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turnaround Vincent Kohler sommaire 5 37 45 61 le bâton, la balle et le mécréant par Fabienne Radi la désertion des dodgers, ou la mutilation de brooklyn par Patrick Boillat nul ne s’embête avec hercule par Claude-Hubert Tatot tourner la matière par Alexandre Fiette 71 official baseball rules 72 english texts 83 deutsche Texte 5 le bâton, la balle et le mécréant par Fabienne Radi — Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué Il y a des choses assez difficiles à expliquer. Com me les trous noirs, la topographie de la ville du Caire, les écrits de Wittgenstein, le volcanisme de point chaud des îles hawaïennes, l’expérience du chat de Schrödinger. Et le baseball. L’Occidental européen lambda connaît assez bien le football, le tennis, voire le basketball, il possède quelques connaissances rudimentaires en hockey sur glace, volleyball, éventuellement rugby, il commence à se faire une vague idée de ce qu’est un swing en golf, mais le baseball c’est une autre histoire. Certes, il a quelques excuses. Pourquoi une activité sportive qui consiste, en gros, à taper une balle avec un bâton en bois et à la rattraper avec une main hypertrophiée en cuir, a-t-elle inventé des règles aussi alambiquées et développé un idiome ésotérique farci de pourcentage de puissance, ratio de circuits, ratio de retraits au bâton, pourcentage de présences sur les buts, moyenne de point mérité et autres expressions énigmatiques ? Cette question étreint tôt ou tard tout nouvel amateur issu du Vieux Continent, d’abord rempli de bonnes intentions puis de plus en plus désorienté lorsqu’il saisit que celles-ci ne servent strictement à rien s’il n’a pas la chance de posséder un petit cousin américain pour l’initier à ce sport singulier. Car le baseball c’est l’essence même de l’identité des Etats-Unis depuis la fin du 19ème, c’est à dire à peu près la nuit des temps pour quiconque né 6 Fabienne Radi entre Watsonville et Daytona Beach. Ce qui n’est pas toujours aisé à capter quand on habite Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon ou Schwamendingen. — Rites et coutumes La première rencontre avec ce sport se fait souvent par le biais de la littérature ou du cinéma. Dans un nombre incalculable de fictions américaines, on trouve une scène dans laquelle un père emmène son fils voir un match de baseball. Une sorte d’adoubement sportif au travers d’un époumonement familial (on crie beaucoup dans le baseball) pour les Yankees, les Red Sox, les Giants, les Dodgers ou les Mets, suivi d’une attente interminable devant les vestiaires pour tenter d’obtenir dans une mêlée de coudes un autographe des héros du jour, autographe qui sera ensuite religieusement encadré au-dessus du lit du fiston jusqu’à ce que celui-ci parte à l’Université et quitte définitivement la maison. C’est par exemple l’essence même de la nouvelle « La Ville des cœurs brisés » de Ethan Canin. Le baseball imprègne aussi des monuments littéraires tels que « Le Vieil Homme et la Mer » de Hemingway, « Portnoy et son complexe » de Philip Roth ou encore « L’Attrape-cœurs » de Salinger. Au cinéma, l’ambiance est souvent bon enfant : on ne compte plus les scènes de franche camaraderie où les personnages éclusent des bières en se disputant plus ou moins joyeusement sur les résultats de leur équipe préférée. Et nul besoin d’entrer dans la case intellectuel new yorkais pour goûter à ces plaisirs à la fois sportifs par procuration et salutaires pour la nation : tout comme Paul Auster à Brooklyn ou Woody Allen à Manhattan, Homer Simpson à Springfield possède de grandes capacités à gloser indéfiniment sur les exploits de Willie Mays ou Jackie Robinson. Pendant ce temps-là, le spectateur / lecteur européen (celui qui habite à Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon ou Schwamendingen), un peu paumé par ces élucubrations enfiévrées dont il saisit rapidement qu’elles font partie d’un rituel sophistiqué auquel les non-initiés ne sont pas conviés, n’hésite pas alors à zapper allègre ment des pages ou des scènes auxquelles il n’y comprend que dalle. 7 Fabienne Radi — Toujours prête Concentrons-nous sur la batte. Echappée de son contexte sportif, celle-ci a connu une grande carrière ciné matographique. Il faut dire qu’elle possède deux avantages imparables : 1) elle est présente dans tout foyer américain normalement constitué, au même titre que le panier de basket sur la porte du garage et le pot de beurre de cacahuètes dans le réfrigérateur 2) elle est un objet contondant idéal pour éliminer l’ennemi potentiel qui s’aventurerait sur une pelouse qui n’est pas la sienne. Toujours prête et efficace, tel un scout tiré de la poche de Baden Powell. Et beaucoup plus discrète qu’une Winchester, en perte d’attraction depuis que John Wayne a rangé ses éperons. Aussi son caractère vernaculaire a-t-il séduit les grands méchants de l’Histoire, ceux dont les méfaits sont passés à la postérité par le biais du grand écran : ne citons pour exemple que la fameuse scène des « Incorruptibles » où Al Capone (Robert De Niro), à l’issue d’un banquet somptueux où s’est réuni tout le gratin mafieux, fait l’apologie du baseball devant une audience repue avant de massacrer un de ses caporaux à coups de batte qui font se chiffonner instantanément tous les nœuds papillon de la salle. — Un moyen futé de s’intégrer En faisant gicler le sang et exploser les crânes, la batte ajoute une note gore à un cinéma débarrassé du code Hays depuis 1966. Scorsese, Coppola, De Palma ne vont pas s’en priver. Souvent utilisée par les sbires de Cosa Nostra, la batte permet astucieusement à ces derniers, émigrés italiens de première ou deuxième génération, de se débarrasser efficacement d’adversaires trop encombrants tout en s’appropriant une gestuelle propre aux fondements de l’identité américaine. Une phagocytose singulière des valeurs yankee qui revient somme toute à faire d’une balle deux coups. Dans un usage plus traditionnel et moins sanglant, le joueur Joe DiMaggio a réussi à passer du statut de fils d’émigré sicilien à celui de héros 8 Fabienne Radi américain autant grâce à ses 56 matchs consécutifs avec au moins un coup sûr qu’à son mariage avec Marilyn. De l’importance du baseball et des blondes dans le processus d’assimilation du Nouveau Monde. Plus récemment, les vampires de « Twilight » semblent avoir utilisé en partie la même stratégie : ils jouent en effet régulièrement au baseball au fond des bois et durant les orages (très pratiques les orages : le tonnerre permet de masquer la puissance sonore ahurissante de leurs coups) pour tenter de se prouver qu’à l’exception de leurs canines et de leur soif d’hémoglobine, ils ne sont finalement pas si éloignés des honnêtes citoyens qu’ils côtoient dans l’Etat pluvieux de Washington. — Du gourdin au bâton de majorette Comme Stanley Kubrick l’a impeccablement montré dans « 2001 L’Odyssée de l’Espace », l’utilisation d’un objet allongé (en l’occurrence un tibia) comme arme ne date pas d’hier. L’histoire de l’art regorge de héros musculeux et souvent dévêtus frappant toutes sortes d’adversaires avec des gourdins, Hercule terrassant l’Hydre étant l’exemple le plus connu. Mais très vite l’être humain s’est rendu compte que le bâton pouvait avoir d’autres fonctions que la baston : canne, rame, sceptre, gratte-dos, manivelle pour store, règle, bâton de ski, canne à pêche, pylône électrique, baguette de chef d’orchestre, tuteur pour plante, tringle à rideau, les usages sont infinis. On observe une différence intéressante entre les sexes dans l’utilisation du bâton : si la gent masculine l’empoigne avec fermeté pour désigner, pointer, dresser, soutenir, symboliser ou encore diriger, la population féminine, elle, s’en empare dans un esprit plus récréatif, en le faisant virevolter par exemple. La preuve par les majorettes. Cette activité insolite qui consiste à accompagner une fanfare, affublé d’une minijupe et d’une veste militaire en levant la jambe au rythme de la grosse caisse sans perdre son képi dans l’exercice, existe depuis la fin du 19ème. Mais ce n’est qu’en 1927 que Kitty Clark, fille d’un fabricant de piquets du Middle West, attrape un bâton de son père et ouvre le défilé de la fanfare du coin en faisant tourbillonner ce dernier au-dessus de sa tête. Un geste qui est à la fois un détournement de la fonction première du bâton (utilisé par le tambour-major pour diriger la fanfare) et une variante du gun twirling, passe- 9 Fabienne Radi temps préféré des cowboys désœuvrés qui tentaient de se consoler de la disparition des mustang et des bisons en faisant des moulinets avec leur pistolet le soir au coin du feu. A ce propos, on rapporte que ces derniers se seraient eux-mêmes inspirés du fameux lancer de drapeau suisse, exporté aux USA par un marchand néerlandais féru de coutumes helvétique ! Schwamendingen pas si loin de Daytona Beach finalement. Pour revenir aux filles et aux bâtons, observons que les premières – qu’elles soient majorettes, cheerleaders, pom pom ou twirling girls – ont su utiliser les seconds de manière beaucoup plus imaginative qu’Hercule ou Al Capone. — Tous pour l’érable Filles ou garçons, ceux qui ne se posent pas ce genre de questions, ce sont les tourneurs et les tourneuses sur bois. Pour eux, fabriquer une batte de baseball, un pied de table, un barreau de chaise, une balustre, un godemichet ou un poivrier, c’est le même topo : au final l’atelier est envahi de copeaux et on en a pour des heures à balayer. Pour la fabrication des poivriers, on utilise souvent du bois d’olivier, pour les pieds de table et les barreaux de chaise, le chêne, le hêtre ou l’hévéa font très bien l’affaire, pour les godemichets tous les bois sont permis. En revanche pour les battes de baseball, on recommande tout particulièrement le frêne blanc, un peu moins le bouleau, à la rigueur le bambou. Mais c’est l’érable, un bois franc et très dur, qui remporte tous les suffrages depuis 1997, date à laquelle Sam Holman, menuisier à Ottawa, a sculpté la première Maple Bat, beaucoup plus solide que les bâtons en frêne traditionnels. Grâce à Sam, les médecins traumatologues ont désormais nettement plus de boulot. 