Etude de la présence des chiroptères dans différents types de

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Etude de la présence des chiroptères dans différents types de
Etude de la présence des chiroptères
dans différents types de peuplements
forestiers
France-voyage.com
Alba Bézard
Master 2 Vie et Santé
Spécialité « Ecophysiologie et Ethologie »
Année universitaire 2011-2012
Jardinsdenoe.org
Université de Strasbourg
Stage réalisé sous la tutelle de Christelle Scheid, chargée de mission au Parc Naturel Régional
des Vosges du Nord
Remerciements
Je tiens avant tout à remercier Eric Brua et Michael Weber de m’avoir accueilli au
sein de l’équipe du Pars Naturel Régional des Vosges du Nord.
Mes remerciements s’adressent à Christelle Scheid qui m’a encadré durant ce stage.
Je la remercie du soutien et de l’écoute qu’elle m’a accordée ainsi que de ses conseils qu’elle
m’a apportée durant ces 6 mois. Merci de m’avoir fait confiance et ainsi permis de réaliser
mon stage au sein de son équipe.
Je tiens à remercier tout particulièrement Loic Duchamp qui m’a apporté un grand soutien.
Merci à Christophe pour toutes les sorties terrain.
Merci également à Sébastien Morelle pour ses conseils et pour le matériel qu’il a pu mettre
à ma disposition.
Merci pour les quelques discussions toujours passionnantes que j’ai pu avoir avec Jean
Claude Génot.
Un grand merci à l’ensemble des personnes de l’équipe, Marie(s), Nadia, Gaby, Nicole, Katia,
Astrid et les autres pour leur accueil chaleureux et leur convivialité.
Merci à tous les stagiaires pour les agréables moments passés ensemble.
Merci à la CPEPESC lorraine de m’avoir fait découvrir le radiotracking
Un grand merci à Erwann et Bruce pour leur aide précieux.
Sommaire
I.Introduction ……………………………………………………….………………………………………………………………1
1.
2.
3.
4.
Différents milieux forestiers………………………………………………………….………………4
Généralités sur l’écologie des espèces………………………………..……….……………….7
Espèces forestières…………………………………………………………………..……….…..…..…8
Les chauves souris de bons indicateurs ?...........................................................8
II. Matériel et Méthode……………………………………………………………………………………………….9
1. Territoire d’étude et espèces étudiées…………………………………………………………..9
2. Choix de la méthode d’étude…………………………………………………………………………10
3. Choix des sites ………………………………………………………………………………………………11
4. Description des parcelles sélectionnées………………………………….………………….….11
5. Protocole………………………………….…………………………………………………….……………..12
6. Création d’une base de données…………………………………………………………………...14
7. Traitement des données………………………………………………………………………………..14
III. Résultats……………………………………………………………………….…………………………………………………14
1. Activité de chasse en nombre et en durée d’enregistrement…………………….…………….15
1.1 Points d’écoute………………………………..……………………….……………………………………….15
a. Nombre de contact………………………………………………………………………………………15
b. Durée des contacts……………………………………………………………………………………..15
1.2 Transects………………………………………………………………………..………………….……………..15
a. Nombre de contact……………………………………………………………………………………...15
b. Durée des contacts………………………………………………………………………………………16
2. Diversité spécifique…………..…………………………………………………………………………………….16
2.1 Points d’écoute…………………………………………………………….……………………………………16
2.2 Transects……………………………………………………….………………..………………..………………17
VI. Discussion…………………………………………………………………………………………….………………17
V. Conclusion……………………………………………………………………….…………………………………..19
Bibliographie……………………………………………………………………………………………………………21
Contribution de l’étudiant
Récolte des données : 100%
2 mois (Parc Naturel Régional des Vosges du Nord)
Traitement et Analyse des données : 80%
Présentation de la structure d’accueil
Le syndicat de coopération pour le Parc naturel Régional des Vosges du nord a été
crée le 30 décembre 1975 sous l’impulsion des régions Alsace et Lorraine. Le territoire qu’il
couvre, d’une superficie de 130 500 ha s’étend sur deux départements : le bas Rhin (67) et la
Moselle (57) et comprend plus de 80 000 habitants
Son conseil d’administration est composé de représentants des conseils régionaux
d’Alsace et de Lorraine, des conseils généraux du Bas-Rhin et de la Moselle, des 110
communes et du ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement.
Le Parc a été classé en Réserve de Biosphère par l’UNESCO en 1989, puis attaché, en
1998, à celle, voisine, du Palatinat allemand (Naturpark Pfälzerwald) pour former la Réserve
de Biosphère Transfrontalière des Vosges du Nord-Pfälzerwald, dans le cadre du programme
internationel Man and Biosphere.
Les forêts couvrent 65% du territoire du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord
(soit 83 000 ha). Elles sont essentiellement composées de hêtre, pin sylvestre et chêne. 60%
sont des forêts domaniales, 25% sont communales et 15% sont privées.
Les objectifs du parc figurent dans une charte approuvée par les divers partenaires : il
d’agit de concilier protection des patrimoines, développement durable, information,
éducation, recherche et expérimentation.
I Introduction
Lors du Sommet de la Terre en 1992, les Etats du Monde entier ont fait le bilan de
leurs avancées concernant la conservation de la biodiversité. Les menaces qui pèsent
actuellement sur les espèces animales et végétales sont nombreuses. Un mammifère sur
quatre, un oiseau sur huit et un tiers des amphibiens sont menacées d’extinction à moyen
terme selon l'Union mondiale pour la conservation de la nature. Face à ce constat, la
communauté internationale s’est engagée en 2002, lors du Sommet Mondial de
Johannesburg, à réduire de façon significative l'érosion de la biodiversité (EEA, 2004). Deux
objectifs apparaissent clairement : d’une part enrayer le déclin de la biodiversité en agissant
sur ses causes, et d’autre part de rechercher à quantifier ce déclin et la vitesse à laquelle
s’érode la biodiversité.
Pour prévoir et comprendre ce phénomène complexe d’érosion, les scientifiques
tentent de le quantifier et de le modéliser grâce à des indicateurs biologiques. Les
chiroptères sont de bons candidats au poste de bioindicateurs. En effet ils occupent une
large gamme d’écosystèmes y compris les écosystèmes urbains. Ces espèces insectivores
jouent un rôle important dans l’évolution et le fonctionnement des habitats. En occupant
une niche écologique laissée vacante par toutes les espèces insectivores diurnes, les
chiroptères régulent les populations d’insectes et d’arthropodes dans des nombreux milieux
(Arthur & Lemaire 2009). Par ailleurs, ces prédateurs situés à un niveau élevé dans la chaîne
alimentaire sont particulièrement sensibles aux perturbations que subit l’ensemble des
composants de l’écosystème à court terme. L’analyse de leurs variations devrait donc
constituer un bon indicateur de l’état de santé de celui-ci (Arthur & Lemaire 2009).
Les chiroptères sont touchés d’une part par les modifications du paysage qui tendent
vers une artificialisation et une uniformisation des milieux. D’autre part, ces mammifères
sont également sensibles à la disparition de leurs proies due à l’utilisation massive de
pesticides, ou encore à la disparition de leurs milieux naturels. Les chiroptères perdent donc,
à la fois leurs sites de reproduction, de repos, d’hibernation et leurs terrains de chasse.
1
Cela se traduit depuis les années 1960 par une baisse des effectifs des espèces les
plus sensibles (Tillon 2008). En réponse à cela, en France, toutes les espèces de chiroptères,
ainsi que de nombreux grands sites de reproduction et d’hibernation connus (aires de repos
et de reproduction), bénéficient d’une protection réglementaire. Certains chiroptères
figurent même sur les listes rouges nationales et mondiales comme espèces vulnérables. Au
niveau Européen, le réseau Natura 2000 et en particulier la Directive Habitats-Faune-Flore
contribuent à définir des espaces pour lesquels les Etats et l’Europe s’engagent à apporter
des moyens afin de conserver les populations de chiroptères.
