Voir le livret - Arts Florissants

Transcription

Voir le livret - Arts Florissants
•H
M . A .
Le Malade
C H A R P E N T I E R
imaginaire
Musiques et danses pour la comédie
de Molière (Paris, 1673)
P r o l o g u e - É g l o g u e e n M u s i q u e e t e n Danse
Premier I n t e r m è d e - Petit O p é r a I m p r o m p t u
Deuxième Intermède - Troisième Intermède
Monique Zanetti, Noemi Rime, Claire Brua
J
l
harnte
Pour la p r e m i è r e fois d e p u i s 317 ans, Les Arts
Florissants réunissaient en 1990 la t o t a l i t é d e la
musique du Malade imaginaire telle qu'elle avait été
pour
conçue à l'origine par Charpentier
accompagner la dernière c o m é d i e de Molière. Et
pour la première fois en CD, retrouvez l ' i n t é g r a l i t é
d e c e t e n r e g i s t r e m e n t l é g e n d a i r e d e William
Christie.
For the first time in 317 years, Les Arts Florissants
brought together in 1990 the complete score of Le
Malade imaginaire as it was originally conceived by
Charpentier to accompany Molière's final comedy.
And now, for the first time on CD, you can hear, in its
entirety, this legendary recording by William
Christie.
Dominique Visse, Howard Crook
Jean-François Gardeil, Jérôme Corréas
harmonia mundi s.a. -
Bruno Boterf, Antoine Sicot...
HMX 2901887.88
Total Time 90'28
Les Arts
<8~>
Florissants
Made in Germany
dir. William
Christie
www.harmoniamundi.com
Extraits du catalogue / Excerpts from the catalogue
ALMEIDA. La Giuditta
CHOPIN. Nocturnes
SCRIABINE. Piano Sonatas
Concerto Köln, dir. René Jacobs
Brigitte Engerer
Robert Taub
HMX 2901411.12
HMX 2901430.31
HMX 2907366.67
J.S. BACH. Die Kunst der Fuge
CORELLI. Concerti grossi op.6
VAN EYCKDer Fluyten Lust-Hof
Ensemble 415
Marion
HMX 2901169.70
HMX 2901406.07
HMX 2907350.51
J.S. BACH
Brandenburgische Konzerte
COUPERIN. Pièces de clavecin
Davitt Moroney
clavecin
Akademie für Alte Musik Berlin
HMX 2901634.35
J.S. BACH. 6 Cello Suites
Christophe
Rousset
Verbruggen
VIVALDI
Flute & Recorder Concertos
HMX 2901885.86
Janet See, Marion
DOWLAND. Lute Songs
HMX 2907340.41
Alfred Deller, contre-ténor
VIVALDI. "Manchester" Sonatas
HMX 290244.45
Verbruggen
Romanesca
Jaap ter Linden
HMX 2907342.43
HMX 2907346.47
HAENDELCIori,Tirsi e Fileno
Apollo e Dafne
J.S.BACH
Sonatas for violin and harps.
Dir. N. McGegan
Clemencic
HMX 2907348.49
HMX 2901066.67
HAENDEL. Susanna / Teodora
Dir N. McGegan
FANTASTIC STYLE
17th C. Violin Music
HMX 2907358.59
Romanesca, Andrew
Elizabeth Blumenstockjohn
Butt
HMX 2907364.65
BIBER. Violin Sonatas
Romanesca
KUHNAU. Keyboard Works
HMX 2907344.45
HMX 2907360.61
PURCELLThe Fairy Queen
BONPORTI
Invenzioni a violino solo
(Schola Cantorum Basiliensis)
HMX 2905237.38
CHARPENTIER
Le Malade imaginaire
RACHMANINOV. Œuvres pour
2 pianos et piano à 4 mains
Les Arts Florissants, William
Brigitte Engerer, Oleg
Frederic Chiu, piano
HMX 2907352.53
PaulO'Dette
HMX 2907368.69
MONASTIC CHANT
Chant sacre (xn'-xni's.)
HMX 290257.58
CHOPIN. Mazurkas
Manze
HMX 2907362.63
Deller Consort, Alfred Deller
HMX 2905223.24
HMX 2901887.88
Consort
LUSTY GALLANT
Music of England's Golden Age
John Butt
BIZET. L'Œuvre pour piano
Setrak
VIVALDI. Serenata a tre
Christie
PURCELL. Sonatas
London
Theatre of Voices, dir. Paul Hillier
Baroque
HMX 2907356.57
HMX 2901438.39
HMX 2901301.02
Maisenberg
ROYAL DELIGHT
17th C. Ballads & Dances
The King's Noyse, David
HMX 2907370.71
Douglass
1ARPENTIER
Le Malade imaginaire
Les Arts Florissants
William Christie
CD 1
PROLOGUE
|TJ Ouverture
2'51
EGLOGUE EN MUSIQUE E T EN DANSE
fj]
[T]
0
[T]
[S]
[7]
[T|
Flore "Quittez, quittez vos troupeaux"
"Ah ! quelle douce nouvelle"
Autre Entrée de Ballet. Rondeau
Flore "De vosflûtesbocagères"
Combat. Air de violons
Pan "Laissez, laissez, Bergers"
Dernière et grande entrée de ballet. Air des satyres
4'25
1*51
T12
2'25
6'06
635
3'14
PREMIER INTERMÈDE
rj]
rjô]
[jTJ
rjî]
[ïï]
H
4'40
Spacamond "Notteedi"
Une vieille "Zerbinetti"
3'13
Polichinelle. Fantaisie sans les Interruptions "0 amour, amour"
2'42
Polichinelle. Fantaisie avec les interruptions "Quelle impertinente harmonie" 6'27
Air pour les Croquignoles
2'21
Ballet. Loure. Air des Archers
T53
P E T I T OPÉRA IMPROMPTU
[js] Argan "Monsieur, faites un peu chanter ma fille"
rjH Géante "Belle Philis"
[ïï] Argan "Et que dit le père"
4'48
3'48
0'58
CD 2
DEUXIÈME INTERMÈDE
[TJ Ouverture
[T] Quatrefemmes mores "Profitez du printemps"
fj] Entrée de Ballet. Premier Air des Mores. Second Air des Mores. Canaries
V45
6'45
2'44
TROISIÈME INTERMÈDE
[T] Ouverture. Entrée de ballet Les Tapissiers
[T] Cérémonie burlesque - Ritornelles
fj] Air des révérences
2
4'30
8'32
6'29
Prologue
Flore
Daphné
Climène
Tircis
Dorilas
Pan
Premier intermède
Spacamont
La Vieille
Polichinelle
Les Quatre Archers
Monique Zanetti
Claire Brua
Noemi Rime
Howard Crook
Jean-François Gardell
Jérôme Correas
Howard Crook
Dominique Visse
Alain Trétout
Dominique Visse, Bruno Boterf,
François Fauché, Antoine Sicot
Petit Opéra impromptu
Argan
Angélique
Cléante
Jean Dautremay
Isabelle Desrochers
Denis Léger-Milhau
Deuxième intermède
Première Femme more
Deuxième Femme more
Troisième Femme more
Quatrième Femme more
Monique Zanetti
Claire Brua
Noemi Rime
Dominique Visse
Troisième intermède
Presses
Chirurgus Primus
Chirurgus Secundus
Bachelierus
Cinq Docteurs
William Christie
Jean-François Gardell
Howard Crook
Jean Dautremay
Edouard Denoyelle, Jean-François Gay,
Philippe Choquet, Daniel Bonnardot,
Jonathan Rubin
Les Arts Florissants
CHŒURS
Sopranos : Catherine Bignalet, Sylvie Colas,Caroline de Corbiac, Emmanuelle Gai, Christlane
Lagny-Detrez, Béatrice Malleret, Donatienne Michel-Dansac, Anne Pichard, Sylviane Pitour,
Anne-Marie Tauzin
Hautes<ontre : Edouard Audouy, Edouard Denoyelle, Frédéric Lair, Frédéric Marie, Didier
Rebuffet, Bruno Renhold
Ténors : Bruno-Karl Boes, Alain Brumeau, Christophe Le Paludier, François Piolino, JeanMarie Puissant
Basses : François Bazola, Daniel Bonnardot, Philippe Choquet, Jean-François Gay, Fabrice
Lillamand, Marcos Loureiro de Sa, Jean-Claude Sarragosse, Paul Willenbrock
ORCHESTRE
Premiers violons : Ryo Terakado, Makoto Akatsu, Myriam Gevers, Catherine Girard, Thérèse
Klpfer, Marie Knight, Mychio Kondo, Michèle Sauvé
Seconds violons : Simon Heyerick, Xavier Julien-Laferrière, Guya Martlnini, Yuki Terakado,
George Willms, Pascal Windland
Altos : Jacques Maillard, Gisèle Dubon, Anthony Cofield, Galina Zinchenko
Basses de violon : Bruno Cocset, Frank Bernede, Paul Carlloz, Alain Gervreau, Michel Murgier
Flûtes : Hugo Reyne, Pierre Hamon, Jean-Pierre Nicolas, Sébastien Marq
Hautbois : Gail Hennesy, Michael Dupree, Pascale Haag, Claire Michèle
Basson : Norbert Kunst
Percussions : Marie-Ange Petit
CONTINUO
Basses
Luths
Guitare
Clavecin
Anne-Marie Lasla, Elisabeth Matiffa
Eric Bellocq, Jonathan Rubin, Matthias Spaeter
Mike Fentross
Noam Krieger
Direction WILLIAM CHRISTIE
est l'ultime comédie de Jean-Baptiste Poquelln, dit Molière.
Gravement malade, ¡1 tenait le rôle principal lorsqu'il mourut après la quatrième représentation, le 17 février 1673. Avec Le Bourgeois gentilhomme, cette pièce constitue le
sommet de ses comédies-ballets ou "comédies meslées de musique et de danses^'ainsi
qu'il les désignait lui-même.
