, c’est
24
mobiliser des formes particulières d’apprentissage et de créativité. Les épreuves
qu’affrontent les individus et les groupes
mettent donc essentiellement en jeu semble-t-il, la dimension territoriale des cultures et les dimensions culturelles des territoires. C’est le recouvrement de ces
deux champs, les cultures et les territoires, que nous avons nommé “cultures territoriales”. La compréhension de ce que
sont ces cultures territoriales et la manière dont les mouvements les
reconfigurent, représente un enjeu dans
la mesure où l’on peut considérer que ces
cultures territoriales déploient des formes essentielles d’apprentissage, de mobilisation et de créativité dans un espace
urbain où les mouvements sont exacerbés.
La dynamique des rassemblements ; Les
agrégations juvéniles : un espace public
de confrontation, Jérôme Boissonade,
Thèse de doctorat, sous la direction
d’ Isaac Joseph, université Paris 10-Nanterre, 2003.
Capter les flux : cultures territoriales et
mouvements des rassemblements de jeunes, Jérôme Boissonade, in G. Capron, G.
Cortes, H. Guetat (dir.) Liens et lieux de la
mobilité, Belin, à paraître.
Mouvements et cultures territoriales, Jérôme Boissonade, L. Devisme, in
A. Bruston (dir.) La ville, maître
d’ouvrage : quelques récits politiques au
contemporain, L’Aube, à paraître.
Lettre IPRAUS n°15
•
Urbanité programmée, urbanité spontanée : l’Odysseum de Montpellier.
Bilan d’étape
Responsable : Jean-Pierre Garnier
Sans revenir sur les interrogations qui ont
inspiré le choix de cet objet d’étude, la problématique qui en découlait, les approches
retenues et les méthodes utilisées (cf. La
lettre de l’IPRAUS, n° 12, p. 21), un premier bilan peut être dressé, plus de trois
ans après le démarrage de la recherche .
Au regard de l’objectif initialement fixé par
les initiateurs de ce projet urbain d’envergure — rien moins que la création ex nihilo d’« un nouveau modèle de centralité
urbaine à l’échelle métropolitaine », si
l’on en croit les discours qui ont accompagné la mise sur orbite médiatique de l’opération —, l’observation de terrain régulièrement poursuivie depuis lors, parallèlement
aux entretiens avec les différents acteurs
chargés de la conception ou de la mise en
œuvre du projet, suscite une certaine perplexité.
La raison d’être de ce projet, en effet, telle
qu’elle avait été définie à l’origine par ses
promoteurs, s’est peu à peu estompée au
fil des mois, pour laisser place à quelque
chose d’assez insaisissable, comme sous
les effets conjugués d’une fuite en avant
et d’une improvisation dictées par les circonstances : démissions et remplacements
parmi le personnel responsable, désistements d’entreprises prévues sur le site,
restrictions budgétaires, abandon ou report d’investissements en infrastructures
conditionnant le succès de l’Odysseum,
mise en route inattendue d’une politique
de « requalification urbaine » — opération
« Grand Cœur » — confirmant la prééminence du centre traditionnel de Montpellier, élection de Georges Frêche au Conseil
régional…
Outre son rythme, beaucoup plus lent que
•
prévu, la réalisation des équipements et des
aménagements s’effectue au coup par
coup au gré des opportunités, sans respecter les programmes ni les plans existants
qui, dès lors, doivent être sans cesse « actualisés », c’est-à-dire révisés. Résultat :
tandis que le scepticisme gagne les acteurs
impliqués à un titre ou à un autre dans la
promotion de l’Odysseum, ceux qui le
« pratiquent », que ce soit en tant
qu’« usagers » (spectateurs, clients, consommateurs, sportifs, visiteurs…) ou
comme « professionnels » (commerçants,
vendeurs, caissières, serveurs, moniteurs
sportifs, policiers, agents de sécurité.. ),
ne l’identifient aucunement comme
l’amorce d’un « centre-ville », fût-il d’un
type inédit.
Aux yeux de la plupart des personnes interrogées, toutes catégories (profession,
âge, genre, lieu de résidence…) confondues, l’Odysseum est d’abord perçu
comme… une station terminale de la ligne de tramway desservant un ensemble
d’équipements de loisirs. Ces derniers
sont vécus, par les uns, comme des lieux
de travail, et par les autres, comme des
lieux de distraction, l’espace public piétonnier ne servant, pour le moment, qu’à
la distribution des flux malgré le soin apporté à le «paysager».
De l’observation des comportements et des
multiples conversations, « officielles » ou
« informelles », mais toujours cadrées, avec
les gens fréquentant le site, il ressort que
l’Odysseum fonctionne, pour la majorité
d’entre eux, à la manière d’une sorte de
« parc à thème(s) » en gestation, impression renforcée par la caractère « thématique » des lieux de restaurations récemment
ouverts. On s’y rend, non pour y flâner
sans autre but que « voir et être — éventuellement — vu » ou de se plonger dans
l’ambiance spécifique du lieu, mais en fonction d’un but précis : assister à une séance
de cinéma, patiner, découvrir le système
des planètes, déguster une bière dans une
brasserie où celle-ci est fabriquée sur place,
etc.
Du fait de son caractère excentré et de l’absence de logements et de commerces, y
compris dans sa proximité immédiate,
l’Odysseum reste, en matière d’« animation urbaine », bien en deçà, non seulement du centre historique de Montpellier
et de ses prolongements, mais aussi des
vastes zones commerciales localisées aux
entrées principales de la ville, souvent cités par certaines catégories de citadins interrogées (adolescents ou jeunes couples
issus des milieux populaires) comme des
endroits que l’on peut également fréquenter « pour le plaisir ».
Restera à savoir si les autres équipements
qui sortent actuellement de terre et ceux
dont la construction commencera à court
terme, plus ou moins calqués sur les « modèles » du fun shopping et du retailment
made in USA, en attendant les opérations
de logements localisées sur le pourtour,
parviendront à imposer dans l’imaginaire
des habitants, mais aussi des visiteurs,
l’image que l’Odysseum est censé devoir
symboliser : celle d’une centralité urbaine
inédite — du moins en France — , complémentaire de celle, classique, de la Place de
la Comédie et du vieil Écusson qui la jouxte.
C’est-à-dire « innovante, dynamique, changeante, ouverte »…et culturellement
déterritorialisée.
Rome - Berlin. Passé présent ou présent indépassable ?
Responsable : Margaret Manale
Nous avons choisi comme terrain d’étude
deux villes européennes, Berlin et Rome, à
la fois métropoles et capitales nationales.
Destinations touristiques de premier ordre, elles portent cependant de manière
fort inégale sur leur territoire les marques
Lettre IPRAUS n°15
du passé. Malgré l’implosion du national,
l’Etat y joue un rôle de premier plan. S’il
se « désengage » dans d’autres domaines,
il est de plus en plus attentif, en revanche,
aux projets culturels d’envergure. Nous
nous intéressons à la manière dont les
services du « marketing urbain » mettent
en valeur le patrimoine, censé offrir de
nouveaux « repères » pour un corps social
en mal de repères de cohésion.
À cet égard, monuments et monumentalité
retiendront tout particulièrement notre at-
25
tention, car ils permettent de renforcer les
stéréotypes culturels et de faire passer au
« touriste » un message qui conditionne
d’avance sa vision de l’histoire. La mise
en scène urbaine va de paire avec un mise
à distance du temps de la quotidienneté :
le temps touristique est un « hors-temps
•
mystique ». D’où deux axes de réflexion :
alors que Berlin et Rome sont marquées
par des histoires très contrastées peut-on
déceler des ressemblances dans la
« patrimonialisation » en cours dans ces
deux villes ? Et face à l’uniformisation inhérente aux effets des techniques de l’in-
formation, qu’est-ce qu’elles ont gardé de
spécifique ? Si nous considérons l’espace
construit comme une représentation d’un
système particulier de valeurs et de pratiques, il faut alors s’interroger sur le rapport entre langage de l’espace et codes
culturels.
L’entre-deux des politiques institutionnelles et des dynamiques sociales
Coordination : F. Navez-Bouchanine
Pilotage de la partie intitulée “ Dans la turbulence des tracés autoroutiers : effets sociaux, négociations et
mobilisations à Beyrouth et à Casablanca ” : Agnès Deboulet (IPRAUS), Mona Fawaz
(enseignante à l’université américaine de Beyrouth) et Isabelle Berry-Chikhaoui (MC, Université
Montpellier III)
Enquêtes de terrain à Beyrouth : Agnès Deboulet, Mona Fawaz
Programme de Recherches Urbaines en Développement, achèvement printemps 2004
Cette recherche part de l’idée que de nombreux niveaux de lecture du social et de la
production spatiale peuvent être dégagés
d’une analyse de ce qui se noue entre habitants, techniciens et officiels lors de la
décision d’une intervention majeure en site
urbain habité incluant du relogement, de
l’éviction et plus largement de la “ remise à
la norme ”. Le cas des infrastructures autoroutières est particulièrement révélateur,
d’abord parce qu’il tient lieu bien souvent,
dans des villes “ en développement ”, de
politique urbaine, et que son potentiel de
transformation des modes de composition
et d’appréhension du social est énorme du
fait des déplacements induits notamment.
Nous avons montré dans le cas libanais
comment entre ces parties se glissait un
acteur négligé mais pourtant déterminant :
le parti “ communautaire ” et comment se
construit d’une part la représentation du
projet en situation de sous-information, et
d’autre part la construction d’une expérience en l’absence de compétences reconnues ou légitimées. Certains cas sont édifiants en ce que la perspicacité des populations a produit des retraits ou modifications substantielles des tracés et impacts
sur le tissu urbain.
Autoroute à Beyrouth
Dossier : Téhéran, Beyrouth, Le Caire,
les citadins face aux projets autoroutiers, Urbanisme, n° 336, 2004.
« Présentation », Agnès Deboulet,
pp. 29-30.
« Un méga-projet urbain controversé :
l’avenue Navab à Téhéran », Agnès
Deboulet, Mina Saïdi, pp. 32-33.
« Entre reconstruction et dé-construction,
la négociation locale des projets à
Beyrouth », Agnès Deboulet, Mona
Fawaz, pp. 34-36.
« Quand le global fait mal : le périphérique du Caire », Agnès Deboulet,
pp. 37-38.
•
Internationalisation des villes, restructuration urbaine et compétences :
le cas de Beyrouth et de Marseille
Chercheur IPRAUS : Agnès Deboulet
Autres chercheurs : Isabelle Berry-Chikhaoui
Cette recherche s’inscrit dans une recherche collective Internationalisation des villes, restructuration urbaine et compétences, qui s’est déroulée dans le cadre du
réseau du BRAU “ Compétences des cita-
26
dins et apprentissages de la ville : approches comparées dans les pays du bassin
méditerranéen ” co-organisé par Agnès
Deboulet, Isabelle Berry-Chikhaoui et
Laurence Roulleau-Berger (GRS-CNRS)
jusqu’en 2003.
Les travaux des membres de ce réseau partent du constat d’une mise en tension des
citadins liée aux restructurations urbaines
et/ou des marchés de l’emploi dans les vil-
Lettre IPRAUS n°15
les méditerranéennes et plus largement
dans les grandes villes soumises à une injonction croissante d’internationalisation.
Ces mises en tension augmenteraient la
vulnérabilité et l’insécurité sociale (R. Castel, 2003) d’une fraction importante des populations. Dans cette optique, des chercheurs travaillant d’ordinaire sur des domaines assez compartimentés des sciences
sociales, tels que l’emploi et l’urbain, ont
été conduits à se côtoyer, à échanger, et à
construire ensemble le cadre théorique permettant de comprendre le jeu des transformations et des ajustements sociaux et spatiaux en cours dans ces villes.
Au travers des situations de restructurations urbaine ou des nouvelles segmentations des marchés de l’emploi, ce sont les
formes de vulnérabilité mais aussi les
compétences renouvelées voire nouvelles
des citadins qui ont été interrogées dans
ces cadres incertains, dominés par la logique de l’ouverture et du projet.
A Marseille, nous travaillons avec I. BerryChikhaoui sur le périmètre Euroméditerranée, afin de saisir les intersections
entre les montages d’opérations (dans les
périmètres dits de P.R.I) et leur perceptionréaction-anticipation par les habitants et
Marseille : réhabilitation
Projet de publication
Turbulences et expériences dans les villes internationales , composé de 14 contributions.
Beyrouth et Marseille nous apparaissent
comme les deux faces possibles de villes
qui rêvent de devenir globales alors
qu’elles nient leur internationalité due à la
part migratoire. Ce faisant, tout leur centre
et la proche périphérie est sous l’emprise
de projets de requalification d’une ampleur
inégalée faisant largement appel au secteur
privé mais se heurtant de front aux
résistances dans les très amples quartiers
populaires qui se situent sur les territoires
de projet. Ces villes méditerranéennes
offrent des perspectives comparatives
intéressantes.
•
réhabilitation et ensuite du relogement en
restant très attentifs aux processus de mise
en crise de ce dispositif par l’ensemble des
acteurs.
A Beyrouth, l’enquête menée dans le cadre du programme Prud sur les percées
autoroutières et leurs prolongements socio-spatiaux
se double d’une enquête
plus modeste, dans les mêmes quartiers irréguliers de
la banlieue sud sur la cohabitation de nombreuses populations migrantes avec les
Libanais eux aussi arrivés du
Sud-Liban durant la guerre.
Les nouvelles segmentations du marché foncier et
immobilier local sont particulièrement parlantes, mais
nous travaillons aussi sur la
dimension des perceptions
réciproques des populations
et le processus d’insertion
résidentielle en situation de
vulnérabilité accentuée : si
les Libanais de ces quartiers
n’ont en général pas de titre
foncier ni de véritable protection, la situation est encore plus complexe pour les
étrangers, difficulté qui se
double du cotoiement de célibataires des deux sexes
dans des quartiers pourtant
très conservateurs.
Marseille : un immeuble contesté
le tissu associatif. Les questions posées
se situent tout au long de la chaîne du projet : au moment de la délimitation du territoire d’action, de la Déclaration d’Utilité
Publique, de l’éviction, du processus de
HDR en préparation
Modèles urbains, situations limites et
compétences des citadins dans les villes
internationales.
Agnès Deboulet
Thèses soutenues sous la direction d’Isaac joseph
• Pedro José GARCIA SANCHEZ
Formes et conflits d’urbanité à Caracas. Enquête sur l’écologie de l’ordre public
Thèse de doctorat soutenue le 10 octobre 2002, sous la direction d’Isaac Joseph, EHESS,
mention : très honorable avec félicitations
La vie métropolitaine est soumise à de rudes épreuves à Caracas. Ville provisoire
où les urgences sont à l’origine du développement urbain jusqu’à prendre la place
du politique. Ville plurielle où la démocratie au quotidien se façonne entre un domaine public négligé et un statut communautaire qui redéfinit les enjeux du monde
Lettre IPRAUS n°15
civique. Cité vulnérable car les formes de
la vulnérabilisation du lien civil (comprises couramment en termes de violence et
d’insécurité) ne cessent de se lier, de se
confondre et de s’accroître. Une grammaire de la guerre se normalise ainsi dans
une société qui, à vrai dire, n’a pas atteint
un tel état. Dans un esprit simmelien, il
s’agit de repérer et de caractériser certaines formes élémentaires de l’urbanité
caraquénienne : privative, autoritaire, citadine, réglementaire, civique. Pour les
cerner, on prend en compte les expériences conflictuelles de l’usage de l’espace
public. Les rencontres entre l’ordre public et l’ordre social sont moins dues à la
27
conformité des individus à leurs rôles sociaux, au respect des autorités ou à
l’internalisation des normes, qu’à la façon
dont le lien civil s’y conçoit, s’y engage,
s’y soigne et s’y répare de façon ordinaire.
« La forme privative de l’urbanité : emprise sécuritaire et homogénéisation
socio-spatiale à Caracas », L’Espace Géographique, n° 2, 2004, pp. 114-130.
« Conflits d’urbanité et gestion du domaine
public. Les épreuves du civique à Caracas », in D. Cefaï et I. Joseph (eds), L’Héritage du pragmatisme. Conflits d’urbanité et épreuves de civisme, La Tour
d’Aiguës, L’Aube, 2002, pp. 265-284.
• Sonja KELLENBERGER
Pratiques artistiques et formes de la mobilisation politique dans la ville. Une approche sociologique de
quatre collectifs d’artistes-activistes à Paris et à Londres.
Thèse de doctorat soutenue le 15 décembre 2004, université Paris 10, engagée sous la direction d’Isaac Joseph
et soutenue sous la direction d’Olivier Fillieule.
L’effervescence contestataire des années
90 s’accompagne, en France comme dans
d’autres pays européens, de la réactivation
d’une forme originale de l’engagement
politique basée sur l’intervention
artistique. La participation d’artistes avec
leurs outils propres met en évidence les
dimensions esthétiques de la mobilisation
et révèle les enjeux contemporains de la
démocratisation de l’art ainsi que le rôle de
l’environnement urbain dans l’action
collective.
La recherche interroge ce phénomène
dans ses dimensions artistiques, politiques et urbaines et leurs interactions à
partir d’un travail de terrain investissant
quatre collectifs d’artistes-activistes à Paris et à Londres
L’étude de collectifs hybrides permet de
saisir les modes de mobilisation, de
participation et d’organisation qui
actualisent à la fois les pratiques militantes
et artistiques.
• Sonia DEBOUCHE
La brocante : l’espace de la transaction marchande et la perception de la valeur.
Thèse de doctorat soutenue le 7 novembre 2002 sous la direction d’Isaac Joseph, Université Paris 10-Nanterre.
• Ali ABDOLLAHZADEH KOSH
Les formes d’adhésion dans les entreprises publiques.
Thèse de doctorat soutenue le 29 novembre 2002 sous la direction d’Isaac Joseph, Université Paris 10-Nanterre.
• Jérôme BOISSONADE
La dynamique des rassemblements ; Les agrégations juvéniles : un espace public de confrontation.
Thèse de doctorat soutenue le 19 décembtre 2003 , sous la direction d’ Isaac Joseph, Université Paris 10-Nanterre.
Voir résumé Lettre IPRAUS n° 12, p. 25
• Claire MAGIMEL
La place du handicap et les étudiants handicapés à l’université. Accessibilité en Ile-de-france et au Québec.
Thèse de doctorat soutenue le 6 décembre 2004, université Paris 10, engagée sous la direction d’Isaac Joseph et soutenue sous la
direction d’Eric Plaisance.
•
Thèse soutenue sous la direction de Martine Segalen
• Julie DEVILLE
Garçons et filles entre école, famille et quartier : l’univers quotidien de lycéens de banlieue.
Thèse soutenue le 2 octobre 2003 sous la direction de Martine Segalen, Université Paris 10-Nanterre
Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 26
•
Thèse en cours sous la direction de Martine Segalen
• Frederica TOMAROZZI
Parcours et frontières du tourisme thermal.
