THESE Décembre 2007 Edition Impression Finale
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THESE Décembre 2007 Edition Impression Finale
THESE Présentée devant L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE TOULOUSE en vue de l’obtention du DOCTORAT Spécialité : Microbiologie et Biocatalyse industrielle par Olivier GUERRINI Ingénieur INSA Étude des relations structure-fonction de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase et Ingénierie métabolique de Clostridium acetobutylicum pour la production de Biohydrogène Soutenue le 16 novembre 2007 devant la commission d’examen : M. A. MAGALON M. JM. MOULIS M. N. LINDLEY M. B. GUIGLIARELLI M. L. BONIFACE Mme. L. GIRBAL M. SOUCAILLE Chargé de Recherche CNRS, Marseille Directeur de Recherche CEA, Grenoble Directeur de Recherche CNRS, Toulouse Professeur Université Aix-Marseille I Ingénieur ADEME, Angers Chargée de Recherche CNRS, INSA Toulouse Professeur, INSA Toulouse Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Invité Co-Directrice Directeur Thèse préparée au Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Biologiques et des Procédés, UMRCNRS 5504, UR-INRA du département de Génie biochimique de l’INSA de Toulouse. Nom : GUERRINI TITRE: Etude des Prénom : Olivier relations structure-fonction de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase et Ingénierie métabolique de Clostridium acetobutylicum pour la production de Biohydrogène Thèse de Doctorat, Spécialité : Microbiologie et Biocatalyse industrielle, soutenue le 16 novembre 2007 à l’INSA de Toulouse, 257 pages. N° d’ordre : 895 RESUME : La bactérie Clostridium acetobutylicum est l’un des meilleurs microorganismes producteurs d’hydrogène. Elle nécessite toutefois une amélioration de son rendement de conversion du glucose en hydrogène avant de pouvoir être utilisée dans un bioprocédé industriel économiquement viable. Il est possible de lever ce verrou métabolique en déviant une partie supplémentaire du flux électronique de la glycolyse vers la formation d’hydrogène par l’introduction dans le métabolisme central de la bactérie d’une Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase (GAPOR), une tungsto-enzyme atypique issue d’archaea hyperthermophiles. La création de cette nouvelle chaîne de transfert électronique implique l’interaction de trois protéines clés: la GAPOR; un transporteur d’électrons: la Ferrédoxine, et l’accepteur final responsable de la production d’hydrogène: l’Hydrogénase. Des améliorations significatives ont ainsi été apportées au système d’expression hétérologue de la GAPOR afin d’obtenir une enzyme stable et fonctionnelle. Le rôle essentiel de l’import du tungstène dans la cellule hôte a été souligné, ainsi que la synthèse et l’incorporation des différents cofacteurs dans la protéine. La ferrédoxine étant l’intermédiaire de cette nouvelle chaîne, il est indispensable qu’elle soit capable d’interagir efficacement avec la GAPOR mais également avec l’hydrogénase à fer native de C. acetobutylicum. Une analyse comparative des activités de réduction de plusieurs ferrédoxines clostridiales et d’archaea par l’hydrogénase a permis de confirmer la flexibilité naturelle de cette enzyme vis-à-vis de ce type de partenaire redox et de mettre en évidence la ferrédoxine CAC0303 comme étant potentiellement le meilleur candidat dans le cadre de l’approche d’ingénierie métabolique envisagée. L’influence des différents facteurs biochimiques et biophysiques qui gouvernent le transfert électronique lors de l’interaction entre ces deux protéines a été étudié et a notamment fait l’objet d’une discussion approfondie. MOTS CLES : hydrogène, biohydrogène, clostridium acetobutylicum, ingénierie métabolique, GAPOR, glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase, ferrédoxine, GAPDH. Cette thèse a été préparée au Laboratoire d'Ingénierie des Systèmes Biologiques et des Procédés (UMR CNRS 5504, UMR INRA 792) de l’l'INSA de Toulouse. 3 4 TITLE: Structure-fonction study of Glyceraldehyde 3-phosphate oxidoreductase and metabolic engineering of Clostridium acetobutylicum for Biohydrogen production. ABSTRACT: Clostridium acetobutylicum is one of the most efficient reported micro-organism for hydrogen production. However, it requires the improvement of its hydrogen production yield from glucose before being used in an industrial bioprocess economically attractive. It is possible to remove this metabolic restriction by diverting an additional part electronic flow of glycolysis to the formation of hydrogen by the introduction in the central metabolism a 3-phosphate Glyceraldehyde oxidoreductase (GAPOR), an atypical tungsto-enzyme present in some hyperthermophilic archea. The creation of this new electronic chain involves the interaction between three key proteins: a GAPOR, a specific electron carrier: Ferredoxin, and a Hydrogenase enzyme, the final electron acceptor and the catalyst of the hydrogen synthesis. Significant improvements have been achieved to the heterologous system expression of GAPOR in order to obtain a stable and a functional enzyme. The essential contribution of tungsten import into the host cell, cofactors synthesis and incorporation into the protein was demonstrated. The shuttle protein ferredoxin should be able to efficiently interact with both GAPOR and C. acetobutylicum hydrogenase. We have selected several ferredoxins naturally present in the in vivo surrounding of either GAPOR or hydrogenase, and compare their reduction rates by the C. acetobutylicum iron hydrogenase. Although the observed rates confirmed the natural substrate flexibility of iron hydrogenase, the ferredoxin CAC0303 was identified as a potential best partner than the others for the selected metabolic engineering strategy. The influence of different biochemical and biophysical factors that govern the electronic transfer between these two proteins has been particularly studied and discussed. KEY WORDS : hydrogen, biohydrogen, clostridium acetobutylicum, metabolic ingineering, GAPOR, glyceraldéhyde 3-phosphate oxydoreductase, ferredoxin, GAPDH. This work has been prepared in the biological engineering and process laboratory (UMR CNRS 5504, UMR INRA 792) in the INSA Toulouse. 5 6 « L'imprévisible est dans la nature même de l'entreprise scientifique. Si ce qu'on va trouver est vraiment nouveau, alors c'est par définition quelque chose d'inconnu à l'avance. » François Jacob Le jeu des possibles, 1981. 7 8 A mes chers parents, pour leur soutien et leur affection indéfectibles indéfectibles durant ces longues études, Je dédie tout particulièrement cette thèse à mon Père, pour m’avoir communiqué très tôt le goût des sciences et les fondements de l’esprit scientifique. 9 10 A Emmanuelle, Pour ta présence, présence, ta patience sans faille et pour avoir partagé chaque moment de ces quatre années de thèse avec moi. moi. 11 12 Remerciements Ma thèse se termine, c’est une page qui se tourne, j’aimerais ici trouver le ton juste pour remercier tous ceux qui m’ont formé, soutenu et qui ont croisé mon chemin tout au long de cette aventure. L’ensemble des travaux présentés dans ce mémoire a été réalisé au laboratoire d’ingénierie des systèmes biologiques et des procédés de l’INSA de Toulouse. Je tiens donc tout d’abord à remercier Mr. Nic LINDLEY, directeur du LISBP de m’avoir accueilli au sein de son laboratoire et de m’avoir fait l’honneur de présider mon jury de thèse. Je suis très sensible à l’honneur que m’ont fait Mr Jean-Marc MOULIS et Mr Axel MAGALON en acceptant d’être les rapporteurs de ce travail de thèse. Je les remercie vivement pour les échanges passionnants que nous avons eus le jour de la soutenance ainsi que pour la qualité de leurs remarques sur le manuscrit. Je remercie également le CNRS et l’ADEME pour avoir financé ce travail ainsi que son représentant Léonard BONIFACE pour avoir suivi cette thèse et participé au jury. Je remercie mon directeur de thèse Philippe SOUCAILLE pour m’avoir accueilli dans son équipe et pour m’avoir proposé cet ambitieux sujet de thèse. J’exprime toute ma gratitude à Laurence GIRBAL, ma co-directrice de thèse, pour sa contribution scientifique et technique sans laquelle il n’aurait pas été possible d’atteindre les objectifs de cette thèse de manière satisfaisante ainsi que pour ses qualités humaines si précieuses dans les moments difficiles inhérents à tout travail de recherche. Je vous remercie pour vos compétences, votre soutien et votre attention constants à mon égard. Je remercie le Professeur Bruno GUIGLIARELLI pour sa participation au jury et pour m’avoir accueilli dans son équipe durant ces quelques jours de collaboration. Je le remercie vivement pour avoir mis à ma disposition sans retenue les compétences scientifiques de ses équipes du BIP de Marseille. Je n’oublie pas de remercier Melle Bénédicte BURLAT pour sa générosité, ses compétences et pour tout ce qu’elle a pu m’apporter durant cette 13 collaboration scientifique fructueuse, ainsi que Christophe LEGER pour la qualité, la pertinence et l’originalité de son travail. Je remercie M. Jacques MEYER du CEA de Grenoble pour ses conseils et pour avoir suivi ce travail. J’ai une pensée toute particulière pour Claude MARANGES qui m’a suivi, soutenu et si bien conseillé durant mes années d’élève ingénieur et offert par la suite la possibilité d’assurer des travaux pratiques et dirigés, et ainsi connaître les plaisirs de l’enseignement, pour finalement y prendre goût. J’exprime toute ma gratitude aux Professeurs Pierre MONSAN et Frédéric BARRAS qui ont marqué mes études par la qualité de leurs enseignements et pour avoir contribué à entretenir la flamme de la recherche dans mon esprit. Je remercie également les personnes qui ont jalonné ma formation de chercheur et particulièrement M. Didier ZERBIB pour la qualité de son encadrement et pour tout ce qu’il a pu m’apprendre durant ces six mois de collaboration. Je le remercie également pour les discussions scientifiques nombreuses et passionnantes que nous avons eues ainsi que pour son professionnalisme et sa rigueur scientifique qui m’ont montré le chemin à suivre. J’espère que nous aurons un jour le plaisir de retravailler ensemble. Je n’oublie pas de remercier les personnes de l’équipe et du laboratoire qui ont contribué de près ou de loin à ce travail et dont certaines sont devenues des amis : Fabien, Stéphane, Florence, Marie, Maria, Clément, Mylène, Sophie, Julien, les Mathieu. La liste est encore longue, alors j’espère n’en oublier aucun : Alain, Christian, Peco, Valérie, Michel Rossignol, Isabelle A, Isabelle M, Marie-Ange, Adilia, Olivier, Hervé, Grégory, Vincent, Romain et Céline. Je remercie enfin M. Philippe MEUNIER pour sa confiance et pour son soutien durant ces longs mois de rédaction du manuscrit en parallèle de mes activités de recherche au sein du groupe Gaz de France. Je n’oublie pas mes nouveaux collaborateurs et amis pour le soutien et l’amitié qu’ils m’ont témoignés durant cette année de transition. 14 Table des Matières CHAPITRE I. Présentation du projet de Recherche .............. 28 1.Introduction........................................................................................... 28 2.Objectifs et programme scientifique ...................................................... 30 3.Objectifs et enjeux de la filière .............................................................. 32 CHAPITRE II. Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable ………………………………………………….36 1.Introduction........................................................................................... 36 2.Contexte et enjeux................................................................................. 36 2.1 Enjeux environnementaux ......................................................................37 2.2 Enjeux énergétiques ................................................................................38 3.Les procédés de production d’hydrogène............................................... 40 3.1 Statut de la production d’hydrogène dans le monde en 2006 ................40 3.2 Procédés de production conventionnels..................................................40 3.3 Procédés thermochimiques......................................................................41 3.4 Procédés biotechnologiques.....................................................................41 CHAPITRE III. Production d’hydrogène par Clostridium acetobutylicum ...................................................... 44 1.Présentation de la bactérie C. acetobutylicum........................................ 44 2.Physiologie de C. acetobutylicum.......................................................... 45 3.Voies et gènes du métabolisme primaire de C.acetobutylicum : ............ 45 3.1 La production des acides (acétate et butyrate).......................................47 3.2 La production des solvants......................................................................47 3.3 Métabolisme énergétique.........................................................................48 4.Ingénierie métabolique de C. acetobutylicum : ...................................... 51 5.Les hydrogénases : ................................................................................ 52 5.1 Rôle des hydrogénases.............................................................................52 5.2 Localisation des hydrogénases ................................................................53 5.3 Classification des hydrogénases ..............................................................54 5.4 Les hydrogénases à fer ............................................................................54 6.Les Ferrédoxines : ................................................................................. 68 CHAPITRE IV. La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène ............ 80 1.Généralités sur les tungstoenzymes : ..................................................... 80 2.Rôle Biologique du tungstène................................................................ 80 3.La famille des aldéhydes oxydoréductases ............................................ 82 3.1 Rôle physiologique et propriétés catalytiques ........................................84 3.2 Structure et mécanisme biochimique......................................................89 3.3 Données biophysiques : ...........................................................................94 3.4 Interaction des AOR avec leur partenaire physiologique : la Ferrédoxine .........................................................................................................95 4.Transport du tunsgtène et maturation des AOR : ................................... 97 4.1 Synthèse et régulation du cofacteur tungstoptérine ...............................98 4.2 Transport du tungstène ...........................................................................99 4.3 Spécificité du métal................................................................................102 CHAPITRE V. Matériel et Méthodes : .................................... 106 1.Souches et plasmides utilisés............................................................... 106 2.Conservation des souches d’E. coli ..................................................... 108 3.Conservation de C. acetobutylicum ..................................................... 108 4.Milieux de culture et conditions de croissance..................................... 108 16 4.1 C. acetobutylicum ...................................................................................108 4.2 Escherichia coli ......................................................................................110 5.Préparation des extraits cellulaires aérobie .......................................... 112 6.Préparation des extraits cellulaires anaérobie ...................................... 112 7.Techniques de génie génétique ............................................................ 113 7.1 Isolement et manipulation des acides nucléiques .................................113 7.2 Techniques d’analyse des acides nucléiques .........................................116 8.Techniques de purification des protéines ............................................. 121 8.1 Cassage cellulaire ..................................................................................121 8.2 Purification sur colonne échangeuse d’ions..........................................122 8.3 Purification par gel filtration ................................................................122 8.4 Purification d’affinité sur colonne Streptactin™ .................................122 8.5 Purification des Ferrédoxines ...............................................................123 9.Techniques de chimie de reconstitution............................................... 124 9.1 Protocole de reconstitution....................................................................125 10.Techniques analytiques ..................................................................... 125 10.1 Dosages du glycéraldéhyde 3-phosphate...............................................125 10.2 Dosages des activités enzymatiques.......................................................126 10.3 Analyses en gels SDS-PAGE des protéines ...........................................130 10.4 Western Blot des protéines....................................................................133 CHAPITRE VI. Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase ................................................... 138 1.Introduction......................................................................................... 138 2.Données de séquence et modélisation moléculaire de la GAPOR de M. jannaschii.......................................................................................... 139 3.Expression / Purification de la GAPOR de M. jannaschii.................... 146 3.1 Clonage du gène Mj gor .........................................................................146 3.2 Optimisation de l’expression hétérologue de la GAPOR .....................148 17 3.3 Optimisation et mise au point des conditions de purification de la GAPOR .............................................................................................................149 4.Caractérisation biochimique de la GAPOR ......................................... 154 4.1 Activité sur extraits bruts......................................................................154 4.2 Activité de l’enzyme purifiée.................................................................154 4.3 Discussion...............................................................................................158 5.Problématique de l’expression hétérologue ......................................... 160 5.1 Etude de l’activité inattendue « hydrogenase-like » de la GAPOR de M. jannaschii...........................................................................................................160 5.2 Expression/Purification de la GAPOR de P. furiosus chez C. acetobutylicum...............................................................................................164 5.3 Optimisation de l’insertion des cofacteurs dans la GAPOR ................166 5.4 Caractérisation de la GAPOR du mésophile Methanococcus maripaludis …………………………………………………………………………………..178 6.Discussion et conclusion ..................................................................... 185 CHAPITRE VII. Etude de l’interaction entre l’hydrogénase [FeFe] de C. acetobutylicum et les ferrédoxines : ………………………………………………...190 1.Introduction et objectifs de l’étude ...................................................... 190 2.Analyses bioinformatiques et choix des ferrédoxines .......................... 190 3.Production hétérologue des ferrédoxines CAC0303 / CAC3527 de C. acetobutylicum et Mjwt et Mj∆ de M. jannaschii.................................. 196 3.1 Constructions plasmidiques ..................................................................196 3.2 Production des ferrédoxines chez E. coli ..............................................197 3.3 Solubilisation des corps d’inclusion ......................................................202 3.4 Reconstitution des centres [4Fe-4S] ......................................................203 4.Analyses biophysiques des ferrédoxines reconstituées ........................ 210 4.2 Interprétation et discussion...................................................................222 18 5.Comparaison de l’interaction biochimique entre les ferrédoxines clostridiales et les ferrédoxines de M. jannaschii avec l’hydrogénase [FeFe] de C. acetobutylicum .............................................................................. 223 5.1 Analyse biochimique comparative de la réduction des ferrédoxines reconstituées de M. jannaschii et C.acetobutylicum par l’hydrogénase..........223 6.Discussion et conclusion ..................................................................... 231 CHAPITRE VIII. Conclusion et perspectives .............................. 234 CHAPITRE IX. Références Bibliographiques .......................... 242 CHAPITRE X. Annexes et Publications .................................. 257 19 Liste des illustrations Liste des illustrations Figure 1 : Chaîne métabolique responsable de la production d’hydrogène chez C. acetobutylicum....................29 Figure 2 : Comparaison des voies métaboliques de transformation du glycéraldéhyde 3 phosphate chez ...........30 Figure 3 : Insertion de la GAPOR en remplacement de la GAPDH dans le métabolisme de C. acetobutylicum..31 Figure 4: A. Concentration en CO2 sur terre de – 450000 ans à nos jours. ......................................................37 Figure 5 : Voies métaboliques et enzymes impliquées dans la conversion du pyruvate en acides et en solvants chez C. acetobutylicum (Dans le cas où les gènes codant pour ces enzymes ont été clonés et séquencés, le nom du gène est indiqué entre parenthèses). .................................................................................................................46 Figure 6 : Flux d’électrons en acidogenèse et en solvantogenèse. ........................................................................49 Figure 7 : Modèle de structure de l’hydrogénase à fer HydA1 de C. reinhardtii. .................................................56 Figure 8 : Structure cristallographique de l’hydrogénase à fer I monomérique de C. pasteurianum à 1,8Å de résolution (Peters et al., 1998). Les centres [Fe-S] sont représentés en jaune et vert...........................................57 Figure 9 : A. Site actif des [FeFe]-hydrogénases CpI et DdH de C. pasteurianum (Peters et al., 1998) B. Site actif de l’[FeFe]-hydrogénases de D. desulfuricans (Nicolet et al., 1999)............................................................58 Figure 10 : Trajectoire de la diffusion moléculaire des protons et de l’hydrogène dans la [FeFe]- hydrogénase I de C. pasteurianum (Cohen et al., 2005) et chemin de transfert des électrons en provenance des partenaires physiologiques : Ferrédoxine et Flavodoxine. .......................................................................................................60 Figure 11 : Trajectoires de la diffusion moléculaire simultanée de 1000 copies de O2 invisibles à partir du site actif de l’hydrogénase CpI (A) une superposition de toutes les positions de O2 et de leurs trajectoires sur 2.3 ns et (B) trajectoires instantanées de O2 après 20 ps (Cohen et al., 2005). ...............................................................61 Figure 12 : Complexe d’interaction obtenu par modélisation moléculaire numérique entre la structure de la ferrédoxine de C. acidurici (en noir) et l’hydrogénase de C. pasteurianum (en gris). ..........................................65 Figure 13 : Structure tridimensionnelle de la ferrédoxine CpI de C. pasteurianum (structure PDB : 1CLF) ......70 Figure 14 : Structure tridimensionnelle des différents types de centres [Fe-S] rencontrés dans les ferrédoxines. ...............................................................................................................................................................................71 Figure 15 : Alignement de séquence entre les ferrédoxines de C. pasteurianum, C. acidurici et P. asaccharolyticus. ...................................................................................................................................................72 Figure 16 : Représentation schématique des structures secondaires présentes dans les séquences en acides aminés des ferrédoxines 2x[4Fe-4S] de C. acidurici (A) et C. pasteurianum (B)..................................................73 Figure 17 : Spectre UV-visible de la ferredoxine 2x[4Fe-4S] de Clostridium thermoaceticum (Yang et al., 1977b). ...................................................................................................................................................................74 Figure 18 : Spectre RPE de la ferrédoxine de éx[4Fe-4S] de C. pasteurianum (Quinkal, 1995)..........................75 Figure 19 : Schéma décrivant le principe de lecture d’un voltampérogramme. L’exemple présenté est celui de la ferrédoxine de C. pasteurianum (Armstrong et al., 1997). ....................................................................................76 Figure 20 : Voltampérogrammes des ferrédoxines CpI de C. pasteurianum et la CvI de Chromatium vinosum (Kyritsis et al., 1998)..............................................................................................................................................77 Figure 21 : Famille des AOR représentée en Dendrogramme (liste non exhaustive)............................................83 Liste des illustrations Figure 22 : Couplage entre la synthèse d’hydrogène et la synthèse d’ATP chez P. furiosus. (Sapra et al., 2003) ...............................................................................................................................................................................86 Figure 23 : Structure cristallographique de l’AOR de P. furiosus : résolution 2,3 Å. ..........................................89 Figure 24 : A. Monomère d’une Ptérine avec ses deux fonctions dithiolène libres (entourées en orange). B. Tungstoptérine complète de type MPT présente chez les AOR, FOR et probablement chez la GAPOR. C. Visualisation 3D de la molécule de Tungstoptérine de type MPT. D. Centre [4Fe-4S]. .......................................90 Figure 25 : Structure d’un tétramère et d’une sous-unité de FOR de P. furiosus avec une résolution de 1,85Å et zoom sur une sous-unité avec ses cofacteurs : le centre [4Fe-4S] et la tunsgtoptérine.........................................91 Figure 26 : Alignement des séquences en acides aminés de la FOR et AOR de P. furiosus et de la FOR de Thermococcus littoralis. Les 3 domaines d’identité décroissante sont distingués par les encadrements. Les résidus impliqués dans la constitution du centre [4Fe-4S] sont encadrés et fléchés en bleu. Les résidus directement impliqués dans le site actif à proximité du W sont encadrés et fléchés en noir. Les résidus en interaction avec la bis-ptérine sont encadrés en vert.............................................................................................93 Figure 27 : Modélisation de la cavité du site actif de la FOR de P. furiosus ........................................................94 Figure 28 : Signal RPE caractéristique du W de la GAPOR de P. furiosus. (Van der Oost, 1998)......................95 Figure 29 : Structure du complexe FOR-Ferrédoxine de P. furiosus à une résolution de 2,15 Å.........................96 Figure 30 : Voie de synthèse de la ptérine et d’importation du Mo chez E. coli (source : Vergnes, 2004)...........98 Figure 31 : Opéron tup et moeA d’Eubacterium acidaminophilum dédié à l’import du W et à son l’incorporation. ....................................................................................................................................................100 Figure 32: Organismes contenant une séquence génomique putative de la famille des AOR (Bevers, 2006).....101 Figure 33 : Affinité des systèmes Wtp, Tup et Mod pour le W / Mo (Source Bervers, 2006)...............................102 Figure 34 : Dosage biochimique du GAP à la GAPDH. .....................................................................................126 Figure 35 : Dendrogramme des séquences protéiques du groupe des GAPOR à l’AOR et la FOR de P. furiosus. .............................................................................................................................................................................139 Figure 36 : Alignement de séquences entre la GAPOR de M. jannaschii (G Mj), et les GAPOR de P. furiosus (G Pf), P. abyssi (G Pa) et P. horikoshi (G Ph). (algorithme d’alignement multiples et matrice Blosum62). Les résidus présumés comme impliqués dans la constitution du centre [4Fe-4S] sont encadrés en bleu. Les résidus directement impliqués dans le site actif à proximité du W sont encadrés et fléchés en fuchsia. Les résidus en interaction avec la bis-ptérine sont encadrés en vert...........................................................................................140 Figure 37 : Alignement de séquences entre la GAPOR de M. jannaschii et l’AOR et la FOR de P. furiosus. ....142 Figure 38 : Modèle de la GAPOR de M. jannaschii obtenu par « Homology modeling » à partir des structures de l’AOR et de la FOR de P. furiosus sur une station Silicon Graphics et à l’aide du logiciel Dyscovery d’Accelrys. (4400 itérations de minimisation de l’énergie de Gibbs). A. Représentation des structures secondaires prédites. B. Représentation des trois domaines. C. Visualisation du domaine n°III et du positionnement des cofacteurs. ............................................................................................................................143 Figure 39 : Modélisation de la GAPOR de M. jannaschii : A. modélisation de la surface de la protéine au niveau du domaine n°III et de l’entrée du canal de communication au site actif (flèche jaune). B. modélisation des cavités internes à la protéine. C. et D. Zoom sur la cavité interne du site actif de la GAPOR de M. jannaschii et sur l’espace occupé par les cofacteurs biochimiques : W-ptérine et centre [4Fe-4S].........................................145 22 Liste des illustrations Figure 40 : Plan de clonage de la GAPOR de M. jannaschii dans le vecteur d’expression navette pPHCtag ...147 Figure 41 : Gel SDS-PAGE de contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR par le système StrepTag II., .........................................................................................................................................................150 Figure 42 : Contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR via le vecteur pPHMjGAPORCtag chez C. acetobutylicum. Gels SDS-PAGE 12 %...........................................................................................................151 Figure 43 : Contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR via le vecteur pTRC99AMjGAPORCtag chez E. col DH5α (Codon-plus). Gels SDS-PAGE 12 %, ....................................................................................153 Figure 44 : Gels natifs d’une fraction d’élution purifiée de la Mj GAPOR produite chez E. coli (BL21, pTRC99AGAPORCtag) et chez C. acetobutylicum ATCC 824 (pPHMjGAPORCtag). A : révélation au bleu de coomassie. B : révélation de l’activité de réduction du benzyl viologène, la bande est difficilement visible sur une photo numérique elle est donc signalée par une flèche........................................................................................161 Figure 45 : Western-Blot : expression/purification de la GAPOR de P. furiosus. Marqueur : précoloré SDSPAGE Fermentas™ , révélation par de la streptactin-HRP conjugated (IBA™). Piste S : surnageant de cassage. Pistes E2 – E3 : Fractions d’élution. La bande correspondant à la GAPOR est signalée par une flèche noire. 165 Figure 46 : Modélisation moléculaire tridimensionnelle de la Bis W-ptérine : A : Forme MGD B : Forme MPT .............................................................................................................................................................................171 Figure 47 : Etude bioinformatique des gènes de synthèse de la ptérine chez C. acetobutylicum. .......................173 Figure 48 : Spectre de détection en MALDI-TOF d’un échantillon de Mj GAPOR purifiée...............................175 Figure 49 : Contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR via le vecteur pTRC99AMjGAPORCtag chez E. coli T5 (hypF- mobab-, Codon-plus) . Gels SDS-PAGE 12 %,.................................................................181 Figure 50 : Spectre en résonnance paramagnétique électronique du centre [4Fe-4S] de la GAPOR de M. maripaludis. (Etat réduit). ..............................................................................................................................184 Figure 51 : Alignement des 4 séquences de ferrédoxines annotées dans le génome de M. jannaschii. ...............191 Figure 52 : Alignement de la ferrédoxine de M. jannaschii 0722 avec la ferrédoxine de C. pasteurianum........192 Figure 53 : Alignement des 5 séquences de ferrédoxines décelées dans le génome de C. acetobutylicum avec la ferrédoxine de C. pasteurianum...........................................................................................................................193 Figure 54 : Alignement des ferrédoxines retenues pour cette étude. ...................................................................195 Figure 55 : Carte du vecteur d’expression retenu pour l’expression de la ferrédoxine Mjwt. .............................197 Figure 56 : Expression de la ferrédoxine Mjwt chez E. coli BL21 (DE3) (pCodon-plus).....................................198 Figure 57 : Purification par chromatographie d’affinité de la ferrédoxine CAC0303 chez E. coli BL21 (DE3) (pCodonplus)........................................................................................................................................................199 Figure 58 : Expression de la ferrédoxine CAC3527 chez E. coli BL21 (DE3) (pCodon-plus). ...........................201 Figure 59 : Resolubilisation de la ferrédoxine de Mjwt........................................................................................203 Figure 60 : Dernières étapes de resolubilisation, dialyse et purification par chromatographie d’affinité de la ferrédoxine Mjwt ...................................................................................................................................................205 Figure 61 : Gels de comparaison des différentes ferrédoxines reconstituées et purifiées au cours de cette étude. .............................................................................................................................................................................206 Figure 62 : Spectre d’absorption des ferrédoxines Mjwt (courbe rouge) et Mj∆ (courbe noire). .........................207 23 Liste des illustrations Figure 63 : Exemple de titration potentiométrique de la ferrédoxine de Mjwt A : Evolution du spectre d’absorption de la solution de ferrédoxine pendant la réduction des centres [4Fe-4S] et suivi de l’absorbance à 420nm B : Courbe de suivi du potentiel d’oxydoréduction de la solution de ferrédoxine (fonction de type Nersnt). ................................................................................................................................................................211 Figure 64: Spectres RPE des échantillons de ferrédoxines A : CAC0303 B : CAC3527. Conditions : Température 10 K , Fréquence micro-ondes 9 Ghz, Puissance micro-ondes Mw 1 mW. ....................................212 Figure 65 : Spectres RPE des échantillons de ferrédoxines A : Mjwt B : Mj∆. Conditions RPE : 10 K , X Band 9 Ghz, Mw 1 mW. ....................................................................................................................................................214 Figure 66 : Récapitulatif et mise à l’échelle des spectres RPE (état réduit maximal) des ferrédoxines utilisées au cours de cette étude..............................................................................................................................................215 Figure 67 : Voltampérogrammes obtenus sur des échantillons de ferrédoxine CAC0303 et effet de la variation du pH....................................................................................................................................................................217 Figure 68 : Voltampérogrammes obtenus sur des échantillons de ferrédoxine CAC3527 et effet de la variation du pH....................................................................................................................................................................218 Figure 69 : Voltampérogrammes obtenus sur des échantillons de ferrédoxines Mjwt (A) et Mj∆ (B)...................219 Figure 70 : Contrôle de purification de l’hydrogénase HydA de C. acetobutylicum...........................................224 Figure 71 : Graphe de comparaison des activités spécifiques de réduction des ferrédoxines par l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum à différents pH..............................................................................................................225 Figure 72 : Schéma résumant l’ensemble les différentes situations de charge globale de chacune des ferrédoxines testées au cours de cette étude. .......................................................................................................227 Figure 73 : Graphe de comparaison des activités spécifiques de réduction des ferrédoxines à pH 6.6 et 9.6. ...228 Figure 74 : Graphe de comparaison du gain d’activité spécifique pour chaque ferrédoxine par le passage d’un pH de 6.6 à 9.6 lors de la réduction des ferrédoxines par l’hydrogénase. Le gain d’activité est exprimé en pourcentage par rapport à l’activité à pH 9.6 (100%). .......................................................................................229 24 Liste des tableaux Liste des Tableaux Tableau 1: Réserves des combustibles fossiles actuellement exploitées, en regard de la consommation (en milliards de tonnes équivalent-pétrole, ou Gigatep). Source : Association Française pour l’Hydrogène (AFH2)39 Tableau 2 : Inactivations de gènes réalisés chez C. acetobutylicum. ....................................................................51 Tableau 3 : Activités spécifiques de la [FeFe]-hydrogénase HydA de C. acetobutylicum ATCC824. ..................66 Tableau 4 : Propriétés moléculaires des tungstoenzymes caractérisées................................................................80 Tableau 5 : Distribution du W et du Mo dans différents biotopes terrestres (source : Kletzin and Adams, 1996). ...............................................................................................................................................................................82 Tableau 6 : Souches utilisées au cours de cette étude..........................................................................................106 Tableau 7 : Plasmides utilisés lors de cette étude................................................................................................108 Tableau 8 : Oligonucléotides utilisés au court de cette étude..............................................................................120 Tableau 9: Dosage par ICPMS du W et du Mo contenu dans les échantillons de GAPOR de M. jannaschii purifiée et produite chez E. coli T5 (hypF– mobab –, Codon-plus, pTRC99AMjGAPORCtag) et C. acetobutylicum. ....................................................................................................................................................169 Tableau 10 : Dosage par ICPMS du Fer contenu dans les échantillons de GAPOR de M. jannaschii purifiée et produite chez E. coli T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus) et C. acetobutylicum, avec 1 mM de W. ..........................................................................................................................................................177 Tableau 11 : Mesure des absorbances à 280 nm et 390 nm des échantillons de GAPOR purifiés. .....................178 Tableau 12 : Tableau récapitulatif des principales AOR mises en évidence dans les banques de données internationales. ....................................................................................................................................................179 Tableau 13 : Comparaison de séquences protéiques entre la GAPOR de M. maripaludis et les GAPOR de M. jannaschii et P. furiosus..................................................................................................................................180 Tableau 14 : Dosage par ICPMS du W et du Mo contenu dans les échantillons de GAPOR de M. maripaludis et M. jannaschii purifiées et produites chez E. coli T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus). .............................................................................................................................................................................182 Tableau 15 : Dosage par ICPMS du Fer contenu dans des échantillons de GAPOR de M. maripaludis et de M. jannaschii purifiées et produites chez E. coli T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus) et mesure de l’absorbance à 280 nm et 390 nm.......................................................................................................183 Tableau 16 : Caractéristiques principales des ferrédoxines de C.acetobutylicum, de M. jannaschii et de plusieurs microorganismes classées selon leur degré d’homologie avec la ferrédoxine CAC0303. ...................194 Tableau 17 : Analyse de la dénaturation à haute température des ferrédoxines de M. jannaschii reconstituées par suivi de l’absorbance à 390nm. .....................................................................................................................208 Tableau 18 : Récapitulatif des résultats de la purification/reconstitution des ferrédoxines utilisées au cours de cette étude : Mjwt, Mj∆ et CAC3527 et CAC0303. ................................................................................................210 wt ∆ Tableau 19 : Potentiels d’oxydoréduction mesurés par titrage optique des ferrédoxines Mj et Mj reconstituées. .............................................................................................................................................................................211 Liste des tableaux Tableau 20 : Dosage élémentaire par ICPMS du Fe contenu dans les échantillons de ferrédoxines Mjwt, Mj∆, CAC3527 et CAC0303. ........................................................................................................................................221 Tableau 21 : Comparaison des activités spécifiques de réduction des ferrédoxines par l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum à pH 6.6..................................................................................................................................224 26 Chapitre I Présentation du projet de Recherche Chapitre I Présentation du projet de recherche Chapitre I Présentation du projet de Recherche 1. Introduction L’hydrogène est devenu l’une des alternatives à l’exploitation des sources d’énergies fossiles parmi les plus prometteuses. La quasi totalité de l’hydrogène produit sur Terre actuellement est généré par reformage de gaz naturel. Toutefois, l’appauvrissement prochain des ressources pétrolières et gazières mondiales et la problématique grandissante de l’effet de serre nécessitent de découvrir des voies de production alternatives viables et compatibles avec un développement durable des activités humaines sur la planète. La production par voie biologique d’hydrogène s’annonce comme l’une des solutions présentant un fort potentiel. Cette approche biologique, propose de très nombreux modes de production, dont la plupart sont actuellement difficiles à mettre en œuvre à l’échelle industrielle. Le micro-organisme idéal pour la production industrielle de bio-hydrogène doit satisfaire à plusieurs exigences : il doit être capable de croître sur des substrats peu onéreux et doit produire d’importantes quantités d’H2 par un procédé robuste et simple à mettre en œuvre. Clostridium acetobutylicum est, à ce jour, l’une des bactéries organochimiohétérotrophe productrice d’H2 des plus performantes puisqu’elle peut générer, en chémostat, jusqu’à 27,5 mmoles d’H2 par gramme de cellule et par heure, soit une production de 2,4 litres d’H2 par litre de fermenteur et par heure (Claassen et al., 1999; Soni et al., 1987). C’est une bactérie anaérobie qui tire son énergie de la dégradation de substrats carbonés (Desvaux et al., 2001a; Desvaux et al., 2001b; Desvaux & Petitdemange, 2001; Mitchell, 1998). Elle possède un catabolisme très efficace, ainsi que les gènes codant pour l’équipement enzymatique nécessaire à la dégradation de l’amidon, des peptides et des hémicelluloses en glucides incorporables (Desvaux et al., 2000; Desvaux et al., 2001b; Nolling et al., 2001; Sabathe et al., 2002). Elle se révèle donc parfaitement capable de se développer sur des substrats complexes de faible coût industriel tels que certains rejets organiques de l’industrie agro-alimentaire 28 Chapitre I Présentation du projet de recherche (mélasses issues de l’industrie sucrière, déchets organiques…). Elle croît dans une gamme de températures de 25 à 41°C avec un optimum à 35°C. La forte productivité en hydrogène de C. acetobutylicum est associée à un rendement de seulement 2 moles d’H2 produit par mole d’hexose catabolisé (Mitchell, 1998). Afin de pouvoir utiliser C. acetobutylicum dans un bioprocédé de production d’hydrogène industriellement rentable, il est nécessaire de doubler ce rendement afin d’approcher son rendement maximal théorique de 4 moles d’H2 par mole d’hexose consommé (Benemann, 1996; Lay, 2001). Dans l’optique d’atteindre un tel rendement de conversion, il est nécessaire de dévier le flux d’électrons glycolytique vers la chaîne métabolique menant à la formation de l’hydrogène chez C. acetobutylicum (figure 1). NADH (2) (3) NAD(P)H (1) (2) NAD(P)+ (3) Ethanol Butanol Butyrate Acetone Acetate Figure 1 : Chaîne métabolique responsable de la production d’hydrogène chez C. acetobutylicum. (1) Pyruvate ferrédoxine oxydoréductase (3) NAD(P)H ferrédoxine oxydoréductase (2) Hydrogénase 29 Chapitre I Présentation du projet de recherche Cette chaîne s’articule principalement autour de deux enzymes clé. La pyruvate ferrédoxine oxydoréductase (PFOR) qui est l’enzyme principalement responsable de la réduction d’un cofacteur appelé la ferrédoxine. Cette ferrédoxine réduite est ensuite utilisée par la seconde enzyme, l’hydrogénase, afin de former de l’hydrogène. 2. Objectifs et programme scientifique Le projet, dans le lequel ce travail de thèse s’inscrit, a pour objectif de doubler le rendement de production d’hydrogène de C. acetobutylicum en introduisant dans son métabolisme naturel une nouvelle étape de réduction additionnelle de la ferrédoxine. L’étape de réduction du NAD+ de la glycolyse (catalysée par la GAPDH : glycéraldéhyde 3-phosphate déshydrogénase, (figures 2 et 3) pourrait être remplacée par une étape de réduction de la ferrédoxine. L’un des buts de ce projet de thèse est de substituer la GAPDH par une Glycéraldéhyde ferrédoxine 3-phosphate oxydoréductase ou GAPOR capable d’utiliser la ferrédoxine (Fd) comme cofacteur à la place du NAD+ (figure 2). La GAPOR fonctionne dans le sens de la glycolyse et remplace les réactions catalysées à la fois par la GAPDH et par la Phosphoglycérate kinase (PGK ; EC 2.7.2.3) dans la glycolyse standard. Voie d’Embden -Meyerhof : Glycolyse standard Methanococcus. Jannaschii, Pyrococcus furiosus… C. acetobutylicum Glycéraldéhyde 3 Phosphate NAD Glycéraldéhyde 3 Phosphate Pi Fd GAPDH GAPOR NADH 1.3 bisphosphoglycérate FdH 2 ADP 3 phosphoglycérate PGK ATP 3 phosphoglycérate Figure 2 : Comparaison des voies métaboliques de transformation du glycéraldéhyde 3 phosphate chez M. jannaschii et P. .furiosus vis-à-vis de la glycolyse standard. 30 Chapitre I Présentation du projet de recherche La GAPOR est une enzyme atypique possédant un cofacteur tungstoptérine et un centre [4Fe-4S]. Elle a initialement été isolée et caractérisée chez l’archaeon hyperthermophile Pyrococcus furiosus. Notre choix s’est porté dans un premier temps sur la GAPOR de l’archaeon Methanococcus jannaschii car c’est à ce jour le microorganisme possédant une GAPOR qui présente la plage de température de croissance la plus basse de 48°C à 90°C (contre 75 à 105°C pour P. furiosus). Cet argument est déterminant dans le cadre d’une approche d’ingénierie métabolique où l’enzyme d’intérêt sera insérée et devra être fonctionnelle chez un hôte mésophile. Figure 3 : Insertion de la GAPOR en remplacement de la GAPDH dans le métabolisme de C. acetobutylicum. 31 Chapitre I Présentation du projet de recherche L’optimisation et la stabilisation du nouveau système enzymatique en interaction avec des nouveaux partenaires issus de son nouvel hôte permettront l’augmentation du flux d’électrons vers la synthèse de ferrédoxine réduite et donc en direction de l’hydrogénase, ce qui procurera, en théorie, un gain net de 2 moles d’H2 par mole d’hexose consommée (figure 3). La seconde partie de ce travail porte sur l’optimisation de l’interaction entre les trois partenaires du système : la GAPOR, la ferrédoxine et l’hydrogénase. En effet, la ferrédoxine étant l’intermédiaire dans cette nouvelle chaine de transport des électrons il est nécessaire qu’elle soit capable d’interagir efficacement à la fois avec la GAPOR mais aussi avec l’hydrogénase native de C. acetobutylicum. Nous avons donc également entrepris une étude biochimique visant à déterminer les paramètres qui gouvernent de manièrent prépondérante le transfert d’électrons lors de l’interaction entre l’hydrogénase de C. acetobutylicum et la ferrédoxine, à travers une étude impliquant plusieurs ferrédoxines de provenances différentes. L’un des objectifs étant de déterminer quelle serait la meilleure ferrédoxine dans une optique d’ingénierie métabolique de C. acetobutylicum, afin d’optimiser la déviation du flux électronique de la GAPOR vers l’hydrogénase. L’implémentation métabolique d’un système biochimiquement optimisé par une approche appliquée d’ingénierie génétique de C. acetobutylicum devrait permettre d’atteindre le rendement de conversion du glucose en hydrogène de 4 moles d’H2 produites par mole d’hexose consommé. Ce travail constitue une étape préalable nécessaire au développement à l’échelle industrielle d’une solution de production d’hydrogène économiquement compétitive. Le travail présenté dans ce mémoire traite de la démarche scientifique et de différents aspects conceptuels et techniques relatifs à sa réalisation. 3. Objectifs et enjeux de la filière La mise au point d’une souche de C. acetobutylicum au rendement de production d’hydrogène amélioré représente une étape importante vers la mise au point d’un organisme producteur d’hydrogène optimal. L’approche scientifique suivie dans le cadre de cette étude constitue également une véritable avancée. En effet, l’ingénierie métabolique d’une souche mésophile par insertion d’une enzyme provenant d’un organisme très éloigné dans la 32 Chapitre I Présentation du projet de recherche phylogénie du vivant (avec un archaeon hyperthermophile puis mésophile) soulève une problématique scientifique délicate mais aussi particulièrement captivante. Approfondir la compréhension biochimique de ces enzymes atypiques catalysant deux réactions bien connues de la glycolyse mais montrant une séquence et un mécanisme catalytique complètement différents des classiques GAPDH + PGK, présente un intérêt fondamental certain. L’existence présumée d’un cofacteur rare de type tungstoptérine au sein du site actif de la GAPOR renforce l’originalité et l’intérêt scientifique de ce travail de thèse. Il a été ainsi nécessaire de recourir à un large éventail de techniques biochimiques et biophysiques, notamment au travers d’une collaboration avec l’équipe du Professeur Bruno Guigliarelli du laboratoire de Bioénergétique et d’ingénierie des protéines1 du CNRS de Marseille afin de pouvoir aborder ce sujet dans son ensemble. L’étude de l’hydrogénase de C. acetobutylicum et de son comportement dans ce contexte d’ingénierie métabolique offre également un intérêt fondamental. Les hydrogénases à fer clostridiales ont en effet la particularité d’être parmi les enzymes les plus efficaces découvertes à ce jour pour la production d’hydrogène. Elles font actuellement l’objet de nombreux travaux et présentent un intérêt industriel à moyen et long termes pour la constitution de catalyseurs biomimétiques à haut rendement et à bas coût. 1 http://bip.cnrs-mrs.fr/ - UPR9036 Du CNRS Institut de Biologie Structurale et De Microbiologie (IFR88) 31 chemin Joseph Aiguier 13402 Marseille Cedex 33 Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable 1. Introduction La production microbiologique d’hydrogène est un phénomène naturel connu et présent chez de nombreux micro-organismes anaérobes, micro-aérophiles et photosynthétiques capables de produire de l’hydrogène et divers métabolites à partir de substrats organiques, ou bien à partir de dioxyde de carbone et de lumière. Malgré la richesse des solutions de production biologiques à notre disposition, aucune n’est suffisamment mature pour être utilisée à l’échelle industrielle. En effet, l’hydrogène est actuellement très majoritairement produit à partir de ressources fossiles telles que le gaz naturel, le charbon et le naphta. Bien qu’efficace et économiquement intéressant, ce mode de production présente le désavantage d’être basé sur des ressources non renouvelables et pose la question de l’implémentation de l’hydrogène comme vecteur d’énergie durable. Ce chapitre présente le contexte actuel et prospectif du marché mondial de l’hydrogèneénergie et fait un état de l’art sur les technologies de production dédiées. 2. Contexte et enjeux L’hydrogène est passé depuis quelques années du statut de composé chimique industriel intermédiaire à celui de vecteur énergétique d’avenir. Cet élément, ainsi que d’autres composés tels que l’éthanol et les esters d’huiles, sont entrés dans les politiques énergétiques de recherche et de développement durable de nombreux pays industrialisés tels que les EtatsUnis, les pays européens et le Japon. L’émergence de ce nouveau vecteur énergétique est dûe à une mutation sans précédent du contexte économique et écologique mondial lié aux modes de consommation de l’énergie dans nos sociétés. Le présent chapitre a ainsi pour objet de poser les bases du contexte énergétique mondial actuel et les futurs enjeux environnementaux et économiques associés à l’hydrogène-énergie. 