CONDITION PHYSIQUE, ALLOCATION MATERNELLE ET
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CONDITION PHYSIQUE, ALLOCATION MATERNELLE ET
JOËLLE TAILLON CONDITION PHYSIQUE, ALLOCATION MATERNELLE ET UTILISATION SPATIO-TEMPORELLE DES AIRES DE MISE BAS DU CARIBOU MIGRATEUR, RANGIFER TARANDUS Thèse présentée à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval dans le cadre du programme de doctorat en biologie pour l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.) DÉPARTEMENT DE BIOLOGIE FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2013 © Joëlle Taillon, 2013 Résumé L’étude de la dynamique des populations animales s’attarde à prime abord aux changements de survie et de reproduction individuelles, mais nécessite aussi d’investiguer les variations, à large échelle de l’aire de répartition d’une population et, à fine échelle de l’allocation des ressources énergétiques individuelles. Chez les populations migratrices, l’utilisation d’habitats saisonniers critiques pour l’accumulation des réserves corporelles des femelles adultes et la croissance juvénile peut contribuer aux fluctuations démographiques observées. Au cours des dernières décennies, deux populations de caribous migrateurs (Rangifer tarandus) du nord du Québec et du Labrador ont présenté des dynamiques contrastées : le troupeau Rivière-George a récemment décliné à un faible effectif alors que le troupeau Rivière-aux-Feuilles est relativement abondant et stable. Le premier volet de cette thèse s’appuie sur plus de 35 ans de suivi télémétrique de femelles caribous adultes et met en évidence des changements substantiels dans l’utilisation spatiotemporelle des aires de mise bas. L’analyse des données télémétriques révèle aussi que la distance de migration et la température printanière sont les principaux facteurs expliquant les variations de la phénologie de la migration printanière et d’utilisation des aires de mise bas des femelles. Le second volet de ma thèse s’attarde aux facteurs influençant la condition physique individuelle et est basé sur l’échantillonnage exhaustif de paires de femelle-faon à la mise bas et au sevrage. Il met en évidence que l’effet du troupeau sur la masse corporelle des faons est plus important au sevrage qu’à la mise bas, suggérant un effet combiné de la taille de population et des conditions d’alimentation estivale sur la croissance des faons. Ce volet démontre aussi un effet positif de la masse de la mère sur la masse du faon tant à la mise bas qu’au sevrage et ce, pour les deux troupeaux. Enfin, l’analyse isotopique des tissus révèle que les femelles utilisent leurs réserves protéiques corporelles pour assurer un apport constant en azote durant la croissance du fœtus et pour la production du lait. Cette thèse améliore notre compréhension des facteurs influençant l’utilisation d’habitats saisonniers, la condition physique individuelle et l’allocation maternelle chez des populations de grands ongulés migrateurs. En identifiant ces facteurs, mes résultats contribueront à mieux prédire les effets des changements climatiques globaux et du développement industriel sur les espèces migratrices des milieux nordiques. Abstract The study of animal population dynamics is primarily concerned with the variation of individual survival and reproduction, but also investigates large-scale patterns in the distribution of a population and fine-scale variability in allocation of resources by individuals. In migratory populations, changes in the use of seasonal habitats may contribute to demographic fluctuations, because these habitats are critical to the accumulation of body reserves by adult females and to juvenile growth. In recent decades, two migratory caribou (Rangifer tarandus) populations in northern Québec and Labrador have shown contrasting dynamics: the Rivière-George herd has recently declined to very low numbers while the Rivière-aux-Feuilles herd remains relatively abundant and stable. The first part of this thesis analyzes more than 35 years of satellite monitoring of adult females to show that annual size and location of calving grounds changed substantially over time. The analysis of telemetry data revealed that migration distance and spring temperature were the main factors explaining variations in the phenology of migration and of use of calving grounds by females. The second part of my thesis focuses on the factors influencing individual body condition, based on an exhaustive sampling of female-calf pairs at calving and weaning. It highlights that differences in calf body mass between herds were much greater at weaning than at calving, suggesting a combined effect of herd size and summer range conditions on calf growth. For both herds, I also found a positive effect of maternal body mass on calf body mass at calving and weaning. Finally, the analysis of natural abundance of nitrogen isotopes in tissues revealed that female caribou use body protein stores to ensure a constant supply of nitrogen for fetal growth and milk production. This thesis advances our understanding of the factors influencing seasonal habitat use, individual body condition and maternal resource allocation in large migratory ungulates. By identifying these factors, my results will contribute to better predict the effects of global climate changes and industrial development on migratory species in northern environments. Avant-propos Ma thèse comprend 7 chapitres, incluant une introduction générale et une conclusion rédigées en français et 5 chapitres écrits en anglais sous forme d’articles scientifiques pour publication. Je suis l’auteure principale de tous ces articles et j’ai été responsable de la planification, l’acquisition, l’analyse, l’interprétation des données et la rédaction de ces articles. D’autres auteurs ont également contribué à cette thèse, incluant mon directeur Steeve Côté, professeur titulaire au département de biologie de l’Université Laval, qui est co-auteur de tous les chapitres pour son implication dans le financement et la planification du projet, en plus de sa supervision essentielle lors de la rédaction et la révision des manuscrits. Mon co-directeur de thèse, Marco-Festa Bianchet, professeur titulaire au département de biologie de l’Université de Sherbrooke, est également co-auteur des chapitres 2, 3, 4 et 5 pour son implication dans le financement, la planification du projet, la rédaction et la révision des manuscrits. Ma thèse s’inscrit dans le contexte des recherches du groupe Caribou Ungava, portant sur l’écologie et la dynamique des populations du caribou migrateur du Québec et du Labrador (www.caribou-ungava.ulaval.ca). La première section de ma thèse s’intéresse à l’utilisation spatio-temporelle et à la protection des aires de mise bas du caribou migrateur. Cette section inclut les chapitres 2 et 3 qui ont été écrits en collaboration avec Marco Festa-Bianchet et Steeve D. Côté. Le chapitre 2 intitulé « Shifting targets in the tundra: protection of migratory caribou calving grounds must account for spatial changes over time» a été publié dans la revue Biological Conservation en 2012. Ce chapitre a mis en évidence des changements substantiels dans l’utilisation spatio-temporelle des aires de mise bas et suggère que la protection légale de ces habitats dans le nord du Québec est actuellement inefficace. Le chapitre 3 qui s’intitule « Time is of the essence: phenology of spring migration and calving grounds use by caribou » sera prochainement soumis pour publication. Ce chapitre révèle que la distance de migration et la température printanière sont les principaux facteurs expliquant les variations de la phénologie de la migration printanière et d’utilisation des aires de mise bas des femelles caribous. vi La deuxième section de ma thèse s’intéresse à l’influence de la taille de population et des effets maternels sur la condition physique juvénile. Cette section inclut les chapitres 4, 5 et 6 qui ont été écrits en collaboration avec Vincent Brodeur, biologiste au Ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, Perry S. Barboza, professeur au département de biologie de l’University of Alaska Fairbanks, Marco Festa-Bianchet et Steeve D. Côté. Vincent Brodeur a été impliqué dans l’élaboration du protocole, la récolte des données et la révision des chapitres 4 et 5. Perry S. Barboza a participé à l’élaboration du protocole, l’analyse des données et la rédaction du chapitre 6. Le chapitre 4 intitulé « Variation in body condition of migratory caribou at calving and weaning: Which measures should we use? » a été publié dans la revue Écoscience en 2011. Ce chapitre démontre que les variations de la condition physique des femelles adultes et des faons à la mise bas et au sevrage sont principalement attribuables à des variations de masse corporelle et de réserves protéiques. Le chapitre 5 intitulé « Is mother condition related to offspring condition in migratory caribou at calving and weaning? » a été publié dans la revue Canadian Journal of Zoology en 2012. Ce chapitre présente des différences majeures de condition physique entre les deux troupeaux en plus de souligner un effet positif de la masse de la mère sur la masse du faon tant à la mise bas qu’au sevrage et ce, pour les deux troupeaux. Le chapitre 6 intitulé « Nitrogen allocation to offspring and milk production in a capital breeder» a été soumis à la revue Ecology et est présentement en révision. Ce chapitre s’attarde à l’allocation maternelle à fine échelle et démontre, à l’aide de l’abondance des isotopes d’azote, que les femelles caribous utilisent leurs réserves protéiques corporelles pour assurer un apport constant en azote durant la croissance du fœtus et pour la production du lait. Remerciements Tout d’abord, je remercie le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) du Québec et le groupe de recherche Caribou Ungava qui m’ont donné l’opportunité d’accomplir cette recherche et qui l’a financée dans sa presque totalité. Mes travaux ont été financés par plusieurs partenaires du groupe de recherche Caribou Ungava : ArcticNet, Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada (CRSNG), HydroQuébec, Xstrata Nickel-Mine Raglan, Fédération des Pourvoiries du Québec, First Air, Makivik Corporation, Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, Fondation de la Faune du Québec, CircumArctic Rangifer Monitoring & Assessment network (CARMA), Labrador and Newfoundland Wildlife Division, Institut pour la Surveillance et la Recherche Environnementales et Fondation Canadienne pour l’Innovation. Je remercie aussi le gouvernement du Nunatsiavut pour la permission qu’il nous a donnée de mener nos activités de recherche sur leur territoire. Je suis également redevable aux nombreux organismes qui m’ont offert un soutien financier et permis de poursuivre mon doctorat sans souci financier majeur : Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada (CRSNG), Fonds Québécois de la Recherche sur la Nature et les Technologies (FQRNT), Caribou Ungava, Fondation de l’Université Laval, Centre d’Études Nordiques (CEN), Fonds Richard-Bernard, Société Provancher d'histoire naturelle du Canada, Association des chercheuses et chercheurs étudiants en biologie de l’Université Laval (ACCÉBUL), Réseau d’excellence ArcticNet et Canadian Federation of University Women (FCUW). Ces organismes jouent un rôle essentiel en assurant le soutien des étudiants-chercheurs et m’ont permis de me consacrer pleinement à mes études de doctorat. Je remercie tous les gens qui ont participé aux sorties de terrain et qui m’ont aidé à récolter les innombrables données de condition physique. Le travail était souvent ardu et exigent, je vous remercie de votre passion et patience: M. Bélanger, T. Chubbs, S. Côté, J.-D. Daoust, P. Duncan, D. Elliott, P. Jefford, J.-Y. Lacasse, L. Lambert, M. Le Corre, P. May, Y. viii Michaud, M. Pachkowski, Y. Pépin, R. Perron, A. Thiffault et A.-A. Tremblay, plus particulièrement S. Rivard pour son aide en tant que technicien de la faune et coordonnateur principal des opérations de terrain et V. Brodeur pour son soutien, sa passion et son sens critique. Je remercie aussi J.-S. Berthelot, L. Harvey et V. Bélanger pour le travail de laboratoire. Tout au long de mon cheminement scolaire, j’ai pu profiter de l’appui et enrichir ma formation par mes échanges avec le personnel dévoué de l’université autant professeurs, techniciens, équipe de professionnels incluant secrétaires souriantes et dévouées. J’aimerais remercier plus spécifiquement Gérald Picard et Marie-Claude Martin pour leur aide au laboratoire d’écologie; Alain Lussier pour l’estimation de l’âge des femelles adultes; Gaétan Daigle du Service de Consultation Statistique de l’Université Laval pour ses conseils statistiques; Jocelyne Roy, Martine Boucher, Louise Lapointe et Mélissa Laroche pour leur aide à « comprendre » la bibitte administrative de l’Université; Julie Turgeon pour sa grande motivation et ses échanges tant dans les corridors, lors des rencontres du comité de programme ou à la sortie de conférences départementales. Je suis aussi profondément reconnaissante à Caroline Hins, Sonia de Bellefeuille et Émilie Champagne pour leur aide professionnelle lors de l’élaboration, de la planification logistique des différentes sorties de terrain et pour les nombreux conseils, commentaires, relectures et améliorations apportées à cette thèse. Mes mentors Après ces remerciements essentiels, viennent les remerciements à ceux qui ont aidé consciemment ou non à forger la biologiste, scientifique, chercheuse et personne que je suis à présent. Je tiens premièrement à remercier mon directeur de doctorat, le Dr. Steeve Côté, pour m’avoir à nouveau ouvert les portes de son laboratoire. Alors que j’étais encore en Nouvelle-Zélande, tu as su me convaincre d’embarquer dans un projet naissant qui, au cours des quelques années de mes études doctorales, a pris une ampleur à la hauteur de tes ambitions et de tous les efforts investis par l’équipe de Caribou Ungava. Ta confiance m’a permis de mettre à profit mes qualités de leader, ma débrouillardise et ma curiosité dans le démarrage d’un groupe de recherche de grande ampleur et de réaliser un projet qui nous ix tenait, tous deux, à cœur. Merci Steeve pour ton écoute, ta patience et ta passion que tu me transmets à chacun de nos échanges. Nos échanges, ta confiance et ton appui constant m’ont permis de développer des aptitudes professionnelles et personnelles qui j’espère me serviront à l’avenir. Au cours des années, j’ai aussi été un témoin privilégié de l’expansion de tes projets de recherche : tu as su créer un environnement de recherche stimulant et mettre sur pied un labo extraordinaire qui, je pense, est à la hauteur de ta propre passion. Tout particulièrement, je suis fière d’avoir participé à la naissance de Caribou Ungava sous ton aile. Je tiens aussi à remercier mon co-directeur de thèse, le Dr. Marco Festa-Bianchet, pour sa capacité déconcertante à relire résumés, manuscrits et rapports en un temps digne d’un record olympique. Insaisissable personnage et oh ! combien déconcertant scientifique, tu as enrichi mon parcours doctoral de manière inestimable et ce, surtout, en me forçant à approfondir mes réflexions et en dépassant mes limites parfois trop bien établies. Merci pour ta curiosité et ton intérêt scientifiques qui m’ont contaminé même lorsque mes neurones étaient saturés de paradigmes établis. Merci aussi pour ton humour parfois douteux qui pimente nos échanges et fait de la science un monde tout en nuances. En espérant avoir le plaisir renouvelable de déguster un bon scotch en ta vénérable compagnie. Je remercie aussi les professeurs Gilles Gauthier, Daniel Fortin, Gwénaël Beauplet et le Dr. Erling Solberg pour leur implication dans l’élaboration de ma thèse de doctorat et pour leurs commentaires stimulants, constructifs et enrichissants aux différents stades de mon projet. Votre expertise me semble sans borne. Merci pour votre présence et votre intérêt pour mes recherches. Un merci particulier à Daniel Fortin, Gwénaël Beauplet et Erling Solberg pour avoir accepté de lire et d’évaluer ma thèse de doctorat, et de me questionner lors de ma soutenance de thèse. Vos commentaires ont été plus qu’enrichissants et m’ont permis de bonifier ma thèse de façon significative. I am particularly grateful to Erling Solberg who accepted to serve as an external for my thesis. Your comments were very detailed and relevant, which was greatly appreciated. De plus, j’ai grandement apprécié l’expérience de ma soutenance de thèse qui a été, en fin de compte, plus enrichissante que x stressante! C’est un moment d’échanges intenses et chargé en émotions et en accomplissements, dont j’espère me rappeler longtemps. Je tiens aussi à remercier le Dr Jean-Pierre Tremblay qui est depuis maintenant plus d’une décade, un mentor, collègue et guide enthousiaste dans le monde de la science. Nos nombreuses discussions, frisant parfois la folie neuronale, « marshmallesque » ou « gummyberienne », ont aiguisé mon sens critique et mon amour pour l’écologie et la gestion de la faune. Merci JP de demeurer cet être sensible, intègre, ouvert, intelligent et disjoncté que tu es. Merci à deux personnes bien particulières qui ont partagé avec moi leurs connaissances inestimables sur le Nord, le caribou, l’écologie et la vie : Jean Huot et Denis Vandal. Jean, depuis bien longtemps, tu es et demeure pour moi un grand sage aux idées toujours si claires, et à la fois, oh combien, profondes et surprenantes. Ton esprit est à l’image de ta magnifique chevelure : immaculée, ébouriffée et indomptable ! Tu as été et es toujours le guide et mentor d’une cohorte de biologistes et chercheurs et gestionnaires. Je suis fière et honorée d’en faire partie. Et j’espère poursuivre nos échanges, parfois philosophiques, à chaque fois que l’opportunité se présentera. Denis, tu as été à mes côtés dès le début de mon aventure doctorale. Rapidement, j’ai pu constater et m’émerveiller devant tes connaissances encyclopédiques et ton esprit de grand naturaliste, mais surtout devant ta passion inépuisable pour le Nord, sa nature et sa culture. Tu as le Nord tatoué sur le cœur et l’âme. J’ai eu la chance immense de profiter de tes conseils à de nombreuses reprises. Et je suis plus qu’heureuse d’avoir eu, tout au long de mon parcours, juste assez de jugeote pour prêter oreille et écouter tes paroles. Ces paroles m’aideront certainement, et me guideront afin de voir au-delà des données et tenter, peut-être un jour, de faire une différence. Merci aussi à deux personnes essentielles que j’ai découvertes grâce au caribou et qui ont partagé, entre autres, ma découverte et mes périples dans le Nord : Stéphane Rivard et Vincent Brodeur. Deux fois par année, de 2007 à 2009, nous mettions cap au Nord pour effectuer un travail exigeant dans des conditions climatiques parfois adverses, mais aussi xi pour assister aux merveilles sauvages nous entourant l'instant de quelques jours. Vous avez fait de ces sorties de terrain des expériences inoubliables. Les deux pieds sur terre, vous m’avez appris à élaborer un modèle de scientifique-chercheure qui, je l’espère, sera à l’écoute des besoins de gestion, de prise de décision, de transmission de connaissances et d’ouverture. Stéphane, tu es l’une des personnes avec laquelle j'ai le plus appris, sur le Nord et la vie, et pour qui j'ai une grande admiration et surtout une amitié sincère. Vincent, nos parcours ont débuté au même moment, ont évolué en parallèle et j’espère se croiseront à nouveau dans le futur. Par votre ouverture, votre passion et votre grandeur d’âme et de cœur, vous m’avez fait grandir en tant que scientifique, biologiste et personne. Merci de tout mon cœur. In the summer of 2010, I have spent two months in the laboratory of Dr. Perry Barboza, University of Fairbanks Alaska. I deeply thanks Perry for his welcome in his laboratory, for having me participating to field work and laboratory activities, for guiding me through the mysterious world of isotopes and for sharing some of his deep and amazing scientific thoughts. Thanks Perry for believing in the data and helping me to write our manuscript. I am also grateful to Jennifer Addison and Rachel Shively for their incomparable help with samples manipulation and laboratory analyses but also with the discovery of Fairbanks and the Alaskan ways of life. I would also like to thank L. Oliver, T. Howe and N. Huabenstock for providing expert support with mass spectrometry and samples analysis. Le labo J’aimerais aussi remercier de tout mon cœur tous les gens faisant partie du labo CôtéTremblay pour leur présence, précieux conseils et compétence de recherche. Grâce à leur appui, j’ai pu approfondir, à de nombreuses reprises, mes réflexions scientifiques et enrichir mes analyses et interprétations des résultats obtenus. Cette thèse ne serait pas complète sans leur intervention. Depuis le début du doctorat, j’ai vu quelques cohortes débuter, progresser et terminer... Toute cette mouvance m’a accompagné alors que j’évoluais à travers mon doctorat. La force d’un labo est celle de l’intégration de la diversité, de l’écoute, du partage intra- et inter- cohortes des connaissances, de la passion, des doutes, et de la reconnaissance essentielle des difficultés, des joies et de la folie de vivre. Au cours des dernières années, xii j’ai pu travailler dans un environnement stimulant pour ne pas dire effervescent ! J’ai été choyée d’évoluer dans le labo Côté-Tremblay qui fut, à la fois, école professionnelle et école de vie. Merci à vous tous qui avez fait partie de mon quotidien. Merci aux irremplaçables : Sonia et Caroline. Votre grandeur de cœur est un réconfort tant dans les moments calmes que dans les tempêtes. Merci aux cerfs et leur nourriture: Ariane, Anouk, Marie-Andrée, Marianne, François, Étienne, Alex V., Bert, Gaëlle, Sabrina, Amélie, Michaël. Merci aux orignaux et leur nourriture : Janick, Sébastien, Julie. Merci aux caribous et leur nourriture : Emilie, Mael, Melanie, Alex R., Alice-Anne, Glenn, Valérie, Serge. Merci à Serge de m’avoir partagé sa passion sans borne pour le caribou. Nos échanges ont été et sont encore une source d’inspiration inestimable. Merci aux chèvres : San, Julien, Rachel, Julien, Karina. Merci à la grizzly : Karine. Merci aux exotiques dont je ne me passerais pour rien au monde : Antoine, William, Vaness. Merci aux membres d’autres labos : Sabrina, Mathieu, Guillaume, Nicolas (malgré ta %@#%? de question de Français…), le grand Guillaume, Jeff, Pierrot, Léa, Chrystel, Jerod. L’Amitié Je tiens à remercier tous ceux qui font de moi une personne entière, une personnalité multiple qui essaie de demeurer un tout. Tous ceux qui de leurs sourires, rires, pleurs, soupirs, tressaillements, colères, passions et désirs font de moi une personne qui chemine, sans trop s’y embourber, dans les méandres du fleuve de la vie. Vous avez tous éclairé mon regard quand celui-ci ternissait, calmer mon souffle quand celui-ci s’emballait et stimuler mon cœur quand celui-ci s’épuisait. Vous êtes tous la source de mon énergie et de ma folie de vivre. Mon cœur abrite une parcelle de vous tous. Merci à ces merveilleuses « vieilles sacoches » éternellement jeunes et pleines de désir de vivre : Ariane, Anouk, Sandra, Marie-Lou, Vanessa, Valérie, Mélina, Cathy, Sonia. Vous êtes et demeurées des inspirations quotidiennes. Ma pensée et mon cœur se tournent plus souvent xiii que vous ne le pensez vers vous. Vous êtes ma force tranquille. Ma Rousse, je t’adore et te reliche. Sonia tu es MERVEILLEUSE. Un petit mot spécial pour ma belle et forte Anouk : sans toi, je n’aurais jamais passé à travers ma dernière année de doc. Tu m’as supporté, aimé, confronté et poussé plus loin pour que j’avance, à petits pas puis à grandes foulées vers ce que je désire devenir. Il me reste encore du chemin à faire et j’espère t’avoir à mes côtés longtemps encore. Merci à mes amies de toujours, celles qui se tiennent « tissées serrées » malgré les moments de grande noirceur, malgré les fractures majeures au cœur, malgré les déceptions et les frustrations. Pourquoi ? Parce qu’on ne vit qu’une fois et c’est mieux de le faire avec des amies incomparables et irremplaçables à ses côtés ! Andréanne, Marie-Ève, Isabelle, Giselle. Un petit mot spécial pour mon Amie loin sur son île et si près de mon cœur. Je suis fière de faire partie de ta vie. Merci à mes inspirations féminines si enrichissantes. Vous avez fait de mes années de vie de doctorante des moments incomparables et supportables. Avec vous à mes côtés, je ne peux que grandir et devenir cette Joëlle que vous voyez en moi alors que moi je m’oublie trop souvent. Vous êtes précieuses : Julie, Gaëlle, Perrine, Maude, Melanie, Catherine L. Catherine G., Marie-France, Mireille, Maryline. Un petit mot spécial pour mon Amie dans sa Californie : j’essaie tous les jours de mieux apprivoiser et apprendre ce que je suis et ce que je vaux. Les Mâles de ma vie : William, Sam, Denis, Julien, Jeff, Mathieu, Pierrot, François… Jamais je ne survivrais sans votre magnifique et ensorcelante testostérone. Vous êtes mon inspiration tout en muscles, poils et virilité. Un petit mot spécial pour mon alter ego masculin. Will tu es tout en force et en sensibilité et combien de fois tu as su m’apaiser et être là pour ta Jo. Merci. xiv Enfin, merci à ces êtres uniques et bienveillants qui enrichissent ma vie. Trop peu souvent je profite de votre présence, mais à chacun de ses moments, je suis reconnaissante de croiser à nouveau votre chemin : Mel et Oli, Karine, Ben, François, Pascale, Sophie, Jean. La Familia La Familia est centrale à mon univers, à la fois noyau et racines. C’est aussi mon oasis où le repos est possible peu importe les tourments extérieurs. Vous êtes ceux qui, à travers tous les bonheurs et épreuves, m’avez transmis cette force unique qui est commune à ceux qui partagent des liens de sang et de cœur. Vous êtes cette force tranquille qui m’inspire à tous moments et cela peu importe la distance physique qui parfois nous sépare. Je vous aime de l’amour d’une petite-fille, d’une fille, d’une sœur, d’une belle-sœur, d’une cousine, d’une nièce et d’une tantine. Je suis fière d’occuper cette place privilégiée dans vos cœurs et vos vies. Je vous suis aussi grandement redevable d’avoir été toujours là, patience tranquille, tout au long de mon parcours. Malgré une incompréhension des méandres de mon parcours doctoral à travers lesquel je me perdais parfois, vous êtes demeurés ouverts et patients. Je ne vous dirai jamais assez à quel point je suis fière de vous, d’être votre Joëlle et à quel point je vous aime. À vous qui êtes MA Familia : Mémé, papounet, ma petite maman d’amour, Mélanie, Philippe, Annie, J.P., Cindy, Sébastien, Élaine, Alain, Sylvie, Roland, Agathe, Marie-Noëlle, Louis-Vincent et Guillaume. Et sans oublier tous ces adorables tannants qui font ma fierté de marraine et tantine: Mélodie, Alexis, Félix-Antoine, Éli et Lennox. Et aussi ceux qui m’observent et me sourient dans l’éternel : papi Gérard, Léandre, tantes Nettie et Muriel. À ma magnifique Mémé, dont le brushing éblouissant m’inspire à chaque instant. À mes parents, dont l’amour, le support et la confiance m’ont ouvert toutes les portes que j’ai osé entrebailler . Table des matières RÉSUMÉ ............................................................................................................................. III ABSTRACT ......................................................................................................................... IV AVANT-PROPOS................................................................................................................... V REMERCIEMENTS .............................................................................................................. VII TABLE DES MATIÈRES ......................................................................................................XVII LISTE DES TABLEAUX ..................................................................................................... XXIII LISTE DES FIGURES ......................................................................................................... XXV LISTE DES ANNEXES ...................................................................................................... XXIX CHAPITRE 1..................................................................................................................... 