10 Fabienne Radi — Equipement de saison Ce qu’il y a de bien avec le baseball, c’est qu’il y a des saisons. Ça commence en avril, ça se termine en octobre. De novembre à mars, pendant que les sols sont déchaumés / décompactés / perforés / aérés, le gazon déparasité / fertilisé / ensemencé, le monticule du lanceur réaménagé, les coins du marbre biseautés, la plaque du lanceur refixée, les trous rebouchés, les clôtures répa rées, les poteaux replantés, la surface de jeu nivelée, les pistes d’avertissement dégagées, les mâts d’éclairage réorientés, les filets arrières remaillés, le tableau des scores vérifié, les vestiaires désinfectés et les équipements d’urgence réapprovisionnés, les joueurs, eux, prennent des kilos. C’est d’ailleurs ce qui les distingue sympathiquement des joueurs du football américain, éternel rival du baseball dans le cœur de la nation. Alors que les footballeurs arborent de fausses épaules démesurées en plastique, les baseballeurs, eux, cachent souvent un vrai petit bedon, acquis généralement durant l’hiver et dissimulé sous des vêtements élégants, pantalons trois-quarts et chemises à boutons. Deux esthétiques corporelles qui traduisent des philosophies très différentes. D’un côté le chic east coast à la Ralph Lauren qui fleure bon les valeurs démocrates et la mythologie Kennedy, de l’autre l’allure californienne bodybuildée des convictions républicaines de Schwartzenegger. — Beautiful Losers Rien ne sert de courir, il faut partir à point : c’est ce qu’a finalement compris un lièvre aussi crétin qu’arrogant lorsqu’il s’est fait battre par une tortue de rien du tout qui, elle, avait judicieusement misé sur sa propre persévérance comme sur la vanité de son adversaire. Transportée de l’autre côté de l’Atlantique, la fameuse fable de La Fontaine a inspiré un certain Ernest Lawrence Thayer, qui écrivit en vers et en 1888 un poème mi-lyrique mi-satyrique intitulé « Casey at the Bat ». Pièce d’anthologie aux Etats-Unis, le poème raconte la dernière manche d’une partie de baseball de la petite ville de Mudville contre une bourgade dont on a oublié le nom. Mudville perd 4 à 2, c’est la déconfiture, tout le public attend que le grand frappeur Casey, star du bâton, vienne redresser la situation. Celui-ci se présente avec 11 Fabienne Radi autant de suffisance que le lièvre susmentionné. Il laisse passer deux bonnes balles sans même se donner la peine d’essayer de les toucher. Et au troisième lancer, alors que tout le monde retient sa respiration, il se fait retirer, faisant perdre son équipe. Le poème se termine par une strophe emplie de mélancolie, que tout bon petit Américain a récité au moins une fois dans sa vie : Oh, somewhere in this favored land the sun is shining bright; The band is playing somewhere, and somewhere hearts are light, And somewhere men are laughing, and somewhere children shout; But there is no joy in Mudville — mighty Casey has struck out. En Europe, on a un peu trop vite fait de réduire les Etats-Unis au principe narratif du happy end et à ne considérer ses concitoyens que comme de grands enfants. « Casey at the bat » vient plastiquer ce type de poncif en racontant une histoire dont les interprétations prolifèrent depuis plus de cent ans. Casey est un type brillant. Il a tous les atouts pour réussir. Et pourtant il rate lamentablement. Ce genre de paradoxe, qui mêle comique et pathétique, permet d’envisager toutes les alternatives, des succès les plus fabuleux aux échecs les plus cuisants. Sous une autre forme, plus minimaliste, Charles Schultz développe dans les « Peanuts » une vision tout aussi mélancolique : Charlie Brown est un petit garçon qui rêve d’être un champion de baseball. Il a toutes les peines du monde à réunir sur le terrain des équipiers trop occupés par la psychanalyse, Beethoven ou le sens de la vie sur le toit d’une niche. Seul sur son monticule avec sa batte et sa casquette, Charlie Brown continue néanmoins à rêver. Entre lancer, frapper et recevoir, des millions de combinaisons possibles : le baseball comme une métaphore de la vie, où les choses sont à la fois tristes et happy. Une activité certes aussi compliquée à comprendre que la 12 Fabienne Radi physique quantique, mais dont la dimension humaine et artistique peut être perçue par n’importe quel mécréant1 européen pour lequel il est a priori ahurissant que l’on puisse faire le tour d’un diamant avec un gant de baseball2. 1. 2. Terme utilisé en tenant compte de la dimension quasi religieuse du baseball aux Etats-Unis. Le diamant est le nom donné au terrain de baseball : le champ intérieur, c’est à dire la zone comprise entre la plaque de but et les trois bases, a en effet la forme d’un diamant. 37 la désertion des dodgers, ou la mutilation de brooklyn par Patrick Boillat « A y réfléchir, le départ de Brooklyn des Dodgers explique le cynisme dont bon nombre d’entre nous sommes imprégnés, et dont nous ne nous sommes jamais remis. Evidemment, tu ne peux pas être fan des Mets, et pas davantage des Yankees. Donc le baseball disparaît de ta vie. Simplement parce que tu es né à Brooklyn. »1 C’est l’histoire d’un traumatisme et d’une spoliation. D’une cicatrice indélébile sur l’âme de Brooklyn. A l’issue de la saison 1957, Walter O’Malley, propriétaire des Dodgers, délocalise sa franchise à Los Angeles. Sa décision bouleverse les repères identitaires des « Brooklynites » et les prive d’un facteur essentiel de cohésion sociale. Elle dévoile brutalement le divorce entre les intérêts du sport business et l’attachement communautaire aux équipes professionnelles. Elle s’inscrit également dans un mouvement de fond de la société urbaine américaine au tournant des années 60. 38 Patrick Boillat Ville indépendante rattachée administrativement à New York à la fin du 19e siècle, Brooklyn cultive ses différences avec Manhattan et célèbre son mode de vie banlieusard. Peut-être plus qu’ailleurs, le baseball rythme la vie quotidienne et fonde l’identité locale. Car si la Grande Pomme compte alors trois clubs en Ligue Majeure, tous profondément ancrés dans leur quartier, la communion entre les habitants de Brooklyn et l’équipe des Dodgers semble unique. Comme l’écrit Robert E. Murphy dans son ouvrage « After Many a Summer: The Passing of the Giants and Dodgers and a Golden Age in New York Baseball », à l’approche des années 50, le pays entier associe Brooklyn aux Dodgers et les Dodgers à Brooklyn. Et lorsqu’en 1955 les Dodgers remportent les World Series pour la première fois de leur histoire, la passion atteint son paroxysme. « Jamais Brooklyn, dont la relation intime avec le baseball durait depuis plus de 100 ans, n’avait autant porté une équipe dans son cœur », commente Murphy. C’est pourtant le moment que choisit Walter O’Malley pour déraciner son club et le réimplanter sur la Côte Ouest. Pour Brooklyn et ses habitants, le coup est terrible. Les témoignages abondent sur la violence de cet abandon.« Après cet événement, mon père ne s’est plus jamais rendu à un match de baseball, jusqu’à ce qu’il m’emmène voir les Yankees lorsque j’ai eu 6 ans », relate Sophia Hollander, journaliste au New York Times. « Il racontait que son cœur avait été brisé, et que ce jour-là, le sport était mort pour lui, pour toujours ». Mais au-delà de la perte affective, le départ des Dodgers implique surtout la disparition d’une institution créatrice de sens commun et de liens sociaux nécessaires à la vie de quartier. « Il priva Brooklyn, pour la moitié de l’année, de ces conversations banales, ces bavardages futiles que l’on peut avoir dans le métro, en attendant l’ascenseur ou chez le boucher », analyse pour le New York Magazine Michael Shapiro, natif de Brooklyn et auteur de « The Last Good Season », un ouvrage consacré aux Dodgers. « Le baseball rapprochait de parfaits inconnus, ne fût-ce que pour une minute ou deux. Ce sont ces rapports entre les uns et les autres qui furent perdus ». 39 Patrick Boillat Le film « Blue in the Face » développe précisément ce thème. Dans cet hommage à Brooklyn, Wayne Wang et Paul Auster établissent un parallèle entre un petit magasin de tabac menacé de fermeture et les Dodgers. Presque en écho aux thèses de l’urbaniste new yorkaise Jane Jacobs, Auggie, le gérant de l’échoppe, interprété par Harvey Keitel, plaide pour son commerce en exposant à Vinnie, son propriétaire, le rôle essentiel qu’il joue pour l’équilibre du voisinage : « Tout le monde passe ici, pas seulement les fumeurs. (…) Tout le quartier passe à la boutique. Ça crée des liens, et c’est un moyen de maintenir la vie du quartier. A vingt rues d’ici, les gamins de douze ans se tirent dessus pour se piquer leurs baskets. Si tu fermes, c’est un clou de plus dans le cercueil. Tu contribueras à tuer le quartier ». Appuyés par une apparition du fantôme de Jackie Robinson, le légendaire n°42 des Dodgers et le premier joueur noir à évoluer en Ligue Majeure, les arguments d’Auggie feront mouche et convaincront finalement Vinnie de ne pas lâcher l’affaire. La conclusion est moins heureuse en février 1960. Cette date marque le début de la démolition de l’enceinte d’Ebbets Field, le jardin des Dodgers, théâtre de leurs exploits et lieu de communion du peuple de Brooklyn avec ses héros. A la disparition d’une équipe s’ajoute alors la perte et l’effacement du lieu qui en préservait la trace. Ironie du sort, le stade d’Ebbets Field sera remplacé en 1962 par un grand ensemble anonyme et sans âme de 1’300 appartements sociaux. L’antithèse même des principes d’urbanisme prônés par Jane Jacobs dans son ouvrage « The Death and Life of Great American Cities », publié une année plus tôt. Outre ses répercussions sociales et identitaires, la délocalisation des Brooklyn Dodgers est également révélatrice du peu de considération des élites dirigeantes du sport professionnel américain, privilégiant leurs intérêts économiques personnels, pour les fans et les communautés locales. A leurs yeux, les clubs sont avant tout des entreprises, déplaçables à souhait si l’opportunité d’un marché plus profitable se présente. Car les Dodgers ne constituent pas une exception. Durant la période 1950-70, pas moins de six franchises quittent leur ville d’origine pour s’établir sous d’autres cieux. 40 Patrick Boillat On est bien loin de la vision idéale défendue par les leaders politiques new yorkais de l’époque, pris de court par l’exil des Dodgers. « Les propriétaires de clubs ne doivent pas se considérer comme des hommes d’affaires, mais plutôt comme des sportifs satisfaits de gagner leur vie en servant les intérêts de leurs fans », affirme le congressiste de Brooklyn Emmanuel Celler. « Je crois qu’une franchise de baseball appartient moralement aux membres d’une communauté. Ce n’est en aucun cas la propriété personnelle d’un individu, susceptible d’être re tirée au moindre caprice », déclare pour sa part Abe Stark, président du parlement de la ville de New York, devant le Congrès américain. Certes, à défaut d’être réhabilité, Walter O’Malley, longtemps considéré comme la personnification du mal et de l’avidité, s’est vu accorder récemment quelques circonstances atténuantes. Construit en 1912, le petit stade de quartier d’Ebbets Field (environ 30’000 places) était devenu désuet au fil du temps et souffrait, dans une société de plus en plus dépendante de l’automobile, d’un manque de stationnement. Avec le boom de la sub urbanisation, les années 50 correspondent par ailleurs à une remise en cause en profondeur des identités locales aux Etats-Unis, qui n’épargne pas Brooklyn. Ainsi, la classe moyenne blanche fuit le quartier pour s’établir à Long Island, et se voit remplacée progressivement par une population noire paupérisée. La société de consommation bouleverse également les modes de vie et remet en question les pratiques de loisirs. Tous ces éléments concourent à une crise du baseball. A Brooklyn comme ailleurs, le public se fait plus rare. Pour s’adapter à ces mutations et ramener le public en ville, O’Malley envisage la construction d’un nouveau stade à Atlantic Yards, à l’emplacement d’un ancien marché. Son projet se heurtera au refus catégorique de Robert Moses, le Commissaire aux constructions de la Ville de New York. Los Angeles ne lui posera pas les mêmes contraintes. 