entreprises

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Prochain numéro :
18ème édition
du Palmarès
des entreprises
bretonnes
Découvrez les CA 2005
des 600 premières entreprises
par secteur d’activité,
les performances sectorielles
et le portrait des PME-PMI
qui montent !
Gros Plan :
Le Père Jaouen,
juste compromis entre
l’Abbé Pierre et Terminator
P. 32
Enquête :
Accès des PME
à la commande publique :
peut mieux faire
P. 38
Région :
• La vie des pôles de compétitivité
• Lancement de Bretagne 2015
N° 175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006 • 4,20 €
P. 34
DOSSIER : CRÈCHE, COVOITURAGE, CESU, CONCIERGERIE...
Ces services qui fidélisent
les salariés !
édito
sommaire
A
ACTUALITÉS
A L’AFFICHE
FOCUS : Le discount touche tous les secteurs
BRETAGNE EN RÉSEAU :
Les “Cigales”cultivent l’esprit d’entreprise et de solidarité
AILLEURS :
Maud,le pôle matériaux à usage domestique (Nord-Paca)
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...
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ENTREPRISES
Marée Gwen Morgane : mareyeur recherche fileteurs
Algue Service à la conquête des palais
Industyle aménage les véhicules utilitaires
Cap Ouest propose colorants et additifs sur mesure
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DOSSIER
L’essor des services sur le lieu de travail
Entretien :Jorge Muñoz,maître de conférence
à l’Université de Bretagne Occidentale
GROS PLAN
Michel Jaouen, le père marin
RÉGION
La vie des pôles de compétitivité
Lancement de Bretagne 2015,
interview de Jean-François Le Tallec
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PRATIQUES
ENQUÊTE : Accès des PME à la commande publique
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FORMATION :
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L’insertion sociale et professionnelle des handicapés
JURIDIQUE : Foires et salons, pratiques commerciales 41
...............
.............
..
EDITION « BRETAGNE ECONOMIQUE »
CRCI :1,RUE DU GÉNÉRAL GUILLAUDOT
CS 14422 • 35044 RENNES CEDEX
Rédaction :
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Ont collaboré à ce numéro :
C.CHERON - A.L.GROSMOLARD - V. MAIGNANT
S. MARSHALL - Y.POUCHARD - V.ROLLAND
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Comité de rédaction :
FRANÇOIS CLÉMENT
VANESSA ERMEL
Création, maquette & photogravure : ODÉBI
Impression : CALLIGRAPHY PRINT
ttirer, motiver, fidéliser des collaborateurs,
les rendre plus disponibles et performants :
la mission n’est pas nouvelle pour les
directeurs de ressources humaines et les
dirigeants d’entreprise… Et pourtant.
Dans notre société où harmonie, équilibre de vie,
bien-être sont érigés en valeurs, l’entreprise ne
peut être à l’écart de ces préoccupations pour
sa propre stratégie.
Et d’ailleurs, pour attirer de jeunes collaborateurs, les entreprises auraient parfois intérêt à
investir dans des services qui faciliteraient la vie
de leurs salariés sur le long terme : crèche,
salles de sport, de relaxation… plutôt que dans
un système sophistiqué de primes.
Bien sûr, les grandes entreprises sont souvent les
premières à s’engager dans cette voie.
En effet, pour ouvrir une crèche, un restaurant
d’entreprise, il faut une taille critique et des
moyens conséquents. Mais l’on voit apparaître
des initiatives innovantes de partenariats entre
plusieurs entreprises (au sein d’une même zone
d’activité, par exemple) ou entre une entreprise
et une collectivité locale pour aboutir à des
projets ambitieux et complexes.
Quoi qu’il en soit, cette attitude “ progressiste ”
de l’entreprise motive et humanise la relation
avec le salarié.
Utiliser des services à la personne sur le lieu de
travail est une véritable forme de management.
Elle engage le salarié dans la réussite de
l’entreprise, puisqu’elle lui donne les moyens de
faciliter sa vie quotidienne et le soulage de
certaines contraintes personnelles. Et d’une
certaine manière, elle engage l’entreprise dans
la vie privée de son salarié.
Alors, peut-être y a-t-il là un paradoxe ? A
vouloir, plus que jamais séparer vie professionnelle et vie personnelle, on en arrive, pour
faciliter la première, à s’immiscer dans la
deuxième et, finalement, la frontière entre les
deux mondes reste bien ténue…
Mais,en fait, là aussi, tout est question d’équilibre.
Guy CANU
Président de la CCI de Rennes
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Le réseau des CCI
FINISTÈRE
PROSPECTIVE ET DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL
Signature le 21 septembre dernier d’une convention de partenariat entre les trois entités consulaires de Cornouaille. La Chambre de commerce et d’industrie de Quimper Cornouaille, la Chambre d’agriculture du
Finistère et la Chambre de métiers et de l’artisanat unissent leurs forces : De gauche à droite : Jacques Jaouen, président de la Chambre d’agriculture
une dynamique de concertation qui correspond à l’action lancée par la nou- du Finistère, Jean-François Garrec, président de la CCI de Quimper Cornouaille,
velle équipe de la CCI élue en 2004. Au premier plan de cette réflexion com- Michel Guéguen, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat.
mune : la mise en œuvre des conditions favorables à la création, au
développement et à la reprise d’entreprises sur le territoire. Les trois élus signataires souhaitent que leur union concertée pèse dans le débat public
dans la perspective des prochaines mutations que devrait connaître le département. Les grands axes de ce partenariat privilégié sont : échange
d’informations, réalisations communes de travaux d’études et coordination sur les dossiers liés à la Cornouaille. La première action de concert
portera sur le délicat dossier du foncier, l’objectif premier étant de trouver des solutions “pour une maîtrise nécessaire dans ce domaine”.
CONTACT : CCI de Quimper Cornouaille - 02 98 98 29 29
ACTUALITÉS
Partenariat entre
les chambres économiques
ILLE-ET-VILAINE
CÔTES-D’ARMOR
COMMUNICATION
“Ensemble pour
l’entreprise” : un réseau
pour sensibiliser au droit
Le CJD 22, l’Ordre des experts-comptables, l’Ordre des
avocats, l’Union patronale et la Chambre de commerce et d’industrie des Côtes d’Armor viennent de lancer sur le département un nouveau réseau interprofessionnel axé sur le droit
des entreprises. Initié par le CJD et baptisé “Ensemble pour
l’entreprise”, ce réseau a pour but de promouvoir le droit en tant
qu’outil au service de toutes les entreprises, petites ou grandes.
Quatre fois par an, des réunions d’information seront organisées
pour les adhérents, sur des thèmes au cœur de leurs préoccupations. Ce réseau est une première dans le département et
répond ainsi à des attentes aussi bien du côté des dirigeants
que du côté des professionnels qui apportent leur expertise.
CONTACT CJD : Stéphane Drobinski - 02 96 78 55 75
ÉTUDES ET PROSPECTIVE
La logistique à la loupe
de l’Observatoire 35
Créé par Force 5 (les 5 chambres consulaires d’Ille-et-Vilaine) et piloté
par la CCI de Rennes, l’Observatoire économique 35 s’est donné
pour objectif de connaître la situation économique du département afin
d’anticiper les principaux enjeux pour le
développement des entreprises. Il édite
plusieurs publications : les Chiffres
clés, permettant une lecture rapide
des principales données socioéconomiques du département,
une lettre 3 fois par an qui
aborde l’évolution de secteurs
d’activités et une étude annuelle
prospective sur des thèmes porteurs d’enjeux pour l’Ille-et-Vilaine.
La première concerne la logistique.
Elle sera présentée lors d’une conférence le 28 novembre. Trois scénarios sur le développement de ce
secteur d’activités seront présentés et discutés.
CONTACT : Loïc Jézéquélou - CCI de Rennes - 02 99 33 66 24
MORBIHAN
CRÉATION ET REPRISE D’ENTREPRISES
Le dynamisme du Morbihan
L’observatoire créé en 2001 par Odace1 Entreprendre en Morbihan a pour objectif de décrire la dynamique économique morbihannaise à travers la quantification de la création et de la reprise d’établissements sur une année. Pour 2005, Odace recense 3 496 créations
d’établissements, soit une évolution positive de plus de 3 % par rapport à 2004. En trois ans, ce sont près de 10 000 nouveaux établissements qui ont vu le jour dans le département. Compte tenu des disparitions, le solde positif 2003-2005 s’affiche à 3 344 établissements.
Ces résultats et d’autres sont développés dans le bilan 2005 de l’Observatoire. Ils font apparaître des tendances de fond positives pour la création en
Morbihan. Ils montrent aussi que le partenariat entre les acteurs qui accompagnent les créateurs et les repreneurs dans leurs projets porte ses fruits.
Contact : www.entreprendre-morbihan.com
1
qui regroupe la Chambre de commerce et d’industrie, la Chambre de métiers et de l’artisanat, la Chambre d’agriculture et
la Boutique de gestion – Carrefour des entrepreneurs, avec la participation financière du Conseil général et la collaboration de l’URSSAF.
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
ACTUALITÉS
CARNET
■ Olivier Aptel, 40 ans, est le nouveau
directeur de l'ESC Rennes School of
Business. Il était depuis 2002 directeur
délégué de l'école de commerce Audencia
de Nantes, en charge du management et du
développement à l'international. Il remplace
Michel Besnehard parti en retraite.
■ Georges Planes, 44 ans,
vient de prendre la tête d'Oseo Batiroc,
filiale régionale d'Oseo BDPME. Il
occupait auparavant la même fonction en
Languedoc-Roussillon. Il remplace Arnaud
Peyrelongue parti à Lyon en tant que
directeur de réseau au sein d'Oseo.
■ Stéphane Drobinski, 39 ans,
vient de prendre la tête de la section
costarmoricaine du CJD (Centre des jeunes
dirigeants) pour une durée de 2 ans,
succédant à Jean-Marc Destrez. Stéphane
Drobinski est également Directeur des
services aux entreprises de la CCI 22.
■ Gérard Solve, 57 ans, a pris
le 1er septembre la direction
de DCN services à Brest. Docteur
en mécanique des fluides, il était
depuis 2000 directeur de DCN Equipements
navals à Ruelle près d'Angoulême.
■ Le Critt Santé Bretagne vient de recruter
sa nouvelle directrice. Anne-Claude
Lefebvre succède ainsi à Annie Audic. Elle
assurait auparavant la mission de conseiller
technologique en nutrition santé au sein du
Critt et participait notamment au rapprochement des filières agro-alimentaire et santé.
■ Charles Legrand vient de prendre
ses fonctions à la direction régionale
de la concurrence de la consommation et
de la Répression des Fraudes de Bretagne.
Il était depuis 1997 directeur départemental
à La Rochelle.
Résultats jeu concours Bretagne Economique - La Banque Postale.
Nous remercions vivement toutes les entreprises ayant participé à notre jeu concours.
Si les 4 premières questions n'ont posé aucun problème, la cinquième question relative à l'année de création de Bretagne Economique a donné du fil à retordre à de
nombreux candidats. Deux réponses étaient acceptables : 1962, naissance du titre
“La Bretagne Economique” et 1987, naissance de la nouvelle formule.
Les gagnants sont dans la catégorie plus de 10 salariés SA Neotip basée à Lannion
et dans la catégorie - de 10 salariés, la société Ixtrawl basée à Loctudy (29).
Félicitations aux gagnants et rendez-vous le dimanche 29 octobre à Saint-Malo !
DEVELOPPEMENT
■ Plus 30 % pour “A l’aise Breizh !”. Installée à Morlaix, cette entreprise de négoce compte 14 salariés et réalise un CA de 1,5 million d’euros. Avec une VPC qui double chaque année, 3 800 envois
par an, A l'aise Breizh a su redynamiser avec humour
une certaine imagerie bretonne. Dotée de son propre
bureau de stylisme, elle réalise deux collections par
an Homme, Femme et Enfant, en France et à
l’étranger (Portugal, Laos…) et doit “déjà penser
plus grand” depuis son entrepôt de 1 000 m2,
explique Erwan Creac’h, dirigeant. “En fin d’année, nous aurons 9 boutiques en nom propre.
Objectif 2007 : 15 magasins répartis sur tout le
Grand Ouest.” Des boutiques où la marque
assure tout elle-même, de la décoration à
l’électricité !
Contact : 02 98 63 85 78
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
■ “Les travaux vont commencer d’ici la fin de l’année. Ces
1 200 m2 sont une nécessité.” Depuis Plancoët (22), Atelier
Fanik (15 salariés) réalise des flacons pour des donneurs d’ordres
régionaux spécialisés dans la cosmétique (Sciences & Mer, Agrimer,
LCL…). Avec une montée en charge ces deux dernières années, “cet
investissement de 600 000 euros dans de nouveaux murs est
devenu indispensable et devrait nous permettre d’assurer notre
diversification dans d’autre secteurs”, poursuit Annie Nicolas, codirigeante. Parapharmacie, sociétés de produits d’entretien… autant
de futurs prospects que jauge actuellement Atelier Fanick.
Contact : 02 96 84 30 17
■ Pari engagé pour Hubert Stagnol. Installé à Bénodet (29), le
chantier naval (une dizaine de salariés, 430 000 euros de CA attendu
cette année) mise gros sur son Fyne, modèle de Fife 1889, “un
énorme budget pour nous, pour un bateau qui sera proposé à
465 000 euros”, ne cache pas Florent Villard, responsable des ventes. Germée il y a 4 ans, l’idée de ce 18m (hors tout) x 2,18 m (large)
monte en puissance depuis 2004. “On avance par phase. Chaque
année, de nouveaux travaux sont réalisés. La coque est achevée, reste
le pont, la mâture, les aménagements…” Convaincu de concevoir un
bateau “d’exception” dans le monde des classiques, le chantier mise
sur l’innovation. “Ce Fyne, déjà présenté en l’état au dernier Salon
nautique où l’on a créé l’événement, témoigne de notre savoir-faire
avec une coque bois moulée sous vide. Cette innovation technique
nous ramène aussi des bateaux traditionnels à réparer.” Comme ce
cotre américain de 1930, le Skal, dont le chantier vient d'achever
l'entière restauration. “Au début, tout le monde nous a dit qu’on allait
dans le mur ! Or, nous restons les seuls à refaire des bateaux d’après
des plans originaux. Concernant le Seabird, petit frère du Fyne, nous
en sommes au n° 8.” Porté sur les eaux, le chantier doit aujourd’hui
s’atteler à un autre défi : récupérer des locaux ou investir dans de
nouveaux murs “au plus près de l’eau”.
Contact : 02 98 57 19 54
■ Notamment installé à Fouesnant (29) où le rapprochement
avec le site de Trégunc a été finalisé l’an passé avec les équipes
et le matériel transférés (2 lignes de production à ce jour), Tipiak
(crêpes, galettes et plats cuisinés - 200 salariés) annonce un chiffre
d’affaires consolidé de 27,8 millions d’euros pour le 1er trimestre
2006, en hausse de 8,6 % par rapport au 1er trimestre 2005.
L’accélération de la croissance réalisée en 2005 se poursuit. Les ventes des deux secteurs progressent. Le secteur “froid” enregistre une
forte croissance (+12,4 %) grâce au dynamisme des ventes dans les
circuits spécialisés surgelés et en GMS à la marque Tipiak (stimulées
par la diffusion d’une campagne publicité TV). Le secteur “sec”
retrouve la croissance (+3,4 %), issue du développement rapide des
ventes à l’international (+16 %) et des lancements de nouveaux
produits à marque Tipiak.
Contact : 02 28 03 09 30
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
■ "Les cakes de Sophie",
un marché de niche pour
l'entreprise Guyader. Depuis
un an, Eurocake, filiale du
Groupe Guyader (Landrévarzec
- 29), fabrique et distribue "les
cakes de Sophie". Véritable
succès de librairie, 1,5 million
d'exemplaires vendus en 5 ans,
ce livre de recettes a permis le
rapprochement entre l'écrivain
Sophie Dudemaine et l'entreprise Guyader. Eurocake, installé à Kervignac (56), emploie
aujourd'hui 6 personnes et produira 800 000 cakes en 2006.
Christian Guyader et Sophie Dudemaine
Vendus en formats de 300 g et
2x80 g pour le snacking, les
cakes à base de saumon, fromage, olives ou encore jambon sont fabriqués et distribués par Eurocake sous la marque "Les cakes de Sophie"
dans le rayon traiteur des GMS. La forte médiatisation du livre et la
qualité du produit ont permis à Christian Guyader, l'actuel dirigeant,
d'être rapidement référencé chez Monoprix et Casino, demain chez
Auchan. Le groupe Guyader emploie 160 personnes à travers 5 filiales :
Guyader (produits élaborés de la mer), Groix et Nature (recettes de l'île
de Groix), Gueguen (charcuterie du terroir), Eurocake et Euro Slice (atelier de découpe au laser) pour un CA 2006 de 25 millions d'euros dont
10 % à l'export.
