Les idées morales d`Horace - Actividad Cultural del Banco de la

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Les idées morales d`Horace - Actividad Cultural del Banco de la
Philosophes, Penseurs et Grands Ecrivains
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GIRAUD
Les Idées Morales
d'Horace
Dellxleme
édtliOIt
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Este Libro fue Editado por la Biblioteca Luis Ángel Arango del Banco de la República,Colombia
LES
IDÉES MORALES
D'HORACE
Este Libro fue Editado por la Biblioteca Luis Ángel Arango del Banco de la República,Colombia
DU MEME AUTEUR
Paseal:
L'}¡OlllnW, l'lI'llYJ'C, \';nflllcne.·. 3' ,·,ditioll. ¡'e\"lIC, cOl'l'i~(>e et (~tHlSidt.·~J':¡))It'rneHt angnlentée.
1 vol. in-16, Paris,
,\. Fontell1l)ing3 fr. :;0
Essai sur Taine,
son ceuvre
et son infiuenee,
u'apri,s ues
donllll"lIh
iné(lits, fl\"(~I, des ext.r'tits de 40 nrtides
de Tainl'
non ¡·""tlCil!is dalls se!; lI'u\'res. Ou\'rag'l ('ourllflIH', ('al' )'''\c:<d"mi., fl'alll:aise (l'rix BOl·din). :1- ,,,litioll, rcvu.? I \,,,!. in-16.
I'nris, Hadwttc
3 fl'. :;0
Bibliographie
critique
de Taine, ~. i,dit.il)n rL'l"ollduú, 1 \'01.
in-K" d" la Hi'¡liolheqlle
'{es (J,'/¡{io(/{'(lphi",
I',.i¡i,/ues.
Paris,
A11'}¡oflse I'i"artl.
5 fr.
La Philosophie
religieuse
de Paseal
et la Penséecontemporaine.
·1' édition, l'l'nl<:, (,()ITi~""c et allgmcntée,
ILJroe}¡u¡'e
I'ctit. in-!l>, Paris, Blolld
O fl·. 60
Sainte-Beuve.
TalJle alphal)l~t;'lIlC el. anal.di/{u" des Premie,·s
[.1(1/1118
R\'f(re
el ['II/'troi!s
et .•.•
f}ft
(l'ar/,{'
Call1lann-r .•.·\'\·
Ch·ateaubriand.
"onlempo,'ains,aH":
\I'lcF(lu/esurSainte('/'itir¡tte,
~~ l·ditíOll, 1 \"pl. ill·lu.
Pal'is.
:l fr. ;,U
J·;tur/"s {itt(;"(lil'e8, J \".-.1. i 11- ]\i. Hachette
3 fr. ;,O
Chateaubriand
.\']'\1..\. HeprocltlO'tilln
,In I\~dit.ion origíllale
a\'ec unú Etlu!e sur lrtjo:ulle8.'le tic Chateaull/'iand, d'al'ri:,~
de~ ,lol'uments
ill(·,dit.5, 1\'01. petit in-1K. _\. Fontcl11oing 3 fr.
Opuscule~
ehoisis
de Paseal,
'-·Jiliull noun:ll,: re\"ue sur ¡('s
matlus('r¡ts
d ks Il\elll,~urs tl>:dc<, al'c<' utle llltrolll1l:tlOn l'l.
des note5. :¡- ,·"liti,'n. B!Ol\lI
O fr. Go
Pensées
ehrétiennes
et morales
de Bossuet,
,··.lil.ion tlOU\'l·lle, I'C\,Ul' sur les Oleillcnrs 1.""tes. al'C<' un •. íntl'llduetion
..t.
¡J.lS uotes, :~' "d¡tíOIl. Blo(¡d
,
() fr. (iO
Anticlériealisme
et Catholicisme,
1 IJI'ol'll!ll'C, petit in-Hi
(Q(Il'~t.jO/lS du jUlll') 2' é,litíO/l, BlllUd
1 fr. (;0
Livres
et questions
d'aujourd'hui,
1 In!. iu-IO, Hal'hett •.
:1 1"'. 50
Pensées
de Paseal,
,"dition noul',,]},? rc\'nl' Rur les manu»ITits
(·t le."i I)lt~i\leul's
tl'-:\.tes, n\"tl{~ 1111(~intI'odlll'tÍnll eL dc;.; notes,·
:1' ,-,(jiti(ln, 1 \'01. in-tu, Blllllll·
') fr. ~O.
Pensées
choisie,
de Joubert,
sllilil"~ dI> !l,;{ll';ciolt.'i,
fJeIl8"e.'
et 1JHLCinll'.<{
de Chatellu!JJ'ioi/,!,
cl\"ef'tllH~introdlh't-ioIl l't dC's
notéR (ponr par"ltr"
proc]¡ai,,,,ml'Ul
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librairi,; HloUtl).
Il fr. Gil
Ferdinand
Brunctiere.
:\"(,tp.s d SOUt cllil's,
I \'01. .'l!tL-<
p"t',>;,'" (p,mr I',,,·,¡itl'" il h liill'ai¡'i,' Bloud).
I>~n .,r.(·f)!U'atlon :
Le Christhni>me
de Chateaubriand:
les (ll'I~II¡CS, 1,<"",111tion, ¡'i\lIl\l<'¡(O'l!. ¡';//lIle "riti'l'u' -'tU' l'lti.'/Ilire des irll;,'s Icli!};e(t~t's '¡({1l~
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de 1101-
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fPHILOSOPHES,
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PENSEURS eL GRANDS ~RIVAINS-I
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Les Idées
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morales d'Horace
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Reprotuction
et trnduc~iuninterdites.
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Les Idées morales d'tIorace
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Quand Oll prononco devallt 1l0US le mot de
moraliste) ee mot évoque aussit6t anos yeux de
graves et austeros images qui nous en paraissent
le cortege inséparablt~. Il y a de ce phénomene
une double cause. D'ulle part, les progres de la
pensée et les exigences de la vio modorne nous
ont appris a toujours associer les notions de
moralc et d'etfort ; oí 1'oJ1'ort,nous en faisons tous
lesjours la douloureuso expérience, s'accommode
peu de ]a joie. D'autre part, IlOUSavons tous été
formés á l'éco)e de ees éerivains exquis) de ees
penseurs originaux et profonds, de ces observateurs tristes et san s illusioll, qui s'appellent
La Rochefoucauld
d Paseal, La Bruyere
ot
Vauvenargues. C'esí Ú oux que nous réservons le
titre de « moralistcs», et ]0111' ceuvrc nous parait
constituer un «genro» si heureux et si parfait,
que nous avons peine a coneevoir qu'on puisse
traiter de morale sans l'adopter. Ni ]e gen re, ni
les hommos n'aurai(:nt peut-Círe joui d'une aussi
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6
LES mÉES
"lORA LES n'1I0RACE
grande fa.veur parmi les anciens. Non qu'il n'y
ait eu chez eux des moralistes austeros: les noms
de }'Iarc-Aurele et d'Épictetc seraient lá pour nous
répondre. 1\[ais d'abord, ils ne séparaient
pas
COlll!ll~ nous la momle des autros recherches
intellectuellcs ; ils ne la confinaient pas dans un
genre spécial; elle pénétrait dans leurs ceuvres,
a'y insinuait d'une fugon plus ou moins profonde,
jamais, ou bien rarement, au point de tout envahir,
En second lieu, i1s eussent été effrayés peut-6tre
des diflicultés don t nous entourons le devoir; ils
nous eussent reproché notre tristesse et peut-etre
nous eussent-ilg accusés de pédantisme;
volontiers, sana doute, ils auraiont dit de notre vertu
ee qu'en a <.litplus tard l\lontaigne, qui en fait un
tres maussadc portrait et la déclare un «pUl'
fantosmo á estonner les gens ». Venus a la jeunesse du monde, vivant au grand air, sous le plus
doux et le plus radieux des climats, entourés
d'esclaves quí travaUlaient pour eux, l'existence
leur paraissait plus souriallte, et ilsfaisaient Inoins
d'efforts que nons pour la viyre. De la leur sérénité et Icur gaieté quand Hs auordent les questions
morales. Elles les préoccupent cependant; et si le
nom de moraliste convient surtout a ceux qui,
ayant agité quclques idécs dans leur vie, ayant
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observe longuoment
(lt curieusemcnt
les hommes
el les choses, ell rapporlent
b con víctiotl qne le
poiat de \"IlC lUoral ost le seul auquel
lo monde
mérite d'etre cIlvisa;.;-é et lui UOIlllcnt cn fin (le
comptc la place d'honn0ur
dans
bien des ancien;.; méritent
ca titro
lcurs iBuvrcs,
que nous asso-
cions plus \'olontiers
d'ordinairr,
Ú Lt \'t:n'c
indignee, 0\1 Ú l'amcrtllme
ironiqllc.
Parmi Cl1X,
et uu premier l'ang, iI faut mettre IIoracc,
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Moraliste, en effet, Hl'a été toute sa víe et dés
la premiére heure. Les premiéres poésies qu'il
eomposa furent des épodes, dont quelques-unes
déja. sont satiriques.
Puis vinrent les satires
proprement
dites.
01', la satire,
telle que
1'0nt con(;ue les Romains, est un genre essentiellement moral: c'est á la pratiqlle qu'elle tend,
e'est la réforme des mreurs qu'elle vise, et depuis
Lucilius jusqu'a Juvénal, toutes les reuvres satiriques it Rome ont eu ce commun earaetére. Rien
la, d'ailleurs, qui doive étonner, surtout chez un
peuple positif commo les Romains. Oll ne se
moque, en réalité, que de ee qu'on n'approuve
pas. Mais approuver ou bl;lmer, e'est porter sur
les hommes 011 les actes humains un jugement
moral; et quand ce jugement
est défavorable,
n'est-ce pas avouer, au moins ímplicitement,
qu'on a un idéal supérieur? De lá a exprimer cet
idéal moral, il n'y a qu'un pas. Ce pas, les satíriques romains l'ont presque toujours franchi, et
les préoccupations morales étaient trop vives chez
Horace pour qu'il ne le franch~t pas assez t61.
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{.ES
IDf;EB
~IORALES
O'IIORACE
9
Cela esí si vrui que, des su seconde satire, la
premiere n'étant qu'un jeu d'esprit [Sat., I, 7], le
besoin de moraliser, de donncr des conseils pratiques apparait déjÚ : il rappellc á la nature: il
veut q u' ({ elle mette une borne aux passions (1)).
Et pourtant, Horace est jeune; il a 2~)ans ; toutes
les passions de son Úge, illes ressent, i! s'y lin'e,
et, selon toute apparence, de f"(jon á mériter Juime me l(~sreproches qu'i! adresse il ceux <¡ui sont
immoderés dans kurs jouissances. C'est le temps
oÚ il compase les deux épodes les pl us intraduisibles de son muno [Epod. H et 12~,et iln'est pas
jusqu'á eette satire memo, ou les tendances
morales se maniCestent déjÚ, qui ne nous revele
sur ses Illmurs maint détail plus qu'équi\'oque.
11
faut done que les preoccuputions
morales soient
bien invincibles en lui pour qu'elles se fassent
jour ainsi, meme uu plus fort des passions de la
1)
s"ó.,
1,2, e, 7:1-7(;; 111-114.