1 INTRODUCTION GÉNÉRALE .................................................................................................. 1 Importance des habitats critiques et de leur phénologie d’utilisation ............................... 5 Cibler les habitats saisonniers clés .............................................................................. 6 Phénologie d’utilisation des habitats saisonniers......................................................... 7 La condition physique : un proxy utile en écologie animale ............................................ 9 Dynamique de population et condition physique......................................................... 9 Les indices permettant de suivre les changements de condition physique.................. 10 Intérêt du suivi de la condition physique juvénile...................................................... 11 Les traits maternels dans les études de dynamique de population.................................. 13 Caractéristiques maternelles et effets maternels sur la condition physique juvénile ... 13 Mieux comprendre l’allocation maternelle à fine échelle .......................................... 14 Problématique .............................................................................................................. 15 Le caribou migrateur ................................................................................................ 15 Troupeaux Rivière-George et Rivière-aux-Feuilles : nord du Québec et du Labrador 16 Structure de la thèse ..................................................................................................... 19 Volet I – Les aires de mise bas: changements de l’emplacement et de la phénologie d’utilisation d’un habitat critique. ............................................................................. 20 Volet II – Condition physique : influence de la taille de population et des effets maternels.................................................................................................................. 22 - PARTIE I -....................................................................................................................... 27 UTILISATION SPATIO-TEMPORELLE ET PROTECTION DES AIRES DE MISE BAS DU CARIBOU MIGRATEUR ........................................................................................................ 27 CHAPITRE 2................................................................................................................... 29 SHIFTING TARGETS IN THE TUNDRA: PROTECTION OF MIGRATORY CARIBOU CALVING GROUNDS MUST ACCOUNT FOR SPATIAL CHANGES OVER TIME ............................................. 29 Résumé ........................................................................................................................ 31 Abstract........................................................................................................................ 32 Introduction.................................................................................................................. 33 Methods ....................................................................................................................... 35 Study area and populations ....................................................................................... 35 xviii Range use ................................................................................................................. 35 Legal status of calving grounds................................................................................. 37 Calving grounds delimitation.................................................................................... 37 Density estimates on calving grounds ....................................................................... 40 Statistical analysis .................................................................................................... 40 Results.......................................................................................................................... 41 Changes in size of calving grounds ........................................................................... 41 Changes in spatial locations ...................................................................................... 42 Overlap of consecutive annual calving grounds ........................................................ 42 Density of adult females ........................................................................................... 47 Overlap with Wildlife Habitat................................................................................... 47 Discussion .................................................................................................................... 48 Acknowledgements ...................................................................................................... 53 CHAPITRE 3................................................................................................................... 55 TIME IS OF THE ESSENCE: PHENOLOGY OF SPRING MIGRATION AND CALVING GROUNDS USE BY CARIBOU ................................................................................................ 55 Résumé ........................................................................................................................ 57 Abstract........................................................................................................................ 58 Introduction.................................................................................................................. 58 Methods ....................................................................................................................... 61 Study area................................................................................................................. 61 Phenology of spring migration and use of calving grounds ....................................... 63 Explanatory variables (see Table 3.1) ....................................................................... 64 Population trend ....................................................................................................... 64 Large-scale and local climate.................................................................................... 65 Snow Cover.............................................................................................................. 65 NDVI ....................................................................................................................... 67 Statistical analyses.................................................................................................... 67 Correlations among phenological traits ..................................................................... 67 Models selection....................................................................................................... 67 Results.......................................................................................................................... 69 Correlations among phonological traits..................................................................... 69 Phenology of spring migration.................................................................................. 70 Phenology of use of calving grounds ........................................................................ 72 Discussion .................................................................................................................... 73 Phenology of spring migration and arrival on calving grounds.................................. 77 Phenology of use of calving grounds ........................................................................ 80 Living in a changing environment............................................................................. 82 Conclusion ................................................................................................................... 83 Acknowledgments ........................................................................................................ 83 - PARTIE II - ................................................................................................................... 85 CONDITION PHYSIQUE : INFLUENCE DE LA TAILLE DE POPULATION ET EFFETS MATERNELS ...................................................................................................................... 85 CHAPITRE 4................................................................................................................... 87 xix VARIATION IN BODY CONDITION OF MIGRATORY CARIBOU AT CALVING AND WEANING: WHICH MEASURES SHOULD WE USE ? ................................................................ 87 Résumé ........................................................................................................................ 89 Abstract........................................................................................................................ 90 Introduction.................................................................................................................. 91 Methods ....................................................................................................................... 93 Study area................................................................................................................. 93 Range use ................................................................................................................. 94 Body condition data collection.................................................................................. 94 Statistical analyses.................................................................................................... 96 Results ......................................................................................................................... 97 Adult females ........................................................................................................... 97 Calves ...................................................................................................................... 98 Discussion.................................................................................................................. 103 Acknowledgements .................................................................................................... 106 CHAPITRE 5................................................................................................................. 107 IS MOTHER CONDITION RELATED TO OFFSPRING CONDITION IN MIGRATORY CARIBOU AT CALVING AND WEANING?............................................................................................ 107 Résumé ...................................................................................................................... 109 Abstract...................................................................................................................... 110 Introduction................................................................................................................ 111 Methods ..................................................................................................................... 113 Study area............................................................................................................... 113 Range use ............................................................................................................... 114 Body condition ....................................................................................................... 115 Statistical analyses.................................................................................................. 116 Results ....................................................................................................................... 117 Calving................................................................................................................... 117 Weaning ................................................................................................................. 120 Discussion.................................................................................................................. 121 Conclusion ................................................................................................................. 126 Acknowledgements .................................................................................................... 126 CHAPITRE 6................................................................................................................. 129 NITROGEN ALLOCATION TO OFFSPRING AND MILK PRODUCTION IN A CAPITAL BREEDER ......................................................................................................................... 129 Résumé ...................................................................................................................... 131 Abstract...................................................................................................................... 132 Introduction................................................................................................................ 133 Methods ..................................................................................................................... 135 Study area............................................................................................................... 135 Range use ............................................................................................................... 136 Measurements and samples collection .................................................................... 136 Laboratory processing of samples........................................................................... 138 Preparation of serum samples ................................................................................. 138 Preparation of fecal samples ................................................................................... 138 xx Isotope ratio mass-spectrometry.............................................................................. 139 Calculations and statistics ....................................................................................... 139 Deriving diet--δ15N................................................................................................. 139 Proportions of maternal body protein (PD) .............................................................. 140 Statistical analysis .................................................................................................. 141 Dietary and maternal endpoints............................................................................... 141 Maternal products................................................................................................... 142 Results........................................................................................................................ 142 Fecal nitrogen and ash content................................................................................ 142 Dietary endpoints.................................................................................................... 145 Maternal endpoints ................................................................................................. 145 Maternal products................................................................................................... 147 Calf at birth ............................................................................................................ 147 Milk........................................................................................................................ 148 Discussion .................................................................................................................. 150 Diet quality and dietary endpoints........................................................................... 150 Maternal endpoints ................................................................................................. 152 Maternal allocation of nitrogen to offspring............................................................ 153 Maternal allocation of nitrogen to milk ................................................................... 154 Conclusion ................................................................................................................. 156 Acknowledgements .................................................................................................... 157 CHAPITRE 7................................................................................................................. 159 CONCLUSION GÉNÉRALE .................................................................................................. 159 Les aires protégées : un outil approprié ? .................................................................... 165 Distance de migration et température printanière : facteurs modulant la phénologie de migration et d’utilisation des aires de mise bas ........................................................... 168 Des différences entre populations : effets directs ou indirects ?............................... 168 Les conséquences de migrer sur de longues distances ............................................. 169 L’importance des conditions climatiques printanières ............................................. 169 De possibles conséquences sur l’utilisation des aires de mise bas............................ 171 Comment appréhender l’avenir ? ............................................................................ 171 Condition physique : un outil à privilégier .................................................................. 172 Effet du troupeau à la mise bas: une différence de taille.......................................... 172 Une aire d’estivage dégradée ?................................................................................ 173 Un effet maternel positif et compensatoire.............................................................. 174 Tout ou rien : se reproduire par investissement capital ............................................ 176 Mieux comprendre la dynamique actuelle des troupeaux RG et RAF.......................... 178 TRG : un déclin accéléré malgré des individus en bonne condition physique .......... 178 TRAF : en déclin, mais à quel rythme ? .................................................................. 179 Applicabilité et perspectives futures ........................................................................... 181 Des besoins de données de télédétection ................................................................. 182 Protection des habitats saisonniers : au-delà des aires de mise bas........................... 183 Changements climatiques : effets positifs ou négatifs ?........................................... 184 Mot de la fin............................................................................................................... 185 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 187 xxi ANNEXE 1....................................................................................................................... 207 ANNEXE 2....................................................................................................................... 213 ANNEXE 3....................................................................................................................... 221 ANNEXE 4....................................................................................................................... 227 ANNEXE 5....................................................................................................................... 231 Liste des tableaux Table 2.1. Data sources for the delineation of annual calving grounds and the estimation of adult female density for the Rivière-George and the Rivièreaux-Feuilles migratory caribou herds, 1974 to 2010, Northern Québec and Labrador, Canada. .................................................................................................... 39 Table 2.2 Matrix of annual overlap (%) of calving grounds for the Rivière-George migratory caribou herd from 1974 to 2010, Northern Québec and Labrador, Canada. .................................................................................................................... 46 Table 3.1 Explanatory variables included in models describing the phenology of spring migration (A) and use of calving grounds (B) by female caribou of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. .................................................................................................... 66 Table 3.2 Hypotheses and general predictions tested regarding the timing of spring migration and the use of calving grounds from 1991 to 2010 for female caribou (Rangifer tarandus) of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Québec and Labrador, and the relative support (Yes or No) and direction of the relationship (+ or −) where relevant. .......................................... 69 Table 3.3 Selected mixed regression models explaining the phenology of spring migration and use of calving grounds from 1991 to 2010 by female caribou of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. For each model, AIC weight (ωi) is shown. For details on models selection, see Annexe 2................................................................................. 71 Table 4.1 Sampling dates and sample sizes of female–calf pairs of migratory caribou from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. .................................................................. 95 Table 4.2 Body condition measurements (mean; standard deviation [SD]; minimum [min]; maximum [max]) of adult female migratory caribou at calving and weaning. Data were collected from 2007 to 2009 on female–calf pairs from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. .................................................................. 99 Table 4.3 PC scores (eigenvectors) from the PCA of body condition measurements of female-calf pairs of migratory caribou at calving and weaning, Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Québec/Labrador, Canada. Numbers in bold identify body condition measurements with scores higher than 0.5 (see Joliffe 1986) for each PC axis retained................................................................................................................... 100 Table 4.4 Body condition measurements (mean; standard deviation (SD); minimum (min); maximum (max)) of migratory caribou calves at calving and weaning. Data were collected from 2007 to 2009 on female–calf pairs from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. ............................................................................... 102 xxiv Table 5.1 Sampling dates and sample size, by year and season, for mother-calf pairs of migratory caribou (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada.................................................................................................................... 113 Table 5.2 Regression models of the effects of year, herd, female mass, sex of calf and all second-degree interactions on the body mass, size and fat of migratory caribou calves (Rangifer tarandus), at calving and weaning, from RivièreGeorge (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada, 2007 to 2009. ............................................................................ 118 Table 6.1 Body mass (mean; standard-error (SE); kg) of adult female migratory caribou and their calves at calving and weaning. Data were collected from 2007 to 2009 on female-calf pairs from the Rivière-George (RG) and Rivièreaux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. Sample size: 2007 (calving) = 20; 2008 and 2009 (calving and weaning) = 15 pairs per herd. ................................................................................................................. 137 Table 6.2 Definition, source material, and period sampled for the different isotopic parameters collected from female-calf pairs of migratory caribou (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. ...................................................... 143 Liste des figures Figure 1.1 Aires annuelles (gris pâle) et aires de mise bas (gris foncé) des troupeaux de caribous migrateurs Rivière-George (RG) et Rivière-auxFeuilles (RAF), nord du Québec et du Labrador, Canada, en 2010…………………..17 Figure 1.2 Tendance démographique des troupeaux de caribous migrateurs Rivière-George (RG) et Rivière-aux-Feuilles (RAF), nord du Québec et du Labrador, Canada……………………………………………………………………..18 Figure 1.3 Schématisation de la structure des différents chapitres de la thèse. Les boîtes présentent, pour chaque chapitre, le titre succinct (gras), les questions principales et les comparaisons majeures (italique). Les flèches indiquent les périodes d’intérêt du cycle vital ciblées par les volets de la thèse……………………26 Figure 2.1 Annual ranges and calving grounds of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) migratory caribou herds, Northern Québec and Labrador, Canada, estimated from telemetry locations of adult females in 2010. Darker polygons represent calving grounds within the annual ranges, delineated by black contour lines……………………………………………………..36 Figure 2.2 Calving ground size (empty symbols) and population size (filled symbols and plain line) of (a) Rivière-George and (b) Rivière-aux-Feuilles migratory caribou herds from 1973 to 2010, Canada. Population size was estimated from aerial counts (mean ± 90% conf. interval). High values (RG: 2002; RAF: 2004 and 2005) represent years when females calved during migration……………………………………………………………………………...43 Figure 2.3 Calving ground locations from 1974 to 2010 for migratory caribou of the Rivière-George herd, Canada. The darker polygons indicate the legal Wildlife Habitat, first defined in 1993 and updated in 2004. No calving ground locations were available in 2002 and 2004 for the RG. The centroid of annual calving grounds is shown by a black circle filled with a white cross…………………………………………………………………………………...44 Figure 2.4 Calving ground locations from 1995 to 2010 for migratory caribou of the Rivière-aux-Feuilles herd, Canada. The dark polygons represent the legal Wildlife Habitat, first defined in 1991 and updated in 2004. No calving ground locations were available in 2004 and 2005. The centroid of annual calving grounds is represented with a black circle filled with a white cross…………45 Figure 2.5 Percentage of overlap between annual calving grounds of the RivièreGeorge (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) migratory caribou herds, and Wildlife Habitats protecting caribou habitat in Northern Québec, Canada. The gray line separates the years before and after Wildlife Habitats were updated. No calving ground estimates were available in 2002 and 2004 for the RG. Asterisks indicate years when there was no overlap between the annual calving ground and Wildlife Habitat…………………………………..