1. Lou Reed, extrait du film « Blue in the Face » (Brooklyn Boogie), de Wayne Wang et Paul Auster. 45 nul ne s’embête avec hercule par Claude-Hubert Tatot Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire, En témoigne Hercule par ses douze travaux. Le héros en cela n’a guère de rivaux, Mais dévoilons plutôt ce que tais l’histoire. Se délassant de ses épuisantes besognes, Hercule séduisait sans aucune vergogne. Plus rapide que la biche de Cérynie, Plus rusé que tous ses ennemis réunis, Ce fils de Zeus beau comme Grec, fort comme Turc, Avait assurément avec les femmes un truc. Pas en plume, même des oiseaux du lac Stymphale, Pas un joujou, plus épatant qu’un truc extra. Nous le tenons de la bouche même d’une morfale, Hercule possédait d’appétissants appâts. De tous les illustres balèzes barbus, Hercule se différencie à sa massue, Eros déroba cette trique monumentale, En tailla des pipes, un arc bandé triomphal. 46 Claude-Hubert Tatot Qui dit Hercule dit en fait tout. Et peu de femmes en leur estime, Lui refusèrent le haut bout. Le reste, elles lui offraient en prime. Acculé par la tempête, échouant en Libye, Il ne fit pas que filer au pied d’Omphale, Par lui souvent, la belle prit le sien, bestial ! L’esclave sensuel s’en fit maître puis mari. Le demi-dieu à demi nu Jouait de son bel attribut Si bien qu’il en faisait merveille Grandiose, et à nul autre pareil. Les Amazones rétives à ces démonstrations, Domptées et conquises tombèrent en pamoison. Cacus fut même trahi par sa sœur Caca, Occis par cette massue qui tant la tenta. Et l’on sait aussi que les hommes furent nombreux, A follement s’en éprendre, transis amoureux. 47 Claude-Hubert Tatot De son gourdin, un jour qu’il jouait sans personne, Il frappa fort habilement une pomme, et l’envoya magnifiquement en l’air. Saisie au vol elle lui fut rapportée par Cerbère. La balle de ce bien bon coup si bien tirée, Fut par ce chien d’enfer promptement rattrapée, Comme Apollon la lyre, Hermès le caducée, Par Hercule le baseball fut ainsi inventé. Une main dans le dos, tranquille, tenant trois balles, Sur son admirable massue accoudé, mâle, La statue de l’imposant Hercule dit Farnèse, Vient en tout point confirmer notre hypothèse. Par un décret divin sur l’Olympe hissé, Devenu dieu des éphèbes et époux d’Hébé, Hercule livra aux hommes ce divertissement, Ils en embrouillèrent les règles allégrement. Comme dans son commentaire Radi l’a si bien dit, Seul le citoyen américain aujourd’hui, Est à même d’appréhender et de vibrer A ce jeu autrefois par Hercule engendré. 61 tourner la matière par Alexandre Fiette Dégager, amalgamer, mouler, c’est là le verbe (les verbes) de la sculpture, relatif au volume, à la tridimensionnalité. Tourner la matière reste, si cela est un art, un art résolument appliqué. Exploitant la cinétique de la giration, la technique du tournage existe depuis la nuit des temps. Les mouvements semi-circulaires des mains dans l’argile lissant les parois montées avec la méthode du colombin, dont les traces restent visibles aujourd’hui sur certains tessons archéo logiques, la préfigurent. Dès lors que l’homme va appliquer la rotation à la terre alors qu’il façonnait cette dernière, fixe, par le passage de ses mains, l’inversion établit la technique : la matière tournant sur elle-même est travaillée par l’outil, la main, selon un lent déplacement orthonormé continu et progressif. Du propos du céramiste, pour ses pièces de révolution, naît un principe, lequel trouve application dans d’autres matières des plus tendres au plus dures. Bois, ivoire, os, métal, mais pourquoi pas matériau minéral ou de synthèse, tout peut être tourné, si tant est que la vitesse soit adéquate. La mécanisation par la démultiplication des entraînements, puis la motorisation, interviennent comme des étapes décisives dans cette quête de volumes aux diamètres obligatoirement réguliers et aux sections calibrées perpendiculairement à l’axe de rotation. Le potier d’étain forme ou finit sa production sur un tour, repoussant la matière par un mouvement concentrique de son outil appliqué avec une pression contrôlée sur le métal ; le tranchant forme dans l’ivoire ou l’os des éléments 62 Alexandre Fiette décoratifs, donne naissance à des perles répondant à toutes les fantaisies. Que dire de tout l’univers industriel des tourneurs-fraiseurs alliant au tour qui dégage la forme, la contrepartie de la fraise qui évide ? Jadis, ces derniers apportaient le concours de leurs mains à l’exécution de pièces métalliques sur leurs machines-outils désormais entièrement mues par commandes numériques. Grâce au tour, balustres, colonnes, boules, anneaux, formes oblongues et élancées deviennent réalisables dans un respect du calibrage. Répétition, série, tout semble possible. Pas étonnant donc que l’ébéniste intègre le travail du tourneur dans son mobilier. Un vocabulaire plastique se crée véhiculé par des éléments structurels tels les pieds de chaises et piètements multiples, ou ceux, ornementaux, constitués de pièces tournées refendues et placées en applique. La Renaissance en fait grand usage. La colonne est alors à l’honneur ; celles de Raphaël, déformées par une ellipse régulière comparable à un pas de vis, marqueront les arts. Associer les essences et les matières pour la couleur ou l’aspect ouvre l’horizon du tournage et le sort de ses limites, à l’imitation de la marqueterie qui combine les tons et les veinages pour faire apparaître une ornementation. Le contrecollage de bois divers, en section définie, dans le sens longitudinal, occasionne un décor dans la masse révélée par la modulation du diamètre. De même, la section première de l’élément monté sur le tour permet l’obtention d’une variété de volumes. Ainsi, à partir du carré on dessine des cubes qui pourront alterner avec des éléments piriformes ou sphériques au gré du travail. Choisir la répétition d’un même module, c’est s’engager dans la difficulté de la reproduction du calibre à moins d’utiliser le report mécanisé d’un gabarit, et l’exercice reste aussi délicat que celui d’harmoniser la composition de parties dissemblables. Répéter et moduler s’instaurent comme les deux seuls principes pour la création par tournage déjà limitée par le rapport de l’outil à l’axe transversal ou central de la pièce en rotation. Pourtant, les formes obtenues dans ces contraintes sont proches de l’infini. Bien qu’affaire d’artisan, pourquoi ce savoir-faire ne pourrait-il pas servir les intentions de l’artiste ? 71 official baseball rules Article 1.10 (a) The bat shall be a smooth, round stick not more than 2 3 / 4 inches in diameter at the thickest part and not more than 42 inches in length. The bat shall be one piece of solid wood. Note: No laminated or experimental bats shall be used in a professional game (either championship season or exhibition games) until the manufacturer has secured approval from the Rules Committee of his design and methods of manufacture. (b) Cupped Bats. An indentation in the end of the bat up to one inch in depth is permitted and may be no wider than two inches and no less than one inch in diameter. The indentation must be curved with no foreign substance added. (c) The bat handle, for not more than 18 inches from its end, may be covered or treated with any material or substance to improve the grip. Any such material or substance, which extends past the 18 inch limitation, shall cause the bat to be removed from the game. Note: If the umpire discovers that the bat does not conform to (c) above until a time during or after which the bat has been used in play, it shall not be grounds for declaring the batter out, or ejected from the game. (d) No colored bat may be used in a professional game unless approved by the Rules Committee. 72 73 english The bat, the ball and the miscreant1 by Fabienne Radi — Why make things simple when you can make them complicated? There are things that are quite hard to explain. Like black holes, the topography of the city of Cairo, the writings of Wittgenstein, the hot-spot volcanism of the Hawaiian Islands, the Schrödinger’s cat experiment—and baseball. The untutored European West is fairly familiar with football, tennis, or even basket ball, it has some rudimentary knowledge of ice hockey, volleyball, and possibly rugby, it is beginning to form a vague idea of what a swing is in golf: but baseball is a different matter. To be sure, there are some excuses. Why has a sporting activity that by and large consists of hitting a ball with a wooden stick and catching it with an outsize leather glove invented such convoluted rules and developed an esoteric jargon full of terms like slugging percentage, ratio circuits, walk-to-strikeout ratio, on-base percentage, earned runs average and other equally enigmatic expressions? Sooner or later this question grips all new enthusiasts coming from the Old Continent, initially full of good intentions, then ever more at sea as they realise these will get them absolutely nowhere, unless they are fortunate enough to have a little American cousin to initiate them into this strange sport. For baseball has been at the very essence of the United States identity since the late 19th century, i.e. almost the beginning of time for anyone born between Watsonville and Daytona Beach. Something it is not always easy to grasp if you live in Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon or Schwamendingen. — Rites and customs The first encounter with this sport is often through literature and films. In countless American novels, there is a scene where a father takes his son to watch a baseball match. A kind of sporting initiation through the family shouting itself hoarse (there’s a lot of shouting in