avril - Scènes Magazine

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avril - Scènes Magazine
scènes
magazine
antonio pappano
au victoria hall
ISSN 1016-9415
photo Riccardo Musacchio
251 / avril 2013
CHF. 10.-- 7 €
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6 cinéma
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cine die / raymond scholer
entretien : eran riklis / firouz-elisabeth pillet
sous la loupe : to the wonder / s. lachat, f.-e. pillet
à découvrir : facettes chinoises / firouz-elisabeth pillet
sous la loupe : argo / james berclaz-lewis
les cinémas du grütli / christian bernard
festival du film oriental de genève / david leroy
visions du réel, nyon / christian bernard
entretien : luciano barisone / catherine graf
les films du mois / serge lachat, firouz-elisabeth pillet
sous la loupe : la maison de la radio / christian bernard
entretien : anaïs barbeau-lavalette / firouz-elisabeth pillet
24 opéra
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entretien : renée auphan / eric pousaz
entretien : marie-nicole lemieux / françois lesueur
entretien : karine babajanyan / eric pousaz
suisse alémanique : tutto verdi / eric pousaz
berlin : les diktats de la mode / eric pousaz
montpellier : die entführung aus dem serail / françois jestin
marseille : elektra / françois jestin
lyon : der kaiser von atlantis / françois jestin
monte-carlo : la sonnambula / françois jestin
amsterdam : guillaume tell / françois jestin
mémento
saint-maurice : la flûte enchantée / yves allaz
40 théâtre
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kléber-méleau : le haut-de-forme / nancy bruchez
entretien : véronique ros de la grange / julie bauer
la comédie : les mains sales / rosine schautz
le poche : josé lillo & gorgias / rosine schautz
entretien : david bauhofer / laurence tièche chavier
grütli : légendes de la forêt viennoise / christophe rime
entretien : evelyne castellino / laurence tièche chavier
48 spectacles
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spectacles onésiens / firouz-elisabeth pillet
théâtres des marionnettes / firouz-elisabeth pillet
château rouge : in love with federer & la barbe-bleue
bonlieu : hans was heiri & cyrano de bergerac
53 danse
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meyrin : foofwa d’imobilité / françoise-hélène brou
251 / avril 2013
54 musique
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portrait : nelson goerner / pierre jaquet
portrait : piotr anderszewski / beata zakes
entretien : antonio pappano / eric pousaz
cully jazz festival / frank dayen
agenda genevois / martina diaz
beethoven par le quatuor terpsycordes / martine duruz
joachim raff par l’osr & neeme järvi / bernard halter
62 livres
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mélanie chappuis : maculée conception / claudia cerretelli
64 expositions
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entretien : roger pfund / françoise-hélène brou
zurich : animali / emmanuèle rüegger
mémento beaux-arts : france
giverny : signac, les couleurs de l’eau
mémento beaux-arts : ailleurs
berlin : de beckmann à warhol
mémento beaux-arts : suisse romande
genève : ameyibo, afrique 1979-2012
mémento beaux-arts : suisse alémanique
vevey : robert nanteuil
beyeler : la collection renard / régine kopp
74 manifestation
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marseille-provence 2013 / françois jestin
journées européennes des métiers d’art / julie bauer
77 paris
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maison de la photographie : joyel meyerowitz / chr. pictet
maison rouge : sous influences / régine kopp
opéra : ciboulette sans boulettes / pierre-rené serna
théâtre antoine : une heure de tranquillité / philippe baltzer
comédie française : phèdre / régine kopp
chaillot : pléiades / stéphanie nègre
châtelet : jiuta / stéphanie nègre
chronique des concerts / david verdier
sélection musicale / françois lesueur
mémento théâtre
théâtre nouveautés : cher trésor
mémento expositions
musée d’orsay : l’ange du bizarre
90 les mémentos
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Signature
EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich, FirouzElisabeth Pillet, Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
publicité
Claire Luchetta Rentchnik
secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
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Julie Bauer, James Berclaz-Lewis,
Christian Bernard, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli,
Sarah Clar-Boson, Martina Diaz,
Catherine Fuchs, Catherine Graf,
Bernard Halter, Christophe Imperiali,
Pierre Jaquet, François Jestin,
Régine Kopp, Serge Lachat,
David Leroy, François Lesueur, Anouk
Molendijk, Michel Perret, Eric Pousaz,
Stéphanie Nègre, Christine Pictet,
Christine Ramel, Nancy Rieben,
Christophe Rime, Julien Roche,
Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz,
Rosine Schautz, Raymond Scholer,
Pierre-René Serna, Bertrand Tappolet,
Laurence Tièche Chavier,
Tuana Gökçim Toksöz, David Verdier,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta, Valérie Zuchuat
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
Le Mamco à la Praille, allons-y !
es travaux de réfection et d’assainissement du Bâtiment d’art
contemporain (BAC) à Genève - qui doivent être impérativement
entrepris, depuis 1994 ! - déclenchent des positionnements antagonistes parmi quelques acteurs de la scène culturelle genevoise.
Il faut savoir que derrière cette restructuration se profile le spectre de la
réévaluation et de la redistribution des espaces entre les diverses institutions
qui y sont logées (Centre d’art contemporain, Fonds municipal d’art contemporain et Centre de la photographie et Mamco). Sachant que chacune pâtit du
manque d’espace, la perspective de ces aménagements divise les esprits : certains y voient l’occasion de repenser en profondeur l’avenir de l’art contemporain à Genève, alors que d’autres affichent leur hostilité au changement.
Sami Kanaan, conseiller administratif chargé de la culture et des sports
« rêve d’un grand musée d’art contemporain » (Le Courrier, 7/01/13) qui
pourrait être situé à la Praille, dans le quartier de l’Etoile aux Acacias, une
zone urbaine en pleine expansion qui déjà attire de multiples activités artistiques et culturelles. Si ce rêve devenait réalité, Genève pourrait alors jouer à
armes égales avec Bâle, Zürich, Winterthur ou Lausanne qui ont mis sur les
rails des projets de construction ou d’extension de leurs infrastructures
muséales, promettant des retombées non négligeables en termes de développement touristique et économique.
De son côté le directeur du Mamco, Christian Bernard, milite pour l’accroissement de son institution et demande le départ du Fonds municipal d’art
contemporain afin de récupérer les locaux. Ensuite, pas question de déplacement du Mamco vers la Praille (ou ailleurs) et encore moins d’intervention
d’un architecte « star », car selon lui : « Tous les musées de grands architectes sont ineptes. Il est impossible d’y travailler et d’y exposer de l’art ! » rapporte Le Courrier. Les « grands architectes » Bernard Zumthor, David
Chipperfield, Bernard Tschumi, Zaha Hadid, Rem Koohlaas, Renzo Piano,
Herzog et de Meuron, Mario Botta seront certainement ravis de l’apprendre.
Ces propos, exprimés par le directeur d’une institution vouée à l’art actuel,
témoignent d’une certaine incapacité à projeter un modèle de développement
ambitieux en matière d’art contemporain.
Malgré la noblesse de l’édifice industriel de la Société des instruments de
physique (SIP), le BAC qu’on le veuille ou pas souffre d’étroitesse et de
vétusté, à quoi s’ajoutent de lourdes contraintes constructives inhérentes à ce
périmètre à forte densité urbaine. Tôt ou tard la Ville et le Canton devront
admettre que le Mamco, dans sa forme actuelle - juridique, institutionnelle et
architecturale - ne pourra jamais se hisser au niveau d’un grand musée public
attirant plus de cent mille visiteurs par année, ce qui est le cas du Musée d’art
et d’histoire et du Musée d’histoire naturelle. Ils ne jouent pas dans la même
catégorie et toutes les subventions versées au Mamco n’y feront rien.
C’est pourquoi il faut imaginer, sans trop tarder, la réalisation d’un musée
d’art moderne et contemporain public digne de ce nom !
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F.-H.B. / SCENES MAGAZINE
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nature en imitant à pleins poumons les cris des bêtes sauvages.
Promised Land de Gus van Sant rompt une lance contre l’exploitation du gaz naturel par fracturation hydraulique, créatrice de graves problèmes environnementaux (évoqués dans le documentaire Gasland (2010)
de Josh Fox). Global, une multinationale gazière, envoie deux agents en
Pennsylvanie avec mission de convaincre les fermiers appauvris de céder
les droits sur leur sous-sol à la compagnie. Leurs efforts sont compromis
le cinéma au jour le jour
Cine Die
63e Berlinale : Compétition
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Le président du jury, Wong Kar-Wai, inaugura le festival avec son dernier wuxiapian, The Grandmaster, consacré à Ip Man, le grand maître du
Wing Chun célèbre pour avoir été le mentor de Bruce Lee. Wong fait évidemment fi des élémentaires conventions narratives, laissant des zones
entières de la diégèse dans l’obscurité la plus complète (comment Ip perdil sa famille sous l’occupation ?), faisant surgir des personnages apparemment promis à une importance capitale (p.ex. celui qu’on appelle le
« Rasoir ») avant de les reléguer aux oubliettes sans qu’ils aient croisé en
quoi que ce soit la trajectoire du héros. Le réel est morcelé en instants infinitésimaux, gravés sur pellicule grâce à une surenchère de ralentis (voir le
tranchant de la main qui traverse un rideau de pluie dont les gouttelettes
semblent en suspension). La continuité est sacrifiée à la primauté de l’esthétique : les combats chorégraphiés par Yuen Woo-Ping deviennent illisibles et se résument à un montage d’instantanés privilégiés. Quand Zhang
Ziyi verse des larmes, la seconde coule exactement dans la trace laissée
par la première : la beauté est dans les détails. Comme c’est aussi, à l’instar de tous les films de Wong, l’histoire d’un grand amour malheureux, la
nostalgie couvre tout d’une mélancolie ineffable. Bref, pour une biogra-
«The Grandmaster» de Wong Kar-Wai
phie plus limpide de Ip Man, je vous conseille plutôt les films de Wilson
Yip avec Donnie Yen : Yip Man (2008) et Yip Man 2 (2010).
Elles (2011) de Malgorzata Szumowska énervait par son attitude passéiste devant la prostitution et arrivait mal à cacher son catholicisme moralisateur malgré une très saine scène de masturbation de Juliette Binoche.
Avec W Imie (Au Nom de), la cinéaste redore son blason en montrant
qu’un prêtre peut parfaitement être pédéraste sans être pédophile. Le père
Adam, qui officie comme moniteur dans un centre de redressement en
Pologne, terre de catholicisme effréné, souffre évidemment beaucoup de
son attirance pour les jeunes gens et essaie d’oublier sa détresse dans l’alcool (la scène où il danse avec le portrait de Benoît XVI vaut son pesant
de rémissions) ou le jogging. Le chemin sera long et humiliant qui le
mènera à l’acceptation de ses penchants naturels, brièvement annoncée
dans une belle séquence où Adam et son jeune ami se relâchent en pleine
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Matt Damon dans «Promised Land» de Gus van Sant
par un environnementaliste qui amène des preuves photographiques accablantes (vaches mortes, nappes phréatiques empoisonnées), soi-disant de
sa propre ferme d’élevage au Nebraska : après avoir cédé au chant des sirènes de Global, il est maintenant ruiné. Juste avant l’assemblée générale où
les citoyens vont décider de leur avenir, Global démontre que les photos
incriminantes sont des faux, jetant le discrédit sur « l’écologiste », qui
n’est en fait qu’un autre agent de Global, envoyé à l’insu des deux premiers. Les capitalistes sont-ils tous pareillement machiavéliques ?
Dans Paradies : Hoffnung, Ulrich Seidl braque sa caméra frontale et
géométrique sur une colonie d’ados obèses en cure d’amaigrissement.
Pendant que Melli est censée suivre un régime surveillé de nutrition et
d’activités sportives, sa mère se paie des amants noirs tarifés au Kenya
(voir Paradies : Liebe de 2010). Pour les deux femmes, la tentative d’ajuster le réel est illusoire : l’amant ne fera que semblant d’aimer, les kilos ne
vont pas disparaître. Alors les moniteurs essaient d’insuffler un certain
optimisme : les enfants chantent rythmiquement en se tapant sur la graisse « If you’re happy and you know it, slap your fat ». Melli veut croire
qu’elle vaincra les obstacles : elle tombe amoureuse du médecin, de 40 ans
son aîné. Elle aimerait enfin expérimenter le sexe. Chaque jour, elle va à
la consultation et se fait ausculter. Le praticien est touché par son assiduité, mais sait aussi que cela doit rester un jeu. Quand il doit une fois rame-
Melanie Lenz, Joseph Lorenz dans «Paradies Hoffnung» de Ulrich Seidl
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ner Melli inconsciente, qui cuve une cuite, il se laisse aller à humer ses
odeurs corporelles. Rien de plus.
Dolgaya Chastlivaya Jizn / Une Vie longue et heureuse de Boris
Khlebnikov montre que la désunion russe a succédé à l’union soviétique.
Sacha gère une ancienne ferme collective. Un promoteur veut transformer
les lieux en villégiature de vacances, car les beautés naturelles de la presqu’île de Kola attirent du monde. Il a déjà mis l’administration locale dans
sa poche et ceux-ci offrent à Sacha un beau parachute financier pour qu’il
refasse sa vie en ville. Au kolkhoze, il est accueilli comme un traître par
ses collaborateurs qui lui reprochent de les avoir vendus. Il renonce alors
à l’argent offert et se lance dans une restructuration de la ferme. Mais
comme le shérif dans High Noon, il sera progressivement abandonné par
ceux qui l’avaient sollicité pour les guider. C’est seul et tragiquement qu’il
affrontera les huissiers.
Nina Hoss, l’héroïne de Gold, western allemand deThomas Arslan,
sera pareillement seule à persévérer dans la ruée vers l’or du Klondike en
1898, alors qu’ils étaient sept Allemands (dont deux femmes) au départ de
Ashcroft, terminus du train en Colombie-Britannique. La cupidité et la
traîtrise, les accidents et la folie déciment leurs rangs. Le côté légèrement
emprunté du jeu des acteurs reflète bien l’amateurisme d’aventuriers peu
expérimentés que furent sans doute la plupart des pauvres hères désespérés qui tentèrent leur chance.
«Gold» de Thomas Arslan
Dans Gloria du Chilien Sebastian Lelio, la pétulante divorcée d’âge
mûr, éponyme du film, fréquente assidûment les thés dansants pour célibataires et séduit Rodolfo, propriétaire sexagénaire de parcs d’attraction,
dont les yeux tristes et l’humeur résignée auraient dû lui mettre la puce à
l’oreille. Derrière le grand tendre se cache un esclave, un père qui se laisse exploiter sans vergogne par ses filles adultes et son ex. Il louvoie et fait
des promesses à Gloria, mais finit par baster devant ses femelles. Alors
Gloria va le virer énergiquement comme le chat nu du voisin qui squatte
périodiquement son appartement. Paulina Garcia s’est approprié le rôle
avec maestria, n’a pas lésiné sur les moyens dans les scènes intimes et a
été remerciée par l’Ours d’Argent de la meilleure actrice.
L’Ours d’Or échut à Pozitia Copilului / Child’s Pose du Roumain Calin
Peter Netzer. Un fils de bonne famille écrase un gamin en voiture. Sa mère,
qui se plaint d’être délaissée par lui, saute sur l’occasion pour le faire revenir dans le giron. Comme une furie, elle déboule chez les flics, fait jouer ses
relations et sa fortune, exige des modifications dans les dépositions de police et essaie de suborner les témoins pour que son cher petit échappe à un
procès. L’intention du réalisateur était bien sûr de fournir une mise à nu de
la corruption qui gangrène la société à tous les échelons, mais la façon de
filmer (incessants va-et-vient d’une caméra scope) et de raconter (les
séquences sont étalées dans le temps réel de leur déroulement) finissent par
provoquer une certaine lassitude. Les films roumains se ressemblent par des
tics reconnaissables et si le jury s’est laissé convaincre, c’est qu’ils n’ont
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Luminita Gheorghiu dans «Child's Pose» de Calin Peter Netzer
sans doute pas vu tous les Mungiu, Porumboiu et autre Puiu.
Before Midnight de Richard Linklater retrouve le couple Ethan
Hawke/Julie Delpy, 9 ans après Before Sunset (2004), 18 ans après Before
Sunrise (1995). On découvre que le couple qui s’était rencontré pour la
première fois dans le train vers Vienne, était resté ensemble après s’être
revu en 2004 à Paris. Ils passent maintenant leurs vacances sur une île
grecque avec leurs deux petites filles. Le monde des sentiments est toujours leur sujet de discussion de prédilection. Cela démarre par un plan
fixe frontal des deux dans la voiture qui n’arrêtent pas de disserter et qui
dure nettement plus que les huit minutes qui représentaient le maximum
d’une bobine de pellicule, preuve que le film a été tourné en numérique.
Et c’est toujours aussi passionnant. On sent qu’il y a de l’eau dans le gaz,
on sait aussi que les deux ne peuvent pas se passer l’un de l’autre.
Epizoda U Zivotu Beraca Zeljeca / Un épisode dans la Vie d’un
Ramasseur de Ferraille de Danis Tanovic montre un fait divers survenu
dans une famille roma de Bosnie-Herzégovine, qui joue ici son propre rôle.
La famille vit du démantèlement de vieilles voitures, dont les morceaux sont
vendus à un ferrailleur. Lorsqu’on découvre à l’hôpital que la femme porte
un embryon mort, qui risque de provoquer une septicémie, le médecin refuse d’intervenir, parce que la famille n’a pas d’assurance médicale. Ou alors
il faudra allonger neuf cents euros, une somme impossible à réunir pour ces
pauvres d’entre les pauvres. Seule une escroquerie à la carte d’assurance
permet in extremis à la famille de voir le bout du tunnel.
Uroki Garmonii / Harmony Lessons, le premier film du Kazakh
Emir Baigazine suit la trajectoire d’Aslan, un Törless de campagne qui est
ostracisé dans son école et soumis à des humiliations en série. Les racketteurs tiennent le haut du pavé et se livrent à de pervers jeux de pouvoir sur
les plus faibles. Les enseignants ânonnent leurs cours sans se préoccuper
des élèves et la police est partie intégrante du cycle de violence. Aslan se
rebiffe contre cet ordre des choses, même s’il en fait partie, puisqu’il n’hésite pas à torturer des insectes ou des lézards. Le calme qui règne sur toutes ces brutalités fait froid dans le dos.
Le seul film de la compétition qui n’aurait jamais dû y être admis est
Nobody’s Daughter Haewon du Coréen Hong Sangsoo, un tâcheron qui
s’est taillé, pour des raisons obscures, qui tiennent sans doute à un intellectualisme décalé chez une certaine critique, une réputation d’auteur
culte. Des échanges indigents, des revirements incompréhensibles, la
façon de résoudre des problèmes apparemment existentiels par des cuites
carabinées, tout concourt à provoquer chez moi un profond ennui. Mais
pourquoi ma voisine a-t-elle trouvé ça drôle ?
Au mois prochain
Raymond Scholer
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des tensions entre les Palestiniens et Israéliens, on peut partir dans de nombreuses directions, et raconter une histoire très riche. Je pense aussi que la
guerre du Liban fait partie des guerres qui ont été décisives dans l’histoire
d’Israël. Le Liban a été un peu notre Viêt-Nam ; ce fut un épisode désastreux, qui a vu Sabra et Chatila – auquel je fais référence dans Zaytoun - Je
crois que c’est un sujet magnétique pour nombre de personnes.
entretien
Eran Riklis
Dans Zaytoun, Eran Riklis relate la rencontre entre un
pilote de l’armée israélienne et un petit garçon
palestinien. Ensemble ils montreront que la situation au
Moyen-Orient n’a rien d’inéluctable. De passage à
Genève, le réalisateur israélien a parlé de ses sources
d’inspiration, des sujets qu’il affectionne, ainsi que du
conflit au Proche-Orient, qu’il aborde une nouvelle fois,
après Les Citronniers.
Zaytoun, votre dernier film, se déroule dans les années 80,
pourquoi l’avoir situé à cette époque ?
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J’y vois deux raisons : premièrement, je souhaitais raconter l’histoire d’une
rencontre entre un pilote de l’armée israélienne et un garçon palestinien, et
ça ne pouvait se faire qu’en 1982; en effet, à cette date, les Palestiniens ont
été contraints de quitter le Liban, car les Israéliens pénétrèrent dans le pays
jusqu’à Beyrouth; a plupart sont partis pour la Tunisie. A une autre époque
je n’aurais pas pu raconter la même histoire. Deuxièmement, c’était une
période très dramatique pour les deux camps, Israël et la Palestine. Dès
1980, le Liban attaquait quotidiennement Israël, simultanément à une guerre civile de sept ans entre les Palestiniens et les Chrétiens, donc cette période était très intéressante. On pourrait avoir la même histoire aujourd’hui, car
rien n’a vraiment changé, mais je pense que c’est toujours intéressant de
remonter dans le passé, parce qu’on a une certaine perspective, on sait plus
de choses que sur les événements qui se passent sous nos yeux.
C’est la seconde fois que vous traitez le sujet de la guerre du
Liban. Pourquoi ?
Je pense que cette guerre a été cruciale dans l’histoire des Israéliens et des
Palestiniens parce qu’elle a en quelque sorte redéfini la relation des deux
peuples. Israël a fait preuve de beaucoup d’agressivité, et est allée jusqu’à
Beyrouth. D’un autre côté, le pays connaissait le moment où il entrait au
Liban, mais pas le moment où il allait en ressortir – et il n’en est ressorti
qu’en 2001. Ce fut un long séjour, et tragique en plus. Mais si on considère
ces événements du point de vue d’un réalisateur, il y a là tous les éléments
nécessaires à une narration : le Liban est une terre chaotique, étrange, c’est
un pays très complexe, on ne comprend pas tout ce qui s’y passe. Et à partir
Dans Zaytoun, vous soulignez l’essence même de ce conflit,
l’attachement fondamental à la terre. On sait d’ailleurs que les
champs d’oliviers – zaytoun en arabe – sont les traces des anciens
villages palestiniens. L’olivier devient symbole du droit au retour.
C’est la partie la plus sensible du film, l’essence même de l’existence de
l’Etat d’Israël est liée à ce droit au retour des Juifs. Après la Shoah, il y a eu
ce sentiment de nécessité d’un Etat, d’un pays, d’une terre historique… Et
pourtant, si vous parlez aux Arabes, ils diront : c’est notre terre. L’olivier
signifie aussi le droit de retour pour les Palestiniens expropriés à la création
de l’Etat d’Israël en 1948. L’essence de cette histoire, c’est le droit au retour,
pour les Palestiniens. C’est un sujet délicat en Israël, car ce n’est un secret
pour personne qu’en 1948, après la guerre d’Indépendance, de nombreux
Palestiniens ont fui, ou bien ont été contraints de quitter le pays alors
qu’Israël leur laissait croire que ce n’était que temporaire. Et tout ce débat
autour de la terre – et du droit à rentrer chez soi – est au cœur du film.
Pourtant, je pense que le film est très réaliste, car les choses ne se passent
pas comme ça dans la vraie vie : on peut avoir une vision romantique du
retour à la terre de ses ancêtres, mais dans la réalité, cette terre n’existe plus
vraiment, c’est un village détruit, où subsistent quelques maisons aux murs
lézardés mais où personne n’habite. Je trouvais intéressant que le pilote
israélien comprenne qu’il doit accomplir émotionnellement le souhait du
garçon. Il accomplit ce souhait, et pourtant tous deux sont très lucides sur le
monde qui les entoure. Zaytoun parle des gens qui vivent dans une zone
chargée politiquement, comme le Moyen-Orient et qui souffrent des décisions politiques, des préjugés historiques ou de la haine, et essaient de changer cette situation.
Les frontières sont-elles source d’inspiration pour vous ?
Oui, peut-être parce que c’est un endroit propice au drame, et parce qu’il
s’agit aussi des frontières psychologiques et émotionnelles que mes personnages doivent traverser. Dans tous les cas, ce droit au retour constitue
l’arrière-plan du film. Ce qui m’intéresse ici, c’est la manière dont les
gens qui souffrent d’une situation peuvent tenter de la changer. Zaytoun
augure d’un changement possible : ce personnage qui est traumatisé par la
mort de son père, et en vient à apprécier la compagnie de son ennemi et
leur échange d’idées. Même chose pour le pilote : c’est un homme qui voit
le monde à des kilomètres au-dessus du sol, et qui soudain se rend compte de la réalité et essaie de la comprendre en se libérant de ses préjugés.
Vous avez travaillé avec des acteurs venant de tous horizons, certains originaires de cette région. Quels rapports ont-ils avec ce récit ?
Je pense que les acteurs reconnaissent en moi cette honnêteté et cette simplicité à rendre la réalité de cette région, avec ses multiples facettes. Leur
appréciation du récit et de ses résonnances dépend aussi de leur identité,
de leur relation avec le passé, l’histoire du monde… J’ai rencontré quelqu’un qui avait été traumatisé par la fin du film, car pour lui le garçon
repartait vers sa mort, celle de Sabra et Chatila. C’est bien sûr une chose
à laquelle j’ai moi-même pensé, mais c’est la réalité ; ce garçon doit repartir parce que l’Etat d’Israël ne peut pas le garder. Chacun a perçu le récit
selon son histoire personnelle. Mais l’essentiel de notre travail est basé sur
le respect mutuel et la confiance.
Les deux protagonistes de «Zaytoun» © Pathé films
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Propos recueillis par Firouz-E. Pillet
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sous la loupe
To the Wonder
Paradise Lost ! Comment s'étonner, après avoir vu le dernier film de Terrence
Malick, qu'il sorte si rapidement après Tree of Life ? Il reprend en effet le
thème du Paradis perdu et en radicalise la formulation: plus d'histoire racontée
de manière classique, plus de dramaturgie, plus de psychologie, une bande-son
comme “décollée“ de l'image… Ci-après, deux analyses différentes sur le sujet.
Pour
Au risque de perdre ses spectateurs,
au risque des sifflets et des quolibets
(comme à Venise), Malick nous propose
un grand poème miltonien sur la condition humaine. Et donne à voir deux récits
de chute : l'histoire d'amour qui commence comme une entrée au Paradis,
avec la folie douce et la mièvrerie qui
peuvent irriter ceux qui les voient de
l'extérieur; les amoureux ne marchent
pas, ils dansent en permanence, au
risque du ridicule, la danse du désir; ils
traversent le monde sans y lire le récit, dans les
cathédrales, sur les tapisseries médiévales, dans
les œuvres d'art, de leur inscription dans le Temps
et de leur future exclusion du Paradis. Illusion
donc que le choix de vivre en Terre promise américaine: la banlieue aisée avec sa géométrie et ses
pelouses bien tondues devient vite prison dorée,
les magasins avec leurs offres inépuisables très
vite ne donnent plus l'essentiel. Et le couple, à
s'inscrire dans la réalité quotidienne, perd sa
magie initiale, au risque de la frustration et de la
violence. Et rien ne sert pour Marina de repartir
en France, ni de revenir et de chercher à marquer
l'engagement et le désir de durée dans un mariage civil et religieux. La Chute est inéluctable.
Comme le montre l'autre histoire, celle d'un prêtre qui accomplit sa mission, fait le bien et apporte la consolation, mais a perdu la foi. Histoire qui
nous offre à nous, spectateurs, l'au-tre face de la
Terre promise américaine, celle des banlieues
sinistrées par la crise économique, celle des fous,
des malades, des trisomiques et des prisonniers,
loin du Paradis…
Qui décidément n'est pas de ce monde. Et
aux images d'une nature glorieuse comme à l'origine du monde (ah! ce rapport aux bêtes, aux
chevaux, aux bisons, aux poules… Ah! ces
grands espaces américains, à la fois vierges et
pourtant cultivés) succèdent les images d'une
nature menaçante, polluée par l’industrie: l'eau
purificatrice devient eau qui empoisonne.
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«To the Wonder» © Ascot Elite films
Et le film se referme sur les images du Mont
Saint-Michel et du sol instable qui l'entoure, rappelant aux hommes le peu de solidité du monde
et leur origine: la glèbe. Fin de la danse, les
humains sont comme englués dans leur matérialité. On aurait tort de voir dans ces traces de religiosité un prêchi-prêcha d'évangéliste américain:
To the Wonder est une réflexion sur le destin de
l'Homme, mais un destin sans rédemption.
Malick, une fois encore, nous dit et nous montre
l'incroyable beauté du monde et son inévitable
laideur, nos aspirations à l'idéal et notre condamnation à vivre dans le temps et dans la mort. Un
poème philosophique magnifiquement inscrit
dans la sensualité des images et de la musique
qui les accompagne en permanence tout au long
du film. Dur désir de durer.
Serge Lachat
Contre
Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille Le Mont-Saint-Michel - efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de
sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire
d’Ukraine, Marina est séparée et mère d’une
fillette de dix ans, Tatiana. Désormais, le couple
est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est
fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette
petite communauté américaine, elle cherche
conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre
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catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation et espère
un signe de Dieu. Marina décide de retourner en
France avec sa fille. Neil se console avec Jane,
une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus
en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus
pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux
femmes de sa vie. Le père Quintana continue à
lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes
d’amour bien différentes, les deux hommes sont
confrontés aux mêmes doutes existentiels.
Comme il est coutume avec les films
de Terrence Malick, et comme ce fut le
cas en 2011 sur la Croisette avec The Tree
of life, To The Wonder, son nouvel opus a
semé la zizanie sur la Lagune lors de la
dernière Mostra de Venise, entourant
d’un voile mystérieux, voire mystique la
projection du film en l’absence du cinéaste. Comme à l’accoutumée, le film s’apparente à une dissertation métaphysique
dont la complexité narrative peine à captiver le public A l'instar de The Tree of
Life, To The Wonder parle également de
foi, de doute, du combat difficile entre
l'esprit et la chair ; le film met en lumière la lutte
constante pour faire en sorte que l'amour et la foi
continuent à rester vivants dans les relations entre
hommes et femmes, une lutte qui se reflète aussi
dans le combat du prêtre, le Père Quintana (Javier
Bardem) pour garder la foi. Le film reste ouvert à
l'interprétation de chacun, mais, de toute évidence
pour le réalisateur, il porte vraiment sur les différentes sortes d'amour et de foi, qui parfois en viennent à se confondre.
Ben Affleck, très séduisant, semble être cantonné au rôle de non-personnage, doté de quelques
répliques parcimonieuses, et réduit au statut de
faire-valoir des femmes. Ces femmes, ce sont
Rachel McAdams, qui a un petit rôle peu anecdotique, mais surtout Olga Kurylenko qui tient le
rôle principal et effectue des sauts et des chorégraphies vaporeuses et exaltées pendant près de deux
heures. Il ne reste alors aux spectateurs qu’à l’observer sautiller, flotter, tournoyer et faire des roulades. Cette absence de parole ne semble pas perturber Terrence Malick qui demeure persuadé du
poids sémantique du silence. Ce film conserve une
indéniable qualité visuelle et esthétique, en particulier dans les scènes d’amour extrêmement sensuelles, voluptueuses et délicates. L’avalanche de
critiques négatives à l’encontre de la vacuité narrative et de l’absence de construction des personnages pose une question légitime : Malick est-il un
génie inaccessible ou un imposteur complaisant ?
Firouz-E. Pillet
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à découvrir
Facettes chinoises
La Chine sera à l’honneur sur les écrans romands
à travers deux documentaires qui révèlent des facettes
méconnues, voire insoupçonnées, de l’Empire du
Milieu.
territoire. Ai Weiwei : Never sorry est le portrait d’un artiste engagé qui
affronte sans relâche l’Etat chinois et n’a de cesse de rappeler de manière
essentielle notre besoin de liberté individuelle, politique et artistique. Ce
documentaire brosse le premier portrait en profondeur du plus provocateur
des artistes chinois.
C’est Alison Klayman, une jeune cinéaste américaine, qui a réalisé le
passionnant portrait de cet artiste chinois, figure majeure de la scène internationale, qui a mis un bémol à son activisme politique après avoir été
A HOME FAR AWAY
de Peter Entell. Suisse, 2012.
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Le premier, A home far away, retrace le parcours de vie de Lois, une
actrice américaine, et son mari, Edgar Snow, le premier journaliste à avoir
raconté et filmé la Révolution chinoise, suspectés d’être des sympathisants communistes, et qui sont contraints à l’exil. Ils s’arrêtent en Suisse,
près de Nyon, à mi-chemin entre les Etats-Unis et la Chine. Longtemps
après, quand Edgar n’est plus là, Lois raconte.
Le film de Peter Entell dévoile un pan méconnu de la vie de ce couple, une histoire d’utopie et de désillusion prend forme devant la caméra à
travers les souvenirs et les anecdotes que nous confie cette nonagénaire
malicieuse et primesautière. Ce documentaire sera présenté lors de la prochaine édition du Festival Visions du Réel, du 19 au 26 avril 2013 à Nyon.
«A Home Far Away» de Peter Entell © JMH Distribution
AI WEIWEI
de Alison Klayman, avec Ai Weiwei, Chen Danqing, Changwei Gu. EtatsUnis, 2012.
Le second, Ai Weiwei : Never sorry, suit les coups d’éclat et les coups
de gueule de l’artiste dissident de l’ère numérique, ce trublion qui fascine
l’opinion publique internationale et brouille les frontières entre art, militantisme et politique. Arrêté par les autorités chinoises le 3 avril 2011,
libéré sous caution le 22 juin, Ai Weiwei est, à ce jour, interdit de sortie du
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«Ai Wei Wei : Never Sorry» de Alison Klayman © Looknow films
arrêté en avril 2011 et détenu 81 jours au secret. Aujourd’hui, Ai Weiwei
s’est vu confisquer son passeport. Il a aussi été condamné à une amende
vertigineuse pour une prétendue affaire de fraude fiscale. Alors que depuis
un an, il est devenu le symbole mondial de l’artiste bâillonné, Ai Weiwei
est depuis longtemps un homme sous surveillance - un homme qui dérange et agace au plus haut point les autorités de Pékin car il ose pointer du
doigt - son fameux doigt d’honneur qu’il brandit devant la tristement célèbre place Tiananmen, la Maison blanche à Washington, et même devant le
Palais fédéral – les dossiers jetés aux oubliettes, les sujets épineux, les
scandales enfouis sous couvert de menaces et de répression.
Vie et trajectoire personnelle, convictions et valeurs, élaboration des
œuvres… Dans son atelier géant, toutes les facettes d’Ai Weiwei sont
abordées dans le film. Des vases néolithiques soigneusement ornées du
logo Coca Cola, au doigt d’honneur brandi en direction des autorités chinoises… l’artiste y présente sa vision de la liberté d’expression et mise
constamment sur la provocation.
Ce documentaire n’occulte aucune facette du personnage : on y
découvre ainsi un homme pétri de paradoxes – face à son fils illégitime
qu’il impose à sa femme sans ménagement, sa démesure dans ses provocations iconoclastes, par exemple le nombre de vases anciens sacrifiés
pour servir son propos -, un homme profondément ancré dans la culture de
son pays mais champion des outils de communication moderne, hier son
blog (fermé récemment par les autorités chinoises), aujourd’hui twitter. Le
film offre certainement l’éclairage le plus exhaustif jamais porté sur l’artiste chinois et a également été présélectionné dans la course à l’Oscar du
meilleur documentaire.
Firouz Pillet
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sous la loupe
Argo
Après avoir accumulé des dizaines de prix, Ben Affleck a
définitivement clos la copieuse saison des récompenses
cinématographiques de 2012 lors de la 85ème cérémonie
des Oscars, au terme de laquelle il s'est retrouvé le fier
propriétaire d'un consécration du Meilleur Film 2012.
En plus d’avoir déclenché les acclamations des critiques, Argo s'avère un grand succès auprès des audiences. Il est pourtant hâtif de ne pas
prendre en compte les polémiques importantes que le triomphe d' Argo
abrite. Par conséquent, les points qui seront soulevés ici tenteront de mettre en exergue, d’une part la place que tient Argo dans le contexte d’une
tendance idéologique d’Hollywood en 2012, de l’autre sa désagréable
représentation de l'identité ethnique iranienne. L’objectif est donc de fournir un cadre théorique pour évaluer différemment un film quasi-universellement adulé par la critique, et ainsi d’illustrer la rhétorique douteuse derrière une éventuelle victoire aux Oscars.
Concentrons-nous tout d’abord sur cette tendance à laquelle il est fait
allusion plus haut. Cette dernière
concerne la poignée de succès d’outreAtlantique qui retracent (ou ré-écrivent)
le passé américain, par lesquels Django
Unchained, Lincoln et Argo. Les films
à caractère historique ne peuvent certainement pas être considérés comme une
nouveauté, mais rarement une salve
annuelle de projets a-t-elle partagé une
telle unité idéologique. En effet 2012 a
confronté les audiences à la violente
vendetta rétrospective de Tarantino à
l’encontre des infâmes esclavagistes
blancs, l’informative dramatisation des
derniers mois au pouvoir d’Abraham
Lincoln dans Lincoln de Spielberg, et
enfin à la reconstitution haut suspense
de “l’exfiltration” des ambassadeurs
américains échappés pendant la révolution iranienne d’Argo.
Prises individuellement, il serait
difficile de démontrer dans les trois
narrations en question la présence d'un
élan idéologique particulier, mais considérées ensemble, elles suggèrent
un désir de RE-présenter l’Amérique, sa culture et son histoire sous un
angle favorable. Cette tendance est pertinente en dehors du domaine purement culturel, puisqu’elle traduit un sentiment rédempteur exprimé par
une plateforme culturelle tout à fait contraire aux déceptions exprimées à
l’égard des politiques exécutées par Barack Obama. Il ne suffit alors que
de quelques pas pour que Django Unchained, Lincoln et Argo deviennent
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les véhicules involontaires d’un renouveau patriotique que le gouvernement américain n’est pas parvenu à injecter après les débâcles de l’ère
Bush.
C’est donc au travers de cette lentille politique et culturelle qu’Argo
suscite le plus gros problème. En effet, si sa focalisation sur le trépidant
processus d’un sauvetage presque improvisé en territoire ennemi représente une des rares opportunités d'être témoin d'actes de bravoure historique
du gouvernement américain, elle suggère aussi par sa mise en scène une
proposition bien moins louable : la population iranienne comme unanimement barbare. En effet, à l'exception d'un personnage à la pertinence narrative moindre, chaque scène contenant des membres du peuple iranien les
dépeint comme violents, irrationnels et éminemment méfiants à l’égard
des Occidentaux. À chaque occasion, la fragile irritabilité du peuple iranien mène à la confrontation, parfois verbale, le plus souvent physique.
Toutefois, il est nécessaire de considérer l'argument en faveur de cette
représentation étroite de l'Iran. En effet, la tradition hollywoodienne classique “exige” l'usage du concept généralisant de “l'Autre”, une présence
antagoniste indivisible qui amplifie l'apparent héroïsme du protagoniste
face à l'étouffante adversité qu'elle lui impose. Les nombreux conflits géopolitiques entre l'Orient et l'Occident, la confrontation perpétuée entre
leurs différentes philosophies religieuses et culturelles, ainsi que les problématiques ethniques en font par conséquent un candidat parfait pour ce
type de simplification narrative.
Dès lors, le spectateur aguerri se voit confronté au dilemme suivant:
si l'on considère un Oscar comme une forme de garantie de la pertinence
«Argo» de et avec Ben Afflick © 2013 Warner Bros. Ent.
culturelle et intellectuelle d'un film, pouvons-nous accepter l'excuse de la
tradition hollywoodienne pour justifier la représentation éthiquement
inacceptable d'un peuple entier, surtout si celle-ci participe indirectement
à la renaissante glorification d'un passé américain ?
James Berclaz-Lewis
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les cinémas du grütli
Les Taviani, Renoir
& more
Entre festivals, hommages et rencontres, le mois d’avril
sera riche en découvertes. Prenons-les dans l’ordre.
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Dès le 3 avril, reprise d’un des meilleurs films programmés au récent
FIFDH, Le Repenti du cinéaste algérien Merzak Allouache. Dans le précédent numéro de SM, nous avons déjà eu l’occasion de dire tout le bien
que nous pensions de cette fiction qui nous guide dans la découverte de
l’Algérie d’après la guerre civile et de son passé qui ne passe pas.
Au milieu du mois, deux festivals se partagent l’affiche: le Festival
international du film juif de Genève (12 au 14 avril) ainsi que le Festival
International du Film Oriental de Genève FIFOG (12 au 21 avril) (voir
article p.13).
Les 15 et 16 avril, en collaboration avec la Cinémathèque suisse et
Visions du Réel, un hommage à la cinéaste lettone Laila Pakalnina, invitée pour un Atelier à Visions du Réel, permettra de découvrir en primeur
quatre de ses films de fiction (elle est aussi auteure de films documentaires). Selon Luciano Barisone : « Les films de Laila Pakalnina sont à la fois
complexes et accessibles, légers et profonds, alliant l’ironie à la beauté.
(…) Pour elle, si quelque chose est explicable verbalement, le potentiel
cinématographique du sujet s’estomp e». Le peu de dialogues et la priorité à l’image plutôt qu’au scénario ouvrent au spectateur un espace d’interprétation « extrêmement jubilatoire ». Les films projetés le 16 avril le
seront en sa présence.
«César doit mourir» © Umberto Montiroli
film s’ouvre et se ferme sur la même scène de la pièce (filmée en couleurs) représentée dans la prison devant le public des amis et des familles
des prisonniers. Entre deux, en noir et blanc, tout le travail d’élaboration,
soit un documentaire sur la tragédie de l’enfermement et une interrogation
sur le sens de cette forme d’évasion qu’est la tragédie jouée.
La première évidence, c’est la réussite d’une sorte d’osmose entre les
thèmes de la pièce (crime, conjuration, amitié trahie, honneur bafoué) et
ses acteurs qui, membres de la mafia ou de la camorra, ont tous connus ces
choses avant leur incarcération. La deuxième évidence, c’est que pour
réussir cette osmose il fallait redonner les mots de Shakespeare aux prisonniers. Paolo Taviani de préciser : « Nous les avons donnés aux détenus,
ces mots, pour qu’ils les reprennent et se les approprient, pour qu’ils les
changent, qu’ils les mettent dans leur dialecte, mais aussi qu’ils les adaptent. »
A voir l’engagement parfois bouleversant de ces acteurs très particuliers, on est troublé. Par leur humanité alors qu’ils ont tué, d’abord. Par
cette confrontation, ensuite, entre la violence qu’ils portent, violence inarticulée du prisonnier, et celle, verbalisée, du théâtre. Avec une difficulté à
donner une réponse claire à la question de l’effet de cette confrontation:
Comprendront-ils mieux leur propre chaos intérieur ? Que feront-ils de
cette expérience d’évasion par l’art ? Le film ne tranche pas. Si un texte
conclusif indique que certains des détenus se sont découverts une vocation
et sont devenus acteurs professionnels, un autre prisonnier a cette phrase terrible : « Depuis que j’ai connu l’art cette cellule est devenue une prison ».
Renoir et Pascal Mérigeau
En automne dernier, Pascal Mérigeau, critique de cinéma au Nouvel
Observateur a publié une biographie monumentale (1000 pages) de Jean
Renoir. L’occasion de certaines mises au point et révélations sur le contexte de production des films ou encore les errements politiques et idéologiques de Jean Renoir entre 1936 et 1941. Si la légende s’en trouve entamée, le génie du grand cinéaste, lui, reste intact. Pascal Mérigeau sera présent le temps d’un week-end avec quatre films majeurs de Renoir la plupart restaurés.
Laila Pakalnina
César doit mourir
A partir du 17 avril place à la récente réalisation des frères Taviani,
Ours d'or au Festival de Berlin 2012. Si l’on avait pu croire un instant leur
œuvre achevée (Vittorio a 83 ans et Paolo 81 ans) on se trompait bien. Il
y a d’abord ce projet de monter une adaptation du Jules César de
Shakespeare. Mais pas n’importe où ni avec n’importe qui: dans une prison de haute sécurité italienne avec des condamnés à de lourdes peines. Le
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Samedi 27 avril 16:00 La Grande illusion (1937) ; 18:00 Jean Renoir par Pascal
Mérigeau ; 19:00 Le Crime de Monsieur Lange (1936) ; 21.00 Le Carrosse d’or (1953)
Dimanche 28 avril 15:00 Le Fleuve (1950) ; 16:45 Discussion avec Pascal Mérigeau ;
18:00 Le Carrosse d’or (1953)
Christian Bernard
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précipitation chimique dans une résolution aussi implacable. On pense à
Krzysztof Kie lowski, mais sans condamnation ni religion, à Michael
Haneke, mais sans sadisme ni fustigation, aux démonstrations universalistes
de Terence Malik, mais sans mysticisme opaque ni prétention. C’est simple,
mais il fallait y penser et seul le cinéma de fiction est capable de cette prouesse.
Le FIFOG, Festival International du Film Oriental, se
Moins convaincant, le luxueux Tannoura Maxi de Joe Bou Eid racondéroule à Genève, Versoix, Lausanne et en France-Voisine
te l’exil d’une famille qui fuit l’invasion israélienne de Beyrouth en 1982.
du 12 au 21 avril. Ce festival vise, selon ses propres termes, Ce film a attiré la censure des autorités chrétiennes pour une scène d’amour
à rapprocher l’Orient et l’Occident et donne l’occasion de
dans une église ce qui attise forcément l’intérêt en ces temps d’habemus
voir une sélection intéressante de films représentatifs des
papam surmédiatisé.
tendances contemporaines du cinéma oriental, souvent
L’auteur a déclaré ne pas s’adresser uniquement aux Libanais ou aux
boudés par les canaux de distribution traditionnels.
Arabes, mais aux Européens et aux Américains. De fait, le début du film, par
sa facture, impressionne et flatte l’œil occidental. Mais à peine l’exil achevé, le film tisse le fil bien mince de
Le festival reprend ses sélecson histoire d’amour entre un relitions thématiques habituelles qui
gieux et une femme sublime. La
aident le spectateur à guider ses
maîtrise au service de pas grandchoix : « Regards croisés Orientchose devient recherche d’effets de
Occident », « Voix et visions de
spectacle et le film se révèle
femmes » et « Migrations et
comme trop conscient de sa volonté
Intégrations », même si l’intérêt de
de séduire. Les femmes sont sublitels cloisonnements est relatif,
mes, les hommes des mannequins,
compte tenu de leur perméabilité.
c’est une publicité exotique et non
«Tannoura Maxi» de Joe Bou Eid
La section principale « L’Orient
un film. Du coup, la phrase inaugudans tous ses états » est plus conforme au propos du cinéma qui est un art rale déclarant que « l’émotion est créée uniquement par la sincérité » s’avèdu changement de cadre et de point de vue et non un outil rhétorique sur le re être une vaine promesse et la confession de l’écart entre les déclarations
traitement d’une thématique.
et le résultat.
Pour cette huitième édition, le
Effets pour effets, on en vienLiban est à l’honneur avec une
drait à préférer le film d’ouverture
sélection de films, documentaires et
d’Alexandre Arcady Ce que le jour
courts métrages qui reflètent les
doit à la nuit dont l’esthétique
états du pays qui ne se réduit pas à
apprêtée peut s’expliquer par la
la violence et la guerre bien que celnostalgie de l’auteur qui transforme
les-ci marquent toutes les histoires
le passé en carte postale. Si ce film
en plein ou en creux.
traduit une certaine incapacité de
l’Occident à adapter son regard à la
De ce point de vue, on ne peut
contemporanéité de l’Orient,
que
recommander
Ossit
Arcady a, au moins, le sens du plan
«To Baalbek» de Samir Syrian
Sawani - Le Temps d’une seconet du romanesque. Même si la naïde de Lara Saba, film choral représentatif de cette approche. Sur un scéna- veté des dialogues et le traitement de la voix-off peinent à rendre la romanrio extrêmement habile de Nibal Arakji, la réalisatrice va à rebours des ce convaincante, le film a le mérite de montrer le racisme ordinaire en
représentations usuelles de son pays. Ni guerre, ni religion ne sont ici en action. On peut se plonger dans les sélections et se laisser aller au plaisir de
propos, mais des problèmes de différences de classe, de drogue, d’exploita- la découverte, au gré de sa sensibilité, tel cet alléchant Chaque jour est une
tion, en un mot des questions qui n’ont aucune spécificité orientale, mais se fête de Dima El-Horr, histoire de trois femmes qui ne se connaissent pas et
posent en universaux de la condition humaine. Certes, le début du film n’est prennent le même bus pour aller à la prison des hommes, dans l’arrière-pays
pas exempt de maladresses et de tics qui font craindre le pire : petite libanais.
musique au piano agaçante, gros plans sur des visages en pleurs, utilisation
Autre intérêt majeur de ce festival : le fait d’accorder une place de
trop systématique du jump cut. Mais les dix premières minutes passées, la choix aux courts métrages. Souvent mal-aimés dans les sélections, les courts
réalisatrice calme le jeu, ose capter la respiration de la ville, non comme un métrages offrent généralement un témoignage plus immédiat de la vitalité et
insert entre deux séquences, mais bien comme un discours organique et de la jeunesse d’une cinématographie et de sa capacité à refléter l’état des
déroule les éléments de sa tragédie.
choses. On jugera sur pièces avec intérêt grâce à ce festival généreux en
Petit à petit, ces trois histoires parallèles et apparemment imperméa- propositions et regards croisés.
David Leroy
bles, comme le sont les classes sociales en présence, se répondent et finiswww.fifog.com
sent par donner une leçon morale (et non une leçon de morale) puissante sur
le lien qui unit tous les êtres. Il est rare de voir un film réussir à ce point sa Au Cinémas du Grütli du 12 au 21 avril 2013.
festival du film oriental de genève
Orient sur pellicule
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visions du réel à nyon
Eyal Sivan et
Laila Pakalnina
Parmi les nombreuses bonnes idées de Luciano
Barisone, directeur de Visions du Réel dont l’édition
2013 se tiendra du 19 au 26 avril, il faut compter le
maintien de la tradition des Ateliers, ces grands
moments du Festival.
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Johan van der Keuken, Robert Kramer, Alexandre Sokourov, Robert
Frank, Raymond Depardon, Alain cavalier, Frederick Wiseman, Nicolas
Philibert, Arnaud des Pallières, Jean-Louis Comolli, Denis Gheerbrant et
tant d’autres auront ainsi eu droit ces dernières années au rituel d’un face
à face de trois heures avec le public pour un parcours de l’entier de leur
œuvre. Une gageure et un moment souvent inoubliable. Cette année seront
au rendez-vous un grand cinéaste israélien, Eyal Sivan, et une cinéaste lettone à propos de laquelle Luciano Barisone ne tarit pas d’éloges, Laila
Pakalnina, habituée des grands festivals mais que l’on connaît mal ici.
tion portant justement le no 181. Se trouvant la plupart du temps en Israël
mais aussi dans les territoires palestiniens, ils filment ceux qu’ils rencontrent. En donnant la parole à ces Palestiniens et ces Israéliens de rencontre,
c’est toute la complexité des identités et toute la variété des points de vue, y
compris les plus extrêmes, qui est donnée à comprendre. Certains propos
extrémistes étant tenus par des Israéliens juifs, le film fut victime d’une
campagne d’attaques après sa diffusion sur Arte, campagne qui culmina lors
de la présentation du film au 26e Festival du Cinéma du Réel au Centre
Georges Pompidou en mars 2004 avec pour résultat l’annulation de la
deuxième projection programmée le 14 mars, en clôture du festival. Cette
autocensure d’une grande institution culturelle de la République sous la
menace ne passa évidemment pas inaperçue. Par ailleurs Eyal Sivan se vit
plus banalement accusé par Alain Finkielkraut (appuyé par Bernard-Henri
Lévy et Claude Lanzmann) d’être “l'un des acteurs de l'antisémitisme juif
qui sévit aujourd'hui“.
Quant à Jaffa: La mécanique de l’orange*, c’est une brillante
déconstruction par l’histoire et l’archive, de l’image actuelle de l’orange
de Jaffa, symbole du succès agricole israélien. A l’aide de la gravure, la
Eyal Sivan
Eyal Sivan né en 1964 à Haïfa, francophone et anglophone, est l’auteur de films historiquement marquants (Un spécialiste, portrait d’un criminel moderne (1999), Route 181 (2003) et Jaffa: La mécanique de l’orange (2009). Cette personnalité de premier plan est proche d’Ilan Pappé
et des nouveaux historiens israéliens, de Stéphane Hessel également. Il
s’attache entre autres à restituer aux Palestiniens des pans entiers de leur
histoire occultés par l’historiographie officielle israélienne.
