2001 - Accueil

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2001 - Accueil
*Titre : *Journal de l'année (Paris. 1967)
*Titre : *Journal de l'année
*Éditeur : *Larousse (Paris)
*Date d'édition : *1967-2004
*Type : *texte,publication en série imprimée
*Langue : * Français
*Format : *application/pdf
*Identifiant : * ark:/12148/cb34382722t/date </ark:/12148/cb34382722t/date>
*Identifiant : *ISSN 04494733
*Source : *Larousse, 2012-129536
*Relation : * http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34382722t
*Provenance : *bnf.fr
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Cet ouvrage est paru à l’origine aux Editions Larousse en 2002 ;
sa numérisation a été réalisée avec le soutien du CNL.
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les Editions Larousse dans le cadre d’une collaboration avec la
BnF pour la bibliothèque numérique Gallica.
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Chronologies
et
analyses
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
2
Janvier
3
Tchécoslovaquie
Manifestation à Prague pour la liberté
de la télévision
Répondant à l’appel des journalistes de la télévision publique tchèque Ceska Televize (CT),
qui protestent contre la nomination d’un nouveau directeur, Jiri Hodac, à la tête de la station,
30 000 personnes manifestent sur la place Wenceslas, à Prague. Selon eux, les liens de Jiri Hodac
et de la nouvelle directrice de l’information, Jana
Bobosikova, avec l’ancien Premier ministre de
centre droite Vaclav Klaus, du Parti démocratique
civique (ODS), et actuel président de la Chambre
des députés menacent l’indépendance de la rédaction. Le mouvement de contestation des journalistes a commencé le 20 décembre par l’occupation des locaux de la CT.
La loi sur l’audiovisuel en vigueur, qui contient
une référence à l’« indépendance » de la télévision, interdit aux membres du conseil de la CT de
« faire valoir des intérêts de partis ou mouvements
politiques », mais n’empêche pas la nomination au
Conseil de personnes désignées par des formations politiques.
4
Europe/États-Unis
Polémique sur l’emploi de l’uranium
appauvri
Alors que quatre soldats français ayant servi dans
les Balkans sont traités pour leucémie dans des
hôpitaux militaires en France et que le ministre de
la Défense Alain Richard cherche à établir s’il existe
un lien entre l’apparition de ces leucémies et l’utilisation par l’OTAN de munitions comportant de
l’uranium appauvri lors de sa campagne aérienne
dans les Balkans en 1999, l’Italie demande à l’Alliance atlantique des précisions sur l’utilisation
de ce métal lourd faiblement radioactif, qui permet de percer les blindages les plus épais mais
qui peut avoir « des effets néfastes sur le système
rénal et hépatique ». La Belgique, le Portugal et la
France ont appuyé sa demande. Sept soldats italiens ayant participé à des missions de maintien
de la paix en ex-Yougoslavie ont déjà succombé
à des leucémies. L’OTAN avait confirmé en février
dernier aux Nations unies l’emploi de munitions
à l’uranium appauvri dans les Balkans, l’aviation
américaine en ayant tiré environ 31 000 pendant le conflit au Kosovo, soit une charge totale
approchant les 10 tonnes d’uranium appauvri. Les
munitions à l’uranium appauvri ont été mises en
oeuvre pour la première fois par les Américains
pendant la guerre du Golfe en 1991, puis en Bosnie en 1994-1995, et en Yougoslavie en 1999. Le 5,
le département de la Défense américain dément
l’existence d’un risque pour la santé des Casques
bleus ayant servi dans la région des Balkans où de
l’uranium appauvri a été utilisé. Le 25, le Conseil
de l’Europe réuni à Strasbourg adopte à la majorité une recommandation qui demande « l’interdiction de la fabrication, des essais, de l’utilisation et
de la vente » des armes à l’uranium appauvri ou au
plutonium.
5
France
Nouvelles inondations en Bretagne
Deux semaines après les grandes inondations
des 12 et 13 décembre dernier, déclarées « catastrophe naturelle », qui avaient frappé Quimper, Quimperlé et Pont-Aven, le département
du Finistère est de nouveau touché ainsi que le
Morbihan, l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et
la Mayenne. Selon la ministre de l’Environnement
Dominique Voynet, les inondations en Bretagne
sont imputables aux « activités des hommes », tant
agricoles qu’urbaines, « telles que le remembrement, la suppression des haies, l’urbanisation des
zones inondables ». Des propos qui font écho aux
protestations des populations de Bretagne, et notamment celle de Redon – la ville la plus touchée
par les inondations –, qui soulignent l’absence
de mesures préventives dans leur commune,
régulièrement touchée par d’importantes crues
dévastatrices. Les premiers brocardés restent les
pouvoirs publics, qui n’ont, selon les habitants,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
3
« rien tenté pour prévenir ces inondations devenues
récurrentes ».
6
Thaïlande
Élections législatives
Appelés aux urnes, quelque 43 millions d’électeurs
thaïlandais choisissent leurs 500 députés parmi
3 718 candidats de 37 partis. Les deux principales formations sont le Parti démocrate du Premier ministre
sortant Chuan Leekpai, au pouvoir depuis novembre
1997, et le Thai Rak Thai (TRT, « les Thaïlandais aiment
les Thaïlandais ») de Thaksin Shinawatra. La participation avoisine 60 %. Bien que la commission électorale ait indiqué qu’elle ne proclamerait pas de
résultats officiels avant le 5 février, le TRT devance le
Parti démocrate, avec 209 députés contre 118. Mais
près de 25 % des résultats pourraient être invalidés
pour fraude : selon la commission, une centaine de
candidats élus seraient disqualifiés en raison d’achats
de voix. Chef du parti populiste TRT, le magnat des
télécommunications thaïlandaises Thaksin Shinawatra, âgé de cinquante et un an, qui pourrait devenir le
chef du prochain gouvernement, s’est assuré l’appui
des classes inférieures et moyennes, éprouvées par la
crise économique de 1997. Il a promis un million de
baths (environ 25 000 dollars) aux 77 000 villages de
Thaïlande et un moratoire de trois ans sur les dettes
des petits agriculteurs. Il vient toutefois d’être reconnu coupable par la Commission nationale anticorruption, qui contrôle la transparence financière des
hommes politiques et des fonctionnaires, d’avoir dissimulé une partie de son patrimoine, lors de son bref
passage dans le précédent gouvernement, au poste
de vice-Premier ministre. La Cour constitutionnelle
sera appelée à se prononcer d’ici à quelques mois et
Thaksin Shinawatra risque d’être privé de ses droits
civiques pendant cinq ans et de devoir démissionner
peu de temps après son entrée en fonctions, ce qui
ne manquerait pas d’ouvrir une crise politique grave.
Cette entrée en fonctions intervient le 18 février, le
nouveau gouvernement de Thaïlande étant présenté au roi Bhumibol Adulyadej ; il compte parmi
ses membres un catholique, M. Suwan Valaisathien,
membre du TRT, qui est nommé vice-ministre du
Commerce – sur 62 millions d’habitants, la Thaïlande
compte 300 000 catholiques.
7
Ghana
Un nouveau président
Élu à l’issue du second tour de la présidentielle, qui
a eu lieu le 28 décembre 2000, John Kufuor, âgé de
soixante-deux ans, prête serment à la présidence.
Candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP), il a
obtenu 56,73 % des suffrages contre 43,27 % à John
Atta Mills, candidat du Congrès national démocratique (NDC), vice-président sortant et dauphin
désigné du président sortant Jerry John Rawlings,
qui ne peut, selon la Constitution, briguer un troisième mandat. Lors des élections législatives, le
7 décembre 2000, le NPP, principale formation d’opposition au Ghana, avait frôlé la majorité absolue,
obtenant 99 des 200 sièges du Parlement et remportant une victoire historique aux élections législatives. Au premier tour de l’élection présidentielle,
John Kufuor avait obtenu 49 % des suffrages. C’est
la première fois dans l’histoire du Ghana qu’une
passation de pouvoir s’est déroulée de manière
démocratique.
10
France
Jospin pour le crédit d’impôt
Lionel Jospin annonce la création d’une « prime pour
l’emploi » faisant l’objet d’un projet de loi qui doit être
présenté en Conseil des ministres avant la fin du mois.
Il s’agit d’un mécanisme fiscal assimilable à un crédit
d’impôt destiné à remplacer l’allégement progressif
de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les
bas salaires, censuré par le Conseil constitutionnel le
19 décembre dernier, au motif qu’il constituait une
« rupture caractérisée d’égalité entre contribuables ».
Selon le Premier ministre, « ce dispositif prendra la
forme d’un remboursement de prélèvement de CSG qui
sera versé par l’administration fiscale dès le mois de septembre prochain », sous forme de chèque (pour les
ménages non imposables) ou de baisse d’impôt.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
4
Il devrait avoir un « coût conforme » à celui initialement
prévu pour les allégements de CSG censurés par le
Conseil d’État. Le Parti socialiste préfère évoquer une
« prime de pouvoir d’achat ». Cette mesure enterre la
hausse du SMIC, qui avait le tort, selon le gouvernement, de ne s’appliquer qu’à un nombre limité de salariés – 2,5 millions de smicards. L’allégement progressif
de la CSG pour les revenus allant jusqu’à 1,4 fois le
SMIC, présenté dans le cadre du plan de baisses d’impôts rendu public par Laurent Fabius en août dernier,
aurait dû bénéficier à 9 millions de Français.
En tranchant en faveur d’un crédit d’impôt, Lionel Jospin met fin à l’embarras que la décision de censure du
Conseil constitutionnel avait suscité au sein du gouvernement, mais aussi aux dissensions de la majorité
plurielle, partagée entre partisans d’une augmentation du SMIC et défenseurs du crédit d’impôt.
11
France
Des faux passeports dans le football
Soupçonné d’être impliqué dans une affaire de faux
passeports et interpellé la veille, l’Ukrainien Maxim
Levytsky, ex-gardien de but de l’équipe de football de
Saint-Étienne (Loire), est mis en examen par le juge
stéphanois Nicolas Chareyre pour « usage de faux ».
Le magistrat instructeur, saisi d’une plainte contre X
pour « faux et usage de faux » déposée par l’AS SaintÉtienne le 11 décembre dernier auprès du parquet,
entend d’autres joueurs du club de division 1.
Le Brésilien Alex Dias, attaquant de l’AS Saint-Étienne,
est à son tour mis en examen pour « usage de faux »
dans le cadre de cette affaire de faux passeports. Le
footballeur accuse les dirigeants de son club d’être à
l’origine de son faux passeport portugais. Selon le Parisien, 28 des 78 joueurs du Championnat de France
issus d’un pays extérieur à l’Union européenne qui
bénéficient d’un passeport communautaire seraient
visés par les investigations judiciaires.
Le quotidien cite, parmi les joueurs suspectés, Christian, l’attaquant brésilien du PSG, Khalilou Fadiga
(Auxerre), Pablo Celendria (Marseille), Nestor Fabbri
et Mario Da Silva (Nantes) ou Fabb Celestini (Troyes).
L’affaire des faux passeports touche donc plusieurs
clubs français : elle est due au fait qu’une équipe ne
peut aligner que trois joueurs ne faisant pas partie
de l’Union européenne, alors qu’il n’y a pas de limite
pour les joueurs européens. La possession d’un
passeport de l’UE accroît d’environ 30 % la valeur
marchande des joueurs étrangers évoluant dans
le Championnat de France de D1. Certains footballeurs, provenant principalement d’Amérique du Sud
et d’Europe de l’Est, auraient donc intérêt à faire valoir
des antécédents familiaux pour obtenir un passeport
de pays de l’Union européenne. Le 17, la commission
juridique de la Ligue nationale de football décide de
retirer sept points à l’AS Saint-Étienne. Le club stéphanois tombe de la 11e à la 15e place du championnat
de D1 et dans la zone de relégation en D2. En outre,
la commission inflige un an de « suspension ferme »
de toute fonction officielle à Gérard Soler, le président délégué du club stéphanois, et quatre mois de
suspension, dont deux avec sursis, aux joueurs Maxim
Levytsky et Alex Dias.
12
France
Le harcèlement moral inscrit dans le
Code du travail
S’inspirant d’une proposition de loi du communiste George
Hage sur le harcèlement moral déposée en 1999, les députés votent un amendement visant à inscrire un nouveau
chapitre dans le Code du travail. Selon les termes de cet
amendement, « Aucun salarié ne doit subir les agissements
répétés de harcèlement moral d’un employeur, de son représentant ou de toute autre personne abusant de l’autorité que lui
confèrent ses fonctions, qui ont pour objet ou pour effet de porter
atteinte à sa dignité et de créer des conditions de travail humiliantes ou dégradantes » ; en outre, aucun salarié ne pourra
être ni « sanctionné, ni licencié pour avoir témoigné de (tels)
agissements ».
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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D’autre part, entamant l’examen du projet de loi sur la
« modernisation sociale », à savoir les dispositions destinées
à durcir les conditions des licenciements et à lutter contre le
travail précaire, les députés adoptent, avec l’accord du gouvernement, un amendement qui interdit la mise en oeuvre
d’un plan social « dans les entreprises qui auraient recours de
façon structurelle aux heures supplémentaires ».
Cette disposition durcit le fameux « amendement Michelin », qui stipule qu’une entreprise ne peut pas mettre en
oeuvre un plan social si elle n’a pas auparavant engagé des
négociations sur les 35 heures. « L’objectif du gouvernement
est d’éviter les licenciements ou tout au moins d’en réduire le
nombre », souligne la ministre de l’Emploi et de la Solidarité
Élisabeth Guigou.
13
Salvador
Un terrible séisme
Le Salvador, mais aussi le Honduras et le Guatemala sont touchés par un puissant tremblement de
terre. Le séisme, dont la magnitude a atteint 7,6 sur
l’échelle de Richter, a été ressenti au Mexique, à près
d’un millier de kilomètres au nord-ouest. Il a provoqué un glissement de terrain qui a enseveli quelque
300 maisons dans le quartier de Las Colinas, dans
l’ouest de la capitale San Salvador. Son épicentre
était situé au large de la côte du Salvador, face à San
Miguel, dans le sud-est du pays. Un premier bilan fait
état d’au moins 259 morts, 500 blessés et 1 200 disparus au Salvador.
Le président Francisco Flores décrète l’état d’urgence
et lance un appel à l’aide internationale. Quelques
jours plus tard, le bilan du tremblement de terre
s’établit officiellement à 827 morts – dont six au Guatemala –, 2 500 blessés et au moins 1 000 disparus.
En 1986, un séisme près de San Salvador avait fait
quelque 1 500 morts et 8 000 blessés. Le dernier bilan
fait aussi état de 1 000 à 2 000 disparus. Le gouvernement évalue les dégâts causés par le séisme à plus de
1 milliard de dollars.
14
Portugal
Réélection du président Sampaio
Le président socialiste Jorge Sampaio, âgé de
soixante et un ans, est réélu pour cinq ans à la tête
du Portugal lors d’un scrutin marqué par un taux
d’abstention record pour une élection présidentielle
d’environ 50 %, sur 8,7 millions d’électeurs. Il obtient
55,8 % des suffrages contre 34,5 % pour son adversaire du Parti social-démocrate (PSD, centre droite)
Joaquim Ferreira do Amaral. Trois autres candidats
de gauche se partagent le reste des suffrages. Cette
élection sans enjeu réel n’a pas passionné l’électorat :
au Portugal, la fonction de président est essentiellement honorifique.
16
Allemagne
J. Fischer témoigne sur son passé
gauchiste
Appelé comme témoin à décharge au procès de son
ancien camarade de lutte à Francfort, Hans-Joachim
Klein, le ministre allemand des Affaires étrangères
Joschka Fischer, qui a connu le terroriste repenti pendant ses études, se démarque des membres les plus
violents de l’organisation gauchiste, baptisée
Die Putzgruppe, à laquelle il appartenait dans les
années 1970. Démentant devant la justice allemande
avoir prôné la guérilla urbaine à l’époque, comme la
droite l’en accuse pour tenter d’obtenir son départ du
gouvernement, il s’est efforcé de justifier sa pratique
militante passée : « Ma position est tout à fait claire :
[la lutte armée] ne pouvait conduire qu’à l’autodestruction et à la répression, autrement dit à l’opposé de ce que
nous recherchions. » Hans-Joachim Klein est poursuivi
pour terrorisme et pour les meurtres de trois personnes – un employé de l’OPEP, un garde du corps
irakien et un policier autrichien – et trois tentatives
de meurtre commises lors de la prise d’otages des
ministres du pétrole de l’OPEP en décembre 1975 à
Vienne en Autriche. Il a renoncé au terrorisme dans
une lettre adressée en 1977 au magazine allemand
Der Spiegel, jugeant ce type d’activité « inhumaine
et insensée ». Il encourt la prison à perpétuité. Dans
cette affaire, le terroriste vénézuélien Ilich Ramirez
Sanchez, dit Carlos, et le député européen Daniel
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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Cohn-Bendit ont déjà été entendus par la justice
allemande.
Si le chef de la diplomatie allemande n’a jamais cherché à cacher son passé, l’opposition conservatrice
est revenue à la charge à la suite de la publication
de photographies montrant Joschka Fischer casqué
dans un groupe s’en prenant à un policier lors d’une
manifestation à Francfort en 1973. Par ailleurs, le 23,
le magazine Focus ayant publié un reportage accusant l’actuel ministre des Affaires étrangères d’avoir
hébergé des terroristes, l’opposition réclame une enquête parlementaire sur les agissements du ministre
à cette époque : le magazine se fondait sur le témoignage d’un ancien terroriste de la Faction armée
rouge qui prétendait avoir passé plusieurs jours dans
l’appartement de M. Fischer en 1973, quand celui-ci
faisait partie de la mouvance gauchiste radicale à
Francfort ; de plus, la fille d’un ancien terroriste de
la Faction armée rouge, Bettina Roehl, accuse M. Fischer d’avoir hébergé des terroristes dans ce même
appartement de Francfort. Joschka Fischer dément
ces accusations et affirme qu’il n’a « rien à cacher et
rien à craindre ».
République démocratique du
Congo
Assassinat de Kabila
Le président congolais Laurent-Désiré Kabila est atteint par des coups de feu censés avoir été tirés par
un militaire ou un garde du corps dans sa résidence.
Depuis son arrivée au pouvoir par la force il y a trois
ans, le président congolais est en butte à une rébellion antigouvernementale soutenue par l’Ouganda
et le Rwanda. Les autorités de Kinshasa annoncent
que le fils de Laurent-Désiré Kabila, Joseph Kabila,
âgé de vingt-neuf ans, déjà à la tête des Forces armées congolaises (FAC), assure « l’intérim » en attendant le « rétablissement » de son père. Mais, le 18, elles
officialisent la mort du président – une mort dans
des circonstances mystérieuses –, dont le corps est
inhumé le 23. Six jours après l’assassinat de son père,
les députés réunis en session spéciale à Kinshasa proclament Joseph Kabila président de la République
démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) – c’est le
quatrième président du pays depuis l’indépendance
de l’ancienne colonie belge en 1960. Celui-ci promet
des élections « libres et transparentes », le rétablissement de la paix et la construction de la démocratie,
tout en réclamant le départ des troupes étrangères
qui occupent une partie de la RDC.
République démocratique du
Congo : Kabila tué par ses
« enfants »
Principalement victime de son despotisme,
le président Laurent-Désiré Kabila est
tombé sous les balles de membres de sa
garde rapprochée qui le jugeaient traître à
la rébellion contre Mobutu.
À un ami étranger qui l’avait prévenu du danger que représentaient selon lui les « chiens
fous » composant sa garde rapprochée, LaurentDésiré Kabila avait répondu : « Mais non, ils ne me
feront jamais rien. Ils sont avec moi depuis le début. Ce sont mes enfants. » C’est pourtant l’un de
ces « enfants » qui l’a tué de plusieurs balles, le
16 janvier, dans son bureau du Palais de marbre,
à Kinshasa, bras armé d’un improbable complot
destiné à renverser le régime du despote.
Le « parricide »
Ces « enfants-soldats » – les « kadogos » – sont
ces jeunes combattants qui se sont engagés
dans la rébellion contre le président Mobutu
Sese Seko, partie de l’est du pays en octobre
1996. Ils sont restés le symbole de l’entrée triomphale de Kabila dans Kinshasa, en mai 1997. Toutefois, certains d’entre eux ne lui pardonnaient
déjà pas l’élimination, en janvier, de l’un des
quatre chefs de la rébellion, André Kisase Ngandu, président du seul mouvement armé de résistance au régime de Mobutu, le Conseil national
pour la résistance et la démocratie, (CNRD). De
porte-parole de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL),
Kabila en était alors devenu président ; il avait
nommé ses deux derniers compagnons d’armes,
Déogratias Bugera et Anselme Masasu Nindaga,
respectivement secrétaire général et chef d’étatmajor, c’est-à-dire, pour le second, « père » des
kadogos.
Dans l’euphorie des mois suivant la chute de
Mobutu, les kadogos servent fidèlement Kabila.
Ils approuvent sa rupture avec ses anciens alliés
rwandais et ougandais, en 1998. Mais les difficultés s’amoncèlent bientôt au-dessus du Palais de
marbre. Les revers diplomatiques et militaires de
l’année 2000 commencent à faire peser sur Kinshasa une atmosphère de fin de règne. La peur
et la paranoïa gagnent du terrain. En octobre,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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le commandant Masasu est accusé d’avoir tenu
des propos subversifs devant ses troupes de
kadogos. De nombreux autres responsables
originaires de l’est du pays sont arrêtés. Masasu
est exécuté en novembre. Quelques jours plus
tard, les troupes de Kabila subissent leur plus sé-
vère défaite militaire face à l’armée rwandaise :
ayant appris la mort de Masasu, les kadogos
ont déserté le front en nombre. Bientôt, la terreur contre les civils et les militaires originaires
de l’Est, orchestrée par les milices du Katanga,
région méridionale où est né Kabila, prend un
tour systématique.
Chez les kadogos, la révolte l’emporte alors sur la
soumission. Le sous-lieutenant de la garde présidentielle, Rachidi Kasereka, prend l’initiative du
« parricide ». Les préparatifs sont sommaires. Les
insurgés pensent que, une fois Kabila éliminé,
le régime s’écroulera de lui-même. Le 16, après
avoir posté des hommes aux abords du bâtiment pour couvrir leur retraite, Rachidi Kasereka
et un autre kadogo entrent dans le palais présidentiel. C’est ce dernier qui tue Kabila dans son
bureau, avant de disparaître. Rachidi Kasereka,
qui couvre leur fuite, est tué. C’est lui qui sera
présenté comme l’assassin.
Rien ne s’écroule à Kinshasa
Le lendemain, la presse commente l’assassinat
de... Patrice Lumumba, le père de l’indépendance, éliminé quarante ans plus tôt, le 17 janvier 1961. La mort de Kabila ne sera officiellement annoncée que le 18. Les rumeurs les plus
variées courront sur les responsables de l’assassinat. On parlera d’une action conduite par les
ennemis rwandais ou ougandais... ou encore
par les alliés angolais, soucieux de remplacer un
Kabila intransigeant par un dirigeant plus docile.
Rien ne s’écroule à Kinshasa, comme l’espéraient
les kadogos, à la suite de la mort de Kabila. L’aide
de camp du président, Eddy Kapend, apparaît
aussitôt à la télévision pour appeler la population au calme. Le 17 février, alors que Kabila est
prétendu seulement « blessé », les cadres du
régime se réunissent pour porter le fils de Laurent-Désiré Kabila, Joseph, qui est chef d’étatmajor de l’armée de terre, à la tête de l’État et de
l’armée. Ce choix semble avoir été imposé par le
numéro deux du régime, le ministre des Affaires
intérieures, Gaétan Kadudji, cousin du président
défunt, avec l’accord d’Eddy Kapend, « l’homme
des Angolais » à Kinshasa. Joseph Kabila est
encadré de proches de son père. Le Parlement
le proclamera président à l’unanimité le 24, au
lendemain des funérailles solennelles de Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa.
Le 18 février, un communiqué du CNRD revendique l’assassinat de Kabila, destiné à « mettre
un terme à son aventure sanguinaire, à la fois pour
venger nos camarades et pour lever tout obstacle
à l’ouverture de négociations ». La référence à
l’élimination d’André Kisase Ngandu ainsi qu’aux
plus récentes exécutions de responsables originaires de l’est du pays est implicite. La rigidité de
Kabila, incapable de faire la paix tant à l’intérieur
de son propre pays qu’avec les autres pays belligérants, est également visée.
CHRISTOPHE PÉRY
UN TON NOUVEAU
Le premier discours radiotélévisé de Joseph Kabila, le 26, surprend par son ton
nouveau. Le jeune président évoque la
nécessité d’« examiner les moyens de relancer
les accords de Lusaka » signés en juillet mais
jamais appliqués. Il plaide en faveur d’« un
renforcement de l’État de droit et de la bonne
gouvernance » et appelle de ses voeux des
« élections libres et transparentes ». Rompant avec l’isolationnisme de son père, il
réclame l’assistance de la communauté
financière internationale et appelle de ses
voeux l’établissement de meilleures relations avec l’Union européenne, la France
et la Belgique, ancienne puissance coloniale. Le 31 janvier, il est à Paris, le 1er et le
2 février à Washington et le 3 à Bruxelles...
Le 22 février, l’ONU s’engouffre dans la
brèche. Le Conseil de sécurité adopte à
l’unanimité la résolution 1341 – rédigée par
la France –, qui prévoit un retrait des belligérants de part et d’autre de la ligne de
front, et qui impose aux forces étrangères
de fournir un calendrier de rapatriement
de leurs troupes, qui devrait être achevé
dans un délai de six mois. La démobilisation et le désarmement des milices hutues
sont également exigés. Par ailleurs, la résolution préconise l’ouverture d’un dialogue
entre le régime et son opposition.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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France
Dominique Baudis président du CSA
Le député-maire UDF de Toulouse Dominique
Baudis, président du comité éditorial du Figaro, est
nommé président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) par le président de la République Jacques
Chirac. Il succède à Hervé Bourges, dont le mandat
s’achève le 23 janvier. Ancien journaliste, présenta-
teur des journaux sur TF1 et France 3, Dominique
Baudis assure qu’« il exercera ses fonctions dans un
esprit d’indépendance, d’impartialité et de recherche
constante de l’intérêt général ». Il répond ainsi à ses
détracteurs qui lui reprochent d’être un homme politique avant d’être un journaliste. L’annonce de sa
nomination par Jacques Chirac avait agité les partis
de gauche, notamment le Parti socialiste dont le
premier secrétaire François Hollande avait jugé qu’il
serait « tout à fait regrettable » de nommer une « personnalité politique » à la tête d’un « organisme indépendant chargé (...) d’assurer la neutralité pendant
la campagne des élections prochaines ». Le CSA est
renouvelé par tiers tous les deux ans ; il se compose
d’un collège de neuf conseillers dont le mandat est
d’une durée de six ans non renouvelable ; trois sont
désignés par le président de la République, trois par
le président du Sénat et trois par le président de
l’Assemblée nationale.
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France/Afrique
XXIe sommet à Yaoundé
Les représentants de la quasi-totalité des 53 pays
– il manque la Libye et les Comores – du continent africain sont réunis pendant deux jours dans
la capitale du Cameroun. Ce sommet est consacré
aux défis de la mondialisation. Les chefs d’État présents, dont le président français Jacques Chirac,
ont rendu un hommage silencieux à Laurent-Désiré Kabila, le président congolais assassiné à Kinshasa. Les sommets franco-africains sont organisés
depuis 1973 et, malgré les accusations de « néocolonialisme à visage ouvert », de maintien d’un « pré
carré » et de « diplomatie de réseaux » régulièrement
lancées contre la France, ils connaissent un succès
durable. Soucieuse de refonder ses relations avec
l’Afrique, la France, qui finance à elle seule près
d’un quart de l’aide publique au développement
accordée par l’Union européenne, plaide pour « la
fin de la diplomatie parallèle ».
France
Reconnaissance définitive du génocide
arménien
En dépit des menaces de la Turquie et des réserves
du gouvernement exprimées par le ministre des
Relations avec le Parlement Jean-Jack Queyranne et
le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine,
le Parlement adopte à l’unanimité la proposition de
loi sur la reconnaissance officielle par la France du
génocide arménien de 1915. Celle-ci avait été votée
le 8 novembre 2000 par le Sénat. Les déportations
vers la Syrie, alors province de l’empire Ottoman,
et les massacres d’Arméniens de 1915 à 1917 ont
fait entre 1,2 et 1,3 million de morts selon les Arméniens, et entre 300 000 et 500 000 morts selon les
Turcs. Ankara dénonce un texte qui « ose accuser
la Turquie d’un crime de génocide qui n’a jamais été
perpétré et qui ne tient pas compte des vérités historiques », et qui va « endommager sérieusement et
durablement » les relations avec la France. La Turquie
rappelle son ambassadeur en France, Sonmez Koksal, pour « consultations », tandis que le président
de la Chambre de commerce d’Ankara appelle au
boycottage des produits français. Le texte de loi
ne contient qu’un article : « La France reconnaît
publiquement le génocide arménien de 1915 » – la
responsabilité de la Turquie n’étant pas explicitement mentionnée – et n’a qu’une valeur « symbolique » ou « déclarative ». En effet, il ne permettra
ni de condamner des personnes niant la réalité du
génocide arménien, ni aux Arméniens d’attaquer
la Turquie devant la justice française pour obtenir
des indemnités. Le 30, le président de la république
Jacques Chirac promulgue le texte de l’Assemblée
reconnaissant le génocide arménien de 1915. En
représailles, le Premier ministre turc Bülent Ecevit
annonce que la Turquie révise ses relations économiques et commerciales avec Paris. Après avoir déjà
annulé un contrat avec Alcatel sur la construction
d’un satellite espion, Ankara annule un contrat d’armement de quelque 200 millions de dollars avec la
France, qui portait sur l’installation par Dassault des
systèmes de navigation modernes de ses avions
F-16.
États-Unis
La Californie plongée dans le noir
Les autorités de l’État le plus peuplé et le plus riche
des États-Unis coupent le courant à des centaines
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
9
de milliers de consommateurs dans le nord et le
centre de la Californie, les prestataires privés ne pouvant plus faire face à la demande. Des centaines de
milliers de personnes sont sans électricité. Le gouverneur de Californie décrète l’état d’urgence, une
mesure qui permet à l’État d’acheter de l’électricité et
de lui permettre de circuler : « Le but de tout cela est de
combler provisoirement le fossé qui nous sépare d’une
solution à long terme », mais le gouverneur ne précise
pas s’il envisage un plan de sauvetage de l’énergie
en Californie qui pourrait coûter des centaines de
millions de dollars aux contribuables californiens. Les
autorités sont en effet dépassées par leur expérience
de déréglementation de l’électricité, décidée dans
le but de réduire les prix – qui ont quintuplé depuis
juin dernier – en jouant sur la concurrence des prestataires. Or, ces coupures sont dues à la faillite imminente des deux principaux fournisseurs en électricité
de l’État, plusieurs autres fournisseurs ayant menacé
de contraindre les deux compagnies Southern California Edison et Pacific Gas et Electric à anticiper le
remboursement de leurs dettes. Los Angeles reste
épargnée par le phénomène, la municipalité ayant
décidé de ne pas s’engager dans le mouvement de
libéralisation.
19
France
Manifestation des magistrats à Paris
Une centaine de magistrats manifestent place Vendôme à Paris devant le ministère de la Justice. Répondant à l’appel de deux organisations syndicales, le
Syndicat de la magistrature et l’Union syndicale des
magistrats, ils dénoncent le surplus de travail dû à la
réforme de la justice engagée par la garde des Sceaux
Marylise Lebranchu et réclament un renforcement
des effectifs de magistrats et de greffiers, l’amélioration de leurs conditions de travail ainsi qu’une justice
de qualité au service des citoyens. Appliquée depuis
le 1er janvier, la nouvelle loi contient cinq mesures
phares : une mise en examen plus stricte ; la mise en
détention provisoire devient une mesure exceptionnelle ; les règles de garde à vue sont modifiées ; les
verdicts de cour d’assises peuvent faire l’objet d’un
recours en cour d’appel ; et les délais limitant la durée
de l’instruction sont portés à moins de deux ans.
20
États-Unis
George Bush 43e président
En prêtant serment au Capitole à Washington,
George W. Bush, âgé de cinquante-quatre ans, devient officiellement le 43e président des États-Unis.
C’est la première fois depuis Dwight Eisenhower
dans les années 1950 que les républicains contrôlent
la Maison-Blanche, le Sénat et la Chambre des représentants. L’allocution de G. W. Bush était centrée sur
l’union dans ce que l’Amérique a de meilleur : « Le
transfert d’autorité paisible est quelque chose de rare
dans l’histoire mais fréquent dans notre pays », a-til déclaré. « Je remercie Bill Clinton pour ses services à
la nation et je remercie le vice-président Gore pour la
manière dont il a combattu vaillamment et s’est rendu
avec beaucoup de grâce. » Bill Clinton devrait être définitivement à l’abri des séquelles de l’affaire Monica
Lewinsky. Il a en effet conclu un accord avec le pro-
cureur spécial Robert Ray pour éviter d’être inculpé
après la fin de son mandat. Le président sortant reconnaîtra par écrit avoir pu induire la justice en erreur
dans ses déclarations sous serment dans le dossier
Lewinsky. Quelques heures avant de quitter la Maison-Blanche, Bill Clinton a en outre accordé la grâce
présidentielle à une centaine d’Américains, selon des
sources officielles. Parmi eux figure Susan McDougal, l’un des dirigeants de la société Whitewater,
condamnée pour fraude dans l’affaire politico-immobilière du même nom qui a finalement failli coûter son poste au président sortant. Deux jours après
son investiture officielle, George W. Bush décide de
bloquer tous les financements fédéraux américains
à destination de groupes internationaux de planning
familial pratiquant des avortements ou fournissant
des conseils sur l’IVG. Cet acte, qui viendra casser une
des décisions de l’administration Clinton, est l’un des
premiers gestes de la nouvelle administration républicaine. Il a été annoncé au jour où les opposants
américains à l’IVG doivent tenir leur manifestation
annuelle à Washington : « Le président est opposé à
ce que l’argent du contribuable serve à pratiquer des
avortements », a déclaré le porte-parole Ari Fleischer.
Les financements américains à des organisations
internationales soutenant l’avortement avaient été
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
10
bloqués par l’administration Reagan, et rétablis par
Bill Clinton en 1993.
Philippines
Intronisation de la nouvelle présidente
La vice-présidente philippine Gloria Arroyo, âgée de
cinquante-trois ans, prête serment en tant que nouveau chef de l’État devant le président de la Cour
suprême Hilario Davide. Cette prestation de serment
fait suite à une décision de la Cour suprême déclarant
vacante la présidence philippine. Elle s’est effectuée
sans attendre une démission officielle du président
Estrada : la décision de la Cour suprême rend légal le
serment de Mme Arroyo. Celle-ci restera au pouvoir
jusqu’en 2004, soit à la fin du mandat de M. Estrada.
Le 19, les députés avaient exigé la démission du
président Joseph Estrada, qui est impliqué dans une
affaire de corruption : il est accusé d’avoir touché des
millions de dollars de pots-de-vin et détourné de
l’argent public.
Son procès a été suspendu à la suite de la démission des onze procureurs qui protestaient contre
l’attitude des sénateurs qui, siégeant en qualité de
juges, refusent de joindre à la procédure des documents bancaires considérés comme accablants par
l’accusation. Lâché par l’opinion publique, privé du
soutien de l’armée, Joseph Estrada prend acte de
la défiance générale à son égard, mais ne s’est pas
résolu à démissionner.
21
Vatican
Nomination de 37 cardinaux
Le pape Jean-Paul II nomme 37 cardinaux provenant
des cinq continents, dont deux Français – l’archevêque de Lyon, Mgr Louis-Marie Bille, primat des
Gaules et président de la Conférence des évêques de
France, et l’archevêque émérite de Tours, Mgr Jean
Honoré. Ce nombre inhabituellement élevé montre
la volonté de Jean-Paul II de laisser son empreinte
sur le conclave des cardinaux, qui élira son successeur. Avec ces nominations, tous les cardinaux susceptibles de participer au conclave, sauf 10, ont en
effet été désignés par l’actuel pape, qui en a désigné
en tout 154 depuis son accession au trône de SaintPierre en 1978.
Traditionnellement, le conclave compte 120 cardinaux, qui doivent être âgés de moins de 80 ans pour
participer à l’élection.
Mais Jean-Paul II a fait savoir qu’il changeait l’usage,
portant le nombre total de cardinaux composant
le conclave à 128. Une semaine après, Jean-Paul II
annonce cinq nouvelles désignations dans ce collège, deux Allemands, un Sud-Africain, un Bolivien
et un Ukrainien. Avec ces nouvelles « créations »,
Jean-Paul II reconnaît qu’il dépasse la limite de
120 cardinaux fixée par son prédécesseur Paul VI
pour le nombre des prélats de moins de quatrevingts ans éligibles pour désigner le nouveau pape
en conclave.
25
Mondialisation
Davos et Porto Alegre : forum contre
contre-forum
Deux forums traitant de la mondialisation s’ouvrent
à Davos en Suisse et à Porto Alegre au Brésil. Le premier, le Forum économique mondial (FEM), qui se
tient chaque année à Davos, réunit depuis trente et
un ans chefs d’État, ministres et chefs d’entreprises du
monde entier ; il traite de l’impact du ralentissement
de la croissance aux États-Unis, de l’OMC et des nouveaux moyens du commerce, des transformations de
l’Internet. Le second, le Forum social mondial (FSM),
est conçu comme une riposte au FEM. Quelque
20 000 participants tentent d’élaborer une alterna-
tive au néolibéralisme de Davos parmi lesquels José
Bové, dirigeant de la Confédération paysanne française, qui estime que le FSM « sera la première pierre
de la résistance internationale à l’OMC » : ils réaffirment
leur opposition au capitalisme et à ses institutions
(FMI, Banque mondiale), responsables selon eux de
la misère du tiers-monde. Un débat organisé grâce à
une liaison satellite entre les participants aux forums
de Davos et de Porto Alegre se transforme en un dialogue de sourds. Par ailleurs, José Bové est allé soutenir
plus d’un millier de paysans du Mouvement des sansterre qui occupaient pacifiquement une ferme-usine
du géant américain de l’agroalimentaire Monsanto à
Nao Me Toques, à 300 km au nord de Porto Alegre, lors
d’une manifestation de protestation contre les organismes génétiquement modifiés (OGM).
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
11
La police fédérale lui enjoint alors de quitter le pays
dans les vingt-quatre heures, en vertu d’une loi brésilienne qui autorise les autorités à expulser un étranger
pour actes incompatibles avec un visa touristique. Le
30, le syndicaliste paysan obtient l’annulation de son
ordre d’expulsion.
Davos/Porto Alegre : quel
capitalisme mondialisé ?
Du 25 au 30 janvier 2001 se sont tenus
simultanément le 31e Forum économique
mondial de Davos, en Suisse, et le premier
Forum social mondial de Porto Alegre, au
Brésil. Derrière les divergences radicales
de façade, une question a traversé les
débats dans les deux réunions : comment
rendre la libéralisation économique mondiale plus humaine ?
D’abord, les forces en présence. D’un côté,
Davos, station de ski située dans le massif
suisse des Grisons, accueille pour la 31e année
consécutive, du 25 au 31 janvier, le World Economic Forum (Forum économique mondial), où
se retrouve chaque hiver le gratin mondial des
entrepreneurs, décideurs politiques et économistes. Officiellement, pour discuter de l’avenir
de la planète. Accessoirement, pour faire tourner
le business : « Quand je viens ici, je gagne deux
ans de rendez-vous », résume Helmut Maucher,
P-DG de Nestlé et chantre, comme de nombreux
autres invités à Davos, de la mondialisation libérale. De l’autre côté, Porto Alegre, capitale de
l’État brésilien du Rio Grande do Sul (limitrophe
de l’Uruguay), reçoit aux mêmes dates le premier Forum social mondial, conçu comme une
réponse des organisations non gouvernementales (ONG) à Davos. Depuis 1992 et le Forum
global des alternatives parallèle au Sommet de
la Terre de l’ONU à Rio de Janeiro, ce « mouvement citoyen opposé à la mondialisation libérale »,
selon l’expression de Pierre Tartakowsky, secrétaire général de l’association Attac et co-organisateur du Forum social mondial, n’a cessé de
s’amplifier. Avant Porto Alegre, son fait d’armes
le plus brillant reste l’échec de la réunion de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en
décembre 1999 à Seattle.
En cause, donc, la mondialisation libérale ; c’està-dire la libéralisation de plus en plus poussée
des échanges commerciaux internationaux, et
l’affaiblissement des États-nations dans leur rôle
de réglementation et de redistribution économique. Au cours des vingt dernières années, sous
l’influence d’institutions internationales comme
l’OMC, le Fonds monétaire international ou la
Banque mondiale, ces deux phénomènes ont
gagné du terrain. Mais ils l’ont fait au seul profit
de ceux qui les ont impulsés : les pays du Nord.
En matière agricole comme sur les produits textiles, les États-Unis et les pays européens n’ont
fait tomber qu’une infime partie des barrières
douanières et des subventions qu’ils s’étaient
engagés à abolir dès le début des années 1980.
Pendant ce temps, les pays en développement
augmentaient leurs importations alors qu’ils ne
pouvaient exporter davantage, aggravant ainsi
le poids de leur dette. Au terme de ces vingt
années, l’économie monde n’a jamais été aussi
prospère. Mais ses fruits n’ont jamais été si inégalement répartis. Les pays riches, qui représentent 12 % de la population mondiale, s’accaparent 84 % de la production de la planète. Tandis
qu’au Sud 3 milliards d’êtres humains (soit près
de 50 % de la population mondiale) vivent avec
moins de deux dollars par jour.
Sous le signe du social
Conscient de ces problèmes, les organisateurs
du forum de Davos avaient placé l’édition 2001
sous le signe du social. Par les thèmes de discussions retenus, d’abord : « Soutenir la croissance », mais aussi « Combler les fossés », notamment dans les quatre domaines prioritaires
des richesses, de la santé, de l’éducation et du
numérique. Mais aussi par la qualité des invités :
une quinzaine de dirigeants syndicaux, dont des
membres de la CFDT et de Force ouvrière, ainsi
que 70 ONG. Sans compter le président vénézuélien Hugo Chavez, présent au milieu d’une
trentaine de dirigeants de pays du Sud qui, de
toute façon, ont l’habitude de fréquenter la station des Grisons afin de vanter les mérites de
leur pays auprès des investisseurs occidentaux
ou japonais. « Notre mission est d’améliorer le
monde », concluait Klaus Schwab, le fondateur
du forum. Un monde qui ne semblait pourtant
pas l’entendre de cette oreille, si l’on en croit
les manifestations violentes qui ont eu lieu en
marge de la réunion, et qui ont donné lieu à une
forte répression policière, voire militaire.
À vrai dire, s’il s’agissait de redresser les inégalités économiques mondiales, Porto Alegre était
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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doté d’une crédibilité supérieure. Depuis 1989,
en effet, la cité brésilienne est gouvernée sous
le régime du « budget participatif » mis en place
par le parti des Travailleurs qui dirige aussi,
depuis 1999, l’ensemble du Rio Grande do Sul.
Chaque année, les habitants des quartiers se
réunissent en assemblées et décident dans quels
domaines ils souhaitent investir : éducation, voirie, logement. Les quartiers pauvres obtiennent
proportionnellement plus de ressources que les
quartiers riches. Le système, transparent, évite
la corruption et permet de réduire les coûts
des investissements urbains d’environ 30 %.
« À Porto Alegre, l’expérience des budgets participatifs dément l’idée selon laquelle la finance,
pour être efficace, doit échapper au citoyen ou au
politique », résume l’économiste italien Ricardo
Petrella. Quant au forum, il s’est conclu par un
appel de 150 délégués représentant autant
d’ONG à prendre d’urgence trois mesures pour
contrôler la libéralisation : annuler la dette du
tiers-monde, taxer les transactions financières,
interdire les paradis fiscaux. Malgré les apparences, le forum de Porto Alegre n’a pas tant
demandé la mort de la libéralisation mondiale
que son amendement.
Dans une économie désormais mondialisée,
les États-nations n’ont plus guère de pouvoir
d’intervention ; ce que Jean-Marie Messier, le
P-DG de Vivendi présent à Davos, a subtilement
résumé : « C’est important de savoir que dans les
pays où l’on fait des affaires, les gouvernements ne
vont pas nous pondre une loi à la c... » Tout l’enjeu
des deux forums a alors consisté à savoir qui va
prendre la relève et comment. Question hautement actuelle de la régulation du capitalisme
mondialisé, à laquelle le titre du dernier ouvrage
de l’économiste Elie Cohen semble donner un
début de réponse : l’Ordre économique mondial,
essai sur les autorités de régulation.
BENJAMIN BIBAS
JOSÉ BOVÉ, INDÉSIRABLE À PORTO ALEGRE ?
Il était venu, lui aussi, la moustache fringante et le regard déterminé, pour faire
valoir une nouvelle fois la nécessité d’une
« autre mondialisation ». Las, il avait celle
fois-ci joint l’acte à la parole, participant
le 26 janvier, en compagnie d’un millier
de militants du Mouvement brésilien des
sans-terre, à l’arrachage d’un champ de
soja transgénique de la firme américaine
de biotechnologie Monsanto, situé au nord
de l’État de Rio Grande do Sul. Les autorités brésiliennes ne lui ont pas pardonné,
lui signifiant un arrêté d’expulsion dans
les 24 heures suivantes pour cause d’infraction au statut des étrangers. Décision
annulée peu après, grâce au zèle de ses
avocats brésiliens et à la réaction indignée
de Guy Hascoêt, secrétaire d’État français
à l’économie solidaire présent à l’Porto
Alegre. Une décision saluée par les slogans
des manifestants venus conclure le Forum
social : « Nous sommes tous des José Bové! »
26
France
Le Medef retire son projet sur les
retraites
Après la journée d’action organisée la veille dans tout
le pays – 200 000 personnes en province, 80 000 à
Paris –, Ernest-Antoine Seillière, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef, principale organisation patronale), déclare que la reprise
des négociations avec les syndicats se fera « quand
ils voudront », mais leur demande de proposer « des
solutions autres que celles qu’ils ont avancées jusqu’à
présent ». Il reconnaît avoir été « frappé par le caractère
imposant des cortèges », qui « manifestent une véritable
et profonde inquiétude dans notre pays devant un problème qui n’est pas réglé et qui est difficile », à savoir préserver l’équilibre financier du système des retraites
complémentaires d’ici une dizaine d’années. Les manifestants et les organisations syndicales, unies pour
l’occasion, avaient défilé pour défendre la retraite à
soixante ans et exiger du patronat la réouverture des
négociations interrompues le 22 décembre dernier
sur un constat de désaccord entre les partenaires
sociaux : le Medef veut imposer l’allongement progressif de la durée de cotisation des salariés du privé
pour préserver, dans l’avenir, l’équilibre financier du
système des retraites.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
13
26
Inde
Tremblement de terre
Un séisme d’une magnitude de 6,9 sur l’échelle ouverte de Richter traverse toute la péninsule indienne
pendant plus d’une minute, faisant de nombreuses
victimes dans le nord-ouest de l’Inde et dans le sud
du Pakistan. Ce séisme cause de terribles dégâts humains, économiques mais aussi culturels. Trois jours
après le séisme, le ministère de l’Intérieur indien fait
état de 6 246 morts, 14 500 blessés. D’après le chef du
gouvernement de l’État du Gujarat, la région la plus
touchée, ce bilan pourrait atteindre 100 000 morts.
Les dégâts du séisme s’élèveraient à 150 milliards
de roupies (3,3 milliards de dollars). Le séisme a également touché des monuments historiques vieux
de plusieurs siècles. Parmi ceux-ci figure le célèbre
temple de Somnath dédié au dieu hindou Shiva,
également connu sous le nom d’Ermitage du Mahatma Gandhi.
27
Tennis
Capriati et Agassi vainqueurs à l’Open
d’Australie
Jennifer Capriati, tête de série numéro 14, qui participait à sa première finale dames de tournoi du grand
chelem, remporte l’Open d’Australie face à Martina
Hingis, numéro un mondiale et triple vainqueur de
l’épreuve, sur le score de 6-4, 6-3, en une heure et trois
minutes. Leurs cinq précédentes rencontres avaient
été gagnées par la Suissesse. Son titre australien
hisse J. Capriati au septième rang mondial. Auparavant, l’Américaine, âgée de vingt-quatre ans, avait
déjà battu la numéro deux mondiale, sa compatriote
Lindsay Davenport, en demi-finale. L’ancienne petite
prodige du début des années 1990 avait quitté le circuit pendant près de trois ans à partir de septembre
1993, éreintée par sa vie privée et des problèmes de
drogue. Son retour au sommet marque le triomphe
de la volonté et du travail. Dans le simple messieurs,
le favori, l’Américain André Agassi, bat le Français
Arnaud Clément – qui a éliminé son compatriote
Sébastien Grosjean en demi-finale – sur le score de
6-4, 6-2, 6-2.
28
Israël/Palestine
Échec des négociations israélopalestiniennes
Le Premier ministre Ehoud Barak décide de « suspendre tous les contacts politiques avec Arafat et son
entourage jusqu’à la fin de l’élection » israélienne du
6 février. Le sommet Barak-Arafat prochainement
prévu à Stockholm est donc annulé. Cette décision
intervient au lendemain de la déclaration commune israélo-palestinienne, en clôture des six jours
de pourparlers organisés entre Israéliens et Palestiniens à Taba, en Egypte. À moins de trois semaines
de l’élection du chef du gouvernement israélien, les
chances d’aboutir à un accord de paix apparaissent
extrêmement faibles. Pour les analystes politiques,
cet accord représentait la dernière chance d’Ehoud
Barak, Premier ministre démissionnaire distancé de
près de 20 points dans les sondages par Ariel Sharon,
de refaire son retard sur son rival de droite, opposé à
tout compromis avec les Palestiniens.
29
Chili
Nouvelle inculpation de Pinochet
Le juge chilien Juan Guzman rétablit l’inculpation
de meurtres et enlèvements ainsi que l’assignation
à résidence à rencontre du général Augusto Pinochet. Liée à la série de meurtres politiques commis
sous la dictature de l’ex-président, la décision du juge
Juan Guzman implique le refus de la demande des
avocats de la défense du général Augusto Pinochet
de suspendre la procédure pour raisons de santé. Le
général Augusto Pinochet avait été inculpé le 1er décembre dernier par le juge Guzman, qui le considère
comme l’organisateur de la « caravane de la mort »,
une opération d’élimination des prisonniers politiques qui s’était soldée par la mort ou la disparition
de 73 personnes en 1973.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
14
Février
2
France
Arrestation d’Alfred Sirven
Sous le coup de deux mandats d’arrêt internationaux et recherché dans 177 pays, Alfred Sirven est
arrêté par la police philippine dans sa résidence de
Tagaytay à environ 60 km au sud de Manille. L’ancien directeur des « affaires générales » du groupe
pétrolier et homme de confiance de Loik Le FlochPrigent, ex-P-DG d’Elf-Aquitaine (1989-1993), était
en fuite depuis 1997. Il est poursuivi pour abus de
biens sociaux et complicité d’abus de biens sociaux
dans le dossier Roland Dumas, ancien ministre des
Affaires étrangères de François Mitterrand. On le
soupçonne d’avoir fait transiter par ses comptes
bancaires suisses près de quatre milliards de francs
pour alimenter d’autres comptes bancaires, dont les
propriétaires sont en cours d’identification. En janvier
2000, les juges en charge de ce dossier, Eva Joly et
Laurence Vichnievsky, avaient lancé une commission rogatoire internationale aux Philippines chargée
d’enquêter sur la présence éventuelle dans ce pays
de l’ancien numéro deux du groupe pétrolier. Alfred
Sirven aurait également recruté Christine DeviersJoncour, qui comparait actuellement, avec Roland
Dumas, devant le tribunal correctionnel de Paris. La
poursuite des débats, avec les plaidoiries des parties
civiles et le réquisitoire, est officiellement suspendue, en attendant que le tribunal soit informé d’une
venue éventuelle d’Alfred Sirven. Celui-ci devrait être
rapatrié en France d’ici deux jours.
4
Handball
Après les Barjots, les Costauds
champions du monde de handball
Six ans après leurs aînés les « Barjots », l’équipe
de France de handball, baptisée les « Costauds »,
conquiert son deuxième titre de champion du
monde en battant la Suède 28-25 après prolongation
(25-25) au Palais omnisport de Paris-Bercy. La « bande
à Costantini », qui n’était pas favorite – les Suédois
sont quadruples champions du monde (1954, 1958,
1990 et 1999) et vice-champions olympiques –, fête
de manière héroïque le départ à la retraite de Daniel
Costantini, leur entraîneur, le premier à conduire une
équipe française au titre suprême dans un sport collectif et à compter deux titres mondiaux dans une
discipline collective.
5
Audiovisuel
Bertelsmann prend le contrôle de RTL
Le groupe allemand des médias Bertelsmann
annonce qu’il prend le contrôle à hauteur de 67 %
du numéro un de la télévision et de la radio RTL
Group, grâce à un échange de participations. Déjà
détenteur de 37 % du groupe luxembourgeois, il
compte acquérir les 30 % que le Groupe Bruxelles
Lambert (GBL) détient dans le capital de RTL Group.
En échange, GBL recevrait 25,1 % du capital de Bertelsmann. Celui-ci possède des entreprises telles que
la major du disque BMG, le groupe allemand d’édition Springer et Gruner & Jahr, qui édite en France
les magazines Capital, Ca m’intéresse, Femme actuelle,
Geo ou Voici. RTL Group, également détenu à 22 %
par le groupe britannique Pearson, a réalisé en 1999
un chiffre d’affaires de 1,726 milliard de dollars et un
bénéfice de 284 millions de dollars. Si cette participation croisée suscite de nombreuses interrogations
sur la stratégie de Thomas Middelhoff, P-DG de Bertelsmann, au niveau européen et sur l’indépendance
éditoriale des médias désormais contrôlés par le leader européen du secteur, la prise de contrôle de RTL
Group doit maintenant obtenir l’aval en France du
Conseil supérieur de l’audiovisuel.
6
France
Sirven à Paris
Arrêté aux Philippines, puis expulsé en tant qu’étranger sans-papiers vers l’Allemagne, d’où il est bientôt
extradé, Alfred Sirven arrive sur le sol français après
trois ans de cavale. Il est aussitôt entendu par les
trois juges d’instruction parisiens – Eva Joly, Laurence
Vichnievsky et Renaud Van Ruymbeke – en charge du
dossier Elf au pôle financier de Paris. À l’issue de l’audition, il est placé sous mandat de dépôt par le juge
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
15
de la détention et des libertés. Avant son extradition
vers la France, l’ancien directeur général du groupe
Elf a refusé de témoigner devant les députés allemands qui souhaitaient l’interroger sur le versement
de commissions occultes à la CDU lors de la vente à
Elf-Aquitaine de la raffinerie Leuna (en ex-Allemagne
de l’Est). Présenté devant la onzième chambre du
tribunal correctionnel présidée par Sophie Portier,
Alfred Sirven se voit signifier son maintien en détention. La présidente Sophie Portier décide le renvoi du
procès au 12 mars prochain, en ajoutant trois jours
supplémentaires consacrés aux débats avant le réquisitoire du parquet et les plaidoiries de la défense.
Alfred Sirven devra s’expliquer sur les faits d’abus de
biens sociaux au détriment du groupe Elf qui lui sont
reprochés : le salariat de Christine Deviers-Joncour
et l’achat d’un appartement dans le VIIe arrondissement de Paris (17 millions de francs) pour infléchir la
position de Roland Dumas concernant la vente par
Thomson de six frégates à Taïwan.
Kouchner retrouve la Santé
Bernard Kouchner est nommé ministre délégué à
la Santé, une fonction qu’il a occupée il y a trois ans.
Il remplace Dominique Gillot qui devient secrétaire
d’État aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Il devra prendre en charge deux dossiers
délicats : celui des médecins et celui du principe de
précaution appliqué à la maladie de la vache folle.
Israël
Sharon plébiscité
Le chef de la droite nationaliste Ariel Sharon est élu
Premier ministre d’Israël. Aux élections générales anticipées, il devance largement son rival Ehoud Barak,
Premier ministre démissionnaire, avec 62,6 % des
voix contre 37,2 %. Ce dernier annonce qu’il quitte la
direction du Parti travailliste et son siège de député
à la Knesset. Le taux de participation a atteint un
niveau historiquement bas, 62 % ; en 1999, 78 % des
inscrits avaient pris part au scrutin. Le lendemain des
élections, Ariel Sharon se rend au mur des Lamentations à Jérusalem, comme le veut la tradition pour
les nouveaux chefs de gouvernement en Israël. Le
28 septembre dernier, sa visite au mont du Temple,
que les musulmans appellent esplanade des Mosquées, avait été l’un des éléments déclencheurs de
la nouvelle Intifada, qui dure depuis quatre mois et
a fait près de 400 morts. Le négociateur palestinien
Nabil Chaath met en garde Ariel Sharon contre une
« confrontation sanglante » s’il ne respecte pas les accords déjà signés avec les Palestiniens. Pour sa part,
le chef du Likoud appelle les Palestiniens à « quitter
le chemin de la violence et à retourner sur celui du dialogue » et propose à ses concitoyens la constitution
d’un gouvernement d’union nationale incluant le
Parti travailliste. Le 13 et le 16, les Forces nationales
et islamiques, coalition de treize organisations, parmi
lesquelles le Fatah du président Yasser Arafat et les
mouvements islamistes du Hamas et du Jihad islamique manifestent pour « faire face au projet agressif
du raciste Sharon par des marches contre la colonisation et les colons dans les zones rurales palestiniennes ».
Le 14, huit civils et soldats israéliens sont volontairement fauchés à Azur, au sud de Tel-Aviv, par un
autobus conduit par un Palestinien : c’est l’acte le
plus meurtrier depuis l’attentat-suicide à la bombe
qui avait tué seize Israéliens et deux Palestiniens sur
le marché de Mahane Yehuda à Jérusalem en juillet
1997. Le 15, l’État hébreu impose un bouclage total
des territoires autonomes. Le drame d’Azur, qui intervient en pleine négociation entre Ariel Sharon et
Ehoud Barak pour former un gouvernement d’union
nationale, accélère les tractations entre le Likoud
et les travaillistes. Ehoud Barak, qui est revenu sur
sa décision d’abandonner la scène politique, se dit
prêt à accepter le portefeuille de la Défense et Shimon Pères, celui des Affaires étrangères. Le Premier
ministre sortant annonce qu’il réunira le comité central de son parti pour voter sur la participation des
travaillistes au gouvernement Sharon.
Environnement
Nouveau rapport sur le réchauffement
de la Terre
Plus de 80 ministres de l’Environnement sont réunis à Nairobi, au Kenya, pour assister au conseil des
ministres du Programme des Nations unies pour
l’environnement (PNUE). Au programme : le réchauffement de la planète. Les participants pressent les
gouvernements d’appliquer les réductions d’émissions de CO2 prévues par le protocole de Kyoto, afin
de lutter le plus vite possible contre l’effet de serre.
Selon des chercheurs du PNUE, la fonte des sols gelés
de l’Arctique – le pergélisol, qui couvre l’ensemble
des sols polaires gelés en permanence, parfois
jusqu’à 1 000 mètres de profondeur – provoquée par
le réchauffement du climat, pourrait aggraver considérablement l’effet de serre. Les glaces de l’Arctique,
qui renfermeraient 14 % des matières carboniques
de la Terre, constitueraient une sorte de puits renfermant des gaz à effet de serre comme le CO2 ou le
méthane. Des chercheurs britanniques estiment que
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
16
le dégel des terres de l’Arctique pourrait libérer plus
de 450 gigatonnes de CO2.
Le retour de Bernard Kouchner
aux affaires
Remplacé à la tête de la mission de l’ONU
pour le Kosovo par le ministre danois de la
Défense lions Huekkenrup, Bernard Kouchner ne cache pas, dès la fin de 2000, son
désir de reprendre place dans le gouvernement Jospin.
À soixante et un ans, l’ancien secrétaire d’État
à la Santé (1997-1999) fait très vite savoir
qu’il souhaite prendre la tête d’un ministère de
plein exercice. Comme administrateur civil de
l’ONU au Kosovo, poste qu’il occupait depuis juillet 1999, il peut se targuer d’un bilan honorable.
« Il a accompli un travail remarquable », a tenu à
saluer le Premier ministre Lionel Jospin.
Bilan honorable au Kosovo
Au moment où la direction du Haut-Commissariat aux réfugiés (un vieux rêve) lui passe sous le
nez, après avoir décliné le poste d’envoyé spécial
de l’ONU pour le sida que lui proposait Kofi Annan, sa décision est prise de revenir en France. En
pleine crise de la vache folle, le Premier ministre
est conscient des faiblesses de son dispositif en
matière de santé publique, mais doit composer
avec les réticences de certains ministres à voir
leurs portefeuilles allégés. Élisabeth Guigou,
notamment, est réticente à un redécoupage
de son propre ministère. D’autres ministres au
contraire appellent à un rapide retour de « BK »
au gouvernement, comme Claude Bartolone, le
ministre délégué à la Ville. Des rumeurs ont filtré.
On le pressentait successeur de Pierre Moscovici
aux Affaires européennes, on le voyait remplacer
un Pierre Joxe à la Cour des comptes, ou même
prendre la tête du ministère de la Défense. Lionel Jospin le nomme, le 6 février, ministre délégué à la Santé auprès d’Élisabeth Guigou. Une
victoire en demi-teinte.
Revendications des infirmières et des sagesfemmes en colère, fièvre aphteuse, légionellose,
le nouveau ministre trouve des dossiers délicats.
L’épidémie de fièvre aphteuse lui donne l’occasion de redéfinir les frontières de son ministère.
Contrairement à Dominique Gillot, sa remplaçante (qui, secrétaire d’État, récupère le dossier
des handicapés et des personnes âgées) qui laissait au ministre de l’Agriculture Jean Glavany le
monopole de la gestion des crises sanitaires, il
souligne : « ce dernier ministère ne peut pas être le
seul interlocuteur de l’opinion publique. » Le temps
de l’installation des toutes nouvelles agences sanitaires est révolu, il s’agit désormais d’intégrer
de façon systématique le risque sanitaire. Bref,
de développer une « pédagogie du risque » relayée par une forte politique de communication.
Il plaide pour plus d’Europe et en appelle à la
création d’une « Agence sanitaire européenne ».
Pour lui, « l’affaire de la vache folle est avant tout
l’affaire d’une humanité folle, » obsédée par la
dérive productiviste.
Coupant court aux critiques selon lesquelles le
ministère de la Santé et le ministère de l’Agriculture n’auraient pas assez coopéré pendant
la crise de la vache folle, Bernard Kouchner rappelle que c’est son ministère qui est à l’origine du
principe de précaution et que le principe de responsabilité est là pour le compléter. Il s’attaque à
d’autres dossiers d’envergure : la révision des lois
sur la bioéthique (qui prévoit notamment d’élargir le champ des donneurs) et la loi sur les droits
des malades. Quasi bouclés, ces textes doivent
être intégrés au calendrier parlementaire.
« Développer une culture de santé
publique »
Mardi 27 mars, un mois et demi après son retour
au gouvernement, le nouveau ministre délégué
à la Santé présente son programme au cours de
la conférence nationale de la Santé.
Jusqu’alors, la « gestion d’un système de soins »
était l’objectif prioritaire. L’ancien gastro-entérologue de Cochin souhaite désormais développer une véritable « culture de santé publique »
déclinée en plusieurs volets : lutte contre le
cancer (dépistage des cancers du sein [généralisé] et du côlon [expérimental], ouverture de
postes supplémentaires de cancérologues, mise
en place d’une consultation spécialisée), programmes d’action spécifiques envers les jeunes,
les femmes et les précaires, combat contre les
maladies infectieuses. Un comité de suivi, créé
au sein du ministère, s’assurera tous les quinze
jours de la mise en oeuvre de ces différents
champs d’action et une réunion publique d’information se tiendra tous les deux mois. Dès le
mois d’avril, un dépistage du cancer colorectal
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
17
sera lancé dans onze départements. Rappelant
qu’en 2000 la France a dépensé plus de 900 mil-
liards de francs pour la santé, Bernard Kouchner
n’exclut pas une éventuelle hausse des dépenses
de santé, rationalisée, notamment pour tout ce
qui touche aux médicaments. Il se dit par ailleurs favorable à un développement plus rapide
de la consommation de génériques. Le rapport
préparatoire à la conférence nationale concocté
par le Haut Comité de santé publique préconise
par ailleurs « un panier de biens et de services ».
Pour faire tomber les barrières entre les différents corps, l’ancien médecin se dit favorable à la
création d’un DEUG de santé publique commun,
au moins pour la première année, aux médecins, pharmaciens, infirmières, kinés. Celui qui se
surnomme lui-même « le ministre des malades »
connaît parfaitement le monde de la santé et
sait se faire entendre des médecins. Il devra
également remobiliser son administration. Le
règlement en avril du conflit des sages-femmes,
après cinq semaines de grève, est pour lui une
première victoire.
CÉLINE CABOURG
LES PILIERS DE LA DÉMOCRATIE SANITAIRE
– La santé publique : les 6 plans de la santé
publique pour lutter contre les pathologies chroniques : cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, asthme, insuffisance
rénale, mucoviscidose. Sans oublier les
2 programmes nationaux sur le sida et les
hépatites. À cela il faut ajouter : les maladies émergentes et orphelines, ai lions en
faveur des jeunes, des femmes, des personnes âgées, des détenus et des actions
d’intérêt général comme le développement
des greffes, le plan de lutte contre lu douleur, le programme national sur la nutrition, ou encore la relance du débat sur le
droit à l’euthanasie.
– Les médicaments : rationalisation de
l’achat des médicaments, consommation
locale passée au crible. Le comité économique des produits de santé devra négocier à terme, avec les laboratoires, des
baisses de prix.
– La sécurité sanitaire : en mai-juin 2011,
lancements d’enquêtes sur les maladies
contractées à l’hôpital, dites nosocomiales.
Environnement : l’Amérique fait
cavalier seul
Pour George W. Bush, les accords internationaux, comme celui signé par son pays
à Kyoto en 1997, ne sont bons que s’ils
servent les intérêts américains, et plus particulièrement ceux des lobbies du pétrole
et du charbon qui ont largement financé sa
campagne électorale.
« Le mode de vie américain n’est pas négociable ! » avait prévenu Bill Clinton alors
qu’il était encore président des États-Unis. Cet
axiome reflète une réalité : un citoyen américain
« émet » chaque année 5,4 tonnes de dioxyde de
carbone (CO2), principal gaz à effet de serre. Tout
en ne représentant que 5 % de la population
mondiale, l’Amérique du Nord rejette le quart
du total mondial de ces gaz et participe largement au réchauffement climatique que la communauté scientifique, désormais quasi unanime,
attribue à l’utilisation massive des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Cela n’a pourtant
pas empêché le nouveau locataire de la MaisonBlanche, George W. Bush, d’annoncer, à la mimars, qu’il renonçait à limiter les émissions de
CO2 américaines et que Washington ne ratifierait
pas le protocole de Kyoto, qui impose aux pays
industrialisés de réduire leurs émissions de 5,2 %
en moyenne par rapport à leur niveau de 1990
(d’ici à 2012).
L’heure de rembourser
Cette bravade vient menacer la viabilité d’un
accord déjà mis à mal par le différend américano-européen qui a conduit à l’échec de la conférence de La Haye en novembre 2000. Elle était
néanmoins prévisible. En prenant cette décision,
M. Bush, qui s’était pourtant engagé, pendant sa
campagne, à réglementer les émissions de CO2,
a trahi une promesse électorale. De l’avis des
commentateurs, cependant, ce revirement ne
fait que confirmer « les liens qui unissent [le nouveau président] avec les milieux d’affaires qui ont
financé sa campagne ». Greenpeace USA a ainsi
rappelé qu’« une grande partie des 32 millions de
dollars investis par le secteur gazier et pétrolier
dans les dernières élections est allée au camp républicain ». Et le démocrate Dick Gephardt d’assurer que « l’heure de rembourser » avait sonné pour
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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l’équipe Bush. Par exemple, en concoctant un
plan énergétique qui prévoit un effort massif en
faveur du pétrole, du gaz naturel et du nucléaire.
En outre, « W » n’a jamais caché son opposition à
un processus qu’il juge « injuste », affirmant qu’il
ne laisserait pas les États-Unis « porter le fardeau
de nettoyer tout seuls l’air, comme le protocole de
Kyoto l’exige ». Le président américain refuse que
les pays en développement (PED), en particulier
la Chine, « deuxième émetteur de gaz à effet de
serre au monde », soient exemptés de tout objectif chiffré de réduction de leurs émissions. Si
l’efficacité d’une lutte mondiale contre l’effet de
serre nécessite d’impliquer le Sud, à terme (l’Asie
en développement émet aujourd’hui presque
autant de CO2 que les États-Unis), cet argument
paraît d’autant plus spécieux que « les émissions
américaines, rapportées au nombre d’habitants,
restent dix fois supérieures à celles des PED ». Et
comme le souligne le président de la Commission européenne Romano Prodi, c’est aux « pays
industrialisés qui [ont] le plus contribué à créer
le problème » de montrer la voie, l’Amérique en
tête, qui a vu depuis 1990 croître son PIB de
16 % et ses émissions de plus de 11 %. Or, pour
appliquer le protocole de Kyoto, les Américains
devraient, en réalité, réduire leurs rejets de CO2
de plus de 17 % et non de 7 %. Un effort que
M. Bush ne veut pas faire supporter à son pays.
Aussi a-t-il également justifié le retrait américain
par l’existence d’une crise énergétique outre-Atlantique, symbolisée par les coupures d’électricité californiennes, et en se basant sur une étude
du Département de l’énergie concluant qu’une
réglementation inspirée du protocole hâterait le
déclin des centrales au charbon (qui fournissent
la moitié de l’électricité américaine) et alourdirait la facture énergétique pour les entreprises.
D’où le message sans ambiguïté adressé par le
secrétaire d’État américain Colin Powell à toutes
les ambassades du pays : « Les États-Unis s’opposeront au protocole de Kyoto quelles que soient les
circonstances [...] parce qu’il causerait de sérieux
dommages à l’économie américaine. » M. Bush,
poussant le cynisme jusqu’à qualifier l’indignation suscitée par sa volte-face, de plus « émotionnelle que scientifique », ne peut, pour autant,
méconnaître ces fameuses « circonstances »,
encore assombries par le dernier rapport sur
les conséquences du réchauffement planétaire,
publié en février par les chercheurs du Groupement international pour l’étude du climat (GIEC).
Le plus gros pollueur de la planète
La décision de « W » ne semble pas avoir entamé sa crédibilité auprès de l’opinion publique
américaine. Même les écologistes locaux ont
protesté mollement, Phil Clapp, président du
National Environment Trust, se contentant de
dénoncer « l’indécence d’un président qui fait la
sourde oreille aux questions environnementales ».
Toutefois, un membre du Earth Policy Institute
de Washington, Lester Brown, a pris à contrepied les craintes bushiennes, en remarquant
que « [l’Amérique] devrait conduire le monde
vers une économie des énergies nouvelles, au lieu
de stagner au XXe siècle, à l’ère de la houille et du
pétrole ». En clair, le développement des énergies
renouvelables pourrait agir comme un moteur
de l’économie américaine, de la même façon que
l’informatique et Internet dans les années 1980
et 1990. En tirant un trait sur un long processus
diplomatique qui a accouché d’une esquisse de
politique mondiale de l’environnement au nom
de la défense de ses seuls intérêts nationaux,
l’Amérique de George W. Bush pourrait bien
perdre sur tous les plans. Économique d’abord,
en se privant d’investir dans des technologies
respectueuses de l’environnement. Politique
ensuite, en prenant le risque d’être complètement marginalisée par les autres pays, qui pourraient décider d’en accélérer la mise en oeuvre au
cours de la conférence de Bonn. Gageons que les
nations industrialisées auront assez de sagesse
pour choisir d’avancer, malgré la défection du
plus gros « pollueur » de la planète.
EMMANUEL CHICON
AMÉRICAINS ET EUROPÉENS : DEUX
PLANÈTES DIFFÉRENTES
En matière d’environnement et d’énergie, un monde sépare les deux piliers de
l’économie mondiale. Tandis que le plan
énergétique de l’administration Bush table
sur une croissance annuelle de la consommation outre-Atlantique de 1,3 % jusqu’en
2020 l’Union européenne prévoit une augmentation de 0,5 %, indépendamment des
politiques énergétiques communautaires
qui pourraient être menées après 2000 :
un Livre vert publié par la Commission en
précise clairement la philosophie : doubler
la part des énergies renouvelables pour
atteindre 12 % de l’électricité produite au
sein de l’Union, éliminer les subventions
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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aux combustibles finies fossiles d’ici à
2010, stabiliser la part du transport assuré
par l’automobile, etc. Autant de mesures
qui concrétiseraient l’adhésion européenne au protocole de Kyoto.
10
États-Unis/Japon
Collision maritime au large de Hawaii
Le sous-marin américain USS Greeneville, rattaché à
Pearl Harbor, heurte un bateau-école de pêche japonais, l’Ehime Maru, alors qu’il effectuait une mission
de routine à 14 km au sud d’Oahu, une des îles de
Hawaii. Le bateau japonais transportait 35 personnes,
dont 20 membres d’équipage, deux enseignants et
13 élèves d’un collège d’enseignement technique
de la pêche. Le bateau japonais, long de 54 m, a fait
naufrage, le sous-marin à propulsion nucléaire, long
de 108 m, n’a subi aucun dégât. Neuf personnes
sont portées disparues : quatre étudiants, les deux
enseignants et trois membres d’équipage. La Marine
américaine reconnaît que seize civils étaient invités à
bord du sous-marin et que deux d’entre eux se trouvaient assis à des positions de contrôle au moment
de la collision – poste de conduite du sous-marin,
du sonar ou du poste de contrôle des ballasts. Le
ministre japonais des Affaires étrangères Yohei Kono
émet une protestation officielle auprès de son homologue américain Colin Powell concernant la présence de civils dans le poste de commande de l’USS
Greeneville.
Voile
Le globe challenge à Desjoyeaux
Le navigateur breton Michel Desjoyeaux, âgé de
trente-cinq ans, remporte la victoire du quatrième
Vendée Globe, tour du monde à la voile, en solitaire,
sans assistance et sans escale. Franchissant la ligne
d’arrivée aux Sables-d’Olonne, juste après vingt
heures, à bord de PRB, il établit un nouveau record
absolu de l’épreuve – 93 jours 3 heures 57 minutes
et 32 secondes –, améliorant de plus de 12 jours
celui de Christophe Auguin, le précédent vainqueur
de l’épreuve. La Britannique Ellen McArthur, âgée de
vingt-quatre ans, termine deuxième après 94 jours
20 heures et 25 minutes de navigation sur son Kingfisher. Elle avait remporté le classement monocoque
de la Transat anglaise 2000.
11
Biologie
Publication du séquençage du génome
humain
À l’issue de plus de dix ans de recherches, deux
équipes, le Projet génome humain (HGP), qui regroupe des organismes publics, et son rival, Cèlera
Genomics, firme privée américaine dirigée par Craig
Venter, livrent chacune leur version du génome humain, la plus complète jamais obtenue. La publication détaillée de la carte du code génétique humain
confirme que le génome humain comporte moins
de gènes qu’on ne l’imaginait, environ 35 000 contre
100 000 à 150 000, soit à peine deux fois plus que
celui d’une mouche drosophile. Toutefois, la complexité de l’organisme humain ne s’explique pas par
la quantité supérieure de gènes mais par la complexité de ses protéines. Il faudra sans doute encore
quelques années avant d’établir la carte génétique
complète. Les généticiens vont devoir notamment
définir la fonction de chacun des 35 000 gènes. La
mise au point de médicaments spécifiquement
adaptés à l’identité génétique d’un patient malade
n’interviendra pas avant une dizaine d’années.
Le génome humain en voie de
déchiffrage
La publication le 12 février, dans deux
revues scientifiques anglo-saxonnes des
travaux de deux équipes rivales, permet
d’y voir plus clair dans la carte des composants de la vie. Parvenant aux mêmes
conclusions, les recherches ont créé la
surprise en révélant que le génome humain
contiendrait environ 30 000 gènes, au lieu
des 100 000 prédits par les généticiens.
La fourchette reste large, mais cette dévaluation suffit pour bousculer quelques idées
reçues et pour infirmer l’équation faisant correspondre une fonction à un gène. Un même gène
pouvant avoir plusieurs fonctions, les apprentis
sorciers de la génétique voient se réduire leurs
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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chances d’imiter la nature après cette découverte qui replace l’homme, en toute humilité,
dans la grande chaîne du vivant. Presque complètement décrypté, le génome humain nous
livre ses premiers secrets ; mais le mystère de la
vie reste entier...
Annoncée avec force publicité, la publication
simultanée le 12 février dans la revue américaine
Science et dans l’hebdomadaire britannique
Nature, des conclusions concordantes des travaux de deux équipes concurrentes, l’une privée
l’autre publique, fruit de dix années d’explo-
ration de la carte des gènes composant l’être
humain, a créé la surprise dans la communauté
scientifique et jeté le trouble dans le grand public, fasciné par ce coin de voile levé sur le grand
mystère de la vie dont la clé serait désormais à
portée de microscope.
Entre 26 000 et 38 000 gènes
La génétique disposerait donc de sa pierre de
Rosette, qui aurait permis aux équipes conduites
par Craig Venter, pour la firme privée Cèlera
Genomics, et par Francis Collins, pour le Consortium – public – pour le séquençage du génome
humain, d’en décrypter presque totalement la
grille de lecture, le génome, et de dessiner la
carte des composants de la vie. Les conclusions,
similaires en dépit de méthodes de travail différentes, exposées à la faveur d’une conférence
de presse commune à Washington des deux
équipes qui avaient, pour l’occasion, enterré la
hache de guerre, seront à la hauteur des enjeux
– scientifiques et économiques – affichés depuis
le mois de juin 2000, date à laquelle on annonçait
que le génome était décrypté : le génome humain comporterait entre 26 000 et 38 000 gènes,
soit nettement moins que les 100 000 gènes
auxquels s’attendaient les généticiens quelques
mois à peine avant cette découverte. Obtenue
suivant une technique laborieuse de séquençage logique des portions de génome pour le
Consortium international impliquant depuis
1992 dans le projet quelque 250 laboratoires
publics et privés de 18 pays – dont la France (qui
fait partie des pionniers en dressant en 1993 la
première carte physique d’un chromosome humain) – et à coups de « shotgun » (tir dispersé)
bombardant les 3 milliards de lettres du génome
humain pour l’équipe de Craig Venter, en lice depuis 1998 seulement, cette élucidation de 90 %
des séquences de notre patrimoine génomique
réserve donc nombre de surprises et bouleverse
bien des idées reçues. Première incidence de
cette révision à la baisse du nombre des gènes,
autrement dit les mots composés de plusieurs
centaines ou milliers de « bases », ces briques
chimiques élémentaires symbolisées par les
quatre lettres A, C, T et G (acides nucléiques) du
code génétique, au nombre de 3 milliards, s’étirant le long de la molécule d’ADN en forme de
double hélice que constituent les chromosomes,
dont 23 paires sont logées dans le noyau de chacune des 100 000 milliards de cellules qui composent le corps humain, l’équation simpliste et
espérée par les généticiens selon laquelle à un
gène correspondrait une protéine et donc une
fonction est désormais caduque. Les gènes sont
en trop petit nombre pour pouvoir fabriquer
les dizaines de milliers de protéines d’un être
humain, comme le laissait d’ailleurs prévoir la
complexité du gène de l’insuline. Un gène peut
produire plusieurs protéines et, surtout, il interagit avec d’autres gènes, l’influence de l’environnement (mode de vie, par exemple) provoquant
des milliers d’autres connections et fonctions
qu’il reste à déterminer. Et le mystère reste entier
pour ce qui est de notre « génome silencieux »,
soit plus de 95 % de l’ADN qui semblent apparemment dénués de sens, car ils ne se laissent
pas lire en gènes et ne correspondent pas
au plan de fabrication des protéines. Autant
dire adieu, du moins dans l’état actuel des recherches, aux espoirs d’établir une médecine à la
carte, en fonction des seules particularités génétiques de chacun.
Autre surprise, la proximité génétique de l’être
humain avec d’autres espèces, aussi éloignées
que la mouche du vinaigre, qui n’a que moitié
moins de gènes, ou le ver de terre, dont 10 % de
nos gènes nous rapprochent, tandis que nous
partageons quasiment le même génome avec
le chimpanzé. Autant dire que le décryptage du
génome humain montre plus ce qui rapproche
l’homme des autres espèces que ce qui l’en sépare, l’inscrivant au coeur du vivant, et flétrissant
définitivement les présupposés génétiques du
racisme pseudo-scientifique, quand on sait que
le patrimoine génétique africain est plus varié
que celui de tous les autres continents, qu’il a
inondés de ses gènes, et que des variations génétiques individuelles peuvent intervenir avec
plus d’amplitude entre des individus de même
couleur. L’évolution des espèces reposerait dès
lors sur quelques accidents génétiques, même
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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si l’homme ne saurait se réduire à la somme de
ses gènes.
On n’est donc pas aujourd’hui en mesure de lire
en l’homme comme en un livre ouvert, et les
séquences de ses lettres géniques n’écrivent
que les toutes premières lignes du premier chapitre du livre des mystères de l’être humain. La
séquence du génome humain permet de découvrir l’échafaudage génétique autour duquel
chaque vie humaine est façonnée, mais n’est en
rien cette carte d’identité qui le soumettrait à un
déterminisme autorisant toutes les mutations et
les imitations. La découverte n’a donc de sens
que si on ne lui attribue pas les vertus démiurgiques que certains voudraient lui prêter : à
l’humilité de l’homme replacé dans la chaîne du
vivant doit répondre celle du scientifique.
GARI ULUBEYAN
UN CHAMP DE POSSIBLES
S’il n’a pas simplifié la compréhension de
l’être humain, le décryptage du génome
ouvre toutefois un champ de possibles. L
étude de la fonction des gènes, dont on
sait qu’ils peuvent avoir plusieurs rôles,
va se révéler plus complexe, et les conséquences économiques sont plus hasardeuses, alors qu’un travail coûteux attend
les chercheurs et les investisseurs, déjà
sur les rangs pour produire des médicaments dont ils espéraient qu’ils pourraient
cibler plus facilement les gènes supposés à
l’origine de maux graves et de maladies génétiques, dont 39 % sont concentrés dans
8 chromosomes seulement. Le génomique
fonctionnelle, qui permet de comprendre
le rôle exact des gènes, leur influence, leur
interaction, leurs silences et leurs activations, n’en est qu’à ses balbutiements. Il
faudra encore attendre, donc, pour que la
médecine prédictive opère cette « révolution génétique » encore en gestation.
12
États-Unis
Napster déclaré coupable
La Cour d’appel de San Francisco juge que Napster,
le site d’échange gratuit de fichiers MP3 sur Internet,
encourage la violation des droits d’auteur des maisons de disques mais ne sera pas fermé immédiatement. Elle confirme ainsi un premier jugement rendu
en référé en juillet 2000 par un juge de San Francisco,
Marylin Hall, qui avait ordonné à Napster de mette
fin à ses activités, au nom des droits d’auteur. Napster
a été créé à Redwood City (Californie) en 1999 par
un étudiant de dix-neuf ans, Shawn Fanning ; il permet aux internautes de rechercher les musiques de
leur choix en entrant en contact avec d’autres internautes et en les récupérant sur leur ordinateur. La
société revendique 50 millions d’utilisateurs dans le
monde depuis son lancement. Les grandes maisons
de disque, réunies au sein de l’Association américaine
de l’industrie du disque (RIAA), étaient à l’origine de
la plainte déposée en décembre 1999 contre le site
pour violation des droits d’auteur, estimant qu’il favorise un piratage à grande échelle sur le Net.
13
Salvador
Nouveau séisme au Salvador
Le Salvador est de nouveau frappé par un séisme
de forte amplitude, 6,6 degrés sur l’échelle de Richter. L’épicentre a été localisé à environ 80 km au
sud-est de San Salvador. Le bilan officiel fait état de
274 morts, 2 400 blessés et de quelque 13 000 maisons détruites. Le 13 janvier dernier, un séisme avait
fait plus de 800 morts dans le pays. Depuis cette date,
plus de 3 200 répliques ont été enregistrées.
16
Irak
Bombardement anglo-américain
Des avions britanniques et américains bombardent
cinq installations de défense anti-aérienne irakiennes
autour de Bagdad disposant d’un nouveau système
intégré de radars qui permettent une meilleure utilisation de missiles sol-air par la DCA. Cette « mission de routine » est la première opération militaire
depuis l’arrivée de George Bush à la Maison-Blanche
le 20 janvier. Selon le ministère irakien de la Santé,
deux personnes ont été tuées dans l’attaque et vingt
autres blessées. L’agence officielle irakienne INA
indique que le président irakien Saddam Hussein
examine « les mesures militaires » à adopter pour riposter. Ce n’est pas la première fois qu’un tel bombardement intervient, mais c’est le premier à se produire
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
22
en dehors de la zone d’exclusion aérienne sud depuis l’opération américano-britannique « Renard du
désert » menée à la mi-décembre 1998. Cette zone
avait été imposée par les forces alliées en août 1992
pour protéger les chiites irakiens, après que la garde
présidentielle de Saddam Hussein eut écrasé un soulèvement consécutif à la guerre du Golfe en février
1991. Une autre zone, dans le nord, a été imposée en
avril 1991 pour protéger les populations kurdes. La
France ne participe plus depuis plusieurs années aux
patrouilles alliées.
Depuis l’opération « Renard du désert », Bagdad
ne reconnaît plus ces deux zones d’interdiction
aérienne et conteste les patrouilles américano-britanniques. Ces bombardements anglo-américains
déclenchent de nombreuses réactions au sein de la
communauté internationale : rencontres et déclarations multiples pour tenter d’éviter une nouvelle escalade du conflit et de sortir Bagdad de l’isolement
humanitaire, réprobations exprimées par la France,
la Russie, l’Irlande, l’Egypte, la Syrie, le Yémen et la
Ligue arabe. Le 22, un nouvel incident oppose des
appareils alliés qui effectuaient une patrouille « de
routine » à la DCA (Défense contre avion) irakienne
aux environs de Mossoul, au nord de Bagdad, dans
la zone d’exclusion aérienne située dans le nord de
l’Irak.
Selon l’armée américaine, des batteries de défense
aériennes près de Mossoul (400 km au nord de
Bagdad) ont ouvert le feu sur des avions alliés qui
effectuaient une patrouille « de routine » dans cette
zone.
17
France
Des réfugiés clandestins en Provence
Un vraquier, l’East Sea, battant pavillon cambodgien et transportant plus d’un millier de ressortissants étrangers, s’échoue sur la commune de SaintRaphaël, dans le Var. Les autorités dénombrent au
total 908 personnes, identifiées pour la plupart
comme des Kurdes irakiens, mais un nombre
indéterminé de passagers, dont l’équipage et son
capitaine, de nationalité grecque, ont abandonné
le cargo. Selon certains réfugiés, « leur périple a
commencé il y a deux mois dans un petit village d’Irak
où ils ont été démarchés par des passeurs » ; « ils ont
payé 200 dollars pour passer la frontière entre l’Irak et
la Turquie.
Ensuite, pour le voyage qui devait les conduire en
Europe, les enfants ont dû payer 1 500 dollars et
les adultes entre 3 000 et 4 000 dollars. » Une cellule de crise est mise en place sous l’autorité du
préfet du Var Daniel Canepa, qui place « les locaux
du 21e RIMA de Fréjus en situation juridique de zone
d’attente » afin de « disposer de plusieurs jours pour
faire face au traitement de ces personnes », dont
la situation doit être réglée sous vingt jours. Le
ministère de l’Intérieur indique qu’une partie des
immigrants clandestins – ceux qui sont « dépourvus des documents nécessaires à l’entrée en France
et dont l’état ne requiert pas une hospitalisation »
– risquent d’être refoulés du territoire français et
que les demandes d’asile seront « instruites selon
les procédures prévues par la loi ». La ministre de
l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth Guigou précise que « les situations seront examinées au cas
par cas ». Le 21, le ministère de l’Intérieur délivre
à chacun des 440 adultes se disant originaire du
Kurdistan irakien un sauf-conduit de huit jours
destiné à lui permettre de déposer en préfecture
une demande d’asile. Les réfugiés sont donc libres
de circuler pendant huit jours sur le territoire
français. La mesure concerne la quasi-totalité des
passagers du vraquier. Toutefois, « cette décision ne
saurait préjuger de la suite que l’OFPRA [Office français de protection des réfugiés et des apatrides]
réservera à ces demandes à l’issue d’un examen individuel approfondi ».
19
Hospitalisé à la suite d’un accident vasculaire cérébral
le 10 février à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Valde-Marne), Charles Trenet décède à l’âge de quatrevingt-sept ans des suites d’une attaque cérébrale. Le
« Fou chantant » est né le 18 mai 1913 à Narbonne,
il s’est produit pour la dernière fois à Paris à la Salle
Pleyel en novembre 1999. Les obsèques de Charles
Trenet ont lieu le 23 en l’église de la Madeleine à Paris.
Ses cendres seront placées dans le caveau du cimetière de l’Ouest de Narbonne, aux côtés de sa mère.
Chanson
Décès de Charles Trenet
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
23
Le siècle léger et éternel de
Charles Trenet
Fou chantant, poète lunaire, Charles Trenet
a suscité de nombreux qualificatifs au cours
d’une carrière qui a peint le siècle aux
accents tristes et faussement joyeux de ses
chansons.
Dans la nuit du dimanche 18 au lundi 19 février, Chartes Trenet s’est « éteint paisiblement » et a « rejoint le ciel et les étoiles », comme
l’a indiqué son entourage, à l’âge de quatrevingt-sept ans à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), des suites d’une attaque
cérébrale. Ses cendres sont conservées dans le
caveau familial de Narbonne.
Monter à Paris
Narbonne, où Trenet est né le 18 mai 1913. Il
monte à Paris au début des années 1930. « Moi,
je suis entré en enfance à dix-neuf ans, et je n’en
suis plus sorti !... Avant, j’étais trop sérieux pour
mon âge » (1971). Tout Trenet est là, qui porte en
lui tout ce qu’il va devenir. Pourtant, c’est par des
voies détournées, la peinture – il a suivi les cours
de la Kunstgewerbeschule, une école d’arts plastiques renommée, à Berlin – et le cinéma – il
devient assistant-metteur en scène-accessoiriste
aux studios de Joinville –, qu’il parvient à la chan-
son. Car, pour lui, l’écriture est un geste naturel.
Il rédige des ciné-romans pour des revues de
cinéphilie populaire, puis écrit les chansons d’un
film, Bariole, de Benno Vigny, son beau-père,
réussit l’examen d’entrée à la SACEM (1933). Il
rencontre un jeune Suisse athlétique, Johnny
Hess, qui chante et joue du piano. Pourquoi
ne pas monter un duo ? C’est la mode depuis
qu’un duo de Noirs américains, Turner Layton
et Charles Johnston, ont fait découvrir aux Parisiens que la musique noire constitue l’ossature
de la variété, de Broadway à Paris. Le français
pouvait donc swinguer. Sur ce modèle, des duos
blancs se constituent dans toute l’Europe. Les
duettistes se créent un répertoire. Charles écrit
les paroles, Johnny les musiques. Ils enregistrent
ensemble quinze 78 tours à partir de 1933, avec
des chansons flamboyantes de jeunesse Sous le
lit de Lili, Sur le Yang Tse-Kiang, Quand les beaux
jours seront là, etc. Dès le duo avec Johnny Hess,
Trenet est l’auteur et l’interprète de ses chansons,
ce qui est nouveau. Pour Trenet, les mots et la
musique forment un tout. De fait, il chantera rarement les chansons d’un autre. Les obligations
militaires séparent Johnny de Charles. En 1936,
au régiment, ce dernier confie Ya d’la joie à Maurice Chevalier ; elle connaît un immense succès.
Quelques mois plus tard, Trenet enregistre ses
premiers 78 tours en solo chez Pathé Marconi. En
deux ans, Trenet place une série de chansons qui
ne le quitteront plus : Je chante, Ya d’la joie, J’ai ta
main, la Polka du roi, Vous oubliez votre cheval, Il
pleut dans ma chambre, Boum, Ménilmontant, Les
enfants s’ennuient le dimanche. En réponse au canotier de « Momo », Trenet arbore un petit chapeau. À cette époque de l’entre-deux-guerres,
les hommes, de l’ouvrier en béret et casquette
au bourgeois en gibus, melon ou panama, sortaient toujours couverts. Pour Trenet, ce sera le
bitos, un ami pour amadouer le trac : « Ce fut une
aide bien précieuse à un débutant haut de six pieds
qui se sentait petit et perdu, seul sur la scène, et ne
savait que faire de ses mains. Le chapeau lui sauva
la mise. Il le portait négligemment en entrant en
scène, derrière la tête (car il voulait montrer ses
cheveux). Il l’ôtait, le remettait, lui donnait toutes
les formes. Cela l’aidait à souligner un geste, une
attitude et lui faisait oublier la gaucherie de ses
dix doigts. Peu à peu, cet auxiliaire devint un accessoire, à présent c’est un fétiche. » Le triomphe
est rapide. Pourtant, l’Occupation venue (la Mer,
Que reste-t-il de nos amours, Débit de l’eau, débit
de lait, Douce France, la Folle Complainte), Charles
Trenet va être l’un des rares chanteurs dont
le répertoire est assimilé aux « rythmes judéonègres » du jazz : il est sommé par les autorités
d’apporter la preuve de sa non-judéité – Trenet
serait l’anagramme de Tretner. Il doit donner des
gages. Il écrit la Marche des jeunes, qui respire le
pétainisme.
Une rentrée triomphale
En 1951, sa rentrée triomphale au Théâtre de
l’Étoile, à Paris, établit sa prééminence sur la
chanson française, avec de nouveaux chefsd’oeuvre, tout au long des années 1950 : l’Âme
des poètes, la Folle Complainte, le Serpent Python,
Une noix, Route nationale 7, la Java du diable, Moi
j’aime le music-hall, le Jardin extraordinaire...
Il y a bien sûr « les moeurs ». Dans ses chansons,
Trenet n’a jamais abordé directement « l’amour
qui n’ose dire son nom ». C’est l’envers de l’univers féerique de Trenet. Adulé d’un côté et
obligé de cacher ses amours. Est-ce la clé de
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
24
ce monde factice, tout en faux-semblants, qu’il
chante, avec, au fond du sourire, l’amertume ?
Les années yéyé sont des années difficiles, l’inspiration fatigue, les aigreurs pointent. Mais, dans
les années 1980, avec l’arrivée de la gauche au
pouvoir, Trenet est panthéonisé – n’a-t-il pas
symbolisé, à son coeur défendant, le Front populaire ? –, décoré de la Légion d’honneur. Jack
Lang a annexé Trenet, qui est devenu branché.
En spectacle, le septuagénaire est au meilleur de
sa forme. L’âge l’oblige à s’économiser, à épurer
son jeu, et puis l’on pardonne plus volontiers à
un vieux monsieur ce qui agaçait chez l’homme
mûr : mais l’énergie, peu commune, est toujours
présente. Sa vieillesse est starisée.
« Une carrière » disait Marie Dubas, retirée de la
scène pour cause de maladie, « c’est avant tout la
santé. » Celle de Trenet aura duré presque aussi
longtemps que celle de Chevalier, épousant les
époques d’une France dont il est le reflet. Grâce
à la chanson, un art qu’on dit mineur. Chez Trenet, c’est une science.
FRÉDÉRIC PERROUD
CE QU’ILS ONT DIT DE LUI :
Jean Cocteau : « Charlet Trenet chante où
qu’il soit... S’il ne chante pas, d’autres chantent
ce qu’il chantait la veille. Vite, la chanson cesse
de lui appartenir et, comme la mer, devient Marseillaise et bien public. »
Pierre Mac Orlan : « Une chanson de Trenet
est bénéfique car le poète de l’amitié pour les
bêtes, et pour les choses, et pour les hommes a
su créer une chanson pour chacun de nous. »
Jacques Brel : « Sans lui, nous serions tous
des comptables. »
Jean Ferrat : « J’ai été élevé au Trenet... C’est
peut être lui qui m’a donné envie de chanter. »
Line Renaud : « Il y aura toujours, dans les
générations futures, quelqu’un qui reprendra, ici
ou là, une chanson de Trenet. »
21
Union européenne
Embargo général sur les viandes
britanniques
L’Union européenne interdit toutes les exportations
de bétail, viande et lait en provenance de la GrandeBretagne jusqu’au 1er mars à la suite d’une épidémie
de fièvre aphteuse, la première depuis vingt ans, qui
s’est déclarée chez des porcs du sud-est de l’Angleterre ; dans le même temps le gouvernement britannique décide de suspendre ses exportations. Le
19, 27 cas de fièvre aphteuse avaient été découverts
chez des porcs dans un abattoir de Little Warley dans
le comté d’Essex au nord-est de Londres. La fièvre
aphteuse, très contagieuse, peut se transmettre sur
de longues distances. Elle frappe occasionnellement les humains, par voie cutanée (lorsqu’ils sont
porteurs de plaies) ou, de façon plus exceptionnelle,
par voie digestive par ingestion de lait cru infecté. Le
25, de nouveaux cas de fièvre aphteuse sont découverts dans une ferme du sud-ouest de l’Angleterre.
La nouvelle ravive la crainte d’une extension de l’épizootie en Grande-Bretagne, dont les autorités ont
reconnu que certains animaux atteints avaient pu
être exportés en Europe avant l’embargo quelques
jours plus tôt. Les autorités vétérinaires britanniques
n’ont pu établir avec précision quand est apparue
l’épizootie, mais certains craignent que la maladie ait
pu se déclarer jusqu’à trois semaines avant la confirmation des premiers cas. Pour endiguer la maladie,
la Grande-Bretagne entame l’abattage de milliers
d’animaux. La dernière grande épidémie de fièvre
aphteuse en Grande-Bretagne, en 1967, avait dévasté pendant des mois le bétail anglais et près d’un
demi-million de bêtes avaient dû être abattues. La
Commission européenne exhorte les États membres
de l’UE à pister au plus vite le bétail britannique
importé afin d’éviter une propagation des animaux
contaminés.
La fièvre aphteuse traumatise
l’agriculture européenne
À peine la psychose provoquée par la maladie de la vache folle (ESB) s’était-elle apaisée à la faveur d’une série de dispositions
prises au niveau de l’Union européenne que
la fièvre s’emparait à nouveau des milieux
agricoles.
Une fois encore, c’est de Grande-Bretagne
que souffle ce nouveau vent de panique,
provoqué par la découverte, le 19 février, d’un
foyer de fièvre aphteuse. Le mal, que l’on croyait
éradiqué en Europe, se propage comme une traînée de poudre en Grande-Bretagne, tandis que
la France et les autres pays de l’Europe continendownloadModeText.vue.download 27 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
25
tale cherchent à se prémunir contre l’épizootie à
coups d’embargo et en multipliant les mesures
préventives dont font les frais une fois encore les
éleveurs. La campagne d’éradication, qui s’est
traduite par l’abattage de millions d’animaux,
est parvenue à endiguer le fléau, sur le continent en tout cas plus qu’en Grande-Bretagne, où
le bilan pèse lourdement sur les professionnels
de l’élevage, déjà sinistrés.
Adieux veaux, vaches, cochons...
Plus aucun des animaux de nos fermes européennes ne semble désormais à l’abri des conséquences d’une agriculture productiviste dont
la maladie de la vache folle (ESB) a montré les
abus pathogènes pour l’homme. Alors que l’on
commençait à peine à tirer les conséquences
sanitaires de l’ESB, un nouveau fléau menace
cette fois l’ensemble des animaux du cheptel
européen : le 19 février, on détecte un cas de
fièvre aphteuse dans un abattoir de Brentwood.
Une fois encore, la Grande-Bretagne est au
coeur d’un scandale agricole qui fait resurgir le
spectre d’une épizootie foudroyante. Des mesures d’urgence s’imposent, d’autant que le mal,
qui n’épargne aucune bête du cheptel, est très
contagieux et ne connaît pas de frontières.
Contrairement à l’ESB, la fièvre aphteuse est
un mal connu contre lequel un vaccin existe et
il ne pose pas de problème de santé publique
proprement dit, puisqu’il n’est pas transmissible
à l’homme. Mais l’extrême virulence d’une épidémie, dont on sait qu’elle peut décimer des
troupeaux entiers, et les mesures quasi militaires
prises pour y faire face, avec mise en quarantaine
de territoires entiers et passage obligé par des
bacs de décontamination pour leurs habitants,
ont entraîné un même phénomène de psychose,
détournant les consommateurs des produits
carnés et frappant de plein fouet les professionnels de la filière bovine. Dès le 21 février, l’UE
prononce l’embargo contre les importations de
bétail et de viande en provenance de GrandeBretagne, où l’extension fulgurante de l’épizootie crée une situation d’urgence, isolant du reste
du monde des régions entières ; chaque jour,
on détecte de nouveaux foyers – parfois jusqu’à
40 – que les autorités britanniques décident de
combattre par le feu, en abattant des troupeaux
entiers et en procédant à l’incinération des carcasses dans de gigantesques brasiers. Confiée
à l’armée, cette campagne d’éradication donne
des airs de champs de bataille à la campagne
britannique.
En raison des modes de propagation très volatils de l’épidémie, les pays européens mettent
en place des mesures tout aussi drastiques, mais
à vocation surtout préventive, en l’absence de
foyers avérés de fièvre aphteuse : les zones où
ont été détectés des animaux présentant des anticorps spécifiques au mal sont traitées comme
des foyers infectieux, avec isolement total du
site, interdiction de circuler dans un rayon de
3 km et surveillance par les forces de l’ordre
des 10 km alentour. Cette campagne systématique, qui se traduit début mars par l’abattage
de quelque 50 000 animaux, attire vite sur le
gouvernement la colère des éleveurs, qui soupçonnent une manoeuvre dilatoire à l’approche
des municipales. Le plan de lutte anti-fièvre
aphteuse du gouvernement français, qui refuse
de recourir au vaccin, abandonné depuis la campagne de 1991 et jugé inefficace pour éradiquer
le virus dans le cheptel, est accusé d’entretenir
inutilement la suspicion sur les produits de l’élevage français, auxquels se ferment l’Italie et un
certain nombre de pays.
La fièvre s’empare des milieux agricoles
En dépit des fonds débloqués pour dédommager
les éleveurs, le manque à gagner est considérable
pour une profession déjà traumatisée par l’ESB.
Dès le début du mois d’avril pourtant, la fièvre qui
s’est emparée des milieux agricoles européens
tend à baisser à mesure que se confirme la nonpropagation de l’épizootie sur le continent et tandis que se stabilise le nombre de foyers détectés
en Grande-Bretagne.
L’embargo frappant la Suède, la Finlande, le Danemark, l’Autriche, la Suisse et l’Islande est levé,
même si les produits en provenance de la Grande-
Bretagne, de l’Irlande, des Pays-Bas et de la France
sont toujours tenus pour suspects. Et, le 22 mai, la
Commission européenne appelle à lever l’embargo frappant les produits en provenance de l’UE,
affirmant que l’épidémie de fièvre aphteuse est
« sous contrôle ». Mais le prix est lourd à payer, surtout pour la Grande-Bretagne, dont l’élevage est
un champ de ruines : l’épidémie a infecté près de
1 700 troupeaux et provoqué l’abattage de plus
de 3 millions de bêtes, privant de leur cheptel
près de 8 000 fermes. Le tourisme rural a été particulièrement affecté par l’épizootie, détournant
les amateurs de verdure des zones contaminées.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
26
Si au niveau national, avec 3 % des exploitations
touchées, les pertes sont évaluées seulement
à 0,2 % du PNB et si les incidences sur la croissance économique sont moins graves que prévu,
le coup est dur pour l’agriculture britannique et
pour l’image de marque du pays, dont la gestion
de l’épidémie a montré l’incurie des pouvoirs publics, trop lents à mettre en branle des vétérinaires
aux effectifs trop limités, et qui ne se sont rendu
compte qu’en avril que les charniers dressés pour
incinérer des centaines de milliers de bêtes dégageaient des fumées de dioxines cancérigènes...
GARI ULUBEYAN
LA PAC FRAGILISÉE
En Grande-Bretagne, le ministère de l’Agriculture pourrait bien ne pas survivre à l’épidémie de fièvre aphteuse, et il est question
de le restructurer avant même la réélection
de Tony Blair le 7 juin. Le 9 janvier, le ministre allemand de l’Agriculture démissionnait pour négligences dans la gestion de la
crise de la vache folle. En France, le ministère de l’Agriculture est dans le collimateur
pour les mêmes raisons, ce qui lui vaut le
17 mai un rapport sévère du Sénat. Au-delà,
c’est la politique agricole commune (PAC)
qui risque d’être affectée par ces crises
posant la question de son orientation et de
son financement et qui semblent préparer
le terrain déjà sensible de l’agriculture européenne à une réforme radicale avant 2006,
comme le réclame Paris. Quoi qu’il en soit
un réexamen de la logique d’une agriculture
productiviste et intensive paraît inéluctable
à la fin de 2002.
22
France
Arrestation du chef militaire présumé
de l’ETA
Le numéro un de l’organisation séparatiste basque
espagnole ETA, Francisco Javier Garcia Gaztelu, alias
Txapote, est interpellé à Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques, par des policiers du SRPJ de Bordeaux. Cette
arrestation intervient après celle en septembre dernier
du précédent chef de l’ETA militaire, Inaki. Par ailleurs,
deux jours après l’annonce d’élections régionales anticipées le 13 mai prochain au Pays basque, deux personnes sont tuées et quatre autres blessées dans un
attentat à la voiture piégée à Saint-Sébastien imputé
à l’ETA. Cet attentat porte à 26 le nombre des victimes
du groupe armé depuis qu’il a mis fin à quatorze mois
de trêve en décembre 1999. Le 23, la police espagnole
interpelle une quinzaine de personnes soupçonnées
d’appartenir à l’organisation séparatiste basque ETA
dans la province basque du Guipuzcoa (Nord).
24
Indonésie
Violentes émeutes à Bornéo
Au moins 270 personnes, principalement des Madurais, trouvent la mort sur l’île de Bornéo à la suite
d’affrontements interethniques qui ont éclaté depuis
le 18 à Sampit, dans la province du Kalimantan, à
800 km au nord-est de la capitale Palangkaraya. Motivés par des revendications terriennes, les heurts entre
les Dayaks, l’une des multiples tribus de l’Indonésie,
et les immigrants de plusieurs régions de l’archipel
sont fréquents dans cette partie indonésienne de l’île
de Bornéo. Des centaines de personnes y ont trouvé
la mort ces dernières années. Depuis quarante ans,
des centaines de milliers de personnes, principalement des habitants de l’île de Madura, ont été déplacées vers le Kalimantan pour lutter contre la surpopulation de certaines régions de l’archipel. Le 26, le
président indonésien Abdurrahman Wahid ordonne
le déploiement de 650 hommes des forces spéciales
d’élite au Kalimantan, afin de faire cesser les violences ethniques qui opposent les Dayaks, le peuple
autochtone, et les milliers de migrants venus de Madura, qui cherchent à fuir les massacres. Les premiers,
en majorité chrétiens ou animistes, reprochent aux
seconds, qui sont musulmans, d’occuper leurs territoires et de ne pas respecter les coutumes locales.
Cette crise constitue un nouveau revers pour le président Wahid, qui tente vainement de contenir les
mouvements séparatistes et les conflits ethniques
qui se multiplient en Indonésie.
28
France
Chômage : nouveau recul en janvier
Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 2,9 %
en janvier par rapport au mois précédent pour s’étadownloadModeText.vue.download 29 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
27
blir à 36 900, selon les chiffres publiés par la Direction
régionale du travail, de l’emploi et de la formation
professionnelle.
Mars
1
France
Affaire des disparues de l’Yonne :
insuffisances de la justice
Le ministre de la Justice Marylise Lebranchu indique
qu’un rapport de l’inspection générale des services
judiciaires révèle un « fonctionnement délictueux de
l’institution judiciaire » impliquant notamment le parquet dans l’affaire des disparues de l’Yonne. Ce rapport montre notamment que « le parquet du tribunal
de grande instance d’Auxerre n’a pas réussi à exploiter
des éléments réunis de longue date contre Émile Louis »
Ce dernier, un retraité âgé de soixante-six ans, est actuellement écroué à la maison d’arrêt de Draguignan.
Il est soupçonné d’avoir violé et tué sept jeunes filles
handicapées mentales dans la région d’Auxerre à la
fin des années 1970 et de différents crimes sexuels
commis dans le Var. Trois procédures, établies à son
encontre entre 1979 et 1984, « n’ont pas reçu l’attention qu’elles méritaient », « seule l’action des parties civiles a permis l’ouverture d’une information en mai 1997,
après deux refus successifs de la justice d’Auxerre qui estimait les faits prescrits » : « ces dysfonctionnements sont
susceptibles d’engager la responsabilité de l’État » pour
faute lourde. Le 21 décembre 2000, une plainte avait
été déposée par une femme âgée d’une trentaine
d’années qui affirmait avoir été abusée sexuellement
par Emile Louis en 1996. En 1989, Emile Louis avait
déjà été condamné dans le Var par le tribunal correctionnel de Draguignan à cinq ans de prison pour
attentat à la pudeur.
3
Afghanistan
Destruction des bouddhas géants de
Bamiyan
En dépit des appels de la communauté internationale, y compris l’Iran, à préserver leur patrimoine
historique, le mollah Mohamed Omar, chef suprême
des taliban, maintient son acte de destruction des
deux statues préislamiques afghanes dans la province centrale de Bamiyan, « conformément aux
principes de l’islam ». En outre, il rappelle que « ces
statues ne représentent que 1 % des reliques historiques
afghanes et 90 % de ces 1 % ont été pillés » avant son
arrivée au pouvoir. Ces statues sont jugées idolâtres
et contraires à l’islam par le régime de Kaboul. À l’aide
de puissants explosifs et de tirs d’artillerie, les taliban
font sauter les deux grandes statues, les plus grands
bouddhas debout du monde. Hautes de 38 et 55 m,
celles-ci avaient été sculptées à même la falaise par
des moines bouddhistes il y a 1 500 ou 1 600 ans,
dans la vallée de Bamiyan, à 2 500 m d’altitude. Installé en Afghanistan à partir du IIIe siècle av. J.-C., le
bouddhisme a dominé la région pendant 900 ans
Un « crime contre la culture »
perpétré au nom d’Allah ?
Sur ordre de leur chef suprême, les taliban
ont dynamité les deux bouddhas géants de
Bamiyan, prélude à la destruction de toutes
les statues préislamiques d’Afghanistan.
Cet acte condamné dans le monde entier,
nations musulmanes comprises, révèle le
durcissement d’un régime en mal de reconnaissance internationale.
Une petite semaine. C’est le temps qu’il a fallu
aux taliban pour détruire Shahmana et Solsol, les plus grands bouddhas du monde – hauts
respectivement de 35 et 53 m, sculptés il y a plus
de 1 500 ans dans une falaise de grès dominant
la plaine de Bamiyan, au centre de l’Afghanistan.
Des idoles...
De nombreux monuments civils et religieux
avaient déjà été mutilés, rasés ou pillés pendant
la guerre civile qui a fait rage entre 1989 et la
prise de Kaboul par les troupes talibanes en
1996. Après leur victoire, les « étudiants en religion » (traduction de taleb), tenants d’un islam
néofondamentaliste inspiré du wahhabisme
saoudien et architectes d’un émirat fondé sur
la stricte application de la charia (loi islamique),
n’avaient pourtant pas été pris d’une fureur iconoclaste à l’égard des statues représentant « les
dieux des infidèles ».
Sous l’influence des plus « modérés », convaincus que la valorisation du patrimoine culturel
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
28
afghan favoriserait la reconnaissance internationale d’un régime honni, les taliban semblaient
considérer la statuaire préislamique comme
des vestiges archéologiques et non comme des
« idoles », dont le Coran proscrit l’adoration.
Aussi commencèrent-ils à collaborer avec la Société pour la préservation de l’héritage culturel
afghan. Puis, en juillet 1999, un décret du mollah
Mohammad Omar, leur chef suprême, reconnut
la légitimité de respecter et de protéger le patrimoine préislamique afghan, et singulièrement
les bouddhas de Bamiyan, dans la mesure où
« il n’y [avait] plus de bouddhistes en Afghanistan
pour les révérer ».
C’est la très brève réouverture du musée de
Kaboul en août 2000 qui semble avoir déclenché une querelle entre les « conservateurs » et
les « modérés ». Des mollahs se sont offusqués
de voir des statues de bouddhas exposées, et
ont saisi une cour islamique pour demander au
nom de quoi les taliban protégeait ces pièces.
Dès lors, la crise va s’amplifier. Au mois de janvier, une commission pénètre dans le musée de
la capitale pour y briser quelques « idoles » à la
requête des plus hautes autorités du régime.
... en proie à une fureur iconoclaste
Le 26 février, un nouveau décret du mollah
Omar, basé sur des « consultations juridiques
des oulémas [théologiens] afghans », ordonne
la destruction de la statuaire préislamique, en
commençant par le site de Bamiyan. Cette sentence provoque un tollé international. Elle est
condamnée par les principaux pays bouddhistes
comme par les nations islamiques qui, à l’instar
du Pakistan et de l’Arabie Saoudite, redoutent
les répercussions négatives d’un tel acte de vandalisme sur l’image de l’islam dans le monde.
Début mars, Pierre Lafrance est désigné par
l’Unesco pour tenter d’infléchir la position du
mollah Omar. Dans le même but, l’Organisation
de la conférence islamique envoie une délégation comprenant deux des plus hautes autorités
de l’islam sunnite, les cheikhs Al Waseel, grand
mufti d’Egypte, et Al Qardhaoui, théologien
égyptien résidant à Qatar. Ceux-ci mettent en
garde les oulémas afghans en leur rappelant
que, bien loin d’être « une injonction de l’islam »,
leur décision s’oppose au Coran, dont un verset
commande aux musulmans de fuir « l’abomination des idoles », en aucun cas de les détruire.
Mais rien n’entamera la détermination des taliban. Cette « catastrophe culturelle mondiale »,
contestée au sein même du régime par les
« modérés », a révélé leur marginalisation face
aux plus extrémistes. Car, au-delà de son aspect
religieux, Olivier Roy, chercheur au CNRS, estime
que l’affaire de Bamiyan est l’expression « d’un
repliement des taliban sur eux-mêmes, et de leur
frustration ». Sous la pression des États-Unis, qui
exigent toujours que les autorités talibanes leur
livrent Oussama Ben Laden, considéré comme le
principal « parrain » du terrorisme international,
l’ONU a, en effet, renforcé ses sanctions contre
Kaboul en janvier 2001. Une attitude très mal
accueillie par les taliban qui, après avoir banni
la culture de l’opium en juillet 2000 et lâché un
peu de lest sur l’éducation des filles et le travail
des femmes, espéraient voir affluer l’aide internationale pour soulager la crise humanitaire
qui continue d’affecter les réfugiés et déplacés
afghans. Commentant la destruction des bouddhas, le ministre des Affaires étrangères taliban
Wakil Ahmad Mutawakil n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que son gouvernement « aurait
aimé que la communauté internationale, qui a
réagi avec beaucoup d’exagération au décret [du
mollah Omar], n’ait pas oublié la décision de bannir la drogue », avant d’ajouter : « Il est ironique
que le monde se mobilise sur des statues mais pas
sur les souffrances des Afghans ». Un message on
ne peut plus clair, qui établit un lien direct entre
la destruction du site de Bamiyan et le renforcement des sanctions onusiennes. Comme si l’intransigeance de la communauté internationale,
en renforçant l’influence des fondamentalistes
au sein du régime taleb n’avait pas, en définitive,
un peu provoqué ce « crime contre la culture »,
perte irréparable pour la mémoire afghane
comme pour le patrimoine universel.
EMMANUEL CHICON
COMMENT PROTÉGER
LES BIENS CULTURELS ?
Pour faire oublier quelque peu l’impuissance de l’Unesco – dont il assume la direction générale, dans l’affaire de Bamiyan,
Koichiro Matsuura s’est réjoui d’une décision « historique » : la destruction de certains monuments historiques survenue
lors du bombardement de Dubrovnik par
les forces serbes en 1991 a figuré parmi les
chefs d’accusation retenus par le Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie, le
22 février 2001. Il est vrai que depuis 1979,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
29
le port croate figurait sur la liste du Patrimoine mondial établie par l’Unesco. Les
bouddhas de Bamiyan, eux, n’en faisaient
curieusement pas partie. Mais M. Matsuura n’en a pas moins souligné « que le
précédent [de Dubrovnik] montre que la
communauté internationale peut décider [...]
d’appliquer des sanctions pour la protection des
biens culturels ». Le directeur de l’Unesco
oserait-il rêver d’un tribunal international
pour l’Afghanistan ?
5
Afrique du Sud
Les grandes firmes pharmaceutiques
contre les « génériques »
Pretoria accueille un procès qui oppose 39 laboratoires pharmaceutiques au gouvernement
sud-africain. Ces laboratoires dénoncent une loi
sud-africaine datant de 1997 qui vise à favoriser
les traitements les plus coûteux, notamment ceux
contre le sida, en autorisant l’importation de versions
génériques de médicaments brevetés ou en imposant un prix unique pour les médicaments produits
en Afrique du Sud. Le jugement de la Haute Cour de
Pretoria n’est pas attendu avant la fin de l’année. Les
organisations de lutte contre le sida dénoncent le
cynisme d’une industrie pharmaceutique qui entend
empêcher les pays défavorisés de recourir aux médicaments génériques, produits à moindre coût parce
qu’ils ne sont plus protégés par un brevet. Sur 36 millions de personnes infectées par le virus VIH dans le
monde, 25 millions vivent en Afrique subsaharienne,
où l’on a déploré 2,4 millions de morts des suites du
sida en 2000 ; 10 % des 45 millions de Sud-Africains
sont affectés par le virus. Du côté des laboratoires, on
souligne que leurs poursuites se bornent à dénoncer
une législation qui viole leur propriété industrielle et
constitue un abus de pouvoir de l’État. Leur action
en justice bloque l’entrée en vigueur de la loi depuis
février 1998. Le 6, alors que le procès est ajourné au
18 avril prochain, l’Organisation mondiale de la santé
apporte son soutien « fondamental » à l’État sudafricain, estimant que la loi qu’il a promulguée s’inscrit dans les accords de l’Organisation mondiale du
commerce sur la propriété intellectuelle et que ces
« médicaments doivent arriver à toutes les personnes qui
en ont besoin ».
7
Israël
Gouvernement d’union nationale
Officiellement intronisé Premier ministre, Ariel Sharon, large vainqueur des élections générales de
février dernier, fait approuver son gouvernement
d’union nationale, fruit d’un mois de négociations
avec les partis politiques, aux députés de la Knesset.
Le vote de confiance en faveur du nouveau gouvernement est acquis par 72 voix contre 21. Ariel Sharon
est le cinquième Premier ministre de l’État hébreu
en moins de six ans. Il doit son arrivée au pouvoir
à son engagement de faire cesser l’insurrection
palestinienne.
Son gouvernement d’union permettra aux Israéliens
de « se tenir ensemble en faisant face à ce qui représente
actuellement le plus grand danger – à savoir la détérioration de la sécurité ». La recherche de la paix avec
les Palestiniens, voire avec la Syrie et le Liban, n’est
pas oubliée mais à condition que les négociations
se fassent « uniquement lorsque le calme régnera » :
« Si les Palestiniens choisissent le chemin de la paix [...],
ils trouveront en moi et en mon gouvernement un partenaire sincère et véritable. » La coalition va du centre
gauche à la droite extrême : elle comprend les trois
principaux groupes parlementaire – le Likoud, le Parti
travailliste et le Shas (parti ultra-orthodoxe séfarade)
– ainsi que quatre petites formations ultranationalistes ou religieuses. Elle a pour objectifs de donner
à Israël un sentiment d’unité dans une période de
crise, d’atténuer l’image belliqueuse d’Ariel Sharon
et de donner au pays un gouvernement s’appuyant
sur une véritable assise nationale, capable de résister
à la défection d’un parti. Le nouveau gouvernement
comporte 26 membres, ce qui en fait le plus important de l’histoire de l’État hébreu.
Il comprend des ministres opposés à toute concession aux Palestiniens mais aussi des partisans
convaincus de la paix comme le travailliste Shimon
Pères, ministre des Affaires étrangères. Dalia RabinPelossof, la fille de l’ancien Premier ministre assassiné
Yitzhak Rabin, reçoit le poste de vice-ministre de la
Défense. Pour la première fois, un Arabe israélien
siège dans le gouvernement de Jérusalem. Le nouveau Premier ministre ne connaîtra pas l’état de grâce
dont bénéficient généralement ceux qui accèdent
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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au pouvoir. Le Mouvement de la résistance islamique
(Hamas) prévient que celui qui est considéré comme
le pire ennemi des Palestiniens sera accueilli par des
attentats-suicides. Le 15, Israël allège le bouclage des
villes de Cisjordanie et de la bande de Gaza, l’accès
à Israël restant interdit aux Palestiniens, comme cela
est le cas depuis le début des violences israélo-palestiniennes il y a six mois.
Israël : la victoire annoncée
d’Ariel Sharon
Si la victoire de Sharon était annoncée,
dans les semaines précédant le scrutin,
personne n’aurait toutefois prédit, quelques
mois plus tôt, que le Likoud présenterait
ce candidat, et que le résultat serait aussi
tranché.
Vingt-cinq points d’avance sur son adversaire
travailliste, le Premier ministre sortant Ehoud
Barak : la victoire d’Ariel Sharon n’a surpris que
par son ampleur sans précédent, plus imposante
encore que ce que les sondages avaient prévu.
Le chef du Likoud recueille en effet 62,5 % des
suffrages exprimés, contre 37,5 % pour Ehoud
Barak. Sharon, le général « faucon », surnommé
le « bourreau du Liban » pour y avoir dirigé l’intervention israélienne de 1982, celui qui, par sa
présence provocatrice sur l’esplanade des Mosquées, en septembre 2000, a relancé l’Intifada,
est ainsi parvenu à battre par K.-O. le Premier
ministre qui a été le plus près de la conclusion
d’un accord de paix avec les Palestiniens !
« Union nationale »
C’était la première fois, ce 6 février, que les Israéliens votaient au suffrage direct pour désigner
leur Premier ministre. Jusqu’à la récente réforme
du système électoral, ils élisaient leurs députés
qui, à leur tour, désignaient le chef du gouvernement. La démission d’Ehoud Barak, en décembre
2000, a entraîné l’organisation anticipée de ce
scrutin qui ne modifiera donc pas la composition de la Knesset élue en mai 1999, où le Likoud
dispose de dix-neuf sièges alors que le Parti travailliste en compte vingt-six. Ariel Sharon, aussitôt élu, a proposé aux travaillistes de participer à
un « gouvernement d’union nationale le plus large
possible ». La formule n’est pas entièrement justifiée par l’état de violence dans lequel Israël se
trouve de nouveau plongé. C’est aussi la seule
solution, pour le futur Premier ministre, pour ne
pas devenir l’otage des partis ultra-orthodoxes
avec lesquels il devrait faire alliance, en cas de
refus travailliste, afin de disposer d’une majorité
parlementaire.
La victoire d’Ariel Sharon reste toutefois à nuancer. Le taux d’abstention a, lui aussi, atteint un
niveau record dans l’histoire électorale du pays :
40 % des inscrits, alors qu’il tourne habituellement autour de 20 %. Le boycottage revendiqué
du scrutin par les Arabes israéliens, qui représentent 13 % de l’électorat et dont un petit cinquième seulement serait allé voter, n’explique
pas tout – ceux-ci ont voulu signifier leur rejet
de la politique travailliste après la mort de treize
d’entre eux lors d’une manifestation de soutien à
l’Intifada, en octobre 2000. C’est la mobilisation
d’une grande partie de l’électorat travailliste traditionnel qui a fait défaut au Premier ministre
sortant. Il semblerait que la victoire de Sharon
illustre surtout la déception inspirée par vingt et
un mois de gestion Barak, ainsi qu’une forme de
découragement après quatre mois de violence.
Dès l’annonce des premiers résultats, le Premier
ministre sortant a d’ailleurs annoncé son intention de démissionner de la présidence du Parti
travailliste ainsi que de son siège de député.
L’ancien Premier ministre Shimon Pères, écarté
de la candidature travailliste par Ehoud Barak,
n’avait-il pas prévenu, la veille du scrutin, que
celui-ci « devrait tirer les conséquences d’un éventuel échec ? »
« Escalade militaire »
Ariel Sharon a annoncé son intention de reprendre les négociations avec les Palestiniens à
la condition que ceux-ci « abandonnent la voie
de la violence ». De son côté, Yasser Arafat, chef
de l’Autorité palestinienne, qui avait très tardivement appelé à empêcher la victoire du candidat du Likoud, affirme respecter « le choix du
peuple israélien » et souhaiter « la poursuite du
processus de paix ». La prudence est également
de mise dans les pays arabes modérés, où les
dirigeants déclarent qu’ils jugeront le nouveau
gouvernement israélien sur ses actes. L’attitude
attentiste est la même à Washington, Paris ou
Bruxelles, tant la perspective des relations entre
le futur gouvernement Sharon et l’Autorité palestinienne apparaît indistincte.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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Les violences reprennent rapidement dans les
territoires palestiniens qui sont de nouveau
bouclés, le 14 février, à la suite d’un attentat qui
cause la mort de huit personnes, des civils et des
militaires israéliens, au sud de Tel-Aviv. Yasser
Arafat refusera de condamner l’attentat, mettant
en cause l’« escalade militaire » israélienne. La
veille, l’armée avait tué, à Gaza, un membre de
sa garde rapprochée.
L’accord de gouvernement
Ce regain de violence n’empêche pas le Likoud
et le Parti travailliste de conclure un accord de
gouvernement, le 15 février, après qu’Ehoud Barak, revenant sur sa décision de quitter la vie politique, a finalement accepté le portefeuille de la
Défense que lui proposait Ariel Sharon. L’accord
prévoit un partage égal des ministères entre
les deux grands partis, les autres formations
se voyant attribuer des postes symboliques. La
composition du cabinet restreint de sécurité est
également paritaire. Shimon Pères est pressenti
pour occuper le ministère des Affaires étrangères. Le programme de gouvernement demeure volontairement très vague, se réduisant à
quelques recommandations d’ordre général.
Le 21 février, toutefois, sous la forte pression
de nombre de ses « amis » travaillistes qui dénonçaient sa participation au gouvernement
d’union nationale – et surtout son maintien
sur la scène politique –, Ehoud Barak avertit
Ariel Sharon qu’il renonce finalement au ministère de la Défense. Le Premier ministre sortant
confirme également sa démission de la direction
de son parti. Cinq jours plus tard, le comité central du Parti travailliste se prononcera en faveur
d’une participation au gouvernement d’union
nationale.
Le 7 mars, le jour de l’investiture du gouvernement d’union nationale, la Knesset abolit l’élection du Premier ministre au suffrage universel
direct, que la plupart des partis politiques s’accordent à juger finalement préjudiciable au bon
fonctionnement de l’État.
CHRISTOPHE PÉRY
UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE
Le 7 mars, le gouvernement d’union nationale du Premier ministre élu est investi par
la Knesset. Ses membres appartiennent
principalement au Likoud et au Parti travailliste, mais aussi à quelques partis
religieux ultra-orthodoxes, dont le Shass,
ainsi qu’à certains partis d’extrême droite.
Au nombre total de huit, les formations de
la coalition gouvernementale rassemblent
73 élus sur les 120 que compte le Parlement. Les travaillistes Shimon Peres et Benyamin Ben Eliezer occupent respectivement les fonctions de ministre des Affaires
étrangères et de ministre de la Défense ; le
président du Shass, Eli Yishai, est nommé
ministre de l’Intérieur.
8
Macédoine
Guérilla albanaise
En dépit des efforts des soldats américains de la
K-FOR pour couper leur approvisionnement en
armes et vivres depuis le Kosovo, des rebelles albanophones multiplient les actions de guérilla dans le
nord de la Macédoine. Ces violences entraînent la
fermeture de la frontière avec le Kosovo, tandis que
la Macédoine reçoit le soutien de ses voisins des Balkans, qui appellent la K-FOR à intensifier ses contrôles
à la frontière du Kosovo.
Ces contrôles de la zone frontalière sont pour le moment la réponse appropriée de l’OTAN au regain de
violence séparatiste au Kosovo et dans les pays frontaliers à minorité albanaise, comme la Macédoine,
dont un quart des deux millions d’habitants sont
des Albanais de souche. En outre, l’OTAN autorise les
troupes serbes à pénétrer dans la zone terrestre de
sécurité séparant le Kosovo du reste de la Serbie afin
d’empêcher les infiltrations d’albanophones en provenance de Macédoine vers le sud de la Serbie, où ils
harcèlent les forces serbes. La rébellion albanaise de
Macédoine semble déterminée à porter les combats
dans les principales villes du pays. Le 15, Tetovo, la
deuxième ville de Macédoine (200 000 habitants), à
forte majorité albanaise, dans le nord-ouest du pays,
est le théâtre de troubles entre maquisards albanais
et forces macédoniennes. Le Premier ministre macédonien Ljubco Georgijevski affirme que son gouvernement est « déterminé à sauvegarder sa souveraineté
et son intégrité territoriale et à lutter contre la haine et
les aspirations séparatistes ethniques ». Si les forces macédoniennes repoussent les rebelles de Tetovo, les
collines alentour restent contrôlées par les rebelles.
Ces affrontements provoquent la fuite de milliers
de personnes. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, ils auraient déjà chassé plus de
40 000 personnes de cette région de la Macédoine.
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Néanmoins, les rebelles albanophones s’affirment
prêts à négocier avec le gouvernement.