baseball) for the Yankees, Red Sox, Giants, Dodgers or Mets, followed by an interminable wait by the dressing-rooms to try to elbow one’s way into getting hold of an autograph from one of the heroes of the day, an autograph that will then hang above sonny boy’s bed, religiously framed, until he goes off to University and finally leaves the family home. For example, this is the very essence of Ethan Canin’s short story, “The City of Broken Hearts”. Fabienne Radi Baseball is also a strong influence in literary monuments like The Old Man and the Sea by Hemingway, Portnoy’s Complaint by Philip Roth, or indeed The Catcher in the Rye by Salinger. In the cinema the atmosphere is often good-natured: scenes of open friendliness where the characters knock back beers while arguing more or less happily about the results of their favourite team are innumerable. And there’s no need to tick the New York intellectual box to sample these pleasures, which are both sporting by proxy and good for the nation’s health: Just like Paul Auster in Brooklyn or Woody Allen in Manhattan, Homer Simpson in Springfield has a tremendous capacity for rambling on at length about the exploits of Willie Mays or Jackie Robinson. Meanwhile the European viewer / reader (the one living at Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon or Schwamendingen), somewhat bewildered by these feverish disquisitions which he quickly realises are part of a sophisticated ritual to which the uninitiated are not invited, has no scruples about blithely skipping pages or scenes that are totally meaningless to him. — Always prepared Let’s concentrate on the bat. Away from its sporting context, it has had a major cinematographic career. It has to be said that it has two unbeatable advantages: 1) it is present in every normally constituted American home, just like the basketball net on the garage door and the jar of peanut butter in the fridge; 2) it is an ideal blunt object for eliminating any potential enemy who might venture on to a lawn that does not belong to him. Always prepared and effective, like a scout pulled out of Baden Powell’s pocket. And far more discreet than a Winchester, which has lost its appeal since John Wayne hung up his spurs. Therefore its ready availability has attracted the real baddies of history, the ones whose misdeeds have come down to posterity through the big screen: By way of example, let me mention only the famous scene from The Untouchables when Al Capone (Robert De Niro), following a lavish banquet where all the Mafia top brass are gathered, speaks in praise of baseball to a replete audience before killing one of his sidekicks by hitting him with a baseball bat, causing all the bow ties in the room to crumple immediately. — A smart means of integrating By causing blood to spurt and smashing skulls, the bat adds a note of gore to films that have been freed from the Hays Code since 1966. Scorsese, Coppola, and De Palma were not going to miss out on it. Often wielded by Cosa Nostra henchmen, the bat cleverly allows them as first or second-generation Italian immigrants effectively to rid themselves of enemies getting in their 74 Fabienne Radi way, while at the same time appropriating a set of gestures lying at the very foundations of American identity. A strange assimilation of Yankee values which basically amounts to achieving two strikes with one ball. In a more traditional, less bloody way of using it, the player Joe DiMaggio succeeded in moving from the status of the son of a Sicilian immigrant to that of American hero as much thanks to his 56 consecutive matches with at least one safe hit as to his marriage to Marilyn: Says something about the importance of baseball and blondes in the assimilation process in the New World. More recently, the vampires in Twilight seem to have used some of the same strategy: for they regularly play baseball down in the woods and during storms (very useful, storms: thunder makes it possible to mask the mind-shattering sound power of their hits) to try and prove to themselves that except for their fangs and their thirst for haemoglobin, they are ultimately not so far removed from the honest citizens they rub shoulders with in the rainy state of Washington. — From club to majorette’s baton As Stanley Kubrick excellently demonstrated in 2001: A Space Odyssey, the use of an elongated object (in that case a tibia) as a weapon did not start yesterday. The history of art is overflowing with muscular, often scantily clad heroes hitting all kinds of opponents with clubs, Hercules flooring the Hydra being the best known example. But human beings very quickly realised that the stick could be used for purposes other than fighting: as a walking stick, an oar, a sceptre, a backscratcher, a handle for blinds, a ruler, a ski pole, a fishing rod, an electric pylon, a conductor’s baton, a stake for plants, a curtain rail — the uses are infinite. An interesting difference between the sexes can be observed in how they use the stick: While the male sex grasp it firmly to designate, point out, raise, support, symbolize or indeed direct, the female half of the population take hold of it in a more recreational frame of mind, for example by twirling it — as evidenced by the majorettes. This unusual activity that consists of accompanying a brass band, decked out in a mini skirt and a military jacket, raising the legs in time with the rhythm of the bass drum without losing one’s cap in the process, has existed since the late 19th century. But it was not until 1927 that Kitty Clark, the daughter of a manufacturer of fence posts from the Mid West, took hold of one of her father’s sticks and opened the local band’s procession by twirling it above her head. A gesture that was both a diversion of the baton from its primary function (used by the drummajor to conduct the band) and a variant of gun twirling, a favourite leisure pastime of cowboys when they had nothing to do, trying to console themselves for the disappearance of mustangs and bison by spinning their pistols in the air in the evenings by the fireside. 75 Fabienne Radi In this connection it is said that they themselves were inspired by the famous practice of throwing the Swiss flag, exported to the United States by a Dutch trader with a passion for Swiss customs! In the end Schwamendingen is not so far from Daytona Beach. To get back to the girls and the batons, we may observe that the former—whether they are majorettes, cheerleaders, pom pom girls or twirling girls—knew how to use the latter in a much more imaginative way than Hercules or Al Capone had done. — Everyone opts for maple Whether male or female, the people who don’t ask this kind of question are the wood-turners. For them, making a baseball bat, table leg, chair rail, baluster, dildo or pepper pot comes down to the same thing: in the end the workshops is full of wood chips and you have to spend hours sweeping up. Olive wood is often used for making pepper pots, oak, beech or hevea work very well for table legs and chair rails, for dildos any wood is allowed. For baseball bats, on the other hand, white ash is particularly recommended, a little less birch, and if need be bamboo. But it is maple, a straightforward, very hard wood, that has been the hot favourite since 1997, the date when Sam Holman, a joiner in Ottawa, carved the first maple bat, much stronger than those made of traditional ash. Thanks to Sam, trauma specialists now have a much heavier work load. — Seasonal facilities What’s good about baseball is that there are seasons. The game starts in April, and ends in October. From November to March, while the ground is dethatched / decompacted / spiked / aerated, the grass debugged / fertilised / sown, the pitcher’s mound reshaped, the corners of the home plate bevelled, the pitcher’s rubber reset, the holes filled, the fences repaired, the posts replanted, the playing surface levelled, the warning tracks cleared, the lighting posts realigned, the backstops mended, the score board checked, the dressing rooms disinfected and the emergency kits restocked, the players for their part put on weight. Moreover, it makes a nice distinction between them and players of American football, baseball’s eternal rival in the heart of the nation. Whereas footballers sport outsize false shoulders made of plastic, baseball players for their part often conceal a real little paunch, generally gained during the winter and hidden under elegant clothes, three-quarter-length trousers and buttoned shirts. Two aesthetic approaches to the body that convey very different philosophies. On the one hand the East Coast chic in the style of Ralph Lauren which is redolent of Democratic values and Kennedy mythology, on the other the Californian body-built look of Schwartzenegger’s Republican convictions. 76 Fabienne Radi 77 Fabienne Radi — Beautiful losers Slow and steady wins the race: that is what the foolish and arrogant hare finally understood when it was beaten by a very ordinary tortoise which for its part had wisely counted on its own perseverance and on its opponent’s vanity. Taken across to the other side of the Atlantic, La Fontaine’s famous fable inspired a man called Ernest Lawrence Thayer: In 1888 he wrote a rhyming, semi-lyrical, semi-satirical poem entitled “Casey at the Bat”. An anthology item in the United Sates, the poem recounts the last inning in a baseball game in the small town of Mudville, playing against another town whose name has been forgotten. Mudville is losing 4 to 2, defeat is at hand, all the spectators are waiting for the great striker Casey, a batting star, to come and remedy the situation. He turns up with as much smugness as the above-mentioned hare. He lets two perfectly good balls go past without even bothering to try and touch them. And at the third pitch, when the whole audience is holding its breath, he gets himself struck out, so causing his team to lose. The poem ends with a verse filled with melancholy, that every good American child has recited at least once in its life: with his bat and his cap, Charlie Brown nonetheless continues to dream. Between pitching, striking and receiving, there are millions of possible combinations: baseball as a metaphor for life in which things are simultaneously sad AND happy. An activity that is undoubtedly as complicated to understand as quantum physics, but its human and artistic dimension can be perceived by any European wrongdoer2 for whom it is a priori astounding that it is possible to go round a diamond with a baseball glove3… Oh, somewhere in this favored land the sun is shining bright; The band is playing somewhere, and somewhere hearts are light, And somewhere men are laughing, and somewhere children shout; But there is no joy in Mudville — mighty Casey has struck out. In Europe, we have been a bit too hasty in reducing the United States to the narrative principle of the “happy ending”, and regarding its citizens as no more than overgrown children. “Casey at the bat” blows that type of stereotype sky high by telling a story which has been interpreted in a multitude of ways for over 100 years. Casey is a very clever fellow. He has everything it takes to succeed. And yet he fails lamentably. This kind of paradox, which mixes comedy and pathos, allows us to envisage all the alternatives, from the most fabulous successes to the bitterest failures. In a different, more minimalist form, Charles Schultz developed an equally melancholy vision in “Peanuts”: Charlie Brown is a little boy who dreams of being a baseball champion. He has the greatest difficulty in getting team-mates together on the ground —they are too preoccupied with psychoanalysis, Beethoven or the meaning of life on the roof of a kennel. Alone on his mound 1. 