n°3309 Ier juin 2012

Transcription

n°3309 Ier juin 2012
Catholique
Hebdomadaire
n° 3309
-
ISSN 0015-9506
france-catholique.fr
FRANCE
Béatification
de Jean-Joseph
Lataste
pages 8 à 14
Le cardinal Zen
s’oppose aux
compromissions
pages 20 à 22
juin 2012
3€
Quel espoir
en Égypte ?
pages 5, 18 et 19
BRÈVES
FRANCE
iNtEmpéRiES : De violents orages accompagnés de fortes précipitations ont provoqué des inondations dans l’est de la France pendant la nuit du 21 au 22 mai ; un record absolu a été battu à Nancy où l’on a relevé 86 mm d’eau en 3 heures ; certaines rues ont été couvertes de 2 m d’eau ; on déplore une victime.
Emploi : Air France a révélé le 20 mai une augmentation du temps de travail et un plan de départs volontaires concernant 5 000 postes d’ici à 2015. HP, le numéro un mondial des PC, a annoncé le 23 mai la suppression de 27 000 emplois dans le monde dont 400 en France.
SoCiAl : Le Premier ministre devait rencontrer les leaders syndicaux le 29 mai pour mettre au point son calendrier social. Le décret sur un retour partiel à la retraite à 60 ans devrait être pris mi-juin ; les conséquences de cette mesure sur les régimes complémentaires de retraite posent néanmoins problème. Le décret sur le doublement de la prime de rentrée scolaire devrait également être publié prochainement.
SAlAiRES : Le ministre du Travail, Michel Sapin, a rejeté le 24 mai la forte hausse du SMIC réclamée par les syndicats.
ViE SyNdiCAlE : Le leader de la CGT, Bernard Thibault, a été mis en minorité le 25 mai sur sa succession par la commission exécutive de l’organisation qui n’a pas approuvé la candidature de Nadine Prigent.
BANquES : Réunis en assemblée générale le 22 mai, les actionnaires du Crédit agricole ont exprimé leur exaspération face aux pertes subies par la banque au cours de ses opérations en Grèce.
JuStiCE : Condamné le 23 mai à verser un euro de dommages et intérêts pour injures aux dirigeants de SeaFrance par le tribunal de grande instance de Paris, Arnaud Montebourg a cependant conservé son poste de ministre du Redresse ment productif
éColE : 1,6 million d’élèves de CE1 et CM2 ont passé les tests destinés à évaluer leurs acquis durant l’an-
Une loi d’encadrement des loyers indexant les hausses sur un indice de référence pourrait être votée cet été.
CiRCulAtioN : La sécurité routière a lancé le 24 mai une campagne de prévention à destination des motards ; 772 motards ont trouvé la mort sur les routes en 2011.
VENtE Aux ENChÈRES : Le hameau abandonné de Courbefy en Haute-Vienne a été adjugé le 21 mai pour 520 000 euros à un artiste photographe d’origine coréenne lors d’une vente aux enchères devant le tribunal de grande instance de Limoges.
NAtAtioN : La France est née scolaire ; créé en 2009, ce dispositif est cependant remis en cause par le nouveau gouvernement. 55% des parents du primaire rejetteraient le retour à la semaine de cinq jours.
logEmENt : La ministre du Logement, Cécile Duflot, a prolongé jusqu'au 31 mai les dispositifs d’hébergement hivernaux.
Pour financer les logements sociaux, le gouvernement envisage de doubler le plafond du livret A en le portant à 30 600 euros.
devenue championne d’Europe du relais 4 x 100 m nage libre messieurs le 21 mai à Debrecen pour la première fois depuis 1962. Pour la dernière grande finale du 100 m de sa carrière, Alain Bernard a décroché la médaille d’argent le 25 mai.
tENNiS : Le tournoi de Roland-Garros a débuté le 27 mai avec peu de chances de victoire pour les joueurs français. 400 000 spectateurs étaient attendus pendant la quinzaine.
moNdE
gRÈCE : La directrice du FMI, Christine Lagarde, a estimé le 26 mai que les Grecs avaient une part de responsabilité dans leur situation ; elle leur a demandé de payer leurs impôts. Le pays risque d’être à court de liquidités fin juin. L’an passé, un rapport d'experts grecs chiffrait à 13 milliards d'euros le coût annuel de la corruption dans le pays. Le ministre de la Santé d’Athènes avait lui-même attiré l’attention sur les fraudes aux aides sociales : 111 millions d'euros en 2011, tandis que, pour les retraites, le chiffre atteignait 800 millions.
EuRopE : Les dirigeants européens se sont réunis le 23 mai à Bruxelles pour relancer une activité de plus en plus considérée comme un remède à l’endettement. Mais ils divergent sur la marche à suivre ; la France et l’Italie sont favorables à l’émission d’euro-obligations pour financer de grands chantiers, alors que l’Allemagne s’y oppose ; quant à la taxe sur les transactions financières qui pourrait alimenter le budget européen, c’est la Grande-Bretagne qui y est hostile !
Le gouvernement allemand prépare un plan pour soutenir la croissance dans les pays en difficulté de la zone euro ; Berlin envisage la création de zones franches pour attirer les investisseurs ; la protection contre les licenciements serait assouplie et les charges salariales réduites !
Le président de la Banque Suite en page 7
2 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012
ÉDITORIAL
SOMMAIRE
ACTUALITÉ
4
5
6
7
GOUVERNEMENT
ÉGYPTE
L'énigme du sphinx
RND
Chroniques de Gérard Leclerc
BILLET
Ministre ou député ?
DOSSIER
8
JEAN-JOSEPH LATASTE
L'apôtre des prisons
ESPRIT
15 ECCLÉSIA
16 LECTURES
Tempête au Vatican
9e semaine du temps ordinaire
MAGAZINE
18 COPTES
20 CHINE
23 OCH
24 SPORT
26 MUSIQUE
28 EXPOSITIONS
30 SÉLECTION
31 LIVRES
32 « AMOUR »
33 CINÉMA
Quel espoir en Égypte ?
Halte aux compromis !
Un parent handicapé
Le foot, c'est le pied
Chanter la vie et la mort
Des animaux et des hommes
Romans historiques
Le paradigme des races
Le dernier versant de la vie
« Cosmopolis »,
« Sur la route »,
« Woody Allen "A documentary" »,
« Les femmes du bus 678 »
34 THÉÂTRE
« Une cerise noire »,
« La guerre n'a pas un visage de femme »
35 TÉLÉVISION
« Orgueil et préjugés »,
« Mussolini-Hitler, l'opéra des assassins »,
« La véritable histoire des Bleus »,
« Peur sur l'hôpital »
36 TÉLÉVISION
38 BLOC-NOTES
Milan
Redressement piégé
Votre début de soirée
Vie associative et d'Église
COUVERTURE : © GRÉGOIRE COUSTENOBLE
Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,
du lundi au jeudi.
la famille d'abord !
J
EAN-PAUL
II n'a pas seulement créé les Journées mondiales de la jeunesse, dont les succès incontestables
révèlent à l’opinion un visage essentiel de l’Église,
alors même qu’elles sont pour leurs participants une
expérience très formatrice dans le pèlerinage de la vie.
Il est aussi à l’origine des Rencontres mondiales des familles,
qui, depuis 1994, rassemblent des foules importantes et
enthousiastes. Une telle initiative n’étonne pas de la part de
ce pape qui consacra une grande partie de ses énergies à la
promotion de la cellule familiale, dont il
avait perçu, dès l’origine de son sacerdoce,
toute l’importance. Benoît XVI a, évidemment, repris les mêmes objectifs, et sa présence, en cette fin de semaine, dans la ville
de saint Ambroise consacrera la démarche
de centaines de milliers de participants qui
ont compris à quel point l’épanouissement
des familles est le vecteur principal de l’hu- par Gérard LECLERC
manisation et de la civilisation.
Ce n’est pas pour rien que l’Église
reconnaît et proclame la primauté de ce qui est pour elle un
sacrement, en l’espèce une alliance conclue sous le regard
de Dieu. Il se trouve que l’évolution des mœurs a fragilisé
ce que les sociologues appellent le lien social, en renforçant
un individualisme, dont on perçoit aujourd’hui les effets
négatifs. La solitude est devenue un des maux structurels
de nos sociétés (ce qui explique l’omniprésence indiscrète
des entreprises de rencontre pour célibataires). La puissance
publique est amenée à évaluer les dégâts humains, sociaux,
économiques de la dissociation familiale. C’est à un point
tel que le gouvernement français précédent avait décidé de
revaloriser la cérémonie de mariage dans les mairies, afin de
donner une conscience supérieure de la gravité de l’engagement contracté. Pourtant, parallèlement, le mot d’ordre
le plus couramment répandu veut que le législateur doit
s’accorder au changement des pratiques sociales, ce qui ne
fait qu’aggraver l’éclatement et précariser les unions, avec
les retombées que l’on constate partout, notamment pour
les enfants blessés par la séparation de leurs parents. Et si
l’on ajoute à cela l’effondrement symbolique que constitue
le déni de l’alliance exclusive de l’homme et de la femme,
co-auteurs de la vie, on perçoit la catastrophe à venir.
Dans cette situation critique, la pastorale familiale est un
recours puissant pour aider les familles chrétiennes à remplir
leur mission, en même temps qu’un appel envoyé à la société
toute entière pour sortir de ses angoissantes perplexités. ■
FRANCECatholique N°3309 Ier JUIN 2012
3
ACTUALITÉ
GOUVERNEMENT
par Alice TULLE
Redressement piégé
Le parcours d’Arnaud Montebourg est à suivre de près : le
nouveau ministre a des convictions qui s’opposent à celles
du ministre de l’Économie… et de très hautes ambitions.
C
a n d i d a t aux pri–
maires socialistes
contre François
Hol lande, Arnaud
Montebourg a servi
loyalement le vainqueur de
la confrontation interne à
la gauche pendant toute la
campagne électorale. Il a été
récompensé par un ministère que l’on peut regarder
comme l’illustration de l’art
« hollandais » de la synthèse
des positions contradictoires puisque le partisan
de la démondialisation et du
protectionnisme doit cohabiter avec Pierre Moscovici,
ministre de l’Économie connu
depuis un certain temps pour
son engagement en faveur
du libre-échange.
à première vue, le poids
de Pierre Moscovici semble
très supérieur à celui d’Arnaud Montebourg, qui
semble avoir reçu une sorte
de gadget destiné à rassurer
les partisans du protectionnisme. Mais le décret qui fixe
les attributions du ministère
du Redressement productif donne tout de même à
Arnaud Montebourg des
pouvoirs étendus puisqu’il
est chargé de l’ensemble
de la politique industrielle,
tourisme compris, ainsi que
de la défense et de la promo-
tion de l’emploi dans l’industrie et les services. Il a
également autorité, comme
son collègue de l’Économie,
sur l’Agence des participations de l’État, ce qui est très
important sur le plan de la
stratégie industrielle.
le ministère taillé dans la
grande masse de Bercy risque
cependant d’être un cadeau
empoisonné car les traités
et accords européens ne lui
laissent pas beaucoup de
liberté pour intervenir dans
l'économie. Ministre dépen-
Condamné le 23 mai par le tribunal de grande instance de Paris,
Arnaud Montebourg devra verser un euro de dommages et intérêts aux
ex-dirigeants de l'entreprise Sea-France qu'il avait traité "d'escrocs".
à Bercy, siège imposant de l’Économie et des
Finances, il y a donc une
véritable dyarchie et non
plus un ministre surpuissant
entouré de secrétaires d’État
chargés sous sa direction de
tâches mineures.
Pour Arnaud Montebourg,
sier par nature, il risque
d'être rapidement recadré
dans un gouvernement qui
n'a pas d'autre choix que de
viser l’équilibre budgétaire.
Le mardi 29 mai, la CGT
a remis au Premier ministre
une liste de 46 entreprises
en difficulté, qui risquent de
« hollandais » de la synthèse
( L'art
des positions contradictoires
4 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012
licencier 45 000 personnes.
Parmi celles-ci, on trouve
Carrefour, Petroplus,
Arcelor-Mittal ou encore
l’usine Fralib, où le personnel résiste depuis 600 jours
à la fermeture décidée par
Unilever.
Arnaud Montebourg
risque donc de s’épuiser à
courir d’une raffinerie à une
grande surface pour tenter
d'empêcher une fermeture
ou pour réduire le nombre
de lettres de licenciement,
pour convaincre la direction
d’une multinationale ou un
patron aux abois de renoncer à une liquidation de site
industriel. Ce qui ne se fait
jamais sans contreparties
financières souvent vite dilapidées. Être socialiste ne lui
facilitera pas la tâche avec
les partenaires sociaux : dans
les entreprises en péril, les
syndicats ne se préoccupent
pas de la couleur politique
du ministre mais peuvent lui
demander des comptes sur
les promesses faites pendant
les campagnes présidentielle
et législatives.
Si Arnaud Montebourg
ne parvient pas à rétablir
la situation de l’emploi, il
y perdra la popularité dont
il jouit dans une partie de
l’opinion de gauche et ses
projets politiques seront
gravement compromis. S’il
tire plus ou moins bien son
épingle du jeu, il pourra
sérieusement penser à la
présidentielle de 2017. Mais
il trouvera toujours François
Hollande sur son chemin. n
ÉGypTE
par Yves LA MARCK
L'énigme du sphinx
52 millions d’Égyptiens ont été appelés à choisir librement
leur « raïs » pour la première fois dans l’Histoire. Le choix
est vraiment ouvert, l’avenir incertain.
N
quels
seront les pouvoirs
du futur président.
Le Conseil militaire
suprême a déclaré
qu’il passera la main au 30
juin. Mais la Constitution
n’est pas prête. L’Assemblée
dominée par les Frères
musulmans, nouveaux venus
en politique après l’interminable ère Moubarak, n’a
pas encore trouvé son point
d’équilibre. Que va pouvoir
faire le nouveau président ?
Cependant, il sera auréolé
d’une légitimité inégalée.
Ces élections n’ont d’équivalent que les premiers scrutins en Afrique du Sud en
1994. Un sentiment de liberté,
de propriété, de citoyenneté, a
rempli de nombreux Égyptiens
en ces 23 et 24 mai, même si
le taux de participation est
passé de 60% aux législatives
à seulement 50% pour cette
présidentielle.
L’incertitude était totale
sur les résultats du premier
tour et ne l'est pas moins sur
ceux de second. Au moins
quatre cas de figure se
présentaient : deux anciens
du régime Moubarak, deux
islamistes. Respectivement,
Amr Moussa, ex-ministre
des Affaires étrangères
puis secrétaire général de
la Ligue arabe, le seul qui
était connu internationalement, le meilleur candidat
ul ne sait
de compromis mais desservi
par son âge (76 ans), Ahmad
Chafiq, général d’aviation comme Moubarak, son
dernier Premier ministre
dans la période de transition,
Abdel Moneim Ab el-Fotouh,
récent transfuge des Frères
de candidat aux présidentielles. Ils se sont ravisés.
Fotouh et Amr Moussa
s’étaient affrontés seuls dans
le premier et unique débat
politique télévisé en direct le
10 mai dernier et semblaient
bénéficier d'un avantages
musulmans, soutenu par la
principale force salafiste
(25% des voix aux élections
législatives), Mohamed Morsi,
candidat de second choix des
Frères à la suite de la disqualification de leur premier
dirigeant. Les Frères, qui ont
obtenu 40% des voix aux
législatives, avaient annoncé
qu’ils ne présenteraient pas
médiatique. Pourtant, il se
confirme que le second tour
des 16 et 17 opposera Morsi
et Chafiq (mais un tribunal
peut encore invalider la candidature de ce dernier comme
membre de l'ancien régime...)
Cela confirme en tout cas
l'hypothèse majoritaire que
le second tour devait opposer
un islamiste à un « laïque »,
conformément à la grande
fracture qui divise la société
égyptienne. Même si, raisonner en termes de religieux
contre séculiers ne permet pas
d’appréhender la complexité
de la politique égyptienne.
Il ne faut pas oublier que la
première préoccupation de la
population est de reconduire
l’armée dans ses casernes, sans
exclure éventuellement un
rôle de recours en cas de crise.
La seconde réalité éternelle
de l’Égypte est le poids des
« scribes » ; les fonctionnaires
de l’État sont omniprésents
dans la capitale comme dans
les provinces. Les notables,
parties intégrantes de ce
vaste pouvoir de contrôle, ont
« fait » les élections législatives, mais il leur est plus difficile de « faire » le président.
L’élection du candidat
des Frères introduirait une
confusion des pouvoirs et
provoquerait un grave débat
constitutionnel centré sur les
contre-pouvoirs. L’élection
d’un candidat laïque conduirait à une présidence forte,
qui, dans la pratique, s’appuierait sur le pouvoir de l’armée.
Les libéraux de la place
Tahrir comme les salafistes,
qui ont rejeté la discipline et
le conformisme des Frères,
auront du mal à trouver
leur compte dans le processus démocratique en cours.
L’élection ne sera pas le
point final mais marquera
un commencement. n
L'élection du candidat des Frères
introduirait une confusion des pouvoirs
)
FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012
5
CHRONIQUES
GÉRARD LECLERC SUR RADIO NOTRE-DAME
Pauvre Christiane Taubira !
Tout était programmé pour que
Christiane Taubira, nouveau ministre de
la Justice, devienne la cible privilégiée des
attaques de ses adversaires politiques.
On retiendra à ce propos la formule de
Jean-François Copé mettant en garde
l’électorat de droite contre la tentation du
vote Front national. Pardon du vote Bleu
marine ! « Quand l’on vote Front national,
on a la gauche qui passe et on a Christiane
Taubira. » Oui, pourquoi, elle, particulièrement ? Parce qu’étant en quelque sorte en
charge de la répression, qui devrait protéger les honnêtes gens, elle serait le symbole
même du laxisme. Et les accusations pleuvent dru : ne veut-elle pas supprimer les
tribunaux correctionnels pour mineurs, qui
ont commis des actes passibles de plus de
trois ans de prison ? Il s’agirait pour elle de
« détricoter » ce que la droite a élaboré au
cours du quinquennat précédent, donnant
ainsi la preuve que la gauche c’est l’angélisme alors que la droite c’est la sécurité ! Il y a eu aussi l’évasion malheureuse
d’un détenu qui a profité de l’occasion
d’un tournoi de basket entre prisonniers et
surveillants pour se faire la belle. Christiane
Taubira avait simplement assisté à ce tournoi au Palais omnisports de Paris-Bercy,
pour donner un signe de l’attention qu’elle
porte à la réhabilitation des délinquants.
Voilà de quoi se faire moquer d’elle.
Et cela continue. Notre garde des
Sceaux aurait décrété l’impunité des jeunes
gens qui avaient brûlé un drapeau français
au soir du 6 mai. Pour le coup, il s’agit d’un
faux caractérisé car l’événement ne s’est
même pas produit et la photo qui sert de
preuve daterait de 2007, pour un incident
qui s’est produit à Toulouse. Il faut donc
faire attention lorsqu’on se lance dans
la polémique en prenant une personne
particulière afin de la transformer en boucémissaire. Il faut être rigoureux sur les
faits, ne pas mélanger le vrai et le faux,
en se rapportant à de simples rumeurs. Je
ne veux pas apparaître ici comme l’avocat
de madame Taubira, et j’admets que les
questions de sécurité doivent être traitées avec le sérieux nécessaire. Mais il
importe de conserver au débat public une
réelle rigueur intellectuelle. Sinon, tout le
monde finira par être perdant. La colère et
le ressentiment sont mauvais conseillers.
Et si l’on veut défendre ses convictions, il
faut se montrer digne des valeurs que l’on
défend. Et cela est vrai, à droite comme à
gauche !
Radio Notre-Dame le 23 mai
Le printemps d'érable
Je propose aujourd’hui de traverser
l’océan, pour nous intéresser à nos cousins
du Québec. Ces cousins que nous avons
trop tendance à oublier, sauf à de rares
exceptions, la plus notable ayant été celle
du voyage du général de Gaulle dans la
belle Province en 1967 et son tonitruant :
« Vive le Québec libre ! » Depuis, la cause
de l’indépendance n’a guère progressé,
avec des référendums qui ont débouché
sur des refus. Mais le Québec se rappelle à
notre bon souvenir, à cause de manifestations étudiantes d’une ampleur telle qu’on
a pu parler « de printemps d’érable », en
consonance avec l’interminable printemps
arabe. La cause de cette fronde, c’est l’augmentation de 75 % des frais de scolarité
Pentecôte ensemble à Rennes
25 000 catholiques du diocèse de Rennes, Dol et SaintMalo ont répondu présent à l'appel lancé par Mgr Pierre
d'Ornellas pour fêter la Pentecôte au Stade Rennais. Ce
rassemblement est venu clôturer l'année de l'Esprit-Saint
lancée lors du pèlerinage de rentrée en septembre 2011.
L'Esprit était bel et bien présent et a soufflé toute la journée, de la matinée animée par le groupe de pop louange
Glorious, qui a enflammé la salle du Liberté et ses 3 500
jeunes, à la messe géante présidée par Mgr d'Ornellas et
concélébrée par Mgr Nicolas Souchu, évêque auxiliaire,
et 120 prêtres au stade l'après-midi. L'apothéose de cette
journée fut certainement la confirmation de 800 personnes
dont 250 adultes qui nous a offert un magnifique témoignage de l'amour de Dieu et de la force de l'Esprit. n
6 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
à l’initiative du gouvernement libéral de
la Province. Cette augmentation est justifiée d’après les canons d’une orthodoxie
économique rigoureuse, mais elle n’agrée
pas à une population estudiantine qui se
trouve ainsi en situation de plus en plus
difficile, avec la perspective d’emprunts à
rembourser interminablement.
Les médias français nous informent des
événements, avec des affrontements qui ont
monté en puissance ces derniers jours. Car
les autorités locales ont décidé de réprimer
le mouvement de grève, en utilisant parfois
une force assez brutale et en instituant une
loi spéciale destinée à empêcher les manifestations de rue. La colère a encore amplifié
la protestation. On aurait tort de considérer
ce qui se passe outre-Atlantique comme un
phénomène isolé, car nous sommes peutêtre en présence du premier mouvement
de révolte cohérent et vraiment organisé
contre l’ordre économique néo-libéral. On a
parlé des Indignés en Espagne et aux ÉtatsUnis, mais jusqu’ici ils n’ont pas abouti à la
cohérence du mouvement québécois.
Si je me permets d’en parler c’est que
je suis en relation avec un ami québécois,
dont les enfants sont à la pointe des manifestations. Je puis garantir que ces jeunes
gens n’ont rien de gauchiste et n’obéissent
à aucune stratégie trotskiste ou léniniste.
Mais ils sont peut-être en train d’inventer
un autre langage, très différent du langage
soixante-huitard, et qui correspond mieux
aux nécessités du monde actuel et à la
conjoncture de la mondialisation. C’est
pourquoi il importe de garder un œil sur le
Québec : il s’y passe des choses qui éclairent notre présent et notre avenir.