■ Plus de cohérence dans la démarche clients et un meilleur
“repérage” pour ses commerciaux. Altran Ouest (350 ingénieurs) est désormais articulée autour de 4 sociétés : Grenat à
Nantes, Gerpi et Altior à Rennes et Atlantide à Brest. “Pour des offres
plus claires avec deux cibles : les gros donneurs d’ordres et les sociétés locales”, explique Arnaud Maury, Dg de Grenat. Cette homogénéisation avec une offre globale et ces 4 structures “mises sous
ombrelle” passe maintenant par des unités opérationnelles. “Les
sociétés sont rapprochées par deux. Altior (7,2 millions d’euros de CA)
et Grenat (5,2 millions d’euros) ont enregistré une progression cumulée de 28 % sur le 1er semestre 2006. La première propose une aide à
la mise en place de la production, la seconde est spécialisée dans les
systèmes d’information. Gerpi (11 millions d’euros) intervient dans l’informatique et l’électronique embarquée alors qu'Atlantide (4 millions
d’euros) est positionnée sur l’océanographie.” Avec, en début d’été,
des plans de recrutement très bien engagés (140 recrues attendues),
“la dynamique de croissance est bien là.”
Contact : 02 51 89 69 20
Nouveau Scénic 5 places
■ En
France, les
meilleurs résultats
de Renault sont à l'Ouest.
Arrivé en mai 2006 à la tête de la direction
régionale Ouest de Renault (basée à Rennes), Laurent Payrat est
plutôt satisfait de dévoiler les résultats de la marque en région au
30 août. “Si Renault est en recul au plan national, l'Ouest échappe
au repli et à l'érosion des ventes. Le marché y affiche une croissance
de 1,6 % tandis que nos volumes augmentent de 1,5 %” explique le
nouveau directeur. Le marché des véhicules utilitaires est particulièrement dynamique en hausse de 6,9 % (3,8 % au plan national). La
pénétration de Renault sur le marché régional des véhicules particuliers et des utilitaires est de 24,6 %. Clio, Logan et Scénic se
vendent mieux dans l'Ouest que partout en France, “c'est pourquoi,
nous attendons beaucoup du nouveau Scénic 5 places qui vient de
sortir et dont la fourchette de prix se situe entre 19 850 et 30 700
euros. Tous modèles confondus, le Scénic est stratégique sur la rentabilité du groupe”. En 2007, Renault commercialisera trois nouveaux modèles : Logan break, Twingo et Laguna.
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
■ “On a rénové nos gammes
afin de les adapter au marché
actuel qui réclame des produits
faciles à consommer et pas
trop chers.” Forme des tranches
revue, grammage corrigé :
Bretagne Saumon (110 personnes à Châteauneuf-du-Faou
- 29) a su rebondir sur les attentes du consommateur avec un
CA en nette progression (+17 %
attendus en 2006, 20 % en
2005, 17 millions d’euros). Avec une production de 1 000 T/an, la PME
se distingue à 85 % sur le marché hexagonal, la grande distribution
représentant 75 % de son marché (marque de distributeur), l’export se
concentrant sur l’Italie, la Suisse, la Belgique ou encore le Luxembourg
“zone où l’on travaille en flux tendu alors que c’est parfois plus délicat
de livrer à Marseille” analyse Jean-François Floc’h, Dg, qui ne cache
pas qu’entre la logistique et le prix de revient, l’Allemagne ou l’Europe
de l’Est restent trop éloignés de son site de transformation (4 100 m2).
Pour l’heure, la PME, également distribuée sous marques propres
(dont La Cie du saumon), a recentré ses gammes et se place sur des
marchés de niche. “Le bio, qui double tous les ans, 40 T de produits
finis actuellement, ou encore l’axe nutrition et santé. Nous essayons de
L’atelier de découpe de Bretagne Saumon
proposer des produits à teneur
en sel moins élevée.” Une recherche développée avec l’Adria
(Quimper) qui a réalisé un audit
produit pour toute l’offre de
Bretagne Saumon.
Contact : 02 98 81 71 66
■ Arzur scinde ses activités.
Depuis Lannion (22) où elle
emploie une dizaine de salariés,
la société dirigée par Sylvain
Boudonnelle entend clarifier son
expertise. “Quand on pense à
nous, les entreprises ne pensent
pas à notre métier de communication. Or, nous proposons des auditscommunication qui peuvent déboucher sur du conseil et de la stratégie marketing. A l’image de ce client qui pensait s’implanter à Erquy
et que nous avons convaincu de choisir Le Légué au vu de son activité marine orientée vers la plaisance.” Plaquettes, flyers, prints, Arzur
s’illustre aussi sur la production de films à haute valeur ajoutée.
“Avec les solutions NTIC, on peut aujourd’hui mettre sur les sites de
la vidéo, des bannières.” D’où ces vues aériennes présentes sur le
site d’Armor Génie Climatique (Paimpol) pour illustrer son offre sur le
solaire et la géothermie ou encore la gestion de leur vidéo pour le
groupe Lafarge/France. CA attendu : 300 000 euros.
Contact : 06 23 45 61 61
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
■ Travailler à donner plus de
saveurs aux fruits et légumes
mais aussi évaluer les nouvelles
variétés de tomates sur le marché, pour en apprécier le goût :
quelques exemples des missions sur
lesquelles planche Bretagne
Biotechnologie Végétale (BBV)
employant 20 personnes à Saint-Polde-Léon. Semi-privé, semi-public,
travaillant sur la base de contrats privés, BBV “se focalise de la fourche à
la fourchette, explique Céline Baty-Julien, ingénieur. Beaucoup de nos clients nous demandent de travailler à des fruits et légumes meilleurs et plus sains”. Autre projet, les tables de
polyphénols. “Il s'agit d'une vaste famille de molécules très présentes dans le vin et le chocolat, dotées de pouvoirs antioxydants qui ont des impacts sur les maladies dégénératives. Nos
travaux portent notamment sur les paramètres qui font que dans la cuisson d’un aliment, il y
a perte ou pas de ces polyphénols.” D’où la mise au point d’une table de composition destinée à être mise en ligne d’ici peu, “un projet que nous présentons dans le cadre de Valorial.
Ces tables visent les médecins nutritionnistes, les consommateurs mais aussi les industriels
qui cherchent des aliments riches en polyphénols. Pour des plats cuisinés par exemple.”
Contact : 02 98 29 06 44
■ Laser Conseil (Lannion-22) lance un
tout nouveau système laser longue portée “effaroucheur d’oiseaux” pour les aéroports civils et militaires. Ce système vient
compléter les techniques actuelles de sécurisation des pistes (systèmes sonores et
pyrotechniques). Un exemplaire est en fonctionnement à l’aéroport de Nantes. D’autres
aéroports nationaux et internationaux seront
équipés à terme. Autre exemple de l’expertise de Laser Conseil en sécurité laser : l’entreprise certifie des appareils laser grand
public : appareils de bricolage tels que
niveaux laser, pointeurs laser ou de hifividéo tels que lecteurs et graveurs de CD et
DVD. Plus largement, Laser Conseil est spécialiste de la sécurité des rayonnements
optiques, laser, et propose des services de
pointe en termes de conseil, assistance
technique, audit, formation et fournitures
des produits de sécurité laser (lunettes,
écrans, hublots filtrants, rideaux de protection, etc.). Créée en 2000 par
Alain Le Floch, l'entreprise connaît une croissance de 30 % chaque
année qui lui permet d'atteindre en 2006 un CA de 300 000 euros.
Contact : 02 96 48 79 96
Système “effaroucheur d’oiseaux”
■ + 4,5 % de progression attendus cette année, Constructions
de la Côte d’Emeraude (19,5 millions d'euros de CA) connait toujours une bonne activité, un pied à Rennes, l’autre sur la côte. “Nous
connaissons une forte activité sur la côte où Saint-Malo est boosté par
le TGV, explique Yannick Ecobichon, dirigeant. Rien que sur la gare,
250 logements sont à venir. On est déjà positionné sur 2007. A
Rennes, dans le cadre du plan local d'urbanisme et des logements
sociaux, ce sont 4 500 logements qu’il faudrait construire par an !”
Dans pareil contexte, en termes de ressources humaines, l’entreprise
a atteint “la limite haute de ce qu’on s’était fixé. Soit au maximum 100
salariés fixes et 50 intérimaires en équivalent temps plein.”
Contact : 02 96 39 50 91
■ + 10 % de progression chaque année pour Sopral et un CA
qui s’établit à 17 millions d'euros. Après avoir fait le choix de
s’installer à Pléchâtel (35) suite à un incendie, la PME (55 salariés) a
néanmoins conservé ses bureaux à Pont-Péan. “Se rapprocher de
ses clients en se plaçant à quelques kilomètres de l’autoroute des
Estuaires, à mi-chemin entre la Normandie et les Pays de la Loire,
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
atteste que la logistique est plus que jamais fondamentale pour une
entreprise.” Spécialisée dans la production d’aliments pour chevaux,
la PME s’adresse aux professionnels mais aussi aux particuliers.
20 % de sa production sont ainsi écoulés à l’export (Europe et Pays
du Golfe). “Il y a toujours du potentiel dans ces territoires, en Europe
notamment, lié au développement de l’exigence en termes de qualité
et de performance des produits et pour des aliment plus “raisonnés,
à forte valeur ajoutée et toujours sans dopants” pronostique Pierre
Jolivet, Pdg. Des enjeux et ambitions qui devraient accroître les
résultats aux alentours de 25 % sous trois ans.
Contact : 02 99 05 61 61
■ “Nous continuons à avancer avec 500 tonnes annuelles : ça
commence à entrer dans les mœurs.” “Çà”, ce sont les moules
mises en barquette sous vide. Un process sur lequel se distingue
Ar-Mor Coquillages (société Moulexport, Hendaye) depuis Hillion
(22). “Avec mon technicien, nous venons de l’IAA. Nous travaillons
avec des machines “agro” classiques et cherchons à optimiser les
changements de gaz. Pour le sous-vide, il s’agit d’évacuer l’air par un
autre” précise Miguel Le Jean, dirigeant. Si Ar-Mor Coquillages a
tenté la déclinaison avec la coquille Saint-Jacques, l’essai fut rapidement stoppé, faute de consommateurs. L’entreprise entend donc
“bien s’implanter sur (son) marché de la moule en barquette. Il faudrait
d’ailleurs tourner en 2x3 par souci de rentabilité.” Un défi que l’approvisionnement devrait aider : moules de bouchot de la baie de SaintBrieuc, de juin à décembre pour le haut de gamme, production
d’Irlande en relais et parfois d’Espagne pour l’entrée de gamme.
Contact : 02 96 32 37 82
■ Coriolis Composites en phase de développement. Après
plus de deux ans destinés à mettre au point un robot très innovant
qui permet d’introduire le composite dans les industries aéronautique et automobile, la société (9 salariés à Lorient) peut aujourd’hui
compter sur des contrats dans l’aéronautique. “Soutenus par des
capitaux-risqueurs et des subventions, Oseo-Anvar et Ademe, rappelle Alexandre Hamlyn, co-créateur, nous sommes aujourd’hui les
seuls en Europe à nous distinguer sur ce process. Notre robot permet
de réaliser des pièces en composite, toujours structurelles. Nous
sommes maintenant en pleine phase de commercialisation, la vente
étant assurée par nous-mêmes avec l'aide de quelques partenaires.”
En avril prochain, Coriolis sera présent au salon du composite à
Paris, “le plus grand du monde”. Les enjeux sont d’importance car la
société vise déjà, par étape, “l’éolien et le secteur automobile.”
Contact : 02 97 59 94 98
■ “Un escabeau peut encore faire la différence !” Surtout quand
on doit faire face à la concurrence chinoise. Leader sur le marché de
la table à tapisser professionnelle et spécialiste du matériel pour peintres, la société Théard (près de 75 salariés entre ses sites de Mafay et
Bel Air, en Ille-et-Vilaine, 15 300 m2 de surfaces de production et de
stockage, 1 800 références) vend “son savoir-faire pour des outils et du
matériel plus techniques et plus modernes. Le nerf de la guerre, c’est
proposer ce que ne fait pas le tout-venant” expose Christophe Théard,
Dg. La R&D ? “Tout le monde cogite en interne, de la fabrication aux
Masque de protection respiratoire,
un des produits exportés par l’entreprise Théard
commerciaux qui nous remontent ce qu’ils voient sur le terrain, auprès
de nos clients.” C’est à ce prix que la PME (11 millions d’euros de CA,
+ 3 % de progression attendus en fin d’année) affiche réactivité et
innovation. “La Chine a monté en gamme. Tout le monde y a ouvert des
succursales et y a amené sa maîtrise. Pour nous, ça serait trop compliqué. Nous préférons nous positionner sur des niches et produire 300
pièces plutôt que des millions.” L’export, relais de croissance ? “Mettre
en place une vraie politique demande du souffle. Les USA sont trop
grands. L’économie est tendue en Allemagne où nous avons tenté notre
chance. Mais ça marche très bien en Angleterre.” La PME y exporte
son masque de protection respiratoire. Une manière d’avoir du souffle.
Contact : 02 99 42 48 48
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
FOCUS
ACTUALITÉS
LE DISCOUNT, UN CONCEPT QUI TOUCHE TOUS LES SECTEURS
le prix,
(“Si tu paies
t’as rien compris !”
Du hard-discount au low-cost… meubles, bricolage, équipement de la personne
et de la maison, le phénomène des prix bas dépasse l’alimentaire pour toucher
tous les produits. La plupart du temps présentée dans des magasins ou entrepôts sans
apparat – sols bruts, musique absente, présentation sur palettes ou en vrac –
la marchandise est à peine déballée, jamais valorisée. Pourtant les clients affluent !
“Le low-cost, un bazar organisé”
“Des low-cost aériens au ticket de cinéma à 5 euros qui vous offre deux autres séances, en passant par
la freebox ou le succès des abonnements “neo” de Bouygues avec gratuité des appels à compter de
telle heure : aujourd’hui ce ne sont plus seulement les biens tangibles qui sont touchés par le phénomène mais aussi les services.” Pour André Fady, maître de conférence à l’IGR-Rennes, spécialiste de
la distribution, la tendance de fond est bien là. “Le low-cost est bien un phénomène qui touche tous
les pays industrialisés. “Si tu paies le prix, c’est que t’as rien compris !” Curieusement, ce ne sont pas
les classes les plus pauvres qui s’approvisionnent à ces sources. Elles n’ont pas toujours les codes et
choisissent le magasin le plus proche qui va les “taxer”. La pression publicitaire est certes énorme de
la part des distributeurs et le consommateur veut renouveler ses achats, mais le client-type du discount
“réfléchit”, compare, cherche.” Autrement dit, il est éduqué. “Intuitivement, il sait que souvent il achète
de la camelote. Mais ça ne l’ennuie pas. Et quand il veut craquer pour des chaussures à 5 euros, il veut
aussi du choix. Produits sur palettes ou abandonnés dans un chariot, du bricolage au textile, “le désordre ne nuit pas. Au contraire. Le client a le sentiment que les équipes “font des efforts”. C’est en fait
un désordre organisé, où la trouvaille se “mérite”, synonyme de bas-prix” conclut le spécialiste qui réfléchit au positionnement des magasins de Distri Center (35), “une enseigne de discount textile implantée dans les chefs lieux de canton. Ils se posent des questions sur leur offre et ont compris que si la
marchandise est trop bien présentée, elle aura une image de cherté.”
Croissance mécanique pour Michigan
42 magasins dans le Grand Ouest, dont 12 en Bretagne, 420 salariés et 52 milllions d'euros de CA,
Michigan est “l’épicier de l’équipement maison” définit François Clérisse, co-dirigeant de ce groupe
familial qui fête ses 25 ans. Son créneau ? “Un tiers de produits dédiés au bricolage, un second au bazar
et un troisième aux meubles, literie et cuisine. Nous sommes les seuls à proposer en même temps autant
de produits sur ces trois segments.” Sa réussite, Michigan la doit aussi à une stratégie d’ouverture loin
des grands centres. Paradoxal ? “Nous visons les bourgs de 20 000 à 30 000 habitants pour une zone
de chalandise d’une quinzaine de km.” Dans des bourgs tels qu’Hillion (22) ou Derval (44) où un 4ème
magasin ouvre en franchise le 25 octobre, Michigan revitalise tout un territoire “là où souvent ne reste
que l’alimentaire.” Pour satisfaire la demande, Michigan ne le cache pas : “98 % des produits sont référencés à l’année, seuls 2 % viennent de lots. Nous nous approvisionnons à 30 % en Chine, le reste se
distribue entre fournisseurs européens.” C’est parce que le marché est “de plus en plus serré” que l’enseigne s'est lancée dans une politique dynamique d’ouvertures avec 4 déjà annoncées en 2007 rien
que dans l’Ille-et-Vilaine. Présent pour la première fois cette année au Salon de la franchise, Michigan,
38 magasins en nom propre, s’ouvre aux franchisés. Détenteurs ou non des murs, l'investissement nécessaire pour ouvrir un Michigan (8 à 10 salariés) se chiffre entre 1 million d'euros et 1,5 million d'euros.
