Vie des villes

Transcription

Vie des villes
Vie des villes
À la Maison carrée, aux jardins de la Fontaine
ou aux arènes répond l’architecture
contemporaine des allées Jean-Jaurès de JeanMichel Wilmotte et l’Abribus de Philippe Starck.
Nîmes,la romanité
De son histoire, elle tire sa modernité, son esprit festif, son art de vivre... Parcours en ville.
de demain!
Reportage et texte DOMINIQUE HOMS-VAILHÉ. Photos PIERRICK VERNY.
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3
Nîme s
Le Nemausus de Nouvel,
les jardins de la Fontaine,
le crocodile, symbole de la
ville, redessiné par Starck,
la Maison carré et
le Carré d’art… l’histoire et
le futur en face à face.
­Q uelle­ville­fascinante,­Nîmes,­avec­plus­de
2 000 ans­d’âge,­n’affiche­aucune­ride !­L’histoire
lui­donne­sa­raison­d’être,­l’avenir­son­énergie.­Une
source­longtemps­mystérieuse­(aujourd’hui­au
cœur­des­jardins­de­la­Fontaine)­et­instigatrice­de
nombreuses­légendes­lui­insuffle­la­vie.­Cette­eau
sera­à­travers­les­siècles­le­fil­conducteur­du­
développement­de­Nîmes.­Si­la­belle­romaine­ne
cache­pas­ses­charmes,­Nemausus,­le­dieu­créateur,
veille.­De­la­Maison­carrée­aux­arènes,­de­la­tour
Magne­au­temple­de­Diane­et­à­la­porte­Auguste,
les­siècles­s’égrènent,­tantôt­florissants,­tantôt­décadents.­Les­protestants,
chassés­pendant­les­guerres­de­Religion,­innovent­pour­survivre­et­imaginent­le­célèbre­tissu­appelé­« les­indiennes­de­Nîmes »­parce­que­exporté­déjà
aux­Indes­espagnoles.­La­ville­s’étend­et­se­construit,­les­hôtels­particuliers
trouvent­leur­place­le­long­du­canal.­Une­bourgeoisie­voit­le­jour,­la­très­classique­des­riches­commerçants­du­sud­de­la­France.­Les­jardins­de­la­Fontaine
deviennent,­dès­leur­aménagement­au­xvIIIe,­le­poumon­vert­et­« chic ».­Une
histoire­« d’eau »­avec­laquelle­les­urbanistes­de­notre­temps­jouent­encore
comme­récemment­Jean-Michel­Wilmotte­sur­des­allées­Jean-Jaurès.­La­ville
bouge­et­l’architecture­contemporaine­signe­aujourd’hui­un­développement
urbain­du­ xxIe siècle.­Si­Jean­Nouvel­a­donné­le­top­départ­d’une­cité­du
futur­avec­son­Nemausus­visionnaire,­d’autres­grands­noms­investissent­les
murailles­de­la­belle­romaine.­Norman­Foster­et­son­Carré­d’art,­Élizabeth­et
Christian­de­Portzamparc­pour­le­futur­musée­de­la­Romanité,­Philippe
Starck­qui­a­réinventé­le­blason­de­la­ville,­un­crocodile­attaché­à­un­palmier
symbolisant­la­soumission­de­l’Égypte­à­Rome.­Nîmes­s’affiche­comme­la
cité­ouverte­à­toutes­les­cultures­où­les­plus­grands­peintres­contemporains
tel­Claude­viallat­s’expriment­en­se­servant­d’elle­comme­muse...­
Frédéric­Mistral,­Alphonse­Daudet,­plus­récemment­Christian­Ligier­
sont­autant­de­plumes­qui­ont­su­comprendre­et­aimer­cette­ville­du­Sud…
un­Sud­créatif,­un­Sud­festif,­celui­que­nous­aimons,­nous­aussi,­découvrir.­
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La culture, les artistes
Le Carré d’art
Patrimoine du XXe siècle
Voilà vingt ans que l’architecte Norman Foster imaginait
pour la ville le forum du nouveau millénaire symboliquement
lié à la Maison carrée construite, il y a deux mille ans, par
les Romains. Centre d’art contemporain, lieu d’échanges
et de culture, le Carré d’art, avec son architecture de
béton, de métal et de verre, reste étonnement contemporain. Norman Foster considère cette réalisation comme
une de ses œuvres maîtresses. C’est certainement pour
cela qu’il a accepté d’être le commissaire de l’exposition
anniversaire avec des œuvres emblématiques représentant son « musée imaginaire » comme le définissait André
Malraux. Grand collectionneur, l’architecte britannique
a toujours travaillé avec des artistes. Classé au Patrimoine
mondial du xxe siècle, le Carré d’art signe de sa modernité
une étape importante sur l’axe romain allant de la tour
Magne à la Maison carrée et jusqu’aux arènes et au futur
musée de la Romanité. Jusqu’au 27 avril, exposition
Chorégraphies suspendues.
