Sauvons la recherche - Ecole Nationale Supérieure d`Architecture
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Sauvons la recherche - Ecole Nationale Supérieure d`Architecture
LA LETTRE DE L’IPRAUS BULLETIN DE L’INSTITUT PARISIEN DE RECHERCHE : ARCHITECTURE, URBANISTIQUE, SOCIETE FEVRIER 2005 LABORATOIRE DE RECHERCHE DE L’ECOLE D’ARCHITECTURE DE PARIS-BELLEVILLE ET DE L’UNIVERSITE PARIS X-NANTERRE — DEPARTEMENT DE L’UMR AUS N° 7136 DU C.N.R.S. 15 “ Sauvons la recherche ” La Lettre de l’IPRAUS n°12, «Mise en perspective», de janvier 2002 dressait un bref panorama des recherches mises en chantier par les chercheurs de l’IPRAUS et les équipes qui leur sont associées sur les différents programmes fédérateurs. Quelques trois années plus tard, il nous a semblé utile de faire un nouvel état des lieux, toutefois non exhaustif, et de présenter l’évolution des travaux. Le programme Histoire des transformations architecturales et urbaines a abouti à un colloque sur les villes françaises dans la première moitié du XIXè siècle, à l’Ecole de Paris-Belleville les 2 et 3 décembre 2004, dont les actes donneront lieu à la publication d’un prochain volume des Cahiers de l’IPRAUS. Un travail de longue haleine sur Paris a été magistralement illustré par l’ouvrage de Jacques Fredet sur Les maisons de Paris. Types courants de l’architecture mineure de la fin de l’époque médiévale à nos jours, avec l’anatomie de leur construction aux Editions de l’Encyclopédie des nuisances. Renforçant son engagement sur Paris et la Région Ile-de-France, l’équipe participe activement à l’animation de l’Atelier Paris, les échelles de la métropole de l’UMR-AUS, elle est de plus largement impliquée dans le programme d’évaluation des Villes Nouvelles sur les formes urbaines et architecturales. Enfin elle contribue auprès des services de la Ville de Paris à l’adaptation au contexte parisien de la méthode de l’Inventaire Général du patrimoine. Sur le thème Architectures du Transport, le programme mené dans le cadre du PREDIT (Programme interministériel de recherche et d’innovation dans les transports terrestres) intitulé Transport et architecture du territoire qui avait donné lieu à la publication d’un Etat des lieux et perspectives de recherche en 2003 par Anne Grillet Aubert et Sabine Guth dans une nouvelle collection Questionnements Editions Recherches/Ipraus, est arrivé à son terme. La phase actuelle met l’accent sur la valorisation des différents axes abordés, va donner lieu à une série de publications - dont le prochain numéro des Cahiers de l’Ipraus - et à la définition des orientations futures. L’axe Architectures et Sociétés fondée sur la confrontation des logiques sociales et de la raison spatiale interroge aujourd’hui « la construction architecturale et sociale des limites » aux différentes échelles territoriales, architecturales et urbaines, et renouvelle ainsi l’approche des rapports entre privé et public, de l’articulation entre l’habitation et la ville ; mais aussi du rôle des acteurs et des parcours de conception. Le séminaire collectif « Architectures et Sociétés : raison spatiale, logique sociale » poursuit cette confrontation dualiste entre sciences sociales et sciences de l’espace, entre chercheurs et praticiens. La publication des textes des premières rencontres fera l’objet d’un des prochains Cahiers de l’IPRAUS. Dans le champ de l’architecture comparée, l’architecture de la ville asiatique reste un thème fort de nos investigations. Témoins de profondes mutations, les villes asiatiques sont confrontées à leur histoire, aux permanences des tracés, mais aussi à l’émergence de nouvelles formes d’extension comme de types architecturaux nouveaux. La mise à jour récente à Hanoi, sur le site du chantier de la nouvelle Assemblée Nationale, de la première citadelle chinoise de Ba Dinh, si elle est une découverte historique majeure est aussi un nouvel enjeu urbain majeur. La collection Archithèses - Editions Recherches /Ipraus -, inaugurée avec le travail de Zhang Liang sur « La naissance du concept de patrimoine en Chine », se poursuit avec la publication récente (février 2005) de la thèse de Davisi Boontharm « Bangkok, formes du commerce et évolution urbaine » et par la mise en chantier du travail de France Mangin sur La place du patrimoine urbain dans le développement du centre-ville d’Hanoi. Si nos structures de recherche ont été confortées récemment par la reconduction pour 4 ans, à partir du 1er janvier 2005, de notre UMR-AUS du CNRS, nous partageons néanmoins largement les inquiétudes du collectif Sauvons la recherche quand à la politique des personnels et déplorons l’absence totale de recrutement, de création de postes nouveaux de chercheurs ou même de la reconduction des quelques postes existants au sein du Ministère de la Culture n’offrant aucune perspective pour le renouvellement d’une population de chercheurs vieillissante. Or les missions de recherche sont renforcées dans la redéfinition en cours des établissements. Les structures de l’enseignement de l’architecture sont elles en pleine mutation. L’adoption du système général de l’enseignement supérieur européen Licence 3 ans, Master 5 ans, Doctorat 8 ans innove au moins sur un point non négligeable la création d’un doctorat au sein des Ecoles d’Architecture. Le doctorat sera soumis aux règles générales, à savoir : 1/ l’habilitation des établissements à délivrer le titre de docteur, 2/ l’accréditation d’écoles doctorales, 3/ l’existence de structures de recherche reconnues susceptibles d’accueillir les doctorants, 4/ l’habilitation de directeurs de recherche. Cette confortation institutionnelle de la recherche exige des moyens nouveaux qui sont à mettre en place de façon urgente qu’il s’agisse d’allocations de recherche pour les thésards, de formules d’allocataires-moniteurs, de bourses post-doc, enfin de postes de jeunes chercheurs. Pierre Clément Professeur à l’eapb Directeur de l’Ipraus Villes et architectures aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles Histoire des transformations architecturales et urbaines Responsables : Michèle Lambert-Bresson, Annie Térade. Participants IPRAUS : Karen Bowie, Liliane Dufour, Marie-Jeanne Dumont, François Laisney, Pierre Pinon. Doctorants : Leila Amar, Tarik Bellahsene, Lynda Benkaci, Frédéric Bertrand, Anne Bondon, Maria-Christina Costanzo, Ritra Covello, Marilyne Doutre, Bogdan Fezi, Solenn Guevel, Dominque Jacomet, Naziha Khelil, Taous Mitiche, mathilde Mouchel, Valérie Nègre, Amina Sellali, Zeila Tesoriere, Antonella Versaci. Chercheurs associés : Marilù Cantelli (chercheur honoraire), Bernadette Laurencin (Enseignante EAPB), Fanette Cohen, Mayalène Guelton Partenaires institutionnels : Bureau de la Recherche Architecturale, Ecole d’Architecture de Versailles, Institut d’Art et d’Archéologie, Association pour l’Histoire des Chemins de fer en France (A.H.I.C.F.), Association Française des Historiens de l’Architecture (AFHA), Région Sicilienne Direction de la Culture et du Patrimoine. Le travail des chercheurs rattachés à ce programme s’est prolongé selon les axes définis (voir Lettre IPRAUS n° 12). Nous présentons ici les opérations ou thèmes qui s’y sont nouvelllement inscrits. • Villes françaises dans la première moitié du XIXe siècle : Aménagement, extension et embellissement Colloque organisé par l’Ipraus, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication - Bureau de la recherche architecturale et urbaine Organisation : Michèle Lambert-Bresson et Annie Térade avec la collaboration de Hang Le Minh et de Ryme Dardouri Comité scientifique : Karen Bowie, Vincent Bradel, Michèle Lambert-Bresson, Pierre Pinon, Annie Térade Lieu : Ecole d’Architecture de Paris-Belleville Date : 2 et 3 décembre 2004 Villes françaises au XIXe siècle. Aménagement, extension et embellissement. Coord. : M. Lambert-Bresson, A. Térade Paris, Ed. Recherches/IPRAUS, coll. Les Cahiers de l’IPRAUS, 2002, 191 p. 2 La période séparant la fin de l’Ancien Régime du démarrage concret des actions du Second Empire a vu se définir de nouvelles techniques, pratiques, ou manières de penser la ville, parfois au détriment de plus anciennes. L’ensemble a contribué à former les germes de la spectaculaire mutation qui se manifeste dans les villes durant la seconde moitié du XIXe, et qui réorganise leur hiérarchie sur tout le territoire. Cependant, dès la première moitié du siècle, les villes s’étendent, s’aménagent. Les acteurs de ces évolutions sont mus par de nouvelles préoccupations d’hygiène, de fluidité des communications, de rationalisation urbaine ; ils développent et généralisent de nouveaux outils d’intervention, tissent de nouveaux liens de coopération… Tel est le constat qui a motivé ce colloque. En effet, si ces phénomènes commencent aujourd’hui à être mieux connus grâce à une série de recherches récentes ou un peu plus anciennes, il nous semblait utile de faire le point sur ces travaux et sur ceux qui sont en cours, afin de mieux cerner et fonder les questions restant à approfondir. En se centrant plus particulièrement sur la période courant de 1789 à 1860, ce colloque entendait se situer dans le prolongement de la publication du Cahier de l’IPRAUS intitulé Villes françaises au XIXe siècle : aménagement, extension et embellissement. Chaque demi-journée, respectivement présidée par David Van Zanten, Pierre Pinon, Michaël Darin et Florence Bourillon, a été consacrée à un thème spécifique : - Théories et contexte des villes. - Alignements, règles et application. - Aménagement, transformation et équipements. - Lotissements privés et formes urbaines. Sur ces thèmes, se sont réparties vingt et une interventions : Karen Bowie Villes et réseaux pendant la monarchie de Juillet : entre théorie et pratique. Lettre IPRAUS n°15 Florence Bourillon Les légitimistes et la ville, du constat à l’action, une réflexion opérationnelle. Ammina Harzallah Les préoccupations hygiénistes entre le XVIIIe et le XIXe siècle. Olivier Balaÿ La rénovation sonore de la ville au XIXe siècle. Chantal Callais La mise en place des services départementaux de l’architecture au XIXe siècle. Gilles Bienvenu Les conditions d’élaboration du plan d’alignement de Nantes (1808-1839). Sylvain Schoonbaert Le plan général d’alignement de Bordeaux sous la Monarchie de Juillet. Vincent Bradel Nancy : la question des alignements. Anne Bondon Les alignements de grande voirie à Laval. Michèle Lambert-Bresson Du cours au boulevard : Nîmes et Orléans. Joëlle Burle L’évolution du quartier de l’Arsenal des Galères de Marseille (17801840). Solenn Guével Transformations urbaines autour du canal Saint-Martin à Paris. Annie Térade Lotissements parisiens et projets de chemin de fer. Marilyne Doutre Préfectures en Auvergne. Werner Szambien Places et équipements à Étampes. François Laisney Les premiers omnibus à Paris. Sophie Cueille Enghien-les-Bains, Maisons-Laffitte et Le Vésinet. Roselyne Bussière Saint-Germain-enLaye. Catherine Bruant Le mur, l’éclair et l’escargot. Amina Sellali Le XXe arrondissement de Paris. Pierre Pinon Le lotissement Saint-Bernard à Dijon. Une table ronde finale a été organisée avec la participation de Florence Bourillon, Michaël Darin, Pierre Pinon et David Van Zanten. Les actes du colloque seront publiés dans un prochain cahier de l’IPRAUS, prévu pour 2006. De ce colloque ressort aussi l’intérêt d’un séminaire qui rassemblerait (selon une périodicité à préciser) les chercheurs intéressés, travaillant sur l’histoire urbaine et architecturale du XIXe siècle. De premiers contacts ont été pris en ce sens, et l’information sur les suites données à ce projet sera largement diffusée dès que possible. • Adaptation au contexte parisien de la méthode de l’Inventaire général et échantillonage Responsable scientifique : Karen Bowie Chercheurs : Bernadette Laurencin (responsable SIG), Annie Térade (conseillère scientifique), Fannette Cohen et Mayalène Guelton (chargées d’étude), Amina Benbelaïd et Auguste Bonnin (assistants informatique) Répondant à un appel d’offre lancé en mai 2004 par la Direction de l’Urbanisme et la Direction des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, cette recherche, placée sous le pilotage du Département d’Histoire de l’Architecture et d’Archéologie de Paris dirigé par François Loyer, avait pour objet d’élaborer une méthode et un outil « à la fois d’aide à la décision des élus et de renseignement des services concernés, mais aussi d’information aux parisiens sur leur cadre de vie et le patrimoine qui le compose ». L’outil à concevoir devait ainsi d’une part pouvoir s’associer aux bases de données cartographiques déjà utilisées par les services de la Ville et d’autre part être mis à disposition d’un large public, via Internet ou CD-ROM. L’application à vingt échantillons de la méthode et de l’outil proposés devait en donner une démonstration immédiate, avant lancement de l’inventaire complet, à développer dans une phase suivante – l’objectif à terme étant de pouvoir obtenir, à partir d’une adresse ou d’un « clic » sur une parcelle, un édifice ou un secteur urbain, toutes les informations patrimoniales s’y rattachant. Lettre IPRAUS n°15 Pour répondre à cet objectif, l’équipe réunit des compétences tant en histoire architecturale et urbaine qu’en infographie, avec des spécialistes de l’histoire de Paris d’une part, de cartographie informatisée (Système d’Informations Géographiques : SIG) de l’autre. En cherchant un outil adaptable au cas de Paris, l’attention de l’équipe a été attirée par le « dossier électronique », élaboré par les services de l’Inventaire général pour la ville de Rennes et aujourd’hui en cours de développement pour Amiens par la DRACPicardie. Cet outil informatique permet de 3 gérer un système de bases de données sur le patrimoine architectural et urbain (intégrant des informations historiques, iconographiques, bibliographiques… sur un objet : bâtiment, parcelle, rue, quartier…), et de le coupler à une carte informatisée (SIG) autorisant une représentation de l’espace à différentes échelles. C’est ainsi à la fois d’un outil de gestion, de recherche et de publication. C’est aussi un outil hautement évolutif, qui évite la rigidité parfois reprochée aux « dossiers documentaires » sur papier élaborés par l’Inventaire général, car il présente l’avantage de permettre l’intégration de nouvelles informations, mais aussi des nouvelles problématiques et champs d’investigation qui ne manqueront pas d’apparaître avec le développement des recherches sur la ville de Paris. Pour traiter, sans se noyer dans la masse documentaire ni aboutir à une collection d’objets isolés, des quelques 75 000 parcelles et 100 000 bâtiments que comporte Paris, l’équipe a proposé de décomposer le territoire de la ville selon différentes échelles d’analyse. Elle a ainsi défini : - Des « zones de cohérence globale », correspondant à une phase d’extension urbaine, à un mode d’urbanisation (vieux village, faubourg…), et/ou à des critères topographiques (butte Montmartre, vallée de la Bièvre…). - Des « secteurs dérivant d’un projet urbain » (lotissements, ZAC, secteurs de rénovation…). - Des « édifices ou ensembles d’édifices », qui constituent l’échelle la plus fine d’analyse. Tandis que la cartographie d’ensemble des « zones de cohérence » tend à faire ressortir les dynamiques quantitatives et les directions d’extension de la ville selon les époques et les caractéristiques du site de la capitale, l’emboîtement, la superposition ou l’imbrication des trois catégories de subdivisions sont plus ou moins complexes selon les portions de territoire – ce qui reflète la complexité inhérente aux processus de formation des tissus. À chacune des entités définies correspond un dossier documentaire et, via les liens informatiques que l’on peut créer entre ces dossiers, des informations allant du général au particulier ou vice versa, deviennent accessibles – ce qui vise à resituer chaque objet dans un contexte éclairant pleinement son sens patrimonial. • Etude historique sur les emprises ferroviaires de la ZAC Paris Rive Gauche Responsable scientifique et chercheur : Karen Bowie Recherche terminée (mars 2004) Située entre la gare d’Austerlitz et le boulevard périphérique, sur des terrains cédés à la ville de Paris en grande partie par la SNCF et devant accueillir notamment les nouveaux bâtiments de la Bibliothèque Nationale de France, la Zone d’Aménagement Concertée « Seine Rive Gauche » fut créée en 1991. Un des objectifs primordiaux du projet était de relier le 13e arrondissement résidentiel et commercial avec la Seine en créant des axes transversaux. Les équipements ferroviaires et industriels du site, implantés parallèlement au fleuve et conçus souvent à l’échelle des convois - le bâtiment voyageurs, les magasins généraux, les messageries Sernam ont chacun 300 mètres de longueur environ étaient perçus comme constituant une coupure entre la ville et la Seine. Suite à des recours, les statuts de la ZAC sont modifiés en 1996 : elle change de nom, devenant « Paris Rive Gauche », et le Plan d’Aménagement de Zone est modifié. Une lettre du Préfet de la Région d’Ilede-France adressée au Maire de Paris le 19 mars 1996 précise, entre autres, que la modification du PAZ doit être l’occasion d’intégrer dans le projet d’aménagement une mise en valeur du patrimoine industriel, ferroviaire et portuaire du site. Le Groupe de Concertation Patrimoine Indus- 4 triel, composé de représentants d’associations, de la Ville de Paris et de l’aménageur SEMAPA, fut créé pour répondre à cette exigence. C’est ce groupe qui a commandité deux études sur le patrimoine bâti du site, dont une fut confiée à l’IPRAUS. Carte Buffet Austerlitz Lettre IPRAUS n°15 Cette étude devait initialement concerner l’ensemble du site ferroviaire, entre le bâtiment voyageurs et le pont Masséna. Mais devant l’importance du fonds documentaire concernant l’histoire de la gare - fonds conservé au Centre des Archives Historiques de la SNCF au Mans - il fut décidé de concentrer l’étude sur deux points seulement : les ponts de la rue Watt et l’aile du Buffet de la gare voyageurs. Les projets de démolition de ces deux éléments avaient donné lieu à des controverses ; l’objet de l’étude était d’apporter des éléments documentaires objectifs permettant d’éclairer les débats en cours. L’étude documentaire de l’histoire de la rue Watt et de ses ponts ferroviaires permet de suivre les conflits provoqués par l’aménagement de ces ouvrages, qui constituaient une limite entre les territoires de la Compagnie du Paris-Orléans et la ville de Paris. L’étude éclaire par ailleurs les stratégies de l’entreprise ferroviaire en matière de conservation et de « recyclage » de ces ponts métalliques, dont certaines ne furent mises en place que plusieurs décen- • nies après leur fabrication. Mais les documents concernant ce point sensible permettent surtout de suivre sur plus d’un siècle la gestion de l’immense site de la tête du réseau du P-O, à travers des évolutions stratégiques et technologiques fondamentales : fusion avec le Grand Central, électrification, création de la gare d’Orsay… L’étude de l’aile du Buffet du bâtiment voyageurs éclaire un tout autre aspect du patrimoine ferroviaire du site : la tradition des buffets de gare. Une seule famille est concessionnaire du Buffet de la gare d’Austerlitz, de père en fils depuis 1897, ce qui a permis de conserver et de transmettre - grâce notamment à un manuscrit de la main du père du concessionnaire actuel la mémoire de cette activité. Moins spectaculaire que le Buffet de la Gare de Lyon, le restaurant de la gare d’Austerlitz a subi de nombreuses altérations au cours du XXe siècle : on note en particulier l’ajout d’un niveau supplémentaire coupant le volume sur sa hauteur. Le rôle urbain du bâtiment, qui depuis ses origines (1867-1870) abrite le Buffet, se trouve aujourd’hui modifié par les cessions de terrains entre l’entreprise ferroviaire et la ville. L’aile du Buffet définit un côté de la cour de départ, qui constituait jusqu’ici une sorte de vestibule urbain marquant une transition entre la voie publique et un territoire plus proprement ferroviaire. Mais l’espace derrière ce bâtiment est dévolu désormais à la ville et l’avenue MendèsFrance s’arrête à quelques mètres seulement des fenêtres du premier étage en attendant vraisemblablement la démolition complète ou partielle de l’édifice. Le traitement de cet élément dans le projet d’aménagement soulève ainsi de nombreuses interrogations. On constate ici la difficulté que présente la nécessité d’adapter en cours de route un projet dont les orientations fondamentales sont déjà arrêtées. Ici, ces orientations furent définies sans qu’on ait pu prévoir l’importance qu’allait prendre pour les Parisiens le patrimoine bâti de ce site particulièrement riche pour l’histoire industrielle de la capitale. Thèses soutenues sous la direction de Pierre Pinon 2002-2004 • Amina SELLALI Sous la ville, jadis la campagne. Une mosaïque de lotissements privés à l’origine de l’urbanisation de Belleville et Couronne (1820-1902). Thèse de doctorat soutenue le 9 février 2002, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8, mention : très honorable avec félicitations Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 10 • Derin ONCEL Un nouveau type d’habitat ottoman à Galata (Istanbul) à la fin du XIXè siècle : questions de continuité et de rupture Thèse de doctorat soutenue le 17 juin 2002, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8, mention : très honorable avec félicitations Cette thèse traite de « l’immeuble collec- contrairement à l’hypothèse d’un simple mestiques ottomanes sont interprétées tif », qui correspond à un mode d’habiter transfert du modèle occidental. Ce travail a dans le contexte des nouvelles conditions assez éloigné des pratiques domestiques permis d’observer dans un certain nombre physiques de l’environnement, des noude la société ottomane traditionnelle, d’habitats familiaux, construits avant l’ap- veaux besoins de l’époque, et d’une momais qui a constitué une réponse au be- parition de ces immeubles, une tendance à dernisation également sociologique. soin de logements à Istanbul, ville surpeu- distribuer l’habitation de façon à créer, Enfin, ce travail examine la question des plée, dans une période de modernisation. potentiellement ou effectivement, des ap- continuités et ruptures sur un type précis, et le confronte également à des exemples Issu notamment de l’initiative privée, il se partements indépendants. Quant aux concepts spatiaux et à l’organisimilaires au Caire, à Beyrouth et à Paris. manifeste d’abord à Galata, l’ancienne cité sation interne des appartements dans les Il montre que le contexte, propre à une levantine, et à Péra, sa luxueuse extension. grands immeubles collectifs, édifiés dans époque et à un environnement, configure Les investigations menées sur les manièle dernier quart du siècle, on y constate un nouveau type qui, au premier abord, res dont une tradition architecturale une grande variété de configuration des semble être influencé par l’architecture existante s’adapte à de nouvelles condidispositifs. Huit types de plans différents domestique occidentale, mais qui témoitions tant d’échelle urbaine qu’architectugne en réalité du rapport entre données ont été étudiés dans un corpus de cinrale, ont mis en évidence l’intérêt de parler traditionnelles et modernes. quante-trois immeubles ; les coutumes dod’étapes successives d’une évolution, Lettre IPRAUS n°15 5 • Maria Cristiana COSTANZO Les projets d’assèchement des marais littoraux français par les ingénieurs des Ponts et Chaussées au début du XIXe siècle. Thèse de doctorat soutenue le 5 juin 2004, sous la direction de Giorgio Muratore et Pierre Pinon, co-tutelle « Technologie de l’Architecture », Dipartimento ITACA, Université “La Sapienza” de Rome et « Architecture », Ecole d’Architecture de Paris Belleville, Université Paris 8, mention: très honorable, avec félicitations. A partir de l’expérience du Corps des Ponts et Chaussées dans les Marais Pontins au début du XIX e siècle, la thèse décrit l’activité contemporaine des ingénieurs chargés de l’assèchement des marais littoraux français. Dans le cadre de la politique napoléonienne des Grands Travaux Publics, le Cadastre Napoléonien, la Loi du 16 septembre 1807 et le Code de Dessèchement sont les instruments techniques et législatifs à la base de tous les projets d’assèchement modernes. Protagonistes de cette immense opération de construction du paysage, les hommes politiques et les ingénieurs des Ponts dressent un programme véritablement technique pour imposer le principe d’une rigoureuse coordination entre tous les agents appelés à intervenir sur le territoire. Les cas étudiés – Gard, Bouches du Rhone, Vendée, Charente - sont illustrés par la correspondance entre les acteurs du procès et par des plans, profils et devis inédits. • Zeila TESORIERE Le logement temporaire comme laboratoire pour l’architecture. France, XIXe-XXe siècle : Caractères, généalogie et perspectives d’un espace domestique. Thèse de doctorat soutenue le 27 avril 2004 sous la direction conjointe de Pierre Pinon et de Cesare Ajroldi, co–tutelle Université Paris 8 / Universita degli Studi di Palermo, Doctorat en Architecture / Dottorato in Progettazione Architettonica XV ciclo, mention: très honorable, avec félicitations. Cette thèse s’inscrit dans le cadre des analyses des processus de conception architecturale, et porte sur le logement temporaire dans ses relations au logement ordinaire, et sur son rôle dans l’innovation de l’espace domestique. Le panorama actuel des recherches, où le logement temporaire est souvent perçu comme un produit technique conçu dans un cercle restreint de spécialistes pour des conditions exceptionnelles qui s’adresserait à des usagers spéciaux, s’op- pose à la réalité de la pratique architecturale, car les concepteurs qui ont travaillé sur ce type de projet affirment avoir été marqués par cette expérience, qui a contribué à dégager des références longtemps opérantes chez eux, soit en ce qui con- Roland Simounet, Grille CIAM 9, 1953. Projet de recasement pour le bibonville de Mahieddine, plan des cellules et croquis depuis la loggia. Document Fondation Le Corbusier 6 Lettre IPRAUS n°15 cerne les fondements théoriques du projet, soit en ce qui concerne les acquisitions « linguistiques » et techniques. La problématique cherche donc à démontrer l’interaction qui existe entre la conception du logement temporaire et la conception architecturale savante du logement. Le travail est centré autour de trois questions, développées en trois parties correspondantes. La première vise à identifier le rôle du logement temporaire dans la définition de la poétique d’un auteur, Roland Simounet, par une analyse du rôle que l’ensemble de cités de transit, de relogement, de recasement, d’urgence qu’il a réalisé pendant ses années algéroises a tenu dans la constitution de sa méthode de conception. La deuxième partie de la thèse porte sur les modalités d’émergence des nouveaux dis- positifs architecturaux, leur persistance et leur diffusion. La généalogie d’une forme spécifique de logement temporaire est ainsi proposée : le bloc à cour avec équipements collectifs, qui apparaît à Paris à la fin du XIXe siècle pour loger temporairement les ouvriers, s’émancipe de ses idéologies d’origine et dégage une série de transformations suivie, au delà des visées typologiques, jusqu’à ses étapes contemporaines. Ces propositions sont venues nourrir une réflexion plus ample sur les modalités d’élaboration du projet et sur sa conceptualisation théorique, qui fait l’objet de la troisième partie. La confluence systématique d’éléments provenant du logement temporaire dans la conception du projet domestique, lorsque les architectes cherchent à innover, per- met de démontrer à quel point la contamination et la transformation progressive constituent des outils opérateurs du projet moderne et contemporain. A partir des propositions présentées à l’occasion des concours ou des expositions qui visent l’innovation de l’espace domestique, le projet du logement temporaire s’affiche comme une des opérations par laquelle les architectes savent fonder les théories, les modes opératoires et les préceptes propre à la discipline. Une multiplicité de registres est employée dans cette thèse, qui associe le plan descriptif, analytique, critique dans le but de reconstituer, pour chaque étape, un discours spécifique jouant un rôle précis dans l’invention architecturale. • Frédéric BERTRAND L’architecture et l’urbanisme funéraires à l’ère des métropoles. Regards sur l’œuvre et la pensée de Robert Auzelle (1913-1983). Thèse de doctorat soutenue le 24 mars 2003, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8, mention : très honorable avec félicitations. Cette recherche tente de situer la pensée qui se développe sur le cimetière en urbanisme dans une histoire de la pensée urbaine, en général, et de la construction de la métropole, en particulier. Avec l’impératif de l’insularisation du cimetière, l’État doit construire une autonomie idéologique, « inventer » la mort laïque et ses typologies. Il importe alors de savoir comment cet ensemble va se constituer, quelles vont être ses références et enfin, quelle va être sa traduction « finale ». L’insularisation et la laïcisation du cimetière concourent à en faire un équipement inscrit dans une stratégie hygiénique et disciplinaire. Mais le lieu reste chargé de pesanteurs sociologiques, symboliques, irréductibles à une idéologie fonctionnaliste. C’est un espace de socialisation et de moralisation soumis à une révolution de l’affectivité. Cette approche comparée et analogique éclaire la nature des politiques et le processus de leur réalisation. Le cimetière constitue ainsi une pièce importante des pratiques de l’aménagement urbain et des cycles qui s’y rattachent. Ces cycles ne sont pas étanches et des figures urbaines et architecturales se déplacent. L’étude des mutations liées à l’espace funéraire doit donc s’étendre à leur diffusion afin de dégager leur spécificité au sein des grandes concentrations urbaines et les conditions d’un partage de structures formelles de l’espace. Plus qu’une étude exhaustive, cette thèse trace un cadre indispensable à l’analyse des travaux de R. Auzelle ; elle permet de situer la réception des références étrangères et leur intégration dans la définition que celui-ci a formulée d’un nouveau cimetière français ; enfin, elle analyse cette définition de façon privilégiée à partir de l’exemple parisien. Les archives de cet architecte et urbaniste ont donc formé la part la plus importante du corpus (fond documentaire, publications spécialisées, corpus lié aux missions de maîtrise d’œuvre). • Valérie NEGRE L’ornement en série. Le monde du bâtiment et la standardisation des produits en terre cuite et des matériaux de construction au XIXè siècle, dans le Midi toulousain. Thèse de doctorat soutenue le 19 décembre 2002, sous la direction de Pierre Pinon et André Guillerme, Université Paris 8, mention : très honorable avec félicitations. Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 9 • Marilyne DOUTRE Modalités de transformation de la ville au début du XIXè siècle en Auvergne : l’édifice public et son espace urbain – Pouvoirs et conflits. Thèse de doctorat soutenue le 25 mars 2003, sous la direction de Pierre Pinon, Université Paris 8, mention : très honorable avec félicitations. Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 9 Lettre IPRAUS n°15 7 • André Bogdan FEZI Bucarest et l’influence française. Entre modèle et paradigme urbain (1831-1921). Thèse de doctorat soutenue le 24 septembre 2003, sous la direction de Pierre Pinon et Emil Barbu Popescu, Université Paris 8 et Université d’Architecture et d’Urbanisme « Ion Mincu », Bucarest, mention : très honorable avec félicitations. Il y a plus d’un siècle, Bucarest vivait au rythme de Paris : en 1848, elle descend dans la rue pour la révolution ; en 1870, elle manifeste en soutien à la France vaincue ; en 1916, elle fait la guerre aux côtés de sa « sœur latine ». Entre 1831 et 1921, l’administration et la législation urbaines mises en place seront, en grande partie, inspirées du modèle français, de même que l’enseignement et les organisations professionnelles. Les échanges avec le préfet de la Seine sont réguliers. La plupart des architectes roumains font leurs études à Paris, à l’École des Beaux-Arts, et un nombre important de bâtiments représentatifs sont construits à Bucarest par des architectes français. Après une période d’influence de la stylistique architecturale française, c’est toujours à travers la France que naît le style architectural roumain. La série de transformations administratives et législatives bucarestoises permettra, dès la seconde moitié du XIXe siècle, une réforme de la voirie par la réalisation d’un système de percées de type haussmannien. Ce rapport avec son modèle lui vaudra, au début du XXe siècle, le surnom de « petit Paris des Balkans ». Cependant, le lien entre Bucarest et Paris doit être cherché en profondeur et non dans les apparences. L’urbanisme bucarestois opère avec les outils français mais agit en fonction des conditions locales. Les travaux urbains bucarestois quittent notamment la référence au modèle parisien, s’acheminent vers le renforcement du paradigme radioconcentrique de la ville et culminent par la matérialisation de l’archétype urbain, le cardo-decumanus inscrit dans les boulevards circulaires. Au-delà de la spécificité locale, l’influence française à Bucarest a mis en valeur l’existence d’éléments urbains invariants : les processus récurrents, le paradigme radioconcentrique et l’archétype de la ville. Partant d’une longue période d’influence française, Bucarest a construit sa propre identité urbaine. • Giampiero MELE De la géometrie : une règle pour le dessin des églises médiévales entre XIIIe et XIVe siécles. Thèse de doctorat soutenue le 7 septembre 2004 sous la direction de Pierre Pinon et Maria Teresa Bartoli, Université Paris 8 et Université de Florence, mention : très honorable avec félicitations. À travers la lecture de quelques monuments médiévaux, français et italiens, effectuée sur la base des graphiques de relevés informatisés, et suivant une série d’opérations de recherche vouées à dévoiler une connaissance cachée, on est parvenu, au travers du dessin, à reconnaître une des règles utilisée par les architectes • médiévaux pour la composition des bâtiments religieux. Cette règle, utilisant comme outils l’arithmétique et la géométrie, constitue le point de départ de l’élaboration des formes finales plus compliquées qui ne laissent plus du tout transparaître le schéma initial. Mais quelle est l’origine de ce type de raisonnement ? L’ap- proche historiographique avait déjà laissé entrevoir une certaine continuité entre monde romain et monde chrétien. En étudiant le problème, on a pu montrer le lien étroit, mis en évidence grâce au dessin (tendant à la reconstruction du projet), entre la méthode ideative du temple chrétien et celle du temple romain. Thèses en cours sous la direction de Pierre Pinon • Emanuela BAGATTONI Pietro Tomba, l’architecture néoclassique à Faenza et le rapport avec l’architecture française à l’époque du Ier Empire et de la Restauration. Le but de cette étude est de mettre en lumière l’œuvre de l’architecte Pietro Tomba (Faenza 1774-1846), le développement de l’architecture néoclassique à Faenza à l’époque du premier Empire et de la Restauration et le rapport avec la culture architectonique et artistique française. On trouve, parmi les protagonistes du grandiose développement architectonique et urbanistique à Faenza durant ces années, P. Tomba, personnalité sans aucun doute très intéressante à laquelle nous 8 devons d’importantes inventions architectoniques. C’était en outre quelqu’un qui possédait une vaste culture dans les domaines architectonique et artistique et avait des relations culturelles au niveau européen. Tomba qui avait étudié à l’Académie des Beaux-Arts de Bologne, au début de son activité élabora des projets clairement placés sous le signe du style néo-palladien. Ce sont sa prédilection pour les principes de l’antiquité grecque et son amour des modèles du seizième siècle en Vénétie qui influencèrent la totalité de sa production architectonique, oscillant entre valeurs néoclassiques et tendances puristes. Tomba occupa, à partir de 1820, la chaire d’architecture de l’Ecole de dessin de Faenza et il eut un rôle primordial dans la formation d’un grand nombre d’architectes, artistes et décorateurs, laissant une forte empreinte sur l’architecture et l’art de la première moitié du XIXème siècle en Romagne. Lettre IPRAUS n°15 • Julien BASTOEN Le Musée des Artistes vivants, du Palais du Luxembourg à Beaubourg (1818-1976). Le Musée des Artistes vivants est mieux connu sous le nom de Musée du Luxembourg. Jusqu’à maintenant, seules des études sur l’histoire des collections avaient permis de cerner la spécificité du premier musée d’art contemporain créé dans le monde. L’intérêt de notre travail de recherche est de comprendre quelles ont été l’importance et la nature du rôle des conservateurs dans l’élaboration de programmes architecturaux et muséographiques entre 1818, date de la création du Musée par Louis XVIII, et 1976, date de son transfert au Centre GeorgesPompidou. Il s’agira également de déterminer les enjeux urbains de tels programmes. Ainsi, le travail s’organise autour de trois échelles : l’échelle de l’architecture inté- rieure et de la muséographie ; l’échelle du bâti ; l’échelle urbaine. L’enjeu de la recherche, qui s’appuie essentiellement sur un travail de dépouillement d’archives, sera de savoir pourquoi l’Etat n’a jamais, contrairement à d’autres nations européennes, voulu prendre le risque financier de doter sa capitale d’un bâtiment conçu exclusivement pour accueillir des collections d’art contemporain. Il semblerait que la définition même de musée d’art contemporain posait problème. • Leila AMMAR • Michèle LAMBERT-BRESSON • Naziha KHELIL Tunis, de la rue à la modernisation de l’espace public dans une ville maghrébine et méditerranéenne, 1845-1935 Etude des transformations de Nîmes et d’Avignon au XIXè siècle à la suite de l’implantation du chemin de fer. Le boulevard Saint-Marcel : inscriptions, conception, réalisations et effets d’une percée « haussmannienne » sur la Rive Gauche de Paris. Concours des Musées d’Art moderne, 1934. Projet de Carlu, Boileau, Azèma • Tarik BELLAHSENE • Valérie MAIRE Formation de l’espace colonial en Grande Kabylie : 1857-1890, de la plaine vers la montagne. Architecture et forme urbaine de la ville ottomane dans les Balkans. Symbole de la maison tour. • Lynda BENKACI Les premières percées dites «haussmanniennes» à Paris . L’ouverture du boulevard de Strasbourg et son prolongement par le boulevard de Sébastopol. • Taous MITICHE • Anne BONDON • Mathilde MOUCHEL L’urbanisme en question : réflexions et pratiques urbaines dans les villes moyennes françaises au 19è siècle. La conversion institutionnalisée 17951830. Considérations du Conseil des bâtiments civils pour les édifices nationaux. • Solenn GUEVEL • Antonella VERSACI Les canaux parisiens comme éléments fondateurs de la forme urbaine au XIXè siècle. L’origine des secteurs sauvegardés résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 10. Les villes coloniales françaises fondées sur des sites antiques en Algérie au XIXè siècle. • Dominique JACOMET Premier plan de lotissement du cours < Bonaparte, Avignon, 1957 Thèories, doctrine, dogme • Thèses en cours sous la direction de Stéphane Yérasimos (doctorants rattachés à l’IPRAUS) • Ayse AYDOGAN • Adriana DIACONU • Maria Teresa VASI Le rôle des corps de métiers dans le processus d’institutionnalisation des pratiques patrimoniales en Turquie : entre l’importation et l’émergence d’une conscience locale. L’Immeuble collectif moderne dans le centre-ville de Bucarest entre 1930 et 1954. La confrontation entre type architectural et idéologie. Les parcours commerçants en Europe entre le XIIIe et le XVIIIe siècle. Lettre IPRAUS n°15 • Mariam KHACHATRYAN Urbanisme de transition en Ex-URSS. 9 Architectures du transport Recherche PREDIT (Programme interministériel de recherche et d’innovation dans les transports terrestres) Le programme de recherche Transport et architecture du territoire commencé en janvier 2002 s’achève cette année. Il comprenait six recherches organisées dans le cadre de trois axes thématiques et un séminaire de recherche en six séances dont un colloque de clôture. Actuellement un troisième phase en cours poursuit le travail accompli lors des deux précédents programmes pour le Predit, mettant l’accent sur la valorisation des recherches effectuées et des collaborations amorcées. Le programme de recherche a été exposé en détail dans la Lettre de l’IPRAUS n° 13 : Architectures du transport, juin 2003. • Les résultats du programme de recherche Responsable scientifique : Pierre Clément Coordination : Anne Grillet-Aubert et Sabine Guth Comité scientifique : Karen Bowie, Pierre Clément, Anne Grillet-Aubert, Antoine Grumbach, Sabine Guth, Isaac Joseph, François Laisney, David Mangin, André Peny, Philippe Villien Chercheurs IPRAUS : Karen Bowie, Pierre Clément, Nicole Eleb-Harlé, Isaac Joseph, François Laisney, Eliane Nicolino Autres chercheurs : Sabine Guth, Anne Grillet-Aubert, Anne-Sophie Lebreton (RATP), David Mangin (ENPC, E.A. Marne la Vallée), Aleth Picard (E. A. Normandie - GEVR ), Corinne Tiry (E. A. Lille - AVH) Consultants : Thierry Bloch (E. A. Nancy), Nicolas Bonvalet (AREP), Yan Le Gal, Bert McClure (EDF), Michèle Collin (CNRS, TMU), Claude Prelorenzo (E. A. Versailles - GRAI), Philippe Villien (E. A. Paris-Belleville) Le premier axe Transport, densités et formes urbaines, centré sur le phénomène de la périurbanisation a donné lieu à différentes approches, s’intéressant soit aux mécanismes morphogénétiques de certaines situations construites, soit aux analyses et aux discours. David Mangin, Philippe Renoir et des étudiants de l’Ecole d’architecture, de la ville et des territoires de Marne-la-Vallée ont comparé un échantillonnage de secteurs urbains choisis dans cinq pays européens, à partir d’une grille de lecture croisant développement des infrastructures (auto)routières, formes de l’urbanisation résidentielle et formes de l’urbanisme commercial. Ce travail permet de préciser le rôle de ces différents facteurs dans les formes actuelles de l’étalement urbain et identifie par là même différents leviers d’une maîtrise du phénomène. L’équipe constituée par Nicole ElebHarlé, Catherine Hanen et Amina Sellali a abordé les effets de nouvelles modalités de transport sur les tracés, les formes et les densités de tissus urbains situés en banlieue parisienne, en prenant en compte leur évolution historique; les exemples choisis s’appuyant sur des projets de prolon- gement de ligne de métro et sur la mise en place de pistes cyclables. Le débat politique sur le sprawl américain a été analysé par Karen Bowie à partir de plusieurs exemples aux Etats-Unis, notamment à proximité de Washington. Le chercheur montre l’impact de ces débats sur de nouvelles pratiques avec, par exemple, l’émergence d’expériences urbanistiques alternatives qui tentent aussi d’associer les populations locales aux projets. Sabine Guth a travaillé sur les discours et les dispositifs mis en oeuvre récemment en France et dans quelques autres pays européens autour du développement de la multimodalité des transports. Il ressort de cette recherche que les approches et les notions mises en avant varient fortement selon les échelles et les pratiques liées à la décision et au projet. Le second axe de recherche Espace public et mobilité est centré sur l’insertion du tramway dans les villes françaises. François Laisney, Anne Grillet-Aubert, Aleth Picard, Anne Sophie Lebreton et Thierry Bloch (consultant) ainsi que des étudiants de l’Ecole d’Architecture de Paris-Belleville, du DEA et du séminaire “Forme urbaine et mobilité” de François Laisney et Michèle Lambert inscrit dans le cadre du séminaire “Architecture du territoire” (Vincent Hertenberger, Jeanne Salomé et Michel Abchi) . L’étude des déplacements et des transformations des espaces publics engendrées par ce nouveau mode de transport a été envisagée de la petite à la grande échelle territoriale. La recherche aboutit ainsi à une typologie des mutations de l’espace de la voirie et précise les relations existantes entre transformation de la mobilité et requalification de l’espace public. Le troisième axe de recherche s’appuie sur l’étude de Corinne Tiry des projets de mégastructures des années 1960 qui fonde une réflexion sur le renouvellement des relations entre bâtiment et infrastructure, notamment la tentative de fusion entre l’édifice et la ville qui caractérise aujourd’hui les grands équipements de transport. Une analyse typologique de ces derniers, à travers une sélection d’exemples situés en Europe ou en Asie, a permis de préciser les modes d’articulation entre conception architecturale et aménagement urbain. • Le séminaire de recherche et le colloque Cinq séances ont eu lieu de juin 2002 à octobre 2003 - Etat des lieux sur l’enseignement des transports dans les écoles d’architecture 10 - Espace et infrastructures de transport: la question des échelles - L’impact du métro sur les dynamiques urbaines : Le Caire, Paris - Espace public et transports collectifs - L’intermodalité : un outil de recomposition des territoires. Lettre IPRAUS n°15 Un colloque de clôture Architectures du transport : territoires en mutation s’est déroulé les 3 et 4 mai 2004 à l’Arche de la Défense (voir encadré) et a permis de confronter les résultats des recherches aux politiques et aux projets en cours dans plusieurs pays d’Europe. Les pratiques récentes développées par les collectivités territoriales ou les agences d’urbanisme, ainsi que les réflexions de chercheurs confrontés à d’autres situations européennes ont enrichi le travail et permis de dégager plusieurs conclusions. D’une part l’étalement urbain apparaît moins inéluctable qu’il n’est souvent présenté. Les formes de la périurbanisation varient et les différents facteurs des phénomènes sont souvent en conflit avec d’autres tendances sociétales telles que l’injonction du développement durable et l’évolution démographique (diminution de la croissance et vieillissement de la population). Pas de fatalité donc et, comme plusieurs expériences et recherches le montrent, de nombreux leviers semblent en mesure d’offrir une alternative crédible au phénomène par des actions qui peuvent changer les pratiques de mobilité, par la création de services ou commerces de proximité dans les lotissements, par d’autres typologies et densités résidentielles, par d’autres projets de voirie. Une seconde conclusion du colloque porte sur le renouvellement urbain en cours dans des secteurs déjà urbanisés. Cette mutation comprend trois principaux aspects : - l’amorce d’une coordination des politi- ques de transport et des politiques urbaines amorcé dans des villes d’Europe ou tout au moins la mise en place des conditions d’un rapprochement créé en France par le nouveau cadre législatif; - la diffusion de pratiques de renouvellement urbain qui intègre de plus en plus fréquemment une réflexion sur l’organisation de la mobiltié dans les villes et les infrastructures de transport, qui comprend une mutaion morphologique et des usages; - le nouveau rôle joué dans la réorganisation urbaine par les principaux équipements de transport, ces grands bâtiments qui intègrent les fonctions urbaines et tendent à devenir des espaces publics majeurs de la ville contemporaine. Architectures du transport : territoires en mutation colloque international 3- 4 mai 2004, Arche de la Défense, Paroi Sud, organisé par l’IPRAUS avec le PREDIT coordination : Anne Grillet-Aubert et Sabine Guth, responsable scientifique : Pierre Clément lundi 3 mai 2004 Anne GRILLET-AUBERT, Sabine GUTH Présentation • La forme et le flux Claude PRELORENZO modérateur Serge WACHTER L’architecture, la ville et la mobilité Elio PIRODDI Idées de ville Vincent KAUFMANN Mobilités quotidiennes et dynamiques urbaines : l’enjeu du suburbain Bernardo SECCHI Infrastructures : la construction du territoire et du paysage • La grande dimension : réseaux, territoires, mégastructures Paola PUCCI modérateur Bénédicte GROSJEAN Dispersion urbaine et réseaux de transport dans la région du Brabant (B) Michèle COLLIN Mobilisation productive • des territoires autour des ports et des aéroports. Corinne TIRY Mégastructures urbaines Donald van DANSIK Deltametropool, PaysBas : la modernité de la modernité • Table ronde Bernard DUHEM modérateur mardi 4 mai 2004 • Infrastructures, formes urbaines, formes de villes Sylvie GAYDA modérateur Sabine GUTH Introduction David MANGIN Accessibilités, proximités, dépendances : parallèles européens Karen BOWIE « Sprawl », Nouvel Urbanisme et « Smart growth » aux Etats-Unis Patricia GOUT Périphéries d’agglomération : accessibilités et formes de ville à Munster en Allemagne • Espace public et mobilité Maria RUBERT modérateur Anne GRILLET-AUBERT Introduction Charles-Henri TACHON Mon village en l’an 2000 Jean-Pierre MARTIN Architectures de la voirie : l’expérience du Grand Lyon Frédéric HERAN Aménagement de la voirie : de l’adaptation de l’automobile à la mixité des modes de déplacement. François LAISNEY Les espaces publics du tramway • Table ronde Quelles perspectives pour la recherche? Pierre CLEMENT modérateur Patrice AUBERTEL, Anne-Marie DUQUENNE, Jean-Marie GUIDEZ, Eric LENGEREAU, Alain MEYERE • Conclusion : André PENY Architectures du territoire : troisième étape Equipe : Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth, CorineTiry, Eliane Nicolino (recherche documentaire) Ce nouveau programme est constitué de deux volets : la publication d’ouvrages issus des travaux réalisés et l’organisation de nouvelles recherches. Deux ouvrages sont actuellement réalisés Déplacements, Actes du colloque Architectures du transport : territoires en mutations, 3-4 mai 2004, Arche de la Défense, Paris, Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth, Editions Recherches, à paraître 1er trimestre 2005. Lettre IPRAUS n°15 Le livre comprendra les articles issus des communications et une synthèse de l’ensemble du séminaire de recherche qui a accompagné le programme pendant ces deux années. Trafics en ville, Serge Wachter, Paris, Editions Recherches, 2004. L’auteur, consultant du programme Transport et Architecture du territoire identifie trois âges de la voirie et analyse la relation entre typologie architecturale et mobilité. Plusieurs autres ouvrages sont aujourd’hui à l’étude : L’Atlas du tramway dans les villes françaises, Anne Grillet-Aubert et François Laisney. De la maison à l’autoroute : parallèles européens, David Mangin et Philippe Renoir. Mégastructures urbaines de transport. Utopies et réalisations (Europe et Asie), Corinne Tiry. 11 Le travail en cours permettra aussi de compléter la base de données bibliographiques réalisée avec Eliane Nicolino et regroupant les références des trois axes de recherche (infrastructures, densités, formes urbaine/ espace public et mobilité / mégastructures). Cette base de données sera intégrée aux Nantes sites internet de plusieurs centres de documentation. L’effort de capitalisation du travail accompli vise d’une part la définition de thèmes de futures recherches et d’autre part la valorisation du réseau de chercheurs qui s’est construit au cours du progamme notam- ment en collaboration avec les chercheurs du Politecnico de Milan en Italie et de l’ETSAB de Barcelone par la mise place de projets européens. Un état des lieux des programmes et projets de recherche européens sur les relations entre transports et territoires est en cours. Nancy Strasbourg • Inscription territoriale des mobilités et riveraineté des voies péri-urbaines Financeurs: Mission Transports de la DRAST, Ministère de l’Equipement, programme Predit, Groupe 1- Mobilité, territoires et développement durable. Titulaire de la recherche : Brès+Mariolle et ass. Sarl. Antoine Brès et Béatrice Mariolle (IPRAUS) Partenaires : Marie-Hélène Bacqué, Amélie Flamand (CRH) L’objectif de cette recherche est d’analyser comment une voie conçue et aménagée principalement pour le seul déplacement motorisé de transit devient, dans certaines situations, un élément de centralité urbaine, un pôle d’attractivité pour les riverains, notamment piétons. Cette étude prend pour terrain la RN7, entre Orly et Evry. Grande radiale de l’agglomération parisienne, celle-ci fonctionne de plus en plus comme une voie de desserte locale; en effet, seuls 3% des flux automobiles l’empruntent dans sa totalité entre Athis-Mons et Corbeil-Essonne. Deux questions conduisent la recherche : - Dans quelle mesure la mobilité automobile participe à la production de pratiques et de modes de fréquentation sur les rives des voies qu’elle emprunte, et, par la même, à l’émergence de lieux d’interaction sociale ? - Quels rapports spatiaux entretiennent les deux types de mobilité les plus répandus, et souvent considérés comme les plus conflictuels, les mobilités motorisée et pédestre ; comment s’imbriquent le local automobile et celui du piéton ? Définir la notion de riveraineté, qualifier une voie en fonction de l’implication des mouvements automobile et piétonnier, sont les objectifs que nous nous sommes donnés. Cette étude se déroule en trois phases: • Une première phase d’analyse urbaine et de saisie familière porte sur le recensement, l’observation et la description des interfaces mobilités/territoire. Deux points de vue complémentaires sont abordés, ce- 12 lui des déplacements automobile et piétonnier que la voie accueille, et celui du local, à partir du repérage des centralités et densités urbaines en relation avec la voie. Cette approche est menée à travers la formalisation des « territoires de la voie », c’est à dire le parcellaire directement desservi depuis celle-ci; puis à travers le recensement des types de configuration spatiale de la halte automobile ; on cherche à savoir où et comment (moins pourquoi) l’automobiliste s’arrête sur les rives de la voie. Les mêmes interrogations portent également sur les déplacements piétonniers. A la rencontre de ces deux dynamiques de mobilité, de passage et de proximité, plutôt liée aux territoires situés sur ses rives, on peut ainsi repérer des situations de riveraineté. • Une seconde phase d’analyse sociologique informe ce travail aux plans des pratiques et des représentations associées à ces situations de riveraineté. Nous avons fait le choix de centrer l’approche sociologique sur les fast food qui sont souvent au cœur de ces dispositifs urbains et appellent des pratiques de passage comme de proximité. En contrepoint, nous travaillons également sur une brasserie et un bistrot dont l’implantation est plus ancienne et la clientèle différente. L’étude des pratiques sociales s’est appuyée sur de l’observation ethnographique menée différents jours de la semaine et à divers horaires, et sur la passation d’un questionnaire auprès des clients des restaurants. • Une troisième phase, en cours d’achè- vement, au croisement entre les deux premières, s’attache à définir la question de la riveraineté. On cherche à déterminer comment la riveraineté des voies « passantes » s’instaure progressivement en dépit des dispositifs qui l’interdisent ou la contraignent ; à partir de quelles associations entre fonctionnalités de la voie et de ses abords, pratiques de déplacement et usages locaux implantés sur ses rives, elle se développe ; par exemple, au plan des déplacements, le plus souvent « sauvages »: piétonnisation de fait des bas-côtés, stationnement et accès automobiles improvisés… ; et au plan des usages locaux : commerces de route ou forains, grandes surfaces… Un retournement de point de vue sur les rapports localités-mobilités De façon plus large on cherche à montrer comment de nouvelles formes de centralité se développent en rive des voies à partir d’une convergence d’effets endogènes liès aux mobilités qu’elles accueillent et d’effets exogènes attachés aux territoires qu’elles traversent. C’est un retournement de point de vue qui est proposé ici : la question ne porte pas tant sur la manière dont la ville accueille les mobilités que sur les conditions qui font que le mouvement peut être par luimême générateur d’ « urbanité », si sont prises en compte les capacités de riveraineté des voies qu’il emprunte; ce point de vue renouvelé s’appuie sur des outils spécifiques de lecture et de représentation des espaces péri-urbains contemporains. Lettre IPRAUS n°15 Architectures et Sociétés Construction sociale et architecturale des limites : territoires, seuils, articulations entre privé et public Responsable : Philippe Bonnin Participants : Philippe Bonnin, Maïté Clavel, Agnès Deboulet, Jean-Pierre Garnier, Rainier Hoddé, François Laisney, Nathalie Lancret, JeanMichel Léger, Margaret Manale, Eliane Nicolino, Martine Segalen, Roselyne de Villanova Chercheurs associés : Jérôme Boissonade (Université du littoral, Dunkerque), Matsumoto Yutaka, Yoriko Inada (post-doc), Daniel Pinson (IAR-Aix-en-Provence) Partenaires institutionnels : PUCA (Plan Urbain Construction Architecture), DAPA (Direction de l’architecture et du patrimoine architectural ; Mission du patrimoine ethnologique), BRAU (Bureau de la recherche architecturale et urbaine), GIS Socioéconomie de l’habitat, ICCTI Portugal (Instituto de cooperação cientifica e tecnológica internacional) – Kyoto Institute of Technology, Universités de Sapporo, d’Osaka Sangyo, et de Kobe. Cet axe de recherches s’ancre profondément dans l’histoire de l’IPRAUS, dont les fondateurs ont compté parmi les inventeurs des notions d’usage, de compétence, de convention, et ont contribué à créer ce champ de connaissances et d’interrogations, à la rencontre des sciences de l’homme en société et des disciplines de l’espace, une socio-anthropologie de l’architecture et de la ville. Si la problématique qui regroupe ces chercheurs demeure stable et non démentie, elle demeure aussi une source féconde de questions renouvelées, et les opérations de recherche qui permettent de la mettre en œuvre évoluent plus rapidement. Certaines ont abouti et sont à l’orée de publications importantes, collectives ou individuelles, d’autres sont en cours ou poursuivent des opérations initiées précédemment, d’autres enfin sont entièrement nouvelles ou sur le point d’être entamées. Elles sont brièvement résumées ci-après. Répétons-le : la question des liens entre formes spatiales et rapports sociaux est à la fois une question relativement récurrente dans le champ des sciences de la société et une question d’actualité brûlante. Les échecs dans la production de l’espace urbain, dans la programmation, la conception ou la réalisation de l’espace de la ville ou du logement dénoncent l’écart entre les connaissances, peutêtre obsolètes pour partie, et la réalité sociale. Mais l’idée, largement admise aujourd’hui, selon laquelle il n’y a pas de lien mécanique entre morphologie spatiale et morphologie sociale, nous invite non pas à récuser l’existence de liens entre ces deux registres, mais au contraire à interroger la nature plurielle de ces liens, à remettre en question la clôture des objets qu’on y travaille, à réexaminer leurs limites et leurs articulations. L’autonomie relative du spatial, comme on la reconnaît aujourd’hui, nécessite de s’interroger sur la pertinence des objets manipulés par la sociologie urbaine (par rapport aux objets triviaux : logement, immeuble, quartier, cité), et sur les concepts qui permettent de rendre compte de la structuration réelle de l’espace habité, en particulier de ces grands domaines du privé et du public que définit la légalité. L’espace vécu et représenté ne s’arrête en rien aux limites de l’appartement, du pavillon, du quartier ou de la cité. C’est dire par exemple qu’il faudrait étendre au-delà du seul logement l’analyse en termes de relations/oppositions d’entités et d’identités (spatiales et sociales), qui y a montré une certaine pertinence, et prendre conscience que l’on ne peut travailler que sur des entités relatives, les formes spatiales n’étant ni absolues, ni définitives. De plus, il faut s’interroger sur l’articulation des échelles et les durées, sur l’extension de validité des concepts, et des phénomènes observés. Enfin, après quelques décennies de course à l’abstraction, il est indispensable de s’interroger sur la réalité matérielle et spatiale des objets décrits. Ces interrogations ont émergé de la confrontation de recherches différentes menées au sein de l’IPRAUS, mais qui gravitent en particulier autour de ces points d’articulation des domaines du privé et du public, où l’un et l’autre semblent s’entre-produire. En particulier, les recherches portant sur l’analyse des pratiques de l’espace public, de l’espace domestique, d’espaces intermédiaires, espaces désormais marqués du sceau multiculturel ; les travaux portant sur la production de l’architecture contemporaine du logement en France ou sur les terrains orientaux, sur l’interface entre les domaines, les espaces de médiation, les dispositifs et rituels de seuil. La construction architecturale et sociale des limites La question pourrait être prise dans une généralisation de la construction architecturale et sociale des limites. En effet, face aux processus de dématérialisation, de délocalisation, de mise en réseaux et en mobilité permanente, on note une tendance accrue à faire reposer la culture spatiale non sur l’intériorisation d’un apprentissage des codes et des pratiques sociales adéquates, mais sur les dispositifs matériels, Lettre IPRAUS n°15 architecturaux ou techniques. C’est à proprement parler une réification. En nous confrontant aux observations effectuées sur chaque terrain, il s’agit d’analyser les transformations actuelles du système spatial urbain, à différentes échelles : espace personnel, espace de l’habitation, espace de la ville. Le mode d’habiter urbain restreint les territoires dévolus à chacun, les rapproche à l’extrême, les superpose, et nécessite que les désignations et délimitations en soient plus explicitement marquées, en termes d’espace (espace individuel/collectif, espace privé/public, espace piétonnier/stationnable/carrossable, espace sous contrôle institutionnel...), comme en termes de temps (horaires d’ouverture, d’usage, d’accès, de péage, horaires de silence et même d’ensoleillement...), voire en termes de catégories d’usage. Ce questionnement a émergé simultanément des analyses des transformations affectant les structures de l’espace de l’ha- 13 bitation, et de celles de l’accessibilité aux espaces publics, mais les déborde toutes deux en ce qu’il met en question leur interdépendance, et interroge les sciences sociales sur la manière d’observer et d’analyser les transformations à l’œuvre. L’espace public : accessibilité et débat, dimension spatiale et dimension esthétique Si l’espace public peut être appréhendé simultanément au sens d’un espace de débat et d’échange accessible en principe à tout acteur (en régime démocratique), et dans sa dimension spatiale physique d’une forme urbaine produite (rue, place, café, marché, jardin, etc.), c’est-à-dire au double sens du terme d’urbanité, il ne peut plus être question d’en réduire l’approche à celle de la réception d’une forme, d’une confor- mation des acteurs à un rôle de consommation d’un programme préétabli. Les acteurs y manifestent une compétence autant qu’une sensibilité à la dimension esthétique de la ville. Enfin, ni l’accessibilité ni les pratiques de l’espace public ne sont anomiques. L’usage de l’espace public est défini par les réglementations, par des acteurs instrumentés, des rôles de passeurs et de médiateurs, des métiers qui agissent, régulent les pratiques, gèrent les micro-conflits, autorisent les accès ou les limitent, les interdisent en s’appuyant sur des dispositifs de seuils. L’analyse des fonctionnements et dysfonctionnements de l’espace public suppose celle d’espaces non-publics et d’espaces