Ils réclament une médiation internationale pour faire
disparaître les inégalités entre la majorité slave et la
minorité albanophone, et la libération des prisonniers politiques. Mais Skopje refuse de négocier avec
ceux qu’il qualifie de « terroristes ». La communauté
internationale redoute toujours un embrasement en
Macédoine, la seule région des Balkans à avoir quitté
la Fédération yougoslave sans effusion de sang. Alors
que les affrontements menacent de se communiquer au Kosovo, l’Union européenne réaffirme son
soutien à Skopje. Pour Javier Solana, « Nous soutenons
l’intégralité territoriale de la Macédoine, les extrémistes
n’ont pas leur place au sein de l’UE. »
9
France
Nouvelle manifestation des juges à
Paris
Après une première manifestation le 19 janvier,
quelque 800 à 1 000 magistrats manifestent de
nouveau devant l’hôtel Matignon, à l’appel de leurs
syndicats, l’Union syndicale des magistrats (USM) et
le Syndicat de la magistrature (SM). Ils demandent
« une remise à plat » du système judiciaire, comprenant une réforme de la carte judiciaire et le recrutement de personnel pour réduire les délais. Cette manifestation, organisée à deux jours du premier tour
des élections municipales, est de nature à embarrasser le gouvernement.
11
France
Premier tour des municipales
Pas de vague rose, une grande stabilité d’ensemble
et, pour la gauche, l’espoir de gagner à Paris, Lyon
et Toulouse : tels sont les principaux enseignements
du premier tour des élections municipales. Les résultats de ce premier tour laissent le jour ouvert pour
le second tour. La première réalité est la réélection
probable de la plupart des maires sortants, qu’ils
soient de gauche ou de droite. La gauche ne progresse pas comme elle l’espérait, la droite échappe à
la sanction des électeurs qu’elle redoutait. À gauche,
la plus grande déception provient de l’échec des ministres qui partaient à la conquête de municipalités
tenues par la droite : Jean-Claude Gayssot à Béziers
et Dominique Voynet à Dole, Élisabeth Guigou à Avignon et Pierre Moscovici à Montbéliard – sans parler
de ballottages difficiles des sortants tels Catherine
Trautmann à Strasbourg, Jack Lang à Blois et Marylise
Lebranchu à Morlaix. La droite est rassurée par les
échecs de ces ministres, mais touchée par l’ébranlement de ses fiefs, en Corrèze, mais aussi dans les
grandes villes – Paris, Lyon, Toulouse, où elle risque
de payer ses divisions au second tour. Dans ces villes,
la gauche progresse, les scrutins locaux recouvrant
l’enjeu national du rapport des forces entre gauche
et droite. À Paris les listes de Bertrand Delanoë (PS)
devancent celles de Philippe Séguin (RPR) d’environ
10 points et les Verts obtiennent un bon score audessus de la barre des 10 %. Gauche et Verts annoncent leur fusion. Le candidat gaulliste est le grand
perdant de l’élection : il est largement dominé par son
adversaire socialiste, battu par Daniel Vaillant dans le
XVIIIe arrondissement, et ne creuse pas l’écart prévu
avec Jean Tiberi sur l’ensemble de la capitale. Ce
dernier réclame la fusion des listes de droite. Philppe
Séguin entend s’en tenir au retrait des listes de droite
les moins bien placées. À Lyon, le coude à coude des
deux candidats de droite, Michel Mercier et Charles
Millon, peut profiter au socialiste Gérard Collomb. Le
premier plaide pour le retrait réciproque des deux
listes mais, devancé par le candidat de M. Millon
dans son secteur, il est écarté du second tour. À Toulouse, l’UDF Philippe Douste-Blazy atteint 41,5 % des
voix, mais ses adversaires – François Simon (PS) et les
listes Zebda –, s’ils fusionnent au second tour, bénéficient d’un réservoir de voix plus important. Lors du
premier tour des élections cantonales, qui se tenait
dans quelque 2 000 cantons de France en même
temps que les municipales, la gauche plurielle enregistre une progression dans la plupart des départements, selon les résultats partiels donnés dimanche
soir par le ministère de l’Intérieur. Le Parti socialiste
est crédité au plan national de 23,6 % des suffrages,
contre 20,9 % pour le RPR. L’UDF recueille quant à elle
13,2 % des suffrages, Démocratie libérale (DL) 7,1 %
et le Parti communiste 4,4 %. La gauche, qui ne dirige
aujourd’hui que 33 départements de métropole sur
95, espère à l’occasion de ce scrutin conquérir une
douzaine de nouveaux conseils généraux au détriment de la droite. Aux dernières cantonales de mars
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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1998, elle avait déjà fait basculer 12 départements
gérés jusqu’alors par la droite.
Mexique
La longue marche du souscommandant Marcos
Fidèle à une promesse faite il y a sept ans, le souscommandant Marcos et 23 autres dirigeants du
mouvement zapatiste armé, le visage masqué par
une cagoule, entrent pacifiquement dans la capitale
Mexico pour réclamer la reconnaissance constitutionnelle des droits des Indiens du Mexique. Suivis
par de nombreux partisans, les guérilleros de l’EZLN
(Armée zapatiste de libération nationale) ont parcouru quelque 3 000 km depuis le départ de leur bastion du Chiapas (sud) quinze jours plus tôt. C’est la
première fois qu’un groupe rebelle pénètre au grand
jour dans Mexico depuis les chefs révolutionnaires
Pancho Villa et Emiliano Zapata – dont le mouvement tire son nom – en 1914. À la veille de l’entrée
des zapatistes dans la capitale, le président Vicente
Fox avait souhaité la bienvenue à la caravane des
rebelles zapatistes, estimant que leur visite dans la
capitale impliquait leur entrée dans l’arène politique
et le lancement de pourparlers de paix. Élu en juillet
dernier, le président mexicain a fait de la paix avec
les zapatistes l’une de ses priorités depuis sa prise de
fonctions le 1er décembre 2000. Pour tenter de relancer le dialogue, il a fermé quatre bases militaires au
Chiapas, fait libérer des dizaines de militants zapatistes emprisonnés et proposé au Congrès un projet
de loi sur les droits des Indiens, qui leur accorderait
une certaine autonomie. Le 13, le sous-commandant
Marcos rencontre les membres d’une commission
de conciliation parlementaire – la Commission de
concorde et de pacification (COCOPA) – afin d’évoquer les amendements constitutionnels réclamés
par l’EZLN. Le 14, le leader zapatiste rejette une première proposition de dialogue du Congrès mexicain,
qu’il qualifie de « ridicule ». Celle-ci prévoyait que les
négociations débutent par des réunions composées
de 20 parlementaires et zapatistes. Le sous-commandant Marcos souhaite « s’entretenir avec tous les
parlementaires », mais certains députés et sénateurs
refusent de discuter avec des rebelles masqués, tandis que d’autres craignent que l’adoption d’amendements constitutionnels sur les droits des Indiens
du Chiapas menace l’unité et la souveraineté du
Mexique. Le président Fox a lancé un appel aux rebelles zapatistes, qu’il souhaite rencontrer avant leur
retour au Chiapas.
La France municipale penche
à droite
Aucun triomphalisme, nombreuses incertitudes. Les 11 et 18 mars 2001, cent trente
ans jour pour jour après la Commune de Paris, 40 millions d’électeurs sont appelés aux
urnes pour élire leurs maires. Basculement
de gauche à droite de dizaines de villes,
effondrement communiste témoignant de
l’incapacité du parti de Robert Hue à fixer
le vote populaire, poussée des Verts.
L’électorat de gauche s’est donc modifié
sociologiquement et politiquement sans
pour autant se consolider. Le taux d’abstention,
qui a atteint 38,73 % au niveau national (soit
4 points de plus qu’aux municipales de 1995), a
indéniablement pénalisé les listes de la majorité
gouvernementale.
Victoire de la gauche à Paris et à Lyon
À Paris, la victoire du sénateur socialiste Bertrand
Delanoë est connue vers 23 heures. Et immédiatement qualifiée d’« événement historique ». Un
rassemblement est organisé, place de l’Hôtel-deVille, au son de « On veut les clés » scandé par les
sympathisants. Les médias ne manquent pas d’y
aller de leur analyse sociologique et voient dans
la victoire de la gauche parisienne le triomphe
politique des « bobos » de la capitale.
Les listes du candidat socialiste l’ont emporté
dans 12 des 20 arrondissements (2e, 3e, 4e, 9e, 10e,
11e, 12e, 13e, 14e, 18e, 19e et 20e) et obtiennent
92 sièges sur les 164 que compte le Conseil de
Paris. Doté d’une majorité confortable en sièges
mais d’une minorité en voix (49,60 %), le nouveau maire va devoir composer avec un groupe
de 23 Verts et un maire écologiste dans le 2e arrondissement. Fraîchement qualifié de « parti
métropolitain », le couple PS-Verts a percé là
où on ne l’attendait pas forcément. Le 3e arrondissement offre son meilleur score à la gauche
(65,3 %).
À Lyon, le duel a été serré jusqu’au bout, mais
Gérard Collomb l’emporte finalement après le
basculement des 4e, 5e et 7e arrondissements, et
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34
devient le premier maire de gauche de la ville
depuis Édouard Herriot, élu en 1905 et en place
jusqu’à sa mort en 1957. Parmi les communes de
plus de 100 000 habitants, la gauche l’emporte
également à Dijon.
Vague bleue sur la province
Contre tous les pronostics, il n’y a pas eu de
vague rose. Battue à Paris et à Lyon, la droite
a ravi à la gauche plus d’une quarantaine de
villes, dont la capitale alsacienne Strasbourg, où
Catherine Trautmann ne recueille que 40,41 %
face à son adversaire Fabienne Keller (50,85 %).
Outre Strasbourg, 5 autres villes de 100 000 habitants sont passées à droite : Rouen, Orléans,
Aix, Nîmes et Saint-Denis de la Réunion. À Toulouse, le dauphin désigné de Dominique Baudis, le chiraquien Philippe Douste-Blazy (UDF),
l’emporte largement avec 55,13 %. Parmi les
autres villes perdues par la gauche, Blois, où le
ministre de l’Éducation nationale Jack Lang est
battu de 37 voix, les bastions PCF d’Argenteuil,
de Colombes et de Drancy. Commentant ces
résultats, Jacques Chirac s’est dit confiant dans
la stratégie fondée sur le « terrain ». L’extrême
droite réussit à garder trois de ses villes : Orange
au premier tour, Marignane au second ainsi que
Vitrolles, où la MNR Catherine Mégret l’emporte
avec 200 voix d’avance. Son électorat populaire
s’est recyclé à droite, comme à Strasbourg où
Fabienne Keller récupère l’essentiel des 16,71 %
des listes d’extrême droite.
Les principaux enseignements du
scrutin
Au sein de la gauche plurielle, le PCF fait figure
de principal vaincu. Avec la perte de la seule ville
de plus de 100 000 habitants qu’il gérait, Nîmes,
c’est un camouflet pour Robert Hue. Les communistes perdent également des villes comme
La Seyne-sur-Mer, La Ciotat, Sète, Évreux, Tarbes
et Dieppe. À l’inverse des communistes, les Verts
auraient des raisons de pavoiser. Avec 12 % des
voix, en moyenne, la composante écologiste de
la gauche plurielle se renforce et en devient la
deuxième force. La victoire de Jean-Michel Marchand à Saumur et d’André Aschieri à MouansSartoux fait oublier la défaite à Dole de Dominique Voynet.
Sur le court terme, le Premier ministre Lionel
Jospin doit relancer son gouvernement. Les défaites de plusieurs ministres (Élisabeth Guigou,
Dominique Voynet, Jean-Claude Gayssot, Pierre
Moscovici, Jack Lang) sonnent comme un deuxième coup dur pour la « dream team » après les
départs de ministres comme Dominique StraussKahn ou Martine Aubry. Sur le long terme, il doit
également rééquilibrer la majorité plurielle et
tenir compte des nouveaux rapports de force. Il
doit surtout prendre en compte les contours de
ce qu’on appelle déjà « une nouvelle gauche »
avec les listes citoyennes, le phénomène Zebda,
Lutte ouvrière ou encore la percée verte. Pour
J. Chirac, l’échec de la gauche en province l’emporte sur la perte de Paris et de Lyon. Il se dit
plus que jamais opposé à une inversion du calendrier électoral et mise sur un échec de la gauche
aux législatives dont elle ne pourrait se relever.
Convaincu du bien-fondé de sa « stratégie de ter-
rain », il sait possible le report de voix écologistes
à droite et ne manquera pas d’intervenir sur ce
thème. Il compte bien, par ailleurs, profiter de
la vague bleue en province pour l’échéance de
2002 et sait que la gestion des hommes, félicités
au cours des traditionnels « déjeuners d’élus à
l’Élysée » (Gaudin à Marseille, Juppé à Bordeaux,
Douste-Blazy à Toulouse) sera un enjeu majeur
de la préparation des présidentielles.
Reste aux initiateurs du mouvement Alternance
2002 (qu’ont rejoint É. Balladur et A. Juppé, ainsi
que les présidents de groupes de la droite et du
centre à l’Assemblée et au Sénat) d’étouffer les
divisions de la droite et de tirer les enseignements des municipales de 2001. Celles-ci font
apparaître une prime aux sortants et aux élus de
terrain. En corollaire, les parachutages politiques
ont été rejetés. Divines surprises, les victoires de
Paris et de Lyon masquent avec difficultés la
vague bleue qui a déferlé sur le reste du pays.
CÉLINE CABOURG
UNE ÉLECTION PLUS FÉMININE ?
Cela devait être une élection où les femmes
seraient représentées à parité. À l’arriver,
certains coups bas n’ont pas manqué
de miner ces listes plus féminines. En témoignent les rumeurs rapportées par la
candidate PS Bettina Laville à Chalon-surSaône : « On prétend m’avoir retrouvée ivre. »
Depuis la loi du 17 juin 2000, l’égal accès
des femmes et des hommes aux mandats électoraux doit entrer dans les faits.
Chaque liste se doit dans les villes de plus
de 3 500 habitants de compter un nombre
égal d’hommes et de femmes. Les premiers
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
35
pas ont été difficiles, et le sexisme, tenace.
« C’est sûr, le syndrome de la potiche nous
guette toutes », avoue la jeune candidate
de la gauche dans le 17e arrondissement
parisien, Clémentine Autain. D’autant que
jusque-là, la loi ne contraignait pas les exécutifs à être constitués à parité. Une réalité
qui pourrait changer avec la proposition
de loi déposée en mars par le député UDF
Gilles de Robien.
13
France
Alfred Sirven fait de la résistance
Lors de la reprise du procès Elf, Alfred Sirven refuse
de répondre aux questions posées par Sophie Portier, la présidente du tribunal correctionnel de Paris,
tant que l’instruction sur la vente des frégates françaises à Taïwan, impliquant notamment l’ancien
ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, n’est
pas achevée. Selon l’ancien numéro deux du groupe
pétrolier, interpellé début février aux Philippines,
les faits d’abus de biens sociaux au détriment de la
compagnie pétrolière Elf qui lui sont imputés sont
indissociablement « liés » au dossier des six frégates
vendues à Taïwan, actuellement instruit par le juge
Laurence Vichnievsky. Alfred Sirven quitte le prétoire
et refuse désormais de comparaître. La procédure
pénale ne permet pas d’obliger un prévenu à comparaître contre son gré même si, comme c’est le cas
d’Alfred Sirven, il est en détention provisoire. Le 20,
le substitut du procureur de la République requiert
deux ans d’emprisonnement, deux millions de francs
d’amende et cinq ans d’interdiction de toute fonction publique à rencontre de Roland Dumas, poursuivi pour recel et complicité d’abus de biens sociaux
à rencontre d’Elf. Cinq années d’emprisonnement
sont requises à rencontre d’Alfred Sirven et de Loïk Le
Floch-Prigent avec 2,5 millions francs d’amende ainsi
que trois ans d’emprisonnement dont un avec sursis,
un million de francs d’amende et cinq ans d’interdiction de droits civils, civiques et de famille pour Christine Deviers-Joncour, poursuivie pour recel d’abus de
biens sociaux au détriment du groupe pétrolier.
Environnement
La volte-face de Bush
Contrairement aux promesses qu’il avait faites pendant sa campagne électorale, le président américain
George W. Bush annonce que les États-Unis ne réglementeront pas les émissions de dioxyde de carbone
(CO2) en raison des coûts considérables engendrés
par une politique de réduction des émissions. Il préconise une politique énergétique améliorant la qualité de l’air, grâce à des réductions de gaz polluants tels
le dioxyde de sulfure et le mercure, mais refuse d’imposer des réductions sur les émissions de dioxyde de
carbone. Cette décision américaine déçoit les défenseurs de l’environnement qui considèrent la réduction des émissions de gaz à effet de serre comme
une solution au réchauffement de la planète.
18
France
Second tour des municipales
Le second tour des élections municipales confirme
la résistance de la droite affichée au premier tour.
Toulouse, où l’on prévoyait un scrutin serré, échoit
à Philippe Douste-Blazy (UDF) qui l’emporte avec
56,4 % des voix face à François Simon (PS). La droite
gagne quarante villes de plus de 15 000 habitants :
notamment Avignon, où Élisabeth Guigou (ministre
de l’Emploi et de la Solidarité) est battue par la maire
sortante Marie-Josée Roig ; Blois, où Jack Lang (Éducation nationale) est défait par l’UDF Nicolas Perruchot ; Montbéliard, où Pierre Moscovici (Affaires
européennes) est battu par Louis Souvet (RPR) ; Strasbourg, où Fabienne Keller (UDF) bat Catherine Trautmann avec 49,4 % des voix au cours d’une triangulaire ; Nîmes, où le RPR Jean-Paul Fournier a conquis
la seule municipalité de plus de 100 000 habitants
gérée par le Parti communiste. La droite conserve la
quasi-totalité de ses villes, comme Marseille où JeanClaude Gaudin (DL) est largement réélu. Au total,
sur les 583 villes de plus 15 000 habitants, le gain
net de la droite est de 40 municipalités ; et, sur les
244 villes de plus de 30 000 habitants, son gain est
de 23. Mais la gauche gagne les scrutins symboles
de Paris et Lyon. À Paris, Bertrand Delanoë et ses alliés Verts remportent la majorité au Conseil de Paris
(92 sièges contre 71), en recueillant 49,60 % des voix,
contre 36,24 % pour Philippe Séguin (RPR) et 13,70 %
pour le maire sortant Jean Tiberi : la gauche plurielle
l’emporte notamment dans tous les arrondissements
clés, les IXe, XIIe et XIIIe et XIVe. À Lyon, la gauche
est également minoritaire en voix (48,56 % contre
50,29 % pour les listes Dubernard et Millon) mais
majoritaire en nombre de sièges : les listes conduites
par Gérard Collomb recueillent 42 sièges contre 30
pour le duo Jean-Michel Dubernard-Charles Millon
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
36
(17 pour le premier, 13 pour le second) et un pour
l’extrême droite. Au total, 69 % des électeurs sont
allés voter à ce second tour, soit trois points de plus
que pour le premier tour. Grâce à une bonne mobilisation de l’électorat de droite, les élections cantonales témoignent d’une grande stabilité des forces
politiques, 47,62 % pour la gauche plurielle, 49,82 %
pour la droite parlementaire. Elles permettent à l’opposition nationale de limiter au maximum les pertes
de conseils généraux annoncées à l’issue du premier
tour. La droite perd la majorité dans cinq assemblées
départementales, la gauche remporte cinq départements, mais en perd trois.
23
Astronautique
La fin de Mir
La station orbitale Mir est volontairement détruite
en rentrant dans l’atmosphère terrestre, où elle se
consume en grande partie. Son orbite se situait à
220 km de la Terre, ce qui correspondait au niveau
adéquat pour lancer les opérations de destruction.
Le vaisseau cargo Progress, arrimé à la station depuis
la fin du mois de janvier, l’a désorbitée en donnant
les trois impulsions nécessaires pour la précipiter
dans l’atmosphère. Symbole de la conquête soviéto-russe de l’espace, Mir, qui signifie « paix » et
« monde » en russe, pesait 137 tonnes et mesurait
40 m de long. Endommagée et obsolète, elle était
en orbite depuis le 19 février 1986, alors qu’elle a
été conçue pour fonctionner pendant cinq ans. Plus
de 1 500 débris, pesant jusqu’à 700 kilos, de la station sont retombés dans l’océan Pacifique sud, dans
une zone en principe inhabitée de 5 800 km de
long et 200 km de large. Le Japon, l’Australie, le Chili
s’étaient néanmoins inquiétés des risques de chute
incontrôlée sur des zones habitées. Tout en démentant ces risques, la Russie avait souscrit un contrat
d’assurance de 200 millions de dollars.
États-Unis
Expulsion de 50 diplomates russes
Les États-Unis ordonnent l’expulsion de 51 diplomates russes soupçonnés d’espionnage, dont six
doivent quitter immédiatement le pays ; les autres
ont jusqu’à l’été pour s’exécuter. Ces diplomates sont
accusés d’avoir « manipulé des renseignements » et
d’être directement impliqués dans l’affaire Hanssen,
l’un des dysfonctionnements des services secrets
les plus importants dans l’histoire américaine. Robert Hanssen, un Américain de cinquante-six ans,
était employé depuis vingt-cinq ans au FBI (Fédéral
Bureau of Investigation, service de sûreté fédéral) en
tant que spécialiste du contre-espionnage. Arrêté le
18 février dernier, il est soupçonné d’avoir transmis
des informations confidentielles pendant quinze ans
à l’Union soviétique, puis à la Russie, compromettant
de vastes opérations américaines de renseignement,
notamment le projet de construction d’un tunnel
sous l’ambassade russe à Washington. En échange
de ses services, Hanssen aurait reçu plus de 1,4 million de dollars, ainsi que des diamants. La décision
de Washington ne manquera pas d’assombrir les
relations entre la nouvelle administration Bush et le
président russe Vladimir Poutine.
25
Autriche
Recul de l’extrême droite
Lors des élections municipales, les sociaux-démocrates obtiennent plus de 46 % des suffrages, soit
neuf points de plus que lors du précédent scrutin il
y a cinq ans. Le parti d’extrême droite (FPÖ) de Jörg
Haider recueille un peu plus de 20 % des voix, soit
une perte de 7 % par rapport au scrutin de 1996. Le
parti du Peuple (centriste) obtient 16,4 % des voix
(un peu plus qu’il y a cinq ans) et les Verts plus de
12 % des suffrages, soit quatre points de plus qu’en
1996. Cette élection marque un net coup d’arrêt
pour le FPÖ, après un an au gouvernement. L’implication de son chef, qui n’a pourtant plus de fonction
officielle, dans la campagne, multipliant les meetings
et les manifestations d’antisémitisme et de xénophobie, n’aura pas suffi à lui gagner les faveurs des
électeurs autrichiens. Cette campagne a choqué à
l’étranger, et plusieurs hommes politiques d’ailleurs
sont venus soutenir les sociaux-démocrates contre le
FPÖ, à l’image du nouveau maire socialiste de Paris,
Bertrand Delanoë.
27
France
Chirac convoqué comme témoin dans
l’affaire des HLM de Paris
Le juge d’instruction Éric Halphen convoque
Jacques Chirac par courrier simple à son bureau
du tribunal de grande instance de Créteil. Le juge
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
37
d’instruction veut entendre le président de la
République, ancien maire de Paris et ancien président du RPR, « en tant que simple témoin » sur
le dossier des HLM de la Ville de Paris, dont il a la
charge, ainsi que sur les aveux posthumes de JeanClaude Méry, financier occulte du RPR qui a mis en
cause le chef de l’État. Depuis 1994, il enquête sur
un financement occulte du parti gaulliste qui implique des entreprises travaillant pour l’office des
HLM parisien. En septembre de l’an dernier, le journal le Monde a rendu publique « une confession
posthume » de Jean-Claude Méry enregistrée sur
une cassette vidéo, dans laquelle celui-ci affirme
avoir remis cinq millions de francs en argent liquide directement sur le bureau de Michel Roussin
(alors bras droit du maire de Paris) en présence de
Jacques Chirac. En réponse à cette convocation,
le palais de l’Élysée fait savoir que le « président
de la République, s’il avait détenu des informations
susceptibles d’éclairer l’autorité judiciaire, n’aurait
pas manqué de les porter à la connaissance de celle-
ci. Il s’est déjà exprimé publiquement à plusieurs
reprises et ne dispose d’aucune autre information
qu’il n’ait déjà donnée aux Français. Compte tenu des
règles constitutionnelles, il ne peut déférer à une telle
convocation, contraire au principe de la séparation
des pouvoirs comme aux exigences de la continuité
de l’État », selon des proches de Jacques Chirac.
Le secrétaire général adjoint de l’Union syndicale
des magistrats (USM), Dominique Barella, indique
pour sa part qu’« il n’existe aucun texte interdisant
des convocations comme témoin du chef de l’État ».
Aveu du « tueur de l’Est parisien »
Guy Georges, le présumé « tueur de l’Est parisien »,
reconnaît finalement devant la Cour d’assises de
Paris les assassinats des sept jeunes femmes dont il
est accusé. À la suite de ses aveux, Guy Georges a
demandé pardon aux familles des victimes. Depuis le
début de son procès, il y a une semaine, Guy Georges
niait en bloc les faits pour lesquels il était jugé.
France/Allemagne
Manifestations contre les convois de
déchets nucléaires
Un convoi de déchets nucléaires allemands quitte
le terminal ferroviaire français de la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema) à Valognes
dans le département de la Manche pour rejoindre
le centre de stockage de Gorleben dans le nord de
l’Allemagne. C’est le premier retour, depuis quatre
ans, d’un convoi de déchets nucléaires allemands
retraités en France. Le ministre allemand de l’Environnement Juergen Trittin indique que son pays
a la responsabilité de ses propres déchets. Ce
retour donne lieu à plusieurs manifestations des
opposants à l’énergie nucléaire, et en particulier
au niveau de la destination finale en Allemagne.
Le convoi, qui véhicule six emballages de transport renfermant 28 conteneurs, soit 60 tonnes de
déchets nucléaires vitrifiés, passe la frontière franco-allemande sous bonne garde : il lui reste 600 km
à parcourir. Ces retours de résidus vitrifiés avaient
été suspendus en mai 1998 après la découverte de
fuites dans les conteneurs. La décision de reprendre
ces retours avait été annoncée en janvier dernier.
Au total, 112 conteneurs sont encore en attente de
retour vers leur pays d’origine dans l’enceinte de
l’usine de retraitement de la Hague. Il faudra dix ans
pour les acheminer, à raison de deux transports par
an. Dans le cadre de la plus importante opération
de sécurité menée depuis des années dans le pays,
20 000 policiers sont mobilisés dans la seule BasseSaxe, dans le nord de l’Allemagne, où se trouve le
centre de stockage de Gorleben. Les mouvements
antinucléaires manifestent en plusieurs points du
parcours et près du site de stockage. Ils parviennent
même à retarder d’une journée l’acheminement du
convoi de déchets nucléaires. Le 29, le convoi ferroviaire arrive enfin à destination, dans le terminal
de transbordement de Dannenberg, où il est transporté par camions jusqu’à la zone de stockage de
Gorbelen.
29
France
Restructuration et licenciements
chez Danone et Marks & Spencer
Le groupe français agroalimentaire Danone annonce la restructuration de son pôle biscuits.
Celle-ci s’étalera sur trois ans et se traduira par la
fermeture de six sites (sur les 36 du groupe) en
Europe (Belgique, Royaume-Uni, Hongrie, Italie),
dont deux en France – à Calais, dans le Pas-de-Calais, et Évry, dans l’Essonne. Cette mesure se traduit
par la suppression de 1 780 emplois sur trois ans,
dont 570 en France. Danone emploie actuellement
15 000 salariés dans treize pays. Ses 249 lignes de
production de biscuits, pâtisseries, panification ont
une production annuelle de 600 000 tonnes alors
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
38
que leur capacité de production est de 1,4 million
de tonnes.
Dès l’annonce du plan par la direction, le site de Calais annonce immédiatement une grève illimitée de
ses 250 employés. Il est soutenu par l’ensemble des
sites industriels de LU-France, qui compte 12 usines
et 4 000 employés. En outre, le syndicat CGT appelle
au boycottage des produits du groupe Danone.
Parallèlement, la chaîne de grands magasins britannique Marks & Spencer, présente en France depuis
1975, annonce la fermeture au 31 décembre au
plus tard de tous ses magasins en Europe continentale et la suppression de près de 4 400 emplois. En
France, son principal réseau hors Grande-Bretagne,
Marks & Spencer emploie 1 700 personnes dans
19 magasins. Il « n’est plus en mesure de supporter
les pertes importantes » sur le continent, explique
le directeur général du groupe, Marc Bauwens. Le
P-DG belge Luc Vandevelde, nommé depuis moins
d’un an pour assurer la restructuration du groupe,
entend recentrer les activités de Marks & Spencer
en Grande-Bretagne. En France, le groupe avait enregistré 1,69 milliard de francs (260 millions d’euros)
de chiffre d’affaires à la fin de l’exercice 1999-2000,
soit une baisse de 15 % par rapport à 1997-1998,
et des pertes de 292 millions de FF (44,5 millions
d’euros).
30
France
Baisse du chômage
Le taux de chômage en France passe sous la barre
des 9 % de la population active avec un taux de 8,8 %
à la fin de février, soit 27 200 demandeurs d’emploi
de moins, soit une baisse de 1,3 %, par rapport au
mois précédent. Selon le ministère du Travail, la
France compte à présent 2 092 500 chômeurs. La ministre de l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth Guigou
s’est réjouie de « cette nouvelle baisse et de la continuité
des effets positifs de la politique de l’emploi suivie depuis
mi-97 », soulignant que « le contexte économique de
la période récente ne suffit en effet pas pour expliquer la
baisse historique du chômage en France » et que, entre
« juin 1997 et aujourd’hui, le nombre de demandeurs
d’emploi a baissé de 1,045 million ».
Avril
1
Yougoslavie
Arrestation de Milosevic
Après plusieurs tentatives, les forces de police yougoslaves arrêtent Slobodan Milosevic par la force
dans sa villa de Belgrade. Ce raid intervient à la date
butoir du 31 mars fixée par les États-Unis, qui ont
menacé de suspendre l’aide économique de 100 millions de dollars apportée par les institutions financières internationales au nouveau gouvernement
yougoslave s’il ne coopérait pas davantage avec La
Haye. Le procureur du TPI Carla Del Ponte demande
que Milosevic soit jugé à La Haye, où l’ancien président yougoslave a été inculpé de crimes de guerre
et de crimes contre l’humanité pour son implication
dans la persécution et le meurtre de civils albanophones lors du conflit du Kosovo en 1999. Selon le
ministre de l’Intérieur Dusan Mihajlovic, le raid de la
police yougoslave pour arrêter M. Milosevic entrait
dans le cadre de poursuites engagées par la justice
de son pays, notamment pour abus de pouvoirs et
corruption, et n’a pas pour but dans l’immédiat de le
remettre au TPI de La Haye.
Depuis son arrivée au pouvoir en octobre dernier,
le président Vojislav Kostunica ne cache pas ses
réticences vis-à-vis de ce tribunal créé par l’ONU
en 1993 par une résolution du Conseil de sécurité
pour traduire devant la justice internationale les responsables de génocide, crimes de guerre et crimes
contre l’humanité commis dans les guerres ayant
suivi l’éclatement de la Yougoslavie, en Croatie, en
Bosnie et au Kosovo. Les autorités yougoslaves justifient leur refus de livrer M. Milosevic par leur volonté
de juger eux-mêmes l’ancien chef d’État.
Chine/États-Unis
Collision entre deux avions
chinois et américain
Un avion de surveillance de la marine américaine
de type EP-3, qui effectuait une mission de routine
au-dessus de la mer de Chine méridionale avec
24 membres d’équipage à bord, est contraint d’atterdownloadModeText.vue.download 41 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
39
rir d’urgence sur un terrain d’aviation de l’île de Hainan, dans le sud de la Chine, après avoir été intercepté par deux avions de chasse chinois. L’appareil
américain était entré en collision avec l’un des chasseurs chinois. Le président George Bush exige « le
retour rapide » des 24 membres d’équipage et la restitution de l’avion espion. Selon les autorités chinoises,
qui n’ont pas permis aux diplomates américains de
rencontrer l’équipage après son atterrissage forcé,
les États-Unis sont « entièrement » responsables de la
collision et sont priés de cesser leurs vols de reconnaissance à proximité de la Chine. Selon Pékin, l’EP-3
a violé l’espace aérien chinois, Washington soutenant
au contraire que l’appareil, en mission de routine, volait dans l’espace aérien international. L’EP-3 est doté
d’équipements électroniques destinés à surveiller les
communications (radio, téléphone, fax, courrier électronique, etc.). Cette technologie de pointe intéresse
vivement les experts chinois. Selon Washington,
l’EP-3 bénéficie de l’immunité territoriale, au même
titre qu’une ambassade, et ne peut donc faire l’objet
d’une inspection sans autorisation. Le 5, le secrétaire
d’État américain Colin Powell exprime ses regrets
mais rejette toute excuse. Le 11, Pékin annonce que
l’équipage va être libéré pour « raisons humanitaires ».
Chine – États-Unis : la crise
diplomatique de l’avion espion
Dimanche 1er avril, un avion espion américain, l’EP-3E qui surveillait les manoeuvres
d’un destroyer chinois au large des côtes
de la Chine méridionale, et un chasseur
chinois F-8 entrent en collision. Le pilote
de l’avion chinois est porté disparu.
L’équipage de l’avion américain, contraint
d’atterrir, est retenu sur l’île de Hainan.
Immédiatement, le président américain
George Bush exige que la Chine autorise des
diplomates américains à se rendre sur place. La
Chine se braque et exige des excuses. Derrière
une guerre des mots : un test majeur dans les
relations entre les États-Unis et la Chine. L’EP3E ? Un bijou de technologie. Sa mission réside
dans l’interception de communications radio et
de signaux électroniques. Il est pour cela équipé
d’un gros radar sous le fuselage.
Sur le déroulement exact des faits, les interprétations diffèrent. Pour les Chinois, l’avion
espion a pénétré sans autorisation dans le ciel
chinois et a fait un brusque virage vers le F-8. Selon Washington, l’EP-3E, qui volait dans l’espace
international a été harcelé par l’avion chinois et
son pilote Wang Wei, aujourd’hui disparu.
La Chine demande des « excuses »
Dès le départ, la volonté affichée par les ÉtatsUnis est claire : récupérer l’avion espion sur
lequel les Chinois aimeraient faire main basse.
Pour ces derniers, c’est en effet un cadeau tombé du ciel. Les données intactes permettraient à
l’Armée populaire de libération de connaître ses
points forts et faibles dans la zone stratégique
de la côte est, juste en face de Taïwan. Au bout
de trois jours, l’attaché militaire américain à Pékin est autorisé à rendre visite aux 24 membres
de l’équipage retenus sur une base de l’île, qu’il
trouve en bonne santé et bien traités.
La Chine, refusant catégoriquement d’enterrer
l’« incident », exige des Américains qu’ils reconnaissent leurs torts et « présentent des excuses au
peuple chinois ». Elle en fait une condition de la
libération de l’équipage.
Sur Internet, l’antiaméricanisme des Chinois fait
rage et la « cyberguerre des nerfs » est déclarée.
Pour le président Jiang Zemin, les Américains
portent « l’entière responsabilité de la collision »
et doivent absolument cesser ces vols d’espionnage près des côtes chinoises. Une manière de
mettre « petit Bush » (le surnom du président
des États-Unis en Chine) à l’épreuve du jeu international. « L’avion américain n’aurait jamais
dû virer sur sa gauche alors qu’il était flanqué de
deux chasseurs chinois », commente le président
Zemin. Répondant aux accusations de l’ambassade des États-Unis selon lesquelles l’avion
aurait été intégralement fouillé, la Chine met
en avant sa position de « victime » et fait savoir
qu’elle entend bien « mener son enquête sur
cette affaire ». Les experts militaires confirment
d’ailleurs que conformément à la convention de
Chicago, qui leur confère « le droit d’inspection
douanière ou autre », les Chinois sont dans leur
droit en fouillant l’appareil. Outre l’« incident »,
le dossier des armes américaines qui doivent
être vendues ce même mois à Taïwan explique
l’intransigeance de Pékin.
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40
Les regrets américains
Côté américain, cet incident traduit un changement de stratégie politique et a valeur de test
pour le président Bush. Alors qu’un Bill Clinton
voulait faire de la Chine un « partenaire stratégique », le nouveau président voit au contraire
en Pékin un « adversaire stratégique ». Même si,
en coulisses, les négociations diplomatiques
s’accélèrent, pas question donc d’admettre une
quelconque responsabilité dans la collision, pas
question non plus d’adresser des excuses, « notre
avion opérait dans l’espace aérien international et
les États-Unis n’ont rien fait de mal », a précisé
le secrétaire d’État Colin Powell. Lui et le président Bush ont simplement exprimé des regrets,
quant à la disparition du pilote chinois. De jour
en jour, les 23 membres de l’équipage sont perçus comme « otages » de Pékin et le souci de les
ramener au pays devient la priorité. Ces regrets
ont tout de même été interprétés favorablement
par les autorités chinoises, qui ont fait savoir que
cela représentait un pas « dans la bonne direction
en vue d’un règlement de cette question ».
Alors que les visites aux « otages » se multiplient,
une première décrispation se produit grâce aux
échanges diplomatiques devant favoriser la
mise en place d’une commission d’enquête sur
les conditions de l’accident. C’est finalement sur
une subtilité de langage que se règle la crise.
Des regrets, les autorités américaines se sont résolues à reconnaître qu’elles étaient « désolées »
puis « vraiment désolées ». Après onze jours de
détention, les 24 otages sont donc finalement
libérés. Quant à l’avion espion, ce n’est que trois
mois après la collision qu’il a regagné sous forme
de pièces détachées le sol américain de Géorgie.
Derrière ce différend, c’est l’équilibre stratégique
de cette zone du Pacifique occidental qui est en
jeu. Depuis 1998, les chasseurs chinois ont accéléré
leurs sorties jusqu’à la ligne médiane du détroit de
Taïwan, ce qui ne manque pas de provoquer des
incidents. Dans le même temps, la Chine remet
en question le droit pour les Américains d’utiliser
l’espace militaire international jusqu’aux limites de
la souveraineté territoriale de la Chine. Une manière de traduire la volonté de Pékin de grignoter
l’archipel et d’établir une « parité stratégique avec
les États-Unis », comme le souligne François Godement, responsable du Centre Asie à l’IFRI (Institut
français des relations internationales).
CÉLINE CABOURG
LES TROIS ENJEUX
Taïwan : rien a priori n’empêche désormais les États-Unis de vendre comme
prévu à Taïwan des armes sophistiquées
nécessaires à sa défense. L’an dernier,
Bill Clinton avait refusé de livrer à Taipei
le système de radar Aegis qui permet de
coordonner avions, navires et missiles.
Mais l’intransigeance de la Chine pourrait
changer la donne.
OMC : alors que la Chine demandait son
entrée dans l’OMC depuis quatorze ans,
un accord a été signé en novembre 1999
qui butait sur la question agricole, pour
laquelle la Chine demandait un délai d’application. Les conséquences économiques
risquent donc d’être lourdes en cas de
blocage.
JO de 2008 : en dépit de l’instabilité des
relations sino-américaines, des atteintes,
aux droits de l’homme, de la répression
religieuse et du contrôle de la dissidence,
le CIO a retenu la candidature de Pékin.
3
France
Témoignage contre Chirac
dans l’affaire des HLM
Le quotidien le Monde rapporte les propos de François Ciolina, ancien dirigeant de l’Office HLM de Paris,
qui met en cause Jacques Chirac dans l’enquête sur
les HLM de la Ville de Paris menée par le juge Halphen. M. Ciolina a été mis en examen dans le cadre
de l’enquête sur les HLM de Paris le 24 mai 1995
pour « trafic d’influence ». En 1996, il avait dénoncé
des fraudes dans l’attribution de marchés de l’OPAC
(Office public d’aménagement et de construction) et
mis en cause le maire de Paris, Jean Tiberi, président
de l’Office. Il avait également dénoncé des travaux
dans un appartement attribué au fils du maire, Dominique Tiberi, dossier classé sans suite par le parquet
de Paris. Les propos de M. Ciolina confirment les accusations de la cassette laissée par Jean-Claude Méry
selon lesquelles l’ancien maire de Paris était l’instigateur et le bénéficiaire d’un « Système » de fraude sur
les marchés publics destiné « à financer le RPR ». Le
nom du chef de l’État, maire de Paris de 1977 à 1995,
revient régulièrement sur la scène des affaires (affaire
des HLM de Paris, trafic d’armes en Angola, emplois
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
41
fictifs au RPR et à la mairie de Paris, affaire des marchés publics d’Île-de-France, affaire de l’imprimerie
Sempap).
Football
Tapie de retour à l’OM
Sept ans après son départ, Bernard Tapie, ancien président du club, est de retour à l’Olympique de Marseille en tant qu’actionnaire « associé » et responsable
de « toute la partie sportive du club » de D1. Le président de l’OM, Robert Louis-Dreyfus, l’a appelé pour
infuser « une nouvelle dynamique » au club, qui, « depuis deux saisons, connaît des déconvenues qui mettent
le club dans une situation indigne de son rang » : l’OM
occupe la 14e place au classement du championnat.
Bernard Tapie revient dans un club qu’il avait présidé
de 1986 à 1994, une période au cours de laquelle
l’OM avait remporté quatre titres consécutifs de
champion de France ainsi que la Coupe des champions 1993. Mais la corruption autour du match
Valenciennes-OM, qui avait conduit Bernard Tapie
à passer plusieurs mois en prison, et l’affaire des
comptes de l’OM avaient précipité la chute du président de l’époque. Le 9, Bernard Tapie présente son
plan de sauvetage de l’OM avec un objectif prioritaire : le maintien du club en première division.
5
France
Le collège selon Lang
Jack Lang, le ministre de l’Éducation nationale,
expose ses orientations sur l’avenir du collège. Le
« collège unique » est maintenu, moyennant quelques
modifications. « Je veux faire un collège qui soit à la fois
un et pluriel », déclare Jack Lang, « un collège républicain ». Datant de 1975, le « collège unique » accueille
les élèves de la sixième à la troisième en leur dispensant le même enseignement général. Il avait été créé
sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing, de
façon à « démocratiser » l’accès vers l’enseignement
secondaire et supprimer l’orientation précoce de certains élèves vers l’enseignement professionnel.
Les principales mesures annoncées comprennent
notamment une aide à l’intégration en sixième des
nouveaux collégiens ; la création d’un « cahier d’exigences », charte fixant la progression des connaissances et compétences qu’il faut maîtriser en quittant le collège ; la transformation du brevet pour
en faire un véritable examen déterminant pour la
suite des études ; l’introduction de « parcours de
découverte » diversifiés pour tous, dès la classe de cinquième, permettant travail autonome et approche
pluridisciplinaire ; le soutien renforcé pour les élèves
en difficulté et le développement de l’accueil des
élèves ne parlant pas français ou handicapés ; la
diminution de la taille des collèges « jusqu’à la taille
humaine optimum » de 600 élèves au maximum.
Quelque 50 000 élèves quittent chaque année le système scolaire obligatoire à seize ans sans la moindre
qualification. Les mesures prises par Jack Lang visent
à mettre fin à ces situations d’échec.
La perpétuité pour le
« tueur de l’Est parisien »
Au terme de 4 heures 15 de délibéré, le tueur en série
Guy Georges est condamné par la cour d’assises de
Paris à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie
d’une période de sûreté de vingt-deux ans pour l’assassinat de sept jeunes femmes entre 1991 et 1997,
soit la peine maximale encourue.
7
France
Nouvelles inondations dans
la Somme et le Calvados
De nouvelles inondations frappent la baie de Somme
et le Calvados. Dans la Somme, environ 60 communes, dont Abbeville au premier chef, sont touchées, notamment par le phénomène de remontée
des nappes phréatiques : plus d’un millier d’habitations sont inondées, 22 routes sont coupées et des
digues et des berges sont fragilisées par ces inondations. La crue de la Somme, alimentée par les remontées de la nappe phréatique, est amplifiée par les
marées d’équinoxe. Réputée pour ses étangs et ses
marais, cette région est déjà gorgée d’eau en raison
de chutes de pluie historiques qui se sont produites
au cours du mois de mars.
Selon les dernières évaluations de la préfecture, il
faudra compter, au rythme de 5 à 10 centimètres de
décrue par jour, au moins deux semaines pour que la
situation redevienne normale. La reprise des pluies,
qui fait remonter le niveau du canal de la Somme et
engendre ces nouvelles inondations sur une zone
gorgée d’eau, alimente la colère des habitants qui
ont interpellé Lionel Jospin lors de sa visite dans le
département sinistré. Nombre d’entre eux considèrent en effet que les rumeurs selon lesquelles la
Somme aurait été « sacrifiée » pour protéger Paris ne
sont pas sans fondement et que le trop-plein venant
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
42
du canal du Nord aurait été déversé dans le canal de
la Somme. Lionel Jospin a démenti à son tour cette
rumeur, soulignant qu’« il y a eu une pluviométrie
énorme, des pluies largement supérieures à ce qui est en
moyenne annuelle. [...] Comment pouvez-vous imaginer
que quelqu’un décide à Paris d’aller noyer la Somme ?».
Pour Météo-France, les pluies record enregistrées cet
hiver dans ce département expliquent « en grande
partie » les inondations qui le touchent actuellement.
En mars 2001, il a plu dans la Somme trois fois plus
que la normale, pulvérisant les records de 1979. Pour
Jean-Michel Mouret, du centre Météo-France d’Abbeville, il n’y a qu’un responsable : « Ce sont les perturbations atlantiques qui, pendant l’hiver, n’ont pas arrêté
de défiler sur notre région...
Toutes ces pluies cumulées ont rempli les nappes phréatiques », qui ne peuvent alors plus jouer leur rôle de
régulateur. Le Premier ministre annonce le déblocage d’une aide de 20 millions de francs pour aider
les communes de la Somme à réparer les dégâts
causés par les inondations dans les équipements
publics.
9
Littérature
Décès de Jérôme Lindon
L’éditeur Jérôme Lindon décède à l’âge de soixantequinze ans. Il dirigeait les éditions de Minuit, fondées
en 1942 sous la Résistance, depuis 1948. Le premier
ouvrage qu’il publia fut le Silence de la mer de Vercors. À la tête de sa « petite » maison d’édition, Jérôme Lindon a notamment révélé au public les écrivains du « nouveau roman » (Nathalie Sarraute, Alain
Robbe-Grillet...), édité trois prix Nobel de littérature
(Samuel Beckett, Claude Simon, Elie Wiesel) ainsi que
des auteurs comme Marguerite Duras, Hervé Guibert, Bernard-Marie Koltès ou Jean Echenoz.
10
Pays-Bas
Légalisation de l’euthanasie
Le Parlement néerlandais approuve le texte légalisant l’euthanasie et le suicide médicalement assisté.
Ce texte, adopté par la chambre basse du Parlement
en novembre dernier, est adopté par la chambre
haute par 46 voix contre 28. Les Pays-Bas deviennent
le premier pays au monde à légaliser une pratique
qui avait déjà cours en Hollande depuis une circulaire de 1997. L’euthanasie est assortie d’une série de
conditions : elle ne peut s’appliquer qu’aux patients
souffrant de façon insupportable, qui ont été informés de toutes les autres possibilités de traitement et
ont reçu un deuxième avis médical. La demande doit
être faite volontairement, avec insistance et en toute
indépendance par le patient sain d’esprit.
14
Israël
Riposte de Tsahal au Liban
L’aviation israélienne bombarde des bases présumées de la guérilla chiite du Hezbollah installées au
Liban-Sud samedi, en représailles à un tir de missile
sur un char de Tsahal dans la zone de Chebaa, secteur
frontalier revendiqué par le Liban, qui a fait un mort
et trois blessés légers. Israël s’est emparé des fermes
de Chebaa en même temps que du plateau du Golan
lors de son offensive contre la Syrie lors de la guerre
des Six-Jours en 1967. C’est dans ce secteur particulièrement contesté que trois soldats israéliens ont été
enlevés par le Hezbollah en octobre dernier. Lors de
son retrait du Liban-Sud, en mai 2000, l’armée israélienne n’avait pas évacué ce secteur, considérant qu’il
appartient à la Syrie. Le 16 du mois, des appareils de
l’aviation israélienne bombardent une station radar
syrienne située dans le centre du Liban.
C’est la première attaque directe contre l’armée
syrienne au Liban depuis 1996. Ces frappes sont en
outre les premières au Liban depuis le retrait de Tsahal et de ses supplétifs de l’ALS en mai dernier.
17
Viêt Nam
Nong Duc Manh, nouveau numéro un
vietnamien
À l’occasion de son IXe congrès, le Parti communiste
vietnamien présente sa nouvelle équipe dirigeante,
qui est désormais conduite par l’actuel président de
l’Assemblée nationale, Nong Duc Manh. Ce dernier
remplace Lê Kha Phieu, le secrétaire général sortant,
tombé en disgrâce pour résultats insuffisants. Âgé de
soixante ans, M. Manh, qui appartient à la minorité
ethnique thaïe, installée dans le nord du pays, est le
premier chef du Parti communiste vietnamien (PCV)
à ne pas être membre de l’ethnie majoritaire viêt. Ses
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
43
origines devraient en tout cas l’aider à apaiser les
tensions ethniques qui ont éclaté en février, lorsque
des milliers de membres d’ethnies des régions montagneuses du centre du pays ont protesté contre la
pauvreté, réclamé des terres et dénoncé les restrictions imposées par le gouvernement à leur culte. Le
choix de M. Manh marque aussi le soutien du comité
central aux réformes économiques engagées dans
un pays marqué par la corruption et la bureaucratie.
18
États-Unis
Nouvelle baisse des taux de la Banque
fédérale américaine
La Banque fédérale de réserve américaine (Fed)
baisse ses taux directeurs d’un demi-point de pourcentage, son taux directeur interbancaire passant de
5 % à 4,5 % et son taux d’escompte de 4,5 % à 4 %.
Cette baisse surprise, la quatrième depuis le début
de l’année, alors que plusieurs sociétés américaines
annoncent de bons résultats, est décidée afin d’empêcher une récession de l’économie américaine.
Elle provoque aussitôt une envolée des indices boursiers américains. Les investisseurs espèrent désormais un rebond de l’économie américaine d’ici à la
fin de l’année. Selon les experts, les marchés sont
particulièrement satisfaits d’une baisse des taux, plus
importante et plus précoce que prévu. La Banque
centrale européenne, également prise de court par
la décision américaine, subit de fortes pressions pour
baisser elle aussi ses taux directeurs.
20
Canada
Sommet des Amériques à Québec
La ville de Québec accueille le IIIe Sommet des Amériques, qui réunit 34 chefs d’État et de gouvernement
du continent. Les pays participants doivent rendre
public un projet d’accord qui servira de base aux
négociations organisées jusqu’au 1er janvier 2005
en vue du renforcement de la démocratie en Amé-
rique et de la création d’une zone de libre-échange à
l’échelle du continent.
Cuba a été exclu du projet d’intégration. La Zone
de libre-échange des Amériques (ZLEA) envisagée
devrait regrouper 800 millions de personnes et avoir
des effets sur les normes économiques, sociales ou
encore écologiques du continent. La police canadienne est sur le qui-vive alors que de nombreux militants antimondialisation, dont le Français José Bové,
leader de la Confédération paysanne, organisent des
manifestations de grande ampleur contre ce projet
qui est loin de faire l’unanimité. Pour ses partisans, la
ZLEA dynamisera les exportations américaines tout
en encourageant l’Amérique latine et les Caraïbes à
progresser sur la voie de la démocratie et du libéralisme. Pour ses détracteurs, elle entraînera des délocalisations d’entreprises vers des pays à bas salaire, où
les conditions de travail sont mauvaises et les lois sur
l’environnement laxistes. En marge de ce sommet,
des milliers de manifestants affrontent les forces de
l’ordre, qui protègent le centre des conférences situé
dans la haute ville de Québec, et un carnaval anticapitaliste défile dans les rues de Québec, à l’appel de
deux organisations antimondialisation.
Pour le président brésilien Fernando Henrique Cardoso, ces protestations « sont motivées par la peur
d’un accord sur la liberté du commerce ou une mondialisation sans visage humain » : selon lui, une zone de
libre-échange des Amériques ne fonctionnera que si
elle n’est pas à sens unique et qu’elle permet aux pays
pauvres d’avoir accès aux marchés des pays riches et
pas seulement à ceux-ci de se renforcer sur le dos des
marchés les moins favorisés.
Algérie
Sanglantes émeutes en Kabylie
Plusieurs villes de Kabylie dans les wilayas (préfectures) de Tizi Ouzou (110 km à l’est d’Alger) et de
Béjaïa (280 km à l’est d’Alger) et à Tizi Ouzou même
sont en proie à de violents affrontements opposant
jeunes manifestants et forces de l’ordre, qui ont déjà
fait 29 morts depuis le 22. Deux bavures commises
par des gendarmes en deux points distincts de la
Kabylie sont à l’origine des émeutes : à Béni Douala,
un jeune lycéen a été tué par balles dans les locaux
de la gendarmerie et, à Amizour, trois collégiens ont
été maltraites sans raison. Déplorant ces émeutes qui
embrasent la Kabylie depuis une semaine, le ministre
de l’Intérieur Nourredine Yazid Zerhouni affirme que
« les forces de l’ordre ont été acculées et obligées de préserver les biens et les personnes devant des éléments
incontrôlables ». Le 29, le Rassemblement pour la
culture et la démocratie (RCD, démocrate, berbère)
de Saïd Sadi quitte le gouvernement.
Le RCD, dont la plupart des responsables sont issus
du mouvement berbère et ont participé à la première révolte en Kabylie en avril 1980, avait rejoint
le premier gouvernement formé en décembre 1999,
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après l’arrivée de M. Bouteflika à la présidence du
pays. Le parti de Saïd Sadi détient à ce jour deux
portefeuilles ministériels, les Transports et les Travaux
publics.
ZLEA : union panaméricaine ou
extension du marché intérieur
états-unien ?
Les 34 chefs d’État réunis à Québec ont
décidé de lancer le plus grand marché commun du monde en 2005. Mais le troisième
sommet des Amériques n’a pas réussi à
apaiser les inquiétudes des détracteurs de
la Zone de libre-échange des Amériques.
Tel père, tel fils. En 1990, George Bush avait
rêvé de créer le plus grand marché commun
du monde, courant de l’Alaska jusqu’à la Terre
de Feu. Au cours de deux premières rencontres,
organisées à Miami et Santiago en 1994 et 1998
avec ses homologues du continent, Bill Clinton
aura posé les premiers jalons de la future Zone
de libre-échange des Amériques (ZLEA), vaste
ensemble regroupant 800 millions d’habitants
pour un PIB de 11 000 milliards de dollars. Son
successeur, George W. Bush, veut conclure les
négociations avant 2003.
Empêcher de « mondialiser en rond »
C’est donc pour prôner « l’avènement d’un hémisphère de liberté », que devrait permettre, selon
lui, la libéralisation des échanges commerciaux
au sein de la future entité panaméricaine, que
« W » a effectué sa première sortie internationale
au troisième sommet des Amériques, qui s’est
tenu à Québec du 20 au 22 avril. Il y a retrouvé
les chefs des 33 autres États du continent « élus
démocratiquement » : Fidel Castro n’avait donc
pas été invité.
Les quelque 40 000 militants antimondialisa-
tion venus organiser un contre-sommet dit des
« peuples d’Amérique » et manifester contre la
mise sur rails de la ZLEA, non plus. En témoigne
un mur de 3 m de haut érigé pour protéger les
négociateurs, gardé par un cordon de 6 000 policiers, qui n’ont pu empêcher les désormais traditionnelles échauffourées entre les forces de
l’ordre et les plus radicaux des empêcheurs de
« mondialiser en rond ». La réalité donne plutôt
raison à ces derniers : depuis leur lancement
officiel à Santiago, les négociations sur la ZLEA
se sont déroulées dans le plus grand secret,
au sein de 9 groupes thématiques portant sur
l’accès aux marchés, les investissements, les services, l’agriculture, les droits de propriété intellectuelle, les subventions antidumping et les
droits compensateurs, la passation des marchés
publics, les politiques de concurrence ainsi que
le règlement des différends.
Force est de constater que les informations qui
ont filtré de ces groupes tendent à confirmer les
craintes suscitées par l’avènement du marché
commun panaméricain. Selon ses nombreux
détracteurs, la ZLEA ne sera qu’une version économique actualisée de la doctrine Monroe et,
en l’état, ne fera que consolider l’hégémonie
des États-Unis sur le sous-continent. À ceux qui
seraient tentés de rapprocher la future entité
d’une expérience d’intégration poussée à l’européenne, Kimon Valaskis, ancien ambassadeur
du Canada auprès de l’OCDE, rappelle ainsi
que dans l’Union européenne, les disparités de
richesses restent gérables.
Rien de tel au sein de la ZLEA où le PIB étatsunien pèse à lui seul 70 % du total et où « même
une union monétaire éventuelle ne serait rien de
plus qu’une simple dollarisation ».
Maigre bilan
Dans ces conditions, la zone de libre-échange,
censée voir le jour en 2005, transformerait l’Amérique latine en « réserve de marché naturelle » de
Washington. Une évolution prévisible à l’aune
du rapport du groupe des négociateurs sur les
investissements, diffusé peu avant le début du
sommet de Québec par une ONG américaine.
Authentifié par le ministre du Commerce canadien, ce document va plus loin que le fameux
article XI de l’Accord de libre-échange nordaméricain dont il s’inspire et ressemble à s’y
méprendre à une résurrection régionale de l’accord multilatéral sur les investissements (abandonné en 1999 dans le cadre des négociations
de l’OMC), qui concédait des droits exorbitants
aux investisseurs privés par rapport aux États
souverains...
Outre l’extension du marché intérieur nord
américain, l’avènement de la ZLEA pourrait
également avoir une fonction plus politique :
torpiller la seule alternative régionale digne de
ce nom, le Mercosur, en crise depuis 1998, et,
ce faisant, marginaliser le Brésil, seul pays suddownloadModeText.vue.download 47 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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américain qui soit potentiellement en mesure de
faire pièce à l’hégémonie états-unienne dans la
région. À Québec, par la voix de son président,
Fernando Cardoso, la deuxième puissance régionale a fait état de ses réticences, critiquant les
mesures antidumping qui ferment l’accès au
marché nord-américain à de nombreux produits,
en particulier agricoles, du sous-continent. Dans
cette tentative de faire contrepoids à Washington, le Brésil a, par ailleurs, trouvé en Hugo Chavez son meilleur allié. Le président vénézuélien,
qui essaye de nouer des alliances avec ses homologues colombien et mexicain, n’a de cesse de
critiquer « un projet d’intégration », qui, en l’état,
« aurait pour seul but de transformer [l’Amérique
latine] en un grand supermarché » et « ne servirait
qu’une minorité ».
Au vu des nombreux désaccords qui subsistent
entre les parties, le bilan du sommet de Québec
paraît donc bien maigre : outre l’adoption d’une
clause floue liant libre-échange et démocratie,
la seule mesure concrète adoptée réside dans
l’engagement de la Banque interaméricaine de
développement et de la Banque mondiale de
dégager près de 55 milliards de dollars pour
aider l’Amérique latine à combler son retard visà-vis des pays du Nord de l’hémisphère.
Loin de lancer le « siècle des Amériques » appelé
de ses voeux par George W. Bush au cours de sa
campagne, Québec ne fut, comme l’a souligné
ironiquement un quotidien québécois francophone, qu’un « sommet des bonnes intentions ».
EMMANUEL CHICON
ALENA : LES ENTREPRISES FONT LA LOI ?
L’article XI de l’accord de libre-échange
nord-américain (ALENA), regroupant
depuis 1994 les États-Unis, le Canada et
le Mexique, permet aux entreprises de
poursuivre des gouvernements, quitte à
remettre en cause certaines réglementations. Des coins d’arbitrage prévues par
le traité ont ainsi condamné le Mexique à
verser 16,7 million de dollars à une entreprise états-unienne, qui s’était vu interdire
par les autorités locales la poursuite de
la construction d’une usine de traitement
des déchets toxiques, Mieux. Dans un article du New York Times, on apprend que la
société de messagerie américaine United
Press Service a porté plainte contre... la
Poste canadienne, accusée d opérer « une
concurrence déloyale ».
22
Monténégro
Courte victoire des indépendantistes
Après dépouillement de 98 % des bulletins de vote,
la coalition Victoire pour le Monténégro du président monténégrin Milo Djukanovic arrive en tête
des élections législatives avec 42 % des voix, contre
40,6 % pour le bloc anti-indépendantiste Ensemble
pour la Yougoslavie. Les partisans du président yougoslave déchu Slobodan Milosevic ont enregistré de
très faibles résultats. La Gauche yougoslave (JUL) de
l’épouse de l’ex-président, Mira Markovic, a recueilli
0,05 % des suffrages. Quant au Parti radical serbe
(SRS) de l’ultranationaliste Vojislav Seselj, il recueille
1,18 % des suffrages.
La faible avance des séparatistes risque d’entraver
l’accession du Monténégro à l’indépendance. En effet, selon ces résultats, le bloc indépendantiste remporte 44 des 77 sièges du Parlement, soit 35 sièges
pour le mouvement de Milo Djukanovic, six pour
les libéraux, qui ont obtenu 9 % des suffrages, et
trois pour de petits partis ethniques albanais qui
demandent aussi l’indépendance de la province. Or,
les opposants à la sécession estiment qu’une majorité des deux tiers au Parlement est nécessaire pour
parvenir à la sécession. La coalition du président Milo
Djukanovic promet un référendum l’été prochain sur
la question de l’indépendance face à la Yougoslavie.
24
Japon
Junichiro Koizumi,
nouveau Premier ministre
Le réformateur Junichiro Koizumi est élu Premier
ministre à l’issue d’un vote parlementaire qui lui a
accordé une très large victoire, 287 voix à la chambre
basse de la Diète, soit 47 voix de plus que la majorité
requise. Junichiro Koizumi avait facilement remporté
les élections à la présidence du Parti libéral démo-
crate (PLD), ouvrant ainsi la voie à sa nomination au
poste de Premier ministre en remplacement du très
impopulaire Yoshiro Mori. Âgé de cinquante-neuf
ans, ancien titulaire des portefeuilles des Postes et de
la Santé, le nouveau chef du gouvernement devient
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le neuvième Premier ministre du Japon en dix ans.
Il aura pour tâche de sortir le pays de la crise économique la plus grave depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale.
26
France
La libération conditionnelle
pour Patrick Henry
Condamné à perpétuité en 1977 pour le meurtre
d’un enfant, devenu prisonnier modèle – il a passé
avec succès son brevet, son bac, puis dans la foulée sa licence de maths et un DUT d’informatique –,
Patrick Henry est admis au « bénéfice de la libération
conditionnelle », selon les termes employés par le
procureur général de Caen Michel Julien. Pendant
huit mois, il devra réintégrer tous les soirs sa cellule
et, pendant sept ans, il sera soumis à une mesure de
contrôle et de surveillance. La demande de remise
en liberté de Patrick Henry, emprisonné depuis 1981
au centre de détention de Caen, avait été déposée
en janvier dernier et examinée selon les modalités
prévues par la nouvelle loi sur la présomption d’innocence. Auparavant, les ministres de la Justice avaient
toujours rejeté les demandes de libération conditionnelle déposées par Patrick Henry. Depuis l’entrée
en vigueur de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence le 1er janvier dernier, les gardes des
Sceaux sont déchargés de cette responsabilité au
profit d’une « juridiction régionale de la libération
conditionnelle », composée de trois magistrats, qui
examine les dossiers et décide du bien-fondé de la
demande. Condamné par la cour d’assises de l’Aube
le 20 janvier 1977 à la prison à perpétuité pour l’enlèvement et le meurtre du petit Philippe Bertrand,
Patrick Henry, aujourd’hui âgé de quarante-sept ans,
avait échappé à la guillotine grâce à ses deux avocats, et notamment grâce à une fameuse plaidoirie
de Me Robert Badinter qui, en tant que garde des
Sceaux de François Mitterrand, fera voter l’abolition
de la peine de mort quatre ans plus tard.
Télévision
La Real TV sur M6
La chaîne de télévision M6 lance sa première émission de fiction réelle, intitulée « Loft Story ». Selon
ses auteurs, le concept de l’émission est fondé « sur
le principe de l’interactivité avec le public » et le but
est de « construire un couple et d’unir deux candidats
dans une love story ». Onze candidats, âgés de dix-huit
à trente-cinq ans, ayant accepté de vivre ensemble
pendant soixante-dix jours seront filmés nuit et jour
par 26 caméras (dont trois à infrarouges) et écoutés
par plus de 50 micros disposés partout dans l’habitation. Ils vivront dans un loft de 225 mètres carrés avec
jardin et piscine, et seront coupés du monde extérieur, sans journaux, télévision, radio ni téléphone.
Au cours du jeu, ils seront éliminés progressivement
par le vote du public jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un
garçon et une fille. Le couple gagnant remportera
alors le droit de vivre dans une maison d’une valeur
de 3 millions de francs et bénéficiera de 20 000 francs
par mois pour ses frais. La maison sera définitivement
acquise si le couple arrive à vivre ensemble pendant
six mois. Le public pourra suivre les candidats chaque
soir en début de soirée. C’est la première fois qu’une
grande chaîne française programme une émission
de fiction réelle, ou Real TV, un concept venu de
l’étranger, qui déclenche une polémique sur la télé
voyeuse.
Télé-réalité : Loft folie
En programmant « Loft Story », M6 inaugurait un nouveau type d’émission, prenant
de vitesse les chaînes concurrentes, moins
promptes qu’elle à se lancer dans l’aventure de la télé-réalité. Télé poubelle pour
les uns, reflet de la société pour les autres,
l’émission qui présentait onze cobayes des
deux sexes découvrant sous l’oeil des caméras le plaisir de la servitude volontaire a
battu des records d’audience et transformé
un simple programme de divertissement en
phénomène de société.
«La première fiction réelle et interactive », c’est
ainsi que la chaîne nationale M6, « la petite
chaîne qui risque de monter », présentait sa
version hexagonale de Big Brother, un jeu d’origine hollandaise qui filme des femmes et des
hommes enfermés dans un appartement sous
l’oeil des caméras. La version française, « LoftStory », offre une seule originalité, sans doute le
côté latin du concept, puisqu’il s’agit de former
un couple idéal. Une finalité qui, en l’occurrence,
a inspiré de nombreux postulants : 38 000 candidats, dont 350 auditionnés.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
47
Le prix de la douleur
Au final, ils seront onze : cinq garçons, six filles,
célibataires âgés de dix-huit à trente-cinq ans ; ils
ne se connaissent pas et vont devoir vivre pendant 70 jours dans un loft de 225 m2 construit
pour l’occasion, dans les studios de la Plaine
Saint-Denis. Une trentaine de caméras et des
micros disposés dans les lieux retransmettent
leurs ébats au cours d’émissions quotidiennes,
ainsi que, 24 heures sur 24, sur l’Internet et TPS.
Auparavant, ils auront subi force tests, psychologiques et médicaux, notamment dépistage du
VIH et de l’hépatite B devant garantir les candidats des risques inhérents à la promiscuité – précision : il n’y a que deux chambres – imposée par
le règlement du jeu. Car il s’agit d’un jeu : les candidats sont éliminés chaque semaine, une fille et
un garçon en alternance, par un vote du public
et par les candidats eux-mêmes. Le couple vainqueur, connu au bout de dix semaines, n’en sera
pas quitte pour autant. On lui promet un lot
gagnant (une maison dans le Sud, d’une valeur
de trois millions de francs), mais auparavant les
deux rescapés devront y vivre ensemble durant
quarante-cinq jours, toujours sous l’oeil des caméras. Le prix de la douleur ?
Stars de pacotille
Dès le jour de son lancement, le 26 avril, l’émission suscite un véritable engouement : M6 attire
5,2 millions de téléspectateurs pour la soirée
inaugurale. Chez les internautes, c’est le raz de
marée. D’autant que, sur le site Internet de M6,
on aura le droit à la retransmission intégrale,
c’est-à-dire non expurgée, des ébats chaleureux
qui unissent deux des protagonistes de l’émission, Loanna et Jean-Édouard, dans la piscine
du loft. Aussitôt, dans les médias, au bureau ou
dans les cours de récréation, on ne parle plus
que de cela, en bien ou en mal. Ce qui suscite
autant de réactions en chaîne.
Les neuf sages du CSA font « savoir publiquement
qu’ils ont la chaîne à l’oeil » : ils demanderont plus
de liberté et des pauses pour les candidats. Le
6 mai, un lofteur, David, jette volontairement
l’éponge, semant le doute parmi les téléspectateurs : la vie du loft est-elle aussi spontanée
que les producteurs le prétendent ? Des actions
anti-Loft s’organisent, des auditeurs prennent
d’assaut le loft, des associations déposent des
poubelles devant le siège parisien de M6. Le
5 juin, Benjamin Castaldi, l’animateur de l’émission, dit tout : « Le vrai défi, c’est de sortir du loft. »
Rien n’y fait. Au fur et à mesure de l’élimination
des candidats, l’audience atteindra jusqu’à dix
millions de téléspectateurs et M6 creuse l’écart
avec TF1 en parts de marché. Chez les moins de
trente ans, le Loft fait un tabac. Chez les moins
de seize ans, il est un modèle. Ils vont y chercher un mode d’emploi des relations humaines,
relayant cette antienne avec une lucidité désespérée : « Ils sont cons, mais comme nous quand
on aura à vingt ans », ou encore intello comme
Phillipe, chipie comme Laure, cynique comme
Kenza, Causette comme Loanna, insouciant
comme Jean-Édouard, mais, dans tous les cas,
plus ou moins paumés.
L’après-Loft
Les esprits chagrins, eux, regrettent l’engouement pour le voyeurisme et la futilité proposés
par les démiurges de M6, la dégradation de
l’offre télévisuelle ou la sitcomisation du réel
interprétée par des stars de pacotille, cette
gloire gratuite accordée à des anti-héros qui
s’épuisent à trouver une paradoxale liberté dans
un enfermement collectif.
Mais ils reconnaissent que cette télévision, sans
ambition ni prétention, cette scénarisation de la
banalité, répond à une attente de proximité des
téléspectateurs. Ce en quoi les meilleurs esprits
voient une révélation sociologique capitale.
Certes, les lofteurs ne sont préoccupés que de
notoriété, mais comment s’en étonner alors que
la société s’accommode davantage du désir de
représentation que de celui de l’action ?
Après tout, in fine, les téléspectateurs sont restés
maîtres du jeu, déjouant les prévisions de M6 :
c’est Loanna, la plus attendrissante, et Christophe, le plus consensuel, qui s’envoleront vers
Saint-Tropez. Mais ils ne forment pas un couple.
Qu’importe, métamorphosés par la célébrité,
ils ont franchi les épreuves du loft. Il leur reste
celles de l’après-Loft. Loin de M6 ?
MADELEINE QUÊ
M6 DAME LE PION À TF1
M6 a gagné des parts de marché grâce à
son émission de télé-réalité, « Pour M6, le
plus dur est à venir », commentent, goguenards, les patrons des chaines concurrentes que le succès de « Loft Story » a
quelque peu agacés. Deux mois durant
M6 s’est, en effet, offert le luxe de de-
vancer en audience le « Bigdil » de TF1,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
48
jusque-là leader de l’avant-soirée, et elle
a presque fait jeu égal avec certaines
des meilleures fictions de la Une. « Loft
Story », devenue la pierre philosophale
de l’audience TV désormais recherchée
par la plupart des concurrents de M6, a
largement contribué aux bons résultats
financiers de cette dernière. Au premier
semestre 2001 elle affiche un bénéfice
net de 80,2 millions d’euros en hausse de
34,3 % par rapport au premier semestre
2000. La deuxième édition de « Loft Story » sera programmée sur 80 jours au premier semestre 2002.
27
France
Le juge Halphen contre le président
Chirac
Le juge d’instruction de Créteil (Val-de-Marne) chargé du dossier des HLM de Paris, Éric Halphen, rend
une ordonnance d’« incompétence » concernant le
cas de Jacques Chirac. Bien qu’il ait recueilli « suffisamment d’éléments mettant pénalement en cause
l’ancien maire de Paris à titre personnel », « compte
tenu de l’immunité pénale dont bénéficie le chef de
l’État durant son mandat, le magistrat ne peut que
constater son incompétence » et est contraint de
mettre fin à ses investigations concernant le président de la République. Le juge Halphen, s’appuyant
sur l’article 68 de la Constitution et sur l’avis rendu
le 22 janvier 1999 par le Conseil constitutionnel,
rappelle que pendant la durée de ses fonctions,
le président de la République ne peut être mis
en cause que devant la Haute Cour de Justice. Le
juge Halphen avait pourtant adressé fin mars une
convocation à titre de témoin au président de la
République qui avait, au nom de la séparation des
pouvoirs, refusé de déférer ce rendez-vous judiciaire. Depuis 1994, le juge Halphen enquête sur les
conditions suspectes de passation de marchés publics entre l’OPAC (Office public d’aménagement et
de construction) et plusieurs entreprises de travaux
publics. Elles auraient donné lieu à des versements
d’importantes commissions occultes par le biais
notamment d’un promoteur proche du RPR, JeanClaude Méry, décédé en juin 1999.
Mai
1
États-Unis
Bush en faveur du bouclier antimissile
Le président George W. Bush s’engage à doter les
États-Unis d’un système de bouclier de défense antimissile, « le meilleur moyen de préserver la paix » dans
le monde. Il tente néanmoins de rassurer ses alliés
européens et canadiens, dont plusieurs ont fait part
de leur opposition à ce programme, en promettant
qu’il ne « prendra pas de décisions unilatérales » sur la
sécurité nucléaire et qu’il les consultera sur la nécessité de « créer une nouvelle structure pour la sécurité et
la stabilité qui reflète le monde d’aujourd’hui ».
Le projet américain, constitué de radars et de missiles intercepteurs, contrevient aux termes du traité
conclu avec l’Union soviétique sur les missiles antibalistiques (ABM) signé en 1972, que M. Bush qualifie
de relique de la guerre froide.
2
France
Torture en Algérie : les aveux du général
Aussaresses
Le quotidien le Monde publie des extraits de Services spéciaux, Algérie 1955-1957, un livre du général
Paul Aussaresses. L’officier y reconnaît que, pendant
la guerre d’Algérie, il a pris part à des tortures, des
massacres de civils ou des exécutions maquillées en
suicides. Ces actes, pratiqués par lui et son équipe,
il les revendique sans remords, expliquant que la
torture était régulièrement puis systématiquement
pratiquée au moment de son arrivée sur le territoire
algérien.
Affirmant ne pas redouter un éventuel procès, en
particulier pour crime contre l’humanité, il met en
cause le pouvoir politique de l’époque, notamment
François Mitterrand, alors ministre de la Justice, et
soutient que « la responsabilité du gouvernement de
la République [...] est à présent clairement établie ». Le
chef de l’État et le Premier ministre dénoncent avec
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
49
fermeté les confessions du général Aussaresses :
Jacques Chirac demande des sanctions disciplinaires
– le général Aussaresses, aujourd’hui âgé de quatrevingt-trois ans, pourrait être mis à la retraite d’office.
La ministre de la Justice Marylise Lebranchu rappelle que, en raison de la loi d’amnistie de 1968 et
des règles applicables en matière de prescription,
la seule qualification possible permettant de poursuivre le général Aussaresses est de « voir si les propos du général sont constitutifs du délit d’apologie de
crimes de guerre », passible de cinq ans de prison et
300 000 F d’amende. Le parquet estime que « la qualification de crime contre l’humanité ne peut s’appliquer
aux faits dénoncés [...] Cette incrimination n’existe dans
notre droit que depuis le 1er mars 1994. Antérieurement
à cette date, seuls les crimes contre l’humanité commis
pendant la Seconde Guerre mondiale ont pu être poursuivis sur le fondement de la Charte du tribunal militaire
international de Nuremberg ».
En revanche, la Ligue des droits de l’homme ayant
porté plainte le 4 pour « apologie des crimes de
guerre », plainte à laquelle se sont associés les Verts,
celle-ci est jugée recevable par le parquet, car « l’analyse du livre fait apparaître que certains passages sont
susceptibles de constituer le délit d’apologie de crimes
de guerre prévu et réprimé par l’article 24 alinéas 1 et 3
de la loi du 29 juillet 1881 ».
L’affaire Aussaresses
Dans Services spéciaux, Algérie 1955-1957,
publié le 3 mai aux éditions Perrin, le général Paul Aussaresses (quatre-vingt-trois ans
en 2001), ancien coordinateur des services
de renseignement à Alger en 1957 auprès
du général Massu, revient sur sa guerre
d’Algérie. À la tête d’un commando qu’il
qualifie lui-même d’« escadron de la mort », il
reconnaît avoir assassiné et torturé.
Cet opposant forcené au mouvement nationaliste algérien, l’un des personnages clés
de la bataille d’Alger, n’exprime aucun regret
et assume tous ses actes. Affublé de multiples
surnoms par les historiens, « commandant O »,
« Boisfeuras », « le Barbu », « général basses
oeuvres », il reste pour l’historien Pierre VidalNaquet le « chef de file d’une équipe de tueurs
professionnels » et son livre, « les mémoires d’un
assassin ».
Le livre et l’accablante confession
Dès le mois de novembre 2000, le général Aussaresses, son oeil obturé et son absence de remords, occupe la scène médiatique. Interrogé
par le journal le Monde, il déclare : « Je me suis
résolu à la torture... j’ai moi-même procédé à des
exécutions sommaires » et d’invoquer le caractère précis de sa mission de liaison entre police
et justice, l’épisode du « coran électrique », les
rapports consignés sur un gros cahier manifold
des arrestations de la veille, lesquels étaient
relevés par Massu, le général Salan (commandant en chef des forces armées) et le ministre
Robert Lacoste (ministre résident). À la tête de
son « escadron de la mort », il procède à des exécutions sommaires, tue froidement 24 hommes,
ordonne qu’on procède à des actes de torture
mais précise : « Je n’ai jamais torturé et pourtant
je n’ai pas les mains propres. » Six mois plus tard,
le jeudi 3 mai, sort en librairie Services spéciaux,
Algérie 1955-1957. Le général Aussaresses va plus
loin. Il reconnaît avoir personnellement torturé
en 1957, en Algérie, l’avocat Ali Boumendjel et
Larbi Ben M’Hidi, responsable du FLN à Alger. Il
ajoute : « C’est efficace, la torture, la majorité des
gens craquent et parlent. Ensuite, la plupart du
temps, on les achevait. » Tout cela sans le moindre
scrupule : « Des problèmes de conscience ? Non, je
m’étais habitué à tout cela. » Ce sont les policiers
de Philippeville, où il débarque en 1955 à trentesept ans, à la 4e demi-brigade parachutiste, qui
les premiers l’initient à la technique des interrogatoires « poussés », seul moyen à l’en croire
d’obtenir des noms et de procéder rapidement
aux arrestations.
Après le massacre du 18 juin, il se débrouille
seul : « C’était la première fois que je torturais
quelqu’un [...] Si j’ai regretté quelque chose, c’est
qu’il n’ait pas parlé avant de mourir. » Différentes
méthodes sont utilisées : les coups, l’électricité,
l’eau.
Le 3 avril, le Parlement français vote l’état d’urgence qui renforce les liens entre la police et
les services militaires de renseignement. Aussaresses commente : « Une manière d’institutionnaliser ce que je pratiquais déjà officieusement. »
Et puis vient la bataille d’Alger, les expéditions
nocturnes, les exécutions expéditives dans les
maquis « éloignés » et les interrogatoires à la villa des Tourelles, le quartier général. Rares étaient
les prisonniers qui se retrouvaient vivants le lendemain. « La torture était tolérée, sinon recommandée », précise Aussaresses.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
50
Lee conséquences judiciaires
En réaction au détachement total qui imprègne
ses écrits, et donc pour son livre plus que pour
ses actes, la justice rattrape le général. Le 17 mai
2001, à la suite d’une plainte de la Ligue des
droits de l’homme (LDH) pour « apologie de
crimes de guerre », le parquet de Paris ouvre une
enquête préliminaire visant l’ancien officier.
L’apologie de crimes de guerre est un délit passible d’une peine maximale de cinq ans de prison et de 300 000 F d’amende. Crimes de guerre :
la qualification est immédiatement contestée
et jugée trop faible par les associations qui
reprochent au procureur de Paris, Jean-Pierre
Dintilhac, de ne pas avoir retenu la possibilité
de poursuites pour « crimes contre l’humanité ».
Ce dernier se défend en avançant que la notion
de crimes contre l’humanité ne s’applique en
France qu’aux faits postérieurs à 1994 ou commis pendant la Seconde Guerre mondiale. Il ne
convainc pas. Il reste que les crimes de guerre
étant prescrits au bout de dix ans (et ceux de la
guerre d’Algérie, couverts par la loi d’amnistie
du 31 juillet 1968), des poursuites plus directes
pour tortures et assassinat sont impossibles. En
conséquence, l’ancien officier ne peut être poursuivi que pour un délit « annexe ». Son procès
est fixé les 26, 27 et 28 novembre par le tribunal correctionnel de Paris. Par ailleurs, le MRAP
(mouvement contre le racisme) et Josette Audin,
veuve d’un militant communiste disparu à Alger en 1957, déposent également plainte. Pour
« enlèvement et séquestration » dans le cas de la
veuve. Un moyen de contourner la prescription,
les disparus étant supposés vivants, l’infraction
est toujours en cours. Le général ne se laisse pas
impressionner. Il répond à ses détracteurs dans
le journal le Monde : « On eût aimé que, cédant à
l’air du temps, je fisse acte de repentance. Eh bien,
je ne le fais pas, car ce comportement est contraire
à l’histoire. » Le très médiatique avocat Gilbert
Collard assure sa défense.
Les autorités françaises réagissent immédiatement par des gestes symboliques. Le président
Chirac, en tant que chef des armées, demande la
mise à la retraite d’office du général pour « faute
contre l’honneur » et la suspension de sa Légion
d’honneur (décisions effectives en juin 2001).
Alors que le Premier ministre Lionel Jospin vient
de publier une circulaire relative à « l’accès aux
archives publiques en relation avec la guerre
d’Algérie », les plaintes pourraient permettre
d’ouvrir aux historiens les portes de ces années
jusqu’alors refermées.
CÉLINE CABOURG
HUIT ANS DE GUERRE
1er novembre 1954 : « Toussaint rouge » :
début de l’insurrection armée en Algérie,
composée de trois départements français.
Mars 1956 : la majorité de gauche qui soutient le président du Conseil Guy Mollet
(SFIO) vote les « pouvoirs spéciaux ».
Août 1956 : premier congrès du FLN.
Janvier 1957 : le général Massu est investi
des pouvoirs de police pour mener la bataille d’Alger.
Juin 1957 : disparition de Maurice Audin
communiste et enseignant à l’université
d’Alger, après son arrestation par l’armée.
13 mai 1958 : création du Comité de salut
public à Alger, présidé par Massu.
4 juin 1958 : le « Je vous ai compris » du
général de Gaulle.
21 décembre 1958 : élection du général de
Gaulle à la présidence.
16 septembre 1959 : le président
proclame le droit des Algériens à
l’autodétermination.
24 janvier 1960 : journée des barricades.
Mai 1960 : le premier numéro de Vérité-Liberté dénonce la torture.
Mars 1962 : les accords d’Évian mettent
un terme à la guerre d’Algérie.
3
ONU
Droits de l’homme : éviction de
Washington
Les membres de la Commission des droits de
l’homme de l’ONU, composée de 53 représentants
élus pour trois ans et renouvelée par tiers chaque
année, en évincent les États-Unis, un siège qu’ils occupaient de façon ininterrompue depuis la création
de cet organe en 1947. La Commission des droits de
l’homme de l’ONU réalise des études et formule des
recommandations en faveur de la protection et de la
promotion des droits de l’homme, soit de sa propre
initiative, soit à la demande de l’Assemblée générale
ou du Conseil de sécurité de l’ONU. Lors de chaque
renouvellement annuel, les groupes régionaux reprédownloadModeText.vue.download 53 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
51
sentés à l’ONU proposent des candidats pour la commission. Le groupe « Europe occidentale et Autres »
avait proposé quatre candidats pour trois sièges : les
États-Unis, la France, l’Autriche et la Suède. À l’issue
du scrutin, qui a eu lieu au siège de l’ONU à New York,
la France a obtenu 52 voix, l’Autriche 41, la Suède 32
et les États-Unis 29. Le haut-commissaire aux Droits
de l’homme de l’ONU, Mary Robinson, a exprimé
l’espoir que les États-Unis redeviennent rapidement
membres de la commission.
5
Vatican
Jean-Paul II en Syrie
Au lendemain de la première visite d’un pape en
Grèce depuis le grand schisme d’Orient de 1054, où
il a demandé pardon pour les catholiques « qui ont
péché par action et par omission contre leurs frères et
soeurs orthodoxes », Jean-Paul II effectue une visite
historique en Syrie. Il lance un appel à « une paix
véritable » au Proche-Orient, tandis que le président
syrien Bachar al-Assad appelle le chef de l’Église
catholique à soutenir les Arabes contre « l’oppression
israélienne » et écarte tout dialogue fondé sur les
racines communes entre les trois religions monothéistes, juive, musulmane et chrétienne, comme le
prône le souverain pontife.
7
XVe Nuit des Molières
La XVe Nuit des Molières organisée au théâtre Marigny-Robert Hossein de Paris met à l’honneur la jeune
génération théâtrale. Le molière de la meilleure comédienne échoit à Corinne Jaber, celui du meilleur
comédien à Simon Abkarian et celui de la meilleure
mise en scène à Irina Brook. La pièce que ces jeunes
gens représentent, Une bête sur la lune, forte de sept
nominations, obtient les cinq principales récompenses, avec, outre les trois précitées, celle de la
meilleure pièce du répertoire et celle de la meilleure
adaptation. Georges Wilson, seul récompensé parmi
les « grands anciens », reçoit le molière du meilleur
second rôle pour Une chatte sur un toit brûlant. Deux
molières d’honneur sont remis, l’un à Gabriel Monnet
– à l’origine, avec André Malraux, de la première Maison de la culture – et l’autre à Madeleine Robinson
pour l’ensemble de sa carrière.
10
Union européenne
Baisse des taux de la BCE
La Banque centrale européenne (BCE) baisse son
principal taux d’intérêt d’un quart de point, à 4,50 %.
Les deux taux qui l’accompagnent, le taux plafond
et le taux plancher, baissent eux aussi de 0,25 point,
respectivement à 3,50 % et 5,50 %. Selon le président
de la BCE, Wim Duisenberg, cette réduction, la deuxième seulement en deux années d’histoire de l’organe – la première datait d’avril 1999 –, est motivée
par le recul des pressions inflationnistes dans la zone
euro. La BCE s’aligne ainsi sur la tendance monétaire
générale, au moment où les marchés financiers traversent des turbulences et où l’économie mondiale
ralentit.
11
Allemagne
Adoption des retraites par
capitalisation
Le Bundesrat, chambre haute du Parlement allemand,
adopte la réforme des retraites, autre grand chantier
du chancelier Gerhard Schröder avec la réforme fiscale, et déjà votée par la chambre basse du Parlement, le Bundestag, en janvier dernier. Cette réforme
introduit pour la première fois une part de capitalisation dans le système de financements des retraites
allemandes. Elle entraînera une baisse progressive
du niveau de retraites standard, passant de 70,7 % à
67,9 % de la moyenne des salaires, et permettra un
gel des cotisations. Cette baisse sera accompagnée
par une revalorisation moins forte des retraites, qui
ne seront plus indexées sur l’inflation mais, comme
en France, sur révolution des salaires nets avant
impôt. La capitalisation est destinée à combler le
manque. À compter du mois de janvier prochain, les
salariés auront la possibilité d’épargner 1 % de leur
salaire versé, soit directement à des institutions financières, soit au sein même de l’entreprise. À partir de
2008, ce taux passera à 8 %. Afin d’encourager cette
capitalisation, le gouvernement versera, sous forme
de prime ou de réduction d’impôt, 154 euros en 2008
aux salariés dont l’épargne personnelle atteindra 4 %
du salaire. Chaque enfant donnera droit à 185 euros
supplémentaires. Ces dépenses devraient être finandownloadModeText.vue.download 54 sur 518
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
52
cées par les recettes des ventes des licences de téléphonie mobile UMTS et par l’écotaxe.
13
Espagne
Élections au Pays basque
Les nationalistes modérés du Parti nationaliste
basque (PNV) et leur allié Eusko Alkartasuna (EA)
arrivent en tête aux élections régionales basques,
obtenant 32 sièges sur un total de 75, contre 27 aux
dernières régionales d’octobre 1998. La participation,
autour de 80 %, dépasse d’environ 10 points celle
enregistrée lors du précédent scrutin régional. Les
grands partis espagnols n’ont donc pas réussi à évincer les nationalistes modérés, qui sont au pouvoir
depuis 1980 : le Parti populaire (PP, centre droit, au
pouvoir à Madrid) recueille 20 sièges (contre 16 en
1998) tandis que le Parti socialiste (PSE) conserve ses
14 sièges. Ces élections marquent l’effondrement des
indépendantistes radicaux, 7 élus au lieu de 14, qui
paient politiquement la campagne d’attentats (un
mort à Saragosse et 14 blessés à Madrid) des indépendantistes armés de l’ETA pendant la campagne
électorale.
Italie
Victoire de Berlusconi aux
élections législatives
Les 49,45 millions d’électeurs se prononcent pour le
retour au pouvoir de Silvio Berlusconi. La coalition de
droite – comprenant la Maison des libertés qui est
composée de Forza Italia de Silvio Berlusconi, des
anciens néofascistes d’Alliance nationale, des populistes de la Ligue du Nord, de trois petits partis chrétiens-démocrates : le Centre chrétien-démocrate
(CCD), les Chrétiens-Démocrates unis (CDU) et le
Parti démocrate-chrétien (PDC) –, malgré l’effondrement de son allié xénophobe de la Ligue du Nord,
est largement majoritaire dans les deux chambres du
Parlement italien.
Elle remporte 177 sièges au Sénat, contre 130 pour la
coalition sortante de l’Olivier – qui rassemble, autour
des Démocrates de gauche (DS), la petite coalition
Le Tournesol (Verts et socialistes démocrates du SDI),
la petite coalition de centre gauche La Marguerite
(Démocrates, Parti populaire, Renouveau italien et
Union démocratique pour l’Europe) ainsi que le Parti
des communistes italiens (PDCI).
La majorité est de 163 à la chambre haute. À la
Chambre des députés, les résultats officiels accordent 368 sièges à la Maison des libertés (CDL), la
majorité étant à 316 sièges. L’incertitude a prévalu
sur l’issue du scrutin pendant la journée qui a suivi
la clôture des bureaux de vote. Elle est due notamment à la complexité du mode de scrutin italien, qui
mêle suffrage direct et une dose de proportionnelle,
à la réduction du nombre des bureaux de vote, qui
a provoqué de longues files d’attente, et à la réticence de certains partis à annoncer de quel côté ils
se rangeraient.
Silvio Berlusconi a affirmé qu’il ne lui faudrait que
peu de temps pour former un gouvernement et qu’il
tiendrait ses promesses électorales, notamment sur
la baisse des impôts et sur la création d’un million
d’emplois. Les pays de l’Union européenne ont évité
les critiques contre Silvio Berlusconi malgré la présence d’alliés fort controversés à ses côtés.
France
Adoption du statut de la Corse
Un an et demi après l’ouverture du dialogue par Lionel Jospin avec les nationalistes, l’Assemblée nationale entame l’examen des 52 articles du projet de loi
sur la Corse. Le texte du gouvernement a été élaboré
en concertation avec l’ensemble des élus insulaires, y
compris nationalistes.
Avec le soutien tacite de l’Élysée, qui a ouvertement exprimé ses réserves sur un texte violant à
ses yeux deux principes fondateurs du pacte républicain, l’égalité devant la loi et l’indivisibilité de la
République, l’opposition s’apprête à voter contre
un texte qu’elle qualifie de « dérive » et qui constitue
« une marche vers l’indépendance de la Corse ». Le 17,
les députés adoptent l’article 7 du projet de loi sur
la Corse, sur l’enseignement de la langue corse, ainsi
que l’article 12 autorisant les dérogations à la loi Littoral. Le premier stipule que « la langue corse est une
matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des
écoles maternelles et élémentaires ».
L’intitulé adopté est donc identique à celui qui avait
déjà été approuvé par le passé par le Conseil constitutionnel concernant l’enseignement de la langue
polynésienne. Le second permet à la Corse de déroger à la loi Littoral qui protège les côtes françaises
contre l’urbanisation.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
53
Le 22, les réformes sur le statut de l’île sont votées par
les députés par 287 voix contre 217. Socialistes, Verts
et radicaux de gauche ont voté en faveur du texte,
tandis que le Mouvement des citoyens a manifesté
son hostilité au projet de Lionel Jospin. Le Parti communiste s’est abstenu. Le RPR a voté contre, l’UDF et
DL se sont partagés entre vote, dont quelques-uns
étaient favorables, et abstention. Le projet de loi sur
la Corse sera examiné au Sénat la première semaine
d’octobre. Le Conseil constitutionnel, dont l’avis sera
de nouveau crucial, devra se prononcer sur un certain
nombre de points problématiques, parmi lesquels le
transfert de pouvoirs législatifs et réglementaires à
l’Assemblée territoriale de Corse, l’enseignement de
la langue corse dans les écoles maternelles et élémentaires et les dérogations à la loi Littoral. Le nouveau statut de l’île est le troisième en vingt ans, après
le statut Defferre (1982) et le statut Joxe (1991).
Vache folle : l’État mis en cause
par le Sénat
Un rapport du Sénat sur l’utilisation des farines animales et ses conséquences sur la propagation de
l’épidémie de vache folle met gravement en cause
les responsabilités des gouvernements qui se sont
succédé entre juillet 1988 et novembre 2000. Ceux-ci
sont accusés d’« attentisme », d’avoir eu une réaction
« tardive » et d’avoir fait prévaloir les intérêts économiques sur la santé des consommateurs. L’État
français aurait ainsi favorisé la propagation dans le
cheptel bovin de l’encéphalopathie spongiforme
bovine (ESB, dite « maladie de la vache folle »). Les
sénateurs distinguent trois périodes dans le développement de cette épidémie en France : de 1980 à
1990, une première vague de contamination en raison de l’importation légale de farines anglaises entre
1988 et 1990 ; de 1990 à 1996, une deuxième vague
de contamination, avec des importations cette foisci frauduleuses ; et de 1996 à 2000 – alors que la
Grande-Bretagne révèle la transmission de la maladie à l’homme par le nouveau variant de la maladie
de Creutzfeldt-Jakob –, du fait de l’attentisme du
ministère de l’Agriculture, qui ne se prononce qu’en
novembre 2000 pour interdire les farines de bovins à
toutes les races animales.
Le retour de Berlusconi
Le 13 mai 2001, la coalition des droites
conduite par Silvio Berlusconi a gagné
les élections législatives, tout en ayant
recueilli moins de voix qu’en 1996, quand
elle avait été battue par l’Olivier.
Le total des voix de droite pour la Chambre
des députés (45,4 %) a même été inférieur
à celui des voix de gauche (47,8 %). Mais les
droites étaient unies, et les gauches divisées.
Cette situation, à l’opposé de celle qui prévalait
cinq ans auparavant, a offert sur un plateau le
gouvernement du pays à Silvio Berlusconi.
Quatre grandes forces
Le succès de M. Berlusconi marque avant tout
la puissance de la demande de changement
qui vient du milieu des propriétaires et en particulier du patronat. Vingt ans après le succès de
Mme Thatcher en Grande-Bretagne, l’Italie, protégée par la force de la gauche et des syndicats,
n’avait toujours pas connu de révolution néolibérale : cette fois, nous y sommes.
Au pays où les entreprises ne jouissaient pas de
la liberté de licencier, le vote du 13 mai 2001 a
représenté d’abord la volonté de payer moins
d’impôts et de pouvoir entreprendre sans se
soumettre aux règles dictées par l’intérêt général. Toute la campagne a été marquée par la polémique sur l’énorme conflit d’intérêts qui pèse
sur M. Berlusconi : or, pour plus de 18 millions
d’Italiens qui ont voté à droite, cela n’a manifestement pas eu d’importance !
Le bloc social propriétaire qui le soutient se
compose de quatre forces principales : l’association du patronat (la Confindustria), la grande
majorité des médias, les hiérarchies de l’Église et
la haute administration, en particulier la Banque
d’Italie. Si en 1994 l’aventure gouvernementale
de M. Berlusconi a tourné court au bout de neuf
mois, c’est aussi parce que le grand patronat
de Fiat, Pirelli et Télécom ne l’a pas soutenu, le
considérant comme un parvenu au sein des
grandes familles du capitalisme italien. Mais,
cette fois, l’homme d’affaires milanais a bien préparé l’échéance. Avant les élections, il a d’abord
conquis, grâce au soutien des PME et par l’intermédiaire de son affidé M. D’Amato, un petit industriel napolitain, le contrôle de la Confindustria. Ainsi le parti de la Démocratie chrétienne,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
54
qui avait gouverné pendant quarante ans en
recherchant systématiquement un compromis
mâtiné de valeurs humanitaires entre les intérêts
du patronat et ceux des couches moyennes et
populaires, a été remplacé aux commandes du
pays par une force politique qui défend d’abord
les revendications du patronat. Plus qu’une
simple alternance entre gauche et droite, c’est
une « révolution conservatrice » comme le pays
n’en avait pas connu depuis les années 1920 et la
montée au pouvoir du fascisme.
La nouvelle droite qui a pris les commandes
en Italie est ancienne et moderne à la fois.
Ancienne, parce qu’elle englobe le parti de l’Alliance nationale, qui n’est rien d’autre que l’héritier des partisans de M. Mussolini, ainsi que les
courants les plus cléricaux de l’ancienne Démocratie chrétienne, qui rêvent d’abolir la liberté
d’avortement et de financer massivement les
écoles religieuses ; moderne, parce que le parti
du leader, Forza Italia, fonctionne comme un
conseil d’administration dont M. Berlusconi est
le P-DG ; il utilise le contrôle de la télévision pour
diffuser le message populiste de son chef.
Des promesses contradictoires
En fait de populisme, M. Berlusconi n’a pas hésité
à mener une campagne électorale à l’enseigne
des promesses les plus contradictoires : moins
d’impôts et plus de dépenses, pour satisfaire
en même temps les patrons et les ouvriers, les
agriculteurs et les commerçants, les étudiants et
les retraités. Mais les premières mesures de son
gouvernement ont créé quelques déceptions :
elles prévoyaient certes la baisse des impôts
sur les bénéfices des entreprises et l’annulation
pure et simple de l’impôt sur les successions et
les donations.
Elles prévoyaient aussi la liberté pour les propriétaires immobiliers de restructurer leurs
biens sans trop devoir dépendre des autorisations de l’administration. Mais des millions
d’Italiens avaient voté surtout pour deux autres
promesses : la baisse radicale des impôts pour
tous, et en particulier pour les classes moyennes,
et l’augmentation du minimum retraite de 30 %.
Or, quelques jours à peine après la victoire, les
collaborateurs du Premier ministre ont découvert un « trou » de plusieurs milliards d’euros,
laissé dans les comptes de la nation par le gouvernement sortant de centre gauche. Ce trou,
réel ou imaginaire, devait justifier l’abandon des
promesses électorales adressées aux milieux
populaires et même – Europe oblige ! – de nouvelles économies sur la santé et les retraites, de
façon à pouvoir maintenir au moins la promesse
électorale de baisser les impôts des plus hauts
revenus. Bref, à peine élus, M. Berlusconi et sa
coalition se sont révélés, comme en 1994, des
Robin Hood à l’envers, qui prennent aux pauvres
pour donner aux riches. Pourront-ils, dans ces
conditions, conserver longtemps l’appui des
Italiens ? La droite italienne parie sur un miracle
économique qui lui permettra de redistribuer
plus tard les fruits d’une croissance que l’ultra
libéralisme de Forza Italia devrait impulser. L’état
de choc dans lequel se trouve la gauche de l’Olivier lui laisse un certain temps. Mais après ? Si
ce miracle ne devait pas se produire, la bataille
entre droite et gauche se déplacera davantage
sur le terrain culturel et sur celui de la communication. C’est là où M. Beriusconi compte beaucoup sur son contrôle absolu de la télévision.
LUCIANO BOSIO
LA RÉPUBLIQUE PRÉSIDENTIELLE,
NOUVEL HORIZON
Le dessein de M. Berlusconi est clair : il
n’a pas la moindre intention de répondre
devant la justice des accusations de malversation et de corruption pour lesquelles
lui et son entourage sont inculpés et
compte sur la résignation des juges autant
que sur la puissance de feu de son empire
médiatique. Il n’entend pas résoudre le
conflit d intérêts qui fait de lui un entrepreneur tributaire dans de nombreux
domaines – la télévision, les assurances,
l’immobilier, les télécommunications – de
concessions d’État dont il est, en tant que
Premier ministre, le concédant et le bénéficiaire. Il n’acceptera aucune réduction
substantielle du contrôle qu’il exerce sur
son immense patrimoine. Et, afin d’assurer
la pérennité de ce qui ressemble de plus
en plus à un régime, il entend réformer la
Constitution, en faisant de l’Italie une république présidentielle où le chef de l’État
détient le pouvoir exécutif.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
55
18
Israël
Nouvelle escalade
Un jeune kamikaze palestinien appartenant au
mouvement de la résistance islamique Hamas,
Mahmoud Ahmed Marmash, commet un attentat-suicide à l’entrée d’un centre commercial de la
station balnéaire israélienne de Nétanya, à 35 km
au nord de Tel-Aviv. L’acte fait cinq morts, dont le
porteur des explosifs, et plus de 70 blessés.
Il s’agit du troisième attentat à la bombe commis
à Nétanya depuis le début de l’année. Le porte-parole d’Ariel Sharon, Raanan Gissin, déclare que cet
attentat est « le fruit d’une nouvelle vague d’incitations
à la haine qui se sont notamment exprimées lors du
discours prononcé par Yasser Arafat le 15 mai le jour
de la Nakba », c’est-à-dire la catastrophe qu’a constituée pour les Palestiniens la création de l’État d’Israël. Quelques heures après cet attentat de Nétanya,
Israël bombarde le quartier général des forces de
sécurité palestiniennes à Naplouse, en Cisjordanie,
tuant quatre Palestiniens et en blessant dix-neuf
autres.
D’autre part, un membre de la Force 17, la garde du
président palestinien Yasser Arafat, est tué lors d’un
bombardement israélien contre des objectifs palestiniens à Ramallah. En outre, Tsahal effectue des
raids dans les Territoires, en utilisant des chasseursbombardiers F-16 pour la première fois depuis la
guerre israélo-arabe de 1967.
19
France
Prise de contrôle d’EDF sur Montedison
Le groupe public français Électricité de France,
la plus importante compagnie d’électricité européenne, annonce qu’il détient 20 % du capital de
la holding agro-énergétique Montedison et qu’il
en est devenu le principal actionnaire devant la
banque d’affaires transalpine Mediobanca (15 %).
EDF assure ne pas vouloir acquérir plus de capital
dans le groupe italien et déclare qu’il tentera, avec
l’accord des autres actionnaires, « de contribuer au
développement des activités énergétiques de Montedison » au travers de sa filiale Edison.
La montée progressive d’EDF dans le capital de
Montedison ces dernières semaines inquiète le
gouvernement italien et intéresse la Commission
européenne. Le premier est « absolument opposé »
à cette prise de participation. La seconde pose
la question du respect par EDF des règles de la
concurrence. Le 25, le gouvernement italien adopte
un décret limitant à 2 % les droits de vote du groupe
EDF, pourtant actionnaire majoritaire du groupe italien, dans Montedison.
Or, la législation européenne sur l’ouverture
des marchés à la concurrence interdit aux États
membres d’adopter des lois susceptibles de décourager ou de défavoriser les investisseurs d’un autre
pays européen. Mais EDF est accusée d’être injustement avantagée du fait de son statut public et de
son monopole de fait en France.
20
Cinéma
Palme d’or à Cannes pour
Nanni Moretti
Le palmarès du 54e Festival de Cannes reflète une
sélection où un quart des 23 films en compétition traitaient du deuil familial : la palme d’or qui
récompense la Chambre du fils de Nanni Moretti est
conforme à la noirceur qui imprégnait ladite sélection – ce film évoque la douleur d’une famille après
la mort accidentelle d’un adolescent. Autre oeuvre
au sujet grave, la difficile communication entre les
êtres, la Pianiste du cinéaste autrichien Michael
Haneke rafle trois récompenses : le grand prix et les
prix d’interprétation féminine pour Isabelle Huppert
et masculine pour Benoît Magimel. Le prix de la
mise en scène (ex aequo) va à The Man Who Wasn’t
There de Joel Coen (États-Unis) et Mulholland Drive
de David Lynch (États-Unis) ; celui du scénario à No
Man’s Land de Danis Tanovic (Bosnie) ; et la caméra
d’or (premier film) à Atanarjuat l’homme rapide de
Zacharias Kunuk (Canada).
Tchad
Réélection du président Idriss Déby
Le président sortant Idriss Déby, âgé de quarante-neuf ans,
qui avait accédé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État
en décembre 1990 et avait été élu lors de la première
élection présidentielle multipartite du pays en juin 1996,
remporte l’élection présidentielle organisée le 20 mai dernier. Il recueille suffisamment de suffrages, 67,35 %, pour
éviter un second tour. La participation a été de 65,9 %. Les
six autres candidats d’opposition se partagent le restant
des suffrages, le principal challenger, Yorongar Ngarlegy,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
56
en recueillant 13,94 %. Les observateurs internationaux
ont estimé que ce scrutin s’était déroulé sans problèmes
majeurs, mais les six candidats opposés au président sortant ont accusé le Mouvement patriotique du salut (MPS)
d’Idriss Déby de fraude.
21
France
Trente députés contre Chirac
Le député PS de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg
réunit 30 signatures de soutien – 19 députés socialistes,
quatre Verts, quatre radicaux de gauche, deux communistes et un Mouvement des citoyens (MDC) – à sa proposition de traduction de Jacques Chirac devant la Haute
Cour de justice, dans l’affaire des HLM de Paris. Le nom
de l’ancien maire de la capitale a été cité dans le cadre
de deux procédures : celle menée par le juge de Nanterre
Patrick Desmure sur la rémunération de permanents du
RPR par la Ville de Paris et aussi celle du juge de Créteil
Éric Halphen, relative aux marchés de l’office HLM de Paris.
Arnaud Montebourg doit encore recueillir les signatures
d’au moins 58 députés pour obtenir l’ouverture de la deuxième étape de la procédure : l’adoption dans les mêmes
termes de la proposition de résolution par l’Assemblée
nationale et le Sénat. Mais les réticences que l’initiative
d’Arnaud Montebourg a suscitées, à droite comme à
gauche, rendent ce scénario improbable. Le 29, le Parti socialiste annonce que les députés vont examiner une proposition de révision de l’article 68 de la Constitution afin
de réformer le statut pénal du président de la République.
Cet article est rédigé en ces termes : « Le président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice
de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. Il ne peut être
mis en accusation que par les deux assemblées statuant par
un vote identique au scrutin public et à la majorité absolue
des membres les composant ; il est jugé par la Haute Cour de
justice. » Selon le porte-parole du PS Vincent Peillon, cette
révision de la Constitution « ne vise pas directement Jacques
Chirac et esquive la polémique [sur la mise en accusation],
mais nous renvoie à la question des principes et à la question
de l’approfondissement de notre démocratie ».
22
Algérie
Marée humaine en Kabylie
Plus de 500 000 personnes manifestent à Tizi Ouzou
(à 110 km à l’est d’Alger), capitale de la Grande Kabylie, à l’appel des comités de villages et de tribus
pour soutenir les victimes des émeutes qui ont fait
des dizaines de morts du 22 avril au 6 mai dans
cette région. Le Front des forces socialistes (FFS) et
le Rassemblement pour la culture et la démocratie
(RCD), bien implantés en Kabylie, n’avaient rassemblé lors de deux marches à Alger, les 3 et 10 mai,
que 15 000 personnes chacun. La manifestation, la
plus grande jamais organisée en Algérie, s’est déroulée dans le calme. Les émeutes en Grande Kabylie
avaient éclaté après la mort d’un lycéen dans la
gendarmerie de Béni Douala. Elles avaient touché la
Petite Kabylie à la suite de l’interpellation musclée de
deux lycéens par des gendarmes à Amizour, à une
trentaine de kilomètres de la capitale de la Petite
Kabylie, Béjaïa.
Jeunesse kabyle :
les émeutes du désespoir
Entre avril
de milliers
kabyle. Une
rie, fondée
identitaire
du mal-être
et juillet, plusieurs centaines
d’émeutiers ont envahi la rue
rage contagieuse à toute l’Algénon plus sur une revendication
mais sur l’absence d’espoir née
économique et social.
« Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes
déjà morts ! » Slogan ahurissant de détresse,
entendu des milliers de fois durant les jours de
colère qui ont éclaté en Kabylie (Algérie), à l’est
de la capitale Alger, à partir d’avril 2001. Pendant plus de trois mois, les émeutiers âgés de 15
à 30 ans, armés de pierres et de cocktails Molotov, vont crier leur haine d’un pouvoir opaque et
« assassin », et dénoncer pêle-mêle la corruption,
l’arbitraire et la brutalité des forces de l’ordre.
Une rafale tirée « accidentellement »
Tout commence le 18 avril, à 18 h 30. Massinissah
Guermah, jeune Kabyle âgé de 18 ans, est arrêté
dans la rue et brutalement traîné dans le poste
de gendarmerie de la bourgade de Béni Douala.
Atteint d’une rafale de pistolet-mitrailleur tirée
par un gendarme, « accidentellement » selon la
version officielle, il décède à l’hôpital deux jours
plus tard des suites de ses blessures. La réaction
de la population est immédiate. Des émeutes
sporadiques éclatent un peu partout en Kabylie,
à Tizi Ouzou, la ville principale, mais aussi à Sétif,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
57
à Béni Yennis, à Béjaïa... Les manifestations sont
coordonnées par les arch, ces communautés de
villages désormais plus aptes à mobiliser la jeunesse que les partis politiques d’opposition.
Ces jours de colère connaissent trois temps forts.
Les 28 et 29 avril, la contestation monte d’un ton
et la gendarmerie réplique avec des munitions
de guerre, causant 30 morts parmi les manifestants. Le 21 mai, plus de 500 000 personnes
défilent dans le calme à Tizi Ouzou en une gigantesque « Marche noire ». Venues de tous les
villages de Kabylie, elles portent vers la préfecture un immense drapeau noir, déployé en signe
de deuil contre les victimes de la répression. Le
14 juin, enfin, la contestation gagne Alger. Là
encore, plusieurs centaines de milliers de manifestants venus de Kabylie, relayés par les Algérois, se heurtent aux forces de l’ordre dans ce qui
fut peut-être la plus grande manifestation que
l’Algérie ait connue depuis l’indépendance. Face
à la contestation, les autorités restent longtemps
atones. Le président Abdelaziz Bouteflika ne
parle que le 30 avril, dix jours après le début des
émeutes. Muet sur les causes des événements
et sur la violence déployée par les gendarmes,
il se contente de convoquer une « commission
d’enquête sur les émeutes en Kabylie ».
Une révolte non identitaire
Historiquement, la Kabylie est une région frondeuse en Algérie. Avant ce « printemps kabyle »,
il y avait eu, en juin 1998, les émeutes consécutives à l’assassinat du chanteur berbère Lounès Matoub. Il y avait eu le fameux « printemps
berbère » de 1980, où, pour protester contre
l’interdiction par les autorités algériennes d’une
conférence de l’écrivain Mouloud Mammeri
sur la langue berbère (tamazight), des milliers
d’émeutiers à Tizi Ouzou en avaient réclamé la
reconnaissance comme langue officielle, au
même titre que l’arabe. Il y avait eu, en somme,
presque quarante ans de revendications identitaires fondées sur des caractéristiques culturelles distinctes : les 6 millions de Kabyles (sur
31 millions d’Algériens) sont les héritiers, islamisés tardivement, d’une population ancienne
d’Afrique du Nord qui s’est réfugiée dans la montagne de Kabylie pour échapper aux invasions
successives, notamment romaine et arabe. Leurs
revendications n’ont pour l’essentiel jamais été
satisfaites par l’État algérien qui s’est construit,
depuis l’indépendance, sur une identité nationale presque exclusivement arabo-islamique.
Cette fois-ci, pourtant, la révolte kabyle ne se
veut pas identitaire. Les jeunes veulent « en
finir » avec un malaise diffus, né notamment
de l’absence de travail ou d’horizon lorsque
un salaire d’ingénieur – 15 000 dinars (environ
230 euros) par mois – ne permet même pas de
louer un logement. Ils ne comprennent pas cette
misère et l’immobilisme d’un pays riche de ressources pétrolières pourtant en augmentation.
Ils reprennent à leur compte le désespoir de
toute une jeunesse algérienne – 75 % des Algériens ont moins de trente ans – à travers le slogan tant entendu : « Donnez-nous du travail, des
logements, de l’espoir et il y aura le calme. »
Après la manifestation du 14 juin à Alger, les
émeutes se sont poursuivies quelques semaines
dans toutes les villes de Kabylie. À la fin du mois
de juillet, le rapport de la commission d’enquête
dépêchée par le président Bouteflika est tombé,
sans complaisance. La cinquantaine de morts,
les dizaines de disparus, les centaines de blessés
s’expliquent simplement. « La réaction violente
des populations a été provoquée par l’action non
moins violente des gendarmes, laquelle, pendant
plus de deux mois, a nourri et entretenu l’événement : tirs à balles réelles, saccages, pillages, provocations de toutes sortes, propos obscènes et
passages à tabac. » Des conclusions qui viennent
recouper les déclarations du ministre de l’Intérieur, Noureddine Zehrouni, qui, dès le début
des événements, reconnaissait qu’il pouvait
« difficilement répondre des forces de l’ordre ».
Ce qui pose, à nouveau, une question aussi ancienne qu’inquiétante dans ce pays : qui donne
ses ordres à la force publique ? Qui détient réellement le pouvoir en Algérie ?
BENJAMIN BIBAS
UN TPI POUR LES MASSACRES EN ALGÉRIE
Après dix ans de guerre civile et plus de
100 000 morts, les massacres de civils par
les islamistes armés n’ont pas été stoppés
par le « printemps kabyle ». Malgré l’appel à
la « concorde civile » lancé par le président
Abdelaziz Bouteflika lors de son arrivée
au pouvoir en 1999, les deux principaux
chefs des groupes islamistes armés, Antar
Zouabri et Hassan Hattab, continuent de
recruter et de sévir. Les massacres ont
causé 5 000 morts civils depuis 1999 dont
plus de 200 au cours du seul mois d’avril
2001. Le mois suivant, une pétition lancée
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
58
par plusieurs intellectuels européens dont
Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu, Juan
Goytisolo ou le juge italien Imposimato a
préconisé la création d’un tribunal pénal
international pour l’Algérie.
24
États-Unis
Plus de majorité au Sénat pour le
président
En annonçant son intention de quitter son parti et de
devenir indépendant, le républicain modéré Jim Jeffords, sénateur du Vermont, rompt l’équilibre du Sénat. Jusque-là, le Sénat américain était divisé en deux
blocs égaux, démocrates et républicains détenant
chacun 50 sièges. La défection de Jim Jeffords, qui
s’est déjà fait remarquer en votant à plusieurs reprises
avec les démocrates, met fin au contrôle des républicains sur le Sénat et contrecarre les projets législatifs du chef de l’État, comme la réforme du système
éducatif, la réduction d’impôts, le plan de relance
de la production nationale pétrolière et gazière, le
renforcement de la protection des consommateurs
dans le domaine de la santé, la réforme du système
des retraites et la création d’une assurance vieillesse
pharmaceutique ou la prospection pétrolière dans le
Grand Nord, en Alaska.
Ce revirement va contraindre le président américain
à suspendre ses initiatives les plus conservatrices et
à gouverner davantage au centre. « C’est un revers
très sérieux », reconnaît le sénateur républicain Thad
Cochran. « Il n’y a aucun doute que le président Bush
aura beaucoup plus de difficultés pour faire passer ses
priorités au Sénat, et les confirmations des responsables qu’il désignera pourraient être ralenties », a-t-il
ajouté.
Macédoine
Offensive anti-UÇK
Après l’expiration de l’ultimatum lancé aux rebelles
de la guérilla albanaise pour qu’ils déposent les armes
ou quittent le territoire, les forces macédoniennes
passent à l’offensive pour tenter de chasser la guérilla
albanaise de la région de Kumanovo, dans le nord
du pays, après trois semaines d’une guerre d’usure
entre les rebelles et l’armée. L’opération a pour but
« d’entourer la zone de conflit, de repousser les groupes
terroristes et de créer les conditions pour permettre aux
civils de sortir ». Skopje a toujours assuré faire de la
protection des milliers de civils sa priorité. Le 31, pour
résoudre la crise entre partis slaves et albanophones
en Macédoine, le Premier ministre Lujbco Georgievski
évoque une révision de la Constitution reconnaissant
la minorité albanaise, qui donnerait à la minorité albanaise macédonienne le statut de peuple constitutif, à
l’instar des Macédoniens, et à sa langue le statut de
langue officielle.
Ces déclarations marquent un changement de
taille de la part du gouvernement macédonien, qui
a maintenu une position intransigeante envers la
minorité albanaise depuis le début de l’insurrection
en février des rebelles albanophones, dans le nord du
pays, à la frontière avec le Kosovo. Skopje avait rejeté
jusqu’alors les requêtes de la minorité albanaise, qui
représente un tiers des deux millions d’habitants de la
Macédoine, au motif que des changements constitutionnels aboutiraient à une division du pays entre une
partie albanophone et une partie slave.
Le gouvernement refusait aussi de négocier avec les
rebelles, les qualifiant de terroristes et les accusant de
vouloir scinder le pays pour créer une Grande Albanie
ou un Grand Kosovo, alors que les militants de l’Armée
de libération nationale (UÇK) affirment combattre afin
d’obtenir de meilleurs droits pour les albanophones.
27
Philippines
Nouvelle prise d’otages
L’armée philippine a lancé une vaste opération de
recherches après qu’une vingtaine de personnes,
dont trois touristes américains, ont été enlevées
par un groupe armé dans la résidence de vacances
Dos Palmas, située sur l’île Arreceffi, une petite île de
20 hectares dans la baie de Honda, dans la province
de Palawan, à environ 600 km au sud-ouest de Manille. Ravisseurs et otages seraient partis vers les îles
du sud des Philippines, fief des séparatistes musulmans comme le groupe Abou Sayyaf.
28
France
L’Europe selon Jospin
Onze mois après le discours de Jacques Chirac à Berlin et un mois après le projet fédéraliste du chancelier allemand Gerhard Schröder, le Premier ministre
Lionel Jospin expose sa vision d’une Europe « exemplaire », « qui est d’abord un contenu avant d’être un
contenant ». S’exprimant au Centre d’accueil de la
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
59
presse étrangère (CAPE) à Paris, le Premier ministre affirme que le débat ouvert dans l’Union européenne
« ne doit pas porter uniquement sur la question des institutions et de leur réforme » : « L’Europe n’est pas faite
seulement de règlements, de directives et de contentieux. Elle est d’abord une oeuvre de l’esprit, un modèle de
société, une vision du monde. » Prenant ses distances
avec le projet défendu par Gerhard Schröder – « La
France, comme d’ailleurs d’autres nations européennes,
ne saurait accepter une architecture qui donnerait aux
États membres actuels le statut des Lander allemands
ou des États fédérés américains » –, le Premier ministre
se prononce en faveur d’une « fédération d’Étatsnations » dotée d’un « congrès », « qui implique que
les Parlements nationaux soient mieux associés à la
construction européenne ».
Charles Pasqua mis en examen
Charles Pasqua, président du Rassemblement pour la
France, est mis en examen par les juges Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Deprez devant la chambre
d’instruction de la Cour d’appel de Paris pour recel
d’abus de biens sociaux et trafic d’influence, dans
le cadre de l’enquête portant sur un trafic d’armes à
destination de l’Angola, dossier dans lequel le député
européen du RPF Jean-Charles Marchiani a déjà été
mis en examen. La veille, l’ancien ministre de l’Intérieur a également été mis en examen par les mêmes
juges pour financement illégal de sa campagne aux
élections européennes de 1999.
29
France
Menaces sur la majorité plurielle
Lionel Jospin décide de reporter au 13 juin le vote
solennel du projet de loi Guigou de modernisation
sociale. Cette décision fait suite à une demande de
Robert Hue, secrétaire général du Parti communiste,
qui avait indiqué que le texte ne pouvait, en l’état,
être voté par son groupe parlementaire.
À la veille du vote solennel du projet de loi de modernisation sociale, les députés communistes entretenaient le suspense quant à leur attitude lors de ce
vote à l’Assemblée nationale. Ils menaçaient de voter
contre le projet de loi Guigou sur la modernisation
sociale, projet qui ne réprime pas suffisamment à
leurs yeux les licenciements et qui a donné lieu à
des débats houleux à gauche. Le PC demande à la
ministre de l’Emploi et de la Solidarité une définition plus stricte des licenciements économiques et
un renforcement des pouvoirs du comité d’entreprise pour permettre aux représentants des salariés
de contester le motif des suppressions d’emplois.
Refusant toute « judiciarisation » et « administration »
de l’économie, Élisabeth Guigou s’en tient aux dispositions qui renforcent les pouvoirs des comités
d’entreprise en cas de licenciement, imposent des
« congés de reclassement » pouvant aller jusqu’à
neuf mois dans les entreprises de plus de 1 000 salariés et obligent les grands groupes à contribuer à la
réindustrialisation des sites touchés par leurs restructurations. Le rejet du texte par l’Assemblée nationale
risquait de faire éclater la majorité plurielle.
Selon le gouvernement, le report de son vote « va
permettre de poursuivre les discussions », qui « tiendront
compte de l’ouverture faite par Élisabeth Guigou de débats concernant [...] l’extension de la démocratie sociale
dans l’entreprise ».
30
France
Réglementation des « rave-parties »
Le Sénat vote pour « une déclaration préalable »
auprès du préfet concernant l’organisation des
« rave-parties » et autres « free-parties », en adoptant un amendement du gouvernement dans le
projet de loi sur la « sécurité quotidienne ». Le
texte a été voté par la droite RPR-UDF-DL et le PS,
le PCF s’est prononcé contre. Présenté par le ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant, l’amendement
prévoit « que le préfet, au vu de la déclaration, pourra, après concertation avec les intéressés, inviter les
organisateurs à prendre toute mesure utile pour que
soit assuré le bon déroulement du rassemblement ».
« Cet amendement n’est en rien liberticide », affirme
Daniel Vaillant. De leur côté, les associations, à
l’appel de l’association Technopol, se mobilisent
et manifesteront le 16 juin à Paris.
Juin
1
Israël
Attentat palestinien
De nouveau la situation au Proche-Orient occupe le
devant de l’actualité. Et une fois de plus c’est sur le mode
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60
de la violence. Un kamikaze palestinien actionne une
charge explosive près d’un club de jeunes sur la promenade du front de mer de Tel-Aviv. L’attentat fait 18 morts
et une centaine de blessés. Le terroriste est mort dans
l’explosion. Le ministre koweïtien des Affaires étrangères
juge « légitime » l’attentat de Tel-Aviv : « Il s’agit d’une lutte,
et la lutte est légitime. Ce qui mettra fin aux opérations de
martyrs et à la résistance, c’est la fin de l’occupation. »
2
Népal
Drame à la cour
Le prince héritier Dipendra du Népal, âgé de vingt-neuf
ans, tue huit membres de la famille royale – le roi Birendra, la reine Aishwarya et six autres membres de la famille
– avant de retourner l’arme contre lui. Selon un haut responsable militaire, un différend sur le mariage du prince
était à l’origine de la fusillade. Le meurtrier, entré dans
le coma, est placé sous assistance respiratoire. Mais le
Conseil d’État, qui supervise les affaires royales, le nomme
roi. Son oncle, le prince Gyanendra, est nommé roi par
intérim en attendant son rétablissement. Trois jours après
le drame, Dipendra décède des suites de ses blessures.
Gyanendra, qui devient le nouveau souverain, est loin
d’avoir le soutien de la population, d’autant que certains lui attribuent un rôle dans le drame qui lui a permis
d’accéder au trône.
3
Pérou
Alejandro Toledo élu à la présidence
La majorité des 15 millions d’électeurs péruviens appelés à désigner le successeur du président en fuite
Alberto Fujimori donne la victoire à Alejandro Toledo,
un économiste ancien cireur de chaussures d’origine
indienne, de préférence à l’ancien président revenu
de neuf ans d’exil Alan Garcia, qui fut au pouvoir de
1985 à 1990, une époque marquée par la corruption,
la violence des guérillas, l’inflation et la pénurie alimentaire. Le premier obtient 52,33 % des voix contre
47,67 % à son adversaire. Les bulletins nuls et blancs
représentent un total de 13,25 %. Âgé de cinquante
cinq ans, Alejandro Toledo est le premier président
péruvien aux racines indiennes démocratiquement
élu. Il sera confronté, à son accession à la présidence,
à deux défis majeurs, la consolidation de la démocratie et la réactivation de l’économie.
Il devra mener à son terme le rétablissement du
système démocratique, mis à mal par dix années
de régime autoritaire d’Alberto Fujimori, destitué en
novembre dernier. Sur le plan économique, le successeur d’Alberto Fujimori héritera d’une situation
difficile, la récession ayant accentué le chômage
et la pauvreté affectant le pays. M. Toledo s’engage
à mener « une politique fiscale et monétaire absolument disciplinée » et annonce qu’il fera une tournée à
l’étranger avant son entrée en fonction pour « attirer
des investissements ». Alejandro Toledo ne dispose pas
d’une majorité au Congrès (chambre unique), son
parti, Pérou Possible, bien qu’étant la première force
parlementaire, n’ayant obtenu que 45 sièges sur un
total de 120 lors des élections du 8 avril, couplées au
premier tour de la présidentielle.
La lourde tâche de l’« Indien »
Toledo
« Le temps ? Ne vous en occupez pas... C’est
nous qui avons la maîtrise du temps. » C’est
avec ces mots que W. Montesinos, l’éminence
grise du président Fujimori, répondait au
député de l’opposition qui, filmé à son insu,
avait accepté de s’aligner avec le régime
– en échange de 15 000 dollars –, et qui
s’interrogeait sur le temps devant s’écou-
ler avant d’annoncer publiquement son
ralliement.
La diffusion télévisée de cet enregistrement et l’indignation populaire devaient amorcer la débâcle d’un système
patiemment bâti pendant des années.
Dès lors, la vie politique et judiciaire péruvienne
a été rythmée par la dénonciation et l’étalage
de la corruption généralisée au sein de l’appareil étatique et militaire, et la complicité avouée
d’un grand nombre de personnalités publiques
de premier plan.
La chute du « Raspoutine des Andes »
Face à la contestation de la rue, M. Fujimori, qui
venait d’être élu pour un troisième mandat, a
dû convoquer en septembre 2000 de nouvelles
élections générales. Avant de quitter le pays, en
novembre 2000, pour se réfugier au Japon, où il
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
61
réside en tant que citoyen japonais, avec l’accord
des autorités nippones qui refusent pour l’instant son extradition vers le Pérou.
Après une courte clandestinité péruvienne et
centraméricaine, l’ancien conseiller et bras droit
du président, M. Montesinos, a, quant à lui, profité des complicités vénézuéliennes de haut
niveau, avant d’être capturé et rendu à la justice
péruvienne, grâce à l’intervention de ses anciens
employeurs, les services secrets nord-américains. Payé en liquide, à hauteur de 1 million de
dollars par an, depuis plus d’une décennie, le
« Raspoutine des Andes » ne faisait plus l’affaire
de l’espionnage yankee et a dû être sacrifié. La
fortune accumulée à l’étranger par l’ex-conseiller
n’a pas encore été complètement évaluée. Mais
les estimations effectuées chiffrent à plusieurs
centaines de millions de dollars le montant de
ses comptes bancaires.
Ses contacts étroits avec la mafia internationale, sa participation directe dans le trafic de
drogues et d’armes (avec mainmise sur l’armée
péruvienne) et son rôle d’intermédiaire avec des
entreprises étrangères permettent d’expliquer
l’enrichissement soudain de cet ancien officier
de l’armée de terre, qui en avait été exclu, en
1976, pour cause de vente d’information à la
CIA. L’instrument du pouvoir de MM. Fujimori et
Montesinos, celui qui leur donnait l’impression
de tout contrôler, a été le Service d’intelligence
nationale (SIN). Cet organisme a progressivement soumis les instances législatives, judiciaires et électorales de l’État, et les organismes
de direction des armées et de la police. Doté de
70 000 agents de renseignement et de plusieurs
brigades paramilitaires, le SIN a pu disposer d’un
budget annuel de 600 millions de dollars provenant des fonds secrets, qui étaient utilisés sans
aucun contrôle.
Victoire de l’« Indien »
Jouant sur ses origines indiennes et sur ses succès personnels, Alejandro Toledo, l’« Indien », a
pu rassembler un vaste courant d’opposition
au régime, qu’il a ensuite transformé en atout
pour sa propre campagne présidentielle. Néanmoins, M. Toledo n’a pas réussi son pari de se
faire élire dès le premier tour. Des révélations sur
sa vie familiale passée, l’apparition d’un enfant
putatif et les soupçons à propos de sa consommation répétée de drogue, ont porté atteinte
à son image et à sa crédibilité. Ce qui a permis
que l’ex-président Alain Garcia, qui avait quitté
le pouvoir en 1990 (et même le pays, un peu plus
tard), après une gestion désastreuse marquée
par la corruption et le chaos économique, ait
pu devenir un challenger inattendu et dangereux. Le débat électoral n’a jamais décollé et les
programmes des deux candidats n’ont pas suscité l’intérêt des électeurs. Ceux-ci n’ont pas été
enthousiasmés par des propositions qui toutes,
les unes plus que les autres, ont préconisé le
maintien des critères économiques orthodoxes,
à l’instar des conseils des organismes financiers
internationaux, tel que cela se passait à l’époque
de M. Fujimori.
Ainsi, pour obtenir sa victoire définitive au second tour (53 % des votes, contre 47 % pour son
adversaire), M. Toledo a dû batailler ferme, tout
en rappelant son rôle pour faire tomber le régime
précédent, et en agitant en même temps l’épouvantail du retour de son adversaire électoral.