Carré d’art, 16, place de la Maison-Carrée, tél. 04 66 76 35 70.
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Nîme s
Restos
Le ciel de Nîmes Vue imprenable
Installée sur les terrasses du Carré d’art, une brasserie
idéale pour une halte déjeuner entre deux expos. Côte
de taureau de Camargue, tartare de bœuf… Comptez
32 B. 16, place de la Maison-Carrée, tél. 04 66 36 71 70.
Le Lisita Ambiance « romaine »
Dans une belle demeure du centre, face aux arènes, le Lisita reste
une institution. Le restaurant gastronomique s’est transformé en
brasserie tendance, où le chef Olivier Douet s’applique à offrir des
bons produits frais comme le filet de taureau sauté, purée aillée et
pousses d’épinard, jus de rôti tranché... ou la pluma de pata negra,
polenta crémeuse, jus aux cinq épices... Magnifique terrasse sous
le platane. Formule déjeuner, à partir de 26,60 B. Le soir, à partir
de 30,90 B. 2, boulevard des Arènes, tél. 04 84 31 21 29.
Le Skab
Contemporain et Sud
Restaurant
Alexandre
Le terroir chic
À quelques tours de roues des arènes,
au cœur d’une exubérante végétation
méditerranéenne, Michel et Monique
Kayser ont su imposer leur table comme
l’une des meilleures de la région (2 étoiles
au Guide rouge). Michel aux pianos joue
à la perfection une partition gourmande
aux tonalités du Sud. Les produits, il les
aime « d’ici » et déniche les meilleurs. « On
ferme les yeux et l’on doit savoir tout de
suite ce que l’on mange… » Rouget de
Méditerranée cuit à la salamandre, jus
barigoule et basilic, bouille de poissons
de roche, coquillages sur légumes acidulés et léger mousseux au safran des
Cévennes ou tartare de taureau de
Camargue en tournedos serti au raifort,
sorbet à la betterave et condiments… une
véritable poésie gourmande ! Déjeuner
autour d’un plat, 48 B, menu-carte, 76 B,
menu dégustation 148 B. 2, rue XavierTronc, 30128 Garons, tél. 04 66 70 08 99.
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En cuisine Sébastien Kieffer, en salle Alban Barbette… un duo
d’amis pour une adresse qui monte ! Leurs armes, ils les ont
faites chez Pourcel et chez Gagnaire… et cela se sent ! Du
soleil, de la couleur, de la modernité, mais toujours des saveurs
vraies pour une table méditerranéenne. Le grenadin de veau
est poêlé à l’ail confit, servi avec un cannelloni de champignons
au parmesan, oignons et carottes fanes glacés, le pavé de
maigre, quant à lui, est cuit dans un beurre mousseux, accompagné de riz rouge de Camargue et d’une soubise d’oignons
et, pour finir en douceur, le biscuit de pain de Gênes mousseux
à l’orange, gelée sanguine et sorbet assorti infusion Grand
Marnier. Formule midi, 2 plats, 24 B, menu Plaisir, 42 B, menu
Dégustation, 70 B. 7, rue de la République, tél. 04 66 21 94 30.
Aux Plaisirs des halles Bistronomie
Sébastien Granier connaît tout le monde et pour cause… tout le monde
va aux Plaisirs des halles déguster les produits frais du marché qu’il
travaille avec passion et générosité. Brandade de morue, évidemment,
mais aussi filet de bœuf à la Saint-Gilloise avec des anchois… Pour
la feria, sur la terrasse la plancha grille les poissons du jour ! Menu du
jour, à midi, 22 B, le soir, 24 B. 4, rue Littré, tél. 04 66 36 01 02.