……...47 xxvi Figure 2.6 Locations of the proposed traditional calving grounds (stripped) and annual calving grounds (dark gray) of the Rivière-George (RG) and Rivièreaux-Feuilles (RAF) migratory caribou herds, Northern Québec-Labrador, Canada. Traditional calving grounds represent the cumulative area used for calving by each herd. Annual calving grounds include the 5 past years of use of calving grounds (2006 to 2010)…………………………………………………....52 Figure 3.1 Annual ranges, pre-migration ranges and calving grounds of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) caribou herds, Northern Québec and Labrador, Canada, estimated from telemetry locations of adult females in 2010. Dark polygons represent calving grounds and dashed polygons are pre-migration ranges within the annual ranges delineated in pale gray with black contour lines………………………………………………....62 Figure 3.2 Correlations among phenological variables used to describe the phenology of spring migration and use of calving grounds (CG) of female caribou of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada, 1991-2010. Solid lines relate traits that were significantly correlated with r >0.40, dashed lines relate significant correlations with r <0.40, while no line indicate absence of correlation between traits…………………………………………………………………………70 Figure 3.3 Annual variations in distance of spring migration (A) and its relationships with phenology of spring migration described by B) date of initiation of migration, C) duration of migration and D) arrival date on calving grounds of female caribou from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada in 1991-2010. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots)…………………………………...74 Figure 3.4 Annual variations in the phenology of spring migration described by A) date of initiation of migration, B) duration of migration and C) arrival date on calving grounds, and in the phenology of use of calving grounds described by D) calving date, E) duration of use of calving grounds and F) departure date from calving grounds in 1991-2010 by female caribou of the RivièreGeorge (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots)………………………..75 Figure 3.5 Relationships between average temperature in spring (April or May) and A) date of initiation of spring migration, B) arrival date on calving grounds and C) calving date of female caribou of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada in 1991-2010…………………………………………………………………76 Figure 4.1 Principal component analyses (PCA) of body condition measurements of adult female migratory caribou at calving and weaning. Calving: a) body condition measurements selected by the first and second PC axes and b) scores of the first and second PC axes for both herds. Weaning: c) body condition measurements selected by the first and third PC axes and d) scores xxvii of the first and third PC axes for both herds. The following measurements were used in the PCAs: Total body mass (Tot_mass; kg), dressed body mass (Dres_mass; kg), total body length (Tot_length; cm), hind foot length (cm), chest girth (cm), femoral bone length (Fem_bone length; cm), mandible length (Mand_length; cm), peroneus muscle mass (Pero_mass; g), kidney fat (%) and femoral bone marrow fat (Fem_bone_fat; %). Data were collected from 2007 to 2009 on female–calf pairs from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada……….101 Figure 5.1 Annual range use and reproductive cycle of female migratory caribou (Rangifer tarandus). Estrus and conception occur during the fall rut, followed by pregnancy, calving, and lactation before the next rut (solid line) that can be extended (dashed line)……………………………………………..……114 Figure 5.2 Relationships between maternal mass and (a) calf body mass (kg), (b) calf hind foot length (cm) and (c) calf kidney fat (%) at calving (early June) and at weaning (October-November). Data were collected from 2007 to 2009 on mother-calf pairs of migratory caribou (Rangifer tarandus) from RivièreGeorge (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. At calving, relationships were not significant with calf hind foot length for RG and with kidney fat for both herds. At weaning, there was no significant interaction between maternal mass and herd for calf body mass, hind foot length or kidney fat…………………………………………………119 Figure 5.3 Birth mass (a) and weaning mass (b) (mean ± SE) of male and female migratory caribou calves (Rangifer tarandus) in 2007, 2008 and 2009 from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. Data were pooled because there were no significant year effects. Means with the same letter do not differ significantly (α= 0.05)…………………………………………………………………………….122 Figure 6.1 Annual variations of isotopic indicators of dietary N in migratory caribou (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-auxFeuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. Data were collected on female-calf pairs from 2007 to 2009. Blood was sampled only in 2008 and 2009. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots)……………………………...144 Figure 6.2 Annual variations of isotopic indicators of maternal N in migratory caribou (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-auxFeuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. Data were collected on female-calf pairs from 2007 to 2009. Blood was sampled only in 2008 and 2009. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots)……………………………...146 Figure 6.3 Annual variations of calf muscle δ15N and in the proportion of calf muscle δ15N (PDcalf) derived from maternal muscle δ15N at calving in migratory caribou (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. xxviii Data were collected on female-calf pairs from 2007 to 2009. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots)……………………………………………………..149 Figure 6.4 Annual variations of maternal milk δ15N and the proportion of milk δ15N (PDmilk) derived from maternal muscle δ15N at calving and weaning for female migratory caribou (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. Milk was only sampled in 2009. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots)………………………………………………………………………………...151 Figure 7.1 Schématisation des principaux résultats des différents chapitres de la thèse. Les boîtes présentent, pour chaque chapitre, le titre succinct (gras) et les principaux résultats. Les boîtes sont disposées afin de présenter les concepts abordés à large (haut) et fine (bas) échelles spatiale et temporelle. Les flèches indiquent les principaux liens directs entre les chapitres……………….164 Liste des Annexes ANNEXE 1 Principales hypothèses de recherche des chapitres de la thèse......................................... 209 ANNEXE 2 Table A3.1 Mixed regression models explaining the initiation date of spring migration from 1991 to 2010 for female caribou (Rangifer tarandus) of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. For each model, differences in AIC are compared to the lowest-scoring model (∆AIC), number of parameters (NP) and AIC weight (ωi) are shown........................................................................................................ 215 Table A3.2 Mixed regression models explaining the duration of spring migration from 1991 to 2010 for female caribou (Rangifer tarandus) of the RivièreGeorge and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. For each model, differences in AIC are compared to the lowestscoring model (∆AIC), number of parameters (NP) and AIC weight (ωi) are shown..................................................................................................................... 216 Table A3.3 Mixed regression models explaining arrival date on calving grounds from 1991 to 2010 for female caribou (Rangifer tarandus) of the RivièreGeorge and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. For each model, differences in AIC are compared to the lowestscoring model (∆AIC), number of parameters (NP) and AIC weight (ω i) are shown..................................................................................................................... 217 Table A3.4 Mixed regression models explaining calving date from 1991 to 2010 of female caribou (Rangifer aatarandus) of the Rivière-George and Rivière-auxFeuilles herds, Northern Quebec and Labrador. Canada. For each model, differences in AIC are compared to the lowest-scoring model (∆AIC), number of parameters (NP) and AIC weight (ω i) are shown. .................................. 218 Table A3.5 Mixed regression models explaining the duration of use of calving grounds from 1991 to 2010 of female caribou (Rangifer tarandus) of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador. Canada. For each model, differences in AIC are compared to the lowest-scoring model (∆AIC), number of parameters (NP) and AIC weight (ω i) are shown. ....................................................................................................... 219 Table A3.6 Mixed regression models explaining departure date from calving grounds from 1991 to 2010 of female caribou (Rangifer tarandus) of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. For each model, differences in AIC are compared to the lowest-scoring model (∆AIC), number of parameters (NP) and AIC weight (ω i) are shown. ....................................................................................................... 220 xxx ANNEXE 3 Comparison of body condition of adult females in migratory caribou of the Rivière-George and the Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Québec and Labrador, Canada, using PC scores......................................................................... 223 Objective and methods ................................................................................................... 223 Results ........................................................................................................................... 223 Discussion...................................................................................................................... 224 Figure A4.1 Body mass of lactating females (mean ± SE; empty symbols) and population size (mean ± 90% conf. interval; filled symbols and plain line) in two migratory caribou herds in Northern Québec and Labrador, Canada: (a) Rivière-George herd and (b) Rivière-aux-Feuilles herd. Body mass was collected on female-calf pairs from late October to early November of 2007 to 2009 (this study), 2001-2002 and 1985-1987 (Couturier et al. 2010), and 1983-1984 (Huot 1989). Population size was estimated from aerial counts. Because of the poor precision of the aerial count in 2001, only the value of the lower confidence limit of herd size is shown for the Rivière-aux-Feuilles herd (see Couturier et al. 2004)............................................................................... 226 ANNEXE 4 Table A6.1 Annual values (mean ± SE) of N content in organic matter (g/100g organic matter; O_DM) at calving in fecal samples of migratory caribou females (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-auxFeuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. .............................. 229 Figure A6.1 Composition of fecal samples (fecal nitrogen and ash content) collected from adult female migratory caribou (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. Data were collected on female-calf pairs from 2007 to 2009. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots). ......................................... 230 ANNEXE 5 Details on the enrichment of 15N in maternal tissues, from blood clot to serum protein to muscle, of migratory caribou females (Rangifer tarandus) from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. ............................................................................... 233 CHAPITRE 1 Introduction générale Joëlle Taillon Dans toutes les choses de la nature, il y a quelque chose de merveilleux – Aristote Le problème, c’est qu’il faut faire des statistiques pour s’en assurer... – J. Taillon De nature grégaire ou solitaire, présentes en grands ou faibles nombres, les espèces animales ont toujours intrigué philosophes, artistes, naturalistes et scientifiques. Ces derniers sont particulièrement motivés par le désir d’approfondir leur compréhension des mécanismes sous-jacents aux variations de la taille des populations animales. Cette compréhension est essentielle afin de décrire le fonctionnement d’un écosystème, d’établir les liens entre les différents niveaux trophiques, d’estimer l’impact des facteurs biotiques et abiotiques sur la composition et la taille d’une population et, ultimement, d’améliorer la gestion de celle-ci. Pourquoi une population augmente-t-elle drastiquement en nombre, alors qu’une autre s’éteint subitement ? L’étude de la dynamique des populations animales est une tâche complexe. Elle nécessite de s’intéresser aux multiples mécanismes agissant au niveau populationnel et influençant l’étendue de l’aire de répartition ainsi qu’aux mécanismes touchant l’individu à fine échelle, comme l’allocation des ressources énergétiques. La dynamique de population est souvent décrite comme résultant des effets de la stochasticité environnementale et des liens entre la densité et la condition physique, la croissance, la reproduction et la survie des individus (Clutton-Brock et al. 1985; Gaillard et al. 1998; Post et Stenseth 1999). Toutes choses n’étant pas égales, de nombreuses études ont constaté que les différences intrinsèques entre les individus comme l’âge, le sexe et le statut reproducteur, doivent être considérées lors de l’étude de la dynamique d’une population (Clutton-Brock et Coulson 2002; Toïgo et al. 2006). Tenir compte de la sensibilité des différentes classes d’une population aux facteurs environnementaux peut ainsi mener à prédire plus précisément les changements dans la taille d’une population (Gaillard et al. 2000; Gaillard et Yoccoz 2003). À fine échelle, les individus répondent aux variations des conditions environnementales saisonnières en modifiant l’allocation des ressources énergétiques aux différentes structures et fonctions de l’organisme (Owen-Smith 2002). Ultimement, les différences observées dans l’allocation des ressources saisonnières peuvent indiquer des compromis fondamentaux des besoins individuels reliés à la maintenance et aux composantes biodémographiques telles que la croissance, la 4 reproduction et la survie. L’énergie allouée aux différentes composantes biodémographiques étant limitée, les compromis observés varient en fonction des caractéristiques de l’espèce, de l’individu et des variations environnementales modulant l’abondance et la qualité des ressources (Stearns 1992). Tout compromis limite ultimement un individu qui doit maximiser sa capacité à produire des descendants matures et ainsi à optimiser son aptitude phénotypique (Partridge et Harvey 1988). Les changements démographiques se traduisent aussi fréquemment par une modification des stratégies d’utilisation de l’espace visant une utilisation optimale des ressources saisonnières. Les environnements saisonniers sont, entre autres, caractérisés par une période prévisible de croissance végétale suivie d’une période de faible croissance principalement associée à des changements de température dans les environnements tempérés (hiver, Moen et al. 2006) et de précipitations dans les régions tropicales (saison sèche, Holdo et al. 2009). Les espèces utilisant des environnements saisonniers synchronisent habituellement leur reproduction avec les variations temporelles dans la disponibilité et la qualité des ressources alimentaires, et ce afin de faire coïncider la période plus énergétiquement coûteuse de la reproduction (e.g. lactation) avec la plus grande disponibilité des ressources dans l’environnement (Rubenstein et Wikelski 2003; Langvatn et al. 2004). La phénologie d’utilisation des habitats saisonniers peut ainsi être un déterminant clé du succès reproducteur et de la survie des individus chez les espèces utilisant des environnements saisonniers (Cotton 2003; Jonzén et al. 2011). De nombreuses espèces adoptent la migration comme stratégie d’utilisation des ressources saisonnières (Cresswell et al. 2011) ou en réponse à certaines contraintes telles que la prédation (Hebblewhite et Merrill 2009; McKinnon et al. 2010). La migration peut être caractérisée par des mouvements coordonnés qui se produisent à large échelle spatiale et dont la phénologie est partiellement prédictible (Cresswell et al. 2011). La migration peut aussi impliquer une fidélité à certains habitats utilisés pour les activités reproductrices durant les périodes critiques d’utilisation des ressources alimentaires et d’accumulation des réserves corporelles chez les femelles adultes et de croissance chez les jeunes. L’utilisation répétée de certains sites confère potentiellement des bénéfices aux individus tels que la familiarité avec les ressources et la topographie ainsi que l’évitement des prédateurs 5 (Bergerud et al. 2008; Cresswell et al. 2011). Une fidélité à des sites saisonniers peut toutefois rendre les individus plus vulnérables aux perturbations naturelles et anthropiques, et aux changements environnementaux influençant l’accessibilité, la qualité et la disponibilité de ces habitats (Shuter et al. 2011). Cette thèse vise à contribuer à notre compréhension des facteurs influençant l’utilisation d’habitats saisonniers et la condition physique individuelle chez des populations migratrices présentant de fortes fluctuations démographiques. Elle s’attarde plus spécifiquement à la période d’utilisation d’habitats critiques pour la survie et la croissance juvénile qui peut affecter directement la dynamique des populations. Plusieurs questionnements ont orienté les différents chapitres de cette thèse : • Comment identifier et protéger les habitats considérés critiques pour une espèce migratrice ? • Quels facteurs influencent la phénologie d’utilisation des habitats saisonniers d’une espèce migratrice ? • Peut-on relier les changements démographiques à des changements dans la condition physique individuelle ? • Les traits maternels influencent-ils la condition physique des juvéniles ? De la même manière à faible et forte taille de population ? • Est-ce que la caractérisation de l’allocation des ressources maternelles à fine échelle permet de mieux comprendre les variations biodémographiques au niveau populationnel ? Importance des habitats critiques et de leur phénologie d’utilisation Les espèces migratrices sont caractérisées par l’utilisation de vastes aires saisonnières et par des déplacements migratoires à large échelle. Pensons simplement aux oiseaux comme la grande oie des neiges (Chen caerulescens atlantica), la sterne arctique (Sterna paradisaea) ou plusieurs espèces de limicoles; aux insectes comme le monarque (Danaus plexippus) ou le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria); et aux mammifères allant de la baleine à bosses (Megaptera novaeangliae) aux nombreux ongulés africains migrateurs (revue dans MilnerGulland et al. 2011; Sinclair et al. 2010). Plusieurs grandes populations migratrices ont récemment présenté un déclin en taille (p. ex. le gobe-mouche noir, Ficedula hypoleuca, 6 Both et al. 2006; plusieurs espèces d’oiseaux en Afrique et Europe, Sanderson et al. 2006; et plusieurs espèces d’ongulés, Bolger et al. 2008; Harris et al. 2009; Vors et Boyce 2009) ou une diminution de leurs comportements migrateurs (Kirby et al. 2008; Shuter et al. 2011). Les changements climatiques et les activités anthropiques, principalement l’exploitation par la chasse ainsi que l’expansion des populations humaines et l’exploitation industrielle des ressources naturelles, sont considérés comme les causes principales de ces déclins (Wilcove et Wikelski 2008; Shuter et al. 2011). Face à cette situation, l’acquisition de connaissances sur l’utilisation de l’espace et les facteurs influençant les mouvements saisonniers des animaux migrateurs est essentielle pour guider les décisions de gestion et de conservation. Cibler les habitats saisonniers clés Tout habitat est caractérisé par l’ensemble de ses composantes biotiques et abiotiques, e.g. la végétation, les prédateurs et les congénères. La qualité des habitats utilisés lors de la reproduction, de la production et de la croissance des juvéniles affecte la dynamique des populations (McLoughlin et al. 2007). Chez plusieurs espèces, le choix de ces habitats implique un compromis entre l’accessibilité aux ressources alimentaires (Schekkerman et al. 2003, Sinclair et al. 2010), et les contraintes associées à la prédation ou la présence de parasites (McKinnon et al. 2010). Le choix des sites de mise bas chez les mammifères ou des sites de nidification et de ponte chez les oiseaux illustre ce compromis (revue dans Cresswell et al. 2011). Chez les limicoles nichant dans l’Arctique canadien, par exemple, la distance de migration est directement associée à une diminution du risque de prédation et corrélée à un plus grand succès de nidification (McKinnon et al. 2010). Les facteurs influençant ce compromis fondamental peuvent entraîner une modification de l’utilisation des habitats utilisés lors de la reproduction et ultimement avoir un impact majeur sur la démographie des populations animales. Les mesures de protection pour les espèces animales, comme la création d’Aires Protégées, ciblent régulièrement les sites associés à la production des juvéniles (Kirby et al. 2008; Shuter et al. 2011; Singh et Milner-Gulland 2011). Les Aires Protégées, présentant typiquement des limites fixes et légalement définies, sont considérées comme le principal 7 outil de conservation permettant d’assurer la protection d’aires critiques pour une espèce animale, mais sensibles aux perturbations telles que le développement industriel ou l’expansion des populations humaines (Hockings et al. 2006; IUCN 2010). Récemment, le nombre d’Aires Protégées a augmenté mondialement pour atteindre plus de 120 000 sites en 2008 (UNEP-WCMC, 2010). Les efforts actuels visent à augmenter leur représentativité géographique et écologique (IUCN 2010; UNEP-WCMC 2010). La délimitation d’aires statiques pourrait, toutefois, ne pas convenir à la protection d’espèces ayant de forts patrons de dispersion ou utilisant des aires saisonnières étendues (Thirgood et al. 2004; Bleisch et al. 2008; Craigie et al. 2010; Singh et Milner-Gulland 2011). Dans le cas des espèces migratrices, les Aires Protégées statiques sont souvent inadéquates pour capturer la variabilité dans l’utilisation spatiale et temporelle des habitats (Thirgood et al. 2004). À titre d’exemple, la méconnaissance de l’utilisation de l’espace et des déplacements saisonniers de plusieurs espèces d’oiseaux et de mammifères (revue dans Gaston et al. 2008; Craigie et al. 2010), dont plusieurs grands ongulés migrateurs (caribou migrateur, Rangifer tarandus, Russell et al. 2002, Gunn et al. 2008; gazelle de Mongolie, Procapra gutturosa, Mueller et al. 2008; antilope saïga, Saiga tatarica, Singh et Milner-Gulland 2011) a entraîné la mise en place d’Aires Protégées qui ne protègent pas convenablement les espèces ou les habitats ciblés. On peut ainsi se questionner à savoir si la mise en place de ce type de mesure de conservation permet de protéger adéquatement les habitats critiques utilisés par les espèces ayant de forts patrons de dispersion, utilisant des aires saisonnières étendues ou adoptant la migration comme stratégie d’utilisation de l’espace (Bolger et al. 2008; Harris et al. 2009). Phénologie d’utilisation des habitats saisonniers En plus de leur emplacement géographique, la phénologie d’utilisation des habitats saisonniers peut influencer le succès reproducteur et la survie des animaux (Cotton 2003; Jonzén et al. 2011). Les diverses stratégies d’utilisation de l’espace visent à optimiser la synchronisation entre la disponibilité saisonnière des ressources alimentaires et les périodes de fortes demandes énergétiques pour les femelles (i.e. ponte, nidification, gestation et/ou lactation) et les juvéniles (croissance et survie) (Milner-Gulland et al. 2011). L’utilisation des habitats saisonniers est ainsi modulée par l’habileté des animaux à réagir aux variations 8 du climat, de la phénologie des plantes ou de la disponibilité des ressources alimentaires (Jonzén et al. 2011). Les changements de la photopériode, et des patrons de précipitations ou de température sont couramment identifiés comme des indicateurs environnementaux expliquant la phénologie des déplacements saisonniers effectués à fine ou large échelles spatiales (Jonzén et al. 2011). Chez les espèces sédentaires (insectes, Mjaaseth et al. 2005; oiseaux, Jonzén et al. 2007), la proximité spatiale des habitats saisonniers peut permettre une meilleure évaluation à fines échelles spatiales et temporelles des indicateurs environnementaux comme les événements de gels ou le débourrement des bourgeons. Chez les espèces migratrices, les indicateurs environnementaux sont toutefois détectés dans un habitat utilisé (e.g. aire d’hivernage) qui est séparé spatialement de l’habitat ciblé (e.g. aire de reproduction, de nidification ou de mise bas; Both et al. 2006). Ces indicateurs environnementaux sont ainsi représentatifs de variations à large échelle spatiale et sujettes à d’importantes variations annuelles tout en n’étant pas nécessairement garant des changements environnementaux à l’échelle locale (oiseaux, Marra et al. 2005; mammifères, Meng et al. 2003). Chez les espèces migratrices, la phénologie d’utilisation des habitats saisonniers peut être influencée par des facteurs comme le climat, la densité de population et la disponibilité des ressources alimentaires (Marra et al. 2005; Jonzén et al. 2011; Monteith et al. 2011). Les variations climatiques à large échelle sont communément décrites par des indices régionaux (i.e. North Atlantic oscillation (NAO), North Pacific index (NPI), Arctic Oscillation (AO)) et reliées aux variations dans la phénologie de reproduction et d’utilisation des habitats saisonniers chez les insectes (Briers et a1. 