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Des meubles entre 40 et 50 % moins cher
chez le Faillitaire
Le turn-over reste le principal problème, “heureusement que sur le
segment équipement-décoration, on trouve des femmes plus
motivées que les hommes.”
Meubles, salons, literie, séries et invendus neufs, le tout proposé en
discount : la réussite de cette enseigne née au départ de Rennes est
indéniable, avec en 2006, 97 magasins dans l’hexagone et un CA passé
de 118 millions d’euros en 2005 à 135 millions d’euros cette année. “On
grossit tous les ans, reconnaît Pascal Dapolo, créateur en 95 de la franchise, ce jour-là en route pour Paris, parti reconduire le contrat de sponsoring qui l’unit pour trois ans à “Sans aucun doute”, émission de Julien
Courbet sur TF1. Notre rythme de croisière : une quinzaine de magasins par an. Cette année, on en aura ouvert près de vingt.” La loi du premier entrant : le Faillitaire illustre la règle marketing. Car des concurrents
à l’«air» peu engageant, Pascal en a vu apparaître au point de lancer
VID’Stock pour gérer la concurrence. “Même si on a pu être un peu chahuté, on a toujours une longueur d’avance. Et quand on fait le total de
ses enseignes, elles ne font que 50 % de notre CA.” La force du
Faillitaire ? Tous les Louis de France et de Navarre, Louis Philippe, Louis
XIV…En Italie, pays du contemporain et du baroque, Pascal Dapolo
ferait un bide. Pas en France où il est le premier revendeur national.
“J’aide beaucoup les usines en rachetant des stocks et fins de série ou
en leur commandant une série bien arrêtée, ce qui est plus rare et
jamais au prix du marché. Car il s’agit toujours de proposer un meuble
entre 40 et 50 % moins cher.” D’une scierie en Espagne, il a ainsi
ramené près de 600 tables en bois massif. Un produit qui trouvera
acquéreur en France. D’ailleurs, les franchisés se portent bien et préfèrent s’agrandir que développer VID’Stock, enseigne que le créateur
a mis en stand-by. “Avec Le Faillitaire, on a encore une quinzaine d’années devant nous.”
ACTUALITÉS
Le Faillitaire… la réussite
■ Serge Marshall
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
BRETAGNE EN RÉSEAU
ACTUALITÉS
AGENDA
■ 3ème édition du Forum
de l’électronique
du 17 au 19 octobre
Paris expo Porte de Versailles
Contact : 02 99 84 85 00
■ Technotrans salon biennal
professionnel du transport routier
du 19 au 21 octobre
à Nantes la Beaujoire
Contact : 02 51 13 30 08
(www.salon-technotrans.com )
■ Sial, salon international de
l’alimentation, du 22 au 26 octobre
Paris Nord Villepinte
Contact : 01 49 68 54 88
■ Interoute 2006
sur la construction - entretien exploitation - sécurité - aménagement
du 24 au 26 octobre
au parc expo de Rennes Aéroport
Contact : 01 49 68 54 62
■ Net Public Breton 2006
tenue des rencontres sur les avancées
des technologies internet dans les
collectivités territoriales
le 24 octobre à Lannion
Contact : www.megalis.org/netpublic
■ Euronaval, salon consacré
à l’armement naval et aux actions
de l’État en mer - participation
du pôle Mer Bretagne
du 23 au 27 octobre au Bourget
Contact :
[email protected]
■ Festival Quai des Bulles,
festival de la bande dessinée,
du 3 au 5 novembre
Espace Duguay Trouin à Saint-Malo
Contact : www.quaidesbulles.com
■ Equip’hôtel du 5 au 9 novembre Paris expo Porte de Versailles
Contact : 01 47 56 24 14
■ Pollutec du 28 novembre
au 1er décembre – Lyon Eurexpo
Contact : 01 47 56 21 24
■ Forum Ingrédients Santé
Bien-être les 7 et 8 décembre à Vannes
Contact : 02 97 47 97 32
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
CLUB D’INVESTISSEURS POUR UNE GESTION
ALTERNATIVE ET LOCALE DE L’ÉPARGNE SOLIDAIRE
(Les ”cigales” font chanter
l’épargne de proximité
Structure de capital risque au service
des projets de proximité, le réseau
des Cigales propose à ses adhérents
de cultiver l’esprit d’entreprise
et de solidarité.
“Le Cigalier se reconnaît d’abord à son
esprit pionnier”, déclare Jean-François Rolin,
secrétaire des “Mouettes”, à Brest, l’un des
douze clubs Cigales bretons.
Au carrefour des notions de proximité, d’épargne éthique et solidaire, “le club Cigales est une
structure de capital risque solidaire mobilisant
l'épargne de ses membres au service de
la création et du développement de petites
entreprises locales et collectives”.
Depuis la création de ce mouvement
national en 1983, chaque club est constitué de 5 à 20 personnes qui mettent en
commun entre 15 et 50 euros par mois.
La “Cigales” se réunit régulièrement
pour recevoir les porteurs de projets et
décider de ses placements. Le club a
une durée de vie de 5 ans, prorogeable
une fois.
La “Cigales” est “un lieu d’échanges et
d’auto-formation sur les questions économiques et de développement local, où
investisseurs et porteurs de projet font
l’expérience d’une économie socialement responsable et solidaire”.
Le rendement n’est pas le premier critère de l’engagement cigalier, mais plutôt
“l’intérêt pour l’investissement de proximité et
la vie des créateurs d’entreprise près de chez
soi”, précise Philippe le Goux, de la “Cigales les
Petits ruisseaux” à Lanvollon Plouha (22). Créés
en 2003, dans le prolongement de la réflexion
de la communauté de communes sur le
développement local, “les Petits ruisseaux ne
jouent pas le rôle d’un banquier mais d’un
“élément déclencheur” souvent complémentaire
aux autres dispositifs d’aide à la création”.
“L’investisseur est guidé par l’envie de
s’impliquer dans un projet, c’est une démarche
d’économie solidaire, confirme René Tropres, de
la fédération départementale d’Ille-et-Vilaine.
Les bénéficiaires sont le plus souvent des
personnes ayant un projet original mais des
difficultés pour trouver un financement en
capital risque.”
Une “Cigales” finance en général un ou deux
projets par an, de 3 000 à 6 000 euros :
“Interlocuteur privilégié, le club offre les compétences de ses membres.” La qualité du contact
est déterminante. Le créateur doit apporter la
preuve de sa crédibilité mais aussi de l’utilité
sociale du projet (développement durable,
création d’emploi etc). On peut ainsi citer, pour
“les Mouettes” : une entreprise de transformation des algues, une pépinière d’entreprises, un
bureau d'études spécialisé dans l’implantation
Technic bois à la Mézière soutenu dans son projet par les Cigales
d’éoliennes. Pour “Zed” (Rennes), une boulangerie traditionnelle dans un bourg de périphérie, une entreprise de géothermie etc. “Les
petits ruisseaux” vont s’engager sur une
entreprise de miroirs décoratifs : “Nous sommes
plutôt en recherche de projets”, confirme
l’ensemble des Cigales.
■ Clotilde Chéron
Contact : www.cigales.asso.fr
AILLEURS
DE LA BARQUETTE À LA FOURCHETTE, LE PÔLE MATÉRIAUX À USAGE DOMESTIQUE (MAUD) INNOVE
Labellisé en juillet 2005 sur les thématiques de la chimie, des
matériaux et des aliments, le pôle Maud du Nord-Pas-de-Calais
a pour vocation l'innovation au service du quotidien en chimie
et matériaux de performance pour l'alimentation et
les arts de la table. Ses marchés ? De l'emballage alimentaire
aux produits de détergence en passant par la vaisselle.
“Le pôle de compétitivité Maud rassemble d'une part les entreprises spécialisées dans les matériaux domestiques (papier, carton,
verre, céramique, polymère, acier) et la chimie végétale ; d'autre part les
structures de recherche en chimie des matériaux, publiques et privées.
L'enjeu est de les amener à travailler ensemble pour générer de la croissance économique en améliorant la performance des matériaux domestiques.” En découvrant sur son site Internet la vocation du pôle Maud,
le lecteur ne pourra s’empêcher de la trouver pour le moins transversale. De fait, tous les pôles de l’Hexagone ambitionnent de faire “travailler ensemble” gros et petits, PME-PMI et laboratoires… Et ici encore,
le projet est avant tout porté par des ténors des arts de la table ou de
l’agro-alimentaire : Arc International, Roquette, Ugine & ALZ, Bonduelle…
Mais, dans le détail, comment Maud parvient-il à articuler les collaborations entre grands groupes et PME, voire TPE ?
“C'est vrai, jusqu’à présent les PME ne sont pas leaders dans les projets ou alors sont des filiales sur sites de grands donneurs d'ordres qui
les font travailler, reconnaît Jean-Claude Charenton, chef de projet.
Mais on débute. Il y a six mois encore, je n’aurais même pas eu ce recul.
IAA, chimie, matériaux : vous savez, à la différence d’autres pôles, il n’y
avait pas ici de structures ou de filières déjà organisées. Tout se construit.
L’axe fort du pôle est bien de se développer vers les PME-PMI, faire émerger des projets qui les sensibilisent et les entraîner sur des projets innovants, sans que cela passe forcément par de grands donneurs d’ordres.
Il nous faut rester vigilants là-dessus.” 1
Des séances de brainstorming pour brasser les idées
Direction Terre des Lys, une PME de 60 salariés. Son métier : la composition d’aliments surgelés en intégrant le contenant céramique. Ses
clients : la grande distribution et le catering, les repas servis dans
les transports aéronautique, ferroviaire… L’enjeu,
relevé en amont avec plusieurs partenaires : que le contenant soit plus
léger mais que les aliments restent chauds une fois déballés.
“Soit tout un travail sur le contenant
effectué en laboratoire en vue d’étudier ses propriétés thermique, mécanique… Suivi de tests sur prototypes et, enfin,
d’essais.” Bref, trois ans de R&D engagés par la
16
Photo : Sical
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Photo : Arc International
ACTUALITÉS
( Maud met son nez dans les plats
PME car il s’agit bien pour elle de trouver de nouveaux relais de croissance
“sur le marché du catering comme du domestique”.
Illustration-même d’une prise de conscience aux allures de défi économique. “Il y a d’un côté des entreprises qui hésitent : elles ont des idées
mais pas de méthodologie. Labellisées ou pas, on va leur amener une
méthode. Et puis, il y a celles qui veulent innover pour ne pas… couler !
Mais elles ne savent pas sur quoi.” D’où la stratégie mise en place par
Maud avec des séances de brainstorming “pour phosphorer sur du
concret. Hiérarchiser les compétences des PME-PMI, creuser leur valeur
ajoutée et faire émerger un besoin où elles puissent s’illustrer – telle fonctionnalité sur un aliment via l’emballage –, voilà notre rôle !” Et les aider
à trouver des partenaires, bien sûr. Car le pôle affiche des ambitions interdépartementales, voire européennes.
Et avec la Bretagne, est-ce que des ponts sont jetés ? “On a plus de relations avec le pôle “Céramiques” de Limoges ou “Vitagora” de Dijon qui
réfléchit sur de nouvelles propriétés alimentaires, les farines notamment,
qu’avec votre région. En fait, vos IAA ne nous ont peut-être pas encore
bien identifiés. Emballages (métallique, polymères, verre…), conservation,
traçabilité via la RFID pour une information sur le contenu (hydrométrie,
température, gaz inerte ou sous-vide…) Voilà tous nos axes de recherche.
A nous aussi d’aller les voir” réfléchit Jean-Claude Charenton qui sait qu’il
devra aussi jouer les commerciaux. “Tout est ouvert”.
■ Serge Marshall
1
L’Association INNOV-AA-LYS a pour mission d’assurer la coordination,
la promotion, le développement et les échanges entre les différentes
activités publiques et privées.
Pour en savoir plus sur le pôle : www.polemaud.fr
ACTUALITÉS
DEVELOPPEMENT
■ Avec une douzaine de bateaux que les propriétaires lui
laissent en gestion (frais de port, assurances, entretien) et six skippers, Club Croisières Alet (Saint-Malo) vogue avec assurance
depuis sa création par Yves Hiroux en 1981. “Notre chance, comparé
à d’autres, c’est que nous sommes polyvalents. Car l’économie ne va
pas fort : entre le prix de l’essence et le coût de la vie, les gens se freinent.” Solution adoptée par la société : profiter des bateaux qui lui
sont laissés pour proposer des croisières mais aussi faire “école de
croisière, via des stages d’une semaine avec un skipper à bord. Ça fait
aussi toute la différence car les gens sont parfois un peu perdus face
à une offre très éclatée.” Le public vient essentiellement de la région
parisienne ou encore de Belgique et de Suisse où se tiennent de gros
salons maritimes qui ont longtemps profité à Yves Hiroux. “Les gens
réservent de plus en plus à la dernière minute. Le planning est serré.
Il faut s’adapter.” Pour une saison que le professionnel a vu s’allonger de fin mars à mi-novembre. Ensuite, saison d’hiver oblige, il
migre avec skippers sous d’autres latitudes : la Martinique.
Contact : 02 99 82 07 48
■ “Que les entreprises pensent à sauver leurs données ! C’est
leur épine dorsale.” Pour Daniel Anigon, dirigeant de V2+ (3 salariés
à Lannion-22), les réflexes sont encore loin d’être acquis. Spécialisé
notamment dans la gestion de réseaux (infogérance) des PME, le professionnel déplore que beaucoup d'entreprises ne sauvent toujours
pas leurs données. “Or, perdre un disque dur peut être dramatique pour
leur activité.” Autre métier sur lequel s’illustre V2+ : le partage de l’in-
formation et de documents “avec des solutions open-source au niveau
du serveur Intranet, primordial dans la gestion de la relation-client.
L’open-source réduit considérablement les coûts avec licence, notamment quand vous partagez l’information avec 25 collaborateurs. Avec
ces solutions, vous n'êtes plus obligé de payer pour chacun. Libres de
droits (open office en lieu et place de Microsoft Office par exemple),
elles sont intégrables sans coût, exactement comme une application
classique, et utilisables tout de suite !” Conseil avisé d’une société qui,
face aux aléas conjoncturels, rentre dans son 5ème exercice. “Nous
sommes petits mais nous pouvons courber l’échine et moins subir les
pertes de contrats. Nous travaillons en réseaux avec des indépendants,
ce qui permet de pallier les surcharges de travail des uns et des autres.”
Contact : 02 96 48 43 54
FINANCE
■ Aballea Finance à Brest rentre dans
le giron de la Banque KBL France.
Créée en 1982 par René Aballea, la société
indépendante de gestion en patrimoine,
Aballea Finance n'a cessé de croître et se
développer sur tout le Grand Ouest. Après
24 ans d'indépendance et à la veille de
faire valoir ses droits à la retraite, le PDG
fondateur cède sa structure à une banque
privée européenne, KBL France. Cette dernière fait partie du réseau KBL Group
European Private Bankers, regroupant des
banques et sociétés de gestion de fortunes
à travers l'Europe. Le siège parisien
emploie 80 personnes et n'avait pas encore
de représentation dans l'Ouest. C’est
chose faite en intégrant Aballea Finance et
sa douzaine de salariés, la structure brestoise restant une filiale
indépendante. Après avoir réalisé un CA 2005 de 2,2 millions d'euros,
celle-ci annonce un CA en hausse de 20 % pour 2006.
Contact : 02 98 80 65 71
Votre Agence Locale
partenaire de vos recrutements
18
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
■ 10 000 euros pour Océan Travaux
Services primée par Saint Malo
Agglomération et la CCI du Pays de
Saint-Malo lors de la fête des créateurs. “Mon tempérament et ma pêche
ont fait la différence” explique Cyrille
Gicquaire, 30 ans et chef d'entreprise
depuis avril 2006. Jusque là free-lance,
réalisant des missions à hauts risques en
travaux sous marins (plongée en milieu
pollué, pose de pipe-line…) pour des
grands groupes comme Vinci, Spi ou
Bouygues, le jeune créateur a décidé de se mettre à son compte. “Dans
mon métier, c'est la qualité du plongeur qui prime. En tant que scaphandrier et contrôleur de travaux subaquatiques, diplômes obtenus àl’INPP
(Institut national de plongée professionnelle) de Marseille, je dois être
capable de travailler dans le noir à -50 mètres de profondeur. J'ai cette
rare compétence et du coup passe l'essentiel de ma vie loin de mes proches. Avec Océan Travaux Services je vais me poser et proposer aux
particuliers et professionnels des travaux au mouillage, pose de corps
mort ou de chaînes par exemple et continuerai si nécessaire les travaux
sous-marins”. Disposant aujourd'hui d'un ponton (Cale de la Vallée à
Dinard), d'une grue et d'un camion d'intervention, Cyrille Gicquaire table
sur un CA de 100 000 euros pour son premier exercice.
