WWF : 50 ANS À MADAGASCAR

Transcription

WWF : 50 ANS À MADAGASCAR
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WWF : 50 ANS À
SOMMAIRE
le mot du représentant régional
5
50 ANS Au SERvICE DE lA NAtuRE
6
les débuts de wwf à madagascar 8
des espèces endémiques, des espèces phares
14
les forêts de madagascar26
LES aires protégées34
éduquer, former, conserver48
62
la mer et ses richesses
les nouveaux défis de la conservation70
travailler au wwf
80
© Textes 2013 WWF
Tous droits résérvés
Photo de couverture © WWF Canon/Martin Harvey
1961 - 2013 : l’histoire d’un panda
Le panda, logo de WWF, a été créé en 1961. En 53 ans, ce logo a évolué.
Voici ses évolutions, depuis les premiers croquis jusqu’à ce jour.
le mot du représentant
régional
2013 marque notre cinquantième anniversaire à Madagascar,
dans la conservation de l’unique et spectaculaire patrimoine
naturel de ce pays. Nous sommes fiers des collaborations
solides que nous avons développé au fil des ans avec le
gouvernement de Madagascar, avec les établissements
d’enseignement et de recherches locaux, les partenaires
techniques et financiers, la société civile et les communautés
rurales. Notre mission a avancé grâce à l’appui de ces
partenaires, pour lesquels nous sommes reconnaissants.
Ensemble, nous avons monté de nombreux projets, depuis les
premières activités en 1963 pour financer la recherche et la protection
de l’Aye-Aye, espèce que l’on croyait éteinte, jusqu’au soutien des
premiers plans nationaux d’actions pour l’environnement en
Afrique; à la création de l’un des principaux fonds de la biodiversité
en Afrique. Nous avons travaillé ensemble pour formuler des
propositions destinées au Forum pour la Chine et l’Afrique
Collaboration (FCSA), pour soutenir les droits des collectivités
à gérer leurs propres ressources naturelles, à renforcer les
conventions internationales auxquelles Madagascar est signataire,
tels que la Convention sur la Diversité Biolgique (CDB) et la
Convention sur le commerce internationale des espèces de faunes
et de flores sauvages menacées d’extinction (CITES), et à renforcer
les meilleures pratiques pour les industries qui dépendent des ressources naturelles,
comme les industries crevettières et la pêcherie thonière, ainsi que les industries extractives.
Le chemin que nous avons parcouru, la priorisation des besoins de la population malgache et ceux des autres
pays de la région, nous amène à miser sur les leçons apprises et améliorer nos approches. Face à la croissance
démographique et la diminution constante des ressources naturelles, la nécessité de préserver les services
écologiques essentiels est impérieuse.
Face aux pressions accrues de la croissance démographique, le changement climatique et la dynamique mondiale
qui affectent les ressources en matière d’eau potable, de sécurité alimentaire, les défis sont importants. Mais il est
possible de répondre à ces défis à travers une meilleure stratégie de développement durable. La «croissance verte»
est possible : une croissance qui concilie les possibilités de développement économiques crédibles avec la nécessité
de préserver les valeurs et les services environnementaux essentiels dans le long terme.
Alors que la pression sur l’environnement est grande, la possibilité de conserver le patrimoine de la biodiversité
unique de Madagascar, qui définit cette île mieux que toute autre au monde, demeure. Les citoyens malgaches
reconnaissent ce patrimoine et sont prêts à le préserver, à préserver les services qu’il leur fournit. 50 000 jeunes
membres de 700 clubs Vintsy dans tout le pays participent chaque jour à convaincre leurs pairs à se tourner vers un
avenir plus durable.
Avec cette revue, nous tenons à vous emmener dans un voyage vers l’époque où tout a commencé. Vous découvrirez
les événements importants qui ont fait de nous ce que nous sommes, vous y lirez aussi ce que, aujourd’hui, nous
faisons différemment et pour quelles raisons.
Vous comprendrez pourquoi nous demeurons encore dans ce domaine, déterminés à faire la différence, à sauver des
espèces, des habitats et des humains en danger. Je vous invite à nous rejoindre sur ce chemin, mais plus important
encore, à rester avec nous pour l’avenir.
Plus que toute autre chose, 50 ans de collaboration à Madagascar nous ont montré qu’il y a toujours des raisons
d’être optimiste!
Richard Hughes
5
50 ans au service de la nature
1963 : Premier projet de WWF sur la protection des Aye-aye
1966 : Neuf individus d’Aye-aye ont été transportés à Nosy Mangabe par le projet WWF #127.
1972 : Première conférence internationale sur la conservation de la nature et des ressources
naturelles à Madagascar
1977 : Début du projet de conservation de la Réserve Spéciale de Beza Mahafaly
1979 : Représentation officielle de WWF établie à Madagascar
1985 : Séminaire international sur l’équilibre des écosystèmes forestiers à Madagascar et
deuxième conférence internationale sur la conservation des ressources naturelles pour le
développement à Antananarivo.
1986 : Mise en place du programme « Education à l’Environnement » et du programme
« Biodiversité et Aménagement des Aires Protégées »
1987 : Premières activités dans la Réserve Naturelle Intégrale d’Andohahela.
1987 : Revue sur la situation des Aires Protégées et des sites d’intérêt biologique de Madagascar.
Publication de l’étude scientifique « Madagascar : Revue de la conservation des Aires
Protégées »
1987 : Début du partenariat avec Durrell Wildlife Conservation Trust pour la protection de la tortue
à soc, Angonoka
1988 : Participation à la formulation de la première phase du Plan National d’Actions
Environnementales
1988 : Début du projet ethnobotanique
1989 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement au Parc Botanique et
Zoologique de Tsimbazaza à Antananarivo
1989 : Présentation au Gouvernement d’une liste de sites prioritaires pour la mise en place de
Projets de Conservation et de Développement Intégrés (PCDI)
1990 : Début des activités du programme d’appui institutionnel à la Direction des Eaux et Forêts,
le projet « Dette Nature »
1991 : Création du Bureau du Programme du WWF à Madagascar (Madagascar Programme
Office)
1991 : Mise en place du PCDI pour la Réserve Naturelle Intégrale d’Andohahela
1992 : Début des activités de l’Ecology Training Program (ETP)
1992 : Publication du premier numéro de magazine écologique et pédagogique « Vintsy »
1992 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement de Fianarantsoa
1993 : Mise en place du PCDI du complexe des réserves d’Andringitra / Ivohibe et du PCDI du
complexe des réserves de Marojejy / Anjanaharibe Sud
1994 : Mise en place du PCDI du site de Zombitse / Vohibasia
1995 : Transfert de gestion du PCDI de Beza Mahafaly à l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques de l’Université d’Antananarivo
1996 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement de Mahajanga
1996 : Participation à la définition de la deuxième phase du Plan National d’Actions
Environnementales
1996 : Signature de l’accord de siège avec le Gouvernement malgache
1999 : Extension du mandat du Programme du WWF aux îles
situées de l’Océan Indien Occidental. Mise en place d’un
programme pour cette écorégion marine
2000 : Diffusion de l’ouvrage didactique « Ny Voaary »
2000 : Contribution au développement du Code des Aires
protégées (COAP, adopté en 2002) et du Plan de Gestion
du Réseau des Aires Protégées par PNM-ANGAP
2000 : Mise en place du projet de gestion des ressources
forestières dans la région de Tolagnaro
2000 : Officialisation des premiers contrats GELOSE (ZombitseVobasia et Belambo-Lokoho)
2000 : Lancement du partenariat avec WCS pour la gestion des
parcs marins de Masoala
2001 : Séminaire International sur le Financement Durable –
Création du Comité de Pilotage pour la création d’une
Fondation pour le financement des aires protégées et de
la biodiversité
2002 : Signature d’un “Memorandum of Understanding” avec
“Nature Seychelles”
2002 : Lancement du programme écorégional pour les forêts humides (Programme Ala Atsinanana)
2003 : Signature d’un Contrat de remise de dette entre Madagagascar et l’Allemagne et signature d’une
Convention de financement du Projet Ny Voaary/Vintsy
2003 : Visite du Directeur Général du WWF-International, le Dr Claude Martin pour la cérémonie du « Don à la
Terre » à Sakoantovo
2003 : Déclaration de Durban par le gouvernement malgache, dans le but de tripler la surface des aires projets
de Madagascar
2003 : Publication de l’encyclopédie «The Natural History of Madagascar» par Steven Goodman et Jonathan
Benstead
2004 : Conférence Annuelle du WWF à Antananarivo
2004 : Cérémonie de «Dons à la Terre», Parc Privé de Tsarasaotra, à Antananarivo, premier site privé au monde
à entrer dans la Liste des Sites Ramsar
2004 : Appui au Parc National de Tsimanampetsotsa et à la gestion de la forêt de Kirindy Mitea
2004 : Démarrage du Projet de Restauration du paysage forestier, dans le paysage de Fandriana-Marolambo
2004 : Transfert officiel des Parcs Nationaux d’Andringitra et de Marojejy au PNM-ANGAP
2005 : La Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar est créée avec une contribution
au capital initial d’un million de dollars du WWF. Cette fondation est reconnue d’utiité publique
2005 : Découverte de deux nouvelles espèces de microcèbes, dont l’une Microcebus lehilahytsara porte le nom
du Dr Steven Goodman, responsable du « Ecology Training Programme » du WWF à Madagascar
2005 : Création du «Réseau des Aires Marines Protégées des pays de la Commission de l’Océan Indien»
2006 : Le nouveau concept d’écopédagogie a été présenté officiellement par WWF. La démarche vise à la fois
l’éducation environnementale et la réussite scolaire des élèves
2006 : Dans le domaine de l’énergie, lancement des activités du programme Energie de WWF
2006 : Signature d’un accord de coopération entre les Seychelles et le WWF pour la mise en place et la gestion
des projets de conservation
1997 : Mise en place du projet de foresterie communautaire
2007 : Le Gouvernement malgache a décidé de faire de 2007 l’Année des Energies Alternatives. Le WWF copréside le Groupe de Travail Energie avec le Ministère de l’Energie
1997 : Transfert de la gestion des Parcs Nationaux d’Andohahela et
de la Montagne d’Ambre au PNM-ANGAP
2008 : L’association française Good Planet et la compagnie aérienne Air France signent un accord portant sur
un programme holistique de conservation des forêts à Madagascar
1998 : Ratification de la convention de Ramsar par Madagascar et
classement de deux sites Ramsar
2010 : 30 000 signatures des membres des clubs Vintsy et des scouts de Madagascar sont présentés à la 17e
Conférence des Parties au protocole de Kyoto. Ils réclamaient le respect de l’engagement à réduire les
émissions de carbone
1998 : Signature du premier contrat de transfert de gestion aux
communautés de Belambo-Lokoho
2012 : WWF associe la célébration de Earth Hour à la promotion des foyers économes « fatana mitsitsy »
1998 : Ouverture du Centre Culturel et Educatif à l’Environnement de
Toamasina
2013 : Les éspèces de bois précieux de Madagascar sont inscrites à la CITES
1998 : Mise en place des projets de gestion communautaire dans les
corridors de Betaolana et de Manambolo
2013 : WWF Madagascar a 50 ans
2013 : La «Vision Durban» est atteinte : 6 millions d’hectares sont sous protection
1998 : Lancement du Programme Ecorégional Ala Maiky
6
7
WWF a commencé sa mission de conservarion à Madagascar en 1693. A l’époque, son
premier projet concernait la protection d’une espèce endémique : l’Aye-aye. Aujourd’hui,
WWF compte plus de 500 projets et sa stratégie de conservation a nettement évolué grâce aux
meilleures connaissances obtenues au fil des années, aux partenariats fructeux; à l’implication
des communautés de base et aux divers acteurs de la conservation à l’échelle locale, nationale
et internationale.
© WWF MWIOPO / Martina Lippuner
LES DéBUTS DE WWF à MADAGASCAR
1963
LES DéBUTS DE WWF à MADAGASCAR
PREMIER PROJET
À MADAGASCAR
Joseph Andriamampianina fait partie des Amis du WWF, ce groupe
de sympathisants qui milite, accompagne, appuie cette organisation
environnementale. Une amitié qui remonte à loin car cet acteur de la
conservation et de la protection environnementale a pratiquement vu
la naissance de WWF en terres malgaches, en 1963, et l’a vu évoluer
décennie après décennie.
« Les Amis du WWF » est une structure créée en 1996 à Madagascar, bien que les principes d’une telle structure
existaient déjà depuis 1963. Nous avons beaucoup milité, dans l’ombre et dans la lumière pour accompagner
le bureau. Je sais aujourd’hui que du modeste mais important projet sur la protection des ayes-ayes sont nés
500 autres projets en 50 ans. Je sais aussi que beaucoup reste à faire, j’encourage WWF et ses partenaires dans
leurs tâches qui sont à la fois citoyennes et responsables. On ne cesse d’être ami du WWF une fois que l’on s’est
embarqué dans cette belle aventure. Je resterais donc toujours un ami du WWF.
« WWF a lancé son premier projet à Madagascar en 1963, deux ans après la création
de WWF International. S’implanter sur la Grande île n’est pas un choix fortuit pour
cette organisation environnementale car non seulement Madagascar incarnait
un véritable terrain de recherches et de conservation mais déjà, il fait montre
d’une volonté nationale de protéger son héritage naturel. En effet, Madagascar
était le premier pays de l’Afrique francophone à adhérer à l’IUCN, en 1961. Une
implication que WWF International n’a pas manqué de saluer. Il faut croire qu’à
l’époque, Madagascar était une nation qui venait de retrouver son indépendance
et cela avait créé un enthousiasme pour beaucoup de secteurs porteurs, y compris
l’environnement.
