2003 - Accueil

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2003 - Accueil
*Titre : *Journal de l'année (Paris. 1967)
*Titre : *Journal de l'année
*Éditeur : *Larousse (Paris)
*Date d'édition : *1967-2004
*Type : *texte,publication en série imprimée
*Langue : * Français
*Format : *application/pdf
*Identifiant : * ark:/12148/cb34382722t/date </ark:/12148/cb34382722t/date>
*Identifiant : *ISSN 04494733
*Source : *Larousse, 2012-129536
*Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34382722t
*Provenance : *bnf.fr
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Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 2004 ;
sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL.
Cette édition numérique a été spécialement recomposée par
les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la
BnF pour la bibliothèque numérique Gallica.
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Chronologies
et
analyses
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
2
Janvier
2
France
Le fioul du Prestige sur les côtes
françaises
Le littoral landais et girondin est sali « d’innombrables
galettes » de fioul, tandis que des boulettes d’hydrocarbures souillent les côtes des îles de Ré et d’Oléron
en Charente-Maritime. Cette marée noire provient de
l’épave du pétrolier Prestige qui a sombré le 19 novembre dernier au large des côtes nord-ouest de
l’Espagne, avec 77 000 tonnes de fioul à son bord. Le
pétrolier a perdu un quart de sa cargaison – quelque
80 tonnes de fioul par jour s’échappent encore de sa
coque –, qui a provoqué une marée noire sur le littoral de Galice. Le tribunal de La Corogne demande
une enquête sur l’attitude du gouvernement espagnol : il entend déterminer si « le chemin erratique »
que Madrid a fait prendre au pétrolier après qu’une
brèche s’est ouverte dans sa coque le 13 novembre a
accru les risques de naufrage.
4
Venezuela
Violentes manifestations à Caracas
Des violences font deux morts et au moins 78 blessés à Caracas lors d’une nouvelle manifestation de
l’opposition réclamant le départ du président vénézuélien Hugo Chavez. Ce dernier, toujours inflexible,
se dit prêt à imposer la loi martiale, s’il le faut. Depuis
la grève générale décrétée le 2 décembre dernier
par l’opposition, les manifestations d’opposants et
de partisans de Hugo Chavez se sont succédé. Le
6 décembre, trois personnes avaient été tuées lors
d’une manifestation de l’opposition. La production
pétrolière du pays, cinquième exportateur mondial,
est actuellement paralysée. L’opposition dénonce la
grave récession que connaît le Venezuela, avec un
taux de chômage atteignant 17 % et une inflation de
30 %, et accuse le président de vouloir imposer un régime autoritaire de gauche. Hugo Chavez a accepté
un référendum sur sa présidence en août, à la moitié
de son mandat de six ans, mais l’opposition réclame
un référendum en février.
5
Proche-Orient
Double attentat meurtrier à Tel-Aviv
Deux kamikazes se font exploser quasi simultanément dans le centre de Tel-Aviv, dans le secteur de
l’ancienne gare routière, tuant au moins 19 autres
personnes et faisant plus d’une centaine de blessés.
Ce double attentat survient à trois semaines des
élections générales israéliennes du 28 janvier. Il est
revendiqué par le Djihad islamique et les Brigades
des martyrs d’al-Aqsa, et c’est le premier perpétré
au coeur de l’État hébreu depuis le 21 novembre :
11 personnes avaient alors péri dans l’explosion d’un
bus à Jérusalem. L’Autorité palestinienne condamne
ce double attentat et s’engage à « poursuivre tous
ceux qui ont préparé ou commandité ces attaques ».
Grande-Bretagne
Découverte de traces de ricine à
Londres
La police découvre de traces de ricine, un poison
potentiellement mortel, dans un mini-laboratoire
clandestin installé dans un appartement londonien.
Sept hommes d’origine nord-africaine, âgés de vingt
à quarante ans, sont arrêtés. La ricine est un poison
mortel à certaines doses, susceptible d’être utilisé
comme arme biologique, bien qu’il soit difficile de
le disséminer à grande échelle. Cette découverte
relance les craintes d’attentats contre la Grande-Bretagne, engagée aux côtés des États-Unis dans leur
action contre l’Irak.
7
États-Unis
Plan de relance économique
Le président George W. Bush annonce un plan destiné à relancer l’économie : d’une part, le taux de
chômage américain est remonté à son plus haut
niveau depuis huit ans à 6 % au mois de novembre ;
d’autre part, les États-Unis ont accusé en 2002, pour
la première fois depuis 1997, un déficit budgétaire,
qui a atteint 159 milliards de dollars. L’une des principales mesures porte sur la suppression totale de
l’impôt sur les dividendes versés par les entreprises
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
3
à leurs actionnaires et devrait coûter à elle seule
300 milliards de dollars. Cette disposition est le plus
contestée par l’opposition démocrate qui souligne
qu’elle bénéficiera en premier lieu aux ménages les
plus riches, ceux disposant d’actions, et creusera le
déficit budgétaire. L’autre mesure principale prévoit
la création de chèques personnels pour l’emploi permettant aux chômeurs de retrouver plus rapidement
du travail, de financer des cours de recyclage, de
payer pour la garde d’enfants et les frais de transport
pendant qu’ils cherchent du travail, ce qui devrait
concerner 1,2 million de personnes.
9
France
Les salariés d’EDF-GDF contre
la réforme des retraites
Invités par les syndicats à se prononcer sur le projet
de réforme de leur régime de retraite spécifique, les
salariés de la branche énergie – en particulier EDF et
GDF – rejettent ce projet à l’issue d’une consultation,
organisée à l’initiative de la CGT sous la forme d’un
référendum dans toute la France. La CFDT, la CGC et
la CFTC se sont déjà prononcées favorablement, mais
s’étaient toutefois associées à la consultation. Le texte
– négocié depuis octobre dernier – a été proposé
une première fois à la signature par les organisations
patronales du secteur le 20 décembre, mais la CGT
a demandé un délai supplémentaire pour consulter
les personnels. Il prévoit la création d’une caisse de
retraite spécifique et le maintien du pouvoir d’achat
des retraités de la branche, lequel s’accompagnerait
toutefois d’une harmonisation des cotisations : les
cotisations des salariés de la branche pourraient ainsi
passer de 7,85 % à 12 %. Cette consultation constituait un test avant d’entamer les négociations générales sur les retraites entre les partenaires sociaux et
le gouvernement, la réforme des retraites des industries électriques et gazières étant nécessaire pour
ouvrir le capital d’EDF et de GDF, mais surtout avant
les négociations globales sur les retraites qui doivent
commencer avec les partenaires sociaux au début
de février. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin
réaffirme la « forte détermination » du gouvernement
sur le dossier des retraites, tandis que le ministre de
l’Économie Francis Mer annonce que la réforme des
retraites à EDF-GDF aura lieu malgré le « non » induit
par le rejet des salariés de la branche énergie.
10
Corée du Nord
Dénonciation du traité de nonprolifération nucléaire
Pyongyang annonce son retrait du traité de nonprolifération nucléaire (TNP). Le gouvernement communiste précise que « bien que nous nous retirions
du traité de non-prolifération nucléaire, nous n’avons
pas l’intention de produire des armes nucléaires et nos
activités nucléaires seront limitées à des objectifs pacifiques comme la production d’électricité ». Ce retrait
est, d’une certaine manière, symbolique, puisque la
Corée du Nord a déjà violé le TNP en décidant de
réactiver son programme nucléaire en décembre,
puis en expulsant les inspecteurs des Nations unies
qui surveillaient ses installations nucléaires pour
signaler toute infraction aux conventions internationales. Cette annonce survient alors que les ÉtatsUnis attendaient une réponse de Pyongyang à leur
offre de dialogue concernant le développement du
programme nucléaire nord-coréen. Washington se
déclare prêt à négocier un approvisionnement en
énergie de la Corée du Nord si celle-ci arrête son programme de développement d’armes nucléaires. La
Corée du Nord a rejoint le TNP en 1985 et avait menacé de s’en retirer en 1993, en raison des tensions que
faisaient naître des soupçons sur son programme
d’armement nucléaire. La crise s’était dénouée en
1994, la Corée du Nord ayant accepté de geler son
complexe nucléaire en échange d’un accord énergétique avec les États-Unis.
11
France
Un nouveau patron pour les Verts
Le Conseil national interrégional des Verts (CNIR,
Parlement du parti) élit Gilles Lemaire secrétaire
national du parti pour les deux ans à venir, en succession de Dominique Voynet. Cet informaticien de
cinquante et un ans obtient le soutien de 95,5 % des
120 membres du CNIR. Il dirigera un collège exécutif
de quinze membres dominé par le nouveau tandem
majoritaire Alain Lipietz-Maryse Arditi, à l’aile gauche.
Gilles Lemaire s’est donné pour mission d’« impulser
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un nouvel élan » à la tête du parti, en tentant notamment de réconcilier des courants rivaux et en s’opposant résolument au gouvernement Raffarin.
Cinéma
Mort de Maurice Pialat
Le cinéaste français Maurice Pialat décède à soixantedix-sept ans des suites de problèmes rénaux. Il avait
obtenu la palme d’or à Cannes pour son film Sous le
soleil de Satan (1987). Révélé avec l’Enfance nue (1967),
tourné avec des acteurs non professionnels, il avait
connu le succès, notamment avec Nous ne vieillirons
pas ensemble (1972) avec Jean Yanne (prix d’interprétation à Cannes), Loulou (1980), À nos amours (1983)
et Van Gogh (1991).
12
États-Unis
Un gouverneur contre la peine de mort
Quelques jours avant la fin de son mandat, le gouverneur républicain de l’Illinois George Ryan annonce
qu’il commue les peines de tous les condamnés à
mort de l’État en perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Il juge le processus de condamnation à la peine capitale « arbitraire et capricieux
et, de ce fait, immoral ». Les ordres de commutation
concernent 167 personnes, dont 156 se trouvent
dans le couloir de la mort. Il y a trois ans, George Ryan
avait décrété un moratoire sur les exécutions capitales dans son État et il s’était engagé, depuis, dans
une campagne pour réformer la peine de mort. Lors
des élections de mi-mandat en novembre dernier, il
n’avait pas brigué de second mandat. Il cède son fauteuil de gouverneur au démocrate Rod Blagojevich,
qui a critiqué la décision de commutation générale
en la qualifiant de « grosse erreur ».
15
Allemagne/France
Initiative franco-allemande pour les
institutions européennes
À l’occasion d’une session plénière de la Convention
sur l’avenir de l’Europe et en préalable aux célébrations du 40e anniversaire du traité de l’Élysée, Jacques
Chirac et Gerhard Schröder définissent une position commune sur la réforme des institutions européennes. Celle-ci prévoit l’élection du président de
la Commission européenne par le Parlement, alors
que celui du Conseil européen serait désigné par les
chefs d’État et de gouvernement à la majorité qualifiée pour deux ans et demi, élection renouvelable
une fois, ou pour cinq ans. Par ailleurs, la politique
étrangère européenne « sera conduite par un responsable » doté d’une « double casquette » selon Gerhard
Schröder, puisqu’il « sera rattaché au Conseil », mais
« bénéficiera d’une fonction particulière lui donnant
également une présence à la Commission européenne ».
Les deux pays proposent aussi que les décisions de
politique étrangère et de sécurité de l’Union soient
toutes prises à la majorité qualifiée. « Une fois encore,
nous avons démontré que le moteur germano-français,
essentiel pour la construction européenne, fonctionnait
bien », se félicite le président français Jacques Chirac.
L’initiative franco-allemande permet à Paris et à Berlin
d’aborder unis les débats au sein de la Convention
qui doivent aboutir à une nouvelle Constitution européenne en 2004.
Côte d’Ivoire
Conférence en Île-de-France
Une rencontre franco-ivoirienne sur les négociations
de paix en Côte d’Ivoire débute à Linas-Marcoussis
dans l’Essonne. Le 14, le représentant du gouvernement ivoirien et les chefs des deux mouvements
rebelles de l’Ouest ont signé à Lomé un accord de
cessation des hostilités. Le 19 septembre 2002, alors
que le président Laurent Gbagbo était en visite officielle en Italie, des groupes de soldats, qui devaient
être prochainement démobilisés, s’étaient soulevés à
Abidjan, Bouaké et Korhogo. Le 30 octobre, les premières négociations directes entre le gouvernement
du président ivoirien Laurent Gbagbo et les militaires
en rébellion contre son régime s’ouvrent pour la première fois à Lomé sous les auspices du président togolais Gnassingbé Eyadéma. Le 24 janvier, les participants à la table ronde de Linas-Marcoussis sur la crise
ivoirienne concluent un accord de paix, décidant
notamment la mise en place d’un gouvernement
de réconciliation nationale chargé du renforcement
de l’indépendance de la justice, de la restauration de
l’administration et des services publics, et du redressement du pays. Ce gouvernement sera dirigé par
un Premier ministre de consensus et composé de
représentants désignés par chacune des délégations
ivoiriennes ayant participé à la table ronde, y compris
les rebelles ivoiriens. L’attribution des ministères sera
faite de manière équilibrée entre les parties pendant
toute la durée du gouvernement. À la suite de l’acceptation par le président ivoirien Laurent Gbagbo
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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de l’accord de Marcoussis, de violentes manifestations antifrançaises éclatent à Abidjan, tandis que
des violences ethniques font plusieurs morts au nord
de la Côte d’Ivoire. Les partisans de Laurent Gbagbo
dénoncent les accords destinés à ramener la paix
après plus de quatre mois de crise, dirigeant leur
colère sur la communauté française. Le 31, la tension
ne se relâchant pas, le ministère français des Affaires
étrangères conseille aux ressortissants français « dont
la présence en Côte d’Ivoire n’est pas indispensable de
quitter le pays ». Il s’agit de la première recommandation officielle d’évacuation depuis le début de la crise.
19
Culture
Mort de Françoise Giroud
L’écrivain Françoise Giroud décède à Neuilly (Hautsde-Seine) des suites d’un traumatisme crânien à
l’âge de quatre-vingt-six ans. Elle a dirigé la rédaction
du magazine féminin Elle avant de fonder, en 1953,
l’hebdomadaire l’Express avec Jean-Jacques ServanSchreiber. De 1974 à 1977, elle est secrétaire d’État à
la Condition féminine puis au ministère de la Culture.
Depuis 1983, elle était éditorialiste de télévision pour
le Nouvel Observateur. Auteur d’une oeuvre littéraire
abondante, elle était membre du jury du prix Fémina
depuis 1992.
22
Allemagne/France
40e anniversaire du traité francoallemand
La France et l’Allemagne célèbrent quarante années
d’« amitié » scellée le 22 janvier 1963 par le traité de
l’Élysée. Le moteur franco-allemand « a bien redémarré », s’est félicité le président français Jacques Chirac,
car, sans cette alliance franco-allemande, « l’Europe
ronronne. Avec elle, l’Europe progresse » : en quelques
mois, Paris et Berlin sont parvenus à un accord sur la
réforme de la Politique agricole commune (PAC), puis
à une position commune sur l’avenir des institutions
européennes. La France et l’Allemagne plaident pour
un assouplissement du Pacte de stabilité pour tenir
compte davantage de la croissance, au lendemain
de l’avertissement à la France et du blâme à l’Allemagne adressés par les Quinze aux deux pays. Dans
une « déclaration commune », le président Jacques
Chirac et le chancelier Gerhard Schröder soulignent
que « la France et l’Allemagne sont conscientes d’exercer une responsabilité historique commune au service
de l’Europe » et présentent leur « vision commune de
l’Europe de demain », avant de détailler les mesures
destinées à renforcer davantage la coopération
franco-allemande : en particulier, les sommets franco-allemands prendront désormais la forme d’un
« Conseil des ministres franco-allemand » ; la France
et l’Allemagne instaurent un poste de « secrétaire
général pour la coopération franco-allemande » dans
chaque pays ; la France et l’Allemagne veilleront à
adopter des positions communes dans les instances
internationales, y compris le Conseil de sécurité des
Nations unies ; Jacques Chirac et Gerhard Schröder
entendent « renforcer la coordination » des politiques
économiques franco-allemandes, en développant
notamment des « positions communes sur les questions fondamentales » telles que « celles du financement des retraites, des systèmes de santé et du marché
du travail » ; ils déclarent le 22 janvier « journée franco-allemande », qui sera consacrée « dans toutes les
institutions de nos systèmes éducatifs à une présentation de nos relations bilatérales, à la promotion de la
langue du pays partenaire, à une action d’information
sur les programmes d’échanges et de rencontres, ainsi
que sur les possibilités d’étude et d’emploi dans le pays
partenaire » ; ils s’engagent à mener une « action
déterminée pour l’enseignement de la langue du pays
partenaire » ; ils plaident pour l’élaboration de « projets
visant à un rapprochement des législations sur le droit
civil, notamment le droit de la famille ».
Pays-Bas
Élections législatives
Les résultats définitifs des élections législatives anticipées aux Pays-Bas dénotent une progression des travaillistes (PvdA) et des chrétiens-démocrates (CDA).
Les premiers, avec 42 sièges sur 150 (contre 23 en
2002), demeurent en deuxième position derrière les
chrétiens-démocrates, qui consolident leur place de
premier parti avec 44 sièges. Ils vont donc vraisemblablement conserver le poste de Premier ministre.
La liste populiste Pim Fortuyn descend à 8 sièges. Le
15 mai 2002, la liste Pim Fortuyn avait raflé 26 sièges,
portée par la vague d’émotion suscitée par l’assassinat de son leader dix jours avant le scrutin. Les slogans contre l’islam et les partis politiques traditionnels du parti du sociologue populiste, chantre de
la « lutte contre l’immigration », avaient alors séduit
1,6 million d’électeurs (sur 12 millions d’inscrits). Le
parti libéral (WD), qui participait à la coalition goudownloadModeText.vue.download 8 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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vernementale libérale, renforce sa position avec
28 sièges (contre 24).
Le 40e anniversaire
du traité de l’Élysée
Les fastes commémoratifs du traité de 1963
ont étonné les observateurs, mobilisé les
états-majors politiques mais laissé indifférentes les opinions publiques.
Cette relance spectaculaire de la coopération franco-allemande s’arrêtera-t-elle aux
développements de l’affaire irakienne ou bien
trouvera-t-elle dans les conditions de l’élargissement de l’Union européenne matière à se maintenir ? Jamais, depuis l’arrivée au pouvoir du
leader social-démocrate Gerhard Schröder à la
chancellerie allemande en 1998, le couple franco-allemand n’a semblé fonctionner aussi bien.
Les manifestations organisées pour célébrer le
40e anniversaire de la signature entre le chancelier Konrad Adenauer et le président Charles
de Gaulle, le 17 janvier 1962, d’un traité d’amitié
et de coopération qui a fait date dans l’histoire
diplomatique ont témoigné d’un sens du symbolique complexe : la réunion d’un conseil des
ministres commun aux deux gouvernements
s’est poursuivie à Versailles par celle de l’Assemblée nationale et du Bundestag, dans ce lieu
hautement chargé d’histoire pour les deux pays.
De ce palais, la monarchie française a exercé un
temps un magistère culturel sur tous les princes
allemands et a parfois lancé des ordres terribles
contre des Allemands, si l’on se rappelle les destructions du Palatinat. C’est aussi dans ce palais
que s’est exprimée pour la première fois une Allemagne unifiée par la proclamation triomphale
de l’empire, en 1871, achevant de faire des deux
pays des ennemis héréditaires. Et c’est encore
dans ces lieux que la revanche a résonné tragiquement : comme l’a rappelé la presse d’outreRhin, Versailles est synonyme de malheur, la
honte de Versailles, la « Versaillesschande », le
traité de paix imposé en 1919.
Vers un rapprochement encore
plus étroit
Mais la symbolique historique a, pour l’occasion, accouché d’une anticipation audacieuse,
l’évocation futuriste d’une citoyenneté « françallemande » dans le cadre d’une Europe dont
la colonne vertébrale ne pourra être que l’axe
Paris-Berlin. Idéalisation passagère d’un couple
vieilli en retour d’âge ou recomposition stratégique d’intérêts bien compris ? Nul doute que
les partisans d’une Europe continentale forte,
s’appuyant sur l’axe Paris-Berlin, doivent beaucoup à la politique américaine au Moyen-Orient.
Sans elle, le refroidissement intervenu depuis le
départ d’Helmut Kohl en 1998 dans les relations
entre les deux parties n’aurait pas pu être surmonté. Et ce n’est pas la présence de Mme Brigitte
Sauzay dans l’entourage proche du chancelier
qui aurait changé la détérioration progressive
des rapports Chirac-Schröder, dont le point critique culmine au sommet de Nice. Toutefois, la
fuite en avant de l’Union européenne vers l’adhésion massive des pays de l’Europe centrale et
de l’Est et le problème politique majeur posé
par la candidature de la Turquie n’auraient pas
manqué d’amener Allemands et Français à se
rapprocher, à moins de vouloir mettre définitivement au rencard le moteur de la construction
européenne. Un moteur qui, si l’on en croit l’exchancelier Helmut Schmidt, est mal en point.
Dans un entretien au Monde publié à propos des
commémorations, celui-ci n’hésite pas à déclarer : « Aujourd’hui, le moteur franco-allemand
de l’Europe n’existe plus. Les deux capitales
parlent de ”renouveau”, mais il s’agit surtout
d’une auto-intoxication. » Cette auto-intoxica-
tion condamne-t-elle sans espoir les promesses
contenues dans la déclaration commune : un
appel au renforcement de la collaboration (pour
assurer la réussite de la Convention sur l’avenir
de l’Europe), des changements d’appellation
chargés de symboliser un rapport de plus en
plus étroit entre les deux pays (les sommets
franco-allemands semestriels transformés en
conseils des ministres franco-allemands) ou
l’invention d’un nouveau symbole (le 22 janvier
devenant la journée franco-allemande).
Un objectif audacieux
Plus originale, la volonté de porter l’effort au
niveau des citoyens afin de traiter les problèmes
délicats en suspens – la fréquentation de plus en
plus rare de la langue de l’autre, l’harmonisation
des droits de la famille (le cas des divorces de
couples franco-allemands) – et de nourrir des expériences destinées, selon la formule adoptée, à
« rendre la France et l’Allemagne plus solidaire » :
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
7
la création d’un poste de secrétaire général pour
la coopération franco-allemande qui sera chargé de faciliter les nombreuses relations tissées
entre les différentes administrations publiques,
et, élément le plus spectaculaire, la possibilité
à long terme de doter chaque citoyen français
et allemand de la double nationalité. Un objectif audacieux qui s’appuie sur des bases réelles :
une interdépendance croissante des économies
et une complémentarité institutionnelle et historique. Mais cette base ne saurait suffire à nourrir ce couple forcé par l’histoire récente et menacé par des tropismes différents : le grand large
anglo-saxon et, occasionnellement, les sympathies blairistes de Schröder chez les Allemands,
les rivages sud-méditerranéens et la solidarité
francophone.
Une semaine avant les commémorations, le
mardi 14 janvier, Paris et Berlin ont réussi à
s’entendre sur une proposition commune pour
le fonctionnement de la future Grande Europe.
Chacune des parties ayant un objectif – la
France, le renforcement du Conseil européen ;
l’Allemagne, celui de la Commission européenne
–, Paris et Berlin se sont rapprochés : le président
de la Commission sera élu par le Parlement et le
Conseil européen sera présidé par un président
élu par le Conseil à la majorité simple. Communiquée au président de la Convention pour
l’avenir de l’Europe présidée par l’ex-président
Giscard d’Estaing, cette proposition inquiète les
autres pays. Il est difficile en effet de convaincre
les nouveaux adhérents que, sans la « Françallemagne » initiée en 1963 et redessinée quarante
ans plus tard, le Vieux Continent sera condamné
à n’être qu’une « structure molle ».
SERGE COSSERON
LE FRANÇAIS ET L’ALLEMAND DANS
L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
Le traité de 1963 stipulait que « les deux
gouvernements reconnaissent l’importance
essentielle [...] de la connaissance, dans
chacun des deux pays, de la langue de
l’autre. ». Quarante ans plus tard, le message est loin d’être passé dans la réalité.
Bien au contraire, la place de l’allemand
dans le système secondaire français est en
crise. Il en est de même en Allemagne, où le
français s’effondre devant l’anglais, même
dans les régions frontalières, et seuls 5 %
des lycéens présentent le français au baccalauréat (le fameux Abitur). En France,
dans le secondaire, l’allemand est devancé
par l’espagnol. Et la chute des inscriptions
s’est accélérée ces dernières années. En
douze ans, les choix de l’allemand en 6e se
sont effondrés de 40 % !
24
Italie
Mort de Giovanni Agnelli
Giovanni Agnelli décède à l’âge de quatre-vingtun ans des suites d’une longue maladie. Son décès
coïncide avec une crise sans précédent pour Fiat, en
raison des lourdes pertes de son secteur automobile.
Le plus grand employeur privé de la péninsule est
confronté à une accumulation de dettes et à une
baisse de ses ventes. Le 7 novembre dernier, Fiat
avait reconnu que sa branche automobile pourrait
enregistrer quelque deux milliards d’euros de pertes
nettes pour 2002. La disparition du patriarche de la
famille fondatrice de l’empire Fiat va à présent donner lieu à des spéculations sur son successeur à la
tête du groupe ou encore sur le fait de savoir si Fiat
restera italienne.
27
ONU
Remise du rapport des inspecteurs
en Irak
Mohamed el-Baradeï, le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et Hans Blix,
chef de la Commission de contrôle, de vérification
et d’inspection de l’ONU (COCOVINU), remettent au
Conseil de sécurité de l’ONU un rapport sur l’état de
l’armement de l’Irak qui rend compte de plus de huit
semaines d’inspections sur le sol irakien. Ce rapport
doit déterminer l’attitude de nombreux pays, ainsi
que du Conseil de sécurité, sur les suites à donner
et sur une éventuelle intervention militaire en Irak.
Hans Blix juge que Bagdad n’a « pas véritablement
accepté » de coopérer, tandis que Mohamed el-Baradeï demande « quelques mois » de plus pour les
recherches, précisant qu’aucun programme d’armement atomique n’a été découvert. Selon Hans Blix,
trois questions demeurent : quelle quantité d’armes
non déclarées et intactes datant d’avant la guerre du
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
8
Golfe et peut-être d’après reste-t-il en Irak ? Qu’a-t-il
pu être acheté ou produit illégalement depuis la fin
de la guerre ? Comment le monde peut-il prévenir la
production et le commerce d’armes de destruction
massive à l’avenir ?
28
Israël
Victoire du Likoud aux élections
législatives
Le Likoud du Premier ministre Ariel Sharon remporte
largement les élections législatives. Cent vingt sièges
sont à pourvoir au Parlement. Le Likoud en obtient
37, le parti travailliste 19, le Shinuï 15, le Shas 11 (ensemble des « partis des faucons » 67, ensemble des
« partis des colombes » et du centre 52). M. Sharon,
au pouvoir depuis mars 2001, doit être choisi par
le président israélien Moshe Katsav pour former un
nouveau gouvernement ainsi qu’une coalition majoritaire au Parlement avant d’entamer un nouveau
mandat. Il risque toutefois d’avoir le plus grand mal
à former une coalition « aussi large que possible », le
parti travailliste, qui a enregistré son pire score électoral, ayant réaffirmé son refus de faire partie de son
gouvernement.
France
Le Sénat contre tous les clonages
Le Sénat vote, à l’unanimité, une incrimination de
« crime contre l’espèce humaine » en cas de transgression de l’interdiction du clonage reproductif, lors
de la discussion en première lecture du projet de
loi sur la bioéthique. La transgression sera passible
de trente ans de prison et de 7,5 millions d’euros
d’amende. Une prescription de trente ans est prévue
avec comme point de départ la majorité du clone.
Le Sénat interdit aussi le clonage thérapeutique en
adoptant l’amendement proposé par le ministre
de la Santé Jean-François Mattéi dans le cadre de
l’examen du projet de loi sur la bioéthique. La transgression de l’interdiction du clonage thérapeutique
sera passible d’une peine de sept ans de prison et de
100 000 euros d’amende. « Le clonage thérapeutique
constitue la porte ouverte au clonage reproductif », a
souligné Jean-François Mattéi. Les socialistes et les
communistes ont voté contre cet amendement, en
demandant en vain l’autorisation du clonage thérapeutique au nom de la recherche médicale.
Vote de dépit en Israël
La victoire électorale d’Ariel Sharon ne traduit pas l’efficacité d’un programme, mais
la fatalité d’une situation.
La reconduction au pouvoir du Likoud
illustre le désarroi des électeurs tentés par
le repli sécuritaire en raison de l’absence
de perspectives de paix, sentiment que
partagent les Palestiniens.
Victoire ambiguë du Likoud, défaite annoncée du Parti travailliste, percée inattendue
d’un parti champignon, le Shinouï : les résultats
des élections législatives du 28 janvier reflètent
assez fidèlement l’impasse dans laquelle se
trouve aujourd’hui Israël. Impasse d’autant plus
grave que les urnes ne semblent pas être, précisément, le moyen d’en sortir. Les électeurs
en sont conscients : le taux de participation –
67,8 % – est le plus bas jamais enregistré depuis
la création de l’État hébreu. Comme si ce scrutin
ne pouvait en aucune façon contribuer au règlement des problèmes économiques et de sécurité
auxquels se trouve confronté Israël.
La formation du Premier ministre Ariel Sharon
remporte 29,4 % des suffrages et 38 sièges sur
120 à la Knesset contre 19 lors du dernier scrutin de mai 1999 – mais l’aile gauche du parti,
conduite par David Lévy et Dan Meridor, faisait
alors cavalier seul. Le Parti travailliste, conduit
par Amram Mitzna, enregistre son plus mauvais
résultat en ne recueillant que 14,5 % des voix et
n’obtenant que 19 élus, soit six de moins que
dans le Parlement sortant. C’est toute la gauche
qui subit un revers. Ainsi, le parti laïque et paci-
fiste Meretz de Yossi Sarid, avec 5,2 % des suffrages, ne dispose plus que de 6 élus, perdant
quatre sièges. Grand bénéficiaire de la consultation, le parti de centre droit ultralaïque Shinouï,
dirigé par Tommy Lapid, devient la troisième formation du pays avec 12,3 % des voix et 15 élus,
soit 9 de mieux qu’en 1999. À droite, la formation
regroupant les religieux orthodoxes séfarades,
le Shass, est en recul avec 11 élus – il en perd
6. Les russophones d’extrême droite de l’Union
nationale et les religieux ultranationalistes du
Parti national religieux se maintiennent avec
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
9
respectivement 7 et 6 élus – 1 de mieux dans ce
dernier cas. Avec 9 élus, les partis arabes perdent
1 siège.
Des élections pour rien ?
Quatrième consultation depuis 1996, les élections du 28 janvier étaient de nouveau des
élections anticipées. Le Premier ministre avait
décidé d’en avancer la convocation de dix mois
après le retrait des travaillistes du gouvernement d’union nationale, en octobre 2002, de
façon à ne pas demeurer l’otage de l’extrême
droite, seule force politique lui permettant désormais de disposer d’une majorité à la Knesset. Or les travaillistes avaient promis, durant la
campagne, de ne pas participer à un nouveau
gouvernement d’union nationale avec le Likoud.
Paradoxalement, la large victoire de ce dernier
– et surtout la cuisante défaite des travaillistes
– n’offre pas d’autre solution à Ariel Sharon que
de pactiser de nouveau avec la droite extrême et
religieuse. Alors : des élections pour rien ?
En Israël comme ailleurs, la guerre ne constitue
décidément pas un terreau idéal pour le développement de la démocratie. Chaque candidat
à la direction des affaires, qui promet la paix à
ses concitoyens, est finalement jugé en fonction
de sa capacité à assurer leur sécurité, objectif qui
nécessite l’usage de moyens généralement fort
étrangers à la fin initialement décidée. Lors de
son élection, en janvier 2001, Ariel Sharon avait
à son tour promis cette paix que les travaillistes
conduits par Ehoud Barak venaient d’échouer
à mettre en oeuvre. Deux ans plus tard, son
action à la tête du gouvernement a abouti à la
reconquête par l’armée de larges portions des
territoires palestiniens autrefois autonomes, au
prix d’un bilan humain qui, en 2002, aura atteint
des records. Tout le paradoxe de la vie politique
israélienne réside dans cette contradiction. Alors
que la majorité des Israéliens continuent d’approuver les propositions travaillistes de règlement de paix, ces mêmes électeurs reconduisent
à la tête du gouvernement Ariel Sharon, seul susceptible à leurs yeux de faire face à l’urgence de
la situation que sa politique a largement contribué à créer.
Priorité à la sécurité
Exaspérés par la menace continuelle que font
peser les attentats sur leur vie quotidienne, désemparés par l’absence de perspectives à court
terme, tentés par le repli identitaire, les électeurs se sont donc tournés vers le seul parti dont
la ligne paraît en phase avec la situation que
connaît le pays : le Likoud et son programme
accordant la priorité à la sécurité et prônant s’il
le faut la séparation physique des communautés. Ce même désarroi et cette même absence
d’espoir de paix conduiraient certainement aujourd’hui les Palestiniens, s’ils y étaient invités,
à plébisciter Yasser Arafat, qui demeure, comme
Ariel Sharon, l’homme des périodes de crise.
Dans l’angle opposé de l’échiquier politique, un
candidat peu connu et un programme très marqué à gauche, alors que les travaillistes sortaient
de vingt mois de cogestion des affaires avec la
droite, ne conféraient pas à la formation des
pères fondateurs d’Israël une très grande crédibilité. Le dépit a jeté certains électeurs dans
les bras du Shinouï, un parti démagogue aux
positions centristes, qui exalte une image passée
d’un Israël riche, stable et souverain.
Le 27 février, Ariel Sharon présentera à la Knesset, qui lui accordera sa confiance, un gouvernement de coalition formé, outre le Likoud, des
partis d’extrême droite ultranationalistes et religieux du Parti national religieux et de l’Union nationale ainsi que du Shinouï, dont les dirigeants
seront finalement revenus sur leur promesse de
ne pas siéger au côté de ministres religieux.
ALAIN POLAK
AMRAN MITZNA
Si l’on en croit la presse politique israélienne, Amran Mitzna n’aurait qu’un défaut,
celui d’être « un type bien ». Quelqu’un qui
dit ce qu’il pense et fait ce qu’il dit. Bref,
tout sauf un politicien armé pour déjouer
les chausse-trappes d’une élection nationale. Fils d’émigrés allemands, Amran
Mitzna est né en Israël en 1945. Général
de réserve aux états de service irréprochables, maire d’une grande ville du pays.
Haïfa, il était toutefois inconnu du grand
public quand il a pris les rênes du Parti
travailliste en novembre 2002. Au passé
chargé du Premier ministre sortant, il
voulait opposer l’image d’un homme neuf.
Mais Amran Mitzna n’a ni la rouerie, ni le
charisme d’Ariel Sharon. Il s’est attiré les
critiques des éléphants du Parti travailliste
qui ont fustigé son manque d’expérience et
il a dû affronter les railleries de la presse,
qui a mis en avant son côté yekke – surdownloadModeText.vue.download 12 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
10
nom donné aux premiers immigrés juifs
allemands à la rigueur hautaine. En défendant l’ouverture inconditionnelle de discussions avec les Palestiniens et le démantèlement progressif des colonies juives
à Gaza et en Cisjordanie, puis en rejetant
d’avance toute participation à un gouvernement d’union nationale, Amran Mitzna a
fait preuve de son engagement et de son intransigeance. Il s’est de ce fait coupé de la
majorité de son électorat, plutôt centriste
et prêt au compromis.
29
France
Affaire Elf : Dumas relaxé
La cour d’appel de Paris relaxe l’ancien ministre des
Affaires étrangères Roland Dumas dans un des volets
de l’affaire Elf. Ce dernier était soupçonné de recel
et complicité d’abus de biens sociaux au détriment
du groupe pétrolier. En outre, elle lance un mandat
d’arrêt contre l’ancien président d’Elf Loïk Le FlochPrigent, condamné à trente mois d’emprisonnement
ferme, et maintient en détention Alfred Sirven, ex-directeur des Affaires générales, qui écope de trois ans
ferme et de 304 898 euros d’amende. L’ancienne maîtresse de Roland Dumas, Christine Deviers-Joncour,
est condamnée à dix-huit mois de prison ferme plus
douze avec sursis – elle n’a effectué que six mois de
détention provisoire.
30
UE
Huit pays européens se rallient aux
États-Unis
Les chefs de gouvernement de huit nations européennes – Grande-Bretagne, Espagne, Italie, Portugal,
Pologne, Hongrie, Danemark, République tchèque –
rendent public un appel commun à se ranger au côté
des États-Unis dans leur lutte contre l’Irak. Cet appel
est publié dans le quotidien britannique The Times
ainsi que dans douze autres quotidiens européens.
Les huit signataires affirment que les rapports remis
par les inspecteurs aux Nations unies montrent clairement que l’Irak continue sa stratégie de dissimulation. De son côté, le Parlement européen déclare que
les « violations de la résolution 1441 [...] actuellement
relevées par les inspecteurs en ce qui concerne les armes
de destruction massive ne justifient pas le lancement
d’une action militaire unilatérale » en Irak. Répondant à
l’appel européen par l’intermédiaire du ministère de
la Défense, Paris indique que cet appel relève « plus
de l’affichage que de la substance ».
31
France
Condamnation pour euthanasie
La cour d’assises des Yvelines condamne l’infirmière
Christine Malèvre à dix années de réclusion criminelle pour avoir assassiné six de ses patients à l’hôpital de Mantes-la-Jolie en 1997 et 1998. En revanche,
elle l’acquitte de l’assassinat d’une septième de ses
patientes. L’avocat général avait requis une peine
qui ne soit pas inférieure à dix années de réclusion
à l’encontre de l’accusée, qui encourait la réclusion
criminelle à perpétuité. L’avocat de Christine Malèvre,
Me Libman, avait plaidé l’acquittement total, soulignant que sa cliente « n’est ni une tueuse en série, ni
une madone de l’euthanasie ».
Christine Malèvre, une infirmière
seule face à ses juges
En juillet 1998, l’hôpital de Mantes-la-Jolie
se voyait propulsé au coeur du débat sur
l’euthanasie, dont allait devenir le porteétendard l’une de ses infirmières, Christine Malèvre, qui reconnaîtra avoir aidé
plusieurs de ses patients à mourir.
Depuis, desservie par une médiatisation
excessive et des rapports psychiatriques,
l’égérie de la cause de l’euthanasie est apparue
comme une « tueuse en série » devant répondre
de 7 « assassinats » devant le tribunal de Versailles
le 20 janvier. Cette évolution pèsera lourdement
dans le verdict des jurés qui la condamnent à dix
ans de réclusion criminelle le 31 janvier.
Une personnalité ambiguë
Pourquoi et comment Christine Malèvre, jeune
infirmière modèle, en est-elle venue à ôter la
vie à plusieurs de ses patients, auxquels elle a
par ailleurs prodigué, de l’avis de ses collègues,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
11
des soins d’une qualité exemplaire, pendant les
presque trois années passées au service de neuropneumologie de l’hôpital de Mantes-la-Jolie
où elle avait été affectée en août 1995 ? Près de
cinq ans après qu’a éclaté l’affaire Malèvre, la
question n’a cessé de hanter les familles des victimes présumées de l’infirmière, qui se sont portées parties civiles dans le procès qui a débuté le
20 janvier devant la cour d’assises de Versailles.
Et les diagnostics, divers, sinon contradictoires,
des experts psychiatriques ne semblent pas
avoir apporté de réponses satisfaisantes à ces
interrogations. Malgré tous ses efforts oratoires,
l’avocat n’a pu obtenir du jury qu’il concentre
son attention « sur le geste et non sur la personne qui le fait », si bien que la personnalité de
sa cliente et les troubles mécanismes psychiques
qui l’ont conduite jusqu’au banc des accusés ont
dominé toutes les interventions, éclipsant le débat sur l’euthanasie dont l’ex-infirmière avait été
présentée comme le porte-étendard. Et les jurés
de Versailles, refusant, sur les recommandations
du parquet, de se laisser entraîner sur le terrain
de l’euthanasie, ont jugé la personne avec sévérité, la condamnant à dix ans de réclusion criminelle et à une interdiction définitive d’exercer sa
profession d’infirmière.
Disséquée par les différents rapports des experts psychiatriques, la personnalité ambiguë
de l’accusée a relégué à l’arrière-plan de ce procès la cause que certains prétendaient lui faire
défendre. Et la médiatisation de cette affaire,
devenue emblématique d’un débat public sur
l’euthanasie encore très vif à l’époque, aura plutôt nui à Christine Malèvre, qui s’est exposée
avec trop de complaisance aux projecteurs de
l’actualité, au point de brouiller son image d’infirmière compatissante cherchant à soulager des
malades incurables.
« L’ange de la mort »
Depuis ce jour du 6 mai 1998 où elle a été démasquée et suspendue de ses fonctions par la
direction de l’hôpital de Mantes-la-Jolie, qui
saisissait dans le même temps le procureur de
la République de Versailles de la multiplication
suspecte de décès dans son service, l’infirmière
s’est en effet enferrée dans des déclarations
contradictoires qui devaient compromettre sa
ligne de défense, fluctuant au gré des rapports
psychiatriques mais aussi de l’image publique
que ses apparitions et interventions médiatiques ont contribué à lui façonner. Si elle s’est
dévoilée devant l’opinion dans son témoignage
télévisé en septembre 1998, puis en mars 1999
dans son livre Mes aveux, sous les traits d’une
infirmière zélée mais à la personnalité fragile et
tourmentée, à ce point sensible aux souffrances
de ses malades qu’elle voudra les abréger, cette
image tend à se fissurer au fil de la procédure
judiciaire, qui révèle des failles dans la compassion militante affichée. Si nul ne conteste la
fragilité de Christine Malèvre, soumise à rude
épreuve au contact de malades en fin de vie et
illustrée par sa tentative de suicide le soir même
où elle a été confondue, le nombre de morts
suspectes examinées par la justice et le comportement de l’accusée face à la gravité de son
geste tendent à la transformer en « ange de la
mort », voire en tueuse en série, présumée coupable, selon une déclaration du juge du 16 juin
1999, d’« assassinats » dont le nombre reste à
déterminer. Lors de ses premiers interrogatoires,
elle admet avoir ainsi accéléré la mort d’une
trentaine de patients, dont une vingtaine sans
leur consentement, pour ensuite se rétracter et
ne reconnaître que « quatre cas d’euthanasie
active ». Mais les témoignages s’accumulent,
soulignant la fréquence inhabituelle des décès
dans l’hôpital de Mantes-la-Jolie quand l’infirmière y exerçait, et recoupant les expertises
psychiatriques, qui brossent un tableau accablant pour Christine Malèvre : celle-ci aurait été
animée d’une « fascination morbide pour la
maladie » doublée d’une hyperidentification
à autrui et à sa souffrance qu’elle a abrégée de
façon « préméditée », même si elle n’éprouvait
aucun plaisir à donner la mort. Mais, malgré une
dernière expertise psychiatrique plus nuancée
qui reconnaîtra à l’accusée une propension à la
compassion, le dossier ne relève déjà plus du
débat sur l’euthanasie quand il parvient devant
le tribunal, où Christine Malèvre est desservie
par un ego démesuré jusque dans la compassion et qui, jusqu’au bout, la fera s’apitoyer sur
elle-même sans parvenir à exprimer de remords
face aux familles des victimes. L’absence manifeste d’émotion dont elle fera preuve sur le
banc des accusés n’incitera guère à la clémence
les jurés, qui la reconnaîtront coupable de 6
des 7 assassinats dont elle est accusée, malgré
les incertitudes concernant les circonstances
exactes ayant entraîné la mort de ces patients
parmi lesquels Christine Malèvre reconnaissait
n’en avoir aidé que deux à mourir. Une froideur
que le jury ne lui pardonnera pas, aussi sincères
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
12
que puissent paraître les efforts de réinsertion
de Christine Malèvre, étalés en couleurs dans
l’hebdomadaire Paris Match où on la voyait aux
côtés de son compagnon quelques jours avant
le verdict. Un instant volé d’un bonheur et d’un
amour retrouvés dont la justice a tenu à priver
cette « voleuse de temps et d’amour ».
ULYSSE GARO
LE DÉBAT SUR L’EUTHANASIE
PASSE À LA TRAPPE
« Christine Malèvre observera de sa prison
le débat national sur les soins palliatifs
et l’euthanasie, qui s’est amplifié du fait
de son sacrifice », déclarait l’avocat de la
défense à l’énoncé de la peine qualifiée
d’« énorme » prononcée contre sa cliente.
Pourtant, les rangs de ses partisans de
la première heure, comme l’Association
pour le droit de mourir dans la dignité
(ADMD) et de nombreuses personnalités,
se sont clairsemés depuis qu’ils ont pris
conscience que le combat pour l’euthanasie ne pouvait se fourvoyer dans une
cause perdue. La douleur des familles des
victimes, qui la considèrent comme une
« criminelle » pour avoir abrégé, de son
propre chef, et sans les consulter, la vie
de malades certes incurables, mais dont le
pronostic vital n’était pas engagé à court
terme, a pris le pas sur la « compassion »
qu’ont voulu voir dans son geste ses partisans, escamotant ainsi le débat de fond
sur l’euthanasie, que ce procès n’aura finalement guère fait avancer.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
13
Février
1
États-Unis
Explosion de la navette Columbia
La navette américaine Columbia se désintègre peu
avant son atterrissage, alors qu’elle survolait le Texas à
plus de 60 000 mètres d’altitude. Les sept astronautes
qu’elle transportait – six Américains, Rick Husband,
Michael Anderson, Kalpana Chawla, William McCool,
David Brown, Laurel Clark, et un Israélien, Ilan Ramon
– sont morts. La navette Columbia, l’une des plus
anciennes de la flotte américaine, effectuait son
28e vol. Elle était partie le 16 janvier pour une mission d’expérimentation. C’est la première fois qu’une
telle catastrophe se produit lors du retour sur terre
de la navette. Celle-ci intervient dix-sept ans après
l’explosion de la navette Challenger, le 28 janvier
1986, quelques secondes après le décollage. Les sept
astronautes avaient trouvé la mort. Les missions de la
NASA sont interrompues ; elles reprendront dès que
l’origine de l’explosion aura été identifiée et les défauts de la navette corrigés, affirme l’administrateur
de la NASA Sean O’Keefe.
Columbia : seconde catastrophe
pour la navette américaine
Dix-sept ans après l’explosion de Challenger,
une nouvelle catastrophe spatiale endeuille
les États-Unis, avec l’explosion de l’orbiteur
Columbia à 63 km d’altitude, provoquant la
mort des sept astronautes de son équipage.
Le 1er février, au terme d’une mission scientifique de seize jours qui s’est parfaitement
déroulée, Columbia s’apprête à regagner la
Terre avec son équipage de sept astronautes et,
dans sa soute, le module de recherche Spacehab. L’atterrissage sur la piste du Centre spatial
Kennedy, à cap Canaveral (Floride), est attendu à
14 h 16 UT. Une heure auparavant, au-dessus de
l’océan Indien, l’équipage a, selon la procédure
habituelle, procédé à l’allumage des moteurs
pour que l’appareil, volant alors à 28 000 km/h,
réduise sa vitesse, décroche de son orbite et
amorce sa descente en vol plané dans l’atmosphère. À partir de 13 h 54, alors que l’engin est
en plein freinage aérodynamique, les ingénieurs
au sol commencent à recevoir des informations
anormales : il y a d’abord une perte de données
des capteurs de température dans les systèmes
hydrauliques des gouvernes de l’aile gauche,
puis la perte des mesures de pression des
pneus sur le train d’atterrissage gauche, enfin
l’indication d’une surchauffe anormale de l’aile
gauche, constatée également par l’équipage.
À 14 h UT (9 h en Floride, 15 h en France), les
communications entre la navette et le sol s’interrompent brutalement, tandis que Columbia
survole le Texas, à 63 km d’altitude, à la vitesse
de 20 000 km/h. Au sol, les curieux qui suivent
la course de l’engin dans le ciel observent sa
désintégration : près de vingt-deux ans après sa
mise en service, et au retour de son 28e vol dans
l’espace, Columbia disparaît avec ses occupants
en un feu d’artifice tragique.
Les causes de l’accident
Des milliers de débris (représentant environ
20 t, soit 20 % de la masse de l’appareil) sont
retrouvés au sol, principalement à l’est de la
Louisiane et au Texas, et rapatriés à cap Canaveral où ils sont assemblés dans un hangar, en un
immense puzzle, et soigneusement examinés.
Les enquêteurs procèdent également à l’étude
approfondie de tous les enregistrements (radio,
vidéo, radar) réalisés au cours du vol. Une analyse détaillée du comportement aérodynamique
de Columbia pendant sa descente vers le sol
montre que l’appareil était déjà endommagé au
moment de sa rentrée dans l’atmosphère, et que
du plasma à haute température a pénétré dans
l’aile gauche quelques minutes avant la perte
de communication. D’autres éléments indiquent
que des dégâts bien plus importants se seraient
produits deux à trois minutes avant la perte de
contact. À ce moment, Columbia pivotait sur
son axe longitudinal dans le sens inverse de celui
des aiguilles d’une montre et effectuait un mouvement de lacet vers la gauche.
Différents scénarios sont envisagés pour expliquer la catastrophe. Celui considéré comme le
plus probable attribue l’origine du drame à un
incident survenu 81 s après le décollage et dont
les responsables du vol avaient minimisé les
conséquences, à savoir le choc contre le bord
d’attaque de l’aile gauche d’une pièce isolante
de mousse rigide d’environ 50 cm sur 40 cm et
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
14
pesant 1,2 kg, détachée du gros réservoir extérieur ; ce choc aurait provoqué une brèche dans
les panneaux de protection thermique. Lors de
la descente de l’orbiteur dans l’atmosphère, certaines de ses parties (nez, bord d’attaque des
ailes et de la dérive, intrados...) sont portées à
des températures très élevées par le freinage
aérodynamique : leur protection thermique est
assurée par un revêtement en carbone-carbone,
qui s’échauffe jusqu’à 1 650 °C, ou par un assemblage d’environ 24 000 tuiles isolantes en graphite-carbone (tuiles noires) ou en silice (tuiles
blanches). Plusieurs de ces tuiles pourraient
s’être détachées lorsque la pièce tombée du réservoir a percuté le bord de l’aile gauche, et cela
aurait entraîné la cascade d’anomalies constatées dans les minutes ayant précédé la catastrophe. Au-delà de cette hypothèse, certains experts s’interrogent sur le rôle indirect qu’ont pu
jouer dans le drame l’usure de Columbia (le plus
ancien des orbiteurs de la navette, dont il avait
effectué le vol inaugural, en avril 1981) ainsi que
l’affaiblissement des efforts de sécurité induit
par la réduction drastique du personnel affecté
à la maintenance, en raison des restrictions budgétaires de la NASA. Le drame, en tout cas, est
venu brutalement rappeler à l’opinion publique
que, dans le domaine des vols spatiaux, la routine n’existe pas et que le risque d’accident subsiste toujours, malgré une fiabilité très élevée.
PHILIPPE DE LA COTARDIÈRE
LES VICTIMES DE LA CONQUÊTE SPATIALE
Constitué de cinq hommes et de deux
femmes, l’équipage de Columbia comprenait six Américains – Rick Husband,
William McCool, Michael Anderson,
David Brown, Kalpana Chawla (d’origine
indienne). Laurel Clark (d’origine écossaise) – et le premier astronaute israélien,
Ilan Ramon. W. McCool, D. Brown, L. Clark
et I. Ramon effectuaient leur premier vol
spatial, portant à 430 le nombre de sujets
lancés dans l’espace.
La destruction de Columbia représente le
cinquième drame de l’exploration spatiale,
en quarante-deux ans de vols habités. Ces
accidents ont fait 21 victimes : 18 disparus
en vol (treize Américains, quatre Russes et
un Israélien) et 3 disparus lors d’une répétition au sol (tous Américains).
2
Venezuela
Fin de la grève générale
Lancée il y a deux mois par l’opposition pour obtenir le départ du président vénézuélien Hugo Chavez, la grève « civique nationale » s’achève sauf pour
l’industrie pétrolière, la première ressource du pays.
Elle avait commencé le 2 décembre dernier à l’instigation de l’opposition de droite, la Confédération
des travailleurs du Venezuela (CTV) et la fédération
patronale Fedecamaras, présidée par Carlos Fernandez. La table de négociation entre gouvernement
et opposition, sous médiation du secrétaire général
de l’Organisation des États américains (OEA) César
Gaviria, avec le soutien d’un « groupe d’amis » (Brésil,
États-Unis, Mexique, Chili, Espagne et Portugal), tente
de trouver une solution électorale à la crise vénézuélienne, qui a fait perdre à l’État plus de 4 milliards de
dollars de recettes. Le 6, face au plongeon du bolivar
(à 1,853 bolivar pour un dollar le 21 janvier), victime
des fluctuations des marchés des changes et de
l’instabilité politique, le président Chavez instaure un
contrôle des échanges monétaires afin de soutenir la
monnaie du pays. Le 26, Carlos Fernandez, président
de la Fedecamaras, est placé en résidence surveillée
pour rébellion civile et incitation à la délinquance.
4
France/Grande-Bretagne
25e sommet franco-britannique
Le 25e sommet franco-britannique réunit Tony Blair et
Jacques Chirac dans la station balnéaire du Touquet
(Pas-de-Calais). Les deux présidents s’entretiennent
de leurs divergences sur la question irakienne ; ils
n’ont pu que constater leur désaccord. Paris veut
donner toutes leurs chances aux inspecteurs dans le
cadre de la résolution 1441 adoptée à l’automne dernier, Londres souhaite une seconde résolution rapide
de l’ONU sur ce dossier. Les deux parties sont néanmoins d’accord sur la nécessité de passer par l’ONU
pour désarmer le régime de Bagdad.
ONU
Côte d’Ivoire : l’ONU approuve
l’accord de paix
Le Conseil de sécurité des Nations unies approuve
l’accord de paix en Côte d’Ivoire le 24 janvier sous
l’égide de la France entre rebelles et partis politiques
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
15
ivoiriens, et apporte son soutien aux soldats français
et à la force de paix de la Communauté des États de
l’Afrique de l’Ouest qui tentent de rétablir l’ordre dans
un pays dévasté par quatre mois de guerre civile. De
son côté, le président ivoirien Laurent Gbagbo qualifie l’accord de Marcoussis de « texte de compromis ».
Il estime qu’il s’agit d’une « base de travail », et affirme
que les points non conformes à la Constitution du
pays ne seront pas appliqués. Depuis la signature de
l’accord, les partisans de M. Gbagbo ont violemment
manifesté leur opposition à ce compromis et critiqué
la France pour avoir donné la part belle aux rebelles,
notamment pour l’attribution de certains ministères
clés, notamment ceux de la Défense et de l’Intérieur.
Dialogue difficile entre Paris et
Londres
La participation de Tony Blair aux préparatifs de guerre de George Bush contre l’Irak
a jeté un froid dans les relations entre la
France et la Grande-Bretagne.
Initialement prévu le 3 décembre 2002, le
sommet franco-britannique du Touquet s’est
tenu le 4 février, maintenant les fils ténus d’un
dialogue qui, pour avoir le mérite d’exister, n’en
confirmera pas moins des divergences irréductibles sur les grandes orientations de politique
étrangère. Provoqué officiellement par les
désaccords sur la Politique agricole commune
(PAC), ce report n’aura guère permis d’apaiser les
tensions. Le fossé n’a cessé de se creuser entre
Paris et Londres alors que la Grande-Bretagne
s’associe activement aux préparatifs de guerre
engagés contre le régime de Bagdad par George
W. Bush.
Divergences irakiennes
Les contentieux économiques liés à la PAC et au
refus de Londres de renoncer à certains avantages financiers garantis par l’UE prennent rang
d’anecdotes alors que l’imminence d’une guerre
contre l’Irak agite le spectre d’une division de
l’Europe. Autant dire que le climat européen
et international semble moins propice encore
à la réactivation d’un dialogue franco-britannique qui voudra se concentrer sur les maigres
terrains d’entente susceptibles d’accueillir les
fondations vacillantes d’une politique étrangère européenne commune. Faute de compromis sur l’Irak, MM. Blair et Chirac s’évertueront à
ne pas attiser les braises d’une crise qui couve
depuis que les préparatifs de guerre et, au-delà, la question des liens avec les États-Unis ont
donné lieu à une polarisation de l’Europe entre
le camp de la paix, avec à sa tête la France et
l’Allemagne, et le camp de la guerre, conduit
par la Grande-Bretagne, secondée par l’Espagne.
Tandis que Paris et Berlin célébraient avec faste,
les 22 et 23 janvier, le 40e anniversaire du traité
de l’Élysée, revitalisant ainsi un couple francoallemand ayant vocation à redevenir le moteur
d’une Europe unie derrière lui contre cette
guerre dénoncée par les opinions publiques à
longueur de sondages, Londres fédérait les pays
européens décidés à rallier les États-Unis. À l’axe
pacifiste Paris-Berlin, qui se prolonge à Moscou,
la Grande-Bretagne opposait, avec 7 autres pays
européens signataires d’une déclaration commune le 30 janvier, un axe étroitement solidaire
des États-Unis et de leurs projets militaires et
politiques en Irak et au Moyen-Orient, renforcé
le 6 février par 10 anciens pays de l’Est candidats
à l’OTAN ou à l’UE. Mais avant de laisser parler
les armes déployées par les contingents américains et britanniques massés aux portes de
l’Irak, la bataille diplomatique fait rage au sein
du Conseil de sécurité de l’ONU, dont T. Blair ne
désespère pas d’obtenir la caution, sous forme
d’une « 2e résolution » prolongeant la « 1441 »
que G.W. Bush juge, quant à lui, suffisante pour
légitimer la guerre. Lors d’une réunion à la Maison-Blanche le 31 janvier, il lui aurait finalement
fait accepter cette éventualité qui s’inscrira en
arrière-plan du sommet du Touquet où chaque
partie campera pourtant sur ses positions, tout
en cherchant à éviter que les désaccords sur
l’Irak ne viennent contrarier leurs relations et
la poursuite de l’intégration européenne. Ainsi,
Paris et Londres proclameront-ils leur volonté
de renforcer la politique européenne de défense
commune en proposant de doter l’UE d’une
force aéronavale permanente, les deux pays
s’associant dans la construction de porte-avions. Mais ces professions de foi européennes
seront vite balayées par l’évolution d’une crise
irakienne qui tend à échapper au contrôle de
l’ONU, où la France menace d’opposer son veto
à une guerre qui serait déclenchée sans avoir
laissé aux inspecteurs en désarmement le temps
de mener à bien leur mission en Irak. T. Blair se
résignera à passer outre une 2e résolution, et
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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plaidera aux Açores, le 16 mars, aux côtés de
Bush et de son homologue espagnol J. M. Aznar,
la nécessité d’une guerre qui sera déclenchée
quatre jours plus tard.
Ressentiment contre la France
Entraîné dans une fuite en avant militaire hors
du cadre de l’ONU, T. Blair en voudra à la France
de l’avoir placé dans une situation inconfortable face à sa propre famille politique, le Parti
travailliste, où il est critiqué, et à une opinion
massivement opposée à la guerre. Après s’être
présenté comme le médiateur privilégié entre
l’UE et G.W. Bush, T. Blair n’avait pu que temporiser, avant de lancer ses troupes aux côtés des
Américains, au risque de renforcer les soupçons
d’un alignement sur Washington. Mais alors que
le fracas des combats semble étouffer les cri-
tiques des opposants à la guerre au RoyaumeUni, T. Blair a jugé utile de renouer le dialogue
avec J. Chirac, lors d’un entretien téléphonique
le 29 mars portant sur la reconstruction de l’Irak
après la chute de Saddam Hussein. Si la force du
lien transatlantique unissant Londres à Washington s’exprime sur le champ de bataille irakien,
les désaccords perceptibles entre les deux
alliés sur la gestion de l’après-guerre tendent
à ranimer la diplomatie européenne autour de
la question du rôle de l’ONU : Londres, Paris et
d’autres capitales européennes, refusant une
mainmise américaine sur l’Irak, voudraient que
celle-ci soit impliquée dans la paix. Reste que
la politique européenne commune se remettra
difficilement de cette crise, et qu’il faudra en
passer par Londres pour tisser ce lien transatlantique durablement distendu avec la France sinon
avec l’ensemble d’une UE qui sort marginalisée
et divisée de cette épreuve, et affronte en situation de faiblesse la période de l’après-guerre et
la course à la reconstruction de l’Irak, propice à
tous les marchandages.
GARI ULUBEYAN
GUERRE DES MOTS ET DES IMAGES
La crise irakienne a libéré les vieux démons francophobes dans une certaine
presse britannique qui n’a rien à envier,
sur ce point, aux médias américains. Scellée par les armes, l’alliance américano-britannique l’est aussi par la plume dans ces
tabloïdes du groupe de presse de Rupert
Murdoch, étroitement lié à G. W. Bush. Ces
journaux ont déversé leur fiel à l’encontre
de la France, accusée de couardise et de
trahison, quitte à se mettre en porte-à-faux
avec une opinion qui, au moins jusqu’à
l’entrée en guerre des 40 000 soldats britanniques, était massivement opposée à la
guerre. Qualifiés de « grenouilles » outreManche, les Français, et le premier d’entre
eux, Jacques Chirac, ont été rabaissés au
rang de vers de terre dans ces journaux
soumettant les relations franco-britanniques au poids des mots et au choc des
clichés.
6
France
Air Lib en faillite
La licence d’exploitation de la compagnie aérienne
Air Lib vient à expiration à la date fixée par le Conseil
supérieur de l’aviation marchande (CSAM) après le
retrait du dernier candidat à la reprise – et le seul
repreneur potentiel – de la compagnie aérienne
surendettée, le groupe néerlandais IMCA. Ce dernier conditionnait notamment sa reprise éventuelle
de la compagnie française à l’achat à un bon prix
de 29 Airbus A319 destinés à renouveler la flotte de
la deuxième compagnie aérienne française. Faute
d’avoir trouvé un accord avec Airbus, IMCA a décidé
de jeter l’éponge. Air Lib se trouve de fait en cessation
d’activité forcée et ses avions sont alors cloués au sol.
Le 18, le tribunal de commerce de Créteil (Val-deMarne) prononce finalement la liquidation d’Air Lib.
Cette décision, qui va entraîner le licenciement des
3 200 salariés de la compagnie, marque la fin d’un
feuilleton économico-social qui avait débuté par un
premier dépôt de bilan en juin 2001, alors qu’Air Lib
s’appelait encore AOM-Air Liberté.
10
France
Poutine à Paris
Le président russe Vladimir Poutine est à Paris pour
une visite d’État de trois jours. Évoquant la question
tchétchène, Jacques Chirac plaide auprès de son
homologue russe pour une « solution politique » à ce
« conflit, auquel les populations civiles paient un lourd
tribut ». Sur la question irakienne, Vladimir Poutine
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
17
affirme que la Russie pourrait faire usage de son droit
de veto au Conseil de sécurité de l’ONU « s’il le faut ».
Il ajoute que « la guerre est toujours un ultime recours »
et que, actuellement il n’en voit pas la « nécessité » :
« La décision du Conseil de sécurité devra être prise en
fonction des résultats du rapport [des inspecteurs de
l’ONU]. »
11
Cinéma
Mort de Toscan du Plantier
Le producteur Daniel Toscan du Plantier décède à
l’âge de soixante et un ans des suites d’un malaise
cardiaque à Berlin, où il assistait à la 53e Berlinade.
Depuis 1988, il présidait Unifrance, organisme voué à
la promotion du cinéma français sur la scène internationale, une fonction qui avait fait de lui l’ardent défenseur de l’« exception culturelle » et l’« ambassadeur
infatigable du cinéma français » salué par le ministre
de la Culture Jean-Jacques Aillagon. Comme pro-
ducteur ou responsable de maison de production, il
a travaillé avec certains des plus grands réalisateurs
européens – notamment Ingmar Bergman (Fanny et
Alexandre), Federico Fellini (Prova d’orchestra, la Cité
des femmes, Casanova, E la nave va), Maurice Pialat
(Sous le soleil de Satan, Van Gogh), Éric Rohmer (la
Marquise d’O), François Truffaut (le Dernier Métro) – et
s’était fait une spécialité du film-opéra (Carmen, Don
Giovanni, Tosca, la Bohême).
12
France
Modes de scrutin : Raffarin sort le 49-3
Le Premier ministre engage la responsabilité de son
gouvernement devant l’Assemblée nationale sur la
question du projet de loi réformant les modes de
scrutin régional et européen en application de l’article 49-3 de la Constitution. Cet article de la Constitution, qui n’avait plus été utilisé depuis 1996 sous
le gouvernement d’Alain Juppé, permet d’imposer
un vote bloqué sur un projet de loi, sauf si les députés votent une motion de censure. Jean-Pierre Raffarin entend faire échec aux 12 000 amendements
déposés par l’UDF et les partis de gauche, inquiets
des risques de diminution de leur représentation
aux futures élections : en effet, le nouveau mode de
scrutin régional instaure une barre de 10 % des inscrits, soit quelque 20 % des suffrages exprimés, pour
qu’une liste puisse se maintenir au second tour. Le
15, l’Assemblée nationale repousse la motion de censure déposée par 163 députés de l’opposition (PS,
PC, Verts et le non-inscrit Émile Zuccarelli) pour riposter à la décision de Jean-Pierre Raffarin de recourir
à l’article 49-3. La motion de censure ne recueille
que 177 voix, sur les 288 nécessaires pour renverser
le gouvernement, soit la majorité des 577 députés.
Malgré leur opposition à ce texte, les 30 députés
de l’UDF n’ont pas voté la censure. La réforme des
modes de scrutin régional et européen est adoptée.
Bolivie
Violentes émeutes
De violents affrontements entre l’armée et la police
font 33 morts et près de 200 blessés en deux jours à
La Paz. La fusillade a éclaté quand un détachement
de l’armée a tenté de disperser avec des gaz lacrymogènes une manifestation de plusieurs dizaines
d’étudiants qui bombardaient le palais présidentiel,
le palais Quemado, de jets de pierres. Le projet du
gouvernement d’augmenter les impôts des fonctionnaires (dont les policiers) de 12 % est à l’origine
de ces affrontements. Le président Gonzalo Sanchez
de Lozada retire ce projet fiscal dès l’annonce des
premières victimes. Le 19 février, le gouvernement
démissionne et, le 20, un nouveau gouvernement de
treize ministères au lieu de dix-huit est formé, dans le
cadre de la réduction du train de vie de l’État.
14
ONU
Nouveau rapport des inspecteurs en
Irak
Les chefs des inspecteurs en désarmement de l’ONU,
MM. Hans Blix et Mohamed el-Baradeï, remettent
un rapport d’étape au Conseil de sécurité de l’ONU.
Les équipes d’inspecteurs « n’ont trouvé aucune
arme » de destruction massive, « seulement un petit
nombre d’ogives vides, qui auraient dû être déclarées
et détruites », annonce le chef de la Commission de
contrôle, de vérification et d’inspection des Nations
unies (COCOVINU). Pour Mohamed el-Baradeï, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie
atomique (AIEA), il n’y a pas de preuves non plus
d’une activité nucléaire. La France, la Chine et la Russie, membres permanents du Conseil, notent que les
inspections progressent et plaident pour qu’elles se
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poursuivent. De son côté, le secrétaire d’État américain Colin Powell accuse l’Irak d’utiliser des « subterfuges » pour tromper la communauté internationale et demande à l’ONU d’envisager sous peu des
« conséquences graves » pour l’Irak.
17
Grande-Bretagne
Inauguration d’un système de péage
urbain à Londres
La municipalité de Londres instaure un droit de passage de 5 livres (8 euros) par jour pour entrer dans
le centre de Londres, un périmètre de 21 km 2 perpétuellement embouteillé qui comprend notamment
la City, le quartier de la finance. D’après Ken Livingstone, le maire de Londres, ce droit de passage
va réduire de 20 % le trafic dans cette zone et faire
entrer 130 millions de livres (208 millions d’euros)
par an dans les caisses des transports en commun.
Selon lui, en centre-ville, la vitesse moyenne est
de 16 km/h pendant la journée et les conducteurs
passent plus de la moitié du temps dans les embouteillages. Les personnes résidant dans la zone taxée
bénéficieront d’une remise de 90 % et les personnes
handicapées, les taxis, les véhicules d’urgence, les
deux-roues et les véhicules à énergie alternative en
seront exemptés. Pour contrôler la zone centrale
de la capitale, un réseau de quelque 800 caméras photographiera les plaques d’immatriculation
entre 7 h et 18 h 30 les jours de semaine et en les
confrontant à une base de données nationale. Ceux
qui n’auront pas payé leur dû auront jusqu’à minuit
pour régulariser leur situation, avant de se voir infliger une amende pouvant aller de 40 à 80 livres (65 à
130 euros) s’ils attendent plus de deux semaines, et
même 120 livres (200 euros) s’ils dépassent un délai
de 28 jours.
20
France
Sommet franco-africain
Paris accueille pour deux jours 42 chefs d’État ou
de gouvernement africains pour le 22e sommet
France-Afrique placé cette année sous le signe d’un
« nouveau partenariat ». Le président Jacques Chirac
entend sonner la « mobilisation » pour une « renaissance africaine » et déclare que « le temps de l’impunité est fini » et que les auteurs d’exactions pourraient
« être traduits devant la Cour pénale internationale » : la
question de la sécurité et des droits de l’homme est
d’ailleurs au menu de ce sommet, alors que plus de la
moitié des pays participants sont en conflit. Il appelle
également tous les Ivoiriens « au respect des engagements pris » le 24 janvier par les accords de Marcoussis pour une réconciliation nationale. Le président
ivoirien Laurent Gbagbo n’assiste pas au sommet, où
il est représenté par le Premier ministre du gouvernement de transition Seydou Diarra. Le sommet est en
effet quelque peu gâté par la crise ivoirienne et par
la polémique entourant la venue du président zimbabwéen Robert Mugabe, accusé de pratiquer la torture dans son pays. Une plainte a été déposée au parquet de Paris à l’encontre du président zimbabwéen
par des associations des droits de l’homme.
22
Cinéma
28e édition des Césars
Le Pianiste de Roman Polanski, déjà palme d’or à
Cannes, est le grand vainqueur de la 28e cérémonie
des Césars 2003, raflant 7 des 10 prix des catégories dans lesquelles il concourait : prix du meilleur
film de l’année, de la réalisation, du meilleur acteur
pour Adrian Brody dans le rôle du pianiste polonais
Wladyslaw Szpilman, du meilleur son, de la meilleure
musique, des meilleurs décors et de la meilleure photo. En dépit de ses 12 nominations et d’un très large
succès auprès du public lors de sa sortie en salles, le
film de François Ozon, 8 Femmes, est bredouille. En
revanche, celui de la réalisatrice Zabou Breitman, Se
souvenir des belles choses, obtient, quant à lui, 3 césars : le prix de la première oeuvre de fiction, celui de
la meilleure actrice (Isabelle Carré) et celui du meilleur second rôle masculin (Bernard LeCoq) – le prix
du meilleur second rôle féminin allant à Karin Viard.
Chez les jeunes espoirs, ce sont Cécile De France et
Jean-Paul Rouve qui ont été récompensés lors de
cette 28e édition des Césars. Enfin, Parle avec elle, le
long-métrage réalisé par le cinéaste espagnol Pedro
Almodovar, est sacré meilleur film de l’Union européenne et Bowling for Columbine, de Michael Moore,
est distingué par le césar du meilleur film étranger.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
19
Enfin, l’actrice américaine Meryl Streep reçoit un césar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
23
France
Tremblement de terre dans l’Est
Un séisme d’une magnitude de 5,4 sur l’échelle de
Richter – qui en compte 9 – et d’une durée de 8 secondes touche l’est du pays. Son épicentre est localisé à 20 km au nord-ouest de Saint-Dié-des-Vosges.
Ce secteur étant particulièrement connu pour sa
sismicité active, les constructions sont adaptées aux
secousses éventuelles. Aucun dégât important n’est
signalé. Depuis dix ans, une douzaine de séismes
d’amplitude comprise entre 4,4 et 5,6 sur l’échelle de
Richter se sont produits en France. Le dernier séisme
meurtrier s’est produit à Arette (Pyrénées-Atlantiques) le 13 août 1967, faisant un mort et plusieurs
blessés et détruisant 340 maisons.
24
ONU
Seconde résolution sur l’Irak
Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Espagne déposent au Conseil de sécurité des Nations unies un
nouveau projet de résolution énonçant que Saddam
Hussein ne remplit pas les exigences de désarmement et prévoyant de « graves conséquences » pour
l’Irak qui « n’a pas saisi la dernière opportunité qui lui
était fournie par la résolution 1441 ». « Il n’y a aucune
raison de changer notre logique, qui est une logique de
paix, et de basculer dans une logique de guerre », sou-
ligne le président Jacques Chirac : la France et l’Allemagne « ne sont pas favorables à une nouvelle résolution » sur l’Irak, ajoute-t-il.
France
Suicide du chef Bernard Loiseau
Bernard Loiseau, l’un des plus célèbres chefs cuisiniers français, se donne la mort, à l’âge de cinquantedeux ans, à son domicile de Saulieu, en Côte-d’Or, où
il était propriétaire d’un restaurant coté trois étoiles
au Guide Michelin depuis 1991. Il avait commencé
sa carrière à dix-sept ans comme apprenti chez les
frères Troisgros à Roanne. Exceptionnellement doué,
il devient chef à vingt et un ans, contribuant à élever
la cuisine au rang d’art majeur.
Bernard Loiseau
Le suicide de Bernard Loiseau à l’âge de
cinquante et un ans a profondément bouleversé le monde de la gastronomie. En même
temps, les commentateurs se sont longuement interrogés sur ses causes. Anatomie
d’un geste comparable à celui de Vatel.
Le suicide de Bernard Loiseau a signé le
triomphe paradoxal de la haute gastronomie française. Aussitôt qu’elle a été connue, la
mort du grand chef du restaurant La Côte d’Or,
à Saulieu, a fait non seulement la une de tous
les grands journaux français, et notamment la
couverture du plus people des magazines que
compte la presse hexagonale, Paris Match,
mais aussi celle du New York Times, du Los
Angeles Times et même du South China Morning Post à Hongkong. Jamais un événement
de ce type n’avait eu un tel retentissement. On
était le lundi 24 février, à moins d’un mois du
déclenchement de la seconde guerre du Golfe,
et alors que le monde était suspendu aux faits
et gestes de George W. Bush et de Saddam Hussein, le geste singulier d’un cuisinier français se
donnant la mort recevait de la part des médias
une couverture équivalente. La personnalité et
le talent de Bernard Loiseau y entraient certes
pour beaucoup. Mais l’importance accordée à
cet événement semblait dépasser la personne
même de Bernard Loiseau et signaler que la
haute gastronomie, un plaisir réservé pourtant
à une toute petite élite, s’était élevée dans la
civilisation occidentale d’aujourd’hui au rang
d’un art majeur, presque d’une religion. Et que
la mort provoquée d’un de ses grands prêtres ne
pouvait laisser personne indifférent, même parmi la vaste majorité de ceux qui n’avaient jamais
goûté sa cuisine.
Le plus doué de sa génération
Bernard Loiseau a joué un rôle de précurseur
dans la haute gastronomie française. Et c’est
peut-être de cela qu’il est mort. Il avait commencé cependant sa carrière le plus classiquement
du monde, apprenti à dix-sept ans chez les frères
Troisgros à Roanne (sa biographie officielle
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signale cependant deux bacs, « un bac d’eau
chaude et un bac d’eau froide »), mais, très vite,
il s’était distingué comme l’un des jeunes cuisiniers les plus doués de sa génération. Il devient
chef à vingt et un ans (comme d’autres furent
généraux à vingt ans), et occupe cette fonction
successivement dans deux restaurants parisiens
de Claude Verger : La barrière de Clichy et La
Barrière Poquelin. En 1975, Claude Verger le
nomme gérant du restaurant de La Côte d’Or,
dont il lui cède en 1982 les murs et le fond. En dix
ans, Bernard Loiseau est devenu le successeur
d’Alexandre Dumaine, qui avait fait de ce lieu, à
partir des années 1930, un des temples de la gastronomie française. Situé sur la Nationale 6 (surnommé en son temps la « Paris Dumaine »), le
restaurant La Côte d’Or est la première étape de
la route qui relie la capitale à la Côte d’Azur. Mais
avec le développement du transport aérien, le
TGV et l’autoroute, Bernard Loiseau doit multiplier les initiatives pour faire vivre un restaurant
gastronomique dans une bourgade devenue un
peu excentrée – et tout d’abord au niveau culinaire, où sa cuisine épurée, soucieuse à la fois de
respecter les produits et d’offrir une gastronomie la plus « légère » possible, en fait pendant
toutes les années 1980 et 1990 l’un des cinq
chefs français de référence. Ses efforts sont couronnés en 1991 par l’obtention d’une troisième
étoile au Michelin, l’hôtel adjacent au restaurant
ayant été intégré au réseau des « Relais & Châteaux » en 1985. De nouveaux projets d’investissements conduisent Bernard Loiseau à chercher
une formule de financement inédite dans la
restauration : le recours au marché. En 1998, le
« Groupe Bernard Loiseau S.A. » est introduit sur
le second marché de la Bourse de Paris, ce qui
permet de rassembler les fonds pour un développement qui va s’effectuer à marche forcée :
ouverture en août 1998 du premier des restaurants parisiens, Tante Louise, suivi par Tante
Marguerite en juillet 1999 et Tante Jeanne
en mai 2000. En même temps, Bernard Loiseau
fait restructurer entièrement l’hôtel de La Côte
d’Or, en y adjoignant une piscine et un centre de
remise en forme dans le dessein d’orienter son
groupe dans une direction plus « art de vivre »,
une orientation prise dès 1995 avec l’ouverture
de la « boutique Bernard Loiseau », qui trouve un
prolongement électronique avec une boutique
en ligne sur le web. Enfin, pour accroître son
volume d’affaires, Bernard Loiseau signe deux
partenariats avec des industriels, le premier en
1998 pour créer des plats cuisinés au sein de la
société Agis, le second en l’an 2000 pour assurer le conseil en restauration du groupe hôtelier
suisse Manotel.
De moins bonnes critiques
En même temps qu’il multiplie ainsi les investissements, Bernard Loiseau doit continuer
d’attirer une riche clientèle à Saulieu. Le lieu
devient un rendez-vous attitré du show-biz qui y
séjourne souvent aux frais du restaurateur. C’est
la rançon à payer pour continuer de faire exister
La Côte d’Or sur la carte des itinéraires gourmands. Trop concentré sur ses investissements
et la promotion de son groupe, Bernard Loiseau
abandonne-t-il alors un peu les fourneaux ? De
moins bonnes critiques commencent à percer
dans la presse spécialisée. La rumeur se répand
qu’il pourrait perdre sa troisième étoile Michelin
en 2003. Il n’en est rien, mais ces mauvais présages interviennent à un moment délicat dans
la vie de Bernard Loiseau : son groupe se trouve
pour la première fois confronté à une forte
baisse de profitabilité, due à l’augmentation
des dotations aux amortissements consécutifs à
son programme d’investissements. Il doit compter également sur un endettement qui s’élève à
trois millions d’euros, pour un résultat net qui
tourne autour de 600 000 euros. Et la baisse
d’activité due aux préparatifs de la guerre au
Moyen-Orient n’arrange rien. Pourtant, il n’était
pas dans la nature généreuse de Bernard Loiseau
de fuir devant la difficulté et même si son caractère extraverti pouvait masquer une tendance
profonde à la dépression, il était tout sauf suicidaire. Alors ? Alors les causes immédiates de son
choix sont peut-être à chercher ailleurs, dans
une décision à la fois stoïque et altruiste dont un
communiqué, publié après sa mort par le conseil
d’administration de son groupe, a ainsi rendu
compte : « La totalité des emprunts souscrits
par le groupe fait l’objet d’une couverture en
cas de décès de son fondateur. Cette garantie a été confirmée par les compagnies d’assurances et permettra de désendetter totalement le groupe en 2003. » Bernard Loiseau
s’est donné la mort pour que vive son oeuvre.
PIERRE RIVAL
FAUT!IL BRÛLER LA CRITIQUE ?
Le suicide de Bernard Loiseau a fait au
moins un dommage collatéral : les chroniqueurs gastronomiques. Dès l’annonce
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
21
de sa mort, le chef Paul Bocuse incrimine
le guide GaultMillau, dont l’édition 2003
vient d’abaisser la note du restaurant La
Côte d’Or. Jacques Pourcel, président de
la chambre syndicale de la haute cuisine
et chef du Jardin des Sens à Montpellier,
surenchérit dans une lettre circulaire à
ses adhérents : « Ce sont les journalistes
qui ont tué Bernard Loiseau. » Et de s’en
prendre au critique François Simon du
Figaro qui avait affirmé dans un article que
la troisième étoile Michelin de La Côte d’Or
était sur la balance. Pour protester contre
ces propos, qu’il juge outranciers, un autre
grand chef, Alain Ducasse, démissionne
alors de la chambre syndicale. Mais son
désaccord passe inaperçu. Pour l’opinion
et les médias, Bernard Loiseau est mort,
victime de la critique.
28
République tchèque
Un nouveau président de la République
L’ancien Premier ministre libéral Vaclav Klaus, âgé
de soixante et un ans, est élu président de la République tchèque, au troisième tour du scrutin, face au
professeur de philosophie Jan Sokol, soixante-six ans,
chrétien et ancien dissident de la Charte 77 pour les
droits de l’homme. Vaclav Klaus devance son adversaire avec une courte majorité de 142 voix parmi les
280 députés et sénateurs présents.
Autriche
Un nouveau gouvernement avec
l’extrême droite
Le président autrichien Thomas Klestil nomme formellement les 18 membres de la nouvelle équipe
gouvernementale – 14 hommes et quatre femmes
– sur proposition du chancelier Wolfgang Schüssel,
qui conserve sa fonction, de même que, aux Affaires
étrangères, Benita Ferrero-Waldner. Le parti conservateur du chancelier occupe 11 des 18 sièges. Le
parti d’extrême droite autrichien (FPÖ) ayant accepté
de reconduire sa participation au gouvernement
avec les conservateurs, mise en place depuis février
2000, Herbert Haupt devient vice-chancelier. Il remplace Susanne Riess-Passer, qui avait démissionné en
septembre. La rupture de l’alliance des deux partis
coalisés avait conduit le chancelier Schüssel à organiser des élections législatives anticipées le 24 novembre dernier. L’extrême droite, grande perdante
de ces élections avec 10 % des voix contre 27 % au
scrutin précédent, détiendra moitié moins de portefeuilles qu’auparavant, avec trois ministres d’État. Le
parti conservateur (ÖVP) avait remporté 42,3 % des
suffrages. Après l’échec de ses négociations avec les
Verts, Wolfgang Schüssel avait le choix entre les sociaux-démocrates (SPÖ), deuxième parti d’Autriche,
et le FPÖ.
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Mars
1
Pakistan
Arrestation d’un chef d’al-Qaida
Un haut responsable du réseau terroriste al-Qaida,
Khalid Shaikh Mohammed, figurant sur la liste des
personnes les plus recherchées par le FBI américain,
est arrêté à Rawalpindi, près de la capitale pakistanaise Islamabad, lors d’une opération conjointe
de la CIA et des agents de la sécurité pakistanaise.
L’homme est remis aux autorités américaines. Il est
décrit comme le cerveau opérationnel des attentats
du 11 septembre 2001 aux États-Unis. On le soupçonne également d’être lié à l’attentat perpétré en
avril 2002 contre une synagogue sur l’île tunisienne
de Djerba ainsi que d’être impliqué dans l’enlèvement et l’assassinat, en 2002, du journaliste américain Daniel Pearl, correspondant du Wall Street Journal en Asie du Sud.
2
Voile
La Suisse gagne la Coupe de l’America
La Suisse avec son voilier Alinghi devient le premier
pays européen à remporter la Coupe de l’America,
le plus vieux trophée sportif du monde, grâce à une
victoire 5-0 sur le tenant du titre, Team New Zealand
en baie d’Auckland. Le défi suisse était barré par le
skipper néo-zélandais Russell Coutts, qui avait offert
la coupe à son pays en 1995, avant de la défendre
victorieusement en 2000. La victoire d’Alinghi est
aussi celle du milliardaire genevois Ernesto Bertarelli, trente-sept ans, qui a financé le voilier et recruté
quelques-uns des meilleurs marins du monde.
Turquie
Non aux soldats américains
Le Parlement turc refuse de délivrer son autorisation
au déploiement de 62 000 soldats, 255 avions et
65 hélicoptères américains en Turquie dans la perspective d’une guerre en Irak. En effet, le vote des
députés et sénateurs en faveur du texte défendu
par le gouvernement du Premier ministre Abdullah
Gul n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue parmi les députés présents lors du vote. Le résultat du
scrutin illustre à l’évidence les divisions de la classe
politique turque concernant le soutien qu’il convient
d’apporter à Washington pour une guerre rejetée par
une écrasante majorité des Turcs. Ce vote en forme
de rejet constitue également un revers pour la Maison-Blanche, qui estime que le déploiement de ces
soldats en Turquie est absolument nécessaire pour
ouvrir un front nord en cas de guerre contre l’Irak.
En échange de ce déploiement, les États-Unis comptaient accorder 15 milliards de dollars d’aides à la
Turquie pour compenser l’impact d’une intervention
militaire sur l’économie turque.
Algérie
Visite historique de Jacques Chirac
Le président français Jacques Chirac entame une visite d’État de trois jours en Algérie – la première d’un
président français depuis l’indépendance en 1962 –,
qui s’inscrit dans « la dynamique de refondation des
relations franco-algériennes ». Accueilli chaleureusement par la population, le chef de l’État plaide pour
une « nouvelle alliance algéro-française » devant les
représentants de l’Assemblée populaire nationale
(chambre basse) et du Conseil de la nation (chambre
haute), car la France et l’Algérie ont « une histoire commune avec ses ombres et ses déchirures mais aussi avec
ses pages de vie et d’harmonie ».
4
Philippines
Attentat islamiste
Au moins 15 personnes sont tuées et 50 blessées
à Davao, dans le sud-est des Philippines, dans une
explosion à l’aéroport international de cette ville située à 950 km au sud de Manille. La présidente Gloria
Arroyo accuse des « terroristes » d’être responsables
de l’explosion, la deuxième en moins d’un mois dans
cette ville de 1,2 million d’habitants. Le gouvernement avait à l’époque accusé le principal mouvement séparatiste musulman philippin, le Front Moro
islamique de libération (MILF), d’être responsable de
cet attentat, mais les rebelles avaient démenti. Cet
attentat confirme une dégradation croissante de la
sécurité à Mindanao, la grande île méridionale de
l’archipel philippin, où le tiers musulman de la population lutte pour son autonomie. Depuis les attaques
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
23
du 11 septembre 2001, Mme Arroyo a choisi de jouer
la carte d’une alliance étroite avec les États-Unis.
5
Israël
Attentat meurtrier à Haïfa
L’explosion d’une bombe déclenchée par un kamikaze tue 15 personnes dans un bus à Haïfa. Le gouvernement israélien fait savoir qu’il entend poursuivre sa
stratégie d’incursions et de raids antiterroristes dans
les territoires palestiniens.
9
Malte
« Oui » à l’Union européenne
Les Maltais votent en faveur de l’adhésion à l’Union
européenne, avec 53,6 % de « oui » au cours du référendum consultatif, soit un peu plus de 19 000 voix
d’écart avec le « non ». La participation au référendum s’est élevée à 91 % sur les quelque 300 000 électeurs appelés à voter. Le résultat est contesté par
l’opposition, laquelle estime que le partenariat avec
l’UE est meilleur que l’adhésion. Fort de ce résultat, le
Premier ministre Eddie Fenech Adami devrait convoquer des élections générales. Malte, le plus riche des
dix aspirants à l’Union européenne (avec un produit
intérieur brut de près de 10 000 euros par habitant),
deviendra en mai 2004 le plus petit État membre :
316 km 2. Les autorités maltaises doivent signer le
16 avril à Athènes le traité d’adhésion à l’UE. Des dix
pays candidats invités à entrer dans l’Union en 2004,
Malte est le premier à avoir voté. Les neuf autres pays
doivent décider dans les six prochains mois de leur
adhésion à l’UE.
10
Corée du Nord
Lancement d’un nouveau missile
Après avoir décrété une zone d’exclusion maritime
en mer du Japon du 8 au 11 mars, la Corée du Nord
procède à un nouvel essai de missile sol-mer au large
de sa côte est. Ce missile de courte portée serait semblable à celui tiré par la Corée du Nord le 24 février,
à la veille de l’investiture du président sud-coréen
Roh Moo-hyun. Cet essai aurait pour objectif de forcer Washington à négocier, Pyongyang exigeant des
États-Unis un traité de non-agression et une aide
économique.
11
Antonio Ferrara, un détenu de vingt-neuf ans
condamné pour homicide et vol à main armée et
fiché au grand banditisme, s’échappe grâce à des
complices extérieurs du centre pénitentiaire de
Fresnes (Val-de-Marne), qui ont attaqué le bâtiment
au lance-roquette. Aucun blessé n’est à déplorer
parmi le personnel pénitentiaire. Il s’agit de la quatrième évasion en France depuis le début de l’année.
Les surveillants pénitentiaires réclament des prisons
« spéciales » pour les détenus dangereux.
France
Évasion violente à Fresnes
Pays-Bas
Inauguration de la Cour pénale
internationale
Les 18 juges de la Cour pénale internationale prêtent
serment et élisent leur président – le Canadien Philippe Kirsch, spécialiste de droit international et
auteur de plusieurs publications sur les cours et tribunaux internationaux –, donnant pour la première
fois un visage à ce nouveau tribunal chargé de juger
les auteurs de génocide et les criminels de guerre.
Créée en 1998 par le traité de Rome, la nouvelle cour
voit le jour dans un contexte marqué par l’hostilité
des États-Unis, qui ont refusé de rejoindre la CPI et
mettent en place, à un rythme accéléré, un maillage
d’accords bilatéraux pour soustraire leurs ressortissants à la juridiction de la CPI.
Turquie
Erdogan Premier ministre de Turquie
Le dirigeant du Parti de la justice et du développement (AKP), Recep Tayyip Erdogan, est nommé Pre-
mier ministre par le président Ahmet Necdet Sezer
pour former le 59e gouvernement de la République
turque. Il prend le pouvoir à un moment crucial
pour l’avenir de la Turquie et il hérite d’une situation
économique précaire, qui limite sa marge de manoeuvre. Le nouveau chef du gouvernement devra
en priorité résoudre la question du déploiement de
troupes américaines en Turquie. Malgré l’échec de la
première demande soumise au Parlement le 1er mars,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
24
M. Erdogan demeure convaincu que la Turquie ne
peut pas se permettre de rester sur la touche en cas
de conflit à sa frontière et qu’elle doit coopérer avec
les États-Unis. La Turquie entend envoyer ses propres
troupes au nord de l’Irak pour empêcher les Kurdes
irakiens de saisir les villes de Mossoul et de Kirkouk,
ou de déclarer un État indépendant au nord de l’Irak.
12
Serbie
Assassinat du Premier ministre
Le Premier ministre de Serbie Zoran Djindjic, cinquante ans, meurt après avoir été gravement blessé
par un tireur d’élite sur le parking du siège du gouvernement serbe à Belgrade. Le gouvernement estime
que les conditions sont réunies pour la proclamation
de l’état d’urgence sur tout le territoire de la Serbie.
Zoran Djindjic avait fait l’objet d’une tentative d’assassinat présumée le 21 février dernier. Les positions
pro-occidentales et la volonté de réforme de Zoran
Djindjic, qui faisait partie de la coalition d’opposition
ayant entraîné la chute du président Slobodan Milosevic en octobre 2000, lui avaient attiré de nombreux
ennemis. C’est lui qui avait ouvert la voie à l’extradition en juin 2001 de Slobodan Milosevic vers le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye où l’ancien
dirigeant est actuellement jugé pour génocide et
crimes contre l’humanité pour les atrocités perpétrées en Croatie, en Bosnie et au Kosovo. Le lundi
24, l’assassin présumé du Premier ministre serbe est
arrêté, indique le nouveau Premier ministre serbe
Zoran Zivkovic : il s’agit de Zvezdan Jovanovic, surnommé Zveki, commandant adjoint de l’unité pour
des opérations spéciales (JSO), connue sous le nom
des « bérets rouges ».
14
France
Mort de J.-L. Lagardère
L’industriel Jean-Luc Lagardère, patron du groupe
Lagardère, qui comprend entre autres fleurons Matra
et Hachette, décède à l’âge de soixante-quinze ans à
l’hôpital parisien Lariboisière. Il y avait été hospitalisé
d’urgence le 8 mars dernier, victime d’une grave infection virale contractée à la suite d’une intervention
chirurgicale à la hanche, le 27 février. Il a succombé à
une maladie neurologique auto-immune rare, appelée encéphalomyélite aiguë disséminée.
Lagardère, de père en fils
Quelques semaines après la disparition de
Giovanni Agnelli, le flamboyant patron de
Fiat, meurt à son tour Jean-Luc Lagardère,
P-DG de la holding homonyme qui contrôle,
avec les Allemands, le premier groupe
aéronautique européen, EADS, et le premier
groupe européen d’édition,
Hachette-Vivendi.
Tout commence en 1928 dans le Gers. JeanLuc naît dans une famille gasconne, dont le
père, ingénieur, officiera plus tard au sein de l’Office national d’études et recherches aérospatiales.
Le jeune homme héritera donc de la passion paternelle pour les avions et suivra sans peine des
études techniques à l’école Supélec, dont il sort
diplômé au tournant des années 1950. Il entre
alors chez Dassault. Jean-Luc, sportif au physique
avantageux, est un homme pressé. Il a rencontré
Sylvain Floirat et Marcel Chassagny, dirigeants
de la société Matra, fournisseur de Dassault en
matériel électronique. Il les rejoint en 1963 et,
avec eux, il va faire de Matra sa rampe de lancement. Dans les années qui suivent, la société va
s’imposer dans le domaine du matériel militaire et
participer au lancement du premier satellite français, Astérix, comme à celui de la première fusée
française, Diamant, en 1965. De quoi confirmer
chez le fougueux ingénieur la fibre nationale et la
volonté de devenir un grand opérateur industriel.
L’homme pressé
Cela passe par une recherche de la notoriété :
Lagardère, qui est devenu directeur général de
l’entreprise, lance alors celle-ci dans l’automobile, convaincu que c’est là le meilleur moyen
d’obtenir une visibilité maximale. Dès 1969,
Matra obtient un titre mondial en F1 avec Jackie
Stewart au volant, puis trois titres aux 24 Heures
du Mans de 1972 à 1974. Jean-Luc Lagardère
est devenu un familier des allées du pouvoir. De
nombreuses photos le montrent en compagnie
du général de Gaulle, de Georges Pompidou et
de Valéry Giscard d’Estaing. Il sait utiliser ces
augustes relations.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
25
Lagardère a mis un premier pied dans les médias
dès 1974 en prenant le contrôle d’Europe 1 que
possédait déjà son mentor, Sylvain Floirat. Il y
fera s’épanouir toute une nouvelle génération
de journalistes – Étienne Mougeotte, Gérard Carreyrou, Anne Sinclair, Ivan Levaï, notamment –,
mais, surtout, il donnera à l’information de la station un ton plus consensuel, moins impertinent
vis-à-vis du pouvoir. Le pouvoir s’en souvient en
1980 en favorisant la reprise du géant de l’édition Hachette par l’homme de Matra. Une reprise
qui sera renforcée par l’absorption du groupe de
magazines dirigé par Daniel Filipacchi, qui possède déjà des titres prestigieux comme Elle et
Paris-Match. Très vite, Hachette va devenir le
n°1 mondial de la presse magazines.
Le Gascon possède désormais une solide présence dans les trois secteurs clés de l’automobile, de la technologie et de la communication. Il
a 53 ans, mais l’aventure est loin d’être achevée.
La gauche est arrivée au pouvoir. Parmi ses promesses de campagne figure la nationalisation de
Matra. Les relations de Lagardère se situent plutôt à droite de l’échiquier politique. Mais Pierre
Mauroy, le Premier ministre et maire de Lille,
tient à la réussite du métro de sa ville, construit
par Matra. Lagardère obtiendra ainsi que son
entreprise ne soit nationalisée qu’à 51 %, ce qui
lui permettra, six ans plus tard, après l’alternance
politique, de réaliser un joli coup de force : celui
de devenir, à l’occasion de la reprivatisation de
sa firme, l’actionnaire de référence, alors qu’il ne
possède en propre que moins de 6 % du capital.
Les années 1980 et 1990 sont aussi celles de la
communication triomphante. Lagardère entend
y participer et veut sa chaîne de télévision. Il
va pourtant manquer la privatisation de TF1 à
laquelle il avait présenté sa candidature. Il croit
enfin trouver l’occasion avec la reprise de la
Cinq, abandonnée par son premier opérateur,
le magnat de la presse écrite, Robert Hersant. Le
désastre est au rendez-vous. La Cinq finit piteusement en 1992. Lagardère s’est trompé du tout
au tout, voulant contrer frontalement TF1, alors
qu’il aurait fallu définir un positionnement différent pour cette chaîne.
Une fin de vie somptueuse
Le Gascon sait rebondir et il profite de cet échec
pour réorganiser son groupe. L’entreprise Matra-
Hachette s’exprime désormais au travers d’une
commandite par actions à deux têtes : Jean-Luc
Lagardère, à titre personnel, et une société qu’il
contrôle avec son fils Arnaud et ses principaux
collaborateurs, ceux qu’on a appelés souvent les
« Matra Boys » ou les « Lagardère Boys ».
Les dernières années de J.-L. L. vont être marquées par le double renforcement de sa présence dans l’aéronautique et la communication.
Le groupe vise la reprise de Thomson, qu’Alain
Juppé avait estimé à moins d’un franc de valeur.
La gauche, revenue au pouvoir en 1997, en
donne le contrôle à Alcatel, au grand dam de
Lagardère. Celui-ci va cependant recevoir une
très grande compensation sur un autre dossier :
en 1998, une vaste opération, chapeautée par
les gouvernements allemand et français, aboutit d’une part à la reprise d’Aérospatiale par le
groupe Lagardère et, d’autre part, au rapprochement de l’ensemble français de l’avionneur
allemand DASA pour constituer le groupe EADS,
n° 2 mondial de l’aéronautique. Avec seulement
15 % du capital de la holding française, JeanLuc Lagardère devient coprésident, auprès de
l’Allemand Jürgen Schrempp, de ce nouveau
mastodonte.
2002 est l’année de l’édition. Après la déconfiture de Jean-Marie Messier à la tête de Vivendi
Universal, son successeur, Jean-René Fourtou,
cherche à se débarrasser des activités jugées
non essentielles à la survie du groupe. Parmi
celles-ci, le pôle édition (Larousse, Nathan, etc.).
Malgré l’opposition d’une partie de la profession, les autorités en place favorisent, une fois
encore, la solution Hachette-Lagardère.
Après la mort de son père, Arnaud Lagardère
prend la tête d’un groupe puissant et en bonne
santé. Mais l’heure des choix viendra sans doute
assez vite, entre le maintien tel quel du groupe
ou le développement de son pôle communication. Symboliquement, quelques jours après
l’arrivée d’Arnaud, l’usine historique de Matra
automobile à Romorantin ferme ses portes.
JULES LECHANC
LE GROUPE LAGARDÈRE
Médias
Chiffre d’affaires : 8 milliards d’euros
Hachette livre : Fayard, Grasset, Hatier,
Hachette jeunesse, Guide du routard, etc.
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26
Vup : Larousse, le Robert, Bordas, Nathan,
Laffont, Pocket, etc.
Hachette Filipacchi Médias : Elle, Match,
Première, la Provence, etc.
Hachette distribution services : premier
distributeur de presse mondial (Virgin,
Relay, etc.)
Lagardère Active : chaînes télé thématiques (Canal J), radios (Europe 1, RFM),
production, distribution
Hautes technologies
Chiffre d’affaires : 4,3 milliards d’euros
15,14 % d’EADS, n° 2 mondial de l’aéronautique (Eurocopter, Airbus, Ariane)
Automobile
Chiffre d’affaires : 782 millions d’eurosMatra automobile (en cours de sortie du
groupe)
15
République centrafricaine
Coup d’État
En l’absence du président Ange-Félix Patassé parti
à Niamey pour assister à un sommet régional, les
troupes du général Bozizé, ancien chef d’état-major
limogé, entrent à Bangui sans rencontrer de réelle
résistance. Les 350 hommes de la force de paix de la
CEMAC (la Communauté économique et monétaire
de l’Afrique centrale) n’ont pas pris part aux combats.
Le général Bozizé s’autoproclame président de la
République et annonce la suspension de la Constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale et du
gouvernement, ainsi qu’une période transitoire de
« redressement national ». Il s’engage aussi à organiser à terme des élections démocratiques et transparentes et se fixe pour priorité la lutte contre la bureaucratie gouvernementale et contre la pandémie
de sida. La France déploie 300 soldats sur l’aéroport
de Bangui pour contrôler son accès et permettre
l’évacuation des étrangers. Le président Patassé avait
survécu à cinq coups d’État.
16
Irak
Sommet Bush, Blair et Aznar
Un sommet tripartite réunit George W. Bush, Tony
Blair et José Maria Aznar dans l’archipel portugais des
Açores. Les trois alliés le plus proches sur la question
irakienne examinent comment obtenir l’appui du
Conseil de sécurité pour leur projet de résolution autorisant le recours à la force contre le régime de Saddam Hussein. Dans le même temps, des centaines de
milliers de pacifistes, notamment en France et aux
États-Unis, se mobilisent dans le cadre d’une journée
internationale contre la guerre en Irak.
17
Irak
Ultimatum de Bush à Saddam
Pour la première fois depuis le début de la nouvelle
crise irakienne à l’automne dernier, un ultimatum
est fixé par les États-Unis, appuyés par l’Angleterre
et l’Espagne, à Saddam Hussein pour désarmer : le
président américain exige l’exil dans les 48 heures du
président irakien et de ses deux fils. Le 18, les plus
hautes instances dirigeantes irakiennes rejettent
l’ultimatum américain. Washington considère que
ce rejet signe la fin des efforts diplomatiques pour
résoudre pacifiquement la crise irakienne.
19
Proche-Orient
Abou Mazen, Premier ministre
palestinien
Le numéro deux de l’OLP Abou Mazen (nom de
guerre de Mahmoud Abbas) accepte le poste de
Premier ministre sur proposition de Yasser Arafat au
Comité exécutif de l’OLP. Âgé de soixante-huit ans,
M. Mazen occupe actuellement le poste de secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP et fait
figure de bras droit de Yasser Arafat. Il dispose de
trois semaines pour former un gouvernement et le
présenter au Parlement. En cas d’échec à l’issue de
cette période, le président de l’Autorité palestinienne
sera contraint de désigner un remplaçant.
20
Irak
Début de l’offensive américaine
Les forces terrestres américaines et britanniques pénètrent dans le sud de l’Irak, prenant, avec l’aide des
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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troupes britanniques, le contrôle de la ville portuaire
irakienne d’Oum Qasr, à la frontière avec le Koweït. Il
s’agit du début de la principale offensive des troupes
alliées, nommée Opération Freedom Iraq par les
États-Unis. La capitale irakienne est également bombardée. Le Parlement turc ouvre l’espace aérien du
pays à l’aviation américaine. Le 24, les troupes de la
coalition approchent à quelque 100 km de Bagdad.
Le général Tommy Franks, commandant de l’opération, affirme alors que les forces américano-britanniques ont rencontré une « résistance sporadique ».
Nigeria
Violences dans la région pétrolifère
Des violences se produisent au sud de la ville de
Warri, dans la région du delta du Niger, et font une
dizaine de morts, dont deux soldats et un officier.
Elles obligent la compagnie anglo-hollandaise Shell,
conformément aux mesures de sécurité, à fermer
deux stations de pompage dans l’État nigérian du
Delta, réduisant ainsi sa production de 30 000 barils
par jour. Les travailleurs sont évacués. Les affrontements entre des militaires et des jeunes ont commencé le 13 mars, quand ces derniers ont barricadé
les voies navigables et empêché la circulation des
péniches et autres embarcations. Les jeunes des
communautés des régions productrices de pétrole
accusent les compagnies pétrolières de polluer leur
environnement et de ne rien investir en retour. Cellesci ont l’habitude de perturber l’exploitation pétrolière
en signe de protestation. Ces affrontements se produisent à moins d’un mois de la tenue de l’élection
présidentielle à laquelle le chef de l’État sortant, le
général Olusegun Obsanjo, entend se présenter.
Chronique d’une guerre annoncée
Désigné par les États-Unis comme la deuxième cible – après l’Afghanistan – de la
guerre contre le terrorisme, l’Irak est au
coeur d’âpres polémiques entre les partisans de la guerre, conduits par Washington
et Londres, et ses opposants, menés par la
France, depuis la résolution du 8 novembre
2002 réintégrant la crise irakienne dans le
cadre onusien.
Sur fond de préparatifs militaires, la bataille
diplomatique fait rage à l’ONU, où le camp de
la paix veut laisser ses chances au processus de
désarmement, Américains et Britanniques cherchant à rallier une coalition mandatée par l’ONU
autour d’une guerre dont le but avoué est le
renversement de Saddam Hussein autant que la
neutralisation des armes de destruction massive
qui lui sont imputées. Déclenchée le 20 mars, la
guerre devra se passer d’une caution de l’ONU,
qui sort très affaiblie de cette longue crise.
En finir avec Saddam Hussein
La deuxième guerre du Golfe aura bien lieu,
qui terminera le « travail » de la première et
en finira une fois pour toutes avec le régime
de Saddam Hussein, que George Bush senior
avait préféré épargner et que George W. Bush,
devenu président des États-Unis dix ans après
son père, veut chasser de Bagdad – sa présence
étant ressentie comme un défi permanent et
attentatoire à la sécurité de l’Amérique et du
monde. L’éventualité, certes frappée du sceau
d’une détermination américaine renforcée par
le traumatisme des attentats du 11 septembre
2001, a vite pris figure de postulat alors que se
précisaient la logique et les cibles de la « guerre
contre le terrorisme » déclarée par les États-Unis
et dont la campagne militaire contre l’Afghanistan, qui devait en déloger en décembre 2001 le
régime des talibans et ses protégés d’al-Qaida
et placer au pouvoir à Kaboul un gouvernement
« ami », était présentée comme le prélude. À la
spontanéité de cette opération de représailles,
qui bénéficiait de l’aval déclaré ou tacite de la
communauté internationale reconnaissant aux
États-Unis le droit à la légitime défense exercé
contre un pays passant pour le centre nerveux
du terrorisme islamiste international, devait en
effet succéder une stratégie concertée de l’administration américaine, s’appuyant sur ses idéologues les plus conservateurs pour neutraliser la
nébuleuse de forces occultes protégées par une
série de pays jugés dangereux par Washington.
« États voyous »
Dès janvier 2002, dans son discours sur l’état de
l’Union, le président Bush avait pointé du doigt
les pays dits de « l’axe du mal », la Corée du Nord,
l’Iran et l’Irak, ce dernier étant présenté comme
l’élément le plus nocif d’un trio qui rassemblerait les plus maléfiques des « États voyous » stigmatisés par la précédente administration. Dans
la ligne de mire de G.W. Bush et des faucons du
Pentagone, qui exercent une influence croissante sur la Maison-Blanche, l’Irak conserverait
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toute sa capacité de nuisance, servie par des
armes de destruction massive dont Saddam
Hussein n’aurait jamais cessé la production depuis sa défaite dans la guerre du Golfe de 1991,
et constituerait donc une menace pour ses voisins et pour le reste de la planète s’il les mettait
à la disposition du terrorisme international. Si
Washington n’a pu établir la preuve d’une implication du régime de Bagdad dans les attentats
du 11 Septembre, ces accusations récurrentes
ont alimenté une rhétorique guerrière qui vaudra à l’administration Bush l’adhésion d’une
grande partie de l’opinion américaine, observant avec enthousiasme le déploiement d’un
impressionnant dispositif militaire aux portes
de l’Irak, pour qui l’année 2002 aura été un long
sursis avant une inéluctable confrontation à
laquelle le Congrès devait donner son feu vert
en août. Restait à convaincre la communauté internationale, et plus particulièrement ses partenaires européens et musulmans, que la fameuse
doctrine de « guerre préventive », définie par
Washington à partir d’une interprétation plutôt
libre de la résolution 1368 de l’ONU du 12 septembre 2001 reconnaissant le droit à la légitime
défense contre les auteurs des attentats et ceux
qui les soutiennent, pourrait s’appliquer à l’Irak.
Consciente des accusations d’unilatéralisme et
d’hégémonisme dont elle fait l’objet dans son
approche des réalités internationales, en butte à
de pesants soupçons concernant les motivations
d’une guerre aux forts relents pétroliers, et soucieuse plus prosaïquement de former une coalition dont elle sait pertinemment qu’elle n’aura
jamais l’ampleur de celle constituée en 1991
pour chasser les troupes irakiennes du Koweït,
l’administration Bush cherchera à doter d’un
cadre légal la campagne militaire à venir contre
l’Irak. Concédée au secrétaire d’État américain
Colin Powell et au principal allié de Washington
dans cette crise, le Premier ministre britannique
Tony Blair qui prétend alors jouer un rôle de modérateur auprès de Washington, cette démarche
légaliste avait abouti, au terme de débats déjà
vifs au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, à un
texte de compromis voté à l’unanimité le 8 novembre 2002, appelant l’Irak à une coopération
instantanée et inconditionnelle en vue de son
désarmement. Entre-temps, Saddam Hussein,
qui continue à défier les Américains en se faisant
plébisciter à la présidence irakienne par un référendum le 15 octobre, avait accepté le 17 septembre le retour en Irak des inspecteurs en désarmement de l’ONU qui en avaient été chassés
en 1998, espérant ainsi enfoncer un coin dans
une coalition aux contours et à la motivation
incertains et empêcher, ou au moins repousser,
l’échéance d’une offensive militaire. Pourtant,
malgré son caractère consensuel dû à un énoncé
pour le moins évasif, la résolution 1461 ne devait
pas faire illusion longtemps quant à sa capacité
à faire revenir les Américains sur leurs positions
bellicistes. Élaboré à l’initiative notamment de la
France, qui tend dès lors à prendre la tête d’un
front antiguerre au Conseil de sécurité dont
elle assumera la présidence tournante en janvier 2003, ce texte donnera un droit de regard
à l’ONU, mais il n’a aucun caractère dissuasif sur
les États-Unis, qui ne tardent d’ailleurs pas à s’en
prévaloir pour poursuivre leurs préparatifs militaires et légitimer la guerre annoncée.
Bataille diplomatique
Commence une âpre bataille diplomatique au
sein du Conseil de sécurité et dans les couloirs
de l’ONU, opposant deux interprétations contradictoires d’une résolution perçue comme une
chance de sauver la paix ou comme un feu vert
pour lancer la guerre, selon que l’on se trouve à
Paris, à Moscou, à Pékin et à Berlin ou à Washington. La Grande-Bretagne, qui ne désespère pas
de jeter un pont entre la position inébranlable
des États-Unis, apparemment isolés, et celle du
front anti-guerre, massivement soutenue par
l’opinion internationale, y compris britannique,
déploie tous ses efforts en vue de soumettre à
l’ONU une « 2e résolution » qui rendrait la guerre
acceptable. Mais tandis que la commission
d’inspection, de contrôle et de vérification de
l’ONU, sous la conduite du Suédois Hans Blix,
assisté de l’Égyptien Mohammed el-Baradei,
chargé du volet nucléaire du désarmement irakien, reprend du service le 18 novembre 2002
dans les 700 sites d’Irak suspectés d’abriter des
armes de destruction massive ou des preuves de
la volonté du régime de s’en doter, un compromis semble de plus en plus improbable entre les
deux camps : ceux qui, derrière la France, veulent
donner toutes leurs chances aux inspections et
s’en tiennent au principe du containment, qui
verrait Saddam Hussein soumis à un système
continu de surveillance, et ceux qui, derrière les
États-Unis et la Grande-Bretagne, prônent un
ultimatum au maître de Bagdad dont ils veulent
en fait le départ. Ce sont deux logiques antagonistes qui s’affrontent au sein du Conseil de
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sécurité, mettant la diplomatie au service de la
paix ou de la guerre. Une guerre que les Américains semblent décidément vouloir, et qu’ils pré-
parent activement, au vu des dizaines de milliers
de soldats qui se déploient au Koweït – et il apparaît de moins en moins probable qu’ils les retireront avant d’avoir chassé Saddam Hussein de
Bagdad. On ne se pose plus la question de savoir
si cette guerre aura lieu, ni même quand, la météorologie imposant aux stratèges américains de
déclencher les hostilités au début du printemps,
on se demande seulement si elle pourra bénéficier de l’onction de l’ONU. Tous les débats sur le
niveau de coopération de Bagdad, plus ou moins
active, avec les inspecteurs de l’ONU, au fil des
rapports qu’ils présenteront le 15 décembre
2002, le 27 janvier, puis le 7 mars, prennent
l’allure de vaines arguties dès lors que les ÉtatsUnis considèrent la résolution 1461 comme un
compte à rebours vers la guerre, alors que les
pays du front anti-guerre y voient un moyen
pour l’Irak d’y échapper pourvu qu’il se plie aux
exigences de la communauté internationale.
Déclarations martiales
Tandis que les États-Unis multiplient les déclarations martiales, entrant dans une logique de
guerre à laquelle G.W. Bush a préparé son opinion dans son discours sur l’état de l’Union, la
France émet l’éventualité d’un veto dès le 20 janvier, en marge d’une réunion ministérielle sur
la lutte antiterroriste dont elle a eu l’initiative.
Radicalisant sa position, elle ne veut pas d’une
2e résolution qui aurait pour seul but de conférer
la légitimité de l’ONU à une guerre préméditée,
dont l’objectif affiché, après avoir été la neutralisation des armes de destruction massive imputées au régime de Bagdad, se présente comme
le renversement de celui-ci afin d’implanter en
Irak une démocratie qui, par effet de domino,
constituerait un modèle pour une région remodelée et pacifiée. La guerre devrait ainsi laisser
place à une pax americana qui n’inquiète pas
seulement les voisins de l’Irak, mais aussi tous
ceux qui soupçonnent les États-Unis de vouloir
faire main basse sur les ressources pétrolières de
ce pays, sous-exploitées depuis plus de douze
ans en vertu d’un embargo – qui n’en permet
l’exploitation et l’exportation que dans le cadre
du programme « pétrole contre nourriture », reconduit après de vifs débats en décembre 2002
– et convoitées par les compagnies américaines
depuis que les relations se sont refroidies entre
Washington et l’Arabie Saoudite, premier pays
exportateur.
Poussés par Tony Blair à mener la bataille diplomatique pour une 2e résolution qui joue les arlésiennes, les Américains s’évertuent à rallier la
coalition la plus vaste possible, qui leur permettrait, quand bien même les Français, les Russes
et les Chinois opposeraient un veto, de se prévaloir de l’aval de la majorité des 15 membres
du Conseil de sécurité de l’ONU. Une mission
d’autant plus difficile que les sceptiques ne
manquent pas et que les « preuves » avancées
par Colin Powell le 5 février pour les convaincre
de la menace de l’arsenal irakien, et de la collusion du régime de Bagdad avec Ben Laden, ne
sont guère de nature à avoir raison de leur scepticisme, alors que, dans le même temps, l’administration américaine ignore les conclusions de
la commission d’inspection, au risque de fouler
aux pieds le principe et la légitimité mêmes de
cet organisme.
La guerre des mots se durcit le 14 février quand,
au détour du nouveau rapport de Hans Blix, le
ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, plaidant devant la tribune de
l’ONU en faveur de la poursuite des inspections,
sera applaudi par l’assistance, provoquant la
colère des États-Unis.
Alors que des millions de personnes manifestent
contre la guerre à travers le monde, G.W. Bush ne
désespère pourtant pas d’élargir une audience
limitée jusque-là à la Grande-Bretagne et à la
Bulgarie. Multipliant les pressions sur les pays
alliés, notamment en Europe, où coup sur coup
se sont fait entendre des déclarations de soutien
à Washington, isolant ainsi le couple franco-allemand, G.W. Bush fait monter la pression le
6 mars en appelant les pays membres du Conseil
de sécurité à choisir leur camp. J. Chirac relève
le défi en annonçant que le texte proposé au
vote se heurtera à un veto s’il se résume à un
ultimatum. Quand le groupe des six « indépendants » du Conseil de sécurité, dont le Mexique
et le Chili, annonce des abstentions en bloc
pour échapper aux pressions des deux camps, il
apparaît nettement que le camp de la guerre ne
pourra pas obtenir la majorité formelle de 9 voix
qui lui aurait permis de sauver la face.
La partie prend fin le 17 mars, quand Américains,
Britanniques et Espagnols, après un sommet aux
Açores, retirent leur projet de 2e résolution, mettant ainsi un terme à une longue passe d’armes
diplomatique qui cède la place à une veillée
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
30
d’armes. De fait, l’ultimatum de 48 heures lancé
par G.W. Bush à Saddam Hussein pour qu’il quitte
le pouvoir ne laisse plus place au doute, d’autant
que l’on recommande aux inspecteurs de l’ONU,
dont le dernier rapport avait pourtant fait état
de la coopération accrue du régime de Bagdad,
et à tout le personnel onusien de plier bagage.
Le président irakien ayant refusé de désarmer
– c’est-à-dire, dans l’esprit des Américains, de
rendre les armes –, les premiers raids aériens
sont lancés le 20 mars sur Bagdad, sur des cibles
témoignant de la volonté de Washington de l’éliminer. L’opération américano-britannique pour
la « libération de l’Irak » a commencé, sans l’aval
de l’ONU, et avec la réprobation d’une grande
partie de la communauté internationale et tout
particulièrement du monde musulman, même
si l’administration américaine se flatte d’avoir
réuni une coalition d’une quarantaine de pays,
dont la participation se réduit le plus souvent à
un soutien purement verbal.
Si la France cristallise la colère des Américains,
qui la rendent responsable de l’échec diplomatique pour avoir fait obstruction aux procédures
de légitimation, l’hostilité à la guerre est manifeste jusque chez leurs alliés les plus proches,
comme la Turquie, qui confirme le 21 mars son
refus de laisser les forces américaines utiliser
son territoire pour ouvrir un front du Nord qui
prendrait en étau Bagdad depuis le Kurdistan
irakien autonome. Cet autre revers n’entame
pourtant aucunement la détermination des
Américains à livrer une guerre dont les premiers
dommages collatéraux auront frappé l’ONU, en
en ébranlant durablement la crédibilité, provoqué de profondes fractures dans l’UE et l’OTAN
en voie d’élargissement, et renforcé le sentiment
d’humiliation et les rancoeurs dans le monde
musulman.
L’ONU en quête de crédibilité
G.W. Bush n’a cessé de répéter que l’ONU s’était
discréditée dans l’affaire irakienne. La France
porterait une part de responsabilité majeure
dans l’échec diplomatique qui a réduit l’ONU au
rôle de spectateur d’un conflit dont elle devrait
être, par vocation, l’organe de règlement. Un
procès qui fait pourtant bon marché des mécanismes onusiens sur lesquels la France, et derrière elle une grande partie de la communauté
internationale, de la Ligue arabe aux non-alignés, comptait s’appuyer pour gérer la crise
irakienne. Soucieux de garder le contrôle de la
« partie », les États-Unis, pour leur part, n’ont
pas vraiment voulu jouer le jeu, en ignorant le
travail de la commission d’inspection, avançant
leurs propres preuves de l’existence d’un arsenal
irakien d’armes de destruction massive, fussentelles peu convaincantes. Ils donneront ainsi l’impression d’avoir voulu utiliser l’ONU à seule fin
de démonter les suspicions d’unilatéralisme que
leur vaut l’application d’une doctrine de guerre
préventive mise au service de leurs intérêts politiques et économiques. Dans la logique américaine, l’ONU aurait donné des gages de son
sérieux en cautionnant la guerre plutôt qu’en
débattant de sa légitimité. Pourtant, en refusant
de devenir la caisse de résonance de l’hyperpuissance américaine, l’ONU ne s’est pas désavouée
sur le fond. Mais il lui reste à surmonter l’épreuve
en jouant dans l’après-guerre irakien un rôle que
lui conteste déjà Washington, notamment en
reprenant la main sur la question clef de l’inspection des armes de destruction massive, qui a
été le moteur de la guerre et qui commande la
levée des sanctions.
PIERRE MARTIAL
UNE ARMÉE IRAKIENNE
AUX ABONNÉS ABSENTS
La prise de Bagdad intervient trois semaines après le début des opérations, le
9 avril. Tikrit, la ville de Saddam Hussein,
tombe le 14. La guerre est finie. Brisée par
des bombardements aériens massifs, l’armée irakienne n’a pu opposer qu’une très
faible résistance à la montée des forces
blindées américano-britanniques, qui, partant du Koweït, ont franchi en quinze jours
plus de 500 kilomètres. À aucun moment,
l’usage d’armes chimiques n’est venu perturber ce nouvel exemple de Blitzkrieg. Le
commandement irakien a été dans l’incapacité d’opposer une résistance de niveau
stratégique. Les ponts sur le Tigre et l’Euphrate sont restés intacts, tout comme l’aéroport de Bagdad pris par la coalition sans
coup férir. Sitôt qu’il est apparu que les
forces de la garde républicaine, qui avaient
écrasé le soulèvement de 1991, sont définitivement éliminées, les chiites de Bassora
font bon accueil aux soldats britanniques,
en charge de opérations dans ces secteurs,
et se dotent de pouvoirs locaux.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
31
21
UE
Sommet de l’UE
Les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles
pour discuter de la crise irakienne. Malgré leurs divi-
sions, ils décident néanmoins d’adopter une déclaration commune qui réaffirme le rôle fondamental
des Nations unies dans les relations internationales
et plaident pour « un mandat ferme » de l’ONU dans la
perspective de l’après-guerre. En outre, ils soulignent
l’« urgence » à « répondre aux besoins humanitaires
essentiels qu’entraînera ce conflit ».
22
Kyoto
Échec du Forum mondial de l’eau
Le sommet de l’eau se conclut sans qu’aucun engagement soit pris. Les ministres ont adopté une déclaration rappelant la nécessité de combattre la pénurie
de l’eau sur la planète, mais ils ne sont pas arrivés à
prendre des engagements financiers.
23
France
Premier cas de pneumopathie asiatique
Un médecin français est hospitalisé à Paris à son
retour de Hanoi. Il présente les symptômes du SRAS
(syndrome respiratoire aigu sévère), épidémie venue
d’Asie qui a déjà fait 59 morts et quelque 1 610 malades dans le monde. Le premier médecin à avoir
identifié le SRAS, dans un hôpital d’Hanoi, décède à
Bangkok : il s’agit de Carlo Urbani, prix Nobel de la
paix en 1999 avec l’organisation Médecins sans frontières (MSF).
Slovénie
« Oui » à l’UE
Les électeurs slovènes approuvent très nettement
par référendum l’entrée de leur pays dans l’OTAN et
dans l’Union européenne en 2004. Le « oui » à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord l’emporte avec
66,08 % des suffrages, celui à l’Union européenne recueille une confortable majorité de 89,66 % des voix.
La Slovénie est éligible à l’ensemble des critères de
convergence économique définis à Maastricht dans
le cadre de l’union économique et monétaire (UEM).
Il est vrai que ce petit pays peut se targuer de bons
résultats sur le plan économique.
Tchétchénie
Référendum contesté
Les 530 000 électeurs tchétchènes approuvent par
référendum un projet de constitution qui exclut
toute négociation pour l’indépendance. Plus de
96 % des votants ont répondu « oui » à la question
« Acceptez-vous la constitution de la république tchétchène ? », tandis que 2,68 % ont voté contre. Mais ce
référendum est contesté par les ONG et les indépendantistes tchétchènes, qui le considèrent comme
« une farce » et dénoncent les falsifications opérées
dans les bureaux de vote. Le président russe Vladimir
Poutine estime pour sa part lundi que la question de
« l’intégrité territoriale » de la Russie, c’est-à-dire celle
de l’indépendance de la Tchétchénie, était dorénavant « close ». Selon Moscou, la Constitution adoptée
dimanche par la grande majorité des Tchétchènes
stipule en effet l’appartenance « inaliénable » de la
république séparatiste à la Russie.
Cinéma
Les 75e Oscars américains
La 75e cérémonie des Oscars donne lieu à plusieurs
déclarations à propos de la guerre en Irak, notamment celle de Michael Moore, vainqueur de l’oscar du
meilleur documentaire pour Bowling for Columbine,
et celle d’Adrien Brody, vainqueur de l’Oscar du meilleur acteur pour le Pianiste. Chicago remporte l’oscar
du meilleur film, Nicole Kidman, celui de la meilleure actrice pour The Hours, Roman Polanski, celui
du meilleur réalisateur pour le Pianiste et Nowhere in
Africa de Caroline Link (Allemagne), celui de meilleur
film étranger.
Kyoto entre deux eaux
Réuni à Kyoto au milieu du mois de mars, le
troisième Forum mondial de l’eau a élaboré
des pistes concrètes pour mettre l’eau
potable et l’assainissement à la disposition
de tous.
Ce fut l’une des images les plus diffusées
du conflit en Irak, et elle avait aussi sa part
d’ironie. Comment oublier ce gamin irakien de
Bassora, le visage en pleurs, tendant sa gourde
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
32
pour quémander à boire, à travers un grillage, à
des soldats américains impuissants ? Du 16 au
23 mars, au moment où les premiers missiles
Tomahawk pleuvaient sur Bagdad et détruisaient au passage quelques infrastructures
hydrauliques irakiennes, plus de 10 000 représentants venus de 160 pays se réunissaient à
Kyoto (Japon) à l’occasion du IIIe Forum mondial
de l’eau, après ceux de Marrakech (1997) et La
Haye (2000).
La manifestation, organisée par le Conseil mondial de l’eau – une structure privée basée à Paris,
– s’inscrivait dans la continuité du sommet des
Nations unies pour le développement durable
de Johannesburg (septembre 2002). À ce titre,
elle entendait définir une méthode pour atteindre deux des objectifs affirmés six mois plus
tôt en Afrique du Sud : réduire de moitié, à l’horizon 2015, le nombre de personnes privées d’eau
potable (elles sont aujourd’hui 1,3 milliard) et
celui des individus dépourvus d’assainissement
et de sanitaires (2,3 milliards actuellement).
Car la crise de l’eau est telle qu’« elle menace
plus d’êtres humains que les armes de destruction massive », remarque William Cosgrove,
vice-président du Conseil mondial de l’eau. On
estime ainsi que 7 millions de personnes, dont
2 millions d’enfants, meurent chaque année de
maladies dues à la contamination de l’eau. De
plus, « 30 % de la population mondiale n’a pas
assez d’eau », poursuit William Cosgrove. « En
2025, ce sera 50 %. En un siècle, la population mondiale a triplé, et les hommes, en
particulier dans les pays riches, utilisent sept
fois plus d’eau que naguère. À ce rythme,
la planète ne pourra bientôt plus en fournir
suffisamment ».
Une question d’infrastructures
À ces problèmes quantitatifs s’ajoutent de fortes
inégalités de répartition. Si des pays comme
l’Australie, le Brésil, la Russie ou ceux d’Europe
occidentale n’ont pas à craindre pour l’avenir, le
monde arabe est dans une situation particulièrement préoccupante, avec quatre des cinq pays
les plus pauvres en eau. La palme revient sans
doute à la bande de Gaza, avec seulement 52 m3
disponibles par an et par habitant (1 700 m 3,
en moyenne, seraient nécessaires), et la nappe
phréatique y est si surexploitée qu’un affaissement est survenu, produisant une infiltration de
l’eau de mer dans la nappe d’eau douce. Seule
l’adduction peut alors remédier à ce type de
situations, mais elle est coûteuse. Ainsi, un Africain sur deux souffre du manque d’eau, non pas
parce que le continent est globalement touché
par la sécheresse, mais parce que personne
n’y a encore financé les infrastructures nécessaires pour acheminer ou conserver l’eau qui
s’y écoule : l’Afrique a cent fois moins de capacités de stockage que les États-Unis. Il existe en
la matière un sous-investissement chronique.
D’après la Banque mondiale, le secteur de l’eau
ne compte que pour 5 % des investissements
réalisés sur l’ensemble de la planète, à comparer
aux 11 % drainés par l’énergie et aux 52 % engloutis par les télécommunications. Et l’eau ne
bénéficie que de 57 milliards de fonds publics
annuels, soit à peine 3 % de l’aide publique au
développement. Autant d’insuffisances relevées dans un rapport sur le « financement des
infrastructures mondiales d’accès à l’eau »,
que Michel Camdessus, ancien directeur du
FMI, a rendu public au début du mois de mars
à Paris. Pour celui-ci, l’équipement hydraulique
« est un problème de terrain, qui se pose différemment selon les cultures ». S’il requiert un
investissement international massif, notamment
de la part du secteur privé, sa bonne organisation suppose aussi l’intervention de nombreux
acteurs parapublics locaux.
Un impôt mondial de solidarité ?
À l’opposé de ces préoccupations, et comme
il est désormais coutume, plusieurs dizaines
d’ONG, réunies sous la bannière de l’« altermondialisation », ont organisé leur forum alternatif
à Florence (Italie), les 21 et 22 mars. Dénonçant
le rapport Camdessus, qui entérine selon elles
la « privatisation » de l’adduction et de l’assainissement de l’eau à travers le monde, elles
ont notamment plaidé en faveur d’un impôt
mondial de solidarité, appelé à financer la gratuité de l’eau potable dans les régions les plus
pauvres de la planète. Cette idée n’a cependant
pas fait l’unanimité. « C’est un mauvais calcul
de parler de l’eau gratuite », souligne ainsi Olivier Longué, directeur d’Action contre la faim
Espagne. « Les initiatives qu’on met en place
dans les villages quand on fore un puits sont
souvent payantes, ce qui permet de garantir
une durabilité, sinon personne n’entretient les
pompes financées par tel ou tel programme et
elles sont inutilisables au bout de deux ans. »
Tenant compte de ces remarques, la déclaration
finale du forum de Kyoto reprend les principales
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
33
conclusions du rapport Camdessus et appelle
à améliorer la gouvernance de l’eau, afin de la
rendre équitable, transparente et efficace. Cela
passe notamment par trois conditions : sécurisation des grands investissements privés internationaux, notamment en matière de risques
de change ; encouragement juridique et fiscal
aux micro-investissements locaux ; réévaluation de l’aide publique internationale. Ces trois
pistes, explorées conjointement, permettraient
de raccorder quotidiennement 400 000 personnes à un réseau de distribution d’ici 2015,
rythme à soutenir si l’on veut tenir les objectifs
de Johannesburg. Une petite gageure qui représenterait 100 milliards d’euros d’investissements
supplémentaires par an. Une somme à la fois supérieure aux efforts aujourd’hui consentis (soit
80 milliards d’euros par an) et équivalente à la
moitié du coût de la dernière guerre en Irak.
