Fiche étude et analyse
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Fiche étude et analyse
audí Introduction : Antoní Gaudi i Cornet est né le 25 juin 1852 à Reus, près de Barcelone. Il est le cinquième enfant d’un père chaudronnier et d’une mère appartenant elle aussi à une famille de chaudronniers, circonstance qui justifiera l’utilisation du fer forgé dans toutes ses œuvres. De santé fragile, il passa une enfance plutôt solitaire à faire de longues promenades au cours desquelles il développa le sens de l’observation, ce qui le mena à découvrir, avec une grande fascination, le grand spectacle de la nature, sa principale source d’inspiration pour la décoration de toutes ses oeuvres ainsi que la solution à de nombreux problèmes se présentant au cours de ses constructions. Cette technique de travail en s’inspirant de la nature (une idée s’ajoute à une autre et se transforme au fur et à mesure qu’elle grandit) fut appelée « construction organique » Son fort caractère, sa ténacité et son obstination lui permirent de persévérer dans ses projets et ses idées d’avantgarde, malgré la désapprobation d’une bonne partie de la société de son temps, y compris les critiques et plusieurs de ses clients. En tant qu’étudiant, Gaudi n’était pas un élève brillant, mais par contre un excellent dessinateur très créatif. Très vite, il travailla chez plusieurs architectes, afin de financer ses études tout en apprenant le métier, et trouva une réponse à ses inquiétudes artistiques dans ces expériences enrichissantes. L’esprit novateur de l’Exposition Universelle à Barcelone, en 1888, permit à la ville de se développer, de s’étendre et de puiser dans de nouvelles tendances artistiques. L’architecture novatrice à l’époque, en Europe, est l’Art Nouveau qui, autant dans la construction que dans la décoration, tend vers la sublimation de la courbe, la suprématie de l’iconographie médiévale, l’idéalisation de la représentation féminine et la réminiscence des animaux légendaires…. L’imagination est portée jusqu’à ses limites. Gaudi n’échappe pas à ce courant novateur européen qu’est l’Art Nouveau, mais, de par son originalité et son audace, il s’inscrit dans un tout autre mouvement artistique qui sera appelé Moderniste. A cette époque là, à Barcelone, tout est Modernisme. On retrouve ce style dans les meubles, les bijoux, l’art décoratif et l’architecture ….. et l’architecte devient alors la référence du moment. Nous ne savons pas grand-chose de sa vie sentimentale si ce n’est que Gaudi ne connut qu’une relation amoureuse avec une jeune fille qui se décida pour un autre prétendant. Gaudi resta célibataire toute sa vie et consacra tout son temps à l’architecture et à son travail. L’année 1878 marqua le début de sa carrière : - Gaudi obtint son titre d’architecte, la ville de Barcelone le chargea de nombreux projet - Manuel Vicens lui commanda son premier projet de maison - sa rencontre avec le riche industriel, Eusebi Güell i Bacigalupi (1846-1918), son ami, protecteur et mécène fut déterminante pour le reste de sa carrière. Avant ses premières réalisations pour Güell, Gaudí réalisa des constructions intéressantes telles que la maison Vicens (1883-1885) et le Capricho (dont nous examinerons quelques détails révélateurs), œuvres dans lesquelles prédomine encore un certain style historiciste, dérivé du style néo-gothique, avec une nette influence de l’art arabe (style gótico-mudéjar) mais qui possèdent déjà une empreinte très personnelle. Gaudi puisera dans la hauteur du style néo-gothique (l'arc brisé) l'inspiration pour la création de nouvelles formes plus arrondies, plus douces, comme l'arc parabolique qu'il utilisera profusément dans ses constructions. Exemple d’art gótico-mudéjar (San Salvador de La Seo – Zaragoza – Espagne) En 1883, Gaudí remplaça au pied levé l’architecte du Temple Expiatoire de la Sagrada Familia. Il consacra pratiquement toute sa vie à cette œuvre, et de manière exclusive pendant les douze dernières années de sa vie, de 1914 à 1926. Entre 1886 et 1890, il entreprit la construction d’une maison commandée par Güell, el Palacio Güell. En 