A défaut d’aller sur place - le voyage en Israël-Palestine constituant
une leçon de géo-politique à livre ouvert en grandeur nature - alors n’hésitez pas à utiliser ce qui en constitue sans aucun doute le meilleur succédané: Route 181 fragments d'un voyage en Palestine-Israël *. Dans ce
road-movie de 4h30 (disponible en DVD) Eyal Sivan et le cinéaste palestinien Michel Khleifi ont suivi cette route 181 qui est leur invention puisqu’elle n’existe pas. Ils ont en fait suivi en voiture un tracé qui longe
autant que possible la ligne devant servir de frontière entre les deux futurs
Etats selon le plan de partage de l’ONU de 1947 contenu dans la résolu-
«Jaffa : La mécanique de l’orange» © Moa Distribution
photo, l’affiche ou le film, c’est l’histoire de la culture de l’orange en
Palestine dès le XVIIe siècle jusqu’à la grande période de sa commercialisation internationale à la fin du XIXe siècle qui est évoquée. Preuve s’il
en était besoin que la plaine côtière de la Palestine pendant la période ottomane et bien avant le mandat britanique était tout sauf un désert à faire
fleurir, grâce au savoir faire agricole et commercial de ses habitants.
* ces 2 films sont disponibles sur : http://www.moadistribution.ch
Laila Pakalnina
On se réjouit de mieux connaître cette cinéaste lettone dont les œuvres ont été sélectionnées à Berlin, Cannes, Locarno ou Venise.
Née en 1962 Laila Pakalnina a rallié l’Université de Moscou dont elle
sort diplômée en journalisme (1986). Ensuite, elle se tourne vers l’Institut
national du film et y obtient un diplôme en réalisation (1991). Compte
tenu de ces deux dates, c’est toute une évolution « de l’observation du réel
selon les formes de l’école soviétique à la veine poétique et iconoclaste
héritée de la tradition lettone» que l’Atelier devrait nous faire découvrir.
Signalons qu’en collaboration avec Visions du Réel et la Cinémathèque
suisse, les Cinémas du Grütli rendront hommage à Laila Pakalnina en présentant quatre de ses films les 15 et 16 avril, en prélude au Festival donc
(voir ci-contre).
«Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël»
© Moa Distribution
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entretien avec luciano barisone, directeur du festival
Visions du réel
A nouveau très attendus, les films de la programmation 2013 promettent de
belles découvertes, suite à un intense travail de prospection, de contact et de
visionnement .
Parlez-nous du travail hors festival
Dès le mois de mai 2012, avec mon comité de
sélection et nos correspondants dans divers festivals en Inde, en Asie, en Amérique latine, aux
Etats-Unis et en Russie, nous avons visionné sur
10 mois environ 3500 films. Nous sommes très
heureux d'avoir 72 films en première mondiale,
soit des films qui sortent à Nyon pour la toute
première fois ! Ensuite 31 films qui sortent en
première internationale – ces films peuvent avoir
été montrés une fois dans leur pays d'origine -, et
enfin 7 films en première européenne ou suisse.
Sur un plan mondial, et cela est reconnu par les
professionnels suisses et internationaux, Visions
du Réel est une plateforme importante pour le
lancement d'un film. Le Doc Outlook International Market qui accompagne la manifestation est
un lieu d'échange très fréquenté. Ce critère d'exclusivité est donc capital.
Et vos autres critères ?
Encore et toujours, le respect des personnes filmées et le respect du spectateur. Il faut faire
attention. Dans le documentaire la personne filmée n’est pas un acteur, elle n'a qu'une seule vie à
offrir à la caméra, et ce sont ces images qui resteront dans la mémoire du public. Egalement,
celui-ci ne doit pas être pris en otage ; il doit
avoir la possibilité de prendre du recul, de repenser, voire de refaire le film dans son espace mental. La caméra est un pont vers l'autre, pas une
arme, et cela implique pour les réalisateurs une
conscience de leur responsabilité. Ensuite, bien
sûr, nous recherchons des films où circule la
liberté, où se voit une volonté de sortir des formes conventionnelles, où on sent une patte, un
souffle, une approche personnelle. Nous aimerions affirmer ici que le cinéma est né sous la
forme documentaire ; il y a d'abord eu les frères
Lumière, puis sont venus Méliès, Griffith et les
autres. C’est donc du cinéma que nous proposons. Visions du Réel montre que le public est
touché par des histoires vraies, par des approches
où l'intime est mêlé au monde. La dramaturgie du
réel n'est pas très différente de celle de la fiction,
on en a de très nombreux exemples.
Quelles sont les thématiques cette
e
n
t
r
«Snow Crazy» de Laila Pakalnina
année, et quels films vous ont plus particulièrement marqué?
J'aimerais parler de chaque œuvre avec ses qualités spécifiques. Ce qui les réunit, c'est une
réflexion sur le temps présent et l'exploration de
nouveaux modes, de nouvelles formes du vivre
ensemble. Par exemple le film colombien Don
Ca nous amène dans une communauté afro-américaine de la côte Pacifique, où un homme en
quête de liberté à décidé de vivre loin du milieu
aristocratique auquel il appartient ; tandis que la
production russo-azère My kith and kin suit le
voyage d’une gamine de la ville dans un village
du Caucase à la rencontre de la famille de son
père. L’Asie est aussi présente avec des productions comme le film sud coréen Anxiety, où un
groupe de jeunes designers talentueux tente l'expérience du commerce équitable avec vente
directe au client, ou le film chinois Actress, portrait d’une petite compagnie théâtrale qui parcourt la province en jouant des classiques exclusivement pour un public âgé ; ou encore Ba Noï,
journal intime du cinéaste, citoyen canadien d’origine vietnamienne de retour dans son pays.
En ce qui concerne l’Europe, l’Autriche présente
Omsch, dialogue subtil et brillant au fil des
années entre le cinéaste et sa centenaire voisine
de palier ; la Finlande American Vagabond, cavale dramatique vers San Francisco de deux jeunes
homosexuels de 17 et 19 ans, issus de familles
conservatrices ; le Danemark Expedition to the
End of the World, voyage en bateau au nord du
Groenland pour explorer cette terre inconnue en
profitant de la fonte des glaces, qui ne dure que
deux semaines ; Israël avec 10%, qui interroge le
concept de héros dans les sociétés modernes ;
l’Italie Per Ulisse, plongée visionnaire dans l’univers des difficultés sociales ou psychiques.
Mais les pays les plus présents dans le Festival
sont la Suisse et la France, chacune avec 24
films, tous formats confondus. Dans ce cas, il
faut citer Les Chebabs de Yarmouk, portrait d’un
camp de réfugiés palestiniens en Syrie et de ses
jeunes qui se rencontrent sur les toits et rêvent
d’autres pays, d’autres horizons ; ou bien
Déchirés/graves, qui sur le fond des élections
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e
françaises filme de jeunes acteurs en train de
créer des personnages à partir des héros des
Reality Show ; ou encore La clé de la chambre à
lessive, comédie documentaire autour du partage
des droits et des devoirs située dans un immeuble
lausannois où se côtoient immigrés et Suisses ;
ou enfin Zum Beispiel Suberg, où un cinéaste
s’interroge, avec humour, sur le sentiment d’appartenance à une communauté.
Les Ateliers permettent comme d'habitude d'aller plus loin dans des œuvres
confirmées..
Le travail que poursuit Laila Pakalnina est jubilatoire. On a pu voir les œuvres de cette cinéaste
lettone à Cannes, Venise ou Locarno. Un cinéma
de légèreté avec de profondes valeurs, un cinéma
fondé sur la richesse et le pouvoir du regard. Peu
de dialogues, de l'humour, une grande maîtrise au
montage... bref, un cinéma qui se déguste. Ses
films documentaires pourront être vus pendant le
Festival ; ses fictions par contre se verront à
Genève (Grütli) et Lausanne (Cinémathèque
Suisse) dans les jours qui le précèdent. Quant à
Eyal Sivan, lui poursuit une profonde réflexion
sur l'histoire officielle d'Israël et ses ambiguïtés.
Nous présentons dix de ses films, parmi lesquels
Route 181.
Le Liban est à l'honneur cette année
La section Focus se développe en collaboration
avec notre marché du film. Elle consiste en un
panorama de la production libanaise, riche de 14
films, et d’un concours. Cinq projets de films
seront en effet soumis à l’attention de potentiels
coproducteurs suisses et européens ainsi que
d’un Jury qui décernera le Prix Visions Sud Est.
Le but du Focus est d'aider les réseaux productifs
des pays fragilisés. Les deux années précédentes
nous nous sommes focalisés sur la Colombie et la
Bosnie-Herzégovine. Cette année nous avons
choisi le Liban dont nous voudrions valoriser la
richesse artistique et le dialogue interculturel.
Catherine Graf
sFestival Visions du Réel, Nyon, du 19 au 27 avril,
www.visionsdureel
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15
c i n é m a
Usant de finesse, de poésie, de subtilité,
voire d’autocensure, Haifaa al-Mansour signe
un film captivant, magnifiquement interprété,
en particulier par des enfants très attachants. La
cinéaste, à l’instar du cinéaste iranien Jafar
Panahi dont elle admire le travail, a su défier la
tradition. A cause de la très forte censure, elle a
redoublé d'imagination pour livrer des messages
forts et pertinents en se libérant de toute velléité religieuse ou politique de censurer son film.
Les films du mois
Firouz-E. Pillet
PERFECT MOTHERS
d’Anne Fontaine, avec Naomi Watts, Robin
Wright, Xavier Samuel, James Frecheville.
Australie / France, 2013.
«Wadjda» de Haifaa al-Mansour © Praesens films
16
WADJDA
de Haifaa al-Mansour
Réalisé par Haifaa al-Mansour, Wadjda est
la magnifique découverte de ce début d'année. La
cinéaste saoudienne ouvre la voie au septième art
presque inexistant en Arabie saoudite avec un
film qui s’exporte à l’étranger par le biais des
festivals et des filières de distribution..
Wadjda, douze ans, habite dans une banlieue
de Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite. Bien
qu’elle grandisse dans un milieu conservateur,
c’est une fille pleine de vie qui porte jeans et baskets, écoute du rock et ne rêve que d’une chose :
s’acheter le beau vélo vert qui lui permettra de
faire la course avec son ami Abdallah. Mais au
royaume wahhabite, les bicyclettes sont réservées aux hommes car elles constituent une menace pour la vertu des jeunes filles. Wadjda se voit
donc refuser par sa mère la somme nécessaire à
cet achat. Déterminée à trouver l’argent par ses
propres moyens, Wadjda décide alors de participer au concours de récitation coranique organisé
par son école, avec pour la gagnante, la somme
tant convoitée.
Contrairement à ce qu'annonce la publicité,
Wadjda n’est pas le premier long métrage mais
l’un des premiers longs-métrages venus d'Arabie
saoudite. En revanche, c'est le premier grand film
saoudien et, surtout, signé par la première réalisatrice du pays, Haifaa al-Mansour, qui a composé avec cette absence de liberté pour assouvir sa
soif cinématographique : une révolution, dans
a
une société où les femmes ne disposent que de
l’infime liberté que les hommes leur concèdent.
A souligner aussi que Wadjda est le premier long
métrage saoudien réalisé au cœur du Royaume,
les précédents films saoudiens ayant été tournés
dans d'autres pays, comme les Emirats Arabes
Unis. Aujourd'hui mariée à un diplomate américain et mère de deux enfants, Haifaa al-Mansour
n'a étonnamment jamais eu à combattre l'interdit
moral ou religieux ; son souci majeur ayant été
l’accès à la mise en scène dans un pays où le
cinéma n'existe pas. Pour ce faire, Haifaa alMansour apprendra son métier à Sydney, en
Australie, avant de revenir au pays pour signer
des courts-métrages et un documentaire récompensé dans le monde entier, Femmes sans ombres, où elle s’attaque subtilement au machisme
rétrograde. Pour son premier long métrage, l’actrice tenait à travailler avec des comédiens du
pays ; ainsi, les acteurs du film sont exclusivement saoudiens. Vu le carcan socio-religieux
qui pèse sur le pays, la difficulté majeure a été
de trouver la jeune actrice, protagoniste du film.
Les familles saoudiennes ne voulant pas, pour la
plupart, autoriser leurs filles à apparaître à l'écran, il a été très compliqué de trouver la bonne
actrice pour le rôle de Wadjda. C'est lors des
toutes dernières auditions que Waad
Mohammed, âgée de douze ans, s'est démarquée
des autres candidates, avec son attitude rebelle
et ses Converses qui marquent son identité dans
le film malgré le djilbab noir censé masquer la
silhouette des femmes.
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a
Présenté au festival de Sundance, le dernier
film franco-australien d’Anne Fontaine surprend
dans la filmographie de la cinéaste française qui
a réalisé ce dernier opus avec des acteurs anglophones et tourné dans la région de Cairns, au
Nord de l’Australie.
Basé sur le roman Les Grands-mères de
Doris Lessing, Prix Nobel de littérature en 2007,
le film de la réalisatrice de Coco avant Chanel
transporte les spectateurs sur les pas de deux
amies, mères quadragénaires en admiration
devant leur progéniture respective. Une histoire
captivante, mêlant amour, luxure et pouvoir de
l’amitié, qui retrace les liaisons passionnées de
Lil et Roz, deux amies d’enfance qui s’éprennent
de leurs fils respectifs. Ce qui devait arriver arrivera dans un environnement idyllique de plages
et de surf, entre les jeunes hommes séduisants et
les mères désirables, que l’on surnomme désormais Milf. Craignant d’affronter la colère et le
jugement de ceux qui les entourent, les deux femmes continuent d’entretenir secrètement leurs
liaisons au fil des années, jusqu’au jour où leur
secret menace de détruire les familles des deux
jeunes hommes, qui doivent alors choisir entre
une vie toute tracée et la poursuite de leurs vrais
désirs. Associée à Christopher Hampton pour l’écriture (scénariste des Liaisons dangereuses ou
de A dangerous Method de Cronenberg), Anne
Fontaine s’échappe donc de son Pire cauchemar
pour vivre une aventure anglophone. Elle dirige
deux vedettes américaines, Naomi Watts et l’exMadame Sean Penn, Robin Wright, dans une
adaptation de ce sulfureux roman de Doris
Lessing. Les deux actrices à la plastique irréprochable interprètent les deux amies Lil et Roz. La
cinéaste semble avoir vu dans cette adaptation
une opportunité de dépasser le thème de triangu-
l
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c i n é m a
lation si commun à ses précédents films
(Nettoyage à sec, Nathalie...). Fontaine a également tenu à diminuer l'âge des protagonistes
principales, évinçant de son récit les petitsenfants – qui n’apparaissent qu’à la fin du film qu'elles avaient dans le roman.
Cette coproduction met en scène deux jeunes comédiens de l’hémisphère sud, Xavier
Samuel (vu dans Twilight 3) et James Frecheville,
ado paumé et simple d’esprit dans le très noir
Animal Kingdom. Entachée de quelques effluves
d’homosexualité et de désir incestueux, l'attirance des quatre protagonistes est magnifiée par le
cadre d'une nature à la beauté éclatante, dans un
paradis perdu, qui exalte la sensualité des deux
personnages féminins, incarnées par Naomi
Watts et Robin Wright. Anne Fontaine signe avec
Perfect Mothers un film troublant, sulfureux,
passionnant, qui séduit et subjugue. Un film qui
ne passera pas inaperçu ni ne laissera indifférent.
On s’étonne qu’Anne Fontaine n’ait pas osé être
plus iconoclaste en outrepassant encore plus les
frontières morales, ce à quoi elle nous avaut habitués dans ses précédentes réalisations.
Firouz-E. Pillet
NO
de Pablo Larrain, avec Gael García Bernal,
Alfredo Castro, Antonia Zegers, Luis Gnecco,
Marcia Tagle, Néstor Cantillana, Jaime Vadell,
Pascal Montero. Espagne/Chili, 2012.
Chili, 1988 : après quinze ans de dictature,
un référendum doit décider de la prorogation ou
non du mandat d'Augusto Pinochet. Le camp du
“non” met en place une campagne publicitaire,
choisissant d'axer sa communication sur l'avenir,
«Perfects Mothers» © Pathé films
fédérant les Chiliens, plutôt que sur les attaques
contre le dictateur... malgré les mesures d'intimidation, puis les violentes répressions dont ils sont
victimes. Pour étayer le propos de son film,
Larrain recourt à la figure fictive du sémillant
René Saavedra (Gael García Bernal), figure de
proue de la campagne publicitaire pour le “non”.
Après Tony Manero (2008) et Santiago 73,
Post mortem (2010), le cinéaste chilien Pablo
Larraín livre le troisième et dernier volet de son
analyse cinématographique du régime Pinochet
au Chili. No, présenté à la Quinzaine des
Réalisateurs de Cannes 2012, d’où il est reparti
avec le prix Art Cinema Award – a aussi été projeté sur la Piazza Grande alors que l'acteur principal du film, Gael Garcia Bernal, recevait, juste
avant la projection, un Excellence Award. Larraín
revient donc avec minutie et rigueur sur le calendrier du référendum, la réalisation des formats
publicitaires de quinze minutes des deux camps,
oscillant entre les intimidations et les menaces
«No» de Pablo Larrain © Cineworx films
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dont les opposants au régime ont fait l’objet, le
discours prosélyte et la propagande du camp du
“Si”, dépeignant avec justesse la ferveur du peuple qui a conduit à une manifestation durement
réprimée, l’indifférence du gouvernement en
place avant qu’il ne mette ses troupes en marche
face à la menace du succès progressif du “No”.
Pablo Larraín peaufine toujours la dimension esthétique de ses films, dotés d’une reconstitution d’époque d’une fidélité aigue. En 1988,
la mode est toujours aux pulls beiges-marrons à
motifs géométriques, mais le four micro-ondes
fait son apparition, de même que la paire de tennis blanche et les danses endiablées. De plus, le
cinéaste soigne l'aspect visuel de son film, choisissant une tonalité “délavée” pour insérer ses
images dans le moule des années vidéo : contrejour typique des années quatre-vingts, hégémonie de la couleur et du contour baveux. Ce procédé judicieux rend ce voyage dans le passé perceptible – entre archives et images tournées par
Larraín. Afin d'inscrire son film dans un témoignage d’archive, Pablo Larraín a confié avoir utilisé le même format que les images réalisées dans
les années quatre-vingts, en 4:3, avec des caméras à tube Ikegami de 1983. Que les spectateurs
ne s'offusquent pas : l’image semble parfois abîmée mais le résultat est probant, d'une évidente
véracité. Le travail sur les décors et les costumes
corrobore la justesse de la reconstitution.
Recourant aux campagnes publicitaires de l'époque - de la promotion des premiers fours
micro-ondes aux campagnes télévisées pour les
boissons au cola - Larrain utilise les arguments
de la publicité pour décrire les mutations sociopolitiques en marche. Cependant, la publicité est
détournée de son but premier, servant ici des causes politiques, dont l'enjeu est l'accès à la démocratie. Merveilleusement incarné à l'écran par
Gael García Bernal, le fer de lance de cette cam-
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pagne victorieuse est René Saavedra, dont la
stratégie est la vision d’un avenir meilleur, fédérateur et égalitaire pour les Chiliens, avec l’assurance du bonheur scandé par le slogan : « La alegria ya viene (Le bonheur arrive) » lors de
chaque spot publicitaire, par conséquent, tout au
long du film.
Contrairement à l’étouffante fixité de
Santiago 73 - qui interrogeait la disparition
d'Allende sans nous épargner son crâne explosé No fait la part belle à une caméra sans cesse en
mouvement, sans jamais basculer dans le reportage. Alors que son second opus dépeignait l’entrée du pays dans une ère rigide et oppressante,
symbolisée par la fixité des images, ce troisième
volet capte la remise en mouvement d’un peuple,
d'une nation, portés par un film dont le sujet
même est l'importance et l'impact des images,
des moyens techniques mis en œuvre pour
convaincre, de la dialectique adoptée, des éléments à la portée univrselle. Le film souligne le
choix des images comme véhicule du choix
moral des messages qu'elles transmettent.
C’est un film socio-historique puissant qui
rappelle comment le dictateur chilien fut évincé,
pris à son propre piège, celui qu'il avait tendu à
ses opposants !
Firouz-E. Pillet
LES AMANTS PASSAGERS
(Los Amantes pasajeros), de Pedro Almodóvar,
avec Antonio de la Torre, Hugo Silva, Miguel
Ángel Silvestre. Espagne, 2012.
Après La piel que habito, Etreintes brisées
ou Volver, Pedro Almodóvar renoue avec la
comédie par le prisme de son nouveau film, Les
Amants passagers, qui signe le retour du cinéaste au style de ses premières œuvres...
Dans cet opus, des personnages hauts en
couleurs pensent vivre leurs dernières heures à
bord d’un avion à destination de Mexico. Une
panne technique (une sorte de négligence justifiée, même si cela semble contradictoire ; mais,
après tout, les actes humains le sont) met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol
2549 de la compagnie Península. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel
de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les
stewards sont des personnages atypiques et
baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier
leur propre désarroi et se donnent corps et âme
pour que le voyage soit le plus agréable possible
aux passagers, en attendant que la solution au
problème soit trouvée. La vie dans les nuages est
aussi compliquée que sur terre, pour les mêmes
raisons, qui se résument à deux mots : “sexe“ et
“mort“. Les passagers du titre, à l’'approche de la
fin, dérivent vers une catharsis générale qui va
les inciter à faire des aveux inattendus...
Cette comédie, selon les dires de son créateur, Pedro Almodóvar, peut être perçue comme
une métaphore de l'état de la société espagnole à
l'heure actuelle : l'avion, qui tourne en rond dans
son espace d'attente aérien, risquant l'accident,
peut aisément être mis en parallèle avec la situation socio-économique de l'Espagne. Si l'intrigue
des Amants passagers paraît improbable, elle est
rendue possible par le fait que tous les passagers
ont ingurgité une sorte d'élixir : suite aux problèmes rencontrés pendant le vol, l'équipage a administré des anxiolytiques à ceux de la Classe Éco,
et un mélange champagne-vodka-mescaline-jus
d'orange à ceux de la Classe Affaire. Si preuve il
faut, le thème même du film en est une : le
cinéaste renoue avec ses premières œuvres, en
rappelant et en glorifiant l’une des périodes de
grande liberté en Espagne, les années 80, auquel
ledit cocktail fait référence et qui désinhibe et
déclenche des comportements extraordinaires,
inconcevables sans ce sérum de vérité providentiel. Pedro Almodóvar confie s'être inspiré de
l'esprit de la screwball comedy (comédie “loufoque“) des années 1930-1940 lorsqu'il a écrit ce
scénario. De ce parti pris de base, la comédie
s'est teintée d'un certain aspect moral sans être
pour autant moralisateur : tous les personnages
apprennent quelque chose sur eux-mêmes et sont
moins disposés à se mentir ou à mentir aux autres. La parole devient alors salvatrice, libératrice
et cathartique pour tous les personnages, coupés
du reste du monde, maintenus dans cet espace
aérien appelé “l’hippodrome“, relié au monde
extérieur par le seul téléphone qui fonctionne.
Plusieurs monologues rythment le film. La parole emplit le sentiment de vertige, d’abysse et tisse
des liens inattendus face au vide, à la peur, à l’incertitude et au spectre de la mort.
Les Amants passagers témoignent des multiples collaborations entre Pedro Almodóvar et ses
acteurs ; les inconditionnels du cinéaste auront le
bonheur de retrouver Javier Cámara qui en est à
son troisième film sous la direction d'Almodóvar
; Lola Dueñas et Carmen Machi jouent pour la
quatrième fois dans un film du cinéaste espagnol
; Penélope Cruz en est à sa cinquième collaboration et, pour Antonio Banderas, tout comme
Cecilia Roth, il s'agit de la septième! Bref, le
cinéaste madrilène semble savoir se faire aimer
par ses acteurs qui lui sont d’une incroyable fidélité ! Outre l’aspect esthétique particulièrement
soigné du film, et ceci dès le génétique d’ouverture, la bande sonore joue un rôle prépondérant ;
la musique, qui ponctue chaque moment clé de la
comédie, occupe une place décisive. La musique
originale a été composée par Alberto Iglesias, qui
travaille avec Pedro Almodóvar depuis une vingtaine d'années, précisément depuis le film La
Fleur de mon secret, en 1995. Pour ce qui est des
musiques additionnelles, les goûts du metteur en
scène se sont portés sur les Pointer Sisters, le
groupe anglais Metronomy, ou encore, choix
tarantinien (de l'aveu même d'Almodóvar), sur un
“rythme endiablé“ de Django Django. Si vous
souhaitez découvrir un avant-goût du film, regardez la bande-annonce sur fond du tube disco I'm
So Excited, des Pointer Sisters, qui a donné son
nom au film en anglais. Jubilatoire et savoureux !
Firouz-Elisabeth Pillet
«Les Amants passagers» de Pedro Almodovar © Pathé films
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ENFANTS DE SARAJEVO
d’Aida Begic
Remarqué au Festival de Sarajevo (avec une
récompense pour l’actrice Marija Pikic), puis au
Festival international de Gijon, ainsi qu’au
Festival de Cannes dans la Section “Un certain
Regard“, le film de la réalisatrice bosniaque Aida
Begic arrive sur nos écrans. Un film bosniaque,
qui plus est un film de femme, voilà qui ne peut
que susciter l’intérêt.
Rahima, jeune femme forte et courageuse, et
son jeune frère sont orphelins de guerre. Ils
vivent dans la banlieue de Sarajevo, elle travaille
dans la cuisine d’un restaurant chic de la ville, lui
est encore à l’école. Après une adolescence qui
demeure mystérieuse, dans un orphelinat (comment les parents sont-ils morts ? comment ontils survécu dans l’immédiat après-guerre, à quelle faction étaient-ils liés ? le film reste muet sur
ces sujets), elle semble avoir trouvé un certain
équilibre en portant le voile, ce qui suscite beaucoup d’incompréhension autour d’elle. Les services sociaux semblent méfiants par rapport à son
passé tumultueux (en quoi ? pourquoi ?), et doutent de sa capacité à s’occuper de son jeune frère,
surtout lorsque celui-ci est menacé d’être chassé
de l’école après avoir frappé un élève qui a insulté sa mère et lui avoir cassé son Smartphone.
D’autant plus qu’il s’agit du fils d’un ministre !
Cherchant comment se procurer un objet qui vaut
3 mois de son salaire, Rahima va découvrir que
son frère a une vie cachée et qu’il baigne dans
différents trafics…
Enfants de Sarajevo, derrière l’anecdote,
garde une bonne partie de ses mystères. Ce côté
lacunaire, troué, non expliqué de l’histoire, peut
plaire. De sorte que le spectateur d’ici reste surtout frappé par l’ambiance d’immédiat aprèsguerre qui baigne encore la ville. Certes,
quelques images vidéo de la période des combats
montrent une ville totalement en ruine (avec
paradoxalement des images joyeuses d’anniversaires d’enfants), mais la Sarajevo d’aujourd’hui
est loin d’être reconstruite et les plaies sont encore béantes dans un paysage urbain où semblent
errer les fantômes d’une guerre loin d’être
oubliée : les gens vivent au jour le jour, sans
vrais projets, comme en permanence sur le quivive dans un univers où le danger paraît omniprésent. Ce danger n’est jamais montré explicitement, mais la bande-son semble comme parasitée
par des bruits d’explosions, des coups de feu, des
cris… Dans certains cas, le spectateur comprend
vite qu’il s’agit de sons de jeux vidéo, de pétards
pour le passage à l’an nouveau, parfois il met
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«Enfants de Sarajevo» d’Aida Begic © Pyramide Films
presque tout le film à comprendre que certains
bruits qu’il percevait comme des coups de feu
sont provoqués par le passage des camions sur les
joints du pont de l’autoroute. Reste qu’un sentiment permanent de danger infuse le film et renforce l’impression que se poursuit une guerre de
chacun contre tous dans un univers où règnent les
différents trafics (petits et gros, de drogues ou
d’armes) et une corruption généralisée.
Décidément, à Sarajevo, la guerre ne semble
pas encore finie !
Serge Lachat
L’ATTENTAT
de Ziad Doueiri, avec Ali Suliman, Reymond
Amsalem, Dvir Benedek. France/Belgique/
Liban/Quatar, 2012.
Basé sur le roman éponyme de Yasmina
Khadra, L’attentat plonge les spectateurs dans le
conflit israélo-palestinien de plein fouet. Dans un
restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser
une bombe qu'elle dissimule sous sa robe de
grossesse. Toute la journée, le docteur Amine
Jaafari, un Arabe Israélien parfaitement intégré
dans la société de Tel-Aviv, opère les nombreuses
victimes de l'attentat. Au milieu de la nuit, on le
rappelle d'urgence à l'hôpital où la police israélienne l'informe que sa femme en était l'auteur.
Brisé par cette révélation et désirant comprendre
comment il a été incapable de déceler ses intentions, Amin décide de se rendre dans les territoires palestiniens à la recherche de ceux qui
auraient recruté sa femme chrétienne.
Lors de la douzième édition du Festival
international du film de Marrakech (FIFM), clôturée en décembre 2012, les membres du Jury ont
consacré l'audace et la créativité, en décernant
l'Etoile d'or au film libanais controversé
a
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L'attentat. Divisant les critiques et le public sur le
traitement du conflit israélo-palestinien, ce film a
néanmoins impressionné par sa qualité esthétique
et artistique. Son réalisateur, Ziad Doueiri, se
défend d'avoir voulu exposer une nouvelle vision
du drame vécu par le peuple palestinien en donnant la parole à l'autre camp. Le film captive dès
la première séquence, et tient en haleine tout au
long de l’enquête existentielle que mène le Dr
Jaafari. A travers le jeu particulièrement peaufiné
des acteurs, on éprouve une empathie tangible
pour ce médecin, déchiré par les révélations progressives sur la double vie de son épouse qu’il
plaçait au-dessus de tout soupçon. La mise en
scène est épurée, livrant les faits sans fioritures,
mettant en relief les dialogues.
Étonnamment, Yasmina Khadra s'est démarqué de ce film, produit par Rachid Bouchareb,
qu’il a co-écrit et a même critiqué son contenu
lors de la conférence de presse organisée à Alger
lors de la projection du film d'Arcady Ce que le
jour doit à la nuit. En effet, Yasmina Khadra ne
partage pas l'adaptation faite par le réalisateur
libanais Ziad Doueiri, qui a écrit le scénario avec
Joëlle Toumai. Il faut souligner que L’attentat a
été présenté dans un contexte tendu, nourri d’amertume et de rancœur car, après avoir écarté
tous les films produits ou coproduits par l'Algérie
et surtout ignoré la célébration du cinquantième
anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, le
Maroc, à travers son prestigieux Festival international de Marrakech, a commis une énorme maladresse diplomatique, en programmant ce film
qui rapprocherait l'Algérie à Israël et cela en
plein contexte international marqué par la crise à
Ghaza. L’enjeu du film est devenu purement politique et non plus artistique …
Le fait que le Festival de Marrakech programme ce film, pourtant écrit par l'un des plus
é
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importants écrivains algériens et
produit par un de ses meilleurs
réalisateurs et producteurs, a été
très mal interprété en Algérie,
pays qui n'a pas soutenu ce film,
tourné dans les territoires israéliens et dont le dialogue est
majoritairement en hébreu. Qui
plus est : le film a été tourné
avec des acteurs israéliens, à l'image de sa vedette Uri Gavriel,
qui parle parfaitement arabe et
qui avait joué dans le film House
of Saddam en 2008, et surtout
dans le dernier Batman The Dark Knight Rises.
Si l'Algérie a refusé de coproduire ce film, le
Liban, qui est coproducteur majoritaire à travers
la société de Ziad Doueiri, Doueiri Films, a refusé d'inscrire le film sous la bannière libanaise aux
Oscars 2013, en raison de la vision très israélienne du film.
Il est regrettable que L’attentat devienne le
réceptacle de règlements de comptes dans un
conflit voué à perdurer, au détriment d’une qualité cinématographique, tant dans le fond que dans
la forme. Un film à voir pour le message qu’il
porte, sans chercher à déchiffrer de quelconques
revendications politiques en filigrane.
Firouz-Elisabeth Pillet
THE SESSIONS
de Ben Lewin, avec John Hawkes, Helen Hunt,
William H. Macy. Etats-Unis, 2012.
«L’attentat» de Ziad Doueiri © Praesens films
avocat avant d'embrasser une carrière artistique.
Il a d’ailleurs fait ses premières armes en tant que
réalisateur dans la série Ally McBeal, qui se
déroule justement dans un cabinet d'avocats.
Quelle bienheureuse idée de vouloir changer de
cap : avec The Sessions, Ben Lewin signe un film
émouvant qui confirme son talent en tant que
cinéaste. Le public comme les professionnels ont
reconnu ce talent puisque The Sessions a reçu le
Prix du Public et d'interprétation pour l'ensemble
des acteurs au Festival de Sundance 2012, ainsi
que le Prix du Public au Festival de San Sebastian
2012. Par ailleurs, Helen Hunt a été nominée, à
juste titre, dans la catégorie meilleure actrice
dans un second rôle aux Oscars 2013 ainsi qu'aux
Golden Globes (en compagnie de John Hawkes,
son partenaire dans le film).
Tout comme le journaliste et poète Mark
O'Brien dont la vie a inspiré le film, le cinéaste
Ben Lewin a contracté la polio étant enfant.
L'histoire de cet homme qui a décidé de vaincre
son handicap afin de goûter aux joies du sexe a
trouvé une résonance chez le metteur en scène,
qui a voulu à tout prix adapter cette histoire au
cinéma ; c’est en particulier le cheminement
émotionnel de Mark qui l’a intéressé, cheminement qui trouvera un écho chez beaucoup de
gens. Le film montre parfois le personnage de
Mark O'Brien à l'intérieur de ce qu'on appelle un
Poumon d'acier. Cette
machine permet à un malade
de respirer en cas d'insuffisance de la ventilation pulmonaire, mal dont souffrait
Mark à cause de sa poliomyélite.
Ce film a aussi le mérite de faire le jour sur une
profession méconnue et
sous-estimée, l'assistante
sexuelle. Quelque part entre
le coach, le partenaire sexuel
tarifé et le psychologue, l'assistante propose un service qui peut avoir des
vertus thérapeutiques avérées comme le montre
le cas de Mark O'Brien : “Je voyais un défi dans
le fait de jouer Cheryl comme une professionnelle ordinaire – et une professionnelle qui croit profondément à l’importance de la sexualité dans l’identité humaine. Je ne connaissais pratiquement
rien sur l’assistance sexuelle avant de jouer ce
rôle et de rencontrer Cheryl. Mais j’ai rapidement découvert qu’il s’agit d’un métier sérieux –
même s’il s’aventure sur un territoire délicat – un
métier qui aide les gens à guérir“, confie la
comédienne Helen Hunt à propos de son rôle
dans le film. The Sessions représente peut-être la
version américaine d’Intouchables. Cependant,
l’histoire diffère même si elle est animée par la
même lueur d'espoir. C'est un film dérangeant et
admirablement abouti : dérangeant, car voir
Helen Hunt et John Hawkes dans ces positions
était particulièrement inattendu et surprenant ;
admirable car dévoilant avec humilité une réalité
méconnue et terrible des complications de la
maladie sans jamais sombrer dans le pathos …
Un véritable défi pour une production américaine ! Outre les scènes assez étonnantes que le film
nous offre, jusqu'aux premiers gémissements
sexuels de Mark O'Brien, il faut bien évidemment saluer la prestation de John Hawkes (Kenny
Powers, American Gangster) qui s'en sort avec
brio et qui livre certainement ici la
performance d'une carrière … Un
rôle très difficile à incarner car il
faut à la fois respecter la maladie
(sans en dénaturer la difficulté à
vivre au quotidien), tout en restant
dans une véracité exhaustive. Une
pure réussite à l’écran.
Mark fait paraître une petite annonce :
«Homme, 38 ans, cherche femme pour relation
amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir...». Le film relate l’histoire vraie et bouleversante d’un homme que la vie a privé de tout,
et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui
permettre d’aimer, “comme tout le monde“. The
Sessions est donc basé sur la vraie vie de Mark
O'Brien ; paralysé à cause de la
poliomyélite, Mark a tout de même
fait des études brillantes et a écrit
des ouvrages, notamment de poésie.
Le film s'inspire de son essai On
Seeing a Sex Surrogate, paru dans le
Sun Magazine en 1990. Cheryl
Cohen-Greene, assistante sexuelle
(jouée par Helen Hunt) et Mark
O'Brien sont restés de grands amis
jusqu'à la mort de l'écrivain en 1999.
Le réalisateur Ben Lewin a
«The Sessions» de Ben Lewin © 2013 Twentieth Century Fox Film Corp.
débuté sa vie professionnelle comme
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Firouz-E. Pillet
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sous la loupe
La Maison
de la Radio
En première mondiale en février au Festival de Berlin,
La Maison de la Radio, de Nicolas Philibert, sort
simultanémemt en France et en Suisse le 3 avril.
On retrouve dans cette évocation de la célèbre maison ronde du 116
Avenue du Président Kennedy à Paris, adresse bien connue des auditeurs
de Radio France, tout ce que l’on aime chez le cinéaste d’Etre et avoir. On
se souvient de ce film au succès retentissant, où Philibert accompagnait la
classe unique d’un instituteur dans la moyenne montagne auvergnate pendant sept mois de l’hiver à l’été 2000.
Ce que l’on aime chez Philibert et que l’on
retrouve dans cette Maison de la Radio ? Le sentiment de ne pas avoir affaire à un cinéaste exécutant un projet préétabli. On est à mille lieues
avec lui de la démonstration du bien-fondé
d’une thèse (le rôle socio-politique de la radio,
des médias etc.). Pas de regard surplombant sur
une institution dont il saurait déjà ce qu’il faut
en penser, « moins j’en sais sur le sujet, mieux
je me porte » répète-t-il souvent. Pas de regard
surplombant donc, juste un regard allant à la
rencontre. Car c’est bien à une suite de rencontres avec les membres d’une communauté - les
gens de radio - en train de travailler (c’est capital) que le film convie son spectateur. Naviguant
entre les radios (France Inter, France Info,
France Musique, France Culture) sans hiérarchie
ni privilège (pas de mise en avant de l’info ici ni du direct, comme si souvent), Philibert montre la variété des métiers exercés dans la grande maison. De l’ingénieur du son au comédien, du choriste à l’illustrateur sonore, des rédacteurs de flash d’info aux participants des jeux-concours, du
chef d’orchestre au journaliste culturel, tous et toutes sont montrés exercant leur métier, travail préparatoire, de coulisses le plus souvent, sans
lequel rien ne passerait à l’antenne, et c’est passionnant (et souvent très
drôle). C’est plus particulièrement le travail d’échange, d’écoute, d’apprentissage autour des mots, des sons, des musiques que Philibert privilègie (« le cinéma a bien plus à voir avec la musique qu’avec le théâtre ou
toute autre forme d’art », dit-il). Qu’il fasse partie des cinéastes ayant de
l’oreille est du reste une évidence, tant son montage apparaît musical.
A chaque personnage (on aimerait tous les évoquer), à chaque situation son cadrage d’une confondante justesse. Rien ici qui ressemble à un
reportage volé par une caméra supposée invisible. « Je ne crois pas une
seconde qu’il soit possible de se faire oublier, dit-il. Ce qui compte, ce
n’est pas de se faire oublier, mais de se faire accepter. Nous mettons tout
en œuvre pour que les gens que nous filmons restent eux-mêmes face à la
21
caméra ». Ce que le film
montre à l’évidence, c’est
qu’ils sont d’autant plus
eux-mêmes qu’ils sont en
train d’exercer leur métier:
Par delà leurs difficultés ou
leurs bonheurs petits ou
grands, c’est tout à la fois
la dignité de l’homme et de
la femme au travail, la
beauté de leur savoir-faire,
leur créativité, que
Philibert donne à voir. On
en ressort contaminé par sa
confiance en l’humanité,
cette chose si fragile.
Christian Bernard
«La Maison de la Radio» de Nicolas Philibert © Agora Films
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Où avez-vous tourné ?
entretien avec anaïs barbeau-lavalette
Inch’Allah
Inch'Allah est le deuxième long métrage d'Anaïs
Barbeau-Lavalette, après Le Ring en 2007, récompensé
notamment aux festivals de Taïpeï, Madrid ou
Vladivostok et sélectionné à la Berlinale.
Globetrotteuse avertie, la réalisatrice québécoise a également réalisé
des courts métrages et des documentaires relatant ses nombreux voyages
dans le monde. Son second long métrage raconte l'histoire d'une jeune
Québécoise, Chloé, qui travaille comme médecin dans un camp palestinien près de Jérusalem-Ouest. Confrontée à la violence et divisée entre ses
amies Ava, une soldate israélienne qui travaille au check-point, et Rand,
une femme enceinte palestinienne, elle vit au cœur du conflit armé. Anaïs
Barbeau-Lavalette, de passage à Genève, parle de ce deuxième film, qu’elle a réalisé dans un Proche-Orient qu’elle connaît bien. Rencontre.
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Inch'allah n'a pas été tourné sur les lieux de l'histoire, en Palestine et en
Israël, mais en Jordanie, au beau milieu du désert jordanien, sur une vraie
base de l’armée, où nous avons recréé une zone frontalière de toutes pièces. Tout a l’air vrai, autant les gens que les lieux, mais tout est mis en
scène. Il n’y a pratiquement aucun plan où la figuration n’est pas mise en
place. Mais ça se fond dans le décor parce qu’on tourne à l’épaule, façon
documentaire. Pour les séquences de tournage dans les camps de réfugiés
palestiniens, j’ai tenu à faire participer la population même de ces camps ;
les gens des camps ont donc participé, notamment à la sécurité et à la figuration. Le tournage créait un grand événement et de l’excitation. On a
minimisé les tournages de nuit, plus risqués. Quand les scènes le permettaient, on y intégrait la population.
Votre film fait la part belle aux personnages majoritairement
féminins …
Ce n'est pas une décision, pas un constat non plus... Je trouve ça drôle
parce que, si ça avait été des hommes, je ne suis pas sûre qu'on aurait dit
que c'est un film avec des personnages essentiellement masculins. Il est
vrai qu'on voit moins des films où les personnages principaux sont féminins. Inch'allah est l'histoire d'un triangle amical entre trois filles : une
Israélienne, une Palestinienne, une Québécoise. Je pense que le fait qu'elles soient des filles change peut-être leurs rapports.
Vous êtes Canadienne … Pourquoi avoir situé votre film au
cœur du conflit israélo-palestinien ?
Pour Chloé, médecin québécoise installée dans la région, cela
semble évident de servir de trait d’union entre les deux peuples?
Ça fait plusieurs années que j'ai une relation fusionnelle avec Israël et la
Palestine. J'ai voyagé là-bas pour faire des documentaires, après avoir étudier, et donc, au fur et à mesure des liens créés, j'ai ramassé des histoires et
des expériences assez fortes. … En particulier avec la Palestine, j’ai eu
comme un appel, un réel coup de foudre, avec tout ce que ça peut avoir
d’ambigu, un mélange d’amour/haine, de fascination et de confrontation.
J’ai décidé d’y retourner pour une plus longue période. J’y ai étudié la politique et l’arabe. Je m’y suis fait des amis. Cependant, mon film n'est pas
autobiographique, c'est de la fiction, mais je n'aurais pas pu inventer tout ça,
je ne me serais pas donné la permission. C'est tellement loin de nous.
Je m'intéresse aux conséquences que peut avoir une guerre sur une personne étrangère et a priori non concernée par le conflit … À quel point un
conflit qui ne nous appartient pas peut-il devenir le nôtre ? Au fur et à
mesure, Chloé est avalée par la guerre. Elle ne peut pas rester simple
témoin. C’est ce que j’avais envie d’exprimer. Dans un tel contexte, nos
barrières de protection tombent. Nous ne sommes pas immunisés contre
ça. La guerre n’appartient pas qu’aux autres. Le personnage de Chloé
(Evelyne Brochu) permet aussi l'identification et l'implication du spectateur. Son cheminement pourrait être le nôtre. C’est ce qui m’intéresse. . Je
ne pense même pas que c'est conscient. Elle n'est pas politisée, elle n'est
pas là comme militante, au contraire, elle est très objective. Le fait d'être entre la Palestine et Israël, de servir
un peu de courroie de transmission, fait que Chloé est
avalée par la réalité de la guerre, elle devient elle-même
un champ de bataille. Ce n'est pas parce qu'elle choisit,
c'est la guerre qui la choisit. Elle est observatrice au
début, mais un jour, elle devient plus proactive, elle
prend parti. Complètement. Le film est là-dessus, et je
pense que c'est ça, le tragique de la guerre. Ce n'est pas
parce qu'on est blanc et occidental qu'on est imperméable à cette tragédie-là. Un moment donné, la guerre t'avale, elle est plus forte que toi. Ce n'est pas parce que
Chloé est Québécoise qu'elle est à l'abri.
«Inch’allah» avec Chloé et Ava dans le bus
Comment vous a-t-on accueillie en tant que réalisatrice étrangère, extérieure au conflit ?
Comment êtes-vous arrivée dans l’univers cinématographique ?
Bien, les gens sont contents que l’on vienne les voir, que l’on s'intéresse à
eux, parce que ce n'est pas un endroit où l’on va faire du tourisme, normalement. Les gens ouvrent les portes, ils ont envie de se raconter. J'ai l'impression que d'être une fille, ça ouvre encore plus de portes, en fait. L'idée
d'en faire un film est venue sur le tard, donc au début il n'y avait pas de
rencontre planifiée ou de recherche, c'était vraiment juste comme dans la
vie. C'est ces relations-là que l’on approfondit ensuite.
C’est ma façon à moi d’être utile et d’essayer de changer les choses. Je
crois que je ne serais pas capable de faire juste du divertissement. Je n’enserais pas capable et en même temps, je ne m’en donnerais pas le droit.
Parce que je ne me considère pas tant comme une cinéaste que comme une
humaniste.
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Propos recueillis par Firouz-E. Pillet
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Théâtre
Le Petit Poucet
Charles Perrault
Laurent Gutmann
9 et 10 avril à 19h
Musique
West Side Story
en concert
Les Solistes de Lyon-Bernard Tétu
Les Percussions Claviers de Lyon
16 avril à 20h30
Théâtre
Urbik / Orbik
A la ville comme à l’univers
Philip K. Dick – Joris Mathieu
Cie Haut et Court
Du 24 au 26 avril à 20h30
Danse
Histoires Condansées
Foofwa d’Imobilité – Neopost Ahrrrt
30 avril à 19h
THÉÂTRE FORUM MEYRIN
PLACE DES CINQ-CONTINENTS 1, 1217 MEYRIN
WWW.FORUM-MEYRIN.CH
Histoires Condansées © Gregory Batardon
BILLETTERIE 022 989 34 34 DU LU AU VE DE 14H À 18H
[email protected]
SERVICE CULTUREL MIGROS GENÈVE /
STAND INFO BALEXERT / MIGROS NYON-LA COMBE
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entretien avec renée auphan, metteuse en scène
L’Aiglon
Arthur Honegger est à l’honneur cette saison sur les scènes lyriques
romandes. Après Les Aventures du Roi Pausole données pour les Fêtes de fin
d’année au Grand Théâtre de Genève, l’Opéra de Lausanne met à
l’affiche L’Aiglon, un opéra en cinq actes écrit en collaboration avec
Jacques Ibert sur un livret d’Henri Caïn adapté de la fameuse pièce
d’Edmond Rostand.
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Officiellement, on ne connaît pas le détail
de la collaboration des deux musiciens. Certains
prétendent que Jacques Ibert a écrit la musique
des actes I et V, alors que Honegger se serait
concentré sur les trois actes centraux. D’autres
penchent plutôt pour une répartition du travail
liée aux divers climats du livret: Ibert se serait
attelé aux scènes sentimentales tandis que son
compère se serait plutôt intéressé aux scènes
plus épiques, comme la fameuse évocation de la
bataille de Wagram. Quoi qu’il en soit, aux yeux
de Renée Auphan (qui est chargée de la reprise
lausannoise d’un spectacle conçu à l’origine
pour l’Opéra de Marseille), l’ouvrage est suffisamment fort et prenant pour que cette question
de paternité soit d’un intérêt finalement secondaire.
Lors d’une interview qu’elle a bien voulu
nous accorder avant même que ne commencent
les répétitions, nous nous sommes tout d’abord
étonnés de ses choix dans son rôle de metteuse
en scène. Il est en effet frappant de voir qu’elle
semble éviter les ouvrages connus pour se
consacrer essentiellement aux titres presque
oubliés du répertoire français. Elle s’est ainsi
intéressée à L’Héritière de Jean Michel Damase,
un opéra qu’elle a monté à Marseille, ainsi que
Sampiero Corso d’Henri Tomasi. La saison passée, ce fut au tour de La Chartreuse de Parme,
un opus peu connu d’Henri Sauguet monté avec
grand succès sur les planches de l’Opéra marseillais. Et maintenant, c’est L’Aiglon pour
Lausanne!... Aussi la première question, un rien
provocante, a-t-elle porté sur ses choix :
en Romandie ? Reprendre une mise en scène
pour aider une production à voyager et à faire
connaître un ouvrage attachant en un maximum
de lieux divers me paraît essentiel. Et si je peux
ainsi contribuer à convaincre quelques amateurs
de plus que Jacques Ibert et Arthur Honegger
ont composé avec le drame de Rostand une
œuvre forte et incontestable, j’estimerai avoir
pleinement rempli ma tâche! Et ce que je fais ici
pour L’Aiglon, je le ferais volontiers pour d'autres titres oubliés. Rigoletto ou Les Noces de
Figaro peuvent, eux, se passer de mon aide!... Il
m’est d’ailleurs arrivé de les refuser.
L’Aiglon est quasiment inconnu ici,
c’est vrai. Comment avez-vous découvert ce
titre ?
J’adore Edmond Rostand qui est né à Marseille,
comme moi. Dès mes premiers contacts avec la
lecture, alors que je fréquentais encore les classes du lycée, je me suis enthousiasmée pour cet
Aiglon; le personnage soulevait même des passions telles chez moi que j'aimais lire et relire
quelques-unes de ses répliques chaque fois
qu’une occasion s’en présentait. J’en connais-
a
sais plusieurs vers par cœur (et mon interlocutrice se met immédiatement à en réciter quelquesuns d'une voix vibrante...) au point de vouloir
incarner le rôle sur une scène de théâ-tre!
Quand j’ai commencé à étudier le chant, j’ai
appris qu’il y avait un opéra écrit d’après l'ouvrage de Rostand. Je m’y suis bien sûr immédiatement intéressée et j’ai fait quelques déplacements pour en voir une ou deux productions.
La rencontre fut probante, même si la première
mise en scène que j’ai vue n'avait rien de transcendant. Mais la force dramatique de l’ouvrage
passait la rampe et la musique, avec ses citations
de thèmes martiaux et d’hymnes brillants avait
toutes les qualités nécessaires pour entretenir
ma première flamme !
Avez-vous songé à interpréter le rôletitre dans l’opéra lorsque vos talents de
chanteuses se sont affirmés ?
Oui, d’autant plus que mon professeur de chant
d’alors me voyait parfaitement en Aiglon! A cette
époque, je travaillais ma voix et ma technique
avec Janine Micheau, célèbre cantatrice française
qui fut inoubliable en Lakmé, Mélisande ou
Manon; et elle a rapidement pensé que l’écriture
du rôle-titre de L’Aiglon convenait parfaitement à
mes possibilités vocales. Aussi m’a-t-elle
conseillé de m'adresser à Rolf Liebermann, alors
directeur de l’Opéra de Paris, pour qu’il remette
le titre à l’affiche pour moi, à l’Opéra-Comique.
Il y a songé, mais le projet ne s’est jamais réalisé, ce que j’ai bien regretté.
C’est alors la production marseillaise
de cet ouvrage, dont la première a eu lieu le
1er octobre 2004, qui vous a ramené à vos
amours anciennes ?
Pas tout à fait. Lorsque j’étais directrice de
Vous n'aimez pas le grand répertoire ?
Bien sûr que si (rire sonore)! Mais il est évident
que ni Aida, ni Don Giovanni ni Carmen n’ont
besoin de mes modestes talents pour s’imposer
à l’affiche des théâtres du monde entier! Par
contre, qui connaît aujourd’hui L’Aiglon dans la
capitale vaudoise, et plus généralement encore,
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Renée Auphan
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l’Opéra de Lausanne, j’ai souhaité inclure ce
titre dans ma programmation, mais les circonstances n’étaient pas favorables, d’abord en raison du coût de la production telle que je l’envisageais, mais également en raison du rôle-titre
qui nécessite un physique approprié (tout le
monde a en tête un portrait du Duc de
Reichstadt) ainsi qu’une voix longue et large.
