Un peu d`histoire

Transcription

Un peu d`histoire
Histoire
d’un armateur
réunionnais
HISTORY OF A REUNION ISLAND SHIP-OWNER
Histoire
d’un armateur
réunionnais
HISTORY OF A REUNION ISLAND SHIP-OWNER
SAPMER 1947.
Le Port, Réunion 1966.
Le Port town, Reunion Island, 1966.
Quand
en 1947, des entrepreneurs réunionnais s’associaient pour acheter un troismâts à moteur et l’envoyer à la
pêche aux îles Saint-Paul et
Amsterdam, à la limite des
quarantièmes rugissants, personne ne pouvait imaginer
qu’ils écrivaient les premières
pages d’une longue et belle
histoire.
Les pères fondateurs de
SAPMER seraient surpris
aujourd’hui en découvrant ce
que leur société est devenue :
un des premiers armements
français, un des principaux
exportateurs réunionnais et un
When, in 1947, Reunion entrepreneurs
joined forces to buy a three-masted
motor ship and send it fishing around the
islands of St. Paul and Amsterdam, at the
limit of the Roaring Forties, nobody could
have imagined that they were writing the
first pages of a long and beautiful story.
En haut / top : Le Capitaine Barbanton,
entrepôts SAPMER, 24 novembre 1962.
Captain Barbanton, SAPMER's
storage facilities, 24 November 1962.
Ci-contre / opposite : Jean Rabot.
acteur montant de la pêche au thon dans l’océan
Indien. L’histoire de la SAPMER, que relate ce
livret, n’a pas été une longue route tranquille.
Elle est d’abord celle d’hommes courageux et de
grands marins qui ont bravé tous les pièges du
Grand Sud : Albert Barbanton, Pierre Riou,
Marcel Barbarin, Michel Le Glatin et ceux d’aujourd’hui, dont l’horizon s’est élargi à l’océan
Indien tropical.
Il y eut des moments de doute et des crises,
quand la ressource n’était pas au rendez-vous,
quand les braconniers et les pirates pillaient nos
zones de pêche. Il a fallu toute la conviction de
Jean Rabot puis de Robert de la Fortelle, artisans
discrets du développement économique de La
Réunion dans les décennies d’après-guerre, pour
maintenir une activité de grande pêche française
dans les mers australes.
SAPMER’s founding fathers would today
be surprised if they could see what their
company has turned out to be: one
of the first French fishing companies,
a major Reunion Island exporter
and a rising participant in the Indian
Ocean tuna fishing. The history of
SAPMER, as this booklet recounts, was
not a long and quiet walk in the park. It is
primarily that of courageous men and
great sailors who braved all the pitfalls of
the Great South: Albert Barbanton, Pierre
Riou, Marcel Barbarin, Michel Le Glatin
Jacques de Chateauvieux est leur digne successeur. Sous son impulsion, la pêche réunionnaise
a pris une nouvelle dimension. En investissant
dans l’activité thonière et la transformation du
poisson, la SAPMER a pris une dimension internationale. Sa longue expérience de la pêche raisonnée, en relation étroite avec les milieux scientifiques et les pouvoirs publics français, et sa
culture de la qualité lui donnent aujourd’hui
toutes les armes pour poursuivre son développement avec la plus grande réussite.
and those of today, whose horizon’s
extended to the tropical Indian Ocean.
There were moments of doubts and
crises, when the resource was not there,
when poachers and pirates plundered our
fishing grounds. It took all the conviction
of Jean Rabot and then Robert de la
Fortelle, discrete craftsmen of the
economic development of Reunion Island
in the decades after the war, to maintain a
French deep sea fishing activity in the
southern seas.Jacques de Chateauvieux is
their worthy successor. Under his
Yannick Lauri,
directeur général de SAPMER
leadership, the Reunion Island fishing
activity took a new dimension. By
investing in tuna fishing and value
enhancing and processing of fish, SAPMER
became of international standing. Its long
experience in sustainable fishing, in close
relation with the scientific community and
the French government, as well as its
standards of quality; give the company all
the necessary tools to continue its
development with great success.
Yannick Lauri,
general manager of SAPMER
CHAPITRE
1
1947-1965
le temps
des pionniers
À la conquête des mers australes
CHAPTER 1
1947-1965
THE AGE OF PIONEERING
CONQUERING THE SOUTHERN SEAS
Le Cancalais.
La Pointe des Galets,
5 janvier 1949.
Le Cancalais. Pointe des Galets,
Reunion island, 5 January 1949.
En 1947,
trois Réunionnais, Jean Chatel, Georges Michel et
Raymond Latour, créent la Société anonyme de pêche malgache
et réunionnaise (SAPMER). Ils sont soutenus par Jean Rabot,
directeur de la Banque de la Réunion et ont pour partenaire un
armateur malgache d’origine indienne, Akbaraly Daoud Bey.
L’apport de ce dernier à la société est constitué par Le Cancalais,
trois-mâts à moteur auxiliaire et ancien terre-neuvas, qui faisait
du cabotage à Madagascar. La Réunion fait alors grande consommation de morue séchée et salée. Mais le produit, importé, n’arrive
pas toujours dans un excellent état de conservation. Aussi les Réunionnais lui préfèrent-ils la « fausse morue » (Latris lineata),
un poisson qui ressemble au cabillaud de l’Atlantique nord.
La « fausse morue » est également séchée et salée, mais elle est
pêchée beaucoup moins loin : devant les îles Saint-Paul et
Amsterdam, possessions françaises de l’océan Indien austral.
Situées entre le 37e et le 38e parallèle Sud, les deux îles au climat
tempéré sont d’origine volcanique. Saint-Paul, la plus petite
(7 km2), est caractérisée par un grand cratère central, partiellement
In 1947, three Reunion Islanders (native
of Reunion Island), Jean Chatel, Georges
Michel and Raymond Latour, created the
Malagasy and Reunion Island fishing limited
company (SAPMER).They were supported
by Jean Rabot, Director of the Banque de
la Réunion (Reunion Island Bank) and had
as partner a Malagasy ship owner of Indian
origin, Akbaraly Daoud Bey.
The latter’s contribution to the company
consisted of The Cancalais three-masted
auxiliary motor ship and former
Newfoundland fishing boat, which did
some coasting in Madagascar.
Reunion Island was then a high consumer
of dried and salted cod. But the product,
imported, did not always arrive in
excellent condition. Therefore the
inhabitants of Reunion Island preferred the
“fake cod” (Latris lineata), a fish resembling
the cod of the North Atlantic. “Fake Cod”
was also dried and salted, but it was fished
not as far away: around the islands of Saint
Paul and Amsterdam, a French possession
in the Southern Indian Ocean. Located
between the 37th and 38th southern
1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES
11
effondré et où la mer a pénétré ; 45 milles au
nord, Amsterdam est plus vaste (54 km2) et plus
massive, culminant à près de 900 mètres d’altitude. Elles se trouvaient autrefois à proximité
de la route maritime entre l’Europe et les Indes.
Amsterdam a été aperçue et mentionnée dès 1522
par les survivants de l’expédition de Magellan
autour du monde, Saint-Paul apparaît pour la
première fois sur une carte portugaise en 1599.
Depuis La Réunion, la France souhaite en prendre possession en 1843, mais face aux contestations britanniques, elle se contente de les placer
sous son protectorat.
« De 1843 à 1924, presque chaque année, des
goélettes de 50 à 70 tonneaux partaient de SaintPierre de La Réunion, au printemps austral.
Elles mettaient un mois, parfois davantage, pour
arriver à Saint-Paul, distante, en ligne droite,
parallel, the two islands of temperate
climate are of volcanic origin. Saint-Paul,
the smallest (7 km2 / 2.7 miles2), is
characterized by a large central crater,
partially collapsed, where the sea had
entered. 45 nautical-mile north,
Amsterdam is larger (54 km2 / 20.8
miles2) and more massive, rising to nearly
900 meters / 2 953 ft. They once stood
near the sea route between Europe and
India. Amsterdam was observed and
mentioned in 1522 by the survivors of the
Magellan’s expedition around the world,
12
d’environ 1 500 milles. Leur faible tirant d’eau
leur permettait d’entrer dans le cratère de cette
île. Les pêcheurs s’installaient pendant trois ou
quatre mois dans des cabanes en pierre sèche,
pêchaient avec des embarcations et préparaient
leur poisson à terre. Au bout de trois mois, ils
faisaient sortir leur voilier du cratère, le chargeaient et repartaient pour La Réunion. Parfois,
Saint-Paul appeared for the first time on a
Portuguese map in 1599.
In 1843, France wished from Reunion
Island, to take them into their possession,
but in front of the British’s insistence, it just
put them under its protectorate. “From
1843 until 1924, almost every year, during
the Southern hemisphere’s spring time,
schooners from 50 to 70 registered tons
left from Saint-Pierre in Reunion Island.
They took a month, sometimes more, to
reach Saint-Paul, 1 500 miles away in a
straight line. Their shallow draft allowed
1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES
them to enter the crater of the island.
Fishermen settled for three or four
months in dry-stoned huts, fished with
their boats and prepared their fish onshore. After three months they sailed out
of the crater with their sailboat, loaded it
and departed for Reunion Island.
Sometime during their stay in Saint-Paul,
they went for a fishing trip to Amsterdam”.
In 1843, about thirty men settled in SaintPaul. They had at their disposal two sailing
boats and five whaleboats, two schooners
and a brig were in charge of bringing the
Le Cancalais.
Amsterdam,
novembre 1948.