En France, 109 espèces de mammifères ont été inventoriés. Parmi elles, 91 espèces
sont considérées comme liées à la forêt dont 33 (20 Chiroptères, 2 Mustélidés, 2 Sciuridés, 3
Gliridés et 6 Muridés) dépendent directement de l’arbre qui sert de gîte ou de refuge
(Tillon 2008).
De ce fait, les forêts jouent aujourd’hui un rôle majeur dans la conservation de la
biodiversité. Des études montrent qu’environ 20 à 25% de la biodiversité forestière est
concentrée dans les stades vieillissants de la forêt (Vallauri, André & al. 2004). La forêt est
un habitat riche en espèces surtout lorsqu’elle a une structure diversifiée et qu’elle est âgée
(Vallauri 2004).
Au sein de l’écosystème forestier, système pluristratifié, il existe de nombreuses
niches écologiques. Certaines espèces animales sont strictement inféodées aux
peuplements de bois âgés, c’est le cas par exemple des insectes saproxyliques qui sont
rigoureusement dépendants du bois mort. Le pic noir est préférentiellement présent dans
des vieilles hêtraies, ou il creuse des trous qui lui serviront de gîte. De nombreuses espèces
de chiroptères gîtent dans des cavités creusées par les différentes espèces de pics ou encore
dans des fissures qui se forment préférentiellement sur les arbres d’un certain âge. La
gestion forestière pratiquée peut avoir un impact parfois conséquent sur la diversité
spécifique.
En effet le cycle sylvicole tronque le cycle biologique des arbres pour garantir
l’optimum économique du bois, dans une logique de production (figure 1). Les parties du
cycle correspondant au stade de vieillissement puis de sénescence sont donc supprimées.
En outre, la plantation systématique de résineux peut influer sur la capacité d’accueil du
milieu (Meschede & Heller, 2003).
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Figure 1 : cycle sylvicole contre cycle biologique (source : rapport onf, « prise en compte de
la biodiversité dans la gestion courante des forêts publiques)
La prise en compte de la biodiversité ordinaire est une priorité exprimée dans les nouveaux
dispositifs de cadrage de l’ONF pour la gestion des forêts. Cette priorité prend une place
importante dans le nouveau contrat État-ONF (2012-2016). Il s’agit de traiter la biodiversité
à travers les trames et îlots de vieux bois, les arbres morts isolés et « bio », les mélanges
d’essences, ou encore la diversité génétique.
Dans ce contexte, l’ONF fixe des objectifs pour le maintien des phases de sénescence
en forêt domaniale (1% d’îlots de sénescence par Direction territoriale et 2% d’îlots de
vieillissement par Agence, 1 arbre mort par hectare et 2 arbres à cavités, vieux ou gros, par
hectare). La sylviculture adoptée (gestion majoritairement en futaie régulière) doit
permettre selon l’Office National des Forêts de garantir une valeur économique suffisante en
vue de la future récolte des arbres.
La répartition géographique des îlots doit tendre à un maillage pour permettre une
bonne fonctionnalité écologique. Les îlots de sénescence diffèrent des îlots de
vieillissement par l’absence totale de sylviculture. Le peuplement est conservé jusqu'à son
effondrement complet.
Le problème qui se pose ici est d’étudier l’activité de chasse des chiroptères dans
différents types de peuplements forestiers. Et ainsi pouvoir vérifier des hypothèses quant à
l’importance des peuplements de feuillus âgés pour les chiroptères.
Ce travail s’inscrit dans une étude plus vaste sur la trame verte dans le Parc Naturel
Régional des Vosges du Nord. La trame verte et bleue, un des engagements phares du
Grenelle Environnement vise à freiner l’érosion de la biodiversité. Il s’agit de maintenir et de
reconstituer un réseau d’échanges sur le territoire national pour que les espèces animales
puissent, circuler, s’alimenter, se reproduire. Une étude est menée actuellement dans le
Parc naturel des Vosges du Nord pour faire un état des lieux sur les continuités écologiques
au sein de la Réserve de Biosphère Transfrontalière Vosges du Nord/Pfälzerwald et
notamment sur la trame intra forestière.
Lors de mon stage, j’ai choisis de prendre en compte deux facteurs. Le premier est
l’âge du peuplement, le second la composition de ce dernier. Nous distinguerons
peuplement de feuillus et peuplement de résineux. L’âge du peuplement est représenté par
deux extrêmes: des peuplements « jeunes » et des peuplements « âgés ». Le terme de
peuplement « âgé » regroupe les bois mûrs et matures (peuplement de gros bois), dont le
diamètre (pris à hauteur de poitrine) dépasse les 50cm. Il ne s’agit pas là d’une définition au
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sens écologique du terme mais plutôt au sens de l’exploitation forestière. Les « jeunes »
peuplements sont constitués d’arbres de moins de 25 cm de diamètre (peuplement de petits
bois).
Ces deux facteurs réunis donnent lieu à quatre types de peuplements : des peuplements
« âgés » de feuillus, de « jeunes » feuillus, de résineux « âgés » et de « jeunes » résineux.
L’objectif de ce stage est de comparer l’activité de chasse dans les quatre types de
peuplements décrits précédemment. L’étude est à la fois quantitative car on cherche à
déterminer la durée allouée à l’activité de chasse sur chaque site. Mais elle est également
qualitative puisque l’on cherche à déterminer la diversité spécifique pour chaque site. Ces
deux valeurs, activité de chasse et richesse spécifique, sont ensuite comparées pour chacun
des quatre types de peuplements.
D’après différentes études menées en Amérique du Nord et en Europe, il semblerait
que les peuplements âgés soit les plus utilisés pour l’activité de chasse (Zielinsky & Gellman,
2001 ; Dietz & Von Helversen, 2009). En outre, les peuplements de feuillus semblent être
préférés (Betts, 1995 ; Commission, 2005), du moins par certaines espèces comme le Murin
de Bechstein (Tillon, 2008). Ceci semble lié,entre autres, à l’activité des pics en densité plus
importante dans ces peuplements. Ces derniers sont à l’origine de cavités dans les arbres
(Lutsch & Muller, 1988) servants de gîtes à de nombreuses espèces de chauves souris
spécifiquement forestières.
On peut donc faire l’hypothèse qu’il y a une différence en terme d’activité de chasse
entre les peuplements « jeunes » et « âgés », l’activité de chasse la plus élevée étant
attendue dans les peuplements âgés. On peut également penser que la diversité spécifique
et l’activité de chasse sera la plus élevée dans les peuplements âgés de feuillus.
1. Différents milieux forestiers
Feuillus

Les hêtraies
Le hêtre (Fagus sylvaticus), historiquement utilisé comme source d’énergie (forges,
verrerie, chauffage) est aujourd’hui essentiellement traité en futaie pour la production
de bois d’œuvre. Cette essence a fait l’objet de coupes de très grande ampleur à partir
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du début du 17ème siècle ce qui a contribué à diminué son étendue aujourd’hui,
majoritairement remplacé par le chêne sessile (Quercus petraea) et le pin sylvestre (Pinus
sylvestris). Il existe deux grands types de hêtraie dans les Vosges du Nord.
La hêtraie acidiphile à luzule blanchâtre. Il s’agit de l’habitat forestier le plus commun dans
le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord
La hêtraie à Aspérule odorante et Mélique uniflore se rencontre sur des sols plus riches et
moins acides.
