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turnaround
Vincent Kohler
sommaire
5
37
45
61
le bâton, la balle et le mécréant
par Fabienne Radi
la désertion des dodgers,
ou la mutilation de brooklyn
par Patrick Boillat
nul ne s’embête avec hercule
par Claude-Hubert Tatot
tourner la matière
par Alexandre Fiette
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official baseball rules
72
english texts
83
deutsche Texte
5
le bâton,
la balle
et le mécréant
par Fabienne Radi
— Pourquoi faire simple quand
on peut faire compliqué
Il y a des choses assez difficiles à expliquer. Com­
me les trous noirs, la topographie de la ville du Caire, les
écrits de Wittgenstein, le volcanisme de point chaud des
îles hawaïennes, l’expérience du chat de Schrödinger. Et
le baseball. L’Occidental européen lambda connaît assez
bien le football, le tennis, voire le basketball, il possède
quelques connaissances rudimentaires en hockey sur
glace, volleyball, éventuellement rugby, il commence à se
faire une vague idée de ce qu’est un swing en golf, mais
le baseball c’est une autre histoire. Certes, il a quelques
excuses. Pourquoi une activité sportive qui consiste,
en gros, à taper une balle avec un bâton en bois et à la
rattraper avec une main hypertrophiée en cuir, a-t-elle
inventé des règles aussi alambiquées et développé un
idiome ésotérique farci de pourcentage de puissance,
ratio de circuits, ratio de retraits au bâton, pourcentage
de présences sur les buts, moyenne de point mérité
et autres expressions énigmatiques ? Cette question
étreint tôt ou tard tout nouvel amateur issu du Vieux
Continent, d’abord rempli de bonnes intentions puis de
plus en plus désorienté lorsqu’il saisit que celles-ci
ne servent strictement à rien s’il n’a pas la chance de
posséder un petit cousin américain pour l’initier à ce
sport singulier. Car le baseball c’est l’essence même de
l’identité des Etats-Unis depuis la fin du 19ème, c’est
à dire à peu près la nuit des temps pour quiconque né
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Fabienne Radi
entre Watsonville et Daytona Beach. Ce qui n’est pas
toujours aisé à capter quand on habite Douarnenez,
Boortmeerbeek, Montfaucon ou Schwamendingen.
— Rites et coutumes
La première rencontre avec ce sport se fait souvent par le biais de la littérature ou du cinéma. Dans un
nombre incalculable de fictions américaines, on trouve
une scène dans laquelle un père emmène son fils voir un
match de baseball. Une sorte d’adoubement sportif au
travers d’un époumonement familial (on crie beaucoup
dans le baseball) pour les Yankees, les Red Sox, les Giants,
les Dodgers ou les Mets, suivi d’une attente interminable
devant les vestiaires pour tenter d’obtenir dans une mêlée
de coudes un autographe des héros du jour, autographe
qui sera ensuite religieusement encadré au-dessus du
lit du fiston jusqu’à ce que celui-ci parte à l’Université
et quitte définitivement la maison. C’est par exemple
l’essence même de la nouvelle « La Ville des cœurs brisés » de Ethan Canin. Le baseball imprègne aussi des
monuments littéraires tels que « Le Vieil Homme et la
Mer » de Hemingway, « Portnoy et son complexe » de
Philip Roth ou encore « L’Attrape-cœurs » de Salinger.
Au cinéma, l’ambiance est souvent bon enfant : on ne
compte plus les scènes de franche camaraderie où les
personnages éclusent des bières en se disputant plus
ou moins joyeusement sur les résultats de leur équipe
préférée. Et nul besoin d’entrer dans la case intellectuel
new yorkais pour goûter à ces plaisirs à la fois sportifs par
procuration et salutaires pour la nation : tout comme Paul
Auster à Brooklyn ou Woody Allen à Manhattan, Homer
Simpson à Springfield possède de grandes capacités à gloser indéfiniment sur les exploits de Willie Mays ou Jackie
Robinson. Pendant ce temps-là, le spectateur / lecteur
européen (celui qui habite à Douarnenez, Boortmeerbeek,
Montfaucon ou Schwamendingen), un peu paumé par ces
élucubrations enfiévrées dont il saisit rapidement qu’elles
font partie d’un rituel sophistiqué auquel les non-initiés
ne sont pas conviés, n’hésite pas alors à zapper allègre­
ment des pages ou des scènes auxquelles il n’y comprend
que dalle.
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Fabienne Radi
— Toujours prête
Concentrons-nous sur la batte. Echappée de son
contexte sportif, celle-ci a connu une grande carrière ciné­
ma­tographique. Il faut dire qu’elle possède deux avantages
imparables :
1) elle est présente dans tout foyer américain normalement constitué, au même titre que le panier de basket
sur la porte du garage et le pot de beurre de cacahuètes
dans le réfrigérateur
2) elle est un objet contondant idéal pour éliminer
l’ennemi potentiel qui s’aventurerait sur une pelouse qui
n’est pas la sienne. Toujours prête et efficace, tel un scout
tiré de la poche de Baden Powell. Et beaucoup plus discrète
qu’une Winchester, en perte d’attraction depuis que John
Wayne a rangé ses éperons.
Aussi son caractère vernaculaire a-t-il séduit les
grands méchants de l’Histoire, ceux dont les méfaits sont
passés à la postérité par le biais du grand écran : ne citons
pour exemple que la fameuse scène des « Incorruptibles »
où Al Capone (Robert De Niro), à l’issue d’un banquet somptueux où s’est réuni tout le gratin mafieux, fait l’apologie du
baseball devant une audience repue avant de massacrer
un de ses caporaux à coups de batte qui font se chiffonner
instantanément tous les nœuds papillon de la salle.
— Un moyen futé de s’intégrer
En faisant gicler le sang et exploser les crânes, la
batte ajoute une note gore à un cinéma débarrassé du
code Hays depuis 1966. Scorsese, Coppola, De Palma
ne vont pas s’en priver. Souvent utilisée par les sbires
de Cosa Nostra, la batte permet astucieusement à ces
derniers, émigrés italiens de première ou deuxième génération, de se débarrasser efficacement d’adversaires trop
encombrants tout en s’appropriant une gestuelle propre
aux fondements de l’identité américaine. Une phagocytose
singulière des valeurs yankee qui revient somme toute
à faire d’une balle deux coups. Dans un usage plus traditionnel et moins sanglant, le joueur Joe DiMaggio a réussi
à passer du statut de fils d’émigré sicilien à celui de héros
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Fabienne Radi
américain autant grâce à ses 56 matchs consécutifs avec
au moins un coup sûr qu’à son mariage avec Marilyn. De
l’importance du baseball et des blondes dans le processus
d’assimilation du Nouveau Monde. Plus récemment, les
vampires de « Twilight » semblent avoir utilisé en partie la
même stratégie : ils jouent en effet régulièrement au baseball au fond des bois et durant les orages (très pratiques les
orages : le tonnerre permet de masquer la puissance sonore
ahurissante de leurs coups) pour tenter de se prouver qu’à
l’exception de leurs canines et de leur soif d’hémoglobine,
ils ne sont finalement pas si éloignés des honnêtes citoyens
qu’ils côtoient dans l’Etat pluvieux de Washington.
— Du gourdin au bâton de majorette
Comme Stanley Kubrick l’a impeccablement montré
dans « 2001 L’Odyssée de l’Espace », l’utilisation d’un objet
allongé (en l’occurrence un tibia) comme arme ne date pas
d’hier. L’histoire de l’art regorge de héros musculeux et souvent dévêtus frappant toutes sortes d’adversaires avec
des gourdins, Hercule terrassant l’Hydre étant l’exemple
le plus connu. Mais très vite l’être humain s’est rendu
compte que le bâton pouvait avoir d’autres fonctions que
la baston : canne, rame, sceptre, gratte-dos, manivelle pour
store, règle, bâton de ski, canne à pêche, pylône électrique,
baguette de chef d’orchestre, tuteur pour plante, tringle à
rideau, les usages sont infinis. On observe une différence
intéressante entre les sexes dans l’utilisation du bâton : si
la gent masculine l’empoigne avec fermeté pour désigner,
pointer, dresser, soutenir, symboliser ou encore diriger, la
population féminine, elle, s’en empare dans un esprit plus
récréatif, en le faisant virevolter par exemple. La preuve
par les majorettes. Cette activité insolite qui consiste à
accompagner une fanfare, affublé d’une minijupe et d’une
veste militaire en levant la jambe au rythme de la grosse
caisse sans perdre son képi dans l’exercice, existe depuis
la fin du 19ème. Mais ce n’est qu’en 1927 que Kitty Clark,
fille d’un fabricant de piquets du Middle West, attrape un
bâton de son père et ouvre le défilé de la fanfare du coin
en faisant tourbillonner ce dernier au-dessus de sa tête.
Un geste qui est à la fois un détournement de la fonction
première du bâton (utilisé par le tambour-major pour
diriger la fanfare) et une variante du gun twirling, passe-
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Fabienne Radi
temps préféré des cowboys désœuvrés qui tentaient de se
consoler de la disparition des mustang et des bisons en
faisant des moulinets avec leur pistolet le soir au coin du
feu. A ce propos, on rapporte que ces derniers se seraient
eux-mêmes inspirés du fameux lancer de drapeau suisse,
exporté aux USA par un marchand néerlandais féru de coutumes helvétique ! Schwamendingen pas si loin de Daytona
Beach finalement. Pour revenir aux filles et aux bâtons,
observons que les premières – qu’elles soient majorettes,
cheerleaders, pom pom ou twirling girls – ont su utiliser les
seconds de manière beaucoup plus ima­gina­tive qu’Hercule
ou Al Capone.
— Tous pour l’érable
Filles ou garçons, ceux qui ne se posent pas ce genre
de questions, ce sont les tourneurs et les tourneuses sur
bois. Pour eux, fabriquer une batte de baseball, un pied de
table, un barreau de chaise, une balustre, un godemichet
ou un poivrier, c’est le même topo : au final l’atelier est
envahi de copeaux et on en a pour des heures à balayer.
Pour la fabrication des poivriers, on utilise souvent du bois
d’olivier, pour les pieds de table et les barreaux de chaise,
le chêne, le hêtre ou l’hévéa font très bien l’affaire, pour les
godemichets tous les bois sont permis. En revanche pour
les battes de baseball, on recommande tout particulièrement le frêne blanc, un peu moins le bouleau, à la rigueur
le bambou. Mais c’est l’érable, un bois franc et très dur, qui
remporte tous les suffrages depuis 1997, date à laquelle
Sam Holman, menuisier à Ottawa, a sculpté la première
Maple Bat, beaucoup plus solide que les bâtons en frêne
traditionnels. Grâce à Sam, les médecins traumatologues
ont désormais nettement plus de boulot.