28
Lettre IPRAUS n°15
• Thèses en cours sous la direction de Philippe Bonnin
• Mizuki SAITO-CRUZ
La structure spatiale japonaise vue à travers la notion de limite.
en co-direction avec NISHIDA Masatsugu, Kyoto institute of Technology
Qu’est-ce que la limite? Essence du rapport à l’autre, de la vie collective, ligne abstraite ou concrète, n’appartenant ni au dehors ni au dedans, elle demeure un des éléments essentiels à la construction mentale
et physique de notre espace. Spécifique à
chaque culture, comment est-elle signifiée
et représentée au Japon ? Là, où l’architecture ne passe pas par la tradition du mur,
sa lecture se fait encore moins évidente.
Bien que répétée au quotidien, elle reste
floue, sans être explicitée. Nous élargirons
l’analyse de cette notion au rapport entre
culture/société et architecture, à l’architecture domestique puis religieuse. Parce que
la maison, élément le plus banal et constant de la culture, est ce qui se rattache le
plus à l’homme. Parce que l’architecture
religieuse, où la dimension symbolique
prend toute son ampleur, matérialise le
passage du monde profane au monde sacré. Cette recherche n’aspire pas à une
étude chronologique mais tente de comprendre la conception de la limite dans sa
définition japonaise.
• Muriel PAUPARDIN
Le roller à Paris, partages et usages de l’espace public.
en co-direction avec Patrick Mignon, Université Paris 10-Nanterre
L’irruption du roller sur la scène publique
montre les tensions et les passages dans
lequel cet objet s’enracine, d’un contexte
social, urbain à celui du politique. Il permet
d’analyser l’émergence d’une perception
de la ville porteuse d’une porosité entre
l’expérience ordinaire du citadin et son
engagement citoyen. Ménageant un espace réflexif, cette pratique spontanée de
loisir sportif présente ainsi une occasion
de participer qui ne soit pas une injonction
ou une interpellation immédiate, mais une
invitation qui respecte des engagements
multiples.
Deux associations permettent de confronter ces démarches participatives. La première, « Pari-roller », organise les randonnées du vendredi soir dans la capitale ; la
deuxième, « Roller Squad Institut », s’engage sur des thématiques axées sur la
place du roller dans la ville. En effet, si elles sont rattachées à un même objet, le
roller, et à une même culture, celle de la
glisse, elles sont créatrices de nuances
dans la façon de définir l’espace public.
Ainsi, cette réflexion renvoie à un contexte
plus global, celui de la réalité de ce qu’est
l’espace public.
• Hélène SUBREMONT
Pratiques de maîtrise de l’énergie dans l’univers domestique. Approche comparative européenne.
Université Paris 10-Nanterrre
La consommation croissante de l’énergie
et les changements climatiques qui en découlent sont à l’origine d’une réflexion profonde sur les modes de vie occidentaux,
notamment. Les analyses scientifiques
s’accordent sur la nécessité d’un changement rapide des comportements, en particulier ceux du grand public. Cette recherche propose de se pencher sur la question
de la maîtrise de l’énergie : question qui
dépasse les frontières nationales ; si bien
que nous adopterons une démarche comparative entre la France, l’Allemagne et la
Grande –Bretagne.
L’analyse de Leroi-Gourhan (1945 et 1973)
pose la préservation comme le concept de
l’habiter ; acte primordial de l’homme
comme celui de la maîtrise des énergies,
comme ce que les hommes ont élaboré pour
prolonger leurs propres capacités techniques. L’homme projette donc dans son environnement une image de lui-même, de ses
besoins et ses carences. Or, que nous dit
l’habitation d’aujourd’hui et les pratiques
d’énergie qui s’y insèrent sur l’homme et
son rapport à l’Autre ?
En nous appuyant méthodologiquement
sur l’approche de Michel de Certeau
(1990 et 1994, réédition), et ses concepts
de « différentiel », de « tactiques » par opposition aux « stratégies », nous tenterons
d’aborder cette question des pratiques
d’énergie au sein de l’habitation. Sur le
plan méthodologique, une vraie réflexion
doit être menée : d’une part pour aborder
les pratiques, souvent difficiles à appréhender, d’autre part pour révéler des pratiques qui sont le plus souvent invisibles.
Pour l’heure, l’observation ethnologique
nous semble être un recours indispensable. Elle sera accompagnée d’entretiens au
sein des foyers interrogés.
• Ursula WIESER
Les Clotures de Kyoto : délimitations de jardins des périodes d’Edo et Meiji
en co-direction avec A. Berque, EHESS.
Lettre IPRAUS n°15
29
Architectures et Sociétés
Sciences sociales et architecture
Fidèle au projet de sa création, l’IPRAUS poursuit le travail de rencontre et de confrontation des recherches menées en Sciences
de l’Homme et de la Société (SHS), et des recherches pour l’Architecture et la Ville. Au point qu’il ne s’agit plus bien souvent de
deux champs de recherche distincts et en affrontement possible, mais qu’au contraire ils se superposent au sein d’équipes pluricompétences, où se confondent même chez des chercheurs ayant acquis ces deux formations, dont le nombre croît sans cesse, et
que l’IPRAUS attire particulièrement. Ainsi les questions de méthodologie du projet, de convergence des savoirs des normes et
des règles au cours de son processus, de place et de responsabilité de l’architecte au sein des sociétés (occidentales ou exotiques)
et des systèmes d’acteurs, d’évaluation ou de réception de la production spatiale et architecturale contemporaines, de l’agrément et
de l’esthétique, des modes d’enseignement de ces expériences, sont-elles, parmi d’autres questions encore, au menu des préoccupations des chercheurs de l’IPRAUS.
•
Séminaire « Architectures et sociétés : raison spatiale, logique sociale »
Equipe organisatrice : Philippe Bonnin (CNRS), Maïté Clavel (M.C. Paris X), Agnès Deboulet (Maître assistant Ecole d’architecture Paris-laVillette), Rainier Hoddé (Maître assistant Ecole d’architecture Paris-Malaquais), Nathalie Lancret (CNRS), Jean-Michel Léger (CNRS), Eliane
Nicolino (CNRS), Daniel Pinson (Professeur Université Aix-en-Provence), Cristelle Robin (Maître assistant Ecole d’architecture Paris-la-Villette),
Roselyne de Villanova (Paris X)
Le séminaire collectif de l’IPRAUS, créé en mars 2000, en est donc maintenant à sa sixième année d’existence. Son succès a
largement dépassé celui escompté dans le projet initial, démontrant la nécessité de créer et maintenir un lieu de débat scientifique
à l’interface des sciences sociales et des sciences de l’espace et de la ville. Plus d’une soixantaine d’orateurs, et non des moindres,
sont venus y exposer leurs travaux et publications, leurs réflexions sur les dernières décennies de développement de la recherche
dans ce champ, au point que l’équipe coordinatrice du séminaire a entamé un projet de publication à partir de ces rencontres.
La première livraison de ces textes devrait voir le jour au cours de l’année 2005, sous forme des cahiers de l’IPRAUS.
On indiquera ci-après les arguments des séances tenues de 2002 à 2005, qui n’avaient pas paru dans la Lettre n°12 de l’IPRAUS.
mercredi 23 octobre 2002
L’habitat insoutenable et le mythe de la
Ville-nature
Intervenants : Augustin BERQUE dir. d’études
à l’EHESS et Cynthia GHORRA-GOBIN, dir.
de recherches au CNRS
Modérateur : Philippe BONNIN
Dans la vision arcadienne, il est justifié
de quitter la ville pour la campagne. Or, si
une telle façon de voir appartient à un
courant déterminé de l’histoire, elle a
beaucoup en commun avec l’idéologie
dominante aujourd’hui en matière
d’habitat aux Etats-Unis et, autour de là,
dans tous les pays que ce phare de la
civilisation contemporaine maintient dans
son rayon. Elle y a même engendré ce
qu’on appelle e-urbanization :
l’idéologie concrète selon laquelle
l’usage de l’internet va permettre un
desserrement final de l’habitat, chacun
pouvant désormais se libérer des
contraintes urbaines. Plus que jamais
interactif, mais en pleine nature !
mercredi 18 décembre 2002
Paysage et usage de la rue parisienne
Intervenants : Antoine GRUMBACH architecte, urbaniste, professeur à l’EA Paris-Belleville et Eric CHARMES sociologue, urbaniste,
chercheur au LTMU
Réhabilitation des rues de la Mare et des Cascades par Antoine Grumbach, architecte-urbaniste
30
Lettre IPRAUS n°15
Modérateur : Jean-Michel LEGER
La réhabilitation de la rue comme paysage
constitutif de l’urbanité parisienne est
désormais acquise, en plus de la fonction
qu’elle a toujours assurée dans la mobilité.
Cette réhabilitation a une histoire et des
acteurs. A. Grumbach est l’un d’entre eux,
militant dès le début des années 70 pour
un retour à la rue qui participerait d’un art
de la mémoire collective : il recommandait
de réparer la ville plutôt que de la reconstruire. L’aménagement du secteur des rues
de la Mare et des Cascades (fin des années 70) est à ce titre exemplaire d’une démarche qui a fait école, fondée sur une étude
approfondie du tissu urbain, préalable à
l’engagement d’opérations de réparations
urbaines, poursuivies ici sur vingt années.
C’est le même secteur qu’étudie E. Charmes, ingénieur devenu sociologue, qui se
préoccupe de savoir comment les interventions urbaines sont reçues par les habitants riverains. Homogénéité ou hétérogénéité, continuité ou rupture, sociabilité ou intimité : peut-on parler d’une doctrine paysagère parisienne ? Celle-ci estelle partagée ou discutée par les habitants ?
Qu’en est-il du lien social, au cœur du retour à la rue mis en avant par les paysagistes ?
Dans cette séance, il ne s’agira pas tant
de confronter l’architecte et l’évaluateur
que d’échanger sur les notions portées par
le nouvel urbanisme parisien et par les usagers de la rue.
mercredi 22 janvier 2003
Ces Cités
Intervenants : Clément-Noël DOUADY architecte-urbaniste et Philippe BATAILLE architecte, dir. de l’EA de Nantes
Modérateur : Daniel PINSON
Clément-Noël Douady, opérateur de terrain,
présentera, à partir de l’exemple de son
opération de Persan (« Place de la Rencontre »), quelques axes désormais classiques
d’intervention sur les cités « sensibles » :
restructuration,
désenclavement,
résidentialisation, participation des habitants...
Mais, compte tenu des difficultés rencontrées, il s’interroge – et interroge la recherche : Comment en est-on arrivé là ?
Les textes fondateurs du Mouvement
Moderne (ou courant progressiste) préfiguraient-ils les grands ensembles ? La
réponse spatiale garde-t-elle un sens sans
réponse sociale correspondante ? Le coût
du vandalisme ne serait-il pas mieux employé au dialogue ?
Quoi qu’il en soit, il tire déjà de son expé-
Lettre IPRAUS n°15
rience quelques recommandations pratiques pour des interventions de ce type.
Questions que relèvera Philippe Bataille,
et auxquelles il tentera d’apporter également des éléments de réponse à partir de
son travail de thèse sur la construction des
Grands Ensembles de l’après-guerre.
mercredi 26 février 2003
Jardins (2) les métiers : architecte et paysagiste
Intervenants : Isabelle AURICOSTE paysagiste,
Gd. Prix du paysage 2000 et Patrick BAGGIO
architecte
Modérateur : Maïté CLAVEL
Le travail du paysagiste s’apparente-t-il au
travail de l’architecte ? Les deux aménagent et créent des espaces qu’ils veulent
beaux pour des habitants, des promeneurs.
En ville, l’esthétique de ces espaces, volumes et parcours, est censée contribuer
à son urbanité.
Ce qui les distingue, c’est le rapport aux
matériaux employés pour la réalisation des
projets architecturaux ou des jardins : artificiels pour l’architecte, naturels pour
le paysagiste ; c’est le rapport au temps,
le temps linéaire, fini, de l’architecture,
le temps cyclique et progressif des plantations ; c’est aussi le “ sérieux ” de l’utilitaire et du symbolique, abriter (les gens,
les fonctions sociales), symboliser (les
monuments, les fonctions de représentation) dévolu à l’architecte, tandis que le
loisir, l’ambiance, reviendraient au paysagiste chargé des espaces de la détente, du
repos et du rêve.
Au delà des stéréotypes, comment ces professionnels de l’espace parlent-ils de leur
métier ?
mercredi 12 mars 2003
La symbolique des tours : points de vue
de l’anthropologue et de l’architecte
Intervenants : Anne RAULIN anthropologue ,
Laboratoire d’Anthropologie Urbaine, CNRS,
Maître de conférences Paris-V et Augustin
CORNET, architecte
Modératrice : Roselyne de VILLANOVA
La construction des tours —et leur destruction— est une question d’actualité sur
laquelle l’anthropologue et l’architecte
sont amenés à réfléchir. Leur symbolique
joue sur au moins deux registres :
- l’un s’inscrit dans le banal, le quotidien,
et adopte des projets à tours multiples le
plus souvent associés aux barres, voire aux
dalles, qui sont investis par des populations de résidents et de consommateurs,
ayant vocation d’acteurs ou de spectateurs
de l’espace urbain.
- l’autre définit un registre emblématique,
de prestige, à tour « unique », donnant à
une ville son image ou son sens global,
traduisant une époque.
Correspondant à ces deux registres, seront présentés deux cas de figures : le premier —la Dalle des Olympiades à Paris—
reflète un terrain d’investigation commun
à Anne Raulin et à Augustin Cornet. Le
deuxième est synonyme d’événement historique majeur et tragique : on évoque ici
le World Trade Center, son passé, son effondrement, et les projets de reconstruction. Ces derniers permettent de s’interroger sur les symboliques contemporaines dans leurs rapports avec l’histoire, la
mythologie et le futur.
mercredi 22 octobre 2003
Retours en ville : la revitalisation des
centres
Catherine BIDOU-ZACHARIASEN sociologue, dir. de recherches CNRS, Directrice de
l’IRIS
Modérateurs : Jean-Pierre GARNIER et Philippe
BONNIN
En 1968 –et les années qui suivirent– alors
que paraissait “ le droit à la ville ”, les jeunes classes moyennes la fuyaient et tentaient d’inventer un mode de vie et d’habiter plus satisfaisant. Catherine Bidou fut
parmi les premiers sociologues attentifs à
ce phénomène, décrivant les aspirations
autant que les pratiques de ces “ aventuriers du quotidien ” (1984). Mais, alors que
cette fuite de la ville s’est répandue et amplifiée, diluant la forme urbaine et les liens
d’urbanité, consommant l’espace rural
comme un spectacle mythique, de nouvelles couches de populations réagissent
aujourd’hui et, dans un mouvement inverse, opèrent des “ retours en ville ”
autour desquels Catherine Bidou coordonne les observations d’une dizaine de
chercheurs. C’est à la remémoration et à
l’analyse de ces deux processus, qui mettent en cause la nature même de l’urbain,
que nous consacrerons cette nouvelle
séance.
mercredi 19 novembre 2003
L’histoire au présent : Paris revisité
Intervenants : Eric HAZAN chirurgien, écrivain,
éditeur, Pierre PINON architecte, Professeur,
Dir. de recherches à l’INHA et Jean-Claude
GARCIAS Membre de l’agence TGT, professeur, critique d’architecture
Modérateur : Jean-Pierre GARNIER
Comme pour nombre de capitales de la
vieille Europe, une double menace pèse
sur l’identité de Paris : la muséification
31
qui, sous couvert de réhabilitation et de
revalorisation des quartiers anciens, les
vide de leur substance populaire; et la banalisation du tissu urbain rénové, sous
l’effet d’une architecture mondialisée indifférente au contexte socio-historique
local. Quel sens, dès lors, donner à ces
évolutions et quels effets en attendre, à
terme, sur ce que Louis Chevalier appelait la personnalité parisienne ?
Les transformations en cours et les opérations projetées s’inscrivent-elles dans une
dynamique séculaire de bannissement du
petit peuple ? Ce processus est-il
aujourd’hui spontané ou programmé ? Les
Parisiens, de plus en plus suburbains,
sont-ils voués à se comporter, eux aussi,
en touristes dans la capitale ? La multiethnicité du peuplement est-elle susceptible de prendre le relais, revivifiant et
diversifiant la vie citadine ? Les grands
projets urbanistiques ou architecturaux
pallient-ils l’absence d’un véritable projet urbain pour l’avenir de la capitale ? Un
tel projet, politique par nature, est-il encore possible à l’ère du tout-marché ?
Garcias, praticien de l’art urbain, mais
aussi théoricien réputé pour ses critiques
incisives de l’architecture contemporaine.
cesse : avant que de le construire, au
moment de le goûter, après l’avoir perdu.
mercredi 17 décembre 2003
Conforts et inconforts
Jacques PEZEU-MASSABUAU Docteur ès
Intervenants : Pierre GENTELLE Dir. de recherches au CNRS et Philippe JONATHAN
Modérateurs : Nathalie LANCRET et ZHANG
Liang
lettres, agrégé de géographie
Modérateurs : Maïté CLAVEL et Philippe
BONNIN
Depuis La maison japonaise (1981), haute
école de l’habiter, s’il en est, puis le
célébrissime La maison espace social
(1983), en passant par une demi-douzaine
d’ouvrages qui aboutissent à son dernier
essai Habiter : rêve, image, projet (2003),
Jacques Pezeu-Massabuau construit pas
à pas une phénoménologie sensible de la
maison, nourrie de tous les apports des
multiples sciences de l’homme en société,
de la géographie à l’anthropologie en
passant par la psychologie et la sémiotique,
mais surtout par une large et copieuse
expérience du monde et des cultures,
goûtés à petites lampées comme un vin rare.
mercredi 21 janvier 2004
Villes chinoises
Au moment où s’opèrent des mutations
considérables de l’architecture et des villes chinoises —destructions massives des
tissus anciens et apparition de projets urbains d’une échelle jamais égalée— il
s’agira de réfléchir, à partir d’exemples
concrets (Shanghai, Pékin, etc.), sur les
logiques et les dynamiques des transformations en cours. Pierre Gentelle, “ un géographe chez les architectes ”, étudie le fait
urbain en Chine depuis de nombreuses années ; il s’interrogera ici sur la montée en
puissance des villes et des réseaux de villes, replacée dans le contexte des débats
d’actualité entre modernisation et
patrimonialisation. Philippe Jonathan, un
architecte en prise avec l’action et le ter-
Schenzen, ville chinoise, mars 2003
Pour en débattre nous avons fait appel à
Éric Hazan, auteur de L’invention de Paris (Seuil), ouvrage remarqué l’an passé
et qui rend un hommage, volontiers polémique, à ces architectes du désordre que
furent les anonymes combattants des soulèvements populaires auxquels cette ville
doit une bonne part de sa singularité.