Ces forêts constituent l’habitat principal de nombreux oiseaux qui nichent dans les
cavités dont les plus emblématiques sont : le pic noir (Dryocopus martius), le pic cendré
(Picus canus) et la chouette de Tengmalm (Aegolius funereus).

Les chênaies
Dès le moyen âge et jusqu’au 19eme siècle, le chêne été favorisé pour sa production de
glands qui servaient d’aliment principal pour les porcs. Au 17eme et 18eme siècle de gros
chêne ont été abattu pour la marine hollandaise puis française. Il a été à nouveau favorisé
vers la fin du 19eme siècle. Deux types de chêne autochtone existent dans la réserve de
biosphère transfrontalière : le chêne sessile sur les sols secs et le chêne pédonculé sur les
sols humides.
La chênaie sessiliflore thermophile est une chênaie climacique que l’on rencontre sur les
sols les plus secs (promontoires rocheux, dalles, etc)
La chênaie pédonculée à molinie se développe en périphérie de certaines zones
humides (fonds de vallons, cuvettes, etc)
La chênaie-hêtraie acidiphiles où le chêne a été fortement favorisé par l’homme mais ou
le hêtre peut naturellement dominer.
Parmi la faune il existe quelques espèces caractéristiques tel que le pic mar
(Drendocopos medius) et le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) mais aussi certaines chauvessouris comme le Vespertilion de Bechstein (Myotis bechsteini) et l'oreillard roux (Plecotus
auritus).
5
Résineux

Les pineraies
Le pin sylvestre est une espèce autochtone dans les Vosges du Nord au niveau des
éperons rocheux et des tourbières. Son introduction a été massive au 19eme siècle, avec un
maximum en 1850 car ce bois était utilisé comme bois de mine.
La pineraie à myrtille des marais, que l'on trouve uniquement dans le Pays de Bitche,
est un milieu relictuel de la période post glaciaire. Ce milieu à caractère nettement
continental est unique en France. Son aire naturelle se trouve dans les pays de l'Est
(Pologne, Biélorussie,…). Ce milieu se rencontre en périphérie des bétulaies tourbeuses ou
des tourbières à sphaignes (Sphagnum sp.).
La pineraie à cladonies est un écosystème forestier que l’on trouve sur les dalles
rocheuses au sol très superficiel émergeant de la canopée.
Les forêts subcontinentales de pin sylvestre est un habitat secondaire issu de la
dégradation des chênaies hêtraies acidiphiles, favorisé par les activités humaines.

Espèces introduites
Depuis plusieurs siècles, l'homme a modifié les forêts naturelles en privilégiant la culture
de certaines espèces et en introduisant des espèces exotiques. Certaines sont européennes :
l'épicéa (Picea Abies), le mélèze (Larix decilua), d'autres nord-américaines : le sapin Douglas
(Pseudotsuga menziesii), le pin Weymouth (Pinus strobus) et le chêne rouge (Quercus
rubra).
Le sapin pectiné (Abies alba) est vraisemblablement autochtone au sud de la zone du
Parc Naturel Régional des Vosges du Nord bien qu’une limite de zone naturelle.
L’épicéa a été largement planté entre 1860 et 1910, mais a fortement souffert face à
différentes perturbations (tempêtes, scolytes). Cette espèce ne semble pas favorisée par le
changement climatique actuel.
L'homme a fortement enrésiné les forêts du Parc Naturel Régional Des Vosges du
Nord, initialement feuillues. Ceci a entre autre pour conséquence une acidification du milieu
du aux plantations de pins sylvestre et d’épicéa, qui constitue une menace pour les forêts de
feuillus. Bien entendu la plupart des essences énumérées, se trouvent le plus souvent
mélangées les unes aux autres.
6
2. Généralités sur l’écologie des espèces
Les chauves-souris sont des vertébrés pouvant vivre jusqu'à plus de 40 ans pour
certaines espèces. De par leur discrétion et leur mode de vie nocturne, elles restent encore
assez méconnues. Pour preuve, quatre nouvelles espèces ont été décrites depuis 1999.
Seul mammifère volant, elles se déplacent, communiquent et chassent de nuit, en
utilisant un système d’écholocation pour se repérer. Les espèces européennes sont
exclusivement
insectivores
à
l’exception
de
Nyctalus
lasiopterus
qui
chasse
occasionnellement des oiseaux. De ce fait, elles participent au contrôle des pullulations
d’insectes. Prédatrices, elles se trouvent parmi les espèces en bout de chaîne alimentaire, et
accumulent les contraintes ou les pollutions que l’homme impose aux milieux qu’il exploite.
Pendant la période hivernale, la quantité de proie diminue du fait des basses températures.
Les chauves-souris répondent à cette pénurie en hibernant. Certaines espèces (Cela a
notamment été démontré pour Pipistrellus pipistrellus (Avery, 1985) ont la capacité de
s’éveiller pendant de courtes périodes de redoux pour glaner les quelques insectes
disponibles. Elles restent cependant en léthargie lors des périodes de grand froid. D’autres
espèces n’ont aucunes phases de réveil et restent en métabolisme ralentit tout l’hiver.
A partir de mars, les animaux sortent de leur léthargie pour reconstituer les réserves
de graisse consommées pendant l’hiver, et commencent à se rassembler en colonie. Un peu
avant le début de l’été, les femelles regroupées en colonie mettent bas un jeune qu’elles
élèvent et allaitent pendant le mois qui suit la naissance (figure 2). Puis le jeune commence à
voler, en suivant notamment les adultes sur les terrains de chasse propices (Kerth et al,
2001). En forêt, toute cette période se traduit par l’utilisation de gîtes très spécifiques. La
plupart des espèces choisissent en effet un type de gîte très particulier au regard de
l’ensemble des cavités disponibles (Pénicaud, 2000, 2002; Tillon, 2005).
A l’automne, les mâles se rassemblent sur des sites où ils attirent les femelles en
émettant des cris sociaux caractéristiques dans le but de s’accoupler. Ces sites dits de «
swarming » ou d’essaimage jouent un rôle très important pour les flux de gènes au sein
d’une population (Parsons & Jones, 2003). L’accouplement à lieu en automne mais la
fécondation, retardée, n’a lieu que peu de temps après la sortie d’hibernation. Après s’être
accouplé, les individus reconstituent les graisses qui leur permettront de passer l’hiver
suivant. L’hivernage reprend à partir de novembre.
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Figure 2 : cycle biologique des chiroptères (source : site DREAL midi pyrénées )
3. Espèces forestières
Il est difficile d’établir une liste des chauves-souris « forestières ». En effet, de
nombreuses espèces utilisent le milieu forestier, mais parfois uniquement pendant une
période de leur cycle biologique ou seulement pour certaines activités. Aucune espèce
semble totalement dépendante des arbres pour l’ensemble de son cycle de vie (Meschede et
Heller, 2003). Même le Murin de Bechstein (Myotis bechsteini), considéré comme l’espèce la
plus liée aux écosystèmes forestiers, est connu en hibernation dans des sites souterrains
(Meschede &Heller, 2003)
Toutes les espèces « arboricoles» européennes, c’est-à-dire celles qui utilisent les
arbres comme gîtes, appartiennent à la famille des Vespertilionidés (Pénicaud & al, 2000). La
sylviculture et les travaux forestiers peuvent influer fortement sur les chauves-souris par le
dérangement en période critique, la réduction des microhabitats vitaux ou bien la
modification importante des territoires de chasse (Arthur & Lemaire, 2009 ; Meschede &
Heller, 2003; Tillon, 2002) qui peut modifier défavorablement la disponibilité en proies.