10
Fabienne Radi
— Equipement de saison
Ce qu’il y a de bien avec le baseball, c’est qu’il
y a des saisons. Ça commence en avril, ça se termine
en octobre. De novembre à mars, pendant que les sols
sont déchaumés / décompactés / perforés / aérés, le gazon
déparasité / fertilisé / ensemencé, le monticule du lanceur
réaménagé, les coins du marbre biseautés, la plaque du
lanceur refixée, les trous rebouchés, les clôtures répa­
rées, les poteaux replantés, la surface de jeu nivelée, les
pistes d’avertissement dégagées, les mâts d’éclairage
réorientés, les filets arrières remaillés, le tableau des
scores vérifié, les vestiaires désinfectés et les équipements
d’urgence réapprovisionnés, les joueurs, eux, prennent des
kilos. C’est d’ailleurs ce qui les distingue sympathiquement
des joueurs du football américain, éternel rival du baseball dans le cœur de la nation. Alors que les footballeurs
arborent de fausses épaules démesurées en plastique, les
baseballeurs, eux, cachent souvent un vrai petit bedon,
acquis généralement durant l’hiver et dissimulé sous des
vêtements élégants, pantalons trois-quarts et chemises à
boutons. Deux esthétiques corporelles qui traduisent des
philosophies très différentes. D’un côté le chic east coast à
la Ralph Lauren qui fleure bon les valeurs démocrates et la
mythologie Kennedy, de l’autre l’allure californienne bodybuildée des convictions républicaines de Schwartzenegger.
— Beautiful Losers
Rien ne sert de courir, il faut partir à point : c’est ce
qu’a finalement compris un lièvre aussi crétin qu’arrogant
lorsqu’il s’est fait battre par une tortue de rien du tout qui,
elle, avait judicieusement misé sur sa propre persévérance
comme sur la vanité de son adversaire. Transportée de
l’autre côté de l’Atlantique, la fameuse fable de La Fontaine
a inspiré un certain Ernest Lawrence Thayer, qui écrivit en
vers et en 1888 un poème mi-lyrique mi-satyrique intitulé
« Casey at the Bat ». Pièce d’anthologie aux Etats-Unis, le
poème raconte la dernière manche d’une partie de baseball
de la petite ville de Mudville contre une bourgade dont on a
oublié le nom. Mudville perd 4 à 2, c’est la déconfiture, tout
le public attend que le grand frappeur Casey, star du bâton,
vienne redresser la situation. Celui-ci se présente avec
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Fabienne Radi
autant de suffisance que le lièvre susmentionné. Il laisse
passer deux bonnes balles sans même se donner la peine
d’essayer de les toucher. Et au troisième lancer, alors que
tout le monde retient sa respiration, il se fait retirer, faisant
perdre son équipe. Le poème se termine par une strophe
emplie de mélancolie, que tout bon petit Américain a récité
au moins une fois dans sa vie :
Oh, somewhere in this favored
land the sun is shining bright;
The band is playing somewhere,
and somewhere hearts are light,
And somewhere men are laughing,
and somewhere children shout;
But there is no joy in Mudville
— mighty Casey has struck out.
En Europe, on a un peu trop vite fait de réduire
les Etats-Unis au principe narratif du happy end et à
ne considérer ses concitoyens que comme de grands
enfants. « Casey at the bat » vient plastiquer ce type de
poncif en racontant une histoire dont les interprétations
prolifèrent depuis plus de cent ans. Casey est un type
brillant. Il a tous les atouts pour réussir. Et pourtant il rate
lamentablement. Ce genre de paradoxe, qui mêle comique
et pathétique, permet d’envisager toutes les alternatives,
des succès les plus fabuleux aux échecs les plus cuisants.
Sous une autre forme, plus minimaliste, Charles
Schultz développe dans les « Peanuts » une vision tout
aussi mélancolique : Charlie Brown est un petit garçon
qui rêve d’être un champion de baseball. Il a toutes les
peines du monde à réunir sur le terrain des équipiers trop
occupés par la psychanalyse, Beethoven ou le sens de la
vie sur le toit d’une niche. Seul sur son monticule avec sa
batte et sa casquette, Charlie Brown continue néanmoins
à rêver. Entre lancer, frapper et recevoir, des millions de
combinaisons possibles : le baseball comme une métaphore de la vie, où les choses sont à la fois tristes et happy.
Une activité certes aussi compliquée à comprendre que la
12
Fabienne Radi
physique quantique, mais dont la dimension humaine et
artistique peut être perçue par n’importe quel mécréant1
européen pour lequel il est a priori ahurissant que l’on
puisse faire le tour d’un diamant avec un gant de baseball2.
1.
2.
Terme utilisé en tenant compte de la dimension quasi religieuse du baseball aux
Etats-Unis.
Le diamant est le nom donné au terrain de baseball : le champ intérieur, c’est à dire la
zone comprise entre la plaque de but et les trois bases, a en effet la forme d’un diamant.
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la désertion
des dodgers,
ou la mutilation
de brooklyn
par Patrick Boillat
« A y réfléchir, le départ de Brooklyn
des Dodgers explique le cynisme
dont bon nombre d’entre nous
sommes imprégnés, et dont nous
ne nous sommes jamais remis.
Evidemment, tu ne peux pas être
fan des Mets, et pas davantage
des Yankees. Donc le baseball
disparaît de ta vie. Simplement
parce que tu es né à Brooklyn. »1
C’est l’histoire d’un traumatisme et d’une spoliation.
D’une cicatrice indélébile sur l’âme de Brooklyn. A l’issue de
la saison 1957, Walter O’Malley, propriétaire des Dodgers,
délocalise sa franchise à Los Angeles. Sa décision bouleverse les repères identitaires des « Brooklynites » et les
prive d’un facteur essentiel de cohésion sociale. Elle dévoile
brutalement le divorce entre les intérêts du sport business
et l’attachement communautaire aux équipes professionnelles. Elle s’inscrit également dans un mouvement de fond
de la société urbaine américaine au tournant des années 60.
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Patrick Boillat
Ville indépendante rattachée administrativement
à New York à la fin du 19e siècle, Brooklyn cultive ses
différences avec Manhattan et célèbre son mode de vie
banlieusard. Peut-être plus qu’ailleurs, le baseball rythme
la vie quotidienne et fonde l’identité locale. Car si la Grande
Pomme compte alors trois clubs en Ligue Majeure, tous
profondément ancrés dans leur quartier, la communion
entre les habitants de Brooklyn et l’équipe des Dodgers
semble unique. Comme l’écrit Robert E. Murphy dans son
ouvrage « After Many a Summer: The Passing of the Giants
and Dodgers and a Golden Age in New York Baseball », à
l’approche des années 50, le pays entier associe Brooklyn
aux Dodgers et les Dodgers à Brooklyn. Et lorsqu’en 1955
les Dodgers remportent les World Series pour la première
fois de leur histoire, la passion atteint son paroxysme.
« Jamais Brooklyn, dont la relation intime avec le baseball
durait depuis plus de 100 ans, n’avait autant porté une
équipe dans son cœur », commente Murphy.
C’est pourtant le moment que choisit Walter
O’Malley pour déraciner son club et le réimplanter sur la
Côte Ouest. Pour Brooklyn et ses habitants, le coup est
terrible. Les témoignages abondent sur la violence de cet
abandon.« Après cet événement, mon père ne s’est plus
jamais rendu à un match de baseball, jusqu’à ce qu’il
m’emmène voir les Yankees lorsque j’ai eu 6 ans », relate
Sophia Hollander, journaliste au New York Times. « Il racontait que son cœur avait été brisé, et que ce jour-là, le
sport était mort pour lui, pour toujours ».
Mais au-delà de la perte affective, le départ des
Dodgers implique surtout la disparition d’une institution
créatrice de sens commun et de liens sociaux nécessaires
à la vie de quartier. « Il priva Brooklyn, pour la moitié de
l’année, de ces conversations banales, ces bavardages
futiles que l’on peut avoir dans le métro, en attendant
l’ascenseur ou chez le boucher », analyse pour le New York
Magazine Michael Shapiro, natif de Brooklyn et auteur de
« The Last Good Season », un ouvrage consacré aux Dodgers.
« Le baseball rapprochait de parfaits inconnus, ne fût-ce
que pour une minute ou deux. Ce sont ces rapports entre
les uns et les autres qui furent perdus ».
39
Patrick Boillat
Le film « Blue in the Face » développe précisément
ce thème. Dans cet hommage à Brooklyn, Wayne Wang
et Paul Auster établissent un parallèle entre un petit
magasin de tabac menacé de fermeture et les Dodgers.
Presque en écho aux thèses de l’urbaniste new yorkaise
Jane Jacobs, Auggie, le gérant de l’échoppe, interprété
par Harvey Keitel, plaide pour son commerce en exposant
à Vinnie, son propriétaire, le rôle essentiel qu’il joue pour
l’équilibre du voisinage : « Tout le monde passe ici, pas
seulement les fumeurs. (…) Tout le quartier passe à la boutique. Ça crée des liens, et c’est un moyen de maintenir la
vie du quartier. A vingt rues d’ici, les gamins de douze ans
se tirent dessus pour se piquer leurs baskets. Si tu fermes,
c’est un clou de plus dans le cercueil. Tu contribueras à
tuer le quartier ».
Appuyés par une apparition du fantôme de Jackie
Robinson, le légendaire n°42 des Dodgers et le premier
joueur noir à évoluer en Ligue Majeure, les arguments
d’Auggie feront mouche et convaincront finalement Vinnie
de ne pas lâcher l’affaire. La conclusion est moins heureuse en février 1960. Cette date marque le début de
la démolition de l’enceinte d’Ebbets Field, le jardin des
Dodgers, théâtre de leurs exploits et lieu de communion
du peuple de Brooklyn avec ses héros. A la disparition
d’une équipe s’ajoute alors la perte et l’effacement du
lieu qui en préservait la trace. Ironie du sort, le stade
d’Ebbets Field sera remplacé en 1962 par un grand ensemble anonyme et sans âme de 1’300 appartements
sociaux. L’antithèse même des principes d’urbanisme
prônés par Jane Jacobs dans son ouvrage « The Death and
Life of Great American Cities », publié une année plus tôt.
Outre ses répercussions sociales et identitaires, la
délocalisation des Brooklyn Dodgers est également révélatrice du peu de considération des élites dirigeantes du
sport professionnel américain, privilégiant leurs intérêts
économiques personnels, pour les fans et les communautés
locales. A leurs yeux, les clubs sont avant tout des entreprises, déplaçables à souhait si l’opportunité d’un marché
plus profitable se présente. Car les Dodgers ne constituent
pas une exception. Durant la période 1950-70, pas moins de
six franchises quittent leur ville d’origine pour s’établir sous
d’autres cieux.
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Patrick Boillat
On est bien loin de la vision idéale défendue par
les leaders politiques new yorkais de l’époque, pris de
court par l’exil des Dodgers. « Les propriétaires de clubs ne
doivent pas se considérer comme des hommes d’af­faires,
mais plutôt comme des sportifs satisfaits de gagner
leur vie en servant les intérêts de leurs fans », affirme
le congres­siste de Brooklyn Emmanuel Celler. « Je crois
qu’une franchise de baseball appartient moralement aux
membres d’une communauté. Ce n’est en aucun cas la
propriété personnelle d’un individu, susceptible d’être re­
tirée au moindre caprice », déclare pour sa part Abe Stark,
président du parlement de la ville de New York, devant le
Congrès américain.