2. 3. Translator’s note: The french title plays on the film “The Good, the Bad and the Ugly” A term used bearing in mind the almost religious dimension of baseball in the United States. The diamond is the name given to the baseball ground: the infield, i.e. the area contained between the home plate and the three bases, is in fact diamond-shaped. 78 79 Desertion by the Dodgers, or the mutilation of Brooklyn by Patrick Boillat “There was probably a childhood trauma that I had other than the Dodgers leaving Brooklyn, which if you think about it is the reason why some of us are imbued with the cynicism that we never recovered from. Obviously you’re not a Mets fan, and you can’t possibly be a Yankee fan. So baseball’s eliminated from your life — because of being born in Brooklyn.”1 This is the story of a trauma and a piece of vandalism. Of an indelible scar on the soul of Brooklyn. At the end of the 1957 season, Walter O’Malley, the owner of the Dodgers, moved his franchise to Los Angeles. His decision upset the identity reference points of “Brooklynites”, depriving them of a crucial factor of social cohesion. It brutally revealed the divorce between sports business interests and community attachment to professional teams. It also happened against the background of a fundamental movement of American urban society at the start of the 1960s. As an independent town that had been linked to New York administratively at the end of the 19th century, Brooklyn cultivated its differences from Manhattan and celebrated its suburban way of life. Perhaps more than anywhere else, baseball punctuated every day life and was the basis of local identity. For while the Big Apple at that time had three Major League clubs, all deeply rooted in their district, the communal bond between the inhabitants of Brooklyn and the Dodgers team seemed unique. As Robert E. Murphy writes in his book After Many a Summer: The Passing of the Giants and Dodgers and a Golden Age in New York Baseball, as they entered the 1950s the whole country associated Brooklyn with the Dodgers, and the Dodgers with Brooklyn. And when the Dodgers won the World Series for the first time in their history in 1955, the passion reached its peak. “Never had Brooklyn, intimate with baseball for more than 100 years, held a team so close to its heart,” Murphy comments. Yet that is the moment when Walter O’Malley chose to uproot his club and relocate it on the West Coast. For Brooklyn and its inhabitants it was a terrible blow. There are many testimonies concerning the violent abruptness of this abandonment. “I had heard the story many times before; how [my father] had never been to a baseball game since [that happened]—until taking me to a Yankees game when I turned 6; how his heart had been broken; how sports died that day for him, forever”, Sophia Hollander, a journalist on the New York Times recounts. Patrick Boillat But beyond the emotional loss, above all the departure of the Dodgers implied the disappearance of an institution that had created a sense of community and the social links necessary to the life of the district. “[It] denied Brooklyn, for half the year, this common conversation—the idle chitchat you have with people on the subway or waiting for the elevator or going to the butcher” comments Michael Shapiro, Brooklyn native and author of The Last Good Season, a book devoted to the Dodgers, for the New York Magazine. “[Baseball] created a relationship between strangers —you felt close to them, if only for a minute or two. What was lost was each other”. The film Blue in the Face develops that very theme. In this tribute to Brooklyn, Wayne Wang and Paul Auster establish a parallel between a little tobacconist’s shop threatened with closure and the Dodgers. Almost in an echo of the theories of the urban planner from New York Jane Jacobs, Auggie, the shop’s manager, played by Harvey Keitel, pleads for his business, explaining to his landlord Vinnie the vital role it plays in the balance of the neighbourhood: “Everybody comes in here, I mean, not just the smokers. (…) I mean, the whole neighbourhood comes in here, it’s a hang out. And it helps to keep the neighbourhood together. Twenty blocks from here, twelve year old kids are shooting each others for their snickers. I mean, you close this store and it’s one more nail in the coffin. You’ll be helping to kill off this neighbourhood”. Supported by an apparition of the ghost of Jackie Robinson, the legendary Dodgers no. 42 and the first black player to compete in the Major League, Auggie’s arguments strike home, and ultimately persuade Vinnie not to give the business up. The end of the story was less happy in February 1960. That date marked the start of the demolition of the Ebbets Field stadium, the Dodgers’ ballpark, the stage of their triumphs and the place where the people of Brooklyn had communed with their heroes. On top of the disappearance of a team came the loss and blotting out of the place that had preserved its traces. By an irony of fate, the Ebbets Field stadium would be replaced in 1962 by a large, anonymous, soulless block of social housing, 1300 apartments in all: the very antithesis of the townplanning principles advocated by Jane Jacobs in her book The Death and Life of Great American Cities, published a year earlier. Apart from its social and identity repercussions, the de localization of the Brooklyn Dodgers is also revelatory of how little consideration the managing elites of professional American sport show for fans and local communities, giving priority to their own personal economic interests. In their eyes, clubs are first and foremost businesses, movable at wish if the opportunity for a 80 Patrick Boillat more profitable market turns up. Because the Dodgers are not an exception. During the period 1950 to 1970, no fewer than six franchises left their town of origin to set up elsewhere. We are a long way from the ideal vision championed by New York’s political leaders of the time, caught unawares by the exile of the Dodgers. “[Team owners should not see themselves as businessmen but rather as] sportsmen who were satisfied just to make a living while serving the interests of their fans,” stated Brooklyn congressman Emmanuel Celler, while for his part Abe Stark, New York City Council President, declared before the Congress: “It is my belief that a baseball franchise morally belongs to the people of a community. It is not the personal property of any individual, to be removed at the slightest whim.” Admittedly, while Walter O’Malley, long regarded as the personification of evil and greed, has not been rehabilitated, some attenuating circumstances have recently been accorded to him. The small local Ebbets Field stadium built in 1912 (accommodating about 30,000 people) had become outdated over the course of time, and in a society ever more dependent on the car it suffered from a lack of parking. With the boom in the expansion of the suburbs, the 1950s corresponded moreover to an in-depth requestioning of local identities in the United States that did not spare Brooklyn. Thus the white middle classes moved out of the district to settle in Long Island, and were gradually replaced by an impoverished black population. The consumer society likewise overturned ways of living, and changed leisure practices. All these elements conspired to cause a crisis in baseball. In Brooklyn as elsewhere, there were fewer spectators. To adapt to these changes and bring the public back into the city, O’Malley had the idea of building a new stadium at Atlantic Yards on the site of a former meat market. His scheme was met with a categorical refusal from Robert Moses, the New York City Building Commissioner. Los Angeles would not impose the same constraints on him. 1. Lou Reed, taken from the film ‘Blue in the Face’ (Brooklyn Boogie) by Wayne Wang and Paul Auster. 81 Turning Matter by Alexandre Fiette Removing, amalgamating and moulding belong to the language of sculpture, relating to volume, to three-dimensionality. Turning matter remains resolutely, if it is an art, an applied art. Exploiting the kinetics of gyration, the technique of turning has existed since the dawn of time. Prefiguring it are the semicircular movements of hands smoothing the clay walls built up from coils, traces of which are still visible today on some archaeo logical potsherds. Ever since Man began to rotate the clay rather than shaping it, fixed, by the motion of his hands, the inversion has established the technique : the turning material is worked by the tool, the hand, in a continuous, orthonormal, slow progression. The thrown pieces of ceramic artists give rise to a principle which is applicable to other materials, from the softest to the hardest. Wood, ivory, bone, metal and even mineral or synthetic materials, anything can be turned, as long as the speed is adequate. Mechanisation via reduction gearing systems and then motorisation were key stages in this quest for volumes forcibly regular in diameter and with cross-sections perpendicularly calibrated to the axis of rotation. A pewterer shapes or finishes the work on a lathe, embossing the material with a concentric movement of the tool applied with controlled pressure on the metal; a blade forms decorative elements in ivory and bone, and produces pearls of every kind imaginable. And what about all the industrial world of milling machine operators who combine the lathe which reveals the form, with its counterpart of the cutter which removes matter? In the past, they produced metallic pieces with their hands operating