4. Les chauves-souris, de bons indicateurs ?
Les Chiroptères peuvent être classés parmi les taxons bioindicateurs. Elles peuvent en
effet témoigner de « la qualité d’un habitat » (Van der Wijden & al., 2002), de par leur
sensibilité aux modifications environnementales (Thomas 1988).
En outre, ces mammifères sont limités par les ressources (Arthur & Lemaire 2009) et
notamment les espèces forestières qui ont besoin de fentes ou cavités dans les arbres pour
diverses activités vitales (repos diurne, hivernation, reproduction). Toutes les chauves-souris
autochtones sont dépendantes de gîtes existants car elles ne les construisent pas (Meschede
& Heller, 2003).
Les chauves-souris sont des animaux qui occupent un large espace en forêt.
Cependant, chaque espèce possède une niche écologique spécifique. De fait, l’ensemble du
cortège en présence apporte des renseignements très localement sur la capacité d’accueil
en gîte d’une forêt (Kerth et al., 2001). La quantité d’individus, ou la densité de contacts
avec les animaux en vol d’une même espèce, voire de l’ensemble du cortège, apportent
aussi des informations importantes sur la richesse du secteur de forêt observé en proies. A
ce titre, l’abondance et la diversité spécifique en chauves-souris semblent permettre de
8
renseigner un gestionnaire sur la qualité de sa gestion (Tillon, 2008).
En effet, la gestion forestière a des incidences certaines sur le bol alimentaire
accessible aux différentes espèces, comme cela a été démontré chez certaines espèces de
chiroptères nord-américains (Burford et al, 1999).
La liste des espèces présentes peut également renseigner le gestionnaire sur la
manière dont sa forêt évolue, voire comment sa gestion impacte une partie de la
biodiversité forestière. On peut donc considérer les chauves-souris comme des indicateurs
de la qualité environnementale et de la gestion forestière (Tillon, 2008).
II Matériel et Méthode
1. Territoire d’étude et espèces étudiées
Ce travail a lieu dans les forêts publiques du Parc naturel régional des Vosges du Nord
gérées en futaie régulière par l’Office National des Forêts. Crée en 1975 et situé au nord
ouest de l’Alsace, ce dernier fait partis des 48 Parcs naturels régionaux français. D’une
surface de 133 000 ha, ce territoire forme un triangle reliant Saverne, Wissembourg et
Bitche. Cette zone, composée à 65% de forêts semble être propice à ce type de suivi étant
donné la diversité des espèces arborescentes. La composition du massif forestier du
territoire est subdivisé en trois catégories : les feuillus, les résineux, et les peuplements
mixtes. Les peuplements de feuillus sont majoritairement représentés par les hêtraies et les
chênaies, les massifs de résineux étant composés d’épicéa, de sapin pectiné, de pin sylvestre
et de Douglas. Une grande partie du territoire du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord
est également constitué de peuplement mixte, qui correspond à un mélange significatif de
feuillus et de résineux. Il est important de noter qu’il existe plusieurs forêts privées dont une
de taille importante qui se situe à l’est de Bitche (Nord-Est du Parc) pour laquelle nous
n’avons pas pu avoir de données concernant l’âge et la composition des parcelles forestières
du fait du mode de gestion en futaie irrégulière.
Durant cette étude, on ne choisit pas d’étudier une espèce en particulier mais l’idée
est bien de considérer toute les espèces présentes sur chacun des 40 sites.
9
En France 33 espèces ont été recensées (Tillon, 2008, CPEPESC, 2009). Sur le
territoire du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, des inventaires ultérieurs ont pu
déterminer la présence de 19 espèces de chauves-souris (tableau 1 annexe).
2. Choix de la méthode d’étude
Deux méthodes d’étude des chiroptères en activité de chasse existent, la méthode
d’écoute ultrasonore et la méthode de capture.
La capture permet une identification certaine de l’espèce mais est peu fiable pour
une estimation quantitative. En revanche la méthode d’écoute ultrasonore permet de
quantifier une activité mais est limitée pour l’identification de certaines espèces. Dans cette
étude, l’objectif étant avant tout de mesurer l’activité de chasse, et non d’identifier avec
certitude toutes les espèces, l’écoute ultrasonore semble plus appropriée pour répondre à la
problématique de l’étude (tableau 2 en annexe).
Au sein de la technique d’écoute ultrasonore, il existe trois modes d’enregistrement :
l’hétérodyne, l’expansion de temps et la division de fréquence (définitions en annexe). Le
détecteur réglé en mode hétérodyne permet de distinguer de manière certaine quatre
groupes de sonorités. Chaque groupe de sonorités regroupe plusieurs familles d’espèces.
Cependant, celui-ci ne permet pas de discerner avec certitude certaines espèces et
notamment dans la famille des Myotis, de nombreuses espèces restent indéterminables en
mode hétérodyne. Le détecteur en mode expansion de temps vient compléter le détecteur
hétérodyne car il permet une précision accrue dans la détermination des espèces. En
revanche, du fait de son fonctionnement dont le principe est de dilater le temps d’un facteur
10 (3 secondes entendues deviendront donc 30 secondes à analyser) il est impossible
d’enregistrer en continu. L’enregistrement d’un individu se fait donc au détriment d’un
autre, ce qui est handicapant lorsque l’on veut quantifier une activité. L’enregistrement en
division de fréquence permet une mesure de l’activité car il enregistre sur un très large
spectre d’émission, englobant ainsi toutes les espèces de chauves-souris présentes.
L’expansion de temps et l’hétérodyne m’ont permis de déterminer avec plus de précision les
espèces lors de la partie qualitative du travail.
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Dans cette étude, les trois modes d’enregistrement ont été utilisés avec deux
appareils : l’un fonctionnant et enregistrant de manière autonome en division de fréquence,
l’autre combinant les modes hétérodyne et expansion de temps.
3. Choix des sites
Par soucis de clarté, on définit au préalable une parcelle comme étant une entité
« homogène » en ce qui concerne le traitement sylvicole. Les parcelles forestières sont
issues des aménagements forestiers de l’Office National des Forêts.
Afin de comparer l’activité de chasse des chiroptères en fonction de la composition en
feuillus ou en résineux, les peuplements mixtes ont été écartés et seules les parcelles
constituées très majoritairement de feuillus ou de résineux (plus de 75% en recouvrement)
ont été sélectionnées. Ceci est rendu possible via la couche SIG de l’occupation du sol (BD
OCS2008©CIGAL) ainsi que les données fournies par l’Office National des Forêts (figure 7).
Au sein de ces parcelles, on superpose le facteur âge en distinguant les parcelles
composées de « jeunes » peuplements et celles composées de peuplements « âgés » (voir
définition dans l’introduction). Ces informations ont été extraites des données sur les
aménagements forestiers fournies par l’Office National des Forêts. Le choix des parcelles
s’est fait sous SIG et seules des parcelles de taille suffisamment grandes ont été
sélectionnées afin de pouvoir y inclure une zone d’étude rectangulaire de 3ha (figure 8).
Pour chaque type de peuplement forestier (Feuillus « jeune » et « âgé », résineux « jeune »
et « âgé »), 10 parcelles sont choisies de manière à recouvrir l’ensemble du territoire du
Parc Naturel Régional des Vosges du Nord (carte en annexe). Avec quatre types de
peuplement (figure 3, 4, 5 et 6) cela fait donc au total 40 zones à inventorier.
4. Description des parcelles sélectionnées
A côté des informations obtenues par les données SIG, des données
complémentaires ont été recueillies sur le terrain afin de compléter l’analyse. L’observateur
évalue la longueur du chemin forestier sur chaque parcelle sélectionnée.