Certes, à défaut d’être réhabilité, Walter O’Malley,
longtemps considéré comme la personnification du mal
et de l’avidité, s’est vu accorder récemment quelques
cir­constances atténuantes. Construit en 1912, le petit
stade de quartier d’Ebbets Field (environ 30’000 places)
était devenu désuet au fil du temps et souffrait, dans
une société de plus en plus dépendante de l’automobile,
d’un manque de stationnement. Avec le boom de la sub­
urbanisation, les années 50 correspondent par ailleurs à
une remise en cause en profondeur des identités locales
aux Etats-Unis, qui n’épargne pas Brooklyn. Ainsi, la
classe moyenne blanche fuit le quartier pour s’établir à
Long Island, et se voit remplacée progressivement par
une population noire paupérisée. La société de consommation bouleverse également les modes de vie et remet
en question les pratiques de loisirs. Tous ces éléments
concourent à une crise du baseball. A Brooklyn comme
ailleurs, le public se fait plus rare.
Pour s’adapter à ces mutations et ramener le public
en ville, O’Malley envisage la construction d’un nouveau
stade à Atlantic Yards, à l’emplacement d’un ancien marché. Son projet se heurtera au refus catégorique de Robert
Moses, le Commissaire aux constructions de la Ville de New
York. Los Angeles ne lui posera pas les mêmes contraintes.
1.
Lou Reed, extrait du film « Blue in the Face »
(Brooklyn Boogie), de Wayne Wang et Paul Auster.
45
nul ne s’embête
avec hercule
par Claude-Hubert Tatot
Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire,
En témoigne Hercule par ses douze travaux.
Le héros en cela n’a guère de rivaux,
Mais dévoilons plutôt ce que tais l’histoire.
Se délassant de ses épuisantes besognes,
Hercule séduisait sans aucune vergogne.
Plus rapide que la biche de Cérynie,
Plus rusé que tous ses ennemis réunis,
Ce fils de Zeus beau comme Grec, fort comme Turc,
Avait assurément avec les femmes un truc.
Pas en plume, même des oiseaux du lac Stymphale,
Pas un joujou, plus épatant qu’un truc extra.
Nous le tenons de la bouche même d’une morfale,
Hercule possédait d’appétissants appâts.
De tous les illustres balèzes barbus,
Hercule se différencie à sa massue,
Eros déroba cette trique monumentale,
En tailla des pipes, un arc bandé triomphal.
46
Claude-Hubert Tatot
Qui dit Hercule dit en fait tout.
Et peu de femmes en leur estime,
Lui refusèrent le haut bout.
Le reste, elles lui offraient en prime.
Acculé par la tempête, échouant en Libye,
Il ne fit pas que filer au pied d’Omphale,
Par lui souvent, la belle prit le sien, bestial !
L’esclave sensuel s’en fit maître puis mari.
Le demi-dieu à demi nu
Jouait de son bel attribut
Si bien qu’il en faisait merveille
Grandiose, et à nul autre pareil.
Les Amazones rétives à ces démonstrations,
Domptées et conquises tombèrent en pamoison.
Cacus fut même trahi par sa sœur Caca,
Occis par cette massue qui tant la tenta.
Et l’on sait aussi que les hommes furent nombreux,
A follement s’en éprendre, transis amoureux.
47
Claude-Hubert Tatot
De son gourdin, un jour qu’il jouait sans personne,
Il frappa fort habilement une pomme,
et l’envoya magnifiquement en l’air.
Saisie au vol elle lui fut rapportée par Cerbère.
La balle de ce bien bon coup si bien tirée,
Fut par ce chien d’enfer promptement rattrapée,
Comme Apollon la lyre, Hermès le caducée,
Par Hercule le baseball fut ainsi inventé.
Une main dans le dos, tranquille, tenant trois balles,
Sur son admirable massue accoudé, mâle,
La statue de l’imposant Hercule dit Farnèse,
Vient en tout point confirmer notre hypothèse.
Par un décret divin sur l’Olympe hissé,
Devenu dieu des éphèbes et époux d’Hébé,
Hercule livra aux hommes ce divertissement,
Ils en embrouillèrent les règles allégrement.
Comme dans son commentaire Radi l’a si bien dit,
Seul le citoyen américain aujourd’hui,
Est à même d’appréhender et de vibrer
A ce jeu autrefois par Hercule engendré.
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tourner la
matière
par Alexandre Fiette
Dégager, amalgamer, mouler,
c’est là le verbe (les verbes) de
la sculpture, relatif au volume, à
la tridimensionnalité. Tourner la
matière reste, si cela est un art,
un art résolument appliqué.
Exploitant la cinétique de la giration, la technique du
tournage existe depuis la nuit des temps. Les mouvements
semi-circulaires des mains dans l’argile lissant les parois
montées avec la méthode du colombin, dont les traces
restent visibles aujourd’hui sur certains tessons archéo­
logiques, la préfigurent. Dès lors que l’homme va appliquer
la rotation à la terre alors qu’il façonnait cette dernière, fixe,
par le passage de ses mains, l’inversion établit la technique :
la matière tournant sur elle-même est travaillée par l’outil,
la main, selon un lent déplacement orthonormé continu
et progressif. Du propos du céramiste, pour ses pièces de
révolution, naît un principe, lequel trouve application dans
d’autres matières des plus tendres au plus dures. Bois,
ivoire, os, métal, mais pourquoi pas matériau minéral ou de
synthèse, tout peut être tourné, si tant est que la vitesse
soit adéquate. La mécanisation par la démultiplication des
entraînements, puis la motorisation, interviennent comme
des étapes décisives dans cette quête de volumes aux
diamètres obligatoirement réguliers et aux sections calibrées perpendiculairement à l’axe de rotation. Le potier
d’étain forme ou finit sa production sur un tour, repoussant la matière par un mouvement concentrique de son
outil appliqué avec une pression contrôlée sur le métal ;
le tranchant forme dans l’ivoire ou l’os des éléments
62
Alexandre Fiette
décoratifs, donne naissance à des perles répondant à
toutes les fantaisies. Que dire de tout l’univers industriel
des tourneurs-fraiseurs alliant au tour qui dégage la forme,
la contrepartie de la fraise qui évide ? Jadis, ces derniers
apportaient le concours de leurs mains à l’exécution de
pièces métalliques sur leurs machines-outils désormais
entièrement mues par commandes numériques.
Grâce au tour, balustres, colonnes, boules, anneaux,
formes oblongues et élancées deviennent réalisables dans
un respect du calibrage. Répétition, série, tout semble possible. Pas étonnant donc que l’ébéniste intègre le travail
du tourneur dans son mobilier. Un vocabulaire plastique
se crée véhiculé par des éléments structurels tels les pieds
de chaises et piètements multiples, ou ceux, ornementaux,
constitués de pièces tournées refendues et placées en
applique. La Renaissance en fait grand usage. La colonne
est alors à l’honneur ; celles de Raphaël, déformées par une
ellipse régulière comparable à un pas de vis, marqueront
les arts. Associer les essences et les matières pour la couleur ou l’aspect ouvre l’horizon du tournage et le sort de
ses limites, à l’imitation de la marqueterie qui combine les
tons et les veinages pour faire apparaître une ornementation. Le contrecollage de bois divers, en section définie,
dans le sens longitudinal, occasionne un décor dans la
masse ré­vélée par la modulation du diamètre. De même,
la section première de l’élément monté sur le tour permet
l’obtention d’une variété de volumes. Ainsi, à partir du carré
on dessine des cubes qui pourront alterner avec des éléments piriformes ou sphériques au gré du travail. Choisir
la répétition d’un même module, c’est s’engager dans la
difficulté de la reproduction du calibre à moins d’utiliser
le report méca­nisé d’un gabarit, et l’exercice reste aussi
délicat que celui d’harmoniser la composition de parties
dis­semblables. Répéter et moduler s’instaurent comme
les deux seuls principes pour la création par tournage
déjà limitée par le rapport de l’outil à l’axe transversal
ou central de la pièce en rotation. Pourtant, les formes
obtenues dans ces contraintes sont proches de l’infini.
Bien qu’affaire d’artisan, pourquoi ce savoir-faire ne pourrait-il pas servir les intentions de l’artiste ?
71
official
baseball rules
Article 1.10
(a) The bat shall be a smooth, round stick not more
than 2 3 / 4 inches in diameter at the thickest part and not
more than 42 inches in length. The bat shall be one piece
of solid wood.
Note: No laminated or experimental bats shall be
used in a professional game (either championship season
or exhibition games) until the manufacturer has secured
approval from the Rules Committee of his design and
methods of manufacture.
(b) Cupped Bats. An indentation in the end of the bat
up to one inch in depth is permitted and may be no wider
than two inches and no less than one inch in diameter.
The indentation must be curved with no foreign substance
added.
(c) The bat handle, for not more than 18 inches from
its end, may be covered or treated with any material or
substance to improve the grip. Any such material or substance, which extends past the 18 inch limitation, shall
cause the bat to be removed from the game.
Note: If the umpire discovers that the bat does not
conform to (c) above until a time during or after which the
bat has been used in play, it shall not be grounds for declaring the batter out, or ejected from the game.
(d) No colored bat may be used in a professional
game unless approved by the Rules Committee.
72
73
english
The bat, the ball and the miscreant1
by Fabienne Radi
— Why make things simple when you can make them
complicated?
There are things that are quite hard to explain. Like
black holes, the topography of the city of Cairo, the writings of
Wittgen­stein, the hot-spot volcanism of the Hawaiian Islands, the
Schrödinger’s cat experiment—and baseball. The untutored European West is fairly familiar with football, tennis, or even basket­
ball, it has some rudimentary knowledge of ice hockey, volleyball,
and possibly rugby, it is beginning to form a vague idea of what
a swing is in golf: but baseball is a different matter. To be sure,
there are some excuses. Why has a sporting activity that by and
large consists of hitting a ball with a wooden stick and catching it
with an outsize leather glove invented such convoluted rules and
developed an esoteric jargon full of terms like slugging percentage,
ratio circuits, walk-to-strikeout ratio, on-base percentage, earned
runs average and other equally enigmatic expressions? Sooner or
later this question grips all new enthusiasts coming from the Old
Continent, initially full of good intentions, then ever more at sea as
they realise these will get them absolutely nowhere, unless they are
fortunate enough to have a little American cousin to initiate them
into this strange sport. For baseball has been at the very essence
of the United States identity since the late 19th century, i.e. almost
the beginning of time for anyone born between Watsonville and
Daytona Beach. Something it is not always easy to grasp if you live
in Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon or Schwamendingen.
— Rites and customs
The first encounter with this sport is often through literature and films. In countless American novels, there is a scene where
a father takes his son to watch a baseball match. A kind of sporting
initiation through the family shouting itself hoarse (there’s a lot of
shouting in baseball) for the Yankees, Red Sox, Giants, Dodgers or
Mets, followed by an interminable wait by the dressing-rooms to
try to elbow one’s way into getting hold of an autograph from one
of the heroes of the day, an autograph that will then hang above
sonny boy’s bed, religiously framed, until he goes off to University
and finally leaves the family home. For example, this is the very
essence of Ethan Canin’s short story, “The City of Broken Hearts”.
