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Séquence : parcours de personnage, le super-héros.
Séance 2 : D'un super-héros, l'autre : de Zorro à Batman.
Objectifs :
 Approfondir la séance précédente.
 Analyser une séquence en images.
 Comparer texte écrit/séquence en images.
 Évoquer l'influence de la littérature de genre.
 Évoquer la nature collective de la création et de la production du comic book.

Problématique : Peut-on dire que les super-héros sont les successeurs des héros de la littérature populaire ?
« L'obscurité engendrait le crime dans les cloaques de la ville. L’obscurité faisait naître les créatures de la nuit.
Et particulièrement les chauves-souris. » R. Sheckley, Mort du maître des mirages.
Document 1 a) :
b) Présentation de Batman.
Batman a été créé en 1939 par Bob Kane et Bill
Finger.
Enfant, Bruce Wayne assiste au meurtre brutal de
ses parents dans une ruelle sombre. Il jure alors de
consacrer sa vie à la lutte contre le crime. Il devient
Batman, jouant ainsi sur la terreur superstitieuse
qu'inspire sa silhouette pour frapper les criminels
d'effroi.
Contrairement à Superman, Batman n'a aucun
pouvoir : un entraînement intensif lui a donné des
aptitudes physiques exceptionnelles et il a affûté ses
facultés d'observation et de déduction, ce qui fait de
lui un détective efficace. Grâce à la fortune héritée de
ses parents, Batman s'est doté de gadgets
performants qui l'appuient dans sa croisade contre le
crime, le plus spectaculaire étant la fameuse
Batmobile.
Il est secondé dans sa mission par Alfred, le fidèle
valet et confident qui l'a élevé et par Robin, son
pupille (un personnage imaginé par Jerry Robinson
afin de rendre la bande moins violente). Bien que
Batman agisse aux marges de la loi, il a des alliés au
sein de la police officielle comme le commissaire
Gordon ou le détective Harvey Bullock.
© DC comics
Batman est un justicier urbain dont les aventures se
déroulent dans une ville imaginaire, Gotham City.
Document 1 c) : The Dark Knight returns. (Le Retour du Chevalier Noir).
En 1986, Frank Miller (scénario et dessins), Klaus Janson (encrage) et Lynn Varley (couleurs) produisent
une mini-série sur Batman. Elle comporte quatre numéros à dos carrés et elle est imprimée sur papier glacé,
sans publicité. Plus d'un millions d'exemplaires sont vendus. L'histoire raconte la dernière aventure de
Batman, son retour dans une métropole gangrenée par le crime et la corruption (ou la lâcheté) des édiles. Il
s'agit d'une vision crépusculaire du héros qui devient alors The Dark Knight (jeu de mot homophonique sur
Dark Knight/Chevalier Noir et Dark Night/Nuit profonde).
L'extrait suivant montre Bruce Wayne qui regarde la télévision. Le film présenté évoque pour lui le douloureux
traumatisme d'enfance qui l'a poussé à devenir Batman.
© 1986 DC comics, Éditions Aedena pour l'édition française. Traduction de Jean Annestay.
Questions :
1- Analyser la séquence de l'agression dans le doc. 1c) :
A- Comment est-elle rapportée ?
 Il s'agit d'un flash-back (analepse).
 Le gaufrier est dense (16 vignettes par page en moyenne)
 Succession de plan serrés (plans moyens, inserts, gros plans).
 Les récitatifs présentent les pensées de Bruce Wayne qui est le narrateur. (Technique de la « voixoff »). Le flash-back est muet. Il s'achève avec le retour du son, avec la voix et le visage d'un
présentateur commentant un fait divers. NB. Double point de vue narrateur/lecteur.
B- Que raconte-t-elle ?
 Le jeune Bruce sort du cinéma. Ses parents et lui se retrouvent face à un petit truand qui les menace
de son arme. Le père s'interpose entre sa famille et le voyou, il est abattu puis la mère de Bruce est
tuée à son tour, son collier de perles est cassé et les perles se répandent au sol. L'action est
décomposée comme au ralenti.
 Le visage de Bruce Wayne, éclairé par l'écran du téléviseur, est d'abord grave puis crispé de terreur
(ce visage est reproduit trois fois dans la séquence – itération).
C- Que provoque cette vision ?
Le rythme s'accélère. Bruce change frénétiquement de chaînes et subit une déferlante de mauvaise nouvelle.
Une suite de vignettes alterne les inserts sur la zapette et les visages des présentateurs à la télévision. Bruce
se cache le visage. L'image récurrente du collier de perles de sa mère s'insère dans la séquence qui se
termine par un très gros plan sur le regard résolu du héros.
D- A votre avis, qu'annonce la fin de la séquence ?
Le souvenir déclenche une crise chez le héros vieillissant qui décide brusquement de sortir de sa retraite pour
nettoyer les bas-fonds de Gotham.