1908, il initia la construction de la maison Calvet. Ses dernières œuvres qui sont d’un style très personnel, tout à fait Gaudinien, sont celles qui vont nous intéresser en priorité, dans le cadre de l’Histoire des Arts enseignée en classe de Troisième. Ses œuvres étant particulièrement denses et multiples, nous nous sommes attachés à limiter l’étude à certaines d’entre elles : - l’aménagement du Park Güell (1900-1904) - la réforme d’une maison déjà existante appartenant à de riches commerçants, la Casa Batlló (1905-1907) - la construction de la maison Casa Milá (1906-1910), surnommée la Pedrera (la carrière) - le Temple de la Sagrada Familia (1882-2024 ???). Le 7 juin 1926, Gaudi fut renversé par un tramway et mourut trois jours plus tard. Il fut enterré dans la crypte de la Sagrada Familia, l’église à laquelle il avait consacré la plus grande partie de sa vie. Il emporta avec lui les plans définitifs de ce Temple qui restait inachevé… Pour plus de détails, voir le lien suivant : http://www.gaudidesigner.com/fr/index.html Casa Vicens (1883-1885) à Barcelone Grâce à cette première grande œuvre (dessinée l’année de l’obtention de son diplôme), Gaudi exprimait déjà son génie particulier d’architecte et sa fantaisie débordante d’artiste. Il s’agissait de sa première grande commande. Manuel Vicens Montaner, riche fabricant de briques et d’azulejos (faïences murales) demanda au jeune architecte de lui concevoir une résidence d’été. Malgré une base principalement rectangulaire avec une légère avancée, sur le jardin, de la salle à manger, Gaudi réussit à donner à ce simple plan une volumétrie complexe grâce à la riche conception des façades, sur lesquelles les parties saillantes sont abondantes, que ce soit par des petites tours en poivrières ou des petits balcons ronds ; à cette fin, il utilisa la pierre traditionnelle comme élément de base combiné avec des briques, l’ensemble étant recouvert de nombreux azulejos de couleurs et de matériaux provenant du propriétaire de la maison. Quant aux ornements et à la propre architecture de la maison, Gaudi s’inspire principalement de l’art mudéjar mais on remarque également une recherche constante et une application de nouvelles formes architecturales et d’éléments ornementaux, comme l'arc parabolique. Gaudi ne négligeait aucun détail et c’est lui qui conçut l’originale grille d’entrée aux motifs végétaux et les grilles des fenêtres ainsi que l’exquise décoration intérieure aux motifs orientaux. Le fer forgé est à l’honneur tout autour de la bâtisse. A titre informatif, la Casa Vicens, classée patrimoine mondial par l’UNESCO, est actuellement en vente, depuis le 2 avril 2014 pour la modique somme de 35 millions d’euros !!! Qui dit mieux ??? El Capricho (1883-1885) à Comillas (Cantabrie) Comme pour la Maison Vicens, les réminiscences mudéjares sont importantes dans ce petit palais. Gaudi s’approprie à nouveau les azulejos comme éléments décoratifs, même si sa thématique, une fleur de tournesol, fait davantage penser à l’Espagne, et la fine tour rappelle également l’art arabe tel un minaret qui se dresse au dessus du perron de l’entrée principale, conférant à l’ensemble une grande élégance. Conçu comme une résidence d’été pour un célibataire fortuné qu’était Máximo Diaz Quijano, Gaudi consacra une attention toute particulière à la disposition des pièces et à des détails remarquables comme les grandes fenêtres à guillotine qui émettent des notes musicales lorsqu’elles sont actionnées ou au travail en fer forgé des balustrades des petits balcons, avec quelques éléments métalliques qui émettent également des sons lors de l’ouverture ou de la fermeture des fenêtres. Le choix de la fleur de tournesol n’est pas anodin : la structure même de la fleur de tournesol est le parfait symbole du nombre Phi (1,618033...), le fameux nombre d’or déjà connu par les architectes de l’antiquité. Ce nombre d'or que l'on trouve à l'état naturel en toutes choses, les coquillages, la ramification des plantes, la structure des fleurs et même dans les proportions du corps humain sera une constante dans les oeuvres de Gaudi