2004), les oiseaux (Cotton 2003) et les ongulés (Forchhammer et al. 2001; Stenseth et al. 2003; Joly et al. 2011). Chez les ongulés nordiques, les variations annuelles du climat et de la productivité végétale sont considérées comme les facteurs expliquant la majorité de la variation dans la phénologie et la synchronie des activités reproductrices (mouflon de Dall, Ovis dalli, Rachlow et Bowyer 1991; mouflon d’Amérique, Ovis canadensis, Festa-Bianchet 1988; chevreuil, Capreolus capreolus, Linnell et Andersen 1998; caribou, Post et al. 2003). La densité de population peut aussi influencer directement le patron d’utilisation des habitats saisonniers en entraînant une augmentation de la compétition pour les ressources alimentaires (Bonenfant 9 et al. 2009) qui peut modifier les stratégies d’utilisation de l’espace, la phénologie des mouvements migratoires et le taux de déplacement individuel (Hinkes et al. 2005; Couturier et al. 2010). Une meilleure compréhension des facteurs influençant l’emplacement et la phénologie d’utilisation des habitats saisonniers est nécessaire dans le contexte des changements climatiques. En effet, des études récentes mettent en évidence l’influence des changements climatiques sur la phénologie des plantes (Cleland et al. 2007), l’émergence des insectes (Visser et Holleman 2001), et la phénologie de reproduction et de migration des oiseaux (Cotton 2003; Tøttrup et al. 2006). Une phénologie altérée des ressources alimentaires peut entraîner la désynchronisation entre la disponibilité des ressources, les besoins des consommateurs et, chez les espèces migratrices, les déplacements migrateurs saisonniers (Kirby et al. 2008; Shuter et al. 2011). Chez le gobe-mouche noir, par exemple, le devancement de l’émergence des insectes au cours des deux dernières décennies a mené au déclin de près de 90% de la taille de 9 populations néerlandaises (Both et al. 2006). Chez le renne, la désynchronisation entre la phénologie de la végétation et la période de mise bas a réduit la survie juvénile (Post et Forchhammer 2008). Peu d’études se sont toutefois attardées à identifier les facteurs influençant la phénologie de migration et d’utilisation des aires de mise bas des grands herbivores migrateurs, alors que cette information est critique pour la gestion et la conservation de ces espèces (Bolger et al. 2008; Harris et al. 2009; Shuter et al. 2011). La condition physique : un proxy utile en écologie animale Dynamique de population et condition physique Les facteurs environnementaux n’ont pas seulement un effet sur la phénologie d’utilisation des habitats saisonniers d’une population, mais peuvent aussi influencer la condition physique individuelle et l’allocation des ressources maternelles (Toïgo et al. 2006; Barboza et al. 2009; Parker et al. 2009). L’utilisation de mesures de condition physique est un outil privilégié pour les scientifiques et les gestionnaires afin d’identifier les facteurs influençant les changements démographiques des populations animales. En effet, plusieurs études s’intéressant à la dynamique de population utilisent la condition physique individuelle pour 10 évaluer les effets de l’environnement et de la densité sur les composantes biodémographiques, i.e. la croissance, la survie et le succès reproducteur (Simard et al. 2008; Simard et al. 2010; Gingras 2012). La condition physique réfère habituellement à la quantité de réserves énergétiques disponibles pour soutenir le métabolisme de base et les activités journalières et saisonnières d’un individu (Barboza et al. 2009; Parker et al. 2009). Elle peut être directement influencée par les conditions environnementales via les dépenses énergétiques reliées à la thermorégulation et aux déplacements des individus (Coulson et al. 2000; Mysterud et Ostbye 2006), ou indirectement par une modification de l’accès, de la quantité et de la qualité des ressources disponibles à des périodes critiques du cycle de vie (Langvatn et al. 1996; Owen-Smith et Mason 2005). En plus des facteurs environnementaux, les effets dépendants de la densité peuvent mener à une utilisation d’habitats sub-optimaux et entraîner une diminution de la condition physique (Côté et al. 2004; Kjellander et al. 2006; Bonenfant et al. 2009). Les indices permettant de suivre les changements de condition physique Les variations de la condition physique individuelle peuvent être décrites à l’aide de plusieurs mesures ou indices différents incluant des mesures de masse corporelle, de masse de certains groupes musculaires, de mesures de taille corporelle ou de l’évaluation des réserves de gras et de protéines (Harder et Kirkpatrick 1996). Malgré la facilité de récolte de certaines mesures, il est essentiel d’identifier les contraintes et limites associées aux différentes données de condition physique. Certaines mesures peuvent, par exemple, intégrer des changements au niveau de différentes sources de réserves énergétiques. La masse corporelle est couramment utilisée pour décrire les variations saisonnières de la condition physique (Barboza et al. 2009; Parker et al. 2009) et permet d’identifier les effets cohortes et les changements annuels dans les conditions environnementales (Hewison et al. 1996; Lesage et al. 2001; Gaillard et al. 2003a). Puisqu’elle intègre différentes composantes de la condition physique, la masse corporelle s’avère inadéquate pour identifier les changements subtils de condition physique face aux contraintes environnementales (e.g. changements dans le pourcentage de gras des reins) qui peuvent toutefois être reliés à des différences de croissance, survie ou succès reproducteur individuel (Dale et al. 2008; Parker et al. 2009; Simard et al. 2010). De même, la masse corporelle peut être une mesure inadéquate pour distinguer entre des changements de taille corporelle, de réserves de gras 11 ou de protéines (Schulte-Hostedde et al. 2005; Simard 2010). D’autres mesures peuvent aussi présenter un portrait spécifique de certains aspects de la condition physique individuelle. Par exemple, pour les espèces qui atteignent une taille adulte asymptotique, la taille squelettique permet d’obtenir de l’information sur les conditions environnementales rencontrées par les individus à la naissance et lors de la croissance (Gaillard et al. 2003a; Barboza et al. 2009). Les os ont toutefois une priorité de croissance par rapport aux autres tissus (Klein 1964) de sorte que la taille squelettique peut être moins sensible aux changements saisonniers de disponibilité des ressources que la masse corporelle, et répond principalement aux changements à long terme dans les conditions environnementales (Klein et al. 1987; Toïgo et al. 2006; Couturier et al. 2010). Finalement, seul un suivi à long terme d’indices de condition physique peut permettre de relier les variations saisonnières ou annuelles de condition physique individuelle à des changements en survie et succès reproducteur affectant la démographie de population (Clutton-Brock et Coulson 2002; Hamel et al. 2009a; Simard et al. 2010). L’utilisation d’une mesure appropriée pour évaluer la condition physique permettrait de mieux cibler les méthodes d’échantillonnage et de prioriser la récolte de mesures adéquates. Il semble essentiel d’utiliser la ou les mesures qui permettent de quantifier la variabilité individuelle de la condition physique au sein d’une population tout en reflétant la sensibilité des différentes classes d’âge et de sexe aux changements dans la disponibilité des ressources alimentaires. Intérêt du suivi de la condition physique juvénile La condition physique varie en fonction des caractéristiques intrinsèques des individus comme le génotype, l’âge, le sexe et le statut reproducteur (Hewison et al. 1996; FestaBianchet et al. 1998; Barboza et Parker 2008). Les juvéniles présentent typiquement un taux d’utilisation des réserves protéiques et une croissance squelettique plus rapides que les adultes qui, chez la plupart des mammifères, ne présentent plus de croissance squelettique (Barboza et al. 2009). Pour assurer leur survie, les juvéniles ajustent l’allocation des ressources métaboliques entre la croissance corporelle, la maintenance et la mise en réserve. Les adultes quant à eux partagent principalement leurs réserves énergétiques entre les demandes reliées à la reproduction présente et future, à la maintenance et à 12 l’accumulation de réserves corporelles. Les mâles et les femelles adultes diffèrent aussi quant à leurs efforts reproducteurs, besoins nutritionnels et taux métabolique (Barboza et al. 2009) et peuvent, conséquemment, réagir différemment aux conditions environnementales saisonnières (Toïgo et al. 2006; Pérez-Barberia et al. 2008). Chez les mâles, les besoins énergétiques sont typiquement plus élevés lors de la saison d’accouplement alors que les animaux sont plus actifs et que la prise alimentaire est réduite, résultant en une perte de masse corporelle et de gras corporel (Barboza et al. 2004; Simard 2010). Les femelles adultes rencontrent habituellement des demandes énergétiques élevées lors de la gestation et la lactation (mammifères; Clutton-Brock et al. 1989) ou de la ponte et la couvaison (oiseaux; Monaghan et Nager 1997). La sensibilité spécifique des classes de sexe et d’âge d’une population aux facteurs environnementaux saisonniers peut ainsi mener à des différences de condition physique et à des compromis dans l’allocation des ressources et ce, particulièrement lors des périodes de fortes demandes énergétiques. Chez la majorité des espèces animales longévives, la survie juvénile est la première composante démographique affectée par une diminution de la quantité ou de la qualité des ressources suivies de l’âge à la première reproduction des femelles, du taux de gestation des femelles et, dans les cas critiques, de la survie adulte (Eberhardt 2002; Bonenfant et al. 2009). Les juvéniles sont habituellement plus sensibles aux variations climatiques et aux effets dépendants de la densité que les adultes (Gaillard et al. 2000; Festa-Bianchet et al. 2003; Bonenfant et al. 2009). Le suivi de la condition corporelle et de la survie juvénile est ainsi fréquemment considéré comme le moyen de relier et comprendre comment les changements dans la qualité de l’habitat affectent la dynamique de population (Forchhammer et al. 2001; Lesage et al. 2001; Bonenfant et al. 2009). Les effets d’une densité de population élevée sur la condition, la croissance et la survie juvéniles sont communs chez les mammifères (Lindström 1999; Kjellander et al. 2006; Bonenfant et al. 2009). Bonenfant et al. (2009) ont récemment suggéré que les effets dépendants de la densité étaient le principal facteur influençant les paramètres démographiques d’une population, et ce, par des effets sur la condition physique individuelle. Ces effets peuvent se traduire par une masse plus faible à la naissance (Skogland 1983; Kjellander et al. 2006), un taux de croissance réduit (Hewison et al. 2002) 13 ou une plus forte mortalité (Owen-Smith 1990; Festa-Bianchet et al. 1998) des juvéniles nés à haute densité comparativement à ceux nés à faible densité de population. Les effets dépendants de la densité sur la condition corporelle juvénile peuvent notamment persister jusqu’à l’âge adulte (Forchhammer et al. 2001; Pettorelli et al. 2002; Gaillard et al. 2003a), entraîner un délai de l’âge de primiparité (Festa-Bianchet et al. 1995; Langvatn et al. 1996) et réduire le succès reproducteur à l’âge adulte (Forchhammer et al. 2001). Les traits maternels dans les études de dynamique de population Caractéristiques maternelles et effets maternels sur la condition physique juvénile Parmi les divers facteurs affectant la condition physique juvénile, le phénotype maternel serait, chez plusieurs espèces, la plus importante contribution au développement d’un individu (Maestripieri et Mateo 2009). Les effets maternels sont décrits comme les effets du phénotype maternel sur le phénotype de son jeune (Maestripieri et Mateo 2009; Wilson et Festa-Bianchet 2009). Répertoriés chez plusieurs taxons (Mousseau et Fox 1998), les effets maternels sont considérés d’autant plus importants chez les mammifères puisque ceux-ci présentent une période prolongée de gestation et de lactation durant laquelle la condition physique et d’autres traits maternels peuvent influencer le développement et la croissance des juvéniles (Maestripieri et Mateo 2009). Les caractéristiques maternelles, telles que la masse corporelle et l’âge, influencent la condition corporelle, la croissance et la survie juvéniles chez plusieurs espèces d’ongulés (Festa-Bianchet 1988; Rönnegård et al. 2002; Hamel et al. 2009a, 2009b), et ce particulièrement lors de périodes de fortes demandes énergétiques (Oftedal 1984; White et Luick 1984; Wilson et Festa-Bianchet 2009). En plus de l’apport nutritionnel durant la gestation et la lactation, les effets maternels peuvent impliquer des mécanismes physiologiques et comportementaux incluant les préférences alimentaires, la sélection de l’habitat, le comportement anti-prédateur et le comportement social (Davis et Stamps 2004; Maestripieri et Mateo 2009). Malgré des évidences que les traits maternels affectent les composantes biodémographiques des juvéniles (Mousseau et Fox 1998; Wilson et Festa-Bianchet 2009), les traits maternels sont rarement considérés dans les études s’intéressant aux effets de la densité sur la condition physique des juvéniles et la dynamique des populations. On s’attend toutefois à 14 ce que les facteurs influençant directement la condition physique maternelle modifient l’allocation des ressources maternelles à la gestation et la lactation (Pekins et al. 1998; Chan-McLeod et al. 1999; Schubert et al. 2009; Sharp et al. 2010). Selon le modèle théorique des stratégies de reproduction, les femelles adoptent une stratégie d’allocation des ressources variant d’une dépendance presque totale à leurs réserves énergétiques pour assurer la reproduction (« capital breeders ») à une dépendance exclusive aux ressources alimentaires environnantes pour combler les coûts de la reproduction (« income breeders ») (Meijer et Drent 1999; Stephens et al. 2009). Dans les environnements nordiques, les grands herbivores comme le caribou, le cerf élaphe (Cervus elaphus) et l’orignal (Alces alces) sont connus comme des « capital breeders » (Durant et al. 2005; Gustine et al. 2010). Chez ces espèces, la croissance foetale se produit majoritairement lorsque les réserves corporelles maternelles sont à leur minimum (Schwartz et Hundertmark 1993) et que la qualité et l’abondance de la nourriture sont faibles (Weixelman et al. 1998). Les femelles dépendent donc principalement de leurs réserves endogènes de gras et de protéines pour satisfaire les demandes en énergie et en azote durant la reproduction (Barboza et Parker 2008) et subvenir aux besoins de leurs jeunes qui dépendent principalement des soins maternels jusqu’au sevrage (Nowak et al. 2000). Une meilleure compréhension des facteurs influençant les traits maternels permettrait de mieux évaluer les effets maternels sur la condition juvénile et, potentiellement, d’identifier les compromis influençant l’allocation maternelle des ressources. Mieux comprendre l’allocation maternelle à fine échelle À fine échelle, l’allocation maternelle réfère principalement au compromis fondamental de l’allocation des ressources maternelles entre la maintenance, la croissance corporelle et le développement du jeune, incluant, chez les mammifères, la croissance du fœtus et la production du lait (Barboza et al. 2009). Bien que le gras corporel constitue la réserve énergétique majeure réquisitionnée pour la reproduction (Barboza et al. 2009; Parker et al. 2009), les réserves protéiques sont utilisées pour répondre aux demandes élevées en azote de la gestation et de la lactation (Pekins et al. 1998; Chan-McLeod et al. 1999). Selon des études récentes, les protéines pourraient constituer une contrainte primaire pour la reproduction chez des ongulés sauvages tels que Rangifer (Barboza et Parker 2008) ou Odocoileus (Simard 2010). Lorsque les sources de protéines sont variables ou faibles dans 15 l’environnement, les réserves protéiques maternelles permettraient d’assurer la croissance du foetus durant la gestation (Cook et al. 2004a; Barboza et Parker 2006). Un apport inadéquat en azote dans la diète pourrait donc diminuer la masse corporelle et épuiser les réserves protéiques des femelles, et éventuellement réduire l’allocation en azote au fœtus (Barboza et al. 2009), compromettant ainsi la croissance des organes et des muscles du fœtus (Rognmo et al. 1983; Sams et al. 1996) et, possiblement, la condition corporelle et la survie à la naissance (Albon et al. 1987; Adams 2005). Le développement récent de nouvelles méthodes utilisant les ratios isotopiques de carbone (13C/12C relatif à C de l’atmosphère; δ13C) et d’azote (15N/14N relatif à N de l’atmosphère; δ15N) de tissus végétaux et animaux a permis d’améliorer les connaissances relatives aux relations trophiques (Kelly 2000), aux régimes alimentaires d’herbivores et de carnivores (Cerling et al. 2003; Arnould et al. 2011; Killengreen et al. 2011) et aux patrons de migration (Schell et al. 1988). Différentes études ont récemment suggéré que les isotopes d’azote pouvaient être utilisés pour mieux comprendre l’allocation des réserves protéiques maternelles à fine échelle à la formation des œufs chez les oiseaux (Hobson 2006; Hahn et al. 2011) et à la croissance du fœtus et la production du lait chez les mammifères (Parker 2003; Parker et al. 2005; Sare et al. 2005; Barboza et Parker 2006, 2008). En fait, les protéines provenant des réserves corporelles maternelles sont typiquement dérivées des muscles squelettiques et des organes internes (Gerhart et al. 1996) et présentent un ratio δ15N plus élevé que les protéines provenant de la diète maternelle (Kelly 2000; Caut et al. 2009). Basé sur ces différences, le ratio isotopique en azote pourrait aider à comprendre l’allocation maternelle en lien avec les stratégies de reproduction (continuum « capitalincome breeders »), les réponses aux conditions environnementales et les compromis fondamentaux de l’allocation des ressources entre survie, croissance et reproduction. Problématique Le caribou migrateur À l’échelle mondiale, Rangifer est une espèce clé des écosystèmes nordiques (Crête et Huot 1993; Hummel et Ray 2008), avec une importante valeur culturelle pour les peuples autochtones (Hummel et Ray 2008). Au cours des dernières décennies, la plupart des 16 troupeaux de caribous et de rennes migrateurs ont toutefois décliné (Vors et Boyce 2009; Festa-Bianchet et al. 2011). En parallèle, le développement industriel s’est accru dans les régions nordiques par l’exploitation des ressources pétrolières, hydro-électriques et minières (Wolfe et al. 2000; Vistnes et Nelleman 2001; Haskell et al. 2006). De nombreuses infrastructures et activités industrielles se sont établies à proximité des aires de mise bas, qui ont été identifiées comme des aires clés pour la conservation et la protection du caribou migrateur (Gunn et al. 2008; Hummel et Ray 2008; Festa-Bianchet et al. 2011). De plus, ces troupeaux sont susceptibles d’être affectés par les changements climatiques qui sont de plus grande ampleur dans les milieux nordiques (Côté et al. 2010). À l’instar de plusieurs espèces, le caribou migrateur effectue de vastes migrations saisonnières pour atteindre ses aires de mise bas et d’estivage (Figure 1.1). Les femelles retournent annuellement à des aires de mise bas traditionnelles (Gunn et Miller 1986; Bergerud et al. 2008), qui sont définies comme les aires utilisées par les femelles gestantes quelques semaines avant et suivant la naissance des faons (Russell et al. 2002). La fidélité aux aires de mise bas est connue pour conférer des bénéfices comme la familiarité aux ressources et à la topographie ainsi que l’accès précoce à la végétation et l’évitement des prédateurs (Bergerud et al. 2008; Gunn et al. 2008). Les femelles gestantes et les faons naissants sont toutefois fortement sensibles au dérangement relié aux activités anthropiques (Nellemann et Cameron 1998; Wolfe et al. 2000). De nombreux gestionnaires et groupes de recherche en Amérique du Nord et en Europe suggèrent que la protection à long terme des aires de mise bas du caribou migrateur soit une priorité pour assurer la conservation de l’espèce (Gunn et al. 2008; Festa-Bianchet et al. 2011). Troupeaux Rivière-George et Rivière-aux-Feuilles : nord du Québec et du Labrador Deux grands troupeaux de caribous migrateurs sont présents dans le nord du Québec et du Labrador: le troupeau Rivière-George (RG) et le troupeau Rivière-aux-Feuilles (RAF) (Boulet et al. 2007). Ces troupeaux occupent une région de près d’un million de km² située principalement au nord du 53°N mais pouvant s’étendre jusqu’au 51°N durant l’hiver (Figure 1.1). Les deux troupeaux ont présenté d’importants changements en abondance au cours des dernières décennies (Couturier et al. 2010; Figure 1.2). La taille du troupeau RG 17 a augmenté d’un estimé d’au moins 60 000 caribous dans les années 1950 (Banfield et Tener 1958; Rasiulis et al. données non-publiées) à plus de 775 000 individus en 1993 (Couturier et al. 1996), puis a décliné à environ 385 000 en 2001 (Couturier et al. 2004) et à 74 000 en 2010 (inventaire aérien du Gouvernement du Québec). Le troupeau RAF a augmenté de 56 000 individus en 1975 (Le Hénaff 1976) à au moins 628 000 en 2001 (Couturier et al. 2004), et était estimé en 430 000 individus en 2011 (inventaire aérien du Gouvernement du Québec). Figure 1.1 Aires annuelles (gris pâle) et aires de mise bas (gris foncé) des troupeaux de caribous migrateurs Rivière-George (RG) et Rivière-aux-Feuilles (RAF), nord du Québec et du Labrador, Canada, en 2010. Ces troupeaux diffèrent peu d’un point de vue génétique, mais ont présenté des fluctuations indépendantes du taux de recrutement et de la condition physique individuelle au cours des dernières décennies (Couturier et al. 2010). Les femelles sont fortement philopatriques à 18 leur aire de mise bas respective (Boulet et al. 2007) et entreprennent, au début du printemps, une migration de 250 à 650 km pour atteindre les aires de mise bas qui sont utilisées de la mi-mai au début juillet (Figure 1.1). Typiquement, les femelles RG mettent bas sur les hauts plateaux toundriques situés à l’est de la péninsule du Québec et du Labrador (57°N, 65°O; Figure 1.1) alors que les femelles RAF se concentrent dans la partie centre-nord de la Péninsule de l’Ungava (61°N, 74°O; Figure 1.1). Malgré ce patron général d’utilisation de l’espace, l’emplacement, la superficie et la période d’utilisation des aires de mise bas utilisées par les troupeaux varient substantiellement d’une année à l’autre Taille de population (Couturier et al. 2010). Année Figure 1.2 Tendance démographique des troupeaux de caribous migrateurs Rivière-George (RG) et Rivière-aux-Feuilles (RAF), nord du Québec et du Labrador, Canada. À la fin des années 1990, le gouvernement provincial du Québec a attribué le statut de protection légale d’Habitat Faunique aux aires de mise bas des deux troupeaux de caribou migrateur du nord du Québec. Selon ce statut, la définition légale d’une aire de mise bas du caribou migrateur est une aire située au nord du 52e parallèle et utilisée par un minimum de 5 femelles adultes par km2 entre le 15 mai et le 1er juillet (Gouvernement du Québec 2011). À l’intérieur de ces aires légales, toutes activités affectant l’habitat du caribou sont interdites entre le 15 mai et le 31 juillet (Gouvernement du Québec 2011). La localisation et 19 la superficie des Habitats Fauniques ont été définies premièrement suite aux survols aériens des aires de mise bas de 1993 pour le troupeau RG (13 824 km2) et de 1991 pour le troupeau RAF (12 979 km2). Les Habitats Fauniques ont été redéfinis en 2004 en utilisant les localisations télémétriques de femelles adultes suivies entre 1999 et 2003 (RG= 13 410 km2 et RAF= 19 830 km2; Gouvernement du Québec 2004). L’efficacité annuelle de ces Habitats Fauniques à protéger les aires de mise bas des deux troupeaux n’a toutefois jamais été évaluée. De plus, le troupeau RG se déplace saisonnièrement entre le Québec et le Labrador (Couturier et al. 2010), incluant le territoire Inuit du Nunatsiavut, mais aucune protection des aires de mise bas n’est présentement en place au Labrador ou au Nunatsiavut (Figure 1.1). La répartition spatiale et la disponibilité de la végétation sur les aires de mise bas et d’estivage semblent jouer un rôle clé dans la dynamique de population de ces deux troupeaux de caribous (Crête et Huot 1993). Il a été suggéré que la disponibilité de la végétation sur ces aires serait le principal facteur régulateur de la taille des troupeaux (Messier et al. 1988) et que leur dégradation entraînerait une diminution de la condition corporelle des individus, de la fécondité des femelles et de la survie juvénile (Couturier et al. 1990; Crête et Huot 1993; Couturier et al. 2009a). Certaines études se sont intéressées aux facteurs influençant la condition physique des femelles et des faons du RG et RAF (Parker 1980; Crête et Huot 1993; Couturier et al. 2009a; Couturier et al. 2009b; Couturier et al. 2010), soulevant la nécessité d’une meilleure compréhension des facteurs influençant la condition physique des femelles et des faons à la mise bas et lors de la période de croissance estivale. De plus, l’importance des traits maternels sur la condition juvénile et les facteurs influençant l’allocation des ressources maternelles à fine échelle demeurent méconnus pour ces animaux expérimentant de fortes variations démographiques. Structure de la thèse L’étude des deux troupeaux de caribous migrateurs du nord du Québec et du Labrador est une opportunité unique et un défi scientifique extraordinaire étant donné la taille des populations et l’étendue de leurs aires de répartition. Cette thèse vise à apporter une meilleure compréhension des facteurs influençant l’utilisation d’habitats saisonniers et la 20 condition physique individuelle chez ces populations migratrices présentant de fortes fluctuations démographiques. Les chapitres de la thèse s’articulent autour de 2 volets principaux présentés ci-dessous avec les objectifs spécifiques et une brève description de l’approche utilisée : Volet I – Les aires de mise bas: changements de l’emplacement et de la phénologie d’utilisation d’un habitat critique. Peu d’études ont décrit la phénologie et le patron d’utilisation des aires de mise bas du caribou migrateur (Gunn et Miller 1986; Gunn et al. 2008), alors que ces informations sont nécessaires pour mieux gérer les activités industrielles près des aires de mise bas (FestaBianchet et al. 2011) et ce, dans le contexte des changements climatiques. Afin d’identifier l’emplacement et le patron d’utilisation des aires de mise bas, j’ai utilisé les données provenant d’inventaires aériens effectués dans les années 1970 et 1980 et du suivi télémétrique de femelles adultes initié en 1986 par le Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF; Couturier et al. 2004). Les hypothèses de recherche reliées à ce volet sont détaillées à l’Annexe 1. i) Changements spatiaux et temporels de l’emplacement et de la superficie des aires de mise bas (Chapitre 2). Ce chapitre a pour objectif 1) d’analyser les variations dans la superficie et l’emplacement des aires de mise bas utilisées par les deux troupeaux de caribous migrateurs; 2) d’évaluer les densités de femelles adultes et les changements dans le chevauchement des aires de mise bas annuelles; 3) d’évaluer la proportion annuelle des aires de mise bas inclue dans les Habitats Fauniques, établis pour leur protection légale; et 4) de formuler des recommandations pour améliorer la protection légale des aires de mise bas du caribou migrateur. Pour répondre à cet objectif, j’ai évalué les changements de la localisation des aires de mise bas de caribou migrateur à partir de 15 années de suivis aériens (1973 à 1988) et 20 années de suivi télémétrique (1990 à 2010). Ceci m’a permis d’obtenir le suivi des aires de mise bas utilisées au cours des 35 dernières d’années par le troupeau RG et des 15 dernières années par le troupeau RAF. 21 Ce chapitre de ma thèse est des plus novateurs puisqu’il utilise des données historiques et récentes afin de suggérer des pistes de solutions visant une meilleure protection des habitats critiques d’une espèce migratrice. J’y compile, plus spécifiquement, les données nécessaires à l’évaluation de l’efficacité de la protection légale des aires de mise bas du caribou migrateur du nord du Québec. Ce type d’évaluation est applicable à toutes les espèces de grands ongulés migrateurs utilisant des aires saisonnières de manière répétée et qui sont associées à des périodes critiques de leur cycle vital. La saine gestion des populations migratrices ou utilisant de vastes aires de répartition nécessite une meilleure évaluation de l’utilisation spatio-temporelle des habitats saisonniers par les individus. ii) Facteurs influençant la phénologie de la migration printanière et l’utilisation des aires de mise bas (Chapitre 3). Ce chapitre a pour objectif d’évaluer les changements dans la phénologie de la migration printanière et l’utilisation des aires de mise bas au cours des 20 dernières années pour les femelles caribous des deux troupeaux du nord du Québec et du Labrador. J’ai premièrement évalué la corrélation entre les différentes variables phénologiques: la date d’initiation de la migration printanière, la durée de la migration printanière, la date d’arrivée et de départ de l’aire de mise bas, la durée d’utilisation de l’aire de mise bas et la date de mise bas moyenne. Puis, j’ai estimé l’influence du troupeau, de l’année, des variations climatiques à large échelle, du climat à l’échelle locale, du couvert de neige et de la productivité végétale sur la phénologie de la migration printanière et l’utilisation des aires de mise bas. J’ai émis l’hypothèse que la phénologie de migration et d’utilisation des aires de mise bas est principalement déterminée par les variations climatiques à large échelle (indice NAO) et par le couvert de neige qui contraint potentiellement les mouvements durant la migration et lors de la mise bas. J’ai aussi suggéré que la taille de population influençait négativement la précocité de la migration printanière, la phénologie et la durée d’utilisation des aires de mise bas. Je m’attendais aussi qu’à taille de population élevée, les femelles présentent un délai dans la migration printanière et une plus courte période d’utilisation de l’aire de mise bas comparativement aux femelles à faible taille de population. 