Le 9
La cantine du « Tout-Nîmes »
Ouvert de mai à septembre (d’une feria
à l’autre) Le 9, orchestré avec brio par
son fondateur Jean-Paul Boyle, est la
table de Nîmes où il faut « être vu », le
QG gourmand des aficionados. Si l’assiette est gourmande et bien de chez
nous (tout vient des halles), calamars
frits, épaule d’agneau des Alpilles,
padrones (petits piments verts) et aubergines grillées, moules à la tomate et au
basilic, le décor l’est tout autant. Dehors,
chaises et tables de jardin nappées de
blanc, dans une débauche de lumignons ; dedans, mobilier stylé des
années 1930 qui confèrent à ce lieu une
atmosphère unique. « Ni bar, ni restaurant, ni bodega », aux dires du maître des
lieux… juste un rendez-vous à ne pas
manquer ! À partir de 40 B avec les vins.
9, rue de l’Étoile, tél. 04 66 21 80 77.
Chez Raoul
L’esprit brasserie
Un lieu de rendez-vous très
prisé des Nîmois. Après
avoir créé L’Aile ou la
Cuisse, à Saint-Rémy, et
un passage par Marrakech
et Avignon, Yvan Gilly et
Jean-Pierre Voisin reviennent au pays. Yvan, aux
pianos, sait jouer des produits des halles. « Je ne
veux pas tomber dans le
côté revisité branché, je
cuisine comme à la maison
le petit salé de saintjacques aux lentilles, chou vert farci aux pieds de porc, jus réduit ou
encore la marmite du chalut. » Reste que l’inventivité est quand même
au rendez-vous avec une touche de modernité que ce Camarguais
sait offrir aux gourmands de passage. Serveurs souriants en marinière,
accueil des plus chaleureux… Formule, 19 B, plat du jour, 15 B, menu
du mardi au jeudi, 27 B. 29, rue de la Madeleine, tél. 04 66 21 75 72.
3
Nîme s
Restos et
terroir gourmand
Restaurant
Vincent Croizard
L’accueil à la maison
Ici, l’on sonne pour accéder au restaurant. Une jolie table inventive qui a
trouvé son cadre entre les murs de
pierre de la vieille ville. Aux beaux jours,
dans le jardin, les tables nappées de
blanc apportent une ambiance raffinée
et sereine. Dans l’assiette, Vincent joue
avec finesse des produits de saison
sélectionnés. Daurade rôtie, beurre
salin aux cinq parfums, juste cuit d’épinards, nori et soja, émulsion d’huîtres
de Bouzigues, petites compositions
saisonnières comme celle autour de
la sardine. Formule déjeuner, 23 B,
menus, à partir de 48 B. 17, rue des
Chassaintes, tél. 04 66 67 04 99.
Brasserie de la
Grande Bourse
Le rendez-vous
des aficionados
Pendant la feria, elle se transforme en quartier général pour
le « gratin » de la corrida. Au
premier étage, dans les salons
Art déco, on se retrouve pour
l’apéro et l’on débat du dernier paseo. Une jolie adresse
pour boire un thé ou dîner
entre amis. 2, boulevard des
Arènes, tél. 04 66 67 68 69.
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La Terna Chez Manu...
…dit « Le Blond », ambiance taurine
garantie ! C’est un peu normal, le maître
des lieux est mozo de espadas valet
d’épées, tout dévoué à son matador.
Des photos, des toiles, des sculptures,
des tables griffonnées, autant d’éléments du décor qui donnent le ton.
Côté assiette, bonne cuisine familiale
comme les célèbres tripes à la madrilène qui attirent les foules. Menu déjeuner 12 B, plats entre 15 B et 20 B.
47, rue de la République, tél. 04 66 21 84 74.
Les halles Le ventre nîmois
Aucun Nîmois ne manque son rendez-vous matinal et quotidien
aux halles. Le week-end, c’est l’affluence des épicuriens en
quête de la meilleure huile d’olive ou encore de la meilleure
friture de rougets ! Tous les bons produits de saison et de
région s’y exposent sur les étals qui rivalisent de gourmandise.
Après avoir bu le café ou réservé un petit coin sur le comptoir
des Halles Auberge pour grignoter à l’apéro une gratinée
de brandade à la tapenade, les paniers se remplissent…
À ne pas manquer… Chez Boulet-Marée, où l’on vient,
depuis 1936, choisir ses poissons qui arrivent en direct de Sète et de Port-Vendres.
Aux Olives Daniel, pour la picholine et les olives de Nyons,
sans oublier les tapenades maison et la fameuse brandade
nîmoise ! La fromagerie Vincent Vergne, classée parmi les dix
meilleures du pays avec un choix exceptionnel comme les brebis
de Mme Brinchard en Aveyron et les fromages de chèvre de
Didier Pascal des Cévennes. La Crèmerie des Greffes, pour
ses fromages frais et coulis maison, ses crèmes brûlées et
surtout la fameuse chantilly à laquelle personne ne résiste...