Mais, signe du désarroi des Péruviens, M. Toledo
a également dû faire face au développement des
tendances abstentionnistes dans l’électorat et à
la campagne menée par quelques-uns de ses
anciens partisans qui appelaient à voter blanc
ou nul. Malgré la trêve politique qu’il a demandée à l’opposition, le répit du nouveau président
sera de courte durée, face aux réclamations
syndicales, et devant un Parlement où il n’a pas
de majorité stable et sûre. La tâche s’annonce
lourde aussi parce que les besoins des couches
défavorisées, c’est-à-dire la majorité du pays,
sont énormes. Or, les mesures et propositions
du nouveau gouvernement (création d’emplois
précaires et temporaires financés par l’aide in-
ternationale, poursuite des privatisations – dont
celle de l’eau, à Lima – et des concessions au capital étranger, réduction d’impôts, maintien de
l’orthodoxie budgétaire et approfondissement
du libéralisme commercial) produiront difficilement des résultats à la hauteur des attentes de
la population.
PABLO F. LUNA
MISÈRE ET EXODE
Ce sont deux traits majeurs de l’évolution
péruvienne depuis les années 1990. Il y a
aujourd’hui 16 millions de pauvres (60 %
de la population totale) dont 6 millions qui
survivent avec moins de 1 dollar par jour.
Seulement 20 % de la population active
dispose d’un emploi normal. Le remboursement annuel de la dette absorbe environ
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
62
25-30 % des devises venant des exportations. Le travail clandestin des enfants
connaît un essor sans précédent : 70 % de
la population scolaire a déserté l’école.
Près de 200 000 Péruviens auront quitté
le pays au cours de l’année 2001 (150 000
en 2000). Le nombre total de ceux qui ont
décidé de tenter leur chance à l’étranger
atteint déjà 2,5 millions. La moitié de ceux
qui partent ont entre 20 et 40 ans, avec une
très forte composante féminine. Les lieux
de destination sont principalement la côte
est des États-Unis et les autres pays d’Amérique latine. Des centaines de millions de
dollars, envoyés annuellement par des parents, soulagent la vie des familles (et les
réserves de la Banque centrale).
5
France
Jospin rattrapé par
son passé trotskiste
Répondant à une question du député DL du Morbihan François Goulard, Lionel Jospin reconnaît pour
la première fois, à l’Assemblée nationale, avoir « dans
les années 60 marqué de l’intérêt pour les idées trotskistes et noué des relations avec l’une des formations
de ce mouvement ». « Il s’agit là d’un itinéraire person-
nel, intellectuel et politique dont je n’ai en rien à rougir », a-t-il ajouté. Le Premier ministre avait jusque-là
nié toute appartenance à une organisation trotskiste, l’Organisation communiste internationaliste
(OCI). Pourquoi, dès lors, avoir affirmé en 1995 : « Je
n’a jamais été trotskiste » ? « Parce que je crois que ça
n’intéressait personne », a-t-il répondu devant les
députés.
Selon le Nouvel Observateur puis le Monde, qui citent
le témoignage d’un des fondateurs de l’OCI, Boris
Fraenkel, qui affirme avoir assuré en 1964 la formation idéologique de celui qui était alors élève de
l’École nationale d’administration, l’ancien premier
secrétaire du Parti socialiste (PS) a bien été engagé
au sein de l’OCI, le mouvement trotskiste le plus
important de l’époque, du début des années 1960
jusqu’au début des années 1970 au moins. Il n’aurait définitivement coupé toute relation avec cette
mouvance qu’en 1987.
6
France
Consolidation
des emplois-jeunes
La ministre de l’Emploi et de la Solidarité Élisabeth
Guigou indique que le gouvernement assurera l’avenir des emplois-jeunes en offrant un débouché à
tous les bénéficiaires du programme. Les contrats
de quelque 276 950 emplois-jeunes institués par la
loi du 16 octobre 1997 arriveront à échéance à partir
de la fin 2002. Le programme « nouveaux services,
emplois-jeunes » était l’une des réformes phares du
gouvernement de Lionel Jospin.
Ces emplois seront prolongés selon des modalités
différentes suivant les types d’emplois : ainsi, les
jeunes salariés dans des associations verront leur
emploi reconduit pour une période de plusieurs
années grâce au maintien des aides de l’État ; dans
le même ordre d’idées, les postes d’aides-éducateurs dans l’Éducation nationale seront maintenus ;
quant aux emplois-jeunes recensés dans les collectivités locales, ils bénéficieront pour leur part d’un
accès privilégié aux concours administratifs. Selon les
chiffres communiqués par le ministère de l’Emploi,
311 740 jeunes de 18 à 26 ans ont été embauchés
depuis 1997 grâce au dispositif, qui coûte 24 milliards
de francs (3,66 milliards d’euros) par an. L’objectif des
350 000 emplois, fixé au début du programme, devrait être atteint d’ici la fin de l’année.
7
France
Inauguration du TGV Méditerranée
Le président Jacques Chirac inaugure la liaison TGV
Méditerranée en gare de Marseille-Saint-Charles,
liaison qui sera mise en service le 10. Le TGV Méditerranée pose la première pierre du futur réseau ferré
à grande vitesse à l’échelle de l’Union européenne.
Cinq ans de travaux et 25 milliards de francs ont été
nécessaires pour relier en trois heures la capitale à
la cité phocéenne. Jusque-là, il ne fallait pas moins
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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de 6 heures 40 par train pour parcourir les 750 kilomètres qui séparent Paris de Marseille.
Grande-Bretagne
Victoire de Tony Blair aux élections
législatives
Les 44,5 millions d’électeurs britanniques inscrits
donnent une victoire particulièrement confortable
aux travaillistes du Premier ministre Tony Blair lors
des élections législatives. En effet, le New Labour
obtient 413 sièges sur les 659 que compte le Parlement – les conservateurs doivent se contenter de
seulement 164 sièges et le Parti libéral-démocrate
n’envoie que 47 représentants. C’est sans conteste
la plus large victoire de l’histoire du Parti travailliste.
Le Premier ministre estime avoir reçu à cette occasion « un mandat pour les réformes et l’investissement
dans le futur ». Le leader des conservateurs, William
Hague, démissionne.
Ce scrutin a également été marqué par l’un des plus
forts taux d’abstention enregistrés en Grande-Bretagne : environ 60 % de participation (contre 70,9 %
lors du scrutin de 1997), soit le plus faible taux qu’ait
connu la Grande-Bretagne depuis 1935.
Le 9, Tony Blair dévoile son nouveau gouvernement,
un cabinet largement remanié : en particulier, Robin
Cook quitte le Foreign Office pour les Relations avec
la Chambre des communes ; il est remplacé par Jack
Straw, le ministre de l’Intérieur de la précédente
équipe.
8
Irlande
Rejet du traité de Nice
Appelés à se prononcer par référendum sur le traité
de Nice, les électeurs irlandais votent « non » à une
nette majorité – 529 000 voix, contre 453 000 pour
le « oui », se sont opposées à la ratification du traité
européen. Ce résultat inattendu du référendum – les
sondages avaient mis en évidence l’existence d’une
majorité favorable au traité – rend en principe inopérant le texte conclu par les Quinze en décembre
dernier pour réformer les institutions de l’Union
européenne dans la perspective de son élargissement à des pays d’Europe centrale et de l’Est. Le
traité de Nice doit en effet d’être ratifié par les 15 pays
membres de l’UE d’ici à la fin de 2002 pour entrer en
vigueur.
Ce rejet irlandais constitue incontestablement un
revers pour l’UE, dans l’optique de son passage prochain de 15 à 27 membres, mais il pourrait n’être que
temporaire. Avant le référendum, le Premier ministre
Bertie Ahern avait pris soin de préciser que son gouvernement organiserait une nouvelle consultation si
le « non » devait l’emporter.
L’Eire, qui fait traditionnellement partie des États les
plus pro-européens, est le seul pays membre de
l’Union obligé de soumettre le traité à la consultation
référendaire, avant le vote des Oireachtas (les deux
chambres réunies du Parlement).
Iran
Large succès de Khatami
Le président sortant Mohammad Khatami obtient
la majorité absolue face aux neuf candidats conservateurs, avec plus de 19 millions de voix, la majorité
absolue étant à 17,5 millions. Ce résultat doit beaucoup à la forte mobilisation – 80 % – des électeurs
iraniens, qui démontre l’imposant soutien populaire
dont jouit le programme de réformes et de développement des libertés civiles en Iran de Mohammad
Khatami, bien que les pouvoirs présidentiels demeurent limités en Iran. Lors de la présidentielle de
1997, Mohammad Khatami avait remporté le scrutin
avec 70 % des suffrages. Selon lui, l’Iran pourrait évoluer vers une « démocratie islamique », laissant plus
de place à des libertés civiles inspirées des démocraties occidentales : « Tout le monde devrait essayer (de
promouvoir) l’indépendance, la liberté et le progrès,
sur la base de la culture iranienne et de l’identité islamique », a-t-il déclaré.
9
Italie
Désignation du gouvernement
de Berlusconi
Le chef de la droite italienne Silvio Berlusconi a présenté le 59e gouvernement de l’après-guerre dans la
péninsule, une équipe où figurent ses conseillers de
longue date mais aussi ses différents alliés politiques.
Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, obtient neuf
ministères. L’Alliance nationale, ancien parti néofasciste, hérite de quatre portefeuilles et de la vice-présidence du Conseil, confiée à son chef Gianfranco
Fini, qui n’avait encore participé à aucun gouvernedownloadModeText.vue.download 66 sur 518
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ment. Trois postes reviennent par ailleurs à la Ligue
du Nord, dont Umberto Bossi, ministre des Réformes
institutionnelles.
10
Tennis
Kuerten et Capriati vainqueurs
à Roland-Garros
Le Brésilien Gustavo Kuerten, vainqueur en 1997 et
en 2000, remporte pour la troisième fois les Internationaux de France au détriment de l’Espagnol Alex
Corretja, 6-7 (3/7), 7-5, 6-2, 6-0, en 3 heures 12 minutes. Avec cette victoire, il égale le Français René
Lacoste, le Suédois Mats Wilander et l’Américain
Ivan Lendl, également trois fois vainqueurs, le record
appartenant au Suédois Bjorn Borg, qui totalisa six
victoires entre 1974 et 1981. Âgé de vingt-quatre
ans, il devance désormais Agassi à la première place
du Championnat ATP 2001. Chez les dames, l’Américaine Jennifer Capriati succède à Mary Pierce en
battant la Belge Kim Clijsters en trois sets 1-6, 6-4,
12-10 en 2 heures 21 minutes. Capriati est toujours
en lice pour le grand chelem en 2001, puisqu’en janvier elle s’était imposée à l’Open d’Australie. Elle est
la première Américaine à remporter Roland-Garros
depuis Chris Evert-Lloyd en 1986.
11
France
Congé paternel de deux semaines
Lionel Jospin annonce l’allongement du congé de
paternité de trois jours à deux semaines rémunéré à
la naissance de l’enfant. Calqué sur le congé de maternité, ce congé de paternité sera indemnisé à hauteur de 80 % du salaire brut dans la limite du plafond
de Sécurité sociale (14 950 F bruts). Ce nouveau droit
pour les hommes, qui sera facultatif, destiné à leur
faire prendre conscience que la paternité commence
dès le plus jeune âge, constitue la mesure phare de
la Conférence de la famille réunie autour de Lionel
Jospin à Matignon. Cette conférence annuelle a pour
objectif de démontrer que la politique familiale n’est
pas l’apanage de la droite.
13
France
Adoption du texte de loi sur l
es licenciements
Le projet de loi sur la modernisation sociale est
adopté en deuxième lecture à l’Assemblée nationale.
Le texte a recueilli 304 voix (PS, PCF et radicaux de
gauche) contre 253 (RPR, UDF, DL et le Mouvement
des citoyens). Les Verts se sont abstenus. La majorité plurielle a ainsi évité une crise grave. Après deux
semaines de négociations et une interminable partie
de bras de fer, Élisabeth Guigou était enfin parvenue
à un compromis avec le groupe communiste sur le
volet « licenciement » du projet. Le gouvernement a
accepté de reprendre quasiment telle quelle la définition du PCF du licenciement économique. Désormais, pour être considérée comme licenciement
économique, une suppression d’emploi devra être
consécutive à des difficultés économiques « sérieuses
n’ayant pu être surmontées par tout autre moyen », à
des mutations technologiques « mettant en cause la
pérennité de l’entreprise » ou à des nécessités de réorganisation « indispensables à la sauvegarde de l’activité » de l’entreprise.
14
Algérie
Manifestation de masse à Alger
Environ 600 000 personnes défilent contre la répression en Kabylie et pour la démocratie, paralysant le
centre d’Alger. Les forces de police ont réprimé sans
ménagement les manifestants – la police aurait tiré
à balles réelles sur la foule – et les affrontements ont
fait quatre morts et 946 blessés. Le 19, le gouvernement suspend « jusqu’à nouvel ordre » les marches des
Kabyles à Alger.
15
Suède
Violents affrontements à Göteborg
Alors que le Conseil européen de Göteborg en Suède
s’ouvre en présence des chefs d’État et de gouverdownloadModeText.vue.download 67 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
65
nement de l’UE, de violents affrontements opposent
des centaines de manifestants écologistes et antimondialisation aux forces anti émeutes non loin du
centre de conférences.
Quelque 25 000 manifestants s’étaient donné rendezvous dans cette ville côtière à 500 km au sud-ouest
de la capitale suédoise, manifestant pour un vaste
éventail de causes, depuis l’opposition à l’intégration
européenne et les violations des droits de l’homme
en Iran jusqu’à la dénonciation du refus américain de
ratifier le protocole de Kyoto définissant les mesures
à prendre pour lutter contre le réchauffement de la
planète.
France
Dépôt de bilan de la compagnie
aérienne AOM
La direction d’AOM-Air Liberté annonce qu’elle a
déposé le bilan de la compagnie auprès du tribunal
de commerce de Créteil. « Malgré de très nombreux
contacts et réunions... il n’a pas été possible d’aboutir
à une solution assurant la pérennité du groupe AOMAir Liberté dans sa configuration actuelle », indique
la direction dans son communiqué... Le président
de la compagnie a demandé à pouvoir bénéficier
de l’ouverture d’un redressement judiciaire afin de
permettre d’identifier, très rapidement, d’autres solutions de restructuration pour ce groupe. Le ministère
des Transports « désapprouve » la décision de la direction « alors même qu’il est acquis que des solutions de
continuation du pôle parisien existent ». Ce dépôt de
bilan intervient alors que le ministre des Transports
Jean-Claude Gayssot avait explicitement demandé
aux actionnaires de la compagnie de faire un effort
pour « sauver ce deuxième pôle aérien » français.
Le 19, le tribunal de commerce de Créteil décide de
placer AOM-Air Liberté ainsi que quatre de ses filiales
en redressement judiciaire avec une période d’observation de trois mois assortie d’un gel des créances
contractées avant le 15 juin. AOM peut désormais
poursuivre son activité et sa recherche de repreneurs
sous le contrôle de la justice, sans être obligatoirement vendue dans l’immédiat.
Une construction européenne en
perte de légitimité ?
Le « non » irlandais à la ratification du
traité de Nice et les violences qui ont
davantage marqué le sommet de Göteborg
que son maigre bilan politique risquent de
peser sur la dynamique de l’élargissement
de l’Union européenne.
La construction européenne, telle que les
Quinze ont imaginé de la poursuivre à Nice,
survivra-t-elle à ce mois de juin paroxystique ?
« Non » ont répondu les Irlandais appelés à se
prononcer par référendum le 8 juin, quant à la ratification du traité sur l’élargissement de l’Union
européenne. Une semaine après ce vote de sanction, près de 15 000 militants « antimondialisation » sont également venus, lors du sommet des
15 et 16 juin à Göteborg en Suède, manifester
pacifiquement, pour la plupart, leurs inquiétudes face à une « Europe coupée des citoyens ».
Des forces de l’ordre débordées
Mais le monde entier a aussi pu contempler
le triste spectacle d’échauffourées survenues
entre des groupes de « casseurs » et des forces
de l’ordre débordées. Bilan : une quarantaine
de blessés – l’un d’entre eux grièvement par les
balles d’un policier, des centaines de commerces
saccagés et pillés. À Göteborg, l’Europe ne pouvait donner d’elle-même image plus catastrophique : celle de dirigeants démocratiquement
élus obligés de se barricader face à la rue pour
faire avancer ce que les « europhiles » considèrent comme le seul projet politique capable
de proposer une alternative démocratique et
sociale à une mondialisation économique débridée et souvent brutale.
Un projet que ne refusent d’ailleurs pas, en tant
que tel, les électeurs de Dublin comme les manifestants de Göteborg. Il n’y avait pas d’europhiles
plus convaincus que les Irlandais. Les électeurs
qui se sont déplacés le 8 juin estiment que l’élargissement et l’approfondissement programmés
de l’UE mettront fin à cet âge d’or. Il est significatif et paradoxal que les partisans du « non » se
soient surtout mobilisés autour de trois thèmes,
dont aucun n’est vraiment abordé dans le traité
de Nice : la fin de la sacro-sainte neutralité de
l’Irlande à travers son implication dans la politique de défense européenne, les projets d’harmonisation fiscale au niveau de l’Union et la
perspective pour le pays de devenir contributeur
net du budget européen en 2006. Le résultat du
référendum irlandais exprime donc autant un
égoïsme national mal placé que les inquiétudes
d’un « petit pays » devant une intégration européenne plus poussée.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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Contrairement à 1992, lorsque les électeurs danois avaient rejeté le traité de Maastricht, avant
que leur pays obtienne une clause d’exemption sur la monnaie unique et la défense européenne, il paraît difficile de modifier le traité de
Nice pour complaire aux électeurs irlandais dans
la mesure où leur vote n’a que très peu à voir
avec ce dernier. D’où la fermeté affichée par le
tandem Chirac-Schröder à Fribourg le 12 juin : le
« non » irlandais ne changera rien au calendrier
de l’élargissement.
Les discussions de Göteborg se sont ouvertes
dans ce climat délétère et n’ont pas apporté de
véritables solutions.
La présidence Scandinave avait fait de l’élargissement sa principale priorité et caressait l’espoir
d’arracher un accord sur une date butoir pour
la fin des négociations, fixée à la fin 2002. Une
ambition contrecarrée par des pays comme la
France et l’Allemagne au motif qu’il serait péremptoire de fixer une telle échéance pour un
objectif politique incertain : nul ne sait, en effet,
si les pays candidats seront effectivement prêts
à cette échéance, alors que les négociations
agricoles – certainement les plus ardues – n’ont
même pas débuté. Une situation que reflètent
les ambiguïtés contenues dans la déclaration
finale du Conseil européen, qui précise que « les
négociations pourraient être clôturées d’ici la fin
2002 pour les pays candidats qui sont prêts », sans
toutefois préciser ce qu’il entend par « prêts »,
Lionel Jospin et le chancelier Gerhard Schröder
ont eu beau souligner que cette formulation ne
signifie en aucun cas que 2002 constitue « une
date butoir », le Premier ministre tchèque Milos
Zeman et son homologue polonais Jerzy Buzek
ont visiblement compris le contraire, ce dernier
s’estimant désormais en mesure de « mentionner
aux [Polonais] une date avant laquelle l’UE entend
achever les négociations, ce qui pourra aider à la
compréhension ».
Un « grand débat public » ?
Les Irlandais seront-ils aussi compréhensifs ?
De Göteborg, les « Quatorze » leur ont adressé
un message, lui, sans ambiguïté : pas question
de revenir sur le processus de ratification du
traité de Nice. Le Premier ministre Bertie Ahern
est donc reparti avec l’assurance que le Conseil
européen l’assisterait « par tous les moyens possibles » pour trouver une issue. Les Irlandais seront donc rappelés à voter sur le traité, a priori
en l’état, autour de la fin 2002. Et cette fois, le
Premier ministre irlandais a promis d’organiser une vraie campagne, par le lancement d’un
grand forum national où tout un chacun pourra
s’exprimer. Seul électorat populaire parmi les
Quinze à avoir été consulté sur le traité de Nice,
les Irlandais seront peut-être, ainsi, les premiers
à ouvrir le « grand débat public sur l’avenir de
l’Europe » censé combler le fameux « déficit
démocratique » dont l’Union a tant de mal à se
départir.
EMMANUEL CHICON
LE FLEGME EMBARRASSÉ DE LA POLICE
SUÉDOISE
« C’est très dangereux, vous auriez pu tuer des
gens » s’est ému Jacques Chirac auprès du
Premier ministre suédois Göran Persson,
après qu’un de ses policiers a tiré sur les
manifestants de Göteborg.
Haakan Jaldung, chef de la police de la ville,
n’en pas moins estimé que les 2 000 policiers mobilisés avaient « maîtrisé la situation
pendant toute la durée du sommet ». Devant
un parterre de journalistes incrédules
l’interrogeant sur la raison pour laquelle
ses hommes n’avaient pas utilisé la traditionnelle panoplie des unité antiémeutes
spécialisées pour disperser les casseurs.
M. Jaldhung a benoîtement rétorqué que
son pays ne possédait pas de canons à eau.
17
France
Assassinat d’un journaliste en Corse
Un ancien journaliste de Corse-Matin, Nicolas Giudici,
âgé de cinquante-deux ans, est retrouvé assassiné
dans un ruisseau situé à Piedigriggio, à une vingtaine
de kilomètres au nord de Corte (Haute-Corse). Les enquêteurs privilégient l’hypothèse d’une affaire privée
plutôt qu’un assassinat de caractère politique.
Le journaliste, qui habitait Cannes, avait quitté la rédaction de Corse-Matin il y a quatre ans pour se consacrer à l’écriture d’un ouvrage, le Crépuscule des Corses
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
67
(Grasset), dans lequel il analysait la société insulaire et
ses dysfonctionnements.
Bulgarie
Victoire de Siméon II aux législatives
L’ex-roi de Bulgarie Siméon II est en passe de retrouver
le pouvoir après que son parti, le Mouvement national
pour Siméon II, a obtenu 43 % des suffrages lors des
élections législatives. Les électeurs ont sanctionné les
formations jusqu’ici dominantes depuis la chute du
communisme en 1989, l’Union des forces démocratiques (UFD), coalition de droite au pouvoir, et le Parti
socialiste (PSB, ex-communiste), pour leur échec face
à des questions comme la pauvreté et la corruption.
L’ancien souverain propose un programme simple :
doubler d’ici à deux ans et demi le salaire mensuel
moyen, qui équivaut à 100 dollars (760 FF/115 euros),
et lutter contre la corruption.
Il a également promis d’éliminer les déficits tout en
augmentant les dépenses publiques, suscitant ainsi la
perplexité de nombreux experts.
Le roi Siméon II, Premier ministre
de la République bulgare
Bouleversant les règles d’un jeu politique
alternant communistes repentis et réformateurs de droite, l’ex-roi Siméon II a opéré
un retour fulgurant à Sofia, à la faveur des
législatives du 17 juin.
Le 15 juillet, le président Stoïanov charge « Sa
Majesté » de former le nouveau gouvernement d’une République bulgare qu’il pourrait
engager dans un processus de transition vers
la monarchie. Entouré d’une équipe de jeunes
économistes bulgares d’Occident, le monarque
virtuel, de retour en son pays après cinquantecinq années d’un exil essentiellement espagnol,
préfère ne pas aborder le sujet et affirme se préoccuper surtout du redressement économique
d’un pays en proie à une crise persistante.
Une victoire électorale sans partage
Après cinquante-cinq années d’exil, le roi Siméon II a opéré un retour en force sur la scène
politique bulgare à la faveur des législatives du
17 juin qui le consacrent un mois plus tard Premier ministre de la République bulgare.
L’enfant-roi chassé à l’âge de neuf ans par les
communistes fait, à l’âge de soixante-quatre ans,
figure d’enfant prodigue pour un électorat bulgare qui semblait l’attendre comme le messie,
alors que la difficile sortie du communisme s’accompagne d’une crise économique persistante
que les gouvernements qui se sont succédé
dans la dernière décennie ne sont pas parvenus
à endiguer.
Il n’aura fallu que quelques semaines à Siméon
de Saxe-Cobourg-Gotha pour faire son entrée
théâtrale en politique dans le rôle de l’impromptu de Sofia, et transformer ce qui n’était encore
qu’une rumeur au début de l’année en une victoire électorale sans partage. Se posant en « outsider » de la campagne électorale, Siméon II n’a
hissé ses couleurs dans le prisme politique qu’en
avril, en entrant en lice à la tête du « Mouvement
national Siméon II », qui se raccrochera à deux
petites formations politiques pour pouvoir participer au scrutin faute d’avoir pu se faire enregistrer. Ce qui d’ailleurs a permis à l’ex-roi de se
poser aussi en victime d’une classe politique
qu’il accuse de vouloir l’exclure par crainte de
son retour annoncé en janvier par son entourage et amplifié par les médias. Résidant en
Espagne, Siméon II n’avait alors aucune dimension politique ; les spéculations de la presse et
des analystes politiques se chargeront de le propulser au-devant de la scène publique et de lui
tailler l’étoffe d’un dirigeant sinon encore d’un
monarque, en posant la question de son éligibilité à la présidence de la République. Lancinante,
la question est finalement posée par un groupe
de députés à la Cour constitutionnelle, dont la
réponse est négative, la Constitution stipulant
que tout candidat doit avoir vécu en Bulgarie
pendant au moins cinq ans avant la date des
élections.
Depuis Madrid où il observe l’évolution de son
image dans l’opinion, Siméon II estime la situation mûre pour rompre le silence lors d’une
conférence de presse le 10 février à Sofia, où il
accuse les autorités de le « priver de la possibilité
de se présenter à l’élection présidentielle » dans
un pays dont il rappelle qu’il a été « chassé » et
prend dès lors date pour les législatives.
La stratégie consistant à jouer sur les deux tableaux de l’homme providentiel au-dessus des
partis et de la victime de l’Histoire s’est avérée
payante dans les urnes : avec 43 % des suffrages,
le « Mouvement national Siméon II » devance largement la droite et les socialistes, qui recueillent
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
68
respectivement 18 % et 17 %. Avec deux mois à
peine d’existence, l’équipe improvisée autour de
l’ex-roi est promue première formation du Parlement, dont elle occupe 120 sièges, à une voix
de la majorité absolue. Une victoire éclatante,
qui montre que la campagne-éclair de l’ex-monarque a surmonté les clivages partisans, faisant
le plein des voix au détriment des partis institués
dans tous les secteurs de la société, depuis les
« nouveaux pauvres », plus réceptifs au discours
de Siméon II, jusqu’aux diplômés de l’enseignement supérieur, plus réservés, dans toutes les
tranches d’âges et dans toutes les régions du
pays, sauf deux districts peuplés majoritairement de Turcs ayant voté pour le parti qui les
représente.
Un pari risqué
Icône d’un passé idéalisé, Siméon II a séduit
les électeurs bulgares, revenus d’autres nostalgies moins lointaines qui n’ont pas porté les
fruits espérés. Entouré d’une équipe de jeunes
Bulgares, rompus à la banque et aux finances,
venus des États-Unis et de Grande-Bretagne et
qui ne se sont pas compromis dans les arcanes
de la politique bulgare contemporaine, l’ex- (ou
futur) roi, lui-même économiste de formation,
promet de mettre sur pied un gouvernement
d’experts capable de redresser la situation
économique.
Le 15 juillet, le président Petar Stoïanov le
charge sans enthousiasme de prendre la relève
du Premier ministre sortant de droite Kostov et
de former le nouveau gouvernement, non sans
adresser une mise en garde publique contre
les « belles promesses et les illusions » risquant
de « remettre en cause tous les acquis ». Car la
société bulgare devra juger sur les actes et non
sur l’hérédité le nouveau chef du gouvernement, dont la campagne n’a guère aidé à cerner
des idées et un programme plutôt nébuleux qui
ne diffère pas vraiment des programmes de ses
adversaires : même engagement en faveur de
l’adhésion à l’UE et à l’Otan, de la poursuite des
réformes en vue d’une libéralisation maîtrisée
qui en réduit le coût social, mais accompagnée
de mesures de choc destinées à revitaliser l’éco-
nomie sur laquelle pèse le poids de la dette
(1,2 milliard de dollars de remboursement cette
année). Siméon II a donc pris un pari risqué
en revêtant l’habit de Premier ministre pour
retrouver le chemin du trône, si toutefois tel
est son objectif, qu’il a eu d’ailleurs la prudence
de ne jamais afficher. Alors que les électeurs
bulgares se rendront à nouveau aux urnes à la
fin de l’année pour élire leur président, il devra
faire ses preuves à la tête d’un gouvernement
qui ne lui ouvre sans doute pas la voie royale
vers le trône.
GARI ULUBEYAN
UN ROI ATYPIQUE
Siméon a six ans en 1943 quand son père,
le roi Boris, meurt dans des circonstances
troubles au lendemain d’un convocation
par Hitler qui exigeait sa collaboration,
et lui laisse le trône. En 1946, il devra le
quitter, et, avec lui, la Bulgarie, où les soviéto-communistes au pouvoir abolissent
la monarchie, pour prendre le chemin de
l’exil avec sa mère, Giovanna de Savoie.
L’enfant-roi verra beaucoup de pays, dont
l’Egypte, avant de se fixer en Espagne où
ses diplômes d’économie lui valent d’occuper des postes d’administrateur dans
plusieurs grandes sociétés. À Madrid, il
se lie d’amitié avec le roi Juan Carlos, faisant partie comme lui et la plupart des
familles royales d’Europe de la lignée des
Saxe-Cobourg-Gotha.
18
France
Décès de René Dumont
L’agronome et écologiste René Dumont, premier
candidat écologiste à une élection présidentielle,
décède à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans, a-t-on
appris ce lundi auprès des Verts. En 1974, il avait
obtenu au premier tour 1,32 % des voix, et n’avait
appelé officiellement à voter pour aucun des deux
candidats au second tour. Mais il avait indiqué que,
à titre personnel, il voterait pour François Mitterrand.
Pacifiste et spécialiste du développement durable
dans le tiers-monde, il a notamment publié en 1962
l’Afrique noire est mal partie. Il avait récemment choisi
de soutenir le député européen Alain Lipietz, contre
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
69
Noël Mamère, à la candidature des Verts à l’élection
présidentielle de 2002.
20
France
Alain Lipietz, candidat des Verts
à l’Élysée
Le député européen Alain Lipietz, proche de Dominique Voynet, devance légèrement Noël Mamère
– 50,2 % des voix des militants – lors du deuxième
tour des premières primaires organisées pour la désignation du candidat des Verts à la présidentielle de
2002. Il a aussitôt proposé à Noël Mamère de devenir
son principal porte-parole de campagne. Au premier
tour des primaires le 18 mai dernier, Noël Mamère
s’était imposé avec 42,8 % des voix contre 25,7 %
pour Alain Lipietz.
21
Musique
Mort de John Lee Hooker
Le vétéran du blues John Lee Hooker décède à l’âge
de quatre-vingt-trois ans de causes naturelles dans sa
maison de Californie. Au cours de soixante années de
carrière, il a enregistré une centaine d’albums et des
milliers de chansons, parmi lesquelles « Boom Boom »
et « Boogie Chilien » en 1948, vendue à un million
d’exemplaires, un record pour l’époque.
22
France
Dix-huit ans de réclusion pour
l’instituteur pédophile
Après huit jours d’audience, l’ancien instituteur
Jacques Kaisersmertz, qui a été reconnu coupable
de viols sur un mineur de quinze ans par personne
ayant autorité et de neuf cas d’agressions sexuelles
sur enfants, est déclaré coupable par la cour d’assises
de la Nièvre et condamné à dix-huit ans de réclusion
criminelle. Les agissements pédophiles de l’instituteur de Cosne-sur-Loire (Nièvre), également entraîneur des jeunes gymnastes du club sportif local, se
sont poursuivis pendant près de trente ans, de 1967
à 1997. Au total 72 victimes ont été recensées, mais
la plupart des faits ont été prescrits.
23
France
Gay Pride à Paris
La traditionnelle Gay Pride, grand défilé annuel des
homosexuels, à la fois revendicatif et festif, réunit
500 000 personnes à Paris. La Lesbian & Gay Pride
(LGP), qui regroupe les associations organisant le
défilé, a pour mot d’ordre : « Hétéros, homos, tous
ensemble contre les discriminations. » Elle demande
notamment la pénalisation des propos homophobes
tenus à rencontre d’un individu ou des homosexuels
en général, et pas uniquement sur le lieu de travail. La
LGP souhaite en outre que « l’adoption soit accessible
à tous les couples », y compris de même sexe, que
« la France accorde l’asile aux personnes persécutées
pour leur orientation sexuelle, et qu’elle garantisse un
titre de séjour aux couples de même sexe ».
Vatican
Jean-Paul II en Ukraine
Le pape Jean-Paul II effectue une visite de cinq jours
en Ukraine. Soulignant qu’il n’est pas venu faire de prosélytisme, il s’efforce d’apaiser les tensions religieuses
suscitées par son voyage dans un pays où l’Église
orthodoxe est majoritaire mais qui compte quelque
cinq millions d’uniates, des catholiques de rite grec
orthodoxe prêtant allégeance au pape, et environ un
million de catholiques romains. Célébrant une messe
à Lviv, dans l’ouest du pays, la plus polonaise et la
plus catholique des villes d’Ukraine, devant quelque
600 000 fidèles, Jean-Paul II appelle au pardon pour les
mauvaises actions commises contre la foi au nom de
l’athéisme par les dirigeants soviétiques.
L’intégration forcée par Staline des uniates (catholiques
de rite grec orthodoxe) dans l’orthodoxie a laissé de
profonds stigmates dans la région. Le 27, un million de
fidèles assistent à une « liturgie divine » du pape à Lviv,
lors du dernier jour de sa visite en Ukraine, destinée à
tenter de rapprocher catholiques et orthodoxes.
Yougoslavie
Transfert de Milosevic à La Haye
Le gouvernement serbe annonce qu’il a entamé le
processus de transfèrement de Slobodan Milosevic
devant le Tribunal pénal international de La Haye où
il doit être jugé pour crimes contre l’humanité comdownloadModeText.vue.download 72 sur 518
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70
mis au Kosovo pendant la guerre de 1998-1999. Slobodan Milosevic, qui a été arrêté le 1er avril dans sa
résidence de Belgrade, est incarcéré depuis à la prison centrale de la ville, pendant la durée de l’enquête
de la justice yougoslave sur des actes de corruption
et d’abus de pouvoir. L’extradition vers La Haye des
criminels de guerre présumés s’avère urgente pour
les nouvelles autorités yougoslaves : les États-Unis
ont fait de la coopération de Belgrade avec le TPI une
condition pour leur participation à une conférence
des pays donateurs, le 29 juin à Bruxelles. Selon le
Premier ministre serbe Zoran Djindjic, la Yougoslavie
n’a pas d’autre choix que celui de livrer Milosevic ou
de faire face à l’isolation internationale et à un gel des
aides financières. Le 29, Slobodan Milosevic arrive à
La Haye où il est remis au TPI. Le lendemain, les pays
donateurs s’engagent à Bruxelles à verser 1,28 milliard de dollars (13,9 milliards de francs) à la République fédérale de Yougoslavie cette année.
Belgrade envoie Milosevic sur le
banc des accusés à La Haye
Après neuf moi de tergiversations, la Yougoslavie accepte de livrer Slobodan Milosevic au TPI de La Haye, où il comparaît pour
une première audience le 3 juillet.
Si ce transfert expéditif provoque une crise
politique à Belgrade, soulignant les désaccords entre le président Kustunica, favorable à
un procès de Milosevic en Serbie, et le Premier
ministre serbe Djindjic, maître d’oeuvre de son
extradition, la population serbe semble en général indifférente et pressée de reconstruire le pays
en tournant la page d’une histoire peu glorieuse.
Menottes aux mains
Le 28 juin, les téléspectateurs de Serbie et du
monde entier ont pu voir les images insolites
d’un Slobodan Milosevic traîné menottes aux
poignets dans la prison de Scheweningen du TPI
de La Haye où il est arrivé dans la nuit, aussitôt
après que le gouvernement de Zoran Djindjic
eut décidé de le livrer.
Une fin de parcours chargée de ces symboles
que l’ex-président yougoslave âgé de cinquanteneuf ans, battu aux élections de septembre 2000
après avoir exercé un pouvoir sans partage
durant treize années, voyait se retourner contre
lui, lui qui en avait fait son fonds de commerce
nationaliste. Par une ironie, bien calculée, de
l’histoire, Milosevic a été livré au TPI le jour de
la fête de Vidovdan et date emblématique de
l’histoire du peuple serbe, dont elle symbolise la
résistance et la renaissance depuis ce 28 juin de
l’an 1389 qui vit le prince Lazare perdre une bataille décisive à Kosovo Polje (Champ des Merles)
face aux Ottomans.
C’est sur le site de ce champ de bataille que Milosevic avait gagné, douze ans avant, ses galons de
leader nationaliste.
Minés par des difficultés économiques dues en
grande part à l’ostracisme auquel le maintien
en Serbie de l’ex-président inculpé par le TPI
condamnait leur pays, les Serbes s’étaient prépares à la perspective d’un transfert de Milosevic depuis son arrestation le 1er avril à Belgrade,
où il attendait d’être jugé pour abus de pouvoir
et malversations. Une distance judiciaire et politique énorme séparait pourtant la prison centrale de Belgrade de celle de La Haye, et Zoran
Djindjic n’a pas hésité à la franchir, malgré l’opposition du président Vojislav Kustunica. Car ce
dernier a eu beau dire, depuis son élection, que
Milosevic « n’est pas une priorité » pour lui, il ne
s’en est pas moins imposé comme une encombrante « priorité » pour le pays, compromettant
ses relations avec l’Occident et ses perspectives
de développement économique, toujours conditionnées, malgré la démocratisation en cours,
par une collaboration avec le TPI.
Pressions financières
Alors que, le 25 janvier, Kustunica opposait
une fin de non-recevoir à la demande d’extradition formulée par le procureur du TPI, Carla
Del Ponte, en visite à Belgrade, le ministre de la
Justice évoque déjà une « loi sur la coopération »
avec le TPI. Dans le même temps, la pression
financière s’accroît sur la Yougoslavie, et l’arrestation de Milosevic au terme d’un assaut contre
sa résidence de Belgrade est saluée le lendemain
par une aide américaine de 50 millions de dollars ; un appât lancé par le principal bailleur de
fonds qui se dit prêt à donner bien davantage si
Milosevic est livré. Le 9 mai, lors de sa première
visite à Washington, Kustunica se montre plus
enclin à coopérer avec le TPI. Reste à faire voter
le projet de loi gouvernemental en ce sens par le
Parlement, où la DOS, qui ne dispose que d’une
majorité relative, se heurte le 19 juin à l’opposidownloadModeText.vue.download 73 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
71
tion du Parti socialiste populaire (SNP, monténégrin), proche de Milosevic.
Retiré du Parlement, le texte est adopté par
décret le 23 juin par le gouvernement, qui joue
une course contre la montre avec la conférence
prévue le 29 juin à Bruxelles des bailleurs de
fonds de la Yougoslavie. C’est à la veille de cette
conférence que Milosevic est livré à La Haye par
les autorités yougoslaves, qui passeront outre
l’avis de la Cour constitutionnelle. Mais cette
entorse à la Constitution ne jettera dans la rue
que quelques milliers de manifestants, pour
soutenir Milosevic. Sans doute le sentiment estil répandu à Belgrade que l’ancien président
a été acheté par Washington et le caractère
expéditif de son transfert provoquera une crise
politique. Mais, pour la majorité des Serbes,
Milosevic appartient à un passé peu glorieux
qu’il faut oublier et qui a plongé leur pays dans
la misère. Le TPI ne devrait donc pas ériger en
martyr ni en défenseur de la cause serbe Milosevic, qui y comparaissait pour la première fois
le 3 juillet pour plaider non coupable. Mais les
Serbes auraient tort de considérer la prison de
La Haye comme des oubliettes. Chaque minute à
venir d’un procès dont l’acte d’accusation a été
élargi de la guerre du Kosovo à celles de Bosnie
et de Croatie devrait leur rappeler un passé dont
ils ne peuvent se considérer comme les seules
victimes, comme le leur ont d’ailleurs signifié les
images des charniers de civils albanais exhumés
près de Belgrade. Mais encore faut-il qu’après les
bombardements de l’OTAN, la diabolisation et
l’embargo, et aujourd’hui le travail de mémoire,
la conscience collective serbe réconciliée avec
elle-même et avec le monde ne sorte pas trop
meurtrie d’une justice internationale embryonnaire qui a évité les fourches caudines à tant
d’autres dirigeants déchus ou en exercice... La
politique des deux poids deux mesures que sont
soupçonnés d’appliquer les puissances occidentales et en tout premier lieu les États-Unis n’a
pas fini de hanter aussi la salle d’audience de La
Haye, théâtre d’une justice soupçonnée d’être
trop sélective...
GARI ULUBEYAN
MILOSEVIC... ET LES AUTRES
Le décret relatif à la coopération avec le
TPI ne concerne pas le seul Milosevic. Il
ouvre la voie à une série d’extraditions visant aussi des « étrangers », autrement dit
ceux des 38 criminels de guerre en fuit inculpés par le TPI et qui ont sévi dans Republika Srpska (République serbe de Bosnie),
comme Radovan Kardzik ou Ratko Mladic.
Aussitôt après Belgrade, les autorités de la
République serbe de Bosnie ont d’ailleurs
annoncé leur intention de coopérer avec
La Haye. Belgrade assure être en mesure
de livrer 16 autres criminels de guerre.
C’est notamment le cas du président de
Serbie Milan Milutinovic.
24
Pérou
Puissant séisme
Un puissant tremblement de terre secoue le sud du
Pérou, faisant au moins 50 morts, plus de 800 blessés et 10 disparus, selon un bilan officiel. Ce séisme
a été ressenti dans le nord du Chili, où au moins
30 personnes ont été blessées, et jusqu’en Bolivie.
Selon le centre d’information sismologique de l’Institut d’études géologiques américain à Golden dans
le Colorado, le séisme a atteint une magnitude de
7,9. Au moins 20 répliques ont été signalées au Pérou.
25
France
Relaxe pour Tabachnik
Le tribunal correctionnel de Grenoble prononce la
relaxe du chef d’orchestre franco-suisse Michel Tabachnik dans le procès du Temple solaire, dont il était
le seul inculpé. Poursuivi pour « participation à association de malfaiteurs », ce dernier était accusé d’avoir
été l’un des inspirateurs de suicides et de meurtres
rituels de plus de 74 personnes au Canada, en Suisse
et en France au sein de la secte de l’ordre du Temple
solaire (OTS), entre 1994 et 1997.
26
France
Le gouvernement renonce à la
réglementation sur les raves
La Commission des lois de l’Assemblée nationale
rejette le texte visant à réglementer les « raves-pardownloadModeText.vue.download 74 sur 518
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72
ties », désavouant le ministre de l’Intérieur Daniel
Vaillant qui soutenait cette mesure. Celle-ci avait suscité un tollé chez les amateurs de musique techno,
qui la jugent « liberticide ». Adopté par le Sénat le
30 mai dernier, l’amendement Mariani soumettait les
« free-parties » à une « déclaration préalable » auprès
de la préfecture. En cas de non-déclaration ou de
violation d’une éventuelle décision d’interdiction, la
police était autorisée à saisir le matériel de sonorisation pour une durée de six mois.
Le groupe PS de l’Assemblée nationale avait confirmé son opposition à toute « réponse législative »
pour encadrer ces manifestations. Le 28, l’Assemblée
nationale supprime, par 30 voix contre 19, l’amendement Mariani sur les « raves-parties » visant à réglementer les fêtes techno.
29
France
Le Parlement approuve le traité de Nice
La France est le deuxième État membre de l’Union
européenne, après le Danemark, à ratifier le traité de
Nice. Après l’Assemblée nationale, qui avait adopté le
même projet de loi de ratification par 407 voix contre
27 et 113 abstentions, le Sénat autorise, par 288 voix
contre 8, la ratification définitive du texte négocié en
décembre 2000 sous présidence française et signé le
26 février dernier par les Quinze.
Télévision
Dernière de l’émission « Bouillon de
culture »
Bernard Pivot présente sur France 2 son dernier
« Bouillon de culture ». Après un quart de siècle de
présence à la télévision, Bernard Pivot met un terme
à sa dernière émission littéraire hebdomadaire, jugeant que la formule est « un peu épuisée ». La 407e
et dernière émission de « Bouillon » réunit une douzaine d’invités de choix, dont Jean D’Ormesson –
recordman des passages chez Pivot –, Erik Orsenna,
Amélie Nothomb, Fabrice Luchini, Isabelle Huppert,
Denise Bombardier, Patrick Rambaud, Georges Charpak, Jean Tulard, Annie Cohen-Solal, Gilles Lapouge.
La succession de celui qui a fait entrer les livres
dans d’innombrables foyers est ouverte : parmi les
prétendants, on avance avec insistance le nom de
Guillaume Durand.
Ce dernier devrait lui succéder dès l’automne en
animant à son tour une émission littéraire hebdomadaire sur la chaîne publique.
Juillet
1
Irlande du Nord
Démission de David Trimble
Le chef de l’exécutif autonome de l’Irlande du Nord
David Trimble quitte ses fonctions. Cette démission, qui survient après de nouveaux affrontements
violents entre militants catholiques et protestants,
aggrave la crise en Irlande du Nord, risque de raviver les rivalités communautaires et menace une nouvelle fois le fragile édifice politique né des accords du
Vendredi saint. Conclus le 10 avril 1998 au château
de Stormont, à Belfast, ces accords ont notamment
ouvert la voie à la création d’un exécutif semi-autonome, dont M. Trimble était le chef, ainsi qu’à une
assemblée législative regroupant les élus de l’UUP, les
radicaux protestants du DUP menés par le révérend
Ian Paisley, les catholiques modérés du SDLP et le
Sinn Féin. Entre février et mai 2000, Londres avait été
contraint de suspendre les institutions autonomes
de l’Irlande du Nord afin de calmer une UUP excédée
par l’absence d’engagements clairs de l’IRA. David
Trimble avait reçu le prix Nobel de la paix en 1998
pour les efforts qu’il avait produits afin de mener les
protestants vers le compromis.
2
France
Chirac peut être entendu comme
« témoin assisté »
Selon le procureur de la République de Paris JeanPierre Dintilhac, dans son rapport transmis au procureur général de la cour d’appel de Paris, « rien ne
s’oppose » juridiquement à l’audition de Jacques
Chirac comme témoin assisté dans l’affaire des
voyages privés qui avaient été payés en liquide. Le
22 juin dernier, trois juges d’instruction parisiens –
Armand Riberolles, Marc Brisset-Foucault et Renaud
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
73
Van Ruymbeke –, qui enquêtent sur l’affaire des
marchés publics d’Île-de-France, ont transmis au
parquet de Paris des informations concernant une
vingtaine de voyages privés effectués par Jacques
Chirac entre 1992 et 1995 alors qu’il était maire de
Paris, voyages dont les billets avaient été réglés en
liquide, pour un montant de 2,4 millions de francs.
L’Élysée indique que ces voyages ont été payés
grâce aux fonds secrets que perçoivent les ministres.
Les trois juges d’instruction parisiens demandaient
au procureur Jean-Pierre Dintilhac quelle suite ils
devaient donner à ce dossier, compte tenu du statut pénal du chef de l’État. Le procureur de la Répu-
blique de Paris estime, par ailleurs, que l’audition de
Jacques Chirac n’est pas indispensable dans l’immédiat dans l’affaire des marchés présumés truqués
d’Île-de-France.
7
France
Accident meurtrier à Strasbourg
Onze personnes sont tuées et quatre-vingt-quinze
blessées par la chute d’un arbre près de Strasbourg,
à la suite de fortes intempéries qui ont frappé
l’Alsace, mais aussi d’autres régions de France.
L’accident s’est produit dans le parc du château de
Pourtalès, à la périphérie nord de Strasbourg, où
un platane déraciné par une violente bourrasque
de vent lors d’un orage s’est abattu vers 22 heures
sur des spectateurs qui assistaient à un concert
de chansons yiddish et s’étaient réfugiés sous une
tente de fortune.
Angleterre
Émeutes raciales dans le nord de
l’Angleterre
Des affrontements éclatent entre des militants
d’extrême droite et des jeunes d’origine indienne
et pakistanaise dans les rues de Bradford, ville du
nord de l’Angleterre, faisant de nombreux blessés
parmi civils et policiers. Ils font suite à une manifestation de la Ligue antinazie pour protester contre
une parade du Front national, une organisation
d’extrême droite opposée à la présence des étrangers. Le ministre britannique de l’Intérieur David
Plunkett condamne les émeutiers, soulignant
qu’ils portent un coup à leur propre communauté.
Des violences similaires se sont produites au cours
des dernières semaines à Oldham, à Leeds et à Burnley, villes du nord de l’Angleterre où règnent de
fortes tensions raciales.
9
France
Validation du couvre-feu pour les moins
de treize ans
Le Conseil d’État juge légale la mesure de couvre-feu
entre 23 heures et 6 heures, concernant les mineurs
de moins de treize ans, décidée par la municipalité
RPR d’Orléans dans trois quartiers de la ville afin d’y
limiter les actes de délinquance. Il avait été saisi en
référé par le préfet de région Centre et du Loiret
Patrice Magnier, qui estimait que l’arrêté était illégal
car « portant atteinte à la liberté d’aller et venir ». La
ministre déléguée à la Famille et à l’Enfance Ségolène Royal approuve cette mesure, avec quelques
réserves : « Tout dépendra des mesures d’accompagnement, du travail qui sera entrepris pour requalifier les
parents », souligne la ministre.
Nouvelles inondations dans la Somme
De violents orages accompagnés de très fortes
pluies s’abattent sur la Somme, provoquant la crue
du fleuve du même nom qui prend sa source au sud
du département et qui s’écoule vers Amiens, et des
inondations dans 21 communes de l’est du département, notamment entre les villes de Montdidier
et d’Amiens ; 300 personnes ont dû être évacuées.
Lionel Jospin annonce le déblocage de « crédits d’urgence » pour le département de la Somme.
Football
Zidane au Real Madrid
Le joueur de football international français Zinedine
Zidane signe un contrat de quatre ans avec le prestigieux Real Madrid. Le club espagnol aurait versé
12,8 milliards de pesetas, soit environ 502 millions
de francs, pour acquérir l’international français, faisant de son transfert le plus cher de l’histoire du
football.
Corée du Sud
Tokyo accusé de révisionnisme
La Corée du Sud décide de geler ses contacts militaires avec le Japon ainsi que sa politique d’ouverture
aux biens culturels nippons en raison du refus de
Tokyo de modifier des manuels d’histoire jugés révisionnistes par Séoul et par plusieurs pays asiatiques.
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74
Le Japon fait actuellement l’objet de vives critiques
de la part de ses voisins, notamment chinois et nordcoréens, qui lui reprochent de vouloir ainsi passer
sous silence les crimes de guerre et certains aspects
de l’invasion japonaise en Asie débutée au siècle dernier. L’armée japonaise avait notamment occupé la
Corée de 1941 à 1945.
Remaniement ministériel
Député vert du Val-d’Oise depuis juin 1997, viceprésident de l’Assemblée nationale depuis cette
date, Yves Cochet est nommé ministre de l’Aména-
gement du Territoire et de l’Environnement en remplacement de Dominique Voynet. Cette dernière
souligne qu’elle ne briguera pas l’investiture des
Verts pour l’élection présidentielle, mais qu’elle sera
candidate au poste de secrétaire nationale du parti
écologiste.
11
France
Claude Chirac entendue par les
magistrats
Après plusieurs proches, parmi lesquels Maurice
Ulrich, conseiller du président, Claude Chirac, fille du
président de la République, est auditionnée comme
témoin par les juges d’instruction chargés de l’affaire
des voyages payés en liquide, Armand Riberolles
et Renaud Van Ruymbeke. Les magistrats souhaitaient entendre Bernadette et Claude Chirac après
la découverte de voyages effectués, entre 1992 et
1995, par le chef de l’État et son entourage, et payés
en liquide, pour une valeur totale de 2,4 millions de
francs.
13
Sport
Pékin ville olympique en 2008
Le Comité international olympique (CIO), réuni à
Moscou, attribue l’organisation des jeux Olympiques
2008 à Pékin. Le président chinois Jiang Zemin « remercie profondément tous nos amis à travers le monde
et le CIO d’avoir permis à la candidature de Pékin de
l’emporter ».
14
France
Réquisitoire de Chirac
Lors de son intervention du 14 juillet, le chef de l’État
critique le gouvernement, évoquant son « manque de
volonté politique », notamment en matière de justice,
d’insécurité et de croissance. En outre, il conteste la
« somme jetée en pâture » des billets d’avion payés
en liquide, invoquant des « raisons de discrétion et de
sécurité ». Il réaffirme son refus de répondre à une
convocation d’un juge, fût-ce en qualité de témoin
assisté. Réagissant à ces propos, la ministre de la Justice Marylise Lebranchu, directement mise en cause
par le chef de l’État qui a appelé le gouvernement
à « remettre de l’ordre » dans le système judiciaire,
reproche à Jacques Chirac de revenir « aux anciennes
méthodes tendant à ce que le garde des Sceaux donne
des instructions aux magistrats ». Quant au ministre de
l’Économie Laurent Fabius, il dénonce une « opération polémique » après les propos du président reprochant au gouvernement de n’avoir pas profité de la
croissance pour engager des réformes importantes.
De son côté, le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant
accuse Jacques Chirac d’avoir « manqué de rigueur et
d’objectivité » dans ses déclarations sur la délinquance
et l’insécurité.
Inde/Pakistan
Rencontre historique
Le président pakistanais Pervez Mucharraf rencontre
le Premier ministre indien Atal Bihari Vajpayee à
New Delhi, lors d’un sommet historique destiné à
trouver une solution au conflit transfrontalier qui
empoisonne les relations entre l’Inde et le Pakistan
depuis plus d’un demi-siècle. Pour le Cachemire, les
deux pays ont livré deux de leurs trois guerres depuis 1947. Depuis 1989, des séparatistes musulmans
soutenus par Islamabad combattent les troupes
indiennes dans cette région himalayenne et réclament soit l’indépendance, soit leur rattachement au
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
75
Pakistan. Le 17, les parties se séparent sur un constat
d’échec.
États-Unis
Test réussi du système antimissile
Après deux précédents essais en janvier et juillet
2000, qui s’étaient soldés par des échecs, les ÉtatsUnis réussissent le test de leur projet de bouclier antimissile MD. Une fusée interceptrice lancée depuis les
îles Marshall a ainsi détruit un missile intercontinental
Minuteman II lancé, à plus de 7 700 km de là, depuis
la base de Vandenberg (Californie). Le programme de
mise au point du système MD risque d’aggraver les
tensions avec Moscou et Pékin, qui estiment que ce
projet viole le traité ABM signé en 1972 par Washington et Moscou.
16
Chine/Russie
Traité d’amitié
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Jiang Zemin signent le premier traité
d’amitié entre la Chine et la Russie de l’ère postsoviétique. Ce traité entre les deux anciens frères ennemis
communistes est destiné à renforcer la volonté de
Pékin et de Moscou de contrebalancer l’influence
croissante des États-Unis dans le monde et de souligner leur inquiétude face au système américain de
défense antimissile. La Chine est le principal partenaire commercial de la Russie et son client numéro
un en matière de défense.
Sport
Jacques Rogge président du CIO
Le Belge Jacques Rogge, chirurgien orthopédique
âgé de cinquante-neuf ans, ancien champion de
voile et passionné de rugby, succède à Juan Antonio
Samaranch à la tête du Comité international olympique. Membre de la toute-puissante commission
exécutive depuis 1998, il y occupait des charges de
prestige, comme président de la commission de
coordination des JO de Sydney 2000, puis de ceux
d’Athènes de 2004.
Israël
Attentat-suicide au nord de Tel-Aviv
Un attentat-suicide est perpétré devant la gare routière de Binyamina (côte nord), faisant trois morts,
dont son auteur, et trois blessés. En représailles, des
chars de Tsahal bombardent des postes de police palestiniens en Cisjordanie, près de la ville dont est originaire l’auteur de l’attentat revendiqué par le Djihad
islamique. Le 19, le centre-ville de Netanya (Israël),
station balnéaire au nord de Tel-Aviv, est touché par
une explosion qui blesse deux personnes. L’armée
israélienne resserre son étau sur la Cisjordanie avec
l’envoi de soldats, de chars et de véhicules militaires
supplémentaires autour des villes palestiniennes,
un message musclé destiné à Yasser Arafat pour le
pousser à obtenir des siens l’arrêt de neuf mois de
violence quasi ininterrompue. Parallèlement à ce
déploiement des unités de Tsahal, le cabinet de sécurité décide de nouvelles mesures pour empêcher
les Palestiniens d’entrer en Israël dans les régions
proches des villes de Cisjordanie bordant son territoire, comme Tulkarem ou Qalqilya.
Un traité sino-russe pour la
stabilité
La signature du traité d’amitié et de coopération entre la Chine et la Russie intervient
dans un contexte géostratégique dominé
par le projet américain de déploiement
d’un bouclier antimissile. Sans toutefois
remettre en cause leurs relations avec les
États-Unis, Pékin et Moscou se posent ainsi
en défenseurs d’une stabilité stratégique
qui serait menacée par Washington.
La « multipolarité » est décidément un
concept très en vogue dans le monde... non
américain. Au début du mois de juillet, le président français, Jacques Chirac, en visite à Moscou,
avait réaffirmé la volonté de la France, constante
depuis la présidence du général de Gaulle, de
fonder un espace géostratégique « multipolaire »
au sein duquel le partenariat franco-russe – et
plus largement, ici, les relations entre l’Union
européenne et la Russie – occuperait une place
prépondérante. Deux semaines plus tard, c’est
au tour du président chinois, Jiang Zemin, lui
aussi en déplacement à Moscou, d’exprimer,
chaudement approuvé par son homologue
russe Vladimir Poutine, le souhait de voir émerger un « monde multipolaire » dont les relations
Moscou-Pékin constitueraient l’un des axes. Ces
deux gestes illustrent la tendance des « autres »
grandes puissances à vouloir se démarquer de
celle qui se déclare volontiers unique depuis la
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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fin de la « guerre froide » : les États-Unis. La rencontre des dirigeants russe et chinois a précédé
de quelques jours l’entretien entre Vladimir Poutine et George W. Bush en marge du sommet du
G8 à Gênes, qui était leur deuxième tête-à-tête.
Leur première entrevue, en juin, à Göteborg,
avait déjà été précédée d’une rencontre entre les
présidents russe et chinois, à Shanghai.
Une inversion de l’échelle des valeurs
La Russie et la Chine ont donné une solennité
toute particulière à leur défense de la multipolarité en signant, le 16 juillet, un « traité d’amitié
et de coopération » d’une durée de vingt ans. Le
symbole est de taille : le précédent texte de ce
type conclu par les deux pays remonte à février
1950. Joseph Staline et Mao Zedong se promettaient alors une « assistance mutuelle ». Le
traité instaurait en effet une alliance militaire et
contenait des articles secrets. Ce n’est pas le cas
de celui d’aujourd’hui. La seconde grande différence entre le traité de 1950 et celui de 2001 est
qu’au début du IIIe millénaire, c’est la Chine qui
passe pour la puissance montante, alors que la
Russie n’est plus qu’une « ancienne grande puissance », ce qui traduit l’inversion de l’échelle des
valeurs entre les deux pays en un demi-siècle. Le
traité engage la Russie et la Chine à « ne pas avoir
recours à la force ou menacer d’y avoir recours » et
à « résoudre leurs différends exclusivement par des
moyens pacifiques » – on repense aux incidents
armés survenus en 1969 le long de la frontière
entre les deux pays. Le texte prévoit également le
développement des relations bilatérales dans les
domaines « économique et militaro-technique ».
Un traité « dirigé contre aucun pays
tiers »
Ses signataires affirment que le traité sino-russe
n’est « dirigé contre aucun pays tiers ». Le texte
énonce que la Russie et la Chine « soutiennent
l’équilibre stratégique mondial et la stabilité, et les
traités qui sont la base de cette stabilité ». Cette
affirmation est éclairée par la déclaration finale
de la visite de Jiang Zemin à Moscou, qui réitère l’attachement de la Russie et de la Chine
au traité ABM – Anti Ballistic Missile – de mai
1972. Or le traité ABM est incompatible avec le
projet américain de bouclier antimissile dont le
but affiché est de contrer les attaques imprévisibles d’« États voyous » dotés d’une capacité
de frappe nucléaire. Ce nouveau programme
d’armement avait été mis en veilleuse sous la
présidence démocrate de Bill Clinton, qui avait
finalement suspendu les essais, ne maintenant
que les activités de recherche autorisées. Dès
son arrivée aux affaires, l’administration Bush a
décidé d’accélérer le développement du bouclier antimissile, quitte à passer en force l’obstacle du traité ABM, que les États-Unis se disent
prêts à dénoncer, faute d’obtenir l’accord de la
Russie en vue de sa modification. En se posant
comme les défenseurs d’une politique de stabilité stratégique à laquelle participe le traité ABM,
Moscou et Pékin – bien que la Chine ne soit pas
signataire du texte de 1972 – désignent du doigt
les agissements « déstabilisants » de Washington. Il n’est pas innocent que la signature de ce
traité d’amitié et de coopération intervienne le
lendemain d’un essai américain d’interception
d’un missile balistique au-dessus du Pacifique –
réussi, celui-ci, après deux échecs consécutifs en
2000 –, essai dénoncé par Moscou et Pékin.
Moscou et Pékin menacés ?
D’après les États-Unis, le projet de bouclier
antimissile ne remet pas en cause la dissuasion
nucléaire russe, et Moscou, tout aussi menacé
par les « États voyous », a, selon eux, tort de se
sentir visé. En revanche, Washington n’a pas entrepris, à ce jour, de rassurer Pékin. La capacité
balistique chinoise est, certes, peu développée,
mais Pékin s’inquiète d’une possible utilisation
du bouclier antimissile pour sanctuariser l’île de
Taïwan, afin de soustraire celle-ci à la menace
militaire que la Chine continentale fait régulièrement peser sur elle. De plus, la Chine est
considérée par les États-Unis comme un État qui
contribue à la prolifération nucléaire, donc un
État pourvoyeur d’« États voyous ». C’est évidemment sur le même terrain que la Chine et la Russie seraient susceptibles de réagir à un « cavalier
seul » stratégique américain, Moscou en freinant
les accords de désarmement en cours ou en
préparation, Pékin en transférant des technologies sensibles vers des pays potentiellement
« voyous ». Toutefois, s’il est un instrument visant
à isoler la politique stratégique de Washington,
le traité d’amitié et de coopération sino-russe
ne va pas jusqu’à porter atteinte aux relations
que ses signataires entendent ménager avec les
États-Unis, chacun de leur côté.
CHRISTOPHE PÉRY
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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LE TRAITÉ D’AMITIÉ DE 1950
En février 1950, l’URSS et la Chine rendent
public le « traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle » qu’ils ont signé six mois
plus tôt, au terme de longues discussions.
Il s’agit pour Pékin, diplomatiquement
isolé depuis la prise du pouvoir par Mao
Zedong, de formaliser une alliance avec le
camp communiste. Moscou, qu’un traité
liait à la Chine depuis août 1945, souhaite,
de son côte, conserver les avantages économiques et militaires qui découlaient
de celui-ci. Le traité est à l’avantage des
Soviétiques. Il sera immédiatement « rentabilisé ». En novembre 1950, des volontaires chinois interviennent en Corée à la
demande de l’URSS, en réaction à l’intervention américaine elle-même consécutive
à l’offensive de la Corée du Nord, en juin.
20
Italie
G8 tragique à Gênes
En marge du sommet du G8 organisé à Gênes afin
de lancer « un nouveau cycle ambitieux de négociations dans le cadre de l’OMC », de violents affrontements opposent des manifestants antimondialisation et des policiers italiens. En tentant de pénétrer
dans la « zone rouge » interdite d’accès par les forces
de l’ordre, un protestataire est tué par un policier.
Quelque 20 000 policiers étaient mobilisés pour éviter les débordements des 100 000 militants antimondialisation qui s’étaient donné rendez-vous dans la
capitale ligure. Sur le plan diplomatique, le sommet
de Gênes se traduit par un résultat mitigé, en raison
des désaccords persistants entre les États-Unis et
leurs partenaires sur plusieurs points importants.
France
Saisie d’uranium enrichi à Paris
La police française annonce l’arrestation en plein
coeur de Paris de trois personnes qui se trouvaient en
possession d’environ cinq grammes d’uranium 235
enrichi à 80 %. Cette prise pourrait n’être qu’un
échantillon destiné à séduire de potentiels clients de
la contrebande nucléaire comme l’Irak, l’Iran, la Libye
ou encore la Corée du Nord. Selon un spécialiste du
Commissariat à l’énergie atomique, « au moins dix
kilogrammes d’uranium 235 enrichi à 80 % sont nécessaires à la fabrication d’une bombe. »
Le sommet de la violence à Gênes
Le sommet du G8 organisé à Gênes en juillet
restera comme celui de la violence. La mort
d’un jeune manifestant marque à la fois les
limites de ce type de réunion internationale
et celles du mode de contestation utilisé
par les opposants antimondialisation.
Les chefs d’État et de gouvernement des sept
pays les plus industrialisés plus la Russie
(G8), ainsi que le président de la Commission
européenne, ont entamé leur sommet annuel, le
20 juillet, dans le Palais ducal de Gènes, par une
réunion au cours de laquelle ils ont réaffirmé que
le maintien de politiques budgétaires strictes et
la défense du principe de libre-échange étaient
les conditions nécessaires au développement
de la croissance mondiale et donc au bien-être
de chacun. Au même moment, des milliers de
manifestants antimondialisation tentaient de
pénétrer la « zone rouge » protégeant le lieu de
réunion du G8. Les premiers estimaient que « le
ralentissement de l’économie mondiale a été plus
prononcé que prévu au cours de l’année écoulée,
[mais que] les fondamentaux économiques restent
sains et devraient fournir une base solide pour une
expansion renouvelée » ; les seconds affirmaient
que, hors de la libéralisation et de la mondialisation, « un autre monde est possible », comme ils le
proclament depuis leur première démonstration
de force, à Seattle en décembre 1999.
À l’assaut du « mur »
Cette fois-ci, les anti-G8 étaient rassemblés au
sein du Forum social de Gênes (GSF), qui regroupait un millier d’organisations : syndicats, mouvements sociaux, associations contre la dette du
tiers-monde ou contre la libéralisation du commerce, mouvements écologistes ou pacifistes.
Le GSF avait prévu d’organiser des débats et des
manifestations dans la capitale ligure, en marge
de la réunion du G8.
Si son porte-parole, Vincenzo Agnoletto, prônait l’action non violente, chacun savait que le
GSF regroupait des formations plus ou moins
radicales et que des « casseurs » tenteraient de
s’infiltrer dans les manifestations. Alors que,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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la veille, la marche pour la défense des droits
des immigrés s’était déroulée sans incidents, la
manifestation du 20 partie à l’assaut du « mur »
abritant les conciliabules des Huit a vite pris une
allure plus violente. Tandis que quelques centaines de jeunes radicaux, pour la plupart des
anarchistes du « Black Block » en guerre contre la
« propriété », dévastaient les rues du centre-ville,
les forces de l’ordre ont brutalement réprimé les
tentatives des partisans antimondialisation de
s’approcher de la « zone rouge ». Le drame est
survenu en fin d’après-midi. Un carabinier pris de
panique a ouvert le feu sur un jeune punk italien
qui s’attaquait à la Jeep dans laquelle il se trouvait : Carlo Giuliani a été tué sur le coup d’une
balle dans la tête. Consternés, les membres du
G8 ont aussitôt appelé à « isoler les violents et les
extrémistes », évoquant la manifestation prévue
pour le lendemain. La part semblait donc faite,
officiellement, entre les « casseurs » et les manifestants du GSF. Peu avant le drame, le président
Jacques Chirac avait d’ailleurs déclaré : « 120 000
ou 150 000 personnes ne se dérangent pas s’il n’y
a pas quelque chose qui leur a mobilisé le coeur
et l’esprit. Je ne dis pas qu’ils ont raison ou tort –
ce n’est pas le problème –, mais c’est qu’il y a une
angoisse, une difficulté, et ça, on ne peut pas le
laisser comme si ça n’existait pas. » Le lendemain,
21 juillet, les forces de l’ordre ont brutalement
réprimé la manifestation qui rassemblait près de
200 000 personnes dans les aies de la ville, avant
de s’en prendre, tout aussi violemment, la nuit
suivante, au siège du GSF. On relèvera quelque
150 blessés.
« Un excès dans l’usage de la force »
Les jours suivants, l’opposition a mis en cause le
gouvernement de Silvio Berlusconi dans les violences policières, exigeant notamment la démission du ministre de l’Intérieur, Claudio Scajola.
En réponse, ce dernier a accusé le GSF d’avoir
couvert les agissements des « casseurs ». De
son côté, le président du Conseil a rejeté sur le
précédent exécutif de centre gauche la responsabilité de l’organisation du maintien de l’ordre
lors du G8. Le 24 juillet, des dizaines de milliers
de personnes ont manifesté dans les grandes
villes italiennes contre les brutalités policières
du sommet de Gênes. Le gouvernement a finalement accepté la création d’une commission
d’enquête parlementaire sur le sujet. Le ministre
de l’Intérieur a sanctionné trois hauts fonctionnaires, dont le chef de la police de Gêne ; et le
chef de la police italienne, Gianni De Gennaro, a
admis, « dans certains cas, un excès dans l’usage
de la force » et, « dans d’autres cas, épisodiques et
individuels, des comportements illégaux » de la
part des forces de police. Une information judiciaire sera finalement ouverte à rencontre d’une
vingtaine de policiers.
Carlo Giuliano ne serait-il pas mort en vain ?
Le ton de la déclaration finale du G8 de Gênes
marque en effet une rupture. Les participants y
déclarent notamment qu’« ils croient à l’importance fondamentale d’un débat public ouvert
sur les problèmes-clés auxquels nos sociétés sont
confrontées ». Aussi s’engagent-ils à « promouvoir
des solutions innovantes fondées sur un large partenariat avec la société civile et le secteur privé »,
ainsi qu’à « rechercher une coopération renforcée
et une solidarité avec les pays en développement
fondée sur une responsabilité mutuelle pour combattre la pauvreté ». « Nous sommes déterminés,
affirment-ils, à ce que la mondialisation fonctionne pour tous les citoyens, particulièrement
pour les plus pauvres de la planète. » Dont acte.
CHRISTOPHE PÉRY
LES RÉSULTATS DE GÊNES
Concernant l’Afrique, l’un des principaux
dossiers à l’ordre du jour, les Huit ont
lancé un fonds mondial de lutte contre le
sida, le paludisme et la tuberculose, doté
de 1,3 milliard de dollars. Ils ont adopté un
« pacte pour l’Afrique » destiné à promouvoir l’essor économique et social du continent ainsi que la démocratie, l’État de droit
et les droits de l’homme, qui concourent
également au développement. D’autre part,
le G8 a dressé un constat de désaccord sur
le dossier du changement climatique entre
l’Europe, qui défend le protocole de Kyoto
sur la réduction des émissions de gaz à
effet de serre, et les États-Unis, qui le dénoncent. Enfin, il s’est prononcé en faveur
de l’envoi d’une mission de « surveillance »
au Proche-Orient, faisant progresser l’idée
de la présence d’observateurs impartiaux
dans la région.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
79
23
France
Attentat contre une gendarmerie en
Corse
Un attentat à l’explosif est commis par un commando
de plusieurs individus contre le camp de l’armée de
terre Henry-Martin sur la commune de Borgo (HauteCorse), à 25 kilomètres au sud de Bastia. Il ne provoque que des dégâts matériels, mais quatorze personnes sont victimes d’un trauma auditif en raison
du bruit causé par la déflagration. Le 6 juillet dernier,
un attentat de même nature avait été commis par un
commando d’individus armés contre la caserne de
CRS de Furiani (Haute-Corse), commune limitrophe
de Bastia. Ces deux attentats interviennent alors que
le mouvement nationaliste Presenza naziunale de
François Santoni a réclamé la mise en liberté provisoire de détenus politiques corses ainsi que de tous
les prisonniers susceptibles de bénéficier de la liberté
conditionnelle. Le 24, un attentat frappe la caserne
de gendarmerie Colonna d’Istria de Borgo (HauteCorse), à 25 kilomètres au sud de Bastia. Quinze gendarmes sont légèrement blessés.
Indonésie
Megawati remplace Wahid
L’Assemblée consultative du peuple désigne à l’unanimité la vice-présidente Megawati Sukarnoputri,
âgée de cinquante-quatre ans, fille aînée de Sukarno,
le « père de la nation » indonésienne. Megawati
remplace le président Abdurrahman Wahid destitué
pour incompétence et corruption. Cinquième chef
de l’État depuis l’accession du pays à l’indépendance,
elle assumera ses fonctions jusqu’aux élections législatives prévues en 2004.
La chute annoncée du président
indonésien Wahid
Premier président indonésien démocratiquement élu, Abdurrahman Wahid
manquait, semble-t-il, du sens politique
indispensable à l’exercice de cette fonction.
Abandonné par l’ensemble de la classe
politique, il a été destitué par un Parlement
unanime.
« C’est un ouléma sage et tolérant, connu pour
son libéralisme et sa défense de la laïcité de
l’État, que l’Assemblée consultative du peuple
(MPR), le collège électoral présidentiel, avait élu
en octobre 1999. Vingt et un mois plus tard, le
23 juillet, c’est un homme isolé et unanimement
conspué dont elle a prononcé la destitution,
un dirigeant autoritaire et accroché au pouvoir,
accusé d’incompétence et de corruption. Abdurrahman Wahid aura usé en moins de deux ans,
dans l’exercice de la politique, son immense
autorité morale.
C’est en vertu de cette autorité que « Gus Dur »
–« oncle Gus », son surnom familier – avait été
élu. Président du Nahdlatul Ulama, la puissante
organisation de docteurs de la loi musulmane
fondée par son grand-père, il « pesait » en effet
bien plus que les 51 sièges sur 500 que son Parti
du réveil national avait obtenus aux élections
législatives, quatre mois plus tôt. Mais Abdurrahman Wahid devait surtout son élection à la
manoeuvre des petits partis musulmans qui entendaient faire obstacle à l’arrivée au pouvoir de
Megawati Sukarnoputri. À la tête du Parti démocrate indonésien de lutte (PDI-P), la fille du Père
de l’indépendance Sukarno avait remporté les
élections, avec 184 sièges à l’Assemblée nationale (DPR), mais elle présentait le double inconvénient d’être une femme et de représenter un
mouvement séculier. Celle-ci était finalement
nommé à la vice-présidence, et le tandem qu’elle
formait avec Abdurrahman Wahid semblait doté
des meilleurs atouts pour sortir le pays de trentequatre ans d’un pouvoir autocrate incarné par
Suharto. Entre les élections de juin et le scrutin
d’octobre, le dramatique épisode de la sécession
du Timor-Oriental avait, semble-t-il, définitivement scellé le sort du Golkar au pouvoir depuis
trois décennies ainsi que celui de l’armée.
Incapable de déléguer
Mais le tandem Wahid-Sukarnoputri n’a pas
fonctionné. Impulsif et indiscipliné, convaincu
d’être le seul à pouvoir combler le fossé existant entre nationalistes et islamistes, le chef de
l’État s’est très vite avéré incapable de déléguer
son pouvoir et d’écouter son entourage. Il est
vrai qu’Abdurrahman Wahid disposait de peu
d’alliés au sein de l’appareil d’État. L’adminisdownloadModeText.vue.download 82 sur 518
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
80
tration et l’armée, purs produits du régime de
Suharto, ne lui ont pas facilité les choses. Les
militaires, notamment, qui demeurent partisans de la manière forte dans la lutte contre les
séparatismes, ont vu d’un très mauvais oeil ses
tentatives de négociations, à Atjeh ou en IrianJaya. Son gouvernement même, reflet de la coalition hétéroclite qui le soutenait à l’Assemblée, a
manqué de la plus élémentaire solidarité. Quant
à l’Assemblée, elle a tenté de profiter de la faiblesse politique de l’exécutif pour imposer son
pouvoir, alors que la Constitution indonésienne
restait d’inspiration présidentielle. Le divorce
définitif entre la présidence et le Parlement est
intervenu lorsque le DPR a saisi l’occasion de
l’éclatement de scandales financiers, dans lesquels Abdurrahman Wahid aurait été impliqué,
pour le déstabiliser. Le Parlement lui a adressé
deux avertissements, en février et en mai, mais
n’est pas parvenu à apporter la preuve formelle
de sa corruption.
Abdurrahman Wahid n’a rien fait non plus pour
entretenir le soutien de sa très populaire viceprésidente, qui a progressivement pris ses distances. Quand il lui a offert, en mai, sous la pression du Parlement, de diriger le gouvernement,
il était déjà trop tard. C’est à une très large majorité que le DPR a voté, le 30 mai, la convocation
d’une session spéciale du MPR, seul instance habilitée à destituer le chef de l’État. Les manifestations, parfois violentes, des partisans du chef
de l’État n’y ont rien fait, et ses menaces d’instaurer l’état d’urgence en cas de troubles n’ont
contribué qu’à mettre en lumière son lâchage
par l’armée et la police, qui ont affirmé qu’elles
n’appliqueraient aucune décision de ce genre.
Le 20 juillet, « Gus Du » a effectué une dernière
manoeuvre en forme de provocation, en confirmant dans ses fonctions le chef de la police par
intérim, contre l’avis du DPR. Ce dernier a aussitôt convoqué le président. Abdurrahman Wahid
a alors ordonné par décret aux forces de sécurité
de « suspendre » le DPR et le MPR. Il a également annoncé des élections dans un délai d’un
an. Mais la police et l’armée ont déclaré qu’elles
assureraient la tenue de la session du MPR.
Megawati Sukarnoputri a estimé le décret « illégal », ce qu’à bientôt confirmé la Cour suprême.
Le 23, le MPR a voté à l’unanimité la destitution
d’Abdurrahman Wahid et son remplacement par
Megawati Sukarnoputri.
Élue par cette même instance qui lui avait barré
la route en 1999, la fille de Sukarno n’a pas d’illusions à se faire. C’est « contre » Abdurrahman
Wahid que la classe politique s’est faite unanime,
et non « pour » elle. Quant au ralliement de
l’armée, il tient au refus que partagent les militaires et la nouvelle présidente de toute forme
de séparatisme. Megawati Sukarnoputri devra
non seulement restaurer la dignité de la fonction
présidentielle, mais aussi tenter de contenir un
Parlement fort de sa victoire, au sein duquel son
parti ne dispose pas de la majorité.
CHRISTOPHE PÉRY
MEGAWATI SUKARNOPUTRI
La fille de Sukarno est vénérée comme
une « mère » par l’immense majorité des
Indonésiens. Lors de son discours d’investiture, elle a déclaré à ses compatriotes :
« Votre mère est de nouveau parmi vous »,
comme si la parenthèse de la présidence
d’Abdurrahman Wahid ne la concernait
pas, comme si le vote de juillet 2001 effaçait celui d’octobre 1999 et toute le période
intermédiaire. « Mega » est entrée en politique à 40 ans, en 1987, en acceptant de représenter au Parlement le Parti démocrate
indonésien (PDI) de Sujardi, l’une des trois
seules formations autorisées par Suharto.
En 1993, à la suite de l’éviction de Sujardi,
le PDI la porte à sa présidence, la préférant
aux candidats « officiels ». En 1996, les partisans de Suharto tentent de reprendre en
main le PDI. Mega acquiert dès lors le statut de chefs de l’opposition. Légaliste, elle
attend, après la chute de Suharto, en juin
1998, les premières élections législatives
vraiment libres depuis 1955, pour faire la
démonstration de sa force.
24
Environnement
Signature in extremis du protocole de
Kyoto
Après quatre jours de négociations, les délégués de
180 pays, réunis à Bonn en Allemagne, concluent
un accord sur le protocole de Kyoto concernant la
réduction des émissions des gaz à effets de serre.
Le protocole de Kyoto, voté en 1997, imposait aux
pays industrialisés de réduire de 5,2 % l’émission de
ces gaz d’ici à 2012. Il n’a été ratifié par aucun des
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
81
pays visés et a même été rejeté en mars dernier par
le nouveau président américain George W. Bush.
Pour rallier les pays réfractaires, les Européens ont
dû revoir à la baisse leurs exigences et accepter que
les autres pays industrialisés aient recours à des puits
de carbone, forêts ou espaces verts qui sont censés
absorber le carbone.
France
Feu vert de l’Assemblée pour les
déclarations de patrimoine de Chirac
Le bureau de l’Assemblée nationale, qui réunit le
président de l’Assemblée Raymond Forni et des
représentants de tous les groupes politiques, accepte de transmettre à la justice les déclarations de
patrimoine de Jacques Chirac entre 1988 et 1993. Il
répond donc favorablement à la demande du juge
d’instruction Armand Riberolles, chargé de l’enquête
sur les voyages de Jacques Chirac payés en espèces,
qui souhaitait avoir accès aux déclarations de patrimoine déposées par Jacques Chirac alors qu’il était
député de Corrèze. Jacques Chirac affirmant avoir
payé entre 1992 et 1995 des billets d’avion avec
ses « indemnités personnelles », touchées au titre des
fonds secrets alors qu’il était Premier ministre (19861988), le juge estime qu’il devrait retrouver la trace de
ces sommes en liquide, estimées entre 2,4 et 2,8 millions de francs, dans les déclarations de patrimoine
que les parlementaires doivent obligatoirement remplir depuis 1988. Le 31, le quotidien Libération révèle
que ces déclarations de patrimoine, transmises aux
juges d’instruction, ne mentionnent pas d’argent en
espèces. L’entourage du chef de l’État explique que
ces sommes ne peuvent « par nature » faire l’objet
d’une déclaration.
Le Medef quitte la Sécurité sociale
Le président du Medef (Mouvement des entreprises
de France) Ernest-Antoine annonce qu’il maintient sa
décision de quitter les organismes de gestion de la
Sécurité sociale lors du renouvellement des administrateurs le 30 septembre prochain : « Nous avons
confirmé à Mme Guigou que nos administrateurs ne
seront pas renommés et que nous ne gérerons plus de ce
fait la Sécurité sociale. » En juin dernier, le « patron des
patrons » avait averti que son organisation quitterait
les instances paritaires si le gouvernement maintenait sa décision de financer la réduction du temps de
travail par ponction dans les excédents de la « Sécu ».
Pour sa part, Élisabeth Guigou reconnaît une « divergence » sur la question du financement des 35 heures
et regrette la décision de la première organisation
patronale de quitter la « Sécu ».
Le protocole de Kyoto enfin
applicable
Trois ans et demi après sa signature, le
protocole de Kyoto sur la réduction des
émissions de gaz à effet de serre s’est enfin
vu doté, à Bonn, de modalités d’application
qui assurent sa survie, un moment menacée
par le retrait américain. Cette victoire du
multilatéralisme dans le domaine de la
coopération internationale est notable.
« Nous avons là le plus grand accord international en ce qui concerne l’environnement », a estimé le ministre français Yves Cochet à l’issue de la
sixième conférence des parties à la Convention
des Nations unies sur le changement climatique,
qui réunissait les représentants de 180 pays
à Bonn, du 16 au 23 juillet. Non seulement, en
effet, le protocole de Kyoto a survécu, mais ses
modalités d’application ont enfin été précisées.
Qui l’aurait prédit, après le fiasco retentissant de
la réunion de La Haye, en novembre 2000, qui
suivait les précédents échecs de 1998 à Buenos
Aires et de 1999 à Bonn, et, plus encore, après
le rejet du protocole par l’administration américaine, en mars 2001 !
Le protocole sur la réduction des émissions de
gaz à effet de serre, conclu à Kyoto en décembre
1997, engage les pays industrialisés signataires
à diminuer leurs rejets de 5 % d’ici à 2010. La
concentration de ces gaz entraîne une augmentation de la température terrestre, dont
certaines conséquences, comme l’élévation du
niveau des eaux ou l’aggravation de la sécheresse, peuvent devenir dramatiques. Les pays
de l’Union européenne, qui rejettent 24,2 % du
total des gaz à effet de serre émis, ont toujours
été à la pointe des négociations sur le changement climatique. Ils étaient les seuls, jusqu’à la
conférence de Bonn, à affirmer leur volonté de
ratifier le protocole de Kyoto. La Russie (17,4 %)
et les autres pays européens (8,2 %) observaient
un attentisme prudent. Le Japon (8,5 %) et le
Canada (3,3 %) jugeaient difficiles de progresser
dans ce domaine sans l’accord des États-Unis
(36,1 %). Or ces derniers estiment que l’état des
connaissances actuelles sur le climat ne justifie
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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pas de décision précipitée. Washington explique
sa position par le fait que des pays qui représentent « 80 % de la population du monde [...], dont la
Chine et l’Inde », sont exemptés de l’application
du protocole et que celui-ci, par ailleurs, « causerait un dommage sérieux à l’économie américaine » : on ne saurait être plus clair !
D’importantes concessions
Pour que le protocole de Kyoto entre en vigueur
et devienne un traité international contraignant,
il faut que des pays représentant 55 % des émissions de gaz à effet de serre l’aient ratifié. Les
Quinze doivent pour cela convaincre la Russie
et les autres pays européens, ainsi que le Japon.
C’est pourquoi l’Union européenne a accepté
de faire d’importantes concessions. Le texte de
l’accord de Bonn apparaît ainsi en retrait par rapport au projet que les Quinze avaient choisi de
rejeter à La Haye. Cette souplesse a permis le ralliement de Tokyo et d’Ottawa au compromis de
Bonn, et laisse la porte ouverte aux États-Unis.
Le texte prévoit notamment que les volumes de
gaz carbonique absorbés par les forêts seront
décomptés de la totalité des gaz rejetés. Cette
mesure permet d’alléger les efforts de réduction des émissions de gaz pour les pays dotés
de nombreuses forêts, comme le Canada et le
Japon. L’accord de Bonn autorise également un
« marché » des droits d’émission avantageux : un
pays industrialisé pourra déduire du total de ses
émissions de gaz le montant de celles qu’il aide
à réduire dans un pays du Sud. Cette mesure
encourage les transferts de technologie en vue
d’améliorer l’efficacité de la production d’énergie. La conférence crée aussi un Fonds d’adaptation destiné à aider les pays en développement à
faire face aux conséquences du changement climatique. Ce fonds était exigé par le « G77 », qui
regroupe les pays du Sud, sans l’accord duquel
le texte n’aurait pu être adopté. En contrepartie, l’Europe est restée ferme sur la question du
régime d’observance, c’est-à-dire du dispositif
de vérification et de sanctions. Le texte adopté
à Bonn crée un organisme de contrôle. Le pays
qui contreviendrait à ses engagements serait
contraint de réduire davantage ses émissions à
la période suivante et ne pourrait plus participer
au marché des droits d’émission.
Le triomphe du multilatéralisme
Il y a bien là l’esquisse d’un instrument juridique
international pour le secteur de l’environnement. Aujourd’hui, la seule instance internationale susceptible de juger les activités d’un pays
est la commission d’arbitrage de l’Organisation
mondiale du commerce (OMC), qui punit les
infractions aux lois du libre-échange. C’est dire
l’avancée représentée par l’accord de Bonn ! En
dehors d’une reconnaissance officielle, par la
communauté mondiale, de la nécessité de lutter
contre le changement climatique, la conférence
de Bonn délivre deux messages. Elle prouve
qu’une négociation internationale concernant
un domaine primordial pour l’avenir de la planète peut aboutir sans l’accord des États-Unis.
Mieux encore, le retrait des Américains a contribué à replacer le problème à sa vraie place en
substituant un axe de discussion Nord-Sud à
celui qui opposait jusque-là l’Europe aux ÉtatsUnis. À Bonn, c’est le débat sur le développement, auquel les pays du Sud ont pris une part
déterminante, qui l’a finalement emporté. La
deuxième et principale leçon de la conférence
de Bonn est qu’une gestion collective des problèmes planétaires est possible. Résumant l’impression générale, le président du G 77, l’Iranien
Bagher Asadi, a vu dans l’accord « le triomphe
du multilatéralisme et de la coopération sur
l’unilatéralisme ».
CHRISTOPHE PÉRY
LES GAZ À EFFET DE SERRE
La température à la surface de la Terre résulte de l’équilibre entre le flux de rayonnement provenant du Soleil et le flux de rayonnement renvoyé vers l’espace. Les gaz qui
composent l’atmosphère produisent un
effet de serre naturel qui limite la réverbération du rayonnement solaire, permettant
de maintenir une température de surface
moyenne de 15 °C. Sans atmosphère, celleci serait de – 18 °C. Mais les activités humaines entraînent le rejet d’importantes
quantités de gaz qui accroissent l’effet de
serre naturel. Les gaz à effet de serre dont
le rejet résulte des activités humaines sont
le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4),
l’oxyde nitreux (N2O), l’ozone troposphérique (O3), les chlorofluorocarbures
(CFC) et les hydrochlorofluorocarbures
HCFC, gaz de synthèse responsables de
l’attaque de la couche d’ozone, ainsi que
le substituts des CFC : les hydrocarbures
fluorés (HFC), les hydrocarbures fluorés
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
83
entièrement halogènes (PFC) et l’hexafluorure de soufre (SF6). Le protocole de Kyoto
concerne six gaz : le CO2, le CH4, le N2O, les
HFC, les PFC et le SF6.
27
France
Plan de reprise pour AOM-Air Liberté
Après avoir entendu une dernière fois jeudi l’ensemble des candidats à la reprise du pôle aérien, le
tribunal de commerce de Créteil se prononce pour
la reprise d’AOM-Air Liberté par le pilote d’Air France
Jean-Charles Corbet, porteur du projet HOLCO, a-ton appris de sources syndicales. Le projet HOLCO,
soutenu par la banque canadienne CIBC, prévoit
le maintien de 2 734 emplois sur un total de 4 559,
assorti d’un apport financier de 1,3 milliard de FF de
Swissair Group. Un « pacte social » est également prévu avec les syndicats pour maintenir un maximum de
droits des salariés. Le repreneur compte utiliser une
trentaine d’avions afin d’assurer la desserte de villes
françaises n’étant effectuée ni par la compagnie Air
France ni par le TGV.
28
Irlande du Nord
Émeutes à Belfast
Des violences impliquant catholiques, protestants
et policiers se produisent dans un quartier du nord
de Belfast, malgré l’annonce d’un plan de compromis faite par les Premiers ministres britannique et
irlandais Tony Blair et Bertie Ahern visant à sauver les
accords de paix de 1998 en Irlande du Nord. Le Sinn
Féin impute la responsabilité de ces heurts à l’organisation paramilitaire loyaliste UDA (Ulster Défense
Association).
Algérie
La police mise en cause en Kabylie
Le rapport préliminaire de la commission d’enquête
sur les événements de Kabylie d’avril à juin 2001
rendu au chef de l’État Abdelaziz Bouteflika met en
cause la gendarmerie algérienne, en établissant la
responsabilité de cette institution dans les émeutes
qui ont fait une soixantaine de morts et près de
2 000 blessés. Il indique que « la réaction violente des
populations a été provoquée par l’action non moins
violente de la gendarmerie, laquelle, pendant plus de
deux mois, a nourri et entretenu les émeutes : tirs à balles
réelles, saccages, pillages, provocations de toutes sortes,
propos obscènes et passages à tabac ». La commission d’enquête avait été annoncée par le président
Bouteflika le 30 avril dernier et était présidée par
l’avocat Mohand Issad.
29
Sport
Lance Armstrong gagne son 3e Tour de
France
L’Américain Lance Armstrong, leader de l’US Postal, remporte son troisième Tour de France cycliste
consécutif. Il devance de 6 minutes 44 secondes
l’Allemand Jan Ullrich et de 9 minutes 5 secondes
l’Espagnol Joseba Beloki. Le podium 2001 est identique à celui de l’an passé.
Israël/Palestine
Regain de tension
La pose symbolique de la première pierre d’un nouveau Temple de Jérusalem, que des extrémistes
juifs voudraient voir s’élever sur les ruines des deux
temples précédents, sur ce que les musulmans appellent l’esplanade des Mosquées, provoque la colère
du monde arabe, qui évoque un « acte provocateur
qui fait peser la menace d’une guerre aux conséquences
imprévisibles ». Le Bahrein dénonce « une agression qui
provoque les musulmans », tandis que le Koweït demande à la communauté internationale de « prendre
des mesures pour garantir que cet acte dangereux et
provocateur ne se répète pas ». Le 31, huit Palestiniens,
dont deux chefs du Hamas – mouvement opposé à
la paix avec Israël et qui a revendiqué la majorité des
attentats commis depuis 1994 –, sont tués lors de tirs
de chars israéliens sur un bureau du Mouvement de
la résistance islamique à Naplouse.
Japon
Victoire électorale du parti du Premier
ministre
La coalition tripartite au pouvoir, dirigée par Junichiro
Koizumi, remporte les élections sénatoriales, premier
test politique majeur pour le Premier ministre japonais depuis son arrivée à la tête du gouvernement en
avril dernier. Cette coalition obtient 78 sièges, sur les
63 nécessaires pour conserver la majorité, lors de ces
élections destinées à renouveler 121 des 247 sièges
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du Sénat, la chambre haute du Parlement bicaméral et la moins influente. Le Parti libéral-démocrate
du Premier ministre (PLD) recueille 64 sièges, 13
reviennent au Parti Komei (bouddhiste) et un au
Parti conservateur. La participation a été inférieure
de 2,4 points à celle de 1998, 56,44 % des électeurs
inscrits s’étant déplacés.
Août
1
France
Progression de la délinquance
Selon le ministère de l’Intérieur, le nombre de faits
de criminalité et de délinquance enregistrés par la
police et la gendarmerie durant le 1er semestre 2001
a augmenté de 9,58 % par rapport à la même période
en 2000. Plus de deux millions de faits ont été recensés ; les constats effectués par la police nationale
augmentent de 7,02 %, ceux dressés par la gendarmerie nationale progressent de 17,69 %. Répondant
aux critiques de la droite sur la responsabilité du
gouvernement dans la montée de la délinquance,
le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant déclare que
l’insécurité ne doit pas être un enjeu politicien ni
électoral. Il explique ces chiffres en partie par le fait
que les Français peuvent désormais porter plainte
plus facilement ; en outre, il tient à souligner que la
publication des statistiques de la délinquance par semestre est une « première » et que le gouvernement a
créé 3 000 postes de policiers supplémentaires dans
le cadre du budget 2002.
2
Justice
Condamnation d’un général serbe pour
génocide
Six ans après le massacre d’au moins 8 000 Musulmans à Srebrenica, le Tribunal pénal international (TPI)
de La Haye, mis sur pied en mai 1993 pour juger les
crimes en ex-Yougoslavie après le début de la guerre
en 1991, déclare le général bosno-serbe Radislav Krstic
coupable de génocide et lui inflige une peine de quarante-six ans de prison. C’est la première fois qu’une
personnalité est condamnée pour un génocide commis en Europe depuis la persécution des Juifs pendant
la Seconde Guerre mondiale. Selon le TPI, un génocide
est assimilé à « des actes commis avec l’intention de détruire, entièrement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Le 3, le TPI révèle l’inculpation
de trois anciens responsables militaires musulmans
qui commandaient des forces musulmanes pendant
la guerre de Bosnie – deux généraux, Mehmed Alagic
et Enver Hadzihasanovic, et un colonel, Amir Kubura –,
et qui sont inculpés pour leur rôle dans l’exécution de
civils et de prisonniers de guerre croates, l’utilisation
d’otages comme boucliers humains et la destruction
de villes et de villages en 1993. Arrêtés jeudi par la
police bosniaque, les trois officiers sont transférés au
TPI de La Haye. Ils sont accusés de crimes de guerre
contre des Croates de Bosnie.
3
France
Revendication des nationalistes corses
À l’occasion de la vingtième édition des Ghjurnate
naziunialisti internarziunale (Journées nationalistes
internationales) à Corte, dans le centre de la Corse,
les organisations publiques membres de la coalition
« Indipenza », parmi lesquelles la Cuncolta, Corsica
Viva, le Cullettivu naziunale et l’Associu per a suvranita,
réclament le regroupement dans une même maison
d’arrêt des 35 militants détenus provisoirement à
Paris dans le cadre d’affaires instruites par la section
antiterroriste et le transfèrement dans une prison de
Corse des huit militants condamnés définitivement. À
terme, elles revendiquent l’amnistie pour l’ensemble
des militants nationalistes incarcérés (43 à ce jour) ou
recherchés, comme Yvan Colonna, soupçonné d’avoir
pris part à l’assassinat du préfet Erignac.
Ces organisations expriment également leurs
craintes quant à l’évolution du processus de Matignon, étant donné les tentatives d’attentats d’origine
inconnue qui ont visé récemment deux responsables
nationalistes, Mes Jean-Guy Talamoni et Marie-Hélène
Mattei, qui ont reçu des colis piégés à leur domicile.
4
Iran
Report de la cérémonie d’intronisation
de Khatami
Le Guide suprême de la révolution, l’ayatollah Ali
Khamenei, reporte la cérémonie d’investiture du prédownloadModeText.vue.download 87 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
85
sident réformateur Mohammad Khatami, qui a été
largement réélu le 8 juin dernier avec 76,9 % des voix.
Pour expliquer ce report, il invoque un conflit portant
sur la nomination de trois membres du Conseil des
gardiens, instance de douze membres désignés représentant la ligne dure du régime et qui est chargée
de vérifier le respect de la Constitution et les projets
de loi votés par le Parlement. Le président du Majlis
(Parlement) Mahdi Karroubi propose la création
d’une commission mixte qui regrouperait l’appareil
judiciaire, le Parlement et un représentant de l’ayatollah Khamenei. Cette commission permettrait de
résoudre la crise provoquée par ce report, la dernière
d’une série de conflits qui opposent réformistes et
factions conservatrices.
5
Macédoine
Conclusion d’un accord de paix
Les partis politiques slave et albanophone se mettent
d’accord sur un plan de partage du pouvoir concernant les forces de police du pays, ouvrant la voie à
la paix : la nouvelle composition ethnique des forces
de police devrait refléter de manière plus fidèle la
population macédonienne. Cet accord, conclu sous
l’égide de Javier Solana, haut représentant de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union
européenne (PESC), devait permettre de « conduire le
pays à la stabilité et à la prospérité, avec une perspective
européenne ». Il prévoit également le déploiement
d’experts et d’officiers de police étrangers dans le
pays pour renforcer l’action des 3 000 soldats de l’Alliance atlantique, dont le déploiement est envisagé
par le projet de plan de paix.
L’OTAN désamorce la guerre en
Macédoine
Après six mois de combats opposant
l’armée macédonienne aux Albanais de
l’UÇK, les forces de l’OTAN se déploient le
26 août en Macédoine où l’UE et l’Alliance
atlantique ont parrainé l’accord politique
conclu deux semaines avant par les partis
slavo-macédoniens et albanais.
C’est un retour en force, mais discret, qu’opère
l’OTAN le 26 août en Macédoine, en proie
depuis mars à de violents combats entre Macédoniens slaves et albanais. La Macédoine, petit
pays balkanique de moins de 2 millions d’habitants, partagé entre une majorité slavophone et
une minorité albanophone représentant près de
30 % de la population, avait traversé les événements yougoslaves dans un calme relatif.
Une frontière poreuse
Cette paix fragile, elle l’avait due en partie à la
présence d’un petit contingent américain de
l’OTAN, stationné en Macédoine dès le déclenchement des conflits dans l’ex-Yougoslavie, à
des fins de prévention. Les législatives de 1998
avaient aussi permis de conjurer la guerre, en
associant au gouvernement de Ljubco George
5 ministres du PDA (Parti démocratique albanais,
modéré), laissant espérer une prise en compte de
leurs revendications. Mais la guerre du Kosovo et
l’intervention de l’OTAN, l’année suivante, vont
changer la donne : la création, sous la tutelle de
l’OTAN, d’un Kosovo indépendant de fait, portait
le risque d’encourager le nationalisme albanais
en Macédoine même, qui partage une longue
frontière avec le Kosovo. Une frontière d’autant
plus poreuse qu’elle n’est plus sécurisée, côté
macédonien, par les forces de l’OTAN. Ce vide
stratégique est mis à profit par une guérilla
albanaise qui reprend du service aux confins
du Kosovo et du sud de la Serbie, harcelant les
forces de Belgrade en vue de « libérer » la région
serbe de Precevo, comptant une forte population albanaise. Très vite, les combats s’étendent
au nord-ouest de la Macédoine, où l’UÇK (Armée
de libération nationale) signe un attentat contre
un poste de police de Tearce, à l’ouest de Skopje.
Mobilisant ses réservistes, Skopje demande la
tenue d’une session d’urgence du Conseil de
sécurité de l’ONU et la création d’une zone tampon entre le Kosovo et la Macédoine. L’OTAN
réagit d’abord en autorisant le 9 mars le retour
de l’armée yougoslave dans un petit périmètre
frontalier verrouillant le passage entre le Kosovo
et le sud de la Serbie, d’ailleurs bientôt pacifié.
Mais en Macédoine, les combats font rage, alimentés par les armes et les combattants venus
du Kosovo et par le soutien croissant apporté
par la minorité albanaise à l’UÇK.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
86
Une « perspective européenne »
L’UE tente de négocier les conditions d’un règlement politique le 9 avril, en offrant à Skopje
une « perspective européenne », économique
notamment, en échange d’un processus de normalisation des relations entre les communautés surveillé par Javier Solana et par l’émissaire
européen pour la Macédoine nommé en juin,
François Léotard. Les parties n’y sont pas préparées. Le gouvernement de Skopje, comme l’UÇK,
en appellent, chacun de leur côté, le 14 juin, à
l’OTAN. Mais l’OTAN n’accepte d’intervenir que
si les discussions entre les deux parties aboutissent à un cessez-le-feu qu’elle serait chargée
de sécuriser. Un pari d’autant plus difficile qu’il
n’y a pas de terrain pour un consensus entre le
gouvernement, qui refuse tout dialogue avec les
« terroristes » de l’UÇK, soupçonnée de vouloir
créer une « grande Albanie » ou un « grand Kosovo » et les Albanais du PDP. Un cessez-le-feu est
décrété le 5 juillet, mais il est mis à rude épreuve
par les attaques de l’UÇK, qui s’empare de Tetovo
les 25 et 26 juillet et ne s’en retire qu’après des
négociations directes avec l’OTAN. Aux milliers
d’albanophones qui s’étaient réfugiés au Kosovo
succèdent les milliers de Slaves qui évacuent les
régions contrôlées par l’UÇK et manifestent à
Skopje, alimentant les rancoeurs contre l’OTAN
et exerçant des pressions sur le Premier ministre
nationaliste (parti libéral, VMRO-DPMNE). Le
27 juillet pourtant, à Ohrid, les quatre partis
slaves et albanais entament les négociations
sous l’égide de l’UE et de l’OTAN. Elles aboutiront le 8 août à un accord politique en vue d’une
révision constitutionnelle octroyant des droits
supplémentaires aux Albanais. L’accord est paraphé le 13 août, ouvrant la voie à l’intervention
de l’OTAN. Confiée à 3 500 soldats, britanniques
pour moitié, et aussi français, allemands, espagnols, la mission d’un mois se fixe un objectif
limité, qui consiste moins à rétablir la paix qu’à
restaurer la confiance ; cette mission vise au
désarmement volontaire de l’UÇK, dont l’arsenal
(quelque 3 000 armes) serait d’ailleurs largement
sous-évalué selon Skopje. Déployés à partir du
26 août, les soldats de l’OTAN se voient donner
le feu vert pour poursuivre cette « collecte » par
le Parlement, qui vote le 6 septembre la réforme
constitutionnelle. La question du prolongement
de ce mandat est ouverte avec d’autant plus
d’acuité depuis les attentats du 11 septembre
aux États-Unis, qui ont aiguisé la méfiance internationale envers des organisations comme
l’UÇK, soupçonnée de financer son combat à
l’aide de réseaux mafieux spécialisés dans la
traite des femmes. L’OTAN ou l’UE pourraient se
montrer utiles pour maintenir la paix dans un
pays dont les élections prévues en janvier 2002
devraient être marquées par cette guerre désamorcée de justesse.
GARI ULUBEYAN
LES CONDITIONS DE LA PAIX EN MACÉDOINE
Paraphé le 13 août, le plan de paix sous
l’égide des Occidentaux était conditionné
à la révision de la Constitution que le Parlement a finalement entérinée par 91 voix
sur 112. L’albanais sera la langue officielle
dans les zones comptant 20 % au moins
d’Albanais, et sera en usage au Parlement ;
le nombre des policiers albanais passera
de 3 % actuellement à 23 % en 2003, les Albanais pouvant valider la nomination des
chefs de poste de police dans leur régions.
Leurs élus pourront utiliser des mécanismes pour s’opposer à des textes législatifs jugés contraires aux intérêts de la minorité albanaise. L’université albanaise de
Tetovo, actuellement « parallèle » et sans
valeur universitaire, sera partiellement
financée par l’État. Enfin, outre le désarmement de l’UÇK, une amnistie pourrait être
offerte aux rebelles ne relevant pas du TPI.
6
Irlande du Nord
L’IRA d’accord pour désarmer
La Commission internationale pour le désarmement
en Irlande du Nord, présidée par le général canadien
en retraite John de Chastelain, annonce que l’Armée
républicaine irlandaise (IRA) a proposé une méthode
satisfaisante pour mettre les armes « hors d’usage »,
ce qui équivaut à un désarmement. La nature de
ladite méthode n’est pas précisée. Cette annonce
intervient le jour de la date butoir fixée par Londres
et Dublin pour obtenir une réponse au plan proposé
le 3 par le Premier ministre britannique Tony Blair et
par son homologue irlandais Bertie Ahern pour sauver le processus de paix et l’exécutif biconfessionnel
semi-autonome de l’Irlande du Nord. Le gouvernement britannique s’engage notamment à poursuivre
le retrait de ses soldats et à ouvrir aux catholiques
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
87
le corps de police de la Royal Ulster Constabulary
(RUC), aujourd’hui composé à plus de 90 % par des
éléments protestants. Depuis sa création en 1997,
la Commission de désarmement a oeuvré pour que
l’IRA et les principaux groupes paramilitaires démantèlent leur arsenal. Les accords de 1998 fixaient à
mai 2000 la date limite pour le désarmement total
de l’IRA et pour les deux milices protestantes, l’Association de défense de l’Ulster (UDA) et la Force des
volontaires d’Ulster (UVF).
7
Biologie
Le Pr Antinori prêt pour le clonage
d’embryons humains
Le gynécologue italien Severino Antinori annonce
devant l’Académie nationale des sciences américaine,
réunie à Washington, qu’il a recruté 200 couples
volontaires de plusieurs pays pour participer à un
programme de reproduction grâce au clonage d’embryons. Surnommé le « docteur Folamour » de la reproduction, le professeur Antinori est devenu célèbre
pour avoir permis à une femme de soixante-deux ans
d’avoir un enfant. Selon le professeur, ce programme,
qui commencera d’ici à novembre, est destiné à lutter contre la stérilité masculine. Mais cette annonce
est loin de faire l’unanimité parmi les scientifiques.
Ainsi, le Conseil de l’ordre rappelle qu’« il a plusieurs
fois référé qu’il respectait le protocole du Conseil européen interdisant la création d’un individu identique à un
autre », estimant que Severino Antinori privilégie « le
folklore à la science ». Répondant à ses détracteurs, ce
dernier affirme que « l’enfant ressemblera à sa famille, il
aura l’ADN de son père mais aussi une identité à lui, son
caractère. Il ne sera pas une photocopie... Je ne ferais pas
des enfants photocopies des parents mais des enfants
parfaits ». Le professeur explique que sa technique,
qui a déjà été testée sur des chèvres, « est le reclonage
et non le clonage » : « Les ovules des chèvres sont injectés dans le noyau de la cellule, on l’injecte dans un autre
ovule. Cette opération est ensuite répétée avec un troisième ovule. C’est pour cela que ce n’est pas du clonage
mais du reclonage. »
Zimbabwe
Arrestation de fermiers blancs
Vingt et un fermiers blancs, parmi lesquels figure un
Britannique, sont arrêtés pour « violence publique »
à la suite d’affrontements avec des occupants de
l’exploitation de l’un d’entre eux près de Chinhoyi,
dans le nord du pays. Ils sont accusés d’avoir attaqué
des Noirs « sans terre » qui occupaient une exploitation. Le Zimbabwe compte aujourd’hui quelque
5 000 fermiers blancs, qui occupent 70 % des bonnes
terres, et un million de fermiers noirs répartis sur le
reste du domaine agricole, qui comprend des terres
beaucoup moins riches. Le 21, la Haute Cour de justice du Zimbabwe ordonne la remise en liberté, à des
conditions draconiennes (cautions élevées, confiscation des passeports), des vingt et un fermiers blancs.
Depuis un an, le président Robert Mugabe a lancé un
plan de réforme agraire « accélérée » destiné à saisir,
sans compensations, la quasi-totalité des fermes du
pays appartenant à des Blancs et à les redistribuer à
des Zimbabwéens noirs. Cette politique a engendré
un climat de violence et plongé le pays dans une
crise économique sans précédent.
8
Médecine
Un médicament retiré par Bayer
Une étude ayant démontré sa dangerosité pour la
santé des patients, le médicament anticholestérol,
commercialisé sous le nom de Baycol et produit par
le groupe chimique et pharmaceutique allemand
Bayer, est retiré du marché. Ce retrait comporte des
« conséquences économiques graves », coûtant 46 milliards de francs (7 milliards d’euros) de capitalisation
boursière en 24 heures, ce qui correspond à 21,6 %
de baisse du titre du groupe. Sur le second trimestre
2001, le bénéfice opérationnel du groupe Bayer a
reculé de 44,8 % par rapport à 2000. Par ailleurs, le
groupe a décidé de fermer 15 sites de production
et de supprimer 800 emplois. Toutefois, ces suppressions d’emplois n’interviennent pas à la suite du
retrait du Baycol, mais dans le cadre d’un programme
d’économies visant à augmenter la rentabilité du
groupe.
Le pharmacien Bayer dans la
tourmente
Le 8 août, le géant allemand de l’industrie
pharmaceutique Bayer annonce le retrait
des marchés américain et européen d’un
médicament anticholestérol incriminé dans
la mort de 52 personnes dans le monde. La
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
88
psychose gagne du terrain et les plaintes se
multiplient.
Dans un secteur pharmaceutique déjà en
crise en raison de la controverse sur les
médicaments génériques, Bayer réagit un mois
après en changeant de président et en scindant
le groupe en deux entités distinctes, la pharmacie et la chimie. Depuis le 8 août, Bayer, le géant
allemand de l’industrie pharmaceutique, doit
plus que jamais éprouver la nostalgie de cette
époque lointaine où la découverte de l’aspirine
lui décernait ses titres de gloire.
Cinquante-deux décès
Faisant planer les plus grandes incertitudes
quant à son avenir, le retrait des marchés américain et européen d’un médicament très répandu
contre le cholestérol lui donne des maux de tête
et suscite une crise profonde, en comparaison
de laquelle les querelles de chapelles scientifiques sur les risques éventuels d’une aspirine
universellement appréciée paraissent bien anecdotiques. À l’origine de cette crise, les révélations selon lesquelles la prise de cérivastatine,
principe actif des médicaments anticholestérol
Lipobay et Baycol (Staltor et Cholstat en France)
produits pas les laboratoires de Bayer, aurait
causé le décès de 52 personnes, essentiellement
aux États-Unis, et entraîné des complications
musculaires graves chez des centaines d’autres.
L’association avec le gemfibrozil aurait été tout
particulièrement responsable de ces décès, dus
à la rhabdomyolose, une destruction rare des
cellules musculaires pouvant entraîner la mort,
expliquera d’abord Bayer, qui attendra jusqu’au
23 août pour retirer aussi son anticholestérol
du marché japonais, où la possibilité d’association avec l’autre molécule n’existait pas, et
tirer un trait sur son médicament vedette. Entretemps, les plaintes se multiplient de la part de
patients qui, s’estimant victimes de troubles de
santé liés à la prise du médicament incriminé,
se retournent contre la firme allemande, entretenant une psychose dans le public concerné,
qui redoute d’en avoir à subir les effets secondaires à plus ou moins long terme. Jugeant ces
plaintes sans fondement, Bayer y répondra avec
maladresse, se retranchant derrière le succès
d’un médicament qui a fait ses preuves auprès
de 6 millions de consommateurs et dont les
éventuels risques, d’ailleurs inhérents, dira le
communiqué de presse, à tous les médicaments,
n’auraient pas été décelés au stade de l’étude
clinique.
Psychose
Affirmant qu’« aucune relation de cause à effet »
entre la prise de ses médicaments et les décès
signalés « n’est, à ce jour, formellement établie »,
le groupe allemand rejettera en partie la responsabilité sur les autorités sanitaires ad hoc
et le corps médical, qui n’auraient pas suivi ses
mises en garde concernant les risques parfois
mortels de la prise simultanée de cérivastatine
et du gemfibrozil, un autre médicament réducteur du cholestérol, mais aussi sur la santé fragile
des patients soignés avec cette famille de médicaments, « souvent âgés et souffrant d’autres comaladies graves, cardio-vasculaires par exemple,
qui peuvent être à l’origine d’un nombre élevé de
décès ».
Ces ratés dans la gestion, tardive et mal ciblée
de la crise comme, en amont, dans la communication sur les effets secondaires de son anticholestérol ont terni considérablement l’image
du groupe, auquel l’arrêt brutal de la commercialisation de son médicament causera des dommages financiers sans précédent. Car Lipobay/
Baycol figurait au nombre de ces médicaments
à succès, appelés « blockbuster » dans le jargon
pharmaceutique, qui assurent au fabricant une
grande part de son chiffre d’affaires et de son
bénéfice et tractent les autres produits sortis
de ses laboratoires. Le retrait des marchés du
médicament-vedette induit ainsi un manque à
gagner évalué à environ un milliard d’euros en
termes de chiffre d’affaires (31 % du CA total et
750 millions en termes de résultat d’exploitation). Bayer tablait sur des ventes de 3 milliards
d’euros par an d’ici deux ans, soit un cinquième
de son CA, qui devrait donc être révisé à la
baisse, quand bien même l’activité pharmaceutique du conglomérat allemand conserve encore
un fort pouvoir d’attraction, grâce aux traitements cardio-vasculaires, antibiotiques et autres
médicaments sans ordonnance. Assez pour
intéresser d’autres géants de la pharmacie, mais
pas assez toutefois pour amortir les effets de la
tempête médiatique et boursière, qui pourrait
inciter Bayer à se délester de son activité pharmaceutique au profit de son secteur chimique,
comme le laisse présager la réorganisation annoncée cinq semaines après le début de l’affaire
de l’anticholestérol. Le 13 septembre, le conseil
d’administration de Bayer remplaçait Manfred
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
89
Schneider, président du groupe depuis 1992, par
Werner Wenning, actuel directeur financier, à la
grande satisfaction des milieux boursiers. Il sera
chargé d’opérer un changement de stratégie en
réorganisant Bayer en deux entités juridiquement distinctes, l’une pour la pharmacie, l’autre
pour la chimie.
Ce pôle chimique devait être renforcé par le rachat, fin septembre, à son concurrent franco-allemand Aventis, de sa filiale Cropscience, ce qui
ferait alors de Bayer le numéro un mondial de
l’agrochimie, avec un CA combiné de 7 milliards
d’euros. Malgré les démentis du groupe, cette
polarisation passe pour le prélude à une cession
des activités santé du groupe allemand, pourtant rétif à toute association et encore moins
vente de ses activités pharmaceutiques, qui
attisent les convoitises (Roche, Novartis, GlaxoSmithKline, BMS, ou Aventis) dans un secteur déjà
engagé sur la voie de fusions visant à créer des
grands groupes spécialisés dans la chimie ou
dans la pharmacie.
GEORGE CHEVRON
UN SECTEUR PHARMACEUTIQUE EN VOIE DE
RÉORGANISATION
La crise qui a secoué Bayer rappelle à
ses concurrents la nécessite de soigner
sa communication et de redoubler de
vigilance dans les études cliniques dites
« de phase 4 » sur les effets secondaires,
lorsque le médicament est déjà en vente,
aussi coûteuses soient-elles. Elle montre
aussi les limites de ces médicamentsvedettes, sur lesquels les groupes ont
voulu appuyer leur stratégie, comme
l’apprend aussi à ses dépens Pfizer, au
coeur d’une polémique pour son célèbre
Viagra, suspecté d’avoir causé la mort de
600 personnes, ou GlaxoSmithKline, dont
l’antidépresseur Praxil aurait créé une
dépendance sur 35 personnes. Cette suspicion frappant les laboratoires affecte toute
une industrie accusée de ne penser qu’au
profit, notamment par les pays pauvres,
qui n’ont pas accès, faute de moyens, à
ses médicaments pourtant essentiels pour
traiter le sida.
9
Israël
Attentat meurtrier à Jérusalem
Quinze personnes périssent dans l’explosion, à l’heure
du déjeuner, d’une pizzeria située dans une rue commerçante du centre de Jérusalem, quatre-vingt huit
sont blessées. La police établit que l’explosion est
due à l’action-suicide commise par un kamikaze, Ashraf al-Saïd, âgé de vingt-trois ans, sympathisant du
mouvement islamique du Hamas. C’est le plus grave
attentat perpétré dans la capitale depuis le début de
l’Intifada. Le Djihad islamique revendique cet acte,
conduit « en représailles aux actions menées quotidiennement par Israël contre notre peuple ». Le 21, une voiture explose sans faire de victimes près du siège de la
police israélienne. L’explosion a été revendiquée par
le Front de l’Armée populaire-Bataillons du retour, un
groupe proche du Fatah.
États-Unis
Compromis sur les cellules souches
Le président George W. Bush approuve le financement par des fonds fédéraux de la recherche sur
les cellules souches déjà existantes, mais il s’oppose
à toute recherche entraînant d’autres destructions
d’embryons humains. Les cellules souches sont des
cellules indifférenciées capables de se reproduire
quasi indéfiniment et de donner naissance à la plupart des cellules de l’organisme. Elles sont porteuses
d’espoirs pour traiter la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou les conséquences d’un infarctus. Ce compromis relance le débat entre, d’une part, les scientifiques qui croient au potentiel thérapeutique des
cellules souches et les conservateurs et, d’autre part,
les « ProLife » qui s’opposent à toute recherche sur
l’embryon humain. En France, le projet de loi du gouvernement pour la réforme des lois sur la bioéthique
autorise la recherche sur des embryons congelés surnuméraires mais ne se prononce pas sur le clonage
thérapeutique. La Grande-Bretagne, elle, autorise
le clonage à des fins thérapeutiques et l’utilisation
d’embryons humains pour la recherche.
12
Athlétisme
Fin des championnats du monde
d’Edmonton
Les championnats du monde d’athlétisme à Edmonton (Canada) s’achèvent notamment sur la finale
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du 1 500 mètres, gagnée par le Marocain Hicham El
Guerrouj, dont c’est le troisième titre sur la distance,
et la médaille de bronze remportée par le Français
Driss Maazouzi. Après le relais 4 × 100 m, qui a également obtenu le bronze, c’est la deuxième médaille
française dans cette compétition. Le palmarès final
distingue les États-Unis (dont 9 médailles d’or) et la
Russie (6 médailles d’or), qui totalisent 19 médailles
chacun. C’est la première fois depuis dix ans qu’une
équipe obtient autant de récompenses que les
Américains.
13
Macédoine
Signature de l’accord de paix
Malgré la recrudescence des combats, les dirigeants
politiques macédoniens et albanophones signent
un accord de paix destiné à mettre un terme à six
mois de conflit et à ouvrir la voie au déploiement
de 3 500 soldats de l’OTAN chargés de superviser
le désarmement des rebelles albanophones. Ce déploiement, baptisé « Moisson essentielle », sera placé
sous la direction des Britanniques. Il devrait durer un
mois et impliquer des contingents américain, français, allemand, italien, espagnol, grec, néerlandais,
turc, hongrois et tchèque. Le plan de paix prévoit
le renforcement du poids des albanophones dans
la police, au Parlement et dans l’éducation. Le 22,
l’opération « Moisson essentielle » est officiellement
lancée. La première collecte d’armes des insurgés
albanophones est effectuée le 27. Mais cette tâche
est endeuillée par la mort d’un soldat britannique de
l’OTAN, tué quelques heures avant le début de l’opération par la chute d’un bloc de béton lancé par des
jeunes gens dans la capitale macédonienne.
14
Irlande du Nord
Volte-face de l’IRA
L’Armée républicaine irlandaise (IRA) renonce à son
engagement de désarmer ses troupes dans le cadre
du processus de paix en Irlande du Nord. L’organisation clandestine catholique irlandaise indique que
les récentes exigences britanniques et protestantes
sont « totalement inacceptables ». Elle reproche au
gouvernement britannique d’avoir suspendu pour
24 heures les pouvoirs de l’exécutif nord-irlandais –
l’assemblée et le gouvernement semi-autonomes
de la région –, compte tenu du blocage du Parti
unioniste d’Ulster (UUP, principal parti protestant),
qui refuse de désigner un nouveau Premier ministre
du gouvernement semi-autonome biconfessionnel,
poste laissé vacant depuis la démission de David
Trimble le 1er juillet dernier. La suspension temporaire
décidée par Londres avait pour but d’éviter la dissolution de l’Assemblée nord-irlandaise et de repousser
la date butoir de désignation du Premier ministre au
24 septembre, donnant ainsi un répit de six semaines
au processus de paix.
16
Colombie
Offensive contre les FARC
L’armée colombienne lance une grande offensive
contre la guérilla des Forces armées révolutionnaires
de Colombie (FARC). Dans le sud-est et le sud-ouest
du pays, quelque 6 000 soldats colombiens, épaulés
par l’aviation et les hélicoptères de combat pourchassent 2 000 guérilleros du FARC. Les opérations
militaires menées sur quatre fronts différents entre
l’armée et la guérilla font des dizaines de morts, principalement dans les rangs des rebelles.
17
France
Assassinat de François Santoni en Corse
Le militant nationaliste corse François Santoni, ancien leader de la Cuncolta Naziunalista et du FLNC,
est abattu en pleine nuit dans le village de Monacia-D’Aullène, en Corse-du-Sud, alors qu’il quittait la
fête de mariage d’un de ses proches. L’identité et le
nombre des meurtriers sont inconnus. Cet assassinat
survient un an après celui de l’ancien compagnon de
lutte de F. Santoni, Jean-Michel Rossi, avec lequel il
avait écrit Pour solde de tout compte en 2000, livre qui
dénonçait l’alliance de certains nationalistes avec le
grand banditisme. Figure historique du nationalisme
corse, François Santoni avait échappé à une tentative
d’assassinat en 1995, au cours de laquelle son garde
du corps avait trouvé la mort. Depuis il avait pris ses
distances avec les actions violentes, notamment
après son arrestation, en décembre 1996, pour l’affaire du racket et du plasticage du golf de Sperone,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
91
qui lui avait valu vingt-trois mois de détention préventive jusqu’en novembre 1998.
Le spectre de la violence continue
à hanter la Corse
Le 17 août, le nationaliste corse François
Santoni est assassiné près de Bonifacio, un
an après Jean-Michel Rossi, avec lequel il
avait contribué à la création de l’organisation Armata Corsa, opposée au processus
de Matignon qui avait été approuvé par les
élus corses en juillet 2000.
Moins d’une semaine plus tard, deux autres
proches de ce mouvement sont assassinés.
Faisant redouter une vendetta, ce regain de violence dans l’île invite le projet corse au premier
plan de la rentrée politique.
Un an après la signature des accords de Matignon, la violence semblait avoir déserté l’île. Ce
« malaise corse », que le processus de Matignon
était censé régler, est certes encore perceptible,
et se mesure à l’aune de ces attentats, plasti-
quages et colis piégés, en recrudescence depuis
mars, qui ne font pas de victimes mais continuent à alimenter l’inquiétude en Corse.
Un processus « un peu en panne »
Les colis piégés envoyés en juillet à deux avocats, dont le leader nationaliste Jean-Guy Talamoni, l’un des négociateurs des accords de
Matignon, seront désignés par l’ensemble des
nationalistes comme une simple « manipulation » visant à raviver les querelles internes ;
quant au FLNC, il revendique le 1er août une série
d’attentats mineurs commis dans les mois précédents, une manière de rappeler que la trêve
observée depuis décembre 1999 peut être rompue si le processus tendait à s’enliser. Mais, d’une
manière générale, la stratégie de dialogue mise
en place par le gouvernement, qui avait accepté
de ne pas poser comme un préalable l’abandon
de la violence dans une île encore traumatisée
par l’assassinat du préfet Erignac, en février
1998, semble porter ses fruits, laissant espérer
que les germes de la violence ont été extirpés
des moeurs insulaires. Signe de cette décrispation, certains acteurs politiques à Paris, en écho
aux revendications des milieux nationalistes
corses, commencent à soulever l’éventualité
d’une amnistie pour les prisonniers politiques, y
compris les auteurs de crimes de sang, comme le
tueur présumé du préfet Erignac, Yvan Colonna,
toujours en cavale. Ce débat, qui agite et divise
les Verts, dont l’un des responsables, le futur
candidat présidentiel Alain Lipietz, se prononce
en faveur d’une amnistie inscrite au terme du
processus de paix, suscitant un rappel à l’ordre
de Dominique Voynet et, au-delà, du gouvernement qui ne veut pas en entendre parler,
donne la mesure de cette confiance nouvelle.
Attendus au tournant des rencontres de Corte,
qui s’ouvrent le 3 août pour dresser un état des
lieux du processus de Matignon, les nationalistes
corses ne devaient pas démentir ce calme apparent. Mais alors que les représentants des mouvements nationalistes réunis à Corte, aux côtés
de ceux d’autres organisations régionalistes,
autonomistes ou indépendantistes, mettent en
cause l’indifférence des pouvoirs publics face
au processus de Matignon, « un peu en panne »,
et appellent à un règlement de la question des
« prisonniers politiques », la Corse se rappellera
brutalement au gouvernement, montrant qu’elle
n’a pas rompu avec la tradition des règlements
de comptes et assassinats.
« Pour solde de tout compte »
Le 17 août, alors qu’il quittait une noce dans le
petit village de Monacia-D’Aullène, près de Boni-
facio, en Corse-du-Sud, le nationaliste François
Santoni est abattu par des meurtriers non identifiés. Militant de la première heure de la cause
indépendantiste corse, François Santoni était
un nationaliste plutôt atypique, en rupture de
ban d’A Cuncolta, depuis qu’en juin 1999 il avait
créé son propre mouvement, Armata Corsa,
avec Jean-Michel Rossi... assassiné un an avant,
le 7 août 2000. Ce long compagnonnage dans
la nébuleuse nationaliste l’avait mené dans les
eaux troubles des milieux mafieux et du grand
banditisme, ce dont il n’a d’ailleurs pas fait mystère, en signant, avec Jean-Michel Rossi, un livre
au vitriol (Pour solde de tout compte : les nationalistes corses parlent, été 2000) dans lequel il cherchait à démontrer les ramifications mafieuses du
mouvement nationaliste. Trois mois avant d’être
tué, il persistait et signait, seul cette fois, un
autre livre – Contre-enquête sur trois assassinats
– censé dévoiler les complicités occultes ayant
coûté la vie à son ami. Autant dire qu’il s’était fait
des inimitiés tant dans les milieux nationalistes,
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auxquels il reprochait de s’être associés au processus de Matignon, que dans les milieux de la
criminalité, vers lesquels s’orienteront les enquêteurs quand, le 21 août, deux autres membres
ou proches d’Armata Corsa mais aussi du milieu,
Dominique Marcelli et son cousin Jean-Christophe Marcelli, sont assassinés à Moriani-Plage.
Fermement condamnés, y compris par leurs adversaires nationalistes, ces assassinats ramènent
la question corse au-devant de l’actualité. De
Chevènement au RPR, on veut voir dans ce regain de violence un désaveu du processus de
Matignon, mais Lionel Jospin monte au créneau
le 23 août pour déclarer que la « démarche proposée par le gouvernement doit se poursuivre ». Le
processus est donc censé suivre son cours, un
cours perturbé deux jours après par l’assassinat
à Bastia de Nicolas Montigny, un autre proche
de Santoni et militant d’Armata Corsa, dont les
rangs sont de plus en plus clairsemés, faisant redouter l’engrenage des règlements de comptes.
Mais la lutte déclarée contre le terrorisme depuis
le 11 septembre au niveau mondial pourrait bien
réfréner les partisans de la terreur.
GEORGES ULRICH
LE PROCESSUS DE MATIGNON
SUIT SON COURS
Bouclé le 19 juillet 2000, le projet de statut
pour la Corse est approuvé dix jours après
par l’Assemblée de Corse. Toutefois, l’avis
sévère rendu le 8 février 2001 par le Conseil
d’État contraindra à s’éloigner du texte
initial, notamment pour ce qui concerne
l’enseignement de la langue corse, le volet
fiscal et la dévolution des pouvoirs réglementaires, enjeux majeurs pour les nationalistes. Les députés adoptent le 16 mai un
texte légèrement remanié, mais la dévolution des pouvoirs législatifs et réglementaires à l’Assemblée Corse est soumise au
Parlement, une « reculade du gouvernement »
selon M. Talamoni. L’adaptation de la loi de
1986 sur la protection du littoral est dénoncée par la droite comme par une partie des
nationalistes. Adopté le 22 mai, le projet
de loi devait être examine par le Sénat en
novembre.
18
Liban
Arrestation de journalistes
Deux journalistes, Habib Younès et Antoine Bassil,
sont arrêtés par les services de sécurité libanais dans
la foulée d’une rafle d’environ 200 opposants qui a
débuté il y a deux semaines. Ils sont accusés d’avoir
servi d’intermédiaires entre Israël et les responsables
de la plus puissante milice chrétienne du Liban, les
Forces libanaises. Des dizaines de militants chrétiens
antisyriens, accusés de crimes passibles de peines de
trois à quinze ans de prison, sont déférés devant le
tribunal militaire de Beyrouth pour cause « d’actions,
d’écrits et de plans passibles de brouiller les relations
avec un État frère (la Syrie) et d’affaiblir le sentiment
national, ainsi que d’atteinte à la réputation des armées
libanaise et syrienne. » L’opposition libanaise, toutes
communautés confondues, considère que ces arrestations s’emploient à étouffer la liberté de parole,
notamment à l’égard de la présence syrienne au
Liban, et traduit une militarisation du régime. Le 20,
la majorité des opposants interpellés ont été remis
en liberté sous caution.
21
États-Unis
Nouvelle baisse des taux de la Fed
Pour la septième fois cette année, la Réserve fédérale américaine (Fed) baisse ses taux d’intérêt d’un
quart de point, à 3,50 %, ramenant ainsi son loyer de
l’argent au niveau du printemps 1994. Jamais, dans
son histoire, elle n’a pratiqué une telle baisse sur une
aussi courte période et, les risques d’un affaiblisse-
ment des conditions économiques persistant, elle
n’exclut pas de procéder à de nouvelles réductions
de son taux directeur. La banque centrale espère ainsi enrayer une éventuelle récession et relancer l’économie américaine, qui marque le pas depuis un an.