Des détails concernant les conditions météorologiques (T°, pluviométrie) sont
également relevés sur le terrain avant le début de chaque relevé et consigné dans une base
de donné.
11
Figure 3 : parcelle de feuillus âgés
Figure 4 : parcelle de résineux âgés
Figure 5 : parcelle de jeunes feuillus
Figure 6 : parcelle de jeunes résineux
5. Protocole
A partir des parcelles sélectionnées au préalable sur le logiciel de SIG Arcmap10, on
trace un rectangle de 3 ha (300m*100m) en veillant à y inclure un linéaire conséquent de
piste forestière. La forme rectangulaire et la taille de 3ha est préférée pour différentes
raisons. Une surface de 300 par 100 mètres permet notamment de faire plusieurs points
d’écoute par zone. Ceci est préférable car certaines espèces de chauves souris ne sont
détectables qu’à très faible distance (moins de 5 mètres). Ainsi, un seul relevé pour une
parcelle de 3ha sous-estimerait sans doute la diversité spécifique et l’activité de chasse.
Dans chaque rectangle, 5 points d’écoute de 10 minutes chacun sont disposés de
telle sorte qu’ils soient équidistants les uns des autres (figure 8). Sur le terrain, le repérage
des points se fait en pleine journée grâce à une carte IGN au 1 :25 000. Un GPS (Garmin
Foretrex 301) est utilisé afin de localiser chaque point d’écoute déterminé au préalable. En
complément, l’usage d’un altimètre permet de déterminer précisément l’altitude de chaque
point d’écoute. Les déplacements vers les autres points d’écoute sont réalisés à la boussole.
Un seul passage par point d’écoute est prévu. Sur chaque point est mesurée
-
-l’activité de chasse en nombre de contacts par 10min
-
-l’activité de chasse en durée (sec/10min)
-
-la diversité spécifique en nombre d’espèce par 10 min
Il est effectué, en plus des 5 points d’écoute, un passage sur un transect qui est
positionné le long du chemin forestier (longueur variable à considérer dans les analyses). Les
transects d’écoute au détecteur d’ultrasons suivent principalement les pistes forestières, car
ces couloirs de vols concentrent souvent les chiroptères qui viennent chasser sous la voûte
des arbres (Lustrat, 2001). Le long des transects, le détecteur est utilisé en expansion de
temps. A chaque contact avec un individu, on marque un arrêt pendant la durée de
l’enregistrement, on repart lorsque l’enregistrement est fini afin de ne pas perdre
d’information.
Sur chaque transect est mesurée :
12
Figure 7 : exemple de parcelles
Figure 8 : points d’écoute et transect
SM2
SM2BAT+
BAT+
Figure 9 : Matériel utilisé
Pettersson
D980
avec
enregistreur
DR-07
Pettersson
D980
avec
enregistreurTascam
Tascam R-07
-
-l’activité de chasse en nombre de contacts/ min
-
-l’activité de chasse en durée (sec/min)
-
-la diversité spécifique en nombre d’espèce par minute
Dans ce travail, on mesure à la fois des variables qualitatives (détermination des
espèces) et quantitatives (calcul d’un indice d’activité). Pour ce faire, 2 détecteurs sont
utilisés en parallèle sur chaque point d’écoute (figure 9).
-
Le détecteur Pettersson D980 a été choisi pour sa capacité à faire de l’expansion de
temps. Celui-ci, couplé à un enregistreur numérique (Tascam DR-07), est réglé en
expansion de temps et permettra ainsi d’identifier avec précision certaines espèces.
- Un enregistreur automatique (SM2BAT+ de wildlife acoustics) est préféré pour
l’analyse quantitative. De fait cet appareil enregistre tous les contacts sur une gamme
de fréquence très large de telle sorte que toutes les espèces soient détectées
Les enregistrements débutent 30min après l’heure de coucher du soleil, moment où
commence l'activité de la plupart des chauves-souris. La température doit être supérieure à
10°C et les relevés par temps pluvieux doivent être évités car ces conditions sont
défavorables à la sortie des chauves-souris ainsi qu’au matériel. Les enregistrements sont
réalisés au printemps (mai-juin) car à cette période, l'activité des animaux recommence du
fait des conditions favorables (température, présence d'insectes).
Les sons enregistrés sont analysés par la suite à l’aide du logiciel Batsound 4.01 selon
une méthode décrite en annexe. La fiche de terrain utilisée est également présentée en
annexe (tableau 4).
Deux relevés étant pris par soirée, le choix des sites a été réalisé de manière à ce
qu’il y ait autant de relevés de chaque type (feuillus, résineux, âgé, jeune) en début de
soirée qu’en fin de soirée. De plus on veillera à ce qu’il y ait autant de relevé de chaque type
sur les deux mois d’étude (mai-juin). En effet il pourrait y avoir une influence du à une
activité de chasse des chiroptères variable au cours de la nuit. En outre, sur une même
soirée, il est également crucial de ne pas étudier deux sites proches (moins de 2 km) sous
peine d’obtenir des données dont l’indépendance sera d’avance compromise. Ceci concorde
avec
13
Figure 10 : nombre de contact en fonction du milieu sur les points d’écoute
Figure 11 : durée moyenne des contacts en fonction du milieu sur les points d’écoute
l’effort de répartition des différents sites sur un territoire le plus vaste possible dans le Parc
Naturel Régional des Vosges du Nord.
6. Création d’une base de données
Une base de données est créée, rapportant :
-la personne ayant réalisé les enregistrements,
-la personne ayant réalisé les analyses
-la personne ayant vérifié l’identification
-la date du relevé
-la localisation du massif
-le type de peuplement
-l’âge du peuplement
-l’essence dominante
-l’essence secondaire
-la densité du peuplement
-les données météorologiques (T°, pluie, vent)
-les coordonnées du point
-le numéro du point d’écoute
-l’heure de début de l’enregistrement
7. Traitement des données
L’objectif est de comparer l’activité de chasse dans les 4 types de peuplement et ainsi
de mettre en évidence ou non un éventuel effet de l’âge et/ou de la composition sur
l’activité de chasse et la diversité spécifique
Tous les tests statistiques sont réalisés avec le logiciel SPSS 17.0®. Des ANOVA à 1
facteur sont réalisées quand la normalité des résidus est respectée. Dans le cas contraire on
réalise soit une Equation d’estimation généralisée (GEE) dans le cas de mesures répétées
corrélées soit un modèle linéaire généralisé (GLM).
III Résultats
Dans cette partie, un test est considéré comme significatif quand la p-valeur (p) est
inferieure ou égale à 0.05.
14
Figure 12 : nombre moyen de contact en fonction du milieu sur les transects
Figure 13 : durée moyenne des contacts en fonction du milieu sur les transects
Figure 14 : diversité spécifique en fonction du milieu pour les points d’écoute
1. Activité de chasse en nombre de contact et en durée d’enregistrement
1.1 Points d’écoute
a. nombre de contact
L’équation d’estimation généralisée à mesures répétées avec une distribution de
Poisson (N=200, wald chi square=263.192) indique une différence significative entre les
quatre types de milieux (p=0.001). On réalise donc un test post hoc de Bonferroni qui
permet de comparer les paramètres deux à deux.
Pour les comparaisons entre le nombre de contacts enregistrés dans les
peuplements âgés de feuillus et de résineux, le test n’est pas significatif. En revanche on
observe une différence significative entre les peuplements de feuillus âgés et ceux
constitués de jeunes feuillus (p=0.001 figure 10). De même entre les peuplements de
feuillus âgés et les jeunes peuplements de résineux (p=0.001). Enfin il semble qu’il n’y ait pas
différence significative entre les jeunes peuplements de feuillus et de résineux (p=0.083)
b. durée des contacts
On réalise une équation d’estimation généralisée à mesures répétées avec une
distribution linéaire (N=200 ; wald chi square=1824.108). Au vu de la p-valeur on peut dire
qu’il y a une différence significative entre les durées de contacts enregistrées dans les
quatre types de peuplements (p=0.001). On réalise alors des tests post hoc de Bonferonni.