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Nîme s
Terroir
gourmand
Costières
de Nîmes
De bons crus
Épicerie l’Oustaù Nadal
Gourmande et traditionnelle
Corinne Ortega a racheté il y a huit ans cette vieille boutique à la famille
Nadal. Un lieu des années 1950 qu’elle n’a pas voulu transformer et
qui reste aujourd’hui dans son « jus ». L’huile d’olive de chez Benoît à
Alès est toujours vendue au détail comme à l’origine. Beaucoup de
spécialités méditerranéennes, comme le caviar d’aubergines, la sardinade, l’anchoïade, le pistou rouge et des boîtes de bonbons croc’odile
à l’effigie de la belle romaine. 4, rue des Marchands, tél. 04 66 67 80 18.
Château de la Tuilerie
La Nîmoise Une célèbre brandade
La Maison Villaret
Le croquant de Nîmes
Incontournable… Né vers la fin du xVIIIe,
ce petit gâteau sec très dur aux
amandes, miel et citron devient célèbre
un siècle plus tard. Trempé dans une
tasse d’Earl Grey, c’est un vrai délice.
Boulangerie-pâtisserie, 13, rue de la Madeleine, tél. 04 66 67 41 79.
Qu’on la tartine froide sur des tranches de pain grillé à l’apéritif
ou qu’on la déguste chaude comme plat principal associée
à des lamelles de truffe de l’Uzège, la brandade de Nîmes
est une spécialité à base de morue, de lait et d’huile d’olive.
Même si l’origine reste un mystère, il semble probable que
la recette soit née au xVIe siècle à l’époque où les marins bretons de retour de Terre-Neuve cherchaient du sel pour conserver leurs pêches. Ils échangèrent ainsi des poissons contre
« l’or blanc » d’Aigues-Mortes. Au xVIIIe siècle, le cuisinier
Durand mit au jour cette technique consistant à pocher la
chair de morue dessalée
dans du lait puis à
l’émulsionner avec de
l’huile d’olive. La brandade de Nîmes était
née. Aujourd’hui, Christophe Mouton, brandadier, restitue dans ses
ateliers « La Nîmoise » la
recette de ses ancêtres
dont la brandade aurait
été servie à l’époque à
la table de l’Élysée !
18, rue Émile-Jamais, tél.
04 34 28 67 43.
Connaissez-vous le petit pâté de Nîmes ?
Le Sud aime bien ces tourelles de pâte brisée qui prennent selon la région des
saveurs variées. À Pézenas, le petit pâté se garnit d’une farce sucrée-salée
inventée au xVIIIe par un certain Lord Clyde… À Nîmes, il est exclusivement à
la viande et régalait déjà les amis d’Alphonse Daudet ! Tombé dans l’oubli, il
renaît de ses cendres grâce à l’esprit « tradition » de certains artisans de bouche
comme Thierry Bosc (charcutier traiteur, 46, rue Nationale). De veau et de porc
assaisonnés, il devient gourmandise apéritive sur les tablées estivales. Il est
aussi quelquefois garni de brandade mais à Nîmes, quoi de plus naturel !
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Depuis trente ans, Chantal
Comte mène de main de
maître cette propriété familiale créée par son père
dans les années 1950.
Aujourd’hui, elle impose ses
vins dans la liste des meilleurs crus de l’appellation.
En agriculture raisonnée, la
récolte de ses 62 hectares
de vignobles suit un parcours « maison » entièrement opéré sur le domaine.
À retenir, les cuvée Éole et
Alma Soror, l’exceptionnel
millésime 2011 sans oublier
l’huile d’olive du domaine.
571, chemin de la Tuilerie,
tél. 04 66 70 07 52.
Château St-Elisabeth
Ce domaine élabore des vins
de qualité travaillés dans
la cave du domaine. Les
rouges et rosés collectionnent les médailles et le
Château Saint-Elisabeth
2010 est référencé au guide
Hachette des vins, comme
un produit harmonieux à
moins de 5 B. 30128
Garons, tél. 04 66 01 11 22.
Et encore…
Château de Campuget,
Campuget, 30129 Manduel,
tél. 04 66 20 20 15.
Château d’Or et de
Gueules, chemin des Cassagnes, route de Générac,
30800 Saint-Gilles, tél. 04
66 87 32 86.
Château L’Ermitage, Castillon & fils, 1301, chemin
dit de la Saou, 30800 SaintGilles, tél. 04 66 87 04 49.