A Lausanne, vous reprenez cette mise
en scène que Patrice Caurier et Moshe Leiser
ont montée pour Marseille en 2004. Quelle
est votre marge de manœuvre quand vous
vous trouvez face à des chanteurs qui ne sont
pas du tout les mêmes que ceux dont disposaient les metteurs en scène originaux ?
Lorsqu’Eric Vigié a décidé de mettre cette
œuvre à l’affiche de Lausanne, ces deux artistes
n’étaient pas disponibles. Il m’a alors proposé
de me mettre à l’ouvrage à leur place, ce que
j’avais déjà fait lors d’une reprise du Pelléas et
Mélisande qu’ils avaient réglé sur la scène du
Grand Théâtre. Lorsque l’Opéra de Madrid a en
effet décidé de louer la production de Genève,
ils ne pouvaient en assurer les répétitions car
leur calendrier était trop chargé; M. Vigié, qui
était responsable de la programmation du théâtre madrilène, m’a alors invitée à reprendre le
flambeau, et, malgré le changement total de distribution, le résultat a été probant. Patrice et
Moshe ont donc accepté que me soit confiée la
reprise de leur mise en scène de L'Aiglon à
Lausanne.
Avez-vous des contacts suivis avec eux
pendant la période de préparation ?
Non. Apparemment ils me font confiance ! Ils
savent bien que je ne trahirai pas l'esprit de leur
conception, d'autant plus que je considère leur
spectacle comme parfait en tous points. Il est
rare de rencontrer sur scène une réalisation qui
rende également justice à tous les aspects d’un
ouvrage lyrique et je suis complètement conquise par ce qu’ils ont fait. Mon seul but est de
retrouver l'esprit qui les animait lors du premier
montage de cette production en 2004. Cela dit,
il est évident que je vais être amenée à procéder
à certaines adaptations. Chaque chanteur arrive,
en effet, sur le plateau avec son histoire, son
physique, ses tics, ses points forts et ses faiblesses. C'est à moi de faire en sorte qu'au final, la
cohérence de la représentation ne souffre aucunement des disparités avec la distribution originale. Je ne peux vous dire, maintenant, quels
seront les travaux d’adaptation nécessaires
puisque les répétitions n’ont pas commencé et
que je ne connais pas encore tous les membres
de la distribution, mais il est certain qu’ils
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«L’Aiglon» en 2004 à l’Opéra de Marseille © Ch. Dresse
seront réduits à un minimum.
Quels sont les principaux défis scéniques à relever dans L’Aiglon ?
L’opéra est concis et se joue en un peu moins de
deux heures, sans entr'acte. Les changements de
lieu et d’atmosphères sont importants, et il était
indispensable de trouver une solution simple
mais parlante sur le plateau pour évoquer cela
sans introduire de trop longues césures. Et là, je
dois rendre hommage à Christian Fenouillat qui
a conçu un décor à la fois magnifique et ingénieux permettant de passer rapidement d'un
salon à un jardin ou à une plaine. La musique,
qui ne contient quasiment pas d’ouverture ou
d’interlude, peut ainsi se déployer avec aisance
et naturel, ce qui est essentiel pour un opéra de
ce type où il est capital que le public comprenne dans l'instant les enjeux de la pièce. La force
des situations dramatiques et leur exploitation
musicale, avec insertion de morceaux patriotiques ou d'inspiration plus directement populaire, ajoutent encore au sentiment de nécessité
dans le mouvement d'ensemble: l'auditeur doit
être immédiatement happé par un déroulement
narratif qui ne se perd jamais en des détails
inutiles. Si je parviens à insuffler ici à Lausanne
la force de suggestion scénique du spectacle original, j’ose espérer que celui-ci retrouvera naturellement sa forme première. Ce qui implique
évidemment de ma part, lors des répétitions, un
patient travail de mise en place, et surtout de
direction d'acteurs.
Vous sentez-vous 'brimée' à l'idée que
votre tâche consiste essentiellement à redonner vie à une conception scénique concoctée
par d'autres ?
je suis entrée à l’Opéra de Marseille, et ceci
pendant 8 ans, était précisément d’assister les
metteurs en scène. A l’époque, absorbée en
parallèle par mes études de chant, l’idée ne m’a
jamais effleurée de me substituer aux maîtres
d’œuvre que je secondais. Depuis lors, ‘ai vu ou
participé à tant de spectacles du grand répertoire qui m’ont comblée, qu’il me paraîtrait superflu et même prétentieux de songer à y ajouter
ma touche personnelle. Bien sûr, j’ai comme
tout amateur d’opéra des idées assez précises
sur ce que devrait être une mise en scène parfaite de Cosi fan tutte ou de Nabucco, mais je
connais aussi les difficultés qu’il y a à passer du
stade du rêve à celui de la réalité! Par ailleurs, je
dois avouer que, lorsque je dirigeais un théâtre,
je n’ai pas toujours estimé à leur juste valeur les
écueils que peut rencontrer un metteur en scène.
Il n’est en effet pas toujours facile de se retrouver sur un plateau en présence d’une distribution que l’on ne connaît pas, que l’on n'a pas
choisie et qui ne correspond pas forcément au
projet qu’on a conçu lorsqu’on s’est vu confier
la tâche de monter tel ou tel ouvrage. Aussi,
reprendre cet Aiglon présente pour moi l’avantage du choix. Car personne ne pourrait me
convaincre de retravailler un projet auquel je
n’adhère pas entièrement dès les premières
minutes...
Propos recueillis par Eric Pousaz
Opéra de Lausanne, L’Aiglon d'Arthur Honegger et
Jacques Ibert, le 21 avril à 17 heures, 24 avril à 19 heures,
26 avril à 20 heures et 28 avril à 15 heures.
Absolument pas ! Mon premier travail, lorsque
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en tournée en suisse
Marie-Nicole Lemieux
Rousse, ronde et volcanique, Marie-Nicole Lemieux affiche depuis ses
débuts en 2000 un tempérament qui convient aussi bien à Vivaldi qu'à
Haendel, à Verdi qu'à Rossini. Ce contralto canadien aux moyens
impressionnants partage son temps entre la scène et l'estrade, alternant
sans hésiter de complexes premiers rôles avec des partitions moins
exposées. Après l'opéra, la cantatrice donnera une série de concerts en
Suisse pendant le mois d'avril. Ne la manquez pas.
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Vous avez déclaré dans un mensuel
parisien que, je cite : « Vous n'étiez jamais
entrée à l'Opéra Bastille par superstition,
n'allant dans un théâtre qu'une fois votre
contrat signé ». Dans quel état d’esprit préparez-vous vos débuts dans cet établissement
et que représente cette étape dans votre carrière ?
MNL : Je suis pour le moment en répétition et
ne pense pas trop à tout ce que représente cet
événement pour ma carrière. En fait Paris est
une ville où je chante régulièrement et suis très
heureuse de retrouver son public, car je n'avais
pas eu l'opportunité d'y apparaître dans une production scénique depuis deux ans. C'est un peu
comme si je revenais à la maison ! Il ne me
manque plus que le Palais Garnier (rires) ; je
n'ai fait qu'y répéter. Je dois reconnaître que j'ai
beaucoup de chance de faire mes débuts à la
Bastille entourée d'une belle équipe où je retrouve Ambrogio Maestri avec lequel j'ai déjà plusieurs fois interprété Falstaff, mais également
Svetla Vassileva, Paolo Fanale et Elena
Tsallagova qui était l'une de mes Nanetta à
Munich.
Pour vos premiers pas dans ce théâtre vous retrouvez donc le rôle de Quickly
dans Falstaff, un personnage haut en couleurs que vous connaissez bien pour l'avoir
interprété à Glyndebourne, Francfort et
Milan. Peut-on rater, passer à côté d'une rôle
comique aussi bien écrit que celui-ci et si non
quels ingrédients nécessite-t-il ?
Je viens de le donner à Milan, il ne me manque
plus que le Met pour obtenir le grand chelem
(rires). En fait je crois que le pire serait d'être
absent, ou transparent au point de ne pas se faire
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Ewa Podlès déclarait il y a peu qu'il
n'y avait pas de petits rôles. Pensez-vous
comme cette grande dame du chant qui n'a
jamais hésité à alterner, même au sommet de
ses moyens, La marquise de Berckenfield
avec Arsace, Mme de la Haltière avec
Aureliano in Palmira, que cela soit exact ?
remarquer. Ce rôle demande à être joué et
d'ailleurs il faut savoir que Verdi a renvoyé la
première Quickly qui, selon lui, n’était pas
assez bonne comédienne : c'est un signe ! Cet
opéra demande une préparation musicale d'une
grande rigueur, peut-être aussi précise que de la
musique de chambre. La partition est annotée
de façon extrêmement claire et Verdi prévoit
tout, legato, sostenuto, accents, couleurs vocales et si vous respectez ce qui est écrit, votre travail est déjà lourd. Quickly demande une personnalité exubérante, une nature de comédienne, qui doit s'épanouir grâce à la mise en scène.
Vous devez être mise en valeur ou pas, cela
dépend. Dans cette production de Dominique
Pitoiset, les personnages sont moins extravagants et l'atmosphère y est plus sombre. Mais à
chaque fois il faut être prête et solide d'un point
de vue musical.
Votre manière de chanter et de jouer
ce rôle a-t-elle sensiblement évoluée en l’interprétant avec différents chefs et metteurs
en scène ?
Oui, sans aucun doute! L'évolution vient de l'accumulation des expériences : plus on chante un
rôle, plus on le connaît. Le chanteur est peu de
chose, il lui suffit de se présenter en connaissant
sa partition sur le bout des doigts et de se laisser mener là où les autres veulent le conduire.
Daniel Oren change souvent de tempo et il faut
être solide pour le suivre, sinon l'équilibre peut
être rompu. J'apprends à chaque fois sur chaque
production et si je compare ma Quickly d'aujourd'hui avec ma première, je constate que je
suis plus à l'aise sur toute la tessiture, que je
possède plus de graves et d'aigus et que s'il
m'arrive d'être fatiguée, l'expérience me permet
de compenser cet état tout en restant à un excel-
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lent niveau. Lorsque vous débutez vous n'avez
pas cette appréciation, il faut se tromper,
apprendre à se connaître, se questionner, car
cela vous fait grandir en tant qu'artiste. Je vous
dit tout cela mais je sais que je serai stressée le
soir de la première, cependant le coussin ou le
filet si vous préférez, est plus solide qu'autrefois.
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Je suis tout à fait d'accord avec elle. Il faut
savoir s'amuser, montrer que l'on est heureuse
de les faire au moment où cela se produit. Je
dirais aussi qu'il est nécessaire de varier les plaisirs car cela vous permet de garder la forme et
de reposer la voix entre deux productions plus
lourdes. L'équipe avec laquelle vous travaillez
est également très importante, les collègues, le
chef, le metteur en scène pouvant vous faire
accepter des rôles plus ou moins exposés.
Chanter Dame Marthe est un bonbon et il ne
faut jamais hésiter à se faire du bien.
Vous avez la chance de mener parallèlement à la scène une vraie carrière au
disque. Votre dernier album chez Naïve rassemble Mozart, Haydn et Gluck. Qu'est-ce
qui a guidé cette sélection musicale ?
Cela faisait longtemps que je voulais m'atteler
au répertoire classique, mais j'attendais le bon
moment, car je n'ai pas eu la chance de montrer
sur scène toutes les facettes de ma personnalité :
Cherubino et Sesto sont distribués à des fils de
fers et de ce fait me sont exclus. Ayant la chance de pouvoir m'exprimer en studio, j'ai souhaité montrer toute l'étendue de mes possibilités.
J'ai également mis du temps à aborder Mozart,
car sa musique pour formatrice qu'elle soit,
m'est longtemps apparue comme tyrannique,
dans sa forme et son tempo, comme une cage.
Je me suis sentie prisonnière de cette cage et
bien que me sentant capable de l'affronter techniquement parlant, je trouvais que ma voix ne
possédait pas assez de couleurs. J'ai considéré
que j’étais arrivée aujourd'hui à un niveau où la
voix est plus contrôlée, plus musicale et traversée par plus d'émotions. Ainsi la ligne est-elle
préservée, la forme soulignée et les détails aux-
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quels je tenais insérés. Au final l'éventail de la
voix est plus large et la palette de couleurs plus
étoffée.
Vous serez bientôt en tournée à Bâle,
Berne et Zürich en passant par Genève le 11
avril pour interpréter Le poème de l'amour et
de la mort de Chausson avec l'Orchestre de
l’Académie Nationale de Sainte Cécile, dirigée par Antonio Pappano. Cette alternance
opéra/concert est-elle essentielle pour votre
équilibre, où uniquement la réponse à des
propositions extérieures ?
Non, cela peut arriver, mais dans mon cas je n'ai
jamais eu à faire de choix alimentaires. J'ai jusqu'à aujourd'hui géré mon planning en pouvant
choisir ce qu'il y avait de mieux. Beaucoup de
mes collègues n'ont pas cette chance, je le sais.
Pouvoir chanter ces concerts après les opéras est
formidable et ce projet avec Pappano et
l'Orchestre Santa Cecilia, un cadeau. Je les ai
rencontrés pendant l'enregistrement de
Guillaume Tell de Rossini et ce fut un plaisir
constant. Je chantais Edwige et ai éprouvé un
grand bonheur à me trouver là, entourée par de
tels musiciens. L'idée de les retrouver prochainement jouer Chausson est un délice, d'autant
qu'avec Pappano tout se fait dans l'harmonie : il
aime tellement les voix. L'année 2013 est vraiment magique, la Scala, la Bastille, des récitals
et des concerts, un requiem de Verdi dirigé par
Daniele Gatti avec qui j'ai une relation intense,
la Petite Messe solennelle à Paris, puis Suzuki
au Liceu en juillet, que demander de plus ?
Votre Isabella rossinienne à Nancy a
connu un bel accueil : avez-vous espoir de
poursuivre dans ce répertoire et si oui quel
rôles aimeriez-vous aborder ?
Quelle joie en effet : Rossini est ma nouvelle
passion. Je chanterai d'ailleurs Tancredi au TCE
l'an prochain avec Patrizia Ciofi. L'Italiana in
Algeri a été un déclencheur, j’ai depuis chanté
des concerts tout Rossini au Canada et serai aux
côtés de Jean-Christophe Spinosi à Versailles
pour un programme Mozart et Rossini. Ce
répertoire fait appel à l'agilité de la voix sans
l'exténuer, car à l'opposé du baroque je peux
prendre le temps de respirer. J'aime le baroque,
mais lorsque je l'interprète je ressens des tensions dans tout le corps, qui viennent du traitement instrumental demandé à la voix : après un
Guilio Cesare, je suis fatiguée. Avec Rossini,
l'ambitus est plus grand, mais la voix est moins
contrainte. Isabella m'a fait l'effet d'une révélation et je ne demande qu'à revenir à ce répertoire : Arsace, Malcom et Clarice de La Pietra del
paragone suivront peut-être, car ces rôles sont
écrits pour de vrais contraltos.
L'important dans une carrière artistique est de durer. Comment se présente
pour vous les cinq années qui viennent ?
J'ai envie de chanter longtemps et ma voix
m'empêche de brûler les étapes car elle a besoin
de temps pour mûrir. Mon calendrier est rempli
jusqu'en 2017 et de belles choses arrivent qui
suivent l'évolution de mon instrument et me font
plaisir, telles que Dalila, Azucena et Penelope
dans Il ritorno d'Ulisse de Monteverdi que j'attends avec impatience.
Propos recueillis par François Lesueur
Concert Migros-pour-cent-culturel-classics.
Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia,
dir. Antonio Pappano, Marie-Nicole Lemieux, alto,
Thomas Grossenbacher, violoncelle. Programme :
Giuseppe Verdi : Ouverture «La forza del destino»
Ernest Chausson : Poème de l’amour et de la mer
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Symphonie N° 6 en si mineur,
op. 74, «Pathétique»
Bâle - Stadtcasino, mercredi 10 avril 2013 - 19h30
Genève - Victoria Hall, jeudi 11 avril 2013 - 20h00
Berne - Kulturcasino, vendredi 12 avril 2013 - 19h30
Zurich - Tonhalle, samedi 13 avril 2013 - 19h30
SLocation : Service culturel migros 022/319.61.11
Marie-Nicole Lemieux © Denis Rouvre / Naïve
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mais elles détournent inutilement l'attention du
problème central posé par l'opéra et jettent à
mon avis la confusion dans l'esprit du
spectateur.
grand théâtre de genève
Karine Babajanyan
Soprano d'origine arménienne, Karine Babajanyan s'est établie en Allemagne
après avoir été invitée à faire partie de la troupe de l'Opéra de Stuttgart, un
théâtre qu'elle quitte de plus en plus fréquemment pour
répondre à des invitations provenant des plus grandes scènes internationales.
Elle n'est pas inconnue en Suisse allemande, car elle a fait sensation en
interprétant le rôle féminin principal de Mazeppa de Tchaïkovski à Berne,
avant de reprendre celui de Rachel dans La Juive de Halévy sur les planches
de l'Opéra de Zurich. A Genève, elle fera ses débuts dans la production de
Madama Butterfly qui sera à l'affiche en avril prochain...
Dans une interview qu'elle a bien voulu
nous accorder par téléphone, cette artiste parle
avec un enthousiasme débordant de ce rôle de
Cio-Cio-San qui l'a marquée plus que tout autre:
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Karine Babajanyan: J'ai incarné ce personnage de jeune fille japonaise dès mes premiers pas
sur la scène lyrique; je peux presque dire que j'ai
grandi avec lui! Avec le recul, je me rends
compte qu'on ne devrait toutefois pas aborder
un tel rôle avant d'avoir acquis une certaine
maturité, vocale mais surtout psychologique!
Le livret précise néanmoins clairement qu'il s'agit bien là d'une jeune adolescente de quinze ans...
Certes, mais Puccini n'a pas écrit pour elle une
musique dont une interprète de quinze ans pourrait faire façon ! L'artiste se trouve ici dans la
même situation que lorsqu'elle aborde, par
exemple, le rôle titre dans la Salomé de Strauss
qui est aussi censé être joué par une femme de
moins de vingt ans! Le rôle de Butterfly est tout
simplement écrasant. Depuis son entrée en
scène, retardée longuement par le compositeur
pour créer un véritable coup de théâtre, elle ne
quitte pratiquement plus le plateau pendant près
de deux heures. De fait, c'est elle qui assure le
succès de la représentation ou qui la fait couler,
tant l'équilibre entre elle et ses partenaires reste
fragile : la servante Suzuki, le consul américain
Sharpless et même son amant d'un soir
Pinkerton ne font que lui donner la réplique,
sans avoir par eux-mêmes droit à une existence
autonome. Le compositeur, après l'échec retentissant de la première à Milan, a bien essayé d'ajouter un air réservé au ténor au cours du troisième acte (il s'agit de la romance mélancolique
'Addio fiorito asil..'), mais celui-ci ne nous apprend pas grand chose sur la nature profonde du
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personnage; il n'est que l'expression du désespoir bien tardif et peu crédible d'un jeune
séducteur qui ne s'est pas rendu compte de l'étendue des dégâts provoqués par son attitude
désinvolte face à une jeune femme totalement
sincère.
Revenons à cet échec impitoyable
essuyé par cette Madama Butterfly, aujourd'hui si populaire, au Teatro alla Scala en cette
soirée du 17 février 1904 : avez-vous une
esquisse d'explication pour ce qui reste
aujourd'hui presque un mystère, à l'image de
ce qui s'est passé à Venise après l'incroyable
four que fut la création de La traviata ?
Je ne saurais me substituer à un musicologue,
mais pour avoir participé à Anvers à une production de la version primitive de Butterfly, je
crois comprendre ce qui a bien pu se passer à
Milan. La partition originale ne comprend en
effet que deux actes, le deuxième étant d'une
longueur démesurée par rapport à celui qui le
précède. Au premier acte, plus exactement pendant les préparatifs de la cérémonie du mariage,
la musique adopte un ton gai, déluré presque,
pour dépeindre différentes petites séquences
franchement comiques; cela culmine avec l'irruption d'un oncle ivre qui met en joie tous les
hôtes réunis pour l'occasion en racontant des
histoires drôles. La différence de ton entre ces
moments aujourd'hui supprimés et la montée du
drame dès les premiers échanges de répliques
entre Pinkerton et sa jeune promise (avec l'évocation du suicide par seppuku du père de
Butterfly) est telle qu'il y a véritablement hiatus.
Il en va de même au troisième acte, lorsque le
consul américain vient vers Butterfly pour lui
offrir de l'argent afin qu'elle abandonne la garde
de son enfant à la nouvelle femme du beau lieutenant américain. De telles scènes font peut-être
sens dans la construction du drame original,
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Vous parliez tout à l'heure de la difficulté du rôle; est-il exigeant par la charge
émotive qu'il contient, par sa longueur ou
par ses difficultés techniques ?
Lorsque vous incarnez Butterfly, il est quasiment impossible de prendre de la distance. Et
pourtant, il est impératif de pouvoir le faire, ne
serait-ce que pour pouvoir achever la soirée
sans fondre en larmes! Seul un effort de concentration de tous les instants permet d'aborder les
diverses facettes psychologiques du rôle sans se
laisser emporter. Techniquement, Puccini n'épargne pas son interprète : la fameuse scène
d'entrée avec chœur d'accompagnantes est d'une
beauté fulgurante, mais elle se termine pour
Cio-Cio-San sur un ré aigu, la plus haute note
que le compositeur ait jamais réservée à une
interprète féminine dans ses opéras. Par la suite,
après les grandes envolées extatiques du duo, le
rôle navigue entre un parlando rapide où la voix
doit travailler sur la justesse de l'accent plus que
sur l'épanouissement du son et quelques
moments d'épanchement, comme le fameux air
'Un bel di vedremo...' qui a beaucoup contribué
au succès de l'ouvrage et qu'on entend pratiquement dans chaque soirée d'extraits d'opéra. Et
puis il y a la fin, avec ces adieux à son fils qui,
vocalement, sollicitent plutôt le grave et demandent de l'interprète une gestion particulièrement
périlleuse des notes du milieu de la tessiture; il
s'agit là de les rendre audibles par-dessus l'orchestre pour que l'air puisse faire tout son effet.
Même les moments où je ne chante pas sont primordiaux; je pense notamment au long intermède musical qui sépare les actes deux et trois où
l'orchestre décrit la longue nuit de Butterfly
attendant dans sa maison l'arrivée du père de
son enfant après avoir vu la canonnière sur
laquelle il est engagé entrer dans le port de
Nagasaki. Longtemps, j'ai considéré ce moment
comme une détente bienvenue qui me permettait de boire un peu avant d'entamer le 3e acte.
Et puis, lorsque je suis arrivée à Stuttgart, le
metteur en scène a exigé que je reste immobile,
debout devant le public, pour que l'insupportable angoisse de l'attente soit partagée par chacun dans la salle. J'ai voulu protester, puis ai
essayé d'assumer la pose en représentation. Et
j'ai alors découvert que ce moment, loin de me
fatiguer, donnait au personnage une intensité
dramatique supplémentaire dont profitait mon
interprétation dans la demi-heure qui suivait.
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une mise en scène nouvelle
dans un emploi dont vous
connaissez, vocalement du
moins, chaque recoin ?
L'orchestre
de
Puccini, précisément, est
nettement plus lourd que
celui de Verdi, par exemple. Cela ajoute-t-il à la
difficulté, pour l'interprète, de conserver sa
voix jusqu'aux mesures
finales ?
Verdi n'est pas plus facile à
chanter que Puccini, mais
les difficultés sont ailleurs.
Chez Verdi, chaque note
doit être traitée presque
comme un univers en soi
tant la précision du moindre détail ou ornement dans
la ligne de chant y est
importante. Chez Puccini,
c'est le profil de la mélodie
qui prime: il ne permet
aucun relâchement vocal.
La puissance l'emporte
presque sur la précision de
l'articulation car le compositeur conçoit ses scènes
comme de longues séquences où l'émotion est littéralement portée en avant par
l'orchestre (alors que chez
Verdi, grossièrement dit,
c'est la voix elle-même qui
joue ce rôle). Cela ne veut
bien sûr pas dire que le
chanteur doit toujours lutter à armes inégales contre
une masse instrumentale importante, et il y a de
nombreux endroits dans Butterfly où l'orchestre
est quasiment silencieux. Mais il importe que le
chant s'inscrive dans un tout dont il n'est qu'un
des éléments constitutifs pour que la magie du
mariage de l'action dramatique sur le plateau et
du commentaire orchestral en fosse opère
réellement.
A-t-il été difficile pour vous d'entrer
dans la peau d'un personnage aussi étranger
à notre culture ?
J'ai chanté le rôle de Butterfly à Tokyo où j'étais
entourée de Japonais, sur la scène comme dans
la fosse. Et je ris encore en pensant aux premières réactions de mes partenaires lorsqu'ils me
voyaient arpenter la scène à trop grands pas!...
On m'a tout de suite rappelé qu'une femme japonaise ne pouvait se permettre de grandes enjambées afin de ne pas mettre en danger la féminité mystérieuse qui se dégage des mouvements
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Oui, mais le problème est que
cet opéra, bien que très populaire, bénéficie rarement d'une
vraie réalisation scénique
neuve. Dans la plupart des
grands théâtres de répertoire,
les productions du chef-d'œuvre de Puccini ont connu d'innombrables reprises, au point
qu'il est presque impossible de
retrouver l'élan de la première. Je suis donc très contente
de venir à Genève où la coproduction avec le Houston
Grand Opera prévoit que le
metteur en scène original sera
présent. Je trouve en effet
vital de travailler enfin mon
rôle depuis le début avec un
metteur en scène dont les
idées n'ont pas été passées à la
moulinette par des cohortes
d'assistants qui n'étaient souvent même pas présents personnellement lors de la première de la production dont
ils ont aujourd'hui la charge.
Le rôle de Butterfly
est un de ceux que vous avez
interprété le plus souvent un
peu partout dans le monde.
Fait-il maintenant partie de
Karine Babajanyan
harmonieux d'une vraie geisha. Au fil des répétitions, nous nous sommes progressivement
rendu compte que ce qui primait était la sensation que j'éprouvais en entrant dans le personnage. Il ne s'agissait pas de singer une attitude qui
me restera toujours foncièrement étrangère,
mais de trouver dans la panoplie des gestes que
j'effectue naturellement ceux qui correspondaient à l'idée que voulait véhiculer la mise en
scène en présentant le personnage. Au final, j'ai
donc découvert qu'une cantatrice européenne
pouvait à juste titre revendiquer son droit à
chanter Butterfly sans renier totalement sa culture, ce que le compositeur dans tous les cas ne
pouvait espérer de ses interprètes! Car qu'on le
veuille ou non, le spectateur ne voit toujours que
la Cio-Cio-San de Karine Babajanyan dès que
j'entre sur un plateau d'opéra...
Aimez-vous retravailler ce rôle avec
d'autres artistes lorsque vous devez habiter
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vous-même ?
Sans aucun doute. Dès que j'entre en scène, je
suis Butterfly. Bien sûr, il y a des moments où je
redeviens l'artiste qui s'étonne de voir autant de
difficultés disséminées par le compositeur dans
ce rôle marathon, mais quand je suis en scène,
seule face au public, j'arrive toujours à un
moment où je me dis que la musique ne contient
pas une note de trop et que, si toutes les conditions sont remplies dans la fosse et sur le plateau, je ne connais pas de personnage plus comblant que celui-ci dans le répertoire lyrique.
Propos recueillis au téléphone par
Eric Pousaz
Madame Butterfly au Grand Théâtre les 20, 23, 26 et 29
avril ainsi que les 2 et 5 mai. Renseignements et location
des places: http://www.geneveopera.com
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en suisse alémanique
Tutto Verdi
L'année du bicentenaire de la naissance de Verdi a commencé sur les chapeaux de roues; en janvier, chacune des
grandes salles lyriques de Suisse proposait une nouvelle
production d'un des titres du compositeur italien.
Après La traviata à Genève, Berne offrait Macbeth, Bâle affichait Un
ballo in maschera alors que Zurich s'attaquait à Rigoletto. Personne ne songerait bien sûr à se plaindre d'une telle profusion; on peut seulement regretter que, parmi les vingt-sept tires de la production verdienne, le choix des
responsables de la programmation se porte toujours sur les mêmes...
Berne : Macbeth
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Macbeth de Verdi n'est pas un opéra facile à afficher sur le plateau d'un
théâtre de moyenne importance car il faut réunir une distribution contenant
au moins trois grandes voix; la partie chorale est une des plus complexes du
répertoire verdien de cette période et la mise en scène exige des solutions
simples mais cohérentes aux nom-breux changements de lieu prévus par le
livret.
Le Théâtre de Berne a pleinement réussi sa mission au plan musical.
L'orchestre, que dirige avec une énergie communicative un Srboljub Dinic
survolté, étend un tapis aux couleurs chamarrées sous les voix des chanteurs
qu'il ne commet jamais l'erreur de couvrir. La tension ne se relâche pas tout
au long de ces deux heures et demie de spectacle et enchâsse les voix dans
un somptueux écrin qui les met en valeur. Le chœur se surpasse dans ses
nombreuses interventions qui séduisent autant par la pure beauté sonore que
par l'admirable cohésion de tous les registres. Quant à la distribution, elle
rend parfaitement justice à la musique avec des atouts que pourraient envier
bien des chanteurs de scènes financièrement mieux dotées.
Robin Adams prête sa voix vibrante à un Macbeth d'une confondante
richesse de nuances même s'il reste évident, dans les deux airs du dernier
acte notamment, qu'il touche aux limites de ce que son timbre peut envisager d'aborder sans dommage dans ce répertoire. La cantatrice française
Fabienne Jost ne connaît pas ce type de problème, car son soprano est d'une
ampleur peu commune; ce qui gêne néanmoins dans son interprétation, c'est
une absence totale de style qui la pousse à ajouter différentes interjections
hideuses à son ‘Air du somnambulisme’ et à forcer un aigu strident au point
de détimbrer lourdement dans le brindisi qui clôt le 2e acte. Mais, pourraiton objecter, Verdi ne voulait-il pas une voix ‘laide’ pour ce rôle ? Il n'y a par
contre que du positif à dire du Banquo sonore, aux aigus ronds et fermes, de
Pavel Shmulevich et du Macduff au timbre clair et à l'intonation parfaite
d'Adriano Graziani. Même les rôles épisodiques comme celui de la Servante
de Lady Macbeth confiée au mezzo parfaitement conduite Claude
Eichenberger ou du Malcolm bien chantant d'Andries Cloete attestent de
l'excellente santé d'une troupe bernoise en bon état de marche.
Les choses se gâtent du côté de la mise en scène. Ludger Engels a eu la
curieuse idée d'introduire des extraits du drame original de Shakespeare, dits
en anglais à n'importe quel moment de l'ouvrage, par exemple au milieu
d'une forme musicale aussi complexe que les finals des actes, par exemple.
On eût encore pu excuser un traitement aussi barbare de la musique si la
scène (Rick Schachtebeck) nous présentait une vision cohérente du drame,
mais on en est bien loin. Tout se joue dans un intérieur bourgeois d'une laideur passe-partout où ne manque même pas l'inévitable ordinateur portable;
on songe bien sûr immédiatement à une ‘impossible’ maison de meubles
bien connue. Une chambre d'enfants emplie de peluches signale la stérilité
de Lady Macbeth, cause de tous les malheurs du peuple écossais comme le
montre la systématique exploitation de cet espace clos pour faire apparaître
les visions qui tourmentent l'esprit du couple infernal. Les sorcières, en
deux-pièces impeccablement propres (les costumes sont de Moritz Junge),
se déhanchent comme des secrétaires en goguette un samedi soir de paie et
se changent à peine pour incarner tour à tour les hôtes au banquet offert par
la famille Macbeth ou les pauvres déshérités d'un peuple qu'a ruiné une
guerre assassine. On l'aura compris, c'est avec la musique que cette représentation atteint à l'exceptionnel et justifie amplement un déplacement dans la
Ville fédérale.
Rens. : www.konzerttheaterbern.ch/musiktheater
Représentations jusqu'au 14 avril
Bâle : Bal masqué
La metteuse en scène bulgare Vera Nemirova a opté pour
une mise en scène résolument symbolique du Bal masqué.
L'action se joue d'abord devant la façade d'une propriété américaine d'une blancheur aveuglante, avec péristyle à colonnes et
larges fenêtres à croisillons (décor de Werner Hütterli); un plateau tournant permet de montrer ensuite l'intérieur de ce bâtiment, qui s'avère vide de tout ameublement et se mue en squelette d'un décor de carton-pâte avec son enchevêtrement de passerelles de fer permettant d'accéder aux diverses fenêtres de la maison. En passant constamment de l'extérieur pompeux du bâtiment à ses entrailles qui manifestent clairement la dimension
théâtrale du lieu, la mise en scène rend attentif aux limites du
paraître dans le monde de la politique. La vie privée n'y trouve
pas vraiment sa place car tout est calculé pour faire une impression favorable sur la populace; lors du fameux bal où a lieu l'assassinat, le plateau présente tour à tour les deux pans de ce décor
peuplé de personnages allégoriques attestant l'omniprésence de
«Macbeth» © Annette Bouteillier
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«Un Ballo in maschera» avec Riccardo Massi, Sunyoung Seo, Eung Kwang Lee
© Hans Jörg Michel
la mort. Vie privée et vie publique se mêlent alors en une danse macabre qui
s'achève sur la note discordante du coup de couteau fatal. La cohérence du
propos n'est ici pas acquise aux dépens de celle du livret; dans l'ensemble, le
propos dramatique convainc donc et offre une relecture de l'intrigue qui pose
de nombreuses questions sans réponses auxquelles le spectateur est
contraint de penser longtemps encore après avoir quitté le théâtre.
Giuliano Beta, à la tête du Sinfonieorchester de Bâle, ne parvient pas à
ce même degré de cohérence; son accompagnement brusque met plusieurs
fois les chanteurs en péril par ses brusques changements de rythme et les
décalages entre la fosse et le plateau ne se comptent plus. On lui sait toutefois gré de soigner au maximum les soli des bois permettant une fine peinture des climats de ce sombre drame, notamment dans le sublime duo du 2e acte chanté sous un échafaud.
Sunyoung Seo possède une voix ample dont les aigus larges et pleins couronnent un chant d'une admirable plasticité;
face à une Amelia aussi somptueuse, le Riccardo de Riccardo
Massi paraît plus prosaïque avec son ténor légèrement engorgé, mais le chanteur ne démérite pas dans la mesure où son
interprétation a du style et du panache. Eung Kwang Lee fait
montre, lui, d'un aplomb impressionnant en Renato, le mari qui
se croit trompé: sa voix corsée ne se complaît jamais dans un
forte spectaculaire mais cherche plutôt dans une fourchette de
dégradés subtils à rendre sensibles les effets de la jalousie qui
l'envahit. Tatjnana Charalgina, un Oscar au soprano plutôt vert,
et Sanja Anastasia, une Ulrica à qui le grave manque encore de
puissance, complètent cette distribution à laquelle le choeur,
admirablement préparé, ajoute ses touches de couleurs tour à
tour menaçantes ou éclatantes. (15 février)
un ressort dramatique détaché de tout contexte. Si les associations entre ce qu'on voit sur le plateau et la situation décrite
par Verdi et son librettiste sont évidentes pour tout connaisseur de l'opéra, on peut légitimement douter de la pertinence
d'une mise en scène qui refuse au spectateur occasionnel le
droit de comprendre ce qui se joue sur le plateau.
La distribution est dominée par le soprano tour à tour
aérien et chaleureux d'Aleksandra Kurzak qui évolue au fil de
la représentation pour faire ressentir de l'intérieur le mûrissement de la jeune fille au chant virginal qui va finalement au
devant de la mort en parfait accord avec sa nature de femme
amoureuse qui ose s'avouer des désirs jusque-là tenus secrets.
Saimir Pirgu est un Duc plus monochrome: le timbre est certes beau, pétulant de santé et claironnant quand il le faut, mais
le rôle ne convient pas à la personnalité plutôt timide de ce
chanteur: son donjuanisme paraît fort appliqué en la circonstance, et l'on
doute que ses succès soient aussi nombreux que ce que suggère la musique.
Quinn Kelsey en Rigoletto fait montre d'une assurance autre: son chant
vibrant emplit facilement le petit auditorium zurichois et il serait un
Rigoletto parfait s'il parvenait à varier un peu plus une émission qui semble
encore bien monolithique. Excellent Sparafucile, Christof Fischesser fait par
contre clairement entendre ce que Verdi entendait confier aux voix de basses qu'il employait: un chant à la fois brûlant et nuancé. Judith Schmid
déçoit avec sa Maddalena à l'émission raide, aux graves pauvres en couleurs
et à l'aigu vrillant.
«Rigoletto» avec Quinn Kelsey (Rigoletto) et Aleksandra Kurzak (Gilda)
© Hans Jörg Michel
Zurich : Rigoletto
Tatjana Gürbaca adopte un parti pris scénique encore plus
radical en supprimant tout décor dans la nouvelle réalisation de Rigoletto
qu'elle a signée à l'Opéra de Zurich. L'action se joue sur une scène nue où
trône une grande table et quelques chaises. Les costumes, de coupe contemporaine. sont franchement laids et se cantonnent dans un gris tristounet, si
l'on excepte le bermuda jaune du Duc déguisé en étudiant et la jupette rose
bonbon qu'enfile Gilda avant de se faire enlever par ses ravisseurs...
Devant un recours systématique à la banalité d'un quotidien disgracieux
à souhait, on peut se demander ce qu'un spectateur qui verrait pour la première fois cet opéra peut bien comprendre à l'intrigue. La metteuse en scène
ne nous raconte en effet rien du tout; chaque scène sert à met-tre en exergue
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Fabio Luisi fait des merveilles à la tête d'un orchestre admirablement
disposé; son accompagnement reste toujours d'une plasticité admirable qui
aide à 'voir' ce que la scène nous refuse en créant pour nos oreilles un véritable décor suggérant les divers lieux de l'action. Chaque séquence instrumentale paraît ainsi dotée d'une intense vie dramatique au point que c'est
souvent dans la fosse, non sur le plateau que le véritable drame se noue... (17
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Eric Pousaz
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à berlin
Les diktats de la mode
La scène allemande est dominée par ce que l'on appelle souvent les tenants du
Regietheater, c'est-à-dire des adeptes d'un style de production qui fait fi des
exigences des librettistes et compositeurs pour tenter de trouver des passerelles
plus ou moins ténues avec le monde d'aujourd'hui. Ainsi a-t-on déjà vu une
Traviata minée par le sida exhalant ses plaintes dans une station de soins
intensifs ou une Gudrune du Crépuscule des dieux adepte du fitness en salle...
Otello à l'hospice
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Dans sa mise en scène récente de l'avantdernier chef-d'œuvre de Verdi, Andreas Kriegenburg décide de transposer l'action dans un centre
de requérants d'asile. Le colossal décor de Harald
Thor se présente sous la forme d'une immense
paroi haute de sept étages, percée de petites cellules où sont entassés des émigrants de toute provenance. Une foule compacte envahit le plateau à
chaque instant au point de transformer en scènes
populaires les moments les plus intimistes du
drame. En conséquence, l'histoire de Desdemona
et d'Otello sombre rapidement dans l'anonymat
car le spectacle se déroule en marge de leurs trajectoires de vie, qui n'est finalement qu'une anecdote dans cet antre de la misère où chacun pourrait à son tour raconter les péripéties d'une existence encore plus chahutée. Le projet théâtral de
cette soirée pas comme les autres est certes fort;
mais on peut se demander si un tel plaidoyer scénique contre la misère a vraiment besoin de la
musique de Verdi pour exister.
Dans la fosse, par contre, le compositeur est
bien au rendez-vous. Le directeur général de la
musique du Deutsche Oper, Donald Runnicles,
offre de la partition une lecture haletante, plutôt
lente, mais toujours chargée d'une émotion qui
tient constamment l'auditeur en haleine. Le chef
écossais met un soin particulier à faire ressortir
les finesses de l'orchestration comme pour prolonger le chant d'échos mystérieux qui ajoutent
au trouble que la situation dramatique ne manque
de créer dans l'esprit du spectateur. Le tissu sonore se veut à la fois dense et lumineux, et lorsque
les crescendos atteignent leur point culminant
comme dans le final du 3e acte, par exemple, la
puissance du son n'est jamais écrasante, elle s'impose tout simplement comme le seul exutoire
possible aux passions ravageuses que la musique
décrit en ce moment. Peter Seiffert est un Otello
de grande classe, même s'il s'avère que sa technique reste orientée vers le chant allemand: une
a
certaine raideur d'émission et un manque flagrant
de charme et de luminosité dans le son ont tendance à tirer le rôle vers les débordements d'un
Tristan ou d'un Tannhäuser. La clarté et la
noblesse de son métal vocal donnent pourtant à
son portrait de jaloux maladivement tourmenté
une touche de vérité dramatique qui émeut.
Adrianne Pieczonka lui donne la réplique avec
une élégance, mais aussi une énergie qui lui permettent de camper une Desdemona qui n'a rien
de la victime passive tant son soprano d'une largeur étonnante habite sa musique avec véhémence. Lucio Gallo en Iago n'est pas en reste; moins
haineux et ouvertement diabolique que de coutume, il fait du personnage un être cauteleux d'autant plus dangereux que les règles du bel canto le
plus pur ne sont jamais transgressées au nom
d'une expressivité outrancière. Le Cassio d'Yosep
Kamp, au chant délié et charmeur, incarne avec
aplomb le parfait antidote à l'Otello déchiré de
Seiffert, alors que le Rodrigo extraverti de
Burkhard Ulrich et l'Emilia prenante de Dana
Beth Miller complètent cette distribution royale
en tous points. (Deutsche Oper, 27 février)
Tosca ... à Rome
Brusque retour en arrière dans le temps avec
cette mise en scène de
Boleslaw Barlog qui a
été inaugurée sur les
planches le 13 avril
1969. On est presque
surpris de découvrir, au
lever du rideau, un
décor qui fait simplement voir ce qui est
décrit avec précision
dans le livret; les costumes, somptueux et
admirablement coupés,
sont taillés à la mode du
temps où se joue l'action, alors que les com-
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portements obéissent encore aux plus élémentaires règles du savoir-vivre d'alors. Le baron
Scarpia, par exemple, manifeste sa concupiscence avec discrétion, sans enlever les gants que ses
parents lui ont appris à enfiler lorsqu'il s'adressait
à une femme et la cour qu'il fait à la chanteuse ne
manquerait pas de sérieux arguments pour la
convaincre. Et le miracle opère! Les situations
dramatiques mises en musique par le compositeur émeuvent comme au premier jour, même si
elles ressortissent au monde du mélo le plus
éculé, car musique, texte et jeu scénique jouent à
l'unisson la même carte dramatique. Presque surpris par une telle fidélité à la lettre et à l'esprit du
spectacle d'origine, le spectateur découvre que
Puccini n'a finalement pas besoin qu'on modernise son propos pour que son ouvrage fasse de l'effet aujourd'hui. Et tant pis pour ceux qui refusent
de se laisser porter, le temps d'une soirée, par la
vague de la nostalgie.
La distribution, remaniée en dernière minute pour cause de grippe, est d'une homogénéité
impressionnante. La soprano chinoise Hui He ne
fait pas regretter l'absence d'Anja Harteros tant
son chant est incisif, précis et agréablement
ouvert dans l'aigu. Le ténor espagnol Jorge de
León prête à Cavaradossi son timbre éclatant de
santé, généreux dans le forte mais jamais à la
peine dans le médium: il ne fait aucun doute que
la scène lyrique tient là le chanteur d'exception
qui devrait assurer la relève dans ce type de
répertoire. Ivan Inverardi évite de faire de
Scarpia un être méprisable; sa monstruosité s'explique par la passion aveugle qu'il porte à la cantatrice qui se refuse à lui: rarement son air au
début du 2e acte, aura paru aussi émouvant, dans
la mesure où il traduit le déchirement d'un personnage que la nature n'a pas gâté sur tous les
plans. La magie d'un chant incroyablement raffiné lui permet de rendre audibles d'imperceptibles
«Aida» © Marion Schöne
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chatoiements qui font vibrer les fibres les plus
intimes de son être tout en rapprochant curieusement le personnage de cet autre être cynique et
torturé qu'est Rigoletto. Remarquables, tous les
emplois secondaires sont tenus par des chanteurs
qui assument avec crânerie la brièveté de leur
rôle et contribuent ainsi à faire de chaque
moment de ce spectacle étonnant une des plus
belles réussites qui soient. A la tête d'un orchestre discipliné, Donald Runnicles offre de la
musique de Puccini une interprétation aux
contours anguleux, presque agressifs, dans des
moments de violence qui font idéalement contraste avec les passages plus sirupeux des longues
envolées amoureuses réservées aux airs et duos
des deux protagonistes. (Deutsche Oper, 28 février)
Aida au musée
Pet Halmen a, lui, choisi de raconter l'histoire d'Aida comme s'il s'agissait du rêve d'un visiteur du XIXe siècle égaré dans la section égyptienne d'un musée imaginaire. Les fastes de la
cour pharaonique envahissent progressivement le
plateau lorsque le roi, tout d'or vêtu, descend de
la vitrine où sa statue grandeur nature est exposée. Pendant la scène du triomphe, les deux
époques se mêlent plus ou moins harmonieusement jusqu'au final où la nuit se fait sur Aida et
Radamès à l'agonie tandis que le visiteur au
musée de la scène initiale, secouant la tête, sort
de sa rêverie en se demandant ce qui a bien pu
lui passer par la tête et quitte la salle d'un pas
pressé. A défaut de renouveler l'intérêt d'une
intrigue assez convenue, le procédé permet au
moins au spectateur d'éviter l'écueil du gigantisme pour concentrer l'attention du spectateur sur
la complexité de la situation psychologique. Et
c'est finalement ce que souhaitait le compositeur
lui-même... La distribution n'est malheureusement pas à la hauteur des exigences des rôles, ce
qui vaut notamment pour le Radamès braillard de
Marco Berti qui a oublié qu'on peut chanter l'opéra italien mezzo voce: il traverse la soirée en
vainqueur sûr de lui, comme si un ténor italien
n'existait que par les puissants sons de poitrine
qu'il parvient à disséminer à tous vents. Franco
Vassallo en Amonasro essaie de lui damer le pion
et se cantonne lui aussi dans un fortissimo qui
finit par fatiguer l'oreille la plus indulgente.
Lucrezia Garcia fait preuve de plus de retenue en
Aida et elle serait parfaite si elle maîtrisait mieux
son large vibrato dans l'aigu où le chant tend à
devenir dur et criard. Seule Ekaterina Semenchuk
semble vraiment à l'aise dans le rôle d'Amneris
dont elle trace un portrait admirablement différencié qui sied bien à son timbre onctueux, suave
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mais ferme quand il le faut.
Leo Hussain, à la tête d'un
orchestre peu inspiré, parvient sans trop de problèmes à coordonner les événements sur scène, mais
sans briller... (Staatsoper 1er
mars)
Un Crépuscule des
dieux chaotique
«Le Crépuscule des dieux» avec Iréne Theorin (Brünnhilde) et Ian Storey
(Siegfried) © Monika Rittershaus
Alors que le Grand
Théâtre se lance ce mois-ci dans l'aventure d'un
nouveau Ring, le Staatsoper de Berlin mettait ce
soir-là la dernière main au sien. L'entier de la
Tétralogie sera joué trois fois à Berlin en avril
avant de se déplacer à Milan au Théâtre de la
Scala, coproducteur du spectacle, où deux séries
complètes occuperont l'affiche entre les 17 et 29
juin. Le metteur en scène belge Guy Cassier n'a
rien de bien neuf à proposer, malgré l'utilisation
intensive de projections qui dérangent l'auditeur,
trop souvent amené à se demander ce qu'elles
peuvent bien signifier dans le contexte. Voir par
exemple le film en négatif d'une chanteuse la
bouche grande ouverte occuper tout le fond de
l'espace scénique tandis que l'action continue à se
dérouler sous nos yeux comme cela arrive dans
une bonne partie du 2e acte ne permet pas une
meilleure compréhension du sujet. De tels dérapages, trop fréquents dans cette dernière soirée
de la Tétralogie, gâchent durablement une
impression d'ensemble qui eût pu être nettement
plus positive tant certains éléments du spectacle
sont prenants, comme cet intérieur des
Gibichung, construit comme un sinistre ossuaire
où la ruse et la mauvaise foi suintent de partout.
En sus, les jeux de scène n'apportent aucun éclairage neuf à l'intrigue et puisent sans vergogne
dans le vocabulaire gestuel des décennies passées
où mise en scène rimait simplement avec mise en
mouvement ou mise en image.
Daniel Barenboïm n'était pas dans un de ses
grands soirs. Sa lecture, très lente, semblait fatiguer des musiciens qui se sont offert le luxe de
quelques couacs retentissants qu'on ne s'attend
pas à entendre sortir de la fosse d'un Opéra où
Wagner est quasiment à l'affiche chaque mois.
Mais peut-être le musicien, présent sur tous les
fronts en ces mois de mars et d'avril, a-t-il présumé de ses forces : en six semaines, il dirige en
effet plusieurs concerts symphoniques, accompagne des soirées de lieder et porte en outre la
responsabilité de trois cycles complets de cette
nouvelle Tétralogie avec, en guise de prélude,
trois soirées consacrées à ce seul Crépuscule des
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dieux... Les amateurs de belles voix ne sont pas à
la fête non plus. Certes, Iréne Theorin est une
Brünnhilde de choix qui traverse le rôle avec une
fulgurance ne trahissant aucune fatigue sauf lorsqu'il s'agit soudain de baisser le potentiomètre.
Des fêlures apparaissent alors qui font craindre
que sa carrière, commencée il y a peu de temps,
ne dure pas aussi longtemps que celle d'une
Birgit Nilsson. Le Siegfried d'Ian Storey paraît,
lui, bien fatigué dès le départ et doit aménager la
ligne de chant de sa sortie au milieu du 2e acte
parce qu'il ne se sent plus la force d'affronter un
si aigu. Si le contrat est, dans l'ensemble, rempli,
on ne dira pas néanmoins que l'émotion a souvent
été au rendez-vous. Le timbre de Mikhail Petrenko manque de noirceur naturelle pour incarner un
Hagen inquiétant : l'artiste se voit alors contraint
de recourir à sa grande technique pour élargir le
son, ce qui l'incite trop souvent à adopter un style
d'émission en force qui le laisse presque aphone
en fin de représentation. Marina Poplavskaya
paraît elle aussi égarée dans le rôle pourtant court
de Gutrune: la voix vibre avec trop d'intensité et
il est souvent difficile de trouver une quelconque
cohérence à la suite de sons dépareillés qui sortent de sa gorge. Plus réjouissant, le Gunther de
Gerd Grochowski rappelle à bon escient que la
musique de Wagner gagne à être chantée avec
nuances, dans la mesure où il s'agit aussi d'habiter un personnage en donnant un poids juste à
chacune de ses paroles, à chacun de ses gestes.
Idéal de noirceur et de tenue, l'Alberich de
Johannes Martin Kränzle remporte tous les suffrages; parfaits également les deux trios de femmes qui incarnent les Nornes et les Filles du Rhin
alors que Marina Prudenskaja fait une fois de
plus vibrer l'auditoire avec une Waltraute au
chant ardent, brillant et magnifique de stabilité
dans sa grandiose évocation d'un Wotan défait et
désespéré, attendant la destruction finale de son
univers programmée depuis le début de cette longue épopée musicale. (Staatsoper, 3 mars)
Eric Pousaz
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qui sonne fort, la direction musicale de Balazs Kocsar est énergique,
enjouée, tout en veillant à ne pas couvrir les chanteurs ; l’orchestre est appliqué, mais pas en permanence exempt de tout reproche (exemple du violoncelle solo sur l’air de Konstanze).
à montpellier
Die Entführung
aus dem Serail
François Jestin
Mozart : DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL – le 4 février 2013 à l’Opéra Comédie
de Montpellier
Toute nouvelle production d’Alfredo Arias est en général très
attendue, mais celle-ci se révèle bien peu marquante.