22 La nouveauté de ce chapitre réside dans l’évaluation de la phénologie de la migration et l’utilisation des aires de mise bas chez un grand ongulé nordique et ce, sur plus de 20 années. Malgré l’abondance d’études chez les oiseaux et les herbivores africains, peu d’études se sont attardées jusqu’à maintenant à décrire et analyser la phénologie de la migration de grands ongulés en milieu nordique. Une meilleure identification de la phénologie de migration et d’utilisation des aires de mise bas permettra de mieux prédire les impacts des changements climatiques et du développement industriel dans les régions nordiques. Ces données sont critiques considérant que la phénologie d’utilisation des habitats saisonniers est considérée comme un déterminant clé de la survie et du succès reproducteur de plusieurs espèces migratrices. Volet II – Condition physique : influence de la taille de population et des effets maternels Dans le cadre de la mise en place d’un programme de suivi de la condition physique, nous avons profité d’un prélèvement mortel de paires de femelle-faon initié par le MRNF afin d’obtenir de l’information complète et précise sur les réserves de gras et de protéines des caribous. Au cours des années 2007, 2008 et 2009, j’ai effectué la récolte de mesures de condition corporelle et d’échantillons sur des paires de femelle-faon à la mise bas (juin) et au sevrage (fin octobre - début novembre). J’ai optimisé l’échantillonnage en récoltant des mesures et échantillons pour des équipes de recherche partenaires et spécialisées en parasitologie et en analyse des métaux lourds et contaminants (Ducrocq et al. 2012; Forde et al. sous presse; Taillon 2012). Ce suivi a permis d’obtenir des informations de grande qualité sur la condition physique des caribous à la mise bas et au sevrage afin de mieux comprendre les différents facteurs influençant la dynamique du caribou migrateur du nord du Québec et du Labrador. Les hypothèses de recherche reliées à ce volet sont détaillées à l’Annexe 1. i) Évaluation méthodologique des différentes mesures de condition physique (Chapitre 4). L’objectif de ce chapitre est d’identifier, à l’aide d’analyses multivariées, la ou les mesures ayant la plus grande influence sur une mesure composite de condition corporelle pour les femelles et les faons à la mise bas et au sevrage, deux périodes critiques pour la survie et la croissance juvénile. Je m’attendais à ce que : 1) les mesures expliquant la plus grande variabilité dans les analyses multivariées diffèrent entre les classes d’âge et les 23 saisons; 2) les mesures de taille corporelle soient plus variables pour les faons qui sont en croissance, que pour les femelles qui ont atteint leur taille asymptotique; et 3) les mesures de gras corporel soient plus variables au sevrage qu’à la mise bas, car les réserves de gras sont habituellement épuisées chez le caribou suite à la migration printanière. Pour répondre à cet objectif, j’ai utilisé les diverses mesures individuelles de taille, de masse et de réserves corporelles récoltées sur des paires de femelle-faon échantillonnées de 2007 à 2009 à la mise bas et au sevrage pour les troupeaux RG et RAF. Ma thèse offre l’opportunité de contraster et comparer plusieurs mesures de condition physique qui sont communément utilisées pour décrire la masse corporelle, la taille corporelle ou les réserves de gras chez les grands ongulés. Ce chapitre permet, plus spécifiquement, d’identifier la mesure de taille corporelle permettant d’obtenir de l’information directe sur la taille squelettique individuelle et de formuler des suggestions spécifiques quant aux mesures à récolter pour décrire efficacement la masse corporelle, la taille corporelle et les réserves de gras des individus. ii) Évaluation des effets maternels en lien avec la taille de population sur la condition juvénile (Chapitre 5). L’objectif principal de ce chapitre est de quantifier l’effet de la taille de la population et des traits maternels sur la condition physique des faons à la mise bas et au sevrage. Pour répondre à cet objectif, j’ai comparé la condition physique des paires de femelle-faon échantillonnées de 2007 à 2009 à la mise bas et au sevrage pour les troupeaux RG et RAF. J’ai posé comme hypothèse que tant à la mise bas qu’au sevrage, la condition physique des faons serait influencée par l’interaction entre les traits maternels et la taille de population. Selon cette hypothèse, je prédis que la relation positive entre la condition physique d’une femelle et celle de son faon serait plus forte à taille de population élevée qu’à faible taille de population, reflétant les effets de l’environnement sur la condition maternelle et indirectement sur le phénotype de son faon (Wilson et Festa-Bianchet 2009). Je prédis également que les traits maternels permettent de mieux prédire la condition juvénile au sevrage qu’à la mise bas, puisqu’ils reflètent les coûts élevés de la lactation comparativement à ceux de la gestation. Finalement, j’ai comparé l’interaction entre l’effet de la taille de population et de la condition physique maternelle sur la condition physique 24 des faons entre la mise bas et le sevrage afin de tester si l’effet maternel pouvait varier au cours du cycle reproducteur. En plus de mener à des suggestions spécifiques quant aux mesures de condition physique à récolter pour décrire efficacement la masse corporelle, la taille corporelle et les réserves de gras des individus, ma thèse permet de comparer la condition physique de femelles et de leurs faons à deux périodes critiques de leur cycle vital. Il s’agit d’une des premières études quantifiant l’influence de la taille de population et des traits maternels sur la condition de juvéniles de grands ongulés migrateurs à la mise bas et au sevrage. De fait, notre étude fournit de l’information directe sur la condition physique individuelle et de l’information indirecte sur la qualité de l’habitat estival utilisé lors de la croissance des faons et l’accumulation de réserves corporelles des femelles. Ce chapitre souligne l’importance de considérer les effets maternels lors de l’évaluation de l’effet de la taille de population sur la condition physique juvénile chez les grands ongulés. iii) Utilisation de l’abondance des isotopes d’azote pour quantifier l’allocation maternelle à fine échelle en lien avec la démographie (Chapitre 6). L’objectif de ce chapitre est d’évaluer l’allocation maternelle d’azote à fine échelle et de contraster les deux troupeaux afin de déterminer si les femelles dépendent principalement des protéines corporelles ou des protéines provenant de la diète pour la production du faon et du lait à la mise bas. Je m’attendais à ce que les femelles dépendent principalement des protéines corporelles pour le développement foetal. Toutefois, j’ai prédit que les femelles du RAF, contraintes par la forte taille de population, seraient plus fortement dépendantes de l’azote provenant de la diète que les femelles du RG. Puisque les femelles devraient prioriser le développement foetal, j’ai estimé que la production du lait dépendrait en plus grande partie de l’azote de la diète et ce particulièrement pour le RAF. Pour répondre à cet objectif, j’ai utilisé les mesures de condition physique et les échantillons de tissus récoltés sur les paires de femelle-faon échantillonnées de 2007 à 2009 à la mise bas et au sevrage pour les troupeaux RG et RAF. J’ai établi le ratio isotopique en azote (δ15N) des fèces, muscles et métabolites sanguins provenant des femelles caribous, de leur faon et du lait à la mise bas. 25 Finalement, ma thèse présente une des premières analyses du ratio des isotopes d’azote de la diète et d’une variété de tissus maternels (e.g. muscle, sang, lait) afin d’évaluer l’allocation maternelle à fine échelle chez un grand ongulé sauvage. Ces données sont actuellement nécessaires à l’élaboration d’études s’intéressant à l’allocation maternelle à fine échelle et à l’écologie trophique. Ce chapitre permet aussi d’explorer les mécanismes permettant la conservation des protéines corporelles chez des herbivores contraints par la disponibilité en azote dans les ressources alimentaires saisonnières. Ces données permettent d’explorer les mécanismes menant à l’ajustement de la stratégie de reproduction d’un ongulé migrateur qui est sujet à de fortes variations démographiques. 26 - Partie I - Utilisation spatio-temporelle et protection des aires de mise bas du caribou migrateur CHAPITRE 2 Shifting targets in the tundra: Protection of migratory caribou calving grounds must account for spatial changes over time JOËLLE TAILLON, MARCO FESTA-BIANCHET et STEEVE D. CÔTÉ Publié dans «Biological Conservation, 2012, 147 :163-173» Résumé Les espèces migratrices sont de plus en plus affectées par le développement industriel, l’expansion des populations humaines et les changements climatiques. Une protection efficace des habitats critiques est nécessaire, particulièrement pour plusieurs populations d’ongulés migrateurs récemment considérées en déclin. La protection d’habitats critiques, tels que les aires de mise bas des ongulés migrateurs, doit toutefois tenir compte de la variabilité temporelle et spatiale de leur localisation. Nous avons évalué les changements de la localisation des aires de mise bas du caribou migrateur au cours des 35 dernières d’années par le troupeau Rivière-George (RG) et des 15 dernières années par le troupeau Rivière-aux-Feuilles (RAF) au nord du Québec et au Labrador, Canada. Nous avons aussi évalué la proportion des aires de mise bas protégée par les Habitats Fauniques légalement établis pour assurer la protection des aires de mise bas. L’étendue et la localisation annuelles des aires de mise bas ont changé substantiellement au cours des années : la taille des aires de mise bas est demeurée relativement stable pour le RAF, mais a diminué de plus de 85% pour le RG. Les aires de mise bas se sont déplacées sur plus de 300 km au nord de la péninsule de l’Ungava pour le RAF et sur plus de 230 km vers la côte du Labrador pour le RG. Malgré de récentes modifications, les Habitats Fauniques désignés légalement au Québec protègent mois de 20% des aires de mise bas du RG et du RAF. La protection des aires de mise bas doit considérer l’utilisation dynamique de l’espace par les femelles adultes. Nous présentons des recommandations sur l’utilisation des données disponibles pour une meilleure protection des aires de mise bas du caribou migrateur et les habitats critiques des populations d’ongulés migrateurs. Abstract Industrial development, expansion of human populations and climate change increasingly affect habitats of migratory species. Effective protection of critical habitats is urgently required because several large migratory species have declined over the last decades. Protection of critical habitats, such as the calving grounds of migratory ungulates, may however require consideration of temporal shifts in spatial location. We assessed changes in the location of calving grounds used by migratory caribou over 35 years by the RivièreGeorge (RG) herd and 15 years by the Rivière-aux-Feuilles (RAF) herd, in Northern Québec and Labrador, Canada. We also evaluated the proportion of annual calving ground within protected Wildlife Habitats established to protect caribou calving grounds. The annual size and location of calving grounds changed substantially over time: calving ground size remained relatively stable for the RAF but it declined over 85% for the RG. Calving grounds moved 300 km northward in the Ungava peninsula for the RAF and shifted over 230 km back and forth to the Labrador coast for the RG. Despite recent modifications, legally designated Wildlife Habitats in Québec protected less than 20% of the RG and RAF calving grounds. Protection of calving grounds of migratory caribou must consider the dynamic use of space by adult females. We present recommendations on the use of available monitoring data to better protect calving grounds of migratory caribou and critical habitats of large migratory species. Introduction Protected areas (PAs), where human activities are limited, are the primary landmanagement strategy used to protect sensitive areas from industrial development and expanding human populations (IUCN 2010). The number of PAs has increased to more than 120 000 worldwide in 2008 (UNEP-WCMC 2010). Approximately 12 per cent of the Earth’s land surface is currently protected (IUCN 2010). Although the number and size of PAs have increased, there is a need to widen their geographical scope (UNEP-WCMC 2010) and we still know little about their effectiveness (Hockings et al. 2006). Protected areas usually have fixed legislated boundaries that provide protection, but also certainty to developers outside the areas (Hockings et al. 2006). Criteria for selecting PAs include basic elements such as size, shape and connectivity (Hockings et al. 2006; CMS 2011). Unless they are very large, protected areas that are fixed in space may not capture the variability in spatial and temporal habitat use of animals (Thirgood et al. 2004), and the dynamism of ecological processes (Pressey et al. 2007). Static areas, thus, may not adequately protect species that show wide dispersal patterns, undertake extensive migrations or use very large seasonal ranges, such as most migratory large vertebrates (Thirgood et al. 2004; Bleisch et al. 2008; Craigie et al. 2010; Singh and Milner-Gulland 2011). Inadequate knowledge of range use and seasonal movements of animals, especially spatial shifts of seasonal ranges, results in PAs that do not actually protect seasonal or annual ranges (caribou, Rangifer tarandus, Gunn et al. 2008; Mongolian gazelle, Procapra gutturosa, Mueller et al. 2008; Saiga antelope, Saiga tatarica, Singh et al. 2010a). Connectivity between PAs seems therefore essential to maintain viable populations and migratory pathways. The establishment of networks of protected areas, rather than independent PAs is one of the primary conservation strategies developed by international conservation groups (IUCN 2010; UNEP-WCMC 2010; CMS 2011). Moreover, studies on migratory ungulates suggest that PAs should include areas used in the past and predicted to be used in the future (Bleisch et al. 2008; Conroy et al. 2011; Singh and Milner-Gulland 2011). Effective PAs for migratory mammals are urgently required because several large migratory species have declined in recent years because of changes in climate and human 34 land use (Harris et al. 2009). Wild migratory caribou and reindeer are a keystone species structuring northern ecosystems, with high cultural value for Aboriginal peoples (Hummel and Ray 2008). Over the last decades, however, most herds have declined (Vors and Boyce 2009; Festa-Bianchet et al. 2011). Increasingly, industrial development such as hydrocarbon exploitation, hydroelectric and mining activities (Wolfe et al. 2000; Vistnes and Nelleman 2001; Haskell et al. 2006; Reimers et al. 2007) occurs near calving grounds, where parturient females and newborn calves are particularly sensitive to human activities (Nellemann and Cameron, 1998; Wolfe et al. 2000). Females return annually to traditional calving grounds (Gunn and Miller 1986; Bergerud et al. 2008), defined as the area used by parturient caribou from calf birth through to when calves begin to consume vegetation (Russell et al. 2002). Fidelity to calving grounds may confer benefits such as familiarity with resources and topography, early access to new vegetation growth and predator avoidance (Bergerud et al. 2008; Gunn et al. 2008). Currently, no calving ground of migratory caribou in North America is under permanent protection, although small portions of the annual ranges of a few herds are protected (Hummel and Ray 2008). Some stakeholders have suggested that long-term legislated protection of calving grounds should be a priority (Hummel and Ray 2008, Festa-Bianchet et al. 2011). Recent evidences, however, suggest that caribou calving grounds are not spatially fixed over the long term (Russell et al. 2002; Bergerud et al. 2008; Gunn et al. 2008), therefore their protection cannot assume spatial stability. The two large herds of migratory caribou in Northern Québec and Labrador: the RivièreGeorge herd (RG) and the Rivière-aux-Feuilles herd (RAF) (Figure 2.1, Boulet et al. 2007), have shown wide and asynchronous changes in abundance during the last decades (Couturier et al. 2010). In the late 1990’s, the Québec Provincial Government designated the calving grounds of both herds as Wildlife Habitat, legally prohibiting activities that could be detrimental to caribou habitat within the defined area (Québec Government 2011a, 35 see Methods for details). Wildlife Habitats were first mapped based on calving ground aerial surveys in 1991 and 1993. Their boundaries were updated in 2004 based on satellite locations of caribou females. Currently, there is no standardized method to evaluate the annual performance of Wildlife Habitats at protecting calving grounds of both herds. We assess changes in the location of calving grounds based on 15 years of aerial surveys (1973 to 1988) and 20 years of satellite telemetry locations (1990 to 2010). We sought to (1) analyze variations in the location and size of calving grounds; (2) document the density of adult females and changes in overlap of calving grounds over time; (3) evaluate the proportion of annual calving grounds within protected Wildlife Habitat, and (4) suggest improvements in the protection of calving grounds. Methods Study area and populations The Rivière-George herd (RG) and the Rivière-aux-Feuilles herd (RAF) are not genetically different (Boulet et al. 2007), but have shown, over the last few decades, large fluctuations in demographic parameters (Couturier et al. 2010). The RG herd increased from about 5 000 individuals in the 1950’s (Banfield and Tener 1958) to more than 775 000 in 1993 (Couturier et al. 1996), then declined to approximately 385 000 in 2001 (Couturier et al. 2004) and 74 000 in 2010 (Québec Government aerial count). The RAF herd increased from 56 000 in 1975 (Le Hénaff 1976) to 1 193 000 in 2001 (Couturier et al. 2004), and was estimated at 430 000 in 2011 (Québec Government aerial count). Range use In early spring, females migrate 250 to 650 km to calving grounds, typically used from late May to early July. Females of the RG herd aggregate on the high tundra plateaus on the east side of the Québec-Labrador Peninsula (57°N, 65°W) while females of the RAF herd calve in the Ungava Peninsula (61°N, 74°W) (Figure 2.1). Over 93% of females return to their traditional calving ground each year (Boulet et al. 2007). There is no overlap in the calving 36 grounds of the two herds (Couturier et al. 2004). Seasonal ranges of the RG and RAF herds have been monitored since 1990 using mainly satellite radio-collars (Couturier et al. 2004). Figure 2.1 Annual ranges and calving grounds of the Rivière-George (RG) and Rivièreaux-Feuilles (RAF) migratory caribou herds, Northern Québec and Labrador, Canada, estimated from telemetry locations of adult females in 2010. Darker polygons represent calving grounds within the annual ranges, delineated by black contour lines. 37 Legal status of calving grounds In the late 1990’s, calving grounds of both herds were identified and protected as Wildlife Habitat by the Québec Provincial Government. Under this legislation, a migratory caribou calving ground is legally defined as an area north of the 52nd parallel and used by at least 5 adult female caribou per km2 between 15 May and 1 July (Québec Government 2011a). The Wildlife Habitat (or legally defined calving ground) of each herd was first delineated based on aerial surveys conducted in 1993 for the RG herd (13 850 km2), and in 1991 for the RAF herd (13 850 km2), and these delineations were used until 2003. The location of the Wildlife Habitat was updated in 2004 for both herds, using satellite locations of females from 1999 to 2003 (RG= 13 410 km2 and RAF= 19 830 km2; Québec Government 2004). Within the defined Wildlife Habitats, activities that may affect caribou habitat are prohibited from 15 May to 31 July (Québec Government 2011a). Access to and activities within the period of protection of Wildlife habitats may, however, be allowed if permits are issued by the Québec Government. These Wildlife Habitats are protected under the Regulation respecting wildlife habitats (R.R.Q., c C-61.1, r 18) and the chapter IV.1 of the Conservation and Development of Wildlife Act (R.S.Q., c. C-61.1) (Québec Government 2011a). Although the RG herd moves seasonally through three jurisdictions (Québec, Labrador and the Inuit Land-Claim area of Nunatsiavut; Couturier et al. 2010; Figure 2.1), there is no current legal protection of calving grounds in either Labrador or Nunatsiavut. Calving grounds delimitation To describe the location and geographical extent of calving grounds, we used results from previous aerial surveys and recent satellite telemetry (see Table 2.1). From previous reports, we compiled spatial delineation and size of calving grounds from aerial surveys conducted near peak calving (the interval when approximately 50% of females calve) from 1974 to 1988 for the RG herd and in 1975 for the RAF herd (Table 2.1). Aerial surveys using the strip census method, with transects separated by 8 to 15 km, were flown at an altitude of 100 to 150 m and at 180 to 200 km/hour. Observations of females with calves were directly transferred on topography maps (1:250 000) and boundaries of calving grounds were delineated to include all observations. 