36 Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable 2.1 Enjeux environnementaux Le contexte énergétique mondial a considérablement évolué ces dernières années avec l’annonce d’une prochaine raréfaction des ressources fossiles et les premiers effets du réchauffement climatique. Les premières perturbations climatiques ainsi que les nombreuses études scientifiques publiées ces dernières années ont progressivement amené l’humanité à une prise de conscience collective sur la problématique de notre futur énergétique et du développement durable de nos sociétés. Les experts du Groupement International sur l’Evolution du Climat2 (GIEC) s’accordent aujourd’hui, sur le fait que les gaz à effet de serre, et notamment le dioxyde de carbone (CO2) produits par les activités humaines sont la cause principale des désordres climatiques auxquels nous commençons à assister. En effet, les dernières statistiques publiées sur le réchauffement global montrent que la teneur en CO2, dans l’atmosphère est passée de 285 ppm en 1885 (ère pré-industrielle) à 379 ppm en 2004 (figure 4.A.), principalement à cause du recours croissant et massif à la combustion de carburants fossiles comme source d’énergie dans les sociétés industrialisées (figure 4.B.). A B Figure 4: A. Concentration en CO2 sur terre de – 450000 ans à nos jours. B. Estimations du dégagement en CO2 lié aux activités humaines. Source IEA Les prévisions en 2030 montrent une augmentation inéluctable de la concentration en CO2 dans l’atmosphère allant jusqu’à 700 ppm si l’évolution des activités humaines suit un 2 http://www.ipcc.ch/ 37 Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable degré de croissance constant. Les climatologues prédisent qu’une telle concentration en CO2 dans l’atmosphère conduirait à des changements majeurs du climat, mettant en péril la survie de l’humanité dans certaines zones du monde. Devant un tel constat, les instances gouvernementales internationales (ONU) ont décidé de prendre des mesures afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de promouvoir l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables. Ces mesures se sont concrétisées en 1998 par le protocole de Kyoto ratifié par 156 pays avec pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique terrestre. Les pays signataires, dont la France, se sont collectivement engagés à publier des inventaires de leurs émissions et à réduire leurs émissions de CO2 de 5,2% avant 2012. Plusieurs programmes nationaux ambitieux ont également été lancés afin de réduire les émissions globales de CO2 et de promouvoir les énergies renouvelables telles que l’énergie éolienne, le solaire, la géothermie, les biocarburants et l’hydrogène (ex : le Programme national de lutte contre le changement climatique et le Programme national de recherche sur les Bioénergies : PNRB). L’objectif est de substituer le plus rapidement possible à l’utilisation des combustibles fossiles des sources d’énergie renouvelables non génératrices de gaz à effet de serre. 2.2 Enjeux énergétiques 2.2.1 Raréfaction des ressources fossiles A cette préoccupation environnementale, il faut ajouter celle posée par le niveau des réserves mondiales de combustibles fossiles. Bien qu’ils soient présents sur Terre en grande quantité, les hydrocarbures fossiles sont une ressource épuisable. En ce qui concerne le pétrole, le rapport réserves/consommation a baissé pour la première fois passant de 48 années fin 1991, à 40,5 années à la fin 20043 (tableau 1, page suivante). Les statistiques concernant le gaz naturel semblent suivre la même tendance, bien qu’il reste sans doute une grande quantité de gisements inconnus. Seul le charbon semble échapper à court terme à cette perspective 3 Energy Handbook 2005, CEA (France) 38 Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable d’épuisement puisque les réserves terrestres dépassent à ce jour plus de 200 ans de consommation annuelle mondiale en énergie. Charbon Pétrole Gaz naturel Réserves (Gtep) Réserves prouvées 2004 (Gtep – milliards de GJ) (/consommation 2004 (années) 2,8 3,9 2,4 ≈ 600 ≈ 140 ≈ 140 2044 40,5 66,7 Approvisionnement Type de combustible total mondial 2000 Tableau 1: Réserves des combustibles fossiles actuellement exploitées, en regard de la consommation (en milliards de tonnes équivalent-pétrole, ou Gigatep). Source : Association Française pour l’Hydrogène (AFH2) Une des conséquences de la raréfaction des ressources est la difficulté croissante à accéder à de nouveaux gisements. Ces difficultés se répercutent sur les coûts d’exploitation et sur le prix du baril de pétrole qui ne cesse d’augmenter depuis les années 1970 pour atteindre environ 100$ (Janvier 2008). Cette hausse constante du prix du pétrole et du gaz favorise l’émergence de nouveaux vecteurs énergétiques tels que l’hydrogène qui combinent efficacité, avantages environnementaux et indépendance énergétique. 2.2.2 Place de l’hydrogène sur le marché énergétique mondial Si l’hydrogène demeure peu utilisé dans le domaine de l’énergie, il constitue un composé incontournable de l’industrie chimique et pétrochimique. Il entre notamment dans la production d’ammoniac et de méthanol, le raffinage du pétrole. Il est également employé dans les secteurs de la métallurgie, de l’électronique, de la pharmacologie ainsi que dans le conditionnement de produits alimentaires. Pour couvrir ces besoins, 65 millions de tonnes d’hydrogène sont déjà produites chaque année5 (données 2001). Toutefois, dans l’hypothèse où cette quantité devrait servir à la production d’énergie, elle ne représenterait que 1,5 % de la demande mondiale d’énergie primaire. Utiliser l’hydrogène comme vecteur énergétique suppose donc d’augmenter radicalement sa production. Mais cette production devra pouvoir être réalisée à partir d’énergies renouvelables afin de conserver les avantages environnementaux de l’hydrogène sur l’ensemble de la filière, ce qui est loin d’être le cas actuellement comme cela est décrit dans les chapitres suivants. 4 5 Ratio de l’ensemble des minéraux solides : charbon, bitumineux et lignite Association française pour l’hydrogène. Etude 2001 39 Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable 3. Les procédés de production d’hydrogène 3.1 Statut de la production d’hydrogène dans le monde en 2006 Si l’utilisation de l’hydrogène comme vecteur énergétique n’est encore aujourd’hui qu’au stade des démonstrations, sa production et sa consommation dans l’industrie représentent, de longue date, des quantités notables, tout particulièrement dans le raffinage des hydrocarbures et dans les industries chimiques et pétrochimiques. L’hydrogène est une des matières de base des industries chimiques et pétrochimiques. Il est : - soit fabriqué spécifiquement dans des unités dédiées (« steam methane reformers », oxydeurs partiels ou reformeurs autothermes d’hydrocarbures, électrolyseurs…) - soit co-produit dans des fabrications d’autres produits chimiques, tels que l’éthylène ou le chlore. Sa valorisation en tant que matière première étant très supérieure à sa valeur calorifique, les « coproductions » d’hydrogène sont généralement regroupées dans un « Réseau hydrogène» et utilisées dans les divers procédés du site de production. Sur le plan quantitatif, les volumes d’hydrogène liés à la fabrication d’un produit chimique varient dans des proportions importantes : ammoniac (45%), autres produits (25%), industrie pétrochimique (30%). Actuellement, 550 milliards de Nm3 (normo m3 : 273,15 K et 0,1 MPa soit 0°C et Patm) soit 6,5 ExaJ) d’hydrogène sont produits annuellement et représentent 1,5 % de la production mondiale d’énergie primaire. 3.2 Procédés de production conventionnels Actuellement, la grande majorité de l’hydrogène est produite essentiellement par reformage de combustibles fossiles (95%), le reste étant produit par électrolyse de l’eau (hydrogène ultra-pur). Le reformage du gaz naturel utilise différentes techniques : le SMR principalement (steam methane reforming), le reformage auto-thermique et l’oxydation partielle afin de produire de l’hydrogène à partir de combustibles fossiles. Ces méthodes sont basées sur des réactions catalytiques à haute température dissociant les hydrocarbures en H2, CO puis CO2 par des réactions de vapogazéification à l’eau. L’H2 est ensuite purifié par des techniques conventionnelles de PSA (pressure swing adsorption). 40 Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable L’hydrolyse de l’eau est une technique basée sur la dissociation chimique de l’eau en H2 et O2 par circulation d’un courant électrique à fort ampérage. Cette technique est très coûteuse et peu rentable du fait de l’utilisation de courant électrique mais permet d’obtenir un gaz à fort degré de pureté (applications médicale et spatiale, microélectronique). 3.3 Procédés thermochimiques Les procédés thermochimiques rassemblent des techniques de pyrolyse/gazéification de biomasse ou de charbon et permettent de produire un gaz de synthèse fortement concentré en hydrogène (30 à 50 %), CO (25 à 35%), CO2 (10 à 20%), 5 à 15% de méthane et 1 à 5% d’autres composés traces de type goudrons. L’hydrogène peut ensuite être purifié par des techniques standard de PSA ou de filtration sur membranes. L’un des avantages des procédés thermochimiques est leur capacité à transformer en une étape unique de la biomasse hétérogène ou tout autre type d’hydrocarbure en un gaz riche en hydrogène. Il reste néanmoins nécessaire d’apporter une quantité d’énergie importante au système pour le porter à la température de gazéification (soit environ 1000°C). Le traitement du gaz à haute température pose actuellement de nombreux problèmes et il s’agit de l’un des verrous technologiques qu’il reste à lever avant que les procédés de gazéification de biomasse puissent être commercialisés sur le marché de l’énergie verte. 3.4 Procédés biotechnologiques La production d’hydrogène par voie biotechnologique est basée sur la mise en culture contrôlée de microorganismes atteignant de hauts rendements de production à partir de substrats issus de l’agriculture (pailles et autres substrats ligno-cellulosiques) ou de l’industrie agroalimentaire (mélasses...). Ce mode de production présente plusieurs avantages par rapport aux voies classiques en permettant notamment une autonomie totale de cette filière énergétique vis-à-vis des combustibles fossiles et donne ainsi pleinement à l’hydrogène son titre d’énergie renouvelable. De nombreux microorganismes sont capables de produire de l’hydrogène grâce à des réactions liées à leur métabolisme énergétique. Plusieurs modes de production d'hydrogène par voie microbienne sont à l’étude à l’heure actuelle: 41 Chapitre II Le Biohydrogène, un vecteur d’énergie durable 3.4.1 Les procédés fermentaires La fermentation dite « obscure » de la biomasse est réalisée par des micro-organismes Archea ou par des bactéries (hyper)thermophiles ou mésophiles. Certaines bactéries hyperthermophiles (par exemple la bactérie Thermotoga maritima) ont la capacité d’atteindre 83-100% du rendement théorique maximal de conversion des hexoses en hydrogène (4 moles H2/mole glucose). Cependant elles présentent une productivité faible (maximum 10 mmoles d’H2.l-1.h-1), conséquence de leur faible croissance cellulaire. A contrario, les bactéries mésophiles, anaérobies strictes (Clostridium) et anaérobies facultatives (Enterobacter) présentent une productivité en hydrogène beaucoup plus élevée (plus de 100 mmoles d’H2.l-1.h-1 pour Clostridium acetobutylicum (Soni, 1987) et 58 mmoles d’H2.l-1.h-1 pour Enterobacter aerogenes (Reith & Wijffels, 2003)). Elles possèdent en contrepartie un rendement global de production d’hydrogène limité à 2 moles d’H2 produites par mole d’hexose consommé. 3.4.2 Les procédés photobiologiques Les procédés photobiologiques utilisent des algues (en particulier l’algue verte Chlamydomonas reinhardtii) ou des cyanobactéries, et produisent de l’hydrogène soit par photolyse directe de l’eau, soit par photofermentation de substrats organiques. La première approche est plutôt privilégiée aux Etats-Unis alors que le Japon prête plus d'attention à la deuxième. Cependant, pour que la photoproduction d'hydrogène devienne une alternative pertinente, des améliorations d’efficacité de conversion de l’énergie lumineuse en énergie hydrogène sont encore nécessaires; pour exemple, cette efficacité est comprise sur la base du spectre total de la lumière entre 1,5% pour une production d’hydrogène par photolyse et 10% (valeur maximale théorique) pour une production par photofermentation. De récentes données issues de la littérature font état d’une productivité en hydrogène de 0,08 à 0,1 mmoles d’H2.l-1.h-1 par l’algue verte C. reinhardtii (Melis & Happe, 2001). Dans le cas de la photolyse de l’eau, cette faible efficacité étant due principalement à l'inhibition du catalyseur hydrogénase par l'oxygène, la découverte d’une parade à cette inhibition est devenue un enjeu d’envergure. Par ailleurs, des efforts pour optimiser la collecte de la lumière et la conception des bioréacteurs sont également nécessaires. 42 Chapitre III Production d’hydrogène par Clostridium acetobutylicum 43 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Chapitre III Production d’hydrogène par Clostridium acetobutylicum 1. Présentation de la bactérie C. acetobutylicum Les micro-organismes du genre Clostridium sont des bactéries anaérobies strictes répondant positivement au test de Gram et générant des spores capables de résister à des conditions extrêmes sur de longues périodes. Les cellules végétatives ont la forme de bâtonnets aux extrémités arrondies et sont assorties de flagelles. Certaines espèces sont capables de sécréter des toxines puissantes responsables de maladies telles que la gangrène, le botulisme, le tétanos (respectivement Clostridium difficile et Clostridium perfringens, Clostridium botulinium, Clostridium tetani). D’autres espèces qui ne présentent pas de caractère pathogène ont la particularité de produire des composés d’intérêt industriel tels que le butanol et l’acétone à partir d’un large spectre de substrats carbonés grâce à une grande flexibilité de leur métabolisme. C’est le cas de Clostridium beijerinckii, Clostridium butylicum, Clostridium aurantibutyricum, Clostridium tetanomorphum, Clostridium butyricum, Clostridium pasteurianum et C. acetobutylicum. Cette dernière est présente dans la nature au niveau de certains sols, vases et eaux et dans de nombreux végétaux (racines, pelures de tubercules), graines (maïs, fève, avoine) et mélasses de sucreries. La souche type dénommée C. acetobutylicum ATCC 824 a été isolée du sol en 1924 dans le Connecticut (Weyer et Rettger, 1927) pour ses propriétés solvantogènes. La carte physique et génétique du chromosome de C. acetobutylicum ATCC 824 a été construite par Cornillot et coll, en 1997. La carte génétique de C. acetobutylicum a été comparée à celle de Bacillus subtilis, Clostridium beijerinckii et Clostridium perfringens. Paradoxalement, elle montre une plus grande similitude avec celle de B. subtilis (40,3% d’identité entre leurs protéines orthologues). 44 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum La séquence complète du génome de C. acetobutylicum ATCC 824 a été publiée (Nölling, 2001). Ce génome est composé d’un chromosome de 3,94Mb et d’un mégaplasmide de 192kb (appelé pSOL1) qui contient une majorité de gènes responsables de la production de solvants (Cornillot, 1997) Le génome de C. acetobutylicum présente la particularité de contenir une faible teneur en bases G-C (31%) (Nölling, 2001). Cette faible teneur influe profondément sur l’usage des codons. Pour un acide aminé donné, le micro-organisme privilégie généralement le codon où les bases A-T prédominent. 2. Physiologie de C. acetobutylicum C. acetobutylicum est capable de métaboliser de nombreuses sources carbonées telles que le glucose, le saccharose, le xylose, le pyruvate, le gluconate, le mannitol, l’arabinose (Lee, 1985a ; Janati-Idrissi, 1989 ; Junelles, 1987) et même l’insuline, la pectine, mais cette bactérie n’est pas capable de réduire le sulfate ni de métaboliser la cellulose cristalline (Avicel) (Lee, 1985b). Deux composés sont nécessaires à sa croissance sur un milieu synthétique : l’acide para-aminobenzoïque et la biotine (Oxford, 1940, Lampen et Peterson, 1943). Sa température optimale de croissance est d’environ 35°C. C. acetobutylicum est capable de réaliser la fermentation acétonobutylique grâce à un métabolisme biphasique où sont produits majoritairement soit des acides (acidogenèse) tels que l’acétate, le butyrate, et l’hydrogène moléculaire, ou soit des solvants neutres (solvantogenèse) comme l’acétone, le butanol, et l’éthanol. 3. Voies et gènes du métabolisme primaire de C.acetobutylicum : Chez C. acetobutylicum, les voies métaboliques conduisant à la production des différents acides et solvants sont bien connues (Doelle, 1966; Papoutsakis et al., 1987; Rogers & Palosaari, 1987). Les hexoses (mono-, di-, tri- et polysaccharides) sont dégradés par la voie d’EmbdenMeyerhorf-Parnas (voie de la glycolyse). Une mole d’hexose est convertie en deux moles de pyruvate avec production de deux moles d’ATP et deux moles de NADH (Thauer, 1977). Les pentoses sont dégradés par la voie des pentoses-phosphate. Les sucres sont d’abord transformés en pentoses 5-phosphate puis convertis, via une transaldolase et une 45 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum transcétolase, en fructose 6-phophate et glycéraldéhyde 3-phosphate qui vont entrer dans la glycolyse. Trois moles de pentoses sont converties en 5 moles de pyruvate avec production de 5 moles d’ATP et 5 moles de NADH (Rogers, 1987). Le pyruvate issu de la glycolyse subit une décarboxylation oxydative par la pyruvateferrédoxine oxydoréductase pour donner de l’acétyl-CoA, de la ferrédoxine réduite et du dioxyde de carbone. L’acétyl-CoA est le point charnière sur lequel vont se brancher les voies fermentaires conduisant à la production d’acides et de solvants (Figure 5). Dans la voie centrale, l’acétyl-CoA est converti en acétoacétyl-CoA, puis en butyryl-CoA. Pyruvate Pyruvate-Fd oxydoréductase Acétyl-CoA Phosphotransacétylase (pta) 2H+ Fdréd H2 Hydrogénase (hydA) Aldéhyde déshydrogénase Acétaldéhyde Acétyl-phoshate Acétate kinase (ak) Fdox Thiolase (thl) Alcool déshydrogénase Acétate Ethanol Acétoacétyl-CoA CoA transférase (ctfAB) Acétoacétate Acétoacétate décarboxylase (adc) Butyryl-CoA Phosphotransbutyrylase (ptb) Butyryl-phosphate Butyrate kinase (butk) Acétone Aldéhyde déshydrogénase Butyraldéhyde Alcool déshydrogénase (buk) Butyrate Butanol Figure 5 : Voies métaboliques et enzymes impliquées dans la conversion du pyruvate en acides et en solvants chez C. acetobutylicum (Dans le cas où les gènes codant pour ces enzymes ont été clonés et séquencés, le nom du gène est indiqué entre parenthèses). La thiolase (ou acétyl-CoA-acétyltransférase) catalyse la condensation de deux molécules d’acétyl-CoA pour former une molécule d’acétoacétyl-CoA, le précurseur des 46 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum produits à plus de deux carbones. Cette réaction joue un rôle important dans la détermination du rapport entre les produits à deux (acétate, éthanol), trois (acétone) ou quatre (butyrate, butanol) carbones. La thiolase de C. acetobutylicum ATCC 824 a été purifiée et son gène (thl) a été cloné et séquencé (Petersen & Bennett, 1991), et il a été suggéré que son activité serait régulée in vivo par le rapport Coenzyme-A : acétyl-CoA. Deux gènes codant pour les thiolases ont été clonés chez C. acetobutylicum DSM794 thlA, correspondant à thl chez C. acetobutylicum ATCC 824, et thlB (Winzer et al., 2000). En trois étapes consécutives, l’acétoacétyl-CoA est réduit en butyryl-CoA par la βhydroxybutyryl-CoA déshydrogénase, la crotonase et la butyryl-CoA déshydrogénase. Deux moles de NADH sont consommées par mole de butyryl-CoA formée. De ces trois enzymes, seule la crotonase a été purifiée chez C. acetobutylicum (Waterson et al., 1972). Les gènes crt, bcd et hbd (codant pour la crotonase, la butyryl-CoA déshydrogénase, et la β-hydroxybutyrylCoA déshydrogénase respectivement) sont situés sur un seul opéron, appelé l’opéron bcs pour « butyryl-CoA synthesis » (Bennett & Rudolph, 1995) 3.1 La production des acides (acétate et butyrate) L’acétyl-CoA est converti en acétate et ATP par la phosphotransacétylase et l’acétate kinase. Les gènes pta et ack qui codent pour ces deux enzymes sont organisés en opéron (Boynton et al., 1996). Le butyryl-CoA est converti en butyrate par la phosphotransbutyrylase et butyrate kinase, et les deux gènes codant ces enzymes, ptb et buk sont aussi organisés en opéron (Walter et al., 1993). 3.2 La production des solvants 3.2.1 Voie de synthèse de l’acétone : La formation d’acétone provenant de l’acétoacétyl-CoA implique une CoA-transférase et une acétoacétate décarboxylase. La CoA-transférase de C. acetobutylicum ATCC 824 a été purifiée (Wiesenborn et al., 1988) et contient deux sous-unités différentes (Cary et al., 1990). Ces sous-unités sont codées par les gènes ctfA et ctfB, qui font partie de l’opéron sol (Fischer et al., 1993; Petersen et al., 1993). L’acétoacétate décarboxylase a été purifiée et son gène adc 47 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum a été cloné et séquencé à partir des souches C. acetobutylicum ATCC 824 et DSM 792 (Gerischer & Durre, 1990; Petersen & Bennett, 1990). Ce gène, adjacent à l’opéron sol, est transcrit en sens opposé sous le contrôle de son propre promoteur (Durre et al., 1995; Petersen et al., 1993). 3.2.2 Voie de synthèse des alcools : éthanol et butanol L’éthanol et le butanol sont produits à partir de l’acétyl-CoA et du butyryl-CoA respectivement, en deux étapes réductrices catalysées par des aldéhyde et alcool déshydrogénases. Une aldéhyde-alcool déshydrogénase bifonctionnelle codée par les gènes aad (ou adhE) et adhE2 chez C. acetobutylicum ATCC 824 (Fontaine et al., 2002; Nair et al., 1994) et le gène adhE chez C. acetobutylicum DSM 792 (Fischer et al., 1993), a été identifiée. Ces gènes sont tous situés sur le mégaplasmide pSOL1, mais seuls aad et adhE font partie de l’opéron sol. Cette enzyme est principalement impliquée dans la formation de butanol (Durre et al., 1995; Green & Bennett, 1996; Nair & Papoutsakis, 1994). Deux butanol déshydrogénases NADH dépendantes (BDH I et BDH II) ont été purifiées et leurs gènes (bdhA et bdhB) ont été clonés (Petersen et al., 1991; Welch et al., 1989). Ces gènes sont adjacents, mais chacun est transcrit avec son propre promoteur (Walter et al., 1992). BDH I et BDH II diffèrent dans leur spécificité de substrat : BDH II est 50 fois plus active avec le butyraldéhyde qu’avec l’acétaldéhyde, alors que BDH I ne l’est que d’un facteur 2 (Welch et al., 1989). Pendant la purification de BDH I et BDH II et le clonage de leurs gènes, la présence de butanol déshydrogénase NADPH-dépendantes a été révélée. Le mégaplasmide porte l’opéron sol et les gènes adc et adhE2, mais pas les gènes bdhA et bdhB, qui sont situés sur le chromosome (Cornillot et al., 1997a). La perte du mégaplasmide mène à l’abolition totale des productions de butanol et d’acétone (Cornillot et al., 1997a; Cornillot et al., 1997b). 3.3 Métabolisme énergétique 3.3.1 Les enzymes du flux électronique Le basculement du flux carboné des acides vers les solvants est associé à une modification du flux électronique. Ce dernier est directement lié aux activités enzymatiques. Les enzymes clé de la distribution du flux électronique sont les hydrogénases et les ferrédoxine-NAD(P)+ oxydoréductases (Figure 6). 48 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Chez C. acetobutylicum, trois hydrogénases fonctionnelles sont présentes. Deux hydrogénases à fer HydA (64kDa) et HydB (53kDa) ont été isolées, elles sont codées par les gènes hydA (Gorwa et al., 1996) et hydB (King et al., 2006; Vignais et al., 2001), et une hydrogénase nickel-fer a été mise en évidence lors du séquençage du génome de C. acetobutylicum (Nolling et al., 2001) et clonée (L. Fontaine résultat non-publié de sa thèse, 2002). Solvantogenèse (2) Acidogenèse (1) H2 H2 Pyruvate HSCoA 2 NADP+ 3 2e - 2 4 NADH NADPH 2e 5 - NAD+ NADP+ 5 Fd-red 2H+ Fd-ox 1 NADPH NADH NAD+ CO2 Fd-ox Fd-red Acétyl-CoA 2H+ Figure 6 : Flux d’électrons en acidogenèse et en solvantogenèse. 1. Pyruvate-ferrédoxine oxydoréductase ; 2. Hydrogénase ; 3. Ferrédoxine-NAD+ réductase ; 4. NADHferrédoxine réductase ; 5. Ferrédoxine-NADP+ réductase. (D’après Jones et Wood, 1986 et Girbal et al., 1995). Au moment de la décarboxylation oxydative du pyruvate en acétyl-CoA par la pyruvate-ferrédoxine oxydoréductase il y a un transfert d’électrons vers la ferrédoxine. La pyruvate-ferrédoxine oxydoréductase a été purifiée chez C. acetobutylicum DSM 1731 (Meinecke et al., 1989). 1. En acidogenèse, une partie seulement du NADH produit lors de la glycolyse est consommée pour la production du butyrate. Une NADH-ferrédoxine réductase intervient en parallèle de la pyruvate-ferrédoxine oxydoréductase, dans la réduction de la ferrédoxine en consommant l’excès de NADH provenant de la glycolyse. La ferrédoxine oxydée est régénérée par l’hydrogénase capable d’utiliser des protons comme accepteurs finaux d’électrons, avec production d’hydrogène (Adams et al., 1980). La consommation des protons permet de plus une désacidification du cytoplasme (Girbal & Soucaille, 1994). 49 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 2. En solvantogenèse, les voies de production de l’éthanol et du butanol consomment plus de NAD(P)H que ne peut en fournir la glycolyse. L’oxydation de la ferrédoxine réduite (produite par le clivage phosphoroclastique du pyruvate) par les ferrédoxineNAD(P)+ réductases, va alors permettre de produire le NAD(P)H nécessaire au détriment de la production d’hydrogène. 3.3.2 Protéines transporteurs d’électrons : La ferrédoxine a un rôle pivot dans la distribution du flux électronique (Figure 6). - La présence de ferrédoxine est une caractéristique de toutes les clostridia. C’est une protéine à centres fer-soufre qui transporte deux électrons par molécule par l’intermédiaire de ses deux groupements [4Fe-4S] (Bruschi & Guerlesquin, 1988; Valentine, 1964). Chez C. acetobutylicum, une ferrédoxine a été seulement partiellement isolée (Marczak et al., 1985). - En addition de la ferrédoxine, la rubrédoxine est présente chez C. acetobutylicum (Petitdemange et al., 1981). Il s’agit également d’une protéine fer-soufre, qui n’est capable de transporter qu’un seul électron par molécule. Contrairement à la ferrédoxine qui est produite de manière constitutive, la présence de rubrédoxine serait induite à faible pH et/ou en présence de fortes concentrations d’acides (Marczak et al., 1983; Marczak et al., 1985). - La flavodoxine appartient à une famille de transporteurs ne possédant pas de fer, mais contenant un cofacteur, la flavine mono-nucléotide. Elle est produite lors d’une carence en fer dans le milieu de culture (Knight et al., 1966). Un gène codant pour une flavodoxine a été cloné chez C. acetobutylicum P 262 (Santangelo et al., 1991). Il existe des transporteurs artificiels d’électrons comme le bleu de méthylène, le méthyl viologène, le benzyl viologène ou le rouge neutre qui sont utilisés en culture ou in vitro lors de tests d’activité pour remplacer des transporteurs physiologiques. 50 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 4. Ingénierie métabolique de C. acetobutylicum : La mise au point de vecteurs d’expression stables a permis de développer l’ingénierie métabolique de C. acetobutylicum et de réaliser avec succès par l’insertion de voies de synthèse homologues et hétérologues, telles que la voie de synthèse « vitamin B12 free » du 1,3 propanediol de C. butyricum (Gonzalez-Pajuelo et al., 2005). L’inactivation de gènes a été réalisée à plusieurs reprises (tableau 2) mais aucune stratégie d’ingénierie génétique par inactivation successive n’a pu être suivie en raison de l’accumulation des marqueurs de résistance aux antibiotiques. Souche Génotype Référence R SKO1 PJC4BK PJC4PTA PJC4AAD ∆spoA, MLS buk-, MLSR pta-, MLSR aad-, MLSR ATCC 824 buk ∆SpoIIE, buk-, CatP (Harris et al., 2002) (Green & Bennett, 1996b) (Green & Bennett, 1996a) (Green & Bennett, 1996d) WO 2006/007530 Tableau 2 : Inactivations de gènes réalisés chez C. acetobutylicum. La recombinaison homologue est la technique la plus utilisée afin de réaliser ces modifications génétiques (Datsenko & Wanner, 2000; Fabret et al., 2002). C. acetobutylicum n’est pas une bactérie naturellement transformable. Elle produit un grand nombre de DNases extracellulaires qui dégradent les produits plasmidiques ou PCR avant leur entrée dans la cellule et rend par conséquent très difficile toute modification par la technique de recombinaison homologue. Plusieurs travaux sont actuellement en cours afin de déterminer les conditions de transformation optimales chez C. acetobutylicum. Deux méthodologies de modification génétique successive de C. acetobutylicum sont actuellement disponibles et fonctionnelle (PCT/EP2006/0669976, Clostron, Minton, et coll7). 6 7 C. Croux and P. Soucaille, Laboratoire des Biotechnologies Bioprocédés, INSA Toulouse. Nigel P. Minton , Institute of infection, Immunity & inflammation, University of Nottingham 51 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 5. Les hydrogénases : Les hydrogénases sont un groupe d’enzymes qui connaît un regain d’intérêt avec l’émergence de l’hydrogène comme futur vecteur énergétique de nos sociétés. Ces enzymes sont les bio-catalyseurs responsables de la production de l’hydrogène chez de nombreuses espèces de micro-organismes. La connaissance des mécanismes biochimiques à l’origine de leur activité fait actuellement l’objet d’une recherche très active en particulier sur leur grande sensibilité à l’oxygène, un inhibiteur puissant et irréversible de leur activité qui représente un verrou technologique important pour de futures applications industrielles. Les mécanismes de transferts de gaz, de protons et d’électrons à l’intérieur de la protéine sont actuellement au centre d’enjeux scientifiques et industriels d’envergure. L’activité hydrogénase a été mise en évidence en 1931 par Stephenson et Stickland. Les hydrogénases sont définies comme des métalloenzymes capables de catalyser le clivage hétérolytique de la molécule d’hydrogène ou inversement sa synthèse à partir de protons et d’électrons selon la réaction réversible suivante (Adams, 1990): 2H+ + 2e- H2 La quasi-totalité des hydrogénases peuvent catalyser cette réaction dans les deux sens in vitro, mais elles réalisent in vivo la production ou l’oxydation de l’hydrogène en fonction des besoins métaboliques du micro-organisme. Les premières hydrogénases ont été isolées chez des procaryotes notamment chez des bactéries et des archea. Elles ont ensuite été identifiées chez certains eucaryotes et plus particulièrement dans les compartiments subcellulaires de protozoaires nommés hydrogénosomes ainsi que dans les chloroplastes de nombreuses algues vertes. 5.1 Rôle des hydrogénases Les hydrogénases présentent une grande variabilité fonctionnelle au sein des microorganismes qui les hébergent mais on peut les regrouper en 3 catégories principales : - Les bactéries qui utilisent les hydrogénases pour catalyser la production d’hydrogène, ou la réduction des protons, au cours d’un processus fermentatif 52 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum couplé à l’oxydation de substrats carbonés. Ce processus a lieu chez les bactéries anaérobies strictes, telles que les Clostridia, en leur permettant de disposer d’un excès de pouvoir réducteur éliminé avec les protons comme seuls accepteurs d’électrons (Adams et al., 1981). - Chez de nombreuses bactéries aérobies ou anaérobies, l’oxydation de l’hydrogène est une source d’électrons et peut être couplée à des réactions productrices d’énergie telles que la phosphorylation oxydative de l’hydrogène au cours d’un processus respiratoire. Des molécules ou ions tels que l’oxygène, le nitrate, le fumarate, le sulfate et le dioxyde de carbone peuvent être utilisés comme accepteurs terminaux d’électrons. Ces réactions sont responsables de la formation du méthane, de la corrosion du fer par les bactéries sulfo-réductrices, et de la fixation des nitrates. - La réduction cytoplasmique des protons induit l’alcalinisation du cytoplasme par rapport au périplasme. Ce processus contribue à générer un gradient de protons dont la dissipation va permettre la synthèse d'ATP. La diffusion des protons à travers des complexes protéiques appelés ATPosomes crée une force protomotrice apte à entraîner la synthèse d'ATP. Ce couplage osmo-chimique est appelé phosphorylation oxydative. Il a été montré que l’hydrogénase était directement impliquée dans la génération d’un gradient de protons chez C. acetobutylicum (Girbal et al., 1994). Les hydrogénases peuvent interagir avec des systèmes de transport d’électrons, insérés dans les membranes pour maintenir l’équilibre d’oxydo-réduction (chez les microorganismes photosynthétiques comme les cyanobactéries). Les hydrogénases impliquées dans les processus fermentatifs, jouent un rôle biologique important dans la conservation de l’énergie et dans la génération de la force protomotrice. 5.2 Localisation des hydrogénases Ces différentes fonctions sont souvent associées à des compartiments cellulaires variés. La production d’hydrogène est généralement une fonction associée au cytosol tandis que la consommation d’hydrogène est le plus souvent périplasmique ou associée aux membranes. Les hydrogénases bidirectionnelles sont généralement localisées dans le cytoplasme. Certaines bactéries possèdent plusieurs hydrogénases situées dans des compartiments cellulaires distincts. La multiplicité des hydrogénases chez certains organismes reflète 53 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum l’importance du rôle de l’hydrogène dans leur métabolisme et assure une réponse rapide et efficace aux variations des besoins énergétiques lors de changements des conditions de croissance. 5.3 Classification des hydrogénases Plus d’une centaine d’hydrogénases ont été caractérisées génétiquement et/ou biochimiquement. Par comparaison de leur site catalytique et de leur teneur en métaux, trois classes phylogénétiquement distinctes d’hydrogénases peuvent être mises en évidence (Vignais et al., 2001 ; Vignais et Colbeau, 2004) : Le groupe des [NiFe]-hydrogénases, est majoritairement représenté dans la famille des hydrogénases. Elles présentent un atome de nickel et de fer au sein de leur site actif. Certaines d’entre elles contiennent un atome de nickel chélaté par un atome de sélénium sous la forme d’une sélénocystéine (He et al., 1989). Elles fonctionnent principalement dans le sens de consommation d’hydrogène. - Les [FeFe]-hydrogénases, leur site actif ne contient pas de nickel mais seulement du fer. Elles sont en général présentes chez les micro-organismes fermentatifs anaérobies stricts produisant de l’hydrogène tels que C. acetobutylicum. - Les hydrogénases anciennement « sans métaux » (Berkessel et Thauer, 1995), et maintenant plus justement nommées hydrogénases sans centre fer-soufre (EC 1.12.99.4) sont minoritaires. Elles possèdent un cofacteur organique contenant un atome de fer en guise de site catalytique (Lyon et al., 2004a). 5.4 Les hydrogénases à fer Les [FeFe]-hydrogénases contiennent seulement des atomes de fer au niveau du site actif de la protéine, et ne contiennent pas de nickel. In vivo, elles catalysent préférentiellement la réaction de production d’hydrogène. La ferrédoxine, la flavodoxine et le cytochrome réduits sont les donneurs d’électrons physiologiques des [FeFe]-hydrogénases. Contrairement aux [NiFe]-hydrogénases, les [FeFe]-hydrogénases sont le plus souvent monomériques et leur poids moléculaire est approximativement de 60kDa. Elles sont constituées seulement d’une unité catalytique mais contiennent souvent des domaines 54 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum accessoires qui logent des centres fer-soufre. Elles sont extrêmement sensibles à l’inactivation par l’oxygène. Les [FeFe]-hydrogénases sont retrouvées moins fréquemment que les [NiFe]hydrogénases dans le monde du vivant. Elles ont été identifiées chez quelques bactéries anaérobies et eucaryotes mais jamais à notre connaissance chez les archea. Ces enzymes ont été purifiées chez des micro-organismes fermentatifs anaérobies stricts (Clostridia, Megasphaera elsdenii), chez certaines bactéries hyperthermophiles telles que T. maritima, ou des bactéries réductrices de sulfate telles que Desulfovibrio, ainsi que chez des eucaryotes tels que les algues vertes (C. reinhardtii) et chez le protozoaire Trichomonas vaginalis (Adams et al., 1990, 2000). Les [FeFe]-hydrogénases d’eucaryotes sont localisées dans des organelles délimitées par des membranes comme les chloroplastes ou les hydrogénosomes. Les hydrogénases à fer des bactéries anaérobies (C. acetobutylicum (HydA et HydB), C. pasteurianum (CpI), M. elsdenii, S. obliquus, C. reinhardtii (HydA1, HydA2)) sont monomériques et cytoplasmiques. A contrario, celles des bactéries réductrices de sulfate Desulfovibrio vulgaris Hildenborough (DvH), Desulfovibrio desulfuricans (DdH), D. fructosovorans sont dimériques et périplasmiques. 5.4.1 Génétique Les hydrogénases à fer monomériques de C. acetobutylicum, C. pasteurianum, M. elsdenii, C. reinhardtii ont été clonées respectivement par Gorwa et al., 1996 ; King et al., 2006 ; Meyer et Gagnon, 1991 ; Atta et Meyer, 2000 et Happe et Naber, 1993. La [FeFe]-hydrogénase HydA de C. acetobutylicum possède 71% d’identité avec la [FeFe]hydrogénase I de C. pasteurianum. L’hydrogénase à fer de D. vulgaris Hildenborough (DvH) a été clonée par Voordouw et al., (1985) et séquencée par Voordouw et Brenner, (1985). Les autres séquences d’hydrogénases à fer de l’espèce Desulfovibrio ont été étudiées par Voordouw, (1990 et 1992). Les séquences protéiques des petites et grandes sous-unités de la [FeFe]-hydrogénase D. desulfuricans ATCC7757 sont exactement les mêmes que celles de la [FeFe]-hydrogénase de D. vulgaris Hildenborough (Hatchikian et al., 1992, 1999). 55 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Les gènes des hydrogénases à fer monomériques sont organisés en opéron monocistronique tandis que les gènes des hydrogénases à fer dimériques sont plutôt organisés en opéron multicistronique. L’opéron d’une hydrogénase à fer dimérique est constitué des deux gènes qui codent respectivement pour la petite et la grande sous-unité de l’enzyme. 5.4.2 Structure globale La plupart des [FeFe]-hydrogénases sont monomériques. Cette unité catalytique est composée au moins du domaine très conservé d’environ 350 résidus contenant le site actif, appelé centre H. Les plus petites [FeFe]-hydrogénases ne sont constituées que du domaine du centre H. Elles sont retrouvées chez les algues vertes telles que S. obliquus (44,5 kDa), C. fusca (45 kDa), C. reinhardtii (53,1 kDa). Deux [FeFe]-hydrogénases fonctionnelles chez C. reinhardtii ont été rapportées : HydA1 et HydA2 (Happe et al., 2002 ; Forestier et al., 2003). Leur donneur d’électron physiologique est la ferrédoxine PetF, elle relie l’hydrogénase chloroplastique à la chaîne de transport d’électrons photosynthétique (Florin et al., 2001 ; Happe et al., 2002 ; Winkler et al., 2002). Le modèle structural de la [FeFe]-hydrogénase HydA1 de C. reinhardtii est représenté sur la figure 7. Centre H Figure 7 : Modèle de structure de l’hydrogénase à fer HydA1 de C. reinhardtii. En plus du centre H, l’unité catalytique peut également contenir des domaines additionnels et accessoires comprenant des centres fer-soufre. 56 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Ainsi basée sur la même forme de centre H, la [FeFe]-hydrogénase I monomérique de C. pasteurianum contient un domaine additionnel et deux domaines accessoires. Sa structure tridimensionnelle a été déterminée à une résolution de 1,8 Å par cristallographie par Peters et al., en 1998 (Figure 8). Site actif Centre H FS4 (A-C) Centres [4Fe-4S] FS2 Centre [2Fe-2S] Figure 8 : Structure cristallographique de l’hydrogénase à fer I monomérique de C. pasteurianum à 1,8Å de résolution (Peters et al., 1998). Les centres [Fe-S] sont représentés en jaune et vert. Elle possède le domaine contenant le site actif (centre H), le domaine additionnel (centre F) comprenant les deux centres [4Fe-4S] (FS4B et FS4A) profondément enfouis au cœur de la protéine, et les deux domaines accessoires, qui sont composés d’un centre [4Fe-4S] (FS4C) et d’un centre [2Fe-2S] (FS2) situés en surface de la protéine. Cette structure est comparable à un champignon, où le chapeau correspondrait à la structure de l’hydrogénase HydA1 de C. reinhardtii. 57 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 5.4.3 Le domaine catalytique Les premières séquences des [FeFe]-hydrogénases ont mis en évidence une très bonne conservation de la partie C-terminale de l’unité catalytique où est situé le site actif. Les deux structures tridimensionnelles des [FeFe]-hydrogénases de C. pasteurianum CpI et D. desulfuricans DdH ont révélé la structuration protéique unique du domaine du centre H (Figure 9). Le site actif est constitué d’un centre ferrique binucléaire [FeFe] relié à un centre [4Fe-4S] fixé par des liaisons thiolates aux cystéines de la protéine (Nicolet et al., 1999; Peters et al., 1998). A B Figure 9 : A. Site actif des [FeFe]-hydrogénases CpI et DdH de C. pasteurianum (Peters et al., 1998) B. Site actif de l’[FeFe]-hydrogénases de D. desulfuricans (Nicolet et al., 1999). La structure du site actif de l’hydrogénase I de C. pasteurianum suggère la présence de deux ligands diatomiques CO et deux ligands diatomiques CN- liés aux deux atomes de fer et une molécule d’eau liée à l’atome de fer Fe2. Ce site catalytique apparaît être dans une forme aérobie oxydée « H-oxydé » (Pierik et al., 1998). Le spectre IR de l’enzyme aérobie inactive de D. vulgaris suggère que le centre binucléaire contient les mêmes ligands diatomiques, deux CO et deux CN-, liés aux deux atomes de fer, et un ligand CO pontant les deux atomes de fer (Nicolet et al., 2001 ; Pierik et al., 1998). L’état redox de ce site catalytique est appelé « Hinactif ». Les différences ainsi observées au niveau du site bimétallique peuvent être attribués aux différences d’états d’oxydation des atomes de fer et ceci pourrait être en accord avec un mécanisme d’oxydation réversible de l’hydrogène impliquant un déplacement de la molécule d’eau lié à l’atome de fer Fe2 de l’enzyme. 58 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 5.4.4 Maturation des [FeFe]-hydrogénases L’assemblage et l’insertion du centre bimétallique dans une métalloprotéine nécessitent souvent des protéines accessoires spécifiques (Casalot et Rousset, 2001 ; Vignais et Colbeau, 2001, 2004) et la formation du site actif des [FeFe]-hydrogénases semblait provenir d’un processus de maturation différent de celui des [NiFe]-hydrogénases. Des gènes ont été identifiés chez C. reinhardtii par Posewitz et al., en 2004, comme étant essentiels pour la formation du site actif des [FeFe]-hydrogénases : les gènes hydEF et hydG. - Le gène hydEF code pour la protéine HydEF constituée de deux domaines. Le domaine Nterminal de HydEF est homologue à la superfamille des protéines à radical Sadénosylméthionine (enzymes radical SAM) et contient le motif C-X3-C-X2-C qui est la signature de cette famille de protéines. Le domaine C-terminal contient un site de fixation du GTP, qui prédit une activité GTPase, et un motif de fixation des centres fer-soufre C-X-HX45-H-C-X2-C. - Le gène hydG est adjacent à hydEF. Il est arrangé de telle façon qu’il peut produire trois protéines différentes à partir du même promoteur. Ces trois protéines sont homologues aux protéines à radical SAM car elles contiennent le motif C-X3-C-X2-C, et elles contiennent aussi un motif de fixation des centres fer-soufre. Ces gènes sont très conservés parmi les organismes séquencés possédant une [FeFe]hydrogénase. Chez certains organismes tels que C. acetobutylicum, le gène hydEF est dissocié en deux gènes distincts hydE et hydF codant pour les deux protéines HydE et HydF. L’organisation des gènes peut varier selon les organismes en opéron multicistronique contenant ou non le gène structural de l’hydrogénase à fer. 5.4.5 Transport intra-moléculaire substrat/produit : Les [FeFe]-hydrogénases sont des catalyseurs très efficaces de la production d’hydrogène. Cette réaction de catalyse se situe au niveau du site actif de l’enzyme. Les différents éléments nécessaires à la réaction : les électrons, les protons et l’hydrogène (dans le cas de la réaction inverse), doivent donc entrer dans la protéine et interagir avec le site actif. Des chemins préférentiels de ces différentes molécules ont été mis à jour. 59 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Un canal hydrophobe dans lequel peut être transporté des protons relie la surface de la molécule au centre bimétallique du site actif de l’enzyme. Toutes les cystéines et quelques acides aminés entourant ce canal sont strictement conservés. L’existence d’un chemin de transfert des protons qui relie le site actif profondément enfoui à la surface de la protéine a été démontré récemment (Cohen et al., 2005). Les structures cristallographiques des [FeFe]hydrogénases I de C. pasteurianum (CpI) et de D. desulfuricans (DdH) (Nicolet et al., 1999; Peters et al., 1998) ont également révélé plusieurs groupes donneurs ou accepteurs de protons proche du site actif de l’enzyme. Un canal hydrophobe de transfert gazeux relie la surface de la molécule au centre bimétallique du site actif de l’enzyme. La molécule d’hydrogène est une petite molécule qui semble pouvoir diffuser à travers la protéine sous de multiples chemins dynamiques grâce aux fluctuations de la conformation de la protéine. Les analyses cristallographiques et les calculs de dynamiques moléculaires ont fortement suggéré que l’hydrogène pourrait utiliser une cavité hydrophobe et un réseau de canaux observés dans les [NiFe]-hydrogénases pour naviguer du site actif à la surface de la protéine (Montet et al., 1997). Par simulation de dynamique moléculaire, la diffusion d’hydrogène dans la [FeFe]hydrogénase I de C. pasteurianum a été étudiée par Cohen et al., 2005 (figure 10). Ferrédoxine / Flavodoxine Figure 10 : Trajectoire de la diffusion moléculaire des protons et de l’hydrogène dans la [FeFe]- hydrogénase I de C. pasteurianum (Cohen et al., 2005) et chemin de transfert des électrons en provenance des partenaires physiologiques : Ferrédoxine et Flavodoxine. 60 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum En dépit du fait que ces expériences de diffusion du deutérium montrent que la majorité des molécules d’hydrogène lourd (deutérium) migrent vers une série de cavités hydrophobes conservées, ou canal à hydrogène (Nicolet et al., 2002), les molécules d’hydrogène léger sont quant à elles capables de diffuser en même temps par de nombreux passages alternatifs (figure 11). La diffusion de l’oxygène dans la protéine est une question qui suscite actuellement beaucoup d’intérêt. Dans le but de diminuer, voir d’ôter complètement la sensibilité des [FeFe]-hydrogénases à l’oxygène, beaucoup d’études de diffusion de gaz couplées ou non à de la mutagenèse dirigée ont été réalisées. La délétion de tous les domaines accessoires de l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum a montré par exemple que les domaines accessoires servent de protection du site actif vis-à-vis de l’oxygène (Cohen et al., 2005). Une trajectoire de diffusion de l’oxygène plus définie que celle de diffusion de l’hydrogène a été déterminée par simulation de dynamique moléculaire (figure 11). Contrairement à l’hydrogène les molécules d’oxygène sont contraintes du fait de leur taille plus importante de passer par les canaux principaux, elles ne se dispersent pas dans les passages secondaires que l’hydrogène est capable d’emprunter. Site actif A B Figure 11 : Trajectoires de la diffusion moléculaire simultanée de 1000 copies de O2 invisibles à partir du site actif de l’hydrogénase CpI (A) une superposition de toutes les positions de O2 et de leurs trajectoires sur 2.3 ns et (B) trajectoires instantanées de O2 après 20 ps (Cohen et al., 2005). Cette constatation laisse entrevoir la possibilité de modifier la sensibilité de l’hydrogénase de manière indépendante de la diffusion de l’hydrogène indispensable à la réaction. Le degré de sensibilité des hydrogénases à fer d’algues vertes ou de bactéries, semble également 61 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum largement influencé par la nature des acides aminés qui tapissent le chemin de diffusion. Certains travaux récents (Rousset, 2007, non publié) sur les hydrogénases Ni-Fe semblent également aller dans ce sens. La diffusion des gaz dans la protéine semble donc gouvernée principalement par les propriétés chimiques du gaz et ses interactions avec les résidus présents au sein du site actif et des canaux de diffusion. 5.4.6 Transfert d’électrons intra-moléculaire La condition nécessaire à un transfert d’électrons entre deux centres fer-soufre est une distance optimale entre les centres de 12 Å. Les hydrogénase [FeFe] Clostridiales comportent 5 centres [FeS] (figure 10) (4 [4Fe-4S] et 1 [2Fe-2S]) éloignées de 8 à 11 Å, sauf pour les deux centres distaux éloignés de 17 Å. La position relative de chacun des centres [FeS] met en évidence un passage potentiel de transfert d’électrons à l’intérieur de la structure. Le centre FS2, ainsi que le centre FS4C, se situent près de la surface de la protéine. Ils peuvent tous deux transférer des électrons du centre FS4B vers un accepteur d’électrons externe, mais ne peuvent pas transférer des électrons de l’un à l’autre car ils sont trop éloignés (17 Å). Ces deux centres FS2 et FS4C sont tous les deux des centres de transfert d’électrons potentiels dans le transfert inter-moléculaire d’électrons, mais aucune indication n’est apportée sur la préférence d’un centre par rapport à l’autre dans l’interaction avec différents partenaires (Peters et al., 1998). Lorsque l’unité catalytique des hydrogénases n’est constituée que du domaine conservé du centre H comme chez les [FeFe]-hydrogénases des algues vertes, la distance entre le centre H et la surface de la protéine est significativement réduite, de même que le transfert intramoléculaire des électrons. 5.4.7 Transfert d’électrons inter-moléculaire Le centre bimétallique des hydrogénases à fer est relié à la surface par une suite de centres [Fe-S] pour échanger des électrons avec un partenaire d’oxydo-réduction externe, constituant un chemin de transfert électronique intra- puis inter-moléculaire. 62 Chapitre III Les partenaires Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum d’oxydo-réduction physiologiques des [FeFe]-hydrogénases Clostridiales sont les ferrédoxines de type 2[4Fe-4S] et les flavodoxines (Fitzgerald et al., 1980). Les hydrogénases semblent relativement flexibles quand à leur partenaire d’oxydoréduction (Fitzgerald et al., 1980) mais les différents mécanismes intervenant dans l’interaction et dans le transfert électronique n’ont pas encore tous été identifiés. Nous nous intéresserons plus particulièrement à l’interaction entre l’hydrogénase à fer et la ferrédoxine qui fait l’objet d’une partie des travaux expérimentaux présentés dans ce mémoire. Interaction [FeFe]-hydrogénase – ferrédoxine Le rôle des forces électrostatiques dans l’interaction entre les ferrédoxines 2[4Fe-4S] et la [FeFe]-hydrogénase de C. pasteurianum a été étudié par mutagenèse dirigée (Moulis et Davasse, 1995). Malgré la présence de plus de 6 acides carboxyliques (glutamate, aspartate) très conservés à la surface de cette ferrédoxine, leur implication dans l’interaction ferrédoxine/[FeFe]-hydrogénase semble mineure. La substitution de plus de 4 de ces acides aminés chargés négativement (glutamate, aspartate) par des résidus neutres induit un changement important des propriétés électrostatiques de la ferrédoxine, en modifiant la charge globale et la distribution des charges en surface de la protéine, cependant très peu de modifications sont observées au niveau de la structure et du potentiel redox de la protéine (Brereton et al., 1999). Seuls les variants dont l’environnement immédiat des centres fersoufre est perturbé montrent une variation d’un facteur 2 de leur efficacité catalytique avec l’hydrogénase (Moulis et Davasse, 1995). Ainsi, le transfert d’électrons ne semble pas être directement relié à la présence de un ou deux résidus spécifiques chargés de surface de la ferrédoxine et par conséquence à des interactions purement électrostatiques. Le potentiel redox du système semble avoir une influence importante au niveau du ce transfert électronique. Il est intéressant de constater que la simple mutation de substitution de chacune des prolines P19 et P48 adjacentes à la dernière cystéine liée du motif de fixation des centres [4Fe-4S] (CX2-C-X2-C-X3-C-P), induit des modifications des potentiels redox des centres de la ferrédoxine et changements des propriétés structurels de la ferrédoxine de C. pasteurianum, mais ne provoque pas de différences importantes du turnover enzymatique avec l’hydrogénase 63 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum de C. pasteurianum, excepté pour la substitution de la proline en lysine (Quinkal et al., 1994). Ainsi ces deux prolines stabilisent fortement les centres fer-soufre de la ferrédoxine, mais ne jouent pas de rôle essentiel dans le mécanisme de transfert d’électrons. Cependant, un changement significatif dans le transfert d’électrons entre la ferrédoxine et l’hydrogénase a été observé lorsque la structure de la chaîne polypeptidique entourant un des centres fer-soufre a été modifiée. Notamment pour la mutation de la proline P19 en lysine qui induit un changement important de la constante apparente de Michaelis dans la réaction avec l’hydrogénase, tandis que la substitution de la proline P48 en lysine n’a aucun effet (Quinkal et al., 1994) Toutes ces données suggèrent que le complexe ferrédoxine/[FeFe]-hydrogénase n’est pas lié à un nombre limité d’interactions localisées impliquant un petit nombre de résidus, mais plutôt utilise une forme de complémentarité stérique entre l’ensemble des molécules avec un transfert électronique régit par le potentiel d’oxydoréduction. Lorsque ces conditions sont rassemblées le transfert d’électrons est alors possible. Des expériences de modélisation moléculaire de « docking » ferrédoxine/hydrogénase ont été réalisées entre la C. acidurici et la [FeFe]-hydrogénase de C. pasteurianum (Kümmerle et al., 2000) (figure 12). Ce complexe a été généré en ne considérant que les 209 premiers résidus N-terminaux de l’hydrogénase. La zone d’interaction a été confirmée par des calculs en haute résolution (2,5 Å). La région exposée de la ferrédoxine se situe au niveau des résidus 16-21 et 33-46, entourant un centre fer-soufre. La zone d’interaction de l’hydrogénase est, elle, au niveau des résidus 20-25, 3538, 103-111, 152-160, 195-200. Dans ce complexe, le centre fer-soufre de la ferrédoxine coordonné aux cystéines 18, 37, 40, 43, se trouve à moins de 15 Å des deux centres fer-soufre FS2 et FS4C et du centre FS4B, la plus grande distance étant celle avec le site catalytique. Cette géométrie est en accord avec un transfert d’électrons efficace à travers ces groupes prosthétiques. 