the machines / tools that are now fully digitally controlled. The lathe makes it possible to make balusters, columns, balls, rings and oblong and slender forms respecting the calibration. Repetition, series, everything appears possible. It is therefore not surprising that cabinetmakers employ the technique of turning in their furniture. A formal vocabulary is set up, expressed through structural features such as chair legs and various kinds of bases, or ornamental ones constructed from turned pieces which have been sectioned and applied. The Renaissance made great use of this technique. Columns were then in favour; those of Raphael, distorted by a regular ellipsis like that of a screw thread, were to make their mark on the arts. The association of diverse species and materials for reasons of colour or appearance opens up the horizons of wood turning and extends its limits, as in marquetry where tones and 82 Alexandre Fiette veining are combined for ornamental purposes. The longitudinal lamination of different woods with defined cross-sections creates decorative effects in the areas revealed by variations in diameter. Similarly, the initial cross-section of the material mounted on the lathe can produce a variety of volumes. Thus, from a square, cubes can be formed which alternate with pyriform or spherical elements as the work progresses. Repeating any part means dealing with the problem of calibrated reproduction, unless automatically duplicating using a template, and the exercise remains as delicate as that of harmonising the composition of dissimilar parts. Repetitions and modulations are the only two principles for creating work by turning, already limited by the relation of the tool to the transversal or central axis of the rotating piece. And yet, the forms obtained within these constraints are almost infinite. Although the affair of the artisan, could not this savoir-faire serve the intentions of the artist? 83 deutsch Das Schlagholz, der Ball und der Ungläubige1 von Fabienne Radi — Wieso einfach, wenn es auch kompliziert geht? Manche Dinge sind recht schwer zu erklären. Etwa Schwarze Löcher, die Topografie Kairos, Wittgensteins Schriften, die aktiven Herde der hawaiianischen Vulkaninseln, das Experi ment Schrödingers Katze – und Baseball. Der durchschnittliche Westeuropäer kennt sich im Fussball, im Tennis, selbst im Basket ball ganz gut aus, er besitzt rudimentäre Kenntnisse von Eishockey, Volleyball und vielleicht Rugby, er entwickelt allmählich eine ungefähre Vorstellung von einem Golfschwung, aber Baseball ist eine ganz andere Geschichte. Sicher, dafür gibt es eine Entschuldigung. Weshalb hat eine sportliche Aktivität, die im Grossen und Ganzen darin besteht, einen Ball mit einem Holzschläger zu schlagen und diesen mit einer verstümmelten Hand aus Leder wieder einzu fangen, derart ausgeklügelte Regeln erfunden und eine esoterische Redeweise entwickelt, die mit Kraftprozenten, der Anzahl der Schlagrückzieher, Trefferanteilen, Durchschnitten der verdienten Punkte und anderen rätselhaften Ausdrücken gespickt ist? Früher oder später zermürbt diese Frage jeden neuen Liebhaber aus dem Alten Kontinent, der zunächst voller guter Vorsätze und am Ende zunehmend desorientiert feststellt, dass dieselben zu nichts gut sind, es sei denn, er hätte das Glück, einen kleinen amerikanischen Cousin zu haben, der ihn in diesen Sport einweiht. Denn Base ball ist die eigentliche Essenz der Vereinigten Staaten seit Ende des 19. Jahrhunderts, also für zwischen Watsonville und Daytona Beach Geborene ungefähr seit grauer Vorzeit. Was für Leute aus Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon oder Schwamendingen nicht immer leicht zu verstehen ist. — Riten und Bräuche Die erste Begegnung mit diesem Sport findet oft durch Literatur und Kino statt. In zahllosen amerikanischen Filmen gibt es Szenen, worin ein Vater seinen Sohn zu einem Baseballspiel mitnimmt. Eine Art von sportlichem Ritterschlag mit einem familiären Sich-die-Lunge-aus-dem-Hals-Schreien (man schreit viel im Baseball) für die Yankees, die Red Sox, die Giants, die Dodgers oder die Mets, gefolgt von endlosem Warten vor den Umkleidekabinen, um inmitten von Ellenbogen das Autogramm der Tageshelden zu ergattern. Dieses Autogramm wird gerahmt und fortan wie 84 Fabienne Radi eine Reliquie über dem Bett des Sprösslings hängen, bis er wegen eines Studiums das Haus endgültig verlässt. Das ist zum Beispiel auch der Kern von Ethan Canins Novelle „Die Stadt der gebrochenen Herzen“. Literarische Monumente wie Hemingways „Der alte Mann und das Meer“, Philip Roths „Portnoys Beschwerden“ oder auch Salingers „Fänger im Roggen“ sind vom Baseball durchdrungen. Im Kino ist die Stimmung oft brav: Unzählige Szenen offenherziger Kameradschaft, in denen die Leute Bier in sich hinein schütten, während sie sich mehr oder weniger freudig über die Ergebnisse ihrer Lieblingsmannschaft streiten. Und man muss nicht zur Kate gorie der New Yorker Intellektuellen gehören, um diese im Kern sportlichen und gleichermassen für die Nation heilsamen Freuden zu kosten: so wie Paul Auster in Brooklyn oder Woody Allen in Manhattan, verfügt auch Homer Simpson in Springfield in hohem Masse über die Fähigkeit, endlos über Willie Mays oder Jackie Robinsons Erfolge zu räsonieren. Während dieser fieber haften Hirnge spinste versteht der ein wenig verlorene europäische Zuschauer / Leser (derjenige, der in Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon oder Schwamendingen lebt) schnell, dass sie zu einem ausgeklügelten Ritual gehören, zu dem die Uneingeweihten nicht eingeladen werden und überspringt ohne Zögern munter die Seiten oder Szenen, wo er nur Bahnhof versteht. — Allzeit bereit Konzentrieren wir uns auf das Schlagholz. Jenseits des sportlichen Zusammenhangs machte es eine grosse Filmkarriere. Man muss sagen, dass es zwei unschätzbare Vorteile besitzt: 1) man findet es in jedem normal ausgestatteten amerika nischen Haushalt, ebenso wie den Basketballkorb über der Gara gentür und den Erdnussbuttertopf im Kühlschrank 2) es ist der ideale stumpfe Gegenstand, mit dem sich jeder mögliche Feind eliminieren lässt, welcher sich auf einen Rasen wagen sollte, der nicht der seine ist. Allzeit bereit und effektiv, wie ein aus Baden Powells Tasche gezogener Pfadfinder. Und sehr viel unauffälliger als eine Winchester, die zusehends an Anziehungskraft verlor, seit John Wayne seine Sporen einpackte. Auch ihr gewohnt heimischer Charakter hat die grossen Bösen der Geschichte verführt, deren Missetaten dank der Lein wand unsterblich wurden: als Beispiel sei nur die berühmte Szene aus den „Unbestechlichen“ genannt. Al Capone (Robert De Niro) lobpreist am Ende eines üppigen Banketts, wo sich die gesamte Creme der Mafia eingefunden hat, das Baseball vor den gesättigten Zuschauern, bevor er einen seiner Unterbosse mit dem Schlagholz massakriert, wodurch sich schlagartig sämtliche Krawattenknoten im Saal lösen. 85 Fabienne Radi — Ein schlaues Mittel zur Integration Mit Blutspritzern und berstenden Schädeln fügt das Schlag holz seit 1966 dem von Hays Moralkodex befreiten Kino eine Prise „Gore“ hinzu. Scorsese, Coppola, De Palma werden sich davon nicht abhalten lassen. Es wird oft von Schergen der Cosa Nostra – italienischen Immigranten erster oder zweiter Generation – verwendet, denen das Schlagholz ermöglicht, sich auf wirksame Weise unliebsamer Widersacher zu entledigen durch eine Gebärde, die einen Wesenszug amerikanischer Identität darstellt. Eine einzig artige Einverleibung der Werte der Yankees, die alles in allem darauf hinaus läuft, mit einem Ball zwei Schläge zu machen. Auf weniger blutige, aber traditionellere Weise konnte der Spieler Joe DiMaggio vom sizilianischen Einwanderersohn zum amerikanischen Helden werden, nicht nur wegen seiner 56 Spiele in Folge, in denen ihm mindestens ein Strike gelang, sondern auch wegen seiner Heirat mit Marilyn. Die Bedeutung von Baseball und Blondinen im Integrationsprozess der Neuen Welt. Vor Kurzem benutzten wohl die Vampire in „Twilight“ teilweise dieselbe Strategie: Bei Sturm spielen sie regelmässig Baseball im Dunkel des Waldes (Stürme sind sehr praktisch: der Donner überdeckt die verblüffende Lautstärke ihrer Schläge), vielleicht um sich zu beweisen, dass sie bis auf ihre Eckzähne und den Durst nach Hämoglobin letztendlich nicht so ganz anders als die ehrenwerten Bürger sind, in deren Nachbarschaft im regnerischen Staate Washington sie leben. — Von der Keule zum Stab der Majorette Wie es schon Stanley Kubrick in „Odyssee ins Jahr 2001“ vorbildlich gezeigt hat, wird ein längliches Objekt (hier ein Schienbeinknochen) nicht erst seit gestern als Waffe verwendet. Die Kunst geschichte ist voll von lauter muskulösen, oftmals unbekleideten Helden, die alle Arten von Gegnern mit Keulen schlagen; der die Hydra niederschmetternde Herkules ist das bekannteste Beispiel. Dem menschlichen Wesen wurde jedoch schnell klar, dass der Stab auch noch zu Anderem gut sein könnte: als Krücke, Ruder, Zepter, Rückenkratzer, Handkurbel für Pergolas, Lineal, Skistock, Angel, Strommast, Dirigierstab, Pflanzenstütze und Gardinenstange – seine Verwendungsmöglichkeiten sind endlos. Ein interessanter Unterschied beim Gebrauch des Stabes lässt sich zwischen den Geschlechtern beobachten: Wenn ihn das Mannsvolk fest umfasst, um damit zu weisen und zu zeigen, aufzurichten, zu unterstützen und symbolisieren oder auch zu dirigieren, so eignet ihn sich die weibliche Bevölkerung eher zu Unterhaltungszwecken an, indem sie ihn zum Beispiel herum wirbelt. Das beweisen die Majoretten. Diese ungewöhnliche Aktivität, die darin besteht, mit einem Minirock und einer Militärweste ausgestattet, einen Spielmannszug zu 86 Fabienne Radi begleiten, das Bein im Rhythmus der Trommel zu heben und bei dieser Übung das Hütchen nicht zu verlieren, existiert schon seit dem ausgehenden 19. Jahrhundert. Aber erst im Jahre 1927 soll Kitty Clark, die Tochter eines Pflockfabrikanten aus dem Mittleren Westen, zum Stab ihres Vaters gegriffen haben, um damit die Blaskapelle anzuführen, indem sie ihn über ihrem Kopf herum wirbelte. Diese Geste greift einerseits die Hauptfunktion des Stabes auf (wie ihn der Vortrommler verwendet, um den Spielmannszug zu dirigieren) und stellt andererseits eine Variante des gun twirling dar, dem beliebtesten Zeitvertreib unterbeschäftigter Cowboys. Um sich über das Verschwinden der Mustangs und Bisons hinweg zu trösten, liessen sie abends am Lagerfeuer ihre Pistolen im Kreis wirbeln. Dazu wird berichtet, dass diese sich wiederum vom berühmten Schweizer Flaggenwerfen inspirieren liessen, welches von einem niederländischen Kaufmann in den USA eingeführt wurde, der ganz wild auf helvetische Bräuche