38 We extracted maps of calving grounds from government reports and transferred them to ArcMap (ArcGIS 9.2, ESRI) using as a reference the 1:250 000 digital hydrology database of the Québec Government (map sources: Folinsbee et al. 1974; Juniper 1974; Le Hénaff 1976, 1979a, 1979b; Luttich 1978; Goudreault et al. 1985; Messier and Huot 1985; Gagnon and Barrette 1986; Crête et al. 1987; Vandal and Couturier 1988; Crête et al. 1989; Vandal et al. 1989; Bergerud et al. 2008). We used the locations of 150 females of the RG herd and 105 females of the RAF herd fitted with satellite collars (ARGOS, Largo, MD) to locate calving grounds from 1990 to 2010 (Table 2.1). Most females were captured on the calving grounds at sites separated by several kilometers (range for 2007 to 2009 (mean (SE)): RG: 21 (3) km; RAF: 83 (12) km), therefore we consider individuals to be independent and representative of the area used by the entire herd. All captures used a net-gun fired from a helicopter and physical restraint, a standard procedure for ungulates (Bookhout 1996). Anesthetics were never used during captures, which followed guidelines from the Canadian Council on animal Care. The average duration of individual monitoring was 2.5 years but some animals were followed for up to 10 years. We used a filtering tool in Excel (Microsoft, Redmond, VA) to select the most accurate location (location accuracy: ≤ 150 to 1000 meters; see CLS 2011 for details) per transmission period (one location/animal approximately every 3 to 5 days) and excluded locations generating travel rates > 50 km/day (see Austin et al. 2003 for a similar algorithm). We calculated daily movement rates (km/day) from the distance moved and time between successive locations for each individual (Couturier et al. 2010). Using satellite locations, annual calving grounds were identified by the spatial aggregation of parturient females and by the obvious decline in movements, from more than 20 km/day during spring migration to less than 5 km/day during calving. For each year and herd, we examined successive locations, movement direction and patterns of use of calving grounds of individual females to identify 1) the decline in individual movement from migration to calving (from 20 km/day to 5 km/day within a few locations), 2) the period of use of the calving ground (≤ 5 km/day; few consecutive locations), and 3) the sharp increase in movement as females migrated to the summer range (from 5 km/day to ≥15 km/day within 39 a few locations). Spatial aggregations were identified from visual examination of successive locations and movements direction. Similar techniques have been used to identify calving areas in other studies (moose, Alces alces, Testa et al. 2000; elk, Cervus canadensis, Vore and Schmidt 2001; caribou, Gunn et al. 2008). We excluded females, mostly non-parturient, that did not reach the calving grounds. Table 2.1. Data sources for the delineation of annual calving grounds and the estimation of adult female density for the Rivière-George and the Rivière-aux-Feuilles migratory caribou herds, 1974 to 2010, Northern Québec and Labrador, Canada. Herd George Feuilles Calving ground extent and location Data source Years Aerial surveys from 1974-1988 literature Telemetry locations 1991-2010 Aerial surveys from literature Telemetry locations 1975 1994-2010 Density estimates Data source Aerial surveys from literature Aerial counts and population classification Aerial surveys from literature Population counts and proportion of females in fall Years 1973-1988 1993, 2001 and 2010 1986, 1987 2001 From 1991 to 2010, we delineated annual calving grounds with 100% minimum convex polygons (MCP) using all locations of females monitored during calving that fulfilled the criteria of movement direction and patterns of use of calving grounds (Hawth Tool Extension, ArcMap, ArcGIS 9.2). Annual polygon size was independent of the number of females with radio-collars (RG: F1,17= 0.02, P= 0.90; RAF : F1,14= 0.40, P= 0.54) which ranged from 7 to 30 (mean (SE), RG: 16 (1); RAF: 14 (1)) and of the numbers of satellite locations used to calculate annual MCP (RG: F1,17= 0.19, P= 0.67; RAF: F1,14= 0.94, P= 0.35) which ranged from 50 to 336 (mean (SE), RG: 149 (10); RAF: 107 (21)). We compared the spatial delineation of calving grounds using aerial surveys and satellite telemetry locations for 1993, when an aerial survey was conducted over the calving ground of the RG herd (Couturier et al. 1996). The survey estimated a calving ground of 21 048 40 km2 (Couturier et al. 1996). The estimate from satellite-collared females covered 23 852 km2 and overlapped 92.4% of the estimate from the aerial survey. In addition, almost all females and newborn calves observed during opportunistic aerial transects in 2007, 2008 and 2009 (n= 100-700 observation points over an area of 3 000-4 000 km2 (RG) and 13 000-19 000 km2 (RAF)), were within the calving grounds defined based on females with radio-collars (2007: RG: 88%, RAF: 100%; 2008: RG: 94%, RAF: 86% and 2009: RG: 100%, RAF: 100%). Density estimates on calving grounds Legally-defined calving grounds in Québec include areas used by at least 5 females/km2. To determine whether annual calving grounds fit that definition, we extracted density estimates of adult females on annual calving grounds from government reports. When a density estimate was not available, we calculated densities with the same procedure used by the Québec government: multiplying herd size estimated from aerial counts by the proportion of adult females in autumn, estimated from the sex-age classification of several thousands caribou during migration (Couturier et al. 2004). This calculation assumes that, in a given year, all females observed in autumn were in the calving ground the previous June. We obtained density estimates for 13 years for the RG (1973, 1974, 1975, 1976, 1980, 1982, 1984, 1986, 1987, 1988, 1993, 2001 and 2010), and three years for the RAF (1986, 1987 and 2001). Statistical analysis We used linear regression to evaluate temporal changes in size of annual calving grounds and changes in the density of adult females on RG calving grounds over years and with population size (REG procedure, SAS Institute 9.2). We did not consider years when females calved during migration and did not reach the calving grounds (RG: 2002; RAF: 2004 and 2005). We estimated the centroid of each annual polygon (Hawth Tool Extension, ArcMap, ArcGIS 9.2) and calculated the Euclidean distance between consecutive annual centroids to evaluate their year-to-year displacement. To evaluate the displacement of consecutive 41 centroids over time, we used a linear regression of the location of the centroid at year (n+1) on its position at year (n) (REG procedure, SAS Institute 9.2). We also calculated the percent overlap between pairs of consecutive annual polygons and estimated an overlap index based on Gunn et al. (2008): Overlap Index = (2 (area_overlap) 100) / (area_polygon1+ area_polygon2) For the RAF herd, we used linear regression to test for changes in overlap over time (REG procedure, SAS Institute 9.2). For the RG, we also contrasted three periods with different demographic trends and calving ground sizes using student t-test (SAS Institute 9.2): 1) 1974 to 1987 (increasing population and calving ground size), 2) 1991 to 2000 (population decline, large calving grounds), and 3) 2006 to 2010 (small population, small calving grounds). Demographic parameters (Crête et al. 1996), dendroecological (Boudreau et al. 2003) and lichen abundance analyses (Boudreau and Payette 2004), suggested that RG peaked in 1989 and then decreased. Following Couturier et al. (2010), we considered herd size to be “high” when it included over 500 000 individuals, and “low” under this level. Finally, we calculated the percentage of each annual calving ground included in the legally designated Wildlife Habitat. All data met assumptions of normality and homogeneity of variance. Results are presented as means (SE). A level of α= 0.05 was used to determine significance. Results Changes in size of calving grounds The calving ground of the RG herd expanded from 1974 to 1988 (quadratic regression: R2= 0.90, F1,15= 57.7, P<0.0001; Figure 2.2) coinciding with an increase in population size, then declined by over 85%, from 42 800 (7 500) km2 in the early 1990’s to 5 930 (730) km2 in 2006-2010 (linear regression: R2= 0.65, F1,17= 31.0, P<0.0001; Figure 2.2). When discovered in 1975, the RAF calving ground covered 19 740 km2 (Le Hénaff 1976). Between 1995 and 2010, it remained relatively stable at about 44 000 (5 000) km2, with an 42 increasing trend (R2= 0.24, F1,14= 4.35, P= 0.06, Figure 2.2) matching the population expansion from the late 1990’s to the early 2000’s (Figure 2.2). Changes in spatial locations The location of calving grounds changed over time for both herds. From 1974 to 1991, the RG calving ground moved westward in the Québec-Labrador Peninsula (Figure 2.3). Centroids of the RG calving ground were clustered from 1974 to 1982, then shifted West by 156 (14) km from 1984 to 1991 (Figure 2.3). From 1991 to the early 2000’s the RG calving ground centroids were clustered, then moved eastward towards the Labrador coast by 227 (14) km in recent years (2006 to 2010; Figure 2.3). From 2006 to 2010, the centroids remained clustered near 63°11N, 57°37W (Figure 2.3). Since its discovery in 1975 (58°25’ N; 73°25’ W), the RAF calving ground moved about 300 km northward in the Ungava peninsula (average location of recent centroids: 60°44’N; 74°18’W). From 1995 to 2010, centroids of RAF herd moved yearly by 83 (13) km in the Ungava peninsula, with no obvious directionality (F1,13= 0.001, P= 0.97; Figure 2.4). There was no significant changes in the latitude of calving grounds over the past 20 years for the RG (F1,18= 0.34, P= 0.57) and the past 15 years for the RAF (F1,16= 2.05, P= 0.17; Figure 2.4). Overlap of consecutive annual calving grounds The overlap between RG annual calving grounds was high for 1974 to 1980 (40 (10)%), 1991 to 1999 (49 (2)%) and 2005 to 2010 (59 (3)%) (Table 2.2, Figure 2.3). The overlap was high between 1974-1980 and 2005-2010 (40 (5)%), and both periods had low overlap with 1991-1999 (respectively, 8 (1)% and 6 (1)%) (Table 2.2, Figure 2.3). Overall, the overlap of the RG annual calving grounds averaged 30 (1)% (Table 2.2, Figure 2.3). There was no temporal change in the overlap of the RAF calving grounds among years (F1,13= 0.86, P= 0.36) and overall, it averaged 48 (2)% (Figure 2.4). 43 a) Figure 2.2 Calving ground size (empty symbols) and population size (filled symbols and plain line) of (a) Rivière-George and (b) Rivière-aux-Feuilles migratory caribou herds from 1973 to 2010, Canada. Population size was estimated from aerial counts (mean ± 90% conf. interval). High values (RG: 2002; RAF: 2004 and 2005) represent years when females calved during migration. 44 Figure 2.3 Calving ground locations from 1974 to 2010 for migratory caribou of the Rivière-George herd, Canada. The darker polygons indicate the legal Wildlife Habitat, first defined in 1993 and updated in 2004. No calving ground locations were available in 2002 and 2004 for the RG. The centroid of annual calving grounds is shown by a black circle filled with a white cross. 45 Figure 2.4 Calving ground locations from 1995 to 2010 for migratory caribou of the Rivière-aux-Feuilles herd, Canada. The dark polygons represent the legal Wildlife Habitat, first defined in 1991 and updated in 2004. No calving ground locations were available in 2004 and 2005. The centroid of annual calving grounds is represented with a black circle filled with a white cross. Table 2.2 Matrix of annual overlap (%) of calving grounds for the Rivière-George migratory caribou herd from 1974 to 2010, Northern Québec and Labrador, Canada. 1974 1976 1978 1979 1980 1982 1984 1985 1986 1987 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2003 2005 2006 2007 2008 2009 2010 1974 1976 1978 1979 1980 1982 1984 1985 1986 1987 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2003 2005 2006 2007 2008 2009 29 34 40 88 25 18 7 14 20 15 13 0 1 0 10 2 7 15 43 37 51 49 24 61 70 67 72 47 17 41 1 26 27 22 28 13 11 1 6 3 11 8 14 10 18 21 29 16 0 0 9 0 7 0 36 10 58 44 38 38 17 13 9 11 9 24 12 18 14 32 31 35 11 0 2 16 6 21 62 14 7 0 4 3 4 8 0 3 0 4 0 0 6 21 32 46 46 67 59 57 69 47 27 28 11 23 27 18 16 1 3 1 15 3 10 18 47 50 66 59 38 62 75 70 77 64 23 39 37 28 22 0 1 0 30 0 7 24 30 28 15 10 0 9 18 28 33 82 76 81 46 37 22 24 22 65 22 32 36 59 60 30 3 0 0 11 11 24 69 73 38 30 21 0 24 49 28 40 32 47 46 21 3 0 0 0 0 6 73 52 42 14 37 23 71 23 46 42 58 42 22 5 0 1 9 8 17 61 50 37 40 39 64 42 55 53 63 60 34 16 0 4 14 9 19 78 45 71 62 72 59 71 79 54 45 23 13 0 6 11 10 14 45 72 54 61 52 67 78 46 38 20 12 1 5 11 11 12 61 84 37 81 66 52 30 23 6 0 0 0 0 0 0 77 59 71 75 67 38 25 8 0 0 0 0 0 0 47 95 77 65 36 24 7 0 0 0 0 0 0 43 65 59 67 48 18 4 0 1 7 7 12 74 62 34 25 10 1 0 0 0 0 0 80 47 38 19 11 0 0 4 0 4 49 45 28 22 1 8 13 12 15 69 44 28 10 25 35 35 41 70 57 23 34 42 39 42 79 34 50 62 53 52 39 55 60 51 48 62 52 56 35 78 74 66 77 77 76 46 47 Density of adult females Yearly adult female densities on calving grounds of RG herd were mostly over 5/km2 (17.8 (3.5); min= 4.8; max= 46.5, n= 13), were independent of population size (F1,12= 0.39; P= 0.55) and showed no obvious temporal trend (F1,12= 0.20; P= 0.68). Estimates for RAF herd were available only in 1986, 1987 and 2001 (respectively: 8, 14 and 19 females/km2). Overlap with Wildlife Habitat From 1993 to 2003, an average of 27 (5)% (range: 0 to 52%) of the RG annual calving grounds was inside the designated Wildlife Habitat. After the re-definition of the Wildlife Habitat in 2004, the percentage of overlap with RG calving grounds declined to 10 (4)% (range: 0 to 26%) from 2004 to 2010 (Figure 2.5). Overlap between RAF annual calving grounds and Wildlife Habitat was low both before and after the re-definition of the Wildlife Habitat in 2004 (1995 to 2003: 11 (4)%, range: 0 to 36%; 2004 to 2010: 23 (3)%, range: 13 to 31%) (Figure 2.5). * * * Figure 2.5 Percentage of overlap between annual calving grounds of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) migratory caribou herds, and Wildlife Habitats protecting caribou habitat in Northern Québec, Canada. The gray line separates the years before and after Wildlife Habitats were updated. No calving ground estimates were available in 2002 and 2004 for the RG. Asterisks indicate years when there was no overlap between the annual calving ground and Wildlife Habitat. 48 Discussion There is an urgent need to evaluate the efficiency of legal protection of critical ranges for migratory animals throughout the world (Bolger et al. 2008). Over the last few decades, most herds of migratory caribou have declined (Vors and Boyce 2009), and stakeholders in Canada prioritize the protection of migratory caribou calving grounds, the vast majority of which do not currently enjoy any legal protection (Festa-Bianchet et al. 2011). We found that the size and location of calving grounds of two migratory herds changed substantially over time, suggesting that they cannot be adequately protected by setting aside areas based on only one or a few years of locations of parturient females. Despite a recent re-definition and expansion, legally designated Wildlife Habitats in Québec on average protected less than 20% of the RG and RAF calving grounds. Clearly, protection of calving grounds must consider the dynamic use of space by adult females. Here, we first discuss the evidence for temporal shifts in geographical locations of calving grounds, and then present recommendations on the use of monitoring data to better protect critical habitats of large migratory species. Combining data from earlier aerial surveys and recent telemetry monitoring, we identified major changes in the size of the Rivière-George (RG) calving grounds since the 1970’s (Figure 2.2a, 2.3). Changes in size of the calving ground were related to variations in population size (Figure 2.2a). Migratory caribou expand their annual range in response to increased population size (Fancy et al. 1989; Couturier et al. 2010). Messier et al. (1988) suggested that range expansion in the RG herd may have delayed its response to food limitation by giving access to additional forage. Range expansion could, however, increase energy expenditure through longer movements (Fancy and White 1986), while new habitats may encompass higher proportions of less favorable foraging or environmental conditions (Messier et al. 1988). Interestingly, the RAF calving ground did not change in size between 1994 and 2010 while the population increased (Figure 2.2b, 2.4), possibly because it already covered most suitable habitats in the northern Ungava Peninsula and could not expand, being limited by open water to the West, East and North (Figure 2.1) and to the South by the tree line. In summer, the taiga is suboptimal habitat for migratory caribou, 49 partly because of high predation risk (Bergerud et al. 2008). Because food limitation becomes apparent when new ranges can no longer be colonized (Messier et al. 1988), we suspect that over the last few years the RAF calving grounds, and adjacent summer ranges, experienced high grazing pressure and possible range degradation. The location of calving grounds changed substantially over time for both herds (Figure 2.2 and 2.3). Similar shifts for migratory caribou of the Bathurst herd were attributed to a warming trend coinciding with earlier vegetation green-up and trade-offs between access to new food resources and predation risk (Gunn et al. 2008). In saiga antelope, shifts of calving sites during the last decade are thought to be largely driven by environmental factors but also by increased human disturbance (Singh et al. 2010a). In Northern Québec, shifts in calving grounds could be related to changes in population size that can induce range degradation, or to habitat preference. Sharma et al. (2009) suggested that, according to a Canadian General Circulation Model climate change scenario, seasonal ranges of the RAF and RG herds should change substantially over the next 50 years. The RG herd may become restricted to the northeastern Québec-Labrador Peninsula in the winter, spring, and summer, while the RAF herd may expand its distribution relative to its current range. These projections of potential changes in size and location of calving grounds (Sharma et al. 2009) imply that fixed areas are unlikely to provide long-term protection to the calving grounds of migratory caribou. A better understanding of the factors driving selection of calving grounds appears crucial. Remote sensing tools can determine the importance of local weather, large-scale climatic variation, topography and vegetation availability on calving ground selection (Mueller et al. 2008; Singh et al. 2010a; Singh and MilnerGulland 2011). That information could clarify the processes driving spatio-temporal dynamics in calving grounds and improve future management under climate changes and expanding industrial development in northern regions. The conservation of migratory species is challenging, because their large annual ranges (Shuter et al. 2011) would require large protected areas (Thirgood et al. 2004). The protection of static areas with legislated boundaries is often an efficient and cost-effective strategy to conserve specific habitats (Shuter et al. 2011). Fixed protected areas have been 50 relatively successful for migratory species that consistently use the same areas over time, preventing habitat loss and human disturbance (Shuter et al. 2011). For caribou, however, only 10 to 27% of annual calving grounds were protected by Wildlife Habitats (Figure 2.4). Wildlife Habitats cover very large areas, and the Québec government has made efforts to redefine their locations to cope with temporal changes in calving ground locations. Nevertheless, current Wildlife Habitats perform poorly at protecting calving grounds that are large and dynamic over time. Despite large changes in population and calving ground size, density of adult females on calving grounds remained higher than 5/km2, coherent with the legal definition of calving ground used by the Québec government. High densities are believed to dilute predation risk (Hamilton 1971) and enhance predator detection (Nocera et al. 2008). Dilution and saturation effects on predation by bears and wolves have been suggested for migratory caribou at calving (Hinkes et al. 2005). We recommend using ongoing monitoring to better protect calving grounds of migratory caribou. Clearly, the identification of annual calving grounds is necessary for effective management of calving ranges (Gunn et al. 2008) and can be identified from aerial surveys and/or telemetry-monitoring programs. Managers should set a priority over delineating annual calving grounds, while stakeholders including biologists, managers, hunters and Aboriginal Peoples should acknowledge past and predicted changes in the size and geographical location of calving grounds. Because the fidelity of caribou females to calving grounds is sensitive to both spatial and temporal scales of measurement (Schaefer et al. 2000), we recommend using the two definitions suggested by the Beverly and Qamanirjuaq Caribou Management Board (2004): Traditional Calving Grounds include the known cumulative area used for calving by a particular herd and are critical to capture their dynamic temporal and spatial use by adult females. They would include approximately 89 000 km2 for the RG and 130 000 km2 for the RAF (Figure 2.6). The entire Traditional Calving Ground should be granted a basic level of protection, such as the prohibition of any structure that would prevent caribou from migrating or would permanently destroy their habitat. Greater protection, including seasonal prohibition of most industrial activities, should be extended to the Annual Calving Area defined as the area used by calving caribou in any given year. Because important shifts in the location of calving grounds usually occur 51 over several years (Figure 2.3 and 2.4), an acceptable compromise between maximum protection and the delays imposed by legislative processes may be to extend the protection to areas used as annual calving grounds over a period of 3 to 5 years (Figure 2.6). The boundaries of these areas could then be reviewed every 3 to 5 years depending on changes in the location of calving grounds and population demography, compared with actual locations of parturient caribou, and modified as required. There is almost no legal protection of caribou calving grounds in Canada outside Québec (Hummel and Ray 2008). The legal protection of calving range in Québec is limited to the period of use by caribou, 15 May to 31 July. Outside that period, there is no legal constraint on human activities that can potentially affect caribou habitat. Currently, several human activities occur year-round within (outside the period of protection) and in the vicinity of Wildlife Habitats: traditional aboriginal hunting and other activities, ecotourism, outfitting, mining exploration and exploitation (Québec Government 2009), research and surveying for the development of new parks and protected areas (Québec Government 2011b). We suggest that constraints on human activities within the Wildlife Habitat should be permanent, to prevent degradation of calving range. Migratory caribou generally avoid industrial sites, roads, pipelines and buildings (Griffith et al. 2002; Reimers et al. 2007; Vistnes and Nelleman 2008), and move away from vehicles and aircraft (Wolfe et al. 2000). Human disturbance from industrial activities results in displacement of concentrated calving areas, reducing the use of high-quality foraging areas (Wolfe et al. 2000; Vistnes and Nelleman 2001; Haskell et al. 2006; Reimers et al. 2007). Griffith et al. (2002) predicted a reduction in calf survival if disturbance from oil development displaced calving areas of the Porcupine caribou herd. In saiga antelope, Singh et al. (2010a) showed that human disturbance can affect calving site selection, overriding environmental factors. We therefore suggest year-round protection of calving grounds from habitat modifications that could prevent caribou from accessing and using calving grounds, and complete protection of calving caribou from human disturbance. 52 Figure 2.6 Locations of the proposed traditional calving grounds (stripped) and annual calving grounds (dark gray) of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) migratory caribou herds, Northern Québec-Labrador, Canada. Traditional calving grounds represent the cumulative area used for calving by each herd. Annual calving grounds include the 5 past years of use of calving grounds (2006 to 2010). Protection of migratory populations often involves international or inter-jurisdictional agreements (Shuter et al. 2011). Co-management boards have identified an urgent need to jointly manage migratory caribou herds in western Canada and Alaska (BQCMB 2004; CARMA 2011). The protection of calving grounds initiated by the Québec government should therefore be matched by similar initiatives by the Newfoundland-Labrador and Nunatsiavut governments, particularly for the RG herd that ranges over all three jurisdictions during calving. Concerted efforts of decision makers are critical as the designation of Wildlife Habitat or any other legislated land protections necessitate substantial time, resources and legislative activity. Considering the large areas covered by calving grounds of most migratory caribou herds in North America and the natural 53 resources potentially present on these ranges, concerted efforts will be required to successfully protect calving grounds of migratory caribou. The protection of calving grounds should be regularly updated to confront possible novel threats (Wilson et al. 2007) and ongoing environmental change (Sharma et al. 2009; Wiens and Bachelet 2010; Conroy et al. 2011; Singh et al. 2010b). As suggested for many migratory species, the conservation of caribou must focus on reducing human disturbance and preventing range destruction (Bolger et al. 2008; Gunn et al. 2008; Singh and MilnerGulland 2011). This is particularly relevant considering current plans for major developments in the north of Québec, including new infrastructures, industrial exploration and exploitation, and the creation of new national parks (Plan Nord: Québec Government 2009). Effective conservation is hindered by our limited understanding of animal movement patterns in all parts of their seasonal distributions and of the drivers of migration (Singh et al. 2010b). Other seasonal ranges of migratory caribou may be highly sensitive to disturbances, such as migratory routes (Shuter et al. 2011) and winter ranges near human infrastructure (Russell et al. 2002). Habitat degradation and fragmentation caused by human development and activities are known to disturb migratory patterns of ungulates (Harris et al. 2009). Similarly to calving grounds, winter ranges have a limited and relatively well-defined geographical extent, often with high densities of animals, but are not targeted by legislated protection. Future studies should focus on identifying the key components of migratory routes and winter ranges used by migratory caribou. Acknowledgements We thank the Ministère des Resources naturelles et de la Faune du Québec for access to the long term telemetry dataset. Caribou Ungava is financed by ArcticNet, Natural Sciences and Engineering Research Council of Canada (NSERC), Hydro-Québec, Xstrata NickelMine Raglan, Fédération des Pourvoiries du Québec, CircumArctic Rangifer Monitoring and Assessment network, Ministère des Resources naturelles et de la Faune du Québec, 54 Labrador and Newfoundland Wildlife Division, First Air, Makivik Corporation, Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, Fondation de la Faune du Québec, Institute for Environmental Monitoring and Research and Canada Foundation for Innovation. We thank the Nunatsiavut Government for permission to carry out research in Nunatsiavut. J.T. received scholarships from NSERC and the Fonds québécois de recherche sur la nature et les technologies. We thank M. Bélanger, T. Chubbs, J.-D. Daoust, P. Duncan, D. Elliott, P. Jefford, J.-Y. Lacasse, L. Lambert, M. Le Corre, P. May, Y. Michaud, M. Pachkowski, Y. Pépin, R. Perron, A. Thiffault, A.