BENJAMIN BIBAS
BARRAGES ET CONFLITS
Le Rapport mondial sur la mise en valeur
des ressources en eau, publié en début
d’année par l’Unesco, établit que le partage
de l’eau est rarement à l’origine de conflits
majeurs entre pays. Ainsi, sur 1 831 « interactions » survenues depuis cinquante ans
entre nations sur les questions d’eau, seules
37 ont donné lieu à des conflits violents.
Ceux-ci surgissent notamment lorsqu’un
barrage construit sur un fleuve par un pays
prive du débit escompté un autre pays traversé par ce fleuve. Un contentieux oppose
par exemple la Turquie et ses voisins syrien
et irakien au sujet des eaux du Tigre et de
l’Euphrate. L’eau du Nil est un enjeu de pouvoir entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie.
L’Inde dispute les eaux de l’Indus au Pakistan et celles du Gange et du Brahmapoutre
au Bangladesh. Quant à Israël, il est déjà
intervenu militairement 18 fois lors de querelles hydrauliques qui l’opposaient à ses
voisins.
25
France
Baisses d’impôt au programme
Jacques Chirac annonce que les baisses d’impôt seront poursuivies « dans la mesure de nos moyens »,
mais ne seront possibles qu’en cas de croissance. Lors
de sa campagne présidentielle, le chef de l’État avait
affiché sa volonté de diminuer les prélèvements obligatoires et s’était engagé à diminuer de 30 % l’impôt
sur le revenu d’ici à 2007.
28
France
Réélection de Bernard Thibault à la CGT
Lors du 47e congrès de la CGT, Bernard Thibault est
réélu à la tête de la confédération. Deux tiers des délégués ont adhéré aux orientations proposées par ce
dernier, qui pourra donc continuer l’important travail
de réforme entamé lors du 46e congrès. Les débats
animés révèlent toutefois l’inquiétude des militants
ainsi que les résistances aux évolutions les plus marquantes de la CGT face à l’identité nouvelle de leur
syndicat.
30
Rugby
Le Grand Chelem pour l’Angleterre
Grâce à une victoire sur l’Irlande obtenue sur le score
sans appel de 42 points à 6 à Dublin, le XV de la Rose
termine le Tournoi des Six Nations avec cinq victoires
en cinq rencontres. L’Angleterre succède au palmarès
à la France, vainqueur de l’édition 2002.
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34
Avril
1
Europe
Relève de l’OTAN par des forces de l’UE
en Macédoine
Une force militaire de l’Union européenne (EUFOR),
composée de 350 soldats, remplace les militaires de
l’OTAN présents depuis deux ans en Macédoine afin
d’assurer le maintien de la paix. Baptisée Concordia,
cette mission doit poursuivre pendant six mois les
actions menées par l’OTAN. Placés sous le commandement du général français Pierre Maral, les soldats
sont issus de tous les pays de l’UE à l’exception du
Danemark et de l’Irlande, attachés à leur neutralité.
Modeste sur le plan militaire, cette force revêt une
importance politique majeure. Elle constitue un test
pour l’Europe de la défense. Il s’agit de la première
manifestation concrète de la politique étrangère et
de sécurité commune (PESC). Jusqu’à présent, l’UE
s’était contentée de prendre la relève des forces
de police de l’ONU en Bosnie. Si Concordia donne
satisfaction, les Treize pourraient remplacer la Force
de stabilisation de l’OTAN en Bosnie (SFOR), constituée de 12 000 hommes, vers 2004. D’ici là, une force
de réaction rapide destinée à regrouper à terme
60 000 soldats de l’UE devrait être opérationnelle dès
le mois de mai pour des missions humanitaires ou de
maintien de la paix. Selon un haut responsable européen, « des forces de l’UE pourraient être déployées dans
le Caucase ou en Afrique » à plus long terme.
3
France
Congrès du PCF
Le parti communiste français inaugure son Congrès
à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), alors
que sa direction doit faire face à une montée de la
contestation après l’échec de Robert Hue, qui a recueilli moins de 3,5 % des suffrages au premier tour
de la présidentielle, soit le plus bas score de l’histoire
du PCF, et celui du PCF aux législatives. Les « orthodoxes » reprochent à l’actuelle direction bicéphale
Robert Hue - Marie-George Buffet d’avoir fait en 1997
le choix de la « gauche plurielle » et de la participation au gouvernement, et contestent la « mutation »
du parti engagée en 2000 par le président sortant.
Ce dernier a décidé qu’il ne serait pas candidat à sa
propre succession. Quant à l’ancienne ministre des
Sports, tête de liste et candidate unique, elle entame
une autocritique sur sa participation au gouvernement Jospin. Le 6, Marie-George Buffet est réélue
secrétaire nationale. La seule liste soumise au vote,
comportant les 222 membres du Conseil national
du parti, est votée par 76,16 % des délégués, mais
23,84 % d’entre eux refusent leur aval à cette direction en glissant un bulletin nul dans l’urne. Une liste
concurrente de 31 noms pour le Conseil national, défendue par le député de la Somme Maxime Gremetz,
a même été présentée contre la liste défendue par la
direction, avant que la Commission des candidatures
n’annonce qu’une seule liste, celle de la direction, serait finalement soumise aux délégués, en application
des statuts. La nouvelle secrétaire nationale lance
un appel aux déçus du PCF pour qu’ils reviennent
construire un « printemps du communisme ».
4
Irak
Les Américains à l’aéroport de Bagdad
L’aéroport international Saddam-Hussein, situé à
20 km au sud-ouest de Bagdad, est pris par les forces
de la coalition américano-britannique à l’issue de violents affrontements. Selon les autorités américaines,
le contrôle de ce site va permettre son utilisation par
les forces de la coalition et empêcher les dirigeants
irakiens de s’en servir pour fuir par les airs. La journée
est marquée par la première reddition massive de
soldats irakiens – 2 500 parmi eux se sont rendus aux
marines américains qui remontent vers la capitale
irakienne. Le 5, les forces américaines entrent dans
le centre de Bagdad pour effectuer des missions de
reconnaissance.
Mathématiques
Un nouveau prix pour Jean-Pierre Serre
Le mathématicien français Jean-Pierre Serre, âgé de
soixante-dix-sept ans, reçoit le premier prix Abel, créé
par l’Académie des sciences et des lettres de Norvège
pour remédier à l’absence de prix Nobel de mathématiques. Ce prix porte le nom d’un mathématicien
norvégien prodige, Niels Henrik Abel, mort prématurément à vingt-six ans en 1828. La médaille Fields était
jusqu’à présent considérée comme la plus haute distinction dans ce domaine de recherche. Jean-Pierre
Serre, professeur au Collège de France, déjà titulaire
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
35
de la médaille Fields et son plus jeune récipiendaire
à vingt-huit ans, doit son prix Abel à « son rôle central
dans l’élaboration de la forme moderne de nombreux
domaines des mathématiques, notamment la topologie, la géométrie algébrique et la théorie des nombres ».
Un mathématicien français
inaugure le prix Abel
Le premier prix Abel, présenté comme
le « prix Nobel des mathématiques », a
été attribué le 3 avril par l’Académie
des sciences et des lettres de Norvège à
Jean-Pierre Serre, professeur honoraire au
Collège de France, pour son « rôle central dans
l’élaboration de la forme moderne de nombreux
domaines des mathématiques ».
Ce prix, qui porte le nom du mathématicien
norvégien Niels Henrik Abel dont on marquait le bicentenaire de la naissance en 2002,
consacre la longue carrière du chercheur français de soixante-dix-sept ans dont les travaux
sur les mathématiques abstraites, qui ont trouvé
d’importantes applications, ont déjà été couronnés par de nombreux prix.
Depuis 1901, le prix Nobel récompense chaque
année les scientifiques, écrivains ou hommes
politiques dont les oeuvres et travaux ont été
jugés le plus méritoires. Curieusement, la très
docte institution scandinave n’a jamais inscrit
les mathématiques à son palmarès, un refus qui
ne doit rien à la logique scientifique mais qui
est motivé par un très volontaire oubli, dit-on,
de son fondateur, l’inventeur de la dynamite Alfred Nobel. Selon une anecdote rapportée dans
les alcôves de l’institution, les mathématiques
auraient fait les frais d’une basse vengeance
du chimiste suédois, sa maîtresse Sophie Hess
l’ayant abandonné pour son compatriote, le mathématicien Gosta-Magnus Mittag-Leffler. Toujours est-il qu’il a fallu attendre un siècle pour
que cette lacune soit comblée et que justice soit
enfin rendue aux mathématiques, qui se voient
désormais gratifier d’une distinction qu’elles ne
partageront avec aucune autre discipline scientifique, le prix Abel, fort généreusement doté de
770 000 euros, sous les auspices de la seule Académie des sciences et des lettres de Norvège. Ce
prix, en forme d’hommage au célèbre mathématicien norvégien Niels Henrik Abel, a été inauguré le 3 avril par le Français Jean-Pierre Serre.
Un palmarès impressionnant
À l’âge de soixante-dix-sept ans, le mathématicien français se voit ainsi récompenser pour sa
« large contribution au progrès des mathématiques durant plus d’un demi-siècle », consécration d’un long et brillant parcours scientifique jalonné de multiples prix, à commencer
par la prestigieuse médaille Fields dont il est le
plus jeune récipiendaire en 1954 pour ses travaux en théorie des espaces analytiques complexes en collaboration avec Henri Cartan. Né le
15 septembre 1926 à Bages, dans les PyrénéesOrientales, Jean-Pierre Serre a fait ses classes à
l’École normale supérieure avant obtenir le titre
de docteur ès sciences à la Sorbonne en 1951. Il
accumulera ensuite les titres et les distinctions,
poursuivant ses travaux de recherche au sein du
CNRS où il occupe plusieurs postes tout en enseignant, d’abord en qualité de maître de conférences à la faculté des sciences de l’université de
Nancy, puis à partir de 1956 au Collège de France,
dont il est aujourd’hui professeur honoraire.
Commandeur de la Légion d’honneur et grand
officier de l’ordre national du Mérite, membre de
l’Académie des sciences, il a collectionné, après
la médaille Fields, tous les prix existants dans le
domaine des mathématiques : le prix Gaston-Julia en 1970, le prix Balzan en 1985, la médaille
d’or du CNRS en 1987, le prix Steele en 1995 et le
prix Wolf en 2000. Le prix Abel vient donc compléter, ou plutôt enrichir, cet impressionnant palmarès, qui témoigne de la fécondité du travail de
Jean-Pierre Serre, récompensé par l’institution
norvégienne « pour son rôle central dans l’élaboration de la forme moderne de nombreux
domaines des mathématiques ». Ses travaux
dans le domaine de « la topologie, la géométrie
algébrique, la théorie des nombres et l’étude
de leurs propriétés élémentaires » ont été tout
particulièrement salués à Oslo, où l’on a souligné
les importantes applications qu’ont trouvées les
contributions du chercheur français, même si ses
efforts ont surtout porté sur des mathématiques
plus abstraites. Les travaux de Jean Pierre Serre
ont ainsi permis de mieux comprendre certains
problèmes pratiques que posent « la cryptographie à clé publique et le développement
de codes de corrections d’erreurs efficaces »,
dont la résolution passe par les équations polynomiales (en particulier dans des champs finis).
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Annulations de crédits
Le prestige du prix Abel rejaillit sur l’ensemble
de la communauté mathématique française, qui
manque d’une certaine reconnaissance de la part
du public hexagonal, en dépit de ses nombreux
titres de gloire. Ainsi, six autres mathématiciens
français ont été récompensés par la médaille
Fields, dont Laurent Lafforgue en 2002. Mais
si ce prix, qui couronne tous les quatre ans les
meilleurs mathématiciens de moins de quarante
ans, était considéré jusqu’ici comme un Nobel
des mathématiques, il n’en avait ni la notoriété,
ni le prestige et pâtissait d’une certaine confidentialité. Par ailleurs, la médaille Fields honorait plus un résultat significatif que l’ensemble
d’une oeuvre, comme a vocation à le faire le prix
Abel. Par son prestige et aussi par sa dotation,
le prix Abel devrait donc rendre aux mathématiques la place qui leur revient de droit dans la
constellation des prix scientifiques. En récompensant un mathématicien français, il vient aussi
rappeler le gouvernement de M. Raffarin à ses
obligations envers la recherche, dont les moyens
ont souffert de coupes budgétaires, mettant en
péril certains secteurs. De nombreuses manifestations ont eu lieu au printemps pour soutenir
la recherche publique, que les chercheurs ont
jugée menacée par des annulations de crédit
en décembre et en mars visant des organismes
de recherche, suivies d’un gel des crédits de
laboratoire perturbant leur fonctionnement.
Face à cette levée de boucliers, que n’avait pas
suffi à calmer la levée du gel pour une partie des
organismes par le ministère de la Recherche, le
Premier ministre avait tenté de rassurer les chercheurs le 14 avril, en promettant de tenir d’ici à
2007 les engagements de J. Chirac en faveur de
la recherche.
MAURICE LAGÈBRE
NIELS HENRIK ABEL !1802!1829!
À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, les autorités norvégiennes ont souhaité immortaliser par un prix le nom de
Niels Henrik Abel, qui fut l’un des mathématiciens les plus brillants de son temps.
Le roi de Suède Oscar II avait proposé l’idée
un siècle plus tôt, mais elle avait été abandonnée. Les découvertes mathématiques
d’Abel ont permis de résoudre des problèmes fondamentaux de son époque. Ses
mémoires sur la résolution des équations
algébriques, établissant l’inexistence des
formules algébriques en vue de résoudre
les équations polynomiales de degré 5 sur
lesquelles portaient les recherches depuis
le XIe siècle, ont ouvert la voie aux travaux
de Klein et aux recherches actuelles sur
les fonctions algébriques. C’est à lui que
l’on doit les fonctions elliptiques et, plus
généralement, les intégrales dites « abéliennes », redécouvertes grâce notamment
aux travaux de Riemann, qui révélera bien
plus tard la profondeur des recherches
d’Abel.
6
France
Premières élections des représentants
musulmans
La première étape des élections des dirigeants du
futur Conseil français du culte musulman (CFCM) est
organisée dans les bureaux de vote mis à la disposition par les mairies pour élire 31 des 157 membres de
l’assemblée générale, 12 des 41 membres du conseil
d’administration et une partie des directions régionales. Au total, 4 042 grands électeurs, représentant
992 des 1 316 lieux de culte recensés, sont appelés à
désigner leurs représentants nationaux et régionaux
au scrutin de liste proportionnel. Première instance
représentative de l’islam de France, deuxième religion nationale, le CFCM a vu le jour le 20 décembre
sous la pression du ministre de l’Intérieur Nicolas
Sarkozy. Il doit permettre aux cinq millions de Français de confession musulmane de parler d’une seule
voix après plus de trois ans de négociations. Deux associations musulmanes, l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM-93) et la Coordination des musulmans, ont dénoncé « le caractère
peu démocratique et la faible légitimité » des élections
du CFCM, qu’elles ont appelé à boycotter. Le 13, les
17 régions qui n’avaient pas voté le 6 votent à leur
tour, avec un fort taux de participation de 88,53 %.
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, le vainqueur du scrutin est la Fédération nationale des
musulmans de France (FNMF), proche du Maroc, qui
remporte 20 des 58 sièges du conseil d’administration du CFCM, soit 34 % de sa représentation. L’Union
des organisations islamiques de France (UOIF),
proche des Frères musulmans, et considérée comme
fondamentaliste, et ses affiliés, obtiennent 19 représentants (32 %) et la Grande Mosquée de Paris (GMP),
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
37
15 (26 %). Dans l’assemblée générale, la FNMF aura
60 élus, l’UOIF 58 et la GMP 54.
7
Cuba
Lourdes condamnations d’opposants
L’opposant Hector Palacios, leader de la dissidence
cubaine, est condamné à vingt-cinq ans de prison.
Il est l’un des promoteurs du projet Varela, une initiative réclamant un référendum en vue de réformes
démocratiques et pour lequel les autorités judiciaires cubaines avaient requis la prison à perpétuité.
D’autres dissidents sont condamnés à des peines
de quinze à vingt-cinq ans de prison pour collaboration avec les États-Unis, pour activités subversives
et pour atteinte à la sécurité de l’État. Le gouvernement cubain a annoncé le 18 mars des « dizaines
d’arrestations » de personnes liées à des tentatives
de « complot » menées par le représentant américain
à La Havane, évoquant l’application de lois « sévères
contre des faits graves de complicité avec l’ennemi ». Le
15, 75 opposants déclarés coupables de collaboration avec des diplomates américains sont condamnés à des peines allant de six à vingt-huit ans, pour
un total cumulé de 1 454 années de prison, à l’issue
de procès expéditifs. Une vingtaine de journalistes
indépendants figurent parmi les condamnés. Ricardo
Gonzalez, rédacteur en chef du magazine De Cuba, et
le poète et journaliste Raul Rivero se sont chacun vu
infliger vingt ans de réclusion criminelle. Le ministre
cubain des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque,
affirme que l’hostilité croissante de Washington forçait le régime à se protéger de l’opposition soutenue
par les États-Unis pour saper le système communiste.
9
Irak
Chute de Bagdad
Des troupes américaines progressant sur la rive
orientale du Tigre parviennent dans le centre de
Bagdad, où elles rejoignent des unités qui contrôlent
la rive occidentale. Cette progression intervient
alors que les combattants irakiens ont abandonné
leurs positions dans les rues de ces quartiers et ont
été chassés de la grande banlieue chiite de la ville,
Saddam City, où des scènes de pillage ont été signalées. Des scènes de joie et de pillage sont observées
mercredi dans l’est et le nord-est de Bagdad. D’autres
scènes de pillage ont lieu dans tout le pays, à Bagdad, Bassora ou Saddam City. Des forces américaines
s’emparent du camp de formation de la milice du
parti Baas, dans un quartier de l’ouest de la capitale
irakienne, tandis que des chars américains circulent
dans le centre de la capitale irakienne, devant l’hôtel
Palestine, où résident les reporters couvrant le conflit
irakien à Bagdad. Deux journalistes y ont d’ailleurs
été tués la veille et plusieurs autres blessés par des
tirs américains. Dans les jours qui suivent, l’anarchie
s’étend dans la capitale irakienne, où des milliers de
personnes se livrent à des pillages massifs sans que
les soldats américains n’interviennent.
Espace
Succès d’Ariane 5
La fusée Ariane 5 « générique » place sur orbite de
transfert géostationnaire deux satellites de télécommunications, Insat-3A pour l’Agence spatiale
indienne et Galaxy XII pour l’opérateur international
Panamsat. Elle était paralysée depuis le 11 décembre
dernier, après l’échec du lancement de sa nouvelle
version « 10 tonnes », plus puissante, qui avait été
détruite en vol quelques minutes après avoir dévié
de sa trajectoire de décollage, un échec dû à des
fuites dans le circuit de refroidissement du moteur
principal. C’est la deuxième mission d’une fusée
Ariane pour l’année 2003, la 159e depuis la mise en
service du lanceur européen en décembre 1979. Selon Arianespace, Ariane 5 « dix tonnes » ne reprendra
pas du service avant le courant de l’année 2004, avec
deux lancements de qualification prévus, et seule la
version Ariane 5 « générique » sera utilisée tout au
long de l’année 2003 pour placer des satellites sur
orbite. Cinq ou six tirs sont prévus cette année à Kourou contre douze l’année dernière.
Aéronautique
Annonce de l’arrêt définitif du Concorde
Trois ans après l’accident du 25 juillet 2000 qui avait
fait 113 morts et après plus de vingt-six ans de service, Air France (5 avions) et British Airways (7 avions)
annoncent l’arrêt de l’exploitation du supersonique
en raison de la baisse de la demande, qui atteint
seulement 20 % ces derniers mois. Cet arrêt prendra effet à compter du 31 mai pour Air France et
du 1er novembre pour BA. La direction d’Air France
assure que les incidents signalés depuis la remise en
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
38
service du supersonique n’ont pas constitué un facteur de décision.
Les chars américains à Bagdad
Contre toute attente, les chars américains
sont entrés au coeur de Bagdad sans rencontrer de véritable résistance le 10 avril,
scellant la chute du pouvoir irakien
dont les responsables, à commencer
par Saddam Hussein, ont disparu.
Mettant un terme à trois semaines d’une
guerre qui a laminé l’armée irakienne, la
bataille de Bagdad assure aux Américains et aux
Britanniques le contrôle de l’Irak. Mais ils peinent
à mettre en place une administration provisoire,
en butte à une situation d’anarchie provoquée
par des pillages et à l’hostilité d’une grande
partie de la population, tandis que commence
à l’ONU une autre bataille pour faire accepter le
fait accompli à la communauté internationale.
La « mère des batailles »...
Engagée le 4 avril avec la prise aisée de l’aéroport
Saddam-Hussein, la bataille de Bagdad n’a finalement pas eu lieu, faute d’une réelle résistance de
la part d’une armée dont les meilleurs éléments
étaient censés s’être retranchés dans la capitale
irakienne, où n’a jamais cessé de battre le coeur
d’un pouvoir aux abois depuis le déclenchement
de l’offensive américano-britannique, le 20 mars.
Annoncée comme la « mère des batailles » par le
régime irakien qui prétendait réserver un accueil
sanglant aux forces de la coalition, la bataille
pour le contrôle de Bagdad a presque pris l’allure
d’une promenade de santé pour les chars américains qui, appuyés par une aviation exerçant un
contrôle exclusif sur l’espace aérien irakien, pénétreront le 10 avril dans le centre de la capitale avec
une facilité démentant les pronostics de bien des
experts militaires. Après avoir enfoncé les lignes
irakiennes déployées dans les faubourgs de Bagdad, les blindés américains avaient pris position
dès le 7 avril sur la rive droite du Tigre, occupant le
vaste complexe présidentiel d’où ils pilonneront
sans relâche les forces irakiennes encore capables
de riposter sur l’autre rive, autour de l’hôtel Palestine. Dans Bagdad encerclée et investie jusque
dans son centre par les forces américaines, la
voix du régime, incarnée par l’incontournable
ministre de l’Information Mohammad Sad Al-Sahaf, continue pourtant à claironner des communiqués triomphalistes qui récusent l’évidence de
la défaite. Réputées plus pugnaces, la fameuse
garde républicaine et jusqu’aux unités spéciales
de la garde prétorienne de Saddam Hussein ont
joué les Arlésiennes, à Bagdad comme ailleurs,
laissant un dernier carré de fedayins et autres
combattants du djihad venus des quatre coins du
monde musulman livrer seuls et démotivés cette
guérilla urbaine dont on avait pensé qu’elle aurait
pu changer le cours de la guerre. Il suffira de trois
jours aux blindés américains pour réduire les dernières poches de résistance, franchir le fleuve et
prendre leurs quartiers sur la place centrale de
Bagdad, sous les yeux des Bagdadis incrédules
qui, dans leur très grande majorité, ont assisté
aux combats en spectateurs et souvent en victimes. Une population résignée, partagée entre
un sentiment d’allégresse exprimé aussitôt par
les chiites longtemps opprimés des faubourgs
populaires de Saddam City, qui déboulonnent les
statues du dictateur irakien, et l’humiliation de la
défaite et de l’occupation militaire étrangère que
celle-ci annonce. Le sentiment de rancoeur est général en revanche, contre cette armée américaine
qui n’a pas fait de quartier, comme en témoigne
le ballet incessant des ambulances qui amènent
des blessés et des morts par centaines dans des
hôpitaux démunis : si les blindés américains
n’ont rencontré qu’une faible résistance, c’est
sans doute parce que la population n’a pas voulu
soutenir le régime, et, on l’apprendra plus tard,
parce que quelques millions de dollars auraient
eu raison de la combativité irakienne, au sommet
de l’état-major, mais aussi parce que les forces
anglo-américaines ont laminé l’armée irakienne,
en employant la stratégie de la « colonne infernale » jusqu’à Bagdad, qui n’avait plus les moyens
de s’opposer à un tel matraquage. La chute de
Bagdad, après celle de Bassora, bastion chiite du
Sud où les Britanniques ont réduit les dernières
poches de résistance, suivie de peu par celles de
Mossoul et de Kirkouk, les deux grandes villes pétrolières du Nord investies par les peshmergas de
la région autonome kurde assistés par des commandos spéciaux américains, marque donc la fin
de la guerre.
... n’a pas eu lieu
Les États-Unis ont conjuré en
spectre d’un nouveau Viêt Nam
tivement le 14 avril, avec la
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trois semaines le
écarté définiprise presque sans
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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combats de Tikrit, le fief de Saddam Hussein. Le
1er mai, G.W. Bush peut déclarer officiellement la
fin de la guerre, mais la paix sera plus difficile à
gagner pour les Américains et leurs alliés britanniques, qui prétendent assumer seuls la remise
en état de l’Irak en proie au chaos. Il faut pour
cela que, malgré leur incapacité de trouver ces
armes de destruction massive et ces preuves de
la collusion avec al-Qaida, qui avaient été le nerf
de la guerre, ils parviennent sans trop de difficultés à faire accepter à la communauté internationale le fait accompli de leur mainmise sur l’Irak.
Ce dont témoigne le vote le 22 mai par l’ONU de
la résolution levant les sanctions contre l’Irak
et confiant aux Américains la gestion d’un pays
où les Nations unies joueront un rôle de supplétif. Toutefois, les États-Unis doivent encore
convaincre les Irakiens qu’ils sont des « libérateurs », et non des « occupants » préoccupés
avant tout de faire main basse sur un pétrole
dont ils ont d’ailleurs pris soin d’épargner ou de
restaurer au plus vite les infrastructures. Sauf
en pays kurde, les soldats américains n’ont pas
été accueillis à bras ouverts, y compris par les
chiites majoritaires qui leur savent gré de les
avoir débarrassés de trente-cinq années de dictature, mais sont pressés de les voir partir. Décidés à rester au moins un an pour mettre en place
un gouvernement si possible démocratique,
les Américains, assistés des Britanniques et des
Polonais, auront fort à faire pour normaliser la
situation dans un pays sinistré par la guerre,
par douze années de sanctions économiques et
des décennies de dictature. Leur impuissance à
assurer l’ordre et la sécurité, la lenteur des travaux de reconstruction, les cafouillages aussi
qui ont marqué la mise en place de l’administration civile, d’abord confiée à l’ex-général Jay
Garner qui sera remplacé au pied levé à la mimai par l’ambassadeur Paul Bremer à la tête de
l’Autorité provisoire de la coalition (APC), n’ont
pas vraiment contribué à instaurer un climat
de confiance entre la nouvelle autorité et des
Irakiens pressés de profiter pleinement de leur
liberté retrouvée.
GÉRARD SANIER
DIFFICILE TRANSITION À BAGDAD
Sitôt Bagdad tombée, les Américains ont
cherché à combler le vide d’un pouvoir
exercé pendant trente-cinq ans par le
seul parti Baas. Tout en lançant la traque
des dignitaires du régime, l’administration dirigée par Paul Bremer installée à
Bagdad peine à trouver une relève politique capable de recoller les morceaux de
l’Irak sur le modèle de ce qui a été fait à
Kaboul. Le Congrès national irakien (CNI)
d’Ahmad Chalabi, homme lige des Américains, est peu apprécié et peu représenta-
tif en Irak. La nouvelle administration doit
gérer seule les contradictions irakiennes,
en composant avec les anciens du parti
Baas, tout en venant à bout de la résistance, au risque d’attiser les rancoeurs de
la population.
11
Russie
Sommet tripartite
Vladimir Poutine accueille Jacques Chirac et Gerhard Schröder à Saint-Pétersbourg pour un sommet qui réunit les champions du « camp de la paix ».
Moscou, Paris et Berlin doivent se concerter pour
adopter une position commune après la chute du
régime de Saddam Hussein, la prise de contrôle de
l’Irak par la coalition américano-britannique après
une guerre qu’ils avaient tenté d’empêcher. Les trois
dirigeants entendent soutenir l’attribution du rôle
dirigeant de l’ONU dans la reconstruction de l’Irak
alors que les États-Unis lui assignent une tâche
essentiellement humanitaire. Ils affirment en outre
le rôle central de la communauté internationale. Ce
sommet a été organisé au moment où le président
américain George W. Bush et son allié, le Premier
ministre Tony Blair, se retrouvent à Belfast pour faire
le point de leur intervention militaire en Irak et préparer l’après-guerre.
13
Hongrie
« Oui » à l’UE
83,8 % des électeurs hongrois approuvent l’entrée
de leur pays dans l’Union européenne. La participation au référendum est faible, 45,6 %. Le taux élevé
d’abstention observé lors de ce référendum apparaît
de nature à mettre en difficulté le gouvernement
socialiste, conduit par Peter Medgyessy qui avait
présenté la consultation comme une chance historique de rejoindre la partie la plus aisée de l’Europe
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
40
après quatre décennies dans le bloc communiste.
Le gouvernement, qui avait débloqué cinq milliards
de forints (23 millions d’euros) pour la campagne en
faveur du « oui », s’attendait à une participation d’au
moins 60 %. La Commission européenne salue ce
résultat, estimant que « les électeurs hongrois ont exprimé clairement leur choix de construire leur avenir au
sein d’une Europe forte et unie » et que « cette décision
marque la fin de la tragique séparation de la Hongrie de
la famille européenne des nations démocratiques. » Les
sondages prévoyaient une large victoire du « oui »
lors de la consultation du 13 avril. Seule l’extrême
droite avait fait campagne contre l’entrée du pays
dans l’Union en mai 2004.
15
Canada
Victoire des libéraux au Québec
Le Parti libéral remporte les élections générales au
Québec. Il met ainsi fin à huit ans de pouvoir du Parti
québécois, favorable à la souveraineté de la province.
Jean Charest, ancien avocat de quarante-quatre ans,
issu des rangs du parti conservateur de l’ancien Premier ministre canadien Brian Mulroney, est appelé à
devenir le 34e Premier ministre québécois. Son parti
occupera la majorité des 125 sièges de l’Assemblée
nationale. Pour ce scrutin majoritaire uninominal à
un tour, le Parti libéral du Québec (PLQ, centre droit)
de Charest a totalisé 45,7 % des voix contre 33,3 %
au Parti Québec (PQ, centre gauche) du Premier
ministre sortant Bernard Landry et 18,4 % à l’Action
démocratique du Québec (ADQ, droite), dirigée par
un nouveau venu, Mario Dumont. Plusieurs petits
partis se partagent les 2,6 % restants et ne comptent
aucun élu. La participation s’est élevée à environ 70 %
(78,32 % en 1998). La victoire des libéraux, fidèles au
fédéralisme canadien, met entre parenthèses le projet de souveraineté de la province défendu par le
Parti québécois.
19
France
Sarkozy contre le voile islamique
Nicolas Sarkozy est hué lors de son intervention à
l’occasion du rassemblement de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) au Bourget en
Seine-Saint-Denis, alors que le ministre de l’Intérieur
évoquait la question du foulard et l’obligation pour
tous de présenter une photo d’identité avec la tête
nue. « La loi impose que, sur une carte nationale d’identité, la photographie du titulaire soit tête nue, que cela
soit celle d’une femme ou d’un homme », une obligation qui s’impose aussi « aux religieuses catholiques »,
a-t-il rappelé. « Rien ne justifierait que les femmes de
confession musulmane bénéficient d’une loi différente
pour la carte nationale d’identité », a déclaré le ministre. La Ligue du droit international des femmes
(LDIF), créée en 1983 par Simone de Beauvoir, salue
la fermeté de M. Sarkozy et « demande que cette fermeté ne se limite pas à la photo qui est apposée dans les
pièces d’identité et qu’elle s’étende à l’école et aux entreprises, publiques et privées ».
Nigeria
Réélection du président Obasanjo
Le président sortant Olusegun Obasanjo, chrétien
du Sud, est réélu dès le premier tour président de
la République du Nigeria, avec environ 22 millions
de voix, soit 61,7 % des suffrages. Le candidat ANPP,
Muhammudu Buhari, musulman du Nord, recueille
11 millions de voix, soit 32,1 % des suffrages. Les
dix-huit autres candidats se partagent le reste des
suffrages, le seul à se voir attribuer un score notable
étant l’ancien leader de la guerre sécessionniste du
Biafra (1967-1970), Emeka Ojukwu, avec 1,2 million
de voix et 3,35 %. Le Parti démocratique populaire
(PDP) d’Obasanjo a également remporté une écrasante majorité de sièges aux élections parlementaires organisées une semaine plus tôt, il obtient
27 postes de gouverneur sur 36. Toutefois, des soupçons de fraude pesant sur les résultats du scrutin présidentiel, les partis d’opposition, dont la principale
composante, le Parti de tout le peuple du Nigeria
(ANPP), rejettent ces résultats et menacent d’organiser des manifestations de masse. Il reste que l’UE
souligne que, dans de nombreux États, « les standards
minimaux pour des élections démocratiques n’ont pas
été remplis ». Les observateurs de l’Union relèvent
plusieurs cas de bourrage d’urnes, de « changement
de résultats », des « taux de participation improbables »
flirtant avec les 100 %. M. Obasanjo a été élu en 1999
au terme de quinze ans de régime militaire. Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et sixième producteur mondial de pétrole, n’a en effet jamais connu de
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
41
transition réussie d’un régime civil à un autre depuis
son indépendance en 1960.
20
Chine
Crise politique due au SRAS
Alors que 12 nouveaux morts et 300 nouveaux cas de
syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) sont recensés en Chine, le ministre de la Santé Zhang Wenkang
et le maire de Pékin Meng Xuenong sont démis de
leurs fonctions au sein du Parti communiste pour
avoir minimisé la propagation de la maladie. La Chine
reconnaît ainsi l’ampleur du SRAS dans le pays. Les
autorités chinoises ont été signalées par l’Organisa-
tion mondiale de la santé (OMS) pour leur mauvaise
gestion de la crise sanitaire. Les premiers cas de SRAS
avaient été signalés en novembre dans la province
méridionale de Canton, mais avaient été largement
sous-estimés par Pékin. En tout, 1 807 personnes
sont infectées en Chine. L’épidémie de pneumopathie atypique a déjà tué au moins 205 personnes
dans le monde : 88 à Hongkong, 79 en Chine continentale, 16 à Singapour, 14 au Canada, cinq au Viêt
Nam, deux en Thaïlande et une en Malaisie.
21
France
Marine Le Pen vice-présidente du FN
Passant outre les résultats des élections internes du
XIIe congrès du FN qui écartaient sa fille Marine du
comité central frontiste, Jean-Marie Le Pen la nomme
vice-présidente du Front national et élargit le bureau
politique à dix nouveaux membres, dont plusieurs
proches de sa benjamine. Cette nomination constitue une réponse à la tentative de déstabilisation de
sa fille Marine menée par les partisans du délégué
général et numéro deux du parti, Bruno Gollnisch,
lors de ce congrès.
22
Irak
Pèlerinage chiite à Kerbala
Trois mille chiites irakiens en pèlerinage dans la ville
sainte de Kerbala, dans le centre de l’Irak, participent
à une importante manifestation « contre l’occupation
américaine ». Longtemps privés de pèlerinage à Kerbala par le régime de Saddam Hussein, les chiites, qui
représentent environ 60 % des 25 millions d’Irakiens,
s’y sont rendus en masse pour fêter le retour de la
liberté de culte. Ils ont commémoré le martyre de
l’imam Hussein, figure centrale du chiisme et petitfils de Mahomet, tué en 680 dans cette ville lors
d’une bataille autour de la succession du prophète.
23
Palestine
Compromis entre Arafat et Mahmoud
Abbas
Le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas
et le président Yasser Arafat parviennent à conclure
un accord sur la formation d’un gouvernement, qui
doit encore être investi par le Parlement palestinien.
La constitution d’un cabinet ouvre la voie à la pré-
sentation par les États-Unis de « la feuille de route »
pour la paix au Proche-Orient d’un plan de paix sur le
Proche-Orient, un plan soutenu par la communauté
internationale prévoyant notamment la création
par étapes d’un État palestinien d’ici à 2005. Yasser
Arafat était jusqu’alors réticent à céder certaines de
ses prérogatives, notamment en matière de sécurité. Il contestait en particulier le choix de Mohammed Dahlan, ancien chef de la sécurité préventive
à Gaza. Ce dernier occupera finalement, comme le
souhaitait Mahmoud Abbas, les fonctions de ministre
d’État chargé des affaires de sécurité. Sans l’appui du
président palestinien, le gouvernement Abbas ne
pouvait obtenir l’accord du Parlement, où le Fatah
a une majorité confortable. Par ailleurs, un activiste
du mouvement radical islamiste Hamas, âgé de dixsept ans, est tué par des militaires israéliens dans le
camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. Ce nouveau décès porte à 3 179 le nombre
de personnes tuées depuis le début de la seconde
Intifada fin septembre 2000, dont 2 395 Palestiniens
et 726 Israéliens.
24
Irak
Reddition de Tarek Aziz
L’ancien vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz se
rend aux forces américano-britanniques en Irak. Il
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
42
figure en 43e position sur la liste des 55 dignitaires
irakiens les plus recherchés par le gouvernement
des États-Unis. Son arrestation porte ainsi à douze
le nombre de responsables irakiens interpellés par
les troupes de la coalition. Âgé de soixante-sept ans,
Tarek Aziz est la personnalité de l’ex-régime de Saddam Hussein la plus connue à l’étranger, notamment
depuis la guerre du Golfe de 1990-1991.
France
Le plan de retraites de F. Fillon
Invité de l’émission politique « 100 minutes pour
convaincre » sur la chaîne de télévision France 2, le
ministre des Affaires sociales François Fillon précise
les orientations retenues par le gouvernement pour
« la réforme des retraites la plus importante depuis
1945 » et « la première qui va concerner tous les Français ». Il annonce que ces derniers, qu’ils soient ou
non fonctionnaires, devront travailler près de quarante-deux ans en 2020 pour assurer leur retraite à
taux plein. Selon le ministre, cette simple mesure
rapportera six milliards d’euros au régime général
à l’horizon 2020, comblant ainsi environ un tiers du
déficit estimé à 15 milliards d’euros. Compte tenu
de dépenses supplémentaires d’un milliard d’euros,
le gouvernement prévoit de trouver les 10 milliards
d’euros restants par « un transfert de cotisation de
l’assurance chômage vers les retraites au fur et à mesure
que la situation de l’emploi va s’améliorer dans notre
pays ». « Une fois qu’on sera dans les déficits, c’est tout
le système par répartition qui va exploser. On ne pourra
plus le sauver », a expliqué M. Fillon, pour qui « le gouvernement n’a pas le choix ». En cas de recul, « le dossier
est planté au moins pour cinq ans », a-t-il averti. Dans
ce contexte, le gouvernement a choisi de maintenir
« le plus haut niveau de retraite possible » en jouant sur
la seule variable d’ajustement possible, la durée de
cotisation, a expliqué le ministre. M. Fillon prévoit
toutefois quelques concessions destinées aux syndicats qui s’inquiètent du niveau futur des pensions,
s’engageant notamment sur un niveau minimum
moyen des retraites équivalant aux deux tiers du
revenu d’activité et à 75 % pour les smicards.
29
France
Plan en faveur des familles
Les partenaires sociaux et les associations familiales
sont réunis pour la conférence annuelle de la famille.
À cette occasion, Jean-Pierre Raffarin annonce un
plan financé par la branche famille de la Sécurité
sociale, qui comprend dix mesures nouvelles pour
aider les parents de jeunes enfants à mieux concilier
vies familiale et professionnelle. Ce plan représente
un effort budgétaire supplémentaire de 1,2 milliard
d’euros en 2006. Parmi les dix mesures annoncées
pour 2004, la création de la Prestation d’accueil du
jeune enfant (Paje) constitue la principale innovation. Cette allocation unique remplacera à partir du
1er janvier 2004 les cinq aides existantes. Elle devrait
permettre à davantage de familles, notamment
celles qui ont des revenus moyens, de mieux choisir leur mode de garde. Selon le gouvernement, plus
de 90 % des parents de jeunes enfants (1,9 million
sur 2,1 millions) toucheront l’allocation de base de
la Paje, soit 200 000 nouveaux bénéficiaires par rapport à aujourd’hui. Dans le cadre de la mise en place
de la Paje, une prime à la naissance de 800 euros
sera versée en une seule fois dès le septième mois
de grossesse. Mais elle n’apportera rien de plus aux
familles qui touchaient déjà l’Allocation pour jeune
enfant (APJE), versée à partir du cinquième mois de
grossesse. Autre mesure, un « complément de libre
choix d’activité » de 340 euros mensuels sera versé
dès le premier enfant aux mères ou aux pères qui
prennent un congé parental pour élever leur enfant.
L’Allocation parentale d’éducation (APE), auquel ce
complément se substitue, n’est proposée aujourd’hui
qu’à partir du deuxième enfant. En outre, afin de développer l’offre de garde, le gouvernement va lancer
un « plan crèches » de 200 millions d’euros, qui permettra de créer 20 000 places supplémentaires. En
effet, les 200 000 places existantes ne couvrent que
10 % des besoins. L’ensemble de ces mesures sera
financé pour l’essentiel par l’excédent de la branche
famille de la Sécurité sociale, qui atteignait 1,1 milliard d’euros en 2002. Le gouvernement compte sur
ces mesures pour renforcer le « dynamisme démographique » de la France, qui détient le deuxième taux
de natalité d’Europe derrière l’Irlande, mais aussi pour
contribuer à relancer la croissance et participer à la
résolution du problème de financement des retraites.
Europe
Mini-sommet militaire quadripartite
Les représentants de la France, de l’Allemagne,
de la Belgique et du Luxembourg se rencontrent
à Bruxelles pour un mini-sommet consacré à la
défense de l’Europe. Ils formulent des propositions
qu’ils présenteront aux onze autres pays de l’Union
européenne et qui seront débattues en juin dans le
cadre du sommet européen de Thessalonique. Les
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
43
Quatre affirment leur « conviction commune » que
« l’Europe doit être capable de s’exprimer d’une seule
voix et de jouer pleinement son rôle sur la scène internationale ». À cette fin, il faut « donner un nouvel élan à la
construction de l’Europe de la sécurité et de la défense ».
Ils rappellent les « valeurs » et « idéaux » communs
avec les États-Unis et soulignent que « le partenariat
transatlantique demeure une priorité stratégique fondamentale pour l’Europe » et « une condition nécessaire
de la sécurité et de la paix mondiale ». Ils estiment que
« le moment est venu de franchir une nouvelle étape
dans la construction de l’Europe de la sécurité et de la
défense fondée sur des capacités militaires européennes
renforcées qui contribueront également à donner à
l’Alliance atlantique une nouvelle vitalité et ouvriront la
voie à une relation transatlantique renouvelée ».
Proche-Orient
Investiture de Mahmoud Abbas
Le Parlement palestinien approuve la composition
du gouvernement Abbas. Cette approbation devrait
ouvrir la voie à la publication du plan du Quartet
(États-Unis, Union européenne, Russie, ONU) pour
la paix au Proche-Orient. Peu avant la prestation de
serment du Premier ministre palestinien Mahmoud
Abbas à Ramallah, un kamikaze se fait exploser place
de Tel-Aviv près de l’ambassade américaine, tuant
quatre personnes, dont une jeune Française, et faisant 55 blessés. Cet attentat-suicide est revendiqué
à la fois par le Hamas et par une milice liée au Fatah
de Yasser Arafat.
Irak
À la recherche d’un gouvernement
À Bagdad, 300 responsables se réunissent pour ce
qui s’apparente à un exercice de démocratie directe.
Après sept heures de discussions, les participants
s’engagent à mettre sur pied une autorité intérimaire,
même si bien des questions demeurent, en particulier sur le rôle des États-Unis.
Proche-Orient : Abou Mazen
sort de l’ombre
Cadre des premières heures du mouvement
national palestinien, Abou Mazen – alias
Mahmoud Abbas – s’est très tôt vu confier
des responsabilités diplomatiques au sein
de l’OLP. Un talent qu’il a développé dans
l’ombre de Yasser Arafat et qui lui a valu
d’être nommé en mars Premier ministre de
l’Autorité palestinienne.
D’une façon assez incompréhensible, lorsque
Abou Mazen a accepté le 19 mars de devenir
le premier Premier ministre de l’Autorité palestinienne, la presse internationale a parlé d’avènement au pouvoir d’un inconnu. Peu connu,
Abou Mazen l’était certes du grand public, qui
ne l’avait jamais vu évoluer sur le devant de la
scène. Mais les observateurs qui s’intéressent au
conflit israélo-arabe avaient plus d’une fois entendu parler de cet homme de l’ombre qui, dès
les années 1960, a joué un rôle crucial dans le
mouvement national palestinien.
L’emprise du Fatah
Né en 1935 à Safed, au nord de ce qui était alors
la Palestine mandataire britannique, le jeune
Mahmoud Abbas – qui prendra plus tard le nom
de guerre d’Abou Mazen – est contraint à s’exiler
en Syrie avec sa famille en 1948, lors de la première guerre israélo-arabe. Vivant dans la pauvreté, exerçant dès l’âge de treize ans des petits
métiers pour financer ses études, il devient instituteur avant de partir pour Moscou, où il soutient une thèse de doctorat d’histoire consacrée
au sionisme. Au début des années 1960, Mahmoud Abbas vit au Qatar. Membre des premières
heures du Fatah (littéralement « Mouvement
de libération de la Palestine »), fondé en 1959
au Koweït par quelques étudiants palestiniens
exilés et réunis autour d’un jeune ingénieur
nommé Yasser Arafat, il est en charge à la fois du
recrutement, de la collecte de fonds et des relations avec les services secrets dans les émirats
du Golfe. En 1964, il prend part à la création de
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP),
réunion de divers mouvements palestiniens qui
sera rapidement dominée par le Fatah.
Dès la fin des années 1970, il est à la tête du département des Relations nationales et internationales de l’OLP. À un moment où celle-ci prône
officiellement la « lutte armée » comme « seule
voie » devant mener à la « libération totale de la
Palestine », Abou Mazen croit déjà à la négociation et consacre toute son énergie à un patient
travail diplomatique : obtention de la proclamation du « droit au retour » pour les juifs qui
avaient fui le Maroc, le Soudan, l’Irak ou le Yémen
depuis 1948, et surtout premiers contacts avec
les intellectuels pacifistes israéliens. Cette actidownloadModeText.vue.download 46 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
44
vité diplomatique, Abou
partir des années 1980.
artisan palestinien des
raélo-palestiniennes de
il dirige deux ans plus
ciateurs palestiniens à
Mazen va la décupler à
En 1989, il est le principal
premières rencontres isTolède, en Espagne, puis
tard les équipes de négola conférence de Madrid.
Un artisan de la paix
Lorsque celle-ci s’enlise, il entame des pourparlers secrets en Norvège, qui débouchent sur
les accords de reconnaissance mutuelle signés
entre Israël et l’OLP à Oslo en 1993. C’est le début
d’un « processus de paix » au sein duquel Abou
Mazen joue un rôle très actif, au point d’être de
plus en plus souvent cité comme successeur
potentiel de Yasser Arafat à la tête de l’Autorité
palestinienne. Mais le processus de paix capote
et débouche, en septembre 2000, sur l’Intifada
al-Aqsa. La répression menée par les gouvernements israéliens successifs d’Ariel Sharon, la
recrudescence des attentats palestiniens contre
des civils déclenchent un engrenage de violence dont Yasser Arafat est tenu responsable
par Israël et par les États-Unis. Tenu à l’écart par
Ariel Sharon et par l’administration américaine,
le président palestinien est contraint d’accepter
la nomination d’un Premier ministre. Parce qu’il
s’était opposé à plusieurs reprises aux débordements armés de la seconde Intifada – « une
erreur, avait-il dit, nuisant à la cause des Palestiniens » –, Abou Mazen est un candidat fortement appuyé par le gouvernement américain.
Au printemps 2003, Abou Mazen hérite de la
lourde tâche de répondre aux aspirations de son
peuple – indépendance nationale sur l’intégralité des territoires occupés lors de la guerre des
Six-Jours en 1967, règlement juste et durable de
la question des réfugiés –, tout en devant composer avec le gouvernement le plus à droite de
l’histoire d’Israël, une administration américaine
à nouveau impliquée au Proche-Orient et un
Yasser Arafat qui entend garder la plus grande
partie possible de son pouvoir. Un conflit entre
les deux hommes éclate assez vite. Portant sur
le désarmement des milices palestiniennes, et
donc sur la possible reprise d’une éventuelle
insurrection armée, la querelle se cristallise sur
la nomination de Mohammed Dahlan au poste
de ministre des Affaires de sécurité.
Car Abou Mazen – qui a repris son vrai nom de
Mahmoud Abbas pour ses nouvelles fonctions
– a avant tout été nommé pour négocier la
paix. À cette fin, la « feuille de route » concoctée par un « quartet » composé des États-Unis,
de l’Union européenne, de la Russie et de l’ONU,
et prévoyant l’avènement d’un État palestinien
indépendant à l’horizon 2005, ne sera probablement pas un outil vain. De toute façon, le Premier ministre palestinien a toujours considéré
que son peuple serait le premier à bénéficier
d’une position non violente. « Nous ne devons
pas permettre à [Ariel Sharon] de nous amener sur son terrain de prédilection, l’affrontement armé », expliquait-il aux cadres du Fatah
quelques jours avant son adoubement fin avril
par le Conseil national palestinien.
BENJAMIN BIBAS
MOHAMMED DAHLAN
Un des plus vifs différends ayant opposé
Mahmoud Abbas à Yasser Arafat a porté
sur la nomination, souhaitée par le Premier ministre palestinien, de Mohammed
Dahlan au poste de ministre de l’Intérieur.
Âgé de quarante-trois ans, celui-ci est un
cadre du Fatah – le parti de Yasser Arafat
–, devenu en 1994 responsable de la sécurité préventive pour la bande de Gaza. À ce
poste, il avait montré une réelle détermination à mettre au pas les groupes islamistes
radicaux et gagné sa place aux négociations israélo-palestiniennes de Camp Da-
vid en juillet 2000, puis de Taba en janvier
2001. Mais, à partir de cette date, il s’était
élevé contre le manque de vision politique
de Yasser Arafat, qui avait fini par obtenir
sa démission. Au terme d’une âpre négociation, Mahmoud Abbas a réussi à imposer Mohammed Dahlan comme ministre
des Affaires de sécurité, lui-même cumulant finalement les fonctions de Premier
ministre et de ministre de l’Intérieur.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
45
Mai
3
Espagne
Visite de Jean-Paul II
Le pape Jean-Paul II, qui fêtera ses quatre-vingt-trois
ans ce mois, entame la cinquième visite de son pontificat en Espagne – la dernière remontait à 1993 –,
son premier voyage à l’étranger depuis neuf mois.
Il rencontre près de 600 000 jeunes venus le saluer
dans la liesse sur la base militaire de Cuatro Vientos,
près de Madrid, qu’il appelle à être des « ouvriers et
des artisans de paix » et à rejeter « le nationalisme exagéré, le racisme et l’intolérance ». Le 9, il célèbre une
grande messe en plein air dans la capitale devant un
million de croyants. Le souverain pontife proclame
cinq nouveaux saints, deux prêtres et trois religieuses
espagnols ayant vécu au XXe siècle. L’un d’eux, Pedro
Poveda Castroverde, a été fusillé en 1936 dans les
premiers jours de la guerre civile espagnole. JeanPaul II exhorte la communauté catholique à retrouver
la foi. « La foi chrétienne et catholique constitue l’identité
du peuple espagnol », a-t-il dit. « Ne vous détachez pas
de vos racines chrétiennes. Ce n’est que de cette façon
que vous pourrez faire don au monde et à l’Europe de la
richesse culturelle de votre histoire. »
4
Espace
Atterrissage mouvementé pour Soyouz
La capsule russe Soyouz ramenant les deux astronautes américains Donald Pettit et Kenneth Bowersox et leur collègue russe Nikolaï Boudarine atterrit à
plus de 400 km du lieu prévu. La rudesse et l’imprécision de cet atterrissage n’avaient pas non plus été
programmées par les responsables russes et américains, qui sont restés longtemps sans nouvelles
de l’équipage en raison d’une rupture de la liaison
radio. La descente du Soyouz ne s’est pas effectuée
en pilotage manuel ou automatique mais en mode
balistique, qui a révélé un problème de contrôle
du vaisseau. Les astronautes américains étaient les
premiers à emprunter le vaisseau russe pour revenir
sur terre, au lieu de la navette, depuis l’accident de
Columbia, le 1er février, désintégrée en rentrant dans
l’atmosphère terrestre et tuant les sept membres
d’équipage.
5
France
Dalil Boubakeur, président du CFCM
Pour la première fois dans l’histoire de la République
française, la communauté musulmane de France sera
représentée au niveau national au sein du Conseil
français du culte musulman (CFCM), qui vient d’élire
le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur,
à la présidence. Fouad Alaoui, secrétaire général
de l’Union des organisations islamiques de France
(UOIF), et Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF),
sont élus vice-présidents. Les 200 délégués réunis en
son assemblée générale constitutive adoptent les
statuts du CFCM, un mois après les élections des 6 et
13 avril, et entérinent la composition de la direction.
La FNMF avait remporté 34 % des sièges du conseil
d’administration, contre 32 % à l’UOIF et 26 % à la
Mosquée de Paris. Le CFCM sera dirigé par un bureau
de 16 membres, élus par un conseil d’administration
de 60 membres, eux-mêmes désignés lors des élections régionales. Il doit notamment se pencher sur les
questions du foulard islamique, de la formation des
imams ou de l’organisation de la fête de l’Aïd-el-Kébir.
Algérie
Changement de Premier ministre
Le président Bouteflika limoge son Premier ministre
Ali Benflis, qu’il avait nommé en août 2000. De profondes divergences, liées au contrôle du Front de
libération nationale (FLN), dans la perspective de
l’élection présidentielle de 2004, au règlement de la
crise en Kabylie et au programme de privatisation opposaient les deux hommes. Ali Benflis a fait du PFLN
la première formation politique du pays, qui détient
la majorité à l’Assemblée populaire nationale, dont il
été nommé, lors du VIIIe congrès général du parti en
mars dernier, secrétaire général pour cinq ans. Benflis
est également pressenti candidat à l’élection présidentielle d’avril 2004. Il est remplacé à la tête du gouvernement algérien par Ahmed Ouyahia, ministre
d’État, âgé de cinquante et un ans, qui a exercé la
fonction de Premier ministre entre décembre 1995
et décembre 1998. M. Ouyahia est secrétaire général
du Rassemblement national démocratique (RND),
qui fait partie de la coalition gouvernementale sortante, dominée par le FLN, qui détient, à lui seul, la
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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majorité absolue à l’Assemblée populaire nationale.
Le 9, le nouveau Premier ministre Ahmed Ouyahia
annonce la formation de son gouvernement, composé de 28 ministres et de 10 ministres délégués. Les
principaux postes restent inchangés sauf pour ce qui
concerne le ministère des Finances, confié au professeur Abdelatif Benachenhou, en remplacement
de Mohamed Terbeche ; le ministère de l’Éducation
nationale revient à Boubekeur Benbouzid et le ministère des Sports et de la Jeunesse à Mohamed Allalou,
qui succède à Boubekeur Benbouzid.
Colombie
Nouvelles victimes des FARC
Enlevés le 21 avril 2002 alors qu’ils participaient à une
marche pour la paix à Caicedo, le gouverneur de Medellin, Guillermo Gaviria, son conseiller pour la paix,
l’ancien ministre de la Défense, Gilberto Echeverri, et
8 soldats sont assassinés par les FARC (Forces armées
révolutionnaires de Colombie, guérilla d’obédience
marxiste). Les FARC détiennent, dont certains depuis
plus de cinq ans, 23 otages politiques, dont l’ex-candidate écologiste à l’élection présidentielle, Ingrid
Betancourt, 3 Américains, 47 officiers colombiens
et 800 civils. La guerre civile qui ensanglante le pays
depuis plus de trente-neuf ans a fait 200 000 morts.
Environ 3 000 personnes sont également enlevées
chaque année par les guérilleros.
6
France
Victoire de François Hollande au Parti
socialiste
Après le vote de 99 636 des 129 445 militants (soit
une participation qualifiée « d’exceptionnelle » de
76,95 %), la motion présentée par le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande conforte
son avance sur ses concurrents pour le congrès de
Dijon des 16-18 mai, avec 61,37 % des voix. La motion de François Hollande devance celle de Nouveau
Monde d’Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon
(16,88 %), celle du Nouveau PS de Vincent Peillon et
Arnaud Montebourg (16,33 %), celle du patron de
la fédération du Nord Marc Dolez (4,38 %) et celle
d’Utopia (1,05 %). Cette large majorité assoit l’autorité
de François Hollande, qui compte faire du congrès de
Dijon le point de départ de la « reconquête » et du
rassemblement de la gauche et lui permet d’envisager d’imposer sa ligne « réformiste de gauche » sans
avoir à rechercher une synthèse à tout prix avec ses
opposants.
7
Irak
Paul Bremer administrateur civil en chef
de l’Irak
Le président américain George W. Bush nomme
officiellement Paul Bremer administrateur civil pour
l’Irak. Âgé de soixante et un ans, fonctionnaire au Département d’État, spécialiste du contre-terrorisme et
protégé de l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger,
Paul Bremer, qui remplace à ce poste le général à la
retraite Jay Garner, devra superviser les efforts de reconstruction entrepris par la coalition et le processus
visant à permettre au peuple irakien de construire les
institutions et les instances gouvernementales qui,
selon la Maison-Blanche, guideront son avenir.
9
France
Pollution du Prestige : une
indemnisation à 15 %
Le Fipol (Fonds international d’indemnisation pour les
dommages dus à la pollution par les hydrocarbures)
annonce qu’il ne devrait rembourser les victimes
du naufrage du pétrolier Prestige, dans un premier
temps, qu’à hauteur de 15 % de l’estimation de leurs
dommages. Le 6 février dernier, Mans Jacobsson,
administrateur du Fipol, avait estimé à environ 1 milliard d’euros le coût total de cette catastrophe. Le
Fipol, dont le siège est à Londres, a été créé en 1992
par l’Organisation maritime internationale (OMI) et
regroupe 45 États. Il est financé par des contributions
demandées à l’industrie pétrolière des pays membres
et intervient pour couvrir le montant des dommages
non payés par le propriétaire du navire à l’origine de la
pollution ou par son assureur. Les autorités des trois
pays concernés par les conséquences de la marée
noire du Prestige (Espagne, Portugal, France) ainsi
que d’autres États membres de l’Union européenne
devraient donc financer le reste du remboursement
des victimes, maires, pêcheurs, ostréiculteurs, responsables du secteur touristique, qui tous dénoncent le
manque de moyens et le non-respect du principe pollueur-payeur. Le pétrolier Prestige, battant pavillon li-
bérien mais immatriculé aux Bahamas, avait sombré le
19 novembre 2002 à 270 km de la côte galicienne, prodownloadModeText.vue.download 49 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
47
voquant une grave marée noire sur le littoral espagnol,
touchant également les côtes portugaise et française.
Le 16, le Fipol décide de porter à un milliard d’euros
le fonds d’indemnisation des victimes de pollutions,
à partir de 2004 seulement. Cette décision n’est pas
rétroactive. Il disposait jusqu’à présent d’un montant
maximal de 171,5 millions d’euros pour indemniser
toutes les victimes d’un sinistre.
États-Unis
Vers une levée des sanctions contre
l’Irak
Washington présente devant le Conseil de sécurité
de l’Organisation des nations unies un projet de résolution visant à la levée de toutes les sanctions imposées à l’Irak, sauf en ce qui concerne le volet militaire.
Ce projet prévoit notamment la création d’un fonds
spécial où seront versés les revenus du pétrole qui
serviront de financement à la reconstruction du
pays. Les États-Unis en auront la complète gestion
pendant un an renouvelable à volonté. De plus, le
pourcentage des revenus pétroliers irakiens versés
au Fonds de compensation passera de 25 % à 5 %.
13
Arabie saoudite
Attentats antiaméricains
Trois attentats-suicides sont perpétrés à Riyad dans
trois complexes résidentiels où sont installés des
étrangers, quelques heures avant la venue dans la
capitale saoudienne du secrétaire d’État américain
Colin Powell. Le nombre des victimes, selon les autorités saoudiennes, s’élève à 34 morts, dont 9 kamikazes,
7 Américains et un Britannique, et plus de 190 blessés.
Le réseau terroriste al-Qaida revendique implicitement les attentats-suicides dans un message électronique adressé à l’hebdomadaire saoudien Al-Majallah.
Le 18, le ministre saoudien de l’Intérieur annonce que
quatre personnes semblant liées à al-Qaida sont arrêtées dans l’enquête sur la série d’attentats-suicides.
15
France
Accord CFDT-CGC-gouvernement
sur les retraites
Les négociations entre les représentants du gouvernement – les ministres François Fillon (Affaires
sociales) et Jean-Paul Delevoye (Fonction publique) –
et les partenaires sociaux – CFDT et CGC – concluent
un accord sur les retraites, qui constitue « un compromis acceptable ». La CFTC, la CGT, FO, la FSU et l’UNSA
appellent à la poursuite du mouvement. Face à la
contestation grandissante de son projet, depuis plusieurs semaines, le gouvernement a rempli une partie de son objectif : rompre l’unité syndicale contre la
réforme des retraites. Il assure qu’il « est allé au bout
des possibilités qui lui étaient ouvertes dans le cadre des
équilibres financiers nécessaires pour assurer l’avenir
des retraites ». De son côté, le Premier ministre JeanPierre Raffarin fait « appel à toutes les minorités qui aujourd’hui ne respectent pas les pratiques républicaines à
ne pas se mettre en faute vis-à-vis des usagers des services publics ». Le climat social est en effet loin d’être
apaisé par cet accord minoritaire, signé des syndicats
faiblement implantés dans le secteur public.
Argentine
Victoire de Nestor Kirchner
L’ex-président, Carlos Menem, âgé de soixante-seize
ans, annonce son retrait du second tour de l’élection présidentielle. La Commission électorale annule
donc le scrutin et son rival Nestor Carlos Kirchner, qui
n’avait obtenu que 22 % des suffrages lors du premier tour, est déclaré président de la République.
Nestor Kirchner, âgé de cinquante-trois ans, avocat et
gouverneur de la province de Santa Cruz, en Patagonie, du Parti justicialiste (péroniste comme son rival
Carlos Menem), entame immédiatement des consultations en vue de former un gouvernement d’ici à
dix jours. Il sera investi le 25 mai prochain pour un
mandat de cinq ans.
Nestor Kirchner prend les rênes
de l’Argentine
L’Argentine s’est dotée d’un nouveau président en la personne de Nestor Kirchner.
Mais sa victoire, consécutive à l’abandon
de son adversaire, l’ex-président Carlos
Menem, n’est pas sans poser la question de
la gouvernabilité de l’Argentine.
L’arrivée d’un chef de l’État issu des urnes a
mis un terme à une parenthèse institutionnelle de dix-sept mois. On se souvient que son
prédécesseur, Eduardo Duhalde, n’avait pas été
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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élu, mais désigné par le Congrès le 1er janvier
2002 dans une Argentine au bord du chaos.
Gouverneur de la province de Santa Cruz, le péroniste de centre gauche Nestor Kirchner a été
proclamé président de la République argentine
le 25 mai pour un mandat de quatre ans. Son adversaire néolibéral, l’ex-président péroniste Carlos Menem, a choisi en effet de renoncer à poursuivre plus avant eu égard à la défaite annoncée
par tous les sondages. Son retrait de la course à
la présidence a donc rendu inutile le second tour
de l’élection présidentielle prévu pour le 18 mai.
L’annulation légale du second tour aura toutefois privé M. Kirchner d’un triomphe promis par
les enquêtes d’opinion et terni d’emblée son
autorité et sa présidence, à laquelle ne sera associé que son résultat de 22 % obtenu au premier
tour. Dans ces conditions, le retour au suffrage
universel n’a guère paru de nature à garantir la
gouvernabilité de la troisième puissance latinoaméricaine, toujours en proie à une grave crise
économique et sociale. Pour le second tour annulé, la plupart des sondages annonçaient, en
moyenne, 70 % des suffrages pour Nestor Kirchner contre 30 % à l’ex-président Carlos Menem.
La renonciation de Carlos Menem signifie aussi
le triomphe absolu des sondages. En prédisant la
défaite de Carlos Menem au second tour, ils l’ont
incité au retrait. Les sondages auraient donc été
l’un des facteurs décisifs de l’accession d’un candidat – Nestor Kirchner – à la présidence d’un
pays démocratique.
Se positionnant au centre gauche, Nestor Kirchner s’est élevé contre les groupes économiques
qui ont « dévasté et extorqué » l’Argentine. Il
a promis qu’il n’en serait pas la « proie ». Dans
son discours de politique générale, M. Kirchner
a affirmé le rôle central de l’État dans le développement économique, notamment par la mise
en oeuvre d’un programme de grands travaux.
Il a également promis une lutte « implacable »
contre la corruption et s’est prononcé pour un
renforcement du Mercosur, le marché commun
régional. De son côté, le patronat a adopté une
posture attentiste, non sans souligner que le
nouveau président devait ressembler le plus
possible au chef de l’État brésilien Lula et le
moins possible à Hugo Chavez, le président
populiste procubain du Venezuela. Plus largement, l’arrivée de M. Kirchner a été reçue avec
optimisme dans un pays qui a vécu l’an dernier
la pire crise de son histoire. Selon un sondage
diffusé par le quotidien Clarin, le gouvernement
Kirchner suscite « l’espérance » chez 45,5 %
des Argentins et « des attentes de changement » chez 15,5 %. Le même sondage montre
que M. Kirchner et son très respecté ministre de
l’Économie, Roberto Lavagna, figurent parmi les
rares dirigeants jouissant d’une image positive
au sein de l’opinion.
Asseoir son pouvoir politique
Arrivée au pouvoir dans un contexte inédit – et
elle en a conscience –, la nouvelle administration argentine du président Nestor Kirchner
s’est engagée sur un chemin de construction
politique peu orthodoxe si l’on s’en tient aux critères argentins. Au point que nul ne peut anticiper le résultat de cette expérience, appuyée sur
un caudillisme administratif dont la légitimité
serait liée au succès de la gestion. Si, depuis des
décennies, la gouvernabilité en Argentine –
comme c’est le cas dans presque tous les pays
« normaux » – s’est construite par le biais du parti
politique qui obtenait les votes nécessaires et
par les appuis obtenus – grâce au parti – parmi
les législateurs et les gouverneurs, Nestor Kirchner, lui, s’est contenté de l’écharpe et du bâton
présidentiels pour se sentir chef d’État et agir en
tant que tel. Beaucoup espéraient qu’il en appelle à un gouvernement d’unité nationale, ou
que son cabinet reflète une alliance parlementaire et régionale. D’autres candidats auraient
probablement procédé plus ou moins de cette
dernière manière s’ils avaient gagné les élections. À l’inverse, le président Kirchner a choisi
de former un gouvernement de collaborateurs
intimes, de ministres hérités de l’administration
de transition et de fonctionnaires sans attaches
partisanes trop visibles. De fait, très peu d’entre
eux pouvaient se prévaloir d’un poids politique
avant l’élection présidentielle. Le gouvernement
de Nestor Kirchner a donc commencé à diriger
le pays sans afficher cette faiblesse originelle.
Très vite le nouveau président s’est employé à
envoyer un message fort en direction de ceux
qui pouvaient douter de sa volonté de s’attaquer
aux maux dont souffre l’Argentine – et dont la
corruption n’est pas le moindre. Ainsi, M. Kirchner a assurément consolidé son pouvoir en obtenant le départ du président de la Cour suprême,
Julio Nazareno, symbole de la corruption effrénée des années 1990. M. Nazareno, qui était sous
le coup d’une procédure de destitution par le
Parlement, a en effet présenté sa démission. Début juin, M. Kirchner s’en est pris avec virulence à
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
49
la Cour suprême, et en particulier à M. Nazareno,
l’accusant d’avoir « pris en otage la gouvernance du pays » et d’exercer des « pressions »
sur son gouvernement. Rappelons que M. Nazareno est un proche de l’ancien président Carlos
Menem. Dans le même ordre d’idée, M. Kirchner
a décidé d’ouvrir les archives des services secrets
sur l’attentat contre la mutuelle juive AMIA, qui
avait fait 85 morts et 300 blessés en 1994 à Buenos Aires. « Pour la première fois, un gouvernement argentin a décidé que l’affaire AMIA
était une affaire d’État », s’est félicité le président du centre juif, Abraham Kaul. Pour le représentant de la communauté juive argentine, qui
compte près de 300 000 membres, « c’est l’une
des plus importantes nouvelles » depuis l’attentat, attribué à l’époque à l’organisation terroriste Hezbollah. Une vingtaine de personnes
– dont des ex-policiers – avaient été inculpées.
Handicapé par une légitimité réduite par un processus électoral tronqué, le président Kirchner a
tout d’abord choisi de renforcer son assise sur le
plan politique.
PHILIPPE DE LA RESLE
! REDOLLARISATION ! OU ! PESIFICATION !
La Cour suprême d’Argentine a déclaré inconstitutionnelle, pour atteinte au droit de
propriété, la « pesification » forcée d’avoirs
à terme en dollars, ces derniers ayant été
transformés par décret gouvernemental en
pesos en janvier 2002. La sentence ne fait
droit qu’à la demande d’un seul plaignant,
la province de San Luis. Mais la jurisprudence ainsi créée pourrait donner raison
aussi à plus de 100 000 épargnants qui ont
saisi la justice contre la « pesification » de
leurs dollars.
16
Maroc
Attentats islamistes
Cinq attentats sont perpétrés à Casablanca contre
des intérêts étrangers et israélites, qui font 41 morts
(dont 13 kamikazes) et une centaine de blessés. La
totalité des 14 kamikazes qui ont participé à ces
attentats seraient de nationalité marocaine et liés à
un groupe islamiste interdit, Assirat Al Moustaqim
(le Droit chemin), qui aurait des liens « avec un réseau
terroriste international » dont plusieurs membres ont
été arrêtés ces derniers mois et certains, condamnés
pour meurtres. La plupart des kamikazes identifiés,
âgés de vingt à vingt-quatre ans, sont originaires
du quartier populaire de Sidi Moumen à Casablanca, considéré comme un des fiefs des militants des
groupes islamistes salafistes marocains. Parmi les
groupes salafistes suspectés figurent prioritairement
Salafiya Jihadia (le Salafisme combattant) et Attakfir
wal Hijra (Excommunication et retranchement), dont
les services de sécurité marocains estiment qu’ils ont
des « liens opérationnels » avec l’organisation al-Qaida.
Les mesures de sécurité ont été renforcées dans tout
le pays, notamment à la sortie des grandes villes
et dans les aéroports. Une trentaine de personnes
ont été arrêtées dans le cadre de cette enquête.
Dimanche soir, des milliers d’islamistes ont manifesté
devant le parlement de Rabat pour dire « non au
terrorisme ».
Attentats terroristes au Maroc
Épargné jusqu’alors par le terrorisme international, le royaume du Maroc a été frappé
de plein fouet, dans la nuit du vendredi 16
au samedi 17 mai, à Casablanca, où une
série de cinq attentats ont fait 41 morts et
une centaine de blessés.
Les attaques à la bombe et à la voiture piégée
ont frappé pour l’essentiel des restaurants,
un hôtel, mais aussi un centre culturel juif et le
consulat de Belgique de la ville. Une dizaine de
kamikazes ont trouvé la mort et trois suspects,
tous de nationalité marocaine, ont été arrêtés
par la police. Les attentats se sont produits alors
que les Marocains vivaient, depuis une semaine,
au rythme des festivités organisées à l’occasion
de la naissance, le 8 mai, du prince héritier Moulay Al-Hassan, premier fils du roi Mohammed VI.
Interrogé sur un éventuel rapport entre les attentats de Casablanca et ceux de Riyad (Arabie saoudite) qui avaient fait 34 morts le 12 mai, selon un
bilan saoudien, Moustapha Sahel, le ministre de
l’Intérieur, a souligné « la concomitance et la
similitude du mode opératoire » entre ces deux
séries d’actions. Le ministre a également affirmé
que le but visé par les terroristes était de porter
atteinte au processus démocratique au Maroc
et à son « pluralisme » politique. « Le Maroc
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
50
ne se laissera pas intimider par ceux qui ont
choisi de tuer des innocents », a-t-il ajouté.
Lutter contre « l’obscurantisme »
Le 25 mai, musulmans, juifs, Arabes, Berbères,
chrétiens, toutes les communautés marocaines
se sont réunies à Casablanca lors d’une manifestation rassemblant plusieurs dizaines de
milliers de personnes contre le terrorisme. Une
manifestation dont les islamistes modérés ont
été les grands absents forcés, car accusés par
certaines associations d’avoir créé un climat
propice à la violence. Ainsi, le parti islamiste
Justice et Développement (PJD, opposition) a
dû renoncer.
Dans un discours diffusé à la radio et à la télévision le 29 mai, Mohammed VI a déclaré que
« l’heure de la vérité avait sonné » pour ceux
qui « exploitent la démocratie pour porter
atteinte à l’autorité de l’État ». Le roi du Maroc
a annoncé « la fin de l’ère du laxisme ». Sans
les identifier, le souverain a pris à partie « certains milieux » qui auraient fait « un mauvais
usage de la liberté d’opinion » en se cantonnant dans une « opposition systématique aux
orientations des pouvoirs publics ». Il a ajouté
qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour
lutter contre « l’obscurantisme », sans faire
dévier le Maroc de sa marche « vers la démocratie et la modernité ». Les effets du discours
du roi n’ont pas tardé à se faire sentir. Ainsi, le
préfet de police de Casablanca a été remplacé
par un militaire, un colonel des compagnies
mobiles d’intervention (CMI), l’équivalent des
CRS français. Le Parlement a adopté une loi
antiterroriste qui renforce la marge de manoeuvre des forces de sécurité. La Chambre des
représentants l’avait adoptée à la quasi-unanimité quelques jours auparavant. De son côté,
la Chambre des conseillers (Sénat) a suivi, avec
89 voix pour et 7 abstentions. Le texte a suscité
la critique d’une partie de la société civile, qui
le juge liberticide.
Une guerre sans merci contre le
terrorisme
Le premier procès lié aux attentats terroristes du
16 mai et qui voyait comparaître 52 membres
présumés du groupe intégriste marocain Salafia Jihadia a finalement été ajourné le 21 juillet,
peu après son ouverture à Casablanca. La cour a
accédé à la requête de la défense, qui réclamait
un report pour pouvoir préparer ses plaidoiries.
Les inculpés sont poursuivis pour « constitution d’une association criminelle, atteinte à la
sécurité intérieure de l’État, sabotage, homicide volontaire, dommage intentionnel causant blessures et invalidité permanente ».
Répartis en deux groupes, l’un étant directement impliqué dans les attentats, l’autre ayant
planifié des attaques similaires dans des villes
telles que Marrakech, Agadir et Essaouira, les
prévenus devront être jugés au fur et à mesure
par les tribunaux de Casablanca, Rabat, Kenitra
et Tanger, sur la base de la nouvelle loi antiterroriste. Depuis les sanglantes attaques du
16 mai, les autorités marocaines ont donc choisi
de déclarer une guerre sans merci à l’intégrisme
islamiste. Le 12 juillet, la chambre criminelle de
Casablanca a condamné à mort dix membres
présumés de la Salafia, huit à la prison à perpétuité et treize autres à des peines de prison
allant d’un an à vingt ans. Sept autres Marocains ont été condamnés séparément, les 12 et
18 juillet, à dix ans de prison ferme pour appartenance à une « bande criminelle et atteinte
à la sécurité de l’État ». À ceux qui seraient
tentés de douter de la détermination des autorités marocaines à éradiquer le terrorisme, le
ministre de la justice, Mohammed Bouzoubaa,
a déclaré que plus de 700 personnes faisaient
l’objet, au Maroc, de procédures judiciaires
pour implication directe ou indirecte dans les
attentats de Casablanca.
Un climat peu propice à la croissance
Les attentats de Casablanca ont mis à mal les
prévisions économiques du royaume. Jusqu’au
drame, les experts tablaient sur une croissance
supérieure à 6 % pour 2003, grâce à des conditions climatiques idéales. Mais, au lendemain
des attentats, les autorités marocaines envisageaient une croissance deux fois moindre. Il est
vrai que les secteurs du tourisme, de l’artisanat
et des transports supportent en premier les
conséquences de l’insécurité. On sait aussi que
l’impact psychologique sur le moral des investisseurs a des effets dévastateurs sur le fonctionnement de l’économie. Les terroristes ont
frappé à un moment où l’économie du royaume
paraissait connaître de réelles difficultés. Trente
ans après avoir lancé un ambitieux programme
de développement industriel, les autorités marocaines ont dû constater son échec. L’absence
d’un marché intérieur suffisamment vaste pour
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
51
que s’y développe une industrie moderne et
compétitive aura sonné les espoirs du gouver-
nement. Plus largement, la croissance économique demeure en deçà de la croissance démographique, au point que de nombreux experts
estiment que la pauvreté regagne du terrain.
Les autorités marocaines ont d’ailleurs pu vérifier que ces attentats avaient un impact négatif
sur la croissance.
GEORGES DE L’ENFERNAT
UNE LOI CONTRE LE TERRORISME
Parmi les principales mesures appelées à
figurer dans le Code pénal et destinées à
lutter contre le terrorisme – dont la définition reste vague –, on retiendra plus
particulièrement l’extension du délai
de la garde à vue portée à douze jours
(quatre jours renouvelables trois fois) :
la possibilité de perquisitionner à toute
heure du jour et de la nuit donnée à la
police : celle d’intercepter plus facilement qu’auparavant le courrier et les
conversations téléphoniques, de violer
le secret bancaire : le renforcement des
peines encourues.
18
France
Congrès du PS et victoire de François
Hollande
Lors du Congrès du PS à Dijon, qui doit fixer la ligne
politique du parti et renouveler ses instances dirigeantes pour les trois prochaines années, François
Hollande, candidat à sa propre succession, reste
premier secrétaire. Il présente la nouvelle direction
du PS lors de la réunion du Conseil national, le « parlement » socialiste désigné à la proportionnelle des
résultats obtenus par les motions. Laurent Fabius
reste numéro deux, François Rebsamen est numéro
trois, et les députés Annick Lepetit et Julien Dray
deviennent les nouveaux porte-parole. Pierre Moscovici s’occupera des questions internationales, Claude
Bartolone de la communication, Marie-Noëlle Lienemann des entreprises et Catherine Trautmann d’économie. Le président de SOS Racisme Malek Boutih
prend en charge les « questions de société ».
21
Algérie
Séisme meurtrier
Un tremblement de terre, d’une magnitude de 6,8
sur l’échelle ouverte de Richter, frappe la région d’Alger et de Boumerdès (50 km à l’est d’Alger), faisant au
moins 2 200 morts et 5 000 blessés. Il a provoqué un
grand mouvement de panique, jetant dans les rues
des habitants surpris à l’heure du dîner. L’épicentre de
la secousse, qui a eu lieu à 19 h 44, heure locale, a été
signalé à 7 km au nord de la ville de Zemmouri, dans
l’Est algérois. Il s’agit du séisme le plus fort enregistré
dans le pays depuis celui d’une magnitude de 7,7 qui
avait fait 5 000 morts à El-Asnam (rebaptisée Chlef
à la suite de cette catastrophe), à quelque 160 km à
l’ouest d’Alger, en 1980. Le gouvernement algérien
annonce qu’il va débloquer 100 milliards au profit
des victimes du séisme et ordonne la création d’une
commission d’enquête pour déterminer la responsabilité des promoteurs immobiliers, accusés par la
presse algérienne d’être en grande partie coupables
d’avoir construit des villas et des immeubles sans se
soucier aucunement des normes techniques.
Tremblement de colère en Algérie
Le séisme particulièrement meurtrier
survenu en mai dans l’Est algérois est-il
un séisme de trop ? Si la question avait un
sens, les réactions de désespoir mêlé de
révolte d’une population lassée de recourir
aux arguments de la fatalité inciteraient à
y répondre par l’affirmative.
La terre algérienne a souvent tremblé, ces dernières années. Mêlées à celles des violences
islamistes qui continuent d’ensanglanter le pays,
les images de destructions, de désolation et de
colère produites par les séismes récurrents ont
fini par se banaliser. Le tremblement de terre qui
a dévasté la région située à l’est d’Alger, le 21 mai,
est toutefois d’une ampleur exceptionnelle. Près
d’un demi-siècle après le séisme catastrophique
d’Orléansville, demeuré dans toutes les mémoires, la catastrophe s’est rapidement avérée
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la plus destructrice et la plus meurtrière depuis
la secousse qui avait rasé El-Asnam en octobre
1980. La magnitude du séisme a atteint 6,7 sur
l’échelle de Richter au plus fort de la secousse,
dont la force tenait à la faible profondeur : une
dizaine de kilomètres de la surface seulement.
L’épicentre du séisme a été localisé au niveau de
la ville de Thenia, à 70 km à l’est de la capitale,
mais sa violence a été ressentie d’Alger à la Kabylie et jusqu’à la côte espagnole.
« Une véritable catastrophe »
Du quartier algérois de Bab el-Oued à la capitale
de la Kabylie, Tizi-Ouzou, en passant par toutes
les bourgades de ce littoral très peuplé – Boumerdès, Zemmouri, Rouiba –, les immeubles se
sont effondrés comme des châteaux de cartes,
engloutissant des familles entières sous les décombres à l’heure du dîner – beaucoup étaient
rentrés pour regarder la retransmission télévisée
d’une compétition sportive. « J’étais au balcon,
je regardais vers le centre d’Alger lorsque j’ai
vu comme un énorme nuage de poussière.
J’ai été pris de vertige, puis l’immeuble a commencé à aller d’avant en arrière comme une
balançoire, puis tous mes meubles sont tombés, le lustre du salon est sorti par la fenêtre »,
racontera Lounis, habitant de la banlieue de la
capitale. De nombreuses victimes se sont trouvées piégées dans des escaliers vacillants plongés dans le noir par les coupures d’électricité.
Les survivants se sont rués dehors par dizaines
de milliers, errant dans les rues, campant dans
les jardins publics ou les écoles, fouillant à mains
nues les décombres à la recherche de parents
ensevelis, tremblant à chacune des répliques qui
ont secoué la région jusqu’au lendemain. Après
une nuit de recherche à la lueur des torches dans
les amas de béton et de ferraille, les cadavres
s’entassaient déjà par centaines dans les salles
publiques des villes martyres, transformées en
morgues. Le bilan s’établirait un mois plus tard à
2 300 morts et autant de disparus. Au matin du
22 mai, le tout nouveau Premier ministre, Ahmed
Ouyahia, déclarait : « Nous sommes en train de
gérer une véritable catastrophe. »
« Habitués à l’exceptionnel »
Les secours se sont organisés avec l’aide de
nombreux pays étrangers qui ont dépêché des
équipes de sauveteurs et envoyé des vivres, des
médicaments, des couvertures. Le président Abdelaziz Bouteflika, qui s’était aussitôt rendu sur
les lieux du drame, a décrété un deuil national
de trois jours. Toutefois, à côté des messages de
recherche diffusés à longueur de journée par la
radio nationale ont commencé à apparaître des
témoignages de colère dénonçant la mauvaise
qualité des constructions, la lenteur des secours
ou, plus généralement, l’incurie du gouvernement. Sous ces expressions de révolte perçait
le désespoir d’une population depuis trop longtemps victime d’une histoire et d’une nature
violentes. « Depuis le séisme d’El-Asnam en
1980 jusqu’à la tragédie de Bab el-Oued en
2001, en passant par la vague d’attentats
terroristes des années 1990, nous sommes
presque habitués à l’exceptionnel », témoignait ainsi un médecin de l’hôpital Mustapha
d’Alger. Mais ces critiques de la population reflétaient également une réalité très concrète. L’urbanisation, tout d’abord. En Algérie, l’explosion
urbaine a coïncidé, dans les années 1980, avec
un passage sans transition à l’économie libérale.
Le formidable essor de la construction durant
ces années a obéi à des lois qui n’étaient pas
celles de l’urbanisme et de l’architecture, mais
plutôt de la spéculation et du profit maximal.
Des habitations ne respectant aucune norme
se sont ainsi élevées sur des terrains mal viabilisés, dans la plus totale anarchie, en l’absence
de contrôle de l’État. Les secours, ensuite. L’arrivée des sauveteurs venus de l’étranger a souvent
précédé celle des services nationaux. L’essentiel
des fouilles a été effectué par des volontaires
dotés de maigres moyens.
Le 24 mai, le président Bouteflika, qui se rendait
à Boumerdès, a été accueilli à coups de pierres
et de slogans tels que « Pouvoir assassin ! ».
La télévision n’en a rien montré. En réponse, le
gouvernement algérien a promis d’ouvrir une
enquête et d’accélérer l’acheminement de l’aide
aux sinistrés. Et les bulldozers de l’armée sont
venus remplacer les mains nues des sauveteurs,
signe ô combien symbolique qu’il n’y avait plus
aucun espoir de retrouver trace de vie.
CHRISTOPHE LANCELIN
LES PRÉCÉDENTS
Aux confins des plaques européenne et
africaine, la côte algérienne constitue
une zone d’activité sismique particulièrement sensible. L’histoire récente des
séismes meurtriers, en Algérie, remonte à
1715. Cette année-là, 20 000 personnes pédownloadModeText.vue.download 55 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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rissent dans la destruction de la capitale.
En septembre 1954, Orléansville, entre Alger et Oran, est rasée par deux secousses
espacées d’une semaine : 1 400 personnes
trouvent la mort. Le sort va s’acharner
contre la ville, reconstruite et rebaptisée
El-Asnam : en octobre 1980, un séisme la
frappe à nouveau, faisant 3 000 morts. En
octobre 1989, c’est la région de Tipaza,
à l’ouest d’Alger, qui est victime d’une
secousse tellurique à l’origine d’une trentaine de morts. Dans l’Ouest, Mascara est
frappée en août 1994 – 172 morts – et Aïn
Témouchent en décembre 1999 – 28 morts.
Dans l’Est, Sétif en 1963 et 1975 ainsi
que Constantine en 1985 ont aussi été le
théâtre de séismes meurtriers. Enfin, en
novembre 2001, Bab el-Oued a été dévasté
par des coulées de boue consécutives non
pas à un séisme, mais à de violentes pluies,
qui ont fait près de mille morts.
22
ONU
« Oui » français à la résolution sur l’Irak
Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la
résolution américano-britannique sur la levée des
sanctions en Irak, à l’exception de la Syrie, seul pays
arabe à y siéger, qui a boycotté les débats. La France,
l’Allemagne et la Russie, les principaux opposants
à la guerre en Irak, avaient annoncé qu’ils soutiendraient cette résolution. « Nous avons décidé [...] de
voter pour cette résolution et de travailler à la recherche
d’un consensus au sein du Conseil de sécurité » des
Nations unies, avait déclaré le ministre français des
Affaires étrangères, Dominique de Villepin, lors d’une
conférence de presse à Paris au côté de ses homologues allemand et russe, Joschka Fischer et Igor
Ivanov. Dominique de Villepin a par ailleurs estimé
que l’adoption de cette résolution permettrait de
« faire face à l’urgence, aux difficultés, aux incertitudes
qui règnent aujourd’hui en Irak » sans pour autant
« légitimer » l’intervention américano-britannique.
Les trois chefs de la diplomatie ont salué dans une
déclaration commune la volonté d’« ouverture et de
travail en commun » des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne et se sont félicités de ce que
le projet ait pris en compte leurs préoccupations
concernant notamment le rôle des Nations unies, qui
seront « étroitement impliquées dans le processus politique ». Le 23, le Conseil de sécurité de l’ONU vote la
levée des sanctions internationales imposées à l’Irak
depuis treize ans, à l’exception de celles concernant
les armes, et octroie parallèlement aux forces d’occupation américano-britanniques un large contrôle de
l’économie et de l’avenir politique du pays.
23
Cinéma
Mort de Jean Yanne
Le comédien décède d’une crise cardiaque, à deux
mois de son 70e anniversaire, dans l’ambulance qui
le transportait au CHU de Reims. Producteur, écrivain,
auteur compositeur, chanteur, humoriste, il restera
comme l’acteur de Que la bête meure (1969) et le Boucher (1970), sous la direction de Claude Chabrol, et de
Nous ne vieillirons pas ensemble de Maurice Pialat, qui
lui vaut en 1972 le prix d’interprétation à Cannes, et
comme le réalisateur de comédies satiriques – Tout le
monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972), les
Chinois à Paris (1974), Chobizenesse et Liberté, égalité
choucroute (1975).
25
France
Manifestation contre le projet sur les
retraites
La manifestation nationale pour la défense des
retraites réunit 600 000 personnes à Paris – 300 000
selon la police. Malgré cette mobilisation massive, le
ministre des Affaires sociales François Fillon oppose
une nouvelle fin de non-recevoir aux syndicats en
refusant toute renégociation de la réforme des retraites. Il observe que les manifestants provenaient
« pour l’essentiel » du secteur public. Selon lui, « c’est le
secteur public qui ne veut pas de l’harmonisation entre
le public et le privé. Et ça, c’est une revendication que
nous ne pouvons pas accepter. »
Proche-Orient
Sharon accepte la « feuille de route »
Le gouvernement israélien approuve la « feuille de
route » prévoyant la création d’un État palestinien
d’ici à 2005. C’est la première fois qu’Israël approuve
formellement l’idée de voir instaurer à terme un État
arabe en Cisjordanie et à Gaza. Le Premier ministre
Ariel Sharon a souligné que la « feuille de route »
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54
était à ses yeux un « moindre mal », en réponse aux
critiques de l’aile la plus nationaliste de son gouvernement. Élaborée par les États-Unis, l’ONU, la Russie
et l’Union européenne, la « feuille de route », qui a
été remise officiellement aux protagonistes le 30 avril
et que les Palestiniens ont déjà acceptée sans conditions, prévoit l’arrêt total des violences de l’Intifada, le
gel de la colonisation israélienne des territoires occupés et la création d’un État palestinien d’ici à 2005.
Cinéma
La palme d’or à Gus Van Sant
Le jury du 56e Festival de Cannes présidé par Patrice
Chéreau attribue deux prix prestigieux à Elephant de
l’Américain Gus Van Sant, son dixième film : la palme
d’or et le prix de la mise en scène. Interprété par des
acteurs non professionnels, pour la plupart adolescents, Elephant est une fiction inspirée des actes
de violence dans les lycées américains, notamment
le drame qui s’est produit dans le lycée Columbine
en 1999. Lointain (Uzak) du Turc Nuri Bilge Ceylan
et les Invasions barbares du Canadien Denys Arcand
obtiennent deux récompenses : prix d’interprétation
masculine (Mehmet Emin Toprak et Muzaffer Ozdemir) et Grand Prix (hiérarchiquement au deuxième
rang du palmarès) pour le premier, prix d’interprétation féminine (Marie-Josée Croze) et prix du scénario
pour le second. À cinq heures de l’après-midi de l’Iranienne Samira Makhmalbaf obtient le prix du jury.
Malgré une présence massive, les films français (cinq
sur les 20 proposés en compétition) sont absents du
palmarès.
Un printemps social agité sur
fond de réforme des retraites
Mise en chantier dès la rentrée 2002 et
lancée par Jacques Chirac le 6 janvier, la
réforme du système des retraites donne lieu
à un long bras de fer entre le gouvernement
et les syndicats, qui en ressortent divisés.
Malgré six semaines d’un mouvement social
sans précédent depuis 1995, le projet de loi
est approuvé en Conseil des ministres le 28 mai
et soumis le 10 juin à l’Assemblée, où l’opposition prend le relais des syndicats pour batailler
contre un texte que le gouvernement veut faire
entériner avant les vacances parlementaires.
L’esprit de mai
La France a commémoré le 21 avril le premier
anniversaire du traumatisme électoral qu’avait
constitué au premier tour des présidentielles
le score de Jean-Marie Le Pen qui, en éliminant
Lionel Jospin, avait été promu rival du président
sortant Jacques Chirac, grand vainqueur d’un second tour aux allures de plébiscite le 5 mai. Mais,
un an après, l’« esprit de mai » qui avait, dit-on,
présidé à cette victoire d’un front républicain
incarné par M. Chirac a fait long feu, emporté
par les tensions sociales provoquées par une réforme du système des retraites que les syndicats
et une partie de l’opinion percevront comme
un fait accompli. Encouragé par l’aphasie d’une
gauche encore sonnée par la double épreuve
des présidentielles et des législatives, ce consensus mou avait survécu à une rentrée politique et
sociale éclipsée par une actualité internationale
brûlante dominée par les perspectives de guerre
en Irak. La politique étrangère audacieuse de la
France, qui a su tenir tête aux États-Unis dans un
long et inégal bras de fer diplomatique, vaudra à
M. Chirac un taux de popularité sans précédent
dans une opinion publique réunie, par-delà les
clivages politiques, dans un refus unanime de la
guerre. Mais la vie politique nationale retrouvera
ses droits avant même que la prise de Bagdad
par les Américains le 10 avril n’annonce une
accalmie dans le dossier irakien, faisant voler en
éclats ce consensus.
Essoufflement
Le mouvement de protestation contre les
réformes engagées sur le terrain social par le
gouvernement de Jean-Pierre Raffarin prendra
d’autant plus d’ampleur que la colère syndicale
avait été contenue et maintenue sous pression,
pour exploser en un printemps social réveillant
à droite le souvenir obsédant du mouvement
de 1995 qui avait fait reculer Alain Juppé, alors
Premier ministre. Mais, cette fois, pour le chef du
gouvernement et au-delà pour le chef de l’État,
il n’est pas question de transiger sur la réforme
annoncée des retraites, inscrite dès janvier
2002 dans le programme électoral de l’Union
en mouvement (UEM, future UMP) sous l’égide
de François Fillon devenu ministre des Affaires
sociales et auteur du projet de loi afférent qui
s’imposera à la rentrée 2002 comme le chantier
majeur de Matignon. Il y va de la crédibilité du
gouvernement et de J. Chirac lui-même, qui
a lancé le 6 janvier une réforme qualifiée de
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
55
« juste » et de « nécessaire », voire vitale pour
la France, à la traîne de la plupart de ses partenaires européens sur le dossier des retraites.
Au même moment, 7 syndicats emmenés par le
tandem CGT-CFDT présentent un front uni pour
annoncer une journée d’action le 1er février,
sans toutefois contester la nécessité d’engager une réforme des retraites pour laquelle ils
entendent réaffirmer le respect du principe de
répartition, contre une tendance générale à la
capitalisation. Commence une longue épreuve
de force entre le gouvernement de M. Raffarin,
qui dessinait les contours du projet de loi en
lançant le débat sur les retraites le 3 février, et
des syndicats décidés à sauvegarder les acquis
du système, tout en négociant les termes d’une
indispensable réforme.
Mais la détermination affichée par le gouvernement, bien décidé à procéder à un alignement
du public sur le privé, assorti d’un allongement
du temps de cotisation et, à terme, d’une aug-
mentation du montant des cotisations, laisse
peu de place à la négociation, que M. Fillon
n’engage que le 14 mai, au lendemain d’une
journée de mobilisation sans précédent qui a
rassemblé près de 2 millions de personnes à
travers la France. Depuis les manifestations du
3 avril et du 1er mai, le mouvement, auquel se
sont ralliés les enseignants mobilisés contre le
projet de loi de décentralisation, radicalisant
les grèves de la fonction publique qui paralysent le pays, a pris une ampleur nationale.
Pourtant M. Raffarin refuse de céder aux pressions de la rue, qui « ne gouverne pas », précisera-t-il, misant sur l’essoufflement du mouvement, d’autant que les négociations tardives
et infructueuses avec les syndicats ont ouvert
une brèche dans leur front unitaire, avec « le
compromis acceptable » scellé entre M. Fillon
et le dirigeant de la CFDT, François Chérèque.
Le calcul se révélera exact : après la grande
manifestation du 25 mai, le mouvement, mené
par la CGT et FO, marque un repli visible lors
de la journée de grèves et de manifestations
du 3 juin, qui en sera le chant du cygne. La
lassitude l’a emporté chez les grévistes, moins
nombreux, sauf dans l’éducation, les transports
et La Poste, à suivre un mouvement boudé par
le privé. Quant aux enseignants, M. Sarkozy
parvient à calmer leur colère en renvoyant à
l’automne le projet de décentralisation, qui
devrait se solder par le transfert aux collectivités locales de personnels non enseignants de
l’Éducation nationale. La réforme des retraites
est donc lancée le 10 juin sur les rails d’un
débat parlementaire qui voit les législateurs
de l’opposition prendre le relais des syndicats
et ferrailler à coups d’amendements, dans
une vaine bataille procédurière dont le seul
effet sera de retarder l’inéluctable adoption
d’un texte renvoyé en session extraordinaire
en juillet. Le dossier doit être bouclé avant les
vacances parlementaires, en prévision d’une
rentrée sociale qui promet d’être agitée. Car, s’il
a gagné la partie, le gouvernement s’avance sur
un terrain social miné, avec d’autres projets de
loi en réserve, de la décentralisation de l’État à
la réforme de l’université en passant par celle
de l’assurance-maladie.
GILLES EUDES
SAUVER LA RÉPARTITION
Si la réforme des retraites a provoqué un
tel tollé, c’est moins pour le principe, qui
en a été admis jusque par la CGT, que sur
la façon dont elle a été imposée par M. Raffarin. Si le texte de 81 articles ne remet pas
fondamentalement en cause le principe de
la répartition, garant d’une solidarité intergénérationnelle menacée par la démographie, il est soupçonné par les syndicats et
par l’opposition d’entraîner une paupérisation de la société. L’alignement progressif de la durée d’assurance du public sur le
privé, avec un passage de 37,5 ans à 40 ans
d’ici à 2008, après quoi la durée de cotisation, en tenant compte de l’allongement de
l’espérance de vie, devra être ajustée et
portée à 41 ans en 2012, figure au nombre
des points les plus contestés de ce texte,
dont les syndicats ont exigé qu’il prenne
mieux en compte le concept de pénibilité
du travail.
27
Europe
Accord sur la navigation par satellite
L’Agence spatiale européenne (ESA) annonce que
quinze États européens – la plupart des pays de
l’Union européenne plus la Norvège et la Suisse
– ont conclu un accord sur le lancement du programme Galileo de navigation par satellite après
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
56
de difficiles négociations entre les différents partenaires. La Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l’Allemagne mettaient en cause la nécessité d’un tel
système, tandis que l’Allemagne et l’Italie contestaient l’ampleur de leur participation au projet.
Le programme Galileo de navigation par satellite
devrait assurer aux pays qui en bénéficieront une
meilleure surveillance de la circulation routière, la
localisation des transporteurs aériens, ferroviaires
ou maritimes ou favoriser la synchronisation des
échanges de données entre ordinateurs. Par ailleurs,
ce programme, comme l’ont souligné ses promoteurs, permettra de créer quelque 140 000 emplois
et de relancer ainsi l’industrie spatiale européenne,
frappée par la baisse de la demande sur le marché
des télécommunications et de la construction de
satellites.
France
La décentralisation dans l’Éducation en
question
Le Premier ministre propose aux syndicats d’engager « immédiatement et sans a priori » des discus-
sions sur les « missions et les garanties statutaires »
des personnels dans le cadre de la décentralisation.
Les modalités de la décentralisation pour les techniciens, ouvriers de service et de santé (TOSS) sont
au coeur du conflit qui oppose depuis plusieurs semaines enseignants et gouvernement. Il charge les
ministres de l’Éducation nationale Luc Ferry et de
l’Intérieur Nicolas Sarkozy d’instaurer « la nécessaire
discussion sur les missions, les garanties statutaires des
personnels » et sur la mise en oeuvre du transfert de
personnels non enseignants aux collectivités locales. La décision de Jean-Pierre Raffarin intervient
à l’issue d’une journée où plusieurs centaines de
milliers de personnes ont de nouveau manifesté
en France. Le 31, le gouvernement annonce le report à l’automne de la réforme des universités, qui
visait à accroître leur autonomie et les pouvoirs des
présidents.
29
Europe
Blocage à la Convention sur l’avenir de
l’Europe
Emmenés par le Danois Jens-Peter Bonde, treize représentants d’États « eurosceptiques » – les pays qui
ont soutenu les États-Unis durant la guerre en Irak –
présentent un projet alternatif à la réforme des institutions proposée par Valéry Giscard d’Estaing dans
le cadre de la Convention sur l’avenir de l’Europe.
De son côté, le représentant du gouvernement
espagnol, Alfonso Dastis, soutenu par huit autres
gouvernements peu intégrationnistes – RoyaumeUni, Pologne, Danemark, Suède, Irlande, Autriche,
Chypre, Lituanie – rédige une lettre demandant
de ne pas rouvrir le débat sur la répartition des
pouvoirs en Europe, à propos duquel les Quinze
s’étaient opposés à Nice à la fin de 2000. Or, la révision de Nice est, notamment pour M. Giscard d’Estaing, indispensable à une vraie réforme de l’Union.
Le président de la Convention souhaite revenir sur
le principe d’un commissaire par pays, pour éviter
la constitution d’une Commission pléthorique. Il
propose que les voix au Conseil des ministres et
les sièges au Parlement soient fonction du poids
démographique, ce qui amoindrirait la surreprésentation des « petits pays ». Trois semaines avant la fin
des travaux, les divisions entre les États menacent
l’avenir de l’Europe commune.
Irak
Les ADM : un prétexte pour la guerre
Paul Wolfowitz, secrétaire adjoint américain à la
Défense et numéro deux du Pentagone, reconnaît
dans une interview au magazine Vanity Fair que la
présence d’armes de destruction massive (ADM) en
Irak « n’était pas la principale raison du conflit », lequel
a été décidé pour des « raisons bureaucratiques ».
Sept semaines après la fin de la guerre en Irak, aucune arme de destruction massive n’y a été trouvée
et aucune preuve n’a établi de liens entre le régime
de Saddam Hussein et le réseau terroriste al-Qaida,
deux des principales justifications avancées par
Washington et Londres pour déclencher une guerre
préventive contre ce pays. Autre raison à l’invasion
de l’Irak, selon M. Wolfowitz : un renversement de
Saddam Hussein permettait aux États-Unis de retirer leurs troupes d’Arabie saoudite, une présence
qui constitue l’une des principaux griefs du réseau
terroriste al-Qaida.
31
Football
Victoire d’Auxerre en Coupe de France
Auxerre remporte la finale de la 85e Coupe de France
au Stade de France, à Saint-Denis, en battant le Paris
Saint-Germain 2 buts à 1. Les deux équipes sont des
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
57
spécialistes de l’épreuve qui se sont adjugé cinq
des dix dernières éditions. « Il s’agit de ma troisième
Coupe [1994 et 1996] en quatre essais sur une distance
de vingt-quatre ans », déclare Guy Roux, l’entraîneur
bourguignon. « Je la dispute depuis 1954-1955 en tant
que joueur d’abord, où j’ai connu bien des fois des cirés
au premier tour, puis en tant qu’entraîneur. J’apprécie
d’autant plus cette victoire ce soir. Mais la plus belle
finale que j’ai disputée est celle perdue en 1979. On avait
amené Nantes aux prolongations avec des joueurs quasiment amateurs qui travaillaient. »
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58
Juin
1
France
Sommet du G8 à Évian
Les huit membres du G8 (États-Unis, Russie, France, Al-
lemagne, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Canada) se
retrouvent à Évian en Haute-Savoie pour discuter des
moyens de relancer l’économie mondiale, mais aussi
de la reconstruction de l’Irak, de la lutte contre le terrorisme, du sous-développement chronique des pays
pauvres, du réchauffement climatique ou du sida.
Parallèlement, ils accueillent sur les rives du lac Léman
quatorze autres chefs d’État et de gouvernement des
principaux pays émergents ou pauvres et des organisations internationales afin d’instaurer avec eux un
« dialogue élargi » sur la croissance et la coopération
internationale et de montrer que le club des huit pays
les plus riches n’est pas un « directoire du monde » coupé des réalités, selon les propos de Jacques Chirac. Les
Huit affichent leur volonté de réconciliation symbolisée par la poignée de main rapide mais symbolique
échangée par Jacques Chirac et George W. Bush. Les
invités exhortent les pays développés à accroître leur
aide en direction du Sud. Au nom des Nations unies,
Kofi Annan déplore que ceux-ci soient « encore loin »
de l’objectif, défini en 2000 lors du sommet du Millénaire, d’accroître de 50 milliards de dollars par an leur
aide publique au développement. Il plaide pour des
annulations plus importantes de la dette et pour un
meilleur accès des pays pauvres aux marchés des économies les plus développées. De son côté, le président
brésilien Lula présente son plan contre la faim dans le
monde, financé par une taxe sur les ventes d’armes.
Jacques Chirac se dit « totalement favorable » à cette
proposition. Dans leur déclaration finale, les Huit se
disent « confiants dans le potentiel de croissance de leurs
économies ». Durant le sommet d’Évian, des dizaines de
milliers de contestataires venant de Genève et d’Annemasse défilent en Suisse et en France. Quelques incidents entre altermondialistes et policiers sont signalés.
3
Proche-Orient
Tournée de G. W. Bush
Le président américain George W. Bush entame une
tournée de deux jours en Égypte et en Jordanie destinée à relancer le processus de paix entre Israéliens
et Palestiniens. À Charm el-Cheikh (Égypte), il s’entretient avec son homologue égyptien Hosni Moubarak, le prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite, le
roi Abdallah de Jordanie, le roi Hamad de Bahreïn
et le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas.
Le 4, il rencontre Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ariel Sharon à Aqaba (Jordanie) afin
d’étudier les modalités d’application de la « feuille
de route » élaborée par les médiateurs – ÉtatsUnis, Nations unies, Union européenne et Russie –,
fixant pour objectif la création progressive d’un État
palestinien d’ici à 2005. Les parties israélienne et
palestinienne confirment leur volonté de respecter
les règles de la feuille de route et de reprendre des
négociations directes. Mahmoud Abbas s’engage à
mettre fin au soulèvement armé contre l’occupation
israélienne ; Ariel Sharon se déclare prêt à accepter
un État palestinien possédant une continuité territoriale et s’engage à « commencer immédiatement » à
démanteler les colonies non autorisées. De leur côté,
les dirigeants du Hamas et du Djihad islamique critiquent l’attitude de Mahmoud Abbas, qui a promis
de mettre fin à « l’Intifada armée » et renoncer au « terrorisme contre les Israéliens où qu’ils soient ».
George Bush à la recherche de la
paix au Proche-Orient
Sitôt finie la guerre en Irak, G.W. Bush s’est
attaché à relancer le processus de paix au
Proche-Orient, dossier qu’il avait pourtant
négligé depuis son investiture
à la Maison-Blanche.
Le processus de paix au Proche-Orient a rattrapé George W. Bush qui, depuis son arrivée
à la Maison-Blanche, en janvier 2001, avait pris
soin de se tenir à l’écart de ce dossier comme
des grands sujets de politique étrangère dont il
prétendait pouvoir s’exonérer, en orientant les
États-Unis sur la voie d’un protectionnisme qui
les aurait mis à l’abri du tumulte du monde, tout
en leur permettant de continuer à en assumer
le leadership économique. Mais le repli sur soi
n’était plus de mise alors que le monde se rappelait violemment aux États-Unis avec les attentats
du 11 septembre 2001, qui ont contraint le président américain à changer son fusil d’épaule et à
accorder la priorité à une politique étrangère qui
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
59
s’apparente à celle de la canonnière, au service
de la sécurité du pays menacée par le terrorisme
international.
Remodeler les Proche-Orient
Si G.W. Bush a pris soin d’écarter tout lien de causalité entre le conflit israélo-palestinien et le terrorisme islamiste qui s’en nourrirait et souvent
s’en réclame en dénonçant la collusion entre les
États-Unis et Israël, il a dû se pencher sur le dossier explosif du Proche-Orient autrement qu’en
manifestant sa solidarité à l’égard d’Ariel Sharon,
le Premier ministre israélien qui parvenait au
pouvoir en même temps que lui, sur fond d’une
seconde Intifada ruinant toute perspective de
dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Cette
intervention devenait d’autant plus impérieuse
que, après avoir fait victorieusement la « guerre
contre le terrorisme » en Afghanistan puis en
Irak, les États-Unis manifestaient une indifférence persistante face à ce dossier et que les
soupçons insistants de partialité en faveur de
l’État hébreu risquaient d’exacerber l’hostilité du
monde musulman à l’endroit des Américains et
de ruiner ainsi les acquis des victoires militaires
de Washington, qui ne cache pas ses intentions
de remodeler le Proche-Orient en y insufflant
les germes de la démocratie au mieux de ses
intérêts pétroliers. Le 26 février, en pleins préparatifs de guerre contre l’Irak, G.W. Bush avait
souligné la nécessité de renverser le régime de
Saddam Hussein pour le remplacer par un pouvoir démocratique dont les bienfaits rejailliraient
sur tout le Proche-Orient, à commencer par le
conflit israélo-palestinien. La chute de Saddam
Hussein, le 10 avril, allait donner les coudées
franches au président américain pour mettre à
exécution ce plan ambitieux, servi par la « feuille
de route » conçue et adoptée, le 17 septembre
2002, par le « Quartet » réunissant les États-Unis,
la Russie, l’UE et l’ONU. Ce plan par étapes devant conduire d’ici à 2005 à la création d’un État
palestinien, postulat à partir duquel devront se
régler les contentieux avec l’État hébreu, était
rendu public le 30 avril, une semaine après que
l’Autorité palestinienne a surmonté ses dissensions internes pour nommer Premier ministre
Mahmoud Abbas – ou Abou Mazen –, un modéré ayant les faveurs de l’État hébreu et de la
Maison-Blanche, qui estiment que Yasser Arafat
s’est disqualifié en échouant à mettre un terme
aux attentats. Si les responsables palestiniens
ont accepté immédiatement la feuille de route,
Ariel Sharon ne s’y résignera que le 25 mai, en
assortissant son application de 14 réserves.
Entre-temps, le 22 mai, les États-Unis ont fait
voter par l’ONU la résolution avalisant leur présence en Irak et leur permettant d’y gérer, seuls
ou presque, l’après-guerre. C’est donc en position de force que G.W. Bush a opéré son grand
retour dans le dossier du Proche-Orient, prenant
en charge une feuille de route qu’il prétend piloter seul, avec d’autant plus d’assurance que les
Américains peuvent, plus que leurs partenaires
du Quartet, se prévaloir du respect des Israéliens
et des Palestiniens, incapables de régler seuls
leurs différends.
Sur les traces de Bill Clinton
Après trente-deux mois d’une Intifada qui a fait
plus de 3 000 morts et continue à tuer chaque
jour des Palestiniens et des Israéliens, le président Bush peut se permettre de marcher sur les
traces de son père et de Bill Clinton, qu’il avait
d’abord évité de suivre, pour relancer une négociation de paix depuis trop longtemps dans
l’impasse. Dans la foulée d’une tournée qui l’a
conduit du 30 mai au 2 juin en Pologne, en Russie et à Évian pour le sommet du G8, G.W. Bush se
rend le 3 juin à Charm el-Cheikh en Égypte pour
faire cautionner la « feuille de route », certes
avec des réserves, par quatre dirigeants arabes,
le président égyptien Hosni Moubarak, le prince
Abdallah d’Arabie saoudite, le roi de Jordanie
Abdallah II, l’émir du Bahreïn Hamad ben Issa
Al-Khalifa, président de la Ligue arabe qui avait
pourtant appuyé en mars 2002 le plan de paix
saoudien prévoyant la reconnaissance d’Israël
en échange d’un retour aux frontières de 1967,
mis au rancart en raison du rejet catégorique
d’Israël. Ce soutien, même mesuré, constituait
un préalable nécessaire à la rencontre qu’il aura
le lendemain à Aqaba en Jordanie avec Ariel Sharon et Mahmoud Abbas, auprès desquels il s’est
engagé à faire aboutir la feuille de route, désignée comme « la plus haute priorité » du secrétaire d’État Colin Powell et de sa conseillère pour
la sécurité Condoleezza Rice, une promesse assortie de mesures concrètes, comme l’envoi sur
place d’un envoyé spécial, John Wolf, et d’une
équipe de la CIA et du Département d’État. De
leur côté, les Premiers ministres israélien et palestinien sont invités à donner des signes de leur
bonne volonté, le démantèlement des points
de colonisation pour l’un, l’arrêt de la violence
et des attentats pour l’autre. Mais ces tests se
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
60
heurtent aux radicaux des deux camps, qui se
livrent à une surenchère telle que les États-Unis
devront hausser le ton et auront d’autant plus de
mal, peut-être, à se faire entendre qu’ils ont fait
cavalier seul dans ce dossier, en marginalisant
les Européens, les Russes et l’ONU, leurs partenaires du Quartet, réunis lors d’un sommet de
pure forme le 22 juin à Chouneh, en Jordanie.
ULYSSE GARO
UN SUIVI DIFFICILE POUR
LA FEUILLE DE ROUTE
En relançant les négociations de paix au
Proche-Orient, les Américains n’ont jamais
cessé de privilégier l’angle sécuritaire qui
prévaut à Washington. Aussi ont-ils multiplié les pressions sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle adoube Mahmoud
Abbas, déterminé à mettre fin à l’Intifada
armée, et pour que celui-ci tienne ses engagements en neutralisant les islamistes
du Hamas, qui ont multiplié les attentats
suicides, malgré le mur érigé par les Israéliens, qui souligne le fait accompli de la
Ligne verte de 1967 en englobant plusieurs
colonies juives et en taillant à vif dans des
localités palestiniennes. Mais les Américains ne veulent pas voir leurs efforts
sapés par la politique sécuritaire d’Israël,
qui avait mis en péril la feuille de route le
10 juin, en lançant un raid meurtrier à Gaza
contre un chef du Hamas, qui en réchappera, provoquant une riposte sanglante
du Hamas le lendemain à Jérusalem, tuant
17 personnes.
5
Croatie
Visite de Jean-Paul II
Le pape se rend pour une visite de cinq jours – sa troisième – en Croatie, le centième voyage à l’étranger
de son pontificat. Jean-Paul II aura passé 575 jours
à l’étranger en incluant sa visite en Croatie, soit près
d’un an et demi, depuis son élection le 16 octobre
1978. Ses déplacements l’ont conduit dans 129 pays
et représentent une distance parcourue de plus de
1 160 000 km.
À Dubrovnik, il béatifie une religieuse, Marija Petkovic, morte à Rome en 1966 après avoir fondé une
communauté religieuse qui s’occupait des enfants
en Croatie et en Amérique latine. Il salue « la vocation
élevée » des mères et des épouses qui élèvent leurs
enfants « et apportent amour et stabilité aux familles ».
À Osijek, près de la frontière serbe, il célèbre une
messe devant 150 000 fidèles.
6
République démocratique du
Congo
L’armée française en mission
Dans le cadre d’une mission de maintien de la paix
sous mandat des Nations unies, la mission Artémis,
un contingent de soldats français s’installe dans le
nord-est de la République démocratique du Congo
(Congo-Kinshasa). Il doit préparer le terrain pour
l’arrivée d’une force de 1 700 soldats de l’Union européenne destinée à stabiliser la région. De récents
affrontements tribaux y ont fait plusieurs centaines
de morts depuis le retrait des troupes ougandaises
le 7 mai dernier. Le 14, les troupes françaises, qui ne
peuvent tirer que pour se défendre, ripostent à des
tirs dans la province d’Ituri, déchirée par une guerre
interethnique entre Hemas et Lendus qui a fait des
milliers de morts à Bunia et dans ses environs. L’Ituri
recèle des ressources minières naturelles comme le
coltan, utilisé dans la fabrication des téléphones portables, l’or, les diamants ou le bois.
8
Tennis
Henin et Ferrero vainqueurs
à Roland-Garros
La Belge Justine Henin-Hardenne, tête de série numéro quatre et âgée de vingt et un ans, remporte le
simple dames des 102es Internationaux de France de
tennis en battant en finale sa compatriote Kim Clijsters, tête de série numéro deux, 6-0, 6-4. C’est sa première victoire dans un tournoi du Grand Chelem. En
demi-finale, Justine Henin-Hardenne avait écarté la
favorite, l’Américaine Serena Williams, qui briguait un
cinquième titre consécutif en Grand Chelem. Grâce
à sa victoire, elle passe de la 4e place à la 3e, sa plus
haute position dans la hiérarchie mondiale, au classement du circuit WTA, derrière Serena Williams (ÉtatsUnis) et Kim Clijsters. Chez les messieurs, l’Espagnol
Juan Carlos Ferrero, tête de série numéro trois et âgé
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
61
de vingt-trois ans, remporte le tournoi des Internationaux de France de tennis à Roland-Garros en battant
le Néerlandais Martin Verkerk 6-1, 6-3, 6-2. Sa victoire,
la première dans un tournoi du Grand Chelem, intervient après deux demi-finales et une finale perdues
depuis 2000 à Paris. Elle lui vaut la première place du
classement de l’ATP Race.
Pologne
« Oui » à l’UE
Les électeurs polonais approuvent par référendum
l’adhésion de leur pays à l’Union européenne en
2004 : 77,41 % d’entre eux ont dit « oui » à l’UE contre
22,59 %. Le taux de participation a atteint 58,82 %
des 29,5 millions d’électeurs. Le président polonais
Aleksander Kwasniewski se félicite de ce résultat, en
déclarant : « Nous sommes de retour. Nous sommes de
retour en Europe. » Avec cette victoire du « oui », la
Pologne pourra entrer dans l’Union le 1er mai 2004 à
l’occasion de l’élargissement à 25, le plus important à
ce jour. Avec 38 millions d’habitants, la Pologne est le
plus peuplé des dix pays candidats. Cinq d’entre eux
(Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Malte, Lituanie) ont
déjà approuvé par référendum leur entrée dans l’UE.
Italie
Revers électoral pour Berlusconi
Deux semaines après avoir perdu la province de
Rome, la coalition de droite du président du Conseil
Silvio Berlusconi subit un nouveau revers lors d’élections locales partielles dans lesquelles les électeurs
étaient appelés à renouveler l’exécutif de deux des
vingt régions d’Italie et votaient également pour
le second tour dans trois provinces et 49 conseils
municipaux. Dans les élections municipales, droite et
gauche se partagent les six chefs-lieux de province
en jeu : Trévise, Vicence et Sondrio pour la droite,
Brescia, Pescara et Ragusa pour la gauche. Mais la
coalition de droite perd l’élection la plus importante,
en cédant la région du Frioul-Vénétie-Julienne où
le candidat de centre gauche, Riccardo Illy, ancien
maire de Trieste, domine la candidate de la Ligue du
Nord, Alessandra Guerra.
9
Grande-Bretagne
Euro : Londres pas encore prête
Le ministre britannique des Finances Gordon Brown
annonce devant la Chambre des communes la décision de Londres de reporter l’adhésion à la zone euro,
le gouvernement de Tony Blair considérant que le
Royaume-Uni n’est pas encore prêt à adopter l’euro.
Le gouvernement de Tony Blair se dit officiellement
favorable au principe de l’adhésion à l’euro, mais il
attend le moment opportun pour soumettre la question à référendum. En effet, les sondages d’opinion
indiquent qu’une majorité de Britanniques est hostile
à l’euro.
Les Britanniques toujours
sceptiques face à l’euro
Dans un discours prononcé le 9 juin à la
Chambre des communes, le chancelier de
l’Échiquier, Gordon Brown, a dénié à l’économie britannique la capacité de rallier à
court terme la zone euro.
S’il a donc été une fois encore reporté, cet objectif s’inscrit néanmoins toujours à l’horizon
du mandat de Tony Blair, qui s’est engagé personnellement en faveur de l’adoption de la mon-
naie européenne. Après la participation controversée de l’armée britannique à la guerre contre
l’Irak, c’est un nouveau défi que devra relever le
Premier ministre, en ayant raison du scepticisme
tenace de l’opinion à l’égard de l’euro, qui doit
faire l’objet d’un référendum dont le cadre sera
défini à l’automne, et plus généralement de
l’Europe.
Un échec pour Tony Blair
L’euro ne fait toujours pas recette en GrandeBretagne. Se faisant l’écho des réserves de l’opinion et d’une grande partie de la classe politique
britannique à l’égard de la monnaie européenne
entrée en circulation dans douze pays de l’UE
depuis le 1er janvier 2002, le chancelier de l’Échiquier Gordon Brown a annoncé dans un discours
prononcé le 9 juin devant la Chambre des communes que la Grande-Bretagne n’était pas encore prête pour une adhésion au club de l’euro,
faute de satisfaire pleinement aux cinq critères
économiques et financiers que le royaume s’était
fixés en octobre 1997 comme conditions de son
intégration. Le verdict délivré par le ministre
britannique des Finances est un mauvais coup
pour le Premier ministre Tony Blair. Intervenant à mi-mandat, l’annonce de Gordon Brown,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
62
qui renvoie à des jours meilleurs la tenue d’un
référendum maintes fois reporté sur l’adhésion
à la monnaie européenne, se présente en effet
comme un désaveu des grands choix européens
du chef du New Labour, qui bute décidément
sur cette question de l’euro, qui résiste à ses
talents reconnus de grand communicateur. En
1999 déjà, Tony Blair avait lancé à mi-parcours
de son premier mandat une première campagne
pour l’euro, qui était passée par pertes et profits
de la campagne électorale. Cette fois encore,
le report annoncé semble remettre en cause le
processus d’intégration européenne qu’appelle
de ses voeux le Premier ministre, même si, officiellement, Gordon Brown n’a pas fermé la porte
du club de l’euro. Procédant d’un laborieux compromis avec son chancelier de l’Échiquier, aux
côtés duquel il s’affichait le 10 juin lors d’une
conférence de presse visant à sauver les apparences d’une unité de vue sur les questions européennes, la décision de Tony Blair de temporiser s’assortit en effet de la possibilité toujours
offerte aux Britanniques de se prononcer sur
l’adhésion à l’euro lors d’un référendum qui fera
l’objet d’un projet de loi prévu pour l’automne
2003. Le ministre des Finances lui-même, qui
ne passe pas pour un Européen convaincu, a
chanté les louanges de l’euro, dont il a souligné
les avantages – notamment une baisse des taux
d’intérêt et un doublement des échanges avec
la zone euro en trente ans – pour une économie
britannique qui ne donnerait pas encore pleine
satisfaction dans 4 des 5 tests économiques
constituant l’examen de passage à la monnaie
européenne. Encore faut-il en convaincre les
Britanniques, qui semblent moins prêts que leur
économie à se mettre à l’heure de l’euro.
Un euroscepticisme largement partagé
C’est là un nouveau défi pour Tony Blair, qui
a réaffirmé son « désir d’euro » et sa volonté
de voir la Grande-Bretagne s’inscrire au « coeur
de l’Europe » en laissant enfin la livre sterling
se fondre dans la monnaie européenne, contre
vents et marées d’un euroscepticisme insulaire
qui transcende les clivages politiques et s’exprime avec force dans la presse populaire. Après
avoir essuyé la tempête provoquée jusque dans
les rangs travaillistes par son engagement aux
côtés des Américains dans la guerre contre l’Irak,
le chef du New Labour doit cette fois affronter
le manque d’enthousiasme des sujets de la Couronne à l’égard d’une intégration plus poussée
à l’UE. La chute rapide du régime de Saddam
Hussein n’a laissé qu’un court répit à Tony Blair,
qui doit à présent rendre des comptes sur la
légitimité d’une guerre qu’il avait justifiée par
la nécessité de neutraliser un programme irakien d’armes de destruction massive toujours
introuvables, au risque de se brouiller avec ses
partenaires allemands et français au sein d’une
Europe qui sort profondément divisée du conflit
et dans laquelle il prétend cependant redonner
à la Grande-Bretagne un rôle central. Des contradictions qui ne sont guère de nature à insuffler
aux Britanniques le désir d’Europe affiché par
Tony Blair, sur lequel les tabloïds tirent à boulets
rouges. Le chef du New Labour semble pourtant
prêt à relever le défi et à s’engager dans cette
nouvelle bataille sur le double front de l’euro
et de la Convention européenne, qui fédère les
eurosceptiques désireux d’en découdre avec le
gouvernement travailliste. Alors que s’éloigne la
perspective d’un référendum sur l’euro, ceux-ci
militent en faveur de la tenue d’un référendum
sur la future Constitution européenne, dont les
principes devaient être approuvés le 20 juin à
Thessalonique, à la plus grande satisfaction de
Tony Blair, qui a estimé avoir obtenu gain de
cause sur les objections qu’il avait soulevées
auprès de Valéry Giscard d’Estaing, le président
de la Convention. Le Premier ministre, qui s’est
félicité d’un texte qui donnerait raison à Londres
sur « tous les principaux dossiers », singuliè-
rement sur la question du maintien du vote à
l’unanimité et donc de son droit de veto en matière de fiscalité, de diplomatie et de défense, ne
voit pas l’utilité d’un référendum sur la Convention. Et il ne désespère pas de convaincre les Britanniques que le passage à l’euro constituerait
une autre victoire pour la Grande-Bretagne.
GEORGES CHEVRON
CINQ CRITÈRES POUR ADOPTER L’EURO
En octobre 1997, Londres a conditionné
son entrée dans le club de l’euro à 5 critères : une convergence durable entre les
cycles économiques de la Grande-Bretagne et de la zone euro ; la flexibilité de
l’économie par rapport à celle du continent ; un effet positif sur l’investissement
domestique et étranger ; un effet positif
sur la croissance, la stabilité et l’emploi ; la
compétitivité des services financiers de la
City. Selon Gordon Brown, seul ce dernier
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
63
critère aurait été rempli de « façon claire et
non ambiguë », ce qui était déjà le cas en
1997. Selon le ministre, pour que la GrandeBretagne puisse rallier l’euro, les efforts
devront porter surtout sur les deux premiers critères, qui ont clairement échoué,
leur amélioration entraînant mécaniquement celle des deux autres critères.
10
Proche-Orient
Menaces sur la « feuille de route »
L’armée israélienne rate sa tentative d’exécution ciblée d’un dirigeant du Hamas à Gaza. Représentant
l’aile dure du Mouvement de la résistance islamique
et opposé à la fin des attentats contre Israël, Abdel
Aziz Rantissi, numéro deux du Hamas, est le plus haut
responsable politique du Hamas pris pour cible par
Israël en près de trois ans d’Intifada. L’opération de
Tsahal fait néanmoins deux morts et une vingtaine de
blessés à Gaza, menaçant du même coup la « feuille
de route » soutenue par Washington pour aboutir
à une paix négociée au Proche-Orient. Si George
W. Bush fait part de son « trouble », Mahmoud Abbas
dénonce ce qu’il considère comme une attaque « terroriste ». Déjà contesté par plusieurs organisations
palestiniennes qui lui reprochent des concessions
trop vastes, le Premier ministre palestinien apparaît
fragilisé par l’attaque israélienne. Le 11, au moins
seize personnes sont tuées et soixante-dix blessées
dans l’explosion de la bombe d’un kamikaze près
d’un autobus dans le centre de Jérusalem-Ouest. Peu
après, des hélicoptères israéliens effectuent un raid
sur Gaza, faisant 7 morts.
France
Nouvelle journée d’action contre la
réforme des retraites
De nombreuses manifestations contre les projets
gouvernementaux de réforme des retraites et de décentralisation de l’Éducation nationale, à l’instigation
de la CGT, de FO, de la FSU et de l’UNSA, ont eu lieu
dans toute la France, réunissant un million et demi
de personnes – 440 000 selon la police. Les manifestants réclament une nouvelle fois la réouverture des
négociations sur la réforme des retraites. Face à cette
mobilisation enseignante et aux menaces qui planent sur le baccalauréat, le gouvernement renonce
à décentraliser les conseillers d’orientation, médecins scolaires, assistantes sociales et psychologues,
et débloque une enveloppe de 80 millions d’euros
pour « améliorer le recrutement des assistants d’éducation en direction des écoles primaires ». Ces personnels
« resteront dans la fonction publique d’État », indique
le ministre de l’Éducation Luc Ferry. En revanche, le
transfert aux collectivités territoriales de la gestion
des quelque 100 000 techniciens et ouvriers de service (TOSS) est maintenu.
12
Mis en cause devant la justice par le tueur en série
Patrice Alègre, qui l’accuse d’être impliqué dans un
meurtre de prostituée en 1992, l’ancien maire de
Toulouse et actuel président du Conseil supérieur de
l’Audiovisuel (CSA) Dominique Baudis dénonce un
« complot politique ». Dans un article publié dans le
Monde, M. Baudis indique qu’il « soupçonne [la famille
Baylet] d’avoir mis en place une cellule spéciale chargée
de le déstabiliser ». Jean-Michel Baylet, patron de la
Dépêche du Midi, annonce le dépôt de trois plaintes
avec constitution de partie civile contre le président
du CSA.
France
Affaire Alègre : Baudis dénonce un
« complot politique »
Irak
Retour d’Ali Ben Hussein
Prétendant au trône, Ali Ben Hussein revient en Irak
après quarante-cinq ans d’exil. Les rares partisans
d’une monarchie constitutionnelle y voient la fin de
la dérive du pays.
14
République tchèque
« Oui » à l’UE
Avec 77,33 % de « oui », les Tchèques, considérés
comme la population la plus eurosceptique d’Europe
centrale, plébiscitent finalement l’adhésion de leur
pays à l’Union européenne ; 22,67 % des électeurs ont
choisi de voter contre. C’est dans la capitale Prague
et dans l’est du pays que les partisans de l’intégration européenne ont été le plus nombreux (plus de
80 %). La participation – 55,21 % des électeurs inscrits
– s’est révélée supérieure à ce qu’espéraient la plupart des analystes politiques. La République tchèque,
où aucun taux minimal n’était requis pour valider le
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
64
référendum sur l’adhésion du pays à l’Union européenne, a donc fait mieux que la Hongrie (45,6 % de
participation au référendum) et la Slovaquie (52,1 %),
mais moins bien que la Pologne (58,8%).
15
France
Succès des fondamentalistes aux
élections des CRCM
La Fédération nationale des musulmans de France
(FNMF) est la grande gagnante des élections des
conseils régionaux du culte musulman (CRCM) –
11 sièges sur 25 –, suivie de très près par l’Union des
organisations islamiques de France (UOIF), proche
des Frères musulmans – 9 sièges. Le recteur de la
mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui n’a emporté
que deux régions, la Haute-Normandie et RhôneAlpes, menace de démissionner de la présidence
du tout jeune Conseil français du culte musulman
(CFCM).
17
Liberia
Cessez-le-feu
Un cessez-le-feu est signé entre les rebelles libériens
du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) et les forces gouvernementales. Des négociations politiques sont engagées pour aboutir sous
trente jours à un accord de paix global qui dépouillera le président Charles Taylor de ses prérogatives
de chef d’État, sous le coup d’une inculpation par les
Nations unies : le Tribunal spécial de Sierra Leone le
réclame, pour crimes contre l’humanité. Le Liberia,
pays fondé par des esclaves américains affranchis il
y a cent cinquante ans, réclame l’intervention des
États-Unis pour mettre fin à une guerre civile déclarée en 1999, mais jusqu’à présent Washington ne s’est
engagée à fournir qu’une aide logistique à la future
force de paix ouest-africaine.