Ce genre d'œuvre, dans lequel des éléments issus du ballet de cour se trouvaient incorporés à la comédie parlée, était né presque par accident. En août 1661, les festivités de
cour devaient comprendre les premières représentations d'un ballet et de la comédie
de Molière, Les Fâcheux. Cependant, Molière déclarait dans l'avertissement de sa pièce :
Le Malade imaginaire
"...comme il n'y avoit qu'un petit nombre choisi de Danceurs excellent on fut contraint de
séparer les Entrées de ce Ballet, et l'avis fut de les jetter dans les entre-actes de la Comédie,
afin que ces intervalles donnassent temps aux mesmes baladins de revenir sous d'autres
habits. De sorte que, pour ne point rompre aussi le fil de la Pièce par ces manières
d'inter-
mèdes, on s'avisa de les coudre au sujet du mieux que l'on put, et de ne faire qu'une seule
chose du Ballet et de la Comédie... C'est un meslange qui est nouveau pour nos Théâtres... "
Ce'Vneslange"- de comédie parlée, d'entrées de ballet et d'Intermèdes d'entractes en
musique, souvent aussi de chansons et autres divertissements musicaux à l'intérieur
des pièces - remporta un vif succès. Après Les Fâcheux dont la musique fut en partie
composée par Jean-Baptiste Lully, la collaboration des "deux grands Baptistes"se poursuivit par la création d'une dizaine de comédies-ballets au cours des années 1660, pour
culminer avec Le Bourgeois gentilhomme de 1670.
est le fruit d'une nouvelle collaboration de Molière avec le
compositeur parisien Marc-Antoine Charpentier, collaboration due à la brouille
survenue entre Lully et Molière après La Comtesse d'Escarbagnas, créée le 12 décembre
1671 devant le Roi et la Cour à Saint-Germain-en-Laye, en même temps que Le Ballet
des ballets de Lully. En effet, l'ambitieux Lully, qui avait suivi avec intérêt le succès des
premiers essais de Pierre Perrin et de Robert Cambert dans le domaine de l'opéra
français, s'était persuadé que la tragédie lyrique offrait pour lui de meilleures possibilités que la comédie-ballet. Aussi, lorsque La Comtesse d'Escarbagnas fut donnée pour
la première fois devant le public parisien (8 juillet 1672), ce fut non plus pour accompagner Le Ballet des ballets, mais, dotée d'une ouverture de Charpentier, pour précéder
une reprise du Mariage forcé avec de nouveaux intermèdes également composés par
Charpentier. Ce dernier contribua aussi à la reprise des Fâcheux en automne de la
même année (sa musique n'a pas été conservée). A la fin du mois de novembre
commençaient les répétitions d'une nouvelle comédie : Le Malade imaginaire.
Il est assez curieux que Molière se soit adressé à Charpentier après sa brouille avec
Lully. Charpentier naquit à Paris en 1643. Nous ignorons tout de sa vie et de son
Le Malade imaginaire
éducation musicale pendant son enfance et son adolescence. Dans les années 1660, Il
aurait séjourné à Rome où, selon Le Mercure galant, il suivit pendant trois ans l'enseignement de Giacomo Carissimi, célèbre compositeur de musique religieuse, d'oratorios et de cantates (mais qui, toutefois, n'aborda jamais la musique de théâtre).
Certains spécialistes affirment (mais sans aucune preuve) que dès son retour à Paris,
vers 1670, Charpentier bénéficia de la protection et du patronage de Marie de
Lorraine, plus connue sous le nom de "Mademoiselle de Guise'.'pieuse et mélomane
représentante d'une famille de haut rang. Or, à cette époque, Charpentier était pratiquement inconnu, et son nom n'était certainement pas associé à la musique pour la
scène. Néanmoins, Molière semble s'être montré satisfait de la musique qu'il composa
en 1672 pour remplacer celle des anciennes comédies,et c'est avec enthousiasme qu'il
fit appel à lui pour écrire la musique de sa toute nouvelle comédie-ballet Le Malade
imaginaire.
Comme l'écrira plus tard La Grange, secrétaire de la troupe de Molière, commentant les
énormes frais engagés pour la pièce, l'œuvre devait être "remplie de danses, musique
et ustensiles'; Molière demanda donc à Charpentier une partition pour le prologue
exceptionnellement développé, la scène pseudo-opératique de l'acte II, les intermèdes
suivant les actes I et II, et enfin l'intermède comique final de la Cérémonie des Médecins.
Molière supposant que, comme à l'accoutumée, la première représentation de sa
nouvelle comédie aurait lieu à la Cour, avait, selon la convention en vigueur dans le
ballet de cour, fait précéder sa comédie d'un prologue élégant et fort élaboré - en fait
une "Eclogue [sic] en Musique et en Danse!.' peuplée de bergers et de bergères, de
satyres et de zéphyrs. Du point de vue dramatique, ce prologue est sans relation avec
la comédie. "Après les glorieuses fatigues, et les Exploits victorieux de nostre Auguste
Monarque", dit en effet le livret de 1673, "...ce Prologue est un essay des Louanges de ce
grand Prince." Préfacé par une ouverture dans le style de Lully et ponctuée par une série
d'entrées de ballet variées, c'est un mélange de récits pour solistes, d'ensembles
vocaux et de chœurs résonnant d'hyperboles à la gloire de Louis XIV {"...Et faisons aux
Echos redire mille fois .7LOUIS, LOUIS, LOUIS est le plus grand des Rois.')
A la grande déception de Molière, l'invitation royale ne vint pas. C'est donc le public
parisien qui eut la primeur du Malade imaginaire, le vendredi 10 février 1673, au théâtre
du Palais-Royal. Le grand prologue fut, de toute évidence, écrit pour être représenté à
la Cour, et les spécialistes ont cru pendant longtemps qu'il avait été remplacé par un
prologue simplifié et de moindres dimensions - également mis en musique par Charpentier - lors de la première parisienne. Cependant, les recherches récentes donnent à
penser qu'il en fut autrement et que le "grand Eclogue" fut bien utilisé pour la représentation parisienne de février 1673.
Le premier intermède, entre les actes I et II, est une petite comédie burlesque chantée
partiellement en italien, dont les personnages et la mise en scène s'apparentent à la
commedia dell'arte. Elle est ainsi décrite dans le livret de 1673 :
"Polichinellelk
Pulcinella de la comédie napolitaine], dans la nuit,vient pour donner une
Sérénade à sa Maistresse. Il est interrompu d'abord par des Violons, contre lesquels il se met
en colère, et ensuite par le Guet, composé de Musiciens et Danceurs."
Toinette, la maîtresse de Polichinelle, qui est servante chez l'hypocondriaque Argan,
était apparue fréquemment au cours du premier acte ; à la scène 8, elle mentionne "le
vieux usurier Polichinelle, mon Amant"
Le "petit Opéra impromptu" (acte II, scène 5) est une scène ingénieuse qui permet aux
jeunes amants Cléante et Angélique, Incarnant le couple de bergers Tircis et Philis, de
se déclarer publiquement leur amour, malgré la présence du père d'Angélique (Argan)
et celle de Thomas Diafoirus, le fiancé qu'il a choisi pour elle.
Le second intermède (entre les actes II et III), scène exotique et carnavalesque, est un
divertissement que Béralde est censé monter pour son frère Argan, persuadé qu'il lui
plaira et lui sera des plus salutaires : "...cela vaudra bien une ordonnance de Monsieur
Purgon" (le médecin d'Argan). D'après le livret de 1673, "...plusieurs Egyptiens et Egyptiennes [bohémiens et bohémiennes! vêtus en Mores... font des Danses entre-meslées de
Chansons".
Le troisième intermède, la Cérémonie des Médecins, constitue l'apogée du spectacle. C'est
un mélange de farce et de satire mordante en latin macaronique - ou, comme l'indique
le livret de 1673,"une Cérémonie Burlesque d'un homme [Argan] qu'on fait Médecin, en
Récit,Chant et DanseVUn chœur d'acteurs représentant la Faculté de Médecine salue le
"candidaf'au doctorat, Argan, par de feintes acclamations ("Bene, bene, respondere"), et
lui remet solennellement le chapeau de docteur. Avec humour, Charpentier vient ici
ajouter à son orchestre deux mortiers d'apothicaires dont les parties sont notées
comme pour des tambours. Après la dernière entrée de ballet, le choeur congratulatoire
("Vivat, vivat, cent fois vivat, Novus Doctor") est répété tandis que médecins, chirurgiens
et apothicaires sortent de la salle,"tous selon leur rang et Cérémonie';
Le précédent exposé sur les origines et la création du Malade imaginaire et sur la
musique de Charpentier semble fort simple en apparence. Mais en mentionnant la
rupture entre "l'ambitieux" Lully et Molière et l'existence d'un second prologue, plus
modeste que la grande "Eclogue en Musique et en Danse" de l'origine, j'ai voulu
montrer qu'en réalité l'histoire de cette comédie-ballet ne fut pas si simple.
Lully n'a pas seulement tourné le dos à la comédie-ballet et à son collaborateur Molière
pour se consacrer à ses propres opéras : il extorqua à l'infortuné Perrin un privilège qui
lui donnait le monopole du drame musical en France.ll s'employa également à juguler
ses concurrents potentiels dans le domaine de la musique théâtrale en persuadant
Louis XIV de publier des arrêtés limitant leur action de diverses manières, notamment
sur le plan musical. En avril 1673, l'Académie Royale de Musique de Lully obtenait le
privilège exclusif de représenter des ouvrages dans la salle du Palais-Royal, jetant ainsi
à la rue laTroupe du Roy du défunt Molière. Le même mois, un autre décret venait sévèrement réduire les possibilités musicales de la compagnie en diminuant le nombre de
chanteurs et d'instrumentistes autorisés pour chaque représentation. A diverses
reprises, Lully réussit à convaincre le Roi de proclamer de nouveaux arrêtés, plus draconiens encore (au fil du temps, la compagnie prit successivement le nom de Troupe de
l'Hôtel Guénégaud, de Comédiens du Roy, et finalement de Comédie-Française).