mixtes, en particulier d’espaces pri- vés ou d’espaces de groupes, de communautés, d’institutions, et donc celle de la production de l’urbanité. Ce n’est pas la qualité d’un espace en soi, jamais donnée, que l’on observe et analyse, mais la relation/opposition de celui-ci à un autre. Cet espace est formé par des limites, qui le séparent d’un autre espace aux qualités différentes, visent à le protéger de la contagion de celles-ci, limites qui rompent des relations, qui éloignent, qui tendent à rendre étranger le voisinage objectif. Les qualités matérielles et symboliques de ces limites, les dispositifs autant que les rituels mis en place et accomplis aux seuils paraissent tout à la fois produire ab initio les qualités différentielles de ces espaces, conforter la compétence de l’usager, la rappeler au quotidien. Belleville, Place Ste Marthe - photographies Ph. Bonnin • Grammaire des lieux et architecture des seuils : la clôture et le Kekkai Responsable : Philippe Bonnin Partenaires : Prof. Matsumoto Yutaka (U. Sangyo, Osaka), Prof. Nishida Masatsugu (Kyoto Institute of Technology) La question des limites et du seuil apparaît comme l’élément central d’une nécessaire topologie sociale. Arts et sciences de l’étendue reposent à l’origine sur le fait que celle-ci a été morcelée puis organisée, que des espaces, des territoires différents ont été définis, délimités, porteurs de sens ; que dans les limites matérielles et symboliques qui les séparent ont été ménagés des négations, des trous, des possibilités de passage. Ces opercules, dispositifs à topologie variable —la porte, le portail, la fenêtre même, et bien d’autres dispositifs sont les figures différentes de l’opercule, du percement dans la limite, de sa négation locale—, réalisent l’impossible : être simultanément une chose et son contraire, 14 exister potentiellement dans les deux états —ouvert et fermé— qui caractérisent la limite ou son absence. Un aspect plus abstrait de la recherche portera sur une analyse comparative historique des notions de clôture et de Kekkaï. Ces deux notions émergent vers le Xe siècle dans la sphère religieuse, dans les écrits et dans l’architecture, à la fois comme un retrait du monde profane, comme une protection contre sa dimension impure et corrompue, comme création d’un lieu spécifiquement propice à l’ascèse. Dans les deux cas se pose la question de la matérialité de la limite décrétée, de son observance, des pratiques et rituels de franchissement. Mais dans le cas japonais, la no- tion de kekkai semble ensuite s’être répandue plus largement dans la société. « L’impossible clôture de la maison dans les contes japonais », Philippe Bonnin, Les temps modernes, n° 624, 2003, pp. 35-53. « Nommer/Habiter : Langue japonaise et désignation spatiale de la personne », Philippe Bonnin, Communications, n° 73, 2002, pp. 245-265. « Manières d’habiter : l’étendue, l’espace, la ville », Philipe Bonnin, Communications, n° 73, 2002, pp. 5-9. Lettre IPRAUS n°15 • Les trois sources de la ville-campagne Direction : Philippe Bonnin (IPRAUS), Augustin Berque (EHESS), Cynthia Ghorra-Gobin (CNRS) Lieu : Cerisy-la-Salle Date : 20 au 27 septembre 2004. Ce colloque, coordonné par Augustin Berque (École des hautes études en sciences sociales), Philippe Bonnin (CNRS) et Cynthia Ghorra-Gobin (CNRS), a réuni 28 participants venus de huit pays (Japon, Corée, Chine, Pays-Bas, Italie, France, Canada, Etats-Unis). Il s’agissait de comparer trois pôles : l’Asie orientale, l’Europe et l’Amérique du Nord, dans la généalogie d’une forme d’habitat qui, dans la seconde moitié du 20e siècle, a défait dans les pays riches l’ancienne relation ville/campagne. Celle-ci associait deux termes nettement distincts par leur forme autant que par leur fonction. Or la fonction agricole n’étant plus exercée que par une fraction minime de la population totale, des populations au genre de vie urbain ont remplacé dans les campagnes la paysannerie d’autrefois, tan- • dis que, sous l’effet du desserrement, de l’étalement et de la dissémination périurbaine, la définition morphologique de la ville devenait de plus en plus floue. Ce phénomène a donné lieu à un foisonnement terminologique - allant de la fin des villes à la ville émergente - dont le sens général est qu’il s’agit d’une dynamique essentiellement urbaine, mais dans laquelle c’est une forme d’habitat de type rural, riche en espace et proche de la nature, qui est recherchée. Cette ambivalence explique le choix du terme “ villecampagne ”, pour souligner que dans ce phénomène, la ville est vécue sous les espèces de la campagne. La publication des actes du colloque est prévue pour l’année 2005. Périurbain ? Responsable : Maïté Clavel Les recherches se poursuivent autour de ce que la plupart des chercheurs en sciences humaines et sociales appellent le « périurbain » et qu’il vaudrait mieux désigner autrement, ne serait-ce que pour éviter de créer une catégorie qui contribue à isoler et à spécifier des populations et des situations. Le colloque sur « les sources de la ville-campagne » à Cerisy, en septembre, co-organisé par Augustin Berque, Cynthia Ghorra-Gobin et Philippe Bonnin, tentait de déplacer le point de vue, sans y parvenir vraiment. Il s’agit en effet de décrire, analyser et tenter de comprendre le phénomène social et spatial qui voit les citadins s’éloigner de la ville, des zones densément peuplées, pour s’installer dans une maison achetée, dans un lotissement, dans un village ou loin de tout service urbain proche, et organisent leur vie entre le travail, le plus souvent dans l ’agglomération, et « la campagne ». Or les recherches menées concernent surtout les mobilités (les déplacements) induites par cette localisation, qui redistribue les flux de voitures jusqu’aux lieux de travail et aux gares. Elles s’attachent également, dans une moindre mesure, à la comparaison avec des répartitions de popula- Lettre IPRAUS n°15 tions considérées analogues, aux EtatsUnis, et qui tendent à montrer que la fuite de l’agglomération urbaine dense correspond au désir de « l’entre-soi », à la crainte de la confrontation avec autrui, surtout quand il est pauvre, d’origine étrangère ou non « blanc ». Le phénomène, en Europe, et particulièrement en France, semble concerner les couches moyennes, mais aussi d’autres populations plus modestes. Cependant on n’a pas encore la cartographie des regroupements sociaux. La répartition des populations, reproduit-elle la segmentation sociale constatée dans les quartiers centraux et dans les banlieues ? Comment se regroupet-on ? Qui évite qui ? Reconnaît-on des aires habitées homogènes ? La recherche poursuivie s’attache aux modes de vie de ces populations entre ville et campagne, qui inventent peut-être une autre manière d’habiter, dépendantes de la voiture (de plusieurs voitures), mais plus attachées qu’en ville aux relations de voisinage, attentives aux transformations de leur cadre de vie et prêtes à intervenir pour le préserver, sensibles aux plaisirs de la vie dehors, dans la « nature », qu’il s’agisse de jardinage, de promenades ou d’excursions plus ou moins éloignées de l’habitation, amoureuses du calme et des paysages, toujours choisis, soucieuses de l’éducation des enfants. Les entretiens en cours, menés dans différentes régions, auprès de personnes de milieux sociaux différents, contribuent à interroger la périurbanisation : plus que d’une nouvelle « couronne » urbaine, s’ajoutant à celle des banlieues, peut-on parler d’une extension de l’agglomération urbaine qui, à terme, sera aussi densément peuplée ? d’un « front » de l’urbanisation ? ou bien d’une véritable mutation de la ville, choisie par ceux qui l’habitent ? En ce cas la centralité serait abandonnée pour d’autres relations sociales (plus limitées ? choisies ? moins conflictuelles ? ou au contraire, plus variées, plus enrichissantes) ? La nature, au contraire de la centralité, serait valorisée. Mais quelle représentation de la nature, pour quel usage ? et quelle consommation ? Le cours de ces recherches devra sans doute conduire à de nouvelles définitions de la ville comme de la campagne. 15 • Loges et gardiens entre espace privé et espace public Participants IPRAUS : Philippe Bonnin, Martine Segalen, Roselyne de Villanova, recherche documentaire et statistique Eliane Nicolino Autres participants : LASTES ( Laboratoire de sociologie du travail et de l’environnement social) Université Nancy 2: Jean-Marc Stébé, Maria Basile, Xavier Engels, Hervé Marchal Institutt for Samfunnsforskning, Oslo : Marianne Gullestad Departament d’Antropologia Social, Université de Barcelone : Joan Bestard, Nadja Monnet Housing and Regeneration Research Group, South Bank University, Londres : Barbara Reid, Emma Hardman Cette recherche internationale financée par le PUCA et la Mission à l’ethnologie se termine par la publication d’un ouvrage Loges et gardiens entre espace privé et espace public France, Espagne, GrandeBretagne, Italie, Norvège Avant-propos de M. Segalen sous la direction de Ph. Bonnin et R. de Villanova Créaphis à paraître début 2005 Deux axes de réflexion ont guidé cette analyse. D’une part, la filiation de l’emploi et du rôle aujourd’hui avec le concierge du 19esiècle (ou début 20e selon les pays); d’autre part, les tâches et l’espace d’exercice du gardien qui nous amène à interroger cette fonction non plus seulement comme service attaché à une résidence ou un parc immobilier mais dans son rapport à la ville. Les changements intervenus dans le statut de cet emploi et les tâches ont totalement modifié le rapport des gardiens à l’espace dont ils ont la charge. Depuis les années quatre-vingt-dix, en France, l’emploi de gardiens augmente à nouveau après une chute continue depuis 1945, servant surtout les ensembles résidentiels d’une certaine taille et les HLM. Fréquemment, des emplois sont partagés (deux mi-temps) entre deux immeubles contigus. Tandis que, dans d’autres pays, il diminue globalement 16 Avant-propos : “ L’espace, le service, la personne ” M. Segalen Ouverture, R. de Villanova ““ L’entre ” : espaces, seuils et rituels autour de la loge ” Ph. Bonnin “ Les mots qui les nomment ” “ Le métier en France ” J.M. Stébé, R. de Villanova, H. Marchal “ Concierges et gardiens en chiffres ” E. Nicolino et R. de Villanova “ La profession en Europe ” J. Bestard, N. Monnet, B. Reid, M. Basile et M. Gullestad Première partie : En France Ch. 1 “ Les loges parisiennes. De l’inconfort au confort, petite typologie ” R. de Villanova Ch. 2 “ La relation entre gardiens et habitants ” R. de Villanova Ch. 3 “ Gardien d’immeuble bourgeois : un sacerdoce laïc ” M. Segalen Ch. 4 “ La loge parisienne comme seuil de l’immeuble : pratiques et rituels d’accès à l’espace privé ” Ph. Bonnin Exploration bibliographique E. Nicolino Deuxième partie : En Europe Ch.1 “ Les gardiens à Barcelone : du portier au concierge ” J. Bestard et N. Monnet Ch. 2 “ Portrait du gardien-concierge britannique ” B. Reid et E. Hardman Ch. 3 “ Services de proximité, sociabilité et contrôle social à Oslo ” M. Gullestad Ch. 4 “ Le métier de gardien au sein du parc immobilier social. Un détour par l’Italie, la Grande-Bretagne et la France ” J. M. Stébé, M. Basile, X. Engels et H. Marchal et se redéfinit en plusieurs modèles nouveaux selon les types de résidences. L’un a été défini pour répondre plus particulièrement à des populations fragiles (supercaretakers anglais, portier social à Milan), l’autre pour servir des immeubles de standing (conserge à Barcelone et concierge à Londres). A Barcelone en effet, le modèle ancien disparaît au profit d’un nouveau modèle de gardien qui sert les immeubles des classes moyennes et ceux de standing élevé, tandis que l’emploi disparaît dans les immeubles populaires. A Oslo, le concierge ou du moins ce qui s’y apparentait, disparaît et fleurissent des entreprises de “ vakmester ”. Bref, tous ces facteurs nous renvoient une interrogation : le gardien-concierge est-il vraiment encore nécessaire ? A quoi correspond-il et de quoi est faite cette présence dans la ville aujourd’hui ? La loge est devenue une particularité française qu’elle soit encore composée d’un espace professionnel séparé ou non. Elle reste un lieu d’accueil tandis que, comme nous l’avons vu, en Angleterre, il y a tout au plus un cagibi de rangement du matériel de ménage, une remise pour l’outillage du gardien qui circule et habite un logement de fonction ailleurs ; en Espagne, les immeubles récents prévoient, dans un vaste hall meublé, un comptoir, le gardien habitant un appartement ailleurs également. Le concierge de Barcelone contribue au standing de l’immeuble, jouant plutôt le rôle de portier, marquant l’accès de la rue à l’espace privé résidentiel. Avec la disparition du modèle ancien qui formait une communauté de voisinage, disparaît une forme de présence de quartier. En examinant des immeubles de différentes époques, on peut voir la conception et le confort de la loge française évoluer gran- Lettre IPRAUS n°15 dement au cours de l’histoire de la construction et des mentalités : depuis les loges de maisons à appartements du 19e siècle avec leur pièce unique exiguë, sombre, sans confort, aux réalisations du 20e siècle, depuis H. Guimard jusqu’aux immeubles récents où la loge, véritable appartement avec bureau peut s’ouvrir sur un jardin privatif. montre le changement de système de gardiennage, d’un modèle ancien à un modèle actuel. Le service se professionnalise, influencé par les besoins nouveaux, la législation du travail, mais on perçoit la filiation avec un service “ plus domestique ” tel qu’il était dans le passé. La disponibilité des gardiens, la proximité avec les habitants marque la différence entre le secteur public et le secteur privé puis, selon un Barcelone. Entrée d’immeuble L’ouvrage comprend deux parties. L’une porte sur la France. Elle présente l’emploi actuel du gardien-concierge par rapport à ce qu’il était au 19e siècle, l’évolution du confort de la loge, ainsi que les relations entre gardiens et résidents dans le secteur privé et dans le secteur public. Elle fait intervenir différentes variables de statuts d’immeubles grâce aux enquêtes de terrain effectuées à Paris et en région parisienne (pour le secteur privé) et plus largement dans différentes régions pour le secteur public. On a ainsi tenté de circonscrire les différents types de gardiens-concierges que l’on peut rencontrer aujourd’hui. Deux monographies d’immeubles sont présentées. L’une pour un immeuble populaire de la première moitié du 19e siècle qui étudie notamment le maniement par la gardienne des dispositifs spatiaux qui articulent l’espace privé/collectif/public et leur usage par les copropriétaires. L’autre, une copropriété de standing du début du 20e siècle, Lettre IPRAUS n°15 découpage plus fin entre ensembles d’habitations de grande taille et petits immeubles. Dans les petits immeubles, quelque soit leur statut, les relations gardiens/habitants se ressemblent : trois types de relation gardiens/résidents se rencontrent : la relation de confiance et de réciprocité de service, la relation impersonnelle et distante, la relation “ maître/bonne à tout faire ”. La deuxième partie porte sur plusieurs villes d’Europe où l’on trouve aujourd’hui un nouveau modèle, ou plusieurs, de gardien-concierge, mettant en évidence une spécialisation alors qu’en France, les fonctions et le rôle un peu plus flous, ne sont pas redistribués entre des modèles de gardiens spécifiques. Des enquêtes ont été effectuées à Milan, Barcelone, Londres et resituées dans le contexte du logement de chaque pays ; dans le secteur privé - qui est le plus fréquent - à Barcelone, le modèle ancien de concierge dispa- raît au profit d’un modèle qui sert les immeubles de standing élevé et intermédiaire tandis que les immeubles populaires n’ont pas de gardien. Dans le secteur public (associatif) à Milan, la demande des habitants pour le maintien de gardiens est forte dans le quartier ancien. Il existe des “ portiers sociaux ” pour les populations fragiles. Pour la Grande-Bretagne, une enquête porte sur le secteur associatif et entre dans le tableau comparatif France/ Europe. Par la monographie d’un immeuble en copropriété, le cas d’Oslo souligne ce que les habitants doivent prendre en charge, comment ils s’organisent et où se situent les frictions lorsqu’il n’y a plus de gardien, tandis que les tâches techniques sont éclatées entre les entreprises de vaktmester. Enfin, avec l’évolution d’un emploi qui était autrefois domestique vers un service qui se professionnalise et se légifère, avec la conception actuelle de l’habitat, dans toutes les villes d’Europe étudiées, l’espace d’exercice du gardien change et peut, comme en France, devenir une présence qui déborde le bâtiment privé pour se déployer dans le quartier : c’est là que s’exerce de façon pertinente l’articulation entre privé et public à l’opposé des condominiums gardés de certaines grandes métropoles. La loge du concierge : ethno-architecture d’un espace d’articulation, Philippe Bonnin (avec la collaboration de M-A. Lalliat, Solenn Guevel et la participation d’Evelyne Desbois), rapport de recherche, Mission du patrimoine ethnologique, avril 2003. Loges et gardiens : entre espace privé et espace public, Philippe Bonnin et Roselyne de Villanova (dirs), rapport de recherche, Ministère de l’Equipement, des transports et du logement – PUCA, juin 2003. « L’immeuble parisien et sa loge : seuils et rituels des espaces d’articulation », Philippe Bonnin, in A. Morel et B. Haumont (dirs) La société des voisins, MSH-Mission à l’ethnologie, Coll. Ethnologie de la France 22, 2004, pp. 231-254. 17 • Le temps d’habiter Responsable : Philippe Bonnin Participants : Jennifer Hasae, Emilie Bouquin Partenaires : Ministère de la Culture et de la communication, Mission à l’ethnologie. Prof. Noguchi Takahiro, Hokkaidô University, Sapporo, Japon. Transformations des manières d’habiter sur le temps long et incorporation de la durée dans l’espace de l’habitation (Enquête longitudinale et comparative France/ Japon). La recherche est focalisée sur l’évolution des manières d’habiter sur la longue durée, en ce qu’elle est simultanément manifestée par les pratiques dans les espaces privés et publics, ainsi qu’à leurs interfaces, et qu’elle a généré des transformations de l’habitation populaire, qu’elle y laisse des traces manifestes et durables. On observera ainsi l’émergence de nouveaux espaces —ou la réinterprétation d’anciens— la redistribution topologique des typologies d’habitation, l’expression de décors intérieurs ou extérieurs en des configurations esthétiques signifiantes, et enfin celle • des pratiques inter-individuelles, des manières d’habiter ensemble. Y a-t-il eu création, ou internalisation de nouveaux espaces de réception ? Comment ont été progressivement intégrés les dispositifs de mise en réseaux. Ont-ils généré des espaces individuels ou collectifs spécifiques ? Quelles traces de l’évolution du rapport au voisinage, quelles transformations des abords, de la façade, et de l’apparence ? Réciproquement, y a-til eu externalisation ou projections audehors d’espaces anciennement privés ? Y a-t-il transformation continuelle de la typologie ou ruptures partielles, voire totale ? La recherche s’appuie sur une enquête récurrente (1950, 1974, 1980, 1991) au Hokkaido, et sur une enquête longitudinale (depuis 1973) en France. Façade Sud en 1961 Façade Sud en 1973. Façade Sud en 1977. 5m Façade Sud en 1990 Façade Sud en 1994 Lozère, France, 1961 - 2000. Ph. Bonnin Un jardin public : le parc des Buttes-Chaumont à Paris Responsable : Maïté Clavel Entrée du parc des Buttes-Chaumont - E. Cerise La recherche a consisté dans l’observation d’un espace public urbain singulier et généralisé dans nos villes, le jardin.1 Cet espace ouvert à tous est comme tout espace public le lieu d’expression de certaines habitudes et normes sociales. Il présente néanmoins certaines particularités : c’est un lieu où sont rassemblés des objets naturels et un lieu de détente. Le jardin est enclos, ce qui le met à l’abri des circulations motorisées, ses aménagements le destinent à la promenade dans ses allées, au repos sur ses bancs et ses pelouses, aux jeux pour les plus petits dans les aires prévues pour eux, à certaines pratiques sportives comme la course à pied. Les plantations mettent le citadin en contact avec la nature, même artificiellement 18 organisée et contribuent à sa détente tout en satisfaisant son sens esthétique. L’observation met en évidence à côté de ces aspects que l’on peut qualifier de fonctionnels, les traits d’urbanité propres au jardin : les promeneurs, sauf exception, adoptent un comportement calme, arpentent ou occupent paisiblement les différentes aires aménagées pour eux ; les différentes activités, les différents âges, les différentes appartenances sociales, semblent coexister sans conflits majeurs ; le plaisir que procure le jardin est manifeste dans la profusion des utilisations qu’il permet. Les pique-nique en famille ou entre amis, les séances de photos de mariage, les bains de soleil ou la sieste, se comptant parmi les plus conventionnels. Ces appropriations temporaires du jardin, à côté de son utilisation ordinaire, en font un espace accueillant et tolérant. Il conserve malgré tout son caractère d’espace public : chacun est libre de ses mouvements tout en étant exposé aux regards, tandis que les gardiens veillent au bon ordre des lieux. Le jardin est en outre un lieu « à l’écart », un lieu qui suggère un ailleurs possible par la rupture qu’il opère entre lui et le reste de la ville, par la concentration unique d’éléments naturels qui s’offrent au promeneur et qui suggère des mondes différents, par le calme relatif qui s’impose derrière les grilles par rapport au tumulte de la rue, par la juxtaposition d’activités multiples dans un périmètre restreint. Cette aire privilégiée de repos dans la ville n’est cependant pas à l’abri des violences qui sont présentes dans la ville. La drogue, la prostitution, la pauvreté y sont présentes, menaces permanentes d’un lieu que les différents travailleurs du jardin s’efforcent de prévenir et de cacher. La suite de la recherche s’intéresse à cet aspect. 1 Le premier volet de cette recherche a fait l’objet d’un article à paraître Lettre IPRAUS n°15 • Qualités architecturales Responsable : Rainier Hoddé Appel d’offre PUCA La question des “ Qualités architecturales ” n’allant pas de soi, une première série de recherches exploratoires menées entre 1997 et 1998 a permis de dégager les prémices d’un appel d’offres où : - la qualité n’est plus forcément corrélée à l’innovation, ce qui invite les équipes à se centrer sur la seule notion de qualité ; - “ la ” qualité architecturale devait être déconstruite dans ses présupposés générique et polysémique, et détaillée dans ses mises en œuvre ; - les qualités architecturales seraient interrogées en privilégiant les dimensions de l’interaction et de l’élaboration collective, celles qui s’établissent entre maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage étant considérées comme particulièrement révélatrices. Lancé en novembre 1999 conjointement par le PUCA et la DAPA, (Qualités architecturales, significations, conceptions, positions. Appel d’offres de recherche, Paris, PUCA-DAPA, 22 pages), cet appel d’offres dont Rainier Hoddé assurait le pilotage scientifique s’organisait autour de trois questions : - comment acteurs et utilisateurs donnent du sens aux objets architecturaux qu’ils ont sous les yeux ou dont ils font usage ? Ce qui renvoyait aux domaines de l’évaluation et de la critique, et devenait “ Les qualités perçues ou la question des significations ” ; - comment concepteurs et maîtres d’ouvrage contribuent-ils à l’énonciation des qualités architecturales ? Ce qui renvoyait aux approfondissements des premiers et à la représentation de la demande des seconds, et devenait “ Les qualités conçues ou la question des intentions ”. - quels concepts et focales étaient les plus pertinents pour témoigner du travail complexe et collectif qui produit des qualités architecturales ? Ce qui supposait de croiser processus et produit, technique et social, etc. et donnait naissance au questionnement le plus ouvert des trois “ Les qualités débattues ou la question d’une pensée de la qualité ”. Quinze recherches ont été retenues pour approfondir et recadrer ces questions. Cela se fera de 2001 à 2003, en articulant le rythme propre à chacun et des rencontres collectives. Chaque objet de recherche est ainsi affouillé pour lui-même, mais en étant pris dans un dispositif d’écoute et d’échange collectif et scandé. Ces interactions mutualisent ainsi informations, arguments et pistes jusqu’alors individuels, voire métissent insensiblement certains travaux. Les dernières recherches se rendent, et un ouvrage collectif se prépare pour 2005. Il compose une mosaïque où chacune des contributions participe à la définition de ce qui constitue les qualités d’une architecture. Mais plus que d’autres travaux de recherche qui s’en tiennent à la posture savante sans se commettre avec le politique ou le social, ceux qui portent sur les “ qualités architecturales ” nous concernent tous, habitants ordinaires ou déci- deurs et experts engagés ou consentants. Il reste à imaginer un colloque qui accompagne la sortie de l’ouvrage en le sortant du seul débat universitaire. Plan avec couloir et grandes chambres, rue de la Roquette, Paris-XIe, Diener & Diener architectes Qualités architecturales : significations, conceptions, positions, Rainier Hoddé, rapport final de la mission de conseil scientifique sur le thème “ Qualités architecturales ” Paris, PUCA-DAPA, 14 nov. 2003. Organisation du séminaire : Qualités architecturales : significations, conceptions, positions, Rainier Hoddé Ministère de l’équipement, des transports et du logement Plan urbanisme construction architecture/Ministère de la culture et de la communication direction de l’architecture et du patrimoine, Paris, 2 & 3 octobre 2004. • Import-Export d’architecture du logement Responsable : Jean-Michel Léger Chercheurs : Sophie Rousseau et de Benoîte Decup-Pannier Consultation du Puca et de la Dapa, Qualités architecturales, significations, conceptions, positions, dirigée par R. Hoddé. Problématique et corpus Entre l’univers de référence de l’architecte et l’interaction avec les partenaires, l’étude de l’écriture du projet d’architecture appartient au champ des interrogations des qualités architecturales. Une des missions du sociologue peut être la compréhension des conditions de production du projet et de sa validation, ou de sa condamnation, par les habitants. En déplaçant les notions de D.W. Winnicot, M. Conan a montré Lettre IPRAUS n°15 comment la conception est un jeu dans un espace transitionnel sous forme d’explorations successives de réponses aux problèmes posés ; quant à la notion bourdieusienne d’espace des possibles, elle aide à comprendre les conditions de l’innovation. La recherche s’est également appuyée sur les travaux de V. Biau, F. Champy, B. Haumont et R. Prost sur les processus de conception et le métier d’architecte. Pour un approfondissement vertical des conditions de production des édifices, nous privilégions les œuvres (leur conception, leur construction et leur réception). Le corpus est formé des opérations de Siza, Ciriani, E. Girard et Diener & Diener (à La Haye et à Amsterdam), de Diener & Diener et d’Herzog & de Meuron (à Paris). La plupart des concepteurs, certains maîtres d’ouvrage et un échantillon d’habitants de cinq opérations 19 à La Haye, Amsterdam et Paris ont été interviewés, tandis qu’étaient dépouillés les documents graphiques et écrits des projets. Conception in abstracto : des accouchements toujours difficiles Si l’invitation à l’étranger, outre la reconnaissance internationale qu’elle suppose, paraît d’abord à l’architecte de manière mythique, comme un voyage, il sera toujours temps pour lui, comme dans un voyage, de découvrir aussi l’inhospitalité, l’incompréhension, d’autres manières de faire, des règles incompréhensibles, etc. Les renonciations ou les compromis, en tous cas les transactions qui sont constitutifs de tout projet sont dans ce cas exacerbés par la situation d’exportation. En effet, du moins dans notre enquête, il s’avère que les maîtres d’ouvrage font appel à des concepteurs étrangers en utilisant la position infériorisée de ceux-ci (méconnaissance des règles et usages locaux, handicap de l’éloignement) pour reprendre à leur avantage une place dans la co-conception, tout en bénéficiant du prestige du concepteur invité. Le sentiment de trahison est particulièrement ressenti par les architectes habitués à assumer la mission de chantier, retirée dans le cas d’importexport pour cause d’éloignement, mais aussi en raison des usages locaux (aux Pays-Bas, en règle générale, les architectes ne suivent pas le chantier). En fin de compte, la somme des frustrations et des frottements fait que chaque projet exporté n’est qu’une amère victoire. Au moins auront-ils pu continuer à travailler leurs thèmes architecturaux favoris, car le projet exporté n’est pas un obstacle à la démarche conceptuelle de continuité. Les qualités architecturales des projets exportés-importés Pour les habitants, l’entrée des architectes étrangers dans la grande galerie de l’innovation ne fait pas de différence a priori, mais a posteriori, puisque c’est à l’usage que les qualités des projets sont jugées. – Soumission à la ville C’est autant par respect envers la ville historique qu’envers l’avant-garde hollandaise des années 1920 que, débarqué à La Haye au début des années 1980, Siza n’y a pas dessiné les mêmes projets rationalistes épurés que ceux qu’il avait construits auparavant au Portugal et n’y a pas provoqué non plus la rencontre entre rationalisme et baroque comme avec son im- 20 meuble de Berlin. L’interprétation de l’urbanité, parisienne cette fois, est plus personnelle chez Diener & Diener appelés rue de la Roquette, où la composition autour d’une cour, pour solennelle qu’elle soit, produit un lieu fédérateur pour les habitants. Si les façades en pierre, “ essentialistes ”, n’ont convaincu ni l’administration ni la critique ni certains habitants, c’est parce qu’il était attendu que cette pierre soit travaillée, comme le justifie l’emploi de ce matériau traditionnel. La mise au point de typologies de logements développées par l’Ecole de Bâle (inversion du jour-nuit, long couloir, gran- Universalité et contextualité Comme l’opération de la rue de la Roquette de Diener & Diener, les immeubles de la rue des Suisses divisent davantage la profession et l’administration que les habitants : on ne note pas d’opposition entre une réception cultivée et une réception populaire. L’hostilité de certains riverains envers la façade métallique renforce la cohésion entre des habitants déjà soudés par l’assurance d’habiter un bâtiment exceptionnel et, pour le bâtiment arrière, celle de partager le privilège d’un grand appartement avec véranda en bois sur une courjardin. Enfin, contre la doxa urbanistique Trois pièces 85 m2 à La Haye, E. Girard, architecte des chambres et petit séjour) s’accommode assez mal de la petite taille des logements parisiens suroccupés. En revanche, les deux immeubles d’Amsterdam prennent place dans un site où l’architecture de Diener & Diener est davantage à sa mesure et où la prise en compte du contexte est moins exigeante. – Modernité tempérée (H. Ciriani et E. Girard à La Haye) La petite tour d’habitation de Ciriani s’inscrit dans son œuvre : les thèmes du hall monumental, de la terrasse assurant la liaison entre les corps de bâtiment, du séjour de double hauteur et de la fenêtre en longueur sont travaillés et renouvelés compte tenu des contraintes de la commande et de la réglementation thermique. L’immeuble d’E. Girard semble, quant à lui, davantage hors parcours, les conditions exceptionnelles de la commande (des trois pièces de 85 m2) paraissant comme un accident dans le parcours du logement social parisien et banlieusard où elle excelle. parisienne, Herzog & de Meuron réussissent à démontrer