At (IU<llltOllldiol'a llllmet, pugllantia ¡slis,
lJi \',;S opis llatur'a SlI'1" tu si 1110<10 I'eele
Uispell-;al'c velis, ¡ti, 110lJ fu;:iéll<la petelldis
IlIllnis',el'c,
....
, , ..•
:\Olllll; ('upidíllíhus slatuat ll:llUl'U lllodulll 'luem,
{hi<l lalul'a s¡f,i, 'Jllid sit rlo!itul'a lIegatum,
(~u;"l'el'c l'lu'i pl'o\¡,~-;t, et i!lill"! at¡SCilltl';l'l: :soldo
t
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10
LES
1D1~ES ~IORALES
\)'1I0RACE
jeunesse. No::!épicuriens modernes nous ont géneralement habitués a plus d'insoucianee.
CcHe morale des premieres annécs est, il faut
l'avoue1', un peu rudimentaire ; du moins, ella n'a
pas l'élévation poul' trait dominant. Cependant,
elle coutient en germe la plupal't des idées qu'Horace dé\'cloppem plus tard avec complaisance, et
cela nous prouve que la pensée du poete n'a guere
varié sur ce point. Frappé des divergences qui
éclatent dans la eonduite des hommes, Horace
s'irrite de eeHe Ji\'ersité; elle l'inquiete,
ella le
trou1>le : riell de fixe, den de S('l1' autour de 80i;
et pourtant, il faut bien s'arréter a quelque Ch08C
pour etre heureux. Ce besoin J'introduire
l'unitó
dans ¡'orurc pl'atique est des plus caractérisques
:
il marque au plus haut chef l'intention
morale
chez celui qui l'éprouve : ear, si la morate n'est
pas universelle,
faite ponr tous et bonna pour
tous, si ella n'ast qU'une simple rÓgle d'action
valablc pour un seul individu, ca n'est plus la
morale; elle n'a aueun d1'oit sur nous, et elle ne
peut nOU8 imposer aueune reelle obligation, C'est
ce qu'Horace a senti mieux que personne, et voila
pou1'quoi il a si souvent railIé I~ <liversité <les
opinions humaines sur la meilleure conduite á
suivre pour etre heu1'eux. l\Iais íl ne s'en tient
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11
[las ;t cette
ironir¡ue
constatatioll
<¡ui a défrayé
tant de foís les ouvrages des 8ceptirlues de toutes
les école- .• \ d8f"aut (l"un systémc de momio dogmatiqnc,
cc (IU'illH:
raudrajamais
lni deman(ler,
ilnowl llonne queI'lues
cOllseils prati'llleS
dont
tout le monde, cro,t-il, pont faire SOH profit. Ces
consoils se mmenc:llt ¿'t un seu], Pou!' iHre hellreux
et tranr¡uíllc,
il [¡wt se garder
C'est ¡ti un précepto
le poó:e a tonjours
reuvres
Dans
I:lO
xrrr,
dé\'cloppée
íl millo
aut.ant
systeme
fjll'il
natur0llc
on
pCllt
que los
précisant.
avcc
est déjÚ
finesse
l'indulgetlCé.
pour
est susceptiblc
connll,
HO
q ne toutes
qll'il nOllS faut rctenir
do ~ympathíc
des doctrines
vont
ne q ui preche
Ú.
le sait,
;t mCSllre
les traíts
sonl. éga1cil, el. il exhorte
inclieation
on
l'idée du rarpe rliclil
(1). Aillellrs,
Sé\'éri té stolcien
tel
l'excmple.
linéamollts
Peu á peu,
succe-dent,
l'épodc
auquel,
Hlljoindre
Tels sont les premienl
morales d'IIoracc.
excés:
memo en ce r¡ui r,-,;;arda
est le nx:m de la llature,
l'amonr.
de tout
C'est une
: lIoraee
a peu
le storcisme,
d'etr'e orienté
le rlirc
la
[es fautos
et,
vers un
Úpicurien.
N'y
(1) J~'flod, X JI r, e, 3-;, :
}{aphlHltl=-"
()('l:a~i()IH:1ll de
EL d"rel,
di,',
ol.Hiucltl
dUIll(lue
soh'atul'
\lIHtel
\"il,,'¡jl g.mu~,
fl'Ollt'l
SCl1t!r:l'lS.
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12
LES
IDÉES
~IORALES
D'UORACE
eut-i), d'ailleurs, que les imitations qu'il fait de
Lucréce dans sa seconde satire, cela suffirait
presque a nous le prouver O).
Oll pourrait,
en suivant l'ordre des années, étudier dans l'reuvre d'Horace le développement
de
ses idées morales et marquerIesétapessuccessives
de sa pensée. On observerait
aisément que ce
développement a été continu et logique, je suis
tenté de dire harmonieux : dans la pensée d'Horaco comme dans sa vie, il n'y a. pas de« crise »,
pas de brusque changement;
l'unité qu'elle nous
présente n'est pas artificielle, voulue et imposée
du dehors; elle provient, au contraire,
d'une
uatura un peu superficiella sans douta, mais riche
et heureuse, souplo et indépendante a la fois, qui
trouve en elle-meme sa regle et son propre principe d'action. C'est l'impression
derniere qu'on
emporte de la lecture
d'Horace. Moralista et
artiste tout ensemble, ilu'a jamais sacrifié l'art
a la morale; il les méle et les unit étroitement:
s'il ambitionne la gloirc lyrique, c' est sans doute
pour rivalisar avec les classiques grecs, mais
c'est aussi pour iIlustrer á l'occasion par des
imagos nobles ou gracieuses les préceptesmoraux,
les exhortations qu'il adressc a. ses amis ou ases
(1) Sat., 1,2, c. 38-54; -
Lt;CRi;CE,
IV,
u. 1115-1166.
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LES IDÍ';ES ~IOIULES
n'nORACF.
13
contemporai ns. n s'exerce, en un rnot, déjá dans
ses odes familieres au role de moraliste aimablc,
de conseiller délicat et ingénieux qll'on lui voit
tenir dans les Épltrcs et qui fut peut-etre sa véritable vocation.
C'est, en eJ1'et, dans le premier livre des Épitrcs
qu'il fatlt chereher l'exposé le plus complot de la
morale d'I1oraee. Non qu'il y Boit plus dOi!:matique
qu'a l'ordinaire: Horace n'a jamais été dogmatique; il a horreul' des affirmations trop absolues :
je ne sais, au cas oÚ on l'eut mis en demeure de
choisir, s'il n'el1t pas préféré le scepticisUlC meme
uu dogmatisme. Les systemes trop tranchants ne
80nt pas son rait; ils Iui paraissent eontenir plus
d'erreurs que de vérités : en tout eas, la vio pratique leur donne de si fréqucnts démontis qu'il
s'en déf1e Ú. justo titre. Pour lui, il n'est jamais
bien sÚr ¡¡'avoir raison; il souffre des contradictions en lui-meme comme dans les autres, et il
lui répugne de vouloir á tout prix toat eOllcilicr.
De lá les atténuations qu'il apportc sans ccsse á sa
pcnsée, les allégories ou les rabies, les breves et
spirituelles saillies dont il se plait á l'cnvclopper;
de la surtout l'éternel sourire qu'on lui dedne aux
lévres, méme quand il parle sérieusement, et qui
melc une ironie si attique á ses plus gravos théo-
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14
(.ES ID~:ES ~lOnALES n'1l0R.\C¡';
ries. ~Iais, pour etre discretes et parfois voilées, ses idées morales n'en ont pas moina leur
réelle valeur historique. Horace a envíron 40 ans
au moment oÚ il compose ses premieres épitres. A
cet age, on est revenu des illusions trop vives de la
jeunesse: déjÚ, l'on entre\'oit la vieillesse au delá
de l'horizon borné de la maturité ; la vie n'a plus
guére á 1l0US apprendre;
notre expérience des
hommes s'est enriehie autant qu'il était en elle;
<lésormais, ellc eessera ses conquetes, et le temps
est ven u de fairc le départ entre les mauvaises et
les bonnes aequisitions du passé. Les idées se
fixent et s'assagissent : on sent qu'i! ne faut retellir
d'ellcs que celles dont on aura besoin pour le reste
du voyage, et dont on a soi-meme 6prouvé déja
la valeur pratique. En un mot, le moment e81
bien choisi pour un sincere examen de conscienee
philosophique ou moral. C'est a l'étude d'un examen de ee gen re qu'lIoraee para1t nous convier :
il nous en fait lui-meme les honneurs avee sa
bonne grace habituelle.
Il semble bien que ee rut la lectura des poetes,
et en particulier d'Homere, qui le tourna définitivement du eóté des questions morales. C'est du
moins ce qu'illaisse entendre daos la charmante
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LF;S IDEES
MORALES
I)'HORACE
épitre qu'il adressa a Lollius (1) et 011 il conseille
aujeune homme la lecture de l' lliadf' et de l'Odys.
sée pour y puiser le gout de la sagesse. Le guido
ótait,:l eoup SU1', des pltl8 engageants; mais IIorace
eut·iI trouvé dalls le vieux poMe des lec;ons d'uno
si fine moralité, s'il n'avait pas eu la fermo intentian de les .v découvrir, !':i, en d'alltres termes, la
préoceupatioll Illorale n'était pas déj:'t vi\·cment
éveiJJée en lui'? II est au moins permis (}'en dOllter. Qlloi qu'i1 en soit, c'eat dans Homere qu'á la
fa~on des stolciens, le poéte prétend trollver un
exemple des différentca manieres dont se ecnJuisellt les homrnes: e'est aux amant.'; de PéJélope, aux courtisans
d'Alcinoi.is « uniqllemcnt
oeeupés de leur corpa » qu'il compare, pou: la
bliimer, «la fouJe neo poar jouir des LienH de
la terre». 01' cette foule, ce 80nt Jes épicurier.s de
moollrs et d'habitlldes,« les poureeaux d'Jépiel:Te»,
comme il dit ailJeurs lui-meme (2). Ce LJiune,
d'aillcurs íronique, est done un Jésaveu des principesles plus chers Ú I'épicurisme. El, de fait, I'épitre toutentierc estd'inspiration stoIcicn ne; elIerespire une morale élevée et sé,'ere. 11 faut, scutient
(1) Epi.st., 1,2.
(2) EfHst., 1, .1.
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16
LES
ID~:ES
~fORALES
D'UORACE
Horace, étutlier de bonne heure la sagesse, ROUS
peine d'avoir a s'en repentir plus tardo Toute la
víe, en elfet, se ressent de eette étude : cal' e'est la
sagesse seule qui apprend a bannir le désir et la
crainte, - les deux maux stolciens, - et a commander ases passions, eondition essentielle pour
étre heureux. Chrysippe et Crantor n'auraient pas
mieux dit, et il faut croire, en dépit d'Horaee,
qu'ils étaient moins étrangers qu'Homere a ces
nobles idées du poete.
Parti de l'épicurisme pratique, Horaee parait
done incliner maintenant vers le stolcisme. Mais
il n'ira pas jusqu'aux dernieres conséquences de
la doctrine j il n'imitera pas la passíon spéculative
avee laquelle les stolciens
reeherehaient
la
vérité. Il a bien soin d'en prevenir son jeune
ami: il lui faut plus de modération
dans la
sagesse, et il termine par eette profession de
foi : « Si tu restes trop en arriere ou que, dans
« ton ardeur, tu me devanees, ne compte pas
« que je t'attende,
ni que je cherche a te rat« traper (1). »
(1) Epist.,
1, 2,
O.
69-71.
