SouS le vaSte ciel bleu du Maroc
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SouS le vaSte ciel bleu du Maroc
Sous le vaste ciel bleu du Maroc H artmut et moi partageons de nombreuses passions, mais celle de voyager est la principale. Depuis 25 ans nous sommes attirés par des terres inconnues et partons dans le monde entier, dès que notre vie professionnelle nous le permet. Nous sommes très curieux. Il ne nous suffit pas de découvrir de nouveaux paysages. Nous nous intéressons surtout aux personnes, à la culture, aux religions et aux pratiques traditionnelles du pays. Nous aimons plonger dans une autre monde près des êtres humains. Pour cette raison, nous aimons nous déplacer, soit en marchant, soit à bicyclette ou en transport en commun. Cette forme de voyage nous a permis de faire des rencontres merveilleuses avec des gens que nous connaissions pas et quelques sont devenu même des amis. Nous avons fait l’expérience d’accueils chaleureux et avons vécu et vue de belles choses inattendues. Nous avons gardé des impressions profondes, procurées par des paysages et des scènes d’animaux uniques. E n 1990 nous avons fait pour la première fois un voyage au Maroc. À partir de ce moment là, nous sommes revenus chaque année pour découvrir de nouvelles régions, paysages, villes et leurs habitants. Petit à petit nous remarquions que ce pays nous attirait et que nous n’allions jamais nous en lasser. Maroc, notre lieu de nostalgie. Ses habitants et paysages allaient changer notre vie. Ici, nous pouvions nous recueillir, trouver le calme et interrompre le stress dû au travail et au quotidien allemand. Les gens sont originels dans leur comportement et ils vivent dans un paysage encore peu touché. La combinaison de cette simplicité avec la beauté, le calme complet, cette étendue infinie et le bleu du ciel nous apparurent une consolation pour notre âme chargée par les progrès de la civilisation. A u cours des ans, parfois avec des amis, nous avons parcouru la région de l’Anti-Atlas et avons découvert de nombreuses villes et villages, nous avons fait la connaissance de personnes aimables. L’hiver 2004 nous avons décidé de partir vers une nouvelle région. Cette fois ci nous voulions découvrir les Monts Saghro. Par une fin d’après-midi, nous sommes arrivés au pied des Monts Saghro dans une petite oasis, nommée N’Kob. Un monsieur aimable vint à notre rencontre et nous proposa de nous aider à trouver un gîte. Nous avons été étonnés d’atterrir dans une bâtisse qui ressemblait à une forteresse, la Kasbah «Ait Atta ».Une famille chaleureuse nous accueillit et nous donna l’impression qu’elle n’attendait que nous. L’hiver 2004, il a fait très froid, si bien qu’au bout de quatre jours nous quittions N’Kob en hâte sans avoir réalisé notre projet de traverser le Saghro. À la place, nous avons continué vers le sud, après Zagora, la capitale des dattes, vers M’Hamid, l’entrée du désert saharien. N otre histoire ne s’en est pas terminée là. En effet, Zaid, le père de notre famille à N’Kob, a fait surgir en nous une nouvelle idée – acheter une maison au Maroc. En mai 2005 Hartmut est revenu à N’Kob avec son ami Michael. Zaid organisa une sortie dans le village où il y avait plusieurs kasbah à visiter et à vendre. Quand Hartmut pénétra dans la Kasbah «Ait Omar», il senti une différence par rapport a celles, qu’il avait déjà vues. Ce bâtiment était spécial et laissa en lui un sentiment de bien être. Lui et sont ami s’avaient que c’était la maison tant espérée. T rois femmes habitaient la Kasbah Ait Omar et elles attendaient impatiemment une possibilité de changer leur vie. La grand-mère et sa fille Aicha étaient veuves et la plus jeune fille d’Aicha faisait partie du ménage. Elles étaient aimables, craintives et intéressées à vendre la maison. La grand-mère avait des problèmes de genoux et ne pouvait plus quitter la maison. Elle était prisonnière dans sa pièce au premier étage. Sa fille Aicha aimait sa kasbah, mais elle était surmenée par sa taille et ses possibilités. Il était difficile d’entretenir la kasbah. La jeune fille était prête á se marier et, comme sa sœur ainée, à quitter la maison pour suivre son mari, dans la région d’Agadir. L es trois