Mikel Dufrenne. Une vie - Le site officiel de Michel Onfray
Transcription
Mikel Dufrenne. Une vie - Le site officiel de Michel Onfray
Université populaire de Caen Basse-Normandie – Année 2014-2015 Contre-histoire de la philosophie par Michel Onfray – Conférence N° 271 # 17 : Lundi 4 mai 2015 « MIKEL DUFRENNE. UNE VIE » 1./ DUFRENNE, UN HOMME LIBRE a) Marxisme, lacanisme, maoïsme b) Pas de sabir c) Ecrit contre le structuralisme d) N’a pas joué le maître • Même quand Vincennes créait les siens. 2./ UN ELEVE D’ALAIN a) Pas de bio de Mikel Dufrenne b) Né à Clermont dans l’Oise le 9 février 1910 • Mère pianiste • Père inspecteur de l’enseignement primaire c) Etudes primaires à Clermont • Bac en 1925 • 1926 : hypokhâgne et khâgne à Henri IV (Paris) d) Aucune bio d’Alain ne le mentionne parmi les élèves d’Alain devenus célèbres : • Simone Weil, Georges Canguilhem, André Maurois, Jean Prévost, Jacques de BourbonBusset, Julien Gracq, Marcel Déat, Maurice Schumann. e) Mikel Dufrenne dit devoir sa passion pour la philosophie et son enseignement à Alain. 3./ LE COURS D’ALAIN a) Faisait écrire des dissertations au tableau et les corrigeait b) Préparait son cours avec minutie • Le dictait c) Georges Benezé : • Une belle couverture pour relier son cahier. • Avait écrit sur la première page : « Manuel de philosophie à l’usage des candidats par M. Emile Chartier, agrégé de l’Université, professeur au Lycée Michelet. » • Alain dit : « Alors, vraiment ? Vraiment ? Vous me croyez capable d’écrire un manuel de baccalauréat ? ». • « Il montrait, en souriant, un air infiniment triste » (Hommage à Alain, NRF, 9). d) Jeanne Alexandre, une de ses élèves au Cours Sévigné : « Il traitait de déloyale l’information par manuel ou par résumé » (id.20). e) Emile Herzog, futur André Maurois : « Les sujets qu’ils nous donnait étaient faits pour tuer la rhétorique : Une jeune fille est sur le point de franchir le parapet du pont Boïldieu. Un philosophe la retient par la jupe. ». Dialogue. • Ou encore : « Dialogue entre un sacristain et un capitaine des pompiers sur l’existence de Dieu » (André Sernin, Alain. Un sage dans la cité, 83). • Annotait soigneusement les copies 1 f) g) h) i) j) k) • Traquait le jargon • Les rendait pliées pour que les voisins ne voient pas les notes. Tout était prétexte à (faire) philosopher en cours : • Un élève entre avec une liste en main • La met dans son casier • L’oublie • Le censeur entre dans la classe • Demande l’argent pour les pauvres • L’élève a oublié • Le censeur le blâme • Alain : • Les élèves n’ont pas donné ? • Et alors ? • a) Le propre de la quête : • Solliciter les bonnes volontés • b) Ce qui veut dire : • Qu’on peut ne rien (vouloir) donner. • Le censeur rechigne • Alain : « Question de principe, Monsieur le censeur. Ou ils sont forcés, ou ils ne le sont pas… Il vous reste encore les menaces, et ils sont libres de s’y soumettre… ». • Le censeur sort, dépité, bougonnant : « Je ne vous félicite pas Monsieur Chartier ». Un élève écrit une phrase au tableau • Il la découvre en entrant • Et la commente Question sur les droits et les devoirs des prostituées • Jour d’inspection… • Traite le sujet Georges Benezé : • Alain évitait le cours magistral • Il commençait par des considérations simples, concrètes : « Comment voyez-vous ce livre, ou bien ce tableau noir ? Comment savez-vous que vous connaissez son existence ? » (Savin, 102). • Commentaire de l’élève : « Nous ne nous étions jamais posé la question, et nous en fûmes étonnés. Il accueillait toutes nos réponses, réfléchissait quelques instants et nous les renvoyait en ordre, un ordre qui était le sien, mais simple et facile à comprendre. A la fin de la classe, il dictait quelques lignes sur l’ensemble de l’entretien. (…) Il resta ainsi, sur le sujet de la