Radio Notre-Dame le 24 mai
BILLET
Suite de la page 2
centrale européenne, Mario
Draghi, a lancé le 24 mai
un appel aux dirigeants de
la zone euro en direction
d’une union budgétaire
complétant l’union monétaire. Quant au Président
du Conseil italien, Mario
Monti, il a invité les dirigeants allemand, espagnol
et français à un sommet
à quatre qui aura lieu à
Rome le 22 juin, avant le
Conseil des 28-29 juin de
Bruxelles.
Bourse : Introduite en
bourse à 33 dollars le 18
mai et proposée à la vente
jusqu'à 42 dollars, l’action du réseau Facebook
a clôturé à 31 dollars le
22 mai, soit une chute de
26% en quelques jours.
L’administration américaine de contrôle bancaire
s’intéresse désormais aux
conditions dans lesquelles
l’opération s’est déroulée.
Afghanistan : Pour sauver
le consensus au Sommet
de l’OTAN à Chicago le 21
mai, François Hollande a
précisé que le retrait anticipé des troupes françaises
d’Afghanistan se ferait « en
bonne intelligence avec
nos alliés ». Il a effectué une visite surprise en
Afghanistan, au nord de
Kaboul, le 25 mai, pour y
préparer ce retrait ; il a rencontré le président Karzaï.
Canada : Le mouvement de
protestation des étudiants
contre la hausse des droits
universitaires qui dure
depuis trois mois, a pris
une nouvelle tournure avec
le vote le 18 mai d’une « loi
spéciale » limitant le droit
de manifester et de former
des piquets de grève devant
les établissements universitaires ; des scènes de
violence ont fait plusieurs
blessés et des dizaines de
milliers de manifestants se
sont rassemblés le 22 mai à
Montréal pour dénoncer la
nouvelle loi ; 700 personnes
ont été arrêtées.
Yémen : Après un attentat-suicide qui a tué 96
soldats le 21 mai à Sanaa,
le Yémen a annulé les fêtes
de la réunification et s’est
déclaré déterminé à éradiquer un réseau extrémiste
d’Al-Qaida.
Tunisie : La peine capitale
a été requise le 23 mai
contre l’ancien président
Ben Ali, jugé par contumace pour homicides lors
de la répression de janvier
2011.
Mali : La rébellion toua­
règue a annoncé le 26 mai
sa fusion avec un groupe
islamique qui contrôle le
nord du pays depuis deux
mois et proclamé la création d’un État islamique.
Syrie : Le bombardement de
la ville de Houla le 25 mai aurait fait une centaine de
morts, dont 50 enfants, et
autant de blessés. Le gouvernement prétend rejeter
la responsabilité du massacre sur l'opposition, sans
convaincre le Conseil de
sécurité. De violents combats opposaient le 27 mai
les troupes gouvernementales aux rebelles à Hama.
Espace : La capsule Dragon
de la société américaine
Space X, transportant
520 kg de matériel et
de provisions, a réussi le
25 mai à s’amarrer à la station spatiale internationale.
Grande-Bretagne :
La
reine Élisabeth II célèbre
le 3 juin son jubilé de diamant, 60 ans après son
accession au trône.
J.L.
Ministre ou député ?
L
par Serge PLENIER
’affaire a provoqué des gorges chaudes à droite.
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des
femmes et porte-parole du gouvernement ne
se présentera finalement pas aux législatives. Il
est vrai que ses chances de succès dans cette 4e
circonscription du Rhône où Nicolas Sarkozy devançait
François Hollande, étaient plutôt minces. C’est l’un des
premiers effets non désirés de l’annonce de Jean-Marc
Ayrault : tout ministre battu aux législatives ne pourra
pas rester au gouvernement.
Rappelons d’abord qu’ici le Premier ministre de
François Hollande met ses pas dans ceux de Nicolas
Sarkozy qui avait énoncé le même principe en 2007. Le
résultat avait été l’éviction d’Alain Juppé, alors ministre
d’État en charge de l’Écologie et du développement
durable. Il ne s’agit donc pas d’une règle de droite ou
de gauche.
On justifie volontiers cette règle par la nécessité de
donner une légitimité démocratique au gouvernement en
ajoutant que si le ministre est élu, c’est son suppléant
qui siège à sa place, en toute transparence. L’argument
n’est pas faux, tout juste spécieux. Après tout, la légitimité du gouvernement tient d’abord à sa nomination par
le président de la République élu au suffrage universel et
à la confiance que lui accorde le Parlement.
De plus, à droite comme à gauche, bien des personnalités sont devenues ministres sans avoir exercé
auparavant de mandat électif. On peut citer par exemple
Raymond Barre ou Robert Badinter, garde des Sceaux de
François Mitterrand qui ne sera sénateur qu’en 1995.
Étaient-ils illégitimes ? Il y a quelque chose d’étrange
dans cette surenchère prétendument démocratique.
Même si l’électeur est averti que le suppléant siégera
à la place du ministre élu, il ne peut que se sentir floué.
Une élection législative est faite pour élire un député,
pas pour nommer un ministre. Il y a là un vrai risque
de détournement des institutions avec toutes les frustrations que cela peut engendrer. Et d'ailleurs, quand il
s'agit d'une circonscription facile pour des raisons historiques ou sociologiques, où est le mérite du ministre
« parachuté » ?
Enfin on peut se demander dans quelle mesure cette
règle des « députés-ministres » est compatible avec la
bonne administration. Les ministres du gouvernement
Ayrault ne sont donc là que pour faire de la figuration
et faire passer les calculs d’appareil politicien avant
l’intérêt national ? La question doit être posée, à droite
comme à gauche. n
FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
7
DOSSIER
béatIfICatIOn Du pèRE jEan-jOSEph LataStE
L'apôtre des
En préparation de la béatification, ce 3 juin,
nous publions avec joie et reconnaissance
un dossier établi, à partir de textes du frère
Jean-Marie Gueullette, o.p., par l'équipe du
magazine « Reflets Comtois » et que nous a
aimablement transmis Axelle Latour du Service
diocésain de la communication de Besançon.
L’heure de
la promenade
dans la maison
centrale de
Cadillac.
Le château
de Cadillac
en 1883 :
maison
centrale
de force et
de correction.
Photo prise
depuis le
clocher
de l'église.
8 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
C
est une petite ville ensoleillée au
bord de la Garonne, entourée de vignes.
Le paradis ? Pas vraiment car, en cette
année 1832, Cadillac est surtout connue
pour une spécialité un peu particulière :
l’enfermement. La ville est marquée par deux ensembles lugubres. Dans les faubourgs, c’est l’hôpital psychiatrique, l’un des premiers créés en France
au XVIe siècle. Avant l’invention des médicaments
que nous connaissons aujourd’hui, ce type d’établissement ne passait pas inaperçu à cause des
cris des malades, que l’on entendait
parfois de loin, si le vent portait. Au
centre de la ville, l’ancien château
des ducs d’Épernon est depuis une
quinzaine d’années entouré de hauts
murs et plongé dans un silence impressionnant. Il a été transformé
en « centrale de force et de correction ». Près de quatre cents femmes
condamnées par les cours d’assises
y purgent de longues peines, parfois
à perpétuité, soumises aux travaux
forcés et au silence absolu.
Un petit garçon est né cette
année-là, le 5 septembre, dans une
famille de Cadillac. Son père, Vital
Lataste, élève ses enfants dans les idées du temps,
avec une morale stricte. Comme la plupart des
hommes de sa génération, il se tient à distance
des choses religieuses, et préfère exercer son esprit critique dans des conversations politiques ou
philosophiques. Sa femme, Jeanne, est croyante.
Leur septième enfant, Alcide vient au monde dans
cette famille unie et sans histoire. Il est baptisé le
lendemain de sa naissance dans l’église paroissiale,
face à la prison.
Après avoir passé son baccalauréat en 1850,
Alcide passe une année chez ses parents, puis
commence une carrière dans l’administration des
impôts. La période de formation et les débuts de la
vie professionnelle vont conduire Alcide Lataste à
adillac
Jean-Joseph Lataste.
prisons
déménager souvent, à cause de ses mutations dans
des villes du midi de la France : Bordeaux, pour ses
débuts, puis Privas, en Ardèche, Pau, et enfin Nérac. Dans ces petites villes, il arrive précédé d’une
réputation flatteuse. Il est considéré comme un
contrôleur des impôts sérieux et apprécié.
De son passage dans l’administration des impôts, le P. Lataste gardera le sens du concret et de
la précision, la capacité à gérer des projets délicats
au plan financier. Sans tomber dans un légalisme
étroit, il restera marqué par le souci du respect de
la loi, par les exigences de l’honnêteté.
En dehors de sa vie professionnelle, le jeune
fonctionnaire consacre toutes ses énergies à une
association dans laquelle il est entré à Bordeaux,
et qu’il ne quittera que pour partir au noviciat : les
Conférences Saint-Vincent-de-Paul.
Elles avaient été fondées par un laïc, Frédéric
Ozanam, pour regrouper des hommes désireux de
vivre leur foi chrétienne au grand jour — ce qui
était rare à l’époque — et de se mettre au service
des pauvres. Ils avaient une vie de communauté,
avec des temps d’échange et de prière. Chacun
d’eux recevait la charge de visiter une ou plusieurs
familles pauvres, pour apporter, non seulement
des secours en argent ou en nourriture, mais surtout de l’amitié, des relations humaines.
Dès qu’il arrivait dans une nouvelle ville, Alcide Lataste s’inquiétait de savoir où se trouvait
la Conférence Saint-Vincent, pour la rejoindre. Il
aimait particulièrement l’atmosphère fraternelle
dans laquelle se retrouvaient les membres des
Conférences, au-delà des clivages sociaux. C’est
avec ses confrères qu’il a découvert la pratique
de l’adoration du Saint-Sacrement qui aura une
grande importance dans sa vie. Il aimait également les visites qui lui étaient confiées, cherchant
à les vivre dans une attitude aussi fraternelle que
possible : « Il faut visiter les pauvres en ami et s’efforcer de se faire accepter comme tel. »
à Nérac, le jeune président de la Conférence
Saint-Vincent va jusqu’à créer un « fourneau éco-
Le sens du
concret et de
la précision,
la capacité
à gérer
des projets
délicats
nomique » — ancêtre de nos « Restos du cœur »
— qui servait des repas chauds aux indigents pour
une somme dérisoire.
C’est en 1857 qu’Alcide Lataste entre au noviciat des dominicains, ces frères prêcheurs dont
il avait pu rencontrer le restaurateur en France, le
P. Lacordaire, pour lequel il avait une grande vénération. Sa décision n’a pas été facile à prendre.
Conscient de sa « faiblesse », de son « indignité »,
aura-t-il la force de tenir dans une vie religieuse,
qui était à l’époque très marquée par des usages
monastiques particulièrement rudes ? Sa formation sera marquée par la maladie, qui le tiendra
souvent à l’écart de la vie quotidienne de ses
frères. Son état de santé a été l’occasion d’une
expérience spirituelle déterminante pour la suite
de la vie du P. Lataste. Il était frère étudiant au
couvent de Saint-Maximin en Provence, où sont
FRANCECatholique n°3309 ier juin 2012
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LE pROCèS DE béatIfICatIOn Du pèRE LataStE
Le procès de béatification du père Lataste a débuté en 1937. Le procès
diocésain et l’examen des écrits étaient terminés en 1940. De nombreux
facteurs l’ont retardé jusqu’au début des années 1960.
Le travail de synthèse indispensable a été mené entre 1992 et 1996 par le
frère Jean-Marie Gueullette, vice-postulateur, avec l’aide de Sœur Jean de
Notre-Dame, afin d’arriver à la rédaction de la positio sur les vertus et le
renom de sainteté du serviteur de Dieu. Ce document, de près de 600 pages,
a été examiné à Rome par les commissions d’historiens, de théologiens et
de cardinaux. Leurs votes positifs ont permis la reconnaissance des vertus
héroïques du père Lataste par le pape Benoît XVI, le 1er juin 2007.
Un procès diocésain sur la guérison attribuée à l’intercession du père Lataste
a été ouvert, dans le diocèse de Namur, en 1998.
Une positio super miro, rapport de synthèse sur cette guérison, ses
aspects médicaux et théologiques, a été préparée par la postulation générale de l’ordre dominicain en 2008.
Un complément d’information ayant été demandé par une commission de
théologiens, un rapport additionnel rédigé par le frère Jean-Marie Gueullette
a été transmis à Rome en 2010. Le vote ayant été positif de la part des
théologiens puis des cardinaux, le pape Benoît XVI a autorisé la reconnaissance
du miracle le 27 juin 2011, ouvrant ainsi la voie à la béatification.
LE mIRaCLE
Florent Mahaux, un homme de 74 ans vivant en Belgique, était dans la phase
terminale d’un cancer digestif en janvier 1943. La médecine de l’époque ne laissait
aucun espoir de guérison.
Une fille du malade était alors à Béthanie. Elle devait commencer son noviciat au
moment où on lui annonça que son père n’avait plus que quelques jours à vivre.
Les sœurs de Montferrand-le-Château ont fait une neuvaine demandant la guérison
du malade par l’intercession du père Lataste. Dans les jours qui ont suivi, le malade
a repris ses activités habituelles. Il est décédé paisiblement en 1949 des suites
d’un accident vasculaire cérébral. Sa fille a vécu toute sa vie à Béthanie, dans la
discrétion, au point que les sœurs qui vivaient avec elles ne savaient pas de quelle
grâce elle avait bénéficié dans sa jeunesse.
« unE RéhabILItatIOn DE tOuS LES hOmmES »
Le P. Lataste parle de réhabilitation. Mais, au fond, il ne s’agit pas seulement
de « réhabiliter » des femmes qui, condamnées pour leurs actes par la
société des hommes, étaient perdues. Il s’agit de réhabiliter, avec elles, la
communauté humaine tout entière, en l’invitant à apprendre, au-delà des
crimes, des fautes et des péchés, à vivre du pardon et de la miséricorde. À
apprendre, tous ensemble, à aimer en renaissant par la vie donnée du Christ.
Frère Bruno Cadoré, o.p. Maître de l’ordre des Prêcheurs
conservées des reliques vénérées comme étant
celles de sainte Marie Madeleine. à l’occasion
d’une grande cérémonie, en 1860, la relique est
présentée à la vénération de quelques privilégiés,
parmi lesquels trois jeunes dominicains malades
dont le frère Marie-Jean-Joseph. Le contraste
entre la réputation sulfureuse de Marie Madeleine
avant sa rencontre du Christ et la splendeur de
ces fêtes liturgiques, l’émotion de pouvoir toucher
ces précieuses reliques, tout cela le remue très
profondément. Il racontera souvent cette scène
dans sa prédication, en disant : « Baisant cette tête 
autrefois  avilie,  aujourd’hui  sacrée,  je  me  disais : 
Il est donc vrai, les plus grands pécheurs, les plus 
grandes pécheresses, ont en eux ce qui fait les plus 
grands saints. Qui sait s’ils ne le deviendront pas un 
jour ! » (Sermon 188 ).
Il y a là une conviction essentielle du P. Lataste.
Tous, même les plus grands pécheurs, ont en eux
ce qui fait les plus grands saints. Ils n’ont donc pas
à attendre une grâce exceptionnelle, tous peuvent
devenir des saints. Mais il faut qu’ils rencontrent
des conditions favorables à leur conversion.
Il est ordonné prêtre le 8 février 1863 et commence un ministère de prédication, en répondant,
comme les dominicains le faisaient à l’époque, aux
invitations qui étaient faites pour le Carême, pour
l’Avent, pour la prédication d’une fête patronale
d’une paroisse… Il avait un goût particulier pour
les rencontres avec celles que l’on appelait alors
les « perdues ». Des femmes sortant de petites
peines de prison ou de la prostitution, qui étaient
recueillies ou placées, par décision de justice, dans
des refuges.
Plusieurs fois, au début de son ministère, le P.
Lataste a eu l’occasion de visiter des établissements de ce type, tenus par des religieuses, et il
aimait rencontrer ces femmes meurtries par l’existence, pour tenter de leur redonner espoir, pour
leur parler de la bonté de Dieu pour elles.
C’est à travers l’expérience de sa propre faiblesse, dans la rencontre avec sainte Marie Ma-
« CEttE béatIfICatIOn ESt unE gRâCE »
Il n’est pas courant qu’un diocèse puisse se prévaloir d’une béatification.
Considérons cet événement comme une grâce insigne que le Seigneur nous
accorde aussi bien à l’Ordre dominicain, à la congrégation des
Sœurs dominicaines de Béthanie, ainsi qu’à l’Église diocésaine de
Besançon et de Bordeaux. Rendons grâce à Dieu pour cette béatification.
Préparons-nous, spirituellement, à cette grande fête en découvrant le
message de miséricorde du P. Lataste toujours d’actualité.
Mgr Lacrampe, Archevêque de Besançon
10 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
Adoration eucharistique
au couvent de Saint-Sulpice
de Favières (Essonne)
deleine et dans ces premières tentatives de
prédication aux plus désespérées que Dieu
préparait le P. Lataste à la grande rencontre de sa vie.
En 1864, au couvent de Bordeaux, le
P. Lataste est envoyé par son prieur prêcher une retraite à la prison de Cadillac,
à l’ombre de laquelle il avait grandi. On
considérait à l’époque que l’« influence religieuse », comme on disait, était propre à
conduire les détenus à une vie plus saine
moralement, et l’on organisait volontiers
des retraites prêchées dans les prisons.
Cela a été une rude épreuve pour l’enfant de Cadillac de se préparer à franchir,
pour la première fois de sa vie, les hauts
murs de la prison, et de se trouver confronté à un auditoire composé exclusivement
de femmes condamnées pour des crimes
graves. Il raconte ce premier regard qu’il a
porté sur elles, sans complaisance : « Elles 
étaient  là  près  de  quatre  cents,  couvertes 
Le P. Lataste,
de  vêtements  grossiers,  la  tête  enveloppée  d’un 
dans la cour du couvent
mouchoir étroitement serré autour des tempes qui 
de Dijon où
leur donnait une physionomie toute singulière et (il 
il a été assigné
me le parut alors, du moins) vraiment repoussante.  les dernières années de
C’est  que,  malgré  moi,  je  subissais  l’influence  des  sa vie, de 1866 à 1869.
préjugés  populaires.  Le  peuple,  en  effet,  n’a  pour 
elles que de l’horreur. On les appelle communément 
les voleuses, bien que les neuf dixièmes, peut-être, 
n’aient jamais commis le vol le plus léger. Et vous 
savez ce que ce nom de voleuse inspire de secrète 
répulsion, ce qu’il éveille dans l’âme de mépris instinctif » (Sermon 407).
Il lit ce qu’il avait préparé. Maintenant qu’elles
sont là, devant lui, il lui faut un grand courage
pour dire : « Chères sœurs… » Voici un extrait de
ce premier sermon en prison ; toute l’histoire du
P. Lataste et de Béthanie s’y
trouve contenue : « Voyez encore, 
je  ne  sais  si  vous  avez  pris  garde 
à ceci : En commençant, comment 
vous  ai-je  appelées ?  Mes  chères 
sœurs.  Mes  chères  sœurs !  Comprenez-vous  cela ?  Que  m’êtesvous après tout ? Hier, je ne vous 
connaissais pas et dans quelques 
jours nous nous séparerons peutêtre  pour  ne  plus  nous  revoir 
ici-bas.  Bien  plus,  vous  êtes  des 
femmes  dégradées  (nous  pouvons  bien  nous  dire  nos  vérités, 
Manuscrit du sermon
nous  sommes  en  famille).  Vous  êtes  des  femmes  prêché par le père Lataste
dégradées,  avilies,  mises  au  ban  de  la  société.  Si  à la centrale de Cadillac,
vous sortiez d’ici, si l’on savait d’où vous sortez, on  le 17 septembre 1865.
Le
prédicateur
en est sorti
lui aussi
transformé
vous montrerait du doigt, on se méfierait 
de vous, on ne voudrait pas de vous peutêtre même pour servante ou pour femme 
de peine. Je n’approuve point cela, je sais 
bien que c’est injuste souvent, cruel, tout 
ce que vous voudrez. Mais enfin, cela est 
ainsi. Et moi, ministre de Dieu, moi je viens 
à  vous  de  moi-même,  sans  attendre  que 
vous  m’ayez  appelé,  et,  vous  tendant  les 
mains,  je  vous  appelle  "mes  bonnes,  mes 
pauvres, mes chères sœurs" » (Sermon 90).
« Nous sommes en famille… » On peut
se demander comment des femmes illettrées ont pu comprendre la fine pointe de
son discours, un peu compliqué parfois.
Mais elles ont certainement entendu cela :
« Mes  chères  sœurs… » Il les regardait
comme un frère, il ne faisait presque pas
allusion à leur crime. Il leur disait l’amour
de Dieu pour elles, la confiance que Dieu
leur faisait.
Comme un frère, il les a aidées à se
remettre debout. Il ne leur a pas fait la morale, il
ne les a pas regardées de haut. Bien au contraire,
il leur a tendu la main avec simplicité. Et il note
avec naïveté une conséquence magnifique de sa
prédication. Les détenues étaient obligées par le
règlement de ne pas regarder le prédicateur en
face. Il avait devant lui quatre cents femmes aux
yeux baissés, écrasées par la honte et le malheur.
Et voilà que sa parole les a redressées, « comme les 
fleurs  après  l’orage,  quand  le  soleil  vient  les  toucher » !
Si les détenues ont certainement été touchées
durant ces quatre jours de retraite, le prédicateur en est sorti lui aussi transformé. Il est enthousiaste de ce qu’il a vécu, de ce qu’il a vu et
entendu. Il n’était vraiment pas convaincu que
les cœurs seraient disposés à
l’écouter. Il craignait que les
traces profondes laissées par
l’expérience du mal ne rendent
ses efforts vains. Et pourtant,
au cours de cette retraite, et
plus encore lors d’une retraite
équivalente qu’il est amené à
prêcher à nouveau à Cadillac
l’année suivante, il est émerveillé du travail de l’amour de
Dieu.
Ces femmes que tout le
monde considère comme
perdues, il les a écoutées, il les a entendues en
confession. Il a reconnu la qualité d’âme de certaines d’entre elles, leur capacité à pardonner, à
FRANCECatholique n°3309 ier juin 2012
11
faire le bien. Il a perçu leur désir de vivre
avec Dieu, de se donner à lui. Et dans les
moments consacrés à la prière et à l’adoration, il a été stupéfait de la profondeur
du silence qui régnait dans la chapelle de
la prison.
« J’ai vu des merveilles ! J’ai vu des merveilles. Et qu’avez-vous donc vu, me disent 
au fond du cœur bien des âmes qui m’écoutent, qu’avez-vous donc vu ? — Ah ! Ce que 
j’ai  vu ?  J’ai  vu  cette  prison  objet  de  tristesse  et  d’effroi  pour  les  hommes,  transformée cette nuit en un lieu de délices, en 
un  séjour  de  gloire  et  de  bonheur ! »  (Sermon 202).
Le père Lataste ne s’est pas contenté
de s’émerveiller de ce qui se passait là, il
en a tiré les conséquences concrètes. Venu
pour prêcher une retraite spirituelle, il ressort de cette prison décidé à faire bouger
l’opinion publique.