Contact : 06 86 95 10 54
■ Blanc, bleu, rêve, scénarise votre mariage. Désireuse de revenir
en Bretagne et persuadée que le mariage a de beaux jours devant lui, à
29 ans, Sophie Payoux vient de créer son entreprise d’organisation de
mariages. Pour 2 000 à 2 500 euros, elle s’occupe de tout selon votre
budget (budget moyen d’un mariage : 10 000 euros) et vos désirs :
réservation de salle, restaurant, menu, tenues, alliances, faire-part, fleuriste, animateur, photographe… Concept de service largement répandu
à Paris, il se développe un peu partout aujourd’hui car “les gens se
marient beaucoup plus tard, en moyenne 30 ans pour les hommes et 28
pour les femmes, travaillent et de ce fait disposent de revenus. Mais étant
actifs, ils ont moins de temps et de plus en plus envie de se faire plaisir.
Les parents participent également au budget. Paradoxalement, l’éclatement grandissant des familles redonne toute son importance à ces grandes fêtes. Et la grande tendance est le mariage à thème !” explique la
jeune chef d’entreprise. Affiliée au réseau régional “Blanc, bleu rêve”, elle
table sur un CA de 26 000 euros en 2007.
Contact : 0 872 817 827
ACTUALITÉS
CRÉATION
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
MARÉE GWEN MORGANE AVANCE SUR UN MARCHÉ EN PLEINE ÉVOLUTION
ENTREPRISES
Mareyeur recherche fileteurs
Le récent emménagement de Marée Gwen Morgane
dans des locaux ultra modernes a concrétisé l’essor de
l’entreprise de mareyage. Un pari sur l’avenir au terme
d’une adaptation incessante au marché.
1,8 million d’euros, tel est le montant qu’il a fallu investir pour
offrir un outil de production performant aux 37 salariés de l’entreprise sur
le site de la zone artisanale de la Ferrère, près de Saint-Brieuc. Lorsqu’il
a lancé son entreprise, il y a 15 ans, Patrick Chabroullet ne pensait pas
en arriver là. Car, si depuis 1991 la croissance de la filière pêche a participé au développement de l’entreprise, cela n’a pas été sans risque.
“Sur une période très courte, il a fallu suivre le dynamisme des armateurs
des Côtes d'Armor et s’adapter au fur et à mesure de l’agrandissement
de la flotte hauturière. Nous devions donc réinvestir pour absorber la production de ces nouveaux bateaux. C’est une question de confiance
mutuelle et de conscience professionnelle de part et d’autre”, explique
Patrick Chabroullet. De fait, de 7 navires hauturiers en 1991, la flotte est
passée à 25 en 2006. Parallèlement, la demande des consommateurs
vers des produits plus élaborés a elle-même provoqué de grands bouleversements au sein de l’entreprise. “Auparavant, nous faisions 80 % de
poissons entiers et 20 % de filets. Aujourd’hui, la tendance s’est complètement inversée, avec 80 % de filets”, poursuit Patrick Chabroullet. Or la
main d’œuvre n’est pas du tout la même. Dès 1997, les difficultés de recrutement ont commencé : impossible de trouver des “fileteurs” dans un
département à l’activité de mareyage récente. Mais le chef d’entreprise
ne manque ni d’initiative, ni d’imagination…
Former et fidéliser les salariés : un enjeu crucial
Dans la vaste “salle de contrôle” du bâtiment, de larges baies vitrées donnent directement sur l’atelier. Là, les employés de filetage découpent en
filets et darnes les arrivages du matin. Sept à huit tonnes de poissons sor-
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
tent chaque jour de Marée Gwen Morgane, en direction de la grande distribution nationale et européenne. Parmi ces employés, 15 ont bénéficié
d’une formation leur permettant de découvrir ce nouveau métier. “Quand
la question de la main-d’œuvre s’est posée, j’ai fait appel à Côtes d'Armor
Développement. Cela a permis de fédérer tous les mareyeurs et de mettre en route un certificat de qualification professionnelle. Aujourd’hui, il nous
manque encore 5 personnes et un autre cycle de formation est envisagé”. Former, mais aussi fidéliser les salariés sont des enjeux cruciaux
pour le développement de l’entreprise. “Il est vrai que le mareyage souffre d’une mauvaise image, mais elle n’est plus d’actualité. Aujourd’hui, ce
sont des horaires de jour classiques ; ce n’est pas la machine qui pousse
l’homme, mais l’homme qui pousse son travail”. Et Patrick Chabroullet en
sait quelque chose, lui qui met la main à la pâte comme toute son
équipe. Présent dès 5h du matin à la criée d’Erquy, ses lots débarquent
chez Marée Gwen Morgane vers 8h pour un premier départ vers 10h30.
Dans l’atelier, lui aussi prépare les commandes, emballe le poisson… Car
toutes les heures, un camion doit quitter le site vers les plates-formes de
distribution. “Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Ici, tous les salariés font
avancer la machine et permettent à l’entreprise de réussir. Ce sont eux qui
me tirent en avant”. Avec un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros, il a déjà
réalisé de grands pas en avant. Les étapes suivantes : mettre en place
divers avantages sociaux pour les salariés, élargir l’offre aux produits préemballés et pourquoi pas créer sa propre marque ?
■ Véronique Rolland
Le goût est mon credo
ALGUE SERVICE À LA CONQUÊTE DES PALAIS
“J’ai toujours voulu avoir
une activité en lien avec la mer”.
Henri Courtois, 42 ans, couvre d’un
seul regard depuis son bureau le
port du Bloscon de Roscoff, le
bateau de la Brittany Ferries en
partance et le début de l’horizon
maritime. Pour ce Picard devenu
Breton de cœur et spécialiste de
l’algue alimentaire, le chemin vers
la côte léonarde fut une suite d’étapes patiemment contrôlées. Une
licence de sciences économiques,
une école de commerce, et en 1996
le choix d’investir une niche alors en
devenir, l’algue alimentaire. La SARL
Algue Service et sa marque Bord à
bord naissent donc à… Paris. “La
région parisienne étant la plus forte
zone de commercialisation des
algues, il était logique que je m’y installe pour monter mon réseau de
clientèle.” Henri Courtois se lance
dans l’algue fraîche conservée dans
le sel pour conquérir, seul, les deux
marchés qu’il a identifiés, les magasins bio et diététiques, la restauration gastronomique et de poissons.
Le réputé chef Alain Ducasse sera
ainsi un de ses premiers clients.
Pour se fournir en algues prêtes à
la vente, le jeune patron sous-traite
avec des fournisseurs bretons. En
1998, il ajoute à son catalogue un
“tartare” d’algues, préparé pour lui
en Bretagne à partir de trois variétés, la verte laitue de mer, la rouge
Dulce et la brune Wakamé. Le produit plaît et figure toujours
aujourd’hui en tête des ventes. Face
au succès, viendront rapidement
les conserves de haricots de mer,
de salicornes et le pain pré-cuit
aux algues.
De Paris à Roscoff
Henri Courtois, en commercial averti, a réussi son premier objectif de créer
un réseau de vente. “La présence physique de l’entreprise sur Paris ne s’imposait plus, alors pour l’étape suivante, je suis parti m’installer auprès de
mes fournisseurs afin de me lancer dans la fabrication.” En 2001, direction Roscoff où cinq des opérateurs de l’algue sur la douzaine que compte
la Bretagne ont élu domicile. Un atelier-relais de 500 m2 construit par la mairie spécialement pour les activités liées à la mer offre une alimentation en
eau de mer pompée au large, l’idéal pour travailler dans les meilleures conditions un produit sensible comme l’algue. Le temps de recruter sur place
le personnel indispensable, la fabrication du tartare et des autres recettes peut commencer fin 2002. Aujourd’hui, patron compris, ils sont sept
à gérer la gamme d’une dizaine de produits en plusieurs conditionnements
adaptés aux deux marchés de l’entreprise. Un quart du CA de 600 000
euros est réalisé à l’export sur la Grande-Bretagne, le Bénélux, la Suisse
ou l’Espagne.
ENTREPRISES
En petites verrines pour consommateurs gourmets
ou en grands conditionnements pour les meilleurs chefs,
les algues “Bord à bord” séduisent de plus en plus
de palais. Sur une niche encore loin de sa marée haute,
Henri Courtois pose ses jalons l’un après l’autre.
Export et développement local
“Il n’y a pas en France de tradition de l’algue dans l’alimentation et, avec
des Français qui cuisinent de moins en moins chez eux, nous devons sans
cesse expliquer et re-expliquer les plus de nos produits, dit Henri Courtois.
C’est pour cela que nous participons à de nombreux salons grand public
et professionnels, comme le Sial de Paris où, avec l’aide du Pays de
Morlaix et de la CCI, nous serons présents fin octobre.” Parmi les arguments de la gamme Bord à bord : l’affichage sur étiquette de l’origine
“Roscoff” des algues et, pour le tartare, le label “Eco-cert”. “Tous les ingrédients s’ajoutant aux algues, naturelles par essence et ramassées localement à pied aux grandes marées par notre fournisseur, sont issus de
l’agriculture biologique, des cornichons aux câpres en passant par l’huile
d’olive.” Pour 2006, Algue Service a dégainé un nouveau produit phare,
la “Norinade”, déclinaison de son tartare autour de l’algue nori, au goût
d’huître et chouchou des avertis consommateurs asiatiques. “Nous visons
un développement à l’export et de la gamme des marinades, conclut
Henri Courtois. Mais à la fin de l’année, l’entreprise pourra sans doute annoncer une nouvelle étape logique d’un développement en local pour encore
mieux maîtriser sa chaîne. Pour l’instant, top secret !”
■ Yves Pouchard
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
ENTREPRISES
À BRÉAL SOUS MONTFORT (35), INDUSTYLE AMÉNAGE LES VÉHICULES UTILITAIRES
“Nous sommes
une société d’intégration”
Avec 2 000 véhicules aménagés par an,
Industyle, entreprise spécialisée dans
l’aménagement intérieur d’utilitaires,
a réussi sa percée. Créée en 1994
par Robert Jové, rejoint depuis
par Laurent Girard, l’entreprise est passée
de 2 à 18 salariés. Après avoir ouvert
des agences sur tout le territoire,
Industyle témoigne d’un glissement
de plus en plus observé : comment
passer de la production au service ?
Fort de 5 agences, Industyle veut toucher les directions régionales… et Paris
“Nous sommes plus une entreprise de service que de production pure. En fait, nous sommes des distributeurs.” De quoi ?
D’aménagements intérieurs de véhicules afin de protéger au mieux tout
ce qu’ils transportent. Un métier encore jeune en France, 15 ans tout
au plus, compte Robert Jové, “là où l’Allemagne a commencé il y a 30
ans !”, mais sur lequel l’entreprise s’illustre remarquablement. Ses
clients ? La Saur (Compagnie des eaux) pour qui elle aménage 200 véhicules chaque année, France Telecom, la SNCF, la ville de Rennes…
“Notre montée en puissance a été progressive. En fait, je me suis lancé
au bon moment, quand les entreprises ont compris qu’elles devaient se
recentrer sur leur cœur de métier et externaliser ce qui n’en relevait pas.
Il y avait un marché à prendre !” Et ainsi, Industyle devait-elle rapidement passer la seconde. “On ne trouvait personne sur le marché, ou
de très petites entreprises locales, pour ne pas dire des menuisiers, rappelle le co-dirigeant qui fut vendeur “Société” chez Citroën, un bon terrain d’observation. Or, toute PME a besoin d’aménagements spécifiques
pour ses utilitaires.”
Dont acte. Avec 18 salariés, dont une bonne partie œuvre en atelier,
Industyle compte en 2006, parmi une vingtaine de concurrents en
France, “dans les 10 premiers en terme de CA et est tout aussi performante en terme de résultats” souligne celui qui a connu 100 % de progression de son chiffre en 2005 et + 30 % en 2006 (2,8 millions d'euros).
Politique de l’entreprise pour afficher pareille santé ? La réponse a-daptée. Evident ? Pas si sûr. “Beaucoup d’entreprises cherchent avant tout
à écouler leur production de meubles métalliques. Notre position est
d’écouter le client et de répondre à ses attentes avec le bon produit. C’est
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
curieux : on a en France de grands carrossiers… qui ne se penchent pas
sur les aménagements. Et bien ! Nous, on sait faire du service.”
10 agences d’ici 2010
Voire du sur-mesure. “Allemagne, Italie… Via les salons, nous avons
conclu des accords de distribution avec des entreprises. Maintenant que
nous avons atteint la taille critique, elles viennent toutes nous voir pour nous
présenter leurs produits.” Optimiste pour l’avenir, Industyle s’est aussi engagée dans une politique d’ouverture d’agences, à Nantes, Cherbourg,
Paris… Soit une par an, où œuvrent un responsable et deux menuisiers
“attirés par une politique salariale relativement élevée et six mois de formation en interne”, défend le dirigeant qui compte «très peu de turn-over».
Un développement qui a un coût, 70 000 euros pour une agence, mais
qui doit à Industyle de connaître une croissance mécanique. Objectif sous
5 ans ? “Cinq autres agences pour monter à dix, confie André Jové déjà
attelé à en ouvrir deux l’an prochain. Et toujours dans de grandes métropoles de plus de 200 000 habitants.” Il s’agit en effet de toucher les
directions régionales… voire nationales. “Paris est pour nous un enjeu stratégique. C’est là que l’on touche les sociétés à décision nationale. Elles nous
reçoivent très facilement. Vous savez pourquoi ? Parce que nous sommes
un outil de travail pour elles. Elles nous mettent en concurrence bien sûr,
mais elles ont besoin de nos compétences.”
■ Serge Marshall
Sur-mesure et innovation
pour industriels du plastique
Cap Ouest s’est fait une jolie place en proposant
aux industriels du plastique du Grand Ouest colorants
et additifs sur mesure. En 2004, l’entreprise basée
à Marzan (56) enregistrait un chiffre d’affaires
de 400 000 euros. Elle devrait le doubler en
cette fin d’année et passer de 7 à 10 salariés.
Après des études d’ingénieur en matériaux et un DEA, Bruno
Legentil intègre Hoechst en R&D, le plus grand groupe chimique du
monde (devenu Clariant). Pendant 10 ans, il acquiert un savoir-faire
pointu dans les colorants pour plastiques. Puis il crée une première
entreprise dans la vallée d’Oyonnax, en Rhône-Alpes, fief du plastique,
région comptant plus d’un millier de sociétés implantées. Son affaire
tourne, mais un différend avec un associé le contraint à vendre ses parts.
C’est une expérience de consultant et d’agent commercial dans le
Grand Ouest qui lui fait prendre conscience du potentiel régional.
“L’Ouest est devenu la deuxième région de transformation de matières
plastiques, notamment à destination de l’agro-alimentaire. Et on y
trouve différentes techniques : injection, extrusion de feuilles pour la fabrication de barquettes, etc. Pourtant, aucun fabricant de colorants ne s’y
était implanté avant Cap Ouest…”.
Trouver la bonne formule
pour mélanger pigments et polymères
Cap Ouest (comme “mettre le cap à l’Ouest” et “Colorants et additifs
pour plastiques du Grand Ouest”) est créée en 2003, avec comme
premier objectif la fabrication de “master batchs” (colorants maîtres).
La SAS rejoint le club plutôt fermé d’une dizaine d’entreprises
exerçant ce métier dans l’hexagone. Ses clients – des industriels du
plastique – lui font part de leurs cahiers des charges (technique, toxicologie, respect de l’environnement…) et déterminent une couleur
La coloriste organise les teintes à partir de pigments
ENTREPRISES
CAP OUEST : COLORANTS ET ADDITIFS
Master batchs en joncs
avant d’être découpés
en granulés
sur un nuancier. Cap Ouest cherche ensuite une formule pour mélanger les pigments de couleur avec les polymères souhaités. Le produit
fini se présente sous forme de petits granulés, un concentré de matières colorantes dispersées dans un plastique. Une fois le colorant maître validé, la fabrication est lancée. Une semaine plus tard, les industriels
peuvent utiliser les granulés à 2 % pour colorer leur matière.