Grande-Bretagne-Irak
Blair accusé d’usage sélectif
d’informations
Robin Cook et Clare Short, tous deux démissionnaires
de leur poste ministériel pour marquer leur désaccord avec la position du gouvernement dans la crise
irakienne, affirment devant une commission d’enquête parlementaire britannique que les services
secrets britanniques avaient assuré avant la guerre
que l’Irak ne représentait pas de menace immédiate.
Les deux anciens ministres de Tony Blair ont accusé le
gouvernement d’avoir fait un usage sélectif des informations des renseignements pour justifier l’entrée en
guerre. Le 19, devant la Chambre des communes, le
Premier ministre britannique se défend d’avoir exagéré la menace que représentait l’Irak et réaffirme
que le président Saddam Hussein représentait une
menace pour le Moyen-Orient et le reste du monde.
France
Opération « Théo » à Auvers-sur-Oise
Plus de 150 personnes sont interpellées au siège
européen des Moudjahidin du peuple iranien, à
Auvers-sur-Oise dans le Val-d’Oise. Cette opération,
baptisée « Théo », est dirigée contre le principal mouvement d’opposition armée au régime de Téhéran,
les Moudjahidin du peuple iranien en France. Cette
organisation, qui figure, depuis mai 2002, sur la liste
des mouvements terroristes dénoncés par l’Union
européenne, est considérée par le ministère de l’Intérieur comme une base organisationnelle, logistique
et opérationnelle au financement douteux. Avec
l’intervention américaine en Irak, Auvers-sur-Oise
serait devenue, selon le ministère de l’Intérieur, « le
centre international, le PC mondial » du mouvement.
La direction des Moudjahidin du peuple, installée
principalement dans une base à une cinquantaine
de kilomètres de Bagdad, avait commencé à replier
certains cadres en Europe, et notamment en France.
En Irak, un cessez-le-feu provisoire est intervenu
entre Moudjahidin du peuple et Américains, mais, le
4 juin, le sous-secrétaire à la Défense Douglas Feith
a assuré que les États-Unis n’avaient pas l’intention
de s’appuyer sur ce groupe pour renverser le régime
iranien. Depuis ce cessez-le-feu, le sort des moudjahidin est l’un des sujets de tension entre Iraniens et
Américains, Téhéran comptant sur la guerre en Irak
pour se débarrasser d’eux.
18
UE
Sommet de Thessalonique
Le Conseil européen de Thessalonique approuve
le projet de constitution européenne présenté par
le président de la Convention, M. Valéry Giscard
d’Estaing, et décide de convoquer la Conférence
intergouvernementale (CIG) tout en en fixant le cadownloadModeText.vue.download 67 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
65
lendrier. Ce projet de constitution de la future Union
européenne élargie à 25 membres prévoit notamment la désignation d’un président par le Conseil à
la majorité qualifiée pour un mandat de deux ans et
demi renouvelable une fois et d’un ministre des Affaires étrangères de l’Union. Un accord est conclu sur
la promotion de la politique de l’immigration et du
droit d’asile et une série de décisions ont été prises
(appui financier, meilleure coordination, promotion
de partenariat avec les pays tiers pour contenir l’immigration clandestine, etc.). Un mandat est donné
à Javier Solana pour approfondir son rapport sur la
stratégie européenne de sécurité, afin de le présenter
en décembre 2003.
Italie
Berlusconi à l’abri des poursuites
judiciaires
La Chambre des députés vote par 302 voix contre
17 un texte accordant l’immunité au président du
Conseil et aux quatre plus hauts dirigeants de l’État
– le président, ceux des deux chambres du Parlement et celui de la Cour constitutionnelle – durant
l’exercice de leur mandat. La promulgation de ce
texte entraînera de fait la suspension du procès
pour corruption de magistrats qui vise actuellement Silvio Berlusconi à Milan. Silvio Berlusconi est
accusé d’avoir versé des pots-de-vin à des magistrats
romains pour influencer un jugement sur le rachat
de la SME, une ancienne entreprise agroalimentaire
nationale, en 1985, avant qu’il n’entame sa carrière
politique. Le 30, le tribunal de Milan saisit la Cour
constitutionnelle sur la loi accordant l’immunité au
chef du gouvernement.
19
France
Non-lieu général dans l’affaire du sang
contaminé
La chambre criminelle de la Cour de cassation
confirme le non-lieu général rendu en juillet 2002 par
la cour d’appel de Paris en faveur de trente personnes
mises en examen dans l’affaire du sang contaminé.
La décision clôt l’essentiel de l’affaire. La plus haute
juridiction française estime qu’il n’existait pas de fondement juridique à la mise en examen des médecins,
responsables de santé publique et conseillers ministériels impliqués dans l’affaire. L’arrêt répète qu’il ne
peut y avoir d’empoisonnement si l’auteur des faits
n’a pas agi « avec l’intention de donner la mort ». Il
ajoute que les poursuites pour homicides et blessures involontaires ainsi que pour non-assistance à
personnes en danger ont été écartées par la cour
d’appel de Paris par une appréciation des faits que la
Cour de cassation ne peut pas remettre en question.
Affaire du Crédit Lyonnais : Trichet
relaxé
Le tribunal correctionnel de Paris relaxe Jean-Claude
Trichet dans l’affaire du Crédit Lyonnais. Le gouverneur de la Banque de France était soupçonné d’avoir
participé à la falsification des comptes déficitaires du
Crédit Lyonnais au début des années 1990. Il peut
désormais briguer la présidence de la Banque centrale européenne : il est le seul candidat déclaré à la
succession du Néerlandais Wim Duisenberg à la tête
de l’institution.
21
France
Sarkozy et Raffarin chahutés en Corse
Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy sont contraints
par des manifestants à Bastia (Haute-Corse) de tenir
un meeting improvisé dans la plus grande confusion. Le Premier ministre et son ministre de l’Intérieur
étaient venus convaincre les 190 000 électeurs corses
de voter « oui » au référendum du 6 juillet sur le sta-
tut de l’île de Beauté, dont l’issue était incertaine.
Après ces incidents de samedi, le gouvernement
décide de remplacer le préfet de Haute-Corse Éric
Delzant par Jean-Luc Videlaine, jusqu’ici sous-préfet
de Saint-Nazaire.
22
France
Incarcération de José Bové
José Bové est arrêté dans sa bergerie du Larzac par
un commando de gendarmes de l’Aveyron. Le syndicaliste agricole doit purger une peine de dix mois de
prison ferme pour destruction de plants de riz et de
maïs transgéniques. Il est transféré à la maison d’arrêt
de Villeneuve-lès-Maguelonne (Hérault). Son arrestation provoque la colère des militants de la Confédération paysanne, qui organisent plusieurs manifestations en signe de protestation. Le ministre de
la Justice Dominique Perben estime que, si le portedownloadModeText.vue.download 68 sur 370
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parole de la Confédération paysanne « se trouve aujourd’hui dans cette situation, c’est suite à des décisions
qu’il a prises lui-même, puisqu’il a refusé de rencontrer
le juge d’application des peines avant son incarcération,
alors qu’il pouvait le faire ». Toutefois, il n’exclut pas que
le représentant syndical puisse bénéficier de la grâce
présidentielle le 14 Juillet prochain.
Bosnie
Visite du pape
Deux semaines après une tournée qui l’a conduit
en Croatie, Jean-Paul II effectue sa seconde visite en
Bosnie-Herzégovine, ce qui constitue en l’espèce son
101e déplacement à l’étranger. Il en appelle à la miséricorde de Dieu pour la « souffrance » infligée par des
catholiques en ex-Yougoslavie et exhorte également
les différentes communautés de Bosnie-Herzégovine, qui huit ans après la guerre restent sous administration internationale, à surmonter leurs divisions
et à bâtir une société multiethnique solide. Lors de
sa visite, le souverain pontife béatifie Ivan Merz, un
intellectuel croate originaire de Banja Luka, qui avait
fait voeu de célibat et consacré sa vie à l’Église au
début du XXe siècle, jusqu’à sa mort en 1928, à trentedeux ans.
24
Irak
Mort de soldats anglais
Six militaires britanniques sont tués et huit autres
blessés lors de deux accrochages séparés près d’AlAmarah, au nord de Bassora (sud de l’Irak). Depuis la
fin officielle de la guerre, le 1er mai, le nombre des
attaques et des actes de sabotage s’accroît en Irak et
empêche les Irakiens de reprendre une vie normale.
À cette date, au moins 61 soldats américains sont
morts en Irak, dont 23 dans des attaques de type
guérilla.
26
UE
Réforme de la PAC
À l’issue d’une troisième série de négociations sur la
réforme de la politique agricole commune (PAC), les
ministres européens de l’Agriculture réunis à Luxembourg annoncent une révision radicale de la PAC à
partir de 2005 par un système de paiement unique
direct aux exploitations. L’accord final prévoit notamment la réduction des subventions dans de nombreux secteurs dont celui du beurre et du lait, notamment la baisse des prix d’intervention sur les produits
laitiers à partir desquels l’UE soutient les agriculteurs
en cas de chute des cours sur le marché.
La réforme conditionne l’octroi des aides à certains
critères environnementaux et de sécurité alimentaire. La volonté du commissaire européen Franz
Fischler de couper dès 2004 le lien entre les aides
directes aux agriculteurs et le niveau de production,
puis de réorienter une partie des aides directes vers
le développement rural, était le point le plus polémique du projet de réforme, auquel s’opposait le
ministre de l’Agriculture français Hervé Gaymard. Seul
le Portugal continue de s’opposer à cet accord après
que la France, l’Italie, l’Espagne et l’Irlande ont déclaré
qu’elles acceptaient ce compromis. L’actuelle PAC faisait l’objet de vives critiques, notamment du Canada,
de l’Australie et des États-Unis, qui estimaient qu’elle
violait les règles fixées par l’Organisation mondiale
du commerce (OMC).
La réforme de la PAC
L’enjeu était de taille : réformer la politique agricole commune (PAC), qui, avec
43 milliards d’euros, représente à elle seule
la moitié du budget communautaire de
l’Union européenne.
Au terme de trois semaines de négociations
souvent houleuses, les ministres de l’Agriculture des Quinze sont parvenus le jeudi 26 juin
à un accord qui doit entrer en vigueur dès janvier
2005. Présentée par la Commission européenne
en juillet 2002, la réforme fait écho aux récriminations des pays en voie de développement
concernant les distorsions de la concurrence.
Elle devrait permettre de glisser d’un modèle
d’agriculture productiviste à une approche plus
écologique et qualitative en entérinant notamment le principe de découplage des aides financières du volume de la production (versement
d’un paiement unique aux exploitations, indépendamment des quantités et des denrées produites). Ces aides seraient désormais conditionnées au respect de critères environnementaux,
sanitaires et sociaux. Seul le Portugal, opposé au
volume des quotas de lait pour les Açores, contidownloadModeText.vue.download 69 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
67
nuait à s’opposer à l’accord au lendemain de sa
signature.
« Une nouvelle ère pour l’agriculture
européenne »
Cette phrase, prononcée par le commissaire européen à l’Agriculture Franz Fischler, résume la
portée de cet accord. L’Europe, accusée d’inonder les marchés avec ses surplus agricoles bon
marché, envoie un signe fort aux États-Unis à
la veille du sommet de l’Organisation mondiale
du commerce qui doit se tenir en septembre à
Cancún (Mexique) et où seront débattus les soutiens agricoles et les droits de douane. « L’UE a
fait son devoir, c’est maintenant aux autres
d’avancer », a lancé F. Fischler, laissant entendre
que la balle était désormais dans le camp américain. Alors que les États-Unis, le Canada et
l’Australie reprochaient au système actuel (plus
forte est la production, plus importantes sont les
subventions) de dégager des surplus, écoulés
à perte sur les marchés étrangers et créant du
même coup une concurrence déloyale, l’accord
réussit à réconcilier les pays attachés au système
des subventions (comme la France, principale
bénéficiaire de la PAC) et les partisans de la réforme rangés derrière la Grande-Bretagne et les
Pays-Bas. Néanmoins, les représentants des ONG,
défenseurs des pays en voie de développement,
ont tenu à tempérer la portée des changements,
déplorant que l’agriculture européenne continue à être en partie subventionnée. Pour eux,
la réforme ne profitera qu’aux seuls membres
du groupe dit « de Cairns » (Australie, NouvelleZélande, Indonésie, Argentine, Brésil) mais peu,
ou pas du tout, aux pays africains.
Principale opposante à la réforme, la France,
première bénéficiaire de la manne communautaire, avec ses 900 000 paysans, s’est néanmoins
ralliée au texte final, acceptant, avec le soutien
de l’Allemagne, une déconnexion partielle. Les
deux pays pourront observer une période de
transition jusqu’à 2007. Du côté des agriculteurs, les premières oppositions n’ont pas tardé
à s’exprimer, la signature de l’accord suscitant
immédiatement un mouvement de colère. Pour
la première fois depuis sa création en 1957, au
moment du traité de Rome, la PAC n’est plus synonyme d’aide à la production. Dominique Chardon, secrétaire général de la FNSEA, a exprimé
« un sentiment de tristesse », estimant qu’il
s’agissait d’une remise en cause des fondements
de la PAC et d’une renationalisation en germe
de la politique agricole, une certaine marge de
manoeuvre étant laissée aux États membres dans
l’application de cette « réforme à la carte ».
Le contenu de l’accord signé
Afin de dessiner ce nouveau cadre pour l’agriculture européenne valable jusqu’en 2013, les
ministres ont dû trancher le noeud gordien du
découplage des aides directes du volume de la
production pour lutter contre le productivisme
(les agriculteurs n’étant plus incités à produire
plus pour toucher les subventions). Alors que le
commissaire Fischler était favorable à un découplage total, ce que refusait vigoureusement la
France, l’accord prévoit finalement un découplage à hauteur de 75 % des sommes versées
dans le secteur des céréales, 25 % des aides restant dépendantes de la production. Toutefois,
les pays qui souhaiteraient appliquer un découplage total peuvent néanmoins le faire. Pour les
bovins, deux options possibles : un couplage
total pour la prime à la vache allaitante avec un
découplage de 60 % de la prime à l’abattage ou
un couplage total pour la prime à l’abattage.
Pour les ovins et les caprins, enfin, le découplage
touche 50 % de la prime actuelle.
Autre pierre d’achoppement : la baisse des prix
d’intervention sur les céréales et les produits laitiers, à partir desquels l’UE soutient les agriculteurs en cas de chute des cours. Pour l’orge, le
maïs et le blé, ces prix resteront inchangés, mais
certaines aides au stockage seront réduites de
50 % ; une réduction de 25 % des prix d’intervention sur le beurre est prévue sur quatre ans,
et de 15 % sur trois ans pour le lait écrémé. Un
certain nombre d’exceptions sont prévues qui,
pour certaines, sont autant d’entorses à l’esprit
communautaire : la Grèce obtient par exemple
l’accroissement de ses quotas laitiers et le Portugal bénéficie de dérogations. C’est dans deux
ans que sera dressé un état des lieux de la réforme du commissaire européen Fischler. En attendant, et dès 2007, le Conseil et la Commission
discuteront chaque année de l’état des dépenses
agricoles.
CÉLINE CABOURG
POURQUOI UNE TELLE RÉFORME ?
La politique agricole commune n’en est pas
à son premier lifting depuis quarante-cinq
ans. Au moment de sa création en 1957,
l’objectif est d’accroître la productivité et
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
68
de stabiliser les marchés. Avec, comme
but ultime, l’autosuffisance d’une Europe
meurtrie par la Seconde Guerre mondiale.
Pour cela, la PAC bénéficie dès le début des
années 1960 d’un fonds spécial pour financer les dépenses : le FEOGA, fonds spécial
d’orientation et de garantie agricole qui,
très vite, absorbe la majeure partie du budget communautaire. En moins de dix ans,
grâce notamment à la garantie d’un prix
minimal pour de nombreux produits, aux
subventions aux exportations, l’Europe est
parvenue à son objectif d’autosuffisance
alimentaire tout en maintenant les prix
agricoles. Dès les années 1970 pour le lait
et 1980 pour les céréales, apparaissent les
premiers effets pervers liés à la surproduction. Dans les années 1980, les quotas
mis en place s’avèrent insuffisants, et, en
1992, une première réforme consistant en
une première baisse des prix est entérinée,
remplacée en partie par des aides directes
aux agriculteurs. Déjà l’OMC fuit pression
pour supprimer les subventions à l’exportation. C’est au moment du sommet de Berlin en 1999 qu’est enregistrée la première
inflexion notable : avec une baisse relative
du poids de la PAC dans le budget européen et un plafonnement à 43 milliards
d’euros par an. Au fil des années, la PAC
était devenue un gouffre qui engloutissait
en 2002 43 % du budget européen.
29
France
Montée en pression des intermittents
Les intermittents du spectacle, qui continuent leurs
actions coup de poing dans toute la France, sont
expulsés de la grande halle du parc de la Villette où
ils tenaient une assemblée. Ils appellent à « la création d’une coordination nationale » pour « bloquer
les événements culturels » de l’été, accusant le gouvernement d’avoir « choisi la répression ». Plus que
jamais décidés à obtenir le retrait de la réforme de
leur système d’assurance chômage, ils menacent
d’empêcher l’organisation des Festivals d’Avignon,
d’Aix-en-Provence et des Vieilles Charrues. Selon les
termes du protocole du nouveau système d’assurance, les techniciens devront dorénavant cumuler
507 heures sur dix mois, et sur dix mois et demi pour
les artistes, pour pouvoir ouvrir des droits, avec une
durée d’indemnisation fixée à huit mois (243 jours).
Auparavant, les intermittents du spectacle devaient
cumuler 507 heures de travail sur douze mois pour
bénéficier d’un an d’indemnisation.
30
Cinéma
Disparition de Katharine Hepburn
L’actrice américaine Katharine Hepburn décède à
Old Saybrook, dans le Connecticut, à l’âge de quatrevingt-seize ans. Surnommée « la première dame du
cinéma américain », elle a joué dans plus de 50 films,
dont huit sous la direction de George Cukor, et obtenu quatre oscars (Morning Glory, 1933 ; Devine qui
vient dîner, 1967 ; Un lion en hiver, 1968 ; la Maison du
lac, 1981) et douze nominations. Incarnation précoce
de la femme libérée, elle fut un modèle pour de
nombreuses femmes. Sa vie et sa carrière restèrent
marquées par sa rencontre avec Spencer Tracy, qui
deviendra son partenaire idéal à l’écran (9 films),
mais aussi, clandestinement, dans la vie, car l’acteur,
marié et catholique convaincu, refusera toujours de
divorcer.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
69
Juillet
1
Irak
Multiplication des attentats
antiaméricains
Malgré le déclenchement d’une vaste opération destinée à éliminer la résistance, des soldats américains
sont une nouvelle fois pris pour cibles par des tirs
ennemis, dans le centre de Bagdad, qui font quatre
morts et deux blessés. Le 3, dix soldats américains
sont blessés dans divers incidents armés, notamment deux attaques à Bagdad. La recrudescence
des actions contre les Américains conduit l’administrateur en chef américain Paul Bremer à demander
des renforts militaires. Le 4, des obus de mortier sont
tirés sur une base américaine au nord de Bagdad, faisant 18 blessés parmi les marines, tandis qu’un autre
militaire est abattu devant le musée de la capitale.
Depuis la fin des affrontements majeurs annoncée
le 1er mai par George W. Bush, 27 soldats américains
ont été tués. Le président américain promet de punir
sévèrement ceux qui s’en prennent aux forces américaines et commettent des actes de sabotage contre
les infrastructures du pays. Il souligne que ces manifestations d’hostilité n’empêcheront pas l’armée de
poursuivre sa mission en Irak.
Chine
Manifestation pour les libertés à
Hongkong
Quelque 400 000 manifestants défilent à Hongkong
contre un projet de loi, qui, selon eux, menace les libertés fondamentales, au nom du « salut de la liberté »
et « contre l’article 23 ». Ce dernier, la principale disposition combattue par les manifestants, est inclus
dans un projet de loi contre la subversion, la sédition,
la trahison et le vol de secrets d’État prévu dans la
Constitution de Hongkong. Selon ses détracteurs,
il est de nature à limiter les libertés politiques, religieuses, de presse et d’expression sur le territoire de
l’ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine
le 1er juillet 1997, à l’instar de ce qui se passe en Chine
continentale. Ils le considèrent également comme
une remise en cause du principe « un pays, deux
systèmes » qui doit garantir une large autonomie à
Hongkong pendant cinquante ans après le retour
dans le giron de Pékin en lui permettant de garder
ses libertés civiques à l’occidentale et son économie
capitaliste. Le 7, le chef de l’exécutif de Hongkong,
Tung Chee-hwa, décide le report de la loi contestée, plongeant du même coup son gouvernement
dans la crise la plus grave depuis la rétrocession de
Hongkong.
2
Italie
Nouvel impair de Silvio Berlusconi
Alors que Silvio Berlusconi vient d’entamer son
semestre de présidence tournante de l’Union européenne, il provoque un vif incident au Parlement
européen en suggérant à Martin Schulz, un député
social-démocrate allemand qui venait de le critiquer,
de jouer « le rôle d’un kapo » dans un film italien en
cours de réalisation sur les camps de concentration
nazis. M. Schulz avait notamment déclaré craindre
que « le virus du conflit d’intérêts italien soit transféré
au niveau de l’Union européenne » ; il avait également
reproché à M. Berlusconi de s’être mis à l’abri de
poursuites pour corruption pendant la durée de son
mandat grâce à l’immunité votée récemment par sa
majorité au Parlement italien. Le gouvernement allemand juge « inacceptables » les propos du président
du Conseil italien. Le 3, ce dernier déclare regretter
ses propos au Parlement européen, tout en soulignant ne pas s’être excusé. Le chancelier allemand
Gerhard Schröder considère dès lors que l’incident
est clos.
3
France
Une mission pour la laïcité
Le président Jacques Chirac confie au Médiateur
de la République, Bernard Stasi, la présidence d’une
commission, placée directement sous son autorité,
chargée de réfléchir sur la laïcité. Cette commission
de réflexion, composée de vingt sages – notamment
le philosophe Régis Debray, le sociologue Alain Touraine et le consultant Raymond Soubie –, devra remettre avant la fin de 2003 des propositions sur l’application du principe de laïcité dans la République.
L’initiative du chef de l’État intervient alors que le
débat sur la laïcité suscite depuis plusieurs mois de
multiples prises de position : ainsi, en avril, le ministre
de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a rappelé l’obligation
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
70
pour tous de présenter une photographie d’identité
avec la tête nue, et le ministre de l’Éducation nationale, Luc Ferry, jugeait pour sa part « souhaitable de
légiférer » sur le port du voile à l’école.
4
France
Arrestation d’Yvan Colonna
Yvan Colonna, l’assassin présumé du préfet de Corse
Claude Erignac – abattu par un commando le 6 fé-
vrier 1998 à Ajaccio –, est arrêté dans la région de
Porto-Pollo, près de Propriano, en Corse-du-Sud. Il
avait échappé pendant plus de quatre ans à la justice
française. Cette arrestation intervient alors que les
membres du commando sont jugés depuis le 2 juin
dernier par la cour d’assises spéciale de Paris, qui devra décider de poursuivre ou non le procès. Yvan Colonna est donc entendu dans le cadre de l’enquête
sur l’assassinat de Claude Erignac. Le 18, la chambre
de l’instruction de la cour d’appel de Paris rejette les
requêtes formulées par les avocats d’Yvan Colonna,
qui contestaient la validité d’un mandat d’arrêt délivré contre lui le 24 mai 1999, donc celles de son interpellation et de l’incarcération qui en découlent. Yvan
Colonna est écroué et mis en examen notamment
pour « assassinat ».
Irak
Un message audio de Saddam Hussein
La chaîne de télévision par satellite Al-Jazira diffuse
un message audio attribué à Saddam Hussein, dans
lequel l’ancien dictateur affirme se trouver toujours
en Irak et promet de nouvelles attaques antiaméricaines. La diffusion de ce message intervient alors
que le gouvernement américain vient de proposer
une récompense de 25 millions de dollars pour toute
information permettant d’arrêter Saddam Hussein
ou de confirmer sa mort, et de 15 millions de dollars pour toute information concernant ses deux fils,
Oudaï et Qoussaï.
5
Russie
Attentat à Moscou
Vingt personnes sont tuées et une trentaine blessées dans une série d’explosions, provoquées par
des femmes kamikazes lors d’un concert de rock
donné dans le nord-ouest de Moscou et réunissant
40 000 spectateurs. Le ministre de l’Intérieur, Boris
Gryzlov, établit un lien entre ces explosions et la guérilla indépendantiste tchétchène, indiquant qu’un
passeport tchétchène avait été trouvé sur une des
deux femmes kamikazes.
6
France
Victoire du « non » en Corse
À l’issue du référendum sur la réforme du statut de
la Corse, le « non » l’emporte avec 50,9 % des suffrages. La participation est de 60,8 %. Les deux départements ont voté « non », les grandes villes aussi :
Ajaccio à 52,38 %, Bastia à 70,77 %. Le ministre de
l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, regrette que « les Corses
aient choisi le statu quo ». Les 191 000 électeurs de l’île
étaient appelés à se prononcer sur un référendum
local inédit en France métropolitaine portant sur
la réforme du statut de l’île, le quatrième projet en
vingt-deux ans, deux jours après l’arrestation d’Yvan
Colonna, tueur présumé du préfet Claude Erignac.
Tennis
Victoires de S. Williams et R. Federer à
Wimbledon
Pour leur sixième finale commune en Grand Chelem,
les soeurs Williams s’affrontent en finale sur le central
de l’All England Club de Wimbledon. C’est la cadette,
Serena, qui s’impose (4/6, 6/4, 6/2) à son aînée, Venus,
pour la seconde année consécutive. Chez les messieurs, le Suisse Roger Federer remporte son premier
titre du Grand Chelem en dominant l’Australien Mark
Philippoussis (7/6, 6/2, 7/6).
Corse : la réforme en panne
Consultés par référendum le 6 juillet, les
Corses ont rejeté par une courte majorité
la réforme proposée par le gouvernement
visant à ériger l’île en une collectivité
territoriale unique.
« Approuvez-vous les orientations proposées pour modifier l’organisation institutionnelle de la Corse ? » Appelée le 6 juillet
à se prononcer sur cette question posée par le
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
71
gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, la Corse
est ressortie profondément divisée de ce référendum régional, le premier du genre jamais organisé en France, le « non » emportant la faveur
des électeurs corses, par 50,98 % des suffrages.
Une bonne mobilisation
Une très courte majorité donc, mais néanmoins
lourde de conséquences politiques dans l’île
comme à Paris, où la victoire du « non » a surpris la quasi-totalité des acteurs politiques, en
porte-à-faux avec un électorat corse qui s’était
relativement bien mobilisé (60,52 % de participation) pour rejeter un projet institutionnel se
voulant consensuel. Car la réforme des institutions insulaires, en s’inscrivant dans le prolongement du processus de Matignon lancé par
le gouvernement précédent dirigé par Lionel
Jospin, prétendait rassembler l’ensemble de la
classe politique et les citoyens corses autour du
principe de la substitution d’une collectivité territoriale unique à l’actuelle région et aux deux
départements. Héritant de l’ensemble des ressources et charges des départements existants,
la nouvelle entité corse devait être gérée par une
direction unifiée, au grand dam des partisans du
« non », qui craignaient que la réforme éloigne
un peu plus la Corse de la France, et à la satisfaction des partisans du « oui », qui voulaient y
voir une reconnaissance de la réalité insulaire
corse. Prudent, le texte ne touchait pas à l’organisation de l’État dans l’île, avec ses deux préfets de région siégeant à Ajaccio et à Bastia, les
conseillers généraux devant être remplacés par
des conseillers territoriaux, chargés d’appliquer,
avec les représentants de l’ancienne administration départementale, les orientations de la collectivité unique. Soucieux de remédier au déficit
de coordination entre les différents échelons de
l’administration dont souffre traditionnellement
la Corse, comme l’indiquait l’audit administratif réalisé en juin, qui soulignait aussi la nécessité de réduire les personnels des deux conseils
généraux et les risques de clientélisme afférant,
le projet présenté par le gouvernement péchait
peut-être par excès de prudence, et sans doute
surtout par l’ambiguïté et la confusion des interprétations auxquelles il avait donné lieu. Entre
les arguments des adversaires de la réforme, qui
lui reprochaient, pour les uns de distendre les
liens entre l’île et le continent, pour les autres de
procéder à un bricolage institutionnel inutile, et
les assurances prodiguées par ses auteurs et partisans, qui en soulignaient les progrès sur la voie
d’une meilleure intégration de la Corse dans la
République ou sur celle de la reconnaissance
de sa spécificité politique, les électeurs corses,
troublés, ont été manifestement incapables de
se faire une opinion plus tranchée. Quelques
heures avant le scrutin, l’arrestation spectaculaire d’Yvan Colonna, le tueur présumé du préfet
Claude Erignac, et le triomphalisme affiché par
Nicolas Sarkozy, promoteur de la réforme et de
la politique corse du gouvernement, ont ajouté
au trouble, surtout parmi l’électorat nationaliste,
déjà réticent à suivre les consignes à voter « oui »
de ses dirigeants.
Un échec pour le gouvernement
Le désaveu exprimé dans les urnes sera donc à
l’aune d’un consensus qui rassemblait autour
de ce projet de réforme la grande majorité des
responsables politiques, sur l’île comme sur le
continent, de droite comme de gauche. Personnalité phare du gouvernement, Nicolas Sarkozy
interprétera la défaite du « oui » comme un
« échec personnel » qui vient égratigner une
cote de popularité jusque-là au beau fixe. Pour
Jean-Pierre Raffarin, dont le gouvernement traverse une période de turbulences sociales, notamment en raison de la réforme de la retraite,
qui a dû peser aussi dans le référendum corse,
la victoire du « non » constitue aussi un revers
qui va au-delà de la question corse. Outre le fait
que les électeurs corses ont pu saisir l’occasion
de ce vote pour exprimer leur désaccord avec
les grandes orientations nationales, c’est sa politique de décentralisation, dont cette consultation constituait la première expérimentation,
qui est affectée par ce résultat. J. Chirac n’est
pas épargné par la défaite du « oui », qu’il avait
désigné comme « la meilleure manière d’affirmer l’attachement des Corses à la France et
à la République ». La formulation avait d’ailleurs provoqué un certain malaise parmi les dirigeants nationalistes corses, eux aussi désavoués
par leur électorat au lendemain d’un référendum
qui donne un coup d’arrêt au processus de Matignon, l’une des rares initiatives de l’ancienne
majorité à avoir été approuvée par le nouveau
gouvernement. En Corse même, le référendum
a conforté un statu quo qui risque d’entraîner
à nouveau l’île dans la spirale de la violence et
de la répression, si une nouvelle dynamique
politique ne vient pas relancer un dialogue
moribond. Alors que l’UE s’apprête à accueillir
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
72
dix nouveaux membres, la Corse a manqué son
rendez-vous avec une Europe des régions, où
elle aurait trouvé sa place auprès d’autres entités régionales insulaires comme les Baléares,
Madère ou la Sardaigne. Et la recrudescence des
attentats durant l’été ne crée pas un climat propice au compromis entre Paris et ses habitudes
jacobines et des nationalistes corses tentés par
le repli identitaire.
JACQUES FRANÇOIS
L’OMBRE D’YVAN COLONNA
Le 4 juillet, N. Sarkozy annonce l’arrestation, près d’une bergerie de Margaritaghia
où il aurait trouvé refuge, d’Yvan Colonna,
le tueur présumé du préfet Claude Erignac,
en cavale depuis quatre ans. Mais la médaille a son revers, le nouveau succès de la
politique sécuritaire de Sarkozy se payant
d’un recul de sa politique corse. Cette ar-
restation et l’enquête sur les complicités
dont aurait bénéficié le fugitif pèsent lourdement sur le cours et le verdict du procès
ouvert à Paris depuis le 2 juin contre les
membres du commando suspecté d’avoir
organisé l’assassinat du préfet d’Ajaccio
le 6 février 1998. L’affaire Colonna et les
manipulations politiques auxquelles elle
prêterait ont aussi pesé sur le référendum, modérant l’engagement des nationalistes pour le « oui », toutefois majoritaire
à Cargese, le village du fugitif. Enfin, elles
susciteront un regain de violence dans l’île
où les nationalistes relancent l’épreuve
de force contre les autorités, comme en
témoigne le siège de la gendarmerie de
Luri par les habitants en septembre, après
l’arrestation de jeunes accusés d’avoir jeté
des engins incendiaires.
8
France
Avignon et Aix annulés
Stéphane Lissner, directeur du festival d’Art lyrique
d’Aix-en-Provence, ainsi que Bernard Faivre d’Arcier,
directeur du festival de théâtre et de danse d’Avignon, annoncent l’annulation de l’édition 2003 de
leurs festivals respectifs. C’est la première fois que
le Festival d’Avignon, créé en 1947 par Jean Vilar, est
annulé. Il avait été perturbé en mai 1968 mais avait
pu se dérouler jusqu’au bout. « On ne peut pas organiser un festival sous la pression d’une grève reconductible
au jour le jour », souligne Bernard Faivre d’Arcier en
faisant référence au mouvement des intermittents
du spectacle qui protestent contre la réforme de leur
régime d’assurance chômage. Face à la détermination des intermittents, le gouvernement est resté
inflexible en lançant la procédure d’agrément du
protocole d’accord signé le 27 juin par certains partenaires sociaux – la CGT, syndicat majoritaire dans
le spectacle, et FO n’ont pas signé le document –,
ce qui a déclenché une nouvelle épreuve de force
avec les syndicats. La réforme, qui vise à assainir le
déficit du régime spécifique des intermittents, prévoit des conditions plus restrictives pour l’accès aux
indemnités chômage. Le 17, le ministre de la Culture,
Jean-Jacques Aillagon, annonce la création d’une
mission d’expertise destinée à évaluer les besoins
des festivals annulés ou gravement perturbés. Mais
tout indique alors que les intermittents sont décidés
à poursuivre le mouvement de protestation.
Un été sans festivals
Après dix ans de tentatives avortées pour
réformer le statut des intermittents du
spectacle, un protocole d’accord qui en
modifie le régime voit le jour
le 27 juin 2003.
À l’instar du Festival d’Avignon, la plupart
des manifestations de l’été sont annulées
les unes après les autres.
Le protocole d’accord a été signé par trois
organisations patronales (le MEDEF, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, ou CGPME, et l’Union professionnelle
artisanale, ou UPA) et trois syndicats, la CFDT, la
CFTC et la CGC. La CGT et FO refusant de parapher le texte. Selon le régime des intermittents
du cinéma, de l’audiovisuel et du spectacle, le
nombre des bénéficiaires a doublé en dix ans.
Ainsi, plus de 75 000 personnes ont été indemnisées en 2002 sur un total de 135 000 salariés
cotisants. Mais, alors qu’en 2002 les dépenses
s’élevaient à 952 millions d’euros, les recettes
plafonnaient à 124 millions. Soit un déficit de
828 millions d’euros. Refusant catégoriquement
un nouveau statut, qu’ils jugent discriminatoire,
des milliers d’intermittents s’organisent, se fédownloadModeText.vue.download 75 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
73
dèrent en collectifs et optent pour l’annulation
hautement symbolique du Festival d’Avignon le
10 juillet.
Une « erreur de cible »
À l’origine de la mobilisation, le nouveau texte
prévoit une réduction de la durée de cotisation
permettant d’ouvrir les droits à ce régime spécifique à dix mois pour les techniciens et à dix
mois et demi pour les artistes (au lieu de douze
précédemment), au cours desquels il leur faudra
effectuer le même nombre d’heures de travail
qu’auparavant : les fameuses 507 heures. L’autre
point sévèrement contesté étant la réduction
de la durée d’indemnisation, à huit mois contre
douze précédemment.
Côté syndicats, les interprétations divergent et
les fossés se creusent. Le conflit entre les négociateurs et les opposants prolonge le scénario
du débat sur les retraites. Pour les représentants
de la CFTC, ce compromis, quoique imparfait,
« a permis de sauver le régime des intermittents ». Ce n’est absolument pas le point de vue
de Jean Voirin, secrétaire général de la fédération des syndicats CGT du spectacle (majoritaires dans le spectacle vivant) selon lequel « le
rétrécissement des conditions d’entrée va
se traduire par l’éviction de 30 % des allocataires ». À son appel, et à peine l’accord signé, le
mot d’ordre de la mobilisation est lancé, des manifestations s’improvisent dans toutes les villes
et la menace de sévères perturbations plane sur
les Festivals d’Aix et d’Avignon.
Les intermittents dénoncent l’« erreur de
cible ». En effet, depuis une dizaine d’années,
les chaînes de télévisons et les grandes stations
radio, mais surtout les productions audiovisuelles privées, ont abusivement sollicité ce
statut pour leurs salariés de grille : infractions
à la législation des CDD, petits arrangements
internes sur le dos de l’UNEDIC en déclarant
quinze jours un salarié qui a travaillé le mois.
C’est ainsi qu’on trouve des intermittents
embauchés depuis vingt ans pour la même
chaîne et que des sociétés comme Disney ou
Canal + ont dû, dans les années 1990, rendre
des comptes et requalifier certains de leurs
contrats. La moralisation est en marche sur les
grandes chaînes de télévision. Le président
de France Télévision, Marc Tessier, s’est engagé à plus de transparence pour 2004 dans un
courrier au ministre de Culture, Jean-Jacques
Aillagon.
Les regards convergent vers Avignon
En menaçant de faire grève pendant les festivals
d’été, les intermittents entendent démontrer
qu’ils occupent une place de choix dans la vie
économique. La première manifestation touchée
est le Festival Montpellier Danse, dont le directeur
annonce le 29 juin l’annulation de l’événement,
suivi par ses collègues du Festival de Marseille et
des Tombées de la nuit de Rennes. Dès lors, tous
les regards se tournent vers Avignon, festival le
plus emblématique qui doit s’ouvrir le 8 juillet.
Le 7, un manifeste, signé par 1 109 réalisateurs,
techniciens, comédiens, appelle l’État à sauver
le régime des intermittents. Certaines personnalités se distinguent par leur opposition au mouvement, comme Patrice Chéreau qui s’interroge
en esthète : « Comment peut-on renoncer à
jouer ? Les rues sont envahies par le silence
et la mort, comme partout où des festivals ont
été annulés. » Finalement après les Francofolies
de La Rochelle, les Festivals d’Aix et d’Avignon
sont annulés le 10 juillet par leurs responsables.
Une première pour Avignon depuis sa création en
1947. À Aix, alors que le rideau retombe sur une
Traviata chahutée par des sifflets et des pétards,
Stéphane Lissner décide qu’il « n’était pas acceptable de continuer ». En Avignon, ce devait
être la journée de l’ouverture du « off », mais dès
17 heures un cortège de plusieurs milliers de personnes défile sous la banderole : « la mort dans
l’âme ». Puis vient l’heure de l’assemblée générale,
au cours de laquelle 600 artistes et techniciens
du « in » se prononcent majoritairement pour la
reconduction de la grève. Le 10 juillet, Bernard
Faivre d’Arcier reprend le mot d’ordre de la manifestation gréviste, expliquant qu’il clôt le festival
« la mort dans l’âme ». Alors que MEDEF et CGT
se renvoient la balle des responsabilités, déjà on
s’interroge sur la survie des festivals annulés. De
son côté, le gouvernement ne fléchit pas. En Avignon, alors que la direction du festival chiffre les
pertes à plus de deux millions d’euros, la municipalité s’engage à dégager une subvention exceptionnelle. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin
annonce la mise en place d’un programme national pour la pérennité des festivals et la création
d’un Conseil national de l’emploi culturel. Ce que
confirme Jacques Chirac dans son discours du
14 juillet : l’accord sera agréé – le 8 août – et appliqué à partir du 1er janvier 2004. Dès septembre,
la mobilisation change de ton, privilégiant les
actions ponctuelles et ciblées.
CÉLINE CABOURG
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
74
LES GRANDES DATES DU CONFLIT
– 27 juin : signature du protocole d’accord
modifiant le système d’assurance chômage
des intermittents entre trois organisations
patronales (MEDEF, UPA, CGPME) et trois
syndicats (CFDT, CFTC, CGC).
– 7 juillet : le ministre de la Culture annonce
le maintien de l’actuel système d’indemnisation jusqu’à fin 2003, le nouveau protocole n’entrant en application qu’à partir de
2004-2005.
– 8 juillet : nouvelle rencontre entre syndicats et patronat et signature d’un avenant
du protocole d’accord sans la CGT et FO ;
grève à l’appel de la CGT ; annulation de
l’ouverture du Festival d’Avignon et suspension du Festival d’Aix.
– 9 juillet : le gouvernement engage la procédure d’agrément ; annulation des Francofolies de La Rochelle.
– 10 juillet : le Festival d’Aix et le « in » d’Avignon sont annulés.
– 14 juillet : 650 artistes adressent une péti-
tion au président Chirac, lequel déplore
« l’épouvantable gâchis artistique humain
et économique ».
– 16 juillet : annulation du Festival de Radio
France Montpellier.
– 7 août : parution au JO du nouveau régime de l’indemnisation du chômage des
intermittents du spectacle.
– 12 août : la coordination des intermittents et précaires d’IDF dépose une plainte
contre X pour « faux en écriture privée »
avec constitution de partie civile devant le
TGI de Paris. Elle conteste l’authenticité de
l’avenant du 8 juillet.
11
France
Lourdes peines au procès Erignac
La cour d’assises spéciale de Paris condamne à la
réclusion criminelle à perpétuité deux des huit
hommes accusés d’avoir participé à l’assassinat du
préfet de Corse, Claude Erignac. Deux autres prévenus sont condamnés à trente années de réclusion,
et les quatre derniers à des peines allant de quinze
à vingt-cinq années de réclusion. À Ajaccio, des militants nationalistes – un millier selon la police, 12 000
selon les organisateurs – rassemblés à l’appel du
Comité anti-répression (CAR) apportent leur soutien
aux militants condamnés.
17
République démocratique du
Congo
Gouvernement de transition
Azarias Ruberwa et Jean-Pierre Bemba, les chefs des
deux principales rébellions congolaises, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD, allié
du Rwanda) et le Mouvement pour la libération du
Congo (MLC, soutenu par l’Ouganda), prêtent serment à Kinshasa pour devenir vice-présidents du
gouvernement de coalition qui doit mettre un terme
à près de cinq années de guerre civile en République
démocratique du Congo (RDC). Ils seront placés sous
l’autorité du président Joseph Kabila. Les deux autres
vice-présidents sont Abdoulaye Yerodia Nbombasi,
un allié de M. Kabila, et Arthur Z’ahidi Ngoma, issu
de l’opposition politique congolaise. La population
espère que l’entrée en fonction de ce gouvernement
marquera une étape importante vers la fin de la
guerre civile qui ravage l’ancien Zaïre depuis 1998. En
vertu de l’accord de paix conclu en décembre, le
gouvernement s’est engagé à élaborer avant le
4 août un plan organisant la tenue d’élections libres
d’ici à un an environ. Toutefois, la paix semble fragile
car les combats se poursuivent en Ituri.
18
Royaume-Uni
Mort d’un expert en armement
L’expert britannique en armes bactériologiques
David Kelly est retrouvé mort par la police : il se
serait suicidé. Il était présenté comme la « source
principale » d’un journaliste de la BBC qui a mis
en cause la sincérité de Londres sur le dossier des
armes de destruction massive. Ce conseiller du
ministère de la Défense, âgé de cinquante-neuf
ans, avait reconnu s’être entretenu avec le journaliste de la BBC Andrew Gilligan qui a rapporté des
allégations selon lesquelles des collaborateurs du
gouvernement auraient manipulé des renseignements pour « gonfler » le dossier accusateur de
Londres sur les armes irakiennes. L’enquête de la
BBC, rendue publique le 29 mai, a causé une temdownloadModeText.vue.download 77 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
75
pête politique autour de la gestion du dossier des
armes irakiennes par les services de M. Blair, favorisant le déclenchement d’enquêtes parlementaires
sur la question. Le Premier ministre écarte toute
intention de démissionner. Le 24, la BBC déclare
posséder un enregistrement de David Kelly, dans
lequel il dit sa préoccupation sur la façon dont
Downing Street a présenté le dossier de l’armement irakien pour justifier la guerre.
Corse
Reprise des attentats
Quelques jours après le groupe Union des combattants, un autre groupe, le FLNC des anonymes,
annonce la rupture de la trêve des attentats qu’il
observait depuis dix-sept mois et la reprise de « la
lutte armée ». Le 20, un attentat endommage des locaux d’EDF dans un centre commercial de Furiani, en
Haute-Corse, tandis que le FLNC (Front de libération
nationale de la Corse) revendique le double attentat
de Nice commis contre la Direction régionale des
douanes et la Trésorerie générale de Nice, ainsi que
celui qui a visé un bâtiment de la Direction départementale de l’équipement, près de Bastia.
L’affaire Kelly
Trois mois après la chute de Bagdad s’ouvrait au Royaume-Uni une crise politique
majeure sur fond de polémique, de soupçon
et de drame. La première victime aura été
un expert en armes biologiques du ministère de la Défense, le docteur David Kelly.
Le 17 juillet, le docteur David Kelly, cinquante-neuf ans, expert en armes bactériologiques du ministère de la Défense, quitte
son domicile d’Abingdon dans l’Oxfordshire, à
quelque 70 km à l’ouest de Londres. Le lendemain matin, les policiers découvrent à proximité de la propriété un cadavre correspondant
à sa description. Le docteur David Kelly a succombé à une hémorragie après s’être tranché
les veines. Une semaine auparavant, ce scientifique mondialement connu, avait été appelé
à témoigner dans l’affaire des armes de destruction massive (ADM) de Saddam Hussein,
sur la possession desquelles Tony Blair avait
justifié, le 3 septembre 2002, l’engagement du
Royaume-Uni dans la guerre contre l’Irak.
Downing Street contre la BBC
Ce jour-là, au cours d’une conférence de presse,
Tony Blair plaide pour une intervention militaire
contre le régime de Saddam Hussein. Pour donner plus de crédibilité à ses propos, il commande
à ses services un « dossier noir » sur l’armement
dont dispose le dictateur irakien. L’homme lige
du Premier ministre, Alastair Campbell, prend les
choses en main.
Le 9 septembre 2002, Alastair Campbell préside
une réunion sur la stratégie de communication
sur l’Irak. C’est dans le cadre de cette réunion
qu’un intervenant aurait affirmé que Saddam
Hussein pouvait déployer ses armes chimiques
et biologiques en quarante-cinq minutes. Une
menace que Tony Blair met en avant afin d’obtenir l’accord de la Chambre des communes pour
engager les forces britanniques aux côtés des
Américains. Mais dès la fin de la guerre, la question des armes chimiques irakiennes resurgit à
l’initiative de la BBC : le dossier serait émaillé
d’affirmations « infondées », sinon « exagérées ». Très vite, le ton monte entre la BBC et
Downing Street.
Le 29 mai, Andrew Gilligan, un journaliste de la
BBC, laisse entendre que le gouvernement aurait
volontairement gonflé le dossier de l’armement
en Irak. Il accuse Alastair Campbell d’avoir rendu
« plus sexy » le rapport des services de rensei-
gnements sur la menace que représenterait Bagdad en y ajoutant notamment la précision du
déploiement des armes, estimé à quelque quarante-cinq minutes. Interrogé sur ses sources,
le journaliste refuse de livrer le nom de son
informateur. Début juin, des fonctionnaires anonymes des services de renseignements accusent
eux aussi le Premier ministre britannique d’avoir
indûment musclé les informations relatives à
la présence d’armes de destruction massive.
D’anciens ministres démissionnaires – dont
le secrétaire au Foreign Office Robin Cook et
l’ex-ministre du Développement international
Clare Short – reprochent directement à Tony
Blair d’avoir trompé le pays sur l’existence de
ces armes. Face aux multiples interrogations
concernant la véracité des documents produits
par le gouvernement, la commission des Affaires
étrangères de la Chambre des communes ouvre
une enquête sur les documents controversés.
Parallèlement, la commission des Services de
renseignements et de sécurité conduit sa propre
investigation.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
76
Un bouc émissaire
C’est alors que Geoff Hoon, le ministre de la
Défense, lance un pavé dans la mare. Il rapporte
en effet que David Kelly lui a confié avoir rencontré le journaliste le 22 mai pour parler de
l’Irak. Ce qui est vrai, mais il extrapole toutefois
en le désignant comme le confident possible
du journaliste. De son côté, David Kelly nie, ne
se reconnaissant pas dans les propos rapportés
par Gilligan. Le 10 juillet, les gros titres de la
presse britannique jettent son nom en pâture.
Assez d’interrogations et de soupçons planent
à ce moment sur l’expert pour que la commission des Affaires étrangères de la Chambre des
communes lui demande, cinq jours plus tard, de
témoigner devant les députés.
L’audition tourne au supplice pour l’expert. Pourtant il ne faut que quinze petites minutes pour
que les députés comprennent que Kelly n’est
pas la taupe recherchée par Downing Street. Ce
que résume John Stanley, député travailliste,
en déclarant que l’expert est « à l’évidence un
bouc émissaire [...] désigné par le ministère
de la Défense » pour justifier auprès des Britanniques de plus en plus sceptiques l’engagement de leur pays dans la guerre contre l’Irak.
Le très calme et discret David Kelly semble avoir
surmonté la pression conjuguée des politiques
et de la presse. Il n’en est rien. Deux jours après
avoir été entendu par la Chambre, il se donne la
mort. Une enquête doit déterminer s’il est oui
ou non la victime directe de la controverse entre
le gouvernement et la BBC. En voyage en Asie,
Tony Blair annonce que c’est le juge lord Brian
Hutton, un magistrat ayant acquis une longue
expérience en Irlande du Nord, qui est chargé de
l’enquête.
Selon un sondage, l’image de Tony Blair ne
cesse de se détériorer et 59 % des Britanniques
se rangent du côté de la BBC. À Londres, dans
la salle 73 de la Haute Cour, les auditions du
juge Hutton se succèdent. On retiendra cette
phrase étonnante du Premier ministre britannique au juge : « Si les révélations de la BBC
avaient été fondées, elles auraient justifié
ma démission. » Alastair Campbell doit assumer le rôle de fusible. Conseiller confident de
Tony Blair et chef d’orchestre des conseillers
spéciaux, il donne sa démission le 29 août,
dix jours après avoir témoigné devant le juge.
Après cent dix heures d’audience et l’audition
de 74 témoins, le dossier s’éclaire sur plusieurs
points : la théorie du complot est balayée,
le suicide ne faisant aucun doute. Tony Blair,
après l’avoir nié dans un premier temps, reconnaît devant le juge que c’est dans son bureau
qu’a été prise la décision de laisser filtrer le
nom de Kelly du fait du discrédit frappant ses
propres services. Il apparaît par ailleurs que
l’expert n’aurait pas nominativement pointé
du doigt Campbell et que c’est le journaliste
qui lui aurait arraché le nom, mais que, comme
d’autres, Kelly déplorait l’influence envahissante des conseillers spéciaux.
Au-delà du suicide de David Kelly, une question majeure est restée en suspens, qui risque
d’entacher longtemps encore la vie politique
britannique : l’éventuel gonflement du dossier
sur les armes d’extermination irakiennes. Dans
le quotidien le Monde daté du 7 octobre, Hans
Blix, ancien chef de la Commission de contrôle,
de vérification et d’inspection de l’ONU (Unmovic), déclarait que M. Bush et M. Blair, sans avoir
menti, avaient « déformé ou surinterprété les
faits ». Néanmoins, malgré la parution d’un livre
de l’ancien ministre des Relations avec le Parlement, Robin Cook, selon lequel Tony Blair savait
que l’Irak ne représentait pas une menace sérieuse en termes d’ADM, le Parti travailliste jouait
au coude-à-coude avec les tories avec 33 % des
intentions de vote.
CÉLINE CABOURG
21
Allemagne
Réforme du système de santé
Le gouvernement rouge-vert et l’opposition CDUCSU s’entendent sur une réforme générale du système de santé en Allemagne, qui demandera de
gros sacrifices aux cotisants de l’assurance maladie. Les instances dirigeantes des grands partis
ont approuvé le compromis obtenu par les deux
négociateurs, la ministre sociale-démocrate de la
Santé, Ulla Schmidt, et l’ex-ministre CSU de la Santé,
Horst Seehofer. Dorénavant, l’assurance maladie
ne couvrira plus les soins dentaires ; les assurés
devront contracter une assurance annexe. Ceux
qui consultent un médecin devront payer 10 euros
par trimestre (actuellement les consultations sont
gratuites). Le séjour à l’hôpital coûtera 10 euros
par jour, au maximum 280 euros. À partir de 2007,
la caisse de maladie ne payera plus d’indemnité de
congé maladie : ici aussi, les assurés devront s’assudownloadModeText.vue.download 79 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
77
rer eux-mêmes. L’assuré devra payer 10 % du prix
du médicament, au maximum 10 euros par médicament. Cet ensemble de mesures permettra aux
caisses d’économiser 10 milliards d’euros en 2004, le
volume grimpant à 20 milliards en 2007. L’intention
politique est de réduire les coûts salariaux annexes
trop élevés en Allemagne. Avec la réforme, la cotisation devrait descendre à terme de 14,4 % du revenu
brut (l’employeur payant la moitié) à 13 %. Le compromis est politiquement important. Normalement,
le gouvernement aurait dû présenter un texte de loi
qui aurait été rejeté par le Bundesrat, chambre des
Länder dominée par la CDU, et ensuite la commission de conciliation des deux chambres aurait été
obligée de forger un compromis entre des positions antagonistes. Or, dans le cas de la réforme de
la santé, les deux grands camps politiques ont préféré trouver un compromis raisonnable en amont
du chemin parlementaire. Beaucoup de commentateurs estiment qu’une grande coalition tacite
droite-gauche gouverne le pays. Toutefois, l’opinion
publique apprécie que l’opposition CDU-CSU ne
fasse pas d’obstruction.
France
Le livret A à 2,25 %
Le ministre de l’Économie, Francis Mer, annonce que
le taux de rémunération du livret A sera ramené de
3 % à 2,25 % à compter du 1er août, soit une baisse
de 0,75 point. Ce taux, qui concerne environ 46 millions de Français, n’avait pas été modifié depuis juillet
2000, date à laquelle le gouvernement Jospin l’avait
relevé de 2,25 à 3 %. M. Mer affirme que cette décision intervient en raison de la baisse des taux de la
Banque centrale européenne et du « contexte d’inflation particulièrement favorable, qui devrait passer de
1,9 % à 1,5 % d’ici à la fin de l’année ». Les objectifs sont
de relancer l’investissement, la consommation, et de
redynamiser le logement social. La baisse des taux
réglementés va dégager dix milliards d’euros, « une
force de frappe de financement qui pourra s’investir
dans l’économie ». Les livrets A, qui servent au financement du logement social, peuvent être souscrits
auprès de La Poste ou des Caisses d’épargne. Le
montant total des fonds investis était de 113,8 milliards d’euros au 31 mai dernier. Au total, l’épargne
réglementée (livret A, livret Bleu, livret Jeunes, Codevi, plans d’épargne logement, livrets d’épargne populaire) représentait 262,7 milliards d’euros au 31 mai
2003, soit près de 17 % des revenus disponibles des
ménages.
22
Irak
Les fils de Saddam Hussein abattus
Les fils de Saddam Hussein, Oudaï Saddam Hussein
et son frère Qoussaï, sont tués lors d’un raid américain contre une maison à Mossoul (à quelque 400 km
au nord de Bagdad) où ils se cachaient. Numéro deux
sur la liste américaine des dignitaires de l’ex-régime
irakien les plus recherchés, ce dernier dirigeait avant
la chute du régime, le 9 avril, le corps d’élite de la
Garde républicaine. Il s’était vu confier en mai 2001
l’un des deux postes d’adjoint au chef du bureau
militaire du parti Baas au pouvoir, aujourd’hui banni.
Numéro trois toujours sur cette même liste, Oudaï
Saddam Hussein était en charge des forces paramilitaires irakiennes, les Fedayin de Saddam. Son entrée
en 2000 à l’Assemblée nationale lui avait donné un
rôle politique, après les nombreux titres accumulés
à la tête de médias, d’organisations sportives ou de
jeunesse. Le 24, le Pentagone diffuse à Bagdad les
photos montrant les cadavres des fils du président
déchu. Le 25, des médecins légistes de l’armée américaine montrent à des journalistes les dépouilles des
fils de l’ancien dictateur. Ces démarches sont destinées à convaincre l’opinion publique, en particulier
irakienne, que les deux fils de Saddam Hussein ont
bien été tués.
25
France
Chahut contre Chirac en Calédonie
Au troisième et dernier jour de son voyage en Nouvelle-Calédonie, le président Jacques Chirac est
accueilli à Koné, dans la province Nord de NouvelleCalédonie, par des manifestations hostiles d’indépendantistes regroupant quelques centaines de
manifestants de l’USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités) et de l’Union calédonienne (indépendantiste). Les gendarmes répliquent
avec des gaz lacrymogènes. Les indépendantistes
demandent que ne soient autorisées à voter pour le
référendum d’autodétermination que les personnes
justifiant en 1998 de dix ans de résidence en Nouvelle-Calédonie. Le référendum d’autodétermination
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
78
défini dans les accords de Nouméa de 1998 stipulait
en effet que ne seraient autorisées à voter, à partir des
élections provinciales de 2009 et lors du référendum
d’autodétermination, que les personnes justifiant en
1998 de dix ans de résidence en Nouvelle-Calédonie.
Or, cette disposition a depuis été censurée par le
Conseil constitutionnel, au grand dam des indépendantistes qui souhaitaient ainsi se garder d’un afflux
de « métros » (Français venus de métropole) pouvant
faire basculer le rapport de force électoral.
27
Cambodge
Élections au Cambodge
Le parti du Peuple cambodgien (PPC) du Premier
ministre Hun Sen remporte une large victoire aux
législatives, qui est immédiatement contestée par
les royalistes du FUNCINPEC et par le PSR, le parti
d’opposition de Sam Rainsy. Le PPC, qui passe pour la
première fois au-dessus du seuil de 50 % lors d’élections législatives, obtient 73 sièges, le FUNCINPEC 26
et le PSR 24, contre respectivement 64, 43 et 15 aux
précédentes législatives de 1998. Il ne pourra toutefois gouverner seul faute d’avoir atteint le nombre
nécessaire des deux tiers des 123 sièges à pourvoir.
La quête d’un partenaire s’annonce difficile.
Cyclisme
Le Tour du centenaire pour Lance
Armstrong
Le coureur américain Lance Armstrong, âgé de
trente et un ans, remporte à Paris le centième Tour
de France, devenant ainsi le cinquième champion
crédité de cinq victoires dans l’histoire de la Grande
Boucle, après Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain. La course aura été
durement disputée puisque le suspense a tenu en
haleine tous les amoureux du vélo jusqu’à l’ultime
contre-la-montre individuel final, disputé sur 49 km
entre Pornic et Nantes à la veille de l’arrivée sur les
Champs-Élysées. Lance Armstrong a enfin dominé
son plus dangereux rival, l’Allemand Jan Ulrich. Avec
une vitesse moyenne de 40,940 km/h, le Tour de
France 2003 a été le plus rapide de l’histoire de la
compétition.
28
France
Nouveaux incendies dans le Midi
Trois personnes trouvent la mort dans les incendies
qui sévissent dans le Var – deux d’entre elles ayant été
retrouvées carbonisées dans le massif des Maures, où
un important incendie se propage entre Vidauban
et le Plan-de-la-Tour. 8 000 hectares ont brûlé dans
tout le Var. Le 17, un incendie s’était déclaré dans le
même département, dévastant 10 000 hectares. Il
s’agit des plus importants feux qu’ait connus le Var
depuis 1990. Plus de 2 000 pompiers luttent contre
le feu, appuyés par des moyens aériens et 300 véhicules. L’importance des incendies constitue « une
première » en termes de violence de propagation et
de simultanéité des feux. Un autre incendie ravage
la Corse-du-Sud, qui a parcouru 2 000 hectares de
maquis et de forêts en six jours.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
79
Août
1
France
Décès de Marie Trintignant
Marie Trintignant, âgée de quarante et un ans,
décède d’un oedème cérébral à Neuilly (Hauts-deSeine) « malgré la réanimation poursuivie depuis son
arrivée à la clinique Hartmann », où la comédienne
avait été transportée. Elle avait été rapatriée la veille
en avion sanitaire médicalisé de Vilnius (Lituanie) à la
demande de sa mère, qui voulait que sa fille meure
en France. Stéphane Delajoux, le médecin chargé de
son opération, avait alors déclaré qu’elle se trouvait
en mort cérébrale. Dans le même temps, Bertrand
Cantat, le chanteur du groupe français Noir Désir, âgé
de trente-neuf ans, soupçonné d’avoir frappé Marie
Trintignant à l’issue d’une violente dispute qui les
opposait le 27 juillet dernier, a été transféré à l’hôpital de la prison lituanienne où il est détenu « à cause
de son état mental ». Dans le cadre de l’information
judiciaire ouverte à l’encontre de Bertrand Cantat, le
parquet de Paris délivre à la juge d’instruction Nathalie Turquey un réquisitoire supplétif pour « coups et
blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », une qualification criminelle jugée
devant une cour d’assises et passible d’une peine
maximale de quinze ans de réclusion criminelle. Le
8, le parquet lituanien inculpe Bertrand Cantant de
meurtre. Celui-ci encourt une peine allant de cinq à
quinze ans de prison, selon la loi lituanienne. L’extradition vers la France de Bertrand Cantat est « impossible » tant que le chanteur « n’aura pas été jugé en
Lituanie », déclare le procureur général de Vilnius, Antanas Klimavicius. Les proches du chanteur ainsi que
la famille Trintignant s’étaient déclarés « favorables » à
un procès en France.
Trintignant-Cantat
C’est un triste fait divers, le fait divers
de l’été, qui s’est déroulé dans la nuit de
Vilnius, à 2 000 km de Paris. Ses protagonistes : un couple en devenir – une actrice,
un chanteur de rock, qui cultivaient la
parole, en faisant leur métier. La parole,
devenue acte, les a poussés hors limite.
L’actrice est morte, le chanteur
est en prison.
Alors qu’elle achevait le tournage de Colette,
un téléfilm pour France 2, à Vilnius, en Lituanie, sous la direction de sa mère Nadine et de
son frère Vincent, premier assistant réalisateur,
la comédienne française Marie Trintignant a
été hospitalisée le 27 juillet, dans un état jugé
sérieux, après une dispute survenue pendant la
nuit dans une chambre de l’hôtel Domina Plaza
occupée par son ami Bertrand Cantat, le chanteur du groupe rock français Noir Désir.
Un drame de la jalousie ?
Les deux artistes s’étaient rencontrés un an plus
tôt, lors d’un concert du groupe à Vaison-la-Romaine. Ils ont tous deux mari, femme et enfants.
Des conjoints qu’ils quittent bientôt pour engager une liaison discrète, tout en conservant avec
ces derniers des liens étroits, échanges d’enfants obligent (quatre pour elle, deux pour lui).
Ces liens seraient à l’origine de la querelle qui
oppose le couple dans la nuit du 26 au 27 juillet. Ainsi, l’ex-conjoint de Marie Trintignant est
le cinéaste Samuel Benchetrit, sous la direction
duquel elle vient de tourner Janis et John, une
comédie dont ils doivent assurer ensemble la
promotion à la rentrée. Ils communiquent, diton, par textos. Affective ou professionnelle, cette
présence de l’ex-conjoint, jugée envahissante,
est de nature à troubler la sérénité du couple.
Est-ce elle qui mène à la dispute ? Peu importe.
Seul Bertrand Cantat peut le dire.
La version de Bertrand Cantat
Selon sa version, le ton ayant monté entre eux,
au sujet de leurs relations respectives avec
leurs ex-conjoints, les deux artistes en viennent
aux mains. Marie Trintignant, « sortie de ses
gonds », aurait frappé la première ; Bertrand
Cantat présentera des ecchymoses au thorax et
à la lèvre. Sa réaction ? Des « gifles », deux « allers-retours », du plat et du revers de la main et
non du poing, car il est « sorti de lui-même ».
Puis il met sa compagne au lit, une compresse
sur le front, et appelle Vincent Trintignant, qui
vient immédiatement. Il est environ 6 h 30 : « Je
pouvais apercevoir Marie dans la pénombre,
allongée sur le dos. Elle respirait comme une
personne qui dort. J’ai pu voir son visage
tuméfié, avec un cocard sur l’oeil. » Mais il
ne s’alarme pas encore. Pourtant, à 7 heures du
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
80
matin, c’est bien du sang qui coule des lèvres de
Marie Trintignant. Son frère appelle les urgences.
Un crime passionnel
Transportée à l’hôpital, l’actrice française est
dans le coma. Elle subit une première opération
neurochirurgicale, puis une seconde intervention de la dernière chance, deux jours plus tard,
conduite par le neurochirurgien français Stéphane Delajoux. Tandis que Bertrand Cantat est
hospitalisé sous haute surveillance – il a tenté
de mettre fin à ses jours – dans la prison lituanienne de Lukiskiu, Marie Trintignant, plongée
dans un coma « profond et irréversible », est
rapatriée à Paris, où ses parents souhaitent la
voir s’éteindre. Le 1er août tombe ce communiqué : « Marie Trintignant est décédée ce
matin à 10 h 20 des suites d’un oedème cérébral et ce, malgré la réanimation poursuivie
depuis son arrivée à la clinique Hartmann [de
Neuillly-sur-Seine]. »
Le rapport d’autopsie est remis le 12 août à la
juge d’instruction parisienne Nathalie Turquey,
qui a reçu l’accord des autorités lituaniennes
pour se rendre à Vilnius. Il ne laisse guère de
doute et exclut une chute accidentelle comme
origine de la mort. Avant de tomber dans le
coma, Marie Trintignant a eu le nez cassé, elle a
subi des lésions cérébrales similaires à celles du
syndrome du « bébé secoué » ainsi que de multiples traumatismes au visage.
Quant à Bertrand Cantat, il est pris dans l’engrenage judiciaire. « Il a commis un crime
grave qu’il reconnaît en partie », indique le
juge lituanien chargé du dossier. Pour la défense du leader de Noir Désir, l’un des enjeux
principaux consistera à requalifier les faits de
« crime » en « crime passionnel », passible de
six ans au lieu de quinze ans de prison dans le
code pénal lituanien. Mais le coeur de l’affaire,
devant les juges, peut-il se résumer à cette
seule et unique question : claques, gifles ou
coups de poing ?
Tristesse et émotion
En France, l’émotion et le tourbillon médiatique
provoqués par ce drame sont considérables :
la mort d’une actrice dont la famille est généreusement impliquée dans le cinéma français
depuis cinquante ans déclenche inévitablement la sympathie populaire et l’ire des féministes, qui en profitent pour dénoncer la violence machiste, dont l’actrice devient la victime
emblématique. La mort de l’actrice apparaît
insupportable à tous ceux qui l’ont aimée. En
publiant en librairie une longue lettre intitulée
Ma fille, Marie, la réalisatrice Nadine Trintignant ne cache pas ses intentions : « J’espère
bien influencer le procès et je ne m’en cache
pas, souligne-t-elle. Je souhaite que son
meurtrier soit puni autant que possible. » Des
propos qui portent atteinte au droit du chanteur à la présomption d’innocence, a tranché la
cour d’appel de Paris.
Quant aux fans de Bertrand Cantat, les uns sont
consternés : comment quelqu’un comme Cantat
a-t-il pu commettre un tel acte de folie ordinaire,
un acte d’autant plus impardonnable que son
image a toujours été extrêmement positive ?
Les autres, partagés, fustigent la part de responsabilité des médias dans la désillusion qui les
touche ; ils constatent qu’entre les paroles (notamment de chansons) et les actes l’adéquation
n’est bien souvent qu’un mirage. Musicalement
radical, politiquement engagé et néanmoins
populaire, le grand groupe de rock français des
années 1990 a peu de chances de survivre à la
mort de Marie Trintignant. Sauf énorme surprise,
Noir Désir appartient donc désormais à l’histoire
du rock’n’roll, où il conservera malgré tout une
place de choix.
La réponse de Bertrand Cantat à une question posée par un magazine lituanien à Vilnius,
quelques jours avant le drame, renvoie a posteriori à un gâchis exemplaire : « Qu’aimez-vous
plus que la musique ? » : « Mon amour, la
femme que j’aime. Rien, sinon la fille que
j’aime. C’est la seule chose que j’aime plus
que la musique. »
FRÉDÉRIC PERROUD
NOIR DÉSIR
– Début des années 1980 : le groupe Noir
Désir se forme à Bordeaux, avec Bertrand
Cantat (chant et guitare), Serge TeyssotGay (guitare), Denis Barthe (batterie) et
Fred Vidalene (basse), auquel succédera
Jean-Pierre Roy en 1995.
– 1989 : premier véritable album, « Veuillez
rendre l’âme (à qui elle appartient) » étend
leur audience.
– 1991 : volontairement aride, « Du ciment
sous les plaines » désarçonne le public.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
81
– 1993 : avec « Tostaki », le groupe s’impose
définitivement au grand public.
– 1998 : décroche ses deux premières Victoires de la musique.
– 2001 : « Des visages, des figures » (Victoire de l’album rock) dépasse le million
d’exemplaires.
– 2002 : lors des 17es Victoires de la musique, Cantat interpelle Jean-Marie Messier, patron du groupe Vivendi Universal,
la maison de disques de Noir Désir.
2
France
José Bové libéré
Trois semaines après que Jacques Chirac a refusé
une grâce totale, José Bové quitte la maison d’arrêt
de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault), où il purgeait depuis le 22 juin dernier une peine de dix
mois de prison ferme pour destruction de plants de
riz et de maïs transgéniques. La veille, Danielle Maccioni, juge d’application des peines au tribunal de
Montpellier, a ordonné sa libération : après un mois
et demi de prison, le syndicaliste purgera le reste de
sa peine « dans le cadre d’un chantier extérieur sans
surveillance du personnel de l’administration pénitentiaire ». Dans son ordonnance, la juge d’application
des peines justifie sa décision en expliquant notamment que « les activités syndicales de José Bové, qui a
été élu membre du comité national de la Confédération paysanne et son porte-parole au niveau national,
doivent être prises en compte, dans la mesure où elles
s’exercent dans le respect de la loi ». José Bové est soumis à plusieurs obligations : résider à Potensac (sa
ferme, près de Millau) ; répondre aux convocations
de la justice ; travailler auprès de l’APAL (Association
pour l’aménagement du Larzac) ; obtenir l’autorisation de la juge d’application des peines avant tout
déplacement à l’étranger ; et pointer tous les quinze
jours à la gendarmerie. Le parquet de Montpellier,
opposé à l’aménagement de la peine de José Bové,
aura attendu la dernière minute pour faire savoir
qu’il ne faisait pas appel. Dès sa sortie de prison, le
leader de la Confédération paysanne entame les
ultimes préparatifs du rassemblement altermondialiste prévu sur le plateau du Larzac.
3
UE
Le « faux chocolat » autorisé en France
La directive européenne « cacao-chocolat » entre en
vigueur en France. Elle autorise désormais l’adjonction de six matières grasses végétales tropicales et
étrangères au cacao (et dix fois moins chères que
celui-ci) – illipé, huile de palme, sal, karité, kokum
gurgi et noyau de mangue –, dans la limite de 5 % du
produit fini. Toutefois, la directive impose que figure
en caractères gras, à côté de la liste des ingrédients,
soit la mention « chocolat pur beurre de cacao », soit
la mention « contient des matières grasses végétales en
plus du beurre de cacao ». Par cette mesure, la Commission européenne entend harmoniser, au grand dam
des amateurs de « vrai chocolat », les pratiques entre
l’Hexagone et la plupart des autres pays européens,
qui utilisent déjà les matières grasses végétales.
4
Liberia
Entrée des forces nigérianes à Monrovia
Un détachement composé de 300 soldats nigérians,
premières troupes de la force ouest-africaine, se
déploie à Monrovia, la capitale libérienne assiégée
depuis près de deux mois par les rebelles du LURD
(Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie). Son arrivée préfigure l’envoi d’une force de
maintien de la paix – 3 250 hommes promis par la
Communauté économique des États de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) – chargée de mettre un terme à
quatorze ans de guerre civile et de contrôler le départ du président libérien Charles Taylor, qui a promis
de céder le pouvoir le 11 août prochain. Depuis la
mi-juillet, les combats entre les rebelles du LURD et
les forces fidèles au président Taylor dans le centre
de Monrovia ont fait des centaines de victimes et au
moins 200 000 déplacés. Le gouvernement libérien
a posé deux conditions au départ de Charles Taylor :
l’envoi d’un nombre suffisant de soldats de la paix
sur le terrain pour faire cesser le conflit et la levée
de l’inculpation du président pour crimes de guerre
et de crimes contre l’humanité en Sierra Leone prononcée par le tribunal de l’ONU. Les États-Unis créent
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
82
une équipe de liaison militaire pour le Libéria, qui est
chargée de la communication entre les navires américains qui croisent au large de Monrovia et la force
d’interposition de la CEDEAO.
5
France
Canicule sur le territoire
La chaleur et le manque de précipitations continuent
de faire sentir leurs effets sur l’ensemble du territoire
français. Fleuves et lacs paient le prix d’un été exceptionnel, alors qu’une majorité de départements a
adopté des mesures de restriction. EDF subit à son
tour les conséquences de la chaleur hors normes
qui frappe la France. Le bâtiment principal abritant
la tranche 1 de la centrale nucléaire de Fessenheim
(Haut-Rhin), à l’intérieur duquel la température a atteint 48 °C, a dû être aspergé d’eau afin de maintenir
la fraîcheur nécessaire au fonctionnement sans danger du réacteur. Au-delà de 50 °C, l’Autorité de sûreté
nucléaire oblige à arrêter l’activité. Pour parer à cette
urgence, les responsables de la centrale alsacienne
décident de pomper dans la nappe phréatique du
Rhin les 5 m3/h nécessaires. Cette situation de crise a
déjà touché les centrales de la vallée du Rhône et du
Sud-Ouest pour lesquelles EDF a annoncé le 29 juillet dernier une réduction de la puissance. La sécheresse se constate un peu partout. Le niveau des cours
d’eau continue de baisser, même si le déficit hydro-
logique est minoré par la bonne tenue des nappes
phréatiques, remplies par trois années consécutives
de pluies abondantes. La prolongation de la canicule
provoque un certain nombre de décès, notamment
de personnes âgées. Les services d’urgence sont
débordés. La responsabilité des pouvoirs publics
est mise en cause. La direction générale de la santé
assure ne posséder aucune statistique réelle. Le 15, le
ministère de la Santé reconnaît l’ampleur de la catastrophe sanitaire : « Le nombre de décès liés directement
ou indirectement à la chaleur durant cette période peut
être estimé comme se situant autour de 3 000 pour la
France entière. » Le Premier ministre décide la mise
en action du « plan blanc » pour les hôpitaux en Îlede-France face à l’afflux de victimes. Ce dispositif,
élaboré pour faire face aux épidémies, catastrophes
ou attentats, voire aux accidents nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques, vise à mobiliser
des moyens supplémentaires, en particulier en lits
mais aussi en moyens de transport et en personnel.
Le plan permet ainsi le maintien sur place du personnel ou son rappel, et le transfert d’agents d’un service
à l’autre.
6
Indonésie
Carnage à Jakarta
Une explosion fait 10 morts et 150 blessés près de
l’hôtel Marriott de Jakarta, en plein coeur du quartier
d’affaires de la capitale. Selon la police, elle aurait été
provoquée par une camionnette piégée stationnée
dans le sous-sol de l’hôtel. Ouvert en 2001, le Marriott accueillait surtout des hommes d’affaires et des
diplomates étrangers. Au moins trois d’entre eux
auraient été tués. Les circonstances de cet attentat
présentent quelques similitudes avec celles de l’attaque terroriste de Bali, le 12 octobre dernier. Là aussi,
l’explosion d’un véhicule piégé avait détruit un site
fréquenté avant tout par des étrangers. À l’époque,
c’est une boîte de nuit et un bar qui avaient été
visés. Bilan : 202 morts, dont 88 touristes australiens
et 22 britanniques. Les autorités de Jakarta avaient
attribué ce carnage à une organisation islamiste radicale, la Jemaah Islamiyah (JI), et procédé à une vaste
répression policière. La première hypothèse avancée
par les autorités locales était celle d’un acte de représailles de la JI, alors que la justice indonésienne est
sur le point de rendre un premier verdict dans un
procès visant plusieurs militants de la JI soupçonnés
d’être impliqués dans l’attentat de Bali. Le 27 avril dernier, une bombe avait explosé à l’aéroport de Jakarta
quatre jours après l’ouverture du procès du chef présumé de la JI, Abou Bakar Bachir. L’attentat avait fait
onze blessés.
France
L’État prend 31,5 % du capital d’Alstom
Menacé par la faillite, le groupe Alstom obtient l’engagement financier de l’État et des banques. À la suite
de négociations associant ses nombreux créanciers
ainsi que le ministère de l’Économie et des Finances,
l’entreprise conclut un plan de redressement qui se
traduit par un renforcement de ses fonds propres de
2,8 milliards d’euros. L’entreprise évite l’asphyxie qui
la guettait après des années d’une gestion et d’une
stratégie de plus en plus tournées vers la rentabilité
financière. Alors que l’endettement du groupe atteint
des proportions considérables (5 milliards d’euros,
pour 900 millions seulement de fonds propres), ses
dirigeants redoutaient ouvertement la faillite. Le plan
prévoit une augmentation de capital de 600 millions
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
83
d’euros, souscrite pour moitié par l’État, une émission
d’obligations remboursables en actions de 900 millions d’euros, ainsi que des prêts bancaires pour
1,3 milliard d’euros. Entre ces prêts et la transformation d’une partie de leurs créances en actions, une
quarantaine de banques, françaises et étrangères,
engagées dans Alstom, investissent donc quelque
2,3 milliards dans ce plan pour éviter la faillite de
leur débiteur. Parallèlement, l’État injecte 300 millions d’euros dans le groupe, qui lui permettront de
détenir 31,5 % des actions. Le P-DG d’Alstom, Patrick
Kron, justifie l’intervention de l’État en soulignant
que « l’accord comprend des engagements de l’État,
compte tenu des enjeux industriels, sociaux et financiers
du dossier dans de nombreux pays, particulièrement en
Europe ». Alstom emploie 110 000 personnes dans
le monde, dont 75 000 en Europe. Philippe Jaffré, le
directeur financier du groupe, précise toutefois que
si l’État devient actionnaire, c’est « pour une durée
courte, un, deux ou trois ans ».
8
France
Grand rassemblement du Larzac
Le rassemblement organisé sur le plateau du Larzac
contre la tenue de la cinquième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC), au Centre des congrès de Cancún (Mexique)
du 10 au 14 septembre, réunit pendant trois jours
plus de 350 000 participants venus de toute la France.
Les participants à ce rassemblement n’entendaient
pas seulement constituer un front du refus, mais
également rechercher les voies pour « transformer le
monde unique d’exploitation et de destruction en plu-
sieurs mondes possibles, nécessaires, justes, solidaires,
durables et pacifiques, de remettre, au fond, l’homme
et l’environnement au centre, là où les puissants et les
riches entendent poursuivre leur mise à mort dans les
périphéries de l’empire. »
Les altermondialistes au Larzac
Entre le contre-G8 d’Annemasse et le Forum
social européen de Paris-Saint-Denis, la
France a connu en 2003 une autre manifestation altermondialiste de taille, rassemblant en août 300 000 militants de tous
horizons sur le plateau du Larzac.
Une nouvelle nouvelle gauche est-elle née ?
En France, l’altermondialisme a le vent en
poupe. Début juin, il y a eu la grande manifestation d’Annemasse (Haute-Savoie), où environ 100 000 personnes sont venues crier leur rejet du G8 rassemblé non loin de là, à Évian. Début
novembre, Paris et Saint-Denis ont accueilli des
délégations altermondialistes venues d’Europe
entière pour le deuxième Forum social européen, déclinaison continentale du Forum social
mondial de Porto Alegre (Brésil). Entre-temps,
du 8 au 10 août, ce sont près de 300 000 militants qui se sont rendus à L’Hospitalet-du-Larzac (Aveyron), pour manifester notamment leur
défiance vis-à-vis de l’Organisation mondiale
du commerce (OMC), dont une réunion allait se
tenir un mois plus tard à Cancún (Mexique).
« On ne touche pas au roquefort »
À l’initiative de ce rassemblement « Larzac
2003 », un réseau d’organisations non gouvernementales comprenant notamment Attac
(Association pour la taxation des transactions
financières et pour l’aide au citoyen), G10-Solidaire (confédération de syndicats appartenant
à la mouvance SUD : Solidaire, unitaire, démocratique) et surtout la Confédération paysanne,
emmenée par son charismatique porte-parole
José Bové. Depuis trois décennies, José Bové est
une figure de la lutte sociale. Sa condamnation à
trois mois de prison ferme, il la doit au démontage d’un restaurant MacDonald’s qu’il avait
organisé en 1999 à Millau (Aveyron), afin de protester contre la pénalisation douanière, obtenue
par les États-Unis, de certains produits agricoles
européens, dont le roquefort. Or, sur le plateau
du Larzac, « on ne touche pas au roquefort ».
Trop d’éleveurs de brebis ont dû se battre pour
continuer à en produire alors que l’État menaçait
de les exproprier.
C’était il y a trente ans, en 1971, lorsque le ministre de la Défense Michel Debré annonçait à la
télévision l’extension de 3 000 à 17 000 hectares
du camp militaire du Larzac. Les éleveurs n’ont
pas supporté. Les plus irréductibles d’entre eux
ont rédigé le « serment des 103 », par lequel ils
s’engageaient à ne jamais vendre leur ferme à
l’État. Deux ans plus tard, les conjurés recevaient
l’aide massive d’une galaxie hétéroclite de
60 000 personnes, qui déferlaient sur le plateau.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
84
Chrétiens de gauche « conscientisés », premiers
écologistes, jeunes militants gauchistes, ouvriers
des usines Lip en grève à Besançon, ou tout simplement francs-tireurs soixante-huitards en mal
de nouveaux combats, tous venaient pour forger, avec les paysans locaux de tradition catholique, une étrange alliance de la contestation.
José Bové, tout juste vingt ans, en était. Tout
comme il était de la suite des événements sur
le Causse : soutien aux indépendantistes kanak,
aux militants antinucléaires japonais, aux Palestiniens, aux sandinistes nicaraguayens. Autant
de mouvements identitaires auxquels succède,
en 2003, la lutte contre la mondialisation libérale
des échanges.
« Larzac 2003 »
Mais les 300 000 militants qui se sont agglutinés
sur les 100 hectares de champs concédés par
des agriculteurs de la Confédération paysanne
viennent de tous les horizons et de tous les combats, surtout ceux du printemps social très agité
en France. Les syndicalistes qui se sont battus
pour le maintien des 37,5 années de cotisation
pour les retraites, les professeurs qui ont protesté contre la décentralisation de l’Éducation
nationale, les intermittents du spectacle qui s’estiment menacés, tous sont réunis pour exprimer
une inquiétude à la fois plus vague et plus vaste.
L’OMC est un peu l’épouvantail contre lequel se
dressent tous ceux qui se sentent dépossédés
de leur souveraineté politique et entraînés vers
des horizons libéraux par des instances européennes ou internationales censées être liées
aux entreprises multinationales, et sur lesquelles
ils n’ont guère de pouvoir de contrôle.
Dans ce contexte, Jean-François Copé, porteparole d’un gouvernement de droite, évidem-
ment pris à partie par le rassemblement, a beau
jeu de stigmatiser le « retour d’une extrême
gauche organisée surfant sur les appréhensions engendrées par la mondialisation »
et voulant « paralyser la société française ». Il
n’empêche que le mouvement mobilise au-delà
des extrêmes, notamment chez les jeunes, qui
trouvent là un mélange d’utopie et d’enthousiasme, pour l’heure absent des partis de l’ancienne « gauche plurielle » étrangement atone.
D’ailleurs, les organisateurs de « Larzac 2003 »
ne comptent pas s’arrêter là. « Il faut construire
un discours global de dénonciation et de revendications concrètes », explique Jean-Émile
Sanchez, secrétaire général de la Confédération
paysanne, « car le lien entre les revendications
du printemps et les exigences de l’OMC, c’est
la marchandisation de toutes les activités humaines, y compris les services ».
Certes, José Bové a affirmé plusieurs fois n’avoir
aucune ambition politique. Mais Jacques Nikonoff, qui a succédé à Bernard Cassen à la présidence d’Attac après avoir quitté la direction
du Parti communiste, a peut-être d’autres vues
pour le mouvement altermondialiste. « Après
le Larzac », affirme-t-il, « Attac se fixe deux
objectifs : déconstruire l’idéologie néolibérale
et réaliser un rassemblement majoritaire pour
y parvenir ». De là à parler d’une nouvelle nouvelle gauche...
BENJAMIN BIBAS
MILITANT, TU NE TEUFERAS POINT
Sur le Causse s’est tenue le 15 août une
autre forme de mobilisation collective,
moins politique, mais également susceptible d’attirer des dizaines de milliers de
jeunes : le Teknival, grande rave party dans
la nature où les « teufeurs » « s’éclatent »
pendant toute une nuit au son de la musique techno. Au départ, la fête devait
avoir lieu dans le camp militaire du Larzac. Les conditions de sécurité n’étant pas
réunies, le ministère de l’Intérieur a voulu
réquisitionner les terrains agricoles privés
utilisés le week-end précédent pour le rassemblement altermondialiste. Impossible,
a répondu José Bové, évoquant des « questions de lisibilité ». Une habitante locale
était plus explicite : « Ce n’est pas le même
genre de public. On passe de gens responsables à des personnes qui ne respectent
rien. » Visiblement moins appréciés que
les altermondialistes, les teknivaliers ont
dû se résoudre à faire la fête au bord de
l’autoroute A 75 en cours d’achèvement.
11
Liberia
Départ de Charles Taylor
Quatorze ans après son arrivée au pouvoir, Charles
Taylor abandonne la présidence du Liberia au profit
de son bras droit, Moses Blah. La pression internationale et l’avancée des forces rebelles dans la capitale,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
85
Monrovia, ont eu raison du chef de guerre, dont la
lutte menée depuis 1989 pour parvenir au pouvoir
puis celle conduite par ses opposants pour l’en déloger auront entraîné la mort d’environ 250 000 personnes. Le soulagement provoqué par le départ de
Charles Taylor risque cependant d’être de courte durée. La menace d’une reprise des affrontements militaires n’a jamais été aussi forte depuis l’arrivée de soldats de la force d’interposition d’Afrique de l’Ouest,
l’Ecomil. La personnalité du nouveau président du
Liberia, Moses Blah, constitue elle aussi une source
de tensions. Ce dernier a pris une part active dans la
guerre civile qui a déchiré le pays entre 1990 et 1997.
14
États-Unis
Gigantesque panne d’électricité
Un problème technique dans une centrale électrique
de Pennsylvanie déclenche une gigantesque panne
d’électricité dans la région nord-est des États-Unis.
New York et ses environs, Cleveland et Detroit, ainsi
que Toronto, au sud-est du Canada, soit 50 millions
d’habitants, sont plongés dans le noir. Une centaine
de centrales – dont 22 réacteurs nucléaires – aux
États-Unis et au Canada sont arrêtées et isolées du
réseau électrique par leur système de sécurité. Les
passagers des métros et des ascenseurs sont bloqués, les avions cloués au sol et les feux de circulation
éteints. Les Américains découvrent à cette occasion
que leur réseau électrique est peut-être l’élément
le plus vulnérable des installations importantes aux
États-Unis. En cas d’incident, les interconnexions
entre les réseaux répercutent les problèmes de
proche en proche, et l’électricité doit être produite
en temps réel puisqu’elle ne peut être stockée. Si la
production ou la distribution cessent, l’alimentation
s’interrompt immédiatement. Selon un spécialiste du
réseau électrique, le mauvais état du système américain a des causes multiples : le coût de la moder-
nisation des réseaux, l’opposition des défenseurs de
l’environnement et celle des habitants, qui refusent
souvent de voir des installations électriques installées près de chez eux. Le Conseil nord-américain
chargé de la fiabilité de l’électricité (North American
Electric Reliability Council, NERC) rend la défaillance
de trois lignes de transmission dans le nord de l’Ohio
responsable de cette gigantesque panne de courant.
Toutefois, celle-ci n’a pas entraîné de dégâts majeurs.
16
Iran
Émeutes sanglantes
De violentes émeutes font 8 morts et 150 blessés
dans la ville de Samirom, dans le centre de l’Iran.
Les troubles ont été déclenchés par le projet d’un
nouveau découpage administratif qui a provoqué
une manifestation rassemblant au moins 3 000 personnes. Les manifestants voulaient protester contre
la décision du ministère de l’Intérieur de séparer de la
ville de Samirom le village de Vardasht pour le rattacher à Samirom E-Sofla (Samirom du Sud), tous deux
situés à l’extrême sud de la province d’Ispahan. Avec
l’augmentation rapide de la population iranienne, le
ministère de l’Intérieur procède régulièrement à de
nouveaux découpages, qui sont souvent sources de
vives tensions au sein des populations locales. Mais
la violence des événements de Samirom est significative de la détérioration du climat social en Iran, secoué encore en juillet dernier par des manifestations
d’étudiants dans la capitale ainsi que dans plusieurs
villes de province.
La mollarchie iranienne
en sursis ?
Contesté à l’intérieur par une société civile
désormais visible à l’échelle internationale, contraint, à l’extérieur, de lâcher du
lest sur le nucléaire et témoin impuissant
de l’encerclement du pays parachevé par
l’intervention américaine en Irak, le régime
iranien paraît plus que jamais fragile.
Au printemps 2003, un événement est passé inaperçu : au cours du scrutin local, les
réformateurs iraniens ont subi leur première
défaite électorale depuis que leur chef, l’actuel
président de la République islamique Mohammad Khatami, a accédé au pouvoir en 1997. Les
Iraniens ont ainsi signifié leur lassitude quant à
la lenteur des changements politiques dans un
pays où les principaux leviers du pouvoir sont
encore contrôlés par le clergé chiite conservadownloadModeText.vue.download 88 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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teur et le Guide suprême de la révolution, l’ayatollah Ali Khamenei.
La « main » de l’étranger
De fait, le modèle iranien de « démocratie » islamique s’apparente encore à une théocratie dans
laquelle un Parlement élu au suffrage universel
et majoritairement réformateur ne dispose pas
d’un pouvoir réel, et où les libertés politiques
sont régulièrement bafouées. Les dignitaires
religieux n’ont de cesse de vouloir museler une
presse indépendante d’une extraordinaire vitalité. Et une répression souvent violente s’abat
également sur la frange la plus politisée de la
population, les intellectuels et les étudiants, qui
réclament depuis 1999 l’instauration d’une véritable démocratie. Cet été encore, ils étaient des
milliers à se rassembler autour de l’université de
Téhéran contre le « despotisme religieux », en
scandant également « Khatami, démission ! »
Radicalisé, le mouvement tend désormais à rejeter l’ensemble de la classe dirigeante et, sur fond
de crise économique, à gagner également les
milieux plus défavorisés.
Le pouvoir iranien a classiquement dénoncé,
dans ces troubles, une tentative de déstabilisation téléguidée de l’étranger, en pointant la couverture « trop bruyante » de cette contestation
par les télévisions en farsi contrôlées par des
Iraniens exilés aux États-Unis. Outre le rôle joué
par la diaspora, le courant démocratique iranien
a également acquis une visibilité internationale
avec l’attribution du prix Nobel de la paix à l’avocate Chirine Ebadi. Cette internationalisation de
la société civile, attachée à la défense des droits
de l’homme et des libertés fondamentales, fragilise davantage un régime en position déjà inconfortable sur le plan international. L’intervention
militaire anglo-américaine dans l’Irak voisin est
venue parachever un processus de bouleversement géopolitique qui a débuté avec l’effondrement de l’URSS au début des années 1990.
Le chiisme dans le miroir irakien
La République islamique est désormais encerclée par le « Grand Satan ». Seul pays dans la
région à avoir échappé à l’emprise américaine,
l’Iran doit s’adapter à un nouveau rapport de
forces. Placé début 2002 – pour le soutien qu’il
apporterait aux groupes terroristes palestiniens
et l’abri qu’il offrirait à certains membres d’alQaida – sur « l’axe du mal », Téhéran se préparait
à expérimenter la nouvelle doctrine américaine
de la « guerre préventive ». Cette éventualité
semble désormais s’éloigner avec l’enlisement
des troupes américaines en Irak et en Afghanistan. Et la deuxième guerre du Golfe n’a pas eu
que des effets négatifs pour la République islamique : elle a mis à terre son principal ennemi
extérieur dans la région, Saddam Hussein, et
neutralisé les Moujahidine du peuple, seul
mouvement d’opposition armée au régime de
Téhéran, qui disposait de camps d’entraînement
en Irak, tandis que les chefs politiques de cette
organisation ont été arrêtés en France.
En outre, « l’après-Saddam » annonce la renaissance de Nadjaf, qui pourrait reprendre sa place
de première ville sainte du chiisme, après avoir
été asphyxiée du temps du baasisme. Cette nouvelle donne est à double tranchant pour les mollahs de Qom, l’autre capitale (iranienne) de l’islam chiite. Si l’influence du chiisme ne peut que
s’étendre dans la région, il est moins sûr que les
théories concernant la mainmise des religieux
sur les affaires publiques élaborées par les Iraniens s’imposent en Irak. Leurs coreligionnaires
irakiens récusent plus ou moins clairement la légitimité d’un pouvoir absolu exercé par le clergé.
Et certains ayatollahs « dissidents » ont, d’ores
et déjà, rejoint Nadjaf en signe de protestation
contre l’actuel régime iranien. C’est notamment
le cas du très populaire petit-fils de Khomeyni,
Hussein, qui a appelé à la séparation de la religion et de l’État et qualifié l’actuel régime de Téhéran comme la « pire des dictatures ». L’émergence en Irak d’un centre du chiisme modéré
pourrait donc contribuer à remettre en cause le
pouvoir du clergé en Iran.
L’Iran, puissance nucléaire ?
Encerclé, le régime iranien a peut-être la tentation de mettre au point une bombe atomique,
comme s’en inquiète, depuis l’été 2003, l’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA). Lié
depuis 1974 par le Traité de non-prolifération
(TNP), l’Iran aurait développé un programme
nucléaire civil et militaire. Sollicitées à plusieurs
reprises au cours de l’été par l’organisation onusienne afin de signer, entre autres, le protocole
additionnel au TNP permettant à ses inspecteurs
d’effectuer des visites inopinées sur certains
sites suspects, les autorités iraniennes ont refusé
d’accéder à cette demande en espérant, selon
certains observateurs, que ce refus déclenche-
rait des attaques américaines ciblées, lesquelles
permettraient de consolider un régime de plus
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
87
en plus contesté. C’est finalement le scénario
diplomatique qui semble s’être imposé avec
la visite à Téhéran – dix jours avant l’expiration
de l’ultimatum de l’AIEA conduisant éventuellement à la saisine du Conseil de sécurité –
d’une troïka européenne inédite, rassemblant
les ministres des Affaires étrangères français,
britannique et allemand. Ceux-ci sont revenus
avec un accord selon lequel les Iraniens se sont
engagés à garantir le caractère purement civil de
leurs activités nucléaires, en contrepartie d’une
coopération internationale en la matière. Salué
avec prudence, en particulier par les États-Unis,
ce « pas positif », qui devra être suivi d’effets,
témoigne sans doute de la volonté de Téhéran
de s’acheter un certificat de bonne conduite aux
yeux de la communauté internationale.
EMMANUEL CHICON
! LE PRIX NOBEL, CE N’EST PAS
TRÈS IMPORTANT !
L’attribution du prix Nobel de la paix 2003
à Chirine Ebadi n’a pas suscité l’enthousiasme dans les rangs du pouvoir iranien.
La télévision d’État a annoncé la nouvelle
du bout des lèvres, l’agence officielle Irna y
a consacré huit lignes. Les conservateurs,
sans surprise, ont qualifié cette distinction
d’« infamie » et le président Khatami a eu
cette phrase curieuse : « le Nobel de la paix,
ce n’est pas très important. Ce sont les prix
scientifiques et littéraires qui comptent. »
Les dix mille personnes venues attendre
dans la liesse la lauréate à l’aéroport de
Téhéran n’étaient visiblement pas de cet
avis. Profitant de sa nouvelle aura internationale, Chirine Ebadi a dédié son prix
« au grand peuple d’Iran », et appelé dans
la foulée à la libération de tous les prisonniers politiques. Demande non relayée par
la presse d’État.
19
Irak
Attentat contre le siège de l’ONU à
Bagdad
Le siège des Nations unies à Bagdad est touché par
un attentat à la voiture piégée. Il est situé dans le Canal Hotel, près du monument des Martyrs, dans l’est
de la capitale irakienne. Les inspecteurs en désarmement de l’ONU y avaient installé leur quartier général
lors de leurs missions en Irak de 1991 à 1998, et avant
la guerre en Irak, de novembre 2002 à mars dernier.
L’explosion provoque l’effondrement d’une partie du
bâtiment et fait 24 morts, dont le diplomate brésilien Sergio Vieira de Mello, le représentant spécial de
l’ONU en Irak, et une trentaine de blessés.
Proche-Orient
Attentat à Jérusalem
Un kamikaze se fait exploser à bord d’un autobus à
Jérusalem, tuant 20 personnes dont six enfants, et
faisant plus d’une centaine de blessés. L’attentat est
revendiqué par le Djihad islamique et par le Hamas.
C’est l’un des plus meurtriers perpétrés depuis près
de trois ans d’Intifada et le plus grave coup porté à
la « feuille de route », le plan de paix élaboré par le
Quartet (États-Unis, Russie, ONU, Union européenne)
et lancé le 4 juin par le président américain George
W. Bush lors du sommet d’Aqaba, en Jordanie. En
réponse à cet attentat, Israël gèle tous les contacts
avec l’Autorité palestinienne ainsi que le transfert aux
Palestiniens des villes de Jéricho et Kalkiliya en Cisjordanie, qui allait avoir lieu prochainement. Le 21, Israël
mène une série de raids contre des Palestiniens suspectés de terrorisme. Ainsi, Ismaïl Abou Chanab, un
haut responsable du Hamas, est tué lors d’un raid à
Gaza. L’armée israélienne n’avait plus conduit d’opérations ciblées contre des dirigeants palestiniens
depuis la trêve signée le 29 juin par les principaux
mouvements palestiniens. Le mouvement radical
islamiste palestinien Hamas et le Djihad islamique
annoncent la fin de la trêve dans les attaques contre
Israël.
20
France
Canicule : l’adresse de Chirac
aux Français
À l’issue d’un Conseil des ministres de rentrée entièrement consacré aux dramatiques conséquences de
la canicule qui s’est abattue sur la France, Jacques
Chirac, dans une intervention télévisée solennelle,
annonce que le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin présentera en octobre un plan pour remédier
aux « insuffisances » mises en lumière par la vague de
chaleur exceptionnelle du début du mois d’août et
présenter les « propositions indispensables » pour rendownloadModeText.vue.download 90 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
88
forcer la solidarité à l’égard des personnes âgées. La
canicule pourrait avoir tué une dizaine de milliers de
personnes, reconnaît le gouvernement. Le chef de
l’État, dont le silence tout au long du drame a été
critiqué, a exprimé à cette occasion sa « profonde solidarité » à l’égard des victimes et rendu hommage à
l’action des services de secours. Après cette « épreuve
que partage toute la nation », « tout sera fait pour remédier aux insuffisances que nous avons constatées dans
notre organisation sanitaire », a-t-il ajouté. Rappelant
que de nombreuses personnes âgées « sont mortes
seules à leur domicile », le chef de l’État appelle également les Français à faire preuve d’une plus grande
solidarité à l’égard des plus fragiles.
Un été meurtrier
La canicule qui a frappé la France pendant
la première quinzaine du mois d’août a pris
l’allure d’une catastrophe sanitaire, provoquant la mort de plus de 14 000 personnes,
pour la plupart des personnes âgées.
Les maladresses des pouvoirs publics face à ce
drame national ainsi que le silence du chef de
l’État jusqu’à son retour de vacances le 20 août
ont été à l’origine d’une grave crise politique,
qui s’est amplifiée à mesure que s’alourdissait le
bilan des victimes. Après les turbulences sociales
du printemps, la crise de la canicule constitue
une nouvelle épreuve pour le gouvernement de
Jean-Pierre Raffarin, auquel elle ne laissera décidément pas de répit avant une rentrée sociale et
politique qui s’annonce agitée.
Une surmortalité estivale...
À chaque été suffit sa peine... Et cette année
encore, les conséquences humaines dramatiques des dérèglements climatiques ont fait
les gros titres de l’actualité estivale et rempli
les rubriques nécrologiques. Après les inondations catastrophiques de l’été 2002, la France et,
dans une moindre mesure, plusieurs autres pays
d’Europe occidentale ont subi la canicule la plus
longue et la plus extrême observée de mémoire
de météorologiste et aussi de démographe. Ainsi, selon des chiffres publiés début septembre
par des chercheurs de l’Institut national des
études démographiques (INED) et de l’Institut
national de la statistique et des études écono-
miques (Insee), l’été 2003 est le plus meurtrier
depuis 1946, date à laquelle l’Insee a commencé à effectuer des statistiques mensuelles de
décès. Au moins 54 070 personnes sont mortes
en France en août 2003, contre 40 000 habituellement. Cette surmortalité estivale, dont le
décompte macabre a mobilisé tous les services
concernés, se concentre sur la première quinzaine du mois d’août, qui a connu des pics de
chaleur sans précédent.
Si les agriculteurs ont tout particulièrement
souffert de la sécheresse inhabituelle qui s’est
abattue depuis le début de l’été sur les campagnes françaises, grillant sur pied les récoltes,
c’est l’ensemble de la population qui va ressentir
les effets d’une chaleur qui devient caniculaire à
partir du 3 août, dépassant à plusieurs reprises
la barre des 45 °C et restant très élevée jusqu’au
14 août. Aggravée dans des villes – au nord surtout – peu préparées à ce type de températures
par la pollution à l’ozone et par l’absence persistante de vent et de pluie, la chaleur suffocante
prend l’allure d’une véritable épidémie, qui
touche les catégories les plus vulnérables, personnes âgées, malades et enfants en bas âge.
Tétanisée par un phénomène dont les incidences
sanitaires relèguent à l’arrière-plan les enjeux
climatologiques, la France tarde à sortir de la torpeur de ces torrides vacances aoûtiennes pour
réagir à une situation exceptionnelle, exigeant
des solutions d’urgence.
... qui tourne à la crise politique
Et quand la France commence à prendre la
mesure de la tragédie, au détour des chiffres
annoncés par les pompes funèbres générales
faisant état d’une surmortalité catastrophique et
des cris d’alarme lancés par les urgentistes incapables de faire face à l’afflux de malades frappés
d’hyperthermie, la canicule, en recul, a déjà provoqué une hécatombe dont le bilan se chiffre en
milliers de victimes. Illustrant l’impréparation
des pouvoirs publics face à cette catastrophe
climatique, les images des cadavres, conservés
dans des entrepôts ou des camions frigorifiques
devenus des succursales des pompes funèbres,
alimenteront la controverse sur la gestion des
effets de la canicule par le gouvernement, qui
tourne vite à la crise politique. Celle-ci ira en
s’amplifiant à mesure que le décompte alourdit le
bilan des victimes qui, de 1 500 morts annoncés
par le ministre de la Santé Jean-François Mattei
avant même la fin de l’épisode caniculaire, passe
à 5 000, chiffre avancé comme « plausible » le
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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18 août par le ministre, pour s’établir autour de
11 500 à la fin août. Le gouvernement qui, après
les longs mois de tension sociale du printemps,
avait dû retarder son départ en vacances pour
cause de réforme des retraites, se voyait donc
contraint d’anticiper une rentrée politique que
l’on prévoyait déjà chaude. Face aux accusations
de l’opposition, il voudra jouer la carte de la
transparence, tant sur le chiffre des victimes que
sur les responsabilités dans la catastrophe sanitaire, qu’une commission d’enquête parlementaire sera chargée de déterminer. Pourtant, tout
en reconnaissant certains dysfonctionnements,
M. Mattei déclinera toute responsabilité directe,
l’information n’étant pas remontée jusqu’à lui.
En revanche, le directeur général de la santé,
Lucien Abenhaïm démissionnera le 18 août pour
stigmatiser les failles d’un système d’alerte dont
le cloisonnement entre les services limite l’efficacité. Les tentatives de justification du gouvernement, qui en appelle à la solidarité nationale à
l’égard des personnes âgées dont la catastrophe
sanitaire a illustré l’état d’abandon dans ces maisons de retraite où la canicule a été particulièrement meurtrière, non plus que les mesures
annoncées notamment en faveur des urgentistes pour parer à de nouvelles épreuves, n’ont
pu dissiper dans l’opinion le sentiment que les
autorités n’ont pas réagi à la mesure du drame.
Le gouvernement doit ainsi faire face à une crise
de confiance qui n’épargne pas le chef de l’État,
dont le pesant silence aux heures les plus graves
de la canicule contribuera à faire baisser la cote
de popularité. M. Chirac ne s’exprimera publiquement que le 20 août, de retour du Québec
où il passait ses vacances. Pourtant, l’ampleur
d’un drame qui incite à la décence, le sentiment
de culpabilité aussi, qui habite des Français
montrés du doigt pour leur indifférence envers
leurs aînés auxquels ils seraient prêts, comme
le leur demande Jean-Pierre Raffarin, à donner
un jour férié au titre de la solidarité, la fatigue,
enfin, après un printemps social chaud et un été
caniculaire, ont tiédi les ardeurs militantes lors
d’une rentrée politique et sociale relativement
calme. Mais la canicule n’en a pas moins fragilisé
le gouvernement.
ALAIN POLAK
UN SYSTÈME SANITAIRE EN CRISE
Un rapport remis au début du mois de septembre à M. Mattei par 4 experts a tenté
de cerner les insuffisances structurelles
du système sanitaire révélées par la canicule. L’Institut national de veille sanitaire
(INVS), qui a compétence pour faire face à
des problèmes épidémiologiques, est montré du doigt parmi ces administrations qui
ont été incapables de prendre la mesure de
la réalité et de communiquer entre elles. Ce
tableau inquiétant montre un système hospitalier en crise, des services d’urgence
en pénurie chronique de moyens et des
médecins généralistes qui n’étaient pas
là pour prodiguer leurs conseils et soins
à leurs patients les plus âgés, pour cause
de vacances. Le rapport épargne M. Abenhaïm, estimant que la Direction générale
de la santé qu’il dirigeait s’est « épuisée
dans la recherche » de ces informations
que M. Mattei l’accusait à demi-mot de
n’avoir pas fait remonter jusqu’à lui. Devant les députés, le ministre répétera le
11 septembre que son ministère « n’a rien
su », et a préconisé des réformes « pour que
cela ne recommence pas ».
21
France
La compagnie aérienne Air Littoral en
redressement judiciaire
La compagnie aérienne française Air Littoral, en difficulté financière, demande l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire afin de permettre
sa reprise par Wexford Capital LLC, un fonds d’investissement américain basé à Greenwich (Connecticut) qui possède déjà deux compagnies aériennes,
Frontier Airlines et Chautauqua Airlines, aux ÉtatsUnis. Associé à des partenaires européens, Wexford
Capital LLC confirme « son intention d’acquérir 100 %
du capital d’Air Littoral, en conservant la globalité du
périmètre d’activité actuel de la société, en particulier
les deux sites de Nice et de Montpellier ». De son côté,
la direction d’Air Littoral souligne que l’abandon de
sa dette publique envers l’État constitue « une condition préalable et nécessaire pour l’ensemble des investisseurs potentiels ayant manifesté leur intérêt ». Or l’État
n’envisage cet abandon qu’« à la condition expresse de
l’engagement ferme d’un investisseur crédible ». Depuis
juin 2001, date de sa reprise par Marc Dufour, Air Littoral a subi la crise du secteur aérien et a pâti du dépôt de bilan de son ancien actionnaire Swissair, qui
a laissé un impayé de 30 millions d’euros. En 2002,
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90
la compagnie a enregistré une perte d’exploitation
de 42 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de
180 millions d’euros. En deux ans, Air Littoral a réduit
le nombre de ses appareils de 39 à 32 et supprimé
30 % de lignes considérées comme non rentables,
sans compter un plan social portant sur 30 % de
l’effectif de la compagnie.
23
France
R. Bachelot pour la chasse aux canards
Dans un arrêté publié au Journal officiel, la ministre de
l’Écologie, Roselyne Bachelot, autorise de nouveau
la chasse aux canards et aux rallidés, deux espèces
d’oiseaux migrateurs sur le littoral. C’est le troisième
arrêté d’ouverture de la saison des migrateurs de
Mme Bachelot, qui exerce la tutelle de la chasse. Les
deux premiers, publiés le 26 juillet et le 8 août, ont
été suspendus en partie ou en totalité par le Conseil
d’État, comme contraires au droit européen sur la
protection des migrateurs en période de nidification.
Le nouveau texte confirme la date du 9 août pour
le début des tirs des canards et des rallidés sur le littoral, en dépit de sa double censure par le Conseil
d’État. L’Association pour la protection des animaux
sauvages (ASPAS) adresse un nouveau recours en
référé au Conseil d’État contre l’arrêté de la ministre
de l’Écologie. « Le respect du droit et du principe de précaution voudrait que la chasse ouvre en France à partir
du 1er octobre et qu’elle ferme au plus tard le 30 janvier.
C’est le seul calendrier qui permettrait de répondre aux
objectifs de la directive européenne Oiseaux », estime
l’association.
25
Inde
Attentat meurtrier à Bombay
Deux explosions font au moins 52 morts et plus
de 150 blessés à Bombay, capitale économique de
l’Inde. L’une des explosions s’est produite à la Porte
de l’Inde, l’un des principaux sites touristiques au
coeur de Bombay. L’autre explosion a secoué le bazar
Zaveri, un marché de diamantaires originaires de la
province du Gujarat, situé près d’un temple hindou.
Le vice-Premier ministre indien Lal Krishna rappelle
que des attentats du même type ont été perpétrés
ces derniers mois par le Mouvement des étudiants
islamiques de l’Inde (Simi, interdit), agissant aux côtés
du groupe activiste Lashkar e-Taiba basé au Pakistan.
L’Inde accuse également des activistes islamistes
vivant au Pakistan et combattant le pouvoir indien
au Jammu-et-Cachemire, seul État indien à majorité
musulmane, d’être à l’origine d’attentats à la bombe
et d’autres attaques.
27
France
Plaidoyer de Raffarin à Bruxelles
Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin
plaide à Bruxelles, auprès de la Commission européenne et de son président, Romano Prodi, la cause
de la France sur plusieurs dossiers sensibles. Tout
en réaffirmant « l’attachement » de la France au
Pacte de stabilité et de croissance, Jean-Pierre Raffarin réitère son engagement à réduire son déficit
structurel en 2004 mais demande des « assouplissements » dans le pacte pour en exclure les dépenses
de recherche. Il maintient l’objectif de ramener le
déficit budgétaire français sous le plafond de 3 %
fixé par le Pacte de stabilité « dans le programme
d’action de son gouvernement jusqu’à 2006 » – alors
que Bruxelles demande à Paris de ramener les déficits publics de la France sous le seuil des 3 % dès
2004. En effet, en raison d’un ralentissement de la
croissance, des baisses d’impôts décidées par le
gouvernement et du déficit de la Sécurité sociale
– 16 milliards d’euros sur les deux années 2002 et
2003 –, le déficit public dépassera à nouveau cette
année le plafond des 3 % du PIB imposé par le
pacte de stabilité. Faisant valoir que les dégâts des
incendies de forêt et d’une sécheresse exceptionnelle pèseront sur ces déficits, le Premier ministre
demande à Bruxelles l’aide du Fonds de solidarité
européen. « Au nom de la Commission, j’ai rappelé
que nous n’avions pas d’autre choix que d’appliquer les
règles du traité », déclare Romano Prodi. Le traité de
Maastricht prévoit l’imposition de sanctions financières pouvant aller jusqu’à 0,5 % du PIB en cas de
violation pendant deux années consécutives des
règles du pacte par un État membre.
Pour la suppression d’un jour férié
Le gouvernement Raffarin avance « la piste de travail » de la suppression de l’un des onze jours fériés
du calendrier pour financer un plan « vieillissement
et solidarité ». « C’est une des pistes parmi tant d’autres
pour essayer de trouver une véritable solidarité dépendownloadModeText.vue.download 93 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
91
dance dans la nation », indique le secrétaire d’État
aux Personnes âgées, Hubert Falco, qui doit présenter en octobre son plan vieillesse après la canicule
meurtrière de début d’août. Les cotisations sociales
perçues au titre de ce nouveau jour travaillé seraient
affectées au financement de l’aide aux seniors. Les
professionnels du secteur vieillesse évaluent à
7 milliards d’euros le budget nécessaire pour rattraper le retard en matière d’équipement dans les
maisons de retraite. Le 8 mai, date anniversaire de
la capitulation de l’Allemagne nazie, reste la date
la plus avancée. En 1961, le général de Gaulle avait
supprimé ce jour férié, puis, en 1975, Valéry Giscard
d’Estaing en avait supprimé la commémoration. Les
deux ont été rétablis en 1981 par le gouvernement
socialiste de Pierre Mauroy.
29
France
Bilan de la canicule : 11 435 morts
Selon une première estimation officielle de l’Institut de veille sanitaire remise au ministre de la Santé,
Jean-François Mattei, la surmortalité enregistrée
entre le 1er et le 15 août – alors que l’Hexagone
a été touché par une vague de canicule – est de
11 435 décès. De leur côté, les Pompes funèbres générales, qui représentent un quart du marché funéraire dans le pays, confirment leur extrapolation de
13 000 décès supplémentaires au mois d’août par
rapport à la même période en 2002 sur l’ensemble
de la France.
Royaume-Uni
Démission de A. Campbell
Le directeur de la communication du Premier ministre britannique Tony Blair, Alastair Campbell, qui
est au centre du scandale créé par le suicide apparent du Dr David Kelly, donne sa démission. Alastair
Campbell était mis en difficulté par la presse, qui
l’accusait d’avoir alourdi le dossier sur les éventuelles
armes de destruction massive irakiennes afin de
donner des arguments décisifs au gouvernement
de Londres quant à la nécessité de renverser par la
force le régime de Bagdad. Toutefois, il affirme que
ce départ était prévu de longue date. Le Premier ministre rend hommage au travail d’Alastair Campbell
en soulignant sa loyauté et en assurant que « l’image
qui a été donnée de lui par une partie des médias a été
une caricature ».
Irak
Assassinat d’un ayatollah chiite
Une voiture piégée explose durant la prière devant
le mausolée d’Ali, le gendre du prophète Mahomet,
dans la ville sainte chiite de Nadjaf (175 km au sud
de Bagdad). Au moins 82 personnes sont tuées et
229 autres blessées. Parmi les victimes figure le chef
de l’Assemblée suprême de la révolution islamique
en Irak, l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim, âgé
de soixante-quatre ans, l’un des chefs spirituels des
chiites irakiens, qui coopérait avec les forces américaines d’occupation. Celui-ci a passé vingt-trois
ans en exil en Iran avant de rentrer en Irak. Le 31,
quelque 300 000 fidèles entreprennent une marche
entre Bagdad et Nadjaf en hommage au dirigeant
chiite. La police irakienne annonce l’arrestation de
19 personnes liées à l’attentat, des étrangers en majorité, ayant des liens avec al-Qaida et appartenant
à la mouvance religieuse fondamentaliste sunnite
wahhabite.
31
France
Politiques et télé-réalité : veto de
J.-P. Raffarin
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, interdit aux
membres de son gouvernement de participer à la
nouvelle émission de « politique-réalité » préparée par
TF1. La première diffusion de cette émission, baptisée provisoirement « 36 Heures », était prévue aux
alentours du 15 octobre, et avait invité Jean-François
Copé, porte-parole du gouvernement. Le principe
de l’émission était d’immerger un homme politique
pendant 36 ou 48 heures dans la vie d’une famille
française. « Le Premier ministre n’apprécie pas ce genre
d’émissions, il n’est pas favorable aux mélanges des
genres », affirme l’entourage de Jean-Pierre Raffarin.
Athlétisme
Mondiaux à Paris : 7 médailles
pour la France
En terminant deuxième de l’épreuve, derrière les
États-Unis, le relais 4 × 400 m français (Raquil, Diagana, Djhone, Keita) rapporte sa septième médaille
à la France. Le bilan est exceptionnel pour les Bleus :
sept médailles, deux d’or (Eunice Barber en londownloadModeText.vue.download 94 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
92
gueur ; 4 × 100 m dames avec Girard, Hurtis, Felix
et Arron), trois d’argent (Eunice Barber en heptathlon ; Mehdi Baala sur 1 500 m ; 4 × 400 m messieurs),
deux de bronze (Manuela Montebrun au lancer de
marteau ; Marc Raquil sur 400 m). Les États-Unis terminent en tête ces Championnats du monde d’athlétisme avec 20 médailles. Derrière eux, vient la Rus-
sie (19 médailles). La France avec ses 7 médailles se
classe à la cinquième place, précédée par l’Éthiopie
et la surprenante Biélorussie (7 médailles également).
50 000 spectateurs par jour ont applaudi quelque
1 900 athlètes venus de 203 pays.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
93
Septembre
1
France
Trois pompiers brûlés vifs dans le Midi
Un pompier professionnel et deux volontaires, encerclés par les flammes, sont brûlés vifs au sud de
Cogolin, dans le Var, où un incendie qui s’est déclaré
la veille dans la région a détruit 4 500 ha de forêts
depuis dimanche. Cet incendie était combattu par
une dizaine d’avions bombardiers et deux mille pompiers. En Haute-Corse, 8 000 à 10 000 ha ont brûlé
en trois jours. Depuis le début de l’année 2003, plus
de 55 000 hectares de forêts sont partis en fumée en
France.
OMC
Accord sur les médicaments génériques
Après cinq jours de négociations laborieuses et huit
mois de blocage, les 146 pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) approuvent
un accord, vital pour les pays pauvres, concernant
la fourniture de médicaments génériques contre
les maladies infectieuses. L’accord pourrait, à terme,
faciliter l’importation par les pays pauvres de médicaments génériques destinés à remédier aux principaux problèmes de santé, dont le paludisme, la
tuberculose et le sida. Le texte de l’accord autorise
les pays les plus démunis à contourner la législation
sur les brevets. Ils pourront ainsi importer des médicaments produits sous une forme générique, en parfaite réplique des médicaments originaux, lorsque
la situation sanitaire l’exige. La législation actuelle
autorise les pays dotés d’une industrie pharmaceutique nationale à abandonner les droits des brevets
aux producteurs de génériques en cas de situation
d’urgence, mais elle ne traite pas la question des pays
qui ne sont pas en mesure de produire des médicaments. Pour Jong Wook Lee, le nouveau directeur
général de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS), cet accord « est un grand pas en avant. Sur cette
nouvelle base, nous pouvons continuer de travailler, afin
que chaque personne qui a besoin de ces médicaments
puisse y avoir accès à un prix abordable ». De leur côté,
plusieurs ONG, comme Médecins sans frontières,
émettent de sérieuses réserves portant notamment
sur la complexité des procédures administratives à
mettre en oeuvre par les pays concernés, ce qui limiterait de beaucoup la disponibilité réelle des médicaments génériques « dégriffés ».
L’OMC soigne son image avec
les médicaments génériques
Après huit mois de blocage dû en grande
partie aux pressions du lobby pharmaceutique américain, les 146 membres de
l’OMC ont donné leur accord le 30 août
pour l’importation par les pays pauvres de
médicaments génériques.
À dix jours de son sommet de Cancún, l’Organisation mondiale du commerce a été soupçonnée de vouloir rehausser son crédit grâce à
cet accord qui a d’ailleurs suscité des critiques
parmi certaines organisations, en raison des difficultés liées à son application.
Une décision « historique »
Le 30 août, les 146 pays membres de l’OMC tombaient enfin d’accord sur un compromis permettant de débloquer la question de la fourniture de
médicaments aux pays pauvres. La dimension
humanitaire de cet accord a finalement eu raison
de l’obstination du gouvernement des États-Unis
qui, sous la pression du puissant lobby d’une
industrie pharmaceutique soucieuse de garder
l’exclusivité de ses brevets, lui avait fait barrage pendant huit mois. Après la guerre contre
l’Irak, la bonne volonté affichée par Washington
répondait sans doute aussi à un souci de soigner
l’image des États-Unis et de faire pièce aux accusations d’unilatéralisme. Une préoccupation partagée peut-être aussi par l’OMC, à dix jours de
son sommet ministériel de Cancún, qui laissait
présager d’âpres négociations entre pays riches
et pays pauvres. Tels sont du moins les soupçons
qu’ont éveillés cet accord chez les détracteurs de
l’organisation, qui se demandent s’il ne s’agit pas
d’une mesure cosmétique visant à présenter une
OMC à visage humain. Ceux-ci n’ont vu qu’une
« victoire des firmes pharmaceutiques occidentales » dans une décision qualifiée d’« historique » par le directeur général de l’OMC, le
Thaïlandais Supachaï Panitchpakdi et les négociateurs, qui en tirent argument pour justifier la
nécessité d’une organisation capable de réguler
le commerce international en laissant, lorsqu’il
le faut, les intérêts humanitaires prendre le pas
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
94
sur ceux de la rentabilité économique. En vertu
de cet accord, les pays pauvres pourront importer des médicaments génériques pour répondre
à des problèmes de santé publique, comme la
pandémie de sida. Le principe de cet accord avait
été admis dès la conférence de Doha en 2001, y
compris par le gouvernement de G.W. Bush. Mais
ce dernier avait depuis bloqué ce compromis, en
raison des modalités de son application. Il fallait
en effet pour mettre en pratique une telle décision, surmonter les obstacles juridiques soulevés
par la duplication de ces médicaments, protégés
pour la plupart par des brevets qui en interdisent la copie pendant vingt ans.
Sous la pression du sida
Or, l’épidémie de sida continue à décimer les
populations dans les pays en développement,
singulièrement dans l’Afrique subsaharienne, où
vivent 30 des 42 millions de personnes frappées
par la maladie dans le monde, et qui ne possèdent aucune des infrastructures industrielles
capables de produire les traitements adéquats.
Pour répondre à cette demande urgente et
vitale, il fallait donc autoriser les pays concernés les mieux à même de les produire, comme
le Brésil et l’Inde, à les dupliquer et à les vendre
aux pays les plus pauvres à des prix conformes à
leurs maigres budgets. Ces pays n’ont en fait pas
attendu l’accord de l’OMC pour annoncer la production de médicaments génériques et avaient
mis la communauté internationale devant un
fait accompli. Désormais, cette menace est levée,
puisque, aux termes de l’accord, un pays ayant
besoin d’un médicament pourra l’acheter à celui
qui en produit le générique et les industriels des
pays producteurs seront autorisés à l’exporter
chez le pays demandeur sans avoir à demander
la permission de la firme détentrice du brevet.
Les spécialités médicales concernées sont toutefois strictement définies et les traitements afférents sujets à des réglementations très sourcilleuses. Sensible aux mises en garde de certains
groupes pharmaceutiques, le gouvernement
américain a ainsi suivi avec vigilance la rédaction
du compromis, dont les nuances ont focalisé l’attention de la deuxième partie de la négociation.
L’accent a été mis sur la vocation humanitaire de
l’accord, les dévolutions de brevets devant se
faire « de bonne foi », sans but commercial. Le
conditionnement des médicaments concernés a
été aussi minutieusement étudié, de telle sorte
que les génériques ne puissent être réexportés
ou revendus à profit.
Si la discussion pointilleuse de ces détails trahissait un certain manque de confiance entre les
membres de l’OMC, l’accord sur les médicaments
génériques a été accueilli avec une totale méfiance par les altermondialistes, mais aussi par
certaines ONG, qui redoutent d’avoir été le jouet
d’une démonstration de bonnes intentions de
la part de l’organisation, soucieuse de répondre
à ceux qui l’accusent de servir les seuls intérêts
des multinationales et des libéraux. Les détracteurs de l’OMC dénoncent l’ambiguïté juridique
d’un accord dont l’application sera difficile pour
des pays à faibles ressources, qui ne doivent
pas s’attendre à recevoir du jour au lendemain
une manne thérapeutique. Si cet accord relève
d’une simple opération de relations publiques,
celle-ci n’aura guère permis en tout cas à l’OMC
de trouver grâce aux yeux de ses adversaires. Les
réformistes de l’OMC ont voulu y voir quant à
eux un encouragement à la veille des difficiles
négociations de Cancún. Mais l’échec du sommet mexicain devait reléguer cet accord au rang
d’un placebo, qui ne résistera pas aux profonds
désaccords entre pays riches et pays pauvres sur
les grands sujets litigieux.
ULYSSE GARO
DES RÉACTIONS CONTRASTÉES
Dès la conclusion de l’accord sur les médicaments génériques, le nouveau directeur
général de l’OMS, Jong Wook Lee, s’en
félicitait devant un parterre de ministres
de la Santé africains réunis lors d’une
conférence régionale le 1er septembre à
Johannesburg. « Un grand pas en avant »
a-t-il dit, afin que « chaque personne qui a
besoin de ces médicaments puisse y avoir
accès à un prix abordable ». Le sida, la tuberculose et la malaria sont les maladies
infectieuses les plus ravageuses, singulièrement en Afrique, à être concernées par
cette mesure qui répond à une « question
vitale de droits de l’homme », selon la
ministre de la Santé sud-africaine, Manto
Tshabala-Msimang. Mais pour nombre
d’ONG, dont Oxfam et Médecins sans frontières, il s’agit d’un « accord diplomatique
destiné à sauver la face de l’OMC », les
pays censés en profiter devant « suivre un
véritable parcours du combattant ».
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
95
2
France
Le Lyonnais à l’amende
L’État français et le Crédit Lyonnais acceptent de plaider coupables dans l’affaire Executive Life et de payer
une amende record de 575 millions de dollars pour
mettre fin à une procédure pénale. Le Consortium
de réalisation (CDR), établissement public gérant les
anciens actifs du Crédit Lyonnais, déclare qu’il est
« parvenu à un protocole d’accord avec le parquet fédéral
de Los Angeles visant à mettre fin à une enquête fédérale
sur l’ancienne compagnie d’assurances Executive Life ».
Le CDR aurait accepté de s’acquitter d’un règlement
de 475 millions de dollars tandis que le Lyonnais
verserait pour sa part quelque 100 millions de dollars. Le gouvernement souligne que le versement de
l’amende n’aura « pas d’impact » sur le budget de l’État,
d’autant que le montant de ladite amende aurait été
provisionné depuis 1995, de manière à éviter un brutal déséquilibre des finances de l’établissement. La
justice américaine accuse le Lyonnais d’avoir organisé
en 1993, par portage illégal, la reprise d’Executive Life,
alors que la loi interdisait à une banque de détenir plus
de 25 % du capital d’une compagnie d’assurances. Le
procureur fédéral de Los Angeles, Debra Yang, exigeait
que le Lyonnais et le CDR s’acquittent d’une amende
de 600 millions de dollars et plaident coupables pour
mettre fin à l’inculpation prononcée fin juillet par une
chambre de mise en accusation. Si elle était reconnue
coupable de pratiques illégales par la justice américaine, la Banque française courait le risque de voir sa
licence commerciale aux États-Unis suspendue par
la Réserve fédérale, l’autorité de réglementation bancaire américaine.
4
France/Allemagne
Chirac et Schröder : « non » à Bush pour
l’Irak
Lors d’une rencontre informelle à Dresde, dans le
sud-est de l’Allemagne, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder et le président Jacques Chirac
émettent de sérieuses réserves sur le projet de résolution américain qui prévoit la création d’une force
multinationale mandatée par l’Organisation des nations unies en Irak pour participer à l’effort de stabilisation d’un pays en proie aux attaques quotidiennes
contre les forces d’occupation et à la multiplication
des attentats. La force multinationale que Washington demande à l’ONU d’autoriser resterait sous étroit
contrôle américain, même si l’ONU devra être tenue
informée. Paris et Berlin estiment que ce projet, pré-
senté la veille par Washington, n’accorde pas un rôle
assez important aux Nations unies, puisqu’il ne prévoit
pas un transfert des responsabilités militaires ou politiques à l’ONU. « La proposition de résolution [...] nous
paraît assez loin de ce qui nous semble l’objectif prioritaire, qui est le transfert de la responsabilité politique à un
gouvernement irakien aussi rapidement que possible »,
souligne Jacques Chirac. La place de l’ONU en Irak est
pour l’instant confinée, au titre de la résolution 1 483
adoptée le 22 mai, à un rôle de coordination humanitaire et de conseil politique.
France
Raffarin pour la poursuite
des baisses d’impôt
Jean-Pierre Raffarin annonce une baisse de 3 % de
l’impôt sur le revenu dans le budget 2004. Cet allègement portera à « près de 10 % » la baisse de l’impôt
sur le revenu en deux ans, précise le Premier ministre.
Celui-ci décide, par ailleurs, de revaloriser « de près de
500 millions d’euros » la prime pour l’emploi, impôt
négatif versé aux contribuables les plus modestes. Le
déficit public de la France atteindra les 4 % du produit
intérieur brut (PIB) en 2003 et les baisses d’impôts annoncées pour 2004 ne permettront pas de le ramener
sous la barre des 3 % du PIB fixée par le pacte de stabilité. Le Premier ministre met donc au second plan la réduction des déficits exigée par Bruxelles, au risque de
déclencher une grave crise avec les partenaires européens de la France. Il affirme que « mon premier devoir,
c’est l’emploi [...] ce n’est pas d’aller rendre des équations
comptables et de faire des problèmes de mathématiques
pour que tel ou tel bureau dans tel ou tel pays soit satisfait ». Lorsque le commissaire européen au Commerce
Pascal Lamy affirme qu’on « ne peut pas tricher avec des
règles communes que l’on s’est données », Jean-Pierre
Raffarin invite celui-ci à « s’en tenir à son mandat ».