Le Cancalais,
Amsterdam,
November 1948
au cours de leur séjour à Saint-Paul, ils faisaient un voyage de
pêche à Amsterdam. »
En 1843, une trentaine d’hommes s’installent à Saint-Paul. Ils
disposent de deux chaloupes à voile et de cinq baleinières, deux
goélettes et un brick sont chargés d’apporter le produit de la
pêche jusqu’à La Réunion. Cette exploitation dure jusqu’en 1853 :
elle doit s’interrompre en raison de taxes trop lourdes frappant
la « fausse morue » salée et séchée. La métropole veut obliger,
par ce biais, La Réunion à importer la morue de Saint-Pierre et
Miquelon. Au fil des voyages, les pêcheurs introduisent des animaux dans les deux îles. Chèvres, porcs, volailles et bœufs sont
laissés à l’état sauvage et constituent une réserve de nourriture
pendant les campagnes de pêche. La prise de possession définitive
sera officialisée seulement en 1892 et 1893, après le passage de
deux navires de guerre français. En 1871, une deuxième tentative
de colonisation d’Amsterdam ne durera que quelques mois. La
famille Heurtin s’y fait déposer, avec du personnel et des bovins,
mais les conditions sont trop hostiles pour développer une activité
products of the fishing activity to Reunion
Island. This activity lasted until 1853: it had
to stop due to burdensome taxes imposed
on salted and dried “false cod”. Through
this, main land France wanted to force
Reunion Island to import Saint- Pierre and
Miquelon cod. Trips after trips, fishermen
introduced animals to the two islands.
Goats, pigs, poultry and cattle were left in
the wild and were a stock of food for the
fishing campaigns. The final possession
would only be official in 1892 and 1893,
after the passage of two French warships.
In 1871, a second attempt at colonization
of Amsterdam only lasted a few months.
The Heurtin family was dropped off with
staff and cattle, but the conditions were
too hostile to develop a livestock. The
Heurtin family returned leaving behind
their animals. From the first campaigns of
“false Cod,” in the nineteenth century,
fishermen have noticed the abundance of
small red lobster in the waters of SaintPaul and Amsterdam. Crustaceans,
belonging to the Jasus paulensis species,
were so numerous that they devoured the
d’élevage. Les Heurtin s’en retournent en abandonnant sur place
leur troupeau.
Dès les premières campagnes à la « fausse morue », au XIXe siècle,
les pêcheurs ont remarqué l’abondance de petites langoustes
rouges dans les eaux de Saint-Paul et d’Amsterdam. Les crustacés,
qui appartiennent à l’espèce Jasus paulensis, sont si nombreux
qu’ils dévorent les appâts et coupent les lignes ! Mais les moyens
techniques de l’époque ne permettent pas leur exploitation. Il
faut attendre 1928 pour voir naître le premier projet langoustier
dans ces îles. Il a été imaginé par les frères René et Henri Bossière,
fils d’armateurs baleiniers du Havre qui vingt ans auparavant avait
créé, avec une société norvégienne, une usine de dépeçage des
baleines et des cachalots aux Kerguelen. Les frères Bossière font
construire une conserverie sur l’île de Saint-Paul. Leur société,
baptisée La Langouste Française, recrute des Bretons, des
Malgaches et des Réunionnais pour y travailler pendant l’été austral. Les premiers résultats sont encourageants, mais quatre des
sept gardiens de l’usine décèdent pendant l’hiver austral 1930.
bait and cut the lines! But the technical
means of the time did not allow their
exploitation. One had to wait until 1928
to see the birth of the first project of
lobster exploitation in these islands. It was
designed by the René and Henri Bossière
brothers, son of whaleboat owners at Le
Havre (France), who had created twenty
years ago, with a Norwegian company, a
whales and sperm whales cutting factory in
the Kerguelen Islands. The Bossière
brothers built a canning industry on the
island of Saint-Paul. Their company, called
La Langouste Française (The French
Lobster), recruited Britons (native of
Brittany, France), Malagasies and Reunion
Islanders to work during the Southern
hemisphere summer. Initial results were
encouraging, but four of the seven factory
guards died during the southern
hemisphere winter of 1930. During the
following fishing campaign, in March 1931,
En haut et ci-contre / top and opposite :
Amsterdam.
Au centre / center : Saint-Paul.
Pendant la campagne suivante, en mars 1931,
une épidémie de béribéri se déclare parmi le
personnel de la conserverie.
De très nombreux décès sont à déplorer. SaintPaul doit être évacuée, La Langouste Française
met un terme à son activité. Quelques années
plus tard, une nouvelle concession est accordée
à une société créée par Hohn de Boër, qui arme
un ancien terre-neuvas qui part en pêche à
Saint-Paul et Amsterdam fin 1938. Mais l’expédition est mal préparée, le bateau tombe en
panne de charbon et doit être secouru. L’aventure n’aura pas de suite, d’autant que survient
la Seconde Guerre mondiale.
La paix revenue, La Réunion devient département d’Outre-mer, en 1946. Son économie se
relève alors, lentement, de dures années de
disette. Les difficultés d’approvisionnement ont
a beriberi outbreak hit the staff of the
canning industry. Numerous deaths were
reported. Saint-Paul had to be evacuated;
La Langouste Française terminated its
activity. A few years later, a new
concession was granted to a company
created by Hohn de Boër, a former
Newfoundland fisherman who went
fishing to Saint-Paul and Amsterdam in late
1938. But the expedition was ill-prepared;
the boat ran out of coal and had to be
rescued. The adventure did not
materialize, especially since World War II
16
été terribles pendant le conflit mondial. Les
chefs d’entreprises qui fondent la SAPMER veulent doter l’île d’un bateau capable de répondre
à une partie des besoins du marché local en poisson, sans perdre de vue le potentiel de la langouste, ni celui de l’élevage de bœufs et de moutons à Amsterdam malgré les expériences
malheureuses du passé. La presse réunionnaise
caresse alors l’espoir de voir naître une « TerreNeuve » de l’océan Indien. Jean Rabot, directeur
de la Banque de la Réunion qui a initié le projet,
lui accorde la plus haute importance. Il décide
d’embarquer en personne sur Le Cancalais, tout
comme Jacques Verdavaine, ancien sousmarinier de la Marine nationale, nommé directeur général du jeune armement.
Le bateau est préparé à Tamatave (Madagascar),
où l’équipage converge : il est constitué de
occurred. When peace returned, Reunion
Island became an Overseas Department in
1946. Its economy slowly recovered,
from harsh years of famine. During the
world conflict supply problems had been
terrible. The Reunion Island business
leaders who founded SAPMER wanted to
provide the island with a boat capable of
meeting some of the local market needs
for fish, without losing sight of the
potential lobster had, nor cattle and sheep
breeding in Amsterdam despite the
unfortunate experiences of the past. The
1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES
Reunion Island press sincerely hoped to
create a new “New found land” in the
Indian Ocean. Jean Rabot, Director of the
Banque de la Réunion (Reunion Island
Bank) who initiated the project, attached
the highest of importance to it. He
decided to embark in person on The
Cancalais, like Jacques Verdavaine, former
submariner in the Navy, appointed
General Manager of the ‘young’ fishing
company. The boat is prepared in
Tamatave (Madagascar), where the crew
converged: it was composed of 46 sailors,
46 marins, bretons et réunionnais. À leur tête, Louis Rouxel
est un capitaine expérimenté,
avec de nombreuses campagnes
terre-neuviennes à son actif.
Le 21 octobre 1948, Le Cancalais, armé de dix doris, quitte le
port de Tamatave et met le cap
au Sud. L’idée initiale des fondateurs de la SAPMER est d’installer une base à terre, à Amsterdam. Elle est vite abandonnée,
tant les conditions d’abordage de
l’île et celles qui règnent sur cette
terre volcanique sont hostiles.
« Il faut pêcher et préparer le
poisson — ou la langouste — par
les seuls moyens du bord, si l’on
Britons and Reunion Islanders. Their
leader, Louis Rouxel was an experienced
captain, with many Newfoundland fishing
campaigns to his credit. October 21,
1948, The Cancalais, armed with ten dory,
left the Tamatave harbor and headed
south. The initial idea of the founders of
SAPMER was to install an Amsterdam
shore base. It was quickly abandoned, as
the conditions of approach with the island
as well as those prevailing on this volcanic
land were hostile. “We have to catch and
prepare fish, or lobster, using only what
Siège de la Banque
de la Réunion,
à Saint-Denis.
Headquarters of
the Banque de la Réunion
(Reunion island bank)
veut faire du travail continu »,
écrira Jean Rabot à son retour.
Cette première mission exploratoire est marquée par un incident qui tiendra La Réunion en
haleine pendant quelque temps.
Sur zone, l’équipement radio du
Cancalais tombe partiellement
en panne: il ne peut plus émettre
sur les longues distances. La
crainte d’un nouveau coup du
sort, après les drames des années
1930, conduit les autorités réunionnaises à envoyer la frégate
La Tonkinoise à la recherche des
« disparus »… qui sont retrouvés en pleine action de pêche
devant Amsterdam.
we have onboard, if we want to do
continuous work,” wrote Jean Rabot upon
his return. This first exploratory mission
was marked by an incident that held
Reunion Island in suspense for a while.
While in the southern seas fishing zone,
The Cancalais radio equipment partially
En haut / top :
Le premier Sapmer. First Sapmer.
Ci-contre / opposite :
Jean Rabot, à droite, à Amsterdam.
Jean Rabot, on the right, at Amsterdam.
Le 23 janvier 1949, le trois-mâts donne de la
corne de brume devant Saint-Denis pour signaler son retour. Ses cales renferment plus de
200 tonnes de « fausse morue », conditionnée
à bord. Malheureusement, le poisson est très
gras et se conserve mal. En revanche, les premiers
essais de pêche de la langouste aux casiers ont
été prometteurs. La stratégie de l’armement se
dessine. L’avenir des produits de la mer appartient à ceux conservés dans le froid plutôt que
dans le sel.