64 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Ferrédoxine Hydrogénase Figure 12 : Complexe d’interaction obtenu par modélisation moléculaire numérique entre la structure de la ferrédoxine de C. acidurici (en noir) et l’hydrogénase de C. pasteurianum (en gris). Le domaine N-terminal de l’hydrogénase est en gris avec ses centres fer-soufre [4Fe-4S] (sphères grises). La ferrédoxine est représentée en noir, avec ses centres fer-soufre (sphères noires) (Kümmerle et al., 2000). La géométrie des ferrédoxines 2x[4Fe-4S] bactériennes semble donc d’une importance capitale au niveau de l’interaction avec ses partenaires. Bien que les interactions électrostatiques apparaissent de faible importance dans certains travaux, il convient de s’interroger sur la faible amplitude de variation de la charge prodiguée par une, deux ou quatre mutations dirigées qui peuvent de plus modifier la structure de la protéine et perturber la reconnaissance protéine/protéine. Il est en effet difficile de moduler expérimentalement la charge de surface de ces ferrédoxines de manière significative sans affecter leur structure globale. Leur petite taille (50 à 60 acides aminés pour les ferrédoxines de type clostridiales) implique que chaque acide aminé peut à la fois avoir un rôle structural et un rôle dans le transfert d’électrons. Une partie des travaux développés au cours de cette thèse a permis de compléter ces observations par une approche plus radicale (voir chapitre VII). 65 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 5.4.8 Caractérisation biochimique Les [NiFe]-hydrogénases catalysent généralement in vivo préférentiellement la réaction d’oxydation de l’hydrogène alors que les [FeFe]-hydrogénases catalysent plutôt la production d’hydrogène. De plus, l’activité catalytique des [FeFe]-hydrogénases est 10 à 100 fois plus élevée que celle des [NiFe]-hydrogénases, (Albracht, 1994 ; Frey, 2002) et les [FeFe]hydrogénases possèdent une constante d’affinité pour l’hydrogène deux fois plus élevée que celle des [NiFe]-hydrogénases. Les [FeFe]-hydrogénases sont donc les catalyseurs de la production d’hydrogène biologique les plus efficaces connus à ce jour. La bactérie anaérobie C. acetobutylicum ATCC 824 contient deux [FeFe]-hydrogénases (HydA et HydB) monomériques et cytoplasmiques, extrêmement sensibles à l’oxygène. La purification de la [FeFe]-hydrogénase HydA de C. acetobutylicum ATCC 824 sous forme de protéine de fusion avec l’étiquette Strep-tag a déjà été effectuée et les activités spécifiques correspondantes (tableau 3) ont été rapportées par deux groupes, après une expression homologue (Girbal et al., 2005) et après une expression hétérologue chez E. coli (co-exprimé avec les trois protéines de maturation) (King et al., 2006). Dans les deux cas, les résultats montrent de faibles activités in vitro de production de l’hydrogène, au moins 50 fois inférieure à 4 000 mol/min.mg, rapportée pour la [FeFe]-hydrogénase I de C. pasteurianum (Adams et Mortenson, 1984). [FeFe]-hydrogénase HydA de C. acetobutylicum Ferrédoxine Vmax Km Vmax Méthyl Production d’H2 Consommation d’H2 51 160 6 10 -6 10 Km 0,3 10 Vmax 75,2 23 10-6 10 057 -3 128 10-3 viologène - Tableau 3 : Activités spécifiques de la [FeFe]-hydrogénase HydA de C. acetobutylicum ATCC824. (Vmax exprimés en µmol d’H2.min-1.mg-1, Km exprimés en M) source: (Girbal, 2005), (King, 2006), (Happe et Naber, 1993). 66 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Il a été montré pour l’hydrogénase à fer I de C. pasteurianum qu’elle pouvait interagir avec un large spectre de substrats de type « electrons carrier » in vitro (Fitzgerald et al., 1980). Ces substrats possèdent tous des groupements caractéristiques tels que les domaines de type 2x[4Fe-4S] des ferrédoxines bactériennes, les domaines [2Fe-2S] des ferrédoxines de plantes et les domaines de type FMN et flavine caractéristiques des flavodoxines. 67 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 6. Les Ferrédoxines : 6.1.1 Généralités Les ferrédoxines sont les premières protéines Fer-Soufre (Fe-S) à avoir été découvertes au début des années 1960 (Mortenson et al., 1962; Tagawa & Arnon, 1962). Cette dénomination a été choisie car la protéine de couleur brune en solution, fortement retenue sur une colonne chromatographique échangeuse d’ions contenait du fer. Elles sont parmi les plus petites (50 à 120 acides aminés) métalloprotéines connues dans le règne du vivant. Un grand nombre de ferrédoxines ont été découvert et étudié chez les procaryotes, eucaryotes et archea (Bruschi et Guerlesquin, 1988). Elles ont la particularité de posséder un ou deux centres [Fe-S] de différente nature ([4Fe-4S], [2Fe-2S], [3Fe-4S]...) (figure 13 et 14) en leur sein qui agissent comme des relais d’oxydoréduction en captant puis en transférant les électrons d’une protéine à une autre. Leur rôle de transporteur d’électrons a été identifié très tôt grâce aux travaux de Mortenson et coll. (1962) sur la réaction phosphoroclastique à partir d’extrait bruts de C. pasteurianum. La ferrédoxine, aisément séparable du reste des protéines sur colonne échangeuse d’anions, présentait la capacité d’activer certaines réactions comme la réduction du nitrite en ammonium en se comportant comme un médiateur de type méthyl viologène. Ces propriétés ont été confirmées depuis, par les nombreuses études dont à fait l’objet la ferrédoxine de C. pasteurianum, qui est devenue depuis, une protéine Fe-S de référence pour la communauté scientifique. Le rôle des ferrédoxines dans le métabolisme est axé sur le transport d’électrons entre différentes protéines d’oxydoréduction avec lesquelles elles sont capables d’interagir brièvement. Elles jouent à la fois le rôle d’accepteur d’électrons à haut potentiel d’une large gamme de protéines d’oxydoréduction et en particulier de certaines enzymes appartenant au métabolisme central (Pyruvate ferrédoxine oxydoréductase, glycéraldéhyde 3-phosphate ferrédoxine oxydoréductase) et sont capables de transmettre ces électrons à d’autres protéines telles que les hydrogénases afin de les éliminer sous forme de dihydrogène (Brereton et al., 1999 ; Quinkal et al., 1994). 68 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Chez C. acetobutylicum la ferrédoxine capte les électrons issus de la Pyruvate ferrédoxine oxydoréductase (PFOR) et les transmet à l’hydrogénase afin de les éliminer en réduisant deux protons sous la forme de dihydrogène. Une autre protéine : la flavodoxine est capable de se substituer à la ferrédoxine dans le métabolisme et d’interagir avec l’hydrogénase et la PFOR en cas de carence en fer chez C. pasteurianum (Ragsdale & Ljungdahl, 1984; Schönheit et al., 1979). Il a été établi chez Pyrococcus furiosus que la ferrédoxine était le partenaire de la GAPOR au cours de la réaction d’oxydoréduction menant à la transformation du glycéraldéhyde 3-phosphate en 3-phosphoglycérate. Ces ferrédoxines apparaissent donc comme étant les partenaires respectifs des enzymes qui nous intéressent au cours de cette étude. 6.1.2 Rôle dans le métabolisme de C. acetobutylicum La ferrédoxine clostridiale 2x[4Fe-4S] joue un rôle majeur dans le métabolisme de C. acetobutylicum. Elle capte les électrons issus principalement de la transformation du pyruvate en acétyl-CoA par la Pyruvate-ferrédoxine oxydoréductase (PFOR), puis les transfère principalement à l’hydrogénase qui les élimine sous la forme de dihydrogène mais également à plusieurs enzymes telles que les NADPH-ferrédoxine oxydoréductase (NPFO) et NADHferrédoxine oxydoréductase (NFO) (figure 2). La voie de transfert de deux électrons de la PFOR à l’hydrogénase via la ferrédoxine permet l’élimination de la majeure partie des équivalents réducteurs excédentaires du métabolisme de la bactérie. La ferrédoxine intervient également dans la régulation des concentrations intracellulaires en NADH et NAD+ en tant que substrat de la NFO. Cette régulation permet d’adapter le métabolisme de la bactérie en fonction des conditions de croissance en modulant le rapport NADH/NAD+ selon les besoins. De la même façon elle intervient dans la régulation des concentrations intracellulaires en NADP et NADPH+ en modulant leur rapport en fonction des besoins (Vasconcelos et al., 1994). 69 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum 6.1.3 Structure des ferrédoxines Les ferrédoxines sont parmi les plus petites (5 à 15 Kd) métalloprotéines connues. Elles sont formées d’une chaîne polypeptidique (50 à 150 acides aminés) enroulée autour d’un ou de plusieurs centres Fe-S (figure 13). Centres [4Fe-4S] Figure 13 : Structure tridimensionnelle de la ferrédoxine CpI de C. pasteurianum (structure PDB : 1CLF) Les ferrédoxines peuvent contenir un ou plusieurs centres Fe-S de nature variée. Ces centres de type [2Fe-2S], [3Fe-4S] ou [4Fe-4S] confèrent aux ferrédoxines leur capacité à transférer un ou plusieurs électrons (voir figure 14). Les ferrédoxines [2Fe-2S] ont été découvertes dans les chloroplastes des plantes (Tagawa & Arnon, 1962), mais sont aussi présentes chez les cyanobactéries où elles interviennent dans la dernière étape de transfert d’électron de la photosynthèse en servant de médiateur entre le Photosystème I et la ferrédoxine NADP+ réductase, grâce à leur très bas potentiel (-400mV). Certaines ferrédoxines de bactéries ont été placées dans cette catégorie du fait de leur forte homologie de séquence (Cusanovich et al., 1988). On retrouve également les ferrédoxines de Rieske (Rieske, 1964) qui sont des ferrédoxines à haut potentiel (+100 à +300 mV) présentes dans les systèmes membranaires de transfert d’électron telles que le complexe III de la chaîne respiratoire mitochondriale. Les ferrédoxines possédant un centre de type [3Fe-4S] sont assez rares. La représentante la plus étudiée est la ferrédoxine II de Desulfovibrio gigas (Kissinger et al., 1989). 70 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Une ferrédoxine atypique mais fonctionnelle possédant un centre [3Fe-4S] et un centre [4Fe4S] a été isolée chez Azotobacter vinelandii (Howard et al., 1983). (A) (C) (B) Figure 14 : Structure tridimensionnelle des différents types de centres [Fe-S] rencontrés dans les ferrédoxines. (A) : Centre [2Fe-2S] (B) : Centre [3Fe-4S] (C) : Centre [4Fe-4S] Il est intéressant de constater que la ferrédoxine de Pyrococus furiosus qui a été isolée puis co-cristallisée avec la FOR possède un seul centre [4Fe-4S] (Heltzel et al., 1994; Zhou & Adams, 1997). Les ferrédoxines à deux centres [4Fe-4S] sont retrouvées chez de très nombreux microorganismes du genre archaea, bacteria et eucarya. La ferrédoxine de C. pasteurianum (figure 13) est la représentante de cette catégorie et l’une des plus étudiées. 6.1.4 Les ferrédoxines 2x[4Fe-4S] La structure de la ferrédoxine de C. pasteurianum a été résolue (Bertini et al., 1995) ainsi que celles de plusieurs ferrédoxines 2x[4Fe-4S] provenant de Clostridium acidurici (Duee et al., 1994) et de Peptostreptococcus asaccharolyticus (Adman et al., 1973). Ces 71 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum ferrédoxines comportent deux centres [4Fe-4S] de structure identique distants de d’environ 12 Å l’un de l’autre et reliés à la chaîne polypeptidique par huit cystéines. Ces résidus sont très conservés parmi les homologues à la ferrédoxine de C. pasteurianum, ils sont répartis sur la séquence selon le motif suivant : Cys – X1 – X – Cys – Gly – Ala – Cys – X – X – X2 – Cys - Pro X1 étant généralement un acide amine à chaîne latérale aliphatique : Ile ou Val X2 étant généralement une Glu Ce motif très conservé se retrouve en double sur la séquence espacé par seize à dix-sept résidus (figure 15). (1) Fdx P. asaccharolyticus (1) Fdx C. pasteurianum (1) Fdx C. acidurici (1) 1 10 20 30 40 57 -AYVINDSCIACGACKPECPVNCIQEG-SIYAIDADSCIDCGSCASVCPVGAPNPED MAYKIADSCVSCGACASECPVNAISQGDSIFVIDADTCIDCGNCANVCPVGAPVQE-AYVINEACISCGACEPECPVNAISSGDDRYVIDADTCIDCGACAGVCPVDAPVQA- Figure 15 : Alignement de séquence entre les ferrédoxines de C. pasteurianum, C. acidurici et P. asaccharolyticus. Les clusters de cystéines impliqués dans la liaison avec les deux centres [4Fe-4S] sont fléchés en noir. On observe une symétrie interne très prononcée entre les deux moitiés de la séquence des ferrédoxines 2x[4Fe-4S] ainsi qu’au niveau de la structure globale. Cette caractéristique provient probablement de la duplication d’un gène ancestral. Compte-tenu de la très petite taille de la protéine, les structures secondaires sont très limitées avec un feuillet antiparallèle au niveau des résidus 22 et 32 et parfois deux pseudo-hélices α au niveau des résidus 17 et 42 (Figure 16). 72 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Hélices α Feuillets β antiparallèle Figure 16 : Représentation schématique des structures secondaires présentes dans les séquences en acides aminés des ferrédoxines 2x[4Fe-4S] de C. acidurici (A) et C. pasteurianum (B). 6.1.5 Caractéristiques biophysiques des ferrédoxines 2x[4Fe-4S] Les propriétés biophysiques des ferrédoxines ont été étudiées par différentes techniques de spectroscopie qui ont évolué au fil du temps et des progrès de la technologie. 6.1.5.1 La spectroscopie UV-visible La spectrométrie UV-visible permet de détecter les centres [Fe-S] réduits des ferrédoxines à une longueur d’onde comprise entre 390 et 420 nm. Un pic d’amplitude maximale est obtenu à ces longueurs d’ondes lorsque la ferrédoxine est complètement réduite (figure 17). 73 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Figure 17 : Spectre UV-visible de la ferredoxine 2x[4Fe-4S] de Clostridium thermoaceticum (Yang et al., 1977b). En ligne continue : spectre de la ferredoxine native. En pointillés : spectre de la ferrédoxine complètement réduite par de l’hydrosulfite de sodium («dithionite»). 6.1.5.2 La résonnance paramagnétique electronique (RPE) La spectroscopie RPE a joué un rôle déterminant dans la découverte des protéines Fe-S au début des années 1960. A cette époque plusieurs équipes travaillant sur des sujets très différents avaient mis en évidence la présence de fer non héminique dans des facteurs protéiques (Ke et al., 1973). C’est l’analyse des spectres RPE de ces facteurs protéiques qui a alors permis d’unifier les différents faisceaux de résultats indépendants, et ont contribué à la naissance de la notion de protéine Fe-S. L’obtention d’un signal en RPE est conditionnée par la présence au minimum d’un électron non apparié dans la molécule étudiée. Les métaux paramagnétiques présents dans les protéines tels que le cuivre, le molybdène, le tungstène, le nickel, le cobalt, le manganèse, le vanadium et le fer, sont responsables de l’obtention d’un signal en RPE. Dans le cas des ferrédoxines 2x[4Fe-4S] (telle que la CpI de C. pasteurianum) la présence de centres Fe-S réduits permet de détecter un signal en RPE : - A l’état oxydé, le centre est sous la forme [4Fe-4S]2+, il est constitué de deux ions ferreux Fe2+. Cependant, la spectroscopie Mössbauer qui permet d’observer les 74 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum transitions nucléaires du noyau 57 Fe ne montre qu’un seul signal pour les centres [4Fe- 4S]2+ (Mullinger et al., 1975), ce qui signifie que les ions métalliques du cluster sont équivalents. On est ainsi en présence de deux paires d’ions au niveau à valence mixte Fe2,5+ qui sont couplées antiferromagnétiquement au sein du cluster, pour donner un spin total nul. Lorsque le cluster est oxydé on ne détecte aucun signal en spectroscopie RPE. - A l’état réduit, le cluster gagne un électron et se présente sous la forme [4Fe-4S]+, par couplage entre trois ions Fe2+ et un ion Fe3+. Dans ce cas les quatre ions se répartissent en deux paires d’ions non équivalentes, une paire d’ions à valence mixte Fe2,5+ et une paire d’ions Fe2+. Le spin électronique résultant est le plus souvent de ½ ce qui permet d’observer un signal net en RPE (figure 18). - Figure 18 : Spectre RPE de la ferrédoxine de éx[4Fe-4S] de C. pasteurianum (Quinkal, 1995). a : spectre RPE de la protéine partiellement réduite (≈ 20% de l’échantillon) b : spectre RPE de la protéine totalement réduite Conditions d’enregistrement : température 6°K, radio-fréquence 9,15 Ghz, fréquence de modulation 100 khz, amplitude de modulation 0.8 mT et puissance de l’onde hyperfréquence de 10 µW. Les ferrédoxines 2x[4Fe-4S] donnent à l’état réduit des spectres RPE complexes avec un nombre de composantes plus élevé que les trois espèces orthorhombiques attendues à spin ½. Cette complexité diminue lorsque la ferrédoxine est partiellement réduite (environ 20%), on enregistre alors un signal RPE révélateur d’une symétrie orthorhombique du tenseur g, très proche de celui observé pour les ferrédoxines à un seul centre [4Fe-4S]. Dans ce cas précis chaque molécule ne porte statistiquement qu’un seul électron. Le spectre obtenu correspond alors à la contribution d’un seul centre [4Fe-4S]+ de spin ½. 75 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Lorsque la ferrédoxine est totalement réduite les deux centres [4Fe-4S]+ sont en interaction magnétique, ce qui provoque un éclatement des pics des spectres monoréduits et donne un spectre résultant complexe possédant au moins sept composantes. De plus, l’environnement protéique modifie également l’allure des spectres en influençant les propriétés spectroscopiques des centres Fe-S. La spectroscopie RPE a été l’un des premiers outils de caractérisation des centres Fe-S et constitue toujours de nos jours une technique qui fournit de précieuses informations sur la structure et les propriétés électroniques du centre métallique. Le travail présenté dans ce mémoire y fait appel lors de la caractérisation des ferrédoxines de C. acetobutylicum (chapitre VII). 6.1.5.3 La voltampérométrie (ou PFV : protein film voltametry) Cette technique moderne permet d’étudier les protéines redox de manière passive (études réalisées sur les ferrédoxines) ou en cinétique catalytique (Armstrong et al., 1997; Camba & Armstrong, 2000; Léger et al., 2003; Soc & Trans, 2002). L’adsorption des ferrédoxines sur une électrode au graphite pyrolytique sous la forme d’un film permet d’imposer un potentiel d’oxydoréduction donné aux centres [4Fe-4S] et d’observer un signal correspondant sous la forme de voltampérogrammes cycliques. La petite taille des ferrédoxines facilite le transfert des électrons entre l’électrode et la solution tampon via les centres métalliques. Un logiciel enregistre ensuite le courant cyclique qui passe à travers la protéine et traduit les variations mesurées sous la forme d’un voltampérogramme (figure 19) Figure 19 : Schéma décrivant le principe de lecture d’un voltampérogramme. L’exemple présenté est celui de la ferrédoxine de C. pasteurianum (Armstrong et al., 1997). 76 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum Certaines ferrédoxines 2x[4Fe-4S] ont été étudiées par voltampérométrie telles que les ferrédoxines CpI de C. pasteurianum et la CvI de Chromatium vinosum (Kyritsis et al., 1998; Kyritsis et al., 1999) (figure 20). Ferrédoxine CpI Ferrédoxine CvI Figure 20 : Voltampérogrammes des ferrédoxines CpI de C. pasteurianum et la CvI de Chromatium vinosum (Kyritsis et al., 1998). Cette technique permet de mesurer le potentiel d’oxydoréduction de chacun des deux centres Fe-S d’une même molécule de ferrédoxine. Par exemple, la ferrédoxine CpI de C. pasteurianum présente une équivalence parfaite du potentiel de ses deux centres [4Fe-4S] (-369 mV), au contraire de la ferrédoxine de CvI de Chromatium vinosum qui possède deux centres [4Fe-4S] de potentiel très différents (-492 mV et -663 mV). Cette différence de potentiel d’oxydoréduction est mise en évidence sur le voltampérogramme (figure 20) par la présence de deux pics distincts tandis que le voltampérogramme de la ferrédoxine CpI ne présente qu’un seul pic d’amplitude plus importante. Il est également possible de mettre en évidence par voltampérométrie la présence naturelle de centres [3Fe-4S] dans les ferrédoxines où issus de la dégradation d’un centre [4Fe-4S] (Tilley et al., 2001). La voltampérométrie représente une technique rapide et efficace de caractérisation des centres Fe-S des ferrédoxines. C’est donc naturellement que nous avons eut recours à cette méthode 77 Chapitre III Production de Biohydrogène Clostridium acetobutylicum au cours de notre étude en complément des spectroscopies RPE et UV-visible afin de réaliser la caractérisation de plusieurs ferrédoxines. 6.1.6 Rôle dans le métabolisme de C. acetobutylicum La ferrédoxine clostridiale 2x[4Fe-4S] joue un rôle majeur dans le métabolisme de C. acetobutylicum. Elle capte les électrons issus principalement de la transformation du pyruvate en acétyl-CoA par la Pyruvate-ferrédoxine oxydoréductase (PFOR), puis les transfère majoritairement à l’hydrogénase qui les élimine sous la forme de dihydrogène mais également à plusieurs autres enzymes telles que les NADPH-ferrédoxine oxydoréductase (NPFO) et NADH-ferrédoxine oxydoréductase (NFO) (figures 1 page 29 et figure 6 page 49). La voie de transfert de deux électrons de la PFOR à l’hydrogénase via la ferrédoxine permet l’élimination de la majeure partie des équivalents réducteurs excédentaires du métabolisme de la bactérie. La ferrédoxine intervient également dans la régulation des concentrations intracellulaires en NADH et NAD+ en tant que substrat de la NFO. Cette régulation permet d’adapter le métabolisme de la bactérie en fonction des conditions de croissance en modulant le rapport NADH/NAD+ selon les besoins. De la même façon elle intervient dans la régulation des concentrations intracellulaires en NADP et NADPH+ en modulant leur rapport en fonction des besoins (Vasconcelos et al., 1994). 78 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3phosphate oxydoréductase : Une AOR à tungstène 79 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène 1. Généralités sur les tungstoenzymes : Dans les années 1970, l’effet stimulant du tungstène (W) sur la croissance de certains micro-organismes a été démontré (Ljungdahl & Andreesen, 1975). A la suite de cette découverte, la première tungstoenzyme a été purifiée et caractérisée, à partir d’une bactérie acétogène nommée Clostridium thermoaceticum (Andreesen et al., 1973; Yamamoto et al., 1983). A ce jour, plus d’une vingtaine de tungstoenzymes ont été caractérisées (tableau 4). Enzyme Microorganisme Holoenzyme Nombre de sous(kDa) unitées (kda) Cofacteur(s) Atomes de W nombre et type de centre [FeS] Référence Famille AOR AOR Pyrococcus furiosus FOR Pyrococcus furiosus GAPOR Pyrococcus furiosus CAR (I) Clostridium thermoaceticum CAR (II) Clostridium thermoaceticum CAR Clostridium formiaceticum AOR Thermococcus litoralis FOR Thermococcus litoralis AOR Eubacterium acidaminophilum ADH Desulfovibrio gigas 136 280 73 86 300 134 67 69 72 132 α2 (67) α4 (69) α (73) αβ (64,14)) α3β3 (64,14,43) α2 (67) α2 (67) α4 (69) α (72) α2 (62) Bis-Wptérine Bis-Wptérine Bis-Wptérine Wptérine Wptérine Wptérine Bis-Wptérine Bis-Wptérine Bis-Wptérine Wptérine 2 4 1 1 3 2 2 4 1 2 2[4Fe-4S] + 1Fe 4[4Fe-4S] 1[4Fe-4S] Non déterminé Non déterminé Non déterminé 2[4Fe-4S] 4[4Fe-4S] 1[4Fe-4S] 2[4Fe-4S] Adams Munkund Adams White White White Kletzin Kletzin Hensgens - Famille FDH FDH FMDH Clostridium thermoaceticum Methanothermobacter wolfei 340 130 α2β2 (96,76) αβγ (64,51,35) Wptérine Wpterine 2 1 2Se 2-5Fe Yamamoto Schmitz Famille AH Pa AH Pelobacter acetylenicus 73 α (73) Bis-Wptérine 1 1[4Fe-4S] Rosner Tableau 4 : Propriétés moléculaires des tungstoenzymes caractérisées. 2. Rôle Biologique du tungstène Avec un numéro atomique de 74, le W est l’élément chimique le plus lourd qui a été mis en évidence dans les systèmes biologiques. En effet, la plupart des éléments chimiques qui composent les molécules du vivant (protéines, acides nucléiques, lipides...) dépassent 80 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène rarement le numéro atomique 35. Il existe quelques exceptions qui sont représentées par des éléments rares et intégrés à des systèmes catalytiques très particuliers : il s’agit principalement du molybdène (Mo) (42), de l’iode (53), du bore (56), du tantale (73) et du W (74) (Silva & Williams, 2001). L’effet biologique du W a très tôt été comparé au Mo sur des cultures de microorganismes (Cardenas & Mortenson, 1975; Ljungdahl & Andreesen, 1975). Ces deux éléments sont très proches au niveau de leur valence, de leur électronégativité et de leurs propriétés de coordination chimique. Bien avant la découverte des tungstoenzymes, la similitude de ces deux éléments a donné lieu à de nombreuses hypothèses (Dennard et al., 1966) sur la capacité du W à remplacer le Mo au niveau des processus catalytiques biologiques. Cependant, bien que molybdène ait pu être retrouvé de manière ubiquitaire dans la vaste majorité des organismes biologiques (Stiefel et al., 1993), le tungstène n’a été mis en évidence, à notre connaissance, que dans un peu plus d’une vingtaine d’organismes vivants. Cette différence fondamentale peut être en partie expliquée par une distribution géographique et une accessibilité beaucoup plus défavorables au W qu’au Mo. En effet, bien qu’étant tous deux présents en quantité égale dans la croûte terrestre (tableau 5 page suivante), leur répartition est sensiblement différente. Le molybdène est 1000 à 10000 fois plus concentré que le tungstène dans les eaux douces, et 500000 fois plus concentré dans l’eau de mer (Rubin & Hudson, 1994), ce qui peut suffire à expliquer la propension des organismes vivants à utiliser le Mo plutôt que le W malgré leur proximité chimique. Cependant, il existe des biotopes très particuliers où ce rapport tend à s’inverser, comme par exemple les sources hydrothermales des volcans sous-marins. Les microorganismes hyperthermophiles qui ont colonisé cet habitat extrême (la famille des Archaea Pyrococcales et certaines Methannococcales) semblent au contraire avoir préférentiellement incorporé le W, beaucoup plus abondant dans cette zone, (105 fois plus) que le Mo. 81 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène Tableau 5 : Distribution du W et du Mo dans différents biotopes terrestres (source : Kletzin and Adams, 1996). Les flèches de couleur indiquent les concentrations en W et Mo présents dans les biotopes communénment fréquentés par les microoganismes terrestres. Le cadre bleu indique les concentrations présentes dans des envirronements extrêmophiles caractéristiques des microorganismes hyperthermophiles tels que P. furiosus. L’étude de ces microorganismes a mis en évidence que certaines de leurs enzymes incorporaient dans leur site actif un atome de W directement impliqué dans la réaction catalytique (Kisker et al., 1997; Kletzin et al., 1995). C’est le cas des aldéhydeoxydoréductases qui ont été découvertes chez l’hyperthermophile P. furiosus et qui présentent en leur sein un cofacteur de type tungstoptérine. 3. La famille des aldéhydes oxydoréductases Les aldéhydes oxydoréductases (AOR) (EC 1.2.99.6) représentent une famille dans le groupe des enzymes à tungstène et molybdène. Contrairement aux enzymes de la famille diméthyl sulfoxide oxydoréductases (DMSOR), les AOR présentent la caractéristique d’avoir un atome de tungstène systématiquement présent à l'emplacement du site actif enzymatique et relié à deux cofacteurs de type pyranoptérine (Gutzke et al., 2001; Vorholt & Thauer, 2002). Cette particularité distingue la famille d'AOR de celle des Xanthine oxydases (molybdoenzymes) qui contiennent un atome de Mo lié à une seule ptérine et un groupe caractéristique de type sulfide (Romao et al., 2002). La famille des AOR est subdivisée en 4 sous-groupes : les AOR : aldéhyde oxydoréductases (Heider et al., 1995; Hensgens et al., 82 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène 1995; Mukund & Adams, 1990; Mukund & Adams, 1991; Mukund & Adams, 1993; Strobl et al., 1992), les FOR : Formaldéhyde oxydoréductases (Mukund & Adams, 1993; Roy et al., 1999), les GAPOR : Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductases (Mukund & Adams, 1995) et les CAR : Carboxylic acid reductases (White, 1989; White, 1991). Ces enzymes ont principalement été isolées chez les archaea hyperthermophiles P. furiosus et Thermococcus litoralis et chez les bactéries acétogènes Clostridium thermoaceticum et formicoaceticum. La famille des AOR (figure 21) est le groupe de tungstoenzymes le plus étudié et le plus étendu à ce jour. Les principales protéines caractérisées de ce groupe sont issues de l’hyperthermophile P. furiosus, il s’agit de l’aldéhyde oxydoréductase (AOR), la formaldéhyde oxydoréductase (FOR), la glycéraldéhyde oxydoréductase (GAPOR) et deux oxydoréductases à tungstène (WOR4 et WOR5) dont la fonction est encore inconnue. Ces cinq enzymes catalysent la transformation d’aldéhydes en carboxylates et présentent une similarité de séquences élevée avec 40% d’identité entre la FOR et l’AOR et 23% d’identité entre la GAPOR et l’AOR ou la FOR (Roy et al., 1999). Aucune de ces enzymes n’a montré de similarité de séquence significative avec des molybdoenzymes connues, ce qui démontre leur distinction phylogénétique. Figure 21 : Famille des AOR représentée en Dendrogramme (liste non exhaustive). Les enzymes fléchées en vert ont été caractérisées. Les groupe des GAPOR identifiées est encadré en rouge. Les enzymes fléchées en bleu font l’objet de ce travail de thèse. 83 GAPORs AOR C.acetobutylicum (0.3715) GAPOR Methanococcus Jannaschii (0.2096) GAPOR Méthanococcus Maripaludis (0.2166) GAPOR P. abyssi (0.0605) Gapor P. horikoshi (0.0651) GAPOR P. furiosus (0.0946) GAPOR Pyrobaculum aerophilum (0.3251) WOR 5 Pfuriosus (0.3654) AOR Eubact acidamino (0.2162) AOR P. furiossus (0.2041) FOR P. furiosus (0.0600) FOR thermococcus (0.0644) AOR coli (0.4043) WOR 4 Pfuriosus (0.3224) Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène Les GAPOR constituent un groupe à part entière dans la phylogénie des AOR avec une identité de séquences nettement inférieure au reste de la famille. Le groupe des GAPOR marque également sa différence au niveau fonctionnel avec une grande spécificité pour le glycéraldéhyde 3-phosphate tandis que le reste des AOR conservent une large flexibilité et une spécificité « relative » pour certains aldéhydes. La plupart des AOR ont été retrouvées chez des Archaea hyperthermophiles, mais récemment une AOR à W a été découverte chez un microorganisme mésophile anaérobie: Eubacterium acidaminophilum (Rauh et al., 2004) qui dégrade les acides aminés par des réactions de Stickland (Gordon et al., 1954). Cette AOR est très proche de l’AOR de P. furiosus avec un taux d’identité de plus de 57% et une homologie de séquence de près de 70%. Une séquence d’AOR a également été retrouvée chez E. coli et présente 37% de similarité et 25% d’identité avec l’AOR de P. furiosus. Cependant, le faible degré de conservation des résidus impliqués dans la liaison de la ptérine et du centre [4Fe-4S] fait douter de sa fonctionnalité. Deux nouvelles AOR ont été découvertes chez P. furiosus et nommées WOR4 et WOR5 (Bevers et al., 2005; Roy & Adams, 2002). La conservation de leur séquence et des motifs structuraux impliqués dans la liaison à la W-ptérine et au centre [4Fe-4S] (sauf une cystéine pour la WOR5) ainsi que leur capacité à utiliser une large gamme d’aldéhydes a conduit à faire l’hypothèse de leur implication dans le catabolisme des acides aminés au même titre que l’AOR et la FOR. La WOR4 et 5 présentent la même régulation génétique que les autres AOR. Leur activité biochimique semble également très complémentaire des autres AOR connues chez P. furiosus et procure à ce microorganisme la capacité de cataboliser une très large gamme d’aldéhydes. 3.1 Rôle physiologique et propriétés catalytiques 3.1.1 Les AOR Les AOR catalysent l’oxydation d’un grand nombre d’aldéhydes en l’acide qui leur correspond, suivant l’équation (1). 84 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène RCHO + H2O + 2Fd(ox) → RCOOH + 2H+ + 2Fd(red) (1) Cette oxydation résulte d’une réaction impliquant le transfert de 2 électrons vers un accepteur physiologique : la ferrédoxine (Fd) (voir chapitre III section 6). La réaction catalysée par les AOR (1) présente la particularité rare d’avoir un potentiel d’oxydoréduction extrêmement bas ce qui la rend, du point de vue théorique, défavorable thermodynamiquement. La purification de l’AOR de P. furiosus (Mukund & Adams, 1990; Mukund & Adams, 1991) a démontré que l’enzyme présentait la meilleure affinité pour des substrats issus de l’oxydation d’amino-acides (acetaldéhyde, phénylacetaldéhyde, indolacétaldéhyde et isovalerylaldéhyde) (Heider et al., 1995). Cette observation a conduit à l’hypothèse que les AOR seraient directement impliquées dans le catabolisme des acides aminés et des carbohydrates en produisant des composés intermédiaires clé. Ce rôle a été confirmé depuis par différentes études fondamentales sur le métabolisme des hyperthermophiles (Sakuraba & Ohshima, 2002). Ces derniers composés sont toxiques pour la cellule et sont oxydés en leur forme acide par l’AOR. En dépit de l’absence initiale de structure cristallographique de l’AOR la présence du W avait été prouvée ainsi que son caractère hétérogène (Heider et al., 1995) mais le mécanisme catalytique restait inconnu. 3.1.2 Les GAPOR 3.1.2.1 Rôle physiologique La GAPOR de P. furiosus intervient dans la glycolyse et confère à cette archaea une voie d’oxydation du glucose alternative à la voie d’Embden-Meyerhof-Parnas classiquement rencontrée dans les règnes Bacteria et Eucarya. Dans ces deux règnes le glycéraldéhyde 3phosphate (GAP) est transformé en 1-3 bis-phosphoglycérate puis en en 3-phosphoglycérate (3PG) par une réaction en deux étapes catalysées chacune par une enzyme : la glycéraldéhyde déshydrogénase (GAPDH) et la 3-phosphoglycérate kinase (PGK). Ces deux enzymes glycolytiques sont également présentes chez les archaea mais auraient plutôt un rôle dans la néoglucogenèse (figure 29). Chez P. furiosus, la GAPOR catalyse la conversion du GAP en 3-phosphoglycérate sans génération d’ATP (Mukund & Adams, 1995) (figure 18). 85 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène La présence de la GAPOR, d’une GAPDH et d’une PGK chez P. furiosus introduit un degré de régulation supplémentaire au niveau de la voie d’Embden Meyerhof par rapport à une glycolyse standard. La présence d’une deuxième étape de réduction leur permet d’avoir un rendement de production d’hydrogène deux fois plus important que celui des bactéries mésophiles de type Clostridium avec 4 mol d’H2/mol de glucose consommé. La perte de deux ATP au niveau de la glycolyse est compensée par la création d’un gradient de protons couplé à la synthèse d’hydrogène au niveau d’une hydrogénase membranaire (Sapra et al., 2003) (figure 22). Ce gradient de protons est ensuite utilisé par une ATP synthase pour former de l’ATP. Ce système agit comme une chaine respiratoire primitive et permet au microorganisme d’atteindre des rendements de croissance élevés. Figure 22 : Couplage entre la synthèse d’hydrogène et la synthèse d’ATP chez P. furiosus. (Sapra et al., 2003) 86 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène La GAPOR de P. furiosus est codée par le gène gor de 1959 paires de bases (pb). La séquence de la protéine présente une grande identité de séquence avec les enzymes de la famille des AOR et en particulier avec l’AOR et la FOR du même organisme. La recherche de séquences homologues dans les banques génomiques internationales a conduit à la découverte de plusieurs séquences très homologues qui sont annotées comme des GAPOR putatives et présentes dans les archaea Methanococcus jannaschii, Methanococcus maripaludis, Pyrobaculum aerophilum, Pyrococcus horikoshi et Pyrococcus abyssi. Des activités GAPOR ont également été détectées chez Thermococcus littoralis et Desulforococcus amylolyticus. Le groupe des GAPOR présente un degré d’homologie intra-groupe (56% de similarité et 42% d’identité entre la Pf GAPOR et celle de M. jannaschii et bien davantage entre GAPOR de Pyrococcales) bien supérieur à celui constaté entre GAPOR et AOR/FOR (31% de similarité et seulement 21% d’identité entre la Pf GAPOR et la Pf AOR). Les GAPOR putatives découvertes chez d’autres organismes semblent donc bien conservées et la différenciation de leur caractéristiques génétiques par rapport aux AOR se maintient très nettement quelque soit l’organisme choisi. 3.1.2.2 Propriétés catalytiques Tandis que les AOR et les FOR catalysent l’oxydation d’une large gamme d’aldéhydes à courte ou longue chaîne, d’aldéhydes aliphatiques et aromatiques, la GAPOR se distingue par une gamme de substrats catabolisables restreinte quasi exclusivement à l’oxydation du glycéraldéhyde 3-phosphate (Mukund & Adams, 1995; Roy et al., 2001). Cette enzyme initialement découverte chez P. furiosus n’a été identifiée que chez des Archaea telles que Pyrococcus abyssi, Pyrococcus horikoshi, Thermococcus littoralis, Pyrobaculum aerophilum, Methanococcus jannaschii ainsi que chez l’archaeon mésophile Methanococcus maripaludis. La GAPOR de P. furiosus est l’unique représentante de ce groupe ayant été purifiée et caractérisée biochimiquement (Mukund & Adams, 1995; van der Oost et al., 1998). Elle présente la capacité d’oxyder le GAP à 70°C en utilisant le benzyl viologène comme accepteur d’électrons. L’enzyme possède probablement une température optimale de fonctionnement proche de la température physiologique standard du microorganisme autour de 100°C. Il n’a cependant pas été possible de tester l’enzyme à cette température compte87 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène tenu de la thermosensibilité importante du GAP, celui-ci ne possédant qu’une demi-vie de 5 min à 80°C. En utilisant le GAP à des concentrations variant de 0,01 à 0,5 mM (benzyl viologène (bv) à 3 mM) le Km obtenu pour le GAP est de 30µM et le Vmax de 350 U/mg. Une inhibition significative a été rencontrée pour des concentrations en GAP supérieures à 0,5 mM. En utilisant des concentrations en benzyl viologène comprises entre 0,01 et 5,0 mM (GAP fixé à 0,4 mM), le Km obtenu pour le bv est de 0,43 mM et le Vmax de 310 U/mg. La GAPOR de P. furiosus ne présente aucune activité si l’on remplace le bv par du NAD+ ou du NADP+. A contrario, elle fonctionne parfaitement avec la ferrédoxine de P. furiosus. En utilisant une gamme de concentrations de 0,1 à 50 µM de ferrédoxine et 0,4 mM de GAP, le Km obtenu pour la ferrédoxine est de 6 µM et le Vmax de 90 U/mg. La forte affinité constatée avec la ferrédoxine suggère qu’il s’agit de son partenaire physiologique naturel et confirme le rôle proposé de la GAPOR dans le métabolisme glycolytique de P. furiosus. Aucune oxydation (mesurée à 70°C à des concentrations de 1,0 à 10 mM) de substrats tels que l’acétaldéhyde, le crotonaldéhyde, le formaldéhyde, le propionaldéhyde, le butyraldéhyde, le benzaldéhyde, le glycéraldéhyde (mesuré à 40°C), le glucose, glucose 6phosphate, DHAP, glycérol 3-phosphate et avec le glyoxalate ont pu être observés. La présence de certains de ces composés ajoutés à du GAP semble diminuer l’efficacité de l’enzyme de manière significative (de 25 à 100%). La présence de sels de type K+ à une concentration de 200mM semble stimuler l’activité GAPOR de 3,5 fois. Le Na+ et l’arsenate (AsO43−) semblent avoir le même effet. Par homologie avec la GAPDH et du fait de la présence d’une PGK dans le génome de P. furiosus l’hypothèse de la production de 1-3 bisphosphoglycérate par la GAPOR a été formulée. Plusieurs essais enzymatiques n’ont pas permis de mettre en évidence ce composé et seul le 3-phosphoglycérate à pu être détecté. Cependant, ce résultat ne permet pas de conclure, compte-tenu de l’extrême instabilité du 1-3 bisphosphoglycérate qui se transforme naturellement en 3-phosphoglycérate avec un phosphate inorganique libre, il est possible que cet intermédiaire soit formé mais reste indétectable par des moyens de mesure conventionnels. Le mécanisme réactionnel des GAPOR n’est donc pour l’instant pas complètement élucidé. 88 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène 3.2 Structure et mécanisme biochimique L’AOR et la FOR de P. furiosus sont à ce jour les seules enzymes de la famille des AOR dont la structure a été résolue (respectivement codes PDB : AOR1, 1B25). (Chan et al., 1995; Hu et al., 1999; Roy et al., 1999) L’AOR de P. furiosus La structure cristallographique de l’AOR de P. furiosus a été résolue avec une résolution de 2,3 Å et montre que l’enzyme native est sous la forme d’un homodimère dont chaque sous-unité contient un atome de W à proximité d’un centre [4Fe-4S] (figure 23). Tungstoptérine 1 Fe Figure 23 : Structure cristallographique de l’AOR de P. furiosus : résolution 2,3 Å. Un atome de fer est positionné à l’interface entre les sous-unités. Il est éloigné de plus de 20Å du site actif contenant l’atome de W n’a probablement qu’une fonction structurale. Chaque sous-unité est structurée en trois domaines regroupés autour du cofacteur tungstoptérine et du centre [4Fe-4S] (figure 24 C et D). L’atome de W est coordonné par les groupements dithiolènes de la bis-molybdoptérine (Figure 24. A et B). Ce dérivé bis(carboxyamidomethyl) a été identifié la première fois (Johnson et al., 1980) à partir d’une 89 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène préparation de molybdoenzymes. Le dérivé correspond à un produit de dégradation du Moco après extraction de la molybdoenzyme et oxydation, ce dérivé est fluorescent et son spectre est identique et commun à tous les organismes vivants permet de montrer la présence du Moco ou Wco dans une préparation. La structure de l’AOR a confirmé en partie la formule chimique proposée en 1982 mais a apporté de nombreuses informations supplémentaires relatives à sa forme globale tricyclique et non planaire (figure 24 C). B A Tungstène ( W ) C S Mg++ Fe D Figure 24 : A. Monomère d’une Ptérine avec ses deux fonctions dithiolène libres (entourées en orange). B. Tungstoptérine complète de type MPT présente chez les AOR, FOR et probablement chez la GAPOR. C. Visualisation 3D de la molécule de Tungstoptérine de type MPT. D. Centre [4Fe-4S]. De nombreux cofacteurs bis-W/Mo-ptérine ont depuis été identifiés (Kisker et al., 1997) et ont confirmé la structure atypique de ce cofacteur. La forme bisptérine implique également un atome de magnésium (Mg) lié par coordination aux groupements phosphate terminaux de chaque unité ptérine. 90 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène La tungstoptérine est insérée profondément dans la protéine à environ 10 Å du centre [4Fe4S] lui-même lié à la protéine par les groupements thiol de quatre cystéines. Il est cependant difficile d’établir avec précision les différents ligands impliqués dans la liaison du cofacteur ptérine compte-tenu de la résolution modeste du cristal de l’AOR de P. furiosus (2,3 Å). La FOR de P. furiosus La FOR de P. furiosus et celle de T. litoralis sont constituées de quatre sous-unités d’environ 70 kd. Chaque sous unité comporte environ 1 atome de W et 4 atomes de Fe avec un cofacteur ptérine qui est présent sous sa forme non nucléotidique (Johnson J.L., 1993). La résolution de la structure de la FOR de P. furiosus à haute résolution (1,85 Å) en 1999 (Hu et al., 1999) a permis d’obtenir plusieurs informations inaccessibles à partir du cristal de l’AOR (figure 25). Tungstoptérine Centre 4Fe-4S Figure 25 : Structure d’un tétramère et d’une sous-unité de FOR de P. furiosus avec une résolution de 1,85Å et zoom sur une sous-unité avec ses cofacteurs : le centre [4Fe-4S] et la tunsgtoptérine. Les 3 domaines de la FOR de la sous-unité sont représentés par des couleurs différentes. Une sous-unité de FOR présente 3 domaines qui se distinguent par une identité de séquence protéique décroissante (I : 54%, II : 31,4%, III : 26%) et qui englobent en leur sein 91 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène la tungstoptérine. La grande similarité de séquences avec l’AOR du même microorganisme se traduit également par une superposition presque parfaite des deux structures et une conservation des motifs de liaison aux cofacteurs tungstoptérine et [4Fe-4S]. L’alignement des séquences en acides aminés de la FOR et l’AOR de P. furiosus et de la FOR de T. littoralis (figure 26) met en évidence la conservation de plusieurs motifs liés à la liaison de la tungstoptérine ainsi que plusieurs résidus présents au niveau du site actif à proximité de l’atome de W. Le mécanisme catalytique n’étant pas encore complètement élucidé il est difficile de prédire la fonction de ces résidus conservés. Cependant le mécanisme réactionnel de la FOR semble proche de celui des enzymes à Mo-ptérines et W-ptérines avec un système de transfert de groupement oxo couplé à un transfert d’électron (Wilson et al., 1996). La modélisation du site actif semble montrer que plusieurs autres résidus pourraient être impliqués dans les catalyses telles que les Arg481 et 492 (figure 27). L’insertion d’un résidu supplémentaire par rapport à la Pf AOR entre l’Ile480 et la Gly483 de la Pf FOR réduit le volume de la cavité en déplaçant les chaînes latérales de ces résidus dans la cavité. Associées à quelques substitutions, ces variations pourraient contribuer à la différence de spécificité de substrat entre ces deux enzymes. Les cystéines impliquées dans la liaison avec le centre [4Fe-4S] sont également très conservées entre ces trois protéines de la famille des AOR. 92 Chapitre IV Identité La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène Domaine I Domaine II Domaine III 54% 31,4% 26% Figure 26 : Alignement des séquences en acides aminés de la FOR et AOR de P. furiosus et de la FOR de Thermococcus littoralis. Les 3 domaines d’identité décroissante sont distingués par les encadrements. Les résidus impliqués dans la constitution du centre [4Fe-4S] sont encadrés et fléchés en bleu. Les résidus directement impliqués dans le site actif à proximité du W sont encadrés et fléchés en noir. Les résidus en interaction avec la bis-ptérine sont encadrés en vert. 93 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène La précision élevée de la structure de la FOR de P. furiosus a permis d’évaluer le volume de la cavité du site actif avec le logiciel VOIDOO (Kleywegt & Jones, 1995) qui s’élève à 1500 Å3 (figure 27). La cavité est formée de deux chambres distinctes : La première est formée par un canal qui mène à la surface de la protéine et est probablement impliqué dans le transport du substrat et des produits au niveau de la deuxième chambre qui est proprement parlé le site actif. Cette deuxième chambre est à proximité de l’atome de W et elle est tapissée par les chaines latérales de nombreux acides aminés chargés (Thr240, Glu308, His437, Arg481, Arg492) et polaires (Thr240, Tyr307, Tyr416). W W-ptérine Figure 27 : Modélisation de la cavité du site actif de la FOR de P. furiosus Le canal menant à la surface de la protéine est tapissé de nombreux acides aminés hydrophobes (Phe234, Trp235, Ala242, Ala243, Pro451...) et se termine par une partie désorganisée au niveau des chaines polypeptidiques latérales (résidus Gly454 à Glu461). 3.3 Données biophysiques : Lorsque la GAPOR de P. furiosus est incubée à 80°C avec son substrat physiologique pendant plusieurs minutes : le GAP, les groupements prothétiques se réduisent et il est alors possible d’observer un signal typique du W en résonnance paramagnétique électronique (figure 28). 94 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène Figure 28 : Signal RPE caractéristique du W de la GAPOR de P. furiosus. (Van der Oost, 1998) 10mM GAP, incubation 3 min à 80°C, paramètres RPE : 9395MHz, 8mW, 100khz, 0,5mT, 45K. Le signal obtenu en RPE est formé de deux signatures liées à la présence du W sous plusieurs formes. L’espèce W51+ est un intermédiaire dans le cycle catalytique avec deux potentiels moyens : Em(W6+/5+)= -507mV et Em(W5+/4+)= -491mV. La forme W5+2 représente une espèce inactivée avec un potentiel moyen de Em(W6+/5+)= -329mV (Hagedoorn et al., 1999a). Le centre [4Fe-4S] est lui aussi observable par RPE lorsque qu’il se trouve dans un état partiellement ou totalement réduit. Le cubane Fe-S montre à la fois des signaux de spin S=3/2 et S=½ avec le même potentiel moyen de Em([4Fe-4S]2+/1+)= -335mV. Des expériences de voltamétrie catalytique ont également démontré dans un système GAP/GAPOR/ferrédoxine les électrons cheminaient du centre catalytique contenant le W vers le centre [4Fe-4S] de la GAPOR puis vers celui de la ferrédoxine (Hagedoorn et al., 1999a). La réduction préalable du centre [4Fe-4S] de la GAPOR par l’hydrosulfite de sodium ne modifiant rien au sens de fonctionnement de la chaine de transfert électronique. Aucun signal d’implication des radicaux ptérine dans le transfert électronique n’a pu être identifié. 3.4 Interaction des AOR avec leur partenaire physiologique : la Ferrédoxine La FOR, l’AOR, la GAPOR de P. furiosus, l’AOR d’E. acidaminophilum et la FOR de T. littoralis qui ont été purifiées utilisent toutes la ferrédoxine comme transporteur d’électron physiologique (Heider et al., 1995; Mukund & Adams, 1993). 95 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène L’AOR d’E. acidaminophilum est capable de fonctionner en présence de ferrédoxine 2x[4Fe4S] et d’accepteurs électroniques artificiels de même potentiel. La ferrédoxine de P. furiosus est une protéine de 66 acides aminés contenant un seul centre [4Fe-4S] lié à la protéine par trois cystéines et un ligand atypique de type acide aspartique (Busse, 1992). Avec un Km apparent de 100 µM (Roy et al., 1999), son interaction avec la FOR de P. furiosus n’apparaît pas aussi forte que celle présente avec l’AOR ou la GAPOR du même microorganisme avec des valeurs de Km inférieures à 10 µM. Les zones d’interactions entre la FOR et la ferrédoxine sont clairement identifiées sur le complexe Pf FOR-Ferrédoxine (figure 29). La surface d’interaction de la ferrédoxine est beaucoup moins précise du fait de la grande flexibilité de la structure tandis que celle de la FOR est bien définie. Cette dernière est formée d’une faible dépression formée au centre par les résidus Tyr286 et Cys287 et plusieurs autres résidus dont la Cys291 qui est aussi impliquée dans la liaison avec le centre [4Fe-4S]. W-ptérine Centres [4Fe-4S] Pf Ferrédoxine Pf FOR Figure 29 : Structure du complexe FOR-Ferrédoxine de P. furiosus à une résolution de 2,15 Å. En vert : sens de transfert des électrons du site actif de la FOR vers son centre [4Fe-4S] puis vers le centre [4Fe-4S] de la ferrédoxine, soit environ 25 Å au total. La zone de surface qui interagit avec la ferrédoxine a une tendance hydrophobe et ne contient aucun résidu conservé dans la famille des AOR. La faible surface d’interaction 96 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène FOR/Ferrédoxine avec environ 350 Å2 ainsi que l’absence de résidu chargé à sa surface semblent contribuer à la faible force d’interaction entre ces deux protéines. La distance la plus faible possible entre les deux centres [4Fe-4S] une fois les deux protéines en interaction est d’environ 15 Å, ce qui est parfaitement compatible avec le transfert des électrons entre les deux enzymes. 4. Transport du tunsgtène et maturation des AOR : Les AOR sont des enzymes complexes qui présentent la particularité de posséder en leur sein un atome de W relié à une bis-ptérine ainsi qu’un centre [4Fe-4S] (voir figure 24 D et 25). La synthèse et l’incorporation de ces cofacteurs sont réalisées par des voies de synthèse et de maturation codées par un ensemble de gènes indépendamment de la séquence de l’enzyme. Les mécanismes synthèse et d’incorporation des centres Fe-S sont des systèmes ubiquitaires très conservés dans le monde du vivant avec quelques spécificités selon les protéines cibles et les organismes concernés (Flint, 1996; Johnson et al., 2005). Des travaux réalisés chez la bactérie Azotobacter vinelandii, ont permis d’identifier deux loci différents impliqués dans ce mécanisme. Le premier appelé nif code pour des protéines permettant la mise en place de centres Fe-S spécifiquement sur la nitrogénase. Le second baptisé isc (iron sulfur cluster) comprend huit gènes (iscRSUA-hscBA-fdx-ORF3) codant pour des protéines impliquées dans la mise en place de centres Fe-S sur les métalloprotéines, autre que la nitrogénase (Dos Santos et al., 2007; Johnson et al., 2006). In vivo, il apparait qu’un ensemble de protéines chaperonnes soit nécessaire à la synthèse et à l’incorporation de ces centres Fe-S, mais il est cependant possible in vitro, en conditions réductrices, d’assembler spontanément des centres Fe-S dans une protéine grâce à un apport de fer et de soufre (voir chapitre V section 9). Le groupement tungsto-bis-ptérine nécessite par contre une voie de synthèse complexe de la ptérine couplée à une voie d’importation du W et parfois à une autre voie d’incorporation dans la protéine. Cette voie de synthèse a été étudiée et résolue chez E. coli (Johnson et al., 1993; Rajagopalan et al., 1993; Wuebbens & Rajagopalan, 2003). 97 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène 4.1 Synthèse et régulation du cofacteur tungstoptérine La voie de synthèse du cofacteur ptérine (aussi appelé cofacteur « Moco » du fait de sa première mise en évidence chez certaines molybdoenzymes) a été résolue récemment chez E. coli (Vergnes et al., 2004; Wuebbens & Rajagopalan, 2003). Aucune étude ne s’est pour le moment intéressée à la synthèse de ce cofacteur chez les archaea hyperthermophiles telles que P. furiosus. Il est en effet possible d’identifier certaines protéines putatives de cette voie chez les archaea par comparaison de séquence mais aucune étude n’a jusqu’à aujourd’hui pu résoudre cette voie de synthèse et sa régulation. Aucun système de maturation spécifique des AOR n’a également pu être identifié chez leurs hôtes. Figure 30 : Voie de synthèse de la ptérine et d’importation du Mo chez E. coli (source : Vergnes, 2004) 98 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène Le GTP est la molécule précurseur de la voie de synthèse de la ptérine. De nombreuses enzymes interviennent ensuite dans la synthèse des intermédiaires (précurseur Z, ptérine MPT, Mo MPT) pour arriver à la molécule finale : la ptérine guanine dinucléotide (MGD) (figure 30). Plusieurs groupes de gènes disséminés sur le génome codent pour ces enzymes : les opérons moa, moe, mog, mod et mob. L’opéron mod intervient indirectement dans cette voie en regroupant les enzymes responsables du transport du molybdène avec notamment la perméase de type ABC transporteur ModA. Les éléments génétiques moa, moe, mog codent pour des enzymes (MoaA est une cyclohydrolase) impliquées dans la biosynthèse de la molécule. Il est intéressant de constater que la forme finale de la ptérine synthétisée chez E. coli et que l’on retrouve généralement dans ses propres molybdoenzymes telles que la nitrate réductase (Magalon et al., 1998) est de type MGD alors que la forme finale de la ptérine retrouvée dans les AOR (structure de la FOR et de l’AOR de P. furiosus) est plutot de type MPT. Cette forme MPT n’est qu’un intermédiaire de la voie de synthèse transformé par MobA et MobB en ptérine de type MGD chez E. coli. Il semble, cependant, que dans certaines conditions E. coli soit capable de produire des protéines possédant un cofacteur ptérine sous la forme MPT : telles que la sulfite oxydase YedY (Brokx et al., 2005). L’ensemble de la voie est régulée génétiquement par le senseur ModE capable de chélater le molybdène ou le tungstène (Anderson et al., 2000). Il réprime l’opéron moa en cas d’excès de molybdate mais pas de tungstate. En effet, ModE est capable de chélater cet élément aussi bien que le molybdène, mais ne semble plus être en mesure d’exercer sa fonction de répresseur génétique. La culture en présence de tungstate d’E. coli a donc pour effet de ne pas réprimer la voie de synthèse de la ptérine. Il apparaît également que l’anaérobiose est l’un des facteurs activant l’expression de ces opérons via son régulateur ModE (Anderson et al., 2000). 