que la dimension universelle d’une intervention comme celle de la rue des Suisses échappe à une vision étroite de la continuité urbaine, tout en respectant les rapports fondamentaux entre la rue et la cour, et entre l’espace public et la vie privée. L’invitation au voyage. Import-Export d’architectures du logement en Europe, rapport de recherche pour la Dapa, août 2003. Logements parisiens de Diener & Diener et de Herzog & de Meuron : entre l’ordinaire, l’universel et le remarquable, communication au colloque de l’Ecole d’architecture de Clermont-Ferrand “ L’ordinaire des villes : habitat, modèles et prospectives ”, 31 mars - 1er avril 2004. Lettre IPRAUS n°15 • Aalto, Siza et la maison de masse. La leçon de l’étranger Responsables : Rainier Hoddé et Jean-Michel Léger, Chercheurs : F. Alvarenga, T. Kuikka, V. Mamia et G. de Matos L’absence de typologie intermédiaire entre l’immeuble collectif et la maison individuelle “ détachée ”, comme l’absence d’architectes notoires attachés à la maison en bande étant deux particularités françaises en matière de maison individuelle de masse, sultats plus inattendus : la bande n’est pas synonyme d’urbain pour ces maisons qui savent établir de fines relations avec la nature, et la modernité négociée ou adoucie semble éviter le rejet que trop de radicalité entraîne. Quant aux maisons de Patio d’une maison à Evora, A. Siza, architecte il était intéressant d’aller voir du côté d’architectes étrangers reconnus engagés dans la production de telles maisons. Comment passent-ils de la savante architecture d’exception aux maisons modestes et denses ? Et comment cette typologie architecturalement travaillée est-elle reçue par les habitants ? Ces questions ont été posées aux maisons de masse de Alvar Aalto (1898-1976) et de Álvaro Siza (né en 1933). Leurs productions très différentes (un unique quartier de 1200 maisons à Malagueira, dans la ville d’Évora ; environ 300 maisons dispersées sur une douzaine de sites pour Aalto) ont d’abord fait l’objet de monographies. Pour la première fois, les maisons de masse d’Aalto sont recensées et restituées dans leur extrême diversité typologique. Les conclusions septentrionales liées au travail de Aalto se distinguent de celles plus méridionales que Siza invite à formuler. Si la recherche confirme que Aalto sait instiller de l’architecture dans les maisons les plus modestes, elle surprend par deux ré- Lettre IPRAUS n°15 Siza, leurs occupants les reconnaissent comme de vraies maisons. En effet, le patio inventé par l’architecte démine une densité pourtant réelle, grâce à la variation apportée par la hauteur du mur de devant, qui enrichit la problématique classique du montré / caché telle qu’elle avait été révélée par L’habitat pavillonnaire (Raymond, Haumont 1966). Les maisons de Malagueira, mitoyennes et dépourvues de la cave et du grenier chers à Bachelard possèdent bien deux des prérequis distinguant la maison des autres formes collectives de l’habitat : une porte à soi, personne ni au-dessus ni en dessous de soi. Par delà des différences dues aux terrains, ce travail engage des questions d’ordre théorique et pratique qui renvoient aux rapports entre architecture et société. L’évaluation de ces architectures mineures d’architectes majeurs montre que les habitants reconnaissent les qualités architecturales de leur habitat, ou plus exactement lui reconnaissent des qualités qui correspondent à celles que les profession- nels conçoivent ou identifient, à condition que celles-ci entrent en relation avec leurs univers de sens. On ne peut donc se situer autrement qu’à l’articulation du matériel et du symbolique pour parler d’architecture, les points de vue positifs ou négatifs des habitants constituant des informations très utiles sur les corpus enquêtés. Dès lors, ce travail constitue un appel à plus de qualités…à conditions que celles-ci ne soient pas “ purement ” professionnelles, mais soient empreintes de bienveillance envers des habitants qui ne sont pas toujours les plus “ modernes ” et dont les valeurs sont loin des cimaises des musées d’architecture. Une architecture inventive mais attentive offrirait ainsi une piste alternative à la regrettée co-conception issue du dialogue connivent entre l’architecte et son client. La Leçon de l’étranger. Aalto, Siza et la maison de masse, Rainier Hodddé, JeanMichel Léger, rapport de recherche, Plan construction architecture programme « Maison individuelle, architecture, urbanité », sept. 2003. « Petites maisons en quête d’architecture », Rainier Hoddé, Architectures à vivre. Maisons, n° 10, hiver 2002/2003, pp. 125-127. « Alvar Aalto en France. La maison Carré », Rainier Hoddé, Archiscopie, n° 28, janvier 2003, pp. 20-21. « Lire et dire l’architecture », Rainier Hoddé (rédacteur du numéro) présentation du numéro Lieux communs, Les cahiers du LAUA, Nantes, n° 6, 2002 : Lire et dire l’architecture, pp. 7-15 « Œuvre construite, œuvre décrite : Aalto, 34 000 pour 200 bâtiments », Rainier Hoddé, Lieux communs. Les cahiers du LAUA, Nantes, n° 6, 2002 : Lire et dire l’architecture, pp. 131-143. 21 • La ville comme livre ouvert. Goûts du public, médiathèques et architecture urbaine Responsables : Rainier Hoddé, Jean-Michel Léger Chercheurs : B. Decup-Pannier, J. Hasae et Ch. Alibert-Sens Il s’agit de comprendre les catégories de perception ordinaire de l’architecture et de tester cette perception sur un type architectural particulier : la bibliothèquemédiathèque. Pourquoi les médiathèques ? Parce que ce sont des équipements de proximité le plus souvent diffus, modestes et “ anonymes ”, soutenus par une politique, cohérente et continue, du ministère de la Culture en faveur du livre. Mais aussi parce qu’elles sont l’objet d’importantes commandes publiques, avant d’être celui d’une forte reconnaissance de la part de la critique. L’observation et la parole sur l’usage des médiathèques sont ainsi le point de départ d’une interrogation sur la percepion de l’espace urbain et des édifices publics, dont on questionne les rapports entre l’image et l’usage, entre la familiarité et le jamais vu, entre l’historicité et la modernité. Les deux premières monographies consacrées à la bibliothèque de Saint-Denis et à la médiathque Jean-Pierre Melville illustrent l’efficacité de la double approche par observation et par entretiens. Les qualités et les défauts des dispositifs architecturaux sont clairement mis en évidnce dans leur rapport avec les pratiques des lecteurs et des emprunteurs. Les dimensions individuelles et collectives de l’accueil, du service de prêt, du confort acoustique et lumineux, de la concentration, de la contemplation, des pratiques de sociabilité, etc. sont décrites dans leur relation à l’espace, les témoignages par entretiens étant complétés par l’observation de l’occupation des places, des déplacements, de la formation des groupes, des relations entre lecteurs et membres du personnel, etc. Si l’habitant d’un logement ne manque jamais de resituer son logement dans son environnement urbain et surtout social, l’usager de la médiathèque mesure les qualités matérielles de l’équipement en faisant référence au service rendu. C’est ainsi que les horaires d’ouverture, les qualités des services rendus et même les contenus des rayons apparaissent concurrentiels, voire déterminants, au regard de l’espace, de la lumière naturelle ou des matériaux choisis. Mais lorsque l’usager de la médiathèque se focalise sur la seule dimension physique du bâtiment, et c’est là notre second constat, il se montre sensible aux interactions du bâtiment et de 22 son environnement ; le bâtiment n’est ainsi jamais isolé de ses alentours, mais il a une façade qui coupe (Saint-Denis) ou met en relation (J.-P. Melville) et l’intérieur organise et propose des vues qui sont autant de relations avec l’environnement. Dans ce dernier cas, l’extérieur participe donc directement aux qualifications de l’intérieur. Si l’on se focalise enfin sur cet intérieur, et ce sera notre troisième constat, l’usager ne le réduit jamais au visuel et au architectural et urbain, il est encore peu répandu, hors la recherche de JeanFrançois Augoyard (L’expérience esthétique ordinaire de l’architecture, 2003), fondateur du champ de recherche sur les ambiances. La dimension esthétique de l’architecture apparaît bien sûr dans de très nombreuses évaluations de la production architecturale et dans de nombreux travaux théoriques. Toutefois, soit les enquêtes sont réalisées sous forme Médiathèque Croix-Rouge, Reims, Lipa et Serge Goldstein, architectes spatial qui définissent pourtant l’architecture pour la critique architecturale ; le bruit, le confort climatique, voire l’entretien du bâtiment s’invitent ainsi dans la définition de l’architecture et enrichissent sa matérialité de façon notable. Enfin, sur ce que l’on pourrait appeler la fragmentation de l’architecture par l’usager ; alors que la conception découpe des espaces homogènes, l’usager fait voler en éclat cette unité pour se saisir des coins qu’elle offre ou s’approprier des agencements de mobilier qui, dès lors, deviennent des quasi espaces à part entière. Il n’y a plus ainsi “ une ” médiathèque mais d’une certaine façon plusieurs médiathèques qui se juxtaposent et s’interpénètrent. Quant à l’usage de la méthode des parcours commentés pour appréhender la perception ordinaire de l’espace de tests photographiques (technique que nous avons récusée), soit la problématique de l’esthétique architecturale n’est qu’une partie de la démarche. Nous convenons de l’impossibilité d’isoler l’expérience esthétique des autres perceptions ; encore faut-il se donner les moyens méthodologiques d’être à l’écoute de cette expérience. Une telle description, qui est elle-même située dans les conditions de sa performance, n’est qu’une restitution de la perception esthétique ; elle est cependant la restitution la plus capable de témoigner de l’expérience esthétique des citadins. La ville comme livre ouvert. Goûts du public, médiathèques et architecture urbaine, rapport d’étape pour la Mission du patrimoine ethnologique, DAPA, décembre 2004. Lettre IPRAUS n°15 • La maison laboratoire Responsables : Agnès Deboulet et Rainier Hoddé La « Maison-laboratoire » de Mahdia est une expérience pédagogique menée par l’Ecole d’architecture de Nantes de 1999 à 2002. Elle fait d’une modeste maison en mauvais état au centre de la médina un objet de dialogue visant à mieux comprendre les raisonnements des habitants et professionnels aux prises avec la transformation de leurs maisons. L’ouvrage résumé ci-dessous permet de comprendre la genèse et le dessein de ce projet à la fois matériel (recherche de matériaux, consolidation, etc.) et immatériel ancienne tunisienne, à partir de relevés habités et d’entretiens approfondis auprès de leurs habitants. Loin de prendre la maison à patio comme archétype invariant, ce recueil insiste sur les transformations tant sociales que spatiales qui sont survenues dans ces habitations depuis quelques décennies, telles que leurs occupants actuels les subissent ou les décrivent. Il appréhende ainsi les pratiques de l’habiter dans une perspective dynamique, mettant l’accent sur les étapes de construction et l’adaptation constante de l’habitat, autant qu’il relie ces évolutions aux structures socio-familiales. A la lumière des monographies et du travail de synthèse, la maison apparait comme un projet perpétuel dans lequel les habitants -dans leurs discours et leurs actes très concrets d’amélioration ou de démolition- se situent par rapport à la préservation du bâti ancien ; mais cela ne va pas sans ambivalences, voire sans contradic- Croquis du patio Façade de la maison laboratoire Chantier du toit terrasse Rélevé (dialogue ouvert, expositions, enquêtes, tournage de film, etc.) qui ouvrait des pistes d’expérimentation et de débat public entre le tout-patrimoine et le tout-modernisation. Il n’avait pas prévu que l’interruption de la coopération s’accompagnerait à partir de 2003 d’une réorientation de l’expérience vers une classique et normative « maison du patrimoine ». tions entre l’exigence de confort, l’émergence de l’individu, ou l’évolution des modes de vie. Cela occasionne une mutation accélérée de la typologie du bâti et réinterroge l’adaptation des outils classiques de sauvegarde en site ancien autant que notre compréhension des pratiques constatées. « Croisements pédagogiques : la maisonlaboratoire de Mahdia, Tunisie », Rainier Hoddé, Agnès Deboulet , Colloque international Fabrication, gestion et pratique des territoires, Ecole d’architecture de Paris Val de Seine, Nanterre, 4-6 déc. 2003. Une médina en transformation : travaux d’étudiants à Mahdia, Tunisie, Agnès Deboulet et Rainier Hoddé (coord.) Edition Unesco-MOST, Paris, 2003, 238 p. Cet ouvrage est issu de la collaboration de plusieurs promotions d’étudiants de l’Ecole d’Architecture de Nantes et de l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme (Tunis). Il reprend et formalise trente monographies de maisons d’une ville Lettre IPRAUS n°15 « Une “ maison-laboratoire ” à Mahdia », Rainier Hoddé, Agnès Deboulet, Michèle Elsaïr, Archiscopie, n° 43, octobre 2004, pp. 21-22. Pilotage scientifique d’un documentaire sur le développement de la Maison-laboratoire de la Médina à Mahdia (1999-2002 + 2004), Rainier Hoddé, Agnès Deboulet, réalisation Jilani Saadi. Sortie prévue : 2006. « Une maison-laboratoire en Tunisie entre chantiers visibles et invisibles », Agnès Deboulet et Rainier Hoddé, 3e rencontre du réseau socio-anthropologie de l’habitat et de l’architecture (IPRAUS/GIS socio-économie de l’habiat), 30-31 janv. 2004. « La maison-laboratoire de Mahdia, Tunisie », Rainier Hoddé, Seminario “ Urbanistica e anthropologia rubana, un percorso di formazione all’interdisciplinarietà ”, Napoli, 23-24 marzo 2004. 23 • Cultures territoriales et sociabilités dans le mouvement Responsable : Jérôme Boissonade Equipe : N. Auray, L. Devisme, J. Stavo-Debauge, S. Prat Contrat interministériel (consultation de recherche « Cultures, villes et dynamiques sociales » : Min. culture, jeunesse et sport, DIV, PUCA, FASild, Caisse des Dépôts). Ce contrat a été porté pour des raisons administratives par P. Chemetov (3 rapports : 91 p., 114 p., 252 p.) . Ce travail pluridisciplinaire a été mené sur quatre terrains : un village touristique proche de Nantes, un seuil séparant le Forum des Halles et la salle d’échanges RATP à Paris, une performance publique de hackers à Berlin et des rassemblements de jeunes en proche banlieue parisienne. Il a permis de confirmer l’intérêt de la notion de “culture territoriale” mis en évidence lors de la thèse. Les mises en mouvement des individus ou des groupes, conduisent à des situations au cours desquelles les cultures se composent. Ces situations représentent peu ou prou de véritables épreuves pour les acteurs parce qu’elles remettent en jeu des cultures ancrées et réinterprétées par les individus dans des espaces qui deviennent des territoires. Relever ces épreuves, c’est 24 mobiliser des formes particulières d’apprentissage et de créativité. Les épreuves qu’affrontent les individus et les groupes mettent donc essentiellement en jeu semble-t-il, la dimension territoriale des cultures et les dimensions culturelles des territoires. C’est le recouvrement de ces deux champs, les cultures et les territoires, que nous avons nommé “cultures territoriales”. La compréhension de ce que sont ces cultures territoriales et la manière dont les mouvements les reconfigurent, représente un enjeu dans la mesure où l’on peut considérer que ces cultures territoriales déploient des formes essentielles d’apprentissage, de mobilisation et de créativité dans un espace urbain où les mouvements sont exacerbés. La dynamique des rassemblements ; Les agrégations juvéniles : un espace public de confrontation, Jérôme Boissonade, Thèse de doctorat, sous la direction d’ Isaac Joseph, université Paris 10-Nanterre, 2003. Capter les flux : cultures territoriales et mouvements des rassemblements de jeunes, Jérôme Boissonade, in G. Capron, G. Cortes, H. Guetat (dir.) Liens et lieux de la mobilité, Belin, à paraître. Mouvements et cultures territoriales, Jérôme Boissonade, L. Devisme, in A. Bruston (dir.) La ville, maître d’ouvrage : quelques récits politiques au contemporain, L’Aube, à paraître. Lettre IPRAUS n°15 • Urbanité programmée, urbanité spontanée : l’Odysseum de Montpellier. Bilan d’étape Responsable : Jean-Pierre Garnier Sans revenir sur les interrogations qui ont inspiré le choix de cet objet d’étude, la problématique qui en découlait, les approches retenues et les méthodes utilisées (cf. La lettre de l’IPRAUS, n° 12, p. 21), un premier bilan peut être dressé, plus de trois ans après le démarrage de la recherche . Au regard de l’objectif initialement fixé par les initiateurs de ce projet urbain d’envergure — rien moins que la création ex nihilo d’« un nouveau modèle de centralité urbaine à l’échelle métropolitaine », si l’on en croit les discours qui ont accompagné la mise sur orbite médiatique de l’opération —, l’observation de terrain régulièrement poursuivie depuis lors, parallèlement aux entretiens avec les différents acteurs chargés de la conception ou de la mise en œuvre du projet, suscite une certaine perplexité. La raison d’être de ce projet, en effet, telle qu’elle avait été définie à l’origine par ses promoteurs, s’est peu à peu estompée au fil des mois, pour laisser place à quelque chose d’assez insaisissable, comme sous les effets conjugués d’une fuite en avant et d’une improvisation dictées par les circonstances : démissions et remplacements parmi le personnel responsable, désistements d’entreprises prévues sur le site, restrictions budgétaires, abandon ou report d’investissements en infrastructures conditionnant le succès de l’Odysseum, mise en route inattendue d’une politique de « requalification urbaine » — opération « Grand Cœur » — confirmant la prééminence du centre traditionnel de Montpellier, élection de Georges Frêche au Conseil régional… Outre son rythme, beaucoup plus lent que • prévu, la réalisation des équipements et des aménagements s’effectue au coup par coup au gré des opportunités, sans respecter les programmes ni les plans existants qui, dès lors, doivent être sans cesse « actualisés », c’est-à-dire révisés. Résultat : tandis que le scepticisme gagne les acteurs impliqués à un titre ou à un autre dans la promotion de l’Odysseum, ceux qui le « pratiquent », que ce soit en tant qu’« usagers » (spectateurs, clients, consommateurs, sportifs, visiteurs…) ou comme « professionnels » (commerçants, vendeurs, caissières, serveurs, moniteurs sportifs, policiers, agents de sécurité.. ), ne l’identifient aucunement comme l’amorce d’un « centre-ville », fût-il d’un type inédit. Aux yeux de la plupart des personnes interrogées, toutes catégories (profession, âge, genre, lieu de résidence…) confondues, l’Odysseum est d’abord perçu comme… une station terminale de la ligne de tramway desservant un ensemble d’équipements de loisirs. Ces derniers sont vécus, par les uns, comme des lieux de travail, et par les autres, comme des lieux de distraction, l’espace public piétonnier ne servant, pour le moment, qu’à la distribution des flux malgré le soin apporté à le «paysager». De l’observation des comportements et des multiples conversations, « officielles » ou « informelles », mais toujours cadrées, avec les gens fréquentant le site, il ressort que l’Odysseum fonctionne, pour la majorité d’entre eux, à la manière d’une sorte de « parc à thème(s) » en gestation, impression renforcée par la caractère « thématique » des lieux de restaurations récemment ouverts. On s’y rend, non pour y flâner sans autre but que « voir et être — éventuellement — vu » ou de se plonger dans l’ambiance spécifique du lieu, mais en fonction d’un but précis : assister à une séance de cinéma, patiner, découvrir le système des planètes, déguster une bière dans une brasserie où celle-ci est fabriquée sur place, etc. Du fait de son caractère excentré et de l’absence de logements et de commerces, y compris dans sa proximité immédiate, l’Odysseum reste, en matière d’« animation urbaine », bien en deçà, non seulement du centre historique de Montpellier et de ses prolongements, mais aussi des vastes zones commerciales localisées aux entrées principales de la ville, souvent cités par certaines catégories de citadins interrogées (adolescents ou jeunes couples issus des milieux populaires) comme des endroits que l’on peut également fréquenter « pour le plaisir ». Restera à savoir si les autres équipements qui sortent actuellement de terre et ceux dont la construction commencera à court terme, plus ou moins calqués sur les « modèles » du fun shopping et du retailment made in USA, en attendant les opérations de logements localisées sur le pourtour, parviendront à imposer dans l’imaginaire des habitants, mais aussi des visiteurs, l’image que l’Odysseum est censé devoir symboliser : celle d’une centralité urbaine inédite — du moins en France — , complémentaire de celle, classique, de la Place de la Comédie et du vieil Écusson qui la jouxte. C’est-à-dire « innovante, dynamique, changeante, ouverte »…et culturellement déterritorialisée. Rome - Berlin. Passé présent ou présent indépassable ? Responsable : Margaret Manale Nous avons choisi comme terrain d’étude deux villes européennes, Berlin et Rome, à la fois métropoles et capitales nationales. Destinations touristiques de premier ordre, elles portent cependant de manière fort inégale sur leur territoire les marques Lettre IPRAUS n°15 du passé. Malgré l’implosion du national, l’Etat y joue un rôle de premier plan. S’il se « désengage » dans d’autres domaines, il est de plus en plus attentif, en revanche, aux projets culturels d’envergure. Nous nous intéressons à la manière dont les services du « marketing urbain » mettent en valeur le patrimoine, censé offrir de nouveaux « repères » pour un corps social en mal de repères de cohésion. À cet égard, monuments et monumentalité retiendront tout particulièrement notre at- 25 tention, car ils permettent de renforcer les stéréotypes culturels et de faire passer au « touriste » un message qui conditionne d’avance sa vision de l’histoire. La mise en scène urbaine va de paire avec un mise à distance du temps de la quotidienneté : le temps touristique est un « hors-temps • mystique ». D’où deux axes de réflexion : alors que Berlin et Rome sont marquées par des histoires très contrastées peut-on déceler des ressemblances dans la « patrimonialisation » en cours dans ces deux villes ? Et face à l’uniformisation inhérente aux effets des techniques de l’in- formation, qu’est-ce qu’elles ont gardé de spécifique ? Si nous considérons l’espace construit comme une représentation d’un système particulier de valeurs et de pratiques, il faut alors s’interroger sur le rapport entre langage de l’espace et codes culturels. L’entre-deux des politiques institutionnelles et des dynamiques sociales Coordination : F. Navez-Bouchanine Pilotage de la partie intitulée “ Dans la turbulence des tracés autoroutiers : effets sociaux, négociations et mobilisations à Beyrouth et à Casablanca ” : Agnès Deboulet (IPRAUS), Mona Fawaz (enseignante à l’université américaine de Beyrouth) et Isabelle Berry-Chikhaoui (MC, Université Montpellier III) Enquêtes de terrain à Beyrouth : Agnès Deboulet, Mona Fawaz Programme de Recherches Urbaines en Développement, achèvement printemps 2004 Cette recherche part de l’idée que de nombreux niveaux de lecture du social et de la production spatiale peuvent être dégagés d’une analyse de ce qui se noue entre habitants, techniciens et officiels lors de la décision d’une intervention majeure en site urbain habité incluant du relogement, de l’éviction et plus largement de la “ remise à la norme ”. Le cas des infrastructures autoroutières est particulièrement révélateur, d’abord parce qu’il tient lieu bien souvent, dans des villes “ en développement ”, de politique urbaine, et que son potentiel de transformation des modes de composition et d’appréhension du social est énorme du fait des déplacements induits notamment. Nous avons montré dans le cas libanais comment entre ces parties se glissait un acteur négligé mais pourtant déterminant : le parti “ communautaire ” et comment se construit d’une part la représentation du projet en situation de sous-information, et d’autre part la construction d’une expérience en l’absence de compétences reconnues ou légitimées. Certains cas sont édifiants en ce que la perspicacité des populations a produit des retraits ou modifications substantielles des tracés et impacts sur le tissu urbain. Autoroute à Beyrouth Dossier : Téhéran, Beyrouth, Le Caire, les citadins face aux projets autoroutiers, Urbanisme, n° 336, 2004. « Présentation », Agnès Deboulet, pp. 29-30. « Un méga-projet urbain controversé : l’avenue Navab à Téhéran », Agnès Deboulet, Mina Saïdi, pp. 32-33. « Entre reconstruction et dé-construction, la négociation locale des projets à Beyrouth », Agnès Deboulet, Mona Fawaz, pp. 34-36. « Quand le global fait mal : le périphérique du Caire », Agnès Deboulet, pp. 37-38. • Internationalisation des villes, restructuration urbaine et compétences : le cas de Beyrouth et de Marseille Chercheur IPRAUS : Agnès Deboulet Autres chercheurs : Isabelle Berry-Chikhaoui Cette recherche s’inscrit dans une recherche collective Internationalisation des villes, restructuration urbaine et compétences, qui s’est déroulée dans le cadre du réseau du BRAU “ Compétences des cita- 26 dins et apprentissages de la ville : approches comparées dans les pays du bassin méditerranéen ” co-organisé par Agnès Deboulet, Isabelle Berry-Chikhaoui et Laurence Roulleau-Berger (GRS-CNRS) jusqu’en 2003. Les travaux des membres de ce réseau partent du constat d’une mise en tension des citadins liée aux restructurations urbaines et/ou des marchés de l’emploi dans les vil- Lettre IPRAUS n°15 les méditerranéennes et plus largement dans les grandes villes soumises à une injonction croissante d’internationalisation. Ces mises en tension augmenteraient la vulnérabilité et l’insécurité sociale (R. Castel, 2003) d’une fraction importante des populations. Dans cette optique, des chercheurs travaillant d’ordinaire sur des domaines assez compartimentés des sciences sociales, tels que l’emploi et l’urbain, ont été conduits à se côtoyer, à échanger, et à construire ensemble le cadre théorique permettant de comprendre le jeu des transformations et des ajustements sociaux et spatiaux en cours dans ces villes. Au travers des situations de restructurations urbaine ou des nouvelles segmentations des marchés de l’emploi, ce sont les formes de vulnérabilité mais aussi les compétences renouvelées voire nouvelles des citadins qui ont été interrogées dans ces cadres incertains, dominés par la logique de l’ouverture et du projet. A Marseille, nous travaillons avec I. BerryChikhaoui sur le périmètre Euroméditerranée, afin de saisir les intersections entre les montages d’opérations (dans les périmètres dits de P.R.I) et leur perceptionréaction-anticipation par les habitants et Marseille : réhabilitation Projet de publication Turbulences et expériences dans les villes internationales , composé de 14 contributions. Beyrouth et Marseille nous apparaissent comme les deux faces possibles de villes qui rêvent de devenir globales alors qu’elles nient leur internationalité due à la part migratoire. Ce faisant, tout leur centre et la proche périphérie est sous l’emprise de projets de requalification d’une ampleur inégalée faisant largement appel au secteur privé mais se heurtant de front aux résistances dans les très amples quartiers populaires qui se situent sur les territoires de projet. Ces villes méditerranéennes offrent des perspectives comparatives intéressantes. • réhabilitation et ensuite du relogement en restant très attentifs aux processus de mise en crise de ce dispositif par l’ensemble des acteurs. A Beyrouth, l’enquête menée dans le cadre du programme Prud sur les percées autoroutières et leurs prolongements socio-spatiaux se double d’une enquête plus modeste, dans les mêmes quartiers irréguliers de la banlieue sud sur la cohabitation de nombreuses populations migrantes avec les Libanais eux aussi arrivés du Sud-Liban durant la guerre. Les nouvelles segmentations du marché foncier et immobilier local sont particulièrement parlantes, mais nous travaillons aussi sur la dimension des perceptions réciproques des populations et le processus d’insertion résidentielle en situation de vulnérabilité accentuée : si les Libanais de ces quartiers n’ont en général pas de titre foncier ni de véritable protection, la situation est encore plus complexe pour les étrangers, difficulté qui se double du cotoiement de célibataires des deux sexes dans des quartiers pourtant très conservateurs. Marseille : un immeuble contesté le tissu associatif. Les questions posées se situent tout au long de la chaîne du projet : au moment de la délimitation du territoire d’action, de la Déclaration d’Utilité Publique, de l’éviction, du processus de HDR en préparation Modèles urbains, situations limites et compétences des citadins dans les villes internationales. Agnès Deboulet Thèses soutenues sous la direction d’Isaac joseph • Pedro José GARCIA SANCHEZ Formes et conflits d’urbanité à Caracas. Enquête sur l’écologie de l’ordre public Thèse de doctorat soutenue le 10 octobre 2002, sous la direction d’Isaac Joseph, EHESS, mention : très honorable avec félicitations La vie métropolitaine est soumise à de rudes épreuves à Caracas. Ville provisoire où les urgences sont à l’origine du développement urbain jusqu’à prendre la place du politique. Ville plurielle où la démocratie au quotidien se façonne entre un domaine public négligé et un statut communautaire qui redéfinit les enjeux du monde Lettre IPRAUS n°15 civique. Cité vulnérable car les formes de la vulnérabilisation du lien civil (comprises couramment en termes de violence et d’insécurité) ne cessent de se lier, de se confondre et de s’accroître. Une grammaire de la guerre se normalise ainsi dans une société qui, à vrai dire, n’a pas atteint un tel état. Dans un esprit simmelien, il s’agit de repérer et de caractériser certaines formes élémentaires de l’urbanité caraquénienne : privative, autoritaire, citadine, réglementaire, civique. Pour les cerner, on prend en compte les expériences conflictuelles de l’usage de l’espace public. Les rencontres entre l’ordre public et l’ordre social sont moins dues à la 27 conformité des individus à leurs rôles sociaux, au respect des autorités ou à l’internalisation des normes, qu’à la façon dont le lien civil s’y conçoit, s’y engage, s’y soigne et s’y répare de façon ordinaire. « La forme privative de l’urbanité : emprise sécuritaire et homogénéisation socio-spatiale à Caracas », L’Espace Géographique, n° 2, 2004, pp. 114-130. « Conflits d’urbanité et gestion du domaine public. Les épreuves du civique à Caracas », in D. Cefaï et I. Joseph (eds), L’Héritage du pragmatisme. Conflits d’urbanité et épreuves de civisme, La Tour d’Aiguës, L’Aube, 2002, pp. 265-284. • Sonja KELLENBERGER Pratiques artistiques et formes de la mobilisation politique dans la ville. Une approche sociologique de quatre collectifs d’artistes-activistes à Paris et à Londres. Thèse de doctorat soutenue le 15 décembre 2004, université Paris 10, engagée sous la direction d’Isaac Joseph et soutenue sous la direction d’Olivier Fillieule. L’effervescence contestataire des années 90 s’accompagne, en France comme dans d’autres pays européens, de la réactivation d’une forme originale de l’engagement politique basée sur l’intervention artistique. La participation d’artistes avec leurs outils propres met en évidence les dimensions esthétiques de la mobilisation et révèle les enjeux contemporains de la démocratisation de l’art ainsi que le rôle de l’environnement urbain dans l’action collective. La recherche interroge ce phénomène dans ses dimensions artistiques, politiques et urbaines et leurs interactions à partir d’un travail de terrain investissant quatre collectifs d’artistes-activistes à Paris et à Londres L’étude de collectifs hybrides permet de saisir les modes de mobilisation, de participation et d’organisation qui actualisent à la fois les pratiques militantes et artistiques. • Sonia DEBOUCHE La brocante : l’espace de la transaction marchande et la perception de la valeur. Thèse de doctorat soutenue le 7 novembre 2002 sous la direction d’Isaac Joseph, Université Paris 10-Nanterre. • Ali ABDOLLAHZADEH KOSH Les formes d’adhésion dans les entreprises publiques. Thèse de doctorat soutenue le 29 novembre 2002 sous la direction d’Isaac Joseph, Université Paris 10-Nanterre. • Jérôme BOISSONADE La dynamique des rassemblements ; Les agrégations juvéniles : un espace public de confrontation. Thèse de doctorat soutenue le 19 décembtre 2003 , sous la direction d’ Isaac Joseph, Université Paris 10-Nanterre. Voir résumé Lettre IPRAUS n° 12, p. 25 • Claire MAGIMEL La place du handicap et les étudiants handicapés à l’université. Accessibilité en Ile-de-france et au Québec. Thèse de doctorat soutenue le 6 décembre 2004, université Paris 10, engagée sous la direction d’Isaac Joseph et soutenue sous la direction d’Eric Plaisance. • Thèse soutenue sous la direction de Martine Segalen • Julie DEVILLE Garçons et filles entre école, famille et quartier : l’univers quotidien de lycéens de banlieue. Thèse soutenue le 2 octobre 2003 sous la direction de Martine Segalen, Université Paris 10-Nanterre Voir résumé in Lettre IPRAUS n° 12, p. 26 • Thèse en cours sous la direction de Martine Segalen • Frederica TOMAROZZI Parcours et frontières du tourisme thermal. 