Etude des défauts électriquement actifs dans les composants
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Etude des défauts électriquement actifs dans les composants
N° d’ordre :2006-ISAL-0029 Année 2006 UNIVERSITE DE MONASTIR FACULTE DES SCIENCES DE MONASTIR INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON THESE Présentée par Malek GASSOUMI Pour obtenir LE GRADE DE DOCTEUR FORMATION DOCTORALE : Matière condensée, Surface et Interface ECOLE DOCTORALE : Matériaux de Lyon TITRE : Etude des défauts électriquement actifs dans les composants hyperfréquences de puissance dans les filières SiC et GaN. Soutenue le 12 Juin 2006 devant la commission d’examen JURY : MM. Habib BOUCHRIHA Professeur Rapporteur Christophe GAQUIERE Professeur Rapporteur Hassen MAAREF Professeur Directeur de thèse Gérard GUILLOT Professeur Directeur de thèse Larbi SFAXI Maître de Conférences Examinateur Jean-Marie BLUET Maître de Conférences Examinateur Cette thèse a été préparée dans le cadre d’une collaboration CMCU entre le Laboratoire de Physique des Semiconducteurs et des Composants Electroniques de la Faculté des Sciences de Monastir et le Laboratoire de Physique de la Matière de l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon DEDICACE A ma très chère mère A mon cher père Je leur dédie ce modeste travail en signe de reconnaissance et de profonde gratitude, pour tous les sacrifices consentis. Qu'ils voient en moi le fils qu'ils ont souhaité avoir. A mes frères et ma sœur. Qui m'ont toujours soutenu par leurs encouragements. Pour tout l'amour qu'ils m'ont prodigué. Qu'il me soit possible de leurs exprimer Ma profonde gratitude. Remerciements Remerciements Cette thèse a été préparée dans le cadre d’un contrat CMCU (N°OG1320) entre le Laboratoire de Physique des Semiconducteurs et des Composants Electroniques (LPSCE) de la Faculté des Sciences de Monastir et le Laboratoire de Physique de la Matière (LPM) de l’INSA de Lyon. Son accomplissement n’aurait été possible sans l’aide de nombreuses personnes. Je remercie Messieurs Hassen MAAREF et Gérard GUILLOT, respectivement Directeurs du Laboratoire LPSCE de Monastir et du LPM de l’INSA de Lyon, de m’avoir accueilli dans ces Laboratoires. Je suis très reconnaissant à Monsieur Hassen MAAREF, Professeur à la Faculté des Sciences de Monastir, qui a dirigé cette thèse de côté Tunisien. Je lui exprime mes vifs remerciements pour l’aide constante durant l’élaboration de ce travail qu’il a encadré. Ses conseils, l’enthousiasme qu’il a su me communiquer et ses compétences scientifiques et humaines m’ont permis d’accomplir ma tâche dans les meilleures conditions. Cette thèse a été aussi dirigée par Monsieur Gérard GUILLOT, Professeur à l’INSA de Lyon, dont j’ai pu, durant trois ans, apprécier l’enthousiasme, le sérieux et le sens de la physique ; ce travail lui doit beaucoup. Je voudrais remercier spécialement Monsieur Jean-Marie BLUET, co-directeur de cette thèse, pour avoir assuré de manière agréable le suivi quotidien de mon travail et pour m’avoir fait profiter de son expérience. Ses compétences scientifiques, ses conseils et sa qualité humaine ont permis de réaliser ce travail dans un climat très favorable. Sa disponibilité ainsi que ses conseils ont largement contribué à l’aboutissement de ce travail. J’exprime mes vifs remerciements à Monsieur Christophe GAQUIERE, Professeur à l’Université des Sciences et Technologies de Lille d’avoir accepté de rapporter sur ce travail. Je le remercie de l’intérêt qu’il a montré pour ce travail. Ses remarques rigoureuses et ses conseils se sont révélés très enrichissants. Je tiens à remercier Monsieur Habib BOUCHRIHA, Professeur à la Faculté des Sciences de Tunis d’avoir bien accepté d’être rapporteur de ce travail. Je le remercie de l’intérêt qu’il a montré pour ce travail. Je tiens à remercier Monsieur Larbi SFAXI, Maître de conférences à la Faculté des Sciences de Monastir, pour l’intérêt qu’il a porté à ce travail pour ses encouragements ainsi que pour sa participation au Jury de soutenance. Remerciements Coté collaboration, je remercie Monsieur Christian BRYLINSKI du Centre de Recherche du groupe THALES à Orsay et Monsieur Christophe GAQUIERE qui sont à l’origine de l’essentiel de l’élaboration des échantillons. Je remercie Monsieur Djamel ZIANE qui m’a initié à l’utilisation des expériences de transconductance et conductance (LPM), je tiens à remercier également Liviu MILITARU pour son aide amical durant la préparation de cette thèse Mercie à tous les membres du Laboratoire de Physique des Semiconducteurs et des Composants Electroniques qui m’ont permis de travailler dans une ambiance chaleureuse : Bouraoui ILAHI, Nejeh JABA, Saoussen REKAYA, Faouzi SAIDI, Faouzi CHEKIR, Asma TRIKI, Haussine MEJRI, Imen DERMOUL, Ridha AJJEL, Leila BOUZRAR, Zouhour ZABOUB, Mourad BAIRA. Lotfi BOUZEIN, Je remercie Mohamed ROKBANI technicien du LPSCE, pour son aide. Je remercie mes copains à Lyon : Kaiss AOUADI et Bassem SALAM (Souma) pour leurs aides. Un remerciement particulier à tous mes amies à la faculté des sciences de Monastir : Ali LOURIMI, Naoufel BEN HAMADI, Abdelhamid HELALI, Ahlem ROUIS. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à toutes celles et à tous ceux qui ont contribué, directement ou indirectement, un bon déroulement de mon travail et en particulier les personnes avec lesquelles j’ai eu de la chance d’interagir durant cette thèse. Je remercie la région Rhône Aples (MIRA) pour l’aide financière qu’elle ma attribuée pendant ma dernière année de thèse. Merci également aux membres permanents du LPM pour leur bonne Humeur : Kader, Mustapha, George, Catherine, Taha, Régis. J’ai sincèrement apprécié durant ces trois années, la bonne ambiance et la solidarité qui règne entre les doctorants. Je tiens donc à remercier tous les doctorants grâce auxquels ces années resteront pour moi autre chose qu’une aventure scientifique. Edern, Nicolas, Haucem, Jaccobo et Bing. Je remercie aussi les « anciens » thésards : Matthieu (Math), Vincent (vince). Je remercie les techniciens du LPM, Philippe, Joël, Robert et les secrétaires Séverine, Claude, Meriem, Martine et Céline pour leur sympathie et leur bonne humeur. Je ne pourrais pas finir sans inclure dans ces remerciements les personnes les plus chères qui ont supporté mon indisponibilité : mes parents, mes frères, ma sœur, et ma fiançaille. Sommaire Table des matières Introduction générale............................................................................................................... 5 CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE CARBURE DE SILICIUM ........................... 9 I.1 Introduction. ............................................................................................................... 10 I.2 Propriétés et applications du SiC.............................................................................. 12 I.2.1 Polymorphisme du Carbure de Silicium .............................................................. 12 I.2.2 Propriétés Physiques du Carbure de Silicium ...................................................... 15 I.2.2.1 Le facteur de mérite de Baliga (BMF) ............................................................. 17 I.2.2.2 Le facteur de mérite de Johnson (JMF) :.......................................................... 17 I.2.2.3 Le facteur de mérite de Keyes (KMF) : ........................................................... 17 I.3 Les défauts dans le Carbure de Silicium (SiC)........................................................ 18 I.3.1 Défauts étendus .................................................................................................... 18 I.3.1.1 Les micropipes ................................................................................................. 18 I.3.1.2 Les dislocations ................................................................................................ 20 I.3.1.3 Fautes d’empilement ........................................................................................ 21 I.3.2 Défauts ponctuels et impuretés ............................................................................ 22 I.3.2.1 Centres profonds liés à des impuretés .............................................................. 22 I.3.2.2 Niveaux profonds supposés d’origine intrinsèque ........................................... 23 I.3.2.3 Niveaux superficiels......................................................................................... 23 I.4 DISPOSITIFS ELECTRONIQUES SUR CARBURE DE SILICIUM................. 27 I.4.1 Les diodes bipolaires en SiC ................................................................................ 27 I.4.2 La diode Schottky en SiC..................................................................................... 28 I.4.3 La diode JBS (Junction Barrier Schottky)............................................................ 29 I.4.4 Les Transistors HBT ............................................................................................ 30 I.4.5 Les transistors Bipolaires ..................................................................................... 32 I.4.6 L’IGBT (Insulated Gate Bipolar Transistor)........................................................ 33 I.4.7 Le thyristor GTO (Gate turn-off thyristor)........................................................... 34 I.4.8 Les Transistors MOSFETs SiC. ........................................................................... 35 I.4.9 Les transistors JFET en SiC ................................................................................ 37 I.4.10 Les Transistors MESFETs SiC. ........................................................................... 39 I.4.10.1 Etats de l’art sur les MESFETs SiC ............................................................. 40 I.4.10.2 Les effets de pièges dans le substrat semi-isolant du MESFET SiC............ 44 I.4.10.2.1 Effets de ‘Self-backgating’ ....................................................................... 45 I.4.10.2.2 Effets de ‘ gate-lag ’.................................................................................. 45 I.4.10.3 Rôle de la passivation pour le SiC ............................................................... 45 I.5 Conclusion................................................................................................................... 46 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE I ................................................ 47 1 Sommaire CHAPITRE II : TECHNIQUES DE CARACTERISATION DES CENTRES PROFONDS………………………………………………………………………………….58 II.1 Introduction ................................................................................................................ 59 II.2 Modèle énergétique : Phénomène de relaxation du réseau cristallin .................... 59 II.3 Caractéristiques des défauts profonds ..................................................................... 61 II.3.1 Les défauts profonds ............................................................................................ 62 II.3.1.1 Signature des pièges ......................................................................................... 65 II.4 Principe de la spectroscopie de transitoire de centres profonds (DLTS).............. 66 II.4.1 II.4.2 II.5 Technique DLTS boxcar ...................................................................................... 70 Banc de mesure DLTS. ........................................................................................ 71 Méthode d’analyse des Transitoire de courant drain-source (CDLTS) ............... 72 II.5.1 Principe de la méthode ......................................................................................... 73 II.5.1.1 Mesures en commutation de grille ................................................................... 73 I.5.1.2 Mesure en commutation de drain.......................................................................... 74 II.5.2 Dispositif expérimental et information du banc de mesure.................................. 74 II.5.2.1 Banc de mesure ................................................................................................ 74 II.5.2.2 La Cryogénie .................................................................................................... 75 II.5.2.3 Excitation électrique......................................................................................... 75 II.5.2.4 Voltmètre numérique rapide............................................................................. 75 II.5.2.5 Informatisation du banc de mesure .................................................................. 75 II.5.3 Circuit électrique .................................................................................................. 77 II.5.4 Circuit imprimé .................................................................................................... 77 II.5.5 Analyse du transitoire de courant......................................................................... 77 II.6 Conclusion................................................................................................................... 78 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE II .............................................. 79 CHAPITRE III :RESULTATS EXPERIMENTAUX ........................................................ 81 PARTIE A : ETUDE DES DEFAUTS PROFONDS DANS LES MESFETS 4H-SIC .... 82 III.1 Introduction ................................................................................................................ 82 III.1.1 III.2 Description des échantillons MESFETs 4H-SiC ................................................. 83 Caractérisations statiques courant-tension.............................................................. 84 III.2.1 Caractéristiques de transfert. ................................................................................ 84 III.2.2 Caractéristiques électriques statiques Ids-Vds ..................................................... 85 III.2.2.1 Présentation de l’effet de kink...................................................................... 88 III.2.2.2 Présentation de l’effet d’hystérésis. ............................................................. 91 III.2.3 Conclusion sur les mesures de caractéristiques de sorties ................................... 96 2 Sommaire III.3 Caractérisation des pièges dans le transistor MESFETs 4H-SiC. ......................... 96 III.3.1 Spectroscopie de défauts profonds par analyse de transitoires de capacité (DLTS). 96 III.3.1.1 Mesures expérimentales ............................................................................... 97 III.3.2 Spectroscopie de défauts profonds par analyse de transitoires de courant (CDLTS)............................................................................................................................. 100 III.3.2.1 Principe de la méthode de mesure.............................................................. 100 III.3.2.2 Amplitude des transitoires.......................................................................... 100 III.3.2.3 Détection et identification des pièges profonds ......................................... 101 III.3.2.4 Résultats en commutation de grille ............................................................ 102 III.3.2.5 Influence de la duré de pulse...................................................................... 110 III.3.2.6 Résultats en commutation de drain ............................................................ 111 III.3.2.7 Identification des pièges............................................................................. 112 III.3.2.8 Comparaison entre la DLTS et la CDLTS ................................................. 113 III.4 Conclusion................................................................................................................. 114 CHAPITRE III :PARTIE B : CARACTERISTIQUES STATIQUES ET ETATS DE SURFACE DANS LES MESFET 4H-SIC ......................................................................... 115 III.1 Introduction .............................................................................................................. 115 III.2 Caractéristiques statiques. ...................................................................................... 115 III.2.1 Caractéristiques de transfert Ids-Vgs-T, pour un MESFET SiC de longueur de grille 1µm. .......................................................................................................................... 115 III.2.2 Caractéristiques Ids-Vds-T, d’un MESFET SiC de longueur de grille 1µm. .... 117 III.2.3 Caractéristiques Ids-Vds-T, pour des transistors de longueur de grille 4 µm et 16 µm. 119 III.2.4 Conclusion sur les caractéristiques statiques. .................................................... 123 III.3 Spectroscopie de défauts profonds par analyse de transitoires de courant (CDLTS)................................................................................................................................ 123 III.3.1 Transitoires de courant ....................................................................................... 123 III.3.2 Résultats de CDLTS en commutation de grille.................................................. 126 III.3.2.1 Transistor à Lg = 16 µm............................................................................. 126 III.3.2.2 Transistor Lg = 1µm................................................................................... 127 III.3.2.3 Comparaison Lg = 1µm et Lg= 16 µm ...................................................... 129 III.3.3 Interprétation ...................................................................................................... 131 III.3.3.1 Phénomène de capture par un état de surface ............................................ 131 III.3.3.2 Variation de Vr........................................................................................... 133 III.3.3.3 Variation du temps de pulse tp................................................................... 135 III.3.3.4 Mesure en condition de saturation ............................................................. 135 III.4 Conclusion................................................................................................................. 136 Références bibliographique du chapitre III ......................................................................... 138 3 Sommaire CHAPITRE IV : LES HEMTS ALGAN/GAN SUR SUBSTRAT SI .............................. 144 IV.1 Introduction :............................................................................................................ 145 IV.2 Généralités sur le GaN............................................................................................. 146 IV.2.1 Propriétés physiques........................................................................................... 146 IV.2.1.1 Structure cristalline .................................................................................... 146 IV.2.1.2 Propriétés thermiques ................................................................................. 147 IV.2.1.3 Propriétés électriques du GaN.................................................................... 147 IV.2.1.4 Influence du substrat sur les propriétés optiques et structurales ................ 148 IV.3 Le transistor HEMT ................................................................................................ 149 IV.3.1 Généralités.......................................................................................................... 149 IV.3.1.1 Rappels sur le fonctionnement des transistors HEMT ............................... 150 IV.3.1.2 L’hétérojonction et le gaz bidimensionnel d’électrons .............................. 151 IV.4 Eude des HEMTs AlGaN/GaN/Si ........................................................................... 153 IV.4.1 Structures étudiées.............................................................................................. 153 IV.4.2 Caractérisations par des mesures courant-tension.............................................. 154 IV.4.2.1 Caractéristiques électriques statiques Ids-Vds-T. ...................................... 154 IV.4.2.2 Caractéristiques de transferts ..................................................................... 157 IV.4.2.3 Conclusion sur les caractéristique statiques ............................................... 159 IV.4.3 Caractérisation des pièges .................................................................................. 159 IV.5 Conclusion................................................................................................................. 163 Références bibliographique du chapitre IV ......................................................................... 165 CONCLUSION GENERALE ............................................................................................. 167 4 Introduction Générale Introduction générale 5 Introduction Générale Introduction générale Pour tous les pays, les télécommunications sont une priorité incontournable. Les rapides développements de la recherche et de l’industrialisation ont permis à un large public d’accéder aux moyens modernes de communication. Les applications civiles telles que les télécommunications par satellites, les téléphonies mobiles, l’automobile avec le radar anticollision, les transmissions de données connaissent un essor rapide grâce à la maîtrise des techniques à mettre en œuvre. Ainsi, le développement spectaculaire notamment des communications mobiles au cours des dernières années a conduit à une recherche de technologies robustes et fiables, à des coûts relativement raisonnables dans le domaine de l’électronique. Les études développées dans le cadre de nouveaux marchés militaires et civils sont à l’origine d’une évolution importante de tous les secteurs d’activités de l’électronique hyperfréquence. Cette évolution est essentiellement dirigée vers le choix de nouvelles technologies autorisant en particulier des densités de puissance importantes et l’optimisation des composants actifs, intégrés dans de nombreux systèmes. C’est dans cette optique, que depuis de nombreuses années, l’industrie des technologies hyperfréquences utilise le transistor MESFET (Metal Semiconducteur Field Effect Transistor). Jusqu'à présent, les transistors MESFETs étaient réalisés dans une filière Arséniure de Gallium (GaAs). Toutefois, le GaAs et d’autres matériaux comme le Silicium sont utilisés beaucoup trop prés de leurs limites physiques ultimes, en particulier au niveau des densités de puissance fournies. C'est pourquoi, aujourd’hui, les semiconducteurs à large bande interdite suscitent un intérêt important. En effet, leurs propriétés physiques et électriques, que leur confère leur largeur de bande interdite, sont très intéressantes pour un grand nombre d’applications de fortes puissances et à très hautes températures. Pour des raisons stratégiques, essentiellement militaires, les recherches sur le Carbure de Silicium (SiC) en tant que matériau semiconducteur se sont développées au milieu des années 50. Au cours des dernières années, grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la cristallogenèse, l’effort s’est accentué aux USA et, à l’heure actuelle, ce matériau occupe une position dominante dans ce domaine. Toutefois, la recherche s’est également développé au Japon et en Europe, le SiC étant considéré comme l’un des matériaux les plus prometteurs pour la réalisation de composants 6 Introduction Générale électroniques et de capteurs, pouvant fonctionner à très hautes températures, à très forte puissance et en milieu hostile (corrosion, irradiation). Au plan international, le développement d’une filière SiC est de fait en bonne voie puisqu’on peut trouver sur le marché quelques composants électroniques (Diodes Schottky, JFETs, MESFETs). Les transistors MESFETs sont en général utilisés dans des dispositifs actifs, tels que des amplificateurs de puissance et leurs fabrications sont compatibles avec la réalisation des circuits intégrés. Néanmoins la recherche de performances toujours plus élevées a entraîné l’apparition de nouvelles filières HEMT. En, effet, le principal avantage du HEMT vient du fait que la croissance des hétérostructures permet le confinement des porteurs dans un puits bidimensionnel, créant ainsi un gaz d’électron bidimensionnel (gaz 2D) à très forte mobilité. Ces structures ont permis d’atteindre des fréquences élevées bien supérieures à 30GHz. Cependant, la conception de ces circuits reste une tache difficile. En effet, toute la réalisation technologique étant extrêmement onéreuse, il est indispensable avant la fabrication d’un circuit d’en prévoir le fonctionnement de la façon la plus exacte possible. En plus les nouvelles générations de téléphones mobiles reposent sur des nouveaux matériaux semiconducteurs sans défauts. Cependant ces importantes applications se trouvent limitées par plusieurs problématiques dont la plus importante est la maîtrise imparfaite de la qualité du matériau étroitement reliée à la qualité des substrats. Parmi les conséquences les plus fréquentes nous citons les anomalies qui apparaissent sur les caractéristiques électriques des dispositifs tels qu’un effet de kink (coude), un effet d’hystérésis et un effet d’auto échauffement. Ces anomalies (à part l'auto échauffement) sont généralement attribuées à des niveaux profonds présents dans la structure. L'optimisation d'une filière requiert la maîtrise de ces niveaux (localisation et identification). C’est dans ce cadre que s’inscrivent les travaux de cette thèse. L’objectif de cette thèse est de réaliser une caractérisation expérimentale aussi complète que possible des transistors MESFETs SiC développés par THALES (ex LCR de Thomson CSF), et des transistors HEMT GaN développés par l’Institut d’Electronique de Microélectronique et de Nanotechnologie (IEMN), et de contribuer à une meilleur compréhension de ces dispositifs par une étude approfondie des propriétés des défauts présents et à l'origine des dysfonctionnements. Le premier chapitre est consacré aux divers composants semiconducteurs à grande largeur de bande interdite, avec un intérêt tout particulier pour le Carbure de Silicium. Après avoir présenté ses propriétés physiques et électriques, un tour d’horizon sera effectué sur 7 Introduction Générale différents types de composants initiés à partir du Carbure de Silicium qui est le semiconducteur à grand gap dont on maîtrise le mieux la cristallogenèse et les technologies de réalisations des dispositifs électroniques. Ensuite nous donnons un récapitulatif des défauts étendus et des centres d’impuretés qui ont été identifiés jusqu'à présent dans le SiC. Puis nous présenterons l’état de l’art des MESFETs SiC étudiés dans le cadre de ce travail. Le second chapitre présente les technologies et méthodologies de caractérisation électrique utilisée dans le cadre de cette thèse en insistant sur la complémentarité des deux techniques utilisées pour analyser les défauts profonds : la Spectroscopie en régime transitoire des centre profonds (DLTS) et les mesures de transitoires de courant drain-source (CDLTS). Les appareillages expérimentaux associés aux manipulations spectroscopiques sera détaillé. Le troisième chapitre sera dédiée à l’étude des effet parasites qui apparaissent sur les caractéristiques statiques de sortie des transistors MESFETs 4H-SiC tels que : l'effet d’hystérésis et l'effet de coude. Dans une première partie nous présentons l'analyse des défauts profonds ponctuels responsables de ces anomalies par les deux technique DLTS et CDLTS. La deuxième partie de ce chapitre est consacrée à l'étude d'un transistor dont la structure permet d'analyser les effets de surface. Dans le dernier chapitre, nous donnons un aperçu des propriétés générales du nitrure de Galium (GaN) et de ses alliages. Nous passons par la suite à une étude détaillée de l’influence des défauts profonds sur les transistors HEMT (High Electron Mobility Transistor) AlGaN/GaN/Si au moyen de la technique CDLTS. Cette étude permet aussi d’analyser l’impact de ces défauts sur les performances statiques des transistors. Nous établirons l’origine de ces défauts à partir de leur localisation dans la structure des transistors étudiés. Enfin, nous terminons ce manuscrit par une conclusion générale et des perspectives apportées par ce travail. 