J’étais présent lorsque WWF a lancé son tout premier projet à Madagascar. Ce projet
concernait la protection des ayes-ayes. C’était un projet mené par le scientifique
Jean-Jacques Petter du Laboratoire Ecologique du Musée International de Paris. De
ce projet, on a pu mener des études sur les lémuriens, notamment dans la région de
Nanantona. Cette espèce se trouvait déjà menacée par la dégradation forestière et sa
protection a été l’occasion pour le WWF et l’IUCN de collaborer ensemble. En 1965, le
chercheur André Perreiras trouvera quelques ayes-ayes à Marolambo, Maroantsetra
et cette trouvaille donne naissance à la réserve spéciale de Nosy Mangabe. WWF
participera à la sécurisation de cette réserve.
Joseph Andriamampianina,
membre des «Amis du WWF»
J’ai vécu les années suivantes comme une aventure car j’étais très impliqué dans
le monde de l’environnement. Beaucoup de scénarios ont été présentés à l’époque
pour essayer de dresser la structure idéale que devrait prendre le WWF mais aussi
la protection environnementale en général. Mais les réactions étaient divergentes :
beaucoup ne trouvaient pas essentiel ni prioritaires de protéger l’environnement.
La création de la section locale de WWF a rencontré plusieurs barrières, malgré les
relances que nous avions faites. La protection de l’environnement elle-même n’a pas
été une véritable urgence au sein du gouvernement de l’époque qui la confiera, en
1978, à l’agenda du ministère de l’Agriculture. La représentation proprement dite de
WWF sera officielle en 1979.
Le véritable appel à une mobilisation pour l’environnement était sans aucun doute,
je dirais la Déclaration de Durban, en 2003. Mais auparavant, je pourrais aussi
citer la conférence internationale sur la protection de la nature et le développement
organisée par WWF en 1985, à laquelle d’éminentes personnalités, dont le Prince
d’Edimbourg, étaient présentes. Ce fut une véritable réflexion sur le passé, le présent
et l’avenir des ressources naturelles malgaches, le moment où j’ai réellement senti
qu’un appel a été lancé en faveur des aires protégées de Madagascar. Ce fut le moment
où on a fini par admettre qu’il fallait un cadre institutionnel solide pour la protection
de l’environnement et WWF fut rapidement à pieds d’œuvre dans la protection et
la création des aires protégées, en accompagnant l’Association Nationale pour la
Gestion des Aires Protégées (ANGAP) plus tard rebaptisé Madagascar National Park.
10 1963
Premier projet
à Madagascar
1979
Représentation
officielle à Madagascar
1984
Stratégie nationale
de conservation
1991
Création de l’ANGAP
1996
Création des Amis du
WWF
ARCHIVE WWF
Dans les années 1980, WWF participe à la définition de plusieurs stratégies de
protection de l’environnement. 1980 sera l’année de la diffusion de la stratégie
mondiale de conservation. Une mission de WWF définira en 1981 les priorités en
matière d’aménagement des aires protégées qui seront les piliers de la conservation.
A cette époque, l’on avait déjà repéré les zones les plus importantes pour la protection
et les plus essentielles en termes de services écologiques rendus aux communautés
locales. Ces réflexions mèneront à la proposition d’une stratégie malgache de
conservation en 1984. A ce stade, de grands pas ont été effectués car quelques années
auparavant, on ne prenait pas cette écologie comme une nécessité.
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Premier accompagnemtn d’un transfert
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2003
Lancement de la
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Création de la Fondation pour les
Aires protégées de Madagascar
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50 ans de WWF
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Les paysages prioritaires de WWF
Une organisation, une stratégie
La stratégie de WWF en matière de conservation
a évolué pour mieux répondre aux besoins de la
conservation. Pour mieux conserver ses paysages
prioritaires, WWF Madagascar s’est fixé ces objectifs :
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Préserver la biodiversité
•
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Objectif 1 : Paysages terrestres/marins prioritaires
Objectif 2 : Espèces endémiques marines et migratrices
Préserver la biodiversité et les espèces marines et migratrices à travers dix paysages prioritaires marins
et terrestres, les plus représentatifs de la région et qui apportent des services écologiques importants aux
populations.
Promouvoir l’utilisation durable
•
•
Objectif 3 : Pêche durable
Objectif 4 : Energie durable
Promouvoir l’utilisation durable des ressources naturelles à travers la pêche durable et la transition vers un
approvisionnement en énergie renouvelable, vers une gestion durable et raisonnable du bois énergie et vers
l’atténuation des conséquences du changement climatique.
Aborder les conditions favorables
Objectif 5 : Intégrer l’environnement dans les politiques sectorielles
Objectif 6 : Intégrer la bonne gouvernance environnementale
Objectif 7 : Adaptation au changement climatique
Favoriser l’intégration de la conservation et la bonne gouvernance environnementale dans les politiques
sectorielles et accompagner l’adaptation au changement climatique à travers le renforcement de capacités
locales, les recherches scientifiques afin de mieux appréhender ce phénomène.
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Notre stratégie a évolué avec le temps
« En 50 ans de mission à Madagascar, notre stratégie de conservation a évolué avec
le temps, nos connaissances de la biodiversité, les leçons tirées de nos actions et la
réalité locale. A ses débuts, WWF s’est essentiellement centré sur la protection des
espèces et l’appui aux aires protégées, puis a intégré plusieurs aspects : l’éducation
environnementale, l’accompagnement des communautés locales, la mise en place des
paysages prioritaires, les activités alternatives génératrices de revenus. Le programme
Energie a été pensé pour accompagner des projets pilotes visant à démontrer la pertinence environnementale et
économique des énergies propres et renouvelables. Nous avons également renforcé la société civile, notamment les
communautés de base qui sont les premiers acteurs et bénéficiaires de la conservation. Les nouveaux défis concernent
aussi le changement climatique, un défi qui rend notre biodiversité vulnérable et qui mérite toute l’attention. »
Nanie Ratsifandrihamanana, Directrice de Conservation de WWF MWIOPO, 2004-2013
13
Quelques 250 000 espèces animales et végétales sont aujourd’hui
officiellement répertoriées à Madagascar. Une variété et une profusion qui
rassemblent 5% de la faune et de la flore mondiales dont plus de 70% lui sont
endémiques. Le travail de WWF à Madagascar a commencé avec la protection
d’une espèce endémique : l’Aye-aye. Aujourd’hui, WWF se concentre sur la
protection des habitats naturels de ces espèces et travaille sur la conservation
de quelques espèces menacées.
© WWF-Canon / Martin Harvey
des espèces endémiques,
des espèces phares
Dans les années 1950, le jeune primatologue du Musée
National d’Histoire Naturelle a fait le tour de l’île. En
1957 il a trouvé dix populations d’aye-aye dans dix petits
bosquets au Nord-Est. Petter, qui travaillait avec son
épouse Arlette, était au bon moment au bon endroit. A là
toute première réunion du conseil du WWF en 1961, les
membres du conseil ont exprimé leur désir de s’investir
dans la recherche sur l’Aye-aye, les Indris et d’autres
lémuriens de Madagascar. Ils ont cherché une personne de
terrain, capable de mener les projets de WWF sur la Grande
île.
L’anthropologue américain Robert Ardrey fut très enthousiaste sur la recherche des Petters : « Sur les quinze
espèces de lémuriens étudiées par les Petters, l’aye-aye est le plus étrange. L’aye-aye est un exemple de la
divergence évolutive entre les potentiels du primate et le rongeur. C’est comme s’il n’avait jamais tout à fait pris la
décision de quel côté il allait. »
L’aye-aye qu’on pensait être éteint en 1933 a été redécouvert par Petter en 1957. En 1966, avec l’appui de WWF,
neuf individus ont été transportés à Nosy Mangabe, une île près de Maroantsetra à l’Est de Madagascar.
Aujourd’hui encore, Nosy Mangabe est considéré comme un lieu où les touristes ont une chance d’observer cet
animal insolite. Des recherches récentes montrent que l’aye-aye est plus répandu qu’on ne le pensait auparavant,
mais il est encore reste une espèce très en danger, selon le classement de l’UICN, ceci pour deux raisons
principales: l’aye-aye est considéré comme porte malheur bien que parfois tué et les forêts de Madagascar sont de
plus en plus dégradées.
Pour les services apportés à la conservation, Jean-Jacques Petter a reçu la médaille d’ or de WWF en 1981.
© WWF-Cano
Après quelques lettres échangées entre les deux parties, le
projet sur la protection des aye-aye a finalement été décidé.
Le premier budget et les objectifs semblaient modestes
: Pour une somme de 233$ ou 83 Livres Sterling, les
Petters proposaient «d’assurer la protection des aye-Aye
en empêchant toute capture et toute exploitation forestière
susceptible de les troubler par l’abattage des arbres qui
portent leurs nids. Matérialiser les limites de la résèrve
par des bornes et des panneaux indicateurs rappelant la
protection intégrale dont jouissent les aye-aye ».
Harvey
L’aye-aye est la première espèce malgache sur laquelle WWF a travaillé en 1963.
Ce projet fut premier des quelques 500 autres que WWF a mené à Madagascar.
Jean-Jacques Petter, zoologiste français de 36 ans, qui a été à la tête de ce
premier projet qui consistait en la délimitation de la réserve des aye- aye.
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L’aye-aye
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L’Aye-aye ouvre la porte au panda
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Jean-Jacques Petter reçoit
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19
Les reptiles, perles rares de Madagascar
La cites, pour lutter contre le trafic international
Comme la plupart de sa fascinante biodiversité, les reptiles de
Madagascar lui sont uniques. Les familles et genres de reptiles
de la Grande île se ramifient en 260 espèces dont 90% sont
endémiques. Madagascar est la terre de prédilection d’une grande
diversité d’espèces endémiques de caméléons : les deux tiers des
espèces répertoriées dans le monde se trouvent sur cette île.
Madagascar a ratifié la convention sur le commerce international des espèces
sauvages menacées d’extinction ou la CITES en 1975. Cette convention aide à éviter
que le commerce ne mette la viabilité de ces espèces en danger.
« La dernière et importante décision relative
aux espèces malgaches est l’inscription de nos
bois précieux Dalbergia et Diospyros à l’Annexe
II de la CITES, au cours de la 16e conférence
des parties (Cop16) qui s’est tenue mars 2013 à
Bangkok, Thaïlande. C’est un grand pas vers la
protection de ces espèces car une fois inscrite
à la CITES, ces bois précieux bénéficient
désormais d’un instrument international qui
permettra de mieux gérer les stocks de bois
sur pieds ou coupés et de mieux appliquer les
lois nationales déjà en vigueur. Dorénavant,
toutes les exportations seront soumises à des
quotas basés sur des données scientifiques
rigoureuses.»
Tiana Ramahaleo, Coordonnateur du Programme Sciences de la
Conservation et Espèces, WWF
Une richesse exceptionnelle qui attire les trafiquants et les
contrebandiers.
En 1990, la Chargée de Programme de WWF à Madagascar,
Sheila O’Connor, a été contacté par son homologue de WWF
au Pays-Bas, au sujet d’un trafiquant hollandais qui venait de
mettre les pieds sur le sol malgache. Ils avaient reçu l’information
selon laquelle des animaux trafiqués étaient dissimulés dans des
cartons, prêts à être exportés illégalement. Il s’agissait souvent
d’espèces incluses dans la liste CITES. On y trouvait aussi d’autres
espèces qui n’étaient pas concernées par la CITES, mais qui
étaient officiellement déclarées pour brouiller les pistes.
Ces cartons étaient criblés de petits trous pour faciliter la
respiration des animaux. Des couches et caches d’angles ont
permis de dissimuler des bébés tortues radiées. Grâce aux échanges entre WWF Madagascar
et WWF Pays-Bas et aux informations partagées par ce dernier dont une copie du dispositif
de caches des animaux, Sheila O’Connor et Martin Nicoll ont pu lancer l’alerte aux autorités
locales. Le trafiquant était sur le point d’enregistrer ces cartons frauduleux, mais les policiers
bien informés ont reconnu ces fameux paquets. Le trafiquant a été condamné à cinq mois de
prison – un exemple de succès dans la lutte contre le trafic d’espèces précieuses et une preuve
de la réussite de la collaboration dans un réseau.
Les risques étaient par ailleurs considérables. Martin Nicoll a été publiquement menacé
d’assassinat après l’arrestation du trafiquant hollandais. Un rappel que dans toute l’histoire de
la conservation, d’hier à aujourd’hui, plusieurs personnes ont risqué et risquent toujours leurs
vies pour cette mission.
Les dina sauvent les tortues
WWF mène aussi plusieurs actions sur terrain, notamment la sensibilisation des
communautés, piliers de la lutte contre les trafics. Les tortues sont des espèces représentatives
du Sud malgache où elles sont endémiques. Tabou pour les communautés vivant sur le plateau
Mahafaly, leurs terres de prédilection, elles y incarnent le symbole des forêts épineuses par
leurs résistances au climat sec. Mais, les tortues n’en restent pas cependant traquées par les
braconniers. Le trafic et commerce illicites de tortues alimentent la consommation locale et
le marché noir à l’échelle internationale, ces quinze dernières années. On estime que chaque
annee, 60 000 individus sont touchees par ces trafics illicites. WWF appuie l’émergence des
règlements communautaires (dina) qui encadrent spécifiquement la protection des tortues.