Au cours de ces jours de retraite, le
prédicateur lui-même a été retourné.
Comment en effet, se dit-il, accepter que
ces femmes, à leur sortie de prison, soient
l’objet du mépris et de la méfiance de tous,
alors que le Seigneur leur accorde si radicalement son pardon, et que beaucoup
d’entre elles manifestent leur désir de
vivre dignement ? La société leur ferme ses
portes lorsqu’elle leur ouvre enfin celles de
la prison, les condamnant presqu’inéluctablement à la récidive, alors que Dieu se
donne à elles dans la prière et l’eucharistie,
et leur offre son amitié ? Le père Lataste constate
que plusieurs détenues aspirent à se donner à Dieu
dans la vie religieuse, et il sait bien qu’aucune
congrégation ne pourrait alors les accepter.
Celui qui avait osé commencer sa prédication en disant aux femmes « mes chères sœurs »
et en se comportant avec elles comme un frère,
va aller jusqu’au bout de son intuition. Puisque
les détenues sont pour lui « sœurs  en  Adam,  des 
sœurs  en  Jésus-Christ », pourquoi ne pas
les accueillir dans la vie religieuse et faire
de certaines d’entre elles qui le souhaitent
ses sœurs en saint Dominique ?
Portant le souci de l’avenir des femmes
sortant de prison avec le désir de mener
une vie moralement irréprochable, le père
Lataste écrit une petite brochure, Les 
Réhabilitées, qu’il envoie à tous les députés, et à de nombreux journalistes. Il y
explique la situation, les causes de la récidive, le plus souvent liée au manque de
Mère Henri-Dominique, confiance à l’égard des libérés des prisons.
fondatrice de Béthanie. Il invite l’opinion publique à changer sur
ce point, en montrant que c’est en faisant
confiance que l’on donne les moyens de
retrouver une place dans la société. à titre
d’exemple, ou plutôt de signe montrant
que cela est possible, il présente la fondation de Béthanie comme un projet qui
montre à la face du monde que rien n’est
impossible lorsqu’on ose la confiance.
Elle était religieuse de la Présentation de Tours, dirigeant un pensionnat de
jeunes filles très bien. Mais elle rêvait de
s’occuper de femmes délaissées, exclues.
Un jour, sœur Bernardine entend parler d’un dominicain qui avait fondé une
congrégation pour s’occuper des femmes
sortant de prison. Rejointe au plus profond
de son aspiration par cette nouvelle, elle
se présente au père Lataste. Leur dialogue
fut à peu près celui-ci : « Père, je voudrais 
rejoindre  votre  congrégation  qui  s’occupe 
L'autel de la chapelle de des détenues.
la prison, vers 1870.
— Ma sœur, soyez la bienvenue, car la congrégation 
Une cheminée monumentale du château avait été n’existe pas encore, et vous êtes la première. Mais 
je  tiens  à  préciser  qu’il  ne  s’agit  pas  de  s’occuper 
transformée en autel.
Comme c'était souvent
des femmes sortant de prison,  mais de vivre avec 
le cas dans les prisons
elles, 
au  point  d’être  éventuellement  prise  pour 
de femmes, un tableau de
« Marie Madeleine péni- l’une d’entre elles. »
Le choc fut rude. Cependant, après quelques
tente » invitait les détenues à la conversion.
jours de retraite, celle qui allait devenir mère
Henri-Dominique, fondatrice et
première supérieure de Béthanie,
accepte.
Au mois d’août 1866, en
Haute-Saône, quelques femmes
se lancent dans l’aventure autour de mère Henri-Dominique.
Les débuts de Béthanie sont très
simples, très pauvres. Mais après
quelques mois d’existence, la
jeune et fragile communauté se
prépare à accueillir pour la pre-
Les écrits du père Lataste, 14 volumes dactylographiés en 1937.
béthanIE, un SIgnE pROphétIquE
mière fois une femme sortant de prison, de la centrale de Cadillac, où elle avait entendu prêcher le
père Lataste.
Angélique Jourdain était alors au fond du désespoir. La parole du bon père Lataste lui avait redonné l’espérance, et lui avait permis d’exprimer
son rêve le plus fou : se donner à Dieu dans la vie
religieuse. Au jour de sa sortie, le livre d’écrou de la
centrale, à la rubrique « Assignation à résidence »,
porte la mention : « Ce jour, pour se rendre à Béthanie. »
Les sœurs l’accueillent avec joie, le père Lataste ayant demandé que l’on fasse une fête à
l’arrivée au bercail d’une brebis perdue. Le jour de
Noël 1868, déjà très malade, le père Lataste célébrera pour la dernière fois la messe, mais il aura
la joie de donner l’habit dominicain à celle qui
sera désormais Petite sœur Noël, « une âme, note 
la Chronique de Béthanie, qu’il a convertie à la prison de Cadillac et pour laquelle il a une compassion 
très grande parce qu’elle a beaucoup souffert ».
Déjà affaibli par la maladie, le P. Lataste est
envoyé par son provincial prêcher le carême 1868
à Nîmes. Au retour, il est épuisé.
Il rejoint Béthanie, où sa santé décline rapidement, la tuberculose lui enlevant peu à peu ses
forces, alors qu’il n’a que 36 ans.
Le 10 mars 1869, à Béthanie, soutenu par la
présence de la communauté des sœurs, déjà nombreuses, et par deux frères dominicains, il quitte ce
monde, dans une grande paix.
Le récit que l’un des frères a laissé des derniers jours du P. Lataste est impressionnant, par
l’intensité de l’expérience spirituelle qui transparaît à travers les quelques phrases que le mourant
réussit à exprimer.
« Je  remercie  bien  l’ordre  de  saint  Dominique 
tout entier de m’avoir donné son saint habit. Je remercie bien et je bénis, en mourant, toutes les personnes qui m’ont approuvé et m’ont aidé de leurs 
prières, de leurs conseils, de leur influence, de leurs 
dons. Je pardonne à tous ceux qui ne m’ont pas approuvé et même qui m’ont contredit et combattu : 
je prie Dieu de les bénir tous, tous. »
Il confie à ceux qui l’assistent que, dans sa
jeunesse, il avait accordé une grande place à de
multiples pratiques de piété et que, peu à peu,
tout cela s’est simplifié. Aux portes de la mort, il
ne lui reste qu’une expérience essentielle, d’ordre
mystique : « Maintenant  tout  s’efface  devant  une 
pensée  unique  qui  domine  mon  âme  et  s’impose 
à elle avec force, la pensée de Dieu, de Dieu seul. 
Je le vois, je le sens dans mon âme, d’une manière 
confuse et un peu inconsciente il est vrai, mais je 
l’y vois et l’y sens avec une inébranlable et brûlante 
Dans l’intention du père Lataste, la fondation de Béthanie ne se limitait
pas à donner une réponse à quelques femmes souhaitant être religieuses
en sortant de prison. Il a, dès l’origine, présenté cette fondation comme un
geste prophétique. Il l’a fait connaître largement pour tenter de faire bouger
l’opinion publique : si des femmes sortant de prison sont capables de devenir
des religieuses contemplatives, au nom de quoi leur refuse-t-on la confiance
élémentaire dont elles ont besoin ?
Depuis 1866, Béthanie poursuit sa route, à travers les aménagements rendus
nécessaires par l’évolution de la société et de l’Église. Des communautés
de sœurs continuent à porter ce témoignage d’espérance radicale, en
France, en Suisse, en Italie, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Lettonie. Si vous
rencontrez une sœur de Béthanie, vous ne pouvez pas savoir si elle était
détenue ou assistante sociale, prostituée ou avocate. Au nom de quoi, alors,
se méfier ? Leur vie de communauté repose sur une discrétion radicale, qui
permet aux sœurs de vivre ensemble et d’aborder l’autre au-delà des clivages
qu’entraînent toujours l’énoncé du statut social et le récit des réussites ou des
échecs qui ont marqué une vie.
Aucune situation n’est désespérée
Devant tous les prophètes de malheur, tous les comptables du désespoir
qui ne savent voir que les rechutes, Béthanie affirme de façon discrète
et modeste, mais radicale, que la confiance peut faire des merveilles.
À Béthanie, aucune situation n’est désespérée, l’espérance est affirmée
inlassablement. Et c’est un signe que la société peut voir, si elle le veut bien.
Tant de détenus, de personnes blessées par la vie, l’ont reconnu, et ont osé
changer quelque chose dans leur vie car ils ou elles avaient entendu l’histoire
que nous vous avons racontée ici. À vous aussi, ce signe est offert, pour vous
dire que, quels que soient les échecs de votre vie, Dieu croit en vous, et
qu’avec vous, il peut faire des merveilles.
DanS unE pRISOn améRICaInE, aujOuRD’huI…
En 1998, des détenus d’une prison des États-Unis ont entendu parler du P. Lataste et
de Béthanie. Enthousiasmés par cette histoire, plusieurs d’entre eux ont demandé à
devenir laïcs dominicains ; les cinq premiers engagements définitifs ont eu lieu en
2003. Ils sont toujours détenus, mais ils ont découvert à l’école du P. Lataste qu’ils
avaient en eux ce qui fait les plus grands saints. Dans leur prison, ils célèbrent la
liturgie des heures tous les jours, étudient la Bible et cherchent à soutenir leurs
camarades les plus fragiles. S’ils se sont lancés dans une telle aventure, c’est parce
qu’ils savent que Béthanie existe. Ils n’ont jamais vu une sœur de Béthanie, mais ils
savent que, quelque part dans le monde, il y a des communautés dans lesquelles des
femmes qui ont pu connaître le même genre d’échecs qu’eux ont donné leur vie à
Dieu et témoignent de sa miséricorde.
C’est exactement cela qu’avait imaginé le P. Lataste. Il n’avait pas envisagé une
grande congrégation, mais une simple « maison de Béthanie ». Le projet était
modeste, mais l’ambition immense.
Les Dominicaines de Béthanie,
à Saint-Sulpice de Favières (Essonne).
FRANCECatholique n°3309 ier juin 2012
13
Seigneur Jésus,
Le père Lataste a aimé d’une charité passionnée.
Sa prédication de la miséricorde nous stimule à nous lancer avec audace,
confiance, espérance.
Dieu nous appelle tous à être saints dans l’amour.
Toi qui t’approches de nous avec respect,
nous Te bénissons pour cette fraternité de grâce qui nous rassemble en ta miséricorde.
Nous Te remercions pour ce trésor caché dans le coeur de ton serviteur,
et qui va être révélé au monde et dans l’Église par sa béatification.
Une sœur de Béthanie
certitude. Aussi, mon 
âme se porte vers lui 
sans  cesse  par  un 
acte  d’amour  continu,  un  peu  vague  et 
un  peu  sourd  il  est 
vrai,  mais  plus  fort 
que moi-même.
Il  se  fait  en  moi  une  adoration  perpétuelle  de  Dieu  par  un  acte  simple  de 
mon âme, toujours le même et toujours 
nouveau, sans commencement, sans milieu, sans fin : c’est comme un reflet, une 
lueur de l’éternité. Il me semble que Dieu 
m’abaisse  et  m’anéantit  lui-même  devant lui pour m’élever ensuite et me fixer 
en lui-même par une adhésion infinie à 
lui seul tout-puissant, tout lumière, tout 
amour, et par un détachement  absolu 
de  tout  ce  qui  n’est 
pas  lui.  [...]  Il  me 
semble  que  toute 
mon âme, avec tout 
ce qui est en elle, est 
jetée dans le sein de 
Dieu et qu’il ne reste plus rien en elle 
que Dieu, la pénétrant de toutes parts, 
la  vivifiant,  l’illuminant,  l’embrasant, 
la divinisant. »
Le P. Lataste a été inhumé à Béthanie, auprès de ses chères sœurs. Il
repose aujourd’hui dans la chapelle de
Béthanie, à Montferrand-le-Château.
Son procès de béatification, ouvert
en 1937, est arrivé à son terme. n
Autographe du père Lataste.
Samedi 2 juin 2012
20h30, cathédrale Saint-Jean de Besançon :
Veillée de prière avec Mgr André Lacrampe,
archevêque de Besançon. Textes du P. Lataste lus
par Damien Barbin, professeur
au Conservatoire national
supérieur d’art dramatique
de Paris. Prédication : fr.
Jean Marie Gueullette, o.p.,
vice-postulateur de la cause
de béatification du P. Lataste.
Méditations à l’orgue par le
fr. Jean-Dominique Abrell,
o.p., et Helena Eun-Jin Jung,
dominicaine de Béthanie
Venlo.
Retransmission en direct sur
RCF-Besançon (Radio)
dimanche 3 juin 2012
À partir de 9 h30 : Marche
des jeunes avec plusieurs haltes spirituelles, du
couvent des Sœurs dominicaines de Béthanie,
à Montferrand-le-Château, jusqu’au parc des
expositions Micropolis de Besançon.
15h : Célébration de la béatification au cours de
la messe, au parc des expositions Micropolis.
Messe présidée par le cardinal Angelo Amato,
préfet de la Congrégation pour la cause des
saints, assisté du cardinal Jean-Pierre Ricard,
archevêque de Bordeaux, de Mgr André
Lacrampe, archevêque de Besançon, et de
Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique, ainsi que
de nombreux évêques. Prédication : fr. Bruno
Cadoré, o.p., maître de l’ordre des Prêcheurs.
Avec la participation de toute l’assemblée de
fidèles et de chorales, des frères dominicains, des
sœurs de Béthanie venues de France et d’autres
pays.
Retransmission en direct sur KTO (télévision) et
RCF
14 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
1, 2 et 3 juin 2012
« Galaxy » : un rallye original
Que vivent donc les religieux et religieuses en
l’an 2012 ? En France, nous constatons une grande
leS
Les premières sœurs de Béthanie
autour de la tombe du père Lataste.
diversité de communautés : c’est une véritable
galaxie. L’idée est donc d’entrer dans cette galaxie
des sœurs et d’en découvrir quatre planètes, du
1er au 3 juin… Quatre communautés religieuses
à découvrir en un week-end pour chaque équipe.
Dix voitures de couleurs différentes sillonneront
l’Est de la France à la rencontre des religieux et
religieuses dans leurs communautés !
Samedi 29 Septembre 2012
À l’église paroissiale de Cadillac et à l’église
Saint-Paul de Bordeaux : adoration du
Saint-Sacrement, en mémoire de l’adoration
vécue par les détenues de Cadillac autour du père
Lataste au cours des retraites de septembre 1864
et 1865.
dimanche 3 Septembre 2012
À Cadillac : conférences sur le père Lataste,
l’actualité de son message, le déroulement du
procès de béatification, par le frère Jean-Marie
Gueullette, vice-postulateur de la cause, et Sr
Pia-Elisabeth, prieure générale de Béthanie.
À Cadillac : dévoilement des plaques
commémoratives sur la maison natale du père
Lataste et sur la maison aux colonnes,
construite par son père et où il séjournait
lors de ses prédications en prison. Le nom
du père Lataste sera également attribué
à une rue de Cadillac. À Cadillac, dans le
parc du château des ducs d’Épernon : messe
d’action de grâce du diocèse de Bordeaux
pour la béatification du père Lataste. Messe
présidée par le cardinal Ricard, archevêque
de Bordeaux.
QUELQUES oUvrAgES
Père Lataste, Prêcheur de la 
Miséricorde, textes présentés
par J.-M. gueullette, o.p., Paris,
Éditions du Cerf, 1992.
J.-M. gueullette, Ces femmes qui étaient 
mes sœurs. Vie du père Lataste, apôtre des 
prisons, Paris, Éditions du Cerf, 2009.
Mgr gérard Daucourt, Le Message du père 
Lataste et des Dominicaines de Béthanie,
Éditions Le livre ouvert, 1993.
M. et o. Longueira, Prier quinze jours avec 
le père Lataste, Nouvelle Cité, avril 2012.
PoUr rENCoNTrEr
UNE CoMMUNAUTÉ DE BÉTHANiE…
Maison généralice, route de guillerville,
91910 Saint-Sulpice-de-Favières.
Tél. : 01.64.58.42.08.
Couvent de Béthanie, 21, rue de Mont,
25320 Montferrand-le-Château.
Tél. : 03.81.56.53.35 (Chapelle Lataste)
www.lataste2012.org
tempêteauvatican
vatican
Le 24 mai, le conseil d’administration
de l’Institut pour les œuvres de religion
(banque du Vatican) a démis de ses
fonctions son président, le banquier ita­
lien Gotti Tedeschi, 67 ans, « pour avoir
omis de remplir diverses obligations
fondamentales ». L'hypothèse la plus
courante est qu'il y a un conflit au Vatican
sur la meilleure méthode pour que les
circuits financiers de l'Église obtiennent le
plein agrément des autorités européennes
(inscription sur la « liste blanche »).
Par ailleurs, le même jour, Paolo Gabriele,
citoyen du Vatican, majordome du
Pape, a été arrêté et mis à la disposition
des autorités judiciaires du Vatican
qui le soupçonnent d'être à l'origine
de la diffusion publique de nombreux
documents confidentiels sur le gouver­
nement du Vatican.
serbie
L'assemblée des évêques de l'Église
orthodoxe serbe a étudié récemment le
programme des festivités œcuméniques
du 1700e anniversaire de l’édit de Milan
qui seront organisées en 2013 à Nis, ville
de naissance de l'empereur Constantin,
dans le sud de la Serbie actuelle. Il a été
prévu l'édification à Nis d'une croix haute
de 80 mètres. En revanche l'invitation de
Benoît XVI — qui avait été évoquée en
2010 par le patriarche Irénée de Belgrade
et confirmée par le président Tadik —
n'a pas été mise à l'ordre du jour. Les
querelles entre orthodoxes serbes et
catholiques croates à propos du rôle de
l'Église catholique dans les massacres de
Serbes lors la dernière Guerre mondiale
sont la cause alléguée de cet ostracisme.
vietnam
Quatre étudiants catholiques du diocèse
de Vinh qui compte 500 000 catholiques
(province du Nghê An au Nord­Vietnam),
arrêtés l'été dernier, ont été condamnés le
24 mai par un tribunal « populaire » pour
« propagande antigouvernementale ».
Antoine Chu Manh Son a été condamné
L
e Vatican attiredoncl’attentionsursonpetitterritoire,pourdesmotifs,àpremière
vue,déconcertants.Onévoquel’affaireWikileaksàjusteraison,commeélémentde
comparaison.L’administrationdusaint-siègeestbienl’objetd’uneopérationdedéstabilisation,quis’expliqueparlatrahisonévidentedemembresdel’entouragedupape,qui
ontlivréàlapresseetnotammentàunjournalisted’extrême-gauchedesdocumentsconfidentiels,sortisdubureaudebenoîtXvi.L’enquêteencoursarévélélaresponsabilitéde
paoloGabriele,majordomedusaint-père,doncl’hommedontlafonctionmêmeexigeaitla
plusstrictediscrétion.Lapresseitaliennecited’autresnomsdontceluid’unefemme.Onne
tarderapasprobablementànouslivrerlestenantsetlesaboutissantsdecettetristeaffaire.
Queveulentdonccesgens,dontonnousditqu’ilsagiraientpourdenoblesmotifset
mêmedansl’intérêtdusaint-père?signalerdesdysfonctionnementsgravesdansl’administrationpontificale,mettreenévidencedespratiquescontrairesàl’espritdel’Église?personnellement,jesuisdisposéàentendretouteslesexplications,maisjepersisteàm’étonner
desprocédésemployés.selonunvieuxprécepte(dontLuthers’étaitemparé),ilesttoujours
bond’enappelerdupapemalinforméaupapemieuxinformé.etpourcela,ildoitbienexisterdesrelaisnormauxouraisonnablespourprésentersesdoléancesàl’intéressélui-même.
maisl’indélicatesseàsonégard,latrahisonmêmesontinjustifiableseuégardàlapersonne
debenoîtXvi.Oncomprendquecederniersedéclaredéconcertéetchoquéparl’attitude
deceluiquiétaitleplusprochedesesfamiliers.
parailleurs,lesinstitutionsd’Églisenesontpasindemnesdesdéfautsdesinstitutionshumaines,mêmesionpréféreraitqu’ellessoientparticulièrementexemplaires.Lesproblèmes
peuvent s’aggraver du fait même de la nature d’une autorité ecclésiale qui cumule des
soucistemporelsetdessoucisspirituels.maiscen’estpaslapremièrefoisquelabarquede
saintpierreestsoumiseautangage.elleenavubiend'autresdansdespériodesencoreplus
tourmentées.ilresteàsouhaiterquebenoîtXvi,quiestunincomparablepasteur,soitaidé
danssongouvernement,pardescollaborateurscompétents,efficacesetenaccordprofond
aveclesfinalitésdeleurmission.n
GérardLeclerc
à 36 mois de prison et à 12 mois de
résidence surveillée. Antoine Dâu Van
Duong a été condamné à 42 mois de
prison et à 18 mois de résidence
surveillée. Pierre Trân Huu Duc devra
subir 39 mois de prison et 12 mois de
résidence surveillée. Jean­Baptiste Hoang
Phung a été condamné à (seulement !) 24
mois de prison avec sursis et à 36 mois
de mise à l’épreuve. Tous ont nié avoir
eu connaissance des faits qui leur étaient
reprochés et n'ont donc pas pu préparer
leur défense.
(Églises d'Asie 25/05/2012)
pakistan
Un groupe d’extrémistes a fait irruption
dans le quartier chrétien d’Essa Nagri, à
Karachi, ouvrant le feu et blessant trois
chrétiens, qui ont tous été hospitalisés.
Les terroristes ont également touché
l’église adventiste du septième jour et
l’église Saint­Luc.
Quelques jours plus tard l'ensemble d'une
famille catholique a été égorgé au Punjab
(FIDES 27/05/2012)
panama
L’Église catholique est l’institution qui
jouit de la plus grande crédibilité auprès
des Panaméens selon les résultats d’un
sondage. À la question « Quelle est
l’institution dans laquelle vous avez le
plus confiance », l’Église catholique a reçu
64,8% des préférences.
(Églises d'Asie 16/05/2012)
FRANCECatholique n°3309­Ier­juin 2012­15
lectures
Dimanche de la sainte trinité (année B)
alta trinitas
© LA BIBLE DES PEUPLES / ÉD. DU JUBILÉ
par le Père Michel Gitton
9e Semaine du
Semaine de la
« Source vive de tout bien »
par le Père Michel Gitton
Dimanche de la Sainte Trinité
[3 juin]
Jésus envoie ses apôtres
28. 16 Les onze disciples allèrent en Galilée, à la montagne que Jésus leur
avait indiquée. 17 En le voyant ils se prosternèrent, mais certains gardaient des doutes.
18 Alors Jésus s’approcha et leur dit : « Tout pouvoir m’a été donné au
ciel et sur la terre. 19 Allez donc et faites-moi des disciples de toutes les
nations.