8 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Chapitre I : GENERALITES SUR LE CARBURE DE SILICIUM 9 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium I.1 Introduction. La croissance importante du marché mondial des semiconducteurs est liée au fait que ces matériaux sont à l’origine de la révolution technologique de ces quarante dernières années dans le domaine de l’électronique. En effet, l’électronique représente à l’heure actuelle le marché mondial le plus important en volume ainsi que celui présentant la croissance la plus rapide. Le marché des semiconducteurs couvre des domaines industriels très divers tels que l‘informatique, l’automobile, les applications spatiales et militaires, sans oublier bien entendu son rôle prépondérant dans les télécommunications. Le matériau de base est le Silicium. De nombreuses raisons ont fait que le Silicium est devenu le matériau semiconducteur prédominant. Par exemple, le Silicium permet la réalisation de dispositifs électroniquement stables, qui supportent des températures jusqu'à 200°C. De plus, le Silicium est susceptible de former un oxyde SiO2 isolant et de grande stabilité chimique. Par contre, pour son usage en électronique rapide et en optoélectronique, les propriétés du silicium sont insuffisantes. La mobilité des porteurs est relativement faible par rapport aux matériaux III-V, et son gap est indirect. L’énergie de bande interdite de 1,12eV et le champ de claquage de 0,3 MV.cm-1 limitent également les applications en électronique de puissance. Aujourd’hui, les semi-conducteurs à large bande interdite sont les candidats idéaux pour réaliser un nouveau saut technologique. Leurs propriétés physiques (champ électrique de claquage, vitesse de saturation, conductivité thermique) en font des matériaux sans concurrents pour un grand nombre d’applications de forte puissance à haute fréquence et à haute température. Les semi-conducteurs à grande bande interdite permettent d’étendre l’utilisation des dispositifs électroniques dans le domaine des hautes températures, du fait de leur grande bande interdite, et des fortes puissances, du fait du fort champ électrique de claquage. Dans cette classe de matériaux, le diamant présente des propriétés exceptionnelles : bande interdite très large (5.45 eV), mobilité importante des deux types de porteurs (µn = 2200 cm2/V.s et µp = 1600 cm2/V.s à 300 K, sans dopage intentionnel), une transparence optique des micro-ondes à l’ultraviolet, une très grande conductivité thermique et il est inerte chimiquement. Sa synthèse récente à basse température (800-900°C) et basse pression (20 à 80 Torr) en couches minces permet de commencer son exploitation. Elle reste encore limitée par la taille des substrats (7×7 mm2) [Siriex’00], et une connaissance insuffisante des caractéristiques des défauts et du dopage de type n, pour les couches homoépitaxiales. Les avancées portent actuellement sur les couches polycristallines épaisses ou minces, dopées 10 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium avec du bore ou non, et leur utilisation comme cathode froide (écrans plats, électrolyse) ou capteurs (de photons UV, de température, de pression). Ces utilisations sont moins exigeantes que la microélectronique sur la « qualité » des couches. La progression sur ces deux classes d’applications nécessite un approfondissement des études de base sur le matériau, passant par de nouveaux concepts en raison de ses particularités (interactions inédites porteurs - réseau défauts dues aux distances inter-atomiques très courtes, aux fréquences de phonons élevées, et à des énergies d’ionisation des dopants intermédiaires entre niveaux peu profonds et profonds). Au niveau international, les japonais, les américains, les anglais, les allemands et les russes sont les plus actifs ; par exemple aujourd’hui dans le domaine du nucléaire on utilise des diamants polycristallins pour les détecteurs de rayonnements [Bergonzo’99]. Parmi les semiconducteurs à large bande interdite, les nitrures d’éléments III (GaN, AlGaN) possèdent des propriétés électroniques particulièrement intéressantes pour les applications hyperfréquences [Mishra’98]. La vitesse maximum des électrons (2.7×107 m/s pour du GaN en structure hexagonale) est supérieure à celle de l’arséniure de gallium. Par ailleurs, leur largeur de bande interdite élevée (3.4 eV pour le GaN) et le fort champ électrique de claquage de 3.5×106 V/cm [Gelmont’93] permettent un fonctionnement en puissance et à haute température. De plus, un avantage très grand réside dans la possibilité de réaliser des hétérostructures AlGaN/GaN avec de fortes mobilités électroniques de l’ordre de 1500 cm2.V-1.s-1. Enfin, leur grande stabilité chimique leur assure une excellente résistance aux conditions extrêmes. Le carbure de silicium est parmi ces semiconducteurs celui qui est connu depuis le plus longtemps. En effet, c’est en 1824 que le scientifique suédois Jöns Jacob Berzelius découvrit le Carbure de Silicium, alors même qu’il essayait de synthétiser du diamant. Le carbure de silicium (SiC) est un cristal semiconducteur à grand gap dont les propriétés physiques et électriques sont très intéressantes pour de nombreuses applications. En effet, en 1907, un ingénieur anglais, Henry Joseph Round, constate que lorsqu’un courant électrique circule dans un morceau de Carbure de Silicium, celui-ci émet de la lumière [Round'07]. Mais il faudra attendre 1979 pour que la première diode électroluminescente en Carbure de Silicium émettant dans le bleu soit réalisée. Dès les années 60 et 70, le développement du SiC en tant que matériau semi-conducteur est lié aux progrès réalisés dans le domaine de la croissance de substrats de bonne qualité et l’utilisation de nouvelles techniques d’épitaxie pour faire croître des couches actives n et p. Actuellement, le Carbure de Silicium est le semiconducteur à grande bande interdite dont on maîtrise le mieux la cristallogenèse et la 11 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium technologie de réalisation des dispositifs électroniques. En effet, les étapes technologiques pour le SiC sont relativement proches de celles utilisées dans la technologie du Si. De plus le SiC possède, comme le Silicium, l’immense avantage de s’oxyder pour former du SiO2. Ce chapitre traitera principalement des caractéristiques physiques du Carbure de Silicium et de ses principales applications dans le domaine de la microélectronique. Nous donnerons également une revue des principaux défauts électriquement actifs observés dans le SiC jusqu’à présent. I.2 Propriétés et applications du SiC I.2.1 Polymorphisme du Carbure de Silicium Le carbure de Silicium appartient à une famille de composés chimiques particulière qui présente un polymorphisme à une dimension [Morkoc’94] appelé allotropie. Revenons brièvement sur la définition de ces deux termes. Tout d’abord, le polymorphisme est le terme employé pour désigner la possibilité pour un composé chimique de cristalliser sous différentes formes minéralogiques. Ainsi, le Carbonates de Calcium CaCO3 est dit « dimorphe » car il peut exister sous une forme rhomboédrique, la calcite, ou sous forme orthorhombique, l’aragonite (du nom de la province d'Espagne où il a été observé). Le polymorphisme ne nécessite pas forcément un changement de système cristallin : le bioxyde de titane TiO2 possède deux formes dans le système quadratique, celle du rutile et celle de l’anatase mais il se présente également sous une troisième forme, la brookite du système orthorhombique, c’est donc un composé « trimorphe ». Chaque forme possédant son domaine de stabilité propre, le polymorphisme est largement utilisé pour définir les conditions de genèse qui président l’apparition d’un minéral (par exemple, le cas de la silice). L’allotropie est la propriété de certains corps purs à se présenter sous différentes formes cristallographiques. Les formes allotropiques d’un corps peuvent présenter les propriétés physiques très différentes. La différence entre les propriétés physiques et chimiques des diverses formes allotropiques peut être illustrée par le carbone qui, selon la disposition des atomes, peut se présenter sous forme de diamant ou graphite. Le diamant, le plus stable de ces formes, possède une structure rigidement cubique : chaque atome de carbone est lié à quatre autres atomes. Dans le graphite, qui cristallise dans le système hexagonal, les atomes de carbone sont disposés selon des plans parallèles. Cette différence de structure provoque des modifications sensibles dans les comportements 12 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium chimiques et physiques : le diamant est très résistant du point de vue mécanique et chimique ; le graphite et mou, clivable et présente une tendance plus prononcée à la réaction chimique. Il a été recensé aujourd’hui plus de 200 polytypes de Carbure de Silicium [Jagodzinski’60, Jepps’83], correspondant à des séquences d’empilement différentes le long de l’axe c des couches Si-C (Silicium - Carbone), chaque atome étant dans une configuration tétraédrique. La longueur de chaque liaison atomique est pratiquement la même pour chaque polytype de SiC. La symétrie globale du cristal n’est déterminée que par la périodicité des séquences. Ainsi, les polytypes de SiC sont classés suivant trois catégories cristallographiques élémentaires : le système cubique (C), le système hexagonal (H) et le système rhomboédrique (R). Chaque couche atomique Si-C ne peut être orientée que suivant trois directions possibles par rapport au réseau du cristal [Morkoc’94, Casady’96], celui-ci conserve ainsi une structure de liaison atomique tétraédrique. Si les couches atomiques suivant une direction particulières sont notées de manière arbitraire A, B et C et les séquences d’empilement ABCABC, alors la structure cristallographique est de nature cubique ou zinc-blende ; (figure I.1). Elle est connue comme étant le polytype 3C-SiC ou β-SiC. Le nombre 3 fait référence au nombre de couches électroniques nécessaires à la périodicité du cristal et la lettre C à la symétrie cubique de celui-ci. Il n’existe en fait qu’un seul polytype de Carbure de Silicium appartenant au système cristallin cubique. A C B A C B A 3C-SiC Figure I.1 : Structure Cristalline du polytype 3C-SiC [Morkoc’94] Si la séquence d’empilement des couches atomiques Si-C est ABAB…, alors la symétrie du cristal est hexagonale [Casady’96, Trew’91] (figure I.2). Il s’agit alors du 13 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium polytype oté 2H-SiC Wurtzite. A partir de là, tous les autres polytypes sont combinaisons de liaisons cubiques (zinc-blinde) et hexagonales (wurtzite). Figure I.2 : Liaisons entre les atomes de Silicium et de Carbone de nature cubique (ou zinc-blende) et hexagonale (ou wurtzite) [Morkoc’94]. Ainsi le polytype 4H-SiC est constitué par le même nombre de liaisons cubiques et hexagonales. Le polytype 6H-SiC est composé aux deux tiers de liaisons cubiques, le tiers restant étant des liaisons hexagonales (figure I.3). Cependant, la symétrie globale de ces deux polytypes (4H-SiC et 6H-SiC) reste hexagonale, malgré la présence de liaisons cubique dans chacun de ces polytypes. Les structures hexagonales et rhomboédriques sont regroupées dans un même ensemble et sont notées α-SiC. B C B A B C B A 4H-SiC 6H-SiC Figure I.3 : Structures cristallines de polytypes 4H-SiC et 6H-SiC [Morkoc’94] 14 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium I.2.2 Propriétés Physiques du Carbure de Silicium L‘intérêt dans le Carbure de Silicium (SiC) pour les applications électronique est apparu dès le début des années 1960 en raison de ses propriétés remarquables (champ électrique de claquage élevé, grande vitesse de saturation des porteurs sous fort champ et conductivité thermique voisine de celle du cuivre). C'est un semi-conducteur à grande largeur de bande interdite ayant un gap compris entre 2.2 et 3.3eV selon le polytype. De plus, le SiC a un champ de claquage huit fois plus élevé et une conductivité thermique trois fois plus élevée que le Silicium, ce qui permet de fabriquer des composants pouvant supporter des tensions importantes avec un matériau qui évacue efficacement la chaleur. Ces propriétés sont très intéressantes pour des applications à hautes températures et à fortes puissances. Le Tableau I.1 présente les principales propriétés du Silicium (Si), de l'Arséniure de gallium (AsGa), de Nitrure de Gallium (GaN), du Carbure de Silicium (SiC) et du diamant. Champ de Mobilité Vitesse de Gap Eg (eV) claquage électronique µn saturation (KV.cm-1) (cm2.V-1.s-1) (cm.s-1) Conductivité Thermique (W.cm-1.K-1) 1.12 300 1000 1.5 0.8×107 7 1.43 400 5000 0.54 2×10 7 1.3 3.4 3500 1500 2.7×10 7 3.3 2000 800 5 2×10 3 7 5. 5 1800 20 10×10 2.7×10 Tableau I-1 : Propriétés de quelques matériaux semiconducteurs. Si GaAs GaN 4H-SiC Diamant Constante diélectrique 11.9 12.8 9 9.7 5.6 Pour les applications hyperfréquences, les paramètres électroniques prépondérants sont les caractéristiques de transport de charges (trous et électrons). Dans le domaine des faibles champs électriques, les porteurs libres sont en équilibre thermodynamique avec le réseau et leur vitesse moyenne est proportionnelle au champ électrique. En d'autres termes, la mobilité des porteurs est indépendante du champ électrique et la vitesse de dérive s'écrit simplement : Avec µ 0 = G G V = ± µ0 E qτ , τ = temps de relaxation et m* = masse effective. m* La vitesse de dérive des porteurs présente une valeur maximale Vsat obtenue pour une valeur critique du champ électrique notée Ec. La valeur du champ électrique, pour laquelle se produit la saturation de la vitesse de dérive, est très importante puisqu'elle traduit les phénomènes d'accélération des porteurs jusqu'au régime de saturation. La vitesse de saturation 15 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium pour les semi-conducteurs à grand gap est plus élevée que celle du silicium (Si) ou de l'arséniure de gallium (GaAs). Ceci permet d'obtenir de forts courants DC et RF pour les transistors MESFETs SiC. Lorsque le champ électrique devient important, les interactions des porteurs avec les vibrations du réseau entraînent une diminution de la mobilité des porteurs. Cette diminution de la mobilité se traduit par une variation non linéaire de la vitesse de dérive des porteurs : G G V = ± µ ( E ).E µ (E) = Avec µ0 1+ E Vsat La mobilité des électrons (µn) et des trous (µp) sont des paramètres physiques prépondérants pour les dispositifs microondes. En particulier, ils influent sur les performances RF, la transconductance (Gm) et le gain en puissance des transistors MESFETs de puissance. De plus le fort champ électrique d'avalanche du SiC [Van Opdorp’69] permet d'appliquer aux transistors MESFETs de fortes tensions de polarisation de drain, ce qui permet d'obtenir des puissances RF élevées en sortie. Figure I.4: Caractéristique de la vitesse des électrons en fonction du champ électrique pour plusieurs semi-conducteurs avec Nd = 1017 atomes/cm3 [Trew'91]. La caractéristique de la vitesse des porteurs en fonction du champ électrique (figure I.4) [Trew’91] est fondamentale pour déterminer l’amplitude du courant qui peut circuler dans un composant. En principe, on souhaite une forte mobilité associée à une forte vitesse de saturation. 16 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Du point de vue des propriétés électriques, le seul inconvénient du SiC est la mobilité relativement faible malgré une forte valeur de la vitesse de saturation. Pour une densité de dopage de l'ordre de 1017 atomes/cm3, la mobilité des électrons varie de 200 à 600 cm2/V.s suivant le polytype. La mobilité du polytype 4H-SiC est à peu près deux fois celle du polytype 6H-SiC. Le polytype 6H-SiC a donc l'inconvénient de présenter une faible mobilité d'électrons : c'est la raison principale pour laquelle on préférera utiliser le polytype 4H pour des applications microondes. Pour synthétiser les avantages du carbure de silicium dus à ses propriétés physiques intrinsèques, nous présentons dans la suite une comparaison de ses facteurs de mérite avec d’autres semi-conducteurs. I.2.2.1 Le facteur de mérite de Baliga (BMF) Il mesure les performances du matériau pour une forte tenue en inverse et une faible résistance en direct [Baliga’82] : BFM= ε r µΕ3C Où Ec est le champ critique du matériau. µ est la mobilité des porteurs I.2.2.2 Le facteur de mérite de Johnson (JMF) : Il détermine l’aptitude du matériau pour des applications haute puissance et haute fréquence [Johnson’63] : ECν sat 2 ) 2π Où ν sat et la vitesse de saturation des porteurs JMF= ( I.2.2.3 Le facteur de mérite de Keyes (KMF) : Il établit l’aptitude du matériau pour la réalisation des circuits intégrés, en tenant compte de la vitesse de commutation des transistors et de leur limitation par auto-échauffement [Keyes’72] : KFM= λ cν sat 4πε r Où c est la vitesse de la lumière et λ la conductivité thermique du matériau. Le tableau suivant donne les valeurs de ces facteurs de mérite pour des matériaux semiconducteurs, normalisées par rapport au silicium. 17 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Matériaux JMF KMF BMF GaAs 7,1 0,45 15,6 Si 1 1 1 6H-SiC 260 4,68 110 4H-SiC 180 4,61 130 3C-SiC 65 1,6 33,4 GaN 760 1,6 650 Diamant 2540 32,1 4110 Tableau I-2 : Facteurs de mérites JMF, KMF et de BMF pour les principaux polytypes de SiC comparés au Si, GaAs, GaN et le diamant [Chow’00]. Le diamant possède de loin les valeurs de coefficients les plus élevées par rapport aux autres matériaux semiconducteurs. Mais à l’heure actuelle, le SiC demeure le seul matériau qui puisse répondre rapidement au besoin de l’électronique de puissance. On voit que le GaN présente une figure de mérite JFM beaucoup plus important que celui du SiC. De plus la possibilité de réaliser des transistors à haute mobilité électrique (HEMTs) à base de GaN, permet d’atteindre des fréquences plus élevées que les MESFETs à base de SiC. I.3 Les défauts dans le Carbure de Silicium (SiC). Depuis la première mise sur le marché de substrats SiC, au début des années 1990, de gros progrès ont été réalisés en termes de diamètre, de pureté et de qualité cristalline. Pourtant aujourd’hui encore, la qualité des cristaux n’est pas encore satisfaisante. Les défauts du cristal sont encore la raison principale du faible rendement de fabrication des composants. Les diodes Schottky et les transistors MESFETs sont affectées par ces défauts. I.3.1 Défauts étendus I.3.1.1 Les micropipes Ces défauts sont propres à la croissance du SiC selon la direction cristalline <c> ou <0001>. Des améliorations du procédé de croissance ont permis de diminuer fortement leur densité. Les micropipes ont la forme d'un tube creux traversant le cristal (figure I.5). Ils ont la particularité de pouvoir atteindre de grands diamètres et être observés à l'aide d'un simple microscope. Ils ont été révélés dans plusieurs matériaux cristallins (CdI2, PbI2, ZnS, mica, couche minces de GaN et fréquemment dans le SiC). Plusieurs hypothèses ont été proposées 18 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium pour expliquer leur mécanisme de formation. Certaines évoquent les mécanismes qui génèrent des dépressions dans la surface de croissance, d'autres évoquent les mécanismes qui génèrent des dislocations avec de grands vecteurs de Burger [Weitzel’98]. Ces défauts sont extrêmement néfastes. Ils constituent des lieux privilégiés de détérioration des composants [Powell’91]. Pour cette raison, les micropipes ont longtemps été considérées comme le principal handicap pour la commercialisation de composant à base de SiC. De nombreuses études [Neudeck’94] montrent le caractère destructif des micropipes pour les diodes Schottky, avec une réduction d’un facteur 10 de la tenue en tension du contact redresseur. Si on trouve un micropipe sur une zone active du composant, celle-ci peut engendrer une destruction du composant (court circuit, coupure de la grille…). Des nouveaux travaux ont montré que l’optimisation des conditions de croissance permet de réduire la densité des micropipes [Kamata’03]. A l’heure actuelle, les meilleurs résultats sont ceux annoncés par la société Américaine CREE qui produit des substrats 4HSiC de 50 mm de diamètre, avec une densité de micropipes qui ne dépasse pas 5 cm-2. D’autres résultats meilleurs encore ont été démontrés par CREE sur des substrats de 75 mm de diamètre [Tuominen’99]. Figure I.5. : Image SEM d’une région contenant une micropipe d’après [Junlin’05] 19 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Tout récemment, une équipe composée de chercheurs de TOYOTA et DENSO, au Japon, a publié [Nakmura’04] des résultats spectaculaires grâce à un procédé de croissance original. Celui-ci consiste à réaliser une croissance sur la face (11-20) pour éliminer les micropipes, puis à partir de ce lingot de préparer un nouveau germe sur la face (1-100) pour éliminer lors de la croissance les dislocations dans le plan de base. I.3.1.2 Les dislocations Dans le SiC comme dans les autres types de cristaux, il existe deux grandes familles de dislocations : les dislocations « vis » et les dislocations « coin ». Le SiC présente une assez forte densité des 2 types de dislocations, typiquement supérieure à 104 cm-2. Les dislocations n’ont pas l’effet catastrophique des micropipes, en tous cas sur les composants unipolaires. Le cas des composants bipolaires est moins sûr. Dans tous les cas, une dislocation est une voie privilégiée de migration des impuretés, métalliques par exemple, vers l’intérieur du cristal et la couche active du composant. Ce mécanisme de migration est susceptible d’affecter la duré de vie des composants. Plusieurs équipes ont étudié la formation des dislocations dans les cristaux SiC [Takashi’96, Dudley99, Sanchez’02]. Sanchez et al ont montré une corrélation entre la vitesse de croissance, la formation de fautes d’empilement et la densité de dislocation. Cette dernière diminue lorsque la vitesse de croissance diminue. Donc afin d’améliorer la qualité cristalline du matériau et de réduire le nombre de dislocation il est nécessaire d’optimiser les conditions de croissance. Ces dernières années plusieurs équipes [Wahab’00a, Wahab’00b, Janzen’01, Neudeck’98], se sont intéressé à l'étude des effets des dislocations sur les performances des diodes 4H-SiC. La corrélation entre la diminution de la tension de claquage et l’augmentation de la densité des dislocations a été démontrée. Neudeck et al [Neudeck’98] ont utilisé la SWBXT (Synchroton White Beam X-ray Topography) afin de localiser les dislocations présentes dans la zone active des diodes, (figure I.6). Grâce à la haute résolution spatiale de cette technique, ils ont pu les localiser et les dénombrer et ont montré que la présence d’une seule peut limiter la performance des dispositifs. 20 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Figure I. 6 : Image SWBXT en réflexion de deux diodes réalisées sur une épitaxie 4H-SiC a)diode A ne contient aucune dislocation. b) diode B contient une seule dislocation d’après Neudeck [Neudeck’98]. Les dislocations vis sont le type de défauts le plus néfaste pour les composants de puissance. Elles influent sur la tenue en tension mais aussi sur le comportement en direct des dispositifs. Contrairement aux micropores peu de progrès ont été faits pour réduire leur nombre. Il apparaît assez difficile d’éviter la présence de ce genre de défauts dans les dispositifs. L’étude d’une diode Schottky 6H-SiC a montré que pour toute dislocation vis, identifiée par SWBXT, correspondait un spot sombre indiquant un centre recombinant non radiatif sur l’image EBIC [Schnabel’99]. I.3.1.3 Fautes d’empilement Ces fautes d’empilements constituent des centres de recombinaison responsables de la chute dramatique de la durée de vie des porteurs minoritaires et donc de l’augmentation de la chute de tension en régime direct pour les diodes bipolaires [Bergman’01]. La création spontanée et la migration de fautes d’empilement en régime de polarisation direct de composants bipolaires est accusée d’être à l’origine de la dégradation observée des performances de ces types de composant. Pour les composants unipolaires (les diodes Schottky et les transistors MESFET), il n’a pas été rapporté de détériorations dues aux fautes d'empilement; ils sont tous réalisés sur des surfaces parallèles aux plans de type <0001>. Ceci pourrait se produire sur des surfaces de type <11-20> pour lesquelles le champ électrique serait parallèle au plan directeur des fautes d’empilement qui pourraient devenir des sources de fuite [Tanaka’04] 21 Chapitre I I.3.2 Généralités sur le Carbure de Silicium Défauts ponctuels et impuretés Aujourd’hui encore, la qualité cristalline du matériau SiC est loin d’égaler celle du Silicium ou du GaAs. Dans ce paragraphe, nous citons quelques centres d’impuretés qui sont détectés par différentes méthodes de caractérisation. I.3.2.1 Centres profonds liés à des impuretés Le Tungstène (W) : Par des mesures DLTS, Achtziger a identifié un niveau d'énergie lié au tungstène dans le 4H, 6H et le 15R-SiC avec des énergies d'activation respectives de 1.43eV, 1.16eV et 1.14eV au dessus de la bande de valence [Achtziger’98]. Un niveau additionnel a été détecté sur le 4H-SiC avec une énergie d'activation de 0.17eV [Achtziger’98]. Le Magnésium(Mg): Par des mesures DLTS Lebedev, a identifié après implantation du magnésium dans le 6H-SiC type n, deux niveaux d'énergie d'activation 0.49eV et 0.45eV. Après un recuit à 1600°C la concentration de ces deux niveaux diminue [Lebedev’98]. L'oxygène(O) : Lors du dopage du 4H-SiC avec de l'oxygène des travaux montrent la présence de deux niveaux peu profonds d'énergies d'activation 0.3eV et 0.44eV et trois niveaux profonds d'énergies d'activation 0.74eV, 0.9eV et 0.95eV, ces niveaux sont attribués à la formation de complexes contenant l'atome d’oxygène [Lebedev’96]. Le Béryllium(Be) : Il a été observé dans le 6H-SiC types n et p à température ambiante par la technique de photoluminescence avec un maximum qui varie de 1.85eV jusqu'à 2.1eV [Lebedev’96]. Le Molybdène(Mo) : Il a été montré sur des couches épitaxiées commercialisées par CREE que le molybdène occupe le site Si dans le 6H-SiC [Lebedev’98]. Les niveaux profonds peuvent agir comme des pièges à électrons ou piège à trous ou comme des centres de recombinaison qui contrôlent la durée de vie des porteurs. Les plus fréquents des centres profonds rencontrés dans le SiC sont le Vanadium et le Titane. Par ailleurs, des études ont aussi été réalisées sur le chrome, le manganèse, et le molybdène. Les travaux de Maier et al sur du 6H-SiC par ESR (Electron Spin Resonnance) ont montré que le vanadium : agissait comme un défaut profond amphotère [Dalibor’97]. Il se substitue au silicium sur les divers sites de SiC et introduit deux niveaux : • Un niveau accepteur lié aux configurations électronique V3+ (3d2)/V4+ (3d1) ≡A-/A0 • Un niveau donneur lié aux formes configurations électronique V4+(3d1)/V5+(3d0) ≡ D0/D+ 22 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Ci-dessous nous présenterons les divers travaux réalisés à ce jour pour situer les niveaux du vanadium dans la bande interdite du SiC 4H (tableau I.3). Energie (eV) σ(cm2) Méthode utilisée Référence V dans 4H-SiC V4+/V5+ Ec-1,73 OAS [Evwaraye’94] (Optical Admittance Spectroscopy) + V4 /V5 + Ev-+1,18 Effet Hall [Augustine’97] Ec-0,8 Effet Hall (dopé [Jenny’96a] V4+/V3+ V) V4+/V3+ Ec-0,806 1,8.10-16 DLTS (Nd- [Jenny’96b] Na∼1,5.1018 cm-3) V4+/V3+ V4+/V3+ Ec-0,97 7,8.10-15 DLTS (Nd∼3.1015 cm , implantation sites de 40 meV isotropes radioactifs) Ec-0,88 [Achtziger’97] -3 Séparation des deux 4.10-15 DLTS [Achtziger’98] [Maier’92] Séparation des deux sites de 35 meV Tableau I.3: Récapitulatif des données concernant le Vanadium dans SiC I.3.2.2 Niveaux profonds supposés d’origine intrinsèque Dans ce paragraphe, le lecteur trouvera une synthèse bibliographique sur les niveaux électroniques rencontrés dans la bande interdite du carbure de Silicium après implantation ou irradiation (Tableau I.4). I.3.2.3 Niveaux superficiels Dans ce paragraphe nous décrirons les impuretés utilisées comme dopant dans le SiC : l’Aluminium, l’Azote et le Bore. L’aluminium : Il joue le rôle d’un accepteur dans le SiC, est souvent présent dans les substrats en tant que contaminant. Il est aussi utilisé pour réaliser des couches de type p par implantation. Son énergie de liaison dans SiC est peu sensible au polytype et aux différents sites. Dans le tableau ci-dessous nous citons quelques données concernant l’aluminium dans le SiC. 23 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Position énergétique (eV) Centre 6H-SiC 4H-SiC L EV + 0.24 Ev + 0.24 I Ev + 0.53 Ev + 0.53 Augmentation de la concentration du défaut après Implantation Al A/D Irradiation Particule α Références 6H-SiC 4H-SiC A [Heindel’97] [Dalibor’97] A [Heindel’97] [Augustine’9 8] Ev + 0.58 D S EC-0.35 (E1/E2) Ec-0.34/0.41 Z1/Z2 Ec-0.6/0.7 EV + 0.54 B Particule α A [Heindel’97] Electrons D [Anikin’85] A [Anikin’89] + He EC-0.6-0.68 [Lebdev’96] [Zhang’89] [Augustine’9 Ec-1.06 [Reynoso’95] 8] EH4 EC-1.45 [Achtizer’97] Complexe Ev +0.8 Neutron A [Konstantino’00] He+ Electron A [Kalabukhova’96] H+ sur Type n A1/ défaut intrinsèque R Ec-1.27 RD Ec-0.43 RD5 Ec-0.89(RD1/2) [Kalabukhova’96] Ec-0.98(RD3) Ec-1.49(RD4) R* H+ + recuit Ec-1.17 [Kalabukhova’96] Sur type n Ec-0.27(ID5) [Achtizer’97] Ec-0.19(ID2) V EC-0.5(ID7) Ec-0.26(ID3) ou Ec-0.32(ID4) [Kalabukhova’96] + Ec-0.4(ID6) ID Z1/Z2* Ec-0.16(ID1) [Achtizer’97] [Achtizer’97] [Kalabukhova’96] Ti+ [Achtizer’97] Ec-0.44(ID8) [Achtizer’97] Ec-0.52(ID9) [Achtizer’97] Ec-0.65/0.58 He+ + recuit [Kalabukhova’96] Sur type n UD1 0,997 UD2 1,0136 UD3 1,0507 UD4 1,0539 PL [Magnusson’05] Tableau I.4 : Paramètres et propriétés de quelques centres profonds dans le 6H et 4H-SiC. Le Bore : Il joue le rôle d’un accepteur dans le SiC et se trouve fréquemment comme contaminant dans les substrats. Il existe en tant qu’accepteur léger mais il forme aussi un complexe noté D (bore/lacune de carbone qui agit comme un piège à trou [Suttrop’92]. 24 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium ET-EV (eV) σ (cm2) Méthode utilisée Référence Al dans 4H-SiC 0.191 PL 0.2 PL 0.229 DLTS 0.05/0.185 TL [Ikeda’80a] [Haberstroh’94] [Kuznetsov’94] [Stisany’95] Al dans 6H-SiC 0.239 ; 0.2485 0.28 PL 0.2. 10 -14 DLTS 0.2 Effet Hall 0.2 PL 0.216 TL 0.21 Effet Hall [Ikeda’79] [Anikin’85] [Pensl’93] [Ikeda’80b] [Stisany’95] [Stisany’95] Tableau I.5 : Récapitulatif des données concernant l’aluminium dans SiC. ET-EV (eV) σp(cm2) Méthode utilisée Référence 0.285 Effet Hall-Admittance [Troffer’78] 0,44±0,04 DLTS 0,35 DLTS Admittance DLTS,PL OAS TSC IR Effet Hall Admittance (NdNa∼3.1016 à 1018 cm-3) B dans 4H-SiC Centre D dans 4H-SiC B dans 6H-SiC 0,3 0,3 0,35 0,39 0,3-0,4 0,3-0,39 B(h :site hexagonal) B(k1 :site cubique1) B(k2 :site cubique2) Centre D dans le 6H-SiC 0,27 0,31 0,37 0,63 0,71 0,58 1.10-14 3,6.10-14 5±3.10-15 DLTS [Anikin’85] [Suttrop’92] [Pensl’93] [Hagen’73] [Götz’93] [Kimoto’96] [Chen’97] [Evwaraye’97] [Anikin’85] DLTS [Suttrop’90] 0,58 DLTS [Pensl’93] -14 0,58 1-3.10 DLTS [Mazzola’94] 0,75 OAS [Hagen’73] Tableau I.6: Récapitulatif des données concernant le Bore dans SiC 25 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium L’azote : Il joue le rôle d’un donneur dans le SiC. C’est un contaminant que l’on retrouve dans tous les polytypes de SiC et c’est le dopant choisi pour réaliser des substrats ou des couche épitaxies de type n. L’azote se substitue au carbone en site hexagonal et en site cubique. Son énergie d’activation est naturellement sensible au polytype et au site sur lequel il se trouve. EC-ET(eV) σ(cm2) Méthode utilisée Référence 0.08 0.13 0.066 0.124 0.045 0.1 0.052 0.0918 0.045 0.1 0.0518 0.0914 0.04-0.05 0.109 0.071 0.092 PL [Hagen’73] PL [Ikeda’80b] Effet Hall [Götz’93] IR [Götz’93] Effet Hall [Pensl’93] IR [Troffer’78] Admittance (Nd-Na∼3.1015à 2.1016 cm-3) Théorie [Kimoto’96] N(h) N(k1,k2) N(h) N(k1,k2) 0.1 0.15 0.1 0.155 PL [Hagen’73] PL N(h) N(k1,k2) N(h) N(k1,k2) N(h) N(k1) N(k2) N(h) N(k1,k2) Effet Hall Effet Hall [Götz’93] IR [Götz’93] Effet Hall [Pensl’93] N(h) N(k1) N(k2) N(h) 0.0855 0.125 0.085 0.125 0.081 0.1376 0.1424 0.084-0.1 0.125-0.150 0.07-0.092 0.081 0.1376 0.1424 0.08 [Ikeda’79] [Ikeda’80] [Suttrop’90] IR [Pensl’93] [Evwaraye’94] N(k1,k2) 0.11 N(h) N(k1,k2) N(h) N(k1,k2) N(h) N(k1) N(k2) 0.07 0.14 0.072 0.130 0.19 0.797 1.089 Admittance (Nd-Na∼ 8,9.1017 cm-3) Admittance (Nd-Na∼ 5.1015 à 6,4.1017 cm-3) Admittance (Nd-Na∼1,3.1016 cm-3) Admittance (Nd-Na∼0,85 à 1,1.1017 cm-3) Théorie N dans 4H-SiC N(h) N(k) N(h) N(k) N(h) N(k) N(h) N(k) N(h) N(k) N(h) N(k) N(h) N(k) N(h) N(k) [Chen’97] N dans 6H-SiC 4.3.10-14 2.2.10-12 2.10-12 1.10-11 [Evwaraye’94] [Raynaud’94] [Saddow’95] [Chen’97] Tableau I.7 : Récapitulatif des données concernant l’azote dans SiC 26 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium I.4 DISPOSITIFS ELECTRONIQUES SUR CARBURE DE SILICIUM Pratiquement tous les types de dispositifs électroniques ont été réalisés sur SiC : diodes PN, transistors bipolaires, transistors FETs, etc. Toutes ces réalisations ont permis de vérifier que les potentialités du SiC sont effectivement utilisables dans différents types de dispositifs électroniques et permettent d’aller au-delà des limites des dispositifs sur Silicium et Arséniure de Gallium. I.4.1 Les diodes bipolaires en SiC La diode bipolaire en SiC-4H possédant la tenue en tension la plus élevée (19 kV), a été réalisée par Sugawara et Takayama [Sugawara’00a]. Sa structure est représentée sur la (figures I.7a). Deux types de diodes sont fabriquées avec trois diamètres différents (200, 500, 1000 µm). La protection de cette diode est une combinaison entre le type MESA et JTE (Junction Termination Extension) avec une longueur de poche égale à 500 µm. La densité de courant en inverse notée JR, augmente lorsque la tension en inverse est supérieure à 6 kV pour les deux types de diode. Des mesures de courant de fuite ont été réalisées et mettent en évidence une augmentation du courant pour une température supérieure à 250°C. En direct, la tension de seuil diminue lorsque la température augmente. Des mesures de temps de commutation de cette diode sont réalisées sous un courant de 100 mA pour une tension de blocage de 400 V. Par rapport à une diode silicium (6 kV), le temps de commutation est quatre fois plus faible pour la diode en SiC. A titre de comparaison, la tension de seuil d’une diode en silicium pouvant supporter une tension de blocage égale à 14 kV serait égale à 25 V [Sugawara’00a]. De plus, cette étude met en évidence le bon comportement en température des diodes en carbure de silicium. 