Finances
Le FMI au secours de l’Argentine
Le Fonds monétaire international (FMI) se prépare
à accorder à l’Argentine une enveloppe de huit milliards de dollars (8,73 milliards d’euros), dont cinq
milliards sont immédiatement disponibles, afin de
contenir la récession économique qui frappe le pays.
Cette récession ébranle les places financières des
pays voisins, notamment le Brésil, et fait craindre sur
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
93
le continent une crise économique semblable à celle
qui a touché l’Asie en 1997-1998. Le soutien financier
du FMI porte à 22 milliards de dollars (24 milliards
d’euros) la ligne de crédit de l’Argentine. Ce soutien
reste toutefois soumis à deux conditions : l’Argentine
doit, d’une part, restructurer sa dette publique qui se
monte à plus de 130 milliards de dollars (141,8 milliards d’euros), et, d’autre part, mettre en place un
véritable programme de rigueur, voté le mois dernier par le gouvernement mais désapprouvé par les
Argentins.
22
France
Opération anti-OGM dans le Gard
Répondant à l’appel de la Confédération paysanne,
une centaine de militants anti-OGM (organismes génétiquement modifiés), parmi lesquels des membres
d’Attac détruisent un champ de plants de maïs transgénique à Beaucaire, près de Nîmes. La centrale syndicale met à exécution sa menace d’entreprendre des
actions commando si le gouvernement ne lève pas
l’autorisation de cultiver de telles semences, le seuil
acceptable des OGM dans les semences conventionnelles étant, selon elle, « celui de 0 % ».
25
Fidji
Élections démocratiques
Les électeurs fidjiens sont appelés à choisir un nou-
veau gouvernement capable de ramener l’archipel
sur la voie de la démocratie quinze mois après le
putsch nationaliste du 19 mai 2000, qui avait renversé le Premier ministre indien Mahendra Chaudhry
victorieux du précédent scrutin le 19 mai 1999 ;
351 candidats, issus de 18 partis politiques différents,
sont en lice pour ces législatives, qui se tiennent pendant une semaine sur les quelque 330 îles de l’archipel fidjien. Les élus se partageront les 71 sièges du
Parlement, 23 sont dévolus à des Fidjiens de souche,
19 à des Indo-Fidjiens, 3 aux autres groupes ethniques et un à un élu originaire de l’île de Rotuma. Les
25 sièges restants sont attribués sans tenir compte
de telles restrictions ethniques ou géographiques.
De souche mélanésienne, le Premier ministre Laisena
Qaras, mis en place par l’armée après le coup d’état,
qualifie ce scrutin « de la plus haute importance pour le
pays depuis l’indépendance », en 1970 ; 32 sièges sont
remportés par des candidats du parti du Travail (FLP)
de l’ancien Premier ministre Chaudhry, 27 par le parti
du Premier ministre Qarase, 6 par l’Alliance conservatrice de George Speight, l’auteur du coup d’État
contre Mahendra Chaudhry. George Speight, qui
s’était emparé du Parlement et doit être jugé pour
trahison avec neuf de ses complices, a également été
élu, mais il a fêté son succès en prison.
27
Proche-Orient
Mort d’un chef palestinien
Mustafa Zibri, connu sous le nom d’Abou Ali Mustafa,
chef d’une faction de l’OLP en Cisjordanie, le Front
populaire de libération de la Palestine (FPLP), est
tué dans son bureau lors d’un bombardement de
l’armée israélienne à Ramallah. Selon Tsahal, le siège
du FPLP a été bombardé dans le cadre d’une « action
préparée », soulignant que le FPLP avait commis des
dizaines d’attaques visant des Israéliens. Le Hamas et
le Jihad islamique, deux mouvements islamistes, appellent à venger la mort de ce dirigeant, le plus haut
responsable palestinien à succomber dans une attaque israélienne ciblée. Une cinquantaine de Palestiniens, soupçonnés d’avoir été impliqués dans des
attentats anti-israéliens, ont été tués lors d’attaques
ciblées au cours des onze derniers mois.
29
Australie
L’Australie contre le débarquement de
réfugiés afghans
Un commando d’élite australien investit en pleine
mer un cargo norvégien, le Tampa, qui avait recueilli
438 réfugiés afghans en perdition sur un ferry indonésien qui les transportait illégalement, après que
le capitaine eut pénétré dans les eaux territoriales
australiennes. Il a pour mission d’empêcher le cargo
d’accoster en Australie. Le Premier ministre australien John Howard justifie cette intervention musclée
par le fait que le bateau avait pénétré dans les eaux
territoriales australiennes en s’approchant de l’île de
Christmas, au mépris des avertissements adressés
au capitaine et au ministre norvégien des Affaires
étrangères. Le capitaine a effectué cette manoeuvre
parce que des réfugiés menaçaient de sauter pardessus bord. Alertée sur cette affaire, la présidente
de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et
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94
du Croissant-Rouge, Astrid Heiberg, rappelle depuis
Genève que « les États ont un devoir de protection de
ces personnes et il est impératif qu’une solution soit
trouvée qui mette fin à leurs souffrances et leur permette
d’entamer un processus de demande d’asile ». Par ailleurs, le Haut Commissariat des Nations unies pour
les réfugiés (HCR) appelle au dialogue les trois États
(Norvège, Indonésie. Australie) concernés par le sort
des 438 clandestins du Tampa. Il demande à l’Australie de laisser les clandestins accoster sur la petite
île de Christmas (à 1 500 km des côtes australiennes)
après avoir décliné l’offre d’accueil émise par le Timor-Oriental. Mais Canberra persiste dans son refus,
suggérant que le Tampa reparte avec sa cargaison
humaine à destination de l’Indonésie voisine.
30
Timor-Oriental
Élections au Timor-Oriental
Deux ans après un référendum sur la séparation
avec l’Indonésie qui, à l’issue d’une sanglante
campagne, avait vu une immense majorité d’électeurs voter pour se libérer de vingt-quatre ans de
tutelle indonésienne, les Est-Timorais participent
aux premières élections libres organisées dans le
territoire. C’est un premier pas vers l’indépendance
prévue pour l’an prochain par le programme onusien. Il s’agit cette fois d’élire les 88 membres de
l’Assemblée qui devront rédiger la Constitution du
territoire. 425 000 électeurs, sur une population
comptant 738 000 personnes, sont appelés à voter
dans 248 bureaux. La participation est de 91,3 %. Le
Fretilin, parti historique de la résistance est-timoraise contre l’Indonésie, obtient une large victoire,
remportant 55 des 88 sièges de l’Assemblée constituante. Le Fretilin n’atteint pas à lui seul la majorité
qualifiée de 60 sièges nécessaires pour l’approbation d’une future Constitution. Le nouveau Parti démocratique (PD), fondé par des leaders du mouvement étudiant, obtient 7 sièges. L’année prochaine,
un nouveau président sera élu, lorsque prendra fin
l’administration de l’île par les Nations unies.
31
Afrique du Sud
Conférence sur le racisme
Durban, la troisième ville d’Afrique du Sud du point
de vue de la population, accueille durant huit jours
la Conférence mondiale contre la discrimination raciale, la xénophobie. Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies Kofi Annan l’inaugure en
lançant un appel aux délégués des 166 pays représentés et de centaines d’organisations des droits de
l’homme pour qu’ils dépassent leurs divergences.
C’est en effet peu de dire que la conférence a suscité des polémiques, notamment sur la question du
dédommagement des pays africains pour l’esclavage
et l’assimilation du sionisme au racisme sur fond
d’exacerbation de la crise au Proche-Orient. Après
avoir annoncé son boycott, Israël décide finalement
d’envoyer une mission réduite afin de répondre aux
accusations dont l’État hébreu fait l’objet.
Durban : des dérives du discours à
l’absence de dialogue
Discussion confine sur le conflit au ProcheOrient, demandes africaines de « réparations » consécutives à l’esclavage et au
colonialisme... Pour l’essentiel, la conférence des Nations unies contre le racisme
s’est résumée à un dialogue de sourds entre
le Nord et le Sud.
Depuis un an ou deux, Durban, port de
l’océan Indien, qui est aussi la troisième ville
d’Afrique du Sud, est un peu devenue la capitale
du dialogue Nord-Sud. En 2000, elle avait successivement accueilli le IIIe Festival international
des écrivains et la XIIIe Conférence internationale
sur le sida, deux manifestations qui avaient pris
un tour nettement politique. Les pays du Sud, et
notamment africains, y avaient vu une occasion
d’exprimer la souffrance de leurs populations
lors de conflits civils, ou d’épidémies, dans lesquels la responsabilité des États occidentaux
était à leur sens lourdement en jeu.
La conférence des Nations unies « contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie
et l’intolérance qui leur est associée », qui s’est
tenue dans la cité sud-africaine du 30 août au
7 septembre, a débuté sur des revendications
similaires. Certes, il y fut question des discriminations raciales dans les pays multiethniques
(Brésil, États-Unis...), ou encore de l’oppression
subie par les peuples kurde et tibétain... Mais ce
sont deux autres sujets qui ont occupé l’essentiel
de l’ordre du jour.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
95
Le Proche-Orient au centre des débats
Dès les réunions préparatoires au printemps, des
représentants africains avaient demandé que les
pays riches versent des « réparations » aux pays
pauvres, au titre des dommages subis à l’époque
de l’esclavage et du colonialisme. « On ne peut
pas séparer le problème du racisme et celui de la
discrimination entre riches et pauvres », affirmait
ainsi Mark Weinberg, porte-parole de la coordination nationale des ONG sud-africaines. Quant
au président sud-africain Thabo Mbeki, il entendait faire de la conférence un combat contre « les
conséquences de l’esclavage et du colonialisme,
qui continuent de définir la vie de milliards de personnes noires ou métisses comme des vies sans
espoir ».
Surtout, le conflit du Proche-Orient a été au
centre des débats. Les pays arabes ont insisté
pour que le sionisme soit reconnu comme une
forme de racisme, ainsi que le formulait une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies
datant de 1975. Mais la résolution, qui avait servi
de justification à l’absence des États-Unis aux
deux premières conférences onusiennes contre
le racisme en 1978 et en 1983, avait été abrogée
en 1991, comme préalable à la signature des
accords de Madrid entre Israël et une délégation
jordano-palestinienne.
À Durban, on a en fait assisté à un stupéfiant
affaiblissement du discours politique. Par leurs
revendications, les pays arabes ont réduit un
conflit politique entre deux peuples qui se disputent un territoire à une simple accusation
mutuelle de racisme antiarabe ou antisémite.
Les deux problèmes ont parfois fusionné dans
un discours ambigu. « En tant que Noirs, a déclaré
le ministre zimbabwéen de la Justice, nous méritons, au même titre que les Juifs, des excuses pour
les violations des droits de l’homme commises à
notre encontre en tant que race. » Dans cet argumentaire où les peuples ne se définissent plus
comme des associations politiques mais comme
des communautés de confession ou de sang
forcément antagonistes, l’exigence a priori légitime de la réparation d’une souffrance était-elle
recevable ?
Les États-Unis ont répondu par la négative. Le secrétaire d’État (ministre des Affaires étrangères)
Colin Powell, pourtant le premier Noir américain
à occuper une fonction de ce rang, a d’abord fait
savoir qu’il ne se rendrait pas à Durban. Puis il
a missionné une délégation mineure, composée
de deux diplomates en poste en Afrique du Sud,
à qui il a donné consigne de rester muets.
Au terme de trois jours de débats houleux, c’est
finalement la déclaration du forum des ONG
organisé, parallèlement à la conférence, qui
provoque la rupture. Israël y est qualifié d’État
« raciste », coupable de « génocide » envers les
Palestiniens. Les organisations les plus crédibles,
comme Amnesty International ou Human Rights
Watch, se désolidarisent de ce texte adopté à la
hâte. Mais, malgré l’insistance de Kofi Annan et
de Mary Robinson, respectivement secrétaire
général et haut représentant pour les droits de
l’homme de l’ONU, la délégation américaine
quitte aussitôt la conférence ; Colin Powell
invoque des déclarations « haineuses » envers
Israël. La délégation israélienne, prévenue à
l’avance, suit immédiatement.
Un accord à l’arraché
Les représentants des pays membres de l’Union
européenne décident, quant à eux, de rester.
Avec la Norvège, la Namibie, l’Afrique du Sud et
la Ligue arabe, ils tentent d’élaborer un « texte
entièrement neuf, susceptible de recueillir un
consensus », selon l’expression de Louis Michel,
ministre des Affaires étrangères de Belgique,
pays qui préside alors l’UE. Un accord est finalement arraché, tardivement, au prix d’une nuit
supplémentaire de discussions. La déclaration
finale adoptée à Durban se borne à proclamer « le droit inaliénable du peuple palestinien
à l’autodétermination et à la création d’un État
indépendant ». Elle reconnaît que « l’esclavage
et le commerce des esclaves, en particulier la
traite transatlantique, constituent un crime contre
l’humanité », mais elle ne prévoit pas de compensation. Au total, le texte ne satisfait pleinement aucun des participants. Mais l’Union européenne a prouvé que, même lorsque les termes
du débat sont contestables, il est possible de
« négocier jusqu’au bout pour obtenir un accord »
avec les pays du Sud, selon les mots de Louis
Michel. À l’inverse, et comme sur de nombreux
sujets depuis l’arrivée au pouvoir du président
George W. Bush (protocole de Kyoto sur l’envi-
ronnement, bouclier antimissile...), les États-Unis
ont préféré camper sur leur position, faisant ici
la sourde oreille aux revendications africaines et
arabes.
BENJAMIN BIBAS
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
96
LA RANÇON D’HAÏTI
La France a été le premier pays européen
qui, en mai 2001, a adopté une loi reconnaissant la traite des esclaves comme un
crime contre l’humanité. Jean-Philippe
Antonio, ministre haïtien des Affaires
étrangères, a rappelé à Durban un aspect
peu connu de l’histoire d’Haïti : « En 1804,
[...] pour accepter notre indépendance, la France
nous a imposé une rançon de 150 million de
francs or. Les derniers versements ont eu lieu en
1946. On demandait aux enfants des écoles de
donner quelques pièces pour payer cette dette.
Nous demandons [...] une restitution de cet argent. Le bicentenaire de notre indépendance en
2004 pourrait être l’occasion pour la France de
faire ce geste. »
Septembre
3
Informatique
Rachat de Compaq par HewlettPackard
Le groupe informatique américain Hewlett-Packard
annonce le rachat de son concurrent américain Compaq dans une transaction par échange d’actions –
0,6325 action Hewlett-Packard pour chaque action
Compaq –, une opération évaluée à 25 milliards de dollars. La transaction représente une plus-value de 18 %
pour les actionnaires de Compaq. Les actionnaires actuels de Hewlett-Packard détiendront 64 % du nouveau
groupe et ceux de Compaq 36 %. La P-DG de HewlettPackard, Carly Fiorina, devient P-DG et président du
conseil d’administration du nouveau groupe ; celui de
Compaq, Michael Capellas, aura le titre de président.
4
France
Chevènement candidat à la
présidentielle
En ce jour du 131e anniversaire de la République,
Jean-Pierre Chevènement s’engage officiellement
dans la course à l’élection présidentielle du printemps 2002. Depuis l’hôtel de ville de Belfort, dont il
est le député-maire, il se déclare candidat avec l’ambition d’être, « en ces temps d’incertitudes », « l’Homme
de la Nation » capable de « changer la donne » dans
une France qui « ne sait plus où elle va ». La République, qui « reste une idée neuve », constituera le socle
du programme présidentiel de Jean-Pierre Chevènement qui s’articulera autour des « repères » que sont
«la souveraineté du peuple, la citoyenneté, l’autorité de
la loi, égale pour tous, mais aussi l’égalité des chances
et la solidarité ».
Le juge Halphen dessaisi dans l’affaire
des HLM de Paris
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de
Paris annule la saisie en septembre 2000 de la vidéo
de Jean-Claude Méry, collecteur de fonds occulte
du RPR, qui mettait directement en cause Jacques
Chirac dans un circuit de financement du RPR. Elle
estime en effet que l’enquête du juge Éric Halphen
de Créteil, qui était en charge de ce dossier, avait été
suspendue le 22 septembre 1999 en raison du dépôt
de demandes en nullité. En conséquence, la saisie
de la cassette et de l’ensemble des actes ayant suivi
cet acte sont déclarés irréguliers et annulés. Tous les
actes concernant le président de la République dans
l’affaire des HLM de Paris sont également annulés.
Cinq mois après avoir été convoqué comme témoin
par le magistrat de Créteil, le chef de l’État remporte
ainsi une victoire procédurale, fondée sur un vice de
forme, et obtient un répit judiciaire, après l’annulation en appel de tous les actes le concernant.
Condamnation de l’évêque de Bayeux
Le tribunal correctionnel de Caen condamne
Mgr Pierre Pican, évêque de Bayeux, à trois mois
d’emprisonnement avec sursis pour non-dénonciation de crimes et d’atteintes sexuelles sur mineur de
quinze ans. L’évêque était poursuivi pour ne pas avoir
alerté la justice sur les actes pédophiles de l’abbé
René Bissey, dont il était le supérieur hiérarchique.
Lors de l’audience, les 14 et 15 juin, le procureur de la
République avait réclamé quatre à six mois d’emprisonnement avec sursis à rencontre du prélat, rappelant notamment que son silence avait pu empêcher
certaines victimes de l’abbé Bissey d’obtenir justice
en raison de la prescription.
6
États-Unis
Arrêt des poursuites contre Microsoft
La division antitrust du département de la Justice renonce à demander le démantèlement de Microsoft
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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par la justice américaine pour avoir abusé de son monopole comme l’ont été, en d’autres temps, Standard
Oil et ATT. Ce revirement du gouvernement américain ouvre la voie à une issue négociée et rapide
d’une procédure engagée depuis près de quatre
ans. Les dix-huit États américains qui poursuivent
également la firme fondée par Bill Gates adoptent la
même position. Le numéro un mondial des logiciels
était poursuivi pour pratiques anticoncurrentielles et
pour avoir intégré sans possibilité de recours son logiciel de navigation Internet Explorer à son système
d’exploitation Windows. L’accroissement régulier des
fonctions de Windows permet à Microsoft d’élargir
son monopole et de laminer ses concurrents.
9
Biélorussie
Élection présidentielle
Le président Alexandre Loukachenko, âgé de quarante-sept ans, est réélu dès le premier tour de l’élection présidentielle avec 75,6 % des suffrages. Le taux
de participation a atteint le niveau record de 82,5 %
des 7,2 millions d’inscrits. Alexandre Loukachenko
est considéré, selon ses détracteurs, comme l’un des
derniers dirigeants autoritaires d’Europe. Son principal adversaire, Vladimir Gontcharik, chef du plus
grand syndicat du pays, recueille 15,39 % des voix. Le
dernier candidat, le nationaliste Serguei Gaidoukevitch, obtient 2,5 %. Vladimir Gontcharik annonce
toutefois qu’il ne reconnaîtra pas les résultats du scrutin, accusant le président Loukachenko de « s’emparer
du pouvoir » et de « falsification », qui proviendrait « du
remplacement de bulletins lors du vote anticipé et après
la fermeture des bureaux de vote ». Il exige un second
tour. Selon lui, la campagne a été marquée par des
pressions exercées sur les groupes d’opposition et
destinées à favoriser le candidat sortant. Mais les observateurs européens – 700 au total dont 300 pour
l’OSCE – présents en Biélorussie n’ont signalé aucune
irrégularité grave dans le déroulement du scrutin,
le plus « surveillé » de l’histoire du pays. Ce scrutin était le premier test électoral pour le président
Loukachenko depuis le référendum de 1996 qui lui
avait permis de prolonger de deux ans son premier
mandat de cinq ans à la tête du pays. Le programme
de M. Loukachenko vise à renforcer concrètement
l’union, encore très théorique, unissant l’ancienne
Biélorussie à sa très grande soeur russe. Son objectif à
terme est de fusionner son pays avec la Russie.
Tennis
Hewitt et Williams vainqueurs de l’US
Open
L’Australien Lleyton Hewitt, âgé de vingt ans, remporte le premier titre d’un tournoi du grand chelem
de sa carrière, grâce à une victoire en trois manches –
7-6, 6-1, 6-1 – sur l’Américain Pete Sampras à Flushing
Meadows. C’était la première finale de Lleyton Hewitt
à ce niveau, la dix-septième de Sampras. Ce dernier,
qui avait dû vaincre Pat Rafter, André Agassi et Marat
Safin en trois matchs consécutifs au cours de la semaine, a semblé à court de réserves. C’est la première
fois depuis 1992 qu’il n’aura remporté aucun tournoi
majeur au cours d’une année. Depuis sa victoire à
Wimbledon en 2000, son treizième titre du grand
chelem, il a disputé 18 tournois consécutifs sans
remporter la victoire. Chez les dames, l’Américaine
Venus Williams, âgée de vingt et un ans, remporte
la finale de Flushing Meadows, en battant sa soeur
cadette Serena (dix-neuf ans et lauréate en 1999), 6-2,
6-4 et conserve son titre à l’US Open. En demi-finales,
elles ont dominé respectivement Martina Hingis,
numéro un mondiale, et Jennifer Capriati, victorieuse
de l’Open d’Australie et des Internationaux de France.
Israël
Nouveaux attentats
Trois attentats palestiniens, dont deux attaques suicides, font cinq morts et 42 blessés dans l’État hébreu. L’armée israélienne riposte en lançant coup sur
coup trois attaques d’hélicoptères en Cisjordanie qui
visent des bâtiments du mouvement Fatah du président Yasser Arafat, une importante base des forces
palestiniennes et un poste de police. Cette brusque
flambée de violence vient souligner, pour les uns,
l’urgence de la rencontre prévue dans les jours qui
viennent entre le chef de la diplomatie israélienne
Shimon Peres et M. Arafat, et, pour les autres, son
inutilité.
Afghanistan
Le commandant Massoud victime d’un
attentat
Le chef de l’opposition armée afghane, Ahmed
Shah Massoud, est grièvement blessé dans l’explo-
sion d’une caméra piégée, alors qu’il accordait une
interview à un groupe de journalistes arabes, dont
les deux auteurs de l’attentat, dans sa résidence de
Khwaja Bahauddin dans le nord de l’Afghanistan. AhdownloadModeText.vue.download 100 sur 518
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med Shah Massoud, un Afghan d’ethnie tadjike âgé
de quarante-neuf ans, dirige l’Alliance du Nord, une
coalition de chefs de guerre en majorité d’origine
ouzbek ou tadjike qui combat la milice islamique des
taliban au pouvoir en Afghanistan depuis 1996. Le
gouvernement des taliban n’est reconnu que par
le Pakistan, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes
unis. Une semaine après l’annonce de l’attentat, ses
partisans révèlent le décès du chef de l’opposition
afghane, qui a succombé à ses blessures. Ils accusent
le Pakistan, les taliban et le terroriste Oussama Ben
Laden d’avoir organisé l’attentat suicide contre
Massoud.
La disparition du « lion du Panshir » risque de déstabiliser les États voisins d’Asie centrale, en particulier
le Tadjikistan, qui partage une frontière de plus de
1 200 kilomètres avec l’Afghanistan.
10
Norvège
Élections législatives
À l’issue des élections législatives, les électeurs norvégiens écartent du pouvoir le Parti travailliste du Premier ministre Jens Stoltenberg. Avec 24,4 % des voix
– une perte de dix points par rapport au précédent
scrutin de 1997 –, les travaillistes essuient un revers
historique, leur plus mauvais score depuis 1927. Ils
ont été sanctionnés à la fois sur leur gauche – le Parti
de la gauche socialiste progresse de 6 points avec
12,4 % des voix – et sur leur droite : les conservateurs
de Jan Petersen, cantonnés dans l’opposition depuis
plus de dix ans, sont crédités de 20,6 % tandis que le
parti du Progrès (FRP, populiste) et les démocrateschrétiens recueillent respectivement 14,9 % et 13 %
des suffrages. Tout en reconnaissant avoir enregistré
« un très mauvais résultat », le Premier ministre exclut
une démission immédiate de son gouvernement,
invitant plutôt les autres formations à s’asseoir à la
table de négociations.
Turquie
Attentat à Istanbul
Un attentat suicide à la bombe cause la mort de
deux policiers et blesse 24 personnes place Taksim
dans le centre d’Istanbul. L’auteur de l’attentat, qui
est vraisemblablement lié au mouvement de grève
de la faim qui se poursuit dans les prisons turques
pour protester contre les nouvelles conditions de
détention, est membre d’une organisation d’extrême
gauche, le Front-parti de Libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C).
11
États-Unis
Attentats terroristes à New York et à
Washington
Deux avions de ligne piratés par des terroristes percutent à quelques minutes d’intervalle, aux environs
de 9 h locales, les deux tours géantes du World Trade
Center à New York, qui s’effondrent une heure plus
tard. Le nombre des disparus dépasserait 6 000 personnes. Deux autres appareils piratés s’écrasent
l’un en rase campagne, en Pennsylvanie, et l’autre
à Washington, sur le Pentagone, siège du ministère
américain de la Défense, faisant près de 300 victimes.
Le calme qui précède la tempête
Début septembre, on attend une rentrée
chargée, l’économie continuant de donner des signes de fatigue. Les sondages
indiquent que le président Bush n’a pas
su se défaire de son image de fils à papa
besogneux qui ne doit son élection qu’à un
concours de circonstances favorables.
L’été qui précède les événements du 11 septembre paraît tout à fait calme. Depuis le
printemps, les médias survivent en exploitant
jusqu’à l’usure un nouveau scandale mêlant
moeurs privées et politiques et qui rappelle
étrangement l’affaire Lewinsky. Ce nouvel imbroglio implique encore une jeune stagiaire,
Chandra Levy, qui a disparu subitement sans
laisser de traces et un représentant à la chambre
du Congrès, Gary Condit, dont le sourire mièvre
ne semble jamais quitter un visage qui se crispe
au fil des semaines.
Une rentrée difficile
Les observateurs prédisent au président Bush
une rentrée difficile avec plusieurs dossiers
lourds, dont celui de l’économie et celui de la
défense antimissile, à la base de sa nouvelle politique de défense qu’il tarde à définir. L’Amérique,
quant à elle, se porte plutôt bien en surface. Les
signes avant-coureurs d’une possible récession
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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n’ont pas trop entamé l’optimisme partagé, du
moins en apparence, par une grande partie
du peuple américain depuis la fin de la guerre
froide et le succès de la guerre du Golfe. Justement, d’ailleurs, ce calme qui précède la tempête rappelle celui qui avait précédé la guerre
du Golfe onze ans auparavant, alors que le premier Bush avait encore du mal à se débarrasser
du « wimp factor » (un hebdomadaire l’avait
taxé de « mauviette ») qui lui collait à la peau
depuis la campagne présidentielle. Considéré
alors comme un sous-Reagan – tout comme son
propre fils sera perçu par une ironie de l’histoire
comme un George Bush de deuxième zone – le
père façonnera sa présidence, aujourd’hui jugée
favorablement par les historiens, à travers son
action dans le Golfe.
Cette action réussie sera néanmoins tronquée
par la décision de se retirer sans avoir éliminé
Saddam Hussein. Un choix qui, aggravé par une
mauvaise santé économique, coûtera l’élection
à George Bush en 1992. Ce souvenir laissera un
goût amer au président, et à son fils, George
W. Bush, qui saura très probablement en tirer les
enseignements, notamment lorsqu’il prendra la
décision de bombarder l’Afghanistan.
Une société coupée du monde
Depuis les événements du 11 septembre, la
presse internationale n’a cessé de ressasser
à quel point l’Amérique était peu préparée à
faire face à une telle catastrophe, resservant
à diverses sauces les clichés habituels sur le
repliement sur soi d’une société à la fois infantile, coupée du reste du monde, et vivant dans
une bulle dont elle ne sortait que pour aller
donner des leçons aux étrangers. De là à dire
que les attaques étaient peut-être méritées, il
n’y avait qu’un pas facile à franchir. À la question de savoir si le pays s’attendait à un tel choc,
nous répondrons qu’aucun pays habitué à vivre
en paix n’est préparé psychologiquement à un
tel acte de barbarie, les États-Unis pas plus que
d’autres et probablement pas moins non plus.
Longtemps à l’abri du terrorisme, les États-Unis
avaient subi les premiers attentats dans les an-
nées 1990, avec une attaque à la bombe en 1993,
déjà au World Trade Center, qui avait fait six victimes et, surtout, la catastrophe d’Oklahoma City
qui avait entraîné la mort d’une quarantaine de
personnes. Cet attentat avait marqué les esprits,
plus profondément que les attaques lointaines
contre deux ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya, attribuées comme celle de 1993,
à Oussama Ben Laden. Mais ces actes n’avaient
pas entamé l’optimisme qu’avait engendré la
« victoire contre l’Empire du mal (l’URSS) », victoire qui fondait dans les esprits le début de
l’hégémonie absolue de l’Amérique.
Néanmoins, les médias avaient timidement
abordé le sujet du terrorisme, y compris les
risques futurs auxquels pourrait être confrontée l’Amérique. Mais les scénarios catastrophes
envisagés par les journalistes semblaient trop
proches des films de science-fiction pour être
pris au sérieux. En revanche, le travail de prospective effectué par l’État était beaucoup plus
rigoureux. On a beaucoup glosé depuis le
11 septembre sur l’inefficacité des services de
renseignement américains. Il est vrai que la mise
en place de moyens technologiques s’était faite
au détriment du travail de terrain. Mais il n’est
pas moins vrai que ces services avaient beaucoup progressé dans le domaine de la lutte antiterroriste au cours des dernières années alors
que de gros efforts avaient été entrepris par la
Défense affronter le terrorisme.
Une lutte à plusieurs niveaux
La lutte antiterroriste s’est construite sur plusieurs niveaux. Le travail consistait d’abord à
remonter à la source du mal, dans ce cas, clairement, Oussama Ben Laden, que les Américains
cherchaient à neutraliser depuis un moment
déjà. En aval s’effectuait le démantèlement
des réseaux, dont plusieurs membres ont été
découverts et arrêtés. Enfin, la sécurité globale
devait être renforcée. Mais dans un pays immense comme les États-Unis, la sécurité absolue
n’existe pas car il y aura toujours des failles dans
ce système volontairement ouvert et décentralisé. Finalement, le 11 septembre, le plus surpris
aura peut-être été le président George W. Bush.
Lui qui avait parié sur la haute technologie pour
se protéger contre une attaque (improbable)
d’un « État bandit » devait désormais faire face à
la nébuleuse terroriste. Par chance, celle-ci allait
rapidement se découvrir un visage. Car, pour
l’Amérique, l’ennemi désigné incarne toujours le
mal défini dans des termes bibliques. Cet ennemi se doit d’avoir un nom et un visage. C’est à
partir de là que toutes les ressources sont mises
en oeuvre pour éliminer les forces du mal dans
ce combat manichéen auquel se livrent les ÉtatsUnis à intervalles réguliers.
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100
UN ÉNORME ÉLECTROCHOC
Au lendemain de la catastrophe, George
Bush s’adressait en ces termes à la population : « Ce sera un combat monumental du
Bien contre le Mal. Mais le Bien l’emportera. » Si
le XXIe siècle a commencé ce 11 septembre
2001, comme on l’a dit depuis, il n’en rappelait pas moins le siècle qui l’avait précédé : tout comme après le torpillage du Lusitania en 1915 et l’attaque japonaise contre
Pearl Harbor en 1941, l’Amérique recevait
un énorme électrochoc, en plein coeur de
Manhattan cette fois, alors qu’elle se sentait en parfaite sécurité.
Mardi, 11 septembre 2001
Vers 8 heures du matin, plusieurs avions
décollent de la côte Est pour la Californie.
Trois des appareils termineront leur course
sur les cibles déterminées au préalable par
les pirates de l’air.
Le vol 93 de United Airlines, 45 personnes à
bord, quitte l’aéroport de Newark près de
New York en direction de San Francisco. Un peu
plus au nord, à Boston, un autre vol de United
Airlines, le numéro 175, décolle en direction de
Los Angeles avec 65 personnes à bord. Toujours
de Boston, le vol 11 d’American Airlines se dirige
vers la même ville californienne avec ses 92 passagers. Un quatrième appareil, le vol 77 d’American Airlines, s’envole aussi pour Los Angeles à
partir de l’aéroport de Dulles, à une trentaine de
kilomètres de Washington, avec 58 personnes à
bord.
Un même scénario
À l’intérieur des quatre avions, le même scénario
se reproduit à peu de chose. Après le décollage
– rapidement pour les vols 11 et 175, plus tardivement pour les deux autres –, une poignée
d’hommes armés de couteaux et de cutters
prennent le contrôle des avions. Ils s’attaquent
au personnel naviguant, et à certains passagers, afin de provoquer la réaction des pilotes,
qu’ils neutralisent. Une fois aux commandes, les
pirates modifient la trajectoire et dirigent leurs
avions sur les cibles. Quatre bombes volantes
se trouvent entre leurs mains. Une fois en l’air,
ces appareils ne sont pas trop difficiles à piloter.
Les pirates débranchent le système de pilotage
automatique et manoeuvrent à l’aide d’un GPS
portable leur permettant de se repérer. Dans la
cabine, certains passagers parviennent à utiliser
leurs téléphones. C’est grâce à ces appels que
l’on connaîtra l’enchaînement des événements.
C’est aussi par l’intermédiaire de ces communications que les passagers du vol 93, informés des
autres événements, joueront leur va-tout, sacrifiant leur vie pour éviter une quatrième catastrophe qu’ils savent inévitable.
Manhattan, 8 h 45
Deux Français, Jules et Gédéon Naudet, sont
en train de filmer un documentaire à quelques
mètres du World Trade Center. Un bruit d’avion
attire leur attention. Fixant l’objectif vers le ciel,
ils captent par hasard l’image du premier choc :
un Boeing 767 qui s’encastre dans le sommet
d’une des deux tours jumelles. Cette image fera
le tour du monde. Il s’agit du vol 11. À plus de
500 km/h, il est venu percuter l’un des plus hauts
gratte-ciel du monde (417 m) avant de s’embraser comme une gigantesque boule de feu. À ce
moment-là, pour les observateurs, il ne peut
s’agir que d’un accident. Dans la deuxième tour,
la consigne est même donnée de ne pas quitter
les lieux tout de suite.
Il est un peu plus de 9 heures lorsque les caméras de la télévision captent en direct un deuxième appareil dans le ciel new-yorkais. L’appareil fonce tout droit dans la deuxième tour. Les
Twin Towers sont toutes les deux en feu. Il est
clair que ces deux terribles accidents ne sont pas
fortuits.
Un quart d’heure plus tard, George W. Bush, en
visite en Floride, fait une brève intervention :
« Le terrorisme contre les États-Unis ne sera pas
toléré. » Pour ce premier discours improvisé, le
président est peu convaincant. À 9 h 45, le vol 77
s’écrase sur le Pentagone. L’aviation militaire,
pourtant alertée, n’a rien pu faire. Au même
moment, la Maison-Blanche est évacuée. Cinq
minutes plus tard, tous les aéroports sur le sol
américain sont fermés et tous les vols annulés. À
10 h 15, le Boeing 757 de United Airlines s’écrase
en Pennsylvanie. Le cauchemar vient à peine de
commencer.
L’inimaginable s’est produit
Il est 9 h 55 lorsque l’inimaginable s’est produit :
à New York, la tour jumelle sud, celle qui a été
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
101
touchée la deuxième, s’effondre d’un seul coup.
La structure en acier n’a pas résisté à la chaleur
de l’incendie. Les blocs de béton qui séparent
chacun des étages se sont effondrés comme des
châteaux de cartes. À l’intérieur, des milliers de
personnes sont prises au piège. Trente-trois minutes plus tard, l’horreur se répète avec l’effondrement de la deuxième tour. On sait déjà que
des milliers de personnes ont péri. On parle de
20 000 personnes. C’est bien plus tard que l’on
connaîtra le nombre (approximatif) de victimes,
environ 2 500 à 3 000 disparus. L’attentat au
Pentagone fera quant à lui une centaine de victimes alors que 800 morts étaient pressentis le
premier jour. Le nombre de personnes sauvées
des décombres, malgré des efforts intenses, sera
dérisoire.
On hisse le drapeau national
George W. Bush est sur Air Force One, l’avion présidentiel, véritable forteresse volante, considéré
comme l’endroit le plus sûr du territoire. Il atterrit en Louisiane en début d’après-midi avant de
partir à l’autre bout du pays, au Nebraska, pour
revenir à Washington où il arrive à 18 h 40. Moins
de deux heures plus tard, il s’adresse à la nation :
« Notre pays est fort. Les actes terroristes peuvent
faire trembler les fondations de nos plus grands
bâtiments, mais ils ne peuvent toucher les fondations de l’Amérique. » Déjà, le ton est plus ferme.
À la surprise générale, au fur et à mesure de ses
discours, le président semble s’élever davantage
à la hauteur de l’événement.
Les sondages en sa faveur remontent d’ailleurs
en flèche. Profondément touchée dans sa chair,
l’Amérique commence déjà sa reconstruction
psychologique. Dans le pays tout entier, on hisse
le drapeau national, le Stars and Stripes, point
de ralliement de tous les Américains. Des mouvements massifs de solidarité prennent forme.
Les services de sécurité s’activent pour retracer
l’enchaînement des événements. Très vite, le public découvre l’ampleur de cette opération minutieusement mise au point pendant au moins
plusieurs mois. Le nom de Ben Laden revient
constamment.
UNE VISION D’APOCALYPSE
À Manhattan, les images dévoilent une
vision d’apocalypse. Par pudeur, on évite
de montrer les images les plus atroces,
comme celles des personnes qui se sont
jetées par les fenêtres ou celles de scènes
de pillage qui viendront entacher le travail
héroïque des équipes de sauveteurs. En
moins de vingt-quatre heures, il est clair
pour les Américains que le monde ne sera
plus tout à fait comme avant, quand l’Amérique se sentait en parfait sécurité.
La réaction américaine
L’Amérique se réveille le 12 septembre
complètement sonnée. Comme un boxeur
invaincu qui se retrouverait au tapis dans
un combat qui paraissait inégal au départ.
Dans le reste du monde, et malgré l’horreur
des attentats, on n’est pas si mécontent
de constater que le colosse a peut-être des
pieds d’argile.
Aux États-Unis, la stupéfaction générale est
encore plus grande que le choc provoqué
par l’ampleur du désastre. Dans ces situations de
crise, les États-Unis réagissent invariablement de
la manière suivante : d’abord, c’est le ralliement
autour de la bannière étoilée. Vient ensuite le
« serment » d’allégeance au président des ÉtatsUnis, personnage symbolique, véritable portedrapeau de toute la nation. Le serment précède
le moment de recueillement introspectif permettant au peuple de comprendre et d’analyser
l’événement. Enfin, on recherche la solution au
problème, avant de mettre tous les moyens en
oeuvre pour atteindre les objectifs et résoudre
ce problème. C’est exactement le scénario qui
se produit dès le lendemain des événements du
11 septembre.
Un élan patriotique
L’élan patriotique américain, qui fait souvent
sourire les Européens, constitue le ciment qui
unit ce peuple, et que d’autres nations trouvent
ailleurs, dans leur histoire, leur culture ou leur
religion. Dès le lendemain des attentats, on a
vu que des centaines de millions de drapeaux
surgissaient partout sur le territoire américain.
George W. Bush est propulsé au zénith de la
popularité présidentielle. De son côté, la presse
pratique sa version du patriotisme à outrance :
l’autocensure, qui fonctionne alors parfaitement. À ce moment, les voix dissidentes ne
sont pas bien vues. Très vite, les organismes de
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102
sécurité, dont le FBI, parviennent à mener leur
enquête avec succès. Les arrestations en masse
se succèdent, les agents fédéraux remontent la
filière. Le constat est difficile à encaisser même
si l’Amérique commence à s’habituer à ces actes
de barbarie à grande échelle qui ponctuent son
actualité depuis quelques années, notamment
avec ces fusillades à répétition dans les écoles et
les lycées. Mais le 11 septembre marque un bond
quantitatif important. De quelques individus,
voire quelques dizaines de personnes à Oklahoma City, on passe à des milliers de victimes.
On en décompte plus même qu’à Pearl Harbor,
ce « jour qui vivra dans l’infamie », selon les paroles célèbres de Franklin Roosevelt. Cependant,
si auparavant les attentats sur le sol américain
avaient été l’oeuvre de quelques individus, ceux
du 11 septembre sont le fait d’une organisation
importante. Il apparaît brusquement que ce modèle parfait de la démocratie, que, aux yeux de la
plupart des Américains, le monde entier voulait
adopter, avait aussi ses détracteurs. On connaît la
dimension religieuse de l’Amérique. Pour l’écrasante majorité des Américains, la religion est sacrée. Tout le monde se doit de pratiquer une religion, quelle qu’elle soit. La tolérance religieuse
fait partie du credo officiel. La seule croyance qui
ne soit pas vraiment tolérée est la non-croyance.
La seule qui soit intolérable est l’athéisme. Dans
un pays aux réactions manichéennes, empreint
d’une certaine naïveté, la religion est « bonne »,
l’anti-religion est « mauvaise ». C’est cette attitude partagée par tous qui est probablement à
l’origine de la surprise monumentale créée par
les attentats du 11 septembre.
Examen de conscience
Comment des gens aussi religieux, se réclamant
de Dieu, peuvent-ils s’en prendre à une nation
pieuse et généreuse comme les États-Unis ?
Comment des pays entiers pouvaient-ils haïr à
ce point cette belle civilisation qui a donné la
liberté et la prospérité au monde entier ? Telles
étaient certaines des interrogations que l’on se
posait publiquement dans les jours qui suivirent
le 11 septembre. Elles ont donné lieu à de véritables débats publics sur la place de l’Amérique
dans le monde et sur la manière dont celle-ci est
perçue sur l’ensemble de la planète. Le temps
était à l’examen de conscience, voire à l’autocritique qui précède la rédemption, autre syndrome clé de la société américaine. Ainsi, sur
la dimension affective se sont superposées les
dimensions intellectuelle et spirituelle. Une fois
ce travail introspectif entamé, on pouvait passer
aux problèmes d’ordre pratique, non sans avoir
examiné de quelle manière les États-Unis avaient
peut-être entretenu cette haine ou comment ils
avaient aidé à fabriquer la machine terroriste
Ben Laden, machine qui se retournait désormais contre eux. L’Amérique s’est construite sur
la volonté et le travail de ses pionniers. Ceux-ci
ont imprégné la culture américaine de cette idée
que tout problème peut être résolu à force de
travail et de volonté. Le problem solving consiste
à identifier le problème, à déterminer sa solution
et à tout mettre en oeuvre pour le résoudre. Rapidement, le gouvernement américain a identifié
la source du problème : un homme, Ben Laden,
et un État, l’Afghanistan. La solution : éliminer la
source du problème. Donc, trouver Ben Laden et
détruire le régime qui le protège. L’identification
du problème semblait facile. La mise en application, plus complexe, nécessitait un moment de
réflexion. Une réaction trop rapide donc aurait
été mal perçue. Au bout de quelques semaines,
le gouvernement avait pris sa décision : il décidait d’aller chercher Oussama Ben Laden en
Afghanistan.
L’OPTION AÉRIENNE
Si le problem solving guide la société américaine, la haute technologie est l’un des
moyens préférés pour accomplir ses
objectifs. Ce phénomène est encore plus
accentué dans le domaine de la stratégie militaire. Dans le cadre actuel des
guerres asymétriques, l’option aérienne
est aujourd’hui incontournable. C’est elle
qui permet d’exploiter au mieux la haute
technologie (non nucléaire évidemment)
tout en évitant, ou tout au moins en retardant, la mise en action des troupes, introduisant une dimension humaine infiniment
plus difficile à gérer auprès d’une opinion
publique qui tend à si lasser de la guerre
de plus en plus rapidement. C’est pourquoi
l’option aérienne est exploitée jusqu’au
maximum de ses possibilités avant que les
autres éléments des forces armées entrent
en action, sachant que plus le temps
passe, plus la situation se complique et
plus le soutien au président se fragilise.
Si le gouvernement américain réalise un
sans-faute durant les semaines qui suivent
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
103
les attentats, le président Bush se retrouve
progressivement sur un terrain de plus
en plus miné où les options qui lui sont
offertes vont se multiplier exponentiellement. Aux États-Unis, l’homme est jugé à la
mesure de sa réussite. Celle du président
américain dans cette terre lointaine de
l’Afghanistan sera déterminante pour la
suite de son mandat.
Le terrorisme : mal chronique
du XXIe siècle ?
L’attentat du 11 septembre 2001 marque
l’apogée d’un type de terrorisme qui est
pratiqué depuis des décennies, et non pas le
début d’une ère de terrorisme de destruction de masse, et encore moins l’émergence
d’une « guerre » nouvelle comme on l’a
entendu dire un peu partout.
Lorsque la secte Aum Shirinkyo déversa un
gaz toxique dans le métro de Tokyo en 1995,
les experts annoncèrent le commencement
d’une nouvelle ère dans le terrorisme, celle des
armes de destructions massives, comprenant
les armes bactériologiques et nucléaires. Dans
le court terme tout au moins, cette analyse s’est
révélée fausse. Et, six ans plus tard, l’attentat
terroriste le plus spectaculaire de l’histoire sera
d’un classicisme des plus déconcertants. Sur un
plan technologique, on ne pouvait agir avec plus
de sobriété qu’en recourant à l’arme blanche.
Quant aux détournements d’appareils de l’aviation civile par des terroristes, c’est une pratique
qui remonte à plusieurs décennies. Les attentats
suicides ont également cours depuis de nombreuses années.
Des moyens globalement modestes
Ce qui frappe n’est donc pas la nature des
moyens entrepris mais les résultats accomplis.
Et, même si les auteurs des attentats avaient derrière eux une bonne organisation et des fonds
importants, les moyens restent globalement
très modestes. Ce qui finit par compter, c’est la
valeur symbolique que représente Manhattan
en feu. Manhattan, coeur de cette Amérique qui
constitue l’unique superpuissance en ce début
de IIIe millénaire. Psychologiquement, le coup ne
pouvait être plus rude. Le terrorisme est l’arme
psychologique par excellence. En cette belle
journée de fin d’été, quelques hommes décidés
sont parvenus à mettre un moment K.O. le pays
le plus puissant de la planète.
Conséquence non négligeable de cet événement, les dirigeants américains sont obligés
d’effectuer un revirement complet dans le do-
maine de la politique étrangère. Dès son arrivée
à la Maison-Blanche en début d’année 2001, le
nouveau président, pour des raisons tant de personnalité que de conviction politique, s’orientait
vers l’isolationnisme. Durant les premiers mois
de sa présidence, George W. Bush donne le ton
par une série de décisions qui irritent la communauté internationale, tant sur le plan stratégique, avec le projet de défense antimissile qui
remet en question toute la stratégie nucléaire
élaborée durant la guerre froide, que sur les
questions relatives à l’environnement, avec le
refus de signer la convention de Kyoto. Cette politique est plus facile à élaborer en théorie. Sur le
terrain, les choses sont plus complexes.
Vers la fin du repli
Obligé d’organiser la riposte contre l’ennemi
désigné, Oussama Ben Laden, et contre l’Afghanistan taliban qui le protège, le président se voit
contraint de faire appel à divers alliés : Européens, Russes –, Israéliens et aussi Égyptiens,
Pakistanais et Saoudiens. Dans le cadre du renseignement sur les réseaux terroristes, le gouvernement américain est tenu de mener une campagne diplomatique auprès de pays comme la
Syrie ou le Soudan, dont certains figurent même
sur cette liste officieuse des pays « voyous »,
contre lesquels est destinée la mise en place
du bouclier nucléaire. De repliée et condescendante, l’Amérique de Bush se retrouvait donc
brusquement en position de demandeuse. S’il
avait suffi d’une bombe pour faire taire le colonel Kadhafi, la nouvelle tâche semblait plus
complexe. Si l’armée américaine avait remporté
magistralement la bataille de la propagande durant la guerre du Golfe, elle se retrouvait en position de faiblesse face à la surprenante habileté
médiatique des taliban. Si la bataille aérienne
avait réussi à résoudre le conflit au Kosovo, les
frappes aériennes sur l’Afghanistan se révélaient
rapidement insuffisantes pour accomplir les objectifs du gouvernement américain. En matière
de confiance en soit, pilier fondamental de la
culture américaine, l’Amérique suit un mouvement comparable aux cycles économiques. Les
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attentats du 11 septembre avaient entamé cette
confiance comme le firent naguère d’autres événements ponctuels comme l’envoi dans l’espace
du Spoutnik (par l’URSS) dans les années 1960,
le retrait du Viêt Nam et le Watergate dans les
années 1970 ou l’explosion de la navette spatiale
dans les années 1980. Les années 1990 avaient
été globalement épargnées, ce qui rendait les
attentats du 11 septembre d’autant plus douloureux pour une population vivant dans l’illusion
d’une sécurité quasi absolue. Or, globalement,
que représente le problème du terrorisme aux
États-Unis, et de manière générale en Occident ?
Loin d’affirmer le bien-fondé de la contestable
thèse du « choc des civilisations », loin de démontrer la faiblesse des sociétés industrielles et
démocratiques, le terrorisme constitue le prix
à payer pour des sociétés ouvertes et globalement saines mais qui évoluent dans un monde
inégal et injuste. Bien plus qu’une manifestation extrême de la religion, le terrorisme islamique est la démonstration de l’impuissance de
sociétés incapables de suivre le mouvement de
croissance industrielle engendré par les grandes
puissances économiques et les pays ayant choisi
la voie libérale. C’est, à grande échelle, le même
problème que celui de l’intégration de certaines
minorités dans les pays industrialisés dont les
États-Unis, la France et la Grande-Bretagne. Si
aucun État au monde, a fortiori des groupes
armés privés ou semi-privés, n’est en mesure
d’attaquer l’Amérique de front, il reste donc la
méthode de la stratégie indirecte, seule manière
aujourd’hui de provoquer une brèche dans la
formidable armure des États-Unis.
ARNAUD BUN
LA STRATÉGIE INDIRECTE
La stratégie indirecte, qui repose sur des
objectifs essentiellement psychologiques,
n’a en fait guère plus qu’une capacité de
nuisance, mais qui est d’autant plus frustrante pour les victimes qu’il est impossible de l’éradiquer, même si l’on parvient
à détruire certains réseaux – ce qui est
déjà difficile. Au XXIe siècle, le terrorisme
pourrait devenir un mal chronique dont
il faudra s’accommoder et qui, après
d’autres continents, atteint une Amérique
protégée dans ses terres depuis l’invasion
britannique de 1812 au cours de laquelle
la Maison-Blanche avait disparu sous les
flammes, avant de renaître de ses cendres.
12
Nigeria
Affrontements interreligieux
Des affrontements à caractère religieux se produisent
dans le centre du Nigeria, notamment à Jos, capitale de l’État du Plateau, ville à majorité chrétienne
mais avec une forte minorité de musulmans. Près de
500 personnes auraient trouvé la mort, plus de 1 000
seraient blessées. Le Nigeria, pays multi-ethnique de
120 millions d’habitants, est en proie à des violences
interreligieuses et intercommunautaires depuis son
indépendance en 1960. Les tensions se sont aggravées en 1999, en raison du projet de certains États
musulmans du nord du pays d’imposer la charia (loi
islamique). Dans le cas de Jos, des considérations
locales seraient en outre responsables de la flambée
de violence, des communautés religieuses cherchant
à s’assurer le contrôle du conseil local de gouvernement de Jos-Nord.
13
Angleterre
Iain Duncan Smith, un eurosceptique à
la tête du Parti conservateur
Les 318 000 membres du Parti conservateur britannique élisent à leur tête Iain Duncan Smith, âgé de
quarante-sept ans, par 61 % des voix, face à Kenneth
Clarke, soixante et un ans. Ils ont choisi le candidat
dans lequel la majorité d’entre eux se reconnaissaient
le mieux : alors que son adversaire malheureux,
pro-européen, était, lui, favorable à l’adoption de
l’euro par le Royaume-Uni, Iain Duncan Smith, antieuropéen convaincu, affiche un euro-scepticisme
farouche, qui est partagé par la majorité des politiciens et des électeurs conservateurs. Il aura la rude
tâche de ressouder un parti démoralisé par les deux
défaites électorales de 1997 et 2001.
Finances
Effondrement des Bourses
Les attentats contre les tours du World Trade Center
à New York et contre le Pentagone à Washington
provoquent un effondrement des principales places
boursières européennes : en clôture, la Bourse de
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
105
Paris chute de 7,39 %, celle de Londres de 5,7 %,
celle de Francfort de 8,3 % et celle d’Amsterdam de
6,95 %. L’Asie n’est pas épargnée par le krach boursier. La Bourse de Tokyo termine sur une chute de
6,6 % et celle de Hong Kong de 7,6 %. Les analystes
estiment que les terribles attentats qui ont frappé
les capitales économique et politique américaines
pourraient faire basculer l’économie mondiale, déjà
chancelante, dans la récession. Pour rassurer les
investisseurs, la Réserve fédérale américaine déclare
qu’elle est prête à insuffler d’importantes réserves
d’argent liquide fourni au système bancaire et à proposer des taux d’intérêt plus faibles afin d’éviter une
telle récession.
Économie mondiale : du
ralentissement à la récession
L’année économique était déjà mal engagée
aux États-Unis, minée par l’effondrement
des valeurs technologiques. Le ralentissement américain a atteint l’économie
européenne et, après les événements du
11 septembre, l’économie mondiale semble
se diriger vers un début de récession.
L’année commence mal. Le 3 janvier, le monde
ne s’est pas tout à fait réveillé des fêtes célébrant le passage au IIIe millénaire qu’Alan
Greenspan, le président de la Réserve fédérale
(banque centrale) des États-Unis, annonce une
baisse d’un demi-point des taux directeurs, pour
les ramener à 6 %. Rien d’inquiétant a priori,
la mesure est technique : en baissant le taux
d’intérêt auquel les banques américaines se refinancent, la « Fed » permet à celles-ci de prêter
moins cher aux entreprises qui veulent investir
et aux particuliers qui entendent consommer.
Mais, cette fois-ci, il semble que l’économie américaine ait bien besoin de ce petit coup de pouce.
Après une décennie 1990 époustouflante qui l’a
vue croître à un rythme annuel supérieur à 5 %
(5,2 % en 2000), elle vient de subir « un ralentissement très spectaculaire », prévient Greenspan et,
en ce début d’année, son taux de croissance « est
probablement proche de zéro ».
Licenciements
Trois facteurs expliquent ce ralentissement
brutal. Le cours du pétrole, d’abord : durant
l’année 2000, le baril a vu son prix tripler pour
culminer à 37 dollars, et on estime que cette
augmentation du coût de l’énergie a grevé l’économie américaine d’un point de croissance. La
politique monétaire, ensuite : en augmentant
son taux directeur de 4,75 % à 6,5 % entre 1999
et 2000 pour éviter un risque inflationniste, la
Réserve fédérale aurait contribué à raréfier le
crédit et donc à bloquer les dépenses d’investissement et de consommation. Enfin et surtout,
le crash des valeurs technologiques (sociétés de
l’Internet, téléphonie mobile, etc.) a plus que
joué son rôle : ce secteur, apparu dans les années
1990, avait alimenté l’euphorie économique
américaine durant la décennie et avait fini par
représenter à lui seul 10 % du PIB.
Jusqu’à l’automne, les autorités américaines
vont tout faire pour tenter de relancer la machine. À six reprises, Greenspan répète son geste
du début de l’année, ramenant le taux de la
« Fed » à 3,5 %.
L’administration Bush, emmenée par le nouveau secrétaire au Trésor Paul O’Neill, obtient
du Congrès le vote d’un plan de réduction
d’impôts de 1 300 milliards de dollars sur onze
ans, afin de favoriser la consommation. Mais
rien n’y fait. Les réductions d’effectifs se succèdent dans les sociétés des nouvelles technologiques : 1 300 licenciements chez le libraire en
ligne Amazon.com, 4 000 chez l’informaticien
Xerox, 30 000 suppressions d’emploi chez l’opérateur de téléphone mobile Motorola, et même
49 000 chez l’équipementier téléphonique
Lucent. L’économie américaine perd au total
700 000 emplois. Les cours des sociétés concernées continuent de chuter : à la fin de l’été, le
Nasdaq a perdu 25 % de sa valeur du début de
l’année. Quant à la croissance, elle reste bien évidemment en panne : à peine 0,7 % en rythme
annuel au deuxième semestre 2001, soit la plus
faible performance américaine depuis 1993.
Sombre tableau
Ce ralentissement n’est pas sans conséquences
sur le reste de l’économie mondiale : durant les
années 1990, les autres pays s’étaient arrimés à
la croissance américaine, qui assurait à elle seule
40 % de l’expansion économique de la planète.
Bien qu’elle commerce assez peu avec son voisin d’outre-Atlantique, l’Union européenne est
la première touchée. Le Néerlandais Wim Duisenberg, président de la Banque centrale européenne, réagit tardivement à la faiblesse de la
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conjoncture, en ne baissant les taux directeurs
que de 0,25 % au début du mois de mai. Le ralentissement gagne d’abord l’Allemagne, économie
la plus extravertie de l’Union, qui voit ses prévisions de croissance tomber à 1,3 % et le nombre
de ses demandeurs d’emplois remonter à 4 millions, bien au-delà de l’objectif de 3,5 millions
affiché par le chancelier Gerhard Schröder. La
France résiste tant bien que mal, mais elle doit
essuyer des plans de licenciements (Danone,
Moulinex...), qui marquent les consciences
dans un pays hanté depuis les années 80 par le
spectre du chômage de masse. Le nombre de
demandeurs d’emplois remonte en mai pour la
première fois depuis quatre ans et, après une année 2000 faste, les prévisions de croissance sont
finalement abaissées d’un point à 2,3 %.
Dans le reste du monde, la situation n’est guère
meilleure. Le Japon continue de s’enfoncer dans
la récession (au moins deux trimestres de croissance négative), et voit son PIB baisser de 0,2 %.
Les économies émergentes (Asie du Sud-Est,
Brésil, Turquie...) sont elles aussi touchées, alors
que la crise en Argentine fait craindre un risque
d’effondrement financier de toute l’Amérique latine. Avec une croissance estimée à 7,5 %, seule
la Chine tire véritablement son épingle du jeu.
Dans ce contexte, les attentats du 11 septembre
à New York et à Washington tombent un peu
comme un couperet sur l’économie mondiale.
Avec la suspension du trafic aérien et la fermeture de la Bourse de New York, l’économie américaine est stoppée net pendant une semaine, et le
réveil est difficile. Dans les huit jours qui suivent
la réouverture de Wall Street, toutes les places
financières mondiales perdent au moins 15 %.
Le transport aérien et l’industrie aéronautique,
victimes des assureurs qui remontent fortement
leurs primes, sont contraints de licencier massivement. Les banques centrales tentent bien une
nouvelle baisse de leurs taux, concertée cette
fois-ci ; la Réserve fédérale américaine ramène le
sien à 2,5 %, indice le plus bas depuis 1962. Les
États européens décident d’aider directement les
compagnies aériennes. Quant au gouvernement
du président américain George W. Bush, il abandonne son dogme ultralibéral pour annoncer un
plan de 115 milliards de dollars d’aide à l’économie. En fin d’année toutefois, l’ambiance est plus
que morose aux États-Unis, avec une croissance
négative de 0,4 % au troisième trimestre. Paul
O’Neill, dès lors, ne se fait plus d’illusion : « Il n’y
a aucune chance pour qu’une économie comme la
nôtre échappe à la récession. »
BENJAMIN BIBAS
COUP DUR POUR LE TRANSPORT AÉRIEN
Les attentats du 11 septembre oui été un
véritable coup dur pour les compagnies
aériennes. Celles-ci, déjà victimes d’une
baisse de 50 % du trafic dans le mois qui
a suivi les crashs, n’ont pu répondre aux
exigences des sociétés d’assurances, qui
ont plus que triplé leur facture en exigeant
une surprime de 1,25 dollar par passager
transporté. Résultat : plus de 10 000 suppressions d’emplois chez les compagnies
américaines USAirways et Continental
Airlines, plus de 6 000 licenciements chez
Air Canada. Pour l’heure, les compagnies
européennes restent relativement préservées, grâce aux aides accordées par les
gouvernements de l’Union européenne.
21
France
Dramatique explosion à Toulouse
Une violente explosion se produit dans l’usine pétrochimique AZF (Azote France) dans la banlieue sud
de Toulouse, dégageant un épais nuage d’ammoniac, qui ne révèle aucune toxicité. En trois jours de
recherche ininterrompues, les sauveteurs retirent
29 morts des décombres et 441 blessés. L’usine pétrochimique AZF est une filiale d’Elf Atochem, une
entreprise spécialisée dans la fabrication d’engrais.
Quelque 500 personnes étaient employées sur le
site, qui produit de l’ammoniac transformé en nitrate
d’ammonium, un produit utilisé pour les engrais, ainsi que le combustible de la fusée Ariane. Cette usine
AZF est classée « Seveso » – elle entre dans la catégorie des sites à risques industriels majeurs. L’explosion est survenue dans l’entrepôt où étaient stockés
300 tonnes de nitrate d’ammonium. Selon les enquêteurs, le sinistre est « probablement d’origine accidentelle » : après avoir écarté l’hypothèse d’un attentat ou
d’un acte de malveillance, ils attribuent l’explosion à
une erreur de manipulation. Le procureur de la République a noté que le risque d’explosion « ne semblait
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
107
pas pris en considération majeure au sein de la sécurité
du site ».
22
Basket-ball
Basketteuses françaises championnes
d’Europe
L’équipe de France féminine de basket-ball, vicechampionne en titre, remporte le championnat d’Europe au Mans. En finale, elle bat la Russie sur le score
de 73-68 (37-30 à la mi-temps).
Pologne
Élections parlementaires
L’Alliance de la Gauche démocratique (SLD), secon-
dée par son allié de l’Union du travail (UP), remporte
les élections législatives avec 44,9 % des voix, soit
231 sièges. Cette victoire des ex-communistes qui
ont opéré une mutation profonde vers la social-démocratie, risque d’être insuffisante pour lui garantir
une majorité homogène à la Diète. Le futur Premier
ministre Leszek Miller indique que la formation d’une
coalition serait synonyme « de négociations difficiles,
de perte de temps et peut-être d’empoignades féroces ».
Le binôme SLD-UP devrait donc se trouver un allié de
circonstance pour obtenir une majorité. Au centre,
Plateforme civique (PO) devient la deuxième formation du pays avec 13 % des voix. Plus à droite, Droit
et Justice (PIS) atteint 10 %. Seul le Parti paysan (PSL),
jadis allié des postcommunistes, avec 8,7 % des voix,
pourrait accepter d’entrer dans un cabinet Miller.
25
France
Journée nationale des harkis
Une journée unique d’hommage national reconnaît
officiellement le drame des harkis. Ces anciens supplétifs de l’armée française, pour la plupart abandonnés par la France en Algérie en 1962, se sont engagés aux côtés de l’armée française contre le Front de
libération nationale (FLN). Ils réclament depuis quarante ans une reconnaissance des massacres subis
lors du retrait des troupes françaises en Algérie. En
mars 1962, après les accords d’Évian qui ont mis fin
au conflit, l’armée française avait dénombré 220 000
de ces supplétifs. De 100 000 à 150 000 d’entre
eux, restés sur place après avoir été désarmés, ont
été massacrés par le FLN, arrivé au pouvoir à Alger.
Les différents gouvernements qui ont été confrontés depuis au problème des harkis ont élaboré des
mesures spécifiques destinées à faciliter l’insertion
des milliers de Français musulmans, rapatriés et fils
de harkis. Mais ces mesures ont été perçues comme
des « aumônes » ne parvenant pas à panser les plaies
de la communauté harka, en quête d’une reconnaissance officielle. Au cours de cette journée nationale,
le président de la République prend acte de la dette
de la France à l’égard des harkis, « ces combattants
fiers et courageux ».
26
Mathématiques
Alain Connes, prix Crafoord de
mathématiques
Considéré dans le milieu des mathématiques comme
l’un des meilleurs mathématiciens au monde, déjà
distingué par le jury de la médaille Fields, Alain
Connes, âgé de cinquante-trois ans, professeur à l’Institut des hautes études scientifiques (IHES) et au Collège de France, membre de l’Académie des sciences
et de la National Academy of Sciences (États-Unis),
reçoit le prix Crafoord pour l’année 2001. L’Académie
royale des sciences de Suède a récompensé « ses
travaux importants dans le domaine de la théorie des
algèbres d’opérateurs et pour avoir été l’un des fondateurs de la géométrie non commutative ». L’attribution
de ce prix, qui a déjà honoré un Français, Alexandre
Grothendieck, en 1988, à un mathématicien français
souligne la vitalité de l’école mathématique française.
France
Crispation des nationalistes corses
Les 200 élus de la coalition électorale nationaliste
corse Corsica Nazione décident à l’unanimité, au
cours d’une assemblée à Corte (Haute-Corse), de
« suspendre tout soutien au processus » de Matignon,
engagé en décembre 1999 par le gouvernement
et les élus corses. Ils appellent le gouvernement
à recréer les conditions d’une reprise du dialogue
« pour une solution politique négociée ». Les nationalistes justifient cette suspension par l’interpellation
de neuf personnes dans le cadre de l’enquête sur
l’assassinat de Jean-Michel Rossi en août 2000, qui
ont cependant toutes été relâchées sans avoir été
mises en cause. Le leader nationaliste Jean-Guy Talamoni, principal interlocuteur du gouvernement, lui
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
108
reproche de ne pas avoir « dénoncé » cette « manipulation grossière ». Après le vote au printemps du projet
de loi réformant le statut de l’île, une grande partie
des responsables nationalistes jugent les accords de
Matignon vidés de leur substance, notamment sur
les transferts de compétence, l’enseignement de la
langue corse et le regroupement des « prisonniers
politiques » en Corse. Corsica Nazione affirme que le
processus est « actuellement dévoyé ».
Italie
La gaffe de Berlusconi
Lors d’une conférence de presse à Berlin, le président du Conseil Silvio Berlusconi déclare que « Nous
devrions être conscients de la supériorité de notre civilisation [...], un système de valeurs qui a apporté à tous
les pays qui l’ont adopté une large prospérité et qui
garantit le respect des droits de l’homme et des libertés
religieuses », ajoutant que « ce respect n’existe certainement pas dans les pays islamiques ». Les déclarations
de M. Berlusconi suscitent une vague de réprobation,
notamment en Europe et de la part des dirigeants
arabes, la Ligue arabe demandant, pour sa part, des
excuses au chef du gouvernement italien.
27
Suisse
Tuerie au Parlement
Un désespéré, Friedrich Leibacher, âgé de cinquantesept ans, armé d’un fusil d’assaut et d’un pistolet
ouvre le feu en pleine séance du Parlement du canton de Zoug, au centre de la Suisse, près de Lucerne.
Quinze personnes sont tuées (trois des sept ministres
que compte le gouvernement zougois, onze parlementaires, plus le forcené qui s’est finalement suicidé) et 14 blessées.
28
Irlande du Nord
Assassinat d’un journaliste catholique
en Ulster
Martin O’Hagan, âge de cinquante et un ans, journaliste catholique au Sunday World, un hebdomadaire
tabloïd de Dublin, est assassiné près de son domicile
dans la petite ville nord-irlandaise de Lurgan, à une
quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Belfast. Il est
le premier journaliste tué par balles dans l’histoire du
conflit en Irlande du Nord, qui a fait 3 600 morts en
trente-deux ans. Ce meurtre est revendiqué par les
Défenseurs de la main rouge, un nom de guerre utilisé comme couverture par les extrémistes de deux
milices paramilitaires protestantes : l’UDA-UFF (Association pour la défense de l’Ulster) et la LVF (Force des
volontaires loyalistes), un groupuscule qui a rompu
en 1995 avec l’autre principale milice protestante,
l’UVF (Force des volontaires de l’Ulster). Les assassins
entendaient punir les « crimes » de Martin O’Hagan
« contre la communauté loyaliste », crimes qui consistaient à publier, dans les colonnes de son journal,
des enquêtes dénonçant les trafics mafieux auxquels
recourent les groupes armés protestants. Ce meurtre
renforce le pessimisme qui règne depuis plusieurs
mois en Ulster et constitue un nouveau défi pour le
gouvernement britannique.
30
Football
Les « Bleuets » aussi champions du
monde
Les jeunes Bleus remportent le titre mondial des
17 ans à Port of Spain (Trinité-et-Tobago), en battant le Nigeria, pourtant lauréat de l’épreuve à deux
reprises (1985 et 1993), trois buts a zéro, buts marqués par Florent Sinama-Pongolle, Anthony Le Tallec
et Samuel Piètre. Cette victoire efface la défaite subie
(1-2) face aux Nigérians lors de la première phase de
l’épreuve. Au palmarès, les Bleuets succèdent au Brésil qu’ils ont dominé (2-1) en quarts de finale. Jusqu’à
présent, une seule équipe européenne avait conquis
le trophée depuis sa création en 1985, l’URSS, victorieuse du Nigeria en 1987 (1-1, 4 tirs au but à 2).
Octobre
1
Russie
Conflit tchétchène : rejet d’une
médiation de la Géorgie
Le Kremlin récuse une offre de médiation présentée
par le président géorgien Édouard Chevardnadze,
l’ancien ministre soviétique des Affaires étrangères,
pour mettre fin au conflit en cours depuis deux ans
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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dans la république indépendantiste de Tchétchénie.
Cette offre avait d’autant moins de chances d’aboutir que les relations entre la Russie et la Géorgie sont
détériorées, la première accusant la seconde d’abriter
des « terroristes tchétchènes ». Alors que la deuxième
guerre de Tchétchénie vient d’entrer dans sa troisième année – elle avait officiellement commencé
le 1er octobre 1999 –, la Russie considère ce conflit
comme une « affaire strictement intérieure », arguant
qu’elle n’a « pas besoin » d’une médiation étrangère
pour trouver une solution à la crise. Selon les dernières données officielles disponibles, le nombre de
morts depuis le début du conflit s’élevait à 3 433 à
la fin du mois de juillet, du côté des forces fédérales.
Pour les défenseurs des droits de l’homme, il serait
trois fois plus important. Les indépendantistes estiment pour leur part que plusieurs dizaines de milliers
de civils ont été tués. En Russie même, les événements de septembre semblent avoir conforté l’idée
que la guerre en Tchétchénie est une « guerre juste »,
46 % de Russes, contre 36 % en juillet, souhaitent que
l’opération militaire en Tchétchénie continue. Le 12,
la tension s’accroît entre la Russie et la Géorgie, où les
affrontements ont repris entre séparatistes abkhazes
et partisans géorgiens, après huit années de statu
quo.
Inde
Attentat suicide islamiste au Cachemire
Un attentat suicide revendiqué par des islamistes
fait au moins 29 morts et une trentaine de blessés
devant le parlement de l’État du Cachemire, dans le
nord-ouest de l’Inde. Un groupe extrémiste basé au
Pakistan a revendiqué la responsabilité de l’action en
déclarant qu’un kamikaze avait conduit une voiture
chargée d’explosifs devant le bâtiment.
2
États-Unis
Bush favorable à la création d’un État
palestinien
George W. Bush évoque l’idée de la création d’un État
palestinien indépendant, « à condition que le droit à
l’existence d’Israël soit respecté ». Cette intervention du
président américain coïncide avec l’instauration d’un
cessez-le-feu scellé officiellement entre Shimon Pères
et le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Un cessez-le-feu qui se révèle fragile étant donné
la poursuite des exactions sur le terrain, notamment
l’explosion d’une voiture piégée dans un quartier
résidentiel du sud de Jérusalem. Cet attentat, qui
n’a pas fait de victimes, est revendiqué par le Djihad
islamique. Les principales organisations islamistes, le
Djihad islamique comme le Hamas, avaient fait savoir
qu’elles ne respecteraient pas le cessez-le-feu.
Washington présente des éléments de
preuve contre Ben Laden
Le gouvernement américain fournit des preuves
impliquant Oussama Ben Laden dans les attentats
du 11 septembre contre New York et Washington. Au
moins trois des pirates de l’air responsables de ces
attentats ont été « formellement identifiés » comme
étant des proches de Ben Laden. D’autre part, l’un
des lieutenants les plus proches de ce dernier a clairement indiqué qu’il avait participé à la préparation
des attentats ; il a également reconnu son implication dans l’organisation Al-Qaida du chef islamiste.
Washington se dit déterminé, si les taliban persistent
à refuser de livrer Ben Laden, à faire tomber le régime
de Kaboul. Les États-Unis et leurs alliés continuent
de préparer une intervention militaire en Afghanistan, qui devrait intégrer l’opposition armée aux
taliban. L’Alliance du Nord, qui compte de 12 000
à 15 000 hommes armés, a proposé d’être le fer de
lance d’une opération terrestre contre les taliban.
Islamabad, qui a graduellement pris ses distances
avec le régime de Kaboul depuis le 11 septembre,
a envoyé à l’ex-roi d’Afghanistan Zaher Shah, en exil
à Rome, un message proposant l’ouverture de discussions sur la mise en place d’un gouvernement
post-taliban. Le chef suprême des taliban, le mollah
Mohammed Omar, a vivement réagi en accusant
les États-Unis de vouloir faire revenir l’ancien roi en
Afghanistan « pour y prêcher le christianisme ».
4
Russie/Ukraine
Explosion d’un avion de ligne
Un avion russe Tupolev 154 de la compagnie aérienne russe Sibir en provenance d’Israël explose en
vol avant de s’abîmer dans la mer Noire, à 180 km de
la station balnéaire de Sotchi, soixante-dix-sept ou
soixante-dix-huit personnes se trouvaient à bord,
dont 51 Israéliens. Le crash de l’appareil russe s’est
produit alors que la Russie, peu après les attentats du
11 septembre, s’est résolument rangée du côté des
Américains dans la lutte contre le terrorisme. Après
l’avoir démenti, Kiev reconnaît que l’accident est
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dû au tir accidentel d’un missile sol-air par l’armée
ukrainienne.
5
États-Unis
Premiers cas d’anthrax
Robert Stevens, âgé de soixante-cinq ans, éditeur
photo du tabloïd The Sun, décède d’un anthrax pulmonaire en Floride. Certaines coïncidences avec les
attentats du 11 septembre ayant éveillé les soupçons des enquêteurs, l’Attorney gênerai (ministre
américain de la Justice John Ashcroft ne rejette pas
l’éventualité d’un acte terroriste. La maison de Robert
Stevens se trouve à 1,5 km d’un aérodrome où Mohammed Atta, l’un des terroristes qui étaient à bord
d’un des avions précipités contre les tours du World
Trade Center le 11 septembre, avait loué un petit avion à quatre reprises en août. C’est le premier cas de
maladie du charbon depuis vingt-cinq ans aux ÉtatsUnis. Arme bactériologique potentielle, l’anthrax ou
maladie du charbon est provoque par l’inhalation de
spores du Bacillus anthracis.
Football
France-Algérie : un rendez-vous
historique et inachevé
La première rencontre officielle entre des footballeurs français et algériens se clôt par la victoire des
Bleus (4-1). Jusque-la jamais les véritables équipes
nationales ne se sont rencontrées. L’unique précédent remonte au 6 septembre 1975, pour la finale
des Jeux méditerranéens. Face à une équipe de
France de niveau olympique (joueurs de moins de
vingt-trois ans), l’Algérie s’était alors imposée 3 buts
à 2. Mais, au Stade de France, ce match amical est
interrompu à la 76e minute du temps réglementaire
après l’envahissement du terrain par des supporteurs
algériens, qui ont débordé des stadiers en nombre
insuffisant, puis par les forces de l’ordre, obligeant les
joueurs des deux équipes à regagner les vestiaires.
L’Amérique frappée par le
bioterrorisme
Sans précédent, les attaques à l’anthrax
qui ont frappé les États-Unis n’ont tué que
cinq personnes. Elles ont néanmoins écorné
l’image des autorités américaines et cruellement révélé l’absence de contrôle des
laboratoires détenteurs d’agents
biologiques.
Six ans après l’attentat chimique au gaz sarin
perpétré dans le métro de Tokyo par la secte
religieuse Aum Shinri-Kyo, les États-Unis ont été
victimes du premier acte bioterroriste meurtrier de l’histoire. Entre le 5 octobre et le 21 novembre, des courriers contenant des spores de la
bactérie responsable de la fièvre charbonneuse
(« anthrax » en anglais) ont provoqué la mort de
cinq personnes et la contamination de quatorze
autres (exposées sans avoir développé la maladie ou ayant contracté sa forme cutanée).
10 000 Américains sous ciprofloxacine
L’alerte part de Boca Raton en Floride, où deux
cas de la maladie du charbon sont déclarés en
moins d’une semaine. Peu après, de nouveaux
courriers contaminés arrivent aux sièges de
médias basés à New York (les chaînes NBC, ABC,
CBS ainsi que le New York Post), puis atteignent
le coeur du pouvoir : l’un d’entre eux est adressé
à Tom Daschle, chef de la majorité démocrate au
Sénat et principal partenaire de George W. Bush
dans l’union sacrée politique mise en place au
lendemain du 11 septembre. On retrouve aussi
des traces d’anthrax à la Chambre des représentants et dans un bâtiment dépendant de la
Maison-Blanche. En l’espace de trois semaines,
les autorités sanitaires placent, à titre préventif,
10 000 Américains sous ciprofloxacine, seul traitement antibiotique efficace contre la maladie.
Deux postiers du centre de tri de Brentwood, par
lequel transite le courrier destiné au Congrès et
à l’exécutif américains, n’ont pas cette chance et
meurent d’un anthrax pulmonaire fin octobre.
Les médias vilipendent la pagaille qui règne
entre les différentes administrations, l’extrême
discrétion de Thomas Ridge, directeur du nouvel
office dédié à la sécurité du territoire créé par
George Bush fin septembre, les autorités sanitaires, en particulier le centre de contrôle et de
prévention des maladies d’Atlanta. Celui-ci n’a
pas su prévoir que la simple manipulation du
courrier pouvait être dangereuse, pas plus qu’il
n’a jugé utile d’ordonner la fermeture du centre
de Brentwood, un dépistage systématique ainsi
que la mise sous antibiotiques préventive des
postiers. D’où ce constat amer des syndicats :
« Les employés du tri postal n’ont pas eu droit aux
mêmes précautions que le personnel politique. »
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
111
Au cours de leur enquête, les inspecteurs du FBI
ont commencé par rechercher un lien avec AlQaida. Plusieurs des pirates de l’air impliqués
dans les attentats du 11 septembre ont séjourné dans les villes d’où sont partis les courriers
contaminés, dont certains se terminaient par la
même phrase : « Mort à l’Amérique. Mort à Israël.
Allah est grand. » Aucun élément n’est cependant
venu confirmer l’implication d’Al-Qaida dans
cette affaire.
Certaines voix ont également laissé entendre
que la technique nécessaire pour obtenir un anthrax de la qualité de celui utilisé dans les lettres
pouvait désigner l’Irak. Toutefois, Scott Ritter,
ancien responsable de l’Unscom, estime que
l’aide d’un État n’est pas indispensable pour se
procurer des souches d’anthrax, « il suffit d’avoir
une entreprise ou une compagnie pharmaceutique ». Aussi les enquêteurs n’écartent-ils pas la
possibilité que les coupables soient américains.
D’autant que le bioterrorisme n’est pas un phénomène nouveau outre-Atlantique. L’extrême
droite a déjà montré ce dont elle était capable
en 1995 avec l’attentat d’Oklahoma City...
Fin octobre, le porte-parole de la MaisonBlanche, Ari Fleicher, déclare que les spores
d’anthrax avaient pu « être produites par un
microbiologiste de niveau doctorat dans un petit
labo sophistiqué », piste également envisagée un
mois plus tard par le ministre de la Santé, Tho-
mas Thompson.
Une même souche
Reste que si les enquêteurs ont établi que les
bacilles placés dans les courriers provenaient
tous de la souche « Ames », mise au point sur le
territoire américain et désormais utilisée dans le
monde entier, ils ignorent si la source est interne
ou internationale.
À vrai dire, personne ne sait combien de laboratoires américains la manipulent ni combien de
scientifiques y ont eu accès. La raison est peutêtre à rechercher dans la politique ambiguë que
les États-Unis continuent de mener dans le domaine des armes biologiques. Bien que son pays
ait ratifié la Convention internationale de 1972
qui interdit « le développement, la production et
le stockage » d’agents biologiques à des fins militaires, l’administration Bush a fait capoter à Genève, en juillet 2001, les négociations visant à lui
adjoindre un protocole de contrôle exigeant la
déclaration de toute activité liée à la guerre biologique (y compris les recherches sur les vaccins
ou les thérapies). Les États-Unis refusent la mise
en place d’un système d’inspection international
de leurs laboratoires et arsenaux au motif qu’il
menacerait leur sécurité nationale.
Juste après les attaques bioterroristes, qui ont
pourtant démontré que la sécurité du peuple
américain – et du monde – réclamait un tel
contrôle sur les entreprises publiques ou privées
manipulant des germes mortels, l’administration
Bush a réaffirmé, fin novembre, son opposition
au protocole. La terrible leçon de l’automne n’a
visiblement pas porté ses fruits.
EMMANUEL CHICON
LES BREVETS VUS DES ÉTATS!UNIS
Le gouvernement américain s’est toujours
montré prompt à défendre les brevets des
firmes pharmaceutiques contre certains
pays du Sud invoquant l’urgence sanitaire
nationale pour accéder à des traitements
antisida à moindre coût. Avec la crise
l’anthrax, « l’intérêt supérieur de la nation
américaine » a soudain autorisé le ministre
de la Santé Thomas Thompson à menacer
Bayer de lever le brevet qu’elle détient sur
la ciprofloxacine et de recourir à sa version
générique si la firme allemande ne baissait
pas son prix. Bayer a fini par s’incliner, sauvant ainsi son brevet et la somme rondelette (estimée à 190 millions d’euros) que
la lutte contre le bioterrorisme lui permet-
tra d’engranger.
7
Afghanistan
Offensive aérienne américanobritannique
Washington et Londres bombardent des cibles en
Afghanistan. Des salves de missiles de croisière Tomahawk et de bombes guidées frappent des infrastructures de l’organisation Al-Qaida d’Oussama Ben
Laden et de la milice fondamentaliste au pouvoir à
Kaboul depuis 1996. Cette première action militaire
a été saluée notamment par la Russie, l’Allemagne,
l’Italie, la France, l’Espagne, le Japon, le Mexique, la
Chine et Taïwan. Kaboul et les grandes villes afghanes,
comme Kandahar (sud), Mazar-i-Sharif (nord), Jalalabad (est), Farah (ouest) et Kunduz (nord) ont été visées.
Les frappes font plus de vingt morts à Kaboul, selon
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l’agence Afghan Islamic Press (AIP), basée au Pakistan
et proche du régime. Il s’agit du premier acte militaire de l’opération « Liberté immuable », décrétée il
y a vingt-six jours contre le terrorisme mondial par le
président Bush, après les attentats du 11 septembre
contre New York et Washington. M. Bush a rappelé
que les taliban avaient refusé de livrer Oussama Ben
Laden, que Washington tient pour responsable des
attaques qui ont fait environ 5 500 morts ou disparus
aux États-Unis, et de fermer les camps d’entraînement
terroriste. Le premier objectif de ces frappes est d’assurer la maîtrise du ciel, a déclaré le secrétaire américain
à la Défense Donald Rumsfeld ; elles ont pour but de
conduire à la chute des taliban. Les bombardements
américano-britanniques interviennent alors que les
États-Unis ont commencé un déploiement de troupes
au sol au nord de l’Afghanistan et en Ouzbékistan.
Oussama Ben Laden déclare dans un message vidéo
préenregistré que, désormais, les Américains ne sont
plus en sécurité. De leur côté, les forces de l’opposition
afghane commandées par le général Abdul Qassim
Fahim bombardent à leur tour les positions des taliban
à Mazar-i-Sharif, ville stratégique du nord de l’Afghanistan, en conjonction avec les nouvelles frappes
américaines. Le 9, après deux nuits consécutives de
bombardements, l’aviation américaine mène un raid
de jour sur Kandahar, bastion des miliciens islamistes
dans le sud de l’Afghanistan.
8
Italie
Catastrophe aérienne à Milan
Une collision à l’aéroport de Milan-Linate entre un
avion de ligne de la compagnie aérienne Scandinave
SAS, un MD-87 avec 104 passagers et 6 membres
d’équipage à destination de Copenhague, et un
appareil Cessna, d’une compagnie privée allemande,
en provenance de Cologne, fait 118 morts. C’est la
catastrophe aérienne la plus grave depuis trente ans
en Italie. L’erreur humaine à l’origine de l’accident
écarte la responsabilité des contrôleurs aériens et de
l’aéroport, dont le radar de terre ne fonctionnait plus
depuis novembre 1999.
Médecine
Prix Nobel 2001
Le prix Nobel de physiologie et médecine est attribué conjointement à l’Américain Leland H. Hartwell,
chercheur au Fred Hutchinson Cancer Research Center à Seattle, et aux Britanniques R. Timothy (Tim)
Hunt et Paul M. Nurse, chercheurs à l’Imperial Cancer
Research Fund de Londres, pour leurs découvertes
en matière de recherche cellulaire, qui a des applications directes dans la lutte contre le cancer. Les
trois lauréats ont mis en avant le contrôle du cycle
cellulaire, la division continuelle des cellules en deux
cellules identiques remplaçant celles qui meurent, et
la transmission des chromosomes aux cellules filles,
identifiant les molécules clefs qui commandent ce
cycle. La compréhension de ce cycle permet d’en
mieux saisir les dysfonctionnements et notamment
de mieux comprendre les altérations du génome
dans les cellules cancéreuses, ce qui ouvre des voies
nouvelles pour le traitement des cancers.
9
France
La Cour de cassation entérine
l’immunité du chef de l’État
La Cour de cassation, la seule compétente pour fixer
le statut pénal du président à raison des faits commis en dehors de ses fonctions, rend un arrêt historique qui met le président de la République à l’abri
de toute poursuite pendant son mandat. Elle comble
ainsi le vide juridique créé par la Constitution et la loi.
Il en résulte qu’aucun juge n’a le pouvoir d’entendre
Jacques Chirac comme témoin assisté par un avocat, car il s’agit d’une procédure appliquée aux suspects, ni de le mettre en examen, acte réservé aux
justiciables sur lesquels pèsent des charges. Hors le
cas de haute trahison qui relève de la Haute Cour de
justice, « les poursuites pour tous les autres actes devant
les juridictions pénales de droit commun ne peuvent
être exercées pendant la durée du mandat présidentiel,
la prescription de l’action publique étant alors suspendue ». À la suite de cet arrêt, les députés PS Arnaud
Montebourg et Jean Codognès retirent leur proposition de mise en accusation de Jacques Chirac. Cette
proposition visait l’enquête sur les HLM de Paris,
enquête annulée en septembre par la Cour de cassation, et l’affaire des emplois présumés fictifs du RPR
à la mairie de Paris.
10
Chimie
Prix Nobel 2001
Le prix Nobel de chimie est attribué conjointement
à l’Américain William S. Knowles et au Japonais Ryoji
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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Noyori, d’une part, et à l’Américain K. Barry Sharpless,
d’autre part, pour leurs travaux sur le développement
de la synthèse asymétrique catalytique. Les deux premiers sont récompensés pour leurs travaux sur « les
réactions d’hydrogénation catalysées par chiralité » et
le troisième, pour ses travaux sur « les réactions d’oxydation catalysées par chiralité ». Les résultats de leurs
recherches fondamentales sont exploités dans un
large éventail de synthèses industrielles de produits
pharmacologiques tels que les antibiotiques, les antiinflammatoires et les cardiotoniques. Les recherches
de William S. Knowles sur la réalisation de catalyseurs
chiraliens ont notamment permis de mettre au point
des médicaments utilisés pour lutter contre la maladie de Parkinson.
Physique
Prix Nobel 2001
Les chercheurs américains Eric Cornell et Carl Wieman et allemand Wolfgang Ketterle reçoivent le prix
Nobel de physique 2001, pour avoir mis en pratique
les théories avancées dans les années 1920 sur le
condensât de Bose-Einstein, en réussissant à garder
des atomes sous contrôle, en les faisant « chanter
à l’unisson ». Ils ont été récompensés « pour la réalisation de la condensation Bose-Einstein dans des
nuages gazeux d’atomes alcalins ainsi que pour leurs
études postérieures fondamentales sur les propriétés du
condensat ».
11
Littérature
Prix Nobel 2001
Le prix Nobel de littérature est attribué à l’auteur
britannique, né à Trinité-et-Tobago, sir Vidiadhar
Surajprasad Naipaul, âgé de soixante-neuf ans, « pour
avoir mêlé narration perspective et observation incorruptible dans des oeuvres qui nous condamnent à voir la
présence de l’histoire refoulée ». Nouvelliste et romancier, V. S. Naipaul est né dans une famille d’immigrés
indiens de haute caste. Ayant rejoint l’Angleterre à
dix-huit ans et étudié la littérature anglaise à Oxford,
il publie des romans (les Hommes de paille, 1957 ; Une
maison pour Monsieur Biswas, 1956), avant de se lancer dans des récits qui ont pour objectif de « rendre
compte » des gens, oeuvres majeures qui traitent du
métissage culturel postcolonial et du déracinement
(l’Illusion des ténèbres, Crépuscule sur l’Islam, voyage au
pays des croyants, À la courbe du fleuve, l’Inde, un million de révoltes, l’Énigme de l’arrivée, Un chemin dans
le monde).
Économie
Prix Nobel 2001
Le prix Nobel d’économie est attribué aux Américains Joseph Stiglitz, un ancien économiste en chef
à la Banque mondiale, George Akerlof et Michael
Spence «pour leurs travaux sur les marchés avec asymétrie d’information », c’est-à-dire sur les différences
d’informations détenues par certains agents économiques par rapport à leurs contreparties. Ces théories s’appliquent particulièrement aux relations entre
débiteurs et créanciers ou aux rapports entre pays
développés et tiers-monde.
12
Paix
Prix Nobel 2001
Le prix Nobel de la paix est décerné conjointement
au secrétaire général ghanéen des Nations unies Kofi
Annan et à l’ONU pour leur action en faveur d’« un
monde mieux organisé et plus pacifique ». Un mois
après les attentats du 11 septembre aux États-Unis
et un peu moins d’une semaine après le début des
frappes anglo-américaines contre l’Afghanistan, le
comité Nobel tient ainsi à rappeler que « la seule voie
négociable vers la paix et la coopération dans le monde
passe par les Nations unies » et salue celui qui a contribué à leur « insuffler une nouvelle vie ». Kofi Annan
est le second secrétaire général des Nations unies
distingué par le Nobel de la paix, après le Suédois
Dag Hammarskjöld, qui l’avait reçu à titre posthume
en 1961, après sa mort dans un accident d’avion lors
d’une mission de paix au Congo.
14
France
Verts : Lipietz non, Mamère oui
Lors d’une consultation organisée par le mouvement écologiste, les militants verts se prononcent
en majorité – 64,4 % pour et 35,2 % contre – pour
le retrait d’Alain Lipietz de la candidature à l’élection
présidentielle de 2002. Lors du second tour des primaires de juin dernier, M. Lipietz l’avait emporté de
justesse, avec 50,3 % des voix, face à Noël Mamère.
Le vote des militants clôt un épisode qui s’est révélé
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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désastreux pour le parti écologiste dont le candidat à la présidentielle n’obtenait que 3 à 4 % des
intentions de vote au premier tour dans les sondages à la suite, notamment, de ses déclarations sur
l’amnistie des terroristes corses. Le 29, après avoir
annoncé qu’il déclinait irrévocablement toute nouvelle candidature, le député-maire de Bègles Noël
Mamère est investi par les militants verts pour être
le candidat du mouvement écologiste à l’élection
présidentielle de 2002.
Nigeria
Nouveaux
affrontements meurtriers
Le « géant de l’Afrique noire », avec ses 120 millions
d’habitants, est le théâtre d’une vague de violences
interreligieuses suscitées par une manifestation
contre les bombardements américains en Afghanistan. Des combats de rue visant particulièrement
des chrétiens ont éclaté entre militants musulmans
et l’armée, à Kano, la plus grande ville du nord du
Nigeria. L’ordre n’a été rétabli, progressivement,
qu’après l’arrivée de renforts militaires. La police fait
état de treize morts. De plus en plus vive, la tension
religieuse risque de plonger la république fédérale
du Nigeria dans une nouvelle crise après la guerre
sécessionniste du Biafra à la fin des années 1960. Le
Nord, islamisé depuis le début du XIXe siècle et dont
plusieurs États ont adopté, l’an passé, la loi coranique
(charia), est en conflit ouvert avec les parties méridionales, où les chrétiens et les animistes sont plus
nombreux que les musulmans.
15
Angleterre
Blair en faveur d’un
État palestinien
À la suite d’une rencontre avec le chef de l’autorité
palestinienne Yasser Arafat, le Premier ministre britannique Tony Blair affirme son soutien à la création
d’un « État palestinien viable », un État qui ne pourrait exister que dans le cadre d’un accord global qui
assure « paix et sécurité » à Israël. De son côté, Yasser
Arafat condamne une nouvelle fois les attentats du
11 septembre aux États-Unis, affirmant qu’il ne pouvait y avoir « aucun point commun entre notre cause
juste et des objectifs et des méthodes injustes ».
16
France
Haro sur la cohabitation
Le directeur de cabinet de Lionel Jospin depuis 1997,
Olivier Schrameck, publie aux éditions du Seuil Matignon rive gauche, 1997-2001, un réquisitoire implacable contre la cohabitation. Dans cet ouvrage écrit
avec l’aval de Lionel Jospin, le plus proche collaborateur du Premier ministre met en cause le système
de la cohabitation qu’il décrit comme une « guerre de
tranchées » entre les deux têtes de l’exécutif, n’hésitant pas à s’en prendre directement à Jacques Chirac,
qu’il qualifie d’« héritier recru d’épreuves de Georges
Pompidou » et de « tribun de l’opposition usant d’un
ministère de la parole ». En outre, il estime que Lionel
Jospin est « le mieux placé » pour porter les couleurs
de la gauche en 2002. L’opposition dénonce un
« pamphlet scandaleux plein d’une haine personnelle
contre le président de la République », et les présidents
des sept groupes de droite à l’Assemblée nationale
et au Sénat réclament la démission d’Olivier Schrameck, coupable à leurs yeux d’avoir enfreint le devoir
de réserve imposé aux hauts fonctionnaires.
Meurtre de deux policiers
Deux policiers sont tués et un de leur collègue blessé
par balles lors d’une intervention pendant un cambriolage au Plessis-Trévise, dans le Val-de-Marne.
Tandis qu’ils interpellaient un homme, les policiers
ont été pris pour cibles par plusieurs complices, au
nombre de cinq ou six, qui ont pris la fuite. Deux
hommes « très connus des services de police » sont,
coup sur coup, appréhendés. Par ailleurs, le 18,
quatre policiers sont légèrement blessés par des
coups de feu tirés dans une cité d’un quartier nord
d’Amiens. Le rapprochement de ces faits avec le qua-
druple meurtre d’Athis-Mons dans l’Essonne – le 8, le
gérant d’un bar, son épouse, la femme de ménage
et une serveuse ont été abattus par balles par plusieurs hommes – met en évidence la lassitude des
policiers confrontés à une insécurité qu’ils estiment
grandissante. D’autant que la mise en cause dans le
quadruple meurtre d’Athis-Mons de trois hommes,
dont l’un – Jean-Claude Bonnal – a été libéré en
décembre 2000 malgré sa mise en examen pour un
braquage, relance l’affrontement police-justice. Les
policiers prennent pour cible la loi sur la présompdownloadModeText.vue.download 117 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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tion d’innocence élaborée par Élisabeth Guigou et
entrée en vigueur début 2001, qui, selon le ministre
de l’Intérieur Daniel Vaillant lui-même, « empêche les
fonctionnaires de police d’accomplir leur mission ».
17
France
« Devoir de mémoire » envers les
Algériens
Le maire de Paris Bertrand Delanoë dévoile sur le
pont Saint-Michel une plaque à la mémoire des
dizaines d’Algériens victimes de la répression d’une
manifestation pacifique le 17 octobre 1961. « À la mémoire des nombreux Algériens victimes de la répression
sanglante lors d’une manifestation pacifique », peut-on
lire sur cette plaque. Quarante ans après les faits, ce
geste symbolique constitue la première reconnaissance officielle de ces événements. Mais cette commémoration est contestée dans la classe politique et
chez les policiers. Le maire, lui, évoque un « devoir de
mémoire ». Selon les historiens, entre 30 et 300 personnes sont décédées à la suite des événements du
17 octobre 1961. Ce jour-là les forces de police ont
violemment réprimé le rassemblement de 20 000 à
30 000 Algériens organisé à l’appel du FLN contre un
couvre-feu imposé aux seuls musulmans par le préfet
de police de la capitale, Maurice Papon.
Israël
Assassinat d’un ministre israélien par
le FPLP
Le ministre israélien du Tourisme Rehavam Zeevi, âgé
de soixante-quinze ans, est abattu par balles à l’hôtel
Hyatt de Jérusalem-Est lors d’un attentat revendiqué
par le Front populaire de libération de la Palestine
(FPLP) et commis en représailles contre l’assassinat
du chef du FPLP, Mustapha Zibri (Abou Ali Mustapha), tué par une roquette israélienne le 27 août à
Ramallah. Le ministre israélien des Affaires étrangères
Shimon Pères exhorte le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, qui a condamné l’assassinat
et réaffirmé son engagement à conclure une trêve
avec l’État hébreu, à arrêter les activistes palestiniens,
au risque, dans le cas contraire, de voir « le feu tout
ravager ». Membre de l’Union nationale, une coalition de deux petits partis d’extrême droite, Rehavam
Zeevi était connu pour ses positons ultranationalistes et anti-arabes. Il venait d’annoncer que l’Union
nationale quittait la coalition gouvernementale du
Premier ministre Ariel Sharon, ce dernier ayant autorisé l’allégement des conditions de circulation des
Palestiniens.
États-Unis
Anthrax à Washington
Une lettre contenant la bactérie de l’anthrax est
adressée, à Washington, au leader démocrate du Sénat américain Tom Daschle, non exposé lui-même à
la missive. Les analyses révèlent une forme très puissante et très virulente de la bactérie, probablement
fabriquée par un expert. La lettre adressée au sénateur présente les mêmes caractéristiques que celle
envoyée le même jour à New York à Tom Brokaw,
présentateur-vedette de NBC. La même personne
serait à l’origine des deux lettres. Le bilan actuel
des personnes ayant été contaminées ou exposées
au bacille du charbon s’élève à 43. La peur d’une
attaque bioterroriste gagne le monde : alors que de
nouveaux cas d’anthrax, déclarés ou suspectés, sont
signalés aux États-Unis, d’autres pays sont gagnés
par la psychose, telles la France, l’Allemagne ou la
Suisse. Devant la psychose induite par l’annonce des
découvertes d’anthrax, l’Organisation mondiale de
la santé met en garde contre les conséquences d’un
abus d’antibiotiques par des personnes craignant
d’être exposées au bacille. En France, le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, s’insurge contre
les auteurs de fausses alertes et souligne qu’il n’y a
« aucun cas avéré » de la maladie du charbon. Le 22,
un premier cas d’anthrax se déclare à Washington :
un employé du principal centre de tri postal est atteint d’anthrax pulmonaire, forme la plus grave de la
maladie.
19
Asie-Pacifique
Rencontre Bush-Poutine-Jiang Zemin
Le président américain George W. Bush rencontre ses
deux homologues russe et chinois lors du Forum de
la coopération économique Asie-Pacifique (APEC)
qui se déroule à Shanghai ; forum que Taïwan a décidé de boycotter. Il s’agit du premier déplacement
à l’étranger de George W. Bush depuis les attentats
du 11 septembre. Ce dernier se dit convaincu que la
Russie et la Chine se tiennent « aux côtés du peuple
américain » dans la guerre contre le terrorisme, tandis
que son homologue Jiang Zemin le pressait d’« éviter
les victimes innocentes » lors des opérations en Afghanistan. Il s’estime notamment satisfait de la coopéradownloadModeText.vue.download 118 sur 518
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
116
tion de la Chine en matière de renseignement et de
recherche des actifs financiers de l’organisation AlQaida du milliardaire d’origine saoudienne Oussama
Ben Laden.
Union sacrée de l’APEC à
Shanghai
Le terrorisme international s’est imposé
à l’ordre du jour du Forum de l’APEC à
Shanghai. Chacun des trois grands pays
de la zone – États-Unis, Russie et Chine
– y a trouvé le soutien des deux autres à
sa propre politique, sous couvert d’une
unanimité de façade dans la lutte contre le
terrorisme.
Ce sera certainement l’image que l’on retiendra du Forum de la coopération économique
Asie-Pacifique (APEC) réuni à Shanghai du 19 au
21 octobre : le président chinois, hôte du sommet, et ses homologues américain et russe posant devant les photographes, vêtus de vestes
traditionnelles chinoises. Cette image des trois
hommes habillés à l’identique renvoie à la fois
à l’idée d’uniforme, qui traduit leur unanimité
face au problème du terrorisme international, et
à l’idée de déguisement, qui illustre une réalité
tout aussi partagée, celle de la realpolitik, qui
fait qu’une alliance sert d’abord des objectifs
particuliers à chacun des « alliés ».
Le Bien et le Mal
L’APEC, qui regroupe vingt et un pays de la zone
Asie-Pacifique représentant 60 % du PIB mondial
et 50 % du commerce international, est en principe un forum économique destiné à accélérer
la libéralisation des échanges. Orchestrée cette
année par Pékin, la réunion des chefs d’État et
de gouvernement de la région devait célébrer
l’adhésion annoncée de la Chine à l’Organisation
mondiale du commerce (OMC). L’actualité en a
modifié le propos, mais pas l’étendue du profit diplomatique que la Chine comptait tirer de
l’événement. Pékin s’est fait une place de choix
sur la nouvelle grille internationale, dont les directions antagonistes ne sont plus l’Est et l’Ouest
ni le Nord et le Sud, mais le Bien et le Mal.
Le premier effet marginal du Forum de Shanghai, dans ce nouveau contexte, a été l’occasion
qu’il a offerte au président chinois Jiang Zemin
et à son homologue américain George W. Bush
de se rencontrer pour la première fois. Les deux
dirigeants ont ainsi scellé le réchauffement sinoaméricain en cours, après un début d’année très
froid, marqué par l’affaire de l’avion espion américain, les arrestations par la Chine d’universitaires sino-américains soupçonnés d’espionnage
et les ventes d’armes américaines à Taïwan.
Le nom d’Oussama Ben Laden n’est pas
évoqué
La déclaration finale du Forum de l’APEC
« condamne sans équivoque [et] dans les termes
les plus vifs » les attentats du 11 septembre aux
États-Unis. Le terrorisme, « dans toutes ses formes,
où qu’il soit perpétré [...] et par qui que ce soit »,
constitue « une profonde menace pour la paix,
la prospérité et la sécurité des peuples », affirme
le texte. La déclaration propose l’adoption de
mesures techniques de lutte contre le terrorisme
comme la neutralisation de ses réseaux de financement, l’amélioration du fonctionnement des
douanes ou le renforcement de la sécurité dans
les ports et les aéroports. Sur le plan politique,
c’est aux Nations unies d’assumer leur « rôle
majeur », indique la déclaration. L’opération
américaine « Liberté immuable » n’est ainsi pas
directement cautionnée par les autres membres
de l’APEC. La déclaration n’évoque ni le nom
d’Oussama Ben Laden ni celui de son réseau AlQaida. Si le président Bush a obtenu le soutien
de Jiang Zemin et de Vladimir Poutine à son
intervention en Afghanistan, il n’a pas vaincu la
résistance des pays asiatiques à majorité musulmane, principalement l’Indonésie et la Malaisie.
Sous couvert de considérations humanitaires et
de volonté de privilégier une « réponse collective et internationale » au terrorisme, Djakarta et
Kuala Lumpur entendaient surtout ne pas laisser
à leur opposition islamiste le monopole de la
critique des bombardements américains. Jiang
Zemin a également fait part à George Bush de
sa préoccupation de s’en tenir à « des cibles clairement définies », d’« éviter les victimes civiles » et
de laisser l’ONU jouer un rôle dans le règlement
du conflit. Vladimir Poutine a montré moins de
scrupules. Il a jugé la riposte américaine « mesurée et appropriée », et a encouragé les États-Unis
à la poursuivre : « Si on démarre cette lutte, il faut
la terminer », a-t-il affirmé. Le président russe a
parfaitement été entendu par son homologue
américain qui a estimé que « les défis et les buts
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
117
que nous partageons fournissent l’occasion de
repenser et de renouveler une relation plus large ».
Grand écart
Car cette union sacrée contre l’entité mal définie du « terrorisme international » cachait de la
part de chacun des nouveaux alliés des arrièrepensées beaucoup plus précises. Les États-Unis
entendaient obtenir la bienveillante neutralité
de la Russie et de la Chine à l’égard du caractère
unilatéral de leur opération en Afghanistan :
cela est fait. En retour, la Russie et la Chine, en
plus de fonder sur de nouvelles bases leur partenariat avec les États-Unis, voulaient obtenir la
bénédiction de Washington, ou tout au moins
son silence, au sujet de la répression de leurs
« terrorismes » internes, tchétchène pour l’un,
ouïgour – voire tibétain – pour l’autre. Et la déclaration de George Bush, lors d’une conférence
de presse, comme quoi « la guerre contre le terrorisme ne doit pas servir d’excuse pour persécuter les minorités », ne devait être prise que pour
l’expression du grand écart qu’entraîne parfois
l’exercice de la realpolitik.
GEORGES CHEVRON
PUDONG, QUARTIER DE HAUTE SÉCURITÉ
En écho aux récents attentats aux ÉtatsUnis, le sommet de l’APEC qui se tenait
dans le quartier de Pudong, véritable
« Manhattan » de Shanghai, s’est déroulé
dans un climat de paranoïa sécuritaire. Le
quartier d affaires aux gratte-ciel provocateurs avait été vidé de ses occupants.
La ville elle-même était désertée par sa
population à laquelle les autorités avaient
donné cinq jours de congé. Pour plus de
sûreté, Shanghai avait été fouillée de fond
en comble, ses communautés sensibles,
tels les Ouïgours musulmans du Xinjiang,
avaient été éloignées, les dissidents du
Parti démocrate chinois – interdit – avaient
été arrêtés, et le nombre des passagers
aériens en provenance du Moyen-Orient
restreint au maximum. Enfin, pour réduire
encore les risques, plus de vingt mille
personnes suspectes avaient été interpellées à travers le pays lors des semaines
précédentes.
20
France
Manifestation à Toulouse pour des
logements
Quatre semaines après l’explosion de l’usine
chimique AZF, 1 100 personnes selon la police, de
2 500 à 3 000 selon les organisateurs, manifestent à
Toulouse à l’appel du collectif « Plus jamais ça, ni ici,
ni ailleurs » pour réclamer essentiellement des logements. Ce collectif, qui regroupe des syndicats, des
partis politiques de gauche et d’extrême gauche, des
étudiants, des associations écologistes, antimondialisation et de quartier, demande la fermeture du pôle
pétrochimique et la reconnaissance de la responsabilité des pouvoirs publics et de TotalFinaElf.
Toulouse : explosion de
l’usine AZF
Le vendredi 21 septembre, l’explosion de
l’usine chimique AZF Grande-Paroisse fait
30 morts et des milliers de blessés. Les
300 tonnes de nitrate d’ammonium stockées
dans les bâtiments sont parties en flammes.
En 1924, année de sa construction, l’usine
était en plein champ : rattrapée par l’urbanisation galopante, elle s’est retrouvée aux
portes de la ville.
Quelque 25 000 logements touchés, dont
11 000 détruits, 50 000 sinistrés... Près de
deux mois après l’explosion, les « sans-fenêtres »
manifestent, début novembre, contre la lenteur
des procédures d’assurance, quelques jours
après l’appel de détresse lancé par le maire
(UDF), Philippe Douste-Blazy qui demande la
mise en place d’un « plan Marshall » pour sa ville.
La mise en place d’un plan d’urgence
Dès l’annonce de l’accident, une évaluation des
risques de pollution de l’atmosphère et des eaux
est effectuée. Un effort financier considérable
est consenti par le gouvernement : 1,5 milliard
de francs (270 millions de francs d’aides aux particuliers et aux entreprises, plus de 500 millions
pour la reconstruction des hôpitaux et plus de
800 millions pour les bâtiments universitaires et
les services de l’État). Cet effort est relayé par les
collectivités locales qui distribuent des chèques
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à plus de 35 000 familles. De même, les associations se mobilisent. Une formidable chaîne
de solidarité s’organise. Immédiatement différents dispositifs d’urgence sont mis en place :
installation de mobil-homes pour les sans-abri,
réquisition de logements, mobilisation de tous
les artisans des alentours, réduction des taxes
d’habitation et dispense de loyers dans les HLM,
prise en charge des victimes non assurées par
le groupe TotalFinaElf. Malgré l’ampleur des
efforts, de nombreux sinistrés demeurent excédés par la lenteur des travaux et s’inquiètent de
l’entrée dans l’hiver. Les compagnies d’assurance
sont montrées du doigt.
La thèse de l’accident privilégiée
Trois jours après l’explosion, une séance exceptionnelle du conseil municipal de Toulouse
demande le départ des trois usines de la ville :
AZF, la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) et Tolochimie. Cela ne manque pas
de susciter la stupeur de certains industriels,
les trois établissements versant chaque année
50 millions de francs à la ville et 26 millions au
département et à la Région. Plusieurs plaintes
sont déposées contre Thierry Desmarest, P-DG
de TotalFina, pour « mise en danger de la vie d’autrui et coups et blessures involontaires ».
Alors que des rumeurs sur l’hypothèse d’un
attentat se multiplient dans le climat de psychose de l’après 11 septembre et que le Figaro
du 24 septembre parle des « mystères du drame
de Toulouse », trois enquêtes sont lancées, judiciaire, administrative et interne. Dans une conférence de presse donnée le 24 septembre, le
procureur de la République de Toulouse Michel
Bréard affirme qu’il y a « 99 % de chances » pour
que l’explosion du silo de nitrates soit accidentelle. Le procureur veut néanmoins faire taire les
rumeurs et apaiser le climat. Il laisse percer une
sourde accusation de négligence contre les responsables de l’usine qui appartient au groupe.
Le 4 octobre, un rapport d’experts transmis aux
juges conclut à la thèse de l’accident.
La sécurisation des sites existants,
préalable à la coopération usine-ville
Quelques heures après l’accident, le Premier
ministre, élu de Cintegabelle, près de Toulouse,
est sur place et déclare : « Il faudra tirer un certain
nombre de conséquences. » Le débat est lancé
sur « la société du risque » notamment pour les
10 millions de citadins qui vivent à proximité de
zones industrielles.
Dés le 25 septembre, 3 000 personnes défilent
dans le centre-ville à l’appel du collectif « Plus
jamais ça », aux cris de « Total ment, Total assassin ! », et l’association des maires des grandes
villes de France (AMGVF) juge nécessaire d’engager « une réflexion sur l’implantation des sites
industriels dangereux ».
Un mois après l’explosion, répondant au maire
de Toulouse Philippe Douste-Blazy qui l’interrogeait sur l’avenir des sites Seveso, le Premier ministre Lionel Jospin rappelle l’urgence d’engager
une réflexion sur le risque industriel. « Cette catastrophe nous oblige à remettre à plat, ensemble,
la gestion du risque industriel, la surveillance et le
contrôle des installations », a-t-il précisé. Il en appelle par ailleurs au renforcement des contrôles
dans les usines et annonce la création d’un site
Internet à l’intention des particuliers. Cet outil
(http://debat-risques.environnement.gouv.fr)
reprend la définition précise du risque industriel,
les mesures politiques de prévention des risques
et organise un forum de discussion.
Souhaité par le Premier ministre Lionel Jospin
lors de son déplacement dans la ville rose le
28 septembre, le débat national sur les risques
industriels est lancé le 13 novembre par le ministre de l’Environnement Yves Cochet. Il doit
prendre la forme d’une trentaine de tables
rondes régionales, dont le parcours doit s’achever à Paris le 11 décembre. Lors de la première,
le 15 novembre sur les rives de l’étang de Berre,
le ministre en appelle à un renforcement du
rôle des comités d’hygiène, de sécurité et des
conditions de travail (CHSCT) pour permettre un
contrôle plus systématique des installations et la
mise en place de comités locaux d’information
sur les risques. « Mettre les usines à la campagne,
cela n’a pas de sens », a-t-il rappelé, précisant que
de manière exceptionnelle uniquement cette
possibilité pouvait se présenter. L’occasion pour
lui d’appeler de ses voeux un « après Toulouse ».
CÉLINE CABOURG
1 249 SITES SEVESO
L’usine d’engrais chimiques AZF GrandeParoisse appartenant à une filiale de TotalFinaElf est un établissement industriel
classé Seveso II. On dénombre pas moins
de 1 249 sites Seveso classés à risques
dans l’Hexagone et entre 416 et 625 sites
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
119
industriels dangereux Seveso II. Les installations et directives Seveso sont appelées
ainsi depuis un rejet accidentel de dioxine,
le 10 juillet 1976, sur la commune de Seveso en Italie. Selon les termes de la directive
européenne Seveso II, les industriels ont le
devoir d’évaluer les risques de ces installations et de les réduire par des mesures
techniques et opérationnelles. La volonté
d’Yves Cochet, le ministre de l’Environnement est de renforcer la loi de 1987 sur la
sécurité civile qui permet de geler l’urbanisation autour de nouvelles installations
Seveso. En tête du palmarès des régions
à forte concentration de sites à risques,
Rhône-Alpes (139 sites) Île-de-France (102)
et Nord-Pas-de-Calais (97).
21
Allemagne
Victoire du SPD à Berlin
Les sociaux-démocrates arrivent en tête de l’élection
régionale anticipée du Land de Berlin. Mené par le
maire sortant Klaus Wowereit, le SPD progresse par
rapport au scrutin précédent, passant de 22,4 % à
29,7 % des suffrages, et devient le premier parti de
la capitale allemande. Éclaboussée par un scandale
financier, la CDU subit une défaite historique : avec
27 % des suffrages – soit 17 % de moins que lors de
l’élection précédente en 1999 –, les chrétiens-démocrates recueillent leur plus mauvais score depuis
1948. L’élection anticipée de Berlin est la conséquence de l’éclatement, en mai dernier, de la grande
coalition socialo-chrétienne-démocrate qui, depuis
1991, gouvernait la capitale : le maire CDU, Eberhard Diepgen, avait alors été forcé à la démission.
Depuis, la ville-État de Berlin était gouvernée par une
alliance entre sociaux-démocrates et Verts, avec un
soutien sans participation des néocommunistes du
PDS. Ces derniers, menés par l’avocat Gregor Gysi,
se placent en troisième position, avec 22,6 % des
suffrages (17,7 % en 1999), et sont appelés à jouer
un rôle croissant dans la vie politique de la capitale
de l’Allemagne réunifiée. Douze ans après la chute
du mur, le PDS – dont les cadres sont souvent issus
de l’ancien SED d’Allemagne de l’Est – confirme qu’il
est une formation profondément enracinée, surtout
dans les circonscriptions de l’ancien Berlin-Est, où
près de 50 % des électeurs ont voté en sa faveur. Son
score rend hypothétique l’alliance qu’envisageait le
SPD avec les écologistes et les libéraux du FDP. Or,
avec seulement 9,1 % des suffrages (contre 9,9 % en
1999), les Verts font un score qui ne permet pas à lui
seul de stabiliser une majorité. Les négociations en
vue de former le prochain gouvernement du Land
de Berlin butent sur le profil de la coalition qui dirigera le gouvernement régional.
Espace
Claudie Haigneré dans l’ISS
L’astronaute française Claudie Haigneré et ses deux
coéquipiers russes – le commandant de vol Viktor
Afanassiev et l’ingénieur de bord Konstantin Kozeïev
– s’envolent à bord d’un vaisseau Soyouz vers la Station spatiale internationale (ISS) pour remplacer la
capsule de secours de la station et réaliser un large
programme scientifique. Ingénieur de bord dans
cette mission de dix jours intitulée Andromède,
Claudie Haigneré est la première Française et la première Européenne à bord de l’ISS. L’équipage francorusse rentre sur Terre le 31 octobre en se posant à
177 km au sud-est de la ville kazakhe de Djezkazgan.
Aux seize jours de son baptême de l’espace, en 1996,
avec Mir, la spationaute française a ajouté dix jours
au cours desquels elle aura mené des expériences
biomédicales, techniques et environnementales.
Pourtant, l’avenir de l’ISS n’est pas clair. Un surcoût
d’au moins 4,8 milliards de dollars contraint la NASA
à réfléchir à la suite du projet prévu pour compter six
occupants permanents, au lieu de trois actuellement.
L’étendue des recherches s’en trouverait nettement
limitée.
23
Irlande du Nord
L’IRA annonce son désarmement
L’Armée républicaine irlandaise se déclare prête à
entamer son désarmement sous le contrôle d’une
équipe internationale d’inspecteurs indépendants –
la Commission internationale indépendante sur le
désarmement, chargée de surveiller la neutralisation
de l’arsenal de l’IRA. Ce faisant, elle renonce à l’usage
de la violence et s’engage à poursuivre son combat
– pour une Irlande réunifiée – par les moyens démocratiques. Son « geste significatif » sauve les institutions semi-autonomes nord-irlandaises, au bord du
naufrage, et relance le processus de paix entre catho-
liques et protestants. Le dirigeant protestant David
Trimble, Premier ministre démissionnaire depuis le
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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1er juillet, accepte de reprendre son poste à la tête de
l’exécutif biconfessionnel nord-irlandais.
24
Suisse
Accident dans le tunnel du SaintGothard
Une collision entre deux camions provoque un incendie dans le tunnel du Gothard, à environ 1 km du
portail sud. Le feu fait rage durant 24 heures à cet
endroit. Onze corps sont retirés du tunnel, dont celui
du chauffeur de l’un des deux camions impliqués
dans l’accident, employé illicite d’une entreprise
belge. L’autre chauffeur, qui n’était pas non plus en
règle, aurait pris la fuite. Le conseiller d’État tessinois
Marco Borradori indique que le tunnel restera probablement fermé durant plusieurs mois.
26
Afghanistan
Exécution d’un chef pachtou
proaméricain
Les taliban exécutent un opposant, Abdul Haq, figure
héroïque de la guerre contre l’armée soviétique,
capturé en territoire afghan, à une trentaine de kilomètres de la frontière pakistanaise, alors qu’il aurait
tenté de négocier avec les tribus pachtou contre le
régime. Abdul Haq aurait été chargé, avec l’aval des
services spéciaux pakistanais et américains, de créer
une « troisième force », en fomentant une révolte des
tribus pachtounes contre les miliciens fondamentalistes. C’est un grave revers pour les États-Unis, qui
auraient échoué à sauver l’opposant. L’exécution
d’Abdul Haq réduit encore les chances de renverser
le régime avec une alternative politique intérieure.
Seule la solution militaire parait désormais susceptible de provoquer la chute des taliban.
27
France
Corse : geste en faveur des
indépendantistes
Le ministère de la Justice annonce la construction
en Corse, dans un lieu qui reste à déterminer, d’un
centre de détention devant permettre le rapprochement familial des détenus condamnés pour
terrorisme. Les opposants au processus de Matignon, en l’occurrence les partis de droite ainsi que
le MDC de Jean-Pierre Chevènement, voient dans le
futur transfèrement des détenus corses une nouvelle
« capitulation » du gouvernement face aux indépendantistes. En revanche, l’accord de principe donné
par le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant à cette
revendication constante des nationalistes corses est
minimisé par le PS et le PCF. Il y a un an, le Premier
ministre Lionel Jospin avait opposé une fin de nonrecevoir aux demandes en ce sens des nationalistes,
déclarant à l’Assemblée nationale qu’un regroupement des condamnés à Borgo n’était « ni possible ni
souhaitable » et que, pour les détenus provisoires,
« un rapprochement ne peut être envisagé parce qu’ils
doivent être à la disposition des juges pour les enquêtes
et que ces juges sont à Paris ».
28
Pakistan
Violences anticatholiques
Dix-huit personnes sont tuées dans l’attaque perpétrée par des hommes armés contre des fidèles
réunis dans l’église catholique Saint-Dominique de
Bahawalpur, dans l’est du Pakistan. Cette région est
un bastion d’extrémistes, parmi lesquels le groupe
Harakat ul-Mujahedin est accusé de terrorisme par
les États-Unis et le Jaish-e-Mohammad est dénoncé
par la Grande-Bretagne. Selon le chef de la police de
Bahawalpur, cet attentant serait un acte de représailles contre les bombardements américains en
Afghanistan, qui entretiennent la colère au Pakistan, pays clef du dispositif militaire américain, mais
il pourrait aussi s’agir d’un acte de simple terrorisme.
Ce carnage est le plus terrible dans l’histoire de la petite minorité chrétienne de la république islamique
du Pakistan. Les chrétiens, catholiques et protestants,
représentent 1,5 % des 140 millions d’habitants, dont
l’immense majorité sont des musulmans sunnites.
29
Bourse
Liffe choisit Euronext
Le Liffe, le marché londonien des produits dérivés,
recommande à l’unanimité à ses actionnaires l’offre
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
121
de reprise présentée par Euronext, la Bourse issue de
la fusion des places d’Amsterdam, de Bruxelles et de
Paris. La bataille qui s’est engagée entre le London
Stock Exchange (LSE), la Deutsche Börse et Euronext
se termine par la victoire de celle-ci. Le prix d’acquisition d’Euronext est de 18,25 livres par action, ce qui
valorise le Liffe à 555 millions de livres (892 millions
d’euros) et représente une prime de 112 % par rapport au cours de l’action avant l’annonce de la mise
en vente du Liffe. Répondant aux exigences des dirigeants du Liffe, Euronext transférera ses activités sur
les dérivés à Londres, où sera utilisée la plate-forme
électronique du Liffe. Cette décision va permettre
à Euronext de mener à bien l’harmonisation de ses
propres marchés de dérivés. La gestion sera assurée
par l’actuelle direction du Liffe – sous la responsabilité de son directeur général, Hugh Freedberg –,
à laquelle se joindra l’équipe de gestion d’Euronext.
31
Ski
Mort de Régine Cavagnoud
La skieuse française Régine Cavagnoud décède à
Innsbruck à l’âge de trente et un ans des suites d’une
collision avec un officiel allemand survenue lors d’un
entraînement sur le glacier du Pitztal en Autriche. Les
responsables des équipes de France et d’Allemagne
étaient convenus d’un entraînement commun mais
avaient semble-t-il omis de déterminer une fréquence radio commune pour prévenir tous les participants du départ des skieurs. L’enquête judiciaire
sur cet accident mortel s’oriente vers une erreur humaine, la procédure prévoyant que l’entraîneur français au départ avertisse oralement son homologue
allemand du départ des skieurs. Surmontant une
série de graves blessures, Régine Cavagnoud avait
connu la consécration en devenant championne du
monde de super-G le 29 janvier à Saint-Anton.
France
Revirement du PS sur les rave-parties
L’Assemblée nationale adopte à la quasi-unanimité
les amendements à la loi sur la sécurité quotidienne,
consécutifs aux attentats du 11 septembre, qui
accroissent les pouvoirs des policiers. Les mesures
proposées par le gouvernement pour lutter contre
le terrorisme comprennent notamment la fouille des
véhicules, les perquisitions de domiciles et le contrôle
par des vigiles des personnes et des bagages dans les
lieux sensibles. L’ensemble de la droite a apporté son
soutien « sans réserve » au dispositif en joignant ses
voix à celles du PS – les députés verts qui devaient
voter contre le texte se sont absentés lors du vote et
le MDC a voté pour. Dans le cadre du vote de cette
loi, le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant fait adopter un sous-amendement concernant les rave-parties, un dossier qui a ébranlé la cohésion du gouvernement et des parlementaires socialistes durant tout
le printemps : désormais, les rassemblements voués
à la musique techno seront soumis à une obligation
de déclaration préalable, sans laquelle le matériel
sono pourra être saisi.
Renault-Nissan : une alliance
renforcée pour des intérêts
partagés
Renault va mal. Mais Nissan va bien. Au
terme d’un échange de participation,
annoncé le 30 octobre, le constructeur
japonais, filiale de Renault, deviendra
le deuxième actionnaire de la firme au
losange, derrière l’État.
En 2001, seule la contribution de Nissan aux
résultats de sa maison mère permettra à
Renault d’éviter des pertes. En octobre, et pour
la deuxième fois de l’année, le constructeur français a revu à la baisse ses résultats prévisionnels.
Au cours des neuf premiers mois de l’année, son
chiffre d’affaires a certes enregistré une hausse
de 6,8 %, mais ses ventes ont subi un recul de
2,4 %. Ces résultats laissent présager une marge
opérationnelle en baisse au second semestre,
alors que son taux de rentabilité du premier
semestre n’était déjà que de 1,5 %, contre 6 %
un an auparavant. Le ralentissement de la croissance mondiale, encore accentué après les attentats du 11 septembre, n’explique pas tout – la
santé de PSA Peugeot-Citroën en est la preuve.
Les causes principales de la baisse de régime
de Renault sont internes. La multiplication des
investissements à l’étranger – implantation au
Brésil, rachat du roumain Dacia et du coréen
Samsung, prise de contrôle de Nissan – a privé
le groupe des ressources nécessaires à sa propre
croissance. Les 33 milliards de francs investis
dans le constructeur japonais, par exemple,
représentent le coût du développement de huit
à dix nouveaux modèles. Aussi la gamme des
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122
voitures au losange a vieilli et le renouvellement
de ses modèles les plus vendus tarde. À titre de
comparaison, sur les 33 modèles que Nissan
proposera à la vente à l’horizon 2005, 22 seront
nouveaux.
Choc culturel
Nissan était au bord de la faillite lorsque Renault
a acquis 36,8 % de son capital, en mars 1999, en
prenant, de fait, la direction. Modèles dépassés, pertes chroniques, dette importante : la
situation du deuxième constructeur japonais,
derrière Toyota, était telle que le géant germano-américain Daimler Chrysler lui-même, un
moment intéressé, avait renoncé à relever le
défi. Le régime imposé par Carlos Ghosn a eu
des effets spectaculaires. « Nous avons accompli
80 % de la tâche en 50 % du temps que nous nous
étions fixé », a déclaré le directeur de Nissan. Le
constructeur japonais a annoncé un bénéfice semestriel de 230 milliards de yens (2,13 milliards
d’euros), en hausse de 33,7 %. Il est désormais
l’un des groupes les plus rentables du secteur
– avec un taux quatre fois supérieur à celui de
Renault... La dette devrait passer en dessous
du seuil des 750 milliards de yens (6,8 milliards
d’euros) d’ici à mars 2002, avec près d’un an
d’avance sur les prévisions. Le « choc culturel »
annoncé lors de l’alliance du français et du japonais a bien eu lieu, mais sans provoquer de
résistance interne : atteinte au tabou de l’emploi
à vie avec 21 000 suppressions de postes, introduction de la rémunération au mérite dans une
société où l’ancienneté demeure le principal
critère d’avancement, doublement des bénéficiaires de stock-options créant une nouvelle
forme de hiérarchie dans l’entreprise... « Nous
savions que si nous ne profitions pas de l’arrivée
de Carlos Ghosn pour changer, il n’y aurait plus
d’autre occasion », résume l’un des cadres dirigeants japonais de Nissan.
Au terme d’un échange de participation, Renault va donc porter sa part du capital de Nissan à 44,4 %, tandis que le constructeur japonais
va entrer dans le capital de la firme française à
hauteur de 15 %. L’opération coûtera 2 milliards
d’euros à Renault. En conséquence, la part de
l’État dans l’ancienne entreprise publique passera de 44,2 % à 37,6 %, et elle devrait encore
baisser jusqu’à atteindre 25 % au terme d’une
prochaine offre publique de vente. Les firmes
française et japonaise ont également annoncé
la création aux Pays-Bas d’une structure de management, Renault Nissan BV, détenue à parts
égales par les deux partenaires, qui sera chargée
de la planification à long terme des projets communs aux deux entreprises.
Promesse
Cette nouvelle configuration de l’alliance Renault-Nissan constitue une formidable promesse
à moyen terme, susceptible de séduire actionnaires et investisseurs.
En effet, les deux firmes réalisent ensemble, dès
à présent, près du tiers de leurs achats ; les premiers modèles communs aux deux constructeurs
sont prévus pour 2004 ; enfin, par l’intermédiaire
de Nissan, la firme au losange va retrouver le
chemin des marchés mexicain, sud-africain, australien et bientôt du Sud-Est asiatique. Renault
ne va donc pas si mal, même si sa politique des
petits pas lui coûte beaucoup de temps et d’argent. De son côté, Nissan, devenu un modèle
de gestion financière, devra encore faire ses
preuves... de vendeur. Dans un marché japonais
certes très dégradé, ses ventes continuent de
baisser. Au premier semestre, son chiffre d’affaires était en diminution de 1,4 %. Bref, il n’y a
ni maître ni élève dans le couple Renault-Nissan,
mais deux alliés aux intérêts partagés...
ALAIN POLAK
CARLOS GHOSN, L’IDOLE DE GINZA
L’artisan du redressement financier de la
filiale japonaise de Renault est un Français
d’origine libanaise, né au Brésil. Responsable de Michelin, au Brésil à 31 ans, cet
X-Mines dirige cinq ans plus tard les activités nord-américaines de la firme clermontoise. En octobre 1996, Louis Schweitzer
l’appelle au secours de la firme au losange.
Carlos Ghosn est chargé de réduire les
coûts tout en développant les activités internationales du groupe. Il y gagne son surnom de cost killer. La conquête de l’étranger, c’est d’abord le Brésil, puis le Japon
avec la direction de fait de Nissan. Homme
de consensus mais aussi de décision, préférant les faits aux théories, fonceur mais
sachant écouter, doté d’un charisme indéniable, il a su séduire les Japonais, devenant l’une des idoles de Ginza, le quartier
des affaires de Tokyo.