Pierre Pinon, l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire urbaine de Paris, lui
donnera la réplique, ainsi que Jean-Claude
32
Sa quête actuelle, celle du bien-être, qu’il
appelait confort dans son ouvrage
précédent, révèle plus qu’elle ne masque
une pensée synthétique de ce théâtre
quotidien que nous bâtissons autour de
nous, dont nous prenons la mesure par
notre corps, faits de matériaux, de formes,
d’ambiances, décor que nous rêvons sans
rain, témoignera des grands programmes
architecturaux et urbains, liés à la
métropolisation et au patrimoine.
mercredi 11 février 2004
Le jardin (3) : les représentations de la
nature
Intervenants : Yves LUGINBUHL dir. de recherches au CNRS, directeur du STRATES
Modératrice : Maïté CLAVEL
Lettre IPRAUS n°15
Les représentations de l’espace peuvent
être étudiées à travers les modèles des
lieux habités : les habitations, les villes,
les jardins ou les pays, qui forment le substrat des paysages. Elles peuvent aussi être
étudiées, plus difficilement, dans ce que
Henri Lefebvre appelait les “ espaces de
représentation ”, ces images plus ou moins
floues de nos espaces familiers, chargées
d’expériences, de souvenirs et d’affects.
Les unes et les autres peuvent être à la
source –ou apparaître dans– des formes
construites.
Quels problèmes, quelles questions soulève l’étude de ces représentations de l’espace ?
Yves Luginbühl nous permettra d’aborder
ces questions à partir de ses travaux.
mercredi 17 mars 2004
L’évaluation des architectures
Intervenants :
Françoise
NAVEZBOUCHANINE Docteur en sociologie, Professeur à l’école d’Architecture de ClermontFerrand, Chercheur au laboratoire Urbama et
Michel BONETTI dir. de recherche CSTB
Modératrice : Agnès DEBOULET
Evaluer les projets urbains dans les pays
en developpement et en France : approches et perspectives
Cette séance met en parallèle deux chercheurs ayant une expérience concrète de
l’évaluation de projets architecturaux et
urbains à la fois en France, pour Michel
Bonetti, et au Maroc en ce qui concerne
Françoise Navez-Bouchanine. Entre l’évaluation normée et l’évaluation libre, voire
critique, quelles ont été les évolutions
constatées ces dernières années ? L’évaluation sera posée en tant que construction d’un objet de recherches opératoire
et en tant qu’instrument de politique publique, ce qui amènera a interroger tant la
marge de manœuvre des évaluateurs, que
leurs méthodes et enfin la distance entre
résultats de l’évaluation et re-définition
des objectifs et programmes d’action en
matière architecturale et urbaine.
mercredi 28 avril 2004
Les formes d’une ville / l’amour des villes
Intervenants : Marcel RONCAYOLO Professeur Emérite et Bruno FORTIER Architecte,
Professeur à l’Ecole d’architecture de ParisBelleville
Modérateur : Daniel PINSON
Action et réflexion font diverger Marcel
Roncayolo et Bruno Fortier, au terme de
leur parcours intellectuel et géographique.
Lettre IPRAUS n°15
Bruno Fortier vient de Marseille, pour
Euroméditerranée après un Atlas penché
sur l’amour de la capitale et un premier
projet qui réinterprète la mémoire de l’eau
à Nantes.
Pendant ce temps, Marcel Roncayolo fait
d’innombrables allers et retours entre la
géographie et l’histoire, et finit par avoir
de plus en plus de thésards architectes.
Parallèlement, il effectue aussi d’incessants voyages entre Marseille - ville de
son enfance (et de nombreux travaux) - et
la capitale. Résultat : il donne à « la forme
des villes » une place qui n’est pas mince
dans un volume de référence, l’Histoire
de la France urbaine de Duby.
On note combien l’égal intérêt, voire la
passion, de l’éminent universitaire et du
« Grand Prix de l’urbanisme 2002 » pour
l’histoire et la forme de la ville, les rapproche à partir d’une génèse intellectuelle différente : leur discipline de référence (la géographie, d’un côté, l’architecture, de
l’autre) et l’échelle ou la méthode de l’approche.
mercredi 20 octobre 2004
La ville, vers une nouvelle définition ?
Intervenants : Jean REMY, docteur en économie, professeur émérite à la Faculté des sciences économiques et sociales de l’université catholique de Louvain (Belgique), membre de
l’Académie royale de Belgique et Pierre-André
LOUIS, architecte-urbaniste, professeur à
l’INSA de Lyon
Modérateur : Daniel PINSON
La mobilité spatiale a contribué à remodeler la carte mentale du territoire au-delà
de ce qui était escompté il y a vingt ans.
La structuration objective de l’espace
correspond de moins en moins à son appropriation subjective. Cela apparaît bien
dans la tension entre « penser maison » et
« penser ville ». L’habiter contemporain
résulte d’une transaction entre l’individuation, la vie sociale et la vie collective.
Quant aux périphéries, elles sont en transition vers un accroissement de leur autonomie vis à vis des agglomérations ; s’il y
a déclin de la centralité, il y a une multiplication des espaces publics et de leurs
usages (JR).
L’évolution des communications réelles
et virtuelles bouleverse toujours plus la
perception et l’usage que l’on avait de la
ville. On constate cependant que l’environnement spatial des villes n’a pas beaucoup changé ; on y assiste plutôt à des
modifications sur le vécu et les mises en
relation des parties de ville (ex. des centres historiques parfois inhabités et inha-
bitables, versus l’essor des périphéries).
La ville n’est plus cantonnée à son propre
territoire, elle est constituée d’une multitude d’agglomérations qui se superposent et s’enchevêtrent (PAL).
Un ouvrage publié il y a dix ans portait ce
titre. Il était lui-même la réécriture d’un
ouvrage paru en 1974 La ville et l’urbanisation. L’objectif était de comprendre
l’incidence de la mobilité sur les sociabilités urbaines et par ricochet, sur la morphologie physique de la ville. Ces interprétations méritent-elles d’être revues
aujourd’hui et dans quel sens ?
mercredi 17 novembre 2004
La ville-planète de Coruscant
(starwars), parabole de la cite mondiale
Intervenant : Alain MUSSET, directeur d’Etudes à l’EHESS
Modérateurs : Margaret MANALE et Philippe
BONNIN
Depuis 1977 et la sortie de l’épisode VI intitulé A New Hope (« Un nouvel espoir »), la saga Star Wars participe à la
mondialisation des images, des modèles
et des archétypes d’une société à la fois
très américaine et très métissée. Cinq
films (bientôt six), des dizaines de livres,
de bandes dessinées et de jeux électroniques participent à cet univers, situé « il y a
très longtemps, dans une galaxie lointaine ». Dans ce vaste ensemble,
Coruscant, capitale de l’Ancienne République, puis capitale de l’Empire galactique (sous le nom de Centre impérial),
occupe une place à part. Les grandes questions situées au cœur de la problématique
urbaine contemporaine servent de toile de
fond aux récits de bataille et de conspiration : place des communautés dans la cité,
rôle du racisme, relation territoire et identité, mixité sociale et ethnique, exclusion
économique, violences urbaines… À bien
des égards, Coruscant devient la parabole
d’un monde urbain en crise, qui cherche
des solutions et ne les trouve que dans la
séparation des groupes sociaux et le développement séparé des races. En ce sens,
étudier la ville-planète de Coruscant, c’est
poser la question d’un modèle de développement urbain dont la science-fiction
prétend faire le procès, tout en suivant les
règles d’une idéologie dominante et
mondialisée.
mercredi 15 décembre 2004
Maison du patrimoine, entre savoirs techniques, projets et espaces de débats
Intervenants : Jean-Jacques DUPUY, Rainier
HODDE, Agnès DEBOULET
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Modérateur : Emmanuel CERISE
Paris-plage/l’éprouvé de l’espace
Cette séance sera l’occasion de confronter les leçons de deux projets de mise en
valeur et de préservation du patrimoine
urbain menés dans des « Pays du Sud »
(Tunisie, Thaïlande).
La question qui sous-tend les débats est
celle de l’écart qui existe entre la notion
de patrimoine née et élaborée en Europe,
puis exportée à l’ensemble du monde - la
Convention du Patrimoine mondial de
l’UNESCO signée en 1970 lui confèrant
une dimension supranationale - et les représentations que les habitants se font de
leur patrimoine, héritage dans lequel ils
se reconnaissent, qu’ils estimeraient
avoir à sauvegarder et à transmettre. Or le
discours et les pratiques des usagers de
la ville sont beaucoup plus complexes et
divers qu’on ne l’admet communément,
souvent ambigüs et contradictoires, dans
l’entre-deux et l’indécision entre le « tout
patrimoine » et le « tout-modernisation ».
On se préoccupera de savoir comment les
deux projets ont été reçus, interprétés et
adoptés ou non par les habitants ; quelles
sont les limites de ces programmes et les
effets sur leur caractère opérationnel lorsque le malentendu entre la vision planétaire des professionnels du patrimoine et
les représentations locales sont trop divergentes ; quels sont les mécanismes
pervers, notamment sur le plan social, qui
se cachent derrière les procédures bien
« huilées » des actions patrimoniales.
Intervenants : Roger PERRINJAQUET et Alain
BERTHOZ
Modérateur : Philipe BONNIN
mercredi 19 janvier 2005
Paris-Plage (R. Perrinjaquet est membre de
l’équipe de conception) semble être un défi
relevé de la requalification urbaine. Ce
parcours n’a rien d’une génération spontanée. C’est une étape dans une expérimentation commencée en 1997 avec une
équipe de scénographes, dont est issu
l’Atelier 21 constitué par quatre membres, aujourd’hui reparti en deux équipes.
Paris-Plage procède d’une volonté de
s’adresser à un large public, populaire en
admettant les résultats de l’enquête de
Luginbühl sur la demande sociale de paysage, qui dit que la consommation de la
nature passe par la sociabilité. Sur un autre
plan il y a une composante féministe, respectivement anti-androcentrique de
l’aménagement de l’espace. Le principe
scénographique repose sur une immersion
et une densification sensorielle du milieu
existant. Notre défi sur le plan théorique
: comment échapper à « la singularité de
l’expérience » ou comment renouer avec
l’intersubjectivité de l’espace urbain.
mercredi 16 mars 2005
Parcs à thèmes
Intervenant : Bernard ROCHETTE
Modératrice : Maïté CLAVEL
Le jardin en forme de parc d’attraction, associant éléments naturels et construits,
jeux et spectacles, constitue-t-il un avenir pour les jardins publics, une perspec-
tive pour les loisirs culturels ? En ce cas
le jardin public gratuit, fréquenté par tous,
a-t-il encore une pertinence ? La nature
dans la ville devra-t-elle toujours être animée et payante ? Ou bien représente-t-il
le modèle réduit d’une « utopie » de la
ville comme lieu de loisir et de perfection technique, spectacle du consensus
dans la consommation choisie ?
mercredi 18 mai 2005
Belleville : figure d’un quartier populaire, entre mythes et réalités.
Intervenants et discutants : J.Y. Authier (Pr.
Univ. Lyon II), E. Bailly (Doctorante EAPB),
Ph. Bonnin (IPRAUS, Dir. UMR), D. Cefaï
(Paris X), C. César, E. Charmes (chercheur
TMU), S. Connord (M.de C. Paris X),
Ch. Cuny (EAPB), V. Dufoix (EAPB), J-P.
Feugas (EAPB), B. Filippi (DREIF)
A. Frias(chercheur EHESS), A. Grumbach
(EAPB), C. Lafaye (Pr. Paris VIII), M. A.
Mello (Pr Universidade Fluminense Rio
de J.), L. Roulleau-Berger(CNRS), A. Sellali
(EAPB), P. Simon (INED), A. Steiner
(ParisX), Ch. Tutin (Pr.Univ. du Littoral
Dunkerque)
Cette séance se déroulera sur une journée
et sera suivie d’une seconde journée à
l’automne suivant.
Journées animées par Agnès DEBOULET et
Roselyne de VILLANOVA
Belleville incarne volontiers la figure du
quartier populaire pluri-culturel, au tissu
urbain complexe, construit sur des vagues
migratoires successives, engagé dans la
dynamique associative, dans la résistance
à la rénovation urbaine.
On se propose de questionner cette figure tout autant
que l’exemplarité du quartier. S’appuyant sur la diversité des études réalisées sur
Belleville, cette journée
sera l’occasion d’engager un
dialogue entre spécialistes
du peuplement, de la vie associative, sociologues, anthropologues, architectes et
urbanistes, chercheurs concernés par la politique de la
ville et la participation, la
gentrification et les formes
de sociabilité.
Belleville - quartier populaire
pluri-culturel et tissu urbain
complexe.
photographie: Ph. Bonnin
34
Lettre IPRAUS n°15
Universidade Fluminen
Roulleau-Berger(IPRAU
•
Belleville : figure d’un quartier populaire, entre mythes et réalités
Ce projet d’étude articule plusieurs volets : deux journées du séminaire de l’IPRAUS « Architectures et
sociétés : raison spatiale, logique sociale » , une exposition et une recherche bibliographique
• Deux journées du séminaire de
l’IPRAUS « Architectures et sociétés :
raison spatiale, logique sociale », le 18 mai
2005 et courant novembre 2005
Journées animées par Agnès DEBOULET
et Roselyne de VILLANOVA
Ces journées sont orgnisées en liaison avec
l’atelier « Quartier » coordonné par JeanYves Authier (Professeur à l’université de
Lyon) au sein du Réseau Socio-Economie
de l’habitat GIS CNRS et avec la participation d’enseignants de l’Ecole d’architec-
ture de Paris-Belleville.
Voir le thème de ces journées et la liste des
participants page précédente.
• Une exposition se tiendra simultanément. Réalisée par V. Dufoix et A. Sellali,
elle dressera le portrait de Belleville
aujourd’hui à partir des travaux des étudiants en architecture (maquettes et entretiens réalisés entre 2000 et 2003) coordonnés par J.P. Feugas et Agnès Deboulet.
Seront associés les travaux des jeunes du
centre social de Belleville qui ont réalisé
une petite enquête illustrée auprès d’habitants.
• Une recherche bibliographique doit
être menée pour faire état des documents
écrits nombreux sur le quartier de Belleville qui seront classés par thèmes. Son
but est d’établir une documentation complète et variée sur Belleville (livres, articles
de périodiques, thèses, mémoires d’étudiants et travaux universitaires en général,
actes de colloques mais aussi littérature)
pouvant servir de base à de nouvelles recherches et études sur le lieu.
•
Espaces interculturels, métissages et créativité
Ce thème réunit des membres de l’IPRAUS et des équipes extérieures.
Il a donné lieu à trois séances de séminaire, des rencontres au Centre culturel C. Gulbenkian
et deux publications collectives, l’une parue en 2003, l’autre en préparation.
• Trois séances du séminaire de
l’IPRAUS « Architectures et sociétés :
raison spatiale, logique sociale » ont été
consacrées à ce thème:
Métissages I : Architectures et urbanismes en Asie, Yong-Yak Shin et Christian
Pedelahore
Métissages II : Architectures des pays
lusophones, Peter Mark et Helder Carita
Métisssages III : Métissages et architectures, François Laplantine et Arnaud Le
Brusq
• Publication coordonnée par J. P. Garnier et R. de Villanova
Espaces et sociétés, n° 113-114, 2003 :
Architecture et habitat dans le champ
interculturel
« Suspens de sens », F. Laplantine
« Espaces de métissage », A. Nouss
Lettre IPRAUS n°15
« Bali : pratiques héritées et - modèles recomposés », N. Lancret
« La fabrication d’une architecture vernaculaire contemporaine : le cas du quartier
musulman de Xi’an », J.P. Loubes
« Tribulation d’un modèle urbain dominé,
le “ compartiment ” vietnamien »,
Ch. Pedelahore de Loddis
« Echanges d’art aux colonies : à propos
de quelques architectures vietnamiennes
chargées d’histoire », A. Le Brusq
« L’architecture civile indo-portugaise : le
croisement des modèles », H. Carita
« Le modèle de “ maison à la portugaise ”
en Afrique de l’Ouest et au Brésil au
XVIIe siècle », P. Mark
« Cultures et architectures de l’entredeux », R. de Villanova.
• Simultanément ont eu lieu des journées de rencontre au Centre culturel
C. Gulbenkian organisées par R. de
Villanova et G. Vermès qui avaient cette fois
pour objectif de déborder le champ spatial
pour confronter plusieurs domaines : littéraire, musical, architectural et urbain, linguistique.
Publication en préparation
La créativité du métissage culturel dans
les relations interculturelles inégalitaires,
sous la direction de R. de Villanova et G.
Vermès préface de F. Laplantine, L’Harmattan, collection Espaces Interculturels,
à paraître.
I Créations artistiques, littéraires et linguistiques
G. Varro, « La musique baroque et l’Europe,
métisssage et intra-culturalité »
35
R. Hess, « Le tango un laboratoire
d’interculturalité »
Sh. da Silva , « La musique créole portugaise du Sri-Lanka »
G. Boudinet, « Pratiques artistiques vernaculaires des jeunes et postures langagières : l’exemple du tag »
A. Tessonneau, « Le métissage, source de
vitalité de la littérature aux Antilles »
•
M. Yelles, « Métissages littéraires au Maghreb : vers une nouvelle créativité ? »
G. Vermes, « Construction historique d’une
langue nationale par légitimation de métissage : le portugais brésilien »
II Recréation de la ville et de l’habiter
A. Hublin, « L’impossible chronologie des
styles architecturaux aux petites Antilles
françaises »
N.Lancret, « Confrontations des cultures
spatiales : la rue marchande à Denpasar
(Bali) »
J.P. Loubes, « La mémoire de l’architecture
nomade dans la maison d’Asie Centrale »
H. Carita, « L’architecture indo-portugaise
à Kochin et au Sud de l’Inde ».
R. de Villanova, « La créativité des
minorités et l’urbanité, une production
métisse ? »
Atelier de recherche socio-anthropologie de l’habitat et architecture
Coordination : Roselyne de Villanova
Equipe organisatrice : Philippe Bonnin, Agnès Deboulet, Rainier Hoddé, Jean-Michel Léger
Recherche bibliographique : Eliane Nicolino
Pays représentés : Espagne, Italie, Portugal, Brésil, Mexique
et de l’analyse pour la recherche et l’enseignement.
Le groupe de travail composé d’architectes, de sociologues, d’anthropologues,
s’appuie sur des travaux en
cours et sur les expériences
d’enseignement dans les
écoles d’architecture proposant des éclairages étrangers.
Séance de travail à Naples
Séance de travail à l’IPRAUS
Cet atelier international de recherche, de
dimension volontairement restreinte, s’est
constitué à partir de chercheurs membres
du réseau Socio-économie de l’habitat GIS
CNRS ayant déjà travaillé en coopération.
Développé à l’initiative d’une équipe de
l’IPRAUS en septembre 2001, il constitue,
avec le séminaire mensuel, un des programmes du Réseau introduisant un autre angle d’approche de l’appréhension interdisciplinaire de l’habitat : celui qui vise à croiser l’analyse des formes (architecture) avec
une approche socio-anthropologique des
usages de l’espace et de sa production.
Cet atelier s’intéresse à réfléchir sur les
méthodes
qualitatives
de
la
microsociologie urbaine, l’observation ethnologique, l’ethnoarchitecture par rapport
à la production actuelle de la ville. Il a pour
socle fondateur la dimension matérielle de
l’architecture, saisie par les pratiques. En
regard de la sociologie classique « qui est
macrosociologique » plus souvent, une
grande attention est ici portée en priorité
aux aspects les plus fins des faits sociaux,
aux « modes mineurs » (F. Laplantine) dans
lesquels la société se réalise.