La SAPMER achète en Italie un cargo frigorifique de 62 mètres et le transforme en langoustier-congélateur, armé de huit baleinières motorisées. Le bateau est baptisé du nom de
l’armement. Commandé par Jacques Verdavaine,
le premier Sapmer part en pêche le 31 décembre
1949. Il transporte également à son bord
broke down. He could no longer
broadcast over long distances. The fear of
another stroke of fate, after the tragedies
of the 1930s, led the Reunion Island
authorities to send The Tonkinese frigate in
search of the “disappeared ones” ... which
were found fishing around Amsterdam.
On January 23, 1949, the three-masted
ship signaled its return to Saint-Denis
(Reunion Island) using a foghorn. Its hold
contained over 200 tons of “fake cod”,
processed and packaged on board.
Unfortunately, the fish is very oily and does
24 hommes chargés de l’installation d’une base
permanente à Amsterdam et dirigés par Paul
Martin de Viviès, ingénieur de la Météorologie
nationale. La base porte aujourd’hui son nom.
Le Cancalais effectuera pour sa part une
deuxième campagne à la « fausse morue » avant
d’être restitué à son armateur malgache. La SAPMER devient « Société anonyme de pêche maritime et de ravitaillement ».
Le Sapmer est armé à Marseille, le port de la
Pointe des Galets ne disposant pas encore des
installations nécessaires pour son entretien en
escale. Marseille est également le principal
débouché des queues de langoustes de SaintPaul et Amsterdam. Le bateau effectue alors une
campagne annuelle. À l’approche de l’été austral,
il descend vers La Réunion les cales chargées de
viande et de marchandises congelées commer-
not keep well. However, initial trials of
lobster fishing with pots were promising.
The strategic plan of the fishing company
was taking shape. The future of seafood
belonged to the cold rather than salt
preservation technique.
SAPMER bought in Italy a refrigerated 62
meter-long cargo and turned it into a
lobster-freezer, equipped with eight
motorized whaleboats. The boat is named
after the fishing company. Ordered by
Jacques Verdavaine, the first Sapmer left for
its fishing campaign December 31, 1949. It
also carried on board 24 men responsible
for the installation of a permanent base in
Amsterdam, managed by Paul Martin de
Viviès, engineer for the National Weather
Services. Today, the base bears his name.
The Cancalais conducted for its part a
second fishing campaign of “false cod”
before being returned to its Malagasy
owner. SAPMER then became “Marine
supply and fishing limited company.”
The Sapmer was equipped in Marseille
(France), due to the fact that the Pointe des
Galets harbor (Reunion Island) did not
1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES
19
cialisées sur place par la SAPMER, qui a investi
dans des entrepôts frigorifiques.
Sous les ordres du commandant Jacques Verdavaine, puis d’Albert Barbanton à partir de 1951,
les marins bretons et réunionnais deviennent
experts dans l’art de poser les casiers dans les
« creux » où pullulent les langoustes. Les conditions sont difficiles mais les résultats paient bien
la peine. Albert Barbanton était capitaine de la
marine marchande avant de passer à la pêche. Il
était second sur un terre-neuvas pour un armement
de Bordeaux avant d’être recruté par la SAPMER.
Dès le début, l’administration des Terres Australes et Antarctiques Françaises (dont dépendent
have yet the maintenance facilities to do
repair work. Marseille was also the largest
market for Saint Paul and Amsterdam
lobster tails. The boat then performed an
annual campaign. As the southern
hemisphere summer was approaching, it
sailed down to Reunion Island, holds
loaded with meat and frozen goods sold
locally by SAPMER, which had invested in
cold storage facilities. Under the command
of Captain Jacques Verdavaine, then Albert
Barbanton from 1951, the Briton and
Reunion Island sailors became experts in
20
Saint-Paul et Amsterdam et qui deviendra autonome en 1955) assure un suivi scientifique de
l’exploitation de la langouste à Saint-Paul et
Amsterdam, en collaboration avec le Muséum
national d’histoire naturelle de Paris. Des quotas
de captures sont fixés annuellement, les casiers
sont dimensionnés pour épargner les juvéniles,
la saison de pêche est limitée aux quatre mois de
l’été austral, en dehors de la période de ponte.
En 1957-1958, il est même décidé de ne pas
ouvrir la pêche, afin de favoriser la reconstitution
de la ressource. Les bases d’une gestion durable
de la pêche dans les TAAF sont bel et bien jetées.
the art of placing lobster pots in “holes”
teeming with lobsters. The conditions are
difficult but the results are well worth the
hard work. Albert Barbanton was captain
in the merchant navy before joining the
fishing sector. He was second on a
Newfoundland fishing ship working for a
Bordeaux (France) fishing company before
being recruited by SAPMER.
From the beginning, the Administration of
the French Southern and Antarctic Lands
(of which St. Paul and Amsterdam depend,
which would become independent in
1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES
1955); monitors the scientific exploitation
of lobster in Saint-Paul and Amsterdam, in
collaboration with the French National
Natural History Museum of Paris. Catch
quotas are set annually, the pots are
designed to spare the juveniles, the fishing
season is limited to four months during the
southern hemisphere summer, outside the
spawning period. In 1957-1958, it is even
decided not to open the fishing season, to
implement the recovery of the resource.
The premise of a sustainable management
of fishing in the TAAF had indeed begun.
Le Cancalais.
CHAPITRE
2
1965-1980
le temps
des convoitises
Batailles pour la langouste
CHAPTER 2
1965-1980
THE AGE OF COVETOUSNESS
LOBSTER BATTLES
En 1965,
il est temps de remplacer le premier Sapmer, qui
a fait son temps. L’armement, dont la direction générale est désormais assurée par Jean Ravaux, rachète à la compagnie Worms
un ancien pinardier, le Pomerol, et le transforme en navireusine, doté d’un tunnel de congélation. Le bateau, comme son
prédécesseur, est baptisé Sapmer. Armé pour la pêche aux casiers,
il est équipé, comme le premier Sapmer, d’un portique arrière
et d’un treuil de pêche qui lui permet de chaluter. Cet appareillage
lui permet de fournir du poisson au marché réunionnais. Une
marée au chalut est ainsi organisée en 1967, après la campagne
annuelle à Saint-Paul et Amsterdam. Initialement prévue au large
des côtes de la Somalie, elle a finalement lieu dans l’Atlantique,
sur les côtes d’Afrique de l’Ouest après la fermeture du canal de
Suez provoquée par la guerre des Six Jours.
L’année précédente, a été votée une loi qui impose une autorisation
préalable à toute activité de pêche dans les eaux des Terres Australes
et Antarctiques Françaises. Son décret d’application sera finalement
signé en 1969. Mais sur les quais, bruit une rumeur : l’armement
It was time, in 1965, to replace the first
Sapmer, which had had its day. The fishing
company, then managed by Jean Ravaux,
bought from the Worms Company a
former wine carrier, The Pomerol, and
turned it into a factory ship, equipped with
a freezing tunnel. The boat, like its
predecessor, was baptized Sapmer. Fitted
out for pot fishing, it is equipped, just like
the first Sapmer, with a gantry at its stern
and a fishing winch for trawling. This
equipment allowed it to supply the Reunion
Island fish market. A trawling fishing trip was
therefore organized in 1967, after the
annual campaign in Saint-Paul and
Amsterdam. Initially planned off the coast of
Somalia, it finally took place in the Atlantic
off the coast of West Africa following the
closure of the Suez Canal caused by the
Six-Day War. The previous year a law was
passed that required prior authorization for
all fishing activities in the waters of the
French Southern and Antarctic Territories.
Its implementing decree would be finally
signed in 1969. But on the docks, rumours
are heard: The Reunion Island fishing
1 9 6 5 - 1 9 8 0 : L E T E M P S D E S C O N V O I T I S E S B ATA I L L E S P O U R L A L A N G O U S T E
25
réunionnais ne serait pas le seul à pêcher la langouste du Grand Sud. Des braconniers seraient à
l’œuvre, à partir du mois de mars devant les îles
françaises, quand le Sapmer fait route vers La Réunion puis Marseille. Lors de la campagne 19681969, alors que Pierre Riou vient de succéder à
Albert Barbanton à la barre du Sapmer, un
long-liner japonais au pont chargé
de casiers est découvert à Amsterdam, puis retrouvé deux
jours plus tard à Saint-Paul.
Les équipements sont saisis et détruits. Mais
depuis quelque temps,
c’est un fameux braconnier français, Jean Le
Gall, qui est dans le viseur.
L’armement réunionnais
company could not be the only one fishing
lobster in the Great South. Poachers could
be at work around the French islands,
starting from March, as soon as The Sapmer
left towards Reunion Island then Marseille
(France). During the 1968-1969 campaign,
right after Pierre Riou succeeded to Albert
Barbanton at the helm of The Sapmer, a
Japanese longliner loaded with fishing pots
was found in Amsterdam, then found two
days later in Saint-Paul. Its equipment was
seized and destroyed. But during that time,
it was a famous French poacher, Jean Le
26
rivalise de ruse avec ce Breton de Douarnenez
pour le surprendre en flagrant délit. Ce sera
chose faite en octobre 1969, grâce à l’intervention de l’aviso Commandant-Bory.
Dès la campagne suivante, la SAPMER arme un
langoustier dédié à la surveillance de la pêche. Le
Folgor est transformé à Marseille: son vivier
est remplacé par une grande cale frigorifique. Un bateau australien
et deux sud-africains sont
chassés des eaux territoriales
début 1970 où Jean Le
Gall, de nouveau, brave la
réglementation.
L’administration des
TAAF décide alors d’affecter un gendarme maritime à la police des pêches.
Gall, who was targeted. The Reunion
Island fishing company used many
stratagems to catch this Briton from
Douarnenez in the act. This would be
achieved in October 1969, through the
intervention of The Commandant-Bory
sloop. The following season, SAPMER
decided to equip a lobster boat for
monitoring fishing activities. The Folgor is
modified in Marseille: Its fish-hold is
replaced by a large freezing hold. Early
1970, one Australian and two South African
ships were chased away from the territorial
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waters where Jean Le Gall’s continued to
defy the rules and regulations.