perception, deux mois, à neuf heures par semaine. Il passait ensuite à un inventaire des sensations et à des analyses de pure psychologie, dont il s’évadait peu à peu pour arriver à la métaphysique. Les grands systèmes ne furent abordés qu’en décembre, et très prudemment, et sans nous imposer telle ou telle doctrine (…). Nous faisions un devoir tous les quinze jours, sans compter les trois compositions » (id). Méthode vraiment socratique • A séduit des générations d’élèves Mikel Dufrenne suit 3 ans le cours d’Alain • Entre à l’ENS en 1929 • Veut devenir professeur de philosophie 2 l) Dans la même classe que Etiemble, sinisant • Henri Queffelec, romancier • Jacques Soustelle, spécialiste des civilisations des Andes m) Agrégé en 1932 n) Nomination dans les lycées de province : • Thionville (1933-1934), Vesoul (1934-1936), Sens (1936-1939). o) 1938, épouse Madeleine Rossel. 4./ PHILOSOPHER DANS LES CAMPS a) 1939 : mobilisé • Prisonnier de 1940 à 1945 • A Gross Born • Une tentative d’évasion par sous-terrain • Transféré printemps 1942 à Arnswalde en Poméranie b) Camp avec des intellectuels : • Agrégé de lettres, professeur de philo à Versailles, angliciste • Rencontre Roger Ikor (Goncourt 1955) qui a écrit : • L’Insurrection ouvrière de juin 1848 ou la Première Commune (1936) • Une biographie de Saint-Just (1937) • Et Paul Ricoeur. c) Conditions plus rigoureuses qu’à Gross : • Sous commandement SS • Electricité coupée deux heures plus tôt, • Douches non plus quotidiennes mais hebdomadaires, • Poux grouillent • Les appels passent de un à trois • Convoqués de façon arbitraire • Peuvent durer plus d’une heure • Coups de crosse • 3 000 prisonniers dans quelques baraques sur 9 hectares. • Cannibalisme dans un camp qui jouxte. • Passent sous commandement Wehrmacht : • Les conditions s’assouplissent • 8/15 par chambrée • Son block (3, chambre 205) : sont 8 • Font leur cuisine • Reçoivent des colis : denrées, livres • Ricoeur : étourdi, maladroit, distrait • Il fait échouer une expérience de fabrication d’alcool • Calcine les aliments quand c’est son tour de cuisiner • La censure lui renvoie une lettre qu’il a oublié d’écrire • Traduit Husserl avec un crayon violet – s’en met partout sur le visage • Pur esprit que rien ne distrait de son activité réflexive • Camp géré par un officier d’active • Tous sont pétainistes • Ricoeur avoue qu’il l’était • Et qu’il défendit les thèses de la révolution nationale. • Les prisonniers créent une université 3 • Recteur, doyen, directeur des études, cadres administratifs, directeur des études, corps professoral • 3 facultés : lettres, science et droit • Livres envoyés, empruntés à la bibliothèque de Königsberg • En 1943 : bibliothèque du camp : 22 000 volumes, • Dont 1 600 pour l’université • Donne 2 conférences par jour • Prépare aux examens officiels • Ricoeur : a) Conférence sur Nietzsche sans notes en extérieur • Sur la mauvaise lecture effectuée par les nazis b) Traduit Ideen I de Husserl • Husserl, juif, est interdit • Ricoeur cache son volume c) Lit aussi Heidegger • Dufrenne : • Cours d’esthétique • Noyau de sa thèse : • La phénoménologie de l’expérience esthétique (1952) • Activités esthétique : • Cinéma deux fois par mois • Tourne-disque et conférences • Dufrenne sur Pelléas • Sur Valéry et Claudel • Les poètes que Ricoeur avait dans son sac en arrivant • Ricoeur & Dufrenne travaillent ensemble • Lisent tout ce qui est disponible • Ecrivent Karl Jaspers et la philosophie de l’existence (1947). • Jaspers rédigera une préface • Ricoeur & Dufrenne signalent : • Contradictions • Failles dans le système • Impossibilité de revendiquer une œuvre philosophique digne de ce nom • Jaspers dit qu’il y avait aussi des contradictions chez Platon, Aristote, Descartes, Kant… • Et qu’un penseur digne