La réflexion s’est donné pour objectif le
renouvellement des outils de l’observation
36
Quatre rencontres ont déjà eu lieu dont
la dernière, les 16 et 17 décembre 2004,
pour préparer une publication. Trois axes
sont prévus :
1) Champs disciplinaires sur l’espace :
L’anthropologie de l’espace en France :
retour sur l’histoire, M. Segaud sociologue (Institut des Mers du Nord, Dunkerque) ; L’anthropologie urbaine au Mexique, A. Giglia anthropologue (Université
de Mexico) ; L’anthropologie urbaine en
Espagne, D. Provensal anthropologue
(Université de Barcelone) ; Raison et rationalisme, fonction et fonctionnalisme,
A. Signorelli anthropologue (Université
Federico II, Naples) ; Un espace hybride
de communication entre habitants, architecte et anthropologue, B. Sala Llopart anthropologue-architecte (EA de Barcelone).
2) Notions pour l’interdisciplinarité :
L’utopie entre espace construit et société,
M. Clavel, sociologue (Université Paris X) ;
Petite ethno-architecture des seuils, Ph.
Bonnin, anthropologue-architecte
(IPRAUS UMR CNRS AUS) ;
Pendularisme et frontières de l’intimité,
A. Miranda anthropologue-urbaniste (Université Federico II, Naples) ; Urbanité et
espaces publics : l’exemple des villes du
Mozambique, I. Raposo, architecte
(Faculdade de Arquitectura, Lisbonne) ;
Interculturalité et espaces de l’entre-deux,
R. de Villanova, sociologue (IPRAUS UMR
CNRS AUS) ; Construire à l’étranger :
les architectes et la compétence culturelle.
J. M. Léger, sociologue (IPRAUS UMR
CNRS AUS) ; La notion de patrimoine, B.
Fayolle-Lussac, historien de l’architecture
(Université de Bordeaux).
3) Enseignement, perspective comparative et interdisciplinaire :
Bilan de quatre années d’enseignement
au Portugal, C. Leite, sociologue
(Universidade do Minho, Braga) ; Une
maison-laboratoire en Tunisie entre chantiers visibles et invisibles, A. Deboulet urbaniste (EA Paris La Villette), Rainier
Hoddé, architecte (EA Paris Malaquais) ;
L’enseignement de l’architecture dans les
directives de la communauté européenne,
F. Segnini, architecte (Univ. de Sao Paulo).
Avec la participation de Alessia de Biase
(LAA La Villette), L. Dufour (IPRAUS
EAPB) Jean-Paul Loubes (EA de Bordeaux)
A. Sauvage (Lares, Univ. Renne II) D. Pinson (Institut d’aménagement régional, Aix
en Provence).
Lettre IPRAUS n°15
Architecture de la ville asiatique
structures et mutations
Equipe Ipraus : Pierre Clémént et Nathalie Lancret avec Emmanuel Cerise, Inès Gaulis, Christian Pédelahore, Chayphet Sayarath,
Zhang Liang
Doctorants : Stéphanie Boufflet, Chen Shu, Huang Quan Le, Le Quoc Hung, Li Jun, Wijane Noree, Olivier Petit, Lisa Ros, Moïse Sheu,
Véronique Sheu, Shu Yang, Son Seong-Tae, Xu Lu
La création de l’atelier de l’UMR AUS sur les villes asiatiques a marqué une nouvelle étape pour les actions de recherche et d’enseignement qui, depuis longtemps déjà, sont développées à l’Ipraus. Si ce regroupement de chercheurs, d’enseignants-chercheurs et
d’étudiants n’a pas vocation à lancer de nouvelles pistes de recherche, il permet de conforter les synergies entre les travaux déjà
engagés entre les différentes équipes et de participer au renouvellement des interrogations sur la question du rapport de l’architecture
à la ville. Ceci, en une période de transition, qui n’est pas sans effet sur les formes et les dynamiques du développement urbain.
Les actions engagées sur le long terme : comme l’inventaire de la cartographie et des plans de villes et son exploitation, se poursuivent
en relation avec les équipes du réseau de la recherche et les actions d’enseignement. Après les travaux menés sur Hanoi, Vientiane, ils
se terminent sur Xi’an, se poursuivent sur Bangkok et s’engagent sur Siem-Reap/Angkor ou encore sur Wuhan.
Ces travaux qui sont menés sur la cartographie et les représentations de la ville mettent l’accent sur les articulations qui opèrent
entre l’architecture et la ville, les formes architecturales et urbaines, leurs formations et leurs transformations.
Nous sommes aujourd’hui en Asie toujours confrontés à la dialectique métropolisation et patrimonialisation, l’observation des
transformations rapides nécessite le renforcement des actions de recherche et d’enseignement sur le patrimoine. Patrimoine
appréhendé dans une perspective projectuelle, comme une donne importante des développements/transformations architecturaux
et urbains actuels. La confrontation de deux ateliers conjoints l’un sur Bangkok, l’autre sur Siem Reap/Angkor du programme
d’enseignement DPEA Métropoles d’Asie Pacifique au cours de l’année 2004-2005, illustre ces interrogations.
Récemment, les thèses de Pornthum Thumwimol et de France Mangin ont traité, sous des angles d’approche différents, des
questions patrimoniales à l’échelle urbaine des métropoles Bangkok et Hanoi. La thèse de Davisi Boontharm récemment publiée
illustre elle par contre la dimension métropolitaine à partir du développement des formes du commerce.
L’atelier du DPEA Métropoles d’Asie Pacifique organisé, pour l’année universitaire 2004-2005, à Siem Reap/Angkor au Cambodge
renouvelle une action déjà initiée en 1993-94 ; revenant 10 ans plus tard il mesurera l’impact du développement touristique, l’objectif
étant d’aborder conjointement les problématiques de gestion du site d’Angkor et du développement de Siem Reap, ville jardin, située
aux portes de ce site classé Patrimoine mondial. C’est dans cette perspective qu’une journée d’étude a été organisée par l’Ipraus, avec
les Amis d’Angkor et l’Unesco, à l’école d’architecture de Paris-Belleville en novembre 2004 et qu’une réflexion comparative s’engage
au sein du réseau de la recherche sur la gestion des rapports grands sites et ville à partir des exemples de Xi’an, Louxor, Louang
Prabang…
•
Programme d’inventaire et d’étude du patrimoine architectural, urbain et
paysager (IEPAUP) de la ville de Vientiane et des villes secondaires
cf. Lettre de l’IPRAUS n° 14 pp. 4-11
Responsables scientifiques : Pierre Clément et Chayphet Sayarath
Autres chercheurs : équipe des Ateliers du Patrimoine (Institut de Recherches Urbaines)
Depuis 1999, ont été menées les actions
suivantes : constitution d’une documentation sur les formes architecturales et urbaines ; repérage des zones sensibles et
élaboration d’un premier plan de protection du patrimoine dans le périmètre du
Khou Vieng accompagné d’un projet de
réglementation et d’une liste de bâtiments
à protéger ; actions d’accompagnement
Lettre IPRAUS n°15
pour sensibiliser les populations et les responsables des politiques urbaines à l’intérêt majeur et aux enjeux patrimoniaux actions de formation des membres de l’équipe
au Laos et en France ; opérations expérimentales de réhabilitation de bâtiments
sous la forme de chantiers pilotes. Cette
première étape du travail est terminée à
Vientiane. Le programme est désormais en
phase opérationnelle.
De nombreuses actions d’accompagnement ont été réalisées au Laos et en France
au cours de ce projet par l’équipe de l’Atelier du patrimoine et celle de l’Ipraus Asie :
expositions, séminaires, journées d’étude.
Des publications des travaux du programme IEPAUP sont en préparation.
37
•
Programme de recherche Urbaine pour le Développement
(GEMDEV/ISTED) 2001-2003
• Projets de voirie et recompositions urbaines à Vientiane et à Hanoi
Responsables scientifiques : Nathalie Lancret (IPRAUS) et Karine Peyronnie (IRD)
Autres chercheurs : Emmanuel Cerise (IPRAUS), René de Maximy (IRD),
Bounleuam Sisoulath (Ministère de la communication, des transports, de la
poste et de la construction de la RPD Lao)
En 2002 Nathalie Lancret et Emmanuel
Cerise, architectes, de l’IPRAUS,
conjointement avec K.Peyronnie,
géographe, R. de Maximy, géographe
urbaniste, de l’IRD, et Bounleuam
Sisoulath, architecte, ont répondu à un
appel d’offre pour étudier Vientiane et
Hanoi. Il s’agissait de considérer le rôle de
la voirie, saisie singulièrement dans ses
fonctions urbaines, et ses effets dans les
processus d’urbanisation à l’œuvre dans
ces deux villes. Ce fut l’occasion
d’observer selon cet angle la fabrication
de quartiers au fil des années et son impact
sur la croissance urbaine.
Cette recherche est exposée plus en détail
dans la Lettre IPRAUS n° 14 : Vientiane...
Patrimoine et développement urbain,
pp. 18-19.
Projets de voirie et recompositions urbaines a Vientiane et Hanoi, Rapport de
recherche collective, Programme de Recherche Urbaine pour le Développement
(Gemdev/Isted), Paris, févr. 2004.
• Mutations des cultures spatiales et dynamiques d’acteurs de l’urbanité vietnamienne
à Hanoi, 1873-2001
Responsable scientifique : Christian Pédelahore (IPRAUS)
Autres chercheurs : M. Heinz Schuttle (Université de Bremen en Allemagne), M. Dang Phong
(Centre National des Sciences Sociales et Humaines du Vietnam), M. Ota Schoichi
(Université de Tokyo)
Cette recherche visait à identifier les conceptions et manières de faire des producteurs locaux de l’espace urbain. Un volet
rétrospectif et historique a permis de retracer l’évolution parallèle des cultures urbaines et des modes opératoires locaux, ainsi
que d’identifier les transformations des
modèles et des méthodes de l’urbanisme
international mises en oeuvre depuis l’indépendance. Mettant en évidence les pratiques concrètes des acteurs du cadre bâti,
l’objectif était d’enrichir les systèmes de
conception et les méthodes d’intervention
mobilisables dans les actions d’aménagement et de construction en cours dans les
villes vietnamiennes.
Mutations des cultures spatiales et dynamiques d’acteurs de l’urbanité vietnamienne à Hanoi, 1873-2001, rapport de
la recherche collective intitulée, Programme
de Recherche Urbaine pour le
Developpement (Gemdev/Isted), Paris,
févr. 2004.
• Xi’an, la forme d’une métropole régionale (1949-2000)
Coordination : Pierre Clément (IPRAUS), Bruno Fayolle-Lussac (Ecole d’architecture et du paysage de Bordeaux - PVP) et
Harold Hoyem (Faculté d’architecture de Trondheim)
Chercheurs : Jean-Paul Loubes (EAPBX - PVP), Nathalie Lancret (IPRAUS), Emmauel Cerise (IPRAUS)
Métropole de 6.000.000 d’habitants, Xi’an
présente un intérêt exceptionnel du point
de vue des études sur la ville chinoise.
Capitale de la province du Shaanxi, dans
l’un des sites les plus prestigieux de l’histoire des capitales impériales chinoises,
Xi’an a été successivement capitale des
Qin, des Han et des Tang. Un site archéologique de première importance, une transformation rapide des formes urbaines traditionnelles depuis 1949 et une extension
considérable constituent le contexte de la
transformation de l’agglomération.
Un ouvrage collectif sera publié dans
la collection des cahiers de l’IPRAUS
Plan Xi’an
sous l’empereur Yongzheng >
38
Lettre IPRAUS n°15
• Banque de données cartographiques des villes d’Asie
Coordination : Pierre Clément, Emmanuel Cerise, Nathalie Lancret
Etroitement associé aux enseignements du
DPEA sur les Métropoles d’Asie Pacifique et au séminaire d’Architecture comparée du DEA Projet architectural et urbain,
ainsi qu’au réseau de la recherche architecturale et urbaine sur les Villes d’Asie,
ce programme est mené par l’IPRAUS depuis 1997. Il est conçu sur le long terme,
l’inventaire étant progressivement complété et périodiquement actualisé et repose
sur des partenariats scientifiques avec des
institutions françaises et étrangères. Il
poursuit un triple objectif – recenser les
documents sur une base de données informatique, établir un inventaire et constituer un fonds propre à l’IPRAUS – et suscite un questionnement théorique sur le
statut et le pouvoir des plans ; cf. Lettres
de l’Ipraus 11, 12 et 14.
Sont en cours d’inventaire les plans des
villes suivantes : Hanoi, Ho Chi Minh-ville,
Phnom Penh, Siem Reap/Angkor, Vienti-
ane, Luang Prabang et les autres villes secondaires de la RDP Lao, Bangkok, Jakarta,
Denpasar, Singaraja, Hong Kong, Shanghai, Pékin, Wuhan, Nankin, Canton.
Hanoi, la ville en plans, 1873-1943,
CDrom Ipraus/Ifa/Centre des Archives
d’Outre-Mer/ (CAOM), Paris, 2002.
Vientiane, un siècle de cartographie,
1895-1943, CDrom Ipraus/Ateliers du
patrimoine de Vientiane (IRU-MCTPC),
Paris/Vientiane, 2003.
• Le réseau de la recherche architecturale et urbaine Métropoles d’Asie-Pacifique :
architecture et urbanisme comparés
Coordination : Pierre Clément, Emmanuel Cerise, Nathalie Lancret, Christian Pédelahore avec Charles Goldblum
Ancré à l’Ecole d’architecture de ParisBelleville et au laboratoire de l’Ipraus, le
réseau (habilité depuis 1999 par le ministère de la Culture et de la Communication,
Direction de l’Architecture et du Patrimoine) crée une synergie entre les programmes de recherche et d’enseignement sur
l’architecture et la ville en Asie qui, depuis
de nombreuses années, sont développés
dans ces institutions. La perspective des
programmes est double. Il s’agit, d’une part,
de saisir les spécificités de ces territoires
qui, depuis le milieu du siècle dernier, con-
naissent une croissance spatiale et démographique accélérée. Les villes de la région
considérée sont alors entrées dans un cycle de transformations profondes dont témoigne une multitude de chantiers, tant au
centre qu’en périphérie, qui ne sont pas
sans effets sur les formes architecturales
et urbaines, et sur les pratiques de l’espace. Il s’agit, d’autre part, de mettre en
perspective les fondements théoriques
d’une approche disciplinaire “ d’architecture et d’urbanisme comparés ”. Les actions du réseau ont permis de renforcer les
collaborations scientifiques et pédagogiques, d’engager des confrontations culturelles, scientifiques et techniques en France
et à l’étranger, notamment avec nos partenaires asiatiques. qui ont été le lieu d’accumulation sur une longue période de connaissances. C’est également dans cette
perspective que le réseau vise à constituer
un fonds documentaire spécialisé (bibliographique,
cartograpohique
et
iconographique) et contribue à la réflexion
de recherche.
• Programme « Sources françaises de l’architecture et
de l’urbanisme des terrains colonialisés »
Coordination : Christian Pédelahore (IPRAUS), Isabelle Longuet, Bernard Toulier, Alice Thomine
Organismes partenaires : DAPA, INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), DAF (Direction des Archives de France),
Archives départementales, archives municipales
Institutions associées : Archives du ministère des Affaires Etrangères, Archives du ministère de l’Equipement, ISTED
Créée à l’initiative de la Dapa, cette action
pluri-annuelle a pour objet l’identification,
le recensement et la communication des
sources nationales, régionales et départementales françaises sur le sujet ; ceci sous
la forme de guides référencés (numériques,
en ligne, publications) qui seront librement
Lettre IPRAUS n°15
accessibles, à terme, aux institutions, aux
experts et chercheurs, ainsi qu’au public
intéressé. Cette action dont l’objet géographique a trait aux pays de l’ex-empire français (Afrique, Asie, Océanie) concerne un
champ méthodologique élargi qui traite des
productions tant intellectuelles que phy-
siques de l’architecture et de l’urbanisme
exporté (notamment aux Amériques). Elle
devrait ainsi permettre de renforcer les recherches engagées sur les échanges
interculturels et la circulation internationale
des modèles et des types architecturaux et
urbains.
39
• Culture, patrimoine et modernité urbaine. Programme
Ba Dinh, Hanoi, Vietnam
Coordination : Christian Pédelahore (IPRAUS), Philippe Papin, Philippe Le Failler, et Pierre Pichard
Institutions partenaires : EFEO, Académie des Sciences de la RSVN, IPRAUS
A l’initiative de l’Académie des Sciences
de la république socialiste du Vietnam et
de l’Ecole française d’Extrême-Orient,
une équipe et un programme conjoint interdisciplinaires ont été constitués, courant 2004, sur le site archéologique de
Ba Dinh : étude de son présent et de son
avenir. Situé dans le centre de Hanoi, au
sein du périmètre des cités impériales historiques, ce site de 2,5 hectares est objet
et sujet de multiples enjeux : fonciers,
identitaires, urbains. Notre domaine d’intervention concerne plus spécifiquement
l’intégration de Ba Dinh dans le centre
historique de Hanoi avec, en perspective,
la production du dossier d’inscription de
la ville de Hanoi au Patrimoine mondial
de l’Unesco.
Cette action comprend des études d’histoire des formes urbaines et architecturales, en liaison avec les récentes découvertes sur le site, des études de définition
pragmatique du devenir urbain de ce quartier. Un programme conjoint de publication analytique de la cartographie historique de Hanoi (IXe-XXe s.) est projeté en
•
association avec l’Académie des Sciences
de la RSVN (Pr. Pham Huy Lé), l’EFEO
(Ph. Papin) et l’IPRAUS (E. Cerise,
N. Lancret et Ch. Pédelahore).
Chantier de fouilles archéologiques à Ba Dinh - Hanoï - 2004. Photographie : Ch. Pédelahore
Esthétique ordinaire de la ville : Kyôto-Paris-Tôkyô
Responsable : Philippe Bonnin
Partenaires : Prof. Okazaki (U. du Kansai, Kobe), Prof Kato Kunio (U. Sangyo, Osaka), Nicolas Fiévé (CNRS).
L’esthétique, prise comme dimension permanente, quotidienne, de toute pratique,
même et surtout ordinaire, ne s’imprime pas
seulement dans des objets concrets et isolés, mais également dans des dispositifs et
assemblages complexes. Les lieux qui composent la ville sont de ceux-là, et la question de leur capacité à esthétiser la vie sociale se pose de manière permanente.
Qu’est-ce qui fait percevoir et juger la cité,
•
ses rues, ses carrefours, ses lieux
d’échange, les fait entrer dans les catégories du laid ou beau, du gai ou sinistre,
qu’est-ce qui les rend attrayants ou repoussants, voire effrayants. Quelles traces
de leur pratique les créateurs de ces lieux
laissent-ils ou proposent-ils ? Réciproquement, quelles traces explicites ou implicites de leur lecture, de leur usage, les individus –selon leurs appartenances– lais-
« La ville japonaise : l’ordinaire de l’esthétique », in Le goût de belles choses,
MSH-Mission à l’ethnologie, coll. Ethnologie de la France 19, 2004, pp.11-34.