Fabienne Radi
Baseball is also a strong influence in literary monuments like The
Old Man and the Sea by Hemingway, Portnoy’s Complaint by Philip
Roth, or indeed The Catcher in the Rye by Salinger. In the cinema
the atmosphere is often good-natured: scenes of open friendliness
where the characters knock back beers while arguing more or less
happily about the results of their favourite team are innumerable.
And there’s no need to tick the New York intellectual box to sample
these pleasures, which are both sporting by proxy and good for the
nation’s health: Just like Paul Auster in Brooklyn or Woody Allen in
Manhattan, Homer Simpson in Springfield has a tremendous capacity for rambling on at length about the exploits of Willie Mays or
Jackie Robinson. Meanwhile the European viewer / reader (the one
living at Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon or Schwamendingen), somewhat bewildered by these feverish disquisitions which
he quickly realises are part of a sophisticated ritual to which the
uninitiated are not invited, has no scruples about blithely skipping
pages or scenes that are totally meaningless to him.
— Always prepared
Let’s concentrate on the bat. Away from its sporting context,
it has had a major cinematographic career. It has to be said that it
has two unbeatable advantages:
1) it is present in every normally constituted American
home, just like the basketball net on the garage door and the jar of
peanut butter in the fridge;
2) it is an ideal blunt object for eliminating any potential
enemy who might venture on to a lawn that does not belong to him.
Always prepared and effective, like a scout pulled out of Baden
Powell’s pocket. And far more discreet than a Winchester, which has
lost its appeal since John Wayne hung up his spurs.
Therefore its ready availability has attracted the real baddies
of history, the ones whose misdeeds have come down to posterity
through the big screen: By way of example, let me mention only the
famous scene from The Untouchables when Al Capone (Robert De
Niro), following a lavish banquet where all the Mafia top brass are
gathered, speaks in praise of baseball to a replete audience before
killing one of his sidekicks by hitting him with a baseball bat, causing
all the bow ties in the room to crumple immediately.
— A smart means of integrating
By causing blood to spurt and smashing skulls, the bat
adds a note of gore to films that have been freed from the Hays
Code since 1966. Scorsese, Coppola, and De Palma were not
going to miss out on it. Often wielded by Cosa Nostra henchmen,
the bat cleverly allows them as first or second-generation Italian
immigrants effectively to rid themselves of enemies getting in their
74
Fabienne Radi
way, while at the same time appropriating a set of gestures lying at
the very foundations of American identity. A strange assimilation of
Yankee values which basically amounts to achieving two strikes with
one ball. In a more traditional, less bloody way of using it, the player
Joe DiMaggio succeeded in moving from the status of the son of a
Sicilian immigrant to that of American hero as much thanks to his
56 consecutive matches with at least one safe hit as to his marriage
to Marilyn: Says something about the importance of baseball and
blondes in the assimilation process in the New World. More recently,
the vampires in Twilight seem to have used some of the same strategy: for they regularly play baseball down in the woods and during
storms (very useful, storms: thunder makes it possible to mask the
mind-shattering sound power of their hits) to try and prove to themselves that except for their fangs and their thirst for haemoglobin,
they are ultimately not so far removed from the honest citizens they
rub shoulders with in the rainy state of Washington.
— From club to majorette’s baton
As Stanley Kubrick excellently demonstrated in 2001: A
Space Odyssey, the use of an elongated object (in that case a tibia)
as a weapon did not start yesterday. The history of art is overflowing
with muscular, often scantily clad heroes hitting all kinds of opponents with clubs, Hercules flooring the Hydra being the best known
example. But human beings very quickly realised that the stick could
be used for purposes other than fighting: as a walking stick, an oar,
a sceptre, a backscratcher, a handle for blinds, a ruler, a ski pole, a
fishing rod, an electric pylon, a conductor’s baton, a stake for plants,
a curtain rail — the uses are infinite. An interesting difference
between the sexes can be observed in how they use the stick: While
the male sex grasp it firmly to designate, point out, raise, support,
symbolize or indeed direct, the female half of the population take
hold of it in a more recreational frame of mind, for example by
twirling it — as evidenced by the majorettes. This unusual activity
that consists of accompanying a brass band, decked out in a mini­
skirt and a military jacket, raising the legs in time with the rhythm of
the bass drum without losing one’s cap in the process, has existed
since the late 19th century. But it was not until 1927 that Kitty Clark,
the daughter of a manufacturer of fence posts from the Mid West,
took hold of one of her father’s sticks and opened the local band’s
procession by twirling it above her head. A gesture that was both a
diversion of the baton from its primary function (used by the drummajor to conduct the band) and a variant of gun twirling, a favourite
leisure pastime of cowboys when they had nothing to do, trying to
console themselves for the disappearance of mustangs and bison
by spinning their pistols in the air in the evenings by the fireside.
75
Fabienne Radi
In this connection it is said that they themselves were inspired by
the famous practice of throwing the Swiss flag, exported to the
United States by a Dutch trader with a passion for Swiss customs!
In the end Schwamendingen is not so far from Daytona Beach.
To get back to the girls and the batons, we may observe that the
former—whether they are majorettes, cheerleaders, pom pom
girls or twirling girls—knew how to use the latter in a much more
imaginative way than Hercules or Al Capone had done.
— Everyone opts for maple
Whether male or female, the people who don’t ask this kind
of question are the wood-turners. For them, making a baseball bat,
table leg, chair rail, baluster, dildo or pepper pot comes down to
the same thing: in the end the workshops is full of wood chips and
you have to spend hours sweeping up. Olive wood is often used for
making pepper pots, oak, beech or hevea work very well for table
legs and chair rails, for dildos any wood is allowed. For baseball bats,
on the other hand, white ash is particularly recommended, a little
less birch, and if need be bamboo. But it is maple, a straightforward,
very hard wood, that has been the hot favourite since 1997, the date
when Sam Holman, a joiner in Ottawa, carved the first maple bat,
much stronger than those made of traditional ash. Thanks to Sam,
trauma specialists now have a much heavier work load.
— Seasonal facilities
What’s good about baseball is that there are seasons. The
game starts in April, and ends in October. From November to March,
while the ground is dethatched / decompacted / spiked / aerated, the
grass debugged / fertilised / sown, the pitcher’s mound reshaped, the
corners of the home plate bevelled, the pitcher’s rubber reset, the
holes filled, the fences repaired, the posts replanted, the playing
surface levelled, the warning tracks cleared, the lighting posts
realigned, the backstops mended, the score board checked, the
dressing rooms disinfected and the emergency kits restocked,
the players for their part put on weight. Moreover, it makes a nice
distinction between them and players of American football, baseball’s eternal rival in the heart of the nation. Whereas footballers
sport outsize false shoulders made of plastic, baseball players for
their part often conceal a real little paunch, generally gained during
the winter and hidden under elegant clothes, three-quarter-length
trousers and buttoned shirts. Two aesthetic approaches to the body
that convey very different philosophies. On the one hand the East
Coast chic in the style of Ralph Lauren which is redolent of Democratic values and Kennedy mythology, on the other the Californian
body-built look of Schwartzenegger’s Republican convictions.
76
Fabienne Radi
77
Fabienne Radi
— Beautiful losers
Slow and steady wins the race: that is what the foolish
and arrogant hare finally understood when it was beaten by a very
ordinary tortoise which for its part had wisely counted on its own
perseverance and on its opponent’s vanity. Taken across to the other
side of the Atlantic, La Fontaine’s famous fable inspired a man called
Ernest Lawrence Thayer: In 1888 he wrote a rhyming, semi-lyrical,
semi-satirical poem entitled “Casey at the Bat”. An anthology item
in the United Sates, the poem recounts the last inning in a baseball
game in the small town of Mudville, playing against another town
whose name has been forgotten. Mudville is losing 4 to 2, defeat is
at hand, all the spectators are waiting for the great striker Casey, a
batting star, to come and remedy the situation. He turns up with as
much smugness as the above-mentioned hare. He lets two perfectly
good balls go past without even bothering to try and touch them. And
at the third pitch, when the whole audience is holding its breath, he
gets himself struck out, so causing his team to lose. The poem ends
with a verse filled with melancholy, that every good American child
has recited at least once in its life:
with his bat and his cap, Charlie Brown nonetheless continues to
dream. Between pitching, striking and receiving, there are millions
of possible combinations: baseball as a metaphor for life in which
things are simultaneously sad AND happy. An activity that is undoubtedly as complicated to understand as quantum physics, but
its human and artistic dimension can be perceived by any European
wrongdoer2 for whom it is a priori astounding that it is possible to go
round a diamond with a baseball glove3…
Oh, somewhere in this favored land
the sun is shining bright;
The band is playing somewhere,
and somewhere hearts are light,
And somewhere men are laughing,
and somewhere children shout;
But there is no joy in Mudville
— mighty Casey has struck out.
In Europe, we have been a bit too hasty in reducing the
United States to the narrative principle of the “happy ending”, and
regarding its citizens as no more than overgrown children. “Casey
at the bat” blows that type of stereotype sky high by telling a story
which has been interpreted in a multitude of ways for over 100
years. Casey is a very clever fellow. He has everything it takes to
succeed. And yet he fails lamentably. This kind of paradox, which
mixes comedy and pathos, allows us to envisage all the alternatives, from the most fabulous successes to the bitterest failures.
In a different, more minimalist form, Charles Schultz developed
an equally melancholy vision in “Peanuts”: Charlie Brown is a
little boy who dreams of being a baseball champion. He has the
greatest difficulty in getting team-mates together on the ground
—they are too preoccupied with psychoanalysis, Beethoven or
the meaning of life on the roof of a kennel. Alone on his mound
1.
2.
3.
Translator’s note: The french title plays on the film “The Good, the Bad and the Ugly”
A term used bearing in mind the almost religious dimension of baseball in the
United States.
The diamond is the name given to the baseball ground: the infield, i.e. the area contained
between the home plate and the three bases, is in fact diamond-shaped.
78
79
Desertion by the Dodgers, or the mutilation of Brooklyn
by Patrick Boillat
“There was probably a childhood trauma that I had
other than the Dodgers leaving Brooklyn, which if
you think about it is the reason why some of us are
imbued with the cynicism that we never recovered
from. Obviously you’re not a Mets fan, and you can’t
possibly be a Yankee fan. So baseball’s eliminated
from your life — because of being born in Brooklyn.”1
This is the story of a trauma and a piece of vandalism. Of an
indelible scar on the soul of Brooklyn. At the end of the 1957 season, Walter O’Malley, the owner of the Dodgers, moved his franchise
to Los Angeles. His decision upset the identity reference points of
“Brooklynites”, depriving them of a crucial factor of social cohesion.
It brutally revealed the divorce between sports business interests
and community attachment to professional teams. It also happened
against the background of a fundamental movement of American
urban society at the start of the 1960s.