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
123
Novembre
2
États-Unis
Compromis entre
Microsoft et la justice
Le département américain de la Justice et Microsoft
concluent un accord après que l’administration Bush
a renoncé à tenter de démanteler le groupe. La justice américaine, sous l’administration Clinton, avait
engagé des poursuites contre le géant de l’informatique en l’accusant d’avoir illégalement maintenu
son monopole sur le marché des systèmes d’exploitation. Par ailleurs, la coalition des 18 États américains
qui poursuivait Microsoft pour des violations de la loi
antitrust se scinde en deux : neuf d’entre eux (New
York, Illinois, Caroline du Nord, Kentucky, Michigan,
Ohio, Wisconsin, Louisiane et Maryland) se déclarent
prêts à accepter un accord à l’amiable et à laisser à
un juge la charge de décider de la meilleure manière
de réduire les charges qui pèsent contre le géant de
l’informatique. Ce juge, Colleen Kollar-Kotelly, devra
décider s’il accepte ou non cet accord à l’amiable
et, entre-temps, autorise les États qui le désirent à
poursuivre le combat contre Microsoft. Le 16, le département de la Justice tente de convaincre le juge
Colleen Kollar-Kotelly que l’accord à l’amiable auquel
il est parvenu pour mettre fin au procès procurerait
une aide « prompte, certaine et efficace » aux consommateurs. Il s’agit du premier effort engagé par les
avocats du département de la Justice pour défendre
l’accord négocié entre Microsoft et neuf États qui ont
abandonné les poursuites.
4
République centrafrique
Affrontements
Des soldats fidèles à l’ancien chef d’état-major de l’armée, le général François Bozizé, limogé le 26 octobre,
s’opposent par la force aux forces loyalistes du président Ange-Félix Patassé dans la capitale Bangui. Ce
dernier reçoit des renforts libyens, dépêchés par le
colonel Kadhafi, qui s’ajoutent à la centaine de militaires libyens assurant la sécurité rapprochée du président centrafricain depuis la tentative de coup d’État
du 28 mai, imputé à l’ex-président André Kolingba.
Après des mutineries en cascade, en 1996 et 1997, le
Centrafrique vit des coups d’État en série. Ange-Félix
Patassé, ancien Premier ministre de l’empereur Bokassa, mais élu et réélu démocratiquement, a entrepris depuis six mois une chasse aux sorcières à forte
connotation ethnique, en limogeant notamment
tous les responsables de la sécurité. Le 7, l’épreuve de
force tourne à l’avantage du président centrafricain
et de ses protecteurs libyens, qui obligent le général
Bozizé et ses fidèles à fuir la capitale.
Tennis
Grosjean remporte Bercy
Sébastien Grosjean, âgé de vingt-trois ans, tête de
série numéro 6 à Paris et alors huitième de l’ATP
Race, remporte la finale des Masters Séries de Paris
en battant en quatre manches (7-6, 6-1, 6-7, 6-4) le
Russe Evgueni Kafelnikov. Il succède ainsi à Guy Forget, jusqu’à présent seul Français vainqueur à Bercy,
en 1991, et dernier joueur tricolore à avoir participé
au Masters, la même année. Demi-finaliste à l’Open
d’Australie et à Roland-Garros cette année, Grosjean
est désormais assuré de disputer la première Masters Cup de sa carrière, à Sydney. Il y confirmera son
exceptionnelle saison : le 16, il parvient en finale,
battu seulement en trois sets par l’Australien Leytton
Hewitt.
Nicaragua
Élections générales
Le candidat libéral Enrique Bolanos, âgé de soixantetreize ans, est élu à la présidence du Nicaragua, lors
des élections générales. Il obtient près de 54 % des
voix, devançant de plus de 9 % son rival, le leader
sandiniste Daniel Ortega, qui est battu pour la troisième fois consécutive après avoir été chassé du
pouvoir en 1990. Dans son programme, le vainqueur s’est engagé à combattre la misère et à lutter
contre la corruption au sein des institutions. Il a promis la construction de 100 000 habitations pour les
plus déshérités, d’accorder 195 millions de dollars
pour étendre la distribution d’eau potable dans les
campagnes et des crédits supplémentaires dans le
domaine de l’agriculture. Le nouveau président fut
incarcéré à deux reprises dans les années 1980 pour
ses critiques contre le régime sandiniste dirigé par
les frères Daniel (président) et Humberto (chef des
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armées) Ortega. Il prendra ses fonctions le 10 janvier
2002.
5
Littérature
Le Goncourt à Rufin
Le prix Goncourt 2001 est attribué à Jean-Christophe
Rufin pour Rouge Brésil (Gallimard), au sixième tour
de scrutin, avec cinq voix, contre quatre à Marc Lambron pour Étrangers dans la nuit (Grasset) et une à
Michel Houellebecq pour Plateforme (Flammarion).
Rouge Brésil est un roman d’aventure qui raconte la
conquête du Brésil par les Français au XVIe siècle, un
des épisodes les plus méconnus de la Renaissance.
Âgé de quarante-neuf ans, Jean-Christophe Rufin est
un pionnier de l’organisation humanitaire Médecins
sans frontières. Il a remporté le prix Interallié 1999,
avec les Causes perdues, un des tout premiers romans
à aborder le thème de l’humanitaire.
6
États-Unis
Bloomberg nouveau maire de New York
Le républicain Michael Bloomberg remporte l’élection municipale de New York après une bataille très
serrée pour gagner la ville frappée le 11 septembre
dernier par deux attentats meurtriers. Il recueille plus
de 700 000 voix, devançant le démocrate Mark Green
de 40 000 voix, le reste des suffrages étant réparti
entre sept autres candidats. Connu pour le succès
de la société de presse financière qui porte son nom,
Michael Bloomberg succède à Rudolph Giuliani, qui
n’avait pas le droit de briguer un troisième mandat. Il
a réussi à conserver dans le giron républicain la ville
de New York, où l’on compte pourtant cinq fois plus
d’électeurs démocrates que de républicains déclarés, cela au prix d’une campagne pour laquelle il
aura déboursé quelque 50 millions de dollars, la plus
chère de l’histoire électorale américaine pour des
municipales.
Irlande du Nord
Trimble réélu Premier ministre
Le protestant David Trimble est réélu Premier ministre d’Irlande du Nord, avec 70,7 % des suffrages
des 99 députés votants (sur 108) réunis à l’assemblée
d’Ulster à Belfast. Parmi ces suffrages, David Trimble a
recueilli 51,7 % des voix unionistes et 100 % des voix
des 38 députés nationalistes catholiques. L’obtention
de cette double majorité protestante et catholique
était une condition de l’élection. David Trimble avait
démissionné le 1er juillet afin de protester contre l’absence de désarmement de l’IRA, qui a finalement été
engagé le 23 octobre dernier. Cette élection permet
de sauver l’exécutif dirigé par David Trimble et, au
bout du compte, de préserver le processus de paix.
France
Mgr Ricard nouveau président des
évêques de France
L’évêque de Montpellier Jean-Pierre Ricard, jusqu’à
présent vice-président de la Conférence des évêques
de France, en devient le président élu pour un mandat de trois ans. Âgé de cinquante-sept ans, il succède au cardinal Louis-Marie Bille, archevêque de
Lyon, qui a démissionné de la présidence pour raisons de santé. Ordonné évêque en 1993, Mgr Ricard
est l’un des six prélats français à avoir participé au
synode des évêques à Rome du 30 septembre au
27 octobre dernier.
7
Aéronautique
Reprise des vols de Concorde
Quinze mois après l’accident du 25 juillet 2000 à
Gonesse (Val-d’Oise) et en plein marasme de l’aéronautique depuis les attentats, le supersonique
Concorde reprend ses vols commerciaux entre Paris
et New York ainsi qu’entre Londres et New York. Pour
le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot, ce
vol « est le signe de notre confiance en l’avenir du transport aérien ainsi que l’occasion de rendre un hommage
symbolique aux citoyens new-yorkais ». De l’autre côté
de l’Atlantique, le maire sortant de New York, Ruddph
Giuliani, salue « le retour de ce symbole des échanges
commerciaux entre l’Europe et les États-Unis ». Cinq
vols hebdomadaires sont prévus par Air France, soit
environ moitié moins qu’auparavant, et six par British
Airways. Air France a évalué à au moins 35 millions
d’euros (229,58 millions de francs), hors manque à
gagner, l’immobilisation du Concorde.
Espagne
Nouvel assassinat au Pays basque
Vingt-quatre heures après la capture d’un commando de l’ETA qui venait de commettre un attendownloadModeText.vue.download 127 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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tat – l’un des plus importants de ces derniers mois
(95 blessés, dont 3 graves hospitalisés) – à la voiture
piégée à Madrid, un juge de l’audience provinciale
de Biscaye, José Maria Ilson, est assassiné d’une balle
dans la nuque à Gatxo, dans la banlieue de Bilbao.
Le 23, à Beasain, deux autres policiers basques qui
assurent la circulation à un carrefour, sont assassinés.
L’une des deux victimes est une femme de trentequatre ans, Ana Arostegi, mère de trois enfants. C’est
la première policière assassinée par l’ETA depuis la
création, en 1982, de l’Ertzaintza, la police autonome
basque.
France
La relaxe pour Strauss-Khan
Le tribunal correctionnel de Paris relaxe l’ancien
ministre de l’Économie et des Finances Dominique
Strauss-Kahn, poursuivi pour « faux et usage » dans
l’un des volets de l’enquête sur la gestion de la
Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF).
Reconnaissant qu’il n’y avait pas « d’intention frauduleuse » de la part de DSK, le représentant du ministère
public David Peyron avait renoncé à requérir une
peine à rencontre de l’ancien ministre du gouvernement Jospin, qui avait été contraint à la démission
le 2 novembre 1999. Ce dernier était soupçonné
par la justice d’avoir antidaté des documents afin
de justifier son intervention – et ses honoraires de
603 000 francs (91 926,76 euros) – comme avocat
conseil de la mutuelle entre 1994 et 1996, dans le
cadre de l’entrée de la Compagnie générale des eaux
(CGE, devenue Vivendi) au capital d’une filiale de la
MNEF. Le tribunal a également relaxé les deux autres
prévenus qui étaient poursuivis avec Dominique
Strauss-Kahn, Olivier Spithakis, ancien directeur général de la MNEF, et Philippe Plantagenest, ancien
secrétaire général de la mutuelle étudiante.
9
Afghanistan
Prise de Mazar-i-Charif
L’Alliance du Nord entre dans Mazar-i-Sharif. La prise
de cette ville stratégique du nord de l’Afghanistan
est une avancée majeure pour la campagne militaire
américaine contre le régime des talibans et le réseau
terroriste d’Oussama Ben Laden, qu’il est accusé
d’héberger. Le contrôle de cette ville stratégique
ouvre en effet des axes de ravitaillement cruciaux
pour les forces de l’opposition depuis l’Ouzbékistan
et le Tadjikistan. Le 12, l’Alliance du Nord se déclare
prête à lancer une offensive sur la capitale afghane,
Kaboul, offensive que le président George Bush
souhaite éviter. Selon lui, la capitale afghane doit à
terme être dirigée par une coalition regroupant des
représentants des différentes ethnies afghanes. Or,
l’Alliance, qui ne représente que les ethnies ouzbeks
et tadjiks, n’est pas, toujours selon le président américain, assez représentative.
Qatar
Conférence de l’OMC
Deux ans après l’échec de Seattle, les représentants
de 142 pays réunis à Doha au Qatar tentent de lancer un nouveau cycle de négociations commerciales. La conférence de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) est la première grande réunion
internationale depuis les attentats du 11 septembre
aux États-Unis. Par rapport à Seattle, les enjeux de la
négociation restent les mêmes. L’Union européenne
(UE) continue de défendre le dossier de la régulation
avec l’inclusion de la dimension sociale et environnementale du commerce. Quant aux États-Unis, sous
la pression des laboratoires pharmaceutiques, ils
refusent de revoir la question de l’accès des pays les
plus pauvres aux médicaments protégés par des brevets. Mais le 14, les ministres du Commerce des pays
membres de l’OMC entérinent à l’unanimité le lancement d’un nouveau cycle de négociations commerciales internationales, en bouclant notamment un
accord sur l’épineux dossier agricole, qui avait entre
autres fait échouer la conférence de Seattle. Le projet d’accord engage l’OMC à des « négociations globales » sur l’agriculture dans son ensemble, « sans préjuger de leur résultat ». En outre, la conférence adopte
l’accord des droits de propriété intellectuelle liés au
commerce (TRIPS), dans son volet sur l’accès aux médicaments. Cet accord est plutôt favorable aux pays
en développement, notamment à des pays comme
le Brésil ou l’Inde, puisqu’il leur permet de fabriquer
des médicaments génériques moins chers pour lutter contre les pandémies comme le sida.
10
Algérie
Inondations meurtrières
Des pluies torrentielles et de puissantes bourrasques
de vent s’abattent sur Alger – en particulier dans le
quartier de Bab El-Oued où les torrents de boues
ont emporté aussi bien les constructions effondrées
que les carcasses de véhicules – et d’autres préfecdownloadModeText.vue.download 128 sur 518
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tures côtières du Centre-Ouest. Le Premier ministre
Ali Benflis annonce une série de mesures d’urgence
en faveur des familles victimes des intempéries dans
la capitale : il promet une aide exceptionnelle de
200 000 dinars (3 050 euros) par famille à ceux dont
le logement a été touché et un capital-décès aux
familles ayant perdu l’un des leurs dans la tragédie.
Australie
Succès des conservateurs aux élections
générales
Les conservateurs au pouvoir en Australie remportent une confortable majorité aux législatives, le
Premier ministre John Howard – et son gouvernement – obtenant un troisième mandat consécutif à la
tête du pays, ce qui lui permet d’égaler le record détenu par deux dirigeants libéraux australiens, Robert
Menzies et Malcolm Fraser. Le Parti libéral du Premier
ministre obtient 68 des 150 sièges de la Chambre
basse du Parlement, et ses alliés du Parti national, 12,
contre seulement 64 à l’opposition travailliste, dont le
leader, Kim Beazley, reconnaît la défaite de sa formation en démissionnant de ses fonctions. Longtemps
donnés favoris de ces élections, les travaillistes n’ont
pu s’opposer à la remontée spectaculaire de M. Howard, consécutive à l’affaire des demandeurs d’asile
afghans, tenus à l’écart du territoire australien par le
gouvernement conservateur. Lors de la précédente
consultation en 1998 – la législature est triennale en
Australie –, M. Howard avait remporté une victoire
très mince avec une majorité de moins d’un point.
12
États-Unis
Crash d’un Airbus
Un Airbus A300 d’American Airlines reliant New York
à Saint-Domingue (République dominicaine) s’écrase
dans le quartier du Queens, à New York. L’accident
fait au moins 260 morts. L’enquête s’oriente vers la
thèse d’un accident, faute d’indices convergeant vers
un acte terroriste. De nombreux témoignages oculaires font état d’une explosion en vol à la hauteur
des ailes de l’avion.
Afghanistan
Chute de Kaboul
Cinq semaines après le début de l’opération armée
américaine et deux mois et deux jours après les
attentats terroristes contre les États-Unis, les combattants de l’Alliance du Nord s’emparent de Kaboul,
d’où les talibans se sont enfuis. La chute de Kaboul
suscite beaucoup d’inquiétudes dans la plupart des
capitales internationales, les diplomates craignant
que les forces de l’Alliance du Nord recommencent
les exactions auxquelles elles s’étaient livrées
lorsqu’elles tenaient la capitale afghane entre 1992 et
1996. Islamabad, par ailleurs, considère d’un mauvais
oeil l’arrivée dans la capitale des forces de l’Alliance
du Nord. En effet, ces dernières, qui sont constituées
d’une coalition de factions tadjikes, ouzbèques et hazaras, ne comptent pas dans leurs rangs de combattants pachtounes, l’ethnie des talibans et de l’ancien
roi d’Afghanistan Zaher Shah avec laquelle le Pakistan
est étroitement lié.
France
Mesures multiples face à la grogne
policière
Confronté à une grogne policière croissante, qui
s’est exprimée notamment dans une manifestation
de 3 000 policiers le 10 à Paris à l’appel des syndicats de police, le ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant
annonce plusieurs mesures, dont la dotation d’un
gilet pare-balles par policier, et une loi de finance
rectificative, soumise prochainement au Parlement,
accroissant les moyens de la police. Celle-ci bénéficiera de crédits « de fonctionnement et d’équipement
très sensiblement accrus pour les moyens de protection
des personnels, le parc automobile, l’immobilier ou les
moyens de lutte contre le terrorisme ».
14
Afghanistan
Résolution de l’ONU
Soulignant la nécessité d’agir d’urgence sur le plan
politique et humanitaire pour trouver une formule
de transition politique en Afghanistan, au moment
où les forces antitalibanes investissent la capitale Kaboul, l’ONU adopte une résolution sur l’Afghanistan
votée à l’unanimité par le Conseil de sécurité. L’Organisation demande notamment au Front uni (Alliance
du Nord) et à tous les Afghans représentés dans ces
processus de se réunir, sans préalables, afin d’établir
une nouvelle administration de transition conduisant à la formation d’un nouveau gouvernement, de
s’abstenir d’actes de représailles, de faciliter l’acheminement urgent de l’aide humanitaire et le retour
en bon ordre des réfugiés et des déplacés lorsque la
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
127
situation le permettra, et de protéger la population
civile, les autorités de transition, le personnel des
Nations unies et le personnel associé ainsi que celui
des organisations humanitaires.
16
Allemagne
Oui à l’envoi d’un contingent en
Afghanistan
Par 336 voix contre 326, le Bundestag approuve
l’envoi d’un contingent de 3 900 soldats pour participer à la campagne militaire contre le terrorisme en
Afghanistan, votant du même coup la confiance au
gouvernement. Devant l’importance de l’opposition
au déploiement militaire au sein de sa propre coalition – 341 sièges à la Chambre basse du Parlement,
contre 325 pour l’opposition –, le chancelier Gerhard
Schröder avait préféré lier à l’approbation de l’envoi
l’avenir de son gouvernement et risquer des élections anticipées plutôt que de dépendre des voix de
l’opposition pour obtenir le feu vert au plus grand
déploiement militaire allemand de l’après-guerre en
dehors de l’Europe.
La leçon afghane de l’Allemagne,
un pas vers la normalité
internationale ?
En engageant la responsabilité de son
gouvernement sur la participation militaire
de l’Allemagne en Afghanistan, Gerhardt
Schröder a scellé sa coalition tout en
faisant faire à son pays un pas décisif en
direction de la « normalité »
internationale.
Le 8 novembre 2001, le chancelier Gerhardt
Schröder présentait au Bundestag sa proposition d’envoyer des troupes allemandes participer à l’effort international de lutte contre le
réseau terroriste Al-Qaida et le régime taliban
qui le protège.
3 900 hommes répartis entre des unités de
détection des armes de destruction massive,
des unités d’assistance humanitaire et des unités chargées de la logistique. 3 900 hommes
pour prouver la solidarité de l’Allemagne envers les États-Unis... qui ne lui demandait rien ;
3 900 hommes pour affirmer la crédibilité de
l’Allemagne, première puissance économique
européenne, vis-à-vis des autres pays occidentaux ; bref, 3 900 hommes témoignant, comme
l’a dit le chancelier Schröder devant les députés,
« de notre disposition à assumer par des actions
concrètes les responsabilités internationales d’une
Allemagne adulte ».
Une telle initiative, qui appelle un certain
consensus, seule cette majorité social-démocrate pouvait l’assumer. Présentée par un gouvernement chrétien-démocrate, elle aurait vu, il
y a encore peu, se dresser contre elle une gauche
traditionnellement hostile à tout ce qui peut
rappeler l’hégémonisme allemand, appuyée par
une opinion frileuse. Cet engagement militaire
allemand ne pouvait venir que d’un chancelier
appartenant à une génération née après la Seconde Guerre mondiale et vierge des inhibitions
suscitées par le passé nazi, comme Gerhardt
Schröder, et partisan d’une realpolitik « éclairée », selon le propre terme de l’actuel chancelier
lors de son arrivée au pouvoir, en 1998. L’affaire
n’allait toutefois pas être si simple.
Si certains veulent sauter par la
fenêtre...
Approuvée par l’opposition de droite, la proposition du chancelier Gerhardt Schröder a aussitôt provoqué une crise chez les pacifistes Verts,
ravivant le débat récurrent sur leur participation
à la coalition gouvernementale malgré la position favorable adoptée par leur leader Joschka
Fischer, ministre des Affaires étrangères.
La fronde d’une partie des élus écologistes,
ajoutée à la défection annoncée de plusieurs
députés sociaux-démocrates – qui permettait à
l’opposition de mettre en doute la réalité de la
majorité gouvernementale –, ne laissait pas le
choix au chancelier Schröder. Le 12 novembre,
il annonçait qu’il engageait la responsabilité
de son gouvernement sur le vote prévu pour le
16. Non seulement les Verts allaient devoir choisir entre la discipline gouvernementale et le départ de la coalition ou, pis encore pour leur avenir, le retour devant les électeurs, mais la droite
allait se trouver contrainte de voter contre une
décision dont elle approuvait le principe.
Le 16 novembre, le Bundestag a finalement accordé sa confiance au gouvernement, avec deux suffrages de plus que la majorité requise de 334 voix.
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Seuls quatre des 47 députés Verts ont mêlé leur
voix à l’opposition de droite et communiste, imités par une unique députée social-démocrate.
« La chute de ce gouvernement et l’effondrement
des Verts allemands [...] menaceraient, voire détruiraient, le projet Vert européen », avaient prévenu,
dans un message commun destiné à leurs collègues, Daniel Cohn-Bendit, Dominique Voynet et
Noël Mamère, ce que le secrétaire général du Parti social-démocrate avait traduit à sa manière en
affirmant : « Si certains veulent sauter par la fenêtre,
nous ne pouvons pas les retenir. »
Mutation forcée
Dans son discours d’ouverture du congrès socialdémocrate à Nuremberg, le 19, Gerhardt Schröder
a été très clair : « Je mentirais si j’affirmais n’avoir rien
à objecter à ce qui s’est dit chez les Verts. Une fois pour
toutes, ces derniers devront se colleter à la réalité s’ils
veulent améliorer les choses. La nostalgie et le refoulement ne sont pas appropriés pour gouverner l’Allemagne. » Il a toutefois concédé que le choix des Verts
comme alliés au sein de la coalition était le meilleur
pour « conduire le changement ». Le 24, les Verts
réunis en congrès à Rostock lui ont montré qu’ils
l’avaient compris. Ils ont entériné la position de leur
direction, favorable à la participation allemande au
conflit afghan, suivant les exhortations de Joschka
Fischer à faire preuve de plus de « réalisme ». En exigeant un vote de confiance, le chancelier Gerhardt
Schröder aura manqué l’occasion de réunir une
large majorité sur l’envoi de troupes en Afghanistan. Mais il aura forcé les Verts à devenir un parti de
gouvernement et donc à assumer pleinement leurs
responsabilités. Ce faisant, le chef du gouvernement
allemand aura montré la capacité du gouvernement
de son pays à faire progresser l’Allemagne sur la voie
de la « normalité » internationale, quel qu’en soit le
prix à payer sur le plan intérieur.
GEORGES CHEVRON
DE LA GUERRE DU GOLFE À L’AFGHANISTAN
Le poids du passé militariste de l’Allemagne a longtemps pesé sur la capacité
de celle-ci à jouer à l’extérieur un rôle qui
soit à la mesure de sa puissance intérieure.
Au début des années 50, son réarmement
n’était concevable que dans le cadre de
l’OTAN tant pour ses voisins que pour
elle-même. Et le principe de l’emploi de
la Bundeswehr dans un cadre strictement
défensif faisait jusque récemment l’objet
outre-Rhin d’un parfait consensus – certes
plus vivace à gauche qu’à droite. Pendant
longtemps, la « diplomatie du chéquier » a
constitué le seul instrument de politique
étrangère de l’Allemagne, jusque pendant
la guerre du Golfe, en 1991. La fin de la
guerre froide a toutefois modifié la donne,
permettant au chancelier chrétien-démocrate Helmut Kohl de proposer l’envoi de
forces de maintien de la paix en Yougoslavie. La contestation de cette initiative par
les sociaux-démocrates devant le Tribunal
constitutionnel de Karlsruhe allait aboutir
à une clarification souhaitable : la Cour se
livrait à une interprétation extensive de la
Loi fondamentale, subordonnant toutefois
l’envoi de troupes à l’étranger à un vote
du Bundestag. C’est ainsi qu’en 1999 l’Alle-
magne a participé à des missions de surveillance aérienne au-dessus du Kosovo
avant d’y envoyer un contingent dans le
cadre de la KFOR. En août 2001, le Bundestag a autorisé la participation de soldats
allemands à la force de l’ONU déployée
en Macédoine. Le 16 novembre, enfin, il a
approuvé l’engagement de troupes dans
le conflit afghan, hors de la zone couverte
par l’OTAN.
17
Kosovo
Élections au Kosovo
La Ligue démocratique du Kosovo (LDK) du leader
modéré Ibrahim Rugova remporte les premières
élections organisées dans la province serbe depuis
l’entrée des soldats de l’OTAN et la mise en place de
l’administration de l’ONU. La LDK obtient plus de
46 % des suffrages. Cette victoire donne à Ibrahim
Rugova le droit de gouverner la province serbe. Mais,
ne disposant pas d’une majorité suffisante pour diriger seul le Kosovo, son parti devrait être contraint de
former une coalition.
19
France
Ouverture du procès Bonnet
L’ancien préfet de Corse Bernard Bonnet comparaît
avec sept autres prévenus – Gérard Pardini, son ancien
directeur de cabinet, le colonel Henri Mazères, ancien
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
129
commandant de la légion de gendarmerie en Corse,
et cinq gendarmes, incendiaires présumés – devant
le tribunal correctionnel d’Ajaccio. Tous encourent dix
ans de prison. M. Bonnet est accusé d’avoir commandité l’incendie de deux paillotes dans la nuit du 19 au
20 avril 1999, sur la plage Cala d’Orzu près d’Ajaccio.
Jusqu’au bout, il a tenté de « dépayser » le procès hors
de Corse, affirmant faire l’objet de « menaces de mort »
émanant d’un groupe clandestin radical. La seule ligne
commune de défense aux huit prévenus est d’affirmer
qu’ils n’ont commis aucun acte illégal puisque les deux
paillotes étaient construites... illégalement. Dès l’ouverture de son procès, l’ancien préfet met en cause Alain
Christnacht, conseiller pour la Corse de Lionel Jospin,
l’accusant d’avoir été l’instigateur des actes qui lui sont
reprochés.
20
Danemark
Retour de la droite au pouvoir
Le Premier ministre social-démocrate Poul Nyrup
Rasmussen, à la tête du gouvernement depuis 1993,
démissionne après l’échec de la coalition gouvernementale, qui rassemble sociaux-démocrates et radicaux, aux élections anticipées de quatre mois qu’il
venait de provoquer. Il laisse la place à son homonyme, le libéral Anders Fogh Rasmussen, leader de
la coalition de droite alliée à l’extrême droite qui a
remporté les élections législatives. Au terme d’une
campagne électorale dominée par la question de
l’immigration, l’alliance réunissant les partis libéral
et conservateur ainsi que le Parti du peuple danois
(extrême droite) obtient 98 des 179 sièges du Folketing (Parlement), majorité suffisante pour former le
nouveau gouvernement. Le Danemark, qui compte
5,3 millions d’habitants, a fermé ses portes en
1973 mais continue d’accueillir les réfugiés politiques
et les parents d’immigrés. Cette seconde catégorie
est la plus controversée, les étrangers vivant au Danemark étant censés abuser de cette possibilité pour
faire entrer leur conjoint et leurs enfants et profiter
d’un généreux système de sécurité sociale.
21
France
Nouvelles manifestations de policiers
Les manifestations de policiers, jusqu’ici plutôt limitées à la capitale, s’étendent à plusieurs autres villes,
plusieurs milliers de fonctionnaires défilant partout
en France. Des femmes de gendarmes, venues faire
connaître le « ras-le-bol » de leurs maris soumis au
devoir de réserve, sont présentes dans plusieurs cortèges – notamment à Bordeaux, Toulouse et à Paris.
Les syndicats exigent l’amélioration des conditions
financières et matérielles réservées aux forces de
l’ordre ainsi que du respect, de la reconnaissance
et des outils juridiques adéquats : la loi Guigou du
15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, votée
par l’ensemble des parlementaires, est notamment
visée. Cette loi a modifié en profondeur le droit pénal
français mais suscité de nombreuses difficultés d’application dans les commissariats et les tribunaux. Ce
texte, qui s’applique depuis le 1er janvier 2001, a en
particulier modifié les conditions de la garde à vue,
enlevé aux juges d’instruction le pouvoir de placer
les mis en examen en détention provisoire et créé
un appel des jugements des cours d’assises. Les policiers ont laissé éclater leur ras-le-bol à la mi-octobre
après la mort de deux de leurs collègues, abattus au
Plessis-Trévise (Val-de-Marne). Pour désamorcer la
grogne des fonctionnaires, le ministre de l’Intérieur
a rappelé l’effort budgétaire du gouvernement pour
la police et annoncé une rallonge de 45,73 millions
d’euros (300 millions de francs) pour des mesures
indiciaires sur un budget de la police pour 2002 de
plus de 300 millions d’euros (2 milliards de francs).
Lionel Jospin défend l’action du gouvernement en
matière de police en relevant les « moyens considérables » consacrés à la sécurité publique depuis
quatre ans. Les effectifs de la police ont été augmentés de 11 % et ceux de la gendarmerie de 4 %,
précise-t-il. Par ailleurs, le gouvernement a apporté
son soutien à une évaluation parlementaire de la
loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence,
afin d’en corriger les dysfonctionnements. Le député
socialiste de l’Essonne Julien Dray doit, lui, remettre
dans un délai d’un mois un rapport sur la mise en
oeuvre de la loi Guigou. Cette décision du Premier
ministre, qui répond à la demande exprimée la veille
par les députés socialistes, représente un revirement
remarqué du gouvernement à cinq mois de l’élection
présidentielle.
Le débat sur l’insécurité fait un
retour en force
De la réglementation des raves aux mesures
antiterroristes, la question de l’insécurité fait un retour en force dans le débat
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
130
politique alors qu’approchent les échéances
électorales.
Faut-il ou non réglementer les raves, ces fêtes
improvisées dédiées à la musique techno qui
secouent de temps à autres la campagne française et initient les régions rurales les plus reculées à des moeurs urbaines par trop laxistes sinon
délictueuse ? Le débat semble passionner les
législateurs, sinon l’opinion, alors que le ministre
de l’Intérieur Daniel Vaillant, après avoir fait
voter en mai par le Sénat un texte réglementant
les raves, doit reculer devant les vives critiques
des députés de gauche. Signe de temps plutôt
pacifiques, c’est en ces termes, somme toute
anodins, que semble se poser alors le débat sur
la sécurité. Mais il ne va pas tarder à apparaître
comme un cache-misère, masquant un dossier
sécuritaire que le gouvernement a toujours ré-
pugné à attaquer de front et qui s’impose avec
d’autant plus de force que les chiffres troublent
la relative sérénité affichée dans les villes et leurs
banlieues.
Un réquisitoire
contre le gouvernement
Le thème de l’insécurité opérait un retour en
force à la faveur de la traditionnelle allocution
du 14 juillet de J. Chirac qui, dans un réquisitoire contre le gouvernement, a mis l’accent sur
les failles de sa politique de sécurité, reprenant
ainsi les critiques adressées par l’opposition le
25 avril lors de la présentation du projet de loi
de D. Vaillant sur la « sécurité quotidienne ». Ces
critiques récurrentes de la droite, qui attaquait
la gauche plurielle au défaut de sa cuirasse, auraient pu être mises sur le compte des premières
passes d’armes électorales, à un an du scrutin
présidentiel, dans un climat vicié par les tensions
toujours plus vives dans la cohabitation. Mais les
chiffres de la délinquance au 1er semestre 2001,
publiés le 1er août, semblent donner raison aux
inquiétudes présidentielles concernant une « insécurité croissante », en faisant état d’une hausse
de 9,58 % de la criminalité. Les statistiques
méritent certes d’être nuancées, puisque l’augmentation reflète autant l’activité des forces de
l’ordre que celle des délinquants, dont les délits
relèveraient par ailleurs de facteurs conjoncturels, comme la généralisation des téléphones
portables, à l’origine de près d’un vol avec violence sur deux à Paris. On ne peut non plus négliger le fait que les vols, commis le plus souvent
sans violence, contribuent pour près des deux
tiers à la hausse constatée, alors que la tendance
reste à la baisse pour les homicides. Mais dans
un contexte marqué par un regain de violence
en Corse, le gouvernement se doit de prendre
en compte le sentiment d’insécurité croissant
des citoyens, mais aussi des forces de police et
de gendarmerie. D’autant que les chiffres de
la délinquance se doublent de ceux, tout aussi
inquiétants, d’un chômage en hausse et d’une
croissance en baisse, qui trahissent les limites
de l’action gouvernementale sur le front de la
lutte contre la fracture sociale, que la gauche
entendait réduire le plus possible. L. Jospin est
ainsi rattrapé par le dossier de la sécurité, placé
au coeur de la campagne présidentielle, et qu’il
avait pourtant désigné, à son arrivée à Matignon
en juin 1997, comme sa priorité avec l’emploi.
Signe de cet engagement affirmé au colloque
de Villepinte en octobre 1997, le gouvernement
avait mis en oeuvre des contrats locaux de sécurité, associant les élus locaux et l’État dans sa
lutte contre l’insécurité, et promu la police de
proximité.
Réconcilier la gauche
avec la sécurité
Mais cet engagement, qui devait d’ailleurs beaucoup à l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre
Chevènement, qui se faisait fort de « réconcilier
la gauche avec la sécurité », s’avère insuffisant,
comme en témoigne le malaise dans les rangs de
la police. Celle-ci demande plus de moyens, afin
de pouvoir faire face à la détermination accrue
des délinquants qui la défient ouvertement, au
bazooka s’il le faut, comme le 2 septembre lors
d’une course-poursuite à Béziers. Cette audace
inhabituelle serait encouragée par la loi Guigou
du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence,
en vigueur depuis le 1er janvier, qui ajoute à la
grogne des policiers. Les attentats du 11 septembre devaient donner un caractère d’urgence
aux préoccupations sécuritaires hexagonales,
en conduisant la France à renforcer, comme ses
partenaires européens, son arsenal législatif
antiterroriste. Censé répondre aux attentes de la
population en matière de protection publique,
le texte de D. Vaillant sur la sécurité quotidienne,
adopté le 31 octobre par l’Assemblée, ne parvient pas à apaiser le mécontentement policier,
exacerbé par le meurtre le 16 octobre de 2 gardiens de la paix lors d’une intervention dans un
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
131
cambriolage à Plessis-Trévise, qui porte à 7 le bilan des policiers tués depuis le début de l’année.
Les syndicats de police, qui multiplient les manifestations en novembre, jugent insuffisantes les
mesures du ministre. Les défenseurs des droits
de l’homme sont tout aussi critiques à l’égard
d’un dispositif législatif jugé opportuniste et
hétéroclite, puisqu’il se contente d’assortir les
dispositions sur la sécurité quotidienne, dont
celle finalement acceptée sur les raves désormais soumises à une obligation de déclaration
préalable, de mesures de circonstance contre
la menace terroriste qui risquent, en pratiquant
l’amalgame, de porter atteinte aux libertés et
font redouter abus et dérapages.
GARI ULUBEYAN
PRESSIONS SÉCURITAIRES ET
RESPECT DES LIBERTÉS
Le dispositif voté le 31 octobre s’est vu
adjoindre 13 amendements destinés à
lutter contre le terrorisme, valables deux
ans, allant de la fouille des véhicules et
perquisitions jusqu’au décryptage de
communications chiffrées sur Internet en
passant par l’autorisation accordée aux
vigiles privés de contrôler les personnes
et bagages dans les lieux sensibles.
Les défenseurs des droits de l’homme
s’inquiètent d’un texte fourre-tout qui
tendrait à renforcer les pouvoirs de la
police. Mais celle-ci n’y trouve pas son
compte et dénonce les limites du texte
sur la sécurité quotidienne.
23
Pays-Bas
Inculpation de Milosevic pour crime
contre l’humanité
Déjà poursuivi pour crimes de guerre au Kosovo et
en Croatie par le Tribunal pénal international (TPI),
Slobodan Milosevic est, pour la première fois, inculpé
de génocide pour son rôle pendant la guerre de Bosnie, entre 1992 et 1995 : la plus meurtrière des quatre
guerres qui ont ensanglanté l’ex-Yougoslavie dans la
décennie 1990 et qui avait fait plus de 200 000 morts.
Cette inculpation est la troisième retenue contre l’ancien président serbe. Slobodan Milosevic a été extradé le 28 juin de Belgrade pour comparaître devant le
TPI de La Haye. L’acte de génocide – la charge la plus
forte que puisse retenir cette juridiction internationale – est défini comme la somme d’actes « commis
avec l’intention de détruire, entièrement ou en partie,
un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Ce
crime comprend notamment le meurtre, l’imposition de conditions de vie tendant à l’élimination d’un
groupe de personnes, l’interruption forcée de grossesse et le transfert d’enfants.
25
Afghanistan
Chute de Kunduz
Les forces antitalibans de l’Alliance du Nord prennent
le contrôle de Kunduz, dernière poche de résistance
des miliciens fondamentalistes et de leurs alliés
étrangers dans le nord de l’Afghanistan. Après un
siège de treize jours, l’Alliance du Nord est en effet
entrée sans combattre la ville, désertée de ses combattants talibans et étrangers. La perte de leur dernière citadelle du Nord ne laisse plus aux talibans
qu’un seul bastion, Kandahar, dans le sud du pays. Au
cours des trois dernières semaines, la milice islamiste
a perdu les trois quarts de son territoire, dont la capitale Kaboul.
Médecine
Premier clonage
d’un embryon humain
La société américaine Advanced Cell Technology
Inc. annonce qu’elle a réalisé le premier clonage
d’embryon humain à des fins thérapeutiques. Elle
précise qu’il s’agit de produire des cellules souches
destinées au traitement de maladies incurables et
non des embryons à des fins reproductives. La technique mise en oeuvre reproduit celle qui avait permis
la création, en 1997, de la brebis Dolly par les biologistes de la société écossaise PPL Therapeutics. Elle
consiste à introduire le noyau d’une cellule prélevée
sur un organisme adulte dans un ovocyte préalablement énuclée puis, grâce à différentes stimulations de l’oeuf ainsi obtenu, à provoquer sa division
et un développement embryonnaire. Tandis que la
Maison-Blanche rappelle que le président George
W. Bush est opposé « à cent pour cent » au clonage
humain, le Vatican fait part de sa « préoccupation » et
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de son opposition à toute forme d’instrumentalisation de l’embryon humain.
28
France
Un trisomique indemnisé pour
naissance préjudicable
La Cour de cassation accorde à Lionel, né trisomique
en 1995, une indemnisation pour le préjudice que
lui a créé sa naissance, confirmant ainsi l’arrêt Perruche rendu le 17 novembre 2000. La Cour estime
que la réparation du préjudice devait être intégrale
et a demandé à la cour d’appel de Paris d’en recalculer le montant. La mère de Lionel avait obtenu
99 092 euros (650 000 francs) pour son fils le 19 janvier 2000 devant la cour d’appel de Rennes, alors
qu’elle avait chiffré ses besoins matériels pour l’avenir
à près de 686 020 euros (4,5 millions de francs). En
novembre 2000, la Cour de cassation avait déjà jugé,
en indemnisant Nicolas Perruche, lourdement handicapé par une rubéole non décelée de sa mère, que
le médecin fautif devait indemniser cette naissance
préjudiciable.
29
Musique
Mort d’un Beatle
Le chanteur et guitariste britannique George Harrison décède à Los Angeles des suites d’un cancer à
l’âge de cinquante-huit ans. De nature réservée, il
dut se battre pour s’affirmer en tant que compositeur face à John Lennon et Paul McCartney au sein
des Beatles, dont il fut l’élément stabilisateur. Il laisse
quelques classiques des Beatles, notamment Norvegian Wood pour l’album Rubber Soul, While My Guitar Gently Weeps pour l’album Blanc, Something (« la
plus belle chanson d’amour du XXe siècle », selon Frank
Sinatra qui l’interprète) et Here Comes The Sun pour
Abbey Road.
France
Massacres de Srebrenica :
un « échec de la France »
La mission d’information parlementaire, mise sur
pied grâce à l’association Médecins sans frontières,
estime dans son rapport que la France partage avec
ses partenaires occidentaux la responsabilité de
l’abandon, en juillet 1995, de l’enclave musulmane
de Bosnie orientale pour n’avoir pas empêché le
massacre de 7 000 personnes par les forces serbes
lors de la chute de celle-ci en juillet 1995.
Décembre
2
Tennis
La France vainqueur de la Coupe Davis
La France remporte la Coupe Davis à Melbourne,
sur herbe, en battant l’équipe d’Australie par trois
victoires à deux. Comme toujours depuis 1978,
l’équipe victorieuse du double en finale conquiert
le saladier d’argent. Pourtant, plus que le duo Cédric
Pioline-Fabrice Santoro tombeur de la paire Lleyton
Hewitt-Patrick Rafter, le vrai héros français de la rencontre est Nicolas Escudé. Classé 27e joueur mondial,
Escudé a mis la bande à Guy Forget sur de bons rails
en dominant le numéro un mondial Lleyton Hewitt,
lors du premier simple, puis en disposant en quatre
sets, dans le match décisif, de Wayne Arthurs, qui
remplaçait au pied levé Pat Rafter blessé. Sébastien
Grosjean, pourtant sixième mondial et numéro un
français, après avoir atteint la finale de la Masters Cup,
a, lui, perdu ses deux simples.
Israël
Vague d’attentats
Une série d’attentats sans précédent frappe l’État
hébreu : au moins 16 personnes trouvent la mort et
une quarantaine d’autres sont blessées dans l’explosion d’un autobus à Haïfa. Cet attentat est précédé
d’une triple attaque terroriste au coeur de Jérusalem,
qui fait au moins 12 morts et plus de 150 blessés. Ces
deux actes terroristes sont revendiqués par le Hamas.
Ils interviennent alors que l’émissaire américain au
Proche-Orient, le général Anthony Zinni, est dans la
région depuis une semaine pour tenter d’obtenir un
cessez-le-feu. Les autorités israéliennes renforcent
les restrictions sur les déplacements en Cisjordanie
et bouclent plusieurs villes sous contrôle palestinien.
Désigné par les Israéliens comme le responsable
de ces attentats, le président de l’Autorité palestidownloadModeText.vue.download 135 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
133
nienne, Yasser Arafat, décrète l’état d’urgence dans
les Territoires.
4
France
Manifestations de gendarmes en
uniforme
Trois cents gendarmes de la région du LanguedocRoussillon manifestent en uniforme à Montpellier
(Hérault). Ce mouvement intervient dans le cadre
de la grogne qui touche la gendarmerie depuis les
récentes mesures, jugées insuffisantes, annoncées
par le ministre de la Défense Alain Richard. C’est la
première manifestation de gendarmes – ils sont
98 000 en France – de cette nature. Tenus au devoir
de réserve par leur statut militaire, les gendarmes
se contentaient jusqu’à présent de faire connaître
leur mécontentement par des lettres anonymes à la
presse ou sur Internet. Ils réclament notamment un
treizième mois, un renforcement des effectifs, une
suppression de la mobilité et vingt jours de permission supplémentaires. Cette première manifestation
est suivie pendant trois jours d’autres manifestations
sans précédent organisées dans plusieurs villes de
France, dont Paris, qui mobilisent plus de 25 000 gendarmes. Le 8, le ministre de la Défense Alain Richard
annonce une amélioration indemnitaire, d’ici à la fin
de janvier 2003, d’au moins 12 000 francs par an et le
recrutement de 4 500 sous-officiers.
5
Afghanistan
Conclusion de l’accord de Bonn
Au terme de neuf jours de négociation, les quatre
délégations afghanes présentes à la conférence de
Bonn signent un accord historique qui ouvre la voie
à la reconstruction de l’Afghanistan, ravagé par vingttrois années de guerre. L’accord prévoit la formation
d’un gouvernement intérimaire afghan, dirigé par
le leader pachtoun Hamid Karzaï, qui doit entrer
en fonctions le 22 décembre prochain à Kaboul. Ce
gouvernement sera composé de 29 membres, dont
un président, cinq vice-présidents et 23 ministres, et
gouvernera l’Afghanistan pendant six mois. L’Alliance
du Nord, regroupement de minorités ethniques
afghanes au pouvoir à Kaboul, a elle-même proposé
Hamid Karzaï. En échange, elle conservera les ministères clés de la Défense, des Affaires étrangères et de
l’Intérieur dans l’administration intérimaire.
Voile
Assassinat de Peter Blake
Le navigateur néo-zélandais Peter Blake, deux fois
vainqueur de l’America’s Cup et l’un des marins les
plus respectés du monde, est tué par des pirates
lors d’une expédition en Amazonie. Le drame s’est
déroule à Macapa à l’embouchure de l’Amazone (État
d’Amapa, Brésil). Les pirates ont attaqué le bateau de
Peter Blake, le Seamaster, l’ancien bateau de l’explorateur français, Jean-Louis Etienne, alors qu’il participait
à une expédition scientifique.
Afghanistan
Reddition de Kandahar
Les taliban acceptent de remettre leur dernier bastion, la ville de Kandahar, aux forces de l’Alliance du
Nord à l’issue de négociations avec les forces antitaliban. Le chef pachtoun Hamid Karzaï, nommé à la
tête du conseil intérimaire qui doit diriger l’Afghanistan pendant six mois, offre l’amnistie aux combattants taliban qui se rendent, mais sa proposition
ne concerne pas le mollah Omar, chef suprême des
talibans, qui doit être traduit en justice si sa responsabilité dans les actions terroristes de septembre aux
États-Unis est établie. Avec la capitulation des taliban,
qui signe la fin de cinq ans de suprématie politique,
les États-Unis peuvent dorénavant concentrer leurs
efforts sur la traque d’Oussama Ben Laden et du réseau Al-Qaida, composé de centaines de volontaires
étrangers, notamment arabes. Le chef islamiste pour-
rait avoir trouvé refuge dans la base souterraine de
Tora Bora.
10
France
La Somme hostile
au troisième aéroport
Consultés lors d’un référendum sur l’implantation du
troisième aéroport international français à Chaulnes,
les habitants de 46 communes de la Somme rejettent
à plus de 91 % le projet de création d’un aéroport en
Picardie. Ce référendum, qui n’a aucune valeur légale,
a mobilisé 62,30 % des 12 414 électeurs inscrits. Le
site de Chaulnes, situé à 125 km au nord de Paris, a
été retenu le 15 novembre dernier par le gouvernedownloadModeText.vue.download 136 sur 518
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134
ment pour accueillir le troisième aéroport d’Île-deFrance, dont l’ouverture est prévue vers 2015-2020.
Italie
Fiat se restructure
La direction du principal groupe industriel italien,
confronté à une baisse de ses parts de marché et
à une dégradation de sa rentabilité, annonce une
réorganisation complète de son pôle automobile. La refonte, qui concerne 18 usines, aura pour
conséquence la suppression de 6 000 emplois dans
le monde et s’accompagnera d’une scission de la
filiale automobile en quatre divisions. Dans le cadre
de cette dernière, les marques Alfa Romeo et FiatLancia seront séparées. L’automobile, qui constitue
le coeur du groupe de Turin, affichait une perte de
120 millions d’euros au troisième trimestre. Selon la
plupart des analystes, le groupe Fiat n’a pas su profiter de la reprise du marché européen intervenue
ces dernières années. Aussi, la famille Agnelli, qui a
beaucoup diversifié ses investissements, se trouve
confrontée à des choix délicats au moment où il lui
faut également préparer la succession de son chef,
Giovanni Agnelli.
12
Israël
Nouveaux attentats
Trois attaques anti-israéliennes perpétrées en Cisjor-
danie et à Gaza font treize tués. La branche armée du
Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, revendique
l’attaque d’un bus civil desservant des colonies juives,
près de l’implantation d’Emmanuel en Cisjordanie, au
cours de laquelle dix Israéliens ont été tués et 30 blessés. Ces attentats provoquent une riposte immédiate
de l’État hébreu, qui envoie ses avions bombarder
des cibles palestiniennes. L’Autorité palestinienne de
Yasser Arafat condamne les attentats et annonce la
fermeture de tous les bureaux des mouvements du
Jihad islamique et du Hamas, responsables de la plupart des attentats sanglants anti-israéliens dans les
territoires occupés. Mais le 13, Israël déclare que Yasser Arafat est désormais « hors jeu ». L’armée s’installe
dans la ville de Ramallah où se trouve Yasser Arafat,
à qui l’État hébreu interdit désormais d’en sortir sans
autorisation des autorités israéliennes.
Yougoslavie
Deux procès distincts pour Milosevic
Le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye
annonce qu’il y aura selon toute vraisemblance non
pas un, mais deux procès distincts pour juger Slobodan Milosevic. Le premier sera conduit à examiner
les événements du Kosovo, le second les guerres
menées en Croatie et en Bosnie. Cette décision représente un camouflet pour le procureur Carla Del
Ponte qui avait présenté une motion réclamant que
les trois inculpations portées contre l’ancien maître
de la Yougoslavie, correspondant aux trois conflits
qui ont démembré l’ex-Yougoslavie, soient rassemblées dans un procès unique. Les juges n’ont pas
retenu l’argumentation du procureur, notamment
sur la notion de « Grande Serbie » présentée comme
l’objectif principal poursuivi par le président yougoslave dans les trois conflits, en Croatie, en Bosnie et au
Kosovo. Selon les juges, ce projet de « Grande Serbie » n’apparaît pas expressément dans l’inculpation
sur le Kosovo établie en mai 1999 par le prédécesseur
de Mme Del Ponte.
13
Inde
Attentat contre le Parlement
Un commando de cinq hommes attaque le Parlement fédéral à New Delhi. Dans la fusillade, douze
hommes sont tués, les assaillants eux-mêmes, six policiers et un jardinier. Le ministre indien de l’Intérieur,
L. K. Advani, estime que l’assaut fait partie d’un « complot de grande ampleur » destiné à déstabiliser l’Inde
tout entière. Dans un message au Premier ministre
indien Atal Behari Vajpayee, le président pakistanais
Pervez Moucharraf souligne qu’il « condamne fermement » l’attaque du commando armé. Le Pakistan et
l’Inde entretiennent des relations difficiles, qui ont
été marquées par trois guerres depuis 1947. New
Delhi accuse régulièrement Islamabad de parrainer
le « terrorisme transfrontalier » au Cachemire, région à
majorité musulmane que les deux pays se disputent
depuis plus de cinquante ans. D’ailleurs, après l’attaque du commando suicide, l’Inde met en cause un
groupe « terroriste » du Cachemire basé au Pakistan
voisin, sommant celui-ci de l’interdire et d’arrêter ses
dirigeants. Le ministre indien des Affaires étrangères,
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
135
Jaswant Sing, affirme que les informations dont son
gouvernement dispose sont « entièrement crédibles ».
États-Unis
Ben Laden revendique l’organisation
des attentats du 11 septembre
Le ministère de la Défense américain rend publique
une vidéocassette saisie, dans des circonstances non
précisées, à Jalalabad. D’une durée de 39 minutes,
ce film ne laisse aucun doute quant à la responsabilité de Ben Laden dans l’organisation des attentats
du 11 septembre qui ont frappé les tours du World
Trade Center et le Pentagone. Recevant un dignitaire
religieux saoudien, le chef d’Al-Qaida raconte la préparation des attaques et l’évaluation préalable du
nombre de morts qu’elles devaient causer : « Nous
avons évalué d’avance les pertes de l’ennemi, nous avons
chiffré le nombre de morts en nous basant sur la position de la tour. Nous avons calculé que trois ou quatre
étages seraient touchés. J’étais le plus optimiste de tous
[...] Étant donné mon expérience dans ce domaine, je
pensais que l’incendie provoqué par le carburant de
l’avion ferait fondre la structure métallique du bâtiment,
ce qui entraînerait l’effondrement de la partie touchée
et de tous les étages supérieurs. C’était tout ce que nous
espérions [...] Les frères qui ont conduit l’opération, tout
ce qu’ils savaient, c’est que c’était une opération martyre.
Nous leur avons demandé d’aller en Amérique, mais ils
ne savaient rien de l’opération, rien du tout. »
France-Grande-Bretagne
Paris refuse de lever l’embargo sur le
boeuf britannique
Le gouvernement français fait savoir qu’il ne lèvera
pas l’embargo qu’il maintient unilatéralement depuis
deux ans sur les viandes bovines d’origine anglaise.
Cette déclaration intervient alors que la Cour euro-
péenne de justice de Luxembourg vient de prononcer, ce jour même, un jugement s’appuyant sur
le manquement de la France à mettre en oeuvre
deux décisions de la Commission qu’elle n’avait pas
contestées juridiquement en leur temps : celle de
mars 1999 prévoyant les conditions de levée de l’embargo sur le boeuf britannique, celle de juillet qui en
a précisé la date. Alors que David Byrne, commissaire
européen chargé de la santé et de la protection des
consommateurs, se félicite du jugement – « Cet arrêt
confirme les politiques et la position de la Commission.
J’attends de la France qu’elle mette en oeuvre cet arrêt et
lève l’embargo sur la viande britannique » –, Paris, estimant que les conditions sanitaires qui permettraient
la levée de l’embargo ne sont toujours pas réunies,
campe sur ses positions. Pour l’heure, l’enjeu est de
principe dans la mesure où, compte tenu de l’épidémie de fièvre aphteuse, la Grande-Bretagne n’exporte
plus de boeuf.
Union européenne-États-Unis
La coopération judiciaire remise en
cause
Les députés européens émettent les plus vives réserves quant à un renforcement de la coopération
judiciaire entre l’Union européenne et les ÉtatsUnis. Selon eux, les tribunaux militaires instaurés à
l’initiative du président George W. Bush pour juger
les terroristes n’offrent pas la garantie d’un « procès
équitable ». C’est pourquoi les députés du Parlement
de Strasbourg rappellent que, en application de la
Convention des droits de l’homme, l’extradition vers
les États-Unis n’est possible que si ce pays « donne
l’assurance qu’il ne prononcera pas de peine de mort ».
Ces mêmes députés en déduisent qu’un accord
« général » de coopération judiciaire et politique en
matière pénale « ne peut être conclu entre l’Union européenne et les États-Unis ». La position des députés
européens fait suite à la demande formulée le 15 octobre par Washington invitant l’UE à revoir le projet
de mandat d’arrêt européen « afin d’éliminer toute
discrimination à l’égard de requêtes d’extradition émanant des États-Unis ou de pays tiers ». Ce qui reviendrait
pour les États-Unis à bénéficier d’une remise quasi
automatique des suspects recherchés par la justice
américaine.
14
Pakistan
Restructuration de la dette publique
Le Club de Paris accepte de restructurer quelque
12,5 milliards de dollars de la dette publique du Pakistan. L’accord auquel est parvenu l’organisme ras-
semblant les pays créanciers équivaut à l’annulation
de 30 % de la dette pakistanaise. Comme l’a avoué
le ministre des Finances du Pakistan, cette restructuration s’inscrit dans le contexte de l’engagement de
son pays aux côtés des États-Unis dans la lutte contre
le réseau d’Al-Qaida et le régime afghan des taliban.
Selon les termes de l’accord conclu entre Islamabad
et le Club de Paris, les crédits commerciaux seront
remboursés dans un délai de vingt-trois ans, avec un
délai de grâce de cinq ans. Quant aux prêts d’aide
publique au développement, leur remboursement
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
136
se fera sur trente-huit ans, avec un délai de grâce de
quinze ans.
États-Unis
Washington dénonce le traité
antimissile
George W. Bush confirme que les États-Unis se retireront du traité ABM signé en 1972 avec l’Union soviétique et qui limite à deux sites le déploiement de
missiles antimissiles. Par cette décision unilatérale,
les États-Unis peuvent mettre en oeuvre le projet de
bouclier antimissile et, une fois que leur territoire
national sera ainsi sanctuarisé, envisager de réduire
leur arsenal nucléaire offensif. Selon le président
américain, ce traité « vieux de presque trente ans »
constitue un obstacle à la « capacité de notre gouvernement de protéger notre peuple de futures attaques
terroristes ou d’attaques d’États hors la loi ». La réaction de la Russie est extrêmement modérée puisque
Vladimir Poutine ne considère pas la dénonciation
du traité ABM comme une « menace pour la sécurité nationale de la Russie » mais qu’il est possible
aujourd’hui de « mettre au point de nouveaux cadres
de relations stratégiques ». En revanche, la décision
de la Maison-Blanche est jugée « préoccupante » par
la Chine, qui ne manque pas l’occasion de rappeler
qu’elle a toujours été hostile à un système antimissile et qu’elle réclame « un dialogue stratégique avec
les États-Unis ». Quant à la France, elle a pris sobrement « acte » par la voix de son ministre des Affaires
étrangères.
Burkina Faso
Manifestation contre un « crime d’État »
Quelque 3 000 à 4 000 personnes manifestent dans
les rues de Ouagadougou pour commémorer le
troisième anniversaire de l’assassinat du journaliste
Robert Zongo. Ce dernier, qui enquêtait sur la mort
du chauffeur du frère cadet du président de la République, a été victime, selon les manifestants, d’un
« crime d’État » en décembre 1999. La mise en place
d’une commission d’enquête sur les circonstances
de la disparition du célèbre journaliste avait alors débouché sur la création d’un « comité des sages » dont
les conclusions avaient recommandé la formation
d’un gouvernement d’union nationale et préconisé
l’organisation de nouvelles élections législatives. Non
seulement le comité des sages n’a pas « enterré »
l’affaire Zongo comme on pouvait s’y attendre, mais
il a littéralement déstabilisé le régime du président
Compaoré.
Union européenne
VGE de nouveau président
Les dirigeants européens réunis en forum à Laeken
en Belgique choisissent Valéry Giscard d’Estaing
pour présider la Convention qui sera chargée de
préparer la voie à un nouveau traité pour l’Europe
élargie. La Convention, qui sera composée de représentants des gouvernements, du Parlement européen, des parlements nationaux, de la Commission
européenne et des pays candidats (ces derniers
n’ayant pas le pouvoir de s’opposer à un consensus
des Quinze), entamera ses travaux le 1er mars 2002,
sans autre calendrier. Ouverte sur la société civile,
la Convention, qui tiendra sa séance inaugurale le
1er mars 2002, est censée combler le déficit démocratique apparu lors des laborieuses négociations
de Nice en décembre 2000. Aucune date limite n’est
fixée pour l’achèvement de ses travaux. L’ancien
président français, âgé de soixante-quinze ans, sera
secondé par deux vice-présidents, l’ex-Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene et l’ancien président
du Conseil italien Giuliano Amato, alors que l’idée
de ce triumvirat n’avait jamais été évoquée avant le
sommet de Laeken. Les dirigeants européens ont
donné un mandat totalement ouvert à la Convention qui préparera le dernier traité de l’Union avant
l’élargissement à 12 pays, rompant ainsi avec les
négociations secrètes du passé. C’est la première
fois dans l’histoire de l’UE qu’une réforme des traités
se préparera de manière ouverte et transparente,
la Convention devant en outre travailler en liaison
constante avec un « forum de la société civile », afin
d’associer au maximum les citoyens européens à ce
débat.
16
Afghanistan
Chute de Tora Bora
Les forces afghanes antitaliban annoncent avoir
« nettoyé » la région de Tora Bora, à l’est de l’Afgha-
nistan, où Oussama Ben Laden continue de demeurer introuvable. L’aviation américaine poursuit ses
bombardements intensifs sur les dernières positions du réseau Al-Qaida à Tora Bora afin d’empêcher toute solution de repli à ses membres. Les
forces spéciales américaines, qui ont été directement impliquées dans les combats aux côtés des
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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forces antitaliban, poursuivent leur traque des combattants du réseau Al-Qaida dans les montagnes de
l’est de l’Afghanistan.
Portugal
Défaite électorale du gouvernement
Le Parti socialiste perd les élections municipales face
au Parti social-démocrate (PSD, centre droit), qui
remporte la moitié des quelque 300 mairies mises
en jeu dans le scrutin. Le PS n’en obtient qu’une
centaine. La participation a été de 60 %. « Le pays a
voté pour le changement », a commenté pour sa part
le chef du PSD, José Manuel Durao Barroso. Compte
tenu du résultat, le Portugal s’oriente lundi vers la des
élections législatives anticipées d’ici à 55 jours. Le 17,
prenant acte du vote de ses concitoyens, le Premier
ministre Antonio Guterres, au pouvoir depuis six ans,
offre sa démission au président Jorge Sampaio. Les
électeurs ont apparemment choisi de punir les socialistes, notamment pour leur gestion manquée de
l’économie du pays qui se dégrade. Il est vrai que les
chiffres sont loin d’être favorables à l’équipe au pouvoir. Ainsi, l’inflation est passée de 2,9 % à 4,3 % à la
fin de l’année dernière, devenant le taux d’inflation
le plus important des pays de l’Union européenne
et contraignant le gouvernement à prendre des
mesures plus sévères – et donc moins populaires
– concernant notamment les augmentations de
salaires dans le secteur public.
L’Amérique en guerre
Qui eût cru au début du mois de septembre
que l’Amérique serait engagée dans une
guerre lointaine un mois plus tard ?
Au départ, tout portait à croire qu’une intervention éloignée n’aurait que très peu de
chances de se produire. La soi-disant stratégie
du « zéro mort » et la politique isolationniste du
nouveau gouvernement constituaient autant
d’éléments dont l’addition rendait plus qu’improbable une intervention militaire d’envergure dans un pays hostile comme l’Afghanistan.
Pourtant, l’aviation américaine entamait la campagne de bombardements en Afghanistan dès le
8 octobre. Comment le gouvernement américain
en était-il arrivé à cette décision ?
La cible Ben Laden
Après le choc du 11 septembre, le gouvernement
américain avait rapidement identifié les coupables présumés des attentats : Oussama Ben
Laden et son organisation, Al-Qaida. Il est vrai
que les Américains traquaient depuis quelques
années déjà le milliardaire saoudien. Mais,
jusque-là, les moyens employés pour chercher à
le neutraliser s’étaient révélés insuffisants. Toutefois, les attentats du 11 septembre tranchaient
sur les précédents. Si Ben Laden avait déjà effectué une première tentative terroriste sur le World
Trade Center, celle-ci avait été globalement un
échec. Quant aux attentats contre les ambassades américaines et contre l’USS Cole, leurs
conséquences psychologiques sur le peuple
américain avaient été faibles. En revanche, les
attaques sur le World Trade Center et le Pentagone constituaient pour les terroristes un succès
sans précédent dans l’histoire du terrorisme moderne. Face au choc collectif, la Maison-Blanche
se retrouvait au centre de la crise. La politique
se concentrait sur deux champs d’activités : la
diplomatie et la stratégie militaire. Sur le plan diplomatique, le gouvernement se devait d’initier
le dialogue avec le régime afghan pour que ce
dernier s’associe à la capture de Ben Laden. Sachant que les États-Unis avaient déjà tenté auparavant d’obtenir l’extradition de Ben Laden, cette
opération diplomatique était quasiment vouée à
l’échec. Cette action avait plutôt pour but de s’allier l’opinion publique nationale et internationale en démontrant le manque de coopération
du régime taliban. Le vrai travail diplomatique
consistait à s’assurer certaines alliances, à la fois
pour entamer une éventuelle opération militaire
et aussi pour traquer les réseaux d’Al-Qaida. S’il
était facile de trouver un soutien auprès d’alliés
traditionnels comme la Grande-Bretagne, la
tâche était plus ardue dès lors que Washington
se devait de solliciter des pays comme le Pakistan ou l’Arabie Saoudite, voire la Syrie, l’Iran et
le Soudan, nations coupables d’avoir sponsorisé
des groupes terroristes.
Le choix d’une intervention militaire
Très vite cependant, la situation s’orientait vers
la seule issue possible : l’intervention militaire.
Après l’horreur du 11 septembre, les États-Unis
obtenaient enfin l’appui qui leur manquait auparavant, celui du peuple américain. L’équipe
de George W. Bush avait très bien compris l’importance de cet élément stratégique, le soutien
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populaire, dont tous les adeptes de la doctrine
de Clausewitz connaissent l’importance. Le gouvernement américain saura l’exploiter au maximum durant les semaines à venir, aidé en cela
par d’autres attentats terroristes – des lettres
piégées à l’anthrax – apparemment sans lien direct avec les opérations menées par Ben Laden.
George W. Bush avait gagné l’accès à la MaisonBlanche grâce à la réputation de son entourage
politique. Dans la perspective de cette crise
aiguë, l’expérience de ses conseillers allait s’avérer cruciale. Son vice-président, Dick Cheney, et
son secrétaire d’État, Colin Powell, faisaient partie des personnages clés de la guerre du Golfe
(1991), alors que Donald Rumsfeld avait déjà été
ministre de la Défense dans les années 1970. Le
très respecté Colin Powell avait même prêté son
patronyme à une doctrine militaire, la « doctrine
Powell », qui allait refaire surface à l’occasion de
ces événements. Cette doctrine veut que l’outil
militaire ne soit employé qu’en tout dernier recours, mais qu’une fois cette option choisie, il est
entendu que tous les moyens nécessaires sont
mis en place pour qu’elle réussisse.
Sachant que la dernière tentative d’invasion
réussie de l’Afghanistan était celle d’Alexandre le
Grand – les Anglais au XIXe siècle, puis les Soviétiques durant les années 1980 avaient échoué –,
le gouvernement américain avait devant lui une
tâche difficile. Le seul moyen pour capturer ou
éliminer Ben Laden consistait à mettre en place
un régime qui permette de réaliser cet objectif
tout en s’assurant que Ben Laden ne puisse pas
s’échapper à l’extérieur. C’est pourquoi il s’agissait d’éliminer les taliban et d’installer un régime
« ami » à Kaboul. À cet effet, il fallait venir en aide
à l’Alliance du Nord, seule option viable, malgré
tous ses inconvénients, et malgré l’assassinat de
son charismatique leader, le commandant Massoud, disparition qui devançait et annonçait les
attentats du 11 septembre. S’il était évident que
les bombardements aériens seraient insuffisants
pour accomplir le premier objectif – la défaite
des taliban –, il était tout aussi clair qu’une intervention terrestre serait indispensable à moyen
terme. Trois options s’offraient donc à Washington : l’appui à l’Alliance du Nord, l’intervention
limitée des forces spéciales, l’intervention massive de l’armée américaine (ou d’une coalition).
Ces trois options se présentaient dans un certain ordre chronologique avec la volonté de ne
recourir qu’aux deux premières si possible. C’est
ce qui se produira dans les faits.
L’INDISPENSABLE SOUTIEN DU PAKISTAN
En pratique, les États-Unis devaient s’assurer le soutien du Pakistan, pour diverses
raisons mais surtout pour obtenir l’usage
de son espace aérien, vital pour permettre les sorties des aéronefs américains
puisque l’Afghanistan est un pays enclavé.
Bien qu’ayant soutenu les taliban, et malgré les risques d’enflammer certaines fractions de sa population, le gouvernement
pakistanais se rangeait aux côtés des Américains, qui pouvaient entamer la première
phase de leurs opérations militaires : la
campagne aérienne destinée à couper les
réseaux de communications, à affaiblir le
commandement taliban, et à assurer la
maîtrise de l’espace aérien. Le 8 octobre,
les bombardiers américains lançaient
leurs premières bombes. Une nouvelle
guerre commençait en Afghanistan.
La marche sur Kaboul
Le 7 octobre 2001, les bombardiers américains effectuent leurs premières sorties
au-dessus de l’Afghanistan. La « première
guerre du XXIe siècle » commence. Sur les
chaînes de télévision, les bombardements
de Kaboul rappellent les célèbres images de
Bagdad en 1991.
Les médias occidentaux commentent l’événement, souvent de manière critique. Il apparaîtra rapidement que, cette fois, les stratèges
(américains) ont évolué avec le temps alors que
les commentateurs sont, en grande majorité,
en retard d’une guerre. Car cette guerre n’est ni
un second Viêt Nam ni l’invasion soviétique de
l’Afghanistan.
Deux guerres
Dans les commencements de la campagne
militaire en Afghanistan – baptisée « Enduring
Freedom » (liberté immuable) –, alors que les
informations disponibles sont à la fois limitées
et manipulées par les deux camps, américain et
taliban, le grand public ne connaît cette guerre
qu’à travers les discours de propagande du
gouvernement américain, les images filtrées
de la chaîne de télévision arabe Al-Jazira et les
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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commentaires de journalistes occidentaux mal
informés. C’est donc deux guerres qui ont lieu
simultanément. La première a lieu sur le terrain,
de manière quasi secrète. La seconde est une
guerre psychologique, où les deux protagonistes
s’affrontent à distance, sous l’arbitrage des médias. Dans le cadre de la guerre psychologique,
les taliban marquent quelques points au début
de la campagne. Le temps doit théoriquement
jouer en leur faveur, car on sait l’importance que
constitue l’opinion publique en Occident dans
des situations de ce type. Mais, sur le terrain,
leur faiblesse ne leur permet pas l’option d’une
guerre d’usure. C’est en fait à une guerre-éclair
que l’on va assister.
Si la relative faiblesse de l’opinion publique américaine quand il s’agit de soutenir une entreprise
militaire d’envergure représente un handicap à
plus ou moins long ternie, il n’en reste pas moins
que les événements du 11 septembre ont élevé
la fibre patriotique à des niveaux stratosphériques. Par ailleurs, le gouvernement américain
maintient la pression durant toute la campagne
en alertant régulièrement les populations sur
les risques d’attentats terroristes, quitte à semer
une certaine panique parmi ses concitoyens. De
leur côté, les taliban s’arrangent pour faire diffuser les images de civils victimes des bombes
américaines, ce qu’on appelle pudiquement les
« dégâts collatéraux ». Quant à la rhétorique
« d’aide humanitaire », entamée au lendemain
des bombardements, elle démontre plutôt la
maladresse du gouvernement américain. Elle ne
lui assure en effet ni un plus grand soutien de
l’opinion publique internationale, ni probablement la sympathie du peuple afghan qui ne profitera pas beaucoup de ces étranges livraisons
venues du ciel. À ce stade, Washington gagne
à diffuser le moins d’informations possible. La
première victime américaine « officielle » sera
un agent de la CIA, Mike Spann, mort le 25 novembre lors de la mutinerie de Qala-e-Jhangi.
Sur le terrain, une chose est sûre : l’armée américaine de 2001 n’a rien à voir avec l’armée soviétique des années 1980. Les forces américaines
dirigées par le général Tommy Franks font face à
un adversaire qui, s’il apparaît motivé, n’a qu’un
avantage, celui d’occuper le terrain et d’être
résolu à se battre jusqu’au bout. Contrairement
à une opinion répandue au début de la guerre,
l’Amérique est parfaitement adaptée à ce genre
d’opération. C’est d’abord une armée d’une
puissance exceptionnelle, ayant développé une
technologie hautement performante. Ensuite,
c’est une armée de projection dont les forces
spéciales sont bien entraînées à diriger des
coups de main et autres opérations précises et
ponctuelles. Seul point faible : le renseignement
humain, en Afghanistan, est peu développé et le
renseignement électronique, par voies de satellites, insuffisant. Présente sur les deux pôles du
spectre tactique – la haute technologie et les
opérations commandos –, l’armée américaine
laisse l’Alliance du Nord (ou Front uni) occuper le
reste du terrain. C’est cette dernière qui affrontera l’armée des taliban sur le sol.
La campagne de bombardements
Les dirigeants américains auront l’intelligence
d’attendre les derniers moments de la campagne pour envoyer leurs troupes du Marine
Corps. Les bombardements ont d’abord lieu
sur les villes. Une fois celles-ci investies, les avions américains se concentreront sur des cibles
plus restreintes, comme ces souterrains où se
cachent les membres d’Al-Qaida. Opération
punitive dans le contexte du 11 septembre, la
campagne de bombardements aériens a surtout
pour but, à l’origine, de préparer le terrain aux
opérations terrestres. Mais ces bombardements
doivent aussi opérer des dégâts physiques
sur les membres du réseau d’Al-Qaida et les
contraindre à se déplacer d’une position à une
autre, et à se rendre plus vulnérables en se découvrant. Dans la mesure du possible, les ÉtatsUnis préfèrent régler le problème eux-mêmes.
La Grande-Bretagne jouera un rôle secondaire
durant toute la phase des combats, la France restera quasi absente des débats. De cette première
phase, on ne sait pas grand-chose, si ce n’est que
les bombardiers B-52 s’attaquent à des cibles
précises dont le nombre est limité. En dépit de
cette restriction, les bombardements sont intensifs et méthodiques. Le manque de renseignements sera peut-être à ce stade le seul handicap
rencontré par les Américains qui commettront
certaines erreurs de cible.
La chute des taliban
Si l’on n’est pas sûr dans les commencements de
bien estimer le rapport de force entre l’Alliance
du Nord et l’armée afghane, il apparaît vite que
cette dernière est assez affaiblie par la campagne
de bombardements pour que l’élan de la guerre
se retourne en faveur de son adversaire. En
l’espace d’une semaine, la guerre va prendre un
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tournant décisif. Les unes après les autres, toutes
les grandes villes – à l’exception de Kandahar et
de Kunduz – tombent aux mains de l’Alliance
qui entre dans Mazar-i-Sharif, Herat, Jalalabad,
et surtout dans la capitale, Kaboul. La rapidité
avec laquelle s’enchaînent les événements défie
tous les scénarios, y compris les plus optimistes.
Après la chute de Kaboul, le 13 novembre, même
Washington semble un moment désorienté.
Avec la perte de la capitale afghane, le régime
taliban est définitivement condamné. Régime
totalitaire et donc extrémiste, celui-ci a refusé
tout compromis. Dans la chute, le roi paraît bien
nu. La soi-disant « internationale musulmane »
que prétendaient construire le mollah Omar,
chef des taliban, et Oussama Ben Laden, n’est
qu’un mirage qui se décompose face à la réalité
des rivalités nationales et ethniques. Les « étrangers » – Arabes, Pakistanais, Ouzbeks et Tchétchènes – se retrouvent isolés dans la défaite.
Avec le soutien des Américains, les nouveaux
maîtres de l’Afghanistan se chargent d’en éliminer un grand nombre. La soi-disant mutinerie
de Qala-e-Jhangi s’achève le 27 novembre par la
mort de plusieurs centaines de ces combattants
étrangers, au moment même où s’ouvre la conférence de Bonn sur l’avenir politique du pays. Dès
lors que l’on entre dans la dernière phase de la
guerre, les politiques prennent déjà le pas sur les
militaires.
La fin de la guerre
La chute de Kaboul le 13 novembre, soit
deux mois après les attentats de New York
et Washington, signale à la fois l’effondrement du régime taliban et le début de
la phase finale des opérations militaires,
c’est-à-dire l’annihilation des dernières
résistances taliban et la destruction d’AlQaida en Afghanistan.
Ce processus mettra encore un mois à s’achever, la reddition des combattants d’Al-Qaida
dans le complexe montagneux de Tora Bora
survenant à la mi-décembre. Toutefois, l’anéantissement du sanctuaire afghan d’Al-Qaida ne
marque qu’une étape, cruciale il est vrai, de la
lutte que Washington entend mener contre le
terrorisme international.
La guerre et la politique
Cette phase de la guerre d’Afghanistan se déroule parallèlement aux négociations diplomatiques et politiques sur l’avenir du pays
qui déboucheront sur les accords de Bonn, le
5 décembre. Sur le terrain, les forces spéciales
américaines du Marine Corps débarquent par
centaines dans le désert. Elles établissent le
Camp Rhino le 25 novembre dans le sud du pays.
Troupes légères et mobiles, ces commandos,
qui comprennent un contingent de SAS britanniques, recourent à des véhicules blindés légers
ou à des hélicoptères alors que les troupes du
Front uni (nom officiel désormais de l’Alliance
du Nord) utilisent les chars lourds de fabrication
soviétique T-55, dont disposent aussi les taliban. Les bombardiers américains constitueront
le dernier maillon de cette triade. La combinaison de la haute technologie américaine avec les
troupes au sol, composées de guerriers à l’allure
médiévale, et les vétustés chars soviétiques
formera un spectacle insolite dans le paysage
lunaire du désert afghan.
La prise de Kaboul, précédée d’un jour par
celle d’Herat, à l’ouest, est suivie rapidement
par la chute de Jalalabad, à l’est de Kaboul, qui
annonce le dénouement de cette formidable
poussée. Néanmoins, les taliban, s’ils ont perdu
le pouvoir politique, n’ont pas abandonné les
armes. Ils se retranchent dans deux espaces
distincts, l’un à Kunduz, dans le Nord, l’autre à
Kandahar, dans le Sud. Une troisième poche de
résistance, celle des combattants d’Al-Qaida,
trouvera refuge dans les grottes de la montagne
de Tora Bora, près du Pakistan, dernier bastion
de résistance dont la chute marquera le point
final de la guerre d’Afghanistan.
Les sièges
Tant à Kunduz qu’à Kandahar, les combats sont
âpres. Stratégiquement, la guerre prend une
forme classique maintes fois répertoriée au
cours de l’histoire. Les sièges de Kunduz et de
Kandahar ont en effet de nombreux antécédents, depuis la prise de Constantinople en 1453
jusqu’au siège de Stalingrad durant la Seconde
Guerre mondiale. Comme à Constantinople, où
les Turcs disposaient de pièces d’artillerie exceptionnelles, les assiégeants bénéficient d’un avantage technique en matière de bombardements.
Les B-52, B-51 et d’autres aéronefs américains
coordonnent leurs sorties avec les avancées des
troupes au sol, soit une combinaison classique
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CHRONOLOGIES ET ANALYSES
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du feu et du choc pour un travail d’approche
efficace. Les avions américains lâcheront même
la BLU-82 ou « Daisy Cutter » (faucheuse de marguerites), la plus grosse bombe classique (près
de 7 t). Au même moment, les forces spéciales
américaines ont la tâche difficile d’établir une
ceinture de sécurité pour empêcher les chefs
de l’opposition, en particulier le mollah Omar
et Oussama Ben Laden, de prendre la fuite. À
mesure que les forces alliées gagnent du terrain,
cet étau se resserre. Cependant la fuite des deux
hommes reste toujours possible. Et jusqu’au
bout, on ignorera leurs destinations respectives.
Malgré la supériorité des alliés, ceux-ci subissent
aussi des pertes. On apprendra par exemple
qu’une bombe américaine a fait une vingtaine de
victimes, dont trois morts, parmi les forces spéciales le 5 décembre. Les informations, prudemment filtrées par les États-Unis et souvent peu
fiables, sont diffusées avec plusieurs jours, voire
plusieurs semaines de retard. La dimension psychologique de cette guerre sera prépondérante.
Kunduz tombe une dizaine de jours après Kaboul. Bombardements et négociations se sont
succédé dans cet espace où plusieurs milliers
de taliban et de combattants étrangers – ces
derniers puissamment motivés – s’étaient retranchés avec leurs armes lourdes. Avant la reddition, de nombreux assiégés afghans avaient
déjà déserté. Kandahar, fief du mouvement taliban, est logiquement la dernière des grandes
villes à se rendre, au lendemain même de la
signature des accords de Bonn. Difficilement
négociés, ces accords provisoires tentent d’établir un rééquilibrage politique permettant au
Front uni, composé essentiellement de Tadjiks,
d’Ouzbeks et d’Hazaras, de gouverner avec une
majorité pachtoune sans laquelle toute volonté
de créer un nouveau régime se révélerait inefficace. Le Front uni garde trois ministères clés
(Intérieur, Défense, Affaires étrangères), mais les
Pachtounes doivent recevoir onze ministères.
Le nouveau chef du gouvernement intérimaire
afghan est un Pachtoune, Hamid Karzaï, celui-là
même qui a obtenu la reddition de Kandahar.
Tora Bora et la fin de la guerre
Après cette victoire, il ne reste plus aux alliés qu’à
anéantir le dernier cercle d’Al-Qaida réfugié sur
la montagne de Tora Bora. Malgré un commandement et des communications très affaiblis, les
volontaires d’Al-Qaida, peu à peu dépossédés
de leurs armes lourdes par les troupes afghanes,
poursuivront leur résistance face aux alliés alors
que la victoire de ces derniers ne fait plus aucun
doute. D’ailleurs, avant même la fin des combats,
les Américains retirent un de leurs porte-avions
présent dans l’océan Indien, le Kitty Hawk. Néanmoins, le suspense lié à la poursuite de Ben Laden tiendra le monde entier en haleine.
Washington décide de transmettre la cassette
vidéo démontrant la culpabilité de Ben Laden
aux chaînes de télévision américaines qui la
diffusent au moment même où Al-Qaida s’effondre. Le même jour, 13 décembre, la victoire
totale étant presque acquise, le président Bush
choisit d’annoncer le retrait des États-Unis du
traité antibalistique de 1972, ouvrant ainsi la
voie à la construction d’un bouclier antimissile.
Cette intervention n’est pas fortuite. Elle illustre
à quel point l’échiquier géostratégique a évolué
en trois mois, et particulièrement au niveau des
relations entre les États-Unis et la Russie, grands
bénéficiaires politiques, avec le Front uni, de
cette guerre qui a condamné le régime taliban
englouti avec Oussama Ben Laden.
ARNAUD BLIN
RAPPORTS DE FORCE ET
RELATIONS INTERNATIONALES
Mû par son désir de détruire le nouvel
ordre géostratégique en provoquant un
choc entre les civilisations, Oussama Ben
Laden a en fait permis aux deux anciennes
superpuissances de se replacer favorablement sur l’échiquier géopolitique mondial.
En définitive, la guerre aura démontré que
les rapports de forces, à divers niveaux,
gouvernent encore les relations internationales. Ainsi, les grands soulèvements
qui devaient amener les civilisations à se
confronter les unes avec les autres ne représentent en réalité qu’une illusion dont
Al-Qaida et le régime taliban ont été les
principales victimes.
17
Japon
Congrès contre l’exploitation sexuelle
des enfants
Le IIe Congrès contre l’exploitation sexuelle des
enfants se tient pendant trois jours à Yokohama. Il
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s’achève sur un engagement solennel des délégués
qui renforce celui pris lors du premier congrès à Stockholm en 1996 et élargit la protection des mineurs à
toutes les formes de violences sexuelles. Cette exten-
sion de la notion d’exploitation sexuelle à l’inceste et
aux viols intrafamiliaux, aux mariages précoces forcés
et aux mutilations génitales des filles notamment
était très demandée par les représentants européens,
mais aussi par de nombreux pays d’Afrique et d’Asie
qui souhaitaient une plus large protection des filles
jusqu’à l’âge de dix-huit ans. La déclaration finale
appelle également à « une application plus effective de
la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide)
de 1989 et de ses instruments », un texte que seuls les
États-Unis et la Somalie n’ont pas ratifié à ce jour.
18
Musique
Décès de Gilbert Bécaud
Gilbert Bécaud, « Monsieur 100 000 volts », décède à
l’âge de soixante-quatorze ans sur sa péniche parisienne, des suites d’un cancer du poumon. Mélodiste
et harmoniste hors pair, il a, avec l’aide d’un trio de
paroliers – Louis Amade, Maurice Vidalin et Pierre
Delanoë –, créé des centaines de chansons, dont
une vingtaine de tubes (Nathalie, Quand il est mort
le poète, L’important c’est la rose...) et deux standards
internationaux (Je t’appartiens/Let It Be Me et Et maintenant/What Now My Love).
Argentine
Violentes manifestations
Après l’échec de la politique économique du gouvernement de Fernando de la Rua, l’Argentine est
en proie, en dépit de l’état de siège décrété par le
président, à de violentes manifestations antigouvernementales et à des pillages. Ces violences, qui ont
commencé le 13, font au moins 20 victimes. Deuxième économie sud-américaine, l’Argentine traverse
une récession depuis près de quatre ans et le taux de
chômage y atteint 18,3 %. Confronté à une dette publique de 132 milliards de dollars, le pays est au bord
de la rupture de paiement. Le Fonds monétaire international (FMI) a averti qu’il conditionnait une éventuelle aide à une réduction draconienne du budget
2002 et à une politique de rigueur plus radicale. Au
total, le gouvernement De la Rua aura annoncé huit
plans d’austérité en deux ans de pouvoir, dont une
baisse salariale de 13 % pour les fonctionnaires, des
hausses d’impôts et une baisse des retraites.
France
Le Conseil constitutionnel censure la loi
de Sécurité sociale
Le Conseil constitutionnel censure plusieurs mesures
phares de la loi de financement de la Sécurité sociale,
notamment l’annulation d’une dette de 16 milliards
de francs (2,44 milliards d’euros) de l’État envers la
Sécurité sociale destinée à financer les 35 heures.
L’annulation de cette dette qu’avait, au 31 décembre
2000, le FOREC (Fonds de financement de la réforme
des cotisations patronales de sécurité sociale) constituait une mesure rétroactive « n’étant pas justifiée par
un motif d’intérêt général suffisant », selon le communiqué du Conseil. Le Conseil a également censuré
une disposition de la loi réformant les rapports entre
les professionnels de santé et les caisses d’assurance
maladie ainsi que des mesures prévoyant le transfert de 6,5 milliards de francs d’excédents, au titre de
2000, de la Caisse d’allocations familiales au bénéfice
du Fonds de réserve des retraites (pour 5 milliards
de francs) et de structures d’accueil pour la petite
enfance (1,5 milliard). Le Conseil avait été saisi par les
députés et sénateurs de droite de ce texte, définitivement adopté par le Parlement le 4 décembre. Toutefois, la loi de financement de la Sécurité sociale pour
2002 est publiée au Journal officiel, à l’exception des
articles censurés par le Conseil constitutionnel : le 20,
le Premier ministre Lionel Jospin affirme que la censure par le Conseil constitutionnel de dispositions de
la loi de financement de la Sécurité sociale est « une
pure annulation comptable » et que « le financement
des 35 heures n’est en rien en cause ». Cette loi prévoit
que le budget de l’ensemble des régimes de sécurité
sociale franchira l’an prochain, pour la première fois,
la barre des 2 000 milliards de francs (2 076,5 milliards
de francs, soit 316,56 milliards d’euros).
20
France
Condamnation ferme de José Bové
José Bové, cofondateur de la Confédération paysanne,
est condamné à six mois de prison ferme par la cour
d’appel de Montpellier pour la destruction de plants de
riz transgénique. Il avait été condamné en première instance, en mars dernier, à dix mois de prison avec sursis
pour avoir saccagé une serre et détruit des plants de riz,
le 5 juin 1999 à Montpellier, au Centre de coopération
internationale en recherche agronomique pour le dédownloadModeText.vue.download 145 sur 518
CHRONOLOGIES ET ANALYSES
143
veloppement (CIRAD), organisme public. José Bové n’ira
pas en prison car il se pourvoit en cassation.
Sénégal
Mort de Léopold Sédar Senghor
L’ancien président et poète sénégalais Léopold Sédar
Senghor décède à l’âge de quatre-vingt-quinze ans
à Verson, une petite commune du Calvados. Figure
historique de l’Afrique postcoloniale, il fut le premier
président du Sénégal indépendant de 1960 à 1980.
Universitaire, membre de l’Académie française, il était
également un poète de renom international, inventeur de la « négritude ».
Argentine
Démission de Fernando de la Rua
Pour mettre fin à la crise que traverse le pays, le président argentin Fernando de la Rua démissionne
à l’issue d’une journée de violents affrontements
entre policiers et manifestants dont l’Argentine est
le théâtre depuis une semaine. L’opposition péroniste, majoritaire dans les deux chambres depuis
les élections d’octobre, lui a refusé un soutien qu’il
considérait comme indispensable pour rester au
pouvoir. M. de la Rua est remplacé pour une période
de 48 heures par Ramon Puerta, le président péroniste du Sénat, dans l’attente de l’entrée en fonction
d’un chef d’État intérimaire qui sera élu par les deux
chambres du Parlement réunies en Congrès à Buenos Aires. Le 23, le péroniste Adolfo Rodriguez Saa
est élu à la présidence argentine, avec une marge
relativement confortable, après de longs débats au
Congrès. Une nouvelle élection présidentielle est
fixée le 3 mars avec un éventuel deuxième tour le
31. Adolfo Rodriguez Saa a immédiatement annoncé un ensemble de vigoureuses mesures sociales,
en promettant notamment un million d’emplois et
un plan alimentaire, et officialisé la suspension des
paiements de la dette argentine. Le président n’a pas
précisé la durée de ce moratoire unilatéral, le plus
important de l’histoire, en attendant d’entamer des
discussions avec les créanciers de l’Argentine et le
Fonds monétaire international. Buenos Aires a une
dette publique fédérale de 132 milliards de dollars,
représentant 46 % de son PIB.
22
États-Unis
Attentat aérien déjoué
Un homme qui tentait de commettre un attentat
suicide dans le vol Paris-Miami est maîtrisé alors qu’il
mettait le feu à ses chaussures remplies d’explosif.
Aucun lien n’a pour l’instant été établi entre le terroriste – il s’appellerait Richard Colvin Reid, serait citoyen britannique, né en 1973, mais il s’est également
présenté comme Sri Lankais – et une quelconque
organisation islamiste extrémiste. Mais, étant donné
la sophistication de l’armement terroriste que Reid
transportait, les enquêteurs estiment qu’il a agi sur
ordre d’un commanditaire.
France
Plongée
Le plongeur Jacques Mayol, inspirateur du Grand Bleu
de Luc Besson, se suicide à l’âge de soixante-quatorze
ans dans sa villa Calone, à Capoliveri sur l’île d’Elbe
en Italie. Jacques Mayol, surnommé « l’homme-dauphin », était un précurseur : premier plongeur en
apnée au monde à avoir franchi la barre mythique
des 100 m en 1976, avec une plongée record à 101 m
au large de l’île d’Elbe, il était par la suite descendu à
103 m en 1981, puis à 105 m en 1983.
23
Comores
Référendum
Les électeurs votent pour l’adoption d’une nouvelle
Constitution destinée à mettre fin à la double crise
séparatiste et institutionnelle qui bloque le développement socio-économique de l’archipel. Le « oui »
l’emporte officiellement, avec 76,99 % des suffrages
exprimés contre 23,01 %. Le taux de participation a
atteint 75,37 %, avec 173 521 votants sur les trois îles
de l’archipel, Anjouan, Mohéli et Grande Comore. La
nouvelle Constitution crée une fédération, l’Union des
Comores, qui dote chaque île d’une large autonomie
et prévoit des élections libres, dès le 31 mars prochain,
pour résoudre la double crise née de la proclamation unilatérale d’indépendance par l’île d’Anjouan, le
3 août 1997, et du coup d’État de l’actuel chef de l’État,
le colonel Azali Assoumani, le 30 avril 1999.
25
France
Ruée de clandestins dans le tunnel sous
la Manche
Un groupe d’environ 150 clandestins, venant tous
du centre de la Croix-Rouge de Sangatte, réussit
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à franchir de force les barrières installées du côté
français du tunnel sous la Manche pour se rendre
en Grande-Bretagne, provoquant l’interruption du
trafic. Ils auraient profité de la réduction du trafic fer-
roviaire en ce jour de Noël pour tenter de franchir à
pied les 40 km les séparant de la Grande-Bretagne
sans être repérés. Ils n’ont réussi à parcourir qu’un
quart de cette route. La police française arrête 129
de ces clandestins. Eurotunnel a procédé à près de
18 500 interceptions dans le tunnel uniquement
dans la première moitié de l’année 2001.
Israël/Palestine
Arafat privé de messe
En dépit des critiques internationales et malgré une
baisse notable des violences dans les territoires palestiniens, le Premier ministre israélien Ariel Sharon
refuse de lever l’assignation à résidence de Yasser
Arafat « tant qu’il n’arrêtera pas les assassins du ministre
israélien du tourisme Rehavam Zeevi », tué en octobre.
Le président palestinien demeure confiné dans ses
quartiers à Ramallah et est empêché de se rendre à
Bethléem pour la messe de Noël, une décision critiquée par le Département d’État américain.
26
Afghanistan
Nouvelle vidéo de Ben Laden
Oussama Ben Laden affirme dans une vidéo diffusée
par la chaîne qatarienne Al-Jazira que l’Occident déteste l’islam et que les attentats du 11 septembre aux
États-Unis visaient à obliger les Américains à cesser
de soutenir l’État d’Israël. Il ajoute que la vidéo a été
enregistrée afin de marquer qu’environ trois mois se
sont écoulés depuis les attentats de New York et de
Washington, qui ont fait plus de 3 000 morts, et deux
mois depuis le début des bombardements américains contre l’Afghanistan. Ses propos laissent entendre que la vidéo a été enregistrée le 7 décembre.
Le Pentagone se montre perplexe quant à l’authenticité de la vidéo.
France
Répit pour Moussa Brihmat, assigné à
résidence
Le ministère de l’Intérieur, par l’intermédiaire du préfet du Rhône, décide d’assigner à résidence Moussa
Brihmat, un Algérien de quarante-neuf ans menacé
d’expulsion alors qu’il est né et a toujours vécu en
France et qu’il a la garde de deux enfants de onze et
quatorze ans. Cette décision suspend l’application de
l’arrêté d’expulsion et permet « de procéder à un examen approfondi de la situation particulière » de Moussa Brihmat. Ce dernier est sorti de prison en 1997
après avoir purgé cinq ans pour trafic de drogue, s’est
trouvé dès cette période sous le coup d’une interdiction définitive du territoire français. Il aurait alors dû
être expulsé mais pendant quatre ans il a repris une
vie normale, trouvé du travail et s’est occupé de ses
deux enfants. Le 19 décembre, alors qu’il s’était présenté spontanément à la préfecture pour faire prolonger sa carte de séjour, il a été interpellé et conduit
en centre de rétention. Cette application très tardive
d’une mesure que contestaient déjà de nombreuses
associations a provoqué, le jour de Noël, une levée
de boucliers dans le département du Rhône. L’interdiction du territoire est une peine accessoire – dite
double peine – prévue par le Code pénal et qui peut
s’appliquer à des délinquants étrangers une fois qu’ils
ont purgé leur peine principale de prison.
27
Inde/Pakistan
Regain de tension
La tension monte entre l’Inde et le Pakistan après
que New Delhi a installé des missiles près de la frontière pakistanaise, tandis que les gardes-frontières
des deux pays ont échangé des tirs. De son côté, le
Pakistan a également déployé des missiles de courte
et moyenne portée, qui peuvent être équipés le cas
échéant de têtes nucléaires. Le Conseil de sécurité
indien s’est réuni pour étudier de nouvelles mesures
de rétorsion contre le Pakistan. L’interdiction des vols
en provenance ou à destination de ce pays, la dénonciation d’un traité bilatéral sur l’eau et la redéfinition
des représentations diplomatiques figurent parmi les
mesures envisagées. Les tensions entre l’Inde et le
Pakistan, qui disposent tous deux de l’arme nucléaire,
se sont avivées depuis un attentat suicide perpétré
le 13 décembre dernier contre le Parlement indien.
New Delhi accuse les auteurs de cet attentat, qui a
fait 14 morts, dont les cinq assaillants, d’être soutenus par Islamabad. Le 29, l’Inde fait savoir qu’elle ne
compte pas mener des discussions de paix avec le
Pakistan tant qu’Islamabad n’aura pas prouvé sa dédownloadModeText.vue.download 147 sur 518
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termination à traquer les militants islamistes supposés agir depuis son territoire.
29
Australie
Sydney cernée par les flammes
La ville de Sydney est décrétée en alerte maximale
face aux centaines de feux de brousse qui s’approchent dangereusement de ses faubourgs. Les
foyers, dont près de la moitié seraient d’origine criminelle, sont nés le jour de Noël à l’ouest et au sud
de Sydney dans l’État de Nouvelles-Galles du Sud.
La lutte contre les incendies, menée par quelque
5 000 pompiers et des centaines de bénévoles,
s’avère d’autant plus difficile que la canicule estivale
et les forts vents de secteurs sud et ouest attisent les
flammes. Ces feux de brousse sont les plus importants enregistrés depuis 1994.
31
Argentine
Nouvelle démission du président
Une semaine seulement après sa prise de fonctions,
le président par intérim argentin Rodriguez Saa
démissionne. Il se dit lâché par son propre parti à la
suite de violentes manifestations provoquées par la
grave récession qui frappe le pays. Son poste devrait
donc revenir au président de la Chambre basse, le
péroniste Eduardo Camano, qui devrait, comme Rodriguez Saa, assurer l’intérim pour 48 heures.
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Dossiers
Art et
Culture
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Le cinéma français se porte bien. On estime la
fréquentation à 180 millions d’entrées pour
2001, soit dix millions de plus que l’an passé.
Par ailleurs, les parts du cinéma français
passent de 28 % à 32 % du marché, ce qui est
extraordinaire pour une année qui compte
peu de mastodontes, mais une série de films
d’auteurs.
Le journal du cinéma
RAPHAËL BASSAN
La grande surprise vient du triomphe
inespéré du film de Jean-Pierre Jeunet, le
Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, oeuvre
intimiste, mais qui se trouve en phase
avec une attente du public, celle de voir un cinéma
en liberté loin de toute langue de bois. Le film de cet
ex-court-métragiste est en passe de devenir, même
devant Astérix et Obélix, le film de langue française le
plus vu de tous les temps.
Si le paysage international du cinéma est assez atypique, trois phénomènes marquent la production
nationale : les moyens-métrages qui trouvent un
nouveau marché, l’importance des films réalisés par
des femmes et le phénomène du numérique.
● Le cinéma français
Un bon millésime 2001 avec quelque
180 millions d’entrées
Comme Jean-Pierre Jeunet qui se fit connaître, il y a
vingt ans, avec son complice Marc Caro en signant
de remarquables courts-métrages (le Manège, 1980 ;
le Bunker de la dernière rafale, 1981), une nouvelle génération de cinéastes oeuvrant dans le film de petite
durée (45 ou 50 minutes) voient leurs oeuvres diffusées en salles grâce à la Collection Décadrages de la
société Magouric. Ainsi, on a pu découvrir cette année Amour d’enfance d’Yves Caumon, Ce vieux rêve qui
bouge d’Alain Guiraudie, la Brèche de Roland de JeanMarie et Arnaud Larrieux, et l’Arche de Noé de Philippe
Ramos. En dehors de parcours personnels différents,
ces cinéastes sont de la même génération (nés entre
1964 et 1966) et viennent du sud de la France. Sur
le plan artistique, ils font un travail impressionnant
au niveau des décors naturels et filment dans leur
région, d’où un ton inhabituel dans l’Hexagone où
la plupart des cinéastes sont parisiens ou tournent
à Paris. Il s’agit d’un cinéma dépouillé (Amour d’enfance) mais aussi parfois loufoque (Ce vieux rêve qui
bouge), qui traite, surtout par la mise en scène plus
que par le scénario, de l’amour, de la solitude et du
retour au pays. On ne peut parler d’école au sens
propre du mot, mais le phénomène qu’on note – et
qui vaut aussi pour nombre de cinéastes un peu plus
âgés, ainsi que pour les films de femmes – est des
plus intéressants. Il y a, dans les créations de ce début
de décennie, une hétérogénéité d’écritures mais qui
se décantent au niveau thématique et se resserrent
sur quelques problématiques comme l’équation
travail-qualité de vie (l’Emploi du temps, de Laurent
Cantet ; Imago, de Marie Vermillard), des rapports
riches et complexes au père (Comment j’ai tué mon
père, d’Anne Fontaine). Avant d’atteindre les sales, les
premiers opus de ces auteurs ont été montrés, via
l’Agence du court-métrage très active et de sa revue
Bref, dans divers festivals dont celui, exemplaire, de
Clermont-Ferrand.
Le court-métrage comme vivier de futurs cinéastes
est une chose assez récente. Jusqu’aux années 1950,
les futurs metteurs en scène passaient par l’assistanat. La nouvelle vague a un peu popularisé le film
court, mais sans s’y appesantir, à l’exception d’Alain
Resnais, Chris Marker ou Agnès Varda qui lui sont
demeurés fidèles. Il faut attendre la fin des années
1980 pour voir apparaître une nouvelle génération
qui, hors de toute école bien tracée, se fera remarquer par le court-métrage. S’y sont révélés notamment Roland Achard, Jean-Pierre Améris (C’est la vie),
Christophe Blanc, Laurent Cantet (l’Emploi du temps),
Olivier Jahan (Faites comme si je n’étais pas là), Philippe
Harel, Caro et Jeunet (le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain), Cédric Kahn (Roberto Succo), Mathieu Kassovitz
(les Rivières pourpres), Cédric Klapisch, Philippe Lioret
(Mademoiselle), Patrick Mimouni, François Ozon (Sous
le sable), Bruno Podalydès (Liberté-Oléron), Michel Spinosa, Éric Zonca, qui ont réalise des films très personnels cette année.
Issues pour la plupart de la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son), créée en
1984 et qui prit la suite de l’IDHEC, les cinéastes françaises ont été très nombreuses cette année à se faire
remarquer. Désormais, ce sont elles qui affrontent
sans faux-semblants les problèmes liés au désir et
en modifient la vision un peu convenue qui prévalait
jusque-là. Catherine Breillat, avec À ma soeur, ausculte
au plus près la sexualité des adolescentes, tandis que
Claire Denis scrute, dans un faux film de genre Trouble
Every Day, les pulsions de mort qui sont partagées à
parité entre hommes et femmes. Béatrice Dalle est
troublante dans ce film perturbant et atypique dans
notre cinématographie. Avec Chaos, Coline Serreau
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offre un regard « grand public » sur l’exclusion, le
machisme et la prostitution. Plus proches d’un style
de cinéma réaliste qui rappelle Maurice Pialat pour
Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père) ou Paul
Vecchiali pour Marion Vernoux (Reines d’un jour),
ces réalisatrices renouvellent le cinéma d’acteur (et
d’actrices) tel que le cinéma français en a toujours été
friand, mais avec un regard éminemment moderne.
Le cinéma français de ce début de décennie est
donc un cinéma profondément ancré dans la réalité
sociale et humaine de son temps, décentralisé (de
nombreux films se font désormais hors de Paris) mais
d’une manière complexe, dialectique, sans discours
idéologique précédant l’action. Le réalisateur marseillais engagé Robert Guédiguian (la Ville tranquille)
rejoint dans sa peinture d’une société, d’une époque
où il faut d’abord poser des questions avant de trouver des réponses, l’auteur post-nouvelle vague André
Téchiné (Loin) dans une même vision polysémique
de notre temps où espoir, désir et marginalité sont
entièrement à repenser.
Ancien court-métragiste doué, François Ozon n’avait
pas réussi à trouver sa voie lors de son passage au
long-métrage et hésitait entre la pochade horrifique
(Sitcom, 1998) et l’imitation de Fassbinder (Gouttes
d’eau sur pierres brûlantes, 1999). Avec Sous le sable, il
utilise un canevas vaguement policier pour aborder,
comme ses collègues, les questions liées aux difficultés existentielles. Et il réussit son meilleur film. Après
une longue absence, Jean-Jacques Beineix revient au
tout devant de la scène avec un flamboyant thriller
psychanalytique, Mortel transfert, film hélas qui n’eut
pas le succès escompté.
Deux cinéastes, enfin, prennent le désir et sa ramification comme sujet central (et exclusif ) de leur film :
Patrice Chéreau, avec Intimité, et l’Autrichien Michael
Hanecke avec la Pianiste, oeuvre dans laquelle Isabelle Huppert tient un rôle dur qui lui valut le prix
d’interprétation féminine au Festival de Cannes.
Pourtant, c’est un film atypique, le Fabuleux Destin
d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, qui attira le
plus les Français. Cela reste un mystère même si on
tente de l’expliquer par le message qui s’en dégage :
une jeune femme qui veut faire le bonheur de son
entourage. Le film rappelle, par bien des côtés, un
certain cinéma des bons sentiments des années
1950, très loin des oeuvres dures dont la production
actuelle n’est pas avare. Ceci expliquant peut-être
cela.
Un peu partout dans le monde, et aussi en France, les
tournages en numériques se multiplient. On évoque
souvent de questions budgétaires, mais souvent
c’est un choix esthétique. Éric Rohmer, qui a compris
depuis Perceval le Gallois (1978) qu’on ne pouvait restituer le passé que sous forme stylisée, utilise toutes
les ressources de création de décors que permettent
les techniques du numérique pour donner, avec l’Anglaise et le duc, un vrai chef-d’oeuvre sur les à-côtés de
la Révolution française.
Ancien spécialiste des effets spéciaux (notamment
ceux, étonnants, d’Alien la résurrection), Pitof crée,
avec Vidocq, une oeuvre totalement irréaliste et fabuleuse et met la création d’effets numériques aux
postes de commande. Dans ce contexte, la caméra
de l’esthète vole la vedette à Depardieu. Mais où le
bât blesse, c’est au niveau du scénario, qui reste assez
plat. Il faut, pour une nouvelle technique, trouver un
langage adéquat et peut-être une autre manière de
raconter des histoires.
FESTIVAL DE CANNES
– Palme d’or : la Chambre du fils, de Nanni Moretti
(Italie)
– Grand Prix du jury : la Pianiste, de Michael Hanecke (Autriche-France)
– Prix de la mise en scène ex-aequo : Joel Coen
pour The Barber (États-Unis) et David Lynch pour
Mulholland Drive (États-Unis)
– Prix d’interprétation féminine : Isabelle Hup-
pert, dans la Pianiste
– Prix d’interprétation masculine : Benoît Magimel, dans la Pianiste
– Prix du scénario : No Man’s Land, de Danis Tanovic (Bosnie-France-Italie)
– Prix du jury à un technicien : Tu Duu-chih, pour
Millenium Mambo de Hou Hsiao-sien et Et là-bas,
quelle heure est-il ? de Tsai Ming-liang (deux films
taïwanais)
Courts-métrages
– Palme d’or : Bean Cake, de David Greenspan
(Japon)
– Prix spécial du jury : Daddy’s Girl, de Irvin Allan
(Grande-Bretagne)
– Prix du jury : Pizza Passionate, de Karl Juusonen
(Finlande)
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LES CÉSARS 2001
– Meilleure première oeuvre de fiction : Ressources
humaines, de Laurent Cantet
– Meilleur second rôle masculin : Gérard Lanvin,
pour le Goût des autres
– Meilleur espoir féminin : Sylvie Testud, pour les
Blessures assassines
– Meilleure musique de film : Tomatito, Sheikh
Ahmad Al Tuni, La Caita et Tony Gatlif, pour Vengo
– Meilleur espoir masculin : Jalil Lespert, pour Ressources humaines
– Meilleure photo : Agnès Godard, pour Beau
Travail
– Meilleur son : François Maurel, Gérard Lamps et
Gérard Hardy, pour Harry, un ami qui vous veut du
bien
– Meilleur décor : Jean Rabasse, pour Vatel
– Meilleur film étranger : In the Mood for Love, de
Wong Kar Waï
– Meilleur court-métrage : ex-aequo Salam, de
Souad El Bouhat, et Un petit air de fête, de Eric
Guirado
– Meilleur second rôle féminin : Anne Alvarro,
pour le Goût des autres
– Meilleur acteur : Sergi Lopez, pour Harry, un ami
qui vous veut du bien
– Meilleur costume : Édith Vesperini et Jean-Daniel Vuillermoz, pour Saint-Cyr
– Meilleur montage : Yannick Kergoat, pour Harry,
un ami qui vous veut du bien
– Meilleur réalisateur : Dominik Moll, pour Harry,
un ami qui vous veut du bien
– Meilleur scénario original ou meilleure adaptation : Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, pour le Goût
des autres
– Meilleure actrice : Dominique Blanc, pour Stand
by de Roch Stépanik
– Meilleur film : le Goût des autres, d’Agnès Jaoui
– Césars d’honneurs pour Charlotte Rampling,
Darry Cowl et Agnès Varda
● Aux États-Unis
The Pledge, un thriller de Sean Penn sans
courses ni poursuite
Andrew Adamson et Vicky Jenson, en remplaçant
l’animation traditionnelle par l’image de synthèse,
arrivent à créer un ton nouveau en narrant les aventures d’un ogre qui se veut un prince charmant. Les
clins d’oeil à l’époque actuelle ne manquent pas et
l’ensemble arrive à contenter grands et petits. Enfin,
l’oeuvre la plus achevée en ce domaine sort des
studios nippons et porte la signature de Hironobu
Sakaguchi et Motonori Sakakibara, Final Fantasy, une
oeuvre de science-fiction où les personnages sont si
parfaitement reproduits qu’on dirait de vrais acteurs.
Néanmoins, nous sommes encore dans la préhistoire
de ce nouvel art, de même qu’en 1930, face au début
du sonore, on se contentait de produire des films
musicaux destinés à étonner le chaland. Plus tard,
Sternberg ou Welles donneront toute sa maturité au
film parlant. Pour le cinéma numérique – qui n’est
rien d’autre qu’une technique – les Sternberg et les
Welles sont encore à venir.
On ne note pas, par ailleurs, l’apparition de nouveaux
cinéastes prometteurs cette année aux États-Unis,
mais la continuation de carrières bien assises de
cinéastes qui travaillent dans le film de genre qu’ils
pervertissent de l’intérieur. C’est patent chez David
Lynch et son extraordinaire Mulholland Drive qui,
sous le couvert d’un thriller et d’un film d’apprentissage, fait une critique très acerbe des moeurs hollywoodiennes. Avec Traffic, le talentueux Steven Soderbergh, promeut un film novateur sur les milieux
de la drogue en faisant se télescoper trois histoires :
brillant, fluide, remarquable ; même ironie distanciatoire chez John Boorman qui adapte, dans The Tailor of Panama (une coproduction avec l’Irlande), un
ouvrage de John Le Carré offrant une vision cynique
et désabusée des agents secrets qui ont perdu leurs
repères depuis la fin de la guerre froide. Mike Figgis
réussit un exercice périlleux avec Time Code, film qui
décortique quatre drames affectifs, en présentant en
permanence un écran partagé en quatre qui oblige
le spectateur à suivre toutes les histoires en même
temps. L’auteur réussit son exploit en nous donnant
une oeuvre d’un rare raffinement.
Après quelques essais pas toujours réussis, ces derniers temps, les frères Coen retrouvent un nouvel
équilibre avec The Barber, un drame existentiel situé
à la fin des années 1940 et où le travail sur la distanciation est si élégant et discret qu’on pense vraiment
avoir affaire à un film hollywoodien d’époque avec
une pointe d’ironie en plus. Sean Penn, lui, met de
côté tout esprit de parodie et donne, avec The Pledge,
un superbe polar, sans courses ni poursuite, grâce à
la performance du merveilleux Jack Nicholson dans
le rôle ambigu d’un vieux flic à la retraite poursuivant un problématique assassin qui aurait échappé
à la justice. Le cinéaste se concentre sur les rapports
humains et de pouvoir en laissant la fin ouverte : le
policier a-t-il ou non raison ? On ne le saura pas.
Mais le manque d’ironie ne convient pas à tous les
cinéastes. Le talentueux Tim Burton se plante totaledownloadModeText.vue.download 281 sur 518
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ment dans le remake inutile de la Planète des singes.
Film enfantin, voire infantile : le merveilleux sens du
délire fait ici défaut à l’auteur, qui nous gratifie d’un
pensum aussi cher que dénué d’intérêt.
Réputé pour être un des rares cinéastes de sa génération à éviter tout recours à l’humour dans ses films
fantastiques, John Carpenter, s’il demeure fidèle à
cette méthode dans Ghosts on Mars, n’arrive plus à
maîtriser son sujet, qui demeure une vague copie
d’un téléfilm fantastique. Signalons, dans le registre
du loufoque assumé, Destination Graceland de Damian Lichtenstein, où le mythe d’Elvis Presley sert de
prétexte à un thriller ébouriffant qui voit cinq malfrats se déguiser en « kings » afin de piller un casino
de Las Vegas où se déroule une convention dédiée
au célèbre chanteur. De très bonnes idées de départ
sont gâchées par la vaine lutte des deux vedettes
Kevin Kostner et Kurt Russell qui n’en finissent pas de
tirer la couverture à eux : dommage !
Enfin, le film de ghetto, qui fit jadis la renommé de
Spike Lee (Do the Right Thing, 1989), s’enlise dans le
pastiche inconsistant. Spike Lee lui-même réalise un
film des plus ambigus, The Very Black Show : un animateur de télévision noir propose un show où tous les
gens de couleur seraient ignobles et arriérés comme
dans les films des années 1930. La satire passe mal et
les défauts des Noirs sont plus nombreux que leurs
qualités. Les choses sont encore aggravées par Spoof
Movie de Paris Barclay (une bande produite par les
frères Wayans, auteurs de Scary Movie 1 et 2, pastiches
très lourds des films d’horreur), qui met en avant,
sans vergogne, les défauts les plus criards des AfroAméricains, battant sur certains plans bien des films
ouvertement racistes.
● Ailleurs
Le cinéma de Taïwan aura de nouveau
dominé la production asiatique
L’Asie domine encore la production de qualité cette
année avec deux films venus de Taïwan : Millenium
Mambo, du vétéran Hou Hsiao-sien, suivi de Et làbas, quelle heure est-il ? de Tsai Ming-liang, tous deux
remarqués à Cannes. Après une série de films intimistes dans les années 1980 (Un été chez grand-père,
1984 ; la Cité des douleurs, 1989), Hou s’était fourvoyé
dans des recherches stylistiques un peu ésotériques.
Il trouve, ici, un ton très juste pour évoquer le sort de
la jeunesse moderne. Tsai Ming-liang, lui, nous donne
une merveilleuse élégie sur la solitude de plusieurs
êtres, une mère, son fils et une jeune fille aimée par
ce dernier et qui part à Paris, avec un style d’une rare
élégance.
Cette année, il se passe vraiment des choses en Iran.
La critique occidentale a souvent porté aux nues,
par le passé, des films qui décrivaient simplement
le quotidien des habitants de ce pays, sans réellement mettre en cause le régime. Les quatre films vus
cette année amorcent un changement. Le Cercle de
Jafar Panahi (le film le plus audacieux jamais tourné
depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir) est une
peinture sans concession sur le sort des femmes.
Jamais ce pays n’avait été montré sous un jour aussi
noir : on se croirait au temps de l’Occupation, il faut
fuir à tout moment les contrôles de police. Quoique
moins sombre, Djomeh de Hassan Yektapanah narre
les difficultés d’un émigré afghan qui se heurte à de
nombreux préjugés, notamment xénophobes, qui
l’empêchent d’épouser la fille qu’il aime.
Tourné avant les événements tragiques du 11 septembre, Kandahar de Moshen Makhmalbaf nous
montre, à travers l’odyssée d’une journaliste afghane
établie au Canada et qui retourne sur place pour porter secours à sa soeur, une vision apocalyptique faite
aux femmes dans ce pays... voisin de l’Iran. Quant à
Abbas Kiarostami, il abandonne l’Iran, dans ABC Africa, et tourne avec un organisme délégué par l’ONU
un film sur les méfaits du sida. Principal cinéaste italien encore en activité, Nanni Moretti nous donne,
avec la Chambre du fils (Palme d’or à Cannes), un des
meilleurs films de l’année. À travers un sujet dont
tout le monde peut faire l’expérience, la mort d’un
enfant, Moretti nous fait une oeuvre-somme sur la vie
professionnelle (le héros joué par Moretti est psychanalyste), les rapports de couple, le sens de la vie. Tout
cela d’une manière fluide qui ne fait absolument pas
didactique.
2001 aura été une bonne année pour le cinéma
français. On ne sait si les techniques numériques
vont se généraliser et surtout s’il se trouvera des
artistes qui sauront tirer le maximum de ce langage.
Les attentats du 11 septembre ont empêché la promotion de pas mal de films américains en Europe,
mais le cinéma résiste à cette crise. On ne sait pas
non plus comment, dans cette grave période de
mutation, les choses vont évoluer pour le 7e art.
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L’année allait son train sans surprise, bien
qu’elle fût censée marquer l’entrée dans le
IIIe millénaire. On ne change pas si vite les
habitudes et d’écrire et de lire. Se retrouvait
donc le romanesque puisé à des sources semihistoriques, semi-légendaires ; par ailleurs, le
primat donné au « je » persistait, conduisant
à une abondance de « confessions », plus ou
moins authentiques.
L’année littéraire
GÉRARD-HENRI DURAND
Enfin les dernières bouffées millénaristes se
manifestaient dans les nombreux tableaux
angoissants de la psyché individuelle (à
défaut de s’efforcer de peindre comme
dans des temps révolus l’entier d’une société). Vint
la tentative de lancer de nouveau le brûlot Houellebecq (Plateforme). De fait, le livre se vendit bien. Le
tourisme sexuel en terre exotique et la pédophilie
constituaient des thèmes dits « porteurs », mais la
critique, cette fois, fut plus réticente, soulignant parfois l’indigence de la forme, voire le venin des idées.
Éclata alors, au mois de septembre, le tonnerre d’un
désastre imprévisible qui occulta les effets et les noirceurs de la fiction. Personne n’avait imaginé l’Amérique agressée au coeur de sa puissance. On se mit
à chercher dans les livres les allusions prophétiques
à ce terrible attentat, on voulut savoir qui étaient
les assassins, de quelle guerre nouvelle il s’agissait...
Les choix de lectures et l’appréciation des textes s’en
trouvèrent assurément modifiés. Mais nul ne sait si
l’effet sera durable.
● L’onde de choc
Ainsi, dans la période précédant les prix littéraires, les
ouvrages de fiction reculèrent dans les vitrines des
libraires au profit d’essais, reportages, documents,
biographies qui semblaient avoir un rapport avec
l’impensable agression. À beaucoup il fallait un héros
malheureux de cette tragédie : l’hagiographie de
Massoud l’Afghan, signée Christophe de Ponfilly, fit
l’affaire. À la noblesse d’âme de ce guerrier, transfiguré en combattant de la liberté, s’opposait la nature
démoniaque du maître des assassins grâce à l’ouvrage de Roland Jacquard : Au nom d’Oussama Ben
Laden. Puis planait la noirceur de l’Ombre des talibans,
décrite par Ahmed Rashid, un journaliste pakistanais,
tandis que soudain un avertissement polémique, tel
celui de Guillaume Bigot, Sept Scénarios de l’Apocalypse. Demain la troisième guerre mondiale, semblait
avoir valeur de prophétie. Des études sérieuses
comme Jihad. Expansion et déclin de l’islamisme, de
Gilles Kepel, de même que le déjà ancien ouvrage
d’un professeur de Harvard, l’Américain Samuel Huntington, le Choc des civilisations (1993), bénéficièrent
d’un intérêt inespéré. À quoi s’ajoutèrent des ventes
du Coran, dans différentes traductions et les Sourates,
publiées à la Pléiade. Dans une perspective plus littéraire, il conviendrait de citer le livre émouvant, traduit
du persan, d’Atiq Rahimi (Afghan réfugié en France) :
Terre et Cendres, décrivant la détresse d’un enfant et
de son grand-père et où se manifeste l’humble détresse des civils sacrifiés fuyant leur village bombardé.
● Ailleurs, en d’autres temps
Céleste, un retour dans la France
des années 1830
Aux époques d’angoisse, le livre peut également
fournir un dérivatif, tracer un chemin vers le rêve à
condition de situer son intrigue dans un ailleurs spatial ou temporel, voire les deux à la fois. Les menaces
qui pèsent sur la vie ont, dans le contexte d’un autre
temps, d’un autre lieu, tendance à s’adoucir, prétextes
à rêverie plus qu’à cauchemar, à frissonner plus qu’à
se sentir accablé. Et ces considérations n’ont sans
doute pas été étrangères au choix des jurés des deux
grands prix littéraires qui ont, cette année, couronné
des oeuvres romanesques se référant à l’histoire. Le
prix Goncourt revint à Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin. Ce livre, inspiré d’un épisode historique
oublié où des Français voulurent conquérir leur part
d’Amérique du Sud, nous convie à embarquer pour
un voyage au long cours à l’époque de la Renaissance. Les deux personnages principaux sont des
enfants, symboliquement appelés Just et Colombe,
l’écriture est élégante, les personnages sont bien dessinés et le vent de mer est là pour emporter l’aventure dans le fracas des voiles. Céleste (prix Renaudot)
de Martine Le Coz nous renvoie à la France des
années 1830 par l’entremise de Céleste, une jeune
personne à l’âme rebelle venue (note exotique) des
Antilles. Le prix Goncourt des lycéens n’a pas encore
la renommée de son aîné, mais il n’est pas sans intérêt de remarquer que les jeunes furent également
sensibles au romanesque exotique en choisissant la
Joueuse de go. Son auteur, Shan Sa, loin de renier ses
origines chinoises, situe son intrigue dans les années
1930 à l’époque où l’armée japonaise envahissait
la Chine. Le prix Médicis, quant à lui, récompensait
Benoît Duteurtre avec le Voyage en France, qui joue
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avec humour, ironie parfois, et non sans nostalgie, du
vieux thème de l’opposition entre les représentations
imaginaires de la France et de l’Amérique.
● La mort à l’oeuvre
Si ces récompenses (que nul ne semble plus décidé
à contester) semblaient indiquer une tendance à un
retour à une littérature traditionnelle où le charme
de l’intrigue l’emporte sur l’angoisse de vivre, ce
n’est pas pour autant que la désespérance ne hisse
plus son pavillon noir sur l’océan littéraire ! Gabrielle
Wittkop, qui publie successivement deux romans,
Sérénissime Assassinat et la Mort de C., entraîne tout
d’abord son lecteur dans les eaux glauques et la
décomposition d’une Venise du XVIIIe siècle, puis dans
la moiteur accablante et misérable du Bombay d’aujourd’hui. Dans les deux cas, la décomposition est
à l’oeuvre au-delà des chatoiements du style. JeanPierre Millecam nous propose une fiction désespérée
(Tombeau de l’Archange), tout en ayant recours aux
archétypes pour nous entraîner dans la quête intemporelle d’un Graal introuvable et nous conduire à
l’inévitable conclusion qui, dans ce siècle commencé
sous le signe du terrorisme triomphant, prend une
résonance particulière : « L’humanité aura le loisir de
recommencer à zéro le sombre entr’égorgement
d’antan. »
Jean Lévi (le Coup du hibou) pourrait s’inscrire dans
la tradition picaresque, mais, en confrontant deux
univers parallèles, le nôtre et celui de Sou T’sin du
IVe siècle avant notre ère, c’est à une lecture des
temps troublés qu’il nous convie et à la lutte sans
merci pour le pouvoir. En mélangeant les genres, récits d’aventure, souvenirs d’enfance, réflexions, Marc
Chénetier crée une forme différente avec la Perte de
l’Amérique, Archéologie d’un amour. L’image centrale
de cette colonie de Roanoke (1587) qui disparut
sans laisser de trace laisse planer un sentiment de
perte irrémédiable. Claude Ollier, vingt et quelques
années d’écriture déjà, propose deux livres et deux
itinéraires différents. Dans le premier, Mon double à
Malacca, un « Je » nommé Paul et sa fillette de cinq
ans s’enfoncent dans les luxuriances de la jungle,
mais au bout la surprise, le « Je » devient « Il », comme
si l’écrivain s’effaçait et jetait sur la vie le regard de la
mort. Il y a dans ce livre un inventaire des richesses
de la vie comme pour les mieux perdre, et dans le
second, Préhistoire, nous pénétrons dans un univers
dépouillé où la sérénité est celle du détachement,
d’une préparation à quitter cette dépouille de chair.
Le prix Femina, quant à lui, rompant avec la tendance précédemment citée, a récompensé un univers quotidien terrifiant de solitude et d’abandon.
C’est celui imaginé par Marie N’Diaye qui, avec Rosie
Carpe, suit pas à pas la déchéance de Rosie et de son
frère. Ils montent à Paris sous prétexte d’études puis
s’enfuient vers la Guadeloupe, où ils vivront l’enfer de
leur enfermement sur eux-mêmes, de leur incapacité
à percevoir et à s’exprimer.
● Effondrement d’un monde
Tous les univers précédemment évoqués, à l’exception en partie de celui de Marie N’Diaye, échappent
au réalisme immédiat pour créer des mondes du
domaine de la fiction. Celui de Kossi Efoui dans la
Fabrique des cérémonies s’inspire directement de
la violence chaotique du « continent noir ». Mais le
simple récit d’un Jorge Semprun (le Mort qu’il faut),
retraçant sa déportation à Buchenwald, révèle avec
plus de force la mort au travail par cette impossibilité
à dire l’horreur et par cette suggestion que le seul
vrai témoin est celui qui, disparu, croyait à des idéaux
aujourd’hui effacés.
● Disparition et travail de deuil
De nombreux ouvrages témoignent, souvent avec
talent, à partir de situations individuelles, du renouveau d’une méditation sur la disparition d’un être
proche ou sur la mort que nous portons en nous.
Philippe Besson, par exemple, nous convie avec son
Frère au chevet du frère disparu et réexamine leur
ancienne et vaine rivalité. Dans l’Ombre allongée de
Thierry Illouz, le lecteur se retrouve dans la chambre
où le père se meurt et c’est par la présence de
cette chambre qu’est suggéré l’indicible. Une autre
chambre encore, celle de la mémoire où erre Michel
Séonnet (la Chambre obscure) qui s’interroge sur la
survie de l’enfant malade qu’il fut, ou était-ce bien
lui ? Jacques Borel retrace la rêverie funèbre d’un
tragédien dans la Mort de Maximilien Lepage. Le style
épouse les méandres de cette rêverie et l’auteur joue
d’une autre ambiguïté, celle de la vraie et de la fausse
mort : « Je suis si souvent mort au théâtre. » Laure
Adler suggère dans un petit livre sans emphase (À ce
soir) les échos poignants du décès d’un enfant qui
résonnent au long d’une vie et avec lesquels il faut
s’habituer à vivre.
● Dérives ordinaires
Jean-Claude Pirotte, toujours à la poursuite
de l’inachevé
Les mystères de l’existence peuvent être évoqués par
de simples destinées, tantôt mettant l’accent sur l’irréalité du quotidien, tantôt accentuant la sensation
d’un échec irrémédiable. Dans la première catégorie,
il conviendrait de mettre la Petite Bijou de Patrick Modiano, où revient sous un nouveau nom une héroïne
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proche de certaines de ses créations semées au long
de vingt années d’écriture. La suggestion de l’échec
est au coeur de la description précise d’êtres ordinaires qui ne cessent de mesurer les risques dans les
deux livres de Christian Oster, Une femme de ménage
et Loin d’Odile. Dans Pour qui vous prenez-vous ? de
Geneviève Brisac, un recueil de nouvelles, se trame
l’ennui d’existences sans projets, de personnages que
tout effraie – une galerie de portraits qui seraient
désespérés si les sujets n’étaient traités avec légèreté
et humour.
Avec Autres Arpents de Jean-Claude Pirotte, la dérive
prend une autre coloration. Il a vingt livres derrière
lui, trente ans d’écriture, et il est toujours à la poursuite du discontinu, de l’inachevé, perdu dans le
labyrinthe de l’alcool et des livres, à jamais sceptique. Tout au contraire rien de flamboyant dans la
quête impossible de Jeanne, sans doute l’alter ego
de l’auteur, Nita Rousseau (Un père si mystérieux), mais
recréer l’ombre du père, assassiné par les Japonais en
1945, est le seul moyen de donner sens à sa vie.
Il peut y avoir quelque méchanceté à mettre le livre
de Jacques-Pierre Amette au rang des dérives ordinaires, mais dans Ma vie, son oeuvre tout est centré,
avec talent sans doute, sur l’impossibilité aujourd’hui
d’édifier une oeuvre et, lui laissant la parole : « Un livre
n’est jamais qu’un tombeau provisoire d’une joie
intime. »
● Corps mémorable
Les éditeurs continuent (et continueront sans doute)
de vouloir appâter le lecteur en lui proposant des
livres qui se lisent comme des confessions intimes
et lui promettent des secrets d’alcôve. La littérature
n’y trouve pas toujours son compte. Est-ce alors
Alain Robbe-Grillet, à la veille de ses quatre-vingts
ans, qui peut renouveler le genre ? Avec la Reprise,
nous découvrons un habile pot-pourri de ses quatorze romans précédents avec les allers et retours
habituels et la non moins continuelle obsession
« érotico-sadienne ».
Mais le corps ici est d’abord fantasme et les méandres
labyrinthiques ont un charme envoûtant comme s’il
y avait un secret au-delà. Amanda Devi trame dans
Pagli (la pagli ou la folle) le monologue enflammé
d’une femme insoumise et névrosée : « Je me perds
totalement dans mon corps démembré. » – Un parfum d’épices, un zest d’exotisme, une violence verbale, et le livre existe...
Marion ou le Corps enseignant d’Olivier GermainThomas nous montre une agrégée de lettres céder
aux délices de l’amour charnel avec un beur. Mais,
lorsqu’elle le quitte, il rallie un mouvement terroriste.
Elle lui évitera le crime mais pas la mort. En filigrane,
l’ombre d’une réconciliation possible entre des êtres
de culture différente – mais passe-t-elle par le corps ?
La Vie sexuelle de Catherine M. de Catherine Millet (que
l’on peut accompagner des textes et photographies
de son compagnon, Jacques Henric, Légendes de Catherine M.) se voudrait sulfureuse, mais présente plus
un intérêt sociologique que littéraire.
● Continent Amérique – Au nord
Les différentes facettes de l’écriture américaine sont
presque toutes présentes cette année. Tout d’abord
le témoignage réaliste, avec un livre ancien mais
combien d’actualité : les Vagabonds de la faim (1934),
de Tom Kromer, qui relate sa vie d’errance et celle de
milliers d’autres en quête de travail après la crise de
1929. Chaque chapitre décrit un épisode de la vie de
ceux que Kromer appelle les « stiffs », littéralement
les « raides » ou crève-la-faim. Vient ensuite un livre
qui s’inscrit dans la tradition du Sud : Braconniers
(1998), de Tom Franklin, où apparaît une deuxième
« guerre civile », celle de l’industrialisation forcenée
en Alabama avec ses conséquences sur l’environnement et la vie de ses habitants. Robert Coover, avec
la Femme de John (1997), recrée une petite ville des
plaines avec ses perversions, ses hypocrisies, ses
frustrations et a recours à toute la panoplie des techniques romanesques.
Avec le dernier Thomas Pynchon, Mason Dixon
(1999), le lecteur s’enfonce dans les profondeurs
d’une oeuvre difficile où pèsent les forces obscures
qui hantent l’Amérique. Plus aimable et fidèle à luimême, Isaac-Bashevis Singer (Ombres sur l’Hudson,
1998) fait preuve de sa verve de conteur. De Joyce
Carol Oates nous vient son vingt-huitième roman,
Mon coeur mis à nu (1998), dans la tradition du grand
roman américain puisque les aventures de la famille
Licht renvoient toutes aux événements les plus importants de l’histoire des États-Unis depuis plus de
cent ans. Une pincée de fantastique assaisonne ce
gros ouvrage de plus de six cents pages.