Vous les baptiserez au nom du Père et du Fils et de l’Esprit Saint, 20 et
vous leur enseignerez, pour qu’ils l’observent, tout ce que je vous ai ordonné. Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du temps. »
O
ui, nous sommes monothéistes,
nous croyons en un seul
Dieu, créateur du ciel et de
la terre. Notre dévotion ne
s’éparpille pas entre plusieurs petits chefs, qui se partageraient
l’univers et seraient concernés par l’un
ou l’autre de ses aspects. Le Dieu qui
préside à notre vie personnelle n’est
pas différent de celui qui régit le ciel
et la terre. Un seul projet conçu dans
l’intimité du Dieu Amour préside à la
vie du monde, du commencement à la
fin. Tout vient de Lui, tout est par Lui,
tout est pour Lui.
Mais Dieu est encore plus grand que
cela, plus grand en tout cas que nous ne
sommes portés à le concevoir. Il n’est
pas le Big Boss, enfermé dans son bureau du ciel, et communiquant avec son
personnel par circulaires. Non, il ne se
compare pas à nos grandeurs et à nos
élévations, qui deviennent vite si petites dès qu’il paraît, Lui, le Roi du ciel.
Il nous dépasse aussi par son unité
qui est bien plus dense que toutes celles
que nous connaissons par ailleurs :
c’est une unité qui n’est pas une singularité, c’est l’unité de trois personnes
qui sont Dieu, dans l'indicible embrassement de leur don mutuel. Nous, nous
voyons l’unité dans tel objet posé là
sur la table, isolé, solitaire, ou encore
à travers un pouvoir qui, pour s’exercer
souverainement, ne peut accepter aucun partage. L’unité si pleine, si riche,
si débordante, qui existe en Dieu est
16 FRANCECatholique n°3309 I
er
juin
2012
d’un tout autre ordre, c’est l’unité d’un
seul amour. Non pas l’accord aléatoire
entre trois individus qui auraient leur
vie chacun de leur côté, mais l’accord
parfait entre ceux-là qui n’existent
que l’un pour l’autre, l’un par l’autre,
dont l’être même est d’aimer. Dieu EST
amour. Il n’est que communion.
Ceux qui nous accusent d’avoir
transposé sur Dieu les modèles (familiaux ou autres) qui existent chez
nous sont bien loin d’avoir compris ce
que nous avons reçu de la Tradition
de l’église. La Trinité ne fait appel aux
relations existant entre nous que pour
les déplacer. où a-t-on vu un père du
même âge que son fils ? quel est cet
engendrement qui n’est pas celui d’un
jour, mais de toujours ? où a-t-on vu
une filiation sans maternité ? Saint Jean
nous parle du Verbe et pas seulement
du Fils, l’épître aux Hébreux nous dit
« empreinte », « rayonnement », signe
que les relations entre les personnes
divines ne se disent pas seulement sur
le modèle de la famille et qu’il faut
plusieurs approches pour tenter d’exprimer l’inexprimable. Et si nous ajoutons le Saint-Esprit, nous voyons bien
que notre notion même de personne en
est toute bousculée : « Esprit », comme
si tous les trois ne l’étaient pas (« Dieu
est Esprit ») ! « Saint », comme si tous
les trois ne méritaient pas ce qualificatif ! Et pourtant, il y a bien, dans le
concert des personnes divines, ce troisième, dont Jésus peut dire : « Quand
1. Jésus qui nous a révélé les secrets de
Dieu (lecture du Deutéronome).
➤ Adorons le Verbe incarné qui nous
fait connaître le Père et l’Esprit.
Point spi : ayons soif de mieux connaître
les secrets du Dieu Vivant.
2. Jésus qui nous permet de nous exprimer avec ses mots devant notre Père
du ciel (lecture de la lettre de saint Paul
aux Romains).
➤ Adorons le Fils qui seul peut dire
vraiment : Abba !
Point spi : redisons avec joie la Prière du
Seigneur.
Il viendra, Lui (au masculin et pas au
neutre) l’Esprit de vérité, Il vous enseignera tout. »
Infiniment élevée au-dessus de
nos modèles et de nos expériences, la
Sainte et Indivisible Trinité les éclaire
tous. Car, étant faits à l’image de Dieu
(et pas l’inverse !), il y a chez nous
quelque chose qui consonne avec l’être
divin. Si nous sommes fondamentalement bâtis pour une communion personnelle avec d’autres êtres humains, si
nous ne trouvons notre bonheur qu’en
partageant le meilleur de nous-mêmes
avec un ami ou un conjoint, si nous
pouvons donner la vie en aimant, c’est
bien qu’il y a dans notre cœur un écho
de l’être trinitaire de Dieu. Mais, loin
que nous puissions remonter de nous
à lui par une transposition hasardeuse
qui ne serait bien souvent qu’une idolâtrie, c’est lui qui nous révèle à nousmême, lui qui nous permet d’échapper
aux pièges de la possession et de l’orgueil qui défigurent cette image de lui
présente en nous.
Bonne fête de la Trinité ! n
Dimanche 3 juin - La Sainte Trinité
Première Lecture : Deutéronome 4.32-34,
39-40 - Psaume : 33.4-5, 9, 18-20, 22
Deuxième Lecture : Romains 8.14-17
Évangile : Matthieu 28.16-20.
Temps ordinaire
3. Jésus qui nous donne accès à la vie
de la Trinité dans le saint baptême (lecture de l’évangile de saint Matthieu).
➤ Adorons le Grand Prêtre qui nous
qualifie pour officier devant la Trinité.
Point spi : rendons grâce pour notre
baptême.
Lundi [4 juin] : les vignerons
homicides (Marc 12, 1-12).
1. Jésus, témoin du dessein bienveillant
du Père, révélant sa bonté sans arrièrepensées, son attitude désarmée devant
le mal.
➤ Adorons le Fils, tout recueilli dans le
dessein du Père, adorons l’Agneau immolé dès la fondation du monde.
Point spi : n’imaginons jamais de mauvaise intention de la part de Dieu notre
Créateur.
2. Jésus qui sait l’horreur du péché,
l’absurde entêtement de l’homme, la
volonté de tuer, d’en finir.
➤ Adorons l’Innocent, recevant en
plein visage les injures et les crachats.
Point spi : ne nous conduisons pas en
propriétaire des dons de Dieu.
3. Jésus qui est la pierre rejetée des bâtisseurs, promise à être la pierre d’angle,
retournant la révolte des hommes en
occasion d’entrer humblement dans les
chemins de la miséricorde.
➤ Adorons Celui qui sera un jour la
pierre d’angle de toute l’humanité réconciliée.
Point spi : gardons l’espérance que l’humanité soit un jour meilleure.
Mardi [5 juin] : l’impôt dû à César
(Marc 12, 13-17)
1. Jésus si prodigieusement intelligent
face à la bêtise du monde, Jésus qui
échappe à tous les pièges, par la justesse et la profondeur de son propos.
➤ Adorons la Sagesse incarnée, qui se
rit de nos manœuvres.
Point spi : ne doutons pas que ce que
nous avons à faire pour Dieu soit cohérent, même si nous ne le voyons pas
maintenant.
2. Jésus qui nous apprend à rendre à Dieu
ce qui lui revient, et qui laisse à l’autorité
de ce monde son champ d’action.
➤ Adorons le Serviteur fidèle, qui se
laisse traîner devant Pilate.
Point spi : loyauté sans illusion pour les
choses de ce monde.
3. Jésus qui voit en nous la vraie monnaie que Dieu a frappée, qui a mis en
nous sa marque de fabrique.
➤ Adorons l’Image du Dieu invisible, à
l’image de qui nous avons été faits.
Point spi : respectons l’image de Dieu
que nous portons.
Mercredi [6 juin] : la femme
aux sept maris (Marc 12, 18-27)
1. Jésus qui assiste désolé à cette
méconnaissance de la dignité du lien
conjugal.
➤ Adorons le véritable époux, qui ne
laissera pas son épouse veuve et sans
enfants.
Point spi : ne parlons pas vulgairement
de l’amour.
2. Jésus, qui sait l’absurdité des limites
que nous mettons à la toute-puissance
de Dieu.
➤ Adorons le Fils, témoin de la puissance de Dieu, qui vit dans la confiance
sans limite à son Père source de vie.
Point spi : ne spéculons pas sur les
choses divines à partir de nos impossibilités humaines.
3. Jésus, qui a conscience d’accomplir
toute l’histoire des Patriarches : oui,
Abraham, Isaac et Jacob attendent de
voir son jour !
➤ Adorons Celui qu’a vu Abraham, Celui qui brillait dans le Buisson Ardent.
Point spi : prions pour nos ancêtres.
Jeudi [7 juin] : le grand
commandement (Marc 12, 28-34)
1. Jésus qui sympathise avec la recherche sincère des hommes de bonne
volonté, qui salue leur travail et reconnaît leur effort.
➤ Adorons la Sagesse qui a mis dans
le cœur de l’homme une trace du vrai
et du juste.
Point spi : osons interroger Jésus et
écouter sa réponse.
2. Jésus qui seul peut unir en Lui à ce
point l’amour de son Père et l’amour
des hommes.
➤ Adorons le Fils bien aimé, qui se
donne à nous par amour de Son Père.
Point spi : ne mettons pas d’opposition
là où Dieu veut que nous fassions tout
ensemble.
3. Jésus qui s’est fait notre prochain, lui
qui vient de si loin pour nous sauver.
➤ Adorons notre Frère en humanité, plus proche de nous que nos plus
proches.
Point spi : reconnaissons l’éminente
dignité de ce visage banal et anonyme
que nous croisons.
Vendredi [8 juin] : le Messie fils
de David (Marc 12, 35-37)
1. Jésus qui « habite » les écritures, les
connaît si profondément, les fait chanter comme un merveilleux instrument.
➤ Adorons le Verbe qui a un écho dans
toutes les écritures
Point spi : ne regardons jamais ces
textes comme s’ils n’avaient rien à nous
dire de neuf.
2. Jésus qui s’est inscrit dans la lignée
de David, qui se sait son fils, au-delà
des lignées lamentables issues de lui.
➤ Adorons le vrai Fils de David, adorons sa divine « mansuétude ».
Point spi : n’ayons pas honte de nos origines.
3. Jésus qui n’a rien perdu de sa transcendance, qui est aux côtés du Dieu
Saint alors qu’il s’est fait l’un de nous.
➤ Adorons Celui que le Père a engendré avant l’aurore des temps.
Point spi : apprenons à être tout petits
devant Dieu.
Samedi [9 juin] : le scribe et la
pauvre veuve (Marc 12, 38-44)
1. Jésus qui ne nous est pas à charge,
qui n’a pas voulu faire peser sur ses
disciples un joug trop lourd, qui arrive
porteur d’une invitation toute simple.
➤ Adorons le Maître très humain, doux
et humble de cœur, qui n’éteint pas la
mèche qui fume.
Point spi : fuyons le rigorisme qui durcit
les contours de la volonté de Dieu.
2. Jésus qui voit la réalité des dons que
nous faisons, qui sait le prix de nos sacrifices.
➤ Adorons l’Ami attentif qui voit ce
que nous faisons en secret.
Point spi : n’étalons pas nos pseudomérites.
3. Jésus qui s’est donné jusqu’à la dernière goutte de son sang, qui n’a rien
réservé.
➤ Adorons l’Agneau immolé et toujours vivant.
Point spi : répondons tout de suite
« oui » à Jésus. n
FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
17
Église en dÉtresse
entretien AVeC Mgr KYrillOs
Quel espoir en Ég
propos recueillis par Denis LENSEL
© G. cousTeNobLe
n Commentconsidérez-vousl'avenirpour
Le 25 mai dernier au soir, la cathédrale Notre-Dame
lescoptes?
de Paris était remplie d'une foule compacte pour
assister à la quatrième « Nuit des témoins » organisée
Mgr Kyrilllos : Nous attendons le
résultat
final des élections à la prépar l'Aide à l'Église en Détresse, soirée de prière où
sidence. Il est impossible de prévoir
le Père Daniel-Ange nous fit égrener le chapelet des
à l'avance si cela nous permettra
noms de tous ceux qui ont été tués en haine de la foi
enfin d'échapper à certaines discrimiau cours de l'année écoulée. Quatre personnalités hors nations. Actuellement, tous les yeux
sont ouverts et il
du commun y firent des interventions
n'est pas possible
à la fois émouvantes et solides : Paul
de faire des choses
en cachette. Les
Bhatti, responsable des minorités
chrétiens n'ont plus
religieuses au Pakistan (frère de
peur de parler. Les
Shahbaz Bhatti, assassiné le 2 mars
manifestations, les
cris de protesta2011), le cardinal Zen, évêque émérite
tion autour de la
de Hong Kong, Mgr Kyrillos William,
cathédrale de nos
évêque d’Assiout en Égypte et vicaire
frères orthodoxes,
qui représentent
patriarcal des coptes-catholiques,
la majorité des
et Mgr Louis Sako, archevêque de
coptes, ont changé
Kirkouk en Irak. Ce dernier adressa à
les choses. Depuis
la révolution on
l'assistance ce message qui donnait
sort dans la rue,
tout son sens à la soirée : « Le
on ose s'exprimer
meilleur moyen que vous avez, ici
publiquement et
tout le monde nous
en Occident, pour nous aider là-bas
voit, notamment la
à l'Orient, pour nous redonner du
Mgr Kyrillos lors de son intervention
presse et les médias.
sur le parvis de Notre-Dame.
courage, c'est de nous montrer des
Églises pleines et surtout pleines de
n Larépressiona-t-elleétéviolente?
jeunes, comme je constate ici ce soir… »
Le lendemain, le parvis de Notre-Dame, qui était
Non, pas tellement. Les événements
brutaux qu'il y a pu avoir vienorné de palmiers comme symboles des « palmes du
nent de la part de quelques extrémartyre », voyait de nombreuses autres personnalités mistes et ne sont pas la règle. Les
s'engager pour la liberté religieuse. Faute de pouvoir
premiers jours de la révolution, sur
la place Al-Tharir, on voyait bien
rendre compte de tout, nous publions cette semaine
chrétiens et musulmans protester
un entretien avec Mgr Kyrillos et un autre avec le
ensemble et se protéger mutuellecardinal Zen.
ment.
18 FRANCECatholique n°33091 juin 2012
er
ypte ?
beaucoup de tout ça, plusieurs intellectuels musulmans ont abordé le
sujet et conviennent que les chrétiens
sont discriminés et qu'il y a là une
injustice manifeste.
n Lajusticeévolue-t-elleaussi?
c'est aussi un problème. on a
noté avec tous ces événements et ces
et Grégoire COUSTENOBLE
périodes de violence, que personne n'a
n Et parmi la population musulmane en été condamné et on n'a pas découvert
Égypte et particulièrement au Caire, qui était derrière tout ça. Il y a eu des
y a-t-il des gens qui soutiennent la enquêtes mais elles n'ont mené à rien.
si les premiers avaient été condamlibertédeschrétiens?
nés, peut-être que les autres auraient
oui. Même en province. Je suis réfléchi à deux fois avant d'agir. ce
allé à Assiout et il y avait quelques sont des extrémistes et ils ne sont pas
problèmes. un prêtre a été retrouvé la règle mais ils existent néanmoins.
mort dans son appartement et il n'y
avait pas de raisons confessionnelles
là-derrière. Mais certains fanatiques n Peut-on dire que la majorité de la
des deux côtés auraient brûlé Assiout
populationenÉgypteesttolérante?
en ce temps-là. Nous avons réagi
avec prudence. Nous nous sommes
oui, et nous comptons beaucoup
rencontrés entre responsables reli- sur la mosquée d'Al-Azhar, l'islam
gieux et avons décidé de nous ren- modéré et le grand imam Mohamed
contrer plus fréquemment et de façon Ahmed al-Tayeb, un homme pieux,
publique. Nous avons alors fait des sage et prudent. outre ses déclararéunions dans des églises et des mos- tions sur la liberté qui nous ont plu à
quées et avons parlé. cela a entraîné tous, il a pris l'initiative, avec le pape
une atmosphère de paix. J'ai même chenouda juste après les événements,
pu organiser une prière commune de ce qu'on appelle « la maison de la
entre chrétiens (protestants, catho- famille », au caire, où dirigeants chréliques et orthodoxes) et musulmans tiens et musulmans se rencontrent
pour le jour de l'An où nous avons régulièrement pour résoudre les proprié ensemble pour la paix de l'Égypte. blèmes avant qu'ils ne naissent.
en sortant nous avions les larmes
et à Assiout nous avons une
aux yeux. ce type d'expérience nous branche de cette institution, qui est
prouve qu'il est possible et qu'il faut très active. on a pu résoudre plusieurs
trouver des moyens d'installer une problèmes confessionnels. À Assiout,
atmosphère pacifique.
où je suis l'un des dirigeants avec différents chefs musulmans, on a une
vingtaine de personnes qui ont été
n Est-ce qu'on peut espérer voir des choisies et nommées par les autorités
chrétiens accéder à certaines respon- : des hommes sages, des intellectuels,
sabilitéspolitiques?
des professeurs de l'université d'Assiout. Nous avons réuni de petites
c'est justement ce que promet- commissions pour pouvoir répandre
tent tous les candidats. et nous obser- cet esprit un peu partout dans la provons les sondages qui semblent pro- vince.
metteurs à cet égard. Auparavant les
chrétiens ne pouvaient être ni directeur d'université, ni gouverneur, ni
préfet de police… Aujourd'hui on parle
n Qu'enest-ildesfrèresmusulmans?Ne
sont-ilspasunemenacepourlesintellectuelsdetoutesopinions?
concernant les frères musulmans ils
ont évolué, ils se sont mis à s'occuper
de politique, ils ont donc changé de
ton. Mais depuis le début même, nous
avons de bonnes relations avec eux. À
Assiout, même avant le début des élections, ils venaient nous rendre visite.
Nous avons aussi une très importante commission Justice et paix, qui
organise des soirées culturelles dont
la majorité des invités sont des musulmans et parmi eux des frères musulmans. Ils apprécient beaucoup ce travail et cela aide à changer les mentalités, à favoriser un climat de dialogue
dont tout un chacun bénéficie.
n Pouvez-vousdirequelquesmotssurle
rôlesocialdel'Église?
Il y a beaucoup d'initiatives
sociales de l'Église, de la part de
grands organismes comme caritas,
l'association de la Haute-Égypte et de
chaque diocèse qui a un bureau diocésain travaillant pour le développement et la promotion de la personne
humaine qui travaille pour tous, chrétiens et musulmans. Il y a les associations sanitaires comme les dispensaires qui sont d'ailleurs fréquentés
par des musulmans plus que par des
chrétiens car ils sont proportionnellement plus nombreux. Tout comme
dans les écoles chrétiennes.
cela permet des liens entre confessions et c'est surtout porteur d'espoir
pour l'avenir. Quand certains de ces
jeunes seront devenus dirigeants, ils
sauront peut-être un peu mieux ce
qu'est l'Église. car il y a aujourd'hui
trop d'ignorants ou de mal intentionnés qui disent que les églises et les
monastères sont pleins d'armes, sans
trouver personne pour les contredire.
Mais venez voir, il n'y a que les armes
de l'amour et de la prière. n
Favoriser un climat de dialogue
dont tout un chacun bénéficie
(
FRANCECatholique n°33091erjuin 2012 19
Église en dÉtresse
entretien AVeC le CArdinAl zen
Halte aux compr
propos recueillis
Le cardinal Zen, ancien archevêque de Hong Kong,
était à Paris la semaine dernière. Il a donné un
entretien plutôt explosif à la revue « Églises d'Asie »,
donc voici un extrait. On pourra en trouver le texte
complet sur Internet.
n Églises d’Asie: Le 24 mai, Benoît XVI
appelaitlescatholiquesdumondeentier
àunirleursprièresàcellesdetousles
catholiquesdeChine.Pouvez-vousnous
direlasignificationdecetappel ?
Cardinal Zen Ze-kiun : Le SaintPère croit véritablement au pouvoir de
la prière. Le 18 avril, lors de l’audience
générale du mercredi place SaintPierre, Benoît XVI a parlé de la prière
en faisant référence à l’Église primitive. Évoquant le passage des Actes
des apôtres où Pierre et Jean ont été
arrêtés pour avoir réalisé des miracles
puis ont été relâchés, le Saint-Père a
rappelé que les membres de l’Église
primitive ne se sont pas mis à discuter
entre eux de ce qu’il fallait faire, des
manœuvres à mettre en place, de la
manière dont ils devaient faire face
à ce qu’il faut appeler une persécution ; ils se sont mis à prier, à prier
ensemble, afin d’être en mesure de
rendre témoignage de la vérité. [...]
En se référant ainsi aux Actes des
apôtres, le Saint-Père indique la place
qu’il donne à la prière et invite tout
un chacun à faire de même.
n Peut-on appliquer cette référence à
l’ÉglisecatholiqueenChineaujourd’hui?
Oui, c’est plus qu’évident. La persécution se fait même de plus en
20 FRANCECatholique n°33091 juin 2012
er
plus réelle et concrète. Il n’y a sur ce
point aucune amélioration de la part
du gouvernement. Ils recourent à des
méthodes d’autant plus dangereuses
qu’elles sont plus adroites, car ils ne
font pas que menacer les personnes, ils
les induisent en tentation. Ils ne veulent pas faire des martyrs, ils veulent
produire des renégats. Pour l’Église,
c’est donc bien pire. Ils ont les moyens
de tenter les personnes, qu’elles soient
bonnes, timides ou faibles, et de les
amener à leur obéir. Ces moyens sont
l’argent bien sûr, mais aussi le prestige, les honneurs ou une position dans
la société. Face à cela, le Saint-Père
a institué la journée de prière du 24
mai ; c’est un fait unique et inédit qui
dit bien à quel point le souci de l’Église
en Chine habite le pape Benoît XVI. [...]
En 2007, lorsque le pape Benoît XVI
a publié sa Lettre aux catholiques de
Chine, la réaction du gouvernement
chinois a été négative. Pékin ne voulait
pas admettre que le Saint-Siège insinue
que l’Église en Chine était persécutée
par les autorités civiles. Par exemple,
après la publication de la lettre papale,
nous avons voulu à Hong Kong organiser un pèlerinage à Shanghai pour le
24 mai. Mais les autorités chinoises ne
nous ont pas autorisés à le faire. Depuis
cette date, durant tout le mois de mai,
tous les pèlerinages à Sheshan sont
interdits aux groupes qui ne sont pas
de Shanghai. [...]
n VousditesquelaCommissionvaticane
pour l’Église en Chine doit changer sa
politique...
Depuis 2007, les critères sont clairs :
ils ont été posés par la lettre du SaintPère aux catholiques de Chine. La lettre
est claire, elle est publique et elle est
disponible en différentes langues. Tout
le monde peut donc s’y référer. [...] La
lettre du pape est un modèle d’équilibre entre les principes de l’Église, de
l’Église une, sainte, catholique et apostolique, et un nécessaire souci pastoral
envers les personnes qui ont commis
des erreurs, et même envers le gouvernement chinois. Mais la netteté des
propos du Pape n’est pas appréciée par
tous dans l’Église où les héritiers de ce
qu’on a appelé l’Ostpolitik sont toujours
présents. Pour ces héritiers, le maître
mot est le « compromis ».
n Aujourd’hui,oùensommes-nousprécisément?