The TAAF administration decided then to
assign a marine police officer to its fisheries
police. The Reunion Island fishing company
did not remain the only one legally allowed
to fish Lobster for long. In 1971, the Briton
company Bretic, obtained the fishing permit
allowing them to fish lobster in Saint-Paul
Page de droite de haut en bas / Right hand side
page from top to bottom : l'Antarctique /
the Antarctic © Patrick Perron ; Amsterdam.
Escale du Sapmer
à La Réunion.
Embarquement
des Réunionnais,
26 novembre 1962.
Sapmer's stop at Reunion Island.
Boarding of the Reunion islanders
26 November 1962.
L’armement réunionnais ne restera pas longtemps seul à pêcher légalement la langouste. En
1971, la société Bretic, un armement breton,
obtient une autorisation de pêche à la langouste
à Saint-Paul et Amsterdam. La concurrence,
légale cette fois, s’installe. Un ancien collaborateur de la SAPMER décide également de tenter
sa chance en exploitant un banc découvert
récemment au large des îles, dans les eaux internationales. Il arme un navire et en confie le commandement à Albert Barbanton, qui décidément
ne peut se résoudre à une retraite terrestre. L’année suivante, c’est… Jean Le Gall qui lui succède!
Fin 1972, la Bretic met en service un deuxième
navire, le Ciap.
La concurrence se renforce en 1973 avec l’arrivée
de Pêcherie Ouest Bretagne, qui obtient un quota
de pêche en échange d’une promesse: la création
and Amsterdam. Legal competition was
being settled. A former employee of
SAPMER also decided to try his luck fishing
in the international waters off the coasts of
the islands, where a new shoal had recently
been found. He decided to equip a ship
and gave its command to Albert Barbanton,
who certainly could not bring himself to
retire on land. The following year, it was ...
Jean Le Gall who took over! Late 1972,
Bretic commissioned a second ship, The
Ciap. Competition strengthened in 1973
with the arrival of Pêcherie Ouest
d’une conserverie de thon à La Réunion. Son
bateau, Le Pêcheur breton, a des capacités équivalentes à celles du Sapmer et se voit attribuer
le plus fort quota. Au terme de la campagne
1973-1974, la surexploitation de la ressource est
patente. Les rendements par casier sont en chute
libre : en trois ans, les levées sont passées de 14
à 6 kilos de langoustes en moyenne.
À la veille de la campagne suivante, les quotas
de pêche sont fortement réduits : ils passent de
960 à 450 tonnes. Leur répartition est inchangée : 50 % pour Pêcherie Ouest Bretagne, 30 %
pour SAPMER et 20 % pour Bretic. Mais un
seul bateau est autorisé à pêcher pour le compte
des trois armateurs. Le Sapmer présentant le
meilleur coût d’affrètement, c’est lui qui va effectuer la campagne. Le Folgor est vendu à
l’Armement des Mascareignes, qui le reconvertit
Bretagne, who gained a fishing quota in
exchange of a promise: the creation of a
tuna canning industry in Reunion Island. Its
boat, Le Pêcheur Breton, had capabilities
equivalent to those of the Sapmer and was
assigned the highest quota. At the end of
the 1973-1974 campaign, overexploitation
of the resource is obvious. Yields per pot
are plummeting: in three years, the
catches decreased from 14 kg (31lb) to 6
kg (13lb) of lobsters on average.
On the eve of the next campaign, fishing
quotas were greatly reduced: they went
from 960 to 450 tons. Their distribution is
unchanged 50% for Pêcherie Ouest
Bretagne, 30% for SAPMER and 20% for
Bretic. But only one ship is allowed to fish
on behalf of the three companies. The
Sapmer with the best cost of chartering was
the one chosen to carry out the fishing
campaign. The Folgor was sold to
Armement des Mascareines, which
modified it for shrimp fishing in the
Mozambique Channel. The campaign is
bad, lobsters habitat had been disrupted by
a cyclone; the quota was not even reached.
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en crevettier pour la pêche dans le canal du
Mozambique. La campagne est mauvaise, l’habitat des langoustes a été perturbé par un cyclone,
le quota n’est même pas atteint.
Le capitaine Riou, qui a succédé au commandant
Barbanton, cesse à son tour son activité à la
grande pêche en 1975. Après 23 campagnes à
Saint-Paul et Amsterdam, il part terminer sa carrière dans son pays de Loguivy-de-la-Mer. Il
cède sa place à Marcel Barbarin, vendéen des
Sables d’Olonnes, qui naviguait à ses côtés depuis
une dizaine d’années. Le Sapmer quitte la flotte,
remplacé par le Cap Horn, un bateau plus petit.
Le chalutier de 54 mètres est transformé en langoustier à Saint-Malo. Les quotas sont tombés à
300 tonnes. L’administration retire l’autorisation de pêche attribuée à Pêcherie Ouest Bretagne, qui n’a pu honorer son engagement dans
Captain Riou, who succeeded to Captain
Barbanton, ended its fishing activity in
1975. After 23 campaigns in Saint-Paul and
Amsterdam, he decided to finish his career
back home at Loguivy-de-la-Mer (France).
He gave his place to Marcel Barbarin native
of Sables d’Olonne of Vendée (France),
who had been sailing with him for ten
years. The Sapmer left the fleet, after being
replaced by Cape Horn, a smaller boat. The
54-meter long trawler was converted into
a lobster ship in Saint-Malo (France).
Quotas dropped to 300 tons. The
la création d’une conserverie à La Réunion. Les
autorités proposent d’accorder un quota pour
cinq ans aux armements réunionnais, s’ils parviennent à s’entendre et se regrouper.
C’est chose faite avec la constitution du Groupement des Armateurs Réunionnais (GAR),
constitué par la SAPMER, la CIAP et l’Armement des Mascareignes. Robert de la Fortelle,
directeur de la Banque de la Réunion, qui avait
succédé à Jean Rabot à la tête de la SAPMER au
cours de la décennie précédente, en prend également la présidence. Le GAR se voit attribuer
la totalité du quota de pêche, dont 50 % reviennent à la SAPMER, 30 % à la CIAP, qui exploite
un long-liner sur les bancs de Saya de Malha, et
20 % à l’Armement des Mascareignes, qui fait
de même avec le Mascareignes II et ses dix embarcations.
administration withdrew Pêcherie Ouest
Bretagne fishing’s authorization, which
could not honour its commitment to
building a canning industry in Reunion
Island. The authorities offered to grant the
Reunion Island fishing companies a quota
for five years, if they could agree to work
as one.
This was achieved with the constitution of
the Reunion Island Shipowners’ Group
(GAR), consisting of SAPMER, CIAP and
The Armement des Mascareines. Robert
de la Fortelle, director of the Banque de la
Réunion (Reunion Island Bank), who
succeeded to Jean Rabot as head of
SAPMER during the previous decade, also
took on the role of chairman. The GAR
was assigned the entire fishing quota, of
which 50% went to SAPMER, 30% to
CIAP, which operated a longliner on the
banks of Saya de Malha, and 20% to The
Armement des Mascareines which did the
same with The Mascareines II and its ten
auxiliary boats.
The Cape Horn operated on behalf of the
Group for five campaigns. The ship was
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Le Cap Horn opère pour le compte du Groupement pendant
cinq campagnes. Le navire est armé à La Réunion, qui devient
son port d’attache. Année après année, la ressource se reconstitue,
la taille des prises remonte, pour la plus grande satisfaction du
professeur Hureau, conseiller scientifique des TAAF, et de son
assistant, Guy Duhamel, qui embarque pour la première fois sur
le Cap Horn en 1979. Le jeune scientifique, qui deviendra professeur, accompagnera jusqu’à aujourd’hui les armements opérant
dans les eaux australes : ses travaux servent de base à la fixation
des quotas de capture.
Rassurée par le bon résultat donné par l’application de ces mesures
de précaution, l’administration augmente progressivement ces
quotas. Pour la SAPMER et le GAR, il est temps de se doter d’un
nouveau bateau, plus gros et plus performant.
fitted out in Reunion Island, which became
its home port. Year after year, the resource
replenished, the size of the catch grew to
the great satisfaction of Professor Hureau,
scientific advisor for the TAAF, and his
assistant, Guy Duhamel, who sailed for the
first time on The Cape Horn in 1979.The
young scientist, who would become a
professor, has been accompanying up until
32
today the fishing companies operating in
the southern sea waters: his work is the
basis for setting catch quotas.
Reassured by the good results given by the
implementation of such precautionary
measures; the administration gradually
increased quotas. For SAPMER and GAR, it
was time to acquire a new ship, bigger and
with greater performance.
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L'Antarctique / The Antarctic © Patrick Perron.
CHAPITRE
3
1980-2005
le temps
des découvertes
Du poisson des glaces à la légine
CHAPTER 3
1980-2005
THE AGE OF DISCOVERY
MACKEREL ICEFISH TO TOOTHFISH
En 1980,
le Pierre-Pléven , chalutier terre-neuvas de
78 mètres, est racheté à Saint-Malo et rebaptisé Austral. Il est
aménagé pour la pêche à la langouste, mais conserve ses équipements de chalutage. La SAPMER a en effet décidé d’étendre son
activité à la pêche aux Kerguelen. Plus australes encore que SaintPaul et Amsterdam, ce groupe d’îles situé par 50° sud et 69° est
avait été découvert en février 1772 par le navigateur Yves de Kerguelen. Quelques jours auparavant, son second, Crozet, avait
baptisé de son nom un archipel, un peu plus au nord.