Dans l’Androy, WWF a appuyé le « lilin-tany », rite de sacralisation par la terre, qui réaffirme
le statut sacré de la tortue dans la considération culturelle et coutumière.
Les tort ues radiées, endémique
20
Quelques espèces inscrites au sein de la CITES
Noms scientifiques et
vernaculaires
Spécificités
Statut au sein de la CITES
Mantella milotympanum ou
Sahona menakely
Cette espèce de grenouille, endémique de l’Alaotra
Mangoro est le plus petit des Mantellas : 18mm
Annexe II
Brookesia perarmata ou
Ramilaheloka
Caméléon endémique du Melaky et du tsingy de
Bemaraha
Annexe I
Anctrophis dumerili ou Do
Boa endémique du Sud et de l’Ouest de
Madagascar
Annexe I
Pyxis Arachnoides ou tortue
radiée, Sokake
Tortue terrestre endémique du Sud et Sud-Ouest
de Madagascar
Annexe I
Haliaeetus Vociferoides, Pygargue
de Madagascar, Ankoay
L’ankoay est un oiseau endémique au Nord-Ouest
et à l’Ouest de Madagascar, entre Antsiranana et
Belo-sur-mer
Annexe II
Propithecus verreauxi coronatus,
Propithèque courronné ou sifaka
Espèce endémique, ce lémurien est uniquement
visible dans le Nord-Ouest de Madagascar
Annexe I
Daubentonia Madagascarensis,
Aye-Aye
Espèce endémique de lémurien ayant une large
répartition à Madagascar
Annexe I
Indri indri ou Babakoto
Espèce endémique de lémurien dans l’Est
malgache
Annexe I
s au Sud malgache
21
/ Chris Maluszynski
Pionniers, contre l’exploitation illicite
© WWF MWIOPO
Martin Nicoll est Conseiller Senior en conservation au sein de WWF Madagascar.
Ayant travaillé plusieurs années dans ce domaine et sur le sol malgache, il a été
témoin de l’avancée de la lutte contre l’exploitation illicite de nos forêts.
«L’histoire de Madagascar a été largement monopolisée par la crise. Le trafic
des espèces rares telles que les tortues endémiques, les bois précieux ainsi que
l’exploitation illégale des forêts dans les parcs et les réserves du pays, mettent en péril
la biodiversité malgache.
Cette situation a provoqué des inquiétudes chez les environnementalistes. Elle a aussi
interpelé les consciences sur l’état des espèces et des aires protégées, mais il faut se
rappeler que la chasse, la collecte et l’exploitation forestière ont été légion depuis
longtemps à Madagascar.
Martin Nicoll, Conseiller
Senior en Conservation, WWF
Madagascar
La première « crise forestière » a eu lieu dans la réserve pittoresque d’Ankarana, au
nord d’Antsiranana. Olivier Langrand et moi-même, nous nous sommes déplacés sur
les lieux au volant de nos motocyclettes, suite à plusieurs appels téléphoniques.
Notre premier défi était assez simple: trouver les personnes qui exploitaient dans la
réserve et rapporter ce que nous avons vu. Pénétrer par le versant Est de la réserve
était assez aisée, nous avions pu approcher le camp des bûcherons. Ces derniers se
sont volatilisés dans la forêt et n’ont jamais été revus dans ce domaine.
Nous avions pu transporter les bois coupés à Antsiranana au bout de quelques jours.
Aucune menace, aucune arme brandie. Mais la pluie diluvienne a transformé les sols
de la forêt, la boue a littéralement engloutit les motos. Un jour, je me suis garé sur une
route, pendant que nous étions en train de pister un camp d’exploitation forestière.
Nous nous sommes retrouvés sur les mêmes lieux : un rétroviseur sale et boueux
émergeait de la boue, trahissant le lieu de sépulture de nos motos.
Su rveilla nce des com
mu nauté s, au coeur
des forêts
© WWF MWIOPO / Xavier Vincke
Mais nous avons persisté et nous avons fini par identifier les camps. Les bûcherons
fuyaient à notre rencontre, maculés de boue noire de la tête aux pieds. Nous n’avions
jamais eu de confrontations, ni d’oppositions, dans notre lutte contre l’exploitation
forestière dans les parcs et réserves dans le Grand Nord. Sauf, une seule fois : Il
s’agissait d’une exploitation forestière dans le parc national de la Montagne d’Ambre.
Le chef forestier de la région nous a mandaté pour venir vérifier : nous avons trouvé
un grand camp et un bulldozer qui ouvrait de nouvelles pistes dans le parc. Notre
collègue forestier était furieux, une saisie officielle du bulldozer a été faite.
Les bûcherons n’étaient pas disposés à faire marche arrière. Ils nous ont encerclés,
certains étaient armés. Peu à peu, cependant, la tension s’est allégée et les bûcherons
ont été autorisés à partir avec leur matériel. Nous avons travaillé pendant plus d’une
décennie dans la région à la suite de ces incidents. Nous n’avons pratiquement pas eu
de grands problèmes d’exploitation forestière illégale.
Au début de la mission de WWF, nous avons également eu à lutter contre les trafics et
braconnages. Cela a été suivi par des investigations à l’échelle européenne à travers
Interpol et WWF, en ce qui concerne la contrebande des animaux à Madagascar.
Grâce à la collaboration avec les douanes, les autorités policières et aéroportuaires,
des contrebandiers ont été arrêtés bien que nous n’avons aucune idée de la taille du
commerce illégal. Nous avons aussi appuyé les opérations impliquant les restaurants
qui servaient clandestinement des espèces de lémuriens. Nos collègues se faisaient
passer pour des clients ordinaires. Les propriétaires étaient assez confiants,
présentaient leurs spécialités : des plats à base de lémuriens.
Des solutions devront être trouvées pour permettre une gestion durable et légale des
forêts et des espèces. Ceci devra être soigneusement s’équilibrer avec le rôle des aires
protégées.
Le marché international des espèces exotiques est énorme mais une minorité y trouve
avantage. Le commerce clandestin continue de menacer littéralement certaines
espèces, aujourd’hui en voie d’extinction.»
22
Sur cette vue aérienne de la forêt des Mikea, on peut distinguer des constructions de pirogues à l’intérieur des forêts
23
Améliorer la connaissance des plantes médicinales grâce à la
botanique
Nathanael Quansah est professeur d’ethnobotanique à l’université
d’Antananarivo. Il a travaillé en tant que botaniste pour WWF Madagascar dans
les années 1980 et a vu la naissance du programme ethnobotanique de cette
organisation environnementale.
« Le programme ethnobotanique de WWF consistait à renforcer les liens de la
population avec la nature à travers l’utilisation des ressources naturelles. Les
connaissances récoltées auprès des communautés ont été collectées par des
étudiants afin d’aboutir à établir à une structure de conservation locale et des
activités de développement appropriées dans cette région. Les étudiants ont été
formés aux techniques de recherches ethnobotaniques et leurs travaux auprès des
différentes communautés renforcent autant les capacités de ces universitaires que
des membres des communautés eux-mêmes. Le programme a pour but d’aider la
population locale à vivre en harmonie avec les éléments de la biodiversité. Cela, pour
aboutir à utiliser leurs ressources locales pour un développement durable qui subvient à
leurs besoins tout en conservant la biodiversité.
La connaissance des communautés et leurs expériences dans la manière d’utiliser la
biodiversité locale d’une manière durable et pérenne est l’’un des plus grands acquis de
ce projet. C’est un regard qui inclut les communautés locales dans la conservation et qui
évite que celle-ci soit le fait des spécialistes uniquement.
© WWF-C
anon / Nat
haniel
Quansah
anon
© WWF-C
/ Martin H
arvey
La conservation doit être centrée sur la population et les communautés, qui doivent
gérer les ressources naturelles de leurs zones. Il est nécessaire de de renforcer les liens
entre l’homme et la nature : lorsque ce lien est rompu, il devient plus difficile voire
impossible pour les communautés de prendre leurs responsabilités et aider à sauver la
nature. Il faut ainsi travailler profondément pour sauver la diversité tant culturelle que
biologique.»
L e va hona
24
t u ne ex
ou a loès es
cellente p
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Un poster de sensibilisation sur l’importance des plantes médicinales. © Louise Jasper, WWF MWIOPO/Ralf Bäcker
25
Forêts de madagascar
Madagascar a toujours été connu pour ses forêts, habitats naturels d’espèces
particulières et rares. Mais en 50 ans, la couverture forestière malgache s’est
considérablement réduite, selon les régions. Nous perdons chaque année 0,6%
de surfaces, soit quelques 150 000ha de forêts, à cause des cultures sur brûlis,
des feux de brousse, des coupes sélectives. 2.351.755ha des forêts malgaches
ont un plan de gestion. WWF a accompagné un peu moins de 500 000 ha, à
travers les transferts de gestion vers les communautés locales.
Les populations vivent au quotidien des services écologiques des forêts, dont
elles sont dépendantes.
En 1975, la Seconde République instaure la ‘’politique de l’arbre’’, en vue d’inciter la population
à se consacrer au reboisement.
Cette campagne tenait déjà compte de l’importance d’un reboisement à vocation énergétique.
Mais elle accompagnait aussi la lutte contre les feux de brousse et les incendies de forêts
qui minaient déjà les zones rurales de Madagascar. Mécontentements, conflits, vols de
bovidés : les incendies de forêts avaient aussi des aspects politiques et sociaux, au-delà des
traditionnels feux destinés aux pratiques de brûlis. Cette lutte contre les feux de brousse
avait pour slogan « Izay mandoro ala, mandoro tanindrazana », « Qui brûle les forêts,
brûle sa patrie », expression entrée dans les conversations usuelles. En 2001 fut validé le
standard national sur la gestion durable des forêts qui permet d’accompagner l’administration
forestière. Mais la coupe sauvage et illicite, les feux de brousse, les cultures sur brûlis n’ont
pas disparus, essentiellement à cause de la précarité des populations, la non-application des
textes en vigueur et le faible accompagnement dans la création d’activités alternatives. Le taux
de déforestation national est de 0,4% entre 2005 et 2010.
Les forêts, au bénéfice des populations
WWF a participé à la mise en place du système de certification forestière à Madagascar. Ce mécanisme qui permet
d’attester, après une vérification, qu’une production ou un service répond à un standard de qualité, délivre un
«label» pour le produit. Par standard de qualité, on entend le respect des lois sur la foresterie, le respect d’un plan
d’aménagement forestier, des règles de santé et de sécurité lors des travaux en forêt, la déclaration des volumes de
bois récoltés, la réduction des perturbations des espèces et des sites exceptionnels, ainsi que du cours des fleuves
et des rivières.
Le but de cette certification forestière est de fournir aux consommateurs des informations sur la traçabilité des
bois sur le marché. Cette idée est essentiellement trouvée dans le concept de développement durable l’IUCN 1980
«Activité économiquement viable, socialement acceptable et respectueuse de l’environnement» et le Sommet de
Rio de 1992, sur l’Adoption cadre international d’un aménagement forestier durable. La certification forestière à
Madagascar a commencé en 1996 avec la loi Gelose. En 2000, WWF et la Banque Mondiale mettent en place le
processus de standard national qui a permis en 2010, de certifier 1000 ha de pins.
©WWF
MWIOPO
©ONE, DGF, FT
M, MNP et CI (20
13)
Premier
transfert
de gestion
vers les
communautés
LA FORÊT, DANS LA VIE DES MALGACHES
©WWF MWIOPO / Tinha Rabarison
1999
Les jeunes participent activement au reboisement, Earth Hour 2013
L e s for
Evolution de la couverture de forêts naturelles à Madagascar
en 1990, 2000, 2005 et 2010.
28
1972
Conférence internationale sur la
conservation des ressources naturelles
1998
Début du programme écorégional
Ala Maiky
1999
Premier TGRN à
Belambo-Lokoho
2001
Validation du standard national sur la
gestion durable des forêts
ê t s s on
t de s h
2002
pr é c
abit at s
ieu x de
s e sp è c
es
29
Début du programme écorégional des forêts humides
Cérémonies de «Dons à la Terre» à Sakoantovo et Vohimasio
Les communautés, premières bénéficiaires des forets
Les transferts de gestion des ressources naturelles (TGRN) consistent en
une délégation par l’Etat de son autorité d’administration et de protection
de forêts aux communautés de base.
La loi 96-025 sur la Gestion locale des ressources naturelles renouvelables (loi
GELOSE) promulguée le 10 septembre 1996 consacre ce principe. Ce principe répond
surtout à l’évidence d’une riposte face à la recrudescence des trafics et coupes illicites
et le droit des communautés de gérer elles-mêmes les ressources naturelles dont elles
sont dépendantes.
Fara Lala Razafy, Leader
Ecorégional Ala Atsinanana
Les TGRN sont un mécanisme de conservation et de gestion des ressources naturelles
par les communautés. Chacune de ces communautés est liée à l’Etat grâce à un
contrat signé entre le président de la communauté villageoise et le représentant local
de l’Administration. Fara Lala Razafy, Leader écorégional Ala Atsinanana au sein de
WWF explique le principe : « Il est logique de déléguer ce pouvoir aux communautés
locales car elles sont présentes sur les lieux, elles y vivent et sont les premières
bénéficiaires d’une gestion rationnelle de ses ressources naturelles. Le transfert se fait
en plusieurs étapes, dont la première consiste en une délégation provisoire de trois
ans, sanctionnée par une évaluation technique. Si les résultats s’avèrent probants, la
délégation de pouvoir continuera sur dix ans. Chaque communauté gestionnaire obéit
à un cahier de charges. Le rôle de WWF est de préparer, accompagner et appuyer ces
communautés dans la compréhension et la maîtrise de ce système ».