femmes dirent á Hartmut: «C’est Allah qui t’envoie vers nous, personne n’achète une vielle maison en torchis á N’Kob. À l’heure actuelle, chacun veut vivre dans une maison en ciment». En effet, la kasbah construite á flanc de coteaux á l’extérieur du village était entourée de vieilles kasbah abandonnées- Les habitants qui étaient restés jusque là étaient prêts à quitter le quartier et à échanger leur vielle kasbah en torchis pour une maison confortable en ciment dans un nouveau quartier de N’Kob. L P e contrat de vente s’est fait de vive voix et avec une poignée de main. Hartmut donna des arrhes, qui furent aussitôt cachées dans le soutien-gorge d’une des femmes présentes et dans le maillot de son bébé. lus tard en juin 2005, Hartmut et moi sommes revenus pour payer le restant du prix d’achat et signer le contrat. Les femmes ont préparé une cérémonie d’henna pour moi, elles ont chanté et avant d’avoir quitté la kasbah, elles m’ont parée d’un «Ait Atta», foulard de mariage. Elles nous ont souhaité la bénédiction d’Allah et que tout se passe bien dans notre nouvelle «vieille» maison. N P ous n’avons pu prendre possession de notre kasbah qu’en automne. Ce fut le coup de foudre. Notre terrasse s’ouvrait sur un paysage magnifique et nous offrait un grandiose ciel étoilé. Dans notre cour la lumière nous réchauffions. Les murs épais de la kasbah en torchis nous rassuraient. Nous nous sentions en sécurité et en paix as à pas nous conquérions la vieille kasbah. Ses secrets voulaient se dévoiler. Nous découvrions bientôt que la maison était beaucoup plus grande que ce que nous pensions. Derrière des murs fermés, d’autres pièces firent leur apparition. Malgré la taille nous nous sommes apercus que nous n’avions acheté qu’une partie de la kasbah. Un cube, qui était entouré d’un angle à l’est et au nord. Cette partie en angle du bâtiment était vide et il n’y avait, en partie, pas de plafonds et elle donnait l’impression d’être abandonnée. Autrefois, ce devrait être un «Agadir», un dépôt pour le clan. En 2006 nous vint une nouvelle idée. La kasbah en torchis émanait tant d’inspirations, pourquoi ne pas les partager avec d’autres? Pourquoi ne pas essayer quelque chose de nouveau et ouvrir une pension? E ncouragés par l’expérience positive de l’achat de la première partie de la kasbah, nous décidions d’essayer d’acheter la deuxième partie du bâtiment afin d’avoir une unité. Les propriétaires de la partie à acheter étaient trois frères nomades, qui vivaient dans le Sahara. Nous avons pris contact avec eux et pleins d’espoir ils sont venus à N’Kob. Ils voulaient profiter de l’occasion et vendaient volontiers. Jusqu’en 2007, nous avons complété l’étendue de la kasbah et posé la base de notre prochain hôtel et notre propre chez-nous. P endant ce temps, Hartmut dirigeait ses affaires à Francfort/M. et moi, je travaillais dans une école professionnelle. Un peu avant j’avais obtenu avec succès mon doctorat en pédagogie. On peut dire, que nos horizons à venir s’ouvraient sous de bons hospices. Les années suivantes, nous allions souvent au Maroc dès que nous le pouvions, et gardions notre but en vue. Nous voulions réaliser les rénovations et restaurations de la kasbah Ait Omar. P our réaliser les travaux de la kasbah Ait Omar nous avons décidé de travailler étroitement avec des gens du pays. Nous avons ainsi développé des contacts intensifs et nous avons trouvé de nouveaux amis à N’Kob. Bien qu’il y ait eu des jours et des semaines pleins de doute sur ce que nous faisions, bien qu’il y eut des moments difficiles avec les Tamazight pour rénover et travailler ensemble, nous avons tenu à nos projets et bien décidés à faire de notre mieux. H artmut et moi rêvions d’une maison où nous voulions accumuler nos expériences de voyage et nos connaissances techniques, créatives et sociales. Nous voulions lier notre intérêt pour l’artisanat traditionnel marocain, notre amour pour la bonne cuisine, les jardins, les traditions et les connaissances des Tamazight (berbère) de la souche des Ait Atta. Tous cela devait inspirer l’aménagement de cette pension. E n 2008 nous avons abouti à une crise qui nous obligea à stopper le projet. Notre va et vient en permanence