En comparaison de 2007, la situation s’est détériorée du fait justement
de ce souci permanent du compromis. Un exemple : à l’approche de
la Huitième Assemblée nationale
des représentants catholiques, la
Commission vaticane pour l’Église en
Chine avait obtenu que le communiqué qui rend compte de ses travaux
soit particulièrement clair, dans le
sens où il était dit aux évêques de
Chine que leur participation à cette
Huitième Assemblée n’était pas possible. Le gouvernement chinois avait
déjà par deux fois repoussé la tenue
de cette assemblée. On pouvait donc
espérer que les évêques réagiraient et
Commission vaticane pour l’Église en
Chine, nous avons tenté d’aborder ces
questions. Il y a trois cas de figure.
Premièrement, en cas d’ordination illégitime, les choses sont claires :
Rome ne peut accepter qu’un évêque
soit ordonné en-dehors du consentement du Pape. Cela s’est pourtant passé en novembre 2010 puis à
deux nouvelles occasions en 2011.
En novembre 2010, la Secrétairerie
d’État a réagi par un communiqué aux
par «ÉgLises d'Asie »
termes choisis. En 2011, la nouvelle
auraient le courage de ne pas céder équipe que Benoît XVI avait nomaux pressions de Pékin. Bien sûr, on mée à la tête de la Congrégation pour
ne pouvait sans doute pas espérer un l’évangélisation des peuples (le cardiretournement complet de situation, nal Filoni et Mgr Savio Hon Tai-fai)
mais il était envisageable que l’on était déjà en place et le communiassiste à cette occasion au début de qué du Saint-Siège a été encore plus
quelque chose de nouveau, à un sur- explicite puisque la peine d’excomsaut de fidélité à Rome des évêques munication n’était plus seulement
« officiels ». Au moins une partie une menace mais une réalité. Le droit
d’entre eux aurait refusé les pressions canon existe, il définit les comportede Pékin. La difficulté est que des ins- ments qui entraînent une peine d’extructions, sinon contradictoires du communication, il a été appliqué.
Deuxièmement, le cas de la nomimoins accommodantes, ont été données depuis Rome. Concrètement, des nation d’un évêque approuvé par
évêques chinois ont approché le Saint- Rome et accepté par Pékin. Certaines
Siège pour demander ce qu’ils devai- personnes sont très satisfaites de
ent faire, ils ont argué du fait que leur ce cas de figure : « Voici un évêque
situation était difficile et délicate, et nommé par Rome qui est accepté par
il leur a été répondu : « Nous com- Pékin ! » Je me permets d’exprimer
prenons, nous comprenons. » Il a sans mes doutes. Est-ce bien là la réalidoute suffi d’un seul évêque à qui une té ? Je m’en réjouirais si c’était le cas,
telle réponse a été faite. En Chine, les mais, lorsque deux entités qui ont des
choses se savent vite. Le gouverne- vues divergentes se mettent d’accord
ment l’a donc su et il s’est engouffré pour nommer une personne, cela veut
dans la faille pour mener à bien cette dire qu’elles ont accepté des comproHuitième Assemblée, sachant qu’à mis. Il faut se poser la question de
savoir qui fait des concessions. Est-ce
Rome « ils comprendraient ».
Si seulement le Saint-Siège avait le gouvernement chinois qui a accepalors exprimé une seule voix, disant aux té le candidat de Rome, ou Rome qui
évêques chinois que, quelle que soit la a accepté le candidat de Pékin ? Je
difficulté de leur situation et les pres- crains que ce soit le Saint-Siège qui
sions qu’ils subissaient, ils ne devaient ait accepté de faire des concessions.
pas prendre part à cette assemblée, les Si c’est le cas, alors de telles nominachoses se seraient passées différem- tions ne sont pas bonnes pour le bien
ment et le gouvernement n’aurait sans de l’Église. Bien entendu, c’est le pape
qui nomme les évêques. Mais vous
doute pas osé pousser son avantage.
connaissez la manière dont fonctionne le Saint-Siège : pour l’Église
n Danscecontexte,commentcomprendre en Chine, c’est la Congrégation pour
les nominations épiscopales en Chine l’évangélisation des peuples qui présente au Saint-Père les noms des
aujourd’hui?
Dans le communiqué publié à
l’issue de la dernière réunion de la
D.R.
omis !
Le cardinal Zen
à Notre-Dame de Paris.
évêques à nommer. Mon avis est que
les années passées, la Congrégation
pour l’évangélisation des peuples a
accepté trop de compromis. La conséquence est qu’en Chine, nous avons
trop d’évêques qui ne sont pas de
bons évêques.
Troisièmement, le cas d’un évêque
approuvé par Rome et accepté par
Pékin mais dont l’ordination se
déroule en présence d’un ou de plusieurs évêques illégitimes ou frappés d’une peine d’excommunication.
Si ces évêques prennent part à ces
cérémonies d’ordination de leur plein
gré, quelle mauvaise foi de leur part !
On peut penser que c’est le gouvernement qui les contraint à y aller,
dans le but de créer du désordre.
Mais alors, que de difficultés ajoutées à une Église qui n’en manque
pas ! Poser de tels actes en violation
évidente du droit canon ne doit pas
rester sans conséquence, sauf à créer
plus de confusion parmi le peuple des
fidèles.
Bien entendu, c'est le Pape
qui nomme les évêques
(
FRANCECatholique n°33091erjuin 201221
n Quelle espérance gardez-vous pour
cetteÉglise?
Pour tout ce qui concerne l’Église
en Chine, nous avons à considérer trois
entités : l’Église de Chine elle-même, le
gouvernement chinois et le Saint-Siège.
Il y a quelques années, nous pouvions
faire montre d’un certain optimisme.
Et c’est avec cet optimisme à l’esprit
que la lettre du pape a été écrite en
2007. Cet optimisme était nourri du
fait que, lorsque la Chine a entamé sa
politique d’ouverture fin 1979, parmi
les évêques âgés encore en place et
qui avaient été nommés de manière
illégitime, nombreux sont ceux qui, à la
faveur des nouvelles facilités de communication avec Rome, ont approché le
Saint-Siège pour demander pardon et
rentrer dans la communion avec l’Église
universelle. Le Saint-Siège a été très
généreux, tout en étant prudent et en
menant des enquêtes précises sur ces
évêques. L’avis des évêques « clandestins » a été demandé et, le plus souvent,
ces évêques ont été légitimés avec l’accord des évêques « clandestins ». Pour
ces évêques repentants, il a fallu faire
preuve de courage pour approcher
ainsi le Saint-Siège car il est évident
que le gouvernement avait eu vent de
leur démarche. En dépit du danger, ces
évêques ont agi pour le bien de l’Église
et le gouvernement ne les a pas sanctionnés.
Les années passant, Rome a été
dans l’obligation de nommer de nouveaux évêques, de jeunes évêques.
Au sein de la partie « officielle » de
l’Église, les évêques sont « élus ». Ces
élections sont manipulées par le gouvernement. Mais on peut penser que le
gouvernement ne cherche pas à ajouter des problèmes supplémentaires à
ceux qu’il doit déjà gérer par ailleurs.
Il ne cherche donc pas nécessairement
à faire « élire » les pires candidats à
l’épiscopat. Ce ne sont sans doute pas
les meilleurs qui sont choisis, mais pas
les plus mauvais non plus. Du côté
du Saint-Siège, la même générosité
)
s’est exprimée et ces jeunes candidats
à l’épiscopat ont le plus souvent été
acceptés par le pape. Et il faut ajouter
que ces jeunes candidats ne voulaient
pas accepter la charge d’évêque sans
être nommés par le pape. Eux-aussi
donc ont su faire preuve de courage.
C’est dans ce contexte que le SaintPère a écrit sa lettre de 2007 : lorsque
les évêques font preuve de courage,
les autorités chinoises sont suffisamment intelligentes pour ne pas sévir et,
lorsque le Saint-Siège fait preuve de
générosité, il renforce le courage des
évêques chinois. Cependant, certains
ont dit qu’il y avait une contradiction
dans la politique du Saint-Siège : le
pape nomme des évêques « officiels »
qui sont en même temps membres de
l’Association patriotique des catholiques chinois. Avant la lettre du pape
de 2007, il était sous-entendu que les
évêques n’avaient rien à faire avec
cette association incompatible avec la
foi catholique. Après la lettre du Pape,
les choses ont été clarifiées : le Pape
écrit que les évêques ne doivent pas
être liés à cet organisme. Pourtant,
depuis 2007, rien ne s’est passé. C’est
tout simplement le fruit des années
passées où la Congrégation pour
l’évangélisation des peuples a fait passer aux évêques chinois des messages
contradictoires ou, à tout le moins, les
incitant à penser qu’un certain degré
de compromission avec Pékin était
envisageable. Aujourd’hui, les équipes
en place au Saint-Siège ont changé
certes, mais nous continuons de vivre
sur cet héritage. La conséquence est
qu’aujourd’hui, je vois moins d’espoir
pour la partie « officielle » de l’Église
en Chine qu’il y a cinq ans, lorsque la
lettre du pape a été publiée. Je vois
des évêques moins courageux qu’autrefois, des « opportunistes » ainsi que
Mgr Savio Hon Tai-fai l’a écrit.
n Lechangementd’équipeàlatêtedela
Chine, prévu à l’automne 2012, peut-il
apporterdunouveau?
Les politiques erronées du Saint-Siège
ont fait beaucoup de dégâts
22 FRANCECatholique n°33091 juin 2012
er
Personne ne peut être sûr de rien
à propos de la Chine. La Chine est
mystérieuse et imprévisible. Je vous
l’ai dit : si, il y a quelques années, je
pouvais me montrer plus optimiste
au sujet de l’Église, aujourd’hui je suis
pessimiste. Notre foi nous apprend
toutefois à demeurer dans l’espérance.
Humainement, je place mon espoir
dans les catholiques, les fidèles laïcs.
Peut-être pas les plus jeunes générations qui n’ont pas une foi ancrée au
plus profond d’elles-mêmes, mais les
générations anciennes, parce qu’elles
ont traversé des épreuves terribles et
ont su conserver la foi à travers ces
épreuves, et qui sauront faire passer à
l’Église ce dont elle a besoin pour survivre aux difficultés présentes.
S’agissant des communautés « clandestines », il faut dire que
là aussi, les politiques erronées du
Saint-Siège ont fait beaucoup de
dégâts. Les héritiers de l’Ostpolitik
au Vatican, par la recherche permanente du compromis avec le pouvoir
en place, n’ont pas accordé suffisamment d’importance aux communautés
« clandestines » ; ils les ont négligées,
voire même considérées comme une
gêne. Le résultat, c’est, par exemple,
l’évêque de Baoding qui a été encouragé à quitter les rangs des « clandestins » pour rejoindre les « officiels ».
Après tant d’années en prison, lui qui
était considéré comme un héros n’a
semé que la confusion et la désunion
au sein du diocèse. Quelle tristesse !
Je ne veux pas qu’il y ait de malentendus dans mes propos. Lorsque je
dis que le Saint-Siège n’a pas agi
comme il aurait dû agir, beaucoup
de gens vont comprendre que c’est le
Saint-Père que je mets en cause. Ils
ont tort. C’est tout le contraire. J’ai
toute confiance dans le Saint-Père et
chaque catholique doit garder toute
sa confiance dans le Saint-Père. Le
Saint-Père est extrêmement patient
et si ses collaborateurs n’ont pas toujours œuvré avec toute la sagacité
nécessaire, le Pape a fini par agir et a
changé l’équipe qui, à la Congrégation
pour l’évangélisation des peuples, suit
les affaires de l’Église en Chine. n
rencontres
och
Un parent handicapé
par Anne KURIAN
L’OCH organise des
rencontres sur le thème
des parents handicapés.
L'occasion de faire le point
dans un cadre reposant.
L
’Office chrétien des personnes
handicapées (OCH) organise
pour la quatrième fois un weekend de rencontre pour les personnes dont le père ou la mère
est atteint de maladie ou de handicap
moteur, mental, sensoriel ou psychique.
Ouvert à partir de 16 ans, le weekend se veut un temps de réflexion, de
« partage d’expérience », de recherche
« d’appuis nécessaires pour aller vers
d’autres liens et construire sa vie à soi ».
Le but étant de « laisser jaillir la vie ».
Le programme propose des temps
de partages en petit groupes et d’enseignements animés par des psychologues, des temps de réflexion personnelle,
des temps de ressourcement spirituel
– une messe le dimanche pour ceux qui
le désirent – et une soirée créative en
trois ateliers. Le week-end commence
le 9 juin à 10h, pour se clore le 10 juin
à 15h. Cette initiative, précise Cécile
Gandon, du service communication de
l’OCH, est « née de plusieurs demandes
de personnes touchées par ces questions
et désireuses d'en parler entre elles et
d'être soutenues, accompagnées ».
La quatrième édition de ce weekend sera enrichie des expériences précédentes et des témoignages des participants. « Cette année pour la première
fois, annonce Cécile Gandon, nous
proposerons à ceux qui le souhaitent
un atelier de création gestuelle, car
les mots sont parfois insuffisants pour
exprimer les sentiments profonds.
« Nous insisterons également
davantage sur la dimension spirituelle,
OCH
Office chrétien des personnes handicapées
90, avenue de Suffren, 75015 Paris
Contact : Caroline de La Goutte.
Tél : 01.53.69.44.30
[email protected]
tout en respectant la liberté de chacun », précise-t-elle.
Pour l’OCH, être l’enfant d'une personne malade ou handicapée est une
situation qui implique trois problématiques : Tout d’abord, la « responsabilité » : en effet, très tôt, confronté au
handicap de son parent, l'enfant a pu se
sentir responsable de ce parent. Il faut
aider son parent pour certains actes de
la vie courante, prendre des décisions en
période de crise, prendre soin de lui. Une
certaine « inversion des rôles » s'est mise
en place, comme si l’enfant devenait le
parent de son père ou de sa mère. Le
week-end soulignera l’importance de
se défaire de cette inversion qui parfois
n’est pas vraiment consciente.
Ensuite, les enfants vivent ce qu’on
appelle le « poids du silence » : ils pensent qu’il est interdit pour eux de crier
leur mal-être, ils pensent : « C'est mon
parent qui souffre, et moi, je me plaindrais ? » Ils ne s'autorisent pas à dire
leur souffrance, face à un entourage qui
n'imagine pas forcément que cette situation puisse être difficile pour eux aussi.
Enfin, se pose la question de « bâtir
sa propre vie » : l’enfant se pose de
nombreuses questions, telles « Est-ce
que j'ai le droit, moi aussi, à une vie
normale ? Comment garder un lien
juste avec mon père, ma mère, sans
avoir le sentiment de l'abandonner si
je quitte la maison ? Comment trouver
d'autres appuis pour avancer et laisser
jaillir la vie ? »
D’après l’expérience des éditions
précédentes du week-end, c’est une
réussite, confie Cécile Gandon : « Les
participants sont frappés par la chaleur
de ce qui se vit, soulagés de constater
qu'ils ne sont pas seuls... Ils repartent
plus "légers" d'avoir pu mettre des mots
sur cette réalité souvent difficile. »
D’ailleurs, certains reviennent d'année en année, désireux de creuser et
d'approfondir. Chaque année également, de nouvelles personnes s'inscrivent, ayant des âges et des parcours
personnels très variés.
Parmi les intervenants, citons Anne
Debargue et Pascale Aubé, toutes deux
psychologues cliniciennes. Participera
également Annick Doisy, elle-même
fille d’un père malvoyant, qui avait
participé au premier week-end OCH,
en 2008, où elle avait vécu un « déclic
décisif ». À la sortie du week-end,
Annick Doisy a initié un groupe de
parole sur le même sujet. Elle est aussi
auteur d’un mémoire sur le thème :
« Accompagner la relation parentenfant quand le parent a un handicap
ou une maladie ». Seront présents par
ailleurs le P. Stéphane Joubert, de la
congrégation des Serviteurs de Jésus
et Marie, aumônier en hôpital psychiatrique et Philippe de Lachapelle, directeur de l'OCH. n
Les mots sont parfois insuffisants pour
exprimer les sentiments profonds
)
FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
23
sport
football
le foot, c’est le
par Bertrand SOUCHARD
Du 8 juin au 1er juillet se déroule l’Euro 2012 de football en
Pologne et en Ukraine. La France y affronte en poule la Suède,
l’Angleterre et l’Ukraine. L’équipe nationale va essayer d’oublier
le fiasco de la Coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud.
Nous ne voulons pas revenir sur le fait que Laurent Blanc a pu
broyer du noir ces derniers temps (1), mais réfléchir de manière
plus générale sur ce sport particulier qu’est le football.
U
caractéristique
du football est sa dimension
universelle (catholique en
grec). C’est le seul sport qui
puisse rivaliser à lui tout seul
avec les Jeux olympiques. Tous les deux
ans nous avons droit soit au rituel des
jeux, soit à celui de la Coupe du monde
de football. Et pour les années olympiques, les supporters peuvent quand
même célébrer l’Euro ou la Coupe
d’Afrique des nations. C’est un fait que
la plupart des sports ont un enracinement particulier. Le rugby réunit des
pays du Commonwealth et la France.
Le basket rayonne à partir des étatsUnis. Seul le football est vraiment planétaire. Notons aussi l’aspect populaire des amateurs de football. Nous
sommes loin de l’élitisme de Roland
Garros, sans parler de celui du golf.
Même les tribunes des matches du XV
de France n’ont pas l’aspect « popu »
du football. Le sport proposé par les
parents pour leurs enfants indique souvent un certain niveau social. Cette
universalité provient certainement de
sa simplicité et de son aspect démocratique. Tout le monde peut jouer au
football. Il suffit d’un terrain vague ou
d’un vague terrain, d’un ballon en cuir
ou d’une balle de caoutchouc, de deux
ne première
(
vêtements qui délimitent les cages, et
c’est parti pour une partie. Plus compliqué est d’avoir des panneaux de basket,
un terrain de tennis et deux raquettes
ou une pelouse où l’on peut se plaquer
sans risque. Par ailleurs, les règles sont
simples. Quand on a compris le horsjeu, on a tout compris. La subtilité des
règles du rugby déconcerte même les
spécialistes. Comprendre et commenter
les décisions de l’arbitre de rugby est
tout un art. Compter les points au tennis demande déjà une initiation, dont
on n’a pas besoin pour saisir qu’un but
c’est un point.
Outre cette universalité du football,
une seconde caractéristique est d’être
le seul sport de balle qui ne se pratique pas avec les mains. Le football
est un sport de « manchots ». Alors
que la plupart des sports montrent une
habileté par les mains, au foot, la main
c’est la faute. Que l’on se souvienne de
la main scandaleuse de Thierry Henry
qui qualifia la France contre l’Irlande
pour l’Afrique du Sud. Or la main est
un signe corporel d’intelligence. « C’est
parce que l’homme est intelligent qu’il
a des mains » dit Aristote. La main par
son pouce opposable est habile et peut
tout saisir. Le chirurgien, travailleur des
mains selon l’étymologie, montre son
Le seul sport qui puisse rivaliser à lui
tout seul avec les Jeux olympiques
24 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012
habileté, tout comme le pianiste. On
écrit, on parle avec ses mains. Le danseur les utilise pour une expression
esthétique. Avec elles on prête serment
ou on bénit. On peut tendre la main et
proposer une poignée de main, ou par
le poing fermé manifester sa colère. La
main révèle aussi la finesse du toucher.
Cette finesse et cette mollesse de la
peau peut être le signe de la plasticité et de la finesse de l’intelligence.
Les mains sont bien le signe de l’esprit
humain. Elles manifestent la liberté,
la raison technique, l’universalité et la
finesse de l’intelligence, la rencontre
d’autrui, le langage et l’art. Pourrait-on
dire que se priver de ses mains c’est se
priver de ces dimensions de l’esprit ?
Le footballeur est-il bête comme ses
pieds ? Ses réflexions seraient-elles au
ras des pâquerettes, au niveau de ses
crampons ? En fait, avec le foot, une
partie de l’habileté humaine passe des
mains aux pieds, qui n’ont plus simplement pour fonction physique la marche
ou la course. Le génial et l’esthétique
se rencontrent dans un retourné acrobatique ou un coup franc de Platini en
pleine lucarne.
Si le footballeur n’est pas humain
par ses mains, il l’est par son visage et
sa station verticale. Le visage exprime
les sentiments de la personne. Les
yeux sont miroirs de l’âme. Dans mon
visage se lit la singularité d’une personne, l’unicité d’un jeu. Seul aussi,
de tous les animaux, l’homme peut
être debout en permanence. La bipédie
du singe quand il est assis est alternée avec une quadripédie, quand il
marche. D’ailleurs la colonne vertébrale de l’homme a une triple courbure
alors que celle du singe n’en a qu’une
seule. Seul l’homme a un centre de
gravité qui suit les vertèbres cervicales.
Or cette verticalité peut avoir un sens
métaphysique. Seul l’homme contemple
les étoiles. Si l’orientation du corps
animal est horizontale, la verticalité du
corps humain semble comme un saut
vers le ciel et une interrogation sur
l’origine. S’il n’utilise pas ses mains le
footballeur a toujours un visage et se
doit de rester sur ses deux pieds. Son
intelligence se manifeste dans sa vision
du jeu, la stratégie de l’entraîneur et sa
station droite aux moments de chanter
les hymnes. Le footballeur est-il cérébral par ses coups de tête ?
Cette spécificité corporelle du football et son aspect populaire pourraient
peut-être éclairer une troisième caractéristique, la violence des tribunes du
football. La victoire de Michel Platini
à la Coupe d’Europe des clubs champions avec la Juventus de Turin en 1985
est entaché du drame du Heysel : 39
morts et 600 blessés. Un tel événement tragique n’existe pas dans les
autres sports. Les clubs anglais ont été
exclus des compétitions européennes
pendant des années à cause de leurs
hooligans. Le PSG essaie de se démarquer de ses supporters fascisants. Et
au niveau amateur on ne compte plus
les violences entre équipes et supporters ou contre l’arbitre. Comment
comprendre cette spécificité du football ? Nous avions montré dans un
précédent article, le rapport général du sport à la violence et sa fonction de religion païenne (2) . L’origine
des sports est liée à la chasse et à la
guerre. L’homme y retrouverait un instinct primaire pour combattre ou fuir
le danger. Mails alors pourquoi le football manque-t-il plus souvent de fairplay que les autres sports ? On connaît
la formule : le rugby est un sport de
voyous pratiqué par des gentlemans
© bP
pied
et le foot est un sport de gentlemans
pratiqué par des voyous. Le rugby
porterait en lui-même des valeurs de
solidarité de l’équipe, de respect de
l’adversaire, avec lequel on fête la troisième mi-temps. La violence est sur
la pelouse, non dans les tribunes. Les
contestations de l’arbitre et l’anti-jeu
y sont plus rares. La violence du football a beau être condamnée comme
minoritaire et imbécile, c’est dans ce
sport qu’elle apparaît. Peut-être que
cette violence provient de son aspect
populaire, moyen de reconnaissance
pour ceux qui ne sont pas reconnus.