•.. Quod si cessas, aut strenuus anteis,
Nee tardum opperior, nec prrccedentibus insto.
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17
C'est qu'au fond, Horace n'est storcien qu'Ú
demi ; il n'a guere que des vclléités de stoi'cisme ;
il admire volontiers cette grande ct pure doctrine ;
il sent qu'oll lui doit tout ca qui reste d'energie
dans les ámes romaines) et que, si le salut de la
morale est quelque part, il cst lÚ. )Iais l'effort
qu'elle impose Ú la volonté cst trop rude, ct)
d'ailleurs, qui sait si cette théorie cst plus vraie
qu'une autre ? .. La premiere epitre, l'une des
dernieres uu li\'re qu'il ait vraisemblaulement
éerites, et qu'on peut considerer comIlle son
testament moral, nous est un curieux et caracté ..
ristique témoignage de Son indécision philosophique. Le poete avoue :'t :\Iécene qu'en vieilliHsant, il a dit adieu Ú toutes les frivolites q li
occupaient Ha jeunesse:
les problemes morallx
1'ont pris tout cntier, et il amasse désormaís pour
les besoins de l'avenir. Mais il ne faut pas '.ui
uemander á quelle éeole il s'est rallié: « Je ne me
({ suis engagé, dit-il, ájurer sur la parole d'au(~un
« maitre;
partout oÚ me porte le vent, je
« m'arréte, hote passager.
Tantót j'embrasse la
« vie active, je me hasarde sur la mer orag¡~use
« des affaires publiques:
je suis le gardieu) le
« sectateur
rigide de la vertu véritable. T8,ntót
« je me laisse doucement
retombel' dars la
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18
LES
IDÉES
:llORA LES
D'IlORACE
«doctrine
d'Aristippe, et je m'elTorce de me
« soumettre les choses du dehors, non de me so u« mettre a elles (lJ. »On a reconnu 1á les deux
doctrines philosophiques qui se disputaient a10rs
la faveur des esprits éclairés, le stoi'cisme et
l'épicurisme. Horace fIoite de Pune a l'autre, et
flottcra toujours:
son aveu sur cc point eat
décisif. Sans doutc, il n'aura plus pour les philosophes du Portique les railleries cruelles qu'i!
leur décochait si sou vent jauis. nleme, on peut
dire qu'il. mesure qu'il vieiHít, il devient de plus
en plus stolcien: jamais comp1etement, cependant.
Dans la meme épitre, il fait de la philosophic un
éloge vraiment enthousiaste. Ellc tient licu de
tout: elle regle la conduite, elle consola, elle
guérit toute8 les passíons, l'amour de la vaine
gloire, la cupídité, l'envie, la calero, la paresse,
l'amour du vín et de la débauchc: il n'est, en un
mot, aucunc passion, si violente soit-elle, sur
(1) Epist., 1,
1,
v. 14-20 ;
Nullius addictus jUl'arc in verba magisll'i,
Quo me cumque rapit tempcslas, deferor hospes.
NUl1cagilis no, et mersor civilihus undis.
Vil'tutis vel'ea custos rigidusque satclles ;
Nunc in Aristippi fUl·tim prrecepta relaLor,
Et mihi res, non me rcbus subjullgcre conor.
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LES
WÉES
~I()I{ALES
U'nORAC¡';
laqueIle
el/El ne pUiS8C oxcrccr
uisciplo
do Zénon n'ctlt pas tonu un autre
Et en regard
sagesse,
de ectte souveraine
i! oppose
humaines:
ectto
ne l'irrite
memo
trouvé
son
19
puissance
!'inconstance
des
avec uneccrt.aine
tilions
pitiéanalogue
qnand
i[ déplore
dos hommos
de la
opinions
pas, ello
¡>a:-l
hOll ': N'a-t-il
le reml~de ? Et s'd g'en moque,
Lucreco
langa,;e.
foii", elle !lO le trouble
paso A ljlloi
Un
empire.
e'e~t plu ~ut
Úeelle qu'éprouve
ks
u\'cugles
et souhaitc
supen,-
do !cur COIUIUU-
niquer
sa foi dans la vérité
qu'il a cOlllluise.
El la piece se termine par un magnifique
portrait
uu
sage
( libre,
qu'au
seul ,Jllpiter;
il a II's honneurs,
( des rois
« quand
dernier
; surtout
le r:lIlme
Horaco
il scrait
la beallté;
no l'illcollllnoJe
Ad
e'est
ras (1).
dupe de son admiration
ne sont
le roi
» Le
tentl~s
tcmp')-
uu contraire.
pas ironique:l,
1,1, u. 105-10~.
SUlllmUIIl
Lihcl',
n'(st
il ESt
a ruerveílle
si IlOIlS étions
lá pOllr nOllS avertir
Si les vers qui précedent
(1) Epi,.;t"
le sage
il e:st riche,
il se porte
trail est significatif:
de croire
raire,
: « En sommc,
stoicien
(( inférieur
:
sapiens
hOIIOI'¡¡lll:';,
PI';pcipue sallUs,
UllO
pulclIer,
millO!'
cst Jove, d,\"es,
¡'ex. dellique
¡¡¡si fj'lUIll pituita
¡'cgull! :
Il,ulesla
..,st.
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20
LES
IDÉES
~IOHALES
U'HORACE
ils ne sont au moins pas d'un adepte qui ne rait
aucune réserve,
Horace est done éclectique en moral e, de son
propre aveu; et quand bien memo il ne nOllS le
dirait pas, il nous serait facile de l'induíre de ses
reuvres. Mais cette sagesse, a l'étude de laquelle
il veut consacrer ses dernieres années, quelle
sera-t- elle? Sur queJs principes doit-elle reposer '?
Quelles obligations impose-t-elle '? Et quels en
sont les résultats pratiques '? Car l'éclectisme ne
peut etre qu'une méthode : il conduit a l'adoption
d'une doctrine. QueJIe sera done cette doctrine?
lci, il ne faudrait paR prMer fiU poete une allure
trop systématique
dans l'enchainement
de ses
idées: ee serait bien plutOt dénaturer sa pensée
que de l'interpréter librement; et si 00 la lui eut
présentée sous ceUe forme rígide et dogmatique,
qui sait s'il n'eut pas été le premier a la désavouer ~ C'est Sl1rtout quand il s'agit d'l1n mobile
esprit comme Horace que la critique doit se faire
souple, conciliante et \'adée; elle doit en quelque
sorte se modeler sur la pensée qu'elle ex pose, en
suivre les contours et le subtil ondoiement, en
reproduire, en un mot, jusqu'á la vio intérieure :
si la logique y perd quelquefois, la vérité historique y gagne toujours.
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LE;; IOÉES
\f0R,\LES
D'HORACE
21
Cosí dans l'ép1trc Ú Numicius qu'on peut trouV8r ce qu'on appellerait
volonticrs, si le mot
n'était pas trop ambitieux pour IIorace, les príncipes de su morale. De toute la piÓce, en eITet, il
ressort clairernent que le hut unique de la de est
le bonheur: 1", p!lilosophie ne saurait done avoi¡"
de meilleur emploi que la l'echerche de ce bon··
hcur. Croit-on que l'ar;;ení, la puissance, la bonno
chere, l'amour peuvent en assurer la possession 'l
Qu'on essaye donc d'acquérir ces bieng. Horace,
d'ailleurs, ne ['cut se résourlrc ;\ Icur attribuer un
aussi grand pouvoir. Ases yellx, la "ertu seul€
est capable de rendre I'!lommc heureux. l\lais en
qnoi uevra-t-elle consister? A ne s'émouvoir de
rien, a n'éprou\'cr ni erainte, ni uésir: telles sont
les conditions primordiales de la vcrtu, et, par
conséquent, uu bonhcur. Au reste, il no faut pas
que le sagc exagere ses principes et recherche la
vcrtu avec trop d'ardeur: le poete, dans ce cas,
aimerait mieux renoncer á la sagesse. C'est qu'en
effet la crainte et le désir reparaitraient
aussitOt,
et le bonheur s'évanouirait en méme temps. Une
"ertu moyenne, «ennemie professe et irréconciliable» de tout excés, telle est, cn uerniere
analyse, la solutioll proposée par IIorace au probleme du bonheur;
il la eroit sans doute la
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LES mÉES
"ORALES
n'HORACE
meilleure, mais il ne voudrait pour rien au monJe
l'imposer, surtont ases amis, et voici son dernier
mot: « Si tu connais quolque chose de mieux,
«fais-m'en part avec franchis~; sinon, partage
« a.vec moi (1). »
Cotto sagesse, si modérée et si prudente en
théorie, est, en prati(/lIe, tout uimable et touto
souriunte. Bien loin de proscrire le pla.isir, elle
accueillo UI1contraire, - avec une indulgence qui
nous scandaliserait
nous autres modernes,tout08 los jouissancos de la vie ; elle l.ie contente
de leu1' onlever cc qu'elles ont de brutal, j'allais
Jirc de roturicr; elle se souvient trop de sos origines épicurionnes pour qu'il en soit autrement.
Et, de fait, elle contient un reste d'épicurisme
qui reparait souvent et s'avoue meme par endroits.
Horace adresse un jour á son ami Torquatus une
charmante invitation a diner: le billet, il faut
l'avouer, est plus aimable qu'austere. A quoi bon
sedonnertant de peine pour acquérir des richcsses
dont on no jouira pas? On reconnaít bien la
l'auteur de l'ode célebre au meme Torquatus. Que
celui·ci s'échappe done, qu'il vienne joyeusemen t
(1) Epist.,
1, G, v. GG-G8.
Si quid Jlovisli l'cctius iSlis,
Candidus
impcrti
; si llon, hi~ UlCl'C lllCCU1l1.
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LES IDÉES \fORALES
D'HORACE
fes1.inpr avoe le poMe. On boira <1I'U,« all risgue
m(!mc de par¿lltre peu sage », et c'est son hato qlli
llli en donnera l'exemple.
Pútarc
Incipinm,
patinrqrH'
ct sp:lI'ge¡'e
flor,'s
\"el irwollsu!tns Imbcri (Epist., v.)
Suit un élogc tIc l'ivresse que Socrate eíH peu:étre éerit, mais non pas l~piet(~tc. Dans l'épitre a
Tibulle, Horace est plus net encare: « Au milieu
« de tes espérances, de tes craintes, de tes soueiE,
« de tes emportements,
dit-il Ú son ami, regarde
« cornme le dernicr chacun des jours de ta vio.
« L'hellre que tu auras par sureroit te scmblera
« une gri'lce inattendue. Si tu vellX rire, viens me
« visiter; tu verras un homme dodu, luisaIlt, fort
« soigneux de sa peau, un pourccau du troupeau.
« d'É:picurc (1). » Quanu OIl professo si som'cnt el.
si joyeusemcnt le ca7'[Je dieJil, on nc saurait etrE
un moraliste bien rigide.
Il est, en etTet, bien des accommodements
avec
Horace, ot sa vertl! sait se plier sans raideur aux
O) Epist., 1,4, r., 12-1u.
Olllnem cl'c<!e dielll tibi diluxissc sUprClIlUIl1:
Gr'ak supe¡· .•.cllict, qUt\~non sperabitul',
hora.
Me pillguem et Ilitidum bene curata eute vises,
Quum ¡'ide¡'c voles, Epicul'i dc gl'CgC porcurn.