Palestine
Démission de Mahmoud Abbas
Au terme de quatre mois d’exercice sous haute
tension, le Premier ministre palestinien Mahmoud
Abbas remet sa démission à Yasser Arafat. L’ancien
numéro 2 de l’OLP avait accédé à sa fonction le
30 avril dernier sous la pression des États-Unis. Il ne
s’était jamais entendu avec Y. Arafat sur le partage
des pouvoirs, leur dernier désaccord portant sur le
contrôle des forces de sécurité palestiniennes. Pour
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96
expliquer les raisons de sa démission, Mahmoud Abbas souligne « le manque de soutien (interne) pour la
mise en oeuvre de la politique gouvernementale », ainsi
que « la sévère et dangereuse incitation intérieure contre
le gouvernement et l’obstruction à ses fonctions ». Il estime également que « la réticence d’Israël à mettre en
oeuvre ses engagements concernant la feuille de route
et à prendre des mesures constructives » constitue un
problème fondamental. Le départ de Mahmoud Abbas fait craindre une instabilité politique à la tête de
l’exécutif palestinien et une nouvelle escalade de la
violence. Malgré cette démission, les États-Unis réaffirment leur engagement à réaliser le plan de paix
international – la « feuille de route » – qu’ils ont élaboré de concert avec la Russie, l’Union européenne
et les Nations unies.
9
Allemagne
Mort de l’égérie de Hitler
La cinéaste Leni Riefenstahl décède à Poecking, en
Bavière, à l’âge de cent un ans. Artiste aux multiples
facettes (danseuse, comédienne, réalisatrice, photographe), elle était devenue la cinéaste préférée
d’Adolf Hitler, officiellement chargée de filmer les
événements symboliques du régime, comme les
jeux Olympiques de Berlin dans les Dieux du stade
(1936). Jugée « sympathisante » du parti nazi après
la guerre, elle se consacre ensuite à la photographie,
publiant notamment des reportages sur l’ethnie des
Noubas (Soudan), et au film sous-marin, Impressionen
unter Wasser (2002).
10
Mexique
Sommet de l’OMC à Cancún
La cinquième conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce se tient pendant
quatre jours à Cancún, au Mexique. Elle a pour objectif principal de dresser un bilan de l’avancement
des négociations et des autres travaux requis par le
programme de Doha pour le développement, dans
le cadre du cycle de négociations lancé à la fin de
2001 à Doha, au Qatar. Le 14, les représentants des
146 États membres de l’OMC se séparent sur un
constat d’échec portant sur les questions des investissements étrangers et les lois antitrust. Les pays en
voie de développement, très majoritaires à l’OMC,
ont refusé d’aborder ces questions après que les
pays riches ont eux-mêmes refusé de s’engager sur
les suppressions des subventions agricoles à leurs
producteurs et sur une ouverture plus large de leurs
marchés. Les subventions accordées par les pays
riches – 2,5 milliards de dollars par les États-Unis et
700 millions par l’Union européenne – sont accusées
d’être à l’origine des baisses drastiques des prix dans
les pays en développement. Le principe d’une nouvelle réunion des membres de l’OMC est acquis pour
le mois de décembre.
11
Suède
Assassinat d’une ministre
Trois jours avant le référendum sur l’euro, la ministre
des Affaires étrangères Anna Lindh, âgée de quarante-six ans, succombe à ses blessures après avoir
été poignardée par un inconnu dans un grand
magasin du centre de Stockholm alors qu’elle s’y
promenait à titre privé et sans garde du corps. Le
24, un suspect dénommé Mijailo Mijailovic, âgé de
vingt-quatre ans, est arrêté par la police suédoise.
Le dossier d’accusation à l’encontre de ce dernier
devra être présenté au tribunal par les procureurs
chargés de l’instruction le 24 octobre au plus tard.
Anna Lindh était une fervente avocate du « oui » à
l’euro dans la campagne du référendum sur l’adoption par la Suède de la monnaie européenne. Malgré son assassinat, le Premier ministre suédois Göran
Persson déclare que le référendum suédois sur l’euro
aura bien lieu le 14 prochain. Les observateurs se demandent si cet événement tragique aura un impact
sur le cours du référendum concernant l’adhésion à
l’euro, référendum où, selon les sondages, le « non »
semble devoir l’emporter. Le 2 octobre, Anna Lindh
est remplacée à la tête de la diplomatie suédoise
par une autre femme, Laila Freivalds, du Parti social
démocrate, ancienne ministre de la Justice de 1988 à
1991, puis de 1994 à 2000.
12
ONU
Fin des sanctions contre la Libye
Le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une
résolution levant les sanctions imposées à la Libye.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
97
Cette résolution met ainsi un terme à l’embargo sur les
ventes d’armes et les liaisons aériennes vers la Libye
ainsi qu’à une restriction du nombre de ses diplomates
en poste, à un gel de ses avoirs financiers à l’étranger
et à des restrictions sur l’importation des équipements
pétroliers. Comme prévu, la France et les États-Unis se
sont abstenus lors du vote ; les treize autres membres
ont voté en faveur de cette résolution. Le Conseil de
sécurité avait imposé ces sanctions à l’encontre de
Tripoli en 1999, la Libye étant tenue pour responsable
d’attentats contre des avions de ligne américain et
français à la fin des années 1980. Ces sanctions ont
été suspendues en 1999, après que Tripoli eut livré à
la justice deux Libyens soupçonnés d’être impliqués
dans l’attentat perpétré en 1988 contre le Boeing de la
Pan Am, au-dessus de Lockerbie, en Écosse. La France,
qui menaçait de rejeter cette résolution, a renoncé à
utiliser son droit de veto à la suite de l’accord francolibyen conclu le 11, accord qui prévoit l’indemnisation
par Tripoli des familles des victimes de l’attentat contre
le DC 10 d’UTA, le 19 septembre 1989, au-dessus du
Niger.
13
France
Violences en Corse
Une centaine de manifestants cadenassent, pendant
plusieurs heures, les accès de la brigade de gendarmerie de Luri, en Haute-Corse, pour s’opposer au
transfert à Paris de cinq militants nationalistes présumés. Ces derniers venaient d’être interpellés par
les gendarmes dans le cadre d’une enquête ouverte
à la suite du jet d’un cocktail Molotov contre la brigade de Luri, le 4 septembre dernier. Le procureur
de Bastia Patrick Beau négocie la levée du dispositif.
Mais après le transfert à Paris, le 13, de deux des cinq
suspects, plusieurs dizaines de personnes masquées
s’attaquent à la brigade et incendient plusieurs
véhicules. Le colonel Roland Gilles, commandant
la légion de gendarmerie de la Corse, rappelle que
« les gendarmes en Corse ne font qu’appliquer la loi en
arrêtant les auteurs présumés de tout acte délictuel ou
criminel [...] en utilisant toutes les prérogatives que leur
confère la loi ». Le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy rappelle, pour sa part, que « l’action déterminée de
l’État ne s’arrêtera pas ».
14
Suède
« Non » à l’euro
Les quelque 7,1 millions d’électeurs suédois répondent « Nej » à la question : « Estimes-tu que la
Suède doive introduire l’euro comme monnaie ? » soumise à référendum par le gouvernement social-démocrate du Premier ministre Göran Persson. 56,1 %
des électeurs votent contre ce projet, 41,8 % l’approuvent et 2,1 % rendent des bulletins blancs. Le
taux de participation atteint 81,2 %. Malgré la victoire
annoncée du camp du « non » par tous les instituts
de sondage pendant la campagne référendaire, l’assassinat de la ministre des Affaires étrangères Anna
Lindh, l’une des figures centrales du camp du « oui »,
avait fait planer l’incertitude sur l’issue du scrutin.
Entrée dans l’Union européenne en 1995, la Suède
avait refusé d’adhérer à l’Union économique et monétaire lors de son lancement en 1999. Le résultat de
ce référendum la laisse donc hors de la zone euro,
comme c’est également le cas pour le Danemark et
la Grande-Bretagne.
Irak
Visite de Colin Powell à Bagdad
Le secrétaire d’État Colin Powell arrive à Bagdad
après une escale au Koweït et au lendemain d’une
réunion infructueuse des cinq membres permanents
du Conseil de sécurité sur l’avenir de l’Irak à Genève.
C’est le plus haut responsable américain à se rendre
en territoire irakien depuis le renversement du président Saddam Hussein par les forces américaines
le 9 avril. Colin Powell se déclare optimiste quant à
une amélioration de la situation sur le terrain, mais il
refuse de se prononcer sur un calendrier politique de
retour à la souveraineté irakienne. « La nouvelle menace, ce sont les terroristes qui tentent de s’infiltrer dans
le pays avec l’objectif de perturber ce processus plein
d’espoir (visant à ramener la démocratie en Irak), et nous
ne les laisserons pas faire », précise-t-il. Les États-Unis
sont en effet confrontés à une dizaine d’attaques
quotidiennes contre leurs soldats, provenant d’étrangers infiltrés et de combattants fidèles à Saddam
Hussein. D’ailleurs, environ une heure avant l’arrivée
du secrétaire d’État dans la capitale irakienne, un
soldat américain a été tué et trois autres blessés par
l’explosion d’une bombe placée au bord d’une route
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
98
à Falloudja, point chaud de la résistance à l’occupation américaine situé à l’ouest de la capitale. Cette
attaque porte à 72 le nombre de soldats américains
tués en Irak depuis le 1er mai, date officielle de la fin
des combats décrétée par le président George Bush.
Iran
Réexamen de la coopération nucléaire
avec l’AEIA
Le gouvernement iranien se dit prêt à réexaminer la
nature de sa coopération nucléaire avec la communauté internationale dont le récent ultimatum a soulevé un vif débat en Iran sur l’opportunité de renfor-
cer, voire de poursuivre sa collaboration avec celle-ci.
En effet, le 12, l’Agence internationale de l’énergie
atomique (AEIA) a donné jusqu’au 31 octobre à l’Iran
pour faire la preuve qu’il ne développe pas clandestinement un programme d’armement nucléaire. L’Iran
assure que son programme nucléaire est purement
civil et que les particules d’uranium enrichi découvertes sur certains sites nucléaires par les inspecteurs de l’AEIA proviennent de matériel importé et
contaminé.
Le bourbier irakien
L’efficacité de la machine militaire américaine en Irak aura fait oublier un temps
le contexte qui avait présidé à sa mise en
mouvement. Disqualifiée alors, l’ONU reprenait la main six mois plus tard.
Entre-temps, les soldats de la libération
s’étaient mués en troupes d’occupation.
L’entrée des troupes américaines à Bagdad, la
révélation de l’ampleur des crimes perpétrés
par le régime de Saddam Hussein, les images des
populations accueillant en libérateurs GI et marines ont incontestablement concouru à modifier les perspectives et à brouiller les mémoires.
Dans le miroir déformant de la victoire, les âpres
débats sur le bien-fondé même de la guerre, la
question de sa légitimité dès lors que les ÉtatsUnis avaient choisi de se passer de la bénédiction de l’ONU, sa justification par la présence
hypothétique d’armes de destruction massive
– sans oublier les liens supposés du régime de
Saddam Hussein avec le réseau al-Qaida –, de
tout cela, il ne restait rien. Ou presque. Ceux-là
mêmes, simples citoyens, intellectuels, politiques, qui s’étaient élevés contre l’intervention
américaine paraissaient ébranlés par la nouvelle
donne. La guerre en Irak devenait l’objet d’un
étonnant escamotage : croisade américaine aux
forts relents d’unilatéralisme manichéen, elle
trouvait sur le terrain, avec l’écroulement du
régime de Bagdad, une fin aux accents humanitaires. La planète ne venait-elle pas d’être débarrassée d’un tyran de la pire espèce ? Dans ses
fourgons, l’armée des États-Unis n’apportait-elle
pas la Liberté ? La messe semblait dite, et seules
quelques Cassandre se risquaient à évoquer un
parallèle avec les armées de Napoléon, qui, pour
avoir voulu exporter les idéaux de la Révolution,
n’avaient fait que réveiller les nationalismes, ici
et là, dans l’Europe des rois et des princes.
La fin des illusions
Le silence des armes devait donc ouvrir une
nouvelle page de l’histoire en Irak. Pourtant,
alors que les GI tentaient d’endosser l’habit des
soldats de la paix, un enchaînement tragique de
désordre et de violence s’est mis en place. Six
mois après que la statue de Saddam Hussein a
été mise à terre à Bagdad, un soldat américain
mourait en moyenne chaque jour. Les auteurs
d’attentats sont parvenus à tuer l’émissaire de
l’ONU, Sergio Vieira de Mello, un dignitaire religieux, Mohammad Baqer Hakim, et un membre
du Conseil intérimaire de gouvernement (CIG),
Akila Al-Hachimi. La résistance à la présence des
soldats américains est multiforme. Outre les partisans de Saddam Hussein et les islamistes inspirés par al-Qaida, l’armée doit également faire
face à ces citoyens ordinaires que l’occupation
du pays pousse à prendre les armes. L’insécurité
est devenue la préoccupation majeure de beaucoup d’Irakiens. À Bagdad surtout, il est de plus
en plus souvent question d’assassinats, de viols,
de kidnappings, de fusillades. Le processus de
« débaasisation » a aussi contribué au chaos. Ce
sont des millions de fonctionnaires et de soldats
qui ont été jetés à la rue, alors que, pour la plupart d’entre eux, la carte du parti n’était que le
sésame indispensable pour pouvoir travailler et
nourrir leur famille. Si la grande majorité de la
population a pu se réjouir de la disparition d’un
despote sanguinaire, saluant la fin du règne de
la terreur, le « vide » que peine à combler l’occupation américaine se traduit par la diffusion d’un
formidable déficit d’autorité – un sentiment qui
fédère un nombre croissant d’Irakiens –, que les
divergences entre la Maison-Blanche et l’ONU
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
99
sur la reconstruction du pays ne paraissent pas
de nature à combler.
Un président américain affaibli
En affirmant, le 2 octobre, « que l’ONU n’était
pas prête à risquer la vie de son personnel
pour un rôle secondaire en Irak », le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a
choisi de s’opposer frontalement aux États-Unis.
Alors que Washington prône le maintien de son
contrôle du pays jusqu’au vote d’une nouvelle
loi fondamentale et la tenue d’un scrutin multipartite, dans un délai couramment évalué à
deux années, M. Annan, défendant une position
proche de celle de Paris et Berlin, réclame que
les États-Unis abandonnent les rênes du pays
dans trois à cinq mois aux Irakiens, qui se chargeraient d’élaborer une nouvelle Constitution
et d’organiser des élections à terme. L’attitude
de Washington envers l’ONU est surtout dépendante des tractations pour l’adoption par le
Congrès d’une « rallonge » financière de 87 milliards de dollars réclamée par l’administration
Bush pour financer sa politique en Irak. Au cas
où le projet serait menacé de blocage au Capitole, le gouvernement américain pourrait alors
adopter une attitude plus conciliante à l’égard
des Nations unies. En sollicitant le Capitole,
George W. Bush reconnaissait que la politique
irakienne conduite par son administration était
aussi une affaire intérieure. Parti en « croisade »
avec la bénédiction de la majorité de ses concitoyens, le président s’est retrouvé en situation de
leur rendre des comptes dans le miroir de l’enlisement des « boys » sur le sol irakien.
Très vite, comme il est d’usage outre-Atlantique, les machines à sonder les intentions des
électeurs se sont mises à tourner. La vague de
popularité qui avait porté le locataire de la Maison-Blanche dans les premières semaines de l’intervention devrait laisser sur la scène intérieure
un président extrêmement affaibli dans la perspective de la prochaine élection, en novembre
2004. En chassant Saddam Hussein de ses palais,
George Bush s’est peut-être interdit de retrouver
les clés du sien.
GEORGES DE LA RESLE
QUE SONT LES ADM DEVENUES ?
Selon la BBC, un bilan d’étape du travail
des 1 400 experts de l’Irak Survey Group
(ISG) prouverait que les Irakiens n’avaient
pas d’armes de destruction massive
(ADM) au moment où George W. Bush et
Tony Blair ont déclenché la guerre. Aucune
trace de telles armes n’a été trouvée, ni
même la plus infime quantité de matériel
nucléaire, biologique ou chimique. Aucun
« vecteur » (missile ou bombe) ni laboratoire destiné au développement des ADM
n’a été découvert. Selon le même média
britannique, le rapport de l’ISG juge hautement improbable que des ADM ou toute
autre arme interdite aient été transférées
et cachées dans des pays voisins, à commencer par la Syrie, qui a été suspectée
d’en avoir accueilli. La teneur du rapport
de l’ISG rejoindrait alors les conclusions de
deux anciens inspecteurs de l’ONU en désarmement, Rolf Ekeus et Hans Blix, selon
lesquels l’Irak a probablement détruit son
arsenal chimique et biologique après 1991.
15
France
Lancement du grand débat national
sur l’éducation
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin installe la
Commission d’une quarantaine de personnalités qui
engagera le « débat national sur l’école ». Objectif :
déboucher sur une révision de la loi d’orientation de
1989, socle du système éducatif actuel. Le ministre
de l’Éducation nationale, Luc Ferry, précise le calendrier du grand débat : dans un premier temps, un
document de base sur « l’état de l’école », destiné à
lancer la discussion, sera fourni par le Haut Conseil
de l’évaluation de l’école, présidé par l’ancien directeur de cabinet de Jack Lang, Christian Forestier. Des
débats décentralisés seront ensuite organisés dans
les 70 000 établissements scolaires, dans les arrondissements, les conseils économiques et sociaux régionaux et toutes les structures (partis politiques, syndicats...) qui le souhaiteront. Depuis les années 1990,
la prise de conscience collective des problèmes du
système éducatif a brisé le consensus sur l’école : ainsi, les statistiques montrent qu’un noyau incompresdownloadModeText.vue.download 102 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
100
sible de jeunes sortent du système chaque année
sans qualification.
17
France
Affaire Alègre : Baudis disculpé
L’une des accusatrices du président du CSA Dominique Baudis dans l’affaire Alègre, l’ex-prostituée
dénommée « Fanny », se rétracte lors d’une confrontation avec l’ancien maire de Toulouse, qu’elle
reconnaît n’avoir jamais vu, dans le bureau du juge
d’instruction toulousain Thierry Perriquet. La jeune
femme avait déclaré le 22 mars dernier avoir été violée par plusieurs hommes dont un magistrat, Marc
Bourragué, et l’ancien maire de Toulouse. « Je n’avais
jamais vu cet homme, c’est la vérité. Et si j’ai menti, c’est
parce que j’avais subi des pressions pour le faire, pour
accuser monsieur Baudis », a précisé l’ex-prostituée. En
revanche, « Fanny » maintient ses accusations contre
Marc Bourragué. Le magistrat nie catégoriquement
toute implication dans les faits mentionnés.
18
France/Allemagne
Plan commun de relance économique
À l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand
coprésidé par le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schröder, Paris et Berlin rendent public
un document intitulé « l’Allemagne et la France ensemble pour plus de croissance en Europe ». Ce document présente la contribution de Paris et de Berlin
à « l’initiative de croissance européenne » proposée
par la présidence italienne de l’Union européenne. Il
énumère « 10 projets pour plus de croissance en Europe » dans les domaines des télécommunications,
des réseaux Internet à haut débit, de la recherche
et du développement, des transports – notamment
TGV, système de navigation par satellite – et du
« développement durable ». « Ce qui ressort de cette
réunion, c’est la conviction que nous partageons que
l’Europe ne doit pas attendre la croissance mais qu’elle
doit aller la chercher », explique Jacques Chirac. Par
ailleurs, le document franco-allemand défend la politique de baisse des impôts choisie par l’Allemagne
et la France et attaque la Commission européenne
sur ses « excès de réglementation », susceptibles de
« mettre en danger » l’industrie européenne. Paris et
Berlin s’engagent certes à poursuivre des réformes
structurelles, notamment en matière de protection
sociale et de marché du travail, et jugent prioritaire
la « poursuite de la consolidation budgétaire, afin de ne
pas transmettre une dette insoutenable aux générations
futures » ; mais les deux capitales souhaitent un assouplissement de l’application du pacte de stabilité
européen, qui impose aux pays de l’euro de maintenir leurs déficits publics sous la barre des 3 % du PIB.
20
Allemagne/France/Royaume-Uni
Entente cordiale à Berlin
Réunis à Berlin, Gerhard Schröder, Jacques Chirac et
Tony Blair, qui ne s’étaient pas rencontrés à trois depuis octobre 2001 – avant les profondes divergences
qui ont opposé le couple franco-allemand et Londres
sur la crise irakienne –, affichent une entente cordiale
sur les principaux dossiers européens et internationaux, sauf sur celui de la crise irakienne, sur lequel les
trois dirigeants font état de « désaccords persistants ».
Toutefois, Gerhard Schröder et Tony Blair indiquent
qu’ils souhaitent, comme la France, voir l’ONU jouer
un rôle clef en Irak.
21
Lettonie
« Oui » à l’Europe
Les quelque 1,4 million d’électeurs lettons approuvent
l’adhésion de leur république à l’Union européenne.
67 % des votants ont répondu « oui », contre 32,3 %
de « non ». Le taux de participation a été de 72,53 %.
Ce vote clôt positivement la série de ratifications organisée dans les dix nouveaux pays membres, qui ont
désormais tous approuvé leur entrée dans l’Union le
1er mai 2004. Malte, la Slovénie, la Hongrie, la Lituanie,
la Slovaquie, la Pologne, la République tchèque et
l’Estonie se sont toutes prononcées en faveur de l’UE,
tandis que Chypre n’a pas organisé de référendum.
22
UE
Sauvetage d’Alstom : « oui »
de Bruxelles
Après plusieurs semaines de tensions entre Paris et
Bruxelles, le commissaire européen à la concurrence
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
101
Mario Monti donne son feu vert au nouveau plan
de l’État français pour la sauvegarde de l’entreprise
Alstom, un plan réalisé à partir des exigences de la
Commission européenne. Il justifie sa décision par
le fait que « la France ne devient pas actionnaire dans
l’immédiat », comme le prévoyait la première version
du plan – un point qui avait provoqué le rejet de la
première version de ce plan par les services du commissaire à la concurrence. En revanche, ses équipes
vont enquêter pour valider ou non l’entrée de l’État
dans le capital du groupe industriel en difficulté. De
leur côté, les 32 banques créancières acceptent également le nouveau plan. Le géant français des infrastructures du transport et de l’énergie, qui emploie
110 000 personnes, va recevoir 3,2 milliards d’euros
pour remettre ses finances en ordre, ce qui lui permet d’échapper à une faillite immédiate. Sur le total
de 3,2 milliards d’euros, ce qui représente une hausse
de 400 millions par rapport au plan initial, l’État français apportera 800 millions, et les banques, le solde.
Le renforcement des fonds propres du groupe passera toujours par une augmentation de capital de
300 millions d’euros, au lieu des 600 millions initialement prévus. Mais, pour survivre, Alstom va devoir
maintenant vendre certaines de ses activités. Le
groupe sera déficitaire cette année (500 millions de
pertes attendues sur le seul premier semestre) du fait
de l’effondrement du carnet de commandes. C’est à
partir des années 2005-2006 que le groupe anticipe
une reprise de ses ventes.
23
États-Unis
Rencontre Bush-Chirac
Le président américain George Bush rencontre
Jacques Chirac, qu’il n’avait pas vu depuis cinq mois, à
la Mission américaine, située en face du bâtiment de
l’ONU à New York. Mais c’est à l’ONU, à l’issue de la rencontre, principalement consacrée au dossier irakien,
que le président français déclare dans une conférence de presse que « sur les choses essentielles, on est
d’accord », minimisant les divergences entre la France
et les États-Unis, limitées selon lui au dossier irakien
et loin de remettre en cause « l’amitié profonde » entre
les deux pays. Au chapitre des convergences francoaméricaines, Jacques Chirac évoque le thème de la
non-prolifération des armes, « enjeu majeur du monde
d’aujourd’hui et de demain ». Quelques minutes avant
leur rencontre, les deux chefs d’État avaient prononcé devant la 58e Assemblée générale annuelle de
l’ONU deux discours sensiblement différents, George
Bush vantant le bien-fondé de l’intervention américaine en Irak, décidée sans l’aval de l’ONU, tandis que
Jacques Chirac insistait sur le caractère irremplaçable
et primordial des Nations unies dans le traitement
des crises mondiales, déclarant notamment qu’« il n’y
a pas d’alternative aux Nations unies ».
France
Les grands dossiers de J.-P. Raffarin
En clôture des journées parlementaires de l’UMP,
le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin détaille son
« agenda 2006 », à la fois catalogue de dix réformes
pour « remettre la France dans le bon sens » et programme destiné à redonner une cohérence à l’action
gouvernementale. Il s’engage à présenter un budget
2005 sous les 3 % de déficit public et annonce une
réforme du « monopole » de l’ANPE. L’« agenda 2006 »
comprend « dix grands dossiers » dont l’ambition est
de « libérer les Français des insécurités, physiques, économiques et sociales » et d’« affirmer une dynamique
d’ouverture ». Parmi ces dossiers, trois sont déjà développés : l’insécurité (avec l’objectif de faire reculer
de 20 % les chiffres de la délinquance d’ici à 2006),
l’emploi (avec la création d’« un million de contrats de
travail pour les jeunes » d’ici à 2006) et l’apprentissage
(avec un objectif de 500 000 apprentis en 2007). Le
Premier ministre justifie la croissance zéro des dépenses publiques par la nécessité de réorienter des
« frais de fonctionnement » vers « l’investissement, pour
créer de l’activité, pour créer de l’emploi ». Dans ce sens,
l’État va vendre un million de mètres carrés appartenant à son patrimoine immobilier pour contribuer à
la maîtrise des dépenses prévues par le budget 2004.
France
Déficit historique pour la « Sécu »
La Commission des comptes de la Sécurité sociale
(CCSS) annonce un déficit « historique » de l’assurance
maladie, estimé à 8,9 milliards d’euros pour 2003 et à
13,6 milliards pour 2004. Pour la seule branche maladie, le déficit prévisionnel est de 10,6 milliards d’euros
pour 2003 et de 14,1 milliards pour 2004 « si aucune
mesure correctrice n’est prise ». Le « trou » du régime
général de la Sécurité sociale s’était inscrit au record
de 10,3 milliards d’euros en 1995, avec un déficit de
six milliards de la branche maladie. La CCSS relève
l’effet conjugué d’une « croissance toujours vive des
dépenses d’assurance maladie et accidents du travail »
et d’un tassement des recettes dû au ralentissement
économique depuis 2002. L’ampleur du déficit de
l’assurance maladie est cependant liée à des « causes
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
102
structurelles qu’un retour à une croissance meilleure
ne fera pas disparaître », souligne la Commission.
Quant au tabac, il a généré en 2003 des recettes
nettement moindres qu’attendu, souligne-t-elle, la
hausse des prix des cigarettes ayant eu « pour la première fois [...] un impact sensible sur la consommation ».
24
France
Relance du débat sur l’euthanasie
Une mère de famille de quarante-huit ans, Marie
Humbert, tente d’abréger les souffrances de son fils
tétraplégique Vincent, âgé de vingt-deux ans, en
introduisant des barbituriques dans sa perfusion au
centre héliomarin de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais)
où il était hospitalisé. Pompier volontaire, celui-ci
avait été victime d’une sortie de route à l’issue d’un
week-end de garde. Après plusieurs mois de coma,
il est resté muet, aveugle, tétraplégique et ne peut
communiquer avec son entourage qu’en effectuant
des pressions de son pouce droit. Marie Humbert a
commis son geste, qui relance le débat sur le droit
à l’euthanasie en France, trois ans après l’accident
de son fils et la veille de la publication du livre dicté
par ce dernier, Je vous demande le droit de mourir. Le
jeune homme, en bougeant le pouce de sa main
droite, désignait une lettre de l’alphabet pour former
des mots, puis des phrases. C’est ainsi qu’il a rédigé
ce livre, une supplique pour le droit à l’euthanasie. Il
avait également écrit une lettre au président Jacques
Chirac, qui déclarait notamment : « Vous avez le droit
de grâce, moi je vous demande celui de mourir. » Marie
Humbert avait indiqué qu’elle allait prochainement
aider son fils à mourir afin de respecter sa volonté et
de mettre fin aux souffrances de celui-ci. Marie Humbert est placée en garde à vue au commissariat de
Berck-sur-Mer et risque une mise en examen pour
« assassinat », après la mort de son fils, plongé dans
un coma profond et sous assistance respiratoire, à
Berck-sur-Mer. Le ministre de la Justice Dominique
Perben demande au parquet de Boulogne-sur-Mer
de « faire preuve de la plus grande humanité dans
l’application de la loi » concernant la mère de Vincent
Humbert.
Assassinat d’un principal de collège
à La Ciotat
Clément Roussenq, principal du collège Virebelle
de La Ciotat dans les Bouches-du-Rhône, est mortellement poignardé par « deux ou trois » individus
sur le parking de l’établissement scolaire qu’il dirigeait. Selon la police, il a été victime d’un « véritable
guet-apens ». Deux adolescents entendus comme
témoins dans l’enquête sur ce meurtre sont remis en
liberté sans qu’aucune charge ne soit retenue contre
eux. Le ministre délégué à l’Enseignement scolaire,
Xavier Darcos, dénonce un « crime prémédité », soulignant qu’il ne s’agissait pas à ses yeux d’une « affaire scolaire ». Âgé de cinquante-cinq ans, Clément
Roussenq était en poste depuis trois ans au collège
Virebelle. Il était auparavant en fonction à Washington (États-Unis).
28
Italie
Gigantesque panne d’électricité
Une gigantesque coupure de courant touche l’ensemble des 57 millions d’habitants de la péninsule et
provoque de nombreuses perturbations – seules la
Sardaigne et quelques rares régions y ont échappé.
La panne d’électricité géante a fait officiellement trois
victimes. Un homme a été tué dans un accident de
voiture à une intersection où les feux de signalisation
étaient éteints et deux femmes âgées ont succombé
à une chute dans les escaliers. Cette panne, la plus
importante depuis 1994, serait due, selon les autorités italiennes, à une défaillance de lignes à haute
tension en provenance de France et de Suisse, qui
fournissent près de 17 % de l’électricité du pays. Le
29, la quasi-totalité des 103 provinces italiennes disposaient de nouveau d’électricité, hormis quelquesunes situées dans le sud de l’Italie.
Cinéma
Mort d’Elia Kazan
Le cinéaste américain Elia Kazan décède à l’âge de
quatre-vingt-quatorze ans à son domicile de Manhattan. C’est après la Seconde Guerre mondiale qu’il
entame sa carrière de réalisateur. Son premier grand
film, en 1951, est Un tramway nommé désir, d’après
Tennessee Williams, avec Marlon Brando et Vivien
Leigh. En 1952, en pleine « chasse aux sorcières », il
est appelé à témoigner devant la Commission des
activités antiaméricaines et livre les noms de 17 personnalités de Hollywood qui avaient été commudownloadModeText.vue.download 105 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
103
nistes. Parmi les films qu’il a signés figurent Viva Zapata ! (1952), Sur les quais (1954), À l’est d’Eden (1955).
Vatican
31 cardinaux désignés par le pape
Jean-Paul II nomme 31 nouveaux cardinaux, dont les
moins âgés devraient participer à l’élection de son
successeur. Presque tous ces nouveaux prélats ont
moins de quatre-vingts ans, l’âge maximal auquel un
cardinal peut participer à la réunion du collège des
« cardinaux-électeurs » désignant un nouveau pape.
Parmi eux figurent trois Français : les archevêques de
Lyon, Mgr Philippe Barbarin, par ailleurs primat des
Gaules, et de Marseille, Mgr Bernard Panafieu, ainsi
que Mgr Jean-Louis Tauran, « ministre des Affaires
étrangères » du Saint-Siège. Figurent également sur
cette liste un Vietnamien, un Soudanais, des hauts
responsables du Vatican, mais aussi des prélats originaires d’Italie, des États-Unis, d’Australie, d’Écosse,
du Nigeria, d’Espagne, du Brésil, du Ghana, d’Inde,
de Croatie, du Guatemala, de Hongrie, du Canada,
de Suisse, de Belgique, de République tchèque ou
de Pologne, pays natal du pape. En revanche, l’archevêque Sean Patrick O’Malley, qui a récemment
été nommé à la tête de l’archidiocèse de Boston
après un scandale de pédophilie, ne fait pas partie
des nouveaux cardinaux. Le Vatican n’a pas donné
d’explication.
Le pape nomme trente
nouveaux cardinaux
Alors que les problèmes de santé du pape
posent la question de sa succession, le souverain pontife a annoncé le 28 septembre la
création de trente cardinaux,
dont trois Français.
Au terme de la cérémonie d’investiture qui
se déroulait à Rome le 21 octobre, 26 des
nouveaux prélats devaient rejoindre le collège
composé désormais de 135 électeurs chargés de
désigner en conclave le prochain pape à la succession de Jean-Paul II. Le pape entend toutefois
accomplir sa mission jusqu’à la fin, c’est-à-dire
tant que « les forces du corps et de l’esprit »
le lui permettront.
Le 24 septembre, Jean-Paul II a dû annuler
précipitamment sa participation à l’audience
publique des pèlerins de Rome sur la place
Saint-Pierre, relançant les spéculations sur son
état de santé, particulièrement insistantes depuis sa visite au début du mois en Slovaquie,
où ses défaillances physiques avaient alarmé
son entourage. Les « douleurs intestinales »
invoquées pour expliquer cette absence à un
rendez-vous hebdomadaire que le pape n’avait
que rarement manqué en vingt-cinq années de
pontificat se sont ajoutées à la longue liste des
symptômes d’une aggravation de l’état de santé
d’un homme atteint de la maladie de Parkinson
depuis de longues années et dont le visage et
l’attitude trahissent un affaiblissement accru au
fil de ses apparitions publiques. Signe de cette
détérioration de l’état physique du pape, ses
bulletins de santé tendent à constituer l’essentiel des communiqués du Vatican, dont certains
représentants préparaient les fidèles de l’Église
catholique au pire, les appelant à la prière, tandis que les médias multipliaient les dossiers en
forme de bilan sur un quart de siècle pontifical.
C’est dans ce contexte alarmant, nullement dissipé d’ailleurs par la reprise de ses nombreuses
activités, que le pape a annoncé la création de
30 nouveaux cardinaux au cours de son angélus
le 28 septembre.
Une possible « renonciation »
Intervenant au lendemain de la cérémonie anniversaire de la mort, en 1978, de Paul VI et de
Jean-Paul Ier, qu’il présidait en la basilique SaintPierre après avoir reçu la présidente des Philippines Mme Arroyo, cette initiative n’est pas passée
inaperçue dans un calendrier papal surchargé.
Ce dernier a pourtant été maintenu, même s’il
semble présumer des forces de cet homme âgé
de quatre-vingt-trois ans, désormais incapable
de se mouvoir et même de prononcer un discours. Une initiative qui devait prendre tout son
sens alors qu’a repris la rumeur d’une possible
« renonciation » telle qu’elle est prévue dans
le droit canon, même si la cérémonie d’investiture des cardinaux, anticipée au 21 octobre, a pu
revêtir un caractère jubilaire en s’inscrivant dans
le prolongement de la célébration de ses vingtcinq ans de pontificat du 14 au 19 octobre. Car
26 des nouveaux cardinaux nommés par Jean-
Paul II, dont trois Français, sont allés rejoindre
le collège de ceux qui éliront le prochain pape
au cours d’un conclave, auquel prendront donc
désormais part 135 électeurs. On n’en est pas là
et le pape n’a cessé de clamer, depuis le jour de
ses soixante-quinze ans (âge de la démission
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
104
pour tout évêque), qu’il irait jusqu’au bout de sa
mission. À Cracovie le 18 août 2002, il avait prié
pour que « les forces du corps et de l’esprit »
lui permettent d’« accomplir jusqu’à la fin la
mission que lui a confiée le Ressuscité ». Mais
ses problèmes de santé l’ont amené à laisser à
son entourage le plus proche des dispositions
l’autorisant à intervenir si son « empêchement »
(non prévu dans le droit) se révélait nécessaire
au bien de l’Église. C’est ainsi la question de la
succession qui est posée en filigrane derrière les
nominations des cardinaux, qui revêtent donc
un sens éminemment « politique », même si les
observateurs du Vatican peinent à en décrypter
la logique.
La question de la succession
Sans vouloir pénétrer les arcanes de la politique vaticane, il apparaît qu’avec 66 barrettes
pourpres de moins de quatre-vingts ans (limite
d’âge des cardinaux électeurs), les Européens
représentent presque la moitié du collège électeur. Les Latino-Américains viennent ensuite,
avec 24 cardinaux, soit 18 % du collège électeur, suivis par les 14 cardinaux d’Amérique
du Nord, l’Asie et l’Afrique comptant chacune
13 membres, loin devant l’Océanie, qui n’a que
4 cardinaux électeurs. Les Italiens viennent en
tête du classement par nations avec 23 électeurs,
suivis des États-Unis (11), des Espagnols (8), des
Allemands (6), à égalité avec les Brésiliens, et
des Français (5), à égalité avec les Polonais. Dans
la nouvelle promotion, dont la moyenne d’âge
est de soixante-cinq ans, 7 prélats sont actuellement en poste à la Curie romaine, 19 autres
représentant des églises locales.
En Asie, le pape a mis à profit la timide ouverture religieuse au Viêt Nam, où s’esquisse une
réhabilitation de l’Église bouddhiste, pour nommer le cardinal de Hô Chi Minh-Ville, Mgr JeanBaptiste Pham Minh Mân, et il a témoigné son
intérêt pour l’Afrique (controversé en raison de
l’attitude du Vatican concernant le sida) en y
nommant trois prélats, dont l’archevêque de Lagos (Nigeria), Mgr Anthony Olubunni Okogie, et
l’archevêque de Khartoum (Soudan), Mgr Gabriel
Zubeir Wako, qui accomplissent leur mission
dans des conditions difficiles. Quatre des nouveaux cardinaux sont âgés de quatre-vingt ans
ou plus et ne pourront donc être des électeurs,
mais ils ont été choisis parce que particulièrement méritants, comme le dominicain suisse
Georges Cottier, fidèle collaborateur de JeanPaul II et théologien de la Maison pontificale.
Enfin, un 31e cardinal a été nommé in pectore,
c’est-à-dire dans l’intimité du coeur du pape, qui
n’en a révélé le nom ni au public ni à l’intéressé,
un procédé qui vise à ne pas mettre en difficulté
l’ecclésiastique ainsi promu alors qu’il se trouve
dans une situation délicate du point de vue de la
liberté religieuse. Quoi qu’il en soit, le pape n’en
a rien laissé paraître à travers ces nominations
de cardinaux qui traduiraient, selon un commentaire sans concession et dissonant du journal italien l’Espresso, « un grand désordre. Le
désordre des fins de règne ».
HÉLÈNE GAGNERAUD
TROIS NOUVEAUX CARDINAUX FRANÇAIS
Trois Français ont revêtu la pourpre cardinalice le 21 octobre : Mgr Jean-Louis Tauran, soixante ans, originaire de Bordeaux,
proche collaborateur du pape à la Curie
romaine où il exerçait depuis 1990 la fonction de ministre des Affaires étrangères
du Saint-Siège ; Mgr Philippe Barbarin, cinquante-deux ans, archevêque de Lyon et
primat des Gaules depuis juillet 2002, au
style novateur par sa proximité avec ses
ouailles ; Mgr Bernard Panafieu, soixantedouze ans, archevêque de Marseille, où
l’expérience du cosmopolitisme l’a conduit
à présider le secrétariat pour les relations
avec l’islam au sein de l’épiscopat français
et à siéger au Vatican au Conseil pontifical
pour le dialogue interreligieux. Ces trois
prélats ont rejoint le cardinal Jean-Marie
Lustiger, archevêque de Paris, et le cardinal Paul Poupard, président du Conseil
pontifical pour la culture, dans le collège
des électeurs qui compte désormais cinq
Français.
29
France
Ouverture du procès
du financement du RPR
Le président de l’UMP et maire de Bordeaux Alain
Juppé ainsi que 25 autres personnes se retrouvent
devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hautsde-Seine) pour l’affaire des emplois présumés fictifs
de la Ville de Paris, de 1991 à 1995. Poursuivi pour
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
105
« prise illégale d’intérêt », l’ancien Premier ministre
de Jacques Chirac (1995-1997), âgé de cinquantehuit ans, risque jusqu’à cinq ans de prison ferme et
7 000 euros d’amende et, surtout, une peine d’inéligibilité, qui pourrait compromettre son avenir politique. C’est la première affaire jugée d’une longue
série de dossiers impliquant la Ville de Paris sous les
mandats de Jacques Chirac (1977-1995). Parmi les
25 autres personnes jugées figurent d’ailleurs deux
anciens trésoriers officiels de l’ex-parti chiraquien,
Robert Galley et Jacques Boyon, ainsi que l’ancienne
trésorière occulte présumée, Louise-Yvonne Casetta,
déjà condamnée à six mois de prison avec sursis en
décembre 2001 pour avoir touché d’un entrepreneur
340 000 francs, reversés au RPR. Selon l’accusation, le
système des emplois fictifs a été mis en place dès la fin
des années 1970 et a fonctionné de deux manières :
soit la Ville de Paris prenait en charge directement
les rémunérations de cadres du RPR (18 personnes
identifiées par l’enquête), soit elle demandait à des
entreprises privées qui passaient des marchés avec
elle de le faire à sa place (28 personnes identifiées
par l’enquête). C’est dans cette affaire qu’a été posée
pour la première fois la question d’éventuelles poursuites contre le président Chirac, après la découverte
en 1999 d’une lettre signée de la main de l’ex-maire
et semblant démontrer qu’il connaissait le système.
Le 15 avril 1999, le premier juge d’instruction de l’affaire, Patrick Desmure, a rendu une ordonnance où il
se déclarait « incompétent » pour poursuivre Jacques
Chirac. La Cour de cassation a ensuite confirmé l’immunité du chef de l’État en octobre 2001.
Russie
Pas de signature du protocole de Kyoto
Lors de la conférence sur les changements climatiques planétaires, qui se tient à Moscou du 29 septembre au 3 octobre, Vladimir Poutine, qui avait affirmé lors du Sommet mondial de Johannesburg, en
septembre 2002, que son pays ratifierait le protocole
de Kyoto, revient sur ses engagements. Ce protocole
vise à réduire les émissions de gaz des pays riches de
5,2 % à l’horizon 2008-2012, par rapport à leur niveau
de 1990. Peu convaincu par les arguments environnementaux des pays européens et des Nations unies,
le président russe s’accorde un délai de réflexion
« pour examiner minutieusement cette question ».
30
France
Fusion Air France-KLM
La compagnie française Air France et la compagnie
néerlandaise KLM annoncent une alliance qui devrait
donner naissance au printemps prochain au premier
groupe européen de transport aérien. Ce rapprochement, qui intervient soixante-dix ans après la
création de la compagnie française, prendra la forme
d’une offre publique d’échange d’Air France sur KLM.
Cette OPE prévoit l’échange de 11 actions Air France
et 10 bons de souscription d’actions Air France (BSA)
contre 10 actions ordinaires KLM, ce qui valorise KLM
à environ 784 millions d’euros, soit une prime de
40 % par rapport à son dernier cours de clôture. À
terme, les actionnaires de la compagnie néerlandaise
devraient détenir 19 % du nouveau groupe. La part
de l’État français redescendrait alors de 54 % à 44 %,
ce qui se traduirait par une privatisation de facto d’Air
France. Les deux compagnies doivent néanmoins
obtenir le feu vert de la Commission européenne.
La compagnie italienne Alitalia pourrait se rapprocher du nouveau groupe, mais seulement « à moyen
terme », précisent KLM et Air France.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
106
Octobre
2
Littérature
Le Nobel à J. M. Coetzee
L’écrivain sud-africain John Maxwell Coetzee reçoit le
prix Nobel de littérature 2003 pour une oeuvre « qui
dans de multiples travestissements expose la complicité
déconcertante de l’aliénation ». Les prix Nobel sont dotés de 10 millions de couronnes suédoises (1,11 million d’euros) chacun, à se partager entre d’éventuels
colauréats d’une même discipline.
4
Israël
Nouvel attentat suicide
Une femme kamikaze se fait exploser dans un restaurant, dirigé par des Arabes, dans la station balnéaire
de Haïfa au nord d’Israël, tuant 19 personnes, dont
cinq enfants et quatre Arabes israéliens, et en blessant une cinquantaine d’autres. Ce nouvel attentat
suicide se produit alors que, pour parer aux menaces
terroristes, Israël a imposé un bouclage complet des
territoires palestiniens à la veille de Yom Kippour (le
jour du Pardon), fête la plus sacrée du judaïsme. L’attentat a été revendiqué par le Djihad islamique. Le
9 septembre dernier, un double attentat avait causé
la mort de 15 personnes sur une base de l’armée près
de Tel Aviv et dans un café de Jérusalem.
5
Proche-Orient
Double riposte israélienne
Après l’attentat suicide qui a fait 20 morts dans un
restaurant de Haïfa, l’armée israélienne lance une
double riposte contre des cibles supposées du Djihad islamique en Syrie, pays qui n’avait pas été visé
par une attaque de Tsahal depuis plus de vingt ans,
et dans la bande de Gaza : à Djénine (Cisjordanie),
la maison de la femme kamikaze palestinienne qui
a provoqué l’attentat de Haïfa est dynamitée par
l’armée. En s’attaquant à un camp d’entraînement du
Djihad islamique situé à seulement 15 km au nordouest de la capitale Damas, l’État hébreu franchit une
nouvelle étape dans ses représailles en frappant des
cibles palestiniennes hors des Territoires, sur le sol
d’un pays souverain.
6
Médecine
Deux lauréats pour le Nobel
Le prix Nobel de médecine 2003 est décerné à l’Américain Paul Lauterbur, âgé de soixante-quatorze ans,
de l’université de l’Illinois, et au Britannique sir Peter
Mansfield, âgé de soixante-dix ans, qui enseigne au
département de physique de Nottingham (Angleterre). Les deux chercheurs sont récompensés pour
leurs travaux sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM). Leurs « découvertes ont abouti à la caméra
magnétique moderne, la tomographie par résonance
magnétique, qui représente une grande avancée pour la
médecine et la recherche médicale », déclare le comité
Nobel. L’IRM permet d’examiner les organes du corps
humain en trois dimensions et d’améliorer le diagnostic de nombreuses maladies. Aujourd’hui, plus
de 60 millions d’examens de ce type sont effectués
dans le monde chaque année.
ONU
Le projet de résolution sur l’Irak
en question
La réunion du Conseil de sécurité des Nations unies
concernant le projet de résolution américaine sur
l’Irak s’achève sans véritables avancées. Pour plusieurs pays, ce texte ne donne pas à l’ONU un rôle
assez important dans la reconstruction du pays. Les
États-Unis parlent maintenant d’abandonner ce projet qu’ils comptaient présenter au Conseil de sécurité.
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a quant
à lui critiqué le projet de résolution, estimant que
le rôle limité qu’il laisse aux Nations unies « ne vaut
pas la peine de faire courir des risques importants au
personnel de l’Organisation ». Le projet de résolution
américain vise à entraîner davantage de pays à fournir des troupes et une aide économique à l’Irak, qui
toutefois resterait sous l’autorité de la coalition américano-britannique. Il prévoit la création d’une force
multinationale sous mandat de l’ONU et commandement américain ; mais, contrairement aux demandes
pressantes de la France, de l’Allemagne ou de la Russie, il ne fixe pas d’échéance pour la restitution du
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
107
pouvoir aux Irakiens et maintient l’ONU dans un rôle
secondaire.
7
Tchétchénie
Élection présidentielle contestée
Le chef de l’administration tchétchène pro-russe et
candidat du Kremlin Akhmad Kadyrov est élu officiellement, au premier tour, président de la République
avec 81,1 % des voix. L’ancien président Aslan Maskhadov, élu en 1997, qualifie le scrutin « d’acte criminel des forces d’occupation », et les organisations de
défense des droits de l’homme, de « mascarade électorale ». Les quelque 30 000 militaires russes stationnés de manière permanente dans la région étaient
autorisés à voter, de même que les réfugiés d’Ingouchie voisine. Ce scrutin présidentiel fait suite à un
référendum organisé en mars dernier par le Kremlin,
dans le cadre de son plan de « normalisation » de la
Tchétchénie, et dans lequel les Tchétchènes avaient
massivement approuvé un projet constitutionnel
visant à réintégrer la république au sein de la Fédération de Russie avec un statut d’autonomie.
Physique
Un Nobel collectif
Le prix Nobel de physique 2003 est décerné au Russe
Vitaly L. Ginzburg, âgé de quatre-vingt-sept ans, et
aux Américains Anthony J. Leggett, âgé de soixantecinq ans, et Alexei Abrikosov, âgé de soixante-quinze
ans pour leurs « travaux pionniers dans le domaine
théorique des supraconducteurs et des suprafluides ».
Les matériaux supraconducteurs ont la faculté de
laisser passer le courant électrique sans opposer de
résistance. Ils sont utilisés, par exemple, dans l’imagerie magnétique servant aux examens médicaux
et, en physique, pour les accélérateurs de particules.
Vitaly L. Ginzburg et Anthony J. Leggett sont professeurs à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaing ;
Alexei A. Abrikosov est chercheur à l’Argonne National Laboratory, dans l’Illinois.
8
Chimie
Le Nobel à deux Américains
L’Académie royale des sciences de Suède décerne
le prix Nobel de chimie 2003 conjointement aux
chercheurs américains Peter Agre, âgé de cinquantequatre ans, et Roderick MacKinnon, âgé de quarante-sept ans, pour leurs découvertes concernant
des canaux dans la membrane cellulaire, qui « ont
permis d’élucider la façon dont les sels (des ions) et l’eau
sont transportés à travers les parois de nos cellules ».
« Ces découvertes nous permettent de comprendre par
exemple comment le rein retire l’eau de l’urine primaire
et comment les signaux électriques émis dans nos cellules nerveuses apparaissent et se propagent. Ceci est
d’une importance capitale pour notre compréhension
d’un grand nombre de maladies rénales, cardiaques,
musculaires ou affectant le système nerveux. » Peter
Agre, attaché à la Johns Hopkins University School
of Medecine, de Baltimore, est récompensé « pour
des études structurelles et mécanistiques sur les canaux
à ions ». Roderick MacKinnon, professeur de neurobiologie moléculaire et de biophysique à l’université
Rockfeller de New York, est récompensé pour avoir
réussi en 1998 à déterminer la structure spatiale d’un
canal pour le potassium.
États-Unis
Arnold Schwarzenegger gouverneur
de Californie
L’acteur hollywoodien républicain Arnold Schwarzenegger est élu au poste de gouverneur de l’État de
Californie, avec 48 % des suffrages, contre 31 % pour
le démocrate Cruz Bustamante et 13 % pour un autre
candidat républicain, Tom McClintock. Son avance lui
assure une large victoire face à 134 autres candidats.
Il doit succéder au démocrate Gray Davis, dont la ré-
vocation a été décidée par quelque 56 % des votants
contre 44 % pour son maintien, moins d’un an après
son entrée en fonction. Gray Davis est jugé en partie
responsable de la dégradation des finances de l’État
le plus riche des États-Unis, sixième économie de la
planète en termes de produit intérieur brut, notamment en investissant lourdement dans l’éducation.
Son déficit budgétaire atteint plus de 38 milliards
de dollars. Ancien champion de culturisme, Arnold
Schwarzenegger, âgé de cinquante-six ans, est né
en Autriche et a obtenu la nationalité américaine en
1983. Il a épousé la journaliste Maria Shriver, membre
du clan démocrate des Kennedy. Élu pour mettre en
oeuvre un programme destiné à assainir les finances
publiques californiennes, il devra composer avec un
congrès californien dominé par les démocrates. Sur
le plan national, l’élection d’un gouverneur républicain à la tête du « Golden Gate » qui vote traditionnellement démocrate représente un atout de taille
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
108
pour George W. Bush, candidat aux présidentielles de
novembre 2004.
Économie
Le prix Nobel à un Américain et
à un Britannique
Le prix Nobel d’économie est attribué conjointement à l’Américain Robert Engle, âgé de soixante
ans, de l’université de New York, et au Britannique
Clive Granger, âgé de soixante-neuf ans, de l’université de Californie, à San Diego, pour leurs travaux sur
les méthodes d’analyse des séries temporelles de
données économiques. En distinguant deux économistes-statisticiens, l’Académie royale des sciences
de Suède prend acte non seulement de l’importance
croissante de l’analyse statistique pour la modélisation des phénomènes économiques, mais aussi de
la nécessaire sophistication des outils dans un environnement économique de plus en plus erratique :
« Les lauréats de cette année ont développé au cours
des années 1980 de nouvelles méthodes statistiques qui
portent sur deux propriétés caractéristiques de beaucoup de séries temporelles : la volatilité saisonnière et la
non-stationnarité », souligne l’Académie.
10
Paix
Le Nobel à l’Iranienne Shirin Ebadi
L’avocate et militante iranienne des droits de
l’homme Shirin Ebadi, âgée de cinquante-six ans,
reçoit le prix Nobel de la paix 2003. Elle est la première musulmane distinguée dans l’histoire du prestigieux comité. La distinction lui est attribuée « pour
ses efforts en faveur de la démocratie et des droits de
l’homme ». Shirin Ebadi a été la première femme à
devenir juge en Iran sous le règne du chah, en 1974,
mais elle a dû quitter son poste après la révolution
islamique de 1979, les imams ayant décrété que les
femmes étaient trop émotives pour diriger un tribunal. Elle oeuvre depuis pour la défense des droits des
femmes et des enfants dans la société musulmane
et fournit une aide juridique aux personnes persécutées en dépit des menaces dont elle a souvent fait
l’objet. Il y a trois ans, elle a été emprisonnée pendant vingt-deux jours et condamnée à une peine de
prison avec sursis pour avoir enregistré et diffusé sur
cassette les « confessions » d’Amir Farshad Ebrahimi,
qui parlait de son ancienne organisation d’extrémistes islamistes, l’Ansar Hezbollah (les Partisans du
parti de Dieu).
France
Relance de la question du voile à l’école
Deux jeunes soeurs voilées, Lila, seize ans, et Alma,
dix-huit ans, élèves de première et terminale, temporairement exclues du lycée Henri-Wallon d’Aubervilliers depuis le 24 septembre en attendant la
décision du conseil de discipline de l’établissement,
sont renvoyées définitivement de leur lycée. L’administration estimait que le foulard qu’elle portait était
un signe religieux ostentatoire. De nombreuses associations et organisations, dont le MRAP (Mouvement
contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples),
et la Ligue des droits de l’homme (LDH), s’étaient prononcées pour le maintien des deux élèves dans leur
établissement. Fouad Alaoui, secrétaire général de
l’Union des organisations islamiques de France (UOIF,
proche des Frères musulmans) et vice-président du
CFCM, juge que le Conseil d’État dans son avis de
1989 s’était exprimé clairement en disant que le port
du foulard en soi ne constituait pas un motif d’exclusion. Le ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry
déclare « approuver totalement l’équipe éducative et le
proviseur » qui ont pris la décision d’exclusion.
Rugby
Ouverture de la Coupe du monde
La Coupe du monde s’ouvre à Sydney. Le 10, le match
d’ouverture oppose l’Argentine à l’Australie, qui s’impose 24 à 8. Le lendemain samedi, à Brisbane, le XV
tricolore bat les Fidji 61 à 18 en inscrivant 7 essais en
match du premier tour de la Coupe du monde. Le 18,
le XV de France domine le Japon à Townsville (NordEst) et, le 25, il assure sa participation aux quarts de
finale de la Coupe du monde en remportant largement son troisième match aux dépens de l’Écosse
(51-9) à Sydney.
11
Bolivie
Violentes manifestations
À l’appel des syndicats et des étudiants, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes du pays
pour protester contre l’exportation de gaz naturel
via le Chili, l’ennemi héréditaire contre lequel existe
en Bolivie un profond ressentiment dû aux conflits
frontaliers du passé. Les manifestants demandent la
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
109
démission du président Sanchez de Lozada. Ce dernier propose la tenue d’un référendum sur le projet
d’exportation de gaz naturel. Les chefs de l’opposition bolivienne, Evo Morales et Felipe Quispe, estiment que la proposition du gouvernement d’organiser ce référendum est insuffisante et maintiennent
leur demande de démission du président.
Bolivie, la « guerre du gaz »
Attisée par la pauvreté et le nationalisme,
la mobilisation contre l’exportation future,
via le Chili, de gaz naturel bolivien vers
l’Amérique du Nord, a vite revêtu un caractère politique, – ce sera le départ du président Gonzalo Sánchez de Lozada –, et aussi
emblématique, en visant la globalisation.
Mouvement de protestation contre le projet
du gouvernement d’exporter le gaz naturel
bolivien vers le Mexique et les États-Unis via un
port chilien, la « guerre du gaz » a commencé à
mobiliser, à partir de la mi-septembre, la Confédération syndicale des travailleurs agricoles, les
cocaleros (cultivateurs de coca) du charismatique Indien quechua Evo Morales, député du
Mouvement vers le socialisme (MAS, deuxième
force parlementaire) et la Centrale ouvrière bolivienne, la COB, principal syndicat du pays. Très
rapidement, des collectifs de professeurs, d’étudiants, de commerçants, de mineurs, ainsi que
des comités de quartier sont venus grossir les
rangs des mécontents.
La « guerre du gaz »
Dans un premier temps, le chef de l’État s’est
employé à minimiser la contestation. Ne voulant voir en l’affaire qu’un conflit marginal, il a
d’abord misé sur les dissensions traditionnelles
entre Indiens quechuas et aymaras, ainsi que sur
celles qui caractérisent les relations des communautés andines et l’Est bolivien, plus occidentalisé et davantage tourné vers l’exportation.
Mais face à la détermination des manifestants, la
« guerre du gaz » a pris une allure insurrectionnelle. Pour comprendre comment le pays a basculé dans le chaos au sujet d’une affaire relevant,
a priori, de la politique économique, il convient
de souligner la haute charge symbolique du gaz
qui, en Bolivie, en fait un sujet explosif. Aux yeux
des manifestants, les projets d’exportation soulèvent trois problèmes principaux.
Il s’agit, d’abord, d’une question de priorité
sociale. Les contestataires estiment qu’il serait
injuste d’exporter le gaz sans en faire bénéficier auparavant les Boliviens eux-mêmes par
des infrastructures domestiques et industrielles.
Ensuite, la Bolivie ne percevrait que 18 % du
montant de ses exportations de gaz, un pourcentage jugé insuffisant par l’opposition et par
les syndicats. Enfin, le projet gouvernemental
a réveillé une fibre nationaliste qui plonge ses
racines dans l’histoire des relations avec le Chili
voisin. Les Boliviens n’ont pas oublié que, lors
de la guerre du Pacifique (1879-1883), la Bolivie
avait dû céder au Chili sa façade océanique et
plus de 100 000 km 2. Depuis, La Paz ne cesse de
revendiquer l’accès au Pacifique. Aussi, la simple
mention du Chili en tant que pays de transit du
gaz national a littéralement enflammé la majorité des Boliviens. Il n’est pas indifférent de noter
que les Boliviens ont manifesté leur hostilité
à l’exportation du gaz en traitant le président
Gonzalo Sánchez de Lozada de « vendeur de la
patrie ».
Parallèlement à leurs revendications contre
la marginalisation économique et sociale des
populations autochtones, les protestataires se
sont mobilisés contre l’éventuelle adhésion de
la Bolivie à la future Zone de libre-échange des
Amériques (ZLEA). Par solidarité, des marchés de
La Paz, où s’approvisionne la majorité de la population, ont fermé leurs portes. Pour sa part, la
Fédération des producteurs a décidé de freiner
l’entrée d’aliments dans la ville aussi longtemps
que le gouvernement du président Gonzalo Sánchez de Lozada n’acceptera pas de développer
des infrastructures permettant aux Boliviens de
bénéficier de leur gaz naturel avant qu’il ne soit
exporté au Mexique et aux États-Unis, via un
port chilien.
Soumis à une intense pression de la rue, Gonzalo
Sánchez de Lozada a d’abord affirmé qu’il ne
démissionnerait pas. Promettant, à l’issue d’une
réunion avec son cabinet et les chefs de l’armée,
de « rétablir l’ordre » et de « mettre en déroute
les séditieux », il s’est présenté comme la cible
d’une tentative de putsch « financée de l’extérieur » et menée par la gauche autochtone,
conduite par les leaders indiens Evo Morales et
Felipe Quispe. Figures de proue de la « guerre du
gaz », ces deux ex-candidats à la présidence – ils
avaient obtenu à eux deux 27 % des suffrages
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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exprimés lors de la présidentielle de juin 2002 –
sont connus pour leur antiaméricanisme et leur
hostilité à la globalisation. Evo Morales et Felipe
Quispe sont en effet des adversaires résolus de
l’économie de marché.
Le soutien des États-Unis
Alors que grèves et émeutes ont commencé à
paralyser La Paz et plusieurs autres villes du pays
– les organisations humanitaires dénombraient
au moins 50 morts et près de 200 blessés à la
mi-octobre –, le président Sánchez de Lozada,
lâché par quatre de ses ministres, ne semblait
plus pouvoir compter que sur un durcissement
de l’intervention de l’armée et sur l’appui des
États-Unis. Ces derniers ont averti, par l’intermédiaire du porte-parole du département d’État,
Richard Boucher, que « le peuple américain et
son gouvernement appuient le président de la
Bolivie démocratiquement élu, Gonzalo Sánchez de Lozada, et ses efforts pour construire
un futur plus prospère et juste pour tous les
Boliviens ». Un soutien étayé par un ferme avertissement : « La communauté internationale
et les États-Unis ne toléreront aucune interruption de l’ordre constitutionnel et n’appuieront aucun régime que feraient surgir des
moyens antidémocratiques. » Toujours selon
M. Boucher, « la communauté internationale
comprend et appuie les intérêts légitimes du
peuple bolivien et le prie de les exprimer et de
les promouvoir uniquement par des moyens
démocratiques et pacifiques ». En offrant ainsi
son soutien au président, Washington est devenue partie prenante dans la « guerre du gaz »,
rejetant implicitement sur l’opposition ethnique
et syndicale bolivienne la responsabilité de la
crise. L’internationalisation de la crise bolivienne
passe aussi par l’Organisation des États américains (OEA), que Condoleezza Rice, conseillère
à la Sécurité nationale du président George
W. Bush, a invitée à « donner son appui total à
l’ordre constitutionnel en Bolivie ».
Dans l’espoir de faire baisser la tension, alors que
tous les vols commerciaux à destination et au
départ de l’aéroport international de La Paz ont
été suspendus, le président Sánchez de Lozada a
décidé, par décret, de ne pas ouvrir de nouveaux
marchés au gaz bolivien (déjà exporté vers le
Brésil), le temps d’un « dialogue entre Boliviens et organisations de la société civile, de
consultations et de débats », qui devaient se
conclure avant le 31 décembre prochain. Mais,
entretemps, l’ampleur des manifestations aura
contraint le président à démissionner, laissant la
place au vice-président Carlos Mesa.
BERNARD REYNES
DE VASTES RÉSERVES DE GAZ NATUREL
Alors que la pauvreté touche 60 % des
8,3 millions de Boliviens, le sous-sol du
pays renferme les plus vastes réserves
de gaz naturel d’Amérique du Sud après
celles du Venezuela. Prévue à partir de
2006, l’exportation de gaz naturel bolivien
liquéfié vers les États-Unis et le Mexique
nécessite un investissement préalable
de six milliards de dollars, dont la moitié
en aménagements portuaires. La Bolivie
n’ayant pas de fenêtre maritime, le Pérou
et le Chili tentent chacun d’attirer cet investissement. Les études de faisabilité indiquent toutefois que l’exportation du gaz
naturel bolivien via un port chilien serait
plus rationnelle et rentable que via le Sud
péruvien.
14
France
Mort de Léon Schwartzenberg
Le cancérologue Léon Schwartzenberg décède à Villejuif à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Député européen (1989-1994) élu sur la liste socialiste, acquis à la
cause des défavorisés – sans-papiers ou mal-logés –,
il fut pendant neuf jours ministre délégué à la Santé
en juin-juillet 1988.
Liberia
Un nouveau président
Le nouveau président, Gyude Bryant, âgé de cinquante-quatre ans, est officiellement investi à Mon-
rovia pour diriger le gouvernement de transition,
qui dispose d’un peu plus de deux ans pour tourner
définitivement la page de l’ère Taylor et de treize
ans de guerre civile quasi ininterrompue. Il dirigera
le gouvernement de transition où les trois factions
armées – rebelles du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) et du Mouvement pour
la démocratie au Liberia (Model), et héritiers de l’ère
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
111
Taylor –, les 18 partis politiques du pays et la société
civile sont représentés.
15
Astronautique
Le premier spationaute chinois
La Chine lance son premier vaisseau habité, baptisé
Shenzhou 5. Le spationaute – ou « taïkonaute », selon
la terminologie chinoise – est un lieutenant-colonel de trente-huit ans, Yang Liwei. Le lancement de
Shenzhou 5 intervient après quatre lancements tests
de fusées inhabitées qui ont été en orbite pendant
près d’une semaine.
Proche-Orient
Trois Américains tués dans la bande de
Gaza
Trois Américains sont tués et un autre grièvement
blessé dans une explosion déclenchée par un engin
piégé qui vise un convoi diplomatique américain
dans la bande de Gaza.
Le premier Chinois dans l’espace
Avec la mise en orbite, le 15 octobre, de
son premier spationaute, Yang Liwei, un
lieutenant-colonel de l’armée de l’air, qui
accomplit 14 révolutions autour de la
Terre à bord du vaisseau Shenzou 5, la Chine
devient la troisième puissance mondiale à
envoyer un homme dans l’espace quarantedeux ans après l’ex-Union soviétique.
Lancé à 1 h UT (9 h locales) de la base de Jiuquan, dans le désert de Gobi, en Mongolie
intérieure, par une fusée Longue Marche-2F, le
vaisseau Shenzhou (Vaisseau divin, en chinois),
un engin triplace de 8,5 m de long et pesant
7,8 t qui ressemble beaucoup au Soyouz russe,
est d’abord placé sur une orbite de 250 km de
périgée et 350 km d’apogée, inclinée de 42,4°
sur l’équateur. Suivi par un réseau de stations de
télécommunications situées en Chine, en Namibie et en Océanie ainsi que par quatre navires
de poursuite (deux dans le Pacifique, un dans
l’Atlantique et un dans l’océan Indien), il se cale
ensuite sur une orbite circulaire à 343 km d’altitude. Au terme de 14 révolutions autour de la
Terre, le module orbital est largué, puis la capsule habitée entame sa descente vers le sol en
freinant. À 145 km d’altitude, avant la traversée
des couches denses de l’atmosphère, le module
de propulsion est largué à son tour. Lorsque la
capsule parvient à 10 km d’altitude, son parachute principal (d’une surface de 1 200 m 2)
s’ouvre. À un mètre du sol, des moteurs sont
allumés pour réduire la vitesse d’atterrissage à
2-3 m/s. La capsule se pose finalement à 22 h 23
UT, à 4,8 km du point prévu, à quelque 350 km
au nord-ouest de Pékin. Treize minutes plus tard,
l’équipe de récupération arrive sur place. Un
quart d’heure après, Yang Liwei sort de son habitacle. Jugé en parfaite santé par les médecins, il
est aussitôt emmené à Pékin, où une cérémonie
est organisée en son honneur.
Quatre vols automatiques préparatoires
Les dirigeants chinois saluent l’événement avec
emphase, le président Hu Jintao déclarant qu’il
propulse son pays « au sommet de la science
et de la technologie mondiales ». De fait, ce
premier vol spatial habité vient concrétiser un
rêve caressé par les autorités chinoises dès les
années 1960, mais abandonné au cours de la
décennie suivante faute de moyens financiers,
puis relancé en 1992. Minutieusement préparé,
il a été précédé par quatre vols automatiques,
lors desquels un mannequin simulait la présence
d’un spationaute. Le premier vol préparatoire
fut celui de Shenzhou 1, lancé le 19 novembre
1999 ; sa capsule effectua 14 révolutions autour
de la Terre, d’une durée totale de 21 h 11, tandis que son module orbital tourna autour de la
Terre pendant huit jours. Puis, le 9 janvier 2001,
fut lancé Shenzhou 2 ; sa capsule fut récupérée
après 108 révolutions (6 j 18 h), tandis que son
module orbital tourna autour de la Terre pendant huit mois (260 j) en permettant l’exécution
de nombreuses expérimentations scientifiques
ou techniques. Aucune photographie de la capsule n’ayant été publiée lors de son retour, il se
peut que sa récupération ait échoué. Vint ensuite Shenzou 3, lancé le 25 mars 2002 ; sa capsule effectua également 108 révolutions et son
module orbital resta en orbite environ sept mois
(232 j), en autorisant lui aussi de nombreuses
expérimentations. Enfin, le 29 décembre 2002
fut lancé Shenzhou 4, dont la capsule effectua
encore 108 révolutions, tandis que son module
orbital servit de cadre à une nouvelle série d’exdownloadModeText.vue.download 114 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
112
périmentations pendant ses quelque huit mois
(254 j) de vol autour de la Terre.
Des enjeux politiques, militaires
et scientifiques
Depuis 1992, la Chine aurait investi 2,3 milliards
de dollars dans le programme Shenzhou (une
somme modique comparée au budget annuel
de la NASA, voisin aujourd’hui de 15,5 milliards
de dollars). Le vol de Yang Liwei marque l’achèvement d’une première étape, caractérisée par
le développement du vaisseau spatial. La seconde étape comprendra des sorties extravéhiculaires, l’amarrage entre deux vaisseaux, puis la
réalisation d’une station orbitale monobloc vers
2008. Enfin, la troisième étape consistera en la
construction d’une station modulaire destinée
à être utilisée pendant longtemps. Dès 2004 devrait intervenir un second vol habité, avec deux
taïkonautes qui resteront une semaine en orbite.
En développant un tel programme, alors qu’elle
a déjà lancé plusieurs dizaines de satellites depuis 1970 et acquis la maîtrise non seulement
du lancement mais aussi de la récupération
d’engins spatiaux, la Chine poursuit plusieurs
objectifs. Il s’agit en premier lieu pour elle d’asseoir son image en tant qu’acteur majeur de la
scène internationale et d’établir sa présence en
orbite, alors que, pour des raisons politiques, elle
n’est pas associée au programme de la Station
spatiale internationale. Le second objectif est
militaire : doté d’un hublot autorisant l’imagerie optique à haute résolution, le module orbital du vaisseau Shenzhou, maintenu en orbite
sept à huit mois, emporte vraisemblablement
une caméra à résolution métrique qui en fait un
satellite de reconnaissance très performant. Le
troisième objectif est scientifique : avec le vaisseau Shenzhou, les Chinois peuvent désormais
entreprendre un large éventail de recherches,
dans des domaines tels que l’observation de la
Terre, la géophysique, l’astrophysique, la physique et la biologie en micropesanteur, etc. Enfin, Shenzhou constituera le vaisseau de transport qui assurera la desserte de la future station
spatiale chinoise.
PHILIPPE DE LA COTARDIÈRE
YANG LIWEI, UN ANCIEN PILOTE DE CHASSE
Né en 1965, à Huangzhong, dans la province de Liaoning (Nord-Est), d’un père
économiste et d’une mère enseignante,
Yang Liwei est devenu pilote de l’armée de
l’air en 1983. Dix ans plus tard, il figure au
nombre des 14 futurs spationautes chinois
sélectionnés parmi 2 000 pilotes d’environ
trente ans, d’une taille de 1,70 m et d’un
poids de 50 kg. Son entraînement s’effectue ensuite dans le complexe militaro-spatial de la Cité de l’espace de Pékin, entouré
d’un secret total, même pour sa femme et
son fils. Sa remarquable stabilité psychologique lui vaut d’être finalement choisi
parmi trois finalistes pour devenir le Gagarine chinois.
Yang Liwei est le premier Chinois mais pas
le premier asiatique envoyé dans l’espace.
Avant lui, ont en effet séjourné en orbite
autour de la Terre, le Vietnamien Pham
Tuan en 1980, le Mongol Jugderdemyin
Gourratcha en 1981, l’Indien Rakesh Sharma en 1984 et le Japonais Toyohiro Akiyama en 1990. Toutefois, ces derniers n’ont
pas volé à bord de vaisseaux spatiaux de
leur pays, mais de vaisseaux russes.
En chinois, spationaute se dit yuhangyuan
(« navigateur de l’Univers »). Mais, dans
les médias occidentaux, l’usage s’est établi de désigner un spationaute chinois
sous l’appellation de taïkonaute, mot forgé
à Hongkong à partir du chinois taikong
(« espace »).
16
Vatican
Jean-Paul II : 25 ans de pontificat
Le pape célèbre le 25e anniversaire de son accession à
la tête de l’Église sur les lieux mêmes où, archevêque
de Cracovie, il avait entamé son pontificat en octobre
1978, mettant fin à quatre cent cinquante-cinq ans
de règne italien au Vatican. Le 21, Jean Paul II clôture
les cérémonies, qui l’ont vu présider à cinq audiences
générales, trois messes et un concert.
France
Non à l’accord sur Executive Life
Le gouvernement français refuse la proposition
américaine sur l’affaire Executive Life, impliquant
le Crédit Lyonnais. Il exige davantage de garanties
sur l’extinction des poursuites contre les parties
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
113
françaises. Jean Peyrelevade, président du Lyonnais depuis novembre 1993, est soupçonné d’avoir
connu et couvert le rachat par « portage » illégal
– c’est-à-dire par le biais d’un tiers – en 1993 de l’assureur californien Executive Life alors qu’à l’époque
la loi américaine l’interdisait. Il a démissionné de
la banque récemment pour pouvoir se défendre,
ayant été exclu de l’accord par la justice américaine
après le 2 septembre. Cet accord prévoyait le paiement d’une amende de 585 millions de dollars.
Autre exclu de l’accord : l’homme d’affaires François Pinault, dont la holding Artémis a racheté une
partie des actifs d’Executive Life. Le 24, la justice
américaine accorde un nouveau délai à l’État français pour signer un accord amiable sur l’affaire de la
compagnie d’assurances californienne.
France
Trichet président de la BCE
Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union
européenne nomment officiellement, à l’unanimité,
le Français Jean-Claude Trichet à la présidence de la
Banque centrale européenne (BCE). Le gouverneur
de la Banque de France succédera le 1er novembre
au Néerlandais Wim Duisenberg, qui présidait aux
destinées de la BCE depuis 1998.
ONU
Vote d’une résolution sur l’Irak
Le Conseil de sécurité de l’ONU vote à l’unanimité des
15 membres une nouvelle résolution sur l’Irak présentée par les États-Unis. Cette quatrième mouture d’un
texte déposé début septembre autorise la création
en Irak d’une force multinationale sous commandement unifié américain pour participer à la stabilité du
pays, et demande au Conseil de gouvernement provisoire irakien de présenter d’ici au 15 décembre un
calendrier pour rédiger une Constitution et tenir des
élections. Elle demande aux États membres et aux
institutions financières internationales de « renforcer
leurs efforts » pour aider à la reconstruction. Aucun
calendrier n’est fixé pour le retour de la souveraineté
irakienne. Dans un texte commun, l’Allemagne, la
France et la Russie expliquent avoir voté « dans un esprit d’unité » le projet américain, jugeant qu’il constitue « un pas dans la bonne direction ». Les trois pays
ajoutent cependant que « les conditions ne sont pas
remplies pour qu’ils envisagent un engagement militaire
et des contributions financières supplémentaires aux
engagements déjà pris ».
17
Bolivie
Démission du président
Fragilisé depuis plusieurs semaines par une grave
crise politique et sociale, le président Gonzalo Sánchez de Losada démissionne de ses fonctions. Il est
remplacé par son vice-président Carlos Mesa. Le
départ du président, élu il y a quatorze mois, était
devenu la principale revendication des manifestations qui paralysent le pays depuis trois semaines.
Les positions se sont radicalisées après la violente
répression qui a fait au moins 65 morts ces derniers
jours, notamment dans l’immense banlieue pauvre
de La Paz, El Alto.
États-Unis/Japon
G. W. Bush à Tokyo
Le président américain George W. Bush entame une
tournée en Asie, pour rallier la région à sa politique
antiterroriste et à l’intervention de l’armée américaine en Irak. Le Japon annonce une enveloppe de
1,5 milliard de dollars pour la reconstruction de l’Irak
en 2004.
19
Suisse
Percée de la droite populiste
La droite populiste arrive en tête aux élections législatives suisses. L’Union démocratique du centre (UDC,
hostile à l’immigration) et, dans une moindre mesure,
le Parti socialiste (PS) ont progressé aux dépens des
partis centristes. L’UDC gagne 11 sièges (62), tandis
que les socialistes progressent d’un siège (58 sièges).
Le Parti radical-démocrate (PRD, centre droit) perd
7 sièges et n’en détient plus que 48, suivi du Parti démocrate-chrétien (PDC), qui, en perdant également
7 sièges, n’en aurait plus que 41. La percée de l’UDC
trahit une montée des inquiétudes dans un pays
frappé par la récession, la hausse du chômage et la
chute du niveau de vie. L’UDC a fortement progressé au cours de la dernière décennie en s’appuyant
sur son opposition à l’Union européenne et sur un
programme populiste, proposant notamment des
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
114
baisses d’impôts et des règles très strictes en matière
de droit d’asile.
Vatican
Mère Teresa béatifiée
Mère Teresa de Calcutta, la soeur des pauvres, est
béatifiée par Jean-Paul II lors d’une cérémonie place
Saint-Pierre, devant 300 000 fidèles. Cet événement
ouvre la voie de la canonisation à la religieuse, qui
s’était éteinte le 5 septembre 1997 à Calcutta, où
elle a consacré sa vie aux déshérités, aux malades
et aux mourants. La religieuse est le 1315e bienheureux proclamé par Jean-Paul II en vingt-cinq ans de
pontificat.
20
Afrique
Alerte aux criquets
L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et
l’alimentation (FAO) lance un appel à l’aide pour le
nord de l’Afrique noire où une invasion de criquets
pourrait « rapidement » ravager les cultures. Les trois
principaux foyers d’infestation repérés par les experts
sont le nord-ouest de la Mauritanie, le nord du Niger
et le nord-est du Soudan.
Bosnie
Mort de l’ex-président Izetbegovic
L’ancien président musulman de Bosnie-Herzégovine Alija Izetbegovic décède à l’âge de soixantedix-huit ans. Il avait pris sa retraite politique en
l’an 2000 en raison de son état de santé déclinant
et de la détérioration de ses rapports avec les
Occidentaux.
21
Littérature
Le Goncourt en avance
Pour son centenaire, le jury du prix Goncourt couronne, près de deux semaines avant la date prévue,
Jacques-Pierre Amette pour la Maîtresse de Brecht. Le
jury a expliqué qu’il regrettait que « l’écrivain bénéficiaire de cette distinction exceptionnelle ne soit peutêtre pas, à cause d’un ordre de dates et d’alternance,
notre préféré parce que ce dernier aurait déjà été choisi
par un autre jury. C’est pourquoi nous avons pris la
liberté de faire connaître quelques jours en avance notre
choix ».
Côte d’Ivoire
Assassinat du journaliste Jean Hélène
Jean Hélène, un journaliste français de Radio France
Internationale (RFI), est abattu par un policier à Abidjan devant un commissariat du centre-ville, alors
qu’il attendait la libération de onze opposants arrêtés
la semaine précédente pour implication présumée
dans un complot d’assassinat visant le président Laurent Gbagbo.
Pays-Bas
TPI : nouvelle vague d’inculpations
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie dévoile l’identité de quatre haut gradés des
forces serbes – l’ancien chef d’état-major des
forces armées Nebojsa Pavkovic, l’ancien commandant de corps d’armée Vladimir Lazarevic, l’ancien
chef de la police Vlastimir Djordjevic et l’actuel
responsable de la sécurité publique de Serbie,
Sreten Lukic –, inculpés pour crimes de guerre au
Kosovo. Ces derniers sont poursuivis pour crimes
contre l’humanité et violations des règlements ou
coutumes de guerre pendant la guerre du Kosovo
(1998-1999).
France
Le président à Valenciennes
Jacques Chirac se rend à Valenciennes, pour une
visite dans « la France d’en bas » axée sur la réhabilitation urbaine, la politique sociale et l’intégration. Il
est accueilli par le ministre délégué à la Ville et à la
Rénovation urbaine, Jean-Louis Borloo, qui fut maire
de Valenciennes de 1989 à 2002. Au cours de sa visite,
il juge notamment « inacceptable » que « le progrès
économique ne profite pas à tous » et affirme son refus d’une « France en marge », où « la fracture sociale
menace de s’élargir en une fracture urbaine, ethnique et
parfois religieuse ».
Iran
Nucléaire : Téhéran pour la
transparence
L’Iran décide « de s’engager dans une coopération
totale avec l’AIEA (l’Agence internationale de l’énergie atomique) pour satisfaire dans une transparence
totale toutes les demandes et résoudre tous les problèmes en suspens aux yeux de l’agence, et pour cladownloadModeText.vue.download 117 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
115
rifier et remédier à tous les manquements possibles ».
Les autorités iraniennes ont de surcroît affirmé
que les armes nucléaires « n’avaient pas leur place
dans la doctrine de défense de l’Iran et que son programme et ses activités nucléaires se sont inscrits dans
un cadre exclusivement pacifique ». Concrètement,
les conditions étant réunies, Téhéran « a décidé
de signer le protocole additionnel » au Traité de
non-prolifération, ce qui autorise un renforcement
international du contrôle de ses activités nucléaires.
L’Iran s’engage donc à tenir ses engagements sur le
nucléaire, malgré la réticence d’une partie de son
opinion, le jour même de l’expiration d’un ultimatum lui enjoignant de prouver le caractère civil de
son programme.
22
Espagne
Conférence des Donateurs
Lors de la conférence des Donateurs, à Madrid, les représentants des gouvernements et des organisations
internationales promettent 40 milliards de dollars
d’aide et de prêts sur cinq ans pour la reconstruction
de l’Irak. Sur cette somme, 20 milliards de dollars ont
été promis par les États-Unis et 700 millions d’euros
par l’Union européenne. Selon les Nations unies et la
Banque mondiale, 56 milliards de fonds seraient nécessaires pour remettre sur pied l’Irak dans les quatre
ans à venir.
23
Italie
Coup sévère contre les Brigades rouges
La police annonce l’arrestation de six membres présumés des Nouvelles Brigades rouges, soupçonnées
de l’assassinat de deux conseillers gouvernementaux. Les quatre hommes et les deux femmes ont
été appréhendés en Toscane et en Sardaigne. Les
Nouvelles Brigades rouges, revendiquant l’héritage
du groupe d’action directe d’extrême gauche qui
terrorisa la Péninsule dans les « années de plomb »,
durant les décennies 1970-1980, ont revendiqué les
deux assassinats.
24
Russie
Arrestation de Mikhaïl Khodorkovski
Le patron du groupe pétrolier russe Ioukos, Mikhaïl
Khodorkovski, est incarcéré notamment pour escroquerie et évasion fiscale. L’offensive contre Ioukos,
ponctuée par une série de perquisitions, a commencé en juillet avec l’incarcération d’un de ses principaux actionnaires, Platon Lebedev, inculpé de fraude
et évasion fiscale. Cette arrestation, qui intervient
après plusieurs mois de tension à l’approche des
législatives du 7 décembre et de la présidentielle de
mars, semble constituer une démonstration de force
du Kremlin à l’adresse des nombreux oligarques
russes qui ont fait fortune grâce aux privatisations
des années 1990. L’affaire Khodorkovski évoque celle
de Vladimir Goussinski, un magnat des médias entré
également en opposition avec Vladimir Poutine en
2000, ou encore celle de Boris Berezovski, désormais
ennemi déclaré du maître du Kremlin.
Corse
Une roquette contre des CRS
Un tir de roquette, inerte mais symbolique, vise
une caserne de CRS d’Ajaccio, tandis qu’une charge
explosive est retrouvée devant une gendarmerie
de Corse-du-Sud et que la plaque à la mémoire des
deux gendarmes tués à Aleria en 1975 est détruite.
Ces actions sont revendiquées par le FLNC-Union
des combattants. C’est dans ce climat tendu que, le
30, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy se rend
dans l’île de Beauté, pour la dixième fois depuis son
arrivée au ministère. Il plaide en faveur du développement économique, social et culturel de la Corse
grâce à « davantage d’autonomie, dans le cadre des institutions existantes ». Il ajoute que « tous les insulaires
doivent comprendre que le seul objectif des forces de
sécurité consiste à éradiquer le régime de la peur devant
la violence. Nous ne nous attaquons pas à des hommes
ou à des idées mais à des pratiques mafieuses. L’action
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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engagée ne s’arrêtera pas et la lutte sera gagnée sans
excès, mais sans faiblesse ».
France
Remaniement du cabinet de Matignon
Jean-Pierre Raffarin remanie son équipe à Matignon
en remplaçant notamment son directeur de cabinet
Pierre Steinmetz – jugé, en privé, comme « pas assez
politique » par nombre de ministres –, par Michel
Boyon, cinquante-sept ans, ancien président de
Radio France (1995-1998), au profil jugé plus politique. Pierre Steinmetz est nommé au Conseil d’État
en Conseil des ministres. Selon une source gouvernementale, en procédant à ce remaniement, le Premier ministre espère remettre Matignon « en ordre
de bataille » à l’approche des régionales, un scrutin
de mi-mandat traditionnellement difficile pour tout
gouvernement en place.
26
Irak
Vague d’attentats suicides à Bagdad
Le secrétaire adjoint américain à la Défense et numéro deux du Pentagone Paul Wolfowitz sort indemne
d’une attaque à la roquette contre l’hôtel Rachid
de Bagdad où il résidait. Le 27, une série d’attentats
suicides sans précédent dans divers quartiers de la
capitale irakienne vise le siège du Comité international de la Croix-Rouge et trois postes de police,
faisant une quarantaine de morts, dont 34 Irakiens
(26 civils et huit policiers), un soldat américain et les
kamikazes, et plus de 200 blessés. C’est la journée
la plus sanglante à Bagdad depuis le 1er mai, date à
laquelle le président George W. Bush avait déclaré la
fin des principaux combats en Irak. Des responsables
américains de la défense pensent que des partisans
de l’ancien régime et du président déchu Saddam
Hussein sont derrière cette vague d’attentats. Le 30,
le nombre de militaires américains tués en Irak depuis l’annonce de la fin des hostilités dépasse celui
du conflit lui-même, avec la mort de deux soldats
dans une attaque au centre du pays. Celle-ci porte
à 116 le nombre de militaires américains tués dans
les combats depuis la fin des opérations ; pendant la
guerre, qui avait commencé le 20 mars, 114 militaires
ont été tués.
Espagne
Triomphe d’Aznar à Madrid
À cinq mois des élections législatives en Espagne,
le Parti populaire (PP, centre droit) du chef du gouvernement Jose Maria Aznar reprend le contrôle de
la région de Madrid. Il remporte en effet la majorité
absolue à la Communauté autonome de la région
capitale lors d’un scrutin régional, où il obtient 57 des
111 sièges de l’Assemblée régionale, contre 45 au
Parti socialiste ouvrier espagnol et 9 à la Gauche unie.
La tête de liste du PP, madame Esperanza Aguirre Gil
de Biedma, âgée de cinquante et un ans, deviendra la
première femme à diriger la région de Madrid, après
avoir été ministre de la Culture et de l’Éducation puis
présidente du Sénat.
France
Un quai François-Mitterrand
Un quai longeant le Louvre, à Paris, porte désormais
le nom de François Mitterrand. « Quai François Mitterrand 1916-1996, président de la République française
1981-1995 » : tel est le texte de la plaque dévoilée
par le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS), avec la
veuve de l’ancien chef de l’État, Danielle Mitterrand,
ses fils Jean-Christophe et Gilbert, et sa fille Mazarine
Pingeot. Initiateur de cet hommage critiqué à droite,
mais aussi par certains Verts, le maire de Paris avait
voulu une cérémonie « chaleureuse », centrée sur la
figure du leader socialiste, de l’homme de culture, du
réformateur dont il a salué « l’idéalisme pragmatique ».
Colombie
Un maire de gauche à Bogotá
À l’issue d’une campagne électorale pour les municipales marquée par la violence et l’intimidation, Luis
Eduardo Garzon, âgé de cinquante-deux ans, ancien
syndicaliste communiste, est le premier homme de
gauche à être élu maire de Bogotá, avec 47 % des
voix contre 40 % à son adversaire de centre droit Juan
Lozano, un ancien journaliste soutenu par le gouvernement. Il s’engage à oeuvrer pour les pauvres de la
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
117
capitale colombienne, qui représentent environ la
moitié des sept millions de ses habitants.
29
Grande-Bretagne
Le chef des tories déposé par ses pairs
Le chef des conservateurs Iain Duncan Smith, qui n’a
jamais réussi à déstabiliser le Premier ministre Tony
Blair, démissionne, plongeant son parti dans une
nouvelle crise qui pourrait durer plusieurs mois, le
temps de trouver un successeur. La démission de Iain
Duncan Smith était inéluctable après le vote d’une
motion de défiance par la majorité des 165 députés conservateurs – 90 ont voté contre lui, 75 l’ont
soutenu.
Maroc
Retraite politique pour Youssoufi
L’ancien Premier ministre marocain Abderrahmane
Youssoufi présente sa démission du poste de Premier
secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires
(USFP), sans expliquer les motifs de sa démission. Ancien opposant au régime de Hassan II, Youssoufi, âgé
de soixante-dix-neuf ans, a été Premier ministre de
mars 1998 à novembre 2002 dans le gouvernement
dit « d’alternance démocratique ».
31
France
Alliance LCR-LO
Les deux organisations d’extrême gauche, la Ligue
communiste révolutionnaire (LCR) et Lutte ouvrière
(LO), annoncent qu’elles feront listes communes
lors des prochaines élections régionales et européennes. En Île-de-France, c’est Arlette Laguiller
(LO) qui devrait conduire la liste aux élections régionales, et Olivier Besancenot (LCR), celle des élections
européennes.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
118
Novembre
3
France
Bayrou en solo pour les régionales
Se présentant comme un « défenseur du pluralisme », François Bayrou juge « logique » pour l’UDF
de présenter des listes autonomes aux élections
régionales de mars, car, selon lui, « les Français ne
retrouvent pas dans leur gouvernement les promesses
de 2002 ». Il souligne que le scrutin de mars prochain
sera « la seule occasion où le suffrage universel pourra
envoyer un message à nos dirigeants avant 2007 ».
Le 5, l’UDF désigne 20 « chefs de file » en vue des
élections régionales des 21 et 28 mars prochains.
François Bayrou sera lui-même tête de liste en Aquitaine, où il pourrait faire face à l’UMP Xavier Darcos,
ministre délégué à l’Enseignement scolaire. L’UDF,
qui n’exclut pas de parvenir à des accords avec
l’UMP dans des régions où le Front national pourrait arriver en tête lors du premier tour de scrutin,
se réunira en conseil national le 13 décembre à Issyles-Moulineaux pour arrêter sa stratégie. Répondant
aux critiques, venant notamment de l’UMP, selon
lesquelles ces candidatures centristes risquent de
diviser la majorité, le président de l’UDF a indiqué
que les élections régionales doivent être celles du
pluralisme au premier tour.
4
Russie
Un Américain nouveau patron
de Ioukos
L’Américain d’origine russe Simon Koukes prend la
tête du groupe pétrolier russe Ioukos, dont il était
jusqu’alors président du conseil d’administration. Il
succède à Mikhaïl Khodorkovski, incarcéré depuis
son arrestation le 25 octobre en Sibérie pour fraude
et évasion fiscale, et démissionnaire de ses fonctions.
Le nouveau patron de Ioukos déclare qu’il ne prévoit
« pas de changer le fonctionnement de l’entreprise étant
donné qu’elle fonctionne normalement ». Les observateurs s’interrogent toutefois sur les conséquences
qu’aura cette affaire sur la fusion prévue entre Ioukos
et son concurrent Sibneft, qui doit donner naissance
au quatrième groupe pétrolier mondial. En outre, le
grand projet d’alliance avec un géant américain du
pétrole tel qu’Exxon Mobil ou ChevronTexaco semble
compromis.
France
IRA : arrestation de sympathisants
bretons
La police interpelle cinq personnes, soupçonnées
de liens avec l’IRA-Véritable (groupuscule républicain dissident de l’Armée républicaine irlandaise),
dans les Côtes-d’Armor et en Seine-Maritime. Parmi
ces cinq personnes figure un conseiller municipal
divers droite de Guingamp, également membre
d’un comité de jumelage entre Guingamp et
Shannon (Irlande). Parallèlement, en Irlande, deux
hommes sont arrêtés par les policiers irlandais dans
une opération menée avec la police française contre
l’IRA-Véritable. Lors de l’opération menée en France,
les policiers de la Direction de la surveillance du
territoire (DST) ont découvert une cache d’armes.
Le 8, trois des Français interpellés, originaires des
Côtes-d’Armor, sont mis en examen par le juge antiterroriste parisien Gilbert Thiel pour « association de
malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste »
– ils sont néanmoins libérés sous contrôle judiciaire.
L’IRA-Véritable a été fondée en 1997 par des dissidents radicaux qui s’opposaient au cessez-le-feu
décrété par l’IRA cette année-là et qui fut suivi peu
après de l’accord de paix dit du Vendredi Saint (avril
1998). Le groupuscule a revendiqué l’attentat du
15 août 1998 à Omagh, en Irlande du Nord, qui a fait
29 morts et 200 blessés, le plus meurtrier en trente
ans de violences.
5
France
Suppression
du lundi de Pentecôte férié
Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin annonce la
suppression d’un jour férié, le lundi de Pentecôte, qui
sera travaillé à compter de 2005. Cette mesure a pour
objet de financer un programme d’action pour les
personnes âgées et handicapées dépendantes sur
quatre ans (2004-2007). Au total, la contribution des
entreprises privées et des employeurs publics lors
de ce lundi travaillé, à laquelle s’ajoutera une participation des revenus du patrimoine, devrait rapporter 1,9 milliard d’euros par an, alors que les besoins
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
119
annuels des personnes dépendantes sont estimés à
2,1 milliards d’euros. Le Premier ministre a assuré que
la différence serait prise en charge par le budget de
la Sécurité sociale.
6
France
Éclatement de la
CFDT-Cheminots
Au terme d’un vote en assemblée générale extraordinaire, l’Union fédérale des cheminots CFDT
(11 000 adhérents) annonce son départ de la confédération de François Chérèque. Cette décision est
une conséquence de divergences dans le dossier des
retraites qui avait vu le secrétaire général soutenir la
réforme gouvernementale. 50,16 % des délégués ont
voté le départ de la confédération contre 49,84 %.
L’Union fédérale des cheminots CFDT perd ainsi son
sigle CFDT pour devenir une Fédération des cheminots et activités complémentaires, une structure
provisoire car la plupart des membres de la direction
ne cachent pas leur intention de rejoindre la CGT. Les
militants opposés à l’éclatement de l’Union fédérale
se regroupent dans un Collectif national cheminots
CFDT chargé de préparer la représentation de la
CFDT aux élections professionnelles de mars 2004 à
la SNCF.
7
États-Unis
Fort rebond de
l’économie américaine
Après une hausse de 7 % au deuxième trimestre et
l’annonce d’une croissance de 7,2 % en rythme annuel au troisième trimestre, la productivité du travail
dans le secteur privé non agricole a bondi de 8,1 % sur
la période, toujours en rythme annuel, selon les données publiées par le département du Travail. Cette
progression est la plus importante jamais enregistrée depuis le premier trimestre 2002. En outre, avec
126 000 postes de travail créés en octobre, l’économie américaine a créé des emplois pour le troisième
mois consécutif. Au total près de 286 000 postes on
été créés depuis juillet. L’ensemble de ces chiffres est
de nature à conforter le moral des ménages et donc
la consommation, le principal moteur de l’activité
américaine.
9
Japon
Koizumi vainqueur des élections
Le Parti libéral démocrate (PLD) perd sa majorité à la
chambre basse de la Diète lors des élections législatives. Le PLD, qui domine la vie politique japonaise
depuis 1955, conservera néanmoins le pouvoir
puisque sa coalition tripartite demeure majoritaire
à la Chambre des représentants, avec 275 sièges sur
480 (245 sièges au lieu de 247 pour le PLD). Le Parti
démocrate, principale formation de l’opposition, réalise la plus forte progression et dispose désormais
de 186 députés. Ce résultat permet au Premier ministre Junichiro Koizumi, arrivé aux affaires en 2001,
de demeurer à la tête du gouvernement. Le 19, la
Chambre basse du Parlement japonais réélit ce dernier au poste de Premier ministre. M. Koizumi s’engage à faire avancer son programme de réformes qui
comprend des privatisations, des mesures destinées
à assurer l’avenir du système de retraites et l’assainissement du secteur bancaire.
Arabie
Attentat à Riyad
Un attentat perpétré dans un complexe résidentiel,
situé à l’ouest de Riyad près des principaux palais
royaux et occupé par quelques familles françaises,
italiennes, allemandes et saoudiennes, fait 17 morts
et 127 blessés. Les forces de sécurité imputent l’attentat, qui n’a pas été revendiqué, au réseau al-Qaida
d’Oussama ben Laden. L’ambassade et les consulats
américains présents dans le pays avaient fermé leurs
portes deux jours plus tôt à la suite d’informations
en provenance des services de renseignements
étrangers d’une « menace terroriste ». Trente-cinq personnes ont été tuées le 12 mai dans un triple attentat
suicide à Ryad.
11
OMC
Acier : condamnation des États-Unis
Saisie d’une plainte de l’Union européenne, du Japon
et de six autres puissances commerciales, l’Organisation mondiale du commerce réaffirme son opposidownloadModeText.vue.download 122 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
120
tion aux mesures de surtaxation des importations
d’acier aux États-Unis, prises il y a plusieurs mois par
l’administration Bush pour protéger son industrie
sidérurgique. L’OMC demande à Washington de se
conformer à ses obligations internationales. Si d’aventure les États-Unis refusaient de se plier à l’injonction
de l’OMC, les plaignants pourraient à leur tour mettre
en place des systèmes de rétorsion. Les autorités
américaines considèrent que les mesures de surtaxes
tarifaires de 8 % à 30 % appliquées pour trois ans sur
certaines importations d’acier constituent des règles
de sauvegarde compatibles avec la législation de
l’OMC. Toutefois, elles ne peuvent ignorer que leur
attitude mécontente nombre de représentants de
l’industrie américaine qui, selon une étude, ont plus
pâti que profité de ce protectionnisme.
12
France
Verdicts au procès Elf
Le tribunal correctionnel de Paris condamne le P-DG
d’Elf de 1989 à 1993, Loïk Le Floch-Prigent, à cinq ans
de prison et à une amende de 375 000 euros pour
« abus de biens sociaux ». Vingt-neuf des trente-sept
prévenus sont également condamnés, dont 13 à
des peines de prison ferme : les plus lourdement
sanctionnés sont Alfred Sirven, ancien directeur des
affaires générales d’Elf, qui écope de cinq ans de prison, et André Tarallo, ex-directeur Afrique du groupe,
condamné à quatre ans ; l’ex-femme de Loïk Le FlochPrigent, Fatima Belaïd, est condamnée à trois ans de
prison, dont deux avec sursis, et un million d’euros
d’amende, et Maurice Bidermann, ami personnel de
Loïk Le Floch-Prigent, à trois ans de prison, dont deux
avec sursis, et un million d’euros d’amende.
Mondialisation
Ouverture du Forum social européen
Le deuxième Forum social européen (FSE) – émanation du Forum social mondial (FSM) de Porto
Alegre – s’ouvre dans quatre villes d’Île-de France,
dont Saint-Denis. Le forum est « un espace ouvert de
rencontres et d’échanges pour l’approfondissement de
la réflexion entre une pluralité de mouvements sociaux
et de citoyens », réunis autour d’une conviction qui
les dresse face au « processus de mondialisation
capitaliste », celle qu’une « autre Europe et un autre
monde sont possibles ». Le FSE se clôt le 15 par une
manifestation altermondialiste à Paris revendiquant
« une Europe des droits dans un monde sans guerre »,
qui rassemble entre 40 000 et 100 000 personnes.
Les membres du comité d’organisation, Pierre Khalfa,
d’Attac, et Annick Coupé, du Groupe des Dix, notamment, se félicitent du « succès du FSE », deuxième rendez-vous de la société civile européenne, qui a draîné
plus de 50 000 participants venus d’une soixantaine
de pays, pendant trois jours, dans des centaines de
débats, ateliers et séminaires.
France
J.-L. Debré favorable à une loi sur la
laïcité
Le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis
Debré (UMP), s’exprimant au nom de la mission d’information parlementaire qu’il dirige, évoque la perspective de l’interdiction par « une disposition législative » (projet ou proposition de loi, amendement) de
tout signe d’appartenance religieuse et politique au
sein de l’école publique. Créée en juin dernier, cette
mission d’information parlementaire, qui réunit en
son sein toutes les tendances politiques représentées
sur l’échiquier national, était chargée de rendre ses
conclusions d’ici à la fin de l’année, notamment sur
la question du port de signes religieux à l’école. Un
mois après la relance de la controverse autour du cas
de deux élèves d’un collège d’Aubervilliers (SeineSaint-Denis) exclues pour avoir refusé d’ôter leur voile
à l’école, il déclare avoir « pris conscience de la nécessité
de réaffirmer avec solennité et avec force le principe de
la laïcité de l’État et de l’école publique ». Toutefois, l’idée
de légiférer est loin de faire l’objet d’un consensus. Le
président Jacques Chirac devrait trancher la question
au vu des conclusions, attendues le mois prochain,
de la commission présidée par Bernard Stasi sur la
laïcité dont il avait demandé la création.
Irak
Attentat à Nassiriyah : 18 Italiens tués
Un attentat suicide au camion piégé vise la base italienne de Nassiriyah, une ville chiite du sud de l’Irak,
occupée notamment par des carabiniers. Le bilan
est de 32 morts dont 18 Italiens et des civils irakiens.
Le ministre italien de la Défense Antonio Martino,
arrivé sur le site de l’attentat, accuse les loyalistes de
Saddam Hussein et les terroristes d’al-Qaida. Il s’agit
de l’attentat le plus meurtrier qui ait visé jusqu’ici
d’autres membres de la coalition que les Américains,
et des pertes les plus lourdes enregistrées en un seul
incident par l’Italie depuis la Seconde Guerre mondiale. 2 400 soldats italiens sont déployés dans le
pays après que Washington eut proclamé la fin de la
première phase des combats en mai. Ils avaient été
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
121
relativement épargnés jusque-là par les attaques dirigées jour après jour contre les troupes américaines.
Allié résolu du président américain G. W. Bush, S. Berlusconi déclare que Rome maintiendra ses troupes
en Irak malgré ce lourd bilan. Le 18, des dizaines de
milliers d’Italiens assistent aux funérailles d’État des
19 victimes italiennes de l’attentat. La cérémonie se
déroule dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en
présence du président de la République Carlo Azeglio Ciampi.
15
Turquie
Double attentat à Istanbul
Deux attentats à la voiture piégée visant la synagogue de Neve Shalom, le plus important centre spirituel pour les 25 000 membres de la communauté
juive en Turquie, ainsi qu’une autre synagogue fait
25 morts et près de 300 blessés à Istanbul, en plein
shabbat, jour de repos hebdomadaire et de prière
pour les juifs. Les attentats auraient été revendiqués par un mouvement intégriste turc, le Front
islamique des combattants du Grand Orient, connu
sous le nom d’IBDA-C, auquel est imputé un attentat à la bombe qui a fait 10 blessés le 31 décembre
2000 dans le centre d’Istanbul. Toutefois, la police
turque juge cette organisation extrémiste incapable
de réaliser une telle attaque. Premier pays à majorité musulmane à reconnaître Israël en 1948, la Turquie entretient des relations militaires et politiques
avec l’État hébreu. C’est aussi le seul pays à majorité
musulmane dans l’OTAN et un allié des États-Unis au
Moyen-Orient, ce qui lui vaut des inimitiés dans le
monde arabe.
Le terrorisme déclare la guerre
à la Turquie
Alors qu’Ankara venait de renoncer à
envoyer un contingent en Irak, une vague
d’attentats suicides prenaient pour cible
tour à tour deux synagogues et des intérêts
britanniques les 15 et 20 novembre à
Istanbul.
Dans la matinée du 15 novembre, les quartiers
commerçants de Galata et de Sisli à Istanbul
sont secoués presque simultanément par deux
énormes explosions : devant les deux synagogues dévastées de Beth Israël et de Neve Shalom,
d’immenses cratères laissés par les camionnettes
piégées utilisées par les kamikazes, attestent la
violence des attentats. Les 400 kg d’explosifs
dont étaient truffés les véhicules devaient tuer
le plus de monde possible, en ce jour de shabbat
qui réunissait de nombreux fidèles juifs dans ce
quartier d’Istanbul où la communauté israélite,
qui compte quelque 27 000 personnes, cohabite
depuis cinq siècles avec les musulmans.
L’État turc visé
Les terroristes auront donc atteint leur objectif,
le double attentat ayant fait 25 morts et plus de
300 blessés, majoritairement des musulmans.
Pourtant, si la synagogue de Neve Shalom avait
déjà été la cible d’un attentat tout aussi meurtrier en 1986, la communauté juive, traditionnellement discrète dans un pays à 98 % musulman, refusera de céder à la psychose d’un regain
d’antisémitisme. Elle a sans doute payé le prix
de la coopération accrue entre Ankara et Israël,
mais à travers elle, c’est l’État turc et sa politique
dans la région qui étaient visés. Une hypothèse
confirmée le 20 novembre par une nouvelle
vague d’attentats, frappant encore le quartier
européen d’Istanbul. Ici, les poseurs de bombes
prennent pour cible les intérêts britanniques,
à travers le consulat de Grande-Bretagne et le
siège de la banque HSBC. Le bilan est tout aussi
lourd, et le consul britannique figure parmi la
trentaine de morts.
Principale alliée militaire des États-Unis dans la
guerre en Irak, la Grande-Bretagne est en effet
frappée au moment même où G.W. Bush effectue une visite en grande pompe à Londres. La
Turquie a donc été rattrapée par une guerre
contre le terrorisme à laquelle elle avait évité de
contribuer trop ouvertement. Le 21 mars, au lendemain même de l’offensive américano-britannique en Irak, le Parlement d’Ankara avait refusé
le passage par le territoire turc des forces américaines, les privant ainsi d’une précieuse ligne de
front qui leur aurait permis de prendre en étau
Bagdad depuis les régions kurdes autonomes du
nord de l’Irak, acquises aux États-Unis. Les Américains avaient alors dû se contenter de l’autorisation de survol de la Turquie accordée à leurs
bombardiers par le Premier ministre turc Racep
Tayyip Erdogan, assortie peu après de l’ouverture d’un couloir permettant l’acheminement
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
122
d’une aide logistique aux soldats américains en
Irak. La question de l’aide militaire turque s’est à
nouveau posée après la guerre proprement dite.
Le 7 octobre, le Parlement turc donnait son feu
vert à l’envoi d’un contingent, mais face au refus
des différentes parties irakiennes, depuis les
Kurdes jusqu’aux membres du gouvernement
intérimaire pourtant alignés sur les États-Unis,
Ankara devait faire machine arrière.
Dans la ligne de mire des islamistes
Cette volte-face n’aura donc pas suffi à épargner
à la Turquie les contrecoups de la guerre contre
le terrorisme menée par son allié américain en
Irak. La Turquie redoutait qu’une guerre longue
en Irak la déstabilise, après les douze années
d’embargo qui avaient frappé son principal partenaire commercial. Le 1er mai, G.W. Bush avait
déclaré la guerre officiellement finie, mais depuis, la recrudescence des opérations de la guérilla anti-américaine a replongé l’Irak dans un climat d’insécurité et de guerre. Dans ce contexte,
Ankara tarde à recueillir les dividendes du transit
d’un pétrole irakien dont les oléoducs conduisant en Turquie sont régulièrement victimes
d’actes de sabotage. Tributaire de l’évolution
de la situation en Irak, la Turquie est ainsi dans
la ligne de mire des islamistes, qui entendent
lui faire payer l’ensemble de sa politique au
Proche-Orient. L’arrivée au pouvoir à Ankara des
islamistes dits modérés de l’AKP à la faveur des
élections législatives de novembre 2002 n’a pas
protégé le pays contre les foudres des islamistes
radicaux ; bien au contraire, ces derniers ont à
coeur de faire échouer une expérience de gouvernement qui se réclame de l’islamisme tout en
pactisant avec l’OTAN et avec l’UE. Et si la surenchère de violence n’est pas de nature à renforcer
ses assises dans la société turque, c’est manifestement en Turquie que la nébuleuse internationale du terrorisme islamiste a recruté les exécutants de ces attentats. Accréditant en partie la
toute première revendication des attentats du
15 novembre par un obscur Front islamique des
combattants du Grand Orient (IBDA-C), les premiers éléments d’enquête soulevaient la question des liens d’al-Qaida avec les organisations
locales. La police a remonté leur piste jusque
dans les milieux islamistes de la ville de Bingol,
dans le Sud-Est anatolien, frappée en mai par un
tremblement de terre dévastateur. Mais cette
fois, c’est un séisme d’une tout autre nature qui
a frappé Istanbul.
ULYSSE GARO
LA TURQUIE RESSERRE SES LIENS
AVEC ISRAËL
Unis dans le deuil, juifs et musulmans
ont défilé ensemble à Istanbul après les
attentats contre les synagogues, et pour
la première fois, un Premier ministre turc,
qui plus est islamiste, a rendu visite au
rabbinat d’Istanbul. M. Erdogan, islamiste
certes modéré, illustrait par ce geste la
spécificité de la Turquie dans la région,
où elle passe pour être l’alliée d’Israël, ce
qui suscite les inquiétudes et les critiques
de ses voisins musulmans. Les liens avec
l’État hébreu n’ont pas été remis en cause,
et se sont même resserrés alors que se dégradaient les relations traditionnellement
mauvaises avec la Syrie et l’Iran. Après
avoir accueilli en juillet le président Moshe
Katzav et le chef de la diplomatie Sylvan
Shalom, la Turquie procédait en août à
des manoeuvres aéronavales avec Israël
et les États-Unis. Possédant la 2e armée de
l’OTAN en nombre, Ankara s’est engagé
dans un partenariat militaro-stratégique
avec Israël, qui s’est traduit par d’importants contrats d’armement. Entre 1993
et 2002, les échanges commerciaux non
militaires entre les 2 pays sont passés de
90 millions à 1,3 milliard de dollars.
20
Turquie
Nouveaux attentats à Istanbul
Vingt-huit personnes sont tuées et plus de 400 blessées dans deux attentats suicide à la voiture piégée
contre le consulat général britannique et le siège de
la banque HSBC (Hongkong and Shanghai Banking
Corporation, deuxième groupe bancaire mondial
implanté dans 79 pays) à Istanbul. Ces nouvelles
explosions sont revendiquées au nom d’al-Qaida et
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
123
du Front islamique des combattants du Grand Orient
(IBDA-C).
Grande-Bretagne
Grande manifestation contre George
W. Bush
Alors que le président George W. Bush est en visite en
Grande-Bretagne depuis la veille, la première depuis
celle de Woodrow Wilson en 1918, entre 100 000 et
200 000 personnes manifestent à Londres pour dénoncer « la politique impérialiste » du président américain et protester contre l’occupation de l’Irak.
Géorgie
Résultat contesté des législatives
La Commission électorale annonce les résultats des
élections législatives du 2 novembre, donnant la victoire au parti au pouvoir, Pour une nouvelle Géorgie,
qui obtient 21,32 % des voix et 38 sièges au Parlement, suivi du Parti du renouveau d’Adjarie Aslan
Abachidzé, avec 18,84 % des voix, et 33 sièges et du
Mouvement national de Mikhaïl Saakachvili, 18,08 %
des voix et 32 sièges qui « dénonce un coup du pouvoir » et « des résultats concoctés dans le bureau de Chevardnadze ». L’opposition a d’ores et déjà contesté ces
résultats proclamés trois semaines après un scrutin
entaché de nombreuses irrégularités.
21
France
Vote du RMA
Les députés adoptent en première lecture l’article 35
du projet de loi Fillon créant le revenu minimum
d’activité, contrat d’insertion destiné à encourager les Rmistes à reprendre une activité. À compter
du 1er janvier 2004, les personnes qui perçoivent le
revenu minimum d’insertion depuis au moins un
an pourront signer un contrat d’insertion RMA de
20 heures par semaine, renouvelable deux fois, pour
une durée maximale de dix-huit mois. L’embauche
sera conditionnée à la signature d’une convention
entre le département et l’employeur. En contrepartie,
les bénéficiaires toucheront une allocation forfaitaire
du RMI et un complément à la charge de l’employeur,
soit 545 euros net. Les cotisations sociales ne seront
prélevées que sur le complément. François Fillon
espère la signature d’au moins 100 000 contrats RMA
l’an prochain.
22
France
Autonomie des universités : nouveau
recul de Luc Ferry
Le ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry renonce à présenter un projet de loi sur l’autonomie
des universités dans les mois à venir, sous la pression
des étudiants opposés au projet considéré comme
un début de privatisation de l’Université. Il précise
que « le dialogue » se « poursuivra » sur « les mesures
nécessaires à mettre en oeuvre pour que notre service
public puisse relever les défis de la concurrence internationale ». Ce nouvel ajournement, après celui intervenu en mai au moment où le mouvement social
enseignant contre la décentralisation et les retraites
menaçait de s’étendre aux universités, ne porte pas
sur l’harmonisation européenne des diplômes, soumis à la contestation étudiante, dénommé LMD
(licence, master, doctorat), déjà lancé par une vingtaine d’universités en France. Cette réforme LMD
doit permettre de valider dans n’importe quel pays
de l’Union européenne les diplômes sanctionnant
les études supérieures avec trois niveaux principaux :
la Licence (bac plus trois années d’études), le Master
(à bac plus 5) et le Doctorat (bac plus 8), d’où son
appellation de réforme LMD. Tout étudiant pourrait
ainsi faire reconnaître son cursus à ces trois étapes,
qu’il ait effectué ses études en France, en Italie, en
Espagne, en Grande-Bretagne ou en Allemagne. Les
syndicats étudiants qui contestent cette réforme ne
s’attaquent pas à son principe et y sont d’ailleurs favorables. Ils en critiquent les modalités d’application
et craignent une remise en cause pure et simple de la
valeur des diplômes nationaux actuels, sous couvert
d’harmonisation européenne.
Rugby
Victoire de l’Angleterre dans
la Coupe du monde
Auteurs du Grand Chelem dans le tournoi des Six-Nations, les Anglais ont abordé cette Coupe du monde
avec confiance. Une posture qu’ont pu vérifier les
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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Australiens, les tenants du titre, qui ont dû s’incliner
à l’issue d’une finale âprement disputée.
24
Russie
Incendie meurtrier à Moscou
Trente-deux personnes au total périssent dans
l’incendie d’une résidence universitaire à Moscou
accueillant des étudiants étrangers.
Géorgie
Démission du président Chevardnadze
Le président Édouard Chevardnadze, soixantequinze ans, est contraint à la démission au terme
d’une crise aiguë lancée par les élections législatives
du 2 novembre. Il cède à la pression des milliers de
militants et de sympathisants de l’opposition, qui
s’étaient emparés la veille sans rencontrer de résistance policière du centre de Tbilissi, du Parlement
et du siège de la présidence. Édouard Chevardnadze
avait dirigé la république soviétique de Géorgie dès
les années 1970 en qualité de Premier secrétaire du
Parti et était revenu au pouvoir en 1992 après l’indépendance et après avoir été le ministre des Affaires
étrangères de l’URSS pendant la perestroïka. Le leader de l’opposition Mikhaïl Saakachvili a salué l’attitude « courageuse » de M. Chevardnadze qui a permis
de ne pas « faire couler le sang ».
France-Grande-Bretagne
Le président Jacques Chirac et le Premier ministre britannique Tony Blair se retrouvent à Londres pour le
26e sommet franco-britannique annuel, sous le signe
de « l’Entente cordiale », dans un contexte marqué
par les attentats contre des intérêts britanniques à
Istanbul et la visite en Grande-Bretagne du président
américain George W. Bush. Ils s’efforcent de gommer leur différend sur l’Irak en lançant une nouvelle
initiative en faveur de la défense européenne – en
proposant la création d’une force de réaction rapide
au service des Nations unies –, mais l’atlantisme indéfectible du Premier ministre britannique empêche
pour l’heure tout accord sur une structure de commandement indépendante de l’OTAN.
Coup de théâtre en Géorgie
Les élections législatives du 2 novembre,
entachées d’irrégularités, ont connu un
dénouement inattendu le 23 novembre, avec
la démission d’Édouard Chevardnadze, sous
la pression des manifestants.
Douze ans après l’indépendance, cette fin
de règne sans effusion de sang et dans la
liesse marque un nouveau départ pour la Géorgie, sans pour autant clarifier l’avenir d’un État
morcelé et au bord de la faillite, tiraillé entre sa
volonté de s’ancrer en Occident et les pressions
de la Russie. Un peu plus de deux semaines après
l’Azerbaïdjan, où le scrutin présidentiel controversé remporté par Ilham Aliev, le fils du président sortant, avait été suivi de manifestations
violemment réprimées, la Géorgie a connu un
scénario similaire.
Une corruption endémique
En Géorgie, comme en Azerbaïdjan, le scrutin
avait donné lieu à des fraudes massives qui ont
incité la population à en contester le résultat. Là
s’arrête la comparaison : Édouard Chevardnadze
et Gaïdar Aliev, représenté désormais par son fils
Ilham, s’ils ont le même profil d’ancien apparatchik soviétique ayant succombé aux sirènes de
l’Occident une fois promus à la présidence de
leurs républiques devenues indépendantes, s’ils
ont la même conception autoritaire d’un pouvoir gangrené par la corruption, n’ont manifestement pas la même autorité sur leurs peuples.
Ainsi, cédant à la pression de la rue après avoir
tenté de s’accrocher à un pouvoir qu’il exerçait
depuis trente ans, le président géorgien démissionne le 23 novembre. Il dira qu’il n’avait pas
voulu prendre le risque de voir Tbilissi précipité
à nouveau dans la guerre civile qui l’avait ensanglanté entre 1990 et 1994. Mais avait-il le choix ?
Contrairement à ce qui s’est passé en Azerbaïdjan, les fraudes qui ont entaché le scrutin géorgien n’ont pas suffi à accorder la victoire au parti
présidentiel, Pour une Géorgie nouvelle. Crédité
de 21,9 % des voix, il pouvait tout juste prétendre
au titre de première formation du Parlement.
Alors qu’à l’appel de l’opposition, rassemblée
derrière Mikhaïl Saakachvili, leader du Mouvement national, (19,6 % des voix), la présidente du
Parlement sortant Nino Bourjanadze et son prédécesseur Zourab Jvania, du bloc BourjanadzedownloadModeText.vue.download 127 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
125
Démocrates (8 %) et le Parti travailliste (13 %),
des manifestants exigeaient devant le Parlement
de Tbilissi la démission de Chevardnadze, celui-ci
se rendait le 11 novembre en Adjarie pour obtenir le soutien d’Aslan Abachidze, chef incontesté
de cette région autonome frondeuse. Avec 95 %
des voix en Adjarie, le parti d’Abachidze, l’Union
pour le renouveau, talonnait le parti présidentiel
au niveau national avec 20,2 % des voix. C’est
dire qu’Abachidze était un allié précieux autant
que dangereux pour Chevardnadze, qui a eu
la consolation d’être accueilli en héros par des
Adjars, lesquels auraient bien voulu le voir venir
en libérateur. Mais ce soutien conjoncturel n’a
fait qu’accroître l’impopularité de M. Chevardnadze, dont ces élections ont réduit le pouvoir
comme peau de chagrin. Gangrené par la corruption et autoritaire malgré quelques espaces
de liberté, dans les médias notamment, comme
l’a montré la campagne électorale, son pouvoir
se limitait à Tbilissi, le reste du pays échappant
depuis longtemps à son contrôle.
Lâché par les États-Unis
Dilapidant de solides atouts, la Géorgie postcommuniste a renoué, sous son règne, avec
ces traditions féodales qui lui ont causé tant
de torts durant son histoire, sous les formes
modernes du clanisme et du clientélisme. Porteur d’immenses espérances, Chevardnadze a
été rattrapé par ces travers nationaux et n’a pu
mettre au service de son pays son expérience
de ministre des Affaires étrangères réformateur
de l’URSS. Il doit la survie de son pays, morcelé
par les séparatismes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, et au bord de l’asphyxie, à la seule
aide des États-Unis, mais sa conversion affichée
aux principes occidentaux n’a pas vraiment
convaincu. Son charisme l’a abandonné et il a
eu beau proclamer sa volonté d’intégrer le camp
occidental en se portant candidat à l’OTAN, pour
nombre de Géorgiens, son passé d’apparatchik
du KGB a finalement pris le dessus. Peu à peu
lâché par ses alliés américains lassés de financer un régime corrompu, le président géorgien
tentera une dernière manoeuvre pour sauver son
pouvoir jusqu’aux présidentielles de 2005, date
à laquelle doit aussi théoriquement être mis
en activité l’oléoduc reliant Bakou au terminal
méditerranéen turc de Ceyhan, censé soulager
de ses difficultés économiques la Géorgie sur
le sol de laquelle il transite. Mais il n’avait plus
les moyens d’attendre les retombées de ce projet aussi ambitieux qu’aléatoire, inspiré par les
Américains, soucieux de soustraire les richesses
pétrolières du bassin de la mer Caspienne au
contrôle des Russes. Pensant être toujours en
mesure de contrôler le périlleux exercice d’équilibriste entre les États-Unis, auxquels il a témoigné sa loyauté par une contribution militaire
symbolique durant la guerre d’Irak, et la Russie
à laquelle il doit donner des gages de bon voisinage, il s’était tourné vers celle-ci, qui mettait la
main en juillet sur le système énergétique sinistré de Géorgie en s’engageant à mettre fin aux
pénuries d’électricité. Cette ultime ruse ne permettra pas au « renard du Caucase » de sauver
son pouvoir et épuisera son capital de sympathie aux États-Unis. Les Américains se sentiront
encouragés à miser sur la nouvelle génération
incarnée par Saakachvili, libéral convaincu qui
a fait ses classes aux États-Unis, tandis que les
Russes pousseront Chevardnadze vers la porte
de sortie, prenant ainsi une option, sans trop y
croire, sur la Géorgie de demain. Après s’être illustré aux yeux du monde comme le tombeur du
mur de Berlin, Chevardnadze quitte donc l’histoire de la Géorgie par la petite porte. C’est peutêtre là son dernier titre de gloire : beaucoup
veulent croire que son départ, sans effusion de
sang, est la meilleure preuve de la démocratisation qu’il se flatte d’avoir engagée en Géorgie.
GEORGES CHEVRON
LES PRESSIONS DE LA RUSSIE
Chevardnadze avait désigné l’adhésion à
l’OTAN comme un objectif prioritaire, qu’il
espérait accessible en 2005. Un objectif irréaliste dans ces délais, et qui avait aggravé l’état des relations avec la Russie, déjà
tendues en raison des menaces de sécession de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud,
que Moscou est accusé de soutenir, et de la
guerre de Tchétchénie, que la Géorgie est
accusée d’encourager. La « guerre contre
le terrorisme » a changé la donne, en permettant aux soldats américains de prendre
pied en Géorgie pour aider l’armée à y traquer les islamistes. Mais la Russie est toujours présente en Géorgie, et elle a pris le
contrôle du système énergétique géorgien
qu’elle avait contribué à asphyxier. C’est
le ministre russe des Affaires étrangères,
Igor Ivanov, qui servira de médiateur pour
aider Chevardnadze à céder le pouvoir à
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
126
une nouvelle génération de dirigeants affichant très ouvertement leurs sympathies
américaines tout en cherchant à ménager
la susceptibilité de la Russie.
28
France
Amendement sur l’IVG
Les députés adoptent, en seconde lecture, le projet
de loi sur la grande criminalité présenté par le garde
des Sceaux, Dominique Perben, avec un amendement qui crée un nouveau délit d’« interruption
involontaire de grossesse par maladresse, imprudence,
inattention, négligence ». Cet amendement de JeanPaul Garraud (UMP), sous-amendé par le rapporteur,
Jean-Luc Warsmann, est voté à l’issue d’un débat animé, l’opposition le considérant comme une atteinte
au droit à l’interruption volontaire de grossesse. Le
Mouvement français pour le planning familial (MFPF)
estime que « cet amendement donnerait insidieusement au foetus le statut juridique de personne, un acte
juridique et politique qui pourrait, selon lui, demain,
remettre en question le droit à l’avortement ».
29
Irak
Dix victimes parmi les alliés des ÉtatsUnis
Dix personnes – sept agents de renseignement espagnols, deux diplomates japonais et un civil colombien venant de quatre pays différents –, tous associés
aux États-Unis, périssent dans des attaques distinctes.
Avant ces dernières disparitions, novembre avait déjà
été marqué par la mort au combat de 74 soldats
américains, sur un total de 301 depuis le 20 mars,
date du premier bombardement sur Bagdad. À ce
jour, quelque 12 pays ont perdu des ressortissants en
Irak, qu’il s’agisse de civils ou de militaires, de travailleurs humanitaires ou de journalistes.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
127
Décembre
1
France
Inondations
Des pluies diluviennes s’abattent sur 19 départements du Sud-Est et du Centre-Est, provoquant des
inondations de forte ampleur et entraînant la mort
de 5 personnes. Fortement touché, menacé par le
Rhône, réceptacle de toutes les rivières gonflées, le
département des Bouches-du-Rhône connaît une
situation suffisamment grave pour que le préfet
déclare avoir mis ses services « sur le pied de guerre »
devant les prévisions météorologiques défavorables.
Le 7 décembre, c’est au tour de la Loire d’être placée sous haute surveillance, avec un dépassement
des cotes d’alerte qui provoquent des inondations
dans plusieurs départements, de la Nièvre au Loiret.
Il s’agit des principales inondations enregistrées dans
le sud-est de la France depuis quinze ans.
Proche-Orient
Plan de paix
Un millier de personnalités participent à Genève
au lancement d’un nouveau plan de paix pour le
Proche-Orient. Ce « pacte de Genève » est l’oeuvre
de deux anciens négociateurs à Taba, l’Israélien Yossi
Beilin et le Palestinien Yasser Abed Rabbo. Cette nouvelle proposition, qui contraint les forces politiques
israéliennes à examiner d’autres voies de règlement
du conflit, est fortement critiquée par le Premier
ministre israélien Ariel Sharon. Le mouvement palestinien se trouve également divisé par cette initiative,
rejetée par le Hamas et le Jihad islamique.
Le pacte de Genève : un plan de
paix virtuel pour le Proche-Orient
Le document signé à Genève entre l’Israélien Yossi Beilin et le Palestinien Yasser
Abed Rabbo définit, pour la première fois,
le cadre détaillé d’une paix possible au
Proche-Orient. Mais il souffre d’un handicap
de taille : aucun des deux signataires n’est
le représentant légal de son peuple.
C’est un étrange document qui a été rendu
public, en présence de nombreuses personnalités internationales, le 1er décembre à Genève. Signé quelques semaines plus tôt sur les
rives de la mer Morte en Jordanie, le « pacte de
Genève » revêt tous les atours d’un plan de paix
définitif entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). L’accord se fonde sur
les « paramètres Clinton » qui avaient présidé
aux négociations entre le gouvernement israélien d’Ehoud Barak et l’Autorité palestinienne
lors des sommets de Camp David (États-Unis),
en juillet 2000, et de Taba (Égypte), en janvier
2001. En une cinquantaine de pages, il entend
donner une réponse acceptée par les deux parties aux trois questions les plus délicates du
conflit : les frontières entre Israël et un nouvel
État palestinien, le statut de Jérusalem et l’avenir
des réfugiés.
Jérusalem, capitale de deux États ?
Le texte prévoit la création d’un État palestinien sur la quasi-totalité de la Cisjordanie et de
la bande de Gaza, occupées par Israël depuis
la guerre des Six-Jours de 1967. L’État hébreu
garderait toutefois quelques gros blocs de colonies en Cisjordanie non loin de la « ligne verte »
(marquant le cessez-le-feu de 1949) et autour de
Jérusalem, cédant en échange un territoire israélien de superficie équivalente situé le long de la
bande de Gaza. Divisée en deux et protégée par
une « force multinationale », la ville de Jérusalem
deviendrait la capitale des deux États. À Israël la
partie ouest, ainsi que le quartier juif de la vieille
ville incluant le mur des Lamentations ; à l’État
palestinien la partie est, comprenant l’essentiel de la vieille ville et notamment le mont du
Temple/esplanade des Mosquées. Sans reconnaître explicitement le « droit au retour » des
réfugiés palestiniens, le pacte de Genève propose de leur venir en aide de façon pragmatique.
Grâce à la création d’un fonds de compensation,
les réfugiés pourraient soit s’installer dans le
nouvel État palestinien, soit continuer à habiter
dans leur pays de résidence actuel, soit immigrer
dans un État tiers demandeur, soit enfin, dans
quelques cas isolés et acceptés par Israël, se
réinstaller dans leur village d’origine désormais
situé en territoire israélien.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
128
Tout a commencé en octobre 2001, lorsqu’un
professeur suisse de philosophie, Alexis Keller,
invite à Genève les deux principaux négociateurs de Taba : l’Israélien Yossi Beilin, ancien
ministre de la Justice, et le Palestinien Yasser
Abed Rabbo, ancien ministre de l’Information.
Grâce aux facilités diplomatiques octroyées
par le gouvernement suisse et aux subsides
accordés par son père banquier, Keller arrive à
convaincre les deux hommes de reprendre les
discussions. Beilin et Abed Rabbo reçoivent
bientôt le soutien discret de l’ancien président
de la Knesset, Avraham Burg, de l’ex-leader travailliste israélien Amram Mitzna, du ministre
palestinien Qadoura Farès, du député palestinien Mohammed Ourani. Les pourparlers
durent deux ans.
Timide soutien des États-Unis
La publication de ce plan de paix virtuel intervient à un moment stratégique pour Israël. Au
pouvoir depuis février 2001, le Premier ministre
Ariel Sharon est de plus en plus critiqué. Plusieurs généraux de Tsahal ont fait connaître
leur réprobation de sa méthode forte employée
dans les territoires occupés, et l’ancien chef de
la Sécurité intérieure, Ami Ayalon, vient lui aussi
de publier une proposition de paix. Surtout,
ce sont les options à long terme d’Ariel Sharon
qui inquiètent. Comme l’a noté l’universitaire
américain Tony Judt dans un article publié en
octobre dans la New York Review of Books,
l’accroissement démographique palestinien rendra les Juifs minoritaires à l’horizon 2010 entre
la Méditerranée et le Jourdain. Le gouvernement
israélien doit donc choisir : soit il annexe les territoires occupés et Israël devient un État d’apartheid, dans lequel une minorité juive domine
la majorité palestinienne ; soit il s’en sépare, et
Israël peut rester un État à la fois majoritaire-
ment juif et démocratique. Mais il reste encore
une troisième option, poursuit Tony Judt : Israël
annexe les territoires qu’il souhaite en forçant
les Palestiniens à partir, par un « nettoyage ethnique » doux qui placerait durablement l’État
hébreu aux marges de la communauté internationale. Telle est la direction que semble avoir
prise Ariel Sharon, qui orchestre depuis 2002 la
construction d’un « mur de sécurité » en Cisjordanie, appelé à enfermer 80 % de la population
palestinienne dans trois enclaves formant 57 %
de ce territoire. Parallèlement, Ariel Sharon s’active pour tenter de reprendre des négociations
avec le nouveau Premier ministre palestinien
Ahmed Qoreï.