-A. Tremblay and especially V.Brodeur and S. Rivard for help with data gathering. We thank S. Rivard, V. Brodeur and S. Couturier for advice on the use of telemetry locations and on understanding range use of migratory caribou. We thank A. Lussier for estimation of caribou age. We are grateful to W. Crosmary and M. Le Corre for comments on earlier versions of the manuscript and to C. Hins for logistic support and advice. CHAPITRE 3 Time is of the essence: phenology of spring migration and calving grounds use by caribou JOËLLE TAILLON, MARCO FESTA-BIANCHET et STEEVE D. CÔTÉ Résumé La phénologie d’utilisation des habitats saisonniers est un facteur clé influençant le succès reproducteur et la survie de plusieurs espèces migratrices. L’influence des variations climatiques et de la densité de population sur la phénologie de migration et d’utilisation des habitats saisonniers chez les ongulés est toutefois peu documentée. Au cours des 20 dernières années, nous avons suivi la phénologie de migration printanière et d’utilisation des aires de mise bas de femelles caribous migrateurs (Rangifer tarandus) de deux troupeaux dans le nord du Québec et du Labrador, Canada, ayant présenté de fortes fluctuations en abondance. Le troupeau Rivière-aux-Feuilles (RAF) est plus abondant et relativement stable comparativement au troupeau Rivière-George (RG) qui a récemment diminué à une faible taille de population. Nous avons observé une grande variabilité annuelle de la date d’initiation de la migration printanière (début février au début mai), de la distance de la migration printanière (250 à 750 km) et de la durée l’utilisation des aires de mise bas (10 à 40 jours). Les femelles RAF présentaient une initiation de migration précoce, une arrivée tardive sur l’aide de mise bas, une date de mise bas tardive et une durée d’utilisation des aires de mise bas plus courte que les femelles RG. Contrairement à notre hypothèse initiale, nous n’avons observé aucune influence de l’indice climatique à large échelle NAO (North-Atlantic Oscillation), du couvert de neige et de l’indice de végétation NDVI (Normalized Difference Vegetation Index) sur les traits phénologiques des femelles. La phénologie de migration printanière et d’utilisation des aires de mise bas était principalement influencée par la distance de migration et la température printanière. La température printanière est probablement un indice de la précocité du printemps et, conséquemment, pourrait être reliée aux conditions de migration ou à l’accès précoce à la végétation tel que suggéré par la relation positive entre la température en mai et le NDVI en juin. Dans un contexte de changements climatiques, nos résultats suggèrent que les femelles caribous pourraient devancer leur migration printanière et l’utilisation des aires de mise bas en réponse aux changements des conditions environnementales durant la migration et de la phénologie des plantes. L’augmentation récente du développement industriel dans les régions nordiques est également une préoccupation, par son impact potentiel sur l’utilisation des aires d’hivernage, les routes migratoires et les aires de mise bas. Abstract The phenology of use of seasonal ranges is thought to be a key determinant of reproductive success and survival in migratory species. The influence of weather and population density on the phenology of migration and use of seasonal ranges by ungulates, however, are poorly documented. We monitored over the past 20 years the phenology of spring migration and use of calving grounds by migratory caribou (Rangifer tarandus) females from two herds in Northern Québec and Labrador, Canada that experienced large fluctuations in abundance. The Rivière-George herd (RG) has recently declined to low population size while the Rivière-aux-Feuilles herd (RAF) is currently much larger than the RG herd and relatively stable. We observed high annual variability in the date of initiation of the spring migration (from mid-February to early May), the distance of the spring migration (250 to 750 km), and the duration of use of calving grounds (10 to 40 days). RAF females had earlier initiation of migration, later arrival on calving grounds, later calving date and shorter duration of use of calving grounds than RG females. Contrary to our initial hypothesis, we observed no influence of our large-scale climate index (NAO: NorthAtlantic Oscillation), snow cover and vegetation index (NDVI: Normalized Difference Vegetation Index) on the phenological traits of females. The phenology of spring migration and use of calving grounds were mostly influenced by migration distance and spring temperature. Spring temperatures may be a proxy of spring precocity and, therefore, be related to migration conditions or to earlier access to vegetation as suggested by the positive relationship between temperatures in May and NDVI in June. In the context of a warming climate, we can expect caribou females to advance both their spring migration and use of calving grounds in order to match changes in environmental conditions during migration and plant phenology. Upcoming industrial development in northern regions is also a concern as it may potentially impact the use of wintering areas, migration routes and calving grounds. Introduction Seasonal environments are characterized by a predictable period of vegetation growth followed by a period of low availability, mainly associated with changes in temperature in temperate areas (winter, Moen et al. 2006) and in precipitation in tropical regions (dry 59 season, Holdo et al. 2009). Species using seasonal habitats synchronize their reproductive phenology (breeding, parturition, nesting, hatching) to match temporal variations in resource availability (Rubenstein and Wikelski 2003; Langvatn et al. 2004). Patterns and timing of use of seasonal habitats are consequently key determinants of reproductive success and survivorship (Cotton 2003; Jonzén et al. 2011). To use seasonal habitats, animals must synchronize their activities with changes in weather, or resources availability (Bauer et al. 2011; Jonzén et al. 2011). Changes in photoperiod and patterns of precipitation or temperature are common environmental cues used by animals with seasonal ranges (Bauer et al. 2011; Jonzén et al. 2011). Environmental changes relevant to migratory species, however, occur at a large geographical scale, are subject to large annual variations (birds, Marra et al. 2005; mammals, Meng et al. 2003), and must be detected in a habitat (e.g. winter range) distant from the target habitat (e.g. breeding, nesting or calving range) (Both et al. 2006). Local and large-scale factors related to changes in weather or resource availability along migratory routes may therefore influence the phenology of use of seasonal ranges (Marra et al. 2005; Jonzén et al. 2011; Monteith et al. 2011). Weather directly influences the energetic costs of thermoregulation and locomotion (Parker et al. 1984; Coulson et al. 2000), seasonal range productivity, and forage quality (Stenseth et al. 2002; Pettorelli et al. 2007). Large-scale climate indices have been related to variations in breeding phenology and use of seasonal ranges in insects (Briers et al. 2004), birds (Cotton 2003), and ungulates (Forchhammer et al. 2001; Stenseth et al. 2003; Joly et al. 2011). In large ungulates inhabiting temperate and northern regions, annual variations in climate and range productivity often explain most variation in the timing and synchrony of parturition (dall sheep, Ovis dalli, Rachlow and Bowyer 1991; bighorn sheep, O. canadensis, Festa-Bianchet 1988; roe deer, Capreolus capreolus, Linnell and Andersen 1998; caribou, Rangifer tarandus, Post et al. 2003). Quantity and hardness of snow may also influence movements between and within seasonal ranges, in addition to affecting access to and quality of forage (Post and Klein 1999; Post and Stenseth 1999; van der Wal et al. 2000). In arctic ungulates, late snowmelt may delay use of calving areas (Fancy and 60 Whitten 1991) resulting in late birth date and shorter period of use of calving areas (Skogland 1983; Post et al. 2003; Post and Forchhammer 2008). Late birth may lower birth mass and survival of neonates (Festa-Bianchet 1988; Whiting et al. 2011) and reduce offspring growth and recruitment (Gaillard et al. 1998). In addition to environmental factors, population density may influence range use and demographic parameters through increased intraspecific competition for resources (Bonenfant et al. 2009). High population densities are related to earlier migratory movements (Hinkes et al. 2005) and increased displacement rate (Couturier et al. 2010), which may both influence the phenology of use of seasonal ranges. Increased preparturition population density was associated with a shift of calving date in ungulates (Clutton-Brock et al. 1987a; Clutton-Brock and Coulson 2002; Forchhammer et al. 2001) and resulted in delayed birth date and lower birth weight in birds (Ahola et al. 2004) and ungulates (Festa-Bianchet 1988; Forchhammer et al. 2001). Migratory caribou undertake large seasonal migrations to reach calving grounds and summer ranges (Gunn et al. 2008; Taillon et al. 2012a). Spatial fidelity of females to calving grounds may confer ecological benefits such as familiarity to resources and topography, early access to vegetation green-up, and predator avoidance (Greenwood 1980; Gunn et al. 2008). Few studies have measured the phenology of migration and use of calving grounds by caribou (Gunn and Miller 1986; Gunn et al. 2008) even though this information is urgently needed to understand the possible impacts of increasing industrial activities near calving grounds (Festa-Bianchet et al. 2011), especially in a context of climate change. Increasingly, changes in the phenology of plants (Cleland et al. 2007), the timing of emergence of insects (Visser and Holleman 2001), and the timing of breeding and migration of birds (Cotton 2003; Tøttrup et al. 2006) are being attributed to climate change. Recently, a mismatch between plant phenology and calving dates has been hypothesized to reduce offspring survival in reindeer (Post and Forchhammer 2008), raising the importance of better understanding trophic synchronization in mammals too. 61 We assessed changes in the phenology of spring migration and use of calving grounds by caribou females from two herds that have shown large fluctuations in abundance over the past 20 years in Northern Québec and Labrador, Canada. First, we evaluated the correlations among different traits describing the phenology of spring migration and use of calving grounds: initiation date and duration of spring migration, arrival date, duration of use and departure date from calving grounds, and calving date. Then, we estimated the influence of herd, year, migration distance, large-scale climatic variation, local weather, snow cover, and vegetation productivity on the phenology of spring migration and use of calving grounds. We hypothesised that phenology of spring migration and calving ground use would be mostly determined by large-scale climatic variations and snow cover that constraint female’s movements during migration and at calving. We predict that harsh spring conditions with high snow cover would result in delayed spring migration and use of calving grounds. We also hypothesized that population size would determine the precocity of spring migration and the timing and duration of calving grounds use. We expected that as population size increased, females would migrate earlier and shorten the use of calving grounds. Methods Study area The Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) migratory caribou herds range over several thousand square kilometers across taiga and tundra ecosystems of Northern Québec and Labrador, Canada (Boulet et al. 2007; Figure 3.1). The two herds are genetically alike (Boulet et al. 2007) but have shown large and asynchronous fluctuations in demography over the last decades (Couturier et al. 2010). In early spring, females leave their southern wintering range (51-53°N) and migrate 250 to 650 km to reach calving grounds (Figure 3.1). At calving, females of the RG aggregate on the east side of the Québec-Labrador Peninsula (57°N, 65°W), while females of the RAF calve in the center of the Ungava Peninsula (61°N, 74°W) (Figure 3.1; Taillon et al. 2012a). Movements of caribou from both herds have been monitored for more than two decades using satellite radio-collars (Couturier et al. 2004) and have been used to delineate annual calving grounds (see Taillon et al. 2012a for details). 62 Figure 3.1 Annual ranges, pre-migration ranges and calving grounds of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) caribou herds, Northern Québec and Labrador, Canada, estimated from telemetry locations of adult females in 2010. Dark polygons represent calving grounds and dashed polygons are pre-migration ranges within the annual ranges delineated in pale gray with black contour lines. 63 Phenology of spring migration and use of calving grounds We analyzed locations of 136 females of the RG herd and 97 of the RAF herd fitted with satellite-tracking collars (Telonics, ARGOS platform, Mesa, AZ) from 1991 to 2010. The average duration of individual monitoring was 2.5 years (range: 1 to 10 years). The number of females fitted with radio-collars each year ranged from 7 to 30 (mean ± SE, RG: 16 ± 1; RAF: 14 ± 1). Most females were captured on their calving ground and capture sites between individuals were separated by several kilometers (range for 2007-2009 (mean±SE): RG: 21 ± 3 km; RAF: 83 ± 12 km). Therefore, we considered individuals to be independent and representative of range use by the entire herd. All captures used a net-gun fired from a helicopter and physical restraint (Bookhout 1996) following guidelines from the Canadian Council on Animal Care. We used a filtering tool in Excel (Microsoft, Redmond, VA) to select the most accurate location (location accuracy: ≤150 to 1000 meters; see CLS 2011 for details) per transmission period (one location/animal approximately every 3 to 5 days) and excluded locations generating travel rates > 50 km/day (see Austin et al. 2003 for a similar algorithm). Phenology of spring migration and use of calving grounds were determined by the direction and change in the rate of individual movements. We calculated daily movement rates (km/day) from the distance moved and the time elapsed between successive locations for each individual (Couturier et al. 2010). For each year and herd, we examined successive locations and direction of movement for individual females to identify 1) an increase in movement from winter range use (less than 5 km/day) to spring migration (more than 20 km/day), 2) a decline in movement from migration to calving (from 20 km/day to 5 km/day within a few locations), 3) the period of use of calving grounds (≤5 km/day; few consecutives locations), and 4) a sharp increase in movement as females migrated to their summer ranges (from 5 km/day to ≥15 km/day within a few locations). For each individual in each year, we identified the: 1) date of initiation of spring migration, 2) duration of spring migration (days), 3) arrival and departure dates of the calving grounds, 4) calving date, and 5) duration of use of calving grounds (days). All dates were expressed in Julian day, the number of days since January 1st. Calving dates were identified by a decline in 64 movement to less than 2 km/day for 2 to 4 successive locations (i.e. 10 to 20 days). Similar techniques have been used in other studies (moose, Alces alces, Testa et al. 2000; elk, Cervus canadensis, Vore and Schmidt 2001; caribou, Gunn et al. 2008). Spring migration (km) was measured as the Euclidean distance from the last location on the winter range to the location of the arrival on calving grounds for each individual. We excluded females (5 to 15% per year), mostly non-parturient, that did not reach the calving grounds. To support our approach, we compared dates of spring migration and of use of calving grounds with recent results based on First Passage Time analysis (FPT) to identify departure and arrival dates of spring and fall migrations of the RG and RAF herds (Le Corre, Dussault and Côté, unpublished data). FPT estimates the search effort along a path and discriminates displacements related to traveling activities and to the use of areas where individuals concentrate their activities, such as foraging sites (Fauchald and Tveraa 2003; Pinaud and Weimerskirch 2007). The comparison of a subset of dates of initiation of spring migration and of arrival on calving grounds provided positive relationships for both herds (all R2>0.80, P>0.0001). Explanatory variables (see Table 3.1) Population trend The RG herd increased from at least 60 000 individuals in the 1950’s (Banfield and Tener 1958; Rasiulis et al. unpublished data) to more than 775 000 in 1993 (Couturier et al. 1996) then declined to approximately 385 000 in 2001 (Couturier et al. 2004) and 27 600 in 2012 (Québec Government aerial count). The RAF herd increased from 56 000 individuals in 1975 (Le Hénaff 1976) to at least 628 000 in 2001 (Couturier et al. 2004) and was estimated at 430 000 in 2011 (Québec Government aerial count). As population estimates were rare and not evenly distributed between 1990 and 2012 it was not possible to directly evaluate the effect of population size on the phenology of spring migration and use of calving grounds. We therefore considered the combined effects of year and herd in our model to account for the effects of changes in population demography on phenological traits. 65 Large-scale and local climate Caribou and reindeer populations respond to large-scale fluctuations in weather (Post and Stenseth 1999; Post 2005). To describe large-scale climate, we used the North Atlantic Oscillation (NAO), that integrates temperature and precipitation in North Atlantic regions (Hurrell 1995). We used the winter NAO index (December-March, www.cgd.ucar.edu/cas/ jhurrell/nao.stat.winter.html) and NAO values for the months of April, May and June (www.cgd.ucar.edu/cas/jhurrell) to describe large-scale variations in spring and early summer (Hurrell 1995). Winter NAO was negatively correlated with snowfall and minimum temperature during winter in northern Québec (Couturier et al. 2009a). As the different NAO values were correlated, we built competing models to select the best monthly NAO value to explain variations in phenological traits (see Statistical analysis section). We used local weather data from Environment Canada to describe local winter conditions (RG: Happy-Valley/Goose Bay (53°19’N, 60°25’W); RAF: La Grande (53°38’N, 77°42’W)) and conditions during spring migration and at calving (Kuujjuaq (58°6’N, 68°25’W)) between 1990 and 2010. We computed average minimum temperature in winter (°C, December–March), total precipitation in winter (cm, December–March), average monthly temperature in April, May and June (°C), and the sum of degree-days (≥0°C) for the daily maximal temperature in June. Snow Cover We used MODIS satellite images (500 meter resolution, available every 8 days, National Snow and Ice Data Center, Armstrong and Brodzik 2005) to estimate the percent snow cover at the onset of spring migration and on calving grounds from 2000 to 2010. First, we delineated the area used by females at the onset of spring migration as the 100% minimum convex polygon (MCP, Mohr 1947) including all locations of radio-collared females prior to the date of initiation of spring migration for each herd over all years (Hawth Tool Extension, ArcMap, ArcGIS 9.2). We estimated the annual percent snow cover over this area on the 15th and 23rd of April, the median dates of initiation of migration for the RAF and RG herds, respectively. Snow cover, however, was near 100% (RG: median= 100, mean (SE)= 99.9 ± 0.1; RAF: median= 100, mean (SE)= 95.9 ± 3.0) such that we could not include it in our models. We therefore evaluated the date at which snow cover over annual 66 polygons of each herd decreased to ≤50%, an approximation of spring precocity and snow melt. We also evaluated the date at which snow cover over annual calving grounds of each herd decreased to ≤50%. Table 3.1 Explanatory variables included in models describing the phenology of spring migration (A) and use of calving grounds (B) by female caribou of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. Explanatory Description variables A) Snow_Win PrecTotW Julian date at which the percentage of snow cover was ≤ 50% on pre-migration range NAO_Win: NAO value for winter (December-March) NAO_Apr: NAO value for April Tmoy_W: Average temperature in winter (C°, DecemberMarch) Tmoy_Apr: Average temperature in April (C°) Total precipitation in winter (cm, December-March) Dist_Mig Distance of spring migration (km) NAO TMoy B) Snow_CG NAO Tmoy Dist_Mig DDJune NDVI NDVI_Slope Julian date at which the percentage of snow cover was ≤ 50% on annual calving grounds NAO_ May: NAO value for May NAO_June: NAO value for June Tmoy_May: Average temperature in May (C°) Tmoy_June: Average temperature in June (C°) Tmoy_EJune: Average temperature in early June (C°, 1st to 15th of June) Tmoy_LJune: Average temperature in late June (C°, 16th to 30th of June) Distance of spring migration (km) Sum of degree-days (≥0°C) for the daily maximum temperature in June NDVI_June: Average NDVI values in June NDVI_May: Average NDVI values in May Slope of increase of NDVI values from early May to late June 67 NDVI To assess vegetation productivity of calving grounds, we used corrected NDVI (Normalized Difference Vegetation Index), a satellite index that reflects vegetation conditions, phenology, and abundance (Mynemi et al. 1997). NDVI is widely used to describe range productivity in studies on large ungulates (Durant et al. 2005; Pettorelli et al. 2007; Couturier et al. 2009a). We used NDVI data acquired by the National Oceanic and Atmospheric Administration Advanced Very High Resolution Radiometer (NOAAAVHRR) satellite series (Tucker et al. 2005) and processed by the Canada Centre for Remote Sensing (CCRS, Department of Natural Resources Canada, Ottawa, Ont.). We extracted bimonthly values of NDVI over annual calving grounds for the months of May and June from 1990 to 2010 (resolution of 1 km2). We calculated 1) the annual average of NDVI values in May and June as a proxy of vegetation productivity, and 2) the annual slope of increase of NDVI values from early May and late June as a proxy of vegetation growth. Statistical analyses Correlations among phenological traits Because variables were not normally distributed, we calculated correlations among phenological traits of the same individual in a given year using Spearman correlation coefficients (Sokal and Rohlf 1981, PROC CORR, SAS Institute Inc.). We used Bonferroni correction to adjust α-level for multiple comparisons. Models selection We built general linear mixed models to explain variation in the phenology of spring migration and use of calving grounds (PROC GLMM, SAS Institute Inc.) with female ID as a random factor to control for repeated measures. We developed a series of candidate models using a distinctive steps approach adapted from Hosmer and Lemeshow (2000), and recommended when dealing with numerous variables potentially correlated with each other. We used the following steps: i) first, we built, for each dependent variable, reference models including the effects of year and herd. We compared the null model and four reference models: herd; year; herd + year; herd + year + herd*year. The null hypothesis 68 was rejected in all analyses. The model with the lowest AIC (ΔAIC ≤2) or the most parsimonious of models with similar AIC values was selected as reference for the next step (Burnham and Anderson 2002). ii) Then, based on biological knowledge of ungulates, we identified explanatory variables known to influence the phenology of spring migration and use of calving grounds (Table 3.1). This dataset allowed us to elaborate models along with general hypotheses that included the effects of large-scale climate, weather patterns, plant phenology, and population characteristics (Table 3.2). As monthly NAO values (e.g. winter, April, May and June), average temperature values and NDVI descriptors were correlated, we built candidate models to select the best monthly a) NAO values, b) average temperature values and c) NDVI descriptors to explain variation of the different dependant variables (Table 3.1; e.g. Annexe 2). Again, we selected the model with the lowest AIC (ΔAIC ≤2) or the most parsimonious model (Burnham and Anderson 2002). iii) Finally, for each dependent variable, we tested the null model and a set of candidate models (Annexe 2), ranked models using AIC values, and calculated ΔAIC and AIC weights (Burnham and Anderson 2002). Models with ΔAIC ≤ 2 were considered equivalent such that we used model averaging to calculate parameter estimates and 95% confidence intervals of equivalent models (Burnham and Anderson 2002). We computed the explained variance by best models as: R2= 1- (SSR-SSTO) where SSR (residual sums of squares) = Σ ((Yobserved – Ypredicted)2) and SSTO (total sums of squares) = Σ ((Yobserved – Yobserved)2) (Xu 2003). As snow cover data were only available from 2000 to 2010, we built two sets of models, one including all data from 1991 to 2010 and one restricted to 2000 to 2010 including snow cover data. Snow cover was never a significant predictor in GLMMs of phenological traits and was not considered further (data not shown). Prior to the analyses, we verified that there was no significant correlation between explanatory variables included in a model using the multicollinearity diagnostic statistics (PROC REG, SAS Institute Inc. 2002; Littell et al. 2006). Accordingly, we did not include large-scale and local climatic variables or NDVI and local temperatures in the same model. We tested for assumptions of normality and homogeneity of variance and transformed 69 dependent variables using the Boxcox procedure when necessary (Zar 1999). We present parameter estimates ± SE and 95% confidence intervals (CI 95%). Table 3.2 Hypotheses and general predictions tested regarding the timing of spring migration and the use of calving grounds from 1991 to 2010 for female caribou (Rangifer tarandus) of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Québec and Labrador, and the relative support (Yes or No) and direction of the relationship (+ or −) where relevant. Hypotheses Predictions Large-scale climate Weather patterns NAO Snow cover Temperature Precipitation in winter Temperature Degree days NDVI NDVI slope Herd Plant phenology Population characteristics Distance of migration Spring migration NO NO YES (−) NO Use of calving grounds NO NO YES (+) - YES YES (+) NO NO NO YES YES (+) YES (−) Notes: NAO: North Atlantic Oscillation, NDVI: Normalized Differentiated Vegetation Index, NDVI slope: slope of increase in NDVI from early May to late June. Results Correlations among phonological traits We detected differences between herds in correlations among phenological traits (Figure 3.2). For both herds, earlier initiation of spring migration was correlated with longer duration of spring migration and to earlier arrival date on calving grounds. Later arrival on calving grounds was related to later calving date and shorter duration of use of calving grounds for both herds (Figure 3.2). Initiation date of spring migration and departure date from calving grounds were not correlated (RG: r= -0.02; RAF: r= 0.17). Migration distance was much greater for the RAF than the RG herd (RG: 325 ± 8 km, RAF: 689 ± 12 km; Figure 3.3A). 