Un livre témoigne de la présence de nombreux Asiatiques aux États-Unis qui s’interrogent encore sur les
violences subies par leur pays d’origine. L’ex-Coréen
Chang-Rae Lee (les Sombres Heures du passé, 1999)
présente l’autobiographie fictive du « bon docteur
Hâta », incapable aux États-Unis de se faire aimer
d’une fille adoptive et pour cause, il a été dans une
existence antérieure témoin et complice du sort des
Coréennes appelées de force à satisfaire les désirs des
guerriers japonais, un sujet que le prix Nobel japonais
Oe Kenzaburo se garde bien d’aborder !
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● Au sud
Si la vogue des ouvrages latino-américains est
quelque peu passée, nous disposons cette année
de plusieurs oeuvres de facture mexicaine. Carlos Fuentes dans les Années avec Laura Diaz (1998)
défend avec ce livre copieux le roman polyphonique, opposé aux formes minimales. L’intrigue se
déroule de 1870 à nos jours et c’est toute l’histoire du
Mexique moderne que revisite son héroïne. Au-delà
se dessine le drame intime de l’auteur : la perte d’un
fils. Se poursuit, par ailleurs, la publication des romans de Jorge Ibargüengoitia, disparu en 1983, avec
Ces ruines que tu vois (1982) où, ajoutant au Mexique
un État imaginaire, celui du Plan d’en Bas, il dresse le
tableau volontiers frondeur de la vie et de l’histoire
de son pays. Jorge Volpi (À la recherche de Klingsor,
1999) représente une nouvelle tendance plus tournée vers le monde extérieur et vers les événements
mondiaux. Le Klingsor recherché pourrait être le père
de la bombe atomique que l’Allemagne nazie ne parvint pas à achever, et c’est prétexte à faire apparaître
un monde chaotique et les « lois de la mécanique
criminelle ».
● Ancien Continent
La littérature russe retrouve les voies
du romanesque
D’Angleterre, qui cette année reçoit en la personne
de V.S. Naipaul le prix Nobel, nous viennent enfin
les deuxième et troisième romans de Martin Amis,
Poupées crevées (1975) et Réussir (1978), un maître du
récit piégé où les personnages sont réduits à l’état
de pantins habilement manipulés. Plus attendu,
le nouveau roman de Salman Rushdie (toujours
menacé de mort par les islamistes), au titre violent
de Furie (2000), met en scène un quinquagénaire
d’origine indienne qui, devenu « injustement » riche,
du moins le croit-il, veut affronter la bête capitaliste
dans son antre new-yorkais. Livre inégal mais féroce
et qui pourtant, à la fin pose la question redoutable :
« Jusqu’où peut-on aller dans la quête de la justice
avant de franchir la frontière et de parvenir, aux antipodes de soi, à l’injustice ? » Rushdie n’est pas seul à
affronter les démons de l’argent : le traditionnel John
Le Carré (la Sentence du jardinier, 1999), dans une intrigue qui se déroule en grande partie au Kenya offre
un tableau sans concession des multinationales et de
l’effondrement des valeurs.
Sur le Vieux Continent, les blessures ne se referment
pas. L’Albanais Ismaël Kadaré, se servant habilement
de la fable, alliant chapitres et contre-chapitres dans
Froides Fleurs d’avril (2000), dénonce les réseaux de
prostitution, le vol en tant qu’institution, tandis que
les crimes du passé demeurent encore secrets –
à quoi il faut ajouter les tomes IX et X des oeuvres
complètes, où l’on découvre les premiers troubles au
Kosovo (1981) en même temps qu’un retour au passé
avec le sultan Mourad contemplant jusqu’au dégoût
les anciens massacres interbalkaniques.
Le Roumain George Craciun, dans Composition aux
parallèles inégales (1982), se servait déjà du recours
à une ancienne romance, « Daphnis et Chloé »,
pour faire apparaître en filigrane le triste destin des
citoyens ordinaires soumis au poids d’une dictature.
Curieusement, la littérature russe actuelle retrouve
les voies du romanesque avec la Ronde (1996), et
son entrelacs d’aventures et de mésaventures, tandis
que Mark Kharitov se comptait au fantastique social
(Retour de nulle part, 1998), où le héros erre dans « le
labyrinthe des rêves de béton répété ».
L’Allemand Hans Christoph Buch (Voyage en Afrique
extrême, 1999) prend à bras le corps un génocide
récent, celui du Rwanda en 1994, dans un récit alliant
l’effort public d’impartialité d’un journaliste et l’écriture privée de son journal intime. Le livre révèle les
séquelles du colonialisme, mais cherche à taire apercevoir en même temps le « sombre continent » qui
est en nous. Le Néerlandais Cees Nooteboom (le Jour
des morts, 1992) fait dire à l’un de ses personnages :
« Nous vivons toujours parmi des assassins et des
démons. »
● Biographies et essais
Tout d’abord, la volumineuse biographie (1 243 p.
plus iconographie) d’Arthur Rimbaud (accompagnée
de Rimbaud à Aden) de Jean-Jacques Lefrère, qui est
aux antipodes de celle plus ancienne et plus poétique d’Yves Bonnefoy (1961). Après les illuminations
poétiques de l’adolescence, l’auteur s’attache surtout
à suivre pas à pas l’enlisement de la destinée d’un
homme pour qui la fuite en pays lointains est d’abord
une constante lutte contre la misère et sans doute une
volonté de se fuir : « Les dernières paroles de Rimbaud
ont été un projet de départ ».
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Au chapitre critique, on trouve la publication des
oeuvres complètes de Walter Benjamin (tomes I, II et
III), où se trouvent tous les essais qui n’ont cessé de
féconder la réflexion sur la modernité et l’esthétique.
À quoi il faudrait ajouter le livre de Michaël Löwy,
Walter Benjamin : avertissement d’incendie – une lecture des thèses « sur le concept d’histoire ». Mais l’actualité attire inévitablement l’attention sur les ouvrages
traitant de culture et de religion. Toute la complexité
de ces questions ressort à l’évidence dans de nombreux ouvrages. Jean-Loup Amselle (Branchements,
Anthropologie de l’universalité des cultures) entend
par culture un ensemble de référents qui, en unifiant
l’imaginaire, contribuent à faire une société. Mais ces
références doivent être soumises à des vérifications
constantes. Lorsqu’elles n’interviennent pas, nationalisme et racisme ne sont pas loin. Georges Balandier
(le Grand Système) propose plutôt des questionnements sur la globalisation et sur la perte d’identité,
sans pour autant affirmer comme par le passé la nécessité de défense des particularismes des peuples
exotiques.
Rien d’étonnant si, face aux inquiétudes sans réponses du temps, de nombreux essais sont consacrés au scepticisme, c’est-à-dire à la mise en doute
de la raison comme de l’évidence. Citons le Travail
du scepticisme, Montaigne, Bayle, Hume de Frédéric
Brahami, le Scepticisme aux XVIe et XVIIe siècles de PierreFrançois Moreau et une autre biographie : Michel
Crépu, Sainte-Beuve, portrait d’un sceptique.
Régis Debray publie
raire (sous-titré :
nel en Occident »),
contexte actuel une
Dieu, il y a guerre
un livre ambitieux : Dieu, un itiné« matériaux pour l’histoire de l’Éterdont la conclusion prend dans le
coloration sombre « quand il y a
».
Enfin apparaît une nouvelle traduction d’un livre
anglais qui fit scandale il y a bien longtemps et dont
le titre demeure légendaire Léviathan (1651) de
J. Hobbes, qui affirmait que l’état de nature est celui
de la guerre permanente et que seul l’instinct de
conservation peut conduire à un pacte social. Malheureusement, il ajoutait que seul un pouvoir absolu
peut en garantir l’exécution. Trop de tyrans ont dû
lire ce livre. Faut-il affirmer avec John Milton, le grand
poète anglais du XVIIIe siècle, qu’il n’y a pas de mauvais
livres mais seulement de mauvais lecteurs. Rappelons que le propos se voulait polémique.
PRIX LITTÉRAIRES 2001
– Prix Goncourt
Rouge Brésil, Jean-Christophe Rufin
– (Goncourt des lycéens)
La Joueuse de go, Shan Sa
– Prix Renaudot
Céleste, Martine Le Coz
– Prix Médicis
Le Voyage en France, Benoît Duteurtre
– Médicis étranger
La Noce du poète, Antonio Skarmeta (Chili)
– Prix Interallié
Sister, Stéphane Denis
– Prix Femina
Rosie Carpe, Marie N’Diaye l
– Femina étranger
Mauvaise Pente, Keith Ridgeway (Irlande)
– Prix de l’Académie française
Un bien fou, Eric Neuhoff
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Le millésime 2001 des expositions a été plutôt
satisfaisant, sans événement incontournable
cependant, alors que semblaient se profiler,
dans la tourmente consécutive aux attentats
du 11 septembre, des difficultés croissantes
à réunir des ensembles notables d’artistes
majeurs.
Le journal des
expositions
PASCAL ROUSSEAU
Le repli sécuritaire de certains collectionneurs, publics ou privés, et, plus encore, le
coût exponentiel des assurances pèsent
aujourd’hui, plus qu’hier, sur le montage
financier de la moindre exposition. Sera-t-il encore
possible de monter des grandes rétrospectives ? On
est en droit de se poser la question au moment où
de nombreux commissaires d’exposition se voient
de plus en plus contraints de faire des coupes draconiennes dans la sélection des oeuvres.
● Les couleurs du plein air
190 oeuvres pour retracer l’évolution du
paysage italien sur un demi-siècle
Pour s’en convaincre, il suffisait d’aller visiter, dans
les galeries nationales du Grand Palais, l’exposition
consacrée au paysage italien dans les toiles des
peintres du plein air (1780-1830). Le thème n’est pas
surprenant, mais il a le mérite de s’attarder sur une
période « classique » que l’on considère trop peu
souvent comme annonciatrice des enjeux formels
de la modernité impressionniste.
Après l’exposition « Méditerranée » en 2000, voilà
donc une nouvelle enquête sur ce désir des peintres
à aller chercher le soleil pour mieux capturer la valeur d’un instant de lumière. L’exposition rassemble
quelque 190 oeuvres et retrace l’évolution du paysage italien sur un demi-siècle, de Valenciennes à
Corot.
Elle permet, après plusieurs autres expositions sur les
précurseurs de l’impressionnisme, de revenir sur le
chemin continu qui mène vers la révolution d’Impression, Soleil levant (1871). Bien avant Monet, Manet ou
Boudin, de nombreux peintres ont foulé l’herbe des
prés pour aller peindre directement devant le motif. Il
existe une tradition de peinture de plein air, attestée
en France depuis François Desportes, mais, comme
le montre cette exposition, c’est bien sous le soleil de
l’Italie que s’affirme cette pratique de sortie de l’atelier, entre 1780 et 1830, une époque où l’on remet en
question le dogme de l’idéalisation en atelier.
Le peintre Pierre-Henry de Valenciennes pratique
ainsi très tôt l’étude d’après nature, allant jusqu’à
reproduire le même site à différentes heures du jour,
dans une démarche qui préfigure directement les
séries impressionnistes de Monet. Même si ces paysages esquissés ne sont pas encore destinés au public, ils sont néanmoins montrés dans les ateliers où
les peintres se rencontrent et discutent sur le devenir
de la peinture.
Le fa presto va bientôt devenir une méthode, annonçant la révolution impressionniste.
Au même moment, toujours dans l’enceinte malmenée du Grand Palais, la rétrospective consacrée à
Paul Signac révélait une autre façon, plus maîtrisée,
de gérer la lumière du tableau. Longtemps resté
dans l’ombre de Seurat dont il fut le disciple, Paul
Signac (1863-1935) a enfin droit à nouveau à une
rétrospective, quelque 38 ans après la dernière exposition, qui, au Louvre, célébrait le centième anniversaire de sa naissance. En présentant au public près
de 140 peintures, dessins et aquarelles, l’exposition
permet d’y voir plus clair dans le travail d’un artiste,
souvent traité comme un peintre trop appliqué dans
l’exercice de la méthode. Signac est devenu à la mort
de Seurat, en 1891, le chef de file du néo-impressionnisme, un mouvement pictural qui réagit contre la
dilution impressionniste de la forme au moyen de
toutes petites touches juxtaposées méthodiquement sur la surface du tableau. L’exposition montre
bien comment Signac se libère peu à peu de cette
division « pointilliste » pour revendiquer de plus
grands aplats de couleurs qui préparent la révolution
fauve de 1905.
Le néo-impressionnisme est curieusement l’une des
grandes découvertes de la Saison italienne ouverte
au musée d’Orsay avec l’exposition « L’art italien à
l’épreuve de la modernité », un rendez-vous où sont
évoquées trente années d’une histoire passionnante
qui mène du symbolisme au futurisme. C’est en
effet l’occasion de vérifier l’importance des leçons
coloristes de Seurat et Signac sur la scène artistique
italienne, avec notamment deux figures oubliées en
France, Giovanni Segantini et Gaetano Previati. Tout
comme en France, la touche néo-impressionniste
sert à représenter un monde en transformation, où
la peinture prend rendez-vous avec l’esprit du temps,
même si une forte tendance symboliste s’organise
pour lutter contre le prosaïsme de l’époque des
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masses. C’est cette tendance symboliste que l’on
trouve consacrée à Orsay, avec la surprenante rétrospective Böcklin.
● Figures de la passion
Böcklin : pour en finir avec le mythe d’un
peintre wagnérien
Loin de la mode du plein-airisme et du culte de la vie
moderne, le peintre allemand Arnold Böcklin (18271901) cultive une certaine forme d’anachronisme qui
a suscité bien des mésinterprétations sur un travail
très novateur malgré ses airs classiques. Böcklin,
pourtant tenu pour une des figures majeures de la fin
du XIXe siècle, n’avait jamais eu d’exposition en France.
Cette rétrospective qui célèbre le centième anniversaire de sa mort est donc une première, plutôt attendue, très motivante. L’exposition d’Orsay, conçue par
les musées de Bâle et de Munich, permet déjà d’en
finir avec le mythe d’un peintre wagnérien, typiquement germanique.
C’est à nouveau la chair, dans son indolence sexuelle,
qui est convoquée dans l’exposition que le Jeu de
paume consacrait au « Picasso érotique ». Des dessins modernistes de Barcelone aux dernières peintures, esquissées quelques jours avant sa mort à plus
de quatre-vingt dix ans (1973), cette exposition nous
fait découvrir l’oeuvre à travers le prisme des deux
personnages centraux dans l’univers picassien : Éros
et Thanatos. Les femmes, bien plantées, ont la chair
dense et légère comme sous le pinceau de ToulouseLautrec. L’érotisme y est noir, inquiétant, confiné dans
les ruelles des bas-fonds, avec en toile de fond la peur
obsédante d’une syphilis. Picasso mène une enquête
sur le trouble du sexe.
Vient ensuite l’oeuvre d’un homme plus mûr qui
convoite la femme avec une fougue plus assurée.
Éros prend alors des formes mythologiques. L’artiste
Minotaure s’accouple avec ses maîtresses, Dora
ou Marie-Thérèse, dans des poses orgiaques qui, à
mesure que le spectre de la guerre menace, se transforme en guerre des sexes dont la cruauté dialogue
avec le surréalisme triomphant. Il y a enfin les dernières années du grand âge accompli, où le voyeurisme revitalise la tension érotique entre l’artiste
et son modèle. « Picasso érotique » offre au regard
l’appétit d’un génie insatiable.
La même soif passionnelle pour la peinture nourrit l’oeuvre de Jean Dubuffet (1901-1985) auquel le
Centre Georges-Pompidou consacre une importante
rétrospective à l’occasion, cette fois, du centenaire de
la naissance de l’artiste. Contrairement à Böcklin, il ne
s’agit pas d’une première, même si jusqu’à présent
l’ensemble du parcours n’avait jamais été présenté.
C’est ici chose faite, avec brio, dans un parcours magistralement mené par Daniel Abadie, par ailleurs directeur du Jeu de paume. Venu très tard à la peinture,
à l’âge de quarante et un ans, Dubuffet s’affranchit
très vite des poncifs stylistiques de son époque pour
s’engager dans une peinture de la contestation. C’est
l’enflure de matière qui l’emporte sur le dessin et fait
de Dubuffet l’un des grands martres du matiérisme.
Cela le conduit vers la série des Sols et Terrains, où bitume, sable, feuillages et graviers font leur apparition
dans la palette incongrue de l’artiste.
La surface s’anime des aspérités accidentelles de
matériaux, bruts, sales, denses ; la forme apparaît au
hasard des conglomérats de pigments. Puis, avec le
cycle de l’Hourloupe, où réapparaît une gamme de
couleurs vives (rouge et bleu), Dubuffet construit
des édifices. Curieusement, la salle consacrée aux
maquettes de ces sculptures monumentales est la
plus faible de l’exposition. Le parcours se termine
avec les oeuvres des dernières années auxquelles le
Jeu de paume avait, il y a quelques années, consacré
son exposition inaugurale.
● Modernités : Paris, Barcelone, Londres
et New York
L’exposition « Paris-Barcelone. 1888-1937 » rappelle,
par son titre, le cycle ouvert, il y a près de vingt ans,
par le Centre Pompidou avec les grandes fresques
consacrées à « Paris-New York », « Paris-Moscou »,
« Paris-Berlin », ou plus récemment, sous l’égide cette
fois du musée d’Orsay, à « Paris-Bruxelles ».
Ces expositions racontaient les chassés-croisés entre
deux capitales européennes. Ici, il est toujours ques-
tion d’échanges, mais le regard se focalise plus ouvertement sur l’un des pôles, en l’occurrence Barcelone. L’exposition s’ouvre sur les années d’explosion
économique et urbanistique de Barcelone, la fin des
années 1880, à un moment crucial de l’émergence
d’une identité politique, le catalanisme. Pour s’opposer au centralisme madrilène, les Catalans ont pris
l’habitude de regarder du côté de Paris et du nord
en général, d’où souffle le vent de la modernité. C’est
la grande époque de l’art nouveau, ce que l’on appelle « modernismo » en deçà des Pyrénées. Durant
la Grande Guerre, la neutralité espagnole renforce le
rôle de Barcelone, lieu d’exils et de refuges.
On y rencontre certains peintres de l’avant-garde
parisienne, Albert Gleizes, Sonia et Robert Delaunay,
Francis Picabia ou le boxeur, non moins aventurier,
Arthur Cravan. Après l’armistice, le sens migratoire s’inverse : Miró vient à Paris en 1919, Dalí fait
le voyage dix ans plus tard. Mais Picabia – auquel
l’exposition réserve une part bien importante – et
Breton font aussi le voyage vers Barcelone en 1922,
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tout comme Gala, Eluard et Ernst qui rejoignent Dalí
à Cadaqués en 1930, quatre ans avant que Masson
fasse son séjour à Montserrat, l’un des hauts lieux de
l’identité catalane. Le parcours se clôt avec le pavillon
de la République espagnole pour l’Exposition universelle de 1937 – où est présenté le fameux Guernica
de Picasso.
Curieusement, l’exposition consacrée aux « Années
pop » avait aussi pour vocation d’évoquer le rôle
moins attendu de ce foyer européen dans la diffusion
de l’esthétique du réel apparue au coeur des années
soixante. L’exposition présentée au Centre Pompidou
souhaitait en effet accorder aux artistes européens
une place importante, alors que l’histoire classique a
plutôt tendance à privilégier New York pour évoquer
les grandes icônes pop.
UNE ANNÉE D’EXPOSITIONS
– « Paysages italiens. Les Peintres du plein air, 1780-1830 »,
galeries nationales du Grand Palais, 5 avril-9 juillet 2001.
– « Paul Signac », galeries nationales du Grand
Palais, 1er mars-28 mai 2001.
– « L’art italien à l’épreuve de la modernité », musée
d’Orsay, 10 avril-15 juillet 2001.
– « Arnold Böcklin », musée d’Orsay, octobre 2001-
13 janvier 2002.
– « Picasso érotique », musée du Jeu de paume,
20 février-20 mai 2001.
– « Jean Dubuffet », Centre Georges-Pompidou,
octobre.
– « Paris-Barcelone. 1888-1937 », galeries nationales
du Grand Palais, octobre 2001-14 janvier 2002.
– « Les années pop », Centre Georges-Pompidou,
15 mars-18 juin 2001.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
288
Plutôt que année Verdi, le millésime 2001
aurait dû être déclaré année du bel canto,
ce qui aurait permis de célébrer autant le
centenaire de la naissance de Vincenzo Bellini
que celui de la mort de Giuseppe Verdi. Mais
le premier, pourtant auteur des populaires
Sonnambula et Norma, est passé à la trappe.
Le monde entier se sera donc penché sur la
tombe de Verdi.
2001, année
du « bel canto »
BRUNO SERROU
Le monde entier aura donc célébré Verdi,
de l’Italie, sa terre natale, jusqu’aux antipodes, l’Australie notamment. La France,
à laquelle il donna quelques ouvrages en
primeur, n’aura pas été en reste. Ainsi, les Chorégies
d’Orange lui auront été entièrement consacrées, et
pour lui seul auront dépassé leur périodicité habituelle, s’étendant sur deux mois entiers avec trois
opéras donnés deux fois, Aïda, Rigoletto et Don
Carlo, mais aussi avec la Messe de requiem et des
récitals. Une programmation qui aura attiré plus de
100 000 aficionados, un peu plus que l’Aïda du grand
Stade de France, avec 75 000 spectateurs. Confié à
une jeune équipe faisant ses débuts en ce lieu mythique, ce Rigoletto aura permis au jeune chef italien
Marco Guidarini et au metteur en scène français PaulÉmile Fourny de s’imposer.
Moins de deux mois plus tard, ce même Guidarini,
qui avait dirigé en juin Giovanna d’Arco du même
Verdi en la basilique de Saint-Denis, se faisait chef de
l’intimisme pharaonique, animant plus de 600 exécutants, 120 musiciens, 8 solistes, 140 choristes,
40 danseurs, 350 figurants et... 21 animaux, le tout
s’exprimant au centre d’une pelouse faisant penser à
quelque « astérixienne » Cléopâtre, dans une mise en
scène signée Petrika Ionesco.
À Montpellier, Verdi aura fait l’essentiel de l’affiche
de l’Opéra pour la dernière saison d’Henri Maier à la
tête de l’institution, avant son départ pour l’Opéra
de Leipzig. Mais les deux grandes salles lyriques parisiennes n’ont pas été en reste, quoique l’on eût pu
s’attendre à plus d’attention. Ainsi, le Châtelet a réservé un Falstaff festif, dans lequel l’orchestre avait quitté
la fosse pour tenir la place centrale sur le plateau, la
scénographie se déroulant autour de lui, les protagonistes le prenant souvent à témoin. Les instruments
anciens de l’Orchestre révolutionnaire et romantique
ont sonné clair et volubile, et l’on a pu ainsi goûter
pleinement les relations entre certains instruments
et les personnages auxquels Verdi les a associés.
L’Opéra de Paris, qui n’aura offert qu’une nouvelle
production d’un opéra de Verdi, avait porté son
dévolu sur une oeuvre de jeunesse, Attila, qui faisait
pour l’occasion son entrée au répertoire de la première salle de France. Inscrire en tête d’affiche deux
noms appartenant au monde du cinéma et de la
télévision, Jeanne Moreau et Josée Dayan, était le
moyen le plus sûr pour créer l’événement et focaliser l’attention des médias sur un opéra rare. Pareil
choix restera, espérons-le, une idée sans lendemain,
tant elle n’apparaît pas viable. L’ouvrage lui-même
n’est pas du plus grand Verdi, loin s’en faut, même si
le rôle-titre se voit attribuer quelques morceaux de
bravoure.
● Richard Strauss bouffe
La Femme silencieuse, un opéra-bouffe
méconnu de Strauss
Autre maître de l’opéra, cette fois du XXe siècle, Richard Strauss aura ouvert l’année 2001 en France
avec une production itinérante du trop rare chefd’oeuvre Ariane à Naxos, plus célèbre que présent
sur les scènes lyriques de France. Préparée l’été
précédent dans le cadre des activités de l’abbaye
de Royaumont, cette production d’Ariane trouvait
son originalité dans une distribution d’une singulière jeunesse, équilibrée et raffinée comme il sied
à cette oeuvre subtile et fine, hommage au monde
de l’opéra, au Siècle des lumières et au classicisme
que Strauss savait vénérer tout en restant original,
s’appuyant sur l’un des livrets les plus aboutis de
l’histoire de l’opéra, signé Hugo von Hofmannsthal.
Dans la troupe dirigée par Edmon Colomer, il faut
particulièrement saluer la féline Zerbinetta de Sine
Bundgaard, qui surmonte avec une déconcertante
agilité les vocalises éblouissantes de sa grande
aria, l’ardent compositeur de Jennifer Tani, la solide Ariane de Gweneth-Ann Jeffers, Patrick Bladek
campant un honnête Bacchus, rôle naturellement
impossible, comme tous les emplois de ténor chez
Strauss. Reste la mise en scène de Christian Schiaretti, qui place le prologue chez un riche homme
d’affaires de notre époque pour une représentation
de l’acte d’Ariane en costumes antiques, une mise
en scène qui ne gêne en rien la lisibilité de l’oeuvre
mais peu marquante.
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DOSSIERS ART ET CULTURE
289
Le théâtre du Châtelet proposait un opéra-bouffe
encore plus rare de Strauss, Die schweigsamme Frau
(la Femme silencieuse). C’est de l’Opéra de Dresde
que venait la production présentée au Châtelet.
Si Natalie Dessay est égale à elle-même, et si Sten
Byriel campe un honnête Morosus, c’est Dietrich
Henschel qui s’impose par une présence éblouissante. Le chef, Christoph von Dohnanyi, dirige
Strauss d’idiomatique façon, bref la grande classe.
Il faut dire que son orchestre, l’Orchestre Philharmonia, suscite une vraie fête sonore. Et, cerise sur
le gâteau, orgue et clavecin sur scène étaient tenus
par l’excellente Céline Frisch. Mise en scène ramassée au centre du plateau et décors – le tout signé
Marco Arturo Marelli – sont plutôt flatteurs, dans un
mouvement de spirale autour d’un escalier et s’inspirant justement de l’esprit commedia dell’arte. Un
spectacle d’environ trois heures que l’on déguste à
chaque instant.
● Création lyrique
Ariodante, de Haendel a fait son entrée à
Garnier
L’Opéra de Paris aura offert son lot de productions
nouvelles, ramifiant large, du baroque à la création
contemporaine. Du plus ancien au plus actuel, c’est
une fois encore un ouvrage de Haendel qui aura fait
son entrée au répertoire de Garnier. Créé au Covent
Garden de Londres en 1735, Ariodante est tiré de
l’Orlando furioso de l’Arioste. Plutôt convenu, le livret
inspire à Haendel une suite d’arias toutes plus développées les unes que les autres, riches en ornementations et vocalises de haute voltige, mettant à rude
épreuve la virtuosité de ses interprètes et leur talent
pour la comédie.
Si l’on se pâme volontiers devant tant de virtuosité, il faut dire que, comme dans tout excès, l’on
atteint rapidement l’overdose... Puis, soudain, le
miracle... De cela aussi, Haendel est coutumier !
Une aria sublime, bouleversante et novatrice, un
grand moment d’émerveillement. Éperdu de dou-
leur, Ariodante pleure sur lui douze minutes de
rang. Une écriture entre les nuances p et ppp –
mais sans doute Minkowski est-il pour beaucoup
dans l’adoption de ces nuances sublimeses –, une
orchestration simple et inventive, exaltant une fluidité ineffable, avec théorbes, clarinettes, bassons,
d’une expressivité proprement immatérielle. La
distribution réunie autour de Marc Minkowski et de
ses Musiciens du Louvre est exceptionnelle. Laura
Claycomb est une belle Ginevra aux aigus cristallins, Kristinn Sigmundsson un roi d’Ecosse dont la
voix profonde tire vers Gurnemanz, Kresimir Spicer,
dans le rôle trop épisodique de Lurcanio, s’impose
comme un ténor franc et solide. Patricia Petibon est
une Dalinda lumineuse, Silvia Tro Santafé possède
un beau grave, mais son Polinesso n’a pas tout à fait
le style idoine. Reste l’essentiel, Anne Sofie von Otter. Quel style ! Notes filées, pianissimi évanescents,
aigu opalescent exaltant une poignante émotion, le
tout remarquablement soutenu par Marc Minkowski. La mise en scène, quant à elle, s’est fait copieusement huer. Jorge Lavelli, dont la vieille production
du Faust de Gounod fait depuis un quart de siècle
les beaux soirs de l’Opéra de Paris, a accepté de
relever le défi posé par cette oeuvre fondée sur les
seules longues arias où rien ne se passe. Le metteur
en scène argentin se débrouille au mieux à remplir
les vides dramaturgiques.
À l’autre extrémité du répertoire, la création mondiale de K... de Philippe Manoury donnée à Bastille. Avec K..., le compositeur démontre une réelle
maîtrise du théâtre lyrique. L’expérience acquise à
l’aune des carences de son précédent opéra a permis au compositeur d’attribuer à la narration une
place privilégiée, le livret respectant le récit inachevé de Kafka, le Procès.
Mais que ceux qui cherchent à l’opéra avant tout le
chant passent leur chemin, car ici c’est le récitatif
continu, le parlé-chanté qui domine, au point que
le texte reste constamment compréhensible. En
revanche, réussite totale côté orchestre, ainsi que
du côté de l’informatique en temps réel de l’Ircam,
qui a proprement transcendé la froide acoustique
de Bastille. Ainsi, les deux entités musicales se complètent, s’enrichissent mutuellement, pour apporter
à la voix ce qui lui est refusé, les personnages étant
incapables de chanter, comme bloqués psychologiquement par leurs rôles respectifs dans la terrifiante
machination.
Autre rendez-vous d’importance fixé par l’Opéra de
Paris, cette fois à Garnier et en association avec le
Festival d’automne, la première française de la Petite
Fille aux allumettes de Helmut Lachenmann, artiste
visionnaire qui a su trouver sa voie avec autant de
lucidité que de témérité, ce qui l’a conduit à susciter
tout autant incompréhension et admiration. Ache-
vé en 1996, cet ouvrage a demandé huit ans de
travail à son auteur, qui envisage encore d’effectuer
quelques modifications, plus particulièrement dans
la scène qu’il reprend de Zwei Gefühle. L’écriture de
Lachenmann est d’une telle expressivité qu’elle se
fait image, dessinant le moindre contour du livret,
alors même que le compositeur n’utilise que des
instruments traditionnels, dont il dévoie le son.
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La mise en scène de Peter Mussbach, qui déroule
l’action dans la tête de la fillette, est en totale adéquation avec la musique à laquelle elle ajoute en
poésie. Exigeant une écoute hors norme, la partition saisit par sa puissance suggestive. Les deux
heures de spectacle donné en continu passent sans
que l’on ait pu prendre la mesure du temps, l’auditeur étant porté dans une nasse de musique, effectifs vocaux et orchestraux mêlés dans les moindres
recoins du théâtre.
Trois Soeurs de Peter Eötvös, un ouvrage
majeur du XXe siècle
L’Opéra de Paris aura offert son lot de productionsCette première année du siècle aura été fertile
en premières françaises d’oeuvres contemporaines,
puisque le Théâtre du Châtelet aura proposé deux
autres opéras importants de compositeurs vivants,
Trois Soeurs de Peter Eötvös et l’Amour de loin de Kaija
Saariaho. Créé à l’Opéra de Lyon, son commanditaire, le 13 mars 1998, Trois Soeurs a été reçu dès sa
première présentation comme l’un des ouvrages
majeurs du XXe siècle, l’ouvrage le plus significatif du
théâtre lyrique depuis Die Soldaten de Zimmermann.
Eötvös a tenté de retrouver l’esprit du madrigal, découpant son opéra en vingt-cinq numéros distribués
en trois séquences qui ne suivent pas la chronologie
de la pièce de Tchékhov mais reprennent la même
action abrégée vue à travers le regard de chacune
des soeurs. Malgré son grand raffinement, la partition
est immédiatement intelligible.
À cela s’ajoute une réelle connaissance de la voix et
du chant, exploités sur tous les registres expressifs,
Eötvös évitant de passer violemment d’un registre
à l’autre, suivant en cela la moindre inflexion de la
langue russe, qu’Eötvös a incroyablement su pénétrer alors qu’il s’agit pour ce Hongrois d’une langue
naturellement honnie. OEuvre sans concession, mais
trahissant un rapport au théâtre acquis au contact
des comédiens et des dramaturges, ne cessant de
ménager la surprise, Trois Soeurs est à la fois exigeant
et flatteur pour ses interprètes et pour le public.
Concentrée et délicate, la mise en scène du chorégraphe japonais Ushio Amagatsu évite le malaise
qu’aurait pu engendrer la prééminence des rôles travestis. Sur le modèle du théâtre japonais dont est issu
Amagatsu, les trois soeurs et Olga sont campées par
des contre-ténors. Le spectateur a ainsi un regard (et
une oreille) distancié et il ne peut qu’être ébloui par
cette beauté surnaturelle.
Toujours au Châtelet, la production venue du Festival de Salzbourg 2000 du premier opéra de Kaija
Saariaho, l’Amour de loin. S’inspirant de la vie de
Jaufré Rudel dont Armin Maalouf a tiré le livret, mis
en scène par Peter Sellars, ce spectacle permet à la
compositrice finlandaise d’exprimer pleinement son
art, très personnel, tout en puisant dans les musiques
du passé et traditionnelles, et en travaillant la symbolique de la symétrie, du cercle, le miroir.
● Nouveaux répertoires
Quantité de manifestations ont rendu
hommage à Xenakis
Parmi les autres rendez-vous lyriques, Peter Grimes
de Benjamin Britten. Composé en 1945 sur un livret
de Montagu Slater tiré d’un récit de George Crabbe,
le Bourg, Peter Grimes a pour pivot une société haineuse, obscurantiste, hypocrite qui accable et persécute un être élémentaire et brutal. Sous l’impulsion de Britten, Slater a fait du personnage dessiné
par Crabbe un marginal ambigu qui parvient à inspirer davantage la compassion que le rejet.
Camper Grimes exige de la part de son interprète
un engagement total, c’est pourquoi le rôle reste
marqué par son créateur, Peter Pears, et son exact
opposé, Jon Vickers. Ténor héroïque, Ben Heppner
se rapproche du second, et s’impose comme un
grand Grimes. Tant et si bien que l’on en oublie ses
limites vocales, l’aigu un rien serré. Face à lui, Susan Chilcott campe une touchante Ellen, Ian Caley
un capitaine de grande classe, Stéphanie Blythe
déploie avec aplomb son timbre de braise, et ses
nièces sont excellentes, particulièrement Marie Dellevereau. La scénographie place l’action dans une
Angleterre contemporaine polychrome, noyée sous
un fatras de poissons surgelés, de filets de pêche, de
tables à repasser et de tombes. Mais cette production a le mérite de ne pas trahir l’ouvrage et il n’y a
pas là matière à aviver les lazzis lancés par le public
le soir de la première.
Autre spectacle de l’Opéra-Bastille, la Damnation de
Faust de Berlioz. Plus que mise en scène, c’est un
véritable livre d’images que le spectacle de Robert
Lepage a proposé. Il faut dire que cette oeuvre qui
se situe entre l’opéra et la symphonie dramatique se
prête particulièrement à ce type de traitement. Assemblage hétéroclite de scènes lyriques, de ballets,
de grandes pages orchestrales, le tout concentré
sur trois personnages, les mises en scène réussies
de cet hybride sont denrée rare. Avec cette nouvelle
production créée voilà deux ans dans le cadre du
Saito Kinen Festival Matsumoto, l’Opéra de Paris
propose une vision qui tient à la fois du film et de
la bande dessinée, association qui sied particulièrement à la légende de Faust.
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Sur une scène divisée en cellules, il a recréé une
sorte d’imagerie animée, évoquant par les costumes tant la bourgeoisie du XIXe siècle que les
gravures de Delacroix, peintre à qui se réfère plus
particulièrement le personnage de Méphistophélès. Du côté musical, l’Orchestre de l’Opéra de Paris
est au sommet de sa forme, littéralement transfiguré
par la présence charismatique de Seiji Ozawa. Le chef
japonais regarde avec bonheur ses musiciens, caresse
leurs sonorités suaves du geste et du regard, dégagé
de toute contrainte de lecture d’une partition qu’il
dirige par coeur.
L’Opéra de Strasbourg a donné pour sa part la première scénique française d’un ouvrage majeur du
théâtre lyrique du XXe siècle, Die tote Stadt (la Ville
morte) d’Erich Wolfgang Korngold (1897-1957). Cette
partition n’est pas seulement le chef-d’oeuvre d’un
jeune prodige de vingt-trois ans, c’est aussi la synthèse
entre la conception colossale de l’orchestre héritée du
romantisme et des influences diverses d’où émerge
un style profondément mélodique. Au point que l’on
y relève l’empreinte de Mahler, Strauss ou Puccini,
mais aussi et surtout une griffe personnelle, une verve
mélodique foisonnante, une sensualité harmonique
hors du commun. Die tote Stadt est de ces opéras
injustement négligés, puisqu’il a tout pour séduire un
large public, un livret remarquable, une intrigue dramatiquement efficace, des personnages d’une rare
densité, une ligne de chant luxuriante, un orchestre
kaléidoscopique.
Quantité de manifestations du monde entier ont
rendu hommage à Iannis Xenakis, mort en février, plus
particulièrement les festivals de musique contemporaine, comme Présences de Radio France et Musica de
Strasbourg, qui a en outre vu la création d’un opéra
de Giorgio Battistelli, Impressions d’Afrique d’après
Raymond Roussel, qui n’aura pas tenu ses promesses.
Autre figure phare de la création contemporaine,
Pierre Boulez a témoigné d’une incroyable vivacité,
se produisant partout, à la tête des orchestres les
plus prestigieux, donnant autant les oeuvres de ses
confrères, particulièrement Bartók, mais aussi les
siennes, non sans les commenter devant un public
friand de découvertes, notamment à Fontainebleau
où, à l’invitation de ProQuartet, il a présenté la première exécution intégrale de son Livre pour quatuor
joué par le Quatuor Parisii, et dirigé pour la première
fois l’Orchestre philharmonique de Radio France.
ISAAC STERN (1920-2001)
Isaac Stern était l’un des artistes les plus engagés
de sa génération, tant dans la vie musicale que
dans la cité. Violoniste virtuose, qui aimait autant à
se produire en soliste qu’en musique de chambre,
avec des partenaires comme Pablo Casals, Eugene
Istomin et Leonard Rose, mais aussi Emmanuel Ax
et Yo-Yo Ma, il fut le premier artiste américain à se
produire en Chine et à y enseigner, ce qui lui assura
une renommée internationale. Extrêmement actif
dans la vie musicale, prenant notamment la responsabilité de la musique au Conseil national des
arts des États-Unis, il sauvera le fameux Carnegie
Hall de New York de la destruction et allait en présider la destinée jusqu’à sa mort, le 22 septembre.
Il venait de publier son autobiographie sous le titre
Mes 79 premières années. Il avait donné son premier
concert à onze ans, et créé quantité d’oeuvres nouvelles, notamment les concertos pour violon et orchestre de Krzysztof Penderecki, de Peter Maxwell
Davies et d’Henri Dutilleux.
NUIT D’ÉTÉ D’EXCEPTION
Parmi les événements majeurs de l’édition 2001
du Festival de La Roque-d’Anthéron, l’intégrale
des Années de pèlerinage de Franz Liszt donnée en
une seule soirée par Nicholas Angelich. À 31 ans, le
pianiste américain forgé à l’école française du piano
est la coqueluche des amateurs de piano, attirant
les foules à la seule évocation de son nom. C’est à la
demande expresse de René Martin que ce musicien
surdoué s’est lancé dans cette folle équipée, tant
par la succession de pièces toutes plus complexes
les unes que les autres, sur le plan technique, l’endurance physique que par la diversité des climats.
Si bien qu’il semblerait que jamais pareil marathon
n’ait été donné au concert par un seul pianiste. Son
jeu d’une solidité inouïe, son sens exceptionnel de
la nuance et de la couleur ont suscité une attention
impressionnante, jusque dans les commentaires
opportuns de la nature, les grenouilles ponctuant
Au lac de Wallenstadt, le carillon les Cloches de Genève,
la pluie les Jeux d’eau de la villa d’Este et Sunt lacrymae...
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L’actualité internationale n «y aura rien fait.
Elle n’aura pas rejailli sur l’humeur des spectateurs. Même au plus fort de la crise afghane,
alors que la hantise des attentats gagnait
nombre de pays occidentaux, le public français
n’a pas bronché.
Théâtre 2001, une
année de transition
DIDIER MÉREUZE
Plan Vigipirate ou non, le public a continué
à se rendre dans les théâtres, toujours aussi nombreux. Si quelques salles ont subi
durant les mois de septembre et d’octobre
une baisse de fréquentation, cela tient essentiellement au fait que les radios et les télévisions, occupées par les frappes américaines sur l’Afghanistan,
ont renoncé à nombre de reportages culturels, privant du même coup les créations de toute publicité.
● Les affiches du privé
Cinq molières pour Une bête sur La lune,
mise en scène par Irina Brook
Cela n’a pas empêché les théâtres privés de poursuivre leur politique de tête d’affiche, de Philippe
Noiret reprenant l’Homme du hasard de Yasmina
Reza à l’Atelier, à Pierre Arditi dans Joyeuses Pâques
aux Nouveautés, en passant pas Michel Aumont qui
a révélé avec le Grand Retour de Boris S. un nouvel
auteur, Serge Kribus, au théâtre de l’OEuvre. Présent
dès l’automne au Théâtre de Paris, Michel Leeb, flanqué de Caroline Tresca, a triomphé en travesti dans
Madame Doubtfire, adaptation du célèbre film américain de Chris Colombus avec Robin William. À la
même époque, au Théâtre Édouard VII, Michel Piccoli exhumait la Jalousie, une comédie oubliée de
Sacha Guitry. Juste auparavant, à l’Atelier, Romane
Bohringer était l’interprète de la Ménagerie de verre.
Cette oeuvre, parmi les plus fortes de l’Américain
Tennessee Williams, était mise en scène par Irina
Brook – la fille du metteur en scène Peter Brook,
révélée par sa mise en scène d’Une bête sur la Lune,
qui a remporté cinq molières au mois de mai. Au
Marigny, c’est Francis Huster que l’on a pu applaudir
dans Crimes et Châtiments, mis en scène par Robert
Hossein, tandis que dans la petite salle du même
théâtre, Roger Hanin créait Une femme trop parfaite
de... Roger Hanin.
● Le Festival d’Avignon en vitrine
Une magistrale Mort de Danton par
Thomas Ostermeier
Cependant, la plus belle affiche aura été proposée dans le secteur « subventionné » avec Bérénice
au Théâtre national de Chaillot : la mise en scène
était signée Lambert Wilson. Présent lui-même
sur le plateau dans un premier temps dans le rôle
d’Antochius (confié par la suite à Robin Renucci),
celui-ci était entouré de la star anglaise Kristin Scott
Thomas (Bérénice) et de Didier Sandre (Titus). Les
costumes étaient de Christian Lacroix. De quoi
créer un événement chic, à défaut d’être choc
– hormis l’idée bizarre de transposer la tragédie
de Racine dans l’Italie mussolinienne, l’audace n’a
jamais dépassé le stade de la sage convention. Lors
de la création du spectacle, deux mois plus tôt, la
cohue pour y assister avait été extrême : c’était au
cloître des Carmes, pendant le Festival d’Avignon.
Intrigante au premier abord, l’invitation de cette
production très « grand public » dans le cadre du
plus prestigieux des festivals de théâtre n’était pas
si incongrue : elle correspond à révolution d’une
manifestation qui s’est transformée au fil des temps
en simple vitrine de la production courante.
La place trop furtive faite aux « jeunes » compagnies
présentes le temps de trop peu de représentations
dans de trop petites salles pour être suffisamment
vues par le public et marquer durablement le festival n’a fait que renforcer ce sentiment – de même
que la multiplication des invitations faites à trop de
spectacles, déjà créés et montrés à travers toute la
France, venus achever leur existence sous le ciel
avignonnais – notamment Bérénice mis en scène
par Frédéric Fisbach, Combat de nègres et de chiens
de Bernard-Marie Koltès par Jacques Nichet, le Pays
lointain de Jean-Luc Lagarce par François Rancillac.
Ouvert par une mise en scène très fine (mais manquant quelque peu de chair) de l’École des femmes,
par Didier Bezace, avec Pierre Arditi et Agnès Sourdillon, le festival n’en a pas moins des moments
heureux : dans la cour du lycée Saint-Joseph, Bernard Sobel a revu et corrigé Ubu d’Alfred Jarry sur les
notes explosives de l’Internationale avec le Centre
dramatique national de Gennevilliers et un Denis
Lavant très « sale gosse » dans le rôle-titre ; sous la
nef de l’église des Célestins, les plasticiens-performers-auteurs-acteurs-metteurs en scène Odile Darbelley et Michel Jacquelin ont proposé Un lièvre qui
a des ailes est aussi un animal – délicieux triptyque
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placé sous
au gymnase
s’est fait
temps avec
le signe de l’incongru et de Duchamp ;
du lycée Saint-Joseph, Serge Maggiani
l’interprète délicat de Je poussais donc le
l’épaule – adaptation délicate de Proust
par Charles Tordjman, directeur du Centre dramatique national de Nancy ; au Théâtre municipal,
Vincent Colin et le Centre dramatique national de
la Réunion ont repeint aux couleurs dansantes de
l’océan Indien et de la Namibie les Mariés de la tour
Eiffel de Cocteau. Enfin, et surtout, on applaudit la
magistrale Mort de Danton proposée par l’Allemand
Thomas Ostermeier, jeune directeur à tout juste
trente ans de la célèbre troupe de la Schaubühne.
Écrit dans les années 1830, ce drame historique
raconte les derniers jours du combat entre Danton
et Robespierre. Éclairé à la lumière des années 2000
et d’une Allemagne encore sous le choc de la chute
des régimes socialistes et du mur de Berlin, il s’est
montré d’une acuité terrible dans un monde sans
repères, renvoyant dos à dos le « Tribun du peuple »
et l’« Incorruptible ».
Cependant, cela n’aura pas suffi à faire d’Avignon un
« grand » festival. Outre le fait qu’Ostermeier n’est
plus une découverte (il avait déjà été invité lors de
précédentes éditions), il y a manqué ce « plus », ces
instants de magie pure qui font dire plus tard « j’y
étais ». Semblable en cela à l’ensemble de la saison
théâtrale en France, Avignon, cette année, a trop
joué la carte du consensus et de l’académisme de
bon aloi pour rester dans les annales.
● Au bonheur du « off »
Un Malade imaginaire hors norme présenté
par Philippe Adrien
Cela explique-t-il ceci ? La vraie surprise est arrivée du festival « off » – c’est-à-dire en dehors de la
programmation officielle –, avec Philippe Adrien.
Metteur en scène discret, féru de Kafka et de psychanalyse, ce dernier est venu présenter au Grenier
à sel un Malade imaginaire hors norme, interprété
par une distribution composée en grande partie
d’acteurs aux handicaps tous différents – aveugles,
muets, malentendants, gens de petite taille ou
géants. Le spectacle aurait pu se réduire à un exercice de style – comment créer un spectacle avec
des handicapés. Sous la gouverne de Philippe
Adrien, il s’est révélé d’une justesse parfaite. Chacun
des comédiens s’y est montré étonnamment à sa
place, donnant du fait même de son handicap un
relief inédit à son personnage, tout en ouvrant des
portes jusque-là ignorées – Bruno Netter tout le premier. Aveugle, il interprétait le « malade », en écho
à la réplique d’un de ses proches : « Vous voyez les
choses avec d’étranges yeux. » Ce Malade imaginaire
a été repris au mois de septembre à la Cartoucherie
de Vincennes, au Théâtre de l’Aquarium. Au même
moment, Philippe Adrien présentait deux autres
mises en scène à Paris : le Roi Lear, toujours à la Cartoucherie de Vincennes, au Théâtre de l’Aquarium
(dont Philippe Adrien est le directeur) ; Monsieur
de Pourceaugnac, au Vieux-Colombier (la seconde
salle de la Comédie-Française). De la tragédie de
Shakespeare à la farce de Molière, en passant par le
Malade imaginaire, une même ligne se traçait : celle
d’un théâtre qui dépasse les apparences, explore
les zones d’ombre, se perd – et se retrouve – dans
l’inconscient, entre rêve et cauchemar, angoisse
métaphysique ou surréaliste et rire libérateur.
● L’automne en festival
Autre festival incontournable, le Festival d’automne
à Paris s’est ouvert en fanfare, au mois de septembre, avec un spectacle aussi inattendu qu’inclassable : les Entretiens avec Jean-Paul Sartre, août-septembre 1974, de Simone de Beauvoir. Adapté, joué
et mis en scène par Sami Frey, il a été présenté en
douze soirées, correspondant chacune à une partie du texte découpé et proposé à la manière d’un
feuilleton. Là encore, ce qui aurait pu n’être qu’un
exercice de style s’est révélé une suite éblouissante
d’intelligence, Sami Frey donnant toute leur vie aux
mots et aux idées par la seule vertu de sa voix et
de sa présence. Pour le reste, la manifestation s’est
caractérisée par une programmation composée de
petites formes, présentées surtout au Théâtre de la
Cité internationale – Bloods Links de et par William
Yang, La Festa et Bar de Spiro Scimone, Mil quinientos metros de Federico Léon. Paradoxalement, à l’exception notable de la reprise du sidérant Giulio Caesare de Romeo Castellucci et de la Societas Raffaelli
di Sanzio, le festival n’aura guère proposé de grande
production internationale. C’est sans son appui que
le Théâtre national de l’Odéon a accueilli le Woyzeck
très attendu de Robert Wilson.
● À l’Est, quoi de nouveau ?
De même, on n’y aura vu aucun spectacle en provenance des anciens pays de l’Est, pourtant très présente cette année en France, de Rennes à Nancy,
en passant par Avignon qui les accueillait dans le
cadre de son programme THEOREM. À côté du Lituanien Oskaras Korsunovas, metteur en scène de
Visage de feu, une pièce de l’Allemand Marius von
Mayenburg sur l’implosion de la société (au grand
cri de « famille, je vous hais ! »), on a pu y découvrir
le Polonais Krystof Warlikovski, avec un Hamlet très
psychanalytique, et le Hongrois Laszlo Hudi, avec
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
294
1 003 Coeurs ou les Fragments d’un catalogue de Dom
Juan aux Pénitents Blancs, et surtout Arpad Shilling,
jeune Turc de la scène de 27 ans, qui a créé le scan-
dale avec Neext. Parodie d’un reality-show en direct,
avec arrestation du serial killer en direct et participation du public installé dans la salle de théâtre
comme dans un studio de télévision, ce spectacle
aux images violentes projetées sur écran vidéo
en a choqué plus d’un. C’est ce même Neext qui a
été l’invité de la MC 83 de Bobigny, ainsi que deux
autres mises en scène de Arpad Schilling – Woyzeck
et Fanatiques avec une adaptation des Sorcières de
Salem d’Arthur Miller.
● Théâtre de recherche en France
On est loin d’un théâtre de recherche, dont le représentant le plus radical en France est Claude Régy.
On l’a vu avec sa création de Mélancholia, du Norvégien Jon Fosse, au Théâtre national de la Colline.
Dans la suite de sa mise en scène de Quelqu’un
va venir au Théâtre des Amandiers de Nanterre, la
saison précédente, le metteur en scène a signé un
spectacle fidèle à une épure minimaliste qui, refusant tout effet qui puisse détourner du texte l’attention du spectateur, tente de faire entendre non
seulement les mots mais ce qui se « dit » entre les
phrases, entre les « blancs ». C’est ce même effort
que l’on a retrouvé avec Stanislas Nordey, proposant
Violences de Didier-Georges Gabily au Théâtre national de la Colline. Cette « monstruosité » de cinq
heures de spectacle, à voir en deux soirées ou à la
suite, était constituée de deux parties. La première
se présentait comme une « tragédie rurale » (Corps
et tentations) aux allures d’enquête sur un fait divers
– un homme assassiné et un bébé disparu dans une
famille aux trois filles recluse sur des secrets inavoués au coeur d’une province perdue ; la seconde,
comme une « comédie urbaine » sur les traces des
trois filles venues à Paris en attente de rencontres
et d’amour avant le grand départ pour l’Amérique.
Stanislas Nordey a signé là une mise en scène d’une
force d’autant plus oppressante qu’elle n’a jamais
illustré le texte, mais en a donné à voir comme à
entendre l’extraordinaire force brute et poétique
uniquement par un jeu de signes et d’images prégnantes portées par le souffle de comédiennes
exemplaires : Valérie Lang, Véronique Nordey, Sarah
Chaumette. On peut ranger dans le même ordre le
metteur en scène Alain Françon, créant au Théâtre
national de la Colline le Crime du XXe siècle de l’AngloSaxon Edward Bond.
● Les surprises de la saison
Un délire surréaliste pour le Fil à la patte de
Feydeau
Tout aussi exigeantes, mais plus évidentes pour
le public, deux créations ont particulièrement
rythmé la saison du Théâtre national de l’Odéon.
La première est le Fil à la patte de Feydeau, mis en
scène par Georges Lavaudant. Respectant scrupuleusement les règles du vaudeville, celui-ci les a fait
imploser jusqu’à la folie et au délire surréaliste dans
le bonheur d’une distribution explosive, dominée
par un Patrick Pineau – comédien qui s’est montré
aussi le metteur en scène plein d’invention dans la
petite salle de l’Odéon d’un texte de Serge Valetti –
Monsieur Armand, dit Garrincha. La seconde création
est Léonce et Lena de Büchner, présenté par André
Engel. En perpétuel équilibre sur le fil de l’enfance
et de la – fausse – innocence, le directeur du Centre
dramatique national de Savoie a signé un spectacle
rare, à la fois doux et amer, heureux et désespéré,
porté par une distribution à la complicité hors pair
– Isabelle Carré, Jérôme Kircher, Patrick Elmosnino,
Évelyne Didi. La scénographie imaginée par Nicky
Rieti y a été aussi pour beaucoup, ne livrant le décor
que par morceaux à l’oeil du spectateur, au travers
de rectangles qui s’ouvrent et se ferment à l’instar
des diaphragmes d’appareils photographiques.
D’autres créations ont marqué le cours de l’année,
qu’il serait injuste d’oublier, tels le Cercle de craie
caucasien de Brecht, mis en fête et en images par
Benno Besson au Théâtre national de la Colline, ou
Feydeau-Terminus selon Didier Bezace, au Théâtre
de la Commune d’Aubervilliers, avec Anouck Grinberg ; tels les Bonnes de Jean Genet revisitées par
Alfredo Arias à l’Athénée, ou les Travaux et les Jours
de Michel Vinaver, mis en vie dans une suite de
frémissements bouleversants par Marie Lazarini à
l’Artistic-Athévains, à Paris ; tels l’Otage et l’Échange
de Claudel. La première a été mise en scène au
printemps au Théâtre de Gennevilliers par Bernard
Sobel – qui doit la reprendre en 2002, en alternance avec le Pain dur ; la seconde a été présentée
à l’automne par Jean-Pierre Vincent au Théâtre des
Amandiers de Nanterre. Il s’agissait d’un spectacle
d’adieu puisque Vincent a quitté ses fonctions de
directeur de théâtre le 31 décembre, remplacé par
Jean-Louis Martinelli, ex-directeur du Théâtre national de Strasbourg.
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DOSSIERS ART ET CULTURE
295
● Nouvelle donne pour nouveaux
nommés à la tête des institutions
Marcel Bozonnet à la tête de
la Comédie-Française
Ce départ pourrait ne relever que de l’anecdote. Il
s’inscrit pleinement, de fait, dans un mouvement
qui risque fort, bientôt, de transformer le paysage
théâtral : celui des nominations de nouvelles personnalités à la tête des centres dramatiques et des
théâtres nationaux. Par un hasard de calendrier, ils
auront été particulièrement nombreux à changer
cette année. C’est ainsi que Roger Planchon, figure
historique de la décentralisation et directeur depuis
trente ans du TNP à Villeurbanne, a passé la main
à Christian Schiaretti – ancien directeur de la Comédie de Reims, qui a, lui-même laissé sa place à
Emmanuel Demarcy-Mota –, « jeune » metteur en
scène remarqué de Pirandello, avec Six Personnages
en quête d’auteur au Théâtre de la Ville, à Paris. Metteur en scène très subtil de Genet avec les Paravents,
Alain Ollivier a quitté le Studio-Théâtre de Vitry pour
reprendre le Centre dramatique national de SaintDenis. Cofondateur du Théâtre de l’Aquarium dans
les années 1970, Jean-Louis Benoît, tout auréolé du
travail accompli sur place et de ses dernières mises
en scène à la Comédie-Française – dont un Bourgeois gentilhomme avec Michel Robin –, est parti à
Marseille prendre possession du Théâtre national de
la Criée. Mais la nomination la plus lourde de sens
est sans aucun doute celle de Marcel Bozonnet à
la tête de la Comédie-Française. Première scène de
France tant du fait de son prestige que de son budget, celle-ci peut redevenir ce qu’elle avait fini par
ne plus être : le coeur même du théâtre français.
MOLIÈRES 2001
– Meilleure comédienne : Corinne Jaber, dans
Une bête sur la Lune
– Meilleur comédien : Simon Abkarian dans Une
bête sur la Lune
– Meilleure comédienne dans un second rôle :
Annick Alane dans Une chatte sur un toit brûlant
– Meilleur comédien dans un second rôle :
Georges Wilson dans Une chatte sur un toit brûlant
– Révélation féminine : Barbara Schukz dans
Joyeuses Pâques
– Révélation masculine : Édouard Baer dans Cravate Club
– Meilleur one-man-show : Valérie Lemercier
– Meilleure pièce musicale : Chantons sous la pluie
– Meilleure pièce comique : Ladies Night
– Meilleure pièce du répertoire : Une bête sur la
Lune
– Meilleure pièce de création : les Directeurs
– Meilleur metteur en scène : Irina Brook pour Une
bête sur la Lune
– Meilleur adaptateur : Daniel Loazya pour Une
bête sur la Lune
– Meilleur auteur : Daniel Besse pour les Directeurs
– Meilleur décorateur : Ezio Toffolutti pour le
Cercle de craie caucasien
– Meilleurs costumes : Ezio Toffolutti pour le Cercle
de craie caucasien
– Meilleures lumières : André Diot pour le Cercle
de craie caucasien
– Molière d’honneur : Gabriel Monnet et Madeleine Robinson
PALMARÈS DU SYNDICAT DE LA CRITIQUE
– Grand prix : le Cercle de craie caucasien de Brecht,
mis en scène par Benno Besson
– Prix Georges Lherminier (meilleur spectacle
créé en province) : la trilogie Tchékhov avec Ivanov, la Mouette et Cercle de famille pour trois soeurs,
mis en scène par Éric Lacascade au Centre dramatique national de Normandie
– Meilleure création d’une pièce en langue française : le Grand Retour de Boris S. de Serge Kribus,
mis en scène par Marcel Blüwal
– Meilleur spectacle étranger : Mnemonic du Britannique Mc Burney
– Meilleure comédienne : Françoise Gillard dans
Le mal court d’Audiberti, mis en scène par Andrej
Seweryn avec la Comédie-Française
– Meilleur comédien : Éric Elmosnino dans Monsieur Armand dit Garrincha de Serge Valetti, mis en
scène par Patrick Pineau au Théâtre national de
l’Odéon
– Meilleur créateur d’élément scénique : Romeo
Castellucci, metteur en scène et scénographe de
Genesi, avec la Societas Raffaello Sanzio
– Meilleur compositeur de musique de scène :
Éric Le Lann pour 54 × 13 de Jean-Bernard Pouy,
mis en scène et interprété par Jacques Bonnaffé
– Révélation de l’année : Thierry de Peretti, metteur en scène de Retour au désert de Koltès, au
Théâtre de la Bastille
– Meilleur livre sur le théâtre :
de Jean-Luc Lagarce, aux Éditions
intempestifs
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297
Sports
et
Résultats
OEuvres complètes
Les Solitaires
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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UNE SAISON D’ÉMOTION
C’est un destin tragique. Une histoire à faire
pleurer. Une trajectoire émouvante comme
seul, peut-être, le sport sait en générer. Sacrée championne du monde de Super-G en février
2001, Régine Cavagnoud avait enthousiasmé les
amateurs de ski alpin par son courage, sa ténacité, son inébranlable volonté pourtant longtemps
contrariée par de vilaines blessures. Neuf mois plus
tard, sa mort, sur la piste d’entraînement d’un glacier autrichien, a bouleversé la France entière.
Des héros, l’année écoulée en a pourtant confirmé,
ou révélé, à foison. Et dans ce palmarès, la France
s’est taillé une jolie part : tout en haut du tableau
d’honneur tricolore, les « Mousquetaires » méritent
une mention pour avoir offert l’une des plus belles
émotions de l’année. Autres Petits Poucets, victorieux par surprise des ogres australiens, les rugbymans de Bernard Laporte ont montré un visage
séduisant. Victorieux de tous ses test-matchs contre
les nations de l’hémisphère Sud – All Blacks, Wallabies, Fidji –, le XV de France nouvelle génération
a fait oublier les errements de son prédécesseur,
classé avant-dernier du tournoi des Six-Nations.
Enfin, et en l’absence de compétition internationale
de football, ce sont les handballeurs qui, une nouvelle fois, ont fait triompher les couleurs françaises
dans les sports collectifs. Six ans après leur premier
titre, les héritiers des « Barjots » ont réédité l’exploit,
arrachant un second titre mondial. En attendant la
Coupe du monde 2002, où la France tentera de devenir la première nation à conserver son titre depuis
le Brésil en 1962, le football n’a pas fait de pause.
Symbole de cette inflation, les sommes investies
dans le foot n’ont jamais été aussi indécentes, qu’il
s’agisse de droits tête – 168 millions d’euros payés
par TF1 pour acheter le droit de retransmettre la
Coupe du monde – ou de transferts – 75 millions
d’euros déboursés par le Real Madrid pour acquérir
Zinedine Zidane. À la lutte avec le Real, la Juventus de Turin et Manchester United pour décrocher
le titre prestigieux de plus riche club du monde,
le Bayern de Munich l’a au moins emporté sur le
terrain. S’il est une discipline où la suprématie ne
fut pas discutée, c’est bien la formule 1. Sans rival,
Michael Schumacher a triomphé au Championnat
du monde pour la quatrième fois, la deuxième au
volant d’une Ferrari. Intouchable également, Lance
Armstrong. Dans les cols et les contre-la-montre,
l’Américain a confirmé sa suprématie, dominant un
Jan Ullrich en grande forme pour remporter sa troisième victoire consécutive dans le Tour de France.
Les athlètes Marion Jones et Maurice Greene, champions du monde de sprint à Edmonton, le nageur
Ian Thorpe, sacré à Fukuoka, le golfeur Tiger Woods,
victorieux du Masters, voilà également des valeurs
sûres. Tout comme l’Autrichien Hermann Mater, lauréat de sa troisième Coupe du monde de ski alpin
avant de terminer sa carrière dans un fossé, jambe
brisée dans un accident de moto. Maier, héros de
tout un peuple fanatique de ski, a échappé de justesse à l’amputation.
ATHLÉTISME
Deux ans après des Mondiaux sévillans entachés
par des scandales majeurs liés au dopage (Merlene Ottey, Linford Christie, Javier Sotomayor), les
Championnats du monde d’Edmonton auraient dû
se dérouler dans une atmosphère plus sereine. La
régularité des contrôles, l’exemplarité des sanctions,
la prise de conscience de la gravité du mal par les
instances internationales semblaient en effet avoir
contribué à faire reculer le spectre du fléau.
Las, la victoire d’Olga Yegorova, accueillie à l’arrivée du 5 000 m par un concert de sifflets de la part
du public canadien, a remis le dopage au coeur de
l’actualité : contrôlée positive à l’EPO lors d’un meeting parisien, la coureuse de fond russe avait bénéficié d’un vice de forme dans la conduite du test
et a été autorisée par la fédération internationale
à s’aligner à Edmonton. Un scandale pour nombre
d’athlètes qui menacèrent longtemps de boycotter
les épreuves canadiennes. Un camouflet également
pour les hérauts de la lutte antidopage, démotivés par tant de laxisme. Au total, près de 25 athlètes ont été contrôlés positifs en 2001, la plupart
aux stéroïdes anabolisants. Parmi les grands noms
convaincus d’avoir utilisé des substances prohibées,
le sprinteur trinidadien Ato Boldon (éphédrine) et
le coureur de demi-fond algérien Ali Saïdi-Sief (anabolisants, nandrolone). Sur le papier, pourtant, la
saison 2001 a connu un retour à la raison. Malgré
les fanfaronnades de plusieurs ténors de l’athlétisme, aucun record majeur n’est tombé, excepté
celui du décathlon, porté à plus de 9 000 points par
le Tchèque Roman Sebrle. Les Américains Maurice
Greene et Marion Jones, sur 100 m, ont échoue
dans leur course contre le chrono, tout comme le
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SPORTS ET RÉSULTATS
299
Marocain Hicham El Guerrouj, en quête du record
du mile.
La chute de Jones
Toujours à l’affût des temps « prodigieux » de Florence Griffith-Joyner établis il y a plus de dix ans,
Marion Jones a en partie raté sa sortie au Canada et
provoqué, par sa défaite sur 100 m, la grosse sensation des Championnats du monde. Immense favorite, l’Américaine a pèche par excès de confiance. En
finale du 100 m, pénalisée par un de ces départs calamiteux dont elle est coutumière, Jones a été battue à la régulière par l’Ukrainienne Zhanna Pintusevich, qui signait ainsi la fin d’une série de 54 courses
sans défaite de Jones depuis 1997 sur 100 m. Celle
dont l’ambition déclarée est de devenir tout simplement « la plus grande athlète de tous les temps »
s’est tout de même rachetée en remportant les
titres du 200 m et du relais 4 × 100 m, portant son
total de médailles mondiales à sept, dont cinq d’or.
Autre favori défait par surprise, l’Éthiopien Haile
Gebreselassie n’est pas parvenu à conquérir un cinquième titre mondial sur 10 000 m, à l’inverse de
l’Allemand Lars Riedel qui a repris le titre du disque
remporté sans interruption entre 1991 et 1997. Très
attendu, Maurice Greene n’a pas failli. Pour la troisième fois consécutive, il a décroché l’or du 100 m,
mais s’est abstenu de s’aligner sur d’autres épreuves
en raison d’une blessure. Auteur d’un triplé mondial, Hicham El Guerrouj a lui annoncé son intention d’abandonner le 1 500 m pour le 5 000 m. On
souhaite au Marocain, ultra-dominateur sur le demi-fond ces dernières années, de connaître enfin le
succès olympique sur sa nouvelle distance, lui qui
avait échoué contre toute attente à Atlanta en 1996
puis à Sydney en 2000.
Le duel américano-russe
Venue à Edmonton sans nombre de ses stars (le perchiste Tarasov, la sprinteuse Privalova ou la coureuse
de demi-fond Masterkova), la Russie a fait plus que
de la figuration et remporté le même nombre de
médailles que les athlètes américains (19 dont 6 en
or, contre 19 et 9 en or pour les États-Unis).
Face aux deux géants, talonnés de près par les
Kenyans, rois du fond, de petits pays ont fait leur
apparition au palmarès de l’athlétisme. La République dominicaine, le Sénégal, le Cameroun ou
Haïti ont fêté leurs premières médailles mondiales ;
Cuba, emmenée par le quadruple champion du
monde de la longueur Ivan Pedroso, confirme son
rang de grand, de même que l’Allemagne, leader de
l’Europe occidentale. Trahie par ses trois champions
du monde (Marie-José Pérec, disparue corps et âme
après sa fuite de Sydney, Stéphane Diagana, blessé,
et Eunice Barber, auteur d’une contre-performance
à l’heptathlon), la France est rentrée bredouille de
titre mondial pour la première fois depuis 1993.
AUTOMOBILE
Schumacher, quatrième
Impérial, l’Allemand Michael Schumacher, vainqueur de neuf courses sur dix-sept, n’a pas attendu
la fin d’une année de F1 dénuée de suspense pour
couronner sa saison. Dès le Grand Prix de Hongrie,
mi-août, à quatre longueurs de la fin du championnat, la messe était dite. Sur le circuit du Hungaroring, le pilote de Ferrari a en effet réussi un triple
coup : empocher un deuxième titre mondial avec
la firme italienne, offrir le titre des constructeurs
à la Scuderia, et égaler le record de victoires en
Grand Prix jusqu’alors détenu par le Français Alain
Prost (51). Quinze jours plus tard, en l’emportant à
Spa-Francorchamps, « Schumi » dépassait définitivement « le Professeur » avant de porter le record
à 53, à la fin de la saison. Un bilan complété par
le record de points inscrits en Grand Prix (801). Et
pour terminer en beauté, Schumacher, désormais
quadruple champion du monde (deux titres avec
Benetton, deux avec Ferrari), bouclait la boucle de
la victoire en finissant la saison au Japon comme il
l’avait ouverte en Australie : par un succès.
Lent à faire triompher les bolides rouges de Ferrari
lors de son arrivée dans la Scuderia, Schumacher
semble désormais porté par une dynamique du
succès. Et la retraite, annoncée comme provisoire,
du Finlandais Mika Hakkinen, double champion du
monde sur McLaren-Mercedes, devrait lui faciliter
les choses dans les saisons à venir. Mais face à la
nouvelle génération, Schumacher pourrait également être menacé. Ralf, le jeune frère de Michael,
a prouvé en 2001, grâce à trois victoires en Grand
Prix, qu’il serait l’un de ses plus sérieux rivaux, tout
comme son coéquipier Juan Pablo Montoya, servi
lui aussi par des Williams en net progrès.
Le Britannique David Coulthard, dauphin de Schumacher au classement du Championnat du monde,
devrait également jouer les premiers rôles.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
300
Jean Alesi
Le Français Jean Alesi a lui aussi tiré les leçons du
rajeunissement des cadres de la F1. À 37 ans, l’Avignonnais a pris sa retraite sur un bilan modeste :
une victoire en Grand Prix, au Canada en 1995, au
volant d’une Ferrari. Alors qu’Alesi tirait sa révérence,
un autre Français était sur le point de quitter la F1,
mais, lui, contraint et forcé. Alain Prost n’a en effet
pas réussi sa reconversion. Son écurie, en panne de
succès malgré les soutiens financiers, a dû déposer
son bilan.
Burns, enfin
En rallye, l’Anglais Richard Burns sur Subaru s’est imposé à l’issue d’une saison encore une fois indécise,
lors de la dernière course du programme, le rallye
de Grande-Bretagne. C’est le premier titre de Burns,
deuxième en 1999 et 2000. Il devance in extremis
son compatriote Colin McRae et le Finlandais Tommi Makinen, quadruple champion du monde, tous
deux encore en lice pour le titre avant la dernière
manche.
Peugeot
Peugeot, six fois victorieux lors des rallyes de la saison, a de nouveau décroché le titre des constructeurs et réunira au volant de la 206, dès l’exercice
2002, Burns et Marcus Grönholm, champion du
monde 2000 et quatrième en 2001.
BASKET
La Yougoslavie, évidemment
Troisième lors de l’Euro 99 en France, sixième seulement aux jeux Olympiques de Sydney, la Yougoslavie, pays phare du basket continental, a en toute
logique remporté le huitième titre européen de son
histoire, le troisième déjà depuis l’éclatement du
pays au début des années 1990. L’équipe de Predrag
Stojakovic, meilleur joueur du tournoi, a fait montre
durant toute l’épreuve d’une supériorité dans tous
les domaines du jeu.
Une surprenante Turquie en finale
Transcendés par le soutien de leur public, les Turcs
ont réalisé le meilleur résultat de leur histoire dans
une grande compétition et décroché leur billet
pour le Mondial 2002.
La France déçoit
Battue en match de classement par la Russie, la
France, vice-championne olympique, a quant à elle
déçu en terminant seulement sixième, ratant ainsi
sa qualification pour les Championnats du monde.
L’Italie (tenante du titre) et la Lituanie, deux autres
grands du basket, ont également manqué leur rendez-vous, ne parvenant pas à passer les barrages.
La France confirme
Chez les dames, les Françaises, à domicile, ont
dominé l’élite du basket européen, et notamment
la Russie en finale. Ce titre est le premier sacre
européen du basket tricolore. C’est également le
premier titre pour une équipe féminine française,
tous sports confondus. Après le succès des filles
de Bourges, championnes d’Europe des clubs, les
Françaises confirment leur suprématie sur le basket
continental.
Les Lakers impériaux
Dans le championnat américain, les Los Angeles
Lakers ont remporté un deuxième titre consécutif
à l’issue d’une saison qu’ils ont vidée de tout suspense. Les partenaires de Shaquille O’Neal et Kobe
Bryant ont en effet failli terminer les play-offs invaincus, ne perdant qu’une seule rencontre aux prolongations et établissant un nouveau record de 23 victoires en 24 matches.
Irréprochable, O’Neal a conservé le titre de meilleur
joueur de la finale déjà remporté l’année précédente. Grâce à ce nouveau sacre, l’entraîneur Phil
Jackson présente désormais un bilan époustouflant
avec huit titres en onze saisons, dont six précédemment conquis avec les Chicago Bulls de Michael
Jordan.
Bourges, troisième
Sur le front des Coupes d’Europe enfin, le Maccabi Tel-Aviv a pris sa revanche sur le Panathinaïkos
Athènes qui l’avait battu en finale en 2000. Cette
fois, ce sont les Israéliens qui ont pris le dessus sur
les Grecs en finale de l’Euroligue. Chez les dames,
Bourges a remporté un troisième titre continental
après ceux décrochés en 1997 et 1998.
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SPORTS ET RÉSULTATS
301
BOXE
Lewis tombe et se venge
Magistral depuis 1999, le Britannique Lennox Lewis
semblait devoir traverser l’année 2001 comme les
précédentes, c’est-à-dire sans encombre. À 36 ans,
le champion du monde des lourds comptait sur un
dernier combat face à Mike Tyson, avant de prendre
sa retraite. Mais le maître de la catégorie reine s’est
fait surprendre par une droite, relançant sa carrière
de manière imprévue. En avril, en effet, il est tombé devant l’Américain Hasim Rahman, par K.O. à la
5e reprise. Un adversaire inférieur sur le papier, mais
que Lewis lui-même avouait n’avoir pas assez pris
au sérieux. Après de longues négociations, le Britannique a obtenu une revanche : sept mois après avoir
été humilié à Johannesburg, Lennox Lewis s’est ven-
gé à Las Vegas, battant Rahman par K.O. à la 4e reprise. Un succès qui porte à 39 son total de victoires,
dont 30 avant la limite, pour deux défaites. À peine
ses titres IBF et WBC reconquis, Lewis s’est intéressé
à son futur adversaire potentiel, Mike Tyson, qu’il
souhaite rencontrer au printemps 2002. Mais Tyson,
victorieux de ses combats de mise en jambes, souhaite se donner du temps avant de remonter sur le
ring pour un Championnat du monde. À suivre...
Autre favori défait, le Portoricain Felix Trinidad,
28 ans, invaincu chez les welters et super-welters,
a échoué dans sa quête d’un titre unifié dans la catégorie des moyens, battu par l’Américain Bernard
Hopkins.
CYCLISME
Le Tour du rachat ?
À peine arrivée sur les Champs-Élysées, le 29 juillet, la caravane du Tour de France 2001 se félicitait
bruyamment : le dopage, plaie du sport en général, du cyclisme en particulier, aurait reculé. Ce Tour
aurait été celui du rachat ! Et, pour se convaincre
de cette guérison attendue depuis une édition
1998 de sinistre mémoire, les optimistes avançaient
des chiffres : un seul engagé (l’Espagnol Txema
del Olmo) contrôlé positif à l’EPO en 21 jours de
course ! Un bilan ridicule comparé à celui des éditions passées. Mais, s’il a été épargné par les scandales majeurs – révélés – et les descentes de police,
trois ans après « l’affaire Festina », le Tour de France
n’a pourtant pas échappé aux rumeurs après l’annonce de la collaboration passée de son vainqueur,
l’Américain Lance Armstrong, avec le Dr Ferrari, vrai
« Dr Mabuse » de la préparation physique. Et les
chiffres répondent aux chiffres : ce Tour, au cours
duquel on a volontiers stigmatisé les masques de
douleur affichés par certains coureurs comme
preuve du recul du dopage, aura été le deuxième
plus rapide de l’histoire. En l’emportant avec une
moyenne de 40,070 km/h, Armstrong n’a certes pas
battu son record de 1999 (40,276 km/h), mais a fait
mieux que Pantani, vainqueur en 1998, l’année de
tous les excès. La faillite du cyclisme italien a également interpellé les observateurs. Un mois après un
Giro gâché par les scandales et terminé en queue
de poisson dans des arrière-salles de commissariat,
les coureurs transalpins, souvent montrés du doigt
dans les affaires de dopage, ont en effet vécu un
naufrage collectif dans la Grande Boucle : aucune
victoire d’étape et un seul représentant parmi les
quinze premiers du classement général (Stefano
Garzelli, 14e).
Armstrong est grand
Une fois exprimés les bémols – désormais d’usage
dès qu’il s’agit d’exploits cyclistes –, il convient de
rendre hommage au vainqueur de l’épreuve phare
de ce sport. Lance Armstrong s’est une nouvelle fois
montré impérial sur les routes du Tour, résistant aux
assauts incessants du très combatif Allemand Jan
Ullrich pour s’adjuger un troisième succès consécutif. Derrière l’intouchable Texan, Ullrich, deuxième,
et l’Espagnol Joseba Beloki, troisième, complètent
un podium identique à celui de l’an 2000.
À 29 ans, Armstrong le miraculé, condamné par un
cancer en 1996, l’a emporté avec panache, signant
quatre victoires d’étapes – deux contre-la-montre
et deux étapes de montagne –, portant son total
à onze sur l’ensemble des ses participations. Une
magnifique démonstration pour celui que l’on avait
qualifié, en 1999, de « vainqueur de circonstance »,
lors d’un Tour privé de ses vedettes.
Autre exploit à souligner, celui de l’Allemand Erik
Zabel. Le sprinter, coéquipier de Jan Ullrich, a remporté trois étapes (onze sur l’ensemble de sa carrière) et s’est offert pour la sixième fois consécutive (un record !) le maillot vert du classement aux
points. Contre toute attente, le maillot à pois de
meilleur grimpeur, longtemps propriété de Richard
Virenque, est revenu à un autre Français, Laurent
Jalabert.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
302
L’ancien numéro un mondial, vainqueur à Verdun
et à Colmar, a dévoilé dans les cols des talents
jusqu’alors méconnus, au point de remporter en
prime le classement de la combativité.
La réussite de Freire
La saison 2001 l’a encore prouvé : il y a les coureurs
du Tour de France et les autres... Hormis quelques
polyvalents comme l’Allemand Erik Zabel, spécialiste d’une classique comme Milan-San Remo
et deuxième du classement général de la Coupe
du monde, ils sont rares les coureurs capables de
combattre sur plusieurs fronts durant des mois. Et
si Lance Armstrong a remporté le Tour de Suisse,
en juin, c’était bien pour se mettre en jambes avant
d’aborder les vingt étapes de son épreuve favorite.
Parmi les hommes de la saison on retiendra deux
noms : le très régulier Néerlandais Erik Dekker, lauréat de la Coupe du monde après son succès dans
l’Amstel Gold Race et ses places d’honneur dans la
classique de Hambourg et le Tour des Flandres, mais
également Oscar Freire. L’Espagnol de 25 ans, déjà
sacré champion du monde sur route à la surprise
générale en 1999, troisième en 2000, s’est à nou-
veau imposé en 2001 sur le parcours exigeant de
Lisbonne. Ces Championnats du monde ont consacré d’autres grands noms. Jan Ullrich, vice-champion olympique de la discipline, s’est imposé dans
le contre-la-montre tandis que l’inoxydable Jeannie Longo, 43 ans, a encore frappé. La Grenobloise
a ajouté un treizième titre mondial à sa collection
déjà riche. Championne du monde du contre-lamontre, elle a en outre décroché une trentième
médaille – Mondiaux et jeux Olympiques confondus – en obtenant le bronze sur route.
La piste reste française
La retraite postolympique de la multi médaillée
Félicia Ballanger n’y a rien changé : le cyclisme sur
piste reste l’apanage des Tricolores même si les
dames sont désormais plus en retrait. L’équipe de
France a en effet réalisé une razzia lors des Championnats du monde d’Anvers, réussissant un triplé
inédit en vitesse individuelle – trois Français sur le
podium – avant d’enlever logiquement le titre par
équipes. L’imbattable Arnaud Tournant, roi du kilomètre, s’est vengé de sa déception olympique en
s’offrant trois titres, deux en individuel et un par
équipes. Quelques jours plus tard. Tournant inscrivait une nouvelle ligne à son formidable palmarès
en pulvérisant son propre record du kilomètre sur
le vélodrome de La Paz, en Bolivie. En 58 secondes
875 centièmes, il devenait le premier homme à courir 1 000 m en moins d’une minute.
ÉQUITATION
Les Allemands restent au sommet
Les cavaliers allemands ont encore brillé lors des
Championnats d’Europe. Ludger Beerbaum a ajouté
une médaille d’or à son opulent palmarès en remportant le titre individuel au saut d’obstacles sur
sa jument Gladdy’s. Ce titre est le dixième du quadruple champion olympique dans une compétition
internationale. Absente en raison de la blessure de
son cheval « Cook du Midour », la tenante du titre
Alexandra Ledermann n’a pu défendre les couleurs
françaises lors de cette compétition. Un peu plus
tard dans l’été, les cavaliers d’outre-Rhin ont encore
dominé les épreuves de dressage. Par équipes, ils
ont conquis un 19 titre consécutif avant qu’Ulla
Salzgeber, sur Rusty, ne s’empare du titre individuel.
Seul le concours complet a échappé à la domination allemande. Grâce notamment à Pippa Funnell,
médaille d’or en individuel sur Suprême Rock, la
Grande-Bretagne a également conservé son titre
par équipes.
ESCRIME
En l’absence des tireurs chinois (retenus
par des compétitions nationales !)
L’Europe a largement dominé les Championnats du
monde d’escrime, à Nîmes. Première de la Coupe
des nations avec ses 10 podiums – un record pour
les Tricolores –, la France est devancée par la Russie
et l’Italie au tableau des médailles. Avec seulement
deux titres – le sabre dames pour Anne-Lise Touya
et le fleuret masculin par équipes –, les Français sont
en effet surclassés par les Russes et les Italiens qui
ont chacun décroché quatre fois l’or. Star de ces
Mondiaux, l’Italienne Valentina Vezzali, déjà double
championne olympique à Sydney, a encore une fois
fait coup double à Nîmes en triomphant en individuel et par équipes. À l’inverse, la Française Laura
Flessel-Colovic, qui tentait un retour après avoir
donné naissance à une petite fille, a dû se contenter de la deuxième place à l’épée. Au milieu de ce
triomphe, l’Allemagne et la Hongrie, nations européennes de tradition, ont fait pâle figure. À l’inverse,
la Suisse a séduit en remportant trois médailles.
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SPORTS ET RÉSULTATS
303
Quoi qu’il en soit, la mondialisation de l’escrime,
nécessaire pour assurer la survie olympique de ce
sport, n’a pas enregistré de grands progrès.
FOOTBALL
L’exemple nantais
Modèle en matière de formation, équipe basée sur
le collectif plus que sur de brillantes individualités,
le FC Nantes a récolté les fruits d’une politique de
longue haleine en remportant, en 2001, le huitième
titre de son histoire. Sacrés champions de France
lors de l’avant-dernière journée, les Canaris se sont
imposés à l’issue d’une saison marquée par la faillite
de certaines grosses pointures telles que Monaco,
large vainqueur en 2000, ou encore le Paris-SaintGermain, club où l’amalgame de vedettes, spectaculaire sur le papier, n’a pas payé sur le terrain.
Symbole de la politique nantaise et révélation de
la saison, Marama Vahirua est un pur produit du
centre de formation. Sur les 27 joueurs de l’équipe
championne de France, 22 étaient issus de l’une
des pépinières les plus réputées d’Europe. Certains avaient joué, au début de la saison, moins de
15 matchs de D1. À côté de ces bizuts, le gardien et
capitaine Mickaël Landreau, malgré ses 22 ans, était
l’un des plus expérimentés avec près de 160 matchs
en première division.
Avec 21 victoires et 68 points, le FC Nantes a de-
vancé Lyon qui avait entamé la saison avec de gros
objectifs et un attaquant vedette, Sonny Anderson,
finalement sacré meilleur buteur. Surprenant troisième, Lille a devancé Bordeaux lors de la dernière
journée pour décrocher une place en Ligue des
champions.
Le Bayern enfin
Sur le front européen, fidèles à ce qui est devenu
une mauvaise habitude, les clubs français n’ont pas
brillé. Lyon, unique qualifié en deuxième phase de
la Ligue des champions, n’a été éliminé qu’au goalaverage. Maigre consolation : les équipes italiennes,
longtemps considérées comme les meilleures d’Europe, ont également sombré. Sur les huit équipes
présentes en quarts de finale, trois étaient anglaises,
trois espagnoles, une allemande et une turque.
Finaliste malheureux en 1999, alors battu dans les
arrêts de jeu par Manchester United après avoir
mené toute la rencontre, le Bayern de Munich a
pris une éclatante revanche en remportant la plus
prestigieuse des Coupes d’Europe. D’abord vainqueurs de Manchester, lors d’une revanche disputée dès les quarts de finale, les Allemands ont
ensuite sorti le Real Madrid, tenant du titre, avant de
venir péniblement à bout du FC Valence en finale,
après les tirs au but. Un dernier match sans panache
donc, mais une victoire finalement méritée pour le
Bayern, déjà trois fois lauréat de la Coupe des clubs
champions, en 1974, 1975 et 1976. De son côté,
Liverpool a réussi un triplé en or en remportant la
Coupe de la Ligue, la Coupe d’Angleterre et celle de
l’UEFA. Victorieux 5 à 4 du CD Alaves à l’issue d’une
finale débridée, les Reds de Gérard Houillier se sont
octroyé leur troisième coupe de l’UEFA, et leur premier titre continental depuis le drame du Heysel, en
1985. Vainqueur de la Ligue des champions en 1998
et 2000, le Real a échoué à conserver son titre. Le
club madrilène a en revanche réussi à débaucher
de la Juventus de Turin l’un des joueurs les plus
convoités au monde : le Français Zinedine Zidane
a été transféré dans le club espagnol pour environ
75 millions d’euros.
Répétition générale
Une saison avant la Coupe du monde 2002, les
Français, tenants du titre, ont enchaîné les matchs
de préparation, sans autre enjeu que celui de tester leurs forces et leur potentiel à quelques mois du
rendez-vous nippo-coréen. Qualifiés d’office pour la
compétition qui doit s’ouvrir le 31 mai, les hommes
de Roger Lemerre ont beaucoup voyagé pour ces
rencontres amicales, provoquant souvent la colère
des clubs obligés de se passer de leurs internationaux lors de plusieurs matchs importants. Sur le terrain, les Bleus ont perdu leur invincibilité. Battus en
Espagne 2 à 1 en mars, ils sont également tombés
face au Chili sur le même score, avant de concéder
le match nul aux Australiens.
D’autres grosses pointures ont peiné tout au long
de cette année. Le Brésil, d’abord, a tremblé jusqu’au
bout, arrachant péniblement sa qualification lors de
l’ultime journée, face au Venezuela. L’Allemagne
s’est également fait des frayeurs, en se qualifiant
à l’issue de barrages, tout comme la Belgique. En
revanche, les Pays-Bas sont restés au tapis lors des
éliminatoires, et deux autres pays européens en
vue lors des dernières compétitions internationales,
Roumanie et République tchèque, n’ont pas non
plus réussi à décrocher leur billet pour le Mondial.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
304
GOLF
Woods encore
Habitué des records et des premières, Tiger Woods
a encore marqué les esprits en 2001.Révélé en 1997
par sa victoire dans le Masters, auteur d’une saison
2000 formidable où il réussit la passe de trois – British Open/US Open/USPGA –, le jeune Américain de
25 ans est devenu le premier joueur de l’histoire à
gagner d’affilée les quatre tournois du grand chelem grâce à sa nouvelle victoire dans le Masters,
en avril 2001.Beau joueur, David Duval, dauphin
de Woods dans le Masters, a estimé que la performance était l’« un des plus grands exploits sportifs
de tous les temps ».
En demi-teinte après son succès dans le premier
des quatre grands tournois de golf de l’année, Tiger
Woods a ensuite laissé la vedette à ses rivaux et
notamment à Duval, vainqueur du British Open, son
premier grand chelem. À l’US puis au British Open,
le « Tigre » a en effet dû se contenter de modestes
12e et 25e places. Des contre-performances qui
n’ont pourtant pas suffi à lui ôter le statut de meilleur joueur du monde.
Prévue à l’automne, la confrontation des Américains
avec les meilleurs golfeurs européens a été annulée
en raison des attentats aux États-Unis. La Ryder Cup
qui devait être disputée en Grande-Bretagne a été
reportée à l’automne 2002.
GYMNASTIQUE
La Russie bredouille
Pour la première fois depuis la participation en 1952
de l’Union soviétique aux compétitions internationales de gymnastique, les gymnastes masculins
russes sont rentrés bredouilles d’un grand événement. Les bonnes performances de leurs compatriotes féminines, lauréates de sept médailles,
n’ont pas réussi à renverser la tendance : avec huit
récompenses au total, c’est la Roumanie qui a pris
la première place au tableau des médailles. Si les
Russes n’ont pas brillé, les ressortissants des anciennes républiques soviétiques ont, eux, tiré leur
épingle du jeu. Le titre par équipes est revenu à la
Biélorussie emmenée par l’inoxydable Ivan Ivankov,
deuxième du concours général qu’il avait déjà remporté en 1994 et 1997. Vainqueur de cette épreuve,
le Chinois Feng Jing est devenu, à 16 ans et demi, le
plus jeune gymnaste à remporter ce titre. De sept
ans son aînée, la Russe Svetlana Khorkina a, elle,
battu le record inverse en remportant le concours
général puis le saut et les barres asymétriques. En
dehors des invites traditionnelles, les Championnats du monde de Gand ont récompensé quelques
pays plus exotiques tels la Grèce, le Brésil, Cuba et
les Pays-Bas, symboles de l’internationalisation de la
gymnastique.
HANDBALL
L’adieu en or de Costantini
Pour sa dernière sortie, l’entraîneur historique de
l’équipe de France a réussi son pari. Six ans après avoir
décroché leur premier titre mondial, les Bleus sont à
nouveau devenus champions du monde, devant leur
public cette fois. En finale, ils ont dominé la Suède,
double tenante du titre (28 à 25), notamment grâce à
une deuxième prolongation pleine de maîtrise.
Ce titre est une consécration pour une nouvelle génération de joueurs emmenés par Bertrand Gille mais
encore dirigés par l’ancien meneur de jeu des « Barjots », Jackson Richardson, déjà champion du monde
en 1995. C’est également l’apogée de la carrière d’un
entraîneur, Daniel Costantini, qui a tout vécu avec une
équipe qu’il a sortie du groupe B au tout début des
années 1990.
En France, Chambéry, dauphin de Montpellier la saison précédente, a pris la première place du Championnat devant le tenant du titre.
HOKEY SUR GLACE
Les Tchèques trop forts
Invaincus et invincibles, les hockeyeurs tchèques ont
remporté en Allemagne leur cinquième titre mondial
en autant de finales disputées depuis 1985, et leur neuvième au total. Un trophée qui vient s’ajouter au titre
olympique ramené de Nagano en 1998. S’appuyant sur
neuf joueurs évoluant dans le championnat nord-américain, dont le fabuleux gardien Milan Hnilicka, la République tchèque a fait triompher une tactique collective
et donnée de sérieux complexes à ses adversaires à un
an des jeux Olympiques de Salt Lake City.
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SPORTS ET RÉSULTATS
305
JUDO
Tamura dans l’histoire
La Japonaise Ryoko Tamura est entrée dans l’histoire du judo en décrochant un cinquième titre
mondial consécutif, un exploit inédit aussi bien
chez les hommes que chez les femmes. Déjà sacrée championne olympique dans la catégorie des
moins de 48 kg à Sydney, la jeune femme de 26 ans
a contribué à sauver l’honneur de son pays qui est
reparti de Munich avec seulement quatre médailles
d’or, contre huit lors des précédents Championnats
du monde, en 1999.
Shinishi Shinohara
À l’inverse de sa compatriote, le double champion
du monde Shinishi Shinohara a en effet échoué à
conserver sa suprématie chez les lourds. C’est le
Russe Alexandre Mikhaylin, médaillé d’or en plus de
100 kg et toutes catégories, qui à 21 ans à peine s’est
affirmé comme la nouvelle star des lourds. Grâce à
ces titres et à celui de Vitali Makarov en moins de
73 kg, la Russie a pris la deuxième place au tableau
des médailles, derrière le Japon et devant la France.
Chez les Tricolores
Céline Lebrun, troisième en moins de 78 kg, a réussi
un véritable exploit en décrochant le titre toutes
catégories, battant au passage des athlètes pesant
parfois 40 kg de plus qu’elle. En moins de 90 kg,
Frédéric Demontfaucon complète le tableau d’honneur français.
Enfin, preuve de la mondialisation du judo, le Tunisien Anis Lounifi, en moins de 60 kg, est devenu le
premier Africain à remporter un titre mondial. Le
premier titre iranien est revenu à Arash Miresmaeili
(moins de 66 kg) et la première médaille d’or nordcoréenne a été décrochée par Kye Sun-hui (moins
de 52 kg).
MOTO
Triomphe italien
Rossi, Biaggi, Capirossi, le podium final de la catégorie reine du Championnat du monde de vitesse
moto 2001 consacre la suprématie de l’Italie dans
cette discipline. Dauphin de l’Américain Kenny
Roberts en 2000, Valentino Rossi, sur Honda, s’est
adjugé le titre mondial avec panache, grâce à
11 victoires dans la saison qui lui permettent d’égaler son légendaire compatriote Giacomo Agostini.
Seul l’Australien Michael Doohan avait fait mieux en
remportant douze courses en 1997.
Onze victoires, c’est également le total du Japonais
Daijiro Katoh sur Honda en 250 cm 3. Une performance qui en fait l’unique recordman de la catégorie intermédiaire. Les performances du Japonais
sont d’ailleurs impressionnantes : lauréat de 17 victoires en 36 Grand Prix, il est monté sur le podium
dans plus de 70 % des courses disputées, gagnant
ainsi le droit de concourir dès 2002 dans la catégorie reine.
Si les titres des 500 et 250 cm 3 étaient joués bien
avant l’ultime Grand Prix de la saison, au Brésil, celui
des 125 est resté indécis jusqu’à la fin. C’est finalement le pilote de San Marin Manuel Poggiali qui
s’est imposé sur Gilera.
NATATION
Le sacre de Thorpe
« Décevant » chez lui, lors des jeux Olympiques
de Sydney en septembre 2000 – il avait remporté
trois médailles d’or, dont deux en relais, alors que
l’on attendait une razzia historique –, l’Australien Ian
Thorpe a pris une revanche éclatante dix mois plus
tard fors des Championnats du monde de Fukuoka.
Le jeune homme d’à peine 18 ans a empoché six
titres mondiaux et amélioré quatre records du
monde, dont trois individuels (200 m libre, 400 m
libre et 800 m libre). Thorpe signe ainsi un bilan inédit lors de Championnats du monde, malgré une
décevante quatrième place dans le 100 m. Avant lui,
seuls les Américains Jim Montgomery et Tracy Caulkins avaient remporté cinq succès fors des Mondiaux de 1973 et 1978. Mark Spitz avait fait mieux
en décrochant sept titres, mais c’était lors de jeux
Olympiques, en 1972.
Déception pour Van den Hoogenband
Face à la « Torpille », le double champion olympique néerlandais (100 et 200 m) Pieter Van den
Hoogenband a déçu. Après avoir éteint les espoirs
de Thorpe à Sydney, « VdH » a craqué, échouant à
conquérir le premier titre mondial de sa carrière. Sur
50 et 100 m nage libre, ses distances fétiches, il a
dû s’incliner devant l’Américain Anthony Ervin. Ce
dernier est devenu le nouveau maître du sprint en
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
306
l’absence du Russe Alexandre Popov, roi incontesté
de la décennie des années 90, qui avait dû déclarer
forfait en raison d’un virus.
Les États-Unis malmenés
Grâce à ses deux titres inattendus, Ervin a sauvé
l’honneur d’une natation américaine malmenée.
Pour la première fois de l’histoire, les États-Unis
n’ont en effet remporté aucun des six relais et ont
été battus par l’Australie au nombre de médailles
d’or (13 contre 9), même s’ils terminent en tête au
bilan général des médailles. Outre Thorpe, roi de la
natation australienne, Grant Hackett a porté haut les
couleurs de l’État-continent en battant de manière
magistrale le record du monde du 1 500 m détenu
depuis 1994 par son compatriote Kieren Perkins.
Chez les dames
La Néerlandaise Inge De Bruijn, déjà impériale à
Sydney où elle avait conquis trois titres, a réussi un
nouveau triplé (50 et 100 m libres, 50 m papillon)
pour entrer définitivement dans l’histoire de sa
discipline.
PATINAGE
L’année des putschs
Le Russe Evgeni Plushenko, 18 ans, a renversé le
« tsar » Alexeï Yagoudine, 21 ans, triple champion du
monde, pour devenir à son tour le meilleur patineur
du moment. De même, en danse, les Italiens Barbara Fusar-Poli et Maurizio Margaglio ont détrôné
les tenants du titre, les Français Marina Anissina et
Gwendal Peizerat. Comme avant eux les Duchesnay,
Anissina-Peizerat ont été victimes du désamour de
juges qui leur reprochent souvent de pécher par
excès d’originalité.
L’exception Michelle Kwan
Seule athlète à conserver son titre mondial, l’Américaine Michelle Kwan a ajouté une quatrième
couronne à sa collection après celles conquises en
1996, 1998 et 2000.
La Russie
Avec une seule médaille d’or, la Russie a encore enregistré un léger recul dans un sport dont l’intérêt
est désormais de s’internationaliser afin de regagner
en crédibilité.
RUGBY
L’Angleterre trébuche
Entamé au mois de février, le deuxième Tournoi des
Six-Nations de l’histoire s’est achevé le... 20 octobre.
En raison de l’épizootie de fièvre aphteuse qui a
sévi en Grande-Bretagne à la fin de l’hiver, nombre
de matchs ont en effet dû être reportés pour éviter toute contamination. Ouvert sur les larges victoires de l’Angleterre au pays de Galles (44-15) et
de l’Irlande en Italie (41-22), le Tournoi s’est achevé
par la rencontre entre les deux équipes les plus en
verve durant la première partie de l’épreuve. À Dublin, l’Angleterre, qui rêvait de devenir la première
équipe à réaliser le grand chelem dans un tournoi
à six nations, s’est cassé les dents sur le pack irlandais au moment décisif. Battu 20 à 14 lors de cette
« finale », le XV de la rose, impérial durant l’hiver, a
vu s’envoler ses illusions pour la troisième année
consécutive. En 1999 puis en 2000, les Anglais
avaient déjà laissé échapper le grand chelem lors
du dernier match. Cette défaite n’a pourtant pas
empêché l’Angleterre de remporter le tournoi à la
faveur de la différence de points, mais a déchaîné
un véritable déluge de critiques dans le pays à l’encontre d’une équipe spécialiste de ce genre de faux
pas dans les moments importants.
La France aux deux visages
L’équipe de France a été l’une des déceptions majeures de ce tournoi. Battus trois fois en cinq rencontres, les Tricolores ont surtout encaissé une défaite
historique contre l’Angleterre (48 à 19). Mais, comme
souvent, l’équipe de France s’est reprise à l’automne,
à l’occasion de la tournée en Europe des équipes vedettes de l’hémisphère Sud. Contre toute attente, les
Bleus de l’entraîneur Bernard Laporte, qui alignait une
équipe régénérée, presque entièrement composée
de joueurs inexpérimentés au plus haut niveau, ont
battu les meilleurs rugbymen du monde. Au Stade
de France d’abord, les Français ont pris une éclatante
revanche sur les Sud-Africains qui les avaient invités et
dominés en juin en l’emportant 20 à 10. Une semaine
plus tard, à Marseille, ils rééditaient l’exploit en surclassant 14 à 13 l’Australie, championne du monde et
victorieuse des Tri-Nations, avant de punir les îles Fidji
par un score de 77 à 10, et douze essais. Un nouveau
record de points français en match international.
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SPORTS ET RÉSULTATS
307
Sur le plan national, le Stade toulousain a remporté
son seizième titre de champion de France. Finaliste
malheureux, Montferrand, toujours vierge de titre, a
pour sa part cédé pour la septième fois depuis 1936
lors du match décisif.
SKI
Cavagnoud, l’apothéose et le drame
Sept ans après la mort en course de l’Autrichienne
Ulrike Maier, le monde du ski a à nouveau été endeuillé : Victime d’un terrible choc avec le coach
d’une équipe allemande tors d’un entraînement, fin
octobre, la Française Régine Cavagnoud est décédée 48 heures plus tard à l’hôpital d’Innsbruck. À
31 ans, la Savoyarde incarnait paradoxalement le
renouveau du ski français. Longtemps handicapée
par des blessures, elle avait été, après trois saisons
de rêve, couronnée, en février 2001 par un titre
mondial en Super-G.
Hermann Maier forfait pour les JO
Un peu plus tôt dans la saison, c’est une autre star
qui avait quitté, de manière moins tragique, le
« cirque blanc ». L’Autrichien Hermann Maier s’est en
effet grièvement blessé dans un accident de moto.
Victime d’une triple fracture ouverte de la jambe au
mois d’août, l’Autrichien de 28 ans a perdu toute
chance de défendre ses titres aux JO de Salt Lake
City et, peut-être, d’étoffer encore un palmarès
impressionnant. Il laissera un grand vide tors de la
saison olympique.
Car sur les pistes, c’est bien Maier qui avait entretenu la chronique tout l’hiver. Grâce notamment à
son troisième succès au classement général de la
Coupe du monde, mais également en raison de
ses très médiatiques apparitions lors des Mondiaux
qu’il disputait à domicile. À Sanhat Anton, devant
un public qui exigeait de lui le meilleur, « Herminator » a perdu ses titres de descente et de Super-G,
remportant « seulement » dans ces deux épreuves
les médailles de bronze et d’argent.
Chez les dames, la nouvelle venue croate Janica
Kostelic a tenu la vedette tout l’hiver. Pure slalomeuse, elle a réussi l’exploit de remporter le classement général de la Coupe du monde grâce à ses
victoires en série dans une seule discipline.
TENNIS
Une année bigarrée
Agassi en Australe, Kuerten à Paris, Ivanisevic à Wimbledon et Hewitt à New York… les quatre tournois
du Grand Chelem sont revenus en 2001 à quatre
joueurs différents. Les stars du tennis ont en effet
eu du mal à conserver un niveau régulier tout au
long d’une saison chargée. Nouveau roi du classement ATP, l’Australien Lleyton Hewitt s’est offert
une fin d’année en fanfare, gâchée cependant par
sa défaite en finale de la Coupe Davis. Grâce notamment à ses victoires à l’US Open et au Masters,
Hewitt, vainqueur de 79 matchs sur 96 disputés en
2001, est devenu à 20 ans tout juste le plus jeune
joueur à terminer l’année au premier rang mondial
depuis Jimmy Connors en 1974. Des joueurs moins
attendus ont profité des faiblesses passagères des
valeurs sûres du tennis pour enrichir leur palmarès. Ainsi, le Croate Goran Ivanisevic s’est offert la
première victoire de sa carrière dans un tournoi
majeur en s’imposant en finale de Wimbledon aux
dépens de l’Australien Patrick Rafter. De même, le
Russe Evgueni Kafelnikov a enchaîné une belle série
de victoires à l’automne, et le très régulier Français
Sébastien Grosjean a profité de sa victoire à Bercy
pour terminer l’année au 6e rang mondial.
Hingis en panne
Chez les dames, l’année s’est avérée également très
ouverte. Deux Américaines ont confisqué les titres en
Grand Chelem : Jennifer Capriati, victorieuse à l’Open
d’Australie et à Roland-Garros, et Venus Williams, lauréate de Wimbledon et de l’US Open. Et c’est une
troisième, Lindsay Davenport, qui a conquis le titre
convoité de no 1 mondiale en fin d’année grâce à une
série de succès en salle, en fin de saison.
Un rang qui, de l’avis de nombreux observateurs,
aurait dû revenir à Venus Williams si cette dernière
avait disputé plus de tournois. Grande perdante de
l’année, Martina Hingis a été détrônée du rang de
no 1 mondiale qu’elle occupait, avec des interruptions, depuis 1997. Blessée, Hingis a dû renoncer à
défendre son classement au Masters, et la Suissesse,
qui n’a plus remporté un tournoi du Grand Chelem
depuis janvier 1999, aura fort à faire en 2002 pour retrouver son poste, tant la concurrence semble rude.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
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Coupe Davis : l’exploit français
Outsiders de la finale de la Coupe Davis disputée
à Melbourne, chez leurs adversaires australiens, les
tennismen français ont réalisé un véritable exploit.
Grâce en partie à Nicolas Escudé, vainqueur de ses
deux matchs de simple – notamment celui arraché
au no 1 mondial Lleyton Hewitt –, grâce à la performance de la paire Pioline-Santoro en double, la
France a remporté la neuvième Coupe Davis de son
histoire, la troisième en dix ans après les victoires
de Lyon en 1991 et Malmö en 1996. Une belle revanche à la finale concédée à l’Australie, à Nice, en
1999, et une magnifique victoire sur la nation phare
de cette épreuve, 26 fois victorieuse, et qui jouait
là devant un public tout acquis à sa cause. Surtout,
les Français se sont imposés après avoir disputé (et
donc) remporté toutes leurs rencontres à l’étranger.
Homme clef du dispositif du capitaine Guy Forget,
Escudé a remporté les huit matchs qu’il a disputés
en Coupe Davis, démontrant un esprit d’équipe
exemplaire.
TENNIS DE TABLE
Les Chinois en maîtres
Sept titres sur sept : les Chinois ont réalisé un véritable sans faute lors des Mondiaux d’Osaka, six mois
après le carton plein des JO de Sydney. Star de la délégation chinoise, le no 1 mondial Wang Liqin, 22 ans,
a confirmé qu’il était bien le meilleur pongiste actuel.
Champion olympique du double, Wang Liqin a remporté trois titres à Osaka : le simple, le double et celui
par équipes. Surtout, Wang Liqin a réussi l’exploit de
dominer en finale son compatriote Kong Linghui,
champion olympique en titre. Ce grand chelem est
le troisième de la Chine après ceux réussis en 1981 à
Novi Sad et en 1995 à Tianjin. Outre tous les titres, les
pongistes chinois ont remporté 16 des 28 médailles
attribuées, soit plus de la moitié. Deuxième nation, la
Corée du Sud doit se contenter de quatre médailles.
VOILE
Record pour Desjoyeaux
À cheval sur 2000 et 2001, deux courses se sont partagé la vedette. Le Vendée Globe, tour du monde en
solitaire sans assistance ni escale, véritable institution
de la voile, a vite pris le pas sur The Race, nouveau
défi démesuré imaginé par Bruno Peyron, handicapé
dès le départ par le faible nombre (six) de participants. Vainqueur de la quatrième édition du Vendée Globe aux Sables-d’Olonne, Michel Desjoyeaux
est devenu le premier marin à boucler l’épreuve en
moins de 100 jours, effectuant son tour du monde
en 93 jours, 3 heures, 57 minutes et 32 secondes, et
battant l’ancien record (plus de 105 jours) de Christophe Auguin. Desjoyeaux s’est fait voler la vedette
par la Britannique Ellen Mac Arthur, arrivée à peine
une journée après lui. Âgée de 24 ans, la navigatrice
n’a cessé d’entretenir jusqu’au bout le suspense.
Grant Dalton, triomphal
Trois semaines après l’arrivée du Vendée Globe, le
Néo-Zélandais entrait triomphalement dans le port
de Marseille après avoir pulvérisé le record du tour
du monde – en équipages – avec 62 jours, 6 heures,
56 minutes et 33 secondes, soit 9 jours de moins que
l’équipage d’Olivier de Kersauzon. Vainqueur de The
Race, le Club Med de Dalton, voilier le plus rapide
du monde, a surtout permis de franchir un cap en
matière de technologie.
VOLLEY
Premières pour Paris Volley
Le meilleur club de France a effectué en 2001 un
parcours exceptionnel. Champion de France pour
la deuxième année consécutive, le Paris Volley est
également devenu le premier club français à remporter un titre européen en battant Trévise, en finale
de la Ligue des champions. Entre novembre 2000 et
mai 2001, le club de la capitale a ainsi réussi un quadruplé historique. Au Championnat et à la Ligue des
champions, les Parisiens ont ajouté la Super Coupe
d’Europe et la Coupe de France.
Championnats d’Europe des nations
Les Yougoslaves, rois des sports collectifs et champions olympiques de la discipline, ont détrôné les
Italiens pour ajouter un nouveau titre à leur palmarès. Chez les dames, la Russie a remporté l’Euro pour
la troisième fois consécutive.
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SPORTS ET RÉSULTATS
309
ATHLÉTISME
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Edmonton, Canada, 3-12 août)
MESSIEURS
100 m
1. M. Greene (É-U) 9″ 82
2. T. Montgomery (É-U)
3. B. Williams (É-U)
200 m
1. K. Kenteris (Grèce) 20″ 04
2. C. Williams (Jam.)
3. S. Crawford (É-U)
K. Collins (Saint-Kitts)
400 m
1. A. Moncur (Bah.) 44″ 64
2. I. Schultz (All.)
3. G. Haughton (Jam.)
800 m
1. A.
2. W.
3. P.
1 500
Bucher (Suisse) 1′ 43″ 70
Bungei (Kenya)
Czapiewski (Pol.)
m
1. H.
2. B.
3. D.
5 000
El Guerrouj (Maroc) 3′ 30″ 68
Lagat (Kenya)
Maazouzi (Fr.)
m
1.
2.
3.
10
R. Limo (Kenya) 13′ 00″ 77
A. Saïdi-Sief (Alg.)
M. Wolde (Éth.)
000 m
1. C. Kamathi (Kenya) 27′ 53″ 25
2. A. Mezgebu (Éth.)
3. H. Gebreselassie (Éth.)
Marathon
1. G. Abera (Éth.) 2 h 12′ 42″
2. S. Biwott (Kenya)
3. S. Baldini (Ital.)
110 m haies
1. A. Johnson (É-U) 13″ 04
2. A. Garcia (Cuba)
3. D. Dorival (Haiti)
400 m haies
1. F. Sanchez (Rép. dom.) 47″ 49
2. F. Mori (Ital.)
3. D. Tamesue (Jap.)
3 000 m steeple
1. R. Kosgei (Kenya) 8′ 15″ 16
2. A. Ezzine (Maroc)
3. B. Barmasai (Kenya)
20 km marche
1. R. Rasskazov (Russie) 1 h 20′ 31″
2. I. Markov (Russie)
3. V. Buraiev (Russie)
50 km marche
1. R. Korzeniowski (Pol.) 3 h 42′ 08″
2. J. A. Garcia (Esp.)
3. E. Hernandez (Mex.)
Hauteur
1. M. Buss (All.) 2,36 m
2. Y. Rybakov (Russie)
V. Voronin (Russie)
Perche
1. D. Markov (Austr.) 6,05 m
2. A. Averbuck (Isr.)
3. N. Hysong (É-U)
Longueur
1. I. Pedroso (Cuba) 8,40 m
2. S. Stringfellow (É-U)
3. C. Calado (Port.)
Triple saut
1. J. Edwards (G-B) 17,92 m
2. C. Olsson (Suède)
3. I. Spasovkhodskiy (Russie)
Poids
1. J. Godina (É-U) 21,87 m
2. A. Nelson (É-U)
3. A. Harju (Finl.)
Disque
1. L. Riedel (All.) 69,72 m
2. V. Alekna (Lit.)
3. M. Mollenbeck (All.)
Marteau
1. S. Ziolkowski (Pol.) 83,38 m
2. K. Murofushi (Jap.)
3. I. Konovalov (Russie)
Javelot
1. J. Zelezny (Rép. tchèq.) 92,80 m
2. A. Parviainen (Finl.)
3. K. Gatsioudis (Grèce)
Décathlon
1. T. Dvorak (Rép. tchèq.) 8 902 pts
2. E. Nool (Est.)
3. D. Macey (G-B)
4 × 100 m
1. États-Unis 37″ 96
2. Afrique du Sud
3. Trinidad-et-Tobago
4 × 400 m
1. États-Unis 2′ 57″ 54
2. Bahamas
3. Jamaïque
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
310
DAMES
100 m
1. Z. Pintusevich-Block (Ukr.) 10″ 82
2. M. Jones (É-U)
3. E. Thanou (Grèce)
200 m
1. M. Jones (É-U) 22″ 39
2. D. Ferguson (Bah.)
3. K. White (É-U)
400 m
1. A. Mbacke Thiam (Sén.) 49″ 86
2. L. Fenton (Jam.)
3. A. Guevara (Mex.)
800 m
1. M.
2. S.
3. L.
1 500
Mutola (Moz.) 1′ 57″ 17
Graf (Autr.)
Vriesde (Sur.)
m
1. G.
2. V.
3. N.
5 000
Szabo (Roum.) 4′ 00″ 57
Szekely (Roum.)
Gorelova (Russie)
m
1. O. Yegorova (Russie) 15′ 03″ 39
2. M. Dominguez (Esp.)
3. A. Worku (Éth.)
10 000 m
1. D. Tulu (Éth.) 31′ 48″ 81
2. B. Adere (Éth.)
3. G. Wami (Éth.)
100 m haies
1. A. Kirkland (É-U) 12″ 42
2. G. Devers (É-U)
3. O. Shishigina (Kazakh.)
400 m haies
1. N. Bidouane (Maroc) 53″ 34
2. Y. Nosova (Russie)
3. D. Pernia (Cuba)
20 km marche
1. O. Ivanova (Russie) 1 h 27′ 48″
2. V. Tsybulskaya (Bièl.)
3. E. Perrone (Ital.)
Marathon
1. L. Simon (Roum.) 2 h 26′ 01″
2. R. Tosa (Jap.)
3. S. Zakharova (Russie)
Hauteur
1. H. Cloete (Afr. du S.) 2,00 m
2. I. Babakova (Ukr.)
3. K. Bergqvist (Suède)
Perche
1. S. Dragila (É-U) 4,75 m
2. S. Feofanova (Russie)
3. M. Pyrek (Pol.)
longueur
1. F. May (Ital.) 7,02 m
2. T. Kotova (Russie)
3. N. Montalvo (Esp.)
Triple saut
1. T. Lebedeva (Russie) 15,25 m
2. F. Mbango Etone (Cam.)
3. T. Marinova (Bulg.)
Poids
1. Y. Korolchik (Biél.) 20,61 m
2. N. Kleinert-Schmitt (All.)
3. V. Pavtysh (Ukr.)
Disque
1. N. Sadova (Russie) 68,57 m
2. E. Zvereva (Bièl.)
3. N. Grasu (Roum.)
Marteau
1. Y. Moreno (Cuba) 70,65 m
2. O. Kuzenkova (Russie)
3. B. Eagles (Austr.)
Javelot
1. O. Menendez (Cuba) 69,53 m
2. M. Manjani-Tzelili (Grèce)
3. S. Bisset (Cuba)
Heptathlon
1. Y. Prokhorova (Russie) 6 694 pts
2. N. Sazanovich (Bièl.)
3. S. Burrell (É-U)
4 × 100 m
1. États-Unis 41″ 71
2. Allemagne
3. France
4 × 400 m
1. Jamaïque 3′ 20″ 65
2. Allemagne
3. Russie
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SPORTS ET RÉSULTATS
311
CLASSEMENT FINAL DU GRAND PRIX
2001
MESSIEURS
1. A. Bucher (Suisse) 102 pts
2. A. Johnson (É-U) 101 pts
3. H. El Guerrouj (Maroc) 100 pts
DAMES
1. V. Szekely (Roum.) 116 pts
2. M. Mutola (Moz.) 105 pts
3. T. Tereshchuk (Ukr.) 96 pts
CHAMPIONNATS DU MONDE DE
CROSS
(Dublin, 24-25 mars)
MESSIEURS
1. M. Mourhit (Belg.), les 12,3 km en 39′ 53″
2. S. Lebed (Ukr.) à 10″
3. C. Kamathi (Kenya) à 12″
Par équipes
1. Kenya 33 pts
2. France 72 pts
3. États-Unis 87 pts
DAMES
1. P. Radcliffe (G-B), les 7,7 km en 27′ 49″
2. G. Wami (Éth.) à 03″
3. L. Cheromei (Kenya) à 18″
Par équipes
1. Kenya 18 pts
2. Éthiopie 70 pts
3. France 77 pts
AUTOMOBILE
GRAND PRIX D’AUSTRALIE
(Melbourne, 4 mars)
1. Michael Schumacher (All./Ferrari)
2. David Coulthard (G-B/McLaren)
3. Rubens Barrichello (Brés./Ferrari)
GP DE MALAISIE
(Sepang, 18 mars)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
3. D. Coulthard (G-B/McLaren)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
312
GP DU BRÉSIL
(São Paulo, 1er avril)
1. D. Coulthard (G-B/McLaren)
2. M. Schumacher (All./Ferrari)
3. Nick Heidfeld (All./Sauber-Petronas)
GP DE SAN MARIN
(Imola, 15 avril)
1. Ralf Schumacher (All./Williams)
2. D. Coulthard (G-B/McLaren)
3. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
GP D’ESPAGNE
(Barcelone, 29 avril)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. Juan Pablo Montoya (Col./Williams)
3. Jacques Villeneuve (Can./BAR-Honda)
GP D’AUTRICHE
(Zeltweg, 13 mai)
1. D. Coulthard (G-B/McLaren)
2. M. Schumacher (All./Ferrari)
3. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
GP DE MONACO
(Monte-Carlo, 27 mai)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
3. E. Irvine (G-B/Jaguar)
GP DU CANADA
(Montréal, 11 juin)
1. R. Schumacher (All./Williams)
2. M. Schumacher (All./Ferrari)
3. Mika Hakkinen (Finl./McLaren)
GP D’EUROPE
(Nürburgring, 24 juin)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. J. P. Montoya (Col./Williams)
3. D. Coulthard (G-B/McLaren)
GP DE FRANCE
(Magny-Cours, 1er juillet)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. R. Schumacher (All./Williams)
3. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
GP DE GRANDE!BRETAGNE
(Silverstone, 15 juillet)
1. M. Hakkinen (Finl./McLaren)
2. M. Schumacher (All./Ferrari)
3. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
GP D’ALLEMAGNE
(Hockenheim, 29 juillet)
1. R. Schumacher (All./Williams)
2. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
3. Jacques Villeneuve (Can./BAR-Honda)
GP DE HONGRIE
(Hungaroring, 19 août)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
3. D. Coulthard (G-B/McLaren)
GP DE BELGIQUE
(Spa-Francorchamps, 2 septembre)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. D. Coulthard (G-B/McLaren)
3. G. Fisichella (Ital./Benetton)
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SPORTS ET RÉSULTATS
313
GP D’ITALIE
(Monza, 16 septembre)
1. J. P. Montoya (Col./Williams)
2. R. Barrichello (Brés./Ferrari)
3. R. Schumacher (All./Williams)
GP DES ÉTATS!UNIS
(Indianapolis, 30 septembre)
1. M. Hakkinen (Finl./McLaren)
2. M. Schumacher (All./Ferrari)
3. D. Coulthard (G-B/McLaren)
GP DU JAPON
(Suzuka, 14 octobre)
1. M. Schumacher (All./Ferrari)
2. J. P. Montoya (Col./Williams)
3. D. Coulthard (G-B/McLaren)
CHAMPIONNAT DU MONDE DE
FORMULE 1
CLASSEMENT
Pilotes
1. M. Schumacher (All.) 123 pts
2. D. Coulthard (G-B) 65 pts
3. R. Barrichello (Brés.) 56 pts
4. R. Schumacher (All.) 49 pts
5. M. Hakkinen (Finl.) 37 pts
Constructeurs
1. Ferrari 179 pts
2. McLaren-Mercedes 102 pts
3. Williams-BMW 80 pts
4. Sauber-Petronas 21 pts
5. Jordan-Honda 19 pts
CHAMPIONNAT DU MONDE DES
RALLYES
CLASSEMENT
Pilotes
1. R. Burns (G-B/Subaru) 44 pts
2. C. McRae (G-B/Ford) 42 pts
3. T. Makinen (Finl./Mitsubishi) 41 pts
4. M. Grönholm (Finl./Peugeot) 36 pts
5. H. Rovanpera (Finl./Peugeot) 36 pts
Constructeurs
1. Peugeot 106 pts
2. Ford 86 pts
3. Mitsubishi 69 pts
4. Subaru 66 pts
5. Skoda 17 pts
BASKET
CHAMPIONNAT D’EUROPE
(Istanbul, 1er-9 septembre)
Demi-finales
Turquie bat Allemagne 79 à 78 a.p.
Yougoslavie bat Espagne 78 à 65.
Finale
Yougoslavie bat Turquie 78 à 69.
Match pour la 3e place
Espagne bat Allemagne 99 à 90.
DAMES
(France, 15-23 septembre)
Demi-finales
France bat Lituanie 75 à 44.
Russie bat Espagne 74 à 59.
Finale
France bat Russie 73 à 68.
Match pour la 3e place
Espagne bat Lituanie 89 à 74.
COUPES D’EUROPE
SUPROLIGUE
MESSIEURS
(Paris, 10-13 mai)
Demi-finales
Maccabi Tel-Aviv (Isr.) bat CSKA Moscou
(Russie) 86 à 80.
Panathinaïkos (Grèce) bat Efes Istanbul
(Turq.) 74 à 66.
Finale
Maccabi Tel-Aviv (Isr.) bat Panathinaïkos
(Grèce) 81 à 67.
Match pour la 3e place
Efes Istanbul (Turq.) bat CSKA Moscou (Russie) 91 à 85.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
314
EUROLIGUE
DAMES
(Messine, Italie, 19-22 avril)
Demi-finales
Valenciennes (Fr.) bat Brno (Rép. tchèq.) 65
à 45.
Bourges (Fr.) bat Pécs (Hongr.) 62 à 52.
Finale
Bourges (Fr.) bat Valenciennes (Fr.) 73 à 71.
Match pour la 3e place
Pécs (Hongr.) bat Brno (Rép. tchèq.) 66 à 58.
CHAMPIONNAT NBA
Finale
Los Angeles Lakers battent Philadelphie 4 victoires à 1.
CHAMPIONNAT DE FRANCE
MESSIEURS
Finale
Pau-Orthez bat Villeurbanne 2 victoires à 1
(90-78, 63-73, 81-70).
DAMES
Finale
Valenciennes bat Bourges 2 victoires à 0 (6362, 81-71, a.p.)
COUPE DE FRANCE
MESSIEURS
Finale
Villeurbanne bat Pau-Orthez 99 à 74.
BOXE
LES GRANDS COMBATS DE L’ANNÉE
Lourds, WBA
John Ruiz (Porto Rico) bat Evander Holyfield
(É-U) aux points, le 4 mars à Las Vegas.
Mi-lourds, WBA, WBC, IBF
Roy Jones Jr. (É-U) bat Derrick Harmon
(É-U) par K.O. technique à la 10e reprise, le
25 février à Tampa.
Welters, WBA
Andrews Lewis (Guy.) bat James Page (É-U)
par K.O. à la 7e reprise, le 17 février à Las
Vegas.
Lourds, WBC, IBF
Hasim Rahman (É-U) bat Lennox Lewis
(G-B) par K.O. à la 5e reprise, le 22 avril à
Johannesburg.
Moyens, WBA
Felix Trinidad (Porto Rico) bat William Joppy
par K.O. à la 5e reprise, le 13 mai à New York.
Super-welters, WBC
Oscar de la Hoya (É-U) bat Javier Castillejo
(Esp.) aux points, le 23 juin à Las Vegas.
Welters, WBC
Shane Mosley (É-U) bat Adrian Stone (G-B)
par K.O. à la 3e reprise, le 22 juillet à Las
Vegas.
Mi-lourds, WBA, WBC, IBF
Roy Jones Jr. (É-U) bat Julio Gonzalez (Mex.)
aux points, le 29 juillet à Los Angeles.
Moyens, WBA, WBC, IBF
Bernard Hopkins (É-U) bat Felix Trinidad (Porto Rico) par arrêt de l’arbitre à la 12e reprise, le
29 septembre à New York.
Lourds WBC, IBF
Lennox Lewis (G-B) bat Hasim Rahman (É-U)
par K.O. à la 4e reprise, le 18 novembre à Las
Vegas.
Moyens, WBA
William Joppy (É-U) bat Howard Eastman (GB) aux points, le 18 novembre à Las Vegas.
LES COMBATS DES FRANÇAIS
Légers, WBA
Julien Lorcy bat Takanori Hatakeyama (Jap.)
aux points le 1er juillet à Tokyo.
Moyens, WBO
Harry Simon (Nam.) bat Hacine Cherifi aux
points, le 22 juillet à Bayamon.
Légers, WBA
Raul Balbi (Arg.) bat Julien Lorcy aux points, le
8 octobre à Paris.
CYCLISME
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Lisbonne 10-14 octobre)
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SPORTS ET RÉSULTATS
315
MESSIEURS
Route
1. O. Freire (Esp.), les 254,1 km en
6 h 07′ 21″
2. P. Bettini (Ital.) m.t.
3. A. Hauptman (Slov.) m.t.
Contre-la-montre
1. J. Ullrich (All.), les 38,7 km en 51′ 49″
2. D. Millar (G-B) à 06″
3. S. Botero (Col.) à 11″
DAMES
Route
1. R. Polikeviciute (Lit.), les 121 km en
3 h 12′ 05″
2. E. Pucinskaite (Lit.) m.t.
3. J. Longo (Fr.) m.t.
Contre-la-montre
1. J. Longo (Fr.), les 19,2 km en 29′ 08″
2. N. Braendli (Suisse) à 04″
3. T. Ruano (Esp.) à 44″
LES FRANÇAIS AUX CHAMPIONNATS
DU MONDE SUR PISTE
Vitesse messieurs
1. Arnaud Tournant
2. Laurent Gané
3. Florian Rousseau
Vitesse par équipes
1. France
Kilomètre
1. Arnaud Tournant
Keirin
2. Laurent Gané
Américaine
1. France
CHAMPIONNAT DE FRANCE SUR
ROUTE
1. D. Rous, les 229,3 km en 5 h 18′ 08″
2. W. Benéteau, m.t.
3. A. Prétot, à 1′ 08″
LES PRINCIPALES COURSES À ÉTAPES
Paris-Nice (10-18 mars)
1. D. Frigo (Ital.) en 30 h 32′ 29″
2. R. Rumsas (Lit.) à 26″
3. P. Van Petegem (Belg.) à 52″
Tirreno-Adriatico (13-21 mars)
1. D. Rebellin (Ital.) en 29 h 41′ 09″
2. G. Colombo (Ital.) m.t.
3. M. Boogerd (P-B) à 03″
Tour de Romandie (9-13 mai)
1. D. Frigo (Ital.) en 16 h 59′ 54″
2. F. Garcia Casas (Esp.) à 43″
3. W. Belli (Ital.) à 1′ 03″
Quatre Jours de Dunkerque (7-13 mai)
1. D. Rous (Fr.) en 24 h 22′ 13″
2. L. Jalabert (Fr.) à 40″
3. S. Heulot (Fr.) à 1′ 13″
Tour d’Italie (19 mai-10 juin)
1. G. Simoni (Ital.) en 89 h 2′ 58″
2. A. Olano (Esp.) à 7′ 31″
3. U. Osa (Esp.) à 8′ 37″
Dauphiné libéré (11-17 juin)
1. C. Moreau (Fr.) en 28 h 24′ 10″
2. P. Tonkov (Russie) à 1″
3. B. Salmon (Fr.) à 2′ 01″
Tour de Suisse (20-28 juin)
1. L. Armstrong (É-U) en 35 h 00′ 06″
2. G. Simoni (Ital.) à 1′ 02″
3. W. Belli (Ital.) à 1′ 34″
Tour d’Espagne
1. A. Casera (Esp.) en 70 h 49′ 05″
2. O. Sevilla (Esp.) à 47″
3. L. Leipheimer (É-U) à 2′ 59″
LES GRANDES COURSES D’UN JOUR
Milan-San Remo * (24 mars)
1. E. Zabel (All.), les 287 km en 7 h 23′ 13″
2. M. Cipollini (Ital.) m.t.
3. R. Vainsteins (Lett.) m.t.
Tour des Flandres * (8 avril)
1. G. Bortolami (Ital.), les 269 km en
6 h 10′ 23″
2. E. Dekker (P-B) m.t.
3. D. Zanette (Ital.) m.t.
Gand-Wevelgem (11 avril)
1. G. Hincapie (É-U), les 214 km en
5 h 00′ 50″
2. L. Van Bon (P-B) m.t.
3. S. Wesemann (All.) m.t.
Paris-Roubaix * (15 avril)
1. S. Knaven (P-B), les 254,5 km en
6 h 45′ 00″
2. J. Museeuw (Belg.) à 34″
3. R. Vainsteins (Lett.) à 41″
Flèche Wallonne (18 avril)
1. R. Verbrugghe (Belg.), les 198 km en
4 h 50′ 03″
2. I. Basso (Ital.) à 05″
3. J. Jaksche (All.) à 12″
Liège-Bastogne-Liège * (22 avril)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
316
1. O. Camenzind (Suisse), les 258 km en
6 h 42′ 38″
2. D. Rebellin (Ital.) m.t.
3. D. Etxebarria (Esp.) m.t.
Amstel gold race * (28 avril)
1. E. Dekker (P-B), les 254,6 km en
6 h 39′ 13″
2. L. Armstrong (É-U) m.t.
3. S. Baguet (Belg.) à 17″
Clasica San Sebastian * (11 août)
1. L. Jalabert (Fr.), les 228 km en 5 h 17′ 54″
2. F. Casagrande (Ital.) m.t.
3. D. Rebellin (Ital.) m.t.
Hew Cyclassics Hambourg * (19 août)
1. E. Zabel (All.), les 251 km en 5 h 59′ 2″
2. R. Vainsteins (Lett.) m.t.
3. E. Dekker (P-B) m.t.
Championnat de Zurich * (26 août)
1. P. Bettini (Ital.), les 248,4 km en
6 h 17′ 48″
2. J. Ullrich (All.) m.t.
3. F. Escartin (Esp.) m.t.
Paris-Tours * (7 octobre)
1. R. Virenque (Fr.), les 254,5 km en
6 h 58′ 32″
2. O. Freire (Esp.) à 02″
3. E. Zabel (All.) m.t.
Tour de Lombardie * (20 octobre)
1. D. Di Luca (Ital.), les 258 km en 6 h 38′ 29″
2. G. Figueras (Ital.) m.t.
3. Michael Boogerd (P-B) à 01″
(Les épreuves suivies d’un * comptent pour la Coupe du
monde)
CLASSEMENT GÉNÉRAL FINAL DE LA
COUPE DU MONDE
1. E. Dekker (P-B) 331 pts
2. E. Zabel (All.) 250 pts
3. R. Vainsteins (Lett.) 229 pts
TOUR DE FRANCE
(7-29 juillet)
LES CLASSEMENTS
Classement général
1. Lance Armstrong (É-U/USP) 86 h 17′ 28″
2. Jan Ullrich (All./Telekom) à 06′ 44″
3. Joseba Beloki (Esp./ONC) à 09′ 05″
4. Andrei Kivilev (Kazakh./COF) à 09′ 53″
5. Igor Gonzalez Galdeano (Esp./ONC) à
13′ 28″
6. François Simon (Fr./BJR) à 17′ 22″
7. Oscar Sevilla (Esp./Kelme) à 18′ 30″
8. Santiago Botero (Col./Kelme) à 20′ 55″
9. Marcos Serrano (Esp./ONC) à 21′ 45″
10. Michaël Boogerd (P-B/RAB) à 22′ 38″
Classement de la montagne
Laurent Jalabert (Fr./CSC)
Classement par points
Erik Zabel (All./Telekom)
Classement des jeunes
Oscar Sevilla (Esp./Kelme)
Classement de la combativité
Laurent Jalabert (Fr./CSC)
Classement des équipes
Kelme
Les vainqueurs d’étapes
C. Moreau (Fr./prologue)
E. Zabel (All./1er, 3e, 19e)
M. Wauters (Belg./2e)
L. Jalabert (Fr./4e, 7e)
J. Kirsipuu (Est./6e)
E. Dekker (P-B/8e)
S. Ivanov (Russie/9e)
L. Armstrong (É-U/10e, 11e, 13e, 18e)
F. Cardenas (Col./12e)
R. Laiseka (Esp./14e)
R. Verbrugghe (Belg./15e)
J. Voigt (All./16e)
S. Baguet (Belg./17e)
J. Svorada (Rép. tchèq./20e)
Les porteurs du maillot jaune
C. Moreau (Fr./1er, 2e)
M. Wauters (Belg./3e)
S. O’Grady (Austr./4e-7e, 9e, 10e)
J. Voigt (All./8e)
F. Simon (Fr./11e-13e)
L. Armstrong (14e-20e)
ÉQUITATION
CHAMPIONNATS D’EUROPE
SAUT D’OBSTACLES
(Arnhem, Pays-Bas, 1er juillet)
1. L. Beerbaum (All./Gladdy’s S) 8,07 pts
2. L. Philippaerts (Belg./Otterongo) 14,19 pts
3. R.-G. Bengtsson (Suède/Pialotta) 15,81 pts
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SPORTS ET RÉSULTATS
317
DRESSAGE
(Verden, Allemagne, 10-12 août)
Individuel
1. U. Salzgeber (All./Rusty) 237,64 pts
2. A. Teeuwissen (P-B/Goliath) 228,47 pts
3. N. Capellmann (All./Farbenfroh) 228,38 pts
Par équipes
1. Allemagne 5 612 pts
2. Pays-Bas 5 431 pts
3. Danemark 5 359 pts
CONCOURS COMPLET
(Pau, France, 14 octobre)
Individuel
1. P. Funnell (G-B/Supreme Rock) 45,80 pts
2. I. Johannsen (All./Brilliante) 48,40 pts
3. E. Sarasola (Esp./Dopé Doux) 48,80 pts
Par équipes
1. Grande-Bretagne 158,40 pts
2. France 168,40 pts
3. Italie 244,60 pts
ESCRIME
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Nîmes, France, 26 oct.-1er nov.)