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24
LES
lDÉF.~
~(()RALF.S
D'nORACF.
circonstances. Il conviendra aisément que si 1'0n
tient a etre libre et á ne dépendre que de soi, il
faut vivre a la eampagne, loin des grands et de
leur eompagnie. Mais si Pon est plus soucieux de
ses intérets et qu'on trouve quelqllc avantage a
[rayer ave e les personnages les plus ínfluents, le
poete est loin de s'opposer á un genre d'existence
qu'il asu si bien pratiquer lui-meme. Meme, il a,
sur ca point, tout un ensemble do préceptes a
l'usage de ses amis, Scrcva ou Lolius. Fidéle ases
idées de mesure et de juste milieu, il croit qu'on
ne doít pas plus, aupres des granJs, sacrífier sa
dígníté sous prétexte de gratitude qu'affecter de
rudes et brutales maníeres sous prétexte de franchíse. Accepter avec modestie, mais ne ríen
réclamer avec impudence. etre complaisant sans
bassesse, prudent sans servilité, voila ee qui
réussit auprés des riches et puissants Romains.
O'est, d'ailleurs, une théorie qui se reeommande
du nom d'Aristippe et qui parait á IIorace bien
préférable a celle des sto'iciens ou des cyniques
dont il trace un plaisant portrait, quand il parle
de cette « rudesse sauvage, rebutante, importune,
« qui croit se faire valoir par des cheveux ras, des
«dents noires, se disant elle-meme la liberté
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LES IDÉES
'!ORALES
n'I10RACE
« pure, la vortu yéritable
(1) ». Aristippo, en elfet,
tout en ne He piquant pas d'un si bruyant dé¡lintéressement,
aurait pu s'accommodcr
de toute
condition, ee que ne saurait faire le eynique,
lequel a bCHoin de faire montre de sa préten:lue
ycrtu, Or, c'est eette parfaite égalité d'humeur
que le pocte estime avant tout.
S'il définit la vertu« un sage milieu entre deux
exccs opposés (2) », et s'il en fait ainsi l'application :tIa \'ie pratique, c'est qu'ello assure la
tranquillité do l':lme, et c'est ausi'li parce) qu'ellc
permet de sc consacrcr:L l'étude de la sagesse :
ear, il a bien soin de le rappeler :t ses amis, me me
:i. la cour des grands, il faut trouycr du torops
pour cultiver la philosophie: n'est-elle pas le but
le plus élevé ot l'emploi le plus noble de la vie ':
Sans doute, ello n'interdit pas d'llser des jouissanees légir.imes, mais ees jouissances n'ont tout
(1) Rpist.,
1,18, r. ::J-D.
Est hui(~ divc¡'sum vilio ViLiulll prope majus,
'\spcl'ilil.S agl'cstis, l:t illCOlJcilllJa, I;r'il.visr¡ue,
QU:t' S(~COllHI\Clldat turIsa cute, llclltiflUS atl'i>l,
IIllln vult lillcr'las dt(>i llleI'a, vr>raquc vi!'tus.
(:?) Fpist, , 1, 18, e, lO,
"il'tus
cst IllcdiullI
vitiol'UIll,
et utl'in'lue
1'C'duC'tum.
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2G
l.ES
mÉES
:\IORALES
O'HORACE
laur prix qu'autant qu'elle s'y mele et les pénétre
de son délieat parfum (1).
La eulture philosophique ainsi entendue n'est
pas seulement utile a ehaeun en particulier; elle
est utile ;lla patrie elle-meme. C'est ee qu'Horaee
laisse entendre dans l'épitre eharmante adressée
á son jeune ami Julius Florus, épitre pleine d'affeetueux intéret et de diserets eonseils : « Faisons«en au plus tM notre oeeupation, grands et petits,
« si nous voulons vi "re chers ;\ la patrie et sur« tout a nous-mémes (2). » - Ainsi done, )'intéret
social, comme le bonheur individuel, est engagé
dans l'étude des problemes philosophiques. 011 ne
saurait faire la part plus belle, on le voit, a ces
recherches qui jadis avaicnt tant inquiété le vieux
Caton.
Il est d'autant plus nécessaire de faire eette
observation qu'IIorace n'a pas pour habitude d'associer« les petits » aux jouissances de la spéeulation philosophique. Sa moral e n'est pas faite
pour tous, ct il a trop sou vent exprimé son facheux
mépris á l'égard du vulgaire pour tenir granel
(1) Epist.,
1, 17, 18.
(2) Epist., 1, :1, 1'. 27-2Í'l.
Hoc opus, hoc studium paf·vi propcI'cmlls
Si patrio)' volllmu;;, si Ilobis ViVC1'C,~ari.
et aml'li,
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LES ID¡::ES ~fORALES n'1I01UCE
eompte des idées morales de ee dcrnier. Quintius
Hirpinus pas'lc pour heureux et sage ; ¡nais e'e ••t
I'opinion (le la foulc: le poete a grand'peine
:\
eroire qll'clle puisse etre fondéc. Le peuplc, ~n
elfet, a eoutume de proelamer sagcs ecux qui le
f1attent:
ses jugements
f;ant done toujollrs
suspeets. II faut s'afTranehir des idées conrantes,
il faut iHre ~age pour soi seul, an reganl (Il~ la
seulo raison. Ce n'est paR etre vertneux que de
f,Lire le bien par crainte du ch:ltim\~nt. TOLtCR
les fautes étant 6gales en elles-memes, ec qu';! a
eontesté tres spiritucllement
dans IIne satire,
tout danR I'ordre mora! releve donc de I'i ntcntion.
VoilÚ qui est d'une élenltion toute stolcienne. On
en pent dire autant ún bel 610ge du Ragc qui termine I'épitre (1). On sent que le stoi"cisme a passé
palOlit; et: si aristocratill'les qlle 80icnt san s doutc
ces idées, 00 souhaiterait pourtallt que ('e mt en
morale la derniére pensée du pacte.
Nous avons essaye de SUiHC Jans ses ingénieux
détours et jusqllc dans scs variations, nom. 08erions presque prononcer le gros mot d'inconséljuences, la pensée morale d'lIorace, et d'en reproduirc le souple mouvemeot. Il s'agirait maintc11) Epi;;I .. Hi, [. 73 s'I<I. \'ir !,onu,; el s:ll,icns ...
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28
LKS lOÉES
'!ORAI,ES
O'nORACE
nant d'en rassembler les traíts caraetéristiques.
Et d'abord, iI cst admis, suivant les principes
communs du stolcisme et de l'épícurisme, que le
but unique de la vie est le bonheur. La questíon
fondamentalc qu'íl convient de se poser cst done
la 8uivante : En quoi consiste le bonheur ? - Sur
cette question, rien de plus divers que les opinions
humaines, et la conduite dont elles sont les eonséquences. Or, eette di\'ersité ne peut satisfaire
Horace : il sent qu'il ne peut y avoir de vrai bonheur sana unité dans la pensée et dans la eonduite
de l'homme. De plus, cette diversité et eette ineonstanee, en fait, ill'a constaté biensouvent, ne
dannent pas le bonheur. On ne voit partout que
trouble et agitatíon j rien done de moins compatible ave e le bonheur qui est, par définition me me,
tranquillité, paix de l'amc, satisfaetion intérieure,
exacta praportion entre les jouissances et les
désirs. Enfin, Ú quoi han ce trouble? La mort
n'est-elle pas la fin do tout? Et, s'i! en est ainsi,
n'y a-t-il pas rien de plus vain que l'agitation
humaine?
II faut done évíter a tout prix l'agitation qui ne
mime a rien moins qu'au bonheur. Le bonheur
consistant, avant tout, dans la tranquillité morale,
la sagesse nous commande de ne nous étonner de
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LES lDÉES
;\lORALES
2,)
U'1l0RACE
rien, alin de eonsenor
la sérénité intérieur<'.
Voilá le preluier préceple de la morale,l\lais coila
supremc sag0sse meme, il Jle 1'aut pas la rechereher a\'oc trop d'ardeur, sous pciJlc de "oir repara'itre en notre [uno le désir et la crainte. I1~' a
done lien de toujours garder tlnjuste miliau cntre
les exces : lJ. \'ertu, comme la sagesse, ast le prix
de la lllodération. De 1ft uno conséqucnce:
(,tra
sag:e, ee n'nst pas nOIl plus se détaeher de lout
plaisir; ear cela aussi est un exees qui ne peut
manqller de détruirc en nous l'equilibre de l'áme
et uc com]Jromettre gravement nútre bonheu'·. La
natura, <}u'il faut comprendrc et suivre, mai~; non
mutiler, ne nous impose pas d'eJfort si rigoUJ'eux,
quúi qu'en pcnscnt les stolciens. User :J.vec sooriété de tautes les jouissances que la vie peut
nou!) présentar, savoir s'en passcr quand elles se
dérobent á nous, tel est done, en !in de com )ta, le
Hai secrct du bonheur. Et si 1'on joint [. cette
douce philosophie l'élé;,\unce aimable et la bonne
humeur souriante, l'ironie légére de l'hoUlme du
monde, un certain orgueil intellectuel, et un peu
de ce dilettautisme aristocratique que notre siecle
a vu relieurir, on aura réalisé l'idéal dU'lage tel
qu'Horace 1'a cont;u, et si ingénieusement
exprimé, pour la plus grandc joie des purs hUl'lanistes
de tous les siécles,
1
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30
LES lDf;F.S ~lOItALES 0'110 ¡U
e r·;
En résumé, un rond d'épicurismc pratique, avec
des retours discrets et comme des velléités de
stolcísme, telle nous apparait la morale d'Horace.
Le poete a oscillé entre les deux doctrines qui se
partageaient alors la faveur du monde antique,
et il en a préparé la fusiono Tout en regardant
de préférence du caté de Lucrece, il continuo
l'reuvre éclecliq ne et conciliatrice de Cícér<Hl:
il annonce la morale et jusqu'á la dírection de
conscience mise cn honneur par Séneque.
Este Libro fue Editado por la Biblioteca Luis Ángel Arango del Banco de la República,Colombia
II
Il serait facile, tl'op facile peut-etre, de s'érigcr
en juge sévcrc de cette moralc, d'en condamner
I'indulgence et d'intcnter au poete llll proces en
regle ponr n'avoir pas deviné les austeros et
modemes théol'ies de Kant. .:\Iais les airs indignés
réussissentmal a \"eoHorace: on aurait si aisément
raisoll de lui sur ce terrain qu'il fandrait se défier
de sa propre assurance. Il falldrait se souvcnir
que si I'aimable philosophe a'a devancé ni Kant,
ni meme Épictete, il pourrait bien, Ú plus d'une
reprise, avoir tracé dans son ceuvre l'ironique
portrait du moraliste intransigeant
et importun
de tous les temps. Sans doute, la moral(, d'Horace
n'enfantera jamais de héros ; comme ello fait pou
de place a I'elfort, elle ne peut revendiquer le
noble privilége de trempel' vigoureusament
les
volontés; nous avouerons meme que la natian dn
devoir véritable et calle du dévouement lui sont
Ú peu prés inconnues,
et qu'elle n'apprendra
jamais (1 mOlli'ir par sacl'ifice. Mais Horace n'a
songé á ricn de tel, et il y aurait quelque injustice
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·
LE" IDEES ~IORALES D ,HORACE
lui reprocher de n'a.voir pas fait ee qu'il n'a pas
voulu faire. Au lieu done de eondamner le poeta
presque san s l'entendre, il est plus simple, plus
diffieile aussi et peut-etre plus instructif de chercher a l'expliquer et a le comprendro. D'ou lui
viennent ses idées? Sont-elles le résultat naturel
ue son expérience personnelle de la vie'? Sontelles en meme temps l'écho d'une certaine maniere de penser et de vivre cornmune ti toute son
époque ? Enfin, quelle influence ont-elles exercée
jusqu'a. nosjours, et quelles out été, en quelque
sorte, les destinées posthumes de cette moral e ?