Document 2 : Couverture de Batman Year One de
Frank Miller et Dave Mazzucchelli (1987)
Questions :
2A- Analyser la couverture.
 Plan moyen, vue en contre-plongée.
 B. Wayne enfant est agenouillé à côté des
corps de ses parents.
 Lumière zénithale, dégradé de plus en plus
clair vers le bas de la couverture, éclairage
dramatique (comme une poursuite de théâtre.)
 L'ombre de la chauve-souris dans le coin
supérieur gauche couvre la scène et
enveloppe le titre en rouge.
B- Quel est l'effet produit.
Le dessinateur montre l'enfant effondré après le
drame qu'il vient de vivre. A genoux, prostré, visage
dans l'ombre, dos vouté, mains ouvertes en signe
d'impuissance – comme pour présenter la scène. Audessus plane l'ombre de la chauve-souris, annonçant
le héros en devenir. Le dessin résume l'événement
fondateur qui provoque la naissance du super-héros.

En 1989, à l'occasion de la sortie de l'adaptation cinématographique de Batman par Tim Burton, DC
comics demande à des auteurs confirmés de récits fantastiques de donner leur interprétation du
personnage. Le Document 3 est un extrait de la nouvelle Jack l’Éventreur du métro (Subway Jack) de
John R. Lansdale paru dans Les Nouvelles Aventures de Batman (The Further Adventures of
Batman). Traduction de Gilles-Morris Dumoulin © 1989 DC comics, Librairie Générale Française
pour l'édition française.
3 A- Que raconte cette scène ?
Bruce Wayne revit la mort de ses parents, il tente de stopper les balles qui les frappent par la seule force de
volonté mais il échoue. Il se retrouve spectateur impuissant de la mort des époux Wayne comme au cinéma.
Son nouveau père apparaît alors, un immense homme-chauve-souris. Il est réveillé par Alfred. C'est un rêve
récurrent.
B- Quels éléments du récit en bande-dessinée retrouve-t-on dans cet extrait ?
L'analepse, la situation, le point de vue du personnage, le double-meurtre, les perles, la chauve-souris (qui
s'incarne en homme dans l'extrait), l'effet de ralenti.
C- Comment l'auteur rend-il l'effet de ralenti ?
Il fait des phrases courtes avec des retours fréquents à la ligne et use des répétitions. Ces phrases courtes
produisent le même effet que l'alignement des vignettes dans l'extrait de la BD.
Source : Wikipedia
Document 4 a) Zorro (le Renard) :
Zorro est un personnage de pulp magazine (roman
bon marché). Il a été créé par Johnston McCulley en
1919, il apparaît pour la première fois dans Le Fléau
de Capistrano.
Au 19e siècle, dans la Californie sous domination
espagnole, Diego, sous le masque de Zorro, défend
les opprimés contre les autorités corrompues.
Inspiré du pistolero Joachim Murietta, Zorro est créé
alors que le Mexique est secoué par la révolution
zapatiste et qu'une autre révolution, celle de 1917, se
déroule en Russie. Dans le sud des États-Unis, les
travailleurs agricoles tentent de s'organiser face aux
propriétaires terriens. Zorro incarne le rebelle qui
défie l'ordre établi au nom du peuple, tandis que
Diego est l'intellectuel engagé infiltré dans les rangs
des classes dominantes.
Zorro est secondé de son fidèle valet Bernardo. Il fait
preuve d'une remarquable dextérité dans le
maniement des armes (épée, fouet, pistolet) et il est
un cavalier émérite.
Zorro a été adapté de nombreuses fois au cinéma et
à la télévision et ce dès 1920, avec Le Signe de Zorro
(The Mark of Zorro) avec Douglas Fairbanks Jr. La
signature en Z est un apport des films.
(sources : Mad Movies.)
Document 4 b) Vignette extraite de Mondes en conflit (D. Gibbons/S. Rude/ K. Kesel/S.Oliff) © 1990, DC
Comics, 1991,Comics USA pour la VF.
Dans Mondes en conflit, Lex Luthor et le Joker décident d'échanger leurs théâtres d'opération. Le premier se
lance dans la spéculation immobilière à Gotham, le second écume Métropolis. A leur tour, Superman et
Batman changent de ville pour traquer leurs ennemis respectifs. Le soir de Noël, Superman fait un cadeau à
Batman...
© DC Comics
Questions :
4- Dans le document 1 c), quel film vient de voir le jeune Bruce ?
Bruce Wayne vient d'assister à la projection de La Marque de Zorro. (NB. Dans l'extrait, F. Miller évoque la
version de 1940 avec Tyrone Power, remake du film de 1920. Le titre français original est Le Signe de Zorro.)
5- Quel cadeau de Noël Superman offre-t-il à Batman ? Une cassette vidéo de The Mark of Zorro. (N.B.
l'illustration semble inspirée d'un dessin d'Alex Toth.)
6- Quels sont les points communs entre Zorro et Batman ?