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En se remémorant certaines de ses réalisations passées (comme Les
Indes galantes, les Contes d’Hoffmann, …), on se demande bien où sont
passés l’originalité, la fantaisie, l’exubérance souvent, et parfois le petit
grain de folie du metteur en scène argentin. Certes le décor de Roberto Platé
en jette au premier coup d’œil : une haute salle est couchée à l’horizontale
sur le plateau, ses quatre parois avec portes et fenêtres se retrouvant à cour,
à jardin, au sol et sous les cintres. Le fond de scène montre donc un plafond
richement décoré de ciel et de nuages, derrière un imposant cadre doré, qui
participe au statisme général ambiant… voire à une certaine muséification
du spectacle. Un voile d’une mer déchainée est tiré en avant-scène, et on
éprouve une forte impression de déjà-vu… mais pour le Vaisseau Fantôme
de Wagner ! Les mouvements des solistes sont très caricaturaux par
instants : Blondchen qui fait mine de tirer au pistolet avec ses deux doigts
sur Osmin, ou Konstanze qui écarte généreusement son bras gauche, puis le
droit dans son grand air « Martern aller Arten ». Vocalement, Cornelia Götz
(Konstanze) amène beaucoup de plaisir, avec une maîtrise presque parfaite
des difficultés de la partition, et un timbre idéal dans les dialogues parlés,
qualité malheureusement absente chez Trine Wilsberg Lund (Blondchen),
voix musicale mais pincée et pointue qui tire vers la soubrette. Wesley
Rogers (Belmonte) est un ténor mozartien qui développe une élégante ligne
de chant, après toutefois avoir réglé l’intonation au début de ses airs, tandis
que la noblesse de timbre est moindre chez Jeff Martin (Pedrillo), tout à fait
en ligne avec le personnage. La basse Jan Stava (Osmin) manque par
moments de projection et reste engorgée (aucun applaudissement après son
air du III « Ha, wie will ich triumphieren » !), alors que Markus Merz est un
régal dans le rôle parlé du Pacha Sélim. Dans une acoustique très sèche et
Jeff Martin, Wesley Rogers, Cornelia Götz et Trine Wilsberg Lund © Marc Ginot
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à marseille
Elektra
Tout est loin d’être parfait au cours de la
représentation, surtout pour la partie vocale, mais c’est
clairement le plaisir qui prend le dessus à l’issue du
spectacle.
Jeanne-Michèle Charbonnet et Marie-Ange Todorovitch © Christian Dresse
La réussite de la soirée tient d’abord à l’admirable direction musicale
de Pinchas Steinberg, qui semble galvaniser la phalange marseillaise et
maintient de bout en bout une tension dramatique indispensable à cet ouvrage. Le chef se met aussi complètement au service des chanteurs, en leur indiquant précisément chaque départ, et en gardant sous contrôle le volume de
la fosse afin de ne pas les noyer sous un flot de décibels. A l’inverse, les
sérieux et évidents problèmes d’aigus de l’Américaine Jeanne-Michèle
Charbonnet distribuée dans le rôle-titre constituent le gros point faible de la
soirée. Régulièrement, et surtout lorsqu’ils sont à dérouler dans la phrase
musicale, les aigus sont douloureusement en-dessous du ton attendu, alors
que curieusement certaines notes aigues attaquées directement sont justes.
Le médium et les graves sont en revanche bien présents et l’actrice joue et
vit le personnage, avec ce qu’il faut de sauvagerie. Bien plus en situation que
dans sa récente Isabella sur la scène phocéenne, Marie-Ange Todorovitch est
une Klytämnestra monstrueusement crédible, à la fois vocalement et visuellement ; un trou passager de texte nous fait craindre le pire… mais la
mémoire revient heureusement très vite ! C’est tout de même Ricarda
Merbeth (Chrysothemis) qui remporte sans problème la palme vocale féminine, s’imposant – parfois avec insolence – dans ses confrontations avec
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Elektra. Habituée à des rôles comme Salome, Senta ou Sieglinde (déjà chanté à l’Opéra Bastille), la soprano allemande possède un gros format vocal et
les aigus partent comme des flèches. Les interventions de Nicolas Cavallier
(Orest) sont plus musclées qu’émouvantes, et Patrick Raftery (Ägisth) sonne
beaucoup plus baryton que ténor. L’ensemble des servantes n’est pas irréprochable, au moins pour ce qui concerne l’allemand à l’accent souvent très
français. La représentation est proposée dans la production de Charles
Roubaud, montée à l’origine pour l’Opéra de Marseille en 2003, et qui fonctionne toujours aussi parfaitement. Le décor réalisé par Emmanuelle Favre
est imposant : une vraie-fausse perspective d’une cour de palais sur plusieurs niveaux prend toute la hauteur du cadre de scène. Dans les étages passent par séquences les femmes et hommes au service de Clytemnestre, lampes néon à la main, mais l’essentiel de l’action se déroule dans les bas-fonds
sombres et sordides, antre d’Elektra.
François Jestin
Strauss : ELEKTRA – le 7 février 2013 à l’Opéra de Marseille
à lyon
Der Kaiser von
Atlantis
avaient l’occasion d’entendre pour la première fois ce petit opéra d’une
heure (jumelé alors à un autre court opus), en version française à l’OpéraComique, par une vaillante troupe de jeunes chanteurs qui ont fait leur chemin depuis. A Lyon c’est la version originale en allemand qui est présentée,
dans la production de Richard Brunel, directeur de la Comédie de Valence.
Le noir complet se fait, et un homme en noir entre dans la salle, balaie la
poussière et chasse les souris : c’est la Mort (Stephen Owen), qui fera un peu
office de factotum du spectacle. Le rideau se lève sur un praticable ovale sur
lequel montent la Mort et Arlequin (le ténor Rui Dos Santos) pour la première scène. En amenant quelques fauteuils, c’est autour de cette grande
table de réunion que conversent plus tard les personnages, dans une sorte de
centre de crise pour état-major. C’est aussi sur cette table que l’empereur
Overall joue avec son train miniature, l’apparence du baryton Christian
Miedl évoquant irrésistiblement le Docteur Folamour (… ainsi que Nicolas
Sarkozy !). Le Haut-parleur (Jean-Baptiste Mouret) est un peu l’aide de
camp de l’empereur, mais il est dommage que les sons produits n’imitent
pas réellement un haut-parleur comme c’était le cas en 1998 à Paris, l’effet
était étonnant. Pour compléter la distribution, dont la première qualité est
surtout l’homogénéité, la « Fille coiffée à la garçonne » est confiée à Ivi
Karnezi, et Lucy Schaufer joue le rôle du Tambour, qui fait ses discours derrière un petit pupitre, relayés par vidéo. L’orchestre de 15 musiciens, sous la
direction de Jean-Michaël Lavoie, est placé en hauteur en fond de plateau,
dispositif qui permet un bel équilibre avec les chanteurs. La partition est surprenante, tour à tour légère, jazzy, moderne, et la soirée, malgré sa courte
durée, reste bien gravée dans la mémoire.
François Jestin
Le spectacle créé en novembre dernier pour la Comédie de
Valence, repris au théâtre de la Croix-Rousse courant
février dans le cadre de la saison de l’Opéra de Lyon,
porte une lourde charge émotionnelle.
Ullmann : DER KAISER VON ATLANTIS – le 12 février 2013 au Théâtre de la CroixRousse
à monte-carlo
Déporté dans le camp de concentration de Terezin, c’est en 1943 que
Viktor Ullmann y compose son Kaiser von Atlantis, sur une intrigue qui
pourrait sembler légère et farfelue, si ce n’était le contexte. L’empereur
Overall décide de lancer la guerre contre tous, mais la Mort refuse de continuer son travail ; il s’ensuit une pagaille considérable, et certains ennemis
finissent par s’aimer ! Au final la Mort daigne reprendre le boulot, mais à la
condition de commencer par l’empereur. Le compositeur n’aura pas le bonheur d’assister à la création de son œuvre – il meurt en 1944 à Auschwitz –,
qui interviendra seulement en 1975, à Amsterdam. En 1998, les Parisiens
Christian Miedl, Jean-Baptiste Mouret et Lucy Schaufer © Jean-Louis Fernandez
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La Sonnambula
Donnée en version de concert pour deux représentations,
La Sonnambula donne une nouvelle occasion à la soprano
Annick Massis de briller au firmament du bel canto.
Fréquentant assidument les répertoires français et italien, la soprano
française est encore en pleine possession de ses moyens au stade actuel de
sa carrière. Sa musicalité est toujours aussi remarquable et elle est capable
d’alterner puissance vocale et phrases chantées piano, sur le souffle.
Certaines vocalises ne passent pas avec un complet délié dans son air d’entrée, mais la cabalette finale « Ah ! Non giunge uman pensiero » est un grand
moment d’excitation collective, conclu par une sympathique standing ovation. Juste avant ce feu d’artifice, l’élégiaque « Ah, non credea mirarti » est
chanté avec une émotion qui balaie les réserves qu’on peut avoir parfois visà-vis d’une certaine froideur de l’artiste. A la demande du public, … plus
exactement d’un spectateur, le bis est accordé très rapidement ; le coup était
apparemment prévu, les musiciens tournant quelques pages de la partition
en arrière sans qu’on ait à insister. A ses côtés, la valeur montante des ténors,
Celso Albelo (Elvino), était très attendu. Le timbre est séduisant, le style,
legato et la voix allégée rappellent par moments l’illustre Alfredo Kraus, son
modèle avoué. Comme pour le grand Alfredo, le chant orné n’est pas confor-
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Karine Ohanyan, Annick Massis, Celso Albelo et Antonino Fogliani
© Opéra de Monte-Carlo
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table ni rapide, handicap toutefois pas rédhibitoire chez Bellini. Plus
ennuyeux, une petite tension se fait sentir dans son air d’entrée, puis c’est
un vrai « temps faible » que traverse le ténor dans le grand duo du I, avec
perte évidente de la justesse. Ce passage à vide est curieux, surtout que le
chanteur se rétablit et ne rencontre plus de problème dans la suite du spectacle. Pas de faiblesse en revanche pour la basse In-Sung Sim (il Conte
Rodolfo), voix grave profonde, volumineuse et bien conduite. La jeune
Alessandra Marianelli (Lisa) possède de beaux moyens et chante de manière très volontaire, avec cependant quelques aigus qui peuvent paraître parfois grossis artificiellement, et Karine Ohanyan (Teresa) tient son rang, avec
maîtrise. L’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et les chœurs (très
sonores en raison de l’acoustique de la salle) sont placés sous la direction
d’Antonino Fogliani, qui assure d’abord la cohérence de l’ensemble.
Certains passages sont dirigés rapidement, ce qui les rend plus prosaïques
qu’à l’ordinaire, mais dans l’ensemble le chef parvient à installer une
ambiance, une couleur en clair-obscur qu’on attend pour cet opéra.
tôt envahir de Gouda le marché nord-américain ?). Les sbires de Gessler
poussent sur scène trois charpentes de chalets suisses, avec rocher sur le toit,
pour vraisemblablement signifier l’oppression… écrasante des méchants.
Arnold monte plusieurs fois à l’étage et descend, dans un jeu assez attendu.
La chorégraphie de Kim Brandstrup pour les ballets du 3ème acte est tout de
même assez originale et réussie, avec ces femmes vêtues de cuir noir et cravachant gentiment les fesses de quelques paysans. Des images très grises,
très géométriques (la charpente de « l’asile héréditaire » d’Arnold au IV
semble avoir subi une combinaison de bombe et tremblement de terre), une
mise en scène ni joyeuse, ni déprimante, mais surtout très prévisible.
Musicalement, après un démarrage difficile (le violoncelle solo n’est pas
juste dans l’ouverture…), l’orchestre prend sa vitesse de croisière sous la
baguette de Paolo Carignani, mais sa qualité reste inférieure à celle des
chœurs, bien ensemble, motivés et musicaux. Certains tempi sont inhabituellement rapides (les ballets du I), et on peut par ailleurs déplorer l’absence de
certains passages de la partition, comme le génial trio féminin du dernier
acte. La distribution vocale amène de belles satisfactions, à commencer par
le Guillaume Tell de Nicola Alaimo, dont le français est excellent. Le rôle
est dans sa tessiture, même si les graves paraissent moins nourris, le style est
plus attaché au soin du legato qu’à l’arrogance de l’émission. Sa grande stature physique dégage enfin à la fois autorité et humanité. La prestation du
ténor John Osborn (Arnold) est particulièrement excitante : il possède tous
les aigus, maîtrise les écarts vertigineux, met beaucoup de puissance sur certaines notes dans le medium, ce qui en fait l’un des tout meilleurs titulaires
actuels du rôle. On ne peut pas reprocher grand-chose sur le plan vocal à
Marina Rebeka (Mathilde), à part des approximations chroniques dans les
passages vocalisés, qui ne lui semblent pas très naturels. Le timbre est sédui-
François Jestin
Bellini : LA SONNAMBULA – le 24 février 2013 à Monte-Carlo, auditorium Rainier III
à amsterdam
John Osborn et Marina Rebeka © Ruth Walz
Guillaume Tell
En coproduction avec le Metropolitan de New-Yok, le
nouveau spectacle réalisé par Pierre Audi, directeur
artistique de l’Opéra des Pays-Bas, ne convainc que
moyennement.
Le lever de rideau découvre une passerelle suspendue en forme d’ossature de bateau, qui peut figurer également un pont haubané, à l’envers. Des
rochers et quelques animaux (une vache, un mouton, un cerf) descendent
aussi des cintres, doublés par leur reflet dans un miroir d’eau. Des rochers
supplémentaires sont posés au sol à partir du 2ème acte… dont un gros bien
rond en forme de fromage de Hollande (une tentative marketing pour bien-
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sant et riche, et les moyens sont très conséquents, mais le chant ne dégage
que peu d’émotion ; il faut dire que le texte est rarement compréhensible…
Marco Spotti (Walter) est une basse puissante, mais sa diction est caricaturale, tandis que Christian Van Horn possède une voix noire, outrancière, qui
convient idéalement au vilain Gessler. La basse solide Patrick Bolleire
(Melchthal), la soprano piquante Eugénie Warnier (Jemmy), et l’alto
richement timbrée Helena Rasker (Hedwige) complètent la très valeureuse équipe de solistes, l’une des meilleures qu’on puisse constituer à l’heure actuelle.
François Jestin
Rossini : GUILLAUME TELL – le 18 février 2013 à l’Opéra d’Amsterdam
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genève
monte-carlo
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s Madama Butterfly (Joel-Grandage)
– 20, 23, 26, 29 avril, 2, 5 mai
Opéra (377/98.06.28.28)
s Stiffelio (Bennini-Montavon) – 20,
23, 26, 28 avril
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
s L'Aiglon (Ossonce-Auphan) – 21,
24, 26, 28 avril
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s Lady Macbeth de Mtsensk
(Currentis-Homoki) – 7, 10, 13, 17, 20,
23, 28 avril
s Rinaldo (Bolton-Herzog) – 12, 14,
19, 21 avril
s Falstaff (Santi-Bechtolf) – 26, 28
avril
s Trois soeurs (Boder-Sommerer) – 3,
5, 11, 14 avril
s Madama Butterfly (Rizzi-Asagaroff)
– 6 avril
s Parsifal (Franck-Guth) – 1er avril
paris
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s
Don Giovanni (RhorerBraunschweig) – 25, 27, 30 avril
s Don Carlo (Noseda) – 28 avril
Châtelet (01.40.28.28.40)
s Sunday in the park (Abell-Blakeley)
– 15, 16, 17, 19, 20, 21, 23, 24, 25
avril
Cité de la musique (01.44.84.44.84)
s Renard (Mantovani) – 12 avril
Opéra Comique (0825.01.01.23)
s Il Diluvio universale (Garcia
Alarcon) – 3 avril
s Cendrillon (Halary) – 17, 18, 19 avril
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s Hänsel und Gretel (Flor-Clément) –
14, 16, 19, 22, 24, 27 avril
s Siegfried (Jordan-Krämer) – 3, 7,
11, 15 avril
Salle Pleyel (01.42.56.13.13)
s Oedipus Rex (Gardiner) – 23 avril
avignon
Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40)
s Il Barbiere di Siviglia (Fores-VesesBélier-Garcia) – 7, 9 avril
s La Voix humaine (Jourdan-Vittoz) –
19 avril
dijon
Opéra (03.80.48.82.82)
s Johannes Passion (Equilbey) – 5
avril
lyon
Opéra National (08.26.30.53.25)
s Claude (Rhorer-Py) – 3, 6, 10, 11,
14 avril
s Fidelio (Ono-Hill) – 2, 5, 12 avril
s Il Prigioniero/Erwartung (Ono) – 4,
7, 9, 13 avril
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s Otello (Pleyer-Duffaut) – 2, 5 avril
a
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s t r a s b o u rg
Opéra National (0825.84.14.84)
s Owen Wingrave (Syrus-Gayral) – 7,
9, 11 avril à Mulhouse
s Tannhaüser (Syrus-Warner) – 2, 5, 8
avril à Strasbourg, 21, 23 avril à
Mulhouse
toulouse
s Don Pasquale (Olmi-Roche) – 19,
21, 23, 26, 28, 30 avril
a m s t e rd a m
Opera (31.20.62.55.456)
s Die Walküre (Haenchen-Audi) – 20,
24, 28 avril
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s Pelleas et Mélisande (Morlot-Audi)
– 14, 16, 17, 18, 19, 20, 23, 24, 25
avril
b a rc e l o n e
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s L’Amour des trois oranges (Sloane-
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s La Cambiale di matrimonio
(Montanari-Dara) – 12, 14, 16, 17 avril
s Don Giovanni (ManacordaMichieletto) – 30 avril
Staatsoper (43/1514447880)
s Parsifal (Welser-Möst-Mielitz) – 4
avril
s Wozzeck (Welser-Möst-Dresen) – 2
avril
s Parsifal Fidelio (Fischer-Schenk) – 3,
6, 10 avril
s Rigoletto (Lopez-Cobos-Sequi) – 8,
11, 14 avril
s Don Carlos (de Billy-Konwitschny) –
9, 13, 17, 21 avril
s Eugène Oneguine (NelsonsRichter) – 12, 15, 18, 22 avril
s Werther (de Billy-Serban) – 20, 24,
27, 30 avril
s La Fille du régiment (CampanellaPelly) – 28 avril
Theater an der Wien (43/15.88.85)
s Béatrice et Bénedict (HussainHolten) – 17, 20, 22, 24, 27, 29 avril
s Dido and Aeneas (King) – 21 avril
s Amadigi in Gaula (Curtis) – 25 avril
Teatro Real (34/90.224.48.48)
s Don Giovanni (Perez-Tcherniakov) –
3, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24 avril
berlin
l o n d re s
ROH (0044/207.304.4000)
s Die Zauberflöte (Luisotti-Abaddo) –
16, 18, 22, 24, 27, 29 avril
s Nabucco (Luisotti-D.Abbado) –
1er, 4, 6, 8, 15, 20, 23, 26 avril
Thalbach) – 11 avril
s Die Zauberflöte (Repusic-Krämer) –
20 avril
s Rigoletto (Gnann-Bosse) – 21, 24,
28, 30 avril
vienne
Liceu (34.934.85.99.13)
s Das Rheingold (Pons-Carsen) – 20,
22, 23, 25, 26, 28, 29 avril
madrid
Carsen) – 5, 13 avril
s Il Barbiere di Siviglia (Gnann-
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Parsifal (Runnicles-Stölzl) – 1er avril
s Carmen (Spaulding-Beauvais) – 4,
25 avril
s Die Meistersinger von Nürnberg
(Runnicles-Friedrich) – 7 avril
s La Traviata (Repusic-Friedrich) – 22,
16 avril
s Lucrezia Borgia (Yurkevych) – 27
avril
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s Götterdämmerung (BarenboimCassiers) – 10, 21 avril
s Das Rheingold (BarenboimCassiers) – 4, 13 avril
s Die Walküre (Barenboim-Cassiers)
– 5, 14 avril
s Siegfried (Barenboim-Cassiers) – 7,
18 avril
s La Finta giardiniera (MouldsNeuenfels) – 6, 11, 19 avril
s Der Freichütz (Salemkour-Lehnhoff)
– 20 avril
s Der Fliegende Holländer (HardingStözl) – 28 avril
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
s Don Giovanni (SandnerKonwitschny) – 7, 13, 16 avril
s Mazeppa (Nanasi-vanHove) – 5
avril
s Le Grand Macabre (BrönnimannKosky) – 21, 25 avril
s Hänsel und Gretel (Poska-von der
Thannen) – 4, 6, 10, 11, 14, 19 avril
s Carmen (Milton-Baumgarten) – 1er,
12, 20 avril
new york
Metropolitan
Opera
(00.1.212.362.60.00)
s Giulio Cesare
(Bicket-McVicar) – 4,
9, 12, 19, 22, 27, 30
avril
s Das Rheingold
(Luisi-Lepage) – 6, 25
avril
s Die Walküre (LuisiLepage) – 13, 26 avril
s Siegfried (LuisiLepage) – 20, 29 avril
s Götterdämmerung
(Luisi-Lepage) – 23
avril
s La Traviata (NézetSéguin-Decker) – 3, 6
avril
s Faust (AltinogluMcAnuff) – 2, 5 avril
bologne
Teatro Communale
(39/051.617.42.99)
s Norma (Mariotti-Tiezzi) – 13,
14, 16, 17, 18, 20, 21 avril
milan
Teatro alla scala
(39/02.720.03.744)
s Macbeth (Gergiev-Barberio
Corsetti) – 22, 4, 7, 9, 13, 16, 18,
21 avril
s Oberto (Frizza-Martone) – 17,
20, 23 avril
ro m e
Teatro dell’opera
(39/06.48.16.02.55)
s Samson et Dalila (DutoitPadrissa) – 5, 7, 9, 11, 13 avril
turin
Teatro Regio
(39/011.881.52.41)
s Don Carlo (Noseda-De Ana) –
10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 21
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Placido Domingo interprétera Nabucco à Londres
les 15, 20, 23 et 26 avril © Greg Gorman
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la flûte enchantée à l’opéra du rhône
Un important
défi artistique
Le théâtre du Martolet à Saint-Maurice s’apprête à
accueillir 4 représentations de la Flûte enchantée de
Mozart les 12,14, 19 et 21 avril prochain, dans une mise en
scène de Florian Schmocker et sous la conduite du chef
d’orchestre Jean-François Monot. La distribution vocale
réunit quelques-uns des artistes lyriques les plus en vue de
Suisse romande. Un spectacle très attendu en Valais et
au-delà des frontières cantonales, après le grand succès
remporté par Carmen en 2008 et La Traviata en 2011.
38
La Nique à Satan de Frank Martin marquait en 1999 la naissance de
l’Opéra du Rhône, une association fondée par Florian Schmocker dans le
but de promouvoir l’opéra en Valais, tout en sollicitant au mieux les forces vives du canton et de la région.
Pari tenu avec cette nouvelle production qui réunit, aux côtés de solistes réputés, un orchestre composé d’étudiants de la Haute Ecole de
Musique de Vaud, Valais et Fribourg, encadrés par des musiciens de l’OSR
et des professeurs sédunois, ainsi qu’un chœur de Martigny - l’Ensemble
vocal Renaissance de Damien Luy - et trois enfants de la Singschule
Oberwallis « Cantiam » de Brigue. La scénographie est due à Paolo
Rudelli, la chorégraphie à Sabine Gross-Collé du “Monthey Dance
Center“, tandis que les costumes ont été réalisés par l’Ecole de couture du
Valais.
Avec le théâtre du Martolet, d’une capacité d’un millier de places, et
disposant d’un vaste plateau de scène et d’une fosse d’orchestre, la ville
de Saint-Maurice dispose d’une salle adaptée aux exigences d’un spectacle lyrique de cette envergure, doté d’un budget de 450.000 francs.
En tête de la distribution vocale, nous trouvons la soprano Brigitte
Fournier en Pamina, le ténor Gilles Bersier en Tamino, le baryton Claude
Darbellay en Papageno et Charlotte Müller-Perrier en Reine de la nuit, la
Violetta de La Traviata de 2011. Une distribution complétée par le
Sarastro de Stephan Imboden, le Monostatos de Michel Mulhauser, sans
oublier la délicieuse Papagena de Laure Barras, les trois Dames de Rachel
Sparer-Bersier, Nathalie Constantin et Véronique Chevillard et les
Hommes armés de Pierre Héritier et Patrick Porchet.
Gageons que le succès sera à nouveau au rendez-vous de cette fort
prometteuse Flûte enchantée agaunoise.
Yves Allaz
Les 12, 14, 19 et 21 avril 2013
Salle du Martolet, Saint-Maurice
Rens. et réservations sur : www.lafluteenchantee.ch ou
Office du Tourisme au 024/485.40.40
Brigitte Fournier
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Le Haut-de-forme
Diriez-vous que Eduardo de Filippo
est un artiste engagé ?
Le Théâtre Kléber-Méleau présente du 16 avril au 8 mai, Le Haut-de-forme,
une comédie d’Eduardo De Filippo.
40
Qu’est-ce qui vous touche dans l’univers de de Filippo ?
Cela dépend de quel engagement on parle. Il
était très engagé socialement. Mais il n’était pas
l’un des membres les plus actifs du parti communiste italien. Il n’est pas le Brecht italien !
Chez lui, c’est la chaleur populaire qui compte.
Il s’est engagé pour lutter contre l’analphabétisme, pour s’occuper de la réinsertion des jeunes.
Il y a un aspect solidaire et social dans sa personnalité qui se traduit aussi dans son œuvre.
Tout en faisant l’observation, l’étude
et la critique de la société contemporaine…
Philippe Mentha, photo Philippe Maeder
Je pencherais plutôt pour Tchekhov, car Molière
est plus éloigné de nous par la forme. Chez
Eduardo de Filippo, le style est capté d’un langage populaire, coloré, direct et concret qui ne
subit pas une transposition au profit d’une
forme qui devrait amener une élégance sur la
scène. Cela fait une grosse nuance. Néanmoins,
il n’y a jamais de vulgarité. Il aborde tous les
sujets avec élégance, à la manière d’un Beckett.
Ce qui me plaît, c’est qu’à côté de l’observation
de l’humanité, des gens, son œil critique est parfois impitoyable. L’univers de Eduardo de
Filippo est féroce. Même si cela s’arrange sur la
fin, personne n’en sort tout à fait indemne. Mais
il a une manière de regarder les gens avec une
tendresse qui n’est plus tellement de mise
aujourd’hui chez beaucoup d’auteurs. Il me rappelle un Tchekhov italien, impitoyable mais en
même temps amoureux des gens, de leurs faiblesses, leurs grandeurs et leurs misères. Il a
beau souligné qu’après la guerre on se retrouve
dans un monde corrompu, pourri où règne l’argent et le sexe ; il continue d’avoir une tendresse presque d’avant-guerre pour ces petites gens
dans lesquelles il se reconnaît et nous invite à
nous reconnaître.
Oui. Ce qu’il y a de sympathique chez de
Filippo, c’est qu’il n’existe pas de manichéisme
comme on en trouve parfois chez d’autres
auteurs engagés : « Vive les honnêtes gens pauvres et malédiction sur les riches exploiteurs ! »
Dans cette pièce, il y a un riche, Antonio. Les
autres sont des victimes d’une société qui les
exploite, mais sont un peu exploiteurs à leur
tour. S’il faut se débrouiller, on le fait sur le dos
des autres.
Qui sont les comédiens qui vous
entourent ?
Neuf personnages : quatre femmes et cinq hommes. Le Haut-de-forme est interprété par
Michel Cassagne, un vieux camarade et un
acteur que j’estime beaucoup. Il m’a prêté ses
différentes facettes de gentillesse et de férocité :
un vieux grigou et un redoutable profiteur, une
espèce d’égoïste paresseux par la force des choses puisqu’au bénéfice d’une misérable retraite
et sans travail. Le côté magnifique d’Eduardo
de Filippo est de montrer des personnages qui
n’ont pas de travail et …un énorme poil dans la
main ! Et il y a Rita, l’héroïne, interprétée par
Prune Beuchat. Elle va constater qu’on se fiche
d’elle et que seul l’argent compte. A la fin de la
pièce, elle part … pour retrouver peut-être le
monsieur riche ! De Filippo nous laisse imaginer la suite de l’histoire. Mais on peut craindre
que dans ce monde gouverné par l’argent, cela
soit dans ses buts…
Propos recueillis par Nancy Bruchez
Du mardi 16 avril au mercredi 8 mai : Le Haut-de-Forme
de Eduardo De Filippo. M.e.s. Philippe Mentha.
Théâtre Kléber-Méleau, ma/me/je 19h, ve/sa 20h30,
di 17h30 (rés. 021/625.84.29)
Vous parlez de Tchekhov, alors que de
Filippo est souvent considéré comme le
Molière italien.
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Il garde toujours une sorte de discrétion ou de
style allusif. Il ne nous emmène pas dans des
bas-fonds sordides.
kléber-méleau
Naples, la misère. Pour échapper à une
menace d’expulsion et obtenir la somme nécessaire au paiement des loyers, Rita aguiche les
passants. Mais au moment de s’exécuter, avec la
complicité de ses amis, elle terrorise les clients
et ils s’en vont s’en reprendre leur argent. Un
jour, un homme arrive et complique leur stratagème. Un réalisme très cru, mais jamais vulgaire, doublé d’un sens comique pour une aventure
où ceux qui trompent les autres se trompent déjà
eux-mêmes.
Eduardo De Filippo, que tous les Italiens
appellent affectueusement par son prénom, est né
à Naples avec le siècle. Jusqu’à sa mort, survenue
en 1984, il a parcouru toutes les formes de spectacles : revues, cabaret, music-hall, théâtre,
opéra, cinéma, télévision. Obsédé par la misère
sociale, la méchanceté du monde, le malheur et
l’injustice, Eduardo masque son pessimisme sous
une veine comique. Il invente des situations burlesques, crée des personnages extravagants, toute
une galerie de figures hautes en couleurs.
Volontiers comparé à Molière, c’est la société
contemporaine qu’il passe au crible. Entretien
avec Philippe Mentha, metteur en scène.
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Prune Beuchat
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présent dans leur société. Dans la pièce, la politique est absente. Les jeunes n’ont pas de revendication, ils se font embarquer. C’est une histoire qui pourrait prendre place n’importe où.
théâtre alchimic
Vladimir : autopsie
d’une manipulation
Vous avez choisi de mettre un ring sur
scène, est-ce pour symboliser la violence ?
La Compagnie “Où sommes-nous“ présentera, du 16 avril au 5 mai
Vladimir, une œuvre du Slovène Matjaz Zupancic, jamais traduite en
français. Cette histoire confronte trois jeunes de 20 ans à leur nouveau
colocataire, un homme âgé de 60 ans. Insidieusement, ce dernier prend le
pouvoir, par le biais de manipulations, jusqu’à atteindre une situation
extrême. Rencontre avec Véronique Ros de la Grange, la dynamique
metteuse en scène de cette pièce de théâtre.
La scène sera en effet constituée d’un espace
carré en forme de ring. Le public sera disposé
tout autour de façon arbitraire. Il sera très proche des acteurs, un peu à la manière de témoins
derrière une vitre sans teint. En somme, il
observera les mécanismes des relations humaines comme dans un laboratoire. Il sera témoin
d’une tranche de vie dans laquelle se joue un
drame.
Quel est le ton de la pièce ?
C’est un thriller rempli de suspens avec
aussi des moments comiques. Il ne s’agit
pas d’un drame, mais plutôt d’une tragédie. Le personnage de Vladimir est excessif et ironique, alors que les jeunes sont
sympathiques. Petit à petit, une ambiance
de malaise se met en place et le spectateur
découvre, par le biais des personnages, ses
propres travers.
Comment êtes-vous tombée sur
le texte de Vladimir, une œuvre non éditée en français ?
Jacques Michel, qui joue Vladimir et qui
dirige la compagnie “Où sommes-nous“
avec moi, était lecteur pour une maison
d’édition parisienne, spécialisée dans les
traductions et les éditions de textes
d’Europe orientale. A cette occasion, il a
eu l’opportunité de parcourir un grand
nombre d’œuvres et m’a fait partager les
plus intéressantes. C’est ainsi que je suis
tombée sur Vladimir en 2009-2010. Cette
histoire m’a tout de suite séduite. Nous
avons aussi travaillé ensemble sur Le
Balkabazar, un montage de textes issus
des Balkans. Pour cette occasion, il n’était
pas envisageable d’exploiter cette pièce,
car il n’est pas possible d’en tirer un
extrait. C’est pourquoi, l’idée d’en faire
un spectacle s’est naturellement imposée.
A la base, vous êtes chorégraphe,
cela se ressent-il dans votre mise en
scène ?
D’où vous vient cette passion
pour l’Europe orientale ?
Les textes produits par cette région sont des
écritures engagées, insolentes, libres, violentes,
et en même temps drôles. Ils sont très lâchés et
utilisent la fragmentation de la pensée. Il y a
aussi une certaine confrontation Orient/
Occident. Ils dégagent un souffle et une énergie
qui me correspondent pleinement. Leurs sujets
sont très universels et n’ont rien de folkloriques.
J’ai eu cette phase balkanique avec, tout d’abord
en 2006, une interprétation en Serbie dans la
pièce mise en scène par Laurence Calame
Tro lus et Cressida, puis le travail de lecture
pour Le Balkabazar et enfin la découverte de
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r
Véronique Ros de la Grange
Vladimir. C’était un peu comme une flèche qui
m’indiquait la direction à prendre. Même si, en
soi, Vladimir est moins typiquement balkanique
que d’autres œuvres.
Dans la pièce, Vladimir qui a 60 ans,
et confronté à trois jeunes de 20 ans. Assistet-on à un vrai choc des générations ?
En Slovénie, selon moi, il y a une résonance
entre l’ancien et le nouveau régime. Ce peuple
est passé de la tyrannie communiste à la tyrannie capitaliste en très peu de temps. C’est un
choc idéologique. Et je pense que ceci est très
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Dans la chorégraphie, on est auteur de son
univers, alors que dans la mise en scène, on
doit travailler avec une écriture simple,
narrative et à plat. C’est nouveau pour moi.
Cependant, il s’agit d’une évolution naturelle. Je vis un moment dans lequel j’ai
besoin d’être dans le langage. Je reste chorégraphe, cela se voit dans ma mise en
scène et dans mes spectacles énergiques. Je
suis sensible aux corps en scène, à l’espace et aux présences. L’instrument de l’acteur vibre. J’ai appris de la danse que la
perception peut être modifiée pour un changement de position d’un millimètre.
Propos recueillis par
Julie Bauer
Du 16 avril au 5 mai 2013 : Vladimir de Matjaz Zupancic,
m.e.s. Véronique Ros de la Grange, Compagnie Où sommes-nous. Théâtre Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mersam-dim à 19h, relâche lun (réservations : 022/301.68.38
/ [email protected] - loc. Service culturel Migros)
www.alchimic.ch
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la comédie de genève
Les mains sales
Peut-on demeurer fidèle à ses idéaux, ou faut-il transiger avec la réalité et
la nature des hommes pour faire bouger les choses ? Faut-il se salir les
mains ?
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La pièce de Sartre, rédigée en
1948, pose cette question, mais pas
seulement. Car Les Mains sales c’est
aussi une réflexion sur la liberté de
l’individu, une observation sur les étapes qui mènent du compromis à la
compromission, une exploration sur
des fins qui justifieraient ou non des
moyens, une dénonciation des mécanismes d’un parti, bref une revisitation
en règle de ce que furent les grands
thèmes philosophiques et idéologiques
des soixante dernières années.
« Comme tu tiens à ta pureté, mon
petit gars ! Comme tu as peur de te
salir les mains. Eh bien, reste pur ! À
quoi cela servirait-il et pourquoi
viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est
une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes
bourgeois, vous en tirez prétexte pour
ne rien faire. Ne rien faire, rester
immobile, serrer les coudes contre le
corps, porter des gants. Moi j'ai les
mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les
ai plongées dans la merde et dans le
sang. »
homme qui réfléchit, organise et bâtit une
argumentation et un autre qui ne cherche qu’à
la mettre en ruines. Hugo n’offre en effet aucune alternative à Hoederer, jamais. Il préfère
camper sur ses principes… Alors, in fine
meurtre ? Pas meurtre ? L’assassinat
aura bien lieu mais pour des raisons
beaucoup plus ‘théâtrales’ et bien réelles
pour le coup, à chercher du côté de
Jessica, la femme d’Hugo…
Riche matériau
Le metteur en scène Philippe Sireuil
Désaccord
A sa sortie, la pièce fut à la fois huée par
les membres du Parti et applaudie par la droite
bourgeoise. Sartre, lui, ne la considérait ni
comme une pièce anti-communiste, ni même
comme une pièce politique, mais plus comme
une pièce « sur la politique ».
Le cœur de la pièce, c’est un conflit d’opinions, voire un conflit d’intérêts toutes taxes
comprises, entre deux hommes, Hugo, le jeune
militant idéaliste et Hoederer, le cacique du
Parti. Mais Sartre ici ne se cantonne pas à produire une accusation manichéenne de comportements concurrents et irréconciliables, ni ne
valide un comportement plutôt qu’un autre. Si
pour Hoederer il faut temporairement se compromettre pour faire preuve de réalisme poli-
a
tique, et que pour Hugo c’est hors de question,
l’idéal pour lequel on s’engage et on lutte ne
pouvant être ‘sali’, pour l’auteur-philosophe
qui a plus d’un tour dans son sac, ce n’est pas
‘si simple’. Sartre en effet s’engage en 7
tableaux à décliner méthodiquement ce désaccord premier sur plusieurs fronts pour mieux
ancrer et avancer ses réflexions, ses questionnements et les profonds antagonismes entre les
deux héros. Hoederer vient d’un milieu de prolétaires, Hugo est issu de la bourgeoisie,
Hoederer le pragmatique considère les hommes en tant qu’ils sont, Hugo ‘l’anarchiste
bourgeois’ en tant qu’ils deviendront. On pourrait multiplier les exemples…
Ainsi on comprend au fil de la pièce qu’il
s’agit aussi d’une opposition entre un homme
qui fait et un autre qui veut faire, entre un
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Pour Philippe Sireuil, Les Mains
sales tiennent à la fois du théâtre
contemporain et du drame historique, de
la tragédie et du boulevard voire du
roman policier, et c’est ce riche matériau
selon lui qui en fait l’une des œuvres les
plus emblématiques et attractives du
théâtre français de l’après-guerre.
« Aller à la rencontre d’une pièce
qui vous attire et vous démunit dans le
même mouvement, voilà qui permet, à
mon sens, de rester en alerte, en éveil,
de ne pas s’assoupir » précise-t-il avant
d’ajouter : « La préparation d’un spectacle, c’est beaucoup de solitude, un
intense travail de recherche, de réflexion
et de documentation » et de conclure :
« Il faut ‘oublier’ les bagages accumulés, ne pas en devenir le prisonnier
consentant. La vérité du plateau ne se
résume pas à donner du volume et de la couleur au travail intellectuel, et qui plus est, cette
vérité peut venir remettre en cause les présupposés qui vous habitaient dans un premier
temps. Il faut pouvoir abandonner, déchirer,
raturer, se contredire ».
Leçon déjà sartrienne n’est-il pas ?
Rosine Schautz
Du 23 avril au 8 mai : Les mains sales de Jean-Paul
Sartre, m.e.s. Philippe Sireuil. La Comédie de Genève,
relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h
(Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected])
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théâtre de poche
Gorgias
Rhétorique, démocratie, art oratoire réfutatif, savoir-faire, contrefaçon,
sophistique, pouvoir, justice, morale, choix de vie, recherche du vrai et du
bien, voici quelques-uns des thèmes qu’aborde le Gorgias de Platon, rédigé
vers 387 av. J.-C. Texte philosophique foncièrement contemporain qui
donne d’emblée envie de repenser certaines priorités.
Le dialogue du Gorgias est composé de trois
entretiens. D’entrée de jeu, Socrate pose à
Gorgias, célèbre débatteur, la question inaugurale du dialogue : Qu’est-ce que la rhétorique ?
Quel est cet art, Gorgias, que tu pratiques et que
tu enseignes aux Athéniens ? La réponse de
Gorgias est décevante, il se perd en formules
creuses sur la grandeur et la beauté d’un art dont
il ne parvient pas à définir l’objet. Surgit alors le
jeune Polos s’immisçant dans le débat pour
défendre l’idée qu’il faut faire fi de toute moralité dans l’art des rhéteurs car seul importe le pouvoir de convaincre et de l’emporter face à l’autre. Mais Socrate lui montrera que ce pouvoir
n’est en rien un pouvoir. Suit Calliclès. Avec lui
Socrate est devant un adversaire d’une tout autre
dimension. Non seulement Calliclès est un maître de l’art oratoire, mais il a surtout cette hauteur, cet aplomb, qui ont manqué à ses prédécesseurs. Lui assume clairement les conséquences
les plus ultimes de ses positions. Le débat change alors de ton, on a affaire à deux conceptions
totalement antagonistes de la vie. En effet, tout
oppose ces deux hommes : leur vision de la justice, du pouvoir, du bonheur.
Calliclès, incapable de l’emporter, finit par
déclarer forfait, et dans une dernière étape
Socrate continuera seul, s’engageant dans une
magnifique plaidoirie pour ce qui est à ses yeux
l’unique vie qui vaille, celle consacrée sans répit
à la recherche du bien.
la suite de mon travail sur Kraus, j’ai voulu
creuser cette thématique démocratie/démagogie, aller voir de plus près ce qu’était la rhétorique, la propagande, le verbe. J’ai donc relu
Platon et décidé d’adapter ce dialogue pour la
scène, ce qui m’a demandé un long travail de
‘coupe’, et de montage.
Justement, comment adapter de la
philosophie de manière à ce qu’elle puisse
être montrée sur une scène et surtout entendue par un public pas forcément spécialiste ?
Entretien avec José Lillo,
metteur en scène
J’ai vu que Gorgias s’articulait en trois matches,
en trois ‘tableaux’, et que dans un certain sens,
c’était déjà ‘de la dramaturgie’ possible. A l’inverse du Marivaux que j’ai présenté l’été dernier
à l’Orangerie, Le petit-maître corrigé, qui est une
pièce très dialoguée, dialectique même, très écrite et dont le contenu est, si l’on prend la peine de
lire en détail, très philosophique, là, j’avais de la
philosophie construite certes de dialogues, mais
qu’il me fallait adapter en conversation crédible.
Et en langage moderne. Pour ce faire, j’ai utilisé
la belle traduction de Monique Canto-Sperber,
très directe, très contemporaine aussi, dans
laquelle j’ai coupé de manière à avoir un texte
fluide, théâtral, oral précisément, que l’on peut
comprendre à l’écoute, sans devoir recourir ou se
référer au texte écrit.
J’ai ôté certains exemples qui m’apparaissaient
redondants ou superflus pour la démonstration,
mais j’ai tenu à garder la formidable ironie, une
ironie spirituelle, qui existe dans le texte originel.
Il y a des passages, en effet, particulièrement
comiques, qui font rire.
Comment est né ce projet d’adaptation d’un des plus fameux dialogues de
Socrate ?
De quoi traite cette pièce ? Quels en
sont d’après vous les traits pertinents
majeurs ?
A l’origine de ce projet, il y a Bouveresse.
J’aime beaucoup ce philosophe. Dans un entretien de 2006, il mentionnait Gorgias « Nous
avons nos Gorgias, nos Calliclès... Platon et
Aristote savaient que la démocratie est toujours
menacée par une forme de dégénérescence
catastrophique qui s’appelle la démagogie ». A
Il y a plusieurs thèmes qui résonnent avec notre
monde actuel. Par exemple cette idée de rhétorique, de technique apprise, efficace mais irrémédiablement porteuse de fausseté, de factice
qui fait écho en sous-texte aux propagandes
actuelles, ou pour citer Bouveresse, à « ces systèmes de communication moderne qui fournis-
e
n
t
r
e
t
i
e
José Lillo © Marc Vanappelghem
sent à la manipulation et au mensonge des
instruments d’une puissance inimaginable ».
Il y a aussi ces réflexions sur le gouvernement
de soi et des autres, ou encore ces passages sur
le droit selon la Nature version « que le meilleur
gagne » qui apporte inéluctablement les dérives
que dénonçait déjà Kraus, ou encore la thématique de la logique, de la morale, du mensonge,
bref, toute une panoplie de problématiques qui
peuvent faire sens en 2013 et qui questionnent,
mettent en question le verbe, la parole et l’usage que l’on en fait. Thème théâtral s’il en est…
Comment avez-vous envisagé la mise
en scène, les décors, les costumes ?
J’ai pensé à un dispositif bi-frontal avec tapis
rouge, une veine, une bande visible qui traverserait la scène sur laquelle on cheminerait comme
on chemine dans une pensée qui s’invente en
temps réel et s’articule au fur et à mesure. Tapis
rouge aussi pour figurer l’espace public que
j’entends comme territoire en partage, mais
également comme espace de rassemblement à
l’usage de tous, agora relevant du domaine
public tout en étant quand même circonscrite,
délimitée. Côté costumes, j’ai opté pour du
contemporain, des habits de tous les jours, et
enfin pour le son, nous avons pensé à quelques
morceaux de musique pour signifier subrepticement que ce Gorgias qui veut convaincre les foules - et qui y parvient - est une sorte de star en
tournée, en tournée de démonstration, en tournée
de ‘rhétorique’…
Propos recueillis par Rosine Schautz
Du 8 au 28 avril : Gorgias de Platon, m.e.s. José Lillo. Le
Poche-Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim
à 17h, mar relâche (rés. 022/310.37.59 lun-ven 9h30 à 12h
+ 14h à 18h - Loc. SCM)
n
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t h é â t r e
théâtre de carouge : entretien avec david bauhofer
La Poudre aux yeux
Depuis vingt-cinq ans, le metteur en scène franco-suisse monte des
classiques de la comédie et divertit le public genevois – on se souvient de La
Revue en 1999. La célèbre pièce d’Eugène Labiche, dont David Bauhofer a
actualisé l’action en la situant dans les années soixante, lui
permettra encore une fois de donner libre cours à son goût pour la comédie
drôle et grinçante qui montre les bassesses de l’être humain.
44
Vous choisissez de monter Eugène
Labiche : qu’est-ce qui vous attire chez cet
auteur et tout particulièrement dans cette
pièce ?
vanité sociale et des mesquineries, loin des
envolées lyriques.
La Poudre aux yeux n’a jamais été montée en
Suisse romande. Ecrite en trois actes et ramenée
à deux actes par Labiche lui-même, la pièce fut
un très grand succès à sa sortie – environ cent
soixante représentations. Issu de la bourgeoisie
aisée et sommé par son beau-père de renoncer à
la profession d’auteur pour épouser sa fille, il
Oui, les mensonges, les apparences, l’argent
n’appartiennent pas à une époque révolue. Nous
sommes le produit de nos propres pensées et de
la représentation de celles-ci. Selon le regard
que l’on porte sur soi-même, la nouvelle carapace endossée emprisonne. Avoir une image de
soi-même inférieur nous pousse à sortir de notre
C’est donc une pièce d’actualité ?
d’en mettre plein la vue. M. Ratinois l’ancien
confiseur crée son propre malheur en prenant
tout pour argent comptant. Or leurs fortunes
sont similaires, ce qui leur sera mutuellement
révélé à la fin. Il n’y a pas jusqu’aux patronymes qui ne soient risibles. Après de multiples
subterfuges destinés à rouler l’autre, en misant
plus pour le faire surenchérir et pouvoir rompre
ainsi l’accord de mariage, les deux hommes se
réconcilieront… sur le dos des femmes ! Mais il
aura fallu avant cela l’intervention de l’oncle
enrichi pour ramener tout ce petit monde sur
terre. La scène de repas finale est le symbole
autant que le théâtre de la réconciliation. Et la
morale de l’histoire est qu’il ne faut pas péter
plus haut que son cul…
Comment votre mise en scène parlera-t-elle au jeune public ?
D’abord, l’action se situe dans les années 196070. Ensuite, j’ai choisi une forme peu pratiquée
dans notre culture théâtrale, celle de mêler des
genres différents. Ainsi il y aura de la danse, des
claquettes, des chansons. Nous nous approchons donc du genre de la comédie musicale,
qui permettra d’étoffer certains rôles. Et puis,
l’enjeu de la pièce c’est le mariage du jeune
couple qui s’aime et risque bien de consommer
avant le mariage. Il y a de la gaieté, de la jovialité, mais il faut savoir aussi revenir à l’histoire
après les chorégraphies et les chansons. J’ai
choisi par ailleurs un jeu coloré, à la manière
des Russes, qui privilégie les expressions et les
mimiques. Les répétitions sur le plateau de la
grande salle obligent à un ajustement : on doit
pouvoir saisir sans voir, puis on passe à l’oreille.
D’où l’importance du regard et la position du
corps, loin de tout hiératisme et de tout statisme.
En résumé, couleurs, costumes et jeu sont au
service de cette pièce sur la rapacité.
Propos recueillis par
Laurence Tièche Chavier
Le metteur en scène David Bauhofer © Isabelle Meister
revient vite au théâtre, riche de ses facultés
d’observation et de son sens de la mise en
scène. En effet, bien que l’écriture se fasse en
collaboration avec Edouard Martin qui propose
les événements, c’est le manuscrit de Labiche
qui constitue véritablement la pièce, car plus
théâtral, avec une vision plus percutante. C’est
cet aspect-là qui me plaît, l’observation de la
e
rôle de confort. Il y a alors dans un premier
temps danger, puis adhésion au mensonge
initial orchestré par les femmes, auquel les
hommes se conforment car ces bourgeois rentiers s’ennuient. Ainsi M. Malingear, médiocre
médecin sans clientèle, finit par adopter les attitudes de celui qu’il n’est pas. Le vouvoiement
entre époux, par exemple, participe de ce désir
n
t
r
e
Du 9 au 28 avril : La poudre aux yeux d’Eugène Labiche,
mise en scène de David Bauhofer.
Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, mar-mer-jeusam à 1h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun
Location : 022/343.43.43 - [email protected]
t
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ödön von horvath au grütli
Horvath, le suspect idéal
Les Légendes de la forêt viennoise, pièce de Ödön von Horvath, précoce
dénonciateur des politiques fascistes dès la fin des années 1920, sera mise
en scène par Frédéric Polier sur la scène du Grütli, dès le 23 avril.
Conscience théâtrale contre abêtissement moral.
Légendes de la forêt viennoise
Ma patrie, c’est le peuple
pièces de théâtre et trois romans dont la Nuit italienne ou Un fils de notre temps…
Fils d’un diplomate austro-hongrois, Ödön
von Horvath est né d’une famille noble et catholique germanophone, aux sangs hongrois, croate, La bêtise humaine
Né lors de la Belle Epoque, il connaîtra les
tchèque et allemand – il est l’incarnation parfaite
de l’apatride, le bodenlos, Heimatlos désigné joies de l’insouciance, avant d’être le témoin de
comme l’horreur et l’erreur des thèses nationalis- la décoction vers les précipices boueux de
tes fanatiques des révolutionnaires fascistes l’esprit humain, avec l’émergence des fascismes.
émergeant dans les années 1920. Repoussoir de L’aversion qu’il ressent pour ce nouveau régime
ces idéologies nauséabondes que Michel est telle, qu’il vouera ses dernières productions à
Foucault avait en son temps qualifiées de biopo- une dénonciation implacable du NSDAP. La
litiques, Horvath, puisque d’appartenances mul- démence nationaliste, véritable peste des certiples, apparaissait alors aux extrêmes de tous veaux que représente pour lui l’idéologie nazie,
bords comme le suspect idéal, l’antithèse de l’i- doit absolument être pointée du doigt, démasdéologie nationaliste alors en mouvement en quée. Il est conscient de vivre une époque où l’on
Europe. Ses idées libérales, ses origines peut apercevoir le gouffre qui s’ouvre devant les
“mosaïques“ font de lui un anachronisme vivant consciences abêties par l’incapacité de se dresser
devant la statue barbare
engoncé dans un momentum
qu’érige le régime à la
historique où la nation est
croix gammée. C’est dès
l’horizon indépassable d’une
lors dans sa conscience
in-humanité obsédée par le
humaniste qu’il forge les
sang et le sol. Né dans la
mots d’une critique qui
Fiume autrichienne, il appavise à crucifier l’incapacité
raît comme un itinérant natudes hommes à réagir. Son
rel puisque baltringué parmi
ironie est féroce.
les bagages des différentes
Devant l’engloutissemissions diplomatiques de
ment de la conscience des
son père. Ses étapes de vie
hommes “libres“ ; contre
sont bien celles d’un
ce monde naufragé, il
migrant ; de Belgrade à
défend son utopie d’une
Munich, en passant par Ödön von Horvath
patrie idéale, universelle :
Vienne, où il y poursuit
quelques études avant de renoncer. Puis le jeune La liberté. Cette liberté chérie, mais tellement
Horvath se consacre entièrement à l’écriture. A menacée par une politique nazie qu’il qualifie de
Berlin, il vit de sa plume. Mais vient bientôt le tierish, bestiale. Les accusations qu’il porte
temps d’un nouveau départ, cette fois sous la résonnent de manière terrible : – Faiblesse du
forme d’un exil à Prague et en Suisse, tenant républicanisme niais de Weimar, collaboration
ainsi de s’arracher aux répressions des sbires de consciente avec la terreur noire, privation des
l’idéologie nationale-socialiste, qui tentent de le droits humains, fascination coupable et décérédéloger en perquisitionnant la maison familiale, brée pour les régimes totalitaires… Son théâtre
puis le molestent. La fin de l’errance correspond est donc furieusement contemporain, comme il
à l’arrivée de Ödön à Paris, en 1938, où il meurt l’annonce lui-même – « Pour le théâtre populaisur les Champs-Elysées, frappé de plein fouet par re d'aujourd'hui, il faut des personnages d'auune branche d’arbre, lors d’une tempête. Il laisse jourd'hui », fortement participatif aussi, puisqu’il
derrière lui une œuvre qui se monte à dix-sept assène que « même si cela fait mal, que peut-on
a
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t
seul contre tous ? On ne peut qu'enrager en secret. »
L’Allemagne post Traité de Versailles,
l’Allemagne de la décatie République de Weimar,
coupable d’avoir pactisé avec le Diable,
l’Allemagne du chômage délirant, de l’inflation
sismique, la femme, forgent le décor de sa dramaturgie dont l’exil marque l’entièreté de son
œuvre théâtrale.