28 Lettre IPRAUS n°15 • Thèses en cours sous la direction de Philippe Bonnin • Mizuki SAITO-CRUZ La structure spatiale japonaise vue à travers la notion de limite. en co-direction avec NISHIDA Masatsugu, Kyoto institute of Technology Qu’est-ce que la limite? Essence du rapport à l’autre, de la vie collective, ligne abstraite ou concrète, n’appartenant ni au dehors ni au dedans, elle demeure un des éléments essentiels à la construction mentale et physique de notre espace. Spécifique à chaque culture, comment est-elle signifiée et représentée au Japon ? Là, où l’architecture ne passe pas par la tradition du mur, sa lecture se fait encore moins évidente. Bien que répétée au quotidien, elle reste floue, sans être explicitée. Nous élargirons l’analyse de cette notion au rapport entre culture/société et architecture, à l’architecture domestique puis religieuse. Parce que la maison, élément le plus banal et constant de la culture, est ce qui se rattache le plus à l’homme. Parce que l’architecture religieuse, où la dimension symbolique prend toute son ampleur, matérialise le passage du monde profane au monde sacré. Cette recherche n’aspire pas à une étude chronologique mais tente de comprendre la conception de la limite dans sa définition japonaise. • Muriel PAUPARDIN Le roller à Paris, partages et usages de l’espace public. en co-direction avec Patrick Mignon, Université Paris 10-Nanterre L’irruption du roller sur la scène publique montre les tensions et les passages dans lequel cet objet s’enracine, d’un contexte social, urbain à celui du politique. Il permet d’analyser l’émergence d’une perception de la ville porteuse d’une porosité entre l’expérience ordinaire du citadin et son engagement citoyen. Ménageant un espace réflexif, cette pratique spontanée de loisir sportif présente ainsi une occasion de participer qui ne soit pas une injonction ou une interpellation immédiate, mais une invitation qui respecte des engagements multiples. Deux associations permettent de confronter ces démarches participatives. La première, « Pari-roller », organise les randonnées du vendredi soir dans la capitale ; la deuxième, « Roller Squad Institut », s’engage sur des thématiques axées sur la place du roller dans la ville. En effet, si elles sont rattachées à un même objet, le roller, et à une même culture, celle de la glisse, elles sont créatrices de nuances dans la façon de définir l’espace public. Ainsi, cette réflexion renvoie à un contexte plus global, celui de la réalité de ce qu’est l’espace public. • Hélène SUBREMONT Pratiques de maîtrise de l’énergie dans l’univers domestique. Approche comparative européenne. Université Paris 10-Nanterrre La consommation croissante de l’énergie et les changements climatiques qui en découlent sont à l’origine d’une réflexion profonde sur les modes de vie occidentaux, notamment. Les analyses scientifiques s’accordent sur la nécessité d’un changement rapide des comportements, en particulier ceux du grand public. Cette recherche propose de se pencher sur la question de la maîtrise de l’énergie : question qui dépasse les frontières nationales ; si bien que nous adopterons une démarche comparative entre la France, l’Allemagne et la Grande –Bretagne. L’analyse de Leroi-Gourhan (1945 et 1973) pose la préservation comme le concept de l’habiter ; acte primordial de l’homme comme celui de la maîtrise des énergies, comme ce que les hommes ont élaboré pour prolonger leurs propres capacités techniques. L’homme projette donc dans son environnement une image de lui-même, de ses besoins et ses carences. Or, que nous dit l’habitation d’aujourd’hui et les pratiques d’énergie qui s’y insèrent sur l’homme et son rapport à l’Autre ? En nous appuyant méthodologiquement sur l’approche de Michel de Certeau (1990 et 1994, réédition), et ses concepts de « différentiel », de « tactiques » par opposition aux « stratégies », nous tenterons d’aborder cette question des pratiques d’énergie au sein de l’habitation. Sur le plan méthodologique, une vraie réflexion doit être menée : d’une part pour aborder les pratiques, souvent difficiles à appréhender, d’autre part pour révéler des pratiques qui sont le plus souvent invisibles. Pour l’heure, l’observation ethnologique nous semble être un recours indispensable. Elle sera accompagnée d’entretiens au sein des foyers interrogés. • Ursula WIESER Les Clotures de Kyoto : délimitations de jardins des périodes d’Edo et Meiji en co-direction avec A. Berque, EHESS. Lettre IPRAUS n°15 29 Architectures et Sociétés Sciences sociales et architecture Fidèle au projet de sa création, l’IPRAUS poursuit le travail de rencontre et de confrontation des recherches menées en Sciences de l’Homme et de la Société (SHS), et des recherches pour l’Architecture et la Ville. Au point qu’il ne s’agit plus bien souvent de deux champs de recherche distincts et en affrontement possible, mais qu’au contraire ils se superposent au sein d’équipes pluricompétences, où se confondent même chez des chercheurs ayant acquis ces deux formations, dont le nombre croît sans cesse, et que l’IPRAUS attire particulièrement. Ainsi les questions de méthodologie du projet, de convergence des savoirs des normes et des règles au cours de son processus, de place et de responsabilité de l’architecte au sein des sociétés (occidentales ou exotiques) et des systèmes d’acteurs, d’évaluation ou de réception de la production spatiale et architecturale contemporaines, de l’agrément et de l’esthétique, des modes d’enseignement de ces expériences, sont-elles, parmi d’autres questions encore, au menu des préoccupations des chercheurs de l’IPRAUS. • Séminaire « Architectures et sociétés : raison spatiale, logique sociale » Equipe organisatrice : Philippe Bonnin (CNRS), Maïté Clavel (M.C. Paris X), Agnès Deboulet (Maître assistant Ecole d’architecture Paris-laVillette), Rainier Hoddé (Maître assistant Ecole d’architecture Paris-Malaquais), Nathalie Lancret (CNRS), Jean-Michel Léger (CNRS), Eliane Nicolino (CNRS), Daniel Pinson (Professeur Université Aix-en-Provence), Cristelle Robin (Maître assistant Ecole d’architecture Paris-la-Villette), Roselyne de Villanova (Paris X) Le séminaire collectif de l’IPRAUS, créé en mars 2000, en est donc maintenant à sa sixième année d’existence. Son succès a largement dépassé celui escompté dans le projet initial, démontrant la nécessité de créer et maintenir un lieu de débat scientifique à l’interface des sciences sociales et des sciences de l’espace et de la ville. Plus d’une soixantaine d’orateurs, et non des moindres, sont venus y exposer leurs travaux et publications, leurs réflexions sur les dernières décennies de développement de la recherche dans ce champ, au point que l’équipe coordinatrice du séminaire a entamé un projet de publication à partir de ces rencontres. La première livraison de ces textes devrait voir le jour au cours de l’année 2005, sous forme des cahiers de l’IPRAUS. On indiquera ci-après les arguments des séances tenues de 2002 à 2005, qui n’avaient pas paru dans la Lettre n°12 de l’IPRAUS. mercredi 23 octobre 2002 L’habitat insoutenable et le mythe de la Ville-nature Intervenants : Augustin BERQUE dir. d’études à l’EHESS et Cynthia GHORRA-GOBIN, dir. de recherches au CNRS Modérateur : Philippe BONNIN Dans la vision arcadienne, il est justifié de quitter la ville pour la campagne. Or, si une telle façon de voir appartient à un courant déterminé de l’histoire, elle a beaucoup en commun avec l’idéologie dominante aujourd’hui en matière d’habitat aux Etats-Unis et, autour de là, dans tous les pays que ce phare de la civilisation contemporaine maintient dans son rayon. Elle y a même engendré ce qu’on appelle e-urbanization : l’idéologie concrète selon laquelle l’usage de l’internet va permettre un desserrement final de l’habitat, chacun pouvant désormais se libérer des contraintes urbaines. Plus que jamais interactif, mais en pleine nature ! mercredi 18 décembre 2002 Paysage et usage de la rue parisienne Intervenants : Antoine GRUMBACH architecte, urbaniste, professeur à l’EA Paris-Belleville et Eric CHARMES sociologue, urbaniste, chercheur au LTMU Réhabilitation des rues de la Mare et des Cascades par Antoine Grumbach, architecte-urbaniste 30 Lettre IPRAUS n°15 Modérateur : Jean-Michel LEGER La réhabilitation de la rue comme paysage constitutif de l’urbanité parisienne est désormais acquise, en plus de la fonction qu’elle a toujours assurée dans la mobilité. Cette réhabilitation a une histoire et des acteurs. A. Grumbach est l’un d’entre eux, militant dès le début des années 70 pour un retour à la rue qui participerait d’un art de la mémoire collective : il recommandait de réparer la ville plutôt que de la reconstruire. L’aménagement du secteur des rues de la Mare et des Cascades (fin des années 70) est à ce titre exemplaire d’une démarche qui a fait école, fondée sur une étude approfondie du tissu urbain, préalable à l’engagement d’opérations de réparations urbaines, poursuivies ici sur vingt années. C’est le même secteur qu’étudie E. Charmes, ingénieur devenu sociologue, qui se préoccupe de savoir comment les interventions urbaines sont reçues par les habitants riverains. Homogénéité ou hétérogénéité, continuité ou rupture, sociabilité ou intimité : peut-on parler d’une doctrine paysagère parisienne ? Celle-ci estelle partagée ou discutée par les habitants ? Qu’en est-il du lien social, au cœur du retour à la rue mis en avant par les paysagistes ? Dans cette séance, il ne s’agira pas tant de confronter l’architecte et l’évaluateur que d’échanger sur les notions portées par le nouvel urbanisme parisien et par les usagers de la rue. mercredi 22 janvier 2003 Ces Cités Intervenants : Clément-Noël DOUADY architecte-urbaniste et Philippe BATAILLE architecte, dir. de l’EA de Nantes Modérateur : Daniel PINSON Clément-Noël Douady, opérateur de terrain, présentera, à partir de l’exemple de son opération de Persan (« Place de la Rencontre »), quelques axes désormais classiques d’intervention sur les cités « sensibles » : restructuration, désenclavement, résidentialisation, participation des habitants... Mais, compte tenu des difficultés rencontrées, il s’interroge – et interroge la recherche : Comment en est-on arrivé là ? Les textes fondateurs du Mouvement Moderne (ou courant progressiste) préfiguraient-ils les grands ensembles ? La réponse spatiale garde-t-elle un sens sans réponse sociale correspondante ? Le coût du vandalisme ne serait-il pas mieux employé au dialogue ? Quoi qu’il en soit, il tire déjà de son expé- Lettre IPRAUS n°15 rience quelques recommandations pratiques pour des interventions de ce type. Questions que relèvera Philippe Bataille, et auxquelles il tentera d’apporter également des éléments de réponse à partir de son travail de thèse sur la construction des Grands Ensembles de l’après-guerre. mercredi 26 février 2003 Jardins (2) les métiers : architecte et paysagiste Intervenants : Isabelle AURICOSTE paysagiste, Gd. Prix du paysage 2000 et Patrick BAGGIO architecte Modérateur : Maïté CLAVEL Le travail du paysagiste s’apparente-t-il au travail de l’architecte ? Les deux aménagent et créent des espaces qu’ils veulent beaux pour des habitants, des promeneurs. En ville, l’esthétique de ces espaces, volumes et parcours, est censée contribuer à son urbanité. Ce qui les distingue, c’est le rapport aux matériaux employés pour la réalisation des projets architecturaux ou des jardins : artificiels pour l’architecte, naturels pour le paysagiste ; c’est le rapport au temps, le temps linéaire, fini, de l’architecture, le temps cyclique et progressif des plantations ; c’est aussi le “ sérieux ” de l’utilitaire et du symbolique, abriter (les gens, les fonctions sociales), symboliser (les monuments, les fonctions de représentation) dévolu à l’architecte, tandis que le loisir, l’ambiance, reviendraient au paysagiste chargé des espaces de la détente, du repos et du rêve. Au delà des stéréotypes, comment ces professionnels de l’espace parlent-ils de leur métier ? mercredi 12 mars 2003 La symbolique des tours : points de vue de l’anthropologue et de l’architecte Intervenants : Anne RAULIN anthropologue , Laboratoire d’Anthropologie Urbaine, CNRS, Maître de conférences Paris-V et Augustin CORNET, architecte Modératrice : Roselyne de VILLANOVA La construction des tours —et leur destruction— est une question d’actualité sur laquelle l’anthropologue et l’architecte sont amenés à réfléchir. Leur symbolique joue sur au moins deux registres : - l’un s’inscrit dans le banal, le quotidien, et adopte des projets à tours multiples le plus souvent associés aux barres, voire aux dalles, qui sont investis par des populations de résidents et de consommateurs, ayant vocation d’acteurs ou de spectateurs de l’espace urbain. - l’autre définit un registre emblématique, de prestige, à tour « unique », donnant à une ville son image ou son sens global, traduisant une époque. Correspondant à ces deux registres, seront présentés deux cas de figures : le premier —la Dalle des Olympiades à Paris— reflète un terrain d’investigation commun à Anne Raulin et à Augustin Cornet. Le deuxième est synonyme d’événement historique majeur et tragique : on évoque ici le World Trade Center, son passé, son effondrement, et les projets de reconstruction. Ces derniers permettent de s’interroger sur les symboliques contemporaines dans leurs rapports avec l’histoire, la mythologie et le futur. mercredi 22 octobre 2003 Retours en ville : la revitalisation des centres Catherine BIDOU-ZACHARIASEN sociologue, dir. de recherches CNRS, Directrice de l’IRIS Modérateurs : Jean-Pierre GARNIER et Philippe BONNIN En 1968 –et les années qui suivirent– alors que paraissait “ le droit à la ville ”, les jeunes classes moyennes la fuyaient et tentaient d’inventer un mode de vie et d’habiter plus satisfaisant. Catherine Bidou fut parmi les premiers sociologues attentifs à ce phénomène, décrivant les aspirations autant que les pratiques de ces “ aventuriers du quotidien ” (1984). Mais, alors que cette fuite de la ville s’est répandue et amplifiée, diluant la forme urbaine et les liens d’urbanité, consommant l’espace rural comme un spectacle mythique, de nouvelles couches de populations réagissent aujourd’hui et, dans un mouvement inverse, opèrent des “ retours en ville ” autour desquels Catherine Bidou coordonne les observations d’une dizaine de chercheurs. C’est à la remémoration et à l’analyse de ces deux processus, qui mettent en cause la nature même de l’urbain, que nous consacrerons cette nouvelle séance. mercredi 19 novembre 2003 L’histoire au présent : Paris revisité Intervenants : Eric HAZAN chirurgien, écrivain, éditeur, Pierre PINON architecte, Professeur, Dir. de recherches à l’INHA et Jean-Claude GARCIAS Membre de l’agence TGT, professeur, critique d’architecture Modérateur : Jean-Pierre GARNIER Comme pour nombre de capitales de la vieille Europe, une double menace pèse sur l’identité de Paris : la muséification 31 qui, sous couvert de réhabilitation et de revalorisation des quartiers anciens, les vide de leur substance populaire; et la banalisation du tissu urbain rénové, sous l’effet d’une architecture mondialisée indifférente au contexte socio-historique local. Quel sens, dès lors, donner à ces évolutions et quels effets en attendre, à terme, sur ce que Louis Chevalier appelait la personnalité parisienne ? Les transformations en cours et les opérations projetées s’inscrivent-elles dans une dynamique séculaire de bannissement du petit peuple ? Ce processus est-il aujourd’hui spontané ou programmé ? Les Parisiens, de plus en plus suburbains, sont-ils voués à se comporter, eux aussi, en touristes dans la capitale ? La multiethnicité du peuplement est-elle susceptible de prendre le relais, revivifiant et diversifiant la vie citadine ? Les grands projets urbanistiques ou architecturaux pallient-ils l’absence d’un véritable projet urbain pour l’avenir de la capitale ? Un tel projet, politique par nature, est-il encore possible à l’ère du tout-marché ? Garcias, praticien de l’art urbain, mais aussi théoricien réputé pour ses critiques incisives de l’architecture contemporaine. cesse : avant que de le construire, au moment de le goûter, après l’avoir perdu. mercredi 17 décembre 2003 Conforts et inconforts Jacques PEZEU-MASSABUAU Docteur ès Intervenants : Pierre GENTELLE Dir. de recherches au CNRS et Philippe JONATHAN Modérateurs : Nathalie LANCRET et ZHANG Liang lettres, agrégé de géographie Modérateurs : Maïté CLAVEL et Philippe BONNIN Depuis La maison japonaise (1981), haute école de l’habiter, s’il en est, puis le célébrissime La maison espace social (1983), en passant par une demi-douzaine d’ouvrages qui aboutissent à son dernier essai Habiter : rêve, image, projet (2003), Jacques Pezeu-Massabuau construit pas à pas une phénoménologie sensible de la maison, nourrie de tous les apports des multiples sciences de l’homme en société, de la géographie à l’anthropologie en passant par la psychologie et la sémiotique, mais surtout par une large et copieuse expérience du monde et des cultures, goûtés à petites lampées comme un vin rare. mercredi 21 janvier 2004 Villes chinoises Au moment où s’opèrent des mutations considérables de l’architecture et des villes chinoises —destructions massives des tissus anciens et apparition de projets urbains d’une échelle jamais égalée— il s’agira de réfléchir, à partir d’exemples concrets (Shanghai, Pékin, etc.), sur les logiques et les dynamiques des transformations en cours. Pierre Gentelle, “ un géographe chez les architectes ”, étudie le fait urbain en Chine depuis de nombreuses années ; il s’interrogera ici sur la montée en puissance des villes et des réseaux de villes, replacée dans le contexte des débats d’actualité entre modernisation et patrimonialisation. Philippe Jonathan, un architecte en prise avec l’action et le ter- Schenzen, ville chinoise, mars 2003 Pour en débattre nous avons fait appel à Éric Hazan, auteur de L’invention de Paris (Seuil), ouvrage remarqué l’an passé et qui rend un hommage, volontiers polémique, à ces architectes du désordre que furent les anonymes combattants des soulèvements populaires auxquels cette ville doit une bonne part de sa singularité. Pierre Pinon, l’un des meilleurs connaisseurs de l’histoire urbaine de Paris, lui donnera la réplique, ainsi que Jean-Claude 32 Sa quête actuelle, celle du bien-être, qu’il appelait confort dans son ouvrage précédent, révèle plus qu’elle ne masque une pensée synthétique de ce théâtre quotidien que nous bâtissons autour de nous, dont nous prenons la mesure par notre corps, faits de matériaux, de formes, d’ambiances, décor que nous rêvons sans rain, témoignera des grands programmes architecturaux et urbains, liés à la métropolisation et au patrimoine. mercredi 11 février 2004 Le jardin (3) : les représentations de la nature Intervenants : Yves LUGINBUHL dir. de recherches au CNRS, directeur du STRATES Modératrice : Maïté CLAVEL Lettre IPRAUS n°15 Les représentations de l’espace peuvent être étudiées à travers les modèles des lieux habités : les habitations, les villes, les jardins ou les pays, qui forment le substrat des paysages. Elles peuvent aussi être étudiées, plus difficilement, dans ce que Henri Lefebvre appelait les “ espaces de représentation ”, ces images plus ou moins floues de nos espaces familiers, chargées d’expériences, de souvenirs et d’affects. Les unes et les autres peuvent être à la source –ou apparaître dans– des formes construites. Quels problèmes, quelles questions soulève l’étude de ces représentations de l’espace ? Yves Luginbühl nous permettra d’aborder ces questions à partir de ses travaux. mercredi 17 mars 2004 L’évaluation des architectures Intervenants : Françoise NAVEZBOUCHANINE Docteur en sociologie, Professeur à l’école d’Architecture de ClermontFerrand, Chercheur au laboratoire Urbama et Michel BONETTI dir. de recherche CSTB Modératrice : Agnès DEBOULET Evaluer les projets urbains dans les pays en developpement et en France : approches et perspectives Cette séance met en parallèle deux chercheurs ayant une expérience concrète de l’évaluation de projets architecturaux et urbains à la fois en France, pour Michel Bonetti, et au Maroc en ce qui concerne Françoise Navez-Bouchanine. Entre l’évaluation normée et l’évaluation libre, voire critique, quelles ont été les évolutions constatées ces dernières années ? L’évaluation sera posée en tant que construction d’un objet de recherches opératoire et en tant qu’instrument de politique publique, ce qui amènera a interroger tant la marge de manœuvre des évaluateurs, que leurs méthodes et enfin la distance entre résultats de l’évaluation et re-définition des objectifs et programmes d’action en matière architecturale et urbaine. mercredi 28 avril 2004 Les formes d’une ville / l’amour des villes Intervenants : Marcel RONCAYOLO Professeur Emérite et Bruno FORTIER Architecte, Professeur à l’Ecole d’architecture de ParisBelleville Modérateur : Daniel PINSON Action et réflexion font diverger Marcel Roncayolo et Bruno Fortier, au terme de leur parcours intellectuel et géographique. Lettre IPRAUS n°15 Bruno Fortier vient de Marseille, pour Euroméditerranée après un Atlas penché sur l’amour de la capitale et un premier projet qui réinterprète la mémoire de l’eau à Nantes. Pendant ce temps, Marcel Roncayolo fait d’innombrables allers et retours entre la géographie et l’histoire, et finit par avoir de plus en plus de thésards architectes. Parallèlement, il effectue aussi d’incessants voyages entre Marseille - ville de son enfance (et de nombreux travaux) - et la capitale. Résultat : il donne à « la forme des villes » une place qui n’est pas mince dans un volume de référence, l’Histoire de la France urbaine de Duby. On note combien l’égal intérêt, voire la passion, de l’éminent universitaire et du « Grand Prix de l’urbanisme 2002 » pour l’histoire et la forme de la ville, les rapproche à partir d’une génèse intellectuelle différente : leur discipline de référence (la géographie, d’un côté, l’architecture, de l’autre) et l’échelle ou la méthode de l’approche. mercredi 20 octobre 2004 La ville, vers une nouvelle définition ? Intervenants : Jean REMY, docteur en économie, professeur émérite à la Faculté des sciences économiques et sociales de l’université catholique de Louvain (Belgique), membre de l’Académie royale de Belgique et Pierre-André LOUIS, architecte-urbaniste, professeur à l’INSA de Lyon Modérateur : Daniel PINSON La mobilité spatiale a contribué à remodeler la carte mentale du territoire au-delà de ce qui était escompté il y a vingt ans. La structuration objective de l’espace correspond de moins en moins à son appropriation subjective. Cela apparaît bien dans la tension entre « penser maison » et « penser ville ». L’habiter contemporain résulte d’une transaction entre l’individuation, la vie sociale et la vie collective. Quant aux périphéries, elles sont en transition vers un accroissement de leur autonomie vis à vis des agglomérations ; s’il y a déclin de la centralité, il y a une multiplication des espaces publics et de leurs usages (JR). L’évolution des communications réelles et virtuelles bouleverse toujours plus la perception et l’usage que l’on avait de la ville. On constate cependant que l’environnement spatial des villes n’a pas beaucoup changé ; on y assiste plutôt à des modifications sur le vécu et les mises en relation des parties de ville (ex. des centres historiques parfois inhabités et inha- bitables, versus l’essor des périphéries). La ville n’est plus cantonnée à son propre territoire, elle est constituée d’une multitude d’agglomérations qui se superposent et s’enchevêtrent (PAL). Un ouvrage publié il y a dix ans portait ce titre. Il était lui-même la réécriture d’un ouvrage paru en 1974 La ville et l’urbanisation. L’objectif était de comprendre l’incidence de la mobilité sur les sociabilités urbaines et par ricochet, sur la morphologie physique de la ville. Ces interprétations méritent-elles d’être revues aujourd’hui et dans quel sens ? mercredi 17 novembre 2004 La ville-planète de Coruscant (starwars), parabole de la cite mondiale Intervenant : Alain MUSSET, directeur d’Etudes à l’EHESS Modérateurs : Margaret MANALE et Philippe BONNIN Depuis 1977 et la sortie de l’épisode VI intitulé A New Hope (« Un nouvel espoir »), la saga Star Wars participe à la mondialisation des images, des modèles et des archétypes d’une société à la fois très américaine et très métissée. Cinq films (bientôt six), des dizaines de livres, de bandes dessinées et de jeux électroniques participent à cet univers, situé « il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine ». Dans ce vaste ensemble, Coruscant, capitale de l’Ancienne République, puis capitale de l’Empire galactique (sous le nom de Centre impérial), occupe une place à part. Les grandes questions situées au cœur de la problématique urbaine contemporaine servent de toile de fond aux récits de bataille et de conspiration : place des communautés dans la cité, rôle du racisme, relation territoire et identité, mixité sociale et ethnique, exclusion économique, violences urbaines… À bien des égards, Coruscant devient la parabole d’un monde urbain en crise, qui cherche des solutions et ne les trouve que dans la séparation des groupes sociaux et le développement séparé des races. En ce sens, étudier la ville-planète de Coruscant, c’est poser la question d’un modèle de développement urbain dont la science-fiction prétend faire le procès, tout en suivant les règles d’une idéologie dominante et mondialisée. mercredi 15 décembre 2004 Maison du patrimoine, entre savoirs techniques, projets et espaces de débats Intervenants : Jean-Jacques DUPUY, Rainier HODDE, Agnès DEBOULET 33 Modérateur : Emmanuel CERISE Paris-plage/l’éprouvé de l’espace Cette séance sera l’occasion de confronter les leçons de deux projets de mise en valeur et de préservation du patrimoine urbain menés dans des « Pays du Sud » (Tunisie, Thaïlande). La question qui sous-tend les débats est celle de l’écart qui existe entre la notion de patrimoine née et élaborée en Europe, puis exportée à l’ensemble du monde - la Convention du Patrimoine mondial de l’UNESCO signée en 1970 lui confèrant une dimension supranationale - et les représentations que les habitants se font de leur patrimoine, héritage dans lequel ils se reconnaissent, qu’ils estimeraient avoir à sauvegarder et à transmettre. Or le discours et les pratiques des usagers de la ville sont beaucoup plus complexes et divers qu’on ne l’admet communément, souvent ambigüs et contradictoires, dans l’entre-deux et l’indécision entre le « tout patrimoine » et le « tout-modernisation ». On se préoccupera de savoir comment les deux projets ont été reçus, interprétés et adoptés ou non par les habitants ; quelles sont les limites de ces programmes et les effets sur leur caractère opérationnel lorsque le malentendu entre la vision planétaire des professionnels du patrimoine et les représentations locales sont trop divergentes ; quels sont les mécanismes pervers, notamment sur le plan social, qui se cachent derrière les procédures bien « huilées » des actions patrimoniales. Intervenants : Roger PERRINJAQUET et Alain BERTHOZ Modérateur : Philipe BONNIN mercredi 19 janvier 2005 Paris-Plage (R. Perrinjaquet est membre de l’équipe de conception) semble être un défi relevé de la requalification urbaine. Ce parcours n’a rien d’une génération spontanée. C’est une étape dans une expérimentation commencée en 1997 avec une équipe de scénographes, dont est issu l’Atelier 21 constitué par quatre membres, aujourd’hui reparti en deux équipes. Paris-Plage procède d’une volonté de s’adresser à un large public, populaire en admettant les résultats de l’enquête de Luginbühl sur la demande sociale de paysage, qui dit que la consommation de la nature passe par la sociabilité. Sur un autre plan il y a une composante féministe, respectivement anti-androcentrique de l’aménagement de l’espace. Le principe scénographique repose sur une immersion et une densification sensorielle du milieu existant. Notre défi sur le plan théorique : comment échapper à « la singularité de l’expérience » ou comment renouer avec l’intersubjectivité de l’espace urbain. mercredi 16 mars 2005 Parcs à thèmes Intervenant : Bernard ROCHETTE Modératrice : Maïté CLAVEL Le jardin en forme de parc d’attraction, associant éléments naturels et construits, jeux et spectacles, constitue-t-il un avenir pour les jardins publics, une perspec- tive pour les loisirs culturels ? En ce cas le jardin public gratuit, fréquenté par tous, a-t-il encore une pertinence ? La nature dans la ville devra-t-elle toujours être animée et payante ? Ou bien représente-t-il le modèle réduit d’une « utopie » de la ville comme lieu de loisir et de perfection technique, spectacle du consensus dans la consommation choisie ? mercredi 18 mai 2005 Belleville : figure d’un quartier populaire, entre mythes et réalités. Intervenants et discutants : J.Y. Authier (Pr. Univ. Lyon II), E. Bailly (Doctorante EAPB), Ph. Bonnin (IPRAUS, Dir. UMR), D. Cefaï (Paris X), C. César, E. Charmes (chercheur TMU), S. Connord (M.de C. Paris X), Ch. Cuny (EAPB), V. Dufoix (EAPB), J-P. Feugas (EAPB), B. Filippi (DREIF) A. Frias(chercheur EHESS), A. Grumbach (EAPB), C. Lafaye (Pr. Paris VIII), M. A. Mello (Pr Universidade Fluminense Rio de J.), L. Roulleau-Berger(CNRS), A. Sellali (EAPB), P. Simon (INED), A. Steiner (ParisX), Ch. Tutin (Pr.Univ. du Littoral Dunkerque) Cette séance se déroulera sur une journée et sera suivie d’une seconde journée à l’automne suivant. Journées animées par Agnès DEBOULET et Roselyne de VILLANOVA Belleville incarne volontiers la figure du quartier populaire pluri-culturel, au tissu urbain complexe, construit sur des vagues migratoires successives, engagé dans la dynamique associative, dans la résistance à la rénovation urbaine. On se propose de questionner cette figure tout autant que l’exemplarité du quartier. S’appuyant sur la diversité des études réalisées sur Belleville, cette journée sera l’occasion d’engager un dialogue entre spécialistes du peuplement, de la vie associative, sociologues, anthropologues, architectes et urbanistes, chercheurs concernés par la politique de la ville et la participation, la gentrification et les formes de sociabilité. Belleville - quartier populaire pluri-culturel et tissu urbain complexe. photographie: Ph. Bonnin 34 Lettre IPRAUS n°15 Universidade Fluminen Roulleau-Berger(IPRAU • Belleville : figure