 La double identité.
 Le masque et la cape noirs.
 L'habileté dans les sports de combat.
 Ils sont aidés par un valet/confident.
 Ils appartiennent à « l'aristocratie ». (Bruce Wayne réside à Wayne Manor.)
 Ils défendent la justice et les opprimés.
Ce sont des chevaliers modernes (The Dark Knight : le Chevalier noir.)
NB. Chacun a pour totem un animal.
7- Quelles sont les différences ?
 Zorro vit dans la Californie du début du XIXe siècle (sous domination espagnole). C'est un héros du
passé (qui a connu des déclinaisons modernes.) Zorro est un personnage de la littérature populaire.
 Batman vit aujourd'hui à Gotham, une métropole nord-américaine imaginaire inspirée de New-York. Il a
été imaginé après Superman, c'est un super-héros de bande-dessinée (comic books.)
Pour aller plus loin...
Document 5 : L'industrie du comic books.
Les premiers comic books sont des objets promotionnels offerts par des marques de lessives. L'éditeur Max
Gaines a l'idée de les vendre. Au départ, les comic books compilent les bandes (strips) des journaux puis les
éditeurs font appel à des studios pour remplir les pages des revues afin de ne plus payer de droits aux
agences de presse (les syndicates). Les bande-dessinées sont d'abord des bandes d'humour (« comic
strips » ou « funnies »), le terme « comic » restera même après l'apparition de bande-dessinées d'aventures
(Tarzan d'après Edgar Rice Burroughs, Buck Rogers, Flash Gordon/Guy L’Éclair). Le mode de production des
comics books emprunte à l'industrie, chaque intervenant a une tâche spécifique : scénario, crayonné, encrage,
lettrage, mise en couleurs... Progressivement, les comic books vont remplacer les recueils de nouvelles bon
marché (dimes novels et pulp magazines).
 Document 6 a) Le Comte de Monte-Cristo, d'Alexandre Dumas et Auguste Maquet (1844).
Edmond Dantes est un jeune capitaine marseillais plein d'avenir et promis à un beau mariage mais il est
faussement accusé de trahison et enfermé au château d'If. Nous sommes sous la Restauration et la
monarchie redoute les complots bonapartistes (*). En prison, un détenu, l'abbé Faria, lui révèle l'emplacement
d'un fabuleux trésor. Dantès s'évade et revient en France sous les traits du riche comte de Monte-Cristo. Il
précipite la perte de ses anciens amis qui l'avaient dénoncé. Au moment de leur déchéance, il leur révèle son
identité.
(*) En 1814, Napoléon Bonaparte est exilé à l'île d'Elbe tandis que les monarchies d'Europe restaurent la dynastie des
Bourbons sur le trône de France. Bonaparte s'évade et débarque en France en mars 1815. Il rétablit l'empire pendant les
Cent Jours, jusqu'à sa défaite à Waterloo et son exil définitif à Sainte-Hélène.

b) Le Comte de Monte-Cristo se démasque.
Cité par Umberto Eco dans De Superman au surhomme, Grasset, Paris, 1993
Questions :
7- Qui cet extrait met-il en scène ? Le procureur du roi, Villefort et le comte de Monte-Cristo qui s'est fait
passer pour l'abbé Busoni. Le comte lui révèle alors sa véritable identité. (On invitera les élèves à relever les
éléments lexicaux qui assimilent Edmond Dantès/Monte-Cristo à un spectre vengeur.)
 Document. 7 a) : The Destructor de Archie Goodwin, Steve Ditko et Wally Wood.
Le jeune délinquant Jay Hunter est trahi et abattu par son gang dans le laboratoire de son père. Celui-ci lui
rend vie grâce à un sérum miraculeux avant de succomber. Sous l'identité du Destructor (le Justicier en VF),
Jay détruit les ramifications du gang auquel il appartenait. Il jure sur la tombe de son père de défendre la
justice.

b) Jay se démasque devant son bourreau agonisant.
© 1975, Atlas comics
8- Quels sont les points communs entre les deux personnages ? Trahis, laissés pour morts, ils reviennent
faire justice.
Document 8 :
© United artists
© Marvel Comics
a) L'Homme au Masque de fer
b) Le Docteur Fatalis (Dr Doom),
(inspiré du roman d'Alexandre
Némésis des Quatre Fantastiques.
Dumas, Le Vicomte de Bragelone)
© Lucasfilm Ltd
c) Dark Vador (Darth Vader),
seigneur noir de Sith.
9- Quel est le point commun entre ces trois personnages ? Chacun dissimule ses traits derrière un
masque de fer. Chaque personnage a inspiré le suivant.
Question-bilan : Les super-héros s'inspirent des personnages de la littérature populaire. On retrouve les
mêmes thèmes dans les deux types de récits : lutte du bien contre le mal , justice contre oppression, double
identité, vengeance... Le comic book concurrence puis élimine les recueils de nouvelles.