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En 1931, il obtient le prix Kleist – la plus
haute distinction littéraire de l’époque – pour sa
pièce Légendes de la forêt viennoise. C’est là la
consécration de sa passion pour le théâtre populaire, critique de la société et de la politique de
son temps, une écriture théâtrale qu’il conçoit
surtout comme une attaque ouverte contre le
fléau totalitaire. Cette pièce, en trois parties, est
rédigée entre 1930 et 1931, et est montée pour
la première fois au Deuschtes Theater de Berlin,
le 2 novembre 1931. Il y fustige la mascarade et
l’opérette d’une Autriche qui continue à vivre
doucement, alors qu’elle se trouve aux prises
avec les assauts de la violence barbare. La
pièce, dont la trame centrale se déploie à Vienne
dans les années 1920, est ponctuée d’extraits
musicaux célèbres. L’écrivain y met en scène les
fiançailles futures d’Oscar le boucher et de sa
voisine Marianne « fille du Roi de la magie »,
quand la rapide dégringolade survient, précipitant Marianne dans la fange mélodramatique
qui la fera s’échouer dans les bras d’un partisan
du NSDAP.
C’est à Frédéric Polier, directeur depuis
une dizaine d’années de l’Atelier Sphinx, que
revient cette mise en scène. Son théâtre se veut
ouvert et prompt à susciter les questionnements,
accessible et compréhensible de tous, poétique
et profond. On s’en souvient, c’était déjà lui –
en 2007 d’abord pour le Théâtre du Loup, puis
en 2012 pour le Grütli – qui avait monté la pièce
tragi-comique Mein Kampf (farce) de George
Tabori, pastichant le führer, alors jeune mais
promis à une brillante carrière de dictateur, et
qui vivotait de bohême avec pour voisin, l’humaniste vendeur de Bibles, Shlomo Herzl.
« Rien ne donne autant le sentiment de l’infinitude que la bêtise », ce constat de Horvath
sonne encore, en compagnie d’autres voix
enfouies depuis – comme celle de Karl Kraus –
sous les cendres nocturnes d’une humanité en
ruines.
Christophe Rime
Théâtre du Grütli. Du 23 avril au 12 mai 2013
Billeterie +41 (0)22 888 44 88, ré[email protected]
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t h é â t r e
entretien avec evelyne castellino
Electronic City
La chorégraphe genevoise aime les gens, le travail sur et avec l’humain. Elle
aime aussi les comédiens, qui deviennent occasionnellement danseurs sous sa
bienveillante direction. Et elle aime les textes.
La combinaison de ces prédilections débouchera en avril, au théâtre de la
Parfumerie, sur un spectacle fort adapté du contemporain allemand Falk
Richter.
D’où vient votre rencontre avec cet écrivain ?
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Je lis beaucoup de théâtre, j’en vois également beaucoup et je vais chaque
année au Festival d’Avignon. C’est là que j’ai découvert en 2008 Das
System de Falk Richter, qui regroupe plusieurs textes. Ce Hambourgeois
issu de la bourgeoisie est un dramaturge pessimiste et sans illusion sur l’état du monde. Il souligne l’aliénation de notre société, sans toutefois donner de recettes. J’ai donc eu envie de le monter en 2012 avec mes jeunes
comédiens en fin de formation. Ce fut une réussite, malgré l’écart d’âge
entre les comédiens et les personnages. Je le reprends maintenant avec des
comédiens aguerris, trois hommes et trois femmes. C’est un challenge de
monter deux fois la même pièce, il faut oublier la précédente mise en
scène.
Que raconte ce texte ?
La difficulté, voire l’impossibilité des rencon-tres entre un homme et une
femme. Ces deux êtres censés vivre une histoire d’amour ne font que se
croiser, et souvent se ratent. Lui est un trader survolté, et elle, faute de
vouloir faire des choix, vit de petits boulots aliénants qui ne lui apportent
aucune satisfaction. Son zapping professionnel et le stress de son “compagnon“ empêchent toute rencontre. Les chambres d’hôtel interchangeables
leur font perdre leurs repères, au point que Tom en oublie le nom
de Joy.
THÉÂTRE
Vous travaillez avec des comédiens que vous faites
danser ?
de
Oui, les comédiens non danseurs n’ayant pas de technique, ils
doivent apprendre, apprivoiser les mouvements, le corps, par
exemple comment se rattraper après un déséquilibre. Je les fais
travailler physiquement. Mais c’est le texte qui reste l’élément
déterminant, la musique, la danse, l’image vidéo venant l’enrichir ou le contredire. Le texte de Richter est comme un synopsis
de cinéma, on peut ensuite trouver le sens caché sous la parole
puis faire émerger les signes.
VALÈRE
sion
MARS
Ve 8 – La Main qui ment de Jean-Marie Piemme à Martigny
Vous prenez toujours autant de plaisir à monter des
spectacles ?
Sa 9 – La Main qui ment de Jean-Marie Piemme à Martigny
Je 14 – Pagagnini – Humour musical
J’aime particulièrement les débuts des répétitions, quand on rêve
encore la pièce. Malgré l’intense préparation en amont, il y a
cependant toujours l’anxiété, à laquelle succède l’inventivité. Je
ne dis pas l’improvisation, car nous ne cherchons pas à faire un
melting pot d’improvisations. Et pour vous répondre, oui, j’ai
toujours le même plaisir à former des comédiens et danseurs, à
faire des chorégraphies, à monter des spectacles contemporains.
Malheureusement nous travaillons depuis quelques temps dans
l’incertitude des lendemains. Nous ignorons quel sera l’avenir de
La Parfumerie, c’est inconfortable pour la création.
Ve 22 – 84 Charing Cross Road de Helene Hanff
Me 27 – Le Porteur d’histoire d’Alexis Michalik
AVRIL
Je 11 – S underland de Clément Koch
Ma 16 – Hors-la-loi de Régis Duqué
Me 24 – Eric Antoine – Magie et Humour
2012 · 2013
Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier
saison
Electronic City de Falk Richter, mise en scène et chorégraphie d’Evelyne
Castellino, à La Parfumerie du 23 avril au 12 mai
027 323 45 61 | www.theatredevalere.ch
e
n
t
r
e
t
i
e
n
21 · 24 · 26 · 28 AVRIL 2013
L’ AIGLON
ARTHUR HONEGGER & JACQUES IBERT
DIRECTION MUSICALE
JEAN-YVES OSSONCE
MISE EN SCÈNE
RENÉE AUPHAN
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE LAUSANNE
CHŒUR DE L’OPÉRA DE LAUSANNE
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
PRODUCTION
P
RODUCTION
SALZBURGER FESTSPIELE
DU SALZBURGER
CONTE
C
ONTE LYRIQUE
LYRIQUE EN 3 ACTES
Antonín
A
ntonín Dvořák
MIGROS-PO
-CLASS
L
E
R
U
T
L
U
C
T
N
UR-CE
013 au
Saison 2012/2
ICS
Victoria Hall
Jeudi 23 mai 2013 à 20 h
ORCHESTRE DE CHAMBRE VIENNE-BERLIN
Direction
Dir
ection musicale
Dmitri JJurowski
urowski
Mise en sc
scène
ène
Jossi Wieler
Jossi
Sergio Morabito
(Musiciens des Orchestres Philharmoniques de
Vienne et de Berlin)
Yefim Bronfman (piano), Rainer Honeck (violon),
Dieter Flury (flûte)*, Gábor Tarkövi (trompette)
Franz Schubert
Ouverture en ut mineur, D. 8
Felix Mendelssohn Bartholdy
Concerto pour piano, violon et cordes en ré mineur
Frank Martin
Chœur du Grand Théâtre
Direction
Dir
ection ChingChing-Lien
Lien Wu
Wu
Ballade pour flûte N° 1
Béla Bartók
Danses populaires roumaines, Sz 68
Orchestre de la Suisse Romande
Dmitri Chostakovitch
1133 A
AU
U 27 JUIN 2013
*Soliste suisse
Concerto pour piano, trompette et orchestre N° 1, op. 35
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
www.geneveopera.ch
.geneveopera.ch
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
s p e c t a c l e s
spectacles onésiens
Le retour
L’ambiance sera aux retrouvailles en avril, puisque des habitués des Spectacles
onésiens feront leur retour sur scène : Le Quatuor et Fellag.
Depuis plus d’un quart de siècle, le
Quatuor est une référence en matière d’humour
musical. Accueilli dès ses débuts à Onex, ce
groupe est toujours resté fidèle aux spectacles
onésiens et revient à chaque nouveau spectacle.
Auréolé de trois Molières, d’une Victoire de la
Musique et d’un succès international, le
Quatuor proposera un spectacle familial le 15
avril sur la scène du théâtre du Léman. c’était
une évidence que le Quatuor fasse partie des
festivités pour marquer cette saison-anniversaire des Spectacles onésiens.
48
Le groupe est composé de Jean-Claude
Camors (violon, composition), Laurent
Vercambre (violon), Pierre Ganem (alto), JeanYves Lacombe (violoncelle et contrebasse). Ces
quatre virtuoses, également chanteurs, enchaînent sur un rythme endiablé et sans transition
des morceaux des styles les plus variés, classique, jazz, variétés, pop. Pour les fans qui les
suivent depuis leurs débuts, le Quatuor est le
prolongement du groupe La Confrérie des Fous.
Drôle, inventif et parfaitement orchestré
par le metteur en scène Alain Sachs, le spectacle du Quatuor, réglé au millimètre près comme
un mécanisme d’horlogerie bien huilé, semble
réunir tous les talents : musiciens virtuoses
Le 15 avril au Théâtre du Léman : Le Quatuor
a
prix de la SACD de la Francophonie en 2003. Il
a connu le succès avec ses précédents spectacles
- “Djurdjurassic bled“, “Un bateau pour
l'Australie“, “Le dernier chameau“, et la pièce
“Tous les Algériens sont des mécaniciens“ ainsi qu’avec le rôle de Monsieur Lazhar dans le
film de Philippe Falardeau (Festival de Locarno
2011).
effectuant un échafaudage humain,
mais aussi jongleurs, chanteurs,
comédiens, danseurs, et humoristes, bien sûr !
Les 25 et 26
avril, ce sera à l’humoriste
kabyle
Fellag d’enflammer le public de la
salle communale
Les 25 et 26 avril à la Salle communqle d’Onex : Fellag © Sylvain Bocquet
d’Onex. Le point
de départ de son
nouveau spectacle, Petits Chocs des
Fellag affirme son amour autant pour la
Civilisations, est un sondage affirmant que le France que pour l’Algérie, avec cet énoncé “les
plat préféré des Français est … le couscous. Se deux mamelles de ma mère Patrie“, et l’on peut
qui permet à Fellag de déployer son humour, imaginer qu’il a forcément une opinion sur des
toujours ironique et tendre, en auscultant la sujets actuellement “sensibles“ - la place de
France et l’Algérie, en sociologue perplexe et l’Islam en Occident, les relations entre la France
philosophe décalé. Ce spectacle, signé et inter- et le Maghreb, ou entre le Sud et le Nord. Son
prété par Fellag, dans une mise en scène de nouveau spectacle, créé à partir du texte écrit en
Marianne Épin ofre une savoureuse dose de bur- 2002, Comment réussir un bon petit couscous,
lesque et d’absurde.
fournira certainement quelques réponses au
public. Tendre, poétique et incisif, et enrichi de
Fellag est né en Kabylie en 1950, il a fait trouvailles et de textes inédits, ce spectacle disdes études d'art dramatique à Alger et a débuté serte donc sur le désormais fameux choc des
un beau parcours de civilisations, qui fait régulièrement la une de
comédien et d’auteur. l’actualité.
C’est là-bas qu’il
monte son premier one
Les Récrés-spectacles destinés au jeune
man show. En 1995, il public acueillent, les 15 et 17 avril, Allegretto,
s’exile en France - un spectacle de clown dès trois ans. Deux
comme de nombreux clowns musiciens attendent le train et regorgent
artistes algériens qui d’idées pour passer le temps : Lulu veut chanter
fuient la décennie de à la Scala de Milan et Chichili porte ses bagala terreur terroriste - ges, mais il y a ajouté quelques instruments
mais poursuit sa car- inattendus. Sur le quai de gare, elle chauffe sa
rière au cinéma et au voix et répète sérieusement ses airs, tandis que
théâtre. En 1998, il lui calme sa faim en se faisant griller du maïs
reçoit le Prix du sauté.
Firouz Pillet
Syndicat
de
la
www.spectaclesonesiens.ch
Critique, puis le Prix
Raymond Devos et le
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s pec tac les
théâtre des marionnettes de genève
Le Chat sans queue
Au mois d’avril, le Théâtre des Marionnettes ne proposera qu’un seul spectacle,
La chat sans queue, du 10 au 28 avril, une création du TMG destinée aux
enfants dès quatre ans. Le texte, la mise en scène et la scénographie sont signés
du maître des lieux, Guy Jutard d’après le récit de Germano Zullo et les
dessins d’Albertine.
Les chats ont, paraît-il, neuf vies : c’est dire
s’ils sont doués pour les métamorphoses. Il était
une fois un petit chat malheureusement dépourvu de queue. Le spectacle le présente, solitaire
avec son cartable sur le chemin des écoliers. Le
queue afin de compléter son anatomie pour
faire de lui un minou ordinaire ? Son destin
croise la route de deux compères, Marcel et
Jean-Claude qui sont de la trempe du collectionneur, passionné à recueillir tout ce qui sort de
férence et de la manière de la vivre. Ce spectacle suggère que le sentiment éprouvé de la
honte, s’il est difficile à vivre pour le jeune
enfant, n’en constitue pas moins un lien social.
Loin d’être un poison, l’acceptation de ce sentiment et son dépassement permettent aussi de
s’affirmer et de grandir. A côté des hontes paralysantes, il existe aussi des hontes positives et
qui permettent à l’enfant de se construire et
d’apprendre le respect de l’altérité. Les deux
manipulateurs et conteurs mènent ce ballet de
figurines évoluant autour de l’idée de la différence, à vivre, éprouver et accueillir. Par
instants, ils revêtent un habit de marionnette,
devenant personnages parmi les protagonistes
hauts en couleurs du récit.
Les marionnettes élaborées par Albertine et
Guy Jutard, assistés de Mathias Brügger, sont
49
«Le chat sans queue» © Cedric Vincensini
chaton se sait différent des autres félins. Chacun
le moque, le prend de haut, le pointe du doigt et
l’affuble de quolibets, l’obligeant à se cacher et
à fuir. Le chat sans queue se fait botter, chasser
de partout et se retrouve bien désemparé et seul.
Parviendra-t-il à masquer son imperfection ?
N’y aurait-il pas dans cette cité traversée à
intervalles réguliers par une subtile trapéziste
funambule, une boutique pour lui délivrer une
a
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u
l’ordinaire, devenant fantastique. Le chat sans
queue deviendra-t-il le fleuron de leur collection
? Au fil de cette fable qui évolue dans une
atmosphère à la fois tendre et légère, étonnante
et surréaliste, tout devient de plus en plus étrange, hypnotisant, envoûtant, et bien sûr captivant.
A l’instar des expériences des petits écoliers dans les préaux d’école primaire, Le chat
sans queue aborde le thème essentiel de la dif-
a
l
i
t
animés par Olivier Carrel et Jacques Douplat
sur une musique de Hélène Zambelli. D’une
vive et colorée candeur, les dessins d'Albertine
donnent le ton. Humains, animaux et objets s'amusent à se déformer au cœur d’une joyeuse
fantaisie.
Firouz Pillet
www.marionnettes.ch
é
Château Rouge, Annemasse
(location +33 / 450.43.24.24)
Les 3 et 4 avril : « In Love with Federer »
Photo Augustin Rebetez
Le 17 avril : « La Barbe-Bleue »
Photos ©
Bonlieu, Annecy
(réservations au +33 / 450.33.44.11)
Photo Mario Del Curto / Strates
Du 3 au 5 avril :«Hans was Heiri»
Du 10 au 13 avril : «Cyrano de Bergerac»
Photo Brigitte Enguérand
photo Vincent Arbelet
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Prune Beuchat
Prune Beuchat
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forum de meyrin
Foofwa d’Imobilité
Le danseur et chorégraphe bien connu des Genevois fera escale au Forum
de Meyrin où il offrira au public, le 30 avril, une conférence dansée sur
l'histoire de la Danse au XXe siècle, sous l’intitulé Histoires Condansées.
Ensuite, les 7 et 8 mai, il présentera son ballet «Fenix», ballet offert
en première mondiale à Venise lors du Festival Lo Spirito della musica
di Venezia.
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une atmosphère proche de la transe. Si l’intention générale est d’exploiter des formes de communications primaires où l’instinct joue un rôle
moteur, il n’en demeure pas moins que l’ensemble du dispositif chorégraphique est bâti selon
une construction savante, parfaitement maîtrisée
par les exécutants, danseurs, musicien et plasticien, qui tour à tour font résonner les accords de
l’immuable révolution du cycle de la vie.
Françoise-Hélène Brou
- Mardi 30 avril : Histoires condansées. Foofwa présente
la danse, d’'Isadora Duncan à Pina Bausch, de la danse
expressionniste allemande à l'avènement de la dansethéâtre belge...
- Mardi 7 et mercredi 8 mai à 20h30 : Fenix.
Foofwa d'Imobilité - Neopost Ahrrrt
La production de Fenix, commissionnée par la Fondation
Teatro La Fenice en collaboration avec la Fondation
Bevilacqua La Masa et la Compagnie Neopost Ahrrrt, a
également bénéficié du soutien de la Ville et du canton de
Genève, de la Fondation suisse pour la culture Pro
Helvetia, du Théâtre Forum Meyrin, de la Fondation
meyrinoise pour la promotion culturelle, sportive et
sociale, de la Stiftung Corymbo, de Action Intermittents
et de l’ADC Association pour la Danse Contemporaine
Genève.
«Fenix» par la compagnie Neopost Ahrrt © Gregory Batardon
Ainsi, dans le cadre du Festival Lo spirito
della musica di Venezia, qui s’est tenu en juillet
2012, le Théâtre de la Fenice a présenté en première mondiale absolue Fenix, un projet multimédia de danse et d’art contemporain conçu et
réalisé par le chorégraphe Foofwa d’Imobilité et
l’artiste Stefano Arienti. La partie musicale,
interprétée in vivo, a été composée par Antoine
Lengo avec la collaboration de Foowa et de ses
danseurs, une partition dominée par le son du
sheng, un antique instrument à vent chinois,
sorte d’orgue à bouche, qui avait la réputation
d’imiter le chant du phénix. Les danseurs de la
compagnie Neopost Ahrrt (Ruth Childs,
Michèle Gurtner, Edouard Hue, Richard
Kaboré, Nicolas Leresche, Foofwa d’Imobilité,
Anja Schmidt), fondée en 2000 par Foofwa,
exécutent une chorégraphie qui s’inspire du
mythe du phénix renaissant perpétuellement de
ses cendres. Le thème se développe en une série
de binômes : mort et résurrection ; disparition et
transfiguration, épuisement et régénération,
individuel et universel, qui se rejoignent dans
l’idée générale du cycle vital. Dans ce dialogue
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entre art et danse, Stefano Arienti a dessiné les
costumes de scènes, créé une intervention vidéo
projetée une heure avant le spectacle et monté
une exposition présentée à la Fondazione
Bevilacqua La Masa au Palazzetto Tito.
Géométrie dans l’espace
Fondée sur l’idée de vie et de mort, la chorégraphie insiste sur l’opposition de figures :
symétrie et asymétrie, haut et bas, horizontalité
et verticalité, lenteur et rapidité. Les mouvements de circularité et autres effets de chute et
de redressement dynamisent le tempo tout en
assurant une continuité entre les déplacements,
en groupe ou individuel, des danseurs. Cette
géométrie dessinée dans l’espace se développe
de façon répétitive et obsédante, comme un
rituel initiatique et où interviennent des séquences sonores provenant des propres interprètes :
souffles, inspirations, expirations, énonciations
de phonèmes, un matériel qui vient se superposer au bruissement des corps, aux sonorités
amplifiées du sheng, l’ensemble acoustique et
corporel contribue à créer par paliers successifs
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Le 30 avril : «Histoires condansées par Foofwa
d’Imobilité © Gregory Batardon
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à genève et lausanne
Nelson Goerner
Le pianiste Nelson Goerner sera au Victoria Hall le 21
avril, aux concerts de l'OCL à Lausanne les 22 et 23
avril. Portrait d'un Argentin qui affectionne notre
pays...
Né en 1969 à San Pedro, tout au nord de l'Argentine, Nelson Goerner
commence l'étude du piano à cinq ans. Ses enseignants repèrent très vite
son talent et envoient ce surdoué âgé de six ans dans la capitale, où il étudie avec Jorge Garruba, lequel a eu une influence décisive; l'ancien élève
dit avoir appris de lui à se montrer sensible, curieux des cultures, des
esthétiques et des gens; ces dernières
années, le concertiste est parti à l'exploration du pianoforte (il s'est, par exemple, produit avec Frans Brüggen) tout en
gardant, dans d'autres concerts, l'instrument moderne...
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bre, et a un penchant très fort pour le récital, lequel représente néanmoins
un défi redoutable. Mais c'est, pour lui, la communion avec son public qui
apporte les plus grandes satisfactions.
Enseignement
Aujourd'hui, Nelson Goerner prodigue ses conseils au Royal Nothern
Music College de Manchester - à des élèves très avancés - sans avoir
rompu ses contacts avec le Conservatoire de la ville de Calvin, puisqu'il a
élu domicile dans cette cité. Le musicien dit vouloir inculquer aux jeunes
le sens du travail, encore et encore, pour pouvoir bien aller au fond des
choses, afin d'ensuite pouvoir élaborer un discours interprétatif de qualité.
Le labeur, source d'émerveillement, permet la découverte, si on y met la
curiosité nécessaire, pour lui évidente. Le maître explique ne pas aborder
un texte avec une image nette, c'est à force d'explorer les portées que l'image tend à se fixer. Cette profession de foi transparaît dans son jeu;
l'Argentin fait preuve d'un grand intérêt pour Liszt, car ce compositeur,
affirme-t-il, l'oblige à sortir de lui-même, à se projeter. Son répertoire cou-
Récompenses
En 1980, le tout jeune artiste donne
son premier concert dans sa ville natale;
en 1986, il obtient le Premier Prix du
Concours Franz Liszt de Buenos Aires.
Toujours très précoce, il se produit en
Argentine et en Uruguay. Découvert par
sa compatriote Martha Argerich, elle lui
fait décerner une bourse d'études pour
aller au Conservatoire de Genève.
(L'amitié s'est poursuivie tout au long
des années, en 2011 l'artiste s'est présenté à Verbier en compagnie de son
aînée.) Pendant sa formation dans la cité
du bout du lac, le boursier bénéficie des
conseils de Maria Tipo (classe de virtuosité); elle lui cède son poste d'enseignante en 1990.
Septembre 1990 marque un tournant; le Premier Prix à l'unanimité du
Concours de Genève lui est décerné après une interprétation du Concerto
n° 3 de Rachmaninov (préparé avec Maria Tipo) en compagnie de
l'Orchestre de la Suisse Romande. Cette récompense lance sa carrière et
l'homme participe aux grands festivals européens : La Grange de Meslay
(en remplacement de Sviatoslav Richter, au pied levé), Berlin, Londres ou
Lucerne, ainsi qu'en Espagne et en Autriche. En musique de chambre, ses
mains s'associent avec les archets des quatuors Takacs ou Carmina. Le pianiste est devenu complice de Fabrizio von Arx, ou Maria-João Pirès. On a
également entendu Nelson Goerner avec diverses phalanges comme le
Philharmonia Orchestra sous la direction de Claus-Peter Flor, ou le Royal
Scottish National Orchestra avec Neeme Järvi.
Parmi toutes ces formes de musique, son cœur balance; l'interprète
aime être sollicité par l'orchestre, goûte l'intimité de la musique de cham-
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Nelson Goerner © Jean-Baptiste Millot
vre également Chopin, Brahms, Rachmaninov ou Busoni. Maîtrisant les
difficultés virtuoses, le concertiste élabore un jeu scintillant et précis, qui
met en évidence le rythme et les effets. Tout cela renvoie à des déhanchements bien en vogue sur les rives de la Plata !
Pierre Jaquet
Disques chez Cascavelle, EMI et Chandos
Genève, Victoria Hall, 21 avril à 20h 30, avec Sol Gabetta, violoncelle
Beethoven, 7 Variations sur "Bei Männern weiche Liebe fühlen"
Beethoven, Sonate pour violoncelle No.3 en la Majeur, Op. 69
Rachmaninoff, Sonate pour violoncelle en sol mineur, Op. 19
F. Servais, 2 Fantaisies sur des thèmes russes
Lausanne, Salle du Métropole, 22 et 23 avril à 20h 30 (avec l'OCL) Kyril Karabits /
François Sochard
Berg, Kammerkonzert
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les grand interprètes
Piotr Anderszewski
De nature rebelle et disposant de trois cultures dans son CV, Piotr
Anderszewski semble avoir construit sa carrière à contre-courant de celles
de ses illustres pairs. Rencontre avec un as du clavier que n’en fait qu’à sa
tête. Une tête tout sauf tempérée…
fois caché dans les coulisses et a fini par approcher le maestro de près, en devenant son “tourneur de page“, l'espace d’un concert…
Aujourd’hui, c’est un artiste complet qui
évolue entre récitals, concerts, musique de
chambre et direction. Son agenda ne déborde
pas de tours du monde en quelques jours déraisonnables. Il n’hésite pas à annoncer une pause,
comme en 2011, à prendre de la distance avec
les médias. Il n’enregistre pas au kilomètre. Il
soigne ses collaborations. Il protège sa vie privée.
Des goûts et des couleurs…
Non, il n’a pas été un enfant prodige qui
préfère jouer du piano plutôt que taper le ballon
avec ses copains. Lui, il a détesté les gammes et
les études au clavier. Non, il ne pense pas que
l’exercice assidu puisse mener à une interprétation parfaite. Lui, il préfère réfléchir dans sa
tête, extérioriser son intérieur. Et non, il n’a pas
couru le monde à la recherche d’un maître-gourou, il n’a pas en grande estime ces musiciens
“pique-assiettes“ qui prennent leur toucher chez
l'un, leur phrasé chez l’autre… Lui, il ne veut
pas jouer la partition, il veut s’exprimer par son
art !
Il n’a pas non plus débuté de manière
brillante dans une grande compétition internationale. Les concours, il n’en a fait qu’un seul,
celui de Leeds en 1990, qu’il a d’ailleurs abandonné alors qu’il était près du but. Il faut du
caractère pour se lever et partir en pleine demifinale quand on n’est pas satisfait de son propre
jeu. Ou peut-être, une sacrée dose d’humilité ?
Les Variations Diabelli ont toujours été sa pièce
maîtresse, c’est Webern qui l’a fait fléchir. Mais
cela a suffi pour attirer la critique: un faux
départ qui s’était avéré très fructueux…
L’homme de la musique ou la
musique de l’homme ?
Quelle place occupe vraiment la musique
dans sa vie ? Est-il un rebelle qui s’exprime à
travers des sons, un acteur qui écrit sa carrière
au gré de ses envies, ou, au contraire, un pianiste talentueux qui “ne se prend pas la tête“, ne
mise pas sa vie sur son instrument ? Dans l’œil
de la caméra de Bruno Monsaingeon, la
musique ne quitte pas Anderszewski une seconde; il joue comme les autres vont au marché:
c’est vital, c’est logique, c’est naturel. Il remplit
l’écran et la scène avec un charisme digne de
Rubinstein. Il y a des hommes qui chantent sous
la douche; lui, il chante en jouant, comme
Glenn Gould le faisait aussi. Ses héros ne sont
pas jeunes, ils sont atemporels. Pour rencontrer
Richter, le jeune polono-hongrois s’était une
Il ne joue que ce qu’il aime… Ce n’est pas
à lui que l’on arrivera à imposer programmes ou
compagnie… Il n’a nul besoin de s’aventurer
dans les projets contemporains, futuristes ou
cross-over.
Dans son répertoire — devrait-on plutôt
parler de sa collection, son jardin intime ou
encore son univers ? — une place d’honneur est
réservée à ses compatriotes polonais, Chopin et
Szymanowski. Il distille ces légendes à petites
doses, loin du patriotisme touristique à bon marché. Sur la planète Anderszewski, le puissant
Beethoven, le nostalgique Schumann et le badin
Mozart se côtoient quotidiennement, en bons
amis. Sa culture francophone se reflète dans
Debussy. Mais c’est le grand Jean-Sébastien qui
reste — non détrôné — au centre de ses soins.
Au fil des années, son approche de Bach a évolué: ciselé et construit à ses débuts, il s’est progressivement teinté d’une nuance romantique,
beaucoup plus chantante, ample et moelleuse…
Un Bach bien cosy, un hôte que chacun aurait
bien voulu convier chez soi…. Nous retrouverons ce climat au Victoria Hall le 18 avril. Il ne
peut en être autrement.
Beata Zakes
A voir et écouter, trois documentaires de B.
Monsaingeon:
Beethoven Variations Diabelli 2006.
Voyageur intranquille 2008
Anderszewski joue Schumann 2010
18 avril 2013 Victoria Hall à 20h00.
Au programme: Bach, Janácek, Schumann
Location/Renseignements: Service Culturel Migros 022
319 61 11
www.culturel-migros-geneve.ch
Points de vente: Service culturel Migros
Piotr Anderszewski © Robert Workman
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entretien en marge d’un concert genevois
Antonio Pappano
Antonio Pappano est, en dépit de la consonance italienne de son nom, un
chef d'orchestre britannique d'origine italienne dont la famille a émigré
aux Etats-Unis alors qu'il avait treize ans. Il est depuis 2002 directeur musical du Royal Opera of Covent Garden à Londres et, depuis 2005, chef attitré de l'Orchestre de l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia à Rome.
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Cet orchestre n'est pas aussi connu que
celui de la Scala de Milan ou même du Mai
Musical florentin. Et pourtant, il a été fondé en
1908 déjà, et reste, aujourd'hui encore, une des
rares formations instrumentales de la Péninsule
qui se dédie essentiellement à la culture du
grand répertoire symphonique international
alors que ses incursions dans une fosse d'opéra
restent rares. Les plus grands noms de la
musique ont été invités à le diriger : Mahler,
Strauss ou Stravinsky, pour ne citer que trois
grands compositeurs, ont fait escale à Rome
pour y diriger quelques-unes de leurs œuvres;
parmi les chefs qui ont été invités à se produire
à Rome, citons Toscanini, Furtwängler,
Mengelberg, Karajan, Solti, Giulini ou Kleiber.
Et actuellement, il n'y a pratiquement pas un grand nom qui fasse
défaut dans la liste des hôtes invités
à faire le pèlerinage romain :
Bernstein,
Sawallisch
puis
Temirkanov, Prêtre, Thielemann,
Muti, Abbado, Gergiev entre autres, se sont succédé sur le podium
de cette phalange d'une qualité
exceptionnelle.
Interrogé sur les qualités de l'orchestre qu'il
dirige maintenant depuis plus de sept ans, le
chef aime à définir une sonorité particulière
qu'il compare volontiers à la sensation onctueuse, fruitée, parfois même suave que laisse sur le
palais un Amarone du Veneto fait avec des grappes de raisin presque séchées sur pied...
Lorsque, dans l'interview téléphonique
qu'il a bien voulu m'accorder, je lui demande ce
qui différencie la sonorité de cet orchestre de
celles des ensembles européens du Nord, il me
répond immédiatement :
- Le cantabile! Les musiciens italiens sont nés
avec un culte de la voix qui irrigue leur pratique
de la musique instrumentale. Lorsqu'ils jouent
du violon ou qu'ils soufflent dans un cor, les
musiciens entendent le son de leur instrument
comme celui d'une voix; ils cherchent à le faire
respirer, à en arrondir les angles, à en polir les
cadences comme s'il s'agissait d'une ligne mélodique tirée d'une pièce vocale. Et il n'y a pas là
l'intention 'perverse' de faire sonner une symphonie de Brahms comme une page de musique
lyrique ou spirituelle, mais bien plutôt de cultiver un art du son qui n'oublie jamais que les plus
beaux témoignages italiens de la musique sont
nés dans le chœur d'une église ou sur une scène
de théâtre.
Iriez-vous jusqu'à parler d'un recherche de vocalité dans leur appréhension de la
musicalité d'une phrase instrumentale ?
On peut le dire ainsi, en effet. Plus qu'ailleurs en
Europe, un instrumentiste italien a besoin de se
référer au chant pour savoir si le son porte correctement, s'il vit, s'il transmet aux auditeurs
réunis dans la salle une vibration comparable à
celle de la voix. Lorsque vous prenez la baguette face à un tel groupe de musiciens, il est impératif de tirer le maximum de cet art du cantabile; car c'est précisément cette attention portée à
la respiration de la phrase musicale qui stimule
chez ces instrumentistes la confiance qu'ils vous
accordent sans réticence s'ils sentent que vous
partagez leur quête du souffle vital irrigant la
partition. Cela ne veut bien sûr
pas dire qu'il ne faut pas essayer
de trouver le style approprié à une
page de Rachmaninov ou de
Berlioz, mais il y a toujours, dans
chaque école nationale, une petite
marge qui permet de cultiver cet
art inimitable de faire chanter les
sons à la manière de la voix
humaine.
Exigence et séduction
Après l'Ouverture de La
Forza del destino de Verdi, vous
allez interpréter au Victoria
Hall Le Poème de l'Amour et de
la Mort d'Ernest Chausson.
Avez-vous fait ce choix pour
souligner une éventuelle parenté stylistique entre les deux
interprétations de ces pièces de
style pourtant fort différent ?
Partagé entre ses origines italiennes, son éducation à l'anglaise et
ses années de formation passées
aux Etats-Unis, Antonio Pappano
réunit le meilleur des diverses cultures qui l'ont marqué. A une exigence technique extrême qui ne
passe rien aux musiciens qu'il dirige
s'allie le sens d'un phrasé séducteur
attestant son attachement à la culture italienne du chant, du beau son,
de la respiration naturelle ainsi que
du développement équilibré de la
structure d'un mouvement symphonique ou d'un air d'opéra.
Non, car à l'origine, c'est une
pièce d'Elgar (In the South) qui
aurait dû figurer en ouverture de
programme. Cela aurait fait sens,
à mon avis (c'est d'ailleurs ce que
je vais diriger lors du concert du
Antonio Pappano. Crédit Sheila Rock © Emi Classics
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début de la tournée qui aura lieu à Rome)
car cette page du compositeur anglais est
littéralement irriguée par le formidable
sentiment de puissance tellurique qui se
dégage du spectacle de la Nature non
encore domestiquée par l'homme. Et c'est
ce même sentiment qui domine à mon
avis les trois séquences du Poème de
Chausson, où la partition dépeint l'émerveillement mêlé de crainte qui habite l'être humain devant ce qui le dépasse. Les
moyens stylistiques sont bien sûr totalement différents, mais l'essence de l'émotion ressentie est de même nature.
Malheureusement à Genève, pour des raison que j'ignore, les responsables de la
programmation en Suisse ont préféré que
je remplace Elgar par Verdi; est-ce une
concession à l'année du bicentenaire de la
naissance de ce compositeur ? Peutêtre!...
Accademia Nazionale di Santa Cecilia-Orchestra and Chorus with Sir Antonio Pappano
© Riccardo Musacchio & Flavio Ianniello
Qu'est-ce qui vous attire dans
cette pièce française qui figure assez rarement au programme des orchestres, même en
France ?
On a tort, à mon avis, de souligner systématiquement la légèreté de touche, le raffinement, la
transparence de la musique française, comme si
les compositeurs de l'Hexagone étaient incapables de faire entendre autre chose! A mon avis,
ce préjugé - car c'est bien de cela qu'il s'agit - est
d'abord celui des musicologues et autres critiques de la presse spécialisée. Si l'on excepte
Ravel, tous les compositeurs de la fin du siècle,
Debussy compris, ont été en effet très fortement
influencé par Wagner. Leur musique ne serait
pas ce qu'elle est si le compositeur allemand n'avait pas servi de point de référence. Il est pour
moi patent que la prosodie musicale du compositeur allemand a grandement contribué à l'élaboration des langages sonores qui, soit par imitation, soit par rejet, se sont forgés dans la
France de la fin du XIXe siècle. Dans le cas du
Poème de Chausson, la puissance d'évocation de
cette musique n'a rien de léger ou de transparent
: elle empoigne l'auditeur avec une fougue grandiose qui ne lui laisse aucune chance de repli
dès qu'il est entré dans cet univers musical littéralement envahissant. Il s'agit là d'une composition forte, directe, où l'orchestre et la voix
jouent à cache-cache; tantôt le commentaire
instrumental se glisse au premier plan alors que
la voix se contente d'une sorte de parlando dramatique, tantôt le chant s'élève avec une liberté
et une ampleur radieuse qui lui assurent une
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prééminence indiscutable pendant que l'orchestre retrouve sa place d'accompagnateur attentif.
Il serait bien sûr faux de faire de cette page un
opéra miniature, mais il serait tout aussi discutable de n'en souligner que les transparences
diaphanes au détriment de l'intensité qui se
dégage des moments les plus emphatiques.
La
Sixième
Symphonie
de
Tchaïkovski conclut donc presque naturellement ce concert ...
La donne musicale est différente ici. Certes, le
compositeur russe a montré sa maîtrise du genre
lyrique dans de nombreuses partitions lyriques
dont certaines sont encore à découvrir dans le
monde occidental. Mais ses symphonies ne sont
pas du théâtre avant la lettre. Tchaïkovski s'est
vu plusieurs fois reprocher par les critiques de
son temps l'écriture de ces pages qu'on accusait
à tort de n'être que des ballets travestis. Et pas
seulement dans les mouvements construits sur
un rythme de valse! Ces symphonies sont d'abord de magnifiques hommages à la sensibilité
musicale russe, elle aussi imbibée de vocalité,
comme l'italienne. Je dirais pour faire court que
la langue russe est caractérisée par son horizontalité, c'est-à-dire une succession d'accents forts
et faibles qui assujettissent le rythme et le profil
mélodique du message musical. Le langage
symphonique du compositeur russe se ressent
de cette sensibilité avec ses brusques oppositions de rythme, ses changements d'atmosphère
ramassés sur quelques mesures, voire sur une
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seule. On peut y voir l'influence du théâtre; je
préfère, pour ma part, y trouver l'écho de la personnalité névrotique du musicien dont on sait
qu'il a passé une bonne partie de sa vie à cacher
sa nature profonde pour éviter d'être rejeté par
ses concitoyens. Cette symphonie est un fabuleux mélange de nostalgie morbide et d'énergie
révoltée. Et je suis toujours bouleversé lorsque
je dirige l'extraordinaire mouvement final, que
je comprends comme une sorte d'aveu d'impuissance face au destin. Avec cette musique qui
tend vers le silence, Tchaïkovski prend ici
dignement congé du monde qu'il a enrichi de
tant de partitions miraculeuses. Et nul ne peut
douter, en entendant cette forme de halètement
tragique qui traverses les dernières mesures, que
le compositeur savait, en l'écrivant, qu'il ne lui
restait plus beaucoup de temps à vivre.
D'ailleurs, n'est-il pas mort dix jours après la
première de cet ultime ouvrage ?
Propos recueillis au téléphone par
Eric Pousaz
Genève, Victoria Hall, 11 avril, 20 heures . Concert de
l'Orchestre de l'Accademia nazionale di Santa Cecilia,
dir.: Antonio Pappano. Au programme : Ouverture de la
Force du destin de Verdi, Le poème de l'Amour et de la
Mort d'Ernest Chausson avec Marie-Nicole Lemieux en
soliste et la Symphonie no 6 dite 'Pathétique' de
Tchaïkovski
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festival du 5 au 13 avril
Cully Jazz
Haute en couleurs et des plus rythmées, à l'instar de
l'affiche de cette 31e édition, la programmation du
Cully Jazz 2013 ne ment pas : le flamenco y côtoie le
jazzrap, les voix féminines (de la funky à la plus
feutrée) rivalisent avec des duos de musiciens souvent
inédits, tandis que Cuba s'improvise voisine du Mali. La
littérature y trouve même son mot à dire !
Où écouter du jazz pendant neuf jours, à l'occasion de 25 concerts
payants et 70 gratuits, tout en rendant hommage au bachique Rabelais
dans quelque caveau vigneron unescal ? A Cully pardi ! Tandis que le
Chapiteau, le Next Step et le Temple reçoivent les artistes in (payants), les
carnotzets s'ouvrent aux musiciens du off. Tendez l'oreille !
Holland flamant
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A priori, le flamenco est au jazz ce que le parapluie est à la machine à
coudre. Pourtant, le contrebassiste anglais Dave Holland conçoit qu'ils peuvent néanmoins se rencontrer sur une table de dissection, ces deux styles n'étant pas incompatibles. Tout devient donc possible pour cet artiste venu à la
musique en autodidacte, qui s'est fait une réputation dans l'improvisation. «
Si l'on cultive des tulipes en Hollande, si l'on improvise des flamencos en
Espagne, nous en sommes tous enrichis en l'homme », disait déjà Saint-Ex.
Holland a marqué l'histoire du jazz parce qu'il avait été choisi par Saint
Miles Davis pour prendre la place de Ron Carter dans son deuxième quintet
(composé aussi de Chick Corea, Tony Williams et Wayne Shorter). C'est
donc un peu grâce à la participation d'Holland sur l'album Filles de
Kilimanjaro (1968) que le grand Miles a quitté sa période acoustique pour
plonger dans le jazz rock électrique. Autre corde à sa contrebasse, Holland
le touche à tout, sideman d'Anthony Braxton, Keith Jarrett, Roy Haynes, Pat
Metheny ou Stan Getz, affectionne également les brass bands. A écouter en
toute urgence !
Rokia Traoré
Duo packs
Deux pour le prix d'un : on aurait tort de s'en priver ! Elina Duni donne
la réplique au pianiste Colin Vallon, le trompettiste sarde Paolo Fresu répond
au pianiste cubain Omar Sosa. Tandis que le pianiste François Couturier s'amuse avec la violoncelliste Anja Lechner, cet autre pianiste, Baptiste
Trotignon, accompagne le percussionniste Minino Garay (mais sans Jeanne
Added; snif !). Le chanteur-guitariste Gianmaria Testa ne peut déclamer sa
poésie qu'avec le clarinettiste Gabriele Mirabassi. Et le New Yorkais Eric
Bib retrouve ses racines blues africaines auprès d'un autre guitariste, Habib
Koité. Ne peut-on vraiment pas prononcer le mot “corde“ sur scène ?
Mots-valises vocalises
Fame fame fame
Le batteur et compositeur Jérôme Berney a écrit une partition pour
l'Académie vocale de Suisse romande. Cette appellation administrativopompeuse cache mal ses ambitions : restituer, à l'aide de choristes professionnels, les mots de François Debluë sous la férule de Dominique Tille.
Rien que ça!
L'actualité contemporaine n'échappe pas non plus à ce petit village d'irréductibles de Lavaux (et non "du Lavaux"). Et le Mali espère que tout rentrera dans l'ordre lorsque les bottes françaises auront quitté le territoire jadis
mis en mots par Hampaté Bâ. En attendant, les musiciens maliens réunis
autour de l'organiste, chanteur et producteur Cheick Tidiane Seck (compagnon de route d'Hank Jones, Santana, Dee Dee Bridgewater, Manu
Dibango…) chantent l'espoir.
A côté de ces ménestrels des temps modernes que sont les rappeurs
Oxmo Puccino, Blitz the Ambassador ou Gaël Faye trompette le troubadour nomade Eric Truffaz. De retour de l'exotique étranger, il ramène dans
ses bagages la chanteuse Anna Aaron, jeune sirène bâloise (Blue movie ;
Sea monsters). A propos de son dernier album, El Tiempo de la Revolución,
Truffaz dit qu'il « exprime les révolutions successives qui actent notre vie,
comme un long poème que l’on écrit au fil du temps dans un espace où l’on
est à la fois acteur et spectateur. Le temps de la révolution est aussi celui de
la naissance, de l’amour et de la mort. C’est un combat pour un monde plus
juste sous la seule bannière de l’art. La musique nous permettant de tisser
un lien entre le ciel et la terre. »
Dites-moi donc où trouver un festival de jazz qui se permet même le
luxe de la poésie.
Cette année, le Cully jazz met ses ouailles
sur les bonnes voix en invitant la souleuse
Cully Jazz Festival, du 5 au 13 avril; www.cullyjazz.ch
Terrasson a 20 ans
Tous les prétextes sont bons pour jammer et, à Cully, ils ne manquent
pas. Ainsi le pianiste franco-américain Jacky Terrasson profite-t-il de sa
carte blanche pour inviter ses amis d'orgies : le compositeur-sax Michel
Portal, le percussionniste argentin Minino Garay et le trompettiste-batteur
Stéphane Belmondo, entre autres potes
mélomanes. Pour rappel, en 20 ans de carrière, Terrasson a enregistré trois albums en trio
chez Blue Note et accompagné Dee Dee
Bridgewater et Betty Carter dans leur tournée
respective. Le New York Times le classe «
parmi les artistes qui pourraient changer la
culture du jazz des trente prochaines
années » ! Dont acte.
Gianmaria Testa
© Studio Bologna Maggio
Meshell Ndgeocello (choriste pour Madonna, partenaire de Mellencamp et
bassiste sur un disque des Stones), sa compatriote Lizz Wright (camarade de
jeu d'Angélique Kidjo ou de Dianne
Reeves), sa cadette portugaise la créative
Luisa Sobral (chanteuse, guitariste et dessinatrice), les chanteuses-gratteuses Rokia
Traoré, Fredrika Stahl et Nina Attal, ou
encore les simplement gratteuses du quatuor à corde Barbouze de chez Fior, qui
prennent le métro pour l'abréviation de
métronome. Enfin, on n'oublie pas cet
ensemble contrebassiste composé de sept
corps de femmes, avec ouïes en f, vus de
dos par Man Ray, que n'aurait pas boudés
Popol Lavanchy auquel ils rendent un
vibrant hommage.
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Frank Dayen
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sur les scènes en avril
Agenda genevois
Petit tour d’horizon des divertissements musicaux printaniers qu’offre la
cité du bout du lac.
Madame Butterfly viendra annoncer le
printemps sur la scène du Grand Théâtre à partir du 20 avril, et ce jusqu’au 5 mai prochain.
Cette coproduction avec l’opéra de Houston est
signée par Michael Grandage, et sera dirigée
dans la fosse par Alexander Joel. Karine
Babajanyan tiendra le rôle-titre, tandis que
Arnold Rutkowski sera le lieutenant Benjamin
Franklin.
directeur artistique, Arie van Beek, avec au
piano son chef actuel, David Greilsammer. Des
œuvres variées de Prokoviev, Haydn ou Haendel
sont annoncées. L’intégrale des concertos pour
piano de Mozart se poursuit ensuite le 28 avril,
Pascal Amoyel © Jean Philippe Voidet
Les Concerts du dimanche de la Ville de
Genève accueillent, le 21 avril au Victoria Hall,
la violoncelliste Sol Gabetta et le pianiste
Nelson Goerner pour un programme Beethoven,
Rachmaninov et Servais.
L’Orchestre de la Suisse Romande nous
invite à un festival Mozart-Dvo ák qui se tiendra au Bâtiment des Forces Motrices. Neeme
Järvi en assurera l’ouverture le 17 avril, avec le
Concerto pour basson du Salzbourgeois et des
sérénades du compositeur tchèque. Le 19 avril,
la même baguette recevra la violoniste Patricia
Kopatchinskaja pour interpréter notamment le
Concerto pour violon No 4 de Mozart. Le
dimanche 21 avril, des musiciens de l’OSR donnent rendez-vous à 11h pour clore ce festival
avec le « Jadg-Quartett » de Mozart et avec le
sublime quintette pour piano de Dvo ák.
Le 23 avril, l’Orchestre de Chambre de
Genève propose un concert dirigé par son futur
Patricia Kopatchinskaja © Marco Borggreve
avec l’exécution, toujours par David
Greilsammer, des concertos No 11, 14, 4 et 12.
L’Orchestra dell’Accademia Nazionale di
Santa Cecilia de Rome sera de passage au
Victoria Hall le 11 avril, avec à sa tête Antonio
Pappano. Au programme notamment: la
Symphonie No 6 de Tchaïkovsky et le Poème de
l’amour et de la mer de Chausson. Pour célébrer le centenaire du Sacre du printemps de
Stravinsky, les pianistes Julien Quentin et
Jean-Frédéric Neuburger seront au Victoria
Hall le 19 avril. Hormis le chef-d’œuvre de
Stravinsky, ils interpréteront l’Ouverture de
Shéhérazade de Rimski-Korsakov dans un
arrangement de Ravel, et les Danses symphoniques de Rachmaninov.
Jean-Frédéric Neuburger © Carole Bellaiche
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Le 29 avril, rendez-vous au BFM pour une
soirée romantique telle qu’en connut la ville de
Nohant autour de George Sand, organisée par
Les Concerts du Lac. Des textes de Musset,
Lamartine ou Gautier côtoieront des musiques
de Chopin, Liszt ou encore Schumann, grâce au
comédien Jean Piat et au pianiste Pascal
Amoyel. Au Château de Dardagny, le dimanche
14 avril, le festival Amarcordes propose une
grande journée dès 11h autour de Schubert et de
Mozart, avec les Ensembles Zefiro et Fratres.
Pour les amateurs de musique contemporaine,
l’ensemble Contrechamps sera au Musée d’Art
et d’Histoire le 14 avril pour un concert un peu
rimbaldien, qui nous promet de nous faire
entendre des couleurs.
A ne pas manquer enfin la présence de
Piotr Anderszewski au Victoria Hall, le 18
avril, pour un récital comprenant des suites de
Bach, Sur un sentier recouvert de Janácek et la
Fantaisie de Schumann.
Signalons enfin le récital “pour les droits
humains universels“ que donnera, le 15 avril au
Victoria Hall, le pianiste Miguel Angel
Estrella; le programme offrira des œuvres de
Chopin et de Liszt.
Martina Díaz
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beethoven par le quatuor
l’osr et neeme järvi jouent
Terpsycordes
Joachim Raff
Le Quatuor Terpsycordes est l’une des formations phares
de notre pays. Basé à Genève, il fut fondé en 1997 par
Girolamo Bottiglieri, Raya Raytcheva, violons, Caroline
Cohen-Adad, alto et François Grin, violoncelle.
Neeme Järvi, désormais à la tête de l'Orchestre de la
Suisse Romande élargit encore l’étendue de son
répertoire enregistré en proposant des œuvres
orchestrales de Joachim Raff (1822-1882).
Ils ont tous suivi l’enseignement de Gabor Takacs-Nagy, pour se perfectionner par la suite avec les quatuors Budapest, Hagen, LaSalle et
Mosaïques, parmi d’autres. Un premier Prix au Concours d’Exécution musicale leur a été décerné en 2001. Ils sortent aujourd’hui un dernier disque de
grande qualité consacré à deux quatuors de Beethoven. Leur choix s’explique ainsi : « Il existe une fascinante parenté entre les deux quatuors, relative aux états d’âme qui les animent. Il y a dans ces œuvres une oscillation
entre un état d’exaltation intense, et une profonde mélancolie, cette
Malanconia, qui donne son titre à l’adagio final de l’opus 18 et à l’ensemble du quatuor. »
Le Musée d’art et d’histoire de Genève a prêté aux musiciens des
instruments Vuillaume montés d’époque et c’est la première fois que les
mélomanes pourront entendre l’opus 132 sur ce type d’instruments aux cordes en boyau. Mais le Quatuor s’intéresse tout autant qu’aux modes de jeu
historique, aux particularités de la musique contemporaine.