MESSIEURS
Fleuret
1. S. Sanzo (Ital.)
2. L. Attelly (Fr.)
3. B. Guyart et F. Boidin (Fr.)
Épée
1. P. Milanoli (Ital.)
2. B. Hoffmann (Suisse)
3. F. Jeannet (All.) et O. Luecke
Sabre
1. S. Podzniakov (Russie)
2. J. Pillet (Fr.)
3. M. Gourdain (Fr.) et R. Sznader (Pol.)
Fleuret par équipes
1. France
2. Pologne
3. Cuba
Épée par équipes
1. Hongrie
2. Estonie
3. France
Sabre par équipes
1. Russie
2. Hongrie
3. Roumanie
DAMES
Fleuret
1. V. Vezzali (Ital.)
2. S. Bau (All.)
3. R. Scarlat (Roum.) et E. Youcheva (Russie)
Épée
1. C. Bokel (All.)
2. L. Flessel-Colovic (Fr.)
3. M. Isaksson (Suède) et G. Buerki-Habluetzel
(Suisse)
Sabre
1. A.-L. Touya (Fr.)
2. I. Bianco (Ital.)
3. G. Marzocca (Ital.) et E. Jemayeva (Azer.)
Fleuret par équipes
1. Italie
2. Russie
3. États-Unis
Épée par équipes
1. Russie
2. Suisse
3. Hongrie
Sabre par équipes
1. Russie
2. Roumanie
3. Allemagne
FOOTBALL
CHAMPIONNAT DE FRANCE 2000!2001
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
318
PALMARÈS 2000!2001
Champion de France
Nantes
Vainqueur de la Coupe de France
Strasbourg
Vainqueur de la Coupe de la Ligue
Lyon
Qualifiés pour la Ligue des champions
Nantes, Lyon, Lille
Qualifiés pour la Coupe de l’UEFA
Bordeaux, Sedan, Strasbourg, Troyes,
Paris-SG
Rétrogrades en 2e division
Saint-Étienne, Toulouse, Strasbourg
Accèdent en 1er division
Sochaux, Lorient, Montpellier
Meilleur buteur
Sonny Anderson (Lyon)
COUPE DE FRANCE
Finale
Strasbourg bat Amiens 0 à 0 (5 t.a.b. à 4)
COUPE DE LA LIGUE
Finale
Lyon bat Monaco 2 à 1
MATCHES AMICAUX DE
L’ÉQUIPE DE FRANCE
28 février
France – Allemagne 1 à 0
24 mars
France – Japon 5 à 0
28 mars
Espagne – France 2 à 1
25 avril
France – Portugal 4 à 0
1er septembre
Chili – France 2 à 1
10 novembre
Australie – France 1 à 1
COUPE DE LA CONFÉDÉRATION
!JUIN 2001!
Corée du
France –
France –
France –
France –
Sud – France 0 à 5
Australie 0 à 1
Mexique 4 à 0
Brésil 2 à 1
Japon 1 à 0
COUPES D’EUROPE
LIGUE DES CHAMPIONS
Finale
Bayern de Munich (All.) bat FC Valence (Esp.)
1 à 1 (5 t.a.b. à 4)
COUPE DE L’UEFA
Finale
Liverpool (Angl.) bat CD Alaves (Esp.) 5 à 4
(a.p.)
CHAMPIONS NATIONAUX
Champion d’Italie
AS Rome
Champion d’Espagne
Real Madrid
Champion d’Angleterre
Manchester United
Champion d’Allemagne
Bayern de Munich
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SPORTS ET RÉSULTATS
319
GOLF
MASTERS
(Augusta, États-Unis, 5-8 avril)
1. T. Woods (É-U) 272 pts
2. D. Duval (É-U) 274 pts
3. P. Mickelson (É-U) 275 pts
US OPEN
(Tulsa, États-Unis, 15-18 juin)
1. R. Goosen (Afr. du S.) 276 pts
2. M. Brooks (É-U) 276 pts
3. S. Cink (É-U) 277 pts
BRITISH OPEN
(Lytham, Angleterre, 19-22 juillet)
1. D. Duval (É-U) 274 pts
2. N. Fasth (Suède) 277 pts
3. E. Els (Afr. du S.) 278 pts
USPGA
(Duluth, États-Unis, 16-19 août)
1. D. Toms (É-U) 265 pts
2. P. Mickelson (É-U) 266 pts
3. S. Lowery (É-U) 268 pts
GYMNASTIQUE
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Gand, Belgique, 29 octobre – 4 novembre)
MESSIEURS
Concours général
1. Feng Jing (Chine) 56,211 pts
2. I. Ivankov (Biél.)
3. J. Jovtchev (Bulg.)
Concours par équipes
1. Biélorussie 169,622 pts
2. États-Unis
3. Ukraine
Sol
1. J. Jovtchev (Bulg.) 9,550 pts
M. Dragulescu (Roum.)
3. I. Vihrovs (Lett.)
Cheval d’arçons
1. M. Urzica (Roum.) 9,800 pts
2. Xiao Qin (Chine)
O. Beresh (Ukr.)
Anneaux
1. J. Jovtchev (Bulg.) 9,775 pts
2. S. Csollany (Hongr.)
3. A. Coppolino (Ital.)
Saut
1. M. Dragulescu (Roum.) 9,668 pts
2. E. Sapronenko (Lett.)
3. L. Tamayo (Cuba)
Barres parallèles
1. S. Townsend (É-U) 9,700 pts
2. E. Lopez (Cuba)
3. I. Ivankov (Biél.)
Barre fixe
1. V. Maras (Grèce) 9,737 pts
2. O. Beresh (Ukr.)
P. Rizzo (Austr.)
DAMES
Concours général
1. S. Khorkina (Russie) 37,617 pts
2. N. Ziganshina (Russie)
3. A. Raducan (Roum.)
Concours par équipes
1. Roumanie 110,209 pts
2. Russie
3. États-Unis
Sol
1. A. Raducan (Roum.) 9,550 pts
2. D. Hypolito (Brésil)
3. S. Khorkina (Russie)
Poutre
1. A. Raducan (Roum.) 9,662 pts
2. L. Ejova (Russie)
3. Sun Xiaojiao (Chine)
Saut
1. S. Khorkina (Russie) 9,412 pts
2. O. Chusovitina (Ouzb.)
3. A. Raducan (Roum.)
Barres asymétriques
1. S. Khorkina (Russie) 9,437 pts
2. R. Endel (P-B)
3. K. Heenan (É-U)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
320
JUDO
HANDBALL
CHAMPIONNATS DU MONDE
(France, 22 janvier - 4 février)
Finale
France bat Suède 28 à 25
Demi-finales
Suède bat Yougoslavie 25 à 24
France bat Égypte 24 à 21
Match pour la 3e place
Yougoslavie bat Égypte 27 à 17
COUPES D’EUROPE
Ligue des champions
San Antonio Pampelune (Esp.) bat FC Barcelone (Esp.) ; aller : 30 à 24, retour : 22 à 25.
Coupe des coupes
Flensburg-Handewitt (All.) bat Léon (Esp.) ;
aller : 32 à 25, retour : 19 à 24.
CHAMPIONNAT DE FRANCE
1. Chambéry 72 pts
2. Montpellier 69 pts
3. Créteil 65 pts
HOCKEY
CHAMPIONNAT DE FRANCE
Finale
Rouen bat Anglet 3 victoires à 0 (2-0, 5-1, 3-0)
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Allemagne, 28 avril-13 mai)
Finale
République tchèque bat Finlande 3 à 2 (a.p.)
Demi-finales
République tchèque et Suède 2 à 2 (a.p.),
3 tirs au but à 2
Finlande bat États-Unis 3 à 1
Match pour la 3e place
Suède bat États-Unis 3 à 2
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Munich, 26-29 juillet)
MESSIEURS
– 60 kg
1. A. Lounifi (Tun.)
2. C. Taymans (Belg.)
3. K. Tokuno (Jap.) et J. Buchanan (G-B)
– 66 kg
1. A. Miresmaeili (Iran)
2. M. Nastuyev (Ukr.)
3. Ju Kim-hyung (CdS) et Y. Arencibia (Cuba)
– 73 kg
1. V. Makarov (Russie)
2. Y. Kanamaru (Jap.)
3. A. Shakharov (Kazakh.) et K. Wilkomirski
(Pol.)
– 81 kg
1. Cho In-chul (CdS)
2. A. Budolin (Est.)
3. S. Aschwanden (Suisse) et E. Rajabli
(Azerb.)
– 90 kg
1. F. Demontfaucon (Fr.)
2. Z. Zviadauri (Georg.)
3. R. Salimov (Azerb.) et Yoon Dong-sik (CdS)
– 100 kg
1. K. Inoue (Jap.)
2. A. Kovacs (Hongr.)
3. A. Zhitkeyev (Kazakh.) et Jang Sung-ho
(CdS)
+ 100 kg
1. A. Mikhaylin (Russie)
2. S. Tataroglu (Turq.)
3. S. Shinohara (Jap.) et F. Miran (Iran)
Toutes catégories
1. A. Mikhaylin (Russie)
2. A. Zeevi (Israël)
3. D. Van der Geest (P-B) et F. Moeller (All.)
DAMES
– 48 kg
1. R. Tamura (Jap.)
2. Ri Kyong-ok (CdN)
3. D. Carrion (Cuba) et G. Macri (Ital.)
– 52 kg
1. Kye Sun-hui (CdN)
2. R. Imbriani (All.)
3. Liu Yuxiang (Chine) et L. Verdecia (Cuba)
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SPORTS ET RÉSULTATS
321
– 57 kg
1. Y. Lupetey (Cuba)
2. D. Gravenstijn (P-B)
3. K. Kusakabe (Jap.) et I. Fernandez (Esp.)
– 63 kg
1. G. Vandecaveye (Belg.)
2. S. Alvarez (Esp.)
3. A. Tanimoto (Jap.) et A. Hernandez (Cuba)
–70 kg
1. M. Ueno (Jap.)
2. K. Howey (G-B)
3. U. Werbrouck (Belg.) et R. Leyen (Cuba)
– 78 kg
1. N. Anno (Jap.)
2. Y. Laborde (Cuba)
3. C. Lebrun (Fr.) et Lee So-yeon (CdS)
+ 78 kg
1. Yuan Hua (Chine)
2. M. Shintani (Jap.)
3. D. Beltran (Cuba) et S. Koeppen (All.)
Toutes catégories
1. C. Lebrun (Fr.)
2. K. Bryant (G-B)
3. Tong Wen (Chine) et C. Rodrigues (Port.)
MOTO
CHAMPIONNAT DU MONDE DE
VITESSE
CLASSEMENT FINAL
500 cm 3
1. V. Rossi (Ital.) 325 pts
2. M. Biaggi (Ital.) 219 pts
3. L. Capirossi (Ital.) 210 pts
250 cm 3
1. D. Katoh (Jap.) 322 pts
2. T. Harada (Jap.) 273 pts
3. M. Melandri (Ital.) 194 pts
125 cm 3
1. M. Poggiali (SMR) 241 pts
2. Y. Ui (Jap.) 232 pts
3. T. Elias (Esp.) 217 pts
NATATION
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Fukuoka, Japon, 17-29 juillet)
MESSIEURS
50 m libre
1. A. Ervin (É-U) 22″ 09
2. P. Van den Hoogenband (P-B)
3. R. Schoeman (Afr. du S.)
T. Yamanoi (Jap.)
100 m libre
1. A. Ervin (É-U) 48″ 33
2. P. Van den Hoogenband (P-B)
3. L. Frolander (Suède)
200 m libre
1. I. Thorpe (Austr.) 1′ 44″ 06 (RM)
2. P. Van den Hoogenband (P-B)
3. K. Keller (É-U)
400 m libre
1. I. Thorpe (Austr.) 3′ 40″ 17 (RM)
2. G. Hackett (Austr.)
3. E. Brembilla (Ital.)
800 m libre
1. I. Thorpe (Austr.) 7′ 39″ 16 (RM)
2. G. Hackett (Austr.)
3. G. Smith (G-B)
1 500 m libre
1. G. Hackett (Austr.) 14′ 34″ 56 (RM)
2. G. Smith (G-B)
3. A. Filipets (Russie)
50 m papillon
1. G. Huegill (Austr.) 23″ 50
2. L. Frolander (Suède)
3. M. Foster (G-B)
100 m papillon
1. L. Frolander (Suède) 52″ 10
2. I. Crocker (É-U)
3. G. Huegill (Austr.)
200 m papillon
1. M. Phelps (É-U) 1′ 54″ 58 (RM)
2. T. Malchow (É-U)
3. A. Poliakov (Russie)
50 m dos
1. R. Bal (É-U) 25″ 34
2. T. Rupprath (All.)
3. M. Welsh (Austr.)
100 m dos
1. M. Welsh (Austr.) 54″ 31
2. O. Arnarson (Isl.)
3. S. Driesen (All.)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
322
200 m dos
1. A. Peirsol (É-U) 1′ 57″ 13
2. M. Rogan (Autr.)
3. O. Arnarson (Isl.)
50 m brasse
1. O. Lisogor (Ukr.) 27″ 52
2. R. Sloudnov (Russie)
3. D. Fioravanti (Ital.)
100 m brasse
1. R. Sloudnov (Russie) 1′ 00″ 16
2. D. Fioravanti (Ital.)
3. E. Moses (É-U)
200 m brasse
1. B. Hansen (É-U) 2′ 10″ 69
2. M. Podoprigora (Autr.)
3. K. Kitajima (Jap.)
200 m 4 nages
1. M. Rosolino (Ital.) 1′ 59″ 71
2. T. Wilkens (É-U)
3. J. Norris (Austr.)
400 m 4 nages
1. A. Boggiatto (Ital.) 4′ 13″ 15
2. E. Vendt (É-U)
3. T. Wilkens (É-U)
4 × 100 m libre
1. Australie 3′ 14″ 10
2. Pays-Bas
3. Allemagne
4 × 200 m libre
1. Australie 7′ 04″ 66 (RM)
2. Italie
3. États-Unis
4 × 100 m 4 nages
1. Australie 3′ 35″ 35
2. Allemagne
3. Russie
DAMES
50 m libre
1. I. de Bruijn (P-B) 24″ 47
2. T. Alshammar (Suède)
3. S. Voelker (All.)
100 m libre
1. I. de Bruijn (P-B) 54″ 18
2. K. Meissner (All.)
3. S. Voelker (All.)
200 m libre
1. G. Rooney (Austr.) 1′ 58″ 57
2. Yang Yu (Chine)
3. C. Potec (Roum.)
400 m libre
1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 07″ 30
2. C. Poil (C-R)
3. H. Stockbauer (All.)
800 m libre
1. H. Stockbauer (All.) 8′ 24″ 66
2. D. Munz (É-U)
3. K. Sandeno (É-U)
1 500 m libre
1. H. Stockbauer (All.) 16′ 01″ 02
2. F. Rigamonti (Suisse)
3. D. Munz (É-U)
50 m papillon
1. I. de Bruijn (P-B) 25″ 90
2. T. Alshammar (Suède)
3. A-K. Kammerling (Suède)
100 m papillon
1. P. Thomas (Austr.) 58″ 27
2. O. Yedrzejczak (Pol.)
3. J. Onishi (Jap.)
200 m papillon
1. P. Thomas (Austr.) 2′ 06″ 73
2. A. Mehlhorn (All.)
3. K. Sandeno (É-U)
50 m dos
1. H. Cope (É-U) 28″ 51
2. A. Buschschulte (All.)
3. N. Coughlin (É-U)
100 m dos
1. N. Coughlin (É-U) 1′ 00″ 37
2. D. Mocanu (Roum.)
3. A. Buschschulte (All.)
200 m dos
1. D. Mocanu (Roum.) 2′ 09″ 94
2. S. Komarova (Russie)
3. J. Fargus (G-B)
50 m brasse
1. Luo Xuejuan (Chine) 30″ 84
2. K. Kowal (É-U)
3. Z. Baker (G-B)
100 m brasse
1. Luo Xuejuan (Chine) 1′ 07″ 18
2. L. Jones (Austr.)
3. A. Kovacs (Hongr.)
200 m brasse
1. A. Kovacs (Hongr.) 2′ 24″ 90
2. Qi Hui (Chine)
3. Luo Xuejuan (Chine)
200 m 4 nages
1. M. Bowen (É-U) 2′ 11″ 93
2. Y. Klochkova (Ukr.)
3. Qi Hui (Chine)
400 m 4 nages
1. Y. Klochkova (Ukr.) 4′ 36″ 98
2. M. Bowen (É-U)
3. B. Caslaru (Roum.)
4 × 100 m libre
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SPORTS ET RÉSULTATS
323
1. Allemagne 3′ 39″ 58
2. États-Unis
3. Grande-Bretagne
4 × 100 m 4 nages
1. Australie 4′ 01″ 50
2. États-Unis
3. Chine
RECORDS DU MONDE AU
31 DÉCEMBRE 2001
MESSIEURS
50 m libre
2000 21″ 64
A. Popov (Russie)
100 m libre
2000 47″ 84
P. Van den Hoogenband (Pays-Bas)
200 m libre
2001 1′ 44″ 06
I. Thorpe (Australie)
400 m libre
2001 3′ 40″ 17
I. Thorpe (Australie)
800 m libre
2001 7′ 39″ 16
I. Thorpe (Australie)
1 500 m libre
2001 14′ 34″ 56
G. Hackett (Australie)
100 m dos
1999 53″ 60
L. Krayzelburg (États-Unis)
200 m dos
1999 1′ 55″ 87
L. Krayzelburg (États-Unis)
100 m brasse
2001 59″ 94
R. Sloudnov (Russie)
200 m brasse
1992 2′ 10″ 16
M. Barrowman (États-Unis)
100 m papillon
1999 51″ 81
M. Klim (Australie)
200 m papillon
2001 1′ 54″ 58
M. Phelps (États-Unis)
200 m 4 nages
1994 1′ 58″ 16
J. Sievinen (Finlande)
400 m 4 nages
2000 4′ 11″ 76
T. Dolan (États-Unis)
4 x 100 m
2000 3′ 13″ 67
Australie
4 x 200 m
2001 7′ 04″ 66
Australie
4 x 100 m 4 nages
2000 3′ 33″ 73
États-Unis
DAMES
50 m libre
2000 24″ 13
I. de Bruijn (Pays-Bas)
100 m libre
2000 53″ 77
I. de Bruijn (Pays-Bas)
200 m libre
1994 1′ 56″ 78
F. Van Almsick (Allemagne)
400 m libre
1988 4′ 03″ 85
J. Evans (États-Unis)
800 m libre
1989 8′ 16″ 22
J. Evans (États-Unis)
100 m dos
1994 1′ 00″ 16
C. He (Chine)
200 m dos
1991 2′ 06″ 62
K. Egerszegi (Hongrie)
100 m brasse
1999 1′ 06″ 52
P. Heyns (Afrique du Sud)
200 m brasse
1999 2′ 23″ 64
P. Heyns (Afrique du Sud)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
324
100 m papillon
2000 56″ 61
I. de Bruijn (Pays-Bas)
200 m papillon
2000 2′ 05″ 81
S. O’Neill (Australie)
200 m 4 nages
1997 2′ 09″ 72
W. Yanyan (Chine)
400 m 4 nages
2000 4′ 33″ 59
Y. Klochkova (Ukraine)
4 x 100 m
2000 3′ 36″ 61
États-Unis
4 x 200 m
1987 7′ 55″ 47
ex-RDA
4 x 100 m 4 nages
2000 3′ 58″ 30
États-Unis
PATINAGE
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Vancouver, Canada, 18 - 25 mars)
DAMES
1. M. Kwan (É-U)
2. I. Slutskaya (Russie)
3. S. Hugues (É-U)
MESSIEURS
1. E. Plushenko (Russie)
2. A. Yagoudine (Russie)
3. T. Eldredge (É-U)
COUPLES
1. J. Salé – D. Pelletier (Can.)
2. E. Berezhnaya – A. Sikharulidze (Russie)
3. Xue Shen – Hongbo Zhao (Chine)
DANSE
1. B. Fusar-Poli – M. Margaglio (Ital.)
2. M. Anissina – G. Peizerat (Fr.)
3. I. Lobacheva – I. Averbukh (Russie)
RUGBY
TOURNOI DES SIX!NATIONS
COUPE D’EUROPE
(Paris, 19 mai)
Finale
Leicester (Angl.) bat Stade français (Fr.) 34 à 30
CHAMPIONNAT DE FRANCE
Quarts de finale
Toulouse 20 – Perpignan 15
Castres 37 – Colomiers 26
Stade fr. 19 – Biarritz 35
Agen 21 – Montferrand 33
Demi-finales
Toulouse 32 – Castres 21
Biarritz 9 – Montferrand 16
Finale
Toulouse 34 – Montferrand 22
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SPORTS ET RÉSULTATS
325
MATCHS DE L’ÉQUIPE DE FRANCE
Tournée dans l’hémisphère Sud (juin)
Afrique du Sud – France 23 - 32
Afrique du Sud – France 20 - 15
Nouvelle-Zélande – France 37 - 12
Tournée européenne des équipes de
l’hémisphère Sud (novembre)
France – Afrique du Sud 20 - 10
France – Australie 14 - 13
France – Fidji 77 - 10
TRI!NATIONS
Afrique du Sud – Nouvelle-Zélande 3 - 12
Afrique du Sud – Australie 20 - 15
Nouvelle-Zélande – Australie 15 - 23
Australie – Afrique du Sud 14 - 14
Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud 26 - 15
Australie – Nouvelle-Zélande 29 - 26
Vainqueur
Australie
SKI
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Sankt Anton, Autriche, 29 jan. - 10 févr.)
DAMES
Descente
1. M. Dorfmeister (Autr.)
2. R. Goetschl (Autr.)
3. S. Heregger (Autr.)
Super-G
1. R. Cavagnoud (Fr.)
2. I. Kostner (Ital.)
3. H. Gerg (All.)
Géant
1. S. Nef (Suisse)
2. K. Putzer (Ital.)
3. A. Paerson (Suède)
Slalom
1. A. Paerson (Suède)
2. C. Saioni (Fr.)
3. H. Berntsen (Norv.)
Combiné
1. M. Ertl (All.)
2. C. Sponring (Autr.)
3. K. Putzer (Ital.)
MESSIEURS
Descente
1. H. Trinkl (Autr.)
2. H. Maier (Autr.)
3. F. Eckert (All.)
Super-G
1. D. Rahlves (É-U)
2. S. Eberharter (Autr.)
3. H. Maier (Autr.)Géant
1. M. von Gruenigen (Suisse)
2. K. A. Aamodt (Norv.)
3. F. Covili (Fr.)
Slalom
1. M. Matt (Autr.)
2. B. Raich (Autr.)
3. M. Kunc (Slovén.)
Combiné
1. K. A. Aamodt (Norv.)
2. M. Matt (Autr.)
3. P. Accola (Suisse)
COUPE DU MONDE
MESSIEURS
Classement général
1. H. Maier (Autr.) 1 618 pts
2. S. Eberharter (Autr.) 875 pts
3. L. Kjus (Norv.) 866 pts
Descente
H. Maier (Autr.)
Super-G
H. Maier (Autr.)
Géant
H. Maier (Autr.)
Slalom
B. Raich (Autr.)
DAMES
Classement général
1. J. Kostelic (Croatie) 1 256 pts
2. R. Goetschl (Autr.) 1 189 pts
3. R. Cavagnoud (Fr.) 1 105 pts
Descente
I. Kostner (Ital.)
Super-G
R. Cavagnoud (Fr.)
Géant
S. Nef (Suisse)
Slalom
J. Kostelic (Croatie)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
326
TENNIS
OPEN D’AUSTRALIE
(Melbourne, 15-28 janvier)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
A. Agassi (É-U) bat P. Rafter (Austr.) 7-5, 2-6,
6-7 (5/7), 6-2, 6-3
A. Clément (Fr.) bat S. Grosjean (Fr.) 5-7, 2-6,
7-6 (7/4), 7-5, 6-2
Finale
A. Agassi bat A. Clément 6-4, 6-2, 6-2
SIMPLE DAMES
Demi-finales
M. Hingis (Suisse) bat V. Williams (É-U) 6-1,
6-1
J. Capriati (É-U) bat L. Davenport (É-U) 6-3,
6-4
Finale
J. Capriati bat M. Hingis 6-4, 6-3
DOUBLE MESSIEURS
Finale
T. Woodbridge/J. Bjorkman (Austr./Suède)
battent B. Black/D. Prinosil (Zimb./All.) 6-1,
5-7, 6-4, 6-4
DOUBLE DAMES
Finale
S. Williams/V. Williams (É-U) battent
L. Davenport/C. Morariu (É-U) 6-2, 4-6, 6-4
INTERNATIONAUX DE FRANCE
(Roland-Garros, 28 mai - 10 juin)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
G. Kuerten (Brés.) bat J-C Ferrero (Esp.) 6-4,
6-4, 6-3
A. Corretja (Esp.) bat S. Grosjean (Fr.) 7-6
(7/2), 6-4, 6-4
Finale
G. Kuerten bat A. Corretja 6-7 (3/7), 7-5, 6-2,
6-0
SIMPLE DAMES
Demi-finales
J. Capriati (É-U) bat M. Hingis (Suisse) 6-4,
6-3
K. Clijsters (Belg.) bat J. Henin (Belg.) 2-6, 7-5,
6-3
Finale
J. Capriati bat K. Clijsters 1-6, 6-4, 12-10
DOUBLE MESSIEURS
Finale
M. Bhupathi/L. Paes (Inde) battent
P. Pala/P. Vizner (Rép. tchèq.) 7-6 (7/5),
6-3DOUBLE DAMES
Finale
V. Ruano-Pascual/P. Suarez (Esp./Arg.)
battent J. Dokic/C. Martinez (Youg./Esp.) 6-2,
6-1
WIMBLEDON
(25 juin - 9 juillet)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
G. Ivanisevic (Croatie) bat T. Henman (G-B)
7-5, 6-7 (6/8), 0-6, 7-6 (7/5), 6-3
P. Rafter (Austr.) bat A. Agassi (É-U) 2-6, 6-3,
3-6, 6-2, 8-6
Finale
G. Ivanisevic bat P. Rafter 6-3, 3-6, 6-3, 2-6,
9-7
SIMPLE DAMES
Demi-finales
J. Henin (Belg.) bat J. Capriati (É-U) 2-6, 6-4,
6-2
V. Williams (É-U) bat L. Davenport (É-U) 6-2,
6-7 (1/7), 6-1
Finale
V. Williams bat J. Henin 6-1, 3-6, 6-0
DOUBLE MESSIEURS
Finale
D. Johnson/J. Palmer (É-U) battent
J. Novak/D. Rikl (Rép. tchèq.) 6-4, 4-6, 6-3,
7-6 (8/6)
DOUBLE DAMES
Finale
L. Raymond/R. Stubbs (É-U/Austr.) battent
K. Clijsters/A. Sugiyama (Belg./Jap.) 6-4, 6-3
US OPEN
(27 août - 9 sept)
SIMPLE MESSIEURS
Demi-finales
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SPORTS ET RÉSULTATS
327
L. Hewitt (Austr.) bat E. Kafelnikov (Russie)
6-1, 6-2, 6-1
P. Sampras (É-U) bat M. Safin (Russie) 6-3,
7-6 (7/5), 6-3
Finale
L. Hewitt (Austr.) bat P. Sampras (É-U) 7-6
(7/4), 6-1, 6-1
SIMPLE DAMES
Demi-finales
S. Williams (É-U) bat M. Hingis (Suisse) 6-3,
6-2
V. Williams (É-U) bat J. Capriati (É-U) 6-4, 6-2
Finale
V. Williams bat S. Williams 6-2, 6-4
DOUBLE MESSIEURS
Finale
W. Black/K, Ullyett (Zimb.) battent
D. Johnson/J. Palmer (É-U) 7-6 (11/9), 2-6, 6-3
DOUBLE DAMES
Finale
L. Raymond/R. Stubbs (É-U/Austr.) battent
N. Tauziat/K. Po-Messerli (Fr./E-U) 6-2, 5-7,
7-5
MASTERS
(Sydney, 12-18 novembre)
Simple messieurs
L. Hewitt (Austr.) bat S. Grosjean (Fr.) 6-3, 6-3,
6-4
Simple dames
S. Williams (É-U) bat L. Davenport (É-U) par
forfait
COUPE DAVIS
(Melbourne, 30 novembre - 2 décembre)
Finale
France bat Australie 3 victoires à 2
CLASSEMENT ATP
(au 31 décembre 2001)
1. Lleyton Hewitt (Austr.) 873 pts
2. Gustavo Kuerten (Brés.) 771 pts
3. André Agassi (É-U) 704 pts
4. Evgueni Kafelnikov (Russie) 618 pts
5. Juan Carlos Ferrero (Esp.) 608 pts
6. Sébastien Grosjean (Fr.) 558 pts
7. Patrick Rafter (Austr.) 557 pts
8. Tommy Haas (All.) 457 pts
9. Tim Henman (G-B) 420 pts
10. Pete Sampras (É-U) 388 pts
CLASSEMENT WTA
(au 31 décembre 2001)
1. Lindsay Davenport (É-U) 4 902 pts
2. Jennifer Capriati (É-U) 4 892 pts
3. Venus Williams (É-U) 4 128 pts
4. Martina Hingis (Suisse) 3 944 pts
5. Kim Clijsters (Belg.) 3 265 pts
6. Serena Williams (É-U) 3 004 pts
7. Justine Henin (Belg.) 2 989 pts
8. Elena Dokic (Youg.) 2 780 pts
9. Amélie Mauresmo (Fr.) 2 765 pts
10. Monica Seles (É-U) 2 306 pts
TENNIS DE TABLE
CHAMPIONNATS DU MONDE
(Osaka, Japon, 23 avril - 6 mai)
DAMES
Simple
1. Wang Nan (Chine)
2. Lin Ling (Chine)
3. Zhang Yining (Chine) et Kim Yun-mi (CdN)
Double
1. Li Ju/Wang Nan (Chine)
2. Yang Ying/Sun Jin (Chine)
3. Zhang Yingying/Zhang Yining (Chine) et
Akiko Takeda/Mayu Kawagoe (Jap.)
Par équipes
1. Chine
2. Corée du Nord
3. Corée du Sud et Japon
MESSIEURS
Simple
1. Wang Liqin (Chine)
2. Kong Linghui (Chine)
3. Chiang Peng-Iung (Taïwan) et Ma Lin
(Chine)
Double
1. Wang Liqin/Yan Sen (Chine)
2. Kong Linghui/Liu Guoliang (Chine)
3. Chiang Peng-Iung/ Chang Yun-shu (Taïwan)
et Kim Taek-soo/Oh Sangeun (CdS)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
328
Par équipes
1. Chine
2. Belgique
3. Suède et Corée du Sud
DOUBLE MIXTE
1. Qin Zhijian/Yang Ying (Chine)
2. Oh Sang-eun/Kim Moo-kyo (CdS)
3. Zhan Jian/Bai Yang (Chine) et Liu Guoliang/
Sun Jin (Chine)
VOILE
VENDÉE GLOBE
(9 novembre - 10 février)
1. Michel Desjoyeaux (Fr./PRB)
93 j 03 h 57 min 32 s
2. Ellen Mac Arthur (G-R/King Fisher) 94 j 04 h
25 min 40 s
3. Roland Jourdain (Fr./Sill) 96 j 01 h 02 min
33 s
THE RACE
(31 décembre - 3 mars)
Grant Dalton (N-Z/Club Med) 62 j 06 h 56 min
33 s
VOLLEY
CHAMPIONNATS D’EUROPE
(Ostrava, République tchèque, 1er-16 septembre)
MESSIEURS
Finale
Yougoslavie bat Italie 3 sets à 0
Demi-finales
Yougoslavie bat Russie 3 sets à 0
Italie bat République tchèque 3 sets à 0
Match pour la 3e place
Russie bat Rép. Tchèque 3 sets à 2
DAMES
(Varna, Bulgarie, 16-30 septembre)
Finale
Russie bat Italie 3 sets à 2
Match pour la 3e place
Bulgarie bat Ukraine 3 sets à 1
CHAMPIONNAT DE FRANCE
Finale
Paris Volley bat Tourcoing Lille Métropole
2 victoires à 1
LIGUE DES CHAMPIONS
Finale
Paris Volley bat Trévise 3-2 (25-22, 17-25,
22-25, 25-23, 15-13)
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
330
AFGHANISTAN
Superficie : 650 000 km 2
Population (hormis la capitale) : 22 474 000 hab.
Capitale : Kaboul
2 454 400 hab.
Chef du gouvernement provisoire : Hamid Karzai
Organisation administrative :
30 provinces
Langues officielles : pachto,
dari
Religion : islam
Monnaie : afghani
➡ HISTORIQUE
1879 : traité de Gandamak,
instituant une tutelle anglorusse sur le pays.
1921 : déclaration
d’indépendance.
1973 : renversement de la
monarchie.
1978 : prise du pouvoir par le
PC.
1979-1989 : intervention
soviétique.
1992 : chute des communistes
et prise du pouvoir par les
moudjahidin.
1994 : les taliban prennent
Kaboul.
2007 : chute des taliban.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
21,5 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 51,8 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 46,72 ‰
Taux de mortalité : 20,55 ‰
Taux de mortalité : infantile
161,3 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 47 ans
Agriculture
Cultures : maïs 115 000 t.,
orge 330 000 t., raisin
330 000 t., riz 156 000 t.
Élevage : caprins 2 200 000,
chameaux 265 000
Production de bois :
8 131 000 m
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : cuivre 5 000 t., électricité
700 millions de kWh, gaz naturel 2 400 millions de m 3, houille
300 000 t.
Commerce extérieur
Total exportations : 148 millions de $ dont fruits 40 %
Total importations : 566 millions de $
Défense
Total forces armées :
429 000 hommes
➡ TENDANCES
L’année écoulée a été marquée
par la défaite des taliban face à
l’intervention armée des ÉtatsUnis au lendemain des attentas
contre New York et Washington.
Un gouvernement provisoire a
été mis en place dont la direction
a été confiée à Hamid Karzai, un
réformiste incarnant la jeune génération moderniste pachtoune.
AFRIQUE DU SUD
Superficie : 1 221 000 km 2
Population : 43 792 000 hab.
Capitales : Pretoria (capitale
administrative), Le Cap (siège
du Parlement) 854 616 hab.
(2 800 000 hab. dans
l’agglomération).
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État et du gouvernement : (président de la
République) Thabo Mbeki
Organisation administrative :
9 provinces
Langues officielles : zoulou,
xhosa, venda, tswana, tsonga,
swazi, sotho, pedi, ndebele,
anglais, afrikaans
Religions : protestantisme,
Églises indigènes, animisme
Monnaie : rand
➡ HISTORIQUE
1814 : la pays passe sous
administration britannique.
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STATISTIQUES
331
1899-1902 : guerre des Boers
entre les Britanniques et les
colons d’origine hollandaise.
1910 : création de l’Union
sud-africaine, sous mandat
britannique.
1912 : création de l’ANC (African National Congress).
1948 : instauration du régime
d’apartheid.
1985 : instauration de l’état
d’urgence.
1990 : F. De Klerk légalise l’ANC et libère Nelson
Mandela.
1994 : victoire de l’ANC aux
élections et proclamation de
Nelson Mandela comme président du pays.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 34 hab./km 2
Part de la population urbaine :
50,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 34 %, 1565 ans 60,3 %, + 65 ans 5,7 %
Taux de natalité : 26,26 ‰
Taux de mortalité : 12,24 ‰
Taux de mortalité : infantile
59,2 ‰
Espérance de vie : hommes
47 ans, femmes 50 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 128,3 milliards de $
PNB/hab. : 3 170 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 1,23 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
5,2 %
Structure du PIB : 4,5 % pour
l’agriculture, 38,5 % pour
l’industrie, 56,9 % pour les
services
Dette extérieure : 25 222 mil-
lions de $
Agriculture
Cultures : agrumes
1 433 000 t., arachides
169 478 t., blé 1 952 000 t.,
canne à sucre 24 008 100 t.,
coton 27 000 t., thé 10 500 t.
Élevage : caprins 6 500 000,
porcins 1 535 000.
Pêche : 550 000 t.
Production de bois :
25 332 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : diamants 9 972 800 carats, électricité 205 423 millions de kWh, houille
222 800 000 t., manganèse
3 112 000 t., nickel 38 000 t.,
or 474 t., uranium 1 450 t.
Production industrielle :
caoutchouc synthétique
62 000 t., ciment 7 882 000 t.,
laine 54 000 t., sucre
2 590 000 t., textiles synthétiques 145 000 t., utilitaires
106, viande 1 422 000 t., vin
9 500 000 hl., voitures particulières 205 000
Recettes touristiques :
2 297 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 31 211 millions de $ dont diamants 8 %
Total importations :
31 020 millions de $ dont
machines et équipement de
transport 44 %
Défense
Total forces armées :
69 950 hommes
Budget de la Défense : 1,5 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 18,2 %
Apport en calories : 2 933 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 106/1 000 hab.
Téléphones : 107/1 000 hab.
Télévisions : 109/1 000 hab.
➡ TENDANCES
L’année écoulée aura été celle
de la morosité économique et
politique. Ne bénéficiant ni de
l’aura de son prédécesseur ni de
l’indulgence de ses concitoyens,
le président Thabo Mbeki a semblé de plus en plus contesté par
une population qui désespère
de voir s’améliorer son quotidien. Les progrès du sida, de la
malnutrition, du chômage et de
l’insécurité n’ont pas peu contribué à mettre fin à ce que l’on
appelait jusqu’alors le « miracle
sud-africain ».
ALBANIE
Superficie : 29 000 km 2
Population : 3 145 000 hab.
Capitale : Tirana 279 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Rexhep Mejdani
Chef du gouvernement : Ilir
Meta
Organisation administrative :
36 districts
Langue officielle : albanais
Religions : islam, christianisme
Monnaie : lek
➡ HISTORIQUE
1912 : l’indépendance du
pays est arrachée à l’Empire
ottoman.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
332
1939-1944 : occupation du
pays par les Italiens puis par
les Allemands.
1946 : l’Albanie devient une
république socialiste. Le président Enver Hoxha institue un
régime collectiviste et se rapproche de la Chine maoïste.
1990 : chute du régime
communiste.
1992 : le politicien de centre
droit Sali Berisha est élu à la
présidence.
1997 : l’ancien communiste
Rexhep Medjani succède à
Sali Berisha.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 123 hab./km 2
Part de la population urbaine :
41,0 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 30 %, 1565 ans 61 %, + 65 ans 9 %
Taux de natalité : 16,23 ‰
Taux de mortalité : 5,54 ‰
Taux de mortalité : infantile
25 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,7 milliards de $
PNB/hab. : 930 $
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,39 %
Structure du PIB : 52,6 % pour
l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 21,4 % pour les services
Dette extérieure : 706 millions
de $
Agriculture
Cultures : avoine 14 000 t.,
betteraves à sucre 50 000 t.,
maïs 215 000 t., orge 4 000 t.,
pommes de terre 180 000 t.,
raisin 68 000 t., seigle 3 000 t.,
tabac 8 000 t.
Élevage : caprins 1 120 000,
ovins 1 941 000, porcins
81 000, poulets 4 600 000
Production de bois :
409 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : cuivre 2 000 t., électricité
4 410 millions de kWh, gaz
naturel 28 millions de m 3,
lignite 81 000 t.
Production industrielle :
chrome 243 000 t., laine
3 000 t., sucre 3 000 t., viande
62 000 t.
Recettes touristiques : 10 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 210 millions de $
Total importations : 950 millions de $
Défense
Total forces armées :
54 000 hommes
Budget de la Défense : 2,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’année écoulée s’est déroulée
dans l’ombre portée du conflit
qui s’est fait jour en Macédoine et
des élections législatives organisées au mois de juin.
Résistant aux tentations nationalistes d’une « grande Albanie », le
régime en place à Tirana a tenu le
cap de la neutralité dans le conflit
qui faisait rage en Macédoine.
Signe d’une volonté de stabilité,
les législatives de juin ont reconduit les socialistes au pouvoir. Ces
derniers ont alors réaffirmé que la
priorité de la nouvelle mandature
irait au développement d’un pays
à l’économie particulièrement
sinistrée.
ALGÉRIE
Superficie : 2 380 000 km 2
Population : 30 841 000 hab.
Capitale : Alger
(1 885 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président
de la République) Abdelaziz
Bouteflika
Chef du gouvernement : Ali
Benflis
Organisation administrative :
48 wilayas
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dinar algérien
➡ HISTORIQUE
1857 : domination de la France
sur l’ensemble du pays.
1930 : création des mouvements nationalistes et
islamistes.
1945 : émeute lourdement
réprimée à Sétif.
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STATISTIQUES
333
1954 : début de la guerre
d’indépendance.
1962 : indépendance de
l’Algérie.
1965 : Houari Boumediene
renverse Ahmed Ben Bella.
1988 : émeutes réprimées
dans le sang.
1991 : le Front islamique du
salut (FIS) remporte le premier
tour des élections législatives.
Le processus électoral est
alors interrompu.
1992 : assassinat du président
Boudiaf.
1999 : élection d’Abdelaziz
Bouteflika.
Statistiques
Données démographiques j
Densité : 13 hab./km 2
Part de la population urbaine :
59,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 34,8 %, 1565 ans 59,2 %, + 65 ans 6 %
Taux de natalité : 25,34 ‰
Taux de mortalité : 5,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
42,8 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 45,7 milliards de $
PNB/hab. : 1 550 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,3 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
2,65 %
Structure du PIB : 11,4 %
pour l’agriculture, 50,7 % pour
l’industrie, 37,9 % pour les
services
Dette extérieure : 30 921 millions de $
Taux de chômage : 26,4 %
Agriculture
Cultures : agrumes 460 900 t.,
avoine 25 000 t., blé
800 000 t., dattes 387 000 t.,
olives 124 000 t., orge
700 000 t., pommes de terre
950 000 t., raisin 159 000 t.,
tomates 700 000 t.
Élevage : bovins 1 650 000,
ovins 18 200 000
Pêche : 100 000 t.
Production de bois :
2 571 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 19 710 millions
de kWh, fer 965 000 t., gaz
naturel 74 000 millions de m 3,
pétrole 58 900 000 t., phos-
phates 1 051 000 t., plomb
1 000 t.
Production industrielle : acier
235 000 t., ciment 6 940 000 t.,
huile d’olive 48 000 t., laine
50 000 t., vin 500 000 hl
Recettes touristiques : 20 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
13 894 millions de $ dont
pétrole et gaz 97 %
Total importations : 8 688 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 27 %
Défense
Total forces armées :
122 000 hommes
Budget de la Défense : 3,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Prenant acte que la « concorde
civile », dont il entendait faire
la grande affaire de sa présidence, était un échec, Abdelaziz
Bouteflika a choisi de proposer à
une société algérienne en proie
aux désillusions une « concorde
nationale » destinée à relancer
le processus de réconciliation.
La réponse a pris la forme des
émeutes d’avril en Kabyle, confirmant le malaise d’une société
épuisée par l’arbitraire du pouvoir et la corruption qui n’en
finit pas de gangrener la classe
politique et l’armée, dont l’autorité est d’autant plus remise en
cause qu’elle n’a pas ramené la
paix civile au nom de laquelle elle
exerce ses abus. Contesté à l’intérieur, le pouvoir a recherché la
justification de sa politique dans
une conjoncture internationale
marquée depuis le 11 septembre,
par la lutte contre le terrorisme.
ALLEMAGNE
Superficie : 357 000 km 2
Population : 82 007 000 hab.
Capitale : Berlin
3 324 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Johannes Rau
Chef du gouvernement :
Gerhard Schröder
Organisation administrative :
16 Länder
Langue officielle : allemand
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaies : euro, Deutsche
Mark
➡ HISTORIQUE
1871 : proclamation à Versailles de l’Empire allemand,
sous domination prussienne.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
334
1918 : défaite de l’Allemagne
et abdication de l’empereur
Guillaume II. Proclamation de
la République de Weimar.
1933 : arrivée de Hitler au
pouvoir.
1945 : défaite de l’Allemagne
et occupation du pays par les
troupes alliées.
1948 : blocus de Berlin par les
Soviétiques.
1961 : érection d’un mur séparant les deux côtés de Berlin
par les autorités d’Allemagne
de l’Est.
1991 : réunification des deux
Allemagnes.
1998 : le chancelier démocrate-chrétien Helmut Kohl,
au pouvoir depuis 1982, est
remplacé par le social-démocrate Gerhard Schröder.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 235 hab./km 2
Part de la population urbaine :
87,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 15,5 %,
15-65 ans 68,1 %, + 65 ans
16,3 %
Taux de natalité : 9,4 ‰
Taux de mortalité : 10,77 ‰
Taux de mortalité : infantile
4,9 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2 091,5 milliards de $
PNB/hab. : 25 620 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 1,46 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,58 %
Structure de la population
active : agriculture 3,2 %,
mines et industrie 36,5 %,
services 60,2 %
Structure du PIB : 1 % pour
l’agriculture, 30,9 % pour
l’industrie, 68 % pour les
services
Dette brute : 63,1 % du PIB
Taux de chômage : 7,9 %
Agriculture
Cultures : avoine
1 071 223 t., betteraves
à sucre 27 586 800 t.,
blé 21 265 000 t., colza 1 743 000 t., orge
12 517 000 t., pommes de
terre 11 568 000 t., seigle
4 775 000 t.
Élevage : bovins 14 574 000,
ovins 2 290 000, porcins
27 049 000
Pêche : 319 000 t
Production de bois :
39 338 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : cuivre 696 000 t.,
électricité 543 690 millions
de kWh, fer 180 000 t., gaz
naturel 21 000 millions de
m 3, houille 45 312 000 t.,
lignite 179 800 000 t., pétrole
2 895 000 t.
Production industrielle :
acier 44 018 000 t., aluminium 612 000 t., caoutchouc
synthétique 531 000 t., ciment
35 940 000 t., construction
navale 1 204 000 tjb., laine
15 000 t., textiles synthétiques
869 000 t., vin 8 530 000 hl.,
voitures particulières
5 348 000
Recettes touristiques :
16 418 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
510 570 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 50 %
Total importations :
434 861 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 34 %, produits
de base 15 %
Défense
Total forces armées :
322 800 hommes
Budget de la Défense : 1,2 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 294
Apport en calories : 3 330 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 79/1 000 hab.
Téléphones : 550/1 000 hab.
Télévisions : 564/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Un chômage tenace, une croissance fléchissante, des déficits
publics à la hausse, une inflation
qui décourage la consommation
malgré la baisse des impôts, les
indicateurs économiques n’ont
guère plaidé en faveur du chancelier Gerhard Schröder. Quant
aux nombreuses – et souvent
courageuses – réformes mises
en oeuvre depuis son arrivée au
pouvoir, elles auront certes assuré une indéniable popularité au
chancelier, sans suffire à redresser la situation économique de
l’Allemagne, lanterne rouge de
l’Europe. Après la réforme des
retraites votée en mai, le gouvernement allemand n’a pas
semblé enclin à prendre le risque
de mettre en chantier d’autres réformes qui pourraient entamer la
popularité de Gerhard Schröder
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STATISTIQUES
335
à l’approche des législatives de
septembre 2002.
ANDORRE
Superficie : 465 km 2
Population : 90 000 hab.
Capitale : Andorre-la-Vieille
25 000 hab.
Nature de l’État et du
régime politique : régime
parlementaire
Chef de l’État : (Coprince) Joan
Marti Alanis ; Jacques Chirac
Chef du gouvernement : Marc
Forné Molné
Organisation administrative :
7 paroisses
Langue officielle : catalan
Religion : catholicisme
Monnaies : peseta espagnole,
peseta andorrane, euro, franc
français
➡ HISTORIQUE
1278 : la principauté se place
sous la double suzeraineté de
l’évêque d’Urgel et du comte
de Foix.
1607 : les droits du comte de
Foix sont transmis au souverain français.
1993 : la principauté se dote
de sa première Constitution
écrite et entre à l’ONU.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 147 hab./km 2
Part de la population urbaine :
93 %
Agriculture
Terres cultivées : 2 % de la
superficie des terres
Prairies et pâturages : 56 % de
la superficie des terres
Forêts : 22 % de la superficie
des terres
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : hydroélectricité 89 millions de kWh
Commerce extérieur
Total exportations : 49 millions
de $
Total importations : 1 069 millions de $ dont produits
alimentaires 19 %, produits
électriques et électroniques
14 %
ANGOLA
Superficie : 1 246 700 km 2
Population : 13 527 000 hab.
Capitale : Luanda
(2 200 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (président de la
République) José Eduardo
Dos Santos
Organisation administrative :
18 provinces
Langue officielle : portugais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : kwanza
➡ HISTORIQUE
1482 : arrivée des premiers
colons portugais.
1920 : le Portugal domine
l’ensemble du pays.
1961 : première insurrection
nationaliste.
1975 : indépendance de
l’Angola.
1979 : mort du premier président Agostino Neto. Son successeur Eduardo Dos Santos,
du MPLA, passe un accord
provisoire avec le mouvement
rebelle de l’UNITA.
1992 : premières élections
libres. Succès pour Dos Santos et pour le MPLA. La guerre
civile continue.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 10 hab./km 2
Part de la population urbaine :
33,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 48,2 %, 1565 ans 47,3 %, + 65 ans 4,5 %
Taux de natalité : 47,80 ‰
Taux de mortalité : 18,75 ‰
Taux de mortalité : infantile
117,7 ‰
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
336
Espérance de vie : hommes
45 ans, femmes 48 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3 milliards de $
PNB/hab. : 270 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,7 %
Structure du PIB : 6,9 % pour
l’agriculture, 77,1 % pour
l’industrie, 16,1 % pour les
services
Dette extérieure : 10 160 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides 11 300 t.,
bananes 290 000 t., café
4 000 t., canne à sucre
330 000 t., maïs 428 000 t.,
manioc 3 211 000 t., millet
89 000 t., patates douces
198 000 t., tabac 3 000 t.
Élevage : bovins 4 042 000,
caprins 2 150 000, ovins
350 000, porcins 800 000,
poulets 6 500 000 têtes
Pêche : 73 000 t
Production de bois :
7 215 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : diamants : 3 250 000 carats, électricité 960 millions de
kWh, pétrole 37 500 000 t.
Production industrielle : huile
de palme 52 000 t., sucre
25 000 t., viande 102 000 t.
Recettes touristiques : 9 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 4 157 millions de $ dont pétrole 95 %
Total importations : 2 268 millions de $
Défense
Total forces armées :
110 500 hommes
Budget de la Défense : 5,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
La guerre civile qui oppose les rebelles de l’Unita de Jonas Savimbi
aux forces gouvernementales
du président José Eduardo Dos
Santos a continué de ravager le
pays, les combats se poursuivant
dans seize provinces sur dixhuit. Chaque belligérant a cherché à faire endosser à l’autre la
poursuite des combats, rendant
donc peu probable une solution
négociée.
ANTIGUA!ET!
BARBUDA
Superficie : 442 km 2
Population : 65 000 hab.
Capitale : Saint John’s
25 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par James
B. Carlisle
Chef du gouvernement :
Lester Bird
Organisation administrative :
7 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar des Caraïbes
orientales
➡ HISTORIQUE
1860 : les deux îles sont
réunies sous la domination
britannique.
1981 : indépendance du pays.
1994 : Lester Bird succède
comme premier ministre à son
père Vere, lui-même au pouvoir depuis 1946 (sauf entre
1971 et 1976).
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 153 hab./km 2
Part de la population urbaine :
36,6 %
Taux
Taux
Taux
17,3
de natalité : 20,38 ‰
de mortalité : 5 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
72 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,6 milliard de $
PNB/hab. : 8 990 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,56 %
Structure PIB : 3,9 % pour
l’agriculture, 19,2 % l’industrie,
76,8 % les services
Agriculture
Élevage : bovins 15 700, ovins
12 200
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 118 millions de
kWh
Recettes touristiques : 260 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 84 millions
de $
Total importations : 300 millions de $
Défense
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STATISTIQUES
337
Total forces armées :
150 hommes
Budget de la Défense : 0,6 %
du PIB
ARABIE SAOUDITE
Superficie : 2 150 000 km 2
Population : 21 028 000 hab.
Capitale : Riyad
3 324 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État et du gouvernement : (Roi) Fahd ibn Abd
al-Aziz al-Saud
Organisation administrative :
13 provinces
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : riyal saoudien
➡ HISTORIQUE
1819 : l’Empire ottoman
domine le pays.
1902 : Ibn Séoud entreprend
l’unification du pays.
1974 : accords préférentiels
avec les États-Unis.
1975 : assassinat du
souverain.
1989 : application de la loi
islamique.
1995 : incidents de frontière
avec le Yémen.
1996 : le prince Abdallah
devient régent du royaume.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 9 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 42,9 %, 1565 ans 52,3 %, + 65 ans 4,8 %
Taux de natalité : 33,66 ‰
Taux de mortalité : 4,14 ‰
Taux de mortalité : infantile
20,6 ‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 142,4 milliards de $
PNB/hab. : 6 900 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 0,4 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,38 %
Structure du PIB : 6,2 % pour
l’agriculture, 44,6 % pour
l’industrie, 49 % pour les
services
Agriculture
Cultures : blé 1 800 000 t.,
dattes 600 000 t., millet
14 000 t., orge 400 000 t.,
raisin 130 000 t., sorgho
220 000 t., tomates 465 000 t.
Élevage : bovins 265 000,
caprins 4 700 000, chameaux
422 000, ovins 8 300 000,
poulets 95 000 000
Industrie
Produits du sous-sol
et énergie : électricité
93 900 millions de kWh,
gaz naturel 46 000 millions
de m 3, or 7 530 kg, pétrole
443 200 000 t.
Production industrielle : laine
7 800 t., viande 593 000 t.
Recettes touristiques :
1 420 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
61 603 millions de $ dont
pétrole brut et produits raffinés
89 %
Total importations :
40 837 millions de $
Défense
Total forces armées :
105 500 hommes
Budget de la Défense : 13,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’Arabie Saoudite a passé une
bonne année économique indexée sur l’excellente tenue des
cours de l’or noir. Le palais a donc
pu s’atteler au peaufinement des
réformes qui devraient lui ouvrir
les portes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), sans
toutefois ouvrir le secteur pétrolier aux compagnies étrangères,
un projet pourtant annoncé
depuis trois ans.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
338
ARGENTINE
Superficie : 2 780 000 km 2
Population : 37 488 000 hab.
Capitale : Buenos Aires
11 900 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (président de la République) Adolfo Rodriguez Saa
Organisation administrative :
23 provinces, 1 district fédéral
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso argentin
➡ HISTORIQUE
1816 : proclamation de
l’indépendance par rapport à
l’Espagne.
1946 : Juan Domingo Perón
président de la République.
Il est déposé par une junte
militaire en 1955.
1973 : réélection de Perón.
1976 : une junte militaire
prend le pouvoir et exerce une
dictature.
1982 : la guerre des Malouines
contre la Grande-Bretagne
précipite la chute de la junte.
1983 : élection de Raúl
Alfonsin.
1989 : Carlos Menem lui
succède.
1999 : après l’échec du
Parti justicialiste (péroniste) de
Menem en 1997, Fernando de
la Rúa succède à celui-ci.
2001 : démission de la Rúa.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 13 hab./km 2
Part de la population urbaine :
89,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 27,7 %, 1565 ans 59 %, + 65 ans 13,3 %
Taux de natalité : 19,24 ‰
Taux de mortalité : 7,95 ‰
Taux de mortalité : infantile
20 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 275,3 milliards de $
PNB/hab. : 7 750 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 3,21 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
– 1,17 %
Structure du PIB : 4,6 % pour
l’agriculture, 28,2 % pour
l’industrie, 67,1 % pour les
services
Dette extérieure : 123 221 millions de $
Agriculture
Cultures : agrumes
2 880 000 t., arachides
600 000 t., avoine 555 000 t.,
blé 15 000 000 t., coton
325 000 t., maïs 14 700 000 t.,
orge 500 000 t., pommes
de terre 3 450 000 t., raisin
2 021 000 t., seigle 62 000 t.,
soja 18 718 000 t., sorgho
3 720 000 t., thé 48 800 t.,
tournesol 5 400 000 t.
Élevage : bovins 55 000 000,
ovins 14 000 000, porcins 3 200 000, poulets
55 000 000 têtes
Pêche : 1 106 000 t.
Production de bois :
10 718 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol
et énergie : électricité
70 778 millions de kWh, gaz
naturel 29 300 millions de
m 3, houille 300 000 t., pétrole
44 900 000 t., plomb 25 000 t.,
uranium 40 t.
Production industrielle :
acier 4 202 000 t., aluminium 187 000 t., caoutchouc
synthétique 54 000 t., ciment
6 900 000 t., laine 64 000 t.,
sucre 1 380 000 t., textiles
synthétiques 72 000 t.,
viande 3 160 000 t., vin
12 680 000 hl., voitures particulières 393 000
Recettes touristiques :
5 069 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
26 263 millions de $ dont
produits agricoles 34 %
Total importations :
30 349 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 44 %
Défense
Total forces armées :
70 500 hommes
Budget de la Défense : 1,0 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 3,8 %
Apport en calories : 3 136 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 127/1 000 hab.
Téléphones : 191/1 000 hab.
Télévisions : 219/1 000 hab.
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STATISTIQUES
339
➡ TENDANCES
L’Argentine a connu sa plus grave
crise économique depuis le
retour de la démocratie. Le déficit fiscal a finalement entraîné le
pays au fond de l’abîme, bien que
le ministère de l’Économie ait réduit drastiquement les dépenses
publiques (24 % du PIB). En dépit
d’un énième plan d’austérité, le
gouvernement n’a pu éviter au
pays de sombrer dans le chaos.
Sous la pression de la rue, le président Fernando de la Rua a dû
démissionner, lissant les rênes de
l’État à Adolfo Rodriguez Saa, président par intérim
ARMÉNIE
Superficie : 29 800 km 2
Population : 3 788 000 hab.
Capitale : Erevan
(1 284 000 hab.)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Robert Kotcharian
Chef du gouvernement : Adranik Markarian
Organisation administrative :
37 districts ruraux
Langue officielle : arménien
Religion : Église arménienne
Monnaie : dram arménien
Historique
XVe siècle : les Turcs se rendent
maîtres de l’Arménie.
1829 : la Russie annexe
l’Arménie orientale.
1915 : génocide de près de
1,5 million d’Arméniens par les
Turcs.
1918 : l’Arménie orientale proclame son indépendance.
1920 : la nouvelle république
est soviétisée et la région
du Karabakh est rattachée à
l’Azerbaïdjan.
1991 : nouvelle proclamation
de l’indépendance.
1992-1995 : conflit avec
Azerbaïdjan.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 135 hab./km 2
Part de la population urbaine :
69,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 23,7 %,
15-65 ans 63,1 %, + 65 ans
13,2 %
Taux
Taux
Taux
15,4
de natalité : 10,75 ‰
de mortalité : 7,64 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1,9 milliard de $
PNB/hab. : 490 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,25 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,66 %
Structure du PIB : 28,7 %
pour l’agriculture, 32,6 % pour
l’industrie, 38,7 % pour les
services
Dette extérieure : 666 millions
de $
Agriculture
Cultures : blé 142 000 t., maïs
14 000 t., orge 71 000 t.,
pommes de terre 320 000 t.
Élevage : bovins 567 000,
ovins 540 000, porcins
128 000, poulets 2 800 000
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 5 600 millions
de kWh
Production industrielle : ciment 128 000 t., laine 1 200 t.,
viande 42 000 t.
Recettes touristiques : 12 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 256 millions de $
Total importations : 932 millions de $ dont produits miniers
33 %
Défense
Total forces armées :
53 400 hommes
Budget de la Défense : 3,4 %
du PIB
➡ TENDANCES
En 2001, l’Arménie a célébré le
10e anniversaire de son indépendance et le 1 700e anniversaire de
sa conversion au christianisme.
Mais avec le lancinant conflit qui
l’oppose à l’Azerbaïdjan au sujet
du Karabakh, les Arméniens n’ont
pas eu le coeur de fêter l’événe-
ment. Par ailleurs, le climat politique, économique et social s’est
trouvé largement obscurci par
la crise internationale, dont c’est
peu de dire qu’elle aura fait de
l’ombre aux cérémonies jubilaires
marquées par la visite du pape
fin septembre. Sur le plan strictement économique, l’Arménie
a connu une nouvelle année difficile, comme en témoigne l’un
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
340
des taux d’émigration les plus
élevés du monde.
AUSTRALIE
Superficie : 7 700 000 km 2
Population : 19 338 000 hab.
Capitale : Canberra
368 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par William
Deane
Chef du gouvernement : John
Howard
Organisation administrative :
2 territoires, 6 États
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : dollar australien
➡ HISTORIQUE
1901 : l’Australie accède au
statut de Commonwealth of
Australia.
1914-1918 : 60 000 soldats
australiens sont tués lors de
la Première Guerre mondiale
(30 000 lors de la Seconde).
Années 60 et 70 : forte expan-
sion économique et gouvernements libéraux.
1983 : retour des travaillistes
au pouvoir.
1988 : relâchement des liens
avec la Grande-Bretagne.
1996 : le conservateur John
Howard nouveau Premier
ministre.
2000 : par référendum,
les Australiens rejettent la
transformation du pays en
république.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 2 hab./km 2
Part de la population urbaine :
84,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 20,5 %,
15-65 ans 63,2 %, + 65 ans
16,3 %
Taux de natalité : 13,13 ‰
Taux de mortalité : 7,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,2 ‰
Espérance de vie : hommes
76 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 392,2 milliards de $
PNB/hab. : 20 950 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,4 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,47 %
Structure de la population
active : agriculture 5,2 %,
mines et industrie 22,1 %,
services 72,7 %
Structure du PIB : 28 % pour
l’industrie
Dette brute : 33,6 % du PIB
Taux de chômage : 3,7 %
Agriculture
Cultures : avoine 1 421 000 t.,
blé 22 210 000 t., canne à
sucre 36 500 000 t., coton
607 000 t., orge 5 395 000 t.,
riz 1 400 000 t.
Élevage : bovins 25 550 000,
ovins 116 900 000, porcins
2 364 000, poulets 83 000 000
Pêche : 214 000 t
Production de bois :
22 717 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : argent 1 469 t.,
bauxite 43 300 000 t.,
cuivre 604 000 t., diamants
39 999 600 carats, électricité
176 850 millions de kWh, étain
10 000 t., fer 98 200 000 t.,
gaz naturel 30 100 millions
de m 3, houille 224 600 000 t.,
hydroélectricité 17 242 millions
de kWh, lignite 58 200 000 t.,
manganèse 2 136 000 t., nickel 136 000 t., or 311 000 kg,
pétrole 27 200 000 t., plomb
489 000 t., uranium 5 700 t,
zinc 962 000 t.
Production industrielle :
acier 8 801 000 t., aluminium 1 490 000 t., ciment
6 953 000 t., laine 687 000 t.,
lait 9 731 000 t., sucre
5 866 000 t., textiles synthétiques 55 000 t., viande
3 517 000 t., vin 6 170 000 hl,
voitures particulières 303 000
Recettes touristiques :
9 324 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
56 228 millions de $ dont
produits agricoles 20 %
Total importations :
61 243 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 47 %, produits de
base 14 %
Défense
Total forces armées :
55 200 hommes
Budget de la Défense : 1,7 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 400
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STATISTIQUES
341
Apport en calories : 3 001 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 485/1 000 hab.
Téléphones : 505/1 000 hab.
Télévisions : 495/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Sur le plan politique, l’année
écoulée a été marquée par la cérémonie organisée le 9 mai à l’occasion du centenaire de la création du Parlement australien. Les
députés et les sénateurs avaient
choisi de délaisser Canberra – devenue capitale fédérale en 1927
– afin de célébrer l’événement à
Melbourne. De nombreux analystes politiques ont profité de
l’occasion pour dresser un bilan
plutôt sombre du premier centenaire de l’histoire parlementaire
en Australie.
En matière économique, en
dépit de la mauvaise tenue des
principaux indicateurs, le gouvernement conservateur du
Premier ministre John Howard a
conservé un calme tout britannique, écartant même l’idée que
son prochain budget puisse être
légèrement déficitaire afin de
stimuler l’économie. Le flegme
du capitaine aura donc contrasté
avec les remous de la tempête,
l’Australie ayant connu une
année économique particulièrement agitée.
AUTRICHE
Superficie : 84 000 km 2
Population : 8 075 000 hab.
Capitale : Vienne
(2 100 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président fédéral) Thomas Klestil
Chef du gouvernement : Wolfgang Schüssel
Organisation administrative :
9 États fédérés
Langue officielle : allemand
Religion : catholicisme
Monnaies : euro, schilling
➡ HISTORIQUE
1918-1920 : démantèlement de
l’empire des Habsbourg.
1920 : proclamation de la République fédérale d’Autriche.
1938 : rattachement
(Anschluss) de l’Autriche à
l’Allemagne nazie.
1945 : proclamation de
la IIe République fédérale
d’Autriche.
1986 : élection à la présidence
de Kurt Waldheim contesté
pour son passé nazi.
1995 : adhésion de l’Autriche à
l’Union européenne.
2000 : constitution d’un gouvernement de coalition avec
l’extrême droite.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 98 hab./km 2
Part de la population urbaine :
64,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 16,6 %,
15-65 ans 62,7 %, + 65 ans
20,7 %
Taux de natalité : 9,65 ‰
Taux de mortalité : 10 ‰
Taux de mortalité : infantile
4,7 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 204,1 milliards de $
PNB/hab. : 25 430 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,07 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,56 %
Structure de la population
active : agriculture 2,2 %,
mines et industrie 32,9 %,
services 64,9 %
Structure du PIB : 1,5 % pour
l’agriculture, 30,5 % pour
l’industrie
Dette brute : 63,1 % du PIB
Taux de chômage : 6,4 %
Agriculture
Cultures : avoine 132 000 t.,
betteraves à sucre
2 600 000 t., blé 1 313 000 t.,
maïs 1 600 000 t., orge
1 212 000 t., pommes de terre
660 000 t., seigle 236 000 t.
Élevage : bovins 2 150 000,
ovins 383 700, porcins
3 790 000, poulets 13 950 000
Production de bois :
14 405 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : cuivre 76 000 t.,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
342
électricité 57 140 millions
de kWh, fer 653 000 t., gaz
naturel 1 400 millions de m 3,
hydroélectricité 38 231 millions
de kWh., lignite 1 200 000 t.,
pétrole 960 000 t., plomb
23 000 t.
Production industrielle :
acier 5 298 000 t., aluminium
90 000 t., ciment 3 950 000 t.,
fromage 102 000 t., lait
3 105 000 t., sucre 526 000 t.,
textiles synthétiques 22 000 t.,
viande 885 000 t., vin
2 110 000 hl, voitures particulières 83 000
Recettes touristiques :
12 393 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
57 684 millions de $ dont produits manufacturés 89 %
Total importations :
62 638 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 38 %
Défense
Total forces armées :
40 500 hommes
Budget de la Défense : 0,8 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 357
Apport en calories : 3 343 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 469/1 000 hab.
Téléphones : 492/1 000 hab.
Télévisions : 497/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Libérée des sanctions imposées
par l’Union européenne, la coalition gouvernementale formée en
2000 par le parti chrétien conservateur ÖVP et le Parti de le liberté
de Jörg Haider (FPÖ) s’est employée à montrer que l’Autriche
restait un partenaire européen à
part entière. L’artisan de ce tour
de force est incontestablement
le chancelier Wolfgang Schüssel
qui a réussi à marginaliser son
encombrant allie. Ce qu’est venu
confirmer le scrutin municipal de
Vienne à l’issue duquel les populistes ont pu prendre la mesure
du recul de leur influence sur la
scène politique.
AZERBAÏDJAN
Superficie : 87 000 km 2
Population : 8 096 000 hab.
Capitale : Bakou
1 720 000 hab.
(1 936 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Gueïdar Aliev
Chef du gouvernement : Artur
Rasizade
Organisation administrative :
65 régions, 1 république autonome, 11 villes
Langue officielle : azéri
Religion : islam chiite
Monnaie : manat
azerbaïdjanais
➡ HISTORIQUE
1828 : annexion du nord du
pays par la Russie.
1920 : soviétisation du pays.
1991 : proclamation de
l’indépendance.
1992 : conflit avec l’Arménie pour la possession du
Karabakh.
1993 : Gueïdar Aliev, ancien
secrétaire du Parti communiste, accède à la présidence.
Il déjoue deux tentatives de
putsch en 1994 et 1995.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 92 hab./km 2
Part de la population urbaine :
57 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 29 %,
15-65 ans 60,5 %, + 65 ans
10,5 %
Taux
Taux
Taux
29,3
de natalité : 14,7 ‰
de mortalité : 6,73 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 4,4 milliards de $
PNB/hab. : 460 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 7,4 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
– 59 %
Structure de la population
active : agriculture 30,3 %,
mines et industrie 35,5 %,
services 31,2 %
Structure du PIB : 23,3 %
pour l’agriculture, 35,4 % pour
l’industrie, 31,2 % pour les
services
Dette extérieure : 504 millions
de $
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STATISTIQUES
343
Agriculture
Cultures : blé 1 198 000 t.,
coton 91 000 t., maïs
120 000 t., orge 167 000 t.,
pommes de terre 450 000 t.,
raisin 144 000 t.
Élevage : bovins 1 930 000,
ovins 5 390 000, porcins
21 000
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 17 600 millions
de kWh, fer 150 000 t., gaz
naturel 3 458 millions de m 3,
pétrole 12 200 000 t.
Production industrielle :
acier 50 000 t., aluminium
15 000 t., ciment 451 000 t.,
vin 1 000 000 hl.
Recettes touristiques : 159 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 781 millions de $ dont minerais 52 %
Total importations : 791 millions de $ dont produits miniers
42 %
Défense
Total forces armées :
69 900 hommes
Budget de la Défense : 2,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’année écoulée a montré que,
en dépit d’immenses réserves
pétrolières et gazières dont l’exploitation ne fait que commencer, l’Azerbaïdjan restait freiné
dans son développement par
des infrastructures obsolètes et
un environnement géopolitique
difficile. Alors qu’un contrat signé
en septembre doit dynamiser la
production pétrolière, le président Aliev s’est montré pressé de
régler le conflit avec l’Arménie,
qui compromet les ambitions
économiques du pays.
BAHAMAS
Superficie : 13 900 km 2
Population : 308 000 hab.
Capitale : Nassau
214 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Orville
Turnquest
Chef du gouvernement :
Hubert Alexander Ingraham
Organisation administrative :
21 districts
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar des Bahamas
➡ HISTORIQUE
1718 : l’archipel devient une
colonie britannique.
1964 : constitution d’un gouvernement autonome.
1973 : indépendance de
l’archipel.
1987 : malgré la découverte de
l’implication de hauts dignitaires de son parti (le PLP)
dans un important trafic de
cocaïne, Lynden O. Pindling
est réélu pour la cinquième fois
au poste de Premier ministre.
1992 : le leader du MLN
accède au pouvoir.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 30 hab./km 2
Part de la population urbaine :
88,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 29,6 %, 1565 ans 62,4 %, + 65 ans 8 %
Taux de natalité : 19,12 ‰
Taux de mortalité : 4,94 ‰
Taux de mortalité : infantile
17,2 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,23 milliards de $
PNB/hab. : 11 850 $
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,25 %
Agriculture
Cultures : canne à sucre
45 000 t.
Élevage : bovins 700, caprins
14 500, ovins 5 700, porcins
5 800, poulets 3 800 000
Production de bois : 117 000
m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 11 300 millions
de kWh
Recettes touristiques :
1 510 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 666 millions de $
Total importations : 2 557 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 25 %
Défense
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
344
Total forces armées :
860 hommes
Budget de la Défense : 0,6 %
du PIB
BAHREÏN
Superficie : 660 km 2
Population : 6 152 000 hab.
Capitale : Manama
162 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État : (Émir) Hamad
ibn Isa Al Khalifa
Chef du gouvernement : Kha-
lifa ibn Salman Al Khalifa
Organisation administrative :
12 régions
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dinar de Bahreïn
Historique
XVIe siècle : occupation
portugaise.
XVIIe siècle : occupation perse.
1914 : protectorat britannique.
1971 : proclamation de
l’indépendance.
1973 : élaboration d’une
Constitution, suspendue sine
die depuis 1975.
1981 : adhésion au Conseil de
coopération du Golfe.
1996 : émeutes et attentats.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 966 hab./km 2
Part de la population urbaine :
91,8 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 28,2 %, 1565 ans 67,1 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 19,8 ‰
Taux de mortalité : 3,58 ‰
Taux de mortalité : infantile
14,4 ‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,16 milliards de $
PNB/hab. : 7 840 $
Taux de croissance annuelle
du PIB (1996) : 3,1 %
Structure du PIB : 0,93 % pour
l’agriculture, 43,31 % pour
l’industrie, 55,75 % pour les
services
Agriculture
Cultures : dattes 16 000 t.,
tomates 5 000 t.
Élevage : bovins 13 400,
caprins 16 300, ovins 17 500,
poulets 450 000
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 4 300 millions de kWh, gaz naturel
6 600 millions de m 3, pétrole
5 084 000 t.
Production industrielle : aluminium 498 000 t.
Recettes touristiques : 260 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
10 553 millions de $ dont
produits pétroliers 60 %
Total importations : 4 808 millions de $
Défense
Total forces armées :
11 000 hommes
Budget de la Défense : 4,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
La grande affaire de l’année 2001
restera le règlement du contentieux frontalier opposant Bahreïn
et le Qatar. Un jugement qui devrait permettre au petit émirat de
lancer de nouveaux programmes
de prospection pétrolière. En
attendant que les futurs puits
soient opérationnels, Bahreïn a
confirmé son rang de centre bancaire régional.
BANGLADESH
Superficie : 143 000 km 2
Population : 140 369 000 hab.
Capitale : Dacca
9 000 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
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STATISTIQUES
345
Chef de l’État : (Président de
la République) Shahabuddin
Ahmed
Chef du gouvernement : Khaleda Zia
Organisation administrative :
5 divisions
Langue officielle : bengali
Religion : islam
Monnaie : taka
➡ HISTORIQUE
1757 : domination britannique.
1947 : partage du Bengale en
deux : la partie orientale est
dévolue au Pakistan, tandis
que la partie occidentale va à
l’Inde.
1971 : après une guerre contre
le Pakistan, le Bengale oriental
devient le Bangladesh.
1975 : assassinat du leader historique cheik Mujibur
Rahman.
1991 : rétablissement du système parlementaire.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 981 hab./km 2
Part de la population urbaine :
24 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 38,7 %, 1565 ans 56,4 %, + 65 ans 4,9 %
Taux de natalité : 27,98 ‰
Taux de mortalité : 9,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
67 ‰
Espérance de vie : hommes
60 ans, femmes 61 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 47,5 milliards de $
PNB/hab. : 370 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,88 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
6,23 %
Structure de la population
active : agriculture 63,2 %,
mines et industrie 9,6 %, services 27,2 %.
Structure du PIB : 25,3 %
pour l’agriculture, 24,3 % pour
l’industrie, 50,5 % pour les
services
Dette extérieure : 15 125 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides 40 000 t.,
blé 1 908 000 t., canne à sucre
6 950 900 t., colza 254 000 t.,
coton 25 000 t., jute 883 000 t.,
lin 48 000 t., millet 57 000 t.,
pommes de terre 1 702 200 t.,
riz 29 856 900 t., tabac
36 700 t., thé 50 600 t.
Élevage : bovins 23 400 000,
buffles 828 000, caprins
33 500 000, ovins 1 110 000
Pêche : 1 492 000 t.
Production de bois :
32 632 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 12 200 millions
de kWh, gaz naturel 7 000 millions de m3
Production industrielle :
ciment 532 000 t., lait
2 142 000 t., sucre 147 000 t.,
viande 426 000 t.
Recettes touristiques : 42 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 3 887 millions de $ dont vêtements et
cuirs 65 %
Total importations : 6 863 millions de $ dont textiles et
articles de confection 20 %
Défense
Total forces armées :
137 000 hommes
Budget de la Défense : 1,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Sous la houlette de l’ancien Premier ministre Khaleda Zia, l’opposition a fait une entrée en force
au Parlement où elle dispose
désormais de la majorité absolue
des sièges. Le reste de l’actualité a été dominé par les bonnes
performances de l’économie du
Bangladesh.
BARBADE
Superficie : 431 km 2
Population : 268 000 hab.
Capitale : Bridgetown
133 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Élisabeth II représentée par Clifford
Husbands
Chef du gouvernement : Owen
Arthur
Organisation administrative :
11 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar de la Barbade
➡ HISTORIQUE
1966 : ancienne colonie
britannique, l’île proclame son
indépendance.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
346
1994 : Owen Arthur succède à
L. Erksine Sandiford comme
Premier ministre.
1998 : O. Arthur propose la
constitution d’une fédération
des îles de la région.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 620 hab./km 2
Part de la population urbaine :
49,5 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 20,7 %,
15-65 ans 65,9 %, + 65 ans
13,4 %
Taux de natalité : 13,62 ‰
Taux de mortalité : 8,22 ‰
Taux de mortalité : infantile
10,9 ‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,4 milliards de $
PNB/hab. : 8 600 $
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,56 %
Structure de la population
active : agriculture 4,7 %,
mines et industrie 19,6 %,
services 75,7 %
Dette extérieure : 644 millions
de $
Agriculture
Cultures : canne à sucre
520 000 t., maïs 2 000 t.
Élevage : bovins 23 000,
caprins 4 500, ovins 41 000,
porcins 33 000, poulets
3 400 000
Production de bois : 5 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 537 millions de
kWh, gaz naturel 22 000 millions de m 3, pétrole 75 000 t.
Production industrielle : sucre
65 000 t.
Recettes touristiques : 717 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 210 millions de $
Total importations : 995 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 27 %
Défense
Total forces armées :
610 hommes
Budget de la Défense : 0,4 %
du PIB
BELGIQUE
Superficie : 30 500 km 2
Population : 10 264 000 hab.
Capitale : Bruxelles
134 395 hab. (1 100 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Albert II
Chef du gouvernement : Guy
Verhofstadt
Organisation administrative :
3 régions
Langues officielles : néerlandais, français, allemand
Religion : catholicisme
Monnaies : euro, franc belge
➡ HISTORIQUE
1831 : reconnaissance définitive de l’indépendance de la
Belgique.
1945 : adhésion de la Belgique
à l’ONU, au Benelux (1948) et
à l’OTAN (1949).
1951 : Baudoin Ier succède
à son père Léopold III, dont
l’attitude face aux Allemands
pendant la Seconde Guerre
mondiale était largement
contestée.
1958 : le pacte scolaire met un
terme à la très forte opposition
entre l’Église catholique et les
partis libéral et socialiste.
1960 : indépendance du
Congo belge.
1977 : le pacte d’Egmont découpe le pays en trois régions
semi-autonomes : Flandre,
Wallonie, Bruxelles.
1993 : d’État unitaire, la
Belgique devient État fédéral.
Albert II succède sur le trône à
son frère Baudouin Ier.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 312 hab./km 2
Part de la population urbaine :
97,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 17,3 %,
15-65 ans 60,6 %, + 65 ans
22,1 %
Taux de natalité : 11,1 ‰
Taux de mortalité : 10,51 ‰
Taux de mortalité : infantile
4,2 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 251 milliards de $
PNB/hab. : 24 650 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,54 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,12 %
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STATISTIQUES
347
Structure de la population
active : agriculture 2,3 %,
mines et industrie 26 %, services 73 %
Structure du PIB : 1,5 % pour
l’agriculture, 27,8 % pour
l’industrie, 70,8 % pour les
services
Dette brute : 115,9 % du PIB
Taux de chômage : 7 %
Agriculture
Cultures : avoine 40 000 t.,
blé 1 634 000 t., betteraves
à sucre 7 112 021 t., orge
432 000 t., pommes de terre
3 006 200 t.
Élevage : bovins 3 162 700,
ovins 155 000, porcins
7 322 000
Pêche : 32 000 t
Production de bois :
4 185 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : cuivre 368 000 t.,
électricité 83 530 millions de
kWh, plomb 111 000 t.
Production industrielle : acier
10 991 000 t., caoutchouc
synthétique 120 000 t., ciment
7 569 000 t., construction
navale 10 000 tjb., laine 360 t.,
sucre 953 000 t., voitures
particulières 1 001 000
Recettes touristiques :
5 997 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
165 725 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 28 %
Total importations :
151 973 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 26 %
Défense
Total forces armées :
41 750 hommes
Budget de la Défense : 1,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Apport en calories : 3 543 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 433/1 000 hab.
Téléphones : 468/1 000 hab.
Télévisions : 454/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Après les élections communales
de 2000 qui avaient vu la coalition
« arc-en-ciel » bénéficier d’un fort
soutien de l’électorat, le Premier
ministre a abordé l’année 2001
dans de bonnes conditions : une
croissance soutenue, un léger excédent budgétaire et un taux de
chômage inférieur à la moyenne
européenne. Portée par une
croissance soutenue depuis son
arrivée au pouvoir en juin 1999,
l’équipe dirigeante a même reçu
de la part de presse un soutien que d’aucuns ont pu juger
quelque peu dithyrambique. De
bonnes conditions au moment
où la Belgique était appelée à assurer au second semestre 2001 la
présidence tournante de l’Union
européenne.
BELIZE
Superficie : 23 000 km 2
Population : 231 000 hab.
Capitale : Belmopan
6 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Reine) Élisabeth II représentée par Colville
Young
Chef du gouvernement : Said
Musa
Organisation administrative :
6 districts
Langue officielle : anglais
Religion : catholicisme
Monnaie : dollar de Belize
➡ HISTORIQUE
1862 : la région passe sous
contrôle britannique.
1981 : proclamation de
l’indépendance.
1993 : signature d’un traité de
non-agression avec le Guatemala, qui avait longtemps
contesté l’indépendance de
Belize.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
348
1994 : les forces britanniques
quittent définitivement le
territoire.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 11 hab./km 2
Part de la population urbaine :
53,4 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 38,4 %, 1565 ans 55,6 %, + 65 ans 6 %
Taux de natalité : 30,06 ‰
Taux de mortalité : 4,21 ‰
Taux de mortalité : infantile
30 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,7 milliard de $
PNB/hab. : 2 730 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,49 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
– 1,21 %
Structure du PIB : 18,6 % pour
l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 56,3 % pour les services
Dette extérieure : 383 millions
de $
Agriculture
Cultures : bananes 75 000 t.,
canne à sucre 1 181 200 t.,
maïs 37 600 t., oranges
170 000 t., pamplemousses
41 000 t., riz 7 000 t.
Élevage : bovins 58 000, porcins 23 000, poulets 1 500 000
Production de bois :
188 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 155 millions de
kWh
Production industrielle : sucre
131 000 t.
Recettes touristiques : 88 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 159 millions de dont produits agricoles
86 %
Total importations : 286 millions de dont équipement
industriel et matériel de transport 25 %
Défense
Total forces armées :
1 050 hommes
Budget de la Défense : 1,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Un an après le passage de l’ouragan Keith qui a fait pour quelque
250 millions de dollars de dégâts
et laissé environ 3 000 personnes
sans abri, les îles touristiques de
Belize n’avaient pas fini de panser leurs plaies. Quant au conflit
territorial qui oppose cette petite
enclave britannique en terre hispanique au Guatemala, et qui
avait entraîné plusieurs incidents
frontaliers encore en 2000, il paraissait en voie de règlement. Un
épilogue propre à satisfaire les
investisseurs étrangers.
BÉNIN
Superficie : 113 000 km 2
Population : 6 446 000 hab.
Capitale : Porto-Novo
213 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Mathieu Kérékou
Organisation administrative :
6 départements
Langue officielle : français
Religions : catholicisme,
animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1883 : la France signe un
accord de protectorat avec le
roi Toffa.
1904 : le Dahomey devient une
colonie française.
1960 : indépendance du
Dahomey.
1975 : le Dahomey devient
la République populaire
du Bénin, d’obédience
marxiste-léniniste.
1990 : proclamation de la
République du Bénin, avec
une nouvelle Constitution
reconnaissant le multipartisme.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 55 hab./km 2
Part de la population urbaine :
41,5 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 46,4 %, 1565 ans 49,4 %, + 65 ans 4,2 %
Taux de natalité : 40,08 ‰
Taux de mortalité : 13 ‰
Taux de mortalité : infantile
80,6 ‰
Espérance de vie : hommes
51 ans, femmes 55 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,4 milliards de $
PNB/hab. : 380 $
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STATISTIQUES
349
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,96 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,33 %
Structure du PIB : 37,9 %
pour l’agriculture, 13,8 % pour
l’industrie, 48,3 % pour les
services
Dette extérieure : 1 624 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides
80 670 t., bananes 13 000 t.,
coton 175 000 t., igname
1 408 000 t., maïs 679 000 t.,
manioc 1 625 000 t., patates
douces 57 000 t., sorgho
120 000 t., tomates 121 000 t.
Élevage : bovins 1 438 000,
caprins 1 182 500, ovins
645 000, porcins 470 000,
poulets 27 000 000
Production de bois :
6 082 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 5 millions
de kWh, or 500 kg, pétrole
150 000 t.
Production industrielle : huile
de palme 13 000 t., sucre
3 000 t., viande 70 000 t.
Recettes touristiques : 29 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 289 millions de $ dont coton 51 %
Total importations : 962 millions de $
Défense
Total forces armées :
4 800 hommes
Budget de la Défense : 1,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Appelés à élire leur président les
électeurs béninois ont plébiscité
le chef de l’État sortant, Mathieu
Kérékou, au terme d’un scrutin
dont l’opposition a dénoncé le
caractère opaque. En retrouvant
donc son président, le Bénin a
aussi retrouvé le chemin d’une
honorable croissance économique. Toutefois, le Bénin a été
pénalisé par la facture pétrolière
– une conséquence du redressement des cours –, qui a relancé
une forte pression inflationniste.
Malgré le dérapage des prix, les
bailleurs de fonds ont conservé
leur confiance au Bénin.
BHOUTAN
Superficie : 47 000 km 2
Population : 2 141 000 hab.
Capitale : Thimbu 28 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État : (Roi) Jigme
Singye Wangchuck
Chef du gouvernement :
Lyonpo Yeshey Zimba
Organisation administrative :
20 districts
Langue officielle : tibétain
Religion : bouddhisme
Monnaies : roupie indienne,
ngultrum
➡ HISTORIQUE
1910 : accord de semi-protectorat avec la Grande-Bretagne.
1959 : de nombreux réfugiés
tibétains affluent au Bhoutan.
1971 : le Bhoutan entre à
l’ONU.
1979 : les réfugiés tibétains
sont sommes de prendre la
nationalité bhoutanaise ou de
rentrer au Tibet.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 17 hab./km 2
Part de la population urbaine :
6,9 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 42,7 %, 1565 ans 50,8 %, + 65 ans 6,5 %
Taux de natalité : 38,4 ‰
Taux de mortalité : 9,78 ‰
Taux de mortalité : infantile
53,6 ‰
Espérance de vie : hommes
60 ans, femmes 63 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,4 milliard de $
PNB/hab. : 510 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 7 %
Taux annuel d’inflation (1996) :
8,8 %
Structure du PIB : 37,7 %
pour l’agriculture, 36,7 % pour
l’industrie, 25,6 % pour les
services
Dette extérieure : 89 millions
de $
Agriculture
Cultures : blé 20 000 t., maïs
70 000 t., oranges 58 000 t.
Élevage : bovins 435 000,
caprins 42 100, ovins 58 500
Production de bois :
1 426 000 m3
Industrie
Recettes touristiques : 6 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 3 349 millions de $ dont électricité 33 %
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
350
Total importations : 3 802 millions de $ dont produits
alimentaires 11 %
BIÉLORUSSIE
Superficie : 208 000 km 2
Population : 10 147 000 hab.
Capitale : Minsk
1 800 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président
de la République) Aleksandr
Loukachenko
Chef du gouvernement :
V. Ermochine
Organisation administrative :
6 provinces
Langues officielles : russe,
biélorusse
Religion : orthodoxie
Monnaie : rouble biélorusse
➡ HISTORIQUE
1793 : après le partage de la
Pologne, la Biélorussie est
annexée par la Russie.
1979 : soviétisation du pays.
1941-1944 : occupation
allemande. La moitié de la
population est anéantie.
1991 : indépendance de la
Biélorussie, qui forme la CEI
avec la Russie et l’Ukraine.
1994 : le nouveau président
Aleksandr Loukachenko institue un régime autoritaire et se
rapproche de la Russie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 48 hab /km 2
Part de la population urbaine :
70,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18,7 %,
15-65 ans 62,4 %, + 65 ans
18,9 %
Taux
Taux
Taux
12,5
de natalité : 9,23 ‰
de mortalité : 13,2 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
62 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 20,8 milliards de $
PNB/hab. : 2 620 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,4 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
296,68 %
Structure du PIB : 12,9 %
pour l’agriculture, 42,1 %
pour l’industrie, 45 % pour les
services
Dette extérieure : 1 162 millions de $
Agriculture
Cultures : avoine
520 000 t., betteraves à
sucre 1 500 000 t., blé
900 000 t., maïs 4 000 t.,
orge 1 850 000 t., pommes
de terre 8 500 000 t., seigle
1 370 000 t.
Élevage : bovins 4 325 700,
ovins 91 900, porcins
3 561 900, poulets 40 000 000
Production de bois :
10 015 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 23 500 millions de kWh, gaz naturel
200 millions de m 3, pétrole
1 800 000 t.
Production industrielle :
acier 1 412 000 t., ciment
1 900 000 t., sucre 144 000 t.,
viande 636 000 t.
Recettes touristiques : 49 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 7 174 millions de $
Total importations : 8 639 millions de $ dont produits industriels 95 %
Défense
Total forces armées :
80 900 hommes
Budget de la Défense : 0,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’année écoulée a été marquée par la tenue de l’élection
présidentielle. Sans surprise, la
consultation électorale du 9 septembre a vu la victoire du chef
de l’État sortant, Aleksandr Loukachenko, qui exerce un pouvoir
sans partage sur le pays depuis
1994. Contesté par l’opposition,
dénoncé par les États-Unis, son
maintien au pouvoir confirme
l’extrême autarcie d’un pays coincé entre l’OTAN et la Russie dont il
dépend toujours plus.
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STATISTIQUES
351
BIRMANIE
Superficie : 678 000 km 2
Population : 48 364 000 hab.
Capitale : Rangoon 2 513 023 hab.
(4 196 000 hab. dans
l’agglomération)
Chef de l’État et du gouvernement : général Than Shwe
Organisation administrative :
7 provinces, 7 États
Langue officielle : birman
Religion : bouddhisme
Monnaie : kyat
➡ HISTORIQUE
1886 : la Birmanie devient une
province de l’Empire britannique des Indes.
1937 : la Birmanie est séparée des Indes britanniques
et s’achemine vers une
semi-autonomie.
1942-1945 : occupation
japonaise.
1948 : l’Union birmane accède
à l’indépendance. Les minorités karen et kachin entrent en
dissidence.
1962 : le président U Nu est
déposé par l’armée.
1988 : l’armée reprend le
pouvoir.
1990 : des élections ont lieu,
mais les militaires refusent
d’accepter la victoire de la
Ligue nationale pour la démocratie dirigée par Aung San
Suu Kyi.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 68 hab./km 2
Part de la population urbaine :
27,3 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 33,1 %, 1565 ans 67,2 %, + 65 ans 6,8 %
Taux de natalité : 25,76 ‰
Taux de mortalité : 9,35 ‰
Taux de mortalité : infantile
87,2 ‰
Espérance de vie : hommes
58 ans, femmes 61 ans
Indicateurs socio-économiques
Taux de croissance annuelle du
PIB (1997) : 4,63 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
18,4 %
Structure du PIB : 58,6 %
pour l’agriculture, 10,4 % pour
l’industrie, 30,9 % pour les
services
Dette extérieure : 5 074 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides 640 013 t.,
canne à sucre 5 147 000 t.,
caoutchouc 27 000t., coton
100 000 t., jute 47 000 t., maïs
349 100 t., millet 150 000 t.,
pommes de terre 244 600 t.,
riz 20 000 000 t., tabac
46 300 t.
Élevage : bovins 11 000 000,
buffles 2 441 240, caprins
1 380 000, porcins 4 000 000,
poulets 33 074 000
Pêche : 873 000 t
Production de bois :
23 635 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 4 236 millions
de kWh, gaz naturel 1 000 millions de m 3, pétrole 498 000 t.
Production industrielle :
ciment 468 000 t., sucre
62 000 t., viande 388 000 t.
Recettes touristiques : 32 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 1 161 millions de $ dont produits agricoles 51 %
Total importations : 2 739 millions de $
Défense
Total forces armées :
429 000 hommes
Budget de la Défense : 2,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
De nouveau l’année écoulée
a montré que l’absence de réformes économiques reste liée
à la paralysie politique : la junte,
qui a fait main basse sur le secteur privé, est omniprésente
dans le domaine économique.
Toutefois, pour échapper à la paralysie, les militaires ont entrouvert une porte en direction de
l’opposition.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
352
BOLIVIE
Superficie : 1 100 000 km 2
Population : 8 516 000 hab.
Capitales : Sucre
172 000 hab., La Paz
1 480 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Hugo Banzer Suárez
Organisation administrative :
9 départements
Langues officielles : quechua,
espagnol, aymara
Religion : catholicisme
Monnaie : boliviano
➡ HISTORIQUE
1825 : indépendance de la
Bolivie, jusque-là colonie espagnole. Simon Bolivar en est le
premier président.
1884 : le Chili enlève toute
façade maritime au pays.
1952 : arrivée au pouvoir de
Paz Estenssoro, qui nationalise les mines et annonce une
réforme agraire.
1964 : Paz Estenssoro est
renversé par les militaires.
1985 : retour au pouvoir de
Paz Estenssoro, qui redresse
l’économie en ouvrant le secteur public au privé.
1992 : un accord avec le Pérou
redonne au pays un accès à
la mer.
1997 : retour au pouvoir par les
élections de l’ancien dictateur
Hugo Banzer, qui s’engage à
éradiquer la culture de la coca.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 8 hab./km 2
Part de la population urbaine :
61,9 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 39,6 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,2 %
Taux de natalité : 32,4 ‰
Taux de mortalité : 9,11 ‰
Taux de mortalité : infantile
55,6 ‰
Espérance de vie : hommes
60 ans, femmes 64 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 8,1 milliards de $
PNB/hab. : 990 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 0,61 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
2,16 %
Structure du PIB : 18,4 %
pour l’agriculture, 18,1 % pour
l’industrie, 63,5 % pour les
services
Dette extérieure : 5 247 millions de $
Agriculture
Cultures : bananes 435 100 t.,
blé 98 000 t., café 25 000 t.,
canne à sucre 3 681 800 t.,
caoutchouc 11 000 t., maïs
706 600 t., manioc 357 000 t.,
pommes de terre 881 800 t.,
riz 348 600 t., soja 1 071 000 t.
Élevage : bovins 6 907 000,
caprins 1 500 000, chevaux
322 000, ovins 9 042 500,
porcins 2 822 200
Production de bois :
2 311 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : argent 404 t.,
électricité 2 400 millions de
kWh, étain 11 000 t., gaz
naturel 3 200 millions de
m 3, or 13 000 kg, pétrole
1 394 000 t., plomb 21 000 t.,
zinc 154 000 t.
Recettes touristiques : 180 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 1 162 millions de $
Total importations : 1 866 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 46 %
Défense
Total forces armées :
32 500 hommes
Budget de la Défense : 2,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le chef de l’État, Hugo Bánzer, a
choisi de démissionner pour raison de santé. De nouveau la Bolivie a connu une épouvantable
année économique et sociale. Et
comme rien ne semble de nature
à enrayer la récession à court
terme, tensions sociales, grèves
et manifestations devraient
encore dessiner un futur bien
bouché.
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STATISTIQUES
353
BOSNIE!
HERZÉGOVINE
Superficie : 51 100 km 2
Population : 4 067 000 hab.
Capitale : Sarajevo
522 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de
la présidence collégiale) Ante
Jelavi’c
Chef du gouvernement : Haris
Silajdzic Svetozar Mihailovic
Organisation administrative :
2 entités
Langue officielle : serbo-croate
Religions : orthodoxie, islam,
catholicisme
Monnaie : mark convertible
➡ HISTORIQUE
XVe siècle : conquête de la
région par les Ottomans.
1878 : la Bosnie-Herzégovine
passe sous le contrôle de
l’Empire austro-hongrois.
1914 : assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à
Sarajevo.
1918 : la Bosnie-Herzégovine est intégrée au nouveau
royaume de Yougoslavie.
1946 : la Bosnie-Herzégovine
devient une des six républiques autonomes de la République de Yougoslavie.
1992 : proclamation de l’indépendance et guerre civile avec
les Serbes.
1995 : accords de Dayton instituant deux entités, la Fédération croato-musulmane et la
République serbe de Bosnie.
Une force internationale de
sécurité garantit l’application
de l’accord.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 76 hab./km 2
Part de la population urbaine :
42,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18,9 %,
5-65 ans 66,2 %, + 65 ans
14,9 %
Taux
Taux
Taux
13,5
de natalité : 12,78 ‰
de mortalité : 7,41 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 4,7 milliards de $
PNB/hab. : 1 910 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 12,8 %
Agriculture
Cultures : betteraves à sucre
1 000 t., blé 258 000 t., maïs
888 800 t., pommes de terre
380 000 t., raisin 17 000 t.
Élevage :
ovins 285
poulets 3
Pêche : 3
bovins 350 000,
000, porcins 80 000,
870 000
000 t.
Production de bois : 40 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 200 millions
de kWh.
Production industrielle : sucre
2 000 t., viande 25 000 t., vin
50 000 hl.
Recettes touristiques : 15 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 373 millions de $
Total importations : 2 377 millions de $
Défense
Total forces armées :
86 000 hommes
Budget de la Défense : 4,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les législatives de novembre
2000 avaient laissé espérer
qu’une cohabitation plus harmonieuse aurait pu s’instaurer. Mais
l’optimisme est vite retombé et
les divisions ont fini par reprendre
le dessus. On a ainsi pu voir que
les nationalistes croates et serbes
entendaient défier Sarajevo en se
retranchant derrière le tracé des
frontières ethniques figé par les
accords de Dayton. En dépit de
l’aide occidentale reçue depuis la
fin de la guerre, la Bosnie affichait
tous les signes d’un pays à l’économie bloquée : sérieux déficit
budgétaire, chômage en hausse,
peu d’investissements privés.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
354
BOTSWANA
Superficie : 570 000 km 2
Population : 1 554 000 hab.
Capitale : Gaborone
254 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Festus Mogae
Organisation administrative :
10 districts
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
animisme
Monnaie : pula
➡ HISTORIQUE
1885 : protectorat britannique
1960 : semi-autonomie
1966 : proclamation de
l’indépendance.
1977 : remplacement du rand
sud-africain par une monnaie
nationale.
1997 : le Botswana porte
devant la Cour internationale
de justice son différend avec
la Namibie sur le contrôle des
eaux de l’Okavango.
1998 : élection de Festus
Mogae, qui entend poursuivre
la politique démocratique de
ses prédécesseurs.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 3 hab./km 2
Part de la population urbaine :
49,8 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 42,1 %, 1565 ans 53,4 %, + 65 ans 4,5 %
Taux de natalité : 32,62 ‰
Taux de mortalité : 14,86 ‰
Taux de mortalité : infantile
67,2 ‰
Espérance de vie : hommes
40 ans, femmes 39 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,7 milliards de $
PNB/hab. : 3 240 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,5 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
7,12 %
Structure du PIB : 3,6 % pour
l’agriculture, 45,4 % pour
l’industrie, 51 % pour les
services
Dette extérieure : 562 millions
de $
Agriculture
Cultures : coton 1 000 t., maïs
5 000 t., millet 1 000 t., sorgho
7 000 t.
Élevage : bovins 2 380 000,
caprins 1 845 000, ovins
250 000
Production de bois :
1 632 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : cuivre 22 000 t., diamants
15 547 000 carats, électricité
929 millions de kWh, houille
900 000 t., nickel 22 000 t.
Recettes touristiques : 181 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 2 164 millions de $ dont diamants 67 %
Total importations : 1 579 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 34 %
Défense
Total forces armées :
9 000 hommes
Budget de la Défense : 4,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le Botswana a de nouveau montré qu’il était le pays d’Afrique australe qui a la plus grande chance
d’aborder avec succès le défi de
l’intégration régionale. Les atouts
ne manquent pas, qu’il s’agisse
de la stabilité politique ou de la
qualité de la gestion des affaires
publiques. Mais les perspectives
de développement sont obérées par l’épidémie de sida : pour
le premier quart du XXIe siècle, la
croissance du PIB devrait être inférieure de 31 % à ce qu’elle aurait
été sans le sida.
BRÉSIL
Superficie : 8 512 000 km 2
Population : 172 159 000 hab.
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STATISTIQUES
355
Capitale : Brasilia
2 043 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Fernando Henrique
Cardoso
Organisation administrative :
1 district fédéral, 26 États
Langue officielle : portugais
Religion : catholicisme
Monnaie : real
➡ HISTORIQUE
1500 : découverte du Brésil par
le navigateur portugais Pedro
Alvares Cabral.
1522 : le Brésil devient colonie
portugaise.
1822 : Pierre Ier proclame
l’indépendance du Brésil dont
il devient l’empereur.
1891 : établissement d’une
république fédéraliste et
laïque.
1930 : les militaires portent
au pouvoir Getúlio Vargas qui
instaure un régime autoritaire.
1956-1964 : les présidents
Kubitschek, Quadros et
Goulart mènent des politiques
réformatrices.
1964 : les militaires reprennent
le pouvoir.
1985 : les civils reviennent
aux affaires avec l’élection du
président Tancredo Neves.
1994 : élection du social-démocrate Henrique Cardoso,
qui, en tant que ministre des
Finances, était parvenu à stabiliser l’économie. Il est réélu
en 1998.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 20 hab./km 2
Part de la population urbaine :
80,7 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 28,8 %, 1565 ans 63,4 %, + 65 ans 7,8 %
Taux de natalité : 20,04 ‰
Taux de mortalité : 7,23 ‰
Taux de mortalité : infantile
38,3 ‰
Espérance de vie : hommes
63 ans, femmes 71 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 730 milliards de $
PNB/hab. : 4 350 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 0,8 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
4,86 %
Structure de la population
active : agriculture 27,3 %,
mines et industrie 18,3 %,
services 54,3 %
Structure du PIB : 8,6 % pour
l’agriculture, 30,6 % pour
l’industrie, 60,8 % pour les
services
Dette extérieure : 193 663 millions de $
Agriculture
Cultures : agrumes
23 987 200 t., ananas
1 607 000 t., bananes
5 448 700 t., blé 1 986 000 t.,
cacao 209 200 t., café
1 834 400 t., canne à sucre
310 437 000 t., caoutchouc
54 000 t., coton 300 000 t.,
maïs 32 556 000 t., manioc
19 809 000 t., riz 10 940 500 t.,
sisal 127 000 t., soja
31 357 000 t., tabac 593 600 t.
Élevage : bovins 167 471 000,
chevaux 6 400 000,
ovins 18 300 000, porcins 27 320 000, poulets
900 000 000
Pêche : 820 000 t
Production de bois :
220 363 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : bauxite 12 260 000 t.,
diamants 1 951 200 carats.,
électricité 2 754 000 millions
de kWh, étain 20 000 t., fer
122 330 000 t., gaz naturel
10 800 millions de m 3, houille
5 600 000 t., manganèse
2 000 000 t., nickel 21 000 t.,
pétrole 50 000 000 t., zinc
144 000 t.
Production industrielle :
acier 25 760 000 t., aluminium 1 208 000 t., ciment
38 314 000 t., construction navale 149 000 tjb.,
sucre 15 500 000 t., viande
11 688 000 t., vin 2 320 000 hl,
voitures particulières
1 244 000
Recettes touristiques :
2 602 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
52 478 millions de $ dont
produits agricoles 23 %
Total importations :
65 074 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 38 %, produits
énergétiques 27 %
Défense
Total forces armées :
291 000 hommes
Budget de la Défense : 1,7 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 16,7 %
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 714
Apport en calories : 2 938 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 84/1 000 hab.
Téléphones : 107/1 000 hab.
Télévisions : 220/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Après avoir surmonté les effets
de la crise de l’hiver 1998-1999,
notamment en pratiquant des
coupes claires dans les budgets
d’équipement et en mettant en
oeuvre une réforme du régime
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
356
des retraites, le Brésil a fait preuve
d’une vigueur économique qui
lui a permis de n’être pas touché
par la terrible crise dans laquelle
s’est enfoncée l’Argentine voisine.
De même, la conjoncture dépressive suscitée par les attentats du
11 septembre contre New York
et Washington aura épargné le
géant de l’Amérique latine. Pour
autant, la classe politique a peiné
à recueillir les dividendes de ce
bilan, comme en témoigne le désarroi perceptible chez les partis
de la coalition alliée au président
Cardoso à l’approche des élections générales de 2002.
BRUNEI
Superficie : 5 765 km 2
Population : 335 000 hab.
Capitale : Bandar Seri
Begawan 85 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État et du gouvernement : (Sultan) Hassanal
Bolkiah
Organisation administrative :
4 districts
Langue officielle : malais
Religion : islam
Monnaie : dollar de Brunei
➡ HISTORIQUE
1888 : protectorat britannique.
1963 : le Brunei refuse de
rejoindre l’Indonésie.
1984 : proclamation de
l’indépendance.
1985 : création du Brunei
National Démocratic Party
(BNDP).
1988 : dissolution du BNDP
par le sultan.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 61 hab./km 2
Part de la population urbaine :
71,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 31,9 %, 1565 ans 63 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 20,86 ‰
Taux de mortalité : 3,05 ‰
Taux de mortalité : infantile
8,6 ‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 7,55 milliards de $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1997) : 4 %
Agriculture
Cultures : ananas 1 000 t.,
manioc 2 000 t., riz 400 t.
Élevage : bovins 2 100, buffles
6 000, porcins 5 000, poulets
3 000 000
Production de bois :
295 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 1 300 millions de kWh, gaz naturel
8 648 millions de m 3, pétrole
7 700 000 t.
Recettes touristiques : 39 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 2 330 millions de $ dont hydrocarbures
90 %
Total importations : 3 919 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de trans-
port 35 %
Défense
Total forces armées :
5 000 hommes
Budget de la Défense : 7,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
La vie de ce petit sultanat situé
sur la côte nord-ouest de l’île de
Bornéo est tout entière rythmée
par les performances d’une économie qui se confond avec le
« tout pétrole ». Une dépendance
à laquelle les autorités aimeraient
mettre un terme en dynamisant les secteurs des produits et
des services, ainsi que celui du
tourisme.
BULGARIE
Superficie : 111 000 km 2
Population : 7 867 000 hab.
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STATISTIQUES
357
Capitale : Sofia 1 192 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Petar Stojanov
Chef du gouvernement : Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha
Organisation administrative :
9 districts
Langue officielle : bulgare
Religions : orthodoxie, islam
Monnaie : lev
➡ HISTORIQUE
XIVe siècle : conquête du pays
par les Ottomans.
1878 : autonomie d’une grande
partie du pays.
1908 : Ferdinand de SaxeCobourg proclame l’indépendance complète du pays et
prend le titre de tsar.
1946 : proclamation de la
République et instauration d’un
régime socialiste.
1990 : rétablissement du
pluralisme.
1991 : abolition de la Constitution communiste.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 74 hab./km 2
Part de la population urbaine :
69,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 15,7 %,
15-65 ans 62,6 %, + 65 ans
21,7 %
Taux
Taux
Taux
15,2
de natalité : 8,05 ‰
de mortalité : 13,48 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 12,4 milliards de $
PNB/hab. : 1 410 $
Taux annuel d’inflation (1999) :
2,57 %
Structure du PIB : 15,1 %
pour l’agriculture, 23,4 % pour
l’industrie, 61,5 % pour les
services
Dette extérieure : 9 858 millions de $
Agriculture
Cultures : avoine 52 000 t.,
betteraves à sucre 37 500 t.,
blé 2 800 000 t., coton 4 000 t.,
maïs 1 996 000 t., orge
749 000 t., pommes de terre
537 800 t., raisin 624 000 t.,
seigle 18 000 t., tabac
33 600 t., tomates 244 000 t.,
tournesol 477 000 t.
Élevage : bovins 681 000,
ovins 2 550 000 porcins
1 513 000
Production de bois :
3 223 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : cuivre 89 000 t., électricité
41 667 millions de kWh, fer
475 000 t., houille 120 000 t.,
lignite 29 600 000 t., or
1 900 kg., pétrole 100 000 t.,
plomb 72 000 t.
Production industrielle :
acier 2 216 000 t., ciment
1 654 000 t., construction
navale 195 000 tjb., laine
7 000 t., sucre 11 000 t.,
textiles synthétiques 37 000 t.,
viande 443 000 t., vin
2 380 000 hl.
Recettes touristiques : 391 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 4 232 millions de $
Total importations : 3 816 millions de $ dont produits pétroliers 26 %
Défense
Total forces armées :
80 760 hommes
Budget de la Défense : 2,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
Remettant en cause de façon
pour le moins inattendue le statu
quo politique, les électeurs bulgares appelés à renouveler leur
représentation nationale dans le
cadre des élections législatives
du 17 juin ont accordé la victoire au parti de l’ex-roi Siméon II.
Nommé Premier ministre, le
monarque virtuel de retour d’exil
s’est engagé à redresser l’économie d’un pays qu’il pourrait bien
engager dans une transition
monarchique.
BURKINA FASO
Superficie : 275 000 km 2
Population : 11 856 000 hab.
Capitale : Ouagadougou
1 130 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président)
Blaise Compaoré
Chef du gouvernement : Paramanga Ernest Yonli
Organisation administrative :
45 provinces
Langue officielle : français
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
358
Religions : islam, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1899 : les Français occupent
l’ensemble de la région.
1960 : indépendance de la
Haute-Volta.
1966 : l’armée prend le
pouvoir.
1983 : le capitaine Thomas
Sankara dirige le Conseil
national de la révolution
et engage une politique
progressiste.
Le pays est rebaptisé Burkina
Faso.
1987 : Thomas Sankara est
tué lors d’un coup d’État
mené par le capitaine Blaise
Compaoré.
1991 : établissement d’une
nouvelle Constitution et tenue
d’une élection présidentielle
que remporte le chef de l’État
sortant, Blaise Compaoré.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
18 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 48,7 %, 1565 ans 46,5 %, + 65 ans 4,8 %
Taux de natalité : 43,92 ‰
Taux de mortalité : 18,59 ‰
Taux de mortalité : infantile
86,6 ‰
Espérance de vie : hommes
44 ans, femmes 46 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,6 milliards de $
PNB/hab. : 240 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 5,79 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
– 1,07 %
Structure du PIB : 31,3 %
pour l’agriculture, 28,3 % pour
l’industrie, 40,4 % pour les
services
Dette extérieure : 1 297 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides
205 000 t., canne à sucre
400 000 t., coton 90 000 t.,
maïs 377 800 t., manioc
2 000 t., millet 604 000 t.,
patates douces 16 000 t., riz
89 000 t., sorgho 943 000 t.
Élevage : bovins 4 550 000,
caprins 7 950 000, ovins
6 350 000, poulets 20 517 000
Production de bois :
10 301 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 196 millions de
kWh, or 3 000 kg
Recettes touristiques : 39 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 190 millions de $
Total importations : 506 millions de $
Défense
Total forces armées :
10 000 hommes
Budget de la Défense : 2,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Confiance des bailleurs de fonds
défiance de la population à
l’endroit du régime du président
Blaise Compaoré ont caractérisé
l’année écoulée. En dépit d’une
bonne tenue de la croissance
– 6 % attendus –, le Burkina Faso
pourrait bien connaître des difficultés importantes au cours des
prochaines années. La production d’or a continué de baisser
tandis que le déficit pluviométrique a commencé à faire sentir
ses effets sur l’agriculture et sur
l’élevage.
BURUNDI
Superficie : 28 000 km 2
Population : 6 502 000 hab.
Capitale : Bujumbura
321 000 hab.
Chef de l’État : Pierre Buyoya
Premier vice-président : Frédéric Bamvuginyumvira
Organisation administrative :
15 provinces
Langues officielles : kirundi,
français
Religions : catholicisme,
animisme
Monnaie : franc du Burundi
➡ HISTORIQUE
XVIIe siècle : établissement d’un
État.
1890 : colonisation allemande.
1916 : colonisation belge.
1962 : indépendance du
Burundi.
1966 : abolition de la royauté
et établissement d’une
république.
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STATISTIQUES
359
1972 : les violences
entre Hutus et Tutsis font
300 000 victimes.
1987 : le major Pierre Buyoya
prend le pouvoir.
1993 : le civil hutu Melchior
N’Dadaye est élu à la présidence puis est assassiné.
1996 : après des années de
violences, le major Buyoya
reprend le pouvoir.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 260 hab./km 2
Part de la population urbaine :
8,7 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 47,6 %, 1565 ans 48,1 %, + 65 ans 4,3 %
Taux de natalité : 41,08 ‰
Taux de mortalité : 19,89 ‰
Taux de mortalité : infantile
111,5 ‰
Espérance de vie : hommes
41 ans, femmes 43 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,7 milliard de $
PNB/hab. : 120 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 0,97 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
3,39 %
Structure du PIB : 52,2 %
pour l’agriculture, 17,3 % pour
l’industrie, 30,5 % pour les
services
Dette extérieure : 1 066 millions de $
Agriculture
Cultures : bananes
1 516 000 t., blé 6 000 t.,
café 18 500 t., canne à sucre
160 000 t., coton 1 000 t.,
maïs 123 000 t., manioc
622 000 t., palmiste 1 000 t.,
patates douces 590 000 t., riz
56 000 t., sorgho 67 000 t.
Élevage : bovins 320 000, caprins 580 000, ovins 160 000,
poulets 4 600 000
Production de bois :
5 049 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 107 millions de
kWh
Recettes touristiques : 1 million de $
Commerce extérieur
Total exportations : 73 millions
de $ dont café 63 %
Total importations : 100 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 21 %
Défense
Total forces armées :
45 500 hommes
Budget de la Défense : 5,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
De nouveau les tensions interethniques ont occupé le devant
de la scène intérieure. Ainsi,
le conflit qui oppose Tutsis et
Hutus a continué de faire des
victimes. À la misère engendrée
par la guerre, la sécheresse est
venue ajouter ses ravages, provoquant par endroits de véritables
famines. Enfin, témoin récurrent de la fragilité du régime, le
Burundi a de nouveau dû faire
face à une double tentative de
putsch conduite par de jeunes
officiers tutsis. Si ces coups d’État
militaires ont échoué, ils auront
toutefois largement ajouté à la
confusion.
CAMBODGE
Superficie : 181 000 km 2
Population : 13 441 000 hab.
Capitale : Phnom Penh
984 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Norodom
Sihanouk
Chef du gouvernement : Hun
Sen
Organisation administrative :
20 provinces, 3 municipalités
autonomes
Langue officielle : khmer
Religion : bouddhisme
Monnaie : riel
➡ HISTORIQUE
1863 : protectorat français.
1945 : invasion japonaise.
1953 : indépendance du
Cambodge.
1970 : renversement du roi
Norodom Sihanouk par le
général Lon Nol, soutenu par
les Américains.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
360
1975 : les Khmers rouges
prennent le pouvoir. Près de
deux millions de Cambodgiens
périssent.
1978 : le Viêt Nam envahit le
pays et établit un gouvernement qui lui est favorable.
1991 : un accord se fait entre
les différentes familles politiques pour organiser à terme
des élections libres.
1993 : les communistes
remportent les élections et
Sihanouk redevient roi.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 67 hab./km 2
Part de la population urbaine :
15,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,7 %, + 65 ans 4,4 %
Taux de natalité : 32,38 ‰
Taux de mortalité : 12,68 ‰
Taux de mortalité : infantile
72,5 ‰
Espérance de vie : hommes
52 ans, femmes 55 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,1 milliards de $
PNB/hab. : 260 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,5 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
4 %
Structure du PIB : 51 % pour
l’agriculture, 14,5 % pour
l’industrie, 34,3 % pour les
services
Dette extérieure : 2 129 millions de $
Agriculture
Cultures : bananes 147 000 t.,
canne à sucre 138 000 t.,
caoutchouc 40 000 t., maïs
50 000 t., manioc 39 000 t.,
patates douces 26 000 t., riz
3 800 000 t., soja 58 000 t.,
tabac 10 000 t.
Élevage : bovins 2 860 000,
buffles 710 000, porcins
2 550 000, poulets 12 000 000
Pêche : 115 000 t.
Production de bois :
7 947 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 180 millions de
kWh
Recettes touristiques : 145 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 621 millions de $
Total importations : 1 112 millions de $
Défense
Total forces armées :
149 000 hommes
Budget de la Défense : 4,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Dans ce pays où la société, démunie, est dominée par une petite
minorité de gens très, riches, l’annonce de la mise en place d’une
« stratégie de réduction de la pauvreté » a suscité quelques espoirs.
Ceux-ci ont vite été déçus. En
effet, sur le plan économique et
social, le millésime 2001 n’a guère
différé du précédent. Certes la
croissance y est soutenue, mais
la redistribution de ses fruits est
très inégale. En revanche, la stabilité politique a permis de créer
un tribunal chargé de juger les
criminels khmers rouges.
CAMEROUN
Superficie : 475 000 km 2
Population : 15 203 000 hab.
Capitale : Yaoundé
1 440 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Paul Biya
Chef du gouvernement : Peter
Mafany Musonge
Organisation administrative :
10 régions
Langues officielles : français,
anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1868 : protectorat allemand.
1916 : tutelle
franco-britannique.
1961 : indépendance du
Cameroun français. Le Cameroun britannique se divise en
une partie rattachée au Nigeria
et une autre qui rejoint le
Cameroun indépendant.
1972 : le président Ahidjo
transforme le Cameroun fédédownloadModeText.vue.download 363 sur 518
STATISTIQUES
361
ral en république unitaire, afin
de souder les musulmans du
Nord et les chrétiens du Sud.
1982 : Paul Biya succède à
Ahmadou Ahidjo.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 32 hab./km 2
Part de la population urbaine :
48,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,1 %, 1565 ans 51,3 %, + 65 ans 5,6 %
Taux de natalité : 37,52 ‰
Taux de mortalité : 12,43 ‰
Taux de mortalité : infantile
79,3 ‰
Espérance de vie : hommes
50 ans, femmes 52 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 8,7 milliards de $
PNB/hab. : 600 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,4 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
5,3 %
Structure du PIB : 43,5 %
pour l’agriculture, 18,6 % pour
l’industrie, 37,8 % pour les
services
Dette extérieure : 9 293 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides 160 000 t.,
bananes 990 000 t., cacao
150 000 t., café 70 000 t.,
canne à sucre 1 350 000 t.,
caoutchouc 54 000 t., coton
92 000 t., maïs 850 000 t.,
manioc 1 500 000 t., millet
71 000 t., palmiste 56 000 t.,
patates douces 220 000 t.,
plantain 1 030 000 t., riz
65 000 t.
Élevage : bovins 5 900 000,
caprins 3 850 000, ovins
3 880 000, porcins 1 430 000
Pêche : 84 000 t.
Production de bois :
16 056 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 275 millions de kWh, hydroélectricité
2 662 millions de kWh, pétrole
5 300 000 t.
Production industrielle : aluminium 78 000 t., huile de palme
160 000 t., viande 204 000 t.
Recettes touristiques : 39 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 1 814 millions de $dont produits pétro-
liers 47 %
Total importations : 1 296 millions de $
Défense
Total forces armées :
22 100 hommes
Budget de la Défense : 1,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
En dépit de la stratégie de lutte
contre la pauvreté, dont le gouvernement de Paul Biya a fait
sa priorité, le Cameroun reste
un pays désespérément pauvre
comme l’attestent tous les indicateurs de développement. Au
rythme de la misère progresse
aussi l’insécurité à laquelle
les autorités répondent par
une violence souvent hors de
proportion.
CANADA
Superficie : 9 975 000 km 2
Population : 31 015 000 hab.
Capitale : Ottawa 323 340 hab.
(1 000 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Elisabeth II représentée par
Adrienne Clarkson
Chef du gouvernement : Joan
Chrétien
Organisation administrative :
10 provinces, 3 territoires
Langues officielles : français,
anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : dollar canadien
➡ HISTORIQUE
1608 : Samuel de Champlain
fonde Québec.
1763 : les Britanniques
chassent les Français du
Canada.
1840 : les Britanniques unifient
le Canada afin de fondre
la partie francophone dans
l’ensemble anglophone.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
362
Production de bois :
188 432 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : argent 1 179 t.,
cuivre 705 000 t., électricité
540 900 millions de kWh, électricité nucléaire 72 800 millions
de kWh, fer 22 800 000 t., gaz
naturel 170 000 millions de m 3,
houille 38 300 000 t., hydroélectricité 351 223 millions de
kWh, lignite 37 100 000 t., nickel 208 000 t., or 166 000 kg,
pétrole 99 906 000 t., plomb
186 000 t., uranium 10 925 t.,
zinc 1 066 000 t.
Production industrielle : acier
15 930 000 t., aluminium
2 374 000 t., caoutchouc
synthétique 217 000 t., ciment
11 737 000 t., filés de coton
53 000 t., lait 7 700 000 t.,
sucre 96 000 t., textiles synthétiques 212 000 t., viande
3 416 000 t., voitures particulières 1 489 000
Recettes touristiques :
8 928 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
211 961 millions de $ dont
véhicules 23 %
Total importations :
195 039 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 33 %
Défense
Total forces armées :
60 600 hommes
Budget de la Défense : 1,0 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 476
Apport en calories : 3 056 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 440/1 000 hab.
Téléphones : 609/1 000 hab.
Télévisions : 714/1 000 hab.
1931 : autonomie complète du Canada au sein du
Commonwealth
1987 : l’accord « du lac
Meech » octroie au Québec le
statut de « société distincte ».
1992 : le Canada adhère à
l’ALENA, accord de libreéchange avec les États-Unis et
le Mexique.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 3 hab./km 2
Part de la population urbaine :
77 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 19,1 %,
15-65 ans 64,2 %, + 65 ans
16,7 %
Taux de natalité : 11,1 ‰
Taux de mortalité : 7,07 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,4 ‰
Espérance de vie : hommes
76 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 615,4 milliards de $
PNB/hab. : 20 140 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,59 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,72 %
Structure de la population
active : agriculture 3,9 %,
mines et industrie 23,2 %,
services 73 %
Dette brute : 89,8 % du PIB
Taux de chômage : 6,8 %
Agriculture
Cultures : avoine 3 389 400 t.,
betteraves à sucre 744 000 t.,
blé 26 200 000 t., colza
7 588 000 t., lin 1 097 000 t.,
maïs 8 500 000 t., orge
12 696 000 t., pommes de
terre 4 204 000 t., seigle
398 000 t., soja 2 737 000 t.
Élevage : bovins 12 555 000,
chevaux 395 000, ovins
645 000, porcins 12 254 000
Pêche : 1 030 000 t
➡ TENDANCES
La reconduction au pouvoir
fédéral du parti libéral du Premier ministre Jean Chrétien à la
faveur des élections anticipées
de novembre 2000, en confirmant le statu quo politique, s’est
accompagnée, en 2001, d’une
stabilité économique marquée
par la croissance. Celle-ci pourrait
toutefois être affectée rapidement par le ralentissement de
l’économie des États-Unis, auxquels le Canada est bien sûr étroitement lié.
CAP!VERT
Superficie : 4 000 km 2
Population : 437 000 hab.
Capitale : Praia 76 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Pedro Pires
Chef du gouvernement : Carlos Wahnon Veiga
Organisation administrative :
2 districts
Langue officielle : portugais
Religion : catholicisme
Monnaie : escudo du Cap-Vert
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STATISTIQUES
363
➡ HISTORIQUE
XVe siècle : établissement des
Portugais dans l’île. Ceuxci y font venir des esclaves
d’Afrique.
1956 : création d’un mouvement séparatiste sous l’impulsion d’Amilcar Cabral : le Parti
africain de l’indépendance de
la Guinée et du Cap-Vert.
1975 : indépendance de l’île.
1990 : instauration du
multipartisme.
1992 : adoption d’une nouvelle
Constitution.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 106 hab./km 2
Part de la population urbaine :
60,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 39,3 %, 1565 ans 54,2 %, + 65 ans 6,5 %
Taux de natalité : 35,53 ‰
Taux de mortalité : 6,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
49,6 ‰
Espérance de vie : hommes
66 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,6 milliard de $
PNB/hab. : 1 330 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 8 %
Taux annuel d’inflation (1996) :
6,5 %
Structure du PIB : 12 % pour
l’agriculture, 16,4 % pour
l’industrie, 71,6 % pour les
services
Dette extérieure : 220 millions
de $
Agriculture
Cultures : bananes 6 000 t.,
canne à sucre 12 500 t.,
manioc 3 000 t., patates
douces 4 000 t., pommes de
terre 2 000 t.
Élevage : bovins 22 000,
caprins 112 000, porcins
636 000
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 60 millions de
kWh
Recettes touristiques : 10 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 20 millions
de $ dont poissons 48 %
Total importations : 274 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 36 %
Défense
Total forces armées :
1 100 hommes
Budget de la Défense : 1,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
En se dotant d’un nouveau président de la République, en la
personne de Pedro Pires, et d’une
majorité de députés appartenant
au Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV, exmarxiste), les Capverdiens ont
manifestement voulu teinter
le libéralisme économique de
l’équipe sortante de préoccupations plus sociales.
CENTRAFRICAINE
!RÉPUBLIQUE!
Superficie : 620 000 km 2
Population : 3 782 000 hab.
Capitale : Bangui 622 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de
la République) Ange-Félix
Patassé
Chef du gouvernement : Martin Ziguélé
Organisation administrative :
16 préfectures, la capitale
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
catholicisme, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1905 : la France instaure la
colonie de l’Oubangui-Chari.
1960 : indépendance de la
République centrafricaine.
1965 : coup d’État militaire mené par Jean Bédel
Bokassa.
1976 : Bokassa se proclame
empereur.