Séminaires, colloques, journées d’étude
Angkor–Siem Reap : temps long et enjeux contemporains. Journée d’étude organisée par l’IPRAUS avec le soutien des
Amis d’Angkor et de l’UNESCO, Paris :
Ecole d’architecture de Paris-Belleville, 19
novembre 2004 (équipe IPRAUS Asie).
que d’un atelier de la 4ème conférence internationale de l’EUROSEAS (European
Association of Southeast Asian Studies),
01-04 septembre 2004, Paris : La Sorbonne
(IPRAUS/LASEMA/EHESS : S. Clément,
Ch. Goldblum, N. Lancret, M. Franck)
Les villes aux marges de la
métropolisation. Coordination scientifi-
Séminaire Patrimoine et Developpement
urbain au Laos, 29 avril 2004, Paris : Ecole
40
sent-ils derrière eux ? Quelles pratiques
directes de ces lieux donnent-ils à voir ?
Quels discours concordants ou contradictoires tiennent-ils sur ces lieux ?
d’architecture de Paris-Belleville (IPRAUS/
Ateliers du patrimoine de Vientiane/Maison du patrimoine de Luang Prabang :
équipe IPRAUS Asie avec E. Pouille de la
Maison du Patrimoine de Luang Prabang,
Ch. Sayarath et l’Atelier du Patrimoine de
Vientiane).
Lettre IPRAUS n°15
L’architecture de la ville en Asie. Coordination scientifique d’un atelier du 1er Congrès Asie organisé par le CNRS et l’EHESS,
24-25 septembre 2003, Paris : MAE
(IPRAUS : Ph. Bonnin et N. Lancret).
•
Vientiane. Patrimoine et ville contemporaine. Journées d’étude organisées par
l’IPRAUS et les Ateliers du Patrimoine de
Vientiane (P. Clément, Ch. Sayarath), 20-22
novembre 2002, Vientiane (RDP Lao). Programme détaillé dans la Lettre IPRAUS n°
14, pp. 14.
Expositions
Bangkok Metropolitan. Exposition des travaux des étudiants de la formation de DPEA
en architecture et aménagement urbain sur
les Métropoles d’Asie-Pacifique (EAPB,
EAPLV, IFU) de l’année 2003-2004, Paris :
Ecole d’architecture de Paris La Villette,
novembre 2004. L’exposition sera présentée à l’Ecole d’architecture de Paris-Belleville et l’Université de Chulalongkorn à
Bangkok au début de 2005.
DPEAMAP
20032004>
Vientiane … Luang Prabang : patrimoine
et développement durable. Exposition des
travaux du programme d’inventaire du patrimoine architectural, urbain et paysager
de la ville de Vientiane et du programme
de la Maison du Patrimoine de Luang Prabang (RDP Lao), Paris, Ecole d’architecture de Paris-Belleville, 26 avril-14 mai
2004.
Hong Kong 2003. Exposition des travaux
des étudiants de la formation de DPEA en
architecture et aménagement urbain sur
les Métropoles d’Asie-Pacifique
(EAPB, EAPLV, IFU) de l’année 2001-2002
et 2002-2003, Paris : Ecole d’architecture de Paris Belleville, décembre 2003.
Atelier Hong Kong 2001-2002. Exposition
des travaux des étudiants de la formation
de DPEA en architecture et aménagement
urbain sur les Métropoles d’Asie-Pacifique (EAPB, EAPLV, IFU) de l’année 2001-
•
2002, Paris : Ecole d’architecture de Paris
Belleville et de Paris-Le Villette, novembre
2002.
Vientiane, patrimoine et ville contemporaine. Exposition des travaux du programme d’inventaire du patrimoine architectural, urbain et paysager de la ville de
Vientiane (IPRAUS/Ateliers du patrimoine
de Vientiane : Ch. Sayarath et l’équipe des
Ateliers du patrimoine), Vientiane : Ecole
des Beaux-Arts, novembre-décembre 2002.
Etude de l’îlot de Vat Ongtu et Vat Chanh
à Vientiane. Exposition réalisée sur l’îlot
test des pagodes Chanh et Ongtu dans le
cadre du programme d’inventaire du patrimoine architectural, urbain et paysager de
la ville de Vientiane (IPRAUS/Ateliers du
patrimoine de Vientiane : Ch. Sayarath et
l’équipe des Ateliers du patrimoine), Vientiane : monastère de Vat Ongtu, 2001.
Enseignement
• DPEA Métropoles d’Asie-Pacifique (MAP)
Responsables scientifiques : Pierre Clément (EAPB), Charles Goldblum (IFU) et Yong-Hak Shin (EAPLV, coordinateur pédagogique)
Autres enseignants : Clément-Noel Douady, Jean-Jacques Dupuy, Inès Gaulis, Nathalie Lancret, Christian Pédelahore, Christian Taillard,
Zhang Liang
Doctorants associés : Emmanuel Cerise, Lisa Ros, Wijane Noree
Ce DPEA et post-diplôme en architecture
et aménagement urbain sur les grandes villes d’Asie- Pacifique est organisé par les
écoles d’architecture de Paris-La Villette
et de Paris- Belleville, avec l’Institut
Français d’Urbanisme de l’Université de
Paris VIII- Saint Denis. Habilitée par la
Direction de l’Architecture et du Patrimoine depuis 1984, cette formation répond à un double objectif : développer
Lettre IPRAUS n°15
l’analyse, les méthodes d’approches et
l’instrumentation de connaissances spécifiques sur les phénomènes urbains dans
l’aire Asie-Pacifique ; former des professionnels à l’intervention architecturale et
urbanistique. Sur le principe d’un travail
de terrain, la formation privilégie trois démarches : l’analyse des formes urbaines et
architecturales existantes, l’étude des processus de développement, la pratique du
projet urbain sur les sites étudiés sur le
terrain et choisis pour leur valeur démonstrative des mutations en cours. Depuis
2001-2002, les terrains ont porté Bangkok
et Hong Kong ; cette année, deux terrains
seront réalisés à Bangkok et à Siem ReapAngkor.
Renseignements et inscriptions :
Ecole d’Architecture de Paris-La Villette
144, rue de Flandre 75019 PARIS
Email : [email protected]
41
•
Thèses soutenues
• Pornthum THUMWIMOL
Métamorphose urbaine et permanence paysagère. Les aventures de la patrimonialisation de Bangkok. L’île de Rattanakosin
(1978-1997), Thèse de doctorat en architecture soutenue le 9 avril 2004 sous la direction de Pierre Clément, université Paris 8, écoles
d’architecture de Paris-Belleville, Paris-Malaquais, Paris-la-Villette et Versailles
Cette thèse analyse les effets de la
patrimonialisation de l’île de Rattanakosin
entre 1978 et 1997. Elle analyse les métamorphoses urbaines et les permanences
paysagères, éléments de référence dans
la formation et l’évolution de
Rattanakosin. L’aspect historique, physique ou spirituel, de ces permanences est
confronté au contexte urbain actuel. Elles
démontrent que l’eau est l’élément fonda-
teur de la ville ancienne, que trois axes d’extension urbaine, Rajadamnoern,
Bamrungmuang, et Charoernkrung, ont
été les facteurs essentiels de la métamorphose de la cité, en favorisant activités,
extension et liens entre le centre ancien
et la métropole. Depuis 1978, ces permanences sont devenues l’élément clef de la
politique de patrimonialisation. Supports
incontestés du développement urbain,
économique et touristique, elles guident la
stratégie des acteurs des projets d’aménagement, pour requalifier le centre ancien et
rétablir son image en l’intégrant dans la
réalité et les besoins du futur.
• Bounleuam SISOULATH
Vientiane, stratégies de développement urbain. Processus et acteurs de l’urbanisation dans la capitale de la République
Démocratique Populaire Lao, Thèse de doctorat de géographie présentée le 28 avril 2003 à l’université Paris X Nanterre.
Dirs. Charles Goldblum et Christian Taillard.
Elaborée par un haut responsable de
l’aménagement de Vientiane et fruit d’une
expérience professionnelle peu commune, la présente thèse retrace les différentes phases de l’évolution de la capitale
laotienne et envisage son développement
dans le contexte des mutations régionales de l’Asie du Sud-Est. Elle apporte un
éclairage original sur les processus de
transformation de la capitale lao au cours
du 20èmesiècle et constitue ainsi une contribution unique à la connaissance de Vientiane, ville la moins étudiée parmi les capitales de l’Asie du Sud-Est.
En l’absence d’un corpus d’études urbaines antérieures, cette recherche a pris
appui sur l’important matériel de cartes
et de plans, anciens ou récents, rassemblés et traités au sein des deux programmes de recherche en coopération actuellement en cours sur Vientiane et auxquels
42
l’auteur contribue : Vientiane : structures et dynamiques de l’urbanisation et
Inventaire du patrimoine et développement urbain.
L’analyse de ces documents cartographiques, dans la première partie de la thèse,
permet d’établir un état des lieux de l’urbanisation aux principales phases de la
croissance urbaine, en liaison avec l’évolution démographique et avec l’extension
du périmètre urbain. De ce point de vue,
la mise en place des grands équipements,
des réseaux physiques et de services est
un bon indicateur des réponses apportées
aux exigences fonctionnelles de la capitale. Cette approche retraçant l’histoire de
la ville depuis sa refondation sous protectorat français, notamment à travers le développement des formes du bâti, met en
évidence l’existence d’un mode de fabrication urbaine particulier : la fixation spatiale des populations sous la forme d’en-
tités villageoises, laquelle conduit, par
juxtaposition, à une configuration urbaine
étalée.
Dans sa seconde partie, la thèse prend
appui sur les plans et documents d’urbanisme afin d’étudier les reconfigurations
urbaines actuelles : les aménagements publics (notamment dans le domaine des
infrastructures), généralement associés à
l’aide internationale, trouvent désormais
leur complément dans les réalisations privées, à la faveur de l’ouverture du pays à
l’économie de marché. Cette démarche
permet ainsi d’identifier les nouvelles
conditions de la production urbanistique,
celle-ci tenant désormais moins à l’imposition des directives portées les schémas d’aménagement qu’à la capacité d’articuler des logiques de projet portées par
des acteurs de plus en plus diversifiés et
dont le poids est fonction des financements qu’ils peuvent mobiliser.
Lettre IPRAUS n°15
• France MANGIN
La place du patrimoine urbain dans le développement du centre-ville de Hanoi
sous la direction de Charles Goldbmum, doctorat ville et environnement, Université Paris VIII, thèse soutenue le 5 juillet 2002
En l’an 2000, pour la célébration des festivités du 990e anniversaire de la capitale,
Hanoi, des interventions de restauration
de monuments remarquables (avec la reconstruction d’édifices disparus sur le site
de l’ancienne Citadelle) ont éclairé d’un
nouveau jour les précédentes périodes de
prise en charge du patrimoine, notamment
pendant la colonisation française.
C’est en suivant, dans une structure chronologique, la trajectoire d’une élaboration
urbaine spécifique (dont plusieurs composants perdurent jusqu’à aujourd’hui) et, en
parallèle, la trajectoire de lieux symboliques
(dont certains deviendront des monuments
historiques), qu’il devient possible de caractériser la notion de patrimoine urbain à
Hanoi dans sa phase instauratrice, à partir
du début du XIXe siècle (moment où des
militaires français interviennent sur la Citadelle, élément urbain essentiel).
Comme le montre l’exploitation de documents tels que les cartes et les plans, les
ouvrages décrivant Hanoi et les dossiers
•
des Archives, l’investissement de la ville
vietnamienne par les Français dans les dernières décennies du XIXe siècle jusqu’aux
années 1930 s’est caractérisé par une incompatibilité de sens entre le concept importé de monument historique et la vision
vietnamienne de l’édifice monumental :
phénomène qui a entraîné la destruction
ou la disparition de nombreux éléments du
patrimoine urbain.
En 1906, la publication de la première « liste
des Monuments Historiques » de Hanoi
inaugure la protection officielle par les Français de plusieurs monuments (en majorité
religieux) vietnamiens. Entre ce moment et
la dernière liste établie par les Français en
1938, le rôle de l’Ecole française d’ExtrêmeOrient (comme le font apparaître les Bulletins publiés) demeure alors essentiel dans
la sélection des objets à préserver, dans
leur prise en charge et dans les choix de
doctrine de restauration, à Hanoi mais aussi
en Annam, à Angkor ou au Laos. Dans ce
contexte, vont également émerger les différences de points de vue des acteurs face
aux enjeux physiques et symboliques
autour des monuments (et des monuments
historiques) devenus prépondérants par
rapport au patrimoine urbain dans la progression de la ville moderne organisée notamment par les grands urbanistes coloniaux.
Avec l’édition, par les Vietnamiens, de la
liste des « Vestiges classés » à Hanoi de
1962 jusqu’en 1997, le lien se reconstitue
entre la fin des années 1930 et la période
actuelle. A partir de ce document, complété
à la fois par les nouvelles tendances qui
émergent de colloques internationaux traitant du patrimoine et des monuments de
Hanoi et par les actions menées récemment
sur place, il est possible de connaître la
manière dont sont considérés ces éléments
aujourd’hui et d’évaluer la distance parcourue par rapport à ce qui a fondé leur
prise en considération.
Thèses en cours sous la direction de Pierre Clément
• Emmanuel CERISE
Entre pratiques habitantes et planification, Hanoi, 1986-2003.
A Hanoi, les habitants ont une activité architecturale et urbaine intense qui participe de la permanente “ re-création ” de la
ville. Cette dynamique a pris une tournure
toute particulière dans cette période de
transition que connaît le Vietnam depuis
l’ouverture économique de 1986 qui coïncide avec la politique de « Renouveau »
du Doi Moi. Les projets et pratiques des
habitants se manifestent partout, sous des
formes différenciées, parfois là où on les
attend le moins. La planification urbaine,
du moins quand elle s’attache à l’aménagement de nouveaux quartiers de résidence, témoigne de cette dynamique, sans
doute plus instinctive que raisonnée, héritée des usages de l’espace domestique par
les habitants de Hanoi. La rencontre se fait
entre, d’une part, la planification jouant sur
les trames de voirie et les réseaux, sur des
projets de ville, de grands projets ou encore des lotissements entiers, et, d’autre
part, l’action des habitants créant et recomposant leur environnement proche. Elle
donne lieu à des échanges réciproques
Lettre IPRAUS n°15
entre les échelles architecturale et urbaine, entre des
temps de projet parfois long
parfois court, voire très court,
entre des structures anciennes et des composantes nouvelles. Elle peut prendre la
forme d’une juxtaposition,
d’une contagion de proche
en proche, d’une opposition
ou d’une rupture, parfois
conflictuelle, parfois consensuelle. Elle est multiple.
Cette thèse nous interroge
autant sur les fragments de
ville résultant de cette dialectique que sur les transformations des architectures et des
tissus existants. Nous cherchons à identifier et à comprendre les liens entretenus
entre les formes complexes
qu’elle suscite et les structures spatiales historiques de
Hanoi.
Villa coloniale transformée croquis : E. Cerise, Hanoi, 2002
43
•
HUANG Quan Le
L’urbanisation d’un village au fil de l’extension urbaine : un microcosme de l’évolution urbaine
rapide de Canton
Cette thèse s’attache à l’étude morphologique et sociologique d’un village, autrefois rural, Shi-Pai, situé à l’est du périphérique de la ville de Canton.
L’auteur s’efforce tout d’abord de distinguer les différentes phases qui constituent
l’histoire du village, de l’époque, avant
1980, où son économie était orientée vers
la production de fruits et légumes à destination des marchés de Canton, jusqu’à
l’état actuel où le village est gagné par l’extension urbaine vers l’est de la ville de
Canton.
L’auteur s’attache ensuite à l’exploration
approfondie du village en essayant de discerner qui en sont les usagers et comment
ceux-ci vivent, utilisent, organisent cet espace villageois, encore si différent d’un
véritable espace urbain, démontrant notamment qu’il n’est plus un village comme
il le fut par le passé, mais un lieu profondément influencé et transformé par la vie urbaine et sociale qui l’a progressivement
gagné.
Parallèlement, l’analyse comparative de la
composition morphologique urbaine et architecturale du village aux différentes époques charnières de son histoire, de l’usage
des bâtiments dans et autour du village
mène à poser l’hypothèse qu’un nouveau
centre urbain est en cours de constitution.
Ce processus est dû à trois facteurs essentiels : l’évolution urbaine vers l’est, la
situation propre au village au sein de
cette évolution et les migrants, nouveaux
habitants qui s’installent à Shi-Pai et se
substituent peu à peu aux habitants originaux du village.
Enfin, l’auteur s’interroge sur la place
qu’occupe ce village urbain dans l’histoire
de l’urbanisme social et commercial de Canton.
• Stéphanie BOUFFLET
• Lisa ROS
Montagne-eau, dans le projet urbain contemporain de Pékin
La formation de Phnom-Penh, capitale
moderne d’un jeune Etat-nation : 19541970.
verticalisation de la ville chinoise - cas
de Shanghai : du lilong à la tour.
• CHEN Shu
Du souffle à la continuité de l’espace
naturel dans la ville. Etude comparée
Extrême-Orient/Occident.
• Olivier PETIT
Mise en perspective de la métropolisation
en Asie à partir de l’étude de cas de villes
nouvelles coréennes.
• Wijane NOREE
Vientiane. La place du centre historique
dans la constitution de la ville moderne.
• SHU Yang
Le rapport ville-fleuve : un double regard
sur Wuhan et Shanghai.
Charles
Hanoï, objets, acteurs et métamorphoses
d’un espace singulier. Syncrétisme architectural et pluralité urbaine (1873-2000).
La forme de l’espace urbain pendant la
période historique et développement
urbain.
• Chayphet SAYARATH
avec
• Christian PEDELAHORE
• LI Jun
Expérimentation des relations entre
l’architecture et l’acoustique.
En co-direction
Goldblum :
Croquis extrait de la correspondance de G.
Hanning et de R. Hansberger
• Moïse SHEU
Puxi-Pudong. Architecture urbaine des
deux territoires.
• XU Lu
Transformation de la forme urbaine. La
• Véronique SHEU
Les compartiments chinois à Tapei :
transformations et limites.
• SON Seong-Tae
Le centre de Seoul entre histoire et
métropolisation. Formations, formes,
transformations.
• Thèses en cours sous la direction de Charles Goldblum
(doctorant rattaché à l’IPRAUS)
LE Quoc Hung
Le compartiment chinois à HochiminhVille, du centre marchand aux extensions
urbaines. Un élément de la constitution
et de la transformation urbaines.
