URGENT PARADISE

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URGENT PARADISE
URGENT PARADISE
MI VIENE L’ACQUOLINA IN BOCCA 18/05/12 – 15/06/12
avec / mit / con / with :
Sara Gassmann, Samuel Gfeller, Adrien Guillet, Simone Holliger, Lauren Huret, Livia Johann, Micheal Lianza,
Chloé Malcotti, Andrea Marioni, Aurélie Menaldo, Sébastien Mennet, Louise Mestrallet, Maryline M'Gaïdes,
Monica Rodriguez, Habiba Saly, Mara Schaller, Sara Da Silva Santos, Aymeric Tarrade, Laurence Wagner,
Tamara de Wehr, Arnaud Wohlhauser, Marius Zemp
Je suis au large de l’Italie en tant que marin ou passager à bord de ce bâteau. L’eau est tout autour pour qu’il
flotte, mais le sel je ne sais pas trier, donc je meurs de manque de réserves ou de manque de sauvetage, et en
tous cas de soif alors que la fontaine est partout. En plus j’ai la bouche pleine de salive que je voudrais boire,
vraiment le tragique c’est le gaspillage. Après la salive devient une pâte avec des pierres salées qu’il faut cracher
dans l’eau et je rigole parce que j’ai la bouche pleine de sable pendant que la mer fait des vagues alentour. Je
vais mourir et je me dis qu’il y a comme une mauvaise distribution des richesses qui apparaît violemment dans
le tableau, à moins qu’on ne me sauve. Avec un grand verre d’eau ou sinon un baiser urgent.
Arrivé à terre par magie (deux semaines plus tard), je trouve une fontaine. Je suis content mais je veux manger
des conche tu madre . Je me monte une fringale de femme enceinte et on m’entend crier dans la rue « conche
tu madre, conche tu madre ». Quelqu’un me comprend mal et me frappe, un autre me propose d’aller dîner chez
sa mère : elle vit dans une cabane, situation précaire due à sa retraite et à ses choix de vie les uns après les
autres, parmi lesquels celui d’avoir quitté son mari.
J’y vais et je trouve la dame, douloureuse comme un petit chez soi, mais tendre et pas idiote, avec l’eau
courante dans un robinet qui goutte. D’autres me rejoignent, nous sommes bientôt une assemblée face à la
femme confite. Sans attendre, elle nous appelle « Les impuissants des grands restaurants réunis » et nous offre
un jus de pastèque sans pulpe avec dedans les coquillages de mes rêves (plus citron, ail et coriandre). Un
instant je suis satisfait mais en partant je déambule et je culpabilise de ma vie et de mon métier.
Ma foi comme j’ai de nouvelles mauvaises habitudes dues à mes fonctions, je sens me monter un appétit pour
les terrasses des restaurants chics que je croise sur l’avenue. Je m’assois, je commande, mange et m’abreuve.
Mais je sais déjà que ce sera exagéré d’être là sans personne ni fête. Pour partir en paix le plus vite possible, je
sors la carte car elle peut encaisser le choc et c’est alors qu’il m’arrive un truc assez fou pour me faire croire au
bonheur : j’ouvre la bouche et trouve un billet de 100 balles, ou 200, la serveuse voit la scène, ses yeux
racontent qu’elle ne dira pas non, et à partir de là c’est bon.
Marion Duval
Jetzt bald. Muss es dich beginnen, das Schreiben.
Es zeitigt. Es zeigt. Sich ein blauer Vogel mit leise zitterndem Gefieder. Flügel. Formen. Freiheit. Fuchsfell.
Verstrubbelte Zeit.
Er hat diese Worte gehört. Er hat sie hören müssen, wenn er den Kopf in die Sonne hielt, in den Wind und über
die Hänge hinausging, hinausschritt, in die Weiten der Wiesen, Zeit, durch die dichten Wälder und sattgrün das
Gras. Er hat sie hören müssen. Sie sind aus ihm aufgestiegen. Um ihn herum aufgestiegen, aus dem Gras
gewellt - wie der Wind sie streichelt und sanft biegt im Wiegenklang. Stolz und dunkelgrün stehen die Tannen.
Ein Fluss sich zieht durch die Erde ein Bett und verläuft sich am Horizont als Silberschnur.
Mir läuft ein Wässerchen in den Mund. Wodka der Vorfreude. Aus umgegrabner Erde duftet die Morgenschwere.
Der Frühling, ein ungesprossener Same. Die dunklen Falten, Kerben, die Höhlenspalten. Läuft ein Wässerchen in
diese Spalte. Streicht die Sonne, ihr Licht schräg einfallend, in die Tiefe. Blumengrün wächst. Tag für Tag. Ein
Stück. Ein klein Stück weiter. Der Sonne entgegen. Dem hellen Himmel. Ausgerundet. Strahlend. Reicht er
hinunter in die Häuserkluften. Streicht die Sonne über mein Balkonien, mein Balkongeländer.
Warten auf die Farben. Den runden Bauch wärmen lassen. Hitze im Hals, im Gesicht. Im Antlitz. Rückzug in die
kalten Wände, Bettschiff. Kluftenräume. Hinter die kalten Wände. Wunschträume. Meine verletze Hand ruht auf
dem kühlen Kissen. Hagelklirren in den hohlen Zwischenwänden.
Ich habe den Wurm umbissen.
Helles Licht fällt durchs Badefenster. Schlucke kaltes Wasser vom Strahl. Sanfte Hügel mit saftig grünen
Schlingpflanzen, die den niederen Bäumen aufhocken. Weisse Blütensprenkel in den Ästen. Rechteckige
Häuser, kubische Formen, Stadt- und Herrenhäuser mitten auf dem Land.
Die Fensterläden unverschlossen. In den weichen Mulden und den ansteigenden Hügelhängen stehen die
grossen Häuser. Um sie herum wimmelt das Grün. Das Meer in Weissweite.
Ein Tunnel folgt dem andern. Hier schon die Möwen. Die Möwen kreisen. Wie unberührt vom Wind über den
kleinen Strandabschnitten vor Genua. Über grossen Häusern, die direkt am Meer stehen. Du schreibst mit mir.
Pinien ziehen. Palmen. Balkone zum Meer. Du schaukelst in meinem Bauch.
Hafentrieb.
Karin Aeschlimann