4.2 Transport du tungstène L’incorporation du Mo dans les protéines d’E. coli est préférentielle grâce au système de transport ModABC qui possède une meilleure affinité pour ce métal que pour le W, le phosphate ou le sulfate (Imperial et al., 1998). La capacité de discrimination W/Mo d’E. coli dépend néanmoins du rapport entre ces deux éléments. Un excès de 1 pour 1000 de l’un par 99 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène rapport à l’autre peut modifier complètement le comportement du transport intracellulaire (Kletzin & Adams, 1996). Plusieurs systèmes analogues de transport de W et/ou de Mo ont été mis en évidence chez d’autres bactéries et archaea. Il s’agit du système Tup découvert à l’origine chez E. acidaminophilum et du système Wtp récemment mis en évidence chez P. furiosus (Bevers et al., 2006). Le système biochimique appelé système Tup est formé d’un ABC transporteur composé d’une protéine extra-cytoplasmique TupA de 30 kd qui possède une très haute affinité pour le W (Km de 0,5 µM), d’une perméase TupB et d’une « ATP-binding protein » TupC (Makdessi et al., 2001) (figure 31). Un effet de compétition du molybdène n’est constaté que pour un excès de 1 pour 1000 de molybdène dans le milieu. Le système présente une homologie significative avec ModABC d’E. coli plus spécifique du Mo. La transcription des gènes tup est en partie couplée à celle des gènes moeA responsables chez E. coli de la synthèse de la ptérine (Nichols & Rajagopalan, 2005). Figure 31 : Opéron tup et moeA d’Eubacterium acidaminophilum dédié à l’import du W et à son l’incorporation. (Source : Markdessi, 2001) Le système de transport ABC Wtp vient clarifier le transport du W et du Mo chez les archaea notamment, et chez certaines bactéries pour lesquelles il n’avait pas été possible de mettre en évidence le système Mod ni le système Tup (figure 31 A). Les archaea semblent posséder majoritairement le système Wtp avec quelques exceptions comme Methanococcus maripaludis qui possède le système Mod en plus du Wtp, ou bien Pyrobaculum aerophilum qui ne possède que le système Tup. En comparaison le système Wtp est très peu représenté 100 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène chez les bactéries qui possèdent très majoritairement le système Mod et/ou Tup. Le système Wtp présente une très faible similarité avec les systèmes Mod et Tup, et en particulier au niveau de la protéine Wtp A qui ne présent que 11% d’identité avec à ModA et aucune homologie significative avec TupA. Les autres protéines du système WtpB et WtpC présentent des similarités plus importantes avec Mod/TupB et Mod/TupC avec en moyenne 52% d’homologie entre leurs séquences protéiques. L’arbre phylogénétique (figure 32 B) reliant les trois systèmes de transports de W/Mo chez différences espèces d’archaea et de bactéries montre très nettement la divergence évolutive de ces systèmes à partir d’un ancêtre commun. A B Figure 32: Organismes contenant une séquence génomique putative de la famille des AOR (Bevers, 2006). Le système de transport Wtp est capable de transporter le W et le Mo. La protéine WtpA possède une très grande affinité pour W avec une constante de dissociation KD de 17 pM et une affinité moyenne pour le molybdène avec un KD de 11 nM (figure 33). Ces 101 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène valeurs signifient que le système de transport Wtp présente une affinité supérieure pour le W que le système Tup et une affinité pour le Mo comparable à celle du système Mod. Figure 33 : Affinité des systèmes Wtp, Tup et Mod pour le W / Mo (Source Bervers, 2006). Certains microorganismes tels que Rodospirullum rubrum (figure 32 A) contiennent une enzyme putative de la famille des AOR mais aucun système de transport de type Wtp, Tup ou Mod n’a pu être mis en évidence dans leur génome par comparaison de séquences. Cela laisse à penser qu’il pourrait exister un autre système de transport W/Mo encore non identifié. 4.3 Spécificité du métal Plusieurs travaux ont étudié l’influence du rapport Mo/W présent dans le milieu de culture sur les microorganismes (Mukund & Adams, 1996). Chez P. furiosus il a été démontré qu’un excès (environ 400 fois) de Mo ou de Vanadium (V) (propriétés chimiques très proche du Mo et du W) dans le milieu de culture permettait de produire des AOR contenant respectivement une Mo bis-ptérine ou une V bis-ptérine. Le Mo et le V semblent capables à haute concentration (>1µM) d’outrepasser la spécificité du système Wtp pour le W ou d’emprunter d’autres systèmes de transport non spécifiques comme cela a été démontré chez d’autres espèces (Buc, 1999). Ces isoformes d’AOR (MoAOR et VAOR) présentent des activités très faibles voire quasi nulles comme c’est le cas pour la GAPOR. Ces travaux viennent confirmer la nécessité du W au niveau du site actif pour la fonctionnalité des AOR, FOR et tout particulièrement celle de la GAPOR. Il a été démontré, principalement chez E. coli, qu’il était possible de forcer l’import du W par des systèmes de perméation non spécifiques pour des concentrations 105 à 107 fois supérieures par rapport à celle du Mo dans le milieu de culture. Le W importé peut alors se retrouver incorporé dans certaines molybdoenzymes, telles que les nitrogénases (Cardenas & Mortenson, 1975; Siemann et al., 2003) ou la Triméthyl amine N-oxyde réductase (TMAO) 102 Chapitre IV La Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase : une AOR à tungstène (Buc et al., 1999; Pollock et al., 2002), avec une efficacité plus ou moins variable selon le type d’enzyme et la nature de la ptérine. Certaines des isoformes à W sont inactives telles la nitrate réductase (Vergnes et al., 2004) tandis que d’autres présentent peu ou pas de modification de leur activité comme c’est le cas de la TMAO réductase. Le mécanisme d’inactivation de la nitrate réductase a en partie été identifié et repose sur l’impossibilité des chaperonnes spécifiques NarJ d’incorporer le cofacteur de type W-ptérine au niveau du site actif de l’apo-nitrate réductase (Rothery et al., 1999; Vergnes et al., 2004). 103 104 Chapitre V Matériel et Méthodes 105 Chapitre V Matériel et Méthodes Chapitre V Matériel et Méthodes : 1. Souches et plasmides utilisés Les souches et plasmides utilisés et développés au cours de cette étude sont répertoriés dans le tableau suivant : Souches Caractéristiques Références C. acetobutylicum ATCC 824 Souche sauvage ATCC Rockville C. acetobutylicum ∆CAC souche délétées d'un système de restriction Croux, non publiée [sup E44 ∆lac U169 (∆80 lacZ ∆M15) hsd R7 rec A1 endA1 gyrA96 thi-1 rel A1] Invitrogen Souches de Clostridium Souches d'Escherichia coli DH5α – BL21 (DE3) BL21 (DE3) codon+ – – + F ompT hsdS(rB mB ) dcm Tetr gal (DE3) endA Hte F– ompT hsdS(rB– mB–) dcm+ Tetr gal (DE3) endA Hte [plasmide codon+ R ClR ] Stratagène Stratagène JM110 F’ tra 36proAB lacIqZM15/rpsL (StrR) thr leu endA thi-1 lacY galK galT ara tonA tsx dam dcm dupE44 (lac-proAB) (mcrC-mrr)102::Tn10 (TetR) Invitrogen ER2275 (PAN1) Plasmide de méthylation PAN1 (Girbal & Soucaille, 1994) TP1000 [mobAB] (Rothery et al., 1998) - MG1655 F [hypF ] Bock, 1996 TP5 [mobAB][hypF-] Cette étude Tableau 6 : Souches utilisées au cours de cette étude 106 Chapitre V Matériel et Méthodes Plasmides Caractéristiques Références Vecteurs dédiés à E. coli R pUC19(2,7 kpb) Amp , origine ColE1 pET21c (5,5 kpb) AmpR, PrT7, lacI, origine ColE1 Pr T7,gène de la ferrédoxine CAC0303 de C. acetobutylicum, streptag Pr T7,gène de la ferrédoxine CAC3527 de C. acetobutylicum, streptag Pr T7,gène de la ferrédoxine sauvage de de C. acetobutylicum, streptag Pr T7,gène de la ferrédoxine CAC3527 de C. acetobutylicum, streptag fusion traductionnelle entre la Gluthatione Stransférase avec le gène de la Fdx CAC0303 de C. acetobutylicum, streptag pET21cCAC0303 pET21cCAC3527 pET21cFdxMJwt pET21cFdxMJ∆ pGEX6P3CAC0303 pTRC99A pTRC99AgaporMJCtag pTRC99AgaporMMCtag AmpR, origine Col1, Pr tph, lacI Pr tph, gène de la gapor de M. jannaschii, streptag Pr tph, gène de la gapor de M. maripaludis, streptag Yannisch-Perron et al. (1985) Novagen Cette étude Cette étude Cette étude Cette étude Cette étude Cette étude Cette étude Cette étude Vecteurs Navettes E.coli/Clostridium pTSH1 (7,67 kpb) AmpR, MLS, pr thlA + hydA (gène de l'hydrogénase de C. acetobutylicum avec un Streptag en C-Terminal, gène repL, origine ColE1 pPHhydACtag Amp , MLS, pr hydA (Promoteur et gène hydA1 de l'hydrogénase de C. acetobutylicum avec un Streptag en CTerminal), gène repL, origine ColE1 Girbal, AEM 2003 pPHgaporMjCtag AmpR, MLS, pr hydA (Promoteur du gène de l'hydrogénase de C. acetobutylicum), gène gor de M. jannaschii avec un Streptag en CTerminal, , gène repL, origine ColE1 Cette étude pPHgaporMMCtag AmpR, MLS, pr hyd (Promoteur du gène de l'hydrogénase de C. acetobutylicum), gène gor de M. maripaludis avec un Streptag en CTerminal, gène repL, origine ColE1 Cette étude Girbal, AEM 2003 R pTSH1fdxMJwt Ctag pTSH1fdxMJ∆ Ctag pPHfdxMJwt Ctag pr thlA, gène de la ferrédoxine de M. jannaschii sauvage pr thlA, gène de la ferrédoxine de M. jannaschii tronqué du domaine C-terminal pr hyd, gène de la ferrédoxine de M. jannaschii sauvage 107 Cette étude Cette étude Cette étude Chapitre V Matériel et Méthodes pPHfdxMJ∆ Ctag pr hyd, gène de la ferrédoxine de M. jannaschii tronqué du domaine C-terminal Cette étude Tableau 7 : Plasmides utilisés lors de cette étude 2. Conservation des souches d’E. coli Les souches sont conservées dans une solution de glycérol à 20% (concentration finale v/v) à -80°C en tubes cryogéniques. 3. Conservation de C. acetobutylicum L'ensemble des souches est conservé sous forme de spores à -20°C. La sporulation est obtenue après une culture de 4 à 5 jours en milieu synthétique (MS) liquide à 37°C. La présence de spores est vérifiée par observation en microscopie optique. 4. Milieux de culture et conditions de croissance 4.1 C. acetobutylicum 4.1.1 Conditions de croissance C. acetobutylicum est une bactérie anaérobie stricte, le maintien de conditions anaérobies sévères est un prérequis à la croissance. Les cultures discontinues en milieu liquide sont réalisées dans des bouteilles serties dont le milieu a préalablement été dégazé à chaud avec de l'azote (pendant 15 à 30'), afin de vérifier qu'il n'y a pas de traces d'oxygène, de la résazurine (1 mg.l-1) est ajouté au milieu de culture avant d'ajuster le pH. Les fioles sont autoclavées 20 minutes à 120 °C puis de la cystéine (0,5 g.l-1) est rajoutée en conditions anaérobies afin de réduire le milieu et d'abaisser le potentiel redox. L'anaérobiose est contrôlée grâce à un détecteur numérique en continu (catharomètre) indiquant la concentration en O2 et en H2 en temps réel et des indicateurs papier. Les inocula sont préparés par ensemencement, avec une solution stock de spores (10% v/v). Un choc thermique (80°C, 15 à 20 min selon le volume) permet d'éliminer les formes végétatives et de synchroniser la germination des spores. L’antibiotique (érythromycine 200 µg/ml, chloramphénicol 50 µg/ml) est ensuite ajouté. 108 Chapitre V Matériel et Méthodes 4.1.2 Milieux de culture Le milieu synthétique de base (Vasconcelos et al., 1994) est utilisé pour les cultures en fioles serties (préparation des inocula, sporulation des souches, ...). Composition du milieu synthétique (MS) à base de glucose : Glucose 60 g/l KH2PO4 0,5 g/l K2HPO4 0,5 g/l MgSO4, 7H2O 0,2 g/l FeSO4, 7H2O 0,01 g/l CH3COOH 2,2 g/l Acide para-aminobenzoïque 8 mg/l Biotine 0,04 mg/l Le pH du milieu est ajusté à 6,3 avec de l'ammoniaque concentré. Le milieu 2 YTG est utilisé lors de la préparation d'ADN chromosomique de C. acetobutylicum, ainsi que pour la croissance de la souche. Composition du milieu 2 YTG : Bactotryptone 16 g/l Extrait de levure 10 g/l NaCl 4 g/l Glucose 5 g/l Le pH est ajusté à 5,2 avec une solution d'acide chlorhydrique. Le milieu CGM est un milieu riche utilisé pour les cultures de production de protéines chez C. acetobutylicum. Composition du CGM : YE 6,25 g/l KH2PO4 0,9375 g/l 109 Chapitre V Matériel et Méthodes K2HPO4 0,9375 g/l MgSO4, 7H2O 0,5 g/l MnSO4,7H2O 12,5 mg/l FeSO4,7H2O 3 mg/l NaCl 1,25 g/l Asparagine 2,5 g/l (NH4)2SO4 2,5 g/l Le pH est fixé à 6,6 avec ajout d’ammoniaque concentré Le glucose est ensuite ajouté à 20 g/l final Le milieu RCA est utilisé pour la culture de C. acetobutylicum sur boite RCA RCA 38 g/l Agar 15 g/l Le pH est fixé à 5,8 avec de l’acide Chlorhydrique concentré. 4.2 Escherichia coli 4.2.1 Conditions de croissance Le milieu LB est couramment utilisé pour la culture des souches d'E. coli. Il est supplémenté avec des antibiotiques (ampicilline à 100 µg.ml-1, érythromycine à 200 µg.ml-1, chloramphénicol à 35 µg.ml-1, kanamycine à 25 µg.ml-1) lors de la culture de souches transformées par des plasmides portant le gène de résistance à ces antibiotiques. Les cultures sont réalisées généralement à 37°C, sauf dans le cas de production spécifiques de protéines où il est alors parfois nécessaire d’abaisser la température à 25°C ou 30°C. 4.2.2 Milieux de culture Composition du milieu LB (Sambrook et al., 1989): Bactotryptone 10 g/l 110 Chapitre V Matériel et Méthodes Extrait de levure 5 g/l NaCl 10 g/l Le milieu liquide SOC est utilisé pour la culture des cellules E. coli DH5α, TOP10, BL21(DE3) et TP1000 lors de la préparation de cellules compétentes selon le protocole établi par Inoue (Inoue et al., 1990). Composition du milieu SOC : Bactotryptone 20 g/l Extrait de levure 5 g/l NaCl 10 mM Glucose 20 mM KCl 2,5 mM MgCl2, 6H2O 10 mM MgSO4, 7H2O 10 mM Le milieu MAC est adapté à la culture d'E. coli DH5α en " anaérobiose ", ce milieu est utilisé pour la culture de cellules recombinantes en vue de dosages enzymatiques. Composition du milieu MAC : Glycérol 20 g/l Tryptone 10 g/l Extrait de levure 5 g/l HEPES 23 g/l FeSO4 50 mg/l NTA 200 mg/l K2HPO4 0,5 g/l NaCl 2 g/l Le pH est ajusté à 7,3 avec une solution concentrée d'ammoniaque. Le milieu est alors réparti sans dégazage préalable à l'azote et les fioles sont serties avant d'être autoclavées. Dans ces conditions, E. coli utilise l'oxygène présent pour débuter sa 111 Chapitre V Matériel et Méthodes croissance puis évolue vers une croissance et une expression protéique en condition d'anaérobie. L'antibiotique adéquat est ajouté en fonction de la souche recombinante à cultiver ainsi que du nitrate de sodium (85 mg.l-1) qui favorise la croissance d'E. coli dans un milieu limité en oxygène. 4.2.3 Cultures en Bioréacteur de type Batch Système Polybatch™ Les bioréacteurs Polybatch™ sont des réacteurs de 2 litres de capacité permettant de cultiver des microorganismes en mode batch en contrôlant les différents paramètres de la fermentation de manière automatisée. Le pH est régulé par ajout automatique d’une base ou d’un acide selon le mode de culture. La température et l’agitation sont également régulées de manière automatique. Le réacteur est une enceinte étanche qui permet de contrôler et de modifier la composition de l’atmosphère pendant la culture. Ce dispositif permet de réaliser des cultures de C. acetobutylicum et E. coli en mode anaérobie ou non. 5. Préparation des extraits cellulaires aérobie Les cultures en erlenmayer (volume de 200 ml à 1 litre) ou en réacteur polybatch (volume de 1,5 litres) sont centrifugées à 7000g à 4°C sur deux cycles de 10 minutes puis lavées deux fois dans un tampon Tris-HCl à 50 mM pH 8,0, 10% glycérol et finalement concentrées 30 fois dans ce même tampon avant utilisation directe en purification ou congélation à -80°C. 6. Préparation des extraits cellulaires anaérobie Les cultures en fioles sont entrées dans la boîte à gants puis transférées dans des tubes à centrifugation. La centrifugation est effectuée à 7000rpm pendant deux fois 10 minutes puis les cellules sont lavées avec du tampon Tris-HCl 50mM pH 8,0, 10% glycérol dégazé à l’azote et réduit par du DTT à 2 mM. Les cellules sont ensuite reprises dans ce même tampon et concentrées 30 fois avant utilisation immédiate ou stockage à -80°C. 112 Chapitre V Matériel et Méthodes Les cultures issues d’un bioréacteur de 1,5 l sont transférées dans une bouteille Shott de 2 l avec un dispositif qui permet de maintenir un flux permanent d’azote. Une fois récoltée, la culture est transférée dans des pots de centrifugation étanches dans la boîte à gants. Les cellules sont centrifugées deux fois à 7000 rpm puis lavées avec du tampon Tris-HCl 50mM à pH 8,0, 10% glycérol dégazé à l’azote et réduit par 2 mM de DTT. Les cellules sont ensuite concentrées 30 fois dans ce même tampon puis congelées à -80°C en fioles étanches ou utilisées immédiatement. 7. Techniques de génie génétique 7.1 Isolement et manipulation des acides nucléiques 7.1.1 Transformation d’E. coli Les cellules compétentes sont des cellules dont la transformation par des plasmides est facilitée par divers traitements chimiques, thermiques ou électriques. - E. coli DH5α, TOP10 et BL21, TP1000 compétente par la méthode SEM (Inoue et al., 1990) Ce protocole est efficace avec des souches ayant un temps de génération de l'ordre 40 minutes, comme les souches recA - du type DH5α. Les manipulations se font dans la glace, de façon à ne pas rompre la chaîne du froid. Milieux Tampons SOC ou LB TB : 10 mM PIPES 15 mM CaCl2 250 mM KCl pH ajusté à 6,5 avec KOH 55 mM MnCl2 Protocole A partir d'une culture d'E. coli en milieu SOC ou LB à 18°C (~48h) : - Refroidir la culture ayant atteint une DO600nm de 0,6, dans la glace pendant 10 minutes. - Centrifuger les cellules 10 minutes à 2500 g - Eliminer le surnageant - Reprendre le culot dans un volume de TB (glacé) égal au tiers du volume de culture initial 113 Chapitre V Matériel et Méthodes - Incuber les cellules 10 minutes dans la glace - Centrifuger 10 minutes à 2500 g - Eliminer le surnageant - Reprendre le culot dans du TB (8 ml pour 100 ml de culture) - Rajouter du DMSO à une concentration finale de 7% - Aliquoter par 200 µl, congeler les cellules dans de l'azote liquide - Conserver les cellules compétentes à -80°C Transformation par choc thermique : - Ajouter l'ADN à 100 µl de cellules compétentes - Incuber 20 minutes dans la glace - Choc thermique à 42°C pendant 45 secondes - Remettre immédiatement les cellules dans la glace pendant 5 minutes - Ajouter 900 µl de LB ou de SOC - Incuber 1h à 37°C - Etaler les cellules sur milieu de culture sélectif 7.1.2 Transduction d’ADN génomique par le phage P1 La technique de transduction par le phage P1 permet de transférer une mutation sélective (insertion de cassette de résistance à un antibiotique) d’une souche donneuse d’E. coli à une souche receveuse. Protocole : Création du lysat de phage P1 à partir de la souche donneuse - A partir d’une culture sur la nuit à 37 °C de la souche donneuse, inoculer avec 0,1 ml de la culture overnight 10 ml de LB + 0,2 % de Glucose et 5 mM de CaCl2. Croissance pendant 30 min à 37°C. - Ajout de 100 µl de lysat de virus P1 puis incubation de 3 h à 37°C - Ajout de 0,1 ml de Chloroforme pur + agitation - Centrifuger à 4500g pendant 10 min puis transférer le surnageant dans un tube stérile. - Ajout de 100 µl de Chloroforme + agitation 114 Chapitre V Matériel et Méthodes - Conserver le lysat P1 de la souche donneuse à 4°C en attendant la transduction Infection de la souche receveuse - Réaliser une culture de la souche donneuse sur la nuit dans 10 ml de milieu LB - Centrifuger la culture pendant 10 min - Reprendre le culot dans 2,5 ml d’une solution de MgSO4 à 10 mM avec 5 mM de CaCl2. - Infection de la souche donneuse par le phage P1 (5 tubes de concentration en P1 croissante) : Culture overnight Lysat de phage P1 1 0,1 ml - 2 0,1 ml 10 µl 3 0,1 ml 50 µl 4 0,1 ml 100 µl 5 - 100 µl Laisser incuber 30 min à 30°C - Ajout de 100 µl de Citrate de Sodium (arrête la transduction) - Ajout de 600µl de LB puis incubation 45 min à 37°C - Etaler 300µl sur des boites LB agar 7.1.3 Préparations d'ADN plasmidique d'E. coli Les mini-préparations d'ADN plasmidique sont réalisées sur 1 à 2 ml d'une culture sur la nuit en milieu LB additionné d'antibiotique(s) par la méthode de la lyse alcaline (Sambrook et al., 1989) ou à l'aide de mini-colonnes du kit QIAprep (Qiagen™). Les mini-colonnes sont utilisées pour obtenir une préparation d'ADN très propre, destinée à être manipulée (digestion, ligation, ...) ou à être incorporée chez E. coli par transformation. Les midi-préparations d'ADN plasmidique sont réalisées à l'aide de midi-colonnes Qiagen™ à partir de 50 ml de culture. Elles sont utilisées pour obtenir une grande quantité de matériel plasmidique. 115 Chapitre V Matériel et Méthodes 7.1.4 Préparation d’ADN plasmidique chez C. acetobutylicum L'ADN plasmidique est extrait à partir de 6 ml de culture sur milieu CGM ayant atteint une DO600nm d'environ 0,5. Les cellules sont collectées par centrifugation (10 min, 6000 rpm, 4°C), lavées avec 5 ml de tampon KCl (0,5M KCl, 0,1M EDTA, 0,05M Tris-HCl pH 8) puis par 5 ml de tampon SET (25% saccharose, 10 mM EDTA, 25 mM Tris-HCl pH 8) et repris finalement dans 450 µl de tampon SET avec 20 mg/ml de lyzozyme. Le mélange est incubé 45 min à 37°C puis conservé dans la glace ou congelé. Le culot est mélangé avec 350 µl de tampon SES (200 mM NaOH, 10 mM EDTA, 50 µl de 0,5M, 1% de SDS, H20 qsp 2,5 ml) puis 350 µl de tampon KAC 5M (5M acétate de potassium 60ml, acide acétique glacial 11,5 ml, H2O 28,5ml) et incubé 40 min dans la glace. Après une centrifugation à 12000 rpm à 4°C, le surnageant est prélevé et deux extractions phénol-chloroforme (vol/vol) sont ensuite réalisées. Les ADN sont ensuite précipités avec de l’isopropanol (0,1 vol d’acétate de sodium 3 M à pH 5,2 et 0,7 vol d’isopropanol) et centrifugés à 13500 rpm pendant 10 min. Le culot constitué par les ADN plasmidiques précipités est ensuite lavé avec 500 µl d’éthanol à 70%. Une nouvelle centrifugation est effectuée à 13500 rpm pendant 5 min puis le culot est séché au Speedvac et finalement repris dans 50 µl de TE 1X avec 1 µl de RNase commerciale (Sigma). 7.1.5 Enzymes Les endonucléases de restriction ainsi que les enzymes de modification de l’ADN (ligases, phosphatase alcaline) utilisées proviennent de chez New England Biolabs™, Sigma™ et Fermentas™. Elles ont été utilisées selon les indications des fournisseurs. 7.2 Techniques d’analyse des acides nucléiques Les techniques de digestion, et de clonage (ligation, traitement des extrémités de fragments) sur l'ADN (chromosomique ou plasmidique) sont réalisées selon les procédures standards (Sambrook et al., 1989) à l'aide d'un excès d'enzyme(s) de restriction, ADN ligase de phage T4, fragment de Klenow de l'ADN polymérase I d'E. coli, phosphatase alcaline de 116 Chapitre V Matériel et Méthodes crevette, et selon les recommandations des fournisseurs (New England Biolabs™ ou GIBCO/BRL™). 7.2.1 Electrophorèse en gel d’agarose La séparation et l'analyse des tailles de fragments d'ADN sont réalisées par électrophorèse sur gel d'agarose (de 0,8 à 2% d'agarose selon la taille des fragments, dans un tampon TAE 0,5X). Les fragments d'ADN sont purifiés à partir de gels d'agarose avec les kits de purification sur gel QIAquick (Qiagen™). Du tampon de charge (1X final) est ajouté aux échantillons avant dépôt. Le marquer de taille 1 kb (GIBCO/BRL™) est couramment employé. L'ADN est visualisé aux ultraviolets (DO = 254 ou 312 nm) après coloration du gel dans une solution de bromure d'éthydium (BET) à 0,5 µg.ml-1. TAE 0,5X : Tris acétate 0,02 M EDTA 0,5 mM Composition du tampon de charge (6X) : Bleu de bromophénol 0,25% Xylène cyanol FF 0,25% Glycérol dans l'eau 30% 7.2.2 Amplification de fragments d'ADN L'amplification de fragments d'ADN est réalisée au moyen de la technique d'amplification de chaîne (PCR). L'ADN à amplifier (10 à 100 ng pour de l'ADN génomique, 1 à 10 ng pour de l'ADN plasmidique) est mis en présence des amorces, des dNTPs, de magnésium, de sérum d'albumine bovine, de l'enzyme et de son tampon. La réaction s'effectue dans un volume de 50 µl ou de 100 µl. Vingt-cinq à trente cycles PCR sont réalisés. Chaque cycle comprend une dénaturation (à 92-94°C et pendant 30 secondes), un appariement des amorces à l'ADN cible (30 secondes, température variable), et une élongation à 72°C (durée variable). 117 Chapitre V Matériel et Méthodes Taq Polymérase (Biolabs™) Dépourvue d’activité de correction sur épreuve, cette polymérase réalise environ une erreur sur 1000 bases amplifiées. Elle n’est donc utilisée que pour les vérifications par PCR de la présence d’un gène d’intérêt sur des plasmides ou sur de l’ADN génomique. Polymérase pFusion et Pfu (Biolabs™) Polymérase très fidèle, elle est utilisée pour l’amplification de fragments d’ADN destinés au clonage dans des plasmides. Le protocole utilisé respecte les spécifications éditées par Biolabs™. Le kit Pwo DNA polymerase (Roche Molecular Biochemicals™) est aussi utilisé, il présente les mêmes propriétés que le kit précédemment décrit, avec une fidélité supérieure, mais une efficacité d'amplification moindre. Expand Long Template PCR System et Pwo DNA polymerase (Roche™) Les amplifications PCR longues sont réalisées avec le kit Expand Long Template PCR System (Roche Molecular Biochemicals™) selon les recommandations données par le fabriquant. Ce système permet d'amplifier efficacement des fragments de grande taille (jusqu'à 20 kpb), en minimisant le taux d'erreurs du fait de la combinaison de deux ADN polymérases. Le choix est fait entre les différents kits selon la taille du fragment à amplifier et la difficulté de l'amplification. 118 Chapitre V Matériel et Méthodes 7.2.3 Table des oligonucléotides Nom Séquence 3' - 5' Utilisation Clonage du gène gor de M. jannaschii dBam-gor-GEX6P3 TTTTTTTTTTGGATCCATGAAAAATGCTTTAATAAATG C Clonage Mj gor dans pGEX6P3 (direct) rXho-gor-GEX6P3 AATTTAAATTTGGCCTCGAGTTATTTTTCAAATTGAG GATGTG Clonage Mj gor dans pGEX6P4 (reverse) dBam-gor-pPhCtag TTGGATCCTACATTTTGGGAGGATAAACATGAAAAAT GCTTTAATAAATGCAACGTG Clonage Mj gor dans pPHCtag (direct) rXma-gor-pPhCtag TCCCCCCGGGACTAATTCTCCAATCAATACCCAATAA Clonage Mj gor dans pPHCtag CTC (reverse) dPrhyd-pPhCtag CCTCCTTATAAAATTAGTATAATTATAGC Clonage pr hydrogénase C. acetobutylicum (direct) rPrhyd-pPhCtag GGATCCAATTAAAATATATTAATAAACTTCGTTAAAAA ATT Clonage pr hydrogénase C. acetobutylicum (reverse) dBspH1-gorMmpTRC99A TTTCACCTCATGAACATTTTGATTGATGGATCAAG Clonage Mj gor dans pTR99A (direct) rXma1-gorMm-pTRC99A TCCCCCCGGGTTATTTTTCAAATTGAGGATGTGACC ATTATTCTTTTAATTTCCAGTCAATTTCTAACT Clonage Mj gor dans pTR99A (reverse) (contient le Streptag II) Clonage du gène gor M. maripaludis dBam-gorMm-pPhCtag TTGGATCCTACATTTTGGGAGGATAAACATGAACATT TTGATTGATGGATCAAG Clonage Mm gor dans pPHCtag (direct) rXma-gorMm-pPhCtag TCCCCCCGGGTTATTCTTTTAATTTCCAGTCAATTTC TAACAATTCGCTGT Clonage Mm gor dans pPHCtag (reverse) dBspH1-gorMmpTRC99A TTTTTTTTTCATGAACATTTTGATTGATGGATCAAGAC Clonage Mm gor dans pTR99A (direct) rXma1-gorMm-pTRC99A TTTTTTCCCCCCGGGTTATTTTTCAAATTGAGGATGT GACCATTCTTTTAATTTCCAGTCAATTTCTAACAATTC Clonage Mm gor dans pTR99A (reverse) (contient le Streptag II) Clonage du gène gor P. furiosus dBam-gorPf-pPhCtag Clonage Pf gor dans pPHCtag (direct) rXma-gorPf-pPhCtag Clonage Pf gor dans pPHCtag (reverse) 119 Chapitre V Matériel et Méthodes Clonage des ferrédoxines de C. acetobutylicum et M. jannaschii PeTNdefdCA03 TTTGGTTCCATATGGCATATAAAATAACAGACGCTTG TG Clonage Fdx CAC0303 dans pET21c (direct) PeTEcoFdCA03 CCGGAATTCTTATTTTTCAAATTGAGGATGTGACCAC TCTTGAACTGGAGCTCCTACTGG Clonage Fdx CAC0303 dans pET21c (indirect) pGXBamFdCA03 CGGGGATCCATGGCATATAAAATAACAGACGCTTGT G Clonage Fdx CAC0303 dans pGEX6P3 (direct) pGXXhoFdCA03 GGCCTCGAGTTACTCTTGAACTGGAGCTCCTACTGG Clonage Fdx CAC0303 dans pGEX6P3 (indirect) PeTNdefdCA27 TTTGGTTCCATATGCCTAGAAGAATTAATAAATTAGA TTGTGTTGG Clonage Fdx CAC3527 dans pET21c (direct) PeTEcoFdCA27 CCGGAATTCTTATTTTTCAAATTGAGGATGTGACCAA TGTTCGGATATGCATTTCTTAGGGC Clonage Fdx CAC3527 dans pET21c (indirect) PeTNde1FdMJ TTTGGGAATTCCATATGGCGGTTGAGATAATTGTAGA Clonage Fdx Mjwt et Mj ∆ dans TAGG pET21c (direct) PeTEcoR1FdMJ∆ CCGGAATTCTTATTTTTCAAATTGAGGATGTGACCAA ACCACTTTAATTAATATTGCATTTGT Clonage Fdx Mj∆ dans pET21c (indirect) PETEcoR1fdMJwt CCGGAATTCTTATTTTTCAAATTGAGGATGTGACCAC TTTTTATTTTTATTTTCATCTTTCTTTTTTG Clonage Fdx Mj∆ dans pET21c (indirect) dMobAB CACCAGACACGTTAGCAGGGTCAATCCCACAATAAA AG contrôle délétion opéron E. coli mobab (direct) rMobAB GGATGCGACGCTGGCGCGTCTTATCCAGCCTACTCT contrôle délétion opéron E. coli TG mobab (indirect) dHypF GCGCAGAAAAACGCCGCCGTACGGCGCTG contrôle délétion gène E. coli hypF (direct) rHypF GGCGTTTACGCCGCATCCGGCAATGGTGTC contrôle délétion gène E. coli hypF (indirect) Oligos de contrôle Tableau 8 : Oligonucléotides utilisés au court de cette étude. 7.2.4 Synthèse d'oligonucléotides : Les oligonucléotides ont été synthétisés par les sociétés Sigma™ (France) et Eurogentec™ (Belgique). 120 Chapitre V Matériel et Méthodes 7.2.5 Analyse informatique des séquences : Les Logiciels suivant ont été utilisés pour la construction des plasmides et la gestion des banques de séquence et des alignements multiples : VectorNTI (Informax/Invitrogen), Infobiogen (www.infobiogen.fr). 8. Techniques de purification des protéines 8.1 Cassage cellulaire 8.1.1 Conditions aérobies : Les cellules sont décongelées puis reprises dans deux fois le volume initial de tampon Tris-HCl 100 mM pH8,0. Les cellules sont ensuite cassées par 4 cycles de 30 secondes de sonication puis centrifugées deux fois à 13500 rpm pendant 10 min. Le surnageant est récupéré dans des tubes neufs et centrifugé à nouveau deux fois 10 min à 13500 rpm. Le surnageant est extrait et filtré sur des filtres 0,22 µm et conservé à 4°C avant la purification. Dans certains cas particuliers des conditions de cassage plus drastiques ont été utilisées et seront décrites dans le chapitre correspondant. 8.1.2 Conditions anaérobies : L’ensemble du protocole est réalisé dans une boîte à gants afin de respecter une anaérobiose stricte. Les cellules sont décongelées puis reprises dans deux fois le volume initial de tampon Tris-HCl 100 mM pH 8,0 dégazé à l’azote et réduit par 2 mM de DTT. Dans le cas de C. acetobutylicum le cassage des cellules débute par une incubation avec du lyzozyme à 1 mg/ml et de DNase I à 1 µl/ml (Fermentas) pendant 20 min avec une agitation par inversion régulière. Le cassage se poursuit par 4 cycles de 30 secondes de sonication puis les cellules sont centrifugées deux fois à 13500 rpm pendant 10 min. Le surnageant est récupéré dans des tubes neufs et centrifugé à nouveau deux fois 10 min à 13500 rpm. Le surnageant est extrait et filtré sur des filtres 0,22 µm et conservé à 4°C avant la purification. 121 Chapitre V Matériel et Méthodes 8.2 Purification sur colonne échangeuse d’ions Cette technique n’ayant été utilisée que pour la purification de la GAPOR (M. jannaschii et M. maripaludis) en condition anaérobie, elle est donc réalisée entièrement dans une boîte à gants en conditions d’anaérobiose stricte. Le surnageant de cassage peut être prépurifié sur une colonne échangeuse de cations avant passage sur les colonnes d’affinité. Cette technique permet de clarifier le surnageant de cassage en éliminant la majorité des protéines cellulaires tout en conservant le maximum de protéine d’intérêt avant passage en purification d’affinité. Le gel est équilibré avec un tampon B (Tris-HCl pH 7,4 dégazé à l’azote et avec 2 mM de DTT). Le surnageant de cassage est dilué 5 fois dans du tampon B puis chargé sur environ 10 ml de gel de type SP-sépharose (Amersham-Pharmacia™). Trois lavages sont réalisés avec 10 ml de tampon B puis la protéine d’intérêt est éluée avec 10 ml de tampon B contenant 0,5M NaCl. L’éluat est ensuite conservé à 4°C. 8.3 Purification par gel filtration Les colonnes Superose 12 et Sephacryl ont utilisées pour les expériences de gel filtration. 8.4 Purification d’affinité sur colonne Streptactin™ Le surnageant est dilué dans deux volumes de tampon Tris-HCl 50mM pH 8,0, DTT 2 mM, puis traité avec de l’avidine à 0,16 g/l afin de bloquer la biotine. Après une incubation de 30 min à 4°C, l’extrait est filtré (filtres Sartorius de 5 µm) et centrifugé une nouvelle fois à 12000 rpm. L’extrait est ensuite chargé sur une colonne d’affinité StrepTactin–Superflow pre-équilibrée avec du tampon Tris-HCl 50 mM pH 8.0 DTT, 2mM. Les protéines retenues sur la colonne sont ensuite lavées par 10 ml de tampon Tris-HCl 50 mM pH 8.0 DTT, 2mM et enfin éluées avec 2,5 mM de desthiobiotine dans ce même tampon. Dans certains cas il est nécessaire que l’éluat ne contienne pas de DTT. Le tampon d’élution utilisé dans ce cas est une solution de Tris-HCl 50 mM pH 8,0 avec 2,5 mM de desthiobiotine et dégazé à l’azote puis à l’hydrogène. 122 Chapitre V Matériel et Méthodes 8.5 Purification des Ferrédoxines La purification des ferrédoxines se fait en plusieurs étapes est diffèrent selon la solubilité de ces dernières après la phase d’expression. 8.5.1 Purification directe des ferrédoxines solubles par chromatographie d’affinité Les ferrédoxines, produites à partir des constructions vectorielles pET21c, qui sont présentes sous une forme soluble dans le surnageant de cassage peuvent être purifiées directement par chromatographie d’affinité StrepTactin. Le protocole de cassage diffère sur quelques points du protocole général présenté au chapitre 8.1. 8.5.1.1 Cassage cellulaire Les cellules sont centrifugées à 6000g puis lavées deux fois par une solution de TrisHCl 50 mM pH 8,0. Les cellules sont ensuite resuspendues dans ce même tampon additionné de lysozyme à 0,5 mg/ml et de DNase I (Fermentas) à 100 unités/ ml et incubés 30 minutes à 37°C sous agitation douce. Le cassage est ensuite achevé par une sonication (4 cycles de 30 s espacés chacune par une période de repos de 2 min à 4°C). L’extrait cellulaire soniqué est ensuite centrifugé deux fois de suite pendant 10 min. Dans le cas, de la purification de protéines contenues produisant des corps d’inclusion le culot est conservé tandis dans le cas de protéines solubles ce dernier est éliminé et le surnageant est conservé à 4°C en attendant les étapes de purification ultérieures. 8.5.1.2 Purification directe par chromatographie d’affinité Le surnageant de cassage est incubé pendant 30 min à 4°C avec de l’avidine (0.16 g/l) puis filtré (filtres Sartorius de 5 µm) et dilué dans un volume de tampon Tris-HCl 50 mM pH 8,0 réduit par 2 mM de DTT. Le surnageant est ensuite chargé sur une colonne d’affinité StrepTactin–Superflow (IBA, GmbH) pré-équilibrée avec du tampon Tris-HCl 50 mM pH 8.0 DTT, 2mM. Les protéines étiquetées retenues sur la colonne sont ensuite lavées par 10 ml de tampon Tris-HCl 50 mM pH 8.0 DTT, 2mM et enfin éluées avec 2,5 mM de desthiobiotine dans ce même tampon. Dans certains cas il est nécessaire que l’éluat ne contienne pas de 123 Chapitre V Matériel et Méthodes DTT. Dans ce cas précis le tampon d’élution est une solution de Tris-HCl 50 mM pH 8,0 avec 2,5 mM de desthiobiotine et dégazé à l’azote puis à l’hydrogène. 8.5.2 Techniques de solubilisation des corps d’inclusion Dans le cas où les protéines produites forment des corps d’inclusion insolubles il est possible de purifier ces dernières à partir du culot de cassage. Le protocole énoncé dans ce paragraphe prend suite directement après le cassage cellulaire décrit au chapitre 8.4.1.1 à partir du culot de cassage. Le culot de cassage contenant les protéines insolubles et mélangées aux débris cellulaires est resuspendu deux fois dans un tampon Tris-HCl 0.1 M, pH 7.5 avec 1 M urée, 0.25 M NaCl, et 0.1% Tween suivi par une centrifugation 10 min à 12000g. Le culot est ensuite lavé deux fois par un tampon Tris-HCl 0.1 M, pH 8 suivi d’une centrifugation à 12000g. Le culot est ensuite solubilisé sous agitation douce pendant 1 heure dans un tampon Tris-HCl 0.1 M, pH 8,0 contenant 8 M d’urée. 8.5.3 Purification post-reconstitution La purification post-reconstitution des ferrédoxines est basée sur le protocole de purification par affinité énoncé au chapitre 8.4.1.2. L’extrait de ferrédoxines reconstituées contient parfois des impuretés et dépôts macroscopiques liés au protocole de reconstitution qu’il est nécessaire d’éliminer avant passage sur la colonne d’affinité. Il est donc parfois nécessaire de filtrer plusieurs fois l’extrait (filtres Sartorius de 0,22 µm) et de le centrifuger à plus de 12000g avant chargement sur la colonne de StrepTactin–Superflow (IBA, GmbH). La suite du protocole se conforme au protocole décrit au chapitre 8.4.1.2. 9. Techniques de chimie de reconstitution Les ferrédoxines sont parfois produites sous une forme particulière (corps d’inclusion...) et/ou purifiées dans certaines conditions (milieu aérobie) qui nécessitent une reconstitution des centres [4Fe-4S] afin d’obtenir une protéine biochimiquement active. Les différentes expériences de reconstitution sont réalisées en boîte à gants sous une atmosphère anaérobie (90% azote et 10% hydrogène). 124 Chapitre V Matériel et Méthodes 9.1 Protocole de reconstitution La solution de ferrédoxine doit être complètement dénaturée avant d’entamer le protocole de reconstitution. Ce dernier peut donc être directement appliqué sur une solution de ferrédoxine resolubilisée (voir chapitre 8.4.2) ou sur une solution de ferrédoxine purifiée et dénaturée dans une solution de Tris-HCl 0.1 M, pH 8,0 et contenant 8 M final d’urée. La solution de ferrédoxine dénaturée est ensuite diluée dans un volume de tampon Tris-HCl 0.1 M, pH 8,0 dégazé et pré-réduit par 10 mM de DTT et 0.1 M de β-mercaptoéthanol pendant 1 heure. Cette solution est ensuite incubée dans une fiole close pendant environ 1 heure sous agitation douce. La concentration en apo-ferrédoxine est ajustée à 125 µM et la reconstitution des centres Fe-S est réalisée avec des solutions concentrées de FeCl3 et de Na2S en respectant un rapport final : [Fe]-[S]/[apo-ferrédoxine] d’environ 20. La solution de FeCl3 est ajoutée en premier lentement puis celle de Na2S sous agitation douce. La fiole est ensuite fermée et le mélange de reconstitution est incubé pendant 2 heures sous agitation douce. Il s’en suit une dialyse sur la nuit à 20°C contre 100 volumes de tampon Tris-HCl 50 mM, pH 8.0 contenant 10 mM de DTT. Le dialysat est ensuite récupéré puis filtré (Sartorius, 0.22 µm) avant que les ferrédoxines soient purifiées par une dernière étape de chromatographie d’affinité. 10. Techniques analytiques 10.1 Dosages du glycéraldéhyde 3-phosphate Le dosage du GAP est effectué à l’aide de la Glycéraldéhyde 3-phosphate déshydrogénase (GAPDH) (Voir réaction figure 30 A) dans un tampon Tris HCl 500mM, en présence de NAD à 5 mM, d’arsenate à 40 mM, de cystéine à 5 mM et de la solution de GAP à doser. La formation de NADH au cours du temps est suivie sur le fluoromètre à λ = 340 nm (voir figure 30 B) et la concentration en GAP est déterminée par la mesure moyennée sauts de formation de NADH. 125 Chapitre V Matériel et Méthodes NAD+ A NADH 3-phosphoglycérate GAP GAPDH B Figure 34 : Dosage biochimique du GAP à la GAPDH. A : réaction catalysée par la Glycéraldéhyde - phosphate déshydrogénase utilisée pour le dosage du GAP. B : Courbe de dosage du glycéraldéhyde 3-phophate (GAP) effectué selon la réaction ci-dessus. Suivi de l’absorbance du NADH formé au cours de la réaction. Déclenchement de la réaction par injection de GAP. Réalisation de 4 sauts de NADH par injection dans le milieu réactionnel : 1. 10µl 2. 20µl 3. 10µl 4. 40µl. réaction à 25 °C, Tris HCl 500mM. 10.2 Dosages des activités enzymatiques 10.2.1 Dosage des protéines totales 10.2.1.1 Dosage de Bradford Les protéines sont dosées selon la méthode très sensible de Bradford (1976). L'extrait acellulaire (0,8 ml) dilué est mélangé à 0,2 ml de réactif concentré Biorad composé de méthanol et d'acide phosphorique. Après 5 minutes, l’absorbance à 595 nm (spectrophotomètre Kontron Uvikon 810). La courbe étalon est réalisée à l'aide d’une solution d'albumine bovine. Le dosage des ferrédoxines necessite une correction par aminoquant (voir chapitre 10.2.1.3). 126 Chapitre V Matériel et Méthodes 10.2.1.2 Dosage Micro-biuret La réaction du biuret forme un complexe pourpre entre la liaison peptidique et un réactif contenant du cuivre en milieu alcalin. Le complexe de coordination résultant absorbe fortement dans le bleu. Les protéines sont mises en présence d’une quantité de réactif puis sont incubées à l’obscurité pendant 30 min. L’absorbance est ensuite mesurée à 540 nm. Remarque : on observe de nombreuses interférences réactionnelles avec des composés aminés (Tris, urée...), du saccharose et du glycérol. Composition du réactif de Cornall : CuSO4, 5H2O : 1,5 g Tartrate NaK : 6g NaOH : 30 g Eau qsp 1L 10.2.1.3 Dosage en Aminoquant Le dosage de la concentration en ferrédoxine totale nécessite une correction par aminoquant : Protocole d’hydrolyse acide Les protéines sont totalement hydrolysées en acides aminées par un traitement acide et thermique. - Solution d’hydrolyse : HCl 12 N + phénol 1% : 100 µl : 100 µl - Echantillon (ferrédoxine, BSA ou étalon acide aminé pur) : 100 µl L’ensemble est déposé dans une ampoule en verre (volume 5ml) étanche (scellée à la flamme) et disposé dans un bain thermostaté à 105 °C pendant 22 h. Le mélange est ensuite neutralisé par du NaOH à 6 N (50µl échantillon + 50 µ NaOH) pendant quelques minutes et est ensuite analysé par dosage en HPLC Aminoquant. Protocole de dosage des acides aminés en HPLC Aminoquant (méthode de calibration et d’exclusion des acides aminés parasites) : 127 Chapitre V Matériel et Méthodes Certains acides aminés sont détruits partiellement ou totalement par l’hydrolyse acide ou ont été transformés en un autre acide aminé : Thr / Ser : détruits partiellement par l’hydrolyse acide Met : oxydée partiellement Asn / Gln : transformés en Aap et Glu ce qui fausse également le dosage de ces derniers Trp / Cys : totalement détruits par l’hydrolyse acide Seul le dosage des acides aminés suivants a été retenu : His, Ala, Tyr, Val, Ile, Leu, Pro. La séquence des protéines dosées étant connue, il est possible d’estimer précisément leur concentration par la moyenne des dosages unitaires de leurs acides aminés. 10.2.2 Préparation des extraits cellulaires aérobie Le volume de la culture à DO600nm 2 - 2,5 est prélevé stérilement dans un tube de centrifugation. Une fois les tubes ou les cultures en fiole sertie, transférés dans l'enceinte anaérobie, les cellules sont centrifugées à 6000 g durant 15 minutes à 4°C. Le culot cellulaire est repris dans un tampon Tris-HCl (100 mM pH 7,0), DTT 2 mM puis une centrifugation à 6000 g permet de laver les cellules. Le cassage cellulaire est effectué dans le même tampon au moyen d'un désintégrateur à ultrasons (désintégrateur Vibracell 72434, Bioblock) à 4°C selon 4 cycles de 30 secondes d'ultrasons suivies de 2 minutes de repos. Les débris cellulaires sont éliminés par centrifugation à 13000 x g pendant 5 minutes. Pour la purification des protéines recombinantes (Strep-Tag), l'extrait cellulaire est traité à l'avidine 1 mg.ml-1 pendant 30 minutes à 4°C. 10.2.3 Préparation des extraits cellulaires anaérobie Le volume de la culture à DO600nm 2-2,5 est prélevé stérilement dans un tube de centrifugation. Une fois les tubes ou les cultures en fiole sertie, transférés dans l'enceinte anaérobie, les cellules sont centrifugées à 6000 g durant 15 minutes à 4°C. 128 Chapitre V Matériel et Méthodes Le culot cellulaire est repris dans un tampon Tris-HCl (100 mM pH 7,0), DTT 2 mM puis une centrifugation à 6000 g permet de laver les cellules. Le cassage cellulaire est effectué dans le même tampon au moyen d'un désintégrateur à ultrasons (désintégrateur Vibracell 72434, Bioblock) à 4°C selon 4 cycles de 30 secondes d'ultrasons suivies de 2 minutes de repos. Les débris cellulaires sont éliminés par centrifugation à 13000 g pendant 5 minutes. Pour la purification des protéines recombinantes (Strep-Tag), l'extrait cellulaire est traité à l'avidine 1 mg.ml-1 pendant 30 minutes à 4°C. 10.2.4 Dosage des activités Les dosages enzymatiques suivant sont effectués en anaérobiose. Une unité d'activité enzymatique est définie comme étant la quantité d'enzyme qui catalyse la conversion de 1 µmol de substrat par minute. Un spectrophotomètre HP8453A UV/Visible (HewlettPackard), équipé d'un enregistreur a été utilisé pour les dosages enzymatiques dans l'enceinte anaérobie. 10.2.4.1 Activité d’oxydation de l’H2 par l’hydrogénase En extraits bruts : Les tests sont menés sur un volume total de 1 ml, dans des cuves spectrométriques en quartz. La solution tampon est du Tris-HCl 50 mM, pH 7,5, DTT 2 mM préchauffée à 37°C. Avant le démarrage du test, de l’hydrogène pur est injecté et dissous dans la solution tampon par bullage directement dans la cuve en quartz. Les tests sont réalisés avec 20 mM final de Méthyl viologène ou 10 mM final de Benzyl Viologène et déclenchés par ajout de l’extrait cellulaire brut. Sur protéine purifiée : Les tests d’activité hydrogénase sur protéine purifiée et concentrée sont généralement réalisés dans une solution tampon phosphate 10 mM, pH 7,5, 20 mM de DTT et 20 mM de méthyl Viologène. Le test d’activité est déclenché par l’ajout d l’enzyme préalablement diluée si nécessaire afin d’obtenir une activité enzymatique dont la valeur brute est comprise entre 0,1 et 1 DO/min. Sur gel Natif : Lorsque la migration sur gel est terminée (3 h à 75 V), Incuber ce dernier dans un tampon Tris-HCl 50 mM, pH 8,0 pendant 1 h. A jouter du benzyl viologène à 1 mg/ml 129 Chapitre V Matériel et Méthodes final dans le bain et laisser incuber 30 min. Les zones présentant une activité hydrogénases se colorent en bleu. Afin de fixer le colorant dans le gel incuber 15 min avec du RT (10 mg/ml). Rincer le gel à l’eau par plusieurs lavages successifs. Pour les besoins d’une étude enzymatique particulière telle que celle traitée dans le chapitre VII de ce document les essais hydrogénase peuvent être conduits dans un tampon de nature et de pH variés. Les différentes déclinaisons seront alors décrites dans les chapitres concernés. 10.2.4.2 Activité GAPOR Les tests sont réalisés en anaérobiose dans la boîte à gants dans des cuves spectrométriques à 50°C dans un tampon Tris-HCl à 50 mM pH 7.5 ou 8,0, en présence de 0,05 à 1 mM de GAP et de 10 à 150 mM de benzyl viologène ainsi qu’en présence d’un volume variable d’une fraction d’élution de la GAPOR. La longueur d’onde du spectrophotomètre est de 580 nm et la réaction est déclenchée par injection du GAP dans la cuve. 10.3 Analyses en gels SDS-PAGE des protéines 10.3.1 En conditions dénaturantes Les protéines sont séparées sur un gel de polyacrylamide contenant du SDS. Un gel de concentration (à 4%) précède le gel de séparation (à 8 ou 12%). Composition du gel de concentration : /10 ml Mélange acrylamide/bisacrylamide, 40% (37,5:1) 4% 1 ml Tampon Tris-HCl, 1M (pH 6,8) 0,25 M 2,5 ml SDS (20%) 0,1% 50 µl APS (10%) 0,05% 50 µl TEMED 0,05% 10 µl H2O qsp 10 ml Composition du gel de séparation : /20 ml Mélange acrylamide/bisacrylamide 40% (37,5 :1) 130 12% 6 ml Chapitre V Matériel et Méthodes Tampon Tris-HCl, 1,5 M (pH 8,8) 0,375 M 5 ml SDS (20%) 0,1% 0,1 ml APS (10%) 0,05% 0,1 ml TEMED 0,05% 10 µl H2O qsp 20 ml L'APS et le TEMED (N-N-N'-N'-tétraméthylènediamine) sont ajoutés juste avant de couler les gels. La migration est réalisée de 100V/20 mA à 150V/20-30 mA Composition du tampon de migration (5X): Tris base pH 8,3 15,1 g Glycine 74 g SDS 20% 25 ml H20 qsp 1 l Composition du tampon de transfert : Tris base pH 8,3 3g Glycine 14,4 g Méthanol 200 ml H20 qsp 1 l Les échantillons et le marqueur de taille, mélangés au tampon de dépôt 1X, sont incubés à 100°C, pendant 5 minutes avant le dépôt sur gel. Le marqueur de taille utilisé est le marqueur LMW de Pharmacia ou le marqueur précoloré de Biorad (prestained SDS-PAGE standard Low Range). Composition du tampon de dépôt (5X) : Tampon Tris-HCl (pH 6,8) 0,3 M Glycérol 50% SDS 10% Bleu de bromophénol 0,05% 131 Chapitre V Matériel et Méthodes 10 µl de DTT 1 M et 10 µl de ß-mercaptoéthanol sont ajoutés pour 100 µl de tampon avant utilisation ou conservation à -20°C. Migration et coloration Après migration le gel est coloré (2h) dans une solution d'acide acétique (10%), de méthanol (30%) et de bleu de Coomassie (0,3%). La décoloration est réalisée par plusieurs lavages dans une solution d'acide acétique (10%), éthanol (30%). Pour les colorations à l'argent le kit Silver Stain Plus (Bio-Rad) a été utilisé. Après coloration, les gels sont traités 10 minutes dans une solution d'éthanol 70% / glycérol 3%, puis 15 minutes dans une solution de glycérol 3% avant d'être séchés sous vide entre deux feuilles de cellophane (Sigma) pendant environ 2 heures à 80°C. 10.3.2 En conditions natives La migration des protéines en conditions non dénaturantes est réalisée sur un gel de polyacrylamide à 8 % (voir réalisation chapitre 10.3.1) sans ajout de SDS. Le tampon de migration est également un tampon glycine standard mais dénué de SDS. Le tampon de charge est constitué uniquement de Tris-HCl (pH 6,8) et de 0,3 M de glycérol 50%. Le marqueur de taille spécifique ne contenant pas de DTT ni de SDS (Invitrogen™ Native Mark). 10.3.3 Quantification des bandes de protéines : La quantification des bandes de protéines a été réalisée à l’aide du logiciel « Image J » développé par Wayne Rasband (NIH) et disponible à l’adresse suivante : http://rsb.info.nih.gov/ij/docs/intro.html. Ce logiciel permet d’intégrer l’intensité des bandes de protéines sur l’ensemble d’une piste et d’évaluer le pourcentage que représente chaque bande par rapport à l’ensemble de la piste. On obtient au final une estimation approximative de la pureté d’un mélange de protéines déposé sur gel (coloration coomassie ou à l’argent). Afin d’améliorer la précision, la mesure est moyennée sur plusieurs dilutions déposées sur gel afin d’éliminer les problèmes de saturation de coloration. 132 Chapitre V Matériel et Méthodes 10.4 Western Blot des protéines 10.4.1 Streptactin anti-Strep-Tag La présence des protéines de fusion avec l'étiquette Strep-Tag dans les fractions cellulaires ou purifiées a été testée par immuno-empreinte, après dépôt sur gel d'électrophorèse SDS-polyacrylamide de 8 à 12% et transfert électrique des protéines sur membrane pendant 1 heure à 100 volts. La membrane est alors saturée par une solution de BSA 3% dans un tampon PBS pendant une nuit, puis le tampon PBS est utilisé pour éliminer l'excès de BSA. La streptactin anti-Strep-Tag Strep-Tactin HPR (IBA GmbH™) est dilué a 1:830 dans le tampon PBS - tween 0,3% et la révélation par la Péroxydase (Horse Radish) est réalisée grâce à la solution révélatrice suivante : - 2 ml d'une tablette 4C1N (4-chloro-1-naphtol, Sigma) dissoute dans 10 ml de méthanol - 10 ml d'une solution saline (pour 1 l) : 7,5 g NaCl + 2,8 ml de triéthanolamine + 17 ml d'HCl 0,1 M - 5 µl de péroxyde d'hydrogène à 30% Composition du tampon PBS 1X : KH2PO4, pH7,4 0,24 g Na2HPO4, pH7,4 1,44 g NaCl 8g KCl 0,2 g H2O qsp 1 l 10.4.2 Technique de spectroscopie optique : Les tests enzymatiques et les mesures d’absorbance sont réalisés sur un spectrophotomètre Hewlett-Packard et visualisés sur ordinateur grâce au logiciel HP™ ChemStation. 10.4.3 Titrage potentiométrique suivi par spectroscopie optique Le titrage potentiométrique d’une solution de protéine a été réalisé dans une cellule de mesure spectrophotométrique anaérobique balayée par un flux d’argon continu. La solution de 133 Chapitre V Matériel et Méthodes ferrédoxine (2,1 mL à environ 20µM en protéine dans tampon 50mM TRIS pH 8) est contenue dans une partie parcourue par un faisceau lumineux du spectrophotomètre (Uvikon™ 2000). Une électrode combinée (Ag/AgCl/KCl 3 M) de mesure du potentiel est introduite dans la solution afin de suivre le potentiel d’oxydoréduction de la solution. La solution (volume 2ml) de ferrédoxine contient : - La protéine concentrée dans son Tampon Tris pH 8.0 50mM sous agitation douce - Un cocktail de médiateurs de bas potentiel (dont la concentration finale est de 2 µM) servant de navettes électroniques entre le centre rédox de la protéine et l’électrode: Nom Potentiel • Indigo disulfonate carmine - 125 mV • Phénosafranine - 252 mV • Rouge Neutre - 325 mV • Méthyl viologène - 450 mV L’ajout de petits volumes (quelques dizaines de microlitres) de l’hydrosulfite de sodium («dithionite») concentrée (10mM) permet de diminuer progressivement le potentiel de la solution et des spectres optiques de la solution titrée sont enregistrés pour chaque potentiel. 10.4.4 Technique de spectroscopie par Résonance paramagnétique (RPE) : Les expériences de RPE on été réalisées sur un spectrophotomètre Bruker ELEXYS 500E relié à un cryostat Oxford instrument ESR900 sous flux d’hélium. Les échantillons sont tamponnés par du Tris à 50 mM pH 8,0. Les titrations potentiométriques ont été réalisées dans une cuve anaérobie sous atmosphère d’argon à 23°C. Une solution contenant un mélange de médiateurs de bas potentiel a été ajoutée à la solution de protéine (carmin indigodisulfonate, phenosafranine, rouge neutre, méthyl viologène) à une concentration finale de 8 µM chacun. Les potentiels d’oxydoréduction ont été atteints par l’ajout progressif d’hydrosulfite de sodium (10 µM) puis 160 µl d’échantillon ont été prélevés à ce moment et transférés dans un tube en quartz avant d’être rapidement congelés. 134 Chapitre V Matériel et Méthodes 10.4.5 Technique d’électrochimie directe des protéines (voltampérométrie) L’équipement d’électrochimie utilisé a été décrit dans la référence (Leger et al., 2004). Dans le cas de la ferrédoxine CAC0303, la protéine a été adsorbée sur une électrode de graphite pyrolytique fraichement polie (surface 0.1 cm2) avec un traitement de surface à la polymyxine 20 mg/ml dans de l’eau (SIGMA) puis par dépôt de 0,5 µl de protéine. Le film a été suffisamment stable par la suite pour transférer la protéine dans des solutions tampons où le signal électrochimique de la protéine reste bien visible. Dans le cas de la ferrédoxine CAC3527, il n’a été possible d’observer un signal que dans le cas où la protéine a été adsorbée sur l’électrode sans adjuvant d’adsorption. Le tampon utilisé dans toutes les études de voltamétrie est de composition suivante : MES, HEPES, sodium acétate, TAPS, CHES (Sigma, 5mM de chaque composés) et 0,1 M de NaCl. Les données ont été analysées en utilisant le par le programme « SOAS » (C. Léger, BIP, CNRS Joseph-Aiguier Marseille) qui permet la réalisation de régressions linéaires et de transformées de Fourrier disponibles dans la banque NETLIB. 10.4.6 ICP-MS La concentration des espèces métalliques (Fe, W...) présentes dans les protéines a été déterminée par ICP-MS (spectrophotomètre HP 4500, calibrée par un étalon externe) en collaboration avec Mme F. Chaspoul de la faculté de pharmacie de Marseille la Timone. 10.4.7 Techniques de spectroscopie de Masse La protéine dialysée contre du tampon acétate d’ammonium a été analysée en MALDITOF selon le mode linéaire. La matrice (acide sinapinique à 6mg/ml dans 0.1% TFA 50% CH3CN) est déposée sur la plaque avant la solution protéique (<1mg/ml). Le calibrage (close calibration) a été réalisé avec une solution de BSA (standard Applied 66486) dont le PM est proche de GAPOR. Un contrôle a été effectué avec une solution d’Ig1 (masse théorique 148500 Da, masse expérimentale après calibration BSA 148564 Da). Ces mesures ont été réalisées en collaboration avec Mr M. Rossignol de l’INRA d’Auzeville. 