Le pacte de Genève a été accueilli fraîchement par Ariel Sharon, qui a crié à la trahison.
Et Yasser Arafat ne lui a apporté qu’un soutien
timide. Les réactions internationales sont nettement plus enthousiastes. Les pays arabes dans
leur ensemble supportent un texte qui reprend
l’essentiel des propositions saoudiennes pour
la paix publiées en 2002 à Beyrouth. Quant aux
pays européens, ils ne tarissent pas d’éloges sur
le texte. Mais la réaction des États-Unis est restée bien plus énigmatique. L’accord de Genève
« peut être utile », a certes jugé le président
George W. Bush, mais, à moins d’un an des élections présidentielles, personne à Washington ne
semblait avoir pris la décision de s’engager fermement derrière cette initiative.
BENJAMIN BIBAS
LA DÉCLARATION
AYALON!NUSSEIBEH
Le 25 juin, Ami Ayalon, ancien chef du
Shin Bet (service de sécurité intérieure
israélien), et Sari Nusseibeh, président
de l’université Al-Qods de Jérusalem, ont
lancé une campagne civile pour la paix intitulée « La voix du peuple ». Leur but est
de récolter plus d’un million de signatures
de citoyens israéliens et palestiniens, autour d’une déclaration d’intention en six
points : deux États pour deux peuples,
Jérusalem capitale de deux États, frontières fondées sur la « ligne verte », droit
au retour des réfugiés palestiniens dans
un État palestinien démilitarisé, dès lors
fin du conflit entre les deux peuples. À la
mi-novembre, le texte comptait 118 000 signatures israéliennes et 65 000 signatures
palestiniennes.
2
France-États-Unis
Désaccord sur Executive Life
Le gouvernement français décide de ne pas signer
d’accord avec la justice fédérale américaine dans
l’affaire Executive Life, faute d’être parvenu à un
accord global tel qu’il le souhaitait, incluant en particulier François Pinault. Le ministre des Finances,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
129
Francis Mer, estime que « malgré tous les efforts déployés depuis plusieurs semaines, il n’a pas encore été
possible d’aboutir à un accord répondant aux objectifs
fixés par le gouvernement ». Le Crédit Lyonnais est
soupçonné d’avoir organisé au début des années
1990, alors qu’il était une banque publique, le rachat de la compagnie d’assurances californienne en
faillite Executive Life de façon illégale, par l’intermédiaire de la mutuelle d’assurances MAAF. Par la suite,
Artémis, holding de M. Pinault, a racheté 67 % de
la compagnie, rebaptisée Aurora. Après deux mois
de discussions, les négociations entre la France et la
justice californienne ont échoué, Paris refusant une
nouvelle fois de signer un accord excluant MM. Pinault et Peyrelevade. En l’absence d’un accord de
dernière minute, les procureurs californiens pourraient lancer une procédure pénale, qui s’ouvrirait
à un moment délicat des relations entre Paris et
Washington.
4
France-Tunisie
Visite officielle de J. Chirac
en Tunisie
À l’issue de sa visite officielle, Jacques Chirac salue
les progrès accomplis par la Tunisie et les transformations qu’elle a assumées et qui lui ont assuré la
stabilité. Ainsi, le chef de l’État français a souligné
« les efforts engagés et poursuivis par les autorités tunisiennes pour la modernisation de la Tunisie et pour
la formation de sa jeunesse et de ses élites ». Jacques
Chirac s’est également félicité des accords signés
à l’occasion de sa visite, notant qu’ils constituent
des « pas supplémentaires » pour le renforcement
de la coopération bilatérale. Il s’agit, a-t-il indiqué,
d’un accord sur la coopération dans le domaine
touristique et de deux conventions pour le financement par l’Agence française de développement
d’un programme d’alimentation en eau potable en
milieu rural et d’un programme national de réha-
bilitation des quartiers populaires, les deux pour
un montant global de 73 millions d’euros. Il a fait
état également d’un accord à caractère consulaire
et social concernant les échanges de jeunes professionnels et le service national pour les doubles
nationaux français et tunisiens, ainsi que d’une
convention bilatérale de sécurité sociale et de la
mise à la disposition de la Tunisie d’une nouvelle
facilité céréalière. Pour autant, c’est moins la liste
des projets communs que les déclarations du président français sur les libertés qui aura marqué sa
visite officielle. En déclarant que « le premier des
droits de l’homme, c’est manger, être soigné, recevoir
une éducation et avoir un habitat » et, que de ce
point de vue, « la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays », le président français a suscité des
remous, aussi bien en Tunisie qu’en France.
5
Russie
Attentat
Au moins trente-six personnes trouvent la mort et
une centaine d’autres sont blessées lors d’un attentat suicide commis dans un train à destination de
Minéralni Vodi, près de la ville d’Essentouki, dans la
région de Stavropol, au nord-ouest de la Tchétchénie. Cet attentat à l’explosif, qui a quasiment pulvérisé un wagon de chemin de fer, survient deux
jours avant les élections législatives qui doivent se
tenir dans toute la Russie, le 7 décembre. Selon le
ministère de l’Intérieur, il s’agit d’un attentat suicide
commis par une femme kamikaze. De son côté,
le parquet régional évoque un attentat commis
par un homme. La chaîne de télévision russe RTR
émet, pour sa part, l’hypothèse d’un engin explosif
placé sous un wagon et télécommandé à distance.
La même chaîne indique toutefois que, selon des
témoins, deux personnes ont sauté du train peu
avant l’explosion.
France
Retrait de l’amendement
sur l’IVG
Après une semaine de vive polémique, le garde des
Sceaux, Dominique Perben, annonce que l’amendement Garraud créant un délit d’interruption involontaire de grossesse (IIG) est écarté. Le texte du député
(UMP) de la Gironde Michel Garraud, qui a soulevé
une tempête politique après son adoption à l’Assemblée nationale le 27 novembre, lors de l’examen en
deuxième lecture du projet de loi sur la criminalité,
« pose plus de problèmes qu’il n’en règle, même s’il traite
une vraie question qui est celle des violences faites aux
femmes », souligne le garde des sceaux. L’amendement prévoyait de punir d’un an de prison et de
15 000 euros d’amende une interruption de grossesse provoquée par « une maladresse, une imprudownloadModeText.vue.download 132 sur 370
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dence, une inattention, une négligence ou un manquement à une obligation de sécurité ».
6
Italie
Manifestation contre la réforme des
retraites
À l’appel des trois principales centrales syndicales
– la CGIL (à majorité communiste), la CISL (catholique) et l’UIL (socialiste) –, des centaines de milliers
de personnes défilent dans les rues de Rome pour
exiger du gouvernement de Silvio Berlusconi qu’il
renonce à son projet de réforme des retraites. Ce
dernier prévoit notamment d’augmenter la durée de
cotisation nécessaire pour partir à la retraite. Si le projet est adopté, à partir de 2008, il faudra justifier de
quarante annuités ou être âgé de soixante-cinq ans
(pour les hommes) et soixante ans (pour les femmes)
pour avoir droit à un régime de retraite à taux plein.
Actuellement, la loi permet de cesser le travail à cinquante-sept ans avec trente-cinq ans de cotisation.
France
Manifestation des chômeurs
Quelque 5 000 chômeurs manifestent à Paris. C’est le
plus grand défilé depuis la fin des années 1990 et la
bataille pour la prime de Noël. Des centaines d’autres
demandeurs d’emploi sont également descendus
dans la rue en province, notamment à Toulouse, Grenoble et Marseille. La baisse générale de l’indemnisation qui doit entrer en vigueur à partir du 1er janvier
2004 explique le regain de mobilisation.
Les mesures décidées par le gouvernement et les
partenaires sociaux touchent aussi bien les chômeurs dits « en fin de droit » que ceux qui ont signé
un pacte de retour à l’emploi en 2001-2002.
7
Russie
Poutine, majoritaire à la Douma
Les électeurs russes ont voté, comme le prévoyaient
tous les sondages, pour le parti Edinaïa Rossia (Russie
unie), le nouveau parti du pouvoir, créé par et pour
le président Vladimir Poutine. Les communistes sont
les grands perdants de ce scrutin avec 15 % des suffrages. Ils paient notamment la stratégie déployée
par la formation nationaliste de gauche, Rodina, qui
a vu le jour quatre mois seulement avant la consultation dans le dessein de séduire l’électorat communiste. Avec 11 % des voix, Rodina (la Patrie) fait jeu
égal avec le parti d’extrême droite (LDRP) de Vladimir
Jirinovski. Disposant de la majorité à la Douma, le
chef de l’État est en situation d’affronter avec sérénité la prochaine élection présidentielle qui doit se
dérouler le 14 mars 2004.
Antilles
Rejet du projet de collectivité locale
Les électeurs guadeloupéens et martiniquais refusent d’entériner le projet de collectivité territoriale
unique. Le référendum organisé par le gouvernement, en application de la révision constitutionnelle
liée à la décentralisation, se solde par un double
refus : 72,98 % de « non » en Guadeloupe, 50,48 % en
Martinique. Ce résultat est un désaveu pour les élus
locaux, notamment en Guadeloupe où Mme MichauxChevry (UMP) avait mené campagne pour le « oui ».
8
Zimbabwe
Rupture d’avec le Commonwealth
Le président Robert Mugabe annonce que le Zimbabwe se retire du Commonwealth. Une prise de
position qui intervient alors que le Commonwealth
a décidé de prolonger indéfiniment la suspension de
l’ex-Rhodésie de l’organisation. Le Zimbabwe avait
été écarté du Commonwealth après la réélection
contestée du président Mugabe en mars 2002.
Un vote de routine pour Poutine
C’est sans surprise que le parti du président
Vladimir Poutine, Russie unie, a remporté
une large victoire aux élections législatives
du 7 décembre, qui lui assure une majorité
absolue à la Douma.
Un scrutin sans surprise, donc. Si les communistes apparaissent en net recul, ils représentent toutefois la seule véritable opposition,
les libéraux n’ayant pu avoir accès à la Douma.
Couronnant une campagne aux accents nationalistes, sur fond de guerre contre le terrorisme
tchétchène, puis contre les oligarques, cette vicdownloadModeText.vue.download 133 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
131
toire permet à Poutine d’aborder avec sérénité
les présidentielles de mars 2004 et confirme la
dérive autoritaire du pouvoir en Russie.
80 % d’opinions favorables
C’est peu d’écrire que la personnalité du président Poutine aura été déterminante dans la
victoire de son parti, Russie unie, principale formation désormais d’une Douma monolithique
acquise dans sa grande majorité au maître du
Kremlin. Au zénith de sa popularité, avec plus de
80 % d’opinions favorables selon les sondages,
le président russe est en effet le seul véritable
vainqueur de ce scrutin législatif, le quatrième
de l’ère post-soviétique, qui, pour la première
fois, octroie au Kremlin une majorité constitutionnelle lui permettant d’exercer son contrôle
absolu sur la Douma. Au point que la question
qui se pose désormais est moins celle d’un deuxième mandat de Poutine, quasi assuré, que
celle d’un troisième, auquel il pourrait postuler
à l’horizon 2008 pour peu qu’il modifie la Constitution à cet effet. M. Poutine en a les moyens,
et Russie unie, née de l’alliance de petites formations centristes juste avant les précédentes
législatives de 1999, ne peut les refuser à celui
sans lequel elle n’existerait sans doute pas. C’est
à l’image de force incarnée par Poutine que
cette formation doit d’avoir fait sa percée à la
Douma, en recueillant 36,7 % des voix au scrutin
de liste proportionnel, qui détermine la moitié
des sièges de la Chambre basse. Habile tacticien,
toujours soucieux du culte de sa personnalité,
qui ne saurait se compromettre sous une seule
étiquette politique ni même avec un gouvernement dont il prend soin de se désolidariser, l’utilisant volontiers comme le bouc émissaire des
promesses non tenues, Poutine avait joué une
carte tout aussi nationaliste, en encourageant
la promotion d’un autre parti, Rodina (Patrie),
qui a créé la surprise en obtenant 9 % des voix.
Une telle orientation ne pouvait que profiter
au LDPR (Parti libéral démocrate de Russie) du
trublion populiste et ultranationaliste Vladimir
Jirinovski, qui se refait une santé en obtenant
11,8 % des voix, soit deux fois plus qu’en 1999,
et devient la troisième formation de la Douma,
juste derrière le Parti communiste (KPRF), en net
recul. Avec 12,7 % des voix, le parti de Guennady
Ziouganov incarne désormais seul à la Douma
une opposition qui n’a plus qu’une poignée de
représentants « libéraux », démocratiques et
pro-occidentaux, le parti labloko de Gregory
Iavlinsky et l’Union des forces de droite (SPS) de
Boris Nemtsov, laminés, n’ayant pu atteindre la
barre des 5 % donnant accès à la Chambre basse.
Un nationalisme de guerre
Le Parti communiste est donc le grand perdant
d’un scrutin qui a pourtant confirmé la nostalgie
de l’électorat russe pour un empire soviétique
défunt dont il se proclame l’héritier idéologique, militant à ce titre pour sa reconstitution.
Mais s’il s’est reconverti au nationalisme, au prix
parfois de compromissions dans des alliances
« brun rouge », le PC reste attaché à une idéologie marxiste-léniniste qui ne fait guère recette
dans une société russe où le débat politique est
d’une manière générale frappé de discrédit. Les
communistes, enfin, n’ont pas échappé à la règle
qui préside aux moeurs politiques russes, et,
en se laissant tenter eux aussi par des alliances
conjoncturelles avec les milieux d’affaires, ils ont
brouillé un peu plus leur image. Élevé à l’école
du KGB, le président Poutine et ses partisans
étaient mieux à même de gérer ce fonds de commerce nationaliste, dépouillé de ses oripeaux
idéologiques, qui reprenait sans vergogne les
attributs de l’empire soviétique, à commencer
par l’hymne national, réhabilité en 2000. Pour
parvenir à ses fins, le président Poutine dispose
de toutes les ressources de l’administration, ces
fameuses « ressources administratives », formule elliptique qualifiant les abus de pouvoir
qui lui ont permis de renforcer son emprise sur
une scène politique prenant l’allure d’un vaste
champ de bataille. Se donnant pour mission de
restituer son honneur et sa dignité à une Russie trop longtemps humiliée depuis la chute de
l’URSS, et adulé pour cela par une grande partie
de la population malgré les difficultés économiques, Poutine exerce le pouvoir comme un
général commande ses troupes. Les précédentes
législatives avaient été remportées sur la promesse de venir à bout des rebelles tchétchènes ;
malgré le simulacre d’élections qui ont placé
au pouvoir à Groznyï un fidèle du Kremlin en
octobre, la promesse n’a pas été tenue si l’on en
juge à la recrudescence des attentats attribués
aux kamikazes tchétchènes. Mais le président
russe, fort de la caution internationale pour une
guerre contre le terrorisme dont il se proclame
le précurseur, est passé à une autre guerre,
visant à mettre au pas cette fois les oligarques
russes dont la toute-puissance financière et les
ambitions politiques persistantes menaçaient la
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« verticale du pouvoir » exaltée par le Kremlin.
Entre-temps, le Kremlin avait mené une autre
guerre contre les médias indépendants, s’assurant le contrôle du processus électoral. Constatant l’usage intensif de l’appareil d’État et le
favoritisme des médias ayant permis la victoire
du parti présidentiel, les observateurs de l’OSCE
chargés de superviser le scrutin dénonceront
une « régression » de la démocratie. Défendant
l’honneur blessé de la patrie, Poutine y verra au
contraire « un nouveau pas dans le renforcement de la démocratie en Russie ».
GEORGES CHEVRON
UNE GUERRE CONTRE LES OLIGARQUES
Après s’être servi des magnats de la finance
russe à l’origine d’un capitalisme sauvage créateur de richesses et, surtout, de
grandes fortunes, Poutine s’est attaché à
juguler leurs ambitions politiques. D’abord
en s’en prenant aux médias contrôlés par
des oligarques qui les utilisaient pour défier le Kremlin, puis en s’attaquant directement à ces patrons d’industrie qui doivent
leur puissance aux privatisations de l’ère
Eltsine, dont la nouvelle classe dirigeante
n’a obtenu que les miettes. L’homme le
plus riche de Russie, Mikhaïl Khodorkovski, patron de la compagnie pétrolière
Ioukos, paiera de sa liberté l’audace de
s’être opposé à Poutine en finançant les
libéraux. Incarcéré le 25 octobre, il démissionne depuis sa cellule de la présidence
de Ioukos.
9
Russie
Attentat meurtrier à Moscou
Moins de 48 heures après les élections législatives
remportées par Russie unie, le parti du président
Vladimir Poutine, Moscou est le théâtre d’un attentat
suicide qui fait six morts – dont une femme kamikaze – et 14 blessés. Les autorités russes attribuent
cet attentat, qui visait selon elles la Douma, aux indépendantistes qui luttent depuis plus de quatre ans
contre les troupes fédérales en Tchétchénie, alors
que le chef de guerre, Chamil Bassaïev, a constitué
un bataillon de « femmes martyres ».
11
France
Remise officielle du rapport de la
commission sur la laïcité
Le médiateur de la République, Bernard Stasi, remet
à Jacques Chirac le rapport de la commission sur la
laïcité, dont le chef de l’État lui avait confié la présidence lors de l’installation de cette commission en
juillet, en pleine polémique sur le voile islamique.
En soulignant, le 21 octobre à Valenciennes, que
« la laïcité n’est pas négociable », le président de la
République avait indiqué attendre de la commission « des propositions concrètes ». « J’en tirerai toutes
les conséquences, en ayant recours, s’il le faut, à la loi »,
avait-il alors ajouté. Une loi rendue nécessaire, selon
ses partisans, par les entorses aux règles de liberté
et de tolérance dans l’espace public et particulièrement à l’école, lieu essentiel de formation des jeunes
de toutes croyances et de toutes origines. Dans son
rapport, la Commission propose l’adoption d’une loi
interdisant les signes religieux « ostensibles ». Cette
loi prohiberait dans les écoles, collèges et lycées
publics « les tenues et signes manifestant une appartenance religieuse ou politique ». Les signes religieux
visés sont « les signes ostensibles tels que grande croix,
voile et kippa », précise le texte, qui ajoute que les
« signes discrets » (médailles, petites croix, étoiles de
David, mains de Fatima, petits Corans) ne sont pas
concernés. Parallèlement, la commission propose de
décréter les fêtes juive de Kippour et musulmane de
l’Aïd el-Kebir jours fériés dans toutes les « écoles de la
République ». La loi interdirait également aux usagers
des hôpitaux de « récuser du personnel soignant » et
leur rappellerait le « respect des règles d’hygiène et de
santé publique ».
13
Irak
Capture de Saddam Hussein
À 20 heures (heure locale), Saddam Hussein est capturé lors de l’opération « Aube rouge » lancée par une
force de 600 hommes de la 4e division d’infanterie
et des forces spéciales. C’est dans un « trou à rats »,
à côté d’une ferme située non loin de la ville d’AldownloadModeText.vue.download 135 sur 370
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
133
Daour, au sud de Takrit, que l’homme le plus recher-
ché par les États-Unis, avec Oussama ben Laden, a
été retrouvé. Un taxi rouge et blanc attendait à proximité de la cachette où ont été trouvés deux kalachnikovs, un pistolet et une somme de 750 000 dollars.
L’arrestation s’est déroulée « sans qu’un seul coup de
feu ne soit tiré : il n’y a eu aucune blessure », a déclaré le
général Ricardo Sanchez, qui commande les forces
américaines en Irak. « Il s’est montré coopératif pendant
son arrestation et son examen médical. Il a montré qu’il
est en bonne santé », a ajouté le général. L’arrestation
de Saddam Hussein porte un coup dur à ses fidèles,
notamment les Fedayin de Saddam. Ces derniers,
soupçonnés de nombre d’opérations de guérilla
contre les troupes de la coalition, n’avaient aucune
autre stratégie que celle de son retour au pouvoir
et de la restauration du régime. Vue de la MaisonBlanche, l’arrestation de Saddam Hussein, qui devrait
à terme affaiblir la guérilla et la crainte qu’elle inspire
dans la population irakienne, change brutalement la
donne. Peu importe qu’on n’ait pas trouvé d’armes
de destruction massive en Irak : pour une grande
majorité des Américains, la capture de Saddam Hussein, ennemi de l’Amérique, suffit à valider la décision
prise par Bush de partir en guerre.
Union européenne
Échec de la Constitution
La Conférence intergouvernementale (CIG), censée
adopter le projet de Constitution peaufiné par Valéry
Giscard d’Estaing et ses 104 conventionnels, tourne
court, la Pologne et l’Espagne persistant à refuser la
nouvelle répartition du pouvoir prévue au sein de la
grande Europe. Le premier sommet de l’Union à 25
se solde donc par un échec, le double veto de l’Espagne et de la Pologne arrêtant net le processus d’intégration communautaire. C’est la première fois dans
l’histoire de l’Union, vieille de plus de cinquante ans,
que les États se séparent sur un tel constat d’échec.
Ni Varsovie ni Madrid n’ont voulu réduire le pouvoir
de blocage qu’ils ont acquis avec le traité de Nice de
décembre 2000. Toute négociation sur le système de
vote à 25 s’est révélée impossible : relever les seuils
de la majorité qualifiée proposés dans le projet de
Constitution (50 % des pays représentant 60 % de la
population) aurait « mutilé » l’oeuvre de la Convention
européenne, selon le mot de Valéry Giscard d’Estaing,
puisque cela aurait rendu plus difficile la prise de décision dans une Europe élargie. Paradoxalement, en
se montrant inflexibles, l’Espagne et la Pologne ont
renforcé le camp des opposants à l’élargissement en
faisant la preuve qu’à vingt-cinq le compromis devient difficile, si ce n’est impossible. Le couple francoallemand, même solidement uni, ne possède plus la
capacité de forcer une décision, ce qui laisse l’Europe
sans moteur.
14
Handball
Les Françaises, championnes du monde
Quatre ans après leur échec face à la Norvège, les
Françaises deviennent championnes du monde à
Zagreb en battant la Hongrie sur le score de 32 à 29
après prolongations. Au terme d’un match exceptionnel d’intensité, les « Bleues » ont effacé un écart
de sept buts en l’espace de huit minutes pour arracher la prolongation sur un penalty de Leïla Lejeune.
15
Haïti
Manifestations contre le président
Aristide
Le mouvement de colère qui s’est emparé des Haïtiens depuis l’automne prend une ampleur sans
précédent avec l’organisation d’une grande manifestation dans les rues de Port-au-Prince, dirigée
contre le président Jean-Bertrand Aristide. Ce dernier
apparaît de plus en plus isolé, la répression dont il a
fait grand usage jusqu’ici ne semblant plus à même
de contenir ceux qui, toujours plus nombreux, réclament le départ d’un président déclaré « hors-la-loi »
par une coalition d’organisations socioprofessionnelles. Pour la plupart des Haïtiens, le point de nonretour a été atteint le 5 décembre lorsqu’un groupe
de « chimères », les hommes de main armés recrutés
par le pouvoir dans les bidonvilles, a violemment
attaqué la faculté des sciences humaines où les étudiants manifestaient pacifiquement. Une trentaine
de personnes ont été blessées, dont le recteur de
l’université d’État d’Haïti, Pierre-Marie Paquiot, qui a
eu les jambes brisées à coup de barres de fer. Des
journalistes ont été agressés et les locaux de l’université saccagés.
D’une rare violence, l’assaut contre les étudiants a
entraîné des démissions en série, dont celle de la
ministre de l’Éducation nationale, Marie-Carmel PaulAustin, de la ministre du Tourisme, Martine Deverson,
de l’ambassadeur d’Haïti en République dominicaine,
Guy Alexandre, et enfin du directeur général du midownloadModeText.vue.download 136 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
134
nistère de la Santé publique, le docteur Charles-Emile
Hérard. Deux influents sénateurs de la Famille Lavalas, le parti présidentiel, dont l’ancien officier Dany
Toussaint, ont choisi de rejoindre l’opposition.
17
France
M. Chirac prône le « sursaut
républicain »
Six jours après la remise du rapport de la commission Stasi, le chef de l’État défend, au cours d’une
allocution de 35 minutes prononcée à l’Élysée devant
quelque 400 personnes, le principe d’une loi interdisant le port de signes religieux « ostensibles » dans
les établissements scolaires. Concernant la loi sur
les signes religieux à l’école, M. Chirac « estime que le
port de tenues ou de signes qui manifestent ostensiblement l’appartenance religieuse doit être proscrit dans les
écoles, les collèges et les lycées publics ». « Les signes discrets, par exemple une croix, une étoile de David, ou une
main de Fatima, resteront naturellement possibles. » « En
revanche, les signes ostensibles ne seront pas admis. Le
voile islamique, la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive n’ont pas leur place dans les enceintes
des écoles publiques. » « Pour cela, une loi est nécessaire.
[...] Je souhaite qu’elle soit pleinement mise en oeuvre dès
la rentrée prochaine. » Sur les jours fériés juif et musulman à l’école, le chef de l’État ne croit pas « qu’il faille
ajouter de nouveaux jours fériés au calendrier scolaire, qui
en compte déjà beaucoup. » Au sujet de l’enseignement
du fait religieux à l’école, estimant que « le respect,
la tolérance, l’esprit de dialogue s’enracineront avec la
connaissance et la compréhension de l’autre », M. Chirac
ajoute : « Il me paraît aujourd’hui primordial de développer l’enseignement du fait religieux à l’école. » Le service
public est également concerné : « Nous devons réaffirmer avec force la neutralité et la laïcité du service public. »
Un « code de la laïcité » sera remis « à tous les fonctionnaires et agents publics le jour de leur entrée en fonction ».
« À l’hôpital, rien ne saurait justifier qu’un patient refuse,
par principe, de se faire soigner par un médecin de l’autre
sexe. Il faudra qu’une loi vienne consacrer cette règle pour
tous les malades qui s’adressent au service public. » Après
avoir rappelé que « l’égalité des chances a de tout temps
été le combat de la République », le président déclare
que, « en matière de droit des femmes, notre société a
encore beaucoup de progrès à faire. La nouvelle frontière
de la parité, c’est désormais l’égalité professionnelle entre
les femmes et les hommes. [...] Je compte m’y engager personnellement dans les prochaines semaines. » Plus largement, M. Chirac annonce la création d’un observatoire
de la laïcité « chargé d’alerter les Français et les pouvoirs
publics sur les risques de dérive ou d’atteinte à ce principe
essentiel. » Enfin, « une autorité indépendante chargée de
lutter contre toutes les formes de discrimination sera installée dès le début 2004 ».
Parmi l’auditoire, on aura notamment remarqué la
présence de neuf ministres, de quelques chefs de
parti, dont Marie-George Buffet pour le PCF – mais
ni le socialiste François Hollande ni l’UDF François
Bayrou –, et celle des membres des commissions et
missions en tout genre qui ont planché sur la laïcité.
Les autorités éducatives, syndicales, hospitalières et
religieuses – dont Dalil Boubakeur, président du CFCM
et seul représentant des musulmans – ont également
pris place dans la salle des fêtes de l’Élysée. Un texte
devrait être adopté selon la procédure d’urgence, en
janvier ou en février, afin d’être appliqué à la rentrée de
septembre 2004.
22
France
Le Queen Mary 2 quitte Saint-Nazaire
À peine deux ans après sa mise en construction par les
chantiers de l’Atlantique, le Queen Mary 2 fait route vers
le port de Vigo (Espagne). Il y restera à quai 24 heures,
avant de mettre le cap sur son futur port d’attache,
Southampton, où il est attendu le 27 décembre au
matin. L’objectif de la Cunard, son propriétaire, est
d’accoutumer l’équipage à la navigation, en profitant
des conditions de mer du golfe de Gascogne en hiver.
Ensuite, et jusqu’au 12 janvier, le paquebot ne fera
plus que « quelques ronds dans l’eau » jusqu’à ce que
la reine Élisabeth II le baptise le 8 janvier. Alors que la
ville de Saint-Nazaire et les Chantiers de l’Atlantique
envisageaient une fête à la dimension de ce vaisseau
– le plus grand du monde –, ils ont finalement opté
pour une cérémonie sobre et solennelle, un peu plus
d’un mois après la chute d’une passerelle d’accès,
qui a fait 15 morts et 28 blessés. La ville, meurtrie par
ce drame, n’en est pas moins fière de montrer, avec
Queen Mary 2, qu’elle garde le savoir-faire qui lui a
permis de construire le Normandie et le France. D’ailleurs, pas moins de 36 000 personnes – souvent des
ouvriers, des anciens « compagnons » et des membres
de leurs familles – se sont inscrites pour visiter le navire
au cours du week-end du 20 et 21 décembre.
Libye
Transparence nucléaire
Le Premier ministre libyen Choukri Ghanem annonce
que son pays est prêt à signer le protocole additionnel
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
135
au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Interrogé pour savoir si son pays allait signer ce protocole,
qui autorise notamment des visites surprises des inspecteurs des Nations unies sur des sites nucléaires,
M. Ghanem a répondu par l’affirmative : « Nous adhérons à notre engagement envers l’Agence internationale
pour l’énergie atomique et avons l’intention d’obéir à ses
règlements et d’honorer nos engagements, quels qu’ils
soient. » La Libye a pris le monde par surprise en annonçant qu’elle renonçait à tout programme d’armes de
destruction massive (ADM), alors qu’elle avait toujours
assuré qu’elle n’en possédait pas. Le 20 décembre, des
responsables libyens ont rencontré à Vienne le directeur général de l’Agence internationale pour l’énergie
atomique (AIEA), Mohamed el-Baradei, pour discuter
de ces programmes d’ADM.
Football
Nedved, 48e Ballon d’Or
Plébiscité par un jury de journalistes européens,
Pavel Nedved succède au Brésilien Ronaldo. Avec
190 points récoltés, le Tchèque de la Juventus de
Turin devance l’attaquant des Gunners, Thierry Henry
(128 points), et le défenseur italien du Milan AC, Paolo Maldini (123 points). Le millésime 2003 du Ballon
d’Or fera date dans l’histoire de l’institution puisqu’il
a un petit peu échappé à la tradition. D’habitude,
le critère majeur retenu pour décrocher le trophée
est l’obtention d’un titre majeur. L’année de leur plébiscite, Ronaldo (2002) et Zidane (1998) avaient été
champions du monde. Pour sa part, Sammer (Ballon
d’Or en 1996) avait été champion d’Europe. Quant
à Michael Owen (2001), il avait soulevé avec Liverpool cinq coupes dans la même saison, dont l’UEFA
et la coupe d’Angleterre. Quoi qu’il en soit, l’ancien
stratège du Sparta Prague et de la Lazio aura amplement mérité cette distinction, lui qui a contribué de
façon décisive à la belle campagne de la République
tchèque lors des éliminatoires de l’Euro 2004.
23
Proche-Orient
Violences meurtrières dans la bande de
Gaza
Huit Palestiniens trouvent la mort lors d’une incursion de l’armée israélienne à Rafah, dans le sud de
la bande de Gaza, selon des sources sécuritaires et
médicales palestiniennes. Ce décès porte à 3 666
le nombre de personnes tuées depuis le début de
l’Intifada, à la fin du mois de septembre 2000, dont
2 743 Palestiniens et 856 Israéliens. Une vingtaine
d’autres Palestiniens ont été blessés lors de l’incursion israélienne. Un porte-parole de l’armée israélienne affirme que cette incursion visait à « détruire
des tunnels reliant la bande de Gaza à l’Égypte et utilisés
pour la contrebande d’armes ». « Nous avons découvert
40 tunnels de ce genre depuis le début de l’année », a
ajouté le porte-parole. Le 13 octobre, le chef de la
diplomatie égyptienne, Ahmed Maher, avait rejeté
comme « futiles et périmées » les accusations d’Israël
selon lesquelles la contrebande d’armes passait par
l’Égypte. L’opération à Rafah est intervenue quelques
heures après une attaque palestinienne au cours
de laquelle deux officiers israéliens, ainsi que deux
assaillants palestiniens, ont été tués dans la bande
de Gaza.
24
France
Air France suspend des vols vers les
États-Unis
Le gouvernement français, saisi par les autorités américaines qui ont fait part de « risques d’attentats », décide d’annuler six vols d’Air France assurant la liaison
entre Paris et Los Angeles. Le lendemain, l’entourage
du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, fait valoir
que « la menace sur l’aérien » et, en particulier, sur
les vols annulés était « très forte » durant les fêtes de
fin d’année. Matignon précise que les vols ont « dû
être annulés en raison d’un faisceau de renseignements
quant à des menaces terroristes ». Finalement, les vols
d’Air France reprennent le 26, non sans que les listes
des voyageurs n’aient été vérifiées de près par les
enquêteurs français. Selon des sources policières,
« aucun élément matériel ou humain – si infime seraitil – n’a été découvert. Il n’y a eu aucune garde à vue,
aucune interpellation, aucune saisie opérée ».
25
Pakistan
Attentat manqué contre le président
Le président pakistanais Pervez Musharraf échappe
miraculeusement à Rawalpindi à un attentat suicide qui fait sept morts et 17 blessés, dont plusieurs
policiers. Allié des États-Unis dans leur lutte contre le
régime des talibans afghans, le général-président a
déjà été la cible de deux attentats, en avril 2002 et
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
136
le 14 décembre 2003. Les conséquences de la disparition du président Musharraf – cible des islamistes
radicaux qui lui reprochent son alignement sur les
États-Unis – sont prises très au sérieux à Washington, où l’on estime que le chef de l’État pakistanais
est le dernier rempart qui empêche les islamistes
de mettre la main sur l’arme nucléaire. En effet, la
Maison-Blanche craint que les deux hommes qui
succéderaient à M. Musharraf (le président du Sénat,
Mohammed Soomro, et le chef d’état-major adjoint,
le général Mohammed Yusuf) ne soient politiquement faibles.
Proche-Orient
Violences
Un attentat suicide fait quatre morts à Petah Tikva,
près de Tel-Aviv. Moins d’une demi-heure auparavant, un raid israélien dans la bande de Gaza avait
coûté la vie à cinq personnes, dont Mekled Hmaid,
le chef de la branche militaire du Djihad islamique
palestinien. Le gouvernement israélien a dit que
l’attentat suicide perpétré sur une autoroute non loin
de Tel Aviv, le premier de cette gravité depuis près
de trois mois, montrait que les Palestiniens restaient
prêts à frapper au coeur de l’État juif. Pour sa part, le
Premier ministre palestinien Ahmed Koreï condamne
« cette phase de violence et de contre-violence », engageant les deux parties à observer un cessez-le-feu
immédiat afin de relancer la « feuille de route » du
Quartet international (États-Unis, Union européenne,
Russie, Nations unies). Mais des activistes palestiniens
annoncent des représailles sanglantes après la mort
de Mekled Hmaid.
26
Iran
Séisme meurtrier
La ville de Bam, située dans le Sud-Est iranien à
quelque 1 100 km de Téhéran, est le théâtre d’un
séisme de forte amplitude. La ville est détruite à
70 % et le nombre des victimes s’élève à environ
30 000 personnes. Des équipes de secours sont arrivées à Bam en provenance de Suisse, de GrandeBretagne de Turquie, d’Italie, du Luxembourg,
d’Azerbaïdjan, d’Espagne, de France, d’Ukraine et de
Pologne. Les États-Unis ont offert leur aide, qui a été
acceptée par les autorités iraniennes. L’Iran se trouve
dans une région exposée à un danger sismique quasi
permanent. L’ancienne Perse a connu de tout temps
de terribles catastrophes : 30 000 victimes en 1641,
8 000 entre 1926 et 1950, 25 000 morts en 1978,
quelque 1 100 et 1 600 morts respectivement en
février et en mai 1997. Le tremblement de terre le
plus meurtrier (40 000 morts) a eu lieu en juin 1990
dans les provinces de Ghilan et de Zandjan (au nord).
D’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter, il
avait dévasté en quelques secondes 2 100 km 2 comprenant 27 villes et 1 871 villages.
29
Serbie
Poussée électorale des nationalistes
Les élections législatives anticipées voient la victoire
du Parti radical (SRS), qui, avec 27,5 % des voix, devance le Parti démocratique de Serbie (DDS) de Vojislav Kostunica. Bien qu’il n’ait pas obtenu la majorité
absolue, le SRS se pose d’emblée comme une force
incontournable. De fait, comme le souligne son leader, Tomislav Nikolic, « personne ne pourra rien décider
sans nous ». Pourtant, ni le DSS ni le Parti démocratique (DS, au pouvoir) n’envisageaient, au lendemain
de la proclamation des résultats, une alliance avec les
ultranationalistes du SRS.
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Dossiers
Art et
Culture
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
138
Pour la première fois depuis sa création, le
7 avril 1948, l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) a lancé une alerte sanitaire
mondiale. Une procédure exceptionnelle
justifiée par l’émergence
d’une nouvelle maladie.
Sras, la planète en
alerte
PAUL BENKIMOUN
JOURNALISTE AU Monde
Le 12 mars 2003, l’institution internationale
a eu recours à cette procédure exceptionnelle pour signaler « une forme grave
et atypique de pneumonie au Viêt Nam, à
Hongkong et dans la province de Canton, en Chine ».
La maladie émergente que le monde va bientôt
connaître sous le sigle Sras (pour « Syndrome respiratoire aigu sévère ») s’est répandue en quelques
semaines à travers la planète par le truchement des
voyages aériens. La flambée épidémique aura atteint
8 098 personnes, dont 1 707 membres des personnels soignants (21 %), et fait 774 décès, dont 349 en
Chine, 299 à Hongkong, 43 au Canada et 37 à Taïwan.
● Le « cas zéro »
1 707 victimes, dont 349 en Chine, 229 à
Hongkong
Quatre mois après le lancement de l’alerte, le 5 juillet
2003, l’OMS déclarait interrompue la chaîne de transmission interhumaine du Sras. Durant cet intervalle,
l’agent de la maladie, un membre jusqu’ici inconnu
de la famille des coronavirus, aura été identifié et des
tests de confirmation du diagnostic mis au point. Un
délai court qui s’explique par la coopération internationale sans précédent contre la première nouvelle
épidémie à l’âge de l’Internet. Tout commence vers
la fin de l’année 2002 dans le sud de la Chine, dans
la ville de Foshan, à 25 km au sud de la capitale de
la province du Guangdong. Un homme d’affaires
de quarante ans, dont l’activité professionnelle est
de fournir des restaurants de poissons, présente un
accès de fièvre le 16 novembre 2002. L’homme est
hospitalisé et, au cours de son séjour, il contaminera
quatre infirmières avant de guérir de sa mystérieuse
affection. A posteriori, l’OMS l’identifiera comme le
« cas zéro », duquel tout serait parti.
Un autre homme, vendeur de crevettes lui, contracte
la maladie à Foshan et la disséminera à Canton. Un
rapport chinois demande aux écoles, aux garderies
et aux usines de mettre en quarantaine les personnes
qui seraient infectées. L’avertissement est repris, le
27 novembre, par le Global Public Health Intelligence
Network (GPHIN, Réseau global de renseignement
sur la santé publique), qui surveille les phénomènes
épidémiques dans le monde. Il n’entraîne cependant pas d’inquiétude particulière. À cette saison de
l’année, les épidémies de grippe sont habituelles en
Chine. La maladie continue pourtant de se développer. Le fils d’un ancien membre de l’OMS se trouve à
Canton. Il y reçoit un courriel décrivant « une maladie
contagieuse étrange ». On lui signale qu’elle a « déjà fait
plus de cent morts » en une semaine dans la province
du Guangdong. Il relaie le message auprès du bureau
de l’OMS à Pékin avec une note indiquant que « l’épidémie ne doit pas être connue du public et médiatisée,
mais sur place il y a un début de panique chez les gens,
qui se ruent dans les pharmacies pour acheter tout ce
qu’ils peuvent, pensant se protéger ».
● Premier message d’alerte
C’est le cas d’un ressortissant américain qui alerte
l’ambassade de son pays à Pékin à propos d’« une
étrange maladie et de beaucoup de morts à Canton ».
L’ambassade des États-Unis transmet l’information
par téléphone, le 10 février, au bureau pékinois de
l’OMS. Ce dernier répercute le jour même ces informations concordantes au bureau régional, installé à
Manille (Philippines) et au siège de l’organisation à
Genève. Le consulat du Japon à Canton rapporte lui
aussi une épidémie de pneumonie atypique dans le
sud de la Chine. Le 11 février, le ministère chinois de
la Santé transmet à l’OMS un rapport décrivant une
épidémie de 300 cas de syndrome respiratoire aigu,
dont 5 mortels, dans la province du Guangdong,
entre le 16 novembre et le 9 février. Un tiers de ma-
lades font partie du personnel soignant et six villes
sont touchées. Trois jours plus tard, le 14 février, les
autorités sanitaires chinoises précisent à l’OMS que
le nombre de cas de pneumonie atypique diminue
et que la situation est « en passe d’être contrôlée ». Il
ne s’agit, selon elles, ni de la maladie du charbon, ni
de la peste pulmonaire, ni de la leptospirose, ni d’une
fièvre hémorragique. Sans attendre ces précisions,
dès le 11 février, l’OMS diffuse un premier message
d’alerte sur une maladie respiratoire mystérieuse et
potentiellement mortelle via le réseau informatique
ProMED, auquel 20 000 scientifiques à travers le
monde sont gratuitement abonnés. Tout aurait pu
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DOSSIERS ART ET CULTURE
139
s’arrêter là et l’épidémie rester circonscrite à la Chine.
C’était sans compter avec un mariage à Hongkong.
Néphrologue à l’université Zhongsan de Canton, le
Dr Liu Jianlun est invité à Hongkong pour le mariage
d’un parent. Âgé de soixante-quatre ans, ce médecin
a aidé à soigner, à l’hôpital Kwong Wah de Canton,
des personnes atteintes de la pneumonie atypique
qui flambe depuis novembre. Avec son épouse, il
prend l’autocar le 21 février 2003 jusqu’à Hongkong.
Un trajet de trois heures au terme duquel le couple
descend à l’hôtel Métropole, dans le quartier de
Kowloon. Au cours des vingt-quatre heures de son
séjour à l’hôtel, le Dr Liu va à son tour présenter les
signes de la pneumonie atypique et devenir une
source de contamination.
L’enquête épidémiologique rétrospective permettra
de constater que l’agent infectieux, le coronavirus
encore inconnu à l’époque, a été transmis à 16 clients
et visiteurs de l’hôtel Métropole. Des prélèvements
effectués sur la moquette devant la chambre 911
et les ascenseurs montraient une forte présence
du coronavirus, probablement dans des sécrétions
respiratoires ou du vomi. Du matériel génétique du
virus – mais pas de virus vivant – était encore présent
dans des prélèvements effectués trois mois après le
séjour du Dr Liu.
● L’hôtel Métropole
Un foyer de 200 cas dans une résidence
de Hongkong
Parmi les 16 personnes contaminées au Métropole,
plusieurs vont « exporter » la maladie. Mme Kwan
Sui-Chu, soixante-dix ans, est venue de Toronto le
18 février avec son mari rendre visite à l’un de leurs
fils. Deux jours après son retour au Canada, le 25 février, Mme Kwan commence à présenter les signes de
la maladie. Son état s’aggrave et elle meurt le 5 mars
à son domicile. Son décès est alors imputé à une
crise cardiaque. Un autre de ses fils, Tse Chi Kwai, qui
partage le même domicile à Toronto, tombe à son
tour malade et va être hospitalisé au Scarborough
Grace Hospital, avec une suspicion de tuberculose. Il
y décédera, mais son autopsie sera décisive. C’est par
l’intermédiaire de cette famille que la maladie se répand dans plusieurs hôpitaux de Toronto, décimant
patients et soignants, trois semaines avant que l’OMS
ait lancé son alerte mondiale.
Le même phénomène va se produire avec d’autres
personnes ayant fréquenté l’hôtel Métropole : un visiteur habitant Hongkong et le beau-frère du Dr Liu,
qui seront hospitalisés sur place, une hôtesse de
l’air qui sera admise dans un hôpital de Singapour,
et Johnny Chen. Ce dernier est un homme d’affaires
sino-américain de quarante-huit ans, travaillant dans
l’import-export de textiles à Hongkong. Du Métropole, il se rend à Hanoi. Sur place, fiévreux, toussant, il
se présente le 26 février à l’Hôpital français de Hanoi,
une clinique privée qui est l’établissement le mieux
équipé de la capitale vietnamienne. Il est placé
sous assistance respiratoire. Plusieurs médecins et
infirmières vont s’occuper de lui jusqu’à son décès.
Ils le paieront, pour certains, de leur vie. L’un d’entre
eux, cardiologue exerçant dans le nord de la France,
rentre précipitamment, contaminant vraisemblablement au moins trois personnes ayant voyagé dans le
même avion que lui. Il décédera finalement à l’hôpital de Tourcoing plusieurs semaines après son retour.
Parmi les médecins qui ont soigné Johnny Chen
figure le Dr Carlo Urbani. Il a fait partie en 1999 de la
délégation de Médecins sans frontières venue chercher à Stockholm le prix Nobel de la paix décerné à
l’organisation humanitaire. À Hanoi, il est présent au
titre de l’OMS. Le Dr Urbani craint d’avoir affaire à une
grippe aviaire, autrement dit à un virus mutant passé
de l’oiseau à l’homme. Le virus baptisé H5N1 a été à
l’origine de la grippe du poulet à Hongkong et les
épidémiologistes redoutent qu’il entraîne une épidémie particulièrement sévère chez l’homme. Carlo
Urbani avise donc l’OMS à Genève, qui renforce alors
son système d’alerte.
Parallèlement, l’OMS a envoyé une équipe en Chine.
Arrivée à Pékin, celle-ci n’est cependant pas autorisée par les responsables chinois à se rendre dans la
province du Guangdong. Ce qui retardera d’autant
l’enquête pour s’assurer d’une intuition qu’ont à
Genève les responsables de l’OMS : l’épidémie dans
le sud de la Chine et ce qui commence à se passer
à Hongkong et à Hanoi sont des phénomènes liés.
● Alerte mondiale
Le responsable : un coronavirus différent
de ceux déjà connus
Le 12 mars, donc, l’OMS lance son alerte mondiale.
Le branle-bas est sonné. L’organisation internationale
mobilise des équipes de cliniciens et d’épidémiologistes, ainsi qu’un réseau de treize laboratoires. Elle
va également émettre des recommandations sur
les précautions à prendre dans les aéroports et pour
la protection des personnels soignants qui commencent à payer un lourd tribut au combat contre
la nouvelle maladie. Ce sera notamment le cas du
Dr Urbani qui se rend à Bangkok, où il décédera le
29 mars. Le 30 mars, les autorités de Hongkong annoncent un foyer de plus de 200 cas parmi les habitants d’une résidence nommée les Jardins d’Amoy.
L’enquête montrera que la maladie, importée par un
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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visiteur, se serait propagée par les canalisations des
eaux usées.
La mobilisation médicale internationale est considérable. Alors que les scientifiques avaient plutôt l’habitude de publier d’abord leurs découvertes dans des
revues médicales avant de partager leurs résultats,
ils n’hésitent plus à échanger des données préliminaires. C’est qu’on ne sait pas encore à quel agent infectieux le monde a affaire. Le 15 mars, l’OMS donne
un nom à la maladie : Syndrome respiratoire aigu sévère, ou Sras (« Sars » dans sa version anglaise), ce qui
correspond bien au tableau de la maladie associant
quatre éléments : une poussée fébrile à au moins
38 °C ; un ou plusieurs symptômes d’affection des
voies respiratoires basses (toux, gêne respiratoire, essoufflement) ; des signes radiologiques pulmonaires
compatibles avec une pneumonie ou un syndrome
de détresse respiratoire ; l’absence de tout autre diagnostic pouvant expliquer entièrement la maladie.
Lors de l’autopsie de M. Tse Chi Kwai, le fils de la
patiente qui a importé le Sras à Toronto, des prélèvements des tissus respiratoires ont été effectués et
envoyés dans un laboratoire canadien, ainsi qu’au
Centre de contrôle des maladies d’Atlanta, le grand
centre d’épidémiologie américain. Dans ces prélèvements, les scientifiques identifient, le 16 avril, un
virus de la famille des coronavirus. Celui-ci est différent de ceux déjà connus qui sont responsables de
rhinopharyngites banales et plusieurs laboratoires
montreront qu’il s’agit bien de l’agent causal du Sras ;
ils le baptisent Sras-CoV.
À l’heure actuelle, les spécialistes sont sûrs qu’une ou
plusieurs espèces animales servent de réservoir à ce
virus, passé accidentellement chez l’homme. Des petits mammifères, les civettes, que l’on vend pour leur
viande sur des marchés chinois, sont soupçonnées,
sans que des certitudes aient pu être acquises. En
revanche, on sait que la maladie incube en moyenne
5 jours, avec une fourchette de 2 à 10 jours, et que
la contagion se fait par les sécrétions respiratoires au
moment où la personne présente des manifestations
de la maladie, avec une contagiosité heureusement
modérée. Les enfants ont peu été atteints. À l’inverse, beaucoup de cas ont été contractés en milieu
hospitalier.
La flambée épidémique aura donc été jugulée en
moins de six mois, en associant méthodes traditionnelles (isolement, quarantaine, etc.) et prouesses
scientifiques. Cela s’est fait, cependant, au prix d’une
crise internationale au coût colossal : plusieurs dizaines de milliards de dollars. Des secteurs entiers,
comme le transport aérien – déjà fragilisé après les
attentats du 11 septembre 2001 – ou le tourisme
dans les régions les plus concernées, ont été touchés
de plein fouet.
C’est pour cela que le monde s’est rapidement demandé avec inquiétude si le Sras n’était pas destiné
à devenir une affection saisonnière, avec un ou plusieurs foyers permanents, à partir desquels le virus
pourrait à nouveau essaimer. L’OMS et les autorités
sanitaires nationales ont donc travaillé à un dispositif
d’alerte et de réponse rapide, dont l’intérêt dépasse
le seul Sras, puisqu’il pourrait permettre de réagir
face à une pandémie de grippe ou d’une autre maladie infectieuse. Sans toutefois se bercer d’illusions.
« Les caractéristiques cliniques non spécifiques du Sras,
l’absence de test diagnostique rapide et fiable, capable
de détecter le Sras-CoV dans les premiers jours de la
maladie, et la survenue saisonnière d’autres affections
respiratoires, notamment la grippe, peuvent compliquer
la surveillance du Sras ou exiger un niveau de qualité et
une intensité dont peu de systèmes de soins de santé
dans le monde ont les moyens. Même avec les systèmes
de surveillance les plus perfectionnés, le premier cas de
Sras consécutif à la flambée pourrait échapper au dépistage précoce », reconnaît l’OMS.
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DOSSIERS ART ET CULTURE
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À peine plus d’une page pour l’une des
plus importantes découvertes dans
l’histoire de la biologie : la découverte
de la structure en double hélice de l’ADN
(acide désoxyribonucléique), le support de
l’information génétique
Il y a 50 ans était
percé le secret de
la double hélice
de l’ADN
PAUL BENKIMOUN
JOURNALISTE AU Monde
C’est la place qu’occupe dans le numéro 4 356 de la revue britannique Nature,
daté du 25 avril 1953, la lettre adressée par deux chercheurs du laboratoire
Cavendish à Cambridge, James Dewey Watson, un
Américain qui venait d’avoir vingt-cinq ans, et le Britannique Francis Harry Compton Crick, son aîné de
douze ans. En page 737, démarrant sous les notes de
la lettre précédente, la revue scientifique a regroupé
trois articles sous le titre « Structure moléculaire des
acides nucléiques ». Celui de Watson et Crick, intitulé
« Une structure pour l’acide désoxyribonucléique »,
est en effet suivi de celui de Maurice Wilkins sur la
« Structure moléculaire des acides désoxypentose
nucléiques », cosigné par deux scientifiques du King’s
College de Londres, et de celui écrit par Rosalind
Franklin et un de ses collègues, également du King’s
College de Londres, sur la « Configuration moléculaire du thymonucléate de sodium ». Rédigés par les
principaux protagonistes de la traque réussie des
mystères de la structure de l’ADN, ces trois articles
convergent vers un modèle de double hélice.
● Une structure à double hélice
Des travaux qui convergent vers un modèle
de double hélice
Watson et Crick avancent, diagramme à l’appui, de
la manière la plus élaborée, une structure en double
hélice où deux chaînes composées de molécules
d’un sucre, le désoxyribose, reliées par du phosphate,
tournent en spirale comme les montants d’une
échelle, dont les barreaux sont constitués par une
paire de base. L’assemblage des paires de base est
immuable : une base purique est unie à une base
pyrimidique, l’adénine (A) étant ainsi toujours appariée à la thymine (T) et la guanine (G) à la cytosine
(C). « Il ne nous a pas échappé que l’appariement spécifique que nous avons postulé suggère immédiatement un possible mécanisme de copie pour le matériel
génétique », écrivent Watson et Crick dans l’antépénultième paragraphe de leur lettre (l’ajout serait dû à
l’initiative de Crick). Signe qu’ils ont saisi les implications potentielles de leur découverte.
Si celle-ci est le fruit d’une intense activité sur une
année et demie, cette publication intervient près
d’un siècle après l’isolement de l’ADN. En 1869, en
effet, un scientifique suisse, Johan Friedrich Miescher, isolait une substance à partir de noyaux de
globules blancs prélevés dans le pus déposé sur des
bandages souillés. Il la baptise « nucléine », nom qui
sera plus tard abandonné au profit de celui d’ADN.
Pour autant, Miescher n’établi aucun lien entre la
nucléine et les facteurs expliquant la transmission
des caractères héréditaires, dont l’existence a été
avancée par Gregor Mendel, qui a formulé quatre ans
auparavant les premières lois de l’hérédité. Courant
sur la première moitié du XXe siècle, une première
phase de travaux scientifiques va commencer à lever
le voile. Le terme de « gène » est proposé en 1909
par le Danois Wilhelm Johannsen pour désigner les
facteurs imaginés par Mendel. L’année suivante, en
travaillant sur la drosophile (ou mouche du vinaigre),
l’Américain Thomas Hunt Morgan, futur prix Nobel de
médecine 1933, démontre que les gènes sont situés
sur les chromosomes, eux-mêmes faits de nucléine.
L’étude de pneumocoques non virulents pouvant acquérir une virulence suggère à l’Anglais Fred Griffith
l’idée d’un « facteur transformant ». Cette hypothèse
sera avérée en 1944 par une équipe américaine,
composée d’Oswald Avery, Colin McLeod et McLyn
McCarthy, tous trois de l’Institut Rockefeller de New
York, qui prouvent que l’ADN est bien le support de
l’information génétique. Une découverte capitale, au
point que beaucoup se demandent encore pourquoi le jury qui a décerné en 1962 le prix Nobel de
médecine conjointement à Watson, Crick et Wilkins
« pour leurs découvertes concernant la structure moléculaire des acides nucléiques et leur signification pour le
transfert de l’information dans le vivant », en a oublié la
contribution essentielle. Mais ce ne fut pas la seule
injustice commise par ce jury.
● Le rôle oublié de Rosalind Franklin
À l’époque où ils sont publiés, les travaux d’Oswald
Avery et de ses collègues suscitent le scepticisme. La
communauté scientifique estime que l’ADN est une
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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molécule trop simple pour constituer le support de
l’hérédité. La tendance est d’imaginer que ce rôle
crucial est tenu par des protéines. Enfin, en 1949, trois
Français, Roger et Colette Vendrely et André Boivin,
constatent que le noyau des cellules du corps (cellules somatiques), qui possèdent 23 paires de chromosomes, contient deux fois plus d’ADN que celui
des cellules sexuelles (gamètes), seulement dotées
de 23 chromosomes. Un argument de plus pour faire
de l’ADN le support de l’hérédité.
La deuxième phase des recherches dans ce domaine
s’ouvre en 1950 avec les travaux sur les bases puriques (A et G) et pyrimidiques (T et C) d’un biochimiste autrichien, qui émigra aux États-Unis en 1934,
Erwin Chargaff. Celui-ci établit que le rapport A+T sur
C+G varie entre les espèces, mais est constant dans
une espèce donnée. Il démontre également que les
rapports A/T et C/G sont constants et quasiment
égaux à un.
Le rôle de Chargaff ne s’arrête pas là. Il confie, en janvier 1951, des échantillons d’ADN bactérien, végétal et
animal à Maurice Wilkins, qui dirige le laboratoire de
cristallographie du King’s College, à Londres. Au mois
de mai de la même année, lors d’une conférence au
mois de mai à Naples, Wilkins montre quelques clichés
de la diffraction d’un cristal d’ADN : ils sont d’assez
mauvaise qualité, mais suffisamment impressionnants
pour exciter l’intérêt du jeune James Watson, qui
s’ennuie un peu dans un laboratoire de Copenhague
où il est boursier. Watson réussit alors à être transféré
en novembre 1951 au laboratoire Cavendish, à Cambridge. Il n’a pas un bureau pour lui seul, et doit partager celui qu’occupe alors un physicien reconverti dans
la biologie, Francis Crick. Lorsque les échantillons de
Chargaff arrivent dans le laboratoire de Maurice Wilkins, une jeune femme récemment mutée dans ce
haut lieu de la cristallographie travaille déjà sur l’ADN.
Elle s’appelle Rosalind Franklin. Issue d’une famille de
banquiers londoniens, cette femme au caractère indépendant a exercé auparavant ses talents de cristallographe en France. Ses relations avec Maurice Wilkins
et, plus tard, avec Watson et Crick vont être orageuses,
mais déterminantes pour le rôle qu’elle a joué dans la
découverte de la structure de l’ADN.
James Watson assiste en décembre 1951 à une
conférence où Rosalind Franklin présente ses clichés
de la diffraction des rayons X par un cristal d’ADN.
Contrairement à Wilkins, qui avait utilisé la forme non
hydratée (dite « A ») d’un tel cristal, celle-ci a photographié un cristal hydraté (forme « B »). La différence
de qualité est spectaculaire et les clichés constituent
un puissant argument en faveur d’une structure en
hélice. En fait, sans que Watson (dont ce n’était pas
la spécialité) le comprenne, les images de Rosalind
Franklin suggèrent une double hélice « antiparallèle », dont les deux brins vont dans un sens opposé
l’un à l’autre.
De retour à Cambridge, Watson et Crick s’attellent
à construire une maquette en trois dimensions de
ce qui pourrait être la structure de l’ADN. Ils partent
sur une fausse route, et lorsqu’ils montrent à Maurice Wilkins et à Rosalind Franklin leur modèle de
triple hélice, la jeune femme leur rit au nez. Watson
et Crick ne se découragent pas pour autant, surtout
que deux Américains, Al Hershey et Martha Chase,
viennent apporter une pierre à l’édifice : ils corroborent en effet les conclusions d’Oswald Avery en
montrant que l’infection d’une bactérie par un virus
appelé « phage » est due à la pénétration de l’ADN du
phage. L’injection de cet ADN dans la bactérie suffit à
voir se reproduire des particules virales.
Déjà à l’étroit dans leur bureau au Cavendish Laboratory, Watson et Crick doivent y faire de la place, en
septembre 1952, pour Peter Pauling, fils du prestigieux chimiste américain Linus Pauling. Ce dernier
est lui aussi sur la piste de la structure de l’ADN. En
décembre, Pauling père évoque dans une lettre à son
fils son modèle. Il lui adresse le 28 janvier 1953 une
copie du manuscrit encore confidentiel qu’il a soumis à l’Académie américaine des sciences, laquelle
devrait le publier le mois suivant. James Watson
prend connaissance des hypothèses de Linus Pauling : celui-ci croit à un modèle de triple hélice. Le
30 janvier 1953, alors que Rosalind Franklin refuse de
lui communiquer l’état d’avancement de son travail,
Watson vient à Londres et se fait montrer en cachette
par Maurice Wilkins le cliché de la forme B du cristal
d’ADN qu’a pris la jeune femme. Dans le train qui le
ramène à Cambridge, il le redessinera sur un journal.
Décidément peu étouffés par les scrupules, Watson
et Crick obtiennent, début février 1953, du cristallographe Max Perutz communication du résumé confidentiel que Rosalind Franklin a fait de ses travaux à
l’intention des autorités scientifiques britanniques.
Ils y trouvent confirmation d’un modèle de double
hélice aux brins de sens opposé. R. Franklin situe correctement les groupements phosphate à l’extérieur
du squelette de la molécule.
● Une course contre la montre
Le Nobel de médecine 1962 pour Watson,
Crick et Wilkins
En 1983, le gène de la chorée de Huntington
est localisé.
Comprenant qu’il s’agit d’une course contre la
montre, Watson et Crick redoublent d’efforts. Le
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28 février, Watson finit par élucider l’appariement des
bases A-T et G-C. Les deux compères se précipitent
au pub voisin, The Eagle. Devant les clients médusés,
Francis Crick annonce solennellement qu’ils viennent
de découvrir « le secret de la vie ». Le 7 mars, Crick
pose le dernier élément sur leur Meccano géant,
haut de deux mètres, avec dix paires de bases symbolisées. Ils convient Maurice Wilkins à venir découvrir le modèle. Celui-ci se rend sur place et ne peut
qu’en constater la pertinence. Il décline cependant la
proposition de Watson et de Crick d’être cosignataire
de l’article où ils font part de leurs travaux.
Pareille proposition n’a pas été faite à R. Franklin, à
qui pourtant une bonne partie de la découverte est
due. À deux doigts du but, celle-ci avait quitté le
King’s College au début de l’année 1953. Elle devait
par la suite se consacrer à l’étude d’un virus, celui de
la mosaïque du tabac. Elle décéda à l’âge de trentesept ans, le 16 avril 1958, d’un cancer de l’ovaire,
favorisé sans doute par des expositions répétées
aux rayons X. Oubliée, comme Avery, par le jury du
prix Nobel, elle finit par recevoir un hommage de la
part de James Watson dans son livre la Double Hélice,
publié en 1968.
Paradoxalement, la publication de Watson et de Crick
n’entraîna pas une profusion d’articles sur l’ADN et
sur la double hélice. Néanmoins, des travaux furent
menés dans différentes directions : propriétés physiques de l’ADN, méthodes d’extraction, composition
des différentes cellules d’un même organisme (afin
de savoir si elles contenaient toutes le même ADN),
dégâts induits par le rayonnement ultraviolet et les
rayonnements ionisants, et implication dans la synthèse des protéines.
Ces travaux débouchèrent sur la compréhension
du rôle de l’ADN, mais aussi de l’ARN (acide ribonucléique, dont la structure est formée par une chaîne
unique), dont la séquence des bases puriques et
pyrimidiques détermine la succession des acides
aminés composant les différentes protéines. En
1961, le code génétique gouvernant cette synthèse
est élucidé par Marshall Nirenberg. Une nouvelle
étape est franchie au début des années 1970 avec
les méthodes du génie génétique. Il devient alors
possible de cloner des fragments de génome et de
les cultiver dans des bactéries, ainsi génétiquement
modifiées. La première grande traduction de ce nouveau mouvement fut la localisation en 1983 du gène
de la chorée de Huntington, qui sera identifié dix ans
plus tard. Ces travaux donnèrent le coup d’envoi au
projet de décryptage du génome humain, entamé
à partir de 1988. Cet immense travail devait déboucher en 2001. Après avoir décripté les génomes de
divers organismes, les chercheurs – parmi lesquels
le moins enthousiaste n’est pas James Watson (Francis Crick se concentrant sur des recherches sur le
système nerveux central) – arrivent à la conclusion
que le génome humain est composé non pas de
100 000 gènes, mais de seulement 30 000, et donc
beaucoup plus proche qu’on ne le pensait de celui
de diverses espèces animales.
● De riches perspectives d’avenir
Les visions réductionnistes en prennent un coup : la
complexité n’est pas due au nombre de gènes mais
aux interactions complexes entre eux et avec les
protéines. De même, la vision simpliste « un gène,
une protéine » a été remise en question par le fait
qu’un même gène peut gouverner la synthèse de
plusieurs protéines. En outre, il apparaît que des
gènes peuvent suppléer des gènes déficients. Quant
aux théories, idéologiquement connotées, qui cherchaient à identifier les gènes de certains comportements, de l’alcoolisme à l’homosexualité, l’histoire les
a renvoyées aux oubliettes.
Cinquante ans après la publication de Watson et de
Crick, l’aventure scientifique se poursuit. La technique de la réaction de polymérisation en chaîne
(PCR, ou Polymerase Chain Reaction, mise au point
par l’Américain Kary Mullis, qui a reçu le prix Nobel
de médecine en 1993 pour cela) est aujourd’hui couramment employée pour obtenir de longues chaînes
d’ADN à partir d’un simple fragment. Elle permet de
détecter avec certitude la présence d’un matériel
génétique connu dans un prélèvement.
Même si la thérapie génique, visant à corriger les anomalies génétiques à l’origine de certaines maladies,
n’a pas encore tenu ses promesses, les perspectives
d’avenir demeurent riches. Ironie de l’histoire, beaucoup de scientifiques voient aujourd’hui les espoirs
les plus consistants dans la protéomique, l’étude des
protéines, qui avait été un peu oubliée, éblouis que
nous étions par l’épopée de la génétique.
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L’année 2004 sera dédiée à la Chine.
Mais c’est le XXIe siècle tout entier qui devrait
consacrer la montée en puissance de la
Chine, acteur désormais majeur de la scène
internationale dont elle s’applique à observer
les règles du jeu.
L’irrésistible
ascension
de la Chine
GARI ULUBEYAN
JOURNALISTE INDÉPENDANT
Signe de l’intégration dans un monde globalisé, l’entrée dans l’OMC en automne 2001 a
donné à la direction communiste, en place
à Pékin depuis mars 2003, les moyens de
concrétiser les ambitions nationales, en faisant
preuve d’une certaine modération, notamment lors
de la crise irakienne. Dotée de tous les attributs d’une
grande puissance économique, diplomatique, militaire et aussi spatiale, depuis le vol habité du 15 octobre, la Chine poursuit son ascension, guidée par un
pragmatisme placé au service d’un nationalisme qui
transcende les idéologies.
● Le défi de la mondialisation
Une puissance qui devrait marquer
profondément le cours du XXIe siècle.
Les jeux Olympiques de 2008 à Pékin : une
grande victoire nationale.
Le XXe siècle finissant avait renvoyé l’écho insistant
d’annonces prophétiques prédisant, souvent sur le
ton de Cassandre, un destin de superpuissance à la
Chine, dont l’éveil ferait trembler le monde, pour reprendre le titre d’un ouvrage français célèbre publié
dans les années 1970, alors que ce pays pauvre mais
à l’immense potentiel, ne serait-ce que par le poids
démographique, était encore emprisonné dans le
carcan du dogme maoïste. Un quart de siècle après la
mort de Mao Zedong, dont les héritiers ont préservé
la figure iconique et la conception pyramidale d’un
pouvoir monopolisé par le Parti communiste tout en
en sapant les fondations idéologiques, la Chine, de
puissance virtuelle, est devenue une puissance capable de rivaliser avec les plus grands, et qui devrait,
de l’avis de tous, marquer profondément le cours du
XXe siècle.
Après une période de latence, qu’elle a mise à profit
pour liquider les séquelles de la Révolution culturelle sous l’impulsion de Deng Xiaoping, inspirateur
de ce grand bond en avant qui propulsera le pays
dans l’ère de l’économie de marché, au prix d’un
grand écart idéologique avec les principes de Mao,
la Chine a relevé avec succès le défi de la mondialisation, en entrant dans l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) à l’automne 2001. Obtenue au
terme d’un laborieux processus de quatorze ans,
l’entrée dans le temple du libre-échange illustrait
l’intégration de la Chine dans un monde globalisé
sous l’effet de la circulation toujours plus dense des
produits comme des idées, dont elle acceptait les
règles du jeu, en espérant les mettre au service de
ses ambitions nationales. L’adhésion à l’OMC aura
surtout un impact symbolique, certes considérable,
la Chine ayant déjà déployé un certain nombre d’efforts pour s’adapter à ses exigences. Au-delà pourtant, cette adhésion la plaçait devant ses responsabilités nouvelles, et plus contraignantes, de grande
puissance reconnue comme telle par la communauté internationale, qui en attend plus de coopération. Mais pour la Chine, elle constitue avant
tout le moyen de participer plus activement à une
compétition mondiale dans laquelle elle s’est déjà
largement investie, et dont les jeux Olympiques de
2008 à Pékin se présentent comme la métaphore
sportive, et aussi économique, eu égard aux retombées considérables, en devises comme en termes
d’image, d’un événement glorifié déjà comme une
grande victoire nationale.
● Changement de ton
dans la continuité
De l’émulation socialiste qui avait galvanisé la première génération de Chinois bercés par les enseignements du Petit Livre rouge, la Chine est ainsi passée, sans états d’âme, à une concurrence capitaliste
dont le XVIe congrès du PCC, en novembre 2002,
avait adapté les règles aux réalités politiques particulières du pays. Principal artisan de la transition
vers l’économie de marché, le timonier Jiang Zemin
avait alors fait prendre au PC un tournant historique
en l’ouvrant aux entrepreneurs privés et en intégrant ainsi le fait capitaliste à son idéologie, avant
de passer la barre à une nouvelle équipe dirigeante.
Hu Jintao, investi à la tête du régime le 15 mars, et le
nouveau Premier ministre Wen Jiabao, élu quelques
jours avant à la succession de Zhu Rongji par l’Assemblée nationale, devront maintenir prudemment
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le cap fixé par Jiang Zemin. En sa qualité de chef
des armées, ce dernier se pose comme le garant de
l’héritage idéologique qu’il a légué au parti, en l’espèce du concept des « trois représentativités » – le
PCC doit représenter les forces productives les plus
avancées, la culture la plus avancée et les intérêts
des larges masses –, et veille à ce que son successeur, auprès duquel il a nommé son protégé, Zeng
Qinghong, au poste de vice-président, ne brusque
pas le cours de réformes. Si une nouvelle génération s’est installée aux commandes du régime,
censée exercer une direction plus moderne et plus
conforme aux aspirations des Chinois, sa marge de
manoeuvre reste donc limitée et il ne faudra guère
en attendre des initiatives spectaculaires à court
terme. Mais sous l’effet conjugué de la dynamique
interne des réformes et d’une conjoncture internationale marquée par la solidarité avec les États-Unis
dans la guerre contre le terrorisme, un changement
de ton est perceptible à Pékin. L’actualité, nationale
et internationale, était pourtant riche en événements qui constituent autant d’épreuves pour le
nouveau timonier et son équipe, depuis la guerre
en Irak jusqu’aux manifestations de Hongkong en
passant par l’épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), sans oublier la lancinante question de Taïwan.
EFFORTS DE TRANSPARENCE
Après le scandale, en 2001, du trafic de sang
contaminé qui a propagé le sida dans le Shanxi, la
politique de santé chinoise a été encore mise en
cause en février, avec l’apparition du Sras dans le
Guangdong, le Shanxi et à Hongkong. Si à Hongkong des mesures drastiques sont prises pour
enrayer cette pneumopathie atypique sans remède connu, Pékin ne s’attaque à l’épidémie qu’à
partir du 13 avril, alors qu’elle a déjà tué au moins
70 personnes sur les 1 500 contaminées. Comme
toute l’Asie, Pékin vit dans la psychose de l’épidémie, qui paralyse l’économie. Sous le feu des critiques, le régime renonce aux vieilles habitudes de
rétention de l’information pour éradiquer le fléau,
en concertation avec l’OMS. Quand, le 25 avril, une
délégation française conduite par M. Raffarin visite
Pékin, la guerre bat son plein contre une épidémie
que l’OMS déclare maîtrisée en juillet. L’effort de
transparence dans la divulgation des chiffres des
malades du Sras s’est exprimé aussi dans le domaine militaire. Ainsi le 2 mai, l’armée a annoncé
le naufrage d’un sous-marin avec 70 marins à son
bord dans le nord de la mer de Chine.
● Un sens nouveau de la diplomatie
La Chine joue les médiateurs auprès de la
Corée du Nord.
La crise irakienne donnera ainsi l’occasion à la Chine
de mettre en pratique sa nouvelle conception des
relations internationales. Après avoir exprimé sa
solidarité avec les Américains dans la lutte contre le
terrorisme, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la Chine a déployé tous ses efforts
pour que la guerre d’Irak ne vienne pas torpiller le
rapprochement ainsi opéré. Le 1er avril 2001, la collision entre un avion espion américain et un chasseur
chinois au large de l’île de Hainan avait provoqué
une vive tension entre les deux puissances de part et
d’autre de l’océan Pacifique, alors pressenti comme le
théâtre d’une « nouvelle guerre froide ». Cet incident,
sur fond de pressions militaires accrues de Pékin sur
Taïwan, avait conforté les États-Unis dans l’opinion
que la Chine était leur « concurrent stratégique », suspecté de fournir en armes les pays dits « de l’axe du
mal » et autres « États voyous ». Cette époque semble
désormais révolue depuis que la guerre contre le terrorisme a désigné la Chine comme un partenaire stratégique des États-Unis. Et la Chine s’est employée à
resserrer ses liens avec Washington, en gardant profil
bas tout au long de la crise diplomatique causée, au
sein du Conseil de sécurité de l’ONU dont elle est un
membre permanent, par les préparatifs de guerre en
Irak. Tout en s’opposant à toute solution militaire, elle
a évité de s’aligner trop ouvertement sur la France, la
Russie et l’Allemagne dans le front antiguerre, laissant
ainsi comprendre au secrétaire d’État américain Colin
Powell, en visite le 24 février à Pékin, que son refus de
la guerre ne prendrait pas la forme d’un veto.
C’est donc avec prudence que la nouvelle direction
chinoise s’est opposée à l’unilatéralisme des ÉtatsUnis. Mais les « intérêts d’État » de la Chine lui dictaient de ne pas heurter de front les Américains dans
le dossier irakien, pour se concentrer sur la scène régionale, où l’appelait une autre crise, provoquée par
le chantage à l’arme nucléaire de son encombrant
voisin et allié, la Corée du Nord. Les déclarations
intempestives du régime de Pyongyang, se vantant en octobre 2002 de mettre en oeuvre un programme nucléaire militaire, avaient ouvert un autre
front contre un autre pays de « l’axe du mal ». Mais les
Américains, engagés militairement en Irak, veulent
encore croire aux vertus du dialogue plutôt que de
prendre le risque d’une confrontation hasardeuse
avec le régime nord-coréen. Sollicitée par WashingdownloadModeText.vue.download 148 sur 370
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ton pour user de son influence sur Pyongyang, la
Chine répondra avec d’autant plus d’empressement
qu’elle redoute les conséquences d’une escalade
militaire et de la course aux armements que provoquerait le programme nucléaire de la Corée du Nord,
s’il se concrétisait. Après avoir accueilli la reprise d’un
dialogue entre les Américains et les Nord-Coréens en
avril, la Chine s’impliquera davantage dans le processus de négociations en présidant à Pékin le 29 août
une rencontre entre les représentants des deux Corées, du Japon, de la Russie et des États-Unis. Le sommet s’est soldé par le seul engagement de la Corée
du Nord à poursuivre un dialogue multilatéral qu’elle
avait jusque-là refusé, en vue d’obtenir des garanties
de sécurité en échange de son désarmement.
● Pragmatisme, nationalisme et rivalité
avec les Américains
En inaugurant ses débuts de médiateur dans une
crise internationale, la Chine cultivait son image
de puissance régionale responsable, par souci de
laquelle elle s’est aussi abstenue de provoquer militairement Taïwan, sans pour autant renoncer à voir
l’île nationaliste réintégrer son giron. Elle prenait
du même coup ses marques dans un monde dont
elle exalte la dimension multipolaire, avec le même
pragmatisme qui avait vu la Chine de Mao militer
en faveur du polycentrisme dans le monde communiste. Dépouillé de ses attributs idéologiques, ce
pragmatisme est placé au service d’un nationalisme
qui reste le meilleur allié du régime, et dont l’économie tend à devenir le fer de lance, plutôt que l’appareil militaro-industriel. La Chine a ainsi réfréné ses
gesticulations militaires dans le détroit de Formose
et mis un bémol à ses revendications territoriales,
notamment à l’encontre des Philippines concernant
les îles Spratley, pour multiplier les accords économiques et commerciaux avec des partenaires de plus
en plus diversifiés. Afin de consolider son influence,
la Chine pencherait en faveur d’une conception multilatéraliste des relations internationales, sous l’égide
de l’ONU. Mais depuis la crise irakienne, la doctrine
diplomatique chinoise semble moins attachée au
principe de la loyauté onusienne. En témoigne un
revirement notable à l’égard du G8, dénoncé comme
le « club des riches » par le régime de Pékin jusqu’à
ce que le président Hu Jintao accepte l’invitation de
Jacques Chirac à participer à un dialogue Nord-Sud
en marge du sommet d’Évian le 10 juin. Entraînée par
la dynamique irrépressible de son développement
économique, la Chine semble désireuse de réviser
son mode de relations avec les grands de la planète,
et est prête pour cela à oublier une rhétorique tiersmondiste qui l’a longtemps désignée comme le
porte-parole des pays en voie de développement
face aux pays riches, avec lesquels elle entend établir
un dialogue stratégique équilibré, comme l’exigent
ses « intérêts d’État ».
● Force de frappe économique sur fond
de malaise social
448 milliards de dollars d’investissements
directs étrangers en 2002.
L’attitude de Pékin lors du sommet de l’OMC à Cancún
en septembre, et le mois suivant lors de l’Assemblée
annuelle du Forum des pays de l’Asie-Pacifique
(Apec) à Bangkok, trahit l’ambiguïté de la place de
la Chine sur la scène internationale, où sa montée en
puissance est tendue vers l’objectif presque ouvertement affiché d’égaler, voire de dépasser les ÉtatsUnis. Dans nombre de secteurs, singulièrement la
haute technologie, la Chine est devenue très compétitive, au point par exemple d’éclipser les concurrents
japonais et sud-coréens sur le marché de l’électronique, qu’elle devrait complètement dominer à l’horizon 2008. Premier atelier de la planète, d’où sortent
des produits désormais plus soucieux de la qualité,
la Chine attire plus que jamais les investisseurs. Elle
talonne les États-Unis en termes d’investissements
directs étrangers, dont le volume est passé de 25 milliards de dollars en 1990 à 448 milliards en 2002 (sans
compter Hongkong, qui en totalise presque autant).
Pourtant, la force d’attraction exercée par la Chine sur
les milieux d’affaires étrangers, illustrée en novembre
par le mariage du français Thomson avec le chinois
TCL, s’appuie pour l’instant plus sur le bas coût de la
main-d’oeuvre que sur un marché encore à l’état de
promesse. Les produits étrangers, même fabriqués
en Chine, ne pénètrent encore que très faiblement
un immense marché, brandi comme un appât par le
régime de Pékin, qui préfère les réexporter, notam-
ment vers les États-Unis, son principal partenaire
commercial, absorbant le quart de ses exportations.
Terre d’élection de la délocalisation, la « Chine-atelier » présente donc une vitrine capitaliste derrière
laquelle la plus grande partie de sa population offre
sa force de travail à bas prix, tandis que les milieux
d’affaires et une classe moyenne très minoritaires
quoique en expansion ont été gagnés aux moeurs
consuméristes. La compétitivité des produits chinois
repose sur les épaules de cette main-d’oeuvre pléthorique, vivant souvent en lisière du seuil de la pauvreté, et dont les paysans fournissent les plus gros
contingents. Un réservoir apparemment inépuisable
de près de 800 millions de ruraux, poussés vers les
villes-champignons par un exode rural continu que
le marché de l’emploi n’est pas en mesure de résordownloadModeText.vue.download 149 sur 370
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ber, malgré les investissements étrangers et une politique de grands travaux dont le gigantesque barrage
des Trois-Gorges est le fleuron. Les efforts du gouvernement pour restructurer un secteur public en déshérence sont aussi la cause d’une hausse du nombre
des chômeurs, qui approcherait les 20 %, soit bien
plus que les 7 % admis par les chiffres officiels.
Loin des principes égalitaristes fondateurs, c’est
bien une société à deux vitesses, avec des disparités
criantes, qui se met en place en Chine, où souffle
un vent de contestation sans précédent, traduisant
l’émergence d’une société civile capable de s’organiser malgré l’interdiction de toute opposition politique, comme l’a montré la mobilisation syndicale
dans l’usine Tiehejin de Liaoyang au printemps 2002,
dont les leaders ont été jugés un an après.
Talon d’Achille du dragon chinois, cette vague naissante de contestation place le régime de Pékin
devant ses contradictions. Pour l’endiguer, il devra
bien se résoudre à faire davantage bénéficier la
population des fruits d’une croissance qui doit tant
aux capitaux étrangers ; mais comment maintenir
ceux-ci et continuer à attirer les investisseurs tout en
améliorant les salaires et les conditions de travail des
ouvriers chinois ? Plus fondamentalement, le régime
communiste devra franchir le pas qui le sépare d’un
capitalisme qui n’ose encore dire son nom en passant
d’une économie de production à une réelle économie de consommation et de marché, plus ouvert à
la concurrence des produits étrangers. La balance
commerciale chinoise en pâtira sans doute, ce qui
ne déplaira d’ailleurs pas aux principaux partenaires
économiques de la Chine, les États-Unis comme l’UE,
dont la balance est déficitaire et qui pressent pour
cela Pékin de réévaluer le yuan, arrimé au dollar pour
garantir la compétitivité des produits chinois. Mais
c’est peut-être dans le domaine politique que les
conséquences des mutations à venir seront les plus
visibles.
● Les limites du système politique
Pour l’heure, le régime de Pékin utilise sa force de
frappe économique en multipliant les accords commerciaux et de libre-échange, comme avec les pays
de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), tremplin régional dans
sa course au leadership planétaire. C’est aussi sur
l’arme économique qu’il semble miser désormais
pour faire rentrer dans son giron Taïwan, dont les
hommes d’affaires investissent à tour de bras sur le
continent. Pour le régime de Pékin, le principe « un
pays, deux systèmes », qui avait présidé à l’intégration
de Hongkong, vaut aussi pour Taïwan. Mais ses tentatives de normalisation politique dans l’ex-colonie britannique, qui ont provoqué des manifestations d’une
ampleur sans précédent en juillet, le contraignant à
reculer tout en resserrant ses liens économiques
par un accord de libre-échange, ne rassurent guère
Taïwan sur les intentions de Pékin.
À l’extérieur comme à l’intérieur, la Chine est confrontée aux limites d’un « système » dont la schizophrénie constitue le principal obstacle à sa montée
en puissance, qui dépend désormais de sa capacité à le réformer et à solder les comptes d’un passé
maoïste douloureux, auquel des millions de victimes
chinoises et tibétaines ont payé un lourd tribut entre
1950 et 1976, et qui survit encore aujourd’hui dans
l’archipel du laogai, le goulag chinois. Le régime ne
peut éternellement faire l’économie d’une ouverture politique que les profondes mutations sociales
rendent inévitable. Il lui faut accepter les règles du
jeu démocratique et mettre en place les institutions
permettant le dialogue politique et social, sans oublier la couverture sociale qu’il doit à des millions de
déshérités que le socialisme de marché – ou plutôt
– le capitalisme « aux caractéristiques chinoises » a
laissés sur le bas-côté de la route. Les ambitions de
puissance planétaire de la Chine l’appellent par ailleurs à confirmer ses bonnes intentions affichées,
en pesant de tout son poids pour désamorcer les
risques nucléaires dans la péninsule coréenne, en
cessant ses menaces d’intervention armée contre
Taïwan, en laissant sa liberté à Hongkong, mais aussi
en acceptant les normes internationales en matière
de lutte contre la prolifération nucléaire, contre les
financements douteux et autres pratiques frauduleuses, comme la contrefaçon, au centre du sommet
Chine-UE de novembre.
Le régime de Pékin peut certes aussi, sous l’impulsion
d’une vieille garde toujours vigilante, se lancer dans
une fuite en avant dans le nationalisme, seul véritable
ciment désormais d’une société chinoise débar-
rassée de ses oripeaux idéologiques, qui exalte ses
champions sur les stades comme dans l’espace. Mais
une telle option risquerait de ruiner les acquis de la
Chine, dotée désormais de bien des atouts d’une
grande puissance. Reste à savoir si ses ambitions ne
feront pas perdre le sens de la mesure à l’empire du
– juste – Milieu, qui se situe à la croisée des chemins,
en ce début de XXIe siècle.
HONGKONG S’ACCROCHE À SA SPÉCIFICITÉ
Attachés à la spécificité de leur « région administrative spéciale », garante de leurs libertés politiques et économiques depuis 1997, les habitants
de Hongkong étaient 500 000 à manifester le
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1er juillet, au 6e anniversaire de la rétrocession de
l’ex-colonie britannique, contre un projet de loi
inspiré par Pékin visant à intégrer à la législation
locale un article contre la subversion, la sécession
et la trahison. Devant l’ampleur de la contestation, Pékin demandera à Tung-Chee-hwa, le chef
du gouvernement local à sa dévotion, de retirer
l’article de l’ordre du jour législatif. Dans le même
temps, Pékin resserrait ses liens économiques avec
Hongkong par un accord de libre-échange. Mais
les habitants de l’ancienne colonie, qui manifestaient à nouveau le 9 juillet, semblent décidés à
maintenir la pression sur le gouvernement local
affaibli par la crise, dont ils réclament des élections
au suffrage universel.
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Le processus paraissait impossible. Pourtant,
deux cents personnes réunies à Bruxelles de
février 2002 à juin 2003 ont réussi à rédiger
une constitution européenne.
Mais il reste à l’imposer aux dirigeants des
États membres de l’Union et aux Européens
eux-mêmes.
La longue marche
de la Constitution
européenne
MARIE-FRANÇOISE MASSON
JOURNALISTE À la Croix
Il est des scènes qui marquent l’importance
d’un événement. Bruxelles, 28 février 2002 :
droit devant son pupitre, face à l’hémicycle
comble du Parlement européen, Valéry Giscard d’Estaing inaugure la convention pour l’avenir
de l’Europe qu’il préside et qui s’est vue chargée de
la rude tâche de rédiger un projet de constitution
européenne. D’emblée, l’ancien président de la
République française, jouant avec enthousiasme la
carte de l’Européen convaincu – ne fut-il pas député
dans ce même Parlement ? –, passe au fil de son
discours de l’allemand au français et du français à
l’anglais, sans oublier de saluer dans les autres langues de l’Union européenne tous les représentants
présents, s’attirant par là même les applaudissements
chaleureux de l’auditoire. Bruxelles, 6 juin 2003 : dans
le même hémicycle, Valéry Giscard d’Estaing brandit un document de plusieurs dizaines de pages et
remercie l’assistance de son travail, provoquant de
nouveaux applaudissements avant que chacun des
acteurs présents, coupe de champagne en main,
célèbre le consensus obtenu à l’issue d’un long et
régulier travail de seize mois.
● Vingt-huit pays représentés
Tout commence lors du sommet de Laeken
en décembre 2001.
Le fonctionnement des institutions est
devenu illisible.
Qui, lorsque l’idée a germé de faire écrire un texte
majeur pour l’Europe par plus de deux cents personnes venant de vingt-huit pays du Vieux Continent, aurait parié ne serait-ce qu’un euro sur le
succès d’une telle entreprise ? Peu de monde. C’est
en effet en décembre 2001, au sommet de Laeken,
un château cossu installé dans les faubourgs de
Bruxelles, que les chefs d’État et de gouvernement
des quinze pays membres de l’Union européenne
ont arrêté ce nouveau principe de travail. La rédaction de la future constitution européenne ne serait
pas conduite par un groupe de juristes prestigieux
concoctant dans le fond de leur bureau un texte difficile à lire par les citoyens. Le travail se ferait au vu
et au su de tous les Européens et serait confié non
seulement à des représentants des trois institutions
communautaires (Commission, Parlement, Conseil),
mais aussi à des membres des Parlements nationaux
et des différents gouvernements, sachant que, pour
ces deux dernières catégories, les représentants seraient issus des quinze États membres, des dix futurs
entrants en mai 2004 et des trois autres pays (Roumanie, Bulgarie et Turquie) qui attendent encore à
la porte. De plus, chacun des conventionnels aurait
un suppléant également présent dans l’hémicycle et
ayant par là même voix au chapitre. Enfin, pour éviter
la cacophonie, le sommet de Laeken nommait pré-
sident de cette instance celui qui s’était porté candidat, Valéry Giscard d’Estaing, mais l’encadrait de deux
vice-présidents, l’ancien président du Conseil italien
Giulio Amato, spécialiste du droit constitutionnel, et
l’ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene,
fin connaisseur des arcanes communautaires. Les
trois hommes s’entourant eux-mêmes d’un praesidium, sorte de bureau chargé de mettre en forme
les textes, et d’un secrétariat dirigé par un diplomate
hors pair, le Britannique John Kerr.
Cette armée mexicaine, complexe à conduire à bon
port, s’est avérée essentielle. Le modèle communautaire européen – fondé dès 1957 sur le consensus,
autrement dit sur la décision prise à l’unanimité des
États membres – avait été élaboré pour six pays.
Certes, il était parvenu à s’adapter lorsque l’Union
était passée à dix, à douze puis à quinze membres.
Mais à vingt-cinq, on s’acheminait vers le blocage total. De plus, au fil des élargissements, la raison d’être
de l’Union s’était diluée. L’idée de créer un espace de
paix, fondé sur la réconciliation entre belligérants et
échafaudé par des pères fondateurs venus de pays
sortis exsangues de la guerre et décidant de mettre
en commun leur outil industriel, n’était plus essentielle aux yeux des arrivants successifs. Pour eux,
l’Europe était d’abord un marché prospère où chacun voulait obtenir une part du gâteau. La fracture
idéologique s’annonçait plus grande encore avec des
pays qui venaient de vivre un demi-siècle de disette
de l’autre côté du rideau de fer. Enfin, le fonctiondownloadModeText.vue.download 152 sur 370
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nement même des institutions, d’une complexité
inextricable, était devenu illisible, chaque nouvelle
réforme ayant donné lieu à un nouveau texte : traité
de Rome instaurant la Communauté économique
européenne, acte unique de Luxembourg instaurant
le grand marché intérieur, traité de Maastricht créant
l’Union européenne et lançant la monnaie unique,
traité d’Amsterdam mettant en place l’espace de
sécurité de Schengen. Si bien que, d’empilements de
textes en empilements de jargons techniques, seuls
quelques technocrates s’y retrouvaient encore sur
les rôles respectifs des instances communautaires
ou sur la détermination de la sphère propre de pouvoir de chacun des États. À titre d’exemple, lorsque
la convention européenne fit demander aux spécialistes de Bruxelles de combien d’outils législatifs ils
disposaient pour faire passer une réforme, aucun ne
fut capable de donner le même nombre. Il était donc
grand temps de rassembler les ensembles épars
dans un même document fédérateur en élaguant ce
qui n’avait plus cours et en affirmant sur la base de
quels grands principes les Européens tenaient à vivre
ensemble. Bref, il fallait une constitution européenne.
Mais comment la rédiger ?
● Un mélange d’improvisation et
d’organisation
Le premier réflexe avait été, en 2000, d’utiliser la formule habituelle. Celle de la conférence intergouvernementale. Autrement dit, se mettre d’accord autour
d’un texte obtenu lors d’une réunion des chefs d’État
et de gouvernement. Mais la dernière conférence en
date à Nice, en décembre 2000, avait laissé un goût
de cendres tant les égoïsmes de chaque État s’étaient
exacerbés, aucun dirigeant ne voulant en rabattre
face aux autres. À l’inverse, une discrète initiative
avait eu une heureuse issue. L’Union européenne, qui
voulait à la même époque se doter d’une sorte de
charte des droits de l’homme et du citoyen, avait décidé de confier ce travail à la fois à des juristes et à des
hommes politiques. Le groupe, appelé convention,
formé de parlementaires et d’experts venant de tous
horizons et de tous pays, avait, à l’issue de plusieurs
mois de réflexions et de débats, accouché d’un texte
remarquable et consensuel – la Charte européenne
des droits fondamentaux – que les dirigeants des
États membres n’avaient pu ensuite que cautionner. Le mélange d’hommes et de femmes d’univers
différents apprenant peu à peu à s’estimer et à se
comprendre avait fait merveille. L’idée de reprendre
la méthode pour la future constitution fut adoptée
presque sans discussion.
Les débats sur la convention sont alors menés pendant seize mois dans un mélange d’improvisation et
d’organisation. À ceux qui veulent aussitôt se lancer
dans la rédaction d’un texte et sont prêts à en découdre sur le nouvel échafaudage des pouvoirs, Valéry Giscard d’Estaing répond que ce groupe a d’abord
besoin de se connaître. Pendant plusieurs mois, et
à raison de séances de deux jours toutes les quatre
semaines, l’hémicycle ne résonne que de discours.
Mais une maïeutique se met en place. À l’été 2002,
on passe à la phase des petits groupes de travail,
chacun s’adjugeant une question particulière : simplification des textes, Europe sociale, gouvernance
économique, défense commune. À chaque fois, il
s’agit de déterminer jusqu’où Bruxelles peut aller et
ce qui doit être du domaine propre de chaque pays.
À l’automne 2002, Giscard présente le squelette de la
future constitution, où viendront se loger une à une
les mesures adoptées en groupes, puis discutées en
assemblée générale et rédigées par le praesidium.
Entre ceux qui veulent donner davantage de pouvoirs aux instances communautaires (les fédéralistes)
et ceux qui s’y refusent (les souverainistes), entre les
chantres du libéralisme et les défenseurs des services
publics, entre ceux qui rêvent d’une Europe avec une
défense propre et ceux qui se contentent du bouclier
américain, le dialogue n’est pas évident. La discussion,
notamment entre ceux qui veulent introduire dans
le préambule la référence à Dieu (qui sera rejetée),
et ceux qui veulent évoquer l’héritage des religions
(qui sera adopté sans citer explicitement le christianisme), fait ainsi l’objet de débats loin d’être clos. En
février 2003, au pire moment de la crise irakienne –
l’UE étant divisée en deux camps, celui opposé à une
guerre et celui décidé à se joindre au combat avec
les États-Unis –, la convention songe à suspendre ses
travaux. En fait, la crise aura une issue heureuse : celle
de convaincre tout le monde de la nécessité de créer
un nouveau poste, celui de ministre européen des
Affaires étrangères chargé d’élaborer une politique
commune en ce domaine. Mais c’est évidemment
sur le schéma institutionnel que le consensus sera le
plus difficile à élaborer.
CONSTITUTION, MODE D’EMPLOI
Outre le préambule, le projet de traité formant la
nouvelle constitution européenne est divisé en
quatre parties. La première partie est consacrée à
la structure des institutions ; la deuxième reprend
la charte des droits fondamentaux, autrement dit
les droits et devoirs des citoyens européens ; la
troisième traite des politiques et du fonctionnedownloadModeText.vue.download 153 sur 370
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ment de l’Union ; la quatrième aborde les dispositions générales et finales.
Dans deux domaines essentiels, l’effort de simplification est certain : le texte définit précisément
ce qui est de la compétence exclusive de l’Union
européenne, le domaine où l’Union ne peut avoir
que des actions de coordination avec les États
membres et le domaine où les compétences sont
partagées ; le texte réduit par ailleurs le nombre
d’instruments juridiques. Dorénavant seules subsistent en matière européenne les lois, les loiscadres, les règlements et les décisions. La réforme
des institutions comporte six mesures phares :
– La nouvelle majorité qualifiée au sein des
Conseils des ministres européens pour adopter un texte est constituée par la moitié des
États membres, à condition qu’ils représentent au moins 60 % de la population de l’Union
européenne.
– La présidence tournante de l’Union européenne
prend fin. Le nouveau président du Conseil des
chefs d’État et de gouvernement serait élu à la
majorité qualifiée. Le projet de traité reste en
revanche très flou sur l’organisation des futurs
Conseils des ministres (transports, finances, agriculture, etc.). Il ne dit pas combien de formations
subsisteront, ni comment les présidences de ces
conseils seront réparties entre les États membres.
– La Commission resterait composée d’un représentant par État membre mais 15 membres seulement auraient le droit de vote.
– Un ministre des Affaires étrangères est nommé
par le Conseil européen à la majorité qualifiée
pour donner plus de cohérence et de visibilité à
l’action extérieure de l’Union.
– Le pouvoir du Parlement est renforcé en matière
budgétaire, commerciale et en matière d’accords
internationaux.
– Sur l’initiative d’au moins un million de citoyens
européens issus d’un nombre significatif d’États,
la Commission peut être invitée à soumettre une
proposition.
● Logique des grands pays contre
logique des petits
La « ligne jaune » : déterminer jusqu’où
Bruxelles peut aller.
La Communauté européenne de défense :
« une armée apatride » et une « Babel
militaire ».
L’Union européenne repose en effet sur un triptyque
de pouvoirs : la Commission, le Conseil et le Parlement. La Commission est la gardienne des traités.
Responsable de l’application de la politique communautaire, elle est la seule à pouvoir proposer des
projets de loi qu’adopte le Conseil composé des
ministres de chaque gouvernement concerné par
le sujet examiné : ministres de l’Agriculture si l’on se
penche, par exemple, sur les aides agricoles, ministres
des Finances lorsque vient en débat la politique économique, etc. Enfin, le Parlement est l’institution qui
représente les citoyens. Il vote le budget et peut censurer la Commission. Dans un pays ordinaire, on dirait
que la Commission est le gouvernement, le Conseil
des ministres, une sorte de Sénat, de chambre haute
représentant les États, tandis que le Parlement serait
la chambre basse. En fait, dans l’Union européenne,
c’est beaucoup plus complexe, chacun des États
membres tenant à garder une part de pouvoir dans
chaque institution. La Commission est ainsi composée d’au moins un représentant de chacun des
pays (deux pour les grands). C’est dire si l’élaboration des textes législatifs se fait aussi à l’aune des
intérêts de chaque État. De même, outre le Conseil
des ministres, se réunit quatre fois par an un Conseil
européen, composé des chefs d’État et de gouvernement, qui prend les décisions ultimes s’imposant
à tous, une sorte de présidence collective : c’est ce
Conseil européen qui tranchera en fin de compte
sur le contenu de la Constitution. Enfin, dernier signe
que les gouvernants de chaque pays veulent garder
la main, le Parlement n’a, sur de nombreux textes législatifs, qu’un pouvoir de consultation. Pourtant, ce
triple et original attelage a permis que, doucement
et dans le consensus, les États lâchent peu à peu des
parcelles de leur souveraineté : la monnaie, la politique migratoire, la surveillance des frontières et le
commerce sont aujourd’hui communautaires, et ce
n’est pas rien.
Mais, au sein d’une Europe aux histoires de plus en
plus diverses, deux logiques de l’évolution des institutions s’opposent. La première, souvent menée par
une majorité de grands pays, veut faire du Conseil
européen l’organe leader de l’Union : elle milite donc
pour introduire dans la future constitution un président élu par ses pairs pendant une durée fixe, au lieu
de l’actuelle présidence tournante tous les six mois ;
de même, elle veut restreindre le vote à l’unanimité
au profit d’une majorité qualifiée où chaque État ne
serait pas égal, mais pèserait en fonction du poids
de sa population. La seconde logique, soutenue par
une majorité de petits et moyens pays, veut faire
de la Commission l’organe phare : elle est réticente
à l’élection d’un président du Conseil qui ferait de
la Commission une haute fonction publique, et de
son président, qui lui a un mandat fixe, un simple
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exécutant ; surtout, elle ne veut pas entendre parler
d’une composition restreinte de la Commission dans
laquelle chaque pays n’aurait donc plus son mot à
dire. La solution proposée par le projet de constitution en juin 2003 ne satisfait personne à 100 %.
Mais elle est adoptée par les conventionnels, signe
que l’on est arrivé à un consensus : le président du
Conseil européen serait dorénavant élu, sans être
aussi omnipotent que l’auraient voulu certains pays ;
la Commission restera composée d’un commissaire
par pays, mais ces derniers n’auront pas tous en
même temps le droit de voter au sein de la structure.
Bref, le projet clair et lisible présenté aux chefs d’État
et de gouvernement au sommet de Thessalonique
(Grèce) est, depuis, la base de discussion entre les différents États. Car, pour exister, le texte final doit être
adopté à l’unanimité par tous les pays membres. Si
le lieu de la signature d’un tel document est d’ores
et déjà trouvé – Rome, là où fut adopté en 1957 le
premier texte européen –, la date de la cérémonie
et le contenu du texte restent ouverts. En effet, les
mêmes logiques qui opposent petits et grands États,
fédéralistes ou souverainistes, renaissent sans cesse
depuis septembre 2003. Pourtant, en remettant son
ouvrage à chaque dirigeant, Valéry Giscard d’Estaing
a fait cette mise en garde : son projet était « à la fois
insuffisant, mais inespéré car la convention était allée
aussi loin qu’il était possible et toute correction mettrait
en péril un fragile et miraculeux équilibre obtenu ». Un
équilibre qu’il faudra ensuite faire adopter par les
populations européennes consultées pour la plupart
par référendum dans les années à venir. Et cela est
une autre histoire.
QUI SE SOUVIENT DE LA CED ?
Le 26 octobre 1950, le gouvernement Pleven fait
voter par l’Assemblée nationale le principe d’une
« armée européenne » (343 voix contre, 225 venant
des communistes et des gaullistes). Le 27 mai
1952, le gouvernement Pinay signe le traité de
Paris établissant la Communauté européenne
de défense (CED) ; le 30 août 1954, le gouvernement Mendès France soumet le projet de ratification du traité à l’Assemblée nationale. Celle-ci
vote une question préalable entraînant le rejet
du projet (pour le rejet : 99 communistes, 67 gaullistes sur 73 ; 53 socialistes sur 105 ; 44 radicaux
sur 100 ; 44 modérés sur 136). Ce projet prévoyait
notamment un pacte d’assistance mutuelle en cas
d’agression contre l’un des six États membres, des
forces européennes de défense intégrées, des institutions politiques, un protocole relatif aux relations avec l’OTAN (autant de mesures aujourd’hui
en germe dans le projet de constitution). Mais,
pour les communistes, la CED était alors « une arme
brandie contre l’URSS, patrie du socialisme » et, pour
les gaullistes, elle serait « un des instruments d’une
stratégie américaine » fabriquant une « armée apatride » et une « Babel militaire ». Quant à Pierre Mendès France, signe que les socialistes n’étaient pas
plus enthousiastes, « refusant de participer à un vote
qui divise profondément l’Assemblée et l’opinion », il
avait laissé l’Assemblée « prendre la décision qui lui
appartient ». La Constitution européenne venait de
prendre cinquante ans de retard.
LES FRANÇAIS : EUROPHOBES OU
EUROPHILES ?
Selon un sondage du 8 octobre 2003, près des trois
quarts des Français (74 %) pensent que le président
Jacques Chirac devrait décider d’organiser un référendum sur la Constitution de l’Union européenne.
Les plus demandeurs sont les sympathisants du FN
et du MNR (84 %), devant les électeurs de gauche
(75 %) et de la droite parlementaire (68 %) ; 22 %
ne jugent pas nécessaire ce référendum et 4 % ne
se prononcent pas.
– Les Français europhobes ? 61 % des personnes
interrogées auraient voulu être consultées sur
l’élargissement de l’Europe, projet ratifié par
l’Assemblée nationale et concernant l’impact
sur l’économie française ; 47 % pensent que la
construction européenne a favorisé la croissance ;
46 % jugent au contraire qu’elle l’a plutôt gênée.
– Les Français europhiles ? Pour six Français sur
dix, la construction européenne est une « source
d’espoir ». Plus d’un Français sur deux souhaite
l’élection d’un président de l’Europe au suffrage
universel ; 71 % souhaiteraient qu’il existe « une
armée européenne ».
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Entrée en vigueur le 1er juillet 2002, la
Cour pénale internationale est la première
juridiction permanente compétente pour juger
les responsables de crimes internationaux.
Elle s’est mise au travail au printemps 2003,
mais saura-t-elle convaincre les États de
l’aider à rendre la justice ?
Les difficiles premiers
pas de la CPI
BENJAMIN BIBAS ET EMMANUEL CHICON
Sise à La Haye (Pays-Bas), la Cour pénale
internationale (CPI) est la première juridiction permanente compétente pour juger
les responsables de génocide, de crimes
contre l’humanité ou de crimes de guerre commis
depuis le 1er juillet 2002, date d’entrée en vigueur du
Statut de Rome. Ce texte, fondateur de la CPI, a été
signé en 1998 par 139 États. Au printemps 2002, ils
étaient 60 à l’avoir ratifié, chiffre minimal pour que
la Cour soit créée. Fin 2003, les États parties à la Cour
étaient désormais 92, se répartissant entre les pays
du Sud, surtout africains et latino-américains, et le
vieux Continent, dont la totalité des 25 membres de
l’Union européenne.
Géographiquement, la Cour est donc loin d’être universelle : ni la Chine, ni la Russie, ni les États-Unis, pour
ne citer que les États les plus puissants, ne sont parties au Statut de Rome. L’universalité de la CPI n’est
pas davantage juridique. Sa compétence est limitée
aux crimes commis sur le territoire des États parties
au Statut ou par leurs ressortissants, sauf à être saisie
par le Conseil de sécurité des Nations unies.
● Droit d’ingérence
La Cour n’en est pas moins devenue opérationnelle
au cours du premier semestre 2003. L’Assemblée
des États parties, organe politique qui encadre le
fonctionnement de la Cour et vote son budget
(53 millions d’euros en 2004), a d’abord élu ses dixhuit juges, dont l’origine géographique représente
la diversité des traditions juridiques du globe. Puis
les magistrats ont nommé à leur tête le Canadien
Philippe Kirsch, devenu président de la CPI. Pour le
procureur, en charge de la politique des poursuites,
le choix de l’Assemblée s’est porté sur l’Argentin Luis
Moreno Ocampo. Le greffe, enfin, a été confié au
Français Bruno Cathala, qui doit notamment mettre
en place une division d’aide aux témoins et aux victimes ainsi qu’un Barreau pénal international.
Selon Philippe Kirsch, la CPI entend devenir un instrument de prévention des conflits. Héritière des
tribunaux internationaux, depuis Nuremberg jusqu’à
ceux qui ont vu le jour dans les années 1990 (voir
encadré), la Cour consacre la responsabilité pénale
individuelle et récuse l’immunité des chefs d’État ou
des ministres devant les crimes imprescriptibles qui
relèvent de sa compétence. La Cour est également
contemporaine de l’avènement d’un nouvel ordre
mondial censé reposer sur le « droit d’ingérence », qui
selon l’expression de Bernard Kouchner, cofondateur
de Médecins sans frontières, doit s’opposer à « la
théorie archaïque de la souveraineté des États, sacralisée
en protection des massacres ». Aussi le Statut de Rome
institutionnalise-t-il, pour la première fois, le rôle des
organisations non gouvernementales (ONG), qui ont
activement soutenu la création de la CPI et dont les
rapports pourront inspirer les investigations du procureur. Corrélativement, et c’est une autre innovation
majeure, la Cour octroie aux victimes le droit de participer à la procédure dès le stade de l’enquête et celui
d’être indemnisées.
● La résistance des États-Unis
Porteuse d’avancées indéniables, la CPI doit d’ores et
déjà surmonter plusieurs obstacles. À commencer
par la « guerre » que les États-Unis mènent actuellement contre une institution qu’ils estiment potentiellement hostile à leurs intérêts. Le président américain
George W. Bush s’est empressé d’annuler la signature
du Statut de Rome de son prédécesseur : les Américains ont toujours plaidé pour une Cour placée sous
le contrôle exclusif du Conseil de sécurité de l’ONU.
Ils n’acceptent pas que celle-ci puisse également
être saisie par un État partie ou par le procureur, et
refusent tout autant que la compétence de la CPI
s’étende territorialement aux crimes commis par des
individus non ressortissants des pays ayant ratifié.
En outre, l’Assemblée des États parties doit, au cours
d’une conférence de révision programmée en 2009,
intégrer au Statut de Rome le crime d’agression, perspective qui ne peut que gêner une administration
américaine adepte de la « guerre préventive ».
Débutée à l’été 2002, l’offensive américaine contre
la CPI repose d’abord sur une loi interdisant toute
forme de coopération américaine avec la Cour (American Service Members’ Protection Act). Dans la foulée, l’administration Bush a fait voter par le Conseil
de sécurité des résolutions interdisant à la CPI de
poursuivre les membres des opérations onusiennes
de maintien de la paix, ressortissants des pays qui
n’ont pas ratifié le Statut de Rome. Cette pression
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apparaît d’autant plus problématique que la Cour
négocie actuellement un accord de coopération
avec l’ONU selon lequel les forces sous mandat onusien devraient prêter main-forte au personnel de la
CPI : protection, sécurité des témoins, arrestation
des suspects. Enfin, les États-Unis ont fait signer de
nombreux accords bilatéraux octroyant aux citoyens
américains une exemption de poursuites devant la
CPI. Soixante-huit pays approchés, dont la moitié
sont des États parties au Statut de Rome à l’instar de
la Colombie, avaient été sensibles aux arguments de
Washington à l’automne 2003, les autres perdant le
bénéfice de l’aide militaire américaine. « La Cour a été
créée de manière permanente. Les environnements politiques, eux, évoluent », estime toutefois Philippe Kirsch
pour nuancer cette opposition américaine actuelle.
● La question de la compétence
universelle
Les États parties de la CPI étaient au nombre
de 92 en 2003.
Les 25 membres de l’UE reconnaissent les
statuts de la CPI.
L’autre obstacle que la Cour devra franchir pour asseoir sa crédibilité est tout aussi politique. Dépourvue de moyens coercitifs pour contraindre un pays
récalcitrant à coopérer, la CPI, loin d’abolir la souveraineté des États, entend fonctionner en complémentarité avec les juridictions nationales. La CPI, en
effet, n’a aucune priorité sur les justices nationales.
Elle n’intervient que si les États ne peuvent pas, le
plus souvent à la suite d’un conflit, ou ne souhaitent
pas exercer leur compétence – deux occurrences
définies à l’article 17 du Statut, et soumises à l’appréciation du procureur. Or, jusqu’à présent, cette complémentarité n’est possible qu’avec 20 États parties,
ceux qui ont achevé la transposition du Statut de
Rome dans leur législation nationale. Une opération
d’autant plus importante qu’elle inclut des mécanismes de compétence universelle, selon lesquels
un pays ayant ratifié les Conventions de Genève de
1949 (sur les crimes de guerre) et de 1984 (contre la
torture) doit poursuivre ou extrader tout auteur de
crimes internationaux et ce, indépendamment de sa
nationalité.
Au sein de l’Union européenne, la Belgique a été
le premier pays à mettre en oeuvre la compétence
universelle dans une loi votée en 1993. Des victimes
rwandaises du génocide de 1994 se sont saisies de
ce texte pour faire condamner à Bruxelles quatre de
leurs compatriotes en 2001. C’est également en vertu
de cette loi belge qu’ont été déposées plusieurs centaines de plaintes visant des personnalités politiques
de haut rang, au nombre desquelles l’actuel Premier
ministre israélien Ariel Sharon, pour sa responsabilité présumée dans les massacres commis à Sabra et
Chatila en 1982. Mais devant les complications diplomatiques, et notamment sous la pression des ÉtatsUnis alertés par une plainte visant l’actuel secrétaire
d’État Colin Powell pour sa participation en tant que
général en chef des armées américaines à la première guerre du Golfe (1991), le texte a été amendé
en août 2003 dans un sens beaucoup plus restrictif.
L’Espagne apparaît également en pointe en matière
de compétence universelle : en juillet 2003, le juge
Baltasar Garzon a réussi à convaincre le Mexique
d’extrader l’ex-militaire argentin Ricardo Cavallo, afin
qu’il réponde devant la justice madrilène de crimes
commis pendant la dictature (1976-1983). Une première, suivie en septembre par la mise en accusation
d’une trentaine de membres d’al-Qaida.
En France, plusieurs affaires sont actuellement instruites au titre de la compétence universelle : l’une
d’entre elles vise le général tortionnaire mauritanien
Ely Ould Dah ; une autre, des hauts dignitaires du
« Congo-Brazzaville », dont l’actuel président Denis
Sassou Nguesso. Mais le projet de loi d’adaptation
au Statut de la CPI, en cours de discussion interministérielle et qui entend (enfin) inclure les crimes
de guerre dans le Code pénal français, est critiqué.
La Commission nationale consultative des droits de
l’homme lui reproche notamment de réserver « au
Ministère public l’exclusivité du déclenchement des
poursuites pour les infractions commises à l’étranger »,
sans que les victimes aient leur mot à dire. En clair, ce
projet contiendrait en germe la mort de la compétence universelle en France.
RWANDA
À Arusha (Tanzanie), les procès du Tribunal pénal
international pour le Rwanda (TPIR), créé en 1994,
manquent également de lisibilité. Certes, dès 1998,
l’ancien Premier ministre rwandais Jean Kambanda
a été condamné à perpétuité. Et Théoneste Bagosora, ex-directeur de cabinet du ministre de la Défense et considéré comme le principal « cerveau »
d’un génocide qui a fait plus de 800 000 morts, est
actuellement en cours de jugement. Mais là aussi,
l’accusation du procureur Carla Del Ponte patine.
Dans un pays où les anciens génocidaires sont
nombreux, la protection des témoins est difficile,
ce qui encourage le mutisme. Et le gouvernement
rwandais est peu enclin à coopérer : à terme, le
président Paul Kagamé, ancien chef du Front
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patriotique rwandais (FPR), pourrait lui aussi être
inquiété par le TPIR pour les massacres commis à
la fin de l’année 1994, en représailles au génocide.
Afin de clarifier la stratégie de l’accusation, Carla
Del Ponte a été remplacée en septembre par le
Gambien Hassan Boubacar Jallow.
● Le dossier congolais
En dépit des nombreuses difficultés qui s’annoncent,
la Cour a toutefois commencé à travailler. Après avoir
étudié les quelque 500 communications parvenues à
La Haye depuis le 1er juillet 2002, le procureur Ocampo a décidé de s’intéresser, dans un premier temps, au
conflit qui ensanglante l’Ituri, en République démocratique du Congo (RDC). Rassemblant une panoplie
d’atrocités, allant des exécutions sommaires aux viols
collectifs en passant par les mutilations et le cannibalisme, il implique, en outre, un certain nombre
d’entreprises africaines, européennes et moyenorientales qui profiteraient du conflit pour exporter
illégalement des ressources minières. Se fondant sur
une lecture ambitieuse de l’article 25 du Statut précisant que la CPI est compétente pour juger toute personne physique qui « apporte son concours à la commission » d’un crime connu par la Cour, « y compris
en fournissant les moyens de cette commission », Luis
Moreno Ocampo entend remonter toute la chaîne
des responsabilités dans un crime de masse, sans
omettre les responsables financiers. En insistant sur
le rôle de ceux-ci, le procureur de la CPI semble également soucieux de montrer que sa juridiction n’est
pas l’expression d’un néo-impérialisme judiciaire qui
se limiterait à faire tomber les ressortissants d’États
faibles. Le gouvernement de transition de la RDC,
constitué le 30 juin sous la pression du Conseil de
sécurité et auquel participent les principaux chefs
des mouvements rebelles impliqués dans des massacres, a certes déclaré sa volonté de coopérer avec
la communauté internationale en vue de rétablir la
paix. Mais il n’a pas pour autant exprimé sa volonté
de saisir la CPI dans le cas de l’Ituri.
YOUGOSLAVIE
Depuis une dizaine d’années, le Conseil de sécurité
des Nations unies a mis en place trois tribunaux
spéciaux pour connaître des crimes de génocide,
des crimes contre l’humanité et des crimes de
guerre commis dans des conflits internes au cours
des années 1990.
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye (Pays-Bas), créé en 1993,
a déjà condamné 39 responsables militaires et
politiques sur les 44 procès qu’il a menés. Mais
celui de Slobodan Milosevic, premier ancien
chef d’État à comparaître devant un tribunal, est
confus. Depuis le début des dépositions en février
2002, il aura fallu dix-huit mois à l’accusation pour
présenter toutes ses preuves, et elles n’ont guère
convaincu. Geoffrey Nice, substitut britannique
au procureur suisse Carla Del Ponte, s’est notamment heurté à la collaboration très aléatoire des
États concernés, en particulier de la Serbie. De
plus, Milosevic a choisi de se défendre lui-même,
sans avocat, ce qui lui permet de gagner du temps
et de transformer les contre-interrogatoires en
spectacles médiatiques.
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L’organisation de l’islam en France, un
objectif poursuivi par les pouvoirs publics
depuis une quinzaine d’années, est devenue
une réalité en 2003 avec la création du
Conseil français du culte musulman.
L’organisation du
culte musulman en
France
SOLENN DE ROYER
JOURNALISTE À la Croix
En 1806, Napoléon avait réuni les notables
juifs et les avait enjoints de s’entendre
pour créer le Consistoire israélite français.
Le Consistoire existe toujours aujourd’hui,
aux côtés de la Conférence des évêques français ou
de la Fédération des protestants de France. Jusqu’à
présent, les musulmans étaient les seuls à ne pas disposer d’instance de représentation qui leur permette,
au même titre que les autres religions, de bénéficier
du libre exercice du culte tel qu’il est garanti par la loi
du 9 décembre 1905 concernant la séparation des
Églises et de l’État. La création d’une telle instance,
visant à l’organisation de l’islam de France, est un
objectif qu’ont inlassablement poursuivi les pouvoirs
publics ces quinze dernières années.
● Un islam de plus en plus visible
La France compte entre trois et cinq millions de
musulmans, ce qui fait de l’islam la deuxième religion
du pays. L’arrêt officiel de l’immigration de travail en
1974 et l’intensification des politiques de regroupement familial ont contribué à rendre irréversible
l’enracinement des immigrés. Parallèlement, les musulmans ont évolué dans leur manière de concevoir
et de pratiquer leur religion : si « les pères » de la première génération de l’immigration pratiquaient dans
la discrétion (ils pensaient être de passage dans une
société d’accueil qu’ils ne voulaient pas choquer), ce
n’est plus le cas de leurs enfants ou de leurs petits-enfants, qui revendiquent une double identité : Français
et musulmans. Autrefois cantonné dans la sphère
privée, l’islam s’inscrit donc désormais dans l’espace
public. Durant les années 1980, la multiplication des
signes de la pratique religieuse témoigne de cette
évolution : l’islam, en France, devient visible. Parallèlement, la loi de 1981 qui facilite la création d’associations consacre l’émergence de multiples associations
musulmanes, qui sont toujours plus actives, tant sur
le plan culturel que cultuel. Souvent sollicité, l’État
doit répondre aux revendications des musulmans
concernant le port du voile à l’école ou dans l’Administration, la nourriture halal dans les cantines scolaires ou la construction de carrés musulmans dans
les cimetières. La demande croissante de lieux de
culte incite le gouvernement à poser la question du
statut juridique du culte musulman et de l’application à l’islam de la loi de 1905 sur la séparation des
Églises et de l’État.
● Une communauté musulmane divisée
En 1990, Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, crée
donc le Conseil de réflexion sur l’islam en France
(CORIF), une sorte de conseil de sages regroupant
quinze membres choisis par le ministre ou cooptés.
Ces responsables associatifs, universitaires ou hauts
fonctionnaires de culture musulmane sont chargés
de faire des propositions aux pouvoirs publics. C’est
par exemple à l’initiative du CORIF qu’ont été créés
les premiers carrés musulmans dans les cimetières
(circulaire de février 1991). Mais le CORIF n’est pas
en mesure de jouer le rôle d’entité représentative
des musulmans de France. Or, il s’agit toujours pour
les pouvoirs publics de trouver des interlocuteurs
légitimes au sein d’une communauté musulmane
divisée, éclatée en une quinzaine de nationalités
d’origine (Maghreb, Turquie, Afrique noire) et une
multitude de chapelles associatives. Dès son arrivée
place Beauvau en 1993, Charles Pasqua change de
politique. Il abandonne le CORIF au profit d’un soutien inconditionnel à la Mosquée de Paris (financée
par l’Algérie), avec l’espoir d’imposer son recteur
comme l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics.
La Mosquée de Paris ouvre ainsi en 1994 un institut
de formation des imams (en 1990, sur 500 imams
recensés, 4 % seulement sont citoyens français et la
plupart ont été formés à l’étranger !). C’est un échec.
L’institut cesse rapidement son activité, faute de subvention et en raison du coût de ses formations. En
1995, Dalil Boubakeur tente également de mettre sur
pied une fragile coordination nationale des musulmans de France. In fine, les pouvoirs publics ne parviennent pas à faire de la Mosquée de Paris un pôle
de rassemblement.
● J.-P. Chevènement lance l’« istichara »
En 1999, Jean-Pierre Chevènement change de méthode et lance une « consultation des représentants
des principales sensibilités musulmanes sur l’organisation du culte islamique en France ». À cette consultation (en arabe, istichara) sont associées les grandes
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fédérations – Mosquée de Paris, Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères
musulmans), la Fédération nationale des musulmans
de France (FNMF, à dominante marocaine), le mouvement missionnaire du Tabligh –, les grandes mosquées pilotées par l’étranger – Évry, Mantes-la-Jolie,
Lyon, Marseille et Saint-Denis de la Réunion –, ainsi
que des personnalités « qualifiées », choisies pour
leurs compétences. Les Turcs, d’abord réticents, viendront se joindre au processus, ainsi que les Africains.
Jean-Pierre Chevènement pose comme préalable
de toute négociation la signature d’un texte intitulé « Principes et fondements juridiques régissant
les rapports entre les pouvoirs publics et le culte
musulman ». Pour le ministre, il s’agit là de « faire
confirmer aux signataires leur reconnaissance des lois
de la République » et d’affirmer « qu’il n’existe pas de
conflits de principe entre la tradition du culte musulman et l’organisation légale des cultes en France ». Le
28 janvier 2000, la quasi-totalité des personnalités et
mouvements sollicités acceptent de signer le document. La démarche du ministère de l’Intérieur reçoit
ainsi l’aval d’un éventail assez complet de l’islam français : de l’UOIF, très conservatrice, à des personnalités modérées, comme le grand mufti de Marseille,
Soheib Bencheikh. Jean-Pierre Chevènement, qui
réaffirme que « la République française respecte l’islam
comme elle respecte les autres religions », insiste pour
que cette « consultation » ne soit pas imposée par
l’État mais soit bien le reflet de « l’auto-organisation
des musulmans dans le cadre des lois qui sont celles de
la République ».
Le gouvernement propose ensuite de travailler sur
des sujets qui appellent des solutions concrètes et
rapides : création éventuelle d’associations cultuelles,
création de nouveaux lieux de culte, ou statut des religieux. Trois groupes de travail associant des experts
musulmans, des représentants des différentes administrations concernées et l’Association des maires
de France sont ainsi créés. Le départ de Jean-Pierre
Chevènement se produit au moment où la consultation est sur le point de déboucher. Les participants
adressent d’ailleurs une lettre au gouvernement demandant la poursuite de la démarche engagée. Daniel Vaillant, qui succède à Jean-Pierre Chevènement,
s’y engage. Le 3 juillet 2001, le processus marque une
avancée de taille : à l’issue de délicates négociations,
les partenaires de la consultation aboutissent en effet
à la signature d’un accord-cadre sur l’organisation future du culte musulman. L’accord prévoit un système
d’élections assez complexe à partir des mosquées et
des salles de prière, à l’inverse de la procédure suivie
en Belgique, où chaque musulman a la possibilité de
voter s’il le souhaite. La future instance représentative
trouve également un nom : ce sera le Conseil français
du culte musulman (CFCM). Et un statut : celui d’une
association loi de 1901.
Ce sont les événements du 11 septembre 2001 qui
vont accélérer le processus, alors que 60 % de la population française exprime sa crainte face à l’islam et
aux musulmans. De leur côté, ces derniers ressentent
et vivent mal l’amalgame latent entre islam et terrorisme. Mais alors même qu’en France les représentants musulmans ont unanimement condamné les
attentats perpétrés contre les États-Unis, les événements du 11 septembre donnent des arguments aux
adversaires de la consultation. La parole se libère : le
grand mufti de Marseille, Soheib Bencheikh, accuse
les pouvoirs publics d’être irresponsables et complaisants à l’égard des milieux musulmans les plus fondamentalistes. Il qualifie le Tabligh de « secte » et l’UOIF
d’« antichambre de l’islamisme le plus radical ». De son
côté, la Mosquée de Paris ne cesse de demander un
report des échéances électorales, d’abord fixées au
26 mai 2002, puis au 23 juin 2002, et menace de quitter la consultation. Celle-ci s’enlise donc une nouvelle
fois, écartelée entre deux tendances rivales : un islam
modéré, originaire d’Afrique du Nord, et un islam
transnational qui puise ses sources dans des mouvements fondamentalistes comme celui des Frères
musulmans d’Égypte, interdit dans de nombreux
pays musulmans.
● Nicolas Sarkozy est pressé d’organiser
l’islam de France
« La situation des musulmans dans notre
pays n’est pas bonne ».
Quand il s’installe place Beauvau en juin 2002, Nicolas
Sarkozy hérite du dossier dans un contexte toujours
très tendu à l’égard des musulmans. « La situation des
musulmans dans notre pays n’est pas bonne », serine le
ministre. Il reçoit d’abord individuellement chacun
des membres de la consultation, avant de les réunir
tous le 20 juin. Le nouveau ministre affirme être prêt
à poursuivre le processus de la consultation, tout en
acceptant que tout travail accompli puisse être remis
en question. Sa méthode : mélanger une part d’élections et une part de cooptation pour faire émerger
une future instance représentative équilibrée. Son
objectif : qu’aucun courant de pensée ne prenne le
pas sur les autres et que les femmes, ainsi que les
minorités, soient représentées.
● Le séminaire de Nainville-les-Roches
Tout s’accélère encore avec le séminaire de Nainville-les-Roches. Les 19 et 20 décembre, Nicolas
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Sarkozy réunit les musulmans de la consultation
à huis clos au château de Nainville, propriété privée du ministère de l’Intérieur. Le ministre espère
parvenir à l’arraché à mettre sur pied une instance
représentative de l’islam de France, qui puisse
satisfaire les différentes tendances concernées. Le
9 décembre 2002, un premier accord – une sorte
de pacte de non-agression – avait été conclu entre
les trois principales fédérations (FNMF, Mosquée de
Paris et UOIF) pour organiser le futur Conseil français du culte musulman. Dix jours plus tard, derrière
les grilles du château de Nainville-les-Roches, les
fédérations rivales, les grandes mosquées et les personnalités qualifiées parviennent enfin à se mettre
d’accord sur la composition du bureau exécutif du
futur CFCM. Il s’agit là d’une avancée considérable.
L’élection de Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée
de Paris, à la tête du CFCM est désormais admise par
tous. Le ministère de l’Intérieur tenait en effet à ce
que le CFCM soit présidé par le représentant d’un islam modéré, et implanté en France depuis plusieurs
générations, quoique peu représentatif. La FNMF et
l’UOIF obtiennent quant à elles les vice-présidences
de l’instance représentative. Selon les protagonistes, le séminaire est un succès. Aux yeux de Dalil
Boubakeur, l’accord est « historique ». Seule femme
supposée siéger au bureau du CFCM, Bétoule Fekkar-Lambiotte démissionne pourtant deux mois
plus tard, reprochant à Nicolas Sarkozy de privilégier l’UOIF, qu’elle juge « parfaitement rétrograde ».
Bétoule Fekkar-Lambiotte sera remplacée par Dounia Bouzar, membre de la Protection judiciaire de la
jeunesse (PJJ) et auteur d’un livre sur les nouveaux
prédicateurs musulmans. D’autres détracteurs du
CFCM contestent également le choix non démocratique des membres du bureau exécutif du Conseil.
D’autres, enfin, insistent sur le fait que l’islam de
France, organisé ou pas, reste sous influence des
pays d’origine, comme le Maroc ou l’Algérie.
● Les élections du CFCM et des CRCM
Le 23 février 2003, c’est en tenue de jogging, à
l’issue d’un week-end de discussion place Beauvau,
que le ministre de l’Intérieur annonce qu’un accord
a enfin été trouvé sur le fonctionnement du Conseil
du culte musulman, ainsi que sur l’organisation des
élections. Ces dernières sont fixées aux 6 et 13 avril
suivants.
Le vote va s’opérer en deux temps : neuf Régions
voteront le 6 avril – l’Alsace, l’Aquitaine, la Bretagne,
le Centre, la Corse, l’Île-de-France (ouest), le Limousin, la Basse-Normandie et les Pays de la Loire ; les
autres régions voteront le dimanche suivant. Le
découpage correspond aux régions administratives,
sauf pour l’Île-de-France, qui est découpée en trois.
La composition du bureau du CFCM a déjà été décidée le 20 décembre à Nainville-les-Roches, mais le
scrutin va permettre de connaître les tendances des
lieux de cultes au plan national. Les élections ont
donc lieu aux dates prévues. Le grand mérite de ce
scrutin, commentent les observateurs, est d’avoir
abouti. Car la première victoire du CFCM est d’abord
symbolique. Ce succès est toutefois confirmé par la
très forte participation au vote, supérieure à 88,5 %.
Les résultats sont sans surprise : ils consacrent la
défaite de la Mosquée de Paris. Le gagnant officiel
du scrutin est la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), soutenue par le Maroc et
plus traditionaliste que la Mosquée de Paris : elle
obtient 16 sièges sur 41 au conseil d’administration
du CFCM. Mais, pour beaucoup, c’est l’UOIF, proches
des Frères musulmans, et très active en banlieue,
qui sort vainqueur. Elle obtient 13 sièges au conseil
d’administration (contre 6 seulement pour la Mosquée de Paris) et remporte la présidence de trois
des conseils régionaux du culte musulman (CRCM)
les plus importants : l’Île-de-France centre (Paris et
la petite couronne), la Région PACA et l’Alsace. En
tout état de cause, le vote est historique puisque,
pour la première fois, les musulmans de France ont
élu leurs propres instances de représentation en
désignant, pour partie, les membres du tout nouveau CFCM. Visage officiel de la seconde religion de
France, cette structure, dont les membres ont été
élus pour deux ans, sera l’interlocuteur des pouvoirs
publics, à l’échelon national et régional, pour tout ce
qui touche de près ou de loin au culte musulman :
la formation des imams en France, la construction
des mosquées, l’organisation des fêtes religieuses
comme celle de l’Aïd-el-Kébir, l’envoi des aumôniers
musulmans dans les prisons.
Les autres grandes confessions religieuses expriment leur satisfaction, à l’issue de ces élections qui
dotent enfin la France d’un corps représentatif pour
l’organisation du culte musulman. Le grand rabbin
de France, Joseph Sitruk, se félicite que le gouvernement ait pu mener à bien ce projet. Il ajoute toutefois que cette « représentation logique des fidèles
musulmans ne s’étend pas à tous les musulmans, qui
sont des citoyens comme les autres, mais seulement à
ceux qui s’intéressent aux questions religieuses ». JeanMarie Lustiger, archevêque de Paris, met en garde,
lui aussi, contre la tentation de poser la question de
l’immigration maghrébine en la réduisant à celle de
l’islam.