En résumé, Charpentier dut, à plusieurs reprises, réviser la musique du Malade imaginaire, la réduisant toujours davantage, conformément aux arrêtés de plus en plus limitatifs que Lully avait pu obtenir de Louis XIV. Lorsqu'il le fit une dernière fols, probablement à la fin de l'année 1685, ce n'est certainement pas sans une certaine
exaspération qu'il dut noter en tête de sa partition : "Le Malade Imaginaire rajusté
autrement pour la 3' fois'Tbut ceci explique l'aspect désordonné du matériel musical
de cette pièce, bien peu dans les habitudes de Charpentier. Compositeur méticuleux
dont les manuscrits étalent soigneusement classés en cahiers numérotés, il a laissé les
partitions du Malade imaginaire dispersées parmi ses "mélanges autographes" ; par
ailleurs, ces "mélanges" ne contiennent ni la version originale du premier intermède ni
celle du "petit Opéra" de l'acte II. Lors du tricentenaire de la mort de Molière, j'ai pu
rassembler le matériel existant en vue d'une édition critique qui fut publiée par les
éditions Minkoff. Les manuscrits originaux de Charpentier pour le premier Intermède
et pour la scène en manière d'opéra demeurent à ce jour introuvables. Pourtant, au
début des années 1980, le musicologue américain John S. Powell découvrit dans les
archives de la Comédie-Française des copies de ces pages datant du milieu du xviir*
siècle, lesquelles concordent parfaitement avec le livret de 1673 (pour l'intermède) et
avec le texte de Molière (pour la scène d'opéra). L'exécution du grand prologue au
début de 1673 a été également confirmée par le professeur Powell, après sa découverte d'une facture concernant les accessoires et la décoration scénique - dont un bon
nombre figurant pour les besoins de ce prologue - facture présentée par une certaine
Angélique Bourdon, et réglée par la troupe de Molière le 4 mars 1673.
Ainsi, pour la première fois depuis trois cents ans, a-t-ii été possible de réunir, de représenter et d'enregistrer la totalité de la musique du Malade imaginaire telle qu'elle avait
été conçue à l'origine par Molière et Charpentier.
H
W | L £ y
H | T C H C 0 C K
Traduction Claude Chauvel
© Editions Minkoff, Genève, Paris
was the last play of Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. (He died
after its fourth performance, on 17 February 1673, having played the title role while extremely ill.) Along with Le Bourgeois gentilhomme, it marks the summit of his comédiesballets or, as he described them/comédies meslées de musique et de danses'.
This kind of work, which Incorporated elements of the ballet de cour into spoken
comedy, had come Into existence almost accidentally. In August 1661, festivities at
court were to Include the premiere productions of a ballet and of Molière's comedy Les
Fâcheux. However, as Molière explained in the avertissement of the play,
Le Malade imaginaire
'...comme il n'y avoit qu'un petit nombre choisi de Danceurs excellens, on fut contraint de
séparer les Entrées de ce Ballet, et l'avis fut de les jetter dans les entre-actes de la Comédie,
afin que ces intervalles donnassent temps aux mesmes baladins de revenir sous d'autres
habits. De sorte que, pour ne point rompre aussi le fil de la Piece par ces manières
d'inter-
mèdes, on s'avisa de les coudre au sujet du mieux que l'on put, et de ne faire qu'une seule
chose du Ballet et de la Comédie... C'est un meslange qui est nouveau pour nos Theatres... '
The 'meslange'- of spoken drama with ballet entrées and entracte intermèdes set to
music and, often, songs and other musical divertissements within the plays themselves - was a great success. Following Les Fâcheux, with music partly by Jean-Baptiste
Lully, the 'deux grands Baptistes' collaborated in about ten other comédies-ballets
during the 1660s, culminating in Le Bourgeois gentilhomme of 1670.
LeMaladeimaginairewas
the product of a new collaboration, between Molière and the
Parisian composer Marc-Antoine Charpentier. Lully had broken with Molière after the
production of La Comtesse d'Escarbagnas, which was first presented on 12 December
1671 before king and court at Saint-Germain-en-Laye, together with the 8a//ef des
ballets, to music by Lully: the ambitious Lully had noted with interest the success of the
first essays in French opera, by Pierre Perrln and Robert Cambert, and had decided that
tragédie lyrique held more potential for him than did comédie-ballet.Thus, when La
Comtesse d'Escarbagnas was played for the first time before the Parisian public (on
8 July 1672), rather than accompanying the Ballet des ballets it had an overture by Charpentier and preceded a revival of LeMariage forcé with new intermèdes, also composed
by Charpentier. Charpentier also contributed to a revival of Les Fâcheux in autumn of
the same year (his music is not extant). In late November, rehearsals began for a new
comedy, Le Malade
imaginaire
It is somewhat puzzling that Molière turned to Charpentier after the rupture with Lully.
Charpentier had been born in Paris In 1643. We know nothing of him, personally or
musically, during his childhood or early adulthood. In the 1660s he seems to have gone
to Rome, where, according to the Mercure galant, he studied for three years with
Giacomo Carissimi, celebrated composer of church music, oratorios, and cantatas
(though not of dramatic music). Some scholars have claimed (but without documentary evidence) that, upon Charpentier's return to Paris about 1670, he was immediately taken under the protection and patronage of Marie de Lorraine, better-known
as'Mademoiselle de Guise; a pious, music-loving member of a distinguished family. But
at that time Charpentier must have been virtually unknown as a composer, and
certainly not Identified with music for the theatre. Nevertheless, Molière seems to have
been satisfied with Charpentier's replacements in 1672 of music for the earlier plays,
and he enthusiastically called on him to write the music for the brand-new comédieballet Le Malade imaginaire.
The work was to be, as La Grange (secretary of Molière's troupe) said later in explaining
the high costs of the production/remplis de danses, musique et ustensiles', and Molière
needed from Charpentier scores for an exceptionally lengthy prologue, a pseudooperatic scene in Act II, intermèdes to follow both Acts I and II, and a hilarious finale, the
Cérémonie des Médecins.
Molière assumed that as usual the first performance of his new comedy would take
place at court, and, according to a convention that had developed in the royal ballets
de cour, he preceded the play with an elaborate courtly prologue - in fact an 'Eclogue
en Musique et en Danse' crowded with shepherds and shepherdesses, satyrs and
zephyrs. Dramatically, this prologue has nothing to do with the comedy. Instead, as the
livret of 1673 says, 'Après les glorieuses fatigues, et les Exploits victorieux de nostre
Auguste Monarque... ce Prologue est un essay des Louanges de ce grand Prince!
Beginning with a Lullian overture and studded with a series of varied ballet entrées, it
is a mélange of solo récits, vocal ensembles, and choruses, all resounding with extravagant praises of Louis XIV ('...Et faisons aux Echos redire mille fois :/ LOUIS, LOUIS, LOUIS
est le plus grand des Rois P).
To Molière's chagrin, no royal Invitation was proffered; thus Le Malade imaginaire began
its first run in Paris, for the public, on Friday, 10 February 1673, at the Théâtre du PalaisRoyal.The grand prologue was obviously written for performance at court,and scholars
long believed that a shorter, simpler one - also set to music by Charpentier - replaced
it at the Paris première. Recent research, however, has suggested otherwise - namely,
that the 'grand Eclogue' was indeed used for the February 1673 performances in Paris.
The Premier intermède, between Acts I and II, is a farcical playlet partially sung in Italian,
Its characters and mise-en-scène related to the commedia dell'arte; as described in the
livret of 1673:
Polichinelle [the Pulcinella of Neapolitan comedy], dans la nuit, vient pour donner une
Serenade à sa Maistresse. Il est interrompu d'abord par des Violons, contre lesquels il se met
en colère, et ensuite par le Guet, composé de Musiciens et Danceurs.
(Polichinelle's mistress is Toinette, a maidservant in the house of the hypochondriac
Argan who had figured importantly in Act I; she mentions in scene 8 'le vieux usurier
Polichinelle, mon Amant'.)
The 'petit Opéra impromptu' of Act II, scene 5, is a clever scene that allows the young
lovers Cléante and Angélique, feigning to play the pastoral pair Tircls and Philis, to
declare their love openly, despite the presence of Angéliques father (Argan) and
Thomas Dia-foirus, the fiancé he has chosen for her.
The Second intermède, between Acts II and III, Is an exotic, carnivalesque affair, ostensibly an entertainment staged for Argan by his brother, who declares that he is sure that
it will please and indeed be salutary:'...cela vaudra bien une ordonnance de Monsieur
Purgon'(referring t o Argan's doctor). According to the 1673 livret,'...plusieurs Egyptiens
et Egyptiennes [bohémiens et bohémiennes], vêtus en Mores, font des Danses entremeslées de Chansons!
TheTroisième Intermède is the climactic Cérémonie des Médecins,a mixture of farce and
savage satire in macaronic Latin - according to the livret of 1673 'une Cérémonie
Burlesque d'un homme [Argan] qu'on fait Médecin, en Récit, Chant et Danse'. A chorus
of singing actors represents the Faculty of Medicine, saluting the doctoral 'candidate'
Argan with mock applause ('Bene, bene, respondere') and conferring upon him the
doctor's bonnet. (The accompanying orchestra is augmented wittily by Charpentier
with two parts for apothecaries' mortars, scored as if for drums.) After a final entrée de
ballet, the congrat-ulatory chorus ('Vivat, vivat, cent fois vivat, Novus Doctor ) is
repeated as the doctors, surgeons, and apothecaries march out of the hall,'tous selon
leur rang et Cérémonie'.
1
The above account of the origins and first production of Le Malade imaginaire and its
music by Charpentier has seemed quite straightforward. But In mentioning the break
between the 'ambitious' Lully and Molière, and the existence of a second prologue for
Le Malade imaginaire more simple and slight than the original 'grande Eclogue en
Musique et en Danse', I have hinted at the fact that the early history of this work was in
fact not so simple.