Dans le quatuor en si bémol, où l’influence de Haydn est bien présente, les instrumentistes mettent en évidence le côté spirituel, malicieux,
joueur, de l’allegro con brio initial. Un délice. Les trois mouvements suivants ne sont pas en reste : partout on retrouve un sens aigu du rebondissement, des contrastes concertés, de la conversation intelligente entre les
instruments,
du
maintien sans faille
des tensions et des
apaisements du tissu
musical.
Vingt-cinq ans
séparent ce premier
quatuor du second :
l’évolution vers une
modernité étonnante
est frappante. La
tradition est bousculée, par les déséquiQuatuor Terpsycordes
libres de la structure
tout comme dans la
diversité des éléments combinés. Là aussi les musiciens se montrent attentifs aux moindres changements d’atmosphère, à la mise en valeur des thèmes, sans soulignement exagéré, à la variation des textures, au fondu ou au
frottement des timbres, dans une dynamique souple et subtile.
L’écoute est recommandée, sans hésitation.
Martine Duruz
Neeme Jarvi © Simon van Boxtel
Méconnu du grand public, Raff est un compositeur allemand, autodidacte, soutenu à ses débuts par Mendelssohn. Auteur de près de trois cent
œuvres dont onze symphonies, gratifié de divers prix pour ses compositions, il devient l’ami de Hans von Bülow ainsi que le secrétaire particulier de Franz Liszt de 1850 à 1856.
Sa Symphonie n°2, ici gravée, se révèle le fruit d’un talent et d’un
métier très sûrs. Le relatif anonymat dans lequel le cours, parfois obscur,
de l’histoire le confine interpelle et incite à la redécouverte. Conquérantes,
hymniques ou pastorales, ces pages orchestrales renvoient de prime abord
l’auditeur à ses références habituelles. Toutefois, chercher à identifier
duquel de Beethoven, Mendelssohn ou Schumann, voire de Weber ou
Wagner, Raff est l’épigone le plus immédiat demeure une quête vaine, tant
le compositeur a doté ses pages orchestrales de touches très personnelles,
tout particulièrement dans les Quatre Préludes de Shakespeare de 1879.
Neeme Järvi cultive la saveur de ces pièces romantiques passionnantes avec un soin des contrastes dynamiques et une souplesse qui ne brident
jamais leur vigueur intrinsèque. L’OSR et son nouveau chef peuvent se
féliciter de servir avec brio un compositeur qui doit, à titre posthume,
retrouver la place qui est la sienne.
Bernard Halter
JOACHIM RAFF
Symphonie n° 2 / Quatre Préludes de Shakespeare
OSR, dir. : Neeme Järvi.
CD Chandos CHSA 5117
LUDWIG VAN BEETHOVEN
Con intimissimo sentimento - OP. 18 No.6, OP. 132
Quatuor Terpsycordes
CD Editions Ambronay
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Théâtre des
Marionnettes
de Genève
LE CHAT SANS QUEUE
Dès 4 ans
10 au 28 avril 2013
Joyeuse fantaisie autour
des aventures d’un chat
extraordinaire.
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mario
nette
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CHIEN BLEU
Dès 4 ans
1er au 19 mai 2013
Le mystère d’une enfance
fantastique face à un chien
protecteur.
3, rue Rodo, Genève – 022 807 31 07
www.marionnettes.ch
GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE
39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY
WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH
Ville de Lancy
République et canton de Genève
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mélanie chappuis aux éditions luce wilquin
Maculée conception
Il y a des images éternelles: la vierge à l’enfant en est une. Elle existait bien
avant Marie et n’importe quelle balade au musée confirme la fascination
qu’elle procure : c’est le lien à l’état pur, l’essence de l’être ensemble.
C’est cette image, qui a été le point de départ de « Maculée conception »,
roman où Mélanie Chappuis nous livre une version possible et troublante
du Nouveau testament, une version où l’amour pour Jésus (Yechoua) est
directement lié à l’amour d’un homme, père bien charnel, dont la vie sera
échangée – selon les Ecritures - avec celle de son fils.
62
Et si Marie n’avait pas été
vierge, mais follement amoureuse
de Barabas, l’homme qui avait été
relâché à la place de Jésus ? Si
Marie avait adoré faire l’amour ?
Et si ce dernier avait été le père de
Jésus ? Et si Jésus avait été marié?
Dans le dernier roman de Mélanie
Chappuis, qui a reçu le prix de la
Relève du canton de Vaud l’année
dernière, il est d’abord question du
lien qui lie une mère à son enfant :
« on est unis par des liens sacrés »,
dit Marie, après avoir accouché de
Yechoua, seule par choix, dans une grotte. Rien
n’est plus vrai, dans son cas. Oui, Maryam aime
follement son enfant, comme une mère, sans
retenue. Car ce cliché, dans le sens noble
du terme est puissant et beau : Mélanie
Chappuis nous en livre l’empreinte, nous
parle avec une écriture libérée des contraintes de l’action rapide, de l’anecdote qui
récupèrerait le lecteur distrait. Elle peint
ces moments de la naissance, qui sont les
mêmes depuis la nuit des temps: le sein, le
sommeil, le regard, l’odeur unique d’une
chevelure de nourrisson à une époque où on
pouvait aimer trop, tout simplement.
Melanie Chappuis. Photo Claude Dussez
Par son écriture en deux temps, Mélanie
Chappuis permet aux taches du passé, aux regrets de l’enfant qu’on a été, au parent qu’on est,
à l’enfant qu’on redevient immanquablement
lorsqu’on devient mère, bref, elle permet à l’ancien état du monde de resurgir dans les italiques, mais sans abîmer la beauté de cet amour
total relevant du nouvel ordre du monde, celui
relevant à la fois du Nouveau Testament et de
l’amour d’une femme libre : un « je suis là »,
« je suis à toi », « mon ange ». Cette Marie est
femme de tout son corps, érotique, femelle
d’homme. Elle s’offre au lecteur, le regard d’amour posé sur son enfant, mais aussi sur le sexe
de son amant.
Dans ce roman, ni l’accouchement, ni l’amour pour un délinquant-en est-il vraiment un,
Barabas ?- ni même la tromperie
ou la jalousie ne sont maculés. La
tache, c’est l’autre, qu’il soit le
mot malveillant d’un parent ou le
désir d’un homme non désiré:
« nous sommes impures à votre
place », dit Maryam aux hommes
en se couvrant…Le rythme de
Mélanie Chappuis dans ce roman
est lent, il suit pas à pas, entre un
pain aux dattes et une sieste, la fascination de la naissance du fils de
l’homme. Il y a du bonheur, dans
ce roman, et de l’amour. De l’humour, un peu. De la douleur, la
pire, la perte d’un enfant. De la facilité, non : les
dernières pages sont un bijou de vérité.
On peut donc écrire de la bonne littérature avec des bons sentiments, comme le
suggère le dessin de la couverture, signé
par le compagnon de Mélanie Chappuis,
Philippe Chappuis: le baiser d’une mère ou
d’une amante, un baiser mystique, paradoxalement hors du temps et si charnel...
C’est donc à l’histoire d’une vie, que nous
convie Mélanie Chappuis, à une libération,
à un amour tragique où il n’y a pas de solution, car toute solution implique une perte
irréparable. Mais nécessaire pour que se
dessine l’avenir. Car le personnage de
Marie n’est pas qu’une femme et son fils
n’est pas qu’un petit d’homme…
Restent, en fin de lecture, des belles
pages sur cet amour si particulier, si inexplicable mais si vécu dans ce roman –
d’une mère pour son fils jusqu’à sa fin.
Reste aussi l’amour très érotique, de Marie
pour un jeune révolté qui se battait contre
l’occupation romaine, Barabas. Autrement
plus intéressant qu’un vieux Joseph marié
par convenance, qui se révèle bien plus
mauvais que celui des crèches à Noël.
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Claudia Cerretelli
Mélanie Chappuis, Maculée conception, roman,
éditions Luce Wilquin, 2013
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GORGIAS
DE PLATON
MISE EN SCÈNE JOSÉ LILLO
AVEC AHMED BELBACHIR
JEAN-CHARLES FONTANA
DAVID GOBET, JOSÉ LILLO
ÉQUIPE ARTISTIQUE JULIA BATINOVA
ARNAUD BUCHS, RINALDO DEL BOCA
PRODUCTION LE POCHE GENÈVE
THÉÂTRE LE POCHE
www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros
8 > 28 AVRIL 2013
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
Jean-Charles Fontana, comédien
( J o u te or ato ire o u kung- f u philosophique )
Christian Gregori, comédien
e x p o s i t i o n s
entretien
Roger Pfund
Alors que l’œuvre de Roger Pfund est honorée dans le
monde entier, aucune exposition sur l’ensemble de son travail n’avait été organisée à Genève. Le Musée d’art et
d’histoire comble cette lacune avec la rétrospective Roger
Pfund Le multiple et le singulier. A cette occasion, l’artiste
aux multiples talents évoque pour Scènes Magazine
quelques souvenirs de sa longue et riche carrière.
D’où vient cette aptitude à mener de front des compétences
aussi différentes que celles de graphiste, de designer, de peintre, d’intervenant en architecture et en communication visuelle, de chef d’entreprise, de musicien, de gastronome et d’amateur de grands crus ?
64
Roger Pfund : C’est une longue histoire. D’abord je suis double national,
Français par ma mère bourguignone (ce qui explique le côté gastronome
et œnologue) et Suisse par mon père bernois. Mes parents se sont rencontrés en 1939 à Paris et sont venus s’installer en Suisse à cause de la guerre, c’est pourquoi je parle aussi bien allemand, suisse allemand que français. Quand j’étudiais au collège à Berne, j’étais plutôt un scientifique et
je pensais me diriger vers les mathématiques, mais après l’obtention de la
maturité scientifique, j’ai complété mon cursus chez un célèbre graphiste
bernois, Kurt Wirth, qui m’a initié aux arts plastiques et à des domaines
essentiels comme la typographie. J’ai toujours été très indépendant, ainsi
à 23 ans avec un CFC en poche, je me suis mis à mon compte et ai commencé à travailler comme peintre et graphiste. J’ajoute que parallèlement
à cela j’étais passionné par la musique de jazz et jouais de la contrebasse
dans un orchestre, ce qui m’a donné très tôt l’occasion de parcourir le
monde. Mon esprit mathématique me guide, que ce soit dans les processus de gravure, les techniques d’encrages des papiers-valeurs, l’informatique, la photographie. J’ai étudié toutes les techniques concernant les
billets de banque et les encres de sécurité, mon entreprise est aujourd’hui
l’une des seules au monde à bénéficier d’une expertise alliant la qualité
graphique et typographique avec le recours aux technologies de pointe.
Enfin je peins depuis toujours, la peinture m’amène une grande liberté
d’expression et je continue à explorer les chemins de la création dans la
quiétude de mon atelier à la campagne.
Comment est née l’idée de cette exposition et qui en a trouvé
ce beau titre ?
Le titre a été imaginé par le curateur de l’exposition, Alexandre Fiette, il
me convient parfaitement car le terme « multiple » restitue bien l’idée des
diverses activités artistiques que je mène parallèlement depuis de nombreuses années, le mot « singulier » indique quant à lui que cette diversité trouve son unicité dans la marque « Pfund ». L’historique de cette exposition remonte aux années septante, peu après mon installation à Genève.
Claude Ritschard, conservatrice au MAH, m’avait approché pour me
demander de mettre sur pied une exposition pluridisciplinaire au Musée
Rath montrant toutes les facettes de mon travail, y compris celles relatives
à la musique et l’œnologie. Le projet a été conçu et entièrement rédigé sur
papier, mais il a été écarté par Claude Lapaire alors directeur du musée.
Même scénario avec son successeur César Menz que je connaissais pourtant bien quand il travaillait à l’Office fédéral de la culture à Berne. Plus
tard, en 1999, une première exposition importante sur mon travail a eu lieu
au Centre Culturel Suisse de Paris, elle a rencontré un certain retentissement en France où j’étais déjà connu pour avoir collaboré avec la Banque
Nationale de France (BNF) depuis 1982 pour la création de billets de
banque. Enfin en 2008, deux événements vont accélérer le processus ;
d’abord une importante exposition rétrospective à Pékin, au Today Art
Museum (TAM) qui a connu un très grand succès. Ensuite quand mes travaux sont revenus de Pékin, ils ont été exposés en juin à Palexpo, à
Genève. C’est dans ces circonstances et grâce à l’entremise du conseil en
communication J.-F Bourquin que le directeur du MAH Jean-Yves Marin
a découvert mes œuvres et décidé de s’investir dans l’organisation d’un
événement d’envergure.
Quelles sont les influences artistiques qui ont marqué votre
carrière ? Et aujourd’hui suivez-vous l’actualité de l’art contemporain ?
«Callas», 2008, 153 x 134 cm
Mine de plomb, pastel, pigments, colle. Impression, taille-douce, aquatinte,
encrage creux et surfaces. Sur papier
(RPfund 08) © Roger Pfund
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À mes débuts, je réalisais une peinture plutôt abstraite; par la suite sont
venus les collages, les portraits, les mélanges et détournements de techniques. Mais je dois dire qu’à l’époque où j’étais à Berne, il y avait un
micro-climat artistique extraordinaire suscité par la direction d’Harald
Szeemann à la Kunsthalle. Ce fut une période d’une formidable intensité
et de rencontres importantes avec des artistes comme Meret Oppenheim,
Tinguely, Niki de Saint-Phalle, Franz Gertsch, Rolf Iseli et tant d’autres.
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expos ition
Musée d’art et d’histoire qui va retracer 50 ans d’activité et 70 de vie et pour laquelle j’ai conçu la scénographie et le catalogue. L’exposition va d’ailleurs voyager
en Chine, en Allemagne, en Argentine et au Lingotto de
Turin, ce n’est pas un épiphénomène.
Quel serait le projet que vous rêvez encore de
réaliser ?
Depuis que j’ai 12 ans, je m’intéresse aux grandes causes humanitaires, le racisme, les droits de l’homme, j’ai
collaboré avec Amnesty International, avec l’ONU, je
me suis battu contre les exécutions en Algérie, etc…
C’est une constante dans ma vie et c’est pourquoi j’aimerais m’engager encore dans ces domaines, il reste
beaucoup à faire. Un autre souhait est de continuer à
transmettre mon savoir-faire aux nouvelles générations.
Dans mon atelier j’ai formé beaucoup de jeunes et je
continue à le faire, j’adore mon travail et suis fier de ce
que j’ai réalisé, mais je ne garde pas mes secrets, je les
partage.
Propos recueillis par Françoise-Hélène Brou
Roger Pfund, Le multiple et le singulier, Musée d’art et d’histoire
de Genève. Jusqu’au 11 août 2013.
Catalogue, Roger Pfund, Le multiple et le singulier. Contributions
de Jean-Yves Marin, Yvette Clerc, Nicolas Bouvier, Alexandre
Fiette et Jean-Fred Bourquin. 762 illustrations couleurs. Coédition
Atelier Roger Pfund Communication visuelle SA et les Musées
d'art et d'histoire.
«Marcel Proust», 1978, 91 x 71 cm
Mine de plomb, fusain. Sur papier (RPfund 78) © Roger Pfund
On se retrouvait fréquemment au bistrot du Commerce où l’on a passé des
soirées mémorables.
Et puis il y a eu la fameuse
Documenta 5 de Cassel, en
1972, où j’ai exposé sur l’invitation de Szeemann qui
dirigeait la manifestation.
Aujourd’hui je me suis
installé dans le tissu du
quartier des Bains, à proximité des galeries et institutions d’art contemporain.
Mais les choses ont changé,
tout est cloisonné, personne
ne me connaît, ne sait qui je
suis ou ce que je fais. J’ai
tenté d’organiser des événements, mais j’ai rencontré
beaucoup de négativité.
Alors je continue à travailler
dans ce qui me passionne, à
«Portraits multiples», 1981, 37 x 75 cm
Mine de plomb, acrylique, pigments, colle, carton. Découpage, collage. Sur carton
monter des projets comme
(RP 81) © Roger Pfund
celui de l’exposition au
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expos ition
musée national suisse
Animali
Du 1er mars au 14 juillet, le Musée national de Zurich
présente une exposition sur les animaux imaginaires dans
l’histoire de l’humanité - Dragons et autres monstres de
l’Antiquité à nos jours - avec un élément central sur la
Renaissance italienne.
Nombreux sont les objets provenant de la Galleria degli Uffizi et du
Palatto Pitti de Florence, mais il y a également des prêts du
Kunsthistorische Museum de Vienne et des objets du Musée national.
Divinités
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Les animaux pouvaient être vénérés comme des divinités à l’époque
préhistorique. Ainsi, sur une coupe en or exposée datant de 1100 av. J.-C.,
on peut voir des cerfs qui représentaient la fertilité de la terre. Les dragons
qui étaient partie intégrante de l’imaginaire du Moyen Âge existaient déjà
dans l’Antiquité. Sur une urne cinéraire datant du IIe siècle av. J.C.
Cadmos lutte contre le dragon, une scène célèbre de la mythologie. Le
Musée national possède un reliquaire datant de 1100-1200 en forme de
monstre. Plus loin on peut voir une corne à boire de la fin du XIVe siècle
soit-disant ciselée dans la serre d’un griffon (animal mythique à tête d’aigle et corps de lion). Le même animal est tissé dans un Gobelin de 14501500.
Une somptueuse chasuble en soie datant de 1511 est ornée d’un dragon chinois. Sur une tenture de 1554 on peut voir une vierge capturant une
licorne. Le bord d’une coupe de 1576 provenant du Palazzo Pitti est orné
d’une tête de cygne au long cou. Sur une coupe à boire de 1621, Neptune
Neptune luttant contre und monstre, Coupe à boire, 1621,
Hans Heinrich Riva, Zurich. Argent moulé et ciselé.
© Musée national suisse. Dépôt d’une collection privée
lutte contre un monstre. Une toile de 1620 montre Déjanire enlevée par le
Centaure. Une horloge, également de l’époque baroque, se présente de
façon originale : un serpent vert est enroulé autour de la main d’un petit
squelette. De nombreux objets en forme de serpent sont exposés, surtout
des bijoux en or. Parmi les objets plus récents se trouve une rareté : un
monstre formé de différents animaux naturalisés provenant probablement
de Chine.
L’exposition ne montre pas uniquement des monstres. Elle propose toute une réflexion sur les rapports
entre l’animal et l’homme. On peut donc voir aussi des
animaux naturalisés comme un cheval ou un lion.
Installée dans une pénombre fantasmagorique, cette
exposition s’avère très agréable à visiter. Le jeudi 11
avril 2013 aura lieu une visite guidée en français avec le
conservateur du Musée national Monsieur Luca Tori
(de 18 à 19 heures).
Emmanuèle Rüegger
Musée national suisse : Animali - Animaux réels et fabuleux de
l’Antiquité à l’époque moderne. Jusqu’au 14 juillet.
Coupe, 1576, Giovan Battista Cervi, Florence. Lapislazuli et oro, émaillé.
© Palazzo Pitti, Museo degli Argenti, Firenze, su concessione del Ministero per i Beni e le
Attività Culturali
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expos ition
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Le chanfrein à corne transforme, pour ainsi dire, le cheval réel en créature fabuleuse, dont la combativité devrait se transmettre au cheval et à son cavalier.
Chanfrein de l’armure d’apparat d’Alessandro Farnese, vers 1575, Lucio Piccinino, Milan. Fer doré et argenté.
© Kunsthistorisches Museum, Vienne, Collection des armes de chasse et de guerre.
Louis XIV dit le Roi Soleil, le commanditaire de cette tapisserie, se considère comme un nouveau dieu des mers. Le navire de guerre souligne son ambition
de dominer toutes les mers du monde. «L’Eau», 1666, Jan Jans l’Ancien d’après un modèle de Charles Le Brun, Manufacture royale des Gobelins. Laine,
soie et or. © Palazzo Pitti, Galleria del Costume, Florence.
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expos itions
en
FRANCE Evian
Palais Lumière : Collection Paul
Eluard. Picasso, Breton, Ernst,
Dali, Arp, De Chirico, Cocteau....
Jusqu’au 26 mai.
l
Annemasse
Villa du Parc : Terrible Twos (sail
son 12-13 “Two for Tea”)_Grout /
Mazeas. Jusqu’au 4 mai.
Arles
Musée départemental Arles
l
Antique : Rodin, la lumière de
l'Antique. Du 5 avril au 1er sept.
Caen
Musée des Beaux-Arts : Un été
l
au bord de l'eau. Loisirs et
Impressionnisme. Du 27 avril au 29
septembre.
l Musée de Normandie : En couleurs. Dans le sillage de
l'Impressionnisme, la photographie
autochrome 1903-1931. Du 27 avril
au 29 septembre.
Croissy
s/Seine
Musée de la Grenouillère :
l
Monet et Renoir côte à côte à La
Grenouillère. Jusqu’au 30 juin.
Lens
Le Louvre : Le Temps à l’œuvre.
l
Jusqu’au 21 octobre.
l
d’Art Contemporain : Anselm
Reyle. Jusqu’au 5 mai.
l Musée de Grenoble : Alberto
Giacometti. Jusqu’au 9 juin.
Giverny
l
Brueghel. Jusqu’au 20 mai. Traits
de génie. Du 5 avril au 1er juillet
Lyon
Musée d’art contemporain :
l
l Musée des impressionnismes :
SIGNAC, LES COULEURS DE L’EAU.
Jusqu’au 2 juillet
Le
Cannet
Musée Bonnard : L'Œil d'un coll
lectionneur - Redon & Denis. Rêve,
amour, sacré. Jusqu’au 28 avril
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Malraux : Pissaro au fil de la Seine.
De Paris au Havre. Du 27 avril au 29
septembre.
Grenoble
Magasin / Centre National Lille
Palais des Beaux-Arts : Focus
Le CateauCéret
Musée d’art moderne : Auguste Cambrésis
Musée départemental Matisse :
Herbin. Jusqu’au 26 mai.
franc e
l
Latifa Echackhch & Huang Yong
Ping & Gustav Metzger. Jusqu’au
14 avril.
l Musée des beaux-arts :
Métissages. Collections Denise
et Michel Meynet. Jusqu’au 20
mai. La médaille en France aux
XIXe et XXe s. Jusqu’au 31 août.
l
scene : Costumer le pouvoir.
Jusqu’au 20 mai.
Nice
Musée Chagall : Marc Chagall l
D'une guerre à l'autre. Jusqu’au 20
mai
Pontoise
Musée Tavet-Delacour : Donation
l
Otto Freundlich (peinture, sculpture, gravure dessin, pastel). Jusqu’en
août 2013
Rouen
Musée des beaux-arts : La couleur
l
réfléchie, l'impressionnisme à la surface de l'eau. Du 27 avril au 29 septembre.
Toulon
Metz
Hôtel des Arts : Mappamundi.
Centre Pompidou-Metz : Sol Jusqu’au 12 mai.
l
l
LeWitt. Dessins muraux de 1968 à
2007. Jusqu’au 29 juillet.
MATISSE. LA COULEUR DÉCOUPÉE une donation révélatrice.
Jusqu’au 9 juin.
Montpellier
Musée Fabre : L’atelier de l’œu-
l
vre : de Raphaël à Tiepolo, dessins
italiens du musée Fabre. Jusqu’au
12 mai.
LeMuséeHavre
d'art moderne André
Moulins
Centre national du costume de
l
AILLEURS
Baden
Baden
Musée Frieder Burda : Matta l
Fictions. Jusqu’au 2 juin
Musée des impressionnismes, Giverny
Signac, les couleurs de l’eau
Dans le cadre de la seconde édition du festival «Normandie Impressionniste» consacrée au thème de l’eau, le musée des impressionnismes
Giverny organise une exposition intitulée «Signac, les couleurs de l’eau». Comme Claude Monet, Paul Signac a trouvé une source d’inspiration constante dans l’évocation de l’eau et de ses couleurs.
Depuis les premières marines peintes sur
le littoral normand avec une vigueur et une
liberté impressionnistes jusqu’aux amples
architectures portuaires aux couleurs vives
d’après-guerre, la description de l’eau et du
ciel offrirent à Signac un inépuisable prétexte à
multiplier les variations chromatiques.
L’exposition comptera environ 130 œuvres
environ, peintures, aquarelles et dessins. Elle
sera complétée par une riche section documentaire (photographies, publications et correspondances) présentée avec le concours des
Archives Signac.
. A voir jusqu’au 2 juillet 2013
Paul Signac «Herblay. Coucher de soleil. Opus 206», 1889. Huile sur toile , 57,7 x 90,3 cm.
Glasgow Art Gallery and Museum © CSG CIC Glasgow Museums Collection
a
g
e
A noter que le festival «Normandie Impressionniste» qui aura lieu du 27 avril au 29 septembre 2013, donnera lieu à de nombreuses expositions, telles «Un été au
bord de l’eau» à Caen, «Eblouissants reflets» à Rouen,
«Pissarro dans les ports» au Havre...
Toutes les informations sont sur :
http://www.normandie-impressionniste.fr/
n
d
a
expos itions
en
europe
Martin-Gropius-Bau, Berlin
De Beckmann à Warhol
Le Martin-Gropius-Bau expose la collection Bayer, une collection d’art des XX et XXIe siècles qui figure parmi les plus anciennes collections
d’art d’Allemagne. Conçue initialement, au début du XXe, dans un but éducatif pour les salariés de la société, elle comprend maintenant environ
2,000 œuvres. Bien que la liste des œuvres n’ait pas le caractère d’un index encyclopédique systématique, elle se lit toutefois comme un «who's who»
des XXe et XXIe siècle.
Cette collection inclut par exemple des œuvres
de grands impressionnistes tels Beckmann,
Kirchner et Pechstein, de même que des œuvres graphiques et des peintures de Pablo Picasso, Sam
Francis, Miró, Gerhard Richter, Andy Warhol,
Andreas Gursky, Imi Knoebel et également de jeunes artistes ayant gagné le Prix Ars Viva.
Avec plus de 240 œuvres de 89 artistes, cette
exposition présente un aperçu de la société et de
l'art; c’est à l’occasion du 150ème anniversaire de
la société que la collection sera montrée au public
pour la première fois.
Elle sera divisée en quatre sections, avec, par
exemple, L’expressionnisme allemand (Max
Beckmann, Ernst Ludwig Kirchner, Emil Nolde,
Max Pechstein et Karl Schmidt-Rottluff) ou le
Modernisme de l’École de Paris (Georges Braque,
Marc Chagall, Joan Miró et Pablo Picasso), ou
encore les travaux d’artistes de la Côte ouest américaine tels David Hockney, Sam Francis et Ed
Max Beckmann Natures mortes d'orchidée avec assiette verte», 1943
Ruscha...
Huile sur toile © VG Bildkunst, Bonn 2012
. A voir jusqu’au 9 juin 2013
Berlin
Martin-Gropius-Bau
l
(Am
Kupfergraben) De Beckmann à
Warhol. Jusqu’au 9 juin.
Florence
Madrid
Palazzo Strozzi : Le printemps de
Fondation Mapfre : Bohèmes.
l
l
la Renaissance. Jusqu’au 18 août.
Jusqu’au 5 mai.
Musée du Prado : El Labrador L’œuvre complète du peintre espagnol Juan Fernández. Jusqu’au 16
juin. Dessins espagnols du British
Museum - De la Renaissance à Goya.
Jusqu’au 19 juin.
l Musée Thyssen-Bornemisza :
Impressionnisme et Peinture en
plein air - De Corot à Van Gogh.
Jusqu’au 12 mai.
Forli
Bilbao
Musée San Domenico :
Musée Guggenheim : L’art en Novecento. Art et vie en Italie
l
l
guerre. France 1938-1947 - De
Picasso à Dubuffet. Jusqu’au 8 sept.
entre les deux guerres. Jusqu’au
16 juin.
Brescia
Francfort
Musée Santa Giulia : De De
Schirn Kunsthalle : Yoko Ono l
l
Chirico à Cattelan et au-delà. &
Daimler Art Collection - D’Albers à
Warhol. Jusqu’au 30 juin.
rétrospective. Jusqu’au 12 mai.
l Städelmuseum : Beauté et
Révolution - Le Classicisme de 17701820. Jusqu’au 26 mai.
Bruxelles
Musées royaux des Beaux-Arts : Londres
Constantin Meunier (1831-1905).
British Museum : Art de l’âge de
l
l
Jusqu’au 7 juillet.
l Palais des Beaux-Arts (23,
Ravenstein) Antoine Watteau - La
leçon de Musique. Jusqu’au 12 mai
Cologne
Wallraf-Richartz-Museum
:
L’invention du paysage vers 1500.
Sur la trace d'un contemporain de
Hieron. Bosch. Jusqu’au 21 avril.
l
Ferrare
Palazzo dei Diamanti : Le regard
l
de Michelangelo - Antonioni et les
arts. Jusqu’au 9 juin.
a
g
glace - arrivée de l’esprit moderne.
Jusqu’au 26 mai. Vie et Mort Pompéi et Herculanum. Jusqu’au 29
septembre.
l Estorick Collection of Modern
Italian Art : Giorgio Morandi Travaux sur papier. & Alberto Di
Fabio - Dialogues. Jusqu’au 7 avril.
l Royal Academy of Arts : Manet peindre la vie. Jusqu’au 14 avril
l Tate Britain : Schwitters en
Angleterre. Jusqu’au 12 mai.
l The Courtauld Gallery : Becoming
Picasso - Paris 1901. Jusqu’au 26
mai.
e
n
l
Padoue
Palazzo del Monte : Le cardinal
l
Pietro Bembo et l’invention de la
Renaissance. Jusqu’au 19 mai.
l Palazzo Zabarellla : De Nittis.
Jusqu’au 26 mai.
Passariano
Villa Manin : Giambattista
l
Tiepolo - Lumière, forme, couleurs, émotion. Jusqu‘au 7 avril.
Ravenne
Musée d’art de la
Trieste
Civico Museo Sartorio : Tiepolo
l
à Trieste - les dessins du musée
Sartorio. Jusqu‘au 7 avril.
Venise
Peggy Guggenheim Collection :
l
Les années 60 dans les collections
du Guggenheim. De l’art informel au
pop art. Jusqu’au 12 mai. Aprèsguerre. Les protagonistes italiens.
Jusqu’au 15 avril.
Vérone
Palazzo della Gran Guardia : De
l
Botticelli à Matisse. Visages et représentations. Jusqu’au 1er avril.
Vienne
Albertina Museum (Albertinapl.)
l
Ville :
Borderline. Artistes entre normalité
et folie. De Bosch à l’Art brut, de
Ligabue à Basquiat. Jusqu’au 16 juin.
l
Rome
Chiostro del Bramante : Brueghel.
l
d
Merveilles de l’art flamand. Jusqu’au
2 juin.
l Macro : Portrait d’une cité. L’Art à
Rome 1960 - 2001. Jusqu’au 26 mai.
l Scuderie del Quirinal : Le Titien.
Jusqu’au 16 juin.
a
Max Ernst. Jusqu’au 5 mai. Lewis
Baltz. Jusqu’au 2 juin. Bosch Bruegel
Rembrandt Rubens. Jusqu’au 30 juin
l Kunsthistorisches Museum : À
l’ombre des pyramides – Les fouilles
autrichiennes de Gizeh (1912-1929).
Jusqu’au 20 mai.
69
expos itions
Genève
Art en île - Halle Nord (pl. de l’île
l
70
1) Bourses déliées. Jusqu’au 20
avril.
l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Pop-Up!.
Collages, pliages et livres surgissants.
Jusqu’au 31 mai.
l Blancpain Art Contemporain
(Maraîchers 63) Peter Hutchinson &
Alfredo Aceto. Jusqu’au 27 avril.
l Blondeau & Cie (Muse 5) Works on
Paper : Dike Blair, Kendell Geers,
Kolkoz... Jusqu’au 13 avril.
l Brachard Contemporain (Cité 18)
Alain Pictet. Jusqu’au 21 juin.
l Centre d'Art Contemporain
(Vieux-Grenadiers 10) Hôtel Abisso.
Jusqu’au 12 mai.
l Centre d'édition contemporaine
(Saint-Léger 18) Jonathan Monk.
Jusqu’au 27 avril.
l Centre de la Photographie (Bains
28) Kurt Caviezel. Jusqu’au 5 mai
l Espace L (40, rte des Jeunes)
Design brésilien des années 50 à
nos jours. Jusqu’au 7 mai.
l Fondation Baur (Munier-Romilly
8) Noirs d’encre - Regards croisées.
Hans Hartung et les peintres chinois
contemporains. Du 11 avril au 4 août
l Fondation Bodmer (Cologny) Le
Lecteur à l’œuvre. Du 27 avril au 25
août.
en
Gagosian Gallery (Longemalle
19) Elisa Sighicelli. Jusqu’au 4 mai
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43)
Khaled Jarrar. Jusqu’au 26 avril.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) André du Besset.
Jusqu’au 30 avril.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Annelies Strba, nouvelles photographies. Du 25 avril au 29 juin.
l Galerie Ch. Moser (Rois 15)
Jeremy Kost. Jusqu’au 12 avril.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Jérémy Chevalier. Jusqu’au 20
avril.
l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25)
Veikko Hirvimaki. Jusqu’au 20 avril.
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle L’Éternel Détour, séquence
printemps : Julius Kaesdorf & Aldo
Walker, expositions monographiques.
«Retour du monde. Les artistes et
le tramway de Paris» & Une collection d’amateurs à Genève. Jusqu’au
5 mai.
l Médiathèque du Fonds d'Art
Contemporain (Bains 34) Back &
Forth. Jusqu’au 1er juin.
l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Marian Oberhänsli. Jusqu’au
21 avril.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) 8 artistes & La Terre. Jusqu’au 8 sept.
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Roger Pfund. Le multiple
l
s uis s e
et le singulier. Jusqu’au 11 août.
Musée Barbier-Mueller (JeanCalvin 10) Mémoires religieuses des
Baga de Guinée. Jusqu’au 29 sept.
l Musée d’ethnographie, Conches:
Rousseau et l’inégalité. Jusqu’au
23 juin.
l
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières
l
11) Morton Bartlett. Jusqu’au 14 avril.
Edwards Deeds, Daniel Johnston, le
dessin sauveur. Jusqu’au 30 juin.
l Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) Fenêtres. De la Renaissance à
nos jours. Jusqu’au 20 mai.
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Patricia
Urquiola. Jusqu’au 15 septembre.
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Alex Katz & Félix Vallotton.
Jusqu’au 9 juin.
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
Gilles Caron, le conflit intérieur.
Jusqu’au 12 mai. Nothin’ But
Working - Phill Niblock, une
rétrospective. Jusqu’au 12 mai.
l Musée Historique de Lausanne :
Marcel Vidoudez. Jusqu’au 14 avril.
Ernest Pizzotti, points d'encrage.
Jusqu’au 9 juin.
Fribourg
Espace Tinguely - Saint-Phalle :
l
«Artistes en rébellion». Rico Weber,
photographies inédites. Jusqu’au
1er septembre.
l Fri-Art (Petites-Rames 22) Claudia
Comte & Jérémie Gindre. Jusqu’au
12 mai.
l Musée d’art et d’histoire : Des
regards, des passants, photographies du Musée Albertina, Vienne.
Jusqu’au 30 juin.
l Musée Gutenberg : Signes, photogaphies de Romano P. Riedo.
Jusqu’au 28 avril.
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
l
Sam Szafran - 50 ans de peinture.
Jusqu’au 16 juin.
l Le Manoir de la Ville : Printemps
du Manoir. Du 13 avril au 19 mai
Morges
Maison du Dessin de Presse :
l
Plumes croisées - Violence et corruption en Amérique Centrale, dessins
de Chappatte, Alecus, Banegas,
JotaCé.... Jusqu’au 12 mai.
Bulle
Neuchâtel
Musée : Daguerréotypes de J.Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
l
l
Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au
31 décembre.
74) Augustin Rebetez, Noé
Cauderay & Giona Bierens de
Galerie Aki, Genève
«Ameyibo» Afrique 1979-2012
La Galerie Aki expose les photographies de Maurizio Bonalume, qui a silloné l’Afrique
lors de voyages d’agrément ou de
séjours à but humanitaire. Ainsi, les
premières photos exposées attestent
de ses belles rencontres avec les
Touaregs en 1979; elles sont suivies
de clichés - portraits, moments d’intimité, jeux d’enfants, scènes de la vie
quotidienne - pris au Maroc, au
Bénin, puis au Togo où le photographe a vécu des moments forts. Il se
rend d’ailleurs chaque année dans ce
pays depuis 2009, et y a tissé des
Dalave, Togo, 2010
liens d’amité avec certains de ses
photographie de Maurizio Bonalume
habitants.
Auparavant, Maurizio Bonalume était connu pour ses photos en noir et blanc - images
de clôtures figées au cœur de l’hiver jurassien, ou maisonnettes érigées au milieu des rizières du delta de l’Ebre - où ne figurait pas trace d’un être humain. Cette nouvelle série atteste d’un changement considérable puisque l’humain y est largement représenté et, pour rendre compte de la profondeur d’un regard, du velouté d’un grain de peau, de la texture d’une
étoffe et de l’intensité des lumières, le photographe, pour la première fois, fait dialoguer le
noir et blanc avec la couleur.
Cette exposition résonne comme un magnifique hommage au peuple africain...
Pays Somba, Benin, 2008, photographie de
Maurizio Bonalume
a
. A voir du 10 avril au 4 mai 2013
g
e
n
d
a
expos itions
en
s uis s e
Musée Jenisch, Vevey
Robert Nanteuil (1623-1678)
De l’œil à la pointe
En 2010, la Fondation William Cuendet et Atelier de Saint-Prex a acquis
300 estampes de Robert Nanteuil, un artiste prestigieux du XVIIe siècle. Il s’agit d’un ensemble significatif qui couvre la quasi-totalité de la production de
Nanteuil.
Cette acquisition a permis un enrichissement considérable des collections
conservées à Vevey - qui contiennent des œuvres d’artistes tels que Claude
Mellan, Gérard Edelinck et Jean Morin, contemporains de Robert Nanteuil. Le
tout compose un passionnant panorama du portrait gravé en France au XVIIème
siècle et constitue un patrimoine d’une grande rareté et d’une exceptionnelle
qualité.
L’exposition proposée par le musée Jenisch, qui sera accompagnée d’une
publication portant sur l’œuvre gravé de ce buriniste prestigieux, offrira au
public la possibilité de contempler les estampes de Nanteuil récemment acquises, confrontées à celles de ses contemporains. Elle souhaite rendre hommage à
la personnalité hors du commun de Robert Nanteuil et à la modernité de son
approche et, pour ce faire, s’articule autour des grandes thématiques développées par ses écrits théoriques : le dessein, la lumière, l’effet, l’harmonie du «
tout-ensemble », la convenance, la défense de la gravure en tant qu’art libre.
. A voir jusqu’au 26 mai 2013
Robert Nanteuil (Reims 1623 ? – 1678 Paris), «Louis, dauphin de
France», 1677, burin, 512 x 426.
Cabinet cantonal des estampes, Fondation William Cuendet et
Atelier de Saint-Prex, collection Rossier-Koechlin
Haan. Jusqu’au 30 juin.
l Musée d’ethnographie (St- Nicolas)
Hors-champs. Jusqu’au 20 oct.
Vevey
Musée Jenisch : Robert Nanteuil.
l
Jusqu’au 26 mai. Rudy Decelière.
Jusqu’au 5 mai.
l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Dominique
Derisbourg, Impressions. Jusqu’au
16 septembre.
Yverdon
Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14)
l
Aleksi Briclot. Jusqu’au 25 août.
OUTRE SARINE
Bâle
Antikenmuseum
Basel (St.
Alban-Graben 5) Pétra. Splendeur
du désert. Jusqu’au 20 mai.
l Fondation Beyeler (Riehen) La
Collection Renard. Jusqu’au 5 mai.
Ferdinand Hodler. Jusqu’au 26 mai.
l Kunsthalle : Vanessa Safavi.
Jusqu’au 30 avril. Adrian Melis.
Jusqu’au 26 mai. Eitan Efrat & Sirah
Foighel Brutmann. Du 7 avril au 2
juin.
l Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Les Picasso sont là ! Une
l
a
g
En parallèle, il est possible de visiter, jusqu’au 5 mai 2013, l’exposition
«Rudy Decelière. Tisseur de sons».
rétrospective à partir de collections bâloises. Jusqu’au 21 juillet.
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) Tell It To
My Heart - Collected by Julie Ault.
Jusqu’au 12 mai.
l Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Et maintenant? Révolution des
objets en Amazonie. Jusqu’au 29
septembre
l Musée Historique (Barfüsserpl.)
Coupable - Crimes et châtiments.
Jusqu’au 7 avril
l Museum für Wohnkultur
(Elisabethenstr. 27-29) Le rêve du
Cheik Ibrahim. Trésors de la collection de textiles et de bijoux de
Widad Kamel Kawar. Jusqu’au 1er
septembre.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Tinguely@ Tinguely. Un
nouveau regard sur l'œuvre de Jean
Tinguely. Jusqu’au 30 septembre. Les
mille lieux de l'art. Les photographies
d'Ad Petersen. Jusqu’au 26 mai.
l Schaulager : Steve McQueen.
Jusqu’au 1er septembre
Berne
Centre Paul Klee (Monument im
l
Fruchtland 3) Du japonisme au zen.
Klee et l'Extrême-Orient. Jusqu’au
12 mai. Klee et Jawlensky - Une amitié d’artistes. Jusqu’au 26 mai.
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
e
n
8-12) Itten – Klee. Le monde de la
couleur. Une inspiration mutuelle.
Jusqu’au 1er avril.
l Musée d’Histoire de Berne
(Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur
éternel et ses guerriers de terre
cuite. Jusqu’au 17 novembre
l Galerie TH13 (Theaterplatz 13)
«A Journey» par Patrick Messina.
Jusqu’au 1er juin.
(Grüzenstr. 45) De quoi nous
vivons. Images de vol de Georg
Gerster. Jusqu’au 26 mai.
l Kunstmuseum (Museumstr. 52)
Giovanni Anselmo. Jusqu’au 14
avril. Luciano Fabro, 100 dessins.
Jusqu’au 14 avril.
l Villa Flora (Tösstalstr. 44) Georges
Rouault (1871-1958) - L’Artiste en
clown triste. Jusqu’au 7 avril.
l
l
Artists' Artists. Jusqu’au 7 avril.
Jusqu’au
12
mai.
Haris
Epaminonda. Jusqu’au 5 mai.
l Landesmuseum : Animali Animaux réels et fabuleux de
l’Antiquité à l’époque moderne.
Jusqu’au 14 juillet.
l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Mucha Manga Mystery –
Alphonse Mucha, pionnier de l’art
graphique. Jusqu’au 14 juillet.
l Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) It Truly Pays:
The Crime Film. Jusqu’au 2 juin. In 3
Dimensions – Printing Objects.
Jusqu’au 5 mai.
l Museum Rietberg (Gablerstr. 15)
Scènes des États Princiers indiens.
Jusqu’au 1er août.
l Museum Strauhof (Augustinergasse 9) Ainsi vivent-ils encore
aujourd’hui. Jusqu’au 9 juin.
Bienne
Zurich
Centre-Pasqu’Art (fbg Lac 71-75)
Kunsthaus (Heimplatz 1) Chagall.
Davos
Kirchner Museum : Les 30 ans du
l
Kirchner Museum - La Collection.
Jusqu’au 21 juin.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Le plaisir de
l
collectionnier - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Du 28 avril au 10 novembre.
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Louis
l
Kahn. Jusqu’au 11 août.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
l
Concret. Architecture et photographie. Jusqu’au 20 mai.
l
Fotostiftung
Schweiz
d
a
71
expos ition
une collection française à la fondation beyeler
Portrait
La Collection
Renard
Il est vrai que le récit de la vie de Claude et Micheline Renard n’est
en rien banal et a pris un cours tragique, avec l’attentat terroriste commis
par l’OAS dont fut victime leur fille unique Delphine âgée alors de quatre ans et demi. C’est une charge de plastic qui explose devant chez eux le
7 février 1962, alors que celle-ci était destinée à André Malraux, qui habitait la même maison. Aujourd’hui Delphine est aveugle, Claude Renard
décédé et plutôt que de vendre cette collection, Micheline Renard, en
accord avec sa fille, a souhaité que « ces œuvres tant aimées trouvent des
gens qui les sollicitent et les interrogent à leur tour, en fassent vivre tout
le potentiel d’intelligence et d’émotion ».
Leur proximité avec Ernst Beyeler, à qui ils avaient déjà vendu en
2000, à bas prix, une très grande découpe de Jean Dubuffet, Site avec trois
personnages, pour qu’elle puisse faire partie de la collection de la
Fondation, les avait familiarisés avec la Fondation de Riehen. Pour eux, ce
lieu leur semblait idéal, par son environnement, son architecture mais surtout par le dialogue fertile qui s’établirait entre leurs œuvres et celles de la
Fondation. Les premières négociations remontent en 2008 et ont encore
été menées par le fondateur, décédé hélas en 2010.
Ce n’est pas tous les jours qu’une institution muséale est
la bénéficiaire d’une donation de trente-trois œuvres d’art
comprenant des toiles, des sculptures, des travaux sur
papier, signées par des artistes internationalement
reconnus. L’histoire de Claude et Micheline Renard, est
avant tout celle de passionnés d’art plus que celle d’un
couple désireux de collectionner pour le plaisir
de posséder ou de spéculer.
72
Sur leur chemin, ils ont rencontré des artistes qui appartiennent
aujourd’hui aux valeurs sûres mais qu’ils ont côtoyés et avec qui ils ont
partagé d’intenses moments d’échange : Dubuffet, Fautrier, Sam Francis,
Tapiès, Tinguely, Polke, Balsessari, Boltanski, Arman, Erro et beaucoup
d’autres. Ils ont aussi croisé, dès 1965, ce grand marchand suisse qu’étaient Ernst Beyeler et sa femme Hildy, avec lesquels les relations se sont
intensifiées au fil des ans.
Jean-Michel Basquiat «Black Man», 1982
Craie à l’huile sur papier, 108 x 76,5 cm. Fondation Beyeler, Riehen /
Basel; Donation Collection Renard © 2013, ProLitteris, Zürich
Photo © Studio Sébert, Paris
a
c
t
La collection
La présentation de la collection a été confiée à Raphaël Bouvier.
Dans son introduction, il est revenu sur les étapes de la vie du couple au
service de la création. Il faut absolument lire le texte de Micheline Renard,
Histoire d’une décision, reproduit dans le catalogue, pour comprendre
comment se construit un collectionneur. Né en 1928, Claude Renard a fait
l’essentiel de sa carrière chez Renault, où il entre en 1954. Mais ce n’est
pas tant la fabrication des voitures qui l’intéresse que chercher à « intro-
Sigmar Polke «Schwarzer Mann», 1982
Résine synthétique, laque en feuilles, pigments et cire d'abeille sur
textile, 180,4 x 150,5 cm. Fondation Beyeler, Riehen / Basel;
Donation Collection Renard © 2013, The Estate of Sigmar Polke, Köln /
ProLitteris, Zürich. Photo © Studio Sébert, Paris
u
a
l
i
t
é
expos ition
73
Jean Dubuffet «Affluence», 16 janvier 1967. Vinyle sur toile, 81,4 x 100,4 cm
Fondation Beyeler, Riehen/Basel; Donation Collection Renard © 2013, ProLitteris, Zurich. Photo © Studio Sébert, Paris
duire la créativité individuelle au sein
d’une société hyperstructurée », établir des
rapports nouveaux et durables entre le
monde industriel de Renault et celui des
artistes. C’est ainsi qu’a été créé au sein de
l’entreprise un département voué à la
recherche, à l’art et à l’industrie. Puis en
1977, avec sa femme Micheline, il lance
une association, avec pour but l’incitation à
la création, subventionnée par Renault. Elle
est implantée à l’abbaye de Sénanque, à
une époque où il existe peu de structures
dédiées à l’art contemporain, et prévoit
trois expositions par an. Une vingtaine
d’expositions se suivront de 1977 à 1985 et
bien sûr des contacts se nouent avec les
artistes. Des conditions de rêve pour des
passionnés d’art auxquelles la crise financière des années 1980 mettra fin.
Bien que différentes par leur profil et
leur ampleur, il y a entre ces deux collections beaucoup de correspondances. Pour
a
c
t
u
l’instant, la collection Renard est présentée
au sous-sol de la fondation et la magie
fonctionne. Que ce soit entre les œuvres
acryliques sur papier de Sam Francis, les
sculptures de Tinguely et l’œuvre monumentale de Dubuffet, mais aussi entre les
œuvres de Tapiès et les sculptures de Jean
Fautrier. Comme c’est le cas dans une
deuxième salle, entre Sigmar Polke, JeanMichel Basquiat et John Baldessari. Des
œuvres subtiles qui ont en commun une
qualité indiscutable.
On ne peut qu’espérer que la démarche
de ce couple de collectionneurs incitera
d’autres passionnés d’art au même geste
généreux. Ce ne sont pas les collectionneurs qui manquent en Suisse !
Régine Kopp
Jean Fautrier «Grande tete tragique», 1942
Bronze, 33,5 x 17 x 21 cm, Exemplaire 6/9
Fondation Beyeler, Riehen/Basel; Donation Collection Renard
© 2013, ProLitteris, Zurich. Photo © Studio Sébert, Paris
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l
i
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Jusqu’au 5 mai 2013.
www.fondationbeyeler.ch
é
m a n i f e s t a t i o n
berges du Rhône à Arles accueillaient un spectacle pyrotechnique pour clore le week-end. Il
s’agit donc de Marseille et de la « Provence »,
représentée pour l’occasion par 90 communes
environnantes (grosso modo le département des
Bouches-du-Rhône), soit un bassin total de près
de 2 millions d’habitants.
événement
Marseille-Provence
2013
Peuchère ! Marseille et ses environs désignés Capitale européenne de la culture en 2013, cela va-t-il changer la face du Vieux-Port ? Eh bien oui !
74
C'est un petit miracle (…le miracle étant un
concept qui existe à Marseille !) si les travaux
d'aménagement du Vieux-Port se sont achevés à
temps pour l'ouverture des festivités. Quelques
mois – ou quelques semaines ! – avant le début
de la nouvelle année, on pouvait encore en douter au vu de l'avancement de ce gros chantier de
Voiries et Réseaux Divers... qui réduit sensiblement les voies de circulation automobile et promet de joyeux embouteillages pagnolesques !
Mais le 12 janvier comme prévu, les Marseillais
étaient conviés à pousser une grande clameur
pendant 5 minutes pour tenter de faire « disjoncter la ville », avec le renfort des cloches des
églises et autres cornes de brume des bateaux.
Pari heureusement non tenu (l’alimentation
électrique n’est pas tombée en rideau !), malgré
la foule considérable pour ce lancement officiel
de l'année “Capitale“, marqué par de nombreux
spectacles de rue, et inaugurations de nouveaux
lieux.
Dans le même temps, Aix-en-Provence
proposait un parcours d’art contemporain, et les
De nombreux événements, parcours, expositions, spectacles de musique, danse, cirque,…
s’échelonnent sur l’année, mais Marseille veut
aussi saisir cette occasion pour améliorer son
image, culturelle au sens large, et de manière
durable si possible. Sur le plan financier, ce
label de Capitale européenne de la Culture autorise en effet quelques investissements d’avenir,
utilisés à la rénovation de lieux actuels (J1,
Palais Longchamp, Musée d’histoire au Centre
Bourse, ou encore Château Borely), et à la construction de nouveaux projets (Tour-Panorama,
Villa Méditerranée). Dans cette dernière catégorie, le futur MuCEM (Musée des
Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée)
est le plus visible, premier « musée national »
en région, qui ouvrira ses portes au mois de
juin.
Le Pont - Image inspirée de l'œuvre de Daniel Knorr © Thierry Ollat
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m a n i f e s t a t i o n
Festival de Pâques : à Aix aussi !
Le samedi 6 avril prochain, le pianiste
Bertrand Chamayou (© Thibault Stipal)
participera à Aix au concert intitulé «Portrait
de Dutilleux» avec le violoncelliste Henri
Demarquette et le Quatuor Zaïde
Dans la longue liste des manifestations
« estampillées » MP 2013 (au total, plus de 400
événements sont prévus), certaines y semblent
rattachées par opportunité, et se dérouleraient
très vraisemblablement avec ou sans MP 2013,
comme à l’évidence le festival d’art lyrique
d’Aix-en-Provence, ou le festival international
de piano de La Roque d’Anthéron. Il n’est pas
non plus interdit de penser que l’accueil fin janvier au Grand Théâtre de Provence à Aix du festival « Présences » de musique contemporaine,
était d’abord motivé par la non-disponibilité des
salles de la Maison de Radio-France à Paris,
encore en cours de travaux. L’opportunité a été
idéalement saisie ici : en mettant à l’honneur les
compositeurs de la Méditerranée, cette manifestation a été une pleine réussite.