500 000ha de forêts gérés par les communautés
Le programme terrestre de WWF a accompagné 199 TGRN qui représentent 500 000 ha de forêts. Nous proposons des options aux paysans pour remplacer
leur pratique de l’agriculture itinérante sans les léser ni porter atteinte à leur
culture : élevage, cultures maraîchères, SRI, entre autres.
« Ces options permettent aux communautés de faire elles-mêmes le choix des
activités qui les inspirent, qui sont réalistes dans le temps et dans l’espace et
qu’elles peuvent continuer elles-mêmes en toute autonomie. »
Simon Rafanomezantsoa, Coordonnateur du Programme Terrestre
de WWF
© WWF M
WIOPO /
Chr
is Maluszy
nski
Ce principe est aujourd’hui à l’origine d’une partie importante de la conservation des
ressources naturelles de Madagascar. Le premier transfert de gestion des ressources
naturelles accompagné par WWF fut celui de la communauté de Belambo-Lokoho,
dans le Sud-Est, en 1999. Cette communauté a obtenu officiellement la gestion de ses
ressources naturelles en 2000.
L e s v il lag
30
eois gèren
t et su rvei
llent le s te
rroir s et fo
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Un représent ant d’u
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ba se sig ne le docum
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ge st ion le
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31
Ex trait d’un liv
re de contes in
forêts, 1984
tit ulé «R abez
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32
o et Rabem ila
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otec tion de s
ARCHIVES WW
F
Planche d’une
ba nde de ssinée
produite pa r W
W F su r le thèm
e de la protec
tion de la forê
t, 1999
ARCHIVES W
WF
Poème, extrait de l’ouvrage écopédagogique « Ny Voaary Vintsy» destiné aux jeunes et aux enfants, 2000
33
En 1977, WWF appuie la création de la Réserve spéciale de Bezà Mahafaly. A
partir de 1997, il commence à transférer la gestion de ces parcs nationaux à
l’ANGAP (actuel Madagscar National Paks). Suite à la Déclaration de Durban
en 2003, 92 Nouvelles Aires protégées ont été ajoutés aux premiers parcs
et sont toujours en attente de leurs statuts définitifs. En 2013, Madagascar
compte 19 parcs nationaux, 23 réserves spéciales et 5 réserves naturelles
intégrales réparties dans toute l’île, sous la gestion de Madagascar National
Parks.
© WWF MWIOPO / Martina Lippuner
leS AIRES PROTÉGÉES
1984
début du
programme
«Biodiversité
et aires
protégées»
DES AIRES PROTÉGÉES, REFUGEs DE LA BIODIVERSITÉ
Les premières réserves naturelles officielles de Madagascar sont établies au
début du 20e siècle, initialement destinées aux recherches scientifiques et
ethnobotaniques. Ce ne sera qu’en 1991 que se dessinera la première grande
politique environnementale nationale déclinée en trois phases jusqu’en 2002
qui donnera un vrai essor à la création du Systèmes des Aires Protégées de
Madagascar (SAPM).
L’année 2003 consacrera, à une échelle mondiale, les efforts de Madagascar dans la mise en place et le maintien
de ces aires protégées, notamment grâce à la fameuse Déclaration de Durban. En 2005, la mise en place du
système des aires protégées de Madagascar (SAPM) dont WWF assurera la co-présidence de la commission
viendra renforcer ces initiatives et cadrer la protection des aires protégées. Le principe de co-gestion des parcs
sera ainsi promu et permettra aux investisseurs privés, aux communautés, aux acteurs locaux de participer au
développement et à l’entretien de ces aires protégées.
WWF a participé aux réflexions liées à la création du SAPM. Ces premiers pas étaient
essentiellement consacrés à la recherche sur la biodiversité et anticipaient la démarche de
l’aménagement des aires protégées et des sites d’importance biologique. Le programme
« Biodiversité et Aménagement des Aires Protégées » nait en 1986 et WWF publie, en 1987,
la Revue sur la situation des Aires Protégées et des sites d’intérêt biologique de Madagascar et
l’étude scientifique « Madagascar : Revue de la conservation des Aires Protégées ».
En 2013, Madagascar compte six millions d’hectare d’aires protégées, réalisant ainsi la Vision Durban. 92
nouvelles aires protégées ont été créées et sont en attente de leurs statuts définitifs.
© WWF-Canon / Ed
win Giesbers
© Louise Jasper
En 1977, WWF débuta le projet de création de la Réserve spéciale de Bezà Mahafaly dont
il transfèrera la gestion du PCDI à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques de
l’Université d’Antananarivo, en 1995. WWF appuya surtout la naissance et le développement
de l’ANGAP en 1990, reconnue d’utilité publique et rebaptisée Madagascar National Parks
(MNP). Le Madagascar National Parks est chargé de gérer les aires protégées de Madagascar.
WWF transfèrera la gestion des parcs nationaux d’Andohahela et de la Montagne d’Ambre
à Madagascar National Parks en 1997 puis celle des parcs nationaux d’Andringitra et de
Marojejy en 2004.
c’e st aussi la prote
aires protégéres,
La protection de s
r
sca
ga
da
Nord et l’E st de Ma
36
1972
Projet sur la Réserve Spéciale
de Beza Mahafaly
endémiques qu i
ction de s espèce s
1985
y vivent tel que le
WWF, UICN et le ministère de l’Environnement
identifient les premières zones des aires protégées
Calumma parsonii
, da ns le
1987
Revue sur la situation des
aires protégées
Le fosa, l’une des espèces rares de Madagascar
1991
Création de l’ANGAP, chargée de
gérer les aires protégées
2003
Lancement de la Vision
Durban
2005
37
Création du Système des Aires
Protégées de Madagascae
© WWF-Canon / Martin Harvey
Premières identifications des aires protégées
Martin Nicoll, Conseiller Senior en conservation de WWF Madagascar fait partie des
premières équipes d’identification des zones d’aires protégées. Il a fallu une décennie pour
établir les zones prioritaires de conservation à Madagascar, tant la biodiversité de la Grande
île offrait une luxuriante diversité.
«En 1985, le ministère des Eaux et Forêts a décidé de revisiter le Système des aires
protégées de Madagascar. Le ministère a fait appel à la contribution de WWF et de l’UICN
pour fournir les experts qui vont assurer cette refonte et former les personnes ressources
des parcs et des réserves. Pour le meilleur ou pour le pire, Olivier Langrand - un jeune
ornithologue remarquable qui deviendra plus tard Représentant de WWF Madagascar et moi-même ont été choisis comme experts pour réaliser ce défi plutôt impressionnant.
Après un essai sur la planification de la conservation au Gabon, nous avons été dépêchés à
Madagascar en septembre 1986 pour organiser la même mission.
En 1986, les parcs et réserves de Madagascar ont été essentiellement pris en compte par
une poignée de personnes issues du ministère de tutelle ainsi que des scientifiques. Il est
vrai que certaines aires, comme la Montagne d’Ambre et Ankarafantsika ont été assez
raisonnablement promues grâce aux appuis de WWF. Mais la majorité, comme, les parcs et
réserves de Kalambatritra, Manombo, Ambohijanahary ou Tsimanampetsotsa ont été les
grands oubliés. Même les cartes originales qui ont accompagné les décrets de nomination de
ces parcs ou réserves individuelles étaient négligées.
Nous avons rapidement travaillé sur un programme exploratoire avec les cadres supérieurs
du ministère. Langrand, moi-même et les représentants du ministère de tutelle ont réalisés
plusieurs descentes sur le terrain pour travailler avec les agents forestiers locaux. Notre
mission initiale était de faire l’inventaire de l’état du parc ou de la réserve et d’évaluer la
représentativité de la biodiversité locale pour Madagascar.
Avec l’aide des guides locaux, nous pouvions identifier des lémuriens, d’autres grands
mammifères tels que les carnivores et la plupart des oiseaux. Je pouvais moi-même
identifier les petits mammifères les plus insaisissables comme les rongeurs endémiques et
les tenrecs. Mais nous n’étions pas très fiables pour ce qui est d’identifier les amphibiens, les
reptiles et les plantes. Heureusement, quelques scientifiques, experts en faune, ont travaillé
en collaboration avec l’université d’Antananarivo et le Missouri Botanical Garden (MBG) et
ont pu commencer des inventaires botaniques qui sont toujours en cours aujourd’hui. Ces
individus passionnés nous ont rejoint dans nos explorations et nous ont aidé à améliorer
de manière significative nos connaissances. Mais il y a eu un défi que nous devions relever
depuis le début des années 1980 : notre compréhension collective du niveau réel de la
diversité biologique à Madagascar était nettement insuffisante. Il nous a fallu une dizaine
d’années pour identifier les zones à protéger les plus importantes et définir les priorités
nationales de conservation.»
© WWF-Canon / R.Isotti, A.C
ambone - Homo Ambiens
La cartographie
du Système des
Aires Protégées de
Madagascar, mai 2013
38
Forêt de la Réserve spécial
e d’A nalamazaotra
Le Sifaka ou Propithecus verreauxi, lémurien espiègle, danse devant l’objectif des photographes
39
Autres regards sur les aires protegées
L’approche écotouristique à Andringitra
On constate dès 1991, une évolution importante dans la gestion des aires protégées: une
approche communautaire et une approche par l’écotourisme. Deux regards complémentaires
qui soulignent une implication des communautés et du secteur privé.
Le parc national d’Andringitra a ouvert ses portes en 1999. La gestion de l’écotourisme est une part importante
de la conservation au sein de cette aire protégée ainsi que du développement local. Ainsi, les chefs de lignage, les
opérateurs privés, l’Administration, le WWF et ses partenaires ont mis en place un comité de pilotage pour réaliser
ce projet. La population s’est beaucoup impliquée dans la valorisation du site et a en retour, participé à son propre
développement à travers la création d’écoles, d’emplois liés à l’ écotourisme. Andringingitra est aujourd’hui l’un des
parcs nationaux les plus visités de Madagascar.
L’approche communautaire à Zombitse Vohibasia
© WWF MWIOPO / R.Maro
© WWF MWIOPO
/ R.Maro
Zombitse Vohibasia se trouve dans le Sud de Madagascar. Grâce à une stratégie nationale
novatrice qui donne la part belle aux valeurs sociales et culturelles, plusieurs actions ont
pu être réalisées : la lutte contre le défrichement, l’exploitation commerciale illégale en vue
de fabriquer du charbon, et les brûlis au sein de l’aire protégée de Zombitse Vohibasia. Les
communautés locales se sont impliquées pour ces projets et se sont approprié les activités
alternatives de développement qui sont génératrices de revenus. Deux contrats de transferts
de gestion ont ainsi été faits en 1999, accompagnés par WWF.
tiona l de l’A nd rin
git ra
© WWF MWIOPO
/ R.Maro
Vu r su r le pa rc na
Le Furcifer Lateralis, reptile endém ique du centre
40
de Madagascar
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avantages lié s à l’é
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© WWF MWIO
PO / Xavier Vin
les protég
© WWF MWIOPO / Xavier Vincke
Survoler les forêts pour mieux
er
Les forêts restent toujours sous la
coupe des exploitations illicites, mal
gré les efforts sans
cesse déployés pour lutter contre
ce phénomène. Les nouvelles tech
nologies permettent
aujourd’hui d’imaginer différentes
manières, plus rapides et plus effic
aces pour améliorer la
surveillance des aires protégées.
En 2010, WWF et ses partenaires
ont lancé, en coopération avec les
communautés et autorités
locales, leur projet commun de surv
eillance aérienne sur l’aire protégé
e de PK32-Ranobe. Les
photos prises lors des survols perm
ettent d’orienter les patrouilles terre
stres vers les lieux où
se déroulent les infractions. Ces
actions visent à sensibiliser les com
munautés et arrêter les
récidivistes sur les sites défriché
s.
© WWF M
WIOPO / X
avier Vincke
4222.6 ha de forêts avaient été défr
ichés sur l’ensemble de l’aire prot
égée en novembre 2010,
contre 1292.11 ha en novembre
2011 et 1993 ha en novembre 201
2. Le taux de défrichement
agricole a ainsi diminué de 69.4
% de 2010 à 2011 et de 52.8 % de
2010 à 2012 dans la
nouvelle aire protégée. Ce projet
est une piste prometteuse en mat
ière de protection des aires
protégées : 5 160.09 ha de forêts
ont déjà été sauvés.