Peut-être aussi que le football ferait
plus directement appel à l’instinct
du chasseur. Le porteur du ballon est
comme un chef de meute, suivi des
autres chasseurs de la tribu. Il s’agit
de se positionner sur un territoire en
attendant le meilleur moment pour
tirer. L’attente pendant un match peut
être longue avant la délivrance, comme
dans une battue pour traquer la bête.
On tue par balles, remplaçant la chasse
pour la nourriture par le football. Il
s’agit d’une stratégie compétitive de
tir. Cette évocation de l’instinct du
chasseur aurait aussi une dimension
sexuelle et masculine. Le footballeur
pénètre l’adversaire. Le buteur prend
son pied lorsque, après une longue
attente et préparation, il tire au but.
L’universalité du football serait aussi
celle des instincts premiers. n
(1) www.france-catholique.fr/Le-footfrancais-et-la-republique.html
(2) France catholique, n°3218, 25 juin 2010,
« Le sport, une religion païenne ? ».
Avec le foot, une partie de l’habileté
humaine passe des mains aux pieds
)
FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012
25
MUSIQUE
ENTRETIEN AVEC ARNAUD DUMOND
Chanter la vie et la
propos recueillis par François-Xavier LACROUX
Le « Requiem de la
Nativité », œuvre d’une
heure trente d’Arnaud
Dumond, sera créé le 16 juin
en l’église de la Madeleine
à Paris. Rencontre avec
le compositeur.
Arnaud Dumond.
n Necraignezvouspasunecertaineforme
de syncrétisme au vu de l'articulation
entre les différentes influences et leur
expositionauseindevotremusique?
n Titreétonnantqueceluidevotreœuvre
RequiemdelaNativité.Querecouvre-til?
Arnaud Dumont : Ce Requiem est
le prolongement d’un premier RequinRequiem (les deux termes ont la même
étymologie, avais-je imaginé, sur le
thème de l’eau) composé vers 2007.
Est-ce l’ajout d’un chœur d’enfants
dans celui-ci qui m’aurait soudain
donné l’idée d’associer la mort à la naissance ? Instinctivement, sans doute.
J’ai donc construit l’œuvre sur
cette intuition simple : sans vie point
de mort. J’ai alors dressé un plan d’ensemble qui aboutirait à la vie, en faisant intervenir une naissance aux deux
tiers de l’œuvre par cette apostrophe
du poète Walt Whitman : « Bienvenue
au monde toi qui n’es jamais mort ! »,
phrase lancée par les choristes en
autant de langues étrangères que
possible. Il m’est apparu que le tout
formerait un cycle : 24 stations traversant, tels les cercles de la Divine
comédie, tous les sentiments que la
mort peut faire naître en nous. J’ai en
quelque sorte prolongé le In Paradisum
de la tradition par une Danse macabre
suivie par un Final de lumière, rajouté
un Agnus, un Paradisum, un Kyrie, etc.
(
La Nativité, apparentée dans notre
culture à la naissance du Christ, s’est
donc élargie à toutes les naissances,
comme ce Requiem est celui de toutes
les morts. Ambition éminemment universaliste rejoignant le sens premier de
katholikos qui signifie universel en grec.
n Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire
cespages?
Je n’ai pas attendu que des deuils
important me frappent. Je voulais justement ne pas personnaliser ce rituel,
et l’aborder dans une période encore
heureuse de ma vie. J’ai pensé aux
deux morts qui régissent l’humanité :
celle que l’on reçoit inévitablement,
intimement, et celles que l’on inflige
et qui provoquent la révolte, la colère,
le désespoir, l’inacceptable. Il y a dans
le rituel du Requiem tout ce qu’il faut
pour cela : la lumière pour éclairer la
L'essence de l'homme, davantage
que la réponse, c'est la question
26 FRANCECatholique n°3309Ierjuin 2012
mort (Luceat eis), le Libera me, le Dies
irae… Celui-ci est donc tout à la fois
une Histoire du monde - un Teatrum
mundi - et l’histoire intime de chacun.
Si le syncrétisme est un mélange
d’influences (religieuses, dans votre
question), je pencherais davantage
vers une synthèse enrichissante plutôt qu’un mélange. Car je revendique
certainement un œcuménisme, persuadé que les ressemblances entre
les hommes l’emportent de loin sur
leurs différences. Sinon que les différences nous poussent à chercher en
des chemins différents les ressemblances… Cela dit, ayant poursuivi la
quasi-totalité de mes études dans des
collèges catholiques (jésuites, oratoriens…), j’ai sans doute été imprégné à
mon insu par ce patrimoine admirable
de la musique sacrée, par ces pierres
de cathédrales si justement composées qu’elles semblent penser dans le
silence et rêver dans la lumière.
Le génie du christianisme est certainement d’avoir mis le destin d’un
homme au centre de la Foi. C’est
peut-être cette caractéristique qui m’a
entraîné — qui m’a formé devrais-je
dire ! — à reprendre les symboles religieux pour les rendre à leur humanité première... Ainsi le fis-je dans ma
Messe in terra pax : symboles rafraîchis, en quelque sorte, ou comme rendus à la vie. Une façon de prendre
la religion au sérieux pour sa soif de
sagesse, et pour sa colossale énergie
à questionner le vide infini où danse
notre planète..., plutôt que pour ses
réponses au fil des siècles, puisque
mort
tantôt éprises de pouvoir absolu, tantôt brutalement obscurantistes. Et par
tout ce qu’elle continue d’inspirer en
idéaux de fraternité et d’égalité sur
un horizon d’amour universel. Alors
l’admiration que je voue aux psalmodies tibétaines, au chant orthodoxe
ou syriaque ne fait peut-être, là aussi,
que remonter aux origines émotionnelles des premiers chrétiens, mais
plus encore des premiers hommes.
Sont-ils si différents que nous ?
Comment ? Pourquoi ? Ce sont des
questions. Car l’essence de l’homme,
davantage que la réponse, c’est la
question. Regardons les enfants…
n Vous vous êtes assuré, pour la création, la collaboration de grands noms
du théâtre : Robert Hossein, Michael
Lonsdale,Marie-ChristineBarrault,etc.
Qu'apporte cette participation dans
votreœuvre?
Ces immenses comédiens m’ont
fait l’honneur d’accepter de se prêter
à cette œuvre. Outre l’estime qu’ils
ont au sein de la population, ils vont
donner leur voix, c’est à dire leur
personnalité et leur vécu, aux textes
que j’ai préparés pour eux. Ce qu’ils
apporteront, je ne le saurai qu’aux
jours de représentation ! Ce sera la
surprise, et c’est le grand bonheur
d’un auteur, son questionnement
aussi : que son œuvre lui échappe…
n PourquoifaireprécéderleRequiem,lors
de sa création, du Gloria de Vivaldi ?
Quelfilconducteurvousymène-t-il?
Je ne crois pas que le langage
musical assez postmoderne de ce
Requiem, et assez varié, plein de
petites surprises pour ne pas lasser,
soit difficile à aborder. Pour autant
nous avons tenu à chérir notre public
en reliant cette pièce contemporaine
d’une heure trente à la tradition
baroque. Il y a d’ailleurs une dimension parfois néobaroque dans mon
Requiem, dans l’articulation des voix
solistes particulièrement. Nous cherchions une œuvre assez courte et
assez populaire. Le Gloria de Vivaldi
s’est imposé, avec ses passages
brillants mais aussi ses émouvantes
séquences. n
Représentations les 16 juin, 11 octobre et 18 décembre en l’église de la Madeleine - Paris VIIIe, avec Marie-Christine Barrault, Robert Hossein, Michael Lonsdale, le chœur et l’orchestre symphonique de la Ville, le chœur d’enfants Les Polysons, l’ensemble de guitares de Paris, MarieFrançoise Lefort (soprano), Maryseult Wieczorek (mezzo) sous la direction d’Agnès Stocchetti.
Réservations, tél. : 01.43.87.49.80,
Fnac / Carrefour.
Site : arnauddumond.com/requiem
FRANCECatholique n°3309ier juin 2012 27
expositions
PARIS, MuSÉe BouRDeLLe – MuSÉe De LA VILLe De PARIS - LeGS RhoDIA
DuFeT-BouRDeLLe à LA VILLe De PARIS, 2002 - INV . MBBR . 0092
© MuSÉe BouRDeLLe / DIST RoGeR-VIoLLeT - PhoTo : STÉPhANe PIeRA
Musée des Années 30 – espAce
Antoine Bourdelle.
Monument du
général Alvéar,
tête de cheval,
modèle à grandeur
d’exécution.
1913-1914.
bronze (fonte Susse,
épreuve n°1, 1967).
160 × 71 × 158 cm.
Alberto Giacometti.
Le Chat, 1951. Plâtre peint. 32,8 × 81,3 × 13,5 cm.
enjeux de l’exposition […] est de rassembler un
ensemble spectaculaire de sculptures, parfois
méconnues, de grands artistes. » Il s’agissait
Le musée des Années 30,
d’illustrer l’épanouissement de la sculpture anià Boulogne-Billancourt, consacre
malière de l’entre-deux-guerres à travers ses différents modes d’expression et la multiplicité des
une exposition à la sculpture animalière
techniques : bronze, plâtre, marbre, granit, bois…
et inaugure une nouvelle section
Des peintures rupestres aux sculptures de
dans ses collections permanentes.
tradition classique, les hommes ont représenté les animaux, sauvages ou domestiques.
Po u r t a n t , a u
a tête de cheval du monument au généArmand Petersen.
Grand Rhinocéros, vers 1937, bronze (fonte bisceglia).
début du XXe
ral Alvéar, de Bourdelle, garde l’en66 × 92 × 20,5 cm.
siècle, la
trée. Stoïque, un Tigre royal couché,
sculpture
de Marcel Derny, l’accompagne dans
animalière
cette mission. Ils
était jugée
ouvrent l’exposition de
comme un
100 sculptures animaart mineur, au
lières qui a lieu au
service de la
musée des Années
décoration, peu
30 de Boulognereconnu par l’Académie
Billancourt. Les
des Beaux-Arts. Trois grands sculpteurs,
plus grands noms
évidemment présents à Boulogne, firent évode l’histoire de l’art
luer la tradition en représentant l’animal avec
du XX e siècle, des
sa vie et son caractère. François Pompon (1855années 1910 jusqu’au
1933) simplifia la représentation en omettant
début des années 1950,
les détails que l’œil ne perçoit pas chez un
les plus célèbres sculpanimal en mouvement. Pour Rembrandt Bugatti
teurs de tradition clas(1884-1916)*, qui n’appartenait à aucune
sique, comme ceux de
école, la vérité ne se trouvait pas dans
l’avant-garde, sont réunis :
une exacte reproduction de la nature,
de Bourdelle à Bugatti, de
mais dans l’impression qui s’en dégage.
Pompon à Sandoz, de Calder
Édouard-Marcel Sandoz (1881-1971),
à Giacometti. « L’un des
L
CoLLeCTIoN PARTICuLIèRe - CouRTeSy GALeRIe PIeRRe M. DuMoNTeIL - © TouT DRoIT RÉSeRVÉ
28 FRANCECatholique n°3309 1
er
juin
2012
PARIS, FoNDATIoN ALBeRTo eT ANNeTTe GIACoMeTTI - INV. 1994-0348
© PhoTo : JeAN-PIeRRe LAGIeWSKI, FoNDATIoN GIACoMeTTI, PARIS /
SuCCeSSIoN GIACoMeTTI ADAGP, PARIS, 2012.
des anim
et des
LAndowski
aux
hommes
artiste suisse installé en France dès 1910, était
comme Bugatti fasciné par le mouvement, la
vivacité de l’expression.
L’exposition raconte l’évolution des styles
dans la sculpture animalière à travers trois
séries, marquées chacune par une couleur –
rouge, verte, ou bleue – qui facilite la visite à
travers une scénographie particulièrement réussie. La première est consacrée à l’animal réaliste
et à son portrait d’après nature. un kangourou,
un ours brun, un lion de Nubie et un éléphant
font bon ménage, tous signés de Rembrandt
Bugatti. un orang-outang de Georges Guyot
tend ses bras vers le visiteur, tandis qu’une otarie de Gabriel-René Lacroix pointe son nez dans
l’attente de quelque nourriture. La deuxième
série part à la découverte de l’animal stylisé. un
corbeau de Sandoz tient compagnie à un Pigeon
boulant de Béla Vöros, dont le bronze est mis
en valeur par les surfaces lisses, ou à un Canard
courant indien de Charles Artus. Non loin, le
sanglier de Pompon bondit, tandis que le visiteur tombe en arrêt devant le cheval, hiératique
et pourtant vivant, de Marino Marini, un des
plus grands sculpteurs italiens du XXe siècle.
Très riche, la troisième série met en scène
l’animal prétexte à travers l’abstraction,
le cubisme… C’est le domaine de l’étoile
de mer de Calder, de l’Oiseau d’or de
Zadkine ou du célèbre chat squelettique de Giacometti, à la
démarche
nonchalante.
une quatrième série
assure la présence d’artistes contemporains. on y
découvrira The Blues, des papillons bleus
que Claire Morgan a suspendus à des fils de
nylon, ou encore le teckel au regard
narquois avec lequel Daniel Daviau
perpétue une belle tradition dans la
lignée des Pompon et Sandoz. Plus qu’un
simple catalogue, le livre des éditions Somogy
se présente comme un ouvrage de référence sur
l’évolution
des styles
dans la
sculpture
animalière
Rembrandt Bugatti
Kangourou,
vers 1906.
Plâtre.
38 × 30,8 × 46,7 cm.
PARIS,
LeG
© MuSÉeS De L’ARTISTe àMuSÉe D’oRSAy
D’oRSAy
L’
, DIST. RMÉTAT, 1933 - INV.
N, PhoTo
RF3
: MICheL 780
uRTADo
.
par Alain SOlAri
François Pompon.
Grand cerf, 1929.
Plâtre.
62,5 × 23 × 41 cm.
la sculpture animalière de la première moitié du
XXe siècle. exceptionnelle par sa durée, l’exposition est aussi l’occasion d’inaugurer dans les
collections permanentes du musée des Années
30 une nouvelle section, remarquablement
fournie, consacrée à l’art animalier. ■
* Frère du célèbre constructeur
d’automobiles Ettore bugatti.
« 100 sculptures animalières bugatti, Pompon, Giacometti »,
au musée des Années 30 - Espace Landowski, 28 av. André
Morizet, 92100 boulognebillancourt, tél. : 01.55.18.46.
42, jusqu’au 28 octobre 2012.
Exposition et musée ouverts
tous les jours, sauf le lundi
(11h-18h). www.annees30.com
AIN
PouL 1
RGe8
-Geo RDeS, 19
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S
N
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ho
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É
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eANVeRN TIoN M. J MuSÉe D’o 67.
5
DoNA ÉPôT Du . MoRF 3
D
V
IN
Catalogue 100 sculptures animalières – bugatti, Pompon,
Giacometti, Somogy – éditions
d’art, 23 x 29 cm, 192 pages,
160 illustrations. Relié, 30 e.
FRANCECatholique n°3309 1er juin 2012
29
livres
■ Charly9
JeanTeulé,Julliard,232pages,19€
Charles IX a la réputation d’un roi fou. Jean
Teulé lui consacre une biographie où il révèle avec
art et subtilité la grande bonté de celui-ci et les
raisons de sa démence en partie provoquée par de
plus fous que lui. Le livre commence à la veille de la
Saint-Barthélémy où Charles IX est le seul qui fasse
preuve de lucidité : il ne comprend pas la nécessité
d’un tel massacre, considère l’amiral de Coligny,
chef des Huguenots, comme un « père » et non
comme un traître. Mais, trop faible pour résister
longtemps à l’autoritarisme de la reine mère et aux
moqueries de son jeune frère dévoyé, il cède et des
milliers d’exécutions ont lieu.
La Seine devant les fenêtres du Louvre est rouge
de sang, la France a perdu ses meilleurs serviteurs,
les « croa ! » des charognards dans le ciel de Paris se
confondent avec les « crois ! » des fanatiques.
Charles IX s’enfonce dans une tristesse de plus en
plus morbide, fuit toutes les décisions, se réfugie
dans la chasse où le sang coule à flot et qu’il a plaisir à boire, mais pas à faire couler… Hémophile de
surcroît, il est hanté par ce sang qui saigne de son
propre corps. Personne ne saura soulager ses maux,
ni lui expliquer pourquoi le cerf de la tapisserie
murale a son œil qui change régulièrement de couleur… La solitude des rois n’est pas un mythe.
■ lEPrOCèSDEValérIUSaSIaTICUS
ChristianGoudineau,ActesSud,424pages,23€
Historien passionné par la Gaule antique,
C. Goudineau offre un roman à suspens sur la pire
époque qu’ait connue l’Empire romain. Il met en
scène un dénommé Charmolaos, professeur de philosophie, réputé pour sa probité intellectuelle et
chargé par le premier magistrat de Massalia, notre
Marseille actuelle, de rendre à l’empereur César
Auguste un rapport objectif sur la personnalité de
Valérius Asiaticus. Ce dernier pâtit d’une réputation
ambiguë : pour certains c’est un ivrogne enrichi,
plein de cruauté et d’ambition, pour d’autres, le
prince des Allobroges au service de l’Empire.
Comment le naïf et loyal Charmolaos va-t-il se
sortir d’une mission aussi risquée ? C’est là où
C. Goudineau séduit le lecteur : un mélange de style
familier et grandiloquent rend authentique la
démarche de Charmolaos qui sait lire autant les
signes providentiels que faire référence à ses
maîtres de la pensée. Le lecteur découvre en même
temps que lui les intrigues insoupçonnées de la
cour impériale, la beauté intarissable des textes
d’Eschyle et Platon, et la magnificence de Viennesur-Rhône aussi riche que la Rome éternelle…
30 FRANCECatholiquen°3309 Ier juin 2012
SélECTIOn
Romans
historiques
Brigitte CLAVEL
■ lEgranDCœUr
Jean-ChristopheRufin, Gallimard,498p.,22,5€
Jean-Christophe Rufin définit Jacques Cœur
comme « une allégorie du bonheur et de la vie » et
c’est bien ce qu'on ressent à chacune des pages de
ce beau roman où alternent action et réflexion. La
guerre de Cent Ans tire à sa fin sans que rien n’ait
échappé au petit Jacques Cœur, ni la misère, ni la
violence, ni l’humiliation. Mais bien vite il
découvre en l’homme un besoin intrinsèque de
liberté et de dignité. Pour cela il est urgent d’enrichir le pays, non par la guerre, mais par le commerce « seul lien possible entre les hommes ». Ses
talents de négociant ont vite fait de convaincre le
roi Charles VII dont il devient le principal fournisseur et le premier créancier, en échange des plus
hautes charges du royaume.
Ainsi ce fils d’un petit artisan de Bourges révolutionne la situation économique du pays, gagne
l’estime du sultan d’Égypte comme celle du pape
Clément V, jusqu’à ce que jalousies et trahisons,
rivalités de castes et caprices royaux rendent son
bonheur impossible. Rien ne tarira son courage, ni
la prison, ni la torture, ni le dépouillement. Au
contraire, plus le dénuement est grand, plus
Jacques Cœur décrypte les signes éclairants de la
Providence et plus Rufin est heureux de remettre
à l’honneur, grâce à sa très belle écriture, cet
humaniste au « grand cœur » trop méconnu, alors
qu’il devrait être un modèle politique…
■ lESDamESDErOmE
FrançoiseChandernagor,
AlbinMichel,441pages,22,50€
Les magnificences du ciel d’Alexandrie qui
avaient séduit le lecteur autant que Marc Antoine
s’estompent avec le deuxième tome du triptyque
de F. Chandernagor. Séléné, la fille de Cléopâtre,
est maintenant prisonnière à Rome et c’est à travers son regard que l’auteur poursuit le cours de
l’Histoire. « J’écris un péplum », reconnaît l’auteur,
mais la leçon de politique est toujours présente.
Octave, dont les faiblesses n’échappent pas à l’enfant, est de plus en plus avide de pouvoir. Se
déroule alors une grande fresque de la vie romaine,
concrétisée par des complots, des débats de politiciens, des rivalités de clans. Rien n’est laissé au
hasard et Séléné découvre peu à peu les us et coutumes romains qu’elle compare avec ceux de son
pays. Romancière de l’Histoire, F. Chandernagor a
une autre qualité, celle d’une pédagogue pleine de
probité: tout en justifiant ses incartades, elle sait
rendre, par des images hollywoodiennes, l’Antiquité aussi vivante que moderne. ■
LIVRES
afrique
Le paradigme des races
par Philippe VERDIN
Un ancien ambassadeur
de France propose un
avenir radicalement
original pour l’Afrique.
I
l ne s'agit pas
pour Dominique
Decherf d’égrener des souvenirs
nostalgiques de ces missions
diplomatiques en Tanzanie, au
Burkina, au Rwanda, à Djibouti,
avec neiges du Kilimandjaro, tamstams sous les baobabs et parties
de football sur les plages de Grand
Bassam. De ces trente années passées
en Afrique noire, l’auteur de cet essai
dense et génial, écrit dans une langue
frémissante et rigoureuse, essaie de
tirer quelques leçons pour l’avenir de
l’Afrique aux multiples couleurs.
L’intuition de Dominique Decherf
est que la question africaine tourne
autour de la réalité dérangeante de
la race, refoulée par l’idéologie bienpensante occidentale, qui préfère au
choc des couleurs le combat pour la
démocratie contre la dictature. Il souligne combien les erreurs idéologiques
que commettent les étrangers quand
ils sont confrontés au monde noir
naissent d’un non-dit concernant leur
propre identité. Les discours convenus sur l’altérité ne sont pas parvenus à inventer une véritable politique
de la différence. Inconsciemment, à
Paris ou à Washington, le Noir reste
le « sauvage » à qui il faut apprendre
d’urgence les règles de la civilisation
blanche. « Il faut surmonter les différences, supprimer les effets de miroir,
ne pas craindre l’incompréhension afin,
qu’une fois surmontée, elle nous ouvre
un champ réciproque. »
Le modèle de l’avenir africain passe
par l’Afrique. Il se trouve en Afrique
du Sud, la nation arc-en-ciel inventée
par Mandela et les descendants des
Boers. La pacification d’un pays explosif grâce à la reconnaissance des différences unifiées dans un projet commun
a stupéfié les chancelleries. Malgré la
réussite de l’Afrique du Sud, les spécialistes européens n’ont toujours pas tiré
les leçons de ce qui est possible pour
le continent noir. Dominique Decherf
dénonce aussi bien la longue dérive
marxiste et militaire que les erreurs
de la coopération en rappelant combien
les structures
sociales traditionnelle s ,
souvent basées
s ur l e r ap port à la terre,
avaient été
systématiquement dédaignées depuis
cinquante
ans. Il préconise la prise
en compte
des rappor ts
complexes
entre les ethnies et non pas
le déni d’une
réalité qui dérange et déconcerte les
Blancs, la découverte des originalités
africaines pour inventer avec elles une
politique internationale.
Les pages qu’il consacre au Rwanda
ne sont pas seulement celles d’un
observateur compétent qui réalise
un reportage documenté et nuancé
mais celles d’un anthropologue qui
démontre comment le massacre de
800 000 personnes en cent jours était
programmé par des modèles mythiques
mortifères créés dans un chaudron qui
mélangea les coutumes locales et les
spectres occidentaux.