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L’ORGANISATION DU CFCM
L’instance représentative des musulmans de
France est composée par le CFCM et les 25 CRCM
(un par Région administrative).
Le premier est chargé de définir les orientations
de principe et de dialoguer avec les pouvoirs publics au niveau ministériel. Les CRCM sont chargés
d’appliquer ces principes et de dialoguer au niveau
local. Le CFCM exerce un droit de suspension d’une
décision d’un CRCM.
Le CFCM est composé de trois instances :
une assemblée générale de 197 membres (dont les
trois quarts sont élus), un conseil d’administration
de 64 membres (dont les deux tiers sont élus), un
bureau élu par le conseil d’administration.
Les 25 CRCM comprennent trois instances :
une assemblée générale composée par les délégués des lieux de culte de la région (leur nombre est
proportionnel à la superficie de la salle de prière),
un conseil d’administration, un bureau élu par les
délégués.
LE BUREAU DU CFCM
Président
Dalil Boubakeur (Mosquée de Paris)
Vice-présidents
Fouad Alaoui (UOIF) et Mohamed Bechari (FNMF)
7 représentants des grandes fédérations
Mosquée de Paris (GMP) : dirigée par Dalil Boubakeur, elle prône un islam modéré. Inaugurée en
1926, sous contrôle du gouvernement algérien,
elle gère une centaine de lieux de culte.
Union des organisations islamiques de France
(UOIF) : soutenue par les pays du Golfe, elle est
proche des Frères musulmans qui prônent la
« réislamisation par le bas » de la société.
Fédération nationale des musulmans de France
(FNMF) : ses cadres, soutenus par le Maroc, défendent un islam traditionaliste.
Invitation et mission pour la foi et la pratique : mouvement piétiste prosélyte et fondamentaliste.
Fédération française des associations islamiques
d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) :
représente un islam africain éparpillé et peu
organisé.
Comité de coordination des musulmans turcs de
France (CCMTF) : contrôlé par la Turquie, il est surtout implanté dans l’est de la France.
5 représentants des grandes mosquées
Mosquée de Mantes-la-Jolie
Centre culturel islamique d’Évry
Grande Mosquée de Lyon
Grande Mosquée du sud de la France (Al Islah)
Grande Mosquée de Saint-Denis de la Réunion
2 personnalités
Soheib Bencheikh, grand mufti de Marseille
Dounia Bouzar, de la Protection judiciaire de la
jeunesse (PJJ), qui remplace Mme Bétoule FekkarLambiotte, démissionnaire.
● Les premiers pas du CFCM
La question du voile islamique divise
le CFCM.
L’euphorie post-électorale passée, le Conseil français du culte musulman doit commencer à travailler.
Début octobre 2003, à l’occasion de la deuxième réunion de son conseil d’administration, le CFCM met en
place une dizaine de commissions de travail. L’une
d’elles proposera des orientations sur l’enseignement
du fait islamique à l’école, et s’occupera du dossier
des établissements privés confessionnels. Une autre
commission entend s’intéresser à l’émission consacrée à la foi musulmane sur France 2. Les autres commissions traiteront de sujets tels que la formation
des imams, celle des aumôniers musulmans, l’attribution du label « halal », le financement du CFCM,
les problèmes liés au pèlerinage de La Mecque, ceux
concernant les célébrations des différentes fêtes,
ou encore le dialogue interreligieux. Mais c’est sur
la question du voile que l’avis du CFCM est le plus
attendu, le cabinet de Nicolas Sarkozy n’ayant de
cesse d’exiger une position officielle de l’« islam français ». C’est chose faite, depuis le 12 octobre, date à
laquelle son conseil d’administration assure dans
un communiqué que les jeunes filles qui portent le
voile se conforment à une « prescription religieuse ».
Le Conseil français du culte musulman ajoute qu’il
« demande avec force l’application du principe de laïcité et l’avis du Conseil d’État de 1989 » selon lequel le
port du voile à l’école ne constitue pas à lui seul un
motif de sanction. En rédigeant son communiqué, le
CFCM a donc choisi de ne pas retenir la suggestion
de l’UOIF de préciser que le port du voile relève de la
liberté individuelle. Dalil Boubakeur enfonce le clou,
en soulignant que légiférer pour interdire le voile à
l’école serait « une erreur profonde » et en demandant
que le CFCM ou les conseils régionaux soient sollicités à chaque affaire de voile. Début septembre, Nicolas Sarkozy avait invité les responsables musulmans
à « réfléchir au rayonnement du CFCM, une instance
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très jeune mais dont tout le monde attend beaucoup ».
L’avenir dira si le CFCM, vieux rêve des ministres de
l’Intérieur successifs, et finalement accouché aux forceps en cette année 2003, parviendra à jouer sereinement son rôle d’instance représentative des musulmans de France, tout en restant dans le strict respect
de la laïcité à la française.
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DOSSIERS ART ET CULTURE
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Le cinéma français a été fragilisé en 2003. Peu
de grands films à succès, un tassement de
la fréquentation d’environ 8 % par rapport
à l’année passée, des petites diminutions
des parts du cinéma français et la crise des
intermittents du spectacle, qui inquiète la
profession.
Le journal du cinéma
RAPHAËL BASSAN
CRITIQUE DE CINÉMA, REVUE Europe
L’année 2003 n’a pas été celle des mastodontes mais plutôt un cru où les films de
qualité n’ont pas manqué. On note cependant peu de révélations de nouveaux
auteurs mais la confirmation de cinéastes matures
comme Alain Corneau (Stupeurs et tremblements),
Claude Chabrol (la Fleur du mal), Gus Van Sant (Elephant) ou Clint Eastwood (Mystic River). Sans parler
de courants, on peut affirmer que les oeuvres autour
de la jeunesse déboussolée et les films sociaux ont
marqué l’année.
● Le cinéma français
172 millions d’entrées pour le cinéma
français en 2003
Une production française qui fait la part
belle aux drames intimistes
Une razzia de césars pour le Pianiste de
Roman Polanski
L’année s’ouvre par l’étonnante trilogie de Lucas Belvaux (Un couple épatant, Cavale et Après la vie) qui
s’attache au destin de quelques personnages et, en
choisissant tel ou tel événement, en tire respectivement une comédie, un thriller et un mélodrame. Le
soupçon amoureux, le retour d’un ancien terroriste
(proche des Brigades rouges) et la vie intime d’un
policier et de sa femme droguée – protagonistes
qu’on retrouve dans les trois opus avec des rôles plus
ou moins importants – tissent une vision assez dure
de la situation sociale et politique en France en ce
début de décennie.
Cinéaste remarqué il y a peu, comme Lucas Belvaux,
Bruno Dumont (Grand Prix du Jury à Cannes en 1999
pour l’Humanité) élabore, de manière inattendue,
avec Twentynine Palms, un film d’angoisse particulièrement troublant avec une écriture cinématographique qu’on croyait peu apte à s’acclimater aux
fictions américaines. Fidèle à son style épuré, le réalisateur suit un couple en voiture (un photographe
et sa compagne) à travers de vastes étendues désertiques. La femme demeure étrangère, pas seulement
en raison de la langue, mais aussi psychologiquement, à l’homme et aux événements. Toutefois, une
singulière sensualité les lie jusqu’au moment où un
événement imprévisible se produit qui fait basculer
les spectateurs dans l’horreur. Le mérite de Dumont,
si on le compare à ses collègues américains, c’est de
faire surgir de nulle part une angoisse très dense plutôt que de farcir son film d’effets gratuits.
Ancienne documentariste, Julie Bertucelli met en
scène, avec Depuis qu’Otar est parti..., une séduisante
fable, à cheval entre la France et la Géorgie, ou trois
femmes – sa mère, sa soeur et sa nièce – attendent
l’hypothétique retour d’Otar (en fait décédé). Il en
résulte trois admirables et sensibles portraits de
femmes. Après avoir révélé Isild Le Besco avec le
moyen-métrage la Puce (1998), Emmanuelle Bercot
s’attaque, avec pudeur, à un sujet difficile dans Clé-
ment : l’amour d’une femme de trente ans pour un
adolescent. La cinéaste évite la plupart des écueils
liés au traitement d’un pareil sujet dans un film qui
sonne juste. Avec les Corps impatients, de Xavier Giannoli, nous avons une autre approche de la jeunesse
que celle qui prévaut dans le cinéma américain (très
désespérée comme nous le verrons dans Elephant
de Gus Van Sant). Une jeune fille, rôle admirablement tenu par Laura Smet (fille de Nathalie Baye et
de Johnny Hallyday), atteinte du cancer, lutte avec
désespoir pour conserver l’amour de son compagnon séduit par une amie commune. Un film à la fois
tendre et physique. Parallèlement aux travaux réussis
de ces jeunes cinéastes, on note, en 2003, le retour
de cinéastes confirmés comme Claude Chabrol, Raymond Depardon, Alain Corneau, Patrice Chéreau et
Jacques Rivette avec des films très forts.
Dans la Fleur du mal, Chabrol s’attaque encore une
fois à la bourgeoisie provinciale. Autour d’Anne (merveilleuse Nathalie Baye), qui mène avec désinvolture
et cynisme une campagne électorale, évolue une
galerie de personnages peu reluisants. Des tracts
anonymes accusant la tante Line d’assassinat jettent
le trouble dans la famille qui se défend comme elle
peut, jusqu’au dénouement fatal. La Fleur du mal est
certainement un des films les plus noirs de Chabrol,
un de ceux où il y a le moins de place pour l’espoir.
La dernière oeuvre d’un vieil homme machiavélique
et talentueux.
À mi-chemin du documentaire et de la fiction, Raymond Depardon esquisse (c’est le terme juste tant
tout est suggéré ici) avec Un homme sans l’Occident,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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un splendide poème en noir et blanc rappelant le
photographe de génie qu’il est. Le prétexte – plutôt
que le thème – du film tourne autour de la vie d’Alifa,
un homme libre du désert, dans les années 1920, au
Tchad, alors que la colonisation française approche.
Des messages très forts passent, mais jamais de manière unilatérale. C’est un film témoignage tant par
le fond que par la forme. Le cas d’Alain Corneau est
assez particulier. Étiqueté cinéaste d’action, notamment avec le fort réussi Série noire (1979), il change
totalement de style dix ans plus tard avec Nocturne
indien, une adaptation remarquable et intériorisée du
roman de l’écrivain italien Antonio Tabucci. On note
la même acuité du regard dans Stupeur et tremblements, une relecture personnelle de l’autobiographie
d’Amélie Nothomb, qui cerne, avec discernement et
humour, les restes de l’esprit « féodal » dans le Japon
contemporain des bureaucrates. Tout cela est vu
à travers les yeux d’une jeune Belge amenée à tra-
vailler dans une entreprise nippone, et à narrer ses
problèmes avec sa supérieure qui ne comprend –
nous semble-t-il – que le langage de l’autorité et de
la hiérarchie. Mais celle-ci découvre un autre monde
au contact de la jeune Européenne, par l’intermédiaire d’une complicité amoureuse qu’elle se refuse
à admettre. Rapports difficiles également entre deux
frères qui s’étaient perdus de vue dans Son frère de
Patrice Chéreau. Thomas, l’aîné, débarque chez Luc
à l’improviste et lui demande de l’aider car il est très
malade. Luc est surpris, car tout les sépare : notamment Thomas a du mal à admettre l’homosexualité
de son cadet. Pourtant, de ces jalousies, de ces haines
rentrées va émerger et se formaliser un amour latent,
un amour caché qu’aucun des deux protagonistes ne
soupçonnait.
Délaissant la mise en scène à grand spectacle du
type la Reine Margot (1994), Patrice Chéreau retourne
à un cinéma intimiste, dur, qui l’avait fait remarquer
en 1983 avec l’Homme blessé. Son frère est une oeuvre
âpre et poignante.
Au cours des années 1970, Jacques Rivette s’était
exercé au fantastique avec Duelle. Il voulait réaliser
une tétralogie, mais seuls Duelle et Noroît furent
achevés. Le tournage d’Histoire de Marie et Julien fut
interrompu au bout de quelques jours. Le cinéaste
reprend le sujet près de trente ans plus tard et le
mène à terme. Plus qu’une aventure fantastique
entre un homme et une revenante (parfaite Emmanuelle Béart), Histoire de Marie et Julien est un film
d’amour très sensuel. D’une sensualité qu’on trouve
rarement chez Rivette. Signalons, pour terminer,
l’excellent film d’animation franco-canadien de Sylvain Chomette, les Triplettes de Belleville, à la fois stylisé
(rien à voir avec le poli formel des cartoons américains), cocasse, poétique et absurde. Pour l’anecdote,
quelques femmes tournent autour d’un cycliste totalement déshumanisé et qui ne peut vivre (ou survivre) sans son vélo, sans, comme Sisyphe, « rouler »
perpétuellement. Remarquable !
Comme on l’a vu, la production française de l’année
2003 est essentiellement tournée vers les drames
intimistes avec, toutefois, de fortes connotations
sociales. Sociales mais rarement politiques. La vie
culturelle française a été nettement perturbée dès
le mois de juin par ce qu’on appelle désormais le
« cas des intermittents du spectacle ». Ces derniers
étaient soumis à une législation particulière qui leur
permettait, entre deux films ou entre deux pièces
de théâtre, ou simplement lors de répétitions non
rémunérées d’être pris en charge à des conditions
particulières par les ASSEDIC. Un accord signé le
26 juin entre trois syndicats et le MEDEF remet en
cause un certain nombre d’avantages, notamment
l’obligation pour l’intermittent de cotiser plus tout
en étant moins indemnisé. Ce qui frappe en pre-
mier les productions fragiles et, à moyen terme, vise
à réduire le choix d’oeuvres proposées aux citoyens
par une concentration autour des productions les
plus cossues. Cela touche acteurs et techniciens. Une
mobilisation sans précédent a eu lieu et continue
encore en décembre 2003 pour le retrait de ce texte
jugé fatal par la profession. Il est encore trop tôt pour
mesurer les effets pervers de ce texte sur la création
cinématographique. Il semble que le gouvernement
ne veuille pas céder puisqu’il a laissé – fait sans précédent – le festival d’Avignon, vitrine culturelle majeure,
se dissoudre sans intervenir.
LES CÉSARS
– Meilleur film de l’année : le Pianiste de Roman
Polanski
– Meilleur réalisateur : Roman Polanski pour le
Pianiste
– Meilleur acteur : Adrien Brody dans le Pianiste
– Meilleure actrice : Isabelle Carré dans Se souvenir des belles choses
– Meilleur acteur dans un second rôle : Bernard
Le Coq dans Se souvenir des belles choses
– Meilleure actrice dans un second rôle : Karin
Viard dans Embrassez qui vous voudrez
– Meilleur jeune espoir masculin : Jean-Paul
Rouve dans Monsieur Batignole
– Meilleur jeune espoir féminin : Cécile de France
dans l’Auberge espagnole
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– Meilleur scénario original ou adaptation : Costa-Gavras, Jean-Claude Grumberg pour Amen
– Meilleur son : Jean-Marie Blondel, Gérard Hardy, Dean Humphreys pour le Pianiste
– Meilleur montage : Nicolas Philibert pour Être
et avoir
– Meilleurs costumes : Philippe Guillotel, Tanino
Liberatore, Florence Sadaune pour Astérix et Obélix : mission Cléopâtre
– Meilleurs décors : Allan Starski pour le Pianiste
– Meilleure photo : Pawel Edelman pour le
Pianiste
– Meilleure musique de film : Wojciech Kilar pour
le Pianiste
– Meilleure première oeuvre de fiction : Se souvenir des belles choses de Zabou Breitmann
– Meilleur court-métrage : Peau de vache de Gérald Hustache-Mathieu
– Meilleur film étranger : Bowling for Columbine
de Michael Moore
– Meilleur film de l’Union européenne : Parle
avec elle de Pedro Almodovar
– César d’honneur : Meryl Streep, Spike Lee, Bernadette Lafont
● Aux États-Unis
Les vétérans se sont peu renouvelés cette année,
mais nous ont donné parfois des oeuvres fortes. Le
spectateur est un peu mitigé face à Gangs of New
York de Martin Scorsese. Celui-ci dresse un portrait inquiétant de la ville au milieu du XIXe siècle où
gangsters et délinquants dominent. Le film mélange
combats et rixes « intimistes » sur le modèle de Mean
Streets (1973), un des premiers films de Scorsese, et
un goût de la saga calqué sur le modèle du Parrain de
Francis Ford Coppola. Une oeuvre louable, mais qui
laisse insatisfait.
Après bien des échecs et une carrière en dents de scie,
l’ex-scénariste de Scorsese, Paul Schrader, refait surface avec Autofocus, une oeuvre intrigante et aboutie.
Le film décrit la descente aux enfers d’un Américain
moyen qui découvre les séductions de l’argent et du
sexe grâce à sa réussite professionnelle. Écrit ainsi,
simplement, cela paraît banal. Mais on sent, dans le
film, la lutte du personnage, un scénariste à succès,
pour ne pas plonger dans la « déshumanisation ».
Schrader reste toujours marqué par une éducation
puritaine, d’où la position ambiguë dans laquelle il
place ses personnages attirés et effrayés par d’autres
valeurs, celles du « mal ». On constate une rupture du
même ordre face à un étiolement et à une mécanisation de l’action propres au cinéma contemporain
américain dans Mystic River de Clint Eastwood. Trois
amis ont vécu une aventure traumatisante dans leur
enfance et ne se revoient plus qu’occasionnellement.
Celui qui fut victime d’un viol ne s’en est jamais remis.
Ils se retrouvent quand la fille de l’un d’entre eux a
été tuée. Eastwood se préoccupe moins de suspense
(la réponse est connue dès le début) que de l’analyse
poussée de chacun de ses personnages, le tout situé
dans une Amérique où les valeurs vacillent. Cela faisait longtemps que Clint Eastwood ne nous avait pas
gratifiés d’un film aussi parfait.
Cinéaste totalement atypique, responsable d’une
oeuvre farouchement personnelle, Steven Soderbergh se livre, avec Solaris, à un pari a priori irréalisable, faire une nouvelle version du célèbre film que
Tarkovski réalisa en 1972 en réponse au fameux 2001,
l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Soderbergh
s’attache moins à l’aspect space opera du roman de
Stanislav Lem qu’à décrire, dans des conditions bien
particulières, une passion amoureuse, un peu à la
dimension de l’univers. Largement incompris, Solaris
fera certainement parler de lui dans quelques années.
Totalement opposé à ce projet, on trouve The Matrix
Reloaded d’Andy et Larry Wachowski, film dans lequel
les éléments de scénario ne sont que des prothèses
à l’émergence d’un nouveau langage totalement
visuel. En bridant une intrigue, forcément pauvre et
redondante, en la réduisant à une épure, les frères
Wachowski arrivent à concilier spectateurs ordinaires
et critiques. Voulant renouveler leur exploit, ils récidivent avec un troisième Matrix Revolutions qui tourne
un peu à vide.
L’Amérique livre tous les ans son quota de films sociaux, « engagés », et cela même dans les périodes
politiques les moins favorables. Avec la Vie de David
Gale, Alan Parker réalise un film ambigu sur la suppression de la peine de mort. Un journaliste jusqu’auboutiste se fait condamner pour un crime qu’il n’aurait apparemment pas commis. Le système judiciaire
est ébranlé lorsqu’on apprend que sa victime s’est
suicidée. Mais s’est-elle vraiment suicidée ? Si Parker
n’arrive pas à nous convaincre à un niveau social ou
moral, il démontre de manière insidieuse que la manipulation est toujours possible et que des innocents
paient toujours.
Ron Shelton réalise, en revanche, avec Dark Blue, un
film de contestation sociale « classique ». Alors qu’on
juge les meurtriers présumés de Rodney King (un
Noir assassiné dans des conditions troubles en 1992),
un policier des brigades spéciales, qui a lui-même
trempé dans des affaires louches, s’aperçoit que son
chef couvre les crimes de deux de ses indicateurs
afin d’avoir un contrôle sur les délinquants de Los
Angeles, et aussi pour en tirer des profits financiers.
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Suspense et démonstration sont rondement menés
dans ce film nécessaire.
Avec Elephant de Gus Van Sant et Ken Park de Larry
Clark et Ed Lachman, nous entrons dans un territoire que les Américains ont souvent privilégié dans
leurs films : le mal de vivre de la jeunesse. S’inspirant
d’une tuerie qui eut lieu dans un lycée de Columbine (États-Unis) en avril 1999, Gus Van Sant en tire
un film choral où les divers protagonistes (des collégiens ordinaires) sont longuement scrutés dans
leurs occupations quotidiennes jusqu’au moment
où la violence surgit, soudaine, inexplicable. La fascination exercée par le film de Van Sant provient du
fait qu’il refuse l’explication sociologique. Il y a, de-ci
de-là, quelques clés éparses, mais pas de vision globale. À notre avis, Elephant n’est pas vraiment un film
achevé, mais un brillant exercice de style qui laisse
en suspens un grand nombre de questions. Ken Park
est très différent dans la mesure où ce film s’attache,
en profondeur, à décrire la vie de quelques adolescents dont l’ami vient de se suicider. Si l’oeuvre jongle
avec les clichés – peut-on faire autrement en traitant
ce type de sujet ? –, il « surdramatise » les situations
et nous montre, en fin de compte, des personnages
très fragiles qui, par manque de critères, en arrivent
au meurtre.
● Ailleurs
Les productions en provenance d’Asie arrivent toujours nombreuses sur le marché français. Le vétéran
japonais Takeshi Kitano demeure un des cinéastes
préférés de la critique. Deux de ses films furent à
l’affiche en 2003 : le superbe et onirique Dolls, et le
très lourd et surestimé Zatoichi, remake d’une série
populaire nippone des années 1960 qui décrit les
aventures d’un masseur aveugle très fin bretteur. On
est frappé par le fait que Kitano aborde son sujet au
premier degré sans sa distance et son humour habituels. Le film japonais le plus marquant est certainement 19, une première oeuvre due à Kazushi Watanabe. Cynisme, sens de l’absurde dominent ce film
qui décrit la saga de trois « voyous philosophes » qui
prennent un adolescent en otage dans leur voiture.
Ce dernier finit par éprouver de la sympathie pour
ses tyrans.
Après une longue éclipse due à de grandes difficultés politiques et sociales, l’Amérique latine refait parler d’elle. Si la Cité de Dieu du Brésilien Fernando Meirelles aborde à nouveau, avec un très grand réalisme,
le problème des adolescents tueurs des favelas, il en
va autrement du film argentin de Diego Lerman, Tan
de repente. C’est un long road-movie, où deux filles
homosexuelles prennent en charge une vendeuse
de grande surface. L’univers antagoniste des trois
personnages se dilue au fur et à mesure qu’une série
d’intrigues vient se greffer sur le canevas de base.
Mais c’est Japon, du Mexicain Carlos Reygadas, qui
nous paraît l’oeuvre la plus aboutie et la plus intrigante du lot. Un homme arrive dans un village perdu
pour se donner la mort. Il vivra une très étrange passion charnelle avec une vieille femme.
Enfin, Dogville de Lars von Trier n’a pu atteindre son
but. Ce cinéaste doué, qui a commencé dans le baroque (Element of Crime, 1984), a tenté divers styles.
La structure théâtrale qui sous-tend Dogville ne
permet pas au film de se développer et nous avons
l’impression d’un vain exercice de style comme si
von Trier cherchait la nouveauté technique avant de
s’intéresser au propos de son film. La grande surprise
nous vint en fin d’année avec Good Bye Lenin, de l’Allemand Wolfgang Becker, qui développe avec intelligence une fiction autour de la chute du mur de Berlin. Espérons que ce film remettra l’Allemagne sur le
devant de la scène, une place qu’elle a perdue depuis
la mort de Fassbinder, il y a une vingtaine d’années.
Si 2003 n’a pas été l’année des grandes révélations,
elle a consolidé, en France et aux États-Unis, le travail
de quelques cinéastes confirmés. Peu de nouveaux
talents sont apparus et les « enfants prodiges » d’hier
– Quentin Tarantino (Kill Bill) et les frères Coen (Intolérable cruauté) – nous ont déçu. Tarantino n’arrive pas
à se détacher de ses obsessions d’adolescent pour
le film de genre. Ce qui fonctionnait encore il y a
quelques années tourne à l’exercice de style. Quant
à Intolérable cruauté, c’est une comédie sophistiquée
qui aurait pu être tournée par n’importe quel artisan.
PALMARÈS DE CANNES
– Palme d’or : Elephant (Gus Van Sant)
– Grand Prix du jury : Uzak (Nuri Bilge Ceylan,
Turquie)
– Mise en scène : Gus Van Sant pour Elephant
– Actrice : Marie Josee Croze dans les Invasions
barbares (Denys Arcand, Canada)
– Acteurs : Muzaffer Ozdemir, Mehmet Emin Toprak dans Uzak
– Scénario : Denys Arcand pour les Invasions
barbares
– Prix du jury : À 5 heures de l’après midi (Samira
Makhmalbaf, Iran)
– Caméra d’or 2003 : Reconstruction (Christoffer
Boe, Danemark)
– Mention spéciale : Osama (Sedigh Barmak, Iran)
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DOSSIERS ART ET CULTURE
165
La littérature nationale connaîtrait-elle son
automne, comme on dit l’automne d’une
vie ? Elle que l’on résume plus que jamais
à l’événement qui rythme chaque mois de
septembre : l’immuable rentrée littéraire – sa
pléthore et les prix y afférents.
1 300 nouveaux livres à la rentrée littéraire :
toujours plus !
La saison littéraire
en France
FRÉDÉRIC PERROUD
CRITIQUE LITTÉRAIRE
Au point de la parer des couleurs de saison
– grisaille et morosité –, faute d’enjeux,
de perspectives ou, tout simplement, de
capacité de renouvellement. Donc, tout
aurait déjà été dit ? On aurait fait le tour de toutes les
manières de le dire ? Plus rien de nouveau à ajouter ?
Un point de vue pessimiste auquel les premiers intéressés, éditeurs et auteurs, entendent, marché oblige,
opposer l’évidence du nombre, du toujours plus. En
cela, la cuvée 2003 ne déroge pas à la règle.
Une évidence qui se traduit, depuis une dizaine d’années (364 titres à la rentrée 1994), par des records
d’édition. Toujours plus, tel semble le mot d’ordre
constant de l’édition, ne serait-ce que pour continuer
à faire de la France une nation littéraire : les librairies
sont encore nombreuses et bien approvisionnées,
leur choix est vaste, leur influence ne cesse de croître
depuis la disparition du rendez-vous d’Apostrophes,
l’annonce du Goncourt est retransmise en direct
dans les journaux télévisés. Faut-il s’en plaindre ?
Mais près de 700 romans français et étrangers (une
progression de 4 % par rapport à l’an passé), quelque
600 essais et documents, 1 300 nouveaux livres
pour la rentrée littéraire 2003. Qu’en faire, que lire,
que choisir ? Comment trier le bon grain du marais,
plat et sans envergure, celui qui n’apporte rien, qui
n’anticipe rien, celui dont le nombril – encore qu’un
monde puisse s’y cacher – tient lieu de veine, de
substance et de style, celui dont les thèmes sont
éculés, celui qui déballe moins qu’il n’emballe... Rien
d’indigne dans cette littérature au demeurant. Et, en
admettant que tout écrivain est un névrosé qui enrobe son trouble dans l’écriture, toute névrose étant
honorable, il n’est pas question de lui ôter son public.
Tout est affaire de collaboration : entre les éditeurs et
le public, les premiers se chargeant de sélectionner,
selon leur intuition ou au petit bonheur, les auteurs
qu’ils jugent dignes de satisfaire l’appétit littéraire du
second, l’ensemble étant régi par un incertain calcul
de probabilité. Abondance de nouveautés ne nuit
pas, tant que l’offre est multiple et diversifiée et la demande décemment soutenue. Mais surabondance...
c’est-à-dire lorsque la production dépasse ce que le
« marché » peut absorber. Si seulement cette surabondance constituait un gage de profusion d’idées,
d’ambitions, de styles, d’engagements... Dans Fahrenheit 451 de Bradbury, la société brûlait les livres. La
nôtre fait mieux : elle les publie.
Qu’importe, au fond, si, au sein de cette marée romanesque, quelques îlots auront émergé, emporté, ému
ou marqué leur lecteur pour, au minimum, l’éternité.
Après tout, si les livres-qui-changent-la-vie étaient
plus nombreux que les livres-que-c’est-pas-la-peine,
on devrait le savoir depuis longtemps.
Et le rôle de la critique dans le jardin des lettres ?
Extraire les pépites de la glaise, pour la version valorisante ; s’arracher les cheveux, pour la version réaliste, devant le flot littéraire qui la submerge et que,
ayant perdu son ancien caractère de majesté et de
prévalence, elle n’est plus en mesure à elle seule
d’encadrer. Face à la marée de papier, lecteur parmi
d’autres lecteurs, fort de son endurance, le critique
livre les résultats de sa pêche effectuée au plaisir de
la découverte, avec seulement quelques longueurs
d’avance sur ses semblables, ses frères.
PRIX LITTÉRAIRES 2003
– Grand Prix roman de l’Académie française
Jean-Noël Pancrazi Tour est passé si vite
– Prix Décembre
Régis Jauffret Univers, univers
– Prix Femina
Sijie Dai le Complexe de Di
– Prix Femina - Essai
Jean Hatzfeld Une saison de machettes
– Prix Femina - Roman étranger
Magda Szabo la Porte
– Prix Goncourt
Jacques-Pierre Amette la Maîtresse de Brecht
– Prix Goncourt des Lycéens
Yann Apperry Farrago
– Prix Interallié
Frédéric Beigbeder Windows on the World
– Prix Médicis
Hubert Mingarelli Quatre Soldats
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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– Prix Médicis - Essai
Michel Schneider Morts imaginaires
– Prix Médicis - Roman étranger
Enrique Vila-Matas le Mal de Montano
– Prix Renaudot
Philippe Claudel les Âmes grises
– Prix Renaudot - Essai
Yves Berger Dictionnaire amoureux de l’Amérique
● Auteurs contre éditeurs
Un plaisir qui débouche parfois sur une surprise,
laquelle, cette fois, n’est pas strictement du ressort de
la littérature, mais plutôt de ses moeurs, telles qu’on
les pratique du côté de Saint-Germain-des-Prés. Elle
nous vient d’un petit livre de Marie-Odile Beauvais,
laquelle se demande dans le très ulcéré Discrétion assurée comment un éditeur peut publier un écrivain et
ne rien faire pour vendre son livre. L’auteure raconte
le traitement qui lui fut infligé lorsqu’elle publia son
premier roman dans une auguste maison de la rue
des Saints-Pères, en 1995, en même temps qu’un certain Yann Moix. Ce n’est certes pas le livre de l’année,
mais ce règlement de comptes au vitriol a au moins
le mérite de rompre l’omerta qui règne sur certaines
pratiques éditoriales. D’aucuns insisteraient sur le paradoxe consistant à raconter une histoire de ses bides
littéraires et à en faire un succès ; d’autres constate-
raient suavement que ce lavage de linge sale porte
moins sur l’édition parisienne que sur la naïveté de
l’auteur déçu. Plutôt que le son du clairon, Jean-Noël
Pancrazi choisit la nuance de sa petite musique, dans
Tout est passé si vite, pour décrire la foire aux vanités
du petit monde littéraire parisien et les liens ambigus
entre un auteur et son éditeur. Une foire aux vanités
avec laquelle Daniel Pennac a pris ses distances –
ses relations avec le microcosme lui en donnent les
moyens –, le temps de reprendre son souffle et de
se renouveler, après l’immersion dans le prenant univers des Malaussène et son risque d’enfermement.
Il revient dans une grande entreprise romanesque,
le Dictateur et le hamac, un récit de fiction gigogne,
qui mêle réflexion sur le travail de création littéraire
et innombrables péripéties. Pour en terminer sur le
chapitre des relations auteurs-éditeurs, on pense à
François Prunier, auteur, ou victime, désigné(e) d’un
livre programmé pour être « dérangeant voire scandaleux », selon son éditeur, Stock. Le jury du prix Sade
pourrait bien trouver dans ce premier roman d’apprentissage d’un genre particulier, où l’auteur décrit
la découverte de ses pulsions déviantes, un successeur idéal à son lauréat 2003, le très controversé Il
entrerait dans la légende de Louis Skorecki.
● Les 11 septembre
L’année écoulée est plutôt considérée comme un cru
de raconteurs d’histoires, avec un vrai retour de la
narration, qui s’opère aux dépens du pur récit. L’autofiction cède un peu de son territoire à l’hyperréalisme
et aux faits de société. Les romanciers français se
seraient enfin décidés à se confronter avec les réalités sociales et politiques d’une époque troublée –
notamment par les attentats. Ceux du 11 septembre
2001 sont au coeur de plusieurs ouvrages. Depuis
deux ans, ils font un tabac au rayon essais et documents. Pourquoi n’investiraient-ils pas le créneau du
roman ? Didier Goupil raconte, dans le Jour de mon
retour sur Terre, le cauchemar d’un survivant ; JeanJacques Greif Nine Eleven, un inégal « romanquête »
à partir des confessions des élèves de la Stuyvesant
High School, située à quelques pâtés de maisons des
tours. Dans 11 septembre, mon amour, Luc Lang inscrit lui aussi la tragédie dans une perspective romanesque, qui met en scène sa vision de l’Amérique,
dénonçant ses excès et sa violence. Très attendu, Frédéric Beigbeder se tire honorablement du piège qu’il
s’est lui-même tendu, explorant, au passage, l’hyperréalisme, un genre de plus en plus en vogue, nourri
de scènes crues et sauvages, d’où peut naître une
réelle émotion. Windows on the World narre l’histoire
croisée d’un père de famille et de ses deux fils, au
sommet du World Trade Center, le matin du 11 septembre 2001, et d’un jeune dandy français attablé au
sommet de la tour Montparnasse. Un maelström de
mots, qui agace le lecteur par son torrent de narcissisme et le séduit par son énergie atomique.
● Dire la guerre
Représenter la guerre est l’autre grand défi que
relèvent les écrivains. La guerre récente, celle qui fit
rage dans les Balkans dans Océane et les barbares de
Sylvie Matton. Celle qui ravagea l’Afrique dans l’essai
Une saison de machettes de Jean Hatzfeld. Hatzfeld
avait déjà écrit, à propos du génocide rwandais, un
pur chef-d’oeuvre constitué par des récits de rescapés, Dans le nu de la vie. Celui qu’il publie cette année
en constitue la suite naturelle. Il a recueilli les témoignages des bourreaux de la tragédie rwandaise pour
tenter de percer à jour les ressorts humains d’une
des pires tragédies du XXe siècle. La guerre totale, la
Grande Guerre, on la trouve dans la nouvelle trilogie
de Max Gallo et dans deux romans qui racontent
le front et l’arrière. Dans la guerre d’Alice Ferney est
une vaste fresque qui met en scène une famille de
paysans landais prise par le tourbillon meurtrier du
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premier conflit mondial. Dans cette chronique de la
désolation, elle tisse en contrepoint un autre chant,
un chant d’amour et d’innocence. Les Âmes grises de
Philippe Claudel se passe à l’est de la France, dans
un village situé sur la route du front. Éprouvant mais
émouvant, le roman explore les petites lâchetés
du quotidien et les intenses douleurs de la vie qui
broie les âmes, quelles qu’en soient la couleur et la
teinte, guerre ou pas guerre. La sortie de la Maîtresse
de Brecht de Jacques-Pierre Amette, prix Goncourt, a
provoqué un coup de tonnerre dans le landerneau
des lettres : à la surprise générale, le jury Goncourt
a pris tout le monde de court et, deux semaines
avant la date initialement prévue (le 3 novembre),
il a décerné son prix à Amette, un habitué des dernières sélections. Le but de la manoeuvre, présentée
comme une facétie par l’illustre jury, était de prendre
de vitesse le Grand Prix de l’Académie française,
décerné le 23 octobre. Les plus outrées en tout cas
furent les dames du Femina, qui virent dans le coup
d’éclat des Goncourt la rupture cavalière du pacte de
non-agression informel passé voici quelques années
pour régler définitivement les problèmes de priorité
calendaire. Quoi qu’il en soit, le Goncourt d’Amette
fait vivre ses personnages dans une atmosphère aussi froide – le Berlin-Est de 1948 – que la guerre dont
ils se font les acteurs.
● Dans l’air du temps
Côté actualité, l’inspiration est inépuisable : les sociologues devront faire face à une rude concurrence, qui
se penche sur les grandes tempêtes de 1999 (Jean-
Guy Soumy), la mort de lady Di (Laurence Cossé),
les SDF (Dominique Sampiero), l’immigration (Fatou
Diome), la téléréalité et les médias (Gilles MartinChauffier). Dans le roman de ce dernier, Silence, on
ment, on parle aussi de la société d’en bas, celle qui
préoccupe moins les politiques, sauf à proximité des
échéances électorales. Adieu à la France qui s’en va de
Jean-Marie Rouart, suite de tableaux et de réflexions
sur des moments d’une vie, constitue une véritable
« mythologie française » dont l’Olympe s’y nomme
Panthéon, les dieux et les héros Jeanne d’Arc et de
Gaulle, Drieu la Rochelle et Romain Gary, les sansculottes de Valmy, les képis blancs de Cao Bang, le
capitaine Dreyfus et le jardinier Raddad. Une France,
redoute l’auteur, qui est retournée à « cette nuit barbare » d’où elle jaillit au temps de saint Rémi. Une ville
de Denis Robert peint un monde-miroir qui nous
ressemble et nous effraie et nous fascine, immense
Big Brother omniscient d’un univers construit comme
la plus inouïe des introspections intellectuelles, à la
manière d’un certain Georges Perec. Plus modeste,
l’Histoire de Chirac (pas l’homme, mais une ville de
Lozère) d’Éric Holder, sous le vernis de l’intrigue, est
un joli petit palimpseste et une ode au granite, à la
lauze, aux mélèzes, aux monts de Margeride, ancien
pays de loups. Un des rares coins de France où on
peut avoir l’impression de revenir quelques années
en arrière, avant que l’homme ne devienne « envieux,
replié sur lui-même, distrait, dangereux ».
● Asies
L’Asie est très tendance, même au rayon lettres. Le
Personne de Linda Lê est une histoire de fou, où des
repères sont placés pour mieux déboussoler le lecteur, des vérités révélées pour mieux le fourvoyer,
pendant que l’auteure, tapie dans l’ombre du récit,
en maîtrise la malicieuse construction. Le Complexe
de Di, prix Femina, qui titre à partir d’un jeu de mots
sur le complexe d’OEdipe, se situe du côté de l’humour, limite farfelue et loufoque. On n’a pas échappé
à la surmédiatisation de Shan Sa et de son Impératrice
(Albin Michel), un roman que se sont arraché deux
éditeurs à coup de procès : le scandale littéraire de la
rentrée, mais surtout une nouvelle étape inspirée qui
mène Shan Sa au coeur de la Chine éternelle.
● Amours, désamours
La description de l’amour, de préférence volatile,
reste encore le thème littéraire le plus exploité. Antéchrista d’Amélie Nothomb met en scène un nouveau duel. Après la journaliste et l’écrivain, le laid
et la belle, l’Occidentale pleine de bonne volonté
et la vicieuse japonaise, c’est cette fois l’affrontement entre une jeune fille rêveuse et trop sage et
une jeune fille solaire et extravertie, attirant irrésistiblement l’amour de tous et de toutes. Beaucoup
d’adolescents s’y reconnaîtront. Tant qu’il y aura du
rhum de François Cérésa est un roman sur les mensonges qui embellissent la vie, une fresque nostalgique sur l’amour, la filiation, Saint-Germain des
Prés et l’éducation sentimentale d’un jeune homme
qui, le jour venu, se souvient... White de Marie Darrieussecq ausculte des scientifiques à la recherche
de poussières cosmiques qui vivent une histoire
d’amour dite à plusieurs voix par de fantomatiques
narrateurs. Loin des clichés, Darrieussecq poursuit
une recherche exigeante vers un renouvellement
du romanesque. Camille Laurens, dans l’Amour,
roman, cherche à sonder deux thèmes essentiels :
l’amour et le roman, annoncés d’emblée dans le
titre, en se prenant elle-même pour objet d’étude.
Un roman plutôt désenchanté, aux phrases longues
et amples qui suggèrent un paradis vraiment perdu
que seul l’amour de la langue peut aider à retrouver. Avec Faire l’amour, Jean-Philippe Toussaint nous
livre le récit d’une rupture amoureuse, celle d’un
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couple séduisant qui s’étreint une dernière fois pour
se remémorer la première fois, dans une sorte de
lune de miel à l’envers. La Constante de Hubble de
Stéphanie Janicot considère le couple comme une
galaxie. Mais les lois de la cosmologie peuvent-elles
vraiment permettre de comprendre les trahisons
et les incompréhensions que l’amour suscite ? Un
roman plaisant qui a au moins le mérite de poser un
questionnement clair sur la vie de couple. Trauma
d’Hélène Duffau est un livre court, rageur, le récit
d’une femme violée qui n’est plus qu’une immense
cicatrice, et qui cherche à se venger. De Les anges
brûlent de Thibault de Montaigu, fils de Françoise
Gallimard et neveu d’Antoine, on a dit qu’il s’agissait du nouveau Bonjour tristesse et, de son auteur,
le nouveau Sagan au masculin. Son premier roman
rappelle un peu Bret Easton Ellis, mais dans le
XVIe arrondissement de Paris. En tout cas, le texte de
Thibault de Montaigu est féroce, plein d’une lucidité malsaine. La Révélation de Pierre Mérot fait le récit
très drôle et très méchant d’un naufrage humain
entre misère enseignante, amours massacrées et
libations sans fin.
● Histoires
Le roman historique, comme toujours, se porte
bien. Patrick Rambaud livre le dernier volume de sa
trilogie impériale (l’Absent), qui décrit l’atmosphère
fin de règne, prélude au premier exil de l’Empereur. Une transcription minutieuse des états d’âme
des uns et des autres plus que des péripéties politiques et militaires de ces semaines cruciales. Pierre
Combescot récrit l’affaire du Collier de la reine dans
les Diamants de la guillotine, l’un des épisodes précurseurs de la Révolution, avec un brio et une sensibilité dignes du Siècle des lumières. L’auteur, en
particulier, confirme la thèse qu’il n’y a évidemment
pas une seule raison au plus violent séisme politique que la France ait jamais connu. Avec C’est ainsi
que les hommes vivent, Pierre Pelot l’emporte dans la
catégorie poids lourds. L’auteur, fasciné d’ordinaire
par les hommes préhistoriques, raconte ici la guerre
de Trente Ans dans l’est de la France. Un élégant
premier roman de Martine Mairal, l’Obèle, narre le
coup de foudre littéraire du vieux Montaigne pour
la jeune Marie de Gournay. Elle lui consacrera le
reste de sa vie en devenant éditrice des Essais et
femme de lettres.
● Attrait de l’étranger
En littérature, on va chercher ailleurs ce qui nous
manque ici. De ce point de vue, les Anglo-Saxons
tiennent toujours le haut du pavé. Quoique, sur ce
registre, le match de la France contre le reste du
monde est inégal puisque, de l’étranger, ne nous
parvient que la crème de ce qui y a été déjà publié
et critiqué. Le jeune prodige irlandais de New York
Colum McCann revisite, dans une brûlante biographie fictive, la vie de Rudolf Noureev dans Danseur.
Dans cette aventure littéraire de recréation d’un
mythe, McCann fait danser les mots pour dire celui
qui était la danse incarnée. L’Anglais Ian McEwan a
fait sensation dans son pays avec Expiation. L’auteur
illustre dans ce récit généreux sa parfaite maîtrise du
jeu romanesque, de l’art du rebondissement, mais
aussi un indiscutable talent à plonger dans les âmes
et les consciences de ses personnages, sans oublier
le défi permanent lancé au lecteur. Avec Cosmopolis, Don DeLillo réalise une miniature savoureuse,
une sorte de conte moderne, cruel et allégorique
sur les abîmes de la société contemporaine. Récompensé par le prix Pulitzer, Middlesex de Jeffrey Eugenides, auteur il y a neuf ans de Virgin Suicides, est un
« roman hybride », mi-épopée, mi-récit intime. Des
années 1920 aux années 1970, une description des
États-Unis, de la société américaine sur trois générations et une illustration au quotidien du melting
pot. La Nostalgie de l’ange d’Alice Sebold est un exercice littéraire attachant dont la narratrice est une
jeune fille assassinée lorsqu’elle avait quatorze ans.
Depuis, elle veille sur les siens, spectatrice de tous
ces instants qui viennent ponctuer une vie et qui
auraient dû rythmer la sienne. Deux hispanisants,
enfin, au milieu de cette déferlante anglo-saxonne.
Avec Clara et la pénombre, José Carlos Somoza,
auteur de la Caverne des idées (2002), un polar platonicien, revient avec une nouvelle enquête d’une
écriture limpide aux mille niveaux d’interprétation,
une histoire terrible et fascinante, et, toujours, son
interrogation sur la création, l’art et ses dérives.
Dans Vivre pour la raconter, Gabriel García Márquez
raconte la « fiction » de ses années de formation.
Plus qu’un document, une création littéraire humaniste qui apporte une pierre indispensable à l’oeuvre
du père du « réalisme magique ». « La vie n’est pas ce
qu’on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment
on s’en souvient », prévient-il d’emblée.
J. M. COETZEE,
PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE
Un deuxième prix Nobel de littérature pour
l’Afrique du Sud : après Nadine Gordimer en 1991,
c’est John Maxwell Coetzee que l’Académie suédoise a distingué. Son nom circulait depuis longtemps pour l’attribution de cette prestigieuse disdownloadModeText.vue.download 171 sur 370
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tinction. Auteur d’une oeuvre complexe, souvent
sujette à polémique, J. M. Coetzee succède au
Hongrois Imre Kertész. Son style dépouillé et tranchant est volontiers comparé à ceux de Beckett ou
de Kafka. « Les romans de J. M. Coetzee se caractérisent par une composition astucieuse, des dialogues
condensés et une brillance analytique », indique le
comité de l’Académie. Quatrième Africain à obtenir
le Nobel de littérature depuis 1980, J. M. Coetzee
est né au Cap en 1940 au sein d’une famille angloallemande. Il débute sa carrière d’écrivain en 1974
avec la publication de Dusklands (Terres de crépuscule). Ses premiers livres sont marqués par les
années d’apartheid et, dans les suivants, l’Afrique
du Sud est omniprésente. Son roman En attendant
les barbares (1980) le rend célèbre sur la scène littéraire internationale. « Un thriller politique dans la
lignée de Joseph Conrad, où la candeur ouvre la porte
à l’horreur », note le jury du Nobel. J. M. Coetzee est
le seul écrivain à avoir reçu deux Booker Prize, en
1983 et en 1999.
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Hasard du calendrier, l’année 2003, placée
en France sous le signe méditerranéen
de l’Algérie, a offert au public une série
d’expositions très en couleurs.
Expositions 2003,
une année solaire
LOUIS JAMIN
Entre l’exotisme polynésien (« Gauguin à
Tahiti » au Grand Palais) et les explosions
chromatiques du Russe Marc Chagall, du
Tchèque Frantisek Kupka ou du Chinois
Zao Wou-ki, jusqu’aux vibrations solaires des « Origines de l’abstraction » présentées au musée d’Orsay,
la programmation des musées a voulu exorciser les
aléas d’une météo de plus en plus capricieuse, avec
des expositions plongées dans des bains de lumière.
● Figures du temps et d’antan
Après Raphaël, le musée du Luxembourg, à Paris,
accueillait, d’octobre à février, le grand maître de la
Renaissance Sandro Botticelli (1445-1510) en réunissant, sous la coupe de l’historien d’art Daniel Arasse,
une vingtaine de peintures et quelques dessins réalisés pour la cour des Médicis. Faute de pouvoir déplacer les grands panneaux sur bois, le fameux Printemps
ou la Naissance de Vénus, inamovibles chefs-d’oeuvre
restés aux Offices de Florence, l’exposition a recentré son propos sur la peinture profane et religieuse
réalisée pour les intérieurs des palais florentins. Redécouverte du XIXe siècle, Botticelli trouve ici à dialoguer
avec certains de ses contemporains (Filippo Lippi,
Piero di Cosimo) dans une série de Vierge à l’enfant,
de portraits stylisés et de tableaux mythologiques où
il s’affirme en maître d’un art de la chair évanescente,
subtil, ornemental : un art tout en finesse.
Est-ce la même « minutie » qui habite, quelques
siècles plus tard, Magritte (1898-1967), l’artiste belge
surréaliste, auquel la galerie nationale du Jeu de
paume consacrait une exposition (11 février-9 juin)
rassemblant près de 150 peintures, dessins, sculptures et photographies ? Daniel Abadie, le commissaire et directeur du Jeu de paume – dont on vient
d’annoncer la transformation, à partir de 2004, en
centre d’art consacré à l’image (photographie, vidéo,
etc.) –, a décidé d’insister sur les aspects de l’oeuvre
le plus en phase avec l’évolution contemporaine
de l’art : rapport de l’écrit à l’image préfigurant l’art
conceptuel, obsession pour l’objet, vocabulaire de
l’affiche et distanciation froide face à la réalité annonçant les enjeux du pop art. L’exposition rétrospective
commence en 1925, elle se termine avec la mort de
l’artiste dans la fin des années 1960. On y retrouve
tout l’univers énigmatique de Magritte, ses paysages
surréalistes peuplés de créatures étranges, hommes
au manteau noir et chapeau melon, ou femmes
nues, maisons où l’intimité devient très vite fantasmatique et le décor, oppressant par son silence ou
ses couleurs saturées.
C’est curieusement, mais dans un tout autre registre,
à cette même saturation étrange de l’image que joue,
au cours des années 1960-1970, le courant hyperréa-
liste américain présenté, au cours de l’été, sur les cimaises du musée d’Art moderne et contemporain de
Strasbourg (« Hyperréalismes. USA. 1965-1975 »). Et
c’est à l’historien d’art Jean-Claude Lebensztejn que
l’on doit cette sortie du purgatoire d’un mouvement
pictural souvent considéré comme réactionnaire. On
y découvre quatre artistes européens qui dialoguent
avec une vingtaine d’artistes américains, avec des
oeuvres dont le « photoréalisme » réintroduisait en
force l’idée de trompe- l’oeil contre laquelle s’était insurgée la peinture moderne, de Cézanne à l’abstraction. En moins de dix ans, du milieu des années 1960
au début des années 1970, l’hyperréalisme connaît
un succès public et marchand fulgurant, alors que la
critique avisée lui oppose un refus condescendant,
à l’exception de quelques meneurs du pop art. Le
déclin fut aussi fulgurant que la flambée, laissant
ce courant, jugé trop populaire, dans le purgatoire
d’une histoire de l’art plus canonique. On y découvre
une nébuleuse d’artistes plus hétéroclite qu’il n’y
paraît derrière ce parti pris « photographique », avec
un curieux travail d’inventaire que se répartissent,
telle une encyclopédie visuelle du monde contemporain, les artistes de cette mouvance (visages pour
Chuck Close, reflets de vitrines pour Richard Estes,
néons urbains pour Robert Cottingham). En fait,
une curieuse orgie de banalités, minutieusement
dépeintes dans les moindres détails, qui sont autant
de commentaires, mi-fascinés, mi-désabusés, devant
une époque industrielle à la recherche de nouvelles
icônes, d’une nouvelle virtuosité.
● Les couleurs du Grand Palais
C’est d’icône qu’il faudrait à nouveau parler à propos
de l’exposition « Marc Chagall, connu et inconnu »
présentée de mars à juin aux galeries nationales
du Grand Palais. Plus de trente ans après la dernière grande rétrospective parisienne, quelque
170 oeuvres de Marc Chagall (1887-1985) permettaient de retracer l’itinéraire pictural et spirituel d’un
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artiste fortement marqué par sa culture russe et juive,
resté en marge des avant-gardes de son époque
(cubisme, abstraction, surréalisme) pour mieux être
fidèle à un univers personnel peuplé de mythologies bibliques. Une exposition qui, au-delà d’une
rétrospective, souhaite présenter des aspects moins
« connus » de son oeuvre, notamment son rapport
à l’art décoratif. Jean-Michel Foray, le commissaire
de l’exposition, a ainsi privilégié les salles consacrées
aux grandes décorations pour le théâtre, signe d’un
profond désir de synthèse des arts où la dimension
monumentale d’une peinture faite de couleurs
vives participe à cette échappée du spectateur dans
la dimension du rêve. L’exposition réunit aussi de
nombreux dessins, aspect certes plus « inconnu »
de son travail, mais pas toujours le plus réussi, avec
de nombreuses « redites » chez un artiste dont tout
le vocabulaire semble avoir été mis entièrement en
place avant la Première Guerre mondiale et qui, trop
souvent, se contente de faire « du » Chagall. Après
Chagall, Gauguin ; après le berceau de la Russie natale, le paradis retrouvé des îles tropicales, avec, pour
point commun, l’orchestration des couleurs. C’est
donc dans le cadre du très attendu centième anniversaire de la mort de Paul Gauguin (1848-1903) que
le Grand Palais accueillait la grande exposition de la
rentrée (4 octobre-19 janvier) consacrée à « L’atelier
des tropiques », la période tahitienne de l’artiste. La
toile monumentale D’où venons-nous ? Que sommesnous ? Où allons-nous ?, frise de près de 4 m de long
entreprise par Gauguin aux îles Marquises en 1897
est venue spécialement du Musée de Boston, partenaire de cette manifestation. Elle trône, tel un
trophée, au milieu de l’exposition, entre des photographies d’époque, une cinquantaine de tableaux
et quelques manuscrits, tous exécutés pendant ce
séjour polynésien. Toutes sont chargées de couleurs
et d’énergie, aucune d’entre elles ne dénotent la fragilité de l’artiste durant cette période ultime et difficile de sa vie. Aucune trace de souffrance, tout juste
un sentiment de mélancolie qui plane sur ces paysages tahitiens. Peignant avec peu de matière, faute
de moyens, dans une facture « maigre » comme il le
disait lui-même, Gauguin nous livre un jardin d’Éden
auquel il ne pourra accéder, où l’harmonie entre les
corps et la nature parvient à dépasser les difficultés
physiques, les inquiétudes spirituelles de la vie. Né
au Pérou, il vient mourir à Atuona, dans les îles Marquises où il était venu chercher un paradis terrestre
après avoir découvert ces pays exotiques lors de
l’Exposition universelle de 1889. Gauguin part pour
Tahiti, « merveilleux pays dans lequel je voudrais, dit-il,
y terminer mon existence avec tous mes enfants. » Il y
mourra, non sans avoir peint ses plus beaux chefsd’oeuvre de maturité, après la majestueuse période
d’innovations de Pont-Aven. C’est vers Pont-Aven
qu’il faut revenir pour comprendre l’influence de
Gauguin, au passage du siècle, sur une génération
de jeunes peintres parisiens, les nabis. Paul Sérusier,
l’un d’eux, revient de Bretagne avec un petit tableau,
le Talisman (1888, musée d’Orsay), peint sous les
conseils de Gauguin. Les couleurs sont franches, parfois antinaturalistes ; elles annoncent l’explosion des
fauves. Édouard Vuillard est l’un des peintres de cette
génération. Le Grand Palais lui consacre une rétrospective. On y découvre dans les premières salles des
petits tableautins, portraits ou intérieurs intimistes,
construits sur des aplats de couleur surprenants de
modernité, avec une mise en page très forte. Mais
l’on ne suivra pas les arguments du commissaire Guy
Cogeval, confinant au paradoxe, soutenant que les
portraits mondains des dernières décades (19201930) sont modernes et ironiques, alors que l’artiste a
manifestement abandonné tout projet de modernité
depuis 1910 pour confiner sa peinture intimiste dans
un goût pour le moins académique, que même une
lecture postmoderne n’arrive pas à sortir de son classicisme confortable, voire réactionnaire. On se serait,
en quelque sorte, suffi du rez-de-chaussée et des si
belles salles de la période nabi.
C’est dans ce paradoxe entre modernité et classicisme qu’il faudrait classer Jean Cocteau (1889-1963),
auquel le Centre Georges-Pompidou, dans le cadre
du cinquantième anniversaire de sa mort, consacrait
une exposition. Figure protéiforme, poète en tout,
dans l’écriture, le roman et le théâtre, mais aussi le
dessin, la peinture, la céramique et le cinéma, Cocteau explose les catégories sans toutefois échapper à un maniérisme qui le poursuivit dans toutes
ses activités. Relire le XXe siècle à travers lui est une
bonne chose. Était-il cependant nécessaire de lui
consacrer le sixième étage du centre, dévolu aux
grandes expositions, dont on attendrait un peu plus
de risque ? La programmation 2003 du Centre Pompidou, entre Jean Cocteau et Nicolas de Staël, deux
classiques peut-être trop « classiques », se frotte peu
à la modernité. Est-ce la loi des chiffres qui prime ? De
nombreuses plumes s’en sont offusquées. On attend
et espère une reprise en main.
● Abstractions
Le cas du peintre Nicolas de Staël (1914-1955)
est typique de ces figures du moderne. Artiste à
la destinée tragique et au physique herculéen,
issu d’une famille aristocratique russe contrainte
à l’exil en 1917, ayant traversé de nombreuses
périodes de misère froide avant de connaître la
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reconnaissance, puis isolé à Antibes où une profonde dépression le pousse au suicide en mars
1955, Nicolas de Staël est l’archétype du mythe
moderne. On découvre en lui une figure atypique
ayant rencontré à la fois le succès public et la
reconnaissance critique, malgré les nombreux débats sur sa supposée « trahison » de l’abstraction,
au cours des années 1950. C’est à la suite de sa
rencontre avec le peintre italien Alberto Magnelli,
artiste majeur de l’abstraction géométrique, que
de Staël abandonne une facture réaliste noire,
existentialiste. Les oeuvres qui suivront marquent
son style : des formes maçonnées dans une peinture chargée de matière, peinte au couteau, dans
des teintes parfois sourdes, parfois très colorées,
toujours très lumineuses – ce qu’il appelle un
« paysagisme abstrait ». On y reconnaît encore
des lignes d’horizon, des toits, parfois des objets
dans des natures mortes. Le peintre est toujours
à la limite ténue entre abstraction et figuration,
sur une ligne de crête qui est pour lui une ligne
de tension, surtout depuis un choc visuel, devenu
mythique dans sa biographie : un match de football au Parc des Princes dont le peintre s’inspirera
ensuite dans une série de tableaux très lyriques.
On pense à l’artiste abstrait Robert Delaunay, qui,
avant de produire ses Formes circulaires (1913),
toiles totalement abstraites, avait peint le souvenir d’un match de rugby dans une oeuvre intitulée
l’Équipe de Cardiff (aujourd’hui, l’un des fleurons de
la collection du musée d’Art moderne de la Ville de
Paris). Le charme et la séduction de ces formes, miabstraites, mi-figuratives, qui parfois s’aventurent
vers des sujets assez convenus (bord de mer, nu
couché, natures mortes) font que l’on hésite à
reconnaître dans ce grand démiurge de la couleur
un véritable pionnier. On pourrait dire exactement
la même chose des toiles du peintre chinois Zao
Wou-ki (né en 1921 et installé en France depuis
1948) auquel la galerie nationale du Jeu de paume
consacrait une grande exposition rétrospective (14 octobre-7 décembre). C’est à nouveau
d’atmosphère et de lumière que l’on peut parler,
tant son travail est totalement porté vers l’effluve
impressionniste de matière, le bain vaporeux de
couleur. Les verrières du Jeu de paume se prêtent
assez bien à ces jeux de clair et d’obscur, mais aussi
de transparence dont il a trouvé, dès son arrivée
en Europe, un écho dans les somptueuses aquarelles de Paul Klee. Avec Vent, peint en 1954, Zao
Wou-ki abandonne définitivement la figuration au
profit de masses colorées, où le dessin et la calligraphie ont disparu. Il rejoint le grand mouvement
de l’abstraction lyrique qui domine la scène parisienne des années 1950, au point de faire de lui,
sans le vouloir, l’un des grands représentants de
l’école de Paris.
La Fondation Maeght proposait au public estival de
Saint-Paul-de-Vence une grande exposition sur « La
Russie et les avant-gardes » (2 juillet-5 novembre).
On se rappelle, il y a quelques années déjà, le succès
public de l’exposition organisée au Musée de Nantes
sur un sujet similaire, mais, malgré son titre, les
avant-gardes, suprématistes et constructivistes, restaient peu présentes. Ce n’est pas le cas de la somptueuse exposition organisée par Jean-Louis Prat qui
offre au public une série impressionnante de chefsd’oeuvre de Nathalie Gontcharova, Kazimir Malevitch, El Lissitsky, et d’autres artistes moins connus,
voire jamais vus en France. On y découvre un milieu
artistique d’avant la révolution en totale ébullition,
profondément marqué par l’esprit de l’utopie et
les mouvements picturaux européens (fauvisme,
cubisme et futurisme), dont le vocabulaire et les
ruptures sont assimilés avec une rapidité déconcertante. C’est dans la tension, très fertile, entre le désir
de se frotter à la modernité occidentale et celui de
préserver une identité culturelle russe ou orientale,
que se crée en une vingtaine d’années stratégiques
(1905-1925) un ensemble d’oeuvres à la modernité
très haute en couleur. On découvre ainsi, tout au
long de ce parcours, combien les artistes russes
cherchent à repenser entièrement les fonctions de
la représentation plastique tout en puisant dans la
force primitive d’un art populaire, autochtone (intérêt renouvelé pour l’art des icônes, pour l’estampe
populaire, l’art de la rue et des colporteurs). C’est,
dans les deux cas, la simplification géométrique
des volumes qui l’emporte, menant les peintres
d’un héritage cézannien jusqu’aux formes les plus
radicales du suprématisme de Malevitch, un Carré
noir sur fond blanc (1915), par exemple. Là, l’art de
l’icône se défait définitivement de la représentation
figurative du divin pour accéder, dans l’immédiateté de la forme primaire et l’infini du blanc, à une
dimension supérieure, accessible à l’oeil humain. Le
peintre y déclare la naissance d’un nouveau monde,
le « monde sans objet » de la « pure sensibilité ».
La puissance radicale de ces formules va séduire,
très vite, de nombreux artistes russes (Popova,
Rodtchenko, Lissitsky) avant que ne s’opposent
rapidement deux camps, suprématisme d’un côté,
prônant une lecture plus spirituelle et plastique de
l’oeuvre, constructivisme de l’autre, mettant l’art et
sa « culture des matériaux » au service de la révolution communiste. Rapidement, le clan des construcdownloadModeText.vue.download 175 sur 370
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tivistes, aidé par le pouvoir politique qui se met en
place, impose la disparition de l’autonomie des arts
au profit d’un productivisme où l’artiste-ouvrier
nourrit le progrès de la production industrielle ou
de la propagande (ainsi des somptueuses affiches
et des photomontages de Rodtchenko). Malevitch
se voit dans l’obligation d’abandonner, dans les
années 1927-1930, son vocabulaire géométrique
de croix, carrés et cercles, jugés trop gratuits voire
spiritualistes, au profit d’une figuration stylisée qui
annonce déjà la mise en pièces de l’avant-garde
sous la brutalité stalinienne.
C’est moins au développement qu’aux sources de
l’abstraction que le musée d’Orsay consacrait, en fin
d’année (5 novembre-22 février), une importante exposition. Privilégiant le dialogue arts et sciences, aux
dépens d’une interprétation spiritualiste (elle aussi
décisive dans les premiers pas de l’art non figuratif),
l’exposition « Aux origines de l’abstraction, 18001914 » proposait au public un florilège de tableaux
modernes, de Friedrich et Turner à Kupka, Delaunay ou Kandinsky. Ouvrant avec Goethe, le poète
romantique mais aussi auteur d’un important traité
des couleurs publié en 1810, cette archéologie de
l’abstraction montre combien les pionniers de cette
« peinture pure », loin de s’arracher au réel, plongent
dans la vibration du monde, celle de la lumière mais
aussi celle du son, pour ne plus faire du tableau
qu’une symphonie de couleurs et de lignes : une
exposition lumineuse sous les verrières d’Orsay.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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Au-delà des mouvements des intermittents
du spectacle, qui ont contraint de grands
festivals de musique à l’annulation, l’avenir
de certains étant même plus ou moins en
danger, c’est sous le signe d’Hector Berlioz que
s’est placé le millésime 2003.
Sous le signe
de Berlioz
BRUNO SERROU
ACADÉMIE CHARLES-CROS
Berlioz, « le mal-aimé », du moins en France.
Car, au-dehors de nos frontières, le compositeur dauphinois est considéré comme
le plus grand des musiciens romantiques
français. Il est en tout cas l’indispensable chaînon
entre Jean-Philippe Rameau et Claude Debussy. C’est
donc avec faste que le bicentenaire Berlioz a été célébré, de Tokyo à New York et Salzbourg, en passant par
Sydney, Londres et Paris, ainsi que dans le Dauphiné,
où il est né le 11 décembre 1803. Au-delà de l’anecdote ridicule du transfert annulé de ses cendres au
Panthéon, les célébrations du bicentenaire ont permis de mesurer combien Berlioz compte aujourd’hui,
tant sa pensée se révèle d’une étonnante contemporanéité. Excessif et novateur, tout en restant intimement ancré dans la tradition et la pensée des anciens,
le compositeur demeure le modèle de l’artiste dans
la société. Et si cette commémoration a suscité une
série de publications biographiques et analytiques
impressionnante, ce sont en fait ses propres oeuvres
qui se sont imposées comme les plus fondamentales pour la connaissance de sa personnalité et de
la vie culturelle, artistique et musicale de l’Europe du
XIXe siècle.
● Vérité troyenne
Si Benvenuto Cellini, premier opéra de Berlioz, n’a pas
eu les honneurs de la scène, devant se contenter de
deux concerts, l’un en début de saison à l’Orchestre
de Paris – qui a passé pour le bicentenaire une dizaine de commandes d’oeuvres nouvelles à autant
de jeunes compositeurs –, l’autre à l’Orchestre national de France en décembre, l’hybride de cantate
scénique et de symphonie avec voix la Damnation
de Faust a connu à Genève une lecture décapante
avec le dramaturge Olivier Py. Pour ce dernier, Faust,
homme de savoir dont la soif de connaissance est
inextinguible, sait aussi que « seule la connaissance
sensible est susceptible de déchirer le voile ». La vision de
Py ramène à l’homme médiéval, « qui est dans l’image
en tant que représenté et parce que l’image n’est pas posée devant lui, mais autour de lui dans la cathédrale »,
et à l’homme de la Renaissance pour qui l’image
n’est plus que « le témoin de ce qu’il a perdu ». Malgré
sa violence, la lecture de Py, subtile et polymorphe,
est d’une singulière magnificence. Jouant du noir
et blanc, elle suscite de somptueux tableaux faits
de crépuscule et de lumière, par le biais d’ombres
chinoises et de figurines, les seules taches de couleur étant celles du feu incandescent de l’enfer et
l’immense escalier d’or par lequel Marguerite accède
au paradis. Mais l’événement du bicentenaire Berlioz
restera l’entrée au répertoire de nombreux théâtres
du grand oeuvre qu’est l’opéra les Troyens. Cet « enfant
de douleur » qui préoccupa Berlioz pendant un quart
de siècle a longtemps été réputé immontable, son
auteur même devant accepter de le tronçonner en
deux parties et d’y faire des coupes importantes.
Représenté au Metropolitan Opera de New York, au
Festival de Salzbourg, à l’Opéra d’Amsterdam et à
l’Opéra de Leipzig, notamment, c’est surtout la production du Théâtre du Châtelet qui était attendue.
Donnés dans leur quasi-intégralité pour la première
fois à Paris, les Troyens n’ont rien du mastodonte si
décrié, et, sans ce tunnel qu’est le ballet du quatrième
acte, l’ouvrage, quoique de forme classique et peu
novateur, est d’une saisissante beauté, enchaînant
scènes, tableaux, airs, ensembles et choeurs tous
plus somptueux les uns que les autres. En fait, Berlioz, pénétré de littérature classique, de Virgile jusqu’à
Shakespeare, obéit à l’esprit de ses modèles, dont il
traduit musicalement l’essence. Dans sa propre scénographie, le metteur en scène grec Yannis Kokkos
signe un spectacle d’une incontestable beauté esthétique, avec cet immense miroir incliné qui autorise d’amples mouvements de foule, noir et tragique
dans la première partie, blanc et sensuel dans la
seconde. Si l’on relève des détails irritants comme les
treillis et les armes à feu au milieu d’une foule vêtue
d’habits d’une époque plus ou moins « antique », et,
surtout, le ballet, l’ensemble de la production est fort
cohérent. Sir John Eliot Gardiner dirige avec foi, une
maîtrise du discours et de la nuance qui maintient
d’un bout à l’autre les sens du spectateur en éveil.
La distribution de solistes est quasi idéale, avec, côté
femmes, Anna Caterina Antonacci, Cassandre bouleversante à la voix pleine et au somptueux velours,
Susan Graham, Didon à la voix souple, ample et
sculpturale, et, côté hommes, Ludovic Tézier, exceldownloadModeText.vue.download 177 sur 370
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lent Chorèbe, Laurent Naouri, grand prêtre et Iopas
d’anthologie, et Topi Lehtipuu, Hylas déchirant.
● Saison russe
Qui s’attache un tant soit peu à Berlioz sait combien
la musique russe lui doit. C’est donc tout naturellement que le Théâtre du Châtelet, qui a été le premier
à accueillir en France opéras et ballets russes importés par Serge Diaghilev, revient régulièrement sur
ce qui a largement contribué à son renom dans le
domaine classique. Neuf ans après un premier retour,
avec notamment le Coq d’Or de Rimski-Korsakov repris à l’automne 2002, cette même scène proposait
deux oeuvres coproduites avec le Théâtre Mariinski
de Saint-Pétersbourg, l’une fort célèbre, Eugène
Onéguine de Tchaïkovski, l’autre beaucoup moins, le
Démon d’Anton Rubinstein.
Dans la réalisation de Patrice Caurier et Moshe Leiser,
le premier ouvrage souligne les mérites du théâtre
de troupe. Il résulte en effet d’un travail de longue
haleine qui a permis aux deux metteurs en scène
de réussir la gageure d’imposer une vraie direction
d’acteur à un Opéra pourtant réputé réfractaire au
théâtre, mais ici remarquablement servi par la cohésion entre solistes, choeur et orchestre qui, tous,
chantent dans leur jardin. En outre, côté voix, la continuité de la tradition de l’école russe du chant semble
assurée, les aînés, toujours en forme, passant le relais
à de jeunes artistes que le Mariinski, sous l’impulsion
de Valeri Gergiev, semble attirer à foison.
Le Démon de Rubinstein (1829-1894) n’a été présenté
qu’une seule fois en France, en 1911, au Théâtre Sarah-Bernhardt. Rubinstein était un immense pianiste,
comparable à un Liszt ou à un Busoni. Il est aussi le
fondateur du Conservatoire de Saint-Pétersbourg,
premier centre de pédagogie musicale de l’histoire
de la Russie. Compositeur russe de culture occidentale, il refusait la singularité slave, au point de rejeter
Glinka et, surtout, le groupe des Cinq, qui le lui rendra
bien, au profit de son élève Tchaïkovski. Cet « opéra
féerique » est le reflet de l’éclectisme de ce compositeur dont l’influence se porta jusqu’en Occident.
Touffue mais frémissante, l’orchestration évoque
Schumann et Wagner. On décèle aussi des tournures
annonçant Tchaïkovski. Adapté de Lermontov, le
livret conte l’histoire du diable à qui la rédemption
est promise s’il tombe amoureux d’une jeune femme
prête à s’offrir à lui. Malgré son désir de bonté, il ne
peut résister à sa nature maléfique. L’élue meurt
sans avoir rien concédé, condamnant ainsi le diable
à l’errance éternelle. La mise en scène de Lev Dodin
ne sert pas l’ouvrage, se contentant d’une mise en
place de masses chorales qui se meuvent tels des
soldats de plomb dans une scénographie granitique.
La distribution est dominée par l’excellent baryton
Evgueny Nikitin, et, surtout, par la splendide Marina
Mescheriakova.
Cette Saison russe s’achevait sur une Fiancée du tsar
de Rimski-Korsakov produite par le Grand-Théâtre
de Bordeaux qui s’est révélée particulièrement décevante. Si bien que l’événement lyrique régional est
venu de Toulouse, avec une production extraordinaire de tension et de vérité théâtrale de Lulu d’Alban
Berg qui, depuis la version historique de Pierre Boulez et Patrice Chéreau à Garnier (1979), n’a connu en
France de lecture plus aboutie que cette vision d’un
érotisme exacerbé proposée par Pet Halmen. Ce dernier a placé l’action au coeur d’un vaste amphithéâtre
de faculté de médecine. Brutale, l’atmosphère de
cette Lulu met singulièrement en relief l’univers
glauque auquel se confronte Lulu, être pur que seuls
le regard et la concupiscence des hommes corrompent. La distribution de chanteurs-acteurs donne
à ce spectacle une grandeur unique. On retrouve en
effet quelques vieux routiers, comme Franz Mazura,
aujourd’hui Schigloch, hier Dr Schön de Boulez et
Chéreau, Wolfgang Schöne, qui campe le Dr Schön
partout dans le monde, mais aussi Katarine Goeldner,
émouvante comtesse Geschwitz, et, surtout, Marisol
Montalvo, à la voix aussi souple que le corps, Lulu
mobile et féline, dont la plastique est à la dimension
du personnage.
● Création
Côté musique contemporaine, l’actualité a été abondante, à défaut d’être consistante, la réussite n’ayant
pas toujours été au rendez-vous. Oublions le piètre
intérêt de la programmation du festival Présences
de Radio France pour nous attacher à la troisième
création mondiale en six ans de l’Opéra de Paris, qui a
réuni les suffrages avec Perelà, Uomo di fumo de Pascal Dusapin. Pour son quatrième ouvrage scénique,
ce compositeur de quarante-sept ans s’est fondu
dans le moule de l’opéra traditionnel, en choisissant, contrairement aux précédents, de conter une
véritable histoire. En deux heures, autour de la figure
christique de Perelà, homme de fumée enfanté par
trois mères qui se donne tout entier à l’humanité,
cette dernière le payant en retour de son injustice
rachetée par l’amour d’une femme, Dusapin sollicite
la diversité des sentiments et situations dont dispose
le théâtre lyrique, airs, duos, ensembles, scènes, mouvements de foule, etc. Le livret en italien – qu’il a luimême écrit à partir de Il Codice di Perelà (1911) d’Aldo
Palazzeschi – a suggéré au compositeur un orchestre
doué d’une vie autonome. Il émane de l’ouvrage autant d’onirisme que de jouissance sonore, une écriture vocale qui ne joue jamais contre le chanteur. La
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lecture qu’en a faite le metteur en scène Peter Mussbach instille à la belle figure de Perelà une présence
singulièrement humaine, tel un Jacques Tati éperdu
restant accroché à sa valise comme à une bouée,
sans doute conscient de n’être que de passage.
Déception en revanche pour le troisième ouvrage
scénique de Philippe Manoury (1952), la Frontière.
Composée dans le cadre d’une résidence au Carré
Saint-Vincent d’Orléans, l’oeuvre adopte la forme d’un
opéra de chambre. Las, le compositeur s’appuie sur
un texte de Daniela Langer qui découle d’un Maeterlinck archaïsant et qui laisse dubitatif. Économe et
efficace, la scénographie conçue par Yoshi Oïda se
réduit à un simple quadrilatère à trappes métalliques
dissimulant des accessoires qui situent l’action. Il est
difficile de juger de la qualité des chanteurs dans ces
pages qui laissent peu de place à la vocalité.
Autre rendez-vous marquant, la création au Festival de Salzbourg puis au Festival Musica de Strasbourg de la pénultième scène de Sonntag aus Licht,
ultime journée du cycle d’opéras Licht que Karlheinz
Stockhausen (1928) a commencé en 1977. Écrite
pour huit voix et synthétiseur, Düfte-Zeichen est un
concentré des sept jours du cycle. Solos, duos et trios
s’enchâssent, soutenus par des sonorités d’orgue,
le tout égrenant les jours de la semaine jusqu’à ce
qu’Eva, la mère originelle, rejoigne l’assemblée
pour une prière à Michael, l’homme positif invoqué
comme l’enfant Dieu. On sait depuis 1950 combien
Stockhausen possède l’art de la voix. Ici, impossible
de résister à la diversité des modes d’expression, au
traitement du verbe, à la magnificence de l’entrelacs
de la polyphonie.
Parmi les autres créations marquantes, trois oeuvres
de Suzanne Giraud (1958) annonciatrices de l’opéra
qui sera créé en octobre prochain, un douloureux
cycle de quatre mélodies pour baryton et piano, le
Bel Été, sur le poème éponyme d’Yves Bonnefoy ; un
brillant recueil de douze pièces pour clarinette et violoncelle Duos pour Prades en hommage au fondateur
du Festival de Prades, le violoncelliste Pablo Casals,
et à son actuel directeur, Michel Lethiec ; le ludique
et complexe Envoûtements VI pour percussions créé
au Festival Musica par les Percussions de Strasbourg.
Sans oublier le concerto pour trompette et orchestre
de l’Argentin Martin Matalon (1958), Trame V, page
dont chaque partie est placée sous le signe d’une
sourdine qui octroie au soliste autant de couleurs
inédites, Matalon jouant délicatement de la masse
des couleurs et des timbres de son orchestre, dont il
dispose tel un peintre de sa palette.
Des compositeurs de cette envergure incitent à
l’optimisme quant à l’avenir de la création et à la pérennité de son sens étymologique. Surtout lorsque
l’on écoute à côté l’oeuvre d’un Krzysztof Penderecki,
qui, à l’occasion de ses soixante-dix ans, a été célébré
partout dans le monde tel un démiurge, alors que
l’on ne peut que constater combien ce musicien,
conforté par la notion de rentabilité et par l’aisance
matérielle, se fourvoie en optant pour la facilité.
● Heurs et malheurs
Parmi les productions marquantes de l’Opéra de
Paris, les Boréades de Rameau, qui, pour son entrée
à Garnier, ont dû une fois de plus subir le mauvais
sort qui s’acharne sur elles depuis 1764, puisqu’une
panne de secteur en a interrompu à deux reprises le
déroulement. En outre, William Christie poussa tant
ses Arts florissants à la virtuosité que les approximations ont été nombreuses, et l’acidité des cordes
propre aux ensembles baroques a gommé la dimension prophétique de l’ouvrage. Côté distribution, la
perfection a été quasiment atteinte, le seul bémol
étant la prestation de Barbara Bonney, peu à l’aise
dans le rôle d’Alphise. Reste la mise en scène de
Robert Carsen, que l’oeuvre n’a pas particulièrement
inspiré.
Autre ouvrage depuis longtemps attendu, Guillaume
Tell de Rossini, qui n’avait pas été donné depuis trois
quarts de siècle à l’Opéra de Paris – pour lequel le
compositeur italien a pourtant composé cet ultime
ouvrage scénique. Cette production ne peut hélas
convaincre le public contemporain de la viabilité
de cet archétype d’un genre que l’on essaie régulièrement de remettre au goût du jour. La mise en
scène de Francesca Zambello ne fait que souligner
cette obsolescence. La vision désuète de l’Américaine interroge, car tant de kitsch conduit à se demander si elle a joué la carte du suranné ou si elle
n’a su que faire de l’ouvrage. Mais Zambello atteint
les sommets de la banalité dans le Trouvère de Verdi,
où elle sombre carrément dans le ridicule, avec ce
décor de science-fiction venu de quelque Planète des
singes. Mais le spectacle a heureusement été sauvé
par Roberto Alagna, qui, après un premier acte en
demi-teinte, s’est montré d’une aisance à couper le
souffle, et par Zelico Lucic, de loin le plus crédible –
sans doute parce que arrivé au tout dernier moment.
Richard Strauss a en revanche été particulièrement
choyé en fin d’année sur les deux scènes de l’Opéra
de Paris. Tout d’abord à Bastille, avec Salomé mise
en scène par Lev Dodin, qui s’impose ici comme un
grand directeur d’acteurs et un fin analyste de la psy-
chologie humaine. Sa princesse de Judée est un être
mi-enfant mi-femme qui casse son jouet, objet de ses
désirs charnels dont elle n’a pas encore pleinement
conscience alors même qu’elle découvre l’amour.
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Jochanaan, prophète empli de l’illumination divine,
est la victime expiatoire de ce passage de l’enfance
au premier âge adulte. Tous les personnages sont
repliés sur eux-mêmes, indifférents aux événements
et au monde qui les entoure – à l’exception d’Hérode,
que les rumeurs de l’épopée messianique inquiètent
pour lui-même. Chris Merritt est un Hérode impressionnant, Anja Silja, inoubliable Salomé de Wieland
Wagner, est une Hérodiade décadente à souhait, Falk
Struckmann un Jochanaan engoncé dans ses convictions. Mais c’est sur les magnifiques épaules de Karita
Mattila que repose l’essence de la production. Port
impérial, actrice de premier ordre, la soprano finlandaise, qui fait ici une extraordinaire prise de rôle,
est tout simplement la jeune princesse de Judée. À
Garnier, c’est Ariane à Naxos, qui fait un retour remarqué à l’affiche de l’Opéra de Paris dix-sept ans après
sa dernière apparition à Favart. La vision de Laurent
Pelly, téméraire quant à la forme mais respectueuse
quant au fond, permet à la musique d’atteindre son
équilibre grâce à une vision de théâtre sur le théâtre
conforme à la volonté des auteurs. L’émotion, la
grâce, l’humour, la farce, la vie animent cette production où l’on retrouve avec joie Natalie Dessay en
Zerbinetta, qui revient en beauté après son accident
vocal qui l’a tenue éloignée de la scène pendant plus
d’un an. On aura remarqué également la superbe
prestation de la jeune mezzo-soprano Sophie Koch.
LUCIANO BERIO (1925-2003)
Mort à Rome le 27 mai 2003 à l’âge de soixantedix-sept ans, Luciano Berio était l’un des rares compositeurs de la génération des années 1920 à faire
l’unanimité. Créateur parmi les plus féconds et
célébrés du dernier demi-siècle, chantre de la pluralité, il était rapidement devenu l’une des figures
tutélaires de la musique d’aujourd’hui. Des traditions extra-européennes jusqu’au jazz et aux musiques rock, ses emprunts aux cultures du monde
ont été multiples et ont participé sans ambiguïté
à son écriture virtuose. Né le 24 octobre 1925 à
Oneglia (Ligurie), Berio a été pendant plus de quarante ans le chef de file de la musique italienne.
Après avoir fondé au début des années 1950, avec
Bruno Maderna et Luigi Nono, le Studio di fonologia musicale de la RAI de Milan, où il signa l’un
des premiers chefs-d’oeuvre de la musique élec-
troacoustique, Thema (Omaggio a Joyce), il avait
introduit l’ordinateur à l’Ircam, créé en 1976 à Paris
par Pierre Boulez dont il a été l’un des tout premiers collaborateurs. Il s’enorgueillissait pourtant
de persister à écrire à la table, et de ne considérer
l’informatique que comme élément susceptible
d’enrichir la palette sonore. La voix était l’un de
ses modes d’expression privilégiés, « instrument
naturel » dont il a pu étudier toutes les capacités
avec sa première femme, Cathy Berberian, pour
qui il composa des oeuvres admirables, et qu’il a
su exploiter dans des partitions sur des textes de
ses amis, notamment Umberto Ecco, dont l’OEuvre
ouverte a marqué son esthétique personnelle. « Je
suis contre la notion d’oeuvre objet fini, disait Berio.
Une oeuvre est un signal sur un parcours, comme une
étape à Rome au cours d’un voyage de Paris à Pékin. »
C’est ce besoin de « balises » qui le conduisait à se
retourner sur les musiques du passé. Après avoir
longtemps estimé qu’écrire un opéra était l’acte
le plus réactionnaire, il avait fini par se lancer au
début des années 1980 dans l’écriture de grandes
partitions scéniques. « On ne peut plus raconter
d’histoire à l’Opéra, soutenait Berio. Brecht, qui ne
comprenait rien à la musique, a su percevoir que si
l’on veut éviter le grotesque d’une situation à l’opéra,
par exemple un personnage qui meurt en chantant, il
faut que le public chante avec lui. »
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Tous les ans, c’est la même chose : on clame
que l’année finie n’a rien à voir avec celles qui
ont précédé.
C’est souvent exagéré. Cependant, 2003 aura
dérogé à la règle.
2003, l’année de
tous les dangers
DIDIER MÉREUZE
JOURNALISTE À la Croix
Si la création s’est montrée aussi riche que par
le passé, ses douze mois auront été ceux de
tous les dangers, marqués par la crise des
intermittents qui a conduit à l’annulation du
plus prestigieux des festivals de théâtre : Avignon. Du
jamais vu ! Pourtant, 2003 avait superbement commencé avec Peter Brook qui reprenait en français, au
Théâtre des Bouffes du Nord, la mise en scène qu’il
avait créée en anglais quelques mois plus tôt. Taillant
dans le texte, redécoupant des scènes, il ramenait la
tragédie shakespearienne à l’essentiel. Aux côtés du
Jamaïcain Adrian Lester (Hamlet), on retrouvait les
comédiens habituels de Brook, tels l’Américain Bruce
Meyers et l’Africain Sotigui Kyouaté...
Quinze jours plus tard, Patrice Chéreau se confrontait à Phèdre de Racine, après cinq ans d’absence des
plateaux de théâtre. Un événement ! Inaugurant la
nouvelle salle du Théâtre national de l’Odéon (les
anciens entrepôts de l’Opéra de Paris, boulevard
Berthier), Chéreau a signé un spectacle éblouissant
de violence dense et magnifique. Sous un éclairage
crépusculaire de fin du monde, toutes les passions,
toutes les pulsions se donnaient libre cours. Vêtus
pour la plupart de grands manteaux intemporels,
les comédiens donnaient aux vers une existence
étonnamment charnelle, au contact direct avec les
spectateurs. Le rôle-titre devait être tenu par Isabelle
Adjani. Cette dernière ayant déclaré forfait, Chéreau a
fait appel à Dominique Blanc, actrice en communion
permanente avec le reste de la distribution.
● Permanence de la tragédie
Pendant que Phèdre triomphait à Paris, une autre
tragédie de Racine résonnait avec une force égale
à Nanterre : Andromaque, mise en scène par JeanLouis Martinelli. Là encore, les spectateurs étaient
installés des deux côtés du plateau. Là encore, la distribution se révélait exceptionnelle dans sa maîtrise
des vers comme des silences auxquels ne répondait
que le bruit lointain du ressac de la mer. Habillés « à
l’antique », revu et corrigé par le XVIIe siècle, les comédiens semblaient surgir de tableaux de maître, se
consumant sans fin sur l’or du sable répandu sur le
sol.
De quoi instituer 2003 l’année de la tragédie ? En partie. Tandis qu’à Lyon l’Italien Luca Ronconi installait
le Prométhée enchaîné d’Eschyle dans le cadre prestigieux du Théâtre antique de Fourvière, Médée était
triplement célébrée à Paris et dans la région parisienne. Au Théâtre du Rond-Point se jouait la Médée
Kali de Laurent Gaudé, créée par Myriam Boyer, incandescente. Au Théâtre des Amandiers de Nanterre,
la Médée de Max Rouquette, éclairée aux couleurs de
l’Afrique par Jean-Louis Martinelli, poursuivait avec
des comédiens et des musiciens du Burkina son interrogation sur le tragique commencée avec Andromaque. À Chaillot, c’était la Medea d’Euripide, mise
en scène par Deborah Warner. Interprété en anglais,
surtitré en français, le spectacle était porté par une
actrice fabuleuse : Fiona Shaw. Comme surgie d’un
film de Ken Loach, cette dernière était « lionne folle
de rage », et simple femme, emportée par ses pulsions animales et sauvages, prête à tout.
● Les leçons du théâtre étranger
Dans ce même Théâtre national de Chaillot, on a pu
retrouver Fiona Shaw, toujours mise en scène par
Deborah Warner, avec The Power Book. Accompa-
gnée des comédiennes Pauline Lynch et Saffron Burrows, elle menait sur les pistes du réel et du virtuel
la double histoire d’une passion entre deux femmes
et d’une vie qui veut devenir roman. Utilisant ordinateurs et écrans vidéo, le spectacle tenait de la magie.
Une vraie leçon de théâtre, et ce n’est pas la seule
que les metteurs en scène venus de l’étranger auront
donnée plusieurs fois cette année. À commencer par
le Russe Piotr Fomenko, invité du Festival d’Automne
et du Théâtre des Gémeaux à Sceaux avec Nuits
égyptiennes d’après Pouchkine. Interprété en russe
(surtitré en français) par des acteurs pour la plupart
formés dans l’« atelier » du « maître » à Moscou,
cette célébration du théâtre, plus fort que la vraie
vie, s’accompagne d’un jeu à la grâce et à l’évidence
permanentes.
Une grâce et une évidence qui auront été la marque
du Maître et Marguerite du Polonais Krystian Lupa,
invité au Théâtre national de l’Odéon. Son adaptation du roman de Boulgakov succédait à celle, chic et
choc, du directeur de la Volksbühne, le Berlinois Frank
Castorf, programmée par la Maison de la Culture de
Bobigny. Tels des funambules sur le fil des émotions,
une trentaine de comédiens (dont Lupa lui-même)
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DOSSIERS ART ET CULTURE
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étaient les guides fabuleux de ce spectacle en dix
heures, aussi fascinant dans les scènes intimistes que
dans les séquences spectaculaires.
Sont encore à citer : le Songe d’une nuit d’été du Polonais Warlikowski au Centre dramatique national de
Nice ; Supermarket de Biljina Srbijanovic, mis en scène
par l’Allemand Thomas Ostermeier au TNP de Villeurbanne ; ou Tragedia endogonida de Romeo Castellucci, à Paris. Sixième partie d’une suite en neuf épisodes
créés chacun dans une ville européenne différente,
ce dernier spectacle déroutant rompait avec toutes
les habitudes, embrassant en une succession de
visions sidérantes mythes et inconscient. Pas de
texte, ici, mais des images fortes (des voitures qui
chutent sur le sol du plafond, haut de onze mètres)
et une bande-son très sophistiquée. Porté par des
gestes à la lenteur extrême, le théâtre se faisait ici
cérémonial troublant, laissant le spectateur perplexe,
en proie à des sensations diffuses, obsédantes, qui
reviendraient le hanter longtemps après la fin de la
représentation.
● Théâtre d’art et création
De même que le Maître et Marguerite, cette production a été présentée au Théâtre national de l’Odéon,
décidément haut lieu du théâtre d’art sous la direc-
tion de Georges Lavaudant, à qui l’on doit l’une des
créations les plus singulières de la saison, El Pelele, de
Jean-Christophe Bailly. Construit à partir de tableaux
et d’esquisses de Goya, ce parcours initiatique d’un
jeune homme, guide du géant mythologique Orion
qui se perd dans la grande ville, tenait autant du
conte philosophique que de la rêverie poétique.
Parmi les autres productions de l’Odéon, il faut retenir le Dépeupleur de Beckett, habité par Serge Merlin,
et les Barbares de Gorki, sortis de l’oubli par Patrick
Pineau, comédien complice de Lavaudant et metteur
en scène de cette saga de la vie de province dans
la Russie du XIXe siècle. De quoi réconforter ceux qui
s’inquiètent de l’état de la création en France. Si la Comédie-Française a marqué le pas, alternant réussites
(les Papiers d’Aspern par Jacques Lassalle au Vieux-Colombier, Papa doit manger de Marie N’Daye, mis en
scène par André Engel dans la salle Richelieu) et productions médiocres (la Nuit des rois de Shakespeare
par Seweryn), le Théâtre de la Ville a invité à l’enchantement avec Mangeront-ils ? d’Hugo, mis en scène
par Benno Besson dans les décors magiques de JeanMarc Stehlé. Au Centre dramatique national de Gennevilliers, Bernard Sobel a associé en un audacieux
diptyque, Peut-on tout dire ?, une oeuvre chinoise
du XIIIe siècle – Le seigneur Guan va au banquet –, et
une tragédie grecque – les Sept contre Thèbes – pour
traiter de la guerre et de la façon de répondre à sa
menace. À la Maison de la Culture d’Amiens, Jacques
Osinski a éclairé d’un regard tendre-amer la tragédie
du Richard II de Shakespeare. Au Théâtre national de
Bretagne, à Rennes, la « Baraque Dromesko » a mis en
rêverie l’écriture de Serge Valetti, tandis que Stanislas
Nordey faisait imploser l’univers de Feydeau avec une
Puce à l’oreille joyeusement cauchemardesque. Au
Théâtre national Sorano, à Toulouse, Jacques Nichet
a réveillé la mémoire des soldats russes morts en
Afghanistan avec les Cercueils de zinc, pendant que,
au Centre dramatique national de Besançon, Sylvain
Maurice adaptait pour le théâtre l’Adversaire d’Emmanuel Carrère, et que, au Centre dramatique régional
de Lorraine, à Thionville, Stéphanie Loïk abordait avec
Pit-bull, de Lionel Spycher, la question des jeunes des
banlieues sur les rythmes du hip-hop.
● L’aventure exemplaire du Théâtre
national de la Colline
Et puis, bien sûr, il y a le Théâtre national de la Colline
qui, d’année en année, poursuit à Paris son exploration exemplaire des voies de la création contemporaine. On l’a vu avec les Prétendants de Jean-Luc
Lagarce, racontant une journée dans une institution
théâtrale de province, à l’heure de son changement
de directeur. Sur le fil d’une écriture extraordinairement tricotée, la pièce plonge au coeur de la France
profonde de la culture et des rapports ambigus
qu’elle entretient avec les artistes et les responsables
institutionnels – Ville, État, Régions, etc. Écrite en
1992, elle n’avait jamais été jouée. Jean-Pierre Vincent
lui a donné vie avec une distribution férocement allègre, soulignant l’acuité de son actualité. Le syndicat
de la critique dramatique ne s’y est pas trompé : il lui
a décerné son grand prix 2003.
De quoi faire pendant à Variations sur la mort du
Norvégien Jon Fosse, mises en scène dans la même
salle par Claude Régy, poursuivant sa recherche d’un
théâtre ascétique à partir de cette histoire de suicide
d’une jeune fille dont les parents sont séparés. Sur un
sol éclairé d’un rectangle de lumière, les comédiens
aux gestes lents se faisaient musiciens et danseurs
d’une parole entraînant au plus profond de l’être, aux
frontières de l’humain, là où les repères s’estompent.
Des Prétendants à Variations sur la mort, la distance
est grande. Elle est significative du souci d’ouverture
d’Alain Françon, directeur du Théâtre de la Colline,
lui-même n’hésitant pas à établir un pont entre XIXe
et XXIe siècle avec Petit Eyolf d’Ibsen et Si ce n’est toi
d’Edward Bond. Daté de 1894, Petit Eyolf évoque le
séisme qui bouscule des parents après la mort accidentelle de leur enfant. Écrite à l’orée du XXIe siècle par
Bond, Si ce n’est toi projette dans un pays de lendemain d’apocalypse, dirigé d’une main de fer par un
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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pouvoir invisible brisant tout lien social ou familial,
interdisant tout souvenir.
De l’une à l’autre pièce, on a retrouvé chez Alain
Françon le même souci de rigueur sobre tant dans
la mise en scène que dans la direction d’acteurs, qui
semblent jouer à nu, n’ayant pour seules armes que
leur voix et leur corps. Accompagnée notamment de
Jacques Bonnaffé dans Petit Eyolf et de Luc-Antoine
Diquéro dans Si ce n’est toi, Dominique Valadié s’est
montrée digne des plus grandes comédiennes du
siècle. À la voir, on pensait à la trogne d’Helen Weigel,
la compagne de Brecht, interprétant Mère Courage.
● Les « petits théâtres qui bougent »
Dans les « petits théâtres qui bougent » – salles alternatives, laboratoires ou havres pour petites compagnies et jeunes créateurs –, la création n’aura pas
été en reste. C’est vrai du Théâtre de la Bastille avec
Déshabillage, comédie mortelle, écrit et mis en scène
dans une atmosphère baroque par Jean-Michel
Rabeux, ou Tracteur de Heiner Müller, qui a révélé
une toute jeune metteuse en scène : Irène Bonnaud.
C’est vrai du Centre dramatique de Montreuil où Gilberte Tsaï, directrice du lieu, a créé Sur le vif, rêverie
philosophique et ludique de Jean-Christophe Bailly
sur le monde animal et l’animalité de l’homme. C’est
vrai, encore, du Théâtre de la Tempête, où Philippe
Adrien a accueilli le Procès ivre (une oeuvre inédite de
jeunesse de Bernard-Marie Koltès inspirée de Crimes
et châtiments), déniché par Anita Psichiarini, et Loki,
trompeur des dieux, saga fantasque de la mythologie
scandinave adaptée par un jeune auteur metteur en
scène plein de promesses, Laurent Rogero.
Mais là encore, un lieu se distingue, le Théâtre de la
Cité internationale. Sous l’impulsion de Nicole Gautier, sa directrice, cette adresse est devenue incontournable pour un public avide de recherche, de
jamais vu. Ainsi en fut-il avec les Aveugles de Maeterlinck, mis en théâtre et en vidéo par le Canadien
Denis Marleau, comme il en fut avec Plan B, défiant
les lois de l’équilibre, proposé par d’anciens élèves
de l’école de cirque du Lido, à Toulouse, ou avec À
l’ombre des pinceaux en fleurs d’Odile Darbelley et
de Michel Jacquelin conduisant sur les pistes délirantes de la création artistique et plastique où le
mystère de la toile blanche se conjugue avec celui
du geste spontané, aux frontières de l’art brut et de
l’art conceptuel.
Il n’empêche que le plus beau pari théâtral de l’année
aura été l’intégrale du Soulier de satin, proposée par
Olivier Py au Centre dramatique national d’Orléans :
onze heures d’émotion et de vie, d’invention et de
générosité entraînant sur les terres de l’aventure
humaine autant que spirituelle – ou plutôt sur ses
mers, tant la barque du théâtre prenait des allures
de bateau ivre. Brassant le rire et les larmes, avec des
moments bouleversants d’intensité, le spectacle prenait des airs de poème immense. En pleine harmonie
avec l’indication de Claudel – « la scène de ce drame est
le monde » –, la scénographie ouvrait toutes grandes
les portes de l’imaginaire, avec ses tréteaux évoquant
des églises baroques, et son or, omniprésent jusque
sur les armures. Autour du couple formé par Jeanne
Balibar et Philippe Girard (Prouhèze et Rodrigue), la
distribution faisait corps.
● Les repêchés d’Avignon
« Le pire n’est pas toujours sûr », écrit Claudel dans le
Soulier de satin. Le meilleur peut arriver aussi. Programmé dans un festival d’Avignon annulé, Bartabas
a dû attendre l’automne pour présenter chez lui, à
Aubervilliers, Loungta, sa dernière création. Tout en
couleurs chaudes et flamboyantes, en cavalcades et
en mouvements à l’épure parfaite, cet opéra cérémoniel pour cavaliers masqués et chevaux dansants
se référait au Bardo Thodol (le Livre des morts tibétains, guide pour « bien mourir »), aux accords de la
musique et des chants rituels des moines tibétains
venus tout exprès du monastère de Gyuto. Invités
aussi malheureux d’Avignon, Ariane Mnouchkine
et le Théâtre du Soleil ont proposé en novembre
les deux parties du Dernier Caravansérail (Odyssées).
Ponctué d’extraits de « vraies » lettres et de discours
officiels, le spectacle racontait en une suite de saynètes des bribes d’existences de clandestins prêts à
tout pour fuir leur pays. Peurs, viols, vols, départs précipités, tout était dit et montré, tel qu’il est donné à
voir sur les écrans de télévision ou à lire dans les journaux, mais recréé à partir d’interviews réalisées par
Ariane Mnouchkine auprès de réfugiés des camps
de Sangatte en France, de Villawood en Australie, de
Lombok en Indonésie. Ce sont ces témoignages qui
ont été ensuite repris, reformulés par les trente-cinq
comédiens de la Troupe du Soleil tout au long d’un
travail d’improvisations élaborées sur le mode de la
création collective. Loin du simple fait divers ou du
document brut, Mnouchkine a su retrouver les chemins de la fable aux images chargées d’émotion.
● Vedettes sur les planches
Pendant ce temps, que faisaient les vedettes ? Elles
ont continué à caracoler sur les planches pour le
grand bonheur du public : Michel Piccoli a interprété Tchekhov sous la direction de Peter Brook aux
Bouffes du Nord dans Ta main dans la mienne, montage de lettres échangées entre l’écrivain russe et
son épouse, la comédienne Olga Knipper. Sami Frey
a réenfourché son vélo au Théâtre de la Madeleine
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DOSSIERS ART ET CULTURE
181
pour la reprise de Je me souviens d’après Georges Perec, créé quinze ans plus tôt. Fabrice Luchini est passé
de l’Athénée au Théâtre Antoine pour prolonger le
succès de Knock. Jean-François Balmer a rendu un
hommage sensible à Baudelaire avec Baudelaire dit
par Balmer au Théâtre du Ranelagh, et André Dussolier a célébré le sport et ses exploits dans les Athlètes
dans leur tête, d’après des chroniques de l’écrivain
journaliste Paul Fournel. Dans ce même Théâtre du
Rond-Point, on aura pu retrouver Jean-Pierre Cassel
dans l’adaptation théâtrale du film Festen, mis en
scène par Daniel Benoin, directeur du Centre dramatique national de Nice, et par deux fois Pierre Arditi,
d’abord aux côtés d’Ariane Ascaride dans Mathilde de
Véronique Olmi, puis en solitaire dans Une leçon de
savoir-vivre de Jean-Claude Grumberg ; Philippe Caubère y a évoqué le torero Nimeno II avec Recouvre-le
de lumière et Pierre Richard s’y est raconté lui-même
avec Détournement de mémoire.
À quelques mois d’écart, Danielle Darrieux dans Oscar
et la dame, à la Comédie des Champs-Élysées, puis
Bernard Giraudeau et Charlotte Rampling dans Petits
Crimes conjugaux, au Théâtre Édouard-VII, auront été
les interprètes heureux de l’auteur à la mode – Éric-
Emmanuel Schmitt. Rétrospectivement, cependant,
le spectacle le plus sensible dans la mémoire du
spectateur de cette année 2003 restera les Poèmes à
Lou réunissant pour la dernière fois sur la scène, autour des textes d’Apollinaire, Jean-Louis Trintignant et
sa fille Marie.
XVIes MOLIÈRES 2003
– Molières d’honneur : l’actrice Giselle Casadesus
et le metteur en scène Alfredo Arias
– Meilleur comédien : Thierry Fortineau dans
Gros Câlin
– Meilleure comédienne : Danielle Darrieux dans
Oscar et la dame en rose
– Meilleur comédien dans un second rôle : Michel Duchaussoy dans Phèdre
– Meilleure comédienne dans un second rôle :
Annie Sinigalia dans Poste restante
– Révélation théâtrale masculine : Marc Fayet
dans Un petit jeu sans conséquence
– Révélation théâtrale féminine : Valérie Karsenty dans Un petit jeu sans conséquence
– Meilleur metteur en scène : Stéphane Hillel
pour Un petit jeu sans conséquence
– Meilleur spectacle de création française : Un
petit jeu sans conséquence
– Meilleur spectacle du secteur privé : Un petit
jeu sans conséquence
– Meilleur spectacle du secteur public : Phèdre
– Meilleur auteur francophone vivant : Victor
Haïm pour Jeux de scène
– Meilleure adaptation d’une pièce étrangère :
Pascale de Boysson pour le Regard de Murray
Schisgal
– Meilleur one-man-show ou spectacle de
sketches : Shirley & Dino
– Meilleur spectacle musical : le Quatuor avec
Sur la corde rêve
– Meilleur créateur de lumières : Dominique Bruguière pour les lumières de Phèdre
– Meilleur décorateur : Jean-Marc Stehlé pour
l’Enfant Do
– Meilleur créateur de costumes : Christian Gasc
pour l’Éventail de Lady Windermere
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183
Sports
et
Résultats
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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ARMSTRONG,
SCHUMACHER, FEDERER
ET LES AUTRES...
Certes, ils ont laissé planer le suspense. Parce
que leur domination n’est plus si écrasante.
Parce qu’ils n’ont plus leurs jambes de vingt
ans et que la concurrence les a, plus que de coutume, poussés à se surpasser. Mais en attendant
l’avènement de leurs successeurs, le premier titre
d’un Juan-Pablo Montoya ou la victoire dans le
Tour d’un Jan Ullrich, Michael Schumacher et Lance
Armstrong sont restés maîtres chez eux.
Le premier s’est emparé d’un sixième titre consécutif en F1, un record qui relègue le légendaire
Juan Manuel Fangio au rang de simple dauphin. Le
second est entré dans le club des quintuples vainqueurs du Tour de France, devenant le premier à
remporter ses succès de manière consécutive.
Les inamovibles Schumacher et Armstrong détonent presque dans une année sportive marquée par
le renouvellement, voire le chambardement. Ainsi,
le tennis, privé du retraité Pete Sampras, s’est trouvé
d’autres idoles avec Roger Federer, Andy Roddick et
Juan-Carlos Ferrero, tous victorieux de leur premier
titre du Grand Chelem. En athlétisme, les Mondiaux
de Paris ont consacré de nouvelles stars comme Kim
Collins, vainqueur du 100 m, ou Carolina Kluft, la
pimpante héroïne du décathlon. Mais changement
de génération ne signifie pas forcément décontamination... L’athlétisme reste pollué par le dopage,
comme l’a montré à l’automne le scandale de la
THG, une substance dopante désormais décelable
dont le dépistage rétroactif devrait faire beaucoup
de tort à la réputation des athlètes.
Le rugby s’est également offert une petite révolution en 2003. Pour la première fois depuis sa création en 1987, la Coupe Webb Ellis décernée au
vainqueur du Mondial a franchi l’équateur pour
rejoindre une vitrine de l’hémisphère Nord. L’Angleterre, favorite, a su supporter la pression d’un exil
de deux mois aux antipodes et dominer en finale
l’Australie, nation hôte et tenante du titre. Déçus
de leur quatrième rang, les Français ont pourtant
montré de belles choses, six mois après un Tournoi
raté. Il y a des quatrièmes places anecdotiques et
d’autres qui coûtent cher. En basket, les vice-champions olympiques français ont ainsi perdu leur billet
pour les JO d’Athènes en échouant à monter sur la
troisième marche du podium européen.
Le plus extravagant bouleversement qu’ait connu la
saison sportive est intervenu dans la hiérarchie de
la voile. Traditionnellement disputée entre l’Océanie
et les États-Unis, la Coupe de l’America a été remportée par... la Suisse. Ajoutés à cet exploit helvète,
les succès remportés par les joueuses de tennis
belges Justine Henin-Hardenne et Kim Clijsters,
numéros 1 et 2 mondiales, confirment que la taille
d’un pays n’est pour rien dans ses résultats.
Une année sans foot ? Non, on jouait en 2003 les
éliminatoires de l’Euro 2004. La France y a réussi un
sans-faute, donnant rendez-vous au Portugal où
elle défendra son titre en juin.
COUPE DU MONDE
(du 10 octobre au 22 novembre
en Australie)
Passée l’indigeste phase éliminatoire, la Coupe
du monde a offert du spectacle et une finale
à suspense, dénouée dans la dernière minute
des prolongations. Pour la première fois, la Coupe
Webb Ellis déménage dans l’hémisphère Nord
grâce à la victoire des Anglais sur les tenants du titre
et organisateurs australiens. Un triomphe logique.
L’Angleterre ne l’a pas volé
Durant des semaines, ses supporters ont tremblé au
souvenir des dernières marches sur lesquelles le XV
de la Rose a souvent trébuché. « Si l’on ne gagne pas
celle-là », entendait-on de Londres à Sydney, « on ne
gagnera jamais. »
Mais les Anglais l’ont fait, confirmant leur suprématie sur le rugby mondial et leur statut de favoris. Auteurs du Grand Chelem dans le tournoi des
Six-Nations en 2003, ils restaient sur quatre succès
consécutifs devant leurs rivaux de la finale, les Australiens, battus 20 à 17 après prolongations (14-14
après 80 min). Mieux, depuis février 2000, les Anglais avaient remporté 42 victoires en 47 matches.
Priorité absolue de l’entraîneur Clive Woodward
depuis son arrivée aux commandes en 1997, ce
premier titre mondial est le fruit de l’expérience des
cadres de l’équipe à qui il a conservé sa confiance
contre vents et marées. Mais il est surtout dû
au talent d’un homme, Jonny Wilkinson, buteur
exceptionnel – avec 113 points réussis durant la
compétition –, excellent organisateur de l’attaque
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SPORTS ET RÉSULTATS
185
et élu meilleur joueur de l’année par la fédération
internationale.
La victoire de l’Angleterre, c’est également celle
d’une certaine philosophie basée sur la défense,
d’un jeu de plus en plus technique et de moins en
moins spectaculaire. « Ennuyeux », disait, au lendemain de la défaite de son équipe, une presse australienne immédiatement remise en place par Clive
Woodward : « Et alors ? Cette méthode nous permet
de gagner. »
France : Les espoirs déçus
Avant d’en arriver à ce dénouement, finalement
attendu, la Ve Coupe du monde avait, comme les
précédentes, souligné le fossé entre les cinq à six
meilleures équipes et le reste du monde en proposant des rencontres bien insipides lors des matches
de poule – si l’on excepte Angleterre-Afrique du
Sud (25-9) ou le très serré Irlande-Australie (17-16).
Les 40 premières rencontres du Mondial se sont
conclues sur des résultats sans surprise et, parfois,
de véritables raclées comme celle reçue par la
Namibie de la part de l’Australie (142 à 0). Il a fallu
attendre les quarts de finale pour réellement trembler et s’enflammer, notamment lorsque la France a
corrigé l’Irlande 43 à 21, réveillant les espoirs de ses
supporters. Après le jeu produit par les hommes de
Bernard Laporte, on s’est en effet mis à rêver d’un
bégaiement de l’histoire, quatre ans après la victoire historique en demi-finale du Mondial sur les
All Blacks. Mais en demi-finales, les Anglais étaient
bien trop forts pour des Bleus en panne de forme,
finalement battus 24 à 7. Impérial lors des premiers
matches, le buteur métronome Frédéric Michalak,
deuxième meilleur marqueur derrière Wilkinson
avec 103 points, avait perdu son rythme sous la
pluie de Sydney.
Démotivés, représentés par leur équipe réserve,
les Français recevaient même une raclée de la part
des Néo-Zélandais lors du match pour la 3e place
(40-13), leur plus large défaite lors d’une Coupe du
monde.
Le Sud bredouille
Outre l’Afrique du Sud, loin du niveau qui lui avait
permis de conquérir le trophée mondial chez elle
en 1995, les équipes de l’hémisphère Sud espéraient mieux de ce Mondial. Jamais en effet la
Coupe Webb Ellis n’avait franchi l’équateur en seize
ans d’existence. L’Australie, victorieuse en 1991 et
1999, voulait être la première nation à conserver son
titre. Elle n’est pas passé loin, trébuchant sur le pied
magique du buteur Wilkinson, le style de joueur qui,
justement, aurait pu permettre aux Walabies d’améliorer leur efficacité au jeu au pied. Développant un
jeu offensif jusqu’à sa demi-finale, l’Australie s’est
ensuite repliée sur une stratégie défensive pour les
deux derniers matches.
La Nouvelle-Zélande, lauréate de la première édition en 1987 et malheureuse depuis lors, est, quant
à elle, restée fidèle à son nouveau style. Auteurs du
plus grand nombre de points et d’essais, les Blacks
ont toutefois négligé l’indispensable jeu défensif à
la faveur du beau geste et du spectacle, symbolisés
par Doug Howlett, Mils Muliaina et Joe Rokocoko,
auteurs de 20 essais à eux trois. Une attitude pleine
de panache, certes, mais qui ne compte guère à
l’heure des bilans.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
186
ATHLÉTISME
À l’image de son point d’orgue, les Championnats
du monde organisés à Paris, la saison 2003 d’athlétisme a été riche en émotions mais pauvre en performances chronométriques. Seuls trois records du
monde ont été battus, tous par des athlètes féminines et, outre le 400 m haies, dans des disciplines
récentes, le 3 000 m steeple et le saut à la perche.
Plus que tous les autres, ce sont les sprinteurs qui,
un an après le record du monde de Tim Montgomery (9″ 78), sont restés en deçà des canons de leur
discipline à l’image de Kim Collins, vainqueur surprise du 100 m mondial en 10″ 07, devant de bien
faibles rivaux. Mais une compétition d’athlétisme
privée de record du monde n’est pas forcément de
piètre qualité. Pour une fois, les stars du sprint ont
cédé la vedette à des héros plus discrets qui ont
su livrer d’homériques bagarres et l’emporter avec
panache.
Du spectacle avant tout
Parmi les images de Paris 2003, on retiendra ainsi
la course acharnée et vaine d’Eunice Barber pour
rattraper l’invincible Suédoise Carolina Kluft à l’heptathlon, devant un public partagé et enthousiaste.
Battue après avoir tout donné, la Française a finalement remporté une médaille d’or inattendue à
la longueur, surclassant la concurrence lors de son
ultime tentative. Touchante aussi, l’attitude du Marocain Hicham El Guerrouj envers son dauphin du
1 500 m Mehdi Baala, superbe de courage. Après
avoir remporté sa 77e victoire en 80 courses et
son quatrième titre mondial, le roi du demi-fond,
également deuxième du 5 000 m, s’est emparé
dans les tribunes du fils de Baala, son ancien compatriote, pour lui faire faire un tour d’honneur qui
fut l’un des moments les plus émouvants de ces
Mondiaux. Test grandeur nature en vue de la candidature de Paris à l’organisation des jeux Olympiques 2012, les IXe Championnats du monde ont
été une véritable fête populaire suivie par quelque
500 000 spectateurs, dans le Stade où les Français
avaient remporté la Coupe du monde de football
1998. Comme El Guerrouj – désigné athlète masculin de l’année –, Allen Johnson sur 110 m haies,
Felix Sanchez sur 400 m haies, Maria Mutola sur
800 m ou Hestrie Cloete – athlète féminine de l’année – à la hauteur ont su conserver leur couronne
mondiale. La Mexicaine Ana Guevara a confirmé
sa suprématie sur 400 m, tandis que l’Italien Giuseppe Gibilisco, fut vainqueur au Stade de France
de son premier concours de niveau international à
la perche. À l’inverse, plusieurs héros vivaient leur
crépuscule : Haile Gebrselasie, battu sur sa distance
fétiche, le 10 000 m, par son compatriote Kenenisa
Bekele, Johnatan Edwards ou Gabriela Szabo écartés des podiums du triple saut et du demi-fond. En
l’absence de Marion Jones et de Konstantin Kenteris et en raison de la méforme du triple champion
du monde du 100 m Maurice Greene, de Tim Montgomery et de Zhanna Block, le sprint a connu un
véritable renouvellement de génération avec des
athlètes qui auront encore tout à prouver en 2004
comme Kim Collins, John Capel mais aussi Kelli
White.
Paris rattrapé par les scandales
Sacrée sur 100 et 200 m, cette dernière aurait pu être
la grande dame des Championnats du monde sans
son contrôle positif, au soir du 100 m, à un stimulant
mineur. Le cas Kelli White, qui était susceptible de
déboucher sur une confiscation de ses médailles au
terme d’une longue procédure, a choqué en raison
du palmarès de l’intéressée. Mais d’autres affaires
plus sérieuses ont terni la saison et les Championnats du monde. Cinq athlètes ont été ainsi contrôlés
positifs à l’EPO au cours de 2003. Parmi eux le Français Fouad Chouki l’a été à Paris et a mis en porteà-faux son équipe, réputée pour être l’une des plus
virulentes en matière de lutte antidopage.
Le contrôle positif de Chouki a jeté une ombre sur le
bilan tricolore, pourtant le meilleur de son histoire
aux Championnats du monde. Avec sept médailles
dont deux en or, la France se place au cinquième
rang du classement des nations, largement devancée par les États-Unis (20 podiums) et la Russie (19)
mais faisant jeu égal avec l’Éthiopie et la Biélorussie (7). Une fois n’est pas coutume, l’Allemagne, la
Grande-Bretagne et l’Espagne, toutes trois très
décevantes, se laissent devancer par la France au
bilan final.
Héroïne des Bleus, Eunice Barber a réussi un
magnifique doublé et, grâce à sa victoire à la longueur, inspiré le relais féminin qui a décroché l’or
quelques minutes après le sacre de Barber. Ce titre
du 4 × 100 m est un superbe lot de consolation
pour la championne d’Europe Muriel Hurtis, qui
attendait mieux qu’une quatrième place sur 200 m.
À l’argent de Baala sur 1 500 m et de Barber à l’heptathlon est venu s’ajouter le dernier jour celui du
relais 4 × 400 m, emmené par le vétéran Stéphane
Diagana. Enfin le surprenant Marc Raquil sur 400 m
et Manuela Montebrun au marteau ont remporté
une médaille de bronze.
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SPORTS ET RÉSULTATS
187
AUTOMOBILE
Schumi au sixième ciel
En arrachant un sixième titre mondial des pilotes,
Michael Schumacher a fait voler en éclat le plus
symbolique des records : l’Argentin Juan Manuel
Fangio, légende de la formule 1, est relégué au second rang avec ses cinq couronnes. « Schumi » est
désormais seul au sommet.
Le sacre de l’Allemand n’a pas été aisé, contrairement au scénario de 2002, saison sans suspense
décidée à six courses de la fin. Cette fois, il a fallu attendre l’ultime épreuve, à Suzuka, pour connaître le
nom du champion du monde. Malgré une huitième
place peu habituelle, le sortant a conservé son titre
après un début de saison très difficile et un bilan de
seulement six victoires contre onze en 2002.
Talonné par une ribambelle de jeunes et talentueux
pilotes, le Finlandais Kimi Raikkonen (sur Mc-Laren)
et le Colombien Juan Pablo Montoya (sur Williams)
entre autres, Schumacher a dû, tout au long de la
saison, faire étalage de sa science du pilotage et
de sa force de caractère pour l’emporter. L’une des
victoires les plus symboliques du champion de Kerpen restera sans doute celle d’Imola, remportée
quelques heures après le décès de sa mère.
La Fédération internationale, lassée du cavalier seul
des Ferrari au cours des dernières saisons, avait en
outre imposé un certain nombre de handicaps et
de pressions à la Scuderia et à son pilote vedette
pour relancer le suspense. Les changements de
règlement et de barème intervenus en début de
saison étaient ainsi ouvertement destinés à relancer l’intérêt du championnat du monde en pénalisant les « Rouges ». Malgré tout, Schumacher s’est
imposé pour la quatrième fois consécutive, la quatrième fois sur Ferrari après avoir obtenu ses deux
premiers titres mondiaux avec Benetton en 1994
et 1995. L’écurie italienne, relancée justement par
l’arrivée de Schumacher à la fin des années 1990,
obtient elle son cinquième titre consécutif chez les
constructeurs.
Grâce à ce nouveau titre, Michael Schumacher
améliore encore des records : nombre de titres
mondiaux, de victoires (70 dont 51 avec Ferrari) loin
devant Alain Prost (51), de meilleurs tours, de rapidité, de points, de tours et kilomètres en tête, etc. Seul
le Brésilien Ayrton Senna, disparu en 1994, reste le
détenteur du record des pole positions.
Arrivé sur le circuit en 1991, Schumacher ne compte
pas s’arrêter là. À presque trente-cinq ans, il n’affichait en fin de saison 2003 aucune intention de raccrocher et son contrat chez Ferrari court jusqu’en
2006. La saison 2004 s’annonce donc passionnante
avec les ambitions affichées par la jeune garde, les
Montoya, Raikkonen, Alonso et Ralf... Schumacher –
de détrôner le maître.
Solberg bat Loeb d’un cheveu
Le championnat du monde des rallyes a été lui aussi
très animé et est resté indécis jusqu’à la dernière
épreuve de la saison. Dauphin du Finlandais Grönholm en 2002, Petter Solberg (sur Impressa Subaru)
s’est imposé sur le fil pour devenir le premier Norvégien à décrocher le titre mondial des pilotes de
rallyes, devançant d’un point le Français Sébastien
Loeb (Xsara Citroën) et de 9 points le vétéran Carlos
Sainz, lui aussi en course pour le titre jusqu’à la fin.
À vingt-neuf ans, Loeb fut la révélation de l’édition
2003 – sa première saison pleine sur le circuit – et
peut tout de même se satisfaire d’avoir offert à son
équipe le titre mondial des constructeurs. Citroën
met ainsi fin à la série de succès de sa rivale Peugeot, sacrée en 2000, 2001, 2002, et qui fut souvent
malheureuse cette année à l’image du tenant du
titre Marcus Grönholm, finalement sixième chez
les pilotes. Ce titre est le premier en rallye pour la
marque aux chevrons qui a préféré jouer la prudence lors de l’ultime épreuve – celle de GrandeBretagne –, privant ainsi Loeb d’un sacre potentiel
chez les pilotes.
BASKET
Les Bleus recalés
Vice-champions olympiques à Sydney, en 2000, les
basketteurs français n’iront pas défendre leur rang
à Athènes en 2004. La décevante quatrième place
décrochée à l’Euro suédois, au terme d’un match de
classement contre l’Italie décisif pour l’attribution
du dernier ticket olympique, interdit toute prétention à la bande de Tony Parker. En demi-finale, les
Bleus n’ont plié que dans les dernières minutes face
à la Lituanie, futur vainqueur du titre européen,
mais se sont montrés, sur l’ensemble de l’épreuve,
beaucoup trop dépendants de Parker, le champion
NBA élu meilleur arrière du tournoi.
Invaincus, les Baltes se sont appuyés à l’inverse sur
un jeu collectif à toute épreuve pour bâtir leur succès. En finale, ils ont assez nettement dominé l’Espagne (93 à 84) pour terminer la compétition avec
la meilleure attaque (90,2 points de moyenne) et
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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le plus grand nombre de passes décisives (17,2 par
match). Avec Sarunas Jasikevicius, désigné meilleur
meneur et surtout meilleur joueur de l’Euro, et Saulius Stombergas, meilleur ailier, la Lituanie dispose
en outre de remarquables individualités.
Finaliste malheureuse, l’Espagne du pivot Pau Gasol
a confirmé son statut de grand Européen, quatre
ans après sa médaille d’argent suivie d’une troisième place en 2001. Championne d’Europe en
1999, l’Italie, malgré un début de tournoi calamiteux, renoue elle avec le succès après quatre ans de
passage à vide. Avec la France, la Serbie-Monténégro, championne du monde et d’Europe en titre, et
l’Allemagne de Dirk Nowitzki sont à ranger au rayon
des grandes déceptions.
Parker au sommet
Malheureux en Europe, Tony Parker a crevé l’écran
aux États-Unis. Sacré champion NBA avec les San
Antonio Spurs, il est devenu le premier Français et
le quatrième Européen à remporter un titre dans la
prestigieuse Ligue américaine.
Victorieux des New Jersey Nets par 4 victoires à 2,
les Spurs emmenés par Tim Duncan, meilleur joueur
de la phase finale, remportent ainsi un second titre
après celui de 1999.
Autre événement de la saison de NBA, la troisième
retraite de Michael Jordan, âgé de quarante ans,
devrait être la bonne. Après avoir annoncé la fin de
sa carrière en 1993 et 1999, Jordan, dix fois meilleur
marqueur de la saison NBA, a fait ses adieux sur une
défaite de son dernier club, les Washington Wizards.
Grâce à quinze années passées au sommet du basket mondial, fort de six titres décrochés avec les
Chicago Bulls, Jordan, détenteur en outre de nombreux records et de deux titres olympiques, était
devenu, bien avant sa retraite, une légende vivante
de son sport.
Barcelone et Bodiroga, rois d’Europe
Sur les parquets européens, le titre de meilleur club
est revenu à Barcelone qui a ainsi effacé cinq échecs
en finale de l’Euroligue et des précédentes formules
de la Coupe d’Europe. Les Catalans ont dominé en
finale les Italiens de Trévise 76 à 65. Meilleur joueur
de la finale pour la deuxième année consécutive,
Dejan Bodiroga fut décisif dans la victoire du Barça,
tout comme Sarunas Jasikevicius au tir.
Chez les dames, le club russe d’Ekaterinbourg, créé
en quelques mois grâce au soutien de riches sponsors, a dominé de justesse les tenantes du titre de
Valenciennes en finale de l’Euroligue 82 à 80.
Dans le championnat de France, le chassé-croisé
entre Villeurbanne et Pau-Orthez s’est poursuivi
en 2003. Après leur titre national conquis en 2001
puis perdu en 2002 face aux mêmes adversaires, les
Pyrénéens ont remporté la finale par deux victoires
à une. Les Palois ont par ailleurs réussi le doublé
grâce à leur victoire en finale de la Coupe de France.
Chez les dames, Valenciennes a conservé son titre
de champion de France en dominant Tarbes.
BOXE
Jones dans l’histoire
L’Américain Roy Jones a inscrit son nom dans l’histoire de la boxe en subtilisant au Portoricain John
Ruiz son titre de champion du monde WBA des
lourds. À trente-quatre ans, Jones est en effet le
second mi-lourd après Michael Spinks à réussir sa
montée en remportant un titre dans la catégorie
reine. Chez les poids moyens, la catégorie de ses
débuts, il est également le premier à réussir un tel
parcours, ce qui lui vaut un bilan de 48 victoires
pour une défaite, et le respect du roi des lourds,
le Britannique Lennox Lewis. Ce dernier a péniblement conservé sa ceinture WBC face à l’Ukrainien
Vitali Klitschko.
Autre star de la boxe mondiale, le super-welter américain Oscar de la Hoya a lui perdu ses titres WBAWBC au profit de son compatriote S. Mosley, au
terme d’un combat à l’arbitrage très contesté.
Vedettes de combats sans enjeu, les Américains
Myke Tyson et Evander Holyfield ont connu des
fortunes diverses. Myke Tyson, encore poursuivi par
la justice pour faillite personnelle et diverses rixes,
a mis son compatriote Clifford Etienne K.-O. après
49 secondes de combat et remporté ainsi la 50e victoire de sa carrière. En revanche, le vétéran Evander Holyfield, quarante et un ans, a été poussé à
l’abandon et peut-être à la retraite par James Toney,
le champion IBF des lourds-légers venu se faire la
main chez les lourds.
CYCLISME
Armstrong au panthéon
En remportant son cinquième Tour de France, Lance
Armstrong n’a pas battu de record, il a « seulement » égalé celui de quatre légendes du cyclisme
qui l’accueillent dans ce qui est désormais le club
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SPORTS ET RÉSULTATS
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des cinq : Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard
Hinault, Miguel Indurain.
Cinq hommes à cinq victoires.
Comme Indurain, Armstrong a, en outre, réussi
l’exploit de remporter ses succès consécutivement.
Mais ce Tour 2003, disputé sous la canicule, ne fut
pas, à l’inverse des précédents, une partie de plaisir pour l’Américain de trente et un ans, qui l’avait
emporté pour la première fois en 1999, année de
son retour sur le circuit après un cancer. Attaqué
par des rivaux décomplexés, mis en confiance par
ses apparentes défaillances et sa forme moins flambante qu’à l’accoutumée, Armstrong a compensé
par une extraordinaire intelligence tactique et la
fidélité sans faille de ses équipiers de l’US Postal.
L’épreuve, qui fêtait ses cent ans d’existence, a été
indécise jusqu’à la veille de l’arrivée sur les ChampsÉlysées. De l’avis des experts, ce Tour, qui a une
nouvelle fois battu des records de rapidité avec
une moyenne de 40,94 km/h pour 3 426 km, a livré
le plus beau spectacle depuis l’édition 1989, qui
avait vu triompher Greg LeMond avec 8 secondes
d’avance sur Laurent Fignon. Cinq ans après le tremblement de terre de l’affaire Festina et un an après
la troisième place du Lituanien Raimundas Rumsas,
convaincu depuis lors de dopage, la cuvée 2003 a
été épargnée par les scandales.
Ullrich ressuscité
L’Allemand Jan Ullrich, victorieux de l’épreuve en
1997, est miraculeusement revenu à son meilleur
niveau, malgré plus d’un an d’arrêt de la compétition, pour échouer, au classement final, à 1 minute
du vainqueur – le plus petit écart depuis 1989 –,
prenant la deuxième place de la compétition pour
la cinquième fois de sa carrière. Dans le premier
contre-la-montre du Tour, Ullrich avait infligé une
punition à Armstrong, spécialiste du chrono, relégué à 1 min, 36 s. Mais, pour n’avoir pas cru assez
tôt en ses chances, et privé d’une équipe solide,
l’Allemand a laissé filer une possible victoire finale.
Le coureur du Kazakhstan Alexandre Vinokourov, a
lui aussi montré son meilleur visage, terminant troisième à plus de 4 min mais décrochant le prix de la
combativité. Une distinction qui aurait également
pu revenir à l’Américain Tyler Hamilton, quatrième
du Tour malgré une fracture partielle de l’épaule
subie dès le départ de l’épreuve.
Grâce notamment à une victoire d’étape à Morzine
suivie d’une journée en jaune, le Français Richard
Virenque, toujours adulé par le public du Tour, a
remporté un sixième titre de meilleur grimpeur,
rejoignant ainsi Federico Bahamontes et Lucien Van
Impe dans la légende de la Grande Boucle. Après
l’abandon au pied des Alpes de l’Italien Alessandro
Petacchi, victorieux de quatre sprints dans la première semaine, le maillot vert est revenu à l’Australien Baden Cooke. Petacchi et Simoni, victorieux
d’une étape, ont sauvé l’honneur des Italiens, à la
peine dans ce Tour du centenaire, avec Ivan Basso,
7e, meilleur concurrent au classement général. En
l’absence de Joseba Beloki, l’un des favoris tombé
la première semaine, les Espagnols ont également
déçu, manquant le podium pour la première fois
depuis 1999.
Bettini garde son bien
Si les cyclistes du sud de l’Europe ont marqué
le pas lors du Tour de France, ils ont en revanche
bien réussi lors de leurs tours nationaux (Gilberto
Simoni au Giro, Roberto Heras à la Vuelta) et dans
les courses d’un jour. À Hamilton, au Canada, le
Basque Igor Astarloa, vingt-sept ans, est devenu
champion du monde sur route, offrant à l’Espagne
un troisième titre mondial en cinq ans (après ceux
d’Oscar Freire en 1999 et 2001). Il a, du même coup,
soufflé le titre au grand favori, l’Italien Paolo Bettini, finalement quatrième, et qui s’est consolé en
conservant le trophée du vainqueur de la Coupe
du monde, qu’il avait déjà remportée en 2002. Victorieux de Milan-San Remo, des grandes classiques
de Hambourg et de San Sebastian, Bettini est le premier coureur à gagner trois manches de la Coupe
du monde la même année depuis la création de
l’épreuve en 1989.