Ce dernier ne révèle pas de différence significative entre les vieux peuplements de feuillus
et de résineux (p=1.000). En revanche la durée des contacts des chiroptères en chasse dans
les vieux peuplements de feuillus est significativement différente de celle mesurée dans
les jeunes peuplements, résineux et feuillus confondus (p=0.001 figure 11). De même il y a
une différence significative de durée des contacts entre les peuplements de vieux résineux
et les jeunes peuplements de feuillus et résineux (p=0.001). La différence d’activité de
chasse mesurée dans les jeunes peuplements de feuillus et de résineux n’est pas significative
(p=0.051).
1.2 Transect
a. nombre de contacts
La normalité des résidus étant respectée (pval=0.342), on réalise une ANOVA à 1
facteur. Au vu de la pvaleur (p=0.293) on ne peut noter aucune différence significative
entre les 4 types de peuplements (figure 12)
15
Figure 15 : diversité spécifique en fonction du milieu pour les transects
Figure 16 : nombre de contact par espèce sur les points d’écoute pour les peuplements âgés de feuillus
Figure 17 : nombre de contact par espèce sur les points d’écoute pour les peuplements âgés de résineux
b.durée des contacts
De même que pour l’activité de chasse en nombre de contact, il ne semble pas y
avoir de différences significatives entre les 4 types de peuplements (p=0.076 figure 13)
2. Diversité spécifique
2.1. Points d’écoute
On réalise un modèle linéaire généralisé avec une distribution de Poisson pour mesurer
l’effet de l’âge et de la composition des peuplements sur la diversité spécifique. Au vu des pvaleurs on peut dire que l’âge agit de manière significative sur la diversité spécifique
(p=0.001). En réalisant des tests post hoc on remarque que la diversité spécifique moyenne
pour les vieux peuplements (4.6 espèces en moyenne) est significativement différente de
celle pour les jeunes peuplements (1.8 en moyenne et p=0.001 figure 14, carte et tableau 2
en annexe).
En revanche, en ce qui concerne les différences de diversité spécifique observées entre
les feuillus et les résineux, le test n’est pas significatif que cela soit pour le stade âgés
(p=0.590) ou pour les jeunes parcelles (p=0.633).
On remarque globalement que la majorité des contacts est constituée de pipistrelles
communes, présentes dans les 4 types de peuplements étudiés (figure 16, 17, 18 et 19). Si
l’on enlève les pipistrelles communes (figure 1, 2, 3 et 4 annexe), on peut noter que
certaines espèces sont contactées une seule et unique fois, dans des parcelles âgées de
feuillus. C’est le cas de la pipistrelle de nathusius, la pipistrelle pygmée, la noctule de Leisler
et le murin à oreille échancrées. Globalement le nombre de contact pour chaque espèce est
plus important au total dans les peuplements âgés (feuillus et résineux) que dans les jeunes
peuplements (figure 16, 17, 18, 19). Pour exemple on note 383 et 411 contacts de pipistrelle
commune dans les peuplements âgés de feuillus et de résineux contre 51 et 34 pour les
jeunes peuplements de feuillus et de résineux. La différence au niveau d’autres espèces et
notamment les espèces de Myotis est moins flagrante, un faible nombre de contact de
Myotis ayant été enregistré, ceci même dans les peuplements âgés, du fait de leur
discrétion. Le nombre de contact de Myotis nattereri est par exemple de 10 dans les
peuplements âgés de feuillus contre 6 pour les peuplements de résineux âgés sur l’ensemble
des 10 sites visités.
16
Figure 18 : nombre de contact par espèce sur les points d’écoute pour les jeunes peuplements de résineux
Figure 19 : nombre de contact par espèce sur les points d’écoute pour les jeunes peuplements de feuillus
2.2 Transect
Le test de l’ANOVA n’indique aucune différence significative de la diversité
spécifique mesurée entre les 4 quatre types de peuplements, lors des transects (p=0.156
figure 15)
VI Discussion
A l’issue de la session de prospection dans les forêts des Vosges du Nord, on constate
une influence positive de l’âge du peuplement forestier sur la diversité spécifique des
chiroptères, sur le nombre et la durée totale des contacts. Cette constatation rejoint celle
de Léa Dufrene qui remarque en 2009 un effet positif du gros bois sur l’abondance en
chiroptère. En revanche nous n’avons pas pu mettre en évidence d’influence significative de
la composition des peuplements sur les paramètres mesurés.
Les résultats présentés peuvent cependant être influencés par certains biais qui ne
sont pas contrôlables sur le terrain.
On considère en effet que les sites étudiés sont indépendants. Or certaines espèces
de chauves souris exploitent des territoires de chasse de l’ordre de 30 à 50 ha et peuvent
parcourir jusqu'à 25km pour le grand murin (Arthur et Lemaire 2009.). Il y a donc toujours un
risque de contacter un même individu sur plusieurs jours même si l’on prend des
précautions en sélectionnant des sites éloignés les uns des autres.
De plus, il aurait été intéressant de repasser plusieurs fois sur chaque point d’écoute
afin d’avoir une idée plus exhaustive des espèces et de l’activité de chasse. Un passage par
site ne donne en effet qu’une image ponctuelle sur un temps réduit des paramètres
mesurés. Le résultat obtenu peut être biaisé par une soudaine explosion de la population
d’une espèce d’insecte au niveau de cette parcelle ce qui peut donner lieu à des durées de
chasse plus importantes. A l’inverse, certaines soirées peuvent être très pauvres en proies
pour différentes raisons, ce qui entrainera une baisse de l’activité de chasse.
La proximité de zones humides, d’étang ou d’habitation est aussi un élément qui
peut donner lieu à une diversité spécifique et une activité de chasse plus importante. C’est le
cas par exemple dans la première parcelle de jeunes feuillus qui se trouve à proximité de
l’étang de Baerenthal et où l’on a un nombre de contact bien supérieur (23 contre une
17
dizaine pour les autres jeunes peuplements de feuillus, tableau 2 en annexe) à ceux obtenus
dans les autres sites. Il est clair que de nombreux paramètres influencent l’abondance en
chiroptères. En réalisant cette étude en milieu naturel, il est impossible de contrôler tous les
paramètres.
Au niveau des méthodes employées, il semblerait que le suivi par point d’écoute soit
plus adapté pour cette étude que la méthode du transect. Des transects ont été réalisé car
c’est sous les voutes crées par des arbres en lisières que chassent de nombreuses espèces de
chiroptères (Tillon, 2008). Le temps passé sur chaque point donne un total d’écoute de 50
minutes par parcelle. Ce temps dépasse largement les quelques minutes passées sur le
transect. Par conséquent, la probabilité de réaliser un inventaire ponctuellement exhaustif
augmente. La non-significativité des résultats pour les transects démontre que cette
méthode qui n’est pas adapté pour cette étude. De fait chaque transect avait une longueur
différente ce qui imposait de calculer un nombre d’espèce moyen par unité de temps. Les
données numériques étant de très petits nombres tous compris entre 0 et 1, aucuns tests ne
permettaient de montrer une différence entre les quatre types de parcelle. La technique du
transect semble être plus adaptée pour réaliser un inventaire à travers différents types de
milieux (milieux ouvert, foret, ripisylve etc..) et particulièrement pour une étude qualitative
plus que pour quantifier une activité.