As an independent town that had been linked to New York
administratively at the end of the 19th century, Brooklyn cultivated
its differences from Manhattan and celebrated its suburban way of
life. Perhaps more than anywhere else, baseball punctuated every­
day life and was the basis of local identity. For while the Big Apple
at that time had three Major League clubs, all deeply rooted in their
district, the communal bond between the inhabitants of Brooklyn
and the Dodgers team seemed unique. As Robert E. Murphy writes
in his book After Many a Summer: The Passing of the Giants and
Dodgers and a Golden Age in New York Baseball, as they entered the
1950s the whole country associated Brooklyn with the Dodgers, and
the Dodgers with Brooklyn. And when the Dodgers won the World
Series for the first time in their history in 1955, the passion reached
its peak. “Never had Brooklyn, intimate with baseball for more than
100 years, held a team so close to its heart,” Murphy comments.
Yet that is the moment when Walter O’Malley chose to
uproot his club and relocate it on the West Coast. For Brooklyn and
its inhabitants it was a terrible blow. There are many testimonies
concerning the violent abruptness of this abandonment. “I had
heard the story many times before; how [my father] had never been
to a baseball game since [that happened]—until taking me to a
Yankees game when I turned 6; how his heart had been broken; how
sports died that day for him, forever”, Sophia Hollander, a journalist
on the New York Times recounts.
Patrick Boillat
But beyond the emotional loss, above all the departure of
the Dodgers implied the disappearance of an institution that had
created a sense of community and the social links necessary to
the life of the district. “[It] denied Brooklyn, for half the year, this
common conversation—the idle chitchat you have with people
on the subway or waiting for the elevator or going to the butcher”
comments Michael Shapiro, Brooklyn native and author of The
Last Good Season, a book devoted to the Dodgers, for the New York
Magazine. “[Baseball] created a relationship between strangers
—you felt close to them, if only for a minute or two. What was lost
was each other”.
The film Blue in the Face develops that very theme. In this
tribute to Brooklyn, Wayne Wang and Paul Auster establish a parallel
between a little tobacconist’s shop threatened with closure and the
Dodgers. Almost in an echo of the theories of the urban planner from
New York Jane Jacobs, Auggie, the shop’s manager, played by Harvey
Keitel, pleads for his business, explaining to his landlord Vinnie the
vital role it plays in the balance of the neighbourhood: “Everybody
comes in here, I mean, not just the smokers. (…) I mean, the whole
neighbourhood comes in here, it’s a hang out. And it helps to keep
the neighbourhood together. Twenty blocks from here, twelve year
old kids are shooting each others for their snickers. I mean, you close
this store and it’s one more nail in the coffin. You’ll be helping to kill
off this neighbourhood”.
Supported by an apparition of the ghost of Jackie Robinson,
the legendary Dodgers no. 42 and the first black player to compete in
the Major League, Auggie’s arguments strike home, and ulti­mately
persuade Vinnie not to give the business up. The end of the story
was less happy in February 1960. That date marked the start of the
demolition of the Ebbets Field stadium, the Dodgers’ ballpark, the
stage of their triumphs and the place where the people of Brooklyn
had communed with their heroes. On top of the disappearance of a
team came the loss and blotting out of the place that had preserved
its traces. By an irony of fate, the Ebbets Field stadium would be
replaced in 1962 by a large, anonymous, soulless block of social
housing, 1300 apartments in all: the very antithesis of the townplanning principles advocated by Jane Jacobs in her book The
Death and Life of Great American Cities, published a year earlier.
Apart from its social and identity repercussions, the de­
localization of the Brooklyn Dodgers is also revelatory of how little
consideration the managing elites of professional American sport
show for fans and local communities, giving priority to their own
personal economic interests. In their eyes, clubs are first and
foremost businesses, movable at wish if the opportunity for a
80
Patrick Boillat
more profitable market turns up. Because the Dodgers are not
an exception. During the period 1950 to 1970, no fewer than six
franchises left their town of origin to set up elsewhere.
We are a long way from the ideal vision championed by
New York’s political leaders of the time, caught unawares by the
exile of the Dodgers. “[Team owners should not see themselves
as business­men but rather as] sportsmen who were satisfied just
to make a living while serving the interests of their fans,” stated
Brooklyn congressman Emmanuel Celler, while for his part Abe
Stark, New York City Council President, declared before the
Congress: “It is my belief that a baseball franchise morally belongs
to the people of a community. It is not the personal property of any
individual, to be removed at the slightest whim.”
Admittedly, while Walter O’Malley, long regarded as the
personification of evil and greed, has not been rehabilitated, some
attenuating circumstances have recently been accorded to him.
The small local Ebbets Field stadium built in 1912 (accommodating
about 30,000 people) had become outdated over the course of time,
and in a society ever more dependent on the car it suffered from
a lack of parking. With the boom in the expansion of the suburbs,
the 1950s corresponded moreover to an in-depth requestioning
of local identities in the United States that did not spare Brooklyn.
Thus the white middle classes moved out of the district to settle
in Long Island, and were gradually replaced by an impoverished
black population. The consumer society likewise overturned ways
of living, and changed leisure practices. All these elements conspired to cause a crisis in baseball. In Brooklyn as elsewhere, there
were fewer spectators.
To adapt to these changes and bring the public back into
the city, O’Malley had the idea of building a new stadium at Atlantic
Yards on the site of a former meat market. His scheme was met with
a categorical refusal from Robert Moses, the New York City Building
Commissioner. Los Angeles would not impose the same constraints
on him.
1.
Lou Reed, taken from the film ‘Blue in the Face’ (Brooklyn Boogie)
by Wayne Wang and Paul Auster.
81
Turning Matter
by Alexandre Fiette
Removing, amalgamating and moulding belong
to the language of sculpture, relating to volume,
to three-dimensionality. Turning matter remains
resolutely, if it is an art, an applied art.
Exploiting the kinetics of gyration, the technique of turning
has existed since the dawn of time. Prefiguring it are the semicircular movements of hands smoothing the clay walls built up
from coils, traces of which are still visible today on some archaeo­
logical potsherds. Ever since Man began to rotate the clay rather
than shaping it, fixed, by the motion of his hands, the inversion
has established the technique : the turning material is worked by
the tool, the hand, in a continuous, orthonormal, slow progression.
The thrown pieces of ceramic artists give rise to a principle which
is applicable to other materials, from the softest to the hardest.
Wood, ivory, bone, metal and even mineral or synthetic materials,
anything can be turned, as long as the speed is adequate. Mechanisation via reduction gearing systems and then motorisation were
key stages in this quest for volumes forcibly regular in diameter
and with cross-sections perpendicularly calibrated to the axis of
rotation. A pewterer shapes or finishes the work on a lathe, embossing the material with a concentric movement of the tool applied
with controlled pressure on the metal; a blade forms decorative
elements in ivory and bone, and produces pearls of every kind
imaginable. And what about all the industrial world of milling
machine operators who combine the lathe which reveals the form,
with its counterpart of the cutter which removes matter? In the
past, they produced metallic pieces with their hands operating the
machines / tools that are now fully digitally controlled.
The lathe makes it possible to make balusters, columns,
balls, rings and oblong and slender forms respecting the calibration. Repetition, series, everything appears possible. It is therefore
not surprising that cabinetmakers employ the technique of turning
in their furniture. A formal vocabulary is set up, expressed through
structural features such as chair legs and various kinds of bases, or
ornamental ones constructed from turned pieces which have been
sectioned and applied. The Renaissance made great use of this
technique. Columns were then in favour; those of Raphael, distorted
by a regular ellipsis like that of a screw thread, were to make their
mark on the arts. The association of diverse species and materials
for reasons of colour or appearance opens up the horizons of wood
turning and extends its limits, as in marquetry where tones and
82
Alexandre Fiette
veining are combined for ornamental purposes. The longitudinal
lamination of different woods with defined cross-sections creates
decorative effects in the areas revealed by variations in diameter.
Similarly, the initial cross-section of the material mounted on the
lathe can produce a variety of volumes. Thus, from a square, cubes
can be formed which alternate with pyriform or spherical elements
as the work progresses. Repeating any part means dealing with the
problem of calibrated reproduction, unless automatically duplicating using a template, and the exercise remains as delicate as that
of harmonising the composition of dissimilar parts. Repetitions and
modulations are the only two principles for creating work by turning,
already limited by the relation of the tool to the transversal or central
axis of the rotating piece. And yet, the forms obtained within these
constraints are almost infinite. Although the affair of the artisan,
could not this savoir-faire serve the intentions of the artist?
83
deutsch
Das Schlagholz, der Ball und der Ungläubige1
von Fabienne Radi
— Wieso einfach, wenn es auch kompliziert geht?
Manche Dinge sind recht schwer zu erklären. Etwa
Schwarze Löcher, die Topografie Kairos, Wittgensteins Schriften,
die aktiven Herde der hawaiianischen Vulkaninseln, das Experi­
ment Schrödingers Katze – und Baseball. Der durchschnittliche
West­europäer kennt sich im Fussball, im Tennis, selbst im Basket­
ball ganz gut aus, er besitzt rudimentäre Kenntnisse von Eis­hockey,
Volleyball und vielleicht Rugby, er entwickelt allmählich eine ungefähre Vorstellung von einem Golfschwung, aber Baseball ist eine
ganz andere Geschichte. Sicher, dafür gibt es eine Ent­schuldigung.
Weshalb hat eine sportliche Aktivität, die im Grossen und Ganzen
darin besteht, einen Ball mit einem Holzschläger zu schlagen und
diesen mit einer verstümmelten Hand aus Leder wieder einzu­
fangen, derart ausgeklügelte Regeln erfunden und eine esoterische
Redeweise entwickelt, die mit Kraftprozenten, der Anzahl der
Schlag­rückzieher, Trefferanteilen, Durchschnitten der verdienten
Punkte und anderen rätselhaften Ausdrücken gespickt ist? Früher
oder später zermürbt diese Frage jeden neuen Lieb­haber aus dem
Alten Kontinent, der zunächst voller guter Vorsätze und am Ende
zunehmend desorientiert feststellt, dass dieselben zu nichts gut
sind, es sei denn, er hätte das Glück, einen kleinen amerika­nischen
Cousin zu haben, der ihn in diesen Sport einweiht. Denn Base­
ball ist die eigentliche Essenz der Vereinigten Staaten seit Ende
des 19. Jahrhunderts, also für zwischen Watsonville und Daytona
Beach Geborene ungefähr seit grauer Vorzeit. Was für Leute aus
Douarnenez, Boortmeerbeek, Montfaucon oder Schwamendingen
nicht immer leicht zu verstehen ist.