135 136 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 137 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 1. Introduction Dans l’optique d’augmenter le rendement de production d’hydrogène par insertion d’une GAPOR dans le métabolisme de C. acetobutylicum (selon la stratégie décrite dans le Chapitre I.3), notre choix s’est porté tout d’abord sur la GAPOR disponible fonctionnant à la température la plus proche de celle de son futur hôte (37°C). Plusieurs gènes candidats codant pour une GAPOR putative ont été identifiés grâce à une recherche par alignements multiples (Logiciel Blast, NCBI) dans des banques de données génomiques (Genbank...). La séquence de référence utilisée est celle de la GAPOR de Pyrococcus furiosus, unique GAPOR caractérisée à ce jour. N’étant limités que par le nombre de séquences génomiques disponibles au début de cette thèse, plusieurs séquences protéiques présentant un degré d’identité très élevé (supérieur à 50%) ont été identifiées chez plusieurs espèces très proches de P. furiosus (Pyrococcus horikoshi, Pyrococcus abyssi) qui se développent également de manière optimale à des températures proches de 100°C. Une séquence protéique a cependant pu être identifiée chez le méthanogène Methanococcus jannaschii présentant un taux d’homologie élevé de 57% et une identité de 42% par rapport à la GAPOR de P. furiosus. Comparativement aux autres microorganismes disposant d’une GAPOR identifiée M. jannaschii présente la particularité de posséder une température optimale de croissance plus faible (de l’ordre de 85°C) et une gamme de températures de développement très large pouvant descendre jusqu’à 48°C (données ATCC). Ceci laisserait à penser que cette GAPOR putative correspondant à l’ORF MJ1185 serait susceptible d’être fonctionnelle à une température beaucoup plus proche de celle de C. acetobutylicum que les GAPOR des Pyrococcales. Cet argument est particulièrement essentiel dans le cadre de l’expression de la GAPOR chez C. acetobutylicum qui nécessitera une adaptation de l’enzyme à la température 138 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase de croissance standard de la bactérie hôte (37°C), afin que celle-ci conserve sa fonctionnalité et une activité significative. Compte-tenu de ses caractéristiques et des objectifs du projet notre choix s’est logiquement porté sur la GAPOR de M. jannaschii dans un premier temps. Nous avons donc entrepris l’étude et la caractérisation biochimique de cette enzyme dans des conditions d’expression hétérologue afin de préparer sa future insertion dans le métabolisme de C. acetobutylicum en remplacement de la GAPDH. 2. Données de séquence et modélisation moléculaire de la GAPOR de M. jannaschii Les GAPOR sont des AOR singulières qui présentent la particularité d’avoir une spécificité très élevée pour le glycéraldéhyde 3-phosphate. La GAPOR de M. jannaschi est une protéine de 622 acides aminés codée par le gène gor (ORF MJ1185) de 1869 bases. C’est l’unique séquence protéique présente dans le génome de M. jannaschii qui présente un taux d’homologie significatif (>25%) avec la famille des AOR. L’analyse de sa séquence (figure 36) par alignement avec la GAPOR de P. furiosus, de P. abyssi et P. horikoshi a permis de mettre en évidence la présence de motifs très conservés liés au site actif de l’enzyme et aux liaisons avec le cofacteur W-ptérine et le centre [4Fe-4S]. Ces motifs ont été identifiés par la résolution de la structure de la FOR et de l’AOR de P. furiosus (Chapitre IV section 3.2). La GAPOR de M. jannaschii présente une homologie de séquence protéique d’environ 56% (dont 42% d’identité) avec le groupe des GAPOR et d’environ 28% avec les AOR et FOR de P. furiosus (figure 35). La présence de motifs fonctionnels conservés et le haut degré d’homologie avec la GAPOR caractérisée de P. furiosus ainsi que l’unicité de la séquence dans son génome, sont autant d’indices de la probable fonctionnalité de la GAPOR chez M. jannaschii. AOR P. P. furiossus furiosus (0.3218) AOR (0.3218) FOR P. furiosus (0.2867) GAPOR M. jannaschii (0.2849) GAPOR P. furiosus (0.0952) GAPOR P. abyssi (0.0590) Gapor P. horikoshi (0.0665) Figure 35 : Dendrogramme des séquences protéiques du groupe des GAPOR à l’AOR et la FOR de P. furiosus. 139 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 1 G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph G G G G Mj Pf Pa Ph 70 MKNALINATTKKFEIIEKTVLP------ITWGLYWHNKFETWKYDAYDEKNVFCFGSG---VLPVIGGHR MKFSVLKLDVGKREVEAQEIEREDIFGVVDYGIMRHNELRTYEVDPYDPRNIVIFGIGPFAGSVLPGSHR MKFSVLKIDVEKKDIKLEDFEREDIYGIIDYGIYVHTQLKTYELEPYDPRNVMIIGKGPFAGSALPGSHR MRFSVLKLDVEKKEVKLEDVDIPEVYGIIDYGIHIHNKLKTYEIEPYDPRNVVIIGKGPFAGSALPGSHR 71 140 LIFSFRSPLWDGFYFSSMGGAGYQFKSTGLNNVAIIGRCENPSILVIENDGQLR------------IDFI LVFFFRSPLYGGLFPSTMGGAGYQFKNVGVDFVEIHGKAEKPTVIILKNDGEKLSVDFYEIELEKLLDVW LVFFYRSPLYGTLFPSTMGGASYQFQHVGVDFVEIHGKAEKPVVIIMKNDGEEISVNFYELEMDKLIEIW LVFFYRSPLYGTLFPSTMGGASYQFQHVGVDFVEVHGRSEKPTVVIMKNDGENVSVSFYEIELEKVIEIW 141 211 EVKEELKTVYEVSKYILE----LYKDKNLRSVVVGEAAKRTNMGGLFSQTVRNGKFVEGSEDWAARGGGG KEYKGEEGVYALTQYLLDNLASVFEGMEFRIAVVGPAALNTNMGAIFSQALRNGKRAVGSEDWAARGGPG EGYKGEEGVYALTQYLLDNLSSEFEGMEFRIAVVGPAALNTNYGAVFSQALRNGKRAVGSEDWAARGGTG KGYKGEEGVYALTQYLLDNLSPEFEGMEFRIAVVGPASLNTNYGAVFSQALRNGKRAIGSEDWAARGGTG 211 280 SVLYRAHNIMGIVFFGD---EK---EDKEEKEKAKKIIESYYKKPMSKVVLEHTKKYRYDEETKTGGTFG SVLLRAHNVVAIAFGGKKRKREFPGEDISDVKVAKRVVEGIHKKAQRDVINESTVKYRYNPKLNTGGTFG SVLLRAHNVVAIAFGGKKRKKKFPGEDITSMSTAKRIVEGVHKKPYNEVVTHATTKYRFNPKLNTGGTFG SVLLRAHNVVGIAFGGKKRKKKFPGEDITNMSTAKRIVEGVHKKPYNDVVTSATTKYRYNPKLRTGGTFG 281 350 NNWLLYKEKVPIFNWRMPYIDKEDRKKILEKILKFYLEIFNKETIEPKRWANCGEPCPVLCKKYRNKNKV GNYPAEGDLVPVLNWQMPYIPKEERIKIHELIMKYYWEPFNKESIQPKNWTTCGEPCPVVCKKHRKGHHV GNYPAEGELVPILNWQMPYIPKEERIKIHELIMKYYWEPFNEESIKPKKWTTCGEPCPAVCKKHRRGHHV GNYPAEGELVPILNWQMPYIPKEDRIKLHELIMKYYWEPFNKESIEPKNWTTCGEPCPAVCKKHRRGHHV 351 416 DYEPYASNGTLLGIFDLYEADRVVKTADALGFDAIEIGNLTAWVFELLDVGLLKEEELNIKKPIFDYKKI EYEPYEANGPLSGSIYLYASDISVHAVDAMGFDAIEFGGTAAWVLELVHKGLLKPA----EVGISDVPEF EYEPYEANGPLSGSIYLYASDISVHAVDSMGFDAIEFGGTAAWLLELVYRGLLKPE----EVGISDKPRF EYEPYEANGPLSGSISLYASDISVHAVDAMGFDAIEFGGTAAWIFELIHRGLLKPE----EVGISDKPRF 417 485 TNDDDEEIR-EISKHNAEQAIKFMHNLAENSNDLYKILSLGKRKAAKILNERFKSRVNKIGKKFNDFAVY TKDDLITKPVEASEKNAKLVAELAHSIAFGKTEVARIIGMGKRKASKILDEKFKDRL-SYGESFKDYGVY SKDDLINNPKETSEHNAKLVAELAHVIAFAKTEIARIAGLGKRKASMILDEKFKDRL-KYGESFKDYAVY SKEDLMNDPEGTSEHNAKLVAELAHSVAFAKTEIAKIVGLGKRKASRILDEKFKDRL-KYGESFKDYAVY 486 561 VPFGDWGEIAPNLYWTPGFFMPFVIQGRYLTYYKP-EFNEPEKLAELVVESIKLELPIENLGICRFHRKW TPLGDDGEINPTMYWAIGNFIPLPIQGRYWTFYQFGVFLEPEELAQKIVSSALWEFWYDNVGWCRFHRGW TPLGEDGEINPTMYWAIGNYIPLPIQGRYWTFYAFGTFLEPEELASKIVSSALWEFWYDNIGWCRFHRGW TPLGEDGEINPTMYWAIGNYIPLPIQGRYWTFYAFGTFLEPEELAEKIVSSALWEFWYDNVGWCRFHRKW 556 631 LKPVLKELVKELLGIEDIVEDSIN-LYREICEYNKKIGYPAKIE-SERVKDLIIAMAKEFGNEEWTKKFE MKKVLKALFMEAYGVSIDMEEHAKKQIRKLIDYLKKAGYEPVFWDSMRVIDLVAKGSEEFGNENWAKKFK VKQTLRALFMEAYGVNVDMEEHARKQIRKLIDYAKRAGYIPVFWDSMRVIDLVAKGSEEFGNENWAKKFK LKPTLKTLFMEAYGENVDMEEHAKKQIRRLIDYAKKAGYVPVFWDSMRVIDLVSKGSEEFGNEKWSEKFR 631 659 NKEN--VDEYVKRVLNKYSELLGIDWRIS EDKIGTAKEYLKRVLDAYSQLIGTEWTLEDKIRAAKEYLKRVLEAYSKLMGVDWTIKDKIGTAKEYLKRVLEAYSLLMGTDWRI- Figure 36 : Alignement de séquences entre la GAPOR de M. jannaschii (G Mj), et les GAPOR de P. furiosus (G Pf), P. abyssi (G Pa) et P. horikoshi (G Ph). (algorithme d’alignement multiples et matrice Blosum62). Les résidus présumés comme impliqués dans la constitution du centre [4Fe-4S] sont encadrés en bleu. Les résidus directement impliqués dans le site actif à proximité du W sont encadrés et fléchés en fuchsia. Les résidus en interaction avec la bis-ptérine sont encadrés en vert. 140 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase L’alignement (figure 36) révèle la présence de « gaps » dans la séquence de la GAPOR de M. jannaschii dans des zones fortement similaires chez les GAPOR des Pyroccocalaes. Trois de ces gaps font plus de 3 acides aminés (6, 12, 4 et 2x3) et sont situés dans des régions éloignées du centre actif et des motifs de liaison aux cofacteurs. La zone présentant des acides aminés en interaction avec les cofacteurs ptérine et [4Fe-4S] est très conservée ce qui laisse présager de l’importance capitale du bon positionnement de ces cofacteurs pour la fonctionnalité de l’enzyme. La prédiction des structures secondaires de la GAPOR de M. jannaschii a été effectuée par un consensus d’algorithmes de prédiction et de banques de données de séquences (jeux d’outils www.infobiogen.fr). Un nouvel alignement a ensuite été réalisé avec la séquence des seules deux AOR dont la structure est connue. L’alignement (figure 37) démontre la présence de trois zones (notées I, II et III) dans la séquence d’homologie variable : - La première partie est comprise entre les acides aminés n°1 et 220 de la séquence de la GAPOR. Elle présente une homologie des structures secondaires très élevée avec une majorité de feuillets β et un taux d’homologie de séquences de près de 37%. L’excellente conservation des motifs IIaires en feuillets β permet une superposition tridimensionnelle quasi exacte des structures. Ce domaine est très compact et constitue un socle hydrophobe sur lequel vient s’asseoir la W-ptérine. - La seconde est comprise entre les acides aminés n°221 et 440 avec un alignement des structures secondaires moins fidèle mais avec des résidus très conservés impliqués dans le site actif, la liaison avec les cofacteurs et la zone d’interaction avec la ferrédoxine. Cette partie de la protéine conserve une identité structurale forte au niveau de ses centres réactionnels, mais diffère au niveau de régions fonctionnellement neutres. Le taux d’homologie global de cette seconde partie de séquence descend à 30%. - La troisième et dernière est formée par les acides aminés n°441 à 622 et ne présente qu’une faible homologie de séquence de 24%. La présence de nombreux gaps dans l’alignement montre la grande variabilité de cette partie de la GAPOR par rapport à l’ensemble des AOR. Ce domaine se présente comme une rupture d’homologie nette de la chaîne bien qu’elle conserve une certaine identité avec la FOR et l’AOR au niveau des 3 sites de liaisons avec le centre Fe-S et la W-ptérine. D’après la littérature AOR, le substrat pénètrerait dans la protéine au niveau de ce domaine. Cette partie de la chaîne protéique serait 141 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase également impliquée dans le cheminement du substrat jusqu’au site actif. D’après la structure établie de la FOR (Hu and Rees, 1999), la chaîne formerait à cet endroit un filtre sélectif permettant au substrat de cheminer jusqu’au site actif. Compte tenu du fait que ces protéines homologues catalysent spécifiquement des substrats différents, il est logique de constater que c’est au niveau de ce domaine que l’on observe la plus grande variabilité de séquences. GAPOR : 1 FOR : 1 AOR : ---------------------MKNALINATTKKFEIIEKTVLPITWGLYWHNKFETWKYDAYDE MNVKMVDSMYGWWGRILRVNLTTGEVKVQEYPEEVAKKFIGGRGLAAWILWNEARGVEPLSP-MYGNWGRFIRVNLSTGDIKVEEYDEELAKKWLGSRGLAIYLLLKEMDPTVDPLSP- 43 62 GAPOR: 44 FOR : 63 AOR : KNVFCFGSGV---LPVIGGHRLIFSFRSPLWDGFYFSSMGG-AGYQFKSTGLNNVAIIGR ENKLIFAAGPFNGLPTPSGGKLVVAAKSPLTGGYGDGNLGTMASVHLRRAGYDALVVEGK ENKLIIAAGPLTGTSAPTGGRYNVVTKSPLTGFITMANSGGYFGAELKFAGYDAIVVEGK 99 122 GAPOR: 100 CENPSILVIENDGQLRIDFIEVKEEL—KTVYEVSKYILELYKDKNLRSVVVGEAAKRTN FOR : 123 AKKPVYIYIEDD-NVSILS---AEGLWGKTTFETERELKEIH-GKNVGVLTIGPAGENLAOR : AEKPVYIYIK-DEHIEIRDA--SHIWGKKVSETEATIRKEVGSEK-VKIASIGPAGENL- 157 176 GAPOR: 158 MGGLFSQTVRNGKFVEGSEDWAARGGGGSVLYRAHNIMGIVFFGDEKEDKEEKEKAKKII FOR : 177 ---VKYAVVISQEGRAAG-----RPGMGAVMGS-KKLKAVVIRGTKEIPVADKEELKKLS AOR : ---VKFAAIMNDGHRAAG-----RGGVGAVMGS-KNLKAIAVEGSKTVPIADKQKFMLVV 217 227 GAPOR: 218 ESYYKKPMSKVVLEHTKKYRYDEETKTGGTFGNNWLLY-KEKVPIFNWRMPYIDKEDRK FOR : 228 QEAYNEILN---------SPGYPFWKRQGTMAAVEWCNTNYALPTRNFSDGYFEF---AOR : REKVNKLRN--------DPVAGGGLPKYGTAVLVNIINENGLYPVKNFQTGVYPY---- 277 273 GAPOR: 278 KILEKILKFYLEIFNKETIEPKRWANCGEPCPVLCKK------YRNKNKVDYEPYASNGTL FOR : 274 --ARSIDGYTMEGM----KVQQR--GCP-YCNMPCGNVVLDAEGQESEL-DYENVALLGSN AOR : AYEQSGEAMAAKY-------LVRNKPCY-ACPIGCGRVNRLPTVGETEGPEYESVWALGAN 336 330 GAPOR: 337 LGIFDLYEADRVVKTADALGFDAIEIGNLTAWVFELLDVGLLKEEELNIKKPIFDYKKITN FOR : 331 LGIGKLNEVSVLNRIADEMGMDTISLGVSIAHVMEAVERGILKE----------------AOR : LGINDLASIIEANHMCDELGLDTISTGGTLATAMELYEKGHIKDEEL-------------- 401 395 I II GAPOR: 402 DDDEEIREISKHNAEQAIKFMHNLAENSNDLYKILSLG-KRKAAKILNERFKSRVNKIGKKFNDFA 472 FOR : 396 -----GPTF--GDFKGAKQLALDIAYRKGELGNLAAEGVKAMAEKLGTHDFAMHV-K-GLEVSGYN 466 AOR : ---GDAPPFRWGNTEVLHYYIEKIAKREGFGDK-LAEGSYRLAESYGHPELSMTV-K-KLELPAYD GAPOR: 473 VYV-P----------FGDWGEIAPNLYWTPGFFMPFVIQGRYL--TYYK-PEFNEPEKLAEL FOR : 467 CYIYPAMALAYGTSAIGAHHKEAWVIAWEIGTA-PIEGEKAEKVEYK----ISYDPIK-AQK AOR : PRGAEGHGLGYATNNRGGCHIKNYMISPEILGY-PY KMDPHDV--------SDDKIKM--L 513 517 GAPOR: 514 VVESIKLELPI-ENLGICRFHRKWLKPVLKE-----LVKELLGI----EDIVE---DSINLYR FOR : 518 VVELQRLRGGLFEMLTACRL--PWVEVGLSLDYYPKLLKAITGVTYTWDDLYKAADRVYSLIR AOR : ILFQDLTALI--DSAGLCL----FTTFGLGADDYRDLLNAALGWDFTTEDYLKIGERIWNAER 559 565 GAPOR: 560 EICEYNKKIG-------YPAK----------------IESERVKDLIIAMAKEFG-NE-EWTK FOR : 566 AYWVREFNGKWDRKMD-YPPKRWFTEGLKSGPHKGEHLDEKKYDELLSEYYRIRGWDERGIPK AOR : L-FNLKAG--LDPARDDTLPKRFLEEPMPEGPNKGHTVR---LKEMLPRYYKLRGWTEDGKIP 592 602 GAPOR: 593 KFENKENVD-EYVKRVLNKYSELLGIDWRIS FOR : 603 KETLKELDLDFVIPELEKVTNLE-------AOR : KEKLEELGIAEFY------------------ 622 627 605 Figure 37 : Alignement de séquences entre la GAPOR de M. jannaschii et l’AOR et la FOR de P. furiosus. 142 III Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Afin de visualiser le positionnement de ces trois zones sur la structure tridimensionnelle de la GAPOR, nous avons construit un modèle par « homology modeling » à partir d’un alignement optimisé avec la FOR et l’AOR de P. furiosus. Le modèle obtenu (figure 38) nous permet de constater que la zone n°III de faible homologie ne contient aucun des cofacteurs bien que certains résidus soient impliqués dans l’interaction avec le centre [4Fe-4S] et la ptérine au niveau de l’interface inter-domaines (figure 38 C.). III A II B C I III W Tungstoptérine Centre [4Fe-4S] Figure 38 : Modèle de la GAPOR de M. jannaschii obtenu par « Homology modeling » à partir des structures de l’AOR et de la FOR de P. furiosus sur une station Silicon Graphics et à l’aide du logiciel Dyscovery d’Accelrys. (4400 itérations de minimisation de l’énergie de Gibbs). A. Représentation des structures secondaires prédites. B. Représentation des trois domaines. C. Visualisation du domaine n°III et du positionnement des cofacteurs. 143 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Au niveau de l’AOR et de la FOR de P.furiosus le domaine n°III couvre la zone de communication entre le site actif et la surface de la protéine. Ce domaine rassemble les résidus qui forment un canal d’entrée et de sortie des composés biochimiques et sont donc directement impliqués dans la spécificité de substrat. La faible homologie de la séquence de ce domaine avec celles des AOR est une caractéristique que l’on retrouve également pour les autres GAPOR. Cette propriété n’est donc pas spécifique à la GAPOR de M. jannaschii mais constitue une caractéristique conservée pour toutes les GAPOR. En dépit de la faible précision du modèle, il est cependant possible de formuler l’hypothèse que ce domaine n°III pourrait être impliqué en partie dans la spécificité des GAPOR pour le glycéraldéhyde 3-phosphate. C’est en effet la seule différence majeure que l’on observe sur les alignements entre le groupe des GAPOR et le reste des AOR. Les deux autres domaines restant très similaires dans leur structure et probablement dans leur rôle fonctionnel (site actif, liaison des co-facteurs, interaction avec la ferrédoxine). L’analyse des résidus de surface du domaine n°III du modèle de la GAPOR de M. jannaschii montre la présence d’une dépression à la surface de la protéine suivie d’un canal (figures 39 A. et B.) qui relie la surface de la protéine au site actif de l’enzyme. Cette cavité est essentiellement occupée par le cofacteur W-ptérine au niveau du site actif (tyrosine 352 et acide glutamique 353) et le centre [4Fe-4S] (figure 39 C. et D.). A B 144 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Tungstoptérine C D Centre [4Fe-4S] Figure 39 : Modélisation de la GAPOR de M. jannaschii : A. modélisation de la surface de la protéine au niveau du domaine n°III et de l’entrée du canal de communication au site actif (flèche jaune). B. modélisation des cavités internes à la protéine. C. et D. Zoom sur la cavité interne du site actif de la GAPOR de M. jannaschii et sur l’espace occupé par les cofacteurs biochimiques : W-ptérine et centre [4Fe-4S]. Comme on peut le constater sur le modèle de la GAPOR de M. jannaschii, le cofacteur W-ptérine et l’atome de W sont étroitement impliqués au niveau du site actif de l’enzyme et participent, probablement comme pour toutes les AOR (voir chapitre IV section 3.2), directement à la catalyse du substrat. La forte homologie des résidus qui forment cette cavité entre la GAPOR et les FOR/AOR de P. furiosus confirme la similarité du mécanisme catalytique caractéristique de la famille des AOR (voir chapitre IV section 3.1 et 3.2). La précision du modèle n’est cependant pas suffisante pour positionner avec un degré de fiabilité suffisant les chaînes latérales des résidus du site actif et du canal interne. Il est donc indispensable d’avoir accès à une structure de plus haut degré d’homologie (autres AOR, GAPOR...) ou d’obtenir la structure d’une GAPOR par cristallisation et diffraction des rayons X afin de pousser plus avant l’étude structure/fonctions de la GAPOR. 145 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 3. Expression / Purification de la GAPOR de M. jannaschii La réalisation d’une étude biochimique de l’enzyme passe par l’obtention d’une quantité suffisante de protéine afin de réaliser une caractérisation complète. Notre projet vise à étudier et à optimiser la fonctionnalité de cette protéine chez C. acetobutylium, nous avons donc envisagé de mettre au point un protocole d’expression/purification de la GAPOR de M. jannaschii chez ce micro-organisme, et chez E. coli (intermédiaire de construction) Pour des besoins complémentaires de l’étude l’expression dans la bactérie E. coli a également été considérée. 3.1 Clonage du gène Mj gor Le gène gor codant la GAPOR a été cloné à partir d’ADN génomique de M. jannaschii (Bult et al., 1996) dans un vecteur d’expression navette pPHCtag sous le contrôle du promoteur hydrogénase et sous la forme d’une fusion traductionnelle avec un StreptagII (voir plan de clonage figure 40). Le promoteur hydrogénase est le promoteur de C. acetobutylicum découvert à ce jour dont la force d’expression est la plus élevée. Ce promoteur possède cependant une régulation physiologique qu’il est possible de contrôler de manière optimale par la maîtrise des conditions de culture (Girbal et al., 2003). Les éléments que nous avons insérés dans le vecteur pPHMjGAPORCtag (gène gor, étiquette Streptag II et promoteur hydrogénase) ont été analysés et vérifiés par séquençage. Un autre vecteur : le PTRC99AMjGAPORCtag, optimisé pour l’expression chez E. coli, a été construit. Le gène gor est placé sous le contrôle du promoteur fort et inductible trp dérivé de l’opéron tryptophane. La séquence de la Streptag II a également été rajoutée en Cterminal du gène codant pour la GAPOR. Ce vecteur a été validé par séquençage et il permet de surproduire la GAPOR de manière efficace chez E. coli. 146 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Amp ADN génomique de M. jannaschii pT GAPOR-C-Tag PCR ADNg M. Jannashii BamH1 Xma I BamH1 + RBS gor XmaI Xma I BamH1 Amp Fragment PCR de 1900 pb Amp PCR gor pHHydA-C-Tag Pr Hydro Hydrogénase Cla I 600 pb B gor Figure 40 : Plan de clonage de la GAPOR de M. jannaschii dans le vecteur d’expression navette pPHCtag 147 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 3.2 Optimisation de l’expression hétérologue de la GAPOR L’expression hétérologue de la GAPOR de M. jannaschii a été mise au point chez C .acetobutylicum et chez E. coli afin de maximiser la qualité et la quantité de protéine produite. 3.2.1 Chez E. coli Plusieurs critères influencent de manière prépondérante l’expression hétérologue de la GAPOR chez E. coli à partir du plasmide PTRC99gaporMjCtag : L’analyse de la traduction du gène gor a permis de détecter la présence de 22 codons rares (5 AGG et 15 AGA codant pour des arginines et 2 CTA codant pour des leucines dont la fréquence est < 5%) suivant le code de gestion des codons de la bactérie E. coli. L’impact de ces codons rares sur l’expression de la protéine a pu être diminué par le recours à un système d’expression cellulaire de type BL21 codonplus (Stratagen) possédant un plasmide supplémentaire d’expression des ARNt minoritaires. Il a également été possible d’extraire le plasmide « codon plus » et de conserver sa fonctionnalité en le transformant dans les autres types cellulaires qu’il nous a été nécessaire d’utiliser au cours de cette étude. La présence d’un antibiotique supplémentaire dans le milieu de culture (chloramphénicol à 50 µg/ml) a augmenté la durée de la phase de latence mais n’a pas modifié la conduite globale de la culture et le rendement de production en protéine final. Les AOR étant sensibles à l’oxygène (Mukund & Adams, 1995), l’expression de la GAPOR dans les conditions décrites dans le Matériel et Méthodes (Chapitre V section 4.2) nécessite d’optimiser la croissance dans les conditions anaérobies afin de préserver la protéine d’une inactivation par l’oxygène. La bactérie E. coli croît en condition anaérobie en milieu MAC supplémenté en ampicilline (100µg/ml) avec un taux de croissance proche de ceux obtenus en aérobiose. Afin d’optimiser l’insertion du tungstène dans la protéine, il est nécessaire de déplacer le rapport Mo/W en faveur du W. Nous avons donc réalisé nos cultures avec une concentration en tungstate de sodium de 10 µM afin de conserver un rapport entre les deux éléments 1000 fois plus favorable pour le W que pour le Mo. Cette concentration ne semble 148 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase pas affecter de manière significative la croissance de la bactérie en milieu riche. L’utilisation d’un milieu minéral minimum ne nous a pas permis d’obtenir une expression satisfaisante en conditions anaérobies et en présence d’un excès de tungstène. 3.2.2 Chez C. acetobutylicum Les meilleures conditions d’expression de la GAPOR dans la bactérie C. acetobutylicum contenant le plasmide pPHGAPORMJCtag ont été obtenues dans un premier temps en milieu riche de type CGM supplémenté par 10 µM de tungstate de sodium et 200 µg/ml d’érythromycine. Cette concentration de tungstène ne semble pas affecter la croissance du micro-organisme de manière significative. L’utilisation d’un milieu minimum synthétique a été considéré et réalisé mais ne nous a pas permis d’obtenir des taux d’expression plus élevés. Les codons AGG, AGA et CTA dans la séquence de la GAPOR ne sont plus reconnus comme des codons rares chez cette bactérie, il n’est donc plus nécessaire de recourir à des systèmes de type « codon plus » lors de la phase d’expression. C. acetobutylicum nécessite des conditions d’anaérobie strictes afin de se développer. La culture est donc réalisée comme précisé dans le Matériel et Méthodes (Chapitre V section 4.1) afin d’éliminer toute présence d’oxygène pendant la culture et la récolte des cellules. 3.3 Optimisation et mise au point des conditions de purification de la GAPOR 3.3.1 Mise au point de la purification par affinité Dans le but de valider le système d’expression de la GAPOR avec l’étiquette StrepTag en C-terminal, E. coli DH5α (pPHMjGAPORCtag) a été cultivée en aérobiose dans un milieu LB standard et la protéine recombinante a été purifiée directement après cassage des cellules sur colonne d’affinité StrepTactin (chapitre V section 8.3). L’élution de la protéine retenue sur la colonne Sépharose StrepTactin par une solution de desthiobiotine à 2,5 mM a été réalisée sur plusieurs fractions de volume constant (figure 41). Les diverses fractions d’élutions récupérées sont analysées en gel dénaturant SDS-PAGE. Bien que la quantité de protéine produite soit faible (vecteur navette non optimisé pour l’expression chez E. coli) on observe une protéine purifiée de taille proche de 70 kDa sur le 149 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase gel de coomassie. Cette taille correspond approximativement à la taille théorique attendue de la GAPOR qui est de 72 kDa. A B M C S Fnr E1 E2 E3 M E4 97 66 112 97 45 66 30 30 C S Fnr E1 E2 E3 E4 26 21 17 16 Figure 41 : Gel SDS-PAGE de contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR par le système StrepTag II., A : Coloration au bleu de coomassie piste M : marqueur de taille Precision plus protein Biorad low range; piste C : culot de cassage ; piste S : surnageant de cassage ; piste Fnr : fraction non retenue du passage sur la colonne de StrepTactin ; pistes E1 – E4 : fractions d’élution. B : Western Blot : l’organisation est identique à celle du gel A, M : marqueur de taille pré-coloré Biorad low-range. La stratégie d’expression/purification d’une GAPOR de fusion étiquetée en C-terminal ayant été validée (rendement de purification élevé, stabilité de la protéine satisfaisante), les différents vecteurs construits par la suite pour l’expression des GAPOR ont également incorporé un streptag en position C-terminal. La fonctionnalité du vecteur pPHMJGAPORCTag ayant également été validée, sa transformation dans la souche de C. acetobutylicum ATCC 824 a été réalisée. 3.3.2 Purification de la Mj GAPOR produite chez C. acetobutylicum et amélioration de la méthode La purification de la GAPOR de M. jannaschii produite chez C. acetobutylicum est basée sur une purification par chromatographie d’affinité selon le protocole décrit dans le chapitre précédent et dans le Matériel et Méthodes (chapitre V section 8.3). Il est cependant apparu que la concentration élevée en protéines de l’extrait du surnageant de cassage chez C. acetobutylicum (pPHMJGAPORCtag) diminuait les performances de fixation de la résine. En effet, une grande partie de la GAPOR était retrouvée dans la fraction non retenue (Fnr) 150 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase (figure 42 B). Par ailleurs des bandes de dégradation de la protéine étaient aussi présentes. Afin de pré-purifier le surnageant de cassage avant passage sur la colonne d’affinité nous avons mis au point une étape de chromatographie par échange de cations sur SP-sépharose. Cette étape de pré-purification a permis de diminuer l’exposition de la protéine d’intérêt aux protéases contenues dans le surnageant de cassage en éliminant une grande partie des composés cytosoliques avant incubation avec l’avidine et chargement sur la colonne d’affinité. A M E C S Fnr E2 E3 B M E E4 E5 100 75 112 97 50 66 37 S Fnr E1 E2 E3 E4 30 27 20 26 15 17 C M C C S Fnr E2 E3 D M E4 100 C S Fnr E2 E3 E4 112 97 75 66 50 30 37 26 27 20 17 15 Figure 42 : Contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR via le vecteur pPHMjGAPORCtag chez C. acetobutylicum. Gels SDS-PAGE 12 %. Gel A : Coloration au bleu de coomassie, piste M : marqueur de taille Precision plus protein Biorad™ low range ; piste E : extrait cellulaire total ; piste C : culot de cassage ; piste S : surnageant de cassage ; piste Fnr : fraction non retenue du passage sur la colonne de StrepTactin ; pistes E1 – E4 : fractions d’élution. B : Western Blot : l’organisation est identique à celle du gel A, M : marqueur de taille pré-coloré Biorad™ precision plus protein standard. Gels C et D : Amélioration du protocole de purification de la MJ GAPOR C : coloration au bleu de coomassie D : Western Blot ; marqueur de taille pré-coloré Biorad™ low range. 151 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Nous avons pu observer immédiatement un bénéfice sur le degré de pureté général de la protéine avec une diminution partielle des bandes de dégradation visibles en western-blot (figure 42 D). De plus, cette étape a permis d’améliorer le rendement de purification en diminuant la part de protéine d’intérêt perdue dans la fraction non retenue. Son introduction nous a également permis de travailler sur des volumes de culture plus importants. L’utilisation d’un tampon Tris-HCl pH 8,0, DTT 2 mM ne contenant pas de NaCl a également permis de limiter la perte de protéines durant ces étapes. Les diverses améliorations dans le protocole de purification ont permis d’obtenir environ 550 µg de GAPOR purifiée par litre de culture (DO = 2,5) chez C. acetobutylicum (pPHMJGAPORCTag) et une concentration finale maximale dans les fractions d’élution de 330 µg/ml (Dosage de Bradford calibré au micro-biuret, Matériel et Méthodes chapitre V section 10.2.1). Le degré de pureté obtenu d’environ 98 % (estimé à l’aide du logiciel de quantification Image J, voir Matériel et Méthodes section 10.3.2) à l’issue de cette mise au point nous permet d’envisager la caractérisation biochimique de la GAPOR exprimée chez C. acetobutylicum. 3.3.3 Purification de la GAPOR produite chez E. coli en anaérobie L’expression de la GAPOR chez E. coli en anaérobiose a été réalisée à l’aide du vecteur pTRC99AMJGAPORCtag tout d’abord dans une souche de type DH5α (Codon-plus). Les premiers essais d’expression ont révélé un très faible taux d’expression de la protéine recombinante bien en deçà des taux généralement rencontrés avec le vecteur pTRC99A. La découverte des 22 codons rares et le recours au vecteur d’appoint « Codon-plus » (Stratagène™, voir section 3.2.1 de ce chapitre) a permis de revenir à des taux d’expression plus élevés et conformes à ceux attendus avec ce type de vecteur d’expression. 152 Chapitre VI A M C Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase S Fnr lav1 E2 E3 B M E4 100 90 112 97 50 66 33 30 21 26 C S Fnr Lav1 E2 E3 E4 17 16 Figure 43 : Contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR via le vecteur pTRC99AMjGAPORCtag chez E. col DH5α (Codon-plus). Gels SDS-PAGE 12 %, A : Coloration au bleu de coomassie, piste M : marqueur de taille Precision plus protein Biorad low range ; piste E : extrait cellulaire total ; piste C : culot de cassage ; piste S : surnageant de cassage ; piste Fnr : fraction non retenue du passage sur la colonne de StrepTactin ; pistes E1 – E4 : fractions d’élution. B : Western Blot : l’organisation est identique au gel A, M : marqueur de taille pré-coloré Biorad low range. La protéine de fusion produite présente une taille d’environ 70 kDa visible en coomassie et en western blot (figure 43). Cependant, la production de la MJ GAPOR présente de nombreuses bandes de dégradation dont 3 majeures (45 kDa, 21 et 23 kDa). L’utilisation d’anti-protéases (Kit Roche™) dans les tampons de purification ainsi que la diminution des temps d’incubation après cassage cellulaire n’a pas permis d’améliorer significativement la pureté finale de la MJ GAPOR produite chez E. coli DH5α. Le passage dans la souche BL21 (Codon-plus, Stratagène™) au génome est délété de nombreux gènes codant pour des protéases naturelles, n’a pas permis d’améliorer de manière significative ce résultat. Une séparation par chromatographie sur gel d’exclusion (sur gels Superose 12, Superdex et Séphacryl ; Pharmacia™) a également été tentée mais il n’a jamais été possible d’obtenir une séparation optimale de la GAPOR et des produits de dégradation contenus dans la fraction d’élution. En tenant compte de la concentration réelle en GAPOR, qui a été évaluée à 75 % par quantification de l’intensité des bandes sur gel, la valeur réelle de la concentration en Mj GAPOR purifiée obtenue dans les fractions d’élution est de 975 µg/ml soit une valeur trois fois plus élevée que celle obtenue chez C. acetobutylicum. 153 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 4. Caractérisation biochimique de la GAPOR La caractérisation biochimique de la GAPOR de M jannaschii est un préalable essentiel avant d’envisager son intégration dans le métabolisme de C. acetobutylicum. La caractérisation de la réaction catalysée par cette enzyme a donc été réalisée in vitro selon les conditions décrites par Munkund (Mukund & Adams, 1995) pour la caractérisation de la GAPOR de P. furiosus. 4.1 Activité sur extraits bruts La détection d’une activité GAPOR sur les extraits bruts est délicate en particulier chez C. acetobutylicum car ces extraits contiennent des hydrogénases capables de réduire directement le benzyl viologène dans la cuve du spectrophotomètre avant même l’ajout de GAP (voir protocole du dosage de l’activité GAPOR, Chapitre Matériel et Méthodes section 10.2.4.2). Les hydrogénases d’E. coli et surtout celles de C. acetobutylicum présentent des activités très élevées qui réduisent immédiatement le benzyl viologène et nous empêchent d’observer une différence d’activité GAPOR liée à la présence de GAP. 4.2 Activité de l’enzyme purifiée Les dosages d’activité ont été réalisés selon le protocole décrit dans le Matériel et Méthodes (section 10.2.4.2) dans une boîte à gants, en anaérobiose stricte (mélange : 85% d’azote, 10% d’hydrogène et 5% de CO2) afin de ne pas altérer l’activité de l’enzyme. Les tests sont réalisés dans un tampon Tris-HCl à 100 mM pH 7,5 à 50 °C, en présence de 0,5 mM de GAP et de 25 mM de benzyl viologène et avec 50 µl d’une fraction d’élution de la GAPOR pour un volume total de 1 ml. La longueur d’onde du spectrophotomètre est de 580 nm et la réaction est déclenchée par injection du GAP dans la cuve. Dans le cas de la Mj GAPOR produite chez C. acetobutylicum les tests d’activité effectués sur les fractions purifiées E2 et E3 ont révélé une activité enzymatique significative de réduction du Bv d’environ 0,4 µmol de Bv réduit/min/mg de GAPOR à 50 °C (bruit de fond inférieur à 0,02 µmol de Bv réduit/min/mg). Cependant, il nous est très rapidement apparu que cette activité de réduction du Bv était présente que se soit en présence ou en absence de GAP. L’enzyme produite chez 154 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase C. acetobutylicum semble capable de réduire le Bv sans adjonction de GAP et l’ajout de celuici ne modifie pas la vitesse de la réaction. Il est intéressant de remarquer que nous avons constaté la même activité de réduction du benzyl viologène GAP-indépendante pour la Mj GAPOR produite chez E. coli DH5α/Bl21 (Codon-plus, pTRC99AMjGAPORCtag). L’activité détectée dans ce cas est du même ordre que celle déterminée chez C. acetobutylicum avec une activité spécifique plus faible d’environ 0,28 µmol de Bv réduit/min/mg de GAPOR à 50°C (bruit de fond de 3.10-3 µmol de Bv réduit/min/mg). Il est intéressant de noter que ces activités spécifiques sont reproductibles entre différentes cultures et purifications, que l’enzyme soit produite chez E. coli ou chez C. acetobutylicum. Ce type d’activité de réduction du Bv non GAP dépendante n’a pas été reporté lors de l’étude biochimique de la GAPOR de P. furiosus ni lors des caractérisations des diverses AOR dans la littérature (Mukund & Adams, 1991; Mukund & Adams, 1993; Mukund & Adams, 1995; Rauh et al., 2004). Les conditions du dosage d’activité ont donc été modifiées afin de tenter de retrouver une activité GAP dépendante. Effet de la température : Plusieurs températures de dosage ont été testées afin de se rapprocher de la température optimale originelle de l’enzyme (60°C et 70°C). Bien que relativement faible et peu significative, on observe à 70°C une légère augmentation de l’activité (de l’ordre de 3 - 4 %). Afin de pousser plus loin notre étude sur l’effet de la température, nous avons pré-incubé l’enzyme (1 min, 5 min et 10 min) avant le lancement de la réaction par l’ajout de Bv. M. jannaschii étant un microorganisme se développant à 85 °C, la GAPOR de ce dernier doit rester fonctionnelle à cette température pendant une durée significative. Les dosages d’activité sur enzymes pré-incubées ont révélé un maintien de l’activité précédente pour une incubation d’ 1 min tandis que pour des durées de l’ordre de 10 min et pour une température de 70°C, on observe une nette baisse d’activité d’environ 2 à 3 fois par rapport à la valeur initiale. L’impossibilité technique de monter à une température supérieure dans des conditions 155 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase satisfaisantes ne nous a pas permis de tester l’enzyme à la température originelle de M. jannaschii. Une température de 70°C ne semble donc affecter négativement l’enzyme que sur des durées de plusieurs minutes tandis qu’une exposition courte maintient, ou améliore très légèrement l’activité de l’enzyme. Peu d’informations ont été obtenues sur l’origine de l’activité atypique de la Mj GAPOR à partir de l’étude de l’effet de la température. Analyse de l’activité de réduction des ferrédoxines Nous avons testé l’activité de l’enzyme exprimée chez C. acetobutylicum et E. coli avec la ferrédoxine de M. jannaschii reconstituée (Mjwt) (cf chapitre VII section 3) et la ferrédoxine commerciale de C. pasteurianum et nous n’avons constaté aucune activité d’oxydoréduction du GAP. Les tests ont montré une très faible activité non GAP-dépendante de l’enzyme mais les valeurs sont restées trop faibles malgré nos efforts pour constituer un résultat significatif. Effet du substrat : Nous avons testé différentes concentrations de GAP (vérifiées par dosage enzymatique décrit dans le Matériel et Méthodes section 10.1) de 0,1 mM à 5 mM (le Km de la GAPOR de P. furiosus étant de 0,43 mM (Mukund & Adams, 1995)) avec la Mj GAPOR exprimée chez E. coli et C. acetobutylicum sans jamais observer aucun effet sur l’activité de réduction du Bv de l’enzyme. Plusieurs températures ont été testées lors de ces analyses afin de limiter la dégradation du GAP (demi-vie de 2 min à 70 °C). Les vitesses ont été mesurées dès les premières secondes de la réaction mais aucune différence liée à la présence de GAP n’a pu être détectée. Plusieurs substrats de la même famille ont également été testés afin de vérifier si nous étions en présence d’une AOR classique et non pas d’une GAPOR : acétaldéhyde, formaldéhyde, butyraldéhyde, glycéraldéhyde et glycérol 3-phosphate ainsi que le produit de la réaction : le 3-phosphoglycérate. Aucune différence d’activité n’a pu être observée suite à la présence de l’un de ces substrats ou produit. 156 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Effet du degré de réduction du milieu : Dans le cas d’enzymes sensibles à l’oxygène, telles que la GAPOR, qui nécessitent un environnement réducteur afin de catalyser efficacement leur réaction biochimique, il est parfois nécessaire d’atteindre un degré de réduction suffisant avant d’observer une quelconque activité enzymatique. Le DTT (testé de 0,5 à 5 mM) que nous utilisions dans le dosage est un agent de réduction de force moyenne ayant l’inconvénient d’avoir une cinétique de réduction lente. Nous avons donc envisagé d’utiliser des réducteurs de force croissante afin de vérifier cette hypothèse. L’hydrosulfite de sodium («dithionite»), malgré un effet inhibiteur sur la GAPOR de P. furiosus (Mukund & Adams, 1995) a été testée à des concentrations finales de 0,5 à 5 mM. Nous n’avons pas relevé d’activité GAP dépendante suite à ces modifications tout en conservant une activité de réduction du Bv. L’utilisation d’un des réducteurs chimiques les plus efficaces tel que le citrate de titanium n’a pas permis d’observer de changement significatif. Effets d’activateurs de la GAPOR : Afin d’augmenter l’activité dépendante du GAP nous avons eu recours à des sels connus pour augmenter l’activité de la GAPOR (phosphate de potassium et sodium arsenate) (Mukund & Adams, 1995). Une large gamme de concentrations a été testée (50 à 500 mM) mais elle n’a pas permis de déceler un effet du GAP sur l’activité de réduction du Bv observée. Contrôles de purification : Plusieurs contrôles de purification ont été effectués afin de vérifier que la présence de cette activité n’était pas due à la mise en œuvre même du protocole de purification. Nous avons réalisé des cultures témoins d’E. coli BL21 (pTRC99A) et de C. acetobutylicum ATCC 824 (pPHcTag) contenant chacune un vecteur dépourvu du gène de la GAPOR, dans les mêmes conditions d’expression que celles décrites dans le Matériel et Méthodes section 4. Le protocole de purification a été suivi rigoureusement et les fractions d’élution ont été testées dans les mêmes conditions que précédemment. Les quatre fractions d’élution recueillies pour E. coli et C. acetobutylicum ne contenaient pas de protéine détectable (dosage de protéines, absorbance à 280 nm en spectrophotométrie UV/visible) et ces échantillons n’ont révélé aucune activité de réduction du Bv. 157 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Nous avons également optimisé le protocole de purification en augmentant l’astringence des étapes de lavage de la pré-purification en colonne échangeuse d’ions et de la purification en chromatographie d’affinité. Le rendement de purification de la GAPOR a été diminué par un facteur 2 environ mais l’activité de réduction du Bv est restée présente avec une activité spécifique globalement inchangée. Nous avons par la suite poussé nos investigations plus loin afin de déterminer si cette activité atypique ne serait pas due à des contaminants co-élués avec la Mj GAPOR pendant la purification. Ces travaux sont développés dans la section 5 page suivante. 4.3 Discussion L’étude biochimique de la Mj GAPOR purifiée et produite chez C. acetobutylicum ATCC 824 ainsi que chez E. coli BL21/DH5α n’a pas permis de mettre en évidence l’activité attendue d’oxydoréduction du glycéraldéhyde 3-phosphate. Une activité atypique de réduction du benzyl viologène a cependant été découverte dès l’ajout de l’enzyme purifiée. Cette activité se rapproche de celle d’une hydrogénase (voir Chapitre VII) qui est capable de consommer de l’hydrogène dissous en solution pour réduire le Bv ou le méthyl viologène. Après plusieurs vérifications de la mise en œuvre des tests biochimiques, il nous a été impossible d’obtenir une réduction du Bv GAP-dépendante par la Mj GAPOR. Malgré les différents contrôles effectués, il reste difficile d’expliquer la présence d’une telle activité chez la Mj GAPOR. Il n’est pas exclu à ce stade que cette activité ne soit pas causée par la GAPOR elle-même mais par une autre protéine de type hydrogénase co-purifiée. Il est en effet possible d’observer ce type d’activité compte-tenu du haut niveau d’activité spécifique de ces enzymes et de la présence permanente d’hydrogène à l’intérieur de la boîte à gants utilisée lors de ces différentes expériences. Il semble nécessaire d’approfondir la compréhension de cette activité inexpliquée par la réalisation de plusieurs contrôles supplémentaires relatifs au système d’expression et de purification utilisé pour la GAPOR (cf section 5 page suivante). 158 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase L’étude de la GAPOR de P. furiosus (Mukund & Adams, 1995; van der Oost et al., 1998) n’a jamais révélé la présence d’une activité non GAP-dépendante apparentée. La présence de cette activité inattendue n’explique pas pour autant l’absence d’activité glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase de cette enzyme. Certains problèmes de maturation de la protéine liés à une expression en dehors de son hôte naturel peuvent être à l’origine de ce résultat. Ce phénomène a été particulièrement observé pour les Mo/W-enzymes qui nécessitent des cofacteurs complexes et très spécifiques pour acquérir leur activité catalytique (Temple et al., 2000). Nous avons donc réalisé différents travaux visant à comprendre et à remédier à l’absence d’activité d’oxydoréduction du glycéraldéhyde 3-phosphate de la Mj GAPOR produite chez C. acetobutylicum et E. coli. 159 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 5. Problématique de l’expression hétérologue La GAPOR étant un élément indispensable du projet d’ingénierie métabolique de C. acetobutylicum pour la production d’hydrogène, il nous est nécessaire de comprendre et de remédier à ce défaut d’activité de la GAPOR de M. jannaschii produite et purifiée dans nos conditions. Plusieurs hypothèses ont donc été formulées et discutées, en s’appuyant sur des faits similaires décrits dans la littérature, et ont été testées par différentes analyses biochimiques et biophysiques. Nous avons tout d’abord approfondi l’étude de l’activité atypique de réduction du Bv non GAP-dépendante (« hydrogenase-like ») découverte dans l’éluat de purification de la GAPOR. En effet, il n’est pas possible à ce stade d’attribuer cette activité atypique spécifiquement à la Mj GAPOR dans nos fractions de purification ou à une autre protéine coéluée. Plusieurs expériences de contrôle ont donc été menées afin d’apporter une réponse claire à cette problématique. 5.1 Etude de l’activité inattendue « hydrogenase-like » de la GAPOR de M. jannaschii Plusieurs analyses ont été menées afin de déterminer à quelle protéine attribuer l’activité de réduction du Bv non GAP-dépendante observée. Cette activité se maintient malgré l’augmentation de la stringence de la purification et on observe sa présence uniquement dans les fractions de purification contenant la GAPOR (produite aussi bien chez E. coli que chez C. acetobutylicum). Cependant, ces résultats ne suffisent pas à démontrer que cette activité est réellement intrinsèque à la Mj GAPOR. 5.1.1 Isolement de l’activité « hydrogenase-like » Nous avons tenté de comparer sur deux gels natifs identiques, en anaérobiose stricte, la position de la GAPOR et celle de l‘activité de réduction du Bv. Le test d’activité a été réalisé directement sur le premier gel par incubation dans une solution contenant du Bv, tandis que le second était coloré en coomassie afin de repérer l’ensemble des protéines présentes. La révélation du gel au bleu de coomassie n’a laissé apparaître qu’une seule bande pour les fractions d’élution de la GAPOR produite chez E. coli et chez C. acetobutylicum (figure 44). 160 Chapitre VI A Mn Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase E2E. coli B E2C. aceto Mn E2E. coli E2C. aceto 250 135 75 55 27 Figure 44 : Gels natifs d’une fraction d’élution purifiée de la Mj GAPOR produite chez E. coli (BL21, pTRC99AGAPORCtag) et chez C. acetobutylicum ATCC 824 (pPHMjGAPORCtag). A : révélation au bleu de coomassie. B : révélation de l’activité de réduction du benzyl viologène, la bande est difficilement visible sur une photo numérique elle est donc signalée par une flèche. La révélation du second gel par incubation dans un bain de benzyl viologène puis par fixation au rouge de tétrazolium a permis de visualiser très nettement que l’activité enzymatique était exclusivement concentrée au niveau de l’unique bande de protéine pour l’échantillon de GAPOR produite chez E. coli et chez C. acetobutylicum. Cependant, compte-tenu du manque de séparation du gel, la présence d’autres protéines copurifiées, à hauteur de la GAPOR n’est pas exclue et ne pouvons donc pas conclure que l’activité observée soit seulement associée à la GAPOR. 5.1.2 Expression de la GAPOR dans un mutant d’E. coli hypF - au phénotype [hydrogénase –] Bien que n’ayant jamais pu dissocier l’activité « hydrogenase-like » de la de la bande correspondant à la Mj GAPOR, l’hypothèse de la co-purification d’une hydrogénase avec la GAPOR reste envisageable. E. coli et C. acetobutylicum produisent naturellement des hydrogénases (voir chapitre III section 5) qui seraient susceptibles de produire une activité similaire à celle que nous détectons même à des concentrations très faibles (<1µM) et donc non détectables sur gel SDS-PAGE ou par micro-séquençage. Nous avons donc envisagé l’utilisation d’une souche d’expression d’E. coli au phénotype [hydrogénase–] afin de nous affranchir de toute activité parasite. 161 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Dans un premier temps, nous avons travaillé avec la souche DHP-F (Maier et al., 1996) d’E. coli au phénotype [hydrogénase–] mutée pour le gène hypF (fournie par A. Böck). Ce gène est responsable chez E. coli de la maturation des 3 hydrogénases [NiFe] produites chez cette bactérie (Blokesch et al., 2002; Blokesch et al., 2004; Lutz et al., 1991; Maier et al., 1996; Paschos et al., 2002). Le phénotype [hydrogénase–] de cette souche a été confirmé en réalisant un test d’activité à partir d’un extrait cellulaire brut (voir conditions d’un test d’activité hydrogénase, Matériel et Méthodes section 10.2.4.1). Nous n’avons pas décelé d’activité de type hydrogénase dans ce mutant d’E. coli ce qui confirme les résultats obtenus dans la littérature (Maier et al., 1996; Paschos et al., 2002). Pour les besoins d’une autre problématique, étudiée en parallèle et liée à la production du cofacteur ptérine chez E. coli, nous avons poursuivi l’ensemble de nos travaux dans un double mutant E. coli hypF – mobab – dénommé E. coli T5 (Codon-plus) (voir chapitre V section 5.3.2) muté pour la voie de production du cofacteur MGD (la forme finale du cofacteur est de type MPT). Ce - double mutant a été construit par transduction et présente un phénotype [hydrogénase ] identique à la souche simple mutant DHP-F. Le double mutant T5 a ensuite été transformé par le plasmide pTRC99AMjGAPOR et nous avons réalisé une expression et une purification dans des conditions identiques aux conditions précédentes (Matériel et Méthodes section 4). Les fractions d’élution ont ensuite été testées dans les mêmes conditions que précédemment. Les tests d’activité en boîte à gants démontrent une conservation de l’activité de réduction du benzyl viologène non GAPdépendante des fractions d’élution de la Mj GAPOR purifiée et produite à partir de cette souche d’E. coli T5 (hypF – mobab –, Condon-plus, pTRC99AMjGAPORCtag) au phénotype - [hydrogénase ]. Ce résultat élimine l’hypothèse d’une quelconque hydrogénase active copurifiée avec la Mj GAPOR lors d’une purification à partir du surnageant de cassage d’E. coli. L’activité de réduction du Bv non GAP-dépendante détectée dans les fractions de GAPOR purifiées ne peut donc être attribuable qu’à la GAPOR elle-même. Il est difficile d’extrapoler ce résultat à la Mj GAPOR exprimée chez C. acetobutylicum - (pPHMjGAPORCtag) compte-tenu de l’absence de mutant [hydrogénase ]. Cependant, les activités détectées chez E. coli et chez C. acetobutylicum présentent d’importantes similitudes. En effet, elles sont qualitativement et quantitativement très proches et sont 162 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase dépendantes de la concentration en GAPOR dans la fraction purifiée. Il semble donc possible d’envisager que l’activité similaire de réduction du Bv non GAP-dépendante détectée dans les fractions purifiées de GAPOR chez C. acetobutylicum (pPHMjGAPORCtag) soit due à la GAPOR elle-même et non pas à la co-purification d’une hydrogénase. Cette hypothèse reste à - confirmer par la suite lorsqu’un mutant de C. acetobutylicum au phénotype [hydrogénase ] sera disponible. 5.1.3 Effet de la concentration en hydrogène Au cours des différentes analyses de l’activité atypique de la Mj GAPOR, nous avons identifié une réponse de l’enzyme à la quantité d’hydrogène dissoute dans la cuve d’analyse. Nous nous sommes placés dans les conditions d’un véritable test biochimique d’une activité hydrogénase avec une saturation du tampon d’analyse en hydrogène par un bullage permanent d’hydrogène pur. Nous avons testé une nouvelle fois des extraits de Mj GAPOR exprimés chez E. coli T5 (hypF – mobab – , Codon-plus, pTRC99AMjGAPORCtag) et C. acetobutylicum (pPHMjGAPORCtag) et nous avons observé une augmentation proche d’un facteur 10 de l’activité spécifique avec respectivement des activités spécifiques de 3,1 µmol de Bv/min/mg de Mj GAPOR et 4,2 µmol de Bv/min/mg de protéine à 50 °C (ces valeurs excluent la réduction chimique directe de l’hydrogène sur le benzyl viologène). Ce résultat est cohérent avec l’augmentation de la concentration en hydrogène dans la solution tampon qui est par défaut la même que celle de la boîte à gants (environ 10%) et qui a été portée à 100% par un bullage permanent d’hydrogène pur. Tous les dosages ont été réalisés à 100% d’hydrogène par la suite. Il est particulièrement intéressant d’observer que la même GAPOR produite chez E. coli T5 et chez C. acetobutylicum répond d’une façon similaire à la concentration en hydrogène. Il semble que l’hydrogène puisse intervenir dans le processus de catalyse de la réduction du Bv non GAP-dépendante. 5.1.4 Discussion L’activité atypique de réduction du Bv détectée dans les fractions de purification de la GAPOR de M. jannaschii exprimée dans la souche E. coli T5 ne peut être attribuée qu’à la 163 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase GAPOR elle-même. La co-purification d’autres protéines (autres que des hydrogénases) n’est pas exclue mais celles-ci ne peuvent être responsables de la présence de cette activité. La présence d’une telle activité chez une GAPOR n’a jamais été référencée dans la littérature et cela amène plusieurs questions et hypothèses sur l’origine de cette activité ainsi que la possibilité d’y remédier. Cette conclusion nous amène, en effet, à remettre en question la fonctionnalité du gène de la GAPOR de M. jannaschii ainsi que de la présence des différents cofacteurs nécessaire à la pleine fonctionnalité de l’enzyme. L’absence partielle ou totale de ces cofacteurs particuliers (W-ptérine...) pourrait en effet être à l’origine du défaut d’activité glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase de l’enzyme. La présence d’un cofacteur incomplet ou d’une nature différente ainsi qu’un problème de maturation de la protéine pourrait également être à l’origine de l’activité atypique que nous détectons. Nous avons donc réalisé une série d’études biochimiques et biophysiques afin de tester les différentes hypothèses émises et de redonner par là-même une pleine activité GAPOR à notre enzyme dans nos conditions d’expression/purification. 