qui ne cessera de l’exploiter de manière récurrente pour la structures et les proportions de ces édifices, dans la plupart des formes et des motifs qu'il crée. Cet édifice est aujourd’hui une résidence de propriété privée et accueille un restaurant depuis 1988 … très cher !!! Les pavillons de la propriété Güell (1884-1887) à Barcelone La résidence d’été que les Güells possédaient dans les environs de Barcelone, venait d’être agrandie suite à l’achat de terrains limitrophes. Güell voulait que Gaudi construise un mur d’enceinte entourant toute la propriété et ouvert par trois entrées, une principale et deux secondaires en plus de quelques restaurations dans la maison même. L’entrée principale de la propriété est cette oeuvre très originale que nous pouvons contempler aujourd’hui et qui comprend la célèbre porte du dragon, à gauche la conciergerie, et à droite les écuries et le manège. Mais, sans aucun doute, l’aspect qui attire le plus l’attention des Pavillons Güell est cette grande porte en forme de dragon stylisé. Réalisée en fer forgé, elle mesure Cinq mètres de long et est supportée d’un seul côté par une colonne en briques de dix mètres de hauteur. La force et l’expression de l’animal représenté sont saisissantes à tel point que le dragon, dans son attitude agressive, semble jouer à la perfection son rôle de gardien jaloux. Son symbolisme remonte au Jardin des Hespérides et s’identifie au dragon Ladon qui gardait les fruits d’or (aujourd’hui des orangers) et qui fut enchaîné par Hercule, lors de ses douze travaux. Sur le pinacle de la colonne qui soutient la porte, des oranges rappellent le même thème. La position du corps du dragon est la même que celle des étoiles de la constellation du Dragon et d’Hercule, dans le ciel. La figure du dragon sera l’un des thèmes favoris de Gaudi et sera récurrente dans d’autres oeuvres. La décoration extérieure, formée d’une combinaison de céramiques de couleurs avec la brique et un jeu de relief sur le mur, n’est pas sans rappeler l’influence de l’art arabe (mudéjar) même si Gaudi laisse une marque plus personnelle rappelant ses deux oeuvres précédentes, la maison Vicens et le Capricho. Le Palais Güell (1885-1890) à Barcelone Sur un terrain de 18 mètres par 22, dans le centre-ville, bien trop petit pour y construire un grand palais comme le souhaitait Güell, Gaudi édifia une œuvre magnifique du point de vue de l’espace, en créant un intérieur très complexe qui donne la sensation d’un palais aux dimensions énormes. Le secret réside dans le grand salon du premier étage, construit comme une cour intérieure et surmontée d’une originale coupole se finissant par un cône troué d’une multitude de perforations circulaires. La façade comprend une tribune et deux énormes portes d’arcs paraboliques (l’arc parabolique sera dès lors une constante dans les réalisations de Gaudi) suffisamment grandes pour permettre l’entrée des carrosses jusqu’au soussol, où se trouvent les écuries. Les deux portes sont magnifiquement décorées de fer forgé dessinant, dans la partie supérieure, la lettre initiale du propriétaire de la maison. Entre les deux portes, une fenêtre artistiquement ouvragée culmine au sommet d’une colonne également en fer forgé sur laquelle se trouve l’emblème de la Catalogne. Le toit terrasse du palais forme un beau jardin de sculptures avec la tour au centre qui correspond au sommet de la coupole du salon et toute une multitude de cheminées, de canaux de ventilation ou de pinacles décoratifs aux différentes formes coniques ou pyramidales recouvertes de céramiques de couleur. Nous retrouverons ces riches sculptures fonctionnelles du toit terrasse, recouvertes de trincadis (morceaux de faïence et de céramique), dans la Casa Battló et la Casa Milá. Le Temple Expiatoire de la Sagrada Familia (1882-2024 ???) à Barcelone Le fait que la construction de cette œuvre maîtresse soit si longue est dû aux dimensions de l’édifice, ainsi qu’à la décision des fondateurs, l’Association des Dévots de Saint Joseph, selon laquelle l’église doit être uniquement financée par des aumônes et des dons. Cela supposa parfois