Pierre Bauduin / Marie-Agnès Lucas-Avenel (Hg.), L

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Pierre Bauduin / Marie-Agnès Lucas-Avenel (Hg.), L
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Laurent, Françoise: Rezension über: Pierre Bauduin / Marie-Agnès
Lucas-Avenel (Hg.), L’historiographie médiévale normande et ses
sources antiques (Xe–XIIe siècle), Caen: Presses universitaires de
Caen, 2014, in: Francia-Recensio, 2015-3, Mittelalter – Moyen Âge
(500–1500), heruntergeladen über recensio.net
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Francia­Recensio 2015/3
Mittelalter – Moyen Âge (500–1500)
Pierre Bauduin, Marie­Agnès Lucas­Avenel (dir.), L’historiographie médiévale normande et ses sources antiques (Xe–XIIe siècle). Actes du colloque de Cerisy­la­Salle et du Scriptorial d’Avranches (8–11 octobre 2009), Caen (Presses universitaires de Caen) 2014, 380 p., ISBN 978­2­84133­485­8, EUR 30,00.
rezensiert von/compte rendu rédigé par
Françoise Laurent, Clermont­Ferrand
»L’historiographie médiévale normande et ses sources antiques« regroupe les actes de la rencontre internationale, qui s’est tenue au Centre culturel international de Cerisy­la­Salle et au Scriptorial d’Avranches les 8, 9 et 10 octobre 2009. Des historiens médiévistes, des linguistes et des spécialistes des littératures latine et médiévale, venus de France, d’Italie, de Belgique et du Royaume­Uni, se sont interrogés, suivant des approches et des perspectives différentes et complémentaires, sur la filiation entre les modèles latins et l’historiographie médiévale normande. Le volume est composé de quatre parties abordant successivement: la question de la transmission et de la tradition manuscrites; celle de la matière historique et de ses contenus; celle de la représentation des figures de l’histoire normande; et celle des formes historiographiques et de leur évolution, en matière de continuation et/ou renouvellement de la matière antique et alto­médiévale.
En introduction, Michel Sot rappelle la place occupée par les sources antiques de l’Antiquité romaine dans le champ de l’historiographie médiévale, mais souligne le poids de la littérature chrétienne des IVe et Ve siècles et le rôle qu’elle y a joué, via le premier livre d’histoire qu’est la Bible. Abordant la pratique de l’imitatio et de la lectio des Anciens par les médiévaux, il dresse l’inventaire des catalogues des bibliothèques de Saint­Riquier et de Reichenau, où deux types de sources historiographiques se distinguent: les unes inspirées par l’Antiquité gréco­latine (copies de Virgile, de César et de Salluste); les autres par l’Antiquité chrétienne avec la Bible, un grand nombre de poètes chrétiens, des chroniques et des histoires ecclésiastiques, des ouvrages scolaires et des livres liturgiques. La présentation de bibliothèques carolingiennes »idéales« forme, à titre de comparaison, un cadre à l’étude des fonds documentaires normands, traités dans la première section du volume. Rosamond McKitterick évalue la transmission des œuvres carolingiennes dans les manuscrits normands et signale le peu de place accordée à l’histoire franque, du moins jusqu’à Robert de Torigni. Poursuivant les travaux de Léopold Delisle et de Geneviève Nortier, Monique Peyrafort­Huin recense les ouvrages d’histoire, à l’exception des chartes et autres documents, à partir d’un inventaire des bibliothèques des abbayes de Saint­Évroult, de Jumièges, de Fécamp, du Bec et du Mont­Saint­
Michel. Elle entame là un vaste chantier qu’elle envisage de poursuivre dans les bibliothèques bénédictines des abbayes liées à la sphère du pouvoir. Pierre Bouet dresse un inventaire Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
remarquable de précision des manuscrits du Mont­Saint­Michel, conservés à la bibliothèque d’Avranches, où le nombre de livres religieux est important. Dans la deuxième partie du recueil, Arnaud Knaepen évalue les connaissances des clercs en matière d’histoire antique lors de la Renaissance carolingienne et analyse leur avancée avec l’exemple des »Gesta Guglielmi« de Guillaume de Poitiers. Magali Coumert montre comment Dudon de Saint­