Lully not only turned away from the comédie-ballet and collaboration with Molière
towards opera on his own, he wrung from the hapless Perrin a monopolistic privilège
to produce musical dramas in France; he also set about reducing his potential
competitors in music-theatre enterprises by persuading Louis XIV to issue ordinances
restricting them in various ways, especially musically. In April 1673 Lully's Académie
Royale de Musique was given the exclusive right to play in the Salle du Palais-Royal.and
the late Molière's Troupe du Roy had to evacuate it. In the same month, another ordinance drastically reduced the company's musical potential by restricting the numbers of
singers and instrumentalists it was permitted to use in any production. And several
times later, Lully managed to persuade the king to issue other, even more draconian
ordinances. (Along the way, the troupe assumed various names:Troupe de Guénégaud,
Comédiens du Roy, ultimately Comédie-Française).
To make a long story short, Charpentier had to revise his music for Le Malade imaginaire
several times, to reduce It progressively in conformity with the increasingly restrictive
ordinances wrung from Louis XIV by Lully. (The last time he did so, probably In late
1685, he retitled his score, probably in exasperation,'Le Malade imaginaire rajusté
autrement pour la troisième fols'.) This resulted In a jumble of musical materials for the
play uncharacteristic of Charpentier. A meticulous composer, he ordinarily kept his
manuscripts in perfect order, in carefully numbered cahiers, but the scores for Le
Malade imaginaire are scattered here and there among his 'mélanges autographes';
moreover, his original manuscripts for the Premier intermède and the 'petit Opéra' of
Act II are not among them. For the tercentenary year of Molière's death, I was able to
reassemble the extant materials and prepare a critical edition of them, which was
published by Editions Minkoff. Charpentiers original manuscripts for the Premier
Intermède and the mock-opera scene remain lost to this day. However, in the early
1980s the American musicologist John S. Powell discovered, in the archives of the
Comédie-Française, mid-eighteenth-century copies of them which accord perfectly
with the 1673 livret (for the intermède) and Molière's text (for the pseudo-opera scene).
(Professor Powell also confirmed the performance in early 1673 of the grand prologue
by his discovery of a bill for stage properties and decorations - including many needed
for that prologue - submitted by a certain Angélique Bourdon and paid by Molière's
troupe on 4 March 1673.) Thus it has been possible, for the first time in three hundred
years, to assemble, perform and record all the music for Le Malade imaginaire, as originally conceived by Molière and Charpentier.
H. WILEY HITCHCOCK
© Editions Minkoff, Genève, Paris
war das letzte Theaterstück von Jean-Baptiste Poquelin, genannt
Molière. (Er starb nach dessen 4. Aufführung am 17. Februar 1673, in der er - schon
schwer krank - die Titelrolle gespielt hatte.) Es steht neben Le Bourgeois gentilhomme
als Höhepunkt seiner "comédies-ballets" oder, wie er sie beschrieb "mit Musik und
Tänzen gemischten Komödien!
Diese Art Werk, welches Elemente des "ballet de cour" in eine gesprochene Komödie
miteinbezog, war fast zufällig zustande gekommen. Im August 1661 sollten die Festlichkelten am Hofe Uraufführungen eines Balletts und einer Komödie Molières, Les
Fâcheux, umfassen. Jedoch, wie Mol lere In der Theateranzeige erklärte:
"... da nur eine kleine Zahl ausgesuchter Tänzer zur Verfügung stand, war man
gezwungen, die Auftritte dieses Balletts zu unterteilen, und es wurde bestimmt, sie
zwischen die einzelnen Akte der Komödie einzuschieben, damit diese Pausen den
Tänzern einen Kostümwechsel ermöglichten. Um nun nicht durch solche Zwischenspiele den Faden des Theaterstücks zu verlleren, beschloß man, sie so gut es ging mit
dem Thema zu verbinden, und aus Ballett und Komödie ein zusammenhängendes
Stück zu machen. Das Ist eine Mischung, die für unsere Theater neu ist..."
Diese "Mischung" von Sprechdrama mit Ballettauftritten und Zwischenaktspielen zu
Musik und oft auch Liedern und anderen musikalischen Ergötzlichkeiten innerhalb der
Bühnenstücke war ein großer Erfolg. Nach Les Fâcheux mit Musik teilweise von JeanBaptiste Lully, hoben "die beiden großen Baptistes" während der 1660er Jahre
gemeinsam noch ca. zehn weitere "comédies-ballets" aus der Taufe, mit Le Bourgeois
Le Malade imaginaire
Gentilhommemn
1670 als dem Gipfel.
das Resultat einer neuen Zusammenarbeit, - der von Molière
mit dem Pariser Komponisten Marc-Antoine Charpentier. Lully hatte nach der
Produktion von La Comtesse d'Escarbagnas mit Molière gebrochen; das Stück war am
12.Dezember 1671 vor dem König und dem Hof zu Saint-Germaln-en-Laye zusammen
mit dem Ballet des ballets zu Lully uraufgeführt worden; der ehrgeizige Lully hatte mit
Interesse den Erfolg der ersten Versuche einer französischen Oper von Pierre Perrin
und Robert Cambert wahrgenommen und daraus den Schluß gezogen, die "tragédielyrique" böte Ihm größere Möglichkeiten als das "comédie-ballet! So kam es, daß La
Comtesse d'Escarbagnas bei ihrer ersten Aufführung vor dem Pariser Publikum am
8. Juli 1672, anstatt das Ballet des ballets zu begleiten, eine Ouvertüre von Charpentier
erhielt, und einer Wiederauf-nahme von Le Mariage forcé mit neuen, ebenfalls von
Charpentier komponierten Zwischenmusiken vorausging. Charpentier lieferte auch
einen Beitrag zu einer Wiederaufnahme von Les Fâcheux im Herbst desselben Jahres
(die Musik ist verschollen). Spät im November begannen die Proben für eine neue
Le Malade imaginairemr
Komödie, Le Malade imaginaire.
Es ist ein wenig rätselhaft, wieso Molière sich nach dem Bruch mit Lully Charpentier
zuwandte. Charpentier wurde 1643 in Paris geboren. Wir wissen nichts von ihm
- weder in persönlicher noch musikalischer Hinsicht aus seinen Kinder- und Jünglingsjahren. Um 1660 scheint er nach Rom gegangen zu sein; nach dem Mercure galant zu
schließen, studierte er dort drei Jahre lang bei Giacomo Carissimi, dem gefeierten
Komponisten von Kirchenmusik Oratorien und Kantaten (obwohl nicht von dramatischer Musik). Einige Wissenschaftler haben (zwar ohne dokumentarische Belege)
behauptet, Charpentier sei gleich nach seiner Rückkehr nach Paris um 1670 In die
Schirmherrschaft von Marie de Lorraine, besser als "Mademoiselle de Guise" bekannt,
aufgenommen worden - der frommen, musikliebenden Angehörigen einer
vornehmen Familie. Doch zu jener Zelt muß Charpentier als Komponist - und ganz
gewiß als einer von Theatermusik - so gut wie unbekannt gewesen sein.
Nichtsdestotrotz scheint Mollere mit der Musik mit der Charpentier 1672 die der
früheren Theaterstücke ersetzte, zufrieden gewesen sein, und ging ihn begeistert
darum an, die Musik für das funkelnagelneue "comédie-ballet" namens Le Malade
imaginaire zu schreiben. Das Werk sol Ite, wie La Grange (Sekretär von Molières Truppe),
um die hohen Produktionskosten zu erklären, sagte,"voller Tänze, Musik und Bühnenutensilien" sein, und Molière benötigte von Charpentier Partituren für einen außerordentlich ausgedehnten Prolog, eine opernartige Szene im 2. Akt, Zwischenaktmusik
die sowohl dem Lais auch 2. Akt folgen sollte und eine lustige Einlage zum Schluß, der
Cérémonie des Médecins.
Molière nahm an, daß die Uraufführung seiner neuen Komödie wie gewohnt am Hofe
stattfinden werde, und er stellte dem Anfang des Stücks, gemäß der Tradition, die sich
anläßlich der Aufführungen der königlichen Hofballette entwickelt hatte, einen
ausführlichen, höfischen Prolog voran - eine regelrechte "Eclogue en Musique et en
Danse"sogar,voller Schäfer, Schäferinnen, Satyren und Zephyren.Vom Standpunkt des
Dramas her hat dieser Prolog nichts mit der Komödie zu tun, sondern, wie es im
Libretto von 1673 lautet, "ist.., nach den gloriosen Heldentaten und Siegeszügen
unseres hehren Monarchen ein Versuch, diesen großen Fürsten zu preisen'Beginnend
mit einer Lully'schen Ouvertüre und ausgeschmückt mit einer Reihe verschiedenartigerTanz-Einlagen, ist es eine Melange von Sololiedern,Vokal-Ensembles und Chören,
die alle ausgiebig das Lob Ludwigs XIV. erschallen lassen ("... Et faisons aux Echos redire
mille fois / LOUIS, LOUIS, LOUIS est le plus grand des Rois !"- "undlassen wir tausendmal
das Echo widerhallen : Ludwig ist der größte der Könige!").
Zu Molières Kummer erfolgte keine Einladung des Königs, so begann denn Le Malade
imaginaire seine erste Spielzeit in Paris für die Öffentlichkeit, und zwar am Freitag, dem
10. Februar 1673 im Théâtre du Palais-Royal. Der große Prolog war offensichtlich für
eine Aufführung am Hofe verfaßt worden, und die Wissenschaftler haben lange
geglaubt, ein kürzerer, einfacherer - ebenfalls von Charpentier vertonter - habe ihn bei
der Pariser Premier ersetzt. Neuere Forschungen widersprechen dem jedoch mit der
Mutmaßung, die"große Ekloge"sei durchaus bei den Aufführungen im Februar 1673 in
Paris verwendet worden.
Das "Premier intermède"zwischen dem I. und II. Akt ist eine kleine Farce, die teilweise
auf Italienisch gesungen wird, da seine Personen und Handlung denen der Commedia
dell'Arte verwandt sind, wie das 1673er Libretto es beschreibt:
"Polichinelle (der Pulcinella der neapolitanischen Komödie) kommt in der Nacht, um
seiner Geliebten ein Ständchen zu bringen. Dabei wird er unterbrochen; - zuerst von den
Violinen, gegen die er seinen Zorn richtet, - danach von der Nachtwache, die aus
und Tänzern
Musikern
besteht."
