CHAPITRE H2 - hgmatisse
Transcription
CHAPITRE H2 - hgmatisse
CHAPITRE H4a NOUVEAUX HORIZONS GEOGRAPHIQUES ET CULTURELS DES EUROPEENS A L’EPOQUE MODERNE L’ELARGISSEMENT DU MONDE Introduction A partir du XVe siècle, les innovations techniques mais aussi le nouveau rapport entre l’homme et le monde, cette soif de découverte, poussent les Européens à se lancer dans la découverte de nouvelles routes commerciales. Il en découle une meilleure connaissance du monde et l’exploration de nouveaux territoires comme le continent américain. Les Européens entrent en contact avec de nouvelles civilisations. Le début de l’époque moderne est aussi marquée en Europe par un mouvement culturel d’envergure : l’Humanisme. I - De Constantinople à Istanbul : un lieu de contacts entre différentes cultures et religions A) L’essor de l’Empire Ottoman bouleverse-t-il la géographie de l’Europe ? 1) Une ville au passé prestigieux En 1453, L’Empire Byzantin disparaît après 1000 ans d’existence. Historiquement, il faut revenir sur quelques dates clefs : en 330 après J.C., l’empereur romain Constantin, premier empereur chrétien, rebaptise du nom de Constantinople la ville grecque de Byzance. En 476, l’Empire romain se divise en deux. Capitale de l’Empire romain d’Orient, cette ville se développe très vite. Située au centre d’un carrefour stratégique, sur le détroit du Bosphore, vers l’an 1000, elle dépasse les 400 000 habitants. Au XVe siècle, la capitale conserve les traces de son passé : elle est une capitale spirituelle (le patriarche orthodoxe est à Constantinople) et une capitale culturelle (par le biais de ses bibliothèques, de ses écoles et de ses artistes). De plus, elle est située au carrefour de voies commerciales majeures. En 1451, le sultan Mehmet II assiège Constantinople. Du côté Byzantin, on compte 7000 combattants face 80 000 Turcs Ottomans. Le rapport de force très inégal conduit à la défaite des Byzantins. La ville ayant refusé de se rendre et ayant résisté, est livrée au pillage, comme le veut la loi islamique, durant trois jours. Entre les Chrétiens orthodoxes et les Chrétien catholiques, il existe des divergences doctrinales et liturgiques ainsi que des rivalités politiques. Les chrétiens orthodoxes ne reconnaissent pas l’autorité du pape. De plus, selon les catholiques seules les âmes chrétiennes peuvent être sauvées et avoir accès au paradis. Ils ont donc la volonté de convertir tous les incroyants. Selon les orthodoxes, Dieu peut sauver qui il veut, sans condition de religion. La rupture est définitive entre les deux branches chrétiennes à partir du sac de Constantinople par les croisés en 1204. 2) L’expansion de l’empire ottoman face aux Européens L’Empire ottoman s’étend progressivement sur tout le pourtour méditerranéen. La conquête des Balkans a commencé dès le XIVème siècle avant même la prise de Constantinople. Elle se poursuit avec la conquête de la plaine de Hongrie donnant ainsi aux Turcs le contrôle du quart sud-est de l’Europe. Sur la même période allant du XIVème au XVIème siècle, les Turcs prennent le contrôle de la Syrie et de l’Egypte (autour du delta du Nil), du littoral nord africain, d’une partie de la Mésopotamie et de l’Arménie. L’empire Ottoman atteint son expansion maximale au moment du règne de Soliman Le Magnifique (1520-1566). Il s’étend alors sur près de 20 millions de km². Cependant, dans cette volonté d’expansion, les Ottomans seront stoppés aux portes de Vienne dans les années 1530. L’empire ottoman est vu par de nombreux Etats chrétiens comme une menace. Sous l’égide du pape, certains Etats chrétiens comme l’Espagne et les cités marchandes de Gênes et de Venise (Etats fortement intéressés par la sécurité de la navigation en Méditerranée) organisent une croisade. Cette coalition détruit la flotte ottomane à Lépante en 1571. B) Comment les différentes religions et populations de la capitale cohabitent-elles ? Constantinople était au cœur du Moyen Age une des plus villes les plus peuplées au monde et la plus grande cité de l’Europe (c’est-à-dire selon l’idée de l’époque la chrétienté). Aux 400 000 habitants de cette époque, répondent les 73 440 habitants obtenus en 1478 par le décompte effectué sur ordre du sultan. Cette baisse est le résultat de plusieurs facteurs ; d’abord une perte de dynamisme de Constantinople à la fin de la période byzantine mais aussi bien évidemment les pertes provoquées par le pillage de la ville et par la fuite d’habitants avant, pendant ou après le siège. Dans le même temps, peu de Turcs sont venus s’établir dans la ville. Aussi le sultan décide-t-il d’attirer à Constantinople une population de qualité afin de repeupler la ville et lui