de ce nom compose avec ces tensions d) Hiver 44/45 : transfert du camp à l’ouest • Marchent dans le froid, fatigués, épuisés, mauvaises conditions physiques • On leur promet une balle s’ils tombent, sortent du rang • 3 jours de marche, début du dégel, perdent tout • Ricoeur sauve ses notes pour sa thèse et sa traduction • En Pologne se font tirer dessus par les soviétiques • Des SS surgissent • Ricoeur & Dufrenne leur parlent en allemand et sauvent leur peau e) Transférés dans la prison de Stettin plusieurs semaines • Ricoeur continue son travail • On les mets dans un train qui repart vers l’ouest f) Transférés dans un camp du côté de Hanovre en janvier 1945 4 • Gardiens habillés en détenus pour éviter les Russes g) Marchent vers l’ouest, rencontrent les Canadiens • Découvrent alors l’existence des camps de la mort. 5./ POUR UNE ESTHETIQUE LIBRE a) Mikel Dufrenne arrive à Paris le 8 mai 45 • Professeur au Lycée Jacques Decour à Paris b) 1946-1947 : classe prépa à Louis-Le-Grand • 1947-1955 : assistant de sociologie à la Sorbonne • Cours d’esthétique pour remplacer Raymond Bayer, malade • 1948-1952 : détaché au CNRS • Voyage un an aux Etats-Unis • Travaille sur La personnalité de base et l’anthropologie culturelle • 1949-1955 : participe aux pages culturelles de Combat. c) 1953 : soutient sa thèse • Jury : Bachelard, Souriau • Gandillac sur Jankélévitch qui lui demande le nombre d’octaves sur un piano. d) Thèse en deux parties : 1) L’objet esthétique 2) La perception esthétique. e) Une analyse non marxiste : • La superstructure idéologique • Cf Adorno et Schönberg • Günter Anders et le Jazz f) Une analyse non freudienne : • La sublimation g) Cite Alain, Vingt-leçons sur les beaux-arts • Ni marxiste, ni freudien. 6./ UNE PHENOMENOLOGIE FRANÇAISE a) Dufrenne refuse de « s’égarer dans l’évocation de la conjoncture historique ou des circonstances psychologiques de la création » (2) • Il renvoie au « recueillement que suggère (…) la contemplation esthétique » (id.). b) Phénoménologie de la pratique esthétique • Sans oublier le sujet qui regarde • Et l’objet regardé c) « Nous ne nous astreignons pas à suivre à la lettre de Husserl. Nous entendons phénoménologie au sens où MM. Sartre et Merleau-Ponty ont acclimaté ce terme en France : description qui vise une essence, elle-même définie comme signification immanente au phénomène et donnée avec lui. L’essence est à découvrir, mais par un dévoilement et non par un saut du connu à l’inconnu. La phénoménologie s’applique en premier à l’humain parce que la conscience est conscience de soi : c’est là que le modèle du phénomène, l’apparaître comme apparaître du sens à lui-même. Nous laissons de côté, quitte à y revenir à la fin, l’acception du terme dans la métaphysique hégélienne où le phénomène, est une aventure de l’être qui se réfléchit en lui-même, par quoi l’essence se dépasse dans le concept » (4-5). • Pas de phénoménologie allemande • Mais une phénoménologie française. 7./ « POUR UNE PHILOSOPHIE NON THEOLOGIQUE » a) S’inscrit dans le courant d’une phénoménologie athée 5 • Au contraire de Levinas, Derrida, Henry, Marion, Chrétien b) Le poétique paraît en 1963 • Réédition en 1972 avec un avant-propos : • Pour une philosophie non-théologique • Souhaite comprendre Derrida et Blanchot • Mais avoue qu’il ne les comprends pas • Interroge L’écriture et la différence et De la grammatologie • Et L’entretien infini • Commence avec Heidegger, leur maître à tous les deux • Mikel Dufrenne en fait l’inventeur des « philosophies de l’absence » (7) • Va y opposer sa philosophie de la présence. c) Pour Heidegger : • L’être est invisible car en étant il deviendrait un étant • Il faut donc penser l’être hors les étants • Chez Heidegger « L’être est toujours au-delà, inassignable, innommable, jouant