Deu x phot
42
os prise s d
u ra nt le s su
aérienn
rvei llance s
es de la zo
ne PK-32 R
anobe
43
6 millions ha
de forêts à
protéger
Déclaration de durban : le challenge ambitieux de madagascar
2003 fut une belle crue pour la conservation à Madagascar. Au cours du congrès mondial
des parcs, tenu à Durban, le gouvernement malgache fit une déclaration devenue historique
et connue sous le nom de « Déclaration de Durban ». Cette déclaration consacre un défi
colossal : en cinq ans, tripler la superficie des aires protégées de Madagascar et atteindre
les 6 millions d’ha. Ce défi est maintenant atteint, mais il reste une étape importante à
réaliser : sécuriser les nouvelles aires protégées : « Aujourd’hui la Vision Durban est réalisée
mais elle reste très fragile, il faut sécuriser nos acquis. Obtenir un statut définitif n’est pas
évident, malgré les travaux techniques préalables.La mise à jour du code des aires protégées
a été suspendue à cause de la crise politique de 2009. Depuis 2006, l’octroi des nouveaux
permis miniers dans les zones identifuées comme futures aires protégées a été suspendu »,
souligne Nanie Ratsifandrihamanana, Directrice de Conservation
de WWF, de 2004 à 2013. Malgré sa biodiversité extrêmement riche,
Madagascar a vu ses forêts réduites à 10% de sa couverture initiale
en cinquante ans. Lorsque, en 2003, le gouvernement malgache signe
la Vision Durban, il effectue un bond en avant : admettre qu’il est
désormais incontournable de protéger la biodiversité de Madagascar
et déterminer un plan certes, ambitieux, mais logique et efficace pour
réaliser cette mission.
Grâce aux aires protégées, l’écotourisme commence à prendre son essor à Madagascar en particulier dans le Grand
Sud où on retrouve Isalo, Tsimanampetsotse et Andohahela.
Grâce à la Vision Durban, Madagascar devient le premier pays de l’Afrique australe à se lancer dans un challenge
aussi important en matière de conservation de l’environnement. « Ce que nous devons faire, c’est d’améliorer et
valoriser la fonction du système des aires protégées malgaches pour que la conservation en soit plus poussée, que
les communautés puissent bénéficier des services écologiques de ces forêts et qu’elles restent une part entière du
développement durable de Madagascar », souligne Guy Suzon Ramangason, Directeur Général de Madagascar
National Parks, au cours de la célébration des 50 ans de WWF Madagascar ( mars 2013).
© WWF MWIOPO
2003
La vision Durban vient s’intégrer dans la conservation de
l’environnement à Madagascar, promue par le slogan « Madagascar,
naturellement ». Cette déclaration fut suivie de plusieurs études qui
décrivirent les priorités de conservation et les paysages potentiels de
Madagascar : les écosystèmes terrestres, les écosystèmes côtiers et
les écosystèmes marins. L’identification des nouvelles aires protégées
s’est basée sur les meilleures connaissances de la biodiversité de
Madagascar et l’utilisation d’outils d’analyses sophistiqués. Le but est
de représenter toute la gamme de la biodiversité de l’île au sein d’un
système d’aires protégées.
© WWF MWIOPO
/ Xavier Vincke
Pour réaliser la déclaration de Durban, Madagascar s’est insipiré
des catégories d’aires protégées de l’IUCN. De nouveaux modes de
gouvernance ont été appliqués afin d’impliquer le maximum d’acteurs
dans la conservation. Ainsi, le secteur privé, les communautés locales,
les collectivités territoriales, les ONG peuvent devenir gestionnaires
de ces nouvelles aires protégées.
r l’e
Vue aérienne su
44
mbouchu re de
l’Oni la hy
Les nouvelles aires protégées créées depuis 2003
45
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© WWF-Canon / Martin Harv
© WWF-Canon / Martin Harvey
Adansonia grandidier i, l’une des espèces de baobabs endémique s du Sud de Madagasca
46
n / Martin Harv
© WWF-Cano
Le cam
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de l’a rc léon pa nt hèr
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ou leu r s
l
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« C’est au cœur des aires protégées d’Andohahela et de la
Montagne d’Ambre que les premiers agents de WWF ont
travaillé. Ensuite, cela est devenu un porte-feuille de travail qui
a mobilisé WWF, ses partenaires ainsi que les bailleurs de fonds
et l’Etat. Nous avons collaboré ensemble pour créer l’ANGAP,
aujourd’hui connu sous le nom de Madagascar National Park,
et soutenu la création des aires protégées et leurs catégories
respectives. »
Sheila O’Connor, ancienne Chargée de Programme, 1987-1995
amph
aurant iaca,
Le Mantella ibe
as
nd
A
d’
région
r
« Pour réaliser la fameuse Vision Durban, nous avons collaboré étroitement
avec d’autres organismes tels que le Conservation International, par
exemple. J’ai été très impliqué dans la conception du système des aires
protégées de Madagascar. C’était une période émouvante où plusieurs
ONG ont travaillé, main dans la main ».
Jean-Paul Paddack, ancien Représentant Régional de WWF, 1997-2007
ibien de la
Var
Le Var i noi r-et-bla nc ou
ecia var iegata, vit dans les
forêts hum ides de l’Est de
Madagasc ar
47
Les efforts de conservation restent lettre morte si ils ne sont pas consolidés
par l’éducation et la formation. C’est un relais, à tous les niveaux, pour
pérenniser nos ressources naturelles.
WWF mise sur l’éducation et la formation ; l’éducation des communautés de
base, de la jeunesse ; la formation des associations de la société civile, des
groupements paysans et la formation scientifique dédiée aux universitaires.
© WWF MWIOPO / Ralf Bäcker
éduquer, former, conserver
création du
programme etp
L’ECOLOGY TRAINING PROGRAM, PÉPINIÈRE DE SCIENTIFIQUES
Parmi les programmes développés avec WWF à Madagascar, l’« Ecology
Training Program », plus connu comme Programme ETP, était assez spécial.
C’était un programme aux débuts modestes mais dont les impacts étaient
d’envergure.
© Zoo Zûrich / Robert Zingg
1991
Le programme ETP a été créés par d’anciens Chargs de Programme de WWF tels
que Olivier Langrand et Sheila O’Connor, ainsi que du chercheur scientifique, Steve
Goodman en 1991. Par la suite, Steve Goodman et Achille Raselimanana sont devenus
les coordinateurs du programme jusqu’en 2007.
Le concept de l’ETP, d’après Achille Raselimanana, ancien Biodiversity Programme
Officer de WWF, est à la fois de promouvoir la recherche sur la biodiversité de
Madagascar et d’appuyer le développement et renforcement de capacité rattaché à
une institution nationale dont les Universités malgaches.
Les missions au sein d’ETP font découvrir les endroits les plus reculés de Madagascar,
et parmi les plus merveilleux : les sommets de Tsaratanàna, de l’Andringitra et
de l’Ankaratra. La grande équipée, aux côtés de Steve Goodman, était souvent les
pionniers de la recherche dans ces endroits.
Au niveau national, le programme de Field school forme les biologistes malgaches
venant des universités d’Antananarivo, Fianarantsoa, Toliara, mais aussi des
institutions comme Madagascar National Parks, WWF. Ces Field school accueillent
chaque année entre 6 à 12 participants. Aux recherches s’ajoutent les aventures au
quotidien: marches en forêts, inventaires nocturnes, observations d’oiseaux...
Dans les années 1990 où ETP fut créé, la perte de la couverture forestière pour
Madagascar était de 80%: plus de la moitié ont été perdues pendant les cent dernières
années. Afin d’assurer la conservation durable, il est essentiel de former des scientifiques
malgaches dans le domaine de la biologie, de l’écologie, dans les pratiques de conservation.
Les connaissances scientifiques sont valorisées, afin d’appuyer les activités de protection des
habitats et de la conservation de la biodiversité unique de Madagascar.
En 2005, deux nouvelles espèces de microcèbes ont été découvertes. L’une d’entre elle a été baptisée Microcebus lehilahytsara,
clin d’œil au Dr Steve Goodman, ancien responsable du « Ecology Training Programme » du WWF à Madagascar
© Achille
Raseliman
ana
© Steve Goodman
«ETP était un programme de découvertes de la nature mais surtout un grand sens
de partage de connaissances. Nombreux, parmi la soixantaine de membres de l’ETP
partageront sûrement mon point de vue. Ce n’est pas uniquement l’appui à l’obtention
d’un diplôme, car en étant quotidiennement confrontés au défi de la conservation, lors
des visites sur terrain, l’ETP forge les universitaires à s’impliquer, à comprendre et
faire face aux problèmes liés à la conservation. J’ai fait ma première mission avec ETP
en 1996, pour la préparation de mon Diplôme d’Etude Approfondi (DEA) à l’université
d’Antananarivo. Les visites en forêts allaient de découvertes en découvertes, des petits
microcèbes au grand boa. Des expériences qui permettent d’acquérir une base de
connaissances, de la rigueur, un sens de la responsabilité et l’esprit d’équipe.»
Domoina Rakotomalala, ancienne membre de l’ETP,
actuel Chef de projet au WWF
ala la, for mée
Domoina Ra kotom
e ET P
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du
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au sei
Le Myzopoda schliemanni et le Macrotarsomys petter, deux espèces découvertes par le programme ETP
50
1986
Début du programme «Education à
l’Environnement»
1991
Création du Programme ETP
1991
Publication du premier
numéro de Vintsy
1992
Création du premier
club Vintsy
2000
Sortie du matériel didactique
«Ny Voaary»
2006
51
Présentation du concept
d’éco-pédagogie de WWF
Les succès de l’ETP
Le plus visible est l’appui à l’obtention de diplôme de Doctorat et de DEA pour les
Universitaires malgaches et l’avancée dans la connaissance de la biodiversité malgache. Mais
les données obtenues des différents inventaires biologiques jouaient un rôle stratégique en
fournissant des informations répondant aux besoins immédiats de Madagascar en matière
de priorités en activités de conservation. Ainsi l’application directe de la valorisation de ces
informations scientifiques était la priorisation des sites de la Vision Durban, notamment
en fournissant des informations essentielles pour soutenir les efforts de conservation, tels
que les exercices de priorisation des nouvelles aires protégées. En termes d’application de
la recherche, ces mêmes bases de données ont supporté l’élaboration de plusieurs rapports
nationaux et stratégies nationales, CDB, CITES (gestion de la biodiversité), IUCN pour les
reptiles et lémuriens (Statut de conservation).
Un groupe d’anciens diplômés de l’ETP, qui font maintenant partie du système universitaire
malgache a créé l’association Vahatra, sous la présidence d’Achille Raselimanana. ETP a
ainsi évolué pour devenir une organisation indépendante, dirigée par des diplômés formés
au sein de l’ETP pouvant créer des programmes visionnaires dans un contexte malgache.
ETP a été remis à l’Association «Vahatra » en septembre 2007. Vahatra continue d’assurer
une partie du mandat de l’ETP : l’avancement des biologistes de conservation malgaches et
la recherche sur la biodiversité de l’île.
« Je suis heureux de voir à travers WWF l’évolution des recherches scientifiques et
des connaissances en termes de biodiversité. Dans les années 1980 où j’ai travaillé
à Madagascar, j’ai constaté que le pays manquait cruellement de chercheurs et
de spécialistes en la matière. Je vois cependant que beaucoup d’efforts ont été
faits pour améliorer la situation et le nombre de chercheurs, de scientifiques et de
spécialistes dans des domaines très divers a sensiblement augmenté »
Olivier Langrand, ancien Chargé de Programme de WWF, 1986 -1996
« La formation de l’ETP lancé par le WWF a fait ses preuves en proposant des
documentations internationalement reconnus, concernant la biodiversité de
différentes régions de Madagascar, en particulier les zones protégées. Grâce à ce
programme de formation, les universitaires malgaches et étrangers ont été en étroite
collaboration jusqu’aux dernières étapes. Mais au final, l’appropriation a été une
réussite puisque l’ETP est enfin devenu un programme vraiment malgache. Grâce
à ce programme et en combinaison avec les universités et organismes malgaches
et étrangers, un groupe de jeunes chercheurs ont amélioré leurs connaissances,
ont consolidé leur confiance et leur crédibilité à Madagascar et sur la scène
internationale. Ils ont offerts des connaissances importantes des lieux où ils ont
travaillé, notamment en matière de protection et de gestion. »
Sheila O’Connor, ancienne Chargée de Programme de WWF, 1987-1995
52
L’ETP et «“The Natural History
of Madagascar »
Suivant le concept d’ETP, un livre
intitulé “The Natural History of
Madagascar” a été publié en 200
3 et
traduit en français. Ce livre de 170
0
pages est reconnu internationalem
ent
comme une référence pour
Madagascar. De plus, au sein du
programme ETP, monographies
et publications nationales et
internationales, résultats des trav
aux
d’inventaires et de recherches des
scientifiques et des étudiants, son
t
publiés. Les informations obtenue
s
au cours des inventaires sur le
terrain dans plus de 400 sites ont
abouti à la découverte de plus d’un
e
cinquantaine de nouvelles espèce
s
d’oiseaux, de mammifères, de rept
iles
et d’amphibiens, ce qui a conduit
à
la publication de près de 500 artic
les
scientifiques. Ce travail a été cruc
ial
dans l’établissement des priorités
en
matière de stratégies de conserv
ation
liées au système d’aires protégé
es
de l’île.
53
©WWF MWIOPO
Vintsy, du magazine aux clubs
La création du magazine éco-pédagogique Vintsy et des clubs
du même nom fut l’une des plus belles initiatives de WWF. Ces
clubs et ce magazine sont entrés dans les traditions scolaires
et universitaires. Vintsy est aujourd’hui le seul magazine
capable de couvrir tout le territoire malgache et les clubs vintsy
comptent en 2013 quelques 700 clubs et 50 000 membres dans
les collèges, lycées et universités.