rendre le dynamisme correspondant à son statut de capitale de l’Empire ottoman. Cette population nouvelle, comprenant des personnes ayant des talents particuliers et des connaissances, vient s’installer dans une ville que les sultans entreprennent de transformer pour en faire une ville brillante. Quand on observe le plan de Constantinople à l’époque ottomane, on constate que la ville abrite différents types d’édifices religieux (mosquées, églises et synagogues). Cela prouve que Constantinople a su garder et même attirer des personnes de toutes les régions et de toutes les religions du pourtour méditerranéen. Les sultans font donc preuve d’une tolérance en matière religieuse et les étrangers conservent leurs droits. Toutefois, la tolérance a ses limites. Les non-musulmans doivent payer un impôt en échange du maintien de leurs droits. Cette contrainte est de nature à amener certains à changer de religion pour se soustraire à l’impôt. Par ailleurs, certaines pratiques sont discriminantes pour les populations étrangères (enlèvement des enfants chrétiens pour servir d’esclaves). II - Comment les voyages de Magellan bouleversent-ils la connaissance que les Européens ont du monde ? A) Un contexte propice aux expéditions maritimes Les routes commerciales traditionnelles entre l’Europe et l’Extrême-Orient (Chine, Inde) sont perturbées par les conquêtes ottomanes. Ceci poussent les Européens à rechercher de nouvelles voies d’accès vers l’Asie. Au départ, l’ambition est donc de découvrir de nouvelles routes commerciales. Les Portugais, dans le prolongement de l’effort séculaire de la Reconquista contre les musulmans, sont les premiers à se lancer sur les mers ; ils veulent atteindre les Indes en contournant l’Afrique. Après presque un demi-siècle d’expéditions successives, Bartholomé Dias atteint en 1488 le sud de l’Afrique. Vasco de Gama, en 1498, atteint l’Inde. Il réalise le premier voyage commercial maritime d’un Européen entre l’Europe et les Indes ; l’obstacle ottoman se trouve dès lors contourné. De leur côté, les Espagnols vont profiter de la proposition d’un navigateur génois, Christophe Colomb qui propose d’atteindre les Indes par l’Ouest en traversant l’océan ; ce projet montre que les savants connaissent parfaitement la rotondité de la Terre. Christophe Colomb atteint les Antilles en 1492, en pensant être arrivé en Extrême-Orient (il croît être à Cipangu c’est-à-dire le Japon actuel). Les Espagnols se retrouvent donc avec des terres nouvelles à exploiter, terres qui vont au fur et à mesure de l’exploration se révéler très vastes. La poursuite des expéditions maritimes va donc se trouver favorisée par la compétition entre Portugais et Espagnols lesquels risquent par finir de s’affronter. Pour éviter les litiges entre les deux royaumes, le pape Alexandre VI impose son arbitrage ; il prend la forme d’une ligne passant dans l’océan Atlantique séparant les espaces à découvrir entre terres espagnoles (à l’ouest de la ligne) et portugaises (à l’est). Le traité de Tordesillas (1494) est donc un véritable partage du monde mais, comme on connaît encore très mal le tracé des continents, il va se révéler plein de surprises. Ainsi, en 1500, quand le portugais Cabral aborde une nouvelle terre, on s’avise que celle-ci est du « côté portugais » alors qu’elle se situe à l’ouest de l’océan Atlantique ; ce sera le Brésil. Les expéditions au-delà des mers et des océans sont rendues possible par les progrès techniques et scientifiques, notamment la caravelle qui rend possible la navigation en haute mer, ainsi que les nouveaux instruments nautiques comme les portulans (cartes indiquant les caps à suivre pour naviguer), la boussole et l’astrolabe (qui permet de calculer sa position grâce aux étoiles). Là où les navigateurs des siècles précédents hésitaient à s’éloigner des côtes pratiquant essentiellement le cabotage, ceux du XVème et du XVIème siècles se lancent sur les mers de manière plus résolue mais avec des risques qui restent importants. Si les intérêts commerciaux et politiques sont essentiels dans l’encouragement donné par les souverains portugais et espagnols aux expéditions de découverte, deux autres raisons expliquent ces voyages. Il y a d’abord des visées purement scientifiques ; dans le cadre du grand mouvement intellectuel de l’humanisme, on veut mieux connaître le monde. Cependant cette ambition se croise avec l’idée de propagation de la religion chrétienne ; il s’agit d’apporter la foi chrétienne aux populations de territoires lointains qu’on connaît par les récits des commerçants musulmans qui s’y sont rendus. Des légendes courent également comme celle du royaume du Prêtre Jean qui serait