La différence d’activité que ce soit en nombre de contact ou en durée est plus ou
moins marquée selon les espèces. Certaines sont ubiquistes et utilisent quasiment
indifféremment tout type de milieu pour la chasse c’est le cas de la pipistrelle commune
(Pipistrellus pipistrellus). D’autres montrent une spécialisation beaucoup plus forte pour
des veilles futaies de chêne, c’est le cas du Murin de bechstein (Myotis beschteini) par
exemple (Tillon, 2008).Ces dernières sont plus représentatives de l’importance des gros
bois car inféodées à des micro-habitats qui offrent une diversité de structure tant
horizontalement que verticalement.
On remarque que la pipistrelle commune est présente dans tous les sites étudiés sauf
dans une parcelle de jeunes résineux ou aucun contact n’a été décelé sur 50 minutes
d’écoute. Le groupe des petits Myotis semble fréquenter plus spécifiquement les vieux
peuplements de feuillus et de résineux. Certaines espèces difficiles à contacter au
détecteur (oreillards et certains myotis) n’ont été rencontrées qu’une seule fois dans des
parcelles de feuillus « âgés ». Cette observation pourrait témoigner de l’importance des
18
18
peuplements âgés de feuillus pour certaines espèces. Il est intéressant de prendre en
compte tout le cortège d’espèces présentes car le milieu étudié peut être défavorable pour
une espèce mais fréquenté par une autre moins exigeante.
Au sein du Parc naturel régional des Vosges du Nord, l’idée est de constituer des
patchs composés de groupements d’arbres plus ou moins important qu’on laissera évoluer
librement selon leur cycle biologique. Ces ilots de sénescence constituent un réservoir pour
une grande partie de la biodiversité forestière. C’est le cas des arbres à cavités, mais
également des chandelles et des arbres décomposés par des champignons. La création
d’îlots de sénescence est l’une des mesures inscrites dans la nouvelle Charte du Parc
Naturel Régional de Vosges du Nord. Ces différents patchs à haute valeur biologique sont
ensuite connectés les uns aux autres pour former une trame intra forestière permettant une
dispersion des êtres vivants liés aux arbres âgés.
V Conclusion
Les forêts âgées, véritable réservoir de bois mort sont un refuge pour 20 à 25% de la
biodiversité (Vallauri & al 2005). Cette étude confirme cela de manière significative en
mettant en avant une différence importante de fréquentation de parcelles « âgées »
(diamètre moyen du peuplement supérieur à 50cm) par rapport aux « jeunes » parcelles
(diamètre moyen du peuplement inferieur à 25 cm) par les chiroptères.
Ce travail appuie le projet de création d’une trame intra forestière au sein du Parc
Naturel Régional des Vosges du Nord. La connexion d’îlots de gros bois d’au moins 3ha (sur
la base des échantillons étudiés) constituerait un réseau favorable pour la chasse et la
reproduction de nombreuses espèces dont les chiroptères.
Tout l’enjeu d’un forestier est d’allier production de bois et protection de
l’environnement. Il semble qu’une forêt possédant suffisamment de surface de peuplements
« âgés » serait favorable pour l’activité de chasse des chiroptères.
19
Une recherche de gîte par radiopistage pour certaines espèces typiquement
forestière permettrait de compléter les conclusions de cette étude en comparant l’intérêt
des forêts âgées de feuillus et de résineux.
En effet, lors d’un suivi par télémétrie d’une colonie de Murin de Bechstein avec la
CPEPESC Lorraine en forêt domaniale d’Eguelshardt (futaie régulière de chêne sessile avec
quelques gros hêtres), tous les arbres gîtes identifiés étaient des chênes de gros diamètre.
Certains individus ont chassé dans une parcelle de « jeunes » feuillus, mais les arbres
abritant la colonie font partie d’un peuplement âgé selon la définition de cette étude. Il
serait également intéressant de faire une étude similaire en comparant des peuplements
âgés dans des forêts exploitées et dans des réserves intégrales non exploitées depuis
plusieurs décennies.
Ces
études complémentaires permettraient de mieux évaluer l’impact de la gestion forestière
sur les populations de chiroptères, afin d’intégrer au mieux la préservation de cette
biodiversité dans les pratiques de sylvicultures.
20
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21
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William J. Zielinski, Steven T. Gellman. 2001. Bat Use of Remnant Old-Growth Redwood
Stands. Conservation Biology.13.160-167
22
Résumé
Les chauves souris, souvent classées parmi les bioindicateurs sont très sensibles à la
qualité de l’environnement. Cette étude s’est déroulée dans le Parc Naturel Régional des
Vosges du nord et s’est attaché à comparer l’activité de chasse des chiroptères dans
différents types de milieux forestiers
On cherche à quantifier un nombre de contact, une durée des contacts et une
diversité spécifique sur différents types de peuplements forestiers à l’aide d’un détecteur à
ultrasons. Deux paramètres sont étudiés : l’âge et la composition des parcelles. On distingue
alors 4 types: les peuplements « âgés » (dont le diamètre est supérieur à 50cm) de feuillus,
les peuplements « âgés » de résineux, les « jeunes » (dont le diamètre est inferieur à 25cm)
peuplements de feuillus et les « jeunes » peuplements de résineux. Cinq points d’écoutes
d’une durée de 10 minutes chacun ainsi qu’un transect y sont réalisés.
Les résultats obtenus pour les points d’écoute montrent une différence significative
d’activité en faveur des peuplements « âgés » que cela soit en nombre ou en durée des
contacts. La diversité spécifique moyenne est également significativement plus élevée dans
les peuplements « âgés ». Cependant la méthodologie utilisée n’a pas permis de révéler une
influence significative de la composition du peuplement. Sur les transects on ne peut
démontrer aucun effet significatif ni de l’âge ni de la composition sur les trois paramètres
mesurés.
Ce travail illustre l’importance des peuplements âgés pour l’activité de chasse des
chiroptères.
Annexe
Nom vernaculaire
Nom scientifique
Reproduction
dans le PNR
Barbastelle d’Europe
Barbastella
barbastellus
Probable
Grand Murin
Myotis myotis
Avérée
Grand Rhinolophe
Rhinolophus
ferrumequinum
Aucun indice
Murin de Bechstein
Myotis bechsteinii
Avérée
Murin de Brandt
Myotis brandtii
Aucun indice
Murin de Daubenton
Myotis daubentonii
Probable
Murin à oreilles
échancrées
Myotis emarginatus
Aucun indice
Murin à moustaches
Myotis mystacinus
Aucun indice
Murin de Natterer
Myotis nattereri
Avérée
Noctule commune
Nyctalus noctula
Aucun indice
Noctule de Leisler
Nyctalus leisleri
Probable
Oreillard roux
Plecotus auritus
Avérée
Oreillard gris
Plecotus austriacus
Avérée
Pipistrelle commune
Pipistrellus
pipistrellus
Avérée
Commentaires
Population hivernale connue la plus
importante d’Alsace-Lorraine
Population estivale connue la plus
importante d’Alsace-Lorraine
1 seule observation en août 2003
(canicule) dans un souterrain de la
Réserve Naturelle
Secteur connu d’Alsace-Lorraine
concentrant le plus de localités
d’observation de l’espèce
Difficile à discriminer du Murin à
moustaches hors capture au filet
L’une des espèces les plus
communément contactées au détecteur
en chasse au-dessus des étangs
Quelques sites importants d’hivernage
dans le nord-est du PNR
Difficile à discriminer du Murin de
Brandt hors capture au filet
Individus peu nombreux et disséminés
au cœur de l’hiver. Meilleures
observations à l’automne en site
souterrain.