Fin 1968, le Sapmer du capitaine Riou avait tenté quelques coups
de chalut peu fructueux, pendant quelques jours devant les
Kerguelen, avant la campagne annuelle à la langouste. Les hommes
ne connaissaient alors rien de l’habitat des poissons, à la limite
des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants.
Mais la zone avait été investie, dès le début des années 1970, par
des armements soviétiques. Les autorités françaises commencent
alors à encourager les armements réunionnais à étudier la ressource de ces eaux peu hospitalières. Une campagne d’exploration
In 1980, The Pierre-Pleven, Newfoundland
trawler of 78 meters, was bought in SaintMalo and renamed Austral. It was fitted
out for lobster fishing, but retained its
trawling equipment. SAPMER indeed
decided to extend its fishing activity to
Kerguelen. These group of islands further
south than Saint-Paul and Amsterdam,
were situated at 50 ° South and 69 ° Est
and were discovered in February 1772 by
the navigator Yves de Kerguelen. A few
days earlier, his first mate, Crozet, gave his
name to an archipelago, a little further
north. Late 1968, Captain Riou’s Sapmer
had tried, for a few days around the
Kerguelen, a few hauls with little success,
just before the start of the annual fishing
campaign for lobster. The men, at the
time, knew nothing of fish habitat at the
edge of the Roaring Forties and Furious
Fifties. But the area had been used as
fishing ground, from the early 1970s, by
Soviet fishing companies. The French
authorities therefore began to encourage
Reunion Island fishing companies to study
the resource of these inhospitable waters.
1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE
37
menée en 1979 par le chalutier français Jutland
montre qu’une exploitation des poissons des
Kerguelen est possible au départ de La Réunion.
Les espèces exploitables sont essentiellement le
poisson des glaces, le colin austral et le colin des
Kerguelen.
L’Austral effectue sa première campagne en 1981.
Il n’est pas le seul navire français sur zone. Le
An exploratory campaign was conducted
in 1979 by the French trawler Jutland to
show that the exploitation of Kerguelen
fish was possible from Reunion Island as a
home port. Exploitable species were
Mackerel icefish, Grey Rockcod and
Marbled Rockcod.
The Austral did its first campaign in 1981. It
was not the only ship in the area. The
Sydero, of Les Armaments des Mers du
Sud (partnership between Armament des
Mascareines, CIAP and Nord Pêcherie
from Boulogne-sur-Mer (France)), and The
38
Sydero, de l’Armement des Mers du Sud (association de l’Armement des Mascareignes, de la
CIAP et de Nord Pêcherie, de Boulogne-surMer), et le Zélande, de l’armement métropolitain Pêcheries de Bordeaux Bassens, tentent également leur chance dans les eaux des Terres
Australes et Antarctiques Françaises. Mais la
commercialisation du poisson des glaces et des
autres espèces s’avère difficile, les prises sont
moins satisfaisantes que prévu. Le Zélande et le
Sydero jettent l’éponge après deux campagnes.
L’ Austral maintient son activité alternée,
entre campagnes langoustières à Saint-Paul et
Amsterdam et pêche au poisson des glaces des
Kerguelen, jusqu’en 1986. Cette année-là, le
bateau de la SAPMER se concentre sur une espèce
qui n’avait guère attiré l’attention jusqu’alors :
la légine. Le début d’une nouvelle aventure…
Zealand, of the main land France fishing
campany Pêcheries de Bordeaux Bassens,
which also tried its luck in the waters of
the French Southern and Antarctic
Territories. But selling Mackerel Icefish and
other species was difficult; catches were
less satisfactory than expected. The Zéland
and The Sydero threw in the towel after
two campaigns. The Austral maintained its
activity alternating between lobster
campaigns in Saint Paul and Amsterdam
and Mackerel Icefish fishing in Kerguelen,
until 1986. That year, SAPMER’s boat
1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE
focused on a species that did not attract
much attention until then: toothfish. The
beginning of a new adventure...
Since 1981, SAPMER’s first Mackerel
Icefish campaign in the Kerguelen waters;
sailors have been describing the fish as:
the most beautiful species of the southern
seas is toothfish (Dissostichus eleginoides).
Deep sea fish, fairly large and of delicious
taste, was nonetheless considered a by
catch. One thought that the Soviet fishing
companies had largely depleted the stock.
Error! In 1986, 241 tons of toothfish were
L’Austral © André Fatras.
Depuis 1981, année de la première campagne SAPMER aux
poissons des glaces dans les eaux
Kerguelen, les marins de l’Austral le pressentaient : la plus
belle espèce des mers australes
est bien la légine (Dissostichus
eleginoides). Ce poisson des
profondeurs, de belle taille et
à la chair délicieuse, est pourtant considéré comme une
prise accessoire. On pense alors
que les pêcheries soviétiques
ont déjà largement épuisé le
stock. Erreur. En 1986, 241
tonnes de légines sont ramenées à La Réunion et la clientèle japonaise commence à s’y
brought to Reunion Island and Japanese
customers began to show interest. The
Antarctic fish resembled a species of
Alaska to which the Japanese fishing
companies had no longer access, prices
started to rise. But toothfish was still not
well known. A Franco-Soviet research
De haut en bas / From top to bottom :
Paysage de Saint-Paul ;
le Croix du Sud ; Légine ; l’Ile Bourbon
Saint-Paul scenery ; Croix du Sud ;
toothfish ; Ile Bourbon.
intéresser. Le poisson de l’Antarctique ressemble
à une espèce de l’Alaska à laquelle les armements
nippons n’ont plus accès, les cours commencent
à monter.
Mais la légine est encore mal connue. Une campagne de recherches franco-soviétique, dirigée
en 1986-1987 par le professeur Guy Duhamel,
ichtyologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, permet de mieux comprendre ses
mœurs. Il faut aller profond pour la trouver.
En octobre 1990, l’Austral découvre un stock
de légines vierge dans un canyon sous-marin.
350 tonnes sont pêchées en une semaine, alors
que les cours continuent à monter sur les marchés asiatiques. La pêche dans les eaux des TAAF
devient enfin rentable pour l’armement réunionnais, après dix ans de campagnes difficiles.
Pendant ce temps, à terre, la pêche hauturière
campaign had been led between 1986
and1987 by Professor Guy Duhamel,
ichthyologist at the National Natural
History Museum of Paris, to better
understand its habits. They had to go deep
to find it. In October 1990, The Austral
discovered an untouched stock of
toothfish in a submarine canyon. 350 tons
were caught in a week, while prices
continued to rise on Asian markets. After
ten years of difficult campaigns, fishing in
the TAAF Southern waters was finally
becoming profitable for the Reunion Island
réunionnaise se restructure. Maurice Barrière,
gendre de Robert de la Fortelle, a pris les commandes de la société en 1987. En 1989, les
Sucreries de Bourbon, alors dirigées par Jacques
de Chateauvieux, prennent une participation
majoritaire dans la SAPMER. Quelques années
plus tôt, Jacques de Chateauvieux était devenu
administrateur de l’armement, répondant favorablement à une proposition de Robert de la
Fortelle dont le fils est un de ses amis : ils ont
suivi les mêmes études, à quelques années d’écart,
dans la même université américaine puis ont
travaillé ensemble pour le Boston Consulting
Group aux États-Unis.
« En 1989, les Sucreries de Bourbon entament
leur diversification, témoigne-t-il. En découvrant la SAPMER, j’ai apprécié sa volonté de
développement et son potentiel de croissance.
fishing company. Meanwhile, on land,
Reunion Island deep sea fishing was being
restructured. Maurice Barrier, Robert de la
Fortelle’s son in law, took charge of the
company in 1987. In 1989, Les Sucreries
de Bourbon, then managed by Jacques de
Chateauvieux, took a majority of shares in
SAPMER. A few years earlier, Jacques de
Chateauvieux had become chairman of
the board of directors of the fishing
company, responding favorably to a
personal friend’s proposal, Robert de la
Fortelle, whose son was one of his friends:
they had studied the same degree, a few
years apart, in the same American
university and then worked together for
the Boston Consulting Group in the
United States.
“In 1989, Les Sucreries de Bourbon began
their diversification, he explains.
Discovering SAPMER, allowed me to
appreciate its commitment to
development as well as its growth
potential. It was already an iconic Reunion
Island company, known for its small fish
processing activity. We believed in it. “
1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE
41
Il s’agissait déjà d’une société réunionnaise
emblématique, connue pour sa petite activité de
transformation de poissons. Nous y avons cru. »
Le groupe de Jacques de Chateauvieux en deviendra l’unique propriétaire en 1992. Le Groupement d’Armateurs pour les Pêches Australes
(GAPA), constitué en 1981 pour succéder au
GAR, ne compte plus que deux membres :
SAPMER en détient 65 % et Armement des Mascareignes, qui n’a plus de bateau, 35 %.
En 1993, SAPMER se dote d’un nouveau navire,
construit en Pologne. Le chalutier-caseyeurcongélateur, armé pour la langouste et la légine,
reçoit le même nom de baptême que son prédécesseur : Austral (76 mètres sur 14 mètres et
3 500 chevaux).
L’année suivante, Jacques Dezeustre arrive à la
direction de l’armement. Ingénieur de forma-
Jacques de Chateauvieux’s group got sole
ownership in 1992. The Group of
Shipowners for Southern Seas Fishing
(GAPA), formed in 1981 to succeed the
GAR, had only two members: SAPMER
held 65% and The Armament des
Mascareines, which did not have any boat
anymore, 35%.