Le premier numéro du magazine « Vintsy » sortit en avril
1991. « A l’époque, le magazine avait trois couleurs : noire,
blanche et verte. Nous les achetions et en faisions collection.
J’aimais particulièrement les bandes dessinées de Vintsy.
Comme beaucoup de jeunes de ma génération, Vintsy a
bercé mon enfance et mon adolescence», se souvient Anna
Rakotoharinomena, lectrice des premières heures. Le
magazine a eu, dès son lancement, un franc succès : il avait
la particularité d’être ludique et pédagogique, permettant
aux élèves, aux professeurs et aux parents d’aborder d’une manière simple et amusante
la conservation de la biodiversité. Vintsy a été pensé pour faciliter la compréhension de la
protection de la nature dès les premières classes.
Le s collégiens me
mbre s de s clubs
Vi nt sy, pend ant
un spec tacle de
sensibi lisation
C’est sous impulsion du magazine qu’est vulgarisé auprès de son jeune lectorat le concept
d’éco-gestes qui furent repris et consacrés par les clubs Vintsy. Au fil du temps, le magazine
a aussi évolué : quadrichromie, papiers recyclés, thèmes d’actualité – énergie propre,
changement climatique, reboisement, recyclage…
©WWF MWIOPO
Le premier club Vintsy a été créé en mai 1992 dans la ville de Toliara, inspiré par le
magazine Vintsy. Encadrés par des professeurs formés par le programme d’Education
Environnementale de WWF, les membres des clubs Vintsy sont éduqués de manière
à éveiller un certain reflexe environnemental dès le plus jeune âge. Assainissements,
reboisements et entretiens de jeunes plants, entretien de jardins potagers et de pépinière,
classes vertes, animations et sensibilisations font partie de leurs tâches au quotidien. « En
être membres leur permet par exemple de devenir plus responsables et plus volontaires.
Ils ont également plus de connaissances que les autres jeunes de leur âge sur la question
environnementale. Ils seront également aptes à mener des actions de sensibilisation »,
explique Rachel Senn Harifetra, responsable du programme Education de WWF.
Le s enfants de s
54
clubs Vint sy pend
ant le ca rnaval de
célébration du tra
ditionnel Ea rth
hour de W W F
En 2006, le magazine « Vintsy » célèbre son 15ème
anniversaire et deux concours ont été organisés. Les lauréats
ont bénéficié d’un voyage en Allemagne et en Suisse. Cette
année-là, 80 clubs « Vintsy » étaient en place dans tout le
pays
En 1996, des cand idate s au conc
ours de beauté Miss Iarivo
faisa ient référence aux clubs Vint
sy
55
Irfan Aly F. Abasbay est le président de Uni Vers Vintsy, qui fédère les clubs Vintsy
universitaires. Convaincu de l’importance de l’éducation environnementale, il nous
partage son enthousiasme : « La protection de l’environnement n’est pas uniquement
une question de grandes stratégies nationales ou mondiales. Elle commence surtout
par de petites initiatives citoyennes, faciles et faisables pour toutes les bonnes
volontés. Je suis fier de mon adhésion au club vintsy car cela m’a permis de me faire
une vision de Madagascar de demain, d’apprendre et de partager autour de moi des
petits gestes écocitoyens que tout le monde peut reproduire. J’aime aussi l’esprit
d’équipe et d’entraide qui règne dans ces clubs Vintsy, une ambiance conviviale qui
motive et encourage »
Les jeunes issus des clubs Vintsy universitaires, particulièremen
animatons
t actifs dans les sensibilisations et les
30 000 signatures pour la terre
En 2009, lors de la 17e conférence des parties à Copenhagues, les clubs Vintsy et
les scouts de Madagascar ont participé à une grande collecte de signatures qui a
réuni 30.000 personnes dans toute l’île. Cette pétition était un appel aux parties pour
qu’elles appliquent leurs engagements de réduire leurs émissions de gaz à effet de
serre. Grâce aux clubs Vintsy et aux scouts, Madagascar a été le troisième pays le
plus représenté dans l’initiative Vote Earth de WWF International au cours de cette
17e conférence des parties.
Avec 50 000 membres
et 700 clubs dans tout
Madagascar, les Vintsy sont
les premiers ambassadeurs
de l’environnement parmi la
jeunesse malgache
7DQRUDPDODJDV\P
DQJDWDND¿IDQDUDKDQDP
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56
57
d’éduc
La nature est la meilleure éducatrice de l’homme
Au cœur d’un pays aussi naturellement luxuriant que l’est Madagascar, les relations
de l’homme et de la nature sont forcément très importantes. Ayant une place dans
la vie sociale, culturelle et économique, la biodiversité est avant tout une part de
l’identité malgache, malheureusement vaincue par la pression de la précarité. Voici
le témoignage de Ioto Raphaël, chef du village de Tsaratànana, dans le Sud-Est de
Madagascar et président de l’association environnementale de son village.
©WWF MWIOPO
La conservation est une affaire
ation
L’éducation environnementale entr
era en 1982 dans le programme
scolaire de la jeunesse malgache.
WWF pour sa part crée son prog
ramme Education à l’Environnemen
t en 1986, mettant ainsi en évidenc
les liens entre la conservation et
e
l’éducation. Ce programme acco
mpagne surtout les communauté
de base dans leurs prises d’initiativ
s
es et de responsabilités, dans la
mesure où celles-ci sont appelée
à reprendre la gestion des ressourc
s
es naturelles. Alphabétisation fonc
tionnelle, gestions associatives,
tenues de cahiers de charges…au
tant de responsabilités auxquelles
ces villageois n’avaient pas
l’habitude et qu’ils ont pu renforce
r, avec l’appui des équipes de WW
F sur le terrain.
« La nature éduque-t-elle les êtres humains ? Bien sûr, je le crois. Je suis un villageois
parmi tant d’autres de Madagascar. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école très
longtemps. Je tire ma vie et mon éducation de ce que m’ont enseigné mes parents,
ma famille, mes aînés, mes proches, mes amis, mon village. Eux-mêmes tirent leur
savoir de la connaissance de l’environnement : les saisons, les arbres, les animaux, les
éléments. La nature est la meilleure éducatrice de l’homme, en tout cas, elle forme le
paysan malgache que je suis.
Ioto Raphaël, chef de la communauté
de base «Tsaramandroso » dans le
village de Tsaratànana, Vondrozo
J’ai pratiqué la culture sur brûlis à cause de la précarité. Comment élever ses enfants
dans de si difficiles réalités, sans trouver les moyens d’améliorer ses gains ? Tous
mes enfants sont nés dans la forêt, pendant que ma famille et moi, nous pratiquions
le tavy. Mais cette pratique a eu de très grands revers sur nos vies : moins de pluies,
moins de cultures et des existences de plus en plus difficiles. J’ai fait volte-face.
J’ai décidé de donner aux miens un avenir plus serein. Au sein de mon association
environnementale, je suis maintenant très actif dans la sensibilisation de mes pairs,
les jeunes en particulier, à l’abandon des pratiques destructrices de l’environnement.
Je crois aux bienfaits de l’éducation environnementale. C’est une éducation qui
devrait se faire partout. A l’école, au sein des quartiers, au sein des familles, dans
les églises, dans les villages, dans les villes. Tout le monde doit se sentir concerné.
Vous savez, ce n’est pas simplement informer les gens sur ce qui est bien et sur ce qui
est mauvais, c’est surtout les convaincre des conséquences néfastes et durables des
actions destructions comme les feux de brousse, les coupes de bois illicites, les tavy.
Je suis un exemple de conversion réussie car grâce à la sensibilisation et à l’éducation
environnementale, j’ai abandonné totalement le tavy et milite pour que d’autres
suivent mon exemple.
©WWF MWIOPO
Il faut d’abord se sentir concerné par l’éducation environnementale. C’est la base de
tout. La pluie qui se fait rare, les cultures maigres et la pénurie qui menace sont des
choses qui me concernent de près. J’ai pris la décision de ne pas subir ces difficultés.
J’ai accepté d’essayer les activités génératrices de revenus comme l’élevage, par
exemple : cela parait petit mais à mon niveau, c’est une véritable reconversion dont je
suis fier. Comme vous le voyez, les écoliers sont très actifs dans l’assainissement du
village. Ils se sentent également concernés et j’en éprouve autant de fierté en tant que
chef de ce village. Je vous ai dit auparavant que la nature forme l’homme. Si l’homme
ne s’éduque pas à prendre soin de la nature, si la nature disparait, c’est l’homme luimême qui disparaîtra ».
58
Les com mu nautés de base,
précieu x par tenaire s et pre
miers bénéficiaires de la con
servation
59
PO
©WWF MWIO
Les femmes impliquées pour l’environnement
La protection de l’environnement est affaire de tous. Un engagement citoyen qui
interpelle autant les jeunes que les aînés, les hommes que les femmes. WWF fait
sien la cause de l’équité des genres en soutenant l’implication des femmes à la
protection de l’environnement. « Conserver l’environnement est impossible sans
impliquer le plus grand nombre. Les femmes ont leur place dans cette mission car
elles ont des rôles sociaux, culturels, économiques et même politiques à jouer dans
la vie nationale. Leur implication est un modèle pour la communauté et pour leurs
paires ».
Valencia Ranarivelo, Coordonnatrice du Programme Initiatives pour le
Développement Durable de WWF.
© WWF MWIO
PO
“ En 2004, nous avons créé notre association villageoise, notre première
communauté de base (COBA) avec l’appui de WWF. Nous étions très motivés,
nous voulions assumer nos responsabilités pour gérer nos ressources forestières.
Mais l’association n’a pas fonctionné comme nous l’avions souhaité au début.
Les membres n’étaient jamais impliqués dans les décisions, la gestion des fonds
laissait à désirer. J’ai alors porté plainte et j’ai informé mes voisins concernant cette
situation. Tout le monde était d’accord: il fallait changer les choses. Au cours d’une
réunion extraordinaire, les membres du bureau ont été remerciés, mais à ma grande
surprise, les villageois ont proposé ma candidature à la présidence de la COBA.
J’étais etonnée et inquiète mais la communauté a decidé de me soutenir: ils ont tous
voté pour moi. La présence constante de WWF depuis 1995 et le travail effectué
avec les associations féminines ont aidé à changer les mentalités »
Honorine Razafindrafara, première femme présidente d’une association
communautaire à Ivohibe
A Beheloka, des
femmes membres
de l’association co
s’exercent à la mi
mmunautaire ex
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uets.
ntation
60
Les jeunes contribuent à la
conservation
Le programme Explore de WWF a été
lancé en 2005. Il permet à des jeunes
volontaires des quatre coins du monde
de venir s’impreigner des métiers et des
enjeux de la conservation dans les zones
d’intervention de WWF pendant trois mois.
Un trimestre au cours duquel ils vivent avec
les communautés locales.
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s’i
et
n
tio
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activités de co
« En 2006, cinq jeunes européens du programme Explore de WWF ont rejoint
Madagascar, dans l’idée d’y trouver un monde meilleur, une nature unique
à protéger. La réalité nous a ramené sur terre : Madagascar est une île de
22 millions de personnes, qui luttent pour soutenir leurs subsistances et
les ressources naturelles sont leur survie. Nous avons rectifié le tir, notre
nouvelle mission : trouver le juste milieu entre le développement et la
protection de cette merveilleuse biodiversité. Cela a influencé mes choix
car ancienne bénévole du WWF à Madagascar, je travaille maintenant pour
un programme dont l’un des volets consiste à placer la nature au cœur du
développement »
Claire Balbo, ancienne volontaire de WWF Explore, 2006
Une action courageuse…
La conservation et la protection de l’environnement ont bénéficié des efforts incontestables de personnes
qui ont déplacé des montagnes dans la discrétion. A Madagascar, l’une de ces personnes est le Pr Berthe
Rakotosaminanana, une héroïne qui a littéralement ouvert Madagascar à la communauté internationale de
la conservation, changeant à jamais le visage de la science de l’environnement et de la conservation dans
son pays natal.
En 1984, le Pr Rakotosamimanana a signé un accord historique pour fonder un groupe international
de scientifiques susceptibles de promouvoir la recherche biologique à Madagascar. A l’époque, la
Grande île était relativement fermée aux recherches scientifiques. Ce groupe proposait des recherches
et des thèmes de collaboration avec des scientifiques malgaches. Cet accord, signé en dehors de
toutes autorisations officielles, a bouleversé le visage de la conservation et amélioré les recherches
scientifiques à Madagascar. L’accord a d’abord ouvert la porte à un groupe restreint de scientifiques
étrangers, volontairement engagés dans la formation des scientifiques et des étudiants malgaches.
Puis, un plus large panel de scientifiques a pu faire des recherches en terres malgaches, améliorant
ainsi les connaissances de l’environnement et de la biodiversité malgaches. En substance, Madagascar
est passée d’une énigme biologique méconnu à une priorité mondiale pour la conservation. Le Pr Berthe Rakotosamimanana
ainsi ouvert la porte à beaucoup de personnes influentes dans le monde de la conservation et de la science biologique.
d’algues marines
Cet accord historique a moulé la génération actuelle de scientifiques et des chercheurs et a apporté de nombreuses contributions
importantes. Par exemple, en 2004, époque où Madagascar s’est engagé publiquement à tripler son réseau d’aires protégées
à 6 millions d’hectares grâce à la Vision Durban, cet accord acontribué à amener les secteurs de l’exploitation minière et de la
conservation industrielle, traditionnellement en conflits, sur la table de discussion. Le Pr Berthe Rakotosamimanana et un groupe
de scientifiques ont proposé une solution : un moratoire sur l’exploitation minière industrielle dans les futures zones protégées
potentielles afin de donner aux écologistes la latitude d’évaluer ces domaines et déterminer leur importance en termes de
biodiversité. Le moratoire est toujours en vigueur et couvre environ la moitié de toutes les nouvelles aires protégées.