— Riten und Bräuche
Die erste Begegnung mit diesem Sport findet oft durch
Literatur und Kino statt. In zahllosen amerikanischen Filmen gibt
es Szenen, worin ein Vater seinen Sohn zu einem Baseballspiel
mitnimmt. Eine Art von sportlichem Ritterschlag mit einem familiären Sich-die-Lunge-aus-dem-Hals-Schreien (man schreit viel
im Baseball) für die Yankees, die Red Sox, die Giants, die Dodgers
oder die Mets, gefolgt von endlosem Warten vor den Umkleidekabinen, um inmitten von Ellenbogen das Autogramm der Tageshelden zu ergattern. Dieses Autogramm wird gerahmt und fortan wie
84
Fabienne Radi
eine Reliquie über dem Bett des Sprösslings hängen, bis er wegen
eines Studiums das Haus endgültig verlässt. Das ist zum Beispiel
auch der Kern von Ethan Canins Novelle „Die Stadt der gebrochenen
Herzen“. Literarische Monumente wie Hemingways „Der alte Mann
und das Meer“, Philip Roths „Portnoys Beschwerden“ oder auch
Salingers „Fänger im Roggen“ sind vom Baseball durchdrungen.
Im Kino ist die Stimmung oft brav: Unzählige Szenen offenherziger
Kameradschaft, in denen die Leute Bier in sich hinein schütten,
während sie sich mehr oder weniger freudig über die Ergebnisse
ihrer Lieblingsmannschaft streiten. Und man muss nicht zur Kate­
gorie der New Yorker Intellektuellen gehören, um diese im Kern
sportlichen und gleichermassen für die Nation heilsamen Freuden zu kosten: so wie Paul Auster in Brooklyn oder Woody Allen in
Manhattan, verfügt auch Homer Simpson in Springfield in hohem
Masse über die Fähigkeit, endlos über Willie Mays oder Jackie
Robinsons Erfolge zu räsonieren. Während dieser fieber­
haften
Hirnge­
spinste versteht der ein wenig verlorene europäische
Zuschauer / Leser (derjenige, der in Douarnenez, Boortmeerbeek,
Montfaucon oder Schwamendingen lebt) schnell, dass sie zu
einem ausgeklügelten Ritual gehören, zu dem die Uneingeweihten
nicht eingeladen werden und überspringt ohne Zögern munter die
Seiten oder Szenen, wo er nur Bahnhof versteht.
— Allzeit bereit
Konzentrieren wir uns auf das Schlagholz. Jenseits des
sportlichen Zusammenhangs machte es eine grosse Filmkarriere.
Man muss sagen, dass es zwei unschätzbare Vorteile besitzt:
1) man findet es in jedem normal ausgestatteten amerika­
nischen Haushalt, ebenso wie den Basketballkorb über der Gara­
gen­tür und den Erdnussbuttertopf im Kühlschrank
2) es ist der ideale stumpfe Gegenstand, mit dem sich jeder
mögliche Feind eliminieren lässt, welcher sich auf einen Rasen
wagen sollte, der nicht der seine ist. Allzeit bereit und effektiv, wie
ein aus Baden Powells Tasche gezogener Pfadfinder. Und sehr viel
unauffälliger als eine Winchester, die zusehends an Anziehungskraft verlor, seit John Wayne seine Sporen einpackte.
Auch ihr gewohnt heimischer Charakter hat die grossen
Bösen der Geschichte verführt, deren Missetaten dank der Lein­
wand unsterblich wurden: als Beispiel sei nur die berühmte Szene
aus den „Unbestechlichen“ genannt. Al Capone (Robert De Niro)
lobpreist am Ende eines üppigen Banketts, wo sich die gesamte
Creme der Mafia eingefunden hat, das Baseball vor den gesättigten
Zuschauern, bevor er einen seiner Unterbosse mit dem Schlagholz
massakriert, wodurch sich schlagartig sämtliche Krawattenknoten
im Saal lösen.
85
Fabienne Radi
— Ein schlaues Mittel zur Integration
Mit Blutspritzern und berstenden Schädeln fügt das
Schlag­
holz seit 1966 dem von Hays Moralkodex befreiten Kino
eine Prise „Gore“ hinzu. Scorsese, Coppola, De Palma werden sich
davon nicht abhalten lassen. Es wird oft von Schergen der Cosa
Nostra – italien­ischen Immigranten erster oder zweiter Generation
– verwendet, denen das Schlagholz ermöglicht, sich auf wirksame
Weise un­liebsamer Widersacher zu entledigen durch eine Gebärde,
die einen Wesenszug amerikanischer Identität darstellt. Eine einzig­
artige Einverleibung der Werte der Yankees, die alles in allem darauf
hinaus läuft, mit einem Ball zwei Schläge zu machen. Auf weniger
blutige, aber traditionellere Weise konnte der Spieler Joe DiMaggio
vom sizilianischen Einwanderersohn zum amerikanischen Helden werden, nicht nur wegen seiner 56 Spiele in Folge, in denen
ihm mindestens ein Strike gelang, sondern auch wegen seiner
Heirat mit Marilyn. Die Bedeutung von Baseball und Blondinen im
Integrationsprozess der Neuen Welt. Vor Kurzem benutzten wohl
die Vampire in „Twilight“ teilweise dieselbe Strategie: Bei Sturm
spielen sie regelmässig Baseball im Dunkel des Waldes (Stürme
sind sehr praktisch: der Donner überdeckt die verblüffende
Lautstärke ihrer Schläge), vielleicht um sich zu beweisen, dass sie
bis auf ihre Eckzähne und den Durst nach Hämoglobin letztendlich
nicht so ganz anders als die ehrenwerten Bürger sind, in deren
Nachbarschaft im regnerischen Staate Washington sie leben.
— Von der Keule zum Stab der Majorette
Wie es schon Stanley Kubrick in „Odyssee ins Jahr 2001“
vorbildlich gezeigt hat, wird ein längliches Objekt (hier ein Schienbeinknochen) nicht erst seit gestern als Waffe verwendet. Die Kunst­
geschichte ist voll von lauter muskulösen, oftmals un­bekleideten
Helden, die alle Arten von Gegnern mit Keulen schlagen; der die
Hydra niederschmetternde Herkules ist das bekannteste Bei­spiel.
Dem menschlichen Wesen wurde jedoch schnell klar, dass der
Stab auch noch zu Anderem gut sein könnte: als Krücke, Ruder,
Zepter, Rückenkratzer, Handkurbel für Pergolas, Lineal, Skistock,
Angel, Strommast, Dirigierstab, Pflanzenstütze und Gardinen­stange
– seine Verwendungsmöglichkeiten sind endlos. Ein interessanter
Unterschied beim Gebrauch des Stabes lässt sich zwischen den
Geschlechtern beobachten: Wenn ihn das Mannsvolk fest umfasst,
um damit zu weisen und zu zeigen, aufzurichten, zu unterstützen
und symbolisieren oder auch zu dirigieren, so eignet ihn sich die
weibliche Bevölkerung eher zu Unterhaltungszwecken an, indem
sie ihn zum Beispiel herum wirbelt. Das beweisen die Majoretten.
Diese ungewöhnliche Aktivität, die darin besteht, mit einem Minirock und einer Militärweste ausgestattet, einen Spielmannszug zu
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Fabienne Radi
begleiten, das Bein im Rhythmus der Trommel zu heben und bei
dieser Übung das Hütchen nicht zu verlieren, existiert schon seit
dem ausgehenden 19. Jahrhundert. Aber erst im Jahre 1927 soll
Kitty Clark, die Tochter eines Pflockfabrikanten aus dem Mittleren
Westen, zum Stab ihres Vaters gegriffen haben, um damit die Blaskapelle anzuführen, indem sie ihn über ihrem Kopf herum wirbelte.
Diese Geste greift einerseits die Hauptfunktion des Stabes auf
(wie ihn der Vortrommler verwendet, um den Spielmannszug zu
diri­gieren) und stellt andererseits eine Variante des gun twirling
dar, dem beliebtesten Zeitvertreib unterbeschäftigter Cowboys.
Um sich über das Verschwinden der Mustangs und Bisons hinweg
zu trösten, liessen sie abends am Lagerfeuer ihre Pistolen im
Kreis wirbeln. Dazu wird berichtet, dass diese sich wiederum vom
berühmten Schweizer Flaggenwerfen inspirieren liessen, welches
von einem niederländischen Kaufmann in den USA eingeführt
wurde, der ganz wild auf helvetische Bräuche war. Schwamen­
dingen ist letztlich doch nicht so weit von Daytona Beach entfernt.
Um wieder auf die Mädchen und die Stäbe zurückzukommen,
beo­bachten wir – seien es Majoretten, cheerleaders, pom pom oder
twirling girls –, dass Erstere Letztere wesentlich einfalls­reicher zu
verwenden wussten als Herkules oder Al Capone.
— Alle für die Esche
Ob Mädchen oder Jungen, wer solche Fragen nicht stellt, das
sind die Holzdreher und -dreherinnen. Für sie ist es eins, ob sie einen
Baseballschläger, ein Stuhlbein, eine Stuhlsprosse, einen Geländerpfosten, einen Dildo oder einen Pfefferstreuer herstellen: am Ende
ist die Werkstatt voller Späne und man muss stundenlang kehren.
Für Pfefferstreuer verwendet man oft Olivenholz, für Tischbeine
und Stuhlsprossen sind Eiche, Buche oder Kautschukbäume sehr
gut geeignet, für Dildos sind alle Hölzer erlaubt. Allerdings wird
für Baseballschläger ganz besonders die Weiss-Esche empfohlen,
seltener die Birke und sonst höchstens noch Bambus. Aber seit
1997 gewinnt Ahorn mit seinem geraden und sehr harten Holz
sämtliche Umfragen, seit Sam Holman, Schreiner in Ottawa, die
erste Maple Bat formte, viel solider als traditionelle Schläger aus
Esche. Dank Sam haben Trauma-Ärzte nun viel mehr zu tun.
— Ausstattung für die Spielsaison
Das Gute am Baseball ist, dass es Spielsaisons gibt. Es
beginnt im April und endet im Oktober. Von November bis März
werden die Böden entstroht / aufgelockert / perforiert / gelüftet, die
Pitchers Mound saniert, die Kanten des Marmors abgegratet, die
Plattform des Werfers (Pitchers Plate) neu verankert, die Löcher
gestopft, die Umzäunungen repariert, die Pfosten neu gesetzt, das
Spielfeld begradigt, die Warnstreifen geräumt, die Beleuchtungs-
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Fabienne Radi
masten wieder ausgerichtet, die Ballnetze geflickt, die Anzeigentafel geprüft, die Umkleidekabine desinfiziert und die Erste Hilfe
neu ausgestattet, währenddessen die Spieler Gewicht zulegen.
Übrigens unterscheidet sie das auf sympathische Weise von den
amerikanischen Football-Spielern, den Erzrivalen des Baseball im
Herzen der Nation. Während sich die Footballer unförmige falsche
Schultern aufpflanzen, versteckt der Baseballspieler seinerseits oft
einen richtigen kleinen Bauch, den er zumeist im Laufe des Winters
erworben hat, unter Knickerbocker und Knopfhemden. Diese beiden
Schönheitsbegriffe übersetzen sehr unterschied­liche Philosophien.
Einerseits der Ostküsten-Chic im Sinne Ralph Laurens, der nach
demokratischen Werten und dem Kennedy-Mythos riecht, anderer­
seits das kalifornische Bodybuilding ge­
mäss republika­
nischer
Über­zeugung nach Schwarzenegger-Art.