70 RG: RAF: Figure 3.2 Correlations among phenological variables used to describe the phenology of spring migration and use of calving grounds (CG) of female caribou of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada, 1991-2010. Solid lines relate traits that were significantly correlated with r >0.40, dashed lines relate significant correlations with r <0.40, while no line indicate absence of correlation between traits. Phenology of spring migration Females of the RG herd typically initiated spring migration in early April while RAF females showed wide annual variation in spring migration, from mid-February to early April (Figure 3.4A). Two best models included the effects of herd, year, migration distance and average temperature in April and explained 32% of variation in the initiation date of spring migration (Table 3.3, Table A3.1 in Annexe 2). Initiation date of spring migration was 10 ± 4 days later for RG compared to RAF females (herd (y3-transformation): β= 433.8 ± 94.8, CI 95: [247.9:619.7]), and was 4 ± 2 days earlier in recent years (2005-2010) compared with the early 1990’s for the RG (herd*year (y3-transf.): β= -58.1 ± 36.5; Figure 3.4A). There was no temporal trend in the initiation of spring migration for the RAF. Longer migration distance (dist_mig (y3-transf.): β= -0.46 ± 0.18, CI 95: [-0.81:-0.10]) and warmer temperature in April (Tmoy_Apr (y3-transf.): β= -254.9 ± 34.9, CI 95: [323.2:186.5]) were related to earlier date of spring migration. Spring migration began 6 ±3 days earlier for each increase of 100 km in migration distance (Figure 3.3B), while for each degree of warmer average April temperature, spring migration began 3 ± 1 days earlier (Figure 3.5A). Although total precipitation in winter was included in one of the best 71 models, the confidence interval (CI) of the estimate included 0 (PrecTotW (y3-transf.): β= 41.3 ± 30.0, CI 95: [-17.7: 100.2]). RG females typically completed spring migration within 20 to 40 days, while RAF females spent 20 to over 100 days migrating (Figure 3.4B). Two best models, including the effects of herd, migration distance and average temperature in winter, explained 42% of variation in the duration of spring migration (Table 3.3, Table A3.2 in Annexe 2). Spring migration was 5 ± 1 days shorter for RG compared to RAF (herd (log-transformation): β= 0.19 ± 0.06, CI 95: [-0.30:-0.07]; Figure 3.4B). The duration of migration was positively related to migration distance for both herds (dist_mig (log-transf.): β= 0.001 ± 0.0001, CI 95: [0.0007:0.0012]) such that an increase of 100 km in distance added 3 ± 1 days to the duration of migration (Figure 3.3C). Warmer temperature in winter (Tmoy_W (log-transf.): β= 0.064 ± 0.018, CI 95: [0.03:0.10]) resulted in a longer migration, such that an increase of 1°C in average winter temperature resulted in a 2 ± 1 days longer spring migration. Although total precipitation in winter was included in one of the best model, the confidence interval (CI) of the estimate included 0 (PrecTotW (y3-transf.): β= 0.027 ± 0.02, CI 95: [0.07:-0.013]). Table 3.3 Selected mixed regression models explaining the phenology of spring migration and use of calving grounds from 1991 to 2010 by female caribou of the Rivière-George and Rivière-aux-Feuilles herds, Northern Quebec and Labrador, Canada. For each model, AIC weight (ωi) is shown. For details on models selection, see Annexe 2. Phenological traits Best models Herd +Year + Herd*Year + DistMig + Tmoy_Apr Date of spring migration Herd + Year + Herd*Year + DistMig + Tmoy_Apr + PrecTot_Win ωi 0.47 0.43 Herd + DistMig + TMoy_W 0.49 Herd + DistMig + TMoy_W + PrecTot_Win 0.42 Arrival date on calving grounds Herd + Year + Herd*Year + DistMig + TMoyMay 1.0 Average calving date Herd + Year + DistMig + TMoyMay 1.0 Number of days on calving grounds Herd + Year + Herd*Year + DistMig + TMoyMay 0.84 Departure date of calving grounds Year + DistMig + TMoyMay 0.56 Number of days in spring migration 72 Arrival date on calving grounds varied from early May to early June for RG females and was usually in early June for RAF females (Figure 3.4C). The best model explained 42% of variation in arrival on calving grounds and included effects of herd, year, migration distance and average temperature in May (Table 3.3, Table A3.3 in Annexe 2). Arrival on calving grounds was 3 ± 1 days earlier for RG compared to RAF (herd: 2.64 ± 1.33, CI 95: [0.01:5.27]; Figure 3.4C) and was 4 ± 1 days earlier in recent years compared with the early 1990’s for the RG (herd*year: β= -2.10 ± 0.99, CI 95: [-4.06:-0.14]; Figure 3.4C). There was no long-term trend for the RAF. Longer migration distance was related to later arrival on calving grounds for both herds (dist_mig: β= 0.026 ± 0.003, CI 95: [0.02:0.03]) such that an increase of 100 km delayed arrival date by 3 ± 0.3 days (Figure 3.3D). Finally, warmer temperature in May resulted in earlier arrival date (Tmoy_May: β= -4.11 ± 2.20, CI 95: [-4.87:-3.35]) with an increase of 1°C resulting in 4 ± 2 days earlier arrival on calving grounds (Figure 3.5B). Phenology of use of calving grounds Calving date varied from late May to early June for RG females and was typically stable around early June for RAF females (Figure 3.4D). The best model explained 26% of variation in calving date and included effects of herd, year, migration distance and average temperature in May (Table 3.3, Table A3.4 in Annexe 2). Globally, calving date was similar for RG (10th of June ± 0.4day) and RAF (9th of June ± 0.7day) females (herd: β= 0.77 ± 0.92, CI 95: [-1.05:2.60]; Figure 3.4D), but was earlier in recent years mostly for the RG (year: β= -0.70 ± 0.33, CI 95: [1.35:-0.06]; Figure 3.4D). Since 2005, RG females calved on average 4 ± 1 days earlier than RAF females (Figure 3.4D). Longer migration was related to later calving date for both herds (dist_mig: β= 0.01 ± 0.002, CI 95: [0.006:0.014]) such that an increase of 100 km in migration distance delayed calving date by 1 ± 0.2 days. Finally, warmer temperature in May resulted in earlier calving date (Tmoy_May: β= -2.48 ± 0.28, CI 95: [-3.04:-1.92]) with an increase of 1°C resulting in a 3 ± 0.3 days earlier calving date (Figure 3.5C). 73 Duration of use of calving grounds varied from 10 to more than 60 days and averaged 36 ± 1 days for RG females and 35 ± 2 days for RAF females (Figure 3.4E). The best model explained 21% of the variation in the duration of use of calving grounds and included effects of herd, year, migration distance and average temperature in May (Table 3.3, Table A3.5 in Annexe 2). Duration of use of calving grounds was similar between herds as the confidence interval (CI) of estimates included 0 (herd: β= 1.13 ± 1.63, CI 95: [-2.09:4.35]), but was 5 ± 1 days longer for RG females in recent years (herd*year: β= 3.01 ± 1.23, CI 95: [0.59:5.44]; Figure 3.4E). There was no long-term trend for the RAF. Longer migration distance reduced duration of use of calving grounds for both herds (dist_mig: β= -0.014 ± 0.003, CI 95: [-0.02:-0.007]) such that an increase of 100 km in migration distance resulted in 1 ± 0.1 days shorter use of calving grounds. Finally, warmer temperature in May resulted in longer duration of use of calving grounds (Tmoy_May: β= 1.66 ± 0.47, CI 95: [0.73:2.59]) with an increase of 1°C resulting in a 2 ± 0.5 days longer use of calving grounds. Females of both herds left the calving grounds in early July (RG= 1st of July ± 0.5 day, RAF= 2nd of July ± 0.6 day (Figure 3.4F)). The best model explained only 9% of variation in departure date from calving grounds and included effects of year, migration distance and average temperature in May (Table 3.3, Table A3.6 in Annexe 2). There was no longterm variation in departure date from calving grounds (year: β= 0.67 ± 0.44, CI 95: [0.20:1.54]). Departure from calving grounds was slightly postponed by longer migration distance (dist_mig: β= 0.004 ± 0.002, CI 95: [0.0007:0.008]) and advanced with warmer temperature in May (Tmoy_May: β= -2.31 ± 0.39, CI 95: [-3.07:-1.54]) for both herds. Discussion Timing is a central component of migration, because most migrations are associated with the timing of reproductive events such as breeding, calving, nesting and hatching (Creswell et al. 2011). We identified the factors influencing the phenology of spring migration and use of calving grounds by caribou females. Overall, the different descriptors of the A) RAF RG C) B) D) 74 Figure 3.3 Annual variations in distance of spring migration (A) and its relationships with phenology of spring migration described by B) date of initiation of migration, C) duration of migration and D) arrival date on calving grounds of female caribou from the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada in 1991-2010. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots). 75 RAF RG Phenology of spring migration A) B) C) Phenology of use of calving grounds D) E) F) Figure 3.4 Annual variations in the phenology of spring migration described by A) date of initiation of migration, B) duration of migration and C) arrival date on calving grounds, and in the phenology of use of calving grounds described by D) calving date, E) duration of use of calving grounds and F) departure date from calving grounds in 1991-2010 by female caribou of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada. Boxplots present the median (line), interquartile range (box), 90th percentiles (error bars) and 95th percentiles (dots). 75 76 76 Figure 3.5 Relationships between average temperature in spring (April or May) and A) date of initiation of spring migration, B) arrival date on calving grounds and C) calving date of female caribou of the Rivière-George (RG) and Rivière-aux-Feuilles (RAF) herds, Northern Québec and Labrador, Canada in 1991-2010. 77 phenology of spring migration and use of calving grounds appeared to be most strongly related to variation in migration distance and spring temperature. Interestingly, we identified correlations between several phenological traits suggesting that a delay in one trait, for example initiation of spring migration, resulted in a delay in other traits, such as arrival date on calving grounds. The correlations were usually stronger for the RAF than for RG. Different phenological traits are correlated both within individuals and within years in different species (Bauer et al. 2011) suggesting a response to similar environmental cues. Phenology of spring migration and arrival on calving grounds Because aerial surveys were rare and resulted in estimates of population size with large confidence intervals (Couturier et al. 2010), it was not possible to test directly the influence of annual population size on the phenology of spring migration and use of calving grounds. Instead, we combined the effects of herd and year to test for the effect of population trend on phenological traits. We detected major differences in phenological traits between herds that are likely related to their contrasted demography. RAF females, at higher population size, showed earlier date of initiation (10 ± 4 days) and longer duration (5 ± 1 days) of spring migration, and later arrival date on calving grounds (3 ± 1 days) compared to RG females. Migratory caribou are known to increase annual and seasonal ranges size in response to increased population size (Couturier et al. 2010; Taillon et al. 2012a), which may result in longer migratory displacements and therefore influence the period of use of seasonal habitats (Hinkes et al. 2005). The ability of animals to perform long-distance migrations is largely based on the energetic reserves available (Alerstam et al. 2003). Variations in the phenology of migration between populations may therefore be related to differences in individual body condition prior or during migration, which are most likely related to the availability of resources in the departed habitat. At higher population size, increased competition may reduce the quantity and quality of resources per capita (Bonenfant et al. 2009), and result in earlier departure from seasonal ranges. In mule deer (Odocoileus hemionus), for example, winter feeding programs, known to increase nutritional status, postponed initiation of migration by prolonging the availability of natural forages (Peterson and Messmer 2007). In recent years, 78 RAF females were in lower body condition than RG females at calving (Taillon et al. 2011). This may indicate either overall lower condition of RAF females or higher energetic expenses prior to calving, potentially related to longer spring migration (689 ± 12 km) compared to RG females (325 ± 8 km) (Couturier et al. 2010). Distance between wintering and breeding ranges was shown to influence the timing of arrival at breeding locations in several species (Tøttrup et al. 2006; Bauer et al. 2011). In birds, populations wintering further away from breeding grounds showed a tendency to start spring migration earlier compared to populations performing shorter migrations (King and Mewaldt 1981; Tøttrup et al. 2006). Similarly, we observed earlier date of initiation of spring migration with increased migration distance for both caribou herds. Tøttrup et al. (2006) suggested that migrants with a relatively short distance between breeding and wintering areas are able to adjust timing of migration faster than longer-distance migrants. This suggests a better evaluation of environmental cues at proximity to the targeted area, which might have contributed to the lower annual variation in the date of initiation of spring migration for RG females (shorter migration distance) compared to RAF females (longer migration distance). As suggested for other migratory species (Walther et al. 2002; Marra et al. 2005; Tøttrup et al. 2006), RAF females may minimize the potential mismatch between departure from wintering areas and arrival on calving grounds by initiating spring migration earlier than RG females. RAF females still present longer durations of spring migration, with a later arrival date on calving grounds compared to RG females. Longer duration of migration could be related to the use of stopover sites along the migratory routes as seen for migratory birds that minimize migration time and energy cost by migrating in short steps with small fuel loads (Hedenström and Alerstam 1998). Sawyer and Kauffman (2011) recently showed that mule deer utilized stopover sites along migrations routes and that the number of stopovers increased linearly with migration distance. Preliminary analyses suggests that during migration from wintering to calving ranges, RG females rarely perform stopovers while RAF females seem more prone to use stopover sites, particularly in years with an 79 early date of initiation of spring migration (M. Le Corre, C. Dussault, and S. D. Côté, unpublished data). Unfavorable snow conditions may increase energy expenditure, reduce body condition (Post and Stenseth 1999; Forchhammer et al. 2001), but also influence movements within and between seasonal ranges in several northern ungulates. In elk, for instance, spring migrations were delayed after winters with deep snow pack and advanced in years with less snow and earlier green-up (White et al. 2010). Previous studies suggested that Rangifer population dynamics were primarily influenced by winter precipitations (Forchhammer et al. 2001; Tyler 2010) and that locations of calving sites varied annually in relation to snow cover on both winter ranges and calving grounds (Fancy and Whitten 1991). In our study, winter precipitation and percent snow cover did not affect the phenology of spring migration and use of calving grounds. Snow data, however, were only available as total precipitation in winter from local weather stations and as percentage of snow cover at coarse spatial and temporal scales (500 m resolution every 8 days, Armstrong and Brodzik 2005). Phenology of migration and of use of seasonal ranges is more likely to be influenced by characteristics of the snow pack such as depth and hardness (Tyler 2010; Monteith et al. 2011) than by the overall percent snow cover. Remote sensing studies are currently developing tools to evaluate snow depth, density and hardness (Kelly 2011; Maher et al. 2012), that, hopefully, will be available soon at a large spatial scale, which is needed to study species using large annual and seasonal ranges. Climate influences both the demography and patterns of use of seasonal ranges of insects (Briers et a1. 2004), birds (Cotton 2003) and ungulates (Forchhammer et al. 2001; Joly et al. 2011). Temperature may impact individuals directly through its influence on energetic expenses during migration (e.g. snow conditions for terrestrial migrants) and indirectly by its influence on plant growth and food availability (Parker et al. 1984; Coulson et al. 2000; Pettorelli et al. 2007). In mule deer, for example, timing of spring migration was related to both a large-scale climatic index and to plant phenology (Monteith et al. 2011). In our study, warmer temperatures in spring were related to earlier initiation of spring migration and arrival on calving grounds by females of both herds. Temperatures in April may be a 80 proxy of spring precocity and therefore, be related to migration conditions such as snow quality and icing condition of lakes and rivers. Caribou form long trampled trails and favor hard snow cover and frozen lakes while traveling, to decrease energetic costs (Duquette 1988; Klein 1991; Fancy and White 1986). Migrating earlier when temperatures in April are higher than average may ensure better conditions during displacements. Earlier arrival on calving grounds when temperatures in May are warmer may be related to earlier access to vegetation. Accordingly, temperatures in May were positively related to average NDVI in June (slope= 0.53 ± 0.14, F1,34= 14.3, P= 0.0006, R2= 0.30). Plasticity in the date of initiation of spring migration and of arrival on breeding ranges in response to climatic conditions is common in migratory species (birds: Tøttrup et al. 2006; Altwegg et al. 2012; mammals: Monteith et al. 2011) and could be an adaptive behavioral strategy to reduce the detrimental effects of trophic mismatches between resources availability and events such as parturition. Phenology of use of calving grounds Population density has been widely shown to reduce body condition and survival of juveniles and delay birth dates in ungulates (Clutton-Brock and Coulson 2002; Bonenfant et al. 2009). We observed that RAF females, at higher population size, arrived later on calving grounds and calved later (3 ± 1 days) than RG females, with lower population size. Delayed calving date could be related to longer spring migration postponing the arrival on calving grounds or to lower body condition of RAF females. In ungulates, poor nutritional status in females was related to delayed estrus and ovulation (Cook et al. 2001a; Langvatn et al. 2004). Delayed calving dates of RAF females could therefore be related to lower condition the previous autumn and later estrus date compared to RG females. Although RAF females were recently observed to be 8 kg lighter than RG females in autumn (Taillon et al. 2011), synchronous rutting activities for both herds (long-term population classification, Québec Government, Brodeur, V. pers. comm.) suggest similar estrus peak date. Arriving too early on calving grounds may be costly and risky, as individuals may have to cope with unfavorable foraging and weather conditions (Bauer et al. 2011). On the other hand, delayed birth or nestling dates may result in a mismatch between the peak of resource 81 availability and the high energy required for milk production in mammals (Whitten et al. 1992; Whiting et al. 2011) or chick feeding in birds (Both et al. 2006) reducing parturition success of females, and body condition or survival of offspring. We observed that RG females recently used calving grounds for a longer period (9 ± 1 more days) compared to RAF females. A longer period of use of calving grounds could favor early growth and development of the calf motor skills before moving over several kilometers to summer range. Interestingly, annual variation in the number of days of use of calving grounds was primarily determined by arrival than by departure date, as the latter showed low annual variation and was similar between herds. The displacement from calving grounds to summer range appears relatively fixed. It may be driven by the physiological status of the female, by changes in plant phenology or the emergence of biting insects (Fauchald et al. 2007). We observed a positive influence of temperature in May on calving date and duration of use of calving grounds for both caribou herds. Spring weather conditions may be important during the last trimester of gestation when fetal growth peaks (Pekins et al. 1998; ChanMcLeod et al. 1999). In red deer, local climate associated with plant growth in spring explained variations in parturition dates (Moyes et al. 2011) while temperatures in April and May influenced birthmass and neonatal survival (Albon et al. 1983). In reindeer, the influence of spring weather on forage availability and body condition of females was suggested to explain differences in the timing of parturition among populations in Norway (Reimers et al. 1983; Skogland 1984, 1990). The positive influence of spring temperature on timing of parturition for both RG and RAF herds is likely related to the combined effects of temperature regimes on migration conditions, body condition of females, and access to early vegetation green-up on calving grounds. Warmer temperatures in May were positively related to average NDVI in June (R2= 0.30) and to the slope of increase of NDVI from early May to late June (slope= 0.46 ± 0.15, F1,34= 9.8, P= 0.004, R2= 0.22). By appropriate timing of migration, herbivores could therefore be able to match variation in seasonal onset of vegetation growth, and access growing vegetation over a prolonged period (Mueller et al. 2011). A previous study on the 82 RG and RAF herds showed that average NDVI in June was positively related to calf body mass in autumn (Couturier et al. 2009a). As suggested for several ungulate species, caribou females may also present plasticity in parturition date according to environmental conditions (review in Whiting et al. 2011). Under adverse environmental conditions, for example, females may extend gestation to match calving date with maximum plant production (Garcia et al. 2006; Whiting et al. 2011). This plasticity is limited by minimal and maximal gestation length and body condition of females (Whiting et al. 2011). Living in a changing environment Long-distance migrants are thought to be especially vulnerable to climate changes (Shuter et al. 2011) because migration constrains their ability to react to changing conditions. Our results suggest that caribou females may advance both their spring migration and use of calving grounds in order to match changes in conditions of migration and plant phenology related to warming climate. In addition, Sharma et al. (2009) suggested that seasonal ranges of the RAF and RG herds should change substantially over the next 50 years in response to changing climate. This may potentially impact migration distance, which is a main factor influencing phenology of migration and use of calving grounds. In Saïga antelope (Saiga tatarica tatarica), scenarios of climate change predicted habitats shifts in seasonal distribution with possible implications for migratory routes, foraging behaviour and selection of calving areas (Singh and Milner-Gulland 2011). The ability of caribou to adjust their phenology of use of seasonal ranges to rapid changes in precipitation and temperature regimes is, however, largely unknown. In addition, several migratory ungulate species are under threat from expanding human activities. Disturbance from industrial activities can hinder migration routes (Ito et al. 2005; Reimers et al. 2007), modify calving habitat use (Singh et al. 2010a) and displace calving areas, reducing the use of high-quality foraging areas (Haskell et al. 2006; Bolger et al. 2008). Future research should focus on assessing and reducing human disturbance, and preventing seasonal range destruction (Bolger et al. 2008; Gunn et al. 2008; Shuter et al. 2010). 83 Conclusion Migratory species are of special concern in the face of climate change and other threats, since they may be affected by changes in wintering areas, along the migration routes and at breeding grounds (Ahola et al. 2004). There is an urgent need to better understand the factors influencing energetic expenses prior, during and after migration, and the consequences of altered phenology of migration and of use of seasonal ranges on demography and population recruitment. Future research should focus on how animals are influenced by specific environmental cues and how their decisions impact their survival and reproductive performances. Acknowledgments Caribou Ungava is financed by ArcticNet, Natural Sciences and Engineering Research Council of Canada (NSERC), Hydro-Québec, Xstrata Nickel-Mine Raglan, Fédération des Pourvoiries du Québec, CircumArctic Rangifer Monitoring & Assessment network (CARMA), Ministère des Resources naturelles et de la Faune du Québec (MRNF), Labrador and Newfoundland Wildlife Division, First Air, Makivik Corporation, Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, Fondation de la Faune du Québec, Institute for Environmental Monitoring and Research and Canada Foundation for Innovation. We thank the Nunatsiavut Government for permission to carry out research in Nunatsiavut. J.T. received scholarships from NSERC and the Fonds québécois de recherche sur la nature et les technologies. We thank M. Bélanger, T. Chubbs, J.-D. Daoust, P. Duncan, D. Elliott, P. Jefford, J.-Y. Lacasse, L. Lambert, M. Le Corre, P. May, Y. Michaud, M. Pachkowski, Y. Pépin, R. Perron, A. Thiffault, and A.-A. Tremblay for help with data gathering and especially V. Brodeur and S. Rivard for help as field work leaders and with data access and management. We also thank S. Couturier for advice on the use of telemetry locations and for help in understanding range use of migratory caribou. We thank G. Daigle for statistical advice and J. Schwarz from the Canada Centre for Remote Sensing for processing NDVI data. We are grateful to K. Pigeon and A. Massé for comments on earlier versions of the manuscript and to C. Hins and E. Champagne for logistic support and advice