à deux endroits apportait beaucoup des problèmes et nous nous sentions de plus en plus lessivés. Il nous fallut faire le point et bien que nous tenions beaucoup à la kasbah, il fallut se demander si nous allions laisser tomber ou penser de nouveaux plans. Après un an de catharsis, en septembre 2009, nous revenions, pourvus de nouvelle énergie d’Allemagne à N’Kob. Dans nos bagages nous avions la ferme décision de continuer et la conscience d’être sur le bon chemin. Nous avons décidé, qu’à l’avenir, nous voulions passer une partie de notre vie dans l’oasis de N’Kob. Nous voulions rendre quelque chose à ces gens du Maroc qui nous avions déjà si richement comblés. P our manifester notre reconnaissance, nous avons commencé à chercher un nom pour ce projet, qui était jusqu’à lors sans nom. Un choix difficile. Aucun nom ne nous semblait le bon. Mais finalement, la décision fut simple. Le nom devait, d’après le sens du mot, tomber à nos pieds. Un beau jour, le contrat d’achat glissa du dossier et en le relevant, j’y jetais un coup d’œil et lu:»... avons le terrain à N’Kob qui porte le nom d’ Ait Omar……». Ait Omar, c’est parfait, le vrai nom de la kasbah. Le nom du chef du clan, venu des monts Saghro pour bâtir cette fière kasbah sur la colline. Ce nom honorait la famille des constructeurs et faisait en même temps partie de l’histoire de N’Kob. À partir de ce jour là, la chance était de nouveau avec nous. L ’année dernière, peu avant que nous ayons arrêté les travaux, une famille de la vallée derrière Kella M’Gouna, (la fameuse vallée des roses), avait commencé à travailler pour nous. Le père était spécialiste pour bâtir les maisons en torchis. La famille vit dans un village de montagne. Depuis des générations, les hommes travaillent en tant que bâtisseur avec le torchis. Comme les nomades, ils vont dans un endroit à un autres, là où ils sont demandés pour leur travail. Les aieuls et les enfants restent au domicile du clan. Il n’à que peu de personnes qui accompagnent les hommes pour s’occuper de leur ménage. N ous sentions que ce serait bien de reprendre le travail avec cette famille. Notre joie a été grande, quand nous avons vu, après quelques hésitations, revenir Ali, le «Melem». L’argile est sa vie et bâtir avec de matériel archaique représente pour lui l’art et une tradition de plusieurs générations. Aujourd’hui, nous savons, que nous aurions échoué, si nous n’avions pas eu le talent, la professionnalité, la passion, l’authenticité et la confiance d’Ali et sa famille. Nous n’aurions, non seulement, perdu notre argent mais nos rêves. Maintenant nous pouvons crier, comme Aicha autrefois, quand elle avait vendu sa kasbah « Dieu nous a envoyé Ali» Ali et Hartmut forment un team congénital. Ils travaillent ensemble depuis des années, ils se comprennent grâce à la base de leur langage comme leur compétence et leur créativité. S ouvent on nous demande: « Comment arrivez-vous à tout? Comment avez-vous trouvé ces gens merveilleux qui travaillent avec vous? D’où viennent vos idées? D’où prenez-vous votre inspiration?». Que pouvons-nous répondre? A C u début, ni Hartmut ni moi ne savions où nous allions. Nous ne savions pas ce qui nous attendait à N’Kob, ni où notre chemin et nos recherches nous conduiraient. Et si nous l’avions déjà su, nous n’aurions sûrement pas eu le courage et nous n’aurions pas été fous pour suivre ce chemin, et pourtant, nous l’avons fait. ela nous rappelle un peu l’état dans lequel on est, quand on est amoureux. La raison fait place aux sentiments, sachant qu’il y a une destinée. Depuis, l’envie d’aventures, combinée avec un mélange de curiosité, peur et fascination influent nos décisions. Nous ne regrettons rien. Nous sommes heureux de vivre avec les habitants paisibles du Maroc, parmi les Tamazigh, et sommes reconnaissants pour la tolérance et le respect qu’ils nous octroient. E ntre-temps les travaux de la kasbah Ait Omar sont presque terminés. Notre hôtel est ouvert. Nous avons de nouveaux projets. Nous voulons au moins apprendre le tachelheit et l’arabe, ainsi qu’intensifier notre engagement et les relation avec la commune de N’Kob. Et qui sait, ce que nous risquons de rencontrer en chemin. Jutta & Hartmut