Autre événement à partir de fin mars : la
première édition du festival de Pâques à Aix-enProvence, imaginé par Dominique Bluzet et
Renaud Capuçon. Les grands noms sont à l’affiche pendant 2 semaines de concerts – Philippe
Jordan, Valery Gergiev, Hélène Grimaud, Alfred
Brendel (mais pour une conférence), etc – et ce
festival printanier survivra à MP 2013, puisque
5 éditions annuelles sont annoncées.
François Jestin
Pour en savoir plus :
www.mp2013.fr et www.festivalpaques.com
Le Grand Atelier du Midi
Sous cet intitulé a lieu, du 13 juin au 13 octobre 2013, une exposition en deux volets, organisée dans le cadre de “Marseille-Provence
2013, Capitale européenne de la culture“.
«Le Grand Atelier du Midi» suit, de 1880 à 1960, les différents
mouvements qui ont jalonné le XXe siècle, de l’impressionnisme au
post-impressionnisme, en passant par le fauvisme, le cubisme, les
expériences des surréalistes et l’abstraction, et montre ainsi que le
Midi, depuis les premiers voyages de Renoir et de Signac, a été une
source infinie d’inspiration pour les peintres.
Le volet aixois, «De Cézanne à Matisse», qui investira le Musée
Granet d’Aix-en-Provence, aborde la question de la forme et trouve
naturellement sa référence à Cézanne, “père“ de l’art moderne tel que
le considéraient Braque, Matisse ou Picasso. Le Midi a aussi accueilli
les artistes liés au mouvement dada et au surréalisme. Ainsi, l’exposition se conclut sur une section consacrée à l’émergence d’une nouvel-
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Palais Longchamp, Marseille : Vincent Van Gogh (1853 – 1890) «La Méridienne».
Entre 1889 et 1890. Huile sur toile, 73 x 91 cm Paris, Muséed’Orsay
© Rmn – Grand Palais (Musée d’Orsay) / Tonny Querrec
le écriture qui mène aux différentes formes de l’abstraction lyrique ou géométrique : Miró, de Staël, Van Velde... Près de cent chefs-d’œuvre issus de
grandes collections d’art moderne du monde entier, tant publiques que privées, seront présentés à Aix-en-Provence.
A Marseille, l’exposition «De Van Gogh à Bonnard» du Palais
Longchamp - qui présente environ cent chefs-d’œuvre des plus grands
maîtres des XIXe et XXe siècles - est centrée sur la question du flamboiement et de l’arbitraire de la couleur, depuis le Van Gogh arlésien jusqu’aux
fauves et jusqu’à Bonnard. Seront également évoqué les territoires de l’imaginaire, la poursuite d’un rêve hédoniste, la quête d’un âge d’or. Car ces
rivages du Midi, non seulement ont permis aux artistes de rêver d’un
ailleurs, mais aussi de faire revivre les mythologies dans la beauté des paysages et l’intensité de la lumière, autorisant ceux-ci à se peupler de faunes
et de dryades...
Musée Granet, Aix-en-Provence : Albert Marquet «La Terrasse, l’Estaque» 1918
Huile sur toile, 65 x 81 cm. Copenhague, The National Gallery of Denmark
© SMK Photo © ADAG Paris 2013
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A noter que deux autres expositions sont associées au Grand Atelier du Midi :
«Picasso céramiste et la Méditerranée», à la Chapelle des Pénitents Noirs d’Aubagne, du
27 avril au 13 octobre
«Raoul Dufy, de Martigues à l’Estaque», au Musée Ziem de Martigues, du 13 juin au 13
octobre
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manifes tation
2ème journées européennes des métiers d’art
Patrimoine humain
Les Journées Européennes des Métiers d’Art se tiendront les 5, 6, et 7 avril
prochain. Pour sa deuxième édition, la manifestation offrira gratuitement à
2000 chanceux la possibilité de plonger au cœur de onze des institutions les plus
emblématiques du canton. Ce pendant de la Journée du Patrimoine se
concentre lui sur l’héritage humain. L’occasion de mettre en lumière un
savoir-faire souvent insoupçonné et susciter des vocations.
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au rayonnement et à l'excellence spécifique à
notre canton. Le travail de création est riche et
complexe : que ce soit un monteur, un taxidermiste ou un restaurateur, ce sont des savoirfaire qui demandent une grande maîtrise. Nous
voulons mettre en avant ces compétences, rendre visible notre économie créative, afin de montrer ce patrimoine immatériel, spécifique à
l’histoire de Genève. »
En marge de la soixantaine d’ateliers, la
Manufacture Vacheron & Constantin, le partenaire et instigateur du projet, sponsorise l’exposition intitulée L’envers du décor, qui se tiendra
au Musée d’art et d’histoire. Celleci dévoilera des objets appartenant
aux onze institutions et un cabinotier permettra de découvrir le
métier d’horloger.
Visiter les coulisses d’un théâtre, découvrir les secrets de fabrication d’une marionnette, observer
comment on restaure un livre ou
une céramique, apprendre les techniques pour empailler un animal et
Evolution
Cette manifestation est appepréparer un herbier, tel est le menu
lée à évoluer dans un futur proche,
des Journées Européennes des
comme l’explique Sami Kanaan :
Métiers d’Art. Première manifes« Nous avons fait une Journée test
tation du genre en Suisse, elle prol’année passée concentrée sur un
pose cette année d’aller à la renjour et en un lieu, à savoir, le
contre de ceux qui font vivre les
Grand Théâtre. Cette fois-ci, l’eshauts lieux de l’art genevois grâce
sai se fera en grandeur nature.
à leur passion et leurs compétenNous pensons que, potentielleces. La Bibliothèque de Genève, la
Théâtre des marionnetttes : Préparation d’une marionnette pour
ment, nous serons à même d’étendComédie, les Conservatoire et
«L’échappée belle». Photo Pierre Monnerat
re
l’offre en incluant les ateliers
Jardin Botaniques, Le Grand
indépendants
lors
des prochaines éditions.
Théâtre, les Musées Ariana, d’art et d’histoire, curiosité du visiteur, mais aussi de susciter des
Cependant,
il
s’agira
d’entamer un questionned’ethnographie et d’histoire naturelle ainsi que vocations, comme le souligne avec enthousiasment
sur
les
limites
de
l’art. En ce sens, par
les théâtres Am Stram Gram, de Carouge et des me Elvita Alvarez, la responsable de ce projet :
exemple,
la
gastronomie
peut être considérée
Marionnettes sont autant de lieux qui ont répon- « A Genève, le domaine représente un secteur
comme
un
art,
selon
les
points de vue. » Un
du présents à l’appel de Sami Kanaan. Le économique important et souvent méconnu.
Conseiller administratif de la Ville de Genève Certains cantons ont déjà entamés la réflexion concept qui est résolument appelé à entrer dans
en charge du Département de la culture et du autour de la notion d’économie créative, enco- le calendrier genevois des rendez-vous
sport raconte : « Nous avons reçu de très bons re peu développée ici, alors que le secteur est incontournables.
En attendant, pour ne pas rater cette opporéchos de la part des différents établissements riche d’une belle diversité et que cela participe
tunité, l’inscription aux visites est
contactés. Tous avaient une vraie
obligatoire avant le 5 avril. Pour ce
envie de participer. C’est un beau
faire, trois possibilités s’offre aux
projet qui passionne autant le
intéressés : par courriel à l’adresse
public que les artisans eux-mêmes.
jounreesdesmetiersdart@villeNotre but est de valoriser ces
ge.ch, par téléphone au 022 418 35
métiers d’art qui sont souvent
20, et au point d’information situé
méconnus. Nous voulons montrer à
au rez-de-chaussée de la Maison
la fois leur complexité et leur
des arts du Grütli. Les places étant
richesse. »
limitées, il est vivement recommandé de se presser.
Susciter des vocations
Tout au long de ces trois jourJulie Bauer
nées, chacun pourra ainsi s’immerProgramme
et
inscriptions
: www.villeger le temps d’un atelier dans l’ugeneve.ch
nivers présenté par un professionMusée d’art et d’histoire :L'atelier de restauration de peintures.
Photo Bettina Jacot-Descombes
nel. L’occasion de satisfaire la
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maison européenne de la photographie
Joel Meyerowitz
La présentation à la Maison Européenne de la
Photographie du travail de Joel Meyerowitz, né en 1938,
procure une grande richesse d’émotions évocatrices de
toute une époque. A travers la progression de son travail
nous sommes plongés, non seulement dans l’évolution
spectaculaire de la photographie depuis les années
soixante, mais aussi revivons les différentes tendances de
l’art contemporain et des métamorphose de la société
depuis lors.
Paris, France, 1967 © Joel meyerowitz
courtesy howard greenberg gallery, new york city
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Lorsque Joel Meyerowitz a commencé à travailler, la photographie
« sérieuse » était obligatoirement en noir et blanc : à l’instar d’Amsel
Adams et Edward Weston, en particulier, les tirages devaient être réalisés
par le photographe lui-même. La couleur était considérée comme destinée
aux magazines ou à la publicité. C’est pourquoi l’on peut dire que, par son
travail en couleur, Joel Meyerowitz a contribué à révolutionner l’histoire
de la photographie.
L’accrochage commence au début de la carrière du photographe.
Fasciné par le travail de Robert Franck (“Les Américains“), il décide en
1964 de prendre la route à son tour et de parcourir les Etats-Unis avec son
ami et collègue Garry Winogrand (autre photographe de rue). La liberté
qu’il découvre alors lui fait voir, en pleine guerre du Viet Nam, la société
américaine sous un autre jour que celle qu’il croyait connaître : le consumérisme qui règne à ce moment-là le frappe et l’influence dans ses images.
Autre signe de l’époque (“les sixties“), il ne travaille pratiquement
qu’au volant de sa voiture, « la pare-brise gouvernant ses
cadrages et la fragmentation de ses images », dit-il. De
1966 à 67, c’est en Europe que ses pas l’amènent et l’on
peut en voir sa vision, en noir et blanc et en couleurs. Ses
images de Paris nous montrent des Parisiennes à l’élégance
d’alors : en coquettes robes, coiffures parfaites, d’avant les
années soixante-dix… Son approche est humaniste, ses
cadrages rapides, “moment décisif“ comme CartierBresson, mais en plus serré.
De retour aux USA, il dépeint le “rêve américain“. La
couleur aide beaucoup dans cette démarche et accentue le
côté kitsch. C’est bien l’époque du pop art, avec la société
de consommation comme thème.
En 1979, il décide de ne plus travailler qu’en couleurs
et va même jusqu’à changer son reflex 35mm pour une
“chambre“, ce qui a pour résultat une photographie beaucoup plus statique dans laquelle la couleur devient vraiment
le sujet. Les portraits de cette époque présents dans l’exposition n’ont plus rien de commun avec ses photos instantanées de rue.
Ses grands paysages réalisés en 1984 sont sans doute
ce qu’il y a de moins fort dans l’exposition : couchers de
soleil sur mer étale, de même qu’une série intitulée « les
éléments ».
Le parcours se termine par des vues panoramiques et
apocalyptiques du World Trade Center dévasté. Ce travail le
remet au sein d’une démarche plus contemporaine du paysage urbain. En effet, aujourd’hui, nombreux sont les photographes qui peignent notre environnement menacé : friches
industrielles, abords de mégapoles, dans des cadres gigantesques et hyper panoramiques.
Cette exposition, très courue, est surtout intéressante
dans la mesure ou, à travers la trajectoire d’un photographe
(de 1960 à 2000) on peut retracer, en toute spontanéité, les
mouvements récents de notre société.
Christine Pictet
Maison Européenne de la Photographie
jusqu’au 7 avril
Five more found, NYC, 2001 © Joel meyerowitz
courtesy howard greenberg gallery, new york city
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la maison rouge
L’art sous influences
A la recherche d’expériences nouvelles, les artistes ont souvent été tentés par
des produits psychotropes, autrement dit des drogues - parmi lesquelles il faut
aussi compter le tabac et l’alcool - pour déclencher ou stimuler, voir intensifier
leur créativité. Ce sont ces relations qu’entretiennent les artistes avec les
psychotropes tout au long du XX° siècle et jusqu’à l’époque contemporaine, que
raconte l’exposition Sous influences.
Un parcours riche en découvertes pour le
visiteur, à travers plus de 250 œuvres qui nous
montrent comment les artistes ont traduit, simulé
ou représenté les effets des substances prises.
Pour la circonstance, c’est un artiste doublé d’un
intervenant en addictologie, aidant les toxicomanes, Antoine Perpère, qui officie en tant que commissaire de l’exposition. Son approche se fait
« hors de tout jugement moral, de prises de position socio-juridique, d’interprétation psycholo-
gique ou de choix esthétiques prédéterminés ».
Une présentation le plus objective possible,
explorant les rapprochements entre les processus
créatifs et l’utilisation de produits psychoactifs.
Pour cela, il propose de classifier les œuvres
selon les effets qu’ont les drogues sur la conscience des artistes. Il y a d’abord les drogues
dopantes, celles qui stimulent la conscience et
provoquent une excitation physique et psychique.
Viennent ensuite les drogues hédonistes, qui
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Arnulf Rainer, «Pfifff!!!», 1970-1975, Peinture, Technique mixte sur photographie N&B
60 x 50 cm, série des Faces Farces, courtesy collection Wachsmann
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diminuent le niveau de conscience et procurent
un apaisement des sensations douloureuses et
enfin les drogues hallucinogènes, qui perturbent
profondément la conscience.
L’exposition tente de montrer que l’artiste,
bien que drogué et sous influence, cherche avant
tout à transmettre et à traduire en termes plastiques son expérience.
Des drogues courantes
Une fleur de pavot, appelée fleur de joie,
représentée sur un relief du VII°siècle avant J.C.
vient nous rappeler que l’usage des plantes
psychotropes a existé de tous temps. Le XIX°
siècle est évoqué avec Charcot, le grand scientifique qui a travaillé sur l’hystérie, par un dessin
réalisé en 1853 sous l’influence du haschich. Les
premières salles se réfèrent aux drogues les plus
courantes : les médicaments au cœur de notre
quotidien, voire l’alcool dont témoigne une
sculpture anamorphique de Markus Raetz ou le
tabac évoqué par une photographie d’Irving
Penn. C’est à l’usage ancestral des plantes que
s’intéresse Hermann de Vries, qui a créé un herbier constitué des plantes toxiques. Il est souvent
fait allusion à l’opium à travers des peintures
comme celle du Fumeur d’opium d’Erro ou
même d’une pipe à opium (1914) exposée dans
une vitrine. La consommation du haschich et de
l’opium se développant dès le XIX°siècle dans
toutes les classes sociales et surtout dans les
milieux scientifiques et littéraires. Une première
édition de 1860 des Paradis artificiels de Charles
Baudelaire est là pour le rappeler.
Tout un mur est consacré à Antonin Artaud,
qui recourait à l’opium pour apaiser ses souffrances. Dans le cas d’Henri Michaux, l’expérience des drogues correspond à un désir d’exploration de soi, à base de mescaline et de haschich, et occupe l’artiste dans les 1956 à 1966.
Ses dessins sont autant de transpositions visuelles des modifications de la conscience. A l’instar de Michaux, Jean-Jacques Lebel cherche à
« sortir de soi et se déshabituer des normes
sociales », créant des dessins et collages réalisées
sous l’emprise de drogue comme la psylocybine.
Autre grand admirateur de Michaux, Arnulf
Rainer, marqué par la notion d’automatisme psychique des surréalistes, produit dans les années
soixante des œuvres sous l’effet de substances
hallucilogènes, participant à des expériences
menées à la clinique universitaire de Lausanne.
Grand opiomane, Jean Cocteau n’a pas été oublié
et toute une série de dessins qui ont accompagné
la rédaction de son texte Opium, sont présentés.
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une installation faite d’un jeu infini de miroirs
créant une sensation d’immersion totale.
D’autres stars du marché de l’art contemporain
figurent dans la fin du parcours : Takashi
Murakami et son motif du champignon, la photographe Nan Goldin qui saisit tous les excès,
Damien Hirst dont son Last Supper, qui remplace les treize convives de la Cène par des identités
visuelles de médicaments, dont les noms sont
remplacés par ceux de plats de la cuisine anglaise. Clin d’œil final du commissaire et de son
œuvre, Ecrire les drogues. Une machine à écrire
où les touches du clavier forment des noms de
substance, rappelle que, si la drogue parasite la
communication, le plus puissant des psychotropes reste le langage. En guise de conclusion, il
emprunte une citation au Dr. Aimé Robert
(Drogues du cerveau, 1958). « Et cela nous
conduit à la drogue des drogues…l’aliment le
plus irremplaçable et le toxique le plus puissant
du cerveau humain : la parole humaine. Mais
cela est déjà un autre sujet ». Voire une autre
exposition !
Régine Kopp
Jusqu’au 19 mai 2013
Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 19 h.
Yayoï Kusama, «Dots Obsession (Infinited Mirrored Room)» 1998,
Collection les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées © Yayoï Kusama ; photogr. Grand Rond Production
Conséquences
Une deuxième partie s’attache à montrer les
conséquences sociales et humaines de l’usage de
psychotropes, pour les individus et les états. Avec
des œuvres de Jean-Baptiste Audat, Hervé di
Rosa, Gianfranco Rosi. Mort d’une overdose
d’héroïne, Jean-Michel Basquiat a pris rang d’icône et son collage, régi par un principe de répétition et de dislocation, témoigne des effets
dévastateurs. Après avoir passé devant des seringues, des cuillères brûlées, des plaquettes de
médicaments, qui sont soit exposés, soit représentés, le visiteur est introduit dans une bibliothèque reconstituée, une installation signée
Frédéric Post. Il s’agit d’une collection dédiée
aux drogues et réunie par un homme d’affaires et
jet setteur. Toute une section, traitée avec
humour, est dédiée à l’alcool. On y trouve des
œuvres de Robert Filliou, de Pierre Leguillon.
Celle très originale d’Esther Ferrer, Prises de
sang (prise de sang aristocrate en bleu, anémique
en blanc, communiste en rouge) évoque l’alcoolisme, une affection bien française qui traverse
toutes les couches sociales.
Un des temps forts est la salle consacrée à
l’artiste japonaise, Yayoi Kusama, âgée aujourd’hui de 83 ans et célébrée par le marché de l’art :
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Erró, «Sur la Terrasse (Fes)»,1976, Collection privée, Cuba
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opéra
Ciboulette
sans boulettes
Ciboulette, l’opérette qui faisait la joie de nos arrière-grand-mères, revit à
l’Opéra-Comique. Resplendissante comme au premier jour !
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Opéra-Comique : «Ciboulette» © Elisabeth Carecchio
Créée à Paris en 1923, l’opérette de
Reynaldo Hahn a connu de beaux soirs jusqu’à la
fin des années 50... Pour ensuite demeurer un
titre fameux du répertoire lyrique léger, mais
sans beaucoup plus de résonances dans l’esprit
du public. Et nous voilà ainsi, surpris par
Ciboulette ! pensant avoir quelques scies mélodiques dans la tête, mais dont l’écoute à l’OpéraComique ne rappelle rien… Tout juste les deux
premières stances de “ Nous avons fait un beau
voyage ”, au long d’une partition sensible, raffinée, et souvent inspirée (l’émouvant air “ C’est
pas Paris, c’est sa banlieue ” et le mélodrame
suivi de l’air – sublimes, n’hésitons pas ! – “ Un
petit mouchoir ”). Le livret aussi surprend, délicat et subtil, finement drôle et avec justesse, pour
cette histoire de petite maraîchère des Halles de
Paris devenue diva. Ciboulette devenue Conchita
a
Ciboulero ! les divas en ces années 1920, ou 1860
au moment de l’action, se devant de fleurer bon
l’espagnolade. Bref, une révélation !
La réalisation à l’Opéra-Comique y est pour
beaucoup. Les passages parlés (de ce livret apparemment scrupuleusement respecté, sauf pour
des détails) sont judicieusement dits, et les parties vocales lancées avec doigté. Julie Fuchs
incarne Ciboulette avec le bagout et l’aisance
mélodique qu’on attend de son beau soprano.
Jean-François Lapointe, Julien Behr, JeanClaude Saragosse, Guillemette Laurens et
Bernadette Lafont l’entourent de leurs chants
tout aussi bienvenus, comme les petits rôles campés crânement par les jeunes espoirs de
l’Académie de l’Opéra-Comique. Le Chœur
Accentus et l’Orchestre de l’Opéra de Toulon
(qui coproduit) réservent des trésors de nuances
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et de verve, sous la baguette de Laurence
Equilbey, que l’on n’a jamais connue aussi assurée à la direction d’orchestre. La mise en scène
de Michel Fau n’est pas en reste : fidèle à la
trame, avec des gestes et ensembles bien trouvés,
des costumes Second Empire, un décor combiné
de toiles de fond et photographies en noir et blanc
évocateur d’un Paris, de sa banlieue et de ses
Halles, qui ne sont plus. Un enivrant parfum de
nostalgie, en phase avec celui que dégage l’ouvrage. Seule boulette : l’intervention au dernier
acte d’un travelo (il n’y a pas d’autre mot), ou
Michel Fau soi-même grimé en Castafiore chantant en mauvais falsetto un
air non prévu par l’ouvrage
(bien que pris d’une mélodie de Hahn). Le public
s’esclaffe
lourdement
devant cette seule fausse
note (et fausse voix) d’une
production par ailleurs
pourtant sans racolages.
Rançon de sa gloire en
son temps, Ciboulette se
devait de donner naissance à
une adaptation cinématographique : elle est signée
Claude Autant-Lara en
1933, sur un scénario
quelque peu adapté par
Jacques Prévert, avec la participation d’étoiles artistiques de la scène et du
chant qui ont marqué leur
époque. Touchant témoignage, projeté dans la même
salle, un soir entre deux
représentations de l’œuvre
théâtrale originelle.
Walkyrie et Falstaff
Wagner et Verdi, les deux compositeurs
lyriques dont on fête le bicentenaire, se retrouvent confrontés à la Bastille. C’est ainsi qu’à la
Walkyrie, succède Falstaff. Dans les deux cas,
pour des reprises.
Le deuxième volet de ce Ring conçu par
Günter Krämer n’était pas en 2010 la partie la
plus réussie d’une Tétralogie par ailleurs captivante. Le metteur en scène déclare avoir revu sa
copie, mais les différences se sentent peu. On
regrettera la disparition du peuple rassemblé pour
l’image finale, remplacé par une Erda défilant à
l’avant-scène sous une noire mantille (façon
Conchita Ciboulero ?). Quelques traits sont plus
appuyés, comme la scène d’holocauste, tout à fait
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appropriée, qui ouvre le spectacle.
Mais les raccords se voient mal (à
tort ?) dans une lecture qui se cherche
encore parfois. Le maillon faible
d’une série forte dans son ensemble,
dont témoigne le précédent Or du
Rhin (voir Scènes Magazine de
mars). Musicalement, l’impression
serait du même ordre du côté de la
direction de Philippe Jordan, qui a
tendance à s’appesantir pour des
moments qui n’en finissent pas (les
premier et deuxième acte !) mais se
rachète enfin (au dernier acte).
Le plateau vocal est, lui, digne
de tous éloges. Alwyn Mellor plante
une Brünnhilde de grande stature,
l’une des meilleures qui se puisse
actuellement, avec un chant qui n’est
jamais pris en défaut à travers une
projection pleine. Stuart Skelton/
Siegmund, Martina Serafin/
Sieglinde, Egils Silins/Wotan, et Sophie
Koch/Fricka, constituent des adéquations parfaites de leurs rôles. Comme le chorus des
Walkyries, bien que parfois malmené. Mais on se
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Opéra Bastille : «La Walkyrie» avec Sophie Koch (Fricka) et Egils Silins (Wotan)
Crédit : Opéra national de Paris/ Elisa Haberer
Londres, à la fin du XIXe siècle : à peu près l’époque de la création de l’œuvre, qui se satisfait
fort bien de cette relecture. Ambrogio Maestri est
le Falstaff du moment, voix puissante (avec
dans le périlleux final du deuxième acte, ou
celui, qui l’est tout autant, du dernier. Le vaste
plateau de Bastille y est probablement pour
quelque chose, qui étale les intervenants d’un
bout à l’autre de la scène (quand on
songe que l’œuvre fut créée à Paris,
sous la supervision du maître, à
l’Opéra-Comique !). Et c’est ainsi
que Daniel Oren, chef jusqu’ici
infaillible dans le répertoire italien,
semble avoir des difficultés à maintenir ses troupes. Cruel achoppement
dans cet ouvrage tout en polyphonies ! mais sans nul doute corrigé au
fil des représentations succédant à
une première encore verte.
Bidons et Didon
Le Théâtre des Bouffes du Nord
associe lui aussi deux spectacles
musicaux assez dissemblables.
Répertoire, pièce de théâtre musical
Opéra Bastille : «Falstaff» avec Svetla Vassileva (Mrs Alice Ford), Elena Tsallagova (Nannetta), Marie-Nicole Lemieux
composée
en 1970 par Mauricio
(Mrs Quickly), Gaelle Arquez (Mrs Meg Page) et Ambrogio Maestri (Sir John Falstaff)
© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca
Kagel, précède le Crocodile tromsurprend, à l’aide de jumelles, à observer des per- quelques accrocs fugaces) et incarnation entière. peur, arrangement d’après Didon et Énée de
les au front (pour Siegmund, Hundig, Wotan), ou Mais Elena Tsallagova constitue une sorte de Purcell (le “ Crocodile ” en question venant de
dans les cheveux (pour Fricka) : petits micropho- révélation, Nannetta à l’émission ductile et au mots du livret, allusion aux fameuses “ larmes ”
nes bien mal cachés. Nouvelles mœurs à l’Opéra chant aérien. Marie-Nicole Lemieux dispense du reptile). Au cours d’une même soirée si on le
de Paris ?… Le résultat sonore, nonobstant, ne une Mrs Quicly pétulante à souhait, alors que désire, puisque les horaires de spectacle se suis’en ressent guère.
Svetla Vassileva/Alice, ou Gaëlle Arquez/Meg, vent. L’œuvre de Kagel reprend une nouvelle vie,
Falstaff, on l’imagine, constitue une autre restent idoines. Artur Rucinski/Ford, et Paolo par les soins de Jos Houben, Françoise Rivalland
aventure. Ce Verdi ultime revient dans une pro- Fanale/Fenton, le sont moins, dont les voix flot- et Emily Wilson, à qui échoient aussi les rôles de
duction datée de 1999, signée Dominique tent parfois. Mais étrangement, avec de pareils musiciens et acteurs, jouant de trombone ou tamPitoiset. Nous sommes dans les docks de bons ingrédients, la sauce tourne parfois, comme bour, mais aussi de tuyaux d’arrosage et autres
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révèle tout autant efficace, faisant
tourner les situations de cette
ronde des personnages et de leurs
frasques sexuelles, avec précision
et un jeu d’acteurs rondement
mené. On se lasse toutefois de ces
déshabillages et fornications
(simulées, mal, ce qui est d’autant
plus superfétatoire) successifs et à
répétition, que le livret appelle,
certes, mais qui irritent vite plus
qu’ils ne choquent (on en a vu
d’autres !). L’allusion aurait suffit… Quant à la partition de
Boesmans, peut-être a-t-elle mal
passé le temps ; qui lasse aussi par
ce trop constant récitatif-arioso
sans franc lyrisme, déjà maintes
fois entendu par ailleurs, entre les
raffinements instrumentaux.
Conservatoire de Paris : «Reigen» © Ferrante Ferranti
Perles et Quat’sous
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ustensiles domestiques détournés : on connaît
bien la veine du musicien germano-argentin
disparu en 2008. Burlesque, loufoquerie, mais
aussi sons et gestes inattendus, se succèdent
ainsi. La conception générale, faisant apparaître
et disparaître les protagonistes (les personnages ?) devant et derrière des paravents, ne
manque pas de sel. Puisqu’il est aussi question de
cuisine…
Didon et Énée se retrouve pour sa part
réécrit pour petite formation de jazz, ou apparenté, avec l’appoint de solistes vocaux (acteurschanteurs, qui seraient du niveau de choristes,
sauf pour Marion Sicre, la professionnelle de
cette troupe d’occasion). Cet alibi hautement culturel s’insère dans une sorte de pièce parlée, dont
les tirades, inventées pour la circonstance, tiennent du délire improvisé. La mise en scène de
Samuel Achache et Jeanne Candel s’accorde à
cette tonalité, amusante parfois et surprenante
souvent, avec un aspect bricolo parmi un amoncellement d’objets hétéroclites (on n’est pas si
loin de Kagel…). Les amateurs de musique ou de
théâtre ne sont pas forcément comblés, mais les
grands enfants, que nous sommes tous, sont
ravis.
sion réduite par Fabrizio Cassol pour formation
de chambre, mais avalisée par le compositeur, qui
est ici offerte. Les élèves du département des disciplines vocales du Conservatoire officient, en
compagnie de l’orchestre maison, sous la direction de Tito Ceccherini. Un sans-faute musical !
Retenons les noms d’Enguerrand de Hys, Laura
Holm, Aurélien Gasse, Charlotte Schumann,
Jean-Jacques L’Anthoen, Marie-Laure Garnier
ou Romain Dayez, tous appelés à une belle carrière de chanteurs.
La mise en scène de Marguerite Borie se
À la salle Pleyel, sous l’égide des “ Grandes
Voix ”, place est donnée aux Pêcheurs de perles
et, entre autres perles, la présence de Roberto
Alagna. Mais cet opéra en version de concert
dépasse le faire-valoir pour chanteur vedette,
dans un réel accomplissement. Alagna troque ses
beaux élans vocaux pour des nuances bien
venues et un panachage de poitrine et de tête.
L’air de Nadir, susurré tout en voix de tête, aurait
cependant gagné à un usage de la technique
mixte, avec des passages de registres qu’apparemment le beau ténor ne maîtrise pas. Nino
Reigen rondement mené
La salle d’Art lyrique du Conservatoire de
Paris présente Reigen, l’opéra de Philippe
Boesmans créé en 1993 et qui depuis lors a fait le
tour du monde. Il s’inspire de la pièce éponyme
d’Arthur Schnitzler (la Ronde) sur un livret, en
allemand, concocté par Luc Bondy. C’est la ver-
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Salle Pleyel : «Les Pêcheurs de Perles» en version de concert © Les Grandes Voix
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Machaidze lui ravit ainsi la vedette, Léïla
épanchée dans la caractérisation et l’émission (et la beauté plastique, vocale mais pas
seulement). Nicolas Courjal est un
Nourabad profond et saisissant, quand
Alexandre Duhamel figure un bon Zurga
(lui aussi sans notes de passage). La vivacité du Chœur Opella Nova répond à la direction investie de Giorgio Croci face à un
Orchestre de chambre de Paris (nouvelle
appellation, comme on sait, de l’ex
Ensemble orchestral) franc du collier (de
perles) et particulièrement concerné. Une
revanche pour le chef-d’œuvre de Bizet !
après les représentations empêtrées de la
saison dernière à l’Opéra-Comique.
Au Théâtre des Champs-Élysées, c’est
l’Opéra de quat’sous, autre chef-d’œuvre,
qui est pareillement délivré en version de
concert. On gagne ainsi à se concentrer sur
la musique, magnifiquement servie par le
London Philharmonic Orchestra et son
chœur, un plateau vocal de choix et la direction de Vladimir Jurowski. Vétérans du chant et
gosiers dits de variété suffisent à dégager toute la
saveur crissante d’airs et touches de cabaret sulfureuses qui ont fait la renommée méritée de
Kurt Weill, avec Mark Padmore, Felicity Palmer
et Meow Meow (chanteuse punk !). Une mention
pour la jeune Gabriela Istoc, soprano promise au
meilleur avenir. Les dialogues parlés originaux
ont disparu, ce qui se justifie ici, remplacés par
un texte de liaison assez plan-plan (“ Et voici la
Théâtre Antoine
Une heure de tranquillité
On se souvient que Fabrice Luchini interprétait un des trois rôles de la célèbre pièce de
Yasmina Reza Art *. Il incarnait Serge, un dermatologue qui venait d’acquérir pour une
somme scandaleuse un tableau monochrome
blanc. Il entrait sur scène avec un regard gourmand et une folle envie de partager cette œuvre
avec ses amis…
Lorsqu’il surgit sur la scène du Théâtre
Antoine, presque trente ans plus tard, le volubile sexagénaire n’aspire qu’à une seule et unique
chose : une heure de tranquillité ! Il vient en
effet d’acquérir LE disque de jazz qu’il convoitait depuis toujours. Foin de partage entre amis.
Il donnerait tout pour disposer d’une heure de
paix royale en tête à tête avec ce divin morceau
de vinyle !
Son épouse dépressive (la délicieuse
Christiane Millet) choisit justement ce moment
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Vladimir Jurowski dirige le London Philharmonic Orchestra
© Richard Cannon
chanson… ”) bien dit, en allemand, par un narrateur sonorisé. Petite gêne…
Hippolyte et Sibelius
On ne connaissait jusqu’ici que la version
originale, de 1733, d’Hippolyte et Aricie. Le dernier Festival de Beaune a ressorti la version tardivement remaniée, en 1757, qui serait presque
ainsi l’ultime opéra de Rameau avec les
Boréades. Cette version est reprise, toujours de
pour faire le point sur leur couple.
Son fils gothique, sa maîtresse
abandonnée, son plombier presque
polonais … et son voisin « preskovitchien » se relaient efficacement
pour empêcher Fabrice d’écouter
cette divine musique.
Mais Fabrice se défend : il
ment, il esquive et manipule son
petit monde. Gagnera-t-il ce
moment de quiétude ?
Florian Zeller s’est largement
inspiré de la mécanique de
Feydeau pour écrire cette comédie
efficace qui offre au spectateur une heure et
demi de pure détente … et parvient presque à lui
faire oublier qu’il est très mal assis !
La pièce repose presque entièrement sur un
Fabrice Luchini en pleine forme, visiblement
très heureux de retrouver les planches pour un
spectacle où on ne l’attendait pas, après Céline,
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concert, à l’Opéra royal de Versailles, dans
un climat d’attente exacerbé comme on l’imagine (avec toute la presse spécialisée
réunie). D’où aussi la déconvenue. Le vent
dramatique et musical que l’on aurait espéré n’a pas soufflé. Et les modifications,
assez importantes au dernier acte, paraissent sans grand effet. La faute certainement à la restitution musicale. L’ensemble
Pygmalion, orchestre et chœur, sous la
direction de son jeune mentor, Raphaël
Pichon, que l’on avait déjà pourtant apprécié (à Beaune pour la seconde version de
Dardanus, retrouvée elle aussi), déçoit :
couleurs ternes, manque de dynamique
sonore, constant mezzo-forte un peu scolaire. La distribution vocale n’est guère
mieux lotie, dont s’extirpent un Edwin
Crossley-Mercer de voix pleine, une
Sabine Devieilhe bien lancée et un
Francisco Fernández Rueda de style. Une
frustration.
Le premier Sibelius, ou plutôt sa
Première Symphonie, s’affirme, lui, conquérant
au Théâtre des Champs-Élysées. La gloire en
revient à un Orchestre national de France à l’ordonnance militaire et guerrière, et son chef de
bataille, Vassily Sinaisky, Napoléon venu de
l’Est. Sous l’archet de Julian Rachlin, le
Concerto pour violon de Mendelssohn reluit.
Une gratification.
Pierre-René Serna
«Une heure de tranquillité» © Bernard Richebe
La Fontaine, Baudelaire, Flaubert … Zeller.
Cherchez l’erreur !
Une soirée réussie !
Philippe Baltzer
* Art de Yasmina Reza est disponible gratuitement sur
www.dailymotion.com
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comédie française
Phèdre
L’idée de reprogrammer la grande tragédie de Jean Racine à la Comédie
Française, après vingt ans d’absence, n’était pas pour déplaire. Celle d’en
confier la mise en scène à un metteur en scène grec, Michael Marmarinos,
familier de la tragédie antique pour l’avoir souvent montée dans des lieux
hautement symboliques comme Epidaure, avait de quoi séduire.
Situer l’action dans l’intérieur d’une grande et élégante maison grecque avec
des portes-fenêtres s’ouvrant sur une belle terrasse dominant la mer dont les
couleurs changent au gré de la lumière et dont on a même pris soin de
visualiser au lointain, grâce à des effets vidéos, les vagues, en somme un décor
méditerranéen, a de quoi faire rêver le spectateur.
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Si ce n’est que ce qui se
passe devant nos yeux, ou
plutôt ce que raconte la
relecture du metteur en
scène, n’a rien à faire avec
la tragédie de Jean Racine,
un univers oppressant soumis à des dieux inflexibles
et qui, dans un tsunami sanglant, emporte tous les personnages. On a beau le tourner comme on veut et faire
preuve d’indulgence pour
un travail scénographique
somme toute bien conçu,
l’histoire de Phèdre devient
un drame bourgeois, que le
metteur en scène transpose
dans notre siècle, avec des
hommes et des femmes
habillés dans des tenues
beiges aux lignes très épurées, dans un style Armani.
«Phedre» © Brigitte Enguérand
Une autre histoire
L’histoire de la fille de Minos et de
Pasiphaé, qui lutte en vain contre la passion
qu’elle éprouve pour Hippolyte, le fils du roi
Thésée, son époux, devient une autre histoire.
Celle d’une femme mariée qui s’éprend de son
beau-fils et qui ne pourra parler de sa passion
que lorsqu’elle apprend la mort de son mari.
Fausse mauvaise nouvelle, puisque son mari
revient, elle fait alors porter à son beau-fils la
responsabilité de ses fautes mais ne supportant
plus sa culpabilité, se tue en s’empoisonnant.
Comme le souligne Michael Marmarinos,
Phèdre est une tragédie des mots mais la tragédie a besoin de réalité, ce qu’il traduit sur scène
a
par la présence d’objets, une table et une chaise,
un lit, une radio mais aussi par des gestes quotidiens : Hyppolite croque un morceau dans une
pomme qu’il balance ensuite dans les décors ;
Panope annonce la disparition de Thésée, en
mangeant un yaourt ; Thésée jette un verre
d’eau à la figure de son fils Hippolyte ; une
radio sur la table est allumée tout au long de la
soirée et un micro dressé au milieu du plateau
sert aux personnages à donner une résonance
particulière à certaines phrases comme c’est
aussi le cas du récit de Tiramène amplifié par le
micro. Dès les premières paroles de Phèdre,
n’osant prononcer le nom d’Hippolyte, elle
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prend place sur la chaise à côté de la table. Sa
plainte, couverte par une musique languissante,
lui donne une allure de femme dépressive.
D’une manière générale, la musique, bien que
subtilement composée par Dimitris Kamarotos,
est trop envahissante et ne s’efface qu’à de rares
moments, où la tragédie des mots ne supporte
plus que le silence.
Distribution
Dans le rôle de Phèdre, une grande actrice,
Elsa Lepoivre, qui sait tirer tous les registres de
la passion à la folie en passant par la colère, et
pourtant, peine à trouver la dimension tragique
de son personnage. Même constat chez le jeune
pensionnaire Pierre Niney, que le cinéma
(Comme des frères,
Ving ans d’écart et
une future interprétation d’Yves SaintLaurent) ainsi que le
théâtre (une performance remarquée dans
Le Chapeau de paille
d’Italie dans cette
même maison) ont
propulsé au rang de
star. Il joue Hippolyte,
avec beaucoup de fougue et de sobriété.
Même s’il dit « aborder tous ses rôles de la
même façon, avec son
instinct et sa personnalité », son interprétation ne convainc pas
entièrement. Son profil d’adolescent sans
substance et sa voix
monocorde ne servent
en fin de compte qu’à
banaliser la tragédie.
Aricie, princesse de sang royal d’Athènes,
amoureuse d’Hippolyte est jouée par Jennifer
Decker en jeune fille de bonne famille. Plus justes dans leur jeu, Samuel Labarthe (Thésée) et
Eric Génovèse (Téramène) font sentir les tensions au cœur de la tragédie. Moderniser une
tragédie ne veut pas dire l’affadir et en faire un
drame bourgeois. C’est toute la difficulté pour
les metteurs en scène aujourd’hui de trouver le
ton juste et de ne pas diluer la tragédie.
Régine Kopp
Phèdre de Racine - m.e.s. Michael Marmarinos - jusqu’au 26 juin
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théâtre national de chaillot
théâtre du châtelet
Pléiades
Jiuta
Le Théâtre national de Chaillot accueille actuellement en
résidence la compagnie L’Abrupt dirigée par Alban Richard.
Musicien venu à la danse, ce dernier a travaillé, entre autres,
avec Karine Saporta au Centre chorégraphique national de
Caen, Odile Duboc et Olga de Soto avant de fonder sa
compagnie en 2000. Présentée au festival Montpellier danse
en 2011, sa dernière œuvre, Pléiades, était à l’affiche du
théâtre de Chaillot du 13 au 15 février.
Le comédien et danseur de kabuki Tamasaburo Bando
était à l’affiche du Chatelet pour deux programmes, Jiuta,
les 5, 6 et 7 février et La Pavillon aux pivoines, du 10 au 16
février. C’était l’occasion de découvrir cet artiste, Trésor
national vivant au Japon, dont la spécialité est l’Onagata,
l’art pour un homme d’incarner une femme..
et les danseurs se partagent l’espace scénique. Les danseurs composent
des lignes et des cercles qui se forment et se déforment. Les pas s’enchaînent avec précision et rapidité, sur une combinaison qui se répète tout au
long du mouvement. Ce principe et la chorégraphie rappellent le style de
Lucinda Childs. La musique, la scénographie et la chorégraphie réussissent à créer un monde minéral qui fait tout de suite penser au ciel de notre
imaginaire. Vêtus de sobres costumes noirs ornés de jais, les danseurs font
penser à des étoiles qui s’attirent et se repoussent selon les mystérieuses
lois de la physique. Les sons comme les gestes sont secs, bruts et pourtant
cette œuvre est incroyablement poétique.
Le Jiuta-Mai est une forme d’expression artistique qui s’est développée
au Japon au XVIe s. et qui associe la danse, le chant et la musique, jouée à
l’origine au shamisen, instrument à cordes proche du luth. Le programme
présente trois exemples de cet art, La Neige, Dame Aoi et Le Promontoire de
la cloche du temple, trois solos d’une quinzaine de minutes en moyenne qui
parlent d’amour, de désespoir et de mort. Tamasaburo Bando est, tout à tour,
une courtisane délaissée, une princesse jalouse et le fantôme d’une meurtrière. Les trois pièces ne sont pas narratives, elles donnent à voir les états d’âmes de trois femmes. Emprisonnée dans un carcan aussi bien de conventions
que de textiles, la femme japonaise des temps jadis n’est pas démonstrative.
Pourtant, elle connaît aussi la passion et la mélancolie, la folie et solitude.
Comment les exprimer ?
Le spectacle n’est pas facile d’accès pour un familier de l’art occidental et du réalisme. Il faut se laisser emmener par les mouvements lents des
mains et du corps ou
une inclinaison du
visage fardé et
impassible de l’artiste. Le talent
opère. Tamasaburo
Bando réussit à
communiquer les
pensées de ses
héroïnes en marchant, se retournant
ou bien ouvrant une
ombrelle…
Comment tra«Jiuta» © Marie-Noelle Robert
duit-il le caractère
féminin ? Dans la retenue et le raffinement, loin de toute affectation ou
excès. Jiuta est une belle occasion de découvrir la danse traditionnelle japonaise par l’un de ses plus fameux interprètes.
Stéphanie Nègre
Stéphanie Nègre
Pléiades est une œuvre de Iannis Xenakis créée en 1979 pour les
Percussions de Strasbourg et le Ballet du Rhin. Alban Richard s’approprie
l’œuvre musicale, interprétée à nouveau par les Percussions de Strasbourg,
pour créer sa version pour six danseurs. Durant les cinq mouvements
“Mélanges“, “Silences“, “Claviers“, “Métaux“ et “Peaux“, les musiciens
«Pléiades» © A. Poupeney
La danse en avril
En avril, le Théâtre national de Chaillot organise son festival “Sur les frontières“
consacré aux expressions artistiques du bassin méditerranéen. Le programme est varié.
On retiendra, du 18 au 20, El Djoudour d’Abou Lagraa par sa compagnie La Baraka, du
19 au 21, Land Research d’Arkadi Zaides et, du 24 au 28, la venue de la Batsheva dance
company avec deux ballets d’Ohad Naharin, Sadeh21 et Deca Dance.
Le Théâtre de la Ville accueille la compagnie Emanuel Gat Dance avec Brilliant
Corners, du 2 au 4 avril, et le centre chorégraphique de Montpellier avec Twin Paradox
de Mathilde Monnier, du 9 au 13 avril.
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L’Opéra de Massy présente le 12 avril Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet de
Molière et Lully avec une chorégraphie de Marie-Geneviève Massé et, le 6 avril, Orphée
et Eurydice de Frédéric Flamand par le Ballet national de Marseille (voir le numéro 245
de Scènes magazine).
La 3ème symphonie de Gustav Mahler de John Neumeier sera reprise à l’Opéra de
Paris du 9 avril jusqu’à début mai.
Stéphanie Nègre
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chronique des concerts
Le Printemps
s'annonce
Paris a le secret. Ce soir-là sont réunis dans
l'amphithéâtre Bastille la Sérénade Italienne
d'Hugo Wolf (1887) ainsi que le Quatrième
Quatuor d'Alexander Zemlinsky (1936). Le
Quatuor Aron alterne sons moirés et passages
véhéments, surtout dans la spectaculaire double
fugue finale du Zemlinsky. La soirée permet
d'entendre – pour la première fois à Paris ! – le
magnifique Notturno (1933) du compositeur
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Joyce DiDonato
Au Théâtre des Champs-Elysées, Joyce
DiDonato a décidé de surprendre là où on ne
l'attendait pas, en contournant le miroir aux
alouettes d'une virtuosité trop marketing pour
s'intéresser aux états d'âmes de ces reines
baroques en proie aux tourments de l'âme. Il
Complesso Barocco et le premier violon Dmitri
Sinkovsky sont des partenaires de luxe pour une
soirée thématique autour de ces “Drama
Queens“ qu'elle saisit dans des extraits de scènes particulièrement expressives. On découvre
au passage des œuvres oubliées comme cette
Merope de Giacomelli (Sposa son disprezzata),
magnifiée par un vibrato creusant le tourment
intérieur jusque dans le registre grave ou bien la
Berenice d'Orlandini qui enflamme l'auditoire
dans Da torbida procella. Les mieux connues
lamento d'Ottavia du Couronnement de Poppée
de Monteverdi ou Piangerò la sorte mia de
Cléopâtre dans Giulio Cesare in Egitto de
Haendel sont de purs moments de bonheur dans
lesquels la mezzo américaine déploie toute l'étendue de ses considérables moyens.
Tout autre couleur vocale, celle du jeune
baryton Adrian Eröd dans un de ces très beau
programmes “Convergence“ dont l'Opéra de
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concerto pour piano de Beethoven très retenu et
tout en nuances. La Canadienne Barbara
Hannigan offre ensuite le cycle complet des
Correspondances d'Henri Dutilleux, d'une tonalité attendrie qui fait oublier la littéralité des ces
extraits de poésies ou correspondances privées
de Baudelaire, Rainer Maria Rilke, Vincent van
Gogh et Alexandre Soljenitsyne. Pour terminer,
la Troisième symphonie de Robert Schumann
laissait libre cours à l'imagination débordante
du chef anglais, bien servi par la plasticité étonnante de sa célèbre phalange. On peut rester circonspect devant certaines options ouvertement
spectaculaires et vibrionnantes mais le caractère hoffmannien et la vie qui afflue de toutes
parts ne peuvent laisser totalement indifférent.
Le concert du lendemain proposait un nouveau triplé concerto-Dutilleux-Schumann à la
différence près que Beethoven cédait cette foisci la place à Witold Lutoslawski et son concerto
pour violoncelle. Le très virtuose Miklós
Perényi ne parvient pas malheureusement à sauver la pièce de son piètre niveau d'écriture et
d'inspiration. On préfèrera de loin les dynamiques colorées des Métaboles d'Henri
Dutilleux, démonstrations vivantes d'une pensée
musicale en actes. La Deuxième symphonie de
Schumann convainc davantage que la Troisième
entendue la veille. Même avec un effectif
“dégraissé“, la structure sonore acquiert un
impressionnant mouvement organique.
David Verdier
Adrian Eröd
suisse Othmar Schoeck. Les neuf poèmes de
Nikolaus Lenau (et le texte final de Gottfried
Keller) servent d'architecture expressionniste à
des scènes vocales enchâssées dans une écriture
pour cordes marquée par la noirceur chromatique du premier Schoenberg. Adrian Eröd est
l'interprète idéal de ce cycle fait d'amalgames
subtils de forces contraires.
L'Orchestre philharmonique de Berlin s'invite pour deux soirs Salle Pleyel dans le cadre
des commémorations du Traité FrancoAllemand. Sous la direction de Simon Rattle,
Mitsuko Uchida officie dans un Troisième
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Barbara Hannigan © Elmer de Haas
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Sélection musicale d’avril :
Un seul ouvrage à l'affiche du Palais Garnier entre le 16 avril et le 6
mai, Hänsel und Gretel de Humperdinck dirigé par Claus Peter Flor dans
une mise en scène de Mariane Clément avec Jochen Schmeckenbecher
(Peter), Irmgard Vilsmaier (Gertrud), Daniela Sindram (Hänsel), AnneCatherine Gillet (Gretel) et Anja Silja (Die Knusperhexe), l'Orchestre de
l'Opéra national de Paris. Curiosité les
16 et 17 avril avec Philippe Jordan au
piano, qui interprétera La belle
Maguelone de Brahms avec le baryton
Roman Trekel et Marthe Keller en récitante (Amphithéâtre de la Bastille).
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Le Châtelet présente du 15 au 25 avril Sunday in the park with George
de Stephen Sondheim dirigé par David Charles Abell et mis en scène par Lee
Blakeley avec (Georges / George) Julian Ovenden,(Dot / Marie), SophieLouise Dann, (Old Lady / Elaine) Rebecca de Pont Davies, (Nurse / Harriet),
Jessica Walker, (Jules / Greenberg) Nickolas Grace et (Soldier / Redmond)
David Curry.
Du côté de la salle Pleyel, Marathon Bach avec
les English Baroque Soloists dirigés par Sir John Eliot
Gardiner avec le 7 avril la Messe en si mineur. Place au
chant le 22 avec un gala Verdi interprété par le ténor
mexicain Rolando Villazón accompagné par le Czech
National Symphony Orchestra dirigé par Guerassim
Voronkov : au programme des airs de Don Carlo, Il
Corsaro, Luisa Miller, Oberto et Macbeth. Le 23 retour
de Sir John Eliot Gardiner qui dirigera le London
Symphony Orchestra et le Monteverdi Choir pour un
programme Stravinsky avec Appolon Musagète puis
Oedipus Rex qui réunira Charlotte Rampling (récitante), Jennifer Johnston, Stuart Skelton et Gidon Saks.
Le TCE propose le 6 avril un
concert du ténor Juan Diego Flórez dirigé par Christopher Franklin à la tête de
la Deutsche Kammerakademie : au programme des airs d'opéra de Rossini,
Donizetti, Boieldieu, Padilla et Lehar,
dans le cadre des Grandes Voix. Le 7,
place à l'oratorio de Haydn Les Saisons
par Philippe Herreweghe, l'Orchestre
des Champs-Elysées et le Collegium
Vocale Gent, avec en solistes Christina
Landshamer, Maximilian Schmitt et
Florian Boesch. Du 25 avril au 5 mai,
suite et fin du cycle Mozart avec Don
Juan Diego Florez © Decca / Josef Gallauer
Giovanni dirigé par Jérémie Rhorer et
mis en scène par Stéphane Braunschweig et la distribution suivante : Markus Werba (Don Giovanni), Miah
Persson (Donna Elvira), Daniel Behle (Don Ottavio),
Myrto Papatanasiu ()Donna Anna), Robert Gleadow
(Leporello), Serena Malfi (Zerlina), Nahuel Di Pierro
(Masetto) et Steven Humes (Le Commandeur), Le
Cercle de l’Harmonie et le Chœur du Théâtre des
Champs-Elysées. Opéra en concert le 28 avec une exécution du Don Carlo de Giuseppe Verdi interprété par
Gianandrea Noseda à la tête du Region de Torino en
compagnie de Ramón Vargas (Don Carlo), Barbara
Frittoli (Elisabetta), Ludovic Tézier (Posa), Ildar
Abdrazakov (Philippe II), Daniela Barcellona (Eboli),
Marco Spotti (Le grand inquisiteur), Roberto Tagliavini
(Un moine), l'Orchestre et Chœur du Teatro Regio
Torino.