l’interruption des travaux par manque d’argent. Gaudi consacra à cette grande œuvre inachevée plus de 40 ans et, de manière exclusive les 12 dernières années de sa vie, refusant tout autre projet qui lui était proposé. Il alla jusqu’à déménager pour vivre dans l’enceinte du chantier afin de réfléchir aux différentes solutions qui s’offraient dans la progression de l’œuvre (construction organique : une idée s’ajoute à une autre et se transforme au fur et à mesure qu’elle grandit) et afin de rester le plus longtemps possible sur le chantier pour résoudre tout problème éventuel avec les ouvriers. Cela lui permit de travailler comme il le voulait. De son vivant, Gaudi ne vit s’achever que la crypte (1885), l’abside (1895), une partie du cloître qui entoure tout l’édifice (1899), la façade de la Nativité et son premier clocher, celui de Saint Barnabé (1925). Après sa mort, les clochers de la façade de la Nativité furent terminés. Cette façade comprend trois portails symbolisant les vertus théologales (Espérance - Foi - Charité) avec une profusion de sculptures réalistes qui illustrent de manière didactique différents passages de la vie du Christ. Pendant la guerre civile (1936-1939), le Temple connut un incendie qui dévora les nombreux dessins et les modèles en plâtres que l’architecte avait réalisés. Les travaux reprirent en 1954 par la façade ouest ou de la Passion du Christ (représentant la mort de Jésus), grâce à ce qu’il restait des études et des plans de masse datant de 1911, sauvés des flammes. Les sculptures de cette façade furent confiées à Josep M. Subirachs (1986) qui respecta les grandes lignes iconographiques et symboliques pensées par Gaudi La construction des nefs et des voûtes commença en 1990, suivant les plans d’origine, et abrite une forêt de colonnes en forme d’arbres dont les branches supportent toute la structure et donnent à l’ensemble une dimension extrêmement vaste et aérienne. Cette œuvre exceptionnelle et monumentale sera terminée lorsque les 18 tours-clochers prévues par Gaudi seront terminées. Sur trois de ses façades, douze d’entre elles mesureront entre 98 et 112 mètres de haut et représenteront les 12 apôtres ; Cinq d’entre elles seront situées au dessus de la croisée et représenteront Jésus (qui culminant à 170 mètres) entouré des 4 évangélistes ; une dernière tour sera placée au dessus de l’abside dédiée à la vierge Marie. Ces tours-clochers surgissent des portails et leur structure hélicoïdale (qui respecte le nombre Phi) s’adapte à l’escalier en colimaçon montant à l’intérieur. Dans les vides de la partie haute des clochers, Gaudi avait prévu d’installer 18 cloches tubulaires dont le son se combinerait avec celui des 5 orgues de l’intérieur du temple et avec les 1500 voix des chanteurs que comprendra le chœur. Pour couronner ces tours, des figures géométriques aux notes coloristes symboliseront les apôtres, représentés par les signes épiscopaux à savoir l’anneau, la mitre, la balance et la croix. Le Park Güell (1900-1914), jardin public à Barcelone Commandé par Eusebi Güell et conçu à l’origine pour un projet de quartier résidentiel (comme les villages-jardins qui se construisaient à l’époque en Angleterre, ce qui justifie la lettre K de Park), ce projet innovant ne connut aucun succès (seulement 2 des 62 parcelles prévues furent vendues) car le projet était trop éloigné du centre-ville. Malgré tout, Gaudi put achever ses travaux et nous légua l’une de ses œuvres architecturales les plus suggestives et réussies. L’ensemble fut déclaré Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO en 1984. Dans ce projet, Gaudi va s’attacher à architecturiser la nature alors que dans la Casa Milá il fera tout le contraire. La première étape de construction fut le terrassement de cette montagne d’une surface de 15 hectares achetée par Güell et les voies de circulation interne. Dans un deuxième temps, il réalisa la grande esplanade centrale dédiée aux loisirs et la salle inférieure aux colonnes (salle hypostyle) aux fausses clés de voûte recouvertes de trincadis qui devait abriter un marché. Dans un troisième