(Die Geliebte Polichinelles ist Toinette, die Magd im Hause des Hypochonders Argan,
die im I.Akt eine wichtige Rolle spielt;im 8. Auftritt erwähnt sie"den alten Geldverleiher
Polichinelle, meinen Geliebten')
Die "kleine improvisierte Oper" im II. Akt, 5. Auftritt, ist eine raffinierte Szene, die es
Géante und Angélique, welche vorgeben, das Schäferpaar Tircis und Philis zu spielen,
gestattet, einander offen ihre Liebe zu erklären - trotz der Gegenwart von Angéliques
Vater (Argan) und Thomas Diafoirus, dem von Ihm für sie erwählten Bräutigam.
Das "Second intermède" zwischen dem II. und III. Akt ist eine exotische, karnevaleske
Sache.die unter dem Vorwand,als Zerstreuung für Argan zu dienen, von dessen Bruder
geboten wird,der behauptet, sicherzu sein,dies werde für ihn vergnüglich und heilsam
sein: "...das ist mindestens ein Rezept des Herrn Purgon wert" (dies bezieht sich auf
Argans Arzt). Dem Libretto von 1673 gemäß "führen mehrere als Mohren verkleidete
Zigeuner und Zigeunerinnen abwechselnd Tänze und Lieder auf;
Das "Troisième intermède" bildet den Höhepunkt mit seiner "Cérémonie des
Médecins';- einer Mischung aus Farce und beißender Satire in Küchenlatein - gemäß
dem 1673er Libretto "eine possenhafte Zeremonie, in der ein Mann (Argan) unter
Reden, Gesang und Tanz zum Doktor ernannt wlrd'Ein Chorus singender Schauspieler
repräsentiert die medizinische Fakultät, und begrüßt den "Doktoranden" Argan mit
gespieltem Applaus ("Bene, bene, respondere"- "Er gut, gut antworten"-), und verleiht
ihm den Doktorhut. (Das begleitende Orchester hat Charpentier hier witzig durch zwei
Stimmparte für die Mörser des Apothekers erweitert, die wie für Trommeln notiert
sind.) Nach einem Schlußauftritt des Balletts wird der Glückwunschchor ("Vivat, vivat,
hundertmal vivat, Novus Doctorl") wiederholt, während die Ärzte, Chirurgen und
Apotheker aus dem Saal hinausschreiten "alle gemäß ihrem jeweiligen Rang und
Zeremoniell';
Der obige Bericht über Ursprung und Erstproduktion von Le Malade imaginaire klingt
recht unkompliziert. Aber mit der Erwähnung des Bruchs zwischen dem "ehrgeizigen"
Lully und Molière, sowie der eventuellen Existenz eines zweiten, einfacheren und
schlichteren Prologs für Le Malade imaginaire als den des ursprünglichen grande
Eclogue en Musique et Danse habe ich bereits die Tatsache angedeutet, daß die Vorgeschichte des Comédie-Balletts gar nicht so einfach gewesen ist.
Lully hat sich nicht nur vom Comédie-Ballet und der Zusammenarbeit mit Molière abund der eigenen Oper zugewandt; er hat dem glücklosen Perrin ein monopolistisches
Privileg für die Produktion von Musikdramen in Frankreich für sich abgerungen;
desgleichen ging er daran, seine potentiellen Konkurrenten der Musiktheaterbranche
auszu-schalten, indem er Ludwig XIV. zu Erlässen überredete, die sie In mancherlei
Beziehung - besonders der musikalischen - einschränkten. Im April des Jahres 1673
wurde Lullys "Académie Royale de Musique" das Exklusivrecht für Aufführungen im
Palais Royal verliehen, und die "Troupe du Roy" des verstorbenen Molière mußte es
räumen. In demselben Monat reduzierte ein weiterer Erlaß die musikalischen Möglichkeiten der Truppe drastisch, indem er die Zahl der Sänger und Instrumentallsten, die sie
in einer Produktion verwenden durfte, einschränkte. Und auch später gelang es Lully
mehrmals, den König dazu zu bringen, weitere und noch drakonischere Bestimmungen zu erlassen. (Unterdessen nahm die Truppe verschiedene Namen an:"Troupe
de GuénégaudrComédlens du Roy'/und schließlich "Comédie-Française").
Kurzum, Charpentier mußte seine Musik für Le Malade imaginaire mehrmals umarbeiten, um sie entsprechend den zunehmend restriktiven Bestimmungen, die Lully
Ludwig XIV. abpreßte, Schritt für Schritt zu reduzieren. (Als er dies das letzte Mal tat
- wahrscheinlich Ende des Jahres 1684 - hat er die Partitur vermutlich aus Ärger neu
überschrieben mit "Le Malade imaginaire, rajusté autrement pour la troisième fois"- "Le
Malade imaginaire, zum dritten Mal neu adjustiert'!) Dies hatte ein für Charpentier untypisches Wirrwarr des musikalischen Materials für das Stück zur Folge. Als der gewissenhafte Komponist, der er war, bewahrte er seine Manuskripte gewöhnlich in
perfekter Ordnung auf, in sorgfältig numerierten Herten, aber die Partituren für Le
Malade imaginaire liegen überall zwischen seinen "mélanges autographes" verstreut;
überdies sind die Originalmanuskripte für das "Premier intermède" und die "Petit
Opéra"des II. Akts nicht dabei. Es ist mir gelungen, zum 300.Todesjahr von Molière eine
Sammlung des vorhandenen Materials wieder zusammenzustellen und eine kritische
Ausgabe davon auszuarbeiten, welche durch die Editions Minkoff veröffentlicht wurde.
Charpentiers Originalmanuskripte des Premier intermède und der Pseudo-Opernszene sind bis heute verschollen. Jedoch hat der amerikanische Musikologe John S.
Powell in den frühen 1980er Jahren In den Archiven der Comédie-Française Kopien aus
der Mitte des 18. Jahrhunderts davon entdeckt, die überdies perfekt mit dem Libretto
von 1673 (für das Intermedium) und mit Molières Text (für die Pseudo-Opernszene)
übereinstimmen. (Professor Powell hat auch die Aufführung des großen Prologs im
Frühjahr 1673 bestätigt, und zwar durch seine Entdeckung einer Rechnung für
Bühnenzubehör- und Dekorationen - einschließlich zahlreicher für den Prolog benötigten ;die Rechnung war von einer gewissen Angélique Bourdon eingereicht und von
Molières Truppe am 4. März 1673 bezahlt worden.) So ist es zum ersten Mal seit dreihundert Jahren möglich geworden.die gesamte Musikfür Le Malade imaginaire, wie sie
ursprünglich von Molière und Charpentier konzipiert war, zusammenzufügen, aufzuführen und aufzunehmen.
H. WILEY HITCHCOCK
Übersetzung : Liesel B. Sayre
TIRCIS
"Après les glorieuses fatigues et les exploits victorieuxde
notre auguste monarque, il est bien juste que tous ceux
qui se mêlent d'écrire travaillent ou à ses buanges, ou à
son divertissement. C'est ce qu'ici l'on a voulu faire, et ce
prologue est un essai des louanges de ce grand prince,
qui donne entrée à la comédie du Malade imaginaire,
dont le projet a été fait pour le délasser de ses nobles
travaux."
Ouverture
EGLOGUE EN MUSIQUE E T EN DANSE
FLORE
Quittez, quittez vos troupeaux,
Venez, Bergers, venez, Bergères,
Accourez, accourez sous ces tendres ormeaux :
Je viens vous annoncer des nouvelles bien chères,
Et réjouir tous ces hameaux.
Quittez, quittez vos troupeaux,
Venez, Bergers, venez, Bergères,
Accourez, accourez sous ces tendres ormeaux.
CLIMÈNE ET DAPHNÉ
Berger, laissons là tes feux,
Voilà Flore qui nous appelle.
TIRCIS ET DORILAS
Mais au moins dis-moi, cruelle,
TIRCIS
Si d'un peu d'amitié tu payeras mes vœux ?
DORILAS
Si tu seras sensible à mon ardeur fidèle ?
CLIMÈNE ET DAPHNÉ
Voilà Flore qui nous appelle.
TIRCIS ET DORILAS
Ce n'est qu'un mot, un mot, un seul mot que je veux.
Languirai-je toujours dans ma peine mortelle ?
DORILAS
Puis-je espérer qu'un jour tu me rendras heureux ?
CLIMÈNE ET DAPHNÉ
Voilà Flore qui nous appelle.
Entrée de Ballet
CLIMÈNE
Quelle nouvelle parmi nous,
Déesse, doit jeter tant de réjouissance ?
DAPHNÉ
Nous brûlons d'apprendre de vous
Cette nouvelle d'importance.
DORILAS
D'ardeur nous en soupirons tous.
TOUS
Nous en mourons d'impatience.
FLORE
La voici: silence, silence!
Vos vœux sont exaucés, Louis est de retour,
Il ramène en ces lieux les plaisirs et l'amour,
Et vous voyez finir vos mortelles alarmes.
Par ses vastes exploits son bras voit tout soumis :
Il quitte les armes,
Faute d'ennemis.
[JJ TOUS
Ah ! quelle douce nouvelle !
Qu'elle est grande ! qu'elle est belle !
Que de plaisirs ! que de ris ! que de jeux !
Que de succès heureux !
Et que le ciel a bien rempli nos vœux !
Ah ! quelle douce nouvelle !
Qu'elle est grande ! qu'elle est belle !
Autre Entrée de Ballet
DORILAS
FLORE
De vos flûtes bocagères
Réveillez les plus beaux sons :
Louis offre à vos chansons
La plus belle des matières.
Après cent combats,
Où cueille son bras,
Une ample victoire,
Formez entre vous
Cent combats plus doux,
Pour chanter sa gloire.
0 mot plein de douceur !
TOUS
Formons entre nous
Cent combats plus doux,
Pour chanter sa gloire.