d’un quartier populaire, entre mythes et réalités Ce projet d’étude articule plusieurs volets : deux journées du séminaire de l’IPRAUS « Architectures et sociétés : raison spatiale, logique sociale » , une exposition et une recherche bibliographique • Deux journées du séminaire de l’IPRAUS « Architectures et sociétés : raison spatiale, logique sociale », le 18 mai 2005 et courant novembre 2005 Journées animées par Agnès DEBOULET et Roselyne de VILLANOVA Ces journées sont orgnisées en liaison avec l’atelier « Quartier » coordonné par JeanYves Authier (Professeur à l’université de Lyon) au sein du Réseau Socio-Economie de l’habitat GIS CNRS et avec la participation d’enseignants de l’Ecole d’architec- ture de Paris-Belleville. Voir le thème de ces journées et la liste des participants page précédente. • Une exposition se tiendra simultanément. Réalisée par V. Dufoix et A. Sellali, elle dressera le portrait de Belleville aujourd’hui à partir des travaux des étudiants en architecture (maquettes et entretiens réalisés entre 2000 et 2003) coordonnés par J.P. Feugas et Agnès Deboulet. Seront associés les travaux des jeunes du centre social de Belleville qui ont réalisé une petite enquête illustrée auprès d’habitants. • Une recherche bibliographique doit être menée pour faire état des documents écrits nombreux sur le quartier de Belleville qui seront classés par thèmes. Son but est d’établir une documentation complète et variée sur Belleville (livres, articles de périodiques, thèses, mémoires d’étudiants et travaux universitaires en général, actes de colloques mais aussi littérature) pouvant servir de base à de nouvelles recherches et études sur le lieu. • Espaces interculturels, métissages et créativité Ce thème réunit des membres de l’IPRAUS et des équipes extérieures. Il a donné lieu à trois séances de séminaire, des rencontres au Centre culturel C. Gulbenkian et deux publications collectives, l’une parue en 2003, l’autre en préparation. • Trois séances du séminaire de l’IPRAUS « Architectures et sociétés : raison spatiale, logique sociale » ont été consacrées à ce thème: Métissages I : Architectures et urbanismes en Asie, Yong-Yak Shin et Christian Pedelahore Métissages II : Architectures des pays lusophones, Peter Mark et Helder Carita Métisssages III : Métissages et architectures, François Laplantine et Arnaud Le Brusq • Publication coordonnée par J. P. Garnier et R. de Villanova Espaces et sociétés, n° 113-114, 2003 : Architecture et habitat dans le champ interculturel « Suspens de sens », F. Laplantine « Espaces de métissage », A. Nouss Lettre IPRAUS n°15 « Bali : pratiques héritées et - modèles recomposés », N. Lancret « La fabrication d’une architecture vernaculaire contemporaine : le cas du quartier musulman de Xi’an », J.P. Loubes « Tribulation d’un modèle urbain dominé, le “ compartiment ” vietnamien », Ch. Pedelahore de Loddis « Echanges d’art aux colonies : à propos de quelques architectures vietnamiennes chargées d’histoire », A. Le Brusq « L’architecture civile indo-portugaise : le croisement des modèles », H. Carita « Le modèle de “ maison à la portugaise ” en Afrique de l’Ouest et au Brésil au XVIIe siècle », P. Mark « Cultures et architectures de l’entredeux », R. de Villanova. • Simultanément ont eu lieu des journées de rencontre au Centre culturel C. Gulbenkian organisées par R. de Villanova et G. Vermès qui avaient cette fois pour objectif de déborder le champ spatial pour confronter plusieurs domaines : littéraire, musical, architectural et urbain, linguistique. Publication en préparation La créativité du métissage culturel dans les relations interculturelles inégalitaires, sous la direction de R. de Villanova et G. Vermès préface de F. Laplantine, L’Harmattan, collection Espaces Interculturels, à paraître. I Créations artistiques, littéraires et linguistiques G. Varro, « La musique baroque et l’Europe, métisssage et intra-culturalité » 35 R. Hess, « Le tango un laboratoire d’interculturalité » Sh. da Silva , « La musique créole portugaise du Sri-Lanka » G. Boudinet, « Pratiques artistiques vernaculaires des jeunes et postures langagières : l’exemple du tag » A. Tessonneau, « Le métissage, source de vitalité de la littérature aux Antilles » • M. Yelles, « Métissages littéraires au Maghreb : vers une nouvelle créativité ? » G. Vermes, « Construction historique d’une langue nationale par légitimation de métissage : le portugais brésilien » II Recréation de la ville et de l’habiter A. Hublin, « L’impossible chronologie des styles architecturaux aux petites Antilles françaises » N.Lancret, « Confrontations des cultures spatiales : la rue marchande à Denpasar (Bali) » J.P. Loubes, « La mémoire de l’architecture nomade dans la maison d’Asie Centrale » H. Carita, « L’architecture indo-portugaise à Kochin et au Sud de l’Inde ». R. de Villanova, « La créativité des minorités et l’urbanité, une production métisse ? » Atelier de recherche socio-anthropologie de l’habitat et architecture Coordination : Roselyne de Villanova Equipe organisatrice : Philippe Bonnin, Agnès Deboulet, Rainier Hoddé, Jean-Michel Léger Recherche bibliographique : Eliane Nicolino Pays représentés : Espagne, Italie, Portugal, Brésil, Mexique et de l’analyse pour la recherche et l’enseignement. Le groupe de travail composé d’architectes, de sociologues, d’anthropologues, s’appuie sur des travaux en cours et sur les expériences d’enseignement dans les écoles d’architecture proposant des éclairages étrangers. Séance de travail à Naples Séance de travail à l’IPRAUS Cet atelier international de recherche, de dimension volontairement restreinte, s’est constitué à partir de chercheurs membres du réseau Socio-économie de l’habitat GIS CNRS ayant déjà travaillé en coopération. Développé à l’initiative d’une équipe de l’IPRAUS en septembre 2001, il constitue, avec le séminaire mensuel, un des programmes du Réseau introduisant un autre angle d’approche de l’appréhension interdisciplinaire de l’habitat : celui qui vise à croiser l’analyse des formes (architecture) avec une approche socio-anthropologique des usages de l’espace et de sa production. Cet atelier s’intéresse à réfléchir sur les méthodes qualitatives de la microsociologie urbaine, l’observation ethnologique, l’ethnoarchitecture par rapport à la production actuelle de la ville. Il a pour socle fondateur la dimension matérielle de l’architecture, saisie par les pratiques. En regard de la sociologie classique « qui est macrosociologique » plus souvent, une grande attention est ici portée en priorité aux aspects les plus fins des faits sociaux, aux « modes mineurs » (F. Laplantine) dans lesquels la société se réalise. La réflexion s’est donné pour objectif le renouvellement des outils de l’observation 36 Quatre rencontres ont déjà eu lieu dont la dernière, les 16 et 17 décembre 2004, pour préparer une publication. Trois axes sont prévus : 1) Champs disciplinaires sur l’espace : L’anthropologie de l’espace en France : retour sur l’histoire, M. Segaud sociologue (Institut des Mers du Nord, Dunkerque) ; L’anthropologie urbaine au Mexique, A. Giglia anthropologue (Université de Mexico) ; L’anthropologie urbaine en Espagne, D. Provensal anthropologue (Université de Barcelone) ; Raison et rationalisme, fonction et fonctionnalisme, A. Signorelli anthropologue (Université Federico II, Naples) ; Un espace hybride de communication entre habitants, architecte et anthropologue, B. Sala Llopart anthropologue-architecte (EA de Barcelone). 2) Notions pour l’interdisciplinarité : L’utopie entre espace construit et société, M. Clavel, sociologue (Université Paris X) ; Petite ethno-architecture des seuils, Ph. Bonnin, anthropologue-architecte (IPRAUS UMR CNRS AUS) ; Pendularisme et frontières de l’intimité, A. Miranda anthropologue-urbaniste (Université Federico II, Naples) ; Urbanité et espaces publics : l’exemple des villes du Mozambique, I. Raposo, architecte (Faculdade de Arquitectura, Lisbonne) ; Interculturalité et espaces de l’entre-deux, R. de Villanova, sociologue (IPRAUS UMR CNRS AUS) ; Construire à l’étranger : les architectes et la compétence culturelle. J. M. Léger, sociologue (IPRAUS UMR CNRS AUS) ; La notion de patrimoine, B. Fayolle-Lussac, historien de l’architecture (Université de Bordeaux). 3) Enseignement, perspective comparative et interdisciplinaire : Bilan de quatre années d’enseignement au Portugal, C. Leite, sociologue (Universidade do Minho, Braga) ; Une maison-laboratoire en Tunisie entre chantiers visibles et invisibles, A. Deboulet urbaniste (EA Paris La Villette), Rainier Hoddé, architecte (EA Paris Malaquais) ; L’enseignement de l’architecture dans les directives de la communauté européenne, F. Segnini, architecte (Univ. de Sao Paulo). Avec la participation de Alessia de Biase (LAA La Villette), L. Dufour (IPRAUS EAPB) Jean-Paul Loubes (EA de Bordeaux) A. Sauvage (Lares, Univ. Renne II) D. Pinson (Institut d’aménagement régional, Aix en Provence). Lettre IPRAUS n°15 Architecture de la ville asiatique structures et mutations Equipe Ipraus : Pierre Clémént et Nathalie Lancret avec Emmanuel Cerise, Inès Gaulis, Christian Pédelahore, Chayphet Sayarath, Zhang Liang Doctorants : Stéphanie Boufflet, Chen Shu, Huang Quan Le, Le Quoc Hung, Li Jun, Wijane Noree, Olivier Petit, Lisa Ros, Moïse Sheu, Véronique Sheu, Shu Yang, Son Seong-Tae, Xu Lu La création de l’atelier de l’UMR AUS sur les villes asiatiques a marqué une nouvelle étape pour les actions de recherche et d’enseignement qui, depuis longtemps déjà, sont développées à l’Ipraus. Si ce regroupement de chercheurs, d’enseignants-chercheurs et d’étudiants n’a pas vocation à lancer de nouvelles pistes de recherche, il permet de conforter les synergies entre les travaux déjà engagés entre les différentes équipes et de participer au renouvellement des interrogations sur la question du rapport de l’architecture à la ville. Ceci, en une période de transition, qui n’est pas sans effet sur les formes et les dynamiques du développement urbain. Les actions engagées sur le long terme : comme l’inventaire de la cartographie et des plans de villes et son exploitation, se poursuivent en relation avec les équipes du réseau de la recherche et les actions d’enseignement. Après les travaux menés sur Hanoi, Vientiane, ils se terminent sur Xi’an, se poursuivent sur Bangkok et s’engagent sur Siem-Reap/Angkor ou encore sur Wuhan. Ces travaux qui sont menés sur la cartographie et les représentations de la ville mettent l’accent sur les articulations qui opèrent entre l’architecture et la ville, les formes architecturales et urbaines, leurs formations et leurs transformations. Nous sommes aujourd’hui en Asie toujours confrontés à la dialectique métropolisation et patrimonialisation, l’observation des transformations rapides nécessite le renforcement des actions de recherche et d’enseignement sur le patrimoine. Patrimoine appréhendé dans une perspective projectuelle, comme une donne importante des développements/transformations architecturaux et urbains actuels. La confrontation de deux ateliers conjoints l’un sur Bangkok, l’autre sur Siem Reap/Angkor du programme d’enseignement DPEA Métropoles d’Asie Pacifique au cours de l’année 2004-2005, illustre ces interrogations. Récemment, les thèses de Pornthum Thumwimol et de France Mangin ont traité, sous des angles d’approche différents, des questions patrimoniales à l’échelle urbaine des métropoles Bangkok et Hanoi. La thèse de Davisi Boontharm récemment publiée illustre elle par contre la dimension métropolitaine à partir du développement des formes du commerce. L’atelier du DPEA Métropoles d’Asie Pacifique organisé, pour l’année universitaire 2004-2005, à Siem Reap/Angkor au Cambodge renouvelle une action déjà initiée en 1993-94 ; revenant 10 ans plus tard il mesurera l’impact du développement touristique, l’objectif étant d’aborder conjointement les problématiques de gestion du site d’Angkor et du développement de Siem Reap, ville jardin, située aux portes de ce site classé Patrimoine mondial. C’est dans cette perspective qu’une journée d’étude a été organisée par l’Ipraus, avec les Amis d’Angkor et l’Unesco, à l’école d’architecture de Paris-Belleville en novembre 2004 et qu’une réflexion comparative s’engage au sein du réseau de la recherche sur la gestion des rapports grands sites et ville à partir des exemples de Xi’an, Louxor, Louang Prabang… • Programme d’inventaire et d’étude du patrimoine architectural, urbain et paysager (IEPAUP) de la ville de Vientiane et des villes secondaires cf. Lettre de l’IPRAUS n° 14 pp. 4-11 Responsables scientifiques : Pierre Clément et Chayphet Sayarath Autres chercheurs : équipe des Ateliers du Patrimoine (Institut de Recherches Urbaines) Depuis 1999, ont été menées les actions suivantes : constitution d’une documentation sur les formes architecturales et urbaines ; repérage des zones sensibles et élaboration d’un premier plan de protection du patrimoine dans le périmètre du Khou Vieng accompagné d’un projet de réglementation et d’une liste de bâtiments à protéger ; actions d’accompagnement Lettre IPRAUS n°15 pour sensibiliser les populations et les responsables des politiques urbaines à l’intérêt majeur et aux enjeux patrimoniaux actions de formation des membres de l’équipe au Laos et en France ; opérations expérimentales de réhabilitation de bâtiments sous la forme de chantiers pilotes. Cette première étape du travail est terminée à Vientiane. Le programme est désormais en phase opérationnelle. De nombreuses actions d’accompagnement ont été réalisées au Laos et en France au cours de ce projet par l’équipe de l’Atelier du patrimoine et celle de l’Ipraus Asie : expositions, séminaires, journées d’étude. Des publications des travaux du programme IEPAUP sont en préparation. 37 • Programme de recherche Urbaine pour le Développement (GEMDEV/ISTED) 2001-2003 • Projets de voirie et recompositions urbaines à Vientiane et à Hanoi Responsables scientifiques : Nathalie Lancret (IPRAUS) et Karine Peyronnie (IRD) Autres chercheurs : Emmanuel Cerise (IPRAUS), René de Maximy (IRD), Bounleuam Sisoulath (Ministère de la communication, des transports, de la poste et de la construction de la RPD Lao) En 2002 Nathalie Lancret et Emmanuel Cerise, architectes, de l’IPRAUS, conjointement avec K.Peyronnie, géographe, R. de Maximy, géographe urbaniste, de l’IRD, et Bounleuam Sisoulath, architecte, ont répondu à un appel d’offre pour étudier Vientiane et Hanoi. Il s’agissait de considérer le rôle de la voirie, saisie singulièrement dans ses fonctions urbaines, et ses effets dans les processus d’urbanisation à l’œuvre dans ces deux villes. Ce fut l’occasion d’observer selon cet angle la fabrication de quartiers au fil des années et son impact sur la croissance urbaine. Cette recherche est exposée plus en détail dans la Lettre IPRAUS n° 14 : Vientiane... Patrimoine et développement urbain, pp. 18-19. Projets de voirie et recompositions urbaines a Vientiane et Hanoi, Rapport de recherche collective, Programme de Recherche Urbaine pour le Développement (Gemdev/Isted), Paris, févr. 2004. • Mutations des cultures spatiales et dynamiques d’acteurs de l’urbanité vietnamienne à Hanoi, 1873-2001 Responsable scientifique : Christian Pédelahore (IPRAUS) Autres chercheurs : M. Heinz Schuttle (Université de Bremen en Allemagne), M. Dang Phong (Centre National des Sciences Sociales et Humaines du Vietnam), M. Ota Schoichi (Université de Tokyo) Cette recherche visait à identifier les conceptions et manières de faire des producteurs locaux de l’espace urbain. Un volet rétrospectif et historique a permis de retracer l’évolution parallèle des cultures urbaines et des modes opératoires locaux, ainsi que d’identifier les transformations des modèles et des méthodes de l’urbanisme international mises en oeuvre depuis l’indépendance. Mettant en évidence les pratiques concrètes des acteurs du cadre bâti, l’objectif était d’enrichir les systèmes de conception et les méthodes d’intervention mobilisables dans les actions d’aménagement et de construction en cours dans les villes vietnamiennes. Mutations des cultures spatiales et dynamiques d’acteurs de l’urbanité vietnamienne à Hanoi, 1873-2001, rapport de la recherche collective intitulée, Programme de Recherche Urbaine pour le Developpement (Gemdev/Isted), Paris, févr. 2004. • Xi’an, la forme d’une métropole régionale (1949-2000) Coordination : Pierre Clément (IPRAUS), Bruno Fayolle-Lussac (Ecole d’architecture et du paysage de Bordeaux - PVP) et Harold Hoyem (Faculté d’architecture de Trondheim) Chercheurs : Jean-Paul Loubes (EAPBX - PVP), Nathalie Lancret (IPRAUS), Emmauel Cerise (IPRAUS) Métropole de 6.000.000 d’habitants, Xi’an présente un intérêt exceptionnel du point de vue des études sur la ville chinoise. Capitale de la province du Shaanxi, dans l’un des sites les plus prestigieux de l’histoire des capitales impériales chinoises, Xi’an a été successivement capitale des Qin, des Han et des Tang. Un site archéologique de première importance, une transformation rapide des formes urbaines traditionnelles depuis 1949 et une extension considérable constituent le contexte de la transformation de l’agglomération. Un ouvrage collectif sera publié dans la collection des cahiers de l’IPRAUS Plan Xi’an sous l’empereur Yongzheng > 38 Lettre IPRAUS n°15 • Banque de données cartographiques des villes d’Asie Coordination : Pierre Clément, Emmanuel Cerise, Nathalie Lancret Etroitement associé aux enseignements du DPEA sur les Métropoles d’Asie Pacifique et au séminaire d’Architecture comparée du DEA Projet architectural et urbain, ainsi qu’au réseau de la recherche architecturale et urbaine sur les Villes d’Asie, ce programme est mené par l’IPRAUS depuis 1997. Il est conçu sur le long terme, l’inventaire étant progressivement complété et périodiquement actualisé et repose sur des partenariats scientifiques avec des institutions françaises et étrangères. Il poursuit un triple objectif – recenser les documents sur une base de données informatique, établir un inventaire et constituer un fonds propre à l’IPRAUS – et suscite un questionnement théorique sur le statut et le pouvoir des plans ; cf. Lettres de l’Ipraus 11, 12 et 14. Sont en cours d’inventaire les plans des villes suivantes : Hanoi, Ho Chi Minh-ville, Phnom Penh, Siem Reap/Angkor, Vienti- ane, Luang Prabang et les autres villes secondaires de la RDP Lao, Bangkok, Jakarta, Denpasar, Singaraja, Hong Kong, Shanghai, Pékin, Wuhan, Nankin, Canton. Hanoi, la ville en plans, 1873-1943, CDrom Ipraus/Ifa/Centre des Archives d’Outre-Mer/ (CAOM), Paris, 2002. Vientiane, un siècle de cartographie, 1895-1943, CDrom Ipraus/Ateliers du patrimoine de Vientiane (IRU-MCTPC), Paris/Vientiane, 2003. • Le réseau de la recherche architecturale et urbaine Métropoles d’Asie-Pacifique : architecture et urbanisme comparés Coordination : Pierre Clément, Emmanuel Cerise, Nathalie Lancret, Christian Pédelahore avec Charles Goldblum Ancré à l’Ecole d’architecture de ParisBelleville et au laboratoire de l’Ipraus, le réseau (habilité depuis 1999 par le ministère de la Culture et de la Communication, Direction de l’Architecture et du Patrimoine) crée une synergie entre les programmes de recherche et d’enseignement sur l’architecture et la ville en Asie qui, depuis de nombreuses années, sont développés dans ces institutions. La perspective des programmes est double. Il s’agit, d’une part, de saisir les spécificités de ces territoires qui, depuis le milieu du siècle dernier, con- naissent une croissance spatiale et démographique accélérée. Les villes de la région considérée sont alors entrées dans un cycle de transformations profondes dont témoigne une multitude de chantiers, tant au centre qu’en périphérie, qui ne sont pas sans effets sur les formes architecturales et urbaines, et sur les pratiques de l’espace. Il s’agit, d’autre part, de mettre en perspective les fondements théoriques d’une approche disciplinaire “ d’architecture et d’urbanisme comparés ”. Les actions du réseau ont permis de renforcer les collaborations scientifiques et pédagogiques, d’engager des confrontations culturelles, scientifiques et techniques en France et à l’étranger, notamment avec nos partenaires asiatiques. qui ont été le lieu d’accumulation sur une longue période de connaissances. C’est également dans cette perspective que le réseau vise à constituer un fonds documentaire spécialisé (bibliographique, cartograpohique et iconographique) et contribue à la réflexion de recherche. • Programme « Sources françaises de l’architecture et de l’urbanisme des terrains colonialisés » Coordination : Christian Pédelahore (IPRAUS), Isabelle Longuet, Bernard Toulier, Alice Thomine Organismes partenaires : DAPA, INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), DAF (Direction des Archives de France), Archives départementales, archives municipales Institutions associées : Archives du ministère des Affaires Etrangères, Archives du ministère de l’Equipement, ISTED Créée à l’initiative de la Dapa, cette action pluri-annuelle a pour objet l’identification, le recensement et la communication des sources nationales, régionales et départementales françaises sur le sujet ; ceci sous la forme de guides référencés (numériques, en ligne, publications) qui seront librement Lettre IPRAUS n°15 accessibles, à terme, aux institutions, aux experts et chercheurs, ainsi qu’au public intéressé. Cette action dont l’objet géographique a trait aux pays de l’ex-empire français (Afrique, Asie, Océanie) concerne un champ méthodologique élargi qui traite des productions tant intellectuelles que phy- siques de l’architecture et de l’urbanisme exporté (notamment aux Amériques). Elle devrait ainsi permettre de renforcer les recherches engagées sur les échanges interculturels et la circulation internationale des modèles et des types architecturaux et urbains. 39 • Culture, patrimoine et modernité urbaine. Programme Ba Dinh, Hanoi, Vietnam Coordination : Christian Pédelahore (IPRAUS), Philippe Papin, Philippe Le Failler, et Pierre Pichard Institutions partenaires : EFEO, Académie des Sciences de la RSVN, IPRAUS A l’initiative de l’Académie des Sciences de la république socialiste du Vietnam et de l’Ecole française d’Extrême-Orient, une équipe et un programme conjoint interdisciplinaires ont été constitués, courant 2004, sur le site archéologique de Ba Dinh : étude de son présent et de son avenir. Situé dans le centre de Hanoi, au sein du périmètre des cités impériales historiques, ce site de 2,5 hectares est objet et sujet de multiples enjeux : fonciers, identitaires, urbains. Notre domaine d’intervention concerne plus spécifiquement l’intégration de Ba Dinh dans le centre historique de Hanoi avec, en perspective, la production du dossier d’inscription de la ville de Hanoi au Patrimoine mondial de l’Unesco. Cette action comprend des études d’histoire des formes urbaines et architecturales, en liaison avec les récentes découvertes sur le site, des études de définition pragmatique du devenir urbain de ce quartier. Un programme conjoint de publication analytique de la cartographie historique de Hanoi (IXe-XXe s.) est projeté en • association avec l’Académie des Sciences de la RSVN (Pr. Pham Huy Lé), l’EFEO (Ph. Papin) et l’IPRAUS (E. Cerise, N. Lancret et Ch. Pédelahore). Chantier de fouilles archéologiques à Ba Dinh - Hanoï - 2004. Photographie : Ch. Pédelahore Esthétique ordinaire de la ville : Kyôto-Paris-Tôkyô Responsable : Philippe Bonnin Partenaires : Prof. Okazaki (U. du Kansai, Kobe), Prof Kato Kunio (U. Sangyo, Osaka), Nicolas Fiévé (CNRS). L’esthétique, prise comme dimension permanente, quotidienne, de toute pratique, même et surtout ordinaire, ne s’imprime pas seulement dans des objets concrets et isolés, mais également dans des dispositifs et assemblages complexes. Les lieux qui composent la ville sont de ceux-là, et la question de leur capacité à esthétiser la vie sociale se pose de manière permanente. Qu’est-ce qui fait percevoir et juger la cité, • ses rues, ses carrefours, ses lieux d’échange, les fait entrer dans les catégories du laid ou beau, du gai ou sinistre, qu’est-ce qui les rend attrayants ou repoussants, voire effrayants. Quelles traces de leur pratique les créateurs de ces lieux laissent-ils ou proposent-ils ? Réciproquement, quelles traces explicites ou implicites de leur lecture, de leur usage, les individus –selon leurs appartenances– lais- « La ville japonaise : l’ordinaire de l’esthétique », in Le goût de belles choses, MSH-Mission à l’ethnologie, coll. Ethnologie de la France 19, 2004, pp.11-34. Séminaires, colloques, journées d’étude Angkor–Siem Reap : temps long et enjeux contemporains. Journée d’étude organisée par l’IPRAUS avec le soutien des Amis d’Angkor et de l’UNESCO, Paris : Ecole d’architecture de Paris-Belleville, 19 novembre 2004 (équipe IPRAUS Asie). que d’un atelier de la 4ème conférence internationale de l’EUROSEAS (European Association of Southeast Asian Studies), 01-04 septembre 2004, Paris : La Sorbonne (IPRAUS/LASEMA/EHESS : S. Clément, Ch. Goldblum, N. Lancret, M. Franck) Les villes aux marges de la métropolisation. Coordination scientifi- Séminaire Patrimoine et Developpement urbain au Laos, 29 avril 2004, Paris : Ecole 40 sent-ils derrière eux ? Quelles pratiques directes de ces lieux donnent-ils à voir ? Quels discours concordants ou contradictoires tiennent-ils sur ces lieux ? d’architecture de Paris-Belleville (IPRAUS/ Ateliers du patrimoine de Vientiane/Maison du patrimoine de Luang Prabang : équipe IPRAUS Asie avec E. Pouille de la Maison du Patrimoine de Luang Prabang, Ch. Sayarath et l’Atelier du Patrimoine de Vientiane). Lettre IPRAUS n°15 L’architecture de la ville en Asie. Coordination scientifique d’un atelier du 1er Congrès Asie organisé par le CNRS et l’EHESS, 24-25 septembre 2003, Paris : MAE (IPRAUS : Ph. Bonnin et N. Lancret). • Vientiane. Patrimoine et ville contemporaine. Journées d’étude organisées par l’IPRAUS et les Ateliers du Patrimoine de Vientiane (P. Clément, Ch. Sayarath), 20-22 novembre 2002, Vientiane (RDP Lao). Programme détaillé dans la Lettre IPRAUS n° 14, pp. 14. Expositions Bangkok Metropolitan. Exposition des travaux des étudiants de la formation de DPEA en architecture et aménagement urbain sur les Métropoles d’Asie-Pacifique (EAPB, EAPLV, IFU) de l’année 2003-2004, Paris : Ecole d’architecture de Paris La Villette, novembre 2004. L’exposition sera présentée à l’Ecole d’architecture de Paris-Belleville et l’Université de Chulalongkorn à Bangkok au début de 2005. DPEAMAP 20032004> Vientiane … Luang Prabang : patrimoine et développement durable. Exposition des travaux du programme d’inventaire du patrimoine architectural, urbain et paysager de la ville de Vientiane et du programme de la Maison du Patrimoine de Luang Prabang (RDP Lao), Paris, Ecole d’architecture de Paris-Belleville, 26 avril-14 mai 2004. Hong Kong 2003. Exposition des travaux des étudiants de la formation de DPEA en architecture et aménagement urbain sur les Métropoles d’Asie-Pacifique (EAPB, EAPLV, IFU) de l’année 2001-2002 et 2002-2003, Paris : Ecole d’architecture de Paris Belleville, décembre 2003. Atelier Hong Kong 2001-2002. Exposition des travaux des étudiants de la formation de DPEA en architecture et aménagement urbain sur les Métropoles d’Asie-Pacifique (EAPB, EAPLV, IFU) de l’année 2001- • 2002, Paris : Ecole d’architecture de Paris Belleville et de Paris-Le Villette, novembre 2002. Vientiane, patrimoine et ville contemporaine. Exposition des travaux du programme d’inventaire du patrimoine architectural, urbain et paysager de la ville de Vientiane (IPRAUS/Ateliers du patrimoine de Vientiane : Ch. Sayarath et l’équipe des Ateliers du patrimoine), Vientiane : Ecole des Beaux-Arts, novembre-décembre 2002. Etude de l’îlot de Vat Ongtu et Vat Chanh à Vientiane. Exposition réalisée sur l’îlot test des pagodes Chanh et Ongtu dans le cadre du programme d’inventaire du patrimoine architectural, urbain et paysager de la ville de Vientiane (IPRAUS/Ateliers du patrimoine de Vientiane : Ch. Sayarath et l’équipe des Ateliers du patrimoine), Vientiane : monastère de Vat Ongtu, 2001. Enseignement • DPEA Métropoles d’Asie-Pacifique (MAP) Responsables scientifiques : Pierre Clément (EAPB), Charles Goldblum (IFU) et Yong-Hak Shin (EAPLV, coordinateur pédagogique) Autres enseignants : Clément-Noel Douady, Jean-Jacques Dupuy, Inès Gaulis, Nathalie Lancret, Christian Pédelahore, Christian Taillard, Zhang Liang Doctorants associés : Emmanuel Cerise, Lisa Ros, Wijane Noree Ce DPEA et post-diplôme en architecture et aménagement urbain sur les grandes villes d’Asie- Pacifique est organisé par les écoles d’architecture de Paris-La Villette et de Paris- Belleville, avec l’Institut Français d’Urbanisme de l’Université de Paris VIII- Saint Denis. Habilitée par la Direction de l’Architecture et du Patrimoine depuis 1984, cette formation répond à un double objectif : développer Lettre IPRAUS n°15 l’analyse, les méthodes d’approches et l’instrumentation de connaissances spécifiques sur les phénomènes urbains dans l’aire Asie-Pacifique ; former des professionnels à l’intervention architecturale et urbanistique. Sur le principe d’un travail de terrain, la formation privilégie trois démarches : l’analyse des formes urbaines et architecturales existantes, l’étude des processus de développement, la pratique du projet urbain sur les sites étudiés sur le terrain et choisis pour leur valeur démonstrative des mutations en cours. Depuis 2001-2002, les terrains ont porté Bangkok et Hong Kong ; cette année, deux terrains seront réalisés à Bangkok et à Siem ReapAngkor. Renseignements et inscriptions : Ecole d’Architecture de Paris-La Villette 144, rue de Flandre 75019 PARIS Email : [email protected] 41 • Thèses soutenues • Pornthum THUMWIMOL Métamorphose urbaine et permanence paysagère. Les aventures de la patrimonialisation de Bangkok. L’île de Rattanakosin (1978-1997), Thèse de doctorat en architecture soutenue le 9 avril 2004 sous la direction de Pierre Clément, université Paris 8, écoles d’architecture de Paris-Belleville, Paris-Malaquais, Paris-la-Villette et Versailles Cette thèse analyse les effets de la patrimonialisation de l’île de Rattanakosin entre 1978 et 1997. Elle analyse les métamorphoses urbaines et les permanences paysagères, éléments de référence dans la formation et l’évolution de Rattanakosin. L’aspect historique, physique ou spirituel, de ces permanences est confronté au contexte urbain actuel. Elles démontrent que l’eau est l’élément fonda- teur de la ville ancienne, que trois axes d’extension urbaine, Rajadamnoern, Bamrungmuang, et Charoernkrung, ont été les facteurs essentiels de la métamorphose de la cité, en favorisant activités, extension et liens entre le centre ancien et la métropole. Depuis 1978, ces permanences sont devenues l’élément clef de la politique de patrimonialisation. Supports incontestés du développement urbain, économique et touristique, elles guident la stratégie des acteurs des projets d’aménagement, pour requalifier le centre ancien et rétablir son image en l’intégrant dans la réalité et les besoins du futur. • Bounleuam SISOULATH Vientiane, stratégies de développement urbain. Processus et acteurs de l’urbanisation dans la capitale de la République Démocratique Populaire Lao, Thèse de doctorat de géographie présentée le 28 avril 2003 à l’université Paris X Nanterre. Dirs. Charles Goldblum et Christian Taillard. Elaborée par un haut responsable de l’aménagement de Vientiane et fruit d’une expérience professionnelle peu commune, la présente thèse retrace les différentes phases de l’évolution de la capitale laotienne et envisage son développement dans le contexte des mutations régionales de l’Asie du Sud-Est. Elle apporte un éclairage original sur les processus de transformation de la capitale lao au cours du 20èmesiècle et constitue ainsi une contribution unique à la connaissance de Vientiane, ville la moins étudiée parmi les capitales de l’Asie du Sud-Est. En l’absence d’un corpus d’études urbaines antérieures, cette recherche a pris appui sur l’important matériel