Telles son t les questions qu'il convient de 1l0US
poser maintenant.
Ú
Horaee nous a si souvent ot si librement parlé
de lui-meme qu'il suffit de le lire pour le eonnaitre
intimement. De son propre aveu, son éducation
premiercaeu sur la formation de ses idées mora.les
une action décisive. Son pere,homme de sens pour
lequel il a toujours professé la plus grande vénératíon, et dont iI n'a jamais rougi au sein de la
prosrérité,
ne se contentaít pas do régler ses
mreurs par des díseours, mais par des exemples.
Tout ee qu'il constatait autour de luí servait de
prétexte a des conseits moraux. Il ne luí disait
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33
LES IOÉES MO!{ALES D'1I0RACE
pas: la débauche est un mal, mais: vois quel
mauvais parti 8'est attiré ee libe1'tin ; et toujours
ainsi (1). Ce n'était pas, á v1'ai dire, une morale
fo1'télevée : elle faisait plus appel aux soueis assez
mesquins de l'intéret pratique qu'aux nobles ins •.
tincts de l'áme. Du moins, elle avait l'avantage
d'étre vivante: c'était par excelIence une moraL)
en action. 01', qui ne voit sortí1' de cette édueatio.1
positive, volontiers utilitaire, ee besoin de modÚratLon, ee goílt de la prudence et des solutíOllS
moyennes, eet amour de l'utile, et ee dédain d,~s
utopies morares qui forment les principaux traits
de la philosophie d'Horncc ?
Les le<;on8 de la vie n'étaient pas faites pcur
ar.nuler eelles du foyer paternel. Le pocte a vu de
pres bien des soeiétés et bien des régimes. A
Athénes, il fréquenta des jeunes gens de gra'lde
famille, etudía avee eux les doctrines de l'Académie etd'Épieure, et, entre temps, dut mener Hans
<loute lajoyeuse existenee que Ci,céron reprochait
:l son fils. Un moment engagé,
peut-etre ~ans
savoir pourquoi, sous les drapeaux de Brutus, iI
ne se seotit pas sur le ehamp de batailIe de
Philippes une vocation militaire assez sérieuse
pour lui sacrifier sa vie, et revint sans son bou( t) Sal"
J, '1,
e, 1O:l,
;;'-1
r
1.
3
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3-1
LE"
IDÍ;F.S MORALES
f)"110RACE
clier. La révolution politique qui s'accomplissait
BOUS ses yeux,
les proscriptiollS, la confisca.tion
probable de ses biens, les embarras de ses débuts,
et son enrolement dans ht compagnie des scribes
du q uesteur, tous ces événements d u dehors qui ne
pouvaicnt manquer de troubler profondémcnt les
consciences et de bouleverser les idées morales,
n'étaient pas pour lui une école de haute vertu et
de farollche indépendance.
Quand les f<lits extérieurs nous sont si contraires, il esí bicn difficile
de ne pas croire á leur toute-puissa.nce.
Il n'est
rien qui développe n.utant le scepticisme moral
et l'esprit positif que les révolutions politiqueR.
Si Horace ¡n'ait été tenté, de par son éducatioll
premiére, de youloir subordonner
les faits aux
idées, et de se révolter contre eux, quand ils
contrecarraient
ses théories, il etlt été obligé,
ROUS peine de se heurtcr et de se briscr aux circonstances, de rabaisser considérablcment
son
idéal. Il n'cut pa~ a le faire: il était préparé de
longue date Ú se soumettre sans mau\"aise grace
au fait accompli. Plus tard, quand la fortune lui
rc(levint fa\"orable, quand il fut l'un des poctes
préférés du régime nouyeau, l'ami en titre de
l\Iécene et d'Octave, il fut content: son bonheur
était désormais assnré, et ~on ideal d'existcnce
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LES lOtes
~(()RALES
O'/lORAC¡.;
35
realisé au del;\, de ses espérances. (.J,u'un hom me
aínsi (' rompu a toutes les métamorphoses », - le
mot e~.t de Sainte-neuve sur lui-meme, - vienne il
parlerde morale: pourra-t-il se faire I'apologiste
des apres vertus du stoleisJlle, le théorieien rigide
du devoir, et le panégyriste de la libre volanté?
En UL mat, pOllrra-t-il ne pas chanter comrne
Horace la joie de vivre et de jouir, et no pas con.
seiIler la prudence pratique á ceux quí luí demanderon/ une regle de conduite?
II était d'autant plus difficile au poete de ne pas
adopt.er ce parti que son cantetere et, sí j'ose le
dire, Hon tempérament s'aceommodaient
peu de
l'effort et des abstinences stolciennes. Il avait
l'humeur indépcndante,
lui-mcme lIOllS le dit
souvent, et iI aímait á ne relever que de lui, á
suivre sa falltaisie et son caprice. TI aimait le vin,
la bonne cbere ;'¡ un poillt qui peut nous sembler,
:\ nou;~autres modernes, voisin de l'intempérance.
Les nombreuses apologies qu'il a faites de l'i \'fesse
n'ont probablemcnt pas tOlljours (~té platoniques,
et on se l'imagine aisérnent le verre en rnain ot
courcnné de fleurs. Il était encore plus sensible a
l'amour, --- ou Ú ee qu'on est eonvcnu d'appcler de
ce nom, - et il resta tel trop longtemps. Enfin, il
aima:t la carnpagne, etil fut bien heureux lejour oil
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36
LES
mÉES
~IORALES
D'UORACE
Méeene lui donna son domaine de la Sabine. Non
qu'iléprouvatenfacedela
nature ces ravissements
mystiques que les poetes modernes ontdécritsavec
tant de puissance, et que Virgile, son ami, a connus
avant eux. Horace ne s'absorbe pas dans la nature
au point de s'y oublier tout entier.
en gotite le
charme; mais la grtLce, la fraicheur, voih't. ee qu'il
estime en ello plus que la profonde poésie. N'importe: il l'aimait pour elle-meme, elle lui était
presque nécessaire. Quand on attache tant de prix
aux jouissances de la vie, et qu'on croit aussi peu
qu'I1orace á 1'« au-delÚ.» (1), eomment ne pas
etre l'aimable et léger philosophe qu'il a été?
Il Y a pourtant mieux á dire de lui. Toua ces
traits de sa vie et de son caractere expliquent
amplement ce qu'il ya d'épicurien dans sa morale.
cn est d'autres qui expliquent ses aspirations
vers le stolcisme. D'abord, son souei tres vif des
problemes philosophiques. Ses épitres sur ee point
ne nous trompentpas. Toutjeune encore, il emportait Platon et II1énandre dan s sa valise (:2). A la
campagne, e'est sur des questions philosophiques
qu'il fait porter ses entretiens a vec ses ,'oisins (3).
n
n
(1) Sat., 1,5, 0.100.
(2) Sat., Il, 3, 11,
(3) Sat., 11, G, 71.
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I.ES IDÉES '!ORALES n'1I0RACE
37
De plus, il sait etre sobre, plus peut-etre par
prudence et hygiéne que par véritablc vertu ; mais
enfin, il l'est, et il faut lui en savoir gré. Quand
il est a la campagne, il est peu exigcant, écrit-i1 á
Numonius Vala, et il se contente d'un «méchant
ordinaire ». }lais en voyage, il lui faut toutes ses
commodités (1). Il chante les louanges de la santé,
qu'i1 proclame préférable a la. richesse (2) ; et il J
a pJ.usqu'une théorie dans ses fréquents éloges dI'
la médiocrité (i~:: il ne semble pas qu'il ait joui
daos sa maison de campagne des derniers raffl.nements du luxe. Enfin, si équivoques que fussent
seR mreurs, elles semblent meilleures que celles
de beaucoup de ses contemporains. Sa conceptioll
de. l'amour et de la femme est, certe!!, loin d'etre
élevée. Pourtant, meme sur ce délicat chapitre,
il parait avoir été plus raffiné, moins brutalement
sensuel, plus tempérant,
en un mot, qu'on ne
l'était de son temps. En tout cas, il ne passait pas
pour le pire des débauchés. N'oublions pas non
plus qu'il n'aimait pas les voyages : il était persuadé qu'ils n'assurent jamais le bonheur qu'i1
(1) Epist., 1, 15.
(2) .l!.pi:;t., 1, 2.
(3) Episí.,
1, 10.
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38
LES \D{,;ES ~IORALES U'II0RACE
faut, disaít-il, porter en soi (1) jet en cecí, Séneque
se rencontrera plus ta1'd avec lui.
Il est un dernier trait qui cst tout á son honneur,
et quí le rapproche plus de Zónon que de Martial,
et meme deSÓn(~qufl. Non seulement Horace u'a
pas contre luí d'avoir fait l'éloge d'un parricide
imperial) ma.ís encare il ¡¡'est pas suspect de la
moindrc nasse camplaisance
pour le uouveau
régime. La premiére fois que ses amis le présenterent Ú l\lécene, il nc fut pas remarqué ; peut-étre
déplut-il. Il ne lit rien pour efTacer cette premiére
impression. :Mécene uut faire tous les frais du
rapprochement,
et il ne trouva jamais en Horace
un flatteur et un parasite. Son amitié fut, á vrai
dire, la recompense
dl1 poete. Mais un jour,
Méctme qui, sans doute, s'ennuyait
á Home, se
plaignit
qu'Horace
rest:1t dans sa maisoll de
~abinc au delá dl1 temps fixé par ses propre8
promesses. La. reponsa du poÚte est un pUl' chefd'ceuvre empreint d'unc spirituelle,
mais trés
ferme dignité. Des anecdotes et proverbes qui
semblent en composer la trame, sa pensée se
déga.ge nettement. Bien loin de revenir á Rome,
il prolongera son séjour ¡\ la campagne, et méme
il descendra au boru de la mero Illaisse cntendre
(1) Rpt·'l., 1, 11.
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l.ES
IDEES
~IORALES
O'1I0RACE
l'ormellement q u'íl tient asa santé a van t túut, q uo
les maladies qui sé\'issent uanfi la grande vilk~
l'en écartent quelque temps encore, enfin, <¡u'il
veut garder son indépendanee el <¡u'il ne faií pas
á son proteeteur l'injure de croire qll'ill'a cambié
de bienfaits pour le priver de sa liberté : ~,i,
d'ailleurs, telle était l'intention secnHede Mécene,
il n'a qu'á reprenure ses pré8ents (1). Si attaché
que fÚt done Horace aux él\'antages matériels de la
fortune, son gout poudo p1aisir n'allait pasjusq¡¡':'l
1uí sacrilier sa Jignité.
Bien des stolciens de
tnéorie Il'ont pas dans la pratiqllc agi avce aut.:mt
de eourageux desintéressemcnt
quc l'aimable
poeto de 1'0de el Torquatus.