Transformation typologique du
compartiment
(tronçon de Tran Hung Dao - Ky Hoa
/ lotissement n°15) >
44
Lettre IPRAUS n°15
Les ateliers transversaux de l’UMR
L’IPRAUS constitue désormais l’une des équipes de l’UMR 7136 AUS “ Architectures, Urbanismes, Sociétés ” du CNRS, et participe
activement à son programme scientifique. Ainsi, chacun des ateliers transversaux comprend-il au moins un membre de l’IPRAUS
parmi ses coordonnateurs, en charge d’en impulser l’activité, d’en animer les débats et échanges, d’en faire connaître et valoriser
les résultats : “ le projet comme action sur l’espace, (avec Nicole Eleb aux côtés d’Albert Levy et de Yannis Tsiomis), “ Paris : les
échelles de la métropole ”, (avec Annie Terade et François Laisney aux côtés de Jean-Louis Cohen et de Thierry Baudouin),
“ Architecture de la maison et production de l’habitat périurbain ” (avec Jean-Michel Leger aux côtés de Monique Eleb et d’Eric
Charmes), “ Persistances des structures spatiales et mutations dans les formes contemporaines des villes asiatiques ” (avec Pierre
Clément et Nathalie Lancret aux côtés de Charles Goldblum et de Laurence Nguyen), enfin “ Identités et territorialisation ” (avec
Roselyne de Villanova aux côtés de Jacques Beauchard et de Jean-Louis Violeau).
Chacun de ces ateliers mène ses travaux à son rythme propre, en fonction des proximités et échanges déjà engagés entre les équipes
et les chercheurs, ou bien nouvellement à construire, et soulevant parfois des questions nouvelles. Trois d’entre eux sont particulièrement avancés et rendent compte ici de leurs activités, en projetant des publications prochaines. Ils ont généré parallèlement de
nouveaux échanges entre équipes : ainsi, plusieurs membres de l’UMR (Jean-Pierre Traisnel, Maïté Clavel, Philippe Bonnin) ont-ils pu
participer au colloque de Cerisy-la-Salle de septembre 2004 “ Les trois sources de la ville-campagne ”, sur la question de l’étalement
périurbain, de ses causes et de ses conséquences.
•
Atelier « Paris, les échelles de la métropole »
Coordination scientifique : Annie Térade, François Laisney, Jean-Louis Cohen, Thierry Baudouin
Organisation : Annie Térade
L’atelier « Paris, les échelles de la métropole » s’était assigné un triple but :
- approcher la globalité de l’échelle métropolitaine (à partir des conditions économiques et politiques de la globalisation, de la
question des mobilités, de l’histoire du
développement territorial sur le long
terme…) ;
- saisir les articulations à l’échelle intermédiaire (en reliant projets particuliers et stratégies globales, logiques publiques et investissements, temporalités de l’aménagement, intercommunalité…) :
- remonter aux causalités à l’échelle locale
(à partir de l’observation de pratiques concrètes : formes du partage de l’espace public, transformations d’usages, évolution
de la sociabilité urbaine, échelle architecturale des bâtiments et leur pratique…).
Pour sa première année, le travail de l’atelier s’est organisé autour de deux formes
d’actions :
- un inventaire des travaux, achevés et en
cours, développés au sein de l’UMR AUS
et centrés sur Paris et son agglomération a
été confié à Amina Sellali ; aujourd’hui
achevé, il sera très prochainement disponible sur le site de l’UMR et son existence
annoncée par mailing à des personnalités
scientifiques, politiques et/ou administratives de la métropole ;
Lettre IPRAUS n°15
- sept séances thématiques ont été organisées sous forme de séminaire, chacune
autour de la présentation de travaux suivie
d’un débat ; les comptes-rendus de ces
séances (dont liste suit) sont également
consultables sur le site de l’UMR.
17/10/2003 : Réunion de lancement de l’atelier
08/12/2003 : Mobilité - Urbanité (avec Karen Bowie, La gare d’Austerlitz ; François
Laisney, Le tramway, retour d’expériences ; Jean-Clande Traisnel, Confort et économies d’énergie : quels enjeux ? - Modérateur : Annie Térade).
16/01/2004 : Vides et latences 1 (avec
Olivier Pégard, La fête foraine ou l’habillage du terrain nu ; Hélène Soulier,
Terrains vagues - Modérateur : Philippe
Bonnin).
12/03/2004 : Vides et latences 2 (avec Yann
Renaud, Les projets urbains alternatifs :
squats d’artistes et associations de défense
des quartiers à Paris ; Elsa Vivant, Le
squat d’artistes : analyseur des mutations
urbaines contemporaines ? - Modérateur :
Thierry Baudouin).
26/03/2004 : Banlieues d’hier, banlieues
d’aujourd’hui (avec Amina Sellali, La formation des banlieues de Paris au
XIX e siècle : le cas de l’actuel
20e arrondissement ; Anne Grillet-Aubert,
Destins contrastés des Grands Ensembles
de logements sociaux).
05/04/2004 : Développement durable et
gouvernance (avec Sabine Barles, Une
approche métabolique de la ville : Paris,
XIX e -XX e siècles ; Thierry Baudouin,
Roissy, pôle portuaire métropolitain).
10/05/2004 : Infrastructures territoriales
et urbanisation (avec Solenn Guével, Les
canaux parisiens comme éléments fondateurs de la forme urbaine au XIXe siècle ;
Nicolas Fonty, Identité contre générique,
ou comment décoder les formes urbaines
de la nébuleuse parisienne).
11/06/2004 : La mémoire de la ville (avec
Clara Sandrini, Politique urbaine et mémoire collective à Paris, de 1945 à 1980 ;
Rosemay Wakeman, La spécificité de
l’urbanisme parisien des années 50).
À la fin de cette première année, l’atelier
« Paris » enregistrait un peu plus de
50 inscrits, dont une dizaine extérieurs à
l’UMR (invités d’une séance, et/ou personnes ayant demandé à être informés des
travaux de l’atelier).
Pour 2004-2005, trois séances se sont déjà
tenues :
17/11/2004 : Paris comme modèle, les modèles de Paris 1 (avec Jean-Louis Cohen,
Paris importe - Paris-Berlin ; André
45
Lortie, Paris échange - Émetteurs et récepteurs, les agents des transferts).
17/12/2004 : Paris comme modèle, les modèles de Paris 2 (avec Patrick Leitner, Paris-New-York ; et…, Paris-Moscou).
20/01/2005 : L’habitat de la bourgeoisie parisienne (avec Monique Éleb).
15/02/2005 : Paris - Banlieue : du concept
historique à une réalité en évolution. Les
nouveaux projets du territoire (avec Bernard Landau et Simon Ronai).
Quatre autres séances sont actuellement
prévues. En voici la liste indicative, qui sera
dans les meilleurs délais complétée par les
dates et les thèmes des interventions :
- Patrimoine et urbanisme opérationnel à
Paris (avec Pierre Pinon, Philippe Gresset,
Karen Bowie et Annie Térade).
- Quelle politique urbaine parisienne
avant Haussmann ? (avec Annie Térade et
Frédéric Cacaut).
- Les halles : démocratie et projet urbain
(intervenants à définir).
- La recherche urbaine et Paris : offre
universitaire et demande municipale (avec
Amina Sellali, Bilan thématique des re-
•
cherches de l’UMR ; un responsable de la
recherche à la Ville de Paris).
Au terme de cette seconde année, une publication de l’ensemble des travaux de
l’atelier est prévue (sous forme d’ouvrage
de librairie ou de publication en ligne, de
façon à entrer en corrélation avec les initiatives des autres ateliers de l’UMR).
Belleville. La mémoire de la ville - photographie : Ph. Bonnin
Atelier « Identités-territorialisation »
Coordination : Jacques Beauchard, Jean-Louis Violeau, Roselyne de Villanova
L’atelier transversal de l’UMR s’est constitué en octobre 2003 composé d’une
équipe ayant répondu au texte d’appel dont
voici un extrait :
L’atelier vise à dessiner les territorialités
nouvelles où se projettent pour partie les
traces de(s) l’être(s) collectif(s). Sans omettre les lieux mimétiques, construits par les
grands nombres suivant la variété des cohortes et des foules qui marquent par leur
présence de façon régulière, alternée ou
cyclique des types de centralité. L’ensemble de ces petites territorialités s’insère
dans l’espace “ transactionnel ” en cours
de construction suivant des aires locales
et des zones d’activité. Ici, il nous intéresse de voir comment la mobilité engendre de la permanence et des liens avec le
monde. Finalement la résille de ces observations spatio-temporelles offre des
nœuds d’identification où s’expriment les
comportements individuels et collectifs.
Des représentations identitaires s’affirment, qui, à leur tour entraînent la transformation des lieux, des sites, des territoires
et des espaces. Il nous intéresse de dé-
46
crire les processus par lesquels ces représentations s’élaborent et demeurent en
mouvement. A tous les niveaux évoqués,
cette recherche vise à être appliquée aux
politiques de la ville. Nos hypothèses et
nos enquêtes devraient nous permettre de
rejoindre en certains points la démarche
“ projet ” elle aussi transversale à l’UMR
ou encore les travaux de l’atelier sur la
métropolisation de la capitale.
L’atelier s’est assigné pour tâche :
1) de reconsidérer la notion de territoire
par rapport aux formes que prend la mobilité des sociétés aujourd’hui, de la confronter aux notions d’espace et de lieu,
de manière dynamique : territorialisation
des identités/identifications, représentations ;
2) de constituer parallèlement un lexique
en s’appuyant sur les travaux présentés
dans l’atelier.
Au cours de la première discussion, il a
été rappelé que dans le contexte actuel,
les termes de territoire, frontières, sont
l’objet de débats assez nombreux et nous
obligent à être vigilants sur l’originalité de
notre apport. A été posée la difficulté de
travailler ces notions dont les acceptions
peuvent varier selon les disciplines des
sciences sociales, notamment celles qui
sont représentées dans l’atelier (géographie, histoire, sociologie, anthropologie,
architecture). Il s’est dégagé deux directions dans la problématisation : d’un côté,
des notions qui interrogent, éclairent, celle
de territoire et de frontières en tant
qu’unité, en tant que forme “ mobile devant intégrer la diversité ” de l’autre des
notions qui décrivent et éclairent des pratiques d’identifications et de
territorialisation individuelle ou collective qui se confrontent à des entités politiques, administratives, etc. convoquant
des questions telles que l’appartenance,
l’appropriation, etc.
Une première série de débats a eu lieu en
2003/2004 autour des interventions suivantes :
Les territoires péri-urbains de loisirs, le
cas du camping-caravaning sur parcel-
Lettre IPRAUS n°15
les privées ( F. Poulain ), Génie du territoire et identité politique (J. Beauchard),
Espace(s)- Lieu(x) (M. Clavel), Identités,
territoires et notion de rassemblement à
partir d’une enquête sur les jeunes en banlieue et les usages de l’espace public
(J. Boissonnade), Les espaces de l’entredeux : mobilité, interaction et mixités
(R. de Villanova)
Puis nous avons discuté sur la constitution d’un lexique de notions replaçant
territoire et identités dans une constellation de termes (J.L. Violeau).
Cette première phase de fonctionnement
de l’atelier s’est clôturée par une journée
de réorientation thématique : il apparaît
que nous travaillons sur des processus et
non sur des entités figées. Nous voyons
la nécessité d’une confrontation entre les
échelles des territoires politiques, administratif, visant à la construction d’une unité,
d’une cohésion, à l’intérieur de frontières
et les pratiques sociales et représentations
(identification personnelle ou communautaire locale, structurées ou non à partir de
l’espace habité, -bandes de jeunes, actions
associatives- identification à partir des
valeurs du travail etc…
Discussion sur la thématique de la publication finale et constitution d’un comité
de lecture (50% UMR ; 50% extérieur).
La deuxième étape de fonctionnement de
l’atelier est bien avancée avec les séances suivantes qui se tiennent en 2004/
2005 :
Travail et territoire. Le cas de l’Allemagne de l’Est (M. Manale). Quelle(s)
représentation(s)
pour
quel(s)
territoire(s) (C. Salmon) Ethnie-cité : les
jeux de l’altérophobie (F. Moncomble), La
fabrique politique de l’espace (l’observatoire de la démocratie locale à Créteil)
(B. Goussault), Appropriation différentielle du territoire par les jeunes scolarisés d’un quartier de banlieue (J. Deville).
Deux figures socio-spatiales de la proximité : le village, le quartier (G. Baudin)
Une version du territoire dans le
“ communautarisme ” russe à partir d’une
enquête sur les habitants d’appartements
communautaires à Moscou (C. Azarova),
Nommer, habiter (Ph. Bonnin). Etat d’avancement du lexique qui s’est enrichi et resserré à l’appui des contributions
(J.L. Violeau)
Cette deuxième phase s’achèvera en mai/
juin 2005 avec la préparation d’une publication collective.
•
Persistance des structures spatiales et mutations dans
les formes contemporaines des villes asiatiques
Coordination scientifique : Pierre Clément, Charles Goldblum, Laurence Nguyen, Nathalie Lancret
Si la recherche sur l’architecture et la ville
en Asie est ancienne, elle est aujourd’hui
confrontée à une nouvelle donne relative
au contexte de transition – ouverture et
internationalisation des économies – et aux
effets d’accélération de l’urbanisation, là
où précisément le fait urbain avait été mis
en cause dans son existence même dans la
seconde moitié du XXe siècle. Il en résulte
des mutations profondes, notamment dans
les formes, les échelles et les dynamiques
des projets qui entrent en jeu dans la fabrication des villes.
Une attention particulière est ici portée aux
rémanences et aux persistances de formes
architecturales et urbaines anciennes confrontées à des modèles exogènes dans la
conception et la mise en œuvre de nouveaux projets, mais également dans les pratiques habitantes et les “ manières de faire ”
des usagers de la ville.
L’enjeu de cet atelier réside dans la promotion d’une valeur ajoutée aux travaux déjà
engagés. Le principe est d’interroger ou
de ré-interroger nos travaux respectifs à
partir de thématiques distinctement identifiées auxquelles chaque intervenant puisse
faire écho, liées aux phénomènes de persistance de structures spatiales anciennes
appréhendées dans leur dimension
projectuelle. Cette orientation permettra
notamment d’aborder la question de la lon-
Lettre IPRAUS n°15
gue durée, d’identifier les composantes
fortes et récurrentes de la ville asiatique,
de dégager des actions volontaristes et des
intentions moins conscientes qui entrent
en jeu dans la formation des villes. Il a été
décidé de privilégier l’étude des formes
contemporaines de la ville, dans leurs dimensions projectuelles, et remonter dans
le temps pour en comprendre la genèse,
les permanences et les transformations.
En cette occurrence, trois principales thématiques de recherche ont été identifiées.
1.
Privilégiant des travaux d’ethnoarchitecture et d’anthropologie de l’espace, un axe porte sur l’architecture de la
maison considérée à la fois dans ses spécificités – comme révélateurs d’originalités
culturelles – et dans ses rapports à la forme
urbaine ; ceci faisant l’hypothèse que la
ville se fabrique à partir de ses composantes architecturales et que l’habitat, de ce
fait, participe de la formation urbaine. Ces
travaux ont donné lieu à des analyses des
politiques du logement dans certaines villes asiatiques. Ils s’intéressent également
à la question des limites, fluctuantes et
mal définies, entre les espaces privés et publics, domestiques et communautaires.
2.
Une deuxième thématique s’appuie
sur les travaux d’architecture et d’urbanisme comparés qui traitent de la formation et des transformations des villes asia-
tiques considérées sous un angle historique et dynamique. Ceci afin de rendre
compte de la genèse et les grands bouleversements qui s’y opèrent, notamment
dans le contexte de métropolisation. Il y
est aussi question des logiques des fondations urbaines anciennes et des projections, des créations, voire des re-créations
de nouveaux espaces urbains (quartiers,
villes nouvelles et villes satellites). Les interrogations portent ici sur les modalités
du renouvellement urbain, de la transmission et de la reproduction de modèles fondateurs, de formes d’urbanité et d’antériorité de la ville.
3.
Un troisième axe de recherche porte
sur les stratégies patrimoniales dans le
monde asiatique contemporain, notamment
dans la création architecturale et urbaine.
Sont notamment abordés les sujets suivants : ambiguïté de la notion de patrimoine
et diversité des valeurs, le patrimoine
comme projet, les projets comme patrimoine
du futur, le patrimoine et la modernité, voire
la post-modernité, les recompositions virtuelles du patrimoine … Il s’agit à la fois
d’identifier des formes spécifiques de
constitution des systèmes urbains – résistances ou retour de modèles et de pratiques – et de s’interroger sur les façons de
patrimonialiser, notamment lorsque les objets patrimoniaux rentrent dans les champs
politique et économique.
47
Enseignement de recherche
L’IPRAUS participe activement à l’offre d’enseignement post-diplôme et doctoral offert par les différentes composantes de l’UMR. Le
statut et la forme exacts de cette offre sont nécessairement en pleine recomposition sous l’effet de la réforme LMD. On pourra
cependant en prendre connaissance, dans sa forme encore actuelle, par les sites Web de l’IPRAUS et de l’UMR (www.parisbelleville.archi.fr/ipraus et www.univ-mlv.fr/~www-ltmu/UMR) d’une part, par la Lettre de l’IPRAUS n° 12 et le livret de présentation de
l’UMR AUS d’autre part. Quelques nouveautés se sont ajoutées récemment : le séminaire mené en collaboration avec l’EHESS et l’EA
de la Villette, “ L’habiter dans sa poétique première ” ; la publication de réflexions, d’expérimentations et de travaux sur la pédagogie ;
enfin un colloque spécifiquement réservé aux doctorants et post-doctorants, créé et organisé par trois doctorants de l’UMR, dont deux
de l’IPRAUS (J. Boissonade et S. Guevel, aux côtés de F. Poulain). Les chercheurs permanents de l’UMR et de l’IPRAUS y ont
évidemment apporté leur concours pour présider les séances et discussions sur les communications (R. de Villanova, M. Manale,
Ph. Bonnin, aux côtés de J. Beauchard et J. L. Violeau). L’UMR souhaite récidiver de manière biennale ce genre d’opération.
•
A propos de la définition d’un doctorat en architecture
Débat proposé par François Laisney
La notion de projet est au cœur de l’enseignement de l’architecture. Sa nécessité a
été réaffirmée, parfois jusqu’à la caricature,
dans la précédente réforme. Dans l’enseignement, on peut distinguer deux apprentissages : Celui de la réflexion sur le projet
(le discours) ; celui de la capacité à mettre
en œuvre (par le dessin). Cours de théorie
et studios correspondent en gros à cette
dualité.
Une fois la capacité à projeter acquise et
vérifiée (master, diplôme), deux voies
s’ouvrent :
- Celle des spécialisations, post-masters
d’un an à trois semestres y compris pourquoi pas en projet (type master-class) et
doctorat en trois ans ;
- La voie du doctorat. Celle-ci est autre.