27 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Figure I.7.a : coupe de la diode bipolaire en 4H-SiC protégée par MESA/JTE [Sugawara’00a] I.4.2 Figure I.7.b : coupe d’une diode Schottky en 4H-SiC [Sugawara’00b] La diode Schottky en SiC En silicium, les diodes Schottky possèdent des tensions de blocage de l’ordre de 150 à 200 V, (tableau I-8). En SiC, les diodes Schottky sont essentiellement réalisés avec le polytype SiC-4H avec du nickel comme métal. Le premier démonstrateur de diode Schottky a été réalisé par Bhatnagar [Bhatnagar’92]. La tenue en tension était de 400 V pour une épaisseur de couche égale à 10 µm dopée à 3.6 1016 cm-3. Cette diode n’avait pas de protection périphérique. La diode Schottky possédant un courant en direct le plus élevé a été développée par Singh [Singh’02]. En direct, la résistance spécifique est seulement de 7,4 mΩ.cm2, le courant maximal atteint est de 130 A pour une surface active de 0,64 cm2. La tension de claquage est égale à 300 V. La couche épitaxiée de type N est dopée à 5x1015 cm-3 avec une épaisseur de 15 µm. De plus, une diode Schottky a été développée afin d’augmenter la tenue en tension. Avec une couche épitaxiée de 100 µm d’épaisseur dopée à 7x1014 cm-3, la tension de claquage est de 4500 V. Sous une densité de courant égale à 25 A·cm-2, la tension à l’état passant est égale à 2,4 V. La protection périphérique de cette diode est réalisée par implantation d’anneaux de garde en bore. La dose totale d’implantation est de 1013 cm-3. En 2002, la société INFINEON a commercialisé des diodes Schottky caractérisées par une tension de blocage de 600 V. Les calibres en courant sont de 6 ou 12 A [Infineon’04]. Aujourd’hui, il existe 5 fabricants de diodes Schottky en SiC (Infineon, APT, Fairchild, Rockwell, CREE). 28 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Nom Tension de blocage [V] Courant en direct [A] I230 IXYS double diode Boîtier plastique [Ixys’04] 80cpq150 Boîtier plastique [Irf’04] 20sc60K APT SiC Boîtier plastique [Advancedpower’04] SCH 1200-785 SiC Boîtier plastique [Rsc.rockwell’04] 180 2 * 15 A 150 80 600 20 1200 7,5 Tableau I.8 : Caractéristiques électriques de quelques diodes Schottky Si et SiC I.4.3 La diode JBS (Junction Barrier Schottky) Une idée originale a été de développer une diode combinant les avantages d’une diode Schottky en direct (faible tension de seuil à l’état passant et peu de charges stockées) et d’une diode bipolaire en inverse (tenue en tension élevée et faible courant de fuite). Ainsi, la performance des diodes Schottky sera améliorée en régime bloqué [Baliga’92]. Alexandrov et Wright ont développé deux types de démonstrateurs pour des diodes MPS (Merged Pn Schottky diode) [Alexandrov’01]. Elles présentent l’avantage d’avoir un courant de 140 A sous une tension de 4 V en direct. En inverse, la tenue en tension obtenue est de 600 V. La protection périphérique est assurée par une MJTE (Multi-step Junction Termination Extension). Les figures I8 et I9 illustrent une coupe des composants. Figure I.8 : Structure diode MPS en SiC-4H [Alexandrov’01] protégée par MJTE 29 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Figure I.9 : Structure diode JBS en SiC-4H [Sugawara’00b] Des mesures sont réalisées en commutation et comparées à une diode bipolaire en silicium (600 V, 120 A, temps d’ouverture = 35 ns). La charge stockée dans la diode en silicium est trois fois plus importante que dans la MPS (Merged Pn Schottky diode). De plus, pour une élévation de température de 200°C, la charge stockée dans la diode silicium est multipliée par cinq par rapport à sa charge à température ambiante alors que pour la diode en carbure de silicium, elle reste sensiblement la même. I.4.4 Les Transistors HBT Le concept du transistor bipolaire à hétérojonction (HBT : Heterojunction Bipolar Transistor) introduit en 1948 par les travaux de Schockley est basé sur le principe de fonctionnement des transistors à jonctions classiques (BJT) (figure I.10). L’amélioration de ses performances par rapport au BJT provient de l’utilisation d’une hétérojonction baseémetteur. nInGaAs Contact Hétérojonction nInGaP Emetteur pGaAs Base Contacts ohmiques nGaAs Collecteur nGaAs Subcollecteur Substrat semi-isolant GaAs Figure I.10 : Vue en coupe d’un transistor bipolaire à hétérojonction [Fazal'91]. 30 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium L’hétérojonction a pour particularité de présenter aux trous une barrière de potentiel plus élevée qu’aux électrons. Ceci se traduit par une meilleure efficacité d’injection de l’émetteur, autorisant un surdopage de la base, ce qui contribue à la diminution de la résistance parasite de la base et à la possibilité de travailler à des fréquences élevées. Du fait de sa structure verticale qui lui procure une isolation des jonctions de la surface et des interfaces avec le substrat, le HBT est peu sensible aux effets de pièges [Fazal]. Pour augmenter le gain en courant d’un HBT type AlGaAs/GaAs, il faut augmenter le dopage de l’émetteur et diminuer celui de la base. Dans ce cas, pour garder une résistance parasite de base relativement faible, il est alors nécessaire d’augmenter la largeur de la base. Mais ceci augmente le temps de transit des électrons dans la base et réduit ainsi les potentialités de fonctionnement en hautes fréquences. La solution réside donc également dans l’obtention de larges excursions en tension. L’intérêt d’utiliser un matériau grand gap est de ce fait avéré. Il permet de réduire le ratio dopage de l’émetteur/dopage de la base tout en maintenant un niveau de puissance important. Par ailleurs, la forte conductivité thermique du SiC permet de gérer un des points les plus sensibles dans les HBT, à savoir la dissipation de chaleur. Dans ce domaine, la réalisation d’un HBT en technologie GaN/SiC est proposée par J. Pankove (figure I.11) [Pankove’94]. Contact d’émetteur : Al nGaN Emetteur Contact de base : Al/Cr P SiC Base n SiC Collecteur Contact de collecteur : Al/Cr Figure I.11 : Réalisation d’un HBT en technologie GaN/SiC [Pankove’94] Le taux d’injection des porteurs de l’émetteur vers la base est toutefois pénalisé par cette hétérostructure dégradant le gain en courant. Pour pouvoir concevoir des transistors combinant la montée en fréquence et la montée en puissance, de nombreuses réalisations sont aujourd’hui à l’étude [Estrada’03]. 31 Chapitre I I.4.5 Généralités sur le Carbure de Silicium Les transistors Bipolaires Le transistor bipolaire est constitué de trois électrodes, émetteur, base et collecteur. Il existe deux types de composants, NPN et PNP. Dans le domaine de la puissance, le modèle le plus utilisé, en technologie silicium est le NPN. La conduction du transistor NPN est assurée par les électrons or la mobilité des électrons est supérieure à celle des trous donc le transistor Figure I.12 : schéma de principe d’un transistor NPN vertical Figure I.13 : Transistor bipolaire en SiC-4H réalisé par [Tang’02] NPN possède une chute de potentielle plus faible à l’état passant que le PNP. La figure I.12 montre le schéma de principe d’un transistor bipolaire NPN. Ce composant est formé de deux jonctions PN. En régime bloqué, si la tension VCE est positive, la jonction Collecteur/Base est en inverse et elle est optimisée de façon à supporter la tension. Si un courant de base IB est appliqué positivement, la jonction Emetteur/Base se polarise en direct. En régime linéaire ainsi l’émetteur injecte des porteurs minoritaires dans la base. Le collecteur a pour rôle de collecter ces porteurs dans la base sous l’effet d’un fort champ électrique (la jonction base-collecteur est polarisée en inverse). Aujourd’hui, le transistor bipolaire n’est quasiment plus utilisé car d’un point de vue de la commande, il n’est pas du tout avantageux. En effet, pour le mettre en conduction, il faut appliquer un courant positif ou négatif selon le type NPN ou PNP. Pour qu’il reste conducteur, il faut continuer à appliquer le courant de commande ce qui est très coûteux en énergie. De plus, une commande en courant est beaucoup plus difficile à réaliser qu’une commande en tension. Avec ces différents inconvénients, il devient de plus en plus difficile de trouver dans le commerce des transistors bipolaires de puissance. Cette gamme de composants a été détrônée par l’IGBT qui offre une commande moins coûteuse en énergie. Un transistor bipolaire NPN, a été réalisé en SiC-4H [Tang’02]. L’originalité du transistor repose sur le fait que l’émetteur est obtenu par implantation ionique de phosphore (figure I.13). Les caractérisations électriques de ce démonstrateur montrent que le gain en courant varie classiquement avec la valeur du courant de collecteur et la température du composant. 32 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Pour JCE égal à 20 A.cm-2, le gain passe de 8 à 3 lorsque la température varie de 25 à 250 °C. En simulation, il est montré que VCE0 augmente lorsque l’épaisseur de la base augmente au détriment du gain en courant. Un transistor bipolaire NPN a été conçu par Ryu [Ryu’01] en SiC-4H. A partir d’un substrat de type N+, trois couches sont épitaxiées. La protection en périphérie est de type mésa avec JTE. La dose totale de la poche est de 1,13×1013 cm-3. La tension de claquage théorique uni-dimensionnelle est de 3,1 kV. Les premières caractérisations électriques montrent que la tension de claquage du transistor est de 1,8 kV (VCE0). La tension maximale collecteur base, l’émetteur étant ouvert, est égale à 2,2 kV (VCB0). La résistance à l’état passant est égale à 10,8 mΩ.cm pour une tension VCE égale à 2V. Ce transistor bipolaire est parmi ceux dont la tenue en tension est l’une des plus élevée. I.4.6 L’IGBT (Insulated Gate Bipolar Transistor) L’IGBT est l’un des composants en électronique de puissance le plus utilisé actuellement. Il est présent dans les domaines de moyenne et forte puissance. Il offre de bons compromis car il possède la rapidité d’un transistor MOSFET et un niveau de courant élevé grâce à l’injection de porteurs minoritaires. Des recherches avec du silicium sont développées sur la montée en tension. Il existe deux types de structures différentes. Une première structure existe, elle est nommée PT (punch through). Le composant est élaboré à partir d’un substrat de type P sur lequel deux couches sont épitaxiées, une de type N+ servant de couche tampon et l’autre très épaisse, de type N, utilisée pour la tenue en tension. Un second principe est développé autour d’une plaquette de type N, l’émetteur en face arrière est obtenu en implantant des ions Al+ ou B+, le porte canal et le collecteur sont obtenus de même par implantation et diffusion, (figures I.14a,14.b). Pour les 2 cas représentés ci-dessous, les couches de type N- n’ont pas la même épaisseur (3 fois plus faible pour l’IGBT PT) pour une tension de blocage donnée. 33 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Figure I.12.b: structure IGBT Punch Through Figure I.12.a : structure IGBT NPT Un IGBT en SiC-6H a été élaboré sur une plaquette de type N [Ryu’00]. La surface active est égale à 0,02 cm2. En périphérie, la structure est de type MESA avec une protection par poche. La structure, en inverse, supporte des tensions allant jusqu’à 380 V. La valeur de la résistance RDson peut varier très fortement avec la température. Elle passe de 80 mΩ·cm² pour T=400°C à 430 mΩ·cm² pour T=30 °C. En direct, le courant de collecteur est égal à 2 A sous VCE = -10 V avec VGE = -30 V. Un second IGBT est développé en SiC-4H [Singh’99]. Sa structure est de type UMOS avec un canal P. Cette architecture permet une meilleure densité d’intégration du composant sur la plaquette par rapport à d’autres possibilités (par exemple la structure latérale). Des caractérisations électriques en température montrent que la résistance à l’état passant diminue lorsque la température augmente. En direct, le courant peut atteindre 1,5 A sous une chute de potentiel de 15 V, pour une tension de commande de –36 V. En inverse, la tension de claquage est seulement de 85 V comparée à 790 V pour une diode bipolaire réalisée sur la même plaquette. I.4.7 Le thyristor GTO (Gate turn-off thyristor) J.B. Fedison et T.P. Chow [Fedison’01] ont fait varier la forme des doigts d’anode et de gâchette. Ainsi, l’influence de la géométrie des électrodes sur l’ouverture peut être illustrée. Le temps d’ouverture du thyristor est plus élevé. Le temps de mise en conduction est plus court pour le type de doigt, car l’écartement des doigts est constant. Un thyristor GTO asymétrique a été conçu par S.H. Ryu [Ryu’01] en SiC-4H. La structure représentée sur la figure I.15 est protégée par une gravure et une poche (mesa/JTE). La surface totale du composant est de 4 mm². Sous une chute de potentiel de 4,97 V en direct, il laisse passer un courant de 12 A. En direct bloqué, il tient une tension de 3,1 kV. Un montage expérimental est développé pour commander à la fermeture le GTO avec un générateur d’impulsions délivrant un courant de 6 A dans la gâchette pendant des durées de 12 µs. Le temps de blocage est estimé à 500 ns et le gain en courant du turn-off est égal à 3,3. Ces résultats 34 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium montrent que ce thyristor a un régime de blocage avec une tension 3100 V et commute avec des temps de 500 ns. Figure I.15 : Thyristor gravé en SiC4H protection mesa et JTE [Ryu’01] Figure I.16 : Thyristor gravé en SiC4H protégé par mesa et JTE Des thyristors en carbure de silicium (figure I.16) ont été réalisés sur deux plaques différentes [Campen’03]. Ces deux plaques ont subi le même déroulement technologique en même temps. Un morceau de la plaque 2 a été découpé afin de réaliser une protection de type anneaux implantés. Les résultats électriques montrent que la protection mesa/JTE est plus efficace que les anneaux implantés car la tenue en tension passe de 4090 à 5760 V. Pour la plaque 1, la tenue en tension des thyristors est égale à 4020 V alors qu’en simulation la tension de blocage de la jonction semi plane infinie est de 6,13 kV. Avec la même protection et la même surface de composant, la tension est égale à 7040 V pour la plaque 2. La surface du composant joue un rôle sur la tenue en tension car un composant de 4 mm² possède une tension de blocage de 5760 V alors que pour une surface de 0,25 mm², la tension est de 7040V. Ceci est due à la qualité du matériau car en terme d’inclusions de polytypes et d’absence de matière (micropipes), le SiC connaît des densités de défauts [CREE’04] non négligeables par rapport au Si. En mode passant, sous une tension VAK de 5V, la densité de courant est supérieure à 1000 A.cm-2 pour un thyristor de 4 mm² de la plaque 2. I.4.8 Les Transistors MOSFETs SiC. Le MOSFET (Metal Oxide Semiconductor Field Effect Transistor) est le transistor unipolaire (à porteurs majoritaires), le plus utilisé en électronique de puissance du fait qu’il est normalement fermé. La figure I.17 illustre un MOSFET vertical en silicium. 35 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Figure I.17 : Structure MOSFET Verticale en Si Si une tension Vds positive est appliquée à la structure, la jonction P+Ν est en inverse. Pour mettre en conduction l’interrupteur, il suffit d’appliquer une tension Vgs positive. A l’interface P/oxyde, dans le semiconducteur, une zone de porteurs minoritaires est créée (appelée canal). Ainsi les charges créées sont des électrons. Le drain et la source se retrouvent court-circuités par la grille. Le transistor est conducteur et la résistance du composant est modulée par l’électrode de grille. Figure I.18 : LDMOSFET en SiC4H Figure I.19 : MOSFET en SiC-4H [Ryu’01] L’élaboration d’interrupteurs du type MOSFET en carbure de silicium connaît quelques problèmes. L’interface semi-conducteur/oxyde présente des densités de défauts élevées réduisant les performances électriques des transistors MOSFET (canal très résistif) [Perret’03]. La mobilité des porteurs dans le canal est très réduite. De plus dans le SiC, la structure MOSFET verticale « classique » en Si doit être adaptée aux exigences technologiques du SiC en terme de profondeur de jonction. Or les coefficients de diffusion des impuretés dopantes 10-4 cm2.s pour le bore et 10- 8 cm2.s pour l’aluminium ne permettent pas la réalisation de zones dopées localement profondes par cette technique. De plus, la 36 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium mobilité dans le canal est très faible, surtout pour le SiC-4H à température ambiante (4 à 5 cm²·V-1·s-1). Ces faibles valeurs sont dues aux charges à l’interface semiconducteur/oxyde. Cependant, des travaux sont développés afin de rendre attractif le MOSFET en SiC. Spitz et Melloch [Spitz’98] ont élaboré un démonstrateur de LDMOSFET en SiC-4H, (figure I.18). Dans ce cas, l’épaisseur qui permet la tenue en tension est celle entre les plots P et N+ (anneau de garde), ici elle est égale à 35 µm. Ainsi la tension de claquage théorique peut être égale à 4,5 kV. Des caractérisations électriques effectuées sous « Fluorinert » donnent une tension maximale de blocage de 2,6 kV. La tension de seuil du transistor est égale à 6 V. En mode passant, le courant est égal à 1µA sous une tension VDS de 20 V pour VGS égal à 24 V. La résistance spécifique est ainsi égale à 200 mΩ.cm2. Le transistor MOS SiC-4H possédant la tenue en tension la plus élevée a été réalisé sur la base d’une structure DMOSFET [Ryu’04]. L’épitaxie permettant la tenue en tension est dopée 6×1014 cm-3 sur une épaisseur de 115 µm. La tenue en tension maximale obtenue par mesure est égale à 10 kV. La protection du composant est assurée par 3 poches. La passivation du composant est réalisée à l’aide d’un dépôt de 1,5 µm de SiO2. L’épaisseur de l’oxyde thermique de grille est égale à 80 nm. En conduction, pour une tension de commande Vgs égale à 25 V, sous une tension Vds de 10 V, le courant est égal à 150 mA. La surface active du composant est égale à 4,2×10-2 cm². Ainsi, le RDSon est égal à 7 Ω.cm2. Des travaux sont réalisés pour tenter d’améliorer les mobilités dans le canal. Des transistors MOSFET canal n sont fabriquées sur des couches de SiC-4H afin d’extraire la mobilité des porteurs dans la zone d’inversion, (figure 19). Il a été montré que la face (Si ou C) du SiC et le traitement thermique (température, durée, ambiance) jouent un rôle sur les valeurs. En optimisant ces différents paramètres, une mobilité moyenne (entre mobilité du canal et en dehors) a été mesurée et elle est égale à 127 cm².V-1.s-1 [Fukuda’04]. I.4.9 Les transistors JFET en SiC Le JFET en SiC est un composant d’électronique de puissance plus avancé que le MOSFET car la faible mobilité des porteurs dans le canal du MOSFET implique des résistances en direct plus élevées que celle du JFET. Le JFET étant un transistor unipolaire, les temps de commutation sont beaucoup plus faibles que ceux des transistors bipolaires. Par contre, ce transistor est de type ″Normally-ON″ ce qui rend plus difficile à mettre en oeuvre dans des applications telles que l’onduleur car à la mise sous tension tout (entrée et sortie) se trouve court-circuité. H. Onose et A. Watanabe [Onose’02] ont développé un JFET en SiC-4H vertical (figure I.20) dont les caissons de grille sont réalisés par implantation ionique. 37 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium L’épaisseur de la couche épitaxiée de type N est égale à 20 µm et elle est dopée à 2,5×1015 cm-3. La tension de blocage est égale à 2000 V avec un courant de fuite de l’ordre de 2 mA. La valeur de RDson diminue lorsque la dose d’implantation de la grille diminue et la largeur du canal augmente. La valeur moyenne du RDSon est de 60 mΩ.cm2. Figure I.21 : JFET vertical en SiC-4H [Zhao’02] Figure I.20 : Schéma d’un JFET en SiC4H [Onose’02] Un JFET a été réalisé sur du SiC-4H (Figure I.22) présentant des résistances spécifiques faibles (21,5 mΩ·cm²) [Friedrichs’00]. La figure I.22 illustre la structure. Trois lots sont réalisés avec différentes valeurs pour la couche épitaxiée n°1. La résistance RDson varie de 21,5 mΩ·cm² à 24,5 mΩ·cm² à température ambiante (T=25°C). Plus la couche épitaxiée n°1 est épaisse et peu dopée, plus la tension de claquage augmente. Figure I.22 : JFET en SiC-4H [Friedrichs’00] Figure I.23: SIAFET SiC-4H [Sugawara’00] J.H. Zhao et X. Li [Zhao’02] ont fabriqué un JFET vertical “normally-off“. Deux paramètres sont optimisés, la hauteur du canal horizontal (h) et la largeur du canal vertical (d). Ce JFET est basé sur un caisson de type P. Pour une largeur de 2,5 µm et une hauteur de 0,17 µm, la tension de blocage du système est de 1644 V à 300 K et de 1800 V à 600 K. 38 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Une structure originale telle que le SIAFET (Static Induction Injected Accumulated FET) illustrée par la figure I.23 est développée sur du SiC-4H [Sugawara’00]. I.4.10 Les Transistors MESFETs SiC. Le fonctionnement du MESFET est basé sur la modulation de l’épaisseur du canal sous la grille. L’ensemble, constitué par la métallisation de grille et le semiconducteur (SC) de type N au dessous de la grille, forme une jonction ou diode Schottky. La présence de ce contact justifie la dénomination MESFET (MEtal Semiconducteur Field Effect Transistor). La structure d'un transistor MESFET est représentée sur la figure I.24. En partant du bas de la figure I.24, il apparaît tout d'abord un substrat mono cristallin en SiC qui doit être le moins conducteur possible. Il ne joue aucun rôle électrique mais constitue essentiellement un support mécanique pour le reste du composant. Sur ce substrat, une fine couche active dopée N est insérée, soit par épitaxie, soit par implantation ionique. Deux zones fortement dopées N+, l'une sous l'électrode de drain, l'autre sous l'électrode de source sont rajoutées à la structure par une nouvelle implantation. Figure I.24 : Vue en coupe d'un MESFET SiC Elles permettent de réduire les résistances de contact, néfastes pour les performances du composant. Les propriétés électriques de la structure sont généralement améliorées par la présence d'une couche tampon faiblement dopée entre la couche active et le substrat. Son épaisseur est de quelques microns. Elle évite la migration d'ions au niveau de l'interface et préserve la valeur de la mobilité des porteurs dans cette région. Enfin, trois contacts par dépôt de film métallique sous vide sont réalisés. Les deux extrêmes forment les électrodes de source 39 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium et de drain. Le contact est de nature ohmique. Celui de l'électrode de grille est de type Schottky. De plus, sur la Figure I.24, les principales dimensions géométriques sont représentées. La petite dimension de contact de grille Lg est appelée par convention longueur de grille du transistor. Elle détermine en grande partie la fréquence maximale d'utilisation du transistor. Pour les composants hyperfréquences elle est souvent inférieure à 1 µm. La deuxième dimension est la largeur de grille W et elle rend compte de la taille du transistor. Sa dimension typique est de l'ordre de 50 à 1000 fois celle de Lg. L'épaisseur « a » de la couche active est généralement de 0.2 µm à 0.4 µm. I.4.10.1 Etats de l’art sur les MESFETs SiC Les premiers MESFETs ont été réalisés sur des substrats conducteurs de type 6H-SiC. Ainsi, différentes équipes de recherche ont mis au point des transistors MESFETs 6H-SiC, en particulier l’équipe de J. W. Palmour à CREE Research [Palmour’93]. Mais il s’est avéré qu’il y avait une conduction parasite ce qui provoque l’apparition d’une capacité parasite au niveau du substrat et par la suite des courants de fuite et des phénomènes de pertes sur les caractéristique de sortie des MESFETs.. Par la suite, le polytype 4H-SiC est apparu plus intéressant : en effet, ce polytype possède une mobilité dont la valeur est environ deux fois la valeur de la mobilité du 6H-SiC. Dans le même temps CREE a développé la croissance de substrats semi-isolants. L’équipe de recherche de Charles Weitzel [Moore’97] en association avec John W. Palmour de Cree Research à réussi à améliorer les performances hyperfréquences et en puissance des transistors MESFETs 4H-SiC à substrat conducteur. La structure des transistors MESFET 4H-SiC est la même que celle décrite sur la figure I.24. La figure I.25 représente les performances RF de puissance de ce transistor. 40 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Figure I.25 : Caractéristiques en puissance d’un transistor MESFET SiC (0.7 µm × 332 µm) (Vds = 50 V, Ids = 40 mA)(f=850MHz) [Moore’97]. Jusqu’en 2000 les seuls substrats semi-isolants disponibles étaient des substrats compensés par du Vanadium. Mais grâce à une collaboration étroite lors de projet européens (JeSiCa TelSiC), Thales a pu disposer de substrats de haute pureté réalisés par HTCVD [Kerlain’04]. En effet, le Vanadium est le premier élément qui permet d’obtenir un substrat semiisolant. En effet le vanadium est amphotère dans le 4H et le 6H-SiC c’est-à-dire il peut se comporter comme un accepteur dans un matériau résiduel de type n (0.8-0.9eV) soit comme donneur profond (1.5eV) dans un matériau résiduel de type p. Par conséquent, des efforts apportés en vue d’améliorer les performances de ces transistors reposent essentiellement sur la nécessité de réaliser des substrats de haute pureté avec une distribution homogène d’impureté et d’un degré élevé de perfection structurale. Les transistors MESFETs SiC mis au point par Cree Research sont destinés à des applications en bande S (bande de fréquence qui s'étend de2GHz à 4GHz) (Figure I.26). 41 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Figure I.26: Bandes de Fréquence Ces transistors fournissent une densité de puissance maximale de 4.6 W/mm à la fréquence de 3.5 GHz [Allen’99]. Une étude comparative effectuée par Cree des différentes technologies en concurrence à un transistor délivrant 50W à 2GHz avec une température de socle de 85°C, est représenté sur le tableau I-9. Les meilleures performances en hyperfréquence obtenues jusqu'à aujourd’hui sont représentées dans le tableau I-10 (Cree.com) [Heckmann’03]. PAE % RF power (W/mm) Gain (dB) Taille de la puce(mm) Package (mm2) ∆Température (°C) SiC MESFET Si LDMOS GaAs MESFET 50 35 50 2 (4) 0.4 1 10 10 12 1 (0.6) 3.1 1.4 200(120) 320 300 35(76) 76 47 Tableau I.9: Comparaison des caractéristiques attendues pour SiC MESFETs face aux technologies Silicium et GaAs (Cree.com). 42 Chapitre I Fréquence( Généralités sur le Carbure de Silicium Type de Puissance Taille composant (W) (mm) Pulse/CW Densité de Densité Tension Gain Puissance de d’alimentation dB courant (V) W/mm GHz) PAE origine mA/mm 3.1 MESFET 80 48 CW 1.66 9.6 MESFET 30.5 12 pulsé 2.54 1.3 SIT 268 60 4.46 3.5 MESFET 1.3 0.25 CW 5.2 63% 50 0.25 7.2 48% 70 8 6 45% 60 10 Cree 21% 55 6.5 Cree 3 3 MESFET 48 3.5 MESFET 36.3 pulsé 1.8 MESFET 0.9 CW 2.8 2.1 MESFET 15 CW 0.83 3 SIT 38 pulsé 1.2 10 MESFET 1 0.25 CW 4.3 0.5 MESFET 51 21.6 CW 2.65 0.5 MESFET 62 21.6 pulsé 2.9 38% 58 7.6 Cree 7.6 Cree N.G1 120 300 65 220 11 Cree Cree 54 Cree 30 Cree 90 Cree 20% 60 9 Cree 63% 70 12 TRT 40% 50 19 GE2 Tableau I.10 : Les meilleures performances et hyperfréquence des transistors MESFETs SiC (Cree.com) [Heckmann’03]. N.G1 : Northrop Grumann GE2 : General Electric/ Lockheed Martin En 2000 CREE a commencé la commercialisation des transistors MEFSETs avec des performances inférieures à celles estimées au départ. Cette société est la seule pour l’instant sur le marché. Le tableau I-11 nous donne quelques caractéristiques des quatre MESFETs différents, disponibles maintenant sur le marché. Référence du Gamme de Puissance de Gain (dB) Tension de Transistor fréquence (GHz) sortie (W) CRF-5003 0.1-1 4 11 28-48 CRF-20010 Jusqu'à 4 12 12 28-48 CRF-27010 2.4-2.7 12 11 48 CRD-37010 3.4-3.7 12 10 48 fonctionnement (V) Tableau I.11 : Quelques paramètres de 4 types de MESFETs commercialisés par CREE. 43 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Nous constatons que la structure MESFET permet des applications jusqu'à la bande X alors que la structure SIT (Static induction transistors) se limite à la bande L mais offre des puissances extrêmement importantes. Les performances statiques des MESFETs SiC sont liées principalement au dopage et à l’épaisseur du canal. La tension de claquage dépendant de l’espacement entre grille et le drain ainsi qu’a des effets de surface [Pengelly’02]. Les SIT ont des structures verticales contrairement aux structures MESFETs Figure I. 27 : Figure I. 27 : Topologies de transistors sur SiC : (a) MESFET, (b) SIT Les phénomènes de claquage en surface entre grille et drain n’apparaissent pas et autorisent donc des tensions plus importantes. Par rapport au MESFET SiC où l’épaisseur du canal est définie par épitaxie, le canal de ces composants est défini par gravure. Le canal étant plus large, il est nécessaire d’en réduire le dopage. Technologiquement, la réalisation de structure SIT est donc beaucoup plus délicate. Des composants MESFETs de type démonstrateur possédant des performances inégalables dans des technologies Si ou GaAs ont donc été réalisés. Toutefois, nous constatons que lorsque la taille du composant augmente, afin d’obtenir des niveaux de puissance intéressant (≥50W), la densité de puissance diminue. Nous notons également que les dispositifs commercialisées par CREE présentent des caractéristiques bien inférieures à ce qui a été annoncé. La passivation est l’étape clé pour les problèmes de fiabilité des composants. Nous allons dans la suite présenter les effets parasites dû à la présence de centres profonds et de défauts aux interfaces. I.4.10.2 Les effets de pièges dans le substrat semi-isolant du MESFET SiC Ces phénomènes ont des constantes de temps relativement importantes. Parmi ces phénomènes nous citons ceux de ‘Self-backgating’, et de ‘gate-lag’. 