5.2 Expression/Purification de la GAPOR de P. furiosus chez C. acetobutylicum Le défaut d’activité de la GAPOR de M. jannaschii produite dans nos conditions d’expression/purification nous oblige à soulever l’hypothèse d’un problème lié à la non fonctionnalité de la GAPOR issue du gène gor (MJ1185) de M. jannaschii. Bien que la présence unique de ce gène dans le génome de l’archaeon ainsi que la conservation des motifs fonctionnels dans la séquence de la protéine sont autant d’arguments en faveur de la fonctionnalité de cette enzyme chez son hôte originel (voir section 1 et 2 de ce même chapitre), aucune étude préalable ne le démontre. La GAPOR de P. furiosus codée par le gène gor est la seule représentante de ce sous-groupe des AOR, démontrée comme étant fonctionnelle dans la littérature (Mukund & Adams, 1995; van der Oost et al., 1998). Nous avons donc envisagé de produire la GAPOR de P. furiosus de manière hétérologue chez C. acetobutylicum afin de vérifier que le défaut d’activité que nous constatons chez la GAPOR de M. jannashii n’est pas lié à la non fonctionnalité du gène. 164 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Nous avons donc cloné le gène gor (ORF Pf0464) codant pour la GAPOR de P. furiosus dans le vecteur pPHPfGAPORCtag selon le même schéma que pour le gène gor de M. jannaschii puis introduit le plasmide chez C. acetobutylicum ATCC 824. L’expression et la purification de la Pf GAPOR ont été réalisées dans les mêmes conditions que précédemment (voir section 3.2.2 de ce chapitre et Matériel et Méthodes section 4) et ont révélé une quantité plus faible de Pf GAPOR de l’ordre de 30 µg/ml dans la fraction d’élution principale soit une quantité de l’ordre de 70 µg de protéine purifiée par litre de culture environ. La concentration est plus faible que celle obtenue avec la GAPOR de M. jannaschii, ce qui explique qu’elle ne soit visible que sur western-blot (figure 45) Bien que faible, cette concentration reste suffisante pour envisager une analyse de l’activité de l’enzyme. M S E2 E3 100 70 55 40 35 25 15 Figure 45 : Western-Blot : expression/purification de la GAPOR de P. furiosus. Marqueur : précoloré SDSPAGE Fermentas™, révélation par de la streptactin-HRP conjugated (IBA™). Piste S : surnageant de cassage. Pistes E2 – E3 : Fractions d’élution. La bande correspondant à la GAPOR est signalée par une flèche noire. L’étude biochimique de la Pf GAPOR a révélé le même profil d’activité que la Mj GAPOR exprimée dans les mêmes conditions chez C. acetobutylicum. En effet, nous avons pu mettre en évidence une activité spécifique de réduction du benzyl viologène également non-GAP dépendante d’environ 21,8 µmol de Bv réduit/min/mg de protéine à 50°C. Cette activité est environ 5 fois supérieure à celle détectée chez la GAPOR de M. jannaschii dans les mêmes conditions d’expression chez C. acetobutylicum et de purification (environ 4,2 µmol de Bv/min/mg de protéine) (100% d’H2) et s’est révélée reproductible sur plusieurs purifications. La GAPOR de P. furiosus étant une enzyme fonctionnant à haute température, nous avons donc testé l’activité de l’enzyme à 70°C pour préserver un minimum la conservation du 165 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase GAP (Mukund & Adams, 1995). A cette température nous observons toujours une réduction du benzyl viologène non-GAP dépendante mais l’activité spécifique augmente d’environ 10% avec une moyenne de 23,9 µmol de Bv réduit/min/mg de protéine (100% d’H2). Ce résultat n’avait pas été observé de manière aussi nette (10% d’H2) chez la GAPOR de M. jannaschii bien qu’il avait été possible de constater une très légère augmentation de l’activité liée à la température. Ces résultats démontrent un point essentiel : la similarité de comportement constatée pour les deux enzymes GAPOR produites chez C. acetobutylicum et dont l’une a été démontrée comme fonctionnelle dans son organisme d’origine. La question de la fonctionnalité du gène de la GAPOR de M. jannaschii n’est pas résolue mais le comportement biochimique identique d’une GAPOR démontrée comme fonctionnelle dans les mêmes conditions d’expression/purification semblent indiquer que le problème de fonctionnalité de l’enzyme pourrait être ailleurs. L’hypothèse d’un défaut de maturation de la GAPOR lié à l’insertion des cofacteurs et/ou au repliement de la protéine dans sont hôte hétérologue a donc été émise et explorée. 5.3 Optimisation de l’insertion des cofacteurs dans la GAPOR La famille des AOR, et la GAPOR en particulier, possède deux cofacteurs internes avec une W-ptérine et un centre [4Fe-4S] dont la présence est indispensable à la fonctionnalité de l’enzyme. La synthèse enzymologique de ces éléments n’étant pas codée par le gène de la GAPOR, ils doivent donc être apportés par la bactérie hôte, en l’occurrence C. acetobutylicum et E. coli dans notre cas. La synthèse est réalisée par un mécanisme cellulaire très conservé chez tous les êtres vivants mais qui peuvent parfois présenter quelques spécificités notamment à l’étape d’insertion du métal qui fait intervenir la protéine MoeA. L’un des objectifs de cette étude est de mettre au point les conditions d’expression chez C. acetobutylicum (et parallèlement chez E. coli) de la GAPOR afin d’obtenir une protéine fonctionnelle au plus proche de son état naturel. Malgré la divergence évolutive conséquente entre M. jannaschii (Archaea) et C. acetobutylicum (Bacteria), il est nécessaire que les 166 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase mécanismes, les précurseurs biochimiques, les voies métaboliques et les conditions physicochimiques, indispensables à l’obtention d’une GAPOR complète et active soient rassemblés chez ce nouvel hôte. La problématique de l’expression hétérologue réside donc dans la nécessité de maîtriser ces différents facteurs au cours de l’expression et de la maturation de la protéine. On peut diviser l’ensemble de ces facteurs en deux catégories : - La première rassemble certaines difficultés inhérentes à chaque expérience d’expression hétérologue telles que la T°, le milieu de culture, le type de vecteur d’expression… Ces difficultés peuvent influer considérablement sur la quantité de protéine soluble et active exprimée (problèmes de corps d’inclusion rencontrés lors d’une surexpression…). Ces facteurs sont plutôt liés à une mise au point des conditions d’expression et leur optimisation a été décrite au début de ce chapitre. - La seconde catégorie regroupe des aspects plus spécifiques à la protéine. En ce qui concerne la GAPOR, ces facteurs sont nombreux du fait de la nature atypique de cette protéine. En effet, la synthèse et le repliement de la chaîne peptidique seule ne suffisent pas à l’obtention d’une protéine active, il est nécessaire que celle-ci soit associée à une molécule de W-ptérine ainsi qu’à un centre de type [4Fe-4S]. L’insertion de ces cofacteurs couplée dynamiquement à un repliement de la chaîne polypeptidique dans sa conformation native constituent les facteurs nécessaires à l’obtention d’une holoenzyme fonctionnelle. Nous avons tenté d’identifier et d’optimiser chez les bactéries hôtes les étapes de maturation de la GAPOR pouvant se révéler limitantes pour l’obtention d’une protéine complète et fonctionnelle. En nous appuyant sur des travaux antérieurs, nous avons donc formulé différentes stratégies afin d’optimiser leur capacité à importer le W, à synthétiser le cofacteur tungsto-ptérine et à y incorporer l’atome de W et enfin, à assembler le tout afin de former une protéine complète et active. 167 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 5.3.1 Amélioration de l’import du W dans les bactéries hôtes La GAPOR est une enzyme faisant partie de la grande famille des Molybdoenzymes, qui comportent toutes en leur sein un cofacteur de type ptérine (simple ou double), lui-même contenant un atome de molybdène (Mo) ou plus rare, de tungstène (W) (Voir Chapitre IV section 1 et 5). Dans le cas de la GAPOR, il a été démontré que le W était nécessaire pour obtenir une pleine activité de l’enzyme et que l’incorporation de Mo avait pour effet une nette diminution de l’activité de la protéine (Mukund & Adams, 1996). Il est donc nécessaire d’optimiser le rapport W/Mo pendant l’expression hétérologue de la protéine afin de favoriser l’insertion de W. Cependant, E. coli présente une incorporation préférentielle du Mo dans ses systèmes de synthèse de ptérine (Voir chapitre IV section 1 et 5) liée à un système de transport actif spécifique (le système ModABC, voir chapitre IV section 5.1). Le cas de C. acetobutylicum est moins défini car bien qu’aucune molybdo ou tungstoenzyme n’ait été découverte chez ce microorganisme de nombreuses enzymes des deux types ont été découvertes chez les clostridies et plus particulièrement chez C. pasteurianum (Hinton & Mortenson, 1985; Hinton & Merritt, 1986; Scherer & Thauer, 1978). 5.3.1.1 Gestion du rapport W/Mo dans le milieu de culture Dans le cas des deux bactéries hôtes nous avons entrepris de déplacer le rapport W/Mo très en faveur du W afin de forcer son import dans les bactéries. Cette stratégie a déjà été employée avec succès chez E. coli pour plusieurs Mo-enzymes dont le Mo a été remplacé par du W, telles que : la TMAO réductase (Buc et al., 1999) ou certaines Nitrogénases (Cardenas & Mortenson, 1975; Siemann et al., 2003) démontrant qu’il était possible de forcer l’incorporation du tungstène plutôt que du molybdène dans la protéine par un excès de W dans le milieu de culture. En plaçant les bactéries à des rapports de concentrations W / Mo supérieurs à 105, il devient alors possible de saturer totalement les systèmes de perméation spécifiques (ABC transporteur de type ModB dans le cas d’E. coli …) et non spécifiques (transporteurs sulfates) de la cellule et ainsi de déplacer considérablement l’équilibre vers l’incorporation de tungstène dans la ptérine. Ces deux éléments sont généralement présents à l’état de trace dans nos milieux de culture communs, il est donc aisé d’établir le rapport Mo / W choisi en ajoutant en excès l’un 168 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase ou l’autre de ces éléments. Nous avons montré que C. acetobutylicum était capable de se développer normalement en milieu riche jusqu’à une concentration maximale de 1 mM en tungstate de sodium. Au-delà de cette valeur la concentration en W devient toxique pour la cellule et inhibe toute croissance bactérienne. E. coli a montré une tolérance légèrement supérieure avec une limite à environ 5 mM de tungstate de sodium. L’application de ces concentrations élevées en W nous permet de nous placer à des rapports W/Mo supérieurs à 105 dans nos milieux de culture. 5.3.1.2 Effet sur l’incorporation du W dans la GAPOR Nous avons exprimé la Mj GAPOR chez E. coli (pTRC99AMjGAPORCtag, Codonplus, hypF-, mobab-) et C. acetobutylicum (pPHMjGAPORCtag, ATCC 824) dans les mêmes conditions que précédemment (voir Matériel et Méthodes Chapitre III section 4) mais avec une concentration en W de 1 mM dans le milieu de culture au lieu de 10µM. Le taux de croissance des deux bactéries a été légèrement ralenti mais leur comportement général pendant la phase d’expression n’a pas été significativement modifié par la présence du W. L’analyse de la GAPOR par ICPMS (voir Matériel et Méthodes chapitre III section 10.4.6) a permis de détecter la présence et de doser la quantité de W et/ou de Mo dans la protéine purifiée. Les résultats (tableau 9) démontrent un profil d’incorporation du W très différent selon que l’on est chez E. coli ou chez C. acetobutylicum. En effet, malgré l’excès conséquent de W dans le milieu de culture d’E. coli, l’incorporation de ce métal dans la GAPOR n’est que de 11 % et de 7,6 % de Mo alors que ce dernier est 105 à 106 fois moins concentré. GAPOR M. jannaschii produite chez Dosage Protéine [GAPOR] Pureté [GAPOR] µg/ml % µmol W Mo dosage ICPMS µM % insertion dosage ICPMS µM % Insertion Rapport d'insertion W/Mo E. coli 1302 75 13,6 1,5 11 1 7,6 1,4 C. acetobutylicum 640 98 8,7 6,2 70,4 0,3 3,4 20,7 Tableau 9: Dosage par ICPMS du W et du Mo contenu dans les échantillons de GAPOR de M. jannaschii purifiée et produite chez E. coli T5 (hypF– mobab –, Codon-plus, pTRC99AMjGAPORCtag) et C. acetobutylicum. 169 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Ce résultat confirme la sélectivité très nette d’E. coli pour l’import de Mo mais démontre également qu’il est possible d’incorporer du W dans la protéine en conditions d’excès de W dans le milieu de culture. Cependant, il est impossible de déduire à ce stade s’il existe une sélectivité pour le Mo également au niveau du système de synthèse et d’incorporation du métal dans la ptérine. Il n’a cependant pas été possible, au cours de cette étude, de mettre au point un protocole de purification de la ptérine afin d’analyser le type de métal qu’elle contient. Le taux d’insertion de W de 11 % chez E. coli est à comparer aux 70,4 % d’insertion métallique que l’on observe chez C. acetobutylicum. C. acetobutylicum semble moins sélective pour le Mo qu’E. coli malgré la très faible concentration en Mo (traces) dans le milieu de culture, on en détecte tout de même une part faible mais significative dans la protéine (3,4 %). Ce résultat laisse donc présager de la présence effective d’un système de transport actif du Mo chez ce microorganisme comme le montrent certaines études bioinformatiques (de type ModABC, voir chapitre III section 5.2). Nos résultats de dosage par ICP-MS indiquent que C. acetobutylicum semble à ce stade de l’étude être l’hôte le plus adapté à l’expression de la GAPOR. L’analyse biochimique des GAPOR produites chez E. coli et C. acetobutylicum en présence de 1 mM de tungstate de sodium n’a cependant montré aucune modification significative du problème d’activité non GAP-dépendante que nous rencontrons. L’activité de type « hydrogenase-like » de la GAPOR est toujours présente et conserve les mêmes valeurs qu’au chapitre précédent. L’analyse ICPMS ne nous donne cependant aucune information sur la nature de l’interaction entre le W et la protéine. Plusieurs travaux de mise en évidence du cofacteur ptérine associé au métal ont donc été initiés au laboratoire et sont actuellement en cours. 5.3.2 Incorporation du cofacteur ptérine et optimisation de la souche pour la production hétérologue de la GAPOR L’import du W et son incorporation dans la ptérine représentent l’une des étapes clé dans la production hétérologue de la GAPOR. Cependant, bien que la formation de la ptérine 170 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase soit une voie de synthèse ubiquitaire dans le monde du vivant, celle-ci diffère parfois selon les espèces (voir chapitre III section 5.1). Seule la voie de synthèse ptérinique d’E. coli a été bien caractérisée, elle permet à l’issue de la voie de transformation de produire un cofacteur ptérine de type MGD. Cependant, la W-ptérine présente dans l’AOR et de la FOR de P. furiosus (voir chapitre III section 3.2 et 5.1) est d’un type différent car il s’agit de ptérine de type MPT soit un intermédiaire réactionnel présent également chez E. coli mais qui est transformé par MobAB en ptérine de type MGD. Nous avons pu observer que la structure de la GAPOR de M. jannaschii présente une grande homologie de structure avec celles de l’AOR et de la FOR. La structure générale de ces deux enzymes (voir chapitre III section 4) montre une cavité interne qui contient la W-ptérine et le centre [4Fe-4S]. Comme on peut le constater figure 46 A, la forme MGD possède deux nucléotides GMP et deux fonctions phosphate en plus, ce qui en fait une molécule de taille bien plus importante que la ptérine MPT (figure 46 B). Notre modèle de la MJ GAPOR montre une cavité de dimension comparable à celle de l’AOR et de la FOR et compte-tenu de la grande homologie fonctionnelle et structurelle qu’il existe entre ces AOR, il y a de fortes présomptions pour que la GAPOR de M. jannaschii nécessite elle-aussi un cofacteur de type MPT. A B Figure 46 : Modélisation moléculaire tridimensionnelle de la Bis W-ptérine : A : Forme MGD B : Forme MPT L’atome de W est représenté en rouge. Les groupements phosphate sont représentés en vert 171 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase L’incorporation de la W-ptérine sous forme MPT chez E. coli pendant l’expression de la Mj GAPOR peut donc se révéler être un facteur limitant car la forme MPT n’est qu’un intermédiaire présent en faible quantité. 5.3.2.1 Etude bioinformatique et mise en évidence des gènes de synthèse de la ptérine chez C. acetobutylicum A notre connaissance, la synthèse de la ptérine chez C. acetobutylicum n’a jamais été étudiée. Il existe cependant chez les clostridies de nombreuses enzymes possédant des cofacteurs W-ptérine et Mo-ptérine (Hinton & Mortenson, 1985; Hinton & Merritt, 1986; Scherer & Thauer, 1978). Bien que la voie de synthèse ptérinique soit ubiquitaire et que l’enchaînement des réactions soit très semblable, les gènes codant pour les enzymes impliquées peuvent diverger de manière assez importante. Nous avons donc tenté d’identifier les éléments génétiques codant pour cette voie de synthèse par analyse bioinformatique dans le génome de C. acetobutylicum par comparaison de séquences avec des gènes codant pour des enzymes de la voie provenant de divers microorganismes (E. coli, P. furiosus, autres clostridies...). Cette étude a permis de mettre en évidence les principaux gènes de synthèse ptérinique que l’on retrouve pour la plupart organisés sous la forme d’opérons (figure 47) dans le génome de C. acetobutylicum. On observe sur le génome un regroupement fonctionnel des gènes codant pour des enzymes intervenant sur une même étape de la voie. C’est le cas pour le système MoaAC responsable de la transformation du GTP en précurseur Z dont les gènes sont organisés en opérons CAC 1992, 1993 et 1994. 172 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase « Moa system like » : CAC 1992 : Moa C CAC 1993 : Moa A CAC 1994 : Moa B « Moe system like » : CAC 2020 – 2021 Moe A like CAC 2022 : Moa B Permease system « Mod ABC system like » : CAC 0280 : Mod B CAC 0281 : Mod A CAC 0282 : Guanine / cytosine deaminase related CAC 0283 : Mog A / Moa B Aucune présence de gènes homologues à MobAB Figure 47 : Etude bioinformatique des gènes de synthèse de la ptérine chez C. acetobutylicum. Présentation des ORF identifiées par comparaison de séquences et résolution de la voie métabolique d’après le schéma de la voie d’E. coli (Vergnes et al., 2004). De la même façon les gènes du système d’import ABC transporteur ModABC sont regroupés avec ceux codant pour les protéines MogA et MoaB responsables de la formation du MPTAMP, nouvel intermédiaire de biosynthèse du Moco précédant l’étape d’addition du métal catalysée par MoeA. On observe plusieurs ORF telles que la CAC2022 présentant un haut degré d’homologie avec les gènes moab et positionnée à proximité d’un gène type moea qui n’intervient pas à la même étape. Malgré des analyses poussées il n’a pas été possible de détecter la présence des gènes mobab qui codent pour les protéines MobA et MobB responsables de la transformation finale de la ptérine MPT en MGD. Bien qu’il ne s’agisse que d’une étude bioinformatique, ce résultat nous indique que la forme finale de la ptérine chez C. acetobutylicum serait de type MPT et non MGD. En se basant sur cette hypothèse, C. acetobutylicum constituerait donc un excellent hôte pour la production de protéines à cofacteurs MPT telles que les AOR et la GAPOR. 173 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 5.3.2.2 Optimisation de la synthèse ptérinique chez E. coli pour la production hétérologue de GAPOR Chez E. coli, la transformation finale de la forme MPT en la forme MGD est réalisée par les protéines MobA et MobB. Dans le cas de l’expression hétérologue d’une enzyme à cofacteur MPT, l’étape d’insertion du cofacteur devient alors limitante car celui-ci n’est plus qu’un intermédiaire réactionnel en faible concentration. Afin de lever cette limitation, il a donc été nécessaire d’utiliser un mutant mobab - d’E. coli afin d’accumuler dans le cytoplasme de la cellule un cofacteur de type MPT capable d’être incorporé dans la GAPOR. Nous avons donc construit le double mutant E. coli T5 (présenté Chapitre 5.1.2) par transduction de la souche DHP-F dans une souche receveuse TP1000 (Buc et al., 1999; Rothery et al., 1998; Temple et al., 2000) dont l’opéron mobab est interrompu par une cassette de résistance à la tétracycline (voir Matériel et Méthodes section 7.1.2). Nous avons ensuite exprimé la GAPOR de M. jannaschii dans la souche T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus) avec 1 mM de W dans le milieu de culture, puis purifié l’enzyme selon le même protocole. 5.3.2.3 Mise en évidence du cofacteur ptérine contenu dans les extraits purifiés de GAPOR Nous avons tenté de mettre en évidence la ptérine présente dans les fractions de GAPOR purifiées par plusieurs méthodes biophysiques et biochimiques. • Maldi-TOF La mise en évidence du cofacteur molybdoptérine par spectroscopie de masse MALDI a été réalisée avec succès sur l’Acetylène hydratase de Pelobacter acetylenicus (Meckenstock et al., 1999). L’analyse en spectroscopie de masse de la GAPOR (PM = 71730 Da ± 70 Da) à permis de mettre en évidence une hétérogénéité du pic de la GAPOR avec plusieurs épaulements ce qui indique la présence de 1 et 2 groupements de masse 185Da (+/-10Da) (figure 48) (l’erreur est ici plus forte que celle sur la masse à cause du faible rapport signal/bruit). L’analyse n’a pu se faire qu’en conditions dénaturantes (acide sinapinique + 174 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase acide TFA) ce qui a pour effet de relarguer les cofacteurs internes. Le fort bruit de fond observé en MALDI dans les bas poids moléculaires ne permet pas en général de mettre en évidence la présence de groupements de petite taille telles que la mono-ptérine 700Da ou la bis ptérine (1400 Da). Voyager Spec #1 MC=>MC=>SM49[BP = 2189.6, 288] 71731.95 100 71731 21.7 90 80 71913.75 71913 70 ≠ 400 % Intensity 60 50 72103.21 72103 40 30 20 10 0 60000 65000 70000 75000 80000 85000 Mass (m/z) Figure 48 : Spectre de détection en MALDI-TOF d’un échantillon de Mj GAPOR purifiée. Le pic de GAPOR est bien visible au centre et indique une taille de la protéine est de 71730 kDa ± 70 Da. Les différentes masses détectées dans le pic principal sont indiquées. Aucun signal de la GAPOR n’a pu être obtenu dans des conditions non dénaturantes afin d’observer la masse moléculaire d’une protéine contenant la W-ptérine. Les différences de masse observées dans le pic principal peuvent être affectées à la perte d’un ou de deux acides aminés. Cette technique ne nous permet donc pas de conclure sur la présence de la ptérine dans la protéine. • Autres techniques La Résonance paramagnétique électronique (RPE) est une technique qui permet la détection de groupements paramagnétiques, il s’agit notamment, dans les protéines, de complexes de métaux de transition et de radicaux organiques. Nous avons tenté de mettre en évidence par RPE (voir Matériel et Méthodes chapitre V section 10.4.4) la présence d’un groupement tungstoptérine ou molybdoptérine. Dans les molybdoenzymes et les tungstoenzymes, les éléments Mo et W existent généralement sous trois degrés d’oxydation 175 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase stables (Mo(VI), Mo(V), et Mo(IV), idem pour le tungstène). Seule la forme semi-réduite, Mo(V) ou W(V) (configuration électronique –nd1), est détectable par spectroscopie RPE. Dans la forme « as prepared » de l’enzyme, aucun signal du W n’a pu être observé en dépit de la détection par ICPMS d’une très faible concentration en W pour cet échantillon (tableau 14 page 180). De même, cet échantillon, observé en RPE après réduction chimique avec Na2S2O4 (permettant d’atteindre dans ces conditions de pH un potentiel assez réducteur autour de – 500 mV/ENH), ne met pas en évidence de signal caractéristique de W(V). Les concentrations en W et en Mo dans cet échantillon sont à la limite du seuil de détection imposé par la sensibilité de la technique RPE, et ceci peut expliquer l’absence de signaux. Une autre explication peut être fournie par extrapolation des résultats obtenus sur de la GAPOR de P .furiosus (Hagedoorn et al., 1999b; van der Oost et al., 1998). Le potentiel du groupement tungstoptérine associé aux états redox W(VI)/W(V) serait relativement bas (- 600 mV) et par conséquent ils n’observent spectroscopiquement le signal RPE associé au W qu’après réduction poussée par l’ajout de GAP à l’échantillon. L’absence d’activité GAPdépendante de la GAPOR n’a pas permis de réduire suffisamment l’enzyme afin de détecter un signal typique du W (voir chapitre IV section 4.4). Une autre approche de détection de la ptérine a été envisagée par fluorimétrie (Johnson et al., 1984; Rajagopalan & Johnson, 1992; Whitman et al., 1987). Cette méthode est basée sur les propriétés d’absorption des rayonnements UV/visibles de molécules aromatiques telles que les ptérines. La protéine est dénaturée afin de relarguer la molécule et de permettre sa détection par fluorimétrie après une suite de modifications chimiques. Un protocole est en cours de mise au point au laboratoire. Les résultats de ces travaux sont en cours d’acquisition et ne sont pas encore disponibles au moment de la rédaction de ce mémoire. 5.3.3 Incorporation du centre [4Fe-4S] dans la GAPOR La synthèse des centres [Fe-S] est réalisée de manière ubiquitaire par les organismes vivants qui possèdent de très nombreuses protéines Fe-S. E. coli et C. acetobutylicum sont des organismes dont la capacité à former des centres [Fe-S] de différents types a été démontrée. Nous avons donc dosé l’élément Fer présente dans les échantillons de Mj GAPOR afin de déterminer la concentration en fer dans la protéine (tableau 10). 176 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Dosage Protéine Fe GAPOR M. jannaschii produite chez [GAPOR] µg/ml E. coli 1302 75 13,6 39,8 9,95 73,2 C. acetobutylicum 640 98 8,7 30 7,5 85,2 Pureté [GAPOR] dosage % µMol ICPMS µM concentration % en [4Fe-4S] insertion µM Tableau 10 : Dosage par ICPMS du Fer contenu dans les échantillons de GAPOR de M. jannaschii purifiée et produite chez E. coli T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus) et C. acetobutylicum, avec 1 mM de W. Les taux d’insertion du Fe sont élevés et correspondent aux chiffres attendus dans l’hypothèse d’un centre [4Fe-4S] par molécule de GAPOR à environ 40 µM de Fe détecté dans la GAPOR d’E.coli, ce qui correspond à environ 10 µM de centre [4Fe-4S] (en faisant l’hypothèse que tout le Fe est sous la forme de centre [4Fe-4S]) soit un taux d’insertion de 73,2 %. Le taux d’insertion constaté chez C. acetobutylicum est encore plus élevé avec près de 85,2 %. Dans les deux cas, le taux est suffisamment élevé pour que l’insertion de ce cofacteur dans la Mj GAPOR ne constitue pas une limite à l’obtention d’une enzyme complète active. Nous avons cependant tenté de vérifier la nature des centres [Fe-S] par différentes techniques de biophysique (spectrométrie UV/visible, RPE...) afin de confirmer leur présence dans la protéine et de valider les taux d’insertion calculés à partir de l’ICPMS. La mesure de l’absorbance à 390 nm permet de détecter la présence de centres [4Fe-4S] et de donner une information quantitative sur leur concentration dans la mesure où le coefficient d’extinction molaire est connu pour une certaine longueur d’onde de la bande d’absorption du chromophore. Les résultats (tableau 11) montrent la présence très nette de centres [4Fe-4S] dans l’échantillon de GAPOR produite chez E. coli avec une absorbance de 0,21 uDO et dans l’échantillon de GAPOR produite chez C. acetobutylicum avec une absorbance de 0,09 uDO à 390 nm. 177 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase GAPOR M. jannaschii produite chez Absorbance 280 nm uDO Absorbance 390 nm uDO E. coli 0,53 0,21 C. acetobutylicum 0,27 0,09 Tableau 11 : Mesure des absorbances à 280 nm et 390 nm des échantillons de GAPOR purifiés. Le bruit de fond moyen à été mesuré à 4.10-3 uDO sur l’ensemble de ces mesures. La souche utilisée de E. coli est la souche T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus). Les deux bactéries ont été cultivées sur milieu supplémenté avec 1 mM de W. Les résultats obtenus par spectrométrie UV/visible démontrent clairement la présence de centres [4Fe-4S] dans la GAPOR ce qui nous indique que l’insertion de ces groupements n’est pas une étape limitante dans la production d’une enzyme complète et fonctionnelle chez l’un ou l’autre des deux hôtes d’expression. Une analyse des centres métalliques par la technique de résonnance paramagnétique électronique a été réalisée mais il ne nous a pas été possible d’observer un signal caractéristique. Plusieurs hypothèses pourraient expliquer cette absence de résultat : une concentration en centres [4Fe-4S] inférieures au seuil de détection moyen en RPE (~10 µM) , un potentiel d’oxydoreduction du couple trop bas par rapport au pouvoir réducteur de l’hydrosulfite de sodium ou bien le centre [Fe-S] de cette GAPOR possède des propriétés spectroscopiques inhabituelles. Nous allons voir que cela n’a pas été le cas avec la GAPOR de M. maripaludis qui nous a permis de dépasser ce seuil et de détecter la présence de centres [4Fe-4S] par RPE (cf chapitre 5.4.1.3). 5.4 Caractérisation de la GAPOR du mésophile Methanococcus maripaludis Parmi les différents problèmes qui peuvent affecter une enzyme d’un organisme hyperthermophile produite de manière hétérologue, la température de culture de la souche au moment de l’expression de la protéine, représente un facteur important qui peut altérer la stabilité de la protéine et perturber l’incorporation des cofacteurs. 178 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Les GAPOR de M. jannaschii et P. furiosus sont des enzymes issues d’organismes hyperthermophiles dont les températures optimales de croissance sont respectivement supérieures de 48°C et 63°C par rapport aux organismes mésophiles tels qu’E. coli et C. acetobutylicum. Cette différence de température importante peut influer sur la dynamique de repliement de la GAPOR lorsqu’elle est exprimée chez l’un de ces organismes hôtes, en particulier au niveau de l’insertion des cofacteurs W-ptérine et au niveau de la formation du centre [Fe-S]. Une nouvelle GAPOR très proche de la GAPOR de M. jannaschii, issue de l’archaeon mésophile Methanococcus maripaludis a été annotée lors du séquençage de son génome fin 2004 (Hendrickson et al., 2004). Les deux organismes sont de la même famille et présentent une divergence évolutive très faible malgré une température optimale de croissance très différente (tableau 12). Famille des AOR Température °C Nb résidus Caracterisée AOR E. acidaminophilum AOR E. coli AOR C. acetobutylicum AOR P. furiosus 37 37 37 105 608 700 684 605 oui oui FOR P. furiosus FOR T. littoralis 105 90 627 621 oui - GAPOR M. jannaschii GAPOR M. maripaludis GAPOR P. abyssi GAPOR P. furiosus GAPOR P. horikoshi GAPOR P. aerophilum 85 37 100 105 95 90 622 613 653 653 653 622 cette étude cette étude oui - Conservation SS-unités motifs fonctionnels oui partiellement partiellement oui Basics AA (%) Hydrophobic AA (%) 1 4 11,51 10,86 14,47 12,07 32,72 33 32 33,55 oui oui 2 - 12,6 13,04 35,09 35,1 oui oui oui oui oui oui ? ? 1 - 15,92 12,72 13,17 13,17 13,48 12,65 35,21 32,46 35,22 36,45 34 39,23 Tableau 12 : Tableau récapitulatif des principales AOR mises en évidence dans les banques de données internationales. Les AOR provenant d’organismes mésophiles sont surlignées en bleu et celles provenant d’hyperthermophiles le sont en vert. Mise en évidence de la première GAPOR mésophile de Methanococcus maripaludis (en rouge). La GAPOR de M. maripaludis présente une homologie avec celle de M. jannaschii très importante avec plus de 72 % d’homologie et plus de 56 % d’identité entre les deux séquences protéiques (tableau 13). Les deux GAPOR forment un deuxième sous-groupe dans la famille des GAPOR avec le sous-groupe des Pyrococcales (voir figure 21 chapitre IV section 3). 179 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase % Homologie / Identité GAPOR M. jannaschii GAPOR M. maripaludis GAPOR P. furiosus GAPOR M. jannaschii - 72 / 56 56 / 42,4 - 56 / 42,2 GAPOR M. maripaludis GAPOR P. furiosus - Tableau 13 : Comparaison de séquences protéiques entre la GAPOR de M. maripaludis et les GAPOR de M. jannaschii et P. furiosus. 5.4.1 Expression/ purification de la GAPOR de M. maripaludis L’ORF MMP0945 du génome de Methanococcus maripaludis (ATCC JJ) codant pour la Mm GAPOR a été clonée dans un vecteur pTRC99A sous la forme d’une fusion traductionnelle avec un StrepTag II, selon le même schéma que pour le gène gor de M. jannaschii. Le vecteur pTRC99AMmGAPORCtag a ensuite été inséré dans la souche E. coli T5 (pCodonplus). L’expression/purification a ensuite été conduite en anaérobiose avec 1 mM de sodium-tungstate dans les mêmes conditions opératoires que précédemment (voir Matériel et Méthodes chapitre V section 4). La purification de la GAPOR de M. maripaludis a été effectuée par une purification d’affinité sur Streptactin SuperFlow (voir Matériel et méthodes chapitre V section 8.2 et 8.3). Nous avons obtenu une fraction purifiée E2 (figure 49) de Mm GAPOR à une concentration très élevée de 3,8 mg/ml avec une pureté d’environ 99 % (gel SDS-PAGE figure 49 A et B). La Mm GAPOR semble s’exprimer beaucoup mieux que celle de M. jannaschii malgré un système d’expression /purification identique. La protéine semble plus stable et moins sujette à la dégradation comme on peut le constater sur gel SDS-PAGE et sur Western-blot (figure 49 A et B). 180 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase A B M C S Fnr E1 E2 E3 E4 130 100 70 55 130 100 70 55 M C S Fnr E1 E2 E3 E4 40 40 35 35 25 25 15 15 Figure 49 : Contrôle de l’expression et de la purification de la GAPOR via le vecteur pTRC99AMjGAPORCtag chez E. coli T5 (hypF- mobab-, Codon-plus) . Gels SDS-PAGE 12 %, A : Coloration au bleu de coomassie piste M : marqueur de taille Precision plus protein Biorad low range ; piste E : extrait cellulaire total ; piste C : culot de cassage ; piste S : surnageant de cassage ; piste Fnr : fraction non retenue du passage sur la colonne de Streptactin ; pistes E1 – E4 : fractions d’élution. B : Western Blot : l’organisation est identique au gel A, M : marqueur de taille pré-coloré Biorad low range. 5.4.1.1 Analyse biochimique L’analyse biochimique de la Mm GAPOR a révélé le même profil d’activité que celui des GAPOR de P. furiosus et de M. jannaschii. Une forte activité de réduction du benzyl viologène a pu être mise en évidence mais sans GAP-dépendance. Les tests ont cette fois été menés à 37°C qui est la température optimale de croissance de M. maripaludis. Nous avons mesuré une activité moyenne de 11,3 µmol de Bv réduit/min/mg de Mm GAPOR en saturation d’hydrogène. Cette activité est la plus importante jamais observée chez pour une GAPOR produite chez E. coli T5, elle est environ 3,6 fois plus élevée que celle de la Mj GAPOR (3,1 µmol réduit/min/mg de Bv) produite dans les mêmes conditions. 5.4.1.2 Analyse du cofacteur W-ptérine Le dosage du W et du Mo par ICPMS révèle un taux d’incorporation du W beaucoup plus important dans la GAPOR Mm que dans la GAPOR de M. jannaschii. On observe une insertion du W très importante avec près de 80 % de W dans l’échantillon et une très forte diminution de l’insertion de Mo qui descend à seulement 1 % (tableau 14). Le rapport W/Mo progresse de manière significative de 1,4 à près de 84. 181 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Dosage Protéine W Mo dosage [GAPOR] Pureté [GAPOR] % ICPMS µg/ml % µMol insertion µM GAPOR M. maripludis dosage ICPMS µM % Insertion Rapport d'insertion W/Mo 3803 99 52,3 41,6 79,5 0,5 0,95 84 1302 75 13,6 1,5 11 1 7,6 1,4 produite chez E. coli GAPOR M. jannaschii produite chez E. coli Tableau 14 : Dosage par ICPMS du W et du Mo contenu dans les échantillons de GAPOR de M. maripaludis et M. jannaschii purifiées et produites chez E. coli T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus). Ces deux échantillons de GAPOR (tableau 14) ont été produits et purifiés dans les mêmes conditions. Il est intéressant de constater que ces deux protéines, malgré une très forte homologie de séquence et une parfaite conservation de leurs motifs fonctionnels, présentent un comportement très différent du point de vue de l’incorporation du W. En dehors de la différence de séquence, le seul critère de différenciation entre les deux GAPORs est la température originelle de formation et de fonctionnement de la protéine. Comme on peut le constater, cette caractéristique influe considérablement sur l’incorporation du W et sur la stabilité générale de la protéine à 37°C. L’un des facteurs limitant l’incorporation du W dans la protéine pourrait être la dynamique de repliement de la protéine et la stabilité de la structure à la température d’expression. Des travaux sont actuellement menés au laboratoire afin de valider par ailleurs la présence de la ptérine dans la GAPOR de M. maripaludis. 5.4.1.3 Analyse du centre [4Fe-4S] L’analyse par ICPMS du Fe présent dans l’échantillon de Mm GAPOR purifiée dénote une baisse significative de l’insertion du métal avec un taux d’insertion qui passe de 73 % à environ 50 % (tableau 15). Il est cependant difficile d’envisager que la structure de la Mm GAPOR puisse avoir un effet négatif sur l’insertion du centre [4Fe-4S]. Cette baisse peut être néanmoins imputée à la forte production de protéine que nous avons réalisée (plus de 3,8 mg/ml), qui a pu saturer les systèmes cellulaires de synthèse et d’incorporation des centres 182 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase [Fe-S]. Par exemple, ceci a été montré lors de la production inductible chez E. coli de la ferrédoxine clostridiale CAC 0303 qui possède deux centres [4Fe-4S] (voir chapitre VII section 3). Dosage Protéine [GAPOR] Pureté [GAPOR] µg/ml % µmol GAPOR M. maripludis Fe dosage ICPMS µM concentration % en [4Fe-4S] insertion Absorbance Absorbance 280 nm 390 nm uDO uDO 3803 99 52,3 104 26 49,7 1,53 0,54 1302 75 13,6 39,8 9,95 73,2 0,53 0,21 produite chez E. coli GAPOR M. jannaschii produite chez E. coli Tableau 15 : Dosage par ICPMS du Fer contenu dans des échantillons de GAPOR de M. maripaludis et de M. jannaschii purifiées et produites chez E. coli T5 (hypF – mobab– , pTRC99AMjGAPORCtag, pCodonplus) et mesure de l’absorbance à 280 nm et 390 nm. L’absorbance à 390 nm de 0,54 uDO mesurée en spectrométrie UV/visible confirme la présence de centres [4Fe-4S] dans l’échantillon de Mm GAPOR (tableau 13). Le résultat obtenu est cohérent vis-à-vis de la précédente mesure effectuée sur l’échantillon de Mj GAPOR. En effet, le rapport entre la concentration en Fe entre les deux GAPOR est de 2,6 et le rapport entre les absorbances à 390 nm est très proche, avec une valeur de 2,5. Ce résultat renforce l’hypothèse que le Fe détecté est effectivement sous la forme de centres [4Fe-4S]. Afin de valider ce résultat, nous avons tenté de détecter ces centres métalliques par RPE. La réduction poussée de l’échantillon par ajout d’un petit volume de l’hydrosulfite de sodium très concentrée (10 µl à 100 mM) a permis de mettre en évidence le spectre RPE caractéristique d’un centre [4Fe-4S]1+ (figure 49). Aucun signal de Fe libre (à g = 4.3) n’a pu être détecté dans les échantillons non réduits et réduits, ce qui indique qu’il n’y a pas de forme dégradée de centres [Fe-S] ou de Fe libre en solution. Aucun signal de centre [3Fe-4S] n’a également pu être détecté, ce qui montre que la majeure partie du Fe est présente sous la forme de centres [4Fe-4S] dans la protéine. Pour les deux échantillons (figure 50), l’ajout d’un faible volume de l’hydrosulfite de sodium très concentrée (10 µL à 100 mM dans un volume d’échantillon de 160 µL, soit plus de 100 équivalents protéine) a permis d’observer des signaux assez faibles d’un centre [4Fe-4S]. 183 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Dans l’échantillon E2 n°1, un signal axial à g = 2.04, 1.93 caractéristique d’un [4Fe-4S]1+ est présent. Ce signal représente 3 µM en [4Fe-4S]1+ réduit. Dans l’échantillon E2 n°2, on observe un signal similaire un peu moins intense (1 µM en [4F-4S] environ), avec cependant une raie à 2.04 légèrement décalée à 2.06 (superposition de la raie à 2.04 avec un signal contaminant). 2.04 GaporMMec10 GaporMMec12 1.93 E2 n°1 E2 n°2 280 300 320 340 360 380 400 B (mT) Figure 50 : Spectre en résonnance paramagnétique électronique du centre [4Fe-4S] de la GAPOR de M. maripaludis. (Etat réduit). Les deux courbes représentent respectivement : l’échantillon E2 n°1 concentration 3,8 mg/mL, soit 53 µM (déterminée avec une masse molaire de 72 kDa, pureté de 99%) et l’échantillon E2 n°2 de concentration 1,8 mg/mL, soit 28 µM (déterminée avec une masse molaire de 72 kDa, pureté de 99 %). Les quantités estimées en RPE sont très en deçà de celles calculées par ICPMS (environ 10 à 20 fois moindre) ou par spectroscopie optique (voir le niveau d’absorbance à 390nm dans le tableau 15, suggérant qu’une majeure partie du centre [4Fe-4S] n’est pas détectée par RPE. Le centre [4Fe-4S] de la GAPOR est un centre enfoui qu’il est difficile de réduire en utilisant des agents réducteurs externes. La méthode employée est généralement une réduction par le GAP avec déazaflavine (Hagedoorn et al., 1999a; van der Oost et al., 1998). La mise en présence du couple redox GAP/3PG avec la protéine a pour effet de réduire ses centres métalliques (Wptérine et centre [4Fe-4S]) et de permettre leur détection par RPE. Notre GAPOR n’étant pas capable de réduire le GAP il ne nous a pas été possible d’appliquer ce protocole. 184 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 5.4.1.4 Analyses biophysiques de la Mm GAPOR : interprétation et discussion Les résultats de l’expression et de la purification de la GAPOR de M. maripaludis chez E. coli suggèrent que l’insertion du W pourrait être fortement limitée chez la GAPOR de M. jannaschii, par le repliement de la protéine et par la stabilité de l’enzyme à basse température. L’expression de cette première GAPOR mésophile a permis de résoudre une partie de la problématique de l’expression hétérologue. Cette enzyme présente une meilleure stabilité et une insertion efficace du W et du centre [4Fe-4S] à 37°C. Il reste cependant à confirmer que ces résultats sont également reproductibles chez C. acetobutylicum. Le clonage de la GAPOR de M. maripaludis a été finalisé et les premiers tests d’expression sont actuellement en cours dans le cadre de la poursuite de ce projet. Il reste également à démontrer que le W détecté dans la protéine est effectivement intégré à une tungsto-pterine. Un protocole de mise en évidence de la ptérine par fluorimétrie est actuellement en cours de mise au point. Bien que la GAPOR de M. maripaludis soit un meilleur candidat que la GAPOR de M. jannaschii, et malgré les différentes configurations testées et les diverses optimisations prodiguées, l’activité de réduction du benzyl viologène détectée demeure systématiquement non dépendante du GAP. Le mécanisme catalytique à l’origine de cette activité inattendue et non référencée dans la littérature reste obscur à ce jour. L’insertion du tungtène et du centre [4Fe-4S] n’étant plus un facteur limitant, il reste à approfondir la question de la nature et de la forme de la ptérine insérée dans la GAPOR exprimée chez E. coli et C. acetobutylicum. Plusieurs analyses par fluorimétrie sont actuellement menées afin d’explorer le sujet. 6. Discussion et conclusion L’expression et la purification des GAPOR de M. jannaschii, M. maripaludis et P. furiosus ont été réalisées chez E. coli et C. acetobutylicum. L’analyse biochimique de ces trois GAPOR a révélé une activité atypique de réduction du benzyl viologène non GAPdépendante de type « hydrogenase-like » et une absence d’oxydoréduction du glycéraldéhyde 185 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase 3-phosphate. Le profil biochimique a été retrouvé de manière reproductible chez chacune des GAPOR des trois archaea purifiées. Après différentes expériences de contrôle chez E. coli, il est apparu que cette activité de réduction du Bv non GAP-dépendante était imputable à la GAPOR et ne provenait pas d’une contamination externe. Ce fait reste également à démontrer par la suite chez - C. acetobutylicum lorsqu’un mutant au phénotype [hydrogénase ] sera disponible. Bien que la non fonctionnalité des gènes codant pour les GAPOR de M. jannaschii et de M. maripaludis ne soit pas exclue, cette hypothèse semble peu réaliste en raison du profil biochimique identique retrouvé chez la GAPOR caractérisée de P. furiosus (Mukund & Adams, 1995; van der Oost et al., 1998) exprimée dans les même conditions. L’activité atypique de réduction du benzyl viologène non GAP-dépendante n’est pas référencée dans la littérature pour la GAPOR de P. furiosus et une activité apparentée n’a jamais été observée chez aucune des AOR caractérisées (Mukund & Adams, 1991; Rauh et al., 2004; Roy et al., 1999). L’expression hétérologue des GAPOR chez ces deux bactéries hôtes semble donc affecter la fonctionnalité de ces enzymes. Nous avons tenté d’identifier et d’optimiser chez les bactéries hôtes les étapes de maturation de la GAPOR pouvant se révéler limitantes pour l’obtention d’une GAPOR complète et fonctionnelle. La synthèse des cofacteurs tunsgto-pterine et du centre [4Fe-4S] et l’import du tungstène (Mukund & Adams, 1996) ont été identifiés comme étant des étapes pouvant se révéler problématiques pour la fonctionnalité de la GAPOR. Sur la base de travaux antérieurs (Temple et al., 2000) différentes stratégies ont été formulées afin d’optimiser la capacité des bactéries hôtes à importer le W, à synthétiser le cofacteur tungsto-ptérine, à incorporer l’atome de W et enfin, à assembler le tout afin de former une protéine complète et active. Des analyses en RPE, voltampérométrie et ICP-MS ont été réalisées en parallèle à ces démarches afin d’évaluer les bénéfices ou les désavantages de chacune des stratégies qui ont été testées. La synthèse de la ptérine a été optimisée chez E. coli en faveur de la forme finale du cofacteur caractérisé chez les AOR (Buc et al., 1999; Chan et al., 1995) et l’incorporation du W dans la protéine a été considérablement améliorée par l’expression de la GAPOR mésophile de M. maripaludis. 186 Chapitre VI Etude de la Glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase Ces optimisations n’ont cependant pas permis de retrouver une activité d’oxydoréduction du glycéraldéhyde 3-phosphate pour les GAPOR de M. jannaschii, de M. maripaludis et de P. furiosus exprimées chez les deux bactéries hôtes. Il reste cependant à démontrer que le W incorporé dans la GAPOR est effectivement associé à une tungsto-ptérine. Des expériences de fluorimétrie sont actuellement en cours dans le cadre de ce projet de recherche afin de mettre en évidence la présence de la ptérine. 187 188 Chapitre VII Etude de l’interaction entre l’hydrogénase [FeFe] de C. acetobutylicum et les ferrédoxines 189 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Chapitre VII Etude de l’interaction entre l’hydrogénase [FeFe] de C. acetobutylicum et les ferrédoxines : 1. Introduction et objectifs de l’étude L’insertion de la GAPOR dans le métabolisme de C. acetobutylicum nécessite qu’elle soit capable d’interagir efficacement avec son nouveau partenaire : la ferrédoxine de C. acetobutylicum. La déviation du flux électronique vers l’hydrogénase nécessite donc un transfert optimal des électrons de la GAPOR vers la ferrédoxine puis de la ferrédoxine vers l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum. La seconde partie de ce travail porte donc sur l’optimisation de l’interaction entre les trois partenaires du système : la GAPOR, la ferrédoxine et l’hydrogénase. La ferrédoxine étant l’intermédiaire dans cette nouvelle chaîne de transport des électrons, il est nécessaire qu’elle soit capable d’interagir efficacement à la fois avec la GAPOR mais aussi avec l’hydrogénase native de C. acetobutylicum. La GAPOR n’étant à ce jour, pas encore fonctionnelle (voir Chapitre VI) notre étude s’est concentrée sur le doublet hydrogénase/ferrédoxine. Nous avons donc entrepris une étude biochimique visant à déterminer les paramètres qui influencent de manière prépondérante l’interaction entre l’hydrogénase de C. acetobutylicum et la ferrédoxine à travers une étude impliquant plusieurs ferrédoxines de provenances différentes. 2. Analyses bioinformatiques et choix des ferrédoxines L’étude des interactions entre la ferrédoxine, la GAPOR, et l’hydrogénase nécessite d’étudier les ferrédoxines avec lesquelles ces deux dernières protéines fonctionnent dans leur 190 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines environnent naturel. Nous avons donc retenu la ferrédoxine associée au locus CAC0303 de C. acetobutylicum qui a été identifiée comme la ferrédoxine de type 2x[4Fe-4S] majoritaire chez ce microorganisme en culture solvantogène à pH contrôlé (Demuez et al., 2007). Aucune étude préalable n’a identifié la ferrédoxine majoritaire de M. jannaschii. Nous avons entrepris une étude bioinformatique afin d’identifier des ferrédoxines candidates issues de M. jannaschii et de C. acetobutylicum en fonction de différents critères que nous développerons dans les chapitres suivants. 2.1.1 Etude bioinformatique des ferrédoxines de M. jannaschii Quatre ferrédoxines (voir séquences figure 51) sont annotées dans le génome de M. jannaschii (référence Genbank : L77117 ; NC_000909) par comparaison de séquence avec différentes ferrédoxines 2x[4Fe-4S] et la ferrédoxine 1x[4Fe-4S] de P. furiosus (Heltzel et al., 1994). D’autres séquences apparentées à d’autres ferrédoxines et polyferrédoxines ont pu être identifiées mais leur degré d’identité reste trop faible pour être significatif. Fdx MJ 0722 "FdxA" Fdx MJ 0624 Fdx MJ 0533 Fdx MJ 0061 10 20 30 40 50 60 70 80 95 (1) 1 (1) ------------------MAVEIIVDREKCIGCGRCYDVCPKGPLIWTKDENGKYYAYDVEYCHNCKFCAGRCPTNAILIKVVKPKKKDENKNKK (1) ---------------------MGIKILEKCVGCGNCVVFCPRRAIKTYG-----VAIVDENKCSNCGICARYCPINAIKVDTSL----------(1) ---------------------MVKIDYKKCGYCGACVGVCEKLAINLIEH----IIVIDEKKCNNCKLCTIVCPLNALEGE-------------(1) MLSKILGIFKGKEKIEEKSNKIIEIDYNKCKNCLSCYRVCKNNVFAIKNN---RVVVKNENNCTKCGECLKVCRYGAIILYDA------------ Figure 51 : Alignement des 4 séquences de ferrédoxines annotées dans le génome de M. jannaschii. (algorithme d’alignement multiples et matrice Blosum62) Parmi les ferrédoxines putatives, nous avons la ferrédoxine MJ0722 annotée comme « FdxA » dans le génome de M. jannaschii (Bult et al., 1996). Cette ferrédoxine présente un taux d’homologie élevé avec plusieurs ferrédoxines hyperthermophiles dont la ferrédoxine de P. furiosus avec qui elle partage 31% d’homologie entre leurs séquences protéiques. Deux clusters de cystéines sont identifiables, ce qui semble confirmer qu’il s’agit d’une ferrédoxine de type 2x[4Fe-4S]. La prédiction de structure secondaire démontre une conservation structurale classique des ferrédoxines clostridiales (voir chapitre III section 6.1.3) avec deux clusters portés chacun par une courte hélice α et espacés par deux pseudo-feuillet β (figure 52). 191 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Figure 52 : Alignement de la ferrédoxine de M. jannaschii 0722 avec la ferrédoxine de C. pasteurianum. Prédiction de structure secondaire. Les acides aminés surlignés en bleu ont été marqués comme feuillets β par prédiction de structure IIaire pour la Fdx de M. jasnnachii et d’après la structure résolue pour la Fdx de C. pasteurianum. Les acides aminés surlignés en rouge ont été marqués comme hélices α par prédiction de structure IIaire pour la Fdx de M. jasnnachii et d’après la structure résolue pour la Fdx de C. pasteurianum. Les 2 clusters [Fe-S] composés de 4 cystéines sont surlignés en jaune. Il est intéressant de constater que cette ferrédoxine présente un domaine atypique en Cterminal qui ne s’aligne pas avec les autres séquences de ferrédoxines. Ce domaine très basique (7 lysines) ne présente également aucun motif de structure secondaire répertorié ni aucune similitude avec les banques de séquences protéiques disponibles. Ce motif ne contient aucun résidu ayant un rôle fonctionnel et se révèle absent dans la plupart des ferrédoxines homologues d’autres micro-organismes. Lorsque ce domaine est délété, la ferrédoxine MJ0722 présente alors un taux d’homologie plus élevé de 5,2 % avec la ferrédoxine de P. furiosus. Cette séquence pourrait être impliquée dans l’interaction avec des partenaires de la ferrédoxine chez M. jannaschii tels que la GAPOR, il nous est donc nécessaire de la prendre en compte dans nos analyses d’interaction avec l’hydrogénase. C’est pourquoi nous avons pris la décision de cloner la ferrédoxine de M. jannaschii avec, et sans cette séquence afin de vérifier sa nécessité dans l’interaction avec la GAPOR ultérieurement lors de tests enzymatiques, et son effet lors de l’interaction avec l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum. L’homologie de la ferrédoxine de M. jannaschii avec la ferrédoxine CAC0303 est cependant plus réduite avec seulement 26 % ce qui indique une divergence évolutive importante entre les deux ferrédoxines. Ce point est particulièrement intéressant dans le cadre de notre étude afin de tester la capacité de l’hydrogénase de C. acetobutylicum à interagir avec des ferrédoxines de type 2x[4Fe-4S] mais qui présentent des caractéristiques très différentes (séquence, composition en acides aminés, point isoélectrique...). En effet, une plus grande souplesse de l’hydrogénase vis-à-vis de la ferrédoxine nous permettra d’être plus flexibles sur le choix de la ferrédoxine optimale à insérer dans le système GAPOR/ferrédoxine/hydrogénase chez C. acetobutylicum. 192 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Il est donc pertinent dans notre étude de retenir une ferrédoxine éloignée des ferrédoxines clostridiales types. C’est pourquoi nous avons choisi dans un premier temps la ferrédoxine MJ0722 « FdxA » et son mutant comme sujet d’étude représentatif des ferrédoxines de M. jannaschii. Cette ferrédoxine et son mutant seront dénommées respectivement Fdx Mjwt et Mj∆ au cours de cette étude. 2.1.2 Etude bioinformatique des ferrédoxines de C. acetobutylicum Cinq ferrédoxines sont annotées dans le génome de C. acetobutylicum (Nolling et al., 2001), ainsi que de nombreuses autres séquences de polyferrédoxines et de ferrédoxines de type II (figure 53). Les ferrédoxines de C. pasteurianum (Bertini et al., 1995; Mortenson et al., 1962) et la ferrédoxine CAC0303 de C. acetobutylicum nous ont servi de référence pour les comparaisons de séquences. La CAC0303 présente la particularité d’avoir un très fort taux d’homologie avec la ferrédoxine de C. pasteurianum (près de 95 %) mais une homologie plus faible avec les ferrédoxines des Archaea (inférieure à 30 %). Les alignements que nous avons effectués suggèrent qu’il s’agit d’une ferrédoxine de type 2x[4Fe-4S]. Fdx C. pasteurianum Fdx CAC 0303 Fdx CAC 3527 Fdx CAC 3621 Fdx CAC 0105 Fdx CAC 0075 10 20 30 40 50 60 70 80 90 (1) 1 (1) ---------MAYKIADSCVSCGACASECPVNAISQG--DSIFVIDADTCIDCGNCANVCPVGAPVQE----------------------------(1) ---------MAYKITDACVSCGSCASECPVSAISQG--DTQFVIDADTCIECGNCANVCPVGAPVQE----------------------------(1) --------MPRRINKLDCVGCGTCQRVCIVGCITQEK-DRKRLINESACVDCGACQYACPKKCISEH----------------------------(1) --------MKAFVDKETCIGCGTCPAICPEIFEMEDD-GKAVASDAEIANDLKESAQDAAESCPVDAIMVR------------------------(1) --------MSIKIDLNKCVGCQKCINICPGSLIDKNNDGKAYIKYPKDCWGCTACLKECKFKAIKYFLGADIGGNGSYMYVSEKGEELEWHMINED (1) MGVATMVTDKYQKCIDACNRCSQACYECFKACLNEPDVNARRTCISILFECAQMCQMSSALMSMDAQFAIDHCKLCSVICDKCAQECSMFQDPHCQ Figure 53 : Alignement des 5 séquences de ferrédoxines décelées dans le génome de C. acetobutylicum avec la ferrédoxine de C. pasteurianum. (Algorithme d’alignement multiples et matrice Blosum62) Parmi les ferrédoxines identifiées : la CAC3527 présente des caractéristiques intéressantes. Son taux d’homologie avec la CAC0303 est relativement élevé avec près de 38% de similarité ce qui en fait la ferrédoxine de C. acetobutylicum la plus proche de la CAC0303 et de la ferrédoxine de C. pasteurianum. Elle présente cependant des caractéristiques atypiques avec un pI très élevé de 8,6 dû à sa composition en acides aminés basiques. Cette particularité est singulière chez les clostridies qui présentent généralement des pI très proches de 3,5 – 4 ce qui en fait des protéines très acides. 