— Beautiful Losers
Rennen hilft nichts, man muss richtig starten: das hat
letztendlich ein ebenso blöder wie arroganter Hase verstanden,
nachdem er von einer einfachen Schildkröte geschlagen wurde,
die klugerweise sowohl auf ihr eigenes Durchhaltevermögen als
auch auf den Hochmut ihres Gegners gesetzt hatte. La Fontaines
berühmte Fabel, auf die andere Seite des Atlantiks transportiert,
inspirierte einen gewissen Ernest Lawrence Thayer, der um 1888
das halblyrische, halbsatirische Gedicht „Casey at the Bat“ schrieb.
Dieses in den Vereinigten Staaten weit verbreitete Gedicht erzählt
vom letzten Schlag eines Baseballspiels zwischen der Kleinstadt
Mudville gegen einen kleinen vergessenen Marktflecken. Mudville
verliert 4 zu 2, das ist eine Pleite und das gesamte Publikum er­
wartet von dem grossen Pitcher Casey, dem Star am Schlagholz, die
Situation zu retten. Dieser präsentiert sich mit derselben Süffisanz
wie oben erwähnter Hase. Er lässt zwei gute Bälle durch, ohne sich
überhaupt die Mühe zu geben, sie zu berühren. Und beim dritten
Wurf, als alle den Atem anhalten, lässt er sich zurückziehen und
damit verliert seine Mannschaft. Das Gedicht endet mit einer
Strophe voller Melancholie, die jeder gute Amerikaner mindestens
einmal im Leben aufgesagt hat:
Oh, somewhere in this favored land
the sun is shining bright;
The band is playing somewhere,
and somewhere hearts are light,
And somewhere men are laughing,
and somewhere children shout;
But there is no joy in Mudville
— mighty Casey has struck out.
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Fabienne Radi
In Europa hat man die Vereinigten Staaten ein bisschen
zu voreilig auf das Erzählprinzip des happy end reduziert und man
betrachtet seine Bürger nur als grosse Kinder. „Casey at the bat“
sprengt diesen Gemeinplatz mit einer Geschichte, deren Interpretationsmöglichkeiten seit mehr als einem Jahrhundert blühen.
Casey ist ein brillanter Typ. Er hat alle Trümpfe in der Hand. Und
dennoch versagt er kläglich. Dieses Paradox, das Komik und Pathos
mischt, erlaubt sämtliche Alternativen, von den allerwunderbarsten
Erfolgen bis hin zum schmählichsten Scheitern.
In einer anderen, minimalistischeren Form ent­wickelt
Charles Schultz in den „Peanuts“ eine ebenso melancholische
Sicht: Der kleine Junge Charlie Brown träumt davon, Baseball­
champion zu werden. Er durch­leidet alle irdischen Qualen, um seine
von Psycho­analyse, Beethoven oder dem Sinn des Lebens auf dem
Dach einer Hundehütte zu viel beanspruchten Mit­spieler auf dem
Spielfeld zu versam­meln. Dennoch träumt Charlie Brown alleine
auf seinem Pitch Mound weiter, aus­­gestat­tet mit Schlagholz und
Mütze. Zwischen Werfen, Schlagen und Halten gibt es millionenfache Kombinationen: Baseball als Lebens­meta­pher, in dem die
Dinge gleichermassen traurig und happy sind. Diese Aktivität ist
gewiss ebenso kompliziert zu ver­stehen wie die Quantenphysik,
aber ihre menschliche und künst­ler­ische Dimension kann von
jedem x-beliebigen un­gläubigen2 Europäer erkannt werden, der es
erst nicht einmal für möglich hält, dass man mit einem Baseball­
handschuh um einen Diamanten herum­laufen kann3.
1.
2. 3. Anm. des Übers.: Der französische Titel spielt auf den Film ‘The Good, the Bad and
the Ugly’ (‘Zwei glorreiche Halunken’) an. Im Deutschen lässt sich leider keine ähnlich
ironische Entsprechung finden.
Der verwendete Begriff zieht die quasi religiöse Dimension des
Baseball in den Vereinigten Staaten in Betracht.
Diamant wird im Baseball das Innenfeld genannt, d. h. der Bereich zwischen der
Zielscheibe und den drei Basen, der tatsächlich die Form eines Diamanten aufweist.
89
Die Desertation der Dodgers
oder die Verstümmelung Brooklyns
von Patrick Boillat
„ Wenn man darüber nachdenkt, erklärt der Abgang der
Dodgers aus Brooklyn den Zynismus, der in vielen von
uns steckt und von dem wir uns niemals erholt haben.
Natürlich kannst Du nicht Fan der Mets oder der Yankees
sein. Also verschwindet Baseball aus deinem Leben.
Einfach nur, weil du in Brooklyn geboren wurdest. “1
Das ist die Geschichte eines Traumas und einer Berau­bung.
Einer unauslöschlichen Narbe in der Seele Brooklyns. Am Ende der
Saison 1957 verlagert Walter O’Malley, der Besitzer der Dodgers,
seinen Anteil nach Los Angeles. Seine Entscheidung wirft die Identität stiftenden Bezugspunkte der „Brooklyniten“ über den Haufen
und nimmt ihnen einen wesentlichen Faktor sozialen Zusam­men­­
halts. Sie bringt auf brutale Weise die Scheidung zwi­schen den
Interessen des Sportgeschäfts und der Ver­bundenheit des Gemein­
wesen mit den Profimannschaften zum Vorschein. Gleichzeitig ist
sie auch Teil einer tiefgreifenden ge­sellschaftlichen Bewegung in
der amerikanischen Stadtbevölkerung zu Beginn der 60er Jahre.
Als unabhängige Stadt, die Ende des 19. Jahrhunderts administrativ an New York angegliedert wurde, pflegt Brooklyn seine
Unterschiede zu Manhattan und zelebriert seinen vorstädtischen
Lebensstil. Baseball rhythmisiert den Alltag vielleicht stärker als anderswo und begründet die örtliche Identität. Auch wenn im grossen
Apfel drei Clubs in der Oberliga spielen, die alle tief in ihren Vierteln
verankert sind, scheint die Verbundenheit zwischen den Bewoh­nern
Brooklyns und der Mannschaft der Dodgers einzig­artig zu sein.
Wie es Robert E. Murphy in seinem Buch „After Many a Summer:
The Passing of the Giants and Dodgers and a Golden Age in New
York Baseball“ beim Herannahen der 50er Jahre des 20. Jahr­
hunderts sagt, verbindet das ganze Land Brooklyn mit den Dodgers und die Dodgers mit Brooklyn. Und als 1955 die Dodgers zum
ersten Mal in ihrer Geschichte die World Series gewinnen, erreicht
die Leiden­schaft ihren Höhepunkt. Murphy kommentiert: „Niemals
trug Brooklyn, dessen intime Beziehung zum Baseball schon länger
als 100 Jahre währte, eine Mann­schaft derartig im Herzen“.
Dennoch entwurzelt Walter O’Malley genau in diesem
Moment seinen Club, um ihn an der Westkünste wieder einzu­
pflanzen. Für Brooklyn und seine Bewohner ist das ein furchtbarer
Schlag. Unmengen von Zeugnissen bekunden die Brutalität dieses
Ab­schieds. „Nach diesem Ereignis ging mein Vater nie mehr zu
einem Baseballspiel, bis er mich im Alter von sechs Jahren zu den
90
Patrick Boillat
Yankees mitnahm“, erzählt Sophia Hollander, Journalistin bei der
New York Times. „Er erzählte, dass sein Herz gebrochen war und
dass an diesem Tage der Sport für ihn gestorben war, für immer“.
Aber über den emotionalen Verlust hinaus bedeutet der
Abgang der Dodgers vor allem das Verschwinden einer Institution,
welche Gemeinsinn und die für das Leben im Stadtteil notwendigen
sozialen Bande schuf. „Es bewahrte Brooklyn ein halbes Jahr lang
vor diesem überflüssigen Geschwätz, den belanglosen Gesprächen,
die man beim Warten auf den Aufzug, in der Untergrundbahn oder
beim Metzger führt“, analysiert der geborene Brooklyner Michael
Shapiro und Autor von „The Last Good Season“, ein den Dodgers
gewidmetes Buch, für das New York Magazine. „Baseball brachte
vollständig Unbekannte einander näher und sei es auch nur für ein
oder zwei Minuten. Es sind die Beziehungen zwischen den einen
und den anderen, die verloren gingen“.
Der Film „Blue in the Face“ entwickelt genau dieses
Thema. Wayne Wangs und Paul Austers Hommage an Brooklyn
zieht eine Parallele zwischen einem kleinen, von Schliessung
bedrohten Tabakladen und den Dodgers. Fast im Echo der Argumente der New Yorker Stadtplanerin Jane Jacobs, plädiert Auggie,
der von Harvey Keitel gespielte Pächter des Krämerladens, für
sein Ge­schäft und legt dem Besitzer Vinnie die lebensnotwendige
Rolle dar, die er für das Gleichgewicht der Nachbarschaft spielt:
„Jeder kommt hier vorbei, nicht nur die Raucher. (…) Das gesamte
Viertel kommt in den Kiosk. Das schafft Beziehungen und ist ein
Mittel, das Leben im Viertel aufrecht zu erhalten. Zwanzig Strassen
weiter beschiessen sich zwölfjährige Jungs, um sich die Turnschuhe
zu klauen. Wenn Du schliesst, schlägst du einen weiteren Nagel in
den Sarg. Damit trägst du zum Tod des Viertels bei“.
Gestützt auf die Erscheinung des Phantoms von Jackie
Robinson, der legendären Nr. 42 der Dodgers und dem ersten
schwarzen Spieler, der in der Oberliga Karriere machte, treffen
Auggies Argumente ins Schwarze und überzeugen Vinnie letzten
Endes, das Geschäft nicht aufzugeben. Im Februar 1960 kommt
es zu einem weniger glücklichen Ende. Dieses Datum steht für
den Abrissbeginn der Umfassungsmauer von Ebbets Field, dem
Feld der Dodgers, dem Theater ihrer Erfolge und dem Ort der
Kommunion der Brooklyner Bevölkerung mit ihren Helden. Auf
das Verschwinden einer Mannschaft folgt also der Verlust und
die Auslöschung des Ortes, der ihre Spuren bewahrte. Ironie des
Schicksals: das Stadion von Ebbets Field wird 1962 durch eine
grosse, anonyme Wohnanlage mit 1.300 Sozialwohnungen ersetzt.
Das genaue Gegenteil der von Jane Jacobs gepredigten städte­
baulichen Grundsätze in ihrem ein Jahr zuvor erschienenen Buch
„The Death and Life of Great American Cities“.
91
Patrick Boillat
Über die sozialen und identitären Auswirkungen hinaus die
die Verpflanzung der Brooklyn Dodgers verursachte, ist sie auch
ein Zeichen der Geringschätzung des amerikanischen Profisports
durch die herrschende Elite, da sie ihre persönlichen Geschäfts­
interessen über jene der Fans und der Kommunen stellen. Die Clubs
sind in ihren Augen vor allem Unternehmen, die man, sobald sich
eine profitablere Gelegenheit bietet, nach Gutdünken woanders
hin versetzen kann. Die Dodgers bilden hier keine Ausnahme. Allein
zwischen 1950 und 1970 verlassen sechs Clubs ihre Ursprungs­
stadt, um sich unter fremden Himmeln niederzulassen.