Enfin, malheureux sur le Tour de France, le Bri-
tannique David Millar, roi du chronomètre, a
conquis son premier titre sur son épreuve de prédilection en devenant champion du monde du
contre-la-montre.
ÉQUITATION
La surprise Touzaint
En tête dès le début de l’épreuve, le jeune cavalier
français Nicolas Touzaint, vingt-trois ans, a brûlé la
politesse à la quadruple championne d’Europe et
favorite, Pippa Funnell, pour remporter la médaille
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
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d’or du concours complet lors des Championnats
d’Europe.
Maîtres incontestés de la discipline, les cavaliers
britanniques ont dominé sans surprise le concours
par équipes, s’adjugeant le titre européen pour la
cinquième fois consécutive. Derrière, les Français et
les Belges complètent un podium qui leur ouvre la
voie des jeux Olympiques d’Athènes.
Si les Britanniques règnent sur le concours complet,
le saut d’obstacles est toujours l’affaire des Allemands. En effet, ces derniers se sont imposés sans
rencontrer de véritable résistance lors de l’épreuve
par équipes. En individuel, Ludger Beerbaum, le
roi de la spécialité, a cependant dû céder sa place
habituelle – la première – à son jeune compatriote
Christian Ahlmann et se contenter d’une médaille
d’argent. Enfin, dans l’épreuve du dressage, l’Allemande Ulla Salzgeber a conservé son titre européen grâce à son célèbre cheval Rusty.
ESCRIME
L’Italie revient fort
Nation de tradition, l’Italie a largement dominé les
championnats du monde d’escrime de La Havane
en remportant pas moins de huit médailles et trois
titres. La donne aurait peut-être été différente si
les Russes, triomphateurs des championnats du
monde en 2002 où ils avaient conquis six titres sur
douze en jeu, n’avaient été handicapés cette année
par un problème technique : d’abord disqualifiés,
les Russes ont en effet été ensuite réadmis dans la
compétition après être arrivés avec 24 heures de retard à Cuba, en raison de l’annulation de leur avion.
Un contretemps qui a nettement gêné les tireurs
lors des épreuves individuelles. S’ils ont été aidés
par la méforme de leurs adversaires, titulaires tout
de même de quatre médailles au total, les Italiens
ont néanmoins réalisé une belle compétition grâce
à leurs champions confirmés, comme la fleurettiste Valentina Vezzali, mais aussi grâce à leurs plus
jeunes escrimeurs.
Une fois de plus, les médailles mondiales sont
presque en totalité revenues aux tireurs européens.
À domicile, les Cubains ont fait pâle figure et seuls
la Chine (3 médailles) et l’Azerbaïdjan (1 médaille)
sont venus empêcher un carton plein européen.
Derrière l’Italie et la Russie, l’Ukraine, avec deux
titres, a tiré son épingle du jeu alors que la France,
avec quatre médailles, a déçu, malgré le titre de
l’épéiste Fabrice Jeannet.
FOOTBALL
Lyon, deuxième
Aucun club n’avait réussi cela depuis le grand
OM – couronné entre 1989 et 1992, preuve de la
versatilité d’un football français qui a connu sept
champions différents en dix ans. En 2003, le Lyon de
Grégory Coupet, Sonny Anderson, Vikash Dhorasoo
ou Éric Carrière a donc accompli un petit exploit en
conservant le titre national conquis l’année précédente pour la première fois de son histoire.
Au terme d’une saison à suspense, l’OL, entraîné
par Paul Le Guen s’est imposé avec le plus petit des
écarts sur Monaco et trois points sur l’OM, après
avoir opéré un redressement spectaculaire en fin
de championnat pour remonter de la cinquième
(26e journée) à la première place. Modèle de régularité depuis cinq ans, Lyon, toujours recalé avant les
phases finales de la Ligue des champions, a désormais l’ambition d’ouvrir son palmarès européen.
Dauphin, après avoir longtemps mené le bal, Monaco peut se satisfaire d’avoir eu dans les rangs le
meilleur buteur de la saison de Ligue 1, Shabani
Nonda (26 buts) et d’avoir assuré directement sa
place en Ligue des champions.
Derrière le trio de tête, quelques grosses
pointures ont déçu
Perdant de l’année, le Paris-Saint-Germain a connu
une saison catastrophique émaillée par les mauvais résultats et les luttes d’influence. Onzième en
Ligue 1, son plus mauvais résultat depuis quinze
ans, le P.S-G de Ronaldinho, transféré à l’intersaison
à Barcelone, a perdu l’ultime chance de s’aligner en
Coupe d’Europe en s’inclinant devant Auxerre en
finale de la Coupe de France. Luis Fernandez, le directeur sportif, et Laurent Perpère, le président des
Parisiens, ont quitté le club sur cet échec, alors que
Guy Roux, entraîneur historique d’Auxerre, s’adjugeait une troisième Coupe de France.
Une année italienne
Sur le front de la Coupe d’Europe, l’année 2003 a
été marquée par la résurrection des clubs italiens,
au nombre de trois en demi-finales de la Ligue des
champions. Pour mémoire, en 2001 et 2002, l’Italie
ne comptait aucun club en quarts de finale.
Dans le premier duel, le Milan AC a éliminé son
voisin et rival de l’Inter, mais c’est la Juventus de
Turin, sacrée championne d’Italie peu auparavant,
qui a véritablement créé la surprise en dominant les
Espagnols du Real Madrid, favoris de l’épreuve avec
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SPORTS ET RÉSULTATS
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leur équipe de rêve, riche notamment de Ronaldo,
Zidane, Raul, Morientes, Roberto Carlos.
La finale, symbole dans sa deuxième partie du célèbre « catenaccio » à l’italienne, s’est jouée aux tirs
au but après un match conclu sur le score de 0 à
0. C’est finalement le Milan AC de l’Ukrainien Chevchenko qui s’est imposé pour remporter la sixième
Ligue des champions (auparavant Coupe des clubs
champions) de son histoire.
En Coupe de l’UEFA, le FC Porto a, lui, conquis un
deuxième trophée européen (seize ans après sa victoire en C1) en dominant le Celtic Glasgow.
Le feuilleton Beckham
Malgré son échec à conserver le trophée de la Ligue
des Champions conquis en 2002, le Real Madrid est
resté le club vedette de la saison sur le plan européen. Non seulement parce que les Madrilènes ont
conquis un 29e titre de champion d’Espagne mais
surtout parce qu’ils ont poursuivi leur très médiatique politique de recrutement en s’allouant les
services de la star de Manchester, David Beckham.
Le montant de ce transfert, qui a tenu en haleine
durant quatre mois tous les passionnés de football,
est finalement raisonnable : Beckham, icône publicitaire tout autant que joueur de foot, rejoint Madrid pour 35 millions d’euros (dont 10 indexés sur
les performances), soit tout de même 40 de moins
que le prix payé par le même club pour acquérir
Zinedine Zidane. Un investissement forcément
payant pour un joueur qui fait vendre jusqu’en Asie
des produits dérivés par centaines de milliers.
La France relève la tête
Désastreux en 2002, le bilan 2003 de l’équipe de
France de football est à l’inverse impeccable. Sous
la houlette de Jacques Santini, les champions
d’Europe en titre ont remporté tous leurs matches
des éliminatoires de l’Euro 2004 au Portugal, où ils
défendront le seul titre qu’il leur reste.
Outre les matches qualificatifs pour l’Euro, les Bleus
n’ont disputé, et remporté, qu’une seule compétition en 2003 : la Coupe des confédérations organisée en France. De cette épreuve, ce n’est pas le
palmarès que l’on retiendra mais plutôt la mort sur
le terrain, au cours de la demi-finale, du Camerounais Marc-Vivien Foe, victime d’un arrêt cardiaque.
Un décès brutal, en direct à la télévision, qui n’a pas
manqué de relancer le débat sur les calendriers de
plus en plus chargés et les rythmes insoutenables
imposés aux joueurs de haut niveau.
GOLF
L’année des surprises
Jamais une saison de golf n’avait été aussi ouverte,
aussi généreuse envers les seconds rôles du circuit.
Les quatre tournois du Grand Chelem ont en effet
sacré quatre hommes qui n’avaient jamais auparavant triomphé dans l’un de ces tournois majeurs.
Victorieux du Masters, le plus prestigieux d’entre
eux, Mike Weir est devenu le premier Canadien à
remporter une épreuve du Grand Chelem. Deux
mois plus tard, l’Américain Jim Furyk s’imposait dans
l’US Open. Son compatriote Ben Curtis a, lui, créé
une immense surprise en dominant le British Open,
le premier tournoi majeur auquel il participait.
396e mondial avant l’épreuve, le jeune homme de
vingt-six ans s’est retrouvé 35e au lendemain de sa
victoire, soit le plus grand bond jamais réalisé dans
le classement mondial depuis sa création en 1986.
Enfin, la quatrième levée du Grand Chelem, le
championnat USPGA, a été gagnée par un autre
Américain, Shaun Micheel, qui un mois auparavant
luttait pour sa survie sur le circuit, faute de résultats.
Et Tiger Woods dans tout ça ? Le numéro 1 mondial
a vécu une année « sans », réussissant son meilleur
résultat au British Open dont il a pris la 4e place. 15e
au Masters, 20e à l’US Open et surtout 39e à l’USPGA,
où il a rendu la plus mauvaise carte sur le sol américain depuis sa carrière amateur, à 12 coups du
vainqueur, l’Américain, en tête du classement aux
gains du circuit PGA pendant quatre ans, a même
été détrôné par le Fidjien Vijay Singh qui a empoché
7,5 millions de dollars en 2003, contre 6,6 pour le
Tigre.
GYMNASTIQUE
Khorkina, troisième
La Russe Svetlana Khorkina est devenue la première
gymnaste de l’histoire à remporter un troisième
titre de championne du monde du concours individuel, lors des Mondiaux organisés en Californie,
à Anaheim. À vingt-quatre ans, la jeune femme, en
retrait sur le plan physique et technique mais artistiquement supérieure depuis sa collaboration avec
le Bolchoï, s’est imposée grâce à sa performance
au sol devant l’Américaine Carly Patterson, de neuf
ans sa cadette. Médaillée d’or en 1997 et 2001,
d’argent en 1995 et de bronze en 1999, Khorkina a
également bénéficié de la clémence de juges qui
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la soutiennent depuis sa mésaventure de Sydney :
la mauvaise installation d’un agrès l’y avait privée
d’un titre olympique mérité. À Athènes, en 2004, la
Russe tentera de décrocher l’or olympique avant
une retraite annoncée. Le succès de Khorkina a
quelque peu masqué la contre-performance de
la Russie et des pays de l’Est en général chez qui
la relève semble absente. Khorkina et le vétéran
Alexei Nemov, par exemple, n’ont pas de successeurs évidents et la Roumanie, quintuple championne du monde par équipes chez les dames,
n’a pas remporté un seul titre mais seulement des
médailles d’argent.
Les États-Unis et l’Asie en force
Profitant du déclin des pays de l’ancien bloc communiste, les États-Unis, la Chine et le Japon ont fait
le plein de médailles à Anaheim. Sous la houlette
de l’ancienne Roumaine Martha Karolyi, le pays
hôte a remporté pour la première fois de son histoire le titre du concours général individuel grâce à
Paul Hamm, également vainqueur au sol, et celui du
concours par équipes féminin. Les Chinois se sont
imposés dans le concours par équipes masculin.
Actifs partout dans le monde, les entraîneurs originaires des pays de l’Est ont permis une internationalisation de la gymnastique. En Californie, le symbole
de cette ouverture d’une discipline longtemps circonscrite à une demi-douzaine de pays fut la Brésilienne Daiane dos Santos, sacrée championne du
monde au sol et entraînée par un Ukrainien.
HANDBALL
Montpellier au zénith
Premier club français à avoir jamais atteint la finale
de la Ligue des champions, compétition de clubs
la plus prestigieuse, Montpellier a bien cru devoir
se contenter de ce rang de finaliste. Inexpérimentés
par rapport aux Espagnols de Pampelune, emmenés par Jackson Richardson et déjà sacrés en 2001,
les joueurs de Patrice Canayer semblaient avoir
laissé passer leur chance au match aller.
Battu 19 à 27 en Espagne, Montpellier devait en
effet réaliser un exploit en remontant un handicap jamais rattrapé par aucun club à ce stade de
la compétition. Transcendés, les Héraultais ont fait
mieux dans leur salle, infligeant un cinglant 31-19
à leurs rivaux lors du match retour pour devenir les
premiers Tricolores champions d’Europe. Parmi les
hommes clés d’une équipe couronnée par ailleurs
championne de France pour la sixième fois depuis
1995, le buteur Mickael Guigou et le gardien international Thierry Omeyer.
Motivé par l’exemple, le club féminin de Besançon
ouvrait quelques jours plus tard une autre ligne du
palmarès français, remportant la Coupe des coupes
en battant le Spartak Kiev en finale.
La Croatie retrouvée
Grâce à ces titres européens à la fois inédits et inespérés, la saison internationale 2003 restera comme
une bonne cuvée pour le handball français. D’autant plus que près de trois mois auparavant une
partie des joueurs de Montpellier avaient contribué
au bon parcours des Bleus nouvelle génération lors
des Championnats du monde disputés au Portugal.
Battus par les Allemands en demi-finale, les Français, tenants du titre depuis 2001, ont rempli leur
contrat en battant l’Espagne pour la médaille de
bronze.
Après un début de tournoi chaotique, à l’image
de sa réputation de championne imprévisible, la
Croatie s’est imposée en finale face à l’Allemagne,
prouvant son retour au premier plan après son titre
olympique de 1996.
HOCKEY SUR GLACE
Le Canada plus solidaire
C’est avec une équipe de gamins sans beaucoup
d’expérience internationale que le Canada a remporté le 21e titre mondial de son histoire, en Finlande, six ans après sa dernière victoire aux Mondiaux. Preuve de l’immensité du réservoir canadien,
seuls deux joueurs titrés à Helsinki, Ryan Smyth
et Eric Brewer, faisaient partie de l’équipe sacrée
championne olympique l’année précédente, à Salt
Lake City. Surmotivés, les « bizuths » de l’entraîneur
Andy Murray, également coach de Los Angeles, ont
réussi un sans-faute, terminant le tournoi invaincus
après avoir montré un formidable esprit collectif et
un jeu basé sur la solidité et la puissance physique.
Finalistes malheureux, battus par le but en or de
l’excellent Anson Carter, les Suédois alignaient eux
à l’inverse une équipe de vieux briscards, rompus
aux matchs internationaux et à la NHL, la ligue
nord-américaine. Avec Mats Sundin, meilleur joueur
du tournoi, et Peter Forsberg, meilleur joueur au
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SPORTS ET RÉSULTATS
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monde, ils disposent toutefois de plus riches
individualités.
En arrachant la médaille de bronze à leurs anciens
frères tchèques, les Slovaques ont prouvé que leur
titre de champions du monde 2002 ne devait rien
au hasard et se sont installés durablement dans
la hiérarchie du hockey mondial. Première de son
groupe en première division, la France retrouve
l’élite, en compagnie du Kazakhstan, et disputera les
Championnats du monde A en République tchèque
en 2004 alors que la Biélorussie et la Slovénie sont
relégués.
JUDO
L’Asie maîtresse chez elle
Emmenée par le pays hôte, victorieux de neuf médailles dont six en or, l’Asie a été la grande dominatrice des Championnats du monde de judo. Le
Japon en tête mais également la Chine, la Corée
du Sud et, dans une moindre mesure, la Corée du
Nord et l’Iran ont remporté au total treize des seize
médailles d’or distribuées lors de la compétition,
les trois autres revenant à l’Allemagne, Cuba et
l’Argentine.
Chez les Japonais, les quatre champions du monde
de 2001 (les deux stars : Kose Inoue chez les
hommes, Ryoko Tamura chez les dames ainsi que
Masae Ueno et Noriko Anno) ont conservé leur
titre. Mais le plus symbolique pour les Nippons a
été conquis par l’ancien mi-lourd Keiji Suzuki dans
l’épreuve reine, celle des toutes catégories, qui avait
échappé à leur domination aux JO de Sydney et aux
Mondiaux 2001. Ancien roi de la catégorie, le Russe
Alexandre Mikhaylin a été éliminé prématurément.
Conséquence logique de ce retour en force japonais et de l’excellente tenue des Cubains, victorieux
d’une seule épreuve mais lauréats de huit médailles
au total, l’Europe a montré en cette occasion un
pâle visage. Après les six titres conquis à Munich,
elle n’en a remporté qu’un seul grâce à l’Allemand
Florian Wanner en moins de 81 kg. Chez les Français,
les deux champions du monde de 2001 ont perdu
leur couronne mais l’équipe ramène tout de même
cinq médailles d’argent. Le bilan est pire pour la
Russie qui échange ses trois médailles d’or contre
quatre de bronze.
Tamura unique
On se souvient qu’à Munich en 2001, Ryoko Tamura
était entrée dans l’histoire en décrochant un cinquième titre mondial consécutif, exploit inédit chez
les hommes et chez les femmes. Devant son public,
la petite Japonaise, également championne olympique en 2000, a amélioré son score, remportant
une sixième médaille d’or en moins de 48 kg en
battant en finale la Française Frédérique Jossinet. En
2001, Tamura avait contribué à sauver l’honneur du
Japon reparti d’Europe avec « seulement » quatre
titres. Deux ans plus tard, toujours avec elle, les
maîtres du judo mondial se sont rachetés.
MOTO
Rossi sans faute
Pour sa dernière saison avec Honda, l’Italien Valentino Rossi a à nouveau marqué les esprits en décrochant une troisième couronne consécutive dans la
catégorie reine où il court depuis quatre ans. Déjà
deux fois champion du monde en 125 cm 3 en 1997
et en 250 en 1999, Rossi a remporté neuf courses
sur seize cette saison – contre 11 en 2002 –, mais il
a fait preuve surtout d’une étonnante régularité, ne
ratant pas une fois le podium. Sacré à deux courses
de la fin de la compétition, il s’est imposé lors de
l’ultime épreuve sur le circuit de Valence, le seul qui
manquait à son palmarès.
À vingt-quatre ans, le roi de la MotoGP a dominé
cette année deux de ses coéquipiers de Honda
disposant de machines identiques, l’Espagnol Sete
Gibernau et l’Italien Max Biaggi, prouvant ainsi
que c’est bien sa science du pilotage qui fait la
différence.
Le quintuple champion du monde est également
l’homme des records. Avec 52 podiums en MotoGP,
il talonne l’Américain Randy Mamola, 54 fois classé
mais jamais sacré champion du monde ; avec un
ratio de 31 victoires sur 62 départs, Rossi est également le roi de la rentabilité.
Dans les catégories inférieures, la course aux titres a
été plus âpre, notamment en 250 cm 3. Vice-champion du monde en 125 en 2002 et champion du
monde en 2001, le pilote de San Marin Manuel Poggiali s’est imposé de justesse en 250. En 125 cm 3,
l’Espagnol Daniel Pedrosa a été un peu plus dominateur, s’assurant du titre à deux courses de la fin
de la saison.
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NATATION
Popov retrouve son trône
Roi du sprint dans les années 1990, Alexander Popov faisait figure jusqu’au mois de juillet 2003 de
sympathique préretraité auprès de ses adversaires.
À trente et un ans, le Russe n’avait remporté aucun
titre sur la distance reine, le 100 m libre, depuis 1998
et les Mondiaux de Perth. À Barcelone, dans la ville
où il s’était révélé onze ans plus tôt en triomphant
lors des jeux Olympiques, celui que l’on appelle
le « tsar » a retrouvé sa couronne au terme d’une
course superbe. Mieux, il a triomphé de coriaces
adversaires : Pieter Van den Hoogenband, le Néerlandais champion olympique et recordman du
monde de la discipline, l’Australien Ian Thorpe, en
progrès constants en sprint, et l’Américain Jason
Lezak, l’étoile montante du 100 m.
Motivé par son troisième titre mondial du 100 m –
un record –, Popov est désormais un candidat de
premier ordre pour l’emporter lors des jeux Olympiques d’Athènes et devenir ainsi le premier triple
champion olympique de la distance.
Phelps bat Spitz.
Mais si la performance du Russe Alexander Popov
est exceptionnelle, le véritable héros des Mondiaux
de Barcelone restera le polyvalent Michael Phelps,
sacré meilleur nageur de la compétition par la
fédération internationale. Le jeune Américain de
dix-huit ans a battu cinq records du monde (200 m
papillon, 100 m papillon, 200 m quatre nages [deux
fois] et surtout le 400 m quatre nages battu de
1 seconde 64/100) et remporté quatre titres et une
médaille d’argent. Pour mémoire, son célébrissime
compatriote Marc Spitz n’avait amélioré que quatre
records individuels lors de son triomphe aux jeux
Olympiques de Munich, en 1972.
Déjà plus jeune nageur à battre un record du
monde – le 200 m papillon à l’âge de quinze ans
–, Phelps est également devenu en Espagne le premier à battre deux records du monde de disciplines
différentes dans la même journée.
La collection du phénomène aurait pu s’allonger s’il
avait participé au très relevé relais 4 × 100 m 4 nages
remporté par ses compatriotes, record du monde à
la clé. Mais, preuve de la richesse de l’équipe américaine, c’est son rival Ian Crocker qui lui a été préféré
pour le papillon. La veille du relais en effet, Crocker
avait subtilisé à Phelps son tout nouveau record du
100 m papillon !
Et de trois pour Thorpe et Hackett
Les exploits américains, largement vainqueurs au
classement par nations, feraient presque oublier les
autres stars de la natation. Si Pieter Van den Hoogenband, malgré ses trois médailles, est passé à
côté de la victoire – comme lors des Mondiaux 2001
–, Ian Thorpe a, lui, rempli son contrat en décrochant trois titres – 200 m, 400 m, et 4 × 200 m – sans
pour autant réaliser de performance chronométrique notable. Son compatriote Grant Hackett a, lui,
décroché un troisième titre consécutif sur 1 500 m.
Stockbauer insatiable
Les nageuses ont été plus avares en records du
monde que leurs homologues masculins. L’Australienne Leisel Jones a amélioré celui du 100 m brasse,
mais c’était en demi-finale et son effort lui a sans
doute coûté le titre. L’Américaine Amanda Beard
sur 200 m brasse n’a, elle, pu qu’égaler la meilleure
marque mondiale.
La véritable reine de Barcelone restera l’Allemande
Hannah Stockbauer, trois fois victorieuse en trois
courses : les 400, 800 et 1 500 m libre. Inge de Bruijn
et Yana Klochkova ont, elles, réussi le minimum requis par leur statut. La Néerlandaise s’est imposée
sur 50 m libre et papillon, tandis que l’Ukrainienne
dominait comme à son habitude les épreuves de
quatre nages.
Les Français ont réalisé des championnats en demiteinte. Leader de l’équipe, le champion d’Europe
Franck Esposito a signé un catastrophique 27e
temps en série du 200 m papillon, sa distance
de prédilection. Sur 200 m dos, Simon Dufour a
confirmé sa place dans la hiérarchie mondiale en
remportant le bronze, la seule récompense pour
les Tricolores. Enfin à noter que le Tunisien Oussama
Mellouli a décroché, grâce à sa troisième place en
400 m 4 nages, la première médaille africaine – excepté l’Afrique du Sud – et arabe de l’histoire de la
natation.
PATINAGE
Kwan se console
Un an après la désillusion des jeux Olympiques de
Salt Lake City, l’Américaine Michelle Kwan a pris
sa revanche à Washington en remportant un cinquième titre de championne du monde. Grande favorite pour un titre olympique qui manquait encore
à son palmarès, la Californienne avait laissé passer
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SPORTS ET RÉSULTATS
195
sa chance, paralysée par l’enjeu. Ce nouveau titre
mondial a même redonné de l’ambition à la meilleure patineuse des années 1990. Après avoir dit
formellement « non » aux Jeux, elle n’excluait plus
l’idée de tenter une nouvelle fois sa chance aux JO
de 2006. Médaillée d’or olympique surprise en 2002,
sa compatriote Sarah Hugues, en perdition, a en
revanche confirmé l’impression que son sacre dans
l’Utah n’était qu’un feu de paille.
Chez les hommes, le Russe Evgueni Plushenko a
lui aussi effacé la déception olympique en s’adjugeant, après celui décroché en 2001, un second titre
mondial. Comme chez les dames, où manquait la
vice-championne olympique russe Irina Slutskaya,
la compétition masculine certes était légèrement
dévalorisée par l’absence d’Alexeï Yagoudine, le
Russe tenant des titres mondial et olympique.
En danse sur glace, discipline appauvrie par les
retraites de plusieurs couples de premier plan,
notamment les champions olympiques français
Anissina-Peizerat, l’or est revenu aux Canadiens
Bourne-Kraatz, éternels seconds enfin propulsés au
premier plan pour leur dernière apparition chez les
amateurs.
Marqués par la création de la WSF, une fédération
internationale rivale de l’historique ISU, les premiers
Championnats du monde disputés après le scandale olympique de Salt Lake City n’ont pas vraiment
contribué à réhabiliter la discipline. Le nouveau
système de notation et l’instauration du principe
d’anonymat pour le jury n’ont pas convaincu les
observateurs, preuve que les juges, et avec eux tout
le patinage, auront du mal à retrouver leur crédibilité perdue.
RUGBY
L’Angleterre triomphe de ses démons
Le douzième Grand Chelem réussi par l’Angleterre
dans le Tournoi des Cinq-, puis des Six-Nations, le
premier depuis 1995, est sans doute le plus cher au
coeur de l’équipe de la Rose. À trois reprises en effet,
ces dernières années, les Anglais avaient frôlé l’exploit, avant d’échouer lors de leur dernier match :
en 1999, ils avaient buté sur le pays de Galles, en
2000 sur l’Écosse et en 2001 sur l’Irlande, par leur
nervosité le mythique « carton plein » rugbystique ;
la France avait ainsi réussi le premier Grand Chelem
de l’histoire du Tournoi des Six-Nations, en 2002.
En 2003, les hommes de Clive Woodward ont été
largement supérieurs à leurs adversaires de l’hémisphère Nord. Réguliers, réalistes, implacables en
défense, les coéquipiers du capitaine Martin Johnson avaient fait de ce rendez-vous une répétition
générale en vue de la Coupe du monde automnale
en Océanie, sans pour autant le prendre à la légère.
Les chiffres sont éloquents : l’Angleterre a affiché la
meilleure attaque (173 pts marqués), la meilleure
défense (46 pts encaissés) et a marqué le plus grand
nombre d’essais (18).
En grande partie grâce au talent du demi d’ouverture et buteur Johnny Wilkinson, meilleur réalisateur du tournoi avec 77 pts, l’équipe épouvantail a
atomisé l’Écosse, l’Italie et l’Irlande lors du dernier
match, alors que le pays de Galles, pourtant cuillère de bois, et la France sont parvenus à limiter les
dégâts. Et pour affirmer encore un peu sa grandeur
retrouvée, l’Angleterre est allée s’imposer en juin sur
le terrain des All Blacks à Wellington (15-13), puis
chez les Australiens à Melbourne (25-14) lors d’une
tournée préparatoire à la Coupe du monde dont
elle est devenue du même coup l’un des favoris.
La France se cherche
Alors que les Anglais paradaient, l’équipe de France,
battue notamment par l’Irlande durant le tournoi, a
peiné lors du premier semestre à retrouver la motivation et le niveau qui lui avaient permis de réaliser
le Grand Chelem en 2002. Les absences de Fabien
Galthié, Pieter De Villiers et Tony Marsh ont pesé sur
le groupe de Bernard Laporte, bien servi pourtant
par l’ouvreur Frédéric Michalak et le buteur Dimitri
Yachvili.
Au début de l’été, la France a encaissé trois défaites
en trois matches de préparation au Mondial. Battus
deux fois en Argentine, les Bleus ont logiquement
plié, malgré un match plein de panache, devant des
All Blacks en quête de revanche après leur défaite
face à l’Angleterre.
Après avoir dominé la France, les All Blacks se sont à
nouveau vengés deux mois plus tard de cet affront
en remportant le Tournoi des Tri-Nations, qui décide
de la hiérarchie de l’hémisphère Sud. Invaincus en
quatre rencontres, les Néo-Zélandais ont impressionné, « punissant » leurs deux adversaires sur des
scores fleuves (52-16 à Pretoria face à l’Afrique du
Sud, puis 50 à 21 à Sydney face à l’Australie).
Toulouse du rire aux larmes
Le Stade toulousain aurait pu être le héros de la saison 2003. En dominant Perpignan 22 à 17 lors d’une
finale de Coupe d’Europe 100 % tricolore, l’équipe
d’Émile Ntamack a remporté un second titre contidownloadModeText.vue.download 198 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
196
nental, sept ans après sa victoire sur Cardiff. Seuls
les Anglais de Leicester avaient jusqu’alors réussi le
doublé en Coupe d’Europe.
Quelques jours plus tard, Toulouse, seize fois champion national, redescendait de son nuage en finale
du Championnat de France, battu 32 à 18 par le
Stade français. Les Parisiens, qui retrouvaient les
Sudistes en finale soixante-seize ans après leur dernier affrontement à ce stade du Championnat de
France, ont remporté un onzième titre national, le
troisième depuis leur retour parmi l’élite en 1997.
SKI
Kostelic impériale.
Même si Janica Kostelic n’a pas réédité, en 2003,
sa razzia olympique, elle restera sans conteste
la vedette de la saison. À Salt Lake City, la Croate
avait raflé trois titres. Lors des Championnats du
monde de Saint-Moritz, un an plus tard, elle s’est
contentée de deux médailles d’or, en combiné et
slalom, « handicapée » par un genou douloureux.
Intouchable lorsqu’elle veut bien skier à son meilleur niveau, l’ancienne slalomeuse est devenue une
véritable polyvalente. Ses adversaires l’ont appris à
leurs dépens, perdant tout espoir de remporter le
classement général de la Coupe du monde dès le
milieu de la saison. Les Dorfmeister – championne
du monde de Super-G –, Montillet – victorieuse du
classement Super-G –, Paerson – meilleure géantiste de la saison – ont dû se disputer les accessits,
en Coupe du monde comme aux Mondiaux.
Eberharter toujours au sommet
Sacrée championne du monde de descente, la
Canadienne Mélanie Turgeon a créé l’une des
rares surprises de Saint-Moritz, les autres podiums
reflétant la hiérarchie d’un hiver une nouvelle fois
dominé par les skieurs autrichiens. Et si Michael
Walchofer a, comme Turgeon, opportunément
remporté la première descente de sa carrière pour
s’adjuger le titre mondial, ce ne fut que la confirmation de sa grande régularité. Le champion toutes
catégories de la saison reste Stephan Eberharter,
champion du monde de Super-G douze ans après
son premier titre mondial et lauréat du classement
général de la Coupe du monde pour la deuxième
année consécutive après une bagarre passionnante
avec l’Américain Bode Miller, de huit ans son cadet.
Double champion du monde en Suisse – géant,
combiné –, Miller a confirmé à vingt-cinq ans son
statut de grande star du ski pour les années à venir
et annoncé son intention de gagner dans le futur
dans toutes les disciplines.
Enfin, l’exploit de l’hiver 2003 a été réalisé par Hermann Maier. L’Autrichien, dont la carrière semblait
condamnée après un grave accident de moto et
une menace d’amputation de la jambe, est revenu
sur le circuit l’espace de quelques semaines, triomphant à Kitzbühel et décrochant aux Championnats
du monde une médaille d’argent inespérée dans le
Super-G. Maier contre Miller, c’est peut-être l’affiche
alléchante des saisons à venir.
TENNIS
Les jeunes s’installent
Déjà amorcé depuis plusieurs saisons, le changement de génération dans le tennis masculin s’est
accéléré en 2003. À vingt et un ans, l’Américain
Andy Roddick est devenu à l’issue du Masters le
deuxième plus jeune joueur de l’histoire à terminer
l’année numéro un mondial. Le record est encore
détenu par l’Australien Lleyton Hewitt, numéro un
à vingt ans en 2001 et à nouveau meilleur joueur
du monde en 2002 avant de connaître une « année
sans » cette saison.
Victorieux de l’US Open, son premier titre en Grand
Chelem, Roddick est le sixième Américain à occuper
ce poste depuis le début de l’ère Open après Jimmy
Connors, John McEnroe, Jim Courrier, Pete Sampras
et Andre Agassi.
L’autre révélation de la saison restera
Roger Federer
Impérial sur terre battue au printemps, le Suisse de
vingt et un ans a raté son rendez-vous à Roland Garros avant de triompher à Wimbledon et aux Masters, deux de ses sept titres de l’année. Il échoue à
32 points de Roddick à la Champion’s Race mais le
futur duel entre les deux joueurs s’annonce palpitant. Troisième au classement mondial, l’Espagnol
Juan-Carlos Ferrera a confirmé son talent sur terre
battue en remportant les Internationaux de France
mais a échoué, en finale, à offrir la Coupe Davis à
son pays. Seul trentenaire de l’élite, Andre Agassi a
empêché une domination sans partage des plus
jeunes en s’imposant lors de l’Open d’Australie. Son
rival historique Pete Sampras a, lui, mis fin à un faux
suspense au mois d’août en annonçant la fin de sa
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SPORTS ET RÉSULTATS
197
carrière. Absent des courts durant toute l’année, il
se retire dans la discrétion mais avec le plus beau
palmarès de tous les temps et un record de 14 victoires dans les tournois du Grand Chelem, dont 7 à
Wimbledon.
Le saladier retourne en Australie
Finaliste malheureux à Wimbledon, le revenant
Mark Philippoussis a été le principal artisan de la
victoire australienne en finale de la Coupe Davis.
Opposés aux Espagnols à Melbourne, Philippoussis et son compère Lleyton Hewitt ont profité de
l’avantage certain offert par le gazon, une surface
inadaptée au jeu de leurs adversaires, pour remporter la 28e Coupe Davis de l’histoire de leur pays.
Chez les dames, la Fed Cup, disputée sur le même
modèle que la Coupe Davis, a été remportée par la
France, déjà victorieuse en 1997. Amélie Mauresmo
et Mary Pierce ont largement dominé, à Moscou,
une équipe américaine privée il est vrai de ses meilleures joueuses.
Henin tout en haut, la Belgique à l’honneur
La saison féminine 2003 aura été marquée par
les apparitions à éclipse des soeurs Williams et le
mano à mano entre les joueuses belges Justine
Henin-Hardenne et Kim Clijsters. Après les deux
coups d’éclat de Serena Williams, victorieuse en
Australie et à Wimbledon mais blessée – comme sa
soeur Venus – durant la seconde partie de l’année,
Henin-Hardenne et Clijsters se sont disputé les
autres titres, à l’avantage de la première, lauréate
de huit tournois WTA dont deux du Grand Chelem.
À Roland Garros puis à l’US Open, Henin-Hardenne,
vingt et un ans, a dominé sa compatriote en finale
pour terminer l’année à la première place du classement mondial. Clijsters, victorieuse du Masters, s’est
consolée en devenant la première femme à franchir
la barre des 4 millions de dollars de gain sur une
seule saison.
TENNIS DE TABLE
De vrais Championnats de Chine
Comme en 2001 à Osaka (Japon), les Championnats du monde 2003 disputés à Paris ont tourné
à la démonstration de la part des Chinois. Avec
14 médailles sur les 20 distribuées, les pongistes de
l’empire du Milieu font exactement aussi bien qu’il y
a deux ans. Chez les dames, la finale du simple s’est
ainsi jouée, comme prévu, entre les deux meilleures
mondiales, Wang Nan et Zhang Yining, d’ailleurs
associées pour remporter le titre du double féminin. En double mixte, la Chine a fait un sans-faute,
s’adjugeant quatre médailles sur quatre.
L’unique, mais énorme, déception, la meilleure nation du monde l’a vécue dans le simple messieurs,
cédant le titre conquis par Wang Liqin il y a deux
ans. À la surprise générale, et après avoir sauvé
quatre balles de match en quarts de finale contre
le tenant du titre, c’est l’Autrichien Werner Schlager
qui s’est imposé en finale devant un Sud-Coréen
pour passer de la sixième à la première place mondiale. Numéro 1 mondial à l’heure de la compétition, l’Allemand Timo Boll est lui reparti bredouille.
La France a elle aussi terminé ses Mondiaux à domicile sur un « zéro médaille ». Et à trente-quatre
ans, Jean-Philippe Gatien, champion du monde en
1993, a achevé dès les 32es de finale ce qui pourrait
bien être la dernière compétition internationale de
sa carrière.
VOILE
La Suisse au sommet
Le défi suisse a réussi l’impossible. En ridiculisant le
Defender New Zealand par cinq victoires à zéro, le
Challenger Alinghi est devenu le premier bateau européen depuis 1851 à remporter la Coupe de l’America, plus ancienne compétition sportive moderne.
Cette victoire est d’abord celle d’un
homme à la volonté de fer
Ernesto Bertarelli, magnat de l’industrie pharmaceutique helvétique, avait lancé trois ans auparavant le
pari fou de construire un bateau compétitif pour
cette épreuve dominée depuis toujours par les
Américains et les marins des antipodes. Pour mettre
toutes les chances de son côté, Alinghi avait ensuite
débauché le skipper néo-zélandais Russell Coutts,
déjà vainqueur avec un bateau néo-zélandais en
1995 et 2000 et qui entre dans le club très fermé des
lauréats de trois Coupes consécutives. Seuls Charlie Barr, au début du XXe siècle, et Harold Vanderblit,
dans les années 1930, avaient réussi un tel triplé.
À la tête d’un équipage rassemblant des marins
d’une quinzaine de nationalités, très soudés et très
efficaces sur le plan tactique, Coutts a remporté
32 régates sur les 35 disputées entre la Coupe Louis
Vuitton – la compétition permettant de désigner le
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
198
Challenger – et l’America au cours de laquelle il a
affronté un skipper qu’il avait formé.
Deux mois après le triomphe d’Alinghi, un autre
marin a rapporté à la Suisse un nouveau trophée de
choix. Bernard Stamm, originaire du canton de Vaud
bien que Breton d’adoption, s’est en effet imposé
dans l’Around Alone, la course autour du monde en
solitaire avec escales, grâce notamment à une impressionnante science de la météo et d’excellentes
options tactiques à bord de Bobst Group-Armor Lux.
VOLLEY
Les Bleus entre deux
Vice-champions du monde en Allemagne au mois
de septembre au terme d’un formidable parcours
et d’une grande finale contre les Italiens, les volleyeurs français ont échoué sur le dernier obstacle de la saison. Lors de la Coupe du monde au
Japon, tournoi qualificatif pour les jeux Olympiques
d’Athènes, l’équipe de France n’est pas parvenue à
prendre l’une des trois premières places qualificatives abandonnées au Brésil, à l’Italie et à la Serbie et
a dû retarder l’hypothétique obtention d’un ticket
olympique.
Aux JO comme au Japon, les Italiens seront les
principaux adversaires des champions du monde
brésiliens. Du moins si l’on se fie à ce qu’a montré la « Squadra » lors de l’Euro où elle n’a perdu
aucun match pour conquérir un cinquième titre
continental.
Troisièmes à l’Euro,
portant la Ligue des
surprise de Belgorod
quatre fois lauréats
les Russes ont brillé en club remChampions grâce à la victoire
sur les Italiens de Modène,
du trophée.
En France, le club de Paris Volley a été sacré champion pour la quatrième fois consécutive.
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SPORTS ET RÉSULTATS
199
ATHLÉTISME
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Paris, 23-31 août)
MESSIEURS
100 m
1. K. Collins (Saint-Kitts) 10″ 07
2. D. Brown (Trinidad)
3. D. Campbell (G-B)
200 m
1. J. Capel (É-U) 20″ 30
2. D. Patton (É-U)
3. S. Suetsugu (Jap.)
400 m
1. J. Young (É-U) 44″ 50
2. T. Washington (É-U)
3. M. Raquil (Fr.)
800 m
1. A.
2. Y.
3. M.
1 500
D. Said Guerni (Alg.) 1′ 44″ 81
Borzakovski (Russie)
Mulaudzi (Afr. du S.)
m
1. H.
2. M.
3. I.
5 000
El Guerrouj (Maroc) 3′ 31″ 77
Baala (Fr.)
Heshko (Ukr.)
m
1. E. Kipchoge (Kenya) 12′ 52″ 79
2. H. El Guerrouj (Maroc)
3. K. Bekele (Éth.)
10 000 m
1. K. Bekele (Éth.) 26′ 49″ 57
2. H. Gebreselassie (Éth.)
3. S. Sihine (Éth.)
Marathon
1. J. Gharib (Maroc) 2 h 08′ 31″
2. J. Rey (Esp.)
3. S. Baldini (Ital.) 2 h 09′ 14″
110 m haies
1. A. Johnson (É-U) 13″ 12
2. T. Trammell (É-U)
3. Liu Xiang (Chine)
400 m haies
1. F. Sanchez (Rép. Dom.) 47″ 25
2. J. Woody (É-U)
3. P. Iakovakis (Grèce)
3 000 m steeple
1. S. Saaeed Shaheen (Qatar) 8′ 04
2. E. Kemboi (Kenya)
3. E. Martin (Esp.)
20 km marche
1. J. Perez (Équ.) 1 h 17′ 21″
2. F. Javier Fernandez (Esp.)
3. R. Rasskazov (Russie)
50 km marche
1. R. Korzeniowski (Pol.) 3 h 36′ 03″
2. G. Skurygin (Russie)
3. A. Erm (All.)
Hauteur
1. J. Freitag (Afr. du S.) 2,35 m
2. S. Holm (Suède)
3. M. Boswell (Can.)
Perche
1. G. Gibilisco (Ital.) 5,90 m
2. O. Brits (Afr. du S.)
3. P. Kristiansson (Suède)
Longueur
1. D. Phillips (É-U) 8,32 m
2. J. Beckford (Jam.)
3. Y. Lamela (Esp.)
Triple saut
1. C. Olsson (Suède) 17,72 m
2. Y. Betanzos (Cuba)
3. L. Sands (Baham.)
Poids
1. A. Mikhnevich (Biél.) 21,69 m
2. A. Nelson (É-U)
3. Y. Bilonog (Ukr.)
Disque
1. V. Alekna (Lit.) 69,69 m
2. R. Fazekas (Hongr.)
3. V. Kaptyukh (Biél.)
Marteau
1. I. Tikhon (Biél.) 83,05 m
2. A. Annus (Hongr.)
3. K. Murofushi (Jap.)
Javelot
1. S. Makarov (Russie) 85,44 m
2. A. Varnik (Est.)
3. B. Henry (All.)
Décathlon
1. T. Pappas (É-U) 8 750 pts
2. R. Sebrle (Rép. tchèq.)
3. D. Karpov (Kazakh.)
Relais 4 × 100 m
1. États-Unis 38′ 06″
2. Grande-Bretagne
3. Brésil
Relais 4 × 400 m
1. États-Unis 2′ 58″ 88
2. France
3. Jamaïque
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
200
DAMES
100 m
1. K. White (É-U) 10″ 85
2. T. Edwards (É-U)
3. Z. Block (Ukr.)
200 m
1. K. White (É-U) 22″ 05
2. A. Kapachinskaya (Russie)
3. T. Edwards (É-U)
400 m
1. A. Guevara (Mex.) 48″ 89
2. L. Fenton (Jam.)
3. A. Mbacke Thiam (Sén.)
800 m
1. M.
2. K.
3. N.
1 500
Mutola (Moz.) 1′ 59″ 89
Holmes (G-B)
Khrushchelyova (Russie)
m
1. T.
2. S.
3. H.
5 000
Tomashova (Russie) 3′ 58″ 52
Ayhan (Turq.)
Tullett (G-B)
m
1. T. Dibaba (Éth.)14′ 51″ 72
2. M. Dominguez (Esp.)
3. E. Masai (Kenya)
10 000 m
1. B. Adere (Éth.) 30′ 04″ 18
2. W. Kidane (Éth.)
3. S. Yingjie (Chine)
100 m haies
1. P. Felicien (Can.) 12″ 53
2. B. Foster (Jam.)
3. M. Mckelvy (É-U)
400 m haies
1. J. Pittman (Austr.) 53″ 22
2. S. Glover (É-U)
3. Y. Pechonkina (Russie)
20 km marche
1. Y. Nikolayeva (Russie) 1 h 26′ 52″
2. G. O’Sullivan (Irl.)
3. V. Tsybulskaya (Biél.)
Marathon
1. C. Ndereba (Kenya) 2 h 23′ 55″
2. M. Noguchi (Jap.)
3. M. Chiba (Jap.)
Hauteur
1. H. Cloete (Afr. du S.) 2,06 m
2. M. Kuptsova (Russie)
3. K. Bergqvist (Suède)
Perche
1. S. Feofanova (Russie) 4,75 m
2. A. Becker (All.)
3. Y. Isinbayeva (Russie)
Longueur
1. E. Barber (Fr.) 6,99 m
2. T. Kotova (Russie)
3. A. Bobby George (Inde)
Triple saut
1. T. Lebedeva (Russie) 15,18 m
2. F. Mbango Etone (Cam.)
3. M. Martinez (Ital.)
Poids
1. S. Krivelyova (Russie) 20,63 m
2. N. Ostapchuk (Biél.)
3. V. Pavlysh (Ukr.)
Disque
1. I. Yatchenko (Biél.) 67,32 m
2. A. Kelesidou (Grèce)
3. E. Voggoli (Grèce)
Javelot
1. M. Manjani-Tzelíli (Grèce) 66,52 m
2. T. Shikolenko (Russie)
3. S. Nerius (All.)
Marteau
1. Y. Moreno (Cuba) 73,33 m
2. O. Kuzenkova (Russie)
3. M. Montebrun (Fr.)
Heptathlon
1. C. Kluft (Suède) 70,01 pts
2. E. Barber (Fr.)
3. N. Sazanovich (Biél.)
Relais 4 × 100 m
1. France 41″ 78
2. États-Unis
3. Russie
Relais 4 × 400 m
1. États-Unis 3′ 22″ 63
2. Russie
3. Jamaïque
TABLEAU DES MÉDAILLES
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SPORTS ET RÉSULTATS
201
ATHLÈTES DE L’ANNÉE IAAF
MESSIEURS
Hicham El Guerrouj (Maroc)
DAMES
Hestrie Cloete (Afr. du S.)
LAURÉATE DU JACKPOT DE LA
GOLDEN LEAGUE
Maria Mutola (Moz.)
RECORDS DU MONDE AU
31 DÉCEMBRE 2003
MESSIEURS
DAMES
AUTOMOBILE
GP AUSTRALIE
(Melbourne, 9 mars)
1. D. Coulthard (G-B/McLaren-Mercedes)
2. J.-P. Montoya (Col./Williams-BMW)
3. K. Raikkonen (Finl./McLaren-Mercedes)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
202
GP MALAISIE
(Kuala Lumpur, 23 mars)
1. K. Raikkonen
2. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
3. F. Alonso (Esp./Renault)
GP BRÉSIL
(São Paulo, 11 avril)
1. G. Fisichella (Ital./Jordan-Ford)
2. K. Raikkonen
3. F. Alonso
GP SAINT MARIN
(Imola, 20 avril)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. K. Raikkonen
3. R. Barrichello
GP ESPAGNE
(Barcelone, 4 mai)
1. M. Schumacher
2. F. Alonso
3. R. Barrichello
GP AUTRICHE
(Spielberg, 18 mai)
1. M. Schumacher
2. K. Raikkonen
3. R. Barrichello
GP MONACO
(Monte-Carlo, 1er juin)
1. J.-P. Montoya
2. K. Raikkonen
3. M. Schumacher
GP CANADA
(Montréal, 15 juin)
1. M. Schumacher
2. R. Schumacher
3. J.-P. Montoya
GP EUROPE
(Nürburgring, 29 juin)
1. R. Schumacher
2. J.-P. Montoya
3. R. Barrichello
GP FRANCE
(Magny-Cours, 6 juillet)
1. R. Schumacher
2. J.-P. Montoya
3. M. Schumacher
GP GRANDE!BRETAGNE
(Silverstone, 20 juillet)
1. R. Barrichello
2. J.-P. Montoya
3. K. Raikkonen
GP ALLEMAGNE
(Hockenheim, 3 août)
1. J.-P. Montoya
2. D. Coulthard
3. Jarno Trulli (Ital./Renault)
GP HONGRIE
(Budapest, 24 août)
1. F. Alonso
2. K. Raikkonen
3. J.-P. Montoya
GP D’ITALIE
(Monza, 14 septembre)
1. M. Schumacher
2. J.-P. Montoya
3. R. Barrichello
downloadModeText.vue.download 205 sur 370
SPORTS ET RÉSULTATS
203
GP ÉTATS!UNIS
(Indianapolis, 28 septembre)
1. M. Schumacher
2. K. Raikkonen
3. H.-H. Frentzen (All/Sauber-Petronas)
GP JAPON
(Suzuka, 12 octobre)
1. R. Barrichello
2. K. Raikkonen
3. David Coulthard
CHAMPIONNAT DU MONDE DE
FORMULE 1
CLASSEMENT
Pilotes
1. M. Schumacher (All.) 93 pts
2. Kimi Raikkonen (Finl.) 91 pts
3. Juan Pablo Montoya (Col.) 82 pts
4. Rubens Barrichello (Brésil) 65 pts
5. Ralf Schumacher (All.) 58 pts
Constructeurs
1. Ferrari 158 pts
2. Williams-BMW 144 pts
3. McLaren-Mercedes 142 pts
4. Renault 88 pts
5. BAR-Honda 26 pts
CHAMPIONNAT DU MONDE DES
RALLYES
CLASSEMENT
Pilotes
1. P. Solberg (Norv.) 72 pts
2. S. Loeb (Fr.) 71 pts
3. C. Sainz (Esp.) 63 pts
4. R. Burns (G-B) 58 pts
5. M. Martin (Est.) 49 pts
Constructeurs
1. Citroën 160 pts
2. Peugeot 145 pts
3. Subaru 109 pts
4. Ford 93 pts
5. Skoda 23 pts
BASKET
PRO A
Finale
Pau-Orthez bat Villeurbanne
2 victoires à 1 (95-73, 78-102, 74-66)
LIGUE FÉMININE
Finale
Valenciennes bat Tarbes
2 victoires à 0
COUPE DE FRANCE
Finale
Pau-Orthez bat Gravelines 82 à 74
EUROLIGUE
MESSIEURS
!DU 9 AU 11 MAI À BARCELONE!
Finale
Barcelone (Esp.) bat
Trévise (Ital.) 76 à 65
Demi-finales
Trévise bat Sienne (Ital.) 65 à 62
Barcelone bat CSKA Moscou (Russie) 76 à
71
Match pour la 3e place
Sienne bat CSKA Moscou 79 à 78
DAMES
!DU 11 AU 13 AVRIL À BOURGES!
Finale
Ekaterinbourg (Russie) bat Valenciennes
(Fr.) 82 à 80
Demi-finales
Ekaterinbourg bat Brno (Rép. tch.) 74 à 65
Valenciennes bat Bourges (Fr.) 89 à 57
Match pour la 3e place
Brno bat Bourges 93 à 54
NBA
Finale
San Antonio Spurs battent New Jersey Nets
4 victoires à 2
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
204
CHAMPIONNAT D’EUROPE
(Suède, 5 au 14 septembre)
Finale
Lituanie bat Espagne 93 à 84
Demi-finales
Lituanie bat France 74 à 70
Espagne bat Italie 81 à 79
Match pour la 3e place
Italie bat France 69 à 67
BOXE
LES GRANDS COMBATS DE L’ANNÉE
Lourds
le 22 février à Memphis (sans enjeu)
M. Tyson (É-U) bat C. Etienne (É-U) par K.O. à la 1re reprise.
Lourds WBA
le 2 mars à Las Vegas
R. Jones (É-U) bat J. Ruiz (Porto Rico) aux
points.
Super-welters WBA, WBC
le 3 mai à Las Vegas
O. de la Hoya (É-U) bat Y. Campas (É-U) par
K.-O. technique à la 7e reprise.
Super-moyens WBA, IBF
le 14 juin à Magdebourg
S. Ottke (All.) bat D. Starie (G-B) aux points.
Lourds WBC
le 21 juin à Los Angeles
L. Lewis (G-B) bat V. Klitschko (Ukr.) par
arrêt de l’arbitre à la 6e reprise.
Welters WBA, WBC
le 13 juillet à Las Vegas
R. Mayorga (Nic.) bat V. Forrest (É-U) aux
points.
Super-moyens WBA, IBF
le 7 septembre à Erfurt
S. Ottke (All.) bat M. Larsen (Dan.) aux
points.
Super-welters WBA, WBC
le 14 septembre à Las Vegas
S. Mosley (É-U) bat O. de la Hoya (É-U) aux
points.
Lourds IBF
le 20 septembre à Uncasville
C. Byrd (É-U) bat F. Oquendo (Porto Rico)
aux points.
Lourds
le 5 octobre à Las Vegas (sans enjeu)
J. Toney (É-U) bat E. Holyfield (É-U) par
arrêt de l’arbitre à la 9e reprise.
LES PRINCIPAUX COMBATS DES
FRANÇAIS
Lourds-légers WBA
le 1er mars à Las Vegas
J.-M. Mormeck (Fr.) bat A. Gurov (Ukr.) par
arrêt de l’arbitre à la 8e reprise.
Mi-lourds WBA
le 8 mars à Marseille
M. Sahnoune (Fr.) bat B. Girard (Fr.), par
arrêt de l’arbitre à la 7e reprise.
Moyens WBC/WBA/IBF
le 29 mars à Philadelphie
B. Hopkins (É-U) bat M. Hakkar (Fr.) par
abandon à l’appel de la 9e reprise.
Super-coqs WBA
le 4 juillet à Poitiers
M. Monshipour (Fr.) bat S. Medjkoune par
K.-O. à la 12e reprise.
CYCLISME
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Hamilton, Canada, 7-12 octobre)
MESSIEURS
Sur route
1. I. Astarloa (Esp.), les 258,3 km en
6 h 30′ 19″
2. A. Valverde (Esp.) à 05″
3. P. Van Petegem (Belg.) à 05″
Contre-la-montre
1. D. Millar(G-B), les 41 km en 51′ 17″
2. M. Rogers (Austr.) à 1′ 25″
3. U. Peschel (All.) à 1′ 25″
DAMES
Sur route
1. S. Ljungskog (Suède), les 123 km en
3 h 16′ 06″
2. M. Melchers (P-B) m.t.
3. N. Cooke (G-B) m.t.
Contre-la-montre
1. J. Somarriba (Esp.), les 20,5 km en
28′ 23″
downloadModeText.vue.download 207 sur 370
SPORTS ET RÉSULTATS
205
2. J. Arndt (All.) à 10″
3. Z. Zabirova (Russie) à 26″
LES GRANDES COURSES À ÉTAPES
Paris-Nice (10-16 mars)
1. A. Vinokourov (Kazakh.) 23 h 30′ 04″
2. M. Zarrabeitia (Esp.) à 43″
3. D. Rebellin (Ital.) à 54″
Tirreno-Adriatico (13 19 mars)
1. F. Pozzato (Ital.) 29 h 45′ 22″
2. D. Di Luca (Ital.) à 4″
3. R. Marzoli (Ital.) à 12″
Tour de Romandie (30 avril – 4 mai)
1. T. Hamilton (É-U) en 18 h 06′ 37″
2. L. Dufaux (Suisse) à 33″
3. F. Perez (Esp.) à 38″
Tour d’Italie (10 mai – 1 juin)
1. G. Simoni (Ital.) en 89 h 32′ 09″
2. S. Garzelli (Ital.) à 7′ 06″
3. Y. Popovych (Ukr.) à 7′ 11″
Tour d’Allemagne (3 – 9 juin)
1. M. Rogers (Austr.) en 28 h 49′ 58″
2. J. Azevedo (Port.) à 1′ 19″
3. A. Vinokourov (Kazakh.) à 1′ 52″
Dauphiné Libéré (9-15 juin)
1. L. Armstrong (É-U), en 29 h 31′ 53″
2. I. Mayo (Esp.) à 1′ 12″
3. D. Millar (G-B) à 2′ 47″
Tour de Suisse (16-25 juin)
1. A. Vinokourov (Kazakh.) en 36 h 38′ 58″
2. G. Guerini (Ital.) à 1′ 14″
3. O. Pereiro (Esp.) à 1′ 28″
Tour d’Espagne (7-28 septembre)
1. R. Heras (Esp.) en 69 h 31′ 52″
2. I. Nozal (Esp.) à 0′ 28″
3. A. Valverde (Esp.) à 2′ 25″
LES GRANDES COURSES D’UN JOUR
Milan-San Remo* (22 mars)
1. P. Bettini (Ital.), les 297 km en 6 h 44′ 43″
2. M. Celestino (Ital.) m.t.
3. L. Paolini (Ital.) à 02″
Tour des Flandres* (6 avril)
1. P. Van Petegem (Belg.), les 255 km en
6 h 18′ 48″
2. F. Vandenbroucke (Belg.) à 02″
3. S. O’Grady (Austr.) à 19″
Gand-Wevelgem (9 avril)
1. A. Klier (All.), les 204 km en 4 h 29′ 00″
2. H. Vogels (Austr.) m.t.
3. T. Boonen (Belg.) m.t.
Paris-Roubaix* (14 avril)
1. P. Van Petegem (Belg.), les 261 km en
6 h 11′ 35″
2. D. Pieri (Ital.) m.t.
3. V. Ekimov (Russie) m.t.
Amstel Gold Race* (20 avril)
1. A. Vinokourov (Kazakh.), les 250,7 km
en 6 h 01′ 03″
2. M. Boogerd (P-B) à 04″
3. D. Di Luca (Ital.) à 04″
Flèche Wallonne (23 avril)
1. I. Astarloa (Esp.), les 199,5 km en
4 h 39′ 17″
2. A. Osa (Esp.) à 16″
3. A. Shefer (Kazakh.) à 56″
Liège-Bastogne-Liège* (27 avril)
1. T. Hamilton (É-U), les 258,5 km en
6 h 28′ 50″
2. I. Mayo (Esp.) à 12″
3. M. Boogerd (P-B) à 14″
HEW Cyclassics* (3 août)
1. P. Bettini (Ital.), les 253,2 km en
5 h 58′ 20″
2. D. Rebellin (Ital.) m.t.
3. J. Ullrich (All.) m.t.
Clasica San Sebastian* (9 août)
1. P. Bettini (Ital.), les 227 km en 5 h 44′ 42″
2. I. Basso (Ital.) m.t.
3. D. Di Luca (Ital.) m.t.
Championnat de Zurich* (17 août)
1. D. Nardello (Ital.), les 236,6 km en
5 h 55′ 30″
2. J. Ullrich (All.) à 0′ 06″
3. P. Bettini (Ital.) 0′ 11″
Paris-Tours* (5 octobre)
1. E. Zabel (All.), les 257,5 km en
5 h 24′ 55″
2. A. Petacchi (Ital.) m.t.
3. S. O’Grady (Austr.) m.t.
Tour de Lombardie* (18 octobre)
1. M. Bartoli (Ital.), les 249 km en
6 h 29′ 41″
2. A. Lopeboselli (Ital.) à 0′ 02″
3. D. Frigo (Ital.) 1′ 35″
CLASSEMENT FINAL
DE LA COUPE DU MONDE
1. P. Bettini (Ital.) 365 pts
2. M. Boogerd (P-B) 220
3. P. Van Petegem (Belg.) 219
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
206
CHAMPIONNATS DE FRANCE
(Plumelec, 23-29 juin)
MESSIEURS
Course en ligne
D. Rous
Contre-la-montre
E. Seigneur
DAMES
Course en ligne
S. Huguet
Contre-la-montre
J. Longo
TOUR DE FRANCE
(5-27 juillet)
LES CLASSEMENTS
Points
B. Cooke (Austr.)
Montagne
R. Virenque (Fr.)
Équipes
CSC
Jeunes
D. Menchov (Russie)
Combativité
A. Vinokourov (Kazakh.)
Classement général
1. L. Armstrong (É-U) 83 h 41′ 12″
2. J. Ullrich (All.) à 1′ 01″
3. A. Vinokourov (Kazakh.) à 4′ 14″
4. T. Hamilton (É-U) à 6′ 17″
5. H. Zubeldia (Esp.) à 6′ 51″
6. I. Mayo (Esp.) à 7′ 06″
7. I. Basso (Ital.) à 10′ 12″
8. C. Moreau (Fr.) à 12′ 28″
9. C. Sastre (Esp.) à 18′ 49″
10. F. Mancebo (Esp.) à 19′ 15″
Les vainqueurs d’étapes
B. Mc Gee (Austr./Prologue)
A. Petacchi (Ital./1e, 3e, 5e, 6e)
B. Cooke (Austr./2e)
US Postal (4e clm/équipe)
R. Virenque (Fr./7e)
I. Mayo (Esp./8e)
A. Vinokourov (Kazakh./9e)
J. Pill (Dan./10e)
J.-A. Flecha (Esp./11e)
J. Ullrich (All./12e clm)
C. Sastre (Esp./13e)
G. Simoni (Ital./14e)
L. Armstrong (É-U/15e)
T. Hamilton (É-U/16e)
S. Knaven (P-B/17e)
Les porteurs du maillot jaune
B. Mc Gee (Austr./1e-3e)
J.-P. Nazon (Fr./4e)
V.-H. Pena (Col./5e-7e)
R. Virenque (Fr./8e)
L. Armstrong (É-U/9e-20e)
LES FRANÇAIS CHAMPIONS DU
MONDE SUR PISTE
Vitesse messieurs
L. Gané
Keirin messieurs
L. Gané
ÉQUITATION
CHAMPIONNATS D’EUROPE
DRESSAGE
!HICKSTEAD, GRANDE!BRETAGNE, 13!
17 AOÛT!
1. U. Salzgeber (All./Rusty) 244,09 pts
2. J. Brink (Suède/Briar) 230,12 pts
3. B. Ferrer-Salat (Esp./Beauvalais)
227,95 pts
SAUT D’OBSTACLES
!DONAUESCHIGEN, ALLEMAGNE, 20!24 AOÛT!
Individuel
1. C. Ahlmann (All./Coester) 11,55 pts
2. L. Beerbaum (All./Goldfever) 11,59 pts
3. M. Ehning (All./For Pleasure) 12,01 pts
Par équipes
1. Allemagne 15,15 pts
2. France 25,30 pts
3. Suisse 28,86 pts
CONCOURS COMPLET
!DUBLIN, 17!21 SEPTEMBRE!
Individuel
1. N. Touzaint (Fr./Galan de sauvagère)
35,00 pts
2. L. Algotsson (Suède/Stand by me)
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SPORTS ET RÉSULTATS
207
40,80 pts
3. P. Funnell (G-B/Walk on star) 44,40 pts
Par équipes
1. Grande-Bretagne 147,60 pts
2. France 160,20 pts
3. Belgique 196,00 pts
ESCRIME
CHAMPIONNATS DU MONDE
(La Havane, 5-12 octobre)
MESSIEURS
Fleuret
1. P. Joppich (All.)
2. S. Vanni (Ital.)
3. A. Cassara (Ital.)
B. Guyart (Fr.)
Épée
1. F. Jeannet (Fr.)
2. M. Khvorost (Ukr.)
3. U. Robeiri (Fr.)
V. Zakharov (Biél.)
Sabre
1. V. Lukachenko (Ukr.)
2. M. Covaliu (Roum.)
3. A. Montano (Ital.)
D. Ferjancsik (Hongr.)
Fleuret par équipes
1. Italie
2. Russie
3. Allemagne
Épée par équipes
1. Russie
2. Allemagne
3. Suède
Sabre par équipes
1. Russie
2. Hongrie
3. Ukraine
DAMES
Fleuret
1. V. Vezzali (Ital.)
2. S. Gruchala (Pol.)
3. R. Scarlat (Roum.)
A. Mohamed (Hongr.)
Épée
1. N. Conrad (Ukr.)
2. M. Nisima (Fr.)
3. C. Cascioli (Ital.)
Li Na (Chine)
Sabre
1. D. Mihai (Roum.)
2. Tan Xue (Chine)
3. G. Marzocca (Ital.)
Aleksandra Socha (Pol.)
Fleuret par équipes
1. Pologne
2. Russie
3. Roumanie
Épée par équipes
1. Russie
2. Allemagne
3. Hongrie
Sabre par équipes
1. Italie
2. Chine
3. Azerbaïdjan
FOOTBALL
MATCHES AMICAUX DE L’ÉQUIPE DE
FRANCE
À Saint-Denis, le 12 février
République tchèque bat France 2 à 0
À Saint-Denis, le 30 avril
France bat Égypte 5 à 0
À Genève, le 20 août
France bat Suisse 2 à 0
COUPE DES CONFÉDÉRATIONS
À Lyon, le 18 juin
France bat Colombie 1 à 0
À Saint-Étienne, le 20 juin
France bat Japon 2 à 1
À Saint-Denis, le 22 juin
France bat Nouvelle-Zélande 5 à 0
À Saint-Denis, le 26 juin
France bat Turquie 3 à 2
À Saint-Denis, le 29 juin (finale)
France bat Cameroun 1 à 0
ÉLIMINATOIRES EURO 2004
À Lens le 29 mars
France bat Malte 6 à 0
À Palerme le 2 avril
France bat Israël 2 à 1
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
208
À Saint-Denis, le 6 septembre
France bat Chypre 5 à 0
À Ljubljana, le 10 septembre
France bat Slovénie 2 à 0
À Saint-Denis, le 11 octobre
France bat Israël 3 à 0
CHAMPIONNAT DE FRANCE
PALMARÈS 2002!2003
Champion de France
Olympique lyonnais
Coupe de France
A.J. Auxerre bat Paris Saint-Germain 2 à 1
Coupe de la Ligue
Monaco bat Sochaux 4 à 1
Qualifiés pour la Ligue des champions
Lyon, Monaco, Marseille
Qualifiés pour la Coupe de l’UEFA
Bordeaux, Sochaux, Auxerre, Lens
Rétrogradés en Ligue 2
Le Havre, Sedan, Troyes
Promus en Ligue 1
Toulouse, Le Mans, Metz
Meilleurs buteurs du championnat
1. S. Nonda (Monaco) 26 buts
2. Pauleta (Bordeaux) 23
3. D. Drogba (Guingamp) 17
CHAMPIONNAT DE FRANCE 2001!2002
CLASSEMENT
FOOT EUROPÉEN
LIGUE DES CHAMPIONS
Finale (Manchester, 28 mai)
Milan AC (Ital.) bat Juventus de Turin (Ital.) 0
à 0, 3 t.a.b. à 2
COUPE DE L’UEFA
Finale (Séville, 21 mai)
FC Porto (Port.) bat Celtic Glasgow (Écosse)
3 à 2 a.p.
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SPORTS ET RÉSULTATS
209
CHAMPIONNATS NATIONAUX
Champion d’Italie
Juventus de Turin
Champion d’Angleterre
Manchester United
Champion d’Espagne
Real Madrid
Champion d’Allemagne
Bayern de Munich
GOLF
MASTERS
(Augusta, États-Unis, 10-13 avril)
1. M. Weir (Can.) 281 pts (vainqueur en
barrage)
2. L. Mattiace (É-U) 281 pts
3. P. Mickelson (É-U) 283 pts
US OPEN
(Olympia Fields, États-Unis, 12-15 juin)
1. J. Furyk (É-U) 272 pts
2. S. Leaney (Austr.) 275 pts
3. M. Weir (Can.) 279 pts
BRITISH OPEN
(Sandwich, 17-20 juillet)
1. B. Curtis (É-U) 283 pts
2. V. Singh (Fidji) 284 pts
3. T. Bjorn (Dan.) 284 pts
USPGA
(Rochester, États-Unis, 14-17 août)
1. S. Micheel (É-U) 276 pts
2. C. Campbell (É-U) 278 pts
3. T. Clark (Afr. du S.) 279 pts
GYMNASTIQUE
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Anaheim, États-Unis, 17-25 août)
MESSIEURS
Concours général
1. P. Hamm (É-U) 57,774 pts
2. Yang Wei (Chine)
3. H. Tomita (Jap.)
Sol
1. P. Hamm (É-U) 9,762 pts
J. Jovtchev (Bulg.)
3. K. Shewfelt (Can.)
Cheval d’arçons
1. Teng Haibin (Chine) 9,762 pts
T. Kashima (Jap.)
3. N. Kryukov (Russie)
Anneaux
1. J. Jovtchev (Bulg.) 9,787 pts
D. Tombakos (Grèce)
3. M. Morandi (Ital.)
Saut de cheval
1. Li Xiaoping (Chine) 9,818 pts
2. M. Dragulescu (Roum.)
3. K. Shewfelt (Can.)
Barres parallèles
1. Li Xiaoping (Chine) 9,825 pts
2. Huang Xu (Chine)
A. Nemov (Russie)
Barre fixe
1. T. Kashima (Jap.) 9,775 pts
2. I. Cassina (Ital.)
3. A. Nemov (Russie)
Concours par équipes
1. Chine 171,996 pts
2. États-Unis
3. Japon 170,708
DAMES
Concours général
1. S. Khorkina (Russie) 38,124 pts
2. C. Patterson (É-U)
3. Zhang Nan (Chine)
Poutre
1. Fan Ye (Chine) 9,812 pts
2. C. Ponor (Roum.)
3. L. Ezhova (Russie)
Sol
1. D. dos Santos (Brésil) 9,737 pts
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
210
2. C. Ponor (Roum.)
3. E. Gomez (Esp.)
Saut de cheval
1. O. Chusovitina (Ouz.) 9,481 pts
2. Kang Yun-mi (CdN)
E. Zamolodchikova (Russie)
Barres asymétriques
1. H. Vise (É-U) 9,612 pts
C. Memmel (É-U)
3. E. Tweddle (G-B)
Concours par équipes
1. États-Unis 112,573 pts
2. Roumanie
3. Australie
HANDBALL
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Portugal, 20 janvier–2 février)
Demi-finales
Allemagne bat France 23 à 22
Croatie bat Espagne 39 à 37 a.p.
Match pour la 3e place
France bat Espagne 27 à 22
Finale
Croatie bat Allemagne 34 à 31
LIGUE DES CHAMPIONS
MESSIEURS
Finale
Montpellier (Fr.) bat Pampelune (Esp.) 19 à
27 (aller), 31 à 19 (retour)
DAMES
Finale
Ljubljana (Slovén.) bat Valence (Esp.) 27 à
30 (aller), 36 à 28 (retour)
CHAMPIONNAT DE FRANCE
1. Montpellier 74 pts
2. Chambéry 69 pts
3. Créteil 66 pts
HOCKEY
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Finlande, 26 avril–11 mai)
Finale
Canada bat Suède 3 à 2
Demi-finales
Suède bat Slovaquie 4 à 1
Canada bat République tchèque 8 à 4
Match pour la 3e place
Slovaquie bat République tchèque 4 à 2
CHAMPIONNAT DE FRANCE
Finale
Rouen bat Amiens 3 victoires à 1
JUDO
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Osaka, Japon, 11-14 septembre)
MESSIEURS
– 60 kg
1. Choi Min-Ho (CdS)
2. C. Fallon (G-B)
3. T. Nomura (Jap.)
A. Lounifi (Tun.)
– 66 kg
1. A. Miresmaeili (Iran)
2. L. Benboudaoud (Fr.)
3. Y. Arencibia (Cuba)
M. Dzhafarov (Russie)
– 73 kg
1. Lee Wang Hee (CdS)
2. D. Fernandes (Fr.)
3. V. Makarov (Russie)
J. Neto (Port.)
– 81 kg
1. F. Wanner (All.)
2. S. Aschwanden (Suisse)
3. R. Krawczyk (Pol.)
A. Budolin (Est.)
– 90 kg
1. Hwang Hee Tae (CdS)
2. Z. Zviadauri (Géorg.)
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SPORTS ET RÉSULTATS
211
3. C. Honorato (Brésil)
S. Kukharenka (Biél.)
– 100 kg
1. K. Inoue (Jap.)
2. G. Lemaire (Fr.)
3. I. Makarou (Biél.)
M. Sabino (Brésil)
+ 100 kg
1. Y. Muneta (Jap.)
2. D. Van Der Geest (P-B)
3. T. Tmenov (Russie)
Y. Sotnikov (Ukr.)
Toutes catégories
1. K. Suzuki (Jap.)
2. I. Pertelson (Est.)
3. A. Tangriev (Ouz.)
M. Miraliyev (Azerb.)
DAMES
– 48 kg
1. R. Tamura (Jap.)
2. F. Jossinet (Fr.)
3. D. Carrion (Cuba)
N. Sansay (Turq.)
– 52 kg
1. A. Savon (Cuba)
2. A. Euranie (Fr.)
3. Y. Yokosawa (Jap.)
R. Imbriani (All.)
– 57 kg
1. Kye Sun Hui (CdN)
2. Y. Boenisch (All.)
3. D. Gravenstijn (P-B)
Y. Lupetey (Cuba)
– 63 kg
1. D. Krukower (Arg.)
2. D. Gonzalez (Cuba)
3. A. Van Harnier (All.)
Y. Scapin (Ital.)
– 70 kg
1. M. Ueno (Jap.)
2. R. Leyen Zulueta (Cuba)
3. E. Bosch (P-B)
A. Boehm (All.)
– 78 kg
1. N. Anno (Jap.)
2. Y. Laborde (Cuba)
3. E. Silva (Brésil)
E. San Miguel (Esp.)
+ 78 kg
1. Sun Fuming (Chine)
2. M. Tsukada (Jap.)
3. K. Bryant (G-B)
T. Donguzashvili (Russie)
Toutes catégories
1. Tong Wen (Chine)
2. K. Bryant (G-B)
3. M. Kovacevic (Serb. Mont.)
D. Beltran (Cuba)
MOTO
CHAMPIONNAT DU MONDE DE
VITESSE
CLASSEMENT FINAL
MotoGP
1. V. Rossi (Ital.) 357 pts
2. S. Gibernau (Esp.) 277 pts
3. M. Biaggi (Ital.) 228 pts
250 cm 3
1. M. Poggiali (San Marin) 249 pts
2. R. Rolfo (Ital.) 235 pts
3. T. Elias (Esp.) 226 pts
125 cm 3
1. D. Pedrosa (Esp.) 223 pts
2. A. de Angelis (San Marin) 166 pts
3. H. Barbera (Esp.) 164 pts
NATATION
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Barcelone, 20-27 juillet)
MESSIEURS
50 m libre
1. A. Popov (Russie) 2″ 92
2. M. Foster (G-B)
3. P. Van den Hoogenband (P-B)
100 m libre
1. A. Popov (Russie) 48″ 42
2. P. Van den Hoogenband (P-B)
3. I. Thorpe (Austr.)
200 m libre
1. I. Thorpe (Austr.) 1′ 45″ 14
2. P. Van Den Hoogenband (P-B)
3. G. Hackett (Austr.)
400 m libre
1. I. Thorpe (Austr.) 3′ 42″ 58
2. G. Hackett (Austr.)
3. D. Coman (Roum.)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
212
800 m libre
1. G. Hackett (Austr.) 7′ 43″ 82
2. L. Jensen (É-U)
3. I. Chervynskyi (Ukr.)
1 500 m libre
1. G. Hackett (Austr.) 14′ 43″ 14
2. I. Chervynskyi (Ukr.)
3. E. Vendt (É-U)
50 m brasse
1. J. Gibson (G-B) 27″ 56
2. O. Lisogor (Ukr.)
3. M. Flaskay (Hongr.)
100 m brasse
1. K. Kitajima (Jap.) 59″ 78 (RM)
2. B. Hansen (É-U)
3. J. Gibson (G-B)
200 m brasse
1. K. Kitajima (Jap.) 2′ 02″ 42 (RM)
2. I. Edmond (G-B)
3. B. Hansen (É-U)
50 m dos
1. T. Rupprath (All.) 24″ 80 (RM)
2. M. Welsh (Austr.)
3. J.-G. Zandberg (Afr. du S.)
100 m dos
1. A. Peirsol (É-U) 53″ 61
2. A. Vyatchanin (Russie) 5″ 92 (RE)
3. M. Welsh (Austr.)
200 m dos
1. A. Peirsol (É-U) 1′ 55″ 92
2. G. Kozulj (Croatie)
3. S. Dufour (Fr.)
50 m papillon
1. M. Welsh (Austr.) 23″ 43 (RM)
2. I. Crocker (É-U)
3. E. Korotychkine (Russie)
100 m papillon
1. I. Crocker (É-U) 50″ 98 (RM)
2. M. Phelps (É-U)
3. A. Serdinov (Ukr.) 5″ 59 (RE)
200 m papillon
1. M. Phelps (É-U) 1′ 54″ 35
2. T. Yamamoto (Jap.)
3. T. Malchow (É-U)
200 m 4 nages
1. M. Phelps (É-U) 1’56″ 04 (RM)
2. I. Thorpe (Austr.)
3. M. Rosolino (Ital.)
400 m 4 nages
1. M. Phelps (É-U) 4′ 09″ 09 (RM)
2. L. Cseh (Hongr.) 4′ 10″ 79 (RE)
3. O. Mellouli (Tun.)
4 × 100 m libre
1. Russie 3′ 14″ 06
2. États-Unis
3. France
4 × 200 m libre
1. Australie 7′ 08″ 58
2. États-Unis
3. Allemagne
4 × 100 m 4 nages
1. États-Unis 3′ 31″ 54 (RM)
2. Russie 3′ 34″ 72 (RE)
3. Japon
DAMES
50 m libre
1. I. de Bruijn (P-B) 24″ 47
2. A. Mills (Austr.)
3. L. Lenton (Austr.)
100 m libre
1. H.-M. Seppala (Finl.) 54″ 37
2. J. Henry (Austr.)
3. J. Thompson (É-U)
200 m libre
1. A. Popchanka (Biél.) 1′ 58″ 32
2. M. Moravcova (Slovaq.)
3. Yang Yu (Chine)
400 m libre
1. H. Stockbauer (All.) 4′ 06″ 75
2. E. Risztov (Hongr.)
3. D. Munz (É-U)
800 m libre
1. H. Stockbauer (All.) 8′ 23″ 66
2. D. Munz (É-U)
3. R. Cooke (G-B)
1 500 m libre
1. H. Stockbauer (All.) 16′ 00″ 18 (RE)
2. H. Peirsol (É-U)
3. J. Henke (All.)
50 m brasse
1. Luo Xuejuan (Chine) 30″ 67
2. B. Hanson (Austr.)
3. Z. Baker (G-B)
100 m brasse
1. Luo Xuejan (Chine) 1′ 06″ 80
2. A. Beard (É-U)
3. L. Jones (Austr.)
200 m brasse
1. A. Beard (É-U) 2′ 22″ 99
2. L. Jones (Austr.)
3. Qi Hui (Chine)
50 m dos
1. N. Zhivanevskaya (Esp.) 28″ 48
2. I. Hlavackova (Rép. tchèq.)
3. N. Inada (Jap.)
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SPORTS ET RÉSULTATS
213
100 m dos
1. A. Buschschulte (All.) 1′ 00″ 50
2. L. Oernstedt (Dan.)
3. K. Sexton (G-B)
200 m dos
1. K. Sexton (G-B) 2′ 08″ 74
2. M. Hoelzer (É-U)
3. S. Komarova (Russie)
50 m papillon
1. I. de Bruijn (P-B) 25″ 84
2. J. Thompson (É-U)
3. A.-K. Kammerlin (Suède)
100 m papillon
1. J. Thompson (É-U) 57″ 96
2. O. Jedrzejczak (Pol.)
3. M. Moravcova (Slovaq.)
200 m papillon
1. O. Jedrzejczak (Pol.) 2′ 07″ 56
2. E. Risztov (Hongr.)
3. Y. Nakanishi (Jap.)
200 m 4 nages
1. Y. Klochkova (Ukr.) 2′ 10″ 75
2. A. Mills (Austr.)
3. Zhou Yafei (Chine)
400 m 4 nages
1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 36″ 74
2. E. Risztov (Hongr.)
3. B. N. Caslaru (Roum.)
4 × 100 m libre
1. États-Unis 3′ 38″ 09
2. Allemagne
3. Australie
4 × 200 m libre
1. États-Unis 7′ 55″ 70
2. Australie
3. Chine
4 × 100 m 4 nages
1. Chine 3′ 59″ 89
2. États-Unis
3. Australie
RECORDS DU MONDE AU
31 DÉCEMBRE 2003
MESSIEURS
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
214
DAMES
PATINAGE
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Washington, 24-30 mars)
MESSIEURS
1. E. Plushenko (Russie)
2. T. Goebel (É-U)
3. T. Honda (Jap.)
DAMES
1. M. Kwan (É-U)
2. E. Sokolova (Russie)
3. F. Suguri (Jap.)
COUPLES
1. Xue Shen/Hongbo Zhao (Chine)
2. T. Totmianina/M. Marinin (Russie)
3. M. Petrova/A. Tikhonov (Russie)
DANSE SUR GLACE
1. S.-L. Bourne/V. Kraatz (Can.)
2. I. Lobacheva/I. Averbukh (Russie)
3. A. Denkova/M. Staviyski (Bulg.)
RUGBY
TOURNOI DES SIX!NATIONS
Les rencontres
Italie – Pays de Galles 30 - 22
Angleterre – France 25 - 17
Écosse – Irlande 6 - 36
Italie – Irlande 13 - 37
Pays de Galles – Angleterre 9 - 26
France – Écosse 38 - 3
Irlande – France 15 - 12
Écosse – Pays de Galles 30 - 22
Angleterre – Italie 40 - 5
Pays de Galles – Irlande 24 - 25
Angleterre – Écosse 40 - 9
Italie – France 27 - 53
France – Pays de Galles 33 - 5
Écosse – Italie 33 - 25
Irlande – Angleterre 6 – 42
CLASSEMENT
MATCHS DE L’ÉQUIPE DE FRANCE
Tournée dans l’hémisphère Sud
À Buenos Aires, le 14 juin
Argentine bat France 10 à 6
À Buenos Aires, le 20 juin
Argentine bat France 33 à 32
À Christchurch, le 28 juin
Nouvelle-Zélande bat France 31 à 23
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SPORTS ET RÉSULTATS
215
COUPE D’EUROPE
(Dublin, 24 mai)
Finale
Toulouse (Fr.) bat Perpignan (Fr.) 22 à 17
TRI!NATIONS
(du 12 juillet au 16 août)
Au Cap, le 12 juillet
Afrique du Sud bat Australie 26 à 22
À Pretoria, le 19 juillet
Nouvelle-Zélande bat Afrique du Sud 52 à
16
À Sydney, le 26 juillet
Nouvelle-Zélande bat Australie 50 à 21
À Brisbane, le 2 août
Australie bat Afrique du Sud 29-9
À Dunedin, le 9 août
Nouvelle-Zélande bat Afrique du Sud 19 à
11
À Auckland, le 16 août
Nouvelle-Zélande bat Australie 21 à 17
Classement
1. Nouvelle-Zélande 18 pts
2. Australie 6
3. Afrique du Sud 4
CHAMPIONNAT DE FRANCE
Finale
Stade français bat Toulouse 32 à 18
LA Ve COUPE DU MONDE DE RUGBY
(Australie 10 octobre-22 novembre)
MATCHES DU PREMIER TOUR
GROUPE A
Australie – Argentine 24 - 8
Irlande – Roumanie 45 - 17
Argentine – Namibie 67 - 14
Australie – Roumanie 90 - 8
Irlande – Namibie 64 - 7
Argentine – Roumanie 50 - 3
Australie – Namibie 142 - 0
Irlande – Argentine 16 - 15
Roumanie – Namibie 37 - 7
Australie – Irlande 17 - 16
Qualifiés
Australie, Irlande
GROUPE B
France – Fidji 61 - 18
Écosse – Japon 32 - 11
Fidji – États-Unis 19 - 18
France – Japon 51 - 29
Écosse – États-Unis 39 - 15
Fidji – Japon 41 - 13
France – Écosse 51 - 9
États-Unis – Japon 39 - 26
France – États-Unis 41 - 14
Écosse – Fidji 22 - 20
Qualifiés
France, Écosse
GROUPE C
Afrique du Sud – Uruguay 72 - 6
Angleterre – Géorgie 84 - 6
Samoa – Uruguay 60 - 13
Angleterre – Afrique du Sud 25 - 6
Samoa – Géorgie 46 - 9
Afrique du Sud – Géorgie 46 - 19
Angleterre – Samoa 35 - 22
Uruguay – Géorgie 24 - 12
Afrique du Sud – Samoa 60 - 10
Angleterre – Uruguay 111 - 13
Qualifiés
Angleterre, Afrique du Sud
GROUPE D
Nouvelle-Zélande – Italie 70 - 7
Pays de Galles – Canada 41 - 10
Italie – Tonga 36 -12
Nouvelle-Zélande – Canada 68 – 6
Pays de Galles – Tonga 27 - 20
Italie – Canada 19 - 14
Nouvelle-Zélande – Tonga 91 - 7
Pays de Galles – Italie 27 - 15
Canada – Tonga 24 - 7
Nlle-Zélande – Pays de Galles 53 - 37
Qualifiés
Nouvelle-Zélande, Pays de Galles
QUARTS DE FINALE
Nelle-Zélande – Afrique du Sud 29 - 9
Australie – Écosse 33 - 16
France – Irlande 43 - 21
Angleterre – Pays de Galles 28 - 17
DEMI!FINALES
Australie – Nouvelle-Zélande 22 - 10
Angleterre – France 24 - 7
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
216
FINALE
Angleterre – Australie 20 - 17 (a.p.)
MATCH POUR LA 3e PLACE
Nouvelle-Zélande – France 40 - 13
STATISTIQUES
Record de points marqués dans un match
142 (Australie bat Namibie 142 à 0)
Record de points marqués
Nouvelle-Zélande (361)
Record d’essais marqués par une équipe
Nouvelle-Zélande (52)
En 48 matches, 2 835 points ont été marqués, dont 332 essais (moyenne 59 points
dont 6,9 essais par match)
Meilleurs marqueurs d’essais
Doug Howlett et Mils Muliaina (N-Z) 7
Meilleur marqueur
Jonny Wilkinson (Ang.) 113
Nombre de spectateurs
1,8 million en 48 matches
SKI
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Saint-Moritz, Suisse, 2-16 février)
MESSIEURS
Descente
1. M. Walchofer (Autr.)
2. K.A. Aamodt (Norv.)
3. B. Kernen (Suisse)
Super-G
1. S. Eberharter (Autr.)
2. H. Maier (Autr.) et B. Miller (É-U)
Géant
1. B. Miller (É-U)
2. H. Knauss (Autr.)
3. E. Schlopy (É-U)
Slalom
1. I. Kostelic (Croatie)
2. S. Zurbriggen (Suisse)
3. G. Rocca (Ital.)
Combiné
1. B. Miller (É-U)
2. L. Kjus (Norv.)
3. K.A. Aamodt (Norv.)
DAMES
Descente
1. M. Turgeon (Can.)
2. C. Rey-Bellet (Suisse) et A. Meissnitzer
(Autr.)
Super-G
1. M. Dorfmeister (Autr.)
2. K. Clark (É-U)
3. J. Mendes (É-U)
Géant
1. A. Paerson (Suède)
2. D. Karbon (Ital.)
3. A. Forsyth (Can.)
Slalom
1. J. Kostelic (Croatie)
2. M. Schild (Autr.)
3. N. Hosp (Autr.)
Combiné
1. J. Kostelic (Croatie)
2. N. Hosp (Autr.)
3. M. Oester (Suisse)
COUPE DU MONDE
MESSIEURS
Général
1. S. Eberharter (Autr.) 1 333 pts
2. B. Miller (É-U)
3. K. A. Aamodt (Norv.)
Descente
S. Eberharter (Autr.)
Super-G
S. Eberharter (Autr.)
Géant
M. von Gruenigen (Suisse)
Slalom
K. Palander (Finl.)
DAMES
Général
1. J. Kostelic (Croatie) 1 570 pts
2. K. Putzer (Ital.)
3. A. Paerson (Suède)
Descente
M. Dorfmeister (Autr.)
Super-G
C. Montillet (Fr.)
Géant
A. Paerson (Suède)
Slalom
J. Kostelic (Croatie)
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SPORTS ET RÉSULTATS
217
TENNIS
INTERNATIONAUX D’AUSTRALIE
(Melbourne, 13-26 janvier)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
R. Schuettler (All.) bat A. Roddick (É-U) 7-5,
2-6, 6-3, 6-3
A. Agassi (É-U) bat W. Ferreira (Afr. du S.)
6-2, 6-2, 6-3
Finale
Agassi bat Schuettler 6-2, 6-2, 6-1
SIMPLE DAMES
Demi-finales
V. Williams (É-U) bat J. Henin-Hardenne
(Belg.) 6-3, 6-3
S. Williams (É-U) bat K. Clijsters (Belg.) 4-6,
6-3, 7-5
Finale
S. Williams bat V. Williams 7-6 (7/4), 3-6, 6-4
DOUBLE MESSIEURS
Finale
M. Llodra/F. Santoro (Fr.) battent
M. Knowles/D. Nestor (Baham./Can.) 6-4,
3-6, 6-3
DOUBLE DAMES
Finale
S. Williams/V. Williams (É-U) battent V. Ruano Pascal/P. Suarez (Esp./Arg.) 4-6, 6-4, 6-3
DOUBLE MIXTE
Finale
M. Navratilova/L. Paes (É-U/Inde) battent
E. Daniilidou/T. Woodbridge (Grèce/Austr.)
INTERNATIONAUX DE FRANCE
(Roland-Garros, 26 mai-8 juin)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
M. Verkerk (P-B) bat G. Coria (Arg.) 7-6 (7/4),
6-4, 7-6 (7/0)
J.-C. Ferrero (Esp.) bat A. Costa (Esp.) 6-3,
7-6 (7/5), 6-4
Finale
Ferrero bat Verkerk 6-1, 6-3, 6-2
SIMPLE DAMES
Demi-finales
K. Clijsters (Belg.) bat N. Petrova (Russie)
7-5, 6-1
J. Henin-Hardenne (Belg.) bat S. Williams
(É-U) 6-2, 4-6, 7-5
Finale
J. Henin-Hardenne bat K. Clijsters 6-0, 6-4
DOUBLE MESSIEURS
Finale
B. Bryan-M. Bryan (É-U) battent P. HaarhuisE. Kafelnikov (P-B/Russie) 7-6 (7/3), 6-3
DOUBLE DAMES
Finale
K. Clijsters-A. Sugiyama (Belg./Jap.) battent
V. Ruano Pascual-P. Suarez (Esp./Arg.) 6-7
(5/7), 6-2, 9-7
DOUBLE MIXTE
Finale
L. Raymond-M. Bryan (É-U) battent
E. Likhovtseva-M. Bhupathi (Russie/Inde)
6-3, 6-4
WIMBLEDON
(23 juin – 6 juillet)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
M. Philippoussis (Austr.) bat S. Grosjean (Fr.)
7-6 (7/3), 6-3, 6-3
R. Federer (Suisse) bat A. Roddick (É-U) 7-6
(8/6), 6-3, 6-3
Finale
Federer bat Philippoussis 7-6 (7/5), 6-2, 7-6
(7/3)
SIMPLE DAMES
Demi-finales
S. Williams (É-U) bat J. Henin-Hardenne
(Belg.) 6-3, 6-2
V. Williams (É-U) bat K. Clijsters (Belg.) 4-6,
6-3, 6-1
Finale
S. Williams bat V. Williams 4-6, 6-4, 6-2
DOUBLE MESSIEURS
Finale
T. Woodbridge-J. Bjorkman (Austr./Suède)
battent M. Bhupathi-M. Mirnyi (Inde/Biél.) 3-6,
6-3, 7-6 (7/4), 6-3
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
218
DOUBLE DAMES
Finale
K. Clijsters-A. Sugiyama (Belg./Jap.) battent
V. Ruano Pascual-P. Suarez (Esp./Arg.) 6-4,
6-4
DOUBLE MIXTE
Finale
M. Navratilova-L. Paes (É-U/Inde) battent
A. Rodianova-Andy Ram (Russie/Isr.) 6-3,
6-3
US OPEN
(25 août – 7 septembre)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
J.-C. Ferrero (Esp.) bat A. Agassi (É-U) 6-4,
6-3, 3-6, 6-4
A. Roddick (É-U) bat D. Nalbandian (Arg.) 6-7
(4/7), 3-6, 7-6 (9/7) 6-1, 6-3
Finale
Roddick bat Ferrero 6-3, 7-6 (7/2), 6-3
SIMPLE DAMES
Demi-finales
K. Clijsters (Belg.) bat L. Davenport (É-U)
6-2, 6-3
J. Henin-Hardenne (Belg.) bat J. Capriati (ÉU) 4-6, 7-5, 7-6 (7/4)
Finale
Henin-Hardenne bat Clijsters 7-5, 6-1
DOUBLE MESSIEURS
Finale
J. Bjorkman-T. Woodbridge (Suède/Austr.)
battent B. Bryan-M. Bryan (É-U) 5-7, 6-0, 7-5
DOUBLE DAMES
Finale
V. Ruano Pascual-P. Suarez (Esp./Arg.)
battent S. Kuznetskova-M. Navratilova
(Russie/É-U), 6-2, 6-3
DOUBLE MIXTE
Finale
K. Srebotnik-B. Bryan (Slovén./É-U) battent
L. Krasnoroutskaya-D. Nestor (Russie/Can.)
5-7, 7-5, 7-6 (10/5)
MASTERS
MESSIEURS
!HOUSTON, 10!16 NOVEMBRE!
Demi-finales
A. Agassi (É-U) bat R. Schüttler (All.) 5-7,
6-0, 6-4
R. Federer (Suisse) bat A. Roddick (É-U) 7-6
(7/2), 6-2
Finale
Federer bat Agassi 6-3, 6-0, 6-4
DAMES
!LOS ANGELES, 3!10 NOVEMBRE!
Demi-finales
K. Clijsters (Belg.) bat J. Capriati (É-U) 4-6,
6-3, 6-0
A. Mauresmo (Fr.) bat J. Henin-Hardenne
(Belg.) 7-6 (7/2), 3-6, 6-3.
Finale
Clijsters bat Mauresmo 6-2, 6-0
CLASSEMENT DE LA CHAMPION’S
RACE ATP AU 31 DÉCEMBRE 2003
1. Andy Roddick (É-U) 907 pts
2. Roger Federer (Suisse) 875 pts
3. Juan-Carlos Ferrero (Esp.) 841 pts
4. Andre Agassi (É-U) 685 pts
5. Guillermo Coria (Arg.) 666 pts
6. Rainer Schuettler (All.) 641 pts
7. Carlos Moya (Esp.) 456 pts
8. David Nalbandian (Arg.) 412 pts
9. Mark Philippoussis (Austr.) 323 pts
10. Sébastien Grosjean (Fr.) 322 pts
CLASSEMENT WTA
AU 31 DÉCEMBRE 2003
1. Justine Henin-Hardenne (Belg.)
6 628 pts
2. Kim Clijsters (Belg.) 6 553 pts
3. Serena Williams (É-U) 3 916 pts
4. Amélie Mauresmo (Fr.) 3 194 pts
5. Lindsay Davenport (É-U) 2 990 pts
6. Jennifer Capriati (É-U) 2 766 pts
7. Anastasia Myskina (Russie) 2 581 pts
8. Elena Dementieva (Russie) 2 383 pts
9. Chanda Rubin (É-U) 2 328 pts
10. Ai Sugiyama (Japon) 2 235 pts
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SPORTS ET RÉSULTATS
219
COUPE DAVIS
(du 28 au 30 novembre à Melbourne)
Finale
Australie bat Espagne 3 victoires à 1
FED CUP
(du 21 au 23 novembre à Moscou)
Finale
France bat États-Unis 4 victoires à 1
TENNIS DE TABLE
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Paris, 19-25 mai)
SIMPLE MESSIEURS
1. W. Schlager (Autr.)
2. Joo Se-hjuk (CdS)
3. Kong Linghui (Chine) et K. Kreanga
(Grèce)
SIMPLE DAMES
1. Wang Nan (Chine)
2. Zhang Yining (Chine)
3. Li Ju (Chine) et T. Boros (Croatie)
DOUBLE MESSIEURS
1. Wang Liqin/Yan Sen (Chine)
2. Wang Hao/Kong Linghui (Chine)
3. Ma Lin/Qin Zhijian (Chine) et Oh Sangeun/Kim Taek-soo (CdS)
DOUBLE DAMES
1.
2.
3.
Ju
Wang Nan/Zhang Yining (Chine)
Niu Jianfeng/Guo Yue (Chine)
Suk Eun-mi/Lee Eun-mi (CdS) et Li Jia/Li
(Chine)
DOUBLE MIXTES
1. Ma Lin/Wang Nan (Chine)
2. Liu Guozheng/Bai Yang (Chine)
3. Wang Hao/Li Nan (Chine) et Qin Zhijian/
Niu Jianfeng (Chine)
VOILE
COUPE DE L’AMERICA
(Auckland, janvier-mars)
Alinghi (Suisse) bat New-Zealand (N-Z)
5 victoires à 0
AROUND ALONE
(arrivée Newport le 1er mai)
1. B. Stamm (Suisse/Bobst Group-Armor
Lux) 17 j 19 h 30 min 10 s
2. S. Bianchetti (Ital./Tiscali)
3. T. Dubois (Fr./Solidaires)
SOLITAIRE DU FIGARO
(arrivée Saint-Nazaire le 22 août)
1. A. Le Cléac’h (Fr./Créaline)
327 h 08 min 19 s
2. A. Gautier (Fr./Foncia) à 13 min
M. Desjoyeaux (Fr./Géant) à 1 h 26 min 7 s
VOLLEY
CHAMPIONNAT DE FRANCE
Finale
Paris Volley bat Tours 2 victoires à 1
COUPE DE FRANCE
Finale
Tours bat Poitiers 3 sets a 1
LIGUE DES CHAMPIONS
(Milan, 22-23 mars)
Demi-finales
Belgorod (Russie) bat Paris Volley (Fr.) 3 à 2
Modène (Ital.) bat Kedzierzyn (Pol.) 3 à 1
Finale
Belgorod bat Modène 3 à 0
Match pour la 3e place
Kedzierzyn bat Paris Volley 3 à 0
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
220
CHAMPIONNAT D’EUROPE
(Allemagne, 1-14 septembre)
Demi-finales
Italie bat Russie 3 à 0
France bat Serbie-Monténégro 3 à 2
Finale
Italie bat France 3 à 2
Match pour la 3e place
Russie bat Serbie-Monténégro 3 à 0
COUPE DU MONDE
(Japon, 15-30 novembre)
1. Brésil 22 pts
2. Italie 20
3. Serbie-Monténégro 20
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
Statistiques
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STATISTIQUES
223
AFGHANISTAN
Superficie : 650 000 km 2
Population (hormis la capitale) : 23 897 000 hab.
Capitale : Kaboul
2 454 400 hab.
Chef du gouvernement provisoire : Hamid Karzai
Organisation administrative :
30 provinces
Langues officielles : pachto,
dari
Religion : islam
Monnaie : afghani
➡ HISTORIQUE
1879 : traité de Gandamak, instituant une tutelle anglo-russe
sur le pays.
1921 : déclaration
d’indépendance.
1973 : renversement de la
monarchie.
1978 : prise du pouvoir par le
PC.
1979-1989 : intervention
soviétique.
1992 : chute des communistes
et prise du pouvoir par les
moudjahidin.
1994 : les talibans prennent
Kaboul.
2001 : chute des talibans.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
21,5 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 51,8 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 46,72 ‰
Taux de mortalité : 20,55 ‰
Taux de mortalité infantile :
161,3 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 47 ans
Défense
Total forces armées :
429 000 hommes
➡ TENDANCES
Le départ des talibans, remplacés
par un gouvernement soutenu
par les Américains, n’a pas ramené la paix attendue. La violence
et l’insécurité sont redevenues
le lot quotidien de l’Afghanistan.
Kaboul doit une paix relative à la
seule présence de l’ISAF passée
en août sous commandement de
l’OTAN. Le pays attend que le rôle
de cette force internationale soit
étendu aux autres régions.
AFRIQUE DU SUD
Superficie : 1 221 000 km 2
Population : 45 026 000 hab.
Capitales : Pretoria (capitale
administrative), Le Cap (siège
du Parlement) 854 616 hab.
(2 800 000 hab. dans
l’agglomération),
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État et du gouvernement : (président de la
République) Thabo Mbeki
Organisation administrative :
9 provinces
Langues officielles : zoulou,
xhosa, venda, tswana, tsonga,
swazi, sotho, pedi, ndebele,
anglais, afrikaans
Religions : protestantisme,
Églises indigènes, animisme
Monnaie : rand
➡ HISTORIQUE
1814 : la pays passe sous
administration britannique.
1899-1902 : guerre des Boers.
1910 : création de l’Union
sud-africaine, sous mandat
britannique.
1912 : création de l’ANC.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
224
1948 : instauration de
l’apartheid.
1985 : instauration de l’état
d’urgence.
1990 : F. De Klerk légalise l’ANC et libère Nelson
Mandela.
1994 : victoire de l’ANC aux
élections ; Nelson Mandela
président du pays.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 34 hab./km 2
Part de la population urbaine :
50,2 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 34 %, 15-65 ans
60,3
Taux
Taux
Taux
59,2
%,
de
de
de
‰
+ 65 ans 5,7 %
natalité : 26,26 ‰
mortalité : 12,24 ‰
mortalité : infantile
Espérance de vie : hommes
47 ans, femmes 50 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 113 milliards de $
PNB/hab. : 2 600 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
10 %
Structure du PIB : 4,5 % pour
l’agriculture, 38,5 % pour
l’industrie, 56,9 % pour les
services
Dette extérieure : 25 222 millions de $
Défense
Total forces armées :
69 950 hommes
Budget de la Défense 1,5 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 18,2 %
Apport en calories 2 933 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 106/1 000 hab.
Téléphones : 107/1 000 hab.
Télévisions : 109/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Bien que l’Afrique du Sud représente à elle seule quelque 40 %
de l’activité économique de
l’Afrique sub-saharienne, de
nombreux problèmes structurels obèrent toute perspective
d’amélioration à court terme. Le
développement économique se
trouve littéralement freiné par le
climat de violence et d’insécurité
dans lequel baigne le pays.
ALBANIE
Superficie : 29 000 km 2
Population : 3 166 000 hab.
Capitale : Tirana 279 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Alfred Moisiu
Chef du gouvernement : Fatos
Nano
Organisation administrative :
36 districts
Langue officielle : albanais
Religions : islam, christianisme
Monnaie : lek
➡ HISTORIQUE
1912 : l’indépendance du
pays est arrachée à l’Empire
ottoman.
1939-1944 : occupation du
pays par les Italiens puis par
les Allemands.
1946 : l’Albanie devient une
république socialiste.
Le président Enver Hoxha
institue un régime collectiviste
et se rapproche de la Chine
maoïste.
1990 : chute du régime
communiste.
1992 : le politicien de centre
droit Sali Berisha est élu à la
présidence.
1997 : l’ancien communiste
Rexhep Medjani succède à
Sali Berisha.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 123 hab./km 2
Part de la population urbaine :
41,0 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 30 %, 15-65 ans
61 %, + 65 ans 9 %
Taux de natalité : 16,23 ‰
Taux de mortalité : 5,54 ‰
Taux de mortalité : infantile
25 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 4,41 milliards de $
PNB/hab. : 1 120 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
5,3 %
Structure du PIB : 52,6 % pour
l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 21,4 % pour les services
Dette extérieure : 706 millions
de $
Défense
Total forces armées :
54 000 hommes
Budget de la Défense 2,3 %
du PIB
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STATISTIQUES
225
➡ TENDANCES
L’Albanie a montré qu’elle entendait s’engager – fût-ce lentement
– sur la voie d’une intégration européenne suspendue aux critères
définis par Bruxelles. Convaincu
de la bonne volonté du gouvernement albanais, Bruxelles a décidé d’ouvrir des négociations en
vue de la conclusion d’un accord
de stabilisation et d’association.
En attendant de pouvoir rejoindre l’Union européenne, l’Albanie devrait frapper aux portes
de l’OTAN, qui semble davantage
à portée de ses ambitions.
ALGÉRIE
Superficie : 2 380 000 km 2
Population : 31 000 000 hab.
Capitale : Alger
(1 885 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président
de la République) Abdelaziz
Bouteflika
Chef du gouvernement :
Ahmed Ouyahia
Organisation administrative :
48 wilayas
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dinar algérien
➡ HISTORIQUE
1857 : domination de la France
sur l’ensemble du pays.
1930 : création des mouvements nationalistes et
islamistes.
1945 : émeute lourdement
réprimée à Sétif.
1954 : début de la guerre
d’indépendance.
1962 : indépendance de
l’Algérie.
1965 : Houari Boumediene
renverse Ahmed Ben Bella.
1988 : émeutes réprimées
dans le sang.
1991 : le Front islamique du
salut (FIS) remporte le premier
tour des élections législatives.
Le processus électoral est
alors interrompu.
1992 : assassinat du président
Boudiaf.
1999 : élection d’Abdelaziz
Bouteflika.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 13 hab./km 2
Part de la population urbaine :
59,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 34,8 %, 1565 ans 59,2 %, + 65 ans 6 %
Taux de natalité : 25,34 ‰
Taux de mortalité : 5,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
42,8 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 54 milliards de $
PNB/hab. : 1 720 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,1 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,4 %
Structure du PIB : 11,4 % pour
l’agriculture, 50,7 % pour
l’industrie, 37,9 % pour les
services
Dette extérieure : 30 921 millions de $
Taux de chômage : 26,4 %
Défense
Total forces armées :
122 000 hommes
Budget de la Défense 3,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
À l’approche des présidentielles
d’avril 2004, la vie politique algérienne a montré des signes de
normalisation. Le limogeage en
mai du Premier ministre Ali Benflis, qui faisait de l’ombre au président Bouteflika, aura eu le mérite
de donner plus de transparence
à la compétition pour le pouvoir.
En juin, les chefs de file du mouvement de contestation kabyle
ont été remis en liberté et, le mois
suivant, ce sont les chefs historiques du FIS qui sortaient de prison. Mais le séisme meurtrier du
22 mai et la menace persistante
des islamistes ont contribué à alimenter les griefs de la population
envers un pouvoir et une classe
politique accusés de n’avoir su
exploiter les potentialités du pays
ni en partager les richesses.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
226
ALLEMAGNE
Superficie : 357 000 km 2
Population : 82 476 000 hab.
Capitale : Berlin
3 324 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Johannes Rau
Chef du gouvernement :
Gerhard Schröder
Organisation administrative :
16 Länder
Langue officielle : allemand
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1871 : proclamation à Versailles de l’Empire allemand,
sous domination prussienne.
1918 : défaite de l’Allemagne
et abdication de l’empereur
Guillaume II. Proclamation de
la République de Weimar.
1933 : arrivée de Hitler au
pouvoir.
1945 : défaite de l’Allemagne
et occupation du pays par les
troupes alliées.
1948 : blocus de Berlin par les
Soviétiques.
1961 : érection d’un mur séparant les deux côtés de Berlin
par les autorités d’Allemagne
de l’Est.
1991 : réunification des deux
Allemagnes.
1998 : le chancelier démocrate-chrétien Helmut Kohl,
au pouvoir depuis 1982, est
remplacé par le social-démocrate Gerhard Schröder.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 235 hab./km 2
Part de la population urbaine :
87,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 15,5 %,
15-65 ans 68,1 %, + 65 ans
16,3 %
Taux de natalité : 9,4 ‰
Taux de mortalité : 10,77 ‰
Taux de mortalité : infantile
4,9 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 870 milliards de $
PNB/hab. : 22 670 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 0,2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,3 %
Structure de la population
active : agriculture 3,2 %,
mines et industrie 36,5 %,
services 60,2 %
Structure du PIB : 1 % pour
l’agriculture, 30,9 % pour
l’industrie, 68 % pour les
services
Dette brute : 63,1 % du PIB
Taux de chômage : 7,9 %
Défense
Total forces armées :
322 800 hommes
Budget de la Défense 1,2 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 294
Apport en calories 3 330 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 79/1 000 hab.
Téléphones : 550/1 000 hab.
Télévisions : 564/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Reconduit de justesse à la tête de
la chancellerie le 22 septembre
2002, Gerhard Schröder a commencé son deuxième mandat
dans un climat social délétère,
alourdi par un bilan économique
confirmant les tendances à la
récession et aux déficits. La gravité de la situation économique a
toutefois valu au chancelier, déjà
dopé par le soutien de l’opinion à
son refus de cautionner la guerre
contre l’Irak, un certain consensus de la classe politique, depuis
ses alliés verts jusqu’à l’opposition
chrétienne-démocrate, autour
de réformes structurelles jugées
indispensables pour sortir du
rouge la première puissance économique de l’UE. C’est ainsi qu’il
a soumis le 18 juin au Bundestag
un texte visant à réformer le système de santé.
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STATISTIQUES
227
ANDORRE
Superficie : 465 km 2
Population : 71 000 hab.
Capitale : Andorre-la-Vieille
25 000 hab.
Nature de l’État et du
régime politique : régime
parlementaire
Chef de l’État : (Coprince) Joan
Enric Vives ; Jacques Chirac
Chef du gouvernement : Marc
Forné Molné
Organisation administrative :
7 paroisses
Langue officielle : catalan
Religion : catholicisme
Monnaies : peseta espagnole,
peseta andorrane, franc
français
➡ HISTORIQUE
1278 : la principauté se place
sous la double suzeraineté de
l’évêque d’Urgel et du comte
de Foix.
1607 : les droits du comte de
Foix sont transmis au souverain français.
1993 : la principauté se dote de
sa première Constitution écrite
et entre à l’ONU.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 147 hab./km 2
Part de la population urbaine :
93 %
ANGOLA
Superficie : 1 246 700 km 2
Population : 13 625 000 hab.
Capitale : Luanda
(2 200 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (président de la
République) José Eduardo
Dos Santos
Organisation administrative :
18 provinces
Langue officielle : portugais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : kwanza
➡ HISTORIQUE
1482 : arrivée des premiers
colons portugais.
1920 : le Portugal domine
l’ensemble du pays.
1961 : première insurrection
nationaliste.
1975 : indépendance de
l’Angola.
1979 : mort du premier président Agostino Neto. Son successeur Eduardo Dos Santos,
du MPLA, passe un accord
provisoire avec le mouvement
rebelle de l’UNITA.
1992 : premières élections
libres. Succès pour Dos Santos et pour le MPLA. La guerre
civile continue.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 10 hab./km 2
Part de la population urbaine :
33,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 48,2 %, 1565 ans 47,3 %, + 65 ans 4,5 %
Taux de natalité : 47,80 ‰
Taux de mortalité : 18,75 ‰
Taux de mortalité : infantile
117,7 ‰
Espérance de vie : hommes
45 ans, femmes 48 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 9,19 milliards de $
PNB/hab. : 660 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 17,1 %
Structure du PIB : 6,9 % pour
l’agriculture, 77,1 % pour
l’industrie, 16,1 % pour les
services
Dette extérieure : 10 160 millions de $
Défense
Total forces armées :
110 500 hommes
Budget de la Défense 5,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’Angola du président José
Eduardo dos Santos a connu une
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
228
année sans heurts majeurs. Sans
doute lui en faudra-t-il d’autres de
cette sorte pour arriver à initier un
développement compromis par
des années de guerre. Il est vrai
que, malgré la manne pétrolière,
la situation sociale est réellement
catastrophique. Ainsi, plus de
30 % des enfants meurent avant
d’avoir atteint cinq ans et que
40 % souffrent de malnutrition.
ANTIGUA!ET!
BARBUDA
Superficie : 442 km 2
Population : 73 000 hab.
Capitale : Saint John’s
25 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par James
B. Carlisle
Chef du gouvernement : Lester
Bird
Organisation administrative :
7 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar des Caraïbes
orientales
➡ HISTORIQUE
1860 : les deux îles sont
réunies sous la domination
britannique.
1981 : indépendance du pays.
1994 : Lester Bird succède
comme premier ministre à son
père Vere, lui-même au pouvoir depuis 1946 (sauf entre
1971 et 1976).
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 153 hab./km 2
Part de la population urbaine :
36,6 %
Taux
Taux
Taux
17,3
de natalité : 20,38 ‰
de mortalité : 5 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
72 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,647 milliard de $
PNB/hab. : 9 390 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 3,7 %
Structure PIB : 3,9 % pour
l’agriculture, 19,2 % l’industrie,
76,8 % les services
Défense
Total forces armées :
150 hommes
Budget de la Défense 0,6 %
du PIB
ARABIE SAOUDITE
Superficie : 2 150 000 km 2
Population : 24 217 000 hab.
Capitale : Riyad
3 324 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État et du gouvernement : (Roi) Fahd ibn Abd
al-Aziz al-Saud
Organisation administrative :
13 provinces
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : riyal saoudien
➡ HISTORIQUE
1819 : l’Empire ottoman
domine le pays.
1902 : Ibn Séoud entreprend
l’unification du pays.
1974 : accords préférentiels
avec les États-Unis.
1975 : assassinat du
souverain.
1989 : application de la loi
islamique.
1995 : incidents de frontière
avec le Yémen.
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STATISTIQUES
229
1996 : le prince Abdallah
devient régent du royaume.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 9 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,1 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 42,9 %, 1565 ans 52,3 %, + 65 ans 4,8 %
Taux de natalité : 33,66 ‰
Taux de mortalité : 4,14 ‰
Taux de mortalité : infantile
20,6 ‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 181 milliards de $
PNB/hab. : 8 460 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2,1 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
– 0,4 %
Structure du PIB : 6,2 % pour
l’agriculture, 44,6 % pour
l’industrie, 49 % pour les
services
Défense
Total forces armées :
105 500 hommes
Budget de la Défense 10,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
Barrages routiers, fouilles, protection des lieux sensibles, particulièrement les bâtiments publics
et les lieux de résidence fréquentés par les étrangers, ont témoigné de la volonté des autorités
de mener une lutte sans merci
contre le terrorisme. Sur le plan
économique, les autorités ont
manifesté la volonté de diversifier les activités afin de réduire le
déficit budgétaire et de créer des
emplois. Une réorientation rendue nécessaire par la baisse des
recettes pétrolières.
ARGENTINE
Superficie : 2 780 000 km 2
Population : 38 428 000 hab.
Capitale : Buenos Aires
11 900 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) Nestor Kirchner
Organisation administrative :
23 provinces, 1 district fédéral
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso argentin
➡ HISTORIQUE
1816 : indépendance par rapport à l’Espagne.
1946 : Juan Domingo Perón
président de la République.
Il est déposé par une junte
militaire en 1955.
1973 : réélection de Perón.
1976 : coup d’État militaire ;
instauration de la dictature.
1982 : la guerre des Malouines
contre la Grande-Bretagne
précipite la chute de la junte.
1983 : élection de Raúl
Alfonsin.
1989 : Carlos Menem lui
succède.
1999 : après l’échec du
Parti justicialiste (péroniste) de
Menem en 1997, Fernando de
la Rúa succède à celui-ci.
2001 : démission de de la Rúa.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 13 hab./km 2
Part de la population urbaine :
89,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 27,7 %, 1565 ans 59 %, + 65 ans 13,3 %
Taux de natalité : 19,24 ‰
Taux de mortalité : 7,95 ‰
Taux de mortalité : infantile
20 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 154 milliards de $
PNB/hab. : 4 060 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 11 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
25,6 %
Structure du PIB : 4,6 % pour
l’agriculture, 28,2 % pour
l’industrie, 67,1 % pour les
services
Dette extérieure : 123 221 millions de $
Défense
Total forces armées :
70 500 hommes
Budget de la Défense 1,0 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 3,8 %
Apport en calories 3 136 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
230
Automobiles : 127/1 000 hab.
Téléphones : 191/1 000 hab.
Télévisions : 219/1 000 hab.
➡ TENDANCES
L’Argentine s’est dotée d’un nouveau président en la personne
de Nestor Kirchner. L’arrivée d’un
chef de l’État issu des urnes a mis
un terme à une parenthèse institutionnelle de dix-sept mois. Son
prédécesseur, Eduardo Duhalde,
n’avait pas été élu, mais désigné
par le Congrès le 1er janvier 2002
dans une Argentine au bord du
chaos. Mais la victoire de M. Kirchner, consécutive à l’abandon de
son adversaire, l’ex-président Carlos Menem, n’est pas sans poser
la question de la gouvernabilité
de l’Argentine.
ARMÉNIE
Superficie : 29 800 km 2
Population : 3 061 000 hab.
Capitale : Erevan
(1 284 000 hab.)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Robert Kotcharian
Chef du gouvernement : Adranik Markarian
Organisation administrative :
37 districts ruraux
Langue officielle : arménien
Religion : Église arménienne
Monnaie : dram arménien
➡ HISTORIQUE
XVe siècle : les Turcs se rendent
maîtres de l’Arménie.
1829 : la Russie annexe
l’Arménie orientale.
1915 : génocide de près de
1,5 million d’Arméniens par les
Turcs.
1918 : l’Arménie orientale proclame son indépendance.
1920 : la nouvelle république
est soviétisée et la région
du Karabakh est rattachée à
l’Azerbaïdjan.
1991 : nouvelle proclamation
de l’indépendance.
1992-1995 : conflit avec
l’Azerbaïdjan.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 135 hab./km 2
Part de la population urbaine :
69,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 23,7 %,
15-65 ans 63,1 %, + 65 ans
13,2 %
Taux
Taux
Taux
15,4
de natalité : 10,75 ‰
de mortalité : 7,64 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,43 milliard de $
PNB/hab. : 790 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 12,9 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,1 %
Structure du PIB : 28,7 %
pour l’agriculture, 32,6 % pour
l’industrie, 38,7 % pour les
services
Dette extérieure : 666 millions
de $
Défense
Total forces armées :
53 400 hommes
Budget de la Défense 3,4 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les élections générales du 5 mars
et du 25 mai ont reconduit le
pouvoir en place. Par ailleurs,
en Arménie comme en Azerbaïdjan, la relance du processus de règlement du conflit du
Haut Karabagh a été reportée
au lendemain des élections. De
nouveau en charge des affaires,
le gouvernement retrouve la
question de la dette et doit engager les réformes pour attirer les
investissements.
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STATISTIQUES
231
AUSTRALIE
Superficie : 7 700 000 km 2
Population : 19 731 000 hab.
Capitale : Canberra
368 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Michael
Jeffery
Chef du gouvernement : John
Howard
Organisation administrative :
2 territoires, 6 États
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : dollar australien
➡ HISTORIQUE
1901 : l’Australie accède au
statut de Commonwealth of
Australia.
1914-1918 : 60 000 soldats
australiens sont tués lors de
la Première Guerre mondiale
(30 000 lors de la Seconde).
Années 60 et 70 : forte expansion économique et gouvernements libéraux.
1983 : retour des travaillistes
au pouvoir.
1988 : relâchement des liens
avec la Grande-Bretagne.
1996 : le conservateur John
Howard nouveau Premier
ministre.
2000 : par référendum, les Australiens rejettent la transformation du pays en république.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 2 hab./km 2
Part de la population urbaine :
84,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 20,5 %,
15-65 ans 63,2 %, + 65 ans
16,3 %
Taux de natalité : 13,13 ‰
Taux de mortalité : 7,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,2 ‰
Espérance de vie : hommes
76 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 387 milliards de $
PNB/hab. : 19 740 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,8 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
4,5 %
Structure de la population
active : agriculture 5,2 %,
mines et industrie 22,1 %,
services 72,7 %
Structure du PIB : 28 % pour
l’industrie
Dette brute : 33,6 % du PIB
Taux de chômage : 3,7 %
Défense
Total forces armées :
55 200 hommes
Budget de la Défense 1,7 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 400
Apport en calories 3 001 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 485/1 000 hab.
Téléphones : 505/1 000 hab.
Télévisions : 495/1 000 hab.
➡ TENDANCES
La lutte contre l’immigration et
la poursuite de la libéralisation
de l’économie ont constitué les
principales tâches du gouvernement australien conduit par John
Howard. Ce dernier a choisi de
soutenir les États-Unis au sujet de
l’intervention en Irak, prenant à
revers une opinion a priori hostile
au cavalier seul américain. Sur le
plan économique, l’année 2003
aura été un bon millésime. Le
taux de croissance de l’Australie la
place au deuxième rang des pays
de l’OCDE, juste derrière l’Irlande.
AUTRICHE
Superficie : 84 000 km 2
Population : 8 116 000 hab.
Capitale : Vienne
(2 100 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
232
Chef de l’État : (Président
fédéral) Thomas Klestil
Chef du gouvernement : Wolfgang Schüssel
Organisation administrative :
9 États fédérés
Langue officielle : allemand
Religion : catholicisme
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1918-1920 : démantèlement de
l’empire des Habsbourg.
1920 : proclamation de la République fédérale d’Autriche.
1938 : rattachement
(Anschluss) de l’Autriche à
l’Allemagne nazie.
1945 : proclamation de la
IIe République fédérale
d’Autriche.
1986 : élection à la présidence
de Kurt Waldheim contesté
pour son passé nazi.
1995 : adhésion de l’Autriche à
l’Union européenne.
2000 : constitution d’un gouvernement de coalition avec
l’extrême droite.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 98 hab./km 2
Part de la population urbaine :
64,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 16,6 %,
15-65 ans 62,7 %, + 65 ans
20,7 %
Taux de natalité : 9,65 ‰
Taux de mortalité : 10 ‰
Taux de mortalité : infantile
4,7 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 905 milliards de $
PNB/hab. : 23 390 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 0,9 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
2,4 %
Structure de la population
active : agriculture 2,2 %,
mines et industrie 32,9 %,
services 64,9 %
Structure du PIB : 1,5 % pour
l’agriculture, 30,5 % pour
l’industrie
Dette brute : 63,1 % du PIB
Taux de chômage : 6,4 %
Défense
Total forces armées :
40 500 hommes
Budget de la Défense 0,8 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 357
Apport en calories 3 343 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 469/1 000 hab.
Téléphones : 492/1 000 hab.
Télévisions : 497/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Six mois après la chute du gouvernement issu de l’alliance
« noir-bleu », et bien que le FPÖ
soit sorti affaibli des élections législatives, le chancelier Wolfgang
Schüssel a pris le risque de faire
appel à son ancien partenaire. Un
risque politique dont les conséquences pourraient bien échapper au chef du gouvernement
dans un contexte économique et
social particulièrement tendu sur
fond de réformes des retraites,
qui absorbent 14,5 % du PIB – le
système des retraites est l’un des
plus onéreux d’Europe. Pourtant,
l’Autriche reste la quatrième nation la plus riche d’Europe : après
trente ans de déficit, le pays est
aujourd’hui sur la voie de l’équilibre budgétaire.
AZERBAÏDJAN
Superficie : 87 000 km 2
Population : 8 370 000 hab.
Capitale : Bakou
1 720 000 hab.
(1 936 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Ilham Aliev
Chef du gouvernement : Artur
Rasizade
Organisation administrative :
65 régions, 1 république autonome, 11 villes
Langue officielle : azéri
Religion : islam chiite
Monnaie : manat
azerbaïdjanais
➡ HISTORIQUE
1828 : annexion du nord du
pays par la Russie.
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STATISTIQUES
233
1920 : soviétisation du pays.
1991 : proclamation de
l’indépendance.
1992 : conflit avec l’Arménie pour la possession du
Karabakh.
1993 : Gueidar Aliev, ancien
secrétaire du Parti communiste
accède à la présidence.
Il déjoue deux tentatives de
putsch en 1994 et 1995.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 92 hab./km 2
Part de la population urbaine :
57 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 29 %, 15-65 ans
60,5 %, + 65 ans 10,5 %
Taux de natalité : 14,7 ‰
Taux de mortalité : 6,73 ‰
Taux de mortalité : infantile
29,3 ‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,81 milliards de $
PNB/hab. : 710 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 10,6 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,8 %
Structure de la population
active : agriculture 30,3 %,
mines et industrie 35,5 %,
services 31,2 %
Structure du PIB : 23,3 %
pour l’agriculture, 35,4 % pour
l’industrie, 31,2 % pour les
services
Dette extérieure : 504 millions
de $
Défense
Total forces armées :
69 900 hommes
Budget de la Défense 2,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le scrutin du 15 octobre 2003 a
entériné la nature dynastique du
pouvoir en portant Ilham Aliev
à la présidence, où il succède à
son père Gueïdar, gravement malade. Cette victoire entachée de
fraudes a été saluée à Bakou par
des manifestations violemment
réprimées. Sur le plan économique, les restructurations et les
privatisations sont restées à l’état
de projet.
BAHAMAS
Superficie : 13 900 km 2
Population : 314 000 hab.
Capitale : Nassau
214 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Ivy
Dumont
Chef du gouvernement : Perry
Christie
Organisation administrative :
21 districts
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar des Bahamas
➡ HISTORIQUE
1718 : l’archipel devient une
colonie britannique.
1964 : constitution d’un gouvernement autonome.
1973 : indépendance de
l’archipel.
1987 : malgré la découverte de
l’implication de hauts dignitaires de son parti (le PLP)
dans un important trafic de
cocaïne, Lynden O. Pindling
est réélu pour la cinquième fois
au poste de Premier ministre.
1992 : le leader du MLN
accède au pouvoir.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 30 hab./km 2
Part de la population urbaine :
88,1 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 29,6 %, 1565 ans 62,4 %, + 65 ans 8 %
Taux de natalité : 19,12 ‰
Taux de mortalité : 4,94 ‰
Taux de mortalité : infantile
17,2 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 4,53 milliards de $
PNB/hab. : 14 960 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,9 %
Défense
Total forces armées :
860 hommes
Budget de la Défense 0,6 %
du PIB
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
234
BAHREÏN
Superficie : 660 km 2
Population : 724 000 hab.
Capitale : Manama
162 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État : (Émir) Hamad
ibn Isa Al Khalifa
Chef du gouvernement : Khalifa ibn Salman Al Khalifa
Organisation administrative :
12 régions
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dinar de Bahreïn
➡ HISTORIQUE
XVIe siècle : occupation
portugaise.
XVIIe siècle : occupation perse.
1914 : protectorat britannique.
1971 : proclamation de
l’indépendance.
1973 : élaboration d’une
Constitution, suspendue sine
die depuis 1975.
1981 : adhésion au Conseil de
coopération du Golfe.
1996 : émeutes et attentats.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 966 hab./km 2
Part de la population urbaine :
91,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 28,2 %, 1565 ans 67,1 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 19,8 ‰
Taux de mortalité : 3,58 ‰
Taux de mortalité : infantile
14,4 ‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 7,25 milliards de $
PNB/hab. : 11 130 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,1 %
Structure du PIB : 0,93 % pour
l’agriculture, 43,31 % pour
l’industrie, 55,75 % pour les
services
Défense
Total forces armées :
11 000 hommes
Budget de la Défense 4,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’émir Cheikh Hamad, qui s’était
décrété roi en février 2002, a
conduit en 2003 une politique
tout en finesse sur fonds de
guerre contre le régime de Saddam Hussein. Il lui a en effet fallu
ménager et l’allié américain et
une population largement hostile à l’intervention « Liberté pour
l’Irak ». Ainsi, Manama a accepté
d’accueillir le commandement
de la Ve flotte américaine.
BANGLADESH
Superficie : 143 000 km 2
Population : 146 736 000 hab.
Capitale : Dacca
9 000 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Lajuddin Ahmed
Chef du gouvernement : Khaleda Zia
Organisation administrative :
5 divisions
Langue officielle : bengali
Religion : islam
Monnaie : taka
➡ HISTORIQUE
1757 : domination britannique.
1947 : partage du Bengale en
deux : la partie orientale est
dévolue au Pakistan, tandis
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STATISTIQUES
235
que la partie occidentale va à
l’Inde.
1971 : après une guerre contre
le Pakistan, le Bengale oriental
devient le Bangladesh.
1975 : assassinat du leader
historique cheik Mujibur
Rahman.
1991 : rétablissement du système parlementaire.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 981 hab./km 2
Part de la population urbaine :
24 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 38,7 %, 1565 ans 56,4 %, + 65 ans 4,9 %
Taux de natalité : 27,98 ‰
Taux de mortalité : 9,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
67 ‰
Espérance de vie : hommes
60 ans, femmes 61 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 48,5 milliards de $
PNB/hab. : 360 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,4 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,4 %
Structure de la population
active : agriculture 63,2 %,
mines et industrie 9,6 %, services 27,2 %
Structure du PIB : 25,3 %
pour l’agriculture, 24,3 % pour
l’industrie, 50,5 % pour les
services
Dette extérieure : 15 125 millions de $
Défense
Total forces armées :
137 000 hommes
Budget de la Défense 1,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Engagé depuis son arrivée au
pouvoir en 2001 dans la lutte
contre la criminalité, le gouvernement de Khaleda Zia n’a guère
obtenu de résultats. Il aura été
plus heureux dans ses efforts
pour stabiliser l’environnement
macroéconomique, comme en
témoigne une croissance estimée à 5 % en 2003.
BARBADE
Superficie : 431 km 2
Population : 270 000 hab.
Capitale : Bridgetown
133 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Clifford
Husbands
Chef du gouvernement : Owen
Arthur
Organisation administrative :
11 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar de la Barbade
➡ HISTORIQUE
1966 : ancienne colonie
britannique, l’île proclame son
indépendance.
1994 : Owen Arthur succède à
L. Erksine Sandiford comme
Premier ministre.
1998 : O. Arthur propose la
constitution d’une fédération
des îles de la région.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 620 hab./km 2
Part de la population urbaine :
49,5 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 20,7 %,
15-65 ans 65,9 %, + 65 ans
13,4 %
Taux
Taux
Taux
10,9
de natalité : 13,62 ‰
de mortalité : 8,22 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,61 milliards de $
PNB/hab. : 9 750 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,5 %
Structure de la population
active : agriculture 4,7 %,
mines et industrie 19,6 %,
services 75,7 %
Dette extérieure : 644 millions
de $
Défense
Total forces armées :
610 hommes
Budget de la Défense 0,4 %
du PIB
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
236
BELGIQUE
Superficie : 30 500 km 2
Population : 10 318 000 hab.
Capitale : Bruxelles
134 395 hab. (1 100 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Albert II
Chef du gouvernement : Guy
Verhofstadt
Organisation administrative :
3 régions
Langues officielles : néerlandais, français, allemand
Religion : catholicisme
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1831 : reconnaissance définitive de l’indépendance de la
Belgique.
1945 : adhésion à l’ONU, au
Benelux (1948) et à l’OTAN
(1949).
1951 : Baudouin Ier succède à
son père Léopold III.
1958 : le pacte scolaire met
fin à l’opposition entre l’Église
catholique et les partis libéral
et socialiste.
1960 : indépendance du
Congo.
1977 : le pacte d’Egmont découpe le pays en trois régions
semi-autonomes : Flandre,
Wallonie, Bruxelles.