Elle implique une reconnaissance par une
communauté scientifique élargie pour laquelle l’architecture atteint un statut de
discipline autonome mais qui partage et emprunte des concepts aux disciplines proches. Le doctorat a pour objet final l’élaboration d’une thèse, discours prenant
comme objet un fragment réduit du savoir
qu’il traite avec exhaustivité (avoir fait le
tour de ce qui existe sur la question). La
matière en est l’architecture, à la fois objet
empirique, mais aussi champ théorique très
ancien et en perpétuelle définition (voir le
texte de Y. Tsiomis). Le doctorat est la construction laborieuse d’un texte, dont on peut
par ailleurs souhaiter le raccourcissement
en volume et en temps, la question n’étant
pas là. Le fondement de la thèse doit rester
du ressort du seul logos. La définition du
titre et du contenu est essentielle (est-on
dans le champ ou hors-champ ?). La thèse
est un travail intellectuel d’accouchement,
d’affinement et d’enrichissement perpétuel
d’un objet intellectuel.
S’agissant d’architecture, la notion de pro-
48
jet (projection, outillage) est présente. Elle
utilise le dessin comme moyen analytique
(schémas, restitutions), mais le dessin,
même élaboré, ne peut venir ici qu’en appui du texte, du logos. Cette démarche intellectuelle implique le deuil momentané de
sa propre capacité de projeter en architecture, de son propre désir de projeter vers
lequel toutes les études ont tendu. Il faut,
tout en restant dans l’architecture, passer
de l’autre côté du miroir, dans la figure de
l’observant ou de l’analysant. Projeter et
analyser sont ontologiquement incompatibles. Les postures intellectuelles qu’elles impliquent sont antagonistes et fondamentalement contradictoires. Elles peuvent
naturellement coexister mais dans des
« temps » différents, alternativement. La
thèse implique un moment ascétique assez
particulier pour un métier tout entier porté
au désir de transformation du réel.
La réduction du temps d’élaboration de la
théorie entraînera une certaine augmentation du nombre des doctorants mais demeurera le fait d’une élite qui sacrifie quelque chose de soi au lieu de courir après
une compétition. Dans notre pratique d’enseignants du DEA « projet architectural et
urbain », nous discriminons immédiatement les sujets qui relèvent d’une réflexion
distanciée sur un processus de projection,
de ceux qui sont de l’ordre du projet finalisé, qui relèvent de la volonté de projeter.
Dans ce dernier cas, le discours ne pourra
être qu’explicatif, auto-analytique ou justificatif du projet. Je ne crois pas à l’hybridité des deux démarches à la fusion transcendantale au bout de trois années de plus
entre la production du mémoire et du projet de 5ème année qui sont eux bien distincts.
On peut imaginer un doctorat d’architecture comme super-diplôme pour une élite
sélectionnée (néo « Prix de Rome »), cherchant dans la « problématisation » de l’architecture la justification de son « chef
d’œuvre ». Un projet architectural même
très « problématisé », tout comme une problématique de l’architecture illustrée par un
projet, n’ont rien à voir avec la
problématisation d’un sujet de thèse en
architecture. Certains nouveaux doctorats
de projets italiens représentent en fait des
super-projets dessinés accompagnés de
discours théoriques pseudo-conceptuels
qui maintiennent l’architecture dans une
sorte d’isolement académique. Le cas de la
récente thèse en arts plastiques est significatif. Le thésard présente parallèlement
deux objets bien distincts : sa production
artistique propre, témoignage d’une étape
de son parcours créatif personnel et un
texte complètement séparé en réalité la vraie
« thèse » qui utilise tous les outils des
sciences « proches de l’art », histoire, anthropologie, philosophie, etc… La validité
de cette thèse sera fonction du degré de
reconnaissance de la communauté intellectuelle universitaire élargie. En fait, c’est la
reproduction de la dualité TPFE/mémoire
sauf que dans ce cas, le mémoire a pris une
grande dimension. Je vois mal comment
l’évolution de la thèse en architecture pourrait aller au-delà de cet exemple (faire en
même temps un projet et une thèse en trois
ans).
La sagesse montre la nécessité de consolider l’acquis de la recherche actuelle en
architecture et de partir sur les bases de
l’expérience capitalisée et toujours construite sur la base du bénévolat des enseignants. Dynamiser, accueillir de nouveaux
enseignants, augmenter le nombre de thèses (si les moyens suivent), mieux dialoguer avec les praticiens restent des évolutions souhaitables.
Lettre IPRAUS n°15
•
Séminaire Architecture et anthropologie : L’habiter dans sa poétique première
Organisation : Augustin Berque, Alessia de Biase , Philippe Bonnin, Cynthia Ghorra-Gobin, Jean-Paul Loubes,
Yann Nussaume, Jean-Yves Petiteau, François Robatel, Jacques van Waerbeke.
Date et Lieu : EHESS, 2004-2006, le jeudi de 18 à 20h, à partir du 4 novembre2004.
Dichterisch wohnt der Mensch, « l’humain
habite en poète » : ces mots de Hölderlin
nous ont hantés depuis le commentaire que
Heidegger en a fait dans sa conférence
Bâtir, habiter, penser. Ils introduisent à une
ontologie de l’habiter qui a subverti les
dogmes fonctionnalistes du mouvement
moderne en architecture. Un demi siècle
après la fameuse conférence de Darmstadt
(5 août 1951), cet ensemble de quatre séminaires vise à établir un panorama, une synthèse et une projection des changements
qui se sont produits depuis dans nos conceptions et nos pratiques de l’habiter. Ce
•
questionnement croise diverses échelles,
de la localité du site aux grands équilibres
de la biosphère, des cultures locales aux
dynamiques de la mondialisation, de la possibilité d’un vernaculaire contemporain à
celle d’une cosmicité retrouvée. Pluridisciplinaire, il réunit des champs que l’architecte à lui seul ne peut jamais tous intégrer
dans sa formation ni dans sa pratique, et
qui pourtant sont les champs où œuvre nécessairement son architecture : de l’ontologie à l’écologie, de la géographie à la poétique... Par dessus tout, ce questionnement
insistera donc sur les thèmes génériques
pouvant conduire à une vision plus cohérente et plus authentique du rôle de l’architecture dans le déploiement de l’écoumène : oikoumenê Gê, la Terre en tant que
demeure humaine.
Les quatre séminaires se succèdent comme
suit : L’architecture située : le 1er jeudi du
mois ; L’architecte et la Terre : le 2e jeudi
du mois ; Architecture et milieu au Japon :
le 3e jeudi du mois ; Médiance et
soutenabilité dans l’habitation japonaise :
les 4e et 5e jeudis du mois.
Publications sur la pédagogie
HODDE Rainier, “ L’efficacité pédagogique
entre écoute et expérience : enseigner n’est
pas apprendre ”, in André Sauvage et Ali
Cheikhrouhou (dirs) Conception d’architecture. Le projet à l’épreuve de l’enseignement, L’Harmattan, 2002, pp. 69-78.
HODDÉ Rainier, “ Cadres et méthode pour
créer collectivement un enseignement :
“ Références et projet ” en première année
à Paris Malaquais ”, in Enseigner l’architecture en premier cycle-écoles d’architecture Rhône-Alpes, Lyon-Grenoble-
Saint-Etienne. Publications de l’Université
de Saint-Etienne 2004, pp. 155-162.
HODDE Rainier, “ Dessein et destin de
l’architecturologie ”, Archiscopie, n° 32,
mai 2003, pp. 25-26.
3VI : Ville Visible, Ville Invisible
Organisation : France Poulain, Jérôme Boissonade, Solenn Guével
Comité d’organisation : Philippe Bonnin, Jean-Claude Deutsch
Comité scientifique : Patrice Aubertel, Bruno Fortier, Ariella Masboungi, Claude Prelorenzo et Caroline Varlet
Ce colloque scientifique pluridisciplinaire,
initié et organisé par les représentants des
doctorants et docteurs de l’Unité Mixte de
Recherche CNRS 7136 AUS Architecture
Urbanisme Sociétés et l’Ecole Doctorale Ville
et Environnement, a réuni le 22 octobre 2004
à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées,
plus de 130 personnes, dont 40 jeunes chercheurs ou doctorants qui ont exposé le résultat de leurs travaux autour des relations entre
ville visible / ville invisible.
Pour comprendre comment la ville se construit et se produit, il semble intéressant de
s’interroger sur les relations existantes, ou
supposées, entre la ville visible (celle que l’on
peut analyser en se rendant sur le terrain) et la
ville invisible (celle des acteurs).
Aujourd’hui, l’étude du rôle des acteurs dans
la production de la ville est de plus en plus
fondamentale pour comprendre l’évolution
d’un fait urbain. Loin d’être l’œuvre d’un urbaniste démiurge imposant “son” œuvre, la
ville est façonnée par une multitude de projets avancés par des élus, des habitants, des
techniciens, des passants… Elle évolue, pous-
Lettre IPRAUS n°15
sée par des nécessités, portée par des choix et
orientée par des controverses qui mobilisent
des desseins contradictoires.
Mais dans quelle mesure, modèles, références,
cultures, mémoires, publicités, images, ambiances… participent-ils à cette construction de la
ville visible ? Quelles sont les méthodes d’évaluation permettant de les mettre en évidence ?
Dans quelle mesure la construction de l’évaluation elle-même influe-t-elle sur les résultats ?
C’est dans un aller-retour permanent entre acteurs et formes urbaines ou architecturales, que
nous tenterons de mieux percevoir ce qui se
voit et ce qui ne se voit pas, ce qui existe (ou
devrait exister) et ce qui est (ou semble) “absent”.
C’est ce jeu entre la ville visible et celle invisible des pratiques et des désirs, celui entre l’espace physique et l’espace social, économique,
historique, artistique… qui motive cet appel à
communication. Il y a ici l’idée que nous ne
serions pas dans une simple opposition, confirmation ou complémentarité entre ces différents espaces, mais que chacun s’ajuste,
reconfigure et travaille les autres. C’est sur ces
relations complexes que nous souhaitons
avancer. Les disciplines attachées à l’urbain
ont en effet tout à apprendre de ces regards
croisés.
Ce colloque vise à assurer la promotion des
travaux récents ou en cours des doctorants et
des jeunes chercheurs rattachés aux laboratoires travaillant sur la ville et ses territoires.
L’appel à contribution a rassemblé plus de 70
propositions françaises et étrangères, dont
une trentaine a été sélectionnée et présentée
au sein de six ateliers modérés par différents
spécialistes (sociologues, urbanistes, anthropologues, architectes…) : Processus - Espaces publics - Participation et planification Patrimoine et représentations - Enjeux
sociopolitiques - Pratiques et institutions.
Premier d’une longue série, ce colloque
ouvre des perspectives pour demain, grâce
à la publication de ses actes prévue début
2005. Cette publication regroupera l’ensemble des interventions, mais aussi les
débats soulevés au sein de chaque atelier.
49
Des nouveaux locaux pour l’IPRAUS
L’Ecole d’architecture de Paris Belleville
doit s’installer sur le site de l’ancien Lycée technique Diderot boulevard de La
Villette. Des travaux importants sont en
cours, réalisés par l’agence Philippon,
architecte, pour le compte de l’Emoc
maître d’ouvrage. L’Ecole disposera là de
locaux beaucoup plus importants, doublant ainsi sa surface. Nous vous présentons ici la maquette du projet.
Maquette de la future école
d’architecture de Paris Belleville et
des nouveaux locaux de l’IPRAUS,
Philippon architecte >
• Un projet et ses usagers : participation, anticipation et
évolutions autour des bureaux de l’IPRAUS
Initiative et présentation de ce travail : Rainier Hoddé
Participants : Philippe Bonnin, Emmanuel Cerise, Michèle Lambert-Bresson, Nathalie Lancret, Jean-Michel Léger,
Hang Le Minh, Eliane Nicolino, Annie Térade et Roselyne de Villanova
La participation des usagers ajoute encore
une dimension à cette « ingénierie hétérogène » caractéristique, selon John Law et
Michel Callon, du projet d’architecture.
C’est probablement pour cela qu’on y renonce, et que l’on subit son espace plus
qu’on ne le décide (matériellement) et le
réfléchit (conceptuellement). Tout à l’air
trop compliqué car trop imbriqué, et un
accord entre tous pour dessiner un espace
forcément partagé semble hors d’atteinte.
Le déménagement de l’Ecole de Paris-Belleville a permis de voir qu’un peu de méthode et de volonté engageait pourtant de
réels acquis. Dans un premier temps, les
discussions avaient porté sur la localisation la plus satisfaisante de notre laboratoire tant en soi que dans ses relations avec
les autres composantes de l’école. Mais
lorsque l’on en est arrivé à l’échelle des
bureaux de chacun, la reproduction paresseuse de ce qui était -plutôt que l’exploration de ce qui pouvait advenir- l’a d’abord
emporté, avant que le dessin soudain du
projet ne fît l’effet d’un électrochoc en
50
montrant que la reproduction serait aussi
celles des insatisfactions liées aux locaux
actuels.
Il importait avant tout de tomber d’accord
sur une méthode (en référence aux travaux
de Conan, Kroll, Mendel, Zetlaoui, Zeizel
et d’autres) qui consistait à explorer collectivement les problèmes plutôt que de
précipiter les solutions. Il fallait donc
d’abord prendre le temps d’entrer dans le
projet déjà avancé qui nous était soumis
afin de comprendre ses qualités et ses défauts, les interactions quotidiennes qu’il
entraînerait et impliquerait, son possible
et probable habité pour chacun. Il fallait
en parallèle interroger ce que nous faisons
effectivement au quotidien dans les locaux
de l’IPRAUS, c’est-à-dire partir des présences (permanente ou ponctuelle), des
pratiques du travail (rédiger en solitaire,
se réunir pour une tâche commune, stocker des travaux d’étudiants ou les étapes
d’une recherche, recevoir un collègue en
étant tranquille, etc.) voire des envies probables de changer d’environnement dans
le temps (passer d’un espace ouvert à un
espace plus propice au repli, etc.). Ce qui
s’accompagnait d’un réel effort pour s’affranchir de la configuration actuelle de bureaux tous identiques et tous
inconfortablement partagés à deux ou trois,
Lettre IPRAUS n°15
configuration que reconduisait le projet
proposé.
C’est ainsi que nous avons progressivement formulé des propositions qui visaient essentiellement à produire des bureaux différents dans un univers professionnel idéologiquement très soucieux
d’égalité, et à répondre à des individus très
autonomes qui dans les faits devront néanmoins partager des espaces et y trouver
satisfaction. Quelques réunions ont été
suffisantes pour mûrir cette évolution.
Le Comité de pilotage du 26 février 2004
déclenche la première réunion interne à
l’IPRAUS le 2 mars 2004 qui permet de
rédiger le document “ Relogement de
l’école d’architecture de Paris-Belleville.
Observation de l’IPRAUS ”, daté du 04/
03/2004 et qui sera diffusé. Une seconde
réunion interne à l’IPRAUS a lieu le 10
mars 2004, préparatoire à la réunion du
lendemain prévue dans les locaux de JeanPaul Philippon en présence de l’EMOC
et de la direction de Paris-Belleville
Au cours de ces deux réunions internes
se dégageront ainsi : les points considérés comme acquis dans l’état actuel du
projet et qui s’adressaient à tous les partenaires du projet ; les points qui nécesPlans des nouveaux locaux de l’IPRAUS
1) documentation
siteront encore réunion d’approfondissement interne à l’IPRAUS dans les jours
qui suivront celle du 11 mars 2004 ; les
questions que nous adressons aux architectes afin de mieux comprendre leurs intentions et de ne pas aller à l’encontre du
projet en cours d’étude ; les points de détails restants à ne pas oublier de pister dans
la suite du projet.
Une réunion entre l’architecte, la maîtrise
d’ouvrage et les chercheurs de l’IPRAUS
mandatés a lieu le 26/05/2004 autour du
dossier de Permis de construire. Nombre
de nos remarques avaient alors été intégrées au développement du projet (Une
synthèse est réalisée dans un document
intitulé « Relogement de l’école d’architecture de Paris-Belleville, Observation de
l’IPRAUS » daté du 26/05/2004) et nous
exprimons notre satisfaction face à cette
écoute active de nos avis préalablement
fédérés et organisés.
Une dernière réunion interne à l’IPRAUS a
lieu le mardi 26 octobre 2004, réunion qui
aurait dû préparer celle programmée le vendredi 22 octobre 2004 à l’EAPB et dont l’objet était le mobilier. La note rédigée et diffusée au Comité de pilotage quelques jours
après fait le point sur ces questions en re-
prenant toutefois deux points encore problématiques. Une dernière réunion de réglage devrait donc avoir lieu avant le bouclage du dossier.
Le projet a ainsi fait l’objet d’un véritable
travail collectif (interne à l’IPRAUS) et
dialectique (entre l’IPRAUS et les maîtrises d’œuvre et d’ouvrage). Cela est
d’autant plus surprenant que nous nous
sommes vraiment intéressés au projet très
tardivement, mais visiblement il était encore temps d’ouvrir le dialogue. Il semble aujourd’hui validé par chacun, c’està-dire que chacun s’y reconnaît et peut s’y
projeter. Nous devons cet essai appliqué
de démocratie participative à quelques
principes simples tant d’ordre cognitifs
que méthodologiques :
- un rôle de véritable médiateur interne à
l’IPRAUS (cf. Latour : s’intéresser à la façon de décider collectivement plus qu’au
contenu de la décision), sans idées vraiment préconçues (je ne sais pas ce qui est
bon pour les uns ou les autres ; je ne sais
pas ce qu’il faut faire)
- une écoute interne des arguments de chacun afin de complexifier le problème
avant de dégager des pistes de solution
(posture ancrée dans les travaux de Conan sur la conception)
- une exigence de travail
(réunions préparées et
compte rendus) corrélative
d’une volonté de trouver
un consensus de vie ensemble
- le non-empiètement sur
le travail du maître d’œuvre
- la bienveillance de la maîtrise d’ouvrage.
2) bureaux des chercheurs
Lettre IPRAUS n°15
51
Hommage à Isaac Joseph
C’est Isaac Joseph qui m’a fait découvrir
le monde des transports et de la mobilité ;
il m’a fait découvrir ce monde et ses techniques ; il m’a fait découvrir la multiplicité de relations que ce monde entretient
avec la ville. Je n’ai malheureusement pas
retenu tout ce qu’il m’avait appris, n’ayant
pas été toujours suffisamment attentif. Et
puis je me disais : « A l’occasion je le lui
redemanderai.»
Voilà cependant ce que je peux vous dire
aujourd’hui.
D’une manière générale, Isaac était toujours là où on ne l’attendait pas, ce qui est
la moindre des choses pour un chercheur.
Une de ses qualités premières, même.
C’était les années 1987-1988. Dès son arrivée au Plan urbain ( il travaillait alors déjà
avec la RATP) Isaac a réussi à être à la fois
conseiller scientifique du programme « Espaces publics » animé par Jeanne
Levasseur et initiateur d’une action de recherche inscrite dans le programme « Services urbains, gestion locale » consacré
aux services publics et organisée avec
Claire Gillio. Dés le début, donc, il s’affirme
comme un dynamiseur de recherche finalisée !
Espaces publics, services publics, titres
de programmes de recherche au Plan urbain mais, aussi, deux dimensions essentielles du tissu urbain. Et pour tricoter
l’étude de ce tissu, Isaac nous convie à
faire jouer ensemble l’aiguille « recherche » et l’aiguille « expérimentation ».
