es dames au ballon rond
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es dames au ballon rond
Moins physique que celui des hommes mais tout aussi technique, le foot féminin, sur le fond, n'a rien à envier à son grand frère : même terrain, mêmes règles, méme équipement. Le ballon est un peu plus léger : cinquante grammes de moins, et les mi-temps ont quarante minutes au lieu de quarante-cinq. « Mes filles ont battu plusieurs fois des garçons, s'enorgueillit Albert. Techniquement, elles sont aussi adroites qu'eux. » Et plus gracieuses. L'une des plus douées de l'équipe, Martine Puantes, est aussi blonde et belle qulabile à manier la balle. Bandeau vert sur cheveux fous, elle a vingt ans, et déjà dix ans de foot derrière elle : « J'ai commencé avec les garçons en poussins. » Amorties de la poitrine L'équipe de la V.G.A. Saint-Maur 411"1" SPORT soixante pour qu'elle revienne dans leur camp. Entre-temps, la France des petits patelins s'était esclaffée en voyant s'affronter femmes de commerçants et épouses de paysans, caserne de pompiers et pensionnat de jeunes filles Brèves apparitions qui restent du ressort du folklore et de la plaisanterie graveleuse. « Ces matchs-là, tempête Albert Incirigo, le président de la V.G.A. Saint-Maur, de France l'année dernière, aux pre- esquintaient le football féminin. Les gens prenaient ça à la rigolade » mières places du classement En tête dg peloton, Fabienne Bertout, liber°, sélecticamée en octobre dans l'équipe de France contre le Portugal. Foulée d'internationale : en quelques minutes, elle a pris Un tour Avec Schwinclratzheim (en 1968), une d'avancé Comme Marie-Antoinette petite bourgade alsacienne, et Reims, Billon, la grande Noire Véronique surtout, dont l'équipe s'était formée Gemmerich, la cousine d'Albert à l'occasion d'une kermesse Saintt'attaquant des Girondins, on MarieMaur a été l une des trois premières Agnès Plantagenet, labien-nommée, vraies équipes de France de l'aprèsF'abienne est de celles qui montrent guerre. Et on n'a plus ri. Sylvie Pio, que les filles aussi, malgré les tabous, vingt-six ans, s'en souvient « C'était savent jouer à la baballe. Et depuis mon premier match. On a pris une longtemps. 'pile contre Saint-Quentin : quatre à un... J'étais arrière-droit à l'époque. » Mille sept cents spectateurs pour France-Portugal en octobre dernier, alors que le Paris F.C. en attire à 1920 : la femme est garçonne, elle danse le charleston et fume ses pre- peine huit cents les bons jours, le mières cigarettes Années folles rimé score n'est pas déshonorant. En 1970, huit clubs seulement à Paris ; il avec football. La mode est venue d'Angleterre. Quelques matchs, le y en a cent trente-cinq aujourd'hui. temps d'envoyer voler robes longues Deux mille licenciées en France en 1971, vingt mille la saison passée et corsets par-dessus le filet et d'« attraper un teint de géranium », une progression de mille pour cent en comme disait Proust les femmes per- dix ans. Qui dit mieux ? Ballon rond, femmes rondes, ce n'est plus une dent la balle mode, c'est un phénomène de société. Il faudra attendre la fin des années es dames au ballon rond Il faisait doux ce soir-la aux bords de la Marne. Un temps à sortir les amoureux. Les garçons sont arrivés lés premiers, en mob à guidon bricolé, imitation Moto. Elles ont débarqué en voiture ou à pied. Survêt et baskets. Dans la chaleur du vestiaire, elles eé pont déshabillées, baby dolls musclées. Elles sont sorties et elles ont joué... au football. Dominique l'entraîneuse , . D'abord tin footing autour du stade, Un quart d'henre dé petites foidées. Cheveux au vent chaussures à crampons, elles courent et les garçons regardent « Accélérez, c'est Mou » Dominique - TedesChi, l'entraîneuse des footballeuses de la V.G.:A. SaintMaiir,, a une « petite voix aéidulée. C'est l'une des ,trois seules Françaises à posséder son brevet d'Etat eehtraîneur dé football. Hoii, hop' Allongez, plus vite, plus vite ! » A raison de deux séances d'entrainernent par senîaine, elle espère mener son équipe, première de sa poule et troisième du championnat . 6 Samedi 14 novembre 1981 Martine et les poussins Une rigolade Le foot c'est la souPlesse. On prend des cuisses et on se muscle les fesses, mais les bras également travaillent — ce sont eux qui font l'équilibre. Les amortis de la poitrine ? Question rituelle. «On fait plus attention, on s'applique et on finit par faire mieux que Ceux qui n'en ont pas. » Le poids'?-- La ligne ? Pas besoin d'être un gros gabarit pour gagner : « J'ai reçu plus de coups au hand qu'au foot, dit Dominique. Evidemment, si tu tombes sixr des filles d'un mètre quatre-vingts et très athlétiques, tu as des surprises.. » Les meilleures restent les Danoises, les Scandinaves en général. Trop petites, les Françaises ? La Françe — avec vingt mille licenciées — arrive tout de même à tenir bon devant l'Allemagne, qui en a trois cent mille. Les filles d'Etrceungt, un village près de la frontière belge championnes de France, et celles de Reims, qu'elles viennent de détrôner, ne sont pas des enfants de Marie. Ce qui n'empêche pas le spectacle d'être bien joli dans 'lesr vestiaires, après l'entraînement, à l'heure ,de la douche. Sandrine Roùx, dite Bibiche, quinze ans en décembre proChain, remet sa ténue de ville : basketé. C'est le gardien de but de l'éqUipe. Elle en rêve depuis qu'elle sait marcher. "Pourquoi gardien de but, Bibi: che ? Y'en a bien qui veulent devenir hôtesses de l'air... » CHRISTINE DEYMARD ADRESSES Fédération française de Football, iaction féminine, 60 bis, avenue d'Iéna, 75016 Paris (720-65-40). A LIRE Le Football féminin, Par Jacques Ncevak et Bernard Virion (Chiron Sports), 194 pages. PROCHAINES RENCONTRES Le 15 novembre : Boran-Enceungt ; RelmsJuvisy ; Saint-Matir-Blois ; Vitry-Paris-SaintGermain ; Quimper-Le Mans ; CannesMarseille. Le 22 novembre:. Hem-Etrceuregt ; GravesReims ; Saint-Maur-Orléans ; Paris-SaintGermain-Blois; Juvisv-Vitry-le-François. Matchs internationalbc : France-Hollande le 27 mars 1982; Norvège-France 1982. le 15 mai