de cartes et de plans, anciens ou récents, rassemblés et traités au sein des deux programmes de recherche en coopération actuellement en cours sur Vientiane et auxquels 42 l’auteur contribue : Vientiane : structures et dynamiques de l’urbanisation et Inventaire du patrimoine et développement urbain. L’analyse de ces documents cartographiques, dans la première partie de la thèse, permet d’établir un état des lieux de l’urbanisation aux principales phases de la croissance urbaine, en liaison avec l’évolution démographique et avec l’extension du périmètre urbain. De ce point de vue, la mise en place des grands équipements, des réseaux physiques et de services est un bon indicateur des réponses apportées aux exigences fonctionnelles de la capitale. Cette approche retraçant l’histoire de la ville depuis sa refondation sous protectorat français, notamment à travers le développement des formes du bâti, met en évidence l’existence d’un mode de fabrication urbaine particulier : la fixation spatiale des populations sous la forme d’en- tités villageoises, laquelle conduit, par juxtaposition, à une configuration urbaine étalée. Dans sa seconde partie, la thèse prend appui sur les plans et documents d’urbanisme afin d’étudier les reconfigurations urbaines actuelles : les aménagements publics (notamment dans le domaine des infrastructures), généralement associés à l’aide internationale, trouvent désormais leur complément dans les réalisations privées, à la faveur de l’ouverture du pays à l’économie de marché. Cette démarche permet ainsi d’identifier les nouvelles conditions de la production urbanistique, celle-ci tenant désormais moins à l’imposition des directives portées les schémas d’aménagement qu’à la capacité d’articuler des logiques de projet portées par des acteurs de plus en plus diversifiés et dont le poids est fonction des financements qu’ils peuvent mobiliser. Lettre IPRAUS n°15 • France MANGIN La place du patrimoine urbain dans le développement du centre-ville de Hanoi sous la direction de Charles Goldbmum, doctorat ville et environnement, Université Paris VIII, thèse soutenue le 5 juillet 2002 En l’an 2000, pour la célébration des festivités du 990e anniversaire de la capitale, Hanoi, des interventions de restauration de monuments remarquables (avec la reconstruction d’édifices disparus sur le site de l’ancienne Citadelle) ont éclairé d’un nouveau jour les précédentes périodes de prise en charge du patrimoine, notamment pendant la colonisation française. C’est en suivant, dans une structure chronologique, la trajectoire d’une élaboration urbaine spécifique (dont plusieurs composants perdurent jusqu’à aujourd’hui) et, en parallèle, la trajectoire de lieux symboliques (dont certains deviendront des monuments historiques), qu’il devient possible de caractériser la notion de patrimoine urbain à Hanoi dans sa phase instauratrice, à partir du début du XIXe siècle (moment où des militaires français interviennent sur la Citadelle, élément urbain essentiel). Comme le montre l’exploitation de documents tels que les cartes et les plans, les ouvrages décrivant Hanoi et les dossiers • des Archives, l’investissement de la ville vietnamienne par les Français dans les dernières décennies du XIXe siècle jusqu’aux années 1930 s’est caractérisé par une incompatibilité de sens entre le concept importé de monument historique et la vision vietnamienne de l’édifice monumental : phénomène qui a entraîné la destruction ou la disparition de nombreux éléments du patrimoine urbain. En 1906, la publication de la première « liste des Monuments Historiques » de Hanoi inaugure la protection officielle par les Français de plusieurs monuments (en majorité religieux) vietnamiens. Entre ce moment et la dernière liste établie par les Français en 1938, le rôle de l’Ecole française d’ExtrêmeOrient (comme le font apparaître les Bulletins publiés) demeure alors essentiel dans la sélection des objets à préserver, dans leur prise en charge et dans les choix de doctrine de restauration, à Hanoi mais aussi en Annam, à Angkor ou au Laos. Dans ce contexte, vont également émerger les différences de points de vue des acteurs face aux enjeux physiques et symboliques autour des monuments (et des monuments historiques) devenus prépondérants par rapport au patrimoine urbain dans la progression de la ville moderne organisée notamment par les grands urbanistes coloniaux. Avec l’édition, par les Vietnamiens, de la liste des « Vestiges classés » à Hanoi de 1962 jusqu’en 1997, le lien se reconstitue entre la fin des années 1930 et la période actuelle. A partir de ce document, complété à la fois par les nouvelles tendances qui émergent de colloques internationaux traitant du patrimoine et des monuments de Hanoi et par les actions menées récemment sur place, il est possible de connaître la manière dont sont considérés ces éléments aujourd’hui et d’évaluer la distance parcourue par rapport à ce qui a fondé leur prise en considération. Thèses en cours sous la direction de Pierre Clément • Emmanuel CERISE Entre pratiques habitantes et planification, Hanoi, 1986-2003. A Hanoi, les habitants ont une activité architecturale et urbaine intense qui participe de la permanente “ re-création ” de la ville. Cette dynamique a pris une tournure toute particulière dans cette période de transition que connaît le Vietnam depuis l’ouverture économique de 1986 qui coïncide avec la politique de « Renouveau » du Doi Moi. Les projets et pratiques des habitants se manifestent partout, sous des formes différenciées, parfois là où on les attend le moins. La planification urbaine, du moins quand elle s’attache à l’aménagement de nouveaux quartiers de résidence, témoigne de cette dynamique, sans doute plus instinctive que raisonnée, héritée des usages de l’espace domestique par les habitants de Hanoi. La rencontre se fait entre, d’une part, la planification jouant sur les trames de voirie et les réseaux, sur des projets de ville, de grands projets ou encore des lotissements entiers, et, d’autre part, l’action des habitants créant et recomposant leur environnement proche. Elle donne lieu à des échanges réciproques Lettre IPRAUS n°15 entre les échelles architecturale et urbaine, entre des temps de projet parfois long parfois court, voire très court, entre des structures anciennes et des composantes nouvelles. Elle peut prendre la forme d’une juxtaposition, d’une contagion de proche en proche, d’une opposition ou d’une rupture, parfois conflictuelle, parfois consensuelle. Elle est multiple. Cette thèse nous interroge autant sur les fragments de ville résultant de cette dialectique que sur les transformations des architectures et des tissus existants. Nous cherchons à identifier et à comprendre les liens entretenus entre les formes complexes qu’elle suscite et les structures spatiales historiques de Hanoi. Villa coloniale transformée croquis : E. Cerise, Hanoi, 2002 43 • HUANG Quan Le L’urbanisation d’un village au fil de l’extension urbaine : un microcosme de l’évolution urbaine rapide de Canton Cette thèse s’attache à l’étude morphologique et sociologique d’un village, autrefois rural, Shi-Pai, situé à l’est du périphérique de la ville de Canton. L’auteur s’efforce tout d’abord de distinguer les différentes phases qui constituent l’histoire du village, de l’époque, avant 1980, où son économie était orientée vers la production de fruits et légumes à destination des marchés de Canton, jusqu’à l’état actuel où le village est gagné par l’extension urbaine vers l’est de la ville de Canton. L’auteur s’attache ensuite à l’exploration approfondie du village en essayant de discerner qui en sont les usagers et comment ceux-ci vivent, utilisent, organisent cet espace villageois, encore si différent d’un véritable espace urbain, démontrant notamment qu’il n’est plus un village comme il le fut par le passé, mais un lieu profondément influencé et transformé par la vie urbaine et sociale qui l’a progressivement gagné. Parallèlement, l’analyse comparative de la composition morphologique urbaine et architecturale du village aux différentes époques charnières de son histoire, de l’usage des bâtiments dans et autour du village mène à poser l’hypothèse qu’un nouveau centre urbain est en cours de constitution. Ce processus est dû à trois facteurs essentiels : l’évolution urbaine vers l’est, la situation propre au village au sein de cette évolution et les migrants, nouveaux habitants qui s’installent à Shi-Pai et se substituent peu à peu aux habitants originaux du village. Enfin, l’auteur s’interroge sur la place qu’occupe ce village urbain dans l’histoire de l’urbanisme social et commercial de Canton. • Stéphanie BOUFFLET • Lisa ROS Montagne-eau, dans le projet urbain contemporain de Pékin La formation de Phnom-Penh, capitale moderne d’un jeune Etat-nation : 19541970. verticalisation de la ville chinoise - cas de Shanghai : du lilong à la tour. • CHEN Shu Du souffle à la continuité de l’espace naturel dans la ville. Etude comparée Extrême-Orient/Occident. • Olivier PETIT Mise en perspective de la métropolisation en Asie à partir de l’étude de cas de villes nouvelles coréennes. • Wijane NOREE Vientiane. La place du centre historique dans la constitution de la ville moderne. • SHU Yang Le rapport ville-fleuve : un double regard sur Wuhan et Shanghai. Charles Hanoï, objets, acteurs et métamorphoses d’un espace singulier. Syncrétisme architectural et pluralité urbaine (1873-2000). La forme de l’espace urbain pendant la période historique et développement urbain. • Chayphet SAYARATH avec • Christian PEDELAHORE • LI Jun Expérimentation des relations entre l’architecture et l’acoustique. En co-direction Goldblum : Croquis extrait de la correspondance de G. Hanning et de R. Hansberger • Moïse SHEU Puxi-Pudong. Architecture urbaine des deux territoires. • XU Lu Transformation de la forme urbaine. La • Véronique SHEU Les compartiments chinois à Tapei : transformations et limites. • SON Seong-Tae Le centre de Seoul entre histoire et métropolisation. Formations, formes, transformations. • Thèses en cours sous la direction de Charles Goldblum (doctorant rattaché à l’IPRAUS) LE Quoc Hung Le compartiment chinois à HochiminhVille, du centre marchand aux extensions urbaines. Un élément de la constitution et de la transformation urbaines. Transformation typologique du compartiment (tronçon de Tran Hung Dao - Ky Hoa / lotissement n°15) > 44 Lettre IPRAUS n°15 Les ateliers transversaux de l’UMR L’IPRAUS constitue désormais l’une des équipes de l’UMR 7136 AUS “ Architectures, Urbanismes, Sociétés ” du CNRS, et participe activement à son programme scientifique. Ainsi, chacun des ateliers transversaux comprend-il au moins un membre de l’IPRAUS parmi ses coordonnateurs, en charge d’en impulser l’activité, d’en animer les débats et échanges, d’en faire connaître et valoriser les résultats : “ le projet comme action sur l’espace, (avec Nicole Eleb aux côtés d’Albert Levy et de Yannis Tsiomis), “ Paris : les échelles de la métropole ”, (avec Annie Terade et François Laisney aux côtés de Jean-Louis Cohen et de Thierry Baudouin), “ Architecture de la maison et production de l’habitat périurbain ” (avec Jean-Michel Leger aux côtés de Monique Eleb et d’Eric Charmes), “ Persistances des structures spatiales et mutations dans les formes contemporaines des villes asiatiques ” (avec Pierre Clément et Nathalie Lancret aux côtés de Charles Goldblum et de Laurence Nguyen), enfin “ Identités et territorialisation ” (avec Roselyne de Villanova aux côtés de Jacques Beauchard et de Jean-Louis Violeau). Chacun de ces ateliers mène ses travaux à son rythme propre, en fonction des proximités et échanges déjà engagés entre les équipes et les chercheurs, ou bien nouvellement à construire, et soulevant parfois des questions nouvelles. Trois d’entre eux sont particulièrement avancés et rendent compte ici de leurs activités, en projetant des publications prochaines. Ils ont généré parallèlement de nouveaux échanges entre équipes : ainsi, plusieurs membres de l’UMR (Jean-Pierre Traisnel, Maïté Clavel, Philippe Bonnin) ont-ils pu participer au colloque de Cerisy-la-Salle de septembre 2004 “ Les trois sources de la ville-campagne ”, sur la question de l’étalement périurbain, de ses causes et de ses conséquences. • Atelier « Paris, les échelles de la métropole » Coordination scientifique : Annie Térade, François Laisney, Jean-Louis Cohen, Thierry Baudouin Organisation : Annie Térade L’atelier « Paris, les échelles de la métropole » s’était assigné un triple but : - approcher la globalité de l’échelle métropolitaine (à partir des conditions économiques et politiques de la globalisation, de la question des mobilités, de l’histoire du développement territorial sur le long terme…) ; - saisir les articulations à l’échelle intermédiaire (en reliant projets particuliers et stratégies globales, logiques publiques et investissements, temporalités de l’aménagement, intercommunalité…) : - remonter aux causalités à l’échelle locale (à partir de l’observation de pratiques concrètes : formes du partage de l’espace public, transformations d’usages, évolution de la sociabilité urbaine, échelle architecturale des bâtiments et leur pratique…). Pour sa première année, le travail de l’atelier s’est organisé autour de deux formes d’actions : - un inventaire des travaux, achevés et en cours, développés au sein de l’UMR AUS et centrés sur Paris et son agglomération a été confié à Amina Sellali ; aujourd’hui achevé, il sera très prochainement disponible sur le site de l’UMR et son existence annoncée par mailing à des personnalités scientifiques, politiques et/ou administratives de la métropole ; Lettre IPRAUS n°15 - sept séances thématiques ont été organisées sous forme de séminaire, chacune autour de la présentation de travaux suivie d’un débat ; les comptes-rendus de ces séances (dont liste suit) sont également consultables sur le site de l’UMR. 17/10/2003 : Réunion de lancement de l’atelier 08/12/2003 : Mobilité - Urbanité (avec Karen Bowie, La gare d’Austerlitz ; François Laisney, Le tramway, retour d’expériences ; Jean-Clande Traisnel, Confort et économies d’énergie : quels enjeux ? - Modérateur : Annie Térade). 16/01/2004 : Vides et latences 1 (avec Olivier Pégard, La fête foraine ou l’habillage du terrain nu ; Hélène Soulier, Terrains vagues - Modérateur : Philippe Bonnin). 12/03/2004 : Vides et latences 2 (avec Yann Renaud, Les projets urbains alternatifs : squats d’artistes et associations de défense des quartiers à Paris ; Elsa Vivant, Le squat d’artistes : analyseur des mutations urbaines contemporaines ? - Modérateur : Thierry Baudouin). 26/03/2004 : Banlieues d’hier, banlieues d’aujourd’hui (avec Amina Sellali, La formation des banlieues de Paris au XIX e siècle : le cas de l’actuel 20e arrondissement ; Anne Grillet-Aubert, Destins contrastés des Grands Ensembles de logements sociaux). 05/04/2004 : Développement durable et gouvernance (avec Sabine Barles, Une approche métabolique de la ville : Paris, XIX e -XX e siècles ; Thierry Baudouin, Roissy, pôle portuaire métropolitain). 10/05/2004 : Infrastructures territoriales et urbanisation (avec Solenn Guével, Les canaux parisiens comme éléments fondateurs de la forme urbaine au XIXe siècle ; Nicolas Fonty, Identité contre générique, ou comment décoder les formes urbaines de la nébuleuse parisienne). 11/06/2004 : La mémoire de la ville (avec Clara Sandrini, Politique urbaine et mémoire collective à Paris, de 1945 à 1980 ; Rosemay Wakeman, La spécificité de l’urbanisme parisien des années 50). À la fin de cette première année, l’atelier « Paris » enregistrait un peu plus de 50 inscrits, dont une dizaine extérieurs à l’UMR (invités d’une séance, et/ou personnes ayant demandé à être informés des travaux de l’atelier). Pour 2004-2005, trois séances se sont déjà tenues : 17/11/2004 : Paris comme modèle, les modèles de Paris 1 (avec Jean-Louis Cohen, Paris importe - Paris-Berlin ; André 45 Lortie, Paris échange - Émetteurs et récepteurs, les agents des transferts). 17/12/2004 : Paris comme modèle, les modèles de Paris 2 (avec Patrick Leitner, Paris-New-York ; et…, Paris-Moscou). 20/01/2005 : L’habitat de la bourgeoisie parisienne (avec Monique Éleb). 15/02/2005 : Paris - Banlieue : du concept historique à une réalité en évolution. Les nouveaux projets du territoire (avec Bernard Landau et Simon Ronai). Quatre autres séances sont actuellement prévues. En voici la liste indicative, qui sera dans les meilleurs délais complétée par les dates et les thèmes des interventions : - Patrimoine et urbanisme opérationnel à Paris (avec Pierre Pinon, Philippe Gresset, Karen Bowie et Annie Térade). - Quelle politique urbaine parisienne avant Haussmann ? (avec Annie Térade et Frédéric Cacaut). - Les halles : démocratie et projet urbain (intervenants à définir). - La recherche urbaine et Paris : offre universitaire et demande municipale (avec Amina Sellali, Bilan thématique des re- • cherches de l’UMR ; un responsable de la recherche à la Ville de Paris). Au terme de cette seconde année, une publication de l’ensemble des travaux de l’atelier est prévue (sous forme d’ouvrage de librairie ou de publication en ligne, de façon à entrer en corrélation avec les initiatives des autres ateliers de l’UMR). Belleville. La mémoire de la ville - photographie : Ph. Bonnin Atelier « Identités-territorialisation » Coordination : Jacques Beauchard, Jean-Louis Violeau, Roselyne de Villanova L’atelier transversal de l’UMR s’est constitué en octobre 2003 composé d’une équipe ayant répondu au texte d’appel dont voici un extrait : L’atelier vise à dessiner les territorialités nouvelles où se projettent pour partie les traces de(s) l’être(s) collectif(s). Sans omettre les lieux mimétiques, construits par les grands nombres suivant la variété des cohortes et des foules qui marquent par leur présence de façon régulière, alternée ou cyclique des types de centralité. L’ensemble de ces petites territorialités s’insère dans l’espace “ transactionnel ” en cours de construction suivant des aires locales et des zones d’activité. Ici, il nous intéresse de voir comment la mobilité engendre de la permanence et des liens avec le monde. Finalement la résille de ces observations spatio-temporelles offre des nœuds d’identification où s’expriment les comportements individuels et collectifs. Des représentations identitaires s’affirment, qui, à leur tour entraînent la transformation des lieux, des sites, des territoires et des espaces. Il nous intéresse de dé- 46 crire les processus par lesquels ces représentations s’élaborent et demeurent en mouvement. A tous les niveaux évoqués, cette recherche vise à être appliquée aux politiques de la ville. Nos hypothèses et nos enquêtes devraient nous permettre de rejoindre en certains points la démarche “ projet ” elle aussi transversale à l’UMR ou encore les travaux de l’atelier sur la métropolisation de la capitale. L’atelier s’est assigné pour tâche : 1) de reconsidérer la notion de territoire par rapport aux formes que prend la mobilité des sociétés aujourd’hui, de la confronter aux notions d’espace et de lieu, de manière dynamique : territorialisation des identités/identifications, représentations ; 2) de constituer parallèlement un lexique en s’appuyant sur les travaux présentés dans l’atelier. Au cours de la première discussion, il a été rappelé que dans le contexte actuel, les termes de territoire, frontières, sont l’objet de débats assez nombreux et nous obligent à être vigilants sur l’originalité de notre apport. A été posée la difficulté de travailler ces notions dont les acceptions peuvent varier selon les disciplines des sciences sociales, notamment celles qui sont représentées dans l’atelier (géographie, histoire, sociologie, anthropologie, architecture). Il s’est dégagé deux directions dans la problématisation : d’un côté, des notions qui interrogent, éclairent, celle de territoire et de frontières en tant qu’unité, en tant que forme “ mobile devant intégrer la diversité ” de l’autre des notions qui décrivent et éclairent des pratiques d’identifications et de territorialisation individuelle ou collective qui se confrontent à des entités politiques, administratives, etc. convoquant des questions telles que l’appartenance, l’appropriation, etc. Une première série de débats a eu lieu en 2003/2004 autour des interventions suivantes : Les territoires péri-urbains de loisirs, le cas du camping-caravaning sur parcel- Lettre IPRAUS n°15 les privées ( F. Poulain ), Génie du territoire et identité politique (J. Beauchard), Espace(s)- Lieu(x) (M. Clavel), Identités, territoires et notion de rassemblement à partir d’une enquête sur les jeunes en banlieue et les usages de l’espace public (J. Boissonnade), Les espaces de l’entredeux : mobilité, interaction et mixités (R. de Villanova) Puis nous avons discuté sur la constitution d’un lexique de notions replaçant territoire et identités dans une constellation de termes (J.L. Violeau). Cette première phase de fonctionnement de l’atelier s’est clôturée par une journée de réorientation thématique : il apparaît que nous travaillons sur des processus et non sur des entités figées. Nous voyons la nécessité d’une confrontation entre les échelles des territoires politiques, administratif, visant à la construction d’une unité, d’une cohésion, à l’intérieur de frontières et les pratiques sociales et représentations (identification personnelle ou communautaire locale, structurées ou non à partir de l’espace habité, -bandes de jeunes, actions associatives- identification à partir des valeurs du travail etc… Discussion sur la thématique de la publication finale et constitution d’un comité de lecture (50% UMR ; 50% extérieur). La deuxième étape de fonctionnement de l’atelier est bien avancée avec les séances suivantes qui se tiennent en 2004/ 2005 : Travail et territoire. Le cas de l’Allemagne de l’Est (M. Manale). Quelle(s) représentation(s) pour quel(s) territoire(s) (C. Salmon) Ethnie-cité : les jeux de l’altérophobie (F. Moncomble), La fabrique politique de l’espace (l’observatoire de la démocratie locale à Créteil) (B. Goussault), Appropriation différentielle du territoire par les jeunes scolarisés d’un quartier de banlieue (J. Deville). Deux figures socio-spatiales de la proximité : le village, le quartier (G. Baudin) Une version du territoire dans le “ communautarisme ” russe à partir d’une enquête sur les habitants d’appartements communautaires à Moscou (C. Azarova), Nommer, habiter (Ph. Bonnin). Etat d’avancement du lexique qui s’est enrichi et resserré à l’appui des contributions (J.L. Violeau) Cette deuxième phase s’achèvera en mai/ juin 2005 avec la préparation d’une publication collective. • Persistance des structures spatiales et mutations dans les formes contemporaines des villes asiatiques Coordination scientifique : Pierre Clément, Charles Goldblum, Laurence Nguyen, Nathalie Lancret Si la recherche sur l’architecture et la ville en Asie est ancienne, elle est aujourd’hui confrontée à une nouvelle donne relative au contexte de transition – ouverture et internationalisation des économies – et aux effets d’accélération de l’urbanisation, là où précisément le fait urbain avait été mis en cause dans son existence même dans la seconde moitié du XXe siècle. Il en résulte des mutations profondes, notamment dans les formes, les échelles et les dynamiques des projets qui entrent en jeu dans la fabrication des villes. Une attention particulière est ici portée aux rémanences et aux persistances de formes architecturales et urbaines anciennes confrontées à des modèles exogènes dans la conception et la mise en œuvre de nouveaux projets, mais également dans les pratiques habitantes et les “ manières de faire ” des usagers de la ville. L’enjeu de cet atelier réside dans la promotion d’une valeur ajoutée aux travaux déjà engagés. Le principe est d’interroger ou de ré-interroger nos travaux respectifs à partir de thématiques distinctement identifiées auxquelles chaque intervenant puisse faire écho, liées aux phénomènes de persistance de structures spatiales anciennes appréhendées dans leur dimension projectuelle. Cette orientation permettra notamment d’aborder la question de la lon- Lettre IPRAUS n°15 gue durée, d’identifier les composantes fortes et récurrentes de la ville asiatique, de dégager des actions volontaristes et des intentions moins conscientes qui entrent en jeu dans la formation des villes. Il a été décidé de privilégier l’étude des formes contemporaines de la ville, dans leurs dimensions projectuelles, et remonter dans le temps pour en comprendre la genèse, les permanences et les transformations. En cette occurrence, trois principales thématiques de recherche ont été identifiées. 1. Privilégiant des travaux d’ethnoarchitecture et d’anthropologie de l’espace, un axe porte sur l’architecture de la maison considérée à la fois dans ses spécificités – comme révélateurs d’originalités culturelles – et dans ses rapports à la forme urbaine ; ceci faisant l’hypothèse que la ville se fabrique à partir de ses composantes architecturales et que l’habitat, de ce fait, participe de la formation urbaine. Ces travaux ont donné lieu à des analyses des politiques du logement dans certaines villes asiatiques. Ils s’intéressent également à la question des limites, fluctuantes et mal définies, entre les espaces privés et publics, domestiques et communautaires. 2. Une deuxième thématique s’appuie sur les travaux d’architecture et d’urbanisme comparés qui traitent de la formation et des transformations des villes asia- tiques considérées sous un angle historique et dynamique. Ceci afin de rendre compte de la genèse et les grands bouleversements qui s’y opèrent, notamment dans le contexte de métropolisation. Il y est aussi question des logiques des fondations urbaines anciennes et des projections, des créations, voire des re-créations de nouveaux espaces urbains (quartiers, villes nouvelles et villes satellites). Les interrogations portent ici sur les modalités du renouvellement urbain, de la transmission et de la reproduction de modèles fondateurs, de formes d’urbanité et d’antériorité de la ville. 3. Un troisième axe de recherche porte sur les stratégies patrimoniales dans le monde asiatique contemporain, notamment dans la création architecturale et urbaine. Sont notamment abordés les sujets suivants : ambiguïté de la notion de patrimoine et diversité des valeurs, le patrimoine comme projet, les projets comme patrimoine du futur, le patrimoine et la modernité, voire la post-modernité, les recompositions virtuelles du patrimoine … Il s’agit à la fois d’identifier des formes spécifiques de constitution des systèmes urbains – résistances ou retour de modèles et de pratiques – et de s’interroger sur les façons de patrimonialiser, notamment lorsque les objets patrimoniaux rentrent dans les champs politique et économique. 47 Enseignement de recherche L’IPRAUS participe activement à l’offre d’enseignement post-diplôme et doctoral offert par les différentes composantes de l’UMR. Le statut et la forme exacts de cette offre sont nécessairement en pleine recomposition sous l’effet de la réforme LMD. On pourra cependant en prendre connaissance, dans sa forme encore actuelle, par les sites Web de l’IPRAUS et de l’UMR (www.parisbelleville.archi.fr/ipraus et www.univ-mlv.fr/~www-ltmu/UMR) d’une part, par la Lettre de l’IPRAUS n° 12 et le livret de présentation de l’UMR AUS d’autre part. Quelques nouveautés se sont ajoutées récemment : le séminaire mené en collaboration avec l’EHESS et l’EA de la Villette, “ L’habiter dans sa poétique première ” ; la publication de réflexions, d’expérimentations et de travaux sur la pédagogie ; enfin un colloque spécifiquement réservé aux doctorants et post-doctorants, créé et organisé par trois doctorants de l’UMR, dont deux de l’IPRAUS (J. Boissonade et S. Guevel, aux côtés de F. Poulain). Les chercheurs permanents de l’UMR et de l’IPRAUS y ont évidemment apporté leur concours pour présider les séances et discussions sur les communications (R. de Villanova, M. Manale, Ph. Bonnin, aux côtés de J. Beauchard et J. L. Violeau). L’UMR souhaite récidiver de manière biennale ce genre d’opération. • A propos de la définition d’un doctorat en architecture Débat proposé par François Laisney La notion de projet est au cœur de l’enseignement de l’architecture. Sa nécessité a été réaffirmée, parfois jusqu’à la caricature, dans la précédente réforme. Dans l’enseignement, on peut distinguer deux apprentissages : Celui de la réflexion sur le projet (le discours) ; celui de la capacité à mettre en œuvre (par le dessin). Cours de théorie et studios correspondent en gros à cette dualité. Une fois la capacité à projeter acquise et vérifiée (master, diplôme), deux voies s’ouvrent : - Celle des spécialisations, post-masters d’un an à trois semestres y compris pourquoi pas en projet (type master-class) et doctorat en trois ans ; - La voie du doctorat. Celle-ci est autre. Elle implique une reconnaissance par une communauté scientifique élargie pour laquelle l’architecture atteint un statut de discipline autonome mais qui partage et emprunte des concepts aux disciplines proches. Le doctorat a pour objet final l’élaboration d’une thèse, discours prenant comme objet un fragment réduit du savoir qu’il traite avec exhaustivité (avoir fait le tour de ce qui existe sur la question). La matière en est l’architecture, à la fois objet empirique, mais aussi champ théorique très ancien et en perpétuelle définition (voir le texte de Y. Tsiomis). Le doctorat est la construction laborieuse d’un texte, dont on peut par ailleurs souhaiter le raccourcissement en volume et en temps, la question n’étant pas là. Le fondement de la thèse doit rester du ressort du seul logos. La définition du titre et du contenu est essentielle (est-on dans le champ ou hors-champ ?). La thèse est un travail intellectuel d’accouchement, d’affinement et d’enrichissement perpétuel d’un objet intellectuel. S’agissant d’architecture, la notion de pro- 48 jet (projection, outillage) est présente. Elle utilise le dessin comme moyen analytique (schémas, restitutions), mais le dessin, même élaboré, ne peut venir ici qu’en appui du texte, du logos. Cette démarche intellectuelle implique le deuil momentané de sa propre capacité de projeter en architecture, de son propre désir de projeter vers lequel toutes les études ont tendu. Il faut, tout en restant dans l’architecture, passer de l’autre côté du miroir, dans la figure de l’observant ou de l’analysant. Projeter et analyser sont ontologiquement incompatibles. Les postures intellectuelles qu’elles impliquent sont antagonistes et fondamentalement contradictoires. Elles peuvent naturellement coexister mais dans des « temps » différents, alternativement. La thèse implique un moment ascétique assez particulier pour un métier tout entier porté au désir de transformation du réel. La réduction du temps d’élaboration de la théorie entraînera une certaine augmentation du nombre des doctorants mais demeurera le fait d’une élite qui sacrifie quelque chose de soi au lieu de courir après une compétition. Dans notre pratique d’enseignants du DEA « projet architectural et urbain », nous discriminons immédiatement les sujets qui relèvent d’une réflexion distanciée sur un processus de projection, de ceux qui sont de l’ordre du projet finalisé, qui relèvent de la volonté de projeter. Dans ce dernier cas, le discours ne pourra être qu’explicatif, auto-analytique ou justificatif du projet. Je ne crois pas à l’hybridité des deux démarches à la fusion transcendantale au bout de trois années de plus entre la production du mémoire et du projet de 5ème année qui sont eux bien distincts. On peut imaginer un doctorat d’architecture comme super-diplôme pour une élite sélectionnée (néo « Prix de Rome »), cherchant dans la « problématisation » de l’architecture la justification de son « chef d’œuvre ». Un projet architectural même très « problématisé », tout comme une problématique de l’architecture illustrée par un projet, n’ont rien à voir avec la problématisation d’un sujet de thèse en architecture. Certains nouveaux doctorats de projets italiens représentent en fait des super-projets dessinés accompagnés de discours théoriques pseudo-conceptuels qui maintiennent l’architecture dans une sorte d’isolement académique. Le cas de la récente thèse en arts plastiques est significatif. Le thésard présente parallèlement deux objets bien distincts : sa production artistique propre, témoignage d’une étape de son parcours créatif personnel et un texte complètement séparé en réalité la vraie « thèse » qui utilise tous les outils des sciences « proches de l’art », histoire, anthropologie, philosophie, etc… La validité de cette thèse sera fonction du degré de reconnaissance de la communauté intellectuelle universitaire élargie. En fait, c’est la reproduction de la dualité TPFE/mémoire sauf que dans ce cas, le mémoire a pris une grande dimension. Je vois mal comment l’évolution de la thèse en architecture pourrait aller au-delà de cet exemple (faire en même temps un projet et une thèse en trois ans). La sagesse montre la nécessité de consolider l’acquis de la recherche actuelle en architecture et de partir sur les bases de l’expérience capitalisée et toujours construite sur la base du bénévolat des enseignants. Dynamiser, accueillir de nouveaux enseignants, augmenter le nombre de thèses (si les moyens suivent), mieux dialoguer avec les praticiens restent des évolutions souhaitables. Lettre IPRAUS n°15 • Séminaire Architecture et anthropologie : L’habiter dans sa poétique première Organisation : Augustin Berque, Alessia de Biase , Philippe Bonnin, Cynthia Ghorra-Gobin, Jean-Paul Loubes, Yann Nussaume, Jean-Yves Petiteau, François Robatel, Jacques van Waerbeke. Date et Lieu : EHESS, 2004-2006, le jeudi de 18 à 20h, à partir du 4 novembre2004. Dichterisch wohnt der Mensch, « l’humain habite en poète » : ces mots de Hölderlin nous ont hantés depuis le commentaire que Heidegger en a fait dans sa conférence Bâtir, habiter, penser. Ils introduisent à une ontologie de l’habiter qui a subverti les dogmes fonctionnalistes du mouvement moderne en architecture. Un demi siècle après la fameuse conférence de Darmstadt (5 août 1951), cet ensemble de quatre séminaires vise à établir un panorama, une synthèse et une projection des changements qui se sont produits depuis dans nos conceptions et nos pratiques de l’habiter. Ce • questionnement croise diverses échelles, de la localité du site aux grands équilibres de la biosphère, des cultures locales aux dynamiques de la mondialisation, de la possibilité d’un vernaculaire contemporain à celle d’une cosmicité retrouvée. Pluridisciplinaire, il réunit des champs que l’architecte à lui seul ne peut jamais tous intégrer dans sa formation ni dans sa pratique, et qui pourtant sont les champs où œuvre nécessairement son architecture : de l’ontologie à l’écologie, de la géographie à la poétique... Par dessus tout, ce questionnement insistera donc sur les thèmes génériques pouvant conduire à une vision plus cohérente et plus authentique du rôle de l’architecture dans le déploiement de l’écoumène : oikoumenê Gê, la Terre en tant que demeure humaine. Les quatre séminaires se succèdent comme suit : L’architecture située : le 1er jeudi du mois ; L’architecte et la Terre : le 2e jeudi du mois ; Architecture et milieu au Japon : le 3e jeudi du mois ; Médiance et soutenabilité dans l’habitation japonaise : les 4e et 5e jeudis du mois. Publications sur la pédagogie HODDE Rainier, “ L’efficacité pédagogique entre écoute et expérience : enseigner n’est pas apprendre ”, in André Sauvage et Ali Cheikhrouhou (dirs) Conception d’architecture. Le projet à l’épreuve de l’enseignement, L’Harmattan, 2002, pp. 69-78. HODDÉ Rainier, “ Cadres et méthode pour créer collectivement un enseignement : “ Références et projet ” en première année à Paris Malaquais ”, in Enseigner l’architecture en premier cycle-écoles d’architecture Rhône-Alpes, Lyon-Grenoble- Saint-Etienne. Publications de l’Université de Saint-Etienne 2004, pp. 155-162. HODDE Rainier, “ Dessein et destin de l’architecturologie ”, Archiscopie, n° 32, mai 2003, pp. 25-26. 