I – Quels objets étudier, avec quelles
problématiques ?
II – Quelles démarches adopter ?
I–
L’objet étudié (les gares) – les
problématiques retenues (croiser espace sensible et relation de service)
Il s’agit donc de penser, structurer, expérimenter un travail de recherche appréhendant, ensemble, espaces publics et services publics.
A cette époque, à la fin des années quatre-vingt, le terme de « Public » fait l’objet d’un certain nombre d’affirmations ou
52
de remises en cause qui le bouscule dans
le processus de privatisation, le
réinterroge à partir de la notion de collectif ou le réactualise en s’inscrivant
dans les débats qui, au début du XXème
siècle, avaient mobilisé les juristes, et
suscité des controverses, notamment, entre Maurice Hauriou et Georges Duguit.
L’un insistait alors, en effet, sur la notion
de puissance publique, tandis que l’autre
soulignait la place prépondérante occupée
par les usagers.
En ce qui le concerne, dans ce foisonnement intellectuel, Isaac nous invite à « fertiliser mutuellement » deux notions de
« Public ». D’abord la notion de « Public »
qui, comme nous venons de le voir, s’enracine dans la pensée juridique et politique française et ses controverses. Et la
notion fait alors référence à un bien commun. Cette construction juridico-politique de la notion de « public », Isaac nous
invite à la confronter aux apports de la
sociologie urbaine américaine et, plus
particulièrement, aux travaux des chercheurs de l’école de Chicago et d’Erwin
Gofmann ; cette sociologie urbaine américaine met l’accent, sur la ville et, au sein
de celle-ci, sur le partage, l’interaction,
la négociation. Ces interrelations s’opèrent au sein d’un collectif. Dans cette
perspective, le « Public » est, alors, un
collectif en action.
De fait, penser ensemble ces deux notions
– un public, bien commun, et un public,
collectif partagé, - comme nous l’y a incité Isaac, a profondément enrichi notre
manière d’aborder les espaces et les services publics et nourri la lecture puis l’analyse que nous en avons faites.
Très vite, les gares nous sont apparues le
lieu idoine pour traiter de ce bien public,
commun et partagé, pour étudier, à la fois,
les enjeux des espaces publics et ceux des
services publics ; les gares se présentent,
alors, comme le point d’application sur
lequel un certain nombre de travaux de
recherche peuvent être menés ensemble
pour s’enrichir mutuellement et pour susciter des dynamiques entre chercheurs et
praticiens.
Au même moment, en 1988-1990, l’ouvrage
de l’ethnologue Marc Auger, consacré à
ce qu’il appelle « les Non-Lieux de la modernité », fait grand bruit. Parmi ces « Nonlieux » qu’il a identifiés, les gares occupent
une place significative. Dans nos travaux,
nous ne l’avons pas suivi dans sa démonstration et, pour caractériser les gares, nous
avons préféré retenir la définition donnée
par Georges Amar qui a inventé, pour elles, le terme de « Lieux-Mouvements de la
Ville ». Ce terme rend bien compte de la
double inscription des gares : inscription
dans les mondes du fixe et du mobile, et
inscription dans les mondes des hommes
et des femmes qui les fréquentent, y travaillent, y vivent parfois.
Dans le souci de conjuguer « espaces publics » et « services publics » et afin de
tisser le tissu d’hypothèses et de questions
qui guide le travail mené, nous avons retenu, pour en être la trame et la chaîne,
l’espace sensible et la relation de service.
C’est ainsi que pour la démarche de recherche qui sera menée, penser l’espace
sensible ce sera prendre en compte l’espace sonore, l’espace lumineux, l’espace
olfactif (dimensions longtemps méconnues de l’espace public). Pour sa part,
penser la relation de service c’est mesurer l’importance de ces milliers de contacts humains quotidiens qui se nouent ou
simplement s’esquissent entre agents de
base et usagers pour l’accueil, les contrôles, les renseignements, les réclamations…
Actuellement, dans la suite des analyses
de l’espace sensible menées au Plan Urbain, mais aussi dans le prolongement de
travaux réalisés au Plan Construction et
Architecture (je pense à l’ouvrage de Pascal Amphoux), une réflexion se met en
place au PUCA pour étudier les ambiances, ambiances urbaines, ambiances publiques avec Roger Perrinjacquet et
Michèle Sustrac. Ce thème des ambiances est également abordé, mais avec un
autre angle d’approche, dans le programme
« Polarisation sociale de l’urbain et services publics » .
Dans ces deux cas sommes-nous loin de
l’écologie urbaine telle qu’elle a été mise
Lettre IPRAUS n°15
en exergue par l’école de Chicago dont les
travaux ont été traduits pour la première
fois en français par Isaac et Yves
Grafmeyer ?
Espaces publics et leurs espaces sensibles, services publics et leur relation de
service, l’expérience de recherche vécue
avec Isaac prouve qu’il est possible de
concevoir une approche de la ville, de ses
territoires, de ses habitants, avec deux thématiques de recherche qui s’enrichissent
mutuellement bien qu’ayant été construites initialement indépendamment l’une de
l’autre.
Ce « tricotage » d’angles d’approche, de
questions posées, de thèmes abordés permet ainsi de découvrir des dynamiques
inédites mais, aussi, d’expérimenter des
méthodes innovantes. Les méthodes de
recherche mises au point avec Isaac, méthodes qui pourraient être réutilisées dans
d’autres opérations de recherche, se sont
fixées pour objectifs de contribuer à l’affirmation de la rigueur scientifique des
procédures retenues, de s’enraciner dans
des terrains concrets et de prendre en
compte les attentes des partenaires et acteurs de la ville.
II – METHODOLOGIE
Pour rapprocher chercheurs et opérationnels, pour mobiliser les acteurs de l’urbain intéressés par le devenir des gares
en prenant en compte leurs propres expertises mais, également, pour enrichir la
démarche de travail des chercheurs, deux
méthodologies expérimentales ont été
mises en place dans les programmes sur
les gares.
Il s’agit, d’abord, d’un programme de recherches coordonnées, focalisées sur un
site : la Gare du Nord et, ensuite, d’un programme de recherche à « incitation partagée » : Gares et Quartiers de Gares.
A – Le programme de recherches coordonnées : la Gare du Nord
Pour Isaac, la gare du Nord devait être le
Plozevet des années 90. Plozevet, ce
bourg breton du Finistère, avait été le
point nodal des recherches sur la modernité. La gare du Nord devait être l’occasion de rééditer, en la renouvelant dans le
monde urbain, la démarche adoptée par
Edgar Morin, dans les années 60, en Breta-
Lettre IPRAUS n°15
gne. Ainsi, avec la réalisation du programme du recherche, la gare du Nord deviendra le Plozevet des années 90 et l’analyse des espaces et services publics sera
l’entrée privilégiée pour appréhender le
monde des métropoles urbaines.
Dans cette perspective, pour contribuer à
une meilleure connaissance de la gare et
assurer un transfert de savoir-faire, six
recherches furent engagées ensemble afin
de mieux répondre aux défis nés de la décision d’accueillir Eurostar. Ces recherches ont été financées et suivies conjointement par la DRI (devenue DRAST), la
SNCF, la RATP, le Plan Urbain.
A la gare, pendant le déroulement des recherches, des rendus intermédiaires des
travaux engagés sont présentés aux personnels des entreprises publiques de
transport à l’occasion de rencontres qui
se tiennent, tous les deux mois, sous un
chapiteau dressé dans une cour de la Gare
du Nord. Se crée ainsi un espace public de
débat. En outre, sur le site de la gare, chaque chercheur dispose de deux correspondants, l’un appartenant à la SNCF et l’autre
à la RATP. Ces correspondants sont ses
intermédiaires, ses facilitateurs d’accès,
ses interlocuteurs au quotidien . De cette
manière, jour par jour, les échanges ont
été continus tout le long de l’avancée des
recherches. De plus, grâce aux chercheurs, les agents de la SNCF et de la
RATP, qui ne se fréquentaient pas et qui
ne se parlaient pas, ont commencé à
échanger et communiquer entre eux. Ils
se sont associés au déroulement des recherches. Cela a, notamment, permis
l’élaboration d’un diagnostic partagé et la
mise en place d’un suivi local des recherches. Ces dernières avaient souligné le
caractère décisif de la substitution d’une
gare, territoire des usagers, à une gare
fragmentée entre territoires d’institutions
autocentrées. Les agents, notamment ceux
au contact avec le public, en avaient saisis l’importance de l’enjeu.
B – Le programme de recherche à « incitation partagée » : Gares et Quartiers de Gares.
Peu à peu, à travers les programmes sur
les lieux-mouvements de la ville, une dynamique commune se met en place entre
la SNCF et la RATP. Cependant, alors que
cette dynamique prend de la vitesse, l’absence des collectivités locales et, en premier lieu, des communes, se fait sentir chaque jour un peu plus.
Pour pallier cette lacune grave, le programme « Gares et Quartiers de Gares » a
cherché à les intégrer à part entière dans la
démarche de recherche et cela de trois manières :
a ) les villes participent à la définition du
contenu du cahier des charges de la consultation de recherche. C’est ainsi qu’en
complément d’un canevas commun rédigé
par Isaac, chaque ville intéressée (elles ont
été 8) a élaboré avec nous un cahier des
charges de questions de recherche qui lui
était propre.
b ) Les villes ont assisté au jury scientifique de sélection des projets. Sans participer directement à l’expertise scientifique des projets, expertise confiée à des
scientifiques, les représentants des villes,
comme ceux de la RATP et de la SNCF
ont pu suivre le processus de sélection des
projets.
c ) Dans la mesure du possible, les villes
ont co-financé les recherches engagées.
Il y a donc eu un réel partenariat financier
associant les villes, le Puca et la SNCF.
Ainsi, Isaac ne nous a pas seulement entraîné dans l’exploration de thèmes de
recherche nouveaux (espaces sensibles,
relation de service) mais il nous a également motivé pour expérimenter des modes d’association nouveaux entre chercheurs et opérationnels (programme de
recherches coordonnées, programme de
recherches à incitation partagée).
Pouvons-nous, alors, parler d’interactions
entre le fond et la forme ? Pouvons-nous
parler d’interactions entre les thèmes traités et les manières de les traiter, d’interactions entre des questions qui interrogent les espaces et les services publics et
des dispositifs qui accompagnent la mise
en place, l’élaboration et le suivi des réponses apportées ? De fait, avec Isaac, au
quotidien, l’élaboration en continu d’un
savoir partagé a transformé, pour moi,
l’analyse de la « relation de service » en
une relation d’amitié.
Au revoir Isaac
Patrice Aubertel
Rencontre IPRAUS-PREDIT
Mai-Août 2004
53
Dernières publications
BONNIN Philippe (dir.),
Manières d’Habiter,
Communications, n° 73,
2002, 265 p.
BOWIE, Karen et TEXIER,
Simon (dirs), Paris et ses
chemins de fer, Paris, Action
Artistique de la Ville de
Paris, 2003, 286 p.
Dictionnaire de l’habitat et
du logement, sous la
direction de M. Segaud,
J. Brun et J. C. Driant, Paris,
Armand Colin, 2002.
[contributions de Philippe
Bonnin, Maïté Clavel,
Roselyne de Villanova, JeanMichel Léger, Annie Térade]
54
DEBOULET Agnès, HODDE
Rainier, Une medina en
transformation. Travaux
d’étudiants à Mahdia –
Tunisie, Unesco-Most,
2003.
DUMONT Marie-Jeanne, Le
Corbusier. Lettres à ses
maîtres vol.1, Lettres à
Auguste Perret, Paris,
Editions du Linteau, 2002,
255 p.
GRILLET-AUBERT Anne,
GUTH Sabine, Transport et
architecture du territoire.
Recherche : état des lieux et
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DEBOULET Agnès,
DESTREMAU B., IRETON
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pauvreté en Afrique du
Nord et au Moyen-Orient,
Urbama-Karthala, 2004,
516 p.
JOSEPH Isaac, GROBOIS
Louis-Pierre, SAUTET Paul,
Habiter une ville accessible
: des usages à la
conception, Paris, PUCA,
coll. Recherches n° 140,
2002, 188 p.
FREDET Jacques, Les
maisons de Paris. Types
courants de l’architecture
mineure de la fin de
l’époque médiévale à nos
jours, avec l’anatomie de
leur construction, Editions
de l’encyclopédie des
nuisances, 2003.
JOSEPH Isaac, CEFAI
Daniel (dirs), L’héritage du
pragmatisme: conflits
d’urbanité et épreuves du
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Maisonneuve et Larose,
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l’Harmattan, L’Homme et la
Société, n° 146, 2002.
MANALE Margaret (ed.),
Ville et monument. Paris,
l’Harmattan, L’Homme et la
Société, , n° 145, 2002.
REVAULT Philippe,
SANTELLI Serge, WEILLROCHANT Catherine,
Naplouse: L’architecture
d’une ville. Union
Européenne et Consulat
général de France à
Jérusalem, 2002, 44 p.
SANTELLI Serge (dir .),
Bernard Huet, Hartmann
éditions, 2003, 138 p.
DUMONT Marie-Jeanne
Le Corbusier. Lettres à ses
maîtres, vol. 2, Lettres à
Charles L’Eplattenier, Paris,
éditions du Linteau.
DEBOULET Agnès, HODDE
Rainier, SAUVAGE André
(eds)
La critique architecturale :
questions, frontières, desseins, Paris, Les éditions de
La Villette, parution prévue
janvier 2005, env. 250 pages.
VILLANOVA Roselyne de,
GARNIER Jean-Pierre
(coords), Architecture et
habitat dans le champ
interculturel, Espaces et
sociétés, n° 113-114, 2003.
Ville mobile, les territoires
du déplacements en Ile-deFrance, sous la direction de
A. Delarge, P. Gaudin,
J. Spire et H. Zuber, Paris,
Créaphis, 2003.
[contributions d’Isaac
Joseph, Philippe Bonnin,
Roselyne de Villanova et
Eliane Nicolino].
A paraître en 2005
BONNIN Philippe,
VILLANOVA Roselyne de
(dirs)
Loges et gardiens entre
espace privé et espace
public. France, Espagne,
Grande-Bretagne, Italie,
Norvège, Paris, Créaphis.
Lettre IPRAUS n°15
55
Dernières publications aux Editions Recherches
Egalement aux Editions Recherches
La naissance du concept de patrimoine
en Chine XIXe-XXe siècles
ZHANG Liang
Paris, Editions Recherches/Ipraus,
coll. Archithèses, 2003.
Bangkok. Formes du commerce et
évolution urbaine
BOONTHARM Davisi
Paris, Editions Recherches/Ipraus,
coll. Archithèses, 2005.
Dans la civilisation chinoise, le culte de la mémoire prend souvent des formes qui n’accordent pas aux constructions prestigieuses des
temps révolus la même déférence que celle qui a
conduit l’Europe moderne à inventer la notion
de patrimoine. Le livre de Zhang Liang s’attache à dévoiler et à comprendre les liens profonds et originaux qui unissent les Chinois à
leur architecture ancienne et au patrimoine national. L’auteur, à travers des exemples historiques prestigieux et des analyses précises de cas
de restauration urbaine, trace une histoire vivante des rapports conflictuels qui ont opposé,
durant tout le vingtième siècle, les défenseurs
d’une conservation rigoureuse du patrimoine
architectural chinois et les « modernes » qui,
poussés par la ferveur politique, ont préféré
sacrifier les traces du passé pour mener la Chine
vers le futur.
Evoquant des figures importantes comme Zhu
Qiqian ou Liang Sicheng, l’auteur nous montre
le long combat, plus que jamais d’actualité pour
Pékin, pour la défense et le respect des constructions anciennes et la reconnaissance d’un
urbanisme modéré sachant adapter les caractéristiques architecturales traditionnelles aux exigences de l’urbanisme moderne.
La mise en perspective de Bangkok sous l’angle du commerce ouvre sur une autre manière
d’en lire l’identité et d’en comprendre les spécificités, voire les qualités. C’est en fait à une initiation à l’urbanité de Bangkok que l’ouvrage de
Davisi Boontharm nous convie, tout en livrant
d’indispensables clés à la compréhension des configurations complexes d’une métropole asiatique
dans la mondialisation.
Outre la mise en évidence de l’aptitude du commerce « à faire la ville », au travers de deux
propriétés majeures, à savoir : produire et qualifier des formes urbaines d’une part, les enrichir
d’autre part d’une urbanité spécifique, il convient
aussi de reconnaître l’apport de ce travail du point
de vue de la connaissance architecturale ellemême, notamment l’éclairage apporté aux temporalités historiques et à la dynamique du développement urbain par les extensions successives des formes commerciales.
Editions Recherches
Tél.: 01 44 74 04 01
www.editrech.freesurf.fr
La LETTRE DE L’IPRAUS
ISSN : 1763-6868
Réalisation
Eliane Nicolino
Emmanuel Cerise
Ecole d’Architecture de Paris-Belleville
78 rue Rébeval 75019 Paris
Tél. 01 53 38 50 51 Fax 01 53 38 50 50
www.paris-belleville.archi.fr/ipraus
collection Les Cahiers de l’IPRAUS
• Paris, formes urbaines et architectures.
• Hanoï. Le cycle des métamorphoses, sous
la direction de Pierre Clément et Nathalie
Lancret.
• Cités-jardins. Genèse et actualité d’une utopie, sous la direction de Ginette BatyTornikian et Amina Sallali.
• Villes françaises au XIXe siècle : Aménagement, extension et embellissement, sous
la direction de Michèle Lambert-Bresson
et Annie Térade.
à paraître en 2005
• Xi’an, la forme d’une métropole régionale
(1949-2000), sous la direction de Pierre Clément,
Bruno Fayolle-Lussac
et
Harold Hoyem.
• Vientiane, patrimoine et développement
urbain, sous la direction de Pierre Clément,
Charles Goldblum et Christian Taillard.
• Questionnements et savoirs : les sciences de l’homme et de la société face au
projet architectural et urbain, sous la direction de Philippe Bonnin.
collection Archithèses
à paraître en 2005
• Patrimoine indochinois et environnement
colonial. L’exemple de Hanoi , France
Mangin.
collection Questionnement
• Conception et coordination des projets
urbains, Nicole Eleb-Harlé.
• Transport et architecture du territoire.
Recherche : état des lieux et perspectives,
Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth.
à paraître en 2005
• Déplacements, Actes du colloque Architectures du transport : territoires en mutations,
Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth.
Sommaire
•Villes et architectures aux XVIIIe,
XIXe et XXe siècles : histoire des
transformations architecturales et
urbaines
•Architectures du transport
•Architectures et Sociétés
Construction sociale et architecturale
des limites : territoires, seuils,
articulations entre privé et public
2
10
13
•Architectures et Sociétés
30
•Architecture de la ville asiatique :
structures et mutations
37
•Les ateliers transversaux de l’UMR 45
•Enseignement de recherche
48
•Des nouveaux locaux pour l’IPRAUS 50
•Hommage à Isaac Joseph
52
•Dernières publications
54
Sciences sociales et architecture