En dehors des périodes de migration,
rares individus dispersés sur le territoire,
surtout contactés au détecteur, en
chasse.
Communément rencontrée en période
estivale, en chasse. Quelques colonies
suspectées.
Difficile à discriminer de l’Oreillard gris
en hivernage. Deux colonies de
parturition découvertes en gîte artificiel
en forêt.
Difficile à discriminer de l’Oreillard roux
en hivernage. Plusieurs colonies de
parturition découvertes dans les
villages (églises) sur les marges du PNR.
Espèce de loin la plus commune, quasi
ubiquiste.
Pipistrelle de
Nathusius
Pipistrellus nathusii
Aucun indice
Quelques rares observations
Pipistrelle Pygmée
Pipistrellus
pygmaeus
Aucun indice
Quelques contacts au détecteur
Sérotine bicolore
Vespertilio murinus
Aucun indice
Sérotine commune
Eptesicus serotinus
Avérée
Sérotine de Nilsson
Eptesicus nilssonii
Aucun indice
Rarissime et « douteuse » car
uniquement contactée au détecteur
Rare en Alsace, assez commune en
Lorraine et bien représentée dans le
PNR des Vosges du Nord
Quelques rares observations en hiver
Tableau 1 : espèces présentes au sein du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. Source :
L. Duchamp. SYCOPARC pour le livre La biodiversité de la Réserve de Biosphère des Vosges
du Nord. N° spécial de CICONIA parution prévue en 2013
Capture au filet
Prospection
ultrasonore
Avantages
Inconvénients
-capture des espèces à faible
émission
-identification toujours possible
-faible rendement
-méthode très intrusive
-inventaires qualitatifs
-mobilité impossible
-mobilité
-inventaires quantitatifs et
qualitatifs
-espèce de faible émission
difficilement détectées
-identifications difficiles
-coût modéré
-enregistrement en continu
-identification peu précise
-gamme de détection de la fréquence
étroite
Hétérodyne
-coût très élevé
Expansion
de temps
Division de
fréquence
-identification plus précise
-grande technicité
- enregistrement en continu difficile
-large spectre de fréquence
enregistré
-difficulté de détermination des
espèces
Tableau 2 : comparaisons des différentes méthodes d’études
Définitions
Hétérodyne :
Lorsque 2 sons sont émis simultanément, on perçoit un mélange de leurs fréquences
propres, plus un ensemble de sons combinatoires, dont un son différentiel. Sa fréquence est
égale à la différence des fréquences des deux sons initiaux. Par exemple, pour des sons
simultanés de 9 et 10 kHz, le son différentiel sera de 1 kHz.
Ce principe physique est utilisé dans le détecteur hétérodyne. L'appareil émet dans son
circuit interne une fréquence constante, ajustable grâce un variateur. Cette fréquence va
être comparée à celle du signal capté par le micro. Le système hétérodyne ne travaille pas
sur l'ensemble de la gamme de fréquence en même temps. Un filtre limite une fenêtre de
sensibilité d'environ 10 kHz. Autrement dit, un détecteur réglé sur 40 kHz travaillera entre 35
et 45 kHz.
Expansion de temps
Les détecteurs à expansion temporelle sont dotés d'une mémoire numérique, dont la
capacité varie de 0,7 à 12 secondes selon les modèles.
Lorsqu'on presse le bouton de stockage de la mémoire, cette dernière stocke toutes les
informations sonores situées dans une très large gamme de fréquences (10 à 150 ou 200
kHz). Le contenu de la mémoire est ensuite restitué, ralenti par un facteur variant de 2 à 50
selon les modèles (10 ou 20 pour les détecteurs « de terrain » actuellement disponibles).
La fréquence de chaque signal est abaissée par le même facteur, et ramenée dans les limites
audibles par l’oreille humaine qui peut ainsi appréhender la structure du signal grâce à leur
durée rallongée. Cette dernière particularité améliore les possibilités de détermination
acoustique. Enfin les sons expansés, contrairement à ceux obtenus par l'hétérodyne,
peuvent faire l'objet d'analyses sur un logiciel adapté.
Méthode d’identification des espèces
Pour identifier les espèces présentes, on commence par rechercher le battement zéro
qui correspond à la fréquence la plus grave du signal (Partie constante). Si il n’y a pas de
battement zéro c’est que le sonar est du type FM abrupte, ce qui correspond au groupe des
myotis, oreillard et barbastelle. Pour distinguer les espèces dont le sonar comporte un
battement zéro, on cherche la fréquence d’apparition de ce battement zéro, qui permet de
distinguer 3 autres « groupes de sonorités » dont le sonogramme est présenté ci dessous.
1) Noctule-sérotine
2) Pipistrelles
3) Rhinolophes
4) Myotis (myotis, oreillard, barbastelle)
A chaque contact, on note la fréquence à laquelle l’individu est détecté et le temps pendant
lequel il est détecté. Si c’est possible, on détermine directement le groupe ou l’espèce
contactée. Si les conditions le permettent, on essaye de donner une estimation visuelle du
nombre d’individu par espèce.
Les identifications ont été réalisées suivant en grâce au logiciel Batsound 4.01 de
Pettersson Elektronik AB. Les cris des différentes espèces de chauves-souris ont des
caractéristiques qui permettent d’identifier les différentes espèces présentes. Pour une
analyse rigoureuse, il est nécessaire de prendre en compte différents paramètres tels que la
forme, le rythme, la fréquence d’émission, la durée du cri ainsi que la localisation du
maximum d’intensité, présentés dans le tableau ci dessous.
Nous obtenons donc une analyse, par tronçons d’écoute, des différentes espèces
présentes et de leur abondance. Il est intéressant de noter que les identifications posent
parfois des problèmes. En effet, certaines espèces sont très difficiles à différencier comme
par exemple les Pipistrelles de Nathusius (Pipistrellus nathusii) et de Kuhl (Pipistrellus kuhli)
ou encore le groupe des « Myotis ». Dans ce cas, nous considérons l’espèce comme
indeterminée
Figure 5 : différents types de sonagrammes et paramètres mesurés pour l’identification des
espèces.
16
14
nombre de contact total
12
10
8
6
4
2
0
espèces
1
Figure 1 : nombre de contacts par espèces, hors pipistrelle commune pour les peuplements
âgés de feuillus
20
18
nombre de contact totaal
16
14
12
10
8
6
4
2
0
1
espèces
Figure 2 : nombre de contacts par espèces, hors pipistrelle commune pour les peuplements
âgés de résineux
4,5
4
nombre de contact total
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
1
espèces
Figure 3 : nombre de contacts par espèces, hors pipistrelle commune pour les jeunes
peuplements de résineux
10
9
nombre de contact total
8
7
6
5
4
3
2
1
0
1
espèces
Figure 4 : nombre de contacts par espèces, hors pipistrelle commune pour les jeunes
peuplements de feuillus
Numéro du
site
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Feuillus
âgés
Résineux
âgés
Jeunes
feuillus
Jeunes
résineux
8
5
6
3
5
5
2
2
6
3
2
2
8
5
2
0
5
4
1
3
3
5
1
1
6
4
1
2
4
3
2
1
4
3
1
1
5
2
3
2
Tableau 3 : Nombre d’espèce contactés au total pour les 4 types de peuplement
Point
d’écoute/min
commentaires
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
1
2
3
4
5
transect
Localisation :
Coordonnées GPS :
Foret :
Date :
T° :
Vent :
Pluie :
Heure début :
Densité du peuplement :
essence dominante :
essence secondaire :
Type de peuplement :
longueur du
chemin forestier :
Tableau 4 : exemple de fiche de terrain