44 Chapitre I I.4.10.2.1 Généralités sur le Carbure de Silicium Effets de ‘Self-backgating’ Pour les MESFETs, ce phénomène (Figure I.28) est lié à la présence de pièges dans le substrat semi-isolant ou à l’interface substrat/canal. Lors d’une variation rapide du champ électrique entre le drain et la source, les électrons provenant du canal peuvent être piégés rapidement dans le substrat. Le substrat proche du canal devient alors chargé négativement. Ces électrons peuvent être ensuite re-émis avec des constantes de temps plus longues. L’équilibrage des charges implique alors l’apparition d’une zone chargée positivement à l’interface canal substrat dans le canal. Le canal est alors momentanément pincé par une deuxième grille au niveau de cette interface d’où le terme de ‘self-back-gating’. Figure I.28: Influence sur le courant de la capture des électrons dans des pièges de substrat I.4.10.2.2 Effets de ‘ gate-lag ’. Lorsque le canal passe rapidement d’un état pincé à un état ouvert, l’effet de ‘gate-lag’ induit un retard quand à la réponse en courant de drain. Ceci est dû aux phénomènes des pièges présents dans la structure. En fonction de Vgs, certains pièges peuvent capturer ou émettre des trous de manière transitoire avec une vitesse inférieure à la modulation de Vgs induisant ainsi un comportement transitoire du courant de sortie. I.4.10.3 Rôle de la passivation pour le SiC La surface libre de SiC peut présenter une forte réactivité et les métallisations utilisées pour la grille et le contact ohmique sont sensibles aux agressions du milieu ambiant. Donc pour le protéger il est nécessaire de réaliser une passivation. En effet la passivation intervient directement sur les caractéristiques du composant, en modifiant l’état électrique de la surface. 45 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium Mais la passivation des composants basés sur des matériaux grands gaps comme le SiC nécessite une étude approfondie. Suivant l’application et le matériau, une passivation adéquate doit être mise au point, répondant aux besoins en termes de protection, fiabilité et optimisation des performances du composant. En effet, si le matériau de choix reste le SiO2, nous retrouvons ici le problème posé par la forte densité de pièges à l’interface qui limite la mobilité du MOS SiC. Ces dernières années l’IEMN, en collaboration avec Thalès ont réalisé une étude approfondie sur les problèmes de passivation des MESFETs SiC [Kerlain’04]. I.5 Conclusion Il est aujourd’hui largement admis que les semi-conducteurs à large bande interdite et en particulier le SiC vont permettre de repousser les frontières atteintes à ce jour dans le domaine des composants électroniques. Pratiquement tous les types de composants ont été réalisés à partir de ce matériau. On rencontre, en effet, aujourd’hui, des composants allant des composants bipolaires aux transistors à effet de champ. Un autre caractère remarquable de ce matériau réside dans les densités de puissances pouvant être mises en jeu. Toutefois, la réalisation de composants hyperfréquence de puissance dans la filière SiC n’est pas à l’heure actuelle suffisamment mature pour être développée industriellement. Comme nous l’avons évoqué, ceci est du notamment à la présence de défauts électriquement actifs dans les structures qui peuvent provenir aussi bien du matériau lui-même que des étapes technologiques nécessaire à la réalisation du composant. Nous nous attacherons dans la suite, à l’étude de certains dysfonctionnements mal compris dans les MESFETs SiC et nous expliquerons leur origine à partir de l’état des centres profonds déterminer dans les structures. Nous présenterons également une étude similaire du composant concurrent, le HEMT AlGaN/GaN. 46 Chapitre I Généralités sur le Carbure de Silicium REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE I [Achtziger’98] Achtziger, N., Grillenberg, J. and Witthuhn, W. 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En effet, les pièges modifient de façon plus ou moins importante les propriétés de conduction et de luminescence dans les semiconducteurs : - Par leurs capacités à émettre ou à capturer les porteurs libres, ils peuvent compenser les niveaux donneurs ou accepteurs introduits intentionnellement et donc réduire la concentration des porteurs libres ainsi que leur mobilité. Pour augmenter la résistivité d'un matériau, des pièges profonds peuvent être introduits intentionnellement pour capturer les porteurs libres (cas du Cr, Fe dans GaAs, InP et V dans SiC). - En raison de leur position centrale dans la bande interdite, les niveaux profonds peuvent interagir avec les porteurs des deux bandes. Ils sont considérés comme des centres de génération-recombinaison et affectent donc la durée de vie des porteurs minoritaires. D'autre part, dans les dispositifs à semiconducteurs, la présence de centres profonds induit généralement des dysfonctionnements, notamment sur les caractéristiques électriques des transistors. Dans ce chapitre, nous présenterons les différentes méthodes d’analyse des défauts profonds que nous avons utilisées : la spectroscopie de transitoire de capacité DLTS (Deep Level Transient Spectroscopy) et la spectroscopie de transitoire de courant drain-source CDLTS (Conductance Deep Level Transient Spectroscopy). Enfin nous discuterons la complémentarité entre ces techniques de caractérisation de défauts profonds. II.2 Modèle énergétique : Phénomène de relaxation du réseau cristallin De façon générale, un atome étranger détruit la périodicité du cristal. Le potentiel perturbateur qui en résulte peut introduire des états électroniques localisés qui n'existeraient pas dans un cristal parfait et qui peuvent piéger un porteur de charge (électron ou trou). 59 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds L'énergie d'activation d'émission, c'est à dire, l'énergie nécessaire pour transférer un électron d'un piège vers la bande de conduction est d'autant plus grande que le potentiel perturbateur est fort. Dans le modèle énergétique en coordonnées de configuration Q, un diagramme de configuration permet de représenter l'énergie totale du système (Figure II.1). BC EB B D ED dFC T hνn Eno E EE EA dFC A BV EPo F Q QR Q Figure II.1 : Modèle énergétique, diagramme de configuration La coordonnée de configuration Q représente la déformation élastique du réseau. L’hypothèse couramment utilisée est de la prendre unidimensionnelle et représentative d’un mode de vibration dominant alors qu’en réalité plusieurs coordonnées (de translation, de rotation) seraient nécessaires pour décrire les déformations d’un système [Bremond’81]. Par suite du couplage électron-noyau, l’énergie électronique Ee est fonction de la position à l’équilibre des atomes voisins (approximation adiabatique) et on suppose, en première approximation, qu’elle dépend linéairement de la déformation : Ee = E0 − bQ ( Eq.II .1) 60 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds Lorsque le piège est occupé par l’électron (état lié du défaut). E0 est l’énergie électronique du système s’il n’y a pas de relaxation de réseau. Sur la figure II.1, la courbe noté BC (ou BV) représente l’énergie totale (électronique + élastique) du système défaut vide + électron dans BC (ou BV). Cette énergie est de la forme 1 KQ 2 + Cte (K : constante de 2 force). La courbe T représente l’énergie totale du système lorsque l’électron se trouve sur le centre qui s’écrit : Et = E0 − bQ + 1 K Q2 2 ( Eq.II .2) La nouvelle position d’équilibre, après relaxation, se définit par : ( b dEt )Q=QR = 0 soit QR = dQ K ( Eq.II .3) Le diagramme de configuration explique les différences observées entre l’énergie d’ionisation optique et l’énergie totale de liaison. Au cours d’une transition induite optiquement entre deux états du système, les ions n’ont pas le temps de se déplacer et la coordonnée de configuration n’est pas modifiée : de telles transitions sont représentées sur la figure II.1 par les flèches verticales AB et FE correspondant aux énergies d’ionisation En0 et E p0 . Après la transition, le système relaxe vers la nouvelle position d’équilibre ( B → D ou A → E ) et l’énergie correspondante est dissipée sous forme de phonons. Les énergies de liaison totale En (ou Ep) interviennent seulement dans les conditions d’équilibre thermodynamique et correspondent aux énergies AD et FA. On définit alors le paramètre de Franck-Condon dFC caractérisant l’amplitude énergétique de la relaxation de réseau : d FC = En0 − En = E p0 − E p = 1 KQR2 2 ( Eq.II .4) Cette énergie est dissipée sous forme de phonons lors de la relaxation : d FC = S=ω ( Eq.II .5) Avec S le facteur de Huang-Rhys qui est égal au nombre de phonons du mode principal de vibration d’énergie =ω émis. II.3 Caractéristiques des défauts profonds Les niveaux profonds sont dus à la présence d'impuretés, substitutionelles ou interstitielles, ou de défauts, ponctuels ou étendus (dislocation), dans le réseau cristallin. Ces 61 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds niveaux d’énergie, proches du centre de la bande interdite, sont associés à des états qui peuvent être localisés en surface, en volume ou aux interfaces de la structure à analyser. II.3.1 Les défauts profonds Ces défauts peuvent être ponctuels (des lacunes, des atomes interstitiels, des antisites dans les semiconducteurs composés), des impuretés en site substitutionnel ou interstitiel (des métaux de transition: Fe, Cr, Co, etc.), des complexes impuretés défaut de réseau ou des défauts étendus (dislocations, fautes d'empilement). Ces défauts peuvent s'introduire dans la structure lors de la croissance du matériau (contamination dans la chambre de croissance, la pureté des produits de base), pendant les processus de réalisation du composant (gravures des couches, expositions au plasma) ou même au cours du fonctionnement du composant (vieillissement des lasers). Deux mécanismes principaux qui contrôlent les processus de recombinaison sont observés dans les semiconducteurs. Le premier, c'est la recombinaison directe entre la bande de conduction (BC) et la bande de valence (BV) accompagnée par l'émission de photons et de phonons. Le deuxième, c'est la recombinaison indirecte par un niveau dans la bande interdite (BI) (figure. II.2). Les niveaux profonds sont très localisés dans l'espace réel (∆x très faible), ce qui induit une grande délocalisation dans l'espace des vecteurs d'onde "k" (∆k très grand). Ils pourront donc interagir avec des porteurs des deux bandes et ainsi agir en centre de recombinaison indirecte. EC BC hν = Eg ET BV EV Figure II.2 : Recombinaison directe (gauche) ou indirecte par un niveau profond (droite) Un défaut profond dans un semiconducteur peut se comporter comme un piège, comme un centre de recombinaison ou comme centre de génération. Si un porteur est piégé 62 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds sur un niveau et si après un temps de piégeage il est réémis vers la bande de provenance, le défaut est considéré un piège. Si un porteur de signe opposé est aussi capturé avant que le premier soit réémis, le niveau est un centre de recombinaison. Les interactions possibles de ces niveaux profonds avec les porteurs libres sont (figure II.3) : capture d’un électron (a) ; émission d’un électron (b) ; Piège à électrons (c) ; Piège à trous (d). EC cn en Pièges à trous ET Pièges à électrons ep cp EV (a) (b) (c) (d) Figure II.3: Schéma illustrant l'émission et la capture d'électrons et de trous. Le processus d’émission dépend du taux d’émission (en,p) et de la probabilité d’occupation du centre par un porteur libre, probabilité donnée par la statistique Fermi-Dirac à l’équilibre. Le processus de capture dépend du taux de capture Cn,p propre au défaut et de la probabilité d’occupation du défaut par un porteur libre. Le trafic des électrons et de trous peut donc être décrit par les relations suivantes : 1) émission des électrons :en×NT×F 2) capture des électrons :cn×NT×(1-F) 3) émission des trous :en×NT×(1-F) 4) capture des trous :cp×NT×F Avec NT la concentration totale des centres profonds et F la probabilité d’occupation d’un centre par un électron. Les taux de capture pour les deux types de porteurs s’écrivent : cn= σn n vthn ( Eq.II .6a) cp=σp p vthp ( Eq.II .6b) 63 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds où σn,p sont les sections efficaces de captures du défaut profond, vthn,p sont les vitesse thermiques des porteurs et n, p les concentrations respectives d’électrons et de trous dans les bandes d’énergie concernées, ⎛ E − EF ⎞ ( Eq.II .7a ) Avec : n = N c exp⎜ − c ⎟ KT ⎠ ⎝ ⎛ E − EV ⎞ p = NV exp⎜ − F ( Eq.II .7b) ⎟ KT ⎠ ⎝ Les taux de capture des électrons (cn) et des trous (cp) vont déterminer les caractéristiques du défaut. Le niveau est un piège à électron si cn>cp et un piège à trous si cp> cn [Bhattacharya’88]. Si cn≅cp le niveau se comporte comme un centre de recombinaison. Donc d’après les relations II.6a et II.6b, un niveau profond peut se comporter comme un piège ou comme un centre de recombinaison, non seulement en fonction de la valeur de la section efficace de capture, mais aussi de la concentration des porteurs libres dans le semiconducteur. Les sections efficaces de captures σn,p traduisent la surface dans laquelle le porteur libre doit s’approcher du centre pour être capturé. Plus cette distance est grande, plus le centre intervient facilement dans le processus de génération-recombinaison. L’expression des coefficients d’émission est obtenue en faisant le bilan détaillé des processus d’émission et de capture à l’équilibre thermodynamique, où le taux de recombinaison net est égal à 0 : en F − cn (1 − F ) = 0 ( Eq.II .8) Où F est la probabilité d’occupation du niveau par un électron. Conformément à la statistique Fermi Dirac à l’équilibre : 1 ( Eq.II .9) F ( ET ) = E − EF 1 1 + exp( T ) g KT g : la degré de dégénérescence Utilisant les équations II.6, II.7, II.8 et II.9, on obtient : en = σ nVthn N C 1 E − ET exp(− C ) g KT ⎛ 2mn∗ KT ⎞ 3KT 12 ⎟⎟ Avec Vthn = ( ∗ ) et N C = 2⎜⎜ 2 h me ⎝ ⎠ De manière similaire : e p = σ pVthp NV g exp(− ( Eq.II .10a ) 3 2 (Eq.II .10b ) ET − EV ) KT (Eq.II .11a ) 64 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds 1 Vthp ⎛ 3KT ⎞ 2 ⎛ 2m∗p KT ⎞ ⎜ ⎟ ⎟ = et NV = 2⎜⎜ 2 ⎟ ⎜ m∗ ⎟ ⎝ h ⎠ ⎝ p ⎠ 3 2 (Eq.II .11b ) Où NC,V sont les densités effectives d’états dans la bande de conduction et de valence, mn,p* les masses effectives des électrons et des trous et h la constante de Planck [Sze’81]. Donc, la variation des taux d’émission en,p peut s’exprimer, en fonction de la température : en = K nσ nT 2 exp(− EC − ET ) KT (Eq.II .12a ) ET − EV ) KT (Eq.II .12b ) e p = K pσ pT 2 exp(− Le taux d’émission thermique est donc fonction de la profondeur du piège, ET, et de la température. Ainsi, à partir de mesures de en, p en fonction de T il est possible de déterminer les paramètres du piège : énergie d’activation ET et la section efficace de capture σn,p (supposé indépendante de T). La mesure de en, p (T) se fait en mesurant les modifications de la zone de charge d’espace d’une jonction (p-n ou Schottky) induite par le remplissage et le vidage en porteurs des niveaux profonds. II.3.1.1 Signature des pièges Les niveaux profonds sont identifiés par leurs deux paramètres propres : - Ea , énergie d'activation - σ, section efficace de capture. Dans le cas d'un piège à électrons, ces grandeurs caractéristiques (Ean, σn) influencent la probabilité d'émission d'un électron par ce piège à travers l'expression : ⎛ E ⎞ en = K n σ n T 2 exp ⎜ − an ⎟ Avec E an = EC − ET ⎝ kT ⎠ (Eq.II .13) Mettons en évidence la dépendance de la probabilité du taux d’émission en fonction de la température. En considérant uniquement la variation de N C et Vthn en fonction de la température, et en rappelant que la densité d'états N C dans la bande de conduction est donnée par la relation : ⎛ 2π m*e kT ⎞ ⎟⎟ N C = 2 ⎜⎜ h2 ⎝ ⎠ 3 2 (Eq.II .14) 65 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds et que la vitesse thermique des électrons Vth n s'exprime par : ⎛ 3kT ⎞ = ⎜⎜ * ⎟⎟ ⎝ me ⎠ Vth n 1 2 (Eq.II .15) m*e : Masse effective des électrons, m0 = 9 ,109 × 10 −31 kg masse de l’électron libre. h : Constante de Planck, h = 6,62 × 10 −34 J .s Si l'on reporte les relations (Eq.II .13) et (Eq.II .14 ) dans l’expression (Eq.II .15) , on a : en = 4π 6π * 2 2 ⎛ E ⎞ me K T σ n exp ⎜ − an ⎟ 3 h ⎝ kT ⎠ (Eq.II .16) ( Un diagramme d'Arrhenius représentant log T 2 / en ) en fonction de 1000 T , permet de déterminer les valeurs de l'énergie d'activation Ean et de la section efficace de capture σ n à partir de l'équation suivante : ⎛ 3 10 −26 log T 2 / en = log⎜⎜ * ⎝m e σn ( ) ⎞ E an ⎟+ ⎟ 2,3 k T ⎠ (Eq.II .17 ) T 2 / s −1 en K 2 / s −1 , σ n en cm 2 , E an en eV II.4 Principe de la spectroscopie de transitoire de centres profonds (DLTS) Malgré le succès des méthodes purement optiques comme la photoluminescence et l'absorption dans l'étude des niveaux superficiels, elles sont rarement utilisées pour l'étude des défauts profonds [Neumark’83]. Cela est motivé par le fait que, en général, les défauts profonds sont non radiatifs et ces techniques deviennent inapplicables. En plus, à cause de la position énergétique, ces expériences doivent avoir lieu dans le domaine infrarouge ou les détecteurs sont moins sensibles que dans le visible. Il est nécessaire donc, de trouver une technique capable de faire la séparation entre les pièges à majoritaires ou à minoritaires, d'obtenir des informations concernant les concentrations, les niveaux énergétiques et les sections efficaces de capture de pièges. Il est aussi important de pouvoir mesurer les pièges pour un large domaine des énergies et que la 66 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds technique soit applicable aux niveaux radiatifs ou non radiatifs. Une technique qui répond à toutes ces demandes a été proposée par [Lang’74a ,b].Elle est basée sur la spectroscopie des transitoires de capacité, liée aux niveaux profonds (DLTS). Plusieurs versions de la méthode originale ont été ensuite développée [Miller’75], [Le Bloa’81]. Le principe de la méthode DLTS consiste dans l'analyse de l'émission et de la capture des pièges associés aux variations de la capacité d'une jonction p-n ou d'une diode Schottky. Cela est réalisé par un remplissage et vidage répétitif des pièges, à l'aide des tensions de polarisation positives et/ou négatives appliquées à l'échantillon. Une illustration de ce phénomène est faite dans la Figure II.4 pour le cas d'une diode Schottky et d'un piège à électron. 67 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds Wr EC a) EF ET λ EV Wp EC EF b) ET EV W'r EC c) EF ET λ’ EV Figure II.4 : Diode Schottky (a) polarisée en inverse Vr, (b) pendant le pulse Vp, (c) après le pulse Vr. Sous polarisation inverse, les pièges qui se trouvent dans la zone de charge d'espace (ZCE) au dessus du niveau de Fermi sont vides. La courbure des bandes varie selon la tension appliquée, donc l'état de charge d'un piège va dépendre de la polarisation et la capacité de la ZCE sera affectée. Pendant le pulse de remplissage la ZCE diminue et les pièges qui se trouvent en dessous du niveau Fermi peuvent se remplir. En revenant sous polarisation inverse, les pièges émettent les électrons capturés avec une constante de temps caractéristique, 68 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds d'où l’apparition d’un transitoire sur l’étendue de la ZCE et donc, de la capacité de la diode. Cette capacité peut s'écrire : C= εS ⇒ w (Eq.II .18) ∆C ∆w =− C w Où ε est la permittivité diélectrique du matériau, S est la surface de l'échantillon et w l'extension de la zone de charge d'espace. Si on considère un matériau dopé n dans lequel on a des défauts profonds de type donneur (0/+) en concentration NT supposée uniforme, w peut s'écrire [Sze’81]: w= 2ε q N d + N T+ ( ) ⎛ kT ⎞ ⎜⎜ Vbi − V r − ⎟ q ⎟⎠ ⎝ (Eq.II .19) Où Nd est le dopage, NT+ la concentration des défauts profonds ionisés, Vbi le potentiel intrinsèque et Vr la tension appliquée. Après le pulse de remplissage, Vp, NT+ est plus faible qu' à Vr donc w est plus grand. La variation temporelle de la concentration des pièges ionisés NT+ a une forme exponentielle, donc la capacité va suivre la même évolution: ∆ C (t ) ≅ C 0 NT (1 − exp (− en t )) 2Nd (Eq.II .20) Le transitoire de capacité obtenue a une amplitude proportionnelle à NT (la concentration du défaut) et est exponentiel avec pour constant de temps en-1. Donc, à partir de l'amplitude du transitoire, sous certaines conditions (NT<<Nd) on peut déduire la concentration des pièges (pour t=∞). Si on possède un capacimètre très sensible il est possible de détecter des concentrations très faibles de défauts. Pour déterminer les autres paramètres du piège (ET et σ) il faut trouver une méthode simple qui permet de mesurer le taux d'émission en en fonction de la température. A partir de plusieurs couples (en, T) on peut tracer un diagramme d'Arrhenius T2/en = f(1000/T) (eq. II.7) La pente de la droite nous permet d'extraire ET et l'intersection à l'origine nous donne σ. L'énergie d'activation ET déterminée par la méthode mentionnée ci-dessus suppose qu'il n'y a pas d’effets d'émission assistés par le champ électrique. En pratique les mesures sont effectuées sur des diodes Schottky ou sur des jonctions p-n et les tensions appliquées peuvent perturber les émissions thermiques. Cet effet, connu sous le nom de "effet PooleFrenkel" diminue l'énergie d'activation, et les vitesses d'émission en augmentent [Bhattacharya’88]. 69 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds II.4.1 Technique DLTS boxcar L'astuce principale de la technique DLTS boxcar consiste dans la possibilité de fixer une fenêtre d'observation pour la vitesse d'émission, de telle manière que les appareils de mesure répondent uniquement aux transitoires ayant une constante de temps comprise dans cette fenêtre [Lang’74 b]. Comme la vitesse d'émission d'un piège varie avec la température, l'appareil va montrer une réponse maximum à la température où en est égal à la valeur fixée par l'appareil. Si plusieurs défauts sont présents, le transitoire est une somme d’exponentielles, chacune d'entre elles avec sa constante de temps (1/en). La forte variation en température de en (Eq. II.12) permet une séparation des exponentielles pendant un balayage en température. Le spectre résultant est une série de pics, un pour chaque piège qui contribue au transitoire, avec les amplitudes proportionnelles aux concentrations respectives des pièges. C S T4 T2 T3 T2 T1 T0 t1 t2 T3 T1 T4 T0 Tm t T Figure II.5 : Evolution du transitoire de capacité et du signal DLTS normalisé S avec la température Le principe de fonctionnement d'un double boxcar est présenté dans la Figure II.5. Il consiste dans la mesure de la capacité à deux instants t1 et t2 après le pulse de remplissage. Après chaque mesure on modifie la température. A la fin, on peut tracer le signal DLTS normalisé S(T) = C(t2) - C(t1). Cette fonction passe par un maximum à une température Tm. Le taux d'émission correspondant à Tm est [Lang’74 b]: t2 t1 en (Tm ) = t2 − t1 ln ( Eq.II .21) La réponse maximale ne dépend que du rapport β = t 2 70 t1 et l’amplitude du pic vaut Chapitre II ∆Cmax = Caractérisation électrique des défauts profonds ⎞ β −1 ⎛ β exp⎜⎜ − ln β ⎟⎟.∆C0 β ⎝ β −1 ⎠ (Eq.II .22) où ∆C0 est l’amplitude du transitoire de capacité. Plusieurs balayages lents en température faits avec différentes valeurs pour t1 et t2 permettent d'obtenir d'autres points [en (Tmi), Tmi]. En général, le rapport t2/t1 est gardé constant. Nous avons vu jusqu'à maintenant une méthode de caractérisation des pièges dans un matériau en utilisant comme dispositif une diode. Mais, les défauts profonds peuvent modifier beaucoup les caractéristiques électriques des autres dispositifs, comme le transistor. Il est donc nécessaire d'adapter cette méthode aux études des transistors. Dans le cas des transistors MESFETs la surface de la grille est en général très petite (quelques µm dans notre cas) et la capacité associée très faible (de l'ordre de 1 à 3 pF). Il est alors difficile de mesurer les variations de capacité avec une grande précision en utilisant un dispositif expérimental usuel (il faudrait un capacimètre avec une précision d'au moins 0.01fF). Dans ce cas, la mesure des transitoires de courant semble une bonne solution (CDLTS "Conductance Deep Level Transient Spectroscopy"). Par la nature unipolaire de ce type des dispositifs, il est évident qu'il est possible de détecter uniquement des pièges pour les porteurs majoritaires. Cette analyse n'est pas restreinte aux pièges localisés dans la couche barrière. Elle est aussi valable pour des pièges qui se trouvent dans la couche tampon. II.4.2 Banc de mesure DLTS. Le schéma bloc du dispositif expérimental existant au Laboratoire de Physique de la Matière (LPM) est présenté dans la Figure II.6. L'appareillage principal utilisé pour le traitement des transitoires a été acheté à la compagnie SULA Technologies. Cet appareillage est composé d'un générateur de pulses, une source de tension, un préamplificateur, un capacimètre, un convertisseur de courant et 2 à 5 boxcar. Les pulses d’excitations appliquées sur la grille, ont une durée tp variable entre 10 µs et 100 ms et une période de répétition Tp comprise entre 2ms et 10s. La tension inverse Vr, ainsi que la valeur du pulse Vp sont réglables à l'aide des potentiomètres multi - tours. Dans le cas des mesures de transitoire de capacité, un signal sinusoïdal d'une période de 1MHz et d'une amplitude de 20 mV est superposé sur les pulses et la source est branchée à l'entrée du capacimètre. Le choix des taux d'émission se fait parmi 12 valeurs (entre 2.3 et 11627 s-1). La sortie des boxcar est lue avec un scanner Keithley 196. Le cryostat est commandé par un régulateur de température du type TBT BT 200. Ces deux derniers appareils sont commandés par un PC à l'aide d'un logiciel 71 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds écrit en Lab View ™. L'oscilloscope permet de visualiser le signal d'excitation ainsi que le transitoire de capacité ou de courant. Cela permet de faire un choix optimum du gain du préamplificateur pour éviter sa saturation (entre 1 et 1000). Keithley 199 Ordinateur Régulation de température TBT 200 Source V ds Module de traitement et générateur des pulses Sula Tech Vp Vr HFET Convertisseur I/V Sula Tech Cryostat SMC Figure II.6 : Schéma bloc du système de mesure DLTS II.5 Méthode d’analyse des Transitoire de courant drainsource (CDLTS) Pour les transistors où la longueur de canal est faible (de l’ordre du micron ou inférieure), la capacité de la grille Cg (proportionnelle à la surface) sera elle aussi faible (typiquement inférieure au pF). Si l’émission et la capture des électrons induisent une variation de capacité de l’ordre de 10-3 Cg (capacité de grille) [Howkins’86] cette variation ne peut pas être détectée par la méthode DLTS capacitive. De plus les améliorations technologiques apportées sur le HEMT telles que la réalisation de couche « tampon » ou de couches contraintes conduit à un dispositif dont la structure peuvent être complexe. Les nombreuses techniques de caractérisation permettent de détecter les pièges dans un tel dispositif mais il est très difficile cependant, de les localiser dans le volume. La localisation physique des niveaux profonds permet d’une part de comprendre leur influence sur le fonctionnement du HEMT, et d’autre part, de trouver des solutions technologiques pour minimiser leurs effets. Une nouvelle technique a été mise au point pour la caractérisation des pièges au niveau des MESFETs et des HEMTs : Conductance Deep Level Transient 72 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds Spectroscopy (CDLTS), son atout majeur est la possibilité de localisation des pièges dans le transistor. II.5.1 Principe de la méthode Comme le courant dans un MESFET est une grandeur liée à la population d'électrons libres dans le canal, si des niveaux profonds captent ou émettent des électrons, une variation transitoire du courant sera observée. Ces transitoires apparaissent après une impulsion sur la grille ou sur le drain du transistor. II.5.1.1 Mesures en commutation de grille La démarche expérimentale consiste à appliquer sur la grille une impulsion ∆V pendant un temps suffisamment long par rapport aux constantes de temps caractéristiques des pièges, de manière à les remplir. Un transitoire de courant drain-source d'émission ou de capture est observé; il résulte de la modulation de la densité d'occupation des pièges dans la zone de charge d'espace associée à la grille (figure II.7). Quand on applique une polarisation de la grille égale à 0V, l'extension de la zone de charge d'espace diminue. Si l'on est en présence de pièges à électrons, les électrons assurent le remplissage des pièges qui sont situés en dessous du niveau de Fermi. La tension V R appliquée à la grille est généralement choisie proche de la tension de seuil VT afin d'observer de manière significative les variations de courant dues à l'effet des pièges. Remarquons qu'en plus des pièges activés dans la zone de charge d'espace associée à la grille, les états de surface lents induits par les «process» technologiques associés au traitement de la surface (réalisation des contacts métal- semiconducteur, passivation) et des états d'interface, peuvent aussi être détectés par les mesures de transitoire de courant drain-source en commutation de grille. ID R Vg=0V ∆V G D S Vr t=0 t Figure II.7: Principe électrique de la mesure de transitoire de courant drain-source en commutation de grille. 