avec la pensée une étrange partie de cache-cache » (7). • Heidegger s’en défend • Mais sa pensée procède d’une inspiration théologique. d) De même avec Derrida avec ses concepts : • Différance, déconstruction, trace, archi-trace… • Disserte abondamment sur le signifié qui renvoie plus au concept qu’à la chose • Plus au pensable qu’au réel • Derrida évolue dans un monde d’idées pures • En compagnie des objets insaisissables de la théologie négative • Le réel est congédié au profit de l’Idée • et l’Idée n’est jamais très loin de Dieu… • Qui, Lui, n’entretient aucune relation avec les choses et le réel • Pour Mikel Dufrenne « l’ontologie de la présence n’est pas nécessairement une ontothéologie » (14) • Mikel Dufrenne propose une réflexion sur le réel tangible : • La lecture et la récitation, • Les relations entre langage, prose et poésie, • Le rythme, l’harmonie et la musicalité poétique, • Le sujet poétique, • L’état poétique, • Les figures du poète, soit l’artisan, soit l’inspiré, • La vocation, • Le rôle de l’imagination, • Le poétique dans la Nature, • La Nature et le poète, • La nature comme poétique, • Le poétique comme catégorie esthétique • L’homme poétique. e) « Une philosophie non théologique, c’est une philosophie pour laquelle il n’y a pas à attendre de parousie : elle sait que la présence est donné hic et nunc. Elle est le don même, qui n’implique pas de donateur, qui est seulement le devenir imprévisible et prodigue du réel. Pas d’origine absolue aux frontières du néant, mais seulement de l’originaire : la puissance de la nature. Pas de geste créateur, sinon celui de l’homme qu’habite cette puissance. L’origine est 6 toujours là dans ce pacte que scelle ma naissance, et que la perception ne cesse de renouveler. Nous ne cessons de l’oublier, et nous ne pouvons nous en déprendre » (56). f) Ici et maintenant : • Le réel et la nature, • Les choses et la perception • L’immanence et l’homme g) La phénoménologie n’est pas une technique pour sortir du monde • Mais pour le pénétrer, le saisir, le comprendre • Et l’aimer. h) L’art guérit de la religion • Du sentiment religieux, • Du comportement religieux, • De l’expérience religieuse. i) La science est sérieuse • Elle aime le pouvoir et le veut, • Elle chemine avec lui, • Elle sacrifie l’homme sous prétexte d’accomplir sa vocation. j) La philosophie se prétend le savoir absolu • Elle a détaché le savant du savoir, • Elle a dissocié la conscience et l’expérience , • Elle entretient du non savoir comme un savoir avec une autorité terroriste, • Elle induit la mort de l’homme et celle de Dieu, • Mais transfigure cette mort en retour vers dieu , • Dieu des théologiens mystiques, des théologies négatives. k) En 1972 : • 18 ans avant Dominique Janicaud • Analyse ce tournant théologique de la phénoménologie française • Penser le monde et y trouver l’occasion d’une joie : • Le souci de Mikel Dufrenne sa vie durant. 8./ CONTRE LE STRUCTURALISME a) 1963, un an après La pensée sauvage de Lévi-Strauss, • Esprit, sous la responsabilité de Ricoeur, propose une réfutation du structuralisme • Paul Ricoeur & Mikel Dufrenne rencontrent Lévi-Strauss • Contributions : Faye, Axelos, Pierre Hadot… b) Nouveau dossier en 1967 dans Esprit : • Structuralismes. Idéologie et méthode c) En réponse au Pour Marx (1968) d’Althusser • Mikel Dufrenne publie Pour l’homme : « Cet essai se propose d’évoquer l’antihumanisme propre à la philosophie contemporaine, et de défendre contre elle l’idée d’une philosophique qui aurait le souci de l’homme » (9). • Vingt ans avant La Pensée 68 de Ferry et Renaut. d) Maître de conférence puis professeur à la faculté des lettres de Paris • Travaille sur la notion d’a priori • Le matériau de son premier livre : La notion d’a priori (1959) • Le second : L’inventaire des « a priori ». Recherche de l’originaire (1981). • L’homme n’est pas mort • Il doit trouver dans la nature, via l’art et la poésie, de quoi donner un sens à sa vie 7 e) f) g) h) • Connivence homme/monde • La tâche de la philosophie ? • Rendre claire cette connivence susceptible de procurer de la joie • La phénoménologie est la voie qui conduit à découvrir ce monde • Et à y prendre place Codirige Revue d’esthétique entre 1960 et 1994 avec Souriau • Puis, après 1878, avec Olivier Revault d’Allones • 1964-1974 : Nanterre, fonde le département de philosophie • Fait venir Ricoeur • 1965-1988 : conférences partout sur la planète • Professeur invité : Italie, Pologne, Roumanie, Grèce, Japon, Zaïre, Canada, Québec • Aux Etats-Unis - où il refuse de se rendre tant que dure la guerre du Viêt-Nam. • 1967 : crée et dirige la « Collection d’esthétique » aux éditions Klincksieck. Participe à Mai 68 Invité à faire une conférence dans un établissement catholique : « Mais moi… je suis anarchiste » (Dino Formaggio, Mikel vivant in Mikel Dufrenne. La vie, l’amour, la terre 37) Démissionne du Comité Consultatif des universités en 1972 • Proteste contre le refus d’inscrire Lyotard sur la liste des maîtres de conférence • 2 ans plus tard, prend sa retraite • Continue à écrire, conférence, diriger la revue jusqu’en 1988. CONCLUSION : VIEILLIR, SOUFFRIR, MOURIR a) « Vieillir » : répond à un interlocuteur • Il est « grand insuffisant respiratoire » depuis plusieurs années • Ne s’est jamais senti vieillir mais a découvert qu’il était vieux • De vieillir on ne peut dire que : nous avons vieilli • On mesure un état présent à un état passé et on conclut qu’on a vieilli. b) La mesure : non pas chaque jour • Mais à des moments précis, • Par paliers descendus à des rythmes différents • Ce ne sont pas les proches qui nous le disent • Mais nous qui le voyons : « Quand j’ai été incapable de couler ma brasse et que j’en ai été réduit à nager sur le dos, quand j’ai été trop essoufflé pour courir après une balle et que j’ai dû renoncer à pénétrer sur un court, quand j’ai vu que mes reflexes étaient moins rapides et les mouvements que j’imprimais au volant trop brusques et que j’ai dû apprendre à conduire moins vite. Et combien d’autres occasions, plus discrètes, d’éprouver un ramollissement du ressort vital : une certaine impotence, et aussi une certaine fragilité » (Mikel Dufrenne. La vie, l’amour, la terre, 93). c) La vieillesse ne va pas sans certaines grâces • Croyait que le sport lui coûterait • Constate qu’une fois qu’il en est privé • Cela ne le gêne pas : « Ce que je ne peux plus faire, je n’ai plus envie de le faire » (94) • Le corps s’adapte, baisse ses prétentions d) L’enseignement allait avec l’écriture • Sans l’enseignement, l’écriture allait quand-même • Enfin l’écriture a cessé d’elle-même 8 e) Et l’on se dit : • A quoi bon écrire • Quand ce que l’on écrit ne modifie rien au cours du monde f) La sagesse des vieillards g) Joue désormais au bridge, lit des polars h) Dernières années de souffrance • Jadis grand nageur, bon joueur de tennis • Vit désormais sous assistance médicale • Ne peut plus sortir de son appartement rue Rosa-Bonheur • Son état se dégrade • Perd son indépendance i) Meurt le 10 juin 1995 (85 ans) • A choisi d’arrêter son appareillage • Incinéré et enterré au Père Lachaise • Avait choisi Satie et Berlioz comme musique pour l’incinération. BIBLIOGRAPHIE : • • • • • • Mikel Dufrenne, Phénoménologie de l'expérience esthétique, PUF Mikel Dufrenne, Le poétique, PUF Mikel Dufrenne et Paul Ricoeur, Karl Jaspers et la philosophie de l'existence, Seuil François Dosse, Paul Ricoeur, La découverte Thierry Leterre, Alain. Le premier intellectuel, Stock Henri de Monvallier et Nicolas Rousseau, Blanchot l'obscur, Autrement 9