Les dernières pages racontent la
visite que l’ambassadeur de France au
Rwanda fit à Claude Lévi-Strauss. Le
vieil anthropologue suggérait au diplomate d’accepter de penser l’Afrique
à partir de sa réalité, une « pensée
sauvage » c’est-àdire différente et
originale dans ses
lois et ses constitutions, dans ses
rythmes et dans
ses rêves, dans
ses rapports à la
religion et à l’esp ac e. Non p as
une Afrique sans
histoire ou sans
civilisation, mais
une Afrique avec
une histoire et des
réflexes radicalement dif férents
des nôtres.
Les grands
livres provoquent la réflexion,
l’imagination. Ils
aiguillonnent le goût de mieux comprendre et de découvrir de nouveaux
mondes, d’explorer des continents de
la pensée qui enrichissent. Avec ses
références, ses audaces et son impertinence, Couleurs est un grand livre. n
Dominique Decherf, Couleurs –
Mémoires d’un ambassadeur de
France en Afrique, Pascal Galodé
éditeurs, 329 p., 21, 90 €.
)
Inconsciemment, à Paris ou à
Washington, le Noir reste le « sauvage »
FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 31
CINÉMA
« AMOUR »
Le dernier versant
de la vie
par Gérard LECLERC
Le film « Amour » qui a reçu
la Palme d'or à Cannes
est peut-être un beau film,
mais il est profondément
équivoque.
par un acte d'euthanasie, le mari donnant la mort à sa femme. Je ne l'ai su
qu'avec l'obtention de la Palme d'or
à Amour et la déclaration faite par
Haneke en recevant sa récompense.
J'ai appris aussi que c'est cette scène
finale qui avait privé ce même film
du Prix du jury œcuménique qui est
revenu au Danois Thomas Vintenberg
pour La chasse, distingué aussi pour
des qualités remarquables de sensibilité et d'humanité.
Je sais bien que dans le climat
actuel, le film de Haneke sera reçu
comme une caution de plus en faveur
d'une revendication qui bénéficie
d'une promotion généralisée dans les
médias. Les réelles qualités d'Amour,
la force de ses interprètes vont malheureusement jouer en faveur de la
transgression. Je le regrette d'autant
plus que ce qui m'avait touché dans ce
que j'avais vu, dans les extraits présentés à la télévision, c'était l'expression
de la tendresse entre deux êtres, mari
et femme, irréductiblement attachés
l'un à l'autre sur le versant ultime de
la vie. Car ce qu'il y a de beau dans cet
horizon, c'est l'acceptation de l'autre
dans sa faiblesse et son dénuement
extrême, avec au cœur la formule de
Gabriel Marcel : « Aimer quelqu'un,
c'est lui dire : toi, tu ne mourras pas. »
Non, ce n'est pas parce que le motif
imploré est la compassion que l'acte
de tuer devient légitime. Il demeure,
quoi qu'on en dise, d'une violence
absolue et il enfreint directement les
Tables de la loi : « Tu ne tueras pas. »
Croisement des lectures. Je lisais
cette chronique de Cannes alors que
je venais de terminer le petit livre de
George Steiner, publié aux éditions
Pierre-Guillaume de Roux, sous le titre
Fragments (un peu roussis). Il s’agit de
réflexions d’automne d’un écrivain que
j’estime énormément, par les satisfactions intellectuelles qu’il m’a données.
Mais c’est un Steiner, qui, lorsqu’il
traite ce même sujet de la fin de vie,
se montre extrêmement pessimiste
et s’affirme partisan des solutions
extrêmes, que certains définissent
curieusement comme « la dernière
liberté » et que je récuse pour ma part
avec une solide tradition humaniste.
Pourtant, il y a d’autres pages dans
ce livre, notamment sur l’amitié mais
comme en rupture avec celles-là à
cause de l’obsession de la décrépitude
et de la dépossession de soi. Je n’admets pas cette rupture, car lorsque les
choses deviennent ultimes, c’est alors
que l’amour connaît ses instants les
plus rares et sans doute sa vérité absolue. J’en veux pour preuve une expérience qui rejoint celle de tant d’amis
qui ont cru voir tout à la fin la beauté
d’un amour sans retour. n
« Aimer quelqu'un, c'est lui dire : toi, tu ne mourras pas. »
Drame français (2012) de Michael Haneke
avec Jean-Louis Trintignant (Georges),
Emmanuelle Riva (Anne), Isabelle Huppert
(Eva) (2h06). Sortie le 24 octobre 2012.
J
e ne suis pas allé sur la Croisette
et je n’ai vu aucun des films
proposés à la sagacité du jury.
Mais j'aime suivre l’actualité culturelle et lire les chroniques de mes collègues de la rubrique
cinéma. Et je les ai lues notamment à
propos du film tout simplement intitulé Amour (au singulier !) du cinéaste
autrichien Michael Haneke. J’ai été
retenu par la présence de deux acteurs
français, absolument mythiques :
Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle
Riva.
De cette dernière, François Mauriac
avait écrit un jour, me semble-t-il,
qu’avec son interprétation de Thérèse
Desqueyroux, elle lui avait, en quelque
sorte, volé le personnage. Mais les
voilà, tous les deux, ces grands acteurs
devenus octogénaires, eux que ma
génération a connus dans l’éclat de
leur jeunesse puis de leur maturité,
appelés à jouer un couple sur le dernier versant de la vie, avec ses misères
physiques, ses risques de déchéance.
Mais aussi, d’après ce que je comprends, dans l’accomplissement d’un
amour conjugal qui ne se trahit pas,
alors que leur solidarité est plus nécessaire que jamais.
Malheureusement, le film de
Haneke ne fait pas que l'éloge d'une
vieillesse partagée dans le secours
mutuel à ses faiblesse. Il se termine
(
32 FRANCECatholique n°3309 Ier juIn 2012
CINÉMA
Woody Allen « A documentary »
Il l’est l’un des cinéastes les plus prolifiques et les plus originaux de notre temps.
Woody Allen a accepté, pour la première
fois, de participer activement à ce documentaire qui lui est consacré.
 Depuis son plus jeune âge, jusqu’à
aujourd’hui, voici le portrait tout en
nuances d’un artiste singulier. De
nombreux comédiens qui ont joué avec lui
témoignent, tout comme les témoins de
son enfance (sœur, amis, etc.) et disent
leur admiration et leur plaisir de travailler
avec lui. Le tout, bien sûr, est illustré d’extraits de films bien choisis. Un régal pour
les fans, une initiation pour les autres.
] La vie personnelle du cinéaste a
été assez agitée, mais le documentaire
n’insiste pas trop là-dessus. En revanche,
sa simplicité et sa modestie, sans oublier
ses interrogations métaphysiques
(commentées par un théologien chrétien !)
sont bien soulignées.
Marie-Christine Renaud d’andRé
Documentaire américain (2011)
de Robert B. Weide, avec Woody
Allen, Diane Keaton, Penélope
Cruz, Scarlett Johansson, Sean
Penn, Naomi Watts, Owen
Wilson, Mariel Hemingway, etc.
(1h53). (Adolescents) Sortie le
30 mai 2012.
Les femmes du bus 678
Fatiguées des attouchements dont elles
sont victimes dans le bus, trois femmes
décident de réagir violemment.
 À travers le portrait de ces trois
femmes, Mohamed Diab brosse un tableau
de la société égyptienne avant le printemps
arabe. Portée par l’interprétation des trois
comédiennes principales, cette œuvre lève
le voile sur un des grands tabous de la
société égyptienne. C’est parfois un peu
simpliste, mais efficace.
 Ce film dénonce avec force une situation inadmissible pour les Égyptiennes.
M.-Ch. R.d’a.
Drame égyptien (2010) de
Mohamed Diab, avec Nahed El
Sebai (Nelly), Boushra Rozza
(Fayza), Nelly Karim (Seba),
Omar El Saeed (Omar), Basem
El Samra (1h40) (Grands adolescents) Sortie le 30 mai 2012.
CosMopoLIs
par Alexandre LANGLADE
La chute de Babylone
L’écroulement de la civilisation
vu à travers les yeux d’un de
ses pires produits
G
de haute volée, Eric
Packer décide d’aller se faire faire
une nouvelle coupe chez le coiffeur. Sa belle limousine blanche
traverse difficilement les rues infectées
de Babylone la Grande (= Wall Street)
en proie au chaos social et à la dégénérescence morale. Il prend soudain
conscience que sa propre fortune est
en train de voler en éclat et qu’il n’y
peut rien et craint bientôt d’être assassiné...
Les pérégrinations de ce Dorian
Gray moderne forment le récit d’une
mutation. Celle de l’humanité. La
dernière étape de l’évolution-régression humaine. Celle-ci est inséparable
de celle du capital, comme le souligne
un extraordinaire dialogue sur la techolden boy
nologie directement transposé du
roman éponyme de Don DeLillo qui,
paru il y a dix ans, n’a rien perdu de sa
force prophétique.
 Profondément antipathique,
résolument hermétique, Cosmopolis est
un film difficile d’accès qui nécessiterait plusieurs visions. David Cronenberg
livre une parabole glaciale sur notre
époque. Une fable sur le plus grand des
pouvoirs, celui de l’argent.
Robert Pattinson n’a pas attendu
Cosmopolis pour être excellent. Cette
œuvre est très ambitieuse, et sa portée
politico-religieuse en fait un film rare.
(
Une fable sur le plus
grand des pouvoirs,
celui de l’argent
] Assez sexuel comme tous les
films de son génial auteur, le très dense
Cosmoplis aborde également la question passionnante de l’érotisme associé
au pouvoir de l’argent… et donc au
meurtre. ■
Cosmopolis. Drame américain (2012) de David
Cronenberg d’après le roman de Don DeLillo (paru en
2003), avec Robert Pattinson (Eric Packer), Juliette
Binoche (Didi Fancher), Sarah Gadon (Elise Shifrin),
Mathieu Amalric (André Petrescu), Jay Bruchel (Shiner)
(1h48). (Adultes avec des éléments nocifs) Sortie le 25
mai 2012.
sur la route
Sal et Dean, amis depuis peu, décident de partir avec la
femme de Dean, pour un voyage à travers l’Amérique.
] Walter Salles signe une adaptation du roman de Jack
Kerouac, pierre d’angle de la Beat Generation. Mais il livre
ainsi une antithèse de son superbe Carnets de voyage. Ce
nouveau road movie met en scène des personnages jeunes,
mais pas aussi intéressants qu’Alberto Granado et son ami Ernesto Guevara. Car les héros,
loin de vouloir changer le monde, sont dépourvus de curiosité, de caractère ou de
conscience sociale, en plus d’être faussement rebelles. Ils finiront tous logiquement par
passer à côté de leurs vies. Le casting est exceptionnel, mais le résultat relève du grand
gâchis : une apologie de la vacuité, une célébration du vide existentiel.
]] Drogues, orgies, homosexualité (avec scène à la clé), triolisme, échangisme : la totale !
A. L.
Drame américain (2012) de Walter Salles, d’après le roman de Jack Kerouac, avec Sam Riley (Sal Paradise), Garrett Hedlund
(Dean Moriarty), Kristen Stewart (Marylou), Kirsten Dunst (2h20). (Adultes avec des éléments nocifs) Sortie le 23 mai 2012.
FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
33
théâtre
« une Cerise noire »
Le cinéma
au théâtre
par Pierre François
En tournée : le 5 juin à
Paris (22h30, jardin des
Tuileries, en ouverture du
« Champs-Élysées film
festival »), le 9 juin à
Évreux (27), le 23 juin à
Marseille (13), du 5 au
7 juillet à Deventer (PaysBas), le 29 août à ValrasPlage (34), le 14 septembre
à Vevey (Suisse) et le 13
octobre à La Ciotat (13).
D.R.
u
«
ne Cerise noire » fait partie de ces
spectacles qui sont aussi inclassables que marquants ! Il faut
imaginer un semi-remorque vu
de profil. Les treize mètres de son
plateau ont été transformés en scène ou, pour
être plus précis, en trois espaces, les décors de
deux d'entre eux changeant tandis que sur le
troisième sont filmés des acteurs que l'on voit
en même temps sur un grand écran adjacent.
Au-dessus de ces trois espaces se trouve un
étage sur lequel sont stockés tous les décors.
Leurs changements ont lieu à vue tandis que
le film — un policier américain en noir et blanc
des années cinquante — se déroule.
D.R.
Trente mille spectateurs ont déjà vu ce spectacle
aussi déjanté que millimétré ! Il fait un passage
par Paris – au jardin des Tuileries – avant de
poursuivre sur la route d'un succès mérité.
Les guerrières inconnues
Les femmes aussi ont combattu dans l'Armée rouge lors de la dernière
guerre : La guerre n'a pas un visage de femme, adaptée d'un document
russe de Svetlana Alexievitch, leur rend justice avec sobriété et humanité.
Sur un sujet austère pour ne pas dire dramatique, Cécile Canal, comédienne et metteur en scène de cette pièce, parvient à insuffler autant d'humanité que d'émotion,
toujours avec pudeur et une sobriété remarquable. Elle joue toutes ces femmes qui se
livrent, et parfois aussi leurs interlocuteurs. Le propos est très concret, il s'agit de dire
l'émotion de celle qu'on croyait avoir perdue, la relation de confiance instinctive avec
un cheval, le premier mort, le blessé qui dit de le laisser sans s'attarder, les vêtements
qui n'étaient pas de la bonne taille, une promiscuité qui poussait certaines à devenir
« épouses de campagne » pour obtenir un minimum de protection, l'émotion le jour
où on a laissé repousser ses cheveux et enfilé de nouveau une robe...
On ne peut alors qu'être touché par les multiples témoignages exprimés. Quelques
femmes (deux sœurs, une vieille...) réapparaissent régulièrement, et constituent une
trame pour le reste des récits. Chacune de ces anonymes est complètement habitée.
Cécile Canal, n'en est pas à son coup d'essai, elle a aussi écrit, selon le même principe,
Cercueils de Zinc (1990) sur la guerre russo-afghane et La Supplication - Tchernobyl,
chronique du monde après l'apocalypse (1997), qui lui a valu la célébrité et les honneurs mais est encore interdit en Biélorussie. n
La guerre n'a pas un visage de femme, les mercredis et vendredis (19h) jusqu'au 15 juin au
Guichet Montparnasse, 15, rue du Maine, 75014 Paris, tél. : 01.43.27.88.61.
34 FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
On ne sait plus où regarder tant l'action
est riche et parfaitement synchronisée (pour
la petite histoire, les vingt et un comédienstechniciens doivent caler tous leurs gestes en
fonction de la bande son, d'où un résultat millimétré). Sur l'écran, qui attire l’œil de par sa
dimension, on ne sait plus où se situe la scène
filmée (il arrive qu'elle ne soit pas sur le plateau
ou bien que les actions l'entourant la dissimulent). Sur la scène, il est difficile de reconstituer une histoire hachée par les changements
incessants de lieu de tournage. Sur l'agitation
muette qui a lieu autour de la scène filmée, on
perd complètement le fil du récit. Chacun se
débrouille comme il peut et ressort de là avec la
conviction que c'est le genre de spectacle à voir
au moins trois fois pour ne rien en perdre !
Ce spectacle, outre sa perfection formelle,
est aussi un cours de cinéma. On y découvre
comment des plans serrés permettent de raconter une histoire sans avoir besoin de beaucoup
d'accessoires et, surtout, en même temps qu'à
moins d'un mètre de l'action une comédienne
se change ou un accessoiriste place silencieusement la fenêtre ou le mur qui constitueront le
décor de la scène suivante.
Le jeu des comédiens est doublement crédible. D'une part, on croit aux personnages
incarnés, même en voyant tous les artifices
dont ils sont entourés. D'autre part, on croit
aussi spontanément à la réalité de ce pastiche
de film tant le style en est bien imité. Du grand
art ! Ce spectacle a certes été répété des mois
durant avant d'être présenté calé au quart de
seconde près, mais quel résultat ! Pour le plus
grand bonheur de tous, il va circuler dans toute
la France. n
TÉLÉVISION
La véritable histoire
des Bleus
Documentaire français (2010) de Stéphane Benamou, avec un
commentaire dit par Lorànt Deutsch (1h46). Diffusion le lundi
4 juin, sur France 3, à 23h20.
Peur sur l’hôpital
] Il y a des situations affreuses,
comme celle de cette maman, dont la fille
de 7 ans est devenue handicapée à 90%, à
la suite d’une méningite non diagnostiquée
et qui attend encore, cinq ans après, que les
assurances l’indemnisent ! Des situations qui
stigmatisent les carences dans l’organisation
de l’hôpital. Mais il y a également, des
moyens d’éviter ou de limiter ces erreurs,
avec l’augmentation des contôles, des tests
et des procédures de sécurité qui sont, de
plus en plus, mises en place dans les ser–
vices. Si certaines scènes sont poignantes,
les procédures installées pour lutter contre
les défaillances humaines sont porteuses
d’espoir.
Documentaire français (2009) de Andréa Rawlins-Gaston.
Diffusion le vendredi 8 juin, sur France 3, à 23h40.
Cette adaptation, par la BBC,
du célèbre roman de Jane
Austen n’a pas pris une ride.
C
attirent, au fil des
années, les scénaristes et les
cinéastes. C’est le cas de Jane
Austen, souvent portée au cinéma ou à
la télévision.
L’arrivée de Mr. Bingley, un riche et
jeune voisin dans la région sème la
perturbation dans ce coin paisible de la
campagne anglaise. Car les Bennet ont
cinq filles à marier et peu de fortune.
Très vite, l’aînée (et la plus jolie), Jane,
semble trouver le jeune homme à son
goût, tandis que Lizzie, sa sœur, est
choquée par l’arrogance du meilleur
ami de celui-ci, Mr. Darcy, qui regarde
tout le monde de haut.
 On retrouve tout l’univers de
l’écrivain dans cette brillante adaptation
de la BBC (signée d’Andrew Davies,
scénariste de renom et fidèle « austenien »), qui date de 1995 et, curieuseertains écrivains
par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ
ment, malgré le grand succès remporté à
l’époque, n’a jamais été diffusé en France.
Les décors de la campagne anglaise, ainsi
que les costumes sont magnifiques, mais
c’est la belle et élégante langue de Jane
Austen, ainsi que son art de la psychologie qui fait tout l’intérêt de cette très
brillante adaptation. Sans oublier, bien
sûr, l’interprétation, dominée par Colin
Firth (Le discours d’un roi), épatant, qui
connut là son premier succès, avec la
jeune Jennifer Ehle, il forme un couple
«austenien» très brillant, dont les relations chaotiques, toujours dans une
langue magnifique, tissent la trame de
cette belle œuvre.
(
L’héroïne fait preuve, en toutes
circonstances, d’élégance,
d’esprit et de dignité
 Finalement, Lizzie et Jane réussi-
ront à construire leur vie avec finesse
et intelligence, en bannissant l’orgueil
et les préjugés de leur mère envahissante, voire horripilante. L’héroïne fait
preuve, en toutes circonstances, d’élégance, d’esprit et de dignité. ■
Orgueil et préjugés (1 et 2/6). Téléfilm britannique
(1995) de Simon Langton, d’après le roman de Jane
Austen, avec Jennifer Ehle (Elizabeth Bennet), Colin Firth
(Mr. Darcy), Susannah Harker (Jane Bennet), Alison
Steadman (Mrs. Bennet), Benjamin Whitrow (Mr. Bennet)
(2 x 0h50). Diffusion le jeudi 7 juin, sur Arte, à 20h35.
Mussolini-Hitler, l’opéra des assassins
Malgré un commentaire trop ironique pour
un documentaire historique, ce travail ne manque pas
de qualités. Mais il y a des rapprochements et des
comparaisons trop faciles, ainsi que des oublis qui
vont toujours dans le même sens. Par exemple, si
Hitler et Mussolini se sont alliés à partir de 1936,
c’est notamment parce que la France et le RoyaumeUni ont poussé l’Italie dans les bras de l’Allemagne. Enfin, les multiples piques contre la
papauté sont lassantes. Critiquer le Saint-Siège parce qu’il n’aurait pas condamné le
nazisme est risible (cf. l’encyclique Mit Brennender Sorge). Et bien entendu, la soi-disant
inaction de Pie XII face au génocide juif est mentionnée. à croire que le réalisateur ne
connaît pas les propos de Serge Klarsfeld sur Pie XII ou le dernier ouvrage de l’historien et
rabbin David Dalin. Enfin, il serait bien qu’il y ait également des documentaires sur les
liaisons (dangereuses) entre Hitler et Staline.
]
FTV - ARtline Films
Il a été l’homme le plus détesté de France !
Mais Raymond Domenech, sélectionneur de
l’équipe de France de football n’en a cure, car
il sait, qu’avant lui, ce fut le sort de la plupart
des sélectionneurs, Aimé Jacquet en tête.
 On ne se lasse pas de revoir les
superbes buts de Michel Platini, ainsi que le
fabuleux jeu de jambes de Zinédine Zidane.
Mais ce passionnant documentaire offre
bien plus qu’une simple rétrospective
d’images d’archives. Sur un commentaire
pertinent, accompagné d’une musique adaptée au sujet, c’est toute l’histoire de l’équipe
de France qui est retracée. Des témoins
racontent les dessous de certaines décisions, de certaines victoires ou échecs. Les
magouilles, l’action des lobbies, la corruption, etc., rien n’est occulté, et l’ensemble
est aussi passionnant que beau à regarder.
Arte – Neil Genower
FTV - Telecran Productions
Orgueil et préjugés
Documentaire français (2012) de Jean-Christophe Rosé (1h44). Diffusion le mercredi 6 juin, sur France 3, à 20h35.
FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012
35
tÉLÉviSion
Samedi 2 juin
TF1
20.50 Les enfants de la télé.
Dimanche 3 juin
Lundi 4 juin
Mardi 5 juin
TF1
TF1
TF1
20.50 Les bronzés GA. Comédie
20.50 Week-end chez les toqués
«Une cigogne à la grenouille» GA.
20.50 Football «Match amical :
France/Estonie», en direct du Mans.
23.00 Appels d’urgence «Les nou-
veaux shérifs de l’urgence animale». Magazine.
02.45 Tout doit disparaître GA.
Comédie (1996) de Philippe Muyl,
avec Didier Bourdon, Élie Semoun
(1h35). __] Une comédie
«énaurme», mais distrayante.
France 2
20.50 Mariage mixte A. Comédie
(2004) de Alexandre Arcady, avec
Gérard Darmon, Olivia Bonamy
(1h44). __] Une comédie amusante, mais dans l’air du temps
(licence de mœurs) et outrancière.
22.50 Infrarouge : «Classes
moyennes : Un rêve français ?».
France 3
Canal + - Magali Bragard
36 FRANCECatholique n°3309 I
er
juin 2012
FTV - F. Lefebre
FTV - B. Faut - JLA Productions
Divertissement présenté par
(1978) de P. Leconte, avec Josiane
Arthur, avec Titoff, Miou-Miou,
Balasko, Michel Blanc (1h30).