Son attitude á l'égard d'Auguste est plus significative encore. Les louullges qu'il1ui adress(; ne
doivent pas 1l0US faire illusiún : n'est-on pas :'t
l'époque ou commence l'apotheose impériale ? Et
d'autre part, ce dont il le felicite sl1rtout, e'est
ú'avoir r:l.fficne la paix duns1'Empirc, e'es! d'avoir
mis fin uux guerres ciriles, dont le lugubre 80Uvenir est toujours présent á son esprit. 01', il n'était
pas de service dont illui fút plus naturcllement et
plus légitimement l'cconnaissant.
II y a pItis. Au
(1) J<.'pi::;[., L 7,
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LES IDÉES MORALES O'1I0RAC¡;;
lieu de se ruer comme tant d'autres á la servitude, selon la forte expression de Tacite, au líeu
de se pousser aupres de l'empereur, il ne Iui fit
aucune avance, il le laissa toujours venir: sa
réserve a I'endroit du nouveau régime est des
plus dignes d'éIoge. Déja. lié avec :Mécene, il se
tait longtemps sur le compte d'Auguste. Quand
il peut se rallier franchement á I'Empire, il ne
rompt avec aucun de ses anciens amis, il ne
dénonce personne.
Seul peut-Ctre parmi les
littérateura en renom de l'époque, iI fréquente le
cercIe quelque peu [rondeur d' Asinius Pollion. En
outre, il se refusa toujours a écrire un long
poeme pour chanter les expIoita de l'empereur, et
peut-etre aurions-nous une belle épitre de moins,
si ce dernier n'nvait pas dO. la Iui réclamer. On
sait, cnfin, qu'il n'accepta jamais la charge de
secrétaire d'Auguste.
Tout cela n'est pas d'un
courtisan bien empressé, ct si, plus d'unc fois,
Horace se Iaissa imposer des odes officieIles, la
[roideur Iaborieuse dont elles témoignent est une
preuve de plus de son peu de disposition pour la
servilité monarchique.
Ainsi donc, le justc milieu qu'i! recommande si
souvent dana son reuvre, nul mieux que lui n'a
su l'observer dans sa conduite, et l'on peut dire
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LES IDÉES .\lORA!.ES D'Il0llACE
41
que sa philosophie a. été ce qu'elle devraít toujours etre, l'expression fidéle et exacte de toute
une fac;on personneHe de penser et de vivre. Son
éducation, les lec;ons de l'cxpérience,
son caractére, enfin, ont orienté ses préférences philosophiques du cóté d'un épicurisme pratique tempéré de stolcisme. Sa vie explique sa pensée et
en est le perpetuel et le meilleur commentaíre.
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!II
En est-ee pourtant l'unique, et l'époque ou. il
a véeu n'a-t-elle
pas exercé sur le développement de son esprit une intluence
décisive?
Horace, en un mot, est-i1 un cas isolé dans son
temps, ou bien sa morale ne serait-eIle
pas
plutOt le rctlct des idées et úes mmurs contemporainos, et ne retrouvons-nous
pas en elle, ;\
peine épurés etidéalisés, les traits qui conviennent
á ce qu'on pourrait appeler la momle du siecle
d'Auguste'( Son ceuvre semit alors un doeument
de la plus llaute importance
pour l'histoire des
idées morales dans l'antiquité.
L'un des caracteres les plus curieux de cette
époque, c'est un gout tres vif pour les recherches
pllilosophiques.
Horaco n'est pas le seul qui
néglige pour elles ses occupations les plus cIll~res.
L'exemple part de haut. L'empereur écrit des llartallones acl philosophiam.
Tite-Live, l'hístorienorateur, a composé des ouvrages sur ces hautes
questions. Virgile annonce
l'intention
de s' y
consacrer. Tíbulle roourut trop jeune, sans douta,
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LE," IDÉES \!ORALES D'UORACE
43
pour avoir de sérieuses velléités philosophiques,
mais Horaee ne l'en reconnait pas incapable,
puisqu'il admet l'hypothese que son ami, «uu
milicu <le 8es bois salutaires,
rechorchc
en
silenee ee qui est digne uu ~agc ot de l'hollnetc
homme:)) ». La philosophie se fait alors tonto
pratiqtlo, dc ~heorique qu'ello etait avec Cicéron.
Ello exeree ou tente d'cxerccr ulle réella actiou
moralc.
80S adeptes
se font directeur~
de
conseience, précepteurs dans les grandes maisons,
ou dirigent des écoles publiques. Les cyniques
sont parfois de véritables mj¡;siolllluires et préchent la rnorale au peuple. Le plus grand philosophe de l'époque, Soxtius, qtli écrit en grec, est
presque un apotre paren. De lit ees conseils et ces
preceptes Ú l'adresse de 8es amis qu'Horace seme
si souvent ualls ses Épitres, et qui peu\'ent surprendrc Ú premiere "ue. Car de quel droit
s'ingere-t-il ainsi uans les cOllsciences? C'est
que, lui aussi, á titrc de philosophe, croit avoir
charge u'ámes. Les anciennes
idees morales
a.ttachées al! vieux droit romain et Ú la. religion
SOllt ruinées:
chacul1 se toumc instincdvement
1, 4, e. ·1-5.
:\11 Tacitum silvas ílltcr rcptare salubres,
(·,UI·J.lltCIll quiul¡uid <liguum ~apiellte uouoque
(1) Ep¿;i{.,
est 1
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44
LES mÉES ~tORALES D'I10RACE
vers la spéculatíon qui seule parait pouvoir les
remplacer. On commence a se lasser de l'épieurísmo et a se tourner plus résolument vers le
stoIcisme. Horace représentc a merveille ee mouvement des esprits. Or, le stoIcisme, en se développant a Rome, preche de plus en plus á ses
adeptes le détachement des atraires. publiques, et
tourne toute leur attention vers la vie intérieure
de l'itme. Cette phílosophie convenait trop bien a
une génératioD qui s'appretait a abdiquer toute
activité
politique entre les mains d'un seul
homme; elle préparait á mervei1le l'ceuvre future
du christianisme. }-Iorace n'a, en somme, pas dit
autre chose, et cette rusion entre deux doctrines
ennemies ti l'origine, e'est au fond ce qu'il enseigne, la mise en pratique de son éeleetisme et
l'applieation de sa théorie du juste milieu.
Les mceurs sont le plus souvent en retard sur
les idées : il y a dans la conduite des contemporaíns d'Horace, comme dans sa propre vic a Iui,
plus de vestiges d'épicurisme que dans leurs doctrines. A ee point de vue encore, Auguste donnait
l'exempIe. L'auteur des lois sur l'adu1tére était un
franc libertin ; et la célebre Jlllie n'étaít pas trop
indigne d'etre sa petite·tille. Mécene était le type
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LES IDÉES MORALES D'HORACE
45
du parfait épicurien; sa lllollesse, son luxe, son
dédaill de la foule étaient choses connues de toml ;
quallt aux lll(eUrS de ce dilettante de la politiqu1J,
elles paraissent avoir été aussi peu reCOlllmal:.dables que celles d'Horace, et peut-etre apportaitil :\ ses débordements
moins de délicatesse. La
cour d' Auguste dOllnant le ton, les grandes
familles se modelent sur ces moours. La galanterie eut bienWt son poete attitré dans Ovidc. Les
femmes qui jouissaient, une fois mariées, de la
plus grande liberté, usent de tous les moycns de
séduction:
elles se font lcttrées pour mieux
plaire. La vieille femme de moonrs légcres a
laquelle s'adresse I10racequelque part parait avoi r
été versée dans la philosophie stolcienne. Denx
causes surtout, d'apres Tacite, développent ces
tendances au libertinage:
les spectacles et les
festins auxquelles les femmes assistent maintenant. La cupidité, la délation, l'amour cffréné du
luxe, la soif des rapides jouissances, tous les
vices, en un mot, qui aceompagnent les grands
bouleversements
politiques se donnaient
libre
carriere. Le mariage, ee fondement sacré de
l'ancien édifice social, n'étaít plus qu'une institution hors d'usage. -l\1ais au sein de ceHe corrupHon générale qu'Horaee flétrit parfois, mais dont
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46
LES mÉES
,¡ORALES
n'nORACE
il est trop souvent le peintre singulierement
cynigue se faisait pourtant sentir un besoin
tres sérieux d'amélioration
morale. L'opinion
publique finit par s'émouvoir et le sénat, s'en
faisant l'interprete, supplia Auguste de rendre des
lois pour remédier
au désordre des mceurs.
L'empereur hésita longtemps : sentait-il que sa
vie privée lui donnait peu d'autorité
pour le
faire? Mais les instances redoublérent:
Auguste
dut céder á la pression de l'opinion, ct rendit des
lois sur les adulteres, sur les mariages dont il
voulait multiplier le nombre. La littérature fut
intéressée á eette reuvre réformatriee qui excita
tout d'abord beaucoup d'enthousiasme. Horaee la
célébra et exhorta ses eoncitoyens au mariage.
11 esí vrai que ni lui, ni Virgilc, ne prechérent
d'exemple. :;\Iais, si précaire que mt dans ses
résultats ectte réforme officielle, il y a lieu de la
signaler : si les loís sans les mceurs sout peu de
chose, les mceurs inspirent souvcnt lesloís. Dans
la cir~onstance, les décrets impériaux étaieut un
effort louable pour faire passer dans les faits les
aspirations souvent élcvécs dont témoignaient les
idées morales acceptées par les esprits d'élite de
la soeiété romaine.
Idées et mceurs sont done, chez les contempo-
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LES
lOtES
~IORALES
n'/lOHAC¡';
47
rains d'Hot'ace, ce que 1l0USavolls constaté chez
lui: un mélange, ;l doses [ort inogales, d'épícurisme et de storcismJ. Le storcisme l'emporte parfoís dan s 1'ordre de la théorie; I'épícurisme I'emporte le plu~ sou\'cnt dan" ['ordrc de l'action.
O'est cette union, c'ast cette pénétration prochaine
des deux doctrines l'une par l'autre que represente
Horace. Sa vie explique sa pensée, maís l'histoíre
de son époque explique Puno et l'autre. Poete
national, en s'exprimant lui-meme, il a exprime
aussi son siccle; et dans les quelque huit mille
vers qu'il a laissés, nous retrouvons l'hístoire de
sa vio et celle de son temps.
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IV
Nous y rotrouvons aussi celle de l'homme de
toua les temps. Car la morale d'Horace est
humaine; existant avant lui, elle n'est pas morte
avec lui. Meme de nos jours, elle est encore ví"ante, et ca n'est pas en vain que tant de génératíons successives ont lu et admiré les vers qu'elle
a inspirés. Les AlIemands ont étudié a plusieurs
reprises l'intluence qu'a exercée Horaco sur leur
littératuro.
00 pourrait élargir la question et
rechercher son infiuence sur les littératuros modernes. Le chapitre qui serait consacré a la littérature franc;aise prMerait a de longs et curieux
développements.
Mais la question prendrait un
intéret plus grand et plus général encore, si l'on
étudiait l'influence exercée par la morale du poete
sur les conceptions des modernes et la place
qu'elle occupe dans l'histoire des idées.