FLORE
Mon jeune amant, dans ce bois
Des présents de mon empire
Prépare un prix à la voix
Qui saura le mieux nous dire
Les vertus et les exploits
Du plus auguste des rois.
CLIMÈME
SiTircis a l'avantage,
DAPHNÉ
Si Dorias est vainqueur,
CLIMÈNE
Aie chérir je m'engage.
DAPHNÉ
Je me donne à son ardeur.
TIRCIS
0 trop chère espérance !
TOUS DEUX
Plus beau sujet, plus belle récompense
Peuvent-ils animer un cœur ?
[jTJ Combat. Air de violons
TIRCIS
Quand la neige fondue enfle un torrent fameux,
Contre l'effort soudain de ses flots écumeux
Il n'est rien d'assez solide ;
Digues, châteaux, villes et bois,
Hommes et troupeaux à la fols,
Tout cède au courant qui le guide :
Tel, et plus fier,et plus rapide,
Marche Louis dans ses exploits.
Ballet
DORILAS
Le foudre menaçant, qui perce avec fureur
L'affreuse obscurité de la nue enflammée,
Fait d'épouvante et d'horreur
Trembler le plus ferme cœur :
Mais à la tête d'une armée
Louis jette plus de terreur.
TIRCIS
Des fabuleux exploits que la Grèce a chantés,
Par un brillant amas de belles vérités
Nous voyons la gloire effacée,
Et tous ces fameux demi-dieux
Que vante l'histoire passée
Ne sont point à notre pensée
Ce que Louis est à nos yeux.
Ballet
DORILAS
Louis fait à nos temps, par ses faits Inouïs,
Croire tous les beaux faits que nous chante l'histoire
19
Des siècles évanouis :
Mais nos neveux, dans leur gloire,
N'auront rien qui fasse croire
Tous les beaux faits de Louis.
Air des Zéphirs
TIRCIS ET DORILAS
Ah ! que d'un doux succès notre audace est suivie !
Ballet. Ritournelle
FLORE ET PAN
PAN
Laissez, laissez, Bergers, ce dessein téméraire.
Hé ! que voulez-vous faire ?
Chanter sur vos chalumeaux
Ce qu'Apollon sur sa lyre
Avec ses chants les plus beaux,
N'entreprendrait pas de dire,
C'est donner trop d'essor au feu qui vous inspire,
C'est monter vers des cieux sur des ailes de cire,
Pour tomber dans le fond des eaux.
Pour chanter de Louis l'intrépide courage,
Il n'est point d'assez docte voix
Point de mots assez grands pour en tracer l'image :
Le silence est le langage
Qui doit louer ses exploits.
Consacrez d'autres soins à sa pleine victoire ;
Vos louanges n'ont rien quiflatteses désirs ;
Laissez, laissez là sa gloire,
Ne songez qu'à ses plaisirs.
Ce qu'on fait pour Louis, on ne le perd jamais.
TOUS
Laissons, laissons là sa gloire,
Ne songeons qu'à ses plaisirs.
FLORE
Bien que, pour étaler ses vertus immortelles,
La force manque à vos esprits,
Ne laissez pas tous deux de recevoir le prix :
Dans les choses grandes et belles
Il suffit d'avoir entrepris.
CLIMÈNE ET DAPHNÉ
Dans les choses grandes et belles
Il suffit d'avoir entrepris.
LES QUATRE AMANTS
Au soin de ses plaisirs donnons-nous désormais.
FLORE ET PAN
Heureux, heureux qui peut lui consacrer sa vie !
TOUS
Joignons tous dans ces bois
Nosflûteset nos voix,
Ce jour nous y convie;
Et faisons aux échos redire mille fois :
"Louis est le plus grand des rois ;
Heureux, heureux qui peut lui consacrer sa vie !"
rjfj
Dernière et grande entrée de ballet
PREMIER INTERMÈDE
fj] SPACAMOND
Notte e di v'amo e v'adoro,
Cerco un sì per mio ristoro;
Ma se voi dite di no,
Bell'ingrata, io morirò.
Fra la speranza
S'afflige il cuore,
In lontananza
Consuma l'hore
Si dolce inganno
Che mi figura
Breve l'affanno
Ahi! troppo dura!
Cosi per tropp' amar languisco e muoro.
Notte e di v'amo e v'adoro,
Cerco un sì per mio ristoro;
Ma se voi dite di no,
Bell'ingrata, io morirò.
Se non dormite,
Almen pensate
Alle ferite
Ch'ai cuor mi fate;
Deh! almen fìngete,
Per mio conforto,
Se m'uccidete,
D'haver il torto:
Vostra pietà mi scemerà il martora
Notte e di v'amo e v'adoro,
Cerco un sì per mio ristoro;
Ma se voi dite di no,
Bell'ingrata, io morirò.
UNE VIEILLE
Zerbinetti.ch' ogn' hor con finti sguardi,
Mentiti desiri,
Fallaci sospiri,
Accenti bugiardi,
Di fede vi pregiate,
Ah ! che non m'ingannate,
Che già so per prova
Ch'in voi non si trova
Constanza ne fede:
Oh! quanto è pazza colei che vi crede!
Quei sguardi languidi
Non m'innamorano,
Quei sospir fervidi
Più non m'infiammano,
Vel giuro a fè.
Zerbino misero,
Del vostro piangere
Il mio cor libero
Vuol sempre ridere,
Credet'a me:
Che già so per prava
Chin vol non si trova
Constanza nefede:
Oh! quanto è pazza colei che vi crede!
[ri] POLICHINELLE
O amour, amour, amour, amour ! Pauvre Polichinelle,
quelle diable de fantaisie t'es-tu allé mettre dans la
cervelle ? A quoi t'amuses-tu, misérable insensé que
tu es ? Tu quittes le soin de ton négoce, et tu laisses
aller tes affaires à l'abandon? Tu ne manges plus, tu
ne bois presque plus, tu perds le repos de la nuit ; et
tout cela pour qui ? Pour une dragonne, franche
dragonne, une diablesse qui te rembarre, et se
moque de tout ce que tu peux lui dire. Mais il n'y a
point à raisonner là-dessus.Tu le veux, amour : il faut
être fou comme beaucoup d'autres. Cela n'est pas le
mieux du monde à un homme de mon âge ; mais
qu'y faire ? On n'est pas sage quand on veut, et les
vieilles cervelles se démontent comme les jeunes.
Je viens voir si je ne pourrais pas adoucir ma tigresse
par une sérénade. Il n'y a rien parfois qui soit si
touchant qu'un amant qui vient chanter ses
doléances aux gonds et aux verrous de la porte de sa
maîtresse. Voici de quoi accompagner ma voix. O
nuit ! ó chère nuit ! porte mes plaintes amoureuses
jusque dans le lit de mon inflexible.
Violons
\ñ¡ POLICHINELLE
Quelle impertinente harmonie vient interrompre ici
[ ma voix ?
Paix là, taisez-vous, violons. Laissez-moi me plaindre
à mon aise des cruautés de mon inexorable.
Taisez-vous, vous dis-je, c'est moi qui veux chanter.
Paix donc.
Ouais !
Ahi!
Est-ce pourrire?
Ah ! que de bruit !
Le diable vous emporte !
J'enrage.
Vous ne vous tairez pas ? Ah, Dieu soit loué !
Encore ?
Peste soit des violons !
La sotte musique que voilà !
La, la, la, la, la, la, etc.
Par ma foi ! cela me divertit. Poursuivez, Messieurs les
Violons, vous me ferez plaisir. Allons donc, continuez.
Je vous en prie. Voilà le moyen de les faire taire. La
musique est accoutumée à ne point faire ce qu'on
veut. Ho sus.à nous ! Avant que de chanter.il faut que
je prélude un peu, et joue quelque pièce, afin de
mieux prendre mon ton. Plan, plan, plan. Plin, plin,
plin. Voilà un temps fâcheux pour mettre un luth
d'accord. Plin, plin, plin. Plin tan plan. Plin, plin. Les
cordes ne tiennent point par ce temps-là. Plin, plan.
J'entends du bruit, mettons mon luth contre la porte.
ARCHERS
Qui va là, qui va là ?
POLICHINELLE
Qui diable est cela ?
Est-ce que c'est la mode de parler en musique ?
ARCHERS
Qui va là, qui va là, qui va là ?
POLICHINELLE
Moi, mol, moi.
ARCHERS
Qui va là, qui va là ? vous dis-je.
POLICHINELLE
Mol, moi, vous dis-je.
ARCHERS
Et qui toi ? et qui toi ?
POLICHINELLE
Moi,mol,moi,moi,moi,moi.
ARCHERS
Dis ton nom, dis ton nom, sans davantage attendre.
POLICHINELLE
Mon nom est :"Va te faire pendre"
ARCHERS
Ici, camarades, ici.
Saisissons l'insolent qui nous répond ainsi.
Violons et danseurs
POLICHINELLE
Qui va là?
Qui sont les coquins que j'entends ?
Euh ? Holà, mes laquais, mes gens !
Par la mort !
Par le sang !
J'en jetterai parterre.
Champagne, Poitevin, Picard, Basque, Breton !
Donnez-moi mon mousqueton.
Pouë.
Ah, ah, ah, ah, comme je leur ai donné l'épouvante.
Voilà de sottes gens d'avoir peur de moi, qui ai peur
des autres. Ma foi ! il n'est que de jouer d'adresse en
ce monde. Si je n'avais tranché du grand seigneur, et
n'avais fait le brave, Ils n'auraient pas manqué de me
happer. Ah, ah, ah.
ARCHERS
Nous le tenons. A nous, camarades, à nous :
Dépêchez, de la lumière.
Ah, traître ! ah, fripon ! c'est donc vous ?
Faquin, maraud, pendard, impudent, téméraire,
Insolent, effronté, coquin, filou, voleur,
Vous osez nous faire peur ?
POLICHINELLE
Messieurs, c'est que j'étais ivre.
ARCHERS
Non, non, non, point de raison ;
Il vous faut apprendre à vivre.
En prison, vite, en prison.
POLICHINELLE
Messieurs, je ne suis point voleur.