Téléfilm avec Ingrid Chauvin, Annie
Jean-Paul Rouve, Anne Roumanoff, __] C’est souvent irrésistible.
Grégorio. _] Entre baptême de
Virginie Hocq, Amel Bent, Cyril
Mais ça ne vole pas très haut.
convenance et prêtre ridicule, cet
Hanouna.
22.40 Les experts, Manhattan 2.
épisode est bête. Seule la fin, émou23.20 Les experts, Miami. Série
03.30 Un monde à nous J. Drame
vante et juste, sauve l’ensemble.
avec David Caruso 2.
(2007) de F. Balekdjian, avec
22.40 Esprits criminels. Série 3.
Édouard Baer, A. Balekdjian (1h28). 01.10 Au Field de la nuit, avec
France 2
__] Un joli film sur les relations
Didier Chirat, Jérôme Delafosse,
20.35 N’oubliez pas les paroles !
père-fils,
mais
des
violences.
Caroline de Bodinat, Elena Sender,
Divertissement présenté par Nagui,
Nicolas Dubreuil.
France 2
avec Hélène Ségara, Titoff, NatasFrance 2
ha St Pier, Patrick Bosso, GilÉmissions religieuses :
bert Montagné, Ève Angeli.
20.50 Cold case, affaires
08h30 Émissions religieuses : «Sagesses
23.00 On n’est pas couché.
classées : «La mort en héribouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Chrétiens
Magazine présenté par Lautage», «Coup double», «Coworientaux», «Présence protestante», «Kaïros» - boys solitaires». Série avec
rent Ruquier.
10h45 Messe - 11h30 Le jour du Seigneur.
Katryn Morris 2.
France 3
23.15 Un œil sur la planète «La
20.45 Good morning England A.
revanche du plombier polonais».
Comédie (2009) de Richard Curtis,
Magazine de Étienne Leenhardt.
avec Philip Seymour Hoffman, Bill
France 3
Nighy, Rhys Ifans (2h10) 2. __] 20.35 La croisière des idoles
C’est souvent irrésistible. Mais la
(1/2). Magazine de Mireille Dumas,
licence des mœurs est totale.
avec Richard Anthony, Hervé Vilard,
23.00
La
reine
de
diamant.
20.35 Commissaire Magellan «La
Michèle Torr, Herbert Leonard,
France 3
Miss aux deux visages» GA. TéléAlice Dona, Patrick Juvet, Claude
film avec Jacques Spiesser, Moon
20.35 Inspecteur Lewis «Esprits
Barzotti, Michel Delpech, etc.
Dailly, Flore Bonaventura, Lou Lévy, tourmentés». Série avec Kevin
23.20 La véritable histoire des
Bernard Alane, Nathalie Besançon,
Whately, Laurence Fox.
Bleus (1958-2012) J. CommenAnne Caillon. __] On suit tou22.50 Inspecteur Lewis «Un rock
taire dit par Lorànt Deutsch (1h45).
jours avec plaisir les enquêtes de
immortel». Série avec K. Whately.
(voir notre analyse page 35)
ce sympathique commissaire. L’his- 00.20 Stolen holiday. Drame en
Arte
toire est bien ficelée et parsemée
VO et NB (1936) de Michael Curtiz, 20.40 Le jardin secret J. Aventures
d’un humour réjouissant. Mais le
avec Claude Rains (1h25).
(1993) de A. Holland, avec Kate
monde des concours de beauté
Arte
Maberly, H. Prowse (1h37). __ Un
n’est pas très ragoûtant.
20.40 Europe, l’odyssée d’un
conte délicieux, tendre et poétique.
22.10 Les mensonges GA. Télécontinent J. __] Les images
22.30 La rose de Valentino. Docufilm avec Maryline Canto, Hipposont superbes, mais l’ensemble est
mentaire.
lyte Girardot, Scali Delpeyrat,
trop long et pas toujours très pal23.10 Reykjavik - Rotterdam GA.
Marie Payen, Nicolas Giraud.
pitant.
Thriller (2008) de Oskar Jonasson,
__] La réalisation est élégante,
22.05 Brazil A. Fantastique (1984)
avec Baltasar Kormakur (1h22).
et il y a un bel amour conjugal.
de Terry Gilliam, avec Robert De
__] Pas mal, mais sans plus.
Mais l’histoire est fort peu édiNiro, Jonathan Pryce, Katherine
M6
fiante.
Helmond (2h17). ___] Une
20.50 L’inventeur 2012.
00.20 Appassionata «Une journée
œuvre époustouflante, mais un
23.00 Les maisons les plus origiavec Renaud Capuçon».
peu froide et souvent dure.
nales de France. Documentaire.
Arte
00.25 Telemaco. Opéra de ChrisCanal +
20.45 L’aventure humaine «La
toph Willibald Gluck (0h51).
route de l’ambre». Documentaire.
M6
22.10 Wild thing «La folle histoire
20.50 Capital «L’été se prépare en
du rock». Documentaire.
famille». Magazine.
00.25 Tracks.
22.45 Enquête exclusive
M6
«Londres : Une capitale sous haute
20.50 Hawaii 5-0 : «Fantômes du
tension». Magazine.
passé», «Règlements de compte»,
00.15 Zemmour et Naulleau.
20.55 L’affaire Gordji, histoire
«Mana’o», «Po’ipu». Série avec Alex
Canal +
d’une cohabitation J. Téléfilm de
O’Loughlin 2.
20.55 Zizou top. Magazine avec
Guillaume Nicloux, avec Thierry
Canal +
Zinedine Zidane.
Lhermitte, Michel Duchaussoy, Éric
20.45 Rugby «Top 14 : 1/2 finale».
Elmosnino, Malik Zidi (1h34) 2.
KTO
(voir notre analyse ci-contre)
KTO
20.40 La foi prise au mot «MarieKTO
20.30 Rencontre des familles, en
Madeleine», avec le frère David
direct de Milan.
Macaire et Enguerrand Guépy.
20.40 L’Union Européenne et
21.45 VIP «Emmanuel Petit». Ren21.45 A.J. Auxerre, deviens ce que
l’Église. Documentaire.
contre avec un footballeur engagé.
tu es. Documentaire.
21.45 Un cœur qui écoute «Père
22.45 Concert «Gabriel Fauré
22.40 Les Mardis des Bernardins
Christian Vénard».
Requiem et œuvres sacrées».
«Question d’actualité».
22.25 Vu de Rome.
20.35 Simple question de temps
GA. Téléfilm avec Line Renaud,
Romane Portail, Yvon Back, Olivier
Minne. __ Cette libre adaptation
de James Hadley Chase est bien
menée, avec de nombreuses
touches d’humour et une héroïne
réjouissante.
23.00 Élections législatives
«Débats en régions».
Arte
20.40 Survivre au progrès J.
__] Intéressant, mais austère et
parfois contestable.
22.05 Le dessous des cartes
«États fragiles dans le Sahel».
22.20 Le ballon truqué «Comment
la mafia assassine le football».
M6
20.50 Ma femme, ma fille, un
déménagement A. Téléfilm avec
Pascal Légitimus, Philippine LeroyBeaulieu (1h40). __] Sympathique, mais mineur. Des comportements contestables.
22.40 Nouveau look pour une
nouvelle vie.
Canal +
20.55 Rabbit hole GA. Drame
(2010) de John Cameron Mitchell,
avec Nicole Kidman, Aaron Eckhart
(1h28). __ Un film poignant.
KTO
20.40 Les Mardis des Bernardins
«Les révolutions arabes : Victoire
de la modernité ou victoire de la
charia ?», avec Jacques Huntzinger,
Patrick Haenni, Stéphane Lacroix.
21.45 Gravir en confiance.
22.25 VIP «Emmanuel Petit».
tÉLÉviSion
Mercredi 6 juin
Jeudi 7 juin
vendredi 8 juin
TF1
TF1
TF1
DR
20.55 Fighter GA. Drame (2011) de
David O. Russell, avec Mark Wahlberg, Christian Bale, Amy Adams,
Melissa Leo, Jack McGee, Mickey
O’Keefe (1h51) 2. ___] Entre
drame et comédie, ce film saisissant n’évite pas les violences.
KTO
20.40 Cachemire, les missionnaires du paradis perdu.
21.45 Églises du monde «Irlande».
22.15 La foi prise au mot «MarieMadeleine».
avec Michèle Bernier, Émilie Caen,
Jean-Baptiste Puech. __] Cette
nouvelle série judiciaire est un peu
lourde et prévisible, mais distrayante. Une allusion à un avortement.
22.40 New York, unité spéciale.
Série avec Christopher Meloni 3.
France 2
20.50 Envoyé spécial : «Emploi
contre sexe : Le chantage de la
crise», «Une corne à prix d’or».
22.25 Complément d’enquête
«Quand le sport tue». Magazine
présenté par Benoît Duquesne.
23.35 Héloïse - Le romancier
Martin. Téléfilm avec Jonathan
Lambert, Isabelle Gélinas, Dominique Pinon, Michel Vuillermoz,
Valérie Bonneton (1h37).
France 3
20.35 Il faut sauver le soldat
Ryan GA. Drame de guerre (1998)
de Steven Spielberg, avec Tom
Hanks, Tom Sizemore, Edward
Burns, Barry Pepper (2h50) 3.
___] C’est magistral. La scène
du débarquement est très dure,
mais exceptionnelle.
Arte
20.35 Orgueil et préjugés (1 et
2/6) J. Téléfilm d’après Jane Austen, avec Jennifer Ehle, Colin Firth,
Susannah Harker (0h50). (voir
notre analyse page 35)
22.25 Printemps sous surveillance «Quand les scientifiques dé–
cryptent la nature». Documentaire.
23.20 Bons baisers de la colonie.
M6
20.50 Patron incognito. Magazine
avec Jean-Claude Puerto Salavert
(UCAR) et Jean-Manuel Bajen
(Bajen SA).
00.15 Steve Jobs «L’homme qui a
révolutionné notre quotidien».
Canal +
20.55 Desperate housewives (18
et 19/23) GA. Série avec Teri Hatcher, Marcia Cross. __ Excellent
et très émouvant.
KTO
19.00 Corpus Christi, en direct de
Rome.
21.05 Le cathologue «L’Église
n’est-elle pas un peu misogyne sur
les bords ?».
22.10 À la source.
22.45 Gravir en confiance.
20.50 Michel Berger «Tout pour la
musique». Divertissement présenté
par Jean-Pierre Foucault, avec
Johnny Hallyday, Patrick Fiori, Maurane, Christophe Willem, Garou,
Alain Chamfort, Pascal Obispo,
Chimène Badi, M Pokora, Corneille,
Jenifer, Shy’m, Alizée, etc.
22.45 Secret story. Divertissement.
France 2
20.50 Trafics : «L’affaire Sikelec»,
«L’affaire Vasquez» GA. Série avec
Isabelle Renauld, Claire Galopin,
Manuel Blanc, Robert Plagnol.
__] Le premier épisode est prenant, le second décevant.
22.45 Cash investigation «La
finance folle». Magazine présenté
par Élise Lucet.
00.15 Mon Taratata à moi. Divertissement présenté par Nagui.
France 3
20.35 Thalassa. Magazine présenté par Georges Pernoud, Laurent
Bignolas et Sabine Quindou, en
direct de Monaco.
23.35 Peur sur l’hôpital J. (voir
notre analyse page 35)
Arte
nal archevêque de Lyon) (1/5) (tous les
jours, à 14h30 et 20h45).
16h «Les tapisseries de la ChaiseDieu» (1 /2) (redif. mardi 5, à 22h).
mardi 5 juin
13h30 «Françoise Dolto, la foi dans le
désir», avec Gérard Guillerault (psy-
chanalyste) (redif. mercredi 6, à 22h).
17h «L’abbé Pierre, à l’occasion de la
publication des inédits» (redif. à 23h).
DR
20.50 Injustice : «L’affaire Vauthier», «L’affaire Molina» GA. Série
DR
20.50 Les experts : «Quarté
gagnant», «La vraie nature», «Juste
et équitable». Série avec Marg Helgenberger 2.
23.20 New York, section criminelle. Série avec V. D’Onofrio 3.
France 2
20.50 Adouna, la vie, le monde
GA. Téléfilm avec Patrick Catalifo,
Sofiane Guerrab, Myriam Bella
(1h31) 2. __] Malgré quelques
défauts, cette histoire prenante est
émouvante.
22.30 The closer, L.A. enquêtes
prioritaires : «Flou artistique»,
«Entre deux eaux», «Une question
de vie ou de mort 2» GA. Série
avec Kyra Sedgwick. __ Prenant.
France 3
20.35 Histoire immédiate «Mussolini-Hitler : L’opéra des assassins» J. Documentaire présenté par
Samuel Étienne. (voir notre analyse
page 35)
22.20 Bir Hakeim 1942 «Quand la
France renaît». Documentaire.
Arte
20.35 De l’autre côté A/Ø. Drame
en VO (2007) de F. Akin, avec Baki
Davrak, Nursel Kose, Hanna Schygulla (1h56). __]] Excellent,
mais banalisant l’homosexualité.
22.30 Jonathan Franzen «Écrivain
à l’affût du monde». Documentaire.
23.25 Le sens de la vie pour
9,99$ GA. Animation en VO (2008)
de Tatia Rosenthal, d’après Etgar
Keret, avec les voix de Geoffrey
Rush, Anthony LaPaglia (1h18).
__ Original et plein d’humour.
M6
20.50 Pékin Express, le passager
mystère «Cap sur Boracay et ses
plages paradisiaques». Divertissement présenté par S. Rotenberg.
23.00 Cauchemar en cuisine.
Canal +
RaDioS
Radio Notre-Dame
Samedi 2 juin 6h54 et 8h50 et
dimanche 3 juin 9h et 11h56 :
« Le billet de Tugdual Derville ».
Lundi 4 au jeudi 7 juin
7h03 et 8h15 : Écoutez la chronique
de Gérard Leclerc.
Jeudi 7 juin
22h écoute dans la nuit «Cherchons
à accomplir la volonté de Dieu et
non la nôtre !», avec le Pasteur Philippe Auzenet (ministère itinérant
auprès des personnes en souffrances).
RCF
Samedi 2 juin
23h Halte spirituelle, l’intégrale
«Une foi nue et lucide», avec Sylvie
Germain (écrivain).
dimanche 3 juin
22h Histoire du christianisme «Le
père Lataste, dominicain apôtre des
prisons» avec Jean-Marie Gueulette
(dominicain, apôtre des prisons).
23h Maîtres spirituels «Déracine-toi
: des poèmes d’Olivier Clément».
Lundi 4 juin
14h30 Halte spirituelle «Le Christianisme est-il une religion de
faibles ?», avec Mgr Barbarin (cardi-
20.35 Le monde sur le fil GA.
Téléfilm en VO de Rainer Werner
Fassbinder, avec Klaus Löwitsch,
Barbara Valentin, Mascha Rabben
(3h23). __] Tourné en 1973,
cette histoire étonnante de monde
virtuel annonce Matrix et Inception. Mais la mise en scène date un
peu, et c’est trop long.
M6
20.50 NCIS, Los Angeles : «Le baiser de Judas», «Reconnaissance de
dette», «Overwatch», «Meilleure
ennemie». Série avec Chris O’Donnell 2.
Canal +
20.55 Les voyages de Gulliver T.
Fantastique (2010) de Rob Letterman, librement inspiré de Jonathan
Swift, avec Jack Black, Jason Segal,
Emily Blunt, Amanda Peet (1h22).
__] Une modernisation distrayante, mais pas toujours
convaincante.
KTO
20.40 Hors-les-murs «Rassemblement des familles à Milan».
21.45 La vie des diocèses «Mgr
Aloys Jousten - Diocèse de Liège».
22.20 L’Union Européenne et
l’Église. Documentaire.
Jeudi 7 juin
13h30 «Bose, un monastère œcuménique en Italie» (1/3).
France Culture
dimanche 3 juin
10h Messe Dimanche de la Sainte
Trinité, depuis l’église Saint-Rémy,
8, rue Victor Hugo, 94700 Maisons
Alfort. Prédicateur : P. René d’Huy.
Marie BIZIEN
sur Canal +
Lundi 4 juin à 20h55
L’affaire Gordji,
histoire d’une cohabitation J
Alors que la France est secouée
par une série d’attentats meurtriers, commence la cohabitation
Mitterrand/Chirac.
__ En montrant en parallèle
l’enquête judiciaire et les relations Mitterrand/Chirac, cet
excellent téléfilm fait revivre une
période troublée de notre histoire.
Mais les comédiens ne ressemblent guère à leurs personnages.
_] Les ambitions personnelles des
uns et des autres sont bien décrites.
T : Toutpublic
Repères
J : Adolescents
GA: Grandsadolescents
A : Adultes
Ø : Œuvre(ouscène)nocive
_: Elémentpositif
]: Elémentnégatif
FRANCECatholique n°3309 Ier juin 2012 37
BLOC-NOTES
Paris
✔­ La­ Cité­ internationale­ universitaire­ de­ Paris­ (fondation­
dédiée­ à­ l'accueil­ d'étudiants­
de­ haut­ niveau,­ de­ chercheurs,­
de­sportifs­et­d'artistes­en­mobilité...),­ 17,­ bd­ Jourdan,­ 75014­
Paris,­propose­de­faire­le­tour­du­
monde­du­1er­au­3­juin,­par­des­
journées­ rythmées­ de­ concerts,­
danses,­ expositions,­ projections,­
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où­ le­ Mexique,­ le­ Japon,­ le­
Portugal­ et­ d'autres­ pays­ seront­
à­ l'honneur.­ Carnaval,­ défilé­ de­
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Pour­tous,­entrée­gratuite.­Rens.­:­
✆ 01.44.16.65.54.­www.ciup.fr
✔ Les­ Semeurs­ d'Espérance­
organisent­ une­ veillée­ d'Adoration, «L'entreprise, voie de sainteté ?»­ [Veillée­ introduite­ par­
Cadeau
François-Daniel­ Migeon­ (fondateur­ du­Thomas­ More­ Leadership­
Institute) .­ Le­ 8­ juin­ (20h15)­ en­
l'église­ St-Gervais,­ 75004­ Paris­
(entrée­par­le­13,­rue­des­Barres).­
Conférence,­ messe­ présidée­
par­ le­ père­ Alain­ Carron­ de­ la­
Carrière,­ adoration­ guidée,­ relais­
devant­ Jésus.­ Participation­ libre.­
Rens.­ ✆­ 06.13.16.29.08­ /­ info@
semeurs.org­­­/­­www.semeurs.org
✔­ Une­ projection­ du­ documentaire­ «Frank Duff et la Légion
de Marie»,­d'Armand­Isnard,­est­
prévue­le­2­juin­(15h30),­à­l'accueil­La­Barouillère,­14­rue­Saint­
Jean-Baptiste­ de­ la­ Salle,­ 75006­
Paris.­ Libre­ participation­ aux­
frais.­Rens.­:­06.80.14.84.76.
✔­ Journée­ d'amitié­ spiritaine­
les­ 8,­ 9­ et­ 10­ juin,­ au­ 30­ rue­
Lhomond,­Paris­5e.
Alpes-Maritimes
✔­ à­ l’occasion­ de­ la­ Fête­ des­
Mères,­ le­ P.­ Gil­ Florini­ et­ Cyril­
Richier­ (jeune­ chanteur­ niçois),­
avec­ Stéphane­ Eliot­ (claviers­
et­ orchestration)­ donneront­ un­
«Récital», "Maman, la plus belle
✂
du monde, Les roses blanches,
Une chanson douce...",­ le­ 3­
juin­ (16h45)­ à­ l'église­ St-Pierre­
d’Arène,­ 62­ rue­ de­ France,­
06000­ Nice,­ qui­ se­ terminera­
par­la­bénédiction­et­la­distribution­ de­ 1000­ roses.­ Entrée­ gratuite.
✔­ La­ 17 e­ édition­ du­ "Festival­
du­ Livre­ de­ Nice"­ aura­ lieu­
les­ 8,­ 9­ et­ 10­ juin­ (10h-19h),­
dans­ le­ Jardin­ Albert­ 1er,­ Place­
Masséna,­ 06000­ Nice,­ sur­ le­
thème­"Terre­des­écrivains"­avec­
pour­ invité­ d'honneur,­ la­ Russie­
(Saint-Pétersbourg).­ Romanciers,­
essayistes,­poètes,­ils­seront­plus­
de­ 200­ écrivains,­ sous­ la­ présidence­ de­ Jean­ d’Ormesson.­
Dédicaces,­ débats,­ rencontres,­
animations­ et­ lectures...­ Entrée­
Libre.­Rens.­:­✆ 04.97.13.20.00.­
www.festivaldulivredenice.com
Var
✔­ Une­ «Initiation à la théologie
de saint Thomas d’Aquin»,­ avec­
les­frères­dominicains­de­la­province­ de­Toulouse­ Jean-Miguel­
Garrigues­ et­ Philippe-Marie­
FRance
catholique
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juillet­ (soir)­ au­ 4­ août­ (matin),­ à­
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sanctuaire­ de­ la­ grotte­ de­ Sainte­
Marie-Madeleine,­83640­Le­Plan­
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04.54.84­ /­ [email protected]­
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qui­ marchent,­ prient­ et­ réfléchissent­ ensemble.­ Messe­ de­ clôture­
célébrée­par­Mgr­éric­de­MoulinsBeaufort­ le­ dimanche­ (17h).­
Départ­ le­ 2­ juin­ (8h15)­ place­ de­
Breteuil,­ 75007­ Paris,­ [un­ autre­
départ­ (13h)­ est­ prévu.­Transport­
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d’accès et de rectification aux informations vous concernant. par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entreprises. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.
parti­c ipant­ à­ la­ "Randonnéeprière",­ animée­ par­ le­ P.­ Olivier­
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de­ Charité­ et­ prêtre­ du­ diocèse­ de­
Saint-Brieuc­ et­ Tréguier) ,­ du­ 26­ les­sentiers­de­l'Amour­de­Dieu,­
(accueil­ à­ partir­ de­ 18h,­ dîner­ pour­ y­ découvrir,­ aux­ méandres­
à­ 19h30)­ au­ 30­ juin­ (14h),­ sur­ de­nos­vies,­les­merveilles­et­les­
le­ thème­ «Heureux ceux dont
grâces­ divines.­ S'aventurer­ dans­
tu es la force, des chemins s'oules­ profondeurs­ de­ notre­ âme­ et­
vrent dans leur cœur».­ Pour­ de­ notre­ vie,­ pour­ y­ rencontrer­
tous­ (à­ partir­ de­ 17­ ans)­ ;­ marche­ Celui­qui­fait­route­avec­nous­et­
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Catherine­ Cairn­ dévoile­ une­
Icônes
trentaine­ d’œuvres­ contempo✔­ Bientôt­ le­ temps­ des­ va–
cances­!­le­temps­précieux­pour­ raines,­ sous­ la­ prestigieuse­ verrière­ de­ l'établissese­ ressourcer­ spirituellement­ et­
ment,­ dont­ le­ thème­
s'approcher­ ainsi­ un­ peu­ plus­
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