Cette place est considérable. Si, en effet, nous
mettant
a quelque distance des textes, nous
essayons d'en retenir l'esprit plutót que la lettre,
iI nous semble qu'on pourraít définír cette morale :
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LES
la morale
IDÉES
~IORA LES
n' JlORACE
rles Iwnnetes !Jrns. On ne con~oit pa3
que les honnet.es gens de l' époque d' Auguste aient
pu "ivre d'uno autre fa<;on que celle que recom.mande Horace, et dont il a donné lui-meme
l'exemple. De fait, a part 1es ehangements néces.saires que les variations de l'usage peuvent apporter daos les mceurs, conljoit-on que « l'honnete
hornme» de tOU8 les temps vive autrement? Cal'
l'honnete homme, il faut le remarquer, n'est ni un
héros, ni un saint: je ne voudrais pas affirmer
<}u'i1fUt incapable de s'élever jusqu'á l'hérolsme;
en tout cas, cette grande vertu qu'il admire est
raremellt la sienne : il se sentirait mal a l'aise
sur ces hauteurs. Il n'a pas non plus du saint,sans parler de la disposition mystique, - la
patience inaltérable, le désintéressement
absolu,
la persévérance et l'il.preté dans l'effort, et l'ardeur
de prosélytisme.
Une vertu moyenne, aímable,
ennemie de tout excés, pou accoutumée aux
pénibles effort~, jouissant volonticrs, mais avec
modération, des plaisírs de la vie, faible parfois,
mais modeste, tranq lIille, sociable, amie des choses
de l'esprit, sachant s'indignor d'ailIeurs quelqllcfois, rnais plus portée iL l'indulgenco, voilá ee qui,
croyolls-nous,
con8titue,
dans 80S principaux
traits, la morale de l'honnete homme. Or, n'est-co
lIJÉl';-;
),IOILo\LES
D'UI)HAt.!:;
4
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50
.
,
LES IDEES ~IORALES D HORACE
pas le portrait du sage selon Horace que nous
avons tracé la, presque sans songer :i. lui ? Cette
morale, du reste, le poete ne 1'a pas créée. Elle
s'est dégagée peu a peu, semble-t-il, des traditions
sociales, religieuses et morales de la noble et fine
race des Hellenes, et c'est d'eUe que sont sorties
les plus belles conceptions des poetes et des philosophes grecs. No la voit-on pas circuler sereine,
facHe et. souriante dans les vers de Solon, et
jusque dan s l'enseignement de Socratc et de ses
disciples? Aristote s'en inspire et en formule le
précepte le plus important, la théorie morale du
juste milieu. Elle devait etre l'ame des comédies
de Ménandre.
Épicure surtout et les premiers
stOlciens lui firent de nombreux
cmprunts.
Elle ne suftit pas a sauver la Grece, mais quand
celle-ci dut subir la loi du vainqueur, ca fut á
lui qu'elle légua sa douce sagesse. Le vieux
Caton s'en émut : s'il lutta toute sa vie contre
l'invasion des idées grecques, ce fut parce qu'il
sentit qu'un nouvel idéal moral, contraire a
l'esprit du vieux droit romain, moins viril peutetre, mais plus humain et plus large, allait se
substituer aux anciennes coutumes. Il devait
échouer dans sa chimériquo entreprise. L'hellénisme pénétra a Rome, et avec lui la morala
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LES 1[)~;¡';.3 .\¡ORALES
D'IlORACE
51
dOllt iI avait élé 113représentant.
Le cercle
des ScipiollS en répanJit les idées et en popularisa
les mceurs. Térence, dans un \'ers célebre traduit
de Ménandre, doalla la devisc de cctte moralc
nouvelle qui estcello de tout son théiitre. Cicéron
en dressa le code Ú I'usage des gens du monde
dans le De 0l/ieí¿s. Horace y fit pénétrer un pou
de poésie et y mit si bien la marque de son ai rnable
souril'e qu'il es!. presque impossible a,ujout'u'ht: i
d'Cll separer son nom. Tous ceux qui, apres lui,
ont professé cctte moralo ct en ont app!igué les
préceptoR, som ses disciples. De son temps, Virgile, 1'ite-Livc, plus tard Tacite,Stacc, Qllintilicn,
Pline le Jeuno paraissent avoir á pell pres trouvé
dans cette aiInable sagesse la paix de I'áme dont
ds ¿waient be"oin pOlIr écrire et un moyen de vine
á l'abri des désillusiolls
améref! et des reo-rets
inutiles. Sous l'Empire, elle dut consoler bien des
ames faibles et honnMes auxquelJes le storcisme
eút semblé peut-etre trop sévere, mais que froissait, dans leur délicatesse
intime, le spectacle
de la servitllde générale. La rellOlUmée croissante d'Horace teudrait Ú pl'ouver yue sa poesie
n'y fut pcut-etre pas inulile. Dans les premien~
sit~c1es du christianisme
et pendant
tont le
moyen [¡ge, on perd un peu la trace de la moralc
BAJ-iCO DE li
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52
LES mÉES
'lORA LES n'1I0RACE
des honnetes gens. La naissance
des grandes
vertus religieuses, l'extension de la di vine moral e
chrétienne,
puis les violentes passions déchainées par les Barbares durent nécessairement
la
rejeter dans l'ombre. Pourtant, meme alors, il
semble bien qu'elle n'ait pas entierement disparll.
Des deux cent cinquante manuscrits d'Roraee qui
nous restcnt, la plupart, en effet, sont d'origine
fran($aise. Ce fait est pellt-etre plus significatif
qu'on ne pense. Et peut-étre les humanistes voudront-ils se figurer la-dessus quelque moine
studieux apprenant du poete qu'il copie :\ ne pas
désespérer de la vi e, it sourire encore au réveil
du printemps, ot a. placer la sagesse supreme dana
I'habile équilibre des bcsoins et des jouissances.
Si ea Inoine a jamais existé, je doute, pour ma
part, qu'il ait vécu en bonne intelligence avec
l'auteur de l' Imitation.
Quoi qu'il en soit, la momle prechée par Horace
reparait á la Renaissance, et si elle n'est pas
défendue par les fallatiques de l'epoque, elle l'est
par les lettrés pacifiques et modérés de l'ecole de
Montaigne. Celui-ci est un véritable disciple du
poete latin, dont il fait, d'ailleurs, le plus grand
cas: ille cite souvent, le met au premier rang des
poetes avec Virgile, Lucréce et Catulle, et il n'y
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LES WEES
~roRALES
n'HORACE
53
a guere que Virgíle qu'il place avant lui (1). Rien
de plus charmant, de plus ingénieux et de plus
juste que l'éloge qu'il faít de son esprit« qui crochetto et furette tout le magasin des mota et des
figures pour se representer
», de ses vers qui
({signifient plus qu'ils ne disent» :2). La conceptíon de la vertu est la meme dans les deux moralistes: bref, on sent que ~Iontajgne a dans Horace
un maitre aime dont la pensée a formé et dirigé
la sienne.
Mais ce fut 8urtout au XVII" siécle que la moral e
des honn&tes gens commen~a it etrc en grande
faveur chez 1l0US. La société des salans, le~
moou1's mondaines, la paix géné1'ale, la vie de
cou1', tout tendait it creer, Ú cOlé de la mo1'al0
proprernent religieuse, une mOr/tle plus indulgente, moins scrupu[eusc, faite de compromis f}t
de eonventions sociales, plus lalque en quelque
sorte, a l'usage, en un mot, de ee produit spécial
et quelque pou artificiel de l'époque qu'on est con.
venu d'appeler ({ l'honnete hornme », et qJC
Bussy-Rabutin a defini ainsi : « un homme poli
qui sait vivre »(i~). Sans doute, cctte monde se
(1) Editioll Leclel·c,t. lI,p, ,1'12.
(2) ldem, t. IV, p. 314,310.
(3) Lettl'e :'1 Corbillelli, {¡ lllal'S 1679.
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[,4
LES
ID~:ES ~lORALES
n'nORACE
mel rarement en conflit avec la morale religieuse,
et eIlesemblemerne n'avoir pastoujours eonseienee
des profondes divergcnces quí les séparent: maiA
ces divcrgcnces n'eo existent pas moins et préparent l'incredulité
avouee dll siecle suivant : « le
monde» et Dicu sont des lors deux ordres souvent
separes: on cssaye de les concilier comme l'on
peut, et e'est ainsi qu'il faut expliquer la contradiction qui parait cxister entre la liberté de moours
d'un graod nombre d'hommes du X\'lle siecle et leur
croyance tres sincere le plus souvent aux dogmes
et a la morale du christianisme.
Les Jesuites, en
cherchant á « aplanir le:;; voies du salut »,
n'avaient-ils pas, sans le vouloir, un peu contrihilé a cet état de choses ? Le courant, en tout cas,
etait sí fort que la réaction jansénistc,
indignée
d'un Pascal, les tentatives memes d'un Bossuet (1)
vinrent s'y briser. Regnier, La Rochefoucauld,
Gassendi, Molierc, La Fontaíne, pour no rappeler
que les plus grands, sont les chefa autorises de ce
mouvement
des csprits. Or, il cst :\ remarquer
que presqlle tous sont nourris d']{orace : Regnier
l'imite, La Fontainc avoue qu'i1 l'a sauvé de
l'école de Voiture; enfin, toute la philosophie de
(1) \' nil' les ,\Ja:.cimes sur la Comédic.
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LES IDÉES ~IORALES D'HORACE
Moliere tient dans ces deux vors qu'IIorace
signés:
55
eut
r ,él parfaite raison fuit toute extrt~mité
Et vcut que I'on soit sago avec sobriété (1).
Au XVIll siÓc./e, avec Voltaire ct les philosophes, 80S disciples ou ses rivaux, les IIelvétius,
les d'IIolbach, les Saint-Lambert,
la morale des
honnCíes gons se sépare nettement de la mOJ~ale
religieuse. « Le monde» se suffit Ú, lui-meme:, au
lieu des «sublimes folies du christianisme », e'est
la sagessc tempérantc qu'on preche, - quand on
ne prechc pas la licence (2); - et, chose curieuse
e'est encoro le nom d'Ilorace qu'on invoque:
C
Tes maximes, tes vers,
Ton esprit j uste et vrai, ton mépris des cnfers,
Tout m'assul'e qu'Horaee est mort en honn~te homme ..•
Je vivrai moins que toi, mes vers dureront muins,
Mais au bord du tombeau, je mcttrai tuus mes soins
A sui\'rc les lec;ons de ta philosuphie,
A mépriser la mort en sa vourant la vio (3).
(1) Muliel'c, MisanthrojJlJ, Aet. 1, se.
l.
(2) Cf. ee mat signifieatif de Voltail'e dans une Iett:'e iL
Cideville du 8 mars 1732 : « •.• :\Iaís j'uimc ellcore rnieux
voil' les Il1CCUI'S du l'ublic dl~pru\"écs (lile si ,;'étaíl son
gout. »
(3) Voltail'c,
EpUrc ri Ilol'ace.
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56
LES
IDÉES
MORALES
D'II0RACE
Aujourd'hui, ,la morale des honnetes gens, si
elle s'est encore un peu transformée, n'endemeure
pas moins celle du plus grand nombre:
elle est
conforme a la moralité moyenne de l'hllmanité ;
elle ne décourage personne, ellejustifie ou excuse
bien des fautes que I'autre, - la vraie morale
chrétienne,
- condamnerait.
Un vrai disciple
d'Horace, Sainte·Beuve, en a donné la définition
suivante: « Ce n'est pas la vertu, c'est un composé
« d'habitudes, de bonnes maniéres, d'honnetes
«procédés,
reposant d'ordinaire
sur un fond
«plus ou moins génércux, sur une nature plus
«ou moins bien née ... Elle n'affecte guere le
«fond général de bonté ou de malice humaine.