In 1993, SAPMER acquired a new vessel,
built in Poland. The freezer-lobster
trawler, fitted out for lobster and toothfish,
received the same name as its
predecessor: Austral (76-meter long by
42
tion, il appartient à une famille d’armateurs de
Bordeaux et a dirigé la Société Nouvelle des
Pêches Lointaines, jusqu’à la fin de l’activité
morutière française dans l’Atlantique nord. « J’ai
monté de nombreuses missions d’exploration, à
la recherche de nouvelles ressources, se souvientil. À ce titre, j’avais découvert La Réunion et la
SAPMER, puisque la mission de 1979-1980 aux
Kerguelen avait été réalisée par un de nos bateaux,
le Jutland. J’étais basé à Saint-Pierre et Miquelon
lorsque l’armement m’a sollicité. »
L’Austral est doté de nouveaux équipements qui
améliorent ses performances de pêche. Sous la
conduite du commandant Barbarin, la découverte de la légine aux Kerguelen, bientôt aux îles
Crozet, fait naître de grands espoirs. Les bonnes
marées s’enchaînent, mais les pêcheries soviétiques, devenues ukrainiennes après l’éclatement
14-meter width and 3 500 horse power).
The following year, Jacques Dezeustre
joined the management team of the fishing
company. An engineer by training, he
came from a long line of shipowners from
Bordeau (France) and had managed the
Société Nouvelle des Pêches Lointaines
until the end of the French cod fishing
activity in the North Atlantic. “I built many
exploratory missions in search of new
resources, he recalls. As such, I
discovered Reunion Island and SAPMER,
when the mission to the Kerguelen in
1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE
1979-1980 was conducted by one of our
boats, Jutland. I was based in Saint-Pierre
and Miquelon when the fishing company
contacted me. “ The Austral was fitted out
with new equipment that improved its
fishing performance. Led by Captain
Barbarin, the discovery of toothfish
around the Kerguelen Islands, and soon
around the Crozet Islands, gave great
hopes. Good fishing trips followed one
another, but Soviet fishing companies,
changed into Ukrainian ones after the
collapse of the USSR, and were quick to
de l’URSS, ne tardent pas à suivre les traces de l’Austral. Elles
obtiendront des quotas de
légine jusqu’en 1998, date à
laquelle Marcel Barbarin décide
de prendre sa retraite. Michel
Le Glatin lui succède à la barre
de l’ Austral . Ce Breton de
Loguivy-de-la-Mer, neveu de
l’ancien capitaine Pierre Riou,
est entré à la SAPMER à l’âge
de dix-sept ans, en 1974. Il
effectuera toute sa carrière dans
les TAAF, avant de se retirer,
en 2011.
Dès 1994, la concurrence
devient aussi franco-française,
avec l’arrivée du Kerguelen de
follow in the footsteps of the Austral. They
acquired toothfish quotas until 1998, same
date that Marcel Barbarin chose to retire.
Michel Le Glatin took over at the helm of
The Austral. This Briton from Loguivy-dela-Mer (France), nephew of former captain
Pierre Riou, joined SAPMER at the age of
seventeen, in 1974. He would perform
his entire career in the TAAF, before
retiring in 2011.
Since1994, competition also became
French vs French fishing company, with the
arrival of The Kerguelen Trémarec, a trawler
L’Albius © Patrick Perron.
L'Antarctique / The Antarctic © Patrick Perron.
Trémarec, un chalutier armé
par le groupe Intermarché,
puis de l’armement Le Garrec,
associé au groupe réunionnais
Albin, en 1998. Chaque année,
l’administration des TAAF distribue attentivement les quotas
de pêche, en veillant à limiter
les prises de manière à maintenir la ressource : le cycle de
reproduction de l’espèce est
très long.
D’autant qu’un grand danger
se profile à l’horizon. Fin 1996,
les premiers bateaux pirates
sont signalés dans les eaux des
Kerguelen et des Crozet. Il
s’agit de palangriers, qui après
owned by the Intermarché Group, then
by the fishing company Le Garrec, partner
of the Reunion Island group Albin
since1998. Each year, the TAAF
administration carefully distributed fishing
quotas to limit catches and to maintain the
resource: the reproductive cycle of the
species is very long; this is especially
important due to the fact that a great
danger was looming on the horizon. End
of 1996, the first pirate ships were
reported in the waters of Kerguelen and
Crozet. These longliners, after having
avoir totalement épuisé la ressource au large des
côtes chiliennes et argentines viennent traquer
la légine dans le sud de l’océan Indien. Les procédures judiciaires entamées par la suite montreront qu’ils sont liés, pour la plupart, à des
intérêts espagnols.
La Marine nationale commence ses patrouilles
dans la zone économique exclusive française,
une longue série d’arraisonnements débute.
Mais l’enjeu financier fait prendre tous les
risques aux braconniers des eaux australes. Les
missions de surveillance des bâtiments de la
Royale, informés par les bateaux réunionnais,
ne suffisent pas à dissuader les pilleurs, dans un
espace maritime immense. Les rendements de
la SAPMER et des autres armements français
chutent, l’avenir du secteur est menacé : il est
temps de réagir.
totally depleted the resource off the coast
of Chile and Argentina came to find
toothfish in the Southern Indian Ocean.
Court proceedings showed later on, that
there actions were linked, mostly, to
Spanish interests. The French Navy began
its patrols in the French exclusive
economic zone; a long series of arrests
began. But the financial gain made the
poachers take any possible risk they could
in the southern waters. The French
Navy’s surveillance missions, were tipped
off by Reunion Island ships, but were not
Les patrouilles de la Marine nationale permettent
bien d’arraisonner des bateaux pirates, mais l’arsenal juridique est trop peu dissuasif pour les
pilleurs des eaux australes. Fin 1997, le Parlement
vote une loi réprimant sévèrement les actes de
pêche illégale dans les TAAF : tout bateau entrant
dans la zone française est tenu de se signaler, les
amendes sont portées à 500 000 francs par
tonne de légine pêchée.
La Royale mobilise des moyens de surveillance
supplémentaires, la SAPMER et les autres armements s’organisent pour lutter contre une pratique qui menace directement leur activité. Les
rendements des marées baissent. L’administration des TAAF restreint les tonnages de captures
autorisés et impose progressivement l’abandon
du chalutage au profit de la palangre profonde,
technique de pêche plus sélective.
enough to deter looters, in such a vast
maritime space. SAPMER’s yields and
other French fishing companies were
going down, the sector’s future was
threatened; it was time to react.
The patrols allowed the Navy to board
many pirate ships, but the legal actions
were not deterring enough for the looters
of the southern waters. In late 1997,
Parliament passed a law severely punishing
acts of illegal fishing in the TAAF all vessels
entering the French zone were required
to report their presence in the French
fishing zone, the fines were increased to
500 000 francs per ton of toothfish
caught. The French navy mobilized
additional means of surveillance, SAPMER
and other fishing companies organized
themselves in order to fight an activity that
directly threatened their business. Fishing
trips’ yields were falling. The TAFF
administration limited the authorized legal
tonnage to be caught and gradually
imposed the fishing companies to
relinquish trawling fishing in favor of
longline fishing, a more selective fishing
1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE
45
« Le professeur Duhamel nous a beaucoup aidés
dans la mise au point de notre nouvelle technique
de pêche, poursuit Jacques Dezeustre. Nous avons
affrété des palangriers japonais et espagnols, nous
avons retenu ce qui était bon chez les uns et chez
les autres. » La SAPMER commande aux
chantiers Piriou de Concarneau deux
palangriers-congélateurs, l’ Île
Bourbon et l’Albius, qui entreront
dans sa flotte en 2001 et 2002.
L’Austral retrouve sa vocation initiale
de langoustier-caseyeur.
Les pirates n’ont pas abandonné la
partie pour autant, comme le
prouvent les prises répétées de la
Marine : jusqu’en 2004, 25 de
leurs bateaux seront au
total arraisonnés. Cer-
technique. “Professor
Duhamel was a great help in
the development of our new fishing
technique, continues Jacques Dezeustre.
We chartered Japanese and Spanish
longlines, we kept the best of each party “.
SAPMER ordered from the Piriou shipyards
in Concarneau, two freezer longliners, Ile
Bourbon and Albius, which would enter the
fleet in 2001 and 2002. Austral was back
to its initial lobster pot fishing. The pirates
had not given up, proof was that the
French Navy continued to “catch” some:
46
tains seront coulés au large des côtes réunionnaises, d’autres reconvertis : le Croix du Sud,
propriété de la SAPMER depuis 1999, est ainsi
un ancien palangrier illégal, jumboïsé sur les
chantiers Piriou. Un autre pirate est
devenu l’Osiris, patrouilleur civil désormais géré par le GIE Protection Légine
et Ressources Halieutiques et armé
par la SAPMER : cinq mois par
an, il prête main-forte aux bâtiments de la Marine nationale.
Tous ses efforts ont fini par porter leurs fruits. Les pêcheurs
illégaux semblent avoir déserté
les TAAF et le stock de légines
se reconstitue, lentement. Le
développement de la SAPMER
peut se poursuivre.
until 2004, 25 of their boats had been
arrested in total. Some were sunk, off the
coast of Reunion Island, others converted:
The Croix du Sud, owned by SAPMER since
1999, is a former illegal longliner, jumbo
sized up by the Piriou shipyards. Another
pirate ship became The Osiris, civil patrol
boat then managed by the GIE (Toothfish
public and economic protection) equipped
1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE
by SAPMER: five months a
year, it lends a helping hand
to the French navy’s ships.
All these efforts finally paid off.
For the past three campaigns, illegal fishers
seemed to have deserted the TAAF and
the stock of toothfish has been recovering,
slowly. The development of SAPMER can
continue.
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Right hand side page from top to bottom:
l’Austral ; l’Osiris. / Austral, Osiris
CHAPITRE
4
2005-2012
le temps
du thon
Nouveaux horizons
CHAPTER 4
2005-2012
THE AGE OF TUNA
NEW HORIZONS
Le Franche Terre.
Yannick Lauri
entre à SAPMER en 2001, aux côtés de
Jacques Dezeustre, auquel il succédera en 2004. Après avoir
officié pour la Compagnie Générale Transatlantique, Yannick
Lauri a commandé des pétroliers et des chimiquiers sur toutes
les mers du monde puis dirigé des armements marchands.