La communauté de la conservation a rendu hommage au Pr Berthe Rakotosamimanana en lui donnant le nom d’un lémurien
endémique à Madagascar : le Microcebus berthae ou le Microcèbe de Madame Berthe.
. Ici, elles
61
Pays insulaire, Madagascar compte 4800km de littoral, avec une biodiversité
marine aussi importante que sa biodiversité terrestre. Au même titre que les
forêts, la mer est aussi une part entière de l’identité malgache, de sa vie sociale
et de son économie. Autant vit-on des services de la forêt à l’intérieur des
terres, autant vit-on des services de la mer, sur les côtes.
© WWF-Canon / naturepl.com / Cheryl-Samantha Owen
la mer et ses richesses
cRÉATION DU
PROGRAMME
MARIN DE WWF
La mer, UNE PRIORITÉ DE CONSERVATION
Les premières initiatives en faveur de la biodiversité marine
commenceront dans les années 1970 mais ne prendront un vrai essor que
vers les années 1990, et après 2003.
© WWF MWIOPO / Jürg Brand
1998
En 1971, suite à un colloque national sur la mer, la première République de
Madagascar lance son projet national de protection des mangroves qui représente
300.000 ha de la superficie de Madagascar. Ce programme augure une nouvelle étape
dans la reconnaissance de la mer et de la biodiversité côtière.
Ce premier projet national de protection des mangroves se veut visionnaire. Il met
déjà un accent sur l’importance des marais de palétuviers pour les écosystèmes
marins et interdit la coupe sauvage de ces espèces, dont les branches sont
généralement utilisées pour la construction d’habitation. Plusieurs initiatives naissent
de ce colloque national sur la mer dont la plus importante aboutit à la reconnaissance
du rôle des mangroves en tant qu’éléments de résilience écologique des écosystèmes
et de stabilisateurs dans certaines zones côtières. L’adhésion de Madagascar à la
convention de Ramsar justifie l’implication du gouvernement dans la protection
de cet écosystème particulier où cohabitent les poissons, les crustacés, les oiseaux
aquatiques. Ce ne sera qu’en 2010 que le gouvernement malgache consacrera une
journée nationale pour les mangroves et lancera une vaste opération de reboisement.
WWF est aujourd’hui activement impliqué
dans la promotion et la protection des
paysages marins prioritaires de Madagascar
et dans l’océan indien occidental. Notre
région est aujourd’hui reconnue comme
l’une des plus grandes richesses naturelles
en biodiversité marine, dont WWF et
ses partenaires s’efforcent d’assurer la
conservation, confirme Rémi Ratsimbazafy,
Leader écorégional de WWF dans l’Océan
Indien Occidental.
ines sont
Les tortues mar
les
plus vulnérab
64
1998
Début du
programme marin
1999
Extension du mandat de WWF
dans l’Océan Indien Occidental
e
ndrainy
avier Vinck
aetan Tovo
WIOPO / X
WIOPO /
G
© WWF M
/ Martin Harvey
© WWF M
Rémi Ratsimbazafy, Leader
écorégional de WWF dans l’Océan
Indien Occidental
En 2006, le comité de pilotage du projet dont fait partie WWF « Réseau d’aires
marines protégées de pays de la
Commission de l’Océan Indien »
tient sa première réunion à Port
Louis, Ile Maurice. Ce fut une
année très active : un inventaire
détaillé a été établi en vue d’un
projet de conservation du récif
corallien de Toliara qui devrait
anticiper le statut d’aire marine
protégée de l’un des plus grands
complexes coralliens du monde, de
même pour l’archipel de Nosy Hara.
© WWF-Canon
Harifidy Ralison, Coordonnateur
du Programme Marin de WWF
En 1998, Madagascar ratifie la convention de Ramsar sur la protection des zones
humides, les lacs et les cours d’eau. Cette même année, les deux premiers sites
Ramsar malgaches sont officialisés. Un an plus tard, WWF étend son mandat aux
îles situées dans la sous-région de l’Océan Indien Occidental afin de mettre en place
un programme pour cette écorégion marine : Maurice, Seychelles et Comores. Le
programme marin de WWF a été créé en 1998: « WWF avait déjà mis sur les rails
plusieurs projets de conservation marine qui touchaient à la fois le milieu marin que
les milieux transitoires, entre mer et terre. Mais la mise en place de ce programme
de conservation marine et côtière montre l’importance que WWF attache à la
préservation et à la gestion durable des écosystèmes spéciaux et hautement productifs
et permet actuellement la mise en oeuvre, d’une stratégie de taille pour une gestion
effective et durable des écosystèmes marins priortaires », souligne Harifidy Ralison,
Coordinateur du Programme Marin de WWF.
La conservation marine ne bénéficie pas
uniquement aux espèces et aux habitats. Elle
avantage aussi les pêcheurs qui vivent des
ressources halieutiques.
les et les
s les plus sensib
l’une des espèce
2006
Création du réseau d’aires marines
protégées de pays de la COI
2007
Accord de partenariat
avec UNIMA
2010
Début du projet de
conservation des mangroves
2013
65
Première Rencontre Professionnelle
de la filière pêche du Menabe
Les mangroves, un écosystème vital
Un accord pour une industrie propre
Les forêts de mangroves représentent 300 000 ha de toute la superficie de Madagascar.
C’est une végétation transitoire entre le marin et le terrestre qui ont la particularité
d’être un habitat important pour plusieurs espèces marines, d’être d’efficaces
stabilisateurs pour certaines zones côtières. Les mangroves contribuent à la résilience
écologique des écosystèmes marins et côtiers et forment des marais de mangroves.Les
mangroves sont présentes dans deux paysages prioritaires de WWF : les 89 000 ha de
marais de mangroves dans le Cap d’Ambre, dans le Nord de Madagascar où l’on trouve
également 323 espèces de coraux représentant l’une des plus fortes diversités de coraux
de l’Océan Indien Occidental ; les 90 000 ha de forêts de mangroves de Manambolo,
dans le paysage de Maintirano, Belo-sur-Tsiribihina où vit la Pyguargue de Madagascar,
Haliaeetus vociferoides, qui est l’un des sept oiseaux de proies les plus menacées au
monde.
Avec le développement économique et l’avancée industrielle, il est évident qu’il faut impliquer le secteur privé dans
la conservation de l’environnement. Dans le but de promouvoir les meilleures pratiques en la matière, de soutenir
un modèle d’industrie capable de réduire voire de minimiser ses impacts sur l’environnement, WWF signe un
accord avec le groupe Unima en 2007.
Cet accord fait appel à la mise en place d’un Plan d’Action pour la Biodiversité (BAP) proposé par WWF pour
une meilleure conservation des espèces phares sur les sites de cette industrie dont la baie de Mahajamba ou l’on
retrouve des forets de mangroves et des forets seches. Puis, un projet Bilan Carbone qui permettra d’atteindre
une compensation des émissions de gaz à effet de serre et le développement de l’aire protégée faite de forêts de
mangroves dans la Baie de Mahajamba.
Par ailleurs, les exigences de la certification aquacole engage le groupe Unima à suivre les recommandations de
WWF pour une pêche durable et profitable qui minimise les impacts sur l’environnement.
Cartographier les mangroves
© WWF MWIOPO
En 2010, WWF lance son projet de conservation et restauration des marais de
mangroves dans les zones de Tsiribihina (Menabe), Maintirano et Manambolo
(Melaky) où vit la Pyguargue de Madagascar, un des sept oisaux de proie les
plus menacées au monde. Dannick Randriamanantena, responsable du projet de
conservation des mangroves explique : « Nous nous mobilisons pour que d’ici 2016, au
moins le quart de cette zone de palétuviers soit régi par un système de gestion durable
et qu’au fur et à mesure, nous pourrons en transférer la gestion aux communautés
locales ». Derrière les marais de mangroves gravitent toute une chaîne de métiers :
pêcheurs artisanaux et industriels, constructeurs, maître-saulniers, communautés
et associations locales. C’est un écosystème dont la conservation pourrait être
économiquement rentable : « Pour le cas des 89 000ha de forêts de mangroves
du Cap d’Ambre, les marais permettent une activité de pêcherie traditionnelle
importante pouvant générer quelques 1 400 tonnes annuelles », commente Dannick
Randriamanantena. Un constat qui amène WWF, dans les années à accompagner la
restauration de ces forêts de mangroves pour une utilisation rationnelle, durable et
profitable à tous.
© WWF MWIOPO
Dannick Randriamanantena,
Responsable de programme de
Conservation des mangroves
66
A Belo-sur-Tsiribihina, les
e de crevettes de
femmes participent à un gran
d reboisement de mangroves
bassins d’élevag
Vue aérienne des
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l’Unima, à Mahaja
67
© WWF MWIOPO / Xavier Vincke
© WWF MWIOPO
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«Le partenariat avec Unima est la
première collboration d’envergure
dans le domaine
de la pêche pour WWF Madagascar
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upement des
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elopper un dialogue
avec l’Unima, dialogue qui a men
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tente. Quand Jason
Clay de WWF International a évo
qué ce partenariat lors de la confére
nce Chine-Afrique,
ce fut la genèse du «Market Tran
sformation Network Initiative».
Jean-Paul Paddack, Représentan
t Régional de WWF,1997-2007
68
69
Le monde change, les défis aussi, nos solutions sont appelées à avoir
une plus grande portée. La réduction de l’empreinte écologique sur les
ressources naturelles est l’une des nouvelles approches de la conservation.
Madagascar, riche de ses forêts, n’y échappe pas. Le défi malgache est de
réduire la dépendance sur les ressources forestières. Plusieurs voies sont
ouvertes : la transition vers les énergies renouvelables, le reboisement à
vocation énergetique, l’adaptation au changement climatique, le REDD+...
© WWF / Martina Lippuner
les nouveaux défis de la
conservation
2007
création du
programme
energie de wwf
Madagascar, vers une transition énergétique
90% des Malgaches n’ont aucun accès à l’électricité. L’essentiel de
l’énergie utilisée au quotidien provient des ressources forestières.
Chaque année, l’approvisionnement en bois de chauffe et en charbon représente une
perte de 0,5% de la couverture forestière de la Grande île.
Dès les années 1970, le gouvernement malgache a pris conscience de cette forte
pression. Plusieurs actions de reboisement ont été appliquées pour atténuer cette
dépendance, avec des succès relatifs.
En 2012, la demande en bois énergie a pris une telle envergure que les chercheurs
ont estimé que 2030 sera l’année de la pénurie en bois de chauffe et en charbon
de bois si aucune mesure n’est prise en la matière. Cette forte dépendance est une
menace sérieuse sur les écosystèmes forestiers et les services écologiques dont les
communautés riveraines sont en droit de jouir. Ces constats ont amené WWF à se
mobiliser pour des projets pilotes dédiés à une efficacité économique et écologique
des énergies renouvelables.
« Le bois énergie, c’est-à-dire le charbon et le bois de chauffe, est responsable de près de 90% des prélèvements
ligneux sur les forêts malgaches. En vulgarisant et en généralisant l’utilisation de fatana mitsitsy, chaque ménage
peut réaliser une économie d’au moins 50% de charbons de bois » commente Rina Andrianarivony, Responsable
du Programme Bois énergie et alternatives, au sein de WWF Madagascar et Océan Indien Occidental.
Cependant, économiser ne suffit pas : il faut reboiser. Le reboisement à vocation énergétique est une nécessité
pour Madagascar. L’objectif serait de disposer entre 20 000 ha à 160 000 ha de plantations de forêts d’ici 2050
suivant la vulnérabilité des ressources en bois énergie afin d’équilibrer l’offre et la demande. En 2008, WWF lance
dans l’Atsimo Andrefana le projet SEESO en coopération avec le Centre National de Recherches Industrielles et
Technologiques (CNRIT) dans le cadre de l’initiative Facilité Energie de l’Union Européenne. 900.000 arbres ont
été plantés depuis 2008.
3200 Fatana pour la terre
En Mars 2013, à l’occasion de
Earth Hour, WWF et l’association
pour le développement de
l’énergie solaire (ADES) ont
distribué 1 000 fatana mitsitsy
aux familles des cinq quartiers
les plus durement frappées par le
cyclone Haruna à Toliara.
« Chacun de ces fatana mitsitsy
a une durée de vie de 3 ans. Ces
1 000 unités pourront aider à
protéger 525 ha de forêts et faire
économiser aux familles
210 millions Ar. C’est-à-dire,
5 900 Ar mensuels » explique
Patrick Randrianirina, directeur
de l’ADES Toliara.
En juin 2013, WWF et ADES ont
distibué une nouvelle vague de
2200 foyers économes dont 100
fours solaires.
Le gouvernement malgache fait de l’année 2007 celle des Energies Alternatives.
Le WWF co-préside le Groupe de Travail Energie avec le Ministère de l’Energie, et
participe à la mise en place du «Cercle Energie Media», forum entre les acteurs du
secteur et les journalistes.