1993 : la Belgique devient un
État fédéral. Albert II succède sur le trône à son frère
Baudouin Ier.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 312 hab./km 2
Part de la population urbaine :
97,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 17,3 %,
15-65 ans 60,6 %, + 65 ans
22,1 %
Taux de natalité : 11,1 ‰
Taux de mortalité : 10,51 ‰
Taux de mortalité : infantile
4,2 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 240 milliards de $
PNB/hab. : 23 250 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 0,7 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
1,6 %
Structure de la population
active : agriculture 2,3 %,
mines et industrie 26 %, services 73 %
Structure du PIB : 1,5 % pour
l’agriculture, 27,8 % pour
l’industrie, 70,8 % pour les
services
Dette brute : 115,9 % du PIB
Taux de chômage : 7 %
Défense
Total forces armées :
41 750 hommes
Budget de la Défense 1,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Apport en calories 3 543 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 433/1 000 hab.
Téléphones : 468/1 000 hab.
Télévisions : 454/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Les Belges ont assumé avec
détermination leur opposition à
une intervention américaine unilatérale en Irak. Tout au long de la
crise, la population, les médias et
la quasi-totalité de la classe politique se sont accordés pour privilégier les moyens de pression
diplomatiques qui permettent
d’éviter le recours à la force. Une
détermination dont ont tenu
compte les partis politiques lors
des élections législatives de mai.
Celles-ci ont vu la victoire des socialistes et des libéraux, lesquels
ont formé une nouvelle coalition
sous la conduite de Guy Verhofstadt, le Premier ministre sortant.
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STATISTIQUES
237
BELIZE
Superficie : 23 000 km 2
Population : 256 000 hab.
Capitale : Belmopan
6 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Reine) Élisabeth II représentée par Colville
Young
Chef du gouvernement : Said
Musa
Organisation administrative :
6 districts
Langue officielle : anglais
Religion : catholicisme
Monnaie : dollar de Belize
➡ HISTORIQUE
1862 : la région passe sous
contrôle britannique.
1981 : proclamation de
l’indépendance.
1993 : signature d’un traité de
non-agression avec le Guatemala, qui avait longtemps
contesté l’indépendance de
Belize.
1994 : les forces britanniques
quittent définitivement le
territoire.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 11 hab./km 2
Part de la population urbaine :
53,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 38,4 %, 1565 ans 55,6 %, + 65 ans 6 %
Taux de natalité : 30,06 ‰
Taux de mortalité : 4,21 ‰
Taux de mortalité : infantile
30 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,75 milliard de $
PNB/hab. : 2 960 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,2 %
Structure du PIB : 18,6 % pour
l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 56,3 % pour les services
Dette extérieure : 383 millions
de $
Défense
Total forces armées :
1 050 hommes
Budget de la Défense 1,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le gouvernement a fait de la
diversification de la production
agricole et du développement
du tourisme l’axe de sa politique
économique et sociale. En dépit
de la croissance, le pays manque
toujours de devises. Il est vrai que
recettes tirées des privatisations
n’ont pas suffi à combler le déficit
budgétaire.
BÉNIN
Superficie : 113 000 km 2
Population : 6 736 000 hab.
Capitale : Porto-Novo
213 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Mathieu Kérékou
Organisation administrative :
6 départements
Langue officielle : français
Religions : catholicisme,
animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1883 : la France signe un
accord de protectorat avec le
roi Toffa.
1904 : le Dahomey devient une
colonie française.
1960 : indépendance du
Dahomey.
1975 : le Dahomey devient
la République populaire
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
238
un redéploiement des activités
vers le port de Cotonou.
du Bénin, d’obédience
marxiste-léniniste.
1990 : proclamation de la
République du Bénin, avec
une nouvelle Constitution
reconnaissant le multipartisme.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 55 hab./km 2
Part de la population urbaine :
41,5 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 46,4 %, 1565 ans 49,4 %, + 65 ans 4,2 %
Taux de natalité : 40,08 ‰
Taux de mortalité : 13 ‰
Taux de mortalité : infantile
80,6 ‰
Espérance de vie : hommes
51 ans, femmes 55 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,5 milliards de $
PNB/hab. : 380 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 5,8 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,3 %
Structure du PIB : 37,9 %
pour l’agriculture, 13,8 % pour
l’industrie, 48,3 % pour les
services
Dette extérieure : 1 624 millions de $
Défense
Total forces armées :
4 800 hommes
Budget de la Défense 1,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les élections législatives partielles qui se sont déroulées le
30 mars 2003 ont vu une large
victoire des formations soutenant
le président Mathieu Kérékou.
L’économie du pays a profité de
la crise en Côte d’Ivoire, grâce à
BHOUTAN
Superficie : 47 000 km 2
Population : 2 257 000 hab.
Capitale : Thimbu 28 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État : (Roi) Jigme
Singye Wangchuck
Chef du gouvernement :
Lyonpo Jigmi Thinley
Organisation administrative :
20 districts
Langue officielle : tibétain
Religion : bouddhisme
Monnaies : roupie indienne,
ngultrum
➡ HISTORIQUE
1910 : accord de semi-protectorat avec la Grande-Bretagne.
1959 : de nombreux réfugiés
tibétains affluent au Bhoutan.
1971 : le Bhoutan entre à
l’ONU.
1979 : les réfugiés tibétains
sont sommés de prendre la
nationalité bhoutanaise ou de
rentrer au Tibet.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 17 hab./km 2
Part de la population urbaine :
6,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 42,7 %, 1565 ans 50,8 %, + 65 ans 6,5 %
Taux de natalité : 38,4 ‰
Taux de mortalité : 9,78 ‰
Taux de mortalité : infantile
53,6 ‰
Espérance de vie : hommes
60 ans, femmes 63 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,505 milliard de $
PNB/hab. : 590 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 7,7 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
5 %
Structure du PIB : 37,7 %
pour l’agriculture, 36,7 % pour
l’industrie, 25,6 % pour les
services
Dette extérieure : 89 millions
de $
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STATISTIQUES
239
BIÉLORUSSIE
Superficie : 208 000 km 2
Population : 9 895 000 hab.
Capitale : Minsk
1 800 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président
de la République) Aleksandr
Loukachenko
Chef du gouvernement : Sergueï Sidorski
Organisation administrative :
6 provinces
Langues officielles : russe,
biélorusse
Religion : orthodoxie
Monnaie : rouble biélorusse
➡ HISTORIQUE
1793 : après le partage de la
Pologne, la Biélorussie est
annexée par la Russie.
1919 : soviétisation du pays.
1941-1944 : occupation
allemande.
La moitié de la population est
anéantie.
1991 : indépendance de la Biélorussie, qui forme la CEI avec
la Russie et l’Ukraine.
1994 : le nouveau président
Aleksandr Loukachenko institue un régime autoritaire et se
rapproche de la Russie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 48 hab./km 2
Part de la population urbaine :
70,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18,7 %,
15-65 ans 62,4 %, + 65 ans
18,9 %
Taux
Taux
Taux
12,5
de natalité : 9,23 ‰
de mortalité : 13,2 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
62 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 13,5 milliards de $
PNB/hab. : 1 360 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,7 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
42,6 %
Structure du PIB : 12,9 %
pour l’agriculture, 42,1 %
pour l’industrie, 45 % pour les
services
Dette extérieure : 1 162 millions de $
Défense
Total forces armées :
80 900 hommes
Budget de la Défense 0,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
Aux marges d’une Europe élargie, la Biélorussie a continué de
perpétuer le modèle soviétique
sous la férule du président Loukachenko. Un régime autoritaire
qui s’installe dans la durée dans
un pays en autarcie, où l’économie montre les signes d’une
reprise. En effet, la Biélorussie a
confirmé sa position de producteur performant d’armements,
de tracteurs et d’outils de haute
précision, sans réussir à endiguer
la pauvreté.
BIRMANIE
Superficie : 678 000 km 2
Population : 49 485 000 hab.
Capitale : Rangoon 2 513 023 hab.
(4 196 000 hab. dans
l’agglomération)
Chef de l’État et du gouvernement : général Than Shwe
Organisation administrative :
7 provinces, 7 États
Langue officielle : birman
Religion : bouddhisme
Monnaie : kyat
➡ HISTORIQUE
1886 : la Birmanie devient une
province de l’Empire britannique des Indes.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
240
1937 : la Birmanie est séparée des Indes britanniques
et s’achemine vers une
semi-autonomie.
1942-1945 : occupation
japonaise.
1948 : l’Union birmane accède
à l’indépendance. Les minorités karen et kachin entrent en
dissidence.
1962 : le président U Nu est
déposé par l’armée.
1988 : l’armée reprend le
pouvoir.
1990 : des élections ont lieu,
mais les militaires refusent
d’accepter la victoire de la
Ligue nationale pour la démocratie dirigée par Aung San
Suu Kyi.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 68 hab./km 2
Part de la population urbaine :
27,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 33,1 %, 1565 ans 67,2 %, + 65 ans 6,8 %
Taux de natalité : 25,76 ‰
Taux de mortalité : 9,35 ‰
Taux de mortalité : infantile
87,2 ‰
Espérance de vie : hommes
58 ans, femmes 61 ans
Indicateurs socio-économiques
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 5,5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
46,9 %
Structure du PIB : 58,6 %
pour l’agriculture, 10,4 % pour
l’industrie, 30,9 % pour les
services
Dette extérieure : 5 074 millions de $
Défense
Total forces armées :
429 000 hommes
Budget de la Défense 2,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Un an après avoir été remise en
liberté au terme de fortes pressions internationales, madame
Aung San Suu Kyi, chef de file de
la Ligue nationale pour la démocratie, a de nouveau été assignée
à résidence. Une mesure qui
semble refermer la timide ouverture amorcée par les autorités
birmanes.
BOLIVIE
Superficie : 1 100 000 km 2
Population : 8 808 000 hab.
Capitales : Sucre 172 000 hab.,
La Paz 1 480 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Carlos Mesa
Organisation administrative :
9 départements
Langues officielles : quechua,
espagnol, aymara
Religion : catholicisme
Monnaie : boliviano
➡ HISTORIQUE
1825 : indépendance de la
Bolivie, Simon Bolivar premier
président.
1884 : le Chili enlève toute
façade maritime au pays.
1952 : arrivée au pouvoir de
Paz Estenssoro.
1964 : Paz Estenssoro est
renversé par les militaires.
1985 : retour au pouvoir de Paz
Estenssoro.
1992 : un accord avec le Pérou
redonne au pays un accès à
la mer.
1997 : retour au pouvoir par les
élections de l’ancien dictateur
Hugo Bánzer, qui s’engage à
éradiquer la culture de la coca.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 8 hab./km 2
Part de la population urbaine :
61,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 39,6 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,2 %
Taux de natalité : 32,4 ‰
Taux de mortalité : 9,11 ‰
Taux de mortalité : infantile
55,6 ‰
Espérance de vie : hommes
60 ans, femmes 64 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 7,86 milliards de $
PNB/hab. : 900 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2,5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
0,9 %
Structure du PIB : 18,4 %
pour l’agriculture, 18,1 % pour
l’industrie, 63,5 % pour les
services
Dette extérieure : 5 247 millions de $
Défense
Total forces armées :
32 500 hommes
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STATISTIQUES
241
Budget de la Défense 2,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
De violentes manifestations ont
de nouveau ponctué l’année
économique et sociale de la Bolivie. Confronté à une grave crise
de gouvernabilité, le régime du
président Gonzalo Sanchez de
Lozada – élu en 2002 – a été acculé à la démission sous la pression de la rue. Le président Gonzalo Sanchez de Lozada a laissé
le pouvoir à Carlos Mesa Gisbert,
qui a formé un gouvernement ne
comptant aucun ministre représentant un parti politique.
BOSNIE!
HERZÉGOVINE
Superficie : 51 100 km 2
Population : 4 161 000 hab.
Capitale : Sarajevo
522 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : Borislav
Paravac (président de la présidence collégiale)
Dragan Covic
Suleiman Tihic
Organisation administrative :
2 entités
Langue officielle : serbo-croate
Religions : orthodoxie, islam,
catholicisme
Monnaie : mark convertible
➡ HISTORIQUE
XVe siècle : conquête de la
région par les Ottomans.
1878 : la Bosnie-Herzégovine
sous contrôle de l’Empire
austro-hongrois.
1914 : assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à
Sarajevo.
1918 : intégration au nouveau
royaume de Yougoslavie.
1946 : devient une des six
républiques autonomes de la
République de Yougoslavie.
1992 : guerre civile avec les
Serbes.
1995 : accords de Dayton
instituant la Fédération croatomusulmane et la République
serbe de Bosnie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 76 hab./km 2
Part de la population urbaine :
42,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18,9 %,
5-65 ans 66,2 %, + 65 ans
14,9 %
Taux
Taux
Taux
13,5
de natalité : 12,78 ‰
de mortalité : 7,41 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,23 milliards de $
PNB/hab. : 1 270 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,9 %
Défense
Total forces armées :
86 000 hommes
Budget de la Défense 4,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
La Bosnie-Herzégovine attend
avec impatience une intégration
à l’Union européenne suspendue
à l’amélioration de son économie
et à la normalisation des relations
entre ses composantes ethniques. Des exigences rappelées
par le pape lors de son voyage
en juin à Banja Luka. Les ravages
causés par la guerre sont encore
bien visibles et l’aide internationale est loin de suffire à relancer
l’économie du pays. On estime
qu’il faudra attendre quinze ans
avant de retrouver les niveaux de
production de 1989.
BOTSWANA
Superficie : 570 000 km 2
Population : 1 785 000 hab.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
242
Capitale : Gaborone
254 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Festus Mogae
Organisation administrative :
10 districts
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
animisme
Monnaie : pula
➡ HISTORIQUE
1885 : protectorat britannique.
1960 : semi-autonomie.
1966 : proclamation de
l’indépendance.
1977 : remplacement du rand
sud-africain par une monnaie
nationale.
1997 : le Botswana porte
devant la Cour internationale
de justice son différend avec
la Namibie sur le contrôle des
eaux de l’Okavango.
1998 : élection de Festus
Mogae, qui entend poursuivre
la politique démocratique de
ses prédécesseurs.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 3 hab./km 2
Part de la population urbaine :
49,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 42,1 %, 15-
65 ans 53,4 %, + 65 ans 4,5 %
Taux de natalité : 32,62 ‰
Taux de mortalité : 14,86 ‰
Taux de mortalité : infantile
67,2 ‰
Espérance de vie : hommes
40 ans, femmes 39 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,1 milliards de $
PNB/hab. : 2 980 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2,6 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
5,5 %
Structure du PIB : 3,6 % pour
l’agriculture, 45,4 % pour
l’industrie, 51 % pour les
services
Dette extérieure : 562 millions
de $
Défense
Total forces armées :
9 000 hommes
Budget de la Défense 4,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
La perspective des élections
générales prévues pour l’année
2004 a largement conditionné
la vie politique, l’opposition se
montrant particulièrement offen-
sive à l’égard du président Festus
Mogae. On verra dans la vitalité
des débats politiques un hommage à l’un des rares régimes
d’Afrique où la démocratie n’est
pas un mot creux.
BRÉSIL
Superficie : 8 512 000 km 2
Population : 178 470 000 hab.
Capitale : Brasília
2 043 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Luiz Inacio Lula
da Silva
Organisation administrative :
1 district fédéral, 26 États
Langue officielle : portugais
Religion : catholicisme
Monnaie : real
➡ HISTORIQUE
1500 : découverte du Brésil par
Pedro Alvares Cabral.
1522 : colonie portugaise.
1822 : Pierre Ier proclame
l’indépendance du Brésil.
1891 : établissement d’une
république fédéraliste et
laïque.
1930 : coup d’État militaire ;
Getúlio Vargas instaure un
régime autoritaire.
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STATISTIQUES
243
1956-1964 : les présidents
Kubitschek, Quadros et
Goulart mènent des politiques
réformatrices.
1964 : les militaires reprennent
le pouvoir.
1985 : les civils reviennent
aux affaires avec l’élection du
président Tancredo Neves.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 20 hab./km 2
Part de la population urbaine :
80,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 28,8 %, 1565 ans 63,4 %, + 65 ans 7,8 %
Taux de natalité : 20,04 ‰
Taux de mortalité : 7,23 ‰
Taux de mortalité : infantile
38,3 ‰
Espérance de vie : hommes
63 ans, femmes 71 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 497 milliards de $
PNB/hab. : 2 850 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
8,4 %
Structure de la population
active : agriculture 27,3 %,
mines et industrie 18,3 %,
services 54,3 %
Structure du PIB : 8,6 % pour
l’agriculture, 30,6 % pour
l’industrie, 60,8 % pour les
services
Dette extérieure : 193 663 millions de $
Défense
Total forces armées :
291 000 hommes
Budget de la Défense 1,7 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 16,7 %
Nombre d’habitants pour
1 médecin 714
Apport en calories 2 938 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles 84/1 000 hab.
Téléphones 107/1 000 hab.
Télévisions 220/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Investi en janvier, le président
Lula s’est trouvé rapidement en
proie à une grave crise économique et sociale, qu’il a tenté de
juguler en appliquant un programme d’austérité surveillé par
le FMI ce qui lui a valu de nombreuses critiques, y compris dans
les rangs de sa propre formation
politique, le Parti des travailleurs,
sans pour autant entamer sa cote
de popularité. Sur le plan extérieur, le président a de nouveau
défendu l’idée que l’intégration
sud-américaine permettra au
sous-continent de mieux défendre ses intérêts face aux ÉtatsUnis et à l’Union européenne. Il
a ainsi proposé aux présidents
de la région d’établir « un parlement du Mercosur qui serait élu
directement par les électeurs de
nos pays ».
BRUNEI
Superficie : 5 765 km 2
Population : 358 000 hab.
Capitale : Bandar Seri
Begawan 85 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État et du gouvernement : (Sultan) Hassanal
Bolkiah
Organisation administrative :
4 districts
Langue officielle : malais
Religion : islam
Monnaie : dollar de Brunei
➡ HISTORIQUE
1888 : protectorat britannique.
1963 : le Brunei refuse de
rejoindre l’Indonésie.
1984 : proclamation de
l’indépendance.
1985 : création du Brunei
National Democratic Party
(BNDP).
1988 : dissolution du BNDP par
le sultan.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
244
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 61 hab./km 2
Part de la population urbaine :
71,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 31,9 %, 1565 ans 63 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 20,86 ‰
Taux de mortalité : 3,05 ‰
Taux de mortalité : infantile
8,6 ‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 7,75 milliards de $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3 %
Défense
Total forces armées :
5 000 hommes
Budget de la Défense 7,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les querelles familiales à la Cour
et les luttes de pouvoir, dont
l’Agence d’investissement à
l’étranger a été le centre, ont
constitué l’actualité politique. Sur
le plan de la diversification économique, rendue nécessaire par
l’épuisement à terme des gisements pétroliers, le sultanat n’a
guère réussi à concrétiser dans
les faits une volonté maintes fois
affichée.
BULGARIE
Superficie : 111 000 km 2
Population : 7 897 000 hab.
Capitale : Sofia 1 192 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président
de la République) Gueorgui
Parvanov
Chef du gouvernement : Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha
Organisation administrative :
9 districts
Langue officielle : bulgare
Religions : orthodoxie, islam
Monnaie : lev
➡ HISTORIQUE
XIVe siècle : conquête du pays
par les Ottomans.
1878 : autonomie d’une grande
partie du pays.
1908 : Ferdinand de SaxeCobourg proclame l’indépendance complète du pays et
prend le titre de tsar.
1946 : proclamation de la
République et instauration d’un
régime socialiste.
1990 : rétablissement du
pluralisme.
1991 : abolition de la Constitution communiste.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 74 hab./km 2
Part de la population urbaine :
69,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 15,7 %,
15-65 ans 62,6 %, + 65 ans
21,7 %
Taux
Taux
Taux
15,2
de natalité : 8,05 ‰
de mortalité : 13,48 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 14,1 milliards de $
PNB/hab. : 1 790 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
5,8 %
Structure du PIB : 15,1 %
pour l’agriculture, 23,4 % pour
l’industrie, 61,5 % pour les
services
Dette extérieure : 9 858 millions de $
Défense
Total forces armées :
80 760 hommes
Budget de la Défense 2,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
Après un soutien controversé
aux États-Unis en Irak, la Bulgarie s’est vu confirmer son entrée
dans l’Union européenne pour
2007. Mais elle doit encore se
mettre aux normes économiques
et institutionnelles de l’Europe.
L’inflation et le chômage restent
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STATISTIQUES
245
en effet élevés en dépit des nom-
breuses réformes entamées.
BURKINA FASO
Superficie : 275 000 km 2
Population : 13 002 000 hab.
Capitale : Ouagadougou
1 130 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président)
Blaise Compaoré
Chef du gouvernement : Paramanga Ernest Yonli
Organisation administrative :
45 provinces
Langue officielle : français
Religions : islam, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1899 : les Français occupent
l’ensemble de la région.
1960 : indépendance de la
Haute-Volta.
1966 : l’armée prend le pouvoir.
1983 : le capitaine Thomas
Sankara dirige le Conseil
national de la révolution
et engage une politique
progressiste.
Le pays est rebaptisé Burkina
Faso.
1987 : Thomas Sankara est tué
lors d’un coup d’État mené par
le capitaine Blaise Compaoré.
1991 : établissement d’une
nouvelle Constitution et tenue
d’une élection présidentielle
que remporte le chef de l’État
sortant, Blaise Compaoré.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
18 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 48,7 %, 15-
65 ans 46,5 %, + 65 ans 4,8 %
Taux de natalité : 43,92 ‰
Taux de mortalité : 18,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
86,6 ‰
Espérance de vie : hommes
44 ans, femmes 46 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,64 milliards de $
PNB/hab. : 220 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 5,2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,7 %
Structure du PIB : 31,3 %
pour l’agriculture, 28,3 % pour
l’industrie, 40,4 % pour les
services
Dette extérieure : 1 297 millions de $
Défense
Total forces armées :
10 000 hommes
Budget de la Défense 2,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
La guerre civile qui fait rage en
Côte d’Ivoire a conduit les autorités du Burkina à prendre langue
avec leurs homologues ivoiriennes. Ces dernières ont accusé
le Burkina Faso d’épauler la rébellion, ce que le gouvernement de
Ouagadougou a démenti.
BURUNDI
Superficie : 28 000 km 2
Population : 6 825 000 hab.
Capitale : Bujumbura
321 000 hab.
Chef de l’État : Dominitien
Ndayizeye
Organisation administrative :
15 provinces
Langues officielles : kirundi,
français
Religions : catholicisme,
animisme
Monnaie : franc du Burundi
➡ HISTORIQUE
XVIIe siècle : établissement d’un
État.
1890 : colonisation allemande.
1916 : colonisation belge.
1962 : indépendance du
Burundi.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
246
1966 : abolition de la royauté
et établissement d’une
république.
1972 : les violences
entre Hutus et Tutsis font
300 000 victimes.
1987 : le major Pierre Buyoya
prend le pouvoir.
1993 : le civil hutu Melchior
N’Dadaye est élu à la présidence puis est assassiné.
1996 : après des années de
violences, le major Buyoya
reprend le pouvoir.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 260 hab./km 2
Part de la population urbaine :
8,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 47,6 %, 1565 ans 48,1 %, + 65 ans 4,3 %
Taux de natalité : 41,08 ‰
Taux de mortalité : 19,89 ‰
Taux de mortalité : infantile
111,5 ‰
Espérance de vie : hommes
41 ans, femmes 43 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,704 milliard de $
PNB/hab. : 100 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,1 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
– 1,4 %
Structure du PIB : 52,2 %
pour l’agriculture, 17,3 % pour
l’industrie, 30,5 % pour les
services
Dette extérieure : 1 066 millions de $
Défense
Total forces armées :
45 500 hommes
Budget de la Défense 5,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’année 2003 a vu le passage du
témoin au sommet de l’État entre
le Tutsi Pierre Buyoya et le Hutu
Domitien Ndayizeye, tandis que
se déployait parallèlement une
force de maintien de la paix de
l’Union africaine (MAB). Toutefois, la situation sécuritaire restait
compromise par les rebelles du
FDD.
CAMBODGE
Superficie : 181 000 km 2
Population : 14 144 000 hab.
Capitale : Phnom Penh
984 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Norodom
Sihanouk
Chef du gouvernement : Hun
Sen
Organisation administrative :
20 provinces, 3 municipalités
autonomes
Langue officielle : khmer
Religion : bouddhisme
Monnaie : riel
➡ HISTORIQUE
1863 : protectorat français.
1945 : invasion japonaise.
1953 : indépendance du
Cambodge.
1970 : renversement du roi
Norodom Sihanouk par le
général Lon Nol, soutenu par
les Américains.
1975 : les Khmers rouges
prennent le pouvoir. Près de
deux millions de Cambodgiens
périssent.
1978 : le Viêt Nam envahit le
pays et établit un gouvernement qui lui est favorable.
1991 : un accord se fait entre
les différentes familles politiques pour organiser à terme
des élections libres.
1993 : les communistes
remportent les élections ;
Sihanouk redevient roi.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 67 hab./km 2
Part de la population urbaine :
15,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,7 %, + 65 ans 4,4 %
Taux de natalité : 32,38 ‰
Taux de mortalité : 12,68 ‰
Taux de mortalité : infantile
72,5 ‰
Espérance de vie : hommes
52 ans, femmes 55 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,48 milliards de $
PNB/hab. : 280 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
3,3 %
Structure du PIB : 51 % pour
l’agriculture, 14,5 % pour
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STATISTIQUES
247
l’industrie, 34,3 % pour les
services
Dette extérieure : 2 129 millions de $
Défense
Total forces armées :
149 000 hommes
Budget de la Défense 4,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les élections législatives qui se
sont déroulées en juillet n’ont
guère modifié le paysage politique cambodgien. Ainsi, le Premier ministre sortant, Hun Sen,
a renoué pour cinq ans avec la
direction du pays. On retiendra
surtout de l’année écoulée le
déblocage de principe du futur
procès des chefs khmers rouges.
Sur le plan économique, la croissance est certes soutenue, mais
le pays reste sous perfusion de
l’aide internationale. Le gouvernement entend favoriser les
investissements publics et développer les infrastructures.
CAMEROUN
Superficie : 475 000 km 2
Population : 16 018 000 hab.
Capitale : Yaoundé
1 440 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Paul Biya
Chef du gouvernement : Peter
Mafany Musonge
Organisation administrative :
10 régions
Langues officielles : français,
anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1868 : protectorat allemand.
1916 : tutelle
franco-britannique.
1961 : indépendance du Cameroun français. Le Cameroun
britannique se divise en une
partie rattachée au Nigeria et
une autre qui rejoint le Cameroun indépendant.
1972 : le président Ahidjo
transforme le Cameroun fédéral en république unitaire, afin
de souder les musulmans du
Nord et les chrétiens du Sud.
1982 : Paul Biya succède à
Ahmadou Ahidjo.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 32 hab./km 2
Part de la population urbaine :
48,1 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,1 %, 1565 ans 51,3 %, + 65 ans 5,6 %
Taux de natalité : 37,52 ‰
Taux de mortalité : 12,43 ‰
Taux de mortalité : infantile
79,3 ‰
Espérance de vie : hommes
50 ans, femmes 52 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 8,75 milliards de $
PNB/hab. : 560 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,3 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
4,5 %
Structure du PIB : 43,5 %
pour l’agriculture, 18,6 % pour
l’industrie, 37,8 % pour les
services
Dette extérieure : 9 293 millions de $
Défense
Total forces armées :
22 100 hommes
Budget de la Défense 1,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le Cameroun a célébré le 20 mai
2003 le 31e anniversaire de l’avènement de l’État unitaire dans
un contexte marqué par des
menaces de dissidence. Sur le
plan économique, le Cameroun a
réussi à assainir son appareil productif au prix d’une sévère cure
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
248
d’austérité alliée à un programme
ambitieux de privatisations.
CANADA
Superficie : 9 975 000 km 2
Population : 31 510 000 hab.
Capitale : Ottawa 323 340 hab.
(1 000 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par
Adrienne Clarkson
Chef du gouvernement : Jean
Chrétien
Organisation administrative :
10 provinces, 3 territoires
Langues officielles : français,
anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : dollar canadien
➡ HISTORIQUE
1608 : Samuel de Champlain
fonde Québec.
1763 : les Britanniques
chassent les Français du
Canada.
1840 : les Britanniques unifient
le Canada.
1931 : autonomie complète
du Canada au sein du
Commonwealth.
1987 : l’accord « du lac
Meech » octroie au Québec le
statut de « société distincte ».
1992 : le Canada adhère à
l’ALENA.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 3 hab./km 2
Part de la population urbaine :
77 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 19,1 %,
15-65 ans 64,2 %, + 65 ans
16,7 %
Taux de natalité : 11,1 ‰
Taux de mortalité : 7,07 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,4 ‰
Espérance de vie : hommes
76 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 700 milliards de $
PNB/hab. : 22 300 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,4 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2 %
Structure de la population
active : agriculture 3,9 %,
mines et industrie 23,2 %,
services 73 %
Dette brute : 89,8 % du PIB
Taux de chômage : 6,8 %
Défense
Total forces armées :
60 600 hommes
Budget de la Défense 1,0 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 476
Apport en calories 3 056 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 440/1 000 hab.
Téléphones : 609/1 000 hab.
Télévisions : 714/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Nullement affecté par les vicissitudes de l’économie mondiale, le
Canada a continué de recueillir
les fruits des mesures d’austérité
mises en place par le gouvernement de Jean Chrétien depuis le
début des années 1990. Fort de
cette prospérité économique,
le Premier ministre canadien,
qui devra passer le relais après
les élections de 2004, s’est permis de prendre ses distances
avec Washington, notamment
pour ce qui concerne la guerre
contre l’Irak. Le Canada n’en a
pas moins affirmé sa volonté
de participer activement à la
« guerre contre le terrorisme »,
comme en témoigne la présence
massive de soldats canadiens en
Afghanistan.
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STATISTIQUES
249
CAP!VERT
Superficie : 4 000 km 2
Population : 463 000 hab.
Capitale : Praia 76 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Pedro Pires
Chef du gouvernement : José
Maria Neves
Organisation administrative :
2 districts
Langue officielle : portugais
Religion : catholicisme
Monnaie : escudo du Cap-Vert
➡ HISTORIQUE
XVe siècle : établissement des
Portugais dans l’île. Ceuxci y font venir des esclaves
d’Afrique.
1956 : création d’un mouvement séparatiste sous l’impulsion d’Amilcar Cabral : le Parti
africain de l’indépendance de
la Guinée et du Cap-Vert.
1975 : indépendance de l’île.
1990 : instauration du
multipartisme.
1992 : adoption d’une nouvelle
Constitution.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 106 hab./km 2
Part de la population urbaine :
60,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 39,3 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,5 %
Taux de natalité : 35,53 ‰
Taux de mortalité : 6,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
49,6 ‰
Espérance de vie : hommes
66 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,59 milliard de $
PNB/hab. : 1 290 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,6 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,8 %
Structure du PIB : 12 % pour
l’agriculture, 16,4 % pour
l’industrie, 71,6 % pour les
services
Dette extérieure : 220 millions
de $
Défense
Total forces armées :
1 100 hommes
Budget de la Défense 1,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
Bien que le pays soit largement
dépendant de l’aide extérieure,
dont celle des États-Unis, le gouvernement de José Mario Neves
n’a pas hésité à critiquer vivement l’intervention américaine
en Irak. Sur le plan économique,
le FMI a salué le programme de
réformes mis en place par le Premier ministre José Maria Neves
en octroyant au pays un prêt de
2 millions d’euros.
CENTRAFRICAINE
!RÉPUBLIQUE!
Superficie : 620 000 km 2
Population : 3 865 000 hab.
Capitale : Bangui 622 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de la
République) François Bozizé
Chef du gouvernement : Abel
Goumba
Organisation administrative :
16 préfectures, la capitale
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
catholicisme, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1905 : la France instaure la
colonie de l’Oubangui-Chari.
1960 : indépendance de la
République centrafricaine.
1965 : coup d’État militaire mené par Jean Bédel
Bokassa.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
250
1976 : Bokassa se proclame
empereur.
1979 : l’ancien président David
Dacko dépose Bokassa avec
l’aide de la France.
1981 : coup d’État militaire
d’André Kolingba.
1993 : élection à la présidence
d’Ange-Félix Patassé.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 6 hab./km 2
Part de la population urbaine :
40,8 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43 %, 15-65 ans
50,9 %, + 65 ans 6,1 %
Taux de natalité : 36,06 ‰
Taux de mortalité : 18,68 ‰
Taux de mortalité : infantile
93,3 ‰
Espérance de vie : hommes
43 ans, femmes 45 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1,01 milliard de $
PNB/hab. : 260 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
3,1 %
Structure du PIB : 55,1 %
pour l’agriculture, 19,6 % pour
l’industrie, 25,3 % pour les
services
Dette extérieure : 885 millions
de $
Défense
Total forces armées :
2 650 hommes
Budget de la Défense 3,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
C’est à la sixième tentative que le
président de la République centrafricaine, Ange-Félix Patassé, a
été renversé par un coup d’État
fomenté par son ancien chef
d’état-major, le général François
Bozizé. Ce dernier hérite d’un
pays classé parmi les moins
avancés du continent noir, littéralement asphyxié par le service
de la dette et par le sida. Tous
les programmes mis en place
depuis 1986 par les bailleurs de
fonds ont échoué, et une grande
partie des réformes n’a jamais été
appliquée.
CHILI
Superficie : 757 000 km 2
Population : 15 805 000 hab.
Capitale : Santiago 5 000 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Eduardo Ricardo
Lagos Escobar
Organisation administrative :
13 régions
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso chilien
➡ HISTORIQUE
XVIe siècle : début de la
conquête espagnole. Les
guerres contre les Indiens vont
durer jusqu’au XIXe siècle.
1818 : indépendance du Chili,
obtenue avec l’appui des
troupes argentines.
1891 : instauration du régime
parlementaire.
1964 : élection du démocrate-chrétien Eduardo Frei
qui amorce une politique de
nationalisations et de réforme
agraire.
1970 : victoire de la gauche,
dirigée par Salvador Allende.
1973 : renversement du gouvernement de gauche par une
junte militaire dirigée par le
général Pinochet et soutenue
par les Américains.
1989 : le démocrate-chrétien
Patricio Alwyn est élu à la
présidence.
1998 : arrestation à Londres du
général Pinochet.
2002 : suspension des
poursuites contre le général
Pinochet.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 20 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 28,5 %,
15-65 ans 61,3 %, + 65 ans
10,2 %
Taux
Taux
Taux
11,6
de natalité : 17,83 ‰
de mortalité : 5,59 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 79 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 66 milliards de $
PNB/hab. : 4 260 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2 %
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STATISTIQUES
251
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,5 %
Structure de la population
active : agriculture 17,1 %,
mines et industrie 24,8 %,
services 58,1 %
Structure du PIB : 8,4 % pour
l’agriculture, 34,2 % pour
l’industrie, 57,4 % pour les
services
Dette extérieure : 31 440 millions de $
Taux de chômage 5,3 %
Défense
Total forces armées :
93 000 hommes
Budget de la Défense 2,6 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 4,8 %
Apport en calories 2 810 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 71/1 000 hab.
Téléphones : 180/1 000 hab.
Télévisions : 215/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Trente ans après le renversement
du gouvernement de Salvador
Allende, le Chili du président
Ricardo Lagos Escobar a offert
l’image d’un pays maîtrisant de
lieux en mieux son économie.
Ainsi, en dépit des répercussions
de la crise argentine, le Chili s’est
distingué par sa discipline fiscale,
une dette publique peu élevée,
le haut niveau de son épargne
et la consolidation d’une stabilité
politique acquise depuis le retour
à la démocratie, en 1991. Mais la
grande affaire de l’année écoulée
restera le traité de libre-échange
conclu avec les États-Unis.
CHINE
Superficie : 9 600 000 km 2
Population :
1 210 000 000 hab.
Capitale : Pékin
11 400 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république, régime
socialiste
Chef de l’État : (Président de la
République) Hu Jintao
Chef du gouvernement : Wen
Jiabao
Organisation administrative :
3 municipalités, 1 région
administrative, 22 provinces,
5 régions autonomes,
2 régions spéciales
Langue officielle : chinois
Religions : taoïsme, confucianisme, bouddhisme
Monnaie : yuan
➡ HISTORIQUE
1911 : instauration de la
République.
1927 : rupture entre le Guomindang de Tchang Kaï-chek
et le PC.
1931 : invasion de la Mandchourie par le Japon.
1949 : fondation de la République populaire de Chine.
1958 : le « Grand Bond en
avant » accentue la collectivisation du pays.
1966 : lancement de la
« Révolution culturelle
prolétarienne ».
1969 : affrontements frontaliers
avec l’URSS et rapprochement
avec les États-Unis.
1976 : mort de Mao Zedong.
1977 : Deng Xiaoping devient
le chef effectif de la Chine.
1989 : répression sanglante du
mouvement démocratique.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 134 hab./km 2
Part de la population urbaine :
31,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 24,8 %,
15-65 ans 65,1 %, + 65 ans
10,1 %
Taux
Taux
Taux
36,5
de natalité : 15,64 ‰
de mortalité : 6,95 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 210 milliards de $
PNB/hab. : 940 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 8 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
– 0,8 %
Structure de la population
active : agriculture 49,1 %,
mines et industrie 19,5 %,
services 31,3 %
Structure du PIB : 17,6 %
pour l’agriculture, 49,3 %
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
252
pour l’industrie, 33 % pour les
services
Dette extérieure : 146 697 millions de $
Taux de chômage : 3 %
Défense
Total forces armées :
2 480 000 hommes
Budget de la Défense 1,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 18,5 %
Nombre d’habitants pour
1 médecin 1 062
Apport en calories 2 844 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 3/1 000 hab.
Téléphones : 56/1 000 hab.
Télévisions : 205/1 000 hab.
➡ TENDANCES
La Chine a poursuivi son intégration dans un monde globalisé, dont elle a accepté les
règles en adhérant à l’OMC, ce
qui la contraint à des efforts de
transparence – dans la gestion
de l’épidémie de Sras – et de
modération – face aux manifestations de Hongkong. La direction
communiste oeuvre patiemment
en vue de hisser la Chine au rang
des grandes puissances. Le pragmatisme est le maître-mot d’une
diplomatie qui a gardé profil bas
durant la crise irakienne, pour
mieux s’impliquer dans 1e processus de règlement de la crise
nord-coréenne qui est pour
Pékin le premier terrain d’exercice
d’une médiation internationale.
CHYPRE
Superficie : 9 251 km 2
Population : 802 000 hab.
Capitale : Nicosie 193 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Tássos Papadhópoulos
Organisation administrative :
6 districts
Langues officielles : turc, grec
Religions : islam, christianisme
Monnaie : livre chypriote
➡ HISTORIQUE
1878 : l’Empire ottoman cède
l’île à la Grande-Bretagne.
1960 : indépendance de
Chypre.
1975 : la minorité turque crée
un État dissident au nord. Proclamé indépendant en 1983,
cet État n’est reconnu que par
la Turquie.
1987 : Chypre devient un État
associé à l’Union européenne.
1996 : violents affrontements
intercommunautaires.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 82 hab./km 2
Part de la population urbaine :
56,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 23,1 %,
15-65 ans 61,2 %, + 65 ans
15,7 %
Taux de natalité : 13,38 ‰
Taux de mortalité : 7,32 ‰
Taux de mortalité : infantile
7,7 ‰
Espérance de vie : hommes
76 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 9,37 milliards de $
Taux de croissance annuelle du
PIB : (2002) 2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
4,1 %
Structure de la population
active : agriculture 10,9 %,
mines et industrie 25 %, services 64,1 %
Dette extérieure : 3 213 millions de $
Défense
Total forces armées :
10 000 hommes
Budget de la Défense 5,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’ouverture de la « ligne verte »
qui divise Chypre en deux secteurs – grec au sud, turc au nord
– a été la grande affaire de l’année 2003. Pour autant va-t-elle
réussir là où trois plans de l’ONU
ont échoué ? Rien n’est moins sûr
car toute solution au problème
de cette île se heurte toujours au
contentieux gréco-turc.
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STATISTIQUES
253
COLOMBIE
Superficie : 1 140 000 km 2
Population : 44 222 000 hab.
Capitale : Bogotá
6 200 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Andrés Alvaro
Uribe Vélez
Organisation administrative :
32 départements, 1 district
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso colombien
➡ HISTORIQUE
1819 : après les victoires de
Bolivar contre les troupes
espagnoles, l’indépendance du
pays est proclamée.
1948 : sanglante guerre
civile entre libéraux et
conservateurs.
Années 60 et 70 : apparition de
guérillas marxisantes.
Années 80 : le trafic de la
cocaïne devient un enjeu
national.
1982 : élection de Belisario
Betancur ; loi d’amnistie.
1994-1998 : présidence
d’Ernesto Samper.
1998 : élection du conservateur
Andrés Pastrana.
2002 : élection d’Álvaro
Uribe à la présidence de la
République.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
73,5 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 32,8 %, 15-
65 ans 60,3 %, + 65 ans 6,9 %
Taux de natalité : 23,18 ‰
Taux de mortalité : 5,79 ‰
Taux de mortalité : infantile
25,6 ‰
Espérance de vie : hommes
67 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 80 milliards de $
PNB/hab. : 1 830 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,6 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
6,3 %
Structure du PIB : 12,8 % pour
l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 61,2 % pour les services
Dette extérieure : 31 777 millions de $
Taux de chômage : 12,1 %
Défense
Total forces armées :
144 000 hommes
Budget de la Défense 2,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le président Alvaro Uribe, dont le
père a été tué lors d’une tentative
d’enlèvement, avait pris ses fonctions en 2002 en promettant de
durcir l’action gouvernementale
face au mouvement de guérilla le
plus ancien et le plus important
d’Amérique latine. Un an plus
tard, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC,
marxistes) faisaient toujours la
« une » des médias. L’assassinat,
le 5 mai 2003, de l’ex-ministre de
la Défense, Gilberto Echeverri,
du gouverneur de la province
d’Antioquia, Guillermo Gaviara,
ainsi que de huit membres des
forces armées, a montré que les
chances de renouer un dialogue
avec les guérillas restaient bien
minces.
COMORES
Superficie : 1 900 km 2
Population : 768 000 hab.
Capitale : Moroni 44 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Azali Assoumani
Organisation administrative :
3 gouvernorats
Langues officielles : français,
arabe
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
254
Religion : islam
Monnaie : franc des Comores
➡ HISTORIQUE
1886 : protectorat français.
1975 : indépendance des
Comores, à l’exception de
Mayotte.
1989 : assassinat du président
Abdallah.
1992 et 1995 : tentatives de
coup d’État.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 244 hab./km 2
Part de la population urbaine :
32,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43 %, 15-65 ans
52,8 %, + 65 ans 24,2 %
Taux de natalité : 33,74 ‰
Taux de mortalité : 9,35 ‰
Taux de mortalité : infantile
67 ‰
Espérance de vie : hommes
59 ans, femmes 62 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,228 milliard de $
PNB/hab. : 390 $
Structure du PIB : 39,4 %
pour l’agriculture, 13,1 % pour
l’industrie, 47,5 % pour les
services
Dette extérieure : 197 millions
de $
➡ TENDANCES
Les Comores du colonel-président Azali Assoumani, au pouvoir
depuis avril 2002, ont renoué
avec la stabilité économique. Ce
qui laisse entrevoir le début d’une
reprise économique, comme a
pu le confirmer le FMI qui estime
que l’archipel est sorti de la
récession. Toutefois, la paupérisation touche encore 80 % de la
population.
CONGO
!RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE!
Superficie : 2 345 000 km 2
Population : 52 771 000 hab.
Capitale : Kinshasa 1 664 309 hab.
(4 400 000 hab. dans
l’agglomération)
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Joseph Kabila
Organisation administrative :
1 municipalité, 10 régions
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
Églises indigènes, catholicisme
Monnaie : franc congolais
➡ HISTORIQUE
1885 : colonisation belge.
1960 : indépendance du Congo
(République démocratique).
1963 : échec de la sécession
du Katanga.
1965 : le président Kasavubu
est déposé par le général
Mobutu.
1971 : le pays est rebaptisé
Zaïre.
1977 et 1978 : appel aux
troupes françaises pour mater
les opposants.
1997 : le leader de la rébellion soutenue par le Rwanda,
Laurent-Désiré Kabila, prend
le pouvoir.
2001 : assassinat du président
Kabila auquel succède son fils.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 22 hab./km 2
Part de la population urbaine :
30 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 48,8 %, 1565 ans 46,7 %, + 65 ans 4,5 %
Taux de natalité : 45,32 ‰
Taux de mortalité : 14,71 ‰
Taux de mortalité : infantile
77,2 ‰
Espérance de vie : hommes
45 ans, femmes 47 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,05 milliard de $
PNB/hab. : 90 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
25,7 %
Structure du PIB : 10,4 %
pour l’agriculture, 49,1 % pour
l’industrie, 40,5 % pour les
services
Dette extérieure : 12 330 millions de $
Défense
Total forces armées :
55 900 hommes
Budget de la Défense 4,5 %
du PIB
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STATISTIQUES
255
➡ TENDANCES
Rébellions, pouvoir en place,
opposition politique et société
civile se sont attelés à former une
fragile coalition chargée de réunifier et de pacifier le pays. Mais
il aura fallu l’intervention en juin
de 1 200 soldats européens pour
ramener un semblant de paix en
Ituri, une province du nord-est
du pays en proie à une guerre
interethnique.
CONGO
Superficie : 342 000 km 2
Population : 3 724 000 hab.
Capitale : Brazzaville
937 579 hab. (1 000 000 hab.
dans l’agglomération)
Chef de l’État et du gouvernement : Denis Sassou-Nguesso
Organisation administrative :
10 régions, la capitale
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1886 : colonisation par la
France.
1960 : indépendance de la
République du Congo.
1969 : instauration d’un régime
marxiste.
1992 : retour au régime
républicain.
1997 : Denis Sassou-Nguesso
reprend le pouvoir avec l’aide
des troupes angolaises.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 8 hab./km 2
Part de la population urbaine :
61,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 46,3 %, 1565 ans 48,6 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 43,6 ‰
Taux de mortalité : 15,8 ‰
Taux de mortalité : infantile
65,8 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 50 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,23 milliard de $
PNB/hab. : 700 $
Structure du PIB : 9,5 % pour
l’agriculture, 57 % pour l’industrie, 33,3 % pour les services
Dette extérieure : 5 071 millions de $
Défense
Total forces armées :
10 000 hommes
Budget de la Défense 3,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Après avoir légitimé par les urnes
en 2002 son coup de force de
1997, le président Denis Sassou
Nguesso a bénéficié d’une année
politique 2003 dégagée, s’offrant
le luxe d’installer la Haute Cour
de justice. Toutefois, le pouvoir en
place n’a pas réussi à réduire les
miliciens ninjas du pasteur Ntoumi, qui ont continué de semer
la terreur dans la région de Pool,
dans le sud-ouest du pays.
CORÉE DU NORD
Superficie : 120 500 km 2
Population : 22 664 000 hab.
Capitale : Pyongyang
3 187 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république, régime
socialiste
Chef de l’État : (Chef de la
Commission de défense nationale) Kim Jong-il
Chef du gouvernement : Pak
Pong-ju
Organisation administrative :
13 municipalités, 9 provinces
Langue officielle : coréen
Religion : bouddhisme
Monnaie : won nord-coréen
➡ HISTORIQUE
1910 : annexion de la Corée
par le Japon.
1945 : entrée des troupes
russes jusqu’au 38e parallèle.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
256
1948 : proclamation de la
Corée du Nord.
1950 : la Corée du Nord
envahit le Sud avec l’appui de
l’URSS et de la Chine.
1953 : reconnaissance des
deux États séparés.
1993 : la Corée du Nord rejette
le traité de non-prolifération
nucléaire.
1994 : mort du Kim Il-sung,
remplacé au pouvoir par son
fils Kim Jong-il.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 194 hab./km 2
Part de la population urbaine :
60 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 26,5 %, 1565 ans 63,5 %, + 65 ans 10 %
Taux de natalité : 19,58 ‰
Taux de mortalité : 5,36 ‰
Taux de mortalité : infantile
39,1 ‰
Espérance de vie : hommes
59 ans, femmes 62 ans
Défense
Total forces armées :
1 082 000 hommes
Budget de la Défense 9,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
La Corée du Nord a poursuivi son
bras de fer avec Washington, en
se livrant à un chantage à l’arme
nucléaire, présenté comme sa
meilleure garantie contre une offensive américaine comme celle
qu’a connue l’Irak. Finalement, les
menaces du régime nord-coréen
auront incité les Américains à la
modération.
CORÉE DU SUD
Superficie : 99 000 km 2
Population : 47 700 000 hab.
Capitale : Séoul
10 776 201 hab.
(18 000 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Roh Moo-hyun
Chef du gouvernement : Goh
Kun
Organisation administrative :
5 municipalités, 9 provinces, la
municipalité de la capitale
Langue officielle : coréen
Religion : bouddhisme
Monnaie : won
➡ HISTORIQUE
1948 : Syngman Rhee, premier
président de la Corée du Sud.
1950 : appui des États-Unis
contre l’invasion de la Corée
du Nord.
1961 : le général Park Chunghee s’empare du pouvoir.
1987 : démocratisation du
régime.
1998 : élection du civil démocrate Kim Dae-jung.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 475 hab./km 2
Part de la population urbaine :
81,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 20,8 %, 1565 ans 68,2 %, + 65 ans 6,7 %
Taux de natalité : 14,06 ‰
Taux de mortalité : 6,23 ‰
Taux de mortalité : infantile
7,1 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 473 milliards de $
PNB/hab. : 9 930 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 6,1 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,3 %
Structure de la population
active : agriculture 11 %, mines
et industrie 31,3 %, services
57,7 %
Structure du PIB : 5,7 % pour
l’agriculture, 42,9 % pour
l’industrie, 51,3 % pour les
services
Dette brute : 11 % du PIB
Taux de chômage : 4,3 %
Défense
Total forces armées :
672 000 hommes
Budget de la Défense : 3,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les célébrations du 50e anniversaire de la fin de la guerre ont
été marquées à Séoul par un rapprochement inattendu avec les
États-Unis de la part du président
Roh Moohyun. En effet, ce derdownloadModeText.vue.download 259 sur 370
STATISTIQUES
257
nier a dû tempérer l’anti-américanisme de ses concitoyens.
COSTA RICA
Superficie : 51 000 km 2
Population : 4 173 000 hab.
Capitale : San José
988 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Abel Pacheco de
la Espriella
Organisation administrative :
7 provinces
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : colón costaricain
➡ HISTORIQUE
1821 : la colonie espagnole
obtient son indépendance.
1913 : première élection
d’un président au suffrage
universel.
1953 : le président Ferrer pratique une politique réformiste
et obtient des avantages
des entreprises américaines
implantées dans le pays.
1987 : accord de bon voisinage
avec le Guatemala, le Nicaragua et le Honduras.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 70 hab./km 2
Part de la population urbaine :
47,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 32,4 %, 1565 ans 60,1 %, + 65 ans 7,5 %
Taux de natalité : 21,02 ‰
Taux de mortalité : 3,83 ‰
Taux de mortalité : infantile
10,9 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 79 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 16,2 milliards de $
PNB/hab. : 4 100 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2,8 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
9,1 %
Structure de la population
active : agriculture 21,8 %,
mines et industrie 23,1 %,
services 60,1 %
Structure du PIB : 10,6 %
pour l’agriculture, 36,5 % pour
l’industrie, 52,9 % pour les
services
Dette extérieure : 3 548 millions de $
Taux de chômage : 5,7 %
Défense
Total forces armées :
7 000 hommes
Budget de la Défense : 0,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
Passé la période de grâce qui
avait suivi son élection à la présidence en mai 2002, Abel Pacheco paraissait bien en peine,
un an plus tard, d’afficher un
programme politique cohérent,
comme l’ont montré les grèves
et les mouvements sociaux qui
ont affecté le secteur public au
printemps 2003. Toutefois, le
bilan économique du gouvernement aura été plutôt positif, avec
une reprise – certes timide – de
la croissance après deux années
de récession, due notamment
à la progression de la demande
interne et à la bonne tenue du
tourisme.
CÔTE D’IVOIRE
Superficie : 322 000 km 2
Population : 16 631 000 hab.
Capitale : Yamoussoukro
155 803 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État : (Président de
la République) Henri Laurent
Gbagbo
Chef du gouvernement : Seydou Diarra
Organisation administrative :
16 régions
Langue officielle : français
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
258
Religions : islam, christianisme, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1893 : début de la colonisation
française.
1960 : indépendance du pays.
Félix Houphouët-Boigny premier président.
1990 : abolition du régime de
parti unique.
1993 : mort d’Houphouët-Boigny, remplacé par Henri Konan
Bédié.
1999 : le général Gueï
s’empare du pouvoir.
2000 : le socialiste Laurent
Gbagbo remporte l’élection
présidentielle. Le général Gueï
est chassé du pouvoir par la
rue.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 49 hab./km 2
Part de la population urbaine :
45,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 42,1 %, 1565 ans 52,9 %, + 65 ans 5 %
Taux de natalité : 36,6 ‰
Taux de mortalité : 16,15 ‰
Taux de mortalité : infantile
80,8 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 47 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 10,3 milliards de $
PNB/hab. : 610 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 0,5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
3,5 %
Structure du PIB : 26 % pour
l’agriculture, 26,4 % pour
l’industrie, 47,6 % pour les
services
Dette extérieure : 15 609 millions de $
Défense
Total forces armées :
13 900 hommes
Budget de la Défense : 1,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
La paix conclue le 4 juillet 2003
n’aura pas résisté à l’épreuve des
arrières-pensées, ni le pouvoir ni
les rebelles n’entendant appliquer les accords de Marcoussis.
La mort du journaliste français
Jean Hélène, tué d’une balle
dans la tête par un policier le
21 octobre, a entraîné un raidissement des relations entre Paris
et Abidjan.
CROATIE
Superficie : 56 500 km 2
Population : 4 428 000 hab.
Capitale : Zagreb 890 000 hab.
dans l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Stipe Mesic
Chef du gouvernement : Ivica
Racan
Organisation administrative :
20 comtés
Langue officielle : croate
Religion : catholicisme
Monnaie : kuna
➡ HISTORIQUE
1918 : la Croatie est détachée
de l’Empire austro-hongrois
pour être intégrée au nouveau
royaume yougoslave.
1941 : occupation allemande
et constitution d’un régime de
collaboration.
1945 : intégration de la
Croatie dans le nouvel État
yougoslave.
1991 : proclamation de l’indépendance et combats avec la
Serbie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 80 hab./km 2
Part de la population urbaine :
57,3 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans
61,8 %, + 65 ans 20,2 %
Taux de natalité : 10,35 ‰
Taux de mortalité : 11,49 ‰
Taux de mortalité : infantile
8,1 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 20,3 milliards de $
PNB/hab. : 4 640 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,2 %
Structure du PIB : 8,6 % pour
l’agriculture, 32 % pour l’industrie, 59,4 % pour les services
Dette extérieure : 6 842 millions de $
Défense
Total forces armées :
61 000 hommes
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STATISTIQUES
259
Budget de la Défense : 5,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
La Croatie a posé sa candidature à l’Union européenne en
février. Mais l’Union européenne
a choisi de mesurer la sincérité
des convictions européennes de
Zagreb à l’aune de ses progrès
en matière de démocratisation :
ces derniers auront été jugés
insuffisants en raison de son peu
d’empressement à coopérer avec
le Tribunal pénal international. La
question du retour des réfugiés –
séquelle des guerres yougoslaves
des années 1990 – a peu évolué
au cours de l’année écoulée.
CUBA
Superficie : 111 000 km 2
Population : 11 300 000 hab.
Capitale : La Havane
2 256 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république, régime
socialiste
Chef de l’État et du gouvernement : (Président du Conseil
d’État) Fidel Castro
Organisation administrative :
1 municipalité, 14 provinces
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso cubain
➡ HISTORIQUE
1898 : indépendance de Cuba
à la suite de la guerre entre
l’Espagne et les États-Unis.
Protectorat américain de fait
sur l’île.
1952 : retour au pouvoir de
Fulgencio Batista.
1958 : Fidel Castro s’empare
du pouvoir.
1961 : invasion manquée de
Cuba par des exilés soutenus
par les Américains.
1962 : rapprochement avec
l’URSS.
1994 : afflux de réfugiés
cubains vers les États-Unis.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 102 hab./km 2
Part de la population urbaine :
75,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 21,2 %,
15-65 ans 65,1 %, + 65 ans
13,7 %
Taux de natalité : 13,25 ‰
Taux de mortalité : 7,03 ‰
Taux de mortalité : infantile
7,3 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 78 ans
Défense
Total forces armées :
65 000 hommes
Budget de la Défense : 2,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
Cuba aura connu en 2003 une
vague de répression politique
d’une ampleur considérable, le
gouvernement de Fidel Castro
ayant manifestement voulu réaffirmer son emprise sur le destin
de ses concitoyens. En faisant
taire la dissidence, les autorités
cubaines ont anéanti l’embryon
de société civile qui avait semblé
se mettre en place ces dernières
années. Face aux sanctions prises
par l’UE, Castro a organisé des
manifestations de rue rassemblant en juin plusieurs centaines
de milliers de personnes.
DANEMARK
Superficie : 43 000 km 2
Population : 5 364 000 hab.
Capitale : Copenhague
(1 300 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi)
Marguerite II
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
260
Chef du gouvernement :
Anders Fogh Rasmussen
Organisation administrative :
2 municipalités, 14 comtés
Langue officielle : danois
Religion : protestantisme
Monnaie : couronne danoise
➡ HISTORIQUE
1814 : perte de la Norvège.
1849 : promulgation d’une
Constitution démocratique.
1864 : le Danemark perd le
Slesvig-Holstein et Kiel.
1924 : les sociaux-démocrates
s’installent durablement au
pouvoir.
1940 : occupation allemande.
1973 : entrée dans l’UE.
1993 : adhésion par référendum au traité de Maastricht
sans participation à l’euro.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 126 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18,3 %, 1565 ans 61,7 %, + 65 ans 20 %
Taux de natalité : 12,25 ‰
Taux de mortalité : 11,69 ‰
Taux de mortalité : infantile
5 ‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 163 milliards de $
PNB/hab. : 30 290 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,6 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
2,9 %
Structure de la population
active : agriculture 3,7 %,
mines et industrie 26,8 %,
services 69,5 %
Dette brute : 59,5 % du PIB
Taux de chômage : 4,7 %
Défense
Total forces armées :
24 300 hommes
Budget de la Défense 1,5 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 344
Apport en calories 3 808 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 331/1 000 hab.
Téléphones : 633/1 000 hab.
Télévisions : 574/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Le petit royaume du Danemark a de nouveau affiché une
bonne santé économique, dont
a témoigné une croissance soutenue tirée par des exportations
solides et une forte progression
du secteur des biotechnologies.
Sur le plan extérieur, l’année
écoulée a été marquée par le
soutien du gouvernement de
centre droit, conduit par Aders
Fogh Rasmussen, à l’intervention
américaine en Irak. Par ailleurs, le
gouvernement a paru gêné dans
la conduite de sa politique européenne car il doit s’appuyer, au
Parlement, où il est minoritaire,
sur une formation d’extrême
droite, le Parti du peuple danois,
foncièrement eurosceptique.
DJIBOUTI
Superficie : 23 000 km 2
Population : 703 000 hab.
Capitale : Djibouti
(423 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime : république à régime
présidentiel
Chef de l’État : Ismaïl Omar
Guelleh
Chef du gouvernement : Dileita
Mohamed Dileita
Organisation administrative :
5 districts
Langues officielles : français,
arabe
Religion : islam
Monnaie : franc de Djibouti
➡ HISTORIQUE
1862 : protectorat français.
1888 : création de la ville de
Djibouti.
1967 : maintien par référendum
dans la République française.
1977 : indépendance de
Djibouti.
1991 : rébellion des Afars et
quasi-guerre civile.
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STATISTIQUES
261
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 28 hab./km 2
Part de la population urbaine :
83,1 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,2 %,
15-65 ans 51,3 %, + 65 ans
5,5 %.
Taux de natalité : 36,7 ‰
Taux de mortalité : 14,83 ‰
Taux de mortalité : infantile
117 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 48 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,59 milliard de $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2,6 %
Structure du PIB : 3,6 % pour
l’agriculture, 20,5 % pour
l’industrie, 75,8 % pour les
services
Dette extérieure : 284 millions
de $
Défense
Total forces armées :
8 400 hommes
Budget de la Défense 5,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les élections législatives organisées en janvier ont vu la victoire,
sans surprise, des partisans du
régime du président Ismaël Omar
Guelleh, avec 62,2 % des suffrages exprimés. Ce dernier a su
profiter de la guerre menée par
les États-Unis contre le terrorisme
international, obtenant pour
Djibouti de solides aides financières, soit une véritable rente de
situation.
DOMINICAINE
!RÉPUBLIQUE!
Superficie : 48 400 km 2
Population : 8 745 000 hab.
Capitale : Saint-Domingue
(3 300 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Hipólito Mejía
Organisation administrative :
29 provinces, 1 district
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso dominicain
➡ HISTORIQUE
1697 : partage de l’île entre la
France (Haïti) et l’Espagne.
1861 : indépendance de la
République dominicaine,
confirmée en 1865.
1930 : Rafael Trujillo prend le
pouvoir et institue une dictature qui devait durer 31 ans.
1961 : assassinat de Trujillo.
1963 : le président de gauche
Juan Bosch est renversé.
1986 : retour au pouvoir du
candidat conservateur Joaquin
Balaguer.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 174 hab./km 2
Part de la population urbaine :
64,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 33,5 %, 1565 ans 59,6 %, + 65 ans 6,6 %
Taux de natalité : 24,04 ‰
Taux de mortalité : 5,3 ‰
Taux de mortalité : infantile
36,3 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 73 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 20 milliards de $
PNB/hab. : 2 320 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,8 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
5,2 %
Structure de la population
active : agriculture 14,8 %,
mines et industrie 23,2 %,
services 62 %
Structure du PIB : 11,3 % pour
l’agriculture, 34,3 % pour
l’industrie, 54,3 % pour les
services
Dette extérieure : 4 239 millions de $
Taux de chômage : 15,9 %
Défense
Total forces armées :
24 500 hommes
Budget de la Défense 0,4 %
du PIB
➡ TENDANCES
Dès son investiture en août 2000,
le nouveau président de centre
gauche Hipólito Mejía avait revendiqué l’étiquette d’« ami des
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
262
pauvres ». Trois ans plus tard, ni la
poussée du chômage, ni les cou-
pures de courant quotidiennes
ne semblaient avoir entamé la
popularité du chef de l’État.
DOMINIQUE
Superficie : 751 km 2
Population : 79 000 hab.
Capitale : Roseau 24 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Nicholas Liverpool
Chef du gouvernement : Pierre
Charles
Organisation administrative :
10 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : catholicisme
Monnaie : dollar des Caraïbes
orientales
➡ HISTORIQUE
1763 : colonie britannique.
1978 : proclamation de
l’indépendance.
1980-1995 : alternance au pouvoir du Parti travailliste et du
Parti dominicain de la liberté.
Réussite de la réforme agraire
et de l’ouverture au tourisme.
Liens étroits avec les ÉtatsUnis et la France.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 97 hab./km 2
Part de la population urbaine :
70,7 %
Taux
Taux
Taux
15,8
de natalité : 20,18 ‰
de mortalité : 7 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,228 milliard de $
PNB/hab. : 3 180 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 0,3 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
0,85 %
Structure du PIB : 18,5 %
pour l’agriculture, 22,5 %
pour l’industrie, 59 % pour les
services
Dette extérieure : 98 millions
de $
ÉGYPTE
Superficie : 1 000 000 km 2
Population : 71 931 000 hab.
Capitale : Le Caire
(9 900 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Hosni Moubarak
Chef du gouvernement : Atef
Ebeid
Organisation administrative :
26 gouvernorats
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : livre égyptienne
➡ HISTORIQUE
1517 : province de l’Empire
ottoman.
1914 : protectorat britannique.
1922 : indépendance de
l’Égypte.
1952 : instauration de la
République.
1954 : prise du pouvoir par
Gamal Abdel Nasser.
1967 : défaite devant Israël et
perte du Sinaï.
1979 : traité de paix avec
Israël.
1980 : assassinat d’Anouar
el-Sadate. Hosni Moubarak lui
succède.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 63 hab./km 2
Part de la population urbaine :
45 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 35,4 %, 1565 ans 58,3 %, + 65 ans 6,3 %
Taux de natalité : 25,5 ‰
Taux de mortalité : 6,79 ‰
Taux de mortalité : infantile
40,5 ‰
Espérance de vie : hommes
65 ans, femmes 68 ans
Indicateurs socio-économiques
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STATISTIQUES
263
PNB : 98 milliards de $
PNB/hab. : 1 470 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,5 %
Structure de la population
active : agriculture 34,2 %,
mines et industrie 21,6 %,
services 44,1 %
Structure du PIB : 17,4 %
pour l’agriculture, 31,5 %
pour l’industrie, 51 % pour les
services
Dette extérieure : 29 849 millions de $
Défense
Total forces armées :
450 000 hommes
Budget de la Défense 2,4 %
du PIB
➡ TENDANCES
Soucieuse de limiter le contrecoup économique de la guerre
contre l’Irak, l’Égypte du président Hosni Moubarak s’est associée aux projets américains pour
la paix au Proche-Orient. Mais les
responsables égyptiens se mé-
fient du volet politique du plan
américain, qui prétend engager
les pays de la région sur la voie de
la démocratie.
ÉMIRATS ARABES
UNIS
Superficie : 80 000 km 2
Population : 2 995 000 hab.
Capitale : Abu Dhabi
242 975 hab. (927 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État : (Président
du Conseil suprême des
souverains) Zayid ibn Sultan
al-Nahyan
Chef du gouvernement : Maktum ibn Rachid al-Maktum
Organisation administrative :
7 Émirats
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dirham
➡ HISTORIQUE
1892 : protectorat britannique.
1971 : indépendance des six
émirats. Constitution d’un
État fédéral avec Abu Dhabi
comme capitale.
1979 : Abu Dhabi tente d’imposer un pouvoir unitaire.
1993 : appui à l’accord
israélo-palestinien.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 34 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,5 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 26 %, 15-65 ans
68,9 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 17,54 ‰
Taux de mortalité : 2,88 ‰
Taux de mortalité : infantile
10,9 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 49,2 milliards de $
PNB/hab. : 18 060 $
Défense
Total forces armées :
64 500 hommes
Budget de la Défense 8,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Enrôlés au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 par les
États-Unis sous la bannière de la
lutte contre le terrorisme international, les Émirats arabes unis ont
observé l’intervention américaine
contre l’Irak avec une grande
attention. Pour le reste, l’or noir a
continué d’assurer à la fédération
un excellent niveau de vie.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
264
ÉQUATEUR
Superficie : 270 670 km 2
Population : 13 003 000 hab.
Capitale : Quito 1 754 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Lucio Gutierrez
Organisation administrative :
21 provinces
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : sucre
➡ HISTORIQUE
1830 : indépendance de
l’Équateur.
1934 : élection du président
de gauche Velasco Ibarra.
Renversé l’année suivante
il revient plusieurs fois au
pouvoir.
1972 : coup d’État militaire.
1995 : nouvelle guerre
frontalière avec le Pérou, qui
s’achève vite sur un retour au
statu quo.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 45 hab./km 2
Part de la population urbaine :
64,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 33,8 %, 1565 ans 59,3 %, + 65 ans 6,9 %
Taux de natalité : 24,4 ‰
Taux de mortalité : 5,97 ‰
Taux de mortalité : infantile
41,5 ‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 71 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 19 milliards de $
PNB/hab. : 1 450 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
12,6 %
Structure du PIB : 12,2 %
pour l’agriculture, 37,5 % pour
l’industrie, 50,4 % pour les
services
Dette extérieure : 14 918 millions de $
Taux de chômage : 9,2 %
Défense
Total forces armées :
57 100 hommes
Budget de la Défense 2,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Six mois après son investiture
en janvier 2003, l’état de grâce
semblait terminé pour Lucio
Gutierrez. Pour avoir choisi de se
soumettre aux règles du FMI, le
chef de l’État équatorien rassemblait, à la fin de l’année 2003, près
de 70 % d’opinions défavorables.
Il est vrai que, gangrené par une
corruption et une instabilité politique permanentes, l’Équateur
détient le record des ex-présidents détenus ou exilés.
ÉRYTHRÉE
Superficie : 120 000 km 2
Population : 4 141 000 hab.
Capitale : Asmara
514 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Issayas Afeworki
Organisation administrative :
10 provinces
Langues officielles : tigrigna,
arabe
Religions : islam, Église copte
éthiopienne
Monnaie : nakfa
➡ HISTORIQUE
1890 : colonisation italienne.
1952 : retour à l’Éthiopie.
1970 : création du Front populaire de libération de l’Érythrée
(FPLE), qui participera à la
chute de la dictature Mengistu.
1993 : proclamation de
l’indépendance.
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STATISTIQUES
265
1998-2001 : guerre frontalière
avec l’Éthiopie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
18,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,4 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 39,1 ‰
Taux de mortalité : 14,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
82,4 ‰
Espérance de vie : hommes
49 ans, femmes 52 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,67 milliard de $
PNB/hab. : 160 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,6 %
Structure du PIB : 9,2 % pour
l’agriculture, 29,5 % pour
l’industrie, 61,1 % pour les
services
Dette extérieure : 76 millions
de $
Défense
Total forces armées :
180 000 hommes
Budget de la Défense 23,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le gouvernement n’a pas desserré son étau sur la population.
De nouveau, le pays a frôlé le pire,
car si les récoltes se sont révélées
meilleures en 2003 qu’en 2002,
cela n’aura pas suffi à enrayer
la grave crise humanitaire qui a
touché ce petit pays pauvre de la
Corne de l’Afrique.
ESPAGNE
Superficie : 505 000 km 2
Population : 41 060 000 hab.
Capitale : Madrid
2 882 860 hab.
(4 100 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Juan
Carlos Ier de Bourbon
Chef du gouvernement : José
María Aznar
Organisation administrative :
17 communautés autonomes
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1923 : coup d’État du général
Primo de Rivera.
1931 : proclamation de la
république.
1936 : victoire aux élections
du Front populaire. Le général
Franco déclenche la guerre
civile.
1939 : Franco se proclame
Caudillo, chef de l’État, à vie.
1940 : l’Espagne reste en
dehors du conflit mondial.
1975 : mort de Franco. Retour
progressif à la démocratie.
Juan Carlos roi d’Espagne.
1982 : l’Espagne adhère à
l’OTAN.
1986 : membre de la Communauté économique européenne
(CEE).
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 79 hab./km 2
Part de la population urbaine :
77,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 14,7 %,
15-65 ans 63,5 %, + 65 ans
21,8 %
Taux de natalité : 9,27 ‰
Taux de mortalité : 9,34 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,3 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 594 milliards de $
PNB/hab. : 14 430 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
3,4 %
Structure de la population
active : agriculture 8,4 %,
mines et industrie 30 %, services 61,7 %
Structure du PIB : 2,9 % pour
l’agriculture
Dette brute : 73,3 % du PIB
Taux de chômage : 14,1 %
Défense
Total forces armées :
186 500 hommes
Budget de la Défense 1,0 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 2,9 %
Nombre d’habitants pour
1 médecin 238
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
266
Apport en calories 3 295 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 389/1 000 hab.
Téléphones : 403/1 000 hab.
Télévisions : 404/1 000 hab.
➡ TENDANCES
En butte à un vaste mouvement
de contestation pour sa gestion
approximative de la crise du
pétrolier Prestige – dont le fuel
a pollué de vastes zones littorales
de Galice – et son soutien aux
États-Unis dans la guerre contre
l’Irak de Saddam Hussein, le chef
du gouvernement espagnol José
Maria Aznar n’a pu éviter le recul
de son Parti populaire lors des
élections municipales et régionales de mai. Il compte pourtant sur son bilan économique,
meilleur en Espagne que chez la
plupart de ses partenaires européens, pour mener à la victoire
aux législatives de mars 2004
son dauphin désigné le 1er septembre, Mariano Rajoy.
ESTONIE
Superficie : 45 000 km 2
Population : 1 323 000 hab.
Capitale : Tallinn 404 000 hab.
Principale ville (hormis la capitale) : Tartu 107 303 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Arnold Ruutel
Chef du gouvernement : Juhan
Parts
Organisation administrative :
15 districts
Langue officielle : estonien
Religion : protestantisme
Monnaie : couronne
estonienne
➡ HISTORIQUE
1561 : l’Estonie est partagée
entre la Suède et la Pologne.
1721 : le pays est intégré à
l’Empire russe.
1920 : indépendance de
l’Estonie.
1940 : intégration dans l’URSS.
1991 : proclamation de
l’indépendance.
1995 : accord d’association
avec l’Union européenne.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 34 hab./km 2
Part de la population urbaine :
78,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 17,7 %,
15-65 ans 62,1 %, + 65 ans
20,2 %
Taux de natalité : 8,7 ‰
Taux de mortalité : 13,58 ‰
Taux de mortalité : infantile
9,7 ‰
Espérance de vie : hommes
+ 65 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,61 milliards de $
PNB/hab. : 4 130 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
4,3 %
Structure du PIB : 7,2 % pour
l’agriculture, 27,9 % pour
l’industrie, 64,8 % pour les
services
Dette extérieure : 658 millions
de $
Défense
Total forces armées :
4 800 hommes
Budget de la Défense 1,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les Estoniens ont massivement
voté le 14 septembre en faveur
de l’adhésion de leur pays à l’UE,
consacrant la rupture de cette
petite République balte avec
son passé soviétique. Le taux de
participation a atteint 63 %. Ce
même jour, les Suédois rejetaient
l’euro. « Le printemps est arrivé en
Estonie, nous sommes de retour
en Europe », s’est réjoui le Premier
ministre Juhan Parts.
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STATISTIQUES
267
ÉTATS!UNIS
Superficie : 9 364 000 km 2
Population : 294 043 000 hab.
Capitale : Washington
527 059 hab. (3 700 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) George W. Bush.
Organisation administrative :
1 district, 50 États
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : dollar des
États-Unis
➡ HISTORIQUE
1917 : les États-Unis entrent
dans la guerre en Europe.
1929 : crise à Wall Street.
1933 : F. D. Roosevelt est élu
président des États-Unis.
1941 : Les États-Unis entrent
en guerre contre le Japon.
1960 : J. F. Kennedy élu à la
présidence.
1963 : assassinat de Kennedy.
1975 : défaite des États-Unis
au Viêt Nam.
1991 : intervention militaire
contre l’Irak (guerre du Golfe).
2000 : le républicain George
W. Bush succède au président
démocrate Bill Clinton.
2001 : attentats contre New
York et Washington.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 30 hab./km 2
Part de la population urbaine :
77 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 21,7 %,
15-65 ans 62,2 %, + 65 ans
16,1 %
Taux de natalité : 14,7 ‰
Taux de mortalité : 8,48 ‰
Taux de mortalité : infantile
6,8 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 10 110 milliards de $
PNB/hab. : 35 060 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,6 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
3,38 %
Structure de la population
active : agriculture 2,7 %,
mines et industrie 23,9 %,
services 73,4 %
Dette brute : 56,7 % du PIB
Taux de chômage : 4 %
Défense
Total forces armées :
1 371 500 hommes
Budget de la Défense 3,2 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 384
Apport en calories 3 642 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 521/1 000 hab.
Téléphones : 644/1 000 hab.
Télévisions : 805/1 000 hab.
➡ TENDANCES
L’année 2003 aura été dominée
par l’intervention militaire des
États-Unis en Irak. Une intervention qui a divisé la communauté
internationale, mettant notamment à mal les liens transatlantiques avec la France. Faciles vainqueurs, les Américains n’ont pas
réussi à se transformer en soldats
de la paix, tout en refusant de
passer le flambeau de la reconstruction politique et économique
en Irak aux mains des Nations
unies. Soutenu par une grande
majorité de ses concitoyens à
l’orée de cette aventure militaire,
le président George W. Bush a
vu sa popularité s’éroder au fil
de la détérioration de la situation
sur le terrain. L’absence d’armes
de destruction massive, dont la
présence était censée justifier
l’intervention contre le régime de
Saddam Hussein, n’aura fait que
fragiliser la position du président
Bush qui abordera donc l’élection de 2004 dans de mauvaises
conditions.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
268
ÉTHIOPIE
Superficie : 1 100 000 km 2
Population : 70 678 000 hab.
Capitale : Addis-Abeba :
(2 639 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de la
République) Wolde-Giyorgis
Chef du gouvernement : Meles
Zenawi
Organisation administrative :
1 municipalité, 9 États
Langue officielle : amharique
Religions : islam, Église copte
éthiopienne
Monnaie : birr éthiopien
➡ HISTORIQUE
1889 : couronnement de Menelik II, fondateur d’Addis-Abeba.
1935 : occupation italienne.
1942 : libération de l’Éthiopie
par les Britanniques.
1974 : renversement de Haïlé
Sélassié Ier par une junte
militaire.
1977 : le colonel Mengistu instaure un régime
autoritaire se réclamant du
marxisme-léninisme.
1983 : aide internationale pour
lutter contre la famine.
1991 : chute de Mengistu
et instauration d’un régime
démocratique.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 63 hab./km 2
Part de la population urbaine :
17,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 45,2 %, 1565 ans 50,1 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 44,44 ‰
Taux de mortalité : 19,8 ‰
Taux de mortalité : infantile
106,1 ‰
Espérance de vie : hommes
41 ans, femmes 43 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 6,42 milliards de $
PNB/hab. : 100 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
– 7,2 %
Structure de la population
active : agriculture 88,5 %,
mines et industrie 2 %, services 9,5 %
Structure du PIB : 52,3 %
pour l’agriculture, 11,1 % pour
l’industrie, 36,5 % pour les
services
Dette extérieure : 10 078 millions de $
Défense
Total forces armées :
325 000 hommes
Budget de la Défense 2,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
Trois ans après la signature à
Alger d’un accord mettant fin
au conflit avec l’Érythrée, les
tensions demeuraient vives en
Éthiopie. En effet, la paix paraissait avoir du mal à s’imposer dans
ce pays qui figure toujours au
cinquième rang des États les plus
pauvres d’Afrique.
FIDJI
Superficie : 18 300 km 2
Population : 839 000 hab.
Capitale : Suva 196 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Ratu Josefa Iloilo
Chef du gouvernement : Laisenia Qarase
Organisation administrative :
4 divisions, 1 dépendance
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar fidjien
➡ HISTORIQUE
1648 : découverte du groupe
d’îles par le navigateur hollandais Tasman.
1874 : annexion par les
Britanniques.
1970 : accession à
l’indépendance.
1987 : coup d’État militaire.
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STATISTIQUES
269
1990 : Constitution privilégiant
les droits des Mélanésiens par
rapport à ceux des Indiens.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 44 hab./km 2
Part de la population urbaine :
48,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 33,3 %, 1565 ans 61 %, + 65 ans 5,7 %
Taux de natalité : 21,73 ‰
Taux de mortalité : 4,49 ‰
Taux de mortalité : infantile
17,5 ‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1,78 milliard de $
PNB/hab. : 2 160 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,09 %
Structure du PIB : 17,9 % pour
l’agriculture, 29 % pour l’industrie, 53,1 % pour les services
Dette extérieure : 213 millions
de $
Défense
Total forces armées :
3 500 hommes
Budget de la Défense 1,3 %
du PIB
FINLANDE
Superficie : 338 000 km 2
Population : 5 207 000 hab.
Capitale : Helsinki
555 174 hab. (1 100 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Tarja Halonen
Chef du gouvernement : Matti
Vanhanen
Organisation administrative :
6 provinces
Langues officielles : suédois,
finnois
Religion : protestantisme
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1809 : intégration de la Finlande dans l’Empire russe.
1917 : proclamation de
l’indépendance.
1941 : la Finlande se range
du côté des Allemands contre
l’URSS.
1947 : neutralisation de fait de
la Finlande.
1956-1981 : présidence d’Urho
Kaleva Kekkonen.
1995 : entrée de la Finlande
dans l’Union européenne.
1999 : adhésion à la zone euro.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 17 hab./km 2
Part de la population urbaine :
66,7 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 18 %, 15-65 ans
62,1 %, + 65 ans 19,9 %
Taux de natalité : 11,1 ‰
Taux de mortalité : 9,73 ‰
Taux de mortalité : infantile
4 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 122 milliards de $
PNB/hab. : 23 510 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,6 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
3,4 %
Structure de la population
active : agriculture 7,1 %,
mines et industrie 27,5 %,
services 65,5 %
Structure du PIB : 3,7 % pour
l’agriculture, 33 % pour l’industrie, 63,3 % pour les services
Dette brute : 49,8 % du PIB
Taux de chômage : 9,8 %
Défense
Total forces armées :
31 700 hommes
Budget de la Défense 1,5 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 357
Apport en calories 2 916 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 379/1 000 hab.
Téléphones : 556/1 000 hab.
Télévisions : 519/1 000 hab.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
270
➡ TENDANCES
L’année écoulée a vu la victoire
du Parti du centre aux élections
législatives qui se sont déroulées
en mars. Le nouveau Premier ministre, madame Anneli Jaatteenmaki, n’aura pu savourer son succès que peu de temps, puisque
trois mois plus tard elle devait
démissionner et laisser les rênes
à Matti Vanhanen. Le gouvernement a présenté un budget 2003
en équilibre, en dépit du ralentissement de l’économie. Le chômage (9 %) et le vieillissement
de la population constituent toujours les principaux points noirs.
FRANCE
Superficie : 549 000 km 2
Population : 61 911 000 hab.
Capitale : Paris 2 147 857 hab.
(9 600 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Jacques Chirac
Chef du gouvernement :
(Premier ministre) Jean-Pierre
Raffarin
Organisation administrative :
21 régions, 1 collectivité
territoriale
Langue officielle : français
Religion : catholicisme
Monnaies : euro
➡ HISTORIQUE
1875 : fondation de la
IIIe République.
1914-1918 : guerre contre
l’Allemagne.
1936 : victoire du Front
populaire.
1940 : occupation allemande.
1946 : fondation de la
IVe République.
1954 : défaite en Indochine et
début de la guerre d’Algérie.
1958 : retour au pouvoir du
général de Gaulle et fondation
de la Ve République.
1960-1962 : décolonisation de
l’Afrique francophone.
1968 : manifestations massives de la jeunesse et des
syndicats.
1981 : élection de François
Mitterrand à la présidence de
la République.
1995 : Jacques Chirac succède
à F. Mitterrand.
1997 : Lionel Jospin, Premier
ministre.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 107 hab./km 2
Part de la population urbaine :
75,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18,7 %,
15-65 ans 60,8 %, + 65 ans
20,5 %
Taux de natalité : 12,7 ‰
Taux de mortalité : 9,27 ‰
Taux de mortalité : infantile
5 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 343 milliards de $
PNB/hab. : 22 010 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,9 %
Structure de la population
active : agriculture 4,5 %,
mines et industrie 25,6 %,
services 69,9 %
Structure du PIB : 3 % pour
l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 72 % pour les services
Dette brute : 66,5 % du PIB
Taux de chômage : 9,5 %
Défense
Total forces armées :
317 300 hommes
Budget de la Défense 2,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 344
Apport en calories 3 551 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 442/1 000 hab.
Téléphones : 575/1 000 hab.
Télévisions : 589/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Sur le plan intérieur, l’année
écoulée a vu s’éroder la popularité du Premier ministre, sur fonds
de marasme économique et de
montée en puissance du chômage. La difficile mise en place
de la réforme des retraites, suivie
par celle, non moins problématique, du régime des intermittents du spectacle, n’auront pas
peu contribué à la dégradation
de l’image du chef du gouvernement. Assumant le rôle classique
de fusible que lui réservent les
institutions de la Ve république,
J.-P. Raffarin n’a pas totalement
épargné le chef de l’État dans
sa chute. Après avoir occupé le
devant de la scène diplomatique
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STATISTIQUES
271
dans son bras de fer avec les
États-Unis dans le cadre de l’intervention en Irak, Jacques Chirac
a été rattrapé par les problèmes
intérieurs – gestion de la canicule, gronde des enseignants,
etc. – qui lui ont rappelé qu’il
reste l’inspirateur de la politique
du gouvernement.
GABON
Superficie : 268 000 km 2
Population : 1 329 000 hab.
Capitale : Libreville
523 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Omar Bongo
Chef du gouvernement : JeanFrançois Ntoutoume-Emane
Organisation administrative :
9 provinces
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1843 : colonisation française.
1849 : fondation de Libreville.
1960 : indépendance du
Gabon.
1967 : accession au pouvoir
d’Omar Bongo.
1990 : démocratisation du
régime et instauration timide
du multipartisme.
1998 : nouvelle réélection
d’Omar Bongo contestée par
l’opposition.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 5 hab./km 2
Part de la population urbaine :
80,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 40,2 %, 1565 ans 51,1 %, + 65 ans 8,7 %
Taux de natalité : 35,86 ‰
Taux de mortalité : 15,95 ‰
Taux de mortalité : infantile
80 ‰
Espérance de vie : hommes
51 ans, femmes 54 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 4,03 milliards de $
PNB/hab. : 3 120 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 0,1 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
0,2 %
Structure du PIB : 7,8 % pour
l’agriculture, 41,2 % pour
l’industrie, 51,1 % pour les
services
Dette extérieure : 4 284 millions de $
Défense
Total forces armées :
4 700 hommes
Budget de la Défense 2,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le gouvernement du président
Omar Bongo a mis en chantier
un projet de révision constitutionnelle justifié par le besoin de
maîtriser le coût des élections. Il
est vrai que la situation économique du Gabon n’a cessé de
se dégrader depuis le milieu des
années 1990, un déclin indexé
sur l’effondrement des recettes
fiscales (générées par l’exploitation pétrolière.
GAMBIE
Superficie : 11 300 km 2
Population : 1 426 000 hab.
Capitale : Banjul 229 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Yahya Jammeh
Organisation administrative :
1 municipalité, 5 divisions
Langue officielle : anglais
Religion : islam
Monnaie : dalasi
➡ HISTORIQUE
1857 : colonisation britannique.
1965 : accession à
l’indépendance.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
272
1967 : accord d’association
avec le Sénégal.
1970 : proclamation de la
République.
1980 : troubles sociaux dans
le pays.
1982-1989 : confédération avec
le Sénégal.
1994 : coup d’État militaire dirigé par le lieutenant Jammeh.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 125 hab./km 2
Part de la population urbaine :
31,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 40,3 %, 1565 ans 54,5 %, + 65 ans 5,2 %
Taux de natalité : 40,6 ‰
Taux de mortalité : 17,43 ‰
Taux de mortalité : infantile
115 ‰
Espérance de vie : hommes
52 ans, femmes 55 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,392 milliard de $
PNB/hab. : 280 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,7 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
7,1 %
Structure du PIB : 31,4 % pour
l’agriculture, 13 % pour l’industrie, 55,7 % pour les services
Dette extérieure : 430 millions
de $
Défense
Total forces armées :
800 hommes
Budget de la Défense 3,5 %
du PIB
➡ TENDANCES
Sous les effets conjugués des
tensions avec le Sénégal et
d’une forte sécheresse, la situation économique de la Gambie
a continué de se dégrader dans
un climat politique peu propice
aux réformes. La croissance a été
insuffisante pour contrer la pression démographique.
GÉORGIE
Superficie : 70 000 km 2
Population : 5 126 000 hab.
Capitale : Tbilissi
(1 400 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Nino Bourdjanadze
Organisation administrative :
13 municipalités, 2 républiques
autonomes, 63 cercles
Langue officielle : géorgien
Religion : orthodoxie
Monnaie : lari
➡ HISTORIQUE
1801 : début de l’intégration
de l’espace géorgien dans
l’Empire russe.
1918 : proclamation d’une
république indépendante.
1921 : invasion de la Géorgie
par l’Armée rouge.
1991 : proclamation de
l’indépendance.
1992 : Edouard Chevardnadze reprend le pouvoir ;
guerre contre les dissidents
d’Abkhazie.
1999 : attentat contre le président Chevardnadze.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 78 hab./km 2
Part de la population urbaine :
60,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 20,5 %,
15-65 ans 60,8 %, + 65 ans
18,7 %
Taux de natalité : 9 ‰
Taux de mortalité : 9,34 ‰
Taux de mortalité : infantile
17,6 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,35 milliards de $
PNB/hab. : 650 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 5,4 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
5,6 %
Structure du PIB : 36 % pour
l’agriculture, 12,9 % pour
l’industrie. 51,1 % pour les
services
Dette extérieure : 1 446 millions de $
Défense
Total forces armées :
26 300 hommes
Budget de la Défense 1,2 %
du PIB
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STATISTIQUES
273
➡ TENDANCES
Le président de la Géorgie,
Edouard Chevardnadze, et son
gouvernement ont perdu le
contrôle du Parlement au profit de l’opposition à l’issue des
élections législatives qui se sont
déroulées le 2 novembre, et qui
ont été entachées, selon l’OSCE,
de graves irrégularités.
GHANA
Superficie : 240 000 km 2
Population : 20 922 000 hab.
Capitale : Accra 949 100 hab.
(1 700 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) John Kufuor
Organisation administrative :
10 régions
Langue officielle : anglais
Religions : islam, christianisme, animisme
Monnaie : cedi
➡ HISTORIQUE
1874 : colonisation britannique.
1957 : accession à
l’indépendance.
1960 : Kwame Nkrumah
premier président de la
République.
1981 : prise du pouvoir par une
junte militaire dirigée par le
capitaine Jerry Rawlings.
2001 : John Kuofor succède à
Jerry Rawlings.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 83 hab./km 2
Part de la population urbaine :
37,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 40,6 %, 1565 ans 54 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 30,04 ‰
Taux de mortalité : 9,43 ‰
Taux de mortalité : infantile
62,1 ‰
Espérance de vie : hommes
57 ans, femmes 59 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,45 milliards de $
PNB/hab. : 270 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,5 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
14,5 %
Structure du PIB : 35,6 %
pour l’agriculture, 25,3 % pour
l’industrie, 39,1 % pour les
services
Dette extérieure : 5 982 millions de $
Défense
Total forces armées :
7 000 hommes
Budget de la Défense 0,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
La préparation des élections
générales de 2004 a largement
conditionné la vie politique au
cours de l’année. Ce qui n’a pas
empêché la diplomatie ghanéenne de s’impliquer avec
efficacité en Côte d’Ivoire et au
Liberia.
GRANDE!BRETAGNE
Superficie : 253 500 km 2
Population : 59 251 000 hab.
Capitale : Londres
(7 600 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi)
Élisabeth II
Chef du gouvernement :
Anthony Blair, dit Tony Blair
Organisation administrative :
4 divisions historiques
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
anglicanisme
Monnaie : livre sterling
➡ HISTORIQUE
1940 : Winston Churchill
organise la résistance du pays
contre l’Allemagne.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
274
1945 : les travaillistes gagnent
les élections et instaurent l’État
providence.
1979 : Margaret Thatcher
impose une politique libérale
au pays et limite le pouvoir des
syndicats.
1997 : le travailliste Tony Blair
devient Premier ministre et
met en oeuvre une politique
assez peu différente de celle
de Mme Thatcher, mais plus
favorable à l’Europe.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 246 hab./km 2
Part de la population urbaine :
89,4 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 19 %, 15-65 ans
60,4 %, + 65 ans 20,6 %
Taux de natalité : 11,78 ‰
Taux de mortalité : 10,79 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,4 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 486 milliards de $
PNB/hab. : 25 250 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 1,6 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,2 %
Structure de la population
active : agriculture 1,9 %,
mines et industrie 26,9 %,
services 71,3 %
Dette brute : 56,6 % du PIB
Taux de chômage : 5,5 %
Défense
Total forces armées :
212 400 hommes
Budget de la Défense 2,7 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Apport en calories 3 237 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 371/1 000 hab.
Téléphones : 540/1 000 hab.
Télévisions : 448/1 000 hab.
➡ TENDANCES
La guerre en Irak, dans laquelle
la Grande-Bretagne s’est engagée aux côtés des États-Unis,
malgré l’opposition de l’opinion
et au risque de graves divisions
dans l’Union européenne, a valu
à Tony Blair une impopularité
croissante. L’absence d’armes de
destruction massive en Irak, dont
la menace avait pourtant servi
à justifier la guerre, a provoqué
une crise de confiance aggravée
par le scandale lié au suicide de
David Kelly, un expert en armements qui avait confié à la presse
ses doutes sur la réalité de cette
menace. Mais M. Blair, dont les
projets ont été contrariés, sur la
conversion à l’euro comme sur
la réforme des services publics,
entendant relever le défi, n’a pas
semblé ébranlé. Ainsi, lors de son
congrès en septembre, le Labour
s’est dit finalement prêt à le suivre
de nouveau pour la reconquête
de la confiance, voire pour un
troisième mandat en 2006.
GRÈCE
Superficie : 132 000 km 2
Population : 10 976 000 hab.
Capitale : Athènes
(3 100 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de
la République) Konstandínos
Stefanópoulos, dit Kostís
Stefanópoulos
Chef du gouvernement :
Konstandínos Simitis, dit Kóstas Simitis
Organisation administrative :
13 régions, 1 république
Langue officielle : grec
Religion : orthodoxie
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1832 : aidée par la France, la
Grande-Bretagne et la Russie,
la Grèce arrache son indépendance à l’Empire ottoman.
1936 : dictature du général
Metaxás.
1941 : occupation allemande.
1949 : fin de la guerre civile.
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STATISTIQUES
275
1967 : putsch militaire des
colonels.
1974 : retour de la démocratie
et fin de la monarchie.
1981 : adhésion à l’Union
européenne.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 82 hab./km 2
Part de la population urbaine :
59,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 15,1 %,
15-65 ans 61,5 %, + 65 ans
23,4 %
Taux de natalité : 9,38 ‰
Taux de mortalité : 9,63 ‰
Taux de mortalité : infantile
6,3 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 124 milliards de $
PNB/hab. : 11 660 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
3,2 %
Structure de la population
active : agriculture 20,3 %,
mines et industrie 22,9 %,
services 56,9 %
Dette brute : 106,3 % du PIB
Taux de chômage : 10,1 %
Défense
Total forces armées :
165 670 hommes
Budget de la Défense 3,2 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 3,3 %
Apport en calories 3 575 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 223/1 000 hab.
Téléphones : 516/1 000 hab.
Télévisions : 220/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Assumant à partir du 1er janvier pour six mois la présidence
de l’UE, la Grèce a pu faire la
démonstration de son sens des
responsabilités européennes
dans un contexte tendu, du fait
de la guerre en Irak. Le sommet
d’Athènes en avril a néanmoins
été l’occasion de recoller les
morceaux d’une Europe en voie
d’élargissement, et celui de Thessalonique en juin a donné lieu à
un accord de principe sur l’ouverture de l’UE aux pays balkaniques.
Le débat européen a vite cédé
la place à la campagne pour les
législatives du printemps 2004,
sur fond de préparatifs des jeux
Olympiques d’Athènes.
GRENADE
Superficie : 344 km 2
Population : 80 000 hab.
Capitale : Saint George’s
35 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Daniel
Williams
Chef du gouvernement : Keith
Mitchell
Organisation administrative :
6 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : catholicisme
Monnaie : dollar des Caraïbes
orientales
➡ HISTORIQUE
XVIIIe siècle : colonisation
française.
1762 : colonie britannique.
1974 : indépendance de la
Grenade.
1979 : un coup d’État amène
Maurice Bishop au pouvoir.
1983 : à la suite du rapprochement de la Grenade de Cuba,
les États-Unis interviennent
militairement dans l’île.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 285 hab./km 2
Part de la population urbaine :
37,5 %
Taux de natalité : 25,26 ‰
Taux de mortalité : 6 ‰
Taux de mortalité : infantile
24 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,356 milliard de $
PNB/hab. : 3 500 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,5 %
Structure du PIB : 8,1 % pour
l’agriculture, 22,2 % pour
l’industrie, 79,7 % pour les
services
Dette extérieure : 105 millions
de $
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
276
GUATEMALA
Superficie : 109 000 km 2
Population : 12 347 000 hab.
Capitale : Guatemala
3 242 400 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Oscar Berger
Organisation administrative :
22 départements
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : quetzal
➡ HISTORIQUE
1822 : intégration dans
l’Empire mexicain.
1839 : indépendance du pays.
1944 : révolution et arrivée au
pouvoir d’un gouvernement de
gauche.
1954 : renversement du président Jacobo Arbenz Guzmán,
qui avait tenté de promouvoir
une réforme agraire.
1963 : guerre civile larvée
et pouvoir assumé par les
militaires.
1985 : retour des civils au
pouvoir.
1989 : négociations entre les
autorités et la guérilla.
1996 : arrêt de la guerre civile.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 102 hab./km 2
Part de la population urbaine :
39,5 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,6 %, 1565 ans 51,1 %, + 65 ans 5,3 %
Taux de natalité : 33,82 ‰
Taux de mortalité : 7,38 ‰
Taux de mortalité : infantile
41,2 ‰
Espérance de vie : hommes
62 ans, femmes 68 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 20,9 milliards de $
PNB/hab. : 1 750 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
6,3 %
Structure du PIB : 23,1 %
pour l’agriculture, 20,2 % pour
l’industrie, 56,7 % pour les
services
Dette extérieure : 4 086 millions de $
Défense
Total forces armées :
31 400 hommes
Budget de la Défense 0,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
Bien qu’elle ne figurât que sur les
dernières pages de l’agenda politique 2003, l’élection présidentielle du 28 décembre a dominé
l’année écoulée. On en retiendra,
bien sûr, la victoire au second
tour de scrutin d’Oscar Berger à
la tête de la coalition de droite
Grande alliance nationale, mais
aussi l’éviction, dès le premier
tour en novembre, de l’ancien
dictateur Rios Montt.
GUINÉE
Superficie : 250 000 km 2
Population : 8 480 000 hab.
Capitale : Conakry
1 824 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Prés. de la République)
Lansana Conté
Premier ministre : Lamine
Sidime
Organisation administrative :
8 gouvernorats
Langue officielle : français
Religions : islam, animisme
Monnaie : franc guinéen
➡ HISTORIQUE
1866 : colonisation française.
1958 : indépendance de la
Guinée. Sékou Touré, premier
président du pays, institue un
régime autoritaire.
1984 : mort de Sékou Touré.
Le colonel Lansana Conté lui
succède.
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STATISTIQUES
277
1998 : réélection contestée par
l’opposition de Lansana Conté.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 30 hab./km 2
Part de la population urbaine :
32,1 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 44,1 %, 1565 ans 51,5 %, + 65 ans 4,4 %
Taux de natalité : 39,62 ‰
Taux de mortalité : 17,47 ‰
Taux de mortalité : infantile
114,4 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 47 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,14 milliards de $
PNB/hab. : 410 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,2 %
Structure du PIB : 23,9 %
pour l’agriculture, 37,4 % pour
l’industrie, 38,7 % pour les
services
Dette extérieure : 3 520 millions de $
Défense
Total forces armées :
9 700 hommes
Budget de la Défense 1,5 %
du PIB
➡ TENDANCES
La Guinée a choisi de se doter
d’une charte électorale destinée
à assurer une meilleure transparence des scrutins. Sur la scène
extérieure, on retiendra l’implication de la Guinée dans la chute
du président du Liberia, Charles
Taylor.
GUINÉE!BISSAU
Superficie : 36 125 km 2
Population : 1 493 000 hab.
Capitale : Bissau 274 000 hab.
Principales villes (hormis la
capitale) : Gabu 7 803 hab.,
Bafata 13 429 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de la
République) Henrique Rosa
Chef du gouvernement : Artur
Sanha
Organisation administrative : 3 provinces, 1 secteur
autonome
Langue officielle : portugais
Religions : islam, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1879 : colonisation portugaise.
1962 : guérilla antiportugaise
dirigée par Amilcar Cabral.
1973 : indépendance de la
Guinée-Bissau.
1980 : coup d’État et libéralisation limitée du régime.
1998 : tentative de putsch.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 42 hab./km 2
Part de la population urbaine :
23,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 50,9 %, + 65 ans 5,6 %
Taux de natalité : 40,92 ‰
Taux de mortalité : 19,91 ‰
Taux de mortalité : infantile
121,2 ‰
Espérance de vie : hommes
43 ans, femmes 45 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,193 milliard de $
PNB/hab. : 150 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 4,2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
3,3 %
Structure du PIB : 62,3 %
pour l’agriculture, 11,8 %
pour l’industrie, 26 % pour les
services
Dette extérieure : 921 millions
de $
Défense
Total forces armées :
9 250 hommes
Budget de la Défense 2,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Au pouvoir depuis février 2000, le
président Kumba Yala a été renversé en septembre par un coup
d’État militaire dirigé par le général Vérissimo Seabra Correia. Ce
dernier, qui s’est autoproclamé
président par intérim, a promis
d’organiser des élections dès que
les conditions seront remplies.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
278
GUINÉE
ÉQUATORIALE
Superficie : 28 100 km 2
Population : 494 000 hab.
Capitale : Malabo 31 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de la
République) Teodoro Obiang
Nguema Mbasogo
Chef du gouvernement : Cándido Mutatema Rivas
Organisation administrative :
2 régions
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1778 : colonie espagnole.
1968 : indépendance du pays.
Macías Nguema institue un
régime dictatorial.
1978 : coup d’État et renversement du président Nguema.
1985 : entrée du pays dans la
zone franc.
1991 : le pays se dote d’une
nouvelle Constitution ; institution du multipartisme, mais de
graves violations des droits de
l’homme continuent.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 16 hab./km 2
Part de la population urbaine :
47 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43,7 %, 1565 ans 52,8 %, + 65 ans 6 %
Taux de natalité : 40,04 ‰
Taux de mortalité : 16,27 ‰
Taux de mortalité : infantile
98,8 ‰
Espérance de vie : hommes
49 ans, femmes 52 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,327 milliard de $
PNB/hab. : 700 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 31,2 %
Structure du PIB : 23,1 %
pour l’agriculture, 67,1 % pour
l’industrie, 9,6 % pour les
services
Dette extérieure : 283 millions
de $
Défense
Total forces armées :
1 320 hommes
Budget de la Défense 1,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le président Teodoro Obiang
Nguema a célébré le 3 août le
24e anniversaire de son arrivée
au pouvoir par un coup d’État, le
3 août 1979. Avec l’exploitation
du pétrole, la croissance a littéralement fait un bond, dont les
Guinées attendent toujours de
toucher les dividendes.
GUYANA
Superficie : 215 000 km 2
Population : 765 000 hab.
Capitale : Georgetown
275 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Bharrat Jagdeo
Chef du gouvernement :
Samuel Hinds
Organisation administrative :
10 régions
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
hindouisme, anglicanisme
Monnaie : dollar de la Guyana
➡ HISTORIQUE
1814 : colonie britannique.
1966 : indépendance de la
Guyana. Forbes Burnham
institue un régime autoritaire et
procubain.
1991 : état d’urgence.
1992 : les élections amènent
au pouvoir Cheddi Jagan, qui
libéralise l’économie.
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STATISTIQUES
279
1997 : la veuve de Jagan lui
succède au pouvoir.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 4 hab./km 2
Part de la population urbaine :
37,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 30,6 %, 1565 ans 62,5 %, + 65 ans 6,9 %
Taux de natalité : 21,18 ‰
Taux de mortalité : 7,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
52,5 ‰
Espérance de vie : hommes
61 ans, femmes 67 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,651 milliard de $
PNB/hab. : 840 $
Dette extérieure : 1 611 millions de $
Défense
Total forces armées :
1 600 hommes
Budget de la Défense 0,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’année écoulée aura été placée
sous le signe de l’apaisement
politique avec le retour au Parlement des députés du PNC (opposition) et une diminution des
tensions communautaires entre
les Afro-Guyanais et les Hindous.
Toutefois, la criminalité n’a pas
marqué le pas.
HAÏTI
Superficie : 27 750 km 2
Population : 8 326 000 hab.
Capitale : Port-au-Prince
(1 500 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de
la République) Jean-Bertrand
Aristide
Chef du gouvernement : Yvon
Neptune
Organisation administrative :
9 départements
Langues officielles : français,
créole
Religions : vaudou,
catholicisme
Monnaie : gourde
➡ HISTORIQUE
1697 : colonie française.
1791 : Toussaint Louverture
prend la tête de la révolte des
esclaves.
1806 : Jean-Jacques Dessalines proclame l’indépendance.
1915 : débarquement des
troupes américaines.
1957 : François Duvalier instaure un régime dictatorial.
1986 : exil du président
Jean-Claude Duvalier, fils de
François.
1990 : élection du père JeanBertrand Aristide.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 283 hab./km 2
Part de la population urbaine :
35,1 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 40,6 %, 1565 ans 53,8 %, + 65 ans 5,6 %
Taux de natalité : 30,7 ‰
Taux de mortalité : 12,45 ‰
Taux de mortalité : infantile
61,3 ‰
Espérance de vie : hommes
51 ans, femmes 56 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,68 milliards de $
PNB/hab. : 440 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 1,7 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
8,7 %
Structure du PIB : 29,4 %
pour l’agriculture, 22,2 % pour
l’industrie, 48,4 % pour les
services
Dette extérieure : 1 057 millions de $
Défense
Budget de la Défense 1,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les querelles politiques et la violence ont de nouveau constitué
le quotidien de l’île caraïbe. Privée de l’aide extérieure depuis les
élections de 2000, contestées par
l’opposition et la communauté
internationale, Haïti poursuit son
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
280
enlisement dans la crise. Une
situation qui paraît inextricable.
HONDURAS
Superficie : 112 000 km 2
Population : 6 941 000 hab.
Capitale : Tegucigalpa
950 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Ricardo Maduro Joest
Organisation administrative :
18 départements
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : lempira
➡ HISTORIQUE
1821 : indépendance du pays.
1932-1948 : dictature de Tiburcio Carías Andino.
1963 : coup d’État militaire.
1990 : les sandinistes du Nicaragua quittent le pays.
1994 : plusieurs dirigeants
politiques sont assignés pour
corruption.
1997 : vive agitation sociale.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 56 hab./km 2
Part de la population urbaine :
51,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 41,8 %, 1565 ans 53,1 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 31,86 ‰
Taux de mortalité : 5,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
33,1 ‰
Espérance de vie : hommes
67 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 6,21 milliards de $
PNB/hab. : 920 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 2 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
7,7 %
Structure du PIB : 16,2 %
pour l’agriculture, 31,9 % pour
l’industrie, 51,9 % pour les
services
Dette extérieure : 4 698 millions de $
Taux de chômage : 3,2 %
Défense
Total forces armées :
8 300 hommes
Budget de la Défense 0,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
Un an après avoir succédé au
président libéral Carlos Flores,
Ricardo Maduro n’avait guère
avancé sur le chemin des réformes. Partisan de la « tolérance
zéro » à l’égard d’une criminalité
littéralement galopante, le nouvel homme fort du Honduras ne
pouvait, là non plus, se prévaloir
de résultats significatifs.
HONGRIE
Superficie : 93 000 km 2
Population : 9 877 000 hab.
Capitale : Budapest
1 825 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Ferenc Madl
Chef du gouvernement : Peter
Medgyessy
Organisation administrative :
22 municipalités, 19 comtés, la
municipalité de la capitale
Langue officielle : hongrois
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : forint
➡ HISTORIQUE
1687 : le royaume est intégré
dans l’empire des Habsbourg.
1918 : indépendance.
1919 : éphémère « République
des conseils » de Béla Kun.
L’amiral Horthy lui succède et
instaure une dictature.
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STATISTIQUES
281
1941 : entrée en guerre contre
l’URSS au côté de l’Allemagne
nazie.
1947 : instauration d’une république socialiste.
1956 : soulèvement
antisoviétique.
1991 : retrait total des troupes
soviétiques.
1999 : adhésion à l’OTAN.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 109 hab./km 2
Part de la population urbaine :
63,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 16,9 %,
15-65 ans 63,4 %, + 65 ans
19,7 %
Taux de natalité : 9,4 ‰
Taux de mortalité : 13,68 ‰
Taux de mortalité : infantile
8,7 ‰
Espérance de vie : hommes
66 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 54 milliards de $
PNB/hab. : 5 280 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,3 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
5,3 %
Structure de la population
active : agriculture 8 %, mines
et industrie 33,4 %, services
57 %
Structure du PIB : 5,1 % pour
l’agriculture, 33,5 % pour
l’industrie, 61,5 % pour les
services
Taux de chômage : 6,5 %
Défense
Total forces armées :
43 440 hommes
Budget de la Défense 1,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Après Malte et la Slovénie, la Hongrie a confirmé par référendum
le 12 avril sa volonté d’intégrer
l’Union européenne. Si les électeurs ne se sont guère mobilisés
pour ce scrutin, c’est moins par
manque d’enthousiasme que
parce qu’ils considèrent déjà leur
pays comme faisant partie de
l’Europe, malgré le grand écart
persistant entre le niveau de vie
des Hongrois et celui des habitants de l’Europe occidentale. Par
ailleurs, le pays connaît de fortes
disparités entre les secteurs agricoles et industriels, d’une part,
et entre ses différentes régions,
d’autre part.
INDE
Superficie : 3 268 000 km 2
Population :
1 065 462 000 hab.
Capitale : New Delhi
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : Abdul Kalam
Chef du gouvernement : Atal
Behari Vajpayee
Organisation administrative :
7 territoires, 25 États
Langues officielles : hindi,
anglais
Religions : islam, hindouisme
Monnaie : roupie indienne
➡ HISTORIQUE
1858 : rattachement à la
Couronne.
1947 : indépendance de l’Inde
et partition avec le Pakistan.
1948 : assassinat de Gandhi.
1965 : guerre avec le Pakistan
pour le contrôle du Cachemire.
1971 : nouvelle guerre avec le
Pakistan lors de la sécession
du Bangladesh.
1998 : le parti du Congrès perd
les élections.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 336 hab./km 2
Part de la population urbaine :
28,1 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 33,5 %, 1565 ans 58,9 %, + 65 ans 7,6 %
Taux de natalité : 25,75 ‰
Taux de mortalité : 8,88 ‰
Taux de mortalité : infantile
74,7 ‰
Espérance de vie : hommes
62 ans, femmes 64 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 502 milliards de $
PNB/hab. : 480 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,9 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
4,3 %
Structure du PIB : 27,7 %
pour l’agriculture, 26,3 %
pour l’industrie, 46 % pour les
services
Dette extérieure : 94 404 millions de $
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
282
Défense
Total forces armées :
1 173 000 hommes
Budget de la Défense 2,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 48 %
Apport en calories 2 415 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
➡ TENDANCES
Les efforts du gouvernement
pour normaliser les relations
avec le Pakistan ont amorcé une
timide détente dans la région.
Mais la situation est restée tendue dans le Cachemire indien
tandis que pesait la menace islamiste à Bombay, où un attentat a
fait 50 morts le 25 août.
INDONÉSIE
Superficie : 1 900 000 km 2
Population : 219 883 000 hab.
Capitale : Jakarta
11 018 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du Gouvernement : (Président de la République) Megawati Sukarnoputri
Organisation administrative :
7 unités géographiques
Langue officielle : indonésien
Religion : islam
Monnaie : rupiah
➡ HISTORIQUE
1816 : début de la colonisation
néerlandaise.
1941 : conquête japonaise.
1945 : proclamation de
l’indépendance.
1965 : sanglante répression militaire contre les communistes.
1967 : le général Suharto
remplace Sokarno, le père de
l’indépendance, à la tête de
l’État.
1977 : les difficultés sociales
contraignent Suharto à la
démission.
1999 : l’islamiste modéré
A. Wahid remplace Jusuf Habibie à la présidence.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 114 hab./km 2
Part de la population urbaine :
39,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 30,8 %, 1565 ans 61,6 %, + 65 ans 7,6 %
Taux de natalité : 22,42 ‰
Taux de mortalité : 7,55 ‰
Taux de mortalité : infantile
39,5 ‰
Espérance de vie : hommes
64 ans, femmes 68 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 150 milliards de $
PNB/hab. : 710 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 3,7 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
11,9 %
Structure de la population
active : agriculture 45 %,
mines et industrie 17,2 %,
services 37,8 %
Structure du PIB : 19,5 %
pour l’agriculture, 43,3 % pour
l’industrie, 37,3 % pour les
services
Dette extérieure : 136 174 millions de $
Défense
Total forces armées :
298 000 hommes
Budget de la Défense 0,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
Désignée par Washington
comme le 2e front de la guerre
contre le terrorisme, l’Indonésie
a sévi contre les islamistes après
l’attentat sanglant de Bali d’octobre 2002. Mais les islamistes
défiaient à nouveau le pouvoir
indonésien par un attentat à Djakarta le 5 août. Une radicalisation
qui leur vaut l’hostilité de la majorité des Indonésiens, mais qui
exploite les tensions parcourant
l’archipel, dont l’économie reste
fragile.
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STATISTIQUES
283
IRAK
Superficie : 434 000 km 2
Population : 25 175 000 hab.
Capitale : Bagdad
(4 400 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) administration
civile américaine
Organisation administrative :
18 gouvernorats
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dinar irakien
➡ HISTORIQUE
XVIe siècle : conquête ottomane.
1920 : mandat britannique sur
le pays.
1930 : indépendance du pays,
sous contrôle britannique.
1958 : coup d’État militaire et
abolition de la monarchie.
1977 : Saddam Hussein
s’empare de tous les pouvoirs.
1990 : invasion du Koweït.
1991 : les troupes irakiennes
sont vaincues par une force
internationale menée par les
Américains.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 52 hab./km 2
Part de la population urbaine :
76,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 41,6 %, 1565 ans 53,8%, + 65 ans 4,6 %
Taux de natalité : 31,82 ‰
Taux de mortalité : 8,48 ‰
Taux de mortalité : infantile
63,5 ‰
Espérance de vie : hommes
58 ans, femmes 60 ans
Défense
Total forces armées :
429 000 hommes
➡ TENDANCES
L’entrée des troupes américaines à Bagdad, la révélation de
l’ampleur des crimes perpétrés
par le régime de Saddam Hussein, les images des populations
accueillant en libérateurs GI et
marines ont incontestablement
concouru à modifier les perspectives et à brouiller les mémoires.
L’efficacité de la machine militaire américaine en Irak aura fait
oublier un temps le contexte qui
avait présidé à sa mise en mouvement. Disqualifiée alors, l’ONU
tentait de reprendre la main six
mois plus tard. Entre-temps, les
soldats de la libération s’étaient
mués en troupes d’occupation.
Six mois après que la statue de
Saddam Hussein a été mise à
terre place Al-Ferdaous, à Bagdad, un soldat américain mourait
en moyenne chaque jour.
IRAN
Superficie : 1 650 000 km 2
Population : 69 920 000 hab.
Capitale : Téhéran
7 225 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Ali Mohammad Khatami
Organisation administrative :
26 provinces
Langue officielle : persan
Religion : islam
Monnaie : rial iranien
➡ HISTORIQUE
1907 : zones d’influence britannique et russe en Perse.
1921 : coup d’État de Reza
Khan, fondateur de la dynastie
pahlavi.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
284
1951 : le Premier ministre
Mossadegh tente une politique
progressiste.
1953 : destitution de Mossadegh par le chah, soutenu par
les Américains.
1979 : chute de la monarchie et
établissement d’une république
islamiste menée par l’ayatollah
Khomeyni.
1980 : guerre avec l’Irak.
1988 : cessez-le-feu.
1997 : élection à la présidence
de la République de l’islamiste
modéré Khatami.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 39 hab./km 2
Part de la population urbaine :
61,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 347,4 %, 1565 ans 57,4 %, + 65 ans 5,2 %
Taux de natalité : 20,6 ‰
Taux de mortalité : 5,47 ‰
Taux de mortalité : infantile
35,9 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 112 milliards de $
PNB/hab. : 1 710 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 6 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
15,5 %
Structure du PIB : 20,09 %
pour l’agriculture, 31,2 % pour
l’industrie, 47,9 % pour les
services
Dette extérieure : 11 816 millions de $
Défense
Total forces armées :
545 600 hommes
Budget de la Défense 3,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Entre les pressions des Occidentaux et celles de la rue, le régime
iranien s’engage timidement sur
la voie de compromis dont sa
survie semble dépendre. Si une
ouverture politique n’est pas à
l’ordre du jour à Téhéran, où les
conservateurs détiennent l’essentiel du pouvoir, les craintes de
mesures de rétorsion américaines
et la médiation européenne ont
provoqué une percée diplomatique, en octobre, avec l’engagement de l’Iran à se conformer
aux exigences de la communauté internationale pour ce qui
concerne le développement de
son programme nucléaire.
IRLANDE
Superficie : 70 000 km 2
Population : 3 956 000 hab.
Capitale : Dublin 985 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Mary McAleese
Chef du gouvernement : Bertie
Ahern
Organisation administrative :
4 provinces
Langues officielles : gaélique,
anglais
Religion : catholicisme
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1541 : le souverain anglais
prend le titre de roi d’Irlande.
1846 : la famine ravage le
pays.
1916 : soulèvement
nationaliste.
1921 : les comtés du Nord
(Ulster) sont maintenus au sein
de la Grande-Bretagne.
1937 : proclamation de la
Constitution irlandaise, sous
l’autorité d’Eamon De Valera.
1973 : entrée de l’Irlande dans
l’Union européenne.
1985 : assouplissement des
lois sur le divorce et sur
l’avortement.
1998 : nouvel accord angloirlandais pour tenter de mettre
un terme à l’agitation en Ulster.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 54 hab./km 2
Part de la population urbaine :
58,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 21,6 %,
15-65 ans 63,2 %, + 65 ans
15,2 %
Taux de natalité : 14,2 ‰
Taux de mortalité : 8,43 ‰
Taux de mortalité : infantile
6 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 79 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 93 milliards de $
PNB/hab. : 23 870 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 5,9 %
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STATISTIQUES
285
Taux annuel d’inflation (2000) :
5,6 %
Structure de la population
active : agriculture 10,4 %,
mines et industrie 28,4 %,
services 61,7 %
Dette brute : 56,6 % du PIB
Taux de chômage : 4,2 %
Défense
Total forces armées :
11 500 hommes
Budget de la Défense 1,0 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 476
Apport en calories 3 636 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 272/1 000 hab.
Téléphones : 411/1 000 hab.
Télévisions : 409/1 000 hab.
➡ TENDANCES
L’Irlande est l’un des pays qui ont
largement bénéficié des aides
de l’Union européenne. Son
adhésion à l’Europe en 1973 s’est
traduite par un décollage économique spectaculaire qui lui a
permis de juguler les deux fléaux
séculaires de l’île : le chômage et
l’émigration. Mais le vent a tourné
et, fortement touchée par le
ralentissement mondial, l’Irlande
est entrée dans une spirale inflationniste de nature à remettre en
cause sa compétitivité.
ISLANDE
Superficie : 103 000 km 2
Population : 290 000 hab.
Capitale : Reykjavík
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de
la République) Ólafur Ragnar
Grímsson
Chef du gouvernement : Davìd
Oddsson
Organisation administrative :
9 régions
Langue officielle : islandais
Religion : protestantisme
Monnaie : couronne islandaise
➡ HISTORIQUE
1380 : l’Islande est rattachée
au Danemark.
1918 : indépendance de
l’Islande.
1940-1944 : occupation par les
Alliés.
1944 : proclamation de la
république.
1949 : adhésion à l’OTAN.
1958 : problème de
zones de pêche avec la
Grande-Bretagne.
1980 : élection à la présidence
de Mme Vigdis Finnbogadôttir,
réélue en 1984, 1988 et 1992.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 3 hab./km 2
Part de la population urbaine :
92 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 23,3 %,
15-65 ans 61,6 %, + 65 ans
15,1 %
Taux de natalité : 14,8 ‰
Taux de mortalité : 6,7 ‰
Taux de mortalité : infantile
4,5 ‰
Espérance de vie : hommes
77 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 7,94 milliards de $
PNB/hab. : 27 970 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 0,5 %
Taux annuel d’inflation (2000) :
5,2 %
Structure de la population
active : agriculture 8,5 %,
mines et industrie 25,4 %,
services 65,5 %
Dette brute : 45,6 % du PIB
Taux de chômage : 2,9 %
Défense
Total forces armées :
240 hommes
Budget de la Défense 1,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les élections législatives de mai
2003 se sont soldées par la reconduction au pouvoir de la coali-
tion sortante, ce qui a permis au
Premier ministre, David Oddsson,
de retrouver sa place. Sur le plan
économique, le millésime 2003
aura de nouveau confirmé que
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
286
l’Islande reste l’un des pays les
plus riches d’Europe occidentale.
ISRAËL
Superficie : 21 000 km 2
Population : 6 433 000 hab.
Capitale : Jérusalem (selon la
Knesset)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Moshe Katzav
Chef du gouvernement : Ariel
Sharon
Organisation administrative :
6 districts
Langues officielles : hébreu,
arabe
Religions : judaïsme, islam
Monnaie : shekel
➡ HISTORIQUE
1917 : le ministre britannique
Arthur Balfour stipule l’installation en Palestine d’un foyer
national juif.
1922 : mandat britannique sur
la Palestine.
1948 : proclamation de l’État
d’Israël. Première guerre
israélo-arabe.
1956 : deuxième guerre
israélo-arabe.
1967 : troisième guerre
israélo-arabe.
1973 : quatrième guerre
israélo-arabe.
1977 : pour la première fois la
droite (Likoud) remplace au
pouvoir les travaillistes.
1979 : paix séparée avec
l’Égypte.
1995 : assassinat du Premier
ministre Rabin.
2001 : le conservateur (Likoud)
Ariel Sharon succède au travailliste Ehud Barak.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 296 hab./km 2
Part de la population urbaine :
91 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 28,3 %,
15-65 ans 58,5 %, + 65 ans
13,2 %
Taux de natalité : 21,48 ‰
Taux de mortalité : 6,16 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,9 ‰
Espérance de vie : hommes
76 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 107 milliards de $
PNB/hab. : 16 750 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : – 1 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,1 %
Taux de chômage : 7,7 %
Défense
Total forces armées :
173 500 hommes
Budget de la Défense 6,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le processus de paix israélo-palestinien, auquel le Premier ministre Ariel Sharon s’est toujours
montré défavorable, n’aura pas
progressé au cours de l’année
écoulée. Le plan dit « feuille de
route », adopté par le quartet
réunissant États-Unis, UE, ONU
et Russie, sera, quant à lui, resté
lettre morte. L’édification du mur
de défense contre les tentatives
d’infiltrations palestiniennes s’est
poursuivie : sans pour autant
apporter la sécurité à Israël – ce
dont ont témoigné de nombreux
attentats meurtriers –, ce mur
a privé de fait la Cisjordanie de
quelque 7 % de son territoire.
ITALIE
Superficie : 301 000 km 2
Population : 57 423 000 hab.
Capitale : Rome
(2 700 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de
la République) Carlo Azeglio
Ciampi
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STATISTIQUES
287
Chef du gouvernement : Silvio
Berlusconi
Organisation administrative :
20 régions
Langue officielle : italien
Religion : catholicisme
Monnaie : euro
➡ HISTORIQUE
1861 : proclamation du
royaume d’Italie.
1915 : entrée de l’Italie dans
le conflit mondial au côté des
franco-anglais.
1922 : arrivée de Benito Mussolini au pouvoir.
1935 : guerre en Éthiopie.
1943 : chute de Mussolini.
1946 : proclamation de la république par référendum.
1948-1953 : Alcide De Gasperi
au pouvoir.
1957 : adhésion de l’Italie au
Marché commun.
1978 : assassinat du président du Conseil Aldo Moro,
favorable à un rapprochement
avec les communistes.
1991 : disparition du PCI.
1992 : assassinat du juge
Falcone et opération « mains
propres » menée par les juges
contre la corruption.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 196 hab./km 2
Part de la population urbaine :
66,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 14,3 %,
15-65 ans 61,6 %, + 65 ans
24,1 %
Taux de natalité : 9,3 ‰
Taux de mortalité : 10,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,4 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 098 milliards de $
PNB/hab. : 18 960 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 0,4 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
2,6 %
Structure de la population
active : agriculture 6,8 %,
mines et industrie 32 %, services 61,2 %
Structure du PIB : 3,1 %
pour l’agriculture, 9,4 % pour
l’industrie, 67,6 % pour les
services
Dette brute : 119,9 % du PIB
Taux de chômage : 10,5 %
Défense
Total forces armées :
265 500 hommes
Budget de la Défense 1,5 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme 1,9 %
Nombre d’habitants pour
1 médecin 181
Apport en calories 3 504 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 571/1 000 hab.
Téléphones : 447/1 000 hab.
Télévisions : 446/1 000 hab.
➡ TENDANCES
L’année écoulée aura été mouvementée sur le front social, le
nombre des journées perdues
pour grève ayant atteint un
niveau record. Les difficultés de
Fiat et le changement d’actionnaires de Mediobanca, première
banque d’affaires du pays, ont
modifié la donne du paysage
économique. Avec une croissance atone, une inflation mal
maîtrisée et un chômage en
hausse, la « machine » économique a connu de sérieux ratés.
De plus, la présidence italienne
de l’UE s’est ouverte en juillet sur
fond de crise avec Berlin après
que M. Berlusconi eut fait une
remarque extrêmement désobligeante à l’endroit d’un député
allemand.
JAMAÏQUE
Superficie : 11 425 km 2
Population : 2 651 000 hab.
Capitale : Kingston
103 771 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Reine) Élisabeth II représentée par Howard
Felix Hanlan Cooke
Chef du gouvernement : Percival James Patterson
Organisation administrative :
14 divisions
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar de la
Jamaïque
➡ HISTORIQUE
1655 : colonie britannique.
1962 : indépendance du pays.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
288
1972 : le PNP, plus à gauche,
succède au pouvoir au Parti
travailliste.
1980 : approfondissement de
la crise économique et de la
violence sociale.
1989 : retour au pouvoir du leader du PNP, Michael Manley,
converti aux dogmes libéraux
en économie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 240 hab./km 2
Part de la population urbaine :
55,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 31,5 %, 1565 ans 58,9 %, + 65 ans 6,6 %
Taux de natalité : 21,9 ‰
Taux de mortalité : 5,92 ‰
Taux de mortalité : infantile
19,9 ‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 7,37 milliards de $
PNB/hab. : 2 820 $
Taux annuel d’inflation (2002) :
6,5 %
Structure du PIB : 6,6 % pour
l’agriculture, 32,1 % pour
l’industrie, 61,3 % pour les
services
Dette extérieure : 3 913 millions de $
Défense
Total forces armées :
2 830 hommes
Budget de la Défense 0,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le cercle vicieux dans lequel
s’est engagée la Jamaïque paraît
de plus en plus difficile à briser :
le pays a besoin de réformes de
fond pour sortir de la récession,
mais la conjoncture sociale interdit de mettre en oeuvre tout ce
qui pourrait ressembler à un plan
d’austérité.
JAPON
Superficie : 373 000 km 2
Population : 127 654 000 hab.
Capitale : Tokyo
(11 930 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Empereur)
Akihito
Chef du gouvernement : Junichiro Koizumi
Organisation administrative :
47 préfectures
Langue officielle : japonais
Religions : shintoïsme,
bouddhisme
Monnaie : yen
➡ HISTORIQUE
1854 : arrivée de l’amiral
américain Perry et ouverture
forcée du Japon au commerce
international.
1905 : victoire contre la flotte
russe.
1927 : arrivée des ultranationalistes au pouvoir.
1941 : déclaration de guerre
aux États-Unis.
1945 : capitulation du Japon.
1955 : constitution du Parti
libéral-démocrate (conserva-
teur) au pouvoir pour près de
40 ans.
1990 : intronisation du nouvel
empereur Akihito.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 336 hab./km 2
Part de la population urbaine :
78,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 14,7 %,
15-65 ans 62,1 %, + 65 ans
23,2 %
Taux de natalité : 9,6 ‰
Taux de mortalité : 7,97 ‰
Taux de mortalité : infantile
3,3 ‰
Espérance de vie : hommes
77 ans, femmes 84 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 4 266 milliards de $
PNB/hab. : 33 550 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 0,3 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
0,9 %
Structure de la population
active : agriculture 5,3 %,
mines et industrie 33,1 %,
services 61,6 %
Structure du PIB : 1,9 %
pour l’agriculture, 38 % pour
l’industrie
Dette brute : 97,3 % du PIB
Taux de chômage : 4,7 %
Défense
Total forces armées :
236 300 hommes
Budget de la Défense 0,9 %
du PIB
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STATISTIQUES
289
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin 555
Apport en calories 2 905 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 374/1 000 hab.
Téléphones : 479/1 000 hab.
Télévisions : 684/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Sous la pression d’une crise économique persistante, plus d’ailleurs que sous l’impulsion du
réformateur Yunichiro Koizumi,
dont la cote de popularité n’a
cessé de chuter depuis qu’il a accédé à la tête du gouvernement
nippon en avril 2001, le Japon
s’ouvre sur le monde. Tandis que
les investisseurs étrangers, longtemps ignorés, sont appelés au
chevet d’une économie malade,
l’archipel renonce à l’autarcie
pour afficher des ambitions de
puissance mondiale, en brisant
au passage certains tabous
pacifistes.
JORDANIE
Superficie : 92 000 km 2
Population : 5 473 000 hab.
Capitale : Amman
965 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Abd
Allah II ou Abdallah II
Chef du gouvernement : Faysal al-Fayez
Organisation administrative :
12 gouvernorats
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dinar jordanien
➡ HISTORIQUE
1922 : mandat britannique sur
la région.
1949 : création du royaume
hachémite de Jordanie.
1951 : assassinat du roi
Abdallah. Son fils Husayn lui
succède.
1970 : affrontements sanglants
entre les troupes royales et les
Palestiniens.
1991 : la Jordanie appuie l’Irak
pendant la guerre du Golfe.
1994 : paix avec Israël.
1999 : mort du roi Husayn. Son
fils Abdallah lui succède.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 53 hab./km 2
Part de la population urbaine :
73,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 40 %, 15-65 ans
55,5 %, + 65 ans 4,5 %
Taux de natalité : 30,06 ‰
Taux de mortalité : 4,6 ‰
Taux de mortalité : infantile
22,6 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 73 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 9,08 milliards de $
PNB/hab. : 1 760 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (2002) : 4,9 %
Taux annuel d’inflation (2002) :
1,8 %
Structure du PIB : 2,4 % pour
l’agriculture, 25,6 % pour
l’industrie, 72 % pour les
services
Dette extérieure : 8 234 millions de $
Défense
Total forces armées :
104 000 hommes
Budget de la Défense 5,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
La Jordanie a affiché une bienveillante neutralité à l’égard des
États-Unis lors de la guerre contre
l’Irak. Une attitude qui devrait
compenser le manque à gagner
de la chute du régime de SaddownloadModeText.vue.download 292 sur 370
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2004
290
dam Hussein pour l’économie
jordanienne.
KAZAKHSTAN
Superficie : 2 717 000 km 2
Population : 15 443 000 hab.

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1997 - Accueil *Identifiant : * ark:/12148/cb34382722t/date *Identifiant : *ISSN 04494733 *Source : *Larousse, 2012-129536 *Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb3438272...

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