Valorisation de stocks, mélanges d’additifs,
nouveaux matériaux
Parce que tout se récupère, Cap Ouest propose aussi à ses clients de
valoriser leurs stocks de matières plastiques inutilisés, par exemple dans
la composition de nouveaux colorants maîtres. Dans son laboratoire,
l’entreprise planche aussi sur des mélanges d’additifs permettant de
rendre un plastique plus léger, ou résistant aux UV, ou moins sensible
à la chaleur, etc. Passionné par l’innovation, Bruno Legentil s’intéresse
aux nouveaux matériaux, comme les nano-particules à base d’argile
et les bio-matériaux (amidon, lin…). Sur cette question, il mène une
recherche avec le laboratoire L2PIC1 de l’Université de Bretagne Sud
(Lorient). Avec l’école d’ingénieurs Icam de Nantes, il réfléchit à la substitution du plomb dans le domaine de la radio-protection ou de l’industrie automobile. Il a aussi établi un premier contact avec les pôles de
compétitivité à vocation nationale et régionale EMC22 et Automobile
haut de gamme3.
■ Charlotte Viart
1
L2PIC : laboratoire propriété des polymères
aux interfaces et composites
2
EMC2 : pôle de compétitivité “Ensembles métalliques
composites complexes”, (Pays de la Loire)
3
Pôle de compétitivité “Automobile haut de gamme”
(Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes)
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
DOSSIER
CRÈCHE, COVOITURAGE,
CESU, CONCIERGERIE…
Ces services
qui fidélisent
les salariés
24
s!
En Bretagne, comme ailleurs en France,
les sociétés de services aux entreprises
et à la personne se créent à vitesse
grand V. Parallèlement, les services
proposés par les entreprises aux salariés
s’imposent peu à peu dans les nouvelles
politiques des ressources humaines.
Simple effet de mode
ou réelle révolution ?
A
vec l’ouverture de la crèche interentreprises Tôt ou tard
(voir encadré) en janvier 2007, la Bretagne comptera cinq
crèches de ce type sur son territoire. Un nombre important
si l’on considère que, selon la Caisse nationale d’allocations
familiales (Cnaf),“ près de 25 crèches d’entreprise ”avaient
ouvert leurs portes à l’été dernier sur l’ensemble de
l’Hexagone. Mais une avance qui pourrait ne pas durer si
les 150 projets nationaux actuellement sous le coude de la
Cnaf voient prochainement le jour. “ La Bretagne reste très porteuse de projets,indique toutefois Céline Jacquey, chargée de communication “d’Iziy-les enfants
d’abord !”, expert en création et gestion de services d’accueil pour les jeunes
enfants. Il y aurait actuellement 7 projets sur l’Ille-et-Vilaine, un dans le Finistère –
bien avancé – et 2 dans le Morbihan. ”
Pour faciliter l’accès au travail des femmes, et aujourd’hui de plus en plus
d’hommes eux aussi concernés par les difficultés de garde d’enfants avec
l’augmentation du recours à la garde alternée,ces crèches offrent sur le papier une
solution idéale pour les actuelles ou futures salariées des entreprises concernées.
“ Près de la moitié de nos salariés sont des femmes, argumente François Ollivier,
directeur général adjoint de Monique Ranou, à l’initiative du projet. En créant
Tôt ou tard,nous avons voulu leur offrir une solution de garde pour leurs enfants et leur
ôter ainsi de nombreux soucis. ”
Prévenir le papy-boom !
Dès janvier, l’entreprise finistérienne de salaisons disposera ainsi de neuf places
au sein de la crèche (qui en comptera une trentaine au total) implantée directement sur la zone artisanale de Troyallach. Ce service offert à ses salariés a bien
entendu un coût : 1 500 euros par an et par place. “ Et, encore, ajoute François
Ollivier,on ne mesure pas les heures passées sur le dossier et le travail que cela représente. ”
Mais l’entreprise sait bien, comme les autres qui l’ont rejoint – 4 nouvelles entreprises ont déjà émis le souhait de s’unir aux 6 de départ –, qu’il en va aussi de son
intérêt.“ Soucieux de l’équité professionnelle et heureux de permettre aux femmes de venir
travailler chez nous,nous avons aussi par là voulu prévenir le papy-boom que nous nous
apprêtons à subir ”, souligne François Ollivier.
25
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Photo : D. Poullenot
DOSSIER
La crèche partenariale Ty bon’home, projet piloté par le cabinet conseil Iziy-les
enfants d’abord !
Pragmatiques, certaines entreprises se préparent ainsi à recruter en
masse pour remplacer les nombreux prochains départs en retraite.
Pour cela, elles ont besoin de se distinguer, afin d’attirer à elles les nouveaux salariés, et d’appréhender cette nouvelle génération d’hommes et
de femmes bientôt sur le marché du travail. “ Les gens qui arrivent
aujourd’hui sur le marché de l’emploi n’ont pas la même culture d’entreprise
que leurs parents ou grands-parents, explique Stéphanie Cardot, fondatrice
et directrice générale de To do today, entreprise de services à la personne
(voir encadré). Aujourd’hui, si elle reste déterminante, la qualité du salaire
n’est plus suffisante. ” Fini le temps où, selon l’expression commune,
“ l’homme perd sa vie à la gagner ”.Aujourd’hui, le salarié travaille moins
et aspire à équilibrer vie professionnelle et vie personnelle.Aussi, au même
titre qu’il doit savoir vendre ses compétences en vue d’un recrutement,
l’entreprise doit également apprendre à le charmer, à vendre ses services de ressources humaines. “ Une chose est certaine, souligne Jorge
Muñoz, sociologue à Brest, si l’entreprise ne tient pas compte de l’évolution
sociétale des rapports des salariés vis-à-vis du travail,elle va passer à côté de
quelque chose. ”
Les Plans de déplacements entreprise (PDE)
se multiplient
Photo : Covoiturage +
Un coiffeur, une repasseuse, le lavage de votre voiture… c’est la conciergerie
d’entreprise
▲
▼
Le covoiturage : convivial et motivant
Marc Le Dreves : séances de massage relaxation à Brest
Conscientes de ce phénomène, certaines sociétés bretonnes multiplient
peu à peu les initiatives.A l’heure où le pétrole pèse lourd dans le portemonnaie des Français,souvent obligés ou habitués à prendre leur voiture
pour se rendre sur leur lieu de travail,les plans de déplacements entreprise
(PDE) se multiplient. Si PSA, à Chartres-de-Bretagne, n’a pas attendu
ces nouveaux dispositifs pour affréter 60 lignes de cars par jour afin de
“ ramasser ” ses employés jusqu’à 70 km à la ronde, nombre de sociétés
bretonnes se dotent aujourd’hui d’un PDE. “ Outre le service rendu aux
salariés – moins de frais, moins de fatigue, … – et les problèmes de stationnement que cela règle, développe Renaud Michel de l’Ademe Bretagne, l’entreprise fait valoir son image d’entreprise soucieuse de l’environnement et de la
qualité de vie de ses employés et de ses concitoyens. ”
A travers la Bretagne, les initiatives se multiplient. Le Conseil général du
Finistère a ainsi ouvert en 2005 un site internet totalement dédié au covoiturage et principalement destiné aux entreprises.A Rennes et dans sa métropole,l’association Covoiturage +,créée en 2002,ressent un net changement
de comportement des entreprises vis-à-vis des services qu’elle leur offre.
“ Au départ, raconte Brigitte Meunier,directrice de l’association,nous passions 50 % de notre temps à démarcher les sociétés de l’agglomération.Aujourd’hui,
elles viennent directement à nous.Elles ont compris leur intérêt à proposer ce type
de services.D’ailleurs,si elles ont bien le choix de laisser le prix de l’adhésion du
salarié à sa charge,c’est souvent elles qui le règlent. ” Et les résultats sont là.
Les salariés de ces sociétés,outre les économies réalisées,parlent des bienfaits du covoiturage en termes de “ convivialité,de santé et de motivation ”.
La fidélisation est assurée.
“Le succès du covoiturage est indéniable”
L’association s’apprête à proposer ses services aux entreprises de l’agglomération de Saint-Malo.Et se félicite d’avoir participé activement aux recrutements de dizaines de salariés pour Bretagne Ateliers,à la Touche Tizon.
“ Lors de recrutements de nouvelles personnes pour leVSD (vendredi-samedidimanche), nous voulions toucher des gens, outre reconnus handicapés par la
Cotorep, éloignés de l’emploi comme des étudiants ou des femmes, se souvient
Koulmig Cheney, responsable des ressources humaines chez Bretagne
Ateliers. L’aide de Covoiturage + nous a permis de recruter des personnes qui
n’auraient pas pu travailler pour nous sinon,faute de véhicules ou de revenus.
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
LE CHÈQUE EMPLOI SERVICE UNIVERSEL (CESU)
Les PME de plus en plus séduites
Nouvel instrument de paiement créé en février
2006 en faveur du développement des
services à la personne, le Cesu bancaire
ouvre droit aux bénéficiaires du service à une
réduction d’impôt sur le revenu de 50 % des
sommes engagées au titre des
services à la personne. Les
prestations de services fournies
par des associations et entreprises agréées bénéficient d’un taux
de TVA réduit à 5,5 %. Le Cesu
préfinancé permet à une entreprise d'aider ses salariés dans leur
quotidien. Il est d'une valeur
prédéfinie (comme le chèque restaurant) et diffusé par des cofinanceurs
(Natexis Intertitres, DomiServe, Banque
Postale…). A ce titre, l'entreprise
bénéficie d'exonération de cotisations sociales (plafonnée à 1 830
euros par salarié) et d’un crédit d’impôt de
25 % des aides versées. A la fin août 2006,
quelque 3 000 entreprises proposaient des
Cesu à leurs salariés soit 6 millions de chèques. La valeur moyenne des Cesu préfinancés étant de 14 euros, on estime que plus de
80 millions d'euros ont d’ores et déjà été mis
en circulation pour payer des gardes
d'enfants, du ménage, du dépannage informatique, des travaux de jardinage… Selon
l’Association nationale de services à la
personne (ANSP), les PME rassurées par la
facilité d'utilisation du dispositif ont été plus
promptes à s’en emparer que les grands
groupes. La demande des salariés est forte
et la marge de progression énorme.
Contact :
www.servicesalapersonne.gouv.fr
27
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
DOSSIER
Le succès a été tel que Covoiturage + a constitué avec nous les équipes de weekend en fonction des équipages. ”
S’il s’avère que la Bretagne s’approprie bien les crèches interentreprises
ou les plans de déplacement, il semblerait toutefois que certains services
aux salariés peinent à pénétrer le marché.Depuis 2004,Marc Le Drévès,
installé à Brest, propose aux entreprises d’offrir à leurs salariés des séances de massage-relaxation. Et regrette la “ frilosité de certains dirigeants et
responsables de ressources humaines pourtant bien au fait de la gravité des conséquences du stress et soucieux de lutter contre le fléau de l’absentéisme ”. Selon
lui, “ en Bretagne, les responsables d’entreprise n’en sont pas encore là. Ils
connaissent les problèmes,sont satisfaits des démonstrations mais tardent souvent
à sauter le pas de la signature du contrat. ” “ Il faut montrer aux entreprises qu’elles ont tout à y gagner ”, ajoute Jean-Jacques Roulliard, responsable
d’Ankhéos, qui propose de suivre et d’accompagner les salariés dans
diverses activités physiques, notamment pour lutter contre les maladies
professionnelles.“ On est encore au stade du soin plus qu’à celui de la prévention, regrette-t-il. Mais je suis sûr que les entreprises,notamment avec le recul
de l’âge de la retraite,vont vite s’apercevoir qu’il est nécessaire de maintenir ses
salariés en bonne santé. ”
Si le service rime avec bien-être,
il est aussi garant de productivité.
Et c’est ce qu’ont bien compris les plus grands comme PSA, sûrement,
ou encore PPR, EADS ou Carrefour, clients de To do today. “ Au-delà
de se positionner comme employeurs de référence et d’éviter ainsi les problèmes
de recrutement ou de turn-over, insiste Stéphanie Cardot, les dirigeants qui
font appel à nous assurent à leurs employés un confort qui leur permet d’être plus
productifs,plus disponibles sur leurs lieux de travail. ” Un argument également
développé par le gouvernement avec la mise en place des Chèques emploi
service universel pré-financés (voir encadré) à destination des entreprises
pour leurs salariés. Si l’argument développé, selon lequel les femmes
consacrent 20 % de leur temps de travail “ à la gestion à distance des problèmes de la maison ”, semble très fallacieux, il est certain qu’améliorer la
vie quotidienne des Français les rend plus à même de se consacrer entièrement,physiquement et psychologiquement,à leur travail.Jusqu’à les rendre dépendants ? “ Non, certifie Stéphanie Cardot. Si les services proposés
sont un vrai plus pour l’entreprise comme pour ses collaborateurs,le salaire reste
la principale motivation des salariés. ”
UN CONCEPT QUI SE DÉVELOPPE EN FRANCE
La conciergerie d’entreprise
s’occupe de tout
Le linge repassé et livré sur le lieu de travail,
le lavage de sa voiture sur le parking de l'entreprise, la prise d'un rendez-vous chez le
dentiste, le recrutement d'une nounou ou
encore les formalités de passeport à effectuer… La mission d'une conciergerie d'entreprise est d'alléger les salariés de toutes les
tracasseries du quotidien afin de leur permettre de se concentrer sur leur travail. Né dans
les pays anglo-saxons où les Comités
d'entreprise n'existent pas, le concept a été
importé en France ces dernières années par
plusieurs sociétés pionnières qui connaissent
en général une forte croissance.
Interview de Stéphanie Cardot PDG de To do today
Depuis bientôt cinq ans, Stéphanie Cardot
dirige To do today, société de services aux
entreprises et à la personne qu’elle a ellemême fondée. Cette jeune dirigeante s’est
inspirée de son expérience américaine,
puisqu’elle a vécu et travaillé cinq ans aux
Etats-Unis, de 1995 à 2000, au sein du cabinet Deloitte sur un “gros programme des ressources humaines quant aux politiques de
recrutement, de fidélisation et donc de services aux salariés”. To do today propose aux
entreprises le panel le plus large possible de
services de proximité ou à domicile. “Nous
nous implantons sur place, dans les locaux de
l’entreprise ou des immeubles de bureaux,
explique Stéphanie Cardot, une véritable
conciergerie d’entreprise qui, outre le
concierge, peut compter un coiffeur, une
esthéticienne, une repasseuse, …”
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
La petite entreprise de To do today compte
aujourd’hui quelque 100 salariés. “Nous avons
ouvert en tout une quinzaine de conciergeries
et 25 autres sont actuellement en projet”,
souligne la jeune trentenaire. Parmi ses clients,
de grands noms comme PPR, EADS,
Carrefour, etc ou de grands immeubles de
bureaux. “Notre plus petite conciergerie travaille pour une société de 150 personnes,
dont 147 sont inscrits 9 mois sur 12. Notre plus
gros site regroupe lui 3 000 à 4 000 personnes, ce qui nécessite une équipe de 6 personnes sur place.”
En cinq ans, Stéphanie Cardot a vu les choses évoluer, dans son sens. “Les dirigeants
commencent réellement à comprendre les
enjeux du développement des services à destination des salariés, argumente-t-elle. Ils comprennent de plus en plus l’importance que
cela peut avoir dans la relation employeurssalariés et le bénéfice que cela apporte à leur
image. Ils se positionnent ainsi comme des
employeurs de référence.”
Un petit plus qui a toutefois un coût. En large
moyenne, une conciergerie coûte à l’employeur entre 100 000 et 250 000 euros par an.
“Même si, souligne Stéphanie Cardot, on peut
en ouvrir pour 50 000 euros l’année. Cela ne
pose aucun problème. Ou les PME peuvent
encore mutualiser les coûts en ouvrant une
conciergerie à plusieurs”. En véritable mordue,
Stéphanie Cardot profite elle-même des services de la conciergerie d’un client, “située
juste à côté”. “Je suis une vraie assistée”,
conclut-elle.
INITIÉE PAR MONIQUE RANOU, LA PREMIÈRE CRÈCHE INTERENTREPRISES FINISTÉRIENNE
VERRA LE JOUR EN JANVIER 2007
“Rendre l’entreprise attractive”
En janvier 2007, la première crèche interentreprises du Finistère ouvrira ses portes. Elle
comptera 30 places, auxquelles s’ajoute une
place occasionnelle dite “d’urgence”, et sera
ouverte de 5h30 à 22h30 du lundi au dimanche. Ainsi, avec cette amplitude importante
des horaires de garde, la crèche “Tôt ou tard”
accueillera quelque 40 enfants par semaine.
“C’est la fin d’un long parcours pour nous”, se
réjouit François Ollivier, directeur général
adjoint de Monique Ranou. L’entreprise de
salaisons, à l’origine du projet, s’est attaquée
au problème dès 1998. “On s’est réuni avec
d’autres entreprises, comme Père Dodu par
exemple, et notre projet a très vite pris forme.”