temps, il fit construire le mur d’enceinte, une maison particulière et deux pavillons destinés à l’administration et à la conciergerie du quartier résidentiel. Il paracheva le tout, dans une dernière étape, en faisant construire le célèbre banc ondulant. La mort de Güell, en 1918, paralysa le projet qui restait inachevé et, en 1922, ses héritiers offrirent le parc à la municipalité qui en fit un parc municipal. Il est aujourd’hui l’un des parcs les plus visités au monde car il provoque l’admiration des visiteurs : - les deux pavillons de l’entrée aux toitures et aux cheminées féeriques, dans le pur style gaudinien - les chemins en portique avec des pierres qui essaient de recréer des formes imitant la nature de l’endroit - le dragon de l’escalier conduisant vers la salle des colonnes - le banc ondulant qui reste l’un des éléments les plus spectaculaires du parc de par sa conception originale imitant le dos écaillé d’un dragon grâce à sa décoration de trincadis (restes de céramique et autres matériaux divers que nous allons retrouver dans la Casa Batlló). La casa Batlló (1904-1906) à Barcelone Parallèlement aux travaux de du Park Güell, Gaudi fut engagé pour restaurer la maison que la famille Batlló, une riche famille bourgeoise d’origine vénitienne, se consacrant à l’industrie textile, possédait dans la plus belle avenue de Barcelone, el Passeig de Gràcia. Le propriétaire, Josep Batlló i Casanovas aurait souhaité écrouler l’ancienne structure de style néoclassique, datant de 1875, pour y construire un nouveau bâtiment mais Gaudi considéra inutile cette destruction et partit des structures existantes pour créer les deux façades du bâtiment. Il réorganisa complètement le rez-de-chaussée et l’étage principal (pour lequel il créa également le mobilier). Il ajouta le sous-sol et le cinquième étage, ainsi qu’un patio intérieur Le résultat en fut cette œuvre tellement surprenante et pleine de fantaisie. L’un des aspects les plus remarquables de cette maison est l’absence quasi-totale de lignes droites, malgré la structure rectiligne originelle du bâtiment. Quant au symbolisme de la façade, les interprétations sont nombreuses : pour certains il s’agit d’une vision poétique de la mer Méditerranée, pour d’autres une scène du Carnaval, avec masques et confettis, rappelant l’origine vénitienne du propriétaire …. D’autres voient dans les couleurs irisées des trincadis un reflet des tissus moirés qui ont fait la fortune du propriétaire, même si la version la plus sûre affirme que toute la façade représente un immense dragon (l’un des thèmes préférés de Gaudi) vaincu par St Georges, Saint Patron de la Catalogne et symbolisant la victoire du bien sur le mal. Saint Georges serait représenté par la lancetour culminant par une croix clavée et plantée dans l’échine du dragon, tandis que sur la façade se trouvent les écailles de l’animal mythique, les os et les têtes de morts de ses victimes, des formes dont semblent s’inspirer respectivement les colonnes de l’étage principal et du premier étage, et les balcons. La terrasse aux multiples bouches d’aérations et de cheminées offre un jeu de couleurs explosives grâce aux revêtements colorés de trincadis. Tout, tant à l’intérieur comme à l’extérieur de la Casa Batlló, même le plus petit détail lié à l’éclairage ou à la lumière qui filtre par le patio intérieur ou le système de chauffage et le système de ventilation des pièces ou bien la forme des meubles d’adaptant aux murs ondulés ….. tout est l’objet d’une grande attention de la part de Gaudi. Actuellement, une partie de la Casa Batlló se visite mais l’ensemble de l’immeuble est une propriété privée et n’est pas à vendre …. Dommage !!! L’étude de ces quelques des œuvres de Gaudi, parmi tant d’autres, a permis aux élèves de se familiariser un tant soit peu avec le vocabulaire de l’architecture, de suivre la progression du style et l’évolution du parcours de cet architecte prodigieux tout en découvrant un aspect culturel de l’Espagne. Nous finirons donc l’étude de ce dossier par la dernière de ses œuvres achevée, la plus accomplie et la plus étonnante mais aussi