ARCHERS
En prison.
POLICHINELLE
Je suis un bourgeois de la ville.
ARCHERS
En prison.
POLICHINELLE
Qu'ai-je fait ?
ARCHERS
En prison, vite en prison.
POLICHINELLE
Messieurs, laissez-moi aller.
ARCHERS
Non.
POLICHINELLE
Je vous prie.
ARCHERS
Non.
POLICHINELLE
Eh!
ARCHERS
Non.
POLICHINELLE
De grâce.
ARCHERS
Non, non.
POLICHINELLE
Messieurs.
ARCHERS
Non, non, non.
POLICHINELLE
S'il vous plaît.
ARCHERS
Non, non.
POLICHINELLE
Par charité.
ARCHERS
Non, non.
POLICHINELLE
Au nom du Ciel !
ARCHERS
Non, non.
POLICHINELLE
Miséricorde !
ARCHERS
Non, non, non, point de raison ;
Il faut vous apprendre à vivre.
En prison vite, en prison.
POLICHINELLE
Eh ! n'est-il rien.Messieurs.qui soit capable d'attendrir
vos âmes ?
ARCHERS
Il est aisé de nous toucher,
Et nous sommes humains plus qu'on ne saurait croire ;
Donnez-nous doucement six pistoles pour boire,
Nous allons vous lâcher.
POLICHINELLE
Hélas ! Messieurs, je vous assure que je n'ai pas un
sou sur moi.
ARCHERS
Ah, l'honnête homme ! Ah, l'âme noble et belle !
Adieu, seigneur, adieu, seigneur Polichinelle.
ARCHERS
Au défaut de six pistoles,
Choisissez donc sans façon
D'avoir trente croquignoles
Ou douze coups de bâton.
POLICHINELLE
POLICHINELLE
Si c'est une nécessité, et qu'il faille en passer par là, je
choisis les croquignoles.
ARCHERS
Allons, préparez-vous,
Et comptez bien les coups.
[Ta] Air pour les Croquignoles
POLICHINELLE
Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix,
onze, douze, et treize.
ARCHERS
Ah, ah, vous en voulez passer :
allons, c'est à recommencer.
Messieurs, je vous donne le bonsoir.
ARCHERS
Adieu, seigneur, adieu, seigneur Polichinelle.
POLICHINELLE
Votre serviteur.
ARCHERS
Adieu,seigneur, adieu, seigneur Polichinelle.
POLICHINELLE
Très humble valet.
ARCHERS
Adieu,seigneur.adieu,seigneur Polichinelle.
POLICHINELLE
Jusqu'au revoir.
[ M ] Ballet Loure
Air des Archers
P E T I T OPÉRA IMPROMPTU
POLICHINELLE
Ah ! Messieurs, ma pauvre tête n'en peut plus.et vous
r/jg ARGAN
venez de me la rendre comme une pomme cuite.
Monsieur, faites un peu chanter ma fille devant la
J'aime mieux encore les coups de bâton que de
compagnie.
recommencer.
CLÉANTE
ARCHERS
J'attendais vos ordres, Monsieur, et il m'est venu en
Soit ! puisque le bâton est pour vous plus charmant,
pensée, pour divertir la compagnie, de chanter avec
Vous aurez contentement.
Mademoiselle une scène d'un petit opéra qu'on a
fait depuis peu.
POLICHINELLE
(s'adressant à Angélique)
Un,deux,trois,quatre,cinq,six,ah,ah,ah,je n'y saurais
Tenez, voilà votre partie.
plus résister.Tenez, Messieurs, voilà six pistoles que je
vous donne.
ANGÉLIQUE
Moi?
CLÉANTE
Ne vous défendez pas, s'il vous plaît, et laissez-moi
vous faire comprendre ce que c'est que la scène que
nous devons chanter. Je n'ai pas une voix à chanter
mais, ici, il suffit que je me fasse entendre et l'on aura
la bonté de m'excuser par la nécessité où je me
trouve de faire chanter Mademoiselle.
ARGAN
Les vers en sont-ils beaux ?
CLÉANTE
C'est proprement ici un petit opéra impromptu et
vous n'allez entendre chanter que de la prose
cadencée ou des manières de vers libres tels que la
passion et la nécessité peuvent faire trouver à deux
personnes qui disent les choses d'eux-mêmes et
parlent sur-le-champ.
ARGAN
Fort bien, écoutons!
CLÉANTE
Voici le sujet de la scène. Un berger était attentif aux
beautés d'un spectacle, qui ne faisait que de
commencer, lorsqu'il fut tiré de son attention par un
bruit qu'il entendit à ses côtés. Il se retourne, et voit
un brutal, qui de paroles insolentes maltraitait une
bergère. D'abord il prend les intérêts d'un sexe à qui
tous les hommes doivent hommage ; et après avoir
donné au brutal le châtiment de son insolence, il
vient à la bergère, et voit une jeune personne,qui des
deux plus beaux yeux qu'il eut jamais vus, versait des
larmes qu'il trouva les plus belles du monde. Hélas !
dit-il en lui-même, est-on capable d'outrager une
personne si aimable ? Et quel inhumain.quel barbare
ne serait touché par de telles larmes ? Il prend soin
de les arrêter, ces larmes qu'il trouve si belles ; et l'aimable bergère prend soin en même temps de le
remercier de son léger service ; mais d'une manière
si charmante.si tendre et si passionnée.que le berger
n'y peut résister, et chaque mot, chaque regard est
un trait plein de flamme, dont son cœur se sent
pénétré. Est-il, disait-il, quelque chose qui puisse
mériter les aimables paroles d'un tel remerciement ?
Et que ne voudrait-on pas faire ; à quels services, à
quels dangers, ne serait-on pas ravi de courir, pour
s'attirer un seul moment des touchantes douceurs
d'une âme si reconnaissante ? Tout le spectacle
passe sans qu'il y donne aucune attention ; mais il se
plaint qu'il est trop court, parce qu'en finisssant il le
sépare de son adorable bergère, et de cette première
vue, de ce premier moment il emporte chez lui tout
ce qu'un amour de plusieurs années peut avoir de
plus violent. Le voilà aussitôt à sentir tous les maux
de l'absence, et il est tourmenté de ne plus voir ce
qu'il a si peu vu. Il fait tout ce qu'il peut pour se
redonner cette vue, dont il conserve nuit et jour une
si chère idée ; mais la grande contrainte où l'on tient
la bergère lui en ôte tous les moyens. La violence
de sa passion le fait résoudre à demander en
mariage l'adorable beauté, sans laquelle il ne peut
plus vivre, et il en obtient d'elle la permission, par un
billet qu'il a l'adresse de lui faire tenir. Mais dans le
même temps on l'avertit que le père de cette belle a
conclu son mariage avec un autre, et que tout se
dispose pour en célébrer la cérémonie. Jugez quelle
atteinte cruelle au cœur de ce triste berger. Le voilà
accablé d'une mortelle douleur. Il ne peut souffrir
l'effroyable idée de voir tout ce qu'il aime entre les
bras d'un autre, et son amour au désespoir lui fait
trouver moyen de s'introduire dans la maison de sa
bergère pour apprendre ses sentiments, et savoir
d'elle la destinée à laquelle il doit se résoudre. Il y
rencontre les apprêts de tout ce qu'il craint ; il y voit
venir l'indigne rival, que le caprice d'un père oppose
aux tendresses de son amour. Il le volt triomphant, ce
rival ridicule auprès de l'aimable bergère, ainsi
qu'auprès d'une conquête qui lui est assurée, et cette
vue le remplit d'une colère dont il a peine à se rendre
25
le maître. Il jette de douloureux regards sur celle qu'il
adore, et son respect, et la présence de son père,
l'empêchent de lui rien dire que des yeux. Mais enfin,
il force toute contrainte, et le transport de son amour
l'obligea lui parler ainsi:
ANGÉLIQUE
Je vous aime.
CLÉAMTE
Belle Philis, c'est trop,c'est trop souffrir ;
Rompons ce dur silence, et m'ouvrez vos pensées.
Apprenez-moi ma destinée :
Faut-il vivre ? Faut-il mourir ?
ANGÉLIQUE
Je vous aime, je vous aime,
Oui.Tircis, je vous aime.
CLÉANTE
Dieux, rois, qui sous vos pieds regardez tout le monde,
Pouvez-vous comparer votre bonheur au mien ?
Mais, Philis, une pensée
Vient troubler ce doux transport :
Un rival, un rival...
ANGÉLIQUE
Vous me voyez,Tircis, triste et mélancolique,
Aux apprêts de l'hymen dont vous vous alarmez :
Je lève au ciel les yeux, je vous regarde, je soupire,
C'est vous en dire assez.
ARGAN
Ouais ! Je ne croyais pas que ma fille fut si habile que
de chanter ainsi à livre ouvert sans hésiter.
CLÉANTE
Hélas ! belle Philis,
Se pourrait-il que l'amoureux Tircis
Eût assez de bonheur
Pour avoir quelque place dans votre cœur ?
ANGÉLIQUE
Je ne m'en défends point dans cette peine extrême :
Oui,Tircis, je vous aime.
CLÉANTE
0 parole pleine d'appas !
Ai-je bien entendu, hélas !
Redites-la, Philis, que je n'en doute pas.
ANGÉLIQUE
Oui.Tircis, je vous aime.
CLÉANTE
De grâce, encor, Philis.
CLÉANTE
Recommencez cent fois, ne vous en lassez pas.
ANGÉLIQUE
Ah ! je le hais plus que la mort ;
Et sa présence ainsi qu'à vous,
M'est un cruel supplice.
CLÉANTE
Mais un père à ses vœux vous veut assujettir.
ANGÉLIQUE
Non, plutôt mourir,
Que de jamais y consentir ;
Plutôt, plutôt mourir, plutôt mourir.
ARGAN
Et que dit le père à tout cela ?
CLÉANTE
Il ne dit rien.
ARGAN
Voilà un sot père que ce père-là, de souffrir toutes ces
sottises-là sans rien dire.
CLÉANTE
Ah ! mon amour...