«Quand survient quelque grande crise, quand
«quelque
grand criminel
heureux
s'empare
«de la société pour la pétrir :'l. son gré, cette
« morale des honnetes gens devient insuffisante ;
«elle se plie et s'accommode en trouvant mille
«raisons de colorer ses cupidités et ses bas«sesses. On en a eu des exemples (1). » Qui ne
reconnait 1<\ le portrait de l'indulgente sagesse
qu'Horace, il ya dix-neuf siecles, proposait ases
contemporains?
Or, il est permis de croire que
(1) Silillle-Bcuve, Port-Roya/.
édition ddinilh'e, t. 11I, p, 261-262.
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LES IDÉES ~fORALF.S D'1I0RACE
57
I'autorité du poete latin et le culte, parfois un peu
superstitieux,
qu'on lui a généralement
voué,
n'ont pas nui á la. faveur constante dont jouissent
toujours les idées morales qu'i1 a si spirituellement défendues. Quand on aime beaucoup un
poeta, il est bien difficile de ne pas lui prendre
ses idées. C'est ce qui est arrivé pour Horace: iI
ne pouvait souhaiter un meilleur sort.
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v
'rolle est, dans ses traits généraux, et, avec les
vicissitudes
diverses de sa fortune, la moral e
€xposéc par Horace. Image fidólo de sa propre
vie et des idées de son temps, elle est devenue, á
travers les siécles, la regle pratique de tous ceux
qui sentont la nécessité d'un frein aux passions,
mais qu'une certaine moHesse native de volonté,
un demi-scQpticismo,
ou le joug des conditions
sociales sollicitont á plier la loí moral e aux exigenees etaux accidents de l'existenco.Cette morale
est avant tout humaine et bienveillante ; elle tient
compte plutot de la faiblesse de l'hornme que de
sa foree. Ello no commande pas, ello conseille et
persuade. Elle est volontiers utilitaire ; ello parle
<lebonhour plutot que de devoír. Elle est rarernent
éloquente, plus rarement encore índignée. Elle
est amie de l'expérience et, comme ello connalt
les hommes, il faut peut-etre luí savoir gré de no
pas trop les mépriser.Parfois
ironique ot railleuse,
elle n'est ja!lluis la dupe des grands mots, ni
meme, - et en cela elle marque sa limite, - des
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LES IDÉEs ~fORALES D'HORACE
59
grandes pensées; mais son ironie est sans fiel, e1;
son expérience quelque pou désabusée ne di8till,~
pas l'amertumo.
Elle est polie et sociable; elle
pardonne beaucoup Ú ceux qui professent pour les
choses de l'esprit, pour l'art, la poésie un culte
melé d'adoration. Le fanatisme dalls la "eriu et
le eynisme dan s la débauehe sont peut-etre,es
deux choses pour lesquelles elle éprou\'e ee 'lui
ressemble lo plus :\ l'indignation.
Eneore peutetre les eondamne-t-olle
moills paree qu'elles
blessent la loi morale que la pudeur et la modestie, paree qu'elles 80nt une faute de goÚt, un
manque de taet, une \'iolation des regles les plus
élémentaires du bon ton. l\Iais parrni tous les
sentiments hurnains qu'elle aecueílle et fay,)rise,
il en est un qu'elle place si haut <}u'e1le serait
tentée do le mettre all nombre des vortus: e'est
celui de l'amitié. La plupart de ccs demi-épicuriens qui, depuis Horace, ~e sont acquis quelque
gloire ont été de parfaits amis. f~picure, d'ailleurs,
lcur servaít de modt':le: sa dernicre paro le n'avaitelle pas été un souvenir fl :Métrodore et une
recommandatioll
pour ses enfants. C'est aussi le
sentiment qui honore le plus la vie d'H'Jraee. Il
airnait tendrement
ses amis: Virgile, Tibulle,
l\Iéccne que, selon son désir touchant, il sui\'it de
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60
LES IOÉES ~IORALES U'HORACE
pres dans la mort. Montaigne,
La Fontaine,
Moliere, chez nous, et bien d'autres ont continué
cette noble tradition. Il me semble que cela peut
servir a excuser bien des défaillances.
Car, il
faut le reconnaitre, la morale des honnetes gens,
telle qu'I-Iorace l'exposc, ne suftit pas et ne doit
pas suffire. Elle est impuissante contre les trop
fortes passions ; elle ne prévient ni les chutes, ni
les grandes faiblesses; elle les pallie quelquefois ;
elle ne pousse ni aux actes héro'iques, ni aux
sublimes vertus qui sont, il ne faut pas l'oublier,
de laborieuses conquetes de la volonté et le prix
de douloureux eITorts. Faite pour la moyennc de
l'hllmanité, les :lmes d'élite ont raíson d'éprouver
pour elle quelquc méprís. Si elle existait seuIe,
l'idéal moral de l'humanité irait en s'afl'aiblissant,
et il faut qu'il demeure élevé pour que le niveau
de la moralité moyenne ne desean de pas trop baso
Mais, car je ne voudrais pas prendre
congé
d'Horace sur une pensée trop sévere, peut-etre
se serait-il dit toutes ces choses, et d'autres
encore, s'il avait pu deviner l'ímmense révolution
religieuse et morale qui,au moment 011 il mourait,
était :"t la veille de soulever et de transformer
les ámes.
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BIHLIOGRAPHfF:
Horace,
(Euvl'l's,
édition O¡'clli,
l'cvue
¡¡al'
Baiter
el,
I-lirschfelUcl'.
Horace, (Fueres,
éuitiun F. Plessis el!'. Lcjay.
Cicéron et ses amis.
- La Religion romaíne, t. I.
- Nouvelles promenades archéologiques (llorocc) .
.- Commont les Romaíns ont connu l'hum;¡nité.
l;.
UO¡SSI~:ll,-
(Uceuc des Dcu,l' .1Jondes du 15 déeemb¡'c 1:106 et
1" jan viel' HJ07.)
uu
Des raisons de la popularité d'F.[ol'ace
en France •
C.\It'fA>JLT,
Etudes sur les Satires d'H.orace,
C,\'II'\UX.
.\.
(Biúlioti¡éque de la Facalté des Lcttrcs dc París.:,
Or::-¡¡s. - Histoire des idées morales dans l'an1.iquité,
L 11.
Fm.EDI.K:-IDEll.
-
Tableau des mceurs romaines, tmuuc-
lion f¡·Ulli:a.ise.
La morale d'Epicure.
Die deutsche Díchtung des 17 und 18
Jahrundertes in ibren Beziehungen zu H(,raz.
K. :\1AIER. - Darstellung des philosophíschen Standpunkts des Horaz.
C. l\hnl'llA. - Etudes morales sur l'antiquité.
- Les moralistes sous l'Empire romain.
l\Io)nlsIi:N. - Histoire romaíne, tl'utluctionfl'lLn,;aile.
n. ';\¡SARD. - Etudes de critique littéraíre. (Le$ Dea;c
GlJYAu.
-
LEHXJl:Ror.
-
Jt,)rales, )
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G2
BIBLlOGHAPHI
POlRET.
O.
-
F.
Horace, /tude psyclwlo[¡t"gue el liitél'ail'c.
Histoire de la poesie la.tine, tmduetion
RID[j~cli:.-
fl'au~aise .
H.
RIG.\ULT.
-
S,\l:-lTE-13lwn>.
-
Etude sur Horac&.
Etude sur Horace (a la fin de I'Etude
sar Fil'gile).
The roman poets of Augusta.n Age, Horace
and the elegiac poets.
\\'Al.CK8:-¡,u.:n. - Histoire de la vie et des poesies
d'Horace.
E. ZELLEIt. - La Philosophie et la Religion chez les
Romains.
Sl>LL,\R.-
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TABLE
DES MATIERES
La lllol'ale ét le gCllloC ues lllol'ali~tes oans I'lllltirJuit,~
et de nos jours. - Que le nom de moraliste cOfl\·ieut
bien au poCte H,)racc
,.,
o, . ooo. ,
, ..
5-
morale d'Horace. - La lIlorale dan;; les
Sat¿"es. -- Cal'actel'c un peu rudimP'lItail'C l{u'elle
[. La
presente;
désil' d'unité 1ll0l'alc ; tcndance a l'épicul"isme. - DÓ\'c\')ppernent hal'lIIonieux et Pl'ofól'cssif
de la pensée morale d'HOl'ace. - Les Ud,'s familicres. - Les E'pftres: c'est la que la phílosophie
d'HOl'acc se ueveloppc
le plus [oll;;uemellt.
Yelléités de sto·:cismc. - Sag~! tempél'Ulllcllt gaI'll,:,
entre le;; exc0,. llu sto'icisme et ceux de l'épicul'isme.La méthode éclectique
en mOl'ale, L'objet de la mOl'a[e est la I'echerelle
du LonheUI'.
- Nécessité, p:lUr étre heul'cux, d'user de tout avee
modération. - Caracterc aristocl'atiquc (le la rnol'ah~
du pacte. - L'.d,·!ul du sage suinwt BOI'aceo
8
11.La morale d'Horace et sa vie. -
L'éducatioll
utilitaire et pratique du poGle. - Le/;olls de sceptici •.mc données pal' les évéuements politiljues. - Le
cal'act~re
el le tempérament
d'Horace:
tendance
natul'ellc il I'épicurismc
pratir¡ue, mais préoccupations philosophiques.
- Son indépendance
il.¡'égard
des gmnds,
d,~ Mécéne et d'Augu$te. - Le juste
milieu dans la vie comme dans la doctl"ine., .•....
3'
¡Vi.J(O Uf.¡r-~!','JTl?r'j
L t.!;'
(' {'j'ILC'~I.Este Libro fue Editado por la Biblioteca Luis Ángel Arango del Banco de la República,Colombia
64
TAJJLE DES ~IATIERF.S
Puges.
111.La morale d'Horace et son tem ps. - Les pl'éoccupations philosof'hiyues el morales dans la société
contemporaine: mélauge d~ slolcísme el d'épicul'¡sme, éclectisme cl·oissanl. - Les mceul'S : la
corruption el le libcl'linage ; tentative de réaction el
<lerMorme moralc. - La morale d'Hol'ace est Ull
rellet assez fidde de la mOl'ale contemporaiue .... , '12
1V. La morale d'Horace dans l'histoire des idées.
- La morale d'Horace est la moralc des ltonnétcs
[jcns. - « L'hollnele homme » de tous les temps. La morale des honnÓtes gens en f~r~ce et a Rome,
uyanl el. ap"es Horace. - Au l110yen age. - La
morale d'HOI'aee a la Renaissance : Montaigne. La lllorale des honnMes gens au XVII' sicele :
Hégnier, La Rochefoucauld, :\foliére et La FOIltaine. - 1I0race et Voltaire. - La morale des
honnetes gens dÓfillie et jugée par Sainte-Beuve .. ,18
V. Conclusion - La 11100'aled'Hol'ace, a\'ec ses
c¡ualilés et ses défauts, est faite pour la moyenlle de
J'humanité ; elle n 'apprclld pas a l'homme a se surpasser; elle Il'est )las, comme la morale ehrélienne,
gÓné¡'utJ'ice d'hérolsllle
, .. ,
, .. ,
58
BIBLIOGRAI'HIR
1\156-06. -
•.•••
, •• _, •••••••••
Imp. des Orph.-Appr.,
F. Blétit,
, ••••
, •••••••..•
,
61
40, flle La Fontaioe, Pari.,
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