73 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds I.5.1.2 Mesure en commutation de drain Le principe électrique de la mesure des transitoires de courant drain-source en commutation de drain est donné dans la figure II.8. ID VD2 R t ∆V VD1 G t=0 VGs≈0V D S Figure II.8: Principe électrique de la mesure de transitoires de courant drain-source en commutation de drain. L'impulsion ∆V = V D 2 − V D1 est appliquée sur le drain, tandis que la grille est polarisée à 0V de façon à réduire l'extension de la zone de charge d'espace. La variation transitoire de courant observée résulte de la modulation de la population d’électrons libres induite par la variation de la densité d’occupation des pièges. Les pièges activés se trouvent préférentiellement dans la couche tampon, dans le substrat et aux interfaces associées. Nous avons développé un dispositif expérimental de CDLTS ou LPSCE (Laboratoire de Physique des Semiconducteurs et des Composants Electroniques), que nous allons décrire dans le paragraphe suivant. II.5.2 Dispositif expérimental et information du banc de mesure II.5.2.1 Banc de mesure Le dispositif expérimental de la CDLTS que nous avons monté au Laboratoire de Physique des Semiconducteurs et des Composants Electroniques de la Faculté des Science de Monastir est donné sur la figure II.9 (schéma synoptique). Il est constitué essentiellement : 74 Chapitre II II.5.2.2 Caractérisation électrique des défauts profonds - d’un système cryogénique et de régulation - d’un générateur d'impulsions électrique - d’un générateur de tension - d’un voltmètre numérique rapide - d’un ordinateur d'acquisition et de traitement de données. La Cryogénie Le MESFET à étudier est placé dans un cryostat à azote liquide modèle TRG de TBT (Groupe Air Liquide). Ce cryostat et équipé d’une résistance de chauffage de 25 ohms. Il permet de réguler la température de l'échantillon dans le domaine 77K à 600K. La mesure et la régulation de la température sont assurées par un régulateur NEOCERA, LTC11 à sonde de platine. II.5.2.3 Excitation électrique L'excitation électrique est réalisée à l'aide d'un générateur PHILLIPS, PM 5771, qui fournit deux types de signaux électriques superposés : - Une tension continue de polarisation - Des impulsions électriques d'amplitude maximale 10V à une fréquence de répétition de 1Hz à 100MHz et de durée tp variant de 10ns à 1125ms. II.5.2.4 Voltmètre numérique rapide Les transitoires de courant sont enregistrés à l'aide d'un multimètre numérique rapide HP 34 401A équipé d'une carte d'interface IEEE. Les mesures sont faites en synchronisation avec le générateur de pulse. Le temps entre deux mesures successives peut atteindre 1.8ms. II.5.2.5 Informatisation du banc de mesure Un système d'acquisition et de traitement des données a été mis au point dans notre laboratoire afin d'améliorer la qualité des spectres CDLTS et de tirer le maximum d'information à partir des traitements des données [Dermoul’03]. Ce système est basé sur l'utilisation d'un micro-ordinateur équipé d'une carte IEEE. 75 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds Cryostat TRG (Transistor) Ordinateur d'acquisition Régulateur de température Voltmètre numérique rapide Générateur de tension Oscilloscope Générateur d'impulsion Figure II.9: Schéma synoptique de l’expérience de CDLTS Les transitoires enregistrés à l'aide du multimètre sont lus par le micro-ordinateur et analysés en utilisant un programme écrit en turbo-Pascal qui permet le traçage des spectres CDLTS, ainsi que la détermination rapide des énergies d'activation et des sections efficaces de capture des pièges. 76 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds II.5.3 Circuit électrique Le circuit électrique comporte : - Une résistance d'adaptation en entrée RG=50Ω placée entre grille et source - Le transistor sous test - Une résistance au drain RD=10Ω. - Une capacité de découplage de l'alimentation C=0.1µF. Le schéma du circuit électrique est représenté sur la figure II.10. RD=10Ω VDS D G S Vgs Figure II.10: Schéma du circuit électrique II.5.4 Circuit imprimé La mesure s'effectue avec un circuit électrique placé à l'intérieur du cryostat, l'utilisation d’un circuit imprimé est alors indispensable. Ce circuit se loge dans la partie basse du cryostat (au niveau de la platine) pour cela il a fallu relier électriquement cette partie aux appareils de mesure se trouvant à l'extérieur du cryostat. Cette liaison électrique est faite par l'intermédiaire d'un connecteur prévu à cet effet. II.5.5 Analyse du transitoire de courant La CDLTS consiste à fixer expérimentalement une fenêtre d'émission et à faire varier la température de la structure. Pour une température donnée T, et un taux d'émission (ou bien la 77 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds constante du temps du transitoire ι =en-1) un signal S non nulle ( S (T ) = Ids(t 2 ) − Ids(1 ) ) est Idss égal au taux fixé et apparaît. En faisant varier la fenêtre d'émission on obtient en en fonction de la température T, afin de déterminer la signature du piège. II.6 Conclusion L'avantage des techniques de caractérisation des défauts profonds que nous avons présentées dans ce chapitre consiste dans le fait qu'elles sont applicables directement sur le dispositif final. On peut donc tenir compte de l'influence de toutes les étapes technologiques nécessaires dans la réalisation d'un circuit (gravures humides ou sous plasma, traitements thermiques, etc.). Il est aussi vrai qu’à cause de la structure complexe du dispositif (couche de divers matériaux, élaborés à des températures différentes) il est parfois difficile d’attribuer les pièges détectés à une couche ou à une autre. Pour la localisation spatiale, les techniques DLTS/CDLTS sont bien adaptées parce qu’en modifiant les valeurs de la tension de repos et Vr et de pulse Vp on peut facilement déterminer l'emplacement des défauts En conclusion, les deux techniques de mesure que nous avons utilisées sont bien adaptées à la caractérisation des défauts profonds dans les MESFET et les HEMTs et peuvent être utilisées de façons complémentaires. 78 Chapitre II Caractérisation électrique des défauts profonds REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE II [Bhattacharya’88] Bhattacharya, P.K., Dhar, S. Deep levels in III-V compound semiconductors, Semiconductors and semimetals. Edited by R.K. Willardson and A.C Beer. New-York: Academic Press, 1988. Vol. 26, p.144-229. [Bremond’81] Bremond, G. 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Physics of semiconductor devices, 2nd Ed., New-York: John Wiley & Sons, 1981, 868p. 80 Chapitre III Chapitre III : Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC RESULTATS EXPERIMENTAUX 81 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC PARTIE A : ETUDE DES DEFAUTS PROFONDS DANS LES MESFETs 4H-SiC III.1 Introduction Tous les composants à base de carbure de silicium (SiC) ont des propriétés communes qui les rend extrêmement intéressants du point de vue de l’électronique de puissance : c’est leur capacité à pouvoir opérer à haute température et sous forte tension inverse. Il existe également d’autres types d’applications pour SiC, plus directement liées à la technologie hyperfréquence utilisée dans la téléphonie mobile, les satellites, les radars…et qui nécessitent des composants spécifiques comme le MESFET 4H-SiC de puissance par exemple. Néanmoins, des défauts étendus et ponctuels sont présents dans le matériau avec des densités souvent importantes. Ils ont des effets néfastes sur les caractéristiques de sorties des dispositifs et sur leurs fiabilités. Ce chapitre est consacré à l’analyse des différents effets parasites sur les caractéristiques de sortie des transistors MESFETs à substrats 4H-SiC. Nous étudierons les caractéristiques statiques de sortie des transistors et nous analyserons les différentes anomalies observées telles qu’un effet d’hystérésis en fonction du sens de balayage de la tension de grille, un fort courant de fuite et un effet de kink. Afin de déterminer l’origine physique des parasites observés, deux techniques seront mises en œuvre: la DLTS (Deep Level Transient Spectroscopy) qui permet d’analyser les défauts au niveau de la grille du MESFET et la CDLTS (Conductance Deep Level Transient Spectroscopy) qui permet d’explorer toute la zone du dispositif, et qui est en plus applicable même dans le cas des structures de petites tailles. 82 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC III.1.1 Description des échantillons MESFETs 4H-SiC Drain Source SiO2 SiO2 N+ Gate N+ N Active layer Buffer layer SI Substrate Figure III.1 : Coupe transversale d’un transistor MESFETs 4H-SiC Trois lots d’échantillons ont été étudiés dans le cadre de cette thèse. Ils proviennent du Laboratoire Central de Recherche Thomson (LCR) maintenant Thalès. Ils sont réalisés sur des substrats 4H-SiC semi-isolant et diffèrent essentiellement par la nature de la couche tampon épitaxiée entre le substrat et le canal. Les caractéristiques sont reportées dans le tableau cidessous III-1 Propriétés S286 S 291 S292 Canal [Nd(cm-3)] 1.2×1017 1.8× 1017 1.8 ×1017 Buffer [Na(cm3);e (µm)] 1016 ; 0.3 5 ×1015 ; 0. 3 buffer optimisé (Jonction pn) Tableau III.1 : Paramètres de la couche buffer et du canal des transistors étudiés. Les substrats 4H-SiC pour ces échantillons sont semi-isolants et élaborés à « CREE » par la technique PVT (Physical Vapour Transport). La structure des transistors est donnée sur la figure III.1. L’empilement est constitué de trois couche : une couche tampon de type P, une couche active de type N et d’épaisseur qui varie de 0.3 à 0.4µm avec Nd=1 à 2 1017 cm-3, la couche de contact est d’épaisseur 0.2µm avec Nd=1019cm-3. La surface est passivée par une couche d’oxyde SiO2. Pour chaque type de buffer on dispose de plusieurs puces montées en boîtier. La longueur de grilles de ces transistors varie de 1µm à 32µm. 83 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC III.2 Caractérisations statiques courant-tension III.2.1 Caractéristiques de transfert. La mesure systématique des courbes Ids-Vgs à différentes températures nous a permis de suivre l’évolution de la tension de seuil des transistors. Un exemple est présenté sur les Ids(A) figures III.2, III.3 et III.4. 3,5x10 -2 3,0x10 -2 2,5x10 -2 2,0x10 -2 1,5x10 -2 1,0x10 -2 5,0x10 -3 T=80K Vds=10V V T =-5.65V 0,0 -5,0x10 -3 -10 -8 -6 -4 -2 0 V gs(V ) Ids(A) Figure III.2 : Caractéristique statique Ids-Vgs à T=80K. Lg = 16µm. 4,0x10 -2 3,0x10 -2 2,0x10 -2 1,0x10 -2 T=300K V ds=10V V T = -6.05V 0,0 -10 -8 -6 -4 -2 0 V gs(V ) Figure III.3 : Caractéristique statique Ids-Vgs à T=300K Lg=16µm 84 Ids(A) Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC 3,0x10 -2 2,5x10 -2 2,0x10 -2 1,5x10 -2 1,0x10 -2 5,0x10 -3 T = 40 0K V d s = 1 0V V T = -6.24V 0,0 -10 -8 -6 -4 -2 0 V g s (V ) Figure III.4 : Caractéristique statique Ids-Vgs à T=400K. Lg=16µm Ces caractéristiques montrent un décalage de la tension de seuil ∆V=0.59V entre 80K et 400K. Ce décalage de la tension de seuil peut être expliqué par l’activation de centres profonds localisés aux interfaces dans les structures. En effet si les centres profonds sont distribués de façon homogène dans le volume du canal, leur état de charge n’influe pas sur la densité de charge globale. Que les centres profonds (de même que les dopants légers) (l’azote ici) soient vides on pleins (neutres ou ionisés), la tension de seuil est inchangée. Par contre, si ces pièges sont localisés au voisinage d’une interface, ils vont selon leur état de charge créer une déplétion parasite dans le canal. Prenons par exemple le cas de pièges à électrons situés à l’interface buffer/canal, lorsqu’ils sont pleins à basse température, ils créent une déplétion parasite à l'arrière du canal. Dans ce cas la tension de seuil est plus petite lorsque les pièges sont vides (déplétion parasite supprimée). III.2.2 Caractéristiques électriques statiques Ids-Vds Les mesures des caractéristiques courant-tension à la température ambiante constituent une première approche puisque c’est la température habituelle du fonctionnement du dispositif. Les mesures à température variable permettent une étude plus approfondie des propriétés physiques des MESFETs 4H-SiC. C’est dans cette partie que nous essayerons de déterminer la nature et l’origine des courants observés. 85 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Nous illustrons ci-dessous les résultats obtenus à température ambiante pour deux transistors de la série 286 et deux transistors de la série 291 (figures III.5, III.6, et III.7). Les caractéristiques, pour le transistor 286, sont quasiment idéales tandis que pour la série 291, nous observons des caractéristiques nettement plus perturbées. Premièrement un fort courant de fuite est apparent puisqu’il est impossible de pincer les transistors même à forte tension de grille (VG=-10V). D’autre part nous observons un saut dans la valeur du courant de saturation aux alentours de Vds=30V. Nous allons discuter dans la suite de cet effet connu sous le nom d’effet kink (effet de coude en français). Dans ce chapitre nous utiliserons le mot anglais “kink“ au lieu du français “coude“ car c’est un mot d'usage courant dans la physique des dispositifs électroniques. T=300K -1 2,0x10 -1 Ids(A) 1,5x10 -1 S286 Lg=2µm Vgs 0V -1V -2.5V -3V -4.5V -5V 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 5 10 15 20 Vds(V) Figure III.5 : Caractéristiques Ids-Vds à 300K pour un MESFET SiC 286 de longueur de grille 2 µm. 86 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC -1 2,0x10 -1 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.6 : Figure III.6 : Caractéristique Ids-Vds à 300Kpour un MESFET SiC S 291 de longueur de grille 2 µm. -1 3,5x10 T=300K S291Lg=8µm -1 3,0x10 Vgs 0V -3V -6V -8V -10V -1 2,5x10 -1 Ids(A) Ids(A) 1,5x10 T=300K S291Lg=2µm Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 2,0x10 -1 1,5x10 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(V) Figure III.7 : Caractéristique Ids-Vds à 300K pour un transistor SiC 291 de longueur de grille 8 µm. 87 Chapitre III III.2.2.1 Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Présentation de l’effet de kink. Cet effet se manifeste par l’augmentation rapide du courant de drain, dans la région de saturation pour une certaine tension de drain que l'on appelle VKink ce qui conduit à une augmentation de la conductance drain-source (gds) et un faible gain en tension. Cet effet parasite est gênant aussi bien dans les applications analogiques que numériques; il est donc important de le comprendre pour pouvoir ensuite le réduire, afin de concevoir des dispositifs avec de bonnes performances. Plusieurs équipes de recherches ont analysé l’effet de kink dans différents types de transistors à effet de champ comme le MOSFETs Si, le MESFETs GaAs, le HEMT AlGaAs/InGaAs ainsi que le HEMT AlInAs/InGaAs, et le HFET AlInAs/InP. Les hypothèses avancées sur l’origine de cet effet pour différents transistors restent incertaines [Georgescu’97]. Les résultats expérimentaux ont confirmé que l’effet kink est un phénomène complexe : à température ambiante, il diminue à basse fréquence (10-100 Hz) et il est absent pour les hautes fréquences [Georgescu’97; Palmateer’89]. Les diverses étapes technologiques ont des influences importantes sur les caractéristiques des transistors et en particulier sur l’effet de kink. Une origine possible de cet effet a été proposée par Georgescu et al [Georgescu’97] à partir d’un mécanisme reposant sur la présence de centres profonds. Ceux-ci sont susceptibles de piéger puis de dépièger les porteurs sous l’effet d’un champ électrique régnant dans la zone Drain/Grille. Cette hypothèse a été également évoquée auparavant par Kruppa et al [Kruppa’95]. Une autre hypothèse proposée est l’effet de l’ionisation par impact [Sommerville’96]. Ce comportement d’avalanche apparaît pour les valeurs de Vgs supérieures au pincement lorsque le transistor subit une ionisation par impact due à un fort champ de drain. Cette ionisation par impact implique une génération de paires électron/trou. Les électrons sont accélérés par le champ électrique et provoquent une augmentation du courant de sortie drain-source tandis que les trous s’échappent à travers la grille entraînant ainsi l’apparition d’un courant négatif de grille. Enfin, une autre hypothèse proposée par Zimmer et al [Zimmer’92] rassemble les deux hypothèses précédentes. C'est-à-dire que cet effet de kink est provoqué à la fois par les défauts profonds et par l’ionisation par impact. En d’autres termes une partie des trous générés par le phénomène d’ionisation par impact est capturée par les défauts profonds ce qui influe directement sur le courant Ids. Pour les transistors de la série 291 avec une longueur de grille 2µm et 8µm l’effet de kink apparait uniquement à la température ambiante (figure III.6,7) et il disparaît à haute et à basse température (Figures III.8, III.9, III.10 et III.11). 88 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC -1 1,2x10 T=80K S291,Lg=2µm Vgs -1 0V -2V -4V -6V -8V -10V 1,0x10 -2 Ids(A) 8,0x10 -2 6,0x10 -2 4,0x10 -2 2,0x10 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.8 : Caractéristique Ids-Vds à 80K pour un transistor SiC 291 de longueur de grille 2 µm. T=475K -1 1,6x10 Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V -1 1,4x10 -1 1,2x10 -1 1,0x10 Ids(A) S291,Lg=2µm -2 8,0x10 -2 6,0x10 -2 4,0x10 -2 2,0x10 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.9 : Caractéristique Ids-Vds à 475K pour un transistor SiC 291 de longueur de grille 2 µm. 89 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC T=80K S291 Lg=8µm -1 2,5x10 Vgs 0V -3V -6V -8V -10V -1 2,0x10 Ids(A) -1 1,5x10 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(V) Figure III.10 : Caractéristique Ids-Vds à 80K pour un transistor SiC 291 de longueur de grille 8 µm. -1 2,5x10 -1 2,0x10 -1 Ids(A) 1,5x10 T=465K S291 Lg=8µm Vgs 0V -3V -6V -8V -10V -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Vds(V) Figure III.11 : Caractéristique Ids-Vds à 465K pour un transistor SiC 291 de longueur de grille 8 µm. 90 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Cette dépendance avec la température peut s’expliquer par l’état de charge des défauts profonds. A haute température, sous l’effet d’ionisation par l’énergie thermique les pièges sont constamment vides quelle que soit la tension Vds. A basse température, au contraire ils seront figés dans l’état occupé. Ce n’est que dans une certaine gamme de température, lorsque le niveau de Fermi croise le niveau piège que les échanges de porteurs avec les bandes seront possibles. C’est donc dans cette gamme de température que l’effet kink apparaitra. Cette hypothèse de présence de défauts profonds dans les transistors étudiés sera développée dans le paragraphe où l’on étudie en détaille les pièges avec les techniques DLTS capacitive et CDLTS. III.2.2.2 Présentation de l’effet d’hystérésis. Le deuxième effet parasite que nous avons observé sur les réseaux de caractéristiques statiques Ids-Vds est un effet que nous appellerons par la suite hystérésis. Il consiste en une baisse du courant de drain lorsque les caractéristiques sont enregistrées en ramenant la tension de grille à 0V après l’avoir abaissée au voisinage de la tension de pincement. Ce phénomène s’observe parfaitement à la température ambiante pour le transistor S291 d’une longueur de grille 8µm uniquement pour Vgs = 0 (figure III.12). Lorsque la température augmente, l'effet s'estompe puis finit par disparaître comme nous pouvons l'observer sur la figure III.13 pour laquelle les caractéristiques ont été enregistrées à 465 K. -1 3,5x10 -1 3,0x10 T=300K,S291 Lg=8µm Vgs Vgs 0V -3V -6V -8V -10V 0V -3V -6V -8V -10V -1 2,5x10 -1 Ids(A) 2,0x10 -1 1,5x10 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(V) Figure III.12: Caractéristiques statiques Ids-Vds a T=300K S291 Lg=8µm, montrant l’effet d’hystérésis. 91 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC -1 2,5x10 T=465K, S291 Lg=8µm Vgs -1 2,0x10 -1 0V -3V -6V -8V -10V Vgs 0V -3V -6V -8V -10V 5 10 Ids(A) 1,5x10 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 15 20 25 30 35 40 Vds(V) Figure III.13:Caractéristique Ids-Vds a T=465K, pour le MESFET S291, Lg=8µm, montrant la quasi disparition de l'hystérésis. Cet effet a pu être également observé pour les autres transistors étudiés (286 et 292) comme nous pouvons l'observer sur les figures III-14 et III 15. 2,0x10 T=300K,S286 Lg=2µm -1 VGS=0V VGS=0V VGS=-1V VGS=-1V 1,5x10 -1 Ids(A) VGS=-2.5V VGS=-3V 1,0x10 -1 VGS=-4.5V VGS=-5V 5,0x10 -2 0,0 0 5 10 15 20 25 V ds(V) Figure III.14:Caractéristiques Ids-Vds a T=300K, pour le MESFET 4H-SiC S286. 92 Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Ids(A) Chapitre III 4,0x10 -1 3,5x10 -1 3,0x10 -1 2,5x10 -1 2,0x10 -1 1,5x10 -1 1,0x10 -1 5,0x10 -2 T=300K S292,Lg=1µm Vgs Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(V) Figure III.15 : Caractéristique Statique à T=300K pour le MESFET S292 Dans le cas de l'échantillon 286 l'effet est nettement visible à Vgs = 0V puis s'estompe pour des tensions de grille plus fortes. Dans le cas de l'échantillon 292, une légère diminution de Ids s'observe à Vgs = -2V et Vgs = -4V. Dans le cas particulier de cet échantillon, l'effte d'hystérésis est en fait beaucoup plus remarquable à basse température comme nous pouvons le constater sur la figure III.16. Nous reviendrons sur le cas de la série de transistors S292 dans 4,0x10 T=85K S292,Lg=1µm -1 Ids(A) Vgs 3,0x10 -1 2,0x10 -1 1,0x10 -1 0V -2V -4V -6V -8V -10V Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 V d s(V ) Figure III.16 : Caractéristiques statiques à T=85K pour le MESFET 292. 93 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC la partie B de ce chapitre. Notons simplement, que pour ces transistors, l'effet d'hystérésis apparaît systématiquement pour des faibles valeurs de la tension de grille alors que pour les transistors 286 et 291 la situation n'est pas aussi tranchée. En effet, l'hystérésis apparaît dans certains cas, pour de fortes valeurs de Vgs (figure III-17) ou bien encore pour des tensions Vgs aussi bien élevées que faibles (Figure III-19). 0.07 T = 300 K, S291 Lg = 2 µm 0.06 0.05 Ids(A) 0.04 0.03 0.02 -1V -3V -5V -7V -9V 0.01 0.00 0 5 10 15 20 25 30 -1V -3V -5V -7V -9V 35 Vds(V) Figure III-17 : Caractéristiques statiques à T = 300 K pour un MESFET 291 Lg = 2 µm. Un effet d'hystérésis d'autant plus marqué que Vg est forte est observable. 0.06 -0.5V -2.5V -5.5V -7.5V -9.5V T = 500 K, S291 Lg= 2 µm 0.05 Ids(A) 0.04 -0.5V -2.5V -5.5V -7.5V -9.5V 0.03 0.02 0.01 0.00 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(Volts) Figure III-18 : Caractéristiques statiques à T = 500 K pour un MESFET 291 Lg = 2 µm. L’hystérésis a pratiquement disparu. 94 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC T=300K, S291 Lg=16µm Figure III.19:Caractéristique statiques Ids-Vds a T=300K, S291, Lg=16µm, Notons également, que dans le cas d'un hystérésis à fort Vgs comme à faible Vgs, l'effet disparaît à haute température (figure III-18). Nous pouvons à ce stade émettre l’hypothèse de la présence de centres profonds situés aux interfaces canal/couche de passivation ou canal/buffer ou buffer/substrat SI. En effet des défauts électriquement actifs situés à ces interfaces sont susceptibles de charger et décharger des porteurs. Ces défauts d’interface forment une grille « parasite » dont la distribution de charge est inhomogène [Konstantinov’00]. Dans le cas des défauts situés à l’interface canal/couche de passivation le phénomène est observé pour les faibles valeurs de Vgs. C’est le cas de l’échantillon S292 pour lequel l’optimisation du buffer empêche la modification de l’état de charge de pièges situés au niveau du substrat. Pour les autres échantillons, la grille parasite peut se trouver aussi bien en surface du canal qu’aux interfaces associées. Les effets de ces deux grilles parasites peuvent se conjuguer comme dans le cas de la figure III-19, où de façon distincts comme dans le cas des figures III-12 et III-17 où respectivement les effets de surface (figure III-12) et d'interface avec le substrat l'emportent (figure III-17). La disparition de l'effet lorsque la température augmente peut être expliqué par le vidage thermique des défauts profonds ce qui rend alors la grille parasite inactive. 95 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC III.2.3 Conclusion sur les mesures de caractéristiques de sorties Les effets parasites que nous avons observés sur les caractéristiques statiques de sortie (chute de tension de seuil, effet de Kink et effet d’hystérésis) peuvent avoir une même origine : les effets de chargement et déchargement des centres profonds. Ces anomalies varient en fonction des tensions de grille et de drain (du champ dans la structure) appliquées et en fonction de la température. Nous allons donc étudier dans la suite les défauts profonds relatifs au matériau en modulant le champ électrique dans la structure et en faisant varier la température. Nous utiliserons donc les techniques DLTS et CDLTS. III.3 Caractérisation des pièges dans le transistor MESFETs 4H-SiC. La localisation des niveaux profonds permet de comprendre leur influence sur le fonctionnement du MESFET SiC et d’autre part de trouver des solutions technologiques pour minimiser leurs effets. Les nombreuses techniques de caractérisations des niveaux profonds permettent de détecter les pièges dans un tel dispositif mais il est très difficile cependant de les localiser dans le volume. Pour pouvoir localiser les pièges dans les structures étudiées des mesures de transitoire de capacité et de courant en commutation de grille et de drain ont été réalisés. III.3.1 Spectroscopie de défauts profonds par analyse de transitoires de capacité (DLTS). Le principe de cette méthode repose sur l’analyse des transitoires de capacité induite par l’émission ou la capture des pièges localisés dans la zone de charge d’espace sous la grille du transistor MESFETs 4 H-SiC. Ceci est réalisé par un cycle de remplissages et de vidages répétitifs des pièges à l’aide de tensions de polarisation bien choisies. Le spectre DLTS montre un ou plusieurs pics en fonction de la température qui correspond à chaque piège contribuant au transitoire. La température du maximum du pic correspond au taux d’émission fixé par le temps d’échantillonnage t1 et t2 du boxcar. En général ce rapport t2/t1 est maintenu constant. En effet, des travaux [Thurber’82] montrent que le choix de t2/t1 est très important pour obtenir des spectres corrects. De plus, l’utilisation de valeurs inférieures à 2 pour t2/t1 n’est pas recommandée car le signal de sortie devient trop faible pour une analyse correcte. Dans le cas idéal où le transitoire a une forme exponentielle, le signal DLTS peut être facilement ajusté. Toutefois, dans certains cas, le transitoire de capacité n'a plus une forme exponentielle: 96 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC - quand deux ou plusieurs niveaux ont des paramètres très proches (signal multiexponentiel); - quand la densité des niveaux profonds est comparable avec celle des dopants [Crowell’81]. - par la modification de la densité des pièges occupés au bord de la zone de charge d'espace et dans la zone de transition qui peut générer un transitoire nonexponentiel [Kimerling’74]. Pour les transitoires qui n'ont pas une forme exponentielle il est possible d'obtenir les paramètres corrects des pièges si l'on utilise des modèles prenant en compte ces effets [Omling’83], [Shapiro’84]. Pour déterminer la signatures des pièges (énergie d’activation et section efficace de capture) il suffit de déterminer les températures des pics pour chaque taux d’émission. Dans le cas d’un seul pic cette procédure est évidente. Mais dans le cas où deux ou plusieurs pièges sont présents dans un échantillon, le signal DLTS devient la somme de plusieurs pics et l’obtention de chaque Tmax n’est pas toujours facile déterminer. Si les pièges sont bien séparés en température, il peut être possible d’assimiler le spectre à une somme des gaussiennes, ceci nous permettant de déterminer Tmax pour chaque piège [Saysset’96]. III.3.1.1 Mesures expérimentales Pour cette étude, les mesures DLTS ont été réalisées dans une gamme de température comprise entre 77 K et 600 K. Les mesures DLTS sur un transistor de la série S291 (dont la longueur de grille 16µm; buffer dopé p) sont présentées sur la figure III.20. La capacité pour ce transistor est de l’ordre de 1.5pf. Nous avons pu augmenter la polarisation inverse et donc, sonder un volume plus important. Pour toutes les mesure de DLTS, la duré de l’impulsion est fixé à 1ms, avec plusieurs taux d’émission en. Ce spectre nous montre la présence d’un seul piège noté E1 avec une énergie d’activation de 0.32 eV et une section efficace de capture de l’ordre de 10-17 cm-2. Même en essayant différents conditions de manipulation (Vr, Vp, et tp), on a toujours un seul signal DLTS. 97 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Figure III.20. Spectres DLTS enregistrés pour l’échantillon S291, Lg=16µm, avec un buffer P, tp=1ms,Vr=-4V etVp=0V,. La saturation des spectres DLTS en fonction du temps de pulse (tp) à 10ms montre que le défaut E1 est ponctuel, [Omling’85] (figure III.21). En effet; le caractère ponctuel ou étendu des défauts peut être déduit de la variation de l’amplitude du pic DLTS en fonction du temps de remplissage. Pour les défauts ponctuels distribués uniformément dans le structure, on obtient une saturation du signal avec le temps de remplissage. 98 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC 0,0035 0,0030 ∆Cmax(pF) 0,0025 0,0020 0,0015 0,0010 0,0005 0,0000 0,1 1 10 100 tp(µs) 1000 10000 100000 Figure III.21: Variation de l’amplitude du signal DLTS du défaut E1 en fonction de la durée de remplissage (saturation du signal), en=116.27s-1. Alors que pour un défaut étendu, le modèle existant [Wosinski'89] suppose que les taux de capture des électron/trous sont limités par une barrière de potentiel qui est fonction du nombre d’électrons/trous déjà capturés. Dans ce cas, la concentration des pièges occupés suit la relation [Wosinski’89, Grillot 95]. ⎡ ⎛ t ⎞⎤ nT (t p ) = σ n , p Vn , p τ n NT ln ⎢1 + ⎜⎜ p ⎟⎟⎥ ⎣ ⎝ τ ⎠⎦ (Eq.III.1) Avec nT(tp) la concentration des pièges occupés après un temps de remplissage tp, σn,p la section efficace de capture pour les électrons/trous, < Vn,p> la vitesse thermique des électrons/trous, n la concentration des électrons/trous injectés, NT la concentration moyenne des pièges et τ le temps nécessaire pour l’apparition de cette barrière de potentiel (inférieur à 1µs) [Grillot95]. Dans ce cas, l’évolution du signal DLTS avec le temps de remplissage suit une loi logarithmique. Par la seule mesure de DLTS, nous avons observé la signature d’un piège à électron et déterminé que ce défaut est un défaut ponctuel. Nous n’avons toute fois pas l’information sur sa localisation dans la structure. Pour obtenir d’autres informations, nous allons réaliser des mesures de CDLTS en commutation de grille et de drain. 