Depuis 2003, l’entreprise est la propriété de Jaccar, holding de
la famille de Chateauvieux, alors que le groupe Bourbon se recentre sur les activités de services maritimes et d’offshore pétrolier.
Le groupe SAPMER se constitue, avec une société mère, SAPMER
SA, et deux filiales, Les Armements Réunionnais et Armement
Sapmer Distribution.
Si la langouste et la légine constituent ses deux principales ressources, l’armement n’a jamais cessé de rechercher de nouvelles
espèces commerciales. Son histoire est jalonnée de campagnes de
prospection dans divers secteurs de l’océan Indien, dans le but
de trouver de nouvelles pistes de développement. Une expérience
de pêche aux poissons pélagiques (thon, espadon…) avait ainsi
été menée à partir de 1995 dans l’océan Indien sous le comman-
Yannick Lauri joined SAPMER in 2001,
alongside Jacques Dezeustre, to whom he
succeeded in 2004. Having worked for the
Compagnie Generale Transatlantique, Y.
Lauri had commissioned oil and chemical
ships on all seas of the world before leading
a merchant shipping company.
Since 2003, the company has been owned
by Jaccar, de Chateauvieux family holding,
while the Bourbon group is refocusing on
marine services activities and offshore oil
ships. SAPMER group was formed, with a
parent company, SAPMER SA, and two
subsidiaries, Les Armements Reunionnais
and Armement Sapmer Distribution.
If Rock lobster and toothfish are its two
main resources, the fishing company has
never stopped seeking new commercial
species. The history of the company is
punctuated by prospecting campaigns in
various sectors of the Indian Ocean, in
order to find new avenues of development.
An experiment on fishing pelagic fish (tuna,
swordfish ...) had been conducted from
1995 onward in the Indian Ocean under
the command of Captain Queinec in the
2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS
51
dement du capitaine Queinec,
puis dans le Pacifique, avec un
palangrier-surgélateur capable
de produire du poisson de qualité sashimi pour les acheteurs
japonais. Le thon est la principale ressource halieutique de
l’océan Indien tropical. Pour
SAPMER, qui connaît la forte
demande du marché asiatique
et le potentiel de croissance du
marché européen, il représente
une source de diversification
dont le potentiel se confirme
au fil des études et des essais.
En 2006, l’armement réunionnais rachète à Concarneau
deux senneurs-congélateurs, le
Pacific, with a freezer longliner capable of
producing sashimi quality fish for Japanese
buyers. Tuna is the main halieutic resource
of the tropical Indian Ocean. For SAPMER,
who knows the strong demand of the Asian
market and the growth potential of the
European market, it represents a source of
diversification which potential is confirmed
by various studies and trials.
In 2006, the Reunion Island fishing
company bought in Concarneau two
freezer purse-seiners, The Huon de
Kermadec and Kersaint de Coëtnenprem,
52
2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS
Huon de Kermadec et le
Kersaint de Coëtnenprem ,
rebaptisés Titan et Takamaka.
Les deux bateaux de 70 mètres
sont équipés de sennes tournantes manœuvrées par des
skiffs. Pour SAPMER, l’apprentissage d’un nouveau métier
commence. Le Titan et le
Takamaka démarrent leurs activités fin 2006 et début 2007
dans les eaux des Seychelles, au
plus près des zones de pêche, où
ils débarquent leurs prises. Les
thons pris à la senne tournante
appartiennent principalement
à deux espèces, l’albacore et le
listao. Le premier (appelé yel-
renamed Titan and Takamaka. Both 70meter long ships were equipped with purse
seiners operated by skiffs. For SAPMER,
learning a new trade has begun. The Titan
and Takamaka started their operations late
2006 and early 2007 in the Seychelles
waters, a fishing ground close to where
they have to unload their catch. Tuna
caught in the purse seiner mainly belonged
to two species, yellowfin and skipjack. The
first –yellowfin- is characterized by its
yellow fin, its weight can exceed 100 kilos
(220lb). The second – skipjack- is much
lowfin en anglais) se caractérise par ses nageoires
jaunes, son poids peut dépasser les 100 kilos. Le
deuxième (appelé skipjack) est beaucoup plus petit,
pesant jusqu’à 5 ou 6 kilos. Le thon patudo (big
eye) constitue généralement une prise accessoire.
En juin 2007, SAPMER passe commande aux
chantiers Piriou, de Concarneau — haut lieu de
la pêche au thon française — de trois navires. Le
chantier Piriou, dont la holding Jaccar de Jacques
de Chateauvieux devient par ailleurs le principal
actionnaire, relève un défi: concevoir un modèle
de senneur-congélateur-surgélateur entièrement
nouveau. Les bateaux utiliseront, comme le Titan
et le Takamaka, la technique de la senne tournante, mais avec des moyens très modernes leur
conférant une puissance importante et une grande
rapidité d’exécution. Longs de 90 mètres, ils
seront dotés des moyens de détection du poisson
smaller, weighing up to 5 or 6 kilos(11 or
13lb). Big Eye tuna is usually a ‘by catch’.
In June 2007, SAPMER ordered from the
Piriou shipyards in Concarneau - a highly
renowned French Tuna fishing county-three
ships. The Piriou shipyards, of which
Jacques de Chateauvieux’s JACCAR holding
company is the largest shareholder,
accepted the challenge: Develop a model
of freeze & deep-freeze seiner of an
entirely new design. The ships will use, just
like TheTitan and Takamaka, the purse
seiner technique, but with very modern
54
2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS
les plus performants. La nouveauté la plus importante résidera dans leur mode de propulsion :
deux moteurs électriques, alimentés par un moteur
principal au gasoil, qui feront tourner les hélices.
Outre les économies de combustible et la diminution des émissions de fumée, cette technique
donnera aux bateaux une grande souplesse
d’utilisation pour manœuvrer une senne de
1800 mètres de long, sur 280 mètres de haut et
pesant 90 tonnes. La puissance électrique des navires
permettra aussi la surgélation du poisson en temps
réduit, gage de qualité préservée de la chair.
À bord, le poisson sera traité de deux façons. Il
pourra être plongé dans un bain de saumure glacée, dans des cuves d’une capacité totale de
300 tonnes, à paroi lisse afin de ne pas abîmer les
prises. Ainsi précongelé, à -9°C à cœur, puis
transféré dans une zone de travail, les petits séparés
means giving them great power and a rapid
execution time. 90-meter long, they will be
implemented with fish detection high
performing means. The most important
novelty being their propulsion system: Two
electrical engines, powered by a main
Diesel engine that activates pitch propellers.
In addition to saving fuel and diminishing
fume emanations, this technique will give
the ship great maneuvering abilities to
operate a seine
1 800-meter long, 280-meter high and
weighing 90 tons. The electric power of
the vessels will allow the freezing of fish in
reduced time, guaranteeing the
preservation of its natural quality. On
board, the fish will be handled in two ways.
First immersed in a tank of chilled brine of a
total capacity of 300 tons, with smooth
walls in order not to damage the catch,
therefore freezing it to the core at -9 °C;
and then transferred to a work area, the
small fish being separated from the large
ones before arriving in the freezing holds of
a 700 tons capacity. Second, the catch will
be lowered to -40 °C to the core and will
des gros avant d’arriver dans les cales de surgélation, d’une capacité
de 700 tonnes. Ensuite les prises seront descendues à -40°C à cœur
et resteront maintenues à très basse température jusqu’à la débarque.
Le premier bateau de la série est construit à Concarneau. Baptisé
Franche Terre (lieu-dit de Sainte-Suzanne, à La Réunion) en
mai 2009, il effectue ses premières marées au cours des mois suivants, alors que le Titan et le Takamaka ont été revendus. La
construction de deux sister-ships du Franche Terre se poursuit à
Ben-Luc, au Vietnam, sur le chantier de SEAS, filiale de Piriou.
Dans le même temps, SAPMER s’est associée à Seafood Hub Ltd
(groupe Ireland Blyth Ltd) pour investir dans une usine de traitement du poisson congelé sur les quais de Port-Louis, capitale de
l’île Maurice. La stratégie de l’armement vise à proposer sur le
marché un thon qui n’a rien perdu de ses qualités depuis sa capture.
Si une partie des prises est destinée à la conserve, les plus beaux
poissons sont transformés à la demande des clients, en filets, en
steaks, en dés. C’est la valorisation de ces produits qui permettra
à SAPMER de tripler son chiffre d’affaires à court terme, objectif
be maintained at very low temperature
until being unloaded. The first ship of the
series was built in Concarneau (France),
named Franche Terre (Sainte-Suzanne
locality of Reunion Island), in May
2009.Over the following months, it made
its first fishing trips, while The Titan and
Takamaka were sold. The construction of
two sister ships of the Franche Terre
continued at Ben Luc in Vietnam, on the
SEAS shipyards, a subsidiary of Piriou.
In the meantime, SAPMER and Seafood
Hub Ltd (Group Ireland Blyth Ltd)
partnered up to invest in a processing
factory for frozen fish on the wharf of Port
Louis, capital of Mauritius. The strategy of
the fishing company is to provide all
markets with tuna that has lost none of its
qualities from its capture onward. If part of
the catch is for the canning industry, the
best fish are intended for processing and
value enhancing to customers’ demand:
fillets, steaks, dices. This value enhancing of
these products will allow SAPMER to triple
its sales in the short term, which objective
was set by the company in 2007 for its five-
que s’est fixé l’entreprise en
définissant en 2007 son plan de
développement pour cinq ans.
Pour financer cette croissance,
SAPMER fait son entrée en
Bourse, sur le marché Alternext,
en juillet 2009: il devient ainsi
le premier armement coté en
France. Les premiers investisseurs sont, sans surprise, des
Réunionnais qui connaissent
bien l’entreprise et ses perspectives de développement.