1979 : l’ancien président David
Dacko dépose Bokassa avec
l’aide de la France.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
364
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 6 hab./km 2
Part de la population urbaine :
40,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43 %, 1565 ans 50,9 %, + 65 ans 6,1 %
Taux de natalité : 36,06 ‰
Taux de mortalité : 18,68 ‰
Taux de mortalité : infantile
93,3 ‰
Espérance de vie : hommes
43 ans, femmes 45 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 milliard de $
PNB/hab. : 290 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,4 %
Taux annuel d’inflation (1997) :
1,15 %
Structure du PIB : 55,1 %
pour l’agriculture, 19,6 % pour
l’industrie, 25,3 % pour les
services
Dette extérieure : 885 millions
de $
Agriculture
Cultures : arachides
104 500 t., bananes 115 000 t.,
café 13 000 t., coton 22 000 t.,
igname 360 000 t., manioc
579 000 t., millet 10 000 t.,
plantain 80 000 t., riz 21 000 t.,
sorgho 38 000 t.
Élevage : bovins 2 950 000,
porcins 650 000, poulets
3 875 000
Production de bois :
3 850 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : diamants 523 000 carats
Production industrielle :
viande 82 000 t.
Recettes touristiques : 5 mil-
lions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 270 millions de $
Total importations : 163 millions de $
Défense
Total forces armées :
2 650 hommes
Budget de la Défense : 3,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
De nouveau, ce sont les militaires,
plus précisément la très forte
tendance putschiste que manifestent régulièrement certains
d’entre eux, qui ont fait l’essentiel
de l’actualité politique. Certes, le
régime du président Ange-Félix
Patassé est venu à bout des mutins qui ont tenté de le renverser,
mais au prix d’un véritable massacre. Et force est de constater
que trois ans après la fermeture
des bases françaises à Bouar et à
Bangui, le pays n’était plus qu’un
État fantôme. La situation sanitaire est épouvantable. Ainsi, le
taux de prévalence du sida est
le plus élevé d’Afrique centrale :
15 % de la population est infectée par le virus ; 95 % des rares lits
d’hôpitaux sont occupés par les
victimes de l’épidémie.
CHILI
Superficie : 757 000 km 2
Population : 15 402 000 hab.
Capitale : Santiago 5 000 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Eduardo Frei
Ruiz-Tagle
Organisation administrative :
13 régions
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso chilien
➡ HISTORIQUE
XVIe siècle : début de la
conquête espagnole. Les
guerres contre les Indiens vont
durer jusqu’au XIXe siècle.
1818 : indépendance du Chili,
obtenue avec l’appui des
troupes argentines.
1891 : instauration du régime
parlementaire.
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STATISTIQUES
365
1964 : élection du démocrate-chrétien Eduardo Frei
qui amorce une politique de
nationalisations et de réforme
agraire.
1970 : victoire de la gauche,
dirigée par Salvador Allende.
1973 : renversement du gou-
vernement de gauche par une
junte militaire dirigée par le
général Pinochet et soutenue
par les Américains.
1989 : le démocrate-chrétien
Patricio Alwyn est élu à la
présidence.
1998 : arrestation à Londres du
général Pinochet.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 20 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 28,5 %,
15-65 ans 61,3 %, + 65 ans
10,2 %
Taux
Taux
Taux
11,6
de natalité : 17,83 ‰
de mortalité : 5,59 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 79 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 65,6 milliards de $
PNB/hab. : 4 630 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 1,09 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
3,34 %
Structure de la population
active : agriculture 17,1 %,
mines et industrie 24,8 %,
services 58,1 %
Structure du PIB : 8,4 % pour
l’agriculture, 34,2 % pour
l’industrie, 57,4 % pour les
services
Dette extérieure : 31 440 millions de $
Taux de chômage 5,3 %
Agriculture
Cultures : agrumes 185 000 t.,
avoine 260 000 t., betteraves
à sucre 3 350 000 t., blé
1 500 000 t., maïs 646 000 t.,
orge 115 000 t., pommes
de terre 994 700 t., raisin
1 665 000 t., riz 113 000 .,
tomates 1 197 000 t.
Élevage : bovins 4 068 000,
ovins 4 144 000, porcins
2 465 000
Pêche : 6 084 000 t
Production de bois :
31 371 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : argent 1 337 t.,
cuivre 3 687 000 t., électricité 32 305 millions de kWh,
fer 5 560 000 t., gaz naturel
2 000 millions de m 3, houille
1 000 000 t., hydroélectricité
18 408 millions de kWh, or
44 000 kg, pétrole 448 000 t.
Production industrielle :
acier 1 171 000 t., ciment
3 990 000 t., laine 15 300 t.,
lait 2 090 000 t., sucre
357 000 t., textiles synthétiques 13 000 t., viande
859 000 t., vin 3 820 000 hl
Recettes touristiques :
1 080 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
16 296 millions de $ dont
cuivre 30 %
Total importations :
18 111 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 42 %
Défense
Total forces armées :
93 000 hommes
Budget de la Défense : 2,6 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 4,8 %
Apport en calories : 2 810 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 71/1 000 hab.
Téléphones : 180/1 000 hab.
Télévisions : 215/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Premier socialiste à accéder à la
présidence depuis la chute de
Salvador Allende renversé par un
coup d’État perpétré par le géné-
ral Augusto Pinochet en 1973,
Ricardo Lagos a bénéficié en
2001 d’une bonne conjoncture
intérieure, ce dont ont témoigné, entre autres indicateurs, une
croissance soutenue et la bonne
tenue de la balance commerciale. Comparé à ses voisins et
partenaires du cône sud, le Chili
aura mieux su tirer son épingle
d’un jeu sur lequel s’emploient à
peser le Brésil et les États-Unis. En
matière de politique intérieure, le
cas Pinochet a largement dominé les autres débats.
CHINE
Superficie : 9 600 000 km 2
Population :
1 284 972 000 hab.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
366
Capitale : Pékin
11 400 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république, régime
socialiste
Chef de l’État : (Président de la
République) Jiang Zemin
Chef du gouvernement : Zhu
Rongji
Organisation administrative :
3 municipalités, 1 région
administrative, 22 provinces,
5 régions autonomes,
2 régions spéciales
Langue officielle : chinois
Religions : taoïsme, confucianisme, bouddhisme
Monnaie : yuan
➡ HISTORIQUE
1911 : instauration de la
République.
1927 : rupture entre le Guomindang de Tchang Kaï-chek
et le Parti communiste.
1931 : invasion de la Mandchourie par le Japon.
1949 : fondation de la République populaire de Chine.
1958 : le « Grand Bond en
avant » accentue la collectivisation du pays.
1966 : lancement de la
« Révolution culturelle
prolétarienne ».
1969 : affrontements frontaliers
avec l’URSS et rapprochement
avec les États-Unis.
1976 : mort de Mao Zedong.
1977 : réhabilitation de Deng
Xiaoping qui devient le chef
effectif de la Chine.
1989 : répression sanglante du
mouvement démocratique.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 134 hab./km 2
Part de la population urbaine :
31,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 24,8 %,
15-65 ans 65,1 %, + 65 ans
10,1 %
Taux
Taux
Taux
36,5
de natalité : 15,64 ‰
de mortalité : 6,95 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 971,5 milliards de $
PNB/hab. : 780 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 7,05 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
– 1,41 %
Structure de la population
active : agriculture 49,1 %,
mines et industrie 19,5 %,
services 31,3 %
Structure du PIB : 17,6 %
pour l’agriculture, 49,3 %
pour l’industrie, 33 % pour les
services
Dette extérieure : 146 697 millions de $
Taux de chômage : 3 %
Agriculture
Cultures : agrumes
11 781 700 t., ananas
899 000 t., arachides
15 067 157 t., avoine
900 000 t., betteraves à
sucre 9 000 000 t., blé
100 906 000 t., canne
à sucre 79 766 000 t.,
caoutchouc 450 000 t.,
colza 6 000 000 t., coton
4 300 000 t., jute 365 000 t.,
maïs 133 143 000 t., millet 4 001 000 t., orge
4 400 000 t., patates douces
111 704 000 t., pommes
de terre 58 039 200 t.,
riz 190 389 200 t., seigle
800 000 t., soie 80 000 t.,
soja 13 758 000 t., sorgho 5 767 000 t., tabac
2 510 000 t., thé 722 600 t.,
tournesol 1 200 000 t.
Élevage : bovins 104 169 000,
buffles 22 598 620, caprins
148 436 400, chevaux
8 855 000, ovins 131 095 400,
porcins 436 908 000
Pêche 36 500 000 t.
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : argent 891 t., bauxite
5 500 000 t., cuivre 906 000 t.,
électricité 1 128 134 millions
de kWh, étain 54 000 t., fer
70 690 000 t., gaz naturel
22 216 millions de m 3, houille
1 235 600 000 t., nickel
42 000 t., or 157 000 kg,
pétrole 159 900 000 t., plomb
530 000 t., uranium 600 t., zinc
758 000 t.
Production industrielle : acier
114 347 000 t., aluminium
1 780 000 t., caoutchouc
synthétique 570 000 t., ciment
510 000 000 t., construction navale 2 800 000 tjb.,
filés de coton 5 450 000 t.,
laine 287 000 t., sucre
7 541 000 t., textiles artificiels
166 000 t., textiles synthétiques 4 342 000 t., viande
55 141 000 t., voitures particulières 465 000
Recettes touristiques :
12 074 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
182 792 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 21 %
Total importations :
142 370 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 40 %
Défense
Total forces armées :
2 480 000 hommes
Budget de la Défense : 1,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 18,5 %
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 1 062
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STATISTIQUES
367
Apport en calories : 2 844 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 3/1 000 hab.
Téléphones : 56/1 000 hab.
Télévisions : 205/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Une année 2001 faste pour la
Chine avec l’adhésion à l’OMC et
le choix de Pékin pour l’organisation des JO de 2008. Une année
qui a donc vu la République populaire faire un pas supplémentaire vers l’intégration dans un
monde globalisé, où elle entend
conquérir son statut de puissance économique et militaire rivalisant avec les États-Unis. Après
le retour de Hongkong et de
Macao dans le giron de la Chine
communiste, l’objectif déclaré est
Taiwan, dont Pékin ne supporte
pas les velléités d’indépendance.
CHYPRE
Superficie : 9 251 km 2
Population : 790 000 hab.
Capitale : Nicosie
193 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Glafcos Cléridès
ou Ghláfkos Kliridhis
Organisation administrative :
6 districts
Langues officielles : turc, grec
Religions : islam, christianisme
Monnaie : livre chypriote
➡ HISTORIQUE
1878 : l’Empire ottoman cède
l’île à la Grande-Bretagne.
1960 : indépendance de
Chypre.
1975 : la minorité turque crée
un État dissident au nord. Proclamé indépendant en 1983,
cet État n’est reconnu que par
la Turquie.
1987 : Chypre devient un État
associé à l’Union européenne.
1996 : violents affrontements
intercommunautaires.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 82 hab./km 2
Part de la population urbaine :
56,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 23,1 %,
15-65 ans 61,2 %, + 65 ans
15,7 %
Taux de natalité : 13,38 ‰
Taux de mortalité : 7,32 ‰
Taux de mortalité : infantile
7,7 ‰
Espérance de vie : hommes
76 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 9,1 milliards de $
Taux de croissance annuelle du
PIB : (1999) 4,5 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,63 %
Structure de la population
active : agriculture 10,9 %,
mines et industrie 25 %, services 64,1 %
Dette extérieure : 3 213 millions de $
Agriculture
Cultures : agrumes 125 400 t.,
olives 9 000 t., pommes de
terre 120 000 t.
Production de bois : 81 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 700 millions
de kWh
Production industrielle :
viande 95 000 t., vin
560 000 hl
Recettes touristiques :
1 613 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 429 millions de $ dont pommes de
terre 18 %
Total importations : 3 678 millions de $
Défense
Total forces armées :
10 000 hommes
Budget de la Défense : 5,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
Candidat à l’Union européenne,
Chypre a poursuivi ses efforts
d’adaptation, notamment en
matière d’institutions bancaires.
Sur le plan économique, l’année
écoulée a confirmé le contraste
entre un Sud prospère et la République turque de Chypre du Nord
en proie à une crise de grande
ampleur. Vingt-six ans après la
division de l’île, les Chypriotes
grecs et turcs n’avaient toujours
pas trouvé de solution en dépit
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
368
des négociations menées sous
l’égide de l’ONU.
COLOMBIE
Superficie : 1 140 000 km 2
Population : 42 803 000 hab.
Capitale : Bogotá
6 200 000 hab. dans
l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Andrés Pastrana
Arango
Organisation administrative :
32 départements, 1 district
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso colombien
➡ HISTORIQUE
1819 : après les victoires de
Bolivar contre les troupes
espagnoles, l’indépendance du
pays est proclamée.
1948 : sanglante guerre
civile entre libéraux et
conservateurs.
années 60 et 70 : apparition de
guérillas marxisantes.
années 80 : le trafic de la
cocaïne devient un enjeu
national.
1998 : élection du conservateur Andrés Pastrana.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
73,5 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 32,8 %, 1565 ans 60,3 %, + 65 ans 6,9 %
Taux de natalité : 23,18 ‰
Taux de mortalité : 5,79 ‰
Taux de mortalité : infantile
25,6 ‰
Espérance de vie : hommes
67 ans, femmes 74 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 84,1 milliards de $
PNB/hab. : 2 170 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 4,29 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
11,21 %
Structure du PIB : 12,8 % pour
l’agriculture, 26 % pour l’industrie, 61,2 % pour les services
Dette extérieure : 31 777 millions de $
Taux de chômage : 12,1 %
Agriculture
Cultures : bananes
1 570 000 t., cacao 51 600 t.,
café 630 000 t., canne à sucre
37 000 000 t., coton 40 000 t.,
maïs 1 010 000 t., plantain
2 597 000 t., pommes de terre
2 705 400 t., riz 2 100 000 t.,
sorgho 339 000 t.
Élevage : bovins 26 000 000,
ovins 2 200 000, porcins
2 800 000
Production de bois :
20 765 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 45 360 millions
de kWh, fer 265 000 t., gaz
naturel 4 500 millions de m 3,
houille 33 800 000 t., hydroélectricité 31 939 millions de
kWh, or 23 000 kg, pétrole
38 900 000 t.
Production industrielle : acier
671 000 t., ciment 8 870 000 t.,
filés de coton 71 000 t., sucre
2 332 000 t., textiles synthétiques 55 000 t., viande
1 298 000 t.
Recettes touristiques : 955 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 11 455 millions de $ dont pétrole et
dérivés 27 %
Total importations :
15 379 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 40 %
Défense
Total forces armées :
144 000 hommes
Budget de la Défense : 2,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Après une récession particulièrement aiguë en 1999, l’économie
colombienne avait redémarré en
2000. Le millésime 2001 a confirmé ce rebond, même si les négociations avec les guérillas n’ont
pas avancé de façon significative
et que la recrudescence des activités des milices paramilitaires ne
porte guère à l’optimisme.
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STATISTIQUES
369
COMORES
Superficie : 1 900 km 2
Population : 727 000 hab.
Capitale : Moroni 44 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouverne-
ment : (Président de la République) Azali Hassounani
Organisation administrative :
3 gouvernorats
Langues officielles : français,
arabe
Religion : islam
Monnaie : franc des Comores
➡ HISTORIQUE
1886 : protectorat français.
1975 : indépendance des
Comores, à l’exception de
Mayotte.
1989 : assassinat du président
Abdallah.
1992 et 1995 : tentatives de
coup d’État.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 244 hab./km 2
Part de la population urbaine :
32,6 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 43 %,
15-65 ans 52,8 %, + 65 ans
24,2 %
Taux de natalité : 33,74 ‰
Taux de mortalité : 9,35 ‰
Taux de mortalité : infantile
67 ‰
Espérance de vie : hommes
59 ans, femmes 62 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,2 milliard de $
PNB/hab. : 350 $
Structure du PIB : 39,4 %
pour l’agriculture, 13,1 % pour
l’industrie, 47,5 % pour les
services
Dette extérieure : 197 millions
de $
Agriculture
Cultures : bananes 59 000 t.,
maïs 4 000 t., manioc
50 000 t., riz 17 000 t.
Élevage : bovins 50 000,
caprins 140 000, ovins 20 000
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 32 millions de
kWh
Recettes touristiques : 20 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 11 millions
de $ dont vanille 55 %
Total importations : 157 millions de $ dont produits
alimentaires 27 %
➡ TENDANCES
Le gouvernement installé à
Moroni, les autorités séparatistes
d’Anjouan et l’opposition sont
finalement parvenus à un accord
scellé sous l’égide de l’Organisation de l’unité africaine, portant
sur l’installation d’un Nouvel
ensemble comorien (NEC). En
attendant la tenue d’un référendum constitutionnel, le conflit
entre Anjouan et la Grande Comore a continué de faire sentir
ses effets, comme en aura attesté
la dégradation du climat économique et social de l’archipel.
CONGO
!RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE
DU!
Superficie : 2 345 000 km 2
Population : 47 069 000 hab.
Capitale : Kinshasa 1 664 309 hab.
(4 400 000 hab. dans
l’agglomération)
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Joseph Kabila
Organisation administrative :
1 municipalité, 10 régions
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
Eglises indigènes, catholicisme
Monnaie : franc congolais
➡ HISTORIQUE
1885 : colonisation belge.
1960 : indépendance
du Congo (République
démocratique).
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
370
1963 : échec de la sécession
du Katanga.
1965 : le président Kasavubu
est déposé par le général
Mobutu.
1971 : le pays est rebaptisé
Zaïre.
1977 et 1978 : appel aux
troupes françaises pour mater
les opposants.
1997 : le leader de la rébellion soutenue par le Rwanda,
Laurent-Désiré Kabila, prend
le pouvoir.
2001 : assassinat du président
Kabila auquel succède son fils.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 22 hab./km 2
Part de la population urbaine :
30 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 48,8 %, 1565 ans 46,7 %, + 65 ans 4,5 %
Taux de natalité : 45,32 ‰
Taux de mortalité : 14,71 ‰
Taux de mortalité : infantile
77,2 ‰
Espérance de vie : hommes
45 ans, femmes 47 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1,7 milliard de $
PNB/hab. : 550 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 3 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
5,43 %
Structure du PIB : 10,4 %
pour l’agriculture, 49,1 % pour
l’industrie, 40,5 % pour les
services
Dette extérieure : 12 330 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides
382 000 t., bananes 312 000 t.,
cacao 6 600 t., café 36 000 t.,
canne à sucre 1 669 000 t.,
caoutchouc 10 000 t., coton
9 000 t., igname 300 000 t.,
maïs 1 184 000 t., manioc
16 500 000 t., palmiste
72 000 t., patates douces
410 000 t., plantain
2 250 000 t., riz 337 800 t.
Élevage : bovins 890 000,
caprins 4 300 000, ovins
920 000, porcins 1 050 000,
poulets 25 000 000
Pêche : 163 000 t.
Production de bois :
48 575 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : cuivre 38 000 t., diamants
22 240 000 carats, électricité 6 180 millions de kWh,
hydroélectricité 5 945 millions
de kWh, or 1 252 kg, pétrole
1 384 000 t.
Production industrielle : huile
de palme 180 000 t., sucre
50 000 t.
Recettes touristiques : 2 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 1 140 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 32 %
Total importations : 1 048 millions de $ Principaux clients
Belgique 43 %, États-Unis
22 %
Défense
Total forces armées :
55 900 hommes
Budget de la Défense : 4,5 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’assassinat de Laurent-Désiré
Kabila, président autoproclamé
de la République démocratique
du Congo (RDC), a largement
dominé l’actualité politique de
l’année écoulée. La disparition du
tombeur de Mobutu est intervenue alors que le pays, découpé
en plusieurs zones de guerre, se
trouve littéralement en voie de
décomposition.
CONGO
Superficie : 342 000 km 2
Population : 3 111 000 hab.
Capitale : Brazzaville
937 579 hab. (1 000 000 hab.
dans l’agglomération)
Chef de l’État et du gouvernement : Denis Sassou-Nguesso
Organisation administrative :
10 régions, la capitale
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1886 : colonisation par la
France.
1960 : indépendance de la
République du Congo.
1969 : instauration d’un régime
marxiste.
1992 : retour au régime
républicain.
1997 : Denis Sassou-Nguesso
reprend le pouvoir avec l’aide
des troupes angolaises.
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STATISTIQUES
371
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 8 hab./km 2
Part de la population urbaine :
61,7 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 46,3 %, 15-
65 ans 48,6 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 43,6 ‰
Taux de mortalité : 15,8 ‰
Taux de mortalité : infantile
65,8 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 50 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1,82 milliard de $
PNB/hab. : 670 $
Structure du PIB : 9,5 % pour
l’agriculture, 57 % pour l’industrie, 33,3 % pour les services
Dette extérieure : 5 071 millions de $
Agriculture
Cultures : ananas 12 000 t.,
arachides 22 000 t., bananes
52 000 t., cacao 2 000 t.,
café 400 t., canne à sucre
450 000 t., maïs 2 000 t.,
manioc 791 000 t.
Élevage : bovins 77 000, caprins 290 000, ovins 116 000,
porcins 46 000
Pêche : 34 000 t.
Production de bois :
3 908 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 440 millions de kWh, gaz naturel
3 000 millions de m 3, pétrole
12 200 000 t.
Recettes touristiques : 3 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 1 938 millions de $ dont pétrole et
dérivés 85 %
Total importations : 930 millions de $
Défense
Total forces armées :
10 000 hommes
Budget de la Défense : 3,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le ramassage des armes a réellement progressé et par dizaines
de milliers des Congolais sont
rentrés au pays au cours de l’année écoulée. Quatre ans donc
après le coup d’État militaire perpétré par Denis Sassou-Nguesso,
le Congo paraissait fermement
décide à aller jusqu’au bout de la
normalisation engagée au lendemain de l’accord de cessez-le-feu
conclu en décembre 1999. Mais
le coût de la reconstruction apparaît élevé.
CORÉE DU NORD
Superficie : 120 500 km 2
Population : 22 428 000 hab.
Capitale : Pyongyang
3 187 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république, régime
socialiste
Chef de l’État : (Chef de la
Commission de défense nationale) Kim Jong-il
Chef du gouvernement : Hong
Song-nam
Organisation administrative :
13 municipalités, 9 provinces
Langue officielle : coréen
Religion : bouddhisme
Monnaie : won nord-coréen
➡ HISTORIQUE
1910 : annexion de la Corée
par le Japon.
1945 : entrée des troupes
russes jusqu’au 38e parallèle.
1948 : proclamation de la
Corée du Nord.
1950 : la Corée du Nord
envahit le Sud avec l’appui de
l’URSS et de la Chine.
1953 : reconnaissance des
deux États séparés.
1993 : la Corée du Nord rejette
le traité de non-prolifération
nucléaire.
1994 : mort du Kim Il-sung,
remplacé au pouvoir par son
fils Kim Jong-il.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 194 hab./km 2
Part de la population urbaine :
60 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 26,5 %, 1565 ans 63,5 %, + 65 ans 10 %
Taux de natalité : 19,58 ‰
Taux de mortalité : 5,36 ‰
Taux de mortalité : infantile
39,1 ‰
Espérance de vie : hommes
59 ans, femmes 62 ans
Agriculture
Cultures : blé 189 000 t., maïs
1 235 000 t., orge 70 000 t.,
patates douces 175 000 t.,
pommes de terre 1 963 000 t.,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
372
riz 2 100 000 t., soie 4 700 t.,
soja 420 000 t.
Élevage : bovins 565 000,
caprins 1 900 000, porcins
2 970 000, poulets 8 000 000
Pêche : 186 000 t.
Production de bois :
4 969 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : cuivre 12 000 t.,
fer 4 400 000 t., phosphates
500 000 t., plomb 50 000 t.,
zinc 90 000 t.
Commerce extérieur
Total exportations : 907 millions de $
Total importations : 1 686 millions de $
Défense
Total forces armées :
1 082 000 hommes
Budget de la Défense : 9,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
Débordée par une famine de
grande ampleur aggravée par
une sécheresse exceptionnelle,
la Corée du Nord a multiplié les
gestes indiquant qu’elle était
prête à mettre fin à l’autarcie qui
lui tient lieu de système politique
et économique. Désigne par
le président américain George
W. Bush comme un « État voyou »,
le dernier régime stalinien de la
planète a semblé être condamné
à jouer la carte de l’ouverture, fûtelle modeste. Après avoir rompu
le dialogue engagé avec Séoul
en 2000, le leader nord-coréen
est donc revenu à la table des néSuperficie : 99 000 km 2
Population : 47 201 900 hab.
Capitale : Séoul
10 776 201 hab.
(18 000 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Kim Dae-jung
Chef du gouvernement : Lee
Han-dong
Organisation administrative :
5 municipalités, 9 provinces, la
municipalité de la capitale
Langue officielle : coréen
Religion : bouddhisme
Monnaie : won
➡ HISTORIQUE
1948 : Syngman Rhee, premier
président de la Corée du Sud.
gociations, après avoir reçu le feu
vert de la Russie et de la Chine.
CORÉE DU SUD
1950 : appui des États-Unis
contre l’invasion de la Corée
du Nord.
1961 : le général Park Chunghee s’empare du pouvoir.
1987 : démocratisation du
régime.
1998 : élection du civil démocrate Kim Dae-jung.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 475 hab./km 2
Part de la population urbaine :
81,2 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 20,8 %, 1555 ans 68,2 %, + 65 ans 6,7 %
Taux de natalité : 14,06 ‰
Taux de mortalité : 6,23 ‰
Taux de mortalité : infantile
7,1 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 402,3 milliards de $
PNB/hab. : 8 490 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 10,66 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,81 %
Structure de la population
active : agriculture 11 %,
mines et industrie 31,3 %,
services 57,7 %
Structure du PIB : 5,7 % pour
l’agriculture, 42,9 % pour
l’industrie, 51,3 % pour les
services
Dette brute : 11 % du PIB
Taux de chômage : 4,3 %
Agriculture
Cultures : orge 410 000 t.,
pommes de terre 562 000 t.,
riz 7 270 500 t., soie 322 t.,
soja 156 000 t., tabac 65 400 t.
Élevage : bovins 2 486 500,
porcins 7 863 700, poulets
88 000 000
Pêche : 2 353 000 t
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STATISTIQUES
373
Production de bois :
6 491 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 215 306 millions de kWh, fer 270 000 t.,
houille 4 356 000 t., or
13 238 kg, plomb 174 000 t.
Production industrielle :
acier 1 998 000 t., ciment
60 504 000 t., construction
navale 12 128 000 tjb., filés de
coton 275 000 t., textiles synthétiques 2 497 000 t., voitures
particulières 1 625 000
Recettes touristiques :
5 200 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
135 986 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 52 %
Total importations :
144 604 millions de $
Défense
Total forces armées :
672 000 hommes
Budget de la Défense : 3,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Le président Kim Dae-jung s’est
employé à relancer le processus
de discussions avec la Corée du
Nord. Après avoir dû procéder à
un remaniement ministériel sous
la pression du Parlement, le président a finalement réussi à obtenir en septembre l’aval de son
homologue de Pyongyang pour
reprendre le dialogue. Sur le plan
économique, on parlera d’un tassement de la croissance.
COSTA RICA
Superficie : 51 000 km 2
Population : 4 112 000 hab.
Capitale : San José
988 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Miguel Angel Rodriguez
Echeverria
Organisation administrative :
7 provinces
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : colon costaricain
➡ HISTORIQUE
1821 : la colonie espagnole
obtient son indépendance.
1913 : première élection
d’un président au suffrage
universel.
1953 : le président Ferrer
pratique une politique réformiste et obtient des avantages
des entreprises américaines
implantées dans le pays.
1987 : accord de bon voisinage
avec le Guatemala, le Nicaragua et le Honduras.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 70 hab./km 2
Part de la population urbaine :
47,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 32,4 %, 1565 ans 60,1 %, + 65 ans 7,5 %
Taux de natalité : 21,02 ‰
Taux de mortalité : 3,83 ‰
Taux de mortalité : infantile
10,9 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 79 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 13,5 milliards de $
PNB/hab. : 3 570 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 7,97 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
10,5 %
Structure de la population
active : agriculture 21,8 %,
mines et industrie 23,1 %,
services 60,1 %
Structure du PIB : 10,6 %
pour l’agriculture, 36,5 % pour
l’industrie, 52,9 % pour les
services
Dette extérieure : 3 548 millions de $
Taux de chômage : 5,7 %
Agriculture
Cultures : ananas 340 000 t.,
bananes 2 101 500 t., café
162 800 t., canne à sucre
4 000 000 t., riz 262 200 t.
Élevage : bovins 1 688 000,
porcins 290 000, poulets
17 000 000
Production de bois :
5 091 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 4 700 millions de kWh, hydroélectricité
4 700 millions de kWh
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
374
Production industrielle : sucre
355 000 t.
Recettes touristiques : 752 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 4 273 millions de $ dont bananes et
café 41 %
Total importations : 4 302 mil-
lions de $ dont produits de
base 41 %, biens d’équipement 20 %
Défense
Total forces armées :
7 000 hommes
Budget de la Défense : 0,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
Pour la seconde année consécutive, le Costa Rica a connu une
croissance économique médiocre. C’est pourquoi les autorités costariciennes ont semblé
se souvenir brusquement que le
pays avait besoin d’une urgente
modernisation des infrastructures et que le retour à meilleure
fortune ne pourrait se faire qu’au
prix d’une profonde réforme de
l’administration. Un chantier toutefois difficile à mettre en oeuvre
au moment où la cote de popularité du président Rodriguez
était indexée sur la courbe de la
croissance.
CÔTE D’IVOIRE
Superficie : 322 000 km 2
Population : 16 349 000 hab.
Capitale : Yamoussoukro
155 803 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État : (Président de
la République) Henri Konan
Bédié
Chef du gouvernement :
Daniel Kablan Duncan
Organisation administrative :
16 régions
Langue officielle : français
Religions : islam, christianisme, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1893 : début de la colonisation
française.
1960 : indépendance du pays.
Félix Houphouët-Boigny premier président.
1990 : abolition du régime de
parti unique.
1993 : mort d’Houphouët-Boigny, remplacé par Henri Konan
Bédié.
1999 : le général Gueï
s’empare du pouvoir.
2000 : le socialiste Laurent
Gbagbo remporte l’élection
présidentielle. Le général Gueï
est chassé du pouvoir par la
rue.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 49 hab./km 2
Part de la population urbaine :
45,8 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 42,1 %, 1565 ans 52,9 %, + 65 ans 5 %
Taux de natalité : 36,6 ‰
Taux de mortalité : 16,15 ‰
Taux de mortalité : infantile
80,8 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 47 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 10,4 milliards de $
PNB/hab. : 670 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,79 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,79 %
Structure du PIB : 26 % pour
l’agriculture, 26,4 % pour
l’industrie, 47,6 % pour les
services
Dette extérieure : 15 609 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides 144 027 t.,
bananes 241 000 t., cacao
1 300 000 t., café 365 000 t.,
canne à sucre 1 155 000 t.,
caoutchouc 116 000 t.,
coton 114 000 t., igname
2 800 000 t., maïs 571 000 t.,
manioc 1 700 000 t., millet
65 000 t., plantain 1 200 000 t.,
riz 1 161 500 t., sorgho
19 000 t.
Élevage : bovins 1 330 000,
caprins 1 070 000, ovins
1 370 000, poulets 31 059 000
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STATISTIQUES
375
Production de bois :
14 982 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 2 310 millions de kWh, hydroélectricité
1 900 millions de kWh
Production industrielle : filés
de coton 27 000 t., huile de
palme 265 000 t.
Recettes touristiques : 88 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 4 279 millions de $ dont cacao 28 %
Total importations : 3 042 millions de $ dont produits pétroliers 20 %
Défense
Total forces armées :
13 900 hommes
Budget de la Défense : 1,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Un putsch, qui tourne vite court,
un scrutin législatif partiel, qui ne
modifie pas le rapport des forces
au Parlement, des élections municipales, au terme desquelles
s’impose le parti d’Alassane Ouattara, le rival du président Laurent
Gbagbo, ont composé l’année
politique ivoirienne. Mais l’apaisement visible des tensions ne
aurait masquer la fracture qui
oppose le nord et le sud du pays.
CROATIE
Superficie : 56 500 km 2
Population : 4 655 000 hab.
Capitale : Zagreb 890 000 hab.
dans l’agglomération
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Stipe Mesic
Chef du gouvernement : Ivica
Racan
Organisation administrative :
20 comtés
Langue officielle : croate
Religion : catholicisme
Monnaie : kuna
➡ HISTORIQUE
1918 : la Croatie est détachée
de l’Empire austro-hongrois
pour être intégrée au nouveau
royaume yougoslave.
1941 : occupation allemande
et constitution d’un régime de
collaboration.
1945 : intégration de la
Croatie dans le nouvel État
yougoslave.
1991 : proclamation de l’indépendance et combats avec la
Serbie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 80 hab./km 2
Part de la population urbaine :
57,3 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18 %,
15-65 ans 61,8 %, + 65 ans
20,2 %
Taux de natalité : 10,35 ‰
Taux de mortalité : 11,49 ‰
Taux de mortalité : infantile
8,1 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 20,1 milliards de $
PNB/hab. : 4 530 $
Taux annuel d’inflation (1999) :
3,7 %
Structure du PIB : 8,6 % pour
l’agriculture, 32 % pour l’industrie, 59,4 % pour les services
Dette extérieure : 6 842 millions de $
Agriculture
Cultures : betteraves à sucre
770 000 t., blé 1 080 000 t.,
maïs 800 000 t., pommes
de terre 500 000 t., raisin
421 000 t.
Élevage : bovins 438 500,
ovins 488 500, porcins
1 361 600, poulets 9 959 000
Pêche : 20 000 t.
Production de bois :
2 912 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 10 358 millions
de kWh, gaz naturel 1 566 millions de m 3, houille 59 000 t.,
pétrole 1 477 000 t.
Production industrielle :
acier 46 000 t., aluminium
20 000 t., construction navale
443 000 tjb.
Recettes touristiques :
2 165 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 4 341 millions de $
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
376
Total importations : 9 121 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 27 %
Défense
Total forces armées :
61 000 hommes
Budget de la Défense : 5,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
La Croatie s’est employée à
montrer au cours de l’année
combien elle était soucieuse de
rattraper son retard par rapport
à ses voisins d’Europe centrale
sur la voie de l’intégration européenne. Celle-ci en passe par
un réexamen sans complexe de
l’ère Tudjman sous la conduite
du président Stipe Mesic, artisan
d’une coopération avec le TPI
de La Haye qui provoquera une
crise politique à Zagreb. Rattrapée donc par un passé nationaliste qui appelle une repentance
exemplaire, la Croatie a choisi de
multiplier les contacts avec les
instances internationales afin de
stimuler sa croissance.
CUBA
Superficie : 111 000 km 2
Population : 11 237 000 hab.
Capitale : La Havane
2 256 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république, régime
socialiste
Chef de l’État et du gouvernement : (Président du Conseil
d’État) Fidel Castro
Organisation administrative :
1 municipalité, 14 provinces
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso cubain
➡ HISTORIQUE
1898 : indépendance de Cuba
à la suite de la guerre entre
l’Espagne et les États-Unis.
Protectorat américain de fait
sur l’île.
1952 : retour au pouvoir de
Fulgencio Batista.
1958 : Fidel Castro s’empare
du pouvoir.
1961 : invasion manquée de
Cuba par des exilés soutenus
par les Américains.
1962 : rapprochement avec
l’URSS.
1994 : afflux de réfugiés
cubains vers les États-Unis.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 102 hab./km 2
Part de la population urbaine :
75,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 21,2 %,
15-65 ans 65,1 %, + 65 ans
13,7 %
Taux de natalité : 13,25 ‰
Taux de mortalité : 7,03 ‰
Taux de mortalité : infantile
7,3 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 78 ans
Agriculture
Cultures : ananas 19 000 t.,
bananes 153 500 t., canne à
sucre 36 000 000 t., manioc
250 000 t., patates douces
220 000 t., pommes de terre
206 200 t., riz 280 400 t., tabac
37 900 t.
Élevage : bovins 4 650 000,
porcins 2 400 000, poulets
12 000 000
Pêche : 109 000 t.
Production de bois :
3 152 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 11 190 millions de kWh, gaz naturel
37 000 millions de m 3, nickel
62 000 t., pétrole 349 000 t.
Production industrielle :
ciment 2 600 000 t., filés
de coton 5 000 t., sucre
4 320 000 t.
Recettes touristiques :
1 338 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 1 755 millions de $ dont sucre 73 %
Total importations : 2 642 millions de $
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STATISTIQUES
377
Principaux clients : pays de
l’UE 29 %, Russie 18 %
Défense
Total forces armées :
65 000 hommes
Budget de la Défense : 2,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’état de santé de Fidel Castro –
75 ans en août 2001 – a constitué
le sujet principal de l’actualité
politique. Le président occupe
une telle place depuis plus de
40 ans que la perspective de sa
disparition semble générer un
sentiment d’incertitude dans la
population. À l’inverse, la diaspora cubaine attend de la mort du
président une transition dans l’île.
Cette année, la croissance a été
pénalisée par l’alourdissement de
la facture énergétique et la chute
des cours du sucre. Raul Castro,
frère et dauphin désigné du président, a rappelé que le socialisme survivrait à la mort de celui
qui n’aura cessé de l’incarner.
DANEMARK
Superficie : 43 000 km 2
Population : 5 333 000 hab.
Capitale : Copenhague
(1 300 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi)
Marguerite II
Chef du gouvernement :
Anders Fogh Rasmussen
Organisation administrative :
2 municipalités, 14 comtés
Langue officielle : danois
Religion : protestantisme
Monnaie : couronne danoise
➡ HISTORIQUE
1814 : perte de la Norvège.
1849 : promulgation d’une
Constitution démocratique.
1864 : le Danemark perd le
Slesvig-Holstein et Kiel.
1924 : les sociaux-démocrates
s’installent durablement au
pouvoir.
1940 : occupation allemande.
1973 : entrée dans l’UE.
1993 : adhésion par référendum au traité de Maastricht
sans participation à l’euro.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 126 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,3 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 18,3 %, 1565 ans 61,7 %, + 65 ans 20 %
Taux de natalité : 12,25 ‰
Taux de mortalité : 11,69 ‰
Taux de mortalité : infantile
5 ‰
Espérance de vie : hommes
73 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 172,5 milliards de $
PNB/hab. : 32 050 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 1,68 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
2,5 %
Structure de la population
active : agriculture 3,7 %,
mines et industrie 26,8 %,
services 69,5 %
Dette brute : 59,5 % du PIB
Taux de chômage : 4,7 %
Agriculture
Cultures : betteraves à sucre
3 396 000 t., blé 4 700 000 t.,
orge 3 529 000 t., pommes
de terre 1 503 600 t., seigle
528 000 t.
Élevage : bovins 1 852 000,
ovins 233 000, porcins 11 551 000, poulets
18 156 000
Pêche : 1 600 000 t.
Production de bois :
2 288 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 40 960 millions de kWh, gaz naturel
7 860 millions de m 3, pétrole
11 676 000 t.
Production industrielle : acier
824 000 t., beurre 50 400 t.,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
378
ciment 2 600 000 t., construction navale 508 000 tjb.,
fromage 299 100 t., lait
4 668 000 t., sucre 555 000 t.,
viande 1 989 000 t.
Recettes touristiques :
3 159 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
48 793 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 27 %
Total importations :
44 472 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 33 %, produits de
base 19 %
Défense
Total forces armées :
24 300 hommes
Budget de la Défense : 1,5 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 344
Apport en calories : 3 808 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 331/1 000 hab.
Téléphones : 633/1 000 hab.
Télévisions : 574/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Le « non » danois à la monnaie
unique tel qu’il s’était manifesté
lors du référendum organisé en
septembre 2000 a donné le « la »
du millésime économique et
social 2001. En effet, les bonnes
performances de l’économie
danoise – croissance maîtrisée,
budget excédentaire, chômage
modéré – n’ont pas semblé de
nature à nourrir dans la population le moindre regret d’avoir
tourné le dos à l’euro. Ainsi, la
consommation des ménages a
été si forte que le gouvernement
a dû prendre un certain nombre
de mesures pour la freiner, ce qui
lui a permis de maîtriser la croissance dans une économie menacée de surchauffe. En revanche,
si le Danemark a choisi de rester
hors du champ de l’union économique et monétaire, il a toutefois
rejoint l’espace Schengen.
DJIBOUTI
Superficie : 23 000 km 2
Population : 644 000 hab.
Capitale : Djibouti
(423 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime : république à régime
présidentiel
Chef de l’État : Ismail Omar
Guelleh
Chef du gouvernement :
Dileita Mohamed Dileita
Organisation administrative :
5 districts
Langues officielles : français,
arabe
Religion : islam
Monnaie : franc de Djibouti
➡ HISTORIQUE
1862 : protectorat français.
1888 : création de la ville de
Djibouti.
1967 : maintien par référendum dans la République
française.
1977 : indépendance de
Djibouti.
1991 : rébellion des Afars et
quasi-guerre civile.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 28 hab./km 2
Part de la population urbaine :
83,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,2 %, 1565 ans 51,3 %, + 65 ans 5,5 %
Taux de natalité : 36,7 ‰
Taux de mortalité : 14,83 ‰
Taux de mortalité : infantile
117 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 48 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,5 milliard de $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1997) : 0,5 %
Structure du PIB : 3,6 % pour
l’agriculture, 20,5 % pour
l’industrie, 75,8 % pour les
services
Dette extérieure : 284 millions
de $
Agriculture
Élevage : bovins 269 000,
caprins 511 000, chameaux
62 000, ovins 463 000
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 185 millions de
kWh
Production industrielle : lait
12 000 t., viande 8 000 t.
Recettes touristiques : 4 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 144 millions de $
Total importations : 383 millions de $
Défense
Total forces armées :
8 400 hommes
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STATISTIQUES
379
Budget de la Défense : 5,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Sur le plan extérieur, les relations
se sont tendues avec l’Éthiopie. En effet, Addis-Abeba avait
décidé, durant le conflit avec
l’Érythrée, de réorienter son commerce sur le port de Djibouti.
Quant au rapprochement opéré
avec un certain nombre de pays
arabes et l’Ouganda, il n’a pas
suffi à détourner la population de
sa préoccupation principale : voir
une amélioration substantielle de
son quotidien.
DOMINICAINE
!RÉPUBLIQUE!
Superficie : 48 400 km 2
Population : 8 507 000 hab.
Capitale : Saint-Domingue
(3 300 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Hipólito Mejia
Organisation administrative :
29 provinces, 1 district
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : peso dominicain
➡ HISTORIQUE
1697 : partage de l’île entre la
France (Haïti) et l’Espagne.
1861 : indépendance de la
République dominicaine,
confirmée en 1865.
1930 : Rafael Trujillo prend le
pouvoir et institue une dictature qui devait durer 31 ans.
1961 : assassinat de Trujillo.
1963 : le président de gauche
Juan Bosch est renversé.
1986 : retour au pouvoir du
candidat conservateur Joaquin
Balaguer.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 174 hab./km 2
Part de la population urbaine :
64,4 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 33,5 %, 1565 ans 59,6 %, + 65 ans 6,6 %
Taux de natalité : 24,04 ‰
Taux de mortalité : 5,3 ‰
Taux de mortalité : infantile
36,3 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 73 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 16,4 milliards de $
PNB/hab. : 1 920 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 8,3 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
6,5 %
Structure de la population
active : agriculture 14,8 %,
mines et industrie 23,2 %,
services 62 %
Structure du PIB : 11,3 %
pour l’agriculture, 34,3 % pour
l’industrie, 54,3 % pour les
services
Dette extérieure : 4 239 millions de $
Taux de chômage : 15,9 %
Agriculture
Cultures : bananes 401 800 t.,
cacao 47 200 t., café 49 900 t.,
canne à sucre 4 644 600 t.,
plantain 341 000 t., riz
531 400 t.
Élevage : bovins 1 904 400,
porcins 900 000
Production de bois :
982 000 m3
Industrie
Recettes touristiques :
2 106 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 4 802 millions de $ dont vêtements et
cuirs 25 %
Total importations : 7 112 millions de $ dont pétrole et
dérivés 22 %
Défense
Total forces armées :
24 500 hommes
Budget de la Défense : 0,4 %
du PIB
➡ TENDANCES
Arrivé au pouvoir à la faveur des
élections de mai 2000, le président Hipólito Mejia s’était engagé
à lutter contre la corruption et
l’évasion fiscale généralisées.
Un an après, même si rien ne
permettait de douter de la volonté présidentielle, les résultats
n’étaient guère spectaculaires.
Sur le plan économique, la République dominicaine a affiché un
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
380
taux de croissance parmi les plus
élevés de la région.
DOMINIQUE
Superficie : 751 km 2
Population : 71 000 hab.
Capitale : Roseau 24 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Vernon Shaw
Chef du gouvernement : Pierre
Charles
Organisation administrative :
10 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : catholicisme
Monnaie : dollar des Caraïbes
orientales
➡ HISTORIQUE
1763 : colonie britannique.
1978 : proclamation de
l’indépendance.
1980-1995 : alternance au pouvoir du Parti travailliste et du
Parti dominicain de la liberté.
Réussite de la réforme agraire
et de l’ouverture au tourisme.
Liens étroits avec les ÉtatsUnis et la France.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 97 hab./km 2
Part de la population urbaine :
70,7 %
Taux de natalité : 20,18 ‰
Taux de mortalité : 7 ‰
Taux de mortalité : infantile
15,8 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 78 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,2 milliard de $
PNB/hab. : 3 260 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 0,12 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,18 %
Structure du PIB : 18,5 %
pour l’agriculture, 22,5 %
pour l’industrie, 59 % pour les
services
Dette extérieure : 98 millions
de $
Agriculture
Cultures : bananes 30 000 t.
Élevage : bovins 13 400,
caprins 9 700, ovins 7 600
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 52 millions de
kWh
Recettes touristiques : 37 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 100 millions de $ dont bananes 56 %
Total importations : 246 millions de $ dont produits de
base 22 %
ÉGYPTE
Superficie : 1 000 000 km 2
Population : 69 080 000 hab.
Capitale : Le Caire
(9 900 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Hosni Moubarak
Chef du gouvernement : Atef
Ebeid
Organisation administrative :
26 gouvernorats
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : livre égyptienne
➡ HISTORIQUE
1517 : province de l’Empire
ottoman.
1914 : protectorat britannique.
1922 : indépendance de
l’Égypte.
1952 : instauration de la
République.
1954 : prise du pouvoir par
Gamal Abdel Nasser.
1967 : défaite devant Israël et
perte du Sinaï.
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STATISTIQUES
381
1979 : traité de paix avec
Israël.
1980 : assassinat d’Anouar
el-Sadate. Hosni Moubarak lui
succède.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 63 hab./km 2
Part de la population urbaine :
45 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 35,4 %, 1565 ans 58,3 %, + 65 ans 6,3 %
Taux de natalité : 25,5 ‰
Taux de mortalité : 6,79 ‰
Taux de mortalité : infantile
40,5 ‰
Espérance de vie : hommes
65 ans, femmes 68 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 90,1 milliards de $
PNB/hab. : 1 380 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 6,04 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
3,8 %
Structure de la population
active : agriculture 34,2 %,
mines et industrie 21,6 %,
services 44,1 %
Structure du PIB : 17,4 %
pour l’agriculture, 31,5 %
pour l’industrie, 51 % pour les
services
Dette extérieure : 29 849 mil-
lions de $
Agriculture
Cultures : agrumes
2 276 100 t., arachides
182 000 t., blé 6 650 000 t.,
canne à sucre 15 500 000 t.,
colon 315 000 t., lin 14 000 t.,
maïs 5 600 000 t., orge
148 000 t., riz 5 600 000 t.,
sorgho 770 000 t.
Élevage : bovins 3 180 000,
buffles 3 200 000, caprins
3 300 000, ovins 4 450 000,
poulets 86 000 000
Pêche : 419 000 t.
Production de bois :
2 753 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 54 830 millions
de kWh, fer 1 750 000 t., gaz
naturel 12 000 millions de m 3,
hydroélectricité 10 810 millions
de kWh, pétrole 42 900 000 t.
Production industrielle :
acier 2 870 000 t., aluminium 187 000 t., ciment
14 230 000 t., filés de coton
266 000 t., sucre 1 230 000 t.,
textiles synthétiques 40 000 t.
Recettes touristiques :
3 847 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 3 908 millions de $ dont pétrole et
produits pétroliers 48 %
Total importations :
13 095 millions de $ dont
machines et équipement
de transport 25 %, produits
alimentaires 23 %
Défense
Total forces armées :
450 000 hommes
Budget de la Défense : 2,4 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’actualité diplomatique a été
dominée par l’enlisement du
processus de paix dans le conflit
israélo-palestinien et, bien sûr,
par l’onde de choc des attentats
terroristes contre New York et
Washington. Sur le plan économique, l’année 2001 aura été
un mauvais millésime, au point
que la Banque centrale a dû
dévaluer à deux reprises la livre
égyptienne.
ÉMIRATS ARABES
UNIS
Superficie : 80 000 km 2
Population : 2 654 000 hab.
Capitale : Abu Dhabi
242 975 hab. (927 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
Chef de l’État : (Président
du Conseil suprême des
souverains) Zayid ibn Sultan
al-Nahyan
Chef du gouvernement : Maktum ibn Rachid al-Maktum
Organisation administrative :
7 Émirats
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dirham
➡ HISTORIQUE
1892 : protectorat britannique.
1971 : indépendance des six
émirats. Constitution d’un
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
382
État fédéral avec Abu Dhabi
comme capitale.
1979 : Abu Dhabi tente d’imposer un pouvoir unitaire.
1993 : appui à l’accord
israélo-palestinien.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 34 hab./km 2
Part de la population urbaine :
85,5 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 26 %, 1565 ans 68,9 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 17,54 ‰
Taux de mortalité : 2,88 ‰
Taux de mortalité : infantile
10,9 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 44,6 milliards de $
PNB/hab. : 17 390 $
Agriculture
Cultures : agrumes 25 100 t.,
dattes 250 000 t., tomates
550 000 t.
Élevage : bovins 85 000,
caprins 1 050 000, chameaux
170 000, ovins 440 000, poulets 15 000 000
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : électricité 18 900 millions de kWh, gaz naturel
25 400 millions de m 3, pétrole
121 400 000 t.
Production industrielle :
aluminium 387 000 t., ciment
3 800 000 t., viande 88 000 t.
Commerce extérieur
Total exportations :
30 423 millions de $
Total importations :
31 050 millions de $
Défense
Total forces armées :
64 500 hommes
Budget de la Défense : 8,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Les années se suivent et se ressemblent. Les Émirats arabes unis
ont abordé la première année
du nouveau millénaire comme
il l’avaient fait en 2000, c’est-àdire confortablement adossés à
la manne pétrolière. D’ailleurs,
tous les pays de la zone OPEP ont
enregistré des surplus de recettes
imprévus. Détenteur de la majorité des réserves d’or noir, Abu
Dhabi demeure sans contestation possible l’élément moteur de
la fédération des Émirats arabes
unis (EAU).
ÉQUATEUR
Superficie : 270 670 km 2
Population : 12 880 000 hab.
Capitale : Quito 1 754 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Gustavo Noboa
Organisation administrative :
21 provinces
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : sucre
➡ HISTORIQUE
1830 : indépendance de
l’Équateur.
1934 : élection du président
de gauche Velasco Ibarra.
Renversé l’année suivante
il revient plusieurs fois au
pouvoir.
1972 : coup d’État militaire.
1995 : nouvelle guerre
frontalière avec le Pérou, qui
s’achève vite sur un retour au
statu quo.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 45 hab./km 2
Part de la population urbaine :
64,3 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 33,8 %, 1565 ans 59,3 %, + 65 ans 6,9 %
Taux de natalité : 24,4 ‰
Taux de mortalité : 5,97 ‰
Taux de mortalité : infantile
41,5 ‰
Espérance de vie : hommes
68 ans, femmes 71 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 17,9 milliards de $
PNB/hab. : 1 360 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 7,27 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
52,24 %
Structure du PIB : 12,2 %
pour l’agriculture, 37,5 % pour
l’industrie, 50,4 % pour les
services
Dette extérieure : 14 918 millions de $
Taux de chômage : 9,2 %
Agriculture
Cultures : bananes
5 000 000 t., cacao 95 000 t.,
café 66 000 t., canne à sucre
6 200 000 t., maïs 570 000 t.,
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STATISTIQUES
383
pommes de terre 543 000 t.,
riz 1 315 500 t., soja 61 000 t.
Élevage : bovins 5 104 800,
chevaux 520 000, ovins
2 130 500, porcins 2 708 400,
poulets 64 736 000
Pêche : 688 000 t.
Production de bois :
10 988 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
gie : électricité 8 200
de kWh, gaz naturel 100
lions de m 3, or 16 000
pétrole 19 600 000 t.
énermillions
milkg,
Production industrielle :
viande 415 000 t.
Recettes touristiques : 289 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 5 149 millions de $ dont pétrole et
produits pétroliers 34 %
Total importations : 4 511 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 48 %
Défense
Total forces armées :
57 100 hommes
Budget de la Défense : 2,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Un an après le coup d’État larvé
qui avait conduit le président
Jamil Mahuad, démocratiquement élu, à démissionner, l’Équateur était au bord du gouffre.
Les Indiens ont choisi de ne pas
relâcher leur pression, obligeant
le gouvernement du président
Gustavo Noboa à renoncer aux
réformes qui s’imposent pourtant
dans un pays où le taux d’inflation n’en finit pas de s’envoler
(90 %) et où près de la moitié
la population vit dans la plus
grande pauvreté.
ÉRYTHRÉE
Superficie : 120 000 km 2
Population : 3 816 000 hab.
Capitale : Asmara
514 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Issayas Afeworki
Organisation administrative :
10 provinces
Langues officielles : tigrigna,
arabe
Religions : islam, Eglise copte
éthiopienne
Monnaie : nakfa
➡ HISTORIQUE
1890 : colonisation italienne.
1952 : retour à l’Éthiopie.
1970 : création du Front populaire de libération de l’Érythrée
(FPLE), qui participera à la
chute de la dictature Mengistu.
1993 : proclamation de
l’indépendance.
1998-2001 : guerre frontalière
avec l’Éthiopie.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 40 hab./km 2
Part de la population urbaine :
18,4 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,9 %, 1565 ans 51,4 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 39,1 ‰
Taux de mortalité : 14,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
82,4 ‰
Espérance de vie : hommes
49 ans, femmes 52 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,8 milliard de $
PNB/hab. : 200 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 0,8 %
Structure du PIB : 9,2 % pour
l’agriculture, 29,5 % pour
l’industrie, 61,1 % pour les
services
Dette extérieure : 76 millions
de $
Agriculture
Cultures : millet 22 000 t.,
sorgho 62 000 t.
Élevage : bovins 1 400 000,
caprins 1 600 000, ovins
1 540 000
Industrie
Recettes touristiques : 75 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 95 millions
de $
Total importations : 514 mil-
lions de $
Défense
Total forces armées :
180 000 hommes
Budget de la Défense : 23,9 %
du PIB
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
384
➡ TENDANCES
Avec le cessez-le-feu signé en
juin 2000 et l’accord de paix
conclu en décembre de la même
année, l’Érythrée a pu commencer à soigner ses plaies. Il est
vrai que les deux ans de guerre
qui l’ont opposé à l’Éthiopie à
partir de 1998 ont laissé le pays
exsangue.
ESPAGNE
Superficie : 505 000 km 2
Population : 39 921 000 hab.
Capitale : Madrid
2 882 860 hab.
(4 100 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Juan
Carlos Ier de Bourbon
Chef du gouvernement : José
Maria Aznar
Organisation administrative :
17 communautés autonomes
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaies : euro, peseta
espagnole
➡ HISTORIQUE
1923 : coup d’État du général
Primo de Rivera.
1931 : proclamation de la
république.
1936 : victoire aux élections
du Front populaire. Le général
Franco déclenche la guerre
civile.
1939 : Franco se proclame
Caudillo, chef de l’État, à vie.
1940 : l’Espagne reste en
dehors du conflit mondial.
1975 : mort de Franco. Retour
progressif à la démocratie.
Juan Carlos roi d’Espagne.
1982 : l’Espagne adhère à
l’OTAN.
1986 : membre de la Communauté économique européenne
(CEE).
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 79 hab./km 2
Part de la population urbaine :
77,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 14,7 %,
15-65 ans 63,5 %, + 65 ans
21,8 %
Taux de natalité : 9,27 ‰
Taux de mortalité : 9,34 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,3 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 688,5 milliards de $
PNB/hab. : 14 800 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,75 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
2,31 %
Structure de la population
active : agriculture 8,4 %,
mines et industrie 30 %, services 61,7 %
Structure du PIB : 2,9 % pour
l’agriculture
Dette brute : 73,3 % du PIB
Taux de chômage : 14,1 %
Agriculture
Cultures : agrumes
5 310 000 t., avoine
952 100 t., betteraves
à sucre 8 760 100 t.,
blé 7 054 000 t., coton
122 000 t., maïs 3 977 600 t.,
olives 3 564 000 t., orge
10 902 000 t., pommes de
terre 3 100 000 t., raisin
4 842 000 t., riz 761 400 t.,
seigle 209 000 t.
Élevage : bovins 6 150 000,
caprins 2 600 000, chevaux
260 000, ovins 23 700 000,
porcins 21 900 000, poulets
127 000 000
Pêche : 1 341 000 t.
Production de bois :
15 704 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : argent 66 t., électricité
188 660 millions de kWh, fer
634 000 t., gaz naturel
580 millions de m 3, houille
12 500 000 t., hydroélectricité 36 848 millions de kWh,
lignite 13 700 000 t., pétrole
535 000 t., plomb 24 000 t.,
uranium 255 t., zinc 172 000 t.
Production industrielle :
acier 14 400 000 t., aluminium 360 000 t., caoutchouc
synthétique 104 000 t., ciment
25 356 000 t., construction
navale 660 000 tjb., filés de
coton 90 000 t., huile d’olive
602 000 t., laine 30 600 t.,
sucre 1 158 000 t., textiles
synthétiques 328 000 t., vin
34 430 000 hl., voitures particulières 2 156 000
Recettes touristiques :
26 595 millions de $
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STATISTIQUES
385
Commerce extérieur
Total exportations :
101 228 millions de $ dont
véhicules 25 %
Total importations :
118 478 millions de $ dont
machines 21 %, produits agricoles 14 %, produits énergétiques 10 %
Défense
Total forces armées :
186 500 hommes
Budget de la Défense : 1,0 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 2,9 %
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 238
Apport en calories : 3 295 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 389/1 000 hab.
Téléphones : 403/1 000 hab.
Télévisons : 404/1 000 hab.
➡ TENDANCES
En butte à un regain d’activité
de l’organisation terroriste ETA,
le gouvernement de José Maria
Aznar avait manifestement mis
beaucoup d’espoir dans les élections du 13 mai au Pays basque
pour en extirper la violence. Au
bout du compte, c’est de déception qu’il aura été question
dans le camp gouvernemental.
En effet, même s’ils ont désavoué le bras politique de l’ETA,
les électeurs basques ont choisi
de reconduire les nationalistes
modérés à Vitoria, contraignant
le gouvernement à composer
avec eux pour lutter contre le
terrorisme. Un objectif en phase
avec une actualité internationale
qui devait désigner la lutte contre
le terrorisme comme une priorité de l’Union européenne, dont
Madrid se préparait à assumer la
présidence en janvier 2002.
ESTONIE
Superficie : 45 000 km 2
Population : 1 377 000 hab.
Capitale : Tallinn 404 000 hab.
Principale ville (hormis la capitale) : Tartu 107 303 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Arnold Ruutel
Chef du gouvernement : Mart
Laar
Organisation administrative :
15 districts
Langue officielle : estonien
Religion : protestantisme
Monnaie : couronne
estonienne
➡ HISTORIQUE
1561 : l’Estonie est partagée
entre la Suède et la Pologne.
1721 : le pays est intégré à
l’Empire russe.
1920 : indépendance de
l’Estonie.
1940 : intégration dans
l’URSS.
1991 : proclamation de
l’indépendance.
1995 : accord d’association
avec l’Union européenne.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 34 hab./km 2
Part de la population urbaine :
78,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 17,7 %,
15-65 ans 62,1 %, + 65 ans
20,2 %
Taux de natalité : 8,7 ‰
Taux de mortalité : 13,58 ‰
Taux de mortalité : infantile
9,7 ‰
Espérance de vie : hommes
65 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,1 milliards de $
PNB/hab. : 3 400 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 1,08 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
3,3 %
Structure du PIB : 7,2 % pour
l’agriculture, 27,9 % pour
l’industrie, 64,8 % pour les
services
Dette extérieure : 658 millions
de $
Agriculture
Cultures : blé 149 000 t., orge
347 000 t., pommes de terre
457 000 t.
Élevage : bovins 285 600,
ovins 29 400, porcins 281 200,
poulets 2 700 000
Pêche : 124 000 t.
Production de bois :
3 901 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 8 517 millions
de kWh
Production industrielle :
ciment 430 000 t.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
386
Recettes touristiques : 475 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 2 926 millions de $ dont produits textiles
14 %
Total importations : 4 438 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 30 %
Défense
Total forces armées :
4 800 hommes
Budget de la Défense : 1,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
Convoqués aux urnes le 21 septembre pour désigner leur
président de la République, les
électeurs estoniens ont choisi
de porter majoritairement leurs
suffrages sur la personne de l’excommuniste Arnold Ruutel. Un
choix dont on peut penser qu’il
témoigne des réticences suscitées dans l’opinion par l’échéance
proche d’une adhésion de
l’Estonie à l’Union européenne.
Pourtant cette adhésion reste
la grande affaire des autorités
estoniennes qui lui ont consacré
encore cette armée beaucoup
d’énergie.
ÉTATS!UNIS
Superficie : 9 364 000 km 2
Population : 285 926 000 hab.
Capitale : Washington
527 059 hab. (3 700 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) George W. Bush
Organisation administrative :
1 district, 50 États
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : dollar des
États-Unis
➡ HISTORIQUE
1917 : les États-Unis entrent
dans la guerre en Europe.
1929 : crise à Wall Street.
1933 : F. D. Roosevelt est élu
président des États-Unis.
1941 : Les États-Unis entrent
en guerre contre le Japon.
1960 : J. F. Kennedy élu à la
présidence.
1963 : assassinat du président
Kennedy.
1975 : défaite des États-Unis
au Viêt Nam.
1991 : intervention militaire
contre l’Irak (guerre du Golfe).
2000 : le républicain George
W. Bush succède au président démocrate Bill Clinton
à la suite d’élections très
controversées.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 30 hab./km 2
Part de la population urbaine :
77 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 21,7 %,
15-65 ans 62,2 %, + 65 ans
16,1 %
Taux de natalité : 14,7 ‰
Taux de mortalité : 8,48 ‰
Taux de mortalité : infantile
6,8 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 9 163,1 milliards de $
PNB/hab. : 31 910 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,6 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
2,19 %
Structure de la population
active : agriculture 2,7 %,
mines et industrie 23,9 %,
services 73,4 %
Dette brute : 56,7 % du PIB
Taux de chômage : 4 %
Agriculture
Cultures : agrumes
15 717 700 t., arachides
1 491 000 t., avoine
2 165 000 t., betteraves
à sucre 31 115 500 t.,
blé 61 950 000 t., canne
à sucre 33 571 100 t.,
coton 4 132 000 t., maïs
263 216 000 t., orge
7 674 000 t., pommes de terre
21 700 000 t., riz 8 692 800 t.,
soja 75 028 000 t., sorgho
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STATISTIQUES
387
13 207 000 t., tabac 485 700 t.,
tournesol 2 380 000 t.
Élevage : bovins 98 444 500,
chevaux 6 150 000, ovins
4 730 000, porcins 59 529 000,
poulets 1 700 000 000
Pêche : 5 448 000 t.
Production de bois :
495 305 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : argent 2 038 t., bauxite
35 000 t., cuivre 1 860 000 t.,
électricité 3 662 942 millions
de kWh, fer 39 440 000 t., gaz
naturel 535 900 millions de m 3,
houille 928 700 000 t., lignite
78 100 000 t., or 363 000 t.,
pétrole 375 895 000 t., plomb
446 000 t., uranium 1 872 t.,
zinc 589 000 t.
Production industrielle : acier
97 653 000 t., aluminium
3 713 000 t., caoutchouc
synthétique 2 650 000 t.,
ciment 94 800 000 t., construction navale 315 000 tjb., filés
de coton 2 006 000 t., laine
22 334 t., lait 71 375 000 t.,
sucre 7 017 000 t., textiles
artificiels 166 000 t., textiles
synthétiques 4 244 000 t.,
viande 35 756 000 t., vin
19 000 000 hl., voitures particulières 5 554 000
Recettes touristiques :
75 056 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
637 505 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 48 %
Total importations :
894 995 millions de $ dont
machines et équipements
64 %, produits chimiques
11 %, produits agricoles 7 %
Défense
Total forces armées :
1 371 500 hommes
Budget de la Défense : 3,2 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 384
Apport en calories : 3 642 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 521/1 000 hab.
Téléphones : 644/1 000 hab.
Télévisions : 805/1 000 hab.
➡ TENDANCES
C’est un président affaibli par une
élection contestée qui s’est installé en 2001 à la Maison-Blanche.
Et c’est ce même George W. Bush
qui, à la fin de l’année, bénéficiait
d’une cote de popularité tout à
fait exceptionnelle. Entre-temps,
on le sait, les attentats terroristes
contre le World Trade Center
à New York et le Pentagone à
Washington ont considérablement modifié la donne. Manifestement peu enclin à s’intéresser
aux affaires du vaste monde au
début de sa présidence, George
W. Bush a dû rapidement se familiariser avec la réalité complexe
de l’Afghanistan et les tentaculaires ramifications planétaires du
terrorisme islamiste. De même, le
conflit israélo-palestinien s’est imposé dans le menu diplomatique
des États-Unis. Sur le plan économique, le ralentissement de l’activité, observé au tout début de
l’année, s’est amplifié sous l’effet
des attentats. Pour faire face aux
conséquences des attentats, la
Maison-Blanche a laissé de côté
l’antienne libérale pour mettre
en oeuvre une politique économique volontariste.
ÉTHIOPIE
Superficie : 1 100 000 km 2
Population : 64 459 000 hab.
Capitale : Addis-Abeba
(2 639 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de la
République) Negasso Gidada
Chef du gouvernement : Meles
Zenawi
Organisation administrative :
1 municipalité, 9 États
Langue officielle : amharique
Religions : islam, Église copte
éthiopienne
Monnaie : birr éthiopien
➡ HISTORIQUE
1889 : couronnement
de Menelik II, fondateur
d’Addis-Abeba.
1935 : occupation italienne.
1942 : libération de l’Éthiopie
par les Britanniques.
1974 : renversement de
Hailé Sélassié Ier par une junte
militaire.
1977 : le colonel Mengistu instaure un régime
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
388
autoritaire se réclamant du
marxisme-léninisme.
1983 : aide internationale pour
lutter contre la famine.
1991 : chute de Mengistu
et instauration d’un régime
démocratique.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 63 hab./km 2
Part de la population urbaine :
17,2 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 45,2 %, 1565 ans 50,1 %, + 65 ans 4,7 %
Taux de natalité : 44,44 ‰
Taux de mortalité : 19,8 ‰
Taux de mortalité : infantile
106,1 ‰
Espérance de vie : hommes
41 ans, femmes 43 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 6,4 milliards de $
PNB/hab. : 100 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 6,21 %
Taux annuel d’inflation (1995) :
10 %
Structure de la population
active : agriculture 88,5 %,
mines et industrie 2 %, services 9,5 %
Structure du PIB : 52,3 %
pour l’agriculture, 11,1 % pour
l’industrie, 36,5 % pour les
services
Dette extérieure : 10 078 millions de $
Agriculture
Cultures : avoine 45 000 t.,
bananes 78 000 t., blé
1 220 000 t., millet 260 000 t.,
raisin 4 000 t., sorgho
1 083 000 t., tabac 3 000 t.
Élevage : caprins 17 000 000,
chameaux 1 030 000, chevaux
2 750 000, ovins 22 100 000,
porcins 26 000
Production de bois :
49 355 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 1 310 millions
de kWh
Production industrielle : filés
de coton 9 000 t.
Recettes touristiques : 36 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 551 millions de $ dont café 64 %
Total importations : 1 409 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 27 %, produits pétroliers
22 %
Défense
Total forces armées :
325 000 hommes
Budget de la Défense : 2,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
La paix signée le 12 décembre
2000 avec l’Érythrée a mis fin à
deux ans d’une guerre qui a laissé
les belligérants exsangues. Il fau-
dra des années pour que l’Éthiopie, pays parmi les plus déshérites
avant même le déclenchement
des hostilités, retrouve le chemin
du développement.
FIDJI
Superficie : 18 300 km 2
Population : 823 000 hab.
Capitale : Suva 196 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Ratu Josefa Iloilo
Chef du gouvernement : Laisenia Qarase
Organisation administrative :
4 divisions, 1 dépendance
Langue officielle : anglais
Religion : protestantisme
Monnaie : dollar fidjien
➡ HISTORIQUE
1648 : découverte du groupe
d’îles par le navigateur hollandais Tasman.
1874 : annexion par les
Britanniques.
1970 : accession à
l’indépendance.
1987 : coup d’État militaire.
1990 : Constitution privilégiant
les droits des Mélanésiens par
rapport à ceux des Indiens
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 44 hab./km 2
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STATISTIQUES
389
Part de la population urbaine :
48,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 33,3 %, 1565 ans 61 %, + 65 ans 5,7 %
Taux de natalité : 21,73 ‰
Taux de mortalité : 4,49 ‰
Taux de mortalité : infantile
17,5 ‰
Espérance de vie : hommes
71 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1,8 milliards de $
PNB/hab. : 2 310 $
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,97 %
Structure du PIB : 17,9 % pour
l’agriculture, 29 % pour l’industrie, 53,1 % pour les services
Dette extérieure : 213 millions
de $
Agriculture
Cultures : canne à sucre
2 098 000 t., coprah 18 000 t.,
riz 17 000 t.
Élevage : bovins 344 600,
caprins 235 000, porcins
111 700, poulets 4 300 000
Production de bois :
598 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : argent 1 t., électricité 465 millions de kWh, or
3 800 kg
Production industrielle :
ciment 91 000 t., sucre
454 000 t.
Recettes touristiques : 308 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 641 millions de $ dont sucre 32 %
Total importations : 898 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 23 %
Défense
Total forces armées :
3 500 hommes
Budget de la Défense : 1,3 %
du PIB
FINLANDE
Superficie : 338 300 km 2
Population : 5 178 000 hab.
Capitale : Helsinki
555 174 hab. (1 100 000 hab.
dans l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Tarja Halonen
Chef du gouvernement :
Paavo Lipponen
Organisation administrative :
6 provinces
Langues officielles : suédois,
finnois
Religion : protestantisme
Monnaies : euro, mark
finlandais
➡ HISTORIQUE
1809 : intégration de la Finlande dans l’Empire russe.
1917 : proclamation de
l’indépendance.
1941 : la Finlande se range
du côté des Allemands contre
l’URSS.
1947 : neutralisation de fait de
la Finlande.
1956-1981 : présidence d’Urho
Kaleva Kekkonen.
1995 : entrée de la Finlande
dans l’Union européenne.
1999 : adhésion à la zone
euro.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 17 hab./km 2
Part de la population urbaine :
66,7 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18 %,
15-65 ans 62,1 %, + 65 ans
19,9 %
Taux de natalité : 11,1 ‰
Taux de mortalité : 9,73 ‰
Taux de mortalité : infantile
4 ‰
Espérance de vie : hommes
74 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 126,9 milliards de $
PNB/hab. : 24 730 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,01 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,16 %
Structure de la population
active : agriculture 7,1 %,
mines et industrie 27,5 %,
services 65,5 %
Structure du PIB : 3,7 % pour
l’agriculture, 33 % pour l’industrie, 63,3 % pour les services
Dette brute : 49,8 % du PIB
Taux de chômage : 9,8 %
Agriculture
Cultures : avoine 1 382 000 t.,
betteraves à sucre
1 069 000 t., blé 559 000 t.,
orge 1 900 000 t., pommes
de terre 816 000 t., seigle
70 000 t.
Élevage : bovins 1 100 600,
porcins 1 540 700
Pêche : 199 000 t.
Production de bois :
46 597 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : cuivre 122 000 t., électricité 70 105 millions de kWh,
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
390
hydroélectricité 14 697 millions
de kWh, nickel 35 000 t.
Production industrielle :
acier 3 947 000 t., beurre
53 000 t., ciment 1 100 000 t.,
construction navale 42 000 tjb.,
fromage 94 536 t., lait
2 463 000 t., sucre 140 000 t.
Recettes touristiques :
1 630 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
40 933 millions de $ dont
papier et pâte à papier 24 %
Total importations :
30 991 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 39 %, produits de
base 15 %
Défense
Total forces armées :
31 700 hommes
Budget de la Défense : 1,5 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 357
Apport en calories : 2 916 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 379/1 000 hab.
Téléphones : 556/1 000 hab.
Télévisions : 519/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Au terme de sa deuxième année
à la tête de l’État, Mme Tarja Halonen a pu se féliciter de la bonne
tenue des principaux indicateurs
économiques. Toutefois, les effets
de la récession aux États-Unis ont
conduit le gouvernement de Paavo Lipponen à revoir à la baisse
ses prévisions de croissance. Pour
sa part, la population a semblé
manifester une certaine lassitude
à l’endroit de la politique d’austérité conduite par la coalition gouvernementale. Quant à l’actualité
européenne, elle aura été dominée par l’entrée de la Finlande
dans l’espace Schengen.
FRANCE
Superficie : 549 000 km 2
Population : 61 172 000 hab.
Capitale : Paris 2 147 857 hab.
(9 600 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Jacques Chirac
Chef du gouvernement : (Premier ministre) Lionel Jospin
Organisation administrative :
21 régions, 1 collectivité
territoriale
Langue officielle : français
Religion : catholicisme
Monnaies : euro, franc français
➡ HISTORIQUE
1875 : fondation de la IIIe
République.
1914-1918 : guerre contre
l’Allemagne.
1936 : victoire du Front
populaire.
1940 : occupation allemande.
1946 : fondation de la IVe
République.
1954 : défaite en Indochine et
début de la guerre d’Algérie.
1958 : retour au pouvoir du
général de Gaulle et fondation
de là Ve République.
1960-1962 : décolonisation de
l’Afrique francophone.
1968 : manifestations massives de la jeunesse et des
syndicats.
1981 : élection de François
Mitterrand à la présidence de
la République.
1995 : Jacques Chirac succède à F. Mitterrand.
1997 : Lionel Jospin, Premier
ministre.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 107 hab./km 2
Part de la population urbaine :
75,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 18,7 %,
15-65 ans 60,8 %, + 65 ans
20,5 %
Taux de natalité : 12,7 ‰
Taux de mortalité : 9,27 ‰
Taux de mortalité : infantile
5 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 82 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 439,9 milliards de $
PNB/hab. : 24 170 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,92 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,53 %
Structure de la population
active : agriculture 4,5 %,
mines et industrie 25,6 %,
services 69,9 %
Structure du PIB : 3 % pour
l’agriculture, 25 % pour l’industrie, 72 % pour les services
Dette brute : 66,5 % du PIB
Taux de chômage : 9,5 %
Agriculture
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STATISTIQUES
391
Cultures : avoine
477 000 t., betteraves
à sucre 29 970 000 t.,
blé 37 339 100 t., colza
3 756 000 t., lin 66 000 t.,
maïs 15 915 700 t., orge
10 569 000 t., pommes
2 500 000 t., pommes de
terre 6 654 000 t., raisin
7 000 000 t., riz 136 100 t.,
soja 282 000 t., tabac
25 700 t., tomates 800 000 t.,
tournesol 1 736 000 t.
Élevage : bovins 20 469 700,
caprins 1 353 800, chevaux
347 000, ovins 10 185 200,
porcins 14 882 500, poulets
238 067 000
Pêche : 830 000 t.
Production de bois :
41 440 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : bauxite 1 600 000 t.,
électricité 509 920 millions
de kWh, fer 450 000 t., gaz
naturel 2 300 millions de m 3,
houille 5 200 000 t., hydroélectricité 66 080 millions de
kWh, lignite 700 000 t., pétrole
1 709 000 t., plomb 283 000 t.,
uranium 500 t.
Production industrielle :
acier 20 241 000 t., aluminium 424 000 t., beurre
455 400 t., caoutchouc
synthétique 606 000 t., ciment
19 464 000 t., construction navale 13 000 tjb.,
filés de coton 94 000 t.,
fromage 1 678 650 t., laine
22 000 t., lait 25 223 000 t.,
sucre 5 148 000 t.,
viande 6 512 000 t., vin
56 110 000 hl., voitures particulières 3 351 000
Recettes touristiques :
28 316 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
282 944 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 40 %, produits
agricoles 11 %
Total importations :
266 165 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 35 %, produits
manufacturés 14 %
Défense
Total forces armées :
317 300 hommes
Budget de la Défense : 2,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Nombre d’habitants pour
1 médecin : 344
Apport en calories : 3 551 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 442/1 000 hab.
Téléphones : 575/1 000 hab.
Télévisions : 589/1 000 hab.
➡ TENDANCES
L’année écoulée aura été tout
entière dominée par la préparation des prochaines échéances
électorales de 2002 – scrutin
présidentiel et législatif. Parti en
campagne officieusement avec
une longueur d’avance sur le
Premier ministre, le chef de l’État
semblait conserver un avantage
dans les sondages à la fin de
l’année. Il est vrai que le cours de
la situation internationale a relégué au second plan la question
des « affaires ». Quant au Premier
ministre, qui comptait sur son bilan pour faire campagne, il a pris
de plein fouet le retournement
de la conjoncture, notamment
le retour du chômage. De plus,
la coalition gouvernementale a
semblé de plus en plus fragilisée à l’approche des échéances.
La droite, pour sa part, s’est
employée à présenter une unité,
ressortant la vieille antienne de
la formation unique, pour le plus
grand malheur du candidat centriste, François Bayrou, et du libéral Alain Madelin.
GABON
Superficie : 268 000 km 2
Population : 1 262 000 hab.
Capitale : Libreville
523 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Omar Bongo
Chef du gouvernement : JeanFrançois Ntoutoume-Emane
Organisation administrative :
9 provinces
Langue officielle : français
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1843 : colonisation française.
1849 : fondation de Libreville.
1960 : indépendance du
Gabon.
1967 : accession au pouvoir
d’Omar Bongo.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
392
1990 : démocratisation du
régime et instauration timide
du multipartisme.
1998 : nouvelle réélection
d’Omar Bongo contestée par
l’opposition.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 5 hab./km 2
Part de la population urbaine :
80,3%
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 40,2 %, 1565 ans 51,1 %, + 65 ans 8,7 %
Taux de natalité : 35,86 ‰
Taux de mortalité : 15,95 ‰
Taux de mortalité : infantile
80 ‰
Espérance de vie : hommes
51 ans, femmes 54 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,8 milliards de $
PNB/hab. : 3 300 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 6,2 %
Taux annuel d’inflation (1997) :
3,97 %
Structure du PIB : 7,8 % pour
l’agriculture, 41,2 % pour
l’industrie, 51,1 % pour les
services
Dette extérieure : 4 284 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides 17 000 t.,
bananes 11 500 t., cacao
700 t., café 100 t., canne
à sucre 176 000 t., igname
140 000 t., maïs 31 000 t.,
manioc 215 000 t., plantain
260 000 t.
Élevage : bovins 36 000,
caprins 91 000, ovins 198 000,
porcins 213 000, poulets
2 700 000
Production de bois :
4 965 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 940 millions
de kWh, gaz naturel 306 millions de m 3, hydroélectricité
718 millions de kWh, manganèse 1 900 000 t., pétrole
17 800 000 t., uranium 587 t.
Production industrielle :
ciment 115 000 t., sucre
17 000 t., viande 28 000 t.
Recettes touristiques : 7 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 3 130 millions de $ dont pétrole brut et
produits pétroliers 81 %
Total importations : 1 155 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 44 %
Défense
Total forces armées :
4 700 hommes
Budget de la Défense : 2,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
À l’exception de quelques tensions au sein de la majorité présidentielle, le Gabon a connu une
année politique dégagée. Sur
la scène extérieure, le pays du
président Bongo ne s’est signalé
qu’à travers l’affaire Elf, ce qui a
toutefois semblé irriter le chef de
l’État. Sur le plan économique,
la tonalité était à la morosité, en
dépit d’un léger mieux lié à la
hausse – temporaire – des cours
du pétrole.
GAMBIE
Superficie : 11 300 km 2
Population : 1 337 000 hab.
Capitale : Banjul 229 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Yahya Jammeh
Organisation administrative :
1 municipalité, 5 divisions
Langue officielle : anglais
Religion : islam
Monnaie : dalasi
➡ HISTORIQUE
1857 : colonisation britannique.
1965 : accession à
l’indépendance.
1967 : accord d’association
avec le Sénégal.
1970 : proclamation de la
République.
1980 : troubles sociaux dans
le pays.
1982-1989 : confédération
avec le Sénégal.
1994 : coup d’État militaire dirigé par le lieutenant Jammeh.
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STATISTIQUES
393
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 125 hab./km 2
Part de la population urbaine :
31,8 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 40,3 %, 1565 ans 54,5 %, + 65 ans 5,2 %
Taux de natalité : 40,6 ‰
Taux de mortalité : 17,43 ‰
Taux de mortalité : infantile
115 ‰
Espérance de vie : hommes
52 ans, femmes 55 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,4 milliard de $
PNB/hab. : 330 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 6,4 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
3,8 %
Structure du PIB : 31,4 % pour
l’agriculture, 13 % pour l’industrie, 55,7 % pour les services
Dette extérieure : 430 millions
de $
Agriculture
Cultures : arachides
125 718 t., coton 2 000 t., maïs
21 500 t., manioc 6 000 t., millet 66 000 t., palmiste 2 000 t.,
riz 28 900 t.
Élevage : bovins 360 000, caprins 265 000, ovins 190 000
Production de bois :
1 233 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : hydroélectricité 73 millions de kWh
Production industrielle : huile
de palme 2 500 t.
Recettes touristiques : 22 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 158 millions de $
Total importations : 330 millions de $ dont produits
alimentaires 25 %
Défense
Total forces armées :
800 hommes
Budget de la Défense : 3,5 %
du PIB
➡ TENDANCES
Sept ans après l’arrivée au pouvoir – au terme d’un coup d’État
militaire – du lieutenant Yahya
Jammeh, aujourd’hui président
de la République, force était de
constater que rien n’avait entravé
la dérive autoritaire du régime,
que la corruption semblait animée d’un second souffle et que
le pays restait, in fine, l’un des plus
pauvres du monde, ne devant sa
survie qu’à l’aide extérieure. Il est
vrai que l’économie reste par trop
tributaire des aléas climatiques.
GÉORGIE
Superficie : 70 000 km 2
Population : 5 239 000 hab.
Capitale : Tbilissi
(1 400 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Edouard Chevarnadze
Organisation administrative :
13 municipalités, 2 républiques
autonomes, 63 cercles
Langue officielle : géorgien
Religion : orthodoxie
Monnaie : lari
➡ HISTORIQUE
1801 : début de l’intégration
de l’espace géorgien dans
l’Empire russe.
1918 : proclamation d’une
république indépendante.
1921 : invasion de la Géorgie
par l’Armée rouge.
1991 : proclamation de
l’indépendance.
1992 : Edouard Chevarnadze reprend le pouvoir ;
guerre contre les dissidents
d’Abkhazie.
1999 : attentat contre le président Chevarnadze.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 78 hab./km 2
Part de la population urbaine :
60,2 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 20,5 %,
15-65 ans 60,8 %, + 65 ans
18,7 %
Taux de natalité : 9 % ‰
Taux de mortalité : 9,34 ‰
Taux de mortalité : infantile
17,6 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 77 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 2,9 milliards de $
PNB/hab. : 620 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,3 %
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
394
Taux annuel d’inflation (1999) :
19,12 %
Structure du PIB : 36 % pour
l’agriculture, 12,9 % pour
l’industrie, 51,1 % pour les
services
Dette extérieure : 1 446 millions de $
Agriculture
Cultures : blé 84 000 t., maïs
225 000 t., orge 55 000 t.,
pommes de terre 480 000 t.,
raisin 275 000 t., thé 60 000 t.,
tournesol 9 000 t.
Élevage : bovins 1 061 000,
ovins 545 000, porcins
388 000, poulets 13 500 000
Industrie
Production industrielle : sucre
26 000 t., vin 1 100 000 hl.
Recettes touristiques : 38 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 230 millions de $
Total importations : 931 millions de $ dont produits miniers
52 %
Défense
Total forces armées :
26 300 hommes
Budget de la Défense : 1,2 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’année écoulée a montré, une
fois de plus, que le règne de la
corruption était advenu en Géorgie, que l’État paraissait en recul
sur tous les fronts, que l’instabilité
sociale était une réalité malheureusement bien ancrée. Seule la
contrebande semble faire preuve
d’une très réelle vitalité, contribuant à envenimer les relations
du centre avec ses autonomies
(Ossétie du Sud, Agjarie et Abkhazie). Toutes les conditions étaient
donc réunies pour décourager
les éventuels investisseurs.
GHANA
Superficie : 240 000 km 2
Population : 19 734 000 hab.
Capitale : Accra 949 100 hab.
(1 700 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) John Kufuor
Organisation administrative :
10 régions
Langue officielle : anglais
Religions : islam, christianisme, animisme
Monnaie : cedi
➡ HISTORIQUE
1874 : colonisation britannique.
1957 : accession à
l’indépendance.
1960 : Kwame Nkrumah
premier président de la
République.
1981 : prise du pouvoir par une
junte militaire dirigée par le
capitaine Jerry Rawlings.
2007 : Jerry Rawlings quitte
pacifiquement le pouvoir.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 83 hab./km 2
Part de la population urbaine :
37,9 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 40,6 %, 1565 ans 54 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 30,04 ‰
Taux de mortalité : 9,43 ‰
Taux de mortalité : infantile
62,1 ‰
Espérance de vie : hommes
57 ans, femmes 59 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 7,6 milliards de $
PNB/hab. : 400 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,4 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
12,41 %
Structure du PIB : 35,6 %
pour l’agriculture, 25,3 % pour
l’industrie, 39,1 % pour les
services
Dette extérieure : 5 982 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides
190 000 t., cacao 409 400 t.,
café 8 400 t., canne à
sucre 146 700 t., igname
2 703 000 t., maïs 1 014 500 t.,
manioc 7 172 000 t., millet 162 000 t., plantain
1 878 000 t., riz 209 800 t.,
sorgho 355 000 t.
Élevage : bovins 1 272 900,
caprins 2 739 400, ovins
2 516 500, porcins 351 800,
poulets 13 300 000
Pêche : 447 000 t.
Production de bois :
26 445 000 m3
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STATISTIQUES
395
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : bauxite 473 000 t.,
diamants 737 100 carats, hydroélectricité 6 117 millions de
kWh, manganèse 436 000 t.,
or 63 000 kg.
Production industrielle :
aluminium 56 000 t., ciment
1 000 000 t., huile de palme
100 000 t., viande 144 000 t.
Recettes touristiques : 266 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 1 737 millions de $ dont or 45 %
Total importations : 3 295 millions de $ dont équipement
industriel et matériel de transport 34 %, produits pétroliers
17 %
Défense
Total forces armées :
7 000 hommes
Budget de la Défense : 0,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
Doté d’un nouveau président
en la personne de John Kufuor,
le Ghana a abordé la première
année de l’après Jerry Rawlings
avec sérénité. Pourtant, les principaux indicateurs macroéconomiques ont continué à dresser
un tableau en demi-teinte de la
situation d’ensemble.
GRANDE!BRETAGNE
Superficie : 253 500 km 2
Population : 59 542 000 hab.
Capitale : Londres
(7 600 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi)
Elisabeth II
Chef du gouvernement :
Anthony Blair, dit Tony Blair
Organisation administrative :
4 divisions historiques
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
anglicanisme
Monnaie : livre sterling
➡ HISTORIQUE
1940 : Winston Churchill
organise la résistance du pays
contre l’Allemagne.
1945 : les travaillistes gagnent
les élections et instaurent l’État
providence.
1979 : Margaret Thatcher
impose une politique libérale
au pays et limite le pouvoir des
syndicats.
1997 : le travailliste Tony Blair
devient Premier ministre et
met en oeuvre une politique
assez peu différente de celle
de Mme Thatcher, mais plus
favorable à l’Europe.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 246 hab./km 2
Part de la population urbaine :
89,4 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 19 %,
15-65 ans 60,4 %, + 65 ans
20,6 %
Taux de natalité : 11,78 ‰
Taux de mortalité : 10,79 ‰
Taux de mortalité : infantile
5,4 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 80 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 1 450 milliards de $
PNB/hab. : 23 590 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,11 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
1,56 %
Structure de la population
active : agriculture 1,9 %,
mines el industrie 26,9 %,
services 71,3 %
Dette brute : 56,6 % du PIB
Taux de chômage : 5,5 %
Agriculture
Terres cultivées : 25 % de la
superficie des terres
Prairies et pâturages : 46 % de
la superficie des terres
Forêts : 10,4 % de la superficie
des terres
Origine de l’alimentation :
végétale 68 %, animale 32 %
Cultures : avoine 640 000 t.,
betteraves à sucre
9 510 000 t., blé 16 530 000 t.,
colza 1 569 000 t., orge
6 537 000 t., pommes de terre
6 957 000 t.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
396
Élevage : bovins 11 431 800,
chevaux 173 000, ovins
45 375 200, porcins 7 287 800
Pêche : 1 017 000 t.
Production de bois :
7 282 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : cuivre 56 000 t., électricité 356 610 millions de kWh,
étain 2 136 t., gaz naturel
95 500 millions de m 3, houille
43 900 000 t., nickel 36 000 t.,
pétrole 132 741 000 t., plomb
384 000 t.
Production industrielle :
acier 17 066 000 t., aluminium 258 000 t., beurre
124 000 t., caoutchouc
synthétique 254 000 t., ciment
13 060 000 t., construction
navale 74 000 tjb., filés de
coton 11 000 t., fromage
355 000 t., laine 65 000 t.,
lait 13 932 000 t., sucre
1 630 000 t., textiles artificiels
99 000 t., textiles synthétiques
237 000 t., viande 3 755 000 t.,
voitures particulières
1 748 000
Recettes touristiques :
20 569 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
278 784 millions de $ dont
équipement industriel et matériel de transport 44 %
Total importations :
305 074 millions de $ dont
matériel industriel et de transport 43 %
Défense
Total forces armées :
212 400 hommes
Budget de la Défense : 2,7 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Apport en calories : 3 237 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 371/1 000 hab.
Téléphones : 540/1 000 hab.
Télévisions : 448/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Si l’épidémie de fièvre aphteuse qui a touché les éleveurs
au début de l’année a paralysé
un temps le pays, force est de
constater que cette fièvre n’a pas
contrarié les données d’un jeu
électoral dont tous les sondages
indiquaient qu’il était favorable à
Tony Blair. Les résultats du scrutin
l’ont confirmé sans équivoque,
en accordant au « New Labour »
de Tony Blair une « victoire historique » qui a vu pour la première
fois les travaillistes obtenir un
second mandat.
GRÈCE
Superficie : 132 000 km 2
Population : 10 623 000 hab.
Capitale : Athènes
(3 100 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de
la République) Konstandinos
Stefanopoulos, dit Kostis
Stefanopoulos
Chef du gouvernement :
Konstandinos Simitis, dit Kostas Simitis
Organisation administrative :
13 régions, 1 république
Langue officielle : grec
Religion : orthodoxie
Monnaie : drachme
➡ HISTORIQUE
1832 : aidée par la France, la
Grande-Bretagne et la Russie,
la Grèce arrache son indépendance à l’Empire ottoman.
1936 : dictature du général
Metaxás.
1941 : occupation allemande.
1949 : fin de la guerre civile.
1967 : putsch militaire des
colonels.
1974 : retour de la démocratie
et fin de la monarchie.
1981 : adhésion à l’Union
européenne.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 82 hab./km 2
Part de la population urbaine :
59,9 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 15,1 %,
15-65 ans 61,5 %, + 65 ans
23,4 %
Taux de natalité : 9,38 ‰
Taux de mortalité : 9,63 ‰
Taux de mortalité : infantile
6,3 ‰
Espérance de vie : hommes
75 ans, femmes 81 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 128,2 milliards de $
PNB/hab. : 12 110 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,35 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
2,63 %
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STATISTIQUES
397
Structure de la population
active : agriculture 20,3 %,
mines et industrie 22,9 %,
services 56,9 %
Dette brute : 106,3 % du PIB
Taux de chômage : 10,1 %
Agriculture
Cultures : agrumes
1 202 200 t., betteraves
à sucre 2 388 750 t., blé
1 770 000 t., coton 352 000 t.,
maïs 2 000 000 t., olives
2 068 000 t., orge 358 000 t.,
pommes de terre 900 000 t.,
raisin 1 216 000 t., riz
200 000 t., tabac 129 900 t.
Élevage : bovins 590 000,
caprins 5 293 000, ovins
9 041 000, porcins 906 000,
poulets 28 000 000
Pêche : 214 000 t.
Production de bois :
2 024 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : bauxite 2 228 000 t.,
électricité 45 360 millions
de kWh, hydroélectricité
3 838 millions de kWh, lignite
56 300 000 t., nickel 18 000 t.,
pétrole 360 000 t.
Production industrielle :
acier 1 109 000 t., aluminium 146 000 t., ciment
14 097 000 t., filés de
coton 96 000 t., huile d’olive
333 000 t., laine 9 941 t., vin
4 370 000 hl.
Recettes touristiques :
3 800 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
10 788 millions de $ dont
produits alimentaires, boissons
et tabac 24 %
Total importations :
25 191 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 28 %, produits de
base 20 %
Défense
Total forces armées :
165 670 hommes
Budget de la Défense : 3,2 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 3,3 %
Apport en calories : 3 575 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 223/1 000 hab.
Téléphones : 516/1 000 hab.
Télévisions : 220/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Admise en juin 2000 dans le club
de l’euro, la Grèce a poursuivi son
processus d’intégration européenne, avec les risques d’instabilité sociale consécutifs aux
réformes structurelles exigées
qu’il a fallu mettre en place. Le
gouvernement, qui a procédé à
un remaniement en octobre, y a
toutefois vu un encouragement
pour la poursuite de la politique
menée par les « modernistes » du
Pasok. La visite controversée du
pape en mai, dans un contexte
régional marqué par l’antagonisme traditionnel avec le voisin
turc, a aussi montré que ce processus était de nature à heurter
un nationalisme toujours latent
dans la société grecque.
GRENADE
Superficie : 344 km 2
Population : 94 000 hab.
Capitale : Saint George’s
35 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : monarchie
constitutionnelle à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Roi) Elisabeth II représentée par Daniel
Williams
Chef du gouvernement : Keith
Mitchell
Organisation administrative :
6 paroisses
Langue officielle : anglais
Religion : catholicisme
Monnaie : dollar des Caraïbes
orientales
➡ HISTORIQUE
XVIIIe siècle : colonisation
française.
1762 : colonie britannique.
1974 : indépendance de la
Grenade.
1979 : un coup d’État amène
Maurice Bishop au pouvoir.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
398
1983 : à la suite du rapprochement de la Grenade de Cuba,
les États-Unis interviennent
militairement dans l’île.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 285 hab./km 2
Part de la population urbaine :
37,5 %
Taux de natalité : 25,26 ‰
Taux de mortalité : 6 ‰
Taux de mortalité : infantile
24 ‰
Espérance de vie : hommes
69 ans, femmes 76 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,3 milliard de $
PNB/hab. : 3 440 $
Taux annuel d’inflation (1999) :
0,24 %
Structure du PIB : 8,1 % pour
l’agriculture, 22,2 % pour
l’industrie, 79,7 % pour les
services
Dette extérieure : 105 millions
de $
Agriculture
Cultures : bananes 4 400 t.,
canne à sucre 6 600 t.
Élevage : ovins 13 000
Industrie
Recettes touristiques : 61 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 49 millions
de $ dont produits alimentaires
63 %
Total importations : 183 mil-
lions de $ dont produits
alimentaires 24 %
GUATEMALA
Superficie : 109 000 km 2
Population : 11 687 000 hab.
Capitale : Guatemala
3 242 400 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Alfonso Cabrera
Organisation administrative :
22 départements
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : quetzal
➡ HISTORIQUE
1822 : intégration dans
l’Empire mexicain.
1839 : indépendance du pays.
1944 : révolution et arrivée au
pouvoir d’un gouvernement de
gauche.
1954 : renversement du président Jacobo Arbenz Guzman,
qui avait tenté une réforme
agraire.
1963 : guerre civile larvée
et pouvoir assumé par les
militaires.
1985 : retour des civils au
pouvoir.
1989 : négociations entre les
autorités et la guérilla.
1996 : arrêt de la guerre civile.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 102 hab./km 2
Part de la population urbaine :
39,5 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,6 %, 15-
65 ans 51,1 %, + 65 ans 5,3 %
Taux de natalité : 33,82 ‰
Taux de mortalité : 7,38 ‰
Taux de mortalité : infantile
41,2 ‰
Espérance de vie : hommes
62 ans, femmes 68 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 18 milliards de $
PNB/hab. : 1 680 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,64 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
4,86 %
Structure du PIB : 23,1 %
pour l’agriculture, 20,2 % pour
l’industrie, 56,7 % pour les
services
Dette extérieure : 4 086 millions de $
Agriculture
Cultures : bananes 732 500 t.,
café 295 200 t., canne à sucre
17 150 000 t., coton 1 000 t.,
maïs 1 109 100 t., sorgho
49 000 t., tomates 140 000 t.
Élevage : bovins 2 300 000,
ovins 551 300, porcins
825 000
Production de bois :
14 123 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 3 100 millions
de kWh, fer 3 498 000 t.,
pétrole 1 310 000 t.
Production industrielle : sucre
1 380 000 t.
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STATISTIQUES
399
Recettes touristiques : 325 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 2 344 millions de $ dont café et sucre
30 %
Total importations : 3 852 millions de $ dont produits de
base 37 %
Défense
Total forces armées :
31 400 hommes
Budget de la Défense : 0,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
Quatre ans après la signature des
accords de paix qui ont mis fin
à trente-six ans de guerre civile,
le sentiment général qui régnait
dans la population était plutôt
à la déception. Il est vrai que
la pauvreté demeure le grand
problème du pays, alors que la
criminalité continue de progresser de façon particulièrement
inquiétante.
GUINÉE
Superficie : 250 000 km 2
Population : 8 274 000 hab.
Capitale : Conakry
1 824 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Prés. de la République) Lansana Conté
Premier ministre : Lamine
Sidime
Organisation administrative :
8 gouvernorats
Langue officielle : français
Religions : islam, animisme
Monnaie : franc guinéen
➡ HISTORIQUE
1866 : colonisation française.
1958 : indépendance de la
Guinée. Sékou Touré, premier
président du pays, institue un
régime autoritaire.
1984 : mort de Sékou Touré.
Le colonel Lansana Conté lui
succède.
1998 : réélection contestée par
l’opposition de Lansana Conté.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 30 hab./km 2
Part de la population urbaine :
32,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 44,1 %, 1565 ans 51,5 %, + 65 ans 4,4 %
Taux de natalité : 39,62 ‰
Taux de mortalité : 17,47 ‰
Taux de mortalité : infantile
114,4 ‰
Espérance de vie : hommes
46 ans, femmes 47 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 3,4 milliards de $
PNB/hab. : 490 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 3,3 %
Structure du PIB : 23,9 %
pour l’agriculture, 37,4 % pour
l’industrie, 38,7 % pour les
services
Dette extérieure : 3 520 millions de $
Agriculture
Cultures : agrumes 215 000 t.,
ananas 72 000 t., arachides
182 000 t., bananes 150 000 t.,
café 20 900 t., canne à sucre
220 000 t., maïs 88 700 t.,
manioc 812 000 t., plantain
429 000 t., riz 750 000 t.
Élevage : bovins 2 368 000,
caprins 864 000, ovins
687 000, poulets 8 700 000
Pêche : 65 000 t.
Production de bois :
4 924 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : bauxite 18 992 000 t.,
diamants 400 000 carats
Production industrielle : huile
de palme 55 000 t.
Recettes touristiques : 5 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 938 millions de $ dont bauxite 40 %
Total importations : 813 millions de $
Défense
Total forces armées :
9 700 hommes
Budget de la Défense : 1,5 %
du PIB
➡ TENDANCES
La Guinée a subi les contrecoups de l’instabilité qui règne
en Sierra Leone et au Libéria. Les
400 000 personnes en provenance de ces deux pays exercent
une forte pression sur le gouverdownloadModeText.vue.download 402 sur 518
JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
400
nement du président Lansana
Conté.
GUINÉE!BISSAU
Superficie : 36 125 km 2
Population : 1 227 000 hab.
Capitale : Bissau 274 000 hab.
Principales villes (hormis la
capitale) : Gabu 7 803 hab.,
Bafata 13 429 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de la
République) Kumba Yalá
Chef du gouvernement : Faustino Imbali
Organisation administrative : 3 provinces, 1 secteur
autonome
Langue officielle : portugais
Religions : islam, animisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1879 : colonisation portugaise.
1962 : guérilla antiportugaise
dirigée par Amilcar Cabral.
1973 : indépendance de la
Guinée-Bissau.
1980 : coup d’État et libéralisation limitée du régime.
1998 : tentative de putsch.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 42 hab./km 2
Part de la population urbaine :
23,3 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,5 %, 1565 ans 50,9 %, + 65 ans 5,6 %
Taux de natalité : 40,92 ‰
Taux de mortalité : 19,91 ‰
Taux de mortalité : infantile
121,2 ‰
Espérance de vie : hommes
43 ans, femmes 45 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,2 milliard de $
PNB/hab. : 160 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 7,8 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
– 0,7 %
Structure du PIB : 62,3 %
pour l’agriculture, 11,8 %
pour l’industrie, 26 % pour les
services
Dette extérieure : 921 millions
de $
Agriculture
Cultures : arachides 19 000 t.,
maïs 9 000 t., millet 29 000 t.,
palmiste 8 000 t., plantain
36 000 t., riz 130 000 t., sorgho
19 000 t.
Élevage : bovins 520 000,
caprins 315 000, ovins
280 000, porcins 340 000,
poulets 850 000
Production de bois :
582 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 42 millions de
kWh
Commerce extérieur
Total exportations : 71 millions
de $
Total importations : 116 millions de $ dont produits
alimentaires 36 %
Défense
Total forces armées :
9 250 hommes
Budget de la Défense : 2,8 %
du PIB
➡ TENDANCES
Pour la première fois depuis
1998 et la fin de la guerre civile,
la Guinée-Bissau a connu une
année sans drame majeur. Mais
si aucun militaire n’a été saisi de
fièvre putschiste, le gouvernement du président Kumba Yalá a
dû composer avec une instabilité
politique aiguë peu propice au
sauvetage d’une économie profondément sinistrée.
GUINÉE
ÉQUATORIALE
Superficie : 28 100 km 2
Population : 470 000 hab.
Capitale : Malabo 31 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État : (Président de la
République) Teodoro Obiang
Nguema Mbasogo
Chef du gouvernement : Candido Mutatema Rivas
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STATISTIQUES
401
Organisation administrative :
2 régions
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : franc CFA
➡ HISTORIQUE
1778 : colonie espagnole.
1968 : indépendance du pays.
Macias Nguema institue un
régime dictatorial.
1978 : coup d’État et renverse-
ment du président Nguema.
1985 : entrée du pays dans la
zone franc.
1991 : le pays se dote d’une
nouvelle Constitution ; institution du multipartisme, mais de
graves violations des droits de
l’homme continuent.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 16 hab./km 2
Part de la population urbaine :
47 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 43,7 %, 1565 ans 52,8 %, + 65 ans 6 %
Taux de natalité : 40,04 ‰
Taux de mortalité : 16,27 ‰
Taux de mortalité : infantile
98,8 ‰
Espérance de vie : hommes
49 ans, femmes 52 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,6 milliard de $
PNB/hab. : 1 170 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 15,09 %
Structure du PIB : 23,1 %
pour l’agriculture, 67,1 % pour
l’industrie, 9,6 % pour les
services
Dette extérieure : 283 millions
de $
Agriculture
Cultures : bananes 20 000 t.,
cacao 4 500 t., café 3 500 t.,
manioc 49 000 t., palmiste
3 000 t., patates douces
35 000 t.
Élevage : bovins 4 800, caprins
8 100, ovins 36 000, porcins
5 300
Production de bois :
811 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 millions de
kWh, pétrole 4 133 000 t.
Recettes touristiques : 2 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 295 millions de $
Total importations : 198 millions de $
Défense
Total forces armées :
1 320 hommes
Budget de la Défense : 1,1 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’année politique s’est déroulée
sous le signe de la tension. Ainsi,
le président Teodoro Obiang
Nguema n’a pas ménagé sa peine
pour contrarier l’action d’un gouvernement dont les membres ne
lui sont pas entièrement acquis
ou qui ne sont pas issus du Parti
démocratique de Guinée équatoriale. C’est donc dans un climat
politique fortement dégradé que
les autorités ont dû gérer – et pas
toujours de la meilleure façon – le
flux croissant des pétrodollars.
GUYANA
Superficie : 215 000 km 2
Population : 763 000 hab.
Capitale : Georgetown
275 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Bharrat Jagdeo
Chef du gouvernement :
Samuel Hinds
Organisation administrative :
10 régions
Langue officielle : anglais
Religions : protestantisme,
hindouisme, anglicanisme
Monnaie : dollar de la Guyana
➡ HISTORIQUE
1814 : colonie britannique.
1966 : indépendance de la
Guyana. Forbes Burnham
institue un régime autoritaire et
procubain.
1991 : instauration de l’état
d’urgence.
1992 : les élections amènent
au pouvoir Cheddi Jagan, qui
libéralise l’économie.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
402
1997 : la veuve de Jagan lui
succède au pouvoir.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 4 hab./km 2
Part de la population urbaine :
37,6 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 30,6 %, 1565 ans 62,5 %, + 65 ans 6,9 %
Taux de natalité : 21,18 ‰
Taux de mortalité : 7,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
52,5 ‰
Espérance de vie : hommes
61 ans, femmes 67 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 0,6 milliard de $
PNB/hab. : 760 $
Dette extérieure : 1 611 millions de $
Agriculture
Cultures : bananes 11 200 t.,
canne à sucre 3 000 000 t., riz
600 000 t.
Élevage : bovins 220 000,
caprins 79 000, ovins 130 000,
porcins 20 000
Production de bois :
489 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : bauxite 2 080 000 t.,
électricité 334 millions de kWh,
or 8 207 kg.
Production industrielle : sucre
296 000 t.
Recettes touristiques : 39 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 586 millions de $ dont or 29 %
Total importations : 557 millions de $ dont produits pétroliers 27 %
Défense
Total forces armées :
1 600 hommes
Budget de la Défense : 0,7 %
du PIB
➡ TENDANCES
L’équipe au pouvoir a montré
qu’elle était toujours pénalisée par l’absence de légitimité
que ne cesse de lui reprocher
l’opposition. La crise ouverte par
l’élection présidentielle contestée de 1997 n’avait toujours pas
trouvé de solution à la fin de
l’année 2001, malgré les efforts
de médiation entrepris par la
Communauté des Caraïbes. Sur
le plan extérieur, les relations sont
restées tendues avec le Suriname
et le Venezuela.
HAÏTI
Superficie : 27 750 km 2
Population : 8 270 000 hab.
Capitale : Port-au-Prince
(1 500 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de
la République) Jean-Bertrand
Aristide
Chef du gouvernement :
Jean Marie Antoine Polynice
Chrestal
Organisation administrative :
9 départements
Langues officielles : français,
créole
Religions : vaudou,
catholicisme
Monnaie : gourde
➡ HISTORIQUE
1697 : colonie française.
1791 : Toussaint Louverture
prend la tète de la révolte des
esclaves.
1806 : Jean-Jacques Dessalines proclame l’indépendance.
1915 : débarquement des
troupes américaines.
1957 : François Duvalier instaure un régime dictatorial.
1986 : exil du président
Jean-Claude Duvalier, fils de
François.
1990 : élection du père JeanBertrand Aristide.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 283 hab./km 2
Part de la population urbaine :
35,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 40,6 %, 1565 ans 53,8 %, + 65 ans 5,6 %
Taux
Taux
Taux
61,3
de natalité : 30,7 ‰
de mortalité : 12,45 ‰
de mortalité : infantile
‰
Espérance de vie : hommes
51 ans, femmes 56 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 4,3 milliards de $
PNB/hab. : 460 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,2 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
8,67 %
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STATISTIQUES
403
Structure du PIB : 29,4 %
pour l’agriculture, 22,2 % pour
l’industrie, 48,4 % pour les
services
Dette extérieure : 1 057 millions de $
Agriculture
Cultures : cacao 4 500 t., café
28 000 t., maïs 215 000 t., patates douces 170 000 t., plantain 290 000 t., riz 102 000 t.,
sisal 6 000 t., sorgho 95 000 t.
Élevage : bovins 1 300 000,
caprins 1 618 000, ovins
138 000, porcins 800 000,
poulets 5 000 000
Production de bois :
6 544 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 410 millions de
kWh
Production industrielle :
ciment 84 000 t., sucre 3 000 t.
Recettes touristiques : 80 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 221 millions de $ dont café 16 %
Total importations : 926 millions de $ dont produits
alimentaires 45 %
Défense
Budget de la Défense : 1,3 du
PIB
➡ TENDANCES
Mise au ban de la communauté
internationale en raison du déficit démocratique avéré dont
fait montre le régime du président Jean-Bertrand Aristide, la
République haïtienne tente de
survivre à la hausse du prix du
pétrole et au gel de l’aide financière. Un exercice au-dessus de
ses moyens, comme en atteste
la misère absolue dans laquelle
s’enfoncent de plus en plus
d’Haïtiens.
HONDURAS
Superficie : 112 000 km 2
Population : 6 575 000 hab.
Capitale : Tegucigalpa
950 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la
République) Carlos Roberto
Flores Facussé
Organisation administrative :
18 départements
Langue officielle : espagnol
Religion : catholicisme
Monnaie : lempira
➡ HISTORIQUE
1821 : indépendance du pays.
1932-1948 : dictature de Tiburcio Carias Andino.
1963 : coup d’État militaire.
1990 : les sandinistes du Nicaragua quittent le pays.
1994 : plusieurs dirigeants
politiques sont assignés pour
corruption.
1997 : vive agitation sociale.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 56 hab./km 2
Part de la population urbaine :
51,7 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 41,8 %, 1565 ans 53,1 %, + 65 ans 5,1 %
Taux de natalité : 31,86 ‰
Taux de mortalité : 5,39 ‰
Taux de mortalité : infantile
33,1 ‰
Espérance de vie : hommes
67 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 5,2 milliards de $
PNB/hab. : 760 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : – 1,89 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
11,65 %
Structure du PIB : 16,2 %
pour l’agriculture, 31,9 % pour
l’industrie, 51,9 % pour les
services
Dette extérieure : 4 698 millions de $
Taux de chômage : 3,2 %
Agriculture
Cultures : bananes 860 500 t.,
café 196 300 t., canne à sucre
3 888 000 t., maïs 533 600 t.,
riz 7 300 t., sorgho 99 000 t.
Élevage : bovins 1 950 000,
porcins 700 000
Production de bois :
6 702 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 2 300 millions
de kWh, plomb 3 000 t.
Production industrielle :
ciment 1 000 000 t., huile
de palme 116 550 t., sucre
226 000 t.
Recettes touristiques : 120 millions de $
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
404
Commerce extérieur
Total exportations : 1 033 millions de $ dont café 22 %,
bananes 20 %
Total importations : 2 435 millions de $ dont biens d’équipement 24 %, produits alimentaires 15 %
Défense
Total forces armées :
8 300 hommes
Budget de la Défense : 0,6 %
du PIB
➡ TENDANCES
En cette année de scrutin présidentiel les électeurs honduriens ont choisi de tourner la
page en ne renouvelant pas leur
confiance au candidat du Parti
libéral, la formation présidentielle. C’est donc au conservateur
Ricardo Maduro, du Parti national (droite), qu’est revenu le soin
de s’attaquer à une corruption
qui mine toutes les tentatives
de reformes structurelles entreprises jusqu’à présent et, surtout,
de combattre une insécurité
omniprésente. Le Honduras a été
admis au bénéfice de l’initiative
de réduction de la dette des Pays
pauvres très endettés.
HONGRIE
Superficie : 93 000 km 2
Population : 9 917 000 hab.
Capitale : Budapest
1 825 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Árpád Madl
Chef du gouvernement : Viktor
Orban
Organisation administrative :
22 municipalités, 19 comtés, la
municipalité de la capitale
Langue officielle : hongrois
Religions : protestantisme,
catholicisme
Monnaie : forint
➡ HISTORIQUE
1687 : le royaume est intégré
dans l’empire des Habsbourg.
1918 : proclamation de
l’indépendance.
1919 : éphémère « République
des conseils » de Béla Kun.
L’amiral Horthy lui succède
et instaure un régime de
dictature.
1941 : entrée en guerre contre
l’URSS au côté de l’Allemagne
nazie.
1947 : instauration d’une république socialiste.
1956 : soulèvement
antisoviétique.
1991 : retrait total des troupes
soviétiques.
1999 : adhésion à l’OTAN.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 109 hab./km 2
Part de la population urbaine :
63,8 %
Structure de la population
par âge : 0-14 ans 16,9 %,
15-65 ans 63,4 %, + 65 ans
19,7 %
Taux de natalité : 9,4 ‰
Taux de mortalité : 13,68 ‰
Taux de mortalité : infantile
8,7 ‰
Espérance de vie : hommes
66 ans, femmes 75 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 46,8 milliards de $
PNB/hab. : 4 640 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 4,49 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
10 %
Structure de la population
active : agriculture 8 %, mines
et industrie 33,4 %, services
57 %
Structure du PIB : 5,1 % pour
l’agriculture, 33,5 % pour
l’industrie, 61,5 % pour les
services
Taux de chômage : 6,5 %
Agriculture
Cultures : betteraves à sucre
2 500 000 t., blé 3 750 000 t.,
maïs 5 500 000 t., orge
1 336 000 t., pommes de terre
1 200 000 t., seigle 131 000 t.,
tournesol 706 000 t.
Élevage : bovins 857 000,
ovins 934 000, porcins
5 335 000, poulets 30 983 000
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STATISTIQUES
405
Production de bois :
3 926 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : bauxite 743 000 t., électricité 36 957 millions de kWh,
gaz naturel 4 000 millions de
m 3, houille 876 000t., lignite
15 400 000 t., manganèse
40 000 t., pétrole 1 300 000 t.,
uranium 200 t.
Production industrielle :
acier 1 816 000 t., aluminium
34 000 t., ciment 2 810 000 t.,
filés de coton 220 000 t., lait
2 113 000 t., textiles synthétiques 25 000 t., viande
1 114 000 t., vin 4 190 000 hl.
Recettes touristiques :
2 570 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
19 093 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 64 %
Total importations :
21 232 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 31 %
Défense
Total forces armées :
43 440 hommes
Budget de la Défense : 1,3 %
du PIB
➡ TENDANCES
Pouvant afficher des indices économiques favorables, avec un
chômage faible et une croissance
soutenue, la Hongrie a mis de son
côté de bonnes chances de figurer dans la première vague des
candidats admis à rejoindre l’UE.
Pour autant, quelques ombres
figuraient au tableau, comme
le laxisme dont font preuve les
autorités par rapport à l’argent
sale, particulièrement préjudiciable à l’image du pays depuis
les attentats du 11 septembre
aux États-Unis. Inquiétante aussi
est apparue la baisse constante
de la natalité, qui trahit un certain
climat de morosité économique.
INDE
Superficie : 3 268 000 km 2
Population :
1 025 096 000 hab.
Capitale : New Delhi
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
parlementaire
Chef de l’État : (Président de la
République) Kocheril Raman
Narayanan
Chef du gouvernement : Atal
Behari Vajpayee
Organisation administrative :
7 territoires, 25 États
Langues officielles : hindi,
anglais
Religions : islam hindouisme
Monnaie : roupie indienne
➡ HISTORIQUE
1772 : début de la colonisation
britannique.
1947 : indépendance de l’Inde
et partition avec le Pakistan.
1948 : assassinat de Gandhi.
1965 : guerre avec le Pakistan
pour le contrôle du Cachemire.
1971 : nouvelle guerre avec le
Pakistan lors de la sécession
du Bangladesh.
1998 : le parti du Congrès
perd les élections au profit des
nationalistes du BJP.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 336 hab./km 2
Part de la population urbaine :
28,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 33,5 %, 1565 ans 58,9 %, + 65 ans 7,6 %
Taux de natalité : 25,75 ‰
Taux de mortalité : 8,88 ‰
Taux de mortalité : infantile
74,7 ‰
Espérance de vie : hommes
62 ans, femmes 64 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 444,2 milliards de $
PNB/hab. : 440 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 6,5 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
4,67 %
Structure du PIB : 27,7 %
pour l’agriculture, 26,3 %
pour l’industrie, 46 % pour les
services
Dette extérieure : 94 404 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides
6 100 000 t., blé 70 099 000 t.,
café 282 000 t., canne à
sucre 315 100 000 t., caout-
chouc 542 000 t., coton
2 856 000 t., jute 1 720 000 t.,
maïs 11 500 000 t.,
manioc 5 868 000 t., millet 10 500 000 t., orge
1 700 000 t., pommes de
terre 22 500 000 t., riz
135 000 000 t., soie 15 500 t.,
soja 6 100 000 t., sorgho
9 000 000 t., thé 749 400 t.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
406
Élevage : bovins 218 800 000,
buffles 93 772 000, caprins
123 000 000, chameaux
1 030 000, ovins 57 900 000
Pêche : 5 378 000 t.
Production de bois :
304 339 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : bauxite 5 550 000 t.,
cuivre 55 000 t., électricité
441 504 millions de kWh, fer
44 450 000 t., gaz naturel
19 985 millions de m 3, houille
303 100 000 t., hydroélectricité
83 482 millions de kWh, lignite
23 100 000 t., manganèse
1 800 000 t., or 2 300 kg,
pétrole 36 400 000 t., uranium
250 t., zinc 156 000 t.
Production industrielle :
acier 23 863 000 t., aluminium 545 000 t., caoutchouc synthétique 52 000 t.,
chrome 235 000 t., ciment
85 509 000 t., construction
navale 5 000 tjb., filés de coton
2 054 000 t., laine 44 362 t.,
sucre 14 686 000 t., textiles
artificiels 264 000 t., textiles
synthétiques 1 357 000 t., voitures particulières 465 000
Recettes touristiques :
3 152 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
32 201 millions de $ dont
diamants 17 %
Total importations :
36 293 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 21 %, produits
énergétiques 21 %, produits
agricoles 7 %
Défense
Total forces armées :
1 173 000 hommes
Budget de la Défense : 2,1 %
du PIB
Éléments du niveau de vie
Analphabétisme : 48 %
Apport en calories : 2 415 par
jour et par hab. (norme FAO :
2 400)
Automobiles : 4/1 000 hab.
Téléphones : 19/1 000 hab.
Télévisions : 51/1 000 hab.
➡ TENDANCES
Sous le choc du séisme qui a
frappé le Gujarat le 26 janvier,
l’Inde a voulu croire à une normalisation des relations avec le
Pakistan, dont le général Mucharraf a été reçu à New Delhi
en juillet. Mais, une fois de plus,
la question du Cachemire s’est
imposée, condamnant à l’échec
un sommet qui se voulait historique. De plus, les pressions
américaines sur le Pakistan au
lendemain des attentats contre le
World Trade Center, n’ont fait que
creuser le fossé entre New Delhi
et Islamabad.
INDONÉSIE
Superficie : 1 900 000 km 2
Population : 215 590 000 hab.
Capitale : Jakarta
11 018 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Magawati Sukarnoputri
Organisation administrative :
7 unités géographiques
Langue officielle : indonésien
Religion : islam
Monnaie : rupiah
➡ HISTORIQUE
1816 : début de la colonisation
néerlandaise.
1941 : conquête japonaise.
1945 : proclamation de
l’indépendance.
1965 : sanglante répression militaire contre les
communistes.
1967 : le général Suharto
remplace Sokarno, le père de
l’indépendance, à la tête de
l’État.
1977 : les difficultés sociales
contraignent Suharto à la
démission.
1999 : l’islamiste modéré
A. Wahid remplace Jusuf Habibie à la présidence.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 114 hab./km 2
Part de la population urbaine :
39,8 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 30,8 %, 1565 ans 61,6 %, + 65 ans 7,6 %
Taux de natalité : 22,42 ‰
Taux de mortalité : 7,55 ‰
Taux de mortalité : infantile
39,5 ‰
Espérance de vie : hommes
64 ans, femmes 68 ans
Indicateurs socio-économiques
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STATISTIQUES
407
PNB : 132,5 milliards de $
PNB/hab. : 600 $
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 0,31 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
20,49 %
Structure de la population
active : agriculture 45 %,
mines et industrie 17,2 %,
services 37,8 %
Structure du PIB : 19,5 %
pour l’agriculture, 43,3 % pour
l’industrie, 37,3 % pour les
services
Dette extérieure : 136 174 millions de $
Agriculture
Cultures : arachides
1 000 000 t., cacao 348 000 t.,
café 432 000 t., canne à
sucre 21 400 000 t., caoutchouc 1 564 000 t., coprah
1 150 000 t., maïs 9 168 900 t.,
manioc 14 728 000 t., riz
51 000 000 t., soja 306 000 t.,
tabac 137 600 t., thé 152 100 t.
Élevage : bovins 12 239 300,
buffles 2 859 000, caprins
15 197 800, ovins 8 151 100
Pêche : 4 404 000 t.
Production de bois :
200 784 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : bauxite 842 000 t.,
cuivre 809 000 t., électricité 61 200 millions de kWh,
étain 56 000 t., gaz naturel
67 900 millions de m 3, houille
59 700 000 t., hydroélectricité 10 849 millions de kWh,
nickel 75 000 t., or 109 000 kg,
pétrole 71 900 000 t.
Production industrielle :
aluminium 216 000 t.,
ciment 27 500 000 t., filés
de coton 314 000 t., huile de
palme 5 356 540 t., sucre
2 094 000 t., textiles artificiels
162 000 t., voitures particulières 22 000
Recettes touristiques :
6 589 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
53 220 millions de $
bon et hydrocarbures
Total importations :
41 679 millions de $
pement industriel et
dont char25 %
dont équimatériel
de transport 40 %, produits de
base 17 %
Défense
Total forces armées :
298 000 hommes
Budget de la Défense : 0,9 %
du PIB
➡ TENDANCES
Après avoir vainement tenté
de se maintenir au pouvoir, le
président Abdurraman Wahid
a été destitue en juillet pour
« incompétence » par le Parlement, qui a ainsi décidé de
sanctionner un mandat marqué
par des violences séparatistes et
des émeutes dans les provinces
de l’archipel, mais aussi par une
crise économique aggravée par
la corruption. La vice-présidente,
Megawati Sukarnoputri, la file du
fondateur de l’Indonésie, a été
aussitôt élue à sa succession.
IRAK
Superficie : 434 000 km 2
Population : 23 584 000 hab.
Capitale : Bagdad
(4 400 000 hab. dans
l’agglomération)
Nature de l’État et du régime
politique : république
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Saddam Hussein
Organisation administrative :
18 gouvernorats
Langue officielle : arabe
Religion : islam
Monnaie : dinar irakien
➡ HISTORIQUE
XVIe siècle : conquête ottomane.
1920 : mandat britannique sur
le pays.
1930 : indépendance du pays,
sous contrôle britannique.
1958 : coup d’État militaire et
abolition de la monarchie.
1977 : Saddam Hussein
s’empare de tous les pouvoirs.
1990 : invasion du Koweït.
1991 : les troupes irakiennes
sont vaincues par une force
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
408
internationale menée par les
Américains.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 52 hab./km 2
Part de la population urbaine :
76,3 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 41,6 %, 1565 ans 53,8 %, + 65 ans 4,6 %
Taux de natalité : 31,82 ‰
Taux de mortalité : 8,48 ‰
Taux de mortalité : infantile
63,5 ‰
Espérance de vie : hommes
58 ans, femmes 60 ans
Agriculture
Cultures : agrumes 321 400 t.,
blé 384 000 t., canne à sucre
40 030 t., coton 9 000 t., dattes
660 000 t., maïs 53 000 t.,
orge 800 000 t., pommes
de terre 150 000 t., raisin
305 000 t., riz 1 300 000 t.,
tabac 2 300 t.
Élevage : bovins 1 150 000,
buffles 65 000, caprins
1 350 000, chameaux 8 000,
chevaux 48 000, ovins
6 100 000, poulets 20 000 000
Production de bois :
161 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et énergie : électricité 29 000 millions
de kWh, pétrole 105 300 000 t.
Production industrielle :
laine 18 200 t., sucre 2 000 t.,
viande 119 000 t.
Recettes touristiques : 13 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations : 2 309 millions de $
Total importations : 765 millions de $
Défense
Total forces armées :
429 000 hommes
➡ TENDANCES
Dix ans après la fin de la guerre du
Golfe, les États-Unis ont continué
de maintenir la pression sur l’Irak
en lançant en février des raids
aériens sur Bagdad. Toutefois,
cette mise en garde américaine
a paru s’accompagner, dans un
premier temps, d’une ouverture
dans le régime des sanctions
imposées jusqu’alors au régime
de Saddam Hussein. Mais les
attentats du 11 septembre 2001
contre le World Trade Center et
le Pentagone ont eu pour effet
d’ajourner sine die le débat sur
l’assouplissement des sanctions.
Pis, ces attentats terroristes ont
fait planer la menace d’une intervention américaine sur l’Irak.
IRAN
Superficie : 1 650 000 km 2
Population : 71 369 000 hab.
Capitale : Téhéran
7 225 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État et du gouvernement : (Président de la République) Ali Mohammad Khatami
Organisation administrative :
26 provinces
Langue officielle : persan
Religion : islam
Monnaie : rial iranien
➡ HISTORIQUE
1907 : zones d’influence britannique et russe en Perse.
1921 : coup d’État de Reza
Khan, fondateur de la dynastie
pahlavi.
1951 : le Premier ministre
Mossadegh tente une politique
progressiste.
1953 : destitution de Mossadegh par le chah, soutenu par
les Américains.
1979 : chute de la monarchie
et établissement d’une république islamiste menée par
l’ayatollah Khomeyni.
1980 : guerre avec l’Irak.
1988 : cessez-le-feu.
1997 : élection à la présidence
de la République de l’islamiste
modéré Khatami.
➡ STATISTIQUES
Données démographiques
Densité : 39 hab./km 2
Part de la population urbaine :
61,1 %
Structure de la population par
âge : 0-14 ans 347,4 %, 1565 ans 57,4 %, + 65 ans 5,2 %
Taux de natalité : 20,6 ‰
Taux de mortalité : 5,47 ‰
Taux de mortalité : infantile
35,9 ‰
Espérance de vie : hommes
70 ans, femmes 72 ans
Indicateurs socio-économiques
PNB : 110,5 milliards de $
PNB/hab. : 1 810 $
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STATISTIQUES
409
Taux de croissance annuelle du
PIB (1999) : 2,52 %
Taux annuel d’inflation (1999) :
20,07 %
Structure du PIB : 20,09 %
pour l’agriculture, 31,2 % pour
l’industrie, 47,9 % pour les
services
Dette extérieure : 11 816 millions de $
Agriculture
Cultures : agrumes
3 731 800 t., betteraves
à sucre 5 500 000 t., blé
9 250 000 t., canne à
sucre 2 200 000 t., coton
156 000 t., dattes 900 000 t.,
orge 2 300 000 t., raisin
2 200 000 t., riz 2 348 200 t.,
tabac 23 300 t., thé 60 000 t.
Élevage : bovins 8 047 400,
caprins 25 757 000, ovins
53 900 000, poulets
230 000 000
Pêche : 380 000 t.
Production de bois :
7 475 000 m3
Industrie
Produits du sous-sol et
énergie : bauxite 148 000 t.,
cuivre 135 000 t., électricité
85 410 millions de kWh, fer
4 300 000 t., gaz naturel
50 000 millions de m 3, hydroélectricité 7 275 millions de
kWh, pétrole 187 700 000 t.,
plomb 51 000 t.
Production industrielle :
acier 5 602 000 t., aluminium
107 000 t., filés de coton
118 000 t., laine 62 700 t.,
sucre 668 000 t., textiles synthétiques 85 000 t.
Recettes touristiques : 248 millions de $
Commerce extérieur
Total exportations :
25 079 millions de $ dont
produits agricoles 68 %
Total importations :
14 705 millions de $ dont équipement industriel et matériel
de transport 47 %
Défense
Total forces armées :
545 600 hommes
Budget de la Défense : 3,0 %
du PIB
➡ TENDANCES
Peu sensibles aux manoeuvres
d’intimidation déployées par les
conservateurs, les Iraniens ont
choisi de reconduire à la présidence le réformateur Khatami
lors du scrutin présidentiel du
8 juin 2001. Pour autant, cette
victoire ne saurait masquer le
désenchantement des électeurs,
comme en a témoigné une abstention massive qui n’aura fait
qu’épouser les contours d’une
opinion réfractaire à une cohabitation entre le président et le
guide suprême de la République
islamique, chef de file des conservateurs. Contraint de composer
avec les faucons du régime, Khatami n’a pas semblé avoir d’autre
choix que de compter sur la patience des Iraniens, en attendant
que le programme de réformes
sur lequel il a été réélu donne
naissance à une société émancipée des mots d’ordre révolutionnaires de l’ère Khomeyni.
IRLANDE
Superficie : 70 000 km 2
Population : 3 841 000 hab.
Capitale : Dublin 985 000 hab.
Nature de l’État et du régime
politique : république à régime
semi-présidentiel
Chef de l’État : (Président de la
République) Mary McAleese
Chef du gouvernement : Bertie
Ahern
Organisation administrative :
4 provinces
Langues officielles : gaélique,
anglais
Religion : catholicisme
Monnaies : euro, livre
irlandaise
➡ HISTORIQUE
1541 : le souverain anglais
prend le titre de roi d’Irlande.
1846 : la famine ravage le
pays.
1916 : soulèvement
nationaliste.
1921 : les comtés du Nord
(Ulster) sont maintenus au sein
de la Grande-Bretagne.
1937 : proclamation de la
Constitution irlandaise, sous
l’autorité d’Eamon De Valera.
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JOURNAL DE L’ANNÉE - ÉDITION 2002
410
1973 : entrée de l’Irlande dans
l’Union européenne.
1985 : assouplissement des
lois sur le divorce et sur
l’avortement.
1998 : nouvel accord angloirlandais pour t