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Nîme s
Déco
Franck Argentin
Tout RBC…
C’est de Nîmes que tout est parti lorsque, il y a quelque vingt-sept ans, Franck Argentin demande
à Philippe Starck de lui tracer les contours de son premier showroom. Un lieu d’exception indémodable qui, en plein centre historique de la belle romaine, met en scène les plus grands designers :
Kartell, Cappellini, Vitra, Cassina... Homme d’affaires de haut vol et passionné de création, son
histoire continue de s’écrire sur les pages du design, bien au-delà de la région Languedoc-Roussillon,
avec des espaces à Montpellier, Avignon, Gallargues (devenu depuis l’été 2013 le showroom
Unopiù) et Lyon. Mais Franck affirme haut et fort qu’il est avant tout nîmois même si c’est à Montpellier
qu’il a choisi de poser son Design Center signé par son ami architecte Jean Nouvel, celui qui a
croisé son chemin il y a plus de trente ans alors qu’il créait le Nemausus. Voyageur infatigable, il
aime se retrouver dans son mazet au cœur des pinèdes de la tour Magne et y recevoir ses amis
pour déjeuner puis partager une partie de pétanque. C’est cela, l’art de vivre à la nîmoise !
1, place de la Salamandre, tél. 04 66 67 62 22.
Presque un rituel, les déjeuners d’avant-feria de Franck Argentin
où il réunit ses amis pour une journée au mazet.
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3
Nîme s
Déco
Copirates...
« DeNim » et de papiers
3 univers
pour la déco
Marlies Fleurs Douceurs
parfumées 23, rue de l’Horloge,
tél. 04 66 67 97 61. Ici, ça sent
bon la fleur fraîche avec des bouquets contemporains ou romantiques toujours de bon goût.
Droguerie des Halles Haute
en couleur… 4, rue des Halles,
tél. 04 66 67 33 90. Chez Georges
Ménard, il y a tout ce que l’on
peut imaginer trouver dans une
droguerie d’antan ! Avec, dans
les tiroirs de métiers ou les
bocaux de verre, des poudres
multicolores et plus de 200 teintes
pour créer ses propres gammes.
Né d’une rencontre entre deux créatrices,
Myriam Balaÿ Devidal qui vient du Design
Objet et Lydia Rump du stylisme de mode,
le « collectif Copirates » voit le jour en 2009.
C’est dans un appartement à deux pas des
quais de la Fontaine que nos créatrices associent leurs élucubrations pour donner naissance à des objets et des scénographies où
la récup’ est fil conducteur. Vieux vêtements
et papiers, le bleu Denim « DeNimes » est à
l’honneur dans des collections éphémères…
petit clin d’œil pour la ville qui reste le berceau
du sergé (tissu jean) tissé en ses murs au
xVIIIe, teint à Gènes avec l’indigo et expédié
vers la Californie où il sera transformé en vêtement de travail... le jean ! Myriam et Lydia
jouent avec les textiles, les déchirent, les
décolorent, les teintent et les réinventent en
cartes du monde ou baluchons « DeNimes ».
Dans l’atelier-maison, la déco se décline en
bleu et blanc, en abat-jour de papier, en sacs,
plateaux, mais aussi coussins, courtepointes
et porcelaine… autant d’objets poétiques à
retrouver sur leur site http://lescopirates.fr/
Les Papillons Pour la maison
13, rue des Greffes, tél. 04 66 67
15 96. Mireille Bois est tapissière
en ameublement. Chez elle, il y
a des tissus d’éditeur : Lelièvre,
Nobilis, Frey…, les enduits
Mercadier, les peintures Farrow
& Ball et Little Greene comme les
passementeries Houlès.
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Nîme s
Déco
La fondation.
Domus
Le design et une fondation
Le showroom.
On ne présente plus Alain Recolin et
Alain Dussaud qui s’emploient, depuis
presque quarante ans, à donner au
design une vitrine. Déjà, dans leur showroom installé au centre-ville dans les
locaux d’une ancienne usine électrique
du xIxe, les belles marques s’affichent,
Zanotta, Artemide, Cassina, Driade,
Knoll, Flos, Baccarat... mais l’histoire ne
s’arrête pas là. Alain Recolin achète
l’autre partie du bâtiment xVIIIe à l’arrière
du showroom et métamorphose cette
demeure en une fondation entièrement
vouée au design et à l’art contemporain.