3VI : Ville Visible, Ville Invisible Organisation : France Poulain, Jérôme Boissonade, Solenn Guével Comité d’organisation : Philippe Bonnin, Jean-Claude Deutsch Comité scientifique : Patrice Aubertel, Bruno Fortier, Ariella Masboungi, Claude Prelorenzo et Caroline Varlet Ce colloque scientifique pluridisciplinaire, initié et organisé par les représentants des doctorants et docteurs de l’Unité Mixte de Recherche CNRS 7136 AUS Architecture Urbanisme Sociétés et l’Ecole Doctorale Ville et Environnement, a réuni le 22 octobre 2004 à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, plus de 130 personnes, dont 40 jeunes chercheurs ou doctorants qui ont exposé le résultat de leurs travaux autour des relations entre ville visible / ville invisible. Pour comprendre comment la ville se construit et se produit, il semble intéressant de s’interroger sur les relations existantes, ou supposées, entre la ville visible (celle que l’on peut analyser en se rendant sur le terrain) et la ville invisible (celle des acteurs). Aujourd’hui, l’étude du rôle des acteurs dans la production de la ville est de plus en plus fondamentale pour comprendre l’évolution d’un fait urbain. Loin d’être l’œuvre d’un urbaniste démiurge imposant “son” œuvre, la ville est façonnée par une multitude de projets avancés par des élus, des habitants, des techniciens, des passants… Elle évolue, pous- Lettre IPRAUS n°15 sée par des nécessités, portée par des choix et orientée par des controverses qui mobilisent des desseins contradictoires. Mais dans quelle mesure, modèles, références, cultures, mémoires, publicités, images, ambiances… participent-ils à cette construction de la ville visible ? Quelles sont les méthodes d’évaluation permettant de les mettre en évidence ? Dans quelle mesure la construction de l’évaluation elle-même influe-t-elle sur les résultats ? C’est dans un aller-retour permanent entre acteurs et formes urbaines ou architecturales, que nous tenterons de mieux percevoir ce qui se voit et ce qui ne se voit pas, ce qui existe (ou devrait exister) et ce qui est (ou semble) “absent”. C’est ce jeu entre la ville visible et celle invisible des pratiques et des désirs, celui entre l’espace physique et l’espace social, économique, historique, artistique… qui motive cet appel à communication. Il y a ici l’idée que nous ne serions pas dans une simple opposition, confirmation ou complémentarité entre ces différents espaces, mais que chacun s’ajuste, reconfigure et travaille les autres. C’est sur ces relations complexes que nous souhaitons avancer. Les disciplines attachées à l’urbain ont en effet tout à apprendre de ces regards croisés. Ce colloque vise à assurer la promotion des travaux récents ou en cours des doctorants et des jeunes chercheurs rattachés aux laboratoires travaillant sur la ville et ses territoires. L’appel à contribution a rassemblé plus de 70 propositions françaises et étrangères, dont une trentaine a été sélectionnée et présentée au sein de six ateliers modérés par différents spécialistes (sociologues, urbanistes, anthropologues, architectes…) : Processus - Espaces publics - Participation et planification Patrimoine et représentations - Enjeux sociopolitiques - Pratiques et institutions. Premier d’une longue série, ce colloque ouvre des perspectives pour demain, grâce à la publication de ses actes prévue début 2005. Cette publication regroupera l’ensemble des interventions, mais aussi les débats soulevés au sein de chaque atelier. 49 Des nouveaux locaux pour l’IPRAUS L’Ecole d’architecture de Paris Belleville doit s’installer sur le site de l’ancien Lycée technique Diderot boulevard de La Villette. Des travaux importants sont en cours, réalisés par l’agence Philippon, architecte, pour le compte de l’Emoc maître d’ouvrage. L’Ecole disposera là de locaux beaucoup plus importants, doublant ainsi sa surface. Nous vous présentons ici la maquette du projet. Maquette de la future école d’architecture de Paris Belleville et des nouveaux locaux de l’IPRAUS, Philippon architecte > • Un projet et ses usagers : participation, anticipation et évolutions autour des bureaux de l’IPRAUS Initiative et présentation de ce travail : Rainier Hoddé Participants : Philippe Bonnin, Emmanuel Cerise, Michèle Lambert-Bresson, Nathalie Lancret, Jean-Michel Léger, Hang Le Minh, Eliane Nicolino, Annie Térade et Roselyne de Villanova La participation des usagers ajoute encore une dimension à cette « ingénierie hétérogène » caractéristique, selon John Law et Michel Callon, du projet d’architecture. C’est probablement pour cela qu’on y renonce, et que l’on subit son espace plus qu’on ne le décide (matériellement) et le réfléchit (conceptuellement). Tout à l’air trop compliqué car trop imbriqué, et un accord entre tous pour dessiner un espace forcément partagé semble hors d’atteinte. Le déménagement de l’Ecole de Paris-Belleville a permis de voir qu’un peu de méthode et de volonté engageait pourtant de réels acquis. Dans un premier temps, les discussions avaient porté sur la localisation la plus satisfaisante de notre laboratoire tant en soi que dans ses relations avec les autres composantes de l’école. Mais lorsque l’on en est arrivé à l’échelle des bureaux de chacun, la reproduction paresseuse de ce qui était -plutôt que l’exploration de ce qui pouvait advenir- l’a d’abord emporté, avant que le dessin soudain du projet ne fît l’effet d’un électrochoc en 50 montrant que la reproduction serait aussi celles des insatisfactions liées aux locaux actuels. Il importait avant tout de tomber d’accord sur une méthode (en référence aux travaux de Conan, Kroll, Mendel, Zetlaoui, Zeizel et d’autres) qui consistait à explorer collectivement les problèmes plutôt que de précipiter les solutions. Il fallait donc d’abord prendre le temps d’entrer dans le projet déjà avancé qui nous était soumis afin de comprendre ses qualités et ses défauts, les interactions quotidiennes qu’il entraînerait et impliquerait, son possible et probable habité pour chacun. Il fallait en parallèle interroger ce que nous faisons effectivement au quotidien dans les locaux de l’IPRAUS, c’est-à-dire partir des présences (permanente ou ponctuelle), des pratiques du travail (rédiger en solitaire, se réunir pour une tâche commune, stocker des travaux d’étudiants ou les étapes d’une recherche, recevoir un collègue en étant tranquille, etc.) voire des envies probables de changer d’environnement dans le temps (passer d’un espace ouvert à un espace plus propice au repli, etc.). Ce qui s’accompagnait d’un réel effort pour s’affranchir de la configuration actuelle de bureaux tous identiques et tous inconfortablement partagés à deux ou trois, Lettre IPRAUS n°15 configuration que reconduisait le projet proposé. C’est ainsi que nous avons progressivement formulé des propositions qui visaient essentiellement à produire des bureaux différents dans un univers professionnel idéologiquement très soucieux d’égalité, et à répondre à des individus très autonomes qui dans les faits devront néanmoins partager des espaces et y trouver satisfaction. Quelques réunions ont été suffisantes pour mûrir cette évolution. Le Comité de pilotage du 26 février 2004 déclenche la première réunion interne à l’IPRAUS le 2 mars 2004 qui permet de rédiger le document “ Relogement de l’école d’architecture de Paris-Belleville. Observation de l’IPRAUS ”, daté du 04/ 03/2004 et qui sera diffusé. Une seconde réunion interne à l’IPRAUS a lieu le 10 mars 2004, préparatoire à la réunion du lendemain prévue dans les locaux de JeanPaul Philippon en présence de l’EMOC et de la direction de Paris-Belleville Au cours de ces deux réunions internes se dégageront ainsi : les points considérés comme acquis dans l’état actuel du projet et qui s’adressaient à tous les partenaires du projet ; les points qui nécesPlans des nouveaux locaux de l’IPRAUS 1) documentation siteront encore réunion d’approfondissement interne à l’IPRAUS dans les jours qui suivront celle du 11 mars 2004 ; les questions que nous adressons aux architectes afin de mieux comprendre leurs intentions et de ne pas aller à l’encontre du projet en cours d’étude ; les points de détails restants à ne pas oublier de pister dans la suite du projet. Une réunion entre l’architecte, la maîtrise d’ouvrage et les chercheurs de l’IPRAUS mandatés a lieu le 26/05/2004 autour du dossier de Permis de construire. Nombre de nos remarques avaient alors été intégrées au développement du projet (Une synthèse est réalisée dans un document intitulé « Relogement de l’école d’architecture de Paris-Belleville, Observation de l’IPRAUS » daté du 26/05/2004) et nous exprimons notre satisfaction face à cette écoute active de nos avis préalablement fédérés et organisés. Une dernière réunion interne à l’IPRAUS a lieu le mardi 26 octobre 2004, réunion qui aurait dû préparer celle programmée le vendredi 22 octobre 2004 à l’EAPB et dont l’objet était le mobilier. La note rédigée et diffusée au Comité de pilotage quelques jours après fait le point sur ces questions en re- prenant toutefois deux points encore problématiques. Une dernière réunion de réglage devrait donc avoir lieu avant le bouclage du dossier. Le projet a ainsi fait l’objet d’un véritable travail collectif (interne à l’IPRAUS) et dialectique (entre l’IPRAUS et les maîtrises d’œuvre et d’ouvrage). Cela est d’autant plus surprenant que nous nous sommes vraiment intéressés au projet très tardivement, mais visiblement il était encore temps d’ouvrir le dialogue. Il semble aujourd’hui validé par chacun, c’està-dire que chacun s’y reconnaît et peut s’y projeter. Nous devons cet essai appliqué de démocratie participative à quelques principes simples tant d’ordre cognitifs que méthodologiques : - un rôle de véritable médiateur interne à l’IPRAUS (cf. Latour : s’intéresser à la façon de décider collectivement plus qu’au contenu de la décision), sans idées vraiment préconçues (je ne sais pas ce qui est bon pour les uns ou les autres ; je ne sais pas ce qu’il faut faire) - une écoute interne des arguments de chacun afin de complexifier le problème avant de dégager des pistes de solution (posture ancrée dans les travaux de Conan sur la conception) - une exigence de travail (réunions préparées et compte rendus) corrélative d’une volonté de trouver un consensus de vie ensemble - le non-empiètement sur le travail du maître d’œuvre - la bienveillance de la maîtrise d’ouvrage. 2) bureaux des chercheurs Lettre IPRAUS n°15 51 Hommage à Isaac Joseph C’est Isaac Joseph qui m’a fait découvrir le monde des transports et de la mobilité ; il m’a fait découvrir ce monde et ses techniques ; il m’a fait découvrir la multiplicité de relations que ce monde entretient avec la ville. Je n’ai malheureusement pas retenu tout ce qu’il m’avait appris, n’ayant pas été toujours suffisamment attentif. Et puis je me disais : « A l’occasion je le lui redemanderai.» Voilà cependant ce que je peux vous dire aujourd’hui. D’une manière générale, Isaac était toujours là où on ne l’attendait pas, ce qui est la moindre des choses pour un chercheur. Une de ses qualités premières, même. C’était les années 1987-1988. Dès son arrivée au Plan urbain ( il travaillait alors déjà avec la RATP) Isaac a réussi à être à la fois conseiller scientifique du programme « Espaces publics » animé par Jeanne Levasseur et initiateur d’une action de recherche inscrite dans le programme « Services urbains, gestion locale » consacré aux services publics et organisée avec Claire Gillio. Dés le début, donc, il s’affirme comme un dynamiseur de recherche finalisée ! Espaces publics, services publics, titres de programmes de recherche au Plan urbain mais, aussi, deux dimensions essentielles du tissu urbain. Et pour tricoter l’étude de ce tissu, Isaac nous convie à faire jouer ensemble l’aiguille « recherche » et l’aiguille « expérimentation ». I – Quels objets étudier, avec quelles problématiques ? II – Quelles démarches adopter ? I– L’objet étudié (les gares) – les problématiques retenues (croiser espace sensible et relation de service) Il s’agit donc de penser, structurer, expérimenter un travail de recherche appréhendant, ensemble, espaces publics et services publics. A cette époque, à la fin des années quatre-vingt, le terme de « Public » fait l’objet d’un certain nombre d’affirmations ou 52 de remises en cause qui le bouscule dans le processus de privatisation, le réinterroge à partir de la notion de collectif ou le réactualise en s’inscrivant dans les débats qui, au début du XXème siècle, avaient mobilisé les juristes, et suscité des controverses, notamment, entre Maurice Hauriou et Georges Duguit. L’un insistait alors, en effet, sur la notion de puissance publique, tandis que l’autre soulignait la place prépondérante occupée par les usagers. En ce qui le concerne, dans ce foisonnement intellectuel, Isaac nous invite à « fertiliser mutuellement » deux notions de « Public ». D’abord la notion de « Public » qui, comme nous venons de le voir, s’enracine dans la pensée juridique et politique française et ses controverses. Et la notion fait alors référence à un bien commun. Cette construction juridico-politique de la notion de « public », Isaac nous invite à la confronter aux apports de la sociologie urbaine américaine et, plus particulièrement, aux travaux des chercheurs de l’école de Chicago et d’Erwin Gofmann ; cette sociologie urbaine américaine met l’accent, sur la ville et, au sein de celle-ci, sur le partage, l’interaction, la négociation. Ces interrelations s’opèrent au sein d’un collectif. Dans cette perspective, le « Public » est, alors, un collectif en action. De fait, penser ensemble ces deux notions – un public, bien commun, et un public, collectif partagé, - comme nous l’y a incité Isaac, a profondément enrichi notre manière d’aborder les espaces et les services publics et nourri la lecture puis l’analyse que nous en avons faites. Très vite, les gares nous sont apparues le lieu idoine pour traiter de ce bien public, commun et partagé, pour étudier, à la fois, les enjeux des espaces publics et ceux des services publics ; les gares se présentent, alors, comme le point d’application sur lequel un certain nombre de travaux de recherche peuvent être menés ensemble pour s’enrichir mutuellement et pour susciter des dynamiques entre chercheurs et praticiens. Au même moment, en 1988-1990, l’ouvrage de l’ethnologue Marc Auger, consacré à ce qu’il appelle « les Non-Lieux de la modernité », fait grand bruit. Parmi ces « Nonlieux » qu’il a identifiés, les gares occupent une place significative. Dans nos travaux, nous ne l’avons pas suivi dans sa démonstration et, pour caractériser les gares, nous avons préféré retenir la définition donnée par Georges Amar qui a inventé, pour elles, le terme de « Lieux-Mouvements de la Ville ». Ce terme rend bien compte de la double inscription des gares : inscription dans les mondes du fixe et du mobile, et inscription dans les mondes des hommes et des femmes qui les fréquentent, y travaillent, y vivent parfois. Dans le souci de conjuguer « espaces publics » et « services publics » et afin de tisser le tissu d’hypothèses et de questions qui guide le travail mené, nous avons retenu, pour en être la trame et la chaîne, l’espace sensible et la relation de service. C’est ainsi que pour la démarche de recherche qui sera menée, penser l’espace sensible ce sera prendre en compte l’espace sonore, l’espace lumineux, l’espace olfactif (dimensions longtemps méconnues de l’espace public). Pour sa part, penser la relation de service c’est mesurer l’importance de ces milliers de contacts humains quotidiens qui se nouent ou simplement s’esquissent entre agents de base et usagers pour l’accueil, les contrôles, les renseignements, les réclamations… Actuellement, dans la suite des analyses de l’espace sensible menées au Plan Urbain, mais aussi dans le prolongement de travaux réalisés au Plan Construction et Architecture (je pense à l’ouvrage de Pascal Amphoux), une réflexion se met en place au PUCA pour étudier les ambiances, ambiances urbaines, ambiances publiques avec Roger Perrinjacquet et Michèle Sustrac. Ce thème des ambiances est également abordé, mais avec un autre angle d’approche, dans le programme « Polarisation sociale de l’urbain et services publics » . Dans ces deux cas sommes-nous loin de l’écologie urbaine telle qu’elle a été mise Lettre IPRAUS n°15 en exergue par l’école de Chicago dont les travaux ont été traduits pour la première fois en français par Isaac et Yves Grafmeyer ? Espaces publics et leurs espaces sensibles, services publics et leur relation de service, l’expérience de recherche vécue avec Isaac prouve qu’il est possible de concevoir une approche de la ville, de ses territoires, de ses habitants, avec deux thématiques de recherche qui s’enrichissent mutuellement bien qu’ayant été construites initialement indépendamment l’une de l’autre. Ce « tricotage » d’angles d’approche, de questions posées, de thèmes abordés permet ainsi de découvrir des dynamiques inédites mais, aussi, d’expérimenter des méthodes innovantes. Les méthodes de recherche mises au point avec Isaac, méthodes qui pourraient être réutilisées dans d’autres opérations de recherche, se sont fixées pour objectifs de contribuer à l’affirmation de la rigueur scientifique des procédures retenues, de s’enraciner dans des terrains concrets et de prendre en compte les attentes des partenaires et acteurs de la ville. II – METHODOLOGIE Pour rapprocher chercheurs et opérationnels, pour mobiliser les acteurs de l’urbain intéressés par le devenir des gares en prenant en compte leurs propres expertises mais, également, pour enrichir la démarche de travail des chercheurs, deux méthodologies expérimentales ont été mises en place dans les programmes sur les gares. Il s’agit, d’abord, d’un programme de recherches coordonnées, focalisées sur un site : la Gare du Nord et, ensuite, d’un programme de recherche à « incitation partagée » : Gares et Quartiers de Gares. A – Le programme de recherches coordonnées : la Gare du Nord Pour Isaac, la gare du Nord devait être le Plozevet des années 90. Plozevet, ce bourg breton du Finistère, avait été le point nodal des recherches sur la modernité. La gare du Nord devait être l’occasion de rééditer, en la renouvelant dans le monde urbain, la démarche adoptée par Edgar Morin, dans les années 60, en Breta- Lettre IPRAUS n°15 gne. Ainsi, avec la réalisation du programme du recherche, la gare du Nord deviendra le Plozevet des années 90 et l’analyse des espaces et services publics sera l’entrée privilégiée pour appréhender le monde des métropoles urbaines. Dans cette perspective, pour contribuer à une meilleure connaissance de la gare et assurer un transfert de savoir-faire, six recherches furent engagées ensemble afin de mieux répondre aux défis nés de la décision d’accueillir Eurostar. Ces recherches ont été financées et suivies conjointement par la DRI (devenue DRAST), la SNCF, la RATP, le Plan Urbain. A la gare, pendant le déroulement des recherches, des rendus intermédiaires des travaux engagés sont présentés aux personnels des entreprises publiques de transport à l’occasion de rencontres qui se tiennent, tous les deux mois, sous un chapiteau dressé dans une cour de la Gare du Nord. Se crée ainsi un espace public de débat. En outre, sur le site de la gare, chaque chercheur dispose de deux correspondants, l’un appartenant à la SNCF et l’autre à la RATP. Ces correspondants sont ses intermédiaires, ses facilitateurs d’accès, ses interlocuteurs au quotidien . De cette manière, jour par jour, les échanges ont été continus tout le long de l’avancée des recherches. De plus, grâce aux chercheurs, les agents de la SNCF et de la RATP, qui ne se fréquentaient pas et qui ne se parlaient pas, ont commencé à échanger et communiquer entre eux. Ils se sont associés au déroulement des recherches. Cela a, notamment, permis l’élaboration d’un diagnostic partagé et la mise en place d’un suivi local des recherches. Ces dernières avaient souligné le caractère décisif de la substitution d’une gare, territoire des usagers, à une gare fragmentée entre territoires d’institutions autocentrées. Les agents, notamment ceux au contact avec le public, en avaient saisis l’importance de l’enjeu. B – Le programme de recherche à « incitation partagée » : Gares et Quartiers de Gares. Peu à peu, à travers les programmes sur les lieux-mouvements de la ville, une dynamique commune se met en place entre la SNCF et la RATP. Cependant, alors que cette dynamique prend de la vitesse, l’absence des collectivités locales et, en premier lieu, des communes, se fait sentir chaque jour un peu plus. Pour pallier cette lacune grave, le programme « Gares et Quartiers de Gares » a cherché à les intégrer à part entière dans la démarche de recherche et cela de trois manières : a ) les villes participent à la définition du contenu du cahier des charges de la consultation de recherche. C’est ainsi qu’en complément d’un canevas commun rédigé par Isaac, chaque ville intéressée (elles ont été 8) a élaboré avec nous un cahier des charges de questions de recherche qui lui était propre. b ) Les villes ont assisté au jury scientifique de sélection des projets. Sans participer directement à l’expertise scientifique des projets, expertise confiée à des scientifiques, les représentants des villes, comme ceux de la RATP et de la SNCF ont pu suivre le processus de sélection des projets. c ) Dans la mesure du possible, les villes ont co-financé les recherches engagées. Il y a donc eu un réel partenariat financier associant les villes, le Puca et la SNCF. Ainsi, Isaac ne nous a pas seulement entraîné dans l’exploration de thèmes de recherche nouveaux (espaces sensibles, relation de service) mais il nous a également motivé pour expérimenter des modes d’association nouveaux entre chercheurs et opérationnels (programme de recherches coordonnées, programme de recherches à incitation partagée). Pouvons-nous, alors, parler d’interactions entre le fond et la forme ? Pouvons-nous parler d’interactions entre les thèmes traités et les manières de les traiter, d’interactions entre des questions qui interrogent les espaces et les services publics et des dispositifs qui accompagnent la mise en place, l’élaboration et le suivi des réponses apportées ? De fait, avec Isaac, au quotidien, l’élaboration en continu d’un savoir partagé a transformé, pour moi, l’analyse de la « relation de service » en une relation d’amitié. Au revoir Isaac Patrice Aubertel Rencontre IPRAUS-PREDIT Mai-Août 2004 53 Dernières publications BONNIN Philippe (dir.), Manières d’Habiter, Communications, n° 73, 2002, 265 p. BOWIE, Karen et TEXIER, Simon (dirs), Paris et ses chemins de fer, Paris, Action Artistique de la Ville de Paris, 2003, 286 p. Dictionnaire de l’habitat et du logement, sous la direction de M. Segaud, J. Brun et J. C. Driant, Paris, Armand Colin, 2002. [contributions de Philippe Bonnin, Maïté Clavel, Roselyne de Villanova, JeanMichel Léger, Annie Térade] 54 DEBOULET Agnès, HODDE Rainier, Une medina en transformation. Travaux d’étudiants à Mahdia – Tunisie, Unesco-Most, 2003. DUMONT Marie-Jeanne, Le Corbusier. Lettres à ses maîtres vol.1, Lettres à Auguste Perret, Paris, Editions du Linteau, 2002, 255 p. GRILLET-AUBERT Anne, GUTH Sabine, Transport et architecture du territoire. Recherche : état des lieux et perspectives, Paris, Editions Recherches/Ipraus, coll. Questionnements, 2003. 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Archithèses, 2003. Bangkok. Formes du commerce et évolution urbaine BOONTHARM Davisi Paris, Editions Recherches/Ipraus, coll. Archithèses, 2005. Dans la civilisation chinoise, le culte de la mémoire prend souvent des formes qui n’accordent pas aux constructions prestigieuses des temps révolus la même déférence que celle qui a conduit l’Europe moderne à inventer la notion de patrimoine. Le livre de Zhang Liang s’attache à dévoiler et à comprendre les liens profonds et originaux qui unissent les Chinois à leur architecture ancienne et au patrimoine national. L’auteur, à travers des exemples historiques prestigieux et des analyses précises de cas de restauration urbaine, trace une histoire vivante des rapports conflictuels qui ont opposé, durant tout le vingtième siècle, les défenseurs d’une conservation rigoureuse du patrimoine architectural chinois et les « modernes » qui, poussés par la ferveur politique, ont préféré sacrifier les traces du passé pour mener la Chine vers le futur. Evoquant des figures importantes comme Zhu Qiqian ou Liang Sicheng, l’auteur nous montre le long combat, plus que jamais d’actualité pour Pékin, pour la défense et le respect des constructions anciennes et la reconnaissance d’un urbanisme modéré sachant adapter les caractéristiques architecturales traditionnelles aux exigences de l’urbanisme moderne. La mise en perspective de Bangkok sous l’angle du commerce ouvre sur une autre manière d’en lire l’identité et d’en comprendre les spécificités, voire les qualités. C’est en fait à une initiation à l’urbanité de Bangkok que l’ouvrage de Davisi Boontharm nous convie, tout en livrant d’indispensables clés à la compréhension des configurations complexes d’une métropole asiatique dans la mondialisation. Outre la mise en évidence de l’aptitude du commerce « à faire la ville », au travers de deux propriétés majeures, à savoir : produire et qualifier des formes urbaines d’une part, les enrichir d’autre part d’une urbanité spécifique, il convient aussi de reconnaître l’apport de ce travail du point de vue de la connaissance architecturale ellemême, notamment l’éclairage apporté aux temporalités historiques et à la dynamique du développement urbain par les extensions successives des formes commerciales. Editions Recherches Tél.: 01 44 74 04 01 www.editrech.freesurf.fr La LETTRE DE L’IPRAUS ISSN : 1763-6868 Réalisation Eliane Nicolino Emmanuel Cerise Ecole d’Architecture de Paris-Belleville 78 rue Rébeval 75019 Paris Tél. 01 53 38 50 51 Fax 01 53 38 50 50 www.paris-belleville.archi.fr/ipraus collection Les Cahiers de l’IPRAUS • Paris, formes urbaines et architectures. • Hanoï. Le cycle des métamorphoses, sous la direction de Pierre Clément et Nathalie Lancret. • Cités-jardins. Genèse et actualité d’une utopie, sous la direction de Ginette BatyTornikian et Amina Sallali. • Villes françaises au XIXe siècle : Aménagement, extension et embellissement, sous la direction de Michèle Lambert-Bresson et Annie Térade. à paraître en 2005 • Xi’an, la forme d’une métropole régionale (1949-2000), sous la direction de Pierre Clément, Bruno Fayolle-Lussac et Harold Hoyem. • Vientiane, patrimoine et développement urbain, sous la direction de Pierre Clément, Charles Goldblum et Christian Taillard. • Questionnements et savoirs : les sciences de l’homme et de la société face au projet architectural et urbain, sous la direction de Philippe Bonnin. collection Archithèses à paraître en 2005 • Patrimoine indochinois et environnement colonial. L’exemple de Hanoi , France Mangin. collection Questionnement • Conception et coordination des projets urbains, Nicole Eleb-Harlé. • Transport et architecture du territoire. Recherche : état des lieux et perspectives, Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth. à paraître en 2005 • Déplacements, Actes du colloque Architectures du transport : territoires en mutations, Anne Grillet-Aubert, Sabine Guth. Sommaire •Villes et architectures aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles : histoire des transformations architecturales et urbaines •Architectures du transport •Architectures et Sociétés Construction sociale et architecturale des limites : territoires, seuils, articulations entre privé et public 2 10 13 •Architectures et Sociétés 30 •Architecture de la ville asiatique : structures et mutations 37 •Les ateliers transversaux de l’UMR 45 •Enseignement de recherche 48 •Des nouveaux locaux pour l’IPRAUS 50 •Hommage à Isaac Joseph 52 •Dernières publications 54 Sciences sociales et architecture