Mais la bonne volonté de ces quelques dirigeants se heurta à la réglementation : pour la
protection maternelle et infantile (PMI), impossible d’ouvrir une crèche avant 8h et de la fermer après 19h. S’ajoute à cela la totale prise
en charge financière par les entreprises. Le
projet tourne court jusqu’en 2002. “A cette
date, nous nous sommes associés au projet
Equal avec le Conseil général et d’autres entreprises, se souvient François Ollivier. Nous travaillions sur l’égalité professionnelle, un thème
majeur pour nous qui employons 43 % de
femmes. Par ailleurs, l’idée de rendre notre
entreprise attractive à l’aube du papy (ou
mamy) boom nous intéressait.”
Très vite, le projet de crèche interentreprises
refait surface. La nouvelle souplesse de la
PMI sur les horaires et le bilan positif de l’étude
sur les besoins menée par un cabinet externe
motive encore plus les troupes. François
Ollivier et Christine Serres, responsable RH,
prennent “leurs bâtons de pèlerin” et vont à
la rencontre de nouvelles entreprises. Cinq
sociétés se laissent facilement convaincre.
Et une pierre importante s’ajoute à l’édifice :
la participation de la Communauté de communes du pays fouesnantais qui, tout en prenant
en charge la construction de la crèche, y
réserve également 9 places.
“Les mentalités doivent encore évoluer”
S’ils ont souvent un coût, mais parfois pas plus qu’un ballotin de chocolat pour tous à la fin de l’année et toujours plus rentables, certains avantages peuvent “ peser ”de façon minime,voire quasi nulle sur les comptes.
Antoine de Geyer, responsable de Bretagne relocation, propose aux
entreprises de s’occuper de leurs employés dans leurs démarches de
recherche de logement, d’inscription des enfants aux écoles, etc. “ Nous
proposons nos services à tout salarié en mobilité,que celle-ci soit due à une mutation ou une embauche.Nous lui cherchons un logement selon les critères qu’il nous
transmet,nous assurons les branchements si nécessaire quand il a trouvé ce qui
lui convient,nous pouvons accueillir les déménageurs,inscrire les enfants à la crèche ou à l’école,lui faire visiter la région,… bref une palette de petits services qui
évitent les freins à la mobilité et lui assurent une arrivée sur les lieux plus tranquille. ” Cela peut coûter jusqu’à 2 000 euros par salarié pour une société,
comme ne rien lui coûter ou presque. “ Les entreprises qui cotisent au 1 %
logement peuvent obtenir une subvention Mobilipass qui rembourse les frais
d’agence,les honoraires des prestataires tels que nous,les doubles charges de logement ”, explique Antoine de Geyer. Mais peu d’entre elles le savent.
Les mentalités doivent donc encore évoluer. Aux entreprises de s’informer, histoire de précéder les difficultés. Certes, l’économie bretonne
souffre peu de turn over, mais le papy boom pointe son nez. Il est donc
peut-être temps de sortir du “ Moyen-Age ”,comme le souhaite Laurent
Defrance, PDG de Defrance automobiles et président d’Activ’est, club
d’entreprises très actif près de Rennes. “ Toute entreprise moderne devrait
mettre une salle de repos à la disposition de ses salariés. Quand je fais la sieste
après manger, je peux vous assurer que je suis plus performant l’après-midi.
Pas vous ? ”
■ Anne-Laure Grosmolard
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
DOSSIER
INTERVIEW DE JORGE MUÑOZ, SOCIOLOGUE,
MAÎTRE DE CONFÉRENCE À L’UNIVERSITÉ DE BRETAGNE OCCIDENTALE
“Les services, un moyen de soulager
le salarié pour le rendre plus disponible,
voire plus performant”
Comment expliquez-vous le développement des services
mis en place par les entreprises pour leurs salariés ?
On est face à une évolution des conditions de travail et des politiques d’entreprise. Depuis cinq-sept ans, il y a une prise de conscience
globale des nouveaux risques que sont le stress, la violence au travail,
les addictions, … que ce soit par les dirigeants ou par les services de prévention. Pourtant, les premiers travaux sur ces “nouveaux” risques datent
déjà des années 60. Mais le fait que les médias se soient emparés
depuis une petite décennie de ce sujet n’est sans doute pas étranger à
la prise de conscience collective. En France, par exemple, il y a souvent
un grand décalage entre la connaissance médicale, d’un côté, et sa traduction en terme législatif de l’autre et les solutions pratiques et techniques apportées par les employeurs. Prenez le cas de l’amiante. On en
parle beaucoup depuis une dizaine d’années réellement, pourtant ses
méfaits tragiques sont bien connus depuis 1946-47, date de création de
la Sécurité sociale.
On parle là uniquement des conditions de travail
et de leur amélioration indispensable…
Tous les services offerts par les entreprises aux salariés vont dans
ce sens. Il s’agit toujours, par un moyen ou un autre, de soulager le salarié afin de lui permettre d’être plus disponible, voire plus performant. Mais
il est vrai que soigner le mal sans en prévenir la cause n’est pas une bonne
solution. Je me souviens d’une compagnie de transport en commun qui
voyait le taux d’absentéisme et le stress de ses conducteurs, victimes
d’agression de la part des usagers, grimper fortement. L’entreprise leur
a offert des séances de relaxation pour apprendre à gérer leurs angoisses. C’est bien mais largement insuffisant. Dans cet exemple, le vrai problème se trouve occulté, l’employeur oublie la demande initiale de son
personnel.
Est-ce à dire qu’il y a différentes formes de services ?
A partir du moment où une entreprise développe des services
pour ses salariés, il faut l'encourager, c’est bien. Mais il ne faut pas que
l’on oublie de traiter aussi la cause du stress, des maladies professionnelles ou autres… Certaines entreprises très volontaires l’ont bien compris. En même temps qu’elles offrent des massages à leurs employés,
elles améliorent les postes de travail par exemple. Surtout qu’elles ont
tout à y gagner en termes de résultats : moins de congés maladie,
moins d’absentéisme, une productivité accrue, etc. Et elles fidélisent
également leurs salariés, heureux que l’on se soucie de leur bien-être.
30
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Le retour sur investissement est alors incontestable ?
Bien sûr. Que ce soit directement financier ou en rapport avec
le gain de productivité due à une motivation accrue. Quand une entreprise affrète un nombre important de cars pour acheminer ses salariés
sur son site de production, elle leur rend service et tranquillise leur déplacement vers leur lieu de travail. Mais elle risque aussi moins d’accidents
du travail, surtout quand on sait que ceux-ci surviennent pour la plupart
lors du trajet domicile-travail, et paie ainsi moins de cotisations sociales.
Ce qui n’est pas aussi flagrant pour de nombreux autres
services, comme ceux offerts par les conciergeries
par exemple ?
Il s’agit toujours d’améliorer la vie quotidienne du salarié en lui
permettant d’accéder à des services sur place. Pressing, garde d’enfants,
courses, repassage, … Mais vous savez, finalement, ce n’est pas très
nouveau. Au XIXème siècle, les dames patronnesses, qui vivaient auprès
de l’entreprise, effectuaient déjà de multiples tâches pour les ouvriers.
■ Propos recueillis par Anne-Laure Grosmolard
GROS PLAN
MICHEL JAOUEN, LE PÈRE MARIN
Rebelle
pour
un Bel Espoir
“Je suis jésuite et je le revendique.”
Michel Jaouen, de sa voix de stentor, s’exprime au quotidien sans espoir pour son
interlocuteur de gagner la contradiction. “J’ai
été programmé pour aller travailler en Chine
mais, juste avant mon départ, Mao a pris le pouvoir et fermé les frontières. Alors, je suis resté
ici faire mieux que lui pour les exclus.” A
Landéda, d’un regard gourmand, il embrasse
le panorama maritime de son camp de PenEnez, ses baraques, son île de Stagadon, et
au large, le phare de l’île Vierge. “Ici des gars
reprennent goût à la vie en bossant. Le cadre
compte beaucoup et avec ces ‘connards’
d’écolos, aujourd’hui nous n’aurions même
pas le droit de nous installer sur ce bord de mer.
Sans parler du Conservatoire du littoral qui
nous a expropriés d’une bonne partie du terrain contre 50 centimes du mètre-carré pour
maintenant laisser à l’abandon ces surfaces
sur lesquelles nous aurions pu aider d’autres
jeunes. Ce monde est fou et il ne faut pas
s’étonner si c’est le bordel un peu partout !”
Une voie toute tracée
Né en 1920 sur l’île d’Ouessant où son père
est médecin, Michel Jaouen revient sur le
continent à l’âge de quatre ans, le plus jeune
de quinze enfants, pour suivre papa qui,
lassé de la vie insulaire, a trouvé à s’installer à Kerlouan, au “pays pagan”, pays païen
des naufrageurs. “Je ne me suis jamais posé
de questions : j’entrerai dans les ordres, un
point c’est tout.” Son cursus scolaire auprès
32
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
des jésuites du Bon-Secours de Brest
jusqu’en math-élem l’a préparé à suivre une
voie tracée pour l’élite. Les bons élèves s’y
partagent en deux clans, ceux qui intègrent
ensuite le corps des officiers de la Royale et
ceux qui rejoignent les cadres de l’Eglise. En
1939, à Laval, il confirmera son intégration
parmi les jésuites. Au fait, c’est quoi un
jésuite selon le Père Jaouen ? “Un curé
s’occupe des gens d’une paroisse délimitée,
un Jésuite a le monde pour paroisse et est
partout chez lui... surtout si ça ne plaît pas
aux gens en place !” Plaire restera bien le
dernier de ses soucis. Ce caractère tout
d’un bloc ne sera sans doute pas étranger
à son intégration facile dans le monde carcéral : faute de mission en Chine, le voilà
aumônier de la prison de Fresnes. “Les
conditions de vie en prison sont dégueulasses mais le plus dur est la sortie : on largue
dans la rue des gars sans s’occuper de ce
qu’ils vont devenir et après, on s’étonne qu’il
y ait des récidives. Aujourd'hui, c’est même
pire qu’à l’époque où je m’en occupais !” En
ce début des années 50, Michel Jaouen
prend le problème à bras le corps. Il trouve
les moyens de faire construire un immeuble
de 100 chambres, le foyer “Les Épinettes”,
où les sortants de prison seront hébergés et
aidés à reprendre pied dans la vie ordinaire.
Une aventure de dix ans qui en ouvrira une
autre : pour sortir les ex-détenus du cadre
parisien, il achète à petit prix aux Domaines
des landes, dont personne ne veut, au bord
de l’Aber-Wrac’h, dans sa Bretagne natale.
A 86 ans, le Père Jaouen,
juste compromis entre l’Abbé Pierre
et Terminator, ne serait-ce que
par l’imposante stature,
n’a rien perdu de la volonté
farouche d’un pourfendeur
d’a priori et bousculeur
de pouvoirs assis. Au profit
des ex-taulards, des drogués
ou de tout un chacun.
A Brest, il récupère des baraques de bois
construites après la destruction de la ville
lors de la Seconde guerre mondiale. Puis,
c‘est l’achat d’un voilier, le Bel espoir, pour
Au camp de Pen-Enez à Landéda
réapprendre la solidarité en naviguant. Le
camp de Pen-Enez est né et le père Jaouen
s’y consacrera à plein temps.
Sur le Bel-Espoir qui partira
en décembre pour une nouvelle
croisière aux Antilles
parlaient entre eux que de ça, entretenant le
problème, avec à la clé de trop nombreux
échecs. La mixité avec seulement un tiers de
toxicos au milieu de passagers ordinaires,
passionnés de vieux gréements ou retraités,
a tout réglé.” Sur le sujet de la drogue, Michel
Jaouen a sa vision : “le problème de la drogue est fondamentalement affectif. La cause
n'en est pas le produit, car il y a toujours eu
de la drogue et il y en aura toujours (l’alcool
n'est pas une des moindres !). Notre société
se voile la face et se donne bonne
conscience quand elle prétend résoudre le
problème en faisant la chasse aux trafiquants,
quand elle refuse d'admettre que la question
essentielle est : pourquoi les gens se droguent-ils ? Mais il est plus facile de lutter
avec des moyens matériels et politiques que
de remettre en cause les fonctionnements
sociaux. Les produits légaux de substitution, Subutex, Méthadone, ne soignent pas
le mal affectif à la source de tout : il faut les
supprimer eux aussi pour s’en sortir.”
Photo : AJD
Au jour le jour
Michel Jaouen ne veut pas savoir combien
de jeunes passent chaque année par PenEnez (ils seraient un millier). “Qui veut vient.
Pour travailler au chantier naval qui entretient nos bateaux ou pour embarquer en
payant son séjour : ils trouvent de l’argent
pour acheter leur dope, ils peuvent en trouver pour en sortir !” Pas question non plus de
parler des ressources de l’association (3
salariés) : “nous ne touchons aucune subvention et savoir d’où viennent nos finances ne
regarde personne. Tout ce que je peux vous
dire, c‘est que les gens sont bien plus généreux qu’on ne le dit et qu’en versant des
Repères
Sur le minibus bringuebalant racheté pour
transporter les anciens prisonniers les jeudi
et dimanche, sont inscrites, comme le voulait la réglementation d’alors, les lettres
AJD, soit Aumônerie de la jeunesse délinquante. Un sigle discriminatoire qui ne plaît
pas au père. Un jour, un des passagers en
ignorant la signification est interrogé par
un curieux : spontanément, il répondit “les
amis de jeudi-dimanche”. Le nom restera.
L’action de Michel Jaouen enlève une épine
du pied aux politiques, ne sachant que faire
des jeunes sortants de prison ; alors en
1968, Joseph Comity, secrétaire d'Etat à
la jeunesse, lui propose une nouvelle mission, prendre en charge des toxicomanes en
post cure. Pour 80 000 francs, Michel
Jaouen rachète le “Prince Louis II”, une
goélette 3 mâts de 38 mètres, navire-école
anglais sur lequel le prince Charles fit ses
classes. Il est rebaptisé “Bel Espoir II”. “Au
début, nous avons fait la connerie de n’embarquer que des drogués. Finalement, ils ne
Photo : AJD
Des délinquants aux drogués
Repères
1920 : Naissance sur Ouessant
1951 : Aumônier de la prison de Fresnes
1954 : Création d’AJD, aumônerie
de la jeunesse délinquante
1968 : Achat du “Bel Espoir II”
1969 : Arrivée des premiers drogués
1974 : Don du “Rara Avis”
Décembre 2006 : Nouvelle croisière du “Bel Espoir”
dons aux Amis de Jeudi-Dimanche, ils savent
à quoi sert vraiment leur argent !” Le “Rara
Avis”, autre grand vieux gréement d’AJD,
fut ainsi offert par le pdg du “Bazar de l’Hôtel
de Ville” de Paris dont c’était le yatch personnel, tout comme l’île Stagadon, 4 hectares,
auparavant propriété de Pierre Bergé, l’exmonsieur Yves-Saint-Laurent. En révision à
Brest pour cet automne, le Bel Espoir mènera
une nouvelle croisière à la mi-décembre vers
les Antilles. Le père Jaouen sera à bord
comme toujours. “Quand nous faisons escale
à New-York, un quai agréable et un accueil
chaleureux nous attendent. Nous avons là-bas
une autre reconnaissance qu’en France où les
politiques se foutent de ce qu’on fait. Je n’ai
jamais de projet à long terme : je gère chaque
sujet au jour le jour, l’un après l’autre et puis
quand il le faut, de l’Aber-Wrac’h, je ne suis
qu’à vingt minutes de Paris… le temps
d’aller prendre l’avion à Brest !”
■ Yves Pouchard
33
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
La vie des pôles de compétitivité
DU PROJET DE RECHERCHE À L’APPLICATION INDUSTRIELLE
RÉGION
Période d’apprentissage
pour Valorial
“Le contenu des projets présentés
dans le cadre du pôle de compétitivité
doit être en adéquation avec
les besoins du marché” :
Loïc Roger, PDG de Nutrinov LRBEVA
et adhérent de Valorial, le pôle de
compétitivité agro-alimentaire breton.