L’usine Mer des Mascareignes,
entrée en service en 2008, travaille d’abord du poisson acheté
à d’autres armateurs. De
conception très moderne, elle
year development plan. To finance this
growth, SAPMER got listed on Alternext in
July 2009 and became the first French
fishing company to be listed. The first
investors were, without surprise, Reunion
Islanders who knew the company and its
development plan.
The Mer des Mascareignes factory came
into operation in 2008, first working on fish
bought from other fishing company. Of a
very modern design, it quickly got its
certification allowing exportation to the
European Union. Its initial production
obtient rapidement son agrément pour exporter
vers l’Union européenne. Sa capacité initiale de
production est de 6 000 tonnes de poisson par
an: elle lui permettra de traiter la production des
trois premiers thoniers de SAPMER. Le Franche
Terre y débarque ses premières prises à partir du
second semestre 2009. Au Vietnam, la construction du Manapany et du Bernica — deux noms de
lieux emblématiques de La Réunion — se termine.
Le Manapany est baptisé en mai 2010. Le baptême
du Bernica suivra en novembre 2010. Comme
leur aîné, ils sont immatriculés à Mayotte, l’autre
collectivité française de l’océan Indien.
En avril 2010, SAPMER obtient la reconnaissance « pêche responsable » délivrée par Bureau
Veritas. Un cahier des charges très strict a été
élaboré, ainsi qu’un plan de contrôles et une
méthode d’audit qui permettront à l’armement
capacity was 6 000 tons of fish per year:
which allowed it to process SAPMER’s first
three tuna ships. The Franche Terre started
unloading its first catches there from the
second half of 2009. In Vietnam, the
construction of Manapany and Bernica two
names emblematic of Reunion Island, were
being finished. The Manapany was baptized
in May 2010. The baptism of Bernica was
to follow in November 2010. As their
eldest, they were registered in Mayotte,
the other French overseas department
in the Indian Ocean.
de prouver à ses clients que ses engagements sont
tenus, à toutes les étapes de la pêche et de la
transformation des produits. SAPMER s’engage
à maîtriser ses captures, en respectant le seuil de
renouvellement du stock et les règles fixées par
la Commission thonière de l’océan Indien. La
notion de pêche responsable implique de diminuer la capture de juvéniles, de présenter des
garanties contre toute forme de pollution marine
et comporte également un volet social. Enfin,
SAPMER s’engage à une sécurité sanitaire maximale, à bord de ses thoniers puis tout au long
de la chaîne du traitement du poisson, qui garantit en outre un niveau de fraîcheur et de qualité
organoleptique supérieur.
La longue expérience de la pêche à la langouste
et à la légine dans les eaux des Terres Australes
et Antarctiques Françaises est la plus probante
In April 2010, SAPMER gained the
recognition “responsible fishing” issued by
Bureau Veritas. Very strict specifications
were set, as well as a control plan and an
audit methodology that will allow the fishing
company to prove customers its true
commitment, at all stages of the fishing and
processing activities. SAPMER committed
itself to controlled fishing, respecting the
stock renewal threshold and the rules set
by the Tuna Commission of the Indian
Ocean. The concept of responsible fishing
means reducing the catch of juveniles,
providing guarantees against all forms of
marine pollution, and has also a social
component. Finally, SAPMER is committed
to maximum health safety, on board its tuna
ship and then throughout the fish
processing chain, which guarantees a level
of freshness and superior organoleptic
quality. The great experience in Rock
lobster and toothfish fishing in the waters of
the French Southern and Antarctic
Territories is the most convincing reference
of all, for a fishing company whose ambition
is to work in an tuna fishing industry bound
2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS
57
des références, pour un armement affichant ses
ambitions dans une pêche au thon qui sera toujours plus réglementée. Le succès des premières
campagnes thonières est patent. Grâce à ces
résultats et à l’évolution favorable de la pêche
australe, SAPMER a pu atteindre avec une année
d’avance son objectif de triplement du chiffre
d’affaires : il s’élève à 77 millions d’euros en
2011. À l’île Maurice, l’usine Mer des Mascareignes s’est agrandie. Elle
peut désormais produire
9 000 tonnes de poisson
transformé par an.
Le 22 mars 2012, le quatrième
thonier de l’armement est baptisé au Vietnam avant de faire
route vers La Réunion où
une cérémonie est orga-
to be more and more regulated.
The success of the first tuna campaigns is
obvious. Thanks to these results, and the
favorable rise of the Southern seas fishing,
SAPMER achieved a year in advance its goal
of tripling its sales: it came to 77 million
euros in 2011. In Mauritius, Mer des
Mascareignes factory has developed. It can
now produce 9,000 tons of processed fish
per year. March 22, 2012, the fourth tuna
ship of the fishing company was baptized in
Vietnam before sailing towards Reunion
Island where a ceremony was held on April
58
2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS
nisée le 27 avril 2012 pour célébrer sa mise en
opération : le Dolomieu entamera sa première
marée dans les semaines suivantes. Un cinquième
bateau, également construit sur le chantier vietnamien de SEAS, est attendu en septembre 2012.
Les deux navires battront pavillon français et
seront immatriculés à La Réunion. Outre les
thoniers, SAPMER compte dans sa flotte l’Austral, chalutier-caséyeur-congélateur, et quatre
palangriers-congélateurs (Croix du Sud,
Île Bourbon, Albius et Mascareignes III).
Il arme en outre le navire de surveillance
des pêches Osiris.
La belle aventure commencée
en 1947 avec le premier appareillage du Cancalais, à destination des îles Saint-Paul
et Amsterdam, se poursuit !
27, 2012 to celebrate its coming into
operation: Dolomieu will begin its first fishing
trip in the next few weeks. A fifth ship, also
built on the Vietnamese SEAS shipyards, is
expected in September 2012. Both ships
will sail under French flag and be registered
in Reunion Island. Besides its tuna ships,
SAPMER southern seas fleet includes one
freezer pot lobster vessel, and four freezer
longliners (Croix du Sud, Ile Bourbon,
Mascareignes III and Albius). It also handles
a fishing patrol boat Osiris. The adventure
which began in 1947 with the first fishing
campaign of The Cancalais, to the islands of
Saint-Paul and Amsterdam continues!
Page de droite de haut en bas
Right hand side page from top to bottom:
Six navires SAPMER au Port :
les quatre palangriers de la pêche australe,
l'Osiris et l'Austral; les locaux de SAPMER.
6 SAPMER ships harboured: 4 longliners
for southern seas fishing, Osiris and Austral;
SAPMER's building.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION /// Yannick
Lauri, Directeur Général de SAPMER ...................................... 4
temps des pionniers /// À la conquête des mers australes .......... 7
CHAPITRE 2 /// 1965-1980 : Le temps des convoitises /// Batailles pour la langouste .............. 21
CHAPITRE 3 /// 1980-2005 : Le temps des découvertes /// Du poisson des glaces à la légine ..... 33
CHAPITRE 4 /// 2005-2012 : Le temps du thon /// Nouveaux horizons ............................... 47
CHAPITRE 1 /// 1947-1965 : Le
TABLE OF CONTENTS
INTRODUCTION /// Yannick
Lauri, General Manager of SAPMER........................................ 4
age of pioneering /// Conquering the Southern Seas ............... 7
CHAPTER 2 /// 1965-1980 : The age of covetousness /// Lobster battles ................................ 21
CHAPTER 3 /// 1980-2005 : The age of discovery /// Mackerel icefish to toothfish .................. 33
CHAPTER 4 /// 2005-2012 : The age of tuna /// New horizons .......................................... 47
CHAPTER 1 /// 1947-1965 : The
REMERCIEMENTS
Ce livret a été rédigé par Bernard Grollier. Ses
informations s’appuient, pour la période antérieure à l’an 2000, sur trois sources principales :
• Pêche et piraterie dans les quarantièmes rugissants, livre publié par Marcel Barbarin, ancien
commandant de l’Austral, aux éditions OuestFrance en 2002.
• « La campagne de pêche du Cancalais aux îles
Saint-Paul et Amsterdam », article écrit par
Jean Rabot, premier président de SAPMER,
publié dans la revue France Outre-mer n°237,
mai 1949.
• « La SAPMER, des origines (1947) à nos
jours », article écrit par Pierre Couesnon, publié
dans la lettre n°36 de l’Amicale des Missions
Australes et Polaires Françaises, septembre 1994.
La SAPMER adresse ses vifs remerciements à
MM. Barbarin et Couesnon et Mme Christiane
Rabot,pour leur collaboration.
ACKNOWLEDGMENTS
This booklet was written by Bernard
Grollier. Its information is based, for the
period prior to 2000, on three main
sources:
• “Fishing and piracy in the roaring
forties”, book published by Marcel
Barbarin, former captain of the Austral,
published by Ouest-France in 2002.
• “The fishing campaign of The Cancalais
off the Islands of St. Paul and Amsterdam,”
article written by Jean Rabot, first
chairman of SAPMER, published by France
Outre-mer No. 237, in May 1949.
• “SAPMER, from its origins (1947) until
today,” article written by Pierre
Couesnon, published in the letter No. 36
of the Association Amicale des Missions
Australes et Polaires Française (French
Southern and Polar Missions), September
1994.
SAPMER expresses its deep appreciation
to MM. Barbarin and Couesnon and Ms
Christiane Rabot for their collaboration.
Directeur de la publication / Editor : Yannick Lauri
Rédaction / writing : Bernard Grollier
Photos : SAPMER, Patrick Perron, André Fatras, Jean Rabot
Timbres / Stamps : Reproduction avec l'aimable autorisation du service philatélique des TAAF
Reproduction done with the gracious authorisation of the TAAF philatelic services.
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Tél. : +262 262 42 02 73 – E-mail : [email protected]