99 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC III.3.2 Spectroscopie de défauts profonds par analyse de transitoires de courant (CDLTS). III.3.2.1 Principe de la méthode de mesure La spectroscopie de transitoire de courant (CDLTS) présente l’avantage de s’appliquer directement sur le dispositif, et son application devient capitale pour la caractérisation de composant de très faibles dimensions. Dans ce cas, nous pouvons déterminer l’influence de toutes les étapes technologiques. Un autre avantage de la CDLTS par rapport à la DLTS classique sur les transistors, réside dans la possibilité de détecter des pièges qui se trouvent dans la couche tampon et à l’interface associée. Pour cela il est nécessaire d’utiliser une tension inverse proche de la tension de seuil qui permet de moduler le niveau de Fermi dans cette couche [Haddab’95]. Pour que la zone de charge d’espace sous la grille du MESFET 4H-SiC soit symétrique, les transistors ont toujours été polarisés dans la zone linéaire de fonctionnement avec une tension drain-source inférieure à la tension de saturation. Il est facile de déterminer les signatures des pièges comme nous l'avons mentionné dans le cas de la DLTS capacité. Mais cette technique ne permet pas la détermination de leur concentration. III.3.2.2 Amplitude des transitoires L’amplitude des transitoires du courant drain-source en réponse à une impulsion appliquée sur la grille ou sur le drain d’un transistor dépend des paramètres suivants (Figure III.22) : - la valeur maximale de la tension Vp - la valeur minimale de la tension Vr - l’amplitude de l’impulsion Vp-Vr - la durée de l’impulsion ∆t V Vp Vr t ∆t Figure III.22 : Caractéristiques de l’impulsion de commande. Comme la valeur maximale du signal de commande détermine la largeur de la zone de déplétion initiale, la durée de l’impulsion et sa valeur maximale sont fixées de façon à 100 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC optimiser le remplissage des pièges présents dans la structure. De plus, choisir un Vr proche de la tension de seuil du composant permet d’obtenir une bonne efficacité de détection. Vr=-3V 1,005 Vr=-6V 1,000 Ids/Idss Vds=10V en=34,62 Vr=-4V T=300K 0,995 0,990 0,985 0,980 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Temps(ms) Figure III.23 : Evolution des transitoires de courant drain-source en fonction de l'amplitude de l'impulsion de grille en conservant Vp=0V (MESFET SiC serie 291, Lg=16µm et buffer P) La figure III.23, montre l’évolution des transitoires du courant drain-source en fonction de la valeur minimale de la tension. Dans ce cas, une impulsion a été appliquée sur la grille d’un transistor avec une longueur de grille égale à 16µm de la série S291, avec une valeur maximale Vp fixée à 0V. On constate que l’amplitude du transitoire est plus élevée quand la tension inverse appliquée sur la grille est plus forte (en valeur absolue). En effet, l'extension de la zone de charge d’espace associée à la grille du transistor est dans ce cas plus importante. Par conséquent le nombre de porteurs libres émis par les pièges profonds augmente. L’amplitude du transitoire du courant drain-source en commutation de grille est proportionnelle au nombre de défauts présents dans la zone modulée. III.3.2.3 Détection et identification des pièges profonds Pour détecter, identifier et localiser les centres profonds, nous réalisons des mesures de transitoires de courant drain-source en commutation de grille et de drain en fonction de la température. 101 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC 1 ,0 1 T=225K tp = 1 0 0 0 m s Vds=10V T=410K 1 ,0 0 T=285K T=85K 0 ,9 9 Ids/Idss T=130K T=170K 0 ,9 8 0 ,9 7 V G (V ) 0V 0 ,9 6 -6 V te m p s (m s ) 0 ,9 5 0 10 20 30 40 50 60 70 80 te m p s (m s ) Figure III.24 : Evolution des transitoires de courant drain-source en fonction de la température pour un transistor de longueur de grille 16µm de la série 291. L'évolution des transitoires de courant présentés dans la figure III.24, montre qu'un seul processus d'émission électrique gouverne les transitoires dans la gamme de température 80K à 500K. Chaque transitoire expérimental est alors traité par le programme d'échantillonnage pour extraire les constantes de temps associées aux processus d'émission mis en jeu. Pour déterminer les signatures des pièges, (énergie d'activation, section efficace de capture) il faut déterminer les températures des pics pour chaque taux d'émission. Alors que dans le cas d'un seul pic cette procédure est évidente, dans le cas où deux ou plusieurs pièges sont présents dans un échantillon, le signal CDLTS devient la somme de plusieurs pics et l'obtention de chaque Tmax devient plus complexe. Si les pics sont bien séparés en température, il peut être possible d'assimiler le spectre à une somme de gaussiennes, ceci permettant de déterminer Tmax pour chaque piège. III.3.2.4 Résultats en commutation de grille Les pièges activés sont localisés dans la zone de charge d'espace associée à la grille. Cette zone désertée s'étend en profondeur dans la couche active du transistor mais aussi latéralement dans les zones d'accès grille/source et grille/drain. Afin d’obtenir un maximum d'information, cette étude a été effectuée en polarisant le transistor en régime de saturation et en régime linéaire. Nous commençons tout d’abord l’étude par des impulsions en régime linéaire avec un Vds égale à 10V, une tension Vp=0V et des valeurs de Vr respectivement -3, -4 et -6V dans le 102 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC but de sonder le maximum de volume dans le canal. La durée de l’impulsion est fixée à 1000ms, la gamme de température varie entre 77K et 470K. Toutes les mesures sont réalisées sur les transistors de la série S291. Signal CDLTS(a.u) 6,5x10 -3 6,0x10 -3 5,5x10 -3 5,0x10 -3 4,5x10 -3 4,0x10 -3 3,5x10 -3 3,0x10 -3 2,5x10 -3 V DS =10V V GS =-3---0V tp=1000ms -1 en=34.62S 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Température(K) Signal CDLTS(a.u) Figure III.25 : Spectre CDLTS pour un transistor Lg=16µm de la sérié S291. 1,5x10 -3 1,0x10 -3 5,0x10 -4 V ds =10V V gs =-3---0V tp=1000m s -1 en=2.73s 0,0 -5,0x10 -4 -1,0x10 -3 -1,5x10 -3 -2,0x10 -3 -2,5x10 -3 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Tem pérature(K ) Figure III. 26 : Spectre CDLTS pour un transistorLg=16µm de la série S291. 103 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Les figures III.25 et III.26 représente les spectres CDLTS obtenus lors d’une impulsion sur la gille pour un transistor avec une longueur de grille 16µm. Seul le taux d’émission (en) a été changé entre les deux mesures. Pour en=34,62s-1 (figure III.25) le spectre CDLTS est constitué de la superposition de signaux positifs correspondant à l’émission de pièges à électron. Pour en=2.73s-1, nous observons un spectre très similaire jusqu'à 300K environ, puis à plus haute température, apparait un pic négatif. Ce pic négatif devrait logiquement correspondre à un piège de trous ce qui est surprenant dans le composant étudié puisqu’il s’agit d’un dispositif à majoritaires (électrons). Les travaux de Ho-Young et al [HoYoung’03a] montrent que l’existence de pièges à trous peut être attribuée à l’effet d’états de surface dans les transistors MESFETs SiC. Ces états de surface sont situés entre grille/source et grille/drain. Une étude plus approfondie sur les états de surface sera présentée dans la partie B de ce chapitre. 0,010 VGs= -3V VGS= -4V VGS= -6V -1 Signal CDLTS (a.u) 0,008 en=23.8S Tp= 1000mS VDS=10V 0,006 0,004 0,002 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Température(K) Figure III.27 : Spectre CDLTS enregistré pour un transistor MESFETs 4H-SiC avec un buffer P et Lg=16µm. Sur la figure III.27, pour un taux d’émission de 23.8s-1, le pic négatif n’apparait pas. Afin de garder la zone de charge d'espace sous la grille symétrique, les transistors sont toujours polarisés dans la zone ohmique de fonctionnement avec une tension drain - source qui ne dépasse pas 10 V. En modifiant les tensions de polarisations inverses entre -3Vet -6 V (proche de la tension de seuil) et en gardant le taux d’émission en fixe, la forme du spectre reste inchangée et on observe uniquement une faible variation des paramètres des pièges. En effet, 104 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC les tensions de polarisation Vr précisent la zone d’émission des porteurs dans la zone de charge d’espace. Ces résultats montrent qu'il n’y a pas d’effet de champs sur en. -3 8,0x10 Vds=10V B5 Vgs=-6..0V -3 Signal CDLTS(a.u) 7,0x10 B6 B4 B3 tp=1s -1 en=29.82s -3 6,0x10 B2 -3 5,0x10 B1 -3 4,0x10 -3 3,0x10 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Temperature(K) Figure III.28 : Spectre CDLTS enregistré lors d’une impulsion sur la grille. Malgré la complexité des spectres qui contiennent d’évidence plusieurs composantes, nous avons essayé de les décomposer pour obtenir la signature de chaque piège. Le spectre CDLTS figure III.28 montre la présence de six pics (B1, B2, B3, B4, B5 et B6) en fonction de la température. Chacun de ces pics correspond à un piège qui contribue au transitoire de courant drain-source. Les températures des maxima des différents pics sont déterminées pour chaque taux d’émission fixé par les temps d’échantillonnage t1 et t2. Les énergies d’ionisation apparentes (Ea) et les sections efficaces de capture (σ) des pièges sont obtenues à partir de leurs signatures (Variations du logarithme de T2/en en fonction de 1000/T) (figure III.29 et figure III.30). Les différentes énergies d'activation et sections efficaces de capture sont reportées dans le tableau III.2 105 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC B1=1.01eV 9,0 B2=0.82eV B4=0.61eV 8,5 8,0 2 Ln(T /en) B3=0.32eV 7,5 7,0 6,5 2,4 2,6 2,8 3,0 3,2 3,4 3,6 3,8 4,0 4,2 -1 1000/T(K ) 2 Ln(T /en) Figure III.29 : Diagramme d’Arrhénius pour le MESFETS 4H-SiC lors d’une impulsion sur la grille pour les défauts notés B1, B2, B3 et B4. 6,0 5,9 5,8 5,7 5,6 5,5 5,4 5,3 5,2 5,1 5,0 4,9 4,8 4,7 4,6 4,5 B5=0.16eV 8,0 8,2 8,4 B6=0.09eV 8,6 8,8 9,0 -1 9,2 9,4 9,6 9,8 1000/T(K ) Figure III.30 : Diagramme d’Arrhénius pour le MESFETS 4H-SiC lors d’une impulsion sur la grille pour les défauts notés B5, et B6. 106 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC L'identification de ces défauts est un problème délicat et nous allons seulement donner quelques identifications possibles. L’énergie d’activation du défaut B1 de 1.01eV est proche de celle qui a été obtenue par dispersion en fréquence de la conductance de sortie (1.05eV) lors d’une étude précédente [Sghaier’03] pour des transistors réalisés sur des substrats dopés au Vanadium. La valeur est également proche de celle du niveau accepteur du vanadium à Ec=0.97eV mesurée par Achtziger en DLTS [Achtziger’97]. De plus les mesures de résistivité en fonction de la température réalisées par Augustine et al [Augustine’97] ont révélé une énergie d’activation de 1.16eV dans le cas de substrat semi-isolants dopé au vanadium. Nous pouvons donc attribuer le défaut B1 à la présence du vanadium dans le substrat semi-isolant. Il est toutefois surprenant que des effets de chargement/déchargement d’un défaut du substrat puissent être observés dans le cas de transistors contenant une couche buffer de type P supposée prévenir l’injection de porteurs dans le substrat. Le défaut n’est d’ailleurs pas observé en DLTS capacitive. Par contre, dans l’expérience de DLTS courant le drain est polarisé avec une tension positive de 10V. Pour cette tension de drain, la jonction P/N (buffer/canal) est fortement polarisée en inverse, si bien que le buffer est déplèté. Dans ces conditions de champs Vds=10V, Vgs=-6V, les porteurs peuvent donc avoir suffisamment d’énergie pour être injectés depuis le canal dans le substrat à travers la couche buffer. Ce niveau profond correspondant à un piège situé dans le substrat est probablement à l'origine de l'effet d'hystérésis observé pour les forts Vgs (au voisinage du pincement). Concernant le défaut nommé B2 dont l’énergie d’activation est de 0.82eV l’identification est moins claire. Une même énergie a été reportée dans la littérature et ceci après implantation de He [Kimoto’93]. Y. Negoro et al [Negoro’05] ont implanté des matériaux 4H-SiC avec de l'aluminium et du bore et, par des mesures de DLTS ils ont détecté un défaut avec également une énergie d’activation de 0.82eV. Toutefois nos échantillons n’ayant subit aucune implantation on ne peut pas identifier l’origine de ce défaut dans nos structures pour l’instant. Le défaut B3 apparaît à 300K avec une énergie d’activation de 0.61eV qui est celle du défaut appelé Z1 identifié dans la littérature. Il a été observé dans des structures MESFET 4HSiC par Kimoto et al [Kimoto’93] et a été confirmé par la suite avec des mesures de DLTS par Doyle et al [Doyle’97] avec une énergie d’activation de 0.7eV. La concentration de ce défaut augmente après une implantation avec He+ du 4H-SiC [Gotz’93]. Les études complètes menées par A. Kawasuso et al [Kawasuso’01] sur la stabilité de ce défaut Z1 créé par implantation d'He+ porte principalement sur la disparition de ce défaut après un recuit à haute 107 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC température. Ces études ont montré que ce défaut Z1 est associé à des lacunes de silicium dans le SiC. Une étude récente sur ce défaut réalisée par Pintillie et al [Pintilie’02] montre une augmentation notable du défaut Z1 en fonction du dopage Azote. Pour le piège B4 qui présente les mêmes signatures (Ea,σ) que le défaut E1 déterminé par la technique DLTS capacité dans ce travail, l'identification par rapport aux résultats de la littérature n'est pas possible. Le défaut B5 apparaît avec une énergie d’activation de 0.16eV ; ce défaut à été attribué au niveau du Ti [Van Kemenade'74] dans la structure 4H-SiC, appelé P1/P2. Cette impureté, provenant généralement du suscepteur de graphite lors de l'épitaxie est rencontrée assez communément dans les structures SiC. Dans notre cas, le titane est probablement distribué uniformément dans la couche canal. Finalement le défaut B6 dont l’énergie d’activation est de 0.09 eV correspond à l’évidence au dopant de type n de la couche canal, c'est-à-dire l’azote [Troffer’78]. Impulsion sur la grille Ea(eV) σ (cm2) Identification des pièges B1 1,01 4,3 × 10-17 B2 0,82 7,2 × 10-16 B3 0,61 3,45 × 10-15 B4 0,32 2,68 × 10-17 B5 0,16 1,57×10-17 P1/P2 (Ti) B6 0,09 5,4 × 10-16 N V Z1 Tableau III.2 : Récapitulatif des signatures des défauts obtenues lors d'une impulsion sur la grille et identification proposée. 108 Chapitre III III.3.2.5 Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Influence de la duré de pulse Signal CDLTS(a.u) 0,0070 VDS=3V 0,0065 VGS=-6---0V 0,0060 en=34.62s tp=1000ms tp=500ms -1 0,0055 0,0050 0,0045 0,0040 0,0035 0,0030 0,0025 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Température(K) Figure III. 31 : Spectre CDLTS enregistré pour l’échantillon SiC 291 lors d'une impulsion sur la grille avec variation de tp. Pour une durée de remplissage tp donnée, la proportion de centres profonds occupés par des porteurs libres est fonction de la cinétique de remplissage de ces centres profonds. La variation du signal CDLTS en fonction de la durée de remplissage peut mettre en évidence des caractéristiques particulières de ces centres [Grillot’95, Shoucair’92 ; Omling’85, Wosinski'89]. Une augmentation logarithmique de l’amplitude du pic CDLTS en fonction du temps de remplissage peut prouver que les défauts sont étendus. Nous remarquons sur la figure III.31, que les spectres CDLTS en fonction de la température se saturent lorsque l'on fait varier le temps de pulse tp de 100ms à 1000 ms. Ceci montre que l'ensemble des centres profonds répertoriés dans le tableau III-2 sont dû à des défauts ponctuels. Tous les pièges qui ont été détectés (tableau III.2) dans les transistors MESFETs 4H-SiC avec un buffer P, sont localisés soit dans la couche active soit aux interfaces associées couche passivation/canal, canal/buffer/SI. Pour discerner entre les différentes contributions nous allons analyser les résultats d'expériences CDLTS en commutation de drain. III.3.2.6 Résultats en commutation de drain L'analyse en fonction de la température des transitoires de courant drain-source en commutation de drain vise à : 109 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC - diminuer la réponse des pièges en surface - détecter et identifier les pièges présents dans les couches buffer et aux interfaces associées buffer/canal et buffer/SI. En effet lors d'impulsions sur le drain, la zone déplétée s'étend plus profondément dans la structure que pour des impulsions sur la grille. Nous avons fixé la tension de grille à une valeur faible vis-à-vis de la tension de pincement et nous avons étudié différentes tensions de drain. Pour cela, la tension maximale appliquée sur le drain est de 13V, et la tension minimale est égale à 6V. La grille est polarisée à -3V. La durée de l'impulsion est fixée à 500 ms. Les mesures ont été réalisées dans la gamme de température 77K-450K. La figure III.32 montre le spectre CDLTS correspondant. Ce spectre montre une large bande dans laquelle apparaissent plusieurs pics en fonction de la température. Chacun de ces pics correspond à un piège qui contribue au transitoires de courant. 0,030 VDS=6---13V VGS=-3V tp=500ms -1 en=34.62s Signal CDLTS(a.u) 0,025 0,020 0,015 0,010 0,005 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Température(K) Figure III.32 : Spectre CDLTS enregistré pour l’échantillon SiC 291 lors d'une impulsion sur le drain pour une valeur de tp=500ms. 110 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC III.3.2.7 Identification des pièges Signal CDLTS(u.a) C1 VDS=6----13V VGS=-3V tp=1000ms 0,025 C2 0,020 C4 C3 0,015 0,010 0,005 50 100 150 200 250 300 350 400 450 Température(K) Figure III.33 : Spectre CDLTS enregistré pour l'échantillon S291, Ces conditions met en évidences les présences de quatre pièges notés C1, C2, C3 et C4. La décomposition du spectre CDLTS (figure III.33) met évidence la présence de quatre pics nommés respectivement C1, C2, C 3 et C4. Le tracé du diagramme d'Arrhénius (figure III.34) permet d'extraire les signatures de ces centres profonds qui sont reportées dans le tableau III-3. C1=0.82eV 8,5 C2=0.61 8,0 7,5 2 Ln(T /en) C3=0.53eV 7,0 C4=0.37eV 6,5 6,0 2,4 2,6 2,8 3,0 3,2 3,4 3,6 3,8 4,0 -1 1000/T(K ) Figure III.34 : Diagramme d’Arrhenius pour les niveaux C1, C2, C3 et C4. 111 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC Les énergies d'activation des défauts C1, C2 et C4 trouvées dans ces conditions sont proches de celles des défauts trouvés lors de la commande de la grille (B2, B3 et B4). Puisque lors d'une impulsion sur le drain, la profondeur de la couche canal est plus efficacement sondée que lors de l'impulsion sur la grille, nous pouvons supposer que ces pièges sont situés à proximité de l'interface canal/buffer. Plus particulièrement, le défaut C4 (B4) est un défaut détecté à la fois avec la technique DLTS capacitive et avec la CDLTS lors de la commande de la grille et du drain ce qui nous permet de dire que ce défaut est plus probablement localisé dans le canal [Dermoul’01]. Le défaut C3 n'est observé que lors des mesures de CDLTS avec impulsion sur le drain. Ce piège est donc probablement situé près de la surface à proximité du drain [Gassoumi’04]. Impulsion sur le drain σ(i) (cm2) Ea(eV) Identification des pièges C1 0,81 4,3 × 10-17 C2 0,61 7,2 × 10-16 C3 0,54 3,45 × 10-15 C4 0,37 2,68 × 10-17 Z1 Tableau III.3 : Récapitulatif des signatures des défauts obtenues lors d'une impulsion sur le drain. III.3.2.8 Comparaison entre la DLTS et la CDLTS Technique σ(cm2) Ea(eV) Identification DLTS CDLTS CDLTS DLTS CDLTS CDLTS DLTS CDLTS CDLTS (grille) (Drain) (grille) (Drain) (grille) (Drain) B1 E1 4,3× 10-17 1,01 B2 C1 0,82 0,81 7,2 × 10-16 B3 C2 0,61 0,61 3,45×10-15 B4 C3 0,54 C4 0,37 0,32 1,5*10- 0,32 17 V Z1 2,68×10-17 B5 0,16 1,57×10-17 B6 0,09 5,4 × 10-16 N Tableau III.4 : Récapitulatif des différents résultats trouvés avec la DLTS et la CDLTS 112 Chapitre III Etude des Défauts profonds dans les MESFETs 4H-SiC III.4 Conclusion. Notre objectif dans la première partie de ce chapitre a été d’une part d’identifier les principales anomalies qui induisent les dysfonctionnements électriques d’un MESFETs 4HSiC avec un buffer P et d’autre part de caractériser les défauts profonds responsables de ces anomalies. Les caractéristiques statiques Ids=f(Vds) montrent la présence d’un effet d’hystérésis, un effet de kink sur les transistors MESFETs 4H-SiC. De plus un shift en température de la tension de seuil à été observé. Cette variation de la tension de seuil et ces parasites de fonctionnements sont directement liés à l’existence de défauts profonds dans les transistors. Dans le but d’identifier les défauts profonds dans le volume, des mesures de DLTS capacité ont été effectuées avec des tensions inverses supérieures à la tension de seuil. Le spectre DLTS montre la présence d’un défaut d’énergie d’activation de 0.32eV dont l’origine n’est pas actuellement attribuée. Pour compléter ces résultats des mesures de CDLTS avec des impulsions sur la grille et sur le drain ont été réalisées avec des tensions inverses proches de la tension de seuil. Les défauts détectés ont des énergies d’activation qui varient entre 0.09eV et 1.1eV. Les pièges détecté avec la CDLTS par commutation sur la grille et sur le drain (Ea=0.82eV, Ea=0.62eV et Ea=0.32eV) sont localisés en profondeur dans la structure. Nous avons également observé que pour les faibles valeurs de en nous avons observé un pic négatif potentiellement attribué à la présence des états de surface. Cette étude sera l’objectif de la partie B de ce chapitre, dans laquelle nous allons étudier en détail ces états de surface sur des transistors MESFETs 4H-SiC ayant un buffer optimisé ce qui permet de s'affranchir de la réponse du substrat. Nous pouvons conclure que l'ensemble de ces techniques de caractérisation est bien adapté à l'étude des défauts profonds sur un dispositif comme le MESFET 4H-SiC et que nous pouvons les utiliser de façon complémentaire. 113 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Chapitre III : PARTIE B : Caractéristiques statiques et états de surface dans les MESFET 4H-SiC III.1 Introduction Le comportement transitoire du courant de drain peut également être causé par des états de surface. Pour cela, dans ce chapitre, nous présentons l’ensemble des mesures I-V réalisées sur les transistors MESFETs 4H-SiC ayant une couche tampon optimisée afin d’éliminer l'injection de porteurs au niveau du substrat (série 292). III.2 Caractéristiques statiques. III.2.1 Caractéristiques de transfert Ids-Vgs-T, pour un MESFET SiC de longueur de grille 1µm. 0,25 T = 85K V T = -12.42V S 292, L g = 1µ m 0,20 Ids(A) 0,15 0,10 0,05 0,00 -20 -15 -10 -5 0 V g s (V ) Figure III.35 : Caractéristique statique à T= 85K du MESFET 4H-SiC Les réseaux des caractéristiques Ids-Vgs en fonction de la température qui sont représentés sur les figures III.35, III.36 et III.37, montrent un décalage de la tension de seuil avec la température. Ce décalage de tension de seuil entre 85K et 470K est de ∆V=4V. 115 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC 0,40 T=300K VT= -15.29V 0,35 S292, Lg=1µm 0,30 Ids(A) 0,25 0,20 0,15 0,10 0,05 0,00 -0,05 -20 -15 -10 -5 0 Vgs(V) Figure III.36 : Caractéristique statique à T=300K. -1 3,0x10 -1 2,5x10 T=470K VT=-16.10V S292,Lg=1µm -1 Ids(A) 2,0x10 -1 1,5x10 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 -20 -15 -10 -5 Vgs(V) Figure III.37 : Caractéristique statique à T=470 K. 116 0 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Ce décalage est souvent détecté pour les transistors de puissance pour lesquels il y a une surface importante entre la grille et le drain, ce qui est le cas ici. Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, ce décalage de la tension de seuil peut être expliqué par l’activation thermique des défauts profonds à haute température. III.2.2 Caractéristiques Ids-Vds-T, d’un MESFET SiC de longueur de grille 1µm. Les figures III.38, III.39 et III.40 montrent les réseaux de caractéristiques de sortie Ids-Vds à différentes températures pour un transistor MESFET 4H-SiC (Lg=1µm, le buffer est optimisé). Un premier réseau de caractéristiques est obtenu en fermant progressivement le canal (Vgs de 0V à -10 V) puis consécutivement un deuxième réseau est enregistré en ouvrant le canal (Vgs de -10V à 0V). T=85K S292,Lg=1µm -1 4,0x10 Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V -1 Ids(A) 3,0x10 Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V -1 2,0x10 -1 1,0x10 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(V) Figure III.38 : Caractéristiques statiques à T=85K d'un transistor de la série S292 avec une longueur de grille=1µm. 117 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC -1 4,0x10 -1 3,5x10 T=300K S292,Lg=1µm Vgs Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0V -2V -4V -6V -8V -10V -1 3,0x10 -1 Ids(A) 2,5x10 -1 2,0x10 -1 1,5x10 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(V) Figure III.39 : Caractéristiques statiques à T=300K d'un transistor de la série S292 avec une longueur de grille=1µm. T=470K S292, Lg=1µm -1 3,0x10 Vgs -1 2,5x10 -1 2,0x10 Ids(A) Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0V -2V -4V -6V -8V -10V -1 1,5x10 -1 1,0x10 -2 5,0x10 0,0 0 5 10 15 20 25 30 35 Vds(V) Figure III.40 : Caractéristiques statiques à T=470K d'un transistor de la série S292 avec une longueur de grille=1µm. 118 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Les principales constatations que nous pouvons relever à partir de ces mesures sont les suivantes : - A 300K et de façon moins prononcée à 470K, nous observons une diminution de la conductance de sortie pour les faibles valeurs de Vgs (à 0V et -2V) et à fortes valeurs de Vds (au-dessus de 20 V). Cette diminution de conductivité pour un régime de fonctionnement à "forte puissance" (Ids et Vds élevés) est très probablement due à un effet d'auto-échauffement [Royet’00] auquel nous ne nous intéresserons pas ici. - A 85 K et à 300 K nous remarquons une diminution du courant Ids lorsque les caractéristiques sont mesurées pour la deuxième fois en ouvrant le canal. Cet effet, particulièrement visible à 85 K s'estompe avec l'augmentation de la température pour n'être que très légèrement visible à 475K uniquement sur la caractéristique à Vgs=0V. Notons que la diminution du courant est d'autant plus faible que la tension Vgs est importante. Elle n'est même pas observée du tout lorsque le canal est pincé (Vgs = -10 V). Ceci exclu un effet de piégeage dû au substrat ce qui est attendu pour ces échantillons où l'injection des porteurs vers le substrat est minimisée. A l'opposé, nous pouvons émettre l'hypothèse d'un effet de piégeage des porteurs en surface du canal. - Enfin, nous remarquons un courant de fuite empêchant le pincement du transistor qui augmente avec la température. III.2.3 Caractéristiques Ids-Vds-T, pour des transistors de longueur de grille 4 µm et 16 µm. Après avoir étudié les caractéristiques électriques statiques et de transfert du transistor de longueur de grille égale à Lg=1µm, nous présentons les caractéristiques électriques statiques de deux transistors dont les longueurs de grilles sont Lg=4µm et 16µm. Les figures III.41 et III .42 montrent les résultats à T=85K et à T=300K pour un transistor de longueur de grille égale à 4µm. 119 Ids(A) Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC 1,6x10 -1 1,4x10 -1 1,2x10 -1 1,0x10 -1 8,0x10 -2 6,0x10 -2 4,0x10 -2 2,0x10 -2 T=85K S292, Lg=4µm Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.41 : Caractéristique statique à T=85 K d’un transistor MESFETs 4 H-SiC avec une longueur de grille de 4µm. 2,5x10 -1 2,0x10 -1 1,5x10 -1 1,0x10 -1 5,0x10 -2 T=300K S292, Lg=4µm Ids(A) Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.42 : Caractéristique statique à T=300K d’un transistor MESFETs 4 H-SiC avec une longueur de grille de 4µm. 120 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Nous retrouvons certains dysfonctionnements observés précédemment pour le transistor de longueur de grille égale à 1 µm. L'effet d'auto-échauffement n'est perceptible que au-delà de Vds = 30 V pour un Vgs de 0V. Ceci est logique étant donné que le courant Ids est moins fort pour une grille plus longue. Concernant la diminution de Ids entre les deux séries de mesures, nous retrouvons un comportement sensiblement identique à celui observé pour une grille de 1µm de longueur. Nous observons également un léger courant de fuite pour cet échantillon. Les réseaux de caractéristiques pour une longueur Lg de 16 µm à différentes températures sont donnés sur les figures III.43, III.44 et III.45. Pour cette longueur de grille l'effet d'auto-échauffement a totalement disparu. Notons également que nous n'avons pas ou très peu de courant de fuite pour cet échantillon. Enfin, l'effet de diminution du courant n'est Ids(A) visible qu'à basse température et toujours lorsque le canal est ouvert. 2,2x10 -2 2,0x10 -2 1,8x10 -2 1,6x10 -2 1,4x10 -2 1,2x10 -2 1,0x10 -2 8,0x10 -3 6,0x10 -3 4,0x10 -3 2,0x10 -3 T=85K S292, Lg=16µm Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.43 : Caractéristique statique à T=85 K pour un transistor MESFET 4H-SiC avec une longueur de grille de 16µm. 121 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Ids(A) 8,0x10 -2 Vgs 7,0x10 -2 6,0x10 -2 5,0x10 -2 4,0x10 -2 3,0x10 -2 2,0x10 -2 1,0x10 -2 0V -2V -4V -6V -8V -10V Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V T=300K S292, Lg=16µm 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.44 : Caractéristique statique à T=300K pour un transistor MESFETs 4H-SiC avec une longueur de grille de 16µm. -2 6,0x10 -2 T=470K S292, Lg=16µm Vgs 5,0x10 0V -2V -4V -6V -8V -10V -2 Ids(A) 4,0x10 Vgs 0V -2V -4V -6V -8V -10V -2 3,0x10 -2 2,0x10 -2 1,0x10 0,0 0 10 20 30 40 Vds(V) Figure III.45 : Caractéristique statique à T=475K pour un transistor MESFETs 4HSiC avec une longueur de grille de 16µm et un buffer optimisé. 