“Il nous faut apprendre à présenter
des projets de recherche avec des applications industrielles clairement identifiées. Toutes
les étapes, de l'étude scientifique jusqu'à la
mise en place du produit sur le marché, doivent
être inscrites au projet” explique Michel Pinel,
directeur de Valorial. “Faute de cela, les financements FCE1 partiront ailleurs”. C'est ainsi
qu'en juillet dernier, le projet nutrition, porté
par Nutrinov/LRBEVA (Bruz-35) et Armor
Protéines (Saint-Brice-en-Cogles-35) en lien
avec des laboratoires, s'est vu recalé par la
commission d'appel d'offres : “Dans un environnement concurrentiel fort, il faut avoir une
puissance de feu industrielle supérieure à la
nôtre actuellement. Avec 25 % d'industriels,
nous ne sommes pas assez crédibles. Pour
présenter à nouveau notre projet, nous devons
monter à 50 % autant que les laboratoires ou
centres de recherche et être capables de l'évaluer en termes d'emploi et d'accessibilité au
marché. Un pôle comme “nutrition-santé-longévité” de Lille, constitué de poids lourds
comme Bonduelle ou l'Institut Pasteur, a plus
d'antériorité et de poids que Valorial. Sur un axe
aussi porteur que l'obésité et face à plusieurs
projets, les financeurs, qui sont aussi des banquiers, jouent la carte de la sécurité. Nous
manquions d'envergure pour présenter un projet s'élevant à 1,5 million d'euros. Mieux vaut
présenter un projet plus petit avec une forte
spécificité ou un projet à plusieurs étages et
prendre le temps de répondre à l'appel d'offres
34
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
….quitte à laisser passer 6 mois pour être fin
prêt. Répondre en 15 jours est trop risqué,
commente Loïc Roger, PDG de Nutrinov/
LRBEVA.
Et c'est là que le comité de labellisation
Valorial doit pleinement jouer son rôle : valider les thèmes scientifiques des projets mais
aussi leur montage en tenant compte de
l'environnement concurrentiel des autres
pôles et “ne pas hésiter à critiquer des projets
poursuit Loïc Roger. Nous devons sortir de
notre vision sans doute trop régionaliste du
pôle et apprendre à coopérer avec un réseau
national voire international”.
■ Véronique Maignant
1
Fonds de compétitivité des entreprises
2
Agence national de la recherche
CALENDRIER 2ème semestre 2006
Mise en place de l'équipe
d'animation composée de trois
salariés et deux chargés de mission,
Jean Kérouedan et Gilles Laudren.
2
■ 5 projets sélectionnés par l'ANR
pour un montant de 2,4 millions
d'euros. Minipig, le plus gros
(690 000 euros) est porté par l'Inra
Bretagne. Il s'agit de l'étude de races
de mini-porcs en vue de l'obtention
d'un animal modèle en nutrition
humaine
■ Ouverture du site :
www.pole-valorial.fr
■ Mise en place d'un projet de veille
et d'intelligence économique en lien
avec la Région et l'Arist Ouest.
■ Rencontres avec les autres pôles
bretons ainsi que le club national
des pôles agro-alimentaires
(une dizaine de structures)
■ Préparation du prochain appel d'offre
gouvernemental en décembre :
4 projets seront soumis (thématiques
lait et nutrition)
■ 18 octobre :
colloque innovation Valorial
■ 22 et 26 octobre :
participation au Sial
■
LE PÔLE IMAGES ET RÉSEAUX, UN TREMPLIN POUR LA PME CAMKA SYSTEM (56)
Photo : Laboratoire Sciences et mer
navires marchands peuvent
ainsi être dépannés rapidement
même à l'autre bout du monde.
Basée à Queven, l'entreprise
compte aujourd'hui 18 salariés
pour un CA 2006 de 900 000
euros en hausse de 25 %.
Adhérent au pôle Images et
Réseaux, ce procédé unique lui
a permis d'être repéré par
Alcatel,l’un des grands groupes
fondateurs du pôle.Fin 2005,ce
dernier contacte la PME pour lui
proposer de collaborer au projet
companym@ges. L'objectif :
rendre la télévision plus accessible avec des techniques nouvelles de fabrication de programmes.
"Il a fallu faire vite car nous devions rendre notre
copie fin janvier.Deux semaines pleines de travail
ont été nécessaires pour bâtir et rédiger le projet.
Il s'agissait d'adapter notre système à la plateforme Alcatel, pilote du projet. Sa mise en œuvre
C'est en 2000, et à 36 ans, que Pierre Couëdelo
rachète une entreprise de maintenance industrielle et crée dans la foulée le premier système
de maintenance vidéo assisté, Camka System.
Celui-ci permet à un expert de faire réaliser à distance une opération technique sans se déplacer.
Machines outils, plates-formes pétrolières,
ces sessions sont réservées à 15 participants
PME adhérentes maximum.
www.pole-mer-bretagne.
Inscriptions :
[email protected]
■ Le Pôle Mer Bretagne s’est associé au
réseau Noé (dont la mission est de promouvoir la dimension européenne de la
R&D dans le Grand Ouest) et à l’ANRT
(Association nationale de la recherche technique) pour organiser les 5 et 6 décembre 2006
l’Ecole de l’innovation. Cette initiative réservée aux PME adhérentes du Pôle Mer
Bretagne permettra à 15 PME volontaires
durant 1,5 jour d’être formées et accompagnées sur le portage de programmes européens dans le cadre du 7ème PCRD (programme communautaire de recherche et
développement). Il s’agit d’un véritable parcours pédagogique accompagnant les PME
dans l’élaboration des projets de recherche et
d’innovation de coopération. Très pragmatiques, ces journées seront organisées sur
mesure en fonction des attentes recensées
préalablement des participants. Attention :
■ Le Pacte PME arrive en Bretagne.
Le premier “speed-dating” entre grands
comptes et PME innovantes aura lieu
à Rennes le 12 décembre prochain.
Comment ça marche ? Lancé en septembre
2005 à l'initiative du Comité Richelieu (association française des PME de haute technologie
indépendante des pouvoirs publics et des
grandes entreprises) et d'Oséo, le pacte PME
vise à renforcer les relations techniques
et commerciales entre PME innovantes et
grands comptes. À cette fin, Oséo, et la Meito
démarre ces jours-ci avec un aboutissement
prévu dans trois ans. Pour l'instant, nous
travaillons en binôme avec leurs responsables et
n'avons pas eu l'occasion de rencontrer les autres
PME, partenaires du projet (Iwedia, Avilinks,
Atlantide,Active Circle,Neotip,Niji).Ces années de
recherche et développement en lien direct avec
un grand groupe vont nous apporter une méthodologie et un réseau difficilement accessibles
pour une PME. Le grand intérêt du pôle est
l'apprentissage d'une logique collaboratrice avec
d'autres sociétés. C'est pourquoi j'ai également
adhéré au Pôle Mer, mais il est trop tôt pour
parler des projets",conclut Pierre Couëdelo.D'un
montant de 8,3 millions d'euros,companym@ges
a été sélectionné par le gouvernement en juillet
dernier pour bénéficier d'un financement à
hauteur de 30 à 40 %. Les aides diverses des
collectivités locales et régionales et d'Oséo Anvar
devraient permettre d'atteindre 50 %.
RÉGION
Interview de Pierre Couëdelo, son PDG
Véronique Maignant
en Bretagne, vont organiser une dizaine de rencontres annuelles. La première se tiendra à la
Meito, le 12 décembre et réunira une quinzaine
de PME spécialisées en technologie sans fil
(Wireless). Les grands donneurs d’ordre présents détailleront leurs besoins le matin puis
recevront tour à tour chaque PME, l'après midi,
pendant 7 minutes. A charge pour elles de les
convaincre de travailler ensemble. Le comité
Richelieu s'engage à transmettre régulièrement
des indicateurs (nombres de contrats signés,
adéquation des offres, satisfaction des grands
comptes) aux PME. L'enjeu : faire évoluer sensiblement la part des achats de ces puissants
donneurs d'ordres vers les PME. Aujourd'hui,
elle stagne entre 8 et 15 %.
Contacts : www.pactepme.org ou
www.meito.com ou www.oseo.fr
De gauche à droite : Marc Testard (Comité Richelieu), Michel Thurel (Meito), Jacques Peres (Oséo Anvar) et Georges
Planes (Oséo Batiroc).
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
35
LES CCI LANCENT BRETAGNE 2015, UNE DÉMARCHE PRAGMATIQUE
POUR PORTER LES PRIORITÉS DES CHEFS D’ENTREPRISE
ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS LE TALLEC, PRÉSIDENT DE LA CRCI BRETAGNE
RÉGION
“Ecoutons les chefs d’entreprise”
cident pas avec les rythmes économiques. Or, les politiques économiques
jouent sur les facteurs de compétitivité de l’entreprise. Leur efficacité impacte
donc sur le dynamisme et la richesse de nos territoires et, par voie de conséquence, sur la pérennité des entreprises et des emplois. Nous voulons avec
Bretagne 2015 rapprocher les chefs d’entreprise des acteurs et centres de
décisions politiques. Le dialogue, une confiance réciproque, la bonne compréhension des rôles, moyens d’action et contraintes des uns et des autres
sont des préalables essentiels à une politique concertée et efficace.
Quels sont pour les chefs d’entreprise les enjeux de l’économie
bretonne à 10 ans ? Qu’attendent-ils des acteurs publics ?
Avec Bretagne 2015, nous voulons placer les dirigeants bretons au
cœur des politiques territoriales et mettre à profit leur connaissance de l’entreprise, leur expérience. Nous voulons savoir ce qu’ils estiment indispensable de mettre en œuvre pour la pérennité, la compétitivité et le développement
des entreprises. A partir de leur vision des enjeux de l’économie bretonne à
10 ans mais aussi de leurs attentes, nous construirons un projet économique fort, accompagné de propositions d’action concrètes, que nous porterons à partir de mi 2007 auprès des acteurs politiques du développement
régional.
Associer les chefs d’entreprise,
qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Bretagne 2015, pour être pertinent, efficace et réellement utile, doit
être la traduction directe des préoccupations de ceux qui font l’économie régionale : les chefs d’entreprise. De septembre à décembre 2006, plus de 300
d’entre eux se seront exprimés dans le cadre de tables rondes sur les 21 pays
bretons. Les conclusions de cette première phase seront ensuite soumises
par voie de questionnaire à plus de 20 000 entreprises. Les organismes
consulaires et les organisations professionnelles, étroitement associés à la
démarche, apporteront leur expertise à chacune des étapes de l’étude pilotée par le cabinet TMO.
Vous vous lancez dans une démarche longue.
Quels constats vous ont motivés à engager un tel projet ?
Nous sommes partis du double constat suivant : les chefs d’entreprise sont insuffisamment associés à l’élaboration des politiques qui les
concernent directement et les calendriers des politiques territoriales ne coïn-
36
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Comment s’inscrit Bretagne 2015 par rapport aux politiques
Europe Etat Région qui sont actuellement en phase de concrétisation pour la période 2007-2013 ?
Le calendrier politique auquel vous faites référence, nous y avons
déjà répondu en apportant notre vision et nos propositions pour l’élaboration des schémas régionaux : SRDE, SRDT, CPER et fonds structurels. Ils définissent un cadre général et une politique sur 6 ans au niveau européen, national
et régional. Mais ils sont évolutifs. Une concertation permanente avec les
acteurs économiques est notamment prévue dans le cadre du SRDE permettant de faire évoluer les objectifs et moyens d’action en cours de programme. Notre ambition est autre. Bretagne 2015 se veut :
■ plus proche des réalités de terrain
■ plus pointu en terme d’approche territoriale à travers une analyse par
pays car les atouts, handicaps et enjeux de développement ne sont pas
nécessairement identiques d’un pays à l’autre.
■ plus pragmatique dans ses propositions d’actions
■ plus prospectif par une vision de long terme et par la nature des
champs d’investigation car l’ensemble des problématiques soulevées de
manière récurrente par les chefs d’entreprise sera traité.
Bretagne 2015 sort des cadres traditionnels pour réellement répondre aux
problématiques spécifiques de l’entreprise.
■ Propos recueillis par la rédaction
CALENDRIER Bretagne 2015
Phase 1 : Octobre - Novembre 2006
■ Écoute des chefs d’entreprise
■ Identification des principaux enjeux territoriaux
Phase 2 : Novembre - Décembre 2006
■ Synthèse et choix des thèmes prioritaires
Phase 3 : Décembre 2006 - Février 2007
■ Large consultation auprès des entreprises
Phase 4 : Mai 2007
■ Médiatisation
Enquête
ACCÈS DES PME À LA COMMANDE PUBLIQUE
PRATIQUES
Peut mieux faire !
Malgré les assouplissements apportés
par le nouveau code des marchés publics
et la dématérialisation des offres, la réponse
des PME à la commande publique reste freinée
non par des critères techniques mais par
des modes de fonctionnement très différents.
Le nouveau code des marchés publics est entré en vigueur à partir du
1er septembre. Il vise à harmoniser l’ancien code français avec la
directive européenne de 2004, mais aussi à favoriser l’accès des PME
à la commande publique : les administrations sont invitées à procéder par allotissement, les jeunes entreprises peuvent répondre même
si elles ont peu ou pas de références à de précédents marchés.
ple, la Coopérative lesnevienne de construction (72 salariés à Lesneven)
réalise 80 % de son chiffre d’affaires en répondant aux appels d’offres
publics et privés dont le dirigeant prend connaissance par la presse locale
(Moniteur, Ouest France, Télégramme, Courrier du Trégor). Nettoyage
services (40 personnes) à Guingamp relève les propositions dans la
presse locale ou sur internet. Cependant, les entreprises soulignent le
temps qu’elles doivent consacrer pour remplir les dossiers : “Ocea
Routage (20 salariés à Quimper) gère 20 millions de plis sur la Bretagne,
les Pays de la Loire et Paris. La société répond à deux appels d’offres
par mois, explique Eric Le Guen, son dirigeant, mais il faut 2 heures pour
rédiger les documents quand 10 minutes suffisent à établir un devis”.
Précis Moule à Péaule (56) emploie 35 personnes à la fabrication de pièces plastiques par injection pour l’industrie agro-alimentaire. “La recherche d’information se fait facilement, reconnaît Gilles Rouquenelle,
responsable commercial, mais il faut du temps pour récupérer les dossiers, ce qui peut même exiger un déplacement en région. La classification est complexe, l’envoi d’échantillons demande d’organiser un routage
particulier”. “Beaucoup de signatures, d’attestations du dirigeant (sur le
travail illégal), de clauses particulières (clause d’insertion)”, confirme
Philippe Belmont de la Coopérative lesnevienne de construction.
Une information accessible
Priorité au critère “prix”
Commençons par les aspects positifs de la relation entreprises et marchés publics : l’information semble facilement accessible. Pour exem-
Arrive la réponse : “les critères de sélection sont indiqués dans l’appel
d’offres mais le choix se fait toujours sur le prix, nous avons perdu un
Pour Précis Moule, la classification est complexe
et l’envoi d’échantillons contraignant
LA RÉGION MET EN PLACE UNE PLATE-FORME D’E-ADMINISTRATION
“Un coffre fort électronique pour les PME bretonnes”
Dès 2007, une plate-forme d’e-administration
sera accessible sur Megalis. Le premier réseau
régional de services à haut débit répondra ainsi
à l’obligation du Code des marchés publics de
dématérialiser les appels d’offres d’un montant
supérieur à 210 000 euros.Les entreprises pourront télécharger l’ensemble des documents uti-
38
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
les et disposeront d’un coffre-fort électronique où
elles pourront déposer les pièces administratives
récurrentes.Elles pourront répondre en ligne aux
appels d’offres. La plate-forme disposera d’un
système de référencement des entreprises permettant aux collectivités locales d’avoir une meilleure connaissance de leurs interlocuteurs. En
lien avec les chambres consulaires, la Région
prévoit de former les entreprises à l’utilisation de
la plate-forme.Ce projet,qui s’inspire d’une expérience menée avec succès en Bourgogne, a présenté sa candidature au programme européen
e-TEM,pour dupliquer la plate-forme notamment
dans sa dimension de services aux entreprises.
TÉMOIGNAGE DE PHILIPPE MERER, DIRECTEUR COMMERCIAL CHEZ CLOÎTRE IMPRIMEUR
“Une expérience en demi-teinte”
PRATIQUES
Imprimeur offset feuille généraliste à Saint-Thonan
(29), Cloître emploie 115 personnes pour un chiffre d’affaires de 111 millions d'euros.Il répond tous
les mois à trois ou quatre marchés à procédure
adaptée (marchés de moins de 210 000 euros)
“relevés de manière plus ou moins exhaustive
sur le BOMP ou les sites en ligne des collectivités
locales”, indique Philippe Mérer. Certaines commandes sont floues.Nous renonçons ainsi à répondre à des appels d’offres qui demandent 50 à
100 calculs de prix,quand on sait qu’un assistant
commercial ne peut en réaliser qu’une vingtaine
par jour”.Pour l’imprimeur,le critère de prix intervient en théorie pour 50 % dans le choix de la collectivité. “Il pèse sans doute plus en réalité car,sur
nos métiers,la qualité technique reste très difficile
à démontrer”. Si l’entreprise locale “peut vivre
sans”,la commande publique a quand même un
effet régulateur.De plus, “le choix des élus relève
aussi d’une démarche de développement durable.En faisant travailler les PME locales,ils confortent l’emploi”, conclut Philippe Mérer.
marché de 500 000 euros pour 200 euros, poursuit le dirigeant. Et il n’y
a pas moyen de discuter puisque l’offre est sous pli cacheté”.