la plus contestée, la Casa Milá, ce qui laissera sûrement matière à des digressions sur l’utilisation du nombre Phi et l’utilisation des matériaux employés (qui va de la brique à la pierre en passant par la décoration en faïences, les trincadis, le verre et le fer forgé), matériaux traditionnels utilisés sous des formes novatrices pour l’époque et qui sont la base de ce style espagnol, à part dans l’Art Nouveau et qui sera appelé le Modernisme. La Casa Milá, ou « La Pedrera » (la carrière de pierres) (1905-1010) à Barcelone Les deux façades en angle représentées de façon rectiligne Alors que s’achevaient les travaux de la maison particulière de la famille Battló, Gaudi accepta la commande du commerçant Pere Milá i Camps pour la construction d’un nouvel immeuble d’habitations, situé à quelques pas de là, sur la même avenue. A mesure que la construction avançait et prenait forme, elle fut tout de suite surnommée la « Pedrera » par les barcelonais, avec un certain mépris, car ils n’y voyaient qu’un amas de pierres. Elle fut également appelée ironiquement le « nid de guêpes » et même le « pâté en croute ». L’opinion publique fut totalement déroutée et stupéfaite en découvrant l’édifice et l’œuvre reçut un accueil très mitigé. Encore aujourd’hui, beaucoup interprètent la Casa Milá comme une montagne dominée par un grand nuage ; pour d’autres les formes ondoyantes de la façade évoquent clairement les vagues de la mer ou une falaise sous-marine parsemée de cavités irrégulières…. Il est sûr cependant que Gaudi prend la nature comme exemple et comme source d’inspiration. De plus, il montre sa ferme intention de naturaliser l’architecture, un processus inverse de celui employé dans le Park Güell, où il architecturise la nature. Le projet initial prévoyait une couverture de l’édifice avec une énorme sculpture de la Vierge et l’Enfant mais l’image ne fut pas du goût du propriétaire, si bien qu’elle fut écartée. En revanche, la référence à Marie « Ave gracia M plena Dominus tecum » resta inscrite tout le long de la façade, en ligne ondulée séparant les six étages habitables des deux étages constitués par les combles. Dans l’ensemble, la bâtisse dont la surface est de 1620 mètres carrés réunit deux édifices, chacun structuré autour d’un patio central aux formes ondulantes et courbées et chacun avec son entrée. Toute la façade ondulante fut construite avec de grands blocs de pierre des carrières avoisinantes, taillées sur place et emboîtés les uns aux autres. Pour la décoration des balcons, tous différents, Gaudi fit composer d’authentiques pièces uniques en fer forgé représentant des guirlandes d’algues. Les grilles des portes, au tracé très différent, sont de véritables prouesses de ferronnerie. L’originalité de Casa Milá se poursuit à l’intérieur avec des éléments aussi innovants que la rampe hélicoïdale d’accès au sous-sol pour les voitures et les carrosses, ou la suppression de l’escalier habituel des immeubles ; à sa place, Gaudi proposa d’accéder aux appartements uniquement par ascenseur ou par escalier de service. En ce qui concerne l’organisation intérieure de l’édifice, on peut remarquer que tout le bâtiment est supporté par des colonnes et par une structure métallique, avec l’absence de murs porteurs, ce qui permet d’agencer chaque appartement à sa convenance et d’adapter chaque espace à sa guise. Mais l’endroit qui suscite le plus d’admiration est probablement la terrasse, au dessus des combles aux formes sinueuses ; la terrasse a une structure échelonnée et est peuplée de sculptures insolites recouvertes de trincadis qui correspondent, pour les plus grandes, aux sorties des escaliers de service, aux aérations percées de nombreux orifices, pour les plus petites, et aux cheminées qui, groupées par trois ou quatre, ressemblent à de sévères gardiens encapuchonnés ou à des sentinelles casquées. Cet édifice est actuellement le siège d’une banque, la Caixa de Catalunya, depuis 1986, et a été classé Patrimoine Mondial de L’UNESCO en 1984. Il n’est pas à vendre non plus. Dommage !!! Plan de la Casa Milá Détails de la Casa Milá Fiche M Andrés