Pari réussi ! Pour la première exposition,
c’est la maison Zanotta qui vient y fêter
ses 60 ans et investir jusqu’en septembre les quatre étages avec ses collections de meubles au grand complet.
11, rue de l’Horloge, tél. 04 66 76 13 56.
Fondation ouverte sur rendez-vous.
Et du design encore dans l’univers privé d’Alain Recolin...
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7
Nîme s
La culture, les artistes
Claude Viallat
Créateur libre
Le cofondateur du groupe Supports/
Surfaces vit et travaille à Nîmes où il est
né. L’homme est timide, secret, renfermé
même, plongé sans doute dans ses rêveries créatives qu’il revendique purement
instinctives. Cet automatisme qui caractérise son œuvre, ces motifs neutres appliqués au pochoir, répétés à l’infini, prennent
vie dans la couleur et la matière. « Quand
je peins une toile, j’accepte le résultat qui
s’impose à moi car tout se joue dans les
accords de couleurs qui me sont donnés. »
L’artiste travaille sur des matériaux de
récupération, qu’ils soient unis ou bariolés.
Son œuvre n’est autre que le résultat
d’une alchimie entre les éléments. Aficionado de courses camarguaises comme
de corridas, l’influence de l’art tauromachique est grande sur ce passionné qui
collectionne le moindre objet en rapport
avec le taureau. Nombre de ses œuvres
sont exposées au musée des Cultures
taurines de Nîmes, ville où il fut longtemps
directeur de l’école des Beaux-Arts.
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3
Nîme s
La culture, les artistes
Michel Tombereau
Un peintre heureux
Michel n’est pas « tombé dans l’art
quand il était petit », pas plus qu’en grandissant puisqu’il s’oriente vers le professorat de sciences. Mais, un jour, il
couche sur la toile ses premières impressions tauromachiques. « J’aime la couleur, le monde, la feria et cela m’inspire… », il découpe, colle, colorie,
donnant à son travail une dimension instinctive profondément enracinée dans
les traditions locales. En 2006, il est
choisi pour faire l’affiche de la feria tout
comme l’ont été en leur temps Claude
Viallat ou Sylvain Fraysse. Plein d’humour
et de fantaisie, Michel reste avant tout
nîmois et prend régulièrement avec ses
amis son petit déjeuner aux halles… pas
un crème, non, mais de la bonne
« cochonnaille » avec du costières...
rouge ! Depuis peu, il revient à ses premières amours, la botanique. Sur ses
carnets de croquis, il réinterprète la fleur
tranchée sous l’œil du microscope électronique. Il en compose des mosaïques
abstraites, nouvel élan dans une créativité débordante.
Librairie Teissier
Le temple de la littérature
Ce sont aujourd’hui Pierre-Jean et Vincent
Teissier qui naviguent à bord du vaisseau de
la rue Régale. Dans cette librairie familiale,
rien n’a bougé depuis les années 1950,
seules les générations de lecteurs passent
et repassent, réconfortant constat que la
lecture attire encore ! L’oncle HenrI y est pour
quelque chose… Ce passionné de littérature
a toujours su faire des sélections rigoureuses
et éclectiques, secret d’échanges avec
sa clientèle amie, et se plaît à raconter sa
passion pour Rimbaud, Proust et Céline.
« La librairie, c’est un sacerdoce qu’aujourd’hui mes neveux ont accepté de poursuivre, et ils le font bien, cette librairie est une
institution qui se doit de toujours exister ! »
11, rue Régale, tél. 04 66 67 44 06.
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Nîme s
3 architectes dans la ville
Nathalie d’Artigues Nîmoise plus que tout !
Architecte talentueuse, elle n’a pas eu envie de quitter sa ville natale même si ses nombreux chantiers
la conduisent ici et là. Sa passion ? La réhabilitation de bâtiments anciens ou des monuments historiques comme la restauration du fronton du palais de justice de Nîmes ou de la galerie Jules Salles.
Architecte conseil de la ville, elle intervient souvent dans le secteur sauvegardé. « La ville s’est développée doucement et petit à petit, ce qui a permis d’éviter des constructions et des aménagements
anarchiques et de la préserver en gardant ce caractère urbanistique acquis depuis la période
romaine... » Mais Nathalie d’Artigues aime aussi travailler la modernité dans des projets plus libres
comme elle l’a fait pour le mazet de Franck Argentin ou la maison de Simon Casas. Si elle vit à cent
à l’heure, elle n’en rate pas pour autant les ferias ou les retrouvailles entre amis au restaurant Le 9.