“Nous avons fait une seule expérience, continue le responsable de Précis
Moule. Nos prix sont très tirés. Certains concurrents se sont organisés
pour répondre aux appels d’offres, ils ont l’outillage et l’organisation qui
leur permet d’être compétitifs et rentables”.
“Le prix intervient pour 50 % dans le choix, suivi du délai d’exécution et
de la qualité (20 %), reprend Gilles Rouquenelle. Nous pouvons aussi
compter sur les habitudes de travail et nos références antérieures”.
“Nous sommes régulièrement retenus dans des conditions minimum de
rentabilité. Quand l’habitude est prise de travailler avec nous, le critère
du prix perd un peu de son importance”, indique aussi Thierry Le Gall,
gérant de Nettoyage services. Un constat bien différent de celui de
Philippe Belmont : “On ne capitalise pas sur les chantiers antérieurs. Il
faudrait aussi pouvoir prendre en compte les délais entre la commande
et l’exécution des travaux. Nous avons pu attendre très longtemps
pour démarrer un chantier, avec tout ce que cela suppose en matière
d’organisation du travail, ou d’évolution du coût des matériaux”.
Un interlocuteur incontournable
Heureusement, les délais de paiement restent raisonnables et la surface financière du client public n’est jamais remise en cause. Ce qui
explique sans doute que toutes les entreprises estiment “incontournable” la réponse aux commandes publiques “qui régulent le marché”,
ou encore “qui génèrent d’autres demandes hors appel d’offres”. “Nous
travaillons surtout sur des productions spécifiques mises au point par
notre bureau d’études. Nous retournerons vers ces marchés. Mais il
s’agira d’une décision stratégique, accompagnée d’investissements
lourds”, conclut le dirigeant de Précis Moule.
■ Clotilde Chéron
39
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
Formation - emploi
INSERTION SOCIALE ET PROFESSIONNELLE DES HANDICAPÉS
PRATIQUES
L’apprentissage accompagné :
un parcours d’excellence pour jeunes handicapés
Depuis 1992, Grafic Bretagne a permis
à près de 1 500 jeunes déficients intellectuels de suivre un parcours diplômant.
Avec, à la clé, un emploi durable
en milieu ordinaire de travail.
“À condition que le projet professionnel ait été étudié, vérifié et validé en amont, Grafic (Groupement
régional pour l’accompagnement, la formation
et l’insertion concertée) Bretagne propose au
jeune handicapé un accompagnement dès la
signature du contrat d’apprentissage, rappelle
Daniel Bredoux, responsable du Groupement.
Plus de la moitié des jeunes obtiennent un CAP
complet dans plus de cent métiers différents :
travaux paysagers, cuisine, peinture, maçonnerie,
mais aussi taille de pierre ou peintre en lettres. Les
deux tiers sont en emploi six mois après leur
diplôme et 5 % seulement sont retournés en
milieu protégé”.
sociale et professionnelle qui intègre la formation.
Les jeunes admis dans le dispositif bénéficient
tous d’une RQTH (reconnaissance de la qualité
de travailleur handicapé) ou assimilé, et viennent
d’IME ou de Segpa. Après avoir effectué un
stage en rapport avec le métier choisi, ils intègrent l’un des 33 centres de formation des
apprentis (CFA) partenaires et suivent l’enseignement en alternance avec leur formation en entreprise. Ils bénéficient d’un soutien à la formation,
à raison de deux jours par mois (reprise individualisée des enseignements). Le suivi professionnel en entreprise s’organise autour de
rendez-vous toutes les 6 à 8 semaines : le référent Grafic Bretagne définit avec le maître d’apprentissage des objectifs à atteindre qui sont
communiqués au CFA. Enfin, le jeune bénéficie
d’un accompagnement éducatif et social.
Cette réussite repose sur un principe : il s’agit de
mettre en place un véritable parcours d’insertion
■ Pas suffisamment soutenus par la loi, trop méconnus des PME
– et pourtant… ça marche ! – créés il y a une dizaine d’années, les
groupements d’employeurs (GE) font la preuve de leur pertinence.
“Mutualisation, fidélisation des emplois, développement des territoires et
des PME-PMI : quand on y a goûté, on ne peut plus s’en passer. Mes
meilleurs commerciaux ? Les PME” relate Franck Delalande, président du
GE Venetis (Vannes, 140 entreprises adhérentes en deux ans). “Mais on
est toujours sur le champ de l’innovation. Dans les entreprises comme en
politique, en France, on tient des raisonnements trop sectoriels. Prenez les
services à la personne, cela va créer beaucoup de temps partiels là où un
GE propose des temps pleins pour les personnes mises à disposition
entre des PME.” Cadres en qualité, gestion, DRH, cadre à l’export “avec
une personne dédiée à l’export de quatre PME bretonnes, jamais concurrentes”… L’enjeu est aujourd’hui de “créer des emplois très qualifiés à
dimension régionale” avec l'ouverture, cette rentrée, du Centre de ressources des GE de Bretagne. “Il s’agit bien d’être reconnu comme un
acteur majeur de la politique de l’emploi, de devenir un outil d’information
et de promotion des GE et d’animer un réseau de partenaires au service
de l’emploi et du développement économique.”
Contact : 02 97 54 64 70
■ Pour sa 3ème édition des Cré'ACC de Bretagne (concours
d'aide à la création d'entreprises), les experts-comptables de
Bretagne et l'agence pour la création d'entreprises (APCE) ont plébiscité 3 projets parmi 13 pour participer à la finale parisienne. Le prix
“Création innovante” revient à Nadine Philippe (Librecom-35) qui a
mis au point un logiciel interactif permettant de créer une multitude
de textes différents à partir de mots ou d'expressions rentrés par l'utilisateur. Dans la catégorie “jeunes de moins de 30 ans”, c'est Florent
Bohuon et son projet d'entreprise "4ème dimension production" qui
remporte le prix. Il propose des produits et services audiovisuels de
40
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
■ Clotilde Chéron
communication aux
entreprises. Enfin,
le prix “deuxième
vie professionnelle”
a été décerné à
Alex Mérigault pour
son projet d'ouverture d'une piscine
destinée à la seule
De gauche à droite : Florent Bohuon, Alex Mérigault formation d'enseiet Nadine Philippe
gnement des activités de la natation (Aquacité-35). Les trois lauréats ont reçu chacun,
des mains des partenaires engagés dans ce concours, un chéquier
conseil d'une valeur de 600 euros. Parmi eux, citons les CCI de
Bretagne, les plates-formes d'initiative locale, le CMB, Ikkon, Ciel, La
Banque de Bretagne et l'Atelier du management.
Contact : 02 99 83 37 37
■ “Pépinières d'entreprises de Bretagne” et “Groupements
d'employeurs de Bretagne”, deux nouveaux outils au service du
développement économique et de l'emploi. Mises à jour et rééditées pour la 3ème fois par la CRCI Bretagne, ces deux études comportent
chacune trois parties présentant l'organisation et la finalité de ces structures au niveau national. La dernière partie est réservée à la situation en
Bretagne avec une fiche détaillée relative à chaque pépinière ou groupement d'employeurs (GE) existants dans notre région à fin 2006. 47
pépinières d'entreprises et 10 GE sont ainsi répertoriés. Tout comme
l'ensemble des aides accordées par les collectivités territoriales pour en
favoriser la création, le démarrage et le développement.
Chaque étude est téléchargeable sur le site de la CRCI Bretagne à
l'adresse suivante : http://www.bretagne.cci.fr/librairie/index.htm
Juridique
PRATIQUES COMMERCIALES
La conciliation entre la protection du consommateur
et les besoins du commerce est parfois délicate.
Les foires et salons focalisent l’attention.
Dans l'arsenal juridique de protection, se trouvent les règles
répressives des articles L 122-8 et suivants (abus de faiblesse) du Code
de la Consommation et spécifiquement le cas du démarchage par
téléphone ou les transactions faites dans le cadre des foires et salons.
Il faut ici démontrer l’abus.
Mais le démarchage (art L.121-21 et suivants) qui est le fait d’inciter un
consommateur à conclure un contrat en dehors des lieux spécifiquement
dévolus au commerce (ex magasins) ne s’applique pas aux achats
dans une foire ou un salon.
La réglementation sur le démarchage impose à peine de nullité
du contrat et de sanction pénale :
■ la conclusion d’un contrat écrit avec un papillon détachable
permettant d'exercer un droit de rétractation dans un délai de 7 jours,
■ l’interdiction faite au vendeur de recevoir une somme d’argent
ou un engagement avant l'expiration de ce délai.
L’incidence indirecte de ces règles peut donc être
considérable et source d’insécurité tant pour le professionnel
imprudent, mais pas nécessairement déloyal,
que pour le consommateur. A leur insu, ils peuvent violer
la loi ce qui est de nature à entraîner la nullité du contrat
et une sanction pénale.
Des éléments de solution pourraient procéder de la transposition en
droit interne avant juin 2007 de la directive 2005/29/CE et qui permettrait
dans le cadre d’un toilettage des textes de mieux appréhender les pratiques sur les foires et salons. C’est ce que laissait entendre, sans autre
précision, Monsieur le Ministre des PME en réponse à la question posée
par Mr le Député Poniatowski au printemps 2005. Pour le surplus, cette
réponse ministérielle est formulée en des termes identiques à celle de 2003.
PRATIQUES
La foire au salon du démarchage
Affaire à suivre donc…
Laurent Boivin
Avocat au Barreau de Rennes
Les associations de consommateurs et les parlementaires interpellent
le gouvernement aux fins de voir étendre les dispositions relatives
au démarchage aux foires et salons (délai de rétractation) car “les
consommateurs sont soumis à de fortes pressions commerciales, mises
en oeuvre par les professionnels aguerris et qui visent à faire consentir sur
place à des particuliers des achats de produits souvent très coûteux
laissant le consommateur dans la croyance erronée que le prix annoncé
n'est valable que sur l'instant et qu'il aura de toute façon sept jours pour
se rétracter” ce qui constitue un propos manifestement mensonger.
Les démarches parlementaires n'ont pas reçu d'écho favorable de la part
du gouvernement qui indiquait dès 2003 que, si le consommateur ne peut
invoquer à raison des transactions conclues les règles des articles
L 121-21 et suivants, il bénéficie des dispositions sanctionnant l’abus
de faiblesse. La protection existe et il n’y pas lieu de la modifier. Pour
le consommateur il est plus difficile de rapporter cette preuve que de
pouvoir bénéficier d'une protection légale liée au délai de rétractation.
L’état des textes est à ce jour inchangé.
Mais le droit de la consommation peut s’inviter
sur les foires et salons.
Si la commande est passée avec une demande de crédit affecté à
l’achat, le consommateur bénéficie du régime de l’opération de crédit
qui lui ouvre un délai de rétractation de 7 jours. En raison de l’interdépendance des contrats, l’exercice du droit de rétraction au titre du
crédit entraîne la disparition de la vente. Le juge sanctionne les ventes
sur les foires et salons au titre du démarchage, à charge pour le consommateur de pouvoir établir qu’il a été personnellement incité à se rendre
sur le stand ou dans le magasin par courrier ou par téléphone par
exemple. Relève de la réglementation sur le démarchage le fait de solliciter la conclusion d'un contrat, même à l'initiative du consommateur.
41
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
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> 35 – Rennes
PRATIQUES
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> 35 – Fougères
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4 quais de chargement – 2 portes
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et agricoles : 2 x 5.800 m2
terrains clos 5 ha
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divisible à partir de 300 m2
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02 40 35 05 48
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à construire 1.000 et 1.200 m2 - bel emplacement
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plusieurs surfaces disponibles
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de 3.600 m2 sur terrain de 15.000 m2 - bureaux 200 m2
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Parc d’activités Technellys - bordure
4 voies - ateliers / bureaux / stockage toutes surfaces
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42
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006
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USIV
L
C
EX
> 53 – Laval
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Bâtiment industriel : 700 m2
Hauteur : 6 m - 3 portes sectionnelles
Aire de lavage – terrain clos : 4.000 m2
Disponibilité immédiate
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3 parkings - Libre rapidement
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4 parkings - Libre fin 2006
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avec 15 parkings - RENNES OUEST
S E L E C T I O N S
BUREAUX A LOUER
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et périphérie, Libre rapidement
• 80 et 84 m2 - RENNES CENTRE
et périphérie pour prof. libérales
• 105 m2 - RENNES CENTRE
avec parkings - Libre de suite
• 169 m2 - bon état
libre - CESSON près rocade
• 200 m2 - Rez de chaussée
NOYAL, face 4 voies
• 583 m2 sur 1 niveau, près
métro, Libre (2 lots possibles)
RENNES SUD
• 746 m2 - PACÉ
Immeuble autonome neuf.
Pour février 07
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RENNES ET PÉRIPHÉRIE
• Bureaux ou locaux com. 113 m2 +
1 garage - RENNES NORD
• Local commercial et bureaux
230 m2 - Vitrine - Libre rapidement
LOCAUX ACTIVITES
A LOUER
• 250 m2 - Bureau et atelier dépôt
isolé - chauffé - Libre - RENNES EST
• 590 m2 (dont 120 m2 de bureaux)
libre - zone activité VERN
• 1 650 m2 - dont 300 m2 de bureaux
Libre - RENNES OUEST
• 2 360 m2 - dont 400 m2 de bureaux
face rocade - RENNES SUD EST
• 3 500 m2 - dont 680 m2 de bureaux
près centres commerciaux
RENNES NORD
Autres sites, nous consulter
1, Place Général Giraud (35000) RENNES
Tél. 02 23 42 42 42 - Fax 02 99 30 21 28
E. Mail : [email protected] - [email protected]
Distribution de motos
Affaires à céder
neuves et occasions
Clientèle : Particuliers
C.A. 30/11/2005 : > 5.000 K€
RN 30/11/2005 : > 50 K€
Effectif moyen : 20 personnes
L’entreprise se positionne sur les marques
“pointues”. Ce développement pourrait se
concrétiser dans d’autres villes de l’Ouest.
Politique de vente d’accessoires appuyée par
une centrale et des marques.
Motif de la cession : Départ en retraite
Objet de la cession : 100% des titres
(Grand Ouest)
1. Négoce de matériels et consommables
informatiques
C.A. : 1 M€
2. Négoce de véhicules d’occasion
C.A. : 3 M€
3. Tôlerie industrielle et petite chaudronnerie
intervenant dans les secteurs du bâtiment
(60 % CA), des armoires électriques (15 %),
de l’agro-alimentaire (15 %) et de la
pétrochimie (10 %)
C.A. : 5 M€
4. Affaire spécialisée dans la conception et la
vente d’accessoires pour l’éclairage public
C.A. : 2 M€
5. Affaire de plasturgie
C.A. : 1,5 M€
Constructeur de maisons
individuelles
Clientèle : Particuliers
C.A. 2005 : > 2.700 K€
RN 2005 : > 130 K€
Effectif moyen : 12 personnes
Constructeur intégrant gros œuvre,
menuiserie et charpente. Positionné haut
de gamme dans un secteur géographique
à forte augmentation d’habitat et
de construction de résidences secondaires.
Motif de la cession : Départ en retraite
Objet de la cession : 100% des titres
PRATIQUES
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Entreprises recherchées
(Région Ouest)
Investisseur national recherche
toutes entreprises exerçant une activité
proche du bâtiment “In Bonis” :
. serrurerie . couverture . étanchéité,
. plomberie . électricité . peinture,
. cloisons . maintenance . menuiserie bois.
Ces entreprises devront être situées
près de l’agglomération nantaise.
Pour toute demande de renseignement, achat, cession
JTB ENTREPRISES :
RENNES
Félix JOLIVET
Le Quirinal • 16, mail Anne-Catherine
35000 Rennes
Tél 02 23 400 400 - Fax 02 23 400 403
E-mail : [email protected]
NANTES
Jacques THIÉBAUT
16, rue Marie-Anne du Boccage
44 000 Nantes
Tél 02 40 69 29 90 ou 06 11 88 75 24
E-mail : [email protected]
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À BRETAGNE ÉCONOMIQUE
35 €
au lieu de
41,20 €
Bulletin d’abonnement
à retourner à Bretagne Économique
1, rue du Général-Guillaudot - CS 14422 - 35044 RENNES Cedex - Tél. 02 99 25 41 37
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Ville .............................................................................................................................
Code postal ..............................
Tél. ..........................................
Fax ..........................................
Code APE .................................
Signature
Date : .......... / .......... / ..........
ou cachet
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°175 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2006

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