122 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC III.2.4 Conclusion sur les caractéristiques statiques. Parmi les différents effets parasites observés sur les caractéristiques de sortie, deux semblent avoir une même origine : le décalage de la tension de seuil et la diminution du courant pour de mesures successives peuvent être attribués à des effets de chargement et déchargement de centres profonds [Battacharya’88]. Ces anomalies varient en fonction des tensions de grille appliquées et en fonction de la température. Des travaux récents montrent que ces effets parasites peuvent être liés aux états de surfaces. Cha et al [Cha’03] ont montré que ces phénomènes sont fortement diminués en utilisant une couche de passivation Si3N4. Ces états apparaissent lorsque la commande de grille passe d'un état de pincement à un état de conduction, ce qui se traduit par des états transitoires sur le courant de drain. Nous présentons donc dans la suite une étude par DLTS courant des transistors analysés précédemment pour discuter de la présence d'éventuels états de surface. Nous limiterons les résultats exposés au cas des transistors de Lg = 16 µm et Lg = 1 µm. III.3 Spectroscopie de défauts profonds par analyse de transitoires de courant (CDLTS). III.3.1 Transitoires de courant Nous présentons, en premier lieu, les transitoires de courant de drain en fonction de la température pour les deux séries d’échantillons dont les longueurs de grille sont respectivement 1µm et 16µm. 123 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC S292, Lg=16µm T=180K 1,000 T=130K T=230K T=280K T=380K Ids/Idss 0,995 T=430K 0,990 T=330K T=480K 0,985 0,980 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Temps(ms) Figure III.46 : Evolution des transitoires de courant drain-source en fonction de la température pour un transistor de longueur de grille =16µm. 1,001 S292, Lg=1µm 1,000 T=400K 0,999 0,998 Ids/Idss 0,997 T=85K T=365K 0,996 0,995 T=255K 0,994 0,993 0,992 T=470K 0,991 0,990 0,989 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Temps(ms) Figure III.47 : Evolution des transitoires de courant drain-source en fonction de la température pour un transistor de longueur de grille 1µm. 124 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC L'évolution des transitoires de courant présentés dans la figure III.46, est caractéristique de processus d'émissions qui évoluent avec la température. En effet le transitoire positif du courant traduit le vidage des pièges à majoritaires (ici électrons) et donc la disparition d'une déplétion parasite qui limite le courant de drain. Nous notons une évolution non monotone avec la température ; en particulier à partir de 400 K une forte augmentation de la variation de courant. Nous verrons dans la suite que ceci est attribué à un défaut profond en énergie, qui gouverne la conduction dans le canal. Dans le cas du transistor de longueur de grille 1 µm (figure III.47), l'évolution des transitoires en température est plus complexe. En effet, nous remarquons dans ce cas que la variation des transitoires de courant présente trois comportements distincts : - Dans la gamme de température au 85K-375K, nous retrouvons logiquement un transitoire positif caractéristique d'un processus d'émission des majoritaires ; - Dans la gamme de température au-dessus de 400 K, le transitoire est décroissant. Cette diminution du courant peut-être due soit à l'émission de porteurs minoritaires, soit à la capture des majoritaires ; - Dans la gamme intermédiaire, à 400 K notamment, les deux mécanismes sont en compétition et en conséquence transitoire est quasiment plat. La figure III.48 montre les transitoires de courant drain-source pour deux valeurs de la tension inverse (Vr = -4V et Vr = -10V). Dans les deux cas une impulsion a été appliquée sur la grille du transistor MESFETs 4H-SiC avec une valeur maximale de remplissage Vp fixée à 0V. 125 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Vr=-4V Vr=-10V 1,000 0,999 Ids/Idss 0,998 0,997 0,996 0,995 0,994 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Temps(ms) Figure III.48 : Evolution des transitoires de courant drain-source en fonction de l'amplitude de l'impulsion de grille Vp=0V Nous constatons que l’amplitude du transitoire est légèrement plus élevée quand la tension appliquée sur la grille est forte (-10V). En effet une modulation plus importante de la zone de charge d’espace associée à la grille du transistor entraîne une augmentation du nombre de porteurs libres émis par les pièges profonds. D’après l’équation du courant Ids du MESFET cette augmentation du transitoire traduit la présence de défauts répartis de façon monotone dans l'épaisseur du canal. III.3.2 Résultats de CDLTS en commutation de grille III.3.2.1 Transistor à Lg = 16 µm Dans cette partie le transistor MESFET à substrat 4H-SiC est polarisé en régime linéaire avec une tension de grille Vr=-4V puis Vr=-10V et une tension de drain égale à Vds=8V ; la durée d’impulsion est fixée à 1000ms. Sur la figure III.49 est représenté le spectre CDLTS pour une tension Vr de -10V. 126 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC 0,10 C1 Vr=-10V Vp=0V Signal CDLTS(a. u) 0,08 Vds=8V tp=1000ms S292,Lg=16µm 0,06 0,04 0,02 0,00 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Temperature T(K) Figure III.49 : Spectre CDLTS enregistré lors d’une impulsion sur la grille avec Lg=16µm Ce spectre est composé d'une large bande située entre 150 K et 350 K composée de plusieurs composantes que nous ne détaillerons pas ici, et d’un pic à une température de 450K qui domine largement. C'est ce défaut qui contribue principalement aux transitoires qui, nous l'avons vu (figure III.46) augmentent brutalement à partir de 400 K. L'énergie d'activation déterminée pour ce piège est de 0.9 eV. III.3.2.2 Transistor Lg = 1µm Les mêmes paramètres de polarisation ont été employés pour ce transistor. Le spectre de CDLTS est donné sur la figure III.50. 127 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC D3(Ea=0.57eV) 0,04 Signal CDLTS(a.u) 0,03 D2(Ea=0.44eV) D1(Ea=0.18eV) D4(Ea=0.79eV) 0,02 0,01 0,00 -0,01 -0,02 -0,03 Vr= -4V Vp=0V tp=1000ms Vds=8V D5(Ea=0.90eV) -0,04 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Temperature(K) Figure III.50 : Spectre CDLTS enregistré lors d’une impulsion sur la grille avec Lg=1µm Nous retrouvons dans ce cas une large bande entre 150 K et 400 K composée de quatre composantes. La différence, surprenante, avec le cas du transistor Lg=16 µm est que le pic principal dominant le spectre, cette fois-ci est négatif. Avant de discuter de l'origine de ce pic nous donnons les signatures, déduites des tracés d’Arrhenius (Ln(T2/en)=f(1000/T)), des quatre pièges à électrons à l'origine de la large bande positive. Ils sont nommés respectivement D1, D2, D3, D4 Ces signatures sont reportées dans le tableau III.5. σa(cm2) Pièges Ea(eV) D1 0.18 5.2 × 10-17 D2 0.44 7.8 × 10-15 D3 0.57 2.89 × 10-16 D4 0.79 1.3 × 10-15 HL1(D5) 0.9 9.0 × 10-15 Tableau III.5 : Signature des pièges à électron lors d’une impulsion sur la grille du transistor Lg=1µm. 128 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, le défaut noté ici D1 correspond probablement à l'impureté titane (défaut appelé B5 précédemment,) répartie uniformément dans l'épitaxie constituant le canal. Un défaut avec une énergie d’activation 0.44eV a été détecté uniquement par J.Grillenberger, et al [Grillenberger’01] par des mesures de DLTS sur un échantillon implanté avec du tantale. Toutefois la présence de cette impureté est peu probable ici. Le défaut D3 correspond probablement au centre Z1 observé précédemment (partie A de ce chapitre) (noté B3). Ce défaut est très probablement localisé dans la couche canal. Finalement le défaut D4 qui apparaît avec une énergie d’activation de 0.79eV n'a pas une origine identifiée. L'énergie est proche de celle du défaut appelé B2 précédemment (0.82 eV). L'objectif dans cette partie n’est pas l’identification ou la localisation précise de ces pièges mais plutôt la compréhension de l'origine du pic négatif correspondant à l’existence d'un défaut se comportant comme un piège à trou. Nous appellerons ce piège HL1 dans la suite (Hole Like 1). III.3.2.3 Comparaison Lg = 1µm et Lg= 16 µm Sur la figure III.51 sont comparés les spectres CDLTS pour Vr = -10 V dans le cas des transistors Lg = 1 µm et Lg = 16 µm. Nous constatons, une symétrie frappante, du pic dominant, positif dans le cas Lg = 16 µm (pic C1) et négatif pour Lg = 1µm (pic HL1). Le tracé d'Arrhenius confirme ceci : le défaut HL1 (Ea=0.9eV, σa = 9.10-15 cm-2) a les mêmes caractéristiques que C1. 129 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC 0,10 C1 Vr=-10V, Lg=1µm Vr=-10V, Lg=16µm 0,08 tp=1000ms Signal CDLTS(a.u) 0,06 0,04 0,02 0,00 HL2 (Hole Like 2) -0,02 -0,04 HL1 -0,06 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Temperature(K) Figure III.51 : Spectre CDLTS enregistré pour deux transistors lors d’une impulsion sur la grille. Pour Lg = 16 µm le pic noté C1 a une amplitude positive, pour Lg = 1µm le pic noté HL1 a une amplitude négative. Différentes origines peuvent être associées à un pic négatif [Gassoumi’06] : - Pour des mesures de DLTS capacitives celui-ci peut provenir d'un artefact lorsque l'on a une grande résistance série ou une fréquence de modulation importante pour la mesure de la capacité différentielle (R2C2ω2 >> 1). Ce n'est d'évidence pas le cas pour une mesure de DLTS courant où nous ne superposons pas de tension alternative à la polarisation grille. - Un pic négatif évoque un piège à minoritaires, ici des trous, d'où l'appellation "Hole-Like" que nous avons adoptée conformément à de nombreux auteurs. Toutefois on ne voit pas d'où ces trous pourraient provenir dans une structure MESFET à canal n. - Le comportement observé sur la figure III.51, évoque naturellement la présence d'un défaut amphotère qui pourrait aussi bien échanger avec une bande que l'autre. Toutefois l'énergie d'un tel défaut situé à la moitié de la bande interdite dans SiC serait de 1.5 eV environ et non 0.9 eV comme nous l'obtenons. La dernière explication envisageable est donc que le pic négatif soit dû à un phénomène de capture. Ceci implique la présence d'un réservoir d'électrons dans la structure afin que la probabilité de capture soit non nulle. Il est également nécessaire d'envisager des 130 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC pièges à électrons vides après le pulse de remplissage. Pour cela nous devons considérer que le niveau d'énergie du piège ne suit pas la courbure des bandes, ce qui ne peut être réalisé que pour un piège en surface ou bien à proximité de l'interface canal substrat. III.3.3 Interprétation III.3.3.1 Phénomène de capture par un état de surface Le mécanisme proposé est donc celui décrit sur la figure III.52. Un défaut situé en surface bloque le niveau de Fermi. Ce niveau va ensuite pouvoir capturer des électrons. Simultanément un phénomène classique d'émission par les pièges situés dans le volume du canal est observé. Cette compétition entre les deux phénomènes explique l'allure particulière des transitoires observée pour le transistor Lg = 1 µm notamment à 400 K. La question restant en suspens est l'origine du réservoir à électrons. Nous avons vu dans la description des caractéristiques statiques du transistor Lg = 1 µm que celui présentait un courant de fuite important au niveau de la grille qui empêche le pincement du canal. Cette fuite au niveau de la grille peut très bien être la "source" d'électrons. Il est alors logique, dans le cas de l'échantillon Lg = 16 µm qui ne présente pas de courant de fuite de ne pas observer de capture. Faute d'électrons à capter, le même niveau piège en surface de l'échantillon va émettre des porteurs d'où la similitude frappante des deux pics hormis bien sur leur signe. Capture: pic négatif S U R F A C E Emission: pic positif EC Défauts de Surface EF ET Canal EV Figure III.52 : Schéma du diagramme de bande dans la région de drain montrant le processus de capture d’électron à l’interface SiC/SiO2. 131 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC La présence d’un défaut localisé à l’interface canal/couche de passivation (SiC/SiO2) est tout à fait probable envisageable étant donnée la forte densité d’états à cette interface (1012cm-2/eV). Ho-Young Cha, et al [Ho-Young’03b] ont également étudié les états de surfaces sur plusieurs structure MESFET à substrat SI 4H-SiC. Ils ont expliqué la déstabilisation des réseaux de caractéristiques statiques Ids-Vds des transistors par la présence des charges négatives dans la structure ; ces charges sont liées directement aux états de surface. Enfin, le même type de phénomène de capture a été observé précédemment par Kyoung et al [Kyoung’01] sur des transistors MESFETs GaAs. Dans ce cas le phénomène est directement lié au piégeage des électrons émis par la grille par des états de surfaces situés entre grille et source ou grille et drain lorsque la tension inverse Vr est égale à la tension de seuil VT. Ces auteurs ont montré une augmentation de l’amplitude du pic DLTS en fonction de la température lorsque les temps d’échantillonnage sont tels que t2/t1=4 pour les mêmes valeurs de Vr et Vp. Cette variation est expliquée par l'augmentation du courant de fuite au niveau de la grille avec la température. Nous avons donc vérifié également ce point afin de confirmer l'interprétation donné pour l'origine du réservoir à électron. Sur la figure III.53 est représenté le spectre CDLTS du transistor Lg = 1 µm pour différents taux d'émission (autrement dit différentes températures du pic) en gardant le rapport t1/t2 fixe. 0.04 V DS=8V V R=-4V 0.03 CDLTS Signal (a.u.) 0.02 0.01 0.00 t2/t1 = 5 -0.01 t1 = 6 ms e n = 67 s -1 -0.02 t1 = 9 ms e n = 45 s -1 t1 = 12 ms e n = 33 s -1 -0.03 -0.04 300 350 400 450 Temperature(K) Figure III.53 : Spectre CDLTS, pour différents valeur de en. 132 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Nous remarquons une légère augmentation en intensité du pic négatif avec la température matérialisée par une flèche sur la figure, tandis que l'intensité du pic positif reste strictement constante. Ceci confirme l'effet de capture des électrons provenant d'une fuite au niveau de la grille, fuite qui comme nous l'avons vu augmente avec la température. D'autres études ont montré que les états de surface [Kerlain’04 ; Javorka’03] ou les états d’interface [Ladbrooke’88] dans la région d’accès peuvent produire ce type de signal (pic négatif). Si à la suite d’une impulsion sur la grille, l’occupation des états augmente par les piégeages des électrons, la zone désertée et donc les valeurs des résistances d’accès augmentent et le courant de drain présente un transitoire décroissant. Ce transitoire fait apparaître un pic négatif sur le spectre CDLTS. III.3.3.2 Variation de Vr Pour confirmer l’hypothèse des états de surfaces, des mesures de CDLTS ont été réalisées, en changeant différents paramètres tel que la tension inverse Vr, le temps de pulse tp et la tension de drain-source Vds. En appliquant une tension inverse plus forte (proche de la tension de pincement) nous observons un épaulement dans le pic négatif aux environs de 400 K (figure III 54). En décomposant ce pic en deux composantes nous pouvons extraire les signatures des deux défauts notés HL1 et HL2 (figure III.55). 133 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC 0,04 V D S =8V 0,03 V R =-4V CDLTS Signal (a.u) 0,02 V R =-10V 0,01 0,00 HL2 -0,01 -0,02 -0,03 -0,04 -0,05 HL1 350 400 450 500 T em p eratu re (K ) Figure III.54 : Spectre CDLTS montrant les deux pièges à trous HL1 et HL2 9,2 9,0 HL1 HL2 E a=0.90eV 2 Ln(T /en) 8,8 8,6 8,4 8,2 Ea=0.56eV 8,0 7,8 7,6 2,25 2,30 2,35 2,40 2,45 2,50 2,55 -1 1000/T(K ) Figure III.55 : Diagramme d’Arrhenius pour les deux défauts de capture HL1 et HL2. 134 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC Pour la tension Vr=-4V, le courant de drain DLTS est sensible au pièges qui sont localisé dans le canal et à sa surface. Alors que pour la tension Vr=-10V, proche de la tension de pincement, le courant de drain est sensible aux pièges qui sont principalement localisé dans le canal et aux interfaces associées canal/couche tampon et canal/SI. Etant donné que le défaut HL2 apparaît pour les valeurs de la tension Vr proche de la tension de pincement, nous pouvons considérer que ce défaut est situé au niveau de l'interface canal/couche tampon [Dermoul’00, Gassoumi’06]. Un phénomène de capture a été également observé par Audren et al [Audren’93]. Ils ont montré que le substrat devrait jouer un grand rôle au pincement. En effet si le drain est polarisé et au départ la grille n’est pas polarisée, le canal conduit. Il existe une chute de potentiel du niveau de Fermi des électrons dans le canal en bord de la grille du côté de drain par rapport à celui du substrat du fait des résistances séries interne (résistance de drain) et externe (résistance de charge). Lorsque la tension de grille est appliquée, le courant de drain est réduit, ce qui implique une variation de la chute de potentiel et donc une variation de la position du niveau de Fermi dans le canal par rapport à celui dans le substrat. Cette variation implique une modification du confinement côté substrat et engendre des mécanismes de capture. III.3.3.3 Variation du temps de pulse tp La figure III.56 montre les spectres obtenus à Vr = -10 V pour deux temps de pulse différents. Nous constatons que le signal CDLTS est saturé aussi bien au niveau des pics positifs que négatif ce qui implique le caractère ponctuel de l'ensemble des pièges responsables du signal observé. 135 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC 0,05 tp=1000ms tp=100ms V R =-10V 0,04 Signal CDLTS(a.u) 0,03 0,02 0,01 0,00 -0,01 -0,02 -0,03 -0,04 -0,05 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Temperature(K) Figure III.56 : Spectre CDLTS à tp variable. III.3.3.4 Mesure en condition de saturation Une mesure en condition de saturation (pour Vds = 18 V) à été réalisée pour les transistors Lg=1µm et Lg = 16 µm. Le cas du transistor Lg = 1 µm est représenté sur la figure III.57. 136 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC 0,14 VDS = 18V VR = -4V C-DLTS Signal (a.u.) 0,12 0,10 0,08 0,06 0,04 0,02 0,00 150 200 250 300 350 400 450 Temperature (K) Figure III.57 : Spectre CDLTS enregistré pour un transistor MESFETs 4H-SiC lors d’une impulsion sur la grille et en régime de saturation. Nous remarquons l’absence du pic négatif HL1. En effet en régime de saturation, même pour Vgs=0V, la zone de charge d’espace entre grille et drain est entièrement désertée. La ZCE de cette zone n'est donc pas modulée lors de la séquence de pulse sur la grille et par conséquent les défauts présents dans cette zone n'apparaissent pas. Comme la distance entre la grille et le drain est 4 fois plus grand que la grille et la source (respectivement 2 µm et 0,5 µm), la réponse dans la mesure de CDLTS est très peu sensible à l'interface canal/SiO2 qui n'est sondée que du côté drain. Ceci explique alors pourquoi le pic négatif, noté (HL1) a disparu lors de cette mesure et confirme bien sa localisation au niveau de la surface. III.4 Conclusion. La technique CDLTS a été utilisée ici pour la caractérisation des phénomènes de capture présents prés de l’interface canal/passivation (SiC/SiO2). Cette technique est très important pour l’analyse des défauts qui existe à l’interface SiC/SiO2. Elle nous permet de caractériser deux pièges à trous appelés HL1 et HL2 qui apparaissent avec des énergies d’activation 0.90eV et 0.56eV. Un modèle tenant compte de fuites au niveau de la grille 137 Chapitre III Etude des états de surface dans les MESFETs 4H-SiC permet de proposer une localisation du défaut HL1 à l'interface canal/couche de passivation. Ceci est confirmé par les mesures en régime de saturation. Le niveau HL2 n’apparaît que pour les valeurs de Vr très proche de la tension de pincement du composant étudié. Il est par conséquent localisé à proximité de l’interface canal/couche tampon. Ce point est très important à comprendre pour la suite des développements industriels et pour l’application de ces composantes (MESFET SiC et HEMT GaN) à base de matériaux à grands gap dans le domaine RF. En effet l’amélioration de la couche de passivation est une point crucial pour ces composants [Javorka’03 ; Ladbrooke’88]. 138 Références bibliographiques du chapitre III Références bibliographique du chapitre III [Achtziger’97] Achtziger, N. and Witthuhn, W., Band gap states of Ti, V and Cr in 4H-silcon carbide Appl. Phy. 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La multiplication des applications, et donc des fréquences allouées, se traduit par des contraintes en matière de linéarité, bruit et sensibilité sans oublier les contraintes sur le coût de fabrication qui doit permettre de grandir des produits pouvant séduire le plus grand nombre de clients. La diminution des coûts de fabrication passe par l’accroissement de l’intégration et l’utilisation de matériaux faible coût. C’est dans ce cadre, que le semiconducteur le plus employé dans le domaine de la microélectronique a toujours été le silicium (Si). Toutefois cette technologie souffre de certains handicaps pour un fonctionnement aux fréquences élevées, forte puissance et a haute température. Pour les applications de forte puissance, l’apparition de matériaux à grande bande interdite et en particulier la technologie à base de Nitrure de Gallium (GaN), constitue une avancée sérieuse pour l’électronique HF de puissance. Les composants électroniques utilisant ce matériau présentent en effet, grâce à ses propriétés physiques, des performances très attirantes pour un nombre d’applications. Par exemple, la large bande interdite du GaN (3.4eV) se traduit par un champ critique de claquage très élevé. Dans les transistors à effet de champ (FET), cela implique des tensions de claquage supérieures à 50V et représente un bénéfice appréciable dans des applications de forte puissance par rapport aux composants Silicium ou III-V ou l’on dépasse rarement 20V. Les propriétés piézoélectriques de ce matériau lui permettent aussi, par rapport aux autre matériaux, de meilleures potentialités en courant maximum dans les structures de type HEMT ce qui accroît ses potentialités pour la puissance. Les transistors à effet de champ de type HEMTs à base de nitrure de gallium (AlGaN/GaN) présentent de nombreux avantages (tension de claquage élevée, fonctionnant dans le domaine des hyperfréquences, excellente conductivité thermique,….) en tant que dispositifs électroniques destinés à fonctionner à haute température et à haute puissance. Des travaux présentés dans la référence [Pribble’02] montrent de très bonnes performances vis-vis des propriétés thermiques. D’autres publications rapportent d’excellentes performances en terme de fréquence d’utilisation et en terme de puissance aux fréquences micro-ondes. 145 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si Cependant, leurs performances sont affectées par divers effets parasites comme des effets de coude ou encore courant de fuite au niveau des grilles des transistors. Dans la majorité des cas, les raisons invoquées sont essentiellement des niveaux de pièges présents dans les couches épitaxiales constituant le dispositif. Ce chapitre débute par l’exposé de généralités sur le Nitrure de Gallium ainsi qu’une rapide description des composants étudiés. Dans la suite, nous nous focaliserons sur les propriétés des caractéristiques de sorties des transistors et nous analyserons les différentes anomalies observées telles qu’un effet d’hystérésis en fonction du sens de balayage de la tension de grille, un courant collapse, un fort courant de fuite observé et un effet de Kink. Afin de déterminer l’origine physique des effets parasites observées sur les caractéristiques des transistors HEMTs AlGaN/GaN à substrats Si; la technique CDLTS (Conductance Deep Level Transient Spectroscopy) sera mise en œuvre. En effet, elle permet d’explorer toute la zone du dispositif et de plus elle est applicable pour ce type d’hétérostructures. IV.2 Généralités sur le GaN Le nitrure de gallium cristallise sous deux formes différentes. Le polytype thermodynamiquement stable est la phase hexagonale (structure wurtzite : h-GaN). Le polytype cubique (structure blende de zinc : c-GaN), thermodynamiquement métastable, peut être également obtenu en utilisant des conditions de croissance adaptées. Dans cette partie, nous décrivons de façon succincte les propriétés physiques, thermiques, électriques et optiques du Nitrure de Gallium (GaN) et leur impact sur les performances des HEMTs à base de GaN. IV.2.1 Propriétés physiques IV.2.1.1 Structure cristalline La forme cristalline stable du GaN est hexagonale comme le montre la figure IV.1. Les paramètres de maille les plus couramment obtenus à température ambiante sont a=b=0.318nm et c=0.518nm. 146 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si GaN ou N N ou GaN a=b Figure IV.1 : Structure cristalline du Nitrure de Gallium (GaN) IV.2.1.2 Propriétés thermiques Des travaux de recherche antérieurs [Duboz’95] rapportent une conductivité thermique du Nitrure de Gallium (GaN) de l’ordre de 1.3 W.cm-1.K-1 qui est proche des valeurs obtenues dans le cas du silicium. Cette valeur est trois fois plus grande que celle de l’Arséniure de Gallium ou celle du saphir, mais trois plus faible que celle du carbure de silicium. Ceci est capital pour les applications ou une forte dissipation de chaleur produite par le composant est nécessaire. C’est le cas en particulier des transistors de puissance. IV.2.1.3 Propriétés électriques du GaN Le grand gap du GaN présente certes des avantages en termes de coefficient d’ionisation par impact, de puissance mais, présente également quelques désavantages comme : des densités intrinsèques de porteurs extrêmement faibles (compensés généralement par des effets piézoélectriques dans les dispositifs de type HEMT), en pratique, les densités de charges sont bien supérieures aux valeurs attendues et cela est due à la présence des défauts et de l’effet piézoélectrique dans le cas des hétérostructures [Minko’04] ; des performances en terme de mobilité des porteurs plus faibles que dans l’arséniure de gallium (GaAs), en raison notamment des masses effectives qui sont plus grandes. 147 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si Différents mécanismes limitent la mobilité et, suivant la température, chacun d’eux peut jouer un rôle déterminant. A basse température, la diffusion par les impuretés neutres ou chargées domine. La mobilité dépend alors de la qualité du matériau. A température moyenne, ce sont les phonons acoustiques via le potentiel de déformation et le champ piézoélectrique, particulièrement important dans le cas du GaN en raison du caractère fortement ionique des liaisons, qui domine. Enfin, au delà de la température ambiante, ce sont les phonons optiques qui limitent le plus la mobilité. IV.2.1.4 Influence du substrat sur les propriétés optiques et structurales La croissance par homoépitaxie de GaN nécessite des monocristaux de GaN massifs qui ne sont produits que par un seul groupe dans le monde, le laboratoire UNIPRESS de l’Université de Varsovie. Ces substrats, dont la croissance s’effectue à très haute pression et haute température (1.5 GPa et 1400-1700°C), ont la plus faible densité de dislocations obtenue à ce jour dans GaN : de l’ordre de 102 cm-2 [Porowski’98]. Toutefois ces substrats ne sont pas commercialisés actuellement car leur coût de production reste très élevé et leur taille est relativement modeste (1-2 cm pour une épaisseur de 50µm). Par conséquent, la croissance des nitrures se fait encore presque exclusivement en hétéroépitaxie. Mais comme les paramètres de maille et les coefficients de dilatation thermiques des substrats utilisés sont très différents de ceux de GaN et AlN, les couches épitaxiées ont des densités de dislocations très élevées (108-1010 cm-2) [Adelmann’02], [Barjon’02]. Les principaux substrats sont : Le saphir (Al2O3) : C’est le plus utilisé pour la fabrication de diodes électroluminescentes et diodes laser. Il présente pourtant plusieurs défauts majeurs. En effet, le désaccord de maille avec GaN est de 16%. De plus, sa conductivité thermique est faible ce qui pose un problème d’évacuation de la chaleur dans les diodes laser. Une solution est de reporter les puces sur un substrat de conductivité thermique plus élevée. Enfin, le saphir est un isolant ce qui ne permet pas de réaliser un contact électrique directement sur le substrat. Le carbure de silicium (SiC) : Les deux polytypes utilisés pour la croissance des nitrures hexagonaux sont 4H et 6H. Pour le type 6H, le désaccord de maille avec GaN est de 3.5 %. C’est un matériau conducteur électriquement que l’on peut doper n ou p et sa conductivité thermique est nettement supérieure à celle du saphir. Le principal inconvénient du SiC est son coût élevé. Par ailleurs, les substrats actuels ne font que 3" de diamètre. Le silicium : 148 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si Il est moins utilisé que les deux précédents malgré son faible coût et ses plaques de très grande taille car son désaccord de maille avec GaN est de 17%. Sa conductivité thermique est intermédiaire entre celle du saphir et celle du SiC. Al2O3 6H-SiC Si Surface (0001) Surface (0001) Surface (111) d(GaN)(%) 16.1 3.5 -17.0 d(AlN)(%) 13.7 1.1 -19.4 λ(Wcm-1K-1) 0.5 3.8 1.5 Tableau IV.1: Désaccord de maille avec GaN (d(GaN)) ou AlN(d(AlN)) et conductivité thermique des substrats [Adelmann’02] IV.3 Le transistor HEMT IV.3.1 Généralités Les premiers transistors HEMTs sont apparus en 1980 (Fujitsu, Thomson) [Bon’99]. Ce composant possède plusieurs dénominations dans la terminologie anglo-saxonne, TEGFET (Two-dimensional Electron Gas Field Effect Transistor), MODFET (Modulation Doped Field Effect Transistor) mais également HFET (Heterojonction Field Effect Transistor). Ce dernier terme est toutefois généralement plutôt réservé à un autre composant à hétérostructure dans lequel le transport s’effectue dans un matériau dopé alors qu’il est non dopé pour le HEMT. Le HEMT apparaît comme une évolution majeure du MESFET (MEtal Semiconducteur Field Effect Transistor) qui constitue la structure de base des transistors à effet de champ (élaborés à partir des semiconducteurs III-V de type GaAs ou InP [Clei’96] ou plus récemment GaN. Toutefois cette structure exige, pour la réduction des dimensions nécessaire à la montée en fréquence de « surdoper » le canal conducteur ce qui est notamment incompatible avec de bonne propriétés de transport en raison de l’influence néfaste des interactions coulombiennes sur les propriétés de transport. La structure HEMT permet de contourner le problème en séparant les porteurs mobiles des charges fixes dont ils sont issus. Le transport électronique s’effectue au voisinage d’une interface entre un premier matériau fortement dopé ayant la plus petite affinité électronique et la plus grand gap et un second matériau non intentionnellement dopé (n.i.d) ayant la plus grande affinité électronique et le plus petit gap. Cette interface, qui constitue le canal du transistor, est une “hétérojonction“. Par la suite, lorsque la discontinuité de bande de 149 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si conduction entre les deux matériaux est suffisante, la présence de cette hétérojonction permet de confiner une importante densité de porteurs dans le matériau intrinsèque ou la mobilité la vitesse électronique sont plus élevées. De plus la densité de ces porteurs est aisément contrôlable par un potentiel de commande approprié sur la couche dopée par l’intermédiaire d’une grille Schottky ce qui est à l’origine de l’effet de transistor recherché. IV.3.1.1 Rappels sur le fonctionnement des transistors HEMT Le principe de fonctionnement du HEMT est identique à celui d’un transistor à effet de champ à grille Schottky de type MESFET [Clei’96]. La variation de la conductance, donc celle du courant entre la source et le drain, peut être obtenue soit par celle de la section du canal dans le cas du MESFET soit par celle de la densité de porteurs libres dans le canal dans le cas du HEMT. La structure d'un HEMT est présentée sur la Figure IV.2. Elle est constituée essentiellement de trois matériaux différents : le substrat, un matériau à grand gap dopé et un matériau à petit gap non dopé dans lequel va se trouver le canal. Une couche supplémentaire superficielle (appelée Cap Layer et qui n’existe pas sous la grille) est formée par un matériau de faible bande interdite pour permettre la réalisation des contacts ohmiques de source et de drain. Cette couche est généralement fortement dopée afin de diminuer la valeur des résistances de contact et donc celle des résistances d'accès. En dessous, une seconde couche supplémentaire à grand gap non dopée