war. Schwamen dingen ist letztlich doch nicht so weit von Daytona Beach entfernt. Um wieder auf die Mädchen und die Stäbe zurückzukommen, beobachten wir – seien es Majoretten, cheerleaders, pom pom oder twirling girls –, dass Erstere Letztere wesentlich einfallsreicher zu verwenden wussten als Herkules oder Al Capone. — Alle für die Esche Ob Mädchen oder Jungen, wer solche Fragen nicht stellt, das sind die Holzdreher und -dreherinnen. Für sie ist es eins, ob sie einen Baseballschläger, ein Stuhlbein, eine Stuhlsprosse, einen Geländerpfosten, einen Dildo oder einen Pfefferstreuer herstellen: am Ende ist die Werkstatt voller Späne und man muss stundenlang kehren. Für Pfefferstreuer verwendet man oft Olivenholz, für Tischbeine und Stuhlsprossen sind Eiche, Buche oder Kautschukbäume sehr gut geeignet, für Dildos sind alle Hölzer erlaubt. Allerdings wird für Baseballschläger ganz besonders die Weiss-Esche empfohlen, seltener die Birke und sonst höchstens noch Bambus. Aber seit 1997 gewinnt Ahorn mit seinem geraden und sehr harten Holz sämtliche Umfragen, seit Sam Holman, Schreiner in Ottawa, die erste Maple Bat formte, viel solider als traditionelle Schläger aus Esche. Dank Sam haben Trauma-Ärzte nun viel mehr zu tun. — Ausstattung für die Spielsaison Das Gute am Baseball ist, dass es Spielsaisons gibt. Es beginnt im April und endet im Oktober. Von November bis März werden die Böden entstroht / aufgelockert / perforiert / gelüftet, die Pitchers Mound saniert, die Kanten des Marmors abgegratet, die Plattform des Werfers (Pitchers Plate) neu verankert, die Löcher gestopft, die Umzäunungen repariert, die Pfosten neu gesetzt, das Spielfeld begradigt, die Warnstreifen geräumt, die Beleuchtungs- 87 Fabienne Radi masten wieder ausgerichtet, die Ballnetze geflickt, die Anzeigentafel geprüft, die Umkleidekabine desinfiziert und die Erste Hilfe neu ausgestattet, währenddessen die Spieler Gewicht zulegen. Übrigens unterscheidet sie das auf sympathische Weise von den amerikanischen Football-Spielern, den Erzrivalen des Baseball im Herzen der Nation. Während sich die Footballer unförmige falsche Schultern aufpflanzen, versteckt der Baseballspieler seinerseits oft einen richtigen kleinen Bauch, den er zumeist im Laufe des Winters erworben hat, unter Knickerbocker und Knopfhemden. Diese beiden Schönheitsbegriffe übersetzen sehr unterschiedliche Philosophien. Einerseits der Ostküsten-Chic im Sinne Ralph Laurens, der nach demokratischen Werten und dem Kennedy-Mythos riecht, anderer seits das kalifornische Bodybuilding ge mäss republika nischer Überzeugung nach Schwarzenegger-Art. — Beautiful Losers Rennen hilft nichts, man muss richtig starten: das hat letztendlich ein ebenso blöder wie arroganter Hase verstanden, nachdem er von einer einfachen Schildkröte geschlagen wurde, die klugerweise sowohl auf ihr eigenes Durchhaltevermögen als auch auf den Hochmut ihres Gegners gesetzt hatte. La Fontaines berühmte Fabel, auf die andere Seite des Atlantiks transportiert, inspirierte einen gewissen Ernest Lawrence Thayer, der um 1888 das halblyrische, halbsatirische Gedicht „Casey at the Bat“ schrieb. Dieses in den Vereinigten Staaten weit verbreitete Gedicht erzählt vom letzten Schlag eines Baseballspiels zwischen der Kleinstadt Mudville gegen einen kleinen vergessenen Marktflecken. Mudville verliert 4 zu 2, das ist eine Pleite und das gesamte Publikum er wartet von dem grossen Pitcher Casey, dem Star am Schlagholz, die Situation zu retten. Dieser präsentiert sich mit derselben Süffisanz wie oben erwähnter Hase. Er lässt zwei gute Bälle durch, ohne sich überhaupt die Mühe zu geben, sie zu berühren. Und beim dritten Wurf, als alle den Atem anhalten, lässt er sich zurückziehen und damit verliert seine Mannschaft. Das Gedicht endet mit einer Strophe voller Melancholie, die jeder gute Amerikaner mindestens einmal im Leben aufgesagt hat: Oh, somewhere in this favored land the sun is shining bright; The band is playing somewhere, and somewhere hearts are light, And somewhere men are laughing, and somewhere children shout; But there is no joy in Mudville — mighty Casey has struck out. 88 Fabienne Radi In Europa hat man die Vereinigten Staaten ein bisschen zu voreilig auf das Erzählprinzip des happy end reduziert und man betrachtet seine Bürger nur als grosse Kinder. „Casey at the bat“ sprengt diesen Gemeinplatz mit einer Geschichte, deren Interpretationsmöglichkeiten seit mehr als einem Jahrhundert blühen. Casey ist ein brillanter Typ. Er hat alle Trümpfe in der Hand. Und dennoch versagt er kläglich. Dieses Paradox, das Komik und Pathos mischt, erlaubt sämtliche Alternativen, von den allerwunderbarsten Erfolgen bis hin zum schmählichsten Scheitern. In einer anderen, minimalistischeren Form entwickelt Charles Schultz in den „Peanuts“ eine ebenso melancholische Sicht: Der kleine Junge Charlie Brown träumt davon, Baseball champion zu werden. Er durchleidet alle irdischen Qualen, um seine von Psychoanalyse, Beethoven oder dem Sinn des Lebens auf dem Dach einer Hundehütte zu viel beanspruchten Mitspieler auf dem Spielfeld zu versammeln. Dennoch träumt Charlie Brown alleine auf seinem Pitch Mound weiter, ausgestattet mit Schlagholz und Mütze. Zwischen Werfen, Schlagen und Halten gibt es millionenfache Kombinationen: Baseball als Lebensmetapher, in dem die Dinge gleichermassen traurig und happy sind. Diese Aktivität ist gewiss ebenso kompliziert zu verstehen wie die Quantenphysik, aber ihre menschliche und künstlerische Dimension kann von jedem x-beliebigen ungläubigen2 Europäer erkannt werden, der es erst nicht einmal für möglich hält, dass man mit einem Baseball handschuh um einen Diamanten herumlaufen kann3. 1. 2. 3. Anm. des Übers.: Der französische Titel spielt auf den Film ‘The Good, the Bad and the Ugly’ (‘Zwei glorreiche Halunken’) an. Im Deutschen lässt sich leider keine ähnlich ironische Entsprechung finden. Der verwendete Begriff zieht die quasi religiöse Dimension des Baseball in den Vereinigten Staaten in Betracht. Diamant wird im Baseball das Innenfeld genannt, d. h. der Bereich zwischen der Zielscheibe und den drei Basen, der tatsächlich die Form eines Diamanten aufweist. 89 Die Desertation der Dodgers oder die Verstümmelung Brooklyns von Patrick Boillat „ Wenn man darüber nachdenkt, erklärt der Abgang der Dodgers aus Brooklyn den Zynismus, der in vielen von uns steckt und von dem wir uns niemals erholt haben. Natürlich kannst Du nicht Fan der Mets oder der Yankees sein. Also verschwindet Baseball aus deinem Leben. Einfach nur, weil du in Brooklyn geboren wurdest. “1 Das ist die Geschichte eines Traumas und einer Beraubung. Einer unauslöschlichen Narbe in der Seele Brooklyns. Am Ende der Saison 1957 verlagert Walter O’Malley, der Besitzer der Dodgers, seinen Anteil nach Los Angeles. Seine Entscheidung wirft die Identität stiftenden Bezugspunkte der „Brooklyniten“ über den Haufen und nimmt ihnen einen wesentlichen Faktor sozialen Zusammen halts. Sie bringt auf brutale Weise die Scheidung zwischen den Interessen des Sportgeschäfts und der Verbundenheit des Gemein wesen mit den Profimannschaften zum Vorschein. Gleichzeitig ist sie auch Teil einer tiefgreifenden gesellschaftlichen Bewegung in der amerikanischen Stadtbevölkerung zu Beginn der 60er Jahre. Als unabhängige Stadt, die Ende des 19. Jahrhunderts administrativ an New York angegliedert wurde, pflegt Brooklyn seine Unterschiede zu Manhattan und zelebriert seinen vorstädtischen Lebensstil. Baseball rhythmisiert den Alltag vielleicht stärker als anderswo und begründet die örtliche Identität. Auch wenn im grossen Apfel drei Clubs in der Oberliga spielen, die alle tief in ihren Vierteln verankert sind, scheint die Verbundenheit zwischen den Bewohnern Brooklyns und der Mannschaft der Dodgers einzigartig zu sein. Wie es Robert E. Murphy in seinem Buch „After Many a Summer: The Passing of the Giants and Dodgers and a Golden Age in New York Baseball“ beim Herannahen der 50er Jahre des 20. Jahr hunderts sagt, verbindet das ganze Land Brooklyn mit den Dodgers und die Dodgers mit Brooklyn. Und als 1955 die Dodgers zum ersten Mal in ihrer Geschichte die World Series gewinnen, erreicht die Leidenschaft ihren Höhepunkt. Murphy kommentiert: „Niemals trug Brooklyn, dessen intime Beziehung zum Baseball schon länger als 100 Jahre währte, eine Mannschaft derartig im Herzen“. Dennoch entwurzelt Walter O’Malley genau in diesem Moment seinen Club, um ihn an der Westkünste wieder einzu pflanzen. Für Brooklyn und seine Bewohner ist das ein furchtbarer Schlag. Unmengen von Zeugnissen bekunden die Brutalität dieses Abschieds. „Nach diesem Ereignis ging mein Vater nie mehr zu einem Baseballspiel, bis er mich im Alter von sechs Jahren zu den 90 Patrick Boillat Yankees mitnahm“, erzählt Sophia Hollander, Journalistin bei der New York Times. „Er erzählte, dass sein Herz gebrochen war und dass an diesem Tage der Sport für ihn gestorben war, für immer“. Aber über den emotionalen Verlust hinaus bedeutet der Abgang der Dodgers vor allem das Verschwinden einer Institution, welche Gemeinsinn und die für das Leben im Stadtteil notwendigen sozialen Bande schuf. „Es bewahrte Brooklyn ein halbes Jahr lang vor diesem überflüssigen Geschwätz, den belanglosen Gesprächen, die man beim Warten auf den Aufzug, in der Untergrundbahn oder beim Metzger führt“, analysiert der geborene Brooklyner Michael Shapiro und Autor von „The Last Good Season“, ein den Dodgers gewidmetes Buch, für das New York Magazine. „Baseball brachte vollständig Unbekannte einander näher und sei es auch nur für ein oder zwei Minuten. Es sind die Beziehungen zwischen den einen und den anderen, die verloren gingen“. Der Film „Blue in the Face“ entwickelt genau dieses Thema. Wayne Wangs und Paul Austers Hommage an Brooklyn zieht eine Parallele zwischen einem kleinen, von Schliessung bedrohten Tabakladen und den Dodgers. Fast im Echo der Argumente der New Yorker Stadtplanerin Jane Jacobs, plädiert Auggie, der von Harvey Keitel gespielte Pächter des Krämerladens, für sein Geschäft und legt dem Besitzer Vinnie die lebensnotwendige Rolle dar, die er für das Gleichgewicht der Nachbarschaft spielt: „Jeder kommt hier vorbei, nicht nur die Raucher. (…) Das gesamte Viertel kommt in den Kiosk. Das schafft Beziehungen und ist ein Mittel, das Leben im Viertel aufrecht zu erhalten. Zwanzig Strassen weiter beschiessen sich zwölfjährige Jungs, um sich die Turnschuhe zu klauen. Wenn Du schliesst, schlägst du einen weiteren Nagel in den Sarg. Damit trägst du zum Tod des Viertels bei“. Gestützt auf die Erscheinung des Phantoms von Jackie Robinson, der legendären Nr. 42 der Dodgers und dem ersten schwarzen Spieler, der in der Oberliga Karriere machte, treffen Auggies Argumente ins Schwarze und überzeugen Vinnie letzten Endes, das Geschäft nicht aufzugeben. Im Februar 1960 kommt es zu einem weniger glücklichen Ende. Dieses Datum steht für den Abrissbeginn der Umfassungsmauer von Ebbets Field, dem Feld der Dodgers, dem Theater ihrer Erfolge und dem Ort der Kommunion der Brooklyner Bevölkerung mit ihren Helden. Auf das Verschwinden einer Mannschaft folgt also der Verlust und die Auslöschung des Ortes, der ihre Spuren bewahrte. Ironie des Schicksals: das Stadion von Ebbets Field wird 1962 durch eine grosse, anonyme Wohnanlage mit 1.300 Sozialwohnungen ersetzt. Das genaue Gegenteil der von Jane Jacobs gepredigten städte baulichen Grundsätze in ihrem ein Jahr zuvor erschienenen Buch „The Death and Life of Great American Cities“. 