193 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Cette propriété la rapproche de la ferrédoxine de M. jannaschii Mjwt et plus généralement des autres ferrédoxines de ce microorganisme qui présentent toutes un pI très élevé (tableau 16). La ferrédoxine CAC3527 présente également une meilleure homologie de 33% avec la ferrédoxine Mjwt que la ferrédoxine CAC0303. Microorganisme Clostridium acetobutylicum Clostridium acetobutylicum Rhobacter capsulatus Methanococcus jannaschii Pyrococcus furiosus Methanococcus jannaschii Clostridium acetobutylicum Clostridium acetobutylicum Chromatium vinosum Clostridium pasteurianum Clostridium acetobutylicum Ferrédoxine CAC 0105 CAC 0075 FdxA Clusters [Fe-S] estimé 105 115 112 77 67 66 62 58 82 56 56 8,39 5,59 4,29 8,92 3,85 7,68 4,02 8,6 3,98 3,57 3,62 2x[4Fe-4S] 2x[4Fe-4S] 2x[4Fe-4S] Mjwt 2x[4Fe-4S] FdxA 2x[4Fe-4S] Mj∆ 2x[4Fe-4S] CAC 3621 CAC 3527 FdxA FdxA CAC 0303 Nombre de résidus 1x[4Fe-4S] 2x[4Fe-4S] 2x[4Fe-4S] 2x[4Fe-4S] 2x[4Fe-4S] pI Caractérisée % Homologie / Fdx CAC 0303 putative putative oui cette étude oui cette étude putative cette étude oui oui cette étude 14,40% 15,40% 25,00% 26,00% 29,90% 30,30% 33,90% 37,90% 38,60% 95,16% 100,00% Tableau 16 : Caractéristiques principales des ferrédoxines de C.acetobutylicum, de M. jannaschii et de plusieurs microorganismes classées selon leur degré d’homologie avec la ferrédoxine CAC0303. Le pI a été estimé par compilation des pI de chaque acide aminé de la séquence. Le degré d’homologie à été évalué par alignement multiple (matrice blosum 62) L’analyse des séquences a montré que la proline conservée qui complète habituellement le motif (CxxCxxCxxxCP) a été conservée dans les deux motifs de la ferrédoxine CAC0303, mais seulement dans le deuxième motif de la ferrédoxine CAC3527. Les expériences de mutagénèse sur la ferrédoxine de C. pasteurianum ont prouvé que la proline trouvée dans le cluster [Fe-S] stabilise fortement le site actif mais ne joue pas un rôle essentiel dans le mécanisme du transfert d'électrons avec les partenaires redox (Quinkal et al., 1996). La ferrédoxine CAC3527 présente deux motifs parfaitement conservés correspondant à des clusters de quatre cystéines. Cette ferrédoxine est prédite comme étant de la forme 2x[4Fe-4S]. Les autres ferrédoxines clostridiales présentent des caractéristiques sensiblement très éloignées des ferrédoxines clostridiales type, avec un seul cluster [4Fe-4S] identifié pour la CAC3621 et un degré d’homologie de la séquence très faible (<15% par rapport à la ferrédoxine de C. pasteurianum) pour les ferrédoxines CAC0075 et 0105 ainsi qu’une 194 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines extension très importante de leur partie C-terminale (entre 52 et 45 acides aminés). Plusieurs ferrédoxines présentant une petite extension d'acides aminés en C-terminal ont été précédemment rapportées chez Synechococcus (8 résidus, Cozens 1987), Bacillus thermoproteolyticus (10 résidus, Kutty et Bennett, 2007) et Chromatium vinosum (21 acides aminés, (Kyritsis et al., 1997)). Une longue extension N-terminale de 187 acides aminés a été récemment rpportée chez la polyferredoxin EFR1 de C. acetobutylicum. Le rôle de cette extension N-terminale de EFR1 n’est pas clair (Kutty et Bennett, 2007) tandis que les hélices α en C-terminal de la ferrédoxine de C. vinosum contribuent à l’abaissement du potentiel d’oxydoréduction du centre [Fe-S] à proximité (Kyritsis et al., 1997) Nous avons donc également retenu la ferrédoxine CAC3527 de C. acetobutylicum en sus de la ferrédoxine CAC0303 pour notre étude d’interaction avec l’hydrogénase de ce même microorganisme. Les ferrédoxines retenues pour cette étude sont donc les ferrédoxines 2x[4Fe-4S] de C. acetobutylicum CAC0303 et CAC3527 et la ferrédoxine 2x[4Fe-4S] de M. jannaschii que nous étudierons dans deux configurations, native : nommée Mjwt et délétée de la séquence C-terminale basique : nommée Mj∆ (figure 54). Fdx Mj wt Fdx Mj delta Fdx CAC 3527 Fdx CAC 0303 (1) (1) (1) (1) (1) 1 10 20 30 40 50 60 77 MAVEIIVDREKCIGCGRCYDVCPKGPLIWTKDENGKYYAYDVEYCHNCKFCAGRCPTNAILIKVVKPKKKDENKNKK MAVEIIVDREKCIGCGRCYDVCPKGPLIWTKDENGKYYAYDVEYCHNCKFCAGRCPTNAILIKV--------------MPRRINKLDCVGCGTCQRVCIVGCITQEKDRKR---LINESACVDCGACQYACPKKCISEH----------------MAYKITDACVSCGSCASECPVSAISQGDTQFV----IDADTCIECGNCANVCPVGAPVQE-------------- Figure 54 : Alignement des ferrédoxines retenues pour cette étude. Les deux clusters [Fe-S] sont formés de 4 cystéines chacun (indiquées par des flèches noires). 195 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines 3. Production hétérologue des ferrédoxines CAC0303 / CAC3527 de C. acetobutylicum et Mjwt et Mj∆ de M. jannaschii Les 4 ferrédoxines retenues ont été clonées puis exprimées selon une stratégie d’expression hétérologue chez E. coli et de reconstitution in vitro des centres Fe-S afin d’obtenir en aval une protéine complète et fonctionnelle. 3.1 Constructions plasmidiques Une stratégie d’expression chez E. coli par le vecteur pET21c a été retenue pour l’expression des ferrédoxines et ainsi que la purification sur une colonne d’affinité de type Streptactin SuperFlow via l’étiquette Strep-tagII de la ferrédoxine exprimée. Nous avons donc amplifié par PCR (voir Matériel et Méthodes section 7) à partir de l’ADN génomique de chacun des deux microorganismes, les séquences correspondantes aux ORF des ferrédoxines retenues. Les séquences des ferrédoxines ont été clonées dans le vecteur d’expression chez E. coli pET21c sous le contrôle du promoteur T7 et en fusion traductionnelles avec le Streptag II (voir figure 55). Les 4 vecteurs d’expression obtenus sont : - pET21cMjwtCtag et le pET21cMJ∆Ctag pour respectivement la ferrédoxine de M. jannaschii et sa forme tronquée de sa séquence C-terminale basique. - pET21cCAC0303Ctag et le pET21cCAC3527Ctag pour les deux ferrédoxines de C. acetobutylicum. 196 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines la c operator T7 promote r Ferredoxine MJw t (159) Streptag II ApaLI (5009) EcoRI (418) HindIII (437) lac I Ava I (452) His ta g T7 te rm ina tor f1 origin pET21cFdMJc ApaLI (1328) 5659 bp bla (Ap) se que nc e Pst I (1758) ApaLI (3074) ApaLI (2574) ColE 1 pBR3 22 origin Figure 55 : Carte du vecteur d’expression retenu pour l’expression de la ferrédoxine Mjwt. 3.2 Production des ferrédoxines chez E. coli Les quatre vecteurs d’expression ont ensuite été introduits dans la souche E. coli BL21 (DE3) (Codon-plus). Il a été nécessaire de recourir au plasmide Codon-plus afin de compenser la présence de 5 codons rares dans la séquence de la CAC3527 et de 3 codons rares dans celles de Mjwt et Mj∆ pendant l’expression, afin d’obtenir des rendements de production plus importants (résultats non détaillés). 3.2.1 Expression des ferrédoxines L’expression des ferrédoxines est réalisée à 30°C à partir de la souche E. coli BL21 (DE3) (pET21cTag, pCodonplus) dans du LB supplémenté avec du FeCl3, après induction à 197 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines une DO de 1.0 avec 1 mM d’IPTG pendant 3 heures à 30 °C. Les cellules sont ensuite centrifugées puis cassées afin de séparer la fraction soluble de la fraction insoluble (voir Matériel et Méthodes chapitre V section 8). L’analyse du surnageant de cassage et de la fraction insoluble (culot) sur gels SDS-PAGE et Western-blots a permis de mettre en évidence une grande hétérogénéité dans le profil d’expression des 4 ferrédoxines. • Expression des ferrédoxines Mjwt et Mj∆ On constate que les ferrédoxines Mjwt et Mj∆ se retrouvent en très grande majorité dans la fraction insoluble de l’extrait cellulaire (figure 56). Leur profil d’expression est identique avec une quantité très importante de ferrédoxine visible sur gel SDS-PAGE coloré au bleu de coomassie et sur western-blot au niveau de la piste correspondant au culot de cassage, ce qui démontre la présence de corps d’inclusion. La quantité de ferrédoxines Mjwt et Mj∆ dans la fraction soluble est par contre très faible et insuffisante pour envisager une série d’études biochimiques de ces protéines par la suite à partir de cette fraction. M S C S C 100 70 55 40 35 25 15 Figure 56 : Expression de la ferrédoxine Mjwt chez E. coli BL21 (DE3) (pCodon-plus). Gel SDS-PAGE à 15% coloré au bleu de coomassie et Western-blot correspondant. La détection par spectrophotométrie à 390nm de centres Fe-S n’a pu être réalisée compte-tenu de la présence d’agrégats de protéines. Un protocole de resolubilisation des corps d’inclusion a donc été mis au point afin de dissoudre cet agrégat, suivie d’une reconstitution des centres [4Fe-4S]. 198 Chapitre VII • Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Expression de la ferrédoxine CAC0303 Le profil d’expression de la ferrédoxine CAC0303 est totalement différent car il nous a été impossible dans un premier temps de mettre en évidence la ferrédoxine par analyse SDSPAGE et même par western-blot. La fonctionnalité du vecteur a été validée par une purification directe par chromatographie d’affinité à partir du surnageant de cassage ; ainsi il nous a été possible de mettre en évidence par Western-blot une très petite quantité de ferrédoxine CAC0303 purifiée. L’expression du vecteur pET21cCAC0303 produit une protéine de fusion de 7 kd, qui migre à une taille d’environ 14 Kd (figure 57). Il semble que pour des tailles aussi faibles, la migration de cette protéine fortement chargée négativement ne soit plus représentative de sa taille réelle. Le marqueur de taille n’est donc présent ici qu’à titre d’indicateur. M S C Fnr E2 E3 E4 100 70 55 40 35 25 15 Figure 57 : Purification par chromatographie d’affinité de la ferrédoxine CAC0303 chez E. coli BL21 (DE3) (pCodonplus). Western Blot sur gel à 15 %. Pistes C : Culot de cassage, S : surnageant de cassage, Fnr : fraction non retenue sur la chromatographie d’affinité, E2 – E4 fractions d’élution. La faible proportion de résidus aromatiques dans la séquence de la ferrédoxine CAC0303 la rend, de plus, difficilement visible sur gel SDS-PAGE coloré au bleu de coomassie. Une faible production de ferrédoxine a été également rapportée, dans le cadre de l’expression hétérologue chez E. coli de la ferrédoxine de C. pasteurianum (Davasse & Moulis, 1992), ferrédoxine très proche de la CAC0303 avec 95% d’homologie de séquences. 199 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Davasse a mis en évidence la dégradation importante de la protéine pendant son expression dans la cellule comme la principale cause de ce phénomène (Davasse & Moulis, 1992). La surproduction d’une ferrédoxine soluble telle que la CAC0303 chez E. coli la rend très sensible à la dégradation par des protéases intra-cellulaires. Cette dégradation a lieu si rapidement que les centres [4Fe-4S] n’ont pas le temps d’être insérés dans la protéine afin de stabiliser la structure (Davasse & Moulis, 1992). Nous avons cependant réussi à obtenir une amélioration significative de la quantité de ferrédoxine CAC0303 produite et récupérable en portant la concentration en FeCl3 dans le milieu de culture à 500 µM (au lieu de 25µM). La présence d’une grande quantité de fer accessible favorise probablement l’insertion de celui-ci dans les clusters Fe-S de la CAC0303 et accélère la stabilisation de la protéine qui est alors moins sujette à la dégradation. Ces conditions ont donc été retenues pour la production de la ferrédoxine CAC0303 et permettent d’obtenir en moyenne 2 mg de ferrédoxine purifiée / litre de culture. Lorsque le rapport d’absorbances R = A280nm/A390nm de la ferrédoxine CAC0303 produite dans ces conditions est supérieur à 0.65, la qualité de la ferrédoxine est considérée comme satisfaisante (avec un optimum autour de 0.8). Cependant, ce rapport R est très souvent inférieur à 0,5 à l’issue de la production/purification. Il est donc nécessaire de réaliser une reconstitution de la ferrédoxine CAC0303 afin d’obtenir un rapport R proche de 0,8. • Expression de la ferrédoxine CAC3527 Il est intéressant de constater que le profil d’expression de la ferrédoxine CAC3527 est sensiblement le même que celui des ferrédoxines Mjwt et Mj∆ bien que la quantité globale de ferrédoxine soit nettement moindre (figure 58). 200 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines M C S 130 100 70 55 40 35 25 15 10 Figure 58 : Expression de la ferrédoxine CAC3527 chez E. coli BL21 (DE3) (pCodon-plus). Gel SDS-PAGE à 15%. Coloration au bleu de coomassie. Pistes C : Culot de cassage, S : surnageant de cassage. La présence de corps d’inclusion dans la fraction insoluble et la très faible quantité de ferrédoxine soluble nous ont conduit à suivre la même procédure que pour les ferrédoxines de M. jannaschii avec une resolubilisation de cette fraction insoluble suivie par une reconstitution chimique et une purification finale. 3.2.2 Discussion L’expression des ferrédoxines est rendue délicate par un certain nombre de leurs caractéristiques propres : leur taille réduite, leur composition en acides aminés (chargées positivement ou négativement) et leur nécessité d’incorporer leur centres Fe-S afin d’acquérir une conformation tridimensionnelle stable. L’expression de gènes de petite taille provoque généralement des problèmes de stabilisation des ARNm et de la protéine neosynthétisée dans le cytoplasme de la bactérie (Davasse & Moulis, 1992), ce qui entraîne généralement un rendement de purification de la protéine d’intérêt faible. Comme nous avons pu le constater, la composition en acides aminés induit des changements radicaux du profil d’expression des ferrédoxines. La ferrédoxine clostridiale CAC0303 au pI de 3,6 et fortement chargée négativement est très soluble même avec une insertion partielle et est sujette à une forte dégradation dans le cytoplasme chez E. coli. A contrario, les ferrédoxines de M. jannaschii et la ferrédoxine CAC3527 de C. acetobutylicum sont fortement chargées positivement (pI respectifs de 7,6, 8,9 et 8,6), elles sont totalement 201 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines insolubles et leur expression chez E. coli provoque l’apparition de corps d’inclusion. La formation de ces agrégats entraîne l’accumulation d’une grande quantité de ferrédoxine insoluble dans le cytoplasme de la bactérie et la rend peu accessible à la dégradation par des protéases cellulaires. La quantité de ferrédoxine CAC3527 reste cependant plus faible que celles des ferrédoxines du méthanogène. La production d’une ferrédoxine complète (holoferrédoxine) et fonctionnelle chez une bactérie telle que E. coli, dépend de l’incorporation des centres métalliques dans le cytoplasme de la bactérie. Seule la ferrédoxine CAC0303 semble avoir la possibilité d’incorporer des centres Fe-S de manière naturelle à l’intérieur de la cellule. La surproduction de cette ferrédoxine ne permet cependant pas une incorporation suffisante des centres [4Fe4S] et nécessite le recours à une reconstitution in vitro afin d’atteindre un rapport d’absorbances A280nm/A390nm élevé (0,6 à 0,8). La formation d’agrégats suite à l’expression des ferrédoxines Mjwt, Mj∆ et CAC3527 a nécessité une solubilisation de ces corps d’inclusion suivie par une reconstitution chimique in vitro des centres [4Fe-4S] afin d’obtenir ces holoferrédoxine purifiées et solubles. 3.3 Solubilisation des corps d’inclusion Il est possible de récupérer la majeure partie d’une protéine produite sous forme de corps d’inclusion par une solubilisation à l’aide d’un agent chaotropique à forte concentration. Nous avons mis au point un protocole de solubilisation des corps d’inclusion issus de l’expression des ferrédoxines Mjwt, Mj∆ et CAC3527 (voir matériel et méthodes section 8.4.2). Ce protocole utilise différents traitements (urée à basse concentration couplée à un détergent) visant à débarrasser les corps d’inclusions des débris cellulaires et autres impuretés, puis à les solubiliser par un agent chaotropique (urée à 8M). La solution obtenue contient en grande majorité (94%) de l’apoferrédoxine et quelques autres protéines cellulaires dénaturées (figure 559). Ce protocole a été appliqué avec succès aux ferrédoxines Mjwt, Mj∆ et CAC3527 et permet de solubiliser une grande partie des ferrédoxines produites sous la forme d’agrégats dans la cellule. 202 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines M S C Lav1 Lav2 Lav3 Rs1/2 Rs1/1 130 100 70 55 40 35 25 15 10 Figure 59 : Resolubilisation de la ferrédoxine de Mjwt. Gels SDS-PAGE 15%, coloration au bleu de coomassie. Pistes C : Culot de cassage, S : surnageant de cassage, Lav1-3 : fractions de lavage éliminées, Rs : fraction de ferrédoxine solubilisée. Cette méthode constitue donc une étape de pré-purification efficace de l’apoferrédoxine avant la reconstitution in vitro des centres [4Fe-4S] afin d’obtenir une holoferrédoxine à la structure native. 3.4 Reconstitution des centres [4Fe-4S] Le protocole de reconstitution chimique des centres [4Fe-4S] des ferrédoxines mis au point au cours de cette étude est basé sur la technique de Feinberg (Baur et al., 1990; Feinberg et al., 1997; Smith et al., 1991), elle-même dérivée du protocole de Rabinowitz (Hong & Rabinowitz, 1967; Malkin & Rabinowitz, 1966; Rabinowitz, 1972). Cette reconstitution consiste en la synthèse chimique de centres [4Fe-4S] in vitro dans un environnement très réducteur suivie d’une renaturation de l’apoferrédoxine en présence de ces centres synthétiques afin de former une holoferrédoxine complète et fonctionnelle (voir protocole Chapitre Matériel et Méthodes section 9.1). Les conditions de réduction et les concentrations en S et Fe élevées favorisent la formation de complexes Fe-S complexes dont une partie de centres [4Fe-4S] qui donne à la solution une coloration brune caractéristique (forte absorbance à 390nm). Cette technique est adaptée à la reconstitution de protéines comportant uniquement des centres [4Fe-4S]. Les ferrédoxines possédant des centres de type [3Fe-4S] (Armengaud et al., 203 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines 1995; Armengaud & Jouanneau, 1995) sont difficiles à reconstituer in vitro par cette méthode. La reconstitution chimique ne permet pas en effet de contrôler la cinétique d’insertion des centres Fe-S au sein d’un cluster CxxCxxCxxxC. Le protocole a été appliqué aux ferrédoxines Mjwt, Mj∆ et CAC3527 directement après leur solubilisation finale à l’urée. La ferrédoxine exprimée et soluble dans le surnageant de cassage ont subi une première purification d’affinité. Elle a ensuite été dénaturée et réduite totalement par un traitement à l’urée 4M, Tris 0,1 M pH 8,0, DTT 10mM avant d’entrer dans le protocole de reconstitution (voir Matériel et Méthodes section 9.1). Ce traitement dénature également complètement les ferrédoxines présentant partiellement ou totalement des centres [Fe-S] et homogénéise la solution d’apoferrédoxine avant la reconstitution. L’étape de reconstitution permet la formation de centres [4Fe-4S] en excès par rapport à l’apoferrédoxine avec un rapport théorique optimal déterminé expérimentalement de 3 centres [4Fe-4S] formés pour 1 cluster de cystéines. La formation des centres et leur insertion se fait progressivement par exposition des clusters de cystéines réduites et par un repliement de la chaîne polypeptidique autour des centres métalliques. L’élimination progressive de l’agent chaotropique par dialyse permet de stabiliser les holoferrédoxines dans cet état. A l’issue de la reconstitution, les ferrédoxines doivent être purifiées (piste Rc, figure 60 page suivante) afin d’éliminer les protéines contaminantes et les différentes molécules Fe-S formées pendant la réaction. La purification finale est réalisée par chromatographie d’affinité sur support Streptactin et permet d’obtenir une ferrédoxine reconstituée pure (piste E2 et E3, figure 60) à plus de 99% (estimation Image J®, voir Matériel et Méthodes chapitre V section 10.3.2). 204 Chapitre VII M Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Rs1/1 Rc Fnr E1 E2 E3 M Rs1/1 Rc Fnr E1 E2 E3 130 100 70 55 40 35 25 15 10 Figure 60 : Dernières étapes de resolubilisation, dialyse et purification par chromatographie d’affinité de la ferrédoxine Mj wt Gel SDS-PAGE, coloration bleu de coomassie et Western-blot. Pistes Rs : fraction solubilisée, Rc : fraction reconstituée, Fnr : fraction non retenue à l’étape de chromatographie d’affinité, E1-3 : fractions d’élution. La pureté des ferrédoxines reconstituées obtenues a été vérifiée sur gel SDS-PAGE par une coloration au bleu de coomassie et/ou par une coloration à l’argent (gel C, figure 61 page suivante). Les ferrédoxines clostridiales (pistes CAC3527 et CAC0303) apparaissent sous la forme d’un doublet sur le gel B (figure 61) en raison d’une dénaturation insuffisante de l’échantillon avant migration sur gel. L’incubation des échantillons de ferrédoxines avec 20 mM de DTT pendant la phase de dénaturation thermique a permis d’obtenir une seule bande nette de protéine (exemple de la ferrédoxine CAC0303, gel C, figure 61). 205 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Gel B Gel A M ∆ Mj M wt Mj 3527 130 100 70 55 40 35 Gel C 0303 M 0303 55 40 35 25 25 15 15 10 10 Figure 61 : Gels de comparaison des différentes ferrédoxines reconstituées et purifiées au cours de cette étude. Gel A : Ferrédoxine Mj, coloration au bleu de coomassie ; Gel B : Ferrédoxine Mjwt, CAC3527 et CAC0303 coloration au bleu de coomassie ; Gel C : protocole de dénaturation au DTT 20mM et coloration du gel à l’argent colloïdal. Une estimation rapide de la qualité de la reconstitution peut s’effectuer par spectrométrie UV/visible en évaluant le rapport R = Abs390nm / Abs280nm. Les centres [4Fe-4S] absorbent spécifiquement à une longueur d’onde comprise entre 420 et 390 nm. La valeur de 390 nm est généralement retenue pour l’observation de ces centres par spectrométrie optique. Le spectre d’absorption (figure 62) d’une solution de ferrédoxine comporte un profil caractéristique de la présence d’holoferrédoxine, formé d’un pic d’absorbance étalé à 390 nm et d’un pic très net à 280nm (absorption du polypeptide). 206 390 nm Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines 280 nm Chapitre VII Figure 62 : Spectre d’absorption des ferrédoxines Mjwt (courbe rouge) et Mj∆ (courbe noire). La mesure de l’absorbance à 280nm d’une protéine étant très dépendante de la composition en acides aminés aromatiques, celle-ci peut varier considérablement d’une ferrédoxine à une autre. Le rendement de reconstitution est « très » approximativement (calibré à partir de la ferrédoxine de C. pasteurianum) de l’ordre de 75 % (varie en fonction de la ferrédoxine) lorsque le rapport R est compris entre 0,6 et 0,8 (chiffres établis sur la ferrédoxine de C. pasteurianum (Davasse & Moulis, 1992)), le rapport sera un peu plus faible pour les ferrédoxines de M. jannaschi pour un même taux de reconstitution compte tenu de la richesse de leur séquence en acides aminés aromatiques (qui tend à biaiser le rapport R par une absorbance à 280 nm plus élevée). Un calcul du taux de reconstitution est réalisé de manière plus précise par un dosage de la concentration en Fe dans les ferrédoxines reconstituées par anlyse ICP-MS couplé à la caractérisation de la nature des centres Fe-S par RPE et Voltamétrie. 3.4.1 Stabilité et conservation des ferrédoxines reconstituées Stabilité et conservation : Les ferrédoxines reconstituées de M. jannaschii et les CAC 3527/0303 de C. acetobutylicum ont pu être conservées plusieurs jours à 4°C ou 5 h à 20°C dans un tampon réducteur (DTT à 2mM) en fiole sertie (aucune perte d’absorbance à 390nm significative n’a pu être constatée). Les ferrédoxines Mjwt, Mj∆ et CAC0303 peuvent être conservées à -20°C mais subissent une perte d’absorbance à 390nm variable (de l’ordre de 10%) à chaque cycle de congélation/décongélation. La ferrédoxine CAC3527 s’est montrée particulièrement 207 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines sensible à la décongélation avec une perte d’absorbance à 390 nm pouvant atteindre 80% dans certains cas. Cette ferrédoxine a donc été préparée le plus souvent extemporanément et conservée à 4°C avant utilisation. Thermostabilité : Nous avons évalué la stabilité à haute température des ferrédoxines Mjwt et Mj∆ par incubation d’un échantillon à différentes températures dans un environnement réducteur et dépourvu d’oxygène par un suivi de l’absorbance à 390nm (Forget, 1982; Yang et al., 1977a). Les résultats obtenus nous ont permis d’observer une perte d’environ 13 % de l’absorbance après 1 heure d’incubation à 50°C et d’environ 22 % à 70°C pour la ferrédoxine Mjwt (tableau 16). Il est intéressant d’observer que les valeurs obtenues pour la ferrédoxine Mj∆ sont très proches de celles obtenues pour la ferrédoxine WT avec environ 15 % de perte d’absorbance à 50°C après 1h d’incubation et environ 22 % à 70°C. Il n’a pas été possible d’observer la thermostabilité à 85°C (température naturelle de M. jannaschii) dans des conditions d’anaérobiose satisfaisante en raison de limitations techniques. La stabilité des ferrédoxines de C. acetobutylicum CAC0303 et CAC3527 à haute température n’a pas été testée au cours de cette étude. Ferredoxines 2x[4Fe-4S] Fdx Mj T°opt de croissance du microorganisme wt 85°C ∆ 85°C 65°C 50°C Fdx Mj 1 Fdx M. thermolithotrophicus 2 Fdx M. thermophila 3 Fdx C. pasteurianum Fdx C. thermoaceticum2 T° d'incubation Dénaturation Abs390nm à (% Abs390nm à t0) t0 1 h d'incubation 70°C 70°C 0,108 0,87 77,8 80,5 70°C 70°C - 90 (30 min) 91 35°C 60°C 80°C 80°C - 44 89 100°C 95°C - 90 (24h) Ferredoxine [3Fe-4S][4Fe-4S] 4 Fdx P. furiosus Tableau 17 : Analyse de la dénaturation à haute température des ferrédoxines de M. jannaschii reconstituées par suivi de l’absorbance à 390nm. 1 Données de Yang et al., 1977. 2Données Terlesky & Ferry, 1988, 3Données Hatchikian et al., 1989, 4Données Aono et al., 1989. 208 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines En guise de témoin de comparaison, les données de thermostabilité des ferrédoxines 2x[4Fe4S] de C. pasteurianum et de C. thermoaceticum ont été utilisées (Yang et al., 1977a). Les deux ferrédoxines de M. jannaschii reconstituées présentent une stabilité comparable à 70°C. Ne disposant pas d’un échantillon de ferrédoxine native issue de M. jannaschii, il ne nous est pas possible d’établir une comparaison directe entre un échantillon reconstitué et un échantillon natif. La comparaison avec les données de la littérature pour des ferrédoxines thermostables 2x[4Fe-4S] (Aono et al., 1989; Forget, 1982; Hatchikian et al., 1989; Terlesky & Ferry, 1988; Yang et al., 1977a) nous indique que les valeurs obtenues pour les ferrédoxines de M. jannaschi sont globalement du même ordre. Néanmoins, on constate que les valeurs mesurées restent toutefois plus faibles d’environ 9 % que celles des ferrédoxines de thermophiles et d’hyperthermophiles. Une différence de thermosensibilité importante de près de 50 % à 70°C (tableau 17) sépare les ferrédoxines de M. jannaschii reconstituées de la ferrédoxine mésophile de C. pasteurianum et permet de positionner clairement les ferrédoxines Mjwt et Mj∆ dans le groupe des ferrédoxines thermostables. Cette observation serait néanmoins à confirmer ultérieurement par une comparaison directe avec la ferrédoxine Mjwt purifiée directement à partir du microorganisme. Nous avons pu établir également que la stabilité de la ferrédoxine Mj∆ n’était pas affectée par la délétion de l’extrémité C-terminale basique. 3.4.2 Reconstitution des ferrédoxines : Conclusion et Discussion Le protocole d’expression / reconstitution mis au point au cours de cette étude a permis l’obtention de ferrédoxines reconstituées pures (figure 63) et de bonne qualité (rapport d’absorbances RA390nm / A280nm compris entre 0,58 et 0,82, tableau 18). Les ferrédoxines obtenues sont stables en solution et l’optimisation des rendements de reconstitution et de purification a permis d’obtenir les quantités nécessaires à l’étude biochimique de l’interaction entre ces ferrédoxines et l’hydrogénase de C. acetobutylicum. 209 Chapitre VII Ferrédoxine Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Compartiment cellulaire de production Rendement d'expression (mg de Fdx/ litre de culture) corps d'inclusion 4-6 Mj∆ corps d'inclusion 4-6 CAC3527 corps d'inclusion 2-4 CAC0303 soluble (surnageant) 2 Mj wt ere 1 étape Solubisation corps d'inclusion Solubisation corps d'inclusion Solubisation corps d'inclusion Purification directe par affinité (mg/ml) Ratio A390 / A280 oui 1,2 0,66 oui 1,5 0,6 oui 0,4 0,58 oui 0,65 0,82 Reconstitution Purification d'affinité Tableau 18 : Récapitulatif des résultats de la purification/reconstitution des ferrédoxines utilisées au cours de cette étude : Mjwt, Mj∆ et CAC3527 et CAC0303. L’approximation de la qualité de la reconstitution d’une ferrédoxine par la mesure du rapport R=A390nm / A280nm est un indicateur expérimental simple et rapide. Cependant, il ne permet pas de connaître précisément la proportion réelle d’holoferrédoxine de type 2x[4Fe4S], ni la présence éventuelle d’autres espèces partiellement reconstituées pouvant interférer lors de tests biochimiques. Une série d’études biophysiques permettant d’analyser la nature et la proportion des centres métalliques dans les ferrédoxines reconstituées a donc été réalisée. 4. Analyses biophysiques des ferrédoxines reconstituées L’ensemble des analyses biophysiques des ferrédoxines étudiées au cours de ce travail ont été réalisées en collaboration avec l’équipe du laboratoire de Bioénergétique et d’Ingénierie des Protéines du Professeur Bruno Guigliarelli au CNRS de Marseille. 4.1.1 Titrage potentiométrique suivi par spectrométrie Uv-Visible Le titrage potentiométrique couplé à la spectroscopie optique de type Uv-Visible permet de déterminer le potentiel d’oxydoréduction des centres [4Fe-4S] en suivant spectralement la variation d’absorbance à une longueur d’onde donnée (420nm dans le cas présent) en fonction du potentiel d’oxydoréduction de la solution de ferrédoxine (Chapitre V section 10.4.4). La réduction progressive des centres [4Fe-4S] par l’agent réducteur (l’hydrosulfite de sodium) entraîne une diminution de l’absorbance à 420 nm de la ferrédoxine (figure 63 A). 210 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines A B 4,0 IntensityFeSMut Nernstred simulation 3,5 integrated intensity (a. u.) 3,0 2,5 Amax = 3,5 (+0,3 ; -0,3) E = -500 mV (+/- 20mV) 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 -0,5 -700 -650 -600 -550 -500 -450 -400 -350 -300 -250 -200 -150 -100 E (mV vs NHE) Figure 63 : Exemple de titration potentiométrique de la ferrédoxine de Mjwt A : Evolution du spectre d’absorption de la solution de ferrédoxine pendant la réduction des centres [4Fe-4S] et suivi de l’absorbance à 420nm B : Courbe de suivi du potentiel d’oxydoréduction de la solution de ferrédoxine (fonction de type Nersnt). Les résultats obtenus (tableau 19) montrent tout d’abord que les ferrédoxines Mjwt et Mj∆ possèdent un potentiel d’oxydoréduction très bas de l’ordre de -500 mV. La différence de 20 mV mesurée entre ces deux ferrédoxines n’est pas significative (du même ordre que l’erreur expérimentale). Aucune influence de la délétion C-terminale sur le potentiel d’oxydoréduction n’a pu être constatée à ce stade de l’étude. Ferrédoxine Potentiel d'oxydoréduction (déterminé par titrage optique) +/- 20 mV Mjwt - 480 mV ∆ - 500 mV Mj wt ∆ Tableau 19 : Potentiels d’oxydoréduction mesurés par titrage optique des ferrédoxines Mj et Mj reconstituées. 4.1.2 Résonance paramagnétique électronique (RPE) Ferrédoxine CAC0303 La titration potentiométrique de la ferrédoxine CAC0303 suivie par spectroscopie UV/Visible a permis de mettre en évidence la présence de centres [4Fe4S]2+/1+ dont les signaux montrent généralement deux états redox (figure 64 A) : état oxydé (pas de signal en 211 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines EPR) et état réduit (paramagnétique S = 1/2). Dans l’échantillon natif (E ~ 0 mV versus NHE), aucun signal n’a pu être détecté. Pour un potentiel inférieur à - 300 mV, un signal à g = 2.064, 1.931 est visible. Ce signal est caractéristique d’un centre [4Fe4S]1+ isolé magnétiquement (spectre de la ferredoxine monoréduite). Des signaux supplémentaires à g = 2.009 et 1.971 sont également visibles et proviennent d'une population mineure de ferrédoxines dans lesquelles les deux centres [4Fe4S]1+ sont réduits et couplés par interaction magnétique de type spin-spin (ferredoxine bireduite). Dans les échantillons portés à plus bas potentiel (figure 64 A, signal à -506 mV), la ferrédoxine est complètement réduite, la proportion de ferrédoxine mono-réduite diminue et les spectres RPE sont dominés par le signal d’un couplage magnétique entre deux centres [4Fe4S]1+. Aucun signal significatif de centre [3Fe-4S]1+ ni de Fe libre n’a pu être mis en évidence sur les spectres obtenus. A B as prep + mediators +1 mV -304 mV as prep+ mediator -57 mV -349 mV -398 mV -383 mV -453 mV -443 mV -491 mV -486 mV -506 mV -500 mV 260 280 300 320 340 360 380 400 420 440 300 B (mT) 400 B (mT) Figure 64: Spectres RPE des échantillons de ferrédoxines A : CAC0303 B : CAC3527. Conditions : Température 10 K , Fréquence micro-ondes 9 Ghz, Puissance micro-ondes Mw 1 mW. Le profil de couplage observé est retrouvé communément chez les ferrédoxines clostridiales, comme la ferrédoxine 2x[4Fe4S] de C. pasteurianum (Shergill et al., 1996). L’intégration de l’intensité du signal RPE en fonction du potentiel d’oxydoréduction a permis 212 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines de déterminer le potentiel de réduction de la ferrédoxine. En se basant sur un système de transfert à un électron, nous avons observé un potentiel de -400 mV en accord avec la mesure par titration potentiométrique. Ce résultat démontre également que les deux centres [4Fe-4S] présents dans la ferrédoxine CAC0303 ont des potentiels très proches. Ferrédoxine CAC3527 Le spectre RPE de la ferrédoxine oxydée CAC3527 (figure 64, B) n'a montré aucun signal significatif de la présence de centres de type [3Fe4S]1+. On observe un début de réduction de la ferrédoxine seulement à partir d’un potentiel très bas de -400mV. Le spectre RPE correspondant est très peu commun pour des centres de type [4Fe4S]1+. Un tel potentiel a été observé chez la ferrédoxine 2x[4Fe-4S] de C. vinosum (Kyritsis et al., 1998; Kyritsis et al., 1999), avec un potentiel d’oxydoréduction de -460 mV pour le cluster n°II et un potentiel encore inférieur, de -660mV (/ NHE) pour le centre n°I. L’état le plus réduit de l’échantillon de ferrédoxine CAC3527 a été obtenu à un potentiel de -500mV. Compte-tenu du potentiel maximal de réduction de l’hydrosulfite de sodium (-520mV à pH 8.0) il n’a pas été possible techniquement de descendre plus bas en potentiel. Le spin de cet échantillon et la valeur du potentiel à laquelle la réduction a commencé démontrent clairement que le potentiel d’oxydoréduction de ce centre est plus faible que la valeur maximale de -500 mV que nous avons atteinte. Ferrédoxine Mjwt et Mj∆ Le spectre RPE de la ferrédoxine Mjwt de M. jannaschii (figure 65 A) n’a pas permis la mise en évidence d’espèces de type [3Fe4S]1+ dans l’échantillon de ferrédoxine testé. La présence de centres [4Fe4S]1+ est confirmée par le spectre obtenu. La réduction de ces centres débute à un potentiel bas d’environ -400 mV, tout comme la ferrédoxine CAC3527, mais le signal obtenu est très différent. Le spectre de l’échantillon le plus réduit montre la présence de deux centres [4Fe4S]1+ couplés magnétiquement. Le potentiel d’oxydoréduction évalué par intégration de l’intensité du signal RPE à -500mV (+/-20 mV) confirme la valeur obtenue lors du titrage potentiométrique de cette ferrédoxine (figure 65 B), de -480 mV (+/-20 mV). 213 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines A B Figure 65 : Spectres RPE des échantillons de ferrédoxines A : Mjwt B : Mj∆. Conditions RPE : 10 K , X Band 9 Ghz, Mw 1 mW. Le spectre RPE de la ferrédoxine Mj∆ délétée de sa partie C-terminale est très proche de celui de la ferrédoxine native de M. jannaschi. La présence de deux centres [4Fe4S]1+ couplés magnétiquement est confirmée par le spectre obtenu sur l’échantillon le plus réduit (- 575mV/NHE). Le potentiel d’oxydoréduction a été évalué à -480mV (+/- 20mV) par intégration du signal RPE. L’enregistrement du spectre RPE sur une plus grande plage de champ magnétique a cependant permis de mettre en évidence la présence d’une faible quantité de Fe libre (signal typique à g =4,3) dans la solution de ferrédoxine. La présence de ce Fe peut être provoquée par une dégradation partielle d’un centre [4Fe-4S]. L’absence de signal RPE caractéristique de centres [3Fe-4S] (signal quatre fois plus intense qu’un centre [4Fe-4S] à quantité égale) permet cependant d’exclure leur présence. Comparaison et discussion des résultats en RPE La ferrédoxine CAC0303 montre une valeur de potentiel de - 400 mV très proche de celui la ferrédoxine de C. pasteurianum avec laquelle elle partage une très haute homologie de séquences. Le comportement particulier de la ferrédoxine CAC3527 est à signaler avec un potentiel très bas, retrouvé chez certaines ferrédoxines atypiques (de type Chromatium vinosum...) mais qui 214 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines n’a jamais été mis en évidence chez une ferrédoxine clostridiale. Il ne nous a pas été possible de mesurer un potentiel en dessous de -500mV avec les moyens techniques dont nous disposions (méthode déazaflavine incluse). La RPE a permis d’obtenir un signal caractéristique des ferrédoxines 2x[4Fe-4S] pour les 4 ferrédoxines étudiées (figure 62). Le spectre de la CAC0303 est caractéristique des ferrédoxines clostridiales mais celui de la CAC3527 reste très atypique et se rapproche de celui de la ferrédoxine de Chromatium vinosum (Kyritsis et al., 1998; Kyritsis et al., 1999). x3 Fd MJ WT x2 Fd MJ MUT Fd Cac 0303 x1 Fd Cac 3527 x4 270 300 330 360 390 420 B (mT) Figure 66 : Récapitulatif et mise à l’échelle des spectres RPE (état réduit maximal) des ferrédoxines utilisées au cours de cette étude. L’intensité du spectre est quatre fois moins forte pour la ferrédoxine CAC3527 que pour la CAC0303. Ceci est à la fois dû à une quantité plus faible de protéine et parallèlement, à une réduction incomplète de l’échantillon. Les ferrédoxines de M. jannaschii présentent un potentiel d’oxydoréduction de -500 mV, nettement plus bas que celui généralement retrouvé chez les ferrédoxines 2x[4Fe-4S] (entre – 400 mV et -350 mV) (Aono et al., 1989; Forget, 1982; Hatchikian et al., 1989; Yang et al., 1977a) et chez la ferrédoxine [3Fe-4S][4Fe-4S] de l’hyperthermophile P. furiosus dont le centre [4Fe-4S] montre un potentiel de (-352 mV) (Aono et al., 1989). Malgré la délétion de la partie C-terminale basique de la ferrédoxine Mjwt, il n’a pas été possible d’observer une différence significative dans le spectre RPE de ces deux ferrédoxines. 215 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Cette partie de la protéine ne semble donc pas être impliquée directement dans l’environnement électronique des clusters [4Fe-4S]. L’analyse des spectres RPE a permis de mettre en évidence que les ferrédoxines étudiées étaient toutes du type 2x[4Fe-4S]. Aucune espèce hétérogène de centre Fe-S n’a pu être mise en évidence par RPE, la forme holoferrédoxine 2x[4Fe-4S] est donc la forme majoritaire présente dans nos échantillons de ferrédoxines reconstituées. Des expériences de voltamétrie ont également été réalisées afin de d’affranchir des seuils de détection de la RPE et de permettre une quantification précise des espèces minoritaires. 4.1.3 Analyse par électrochimie directe des protéines (Protein film voltammetry, PFV) Les différentes ferrédoxines étudiées ont été adsorbées sur l’électrode en graphite pyrolytique et un potentiel d’oxydoréduction cyclique a été imposé à l’échantillon. Le courant électrique qui transite via la surface d’adsorption des protéines et la solution tampon est recueilli par une électrode et enregistré sous la forme d’un voltampérogramme (voir Matériel et Méthodes chapitre V section 10.4.5). Ferrédoxine CAC0303 Après son adsorption sur l’électrode en graphite par dépôt d’1µl de solution de ferrédoxine CAC0303 concentrée et de 1µl de polymyxine sulfate (Leger et al., 2004) un signal, unique sur la gamme -760mV/+250mV vs SHE, très net a pu être observé sur le voltampérogramme (figure 67). Le signal est toujours présent lorsque l’électrode est transférée dans une solution de pH plus faible (pH 4), mais son intensité diminue quelque peu du fait d’une probable désorption partielle de la protéine par effet pH. 216 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Figure 67 : Voltampérogrammes obtenus sur des échantillons de ferrédoxine CAC0303 et effet de la variation du pH. Conditions expérimentales : T = 20°C, v = 100 mV/sec, anaérobiose stricte. Graphe : en trait plein les signaux bruts et en tirets les signaux après soustraction de la ligne de base. A partir de l’aire sous les pics, on estime l’ordre de grandeur de la quantité d’électrons transférés pour oxyder ou réduire complètement la protéine : soit 6 pmol. La largeur à mihauteur des pics est plus large que celle prévue si l’on ne considère qu’un seul centre à un électron. En effet, on observe une largeur de pic de 120 à 130 mV au lieu des 90 mV attendus, ce qui suggère un recouvrement des signaux électrochimiques de deux clusters [4Fe-4S] et confirme les résultats observés par RPE. Le potentiel de ces deux centres est équivalent et a été mesuré à environ -350 mV à pH 7 (+/15 mV), ce qui reste cohérent avec la valeur observée en RPE à pH 8 de -400 mV. La variation du pH entraine une diminution progressive de l’intensité du pic (par désorption du film) et un léger décalage vers les hauts potentiels (de -350 mV à pH 7 à -335 mV à pH 4). Le décalage des hauts potentiels à différents pH est très faible (au niveau de la limite de détection avec -5 mV/pH au lieu des – 58 mV/pH à 10 °C attendus) ce qui signifie que la réduction n’est pas couplée à une protonation spécifique. Nous n'avons pas pu détecter la signature d’un centre type [3Fe4S] ni dans le spectre de RPE d’un échantillon oxydé par voltamétrie. A la vue de la qualité des signaux électrochimiques, une quantité faible (> 5 %) de centres [3Fe4S] aurait été facilement détectée par la formation d’une paire de pics additionnels. Le premier pic aurait été d’une largeur d’environ 90 mV et aurait été indépendant du pH dans la gamme de haut-potentiel tandis que le second pic aurait été deux fois plus grand et étroit et très dépendant du pH a 217 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines faible potentiel (Breton et al., 1995). Aucun des deux centres [4Fe-4S] présents dans la ferrédoxine CAC0303 ne semble donc dégradé sous une forme [3Fe4S]. Ferrédoxine CAC3527 Dans le cas de la ferrédoxine CAC3527, même après optimisation de la méthode d'adsorption (meilleurs signaux sans polymixine) les signaux électrochimiques obtenus étaient juste au-dessus de la limite de détection. Toutefois, les signaux obtenus (figure 68, ligne noire et rouge) restent significatifs par rapport à la ligne de base (figure 68, ligne verte). Comme pour la ferrédoxine CAC0303 la position des pics est peu dépendante du pH (-500 mV à pH 7 et -450 mV à pH 4). Figure 68 : Voltampérogrammes obtenus sur des échantillons de ferrédoxine CAC3527 et effet de la variation du pH. Conditions expérimentales T = 20°C, v = 100 mV/sec, anaérobiose stricte. Graphe : en trait plein les signaux bruts et en tirets les signaux après soustraction de la ligne de base. La principale constatation est le très bas potentiel d’oxydoréduction mesuré (-500 mV) pour cette ferrédoxine clostridiale, qui confirme la mesure effectuée en RPE. Compte-tenu de la faiblesse du signal électrochimique, il est difficile de confirmer les résultats de la RPE sur la forme 2x[4Fe-4S] de cette ferrédoxine. Ferrédoxine Mjwt La ferrédoxine Mjwt étant adsorbée sur l’électrode de graphite sans polymixine selon la même méthode que les précédentes ferrédoxines, on observe un signal intense unique sur la gamme -760 mV/+250 mV vs SHE (figure 69, voltampérogrammes gauches). Le signal varie peu en fonction du pH et son intensité diminue très peu (légère désorption du film de protéine 218 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines par effet pH) ce qui signifie que la réduction n’est pas couplée à une protonation. Selon la même méthode que précédemment on estime a 0,5-1 pmol la quantité d’électrons transférés réduisant ou oxydant complètement la protéine. Les deux centres [4Fe-4S] semblent équivalents et leur potentiel d’oxydoréduction a été mesuré à environ -500 mV et confirme la mesure effectuée en RPE. A B Figure 69 : Voltampérogrammes obtenus sur des échantillons de ferrédoxines Mjwt (A) et Mj∆ (B). Conditions expérimentales : T = 5°C, v = 100 mV/sec, anaérobiose stricte. Les voltampérogrammes du haut montrent le signal brut tandis que ceux du bas montrent le signal après soustraction de la ligne de base. La largeur à mi-hauteur des pics est d’environ 140 à 150 mV au lieu des 90 mV attendus pour un seul centre [4Fe-4S]. Ce résultat suggère que les signaux électrochimiques de deux centres [4Fe-4S] tendent à se superposer au niveau du même pic et confirme les résultats de la RPE sur la forme 2x[4Fe-4S] de la ferrédoxine de M. jannaschii. Ferrédoxine Mj∆ La ferrédoxine de M. jannaschii délétée de son extrémité c-terminale a été adsorbée sur l’électrode au graphite selon les mêmes conditions que la forme sauvage, sans adjonction de polymixine. 219 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines La différence la plus marquante est la présence, en plus du signal précédent, d’un signal typique d’un centre [3Fe-4S] dont la signature est très spécifique : 1 pic à un seul électron, à haut potentiel, et un pic à très bas potentiel dont la position est très dépendant du pH (-48mV/unité pH, proche des -55mV/unité pH attendus pour un transfert d’autant d’électrons que de protons), mieux défini et deux fois plus intense que le premier (réduction à 2 électrons) (Breton et al., 1995). Le pic à haut potentiel correspond au couple 3Fe(+/0) et celui de bas potentiel au couple 3Fe(0/2-) couplé au transfert de deux protons. Nous avons pu vérifier que pour un pH bas, son intensité intégrée était quantitativement le double de celle du pic à haut potentiel. L’intégration du signal a également permis de calculer une proportion de 14 % de centres [3Fe-4S] par rapport au nombre de centres [4Fe-4S] (pic de potentiel intermédiaire). On observe également que le pic intermédiaire correspondant aux centres [4Fe-4S] est très large avec environ 140 à 150 mV au lieu des 90 mV attendus pour un seul centre [4Fe-4S]. Tout comme pour la forme sauvage, les résultats de la voltamétrie de la forme tronquée sont en accord avec la RPE et suggèrent la présence de formes à deux centres [4Fe-4S] par protéine. Le potentiel d’oxydoréduction des centres [4Fe-4S] a été mesuré à environ -500 mV et confirme la mesure effectuée en RPE. Les résultats de la voltamétrie cyclique suggèrent donc la présence de diverses formes de ferrédoxine Mj∆ dans l’échantillon avec des formes 2x[4Fe-4S] majoritaires (près de 86%) et une proportion significative de formes [3Fe-4S]1-[4Fe-4S]2, [4Fe-4S]1-[3Fe-4S]2 et 2x[3Fe4S]. La présence concomitante de Fe libre détecté par RPE et de centres [3Fe-4S] suggère une probable dégradation partielle de l’échantillon pendant les manipulations expérimentales (exposition partielle à l’oxygène, dénaturation suite à une décongélation de l’échantillon...). Conclusion des études de voltamétrie cyclique Les résultats obtenus en voltamétrie ont permis de confirmer la forme à deux clusters [4Fe-4S] de chacune des ferrédoxines reconstituées. La sensibilité élevée de cette technique a également permis de mettre en évidence l’absence totale d’autres espèces de centres Fe-S dans les échantillons de ferrédoxines CAC0303, CAC3527 et Mjwt. Il a été possible de détecter dans un échantillon de ferrédoxine Mj∆ la présence d’une faible proportion (environ 14%) de centres [3Fe-4S], qui n’avait pas été mise en évidence par RPE. 220 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Ces résultats viennent confirmer et compléter ceux obtenus en RPE et permettent de connaître avec précision la proportion des atomes de Fe impliqués dans des clusters dans chacune des ferrédoxines reconstituées. Ces données sont indispensables au calcul d’un taux de reconstitution (de centres 2x[4Fe-4S]) précis basé sur le dosage du Fe par ICP-MS. 4.1.4 Calcul du taux de reconstitution Le dosage des métaux en ICP-MS permet de quantifier précisément la concentration élémentaire en Fe dans la préparation de ferrédoxine. D’après les résultats obtenus en RPE et PFV (voir chapitres 3.5.2 et 3.5.3), les centres [4Fe-4S] sont pour les ferrédoxines CAC0303, CAC3527 et Mjwt les seuls types de groupements présents ou, très largement majoritaires, dans le cas de la ferrédoxine Mj∆ (plus de 86% de centres [4Fe-4S]). La présence de Fe libre dans l’échantillon de ferrédoxine Mj∆ est cohérente avec une dégradation partielle, postreconstitution des centres [4Fe-4S] en [3Fe-4S]. La présence de cette petite proportion de centres [3Fe-3S] dans la ferrédoxine Mj∆ ne peut donc pas être attribuée à l’étape de reconstitution. Les analyses en RPE et en voltamétrie des quatre ferrédoxines reconstituées suggère que le protocole de reconstitution mis au point permet la production exclusive d’holoferrédoxine sous la forme 2x[4Fe-4S]. Un taux de reconstitution peut donc être calculé précisément à partir des résultats du dosage de la concentration en Fe total par ICP-MS dans les échantillons de ferrédoxine (tableau 20). [Protéine] Bradford/Biuret + Aminoquant [Fe] Théorique (100% de reconstitution) Dosage [Fe] ICP-MS Taux de Reconstitution mesuré (ICP-MS) wt 15,7 µM 125 µM 64 µM 51% Fdx Mj∆ 31,5 µM 252 µM 129 µM 52% CAC 3527 71 µM 568 µM 343 µM 60% CAC 0303 83,7 µM 669 µM 436 µM 66% Ferrédoxine Fdx Mj Tableau 20 : Dosage élémentaire par ICPMS du Fe contenu dans les échantillons de ferrédoxines Mjwt, Mj∆, CAC3527 et CAC0303. 221 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Les taux de reconstitution obtenus sont dans l’ensemble supérieurs 50%, ce qui démontre l’efficacité du protocole de reconstitution in vitro mis au point au cours de cette étude. 4.2 Interprétation et discussion Les analyses biophysiques en RPE et en voltamétrie ont permis de valider la méthode de reconstitution mise au point au cours de cette étude et de calculer avec précision un taux de reconstitution des ferrédoxines à l’issue de cette étape. Les échantillons de ferrédoxine obtenus sont formés exclusivement d’une majorité d’holoferrédoxine de type 2x[4Fe-4S] et d’apoferrédoxine. Les proportions d’holoferrédoxine (forme fonctionnelle) et d’apoferrédoxine (aucune fonctionnalité) ont pu être quantifiées avec précision. Ces données seront prises en compte dans l’analyse biochimique de l’interaction de l’hydrogénase [FeFe] de C. acetobutylicum avec ces quatre ferrédoxines. L’analyse biophysique de la ferrédoxine mutée Mj∆ n’a pas permis de mettre en évidence de différence au niveau des paramètres physiques (potentiel d’oxydoréduction, couplages, intensité du signal) des centres [4Fe-4S]. La délétion c-terminale n’affecte pas les principaux paramètres physiques de la ferrédoxine de M. jannaschii. Cette partie de la protéine ne semble donc pas située dans l’environnement proche des centres [4Fe-4S] et n’a pas d’influence notable sur le transfert électronique. De plus, la délétion de la parie C-terminale (10 acides aminés) de la protéine ne semble pas affecter la stabilité de la ferrédoxine de M. jannaschii lors de la reconstitution (taux d’incorporation très proches) ce qui suggère que cette partie de la protéine n’est pas indispensable au repliement et à la stabilisation de la structure de la protéine. La présence d’une petite proportion de formes dégradées de type [3Fe-4S] dans l’échantillon de ferrédoxine Mj∆ suggère tout de même une légère différence de stabilité post-reconstitution des centres Fe-S en comparaison avec la Mjwt. 222 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines 5. Comparaison de l’interaction biochimique entre les ferrédoxines clostridiales et les ferrédoxines de M. jannaschii avec l’hydrogénase [FeFe] de C. acetobutylicum La comparaison de l’interaction entre les ferrédoxines clostridiales et les ferrédoxines de M. jannaschii avec l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum a été effectuée. L’ingénierie métabolique de C. acetobutylicum, par le remplacement de la GAPDH par une GAPOR fonctionnelle, donne un rôle fondamental à la ferrédoxine qui devient l’unique intermédiaire biochimique entre la GAPOR et l’hydrogénase. Cette fonction nécessite donc que la ferrédoxine soit en mesure d’interagir de manière optimale avec ces deux protéines issues d’organismes très éloignés phylogénétiquement. La mise au point in vitro d’un système GAPOR/Ferrédoxine/Hydrogénase optimal constitue donc un préalable indispensable à l’étape d’ingénierie métabolique in vivo. L’étude comparative in vitro de l’interaction biochimique entre les ferrédoxines de M. jannaschii et l’hydrogénase de C. acetobutylicum constitue une première étape dans la construction de ce système triparti optimisé. Le travail présenté dans ce chapitre a fait l’objet d’une publication (Guerrini et al., 2007). 5.1 Analyse biochimique comparative de la réduction des ferrédoxines reconstituées de M. jannaschii et C.acetobutylicum par l’hydrogénase 5.1.1 Purification de l’hydrogénase [FeFe] de C. acetobutylicum L’expression du gène hydA codant pour l’hydrogénase de C. acetobutylicum a été réalisée de manière homologue chez son hôte originel à partir du vecteur pPHhydACtag (disponible au laboratoire) (Girbal et al., 2005). La protéine a été purifiée par chromatographie d’affinité par son étiquette C-terminale StreptagII selon le même protocole que la GAPOR de M. jannaschii et en conditions d’anaérobiose stricte (voir Matériel et Méthodes chapitre V section 8.3). 223 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines M E2 M E2 100 70 55 40 35 25 15 Figure 70 : Contrôle de purification de l’hydrogénase HydA de C. acetobutylicum. Gel SDS-PAGE 12% coloration au bleu de coomassie à gauche et en western blot à droite. La piste E2 correspond à la fraction d’élution de l’hydrogénase utilisée dans le cadre de l’étude biochimique avec les ferrédoxines. La fraction d’hydrogénase obtenue à l’issue du protocole de purification (figure 70) présente une concentration de 1,2 mg/ml, soit environ 19 µM pour une pureté de plus de 95 % (estimée à l’aide du logiciel de quantification Image J, voir Matériel et Méthodes chapitre V section 10.3.2). 5.1.2 Analyses biochimiques comparatives de réduction des ferrédoxines Les activités spécifiques de réduction in vitro par l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum des ferrédoxines reconstituées CAC0303, CAC3527, Mjwt et Mj∆ ont été comparées à pH 6.6 pour une concentration en ferrédoxine de 2 µM (tableau 21 et figure 71). Pour comparaison, l’activité avec la ferrédoxine CAC0303 native est aussi présentée. Ferrédoxines (2 µM) Activité spécifique de réduction des Ferrédoxines par l'hydrogénase, pH 6.6 (µmol. min-1 mg-1) CAC0303 native 28.4 ± 0.2 CAC0303 reconstituée 21.8 ± 0.3 CAC3527 reconstituée 2.4 ± 0.2 Mj Mj WT ∆ reconstituée 2,63 ± 0.2 reconstituée 3,04 ± 0.3 Tableau 21 : Comparaison des activités spécifiques de réduction des ferrédoxines par l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum à pH 6.6. 