Man ist weit entfernt von der Idealvision der damaligen
politischen Führer New Yorks, die vom Exil der Dodgers überholt
wurde: „Die Besitzer der Clubs sollten sich nicht als Geschäfts­leute
betrachten, sondern eher als Sportler, die damit zufrieden sind, ihren
Unterhalt im Dienst an den Interessen ihrer Fans zu verdienen“,
bestätigt Emmanuel Celler, ein Kongressmitglied aus Brooklyn. „Ich
glaube, dass eine Baseballmannschaft moralisch den Mit­gliedern
einer Kommune gehört. Sie ist auf keinen Fall das persönliche Eigentum eines Einzelnen, das durch die kleinste Laune von Abzug
gefährdet ist.“, erklärt seinerseits Abe Stark, Präsident des New
Yorker Stadtparlaments, vor dem Amerikanischen Kongress.
Walter O’Malley, als Personifizierung des Bösen und der
Habgier angesehen, wurde unlängst, obschon nicht rehabilitiert,
dennoch mit mildernden Umständen bedacht. Das 1912 erbaute
kleine Stadion von Ebbets Field (mit zirka 30.000 Plätzen) wurde
im Laufe der Zeit unbrauchbar und litt in einer immer stärker vom
Automobil abhängigen Zeit an Parkplatzmangel. Mit dem Boom
der Vorstädte in den 50er Jahren werden die Identitäten der Kommunen der Vereinigten Staaten tiefgreifend hinterfragt, wovon auch
Brooklyn nicht verschont bleibt. So flieht die weisse Mittelschicht
das Viertel, um sich auf Long Island einzurichten und wird nach und
nach von einer schwarzen und armen Bevölkerungsschicht ersetzt.
Auch die Konsumgesellschaft wirft die Lebensweisen über den
Haufen und stellt das Freizeitverhalten in Frage. All diese Elemente
führen zu einer Krise des Baseball. Wie auch anderswo, macht sich
das Publikum in Brooklyn spärlicher.
Um sich diesen Veränderungen anzupassen und das Publikum in die Stadt zurück zu holen, fasst O’Malley den Bau eines
neuen Stadions in Atlantic Yards ins Auge, wo sich früher ein Markt
befand. Sein Projekt scheitert an der kategorischen Ablehnung
Robert Moses‘, dem Chef des New Yorker Stadtplanungsamtes. Los
Angeles wird ihm keine derartigen Hindernisse in den Weg stellen.
1.
Lou Reed im Film „Blue in the Face“ (Brooklyn Boogie)
von Wayne Wang und Paul Auster.
92
93
Das Drehen der Materie
von Alexandre Fiette
Freilegen, Vermischen, Giessen - das sind die
Modalitäten der Skulptur in Bezug auf Volumen,
auf Dreidimensionalität. Das Material zu drehen
oder zu drechseln bleibt, sofern solches eine
Kunst ist, ganz klar eine angewandte Kunst.
Die Technik des Drehens bedient sich seit grauer Vorzeit
der kreisenden Bewegung. Ihren Vorläufer findet sie in den halb­
kreisförmigen Handbewegungen, mit denen die aus Tonwülsten
aufgebauten Wände geglättet werden und deren Spuren bis heute
auf mancher archäologischen Scherbe sichtbar sind. Von nun an
wird der Mensch die Drehbewegung auf den Lehm anwenden,
indem er ihn fixiert, seine Hände an ihm entlang streichen lässt
und dadurch formt. So entsteht die Technik aus der Umkehrung:
Die um sich selbst kreisende Materie wird mit dem Werkzeug,
der Hand, in einer gleichförmigen, regel­mässig fortschreit­enden
Be­wegung bearbeitet. Aus der Tätigkeit des Töpfers, seinen gedrehten Stücken, entsteht ein Prinzip, das bei den weichsten bis
hin zu den härtesten Werkstoffen Anwendung finden wird. Holz,
Elfenbein, Knochen, Metall, auch mineralische oder synthetische
Werk­stoffe können es sein, alles kann gedreht werden, sofern die
Ge­schwindig­keit stimmt. Zuerst ist es die Mechanisierung durch
die Vervielfachung der Antriebsweisen, später dann die Motorisierung, die entschieden in die Suche nach Volumina eingreift, die
not­wendiger­weise gleichen Durchmesser haben und senkrecht an
der Rotationsachse abgemessene Abschnitte aufweisen müssen.
Der Zinndreher formt und erstellt seine Arbeiten in einem Zug,
indem er das Material in einer konzentrischen Bewegung seines
Werkzeugs unter kontrolliertem Druck treibt; die Schneide formt
dekorative Elemente aus dem Elfenbein oder dem Knochen und
erzeugt Perlen von unerdenklicher Vielfalt. Und was liesse sich von
dem industriellen Universum der Drechsler sagen, die die form­
gebende Drechselbank an die aushöhlende Fräse koppeln? Einst
nutzten sie ihre Hände zur Fertigung von Metallstücken, heute
werden ihre Werkzeuge digital gesteuert.
Dank der Drechselbank lassen sich exakt ausgewogene
Geländerpfosten, Säulen, Kugeln, Ringe, längliche und schlanke
Formen verwirklichen. Wiederholung, Serie, alles scheint möglich.
Also verwundert es nicht, wenn der Kunsttischler die Drechselarbeit
in seine Möbel integriert. Daraus entsteht eine Formensprache, die
von strukturellen Elementen wie Stuhlbeinen und unterschiedlich­
sten Sockeln bestimmt wird oder jenen ornamentalen, gedrehten
Alexandre Fiette
und verstärkenden, als Applikation angebrachten Elementen. In der
Renaissance wird davon oft Gebrauch gemacht. Seinerzeit stand
die Säule hoch im Kurs; jene von Raphael durch eine regelmässige
Ellipse gleich einem Schraubgewinde verformte Säule wird die
Kunst prägen. Die Möglichkeiten der Dreharbeit erweitern sich
durch die Verbindung unterschiedlicher Essenzen und Materialien
der Farbgebung und des Erscheinungsbildes und sprengen bis­
herige Grenzen, inspiriert durch die Einlegekunst, wo Ornamente
durch Kombination unterschiedlicher Farbtöne und Maserungen
erzeugt werden. Das schichtweise Verleimen unterschiedlicher
Hölzer in Längsrichtung ermöglicht einen Dekor des Werkstückes,
der durch die Modulierung des Durchmessers in Erscheinung tritt.
Ebenso ermöglicht der vorangehende Anschnitt des ein­ge­spann­ten
Werkstücks variierende Volumina. So können daraus, je nach Arbeit,
Würfel im Wechsel mit birnenförmigen oder sphärischen Elementen
hervorgehen. Wird dasselbe Modul wiederholt, ist es schwierig, das
Volumen zu reproduzieren, es sei denn, eine Schablone wird maschinell eingesetzt. Genauso heikel bleibt das Unterfangen, ungleiche
Teile aufeinander abzustimmen. Aus­schliesslich Wiederholung und
Modulation bilden die zwei handwerklichen Grundprinzipien des
Drehens oder Drechselns, das schon allein durch das Verhältnis
des Werkzeugs zur durch­laufenden oder zentralen Achse des Werk­
stückes beschränkt ist. Dennoch geht die Anzahl der aus diesen
Beschränkungen entstandenen Formen gegen Unendlich. Wieso
sollte diese handwerkliche Geschicklich­keit nicht auch künstler­
ischen Zwecken dienen?
postface
Turnaround est un projet artistique imaginé et conçu par
Vincent Kohler, qui décline le thème de la batte de baseball. Il est
composé d’une collection de trente battes de baseball, tournées
dans différentes essences de bois et présentant chacune une forme
unique et d’un livre associant des textes d’auteurs et des photographies réalisés spécialement à ce sujet. Le projet a été réalisé grâce
au pour-cent culturel attribué à la construction du centre sportif
de Heerenschürli à Schwamendingen – Zurich qui comprend le
premier terrain de baseball réglementaire en Suisse.
Turnaround is an artistic project conceived and designed
by Vincent Kohler, focusing on the theme of the baseball bat. It
consists of a collection of thirty baseball bats, turned in different
species of woods, each unique in form and a book combining texts
by various authors and photographs specially done on this subject.
The project has been implemented thanks to the cultural percentage allocated to the building of the Heerenschürli sports center
in Schwamendingen - Zurich, which includes the first ballpark in
Switzerland that conforms to the game’s regulations.
Turnaround ist ein Kunstobjekt, erdacht und konzipiert
von Vincent Kohler, welches den Baseballschläger thematisiert.
Es besteht aus einer Sammlung von dreissig Baseballschlägern,
alle individuell aus unterschiedlichen Hölzern gedrechselt, und
einem Buch, das speziell zu diesem Thema realisierte Texte und
Fotografien vereint. Das Projekt konnte realisiert werden dank dem
Betrag für Kunst und Bau der Stadt Zürich für das Sportzentrum
Heerenschürli in Schwamendingen - Zürich, in dem sich das erste
regelkonforme Baseballfeld der Schweiz befindet.
Je tiens à remercier ici toutes les personnes qui ont participé d’une
manière ou d’une autre à ce projet :
La ville de Zurich (Amt für Hochbauten, Fachstelle Kunst und
Bau), Claudia Pantellini, Kristin Bauer, Mathias Lanfranconi,
Jean-Baptiste Bugnon, Fabienne Radi, Patrick Boillat,
Claude-Hubert Tatot, Alexandre Fiette, Geoffrey Cottenceau,
Gaël Hugo, les Challengers, Brian Hipps, Tom Huston,
Tobias Siegrist, Carole Boillat, Denis Pernet, Djamileh Aminian,
Jean-Marc Huitorel, Denis Bigler, Metal System, ainsi que les
familles Aegerter, Buchacher et Kohler.
Conception et réalisation : Vincent Kohler
Production : Stadt Zürich - Amt für Hochbauten, Fachstelle Kunst und Bau
Auteurs : Fabienne Radi
Patrick Boillat
Claude-Hubert Tatot
Alexandre Fiette
Traductions : Judith Hayward (anglais)
Deborah Fiette (anglais)
Olaf Probst (allemand)
Relecture : Fabienne Radi
Djamileh Aminian
Alfred Kohler
Photographie : Conception graphique : Geoffrey Cottenceau
Gaël Hugo
Tournage sur bois : Equipe de baseball
les Challengers : Mathias Lanfranconi
Jean-Baptiste Bugnon
Brian Hipps
Tom Huston
Tobias Siegrist
Cet ouvrage a été édité à 1000 exemplaires.
Achevé d’imprimer en avril 2011 sur les presses de Art&Caractère,
Lavaur, France.
© 2011, Vincent Kohler, les auteurs, the Commissioner of Baseball,
Stadt Zürich - Amt für Hochbauten, Fachstelle Kunst und Bau.
www.vincentkohler.ch