ARGAN
En voilà assez. Cette comédie-là est de fort mauvais
exemple. Le berger Tircis est un impertinent et la
bergère Philis une impudente de parler de la sorte
devant son père.
Montrez-moi ce papier.
Ha, ha, où sont donc les paroles que vous avez dites ?
Il n'y a là que de la musique écrite.
CLÉANTE
Est-ce que vous ne savez pas, Monsieur, qu'on a
trouvé depuis peu l'invention d'écrire les paroles
avec les notes mêmes ?
ARGAN
Fort bien, je suis votre serviteur, Monsieur, jusqu'au
revoir.Nous nous serions bien passés de votre impertinent opéra.
CLÉANTE
J'ai cru vous divertir.
ARGAN
Les sottises ne divertissent point.
DEUXIÈME INTERMÈDE
[7]
Ouverture
[J] PREMIÈRE FEMME MORE
Profitez du printemps
De vos beaux ans.
Aimable jeunesse;
Profitez du printemps
De vos beaux ans,
Donnez-vous à la tendresse.
Les plaisirs les plus charmants,
Sans l'amoureuse flamme,
Pour contenter une âme
N'ont point d'attraits assez puissants.
CD
2
Profitez du printemps...
Ne perdez point ces précieux moments :
La beauté passe,
Le temps l'efface,
L'âge de glace
Vient à sa place,
Qui nous ôte le goût de ces doux passe-temps.
Profitez du printemps...
DEUXIÈME FEMME MORE
Quand d'aimer on nous presse
A quoi songez-vous ?
Nos cœurs, dans la jeunesse,
N'ont vers la tendresse
Qu'un penchant trop doux :
L'amour a pour nous prendre
De si doux attraits,
Que de soi, sans attendre,
On voudrait se rendre
A ses premiers traits :
Mais tout ce qu'on écoute
Des vives douleurs
Et des pleurs
Qu'il nous coûte
Fait qu'on en redoute
Toutes les douceurs.
TROISIÈME FEMME MORE
Il est doux, à notre âge,
D'aimer tendrement
Un amant
Qui s'engage :
Mais s'il est volage,
Hélas ! quel tourment !
QUATRIÈME FEMME MORE
L'amant qui se dégage
N'est pas le malheur :
La douleur
Et la rage,
C'est que le volage
Garde notre cœur.
Salus.honor.etargentum,
Atque bonum appetitum.
DEUXIÈME FEMME MORE
Quel parti faut-il prendre
Pour nos jeunes cœurs?
Non possum,docti Confreri,
En moi satis admirarl
Qualis bona inventio
Est medici professio,
Quam bella chosa est, et bene trovata,
Medicina illa benedicta,
Quae suo nomine solo,
Surprenanti miraculo,
Depuis si longo tempore,
Facit à gogo vivere
Tant de gens omni genere.
PREMIÈRE FEMME MORE
Faut-il nous en défendre
Et fuir ses douceurs?
QUATRIÈME FEMME MORE
Devons-nous nous y rendre
Malgré ses rigueurs?
ENSEMBLE
Oui, suivons ses ardeurs,
Ses transports, ses caprices,
Ses douces langueurs ;
S'il a quelques supplices,
Il a cent délices
Qui charment les cœurs.
RJJ Entrée de Ballet
Premier Air des Mores
Second Air des Mores - Canaries
TROISIÈME INTERMÈDE
[fj
Ouverture
Air desTapissiers
[7] PRAESES
Sçavantissimi doctores,
Medicinae professores,
Qui hic assemblati estis,
Etvos,altriMessiores,
Sententiarum Facultatis
Fidèles executores,
Chirurgiani et apothicari,
Atque tota compania aussi,
Per totam terram videmus
Grandam vogam ubi sumus,
Et quod grandes et petiti
Sunt de nobis infatuti.
Totus mundus,currens ad nostros remedios,
Nos regardât sicut Deos;
Et nostris ordonnances
Principes et reges soumissos videtis.
Donque il est nostrae sapientiae,
Boni sensus atque prudentiae,
De fortement travaillare
A nos bene conservare
In tali credito, voga, et honore,
Et prandere gardam à non recevere
In nostro docto corpore
Quam personas capabiles
Et totas dignas ramplire
Has plaças honorabiles.
C'est pour cela que nunc convocati estis:
Et credo quo trovabitis
Dignam materiam medici
In scavanti homine que voici,
Lequel, in chosis omnibus,
Dono ad interrogandum,
Et à fond examinandum
Vostris capacitatibus.
PRIMUS DOCTOR
Si mihi licenciant dat Dominus Praeses,
Et tanti dodi Doctores,
Et assistantes illustres,
Très scavanti Bacheliero,
Quem estimo et honora,
Domandabo causam et rationem quare
Opium facit dormire.
BACHELIERUS
Mihi a docto Doctore
Domandatur causam et rationem quare
Opium facit dormire:
A quoi respondeo,
Quia est In eo
Virtus dormitiva,
Cujus est natura
Sensus assoupire.
CHORUS
Bene, bene, bene, bene responder :
Dignus, dlgnus est entrare
In nostro docto corpore.
SECUNDUS DOCTOR
Cum permissione Domini Praesidis,
Doctissimae Facultatis,
Et totius his nostris actis
Companiae assistante,
Domanda bo tibi, docte Bachelière,
Quae sunt remedia
Quae in maladia
Ditte hydropisia
Convenit facere.
BACHELIERUS
Clysterium donare
Postea selgnare,
Ensultta purgare.
CHORUS
Bene, bene, bene, bene responderé:
Dignus, dignus est entrare
In nostro docto corpore.
TERTIUS DOCTOR
Si bonum semblatur Domino Praesidi,
Doctissimae Facultatis,
Et companiae praesenti,
Domandabo tibi, docte Bachelière,
Quae remedia eticis,
Pulmonics, atque asmaticis,
Trovas à propos facere.
BACHELIERUS
Clysterium donare,
Postea seignare,
Ensuitta purgare.
CHORUS
Bene, bene, bene, bene responderé:
Dignus, dignus est entrare
In nostra docto corpore.
QUARTUS DOCTOR
Super illas maladias
Doctus Bachelierus dixit maravillas
Mais non ennuyo Dominum Praesidem,
Doctissimam Facultatem
Ettotam honorabilem
Companiam ecoutantem
Faciam illi unam quaestionem.
De hiero maladus unus
Tombavit in meas manus :
Habet grandam fievram cum redoublamentis,
Grandam dolorem capitis,
Et grandum malum au costé,
Cum granda diffìcultate
Et pena de respirare:
Veillas mihi dire,
Docte Bachelière,
Quid illi facere?
BACHELIERUS
Clysterium donare
Postea seignare,
Ensuitta purgare.
Quam de ceux seulement doctae Facultatis,
Maladus dust-il crevare,
Et mori de suo malo?
BACHELIERUS
Juro.
QUINTUSDCCTOR
Mais si maladia
Opiniatra
Non vult se garire,
Quid illi facere?
PRAESES
Ego,cumistoboneto
Venerabili et docto,
Dono tibi et concedo
Virtutem et puissanciam
Medicandi,
Purgandi,
Seignandi,
Perçandl,
Taillandi,
Coupandi,
Et occidendi
BACHELIERUS
Clysterium donare
Postea seignare,
Ensuitta purgare.
CHORUS
Bene, bene, bene, bene respondere:
Dignus, dignus est entrare
In nostro dodo corpore.
PRAESES
Juras gardare statuta
Per Facultatem praescripta
Cum sensu et jugeamento?
BACHELIERUS
Jura.
PRAESES
Essere, in omnibus
Consultationibus,
Ancieni aviso,
Aut bono,
Aut mauvaiso?
BACHELIERUS
Juro.
PRAESES
De non jamais te servire
De remediis aucunis
Impune per totam terram.
[JJ
Air des révérences
BACHELIERUS
Grandes doctores doctrinae
De la rhubarbe et du séné,
Ce serait sans douta à moi chosa folla,
Inepta et ridicula,
Si j'alloibam m'engageare
Vobis louangeas donare,
Et entreprenoibam adjoutare
Des lumieras au soleillo,
Et des étoilas au cielo,
Des ondas à l'Oceano
Et des rosas au printanno.
Agreate qu'avec uno moto,
Pro toto remercimento,
Rendam gratiam corpori tam docto.
Vobis, vobisdebeo
Bien plus qu'à naturae et qu'à patri meo :
Natura et pater meus
CHORUS
Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
Novus Doctor, qui tarn bene parlât!
Mille, mille annis et manget et bibat,
Et seignet et tuat!
Hominem me habent factum ;
Mais vos me, ce qui est bien plus,
Avetis factum medicum,
Honor, favor,et gratia
Qui, in hoc corde que voilà,
Imprimant ressentimenta
Qui dureront in secula.
CHORUS
Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
Novus Doctor, qui tarn bene parlât!
Mille, mille annis et manget et bibat.
Et seignet, et tuat!
CHIRURGUS PRIMUS
Puisse-t-il voir doctas
Suas ordonnancias
Omnium chirurgorum
Et apothiquarum
Remplire boutiquas!
CHIRURGUS SECONDUS
Puissent toti anni
Lui essere boni
Et favorabiles,
Et n'habere jamais
Quam pestas, verolas,
Fievras, pluresias,
Fluxus de sang, et dyssenterias!
CHORUS
Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat,
Novus Doctor, qui tarn bene parlât!
Mille, mille annis et manget et bibat,
Et seignet et tuat!
harmonia mundi s.a.,Mas de Vert, F-13200 Arles ® 1990,2005
Enregistrement avril 1990
Direction artistique : Michel Bernard
Prise de son : Michel Pierre - Assistant prise de son : Franck Jaffres
Partition : Editions Minkoff, Genève-Paris, 1990
© harmonia mundi pour l'ensemble des textes et des traductions
Couverture : Photo Marie-Noëlle Robert
Maquette Atelier harmonia mundi
Imprimé en Allemagne
www.harmoniamundi.com
HMX 2 9 0 1 8 8 7 . 8 8

Similar documents