Quentin construit son »De moribus et actis primorum Normanniae ducum« sur le modèle des textes vétérotestamentaires et sur celui des auteurs de l’époque d’Auguste, mais aussi suivant la perspective des récits d’origine. L’étude de Yann Coz sur les traductions du IXe siècle en vieil anglais des »Histoires« d’Orose et de Bède, est, à cet égard, éclairante. Plus intéressés par la langue latine que par le contenu historique, les clercs y escamotent l’histoire romaine et antique pour ne donner du sens qu’à l’histoire anglo­saxonne. Dans les chroniques universelles de Hugues de Fleury, d’Orderic Vital et de Robert de Torigni, étudiées par Mireille Chazan, l’Empire romain occupe la place importante que lui confère la tradition d’Eusèbe, de Jérôme et de Sigebert de Gembloux, où il est donné pour instrument de la Providence jusqu’à sa division, interprétée suivant des modalités différentes: pour Hugues et Orderic, il renaît avec Charlemagne; Robert de Torigni, lui, installe les rois anglais puis anglo­
normands au cœur de l’histoire universelle. Le cas des Amazones, analysé par Élisabeth Mégier chez Hugues de Fleury, ouvre une réflexion sur les liens entre fable et histoire et permet de mesurer l’importance du rôle joué par Adèle de Blois, dédicataire du récit, dans cette mise en valeur historique des femmes. Dans la troisième partie, Laurence Mathey­Maille dégage le modèle rhétorique de l’éloge antique exploité par Dudon de Saint­Quentin pour façonner l’image du duc Richard Ier dans un but de légitimation dynastique. Selon Graham A. Loud, c’est la présence de Salluste qui construit la figure du tyran dans le »Liber de Regno Sicilie« que Hugues Falcand, historien normand de Sicile, composa après la mort de Roger II. Portant sur l’œuvre de Geoffroy Malaterra, l’étude de Vito Sivo s’intéresse au portrait du comte Roger Ier, soumis à l’influence conjuguée d’auteurs antiques, comme Cicéron, César et Salluste, et des valeurs chrétiennes et hagiographiques.
Dans la dernière partie de l’ouvrage, Marie­Agnès Lucas­Avenel reprend l’exemple de Malaterra pour y relever la présence constante de Salluste et l’abondance des réminiscences de son œuvre. L’étude d’Edoardo D’Angelo sur les vers dactyliques met en valeur les ressemblances entre les modèles antiques latins et les œuvres de Dudon de Saint Quentin, Malaterra, Guillaume de Pouille, Raoul de Caen et Serlon de Bayeux. Enfin, l’analyse métrique et rimique des tétramètres rythmiques de la chronique de Malaterra, menée par Antoine Foucher, confirme la présence d’une tradition antique dans l’historiographie normande, attestée par le rôle croissant joué notamment par les rimes finales et intérieures.
Dans son rappel conclusif des préalables méthodologiques du colloque, Monique Goullet rappelle le Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative­Commons­Lizenz Namensnennung­Keine kommerzielle Nutzung­Keine Bearbeitung (CC­BY­NC­ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
poids exercé par l’Antiquité tardive sur la connaissance des classiques et sa fonction de médiation, avant de revenir sur la définition de l’histoire qui, bien qu’incluant au Moyen Âge l’hagiographie, n’a été comprise et étudiée par les auteurs que dans son sens actuel. Elle insiste enfin sur l’ascendant de la conception romano­franque, caractéristique du haut Moyen Âge occidental, sur la construction de l’historiographie normande des XIe et XIIe siècles. L’ouvrage produit montre que les Normands ont visiblement »la fibre historique«. Aussi la connaissance du fonds des bibliothèques normandes aux Xe–XIIe siècles et leur inventaire permettent­
ils aux chercheurs, historiens et linguistes de suivre la diffusion et la production manuscrites, d’en saisir les raisons, et de mieux comprendre la formation des historiographes et les desseins politiques, idéologiques et/ou esthétiques qu’ils poursuivent. Les études, axées sur les textes historiographiques en latin, ouvrent encore de vastes perspectives dans le domaine de la production historiographique normande et anglo­normande, comme l’»Estoire des Engleis« de Geoffroy Gaimar ou le »Roman de Rou« de Wace. Aussi peut­on souhaiter qu’une seconde rencontre, aussi fructueuse que la première, entre des spécialistes de disciplines différentes, s’intéresse aux réseaux de diffusion du savoir dans le domaine des langues vernaculaires.
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