NDA Architecture, 16, rue Cardinal-de-Cabrières, tél. 04 66 04 15 13. Jean Nouvel Nîmois d’adoption
C’est parce qu’il est venu réaliser dans les années 1980 le Nemausus à Nîmes, un monumental
vaisseau destiné à l’habitat social, et qu’originaire du Sud-Ouest il fréquentait déjà les corridas
de Dax et de Bayonne que Jean Nouvel a tissé avec la ville les liens les plus profonds. « J’ai
découvert dans cet amphithéâtre romain des corridas de très haut niveau et je n’en rate plus
aucune ! » Et c’est vrai, il ne se passe pas une feria sans que l’on voie inévitablement l’architecte
en compagnie de son confrère et néanmoins ami François Fontès dans les premiers rangs des
arènes. Pour lui la corrida est un des spectacles les plus métaphysiques qui soient, rempli de
symboliques qui créent des sensations aussi imprévisibles que la vie. Aux détracteurs virulents, il
affirme que la cruauté est ailleurs… Passion, émotion, autant de mots que s’applique à utiliser Jean
Nouvel, des sentiments qui font vibrer ses talents d’architecte tout en guidant son trait de crayon.
Pour lui, l’architecte est un peu un cleptomane, voleur de couleurs, d’odeurs, de sensations. Nîmes,
il l’aime à toutes les saisons, il se plaît, lui aussi, au 9 qui est depuis longtemps sa cantine mais aussi
à L’Imperator, hôtel mythique du monde de la tauromachie auquel… il appartient un peu !
Ateliers Jean Nouvel, 10, cité d’Angoulême, 75011 Paris, tél. 01 49 23 83 83.
Philippe Bonon Nîmois pour l’Histoire
Au sein de son agence de Montpellier A+Architecture, il développe de nombreux projets
et est associé avec Élizabeth et Christian de Portzamparc sur le futur musée de la Romanité.
C’est face aux arènes que prendra place ce bâtiment spectaculaire voué à l’histoire de la
cité. Certes les premiers coups de pelles viennent juste d’être donnés pour une ouverture
au public prévue en 2017, mais le projet est d’envergure, prêt à mettre enfin en avant ce
richissime patrimoine historique, beaucoup de vestiges étant aujourd’hui invisibles au public.
Les Nîmois attendent donc avec impatience cet espace de culture lié à leur histoire et qui,
à l’image du Carré d’art jouxtant la Maison carrée, offrira dans les drapés de sa façade le
reflet des arènes. Symbole s’il en est de l’osmose entre l’histoire et la contemporanéité.
Arche Jacques-Cœur, 266, place Ernest-Granier, 34000 Montpellier, tél. 04 99 74 27 42.
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Nîme s
à l’heure de la feria
Torera à cheval, Léa Vicens est une pure Nîmoise même si elle vit aujourd’hui
à Séville ! à 28 ans, elle vient de recevoir son alternative des mains d’Ángel Peralta,
icône de la tauromachie équestre. Une jolie ambassadrice pour la ville.
D
eux fois par an, pour la feria de la Pentecôte et celle des vendanges, Nîmes vit au
rythme des paseos et des sévillanes. Si la corrida se pratique dans les arènes depuis
1813 sous une forme totalement différente de celle de nos jours, c’est réellement en
1952 que naît la tradition de ces fiestas qui nous arrivent droit d’Espagne. Le mythe du taureau et l’attachement du Nîmois à celui de Camargue donnent un sens à cette fête qui métamorphose la cité romaine. L’euphorie est à son comble et, malgré quelques débordements
portés par quelques verres de costières en trop, l’ambiance prend des couleurs d’aficionado
(amateur de corrida), de cartel (programme d’une corrida), de muleta (tissu rouge utilisé par le
torero) et de costume de lumière... La tension monte autour des arènes et lorsque les portes
s’ouvrent, la foule s’engouffre dans ces gradins millénaires, les peñas donnent le ton et commencent à jouer les notes du célèbre « toréador prends garde à toi » de Carmen. Là, s’y retrouvent
des célébrités, l’architecte Jean Nouvel ou encore Rudy Ricciotti qui ne manque aucune
corrida. Dans les années 1950, lorsque la feria commence déjà à hypnotiser la ville, ils sont
nombreux à descendre de la capitale pour venir s’afficher dans les jardins de l’Imperator… on
attribue ce succès à la venue de Régine attirant autour d’elle des Brigitte Bardot, Clouzot,
Cocteau, Bernard Buffet, Jean-Claude Pascal... Mais la feria c’est aussi la fête dans la ville.