La Cité de la musique propose le 23 avril un
concert Sibelius, Paavo Heininen, Lotta Wennäkoski et
Kaija Saariaho avec Emilie Suite, une commande de la
Cité de la musique, du Carnegie Hall, de l'Orchestre
symphonique de Lucerne et de l'Orchestre symphonique de Strasbourg avec l'Orchestre de chambre
Avanti dirigé par Ernest Martinez Izquierdo et la soprano Barbara Hannigan..
Concert exceptionnel le 11 avril à
l'Auditorium du musée d'Orsay par la
mezzo Jennifer Larmore, accompagnée au piano par Antoine Palloc
(Ravel, Debussy, Gounod, Fauré, Nin,
Rosssini et Verdi. Le 18 Karine
Deshayes et Philippe Cassard donneront un récital où Bizet, Gounod,
Delibes, Roussel, Duparc et Rossini se
succéderont, puis le 25 place à Janina
Baechle (mezzo-soprano), à Marcelo
Amaral, piano et au Quatuor Alfama
qui joueront Gounod, Verdi, Tosti,
Chausson, Respighi et Hahn.
Vu et entendu : retour du Ring de
L'Opéra Comique propose, du 17 au 19 avril,
Günter Krämmer, habilement « retouCendrillon de Pauline Viardot, préparé musicalement
ché », sur la scène de la Bastille, avec
par Mireille Delunsch et mis en scène par Thierry Thieû
une distribution de belle tenue et la triNiang avec Olivier Déjean/Ronan Debois (Baron de
omphante direction de Philippe Jordan
Jennifer Larmore © Douglas Robertson
Pictordu), Eva Ganizate/Sandrine Buendia (Marie, dite
(12 et 20 février).
Cendrillon), Alix Le Saux (Armelinde fille de Pictordu), Sandrine Buendia/
Cécile Achille (Maguelonne, fille de Pictordu), Magali Arnault Stanczak
Ailleurs en France : nouvelle production du Retour d'Ulysse dans sa
(La Fée), Patrick Kabongo Mubenga / François Rougier (Le Prince patrie de Monteverdi au Château de Versailles, les 12 et 13 avril, par Jérôme
Charmant), Safir Behloul (Comte Barigoule), Chanteurs de l'Académie en Corréas et Christophe Rauck.
François Lesueur
alternance et Marie Bunel, récitante.
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ALAMBIC COMÉDIE (06.32.75.59.36)
La Cantatrice chauve de Ionesco m.e.s. Alain Lahaye - jusqu’au 15 juin
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
u Oh les beaux jours de Beckett m.e.s. Marc Paquien - avec
Catherine Frot - jusqu’au 1er juin
BOBIGNY - MC93 (01.41.60.72.72)
u Les Apaches - spectacle de Macha
Makeïeff - du 12 au 21 avril
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Sollness le constructeur de Ibsen m.e.s. Alain Françon - jusqu’au 25
avril
u Yukonstyle de Sarah Berthiaume m.e.s. Célie Pauthe - jusqu’au 27
avril.
COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES
(01.53.23.99.19)
u La folle de Chaillot de Jean
Giraudoux - m.e.s. Didier Long - jusqu’au 30 juin
COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
u L’Avare de Molière - m.e.s.
Catherine Hiegel - jusqu’au 13 avril
u Les Trois Sœurs de Tchekhov m.e.s. Alain Françon - du 18 avril au
20 mai
u Troïlus et Cressida de Shakespeare m.e.s. Jean-Yves Ruf - jusqu’au 5 mai.
u Phèdre de Racine - m.e.s. Michael
Marmarinos - jusqu’au 26 juin
u
88
u Un fil à la patte de Georges
Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps
- jusqu’au 9 juin
u L’Ecole des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - jusqu’au 22
juillet
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u La Tête des autres de Marcel
Aymé - m.e.s. Lilo Baur - jusqu’au 17
avril.
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
u Existence d’Edward Bond - m.e.s.
Christian Benedetti - jusqu’au 28
avril
u Lampedusa Beach de Lina Prosa m.e.s. Christian Benedetti - du 4 au
28 avril
COMÉDIE SAINT-MICHEL
(loc. 01.55.42.92.97)
u Autopsie des contes de fées de
Christophe Delessart - m.e.s. Cyril
Jarousseau - jusqu’au 1er juin
EDOUARD VII (01.47.42.59.92)
u Comme s’il en pleuvait de
Sébastien Thiéry - m.e.s. Bernard
Murat - avec Pierre Arditi et Evelyne
Buyle - jusqu’au 4 mai
GUICHET MONTPARNASSE
(01.43.27.88.61)
u L’Aigle à deux Têtes de Jean
Cocteau - m.e.s. Caroline Rainette jusqu’au 11 mai
HEBERTOT (01.43.87.23.23)
Le père de Florian Zeller - m.e.s.
Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch
- jusqu’au 27 avril.
LE MONFORT (www.lemonfort.fr)
u Woyzeck [Je n’arrive pas a pleurer]
de Georg Büchner / Jean-Pierre
Baro - jusqu’au 6 avril.
MARIGNY-POPESCO (01.53.96.70.20)
u Le Bonheur de Eric Assous - m.e.s.
Jean-Luc Moreau - du 3 au 28 avril
MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11)
u Le bal des crapules de Luc Chaumar
- m.e.s. Corine Boijols - jusqu’au 28
avril
NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76)
u Cher trésor de et m.e.s. Francis
Veber - avec Gérard Jugnot - jusqu’au 25 mai
ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40)
u Le Prix Martin de Labiche - m.e.s.
Peter Stein - jusqu’au 5 mai
AUX ATELIERS BERTHIER :
u Jeux de cartes 1 : Pique de Ex
Machine - m.e.s. Robert Lepage jusqu’au 14 avril.
u Fragmente de Lars Norén - m.e.s.
Sofia Jupither - du 23 au 27 avril (en
suédois surtitré)
PÉPINIÈRE THÉÂTRE
(01.42.61.44.16)
u Instants critiques de François
Morel, Olivier Broche - m.e.s.
u
Théâtre Nouveautés
Cher trésor
François Pignon est de retour ! ... sous les traits de Gérard Jugnot...
Après «L'emmerdeur» et «Le dîner de Cons», découvrez la nouvelle création de Francis Veber ! Cette fois, le
héros de Francis Veber apparaît sous les traits d’un chômeur de longue date, sans un sous en poche et délaissé par
ses proches... Une histoire dramatique direz-vous ? Eh bien non car François Pignon a décidé de ne pas se laisser
abattre et de trouver LA solution qui mettra un terme à ses problèmes. Son idée lumineuse, la voici : simuler un contrôle fiscal ! Quoi de mieux pour donner l’impression qu’il dissimule quelque chose et par la même occasion devenir
quelqu’un d’important...
«Comment Pignon parviendra t-il à
entraîner un contrôleur fiscal dans son jeu
et quels avantages tirera-t-il de sa fraude
imaginaire ? Vous le découvrirez dans cette
comédie ! Car, en fin de compte, ce n’est
pas le fait d’être riche qui compte, mais le
fait que les autres vous croient riche...»
. jusqu’au 25 mai
Réservations au 01.47.70.52.76
ou sur http://www.theatredesnouveautes.fr/
«Cher Trésor» © Bernard Richebé
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François Morel - du 2 au 14 avril
PETIT-MONTPARNASSE
(01.43.22.83.04)
u Riviera d’Emmanuelle RobertEspalieu - m.e.s. Gérard Gélas - jusqu’au 12 mai
PETIT-SAINT-MARTIN
(01.43.22.83.04)
u Ita L. Née Goldfeld d’Eric
Zanettacci - m.e.s. Julie Lopes
Curval et Hélène Vincent - jusqu’au
14 avril
POCHE-MONTPARNASSE
(theatredepoche-montparnasse.com)
u Le mal court de Jacques Audiberti
- m.e.s. Stéphanie Tesson - jusqu’au
21 avril
u Inventaires de Philippe Minyana m.e.s. Robert Cantarella - jusqu’au
30 avril
RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44)
u Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste de Stephen Temperley - m.e.s.
Agnès Boury - jusqu’au 3 mai.
ROND-POINT (01.44.95.98.21)
u Cri et Ga cherchent la paix de
Philippe Minyana - m.e.s. Frédéric
Maragnani - jusqu’au 28 avril
u Sainte dans l'incendie - texte et
m.e.s. Laurent Fréchuret - jusqu’au
28 avril
u J'avais un beau ballon rouge de
Angela Dematté - adapt. et m.e.s.
Michel Didym - jusqu’au 28 avril.
u La maison d’os de Roland
Dubillard - m.e.s. Anne-Laure
Liégeois - jusqu’au 11 mai
THÉÂTRE DOUZE
(www.theatredouze.fr)
u L’arrache-cœur de Boris Vian avec acteurs et marionnettes - jusqu’au 21 avril
THÉÂTRE DE L’ÉTOILE DU NORD
(www.etoiledunord-theatre.com)
u Odyssées de Gustave Akakpo m.e.s. Michel Burstin - jusqu’au 20
avril
THÉÂTRE MICHEL (01.42.65.35.02)
u Un pavé dans la cour de et m.e.s.
Didier Caron - jusqu’au 28 avril
THÉÂTRE DE LA VILLE
AUX ABBESSES (01.42.74.22.77)
u Nos amours bêtes de Fabrice
Melquiot - chor. et m.e.s. Ambra
Senatore - du 6 au 13 avril
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b e a u x - a r t s
Musée d’Orsay
L’Ange du bizarre
Le musée d’Orsay accueille en ses murs l’exposition «L’Ange du bizarre, le
Romantisme noir, de Goya à Max Ernst», organisée en collaboration avec le Städel
Museum de Francfort, lieu dans lequel l’exposition a été présentée pour la première fois.
Le terme de « romantisme noir » sert à désigner la part d’ombre, d’irrationnel et
d’excès que l’on trouve dans la littérature et les arts plastiques à partir des années 17601770, dissimulé sous l’apparent triomphe des lumières de la raison.
Réunissant 200 œuvres environ - peintures, dessins, estampes et sculptures - de la fin
du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe siècle, ainsi qu’une douzaine de films datant de
l’entre-deux-guerres, cette exposition permet de relire et de comprendre les sources littéraires et artistiques de l’univers de la fantaisie noire qui imprègnent aujourd’hui encore
films, jeux vidéo et créations musicales. Sur les murs, le visiteur découvrira les créations
visionnaires de Goya, Fussli, Blake, Delacroix, Hugo, Friedrich, Bocklin, Moreau, Stuck,
Ensor, Mucha, Redon, Dali, Ernst, Bellmer, Klee et de nombreux autres artistes et
cinéastes.
Lucien Levy-Dhurmer (1865-1953) «Méduse», dit aussi «La Vague
furieuse», 1897. Pastel et fusain sur papier, 59 x 40 cm
Paris, musée d’Orsay, RF 35502
© RMN (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
De Londres à Paris en passant par Madrid et Dresde, peintres, graveurs et sculpteurs multiplient les solutions plastiques pour plonger leurs spectateurs dans les vertiges
du terrible et du grotesque, rivalisant avec les poètes, les dramaturges et les romanciers:
Goya et Géricault nous confrontent aux atrocités absurdes des guerres et des superstitions de leur temps, Fussli et Delacroix livrent leur interprétation passionnée des lectures
de Dante, Milton, Shakespeare et Goethe en donnant corps aux spectres, sorcières et
démons qui peuplent ces récits, tandis que C.D. Friedrich et Carl Blechen projettent le
spectateur dans des paysages énigmatiques et funèbres. C’est sur ce terreau européen
extrêmement divers et fécond que se développent les ramifications sombres du symbolisme à partir des années 1880.
. jusqu’au 9 juin 2013
Atelier Grognard
Rueil Malmaison
l LES PEINTRES DE PONT-AVEN AUTOUR
DE PAUL GAUGUIN – jusqu’au 8 avril
Bibliothèque Richelieu
l AU CREUX DE LA MAIN, LA MÉDAILLE
AUX XIXE ET XXE SIÈCLES – jusqu’au
7 avril
Centre Pompidou
l JESÚS RAFAEL SOTO (1923-2005) –
jusqu’au 20 mai
l EILEEN GRAY – jusqu’au 20 mai
Cité des Sciences
l LÉONARD DE VINCI. Projets, dessins, machines – jusqu’au 18 août
Fondation Cartier
l RON MUECK – du 16 avril au 29
septembre
Grand Palais
l DYNAMO, UN SIÈCLE DE LUMIÈRE ET
DE MOUVEMENT DANS L’ART 19132013 – du 10 avril au 22 juillet
Institut du Monde arabe
l LES MILLE ET UNE NUITS – jusqu’au 28 avril
Jeu de Paume
l LAURE ALBIN GUILLOT (1879-1962)
– jusqu’au 12 mai
a
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l ADRIAN PACI – jusqu’au 12 mai
Le Plateau
l PAINT IT BLACK – jusqu’au 5 mai
Mona Bismarck Center
l QUILT ART – jusqu’au 19 mai.
Musée des arts décoratifs
l FASHIONING FASHION. DEUX SIÈCLES
DE MODE EUROPÉENNE 1700-1915 –
jusqu’au 14 avril.
l TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15
novembre.
Musée d’art du judaïsme
l LA VALISE MEXICAINE - Capa, Taro,
Chim – jusqu’au 30 juin.
Musée d’art moderne
l LINDER, Femme / Objet – à
l’ARC jusqu’au 21 avril
Musée Carnavalet
l GEORG EMANUEL OPIZ, aquarelles
et gravures – jusqu’au 26 juin.
Musée Cernuschi
l L’ECOLE DE SHANGHAI (1840-1920)
– jusqu’au 30 juin
Musée Cognacq-Jay
l SOUVENIRS DU XVIIIE SIÈCLE. Les
nostalgies de Jules Dalou, sculpteur de la IIIe République – du 18
avril au 13 juillet
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n
Musée Dapper
l DESIGN EN AFRIQUE – jusqu’au 14
juillet
Musée Guimet
l TRÉSORS DE LA CHINE ANCIENNE Bronzes rituels de la collection
Meiyintang – jusqu’au 10 juin
Musée Jacquemart-André
l AUGÈNE BOUDIN AU FIL DE SES
VOYAGES – jusqu’au 22 juillet
Musée du Louvre
l PIERRE-JEAN DAVID, DIT DAVID
D’ANGERS, dessins du musée des
Beaux-Arts d’Angers – jusqu’au
20 mai
l NEW FRONTIER II, l’art américain
entre au Louvre – jusqu’au 22 avril.
l LE MEXIQUE AU LOUVRE, chefsd’œuvre de la Nouvelle Espagne,
17e et 18e s. – jusqu’au 7 juin
l DE L’ALLEMAGNE, 1800-1929 –
jusqu’au 24 juin
Musée du Luxembourg
l MARC CHAGALL, ENTRE GUERRE ET
PAIX – jusqu’au 21 juillet
Musée Maillol
l FRAGILE - MURANO. Chefs-d'œuvre de verre, de la Renaissance au
d
a
XXIe siècle – jusqu’au 28 juillet
Musée Marmottan-Monet
l MARIE LAURENCIN – jusqu’au 30
juin
Musée de l’Orangerie
l LES MACCHIAIOLI 1850-1877. DES
IMPRESSIONNISTES ITALIENS ? – 10 avril
- 22 juillet
Musée d’Orsay
l FÉLIX THIOLLIER (1842-1914),
photographies – jusqu’au 10 mars
l L'ANGE DU BIZARRE. LE ROMANTISME
NOIR DE FÜSSLI À MAX ERNST – jusqu’au 9 juin
l UNE PASSION FRANÇAISE. LA COLLECTION SPENCER ET MARLENE HAYS –
jusqu’au 30 juin
Petit Palais
l JULES DALOU (1838-1902), LE
SCULPTEUR DE LA RÉPUBLIQUE – du 18
avril au 13 juillet
l LES IMPRESSIONNISTES SLOVÈNES ET
LEUR TEMPS (1890-1920) – du 18
avril au 13 juillet
l FÉLIX ZIEM "J'AI RÊVÉ LE BEAU".
Peintures et aquarelles – jusqu’au
4 août
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GENEVE
concerts
90
u 11.4. : Concertus Saisonnus.
VITTORIO FORTE & INÈS MALEVIOLLES,
piano à 4 mains (Schubert, Liszt,
Saint-Saëns). Fondation Martin
Bodmer, Cologny, à 20h (rens. & rés
076/345.80.76)
u 11.4. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRA DELL’ACCADEMIA
NAZIONALE DI SANTA CECILIA, dir.
Antonio Pappano, MARIE-NICOLE
LEMIEUX,
alto,
Thomas
Grossenbacher, violoncelle (Verdi,
Chausson, Tchaïkovski, Respighi).
Victoria Hall à 20h (loc. SCM
022/319.61.11)
u 14.4. : CERCLE JEAN-SÉBASTIEN
BACH. L’OCG, dir. Natacha
Casagrande (Britten, Holst). Victoria
Hall à 18h (infos : www.cerclebachgeneve.ch)
u 14.4. : LA COULEUR –
KLANGFARBENMELODIE II. Solistes de
l’Ensemble Contrechamps. PierreStéphane Meugé, saxophone,
Tomoko Akasaka, alto, Olivier
Marron, violoncelle. Musée d’art et
d’histoire à 11h (billetterie ouverte
45 min. avant le concert / ou :
www.contrechamps.ch/reserver)
u Dimanche 14.4. : Amarcordes.
GRANDE JOURNÉE AU CHÂTEAU
«MOZART ET SCHUBERT» avec les
ENSEMBLES ZEFIRO ET FRATRES.
Château de Dardagny 11h - 15h 18h
(rés.
http://www.amarcordes.ch/)
u lundi 15.4. : Pour les droits
humains universels. MIGUEL ANGEL
ESTRELLA, récital de piano (Chopin,
Liszt). Victoria Hall à 20h (loc.
Billetterie Ville de Genève)
u 17.4. : Festival Mozart / Strauss.
OSR, dir. Neeme Järvi, MARTIN
KUUSKMANN, basson, BOGDAN
ZVORISTEANU, violon (Mozart,
Dvorak). BFM, salle Théodore
Turrettini, 20h (Tél. 022/807.00.00 /
E-mail: [email protected])
u 18.4. : Les Grands Interprètes.
PIOTR ANDERSZEWSKI, piano (Bach,
Schumann, Beethoven)Victoria Hall
à 20h (tél. 022/322.22.40 ou :
[email protected])
u 19.4. : Festival Mozart / Strauss.
OSR, dir. Neeme Järvi, PATRICIA
KOPATCHINSKAJA, violon (Mozart,
Dvorak). BFM, salle Théodore
Turrettini, 20h (Tél. 022/807.00.00 /
E-mail: [email protected])
u 19.4. : Alternatives Classiques.
Centenaire du Sacre. JEAN-FRÉDÉRIC
NEUBURGER et JULIEN QUENTIN, piano
(Stravinski,
Rimski-Korsakov,
Rachmaninov). Victoria Hall à 20h
(loc./rens. 0800 418 418)
u 20.4. : Jazz Classics. BRANDFORD
MARSALIS & JOEY CALDERAZZO DUO.
Victoria Hall à 20h30 (loc.
0900.800.800 / Ticketcorner)
u 20.4. : Atelier-Rencontre. LE
MONDE DE BEETHOVEN. L’OCG, dir. et
présentation David Greilsammer.
Studio Ernest-Ansermet à 17h (infos
: www.locg.ch / 022/807.17.90)
u 21.4. : Festival Mozart / Strauss.
ENSEMBLE DE MUSIQUE DE CHAMBRE DE
L’OSR (Mozart, Dvorak). BFM, salle
Théodore Turrettini, 11h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 21.4. : Concert du dimanche de la
ville de Genève. SOL GABETTA, violoncelle. NELSON GOERNER, piano
(Beethoven, Rachmaninov, Servais).
Victoria Hall à 17h (Location
Billetterie Ville de Genève: Espace
Ville de Genève, Grütli, Genève
Tourisme, Cité Seniors, Centrale
Billetterie T 0800 418 418)
u 23.4. : Concerts de soirée. L’OCG,
dir. Arie Van Beek, DAVID
GREILSAMMER,
piano
(Haydn,
Thirvaudey, Britten, Haendel,
Prokofiev). BFM à 20h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
(lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou
www.ticketportal.com)
u 28.4. : Intégrale des concertos
pour piano de Mozart. MOZART VII,
L’OCG, dir. et piano David
Greilsammer (Concertos n°11 /
k.413, n°14 / k.449, n°4 / k.41, n°12
/ k.414). BFM à 17h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
(lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou
www.ticketportal.com)
u 29.4. : Les Concerts du Lac. Avec
JEAN PIAT, comédien & PASCAL
AMOYEL, piano. Correspondance de
Franz Liszt et Marie d’Agoult.
(Textes : Musset, Hugo, Delacroix,
Lamartine, Gautier / Musiques :
Chopin, Liszt et Schumann). BFM à
20h (Tél. 078 888 51 25, [email protected], )
u 30.4. : DUSAPIN / XENAKIS.
Ensemble Contrechamps, dir.
Michael Wendeberg, Nicolas
Hodges, piano (Dusapin, Xenakis).
Studio Ernest-Ansermet à 20h /
19h15, présentation (billetterie 45
min. avant le concert / ou :
www.contrechamps.ch/reserver)
théâtre
u Jusqu’au 7.4. : LE RADIEUX SÉJOUR
DU MONDE de Jon Kalman
Stefansson, réalisation Jean-Louis
Johannides, création. Le Grütli,
Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam
à 19h, mer- ven à 20h, dim à 18h.
Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88)
u Jusqu’au 7.4. : CINQ JOURS EN
MARS de Toshiki Okada, m.e.s. Yvan
Rihs, création. Le Grütli, Petite Salle
(2ème étage), à 20h, dim à 18h.
Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88)
u Du 8 au 28.4. : GORGIAS de Platon,
m.e.s. José Lillo. Le Poche-Genève,
lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h,
dim à 17h, mar relâche (rés.
022/310.37.59 lun-ven 9h30 à 12h +
14h à 18h - Loc. SCM)
u 9, 10, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18,
19, 20.4. : BUCHETTINO de la Societas
Raffaello Sanzio, dès 8 ans. Théâtre
Am Stram Gram, mar-jeu-ven à 19h,
mer à 15h, sam-dim à 15h et 20h
(Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
u Du 9 au 21.4. : TOUT CE QUE VOUS
AVEZ VOULU SAVOIR SUR L’IMPRO SANS
JAMAIS OSER LE DEMANDER de et par
Philippe Cohen et Julien Opoix. Au
Casino-Théâtre, mar-ven à 20h, merjeu-sam à 19h, dim à 17h, relâche lun
(rés. 022/793.54.45 ou [email protected])
u Du 9 au 28.4. : LA POUDRE AUX YEUX
d’Eugène Labiche, m.e.s. David
Bauhofer. Théâtre de Carouge, Salle
François-Simon, mar-mer-jeu-sam à
1h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun
(loc. 022/343.43.43 - [email protected])
u Du 10 au 28.4. : LE CHAT SANS QUEUE
AMR – 10 rue des Alpes
Moussorgski Madness
Pour son dernier concert de la saison 2012-2013, le Fanfareduloup Orchestra renoue avec son travail autour des
images. Après «Frankenstein» en 2008, «Contes de la ville quotidienne» en 2009, «Travelling» en 2010 et «Mon livre
d’heures» en 2011, cet ensemble nous offre un spectacle “autour“ des «Tableaux d’une exposition» du compositeur
russe Modeste Moussorgski.
Fanfareduloup Orchestra
Lors de cette soirée, de nouveaux tableaux seront créés en direct sur la scène par Pierre Wazem, un dessinateur
de bandes dessinées et scénariste bien connu des Genevois, et au piano, Maël Godinat reprend la version de
Moussorgski avec quelques improvisation tandis que l’orchestre tisse en écho une version réarrangée pour la formation et ajoutée de compositions inspirées des «Tableaux».
. jeudi 11 avril 2013
Billetterie en ligne sur : http://www.fanfareduloup.ch/
a
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de et m.e.s. Guy Jutard, dès 4 ans.
Théâtre des Marionnettes, mer à
15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h
(rés. [email protected],
022/807.31.07)
u du 10 au 28.4. : MA PETITE
MONIQUE, de et m.e.s. Xénia
Marcuse. One-woman show de
Caroline Gasser. Avec Raphaël
Tschudi et Pierre Chatagny.
Lumière, vidéo et son de Séverine
Barde et Masaki Hatsui. Théâtre du
Crève-Cœur, Cologny, mer-sam
20h30, dim 17h15, relâche lun-mar
(rés. 022/786.86.00)
u Du 12.4. au 5.5. : LA DIVERGENCE
DES TRAJECTOIRES de et m.e.s,
Valentine Sergo, Compagnie
Uranus. Théâtre en Cavale à Pitoëff,
mer-sam à 19h, jeu-ven à 20h30, dim
à 17h, relâche lun-mar (rés.
079/759.94.28 / www.cavale.ch loc. Service culturel Migros, Stand
Info Balexert, Migros Nyon La
Combe)
u Du 15 au 28.4. : ASSIS DANS LE
COULOIR de Marguerite Duras,
m.e.s. Aurélien Patouillard et
Emilie Vaudou. Théâtre SaintGervais (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Les 16 et 17.4. : LA VÉRITÉ, de
Florian Zeller, avec Patrick Chesnais,
Fanny Cottençon et Christiane
Millet, m.e.s. Patrice Kerbrat.
Théâtre du Léman à 20h30 (loc.
Fnac)
u Du 16.4. au 5.5. : VLADIMIR de
Matjaz Zupancic, m.e.s. Véronique
Ros de la Grange, Création. Théâtre
Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mersam-dim à 19h, relâche lun (rés.
022/301.68.38 / [email protected] - loc. Service culturel Migros)
u 23, 24, 27, 28.4. : L’APRÈS-MIDI D’UN
FOEHN de Phia Ménard, Nouveau
cirque, dès 4 ans. Théâtre Am Stram
Gram, mar à 19h, mer-sam à 15h et
19h, dim à 10h et 17h (Loc.
022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
u Du 23 au 28.4. : Le Off. ET LA
GRÈCE ? Théâtre Saint-Gervais (loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
u Du 23 au 28.4. : DITES-MOI QUI JE
SUIS (QUE JE ME PERDE) de et m.e.s.
Vincent Brayer. Théâtre de l’Usine à
19h, jeu-ven à 20h30 (rés.
022/328.08.18 ou www.darksite.ch/)
u Du 23.4. au 8.5. : LES MAINS SALES
de Jean-Paul Sartre, m.e.s. Philippe
Sireuil. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam
19h, dim 17h (Billetterie :
022/350.50.01 / [email protected])
a
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Temple de Lutry
Emmanuel Pahud
L’Orchestre de Chambre Franz Liszt de Budapest sera l’invité des
Concerts J.S. Bach de Lutry, le 14 avril prochain. Il sera placé sous la direction de Jànos Rolla.
n
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u 14.4. : HENRI DÈS. Théâtre du Léman
à 17h00 (loc. Service culturel Migros
Genève, 022/319.61.11)
u 15.4. : LE QUATUOR. Théâtre du
Léman à 20h30 (loc. Service culturel
Migros Genève, 022/319.61.11)
u Les 18 et 19.4. : JULIEN CLERC.
Théâtre du Léman à 20h30 (loc. Fnac)
LAUSANNE
concerts
Emmanuel Pahud
Le programme comprend des œuvres de Bach, Vivaldi, Mercadante,
Purcell et Mozart, et le soliste de la soirée sera le flûtiste de renommée internationale Emmanuel Pahud.
. le 14 avril 2013 à 17h
Location/Renseignements: 021 791 47 65, Point I, Quai G. Doret, Lutry
u Du 23.4. au 12.5. : LÉGENDES DE LA
VIENNOISE de Ödön von
Horváth, m.e.s. Frédéric Polier, création. Le Grütli, Grande salle (soussol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à
20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] /
022/888.44.88)
u 30.4. : Les Théâtrales. UN STYLO
DANS LA TÊTE de Jean Dell, m.e.s.
Jean-Luc Moreau. Avec Francis
Perrin. BFM à 20h30 (rés.
022/364.30.30 - ou www.lestheatrales.ch ou www.fnac.ch)
u 30.4. et du 1er au 5.5. : DE MÉMOIRE D’ESTOMAC d’Antoinette Rychner,
m.e.s. Robert Sandoz, dès 10 ans.
Théâtre Am Stram Gram, à 19h,
sam-dim à 17h (Loc. 022/735.79.24
et Service Culturel Migros)
FORÊT
danse
u Jusqu’au 3.3. : MASH UP de Maud
Liardon, création. ADC, Salle des
Eaux-Vives, à 20h30, relâche lun-mar
(loc. Service culturel Migros, Stand
Info Balexert / rés. 022/320.06.06,
www.adc-geneve.ch)
u Du 9 au 14.4. : PLAY de LouisClément da Costa, Jou Oguru et
POL, pièce pour deux danseurs et
un musicien. Théâtre de l’Usine à
19h, jeu-ven à 20h30 (rés.
e
n
022/328.08.18 ou www.darksite.ch/)
u 13.4. : CELTIC LEGENDS, danse traditionnelle. Théâtre du Léman à
15h00 et 20h30 (loc. Fnac)
u Du 17 au 27.4. : LAISSEZ-MOI DANSER
de Marthe Krummenacher, Tamara
Bacci et Perrine Valli, création. Salle
des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives,
à 20h30, sam à 19h, relâche dim-lunmar (billets : Service culturel Migros,
Stand Info Balexert, Migros Nyon La
Combe)
opéra
u 20, 23, 26, 29.4., 2, 5.5. : MADAME
BUTTERFLY de Puccini. OSR, dir.
Alexander Joel, m.e.s. Michael
Grandage. Grand Théâtre de
Genève à 19h30, le 5 à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
u 29.4. : Les Grandes Voix. ROLANDO
VILLAZON, ténor. Czech National
Symphony Orchestra, dir. Guerassim
Voronkov (Verdi). Victoria Hall à 20h
(rés. Fnac)
divers
u Du 6 au 7.4. : LECTURES MULTI FORMartine Corbat. Le Galpon
(Rens. 022/321.21.76 - [email protected])
MATS.
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u 3.4. : GROUPE VOCAL RADOST DE
SLOVÉNIE, dir. Damjana Vončina
(Musiques sacrées et classiques).
Ancienne Abbaye de Montheron à
20h (entrée libre, collecte)
u 14.4. : ORCHESTRE DE CHAMBRE FRANZ
LISZT DE BUDAPEST, dir. Jànos Rolla.
EMMANUEL PAHUD, flûte (Bach, Vivaldi,
Purcell, Mercadante). Temple de
Lutry à 17h (loc./rens. 021 791 47 65,
Point I, Quai G. Doret)
u 14.4. : QUATUOR JEAN-LUC VOLKMAR
ANDREAE SPERISSEN - GULIA STULLER, violoncelle (Volkmar Andreae, Mozart).
Eglise protestante de St-Prex à 17h
(loc./rens.
021.806.50.26
/
021.801.32.33)
u 15.4. : FRANÇOISE-GREEN PIANO DUO
et SERGE VUILLE, percussion (Ammann,
Hauser et Stockhausen). Grotte 2 à
19h (loc./rens. 021/329.02.82)
u 16.4. : CHŒUR PRO ARTE DE LAUSANNE
(Berlioz, La Damnation de Faust).
Salle Métropole à 20h (loc./rens.
021/320.10.01)
u 18.4. : OSR, dir. Neeme Järvi,
MARTIN KUUSKMANN, basson, BOGDAN
ZVORISTEANU, violon (Dvorak, Mozart).
Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél.
022/807.00.00 / E-mail: [email protected]
ou chez Passion Musique)
u 22 et 23.4. : O.C.L., dir. Kirill
Karabits, FRANÇOIS SOCHARD, violon,
NELSON GOERNER, piano (Haydn, Berg,
Schubert). Métropole à 20h
(Billetterie de l’OCL, 021/345.00.25)
u 23.4. : Les Entractes du mardi.
ALEXANDER GRYTSAYENKO & DELIA
BUGARIN, violon. ELI KARANFILOVA, alto.
EMMANUELLE GOFFART, violoncelle.
RUSIKO ALAVIDZE, piano (Chostakovitch). Salle Métropole à 12h30
(Billetterie de l’OCL, 021/345.00.25)
théâtre
u Du 9 au 14.4. : PAS DE PORTE, par le
Collectif Comédie Drôle, création.
L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve
20h30 / di 18h ([email protected] / 021/625.11.36)
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u Du 16 au 28.4. : MON TRAITRE d’apres «Mon traitre» et «Retour a
Killybegs» de Sorj Chalandon, m.e.s.
et production Emmanuel Meirieu.
Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à
20h30, dim à 17h30 (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
u Du 16.4. au 5.5. : LA FORCE DE TUER
de Lars Noren, m.e.s. Philippe
Luscher. Vidy-Lausanne, salle de
répétition, mar-sam à 19h30, dim à
18h30 (loc. 021/619.45.45)
u Du 16.4. au 8.5. : LE HAUT-DEFORME de Eduardo De Filippo.
M.e.s. Philippe Mentha. Théâtre
Kléber-Méleau, ma/me/je 19h, ve /
sa 20h30, di 17h30 (rés.
021/625.84.29)
u Du 17 au 28.4. : FONTAINE, JE BOIRAIS DE TON EAU d’après Jean de la
Fontaine, chor. Corinne Rochet et
Nicholas Pettit. Le petit théâtre,
mer-dim à 17h, ven à 19h, sam à 14h
et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/)
u Du 17.4 au 3.5. : DENOMME
GOSPODIN de Philipp Lohle, m.e.s.
Benoit Lambert. Vidy-Lausanne, La
Passerelle, mar-sam à 20h, dim à
18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45)
u Du 17.4. au 5.5. : LES ORANGES,
conte contemporain d’Aziz Chouaki,
dir. Laurent Hatat, sur une idee
d’Azeddine Benamara. Chapiteau
Vidy-L, mar-jeu-sam à 20h30, ven à
19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45)
u Du 18 au 28.4. : LE BAISER ET LA
MORSURE (OPUS 2), conception et
m.e.s. Guillaume Béguin, création.
L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve
20h30 / di 18h ([email protected] / 021/625.11.36)
u 25, 28, 30.4., 5, 7.5. : NATHAN LE
SAGE, de Gotthold Ephraim Lessing,
m.e.s. Jean Chollet. Espace culturel
des Terreaux,mar- jeu à 19h / dim à
17h (loc. http://www.terreaux.org/)
opéra
u Jeudi 11.4. : Conférence Forum
Opéra. L’AIGLON. Conférencier:
Jacques Tchamkerten. Salon Bailly
de l’Opéra de Lausanne à 18h45
(billets en vente à l'entrée de la
conférence)
u 21 à 17h, 24 à 19h, 26 à 20h, et
28.4. à 15h : L’AIGLON de Jacques
Ibert et Arthur Honegger, dir. JeanYves Ossonce, Orchestre de
Chambre de Lausanne, m.e.s. Renée
Auphan. Opéra de Lausanne (billetterie : Fnac ou au tél. 021/315.40.20
ou en ligne)
u mardi 23.4. : Midi-récitals Artistes de «L’Aiglon». MARC
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BARRARD - FRANCO POMPONI - CARINE
SÉCHAYE. Salle de l'Opéra de
Lausanne à 12h15 (billets sur
place).
La Chaux-de-Fonds
Sharon Kam
divers
La Société de
Musique de La Chaux-deFonds accueille, le 30
avril prochain à la Salle
de Musique, la Camerata
Salzbourg en compagnie
de la clarinettiste Sharon
Kam.
u Du 12 au 27.4. : FESTIVAL DES CULTURES UNIL-EPFL. La Grange de
Dorigny (rens. www.fecule.ch)
AILLEURS
annecy
BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u Du 3 au 5.4. : HANS WAS HEIRI BLANC BONNET ET BONNET BLANC de et
m.e.s. Zimmermann et de Perrot
u 10.4. : L’ENFANT DE LA HAUTE MER
par Aurélie Morin
u Du 10 au 13.4. : CYRANO DE
BERGERAC d’Edmond Rostand, m.e.s.
Dominique Pitoiset
u 16 et 17.4. : LES APPARENTS de
Nadine Alari, m.e.s. Franck Berthier
u 16 et 17.4. : VORTEX, chor. Phia
Ménard
Sharon Kam
. le 30 avril 2013 à 20h15
Billetterie : 032/967.60.50 - La Chaux-de-Fonds
ou 032/717.79.07 - théâtre du Passage, Neuchâtel
annemasse fribourg
RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 2.4. : FOTÉ FORÉ de Luc Richard,
Cirque Mandingue
u 3 et 10.4. : ORIPEAUX de Charlotte
Pareja, Atelier Bonnetaille
u 4 et 5.4. : IN LOVE WITH FEDERER de
et m.e.s. Denis Maillefer
u 9.4. : BASICS, chor. Yuval Pick,
Centre chorégraphique National de
Rillieux-la-Pape
u 10.4. : AU FIL DU TEMPS, Geneva
Cello 4tet
u 13.4. : KATIA GUERREIRO, Fado
u 17.4. : LA BARBE BLEUE d’après
Charles Perrault, m.e.s. Jean-Michel
Rabeux
divonne
u 8.4. : PATRICE FONTANAROSA : violoniste. RICHARD GALLIANO, accordéoniste / bandonéoniste. BERNARD
SOUSTROT, trompettiste. GILLES
GREGGIO, violoniste. L'Esplanade du
Lac à 20h30 (loc./ rens./rés. au
04.50.99.00.75, [email protected]
a
g
Au programme : la
Symphonie n°6 en fa
majeur, KV43 et le
Concerto pour clarinette
en la majeur, KV 622 de
Aolfgang
Amadeus
Mozart, la Fantaisie concertante sur un thème de
Corelli de Sir Michael
Tippett, et la Symphonie
n°85 (Hob I:85) «La
Reine» de Joseph Haydn.
THÉÂTRE EQUILIBRE
Salle Equilibre à 20h, sauf mention
contraire (loc. Fribourg Tourisme
026/350.11.00 / [email protected])
u Du 18 au 20.4. : MARIE-THÉRÈSE
PORCHET 20 ANS ET TOUTES SES DENTS !
de Pierre Naftule et Joseph
Gorgoni, m.e.s. Pierre Naftule
u 23.4. : SWAN de Luc Petton, chor.
Luc Petton et Marilén IglesiasBreuker
u 26.4. à 19h30 : MUSIKKOLLEGIUM
WINTERTHUR. TEO GHEORGHIU, piano
(J.Ch. Bach, JS Bach, Mozart).
u 29.4. : LA VÉRITÉ de Florian Zeller,
m.e.s. Patrice Kerbrat
la chaux-fds
ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS
DES ARTS VIVANTS sauf mention
contraire (loc. 032/967.60.50)
u 18.4. : WEST SIDE STORY de Leonard
Bernstein et Stephen Sondheim,
m.e.s. Jean Lacornerie
u 20.4., AES-TPR : DE MÉMOIRE D’ESTOMAC
d’Antoinette Rychner,
Création
u 24 et 25.4., AES-TPR : QUE FAIRE ?
(LE RETOUR) de et m.e.s. Benoît
Lambert et Jean-Charles Massera
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SOCIÉTÉ DE MUSIQUE
(Billetterie 032/967.60.50 ou
032/717.79.07 / www.musiquecdf.ch)
u 17.4. : MANON PIERREHUMBERT,
harpe. RAPHAËL FAVRE, ténor
(Britten, Schubert, Schumann).
Temple Farel à 20h15 (rés.
Billetnet)
u mardi 23.4. a 20h15 : LA CLARINETTE DANS L’ŒUVRE DE MOZART.
Rencontre avec Pascal Moragues,
en preambule aux concerts des 25
et 30 avril. Club 44
u 25.4. : QUATUOR SINE NOMINE &
PASCAL MORAGUES, clarinette
(Mozart, Brahms, Dutilleux). Salle
de Musique à 20h15
u 30.4. : CAMERATA SALZBURG &
SHARON KAM, clarinette (Mozart,
Tippett, Haydn). Salle de Musique
à 20h15
martigny
FONDATION GIANADDA à 20 h,
dimanche à 17 h, sauf mention
contraire (loc. 027/722.39.78)
u Jeudi 11.4. : OLIVIER CAVÉ, piano
(Mozart, Clementi, Beethoven,
Bach / Busoni, Bach (Marcello),
Bach (Vivaldi), Liszt (Verdi))
d
a
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meyrin
FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34)
u 9 et 10.4. : LE PETIT POUCET OU DU
BIENFAIT DES BALADES EN FORÊT DANS L’ÉDUCATION DES ENFANTS d’après Charles
Perrault, m.e.s. Laurent Gutmann.
Dès 8 ans
u 16.4. : WEST SIDE STORY - Leonard
Bernstein / Stephen Sondheim /
Jean Lacornerie
u Du 25 au 26.4. : URBIK / ORBIK d’après Lorris Murail. Philip K. Dick /
Joris Mathieu / Cie Haut et Court
u 30.4. : HISTOIRES CONDANSÉES,
Conférence dansée sur l’histoire de
la Danse au XXe siècle. Foofwa
d’Imobilité / Neosport Ahrrt
monthey
THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30
(loc. 024/471.62.67)
u 2.4. : DAVAÏ DAVAÏ, chor. Brahim
Bouchelaghem, Cie Zahrbat, Danse
Hip Hop
u 9.4. : NICOLAS FRAISSINET – LES MÉTAMORPHOSES, Chanson
u 12.4. : QUARTIER LOINTAIN de Jirô
Taniguchi, m.e.s. Dorian Rossel
u 19.4. : SIDIKIBA COULIBALY TRIO – Le
Chant profond du Mandé
u 21.4. : CONCERT QUINTTTE À VENTS ET
PIANO, Jérôme Capeille, hautbois,
Michel Westphal, clarinette, Isabelle
Bourgeois, cor, Catherine PépinWestphal, basson, Didier Puntos,
piano (Mozart, Beethoven)
u 26.4. : SWAN, chor. Luc Petton et
Marilén Iglesias-Breuker
u 28.4. : J’AI UN MORAL À TOUT CASSER
- Roger Jendly chante et raconte
Robert Lamoureux, Cabaret.
montreux
AUDITORIUM STRAVINSKI à 20h (loc.
FNAC ou tél. 021/962.21.19)
u 13.4. : ROCH VOISINE
u 18 et 19.4. : I MUVRINI - TOUR 2013
morges
THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u 16.4. : LE QUATUOR, m.e.s. Alain
Sachs, Danseurs et cordes
u 17.4. : BÉNABAR, Chanson
u 18.4. : UN STYLO DANS LA TÊTE de
Jean Dell m.e.s. Jean-Luc Moreau
u 26.4. : ERIC ANTOINE de et avec
Eric Antoine et Calista Sinclair,
Théâtre du Passage, Neuchâtel
Un chapeau de paille d’Italie
Le Centre Dramatique Régional de Tours fait escale à Neuchâtel pour
y présenter ce chef-d’œuvre du vaudeville dû à la plume d’Eugène Labiche.
Ce spectacle, conciliant plaisir du théâtre et joie de la musique,
enchaîne à un rythme effréné coq-à-l’âne et quiproquos à la pelle.
Irrésistible !
La mise en scène est réglée par Gilles Bouillon. Assurément, la fête sera
belle!
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m.e.s. Etienne de Balasy, Humourmagie
u 28.4. : CHŒUR HOSTIAS, dir. R.
Bouvier. Aurélie Jarjaye, soprano.
Anita Jirovská, mezzo. Jérémie
Schütz, ténor. Stephan Imboden,
baryton (Petite Messe Solennelle
de Rossini). Temple protestant à
17h
u 30.4. : BRIGITTE ROSSET, m.e.s.
George Guerreiro et Jean-Luc
Barbezat
neuchâtel
THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h
sauf mention contraire (loc.
032/717.79.07)
u 13.4. : BERTRAND ROULET, piano,
REBECCA ANKENBRAND, clarinette
(Wagner). Temple de St-Blaise à
18h (rés. Billetnet)
u 15 et 16.4. : GUANTANAMO de Frank
Smith, m.e.s. Eric Vigner
u Du 16 au 21.4. : FLO DONNE DES
ELLE(S) avec Florence Quartenoud,
m.e.s. Karim Slama, Humour
u Du 19 au 21.4. / 20h, sa 18h, di
17h : HANS WAS HEIRI, m.e.s.
Zimmermann & de Perrot
u 24 et 25.4. / 20h15 : QUE FAIRE ? (LE
RETOUR) d’après des textes de JeanCharles Massera et Benoît Lambert,
par le Théâtre Dijon Bourgogne –
CDN
u 27 et 28.4. / sa 18h, di 17h : UN
CHAPEAU DE PAILLE D’ITALIE d’Eugène
Labiche, par le Centre Dramatique
Régional de Tours, m.e.s. Gilles
Bouillon
THÉÂTRE DU POMMIER à 20h, di à 17h
sauf mention contraire
(loc. 024/471.62.67)
u 27 et 28.4 : Hiver de Danses.
ENCORE, création 2013, par Eugénie
Rebetez. Théâtre du Concert, le 27 à
20h30, le 28 à 17h30 (Réservations
conseillées 032 730 46 65 /
[email protected])
onex
«Un chapeau de paille d’Italie». En 1er plan, Julie Roux dans le role d’Hélène
photo © François Berthon
. le 27 avril à 18h et le 28 avril à 17h
Location : 032 717 79 07, [email protected]
du mardi au vendredi de 13h à 18h, le samedi de 10h à 12h
caisse du soir : 1h avant chaque représentation
a
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SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou SCM 022/319.61.11)
u 14 et 17.4. : Récrés-Spectacles.
ALLEGRETTO par Lulu et Chichili,
Clowns dès 3 ans
u 15.4. au Théâtre du Léman : LE
QUATUOR, avec Jean-Claude Camors
et Laurent Vercambre, violon, Pierre
Ganem, alto, Jean-Yves Lacombe,
violoncelle, m.e.s. Alain Sachs,
Humour musical
u 25 et 26.4. : FELLAG de et avec
Fellag, m.e.s. Marianne Épin
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plan/ouates
ESPACE VÉLODROME, sauf avis
contraire (loc. 022/888.64.60)
u 17.4., La Julienne : HORS-LA-LOI de
Régis Duqué, m.e.s. Jérôme Nayer,
Théâtre / Humour
u 27 et 28.4., Salle communale :
.H.G. de Trickster-P, Installation /
conte
pully
L’OCTOGONE, à 20h30
(loc. 021/721.36.20)
u Mardi 16.4. à 20h : Pour L’Art et le
Lutrin. QUATUOR SINE NOMINE &
CÉDRIC PESCIA, Lausanne et Berlin
(Elgar, Brahms).
u 19.4. : LETTRE D’UNE INCONNUE de
Stefan Zweig, m.e.s. Christophe
Lidon, avec Sarah Biasini et
Frédéric Andrau
u 25.4. : EMPREINTES MASSAÏ, Cie
Georges Momboye, Danse
u Mardi 30.4. à 20h : Pour L’Art et le
Lutrin. QUATUOR DELLA SCALA, Milan
(Puccini, Verdi, Cherubini, Respighi).
sion
THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 11.4. : SUNDERLAND de Clément
Koch, m.e.s. Stéphane Hillel
u 16.4. : HORS-LA-LOI de Régis
Duqué, m.e.s. Jérôme Noyer
PETITHÉÂTRE (rés. [email protected], 027/321.23.41)
u Du 16 au 20.4. : SEMAINE DE
L'EJMA #2, jazz et musiques actuelles. Le petitthéâtre, horaires divers
(entrée libre)
thonon-évian
MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 4 et 5.4. : L'ÉCOLE DES FEMMES de
Molière, m.e.s. Jean Liermier
u 11.4. : FRANÇOIS-XAVIER DEMAISON
de François-Xavier Demaison,
Mickael Quiroga et Samuel Le Bihan,
m.e.s. Eric Théobald
u Du 10 au 13.4. : PIERRE À PIERRE de
Rosa Diaz, m.e.s. Isa Soto
u 13.4., Evian : ORCHESTRE DES PAYS
DE SAVOIE, dir. Sigiswald Kuijken,
CORDELIA PAW, violon, JEAN-PAUL
FOUCHÉCOURT, ténor (Mozart)
u 18 et 19.4. : LE MEUNIER HURLANT
d’Arto Paasilinna, m.e.s. Martial
Anton
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u 23.4. : ALDO ROMANO TRIO, Jazz
u 22 et 23.4. : ROSASPINA de Simona
Gambaro, m.e.s. Antonio Tancredi
u 30.4. : Arts & Lettres. LOUIS LORTIE,
piano (Chopin).
vevey
ORIENTAL-VEVEY (Rés. 021 923 74 50)
u 10 au 13.4. : MALLEUS MALEFICARIUM. Par la Cie CH.AU. Eglise SteClaire, jeu 19h, ven-sam 20h
(Réservations au 021 923 74 50)
THÉÂTRE à 19h30 (loc. 021/925.94.94 /
L@ billetterie)
u 11.4. : Arts & Lettres. CHRISTIAN
POLTÉRA, violoncelle & RONALD
BRAUTIGAM, piano (Beethoven :
L’œuvre pour violoncelle et piano II).
u 17.4. : LE DINDON de Georges
Feydeau, m.e.s. Philippe Adrien
u 21.4. : FLORENCE VON BURG, violon;
LUC BAGHDASSARIAN, piano. La Goulue,
St-Légier, à 19h30 (loc./rens.
021.943.22.57)
u 23.4. : Arts & Lettres. LERA
AUERBACH, piano & KIM KASHKASHIAN,
alto (Chostakovitch, Stravinski,
Auerbach).
u 24.4. : LE TROUVÈRE de Verdi, m.e.s.
Paolo Panizza
u 28.4. : JAN VAN HOECKE, flûtiste,
JOVANKA MARVILLE, clavecin. La
Goulue, St-Légier, à 19h30 (loc./rens.
021.943.22.57)
u 29.4. : J’AI UN MORAL À TOUT CASSER !
de R. Lamoureux et Roger Jendly
villars s/glâne
ESPACE NUITHONIE (026/407.51.51) à
20h, sauf mention contraire (loc.
Fribourg Tourisme 026/350.11.00)
u 17, 18, 19, 20, 25, 26, 27.4. : LE
RAVISSEMENT D’ADÈLE par la
Compagnie Pasquier-Rossier, m.e.s.
Geneviève Pasquier, création
u Du 18 au 21.4. : VACARME D’AUTOMNE de Daniel Fazan, m.e.s. Laurent
Gachoud, création
yverdon
THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention
contraire (loc. 024/423.65.84)
u Du 18 au 21.4. : LOUISE MICHEL,
m.e.s. Thierry Crozat
u 21.4. à 17h : SOCIÉTÉ CHORALE DE
o
La Goulue, Saint Légier
Duo Yaman
Le dimanche 21 avril à 19h30, le Duo Yaman, composé de Florence von
Burg, violon (et piano), et Luc Baghdassarian, piano, donnera un récital à
La Goulue, à Saint-Légier.
Les deux musiciens interpréteront des œuvres de Franz Schubert
(Sonate D 574 pour piano et violon en la maj.) et de Johannes Brahms (1er
mouvement de
la ...Symphonie
N° 2, version
pour piano à 4
mains !, et la
Sonate N° 2 op.
100 pour violon
et piano, en la
maj. également)
. le 21 avril
Location :
021/943.22.57
Luc Baghdassarian et Florence von Burg
NEUCHÂTEL &
CONTEMPORAIN,
NOUVEL ENSEMBLE
dir.
Gilbert
Bezençon. Solistes : Marie-Hélène
Essade, soprano / Brigitte Ravenel,
mezzo / Frédéric Gindraux, ténor /
Eörs Kisfaludy, récitant / Véronique
Mermoud, la Pythonisse (Roi
David, d’Honegger)
u 23.4. : QUATUOR HERMES,
Musique
PRINTEMPS
aux haras d’Annecy
extrait de programmation
Hans was Heiri Zimmermann & de Perrot I La Curva Israel Galván I Le silence du monde Etienne Saglio
I L’Enfant de la haute mer Aurélie Morin I Cyrano de Bergerac Dominique Pitoiset I A bas bruit Mathurin
Bolze I El Cid ! / L’Histoire d’amour de Roméo et Juliette / Sur chemin d’Antigone Philippe Car I Morsure
Compagnie Rasposo I Matamore Cirque Trottola I L’Après-midi d’un fœhn / Vortex Phia Menard I Le tour
complet du cœur Gilles Cailleau...
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