Gérard Rambeloarisoa, Directeur
de la Conservation, depuis 2013
Les foyers économes, une histoire qui fait long feu
L’électricité n’est encore disponible que dans les grandes et moyennes agglomérations
de Madagascar. Le bois énergie, c’est-à-dire le charbon et le bois de chauffe, est la
principale source d’énergie utilisée par huit Malgaches sur dix en raison de ses coûts,
bien plus abordables que l’électricité et le gaz.
© WWF MW
IOPO
© WWF M
WIOPO
Rina Andrianarivony,
Responsable du Programme Bois
Energie et Alternatives de WWF
Dès 1975, le gouvernement lance une vaste campagne de sensibilisation du fatana
mitsitsy, foyer économe, dont il incitait l’utilisation par les familles. Le foyer économe
n’était pas spécialement une découverte dans les habitudes de cuisson malgaches.
Autrefois, les Malgaches utilisaient déjà une forme très économique de cuisson : des
foyers taillés dans la pierre qui avaient la particularité de maintenir une forte chaleur
capable de cuire le riz tout en économisant les combustibles. Le principe des foyers
économes est déjà bien connu des Malgaches. C’est l’idée de l’économie énergétique
en général qui venait de faire son apparition dans le quotidien. Le fatana mitsitsy
est une appellation générique de tous foyers réputés économes et améliorés. Dans
les années 1970, aucune forme d’inventaire n’a été officialisée et le label «économe»
ne correspond pas encore à des normes strictes d’économie de combustibles. Le
Centre Nationale de Recherches Industrielle et Technologique (CNRIT,) rattaché
au ministère de l’Energie effectuera en 2008 les premiers inventaires de ces foyers
économes et mettra en route une certification liée à ces foyers. Dans l’attente de la
validation de cette certification, plusieurs associations et groupements se lancent
actuellement dans la fabrication à moyenne échelle de cet outil de cuisson réputé
économe.
1975
72
Première campagne
de Fatana mitsitsy
2007
Année nationale des Energies
Alternatives
2008
Lancement du programme
Bois Energie
2010
Ratification du
protocole de Kyoto
2012
Vitrine des foyers économes
pendant l’évènement Earth Hour
2013
Distribution de plus de 3 200
fatana mitsitsy à Toliara
2013
73
Distribution de 540 000 lampes à basse
consommation, Lumitsits à Antananarivo
WIOPO
© WWF M
/ Ralf Bäcker
© WWF MWIOPO
Soutenir le développement pour mieux conserver l’environnement
« Le programme Energie de WWF a été lancé en 2007 pour initier et accompagner la
transition énergétique malgache. Ce n’est pas seulement réduire la dépendance sur
les ressources forestières et conserver des habitats naturels. C’est surtout proposer
de nouvelles alternatives énergétiques sécurisantes et sécurisées qui permettent aux
familles de bénéficier d’une source d’énergie renouvelable, propre et qui ne met pas
en danger les services écologiques dont elles sont bénéficiaires.
Nous avons ainsi lancé le projet de distribution de 540 000 lampes basses
consommation baptisées Lumitsits à Antananarivo. Ce sont des lampes économes
plus efficientes que les lampes traditionnelles, qui aident les ménages à économiser
sur leurs factures d’électricité mensuelles et permet surtout d’étendre équitablement
l’accès à l’électricité au plus grand nombre.
Voahirana Randriambola,
Coordonatrice du Programme
Footprint de WWF
Le projet Barefoot collège, coopération de WWF et du Barefoot Collège, Inde,
forment des grands-mères sur le système solaire. De retour à Madagascar, elles sont
appelées à installer des panneaux et autres équipements solaires dans leurs villages
et permettre à tous de bénéficier de l’énergie solaire gratuite au quotidien. Elles
formeront d’autres villageois pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès à
cette énergie renouvelable.
A Beheloka, nous avons mis en place une unité solaire de désalinisation pour
approvisionner cette commune rurale en eau potable et aider les familles à
atténuer leurs vulnérabilités aux effets désastreux du changement climatique.
D’expérience, nous savons que la conservation de l’environnement est impossible si
les communautés ne jouissent pas de leurs droits les plus basiques comme l’accès à
l’eau potable ».
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© WWF MWIOPO
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Adaptation au changement climatique
« Notre programme d’adaptation au changement climatique a commencé à l’époque où
je dirigeais la Conservation au sein de WWF. Nous avons débuté par un grand atelier
organisé en collaboration avec Conservation International. A l’époque, nous ne savions
pas vraiment comment nous devions mener les actions mais aujourd’hui, nous avons
amélioré nos connaissances en la matière. Nos actions sont plus concrètes et plus
précises »
Nanie Ratsifandrihamanana, Directeur de la Conservation 2004-2013
Troisième pays le plus vulnerable au changement climatique dans le monde,
Madagascar a déjà commencé à ressentir les bouleversements des saisons très
tôt. Selon les données et les projections du département de la Météorologie de
Madagascar, le climat de la Grande île a commencé à se réchauffer au début
des années 1970 et cette tendance se confirmera dans le futur, à raison d’une
augmentation de température de 1% tous les ans.
WWF appuie essentiellement la production et la diffusion de documents scientifiques
sur le changement climatique, la recherche sur les effets de ce changement climatique
sur les espèces, les écosystèmes, les communautés.
© WWF MWIOPO / Xav
t climatique
Madagascar face au changemen
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aussi d’un programme d’actions
climatique depuis 2011. Il dispose
érables : l’agriculture, l’eau,
e 15 projets sur cinq secteurs vuln
changement climatique. Il comport
les zones côtières.
la santé publique, la foresterie et
Beheloka au Sud de Toliara est l’une des communautés les plus frappées par les conséquences du changement
climatique. Aujourd’hui, la population se mobilise pour faire face à ce fléau. Depuis décembre 2012, les membres
des associations villageoises se sont lancées dans la culture d’algues marines pour diversifier leurs activités et
améliorer leurs revenus, tout en réduisant la pression sur la mer. Ainsi, les produits de cette culture sont achetés
par des entreprises locales qui les collectent régulièrement en vue, entre autre, de les utiliser dans la fabrication de
dentifrice. C’est une forme d’adaptation au changement climatique : la sècheresse rend l’agriculture aléatoire, les
cultivateurs se tournent vers la pêche rendant la pression sur les produits halieuthiques beaucoup plus importante.
Afin de diversifier leurs revenus, les communautés se lancent dans diverses alternatives génératrices de revenus
telles que la culture des algues.
© WWF MWIOPO
Harisoa Rakotondrazafy,
Responsable du projet Adaptation
au Changement Climatique
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« L’action de WWF consiste surtout à combler les connaissances et renforcer les
capacités locales en matière d’adaptation au changement climatique. Il s’agit donc
de mieux connaître la vulnérabilité des populations et des espèces, mais aussi
d’améliorer les mesures d’adaptation en conséquence. Nous pensons qu’il est
primordial d’intégrer ces mesures d’adaptation au changement climatique dans tout
projet de conservation » souligne Harisoa Rakotondrazafy, Responsable du projet
Adaptation au Changement Climatique au sein de WWF.
Plantation d’algues ma
rines, à Beheloka
76
77
Modélisation
à partir de la
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© WWF MWIOPO / Xavier VIncke
© WWF / Martina Lippuner
La REDD+ à Madagascar
Le mécanisme de la réduction des
émissions dues à la déforestation
et à la dégradation
des forêts REDD+ a été consacr
é par le protocole de Bali, signé en
2007. Pour le cas
de Madagascar, le mécanisme de
la REDD+, encadré par un comité
technique national,
implique des projets qui luttent con
tre la dégradation des forêts.
Le LiDAR à Madagascar
dans un projet
l’Institut Carnegie se sont lancés
WWF, la Fondation Good Planet,
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connaissances en termes de fore
profiter du mécanisme redd+.
78
79
En 1963, WWF était encore un nouveau concept à Madagascar et tournait
grâce à un staff de sept personnes. Au fil des années et des projets, le staff
s’est considérablement agrandi : 750 personnes travaillaient pour le WWF en
1997 dont la majorité au sein du programme Dette Nature. L’essentiel de ces
employés étaient déployés sur les zones de travail. En 2000, 450 personnes
ont travaillé au sein de WWF et en 2007, le staff a été réduit à 350 personnes.
Cette réduction s’explique par le transfert de gestions des parcs nationaux
vers Madagascar National Parks. En 2013, un peu plus de 200 personnes
travaillent pour WWF.
© WWF MWIOPO
TRAVAILLER AU WWF
2013
Anecdotes d’hier
Aujourd’hui, WWF compte un peu plus de 200 employés. Souvenirs, souvenirs…
Anecdotes d’hier : WWF, c’est aussi cela. On se souvient, on en rit….
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Sylvain Rafiadana-Ntsoa, ancien chargé
de communication, 1997-2010
« Ce que j’ai aimé, ce sont les opportunités de
voyager, de faire de belles photographies. J’ai
aimé communiquer le travail de conservation
de WWF, cela m’a vraiment appris à mieux
comprendre le sens que l’on devait donner à la
conservation. Je suis fier des années passées
au sein de cette organisation mais surtout fier
d’être resté assez longtemps pour y prendre
ma retraite ! Ma plus belle expérience fut
sans doute ma collaboration avec Jean-Paul
Paddack qui est un leader exceptionnel. Je
me souviens aussi des longues journées
de travail qui était exténuant mais très
instructives.
A la saison des pluies, les pistes sont inondées
Gu illau me Andr ian
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1993
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2000
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2003
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2013
83
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Valiha Rakotomanakasina
Socio-organisateur de Fandriana
« Il ne suffit pas d’aimer la nature pour
travailler au WWF. Il faut aimer les
personnes aussi. Et quand on les aime,
on s’empreigne aussi de leurs traditions.
Quelles traditions malgaches n’est pas
basée sur l’alcool ? Je suis toujours
étonné de voir la quantité d’alcool qui
se boit dans les fêtes à laquelle j’ai
assisté. Ca fait partie du jeu, je pense.
On ne participe pas mais on essaie de
comprendre aussi. Mon souvenir le plus
important : encadrer les grands-mères
du Barefoot Collège et les préparer pour
leurs formations en Inde. Plongeon
dans le monde des dames, ce fut une
découverte.
-marine,
Plongée sous
au coeur de
l’océan indien
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la dette nature pour la conservation
En juillet 1989, grâce à un appui financier de l’USAID, WWF a signé le premier échange de
dette, aussi connu sous l’appellation « Dette Nature », en faveur de la conservation. C’est
la toute première Dette Nature octroyée en Afrique, grâce à laquelle la Banque Centrale
de Madagascar a autorisé la mobilisation de 2.1 millions de dollars pendant trois ans pour
assurer des travaux de conservation.
Un troisième échange a fourni quelques centaines de milliers de dollars pour la réserve spéciale de BezahaMahafaly. En 50 ans de conservation, l’approche du WWF a beaucoup changé : d’une approche par projet et
programme à une approche par paysage. La Dette Nature a été le premier vrai programme de WWF Madagascar et
est donc une étape importante de l’évolution de WWF.
Evolution des financements de wwf madagascar depuis 1963, en milliers de CHF
« En plaçant l’argent dans les banques malgaches, nous avons obtenu jusqu’à 17% d’intérêt. Le
projet était censé se dérouler sur trois ans, mais il s’est finalement étendu à six ans à l’issue
desquelles, nous avions encore 1 million de dollars à la banque », explique Paul Siegel, ancien
Coordinateur du programme du WWF - Dette pour la nature . A l’ époque, 420 personnes
travaillaient pour ce programme dans 23 bureaux dans tout Madagascar. Le siège était basé à
Nanisana, Antananarivo où WWF Madagascar a toujours ses quartiers.
6 000
« L’un des objectifs initiaux était d’augmenter le nombre de forestiers qualifiés. Nous nous
sommes convenus d’un bon programme de foresterie et de la création de modules, partagés au
niveau national. Plus de 200 personnes parmi celles que nous avons formées ont été absorbés
dans la fonction publique : le personnel du Département Eau et Forêt a pratiquement doublé!
La plupart du personnel de ANGAP provenaient de ce programme», ajoute Paul Siegel, qui a
reçu la distinction honorifique du Chevalier de l’Ordre National malgache plus tard.
4 000
Le programme Dette Nature a permis entre autres d’équiper les agents travaillant au sein des
aires protégées. En 1995, un deuxième accord d’échange de dette pour la nature a été signé
pour 1 million de dollars, permettant à de nouveaux forestiers d’assurer la protection des
forêts qui ne subissaient pas de pressions majeures. Cette approche préventive consistait à
assurer que les forêts ne soient pas totalement dégradées. «Nous avons des gardes-forestiers
dans des zones qui n’avaient jamais été sous protection auparavant. C’était une grande
première, et les habitants locaux ont massivement participé à la gestion de la forêt, ils ont
également été invités à identifier les indicateurs de succès de notre projet. Et cela a changé
leur considération du Département Eau et Forêt», explique Paul Siegel, qui a travaillé pour
le WWF à plusieurs endroits en Afrique, après son affectation à Madagascar. « Nous avons
freiné les incendies, nous avons planté des millions d’arbres! Ce fut un grand moment ... »
2 000
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65-66
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et sur le terrain.
WWF MWIOPO a commencé
ses activités en 1963.
Notre raison d’être.
Arrêter la dégradation de l’environnement dans le monde et construire un
avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature.
® “WWF” is a Registered Trademark.
WWF MWIOPO, Près Lot II M 85 Ter Antsakaviro, BP 738, (101) Antananarivo,
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WWF.mg
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