Très attendue par certains, haïe par d’autres, elle appartient à jamais à son patrimoine culturel.
Feria de Pentecôte, du 4 au 9 juin. Information et réservations : http://www.arenesdenimes.com
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Simon Casas... « Une corrida, c’est un spectacle d’art »
Adoré par certains, détesté par d’autres… le directeur des arènes de Nîmes vit dans un
tourbillon entre son histoire, sa brève vie de torero et les arènes qu’il dirige, Castellón, Nîmes,
Valencia… Fasciné dès son jeune âge par la corrida, il revêtira l’habit de lumière une fois. Une
carrière dont il rêve par-dessus tout mais à laquelle il va mettre un terme dès le lendemain.
Se pensant incapable de devenir un grand torero, il choisit de devenir impresario. Il fera de
Marie Sara la torera à cheval que l’on connaît et qui sera sa compagne de nombreuses années.
L’homme est difficile à approcher. Malgré cette carapace qu’il s’est appliqué à assembler, la
brèche sensible est décelable… Cultivé, écrivain, amoureux fou de littérature, de Rimbaud et
de Céline, créateur du Prix Hemingway récompensant des nouvelles autour de la tauromachie,
il sait ouvrir son cœur et son esprit en offrant aux aficionados de grands moments d’émotion.
Il est aujourd’hui une figure emblématique de l’organisation des corridas en Europe.
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Nîme s
à l’heure de la feria
L’Imperator Un hôtel culte
Il y a trois ans lorsque l’Imperator est mis en vente, le Nîmois Serge Sanchez
décide de l’acheter. Aficionado, il a toujours aimé ce lieu qui a vu défiler les plus
grands noms. Hemingway et Ava Gardner, Picasso et Cocteau venaient aux
corridas et « l’Impe » était leur havre de paix. Le style Art déco est resté intact.
L’ascenseur historique a « transporté » les toreros les plus réputés qui dorment
traditionnellement ici, comme le Nîmois Nimeño II et la nouvelle vedette des
arènes, José Tomás. Pendant les ferias, les jardins se transforment en bodega
où le Tout-Nîmes se retrouve en quittant la « Pablo Romero » (l’association des
amis de Pablo Romero fondée par Serge Sanchez). Les chambres (à partir de
99 B), refaites dans des styles différents, jouent entre grand classicisme et
modernité. Quai de la Fontaine, 15, rue Gaston-Boissier, tél. 04 66 21 90 30.
Fiesta et souvenirs
Bodega les amis de Pablo Romero
Depuis 1996, cette ancienne synagogue s’est métamorphosée en
un lieu festif voué à la tauromachie.
Son histoire est belle. Pour sauver
les taureaux d’un éleveur espagnol
en faillite, l’association des amis
de Pablo Romero est créée. C’est
peine perdue mais pour remercier
ce bel élan de générosité, il offre
ses 110 ans de souvenirs qui vont
trouver place dans cet espace au
cœur du Vieux-Nîmes. Pour la
feria, les Nîmois s’y retrouvent pour
boire un verre et chanter aux sons
de la messe sévillane projetée sur
écran géant. Il faut y être ! 12, rue
Émile-Jamais, tél. 04 66 67 68 25.
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Nîme s
à l’heure de la feria
Le moment symbolique de l’habillage du torero Morenito
de Nîmes. Un art qui requiert plus d’une heure de gestuelle.
Le musée des
Cultures taurines
Ligne de Bohème
L’Esprit nîmois
Une boutique bien dans l’esprit de la feria...
Costumes de lumière anciens des années
1950, capes de paseo, anciennes affiches,
sans oublier les collections de foulards
de Christian Lacroix, Plaza de toro et sa
nouvelle ligne de vaisselle Sol y Sombra.
Un bel hommage. Il ne pouvait
qu’être à Nîmes tant la ville est
riche en souvenirs tauromachiques. Un espace situé à deux
pas des arènes. La culture de la
feria, qui fait vibrer la cité depuis
1952, y est présentée avec pertinence. Costumes de lumière
d’autrefois, hommage au maestro José Tomás, célèbre matador
qui, de ses talents, a « mis le
feu » aux arènes lors d’une corrida mémorable, le 16 septembre
2012, et enfin magnifique collection d’œuvres de Claude Viallat.
6, rue Alexandre-Ducros, tél. 04 66
36 83 77. Ouvert du mardi au
dimanche de 10 h à 18 h.
38, rue de la Madeleine, tél. 04 66 21 83 80.
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