224 Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines 20 18 16 4 2 Mj ∆ 6 ∆ 8 Mj 10 CAC 3527 12 CAC 0303 Rc 14 CAC 0303 native Activités spécifiques hydrogénase 10-3µmol.min-1.mg-1 Chapitre VII 0 pH 6.6 Figure 71 : Graphe de comparaison des activités spécifiques de réduction des ferrédoxines par l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum à différents pH.. Les résultats obtenus montrent que l’hydrogénase est capable de réduire les ferrédoxines clostridiales CAC0303 et CAC3527 et les ferrédoxines de M. jannaschii Mjwt et Mj∆. Cependant, bien que l’hydrogénase apparait comme étant une enzyme présentant une grande flexibilité au niveau de ses donneurs d’électrons (Fitzgerald et al., 1980; Girbal et al., 2005), les activités de réduction mesurées à pH 6.6 présentent des écarts importants en fonction des ferrédoxines. La ferrédoxine CAC0303 reconstituée est réduite par l’hydrogénase de C. acetobutylicum et présente une activité spécifique du même ordre que celle de la ferrédoxine CAC0303 native (Demuez et al. sous presse). On constate une diminution de l’activité de 23% par rapport à la forme native. Plusieurs hypothèses peuvent être formulées afin d’expliquer cette différence (variabilité des échantillons, état de conservation, protocole de reconstitution...) mais des investigations plus poussées seront nécessaires afin d’en déterminer la raison première. 225 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Bien que significatives les activités de réduction des ferrédoxines de M. jannaschii sont environ dix fois plus faibles que l’activité de réduction mesurées avec la CAC0303 à pH 6.6. Il est intéressant de constater que malgré leur origine commune la ferrédoxine clostridiale CAC3527 présente une activité environ dix fois plus faible que la ferrédoxine CAC0303 à ce même pH. Les résultats obtenus montrent que l’hydrogénase est une enzyme capable d’accepter une large gamme de ferrédoxines mais qui présente toutefois une préférence très nette pour la ferrédoxine CAC0303. Plusieurs hypothèses peuvent être formulées afin d’expliquer cette spécificité (différences stériques au niveau des zones d’interaction, potentiels d’oxydoréduction, présence de résidus inversement chargés sur la zone d’interaction...). Parmi ces différentes hypothèses nous avons choisi d’explorer l’effet de la charge de surface globale. 5.1.3 Effet de la charge globale de la Ferrédoxine dans l’interaction Ferrédoxine / Hydrogénase : La ferrédoxine CAC3527 a été retenue dans le cadre de cette étude parmi les différentes ferrédoxines annotées chez C. acetobutylicum pour ses caractéristiques proches de la ferrédoxine de M. jannaschii. Nous avons notamment remarqué que les valeurs du point isoélectrique (pI) théorique de la CAC3527 et de la Mjwt (chapitre VII section 2.1.2) étaient très proches (respectivement de 8.6 et 8.9) et radicalement opposées à celui de la ferrédoxine CAC0303 qui est une protéine très acide (pI de 3.6). En raison de la très petite taille des ferrédoxines, la majeure partie de leurs acides aminés présente une exposition à la surface de la protéine (voir chapitre III figure 13 page 70 : Structure d’une ferrédoxine clostridiale). Le pI de surface de la protéine est ainsi très proche du pI global de la séquence polypeptidique. Il est ainsi possible d’avoir une estimation du pI de surface même dans les cas où la structure de la protéine n’est pas disponible. La comparaison de l’effet de la charge globale sur l’interaction biochimique des ferrédoxines avec l’hydrogénase est d’autant plus pertinente que les écarts de pI théoriques entre les différentes ferrédoxines sont importants. En variant le pH afin de modifier la charge globale des ferrédoxines il est possible d’étudier l’influence de celle-ci au niveau de l’interaction biochimique avec l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum. 226 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines En se basant sur la courbe de titration acido-basique théorique et pour un pH de 6.6, la ferrédoxine CAC0303 serait négativement chargée tandis que les ferrédoxines CAC3527, Mjwt et Mj∆ auraient une charge globale positive. Nous avons choisi les pH 6.6 et 9.6 afin de réaliser des tests d’activité de réduction de l’hydrogénase (figure 72). En se basant sur les courbes de titration théorique de chacune des ferrédoxines, ces deux pH nous permettent d’explorer toutes les situations de changement de charge. CAC0303 Mj∆ CAC3527 MjWT 3,6 7,68 8,6 8,92 pI Théoriques pH 9,6 6,6 CHARGE nette globale CAC0303 pH Expérimentaux CHARGE nette globale CAC0303 CAC3527 Mj∆ MjWT CAC3527 MjWT Mj∆ Figure 72 : Schéma résumant l’ensemble les différentes situations de charge globale de chacune des ferrédoxines testées au cours de cette étude. Pour un pH de 9.6 par exemple, toutes les ferrédoxines devraient théoriquement être chargées négativement. Pour un pH de 6.6, les ferrédoxines CAC3527, Mjwt et Mj∆ seront chargées positivement tandis que la ferrédoxine CAC0303 sera chargée négativement. Seule la ferrédoxine CAC0303 ne pourra être chargée positivement sans atteindre un pH dénaturant pour l’hydrogénase. La comparaison des activités spécifiques de réduction des ferrédoxines par l’hydrogénase à pH 6.6 et 9.6 révèle une augmentation globale de toutes les activités à pH 9.6 (figure 73). Cet effet est plus marqué pour les ferrédoxines CAC3527, Mjwt et Mj∆ que pour la CAC0303. 227 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Afin de nous affranchir des effets du pH sur l’activité propre de l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum nous avons normalisé toutes les activités de réduction des ferrédoxines en les divisant par l’activité de réduction du méthyl viologène mesurée au même pH. Nous constatons qu’une charge globale négative globale de la ferrédoxine semble être par l'hydrogénase 18 16 14 Mj ∆ Mj WT 2 CAC3527 4 CAC0303 Rc 6 Mj ∆ 8 Mj WT 10 CAC3527 12 CAC0303 Rc Activités spécifiques hydrogénase 10-3µmol.min -1.mg -1 préférentielle au niveau de l’interaction avec l’hydrogénase. 0 pH 6.6 pH 9.6 Figure 73 : Graphe de comparaison des activités spécifiques de réduction des ferrédoxines à pH 6.6 et 9.6. La figure 74 (page suivante) présente le gain en pourcentage d’activité spécifique de réduction par l’hydrogénase constaté par le passage d’un pH 6.6 à 9.6. . 228 Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Mj Mj ∆ 60 CAC3527 50 40 30 20 10 CAC0303 Activités spécifiques hydrogénase 10-3 µmol.min -1 .mg -1 WT Chapitre VII 0 (%) Figure 74 : Graphe de comparaison du gain d’activité spécifique pour chaque ferrédoxine par le passage d’un pH de 6.6 à 9.6 lors de la réduction des ferrédoxines par l’hydrogénase. Le gain d’activité est exprimé en pourcentage par rapport à l’activité à pH 9.6 (100%). L’activité de réduction de la ferrédoxine CAC0303 par l’hydrogénase ne montre aucune sensibilité au pH. Cette faible dépendance au pH peut s’expliquer par le fait que la charge de la ferrédoxine CAC0303 restant négative quelque soit le pH, elle n’apparaît à aucun moment comme étant un élément limitant le transfert électronique. On constate pour les deux ferrédoxines de M. jannaschii une augmentation d’activité importante de plus de 50 % de l’hydrogénase lorsque l’on passe de pH 6.6 à pH 9.6 (les ferrédoxines passent alors d’une charge positive à négative). On note une légère différence entre les deux ferrédoxines de M. jannaschii avec une différence d’activité légèrement moins importante pour le mutant. Bien que ce résultat soit en faveur de l’hypothèse d’un effet de la charge globale sur l’interaction ferrédoxine/hydrogénase (compte-tenu du pI plus bas de la ferrédoxine mutée), il nous semble difficile à ce stade de conclure sur ce point sans études complémentaires. 229 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines Les activités de l’hydrogénase avec la CAC3527 présentent également une différence d’activité significative entre les deux pH, mais plus modérée avec une augmentation de seulement 30 %. Cette ferrédoxine présente un comportement proche des deux ferrédoxines du méthanogène mais d’autres facteurs non identifiés semblent se superposer à l’effet de la charge nette globale. En effet, Le potentiel d’oxydoréduction très bas (<-500 mV) de cette ferrédoxine peut constituer une limitation au transfert d’électrons avec l’hydrogénase. L’augmentation du pH de 6.6 à 9.6 a pour effet de diminuer le potentiel d’oxydoréduction du couple H+/H2 (solution à 37°C, 1 bar d’H2) et de rendre le transfert électronique entre la ferrédoxine et l’hydrogénase plus favorable thermodynamiquement. Compte-tenu du bas potentiel des ferrédoxines Mjwt et Mj∆, l’élévation du pH peut de la même manière que pour la CAC3527, permettre de rendre le transfert électronique plus favorable thermodynamiquement avec l’hydrogénase à pH 9.6 grâce à un potentiel du couple H+/H2 beaucoup plus bas. Cependant, à pH 9.6, malgré une charge et un potentiel d’oxydoréduction du couple H+/H2 favorables, ces trois ferrédoxines de bas potentiel (Mjwt, Mj∆ et CAC3527) présentent toujours des activités de réduction par l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum beaucoup plus faibles que celle de la CAC0303. Ce résultat démontre que le potentiel d’oxydoréduction n’est pas, dans ce cas, le seul facteur influant sur le transfert électronique entre l’hydrogénase et ces ferrédoxines. A l’issue de cette étude il apparaît que le transfert électronique entre l’hydrogénase et la ferrédoxine semble gouverné par un ensemble de facteurs biochimiques et biophysiques dont la prépondérance peut varier sous certaines conditions. L’effet de la charge électrostatique globale apparaît, dans certains cas, significatif mais, contrairement à l’effet du potentiel d’oxydoréduction des ferrédoxines, elle n’est pas systématique et apparaît le plus souvent relativement limitée. 230 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines 6. Discussion et conclusion Les ferrédoxines CAC0303, CAC3527 et la forme sauvage (Mjwt) et mutée (Mj∆) de la ferrédoxine de M. jannaschii ont été exprimées chez E. coli et reconstituées in vitro. Des analyses en RPE, par titration d’oxydoréduction et en voltamétrie cyclique ont permis de caractériser les centres métalliques de ces ferrédoxines 2x[4Fe-4S] et de déterminer leur potentiel d’oxydoréduction. Des différences importantes de potentiel redox ont été mises en évidence entre les ferrédoxines CAC3527, Mjwt , Mj∆ (très bas potentiel ≤ -500 mV) et la ferrédoxine CAC0303 (bas potentiel avec environ -400 mV). Le dosage par ICP-MS a permis de réaliser un calcul précis des taux de reconstitution. Ces derniers sont globalement plus élevés pour les ferrédoxines clostridiales que pour les ferrédoxines du méthanogène. La technique mise au point donne globalement des taux de reconstitution satisfaisants compris entre 51 et 66 % et permet d’obtenir des ferrédoxines purifiées et biochimiquement fonctionnelles. Ces expérimentations ont conduit à l’évaluation de la capacité de l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum à réduire différentes ferrédoxines et notamment les ferrédoxines naturellement partenaires de la GAPOR. La comparaison des activités de la ferrédoxine CAC0303 reconstituée et de son homologue issu de son hôte originel (Demuez et al., 2007) a permis de valider la qualité biochimique des ferrédoxines reconstituées en révélant des activités globalement du même ordre de grandeur. L’étude de la réduction de l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum par chacune des quatre ferrédoxines a révélé, quant à elle, de profondes différences d’activités. La ferrédoxine CAC0303 qui est la forme majoritaire chez C. acetobutylicum est de loin la ferrédoxine partenaire la plus efficace tandis que la CAC3527, la Mjwt et la Mj∆ présentent des activités approximativement 10 fois plus faibles. Il est intéressant de constater que les ferrédoxines de M. jannaschii sont tout à fait capables de fonctionner, même de manière peu efficace, avec l’hydrogénase de C. acetobutylicum, confirmant la large flexibilité d’interaction de cette classe d’enzyme avec des partenaires redox. L’augmentation du rendement de production en hydrogène par C. acetobutylicum, via la déviation du flux électronique vers l’hydrogénase par insertion de la GAPOR au niveau d’un second point de la glycolyse, nécessite une optimisation des interactions biochimiques du 231 Chapitre VII Etude de l’interaction entre Hydrogénase/ Ferrédoxines système [GAPOR / ferrédoxine / hydrogénase] chez C. acetobutylicum. Les résultats de cette étude démontrent la difficulté d’optimiser un tel système avec des enzymes issues d’organismes très éloignés phylogénétiquement. La différence d’activité importante de l’hydrogénase de C. acetobutylicum constatée entre la ferrédoxine CAC0303 et la ferrédoxine Mjwt ne nous permet pas à ce jour d’utiliser cette dernière dans notre approche d’ingénierie métabolique. Cependant, la configuration de ce système enzymatique pourrait faire l’objet d’une approche d’évolution moléculaire in vivo en chémostat afin de sélectionner des mutants de cette ferrédoxine conférant un taux de croissance plus élevé à la souche recombinante. La modification de la ferrédoxine sauvage de M. jannaschii par délétion de la partie C-terminale n’a pas permis d’améliorer les niveaux d’activité. Il apparaît à l’issue de cette étude que le transfert électronique est gouverné par un ensemble de facteurs biochimique et biophysiques qui interviennent de manière plus ou moins prépondérante lors de l’interaction entre l’hydrogénase et la ferrédoxine. Contrairement à l’effet du potentiel d’oxydoréduction des ferrédoxines, l’influence de la charge globale n’est pas systématique et apparaît le plus souvent relativement limitée. Une poursuite de l’approche d’ingénierie protéique de la ferrédoxine Mjwt pourrait être réalisée sur la base d’un abaissement du potentiel d’oxydoréduction de ses centres métalliques dont certains déterminants structuraux sont connus (Kyritsis et al., 1998). Auparavant, il conviendra de déterminer les activités de réduction de ces ferrédoxines et particulièrement de la ferrédoxine clostridiale CAC0303 avec la GAPOR, lorsque celle-ci sera fonctionnelle. 232 Chapitre VIII Conclusion et Perspectives 233 Conclusion et perspectives Chapitre VIII Conclusion et perspectives Le projet, dans le lequel ce travail de thèse s’inscrit, a pour objectif de doubler le rendement de production d’hydrogène de la très performante bactérie C. acetobutylicum. La stratégie proposée repose sur le remplacement dans la glycolyse du microorganisme de la GAPDH originelle par une GAPOR (famille des AOR) capable d’utiliser la ferrédoxine à la place du NAD (Mukund & Adams, 1995) et permettant de dévier une partie supplémentaire du flux électronique glycolytique vers l’hydrogénase. La création de cette nouvelle voie de transfert des électrons vers l’hydrogénase nécessite de disposer d’une GAPOR fonctionnelle et d’optimiser l’interaction avec le partenaire intermédiaire de la chaine de transport électronique : la ferrédoxine. Avant d’entreprendre l’ingénierie métabolique de C. acetobutylicum, il est nécessaire d’étudier et de reconstituer in vitro un système [GAPOR/ferrédoxine/hydrogénase] optimal et d’évaluer la fonctionnalité d’une telle configuration avant son implémentation in vivo. Etude et caractérisation biochimique de la GAPOR L’étude et la caractérisation des GAPOR issues de l’archaea hyperthermophile M. jannaschii et de l’archaea mésophile M. maripaludis ont permis d’isoler certains facteurs limitants l’utilisation d’une enzyme issues de cette famille dans une approche d’ingénierie métabolique chez C. acetobutylicum. L’expression hétérologue de la GAPOR de M. jannaschii, et de M. maripaludis chez C. acetobutylicum et chez E. coli n’a pas permis d’obtenir une enzyme capable de catalyser l’oxydoréduction du glycéraldéhyde 3-phosphate. Il a cependant été mis en évidence une activité reproductible de réduction du benzyl viologène non GAP-dépendante chez les deux GAPOR des méthanogènes mais aussi chez la GAPOR caractérisée de P. furiosus (Mukund & Adams, 1995; van der Oost et al., 1998) exprimée dans les mêmes conditions chez C. acetobutylicum. La présence de cette activité inattendue n’explique pas pour autant l’absence d’activité glycéraldéhyde 3-phosphate oxydoréductase de cette enzyme. Certains problèmes de 234 Conclusion et perspectives maturation de la protéine liés à une expression en dehors de son hôte naturel peuvent être à l’origine de ce résultat. Cette problématique a été particulièrement observée pour les Mo/Wenzymes qui nécessitent des cofacteurs complexes (les composés ptériniques) et très spécifiques pour acquérir leur pleine fonctionnalité (Johnson et al., 1993; Temple et al., 2000). Plusieurs hypothèses relatives au transport et à l’incorporation du W, à la synthèse de la forme optimale du cofacteur tungsto-ptérine et à la formation du centre [4Fe-4S] ont été testées et des améliorations significatives ont pu être apportées. Les différents travaux ont essentiellement été menés chez C. acetobutylicum et chez un mutant d’E. coli optimisé pour la synthèse de la forme du cofacteur tungsto-ptérine retrouvée généralement dans la famille des AOR. Le travail effectué dans le cadre de cette thèse a permis de démontrer que la bactérie C. acetobutylicum est un hôte globalement plus adapté qu’E. coli pour l’incorporation des cofacteurs W et des centres [4Fe-4S] chez la GAPOR issue de l’hyperthermophile M. jannaschii. L’expression de la GAPOR du mésophile M. maripaludis chez E. coli a changé ce constat en améliorant très significativement l’incorporation du W. Il est en outre apparu que la différence entre la température originelle de fonctionnement de l’enzyme et la température d’expression de cette même protéine chez son nouvel hôte pouvait constituer un facteur d’influence majeur sur les mécanismes d’incorporation du métal. La GAPOR de M. maripaludis a constitué dès lors le meilleur candidat pour la poursuite de cette étude. L’optimisation de la forme du cofacteur ptérine n’a pas permis de résoudre le problème d’activité rencontré. Cependant, il reste à démontrer que le W détecté dans les différentes GAPOR purifiées est effectivement associé au cofacteur ptérine attendu. Une série de travaux a été initiée à l’issue du présent travail de recherche et sont actuellement en cours au laboratoire afin mettre en évidence la présence du cofacteur tungsto-ptérine dans nos échantillons de GAPOR purifiés. Les travaux effectués sur les GAPOR ont permis de mettre en évidence la complexité de l’expression hétérologue des enzymes de la famille des AOR chez les bactéries C. acetobutylicum et E. coli. La meilleure connaissance des mécanismes d’importation du W et des voies de synthèse du cofacteur tungsto-ptérine chez E. coli a naturellement conduit à 235 Conclusion et perspectives pousser les investigations plus loin que chez C. acetobutylicum. Chez ce dernier, il n’a été possible, à ce jour, que d’identifier par homologie de séquences les gènes putatifs codant pour les mécanismes présumés de transport, d’incorporation et de synthèse du cofacteur tungstoptérine. C. acetobutylicum représente l’organisme cible de l’approche d’ingénierie métabolique envisagée dans le cadre de ce projet. A ce titre, il semble nécessaire d’approfondir notre connaissance des mécanismes de synthèse et d’incorporation des cofacteurs ptérines chez cette bactérie. A court terme, il semble également pertinent d’étudier la GAPOR mésophile de M. maripaludis purifiée directement à partir de l’organisme originel. L’étude biochimique et biophysique de cette enzyme dans les conditions d’analyse mises au point permettra de valider plusieurs hypothèses soulevées au cours de cette étude (chapitre VI). Il serait également particulièrement intéressant d’entamer une démarche de recherche d’un nouvel hôte d’expression de la GAPOR. Plusieurs bactéries du genre Clostridium possèdent des caractéristiques similaires à C. acetobutylicum au niveau de la production d’hydrogène parfois meilleures sur d’autres points comme les capacités cellulolytiques et pourraient se révéler être des hôtes plus adaptés à la fonctionnalité des GAPOR. Etude de l’interaction Hydrogénase/Ferrédoxines La seconde partie de ce travail porte sur l’optimisation de l’interaction entre les trois partenaires du système : la GAPOR, la ferrédoxine et l’hydrogénase. La ferrédoxine étant l’intermédiaire dans cette nouvelle chaine de transport des électrons, il est nécessaire qu’elle soit capable d’interagir efficacement avec la GAPOR mais aussi avec l’hydrogénase native de C. acetobutylicum. Dans l’attente de disposer d’une GAPOR pleinement active, notre étude s’est concentrée sur les paramètres qui influencent de manière prépondérante l’interaction entre l’hydrogénase de C. acetobutylicum et la ferrédoxine, à travers une étude impliquant plusieurs ferrédoxines de provenances différentes. L’un des objectifs étant d’identifier la meilleure ferrédoxine, dans une optique d’ingénierie métabolique de C. acetobutylicum, afin d’optimiser la déviation du flux électronique de la GAPOR vers l’hydrogénase. 236 Conclusion et perspectives Plusieurs ferrédoxines de type 2x[4Fe-4S] représentatives de l’environnement naturel de la GAPOR et de l’hydrogénase ont été choisies afin de mener les investigations décrites dans ce mémoire (respectivement les ferrédoxines de M. jannaschii : Mjwt et son mutant Mj∆ et les ferrédoxines clostridiales CAC0303 et CAC3527). Ces ferrédoxines ont été purifiées et exprimées chez E.coli et leurs centres Fe-S ont été reconstitués in vitro. Elles ont fait l’objet d’analyses biophysiques en RPE (Kyritsis et al., 1999), en voltamétrie (Armstrong et al., 1997) et en ICP-MS. Cela a permis de déterminer un taux de reconstitution précis et de valider l’efficacité de la méthodologie de reconstitution ainsi que la qualité des ferrédoxines reconstituées. A l’issue de ces analyses, les ferrédoxines ont été divisées en deux groupes : les ferrédoxines CAC3527 et Mjwt et Mj∆ aux potentiels redox très bas (≤ -500 mV) et aux signatures RPE atypiques ; et la ferrédoxine CAC0303 au profil RPE et aux caractéristiques redox typiques des ferrédoxines clostridiales avec un potentiel de -400mV. L’analyse comparative des activités de réduction des ferrédoxines reconstituées par l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum constitue un autre objectif de ce travail de thèse. Bien que les activités obtenues avec les ferrédoxines de M. jannaschii et la CAC3527 se soient révélées environ dix fois plus faibles qu’avec la ferrédoxine CAC0303, elles restent significatives et confirment la flexibilité naturelle de l’hydrogénase à fer vis-à-vis de ses partenaires redox de type ferrédoxine (Fitzgerald et al., 1980). Cette flexibilité constitue un avantage majeur dans la mise au point d’un système [GAPOR / ferrédoxine / hydrogénase] optimal en permettant de se focaliser plus particulièrement sur le couple [GAPOR / ferrédoxine] à l’avenir. Il reste désormais nécessaire de déterminer les activités de réduction de ces ferrédoxines et particulièrement de la ferrédoxine clostridiale CAC0303 avec la GAPOR lorsque celle-ci sera fonctionnelle. Si aucune ferrédoxine sauvage n’était capable de satisfaire à la mise au point d’un système tripartite optimal, il serait nécessaire de recourir à une approche d’ingénierie de la ferrédoxine. Dans cette optique, il a été tenté d’isoler et d’étudier l’un des facteurs pouvant se révéler déterminant dans l’interaction entre les ferrédoxines et leurs enzymes partenaires. Cette étude a été réalisée avec l’hydrogénase à fer de C. acetobutylicum et a démontré que la charge globale d’une ferrédoxine peut constituer un facteur significatif d’influence, mais que 237 Conclusion et perspectives d’autres facteurs tels que le potentiel redox restent généralement prépondérants (Guerrini et al., 2007; Moulis & Davasse, 1995). La modification de la ferrédoxine sauvage de M. jannaschii par délétion de la partie Cterminale (mutant Mj∆) n’a pas permis d’améliorer les niveaux d’activité de réduction par l’hydrogénase à fer. Cependant, et sous réserve de l’analyse de l’interaction GAPOR/ferrédoxine Mjwt, le système [GAPOR / ferrédoxine Mjwt / hydrogénase] pourrait faire l’objet d’une approche d’évolution moléculaire in vivo en chémostat afin de sélectionner des mutants de cette ferrédoxine conférant un taux de croissance plus élevé à la souche recombinante de C. acetobutylicum. La condition indispensable de la fonctionnalité d’un tel système est de focaliser la pression de sélection sur la ferrédoxine qui deviendrait l’élément limitatif majeur de la croissance de la bactérie. Il semble particulièrement intéressant de compléter ce travail avec l’étude de la ferrédoxine du mésophile M. maripaludis dont la GAPOR apparaît jusqu’à ce jour comme la meilleure candidate dans le cadre de l’approche par ingénierie métabolique de C. acetobutylicum présentée dans ce projet. Conclusion et perspectives L’absence d’activité d’oxydoréduction du GAP rencontrée au cours de cette étude a représenté un frein majeur à la bonne marche de ce projet mais a constitué également un relais vers l’étude fondamentale des mécanismes biochimiques qui régissent la formation des tungsto-enzymes telles que les GAPOR. La problématique de l’expression hétérologue de cette classe d’enzyme touche plusieurs domaines de recherche et a nécessité le recours à un large panel de techniques biochimiques, chimiques et biophysiques afin de pouvoir en aborder tous les aspects. Le travail initié par cette thèse a permis d’explorer un domaine nouveau au laboratoire et de développer diverses compétences et savoir-faire en interne ou au travers de collaborations fructueuses. Le travail accompli alimente désormais d’autres voies d’exploration sur le sujet et ouvre de nouvelles perspectives. 238 Conclusion et perspectives Les outils de manipulation génétique étant disponibles à ce jour chez C. acetobutylicum, il est possible d’utiliser d’autres stratégies de modification du métabolisme de cette bactérie afin d’améliorer son rendement de production d’hydrogène. A cet effet, il serait envisageable de diminuer le flux électronique reçu par les autres enzymes consommatrices de ferrédoxine réduite telles que la NAD(P)H ferrédoxine oxydoréductase. Une approche d’inactivation génétique de cette enzyme pourrait être étudiée afin de maximiser le transfert électronique vers l’hydrogénase dans le métabolisme de C. acetobutylicum. Cette approche serait de plus très complémentaire de la stratégie « GAPOR » présentée dans ce manuscrit. La bactérie C. acetobutylicum offre un potentiel d’amélioration élevé et constitue l’un des meilleurs candidats pour la production d’hydrogène par voie biologique. Toutefois, la fermentation et l’ensemble des solutions biotechnologiques de production d’hydrogène nécessitent davantage de maturité avant de pouvoir être implémentées à l’échelle industrielle. De nombreuses recherches, dont fait partie le travail présenté dans ce mémoire, contribuent actuellement au développement et à l’amélioration des technologies de production de biohydrogène, afin que cette voie devienne compétitive à moyen terme face aux énergies fossiles et donne pleinement à l’hydrogène son titre d’énergie renouvelable. 239 240 Références Bibliographiques 241 Références Bibliographiques Références Bibliographiques Adams, M. W., Rao, K. K., Hall, D. O., Christou, G. & Garner, C. D. (1980). Biological activity of synthetic molybdenum-iron-sulphur, iron-sulphur and iron-selenium analogues of ferredoxin-type centres. Biochim Biophys Acta 589, 1-9. Adman, E. T., Sieker, L. C. & Jensen, L. H. (1973). Structure of a bacterial ferredoxin. J Biol Chem 248, 3987-3996. Anderson, L. A., McNairn, E., Lubke, T., Pau, R. N. & Boxer, D. H. (2000). ModEdependent molybdate regulation of the molybdenum cofactor operon moa in Escherichia coli. J Bacteriol 182, 7035-7043. Andreesen, J. 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Guigliarelli Laboratoire de Bioénergétique et Ingénierie des protéines, UPR 9036, CNRS and Aix-Marseille University, 31 chemin Joseph Aiguier, 13402 Marseille Cedex, France PR Abstract In vivo hydrogen production in Clostridium acetobutylicum involves electron transfer between ferredoxin and [FeFe]-hydrogenase. Five C. acetobutylicum open reading frames were annotated as coding for putative ferredoxins. We focused our biophysical and biochemical investigations on CAC0303 and CAC3527, which possess the sequence signature and length of classical 2[4Fe4S] clostridial ferredoxins but differ significantly in theoretical pI. After cloning, heterologous expression in E. coli followed by in vitro Fe-S incorporation and purification, CAC0303 was shown to have a regular electron paramagnetic resonance (EPR) signal for a classical 2[4Fe4S] clostridial ferredoxin ,while CAC3527 displayed an unusual EPR signal and a quite low reduction potential. Both ferredoxins were reduced in vitro by C. acetobutylicum [FeFe]hydrogenase, but the CAC3527 reduction rate was 10-fold lower than that of CAC0303. These results are consistent with the efficiency of intermolecular electron transfer being dictated by the redox thermodynamics, the contribution of the ferredoxin global charge being only minor. The physiological function of CAC3527 is discussed. ED 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 L. Girbal (&) Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Biologiques et des Procédés, 135 Avenue de Rangueil, 31077 Toulouse cedex 4, France e-mail: [email protected] A13 A14 A15 A16 Present Address: P. Soucaille Metabolic Explorer, Bio pôle Clermont Limagne, Saint-Beauzire 63360, France 33 Biological hydrogen used as a fuel and produced from renewable resources could provide an excellent opportunity to compensate environmental problems by reducing global carbon dioxide emission and overcome shortages of fossil fuel in the future. Molecular hydrogen is produced by many microorganisms. The most efficient reported micro-organism for hydrogen production from hexose is the anaerobic bacterium Clostridium acetobutylicum, with a chemostat production of 2.4 l H2 L-1 h-1 [20]. Three hydrogenases, enzymes which catalyze the reversible reaction 2Hþ þ 2e $ H2 , are present in C. acetobutylicum ATCC 824: one [NiFe]-hydrogenase (HupS,L; genes CAP141 and CAP142) and two [FeFe]-hydrogenases (HydA1, gene CAC0028 [formerly called HydA]; and HydA2, gene CAC3230 [formerly called HydB]) [5, 22]. [FeFe]- and [NiFe]-hydrogenases differ in functionality since [NiFe]hydrogenases tend to be more involved in vivo in hydrogen oxidation, and [FeFe]-hydrogenases in hydrogen production. Comparison of C. acetobutylicum HydA1 and HydA2 hydrogen production activities showed that HydA1 was almost 10-fold more active than HydA2 [8, 9], meaning that in vivo hydrogen production in C. acetobutylicum is mainly provided by HydA1. In C. acetobutylicum, a reduced ferredoxin is the physiological electron donor of hydrogenase. Bacterial-type ferredoxins are low molecular weight carrier proteins 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 123 Journal : Large 284 Dispatch : 4-12-2007 Pages : 7 Article No. : 9072 h LE 4 CP h h TYPESET 4 DISK h MS Code : 9072 28 29 30 31 32 Introduction CT CO RR E A8 A9 A10 A11 A12 UN Author Proof F 5 Characterization of Two 2[4Fe4S] Ferredoxins from Clostridium acetobutylicum 4 73 Ferredoxin cloning and expression 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 Ferredoxin genes were PCR-amplified from C. digested with NdeI and EcoRI and ligated to linearized pET21c, generating pET21c3527. acetobutylicum ATCC 824 genomic DNA using primers 50 –TTTGGTTCCATATGGCATATAAAATAACAGACGCTTGTG–30 introducing NdeI and 50 - CCGGAATTCTTATTTTTCAAA TTGAGGATGTGACCACTCTTGAACTGGAGCTCCTA CTGG-30 inserting the Strep-tag sequence (IBA GmbH) and EcoRI in the 30 end of CAC0303 and primers 50 – TTTGGTTCCATATGCCTAGAAGAATTAATAAATT AGATTGTGTTGG–30 introducing the NdeI and 50 CCGGAATTCTTATTTTTCAAATTGAGGATGTGACCAATGTTCGGATATGCATTTCTTAGGGC-30 inserting the Strep-tag sequence and EcoRI at the 30 end of CAC 3527. The amplified CAC0303 fragment was digested with NdeI and EcoRI and ligated to linearized pET21c (Novagen), yielding pET21c0303. The CAC3527 fragment was pET21c0303 and pET21c3527 were aerobically expressed in E. coli BL21(DE3) (Novagen) after induction with 1 mM IPTG. At OD600 1.5, cells were collected by centrifugation, resuspended in 0.1 M Tris-HCl, 0.25 M NaCl, broken by ultrasonication, and centrifuged. 96 In vitro reconstitution of iron-sulfur centers 109 All experiments were performed in an anaerobic chamber. Apo-ferredoxin samples were reduced by 10 mM dithiotreitol (DTT) for 1 h under slow agitation. Fe-S center reconstitution was performed with FeCl3 and Na2S with a molar ratio ([Fe] or [S]/[apo-ferredoxin]) close to 20. Incubation for 2 h under slow agitation was performed, followed by overnight dialysis against 50 mM Tris-HCl, pH 8.0, 10 mM DTT. The dialysis extract was filtered. Iron-sulfur content was checked by measurement of A390/ A280 absorbance ratio. 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 [FeFe]-hydrogenase expression, purification, and assay 120 Homologous expression and purification of C. acetobutylicum HydA1 in the form of a Strep-tag tagged protein were performed as previously described [5]. In vitro hydrogen uptake assays coupled with methyl viologen and ferredoxin reductions were adopted from Refs. 21 and 4, respectively. 121 122 123 124 125 F Materials and Methods 105 106 107 108 OO 72 Tris-HCl, pH 8.0, 2 mM DTT, filtered, and loaded on a StrepTactin-Superflow (IBA GmbH) affinity column. Ferredoxin was eluted with 2.5 mM desthiobiotin in 50 mM Tris-HCl, pH 8.0. PR containing two [4Fe4S] clusters involved in low-potential oxidation-reduction reactions [19]. Five open reading frames (ORFs) are annotated as coding for putative ferredoxins in the C. acetobutylicum genome [18]. Recently, ORF CAC0303 was shown to express the major ferredoxin in the solventogenic C. acetobutylicum cells [5]. In this study, we report cloning, expression, and biophysical characterization of two C. acetobutylicum low molecular weight 2[4Fe4S] ferredoxins. Their role as electron mediators with C. acetobutylicum HydA1 is also investigated. CT ED 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 126 [FeFe]-hydrogenase concentration was determined with bovine serum albumin used as standard [3]. Ferredoxin concentration was determined by amino acid analysis using a C18 reverse-phase column after online automated precolumn derivatization. Ferredoxin metal content was measured using ICP-MS analysis (HP4500 spectrometer, calibrated using external standard). 127 128 129 130 131 132 133 Inclusion body solubilization Electron paramagnetic resonance (EPR) 134 97 98 99 100 101 Inclusion bodies were resuspended in 0.1 M Tris-HCl, pH 7.5, 1 M urea, 0.25 M NaCl, and 0.1% Tween. After centrifugation, the pellet was washed with 0.1 M Tris-HCl, pH 8, and the inclusion bodies were solubilized for 1 h in 0.1 M Tris-HCl, 8 M urea. 102 Ferredoxin purification 103 104 Avidin (0.16 g/L) was added to samples. After 30 min of incubation, the extract was diluted two times with 50 mM EPR experiments were performed on a Bruker ELEXSYS 500E spectrometer fitted with an Oxford Instrument ESR900 helium flow cryostat. Samples containing 50–100 lM protein were buffered in 50 mM Tris at pH 8.0. This pH value was chosen since it makes it possible to reduce completely FeS clusters in ferredoxins by using dithionite as a reductant, and a number of spectroscopic data are available under these conditions. Potentiometric titrations were performed in an anaerobic cuvette under argon atmosphere at 23°C [2], in the presence of low-potential mediators (carmine indigodisulfonate, phenosafranine, neutral red, methyl viologen; 8 lM 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 CO RR E Protein and iron concentration determination UN Author Proof O. Guerrini et al.: Clostridium acetobutylicum Ferredoxins 123 Journal : Large 284 Dispatch : 4-12-2007 Pages : 7 Article No. : 9072 h LE 4 CP h h TYPESET 4 DISK h MS Code : 9072 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 We used the electrochemical setup and equipment described in Ref. 14. CAC0303 was adsorbed onto a freshly polished pyrolytic graphite edge electrode (area, 0.1 cm2) by coating the surface with polymyxin sulfate, 20 mg/ml in water (Sigma), and then painting the electrode surface with about 0.5 ll of protein (about 50 lM in 50 mM Tris buffer at pH 8.0). The protein-film was stable enough that it could be transferred to buffered solutions containing no protein and the electrochemical signal remained visible. For CAC3527, only faint electrochemical signals could be detected, and the greatest electroactive coverage was observed with no coadsorbate. In all voltammetric experiments, the buffer consisted of MES, HEPES, sodium acetate, TAPS, CHES (5 mM of each component; Sigma), and 0.1 M NaCl. The data were analyzed using the inhouse program SOAS available at the NETLIB repository. 166 Results 167 Sequence analysis 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 Comparison of amino acid sequences deduced from ORFs CAC0075, CAC0105, CAC3527, CAC3621, and CAC0303 with C. pasteurianum 1CLF ferredoxin showed that CAC0303 had the highest sequence identity (88%), followed by CAC3527 (32%), CAC3621 and CAC0105 (21–23%), and CAC0075 (12%) (Fig. 1). A pair of CX2CX2CX3C motifs, putatively binding to two [4Fe4S] clusters, is highly conserved among bacterial ferredoxins. CAC0075 and CAC3621 exhibited only one conserved motif, the second being degenerated on one and three cysteines, respectively. The two consensus motifs were present in CAC0303, CAC3527, and CAC0105. However, the conserved proline which usually complements the motif (CX2CX2CX3CP) was conserved in the two motifs of CAC0303, but only observed in the CAC3527 second motif and in the CAC0105 first motif. Mutagenesis Expression, reconstitution, and purification 204 F Protein film voltammetry 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 OO 149 experiments on C. pasteurianum ferredoxin showed that this proline does not play an essential role in the mechanism of electron transfer with redox partners [19]. In addition, CAC0075 and CAC0105 showed unusual C-terminal extensions (52 and 45 amino acids, respectively). Ferredoxins with smaller C-terminal extensions were previously reported [10]. In C. vinosum, the C-terminal extension contributes to the negative shift of one cluster potential [11]. Bacterial ferredoxins are characterized by a negative overall charge at neutral pH. From the deduced amino acid sequences, determination of theoretical pI revealed only two ferredoxins with a classical very low pI, CAC0303 and CAC3621 (3.6 and 4.0, respectively). CAC0075, CAC0105, and CAC3527 had higher pIs (5.6, 8.4, and 8.6, respectively). We chose to focus on CAC0303 (the major ferredoxin expressed in solventogenic C. acetobutylicum cells [5]) and CAC3527, which conform to the two consensus pair of cysteinyl ligands and have a low molecular weight, about 6 kDa, but differ strongly in theoretical pI. PR each). Reduction potentials were achieved by adding small aliquots of 10 mM dithionite, then 160 ll of poised sample was transferred into an EPR tube, which was quickly frozen. ED 146 147 148 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 Biophysical characterization 219 Figure 2A shows selected spectra obtained during the reductive potentiometric titration of CAC0303 monitored by EPR spectroscopy. In the ‘‘as prepared’’ CAC0303 220 221 222 (1) (1) (1) (1) (1) (1) (1) CO RR E CT Recombinant expression of CAC0303 and CAC3527 was performed in E. coli. CAC0303 was mainly present in the soluble fraction. A first purification of CAC0303 was carried out by affinity chromatography. The purified fraction showed an A390/A280 of only 0.50, indicating a high proportion of apo-protein. In vitro Fe-S cluster incorporation was thus carried out on the purified fraction, followed by a second affinity chromatography leading to pure CAC0303 as determined by SDS-PAGE (data not shown), with A390/ A280 = 0.80. CAC3527 was expressed in E. coli in the form of inclusion bodies. After a first step of inclusion body solubilization, in vitro Fe-S cluster reconstitution was performed. CAC3527 was purified by affinity chromatography (A390/A280 = 0.87). UN Author Proof O. Guerrini et al.: Clostridium acetobutylicum Ferredoxins Cp 1CLF CAC 0303 CAC 3527 CAC 3621 CAC 0105 CAC 0075 Fig. 1 Multiple alignment of C. pasteurianum ferredoxin (1CLF) with five annotated C. acetobutylicum ferredoxins. Residues which are identical are in yellow, whereas residues which are identical and similar in 50% of the proteins are in blue and green, respectively 123 Journal : Large 284 Dispatch : 4-12-2007 Pages : 7 Article No. : 9072 h LE 4 CP h h TYPESET 4 DISK h MS Code : 9072 PR OO F nor in protein film voltammetry experiments. Considering the quality of the electrochemical signals, even a substoichiometric amount ( [ 5%) of [3Fe4S] clusters would have been easily detected as a pair of additional peaks [6]. We conclude that neither of the two [4Fe4S] clusters is degraded to a [3Fe4S] form. Iron atom content measurements were performed by ICP-MS on a CAC0303 solution at 84 lM and gave a value of 445 lM for the iron content. Since EPR and protein voltammetry experiments confirmed that Fe was only present in the form of a [4Fe4S] cluster, we could consider 8 iron atoms per ferredoxin molecule and estimate a 66% yield of 2[4Fe4S] holo-protein reconstitution in CAC0303 preparation. According to experimental errors, this value is in agreement with spin intensity measurements performed by EPR in the fully reduced state of the protein, which gave a reconstitution yield close to 50%. The EPR spectrum given by oxidized CAC3527 displayed no significant signal due to [3Fe4S] 1+ clusters. Upon reduction, the [4Fe4S] +1 signal appeared at a much lower potential than in CAC0303 (Fig. 2B; top spectrum). The corresponding spectrum is quite unusual for a [4Fe4S]1+ center, however, a similar shape has already been observed for cluster II of the 2[4Fe4S] ferredoxin from C. vinosum [12]. The most reduced sample was obtained at a potential of about –500 mV, the reduction being leveled off by the reduction potential of dithionite (typically –520 mV at pH 8.0). The spin quantitation of this sample indicated that only 10–20% of [4Fe4S] clusters per molecule were reduced, which clearly demonstrates that the reduction potential of this redox center is more negative than -500 mV. In the ferredoxin from C. vinosum, cluster II displayed a reduction potential at -460 mV, whereas the other cluster has an even lower potential (-660 mV vs. NHE) [11]. In the case of CAC3527, even after optimizing the adsorption procedure, the electrochemical signals we could detect were only just above the detection limit. However, the faint peaks seen at low potentials in Fig. 3B could never be detected in control experiments carried out in the absence of protein (green line), and they must result from the redox transformation of the adsorbed ferredoxin. As occurs with CAC0303, the peak position shows little dependence on pH (-500 mV at pH 7, -450 mV at pH 4). The main difference is that the redox process occurs at a very low potential, and this is in agreement with the potentiometric titration. CAC3527 exhibited an iron content of 343 lM on a CAC3527 solution at 71 lM per molecule. Since no [3Fe4S]1+ cluster or free Fe was detected in EPR experiments, a CAC3527 reconstitution yield in the form of 2[4Fe4S] holo-protein of 60% was calculated considering 8 iron atoms per ferredoxin molecule. CT ED state (E * 0 mV vs. NHE), no signal could be detected, which indicates that no partial degradation of the [4Fe4S] cluster into the [3Fe4S] cluster occurred in the studied sample [2]. At potentials below –300 mV, an almost-axial EPR signal at g = 2.064 and 1.931 developed. This main signal is characteristic of a magnetically isolated [4Fe4S]1+ cluster. Additional features at 2.009 and 1.971 were also visible and came from a minor population of ferredoxin molecules, where both [4Fe4S]1+ clusters are reduced and coupled by spin-spin magnetic interactions. In samples poised at lower potentials, the proportion of mono-reduced ferredoxin decreased and the EPR spectra were dominated by the signal due to two magnetically coupled [4Fe4S] 1+ clusters. The spectrum plotted at 506 mV vs. NHE is that of the fully reduced ferredoxin. Such an interaction pattern is usual in clostridial ferredoxins, and this spectrum is highly reminiscent of that given by the 2[4Fe4S] ferredoxin from C. pasteurianum [15]. Plotting the integrated intensity of the EPR signal as a function of the potential enabled the determination of the reduction potential. A satisfactory simulation was obtained assuming two independent one-electron redox processes, with a reduction potential of -400 mV ( ± 10 mV), showing that the two [4Fe4S] clusters have very similar reduction potentials. Figure 3A shows cyclic voltammograms recorded after a solution of CAC0303 was painted onto a graphite electrode, and the latter was transferred to a solution containing no protein. Hence the positive and negative current peaks at about -350 mV at pH 7 must result from the oxidation and reduction (respectively) of the protein that is adsorbed onto the electrode surface and able to directly exchange electrons with the electrode. Consistently, the peak areas (in units of AV), determined after subtracting the capacitive current, were identical for the oxidative and reductive sweeps and proportional to scan rate [13]. A small residual peak separation (20 mV at 100 mV/s) was observed even at the lowest scan rates. This is in contrast with the ideal behavior predicted by Laviron but often observed for proteins adsorbed on graphite [1]. The width at half-height of the peak (120 mV to 130 mV) is greater than that expected for a single oneelectron redox process (90 mV), suggesting that the redox transitions of the two [4Fe4S] clusters overlap in the electrochemical signal. This is consistent with the result of the EPR titration, which shows that both redox processes occur at about -400 mV. The shape and position of the peak are hardly dependent on pH (-350 and -335 mV at pH 7 and 4, respectively), demonstrating that neither of the two redox processes is specifically coupled to protonations. Remarkably, we detected the signature of a [3Fe4S] cluster neither in the EPR spectrum of the oxidized sample CO RR E 223 224 225 226 227 228 229 230 231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 241 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 UN Author Proof O. Guerrini et al.: Clostridium acetobutylicum Ferredoxins 123 Journal : Large 284 Dispatch : 4-12-2007 Pages : 7 Article No. : 9072 h LE 4 CP h h TYPESET 4 DISK h MS Code : 9072 276 277 278 279 280 281 282 283 284 285 286 287 288 289 290 291 292 293 294 295 296 297 298 299 300 301 302 303 304 305 306 307 308 309 310 311 312 313 314 315 316 317 318 319 320 321 322 323 324 325 326 327 328 ED PR Author Proof OO F O. Guerrini et al.: Clostridium acetobutylicum Ferredoxins CO RR E CT Fig. 3 Ferredoxin voltammograms. A The solid lines are raw voltammograms for CAC0303 adsorbed at a graphite electrode and recorded at pH 4.3 (red) and pH 7 (black). The dashed lines show baseline subtracted data. B Raw voltammograms (solid lines), including a blank (green), recorded at pH 4 (red) and pH 7 (black) with CAC3527. The dashed lines are baseline subtracted data enlarged 10-fold. T = 20°C. Scan rate, 100 mV/s UN Fig. 2 Ferredoxin EPR spectra: (A) CAC0303; (B) CAC3527. Recording conditions: 15 K, 10-mW microwave power, and 1-mT modulation amplitude. A star on the spectrum indicates contribution from the baseline. Redox potentials are vs. NHE. Ferredoxin cyclic voltammograms 329 330 Reduction of reconstituted and native CAC0303 by C. acetobutylicum HydA1 331 332 The ability of reconstituted and native CAC0303 to accept electrons from HydA1 was compared. In vitro ferredoxin reduction activities of HydA1 were determined at pH 6.6 with 2 lM 2[4Fe4S]-containing ferredoxin. Reconstituted and native CAC0303 were reduced by HydA1 at similar in vitro rates (21.8 ± 0.3 and 28.4 ± 0.2 lmol min1 mg-1, respectively). Expression of tagged CAC0303 in E. coli coupled with in vitro Fe-S cluster incorporation thus led to equivalent reconstituted and native ferredoxins concerning enzymatic reduction by HydA1. 333 334 335 336 Comparative reduction of CAC0303 and CAC3527 by C. acetobutylicum HydA1 341 342 In vitro reductions of reconstituted CAC0303 and CAC3527 by HydA1 were compared at pH 6.6 with 2 lM 2[4Fe4S]-containing ferredoxin. HydA1 was able to reduce both CAC0303 and CAC3527, but the reduction activity was more than 10-fold higher with CAC0303 than CAC3527 (2.4 ± 0.2 lmol min-1 mg-1). Since 343 344 345 346 347 348 123 Journal : Large 284 Dispatch : 4-12-2007 Pages : 7 Article No. : 9072 h LE 4 CP h h TYPESET 4 DISK h MS Code : 9072 337 338 339 340 372 373 374 375 376 377 Among five ORFs annotated as coding for C. acetobutylicum ferredoxins, we have focused our investigation on CAC0303 and CAC3527, the only two low molecular weight proteins which also displayed the two sets of conserved cysteinyl ligands characteristic of 2[4Fe4S] ferredoxins. F Discussion OO 371 Ferredoxin CAC0303 is the annotated ferredoxin from C. acetobutylicum exhibiting the highest amino acid sequence identity with C. pasteurianum ferredoxin, and more importantly, CAC0303 was shown to be the major expressed ferredoxin in solventogenic C. acetobutylicum cells [5]. The reconstituted CAC0303 produced in our study is of high quality and possesses typical clostridial ferredoxin features [17]: (i) both EPR and protein film voltammetry experiments demonstrated that no significant amounts of [3Fe4S] or of free iron were present in reconstituted and purified ferredoxin CAC0303 preparations; (ii) a typical EPR signal of two interacting [4Fe4S] clusters was obtained; (iii) a classical -400-mV reduction potential for the two [4Fe4S] clusters was determined by both EPR and the electrochemistry techniques; (iv) a reconstitution yield of 2[4Fe4S] holo-protein of 66% was calculated, in agreement with previously reported ferredoxin reconstitution yields [7]; and (v) HydA1 did not discriminate between reconstituted and native CAC0303 regarding in vitro reduction activity. The expression-purification-reconstitution protocol validated on CAC0303 was also applied to CAC3527. A high quality of reconstituted ferredoxin was achieved, with formation of only [4Fe4S] clusters and a reconstitution yield at 60%. However, our results showed that CAC3527 is different from CAC0303 in terms of biophysical properties and enzymatic reduction. First, at the beginning of the reduction, the CAC3527 EPR spectrum was unusual for a [4Fe4S]1+ center and a reduction potential more negative than -500 mV was demonstrated by potentiometric titration and protein film voltammetry. A similar unconventional EPR signal was previously reported for cluster II of C. vinosium 2[4Fe4S] ferredoxin [11]. Furthermore, both clusters of this ferredoxin displayed very negative potentials [11]. Three factors were proposed to explain the very negative potentials: a loop between two ligand cysteines, a C-terminal a-helix, and, the most determinant parameter, a bulky side chain in position X4 of the CX1X2CX3X4C motif. CAC3527 has none of the above characteristics. Second, in vitro CAC3527 reduction by HydA1 at pH 6.6 was 10-fold lower than with CAC0303. At pH 6.6 (at 37°C and 1 bar H2) E0H+/H2 is about -405 mV. Since the CAC3527 reduction potential was shown to be more negative than -500 mV, we conclude that the low potential of CAC3527 makes it unable to oxidize hydrogenase. When E0H+/H2 was decreased to about -590 mV by increasing the pH to 9.6, the 41% increase in the rate of ferredoxin reduction by HydA1 is consistent with the thermodynamics of electron transfer becoming more favorable. On the other hand, ferredoxin CAC3527 displayed a theoretical pI value significantly higher than that of classical ferredoxin. However, we showed that the rate of ferredoxin reduction by HydA1 is PR CAC0303 and CAC3527 have lower and higher theoretical pI values than the pH assay, respectively, we investigated the hypothesis of a protein global charge effect on ferredoxin reduction activity. Indeed, at pH 6.6, CAC0303 and CAC3527 should mainly be negatively and positively charged, respectively. Therefore we chose to perform ferredoxin reduction assays by HydA1 at pH 9.6. At this pH, both ferredoxins should be theoretically mainly negatively charged. First, HydA1 activity versus the pH assay was measured using methyl viologen as electron acceptor: a 31% increased activity was observed at pH 9.6 compared to pH 6.6. This pH-dependent response was taken into account when ferredoxin reductions by HydA1 were carried out: we normalized ferredoxin reduction activity by dividing it by the methyl viologen reduction activity measured at the same pH. Increasing the pH assay from 6.6 to 9.6 had no significant effect on the reduction activity of CAC0303, while CAC3527 reduction was increased by 41% (Fig. 4). The negative CAC3527 global charge seems only slightly more favorable for in vitro reduction by HydA1. However, CAC3527 reduction at pH 9.6 was still lower (almost eightfold) than CAC0303 reduction. CO RR E CT ED 349 350 351 352 353 354 355 356 357 358 359 360 361 362 363 364 365 366 367 368 369 370 UN Author Proof O. Guerrini et al.: Clostridium acetobutylicum Ferredoxins Fig. 4 Histogram of C. acetobutylicum HydA1 reduction activity with CAC0303 and CAC3527 normalized by methyl viologen activity at pH 6.6 and 9.6 123 Journal : Large 284 Dispatch : 4-12-2007 Pages : 7 Article No. : 9072 h LE 4 CP h h TYPESET 4 DISK h MS Code : 9072 378 379 380 381 382 383 384 385 386 387 388 389 390 391 392 393 394 395 396 397 398 399 400 401 402 403 404 405 406 407 408 409 410 411 412 413 414 415 416 417 418 419 420 421 422 423 424 425 426 427 428 429 430 452 References CT 1. Armstrong FA, Camba R, Heering HA, et al. (2001) Fast voltammetric studies of the kinetics and energetics of coupled electron-transfer reactions in proteins. Faraday Disc 116:191–204 2. Asso M, Mbarki O, Guigliarelli B, et al. 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CAC0303 is thus a typical clostridial ferredoxin which efficiently interacts in vitro with C. acetobutylicum HydA1 for H2 oxidation (this work) and H2 production [5]. We suggest that its in vivo implication in C. acetobutylicum metabolism is to channel electrons to HydA1. CAC3527 is an unconventional ferredoxin with a quite low reduction potential and a high pI. Its involvement in vivo is less clear: CAC3527 may not interact with HydA1 under physiological conditions; if it does, its low reduction potential may be an advantage to channel electrons to the hydrogenase, but the question remains as to which electron donor would be able to reduce CAC3527 in vivo. ED 431 432 433 434 435 436 437 438 439 440 441 442 443 444 445 446 447 448 UN Author Proof O. Guerrini et al.: Clostridium acetobutylicum Ferredoxins 123 Journal : Large 284 Dispatch : 4-12-2007 Pages : 7 Article No. : 9072 h LE 4 CP h h TYPESET 4 DISK h MS Code : 9072 477 478 479 480 481 482 483 484 485 486 487 488 489 490 491 492 493 494 495 496 497 498 499 500 501 502 503 504 505 506 507 508 509 510 511 512 513 514 515 516 517 518 519 520 521 522 523 524 525 526 527 528 529