supporte le contact Schottky de grille. Elle est initialement épaisse et creusée par la suite pour améliorer le facteur de forme (rapport de la longueur de grille sur l’épaisseur totale de couche à grand gap) et ainsi mieux contrôler la densité des porteurs du canal par le potentiel de grille. Cette technique permet aussi de réaliser une structure plus épaisse dans les zones d’accès qui seront ainsi moins résistives. En outre, le « recess » de la grille a pour but de réduire le phénomène de conduction parallèle connu sous le nom de MESFET parasite [Lee’84]. En effet, lorsque la couche dopée sous le contact Schottky n’est pas totalement dépeuplée de porteurs, il s’y crée un canal parallèle à celui de la couche non dopée à petit gap qui n’est autre que celui d’un transistor MESFET. Dans ce cas, le courant contrôlé par l’électrode de grille est plus ou moins partiellement associé à des porteurs à faible mobilité ce qui dégrade les performances. Notons que cet effet parasite, qui détériore la transconductance gm du transistor, apparaît lorsque le creusement de grille est insuffisant vis-à-vis de l’épaisseur et du dopage de la couche dopée à grand gap ou que la grille n’est pas suffisamment polarisée en inverse. Cette couche de matériau à grand gap dopée a pour rôle de fournir les électrons libres à la structure : c'est la couche donneuse. Son 150 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si dopage, pouvant être volumique, est plus généralement réalisé par un plan de dopage silicium. Elle est séparée des électrons libres du canal par un espaceur (’’spacer’’ en anglais) qui est une couche de matériau à grand gap non intentionnellement dopé (nid), permettant d’éloigner les atomes donneurs d'électrons des électrons du canal. Les interactions à distance entre électrons et impuretés ionisées sont ainsi réduites ce qui améliore les propriétés de transport. Plus cette couche sera épaisse, meilleure la mobilité des électrons sera dans le canal. A l'inverse, le transfert des électrons de la couche donneuse dans le canal est favorisé par un espaceur fin d’où la nécessité d’un compromis. Figure IV.2 : Structure d’un transistor HEMT Le canal est donc situé dans la couche de matériau à petit gap non intentionnellement dopée. Cette couche, importante dans la mesure où elle reçoit le gaz bidimensionnel d'électrons qui constitue le canal, détermine les performances du composant à travers les propriétés de transport des électrons qui la composent. Elle est séparée du substrat par une couche tampon non intentionnellement dopée, communément appelée ’’buffer’’, qui permet d'améliorer le confinement des électrons dans le canal en réduisant l'injection des porteurs vers le substrat. Cette couche permet également, en « effaçant » les imperfections du substrat, d'avoir un matériau de bonne qualité cristallographique nécessaire à la croissance des couches supérieures. IV.3.1.2 L’hétérojonction et le gaz bidimensionnel d’électrons Dans le cas du HEMT, la juxtaposition d'un matériau à grand gap et d'un matériau à petit gap implique l’existence d’une hétérojonction. Anderson a proposé le modèle de 151 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si l'hétérojonction qui sera le plus utilisé et deviendra une référence dans son domaine [Castagné89]. Dans ce modèle, lors de la jonction de deux semi-conducteurs à bandes interdites différentes, les niveaux de Fermi s'alignent. La conservation des paramètres physiques de part et d'autre de l'interface entraîne des courbures des bandes de conduction et de valence, ainsi que des discontinuités à l'interface pour ces deux bandes. Cette "hétérojonction", illustrée par la Figure IV.3, entraîne la formation d'un puits de potentiel dans le matériau à petit gap où transfèrent et s'accumulent les électrons provenant de la couche donneuse dés lors qu’il existe une discontinuité de bande de conduction ∆EC d’au moins 0.1 à 0.2 eV entre les deux matériaux [Mathieu’01]. Figure IV.3 : Structure de bande d’une hétérojonction en présence d’un potentiel de grille entre un matériau à grand gap et un matériau à petit gap aboutissant à la formation d’un gaz-2D à l’interface (d’après [Castagné89]) Le transfert de charges génère dans la couche donneuse une zone désertée. Le profil électrique de la distribution des charges et la discontinuité des bandes au niveau de l’hétérojonction déterminent la courbure des bandes de part et d'autre de cette hétérojonction et met en évidence la formation d'un puits de potentiel de forme triangulaire dans lequel s’accumulent des électrons à forte mobilité. Nous appelons alors gaz d'électrons bidimensionnel (2DEG dans la terminologie anglaise : two Dimensional Electron Gas), l'accumulation des électrons dans ce puits. Finalement l'hétérojonction permet de réaliser la séparation spatiale des atomes donneurs ionisés et des électrons libres. Ces électrons ne sont donc plus soumis aux interactions avec les impuretés ionisées et peuvent alors atteindre des mobilités importantes, équivalentes à celle du matériau intrinsèque. De plus, toute action sur la tension grille Vgs a pour effet de modifier la 152 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si probabilité d’occupation des niveaux du puits quantique donc la valeur de ns : plus Vgs décroît, plus ns diminue. Il existe en particulier une valeur VT de Vgs qui annule ns. Notons enfin que dans le cas de la Figure IV.2, le canal du HEMT est situé entre deux matériaux de grand gap. La structure de bande n'est plus alors constituée d'une seule hétérojonction, comme sur la Figure IV.3, mais d'une double hétérojonction, augmentant ainsi le nombre d’électrons susceptibles de participer à la conduction et améliorant leur confinement dans le canal. IV.4 Eude des HEMTs AlGaN/GaN/Si IV.4.1 Structures étudiées La figure IV.4 montre une vue en coupe schématique des HEMTs d’AlGaN/GaN sur substrat de silicium provenant de l’Institut d’Electronique de Microélectronique et de Nanotechnologie (IEMN) de l’Université de Lille. La structure a été réalisée sur du silicium (111) par la technique MBE (Molecular Beam Epitaxy) ou épitaxie par jets moléculaires qui est une technique de croissance sous ultravide. La structure se compose d’un substrat de silicium avec une résistivité qui varie entre 4000 et 10000 Ω.cm, d’une couche mince d’AlN/GaN de 100nm qui permet de réduire les contraintes et ainsi limiter la quantité de dislocations, d’une couche non intentionnellement dopé (nid) de GaN d’épaisseur 2µm, et d’une couche AlGaN non dopé de 30nm d’épaisseur. Les dispositifs étudiés par la suite en CDLTS présentent une longueur de grille de 0.5µm et une largeur de grille de 2×50µm. Des Source Grille Drain GaN Al0.25GaN0.75 GaN AlN/GaN AlN Si(111) Forte résistivité : 4000-10000 Ω.cm Figure IV.4 : Coupe schématique des HEMTs d’AlGaN/GaN sur substrat de silicium dispositifs ayant une surface de grille plus importante (transistor "FAT"), spécialement élaborés pour les mesures de DLTS ont également été étudiés. Toutefois les courants de fuites 153 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si trop importants sur ces transistors n'ont pas permis de réaliser les mesures de transistoires de capacité et de courant. IV.4.2 Caractérisations par des mesures courant-tension IV.4.2.1 Caractéristiques électriques statiques Ids-Vds-T. Nous représentons dans ce paragraphe le réseau direct Ids=f(Vds) d’un transistor HEMT AlGaN/GaN sur substrat silicium de longueur de grille 0.5µm et de largueur 50µm en fonction de la température. Les résultats sont présentés sur les figures IV5, 6, 7, 8 ,9. T=77K -2 1,0x10 -1V -2V -3V -4V -5V -3 8,0x10 -1V -2V -3V -4V -5V Ids(A) -3 6,0x10 -3 4,0x10 -3 2,0x10 0,0 0 2 4 6 8 Vds(V) Figure IV.5 : Caractéristiques Ids-Vds d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=77K 154 10 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si 1,0x10 -2 8,0x10 -3 T=200K Vds=10V Ids(A) Vgs 6,0x10 -3 4,0x10 -3 2,0x10 -3 -1V -2V -3V -4V -5V Vgs -1V -2V -3V -4V -5V 0,0 0 2 4 6 8 10 Vds(V) Figure IV.6 : Caractéristiques Ids-Vds d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=200K -3 9,0x10 T=300K -1V -2V -3V -4V -5V -3 8,0x10 -3 7,0x10 -1V -2V -3V -4V -5V -3 6,0x10 Ids(A) -3 5,0x10 -3 4,0x10 -3 3,0x10 -3 2,0x10 -3 1,0x10 0,0 0 2 4 6 8 10 Vds(V) Figure IV.7 : Caractéristiques Ids-Vds d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=300K 155 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si -3 7,0x10 T=400K Vgs -1V -2V -3V -4V -5V -3 6,0x10 -3 5,0x10 Vgs -1V -2V -3V -4V -5V -3 Ids(A) 4,0x10 -3 3,0x10 -3 2,0x10 -3 1,0x10 0,0 0 2 4 6 8 10 Vds(V) Figure IV.8 : Caractéristiques Ids-Vds d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=400K -3 6,0x10 T=550K Vgs -1V -2V -3V -4V -5V -3 5,0x10 Vgs -1V -2V -3V -4V -5V -3 Ids(A) 4,0x10 -3 3,0x10 -3 2,0x10 -3 1,0x10 0,0 0 2 4 6 8 10 Vds(V) Figure IV.9 : Caractéristiques Ids-Vds d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=550K 156 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si Les résultats nous montrent que le courant de drain est maximum à basse température et qu’il ne dépasse pas 100mA. Les caractéristiques Ids-Vds en fonction de la température montrent un comportement anormal vis à vis de la température (figure IV.5, IV.7 et IV.8). En effet l’évolution du courant de drain en fonction de la tension de grille appliquée montre plusieurs effets parasites tels qu’un effet d’hystérésis lorsqu’on fait un aller-retour de la tension Vgs, un effet de dégradation de courant et un effet d’auto-échauffement. Les explications possibles de ces effets parasite ont déjà été reportées dans la partie A du chapitre III, relatif à l’étude des MESFETs 4H-SiC. Ces anomalies présentes dans les transistors HEMTs AlGaN/GaN/Si peuvent limiter leurs performances puisque ces composants sont destinés à des applications dans le domaine micro-ondes. IV.4.2.2 Caractéristiques de transferts Dans le but de suivre l’évolution de la tension de seuil en fonction de la température, nous traçons les caractéristiques Ids-Vgs-T. 0,010 0,008 Vds=10V VT=-2.94V T=100K Ids(A) 0,006 0,004 0,002 VT=-2.94V 0,000 -5 -4 -3 -2 -1 0 Vgs(V) Figure IV.10 : Caractéristique de transfert Ids-Vgs d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=100K 157 Chapitre IV 0,006 Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si Vds=10V VT=-2.4V T=300K 0,005 Ids(A) 0,004 0,003 0,002 VT=-2.4V 0,001 0,000 -5 -4 -3 -2 -1 0 Vgs(V) Figure IV.11 : Caractéristique de transfert Ids-Vgs d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=300K 0,005 0,004 Vds=10V VT=-2.5V T=550K Ids(A) 0,003 0,002 0,001 VT=-2.5V 0,000 -5 -4 -3 -2 -1 0 Vgs(V) Figure IV.12: Caractéristique de transfert Ids-Vgs d’un HEMT AlGaN/GaN sur silicium à T=550K 158 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si Les figures IV (10, 11,12) montrent un décalage de la tension de seuil vers les valeurs positives. Ceci peut être associé à l’activation des défauts profonds, présents dans la structure étudiée. Nous remarquons sur ces composants l’absence d’effet collapse qui se manifeste par la distorsion du réseau des caractéristique Ids-Vds, généralement observé sur les transistors à hétérojonctions. IV.4.2.3 Conclusion sur les caractéristique statiques D’une façon générale la présence de ces anomalies de fonctionnement sur les caractéristiques statiques et de transfert des HEMTs peut être corrélée à l’existence des pièges dans la bande interdite des couches épitaxiées constituant la structure ou résultants de défauts technologiques. La localisation physique des niveaux profonds permet de comprendre leur influence sur le fonctionnement du HEMT et d’autre part de trouver des solutions technologiques pour minimiser leurs effets. Les nombreuses techniques de caractérisation des niveaux profonds permettent de détecter les pièges dans un tel dispositif mais il est très difficile cependant de les localiser dans le volume. Pour pouvoir localiser les pièges dans la structure étudiée, des mesures de transitoire de courant en commutation de grille et de drain seront réalisés. IV.4.3 Caractérisation des pièges Des effets parasites indésirables viennent diminuer les performances statiques du HEMT AlGaN/GaN/Si. Une connaissance et une prise en compte de ces effets sont aujourd'hui indispensables lors de la conception de circuits micro-ondes. Il est important de souligner qu'une des principales barrières rencontrées lors de l'étude de ces défauts est la difficulté de leur mise en évidence et de leur prise en compte. La difficulté principale lors de la phase de caractérisation expérimentale est de pouvoir dissocier les différents pièges trouvés pour les appréhender indépendamment les uns des autres. 159 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si 1,005 T=140K T=190K T=95K T=240K T=340K T=290K T=390K 1,000 0,995 Ids/Idss 0,990 0,985 T=490K T=440K 0,980 0,975 0,970 T=520K 0,965 0,960 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Temps(ms) Figure IV.13: Evolution des transitoires de courant drain-source en fonction de la température pour un HEMT AlGaN/GaN sur substrat Si. Pour détecter et identifier les pièges profonds, nous avons réalisé des mesures de transitoires de courant drain-source en commutation de grille et de drain. Lors des mesures en commutation de grille, aucun transitoire n'a pu être observé et ce, malgré l'exploration d'une large gamme des paramètres de la mesure (Vp, Vr, Vds, tp). Nous présentons donc dans la suite les résultats obtenus en commutation de drain, c'est-à-dire lorsque la zone de déplétion s'étend plus en profondeur dans la structure. Les transistors HEMT AlGaN/GaN à substrat Si sont polarisés avec une tension maximale appliquée sur le drain de 4V, et la tension minimale est égale à 1V. La grille est polarisée à 2.25V. La durée de l'impulsion est fixée à 1000ms. Les mesures ont été réalisées dans la gamme de température 77K-520K. L’évolution des transitoires de courant représenté en figure IV.13 dans la gamme de température entre 95K-520K. Ici, seul un processus d’émission est observé. Chaque transitoire expérimental est alors traité pour extraire les constantes du temps associées au processus physique mise en jeu. Le spectre CDLTS correspondant (Figure IV.14.) met en 160 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si évidence quatre pics (C1, C2, C3, C4) en fonction de la température. Chacun de ces pics correspond à un piège qui contribue au transitoire de courant. Leurs signatures déterminées à partir des diagrammes d'Arrhenius (figure IV 15) sont reportées dans le tableau IV.2. 0,018 0,016 C1(Ea=0.836eV) Vds=1--4V Vgs=-2.25V C2(Ea=0506eV) Tp=1000ms C3(Ea=0.202eV) Signal CDLTS (u.a) 0,014 0,012 0,010 0,008 C4(Ea=0.076eV) 0,006 0,004 0,002 100 200 300 400 500 600 Température(K) Figure IV.14 : Spectre CDLTS enregistré pour le HEMT AlGaN/GaN/Si. Quatre niveaux profonds notés C1, C2, C3 et C4 sont mis en évidence. 161 Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si 2 Ln(T /en) Chapitre IV 9,4 9,2 9,0 8,8 8,6 8,4 8,2 8,0 7,8 7,6 7,4 7,2 7,0 6,8 6,6 6,4 6,2 6,0 5,8 C1(Ea=0.83eV) C2(Ea=0.504eV) C3(Ea=0.202eV) C4(Ea=0.075eV) 2 3 4 5 6 7 -1 1000/T(K ) Figure IV.15: Diagramme d’Arrhenius pour les défauts détectés en CDLTS avec une impulsion sur le drain. Parmi les défauts électriquement actifs déterminés ci-dessus, le piège noté C2 correspond à un défaut déjà observé dans la litérature. En effet, des mesures de spectroscopie de transitoire de capacité isotherme [Hacke’94], ont déjà permis d’observer ce défaut noté E2. Le défaut C2 n’est autre que E2 puisque les signatures de ces deux centres profonds se superposent. Des mesures de DLTS [Götz’94] ont permis d’observer ce défaut électriquement actif sur des diodes GaN. Mais jusqu'au aujourd’hui l’origine physique de ce défaut fait l’état de discussions de plusieurs équipse [Hacke’94, Götz’94, Hacke’96]. La littérature montre que la concentration ne change pas significativement avec une irradiation d'électrons ou une implantation d'azote [Haase’96]. Le défaut C3 apparaît avec une énergie d’activation de 0.20eV. Des mesures de DLTS isotherme sur des structures GaN [Hacke’96] ont déjà permis d’observer ce défaut mais avec une énergie d’activation de 0.26eV. Des mesures de DLTS [Götz’94] ont détecté ce défaut mais avec une énergie d’activation de 0.18eV. Les correspondances de diagramme d’Arrhenius Ea et σa nous permet de dire que ces trois défauts ont la même origine [Gassoumi’06]. Avec des mesures de CDLTS Marso [Marso’03] a détecté ce défaut 162 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si électriquement actif sur des HEMTs AlGaN/GaN/Si. Ce défaut est probablement localisé dans la région entre le canal et le gaz à deux dimensions 2DEG. L’origine du défaut C4 qui apparaît avec une énergie d’activation de 0.07eV et une section efficace de capture de l’ordre de 2.65×10-15cm2 n’est pas encore bien connue jusqu’à aujourd’hui. Néanmoins des mesures d’effet Hall réalisées par Z-Q. Fang [Fang’98] sur des structures GaN lui ont permis de détecter un défaut avec une énergie d’activation de 0.06eV. Il a attribué ce dernier à une lacune d’azote dans le GaN. Finalement pour ce qui concerne le défaut C1 qui apparaît à T=500K avec l’énergie d’activation de 0.832eV, à notre connaissance ce piège a été détecté uniquement dans ce travail [Gassoumi’06]. Son origine reste une question ouverte. Même si la nature microscopique exacte des niveaux C1 à C4 ne peut pas être établie, le point intéressant consiste en ce que nous pouvons conclure que ces niveaux sont tous localisés au-dessous de la couche supérieure AlGaN. En effet, dans le cas présent, des défauts dans la couche supérieure AlGaN et/ou à la surface, devraient avoir été observés lorsqu’on réalise des mesures de CDLTS avec impulsions sur la grille. Ici, les défauts sont observés uniquement lorsqu’on commande le drain, c'est-à-dire quand la couche tampon, le 2DEG et le canal sont sondés. Ils sont plus probablement placés dans la couche tampon ou à l'interface Si/AlN. Ceci est confirmé par le résultat de Marso et al [Marso’03] pour la localisation du défaut C3. Défauts Ea(eV) σa(cm2) C1 0.83 3.14 ×10-14 C2 0.50 2.57×10-15 C3 0.20 3.03×10-17 C4 0.07 2.65×10-15 Identification E2 Lacune N Tableau IV.2: les Signatures des pièges détectés dans des HEMT AlGaN/GaN sur substrat Si lors d’une impulsion sur le drain avec la CDLTS IV.5 Conclusion Dans ce chapitre notre objectif a été d’une part d’identifier les principales anomalies qui induisent les dysfonctionnements électriques d’un HEMT AlGaN/GaN sur substrat Si et 163 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si d’autre part de caractériser, identifier et localiser les défauts profonds responsable de ces anomalies. Les caractéristiques statiques Ids=f(Vds) montrent d’une part l’absence de l’effet de kink généralement observé dans les transistors à hétérojonction de type HEMT, et d’autre part l’absence de l’effet collapse. Cependant nous avons noté un shift de la tension de seuil entre la température 95K et 550K, un auto-échauffement et une dégradation du courant Ids. Ces anomalies sont corrélées à l’existence de centres profonds dans les structures étudiées. Dans le but de détecter les pièges dans la couche tampon et aux interfaces tampon/SI ou tampon/Canal des mesures de transitoire de courant drain-source en commutation de drain et de grille ont été réalisées. Par les mesures en commutation de grille et même avec des tensions proches de la tension de seuil nous n’avons observé aucun transitoire de courant. Avec les mesures de CDLTS en commutation de drain on a mis en évidence la présence de quatre pièges. Ces défauts profonds ne sont pas observés lors d’une impulsion sur la grille. Ils sont donc probablement localisés entre le substrat et le gaz à deux dimensions 2DEG. Finalement ce travail montre l'intérêt de la technique CDLTS pour la localisation de pièges dans la structure de HEMT et pour la corrélation avec les anomalies sur les caractéristiques électriques statiques de ces structures. 164 Chapitre IV Généralités et étude des défauts dans les HEMT AlGaN/GaN à substrat Si Références bibliographique du chapitre IV [Adelmann’02] Adelmann, H. C. Growth and Strain Relaxation mechanisms of Group III Nitride Heterostructures Thèse de Doctorat de l’Université Joseph Fourier – Grenoble 1 (2002). [Barjon’02] Barjon, J. Etude d’un laser UV compact à semiconducteurs (Al,Ga)N pompé par micropointes Thèse de Doctorat de l’Institut National Polytechnique de Grenoble (2002). [Bon’99] Bon, M., Scavennec, A., Transistors et circuits intégrés à hétérostructures III-V Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique, E 2 450, 1999. 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Pour les MESFETs SiC, il ne suffit pas de « bons » contacts ohmiques séparés par une « bonne » barrière Schottky pour faire un composant de puissance RF efficace et stable, mais aussi il faut un substrat sans défauts. Les phénomènes d’instabilité pour les composants de type MESFETs SiC et HEMTs GaN/AlGaN ne sont pas nouveaux dans le monde des Semiconducteurs. Les analogies sont nombreuses avec ce qui est rencontré pour les composants de puissance GaAs. Nous retrouvons également les problèmes liés à la passivation qui reste l’autre point de faiblesse des transistors MESFETs 4H-SiC et plus généralement pour des composants de puissance fonctionnant à haute tension. C’est dans ce cadre que nous avons présenté une étude menée sur des transistors MESFETs à base de SiC et HEMTs à base de GaN, destinés à des applications hyperfréquences. Nous avons observé pour les deux types de transistors des caractéristiques présentant des dérives importantes par rapport aux caractéristiques idéales. L'objectif de notre travail a été de comprendre l'origine de ces dysfonctionnements. Pour les transistors où les longueurs de grille sont de l’ordre de quelque micron, la capacité de grille est de quelque pF. Si l’émission et la capture des électrons induisent une variation de capacité de l’ordre de 10-3 Cg cette variation ne peut pas être détectée par la méthode DLTS capacitive. Les nombreuses techniques de caractérisation permettent de détecter les pièges dans un tel composant mais il est très difficile cependant, de les localiser dans le volume. La localisation physique des niveaux profonds permet d’une part de comprendre leurs influences sur le fonctionnement des transistors et d’autre part, de trouver des solutions technologiques pour minimiser les effets de pièges. Pour cela nous avons développé une technique de caractérisation des pièges au niveau des composants hyperfréquences telle que les MESFETs et les HEMTs à base des matériaux grand gap : la CDLTS. Son atout majeur est la localisation des pièges dans les transistors de faibles dimensions en régime de fonctionnement. En effet, pour les mesures en commutation de grille, la variation transitoire du courant drain source résulte de la modulation de la densité des pièges dans la zone de charge d'espace 168 Conclusion Générale associée à la grille. Pour des tensions inverses loin de la tension de seuil l'extension de la zone de charge d'espace s'étend dans le volume de la couche active. Pour des tensions inverses proches de la tension de seuil, les pièges activés sont localisés dans le volume de la couche active et à l'interface couche active - tampon. Lors des mesures en commutation de grille la zone désertée s'étend aussi latéralement dans les zones d'accès entre grille et source et grille et drain. Les états de surface lents induits par les procédés technologiques associés à la surface peuvent aussi être détectés. Pour des mesures en commutation de drain: les pièges activés sont préférentiellement localisés dans la couche tampon ou dans le substrat et aux interfaces associées. Dans le cas des MESFETs 4H-SiC différentes dérives ont été observées sur les caractéristiques de sortie (effet kink, auto-échauffement). La plus notable est l’effet d’hystérésis observé sur les caractéristiques Ids-Vds en fonction du sens de balayage de la tension de grille. L’étude des défauts profonds de la structure MESFETs 4H-SiC à substrat semi-isolant et une couche buffer P par la DLTS et CDLTS. Ces deux techniques montrent que les anomalies observées sur les caractéristiques de sortie et bien dues à la présence des centres profonds dans la structure. En effet la DLTS a permis de mettre en évidence un défaut noté E1 dont l’énergie d’activation et de 0.32eV ce défaut a été détecté par la suite par le CDLTS lors d’une impulsion sur la grille donc on peut affirmer que ce défaut et localisé dans le canal. La CDLTS sur les mêmes échantillons avec des impulsions sur la grille montre la présence de six pièges dont les énergies d'activation sont respectivement B1(1.01eV), B2(0.82eV), B3(0.61eV), B4(0.32eV), B5(0.16eV) et B6(0.09eV) ; ces défauts sont préférentiellement localisées dans le canal est aux interface associés. Canal/couche tampon ou/et canal/Substrat SI. Une proposition d'identification a été présentée. Les mesures de transitoires de courant drain-source en commutation de drain nous permettent de caractériser les couches profondes de la structure. En effet cette mesure montre l'apparition d'un niveau piège dont l'énergie d'activation est de 0.54eV localisé dans la couche buffer. Dans la deuxième partie de nos résultats expérimentaux nous avons mis en évidence les effets des états de surface sur des transistors MESFETs 4H-SiC dont la couche buffer est optimisée afin de prévenir l'injection de proteurs chauds vers le substrat. Ces états sont principalement localisés aux abords de la grille et des zones d'accès. La dernière partie de ce travail est consacré à l’étude d’une structure plus complexe, en concurrence le MESFET SiC : le HEMT AlGaN/GaN sur substrat silicium (Si). L’évolution des caractéristiques statiques en fonction de la température a permis de montrer l’absence d’effet collapse, l’absence d’effet de coude, la présence d’effet d’auto169 Conclusion Générale échauffement, effet d’hystérésis et un décalage de la tension de seuil. Ces anomalies sont potentiellement reliées à l’existence de défauts profonds dans la structure étudiée. Pour en juger, nous nous somme attachés à l’étude et surtout à la localisation des défauts profonds présents dans la structure. Les mesures de CDLTS en commutation de drain nous ont permis de détecter des pièges localisés à proximité de la couche tampon. Quatre pièges dont les énergies d’activations sont respectivement : Ea-0,07eV, Ea-0,20eV, Ea-0,5eV et Ea-0,83eV ont été observés. Ces défauts ne sont pas observés lors d’une impulsion sur la grille du HEMT GaN/Si, ils sont donc probablement localisés entre le substrat et le gaz à deux dimensions (2DEG). 170 Résumé RESUME La demande croissante de composants permettant d’opérer à de fortes puissances, à hautes fréquences et à hautes températures a conduit au développement de filières électroniques à base de semiconducteurs à large bande interdite tels que le nitrure de galium (GaN) et le carbure de silicium (SiC). Toutefois, la maîtrise encore imparfaite des matériaux en termes des défauts au sens large (impuretés, défauts cristallins) limite les performances des dispositifs à base de SiC et GaN. Dans ce travail de thèse nous nous sommes particulièrement intéressé à l’étude de deux dispositifs : les transistors MESFETs 4H-SiC et les HEMTs AlGaN/GaN/Si destinés à des applications hyperfréquences et puissance. L’étude des caractéristiques des sorties statiques de ces deux composants a révélé certains dysfonctionnements. Pour les MESFETs 4H-SiC, un effet d’hystérésis sur la conductance drain-source en fonction du sens de balayage de la tension de grille, un effet de kink et un décalage de la tension de seuil ont été mis en évidence. Une étude de défauts utilisant notamment la DLTS et la CDLTS, nous a permis de montrer que ces effets sont dus à la présence de défauts profonds dans la structure. Pour les HEMTs AlGaN/GaN sur substrat silicium (Si), un effet d’hystérésis, ainsi qu’un effet d’auto-échauffement ont été observés. Les mesures de CDLTS avec des impulsions sur le drain permis ont permis de mettre en évidence la présence de défauts étendus (dislocations) décorés par des pièges ponctuels. MOTS-CLES : Semiconducteurs à grand gap, Carbure de Silicium, Nitrure de Galium, Niveaux profonds, Pièges, MESFET, HEMT, DLTS, CDLTS. FOLIO ADMINISTRATIF THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE LYON NOM : GASSOUMI DATE de SOUTENANCE : 12 Juin 2006 (avec précision du nom de jeune fille, le cas échéant) Prénoms : Malek TITRE : Etude des défauts électriquement actifs dans les composants hyperfréquences de puissance dans les filières SiC et GaN. NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : 2006-ISAL-0029 Ecole doctorale : Matériaux Spécialité : Matière de Lyon condensée, Surfaces et Interfaces Cote B.I.U. - Lyon : T 50/210/19 / et bis CLASSE : RESUME : La demande croissante de composants permettant d’opérer à de fortes puissances, à hautes fréquences et à hautes températures a conduit au développement de filières électroniques à base de semiconducteurs à large bande interdite tels que le nitrure de galium (GaN) et le carbure de silicium (SiC). Toutefois, la maîtrise encore imparfaite des matériaux en termes des défauts au sens large (impuretés, défauts cristallins) limite les performances des dispositifs à base de SiC et GaN. Dans ce travail de thèse nous nous sommes particulièrement intéressé à l’étude de deux dispositifs : les transistors MESFETs 4H-SiC et les HEMTs AlGaN/GaN/Si destinés à des applications hyperfréquences et puissance. L’étude des caractéristiques des sorties statiques de ces deux composants a révélé certains dysfonctionnements. Pour les MESFETs 4H-SiC, un effet d’hystérésis sur la conductance drain-source en fonction du sens de balayage de la tension de grille, un effet de kink et un décalage de la tension de seuil ont été mis en évidence. Une étude de défauts utilisant notamment la DLTS et la CDLTS, nous a permis de montrer que ces effets sont dus à la présence de défauts profonds dans la structure. Pour les HEMTs AlGaN/GaN sur substrat silicium (Si), un effet d’hystérésis, ainsi qu’un effet d’autoéchauffement ont été observés. Les mesures de CDLTS avec des impulsions sur le drain permis ont permis de mettre en évidence la présence de défauts étendus (dislocations) décorés par des pièges ponctuels. MOTS-CLES : Semiconducteurs à grand gap, Carbure de Silicium, Nitrure de Galium, Niveaux profonds, Pièges, MESFET, HEMT, DLTS, CDLTS. Laboratoire (s) de recherche : Laboratoire de Physique de la Matière(LPM) Laboratore de Physique des Semiconducteurs et des Composants Electroniques (Monastir ; Tunisie) Directeurs de thèse: Gérard GUILLOT Hassen MAAREF Président de jury : Composition du jury : MM. -Habib BOUCHRIHA -Christophe GAQUIERE -Hassen MAAREF -Gérard GUILLOT -Larbi SFAXI -Jean-Marie BLUET Professeur Professeur Directeur de thèse Directeur de thèse Examinateur Examinateur