91 Patrick Boillat Über die sozialen und identitären Auswirkungen hinaus die die Verpflanzung der Brooklyn Dodgers verursachte, ist sie auch ein Zeichen der Geringschätzung des amerikanischen Profisports durch die herrschende Elite, da sie ihre persönlichen Geschäfts interessen über jene der Fans und der Kommunen stellen. Die Clubs sind in ihren Augen vor allem Unternehmen, die man, sobald sich eine profitablere Gelegenheit bietet, nach Gutdünken woanders hin versetzen kann. Die Dodgers bilden hier keine Ausnahme. Allein zwischen 1950 und 1970 verlassen sechs Clubs ihre Ursprungs stadt, um sich unter fremden Himmeln niederzulassen. Man ist weit entfernt von der Idealvision der damaligen politischen Führer New Yorks, die vom Exil der Dodgers überholt wurde: „Die Besitzer der Clubs sollten sich nicht als Geschäftsleute betrachten, sondern eher als Sportler, die damit zufrieden sind, ihren Unterhalt im Dienst an den Interessen ihrer Fans zu verdienen“, bestätigt Emmanuel Celler, ein Kongressmitglied aus Brooklyn. „Ich glaube, dass eine Baseballmannschaft moralisch den Mitgliedern einer Kommune gehört. Sie ist auf keinen Fall das persönliche Eigentum eines Einzelnen, das durch die kleinste Laune von Abzug gefährdet ist.“, erklärt seinerseits Abe Stark, Präsident des New Yorker Stadtparlaments, vor dem Amerikanischen Kongress. Walter O’Malley, als Personifizierung des Bösen und der Habgier angesehen, wurde unlängst, obschon nicht rehabilitiert, dennoch mit mildernden Umständen bedacht. Das 1912 erbaute kleine Stadion von Ebbets Field (mit zirka 30.000 Plätzen) wurde im Laufe der Zeit unbrauchbar und litt in einer immer stärker vom Automobil abhängigen Zeit an Parkplatzmangel. Mit dem Boom der Vorstädte in den 50er Jahren werden die Identitäten der Kommunen der Vereinigten Staaten tiefgreifend hinterfragt, wovon auch Brooklyn nicht verschont bleibt. So flieht die weisse Mittelschicht das Viertel, um sich auf Long Island einzurichten und wird nach und nach von einer schwarzen und armen Bevölkerungsschicht ersetzt. Auch die Konsumgesellschaft wirft die Lebensweisen über den Haufen und stellt das Freizeitverhalten in Frage. All diese Elemente führen zu einer Krise des Baseball. Wie auch anderswo, macht sich das Publikum in Brooklyn spärlicher. Um sich diesen Veränderungen anzupassen und das Publikum in die Stadt zurück zu holen, fasst O’Malley den Bau eines neuen Stadions in Atlantic Yards ins Auge, wo sich früher ein Markt befand. Sein Projekt scheitert an der kategorischen Ablehnung Robert Moses‘, dem Chef des New Yorker Stadtplanungsamtes. Los Angeles wird ihm keine derartigen Hindernisse in den Weg stellen. 1. Lou Reed im Film „Blue in the Face“ (Brooklyn Boogie) von Wayne Wang und Paul Auster. 92 93 Das Drehen der Materie von Alexandre Fiette Freilegen, Vermischen, Giessen - das sind die Modalitäten der Skulptur in Bezug auf Volumen, auf Dreidimensionalität. Das Material zu drehen oder zu drechseln bleibt, sofern solches eine Kunst ist, ganz klar eine angewandte Kunst. Die Technik des Drehens bedient sich seit grauer Vorzeit der kreisenden Bewegung. Ihren Vorläufer findet sie in den halb kreisförmigen Handbewegungen, mit denen die aus Tonwülsten aufgebauten Wände geglättet werden und deren Spuren bis heute auf mancher archäologischen Scherbe sichtbar sind. Von nun an wird der Mensch die Drehbewegung auf den Lehm anwenden, indem er ihn fixiert, seine Hände an ihm entlang streichen lässt und dadurch formt. So entsteht die Technik aus der Umkehrung: Die um sich selbst kreisende Materie wird mit dem Werkzeug, der Hand, in einer gleichförmigen, regelmässig fortschreitenden Bewegung bearbeitet. Aus der Tätigkeit des Töpfers, seinen gedrehten Stücken, entsteht ein Prinzip, das bei den weichsten bis hin zu den härtesten Werkstoffen Anwendung finden wird. Holz, Elfenbein, Knochen, Metall, auch mineralische oder synthetische Werkstoffe können es sein, alles kann gedreht werden, sofern die Geschwindigkeit stimmt. Zuerst ist es die Mechanisierung durch die Vervielfachung der Antriebsweisen, später dann die Motorisierung, die entschieden in die Suche nach Volumina eingreift, die notwendigerweise gleichen Durchmesser haben und senkrecht an der Rotationsachse abgemessene Abschnitte aufweisen müssen. Der Zinndreher formt und erstellt seine Arbeiten in einem Zug, indem er das Material in einer konzentrischen Bewegung seines Werkzeugs unter kontrolliertem Druck treibt; die Schneide formt dekorative Elemente aus dem Elfenbein oder dem Knochen und erzeugt Perlen von unerdenklicher Vielfalt. Und was liesse sich von dem industriellen Universum der Drechsler sagen, die die form gebende Drechselbank an die aushöhlende Fräse koppeln? Einst nutzten sie ihre Hände zur Fertigung von Metallstücken, heute werden ihre Werkzeuge digital gesteuert. Dank der Drechselbank lassen sich exakt ausgewogene Geländerpfosten, Säulen, Kugeln, Ringe, längliche und schlanke Formen verwirklichen. Wiederholung, Serie, alles scheint möglich. Also verwundert es nicht, wenn der Kunsttischler die Drechselarbeit in seine Möbel integriert. Daraus entsteht eine Formensprache, die von strukturellen Elementen wie Stuhlbeinen und unterschiedlich sten Sockeln bestimmt wird oder jenen ornamentalen, gedrehten Alexandre Fiette und verstärkenden, als Applikation angebrachten Elementen. In der Renaissance wird davon oft Gebrauch gemacht. Seinerzeit stand die Säule hoch im Kurs; jene von Raphael durch eine regelmässige Ellipse gleich einem Schraubgewinde verformte Säule wird die Kunst prägen. Die Möglichkeiten der Dreharbeit erweitern sich durch die Verbindung unterschiedlicher Essenzen und Materialien der Farbgebung und des Erscheinungsbildes und sprengen bis herige Grenzen, inspiriert durch die Einlegekunst, wo Ornamente durch Kombination unterschiedlicher Farbtöne und Maserungen erzeugt werden. Das schichtweise Verleimen unterschiedlicher Hölzer in Längsrichtung ermöglicht einen Dekor des Werkstückes, der durch die Modulierung des Durchmessers in Erscheinung tritt. Ebenso ermöglicht der vorangehende Anschnitt des eingespannten Werkstücks variierende Volumina. So können daraus, je nach Arbeit, Würfel im Wechsel mit birnenförmigen oder sphärischen Elementen hervorgehen. Wird dasselbe Modul wiederholt, ist es schwierig, das Volumen zu reproduzieren, es sei denn, eine Schablone wird maschinell eingesetzt. Genauso heikel bleibt das Unterfangen, ungleiche Teile aufeinander abzustimmen. Ausschliesslich Wiederholung und Modulation bilden die zwei handwerklichen Grundprinzipien des Drehens oder Drechselns, das schon allein durch das Verhältnis des Werkzeugs zur durchlaufenden oder zentralen Achse des Werk stückes beschränkt ist. Dennoch geht die Anzahl der aus diesen Beschränkungen entstandenen Formen gegen Unendlich. Wieso sollte diese handwerkliche Geschicklichkeit nicht auch künstler ischen Zwecken dienen? postface Turnaround est un projet artistique imaginé et conçu par Vincent Kohler, qui décline le thème de la batte de baseball. Il est composé d’une collection de trente battes de baseball, tournées dans différentes essences de bois et présentant chacune une forme unique et d’un livre associant des textes d’auteurs et des photographies réalisés spécialement à ce sujet. Le projet a été réalisé grâce au pour-cent culturel attribué à la construction du centre sportif de Heerenschürli à Schwamendingen – Zurich qui comprend le premier terrain de baseball réglementaire en Suisse. Turnaround is an artistic project conceived and designed by Vincent Kohler, focusing on the theme of the baseball bat. It consists of a collection of thirty baseball bats, turned in different species of woods, each unique in form and a book combining texts by various authors and photographs specially done on this subject. The project has been implemented thanks to the cultural percentage allocated to the building of the Heerenschürli sports center in Schwamendingen - Zurich, which includes the first ballpark in Switzerland that conforms to the game’s regulations. Turnaround ist ein Kunstobjekt, erdacht und konzipiert von Vincent Kohler, welches den Baseballschläger thematisiert. Es besteht aus einer Sammlung von dreissig Baseballschlägern, alle individuell aus unterschiedlichen Hölzern gedrechselt, und einem Buch, das speziell zu diesem Thema realisierte Texte und Fotografien vereint. Das Projekt konnte realisiert werden dank dem Betrag für Kunst und Bau der Stadt Zürich für das Sportzentrum Heerenschürli in Schwamendingen - Zürich, in dem sich das erste regelkonforme Baseballfeld der Schweiz befindet. Je tiens à remercier ici toutes les personnes qui ont participé d’une manière ou d’une autre à ce projet : La ville de Zurich (Amt für Hochbauten, Fachstelle Kunst und Bau), Claudia Pantellini, Kristin Bauer, Mathias Lanfranconi, Jean-Baptiste Bugnon, Fabienne Radi, Patrick Boillat, Claude-Hubert Tatot, Alexandre Fiette, Geoffrey Cottenceau, Gaël Hugo, les Challengers, Brian Hipps, Tom Huston, Tobias Siegrist, Carole Boillat, Denis Pernet, Djamileh Aminian, Jean-Marc Huitorel, Denis Bigler, Metal System, ainsi que les familles Aegerter, Buchacher et Kohler. Conception et réalisation : Vincent Kohler Production : Stadt Zürich - Amt für Hochbauten, Fachstelle Kunst und Bau Auteurs : Fabienne Radi Patrick Boillat Claude-Hubert Tatot Alexandre Fiette Traductions : Judith Hayward (anglais) Deborah Fiette (anglais) Olaf Probst (allemand) Relecture : Fabienne Radi Djamileh Aminian Alfred Kohler Photographie : Conception graphique : Geoffrey Cottenceau Gaël Hugo Tournage sur bois : Equipe de baseball les Challengers : Mathias Lanfranconi Jean-Baptiste Bugnon Brian Hipps Tom Huston Tobias Siegrist Cet ouvrage a été édité à 1000 exemplaires. Achevé d’imprimer en avril 2011 sur les presses de Art&Caractère, Lavaur, France. © 2011, Vincent Kohler, les auteurs, the Commissioner of Baseball, Stadt Zürich - Amt für Hochbauten, Fachstelle Kunst und Bau. www.vincentkohler.ch