le souverain d’un territoire chrétien au cœur de l’Asie ; un des objectifs des voyages sera aussi d’atteindre ce territoire mythique… Preuve de l’interpénétration des idées de découverte et de religion, lorsque Christophe Colomb abordera à son quatrième et dernier voyage le continent américain proprement dit, il sera persuadé d’avoir réussi à atteindre le Paradis terrestre. En quelques décennies, la vision de monde connu des Européens a radicalement changé. Un nouvel équilibre entre les puissances européennes s’ouvre, fondé sur des échanges réciproques entre les Européens et les continents américain et africain, ainsi qu’un nouveau partage du monde avec le traité de Tordesillas en 1494. C’est dans ce cadre que s’inscrit le voyage de Magellan. B) Fernand de Magellan, itinéraire d’un explorateur Fernand de Magellan est un navigateur portugais (et donc en tant que tel quelqu’un qui a déjà participé à des expéditions maritimes suivant la route portugaise contournant l’Afrique). Cependant, parce qu’il estime que ses mérites ne sont pas reconnus par le souverain portugais, Magellan va se mettre au service du roi espagnol Charles Ier. C’est à lui qu’il propose de reprendre le projet de Christophe Colomb d’atteindre les Indes par l’Ouest. Pour y parvenir, il faut trouver un passage au sud du continent américain dont on ne connaît toujours pas le tracé exact. Il faut dire aussi que les Espagnols supposent que les Moluques, îles productrices d’épices, se trouvent dans la moitié du globe qui leur a été attribuée par le partage de 1494. Magellan obtient le commandement d’une flotte de cinq navires qui lèvent l’ancre à Séville en août 1519. Celle-ci vogue vers les Canaries puis traverse l’océan jusqu’à rejoindre la côte américaine au Brésil. En mars 1520, alors qu’il a fait relâche dans une baie, Magellan doit faire face à une mutinerie de marins qui doutent de l’existence du fameux passage et craignent le froid austral qui se renforce au fur et à mesure qu’on descend vers le Sud. En octobre, le fameux passage, auquel on donnera le nom de détroit de Magellan, est découvert. Des feux et des fumées étant visibles sur l’île au sud du détroit, le nom de Terre de feu sera donné à cette île. Magellan s’engage alors avec les trois navires dont il dispose encore dans la longue traversée d’un océan où il ne rencontrera ni îles, ni tempêtes (de là le nom d’océan Pacifique qui lui attribue). Au bout d’un moment, le ravitaillement vient à manquer et les marins en sont réduits à manger les rats présents sur les navires. En mars 1521, Magellan parvient aux Philippines, situées au nord des Moluques qui étaient l’objectif initial. Commence une entreprise d’évangélisation des souverains des peuples vivant sur l’archipel. C’est lors d’une expédition de conversion forcée que Magellan est tué le 27 avril 1521. Face à l’hostilité croissante, les marins, désormais sous le commandement de Sébastian del Cano (ou el Cano), reprennent la mer, s’arrêtent aux Moluques pour charger des épices mais choisissent de rentrer en Espagne par le « chemin portugais » (contournement de l’Afrique) qui paraît le plus court. Il ne reste plus qu’un navire et 18 hommes d’équipage lorsque la Victoria entre dans le port de Séville en septembre 1522. De 1519 à 1522, Magellan et son équipage sont les premiers de l’histoire à avoir effectué une circumnavigation (tour de la terre en bateau). Ce voyage est emblématique des Grandes Découvertes et de leurs conséquences. On voit la difficulté, les dangers de telles expéditions conduites avec des moyens de repérages et de navigation restant rudimentaires, sur des périodes longues posant le problème du ravitaillement en vivres et en eau des marins. Cela se traduit par des pertes nombreuses en hommes et en navires. L’idée que les Européens ont de leur supériorité les amène à imposer leur religion par la force. Cependant, cette domination va plus loin puisqu’elles nient les civilisations locales. De manière symbolique d’abord en nommant les espaces « découverts » comme s’ils n’avaient jamais été nommés par les indigènes (ces noms sont souvent liés à la religion, notamment par l’intermédiaire du calendrier chrétien, car on donne aux terres découvertes des noms correspondant au saint du jour). Les Européens s’approprient ainsi une partie du monde (essentiellement les littoraux dans un premier temps) comme si les populations locales n’y avaient aucun droit. Ce qui n’est pas encore perceptible dans le voyage de Magellan c’est la conquête brutale de ces espaces (Amérique, côte africaine, îles du Sud-est asiatique) qui pourra aller jusqu’à provoquer la mort de certaines civilisations (exemple les Aztèques).