en piste - Universki
Transcription
en piste - Universki
Les J.O. d’hiver en piste " Le schuss ", mascotte JO 1968, coll. MNS, inv. MS 2277 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Les Jeux olympiques d’hiver sont souvent considérés comme les “petits frères”, voire comme une simple “annexe” des Jeux olympiques d’été. Créés trois décennies après les Jeux d’été, il est vrai qu’ils connaissent un moindre retentissement planétaire. Ils n’en constituent pas moins un événement phare de la vie olympique et du calendrier sportif mondial. Mais connaissez-vous vraiment ces Jeux ? Quelles sont leurs origines ? Leurs caractéristiques ? Leurs spécificités par rapport aux Jeux d’été ? Les disciplines au programme ? Leur évolution et leurs enjeux ? Ouvrez le grand album des Jeux olympiques d’hiver et découvrez les diverses facettes et les coulisses de cet événement : " Alberville 1992 ", Alain Bar, gravure, coll. MNS, inv. D.87.35.3 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 La première partie de l’exposition décrit les différentes étapes menant à la création de cette fête quadriennale hivernale : jeux panhelléniques antiques, essor du tourisme hivernal, rénovation des Jeux olympiques en 1894, première “Olympiade hivernale” en 1924. La seconde partie aborde le développement de cette compétition, notamment son internationalisation et sa promotion médiatique : de Chamonix (1924) à Turin (2006), en passant par Grenoble (1968) et Alberville (1992) pour la France, les éditions s’enchaînent avec toujours plus de participants, de succès populaire et d’exploits sportifs. La troisième partie examine les conditions et modalités pratiques d’organisation des Jeux d’hiver, du choix des sites d’accueil aux problèmes posés par la construction des équipements, sans oublier leurs volets culturels et marketing. " Chamonix-Mont-Blanc ", Roger Soubie, 1924, affiche, coll. MNS, inv. 76.29.3 ©MNS / DR La quatrième partie met en lumière les caractéristiques et évolutions notables de chacune des disciplines au programme, tout en rendant hommage aux “héros” des Jeux d’hiver entrés au Panthéon olympique. C’est à la découverte de cette belle épopée olympique hivernale, bientôt centenaire, que cette exposition vous convie. 1 “Des émotions pleins les jeux”, CNOSF, 2005, affiche ©CNOSF , photo DPPI/Rapsodia/Olivier Brajon Partie I : Racines A l’origine des Jeux Olympiques En 776 avant J-C., les premiers concours athlétiques sont organisés en l’honneur de Zeus dans le sanctuaire d’Olympie en Grèce. Une période de quatre années, dite “Olympiade”, rythme leur déroulement. Se disputant l’été dans un pays méditerranéen, aucune épreuve de “sport d’hiver” ne figure alors bien sûr au programme. Ces jeux, devenus violents, sont abolis en 394 par l’empereur chrétien Théodose. Vase grec, 540 avant J-C., replica, coll. MNS, inv. 2005.121.4 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les jeux antiques rassemblent des athlètes envoyés par les cités grecques. Ils constituent une période de trêve des combats entre les cités. Aux luttes guerrières se substituent des rencontres sportives, et notamment des courses à pied. Palestre et gymnase d’Olympie, maquette, livre The Ancient Olympic Games, The British museum, 2004, p.26 ©DR Le sanctuaire d’Olympie mêle implantations religieuses et sportives. Les équipements sportifs sont : le stade, l’hippodrome, le gymnase et la palestre. Associant des installations de bain, ainsi que des vestiaires et des parloirs pour les athlètes et leurs entraîneurs, la palestre accueille la lutte, le pugilat et le pancrace. " Le discobole ", Slachmuyders, bronze, coll. MNS, inv. 2003.122.16 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les épreuves proposées sont la course, le lancer de disque, le lancer du javelot, les sauts, la lutte, le pentathlon, la course de chars, la course de chevaux montés, le pancrace (mélange violent de lutte et de pugilat) et la course en armes. Gravure rupestre, Norvège ©DR L’absence de "sports d’hiver" à Olympie ne signifie nullement que skis et patins sont inconnus dans l’antiquité. L’utilisation de skis est déjà avérée dans des gravures rupestres vieilles de 4.500 ans. Pour se déplacer, les hommes fabriquent alors les premiers patins à glace constitués de mâchoires ou côtes d’animaux percées aux extrémités : des fossiles de patins ont ainsi été retrouvés datant de 1000 ans av. JC. 2 Partie I : Racines 1896, la renaissance des Jeux Olympiques Au 19ème siècle, parallèlement au développement du sport moderne, on assiste à un nouvel intérêt pour l’Antiquité. Le site d’Olympie est redécouvert, ce qui donne l’idée de faire renaître les jeux grecs. En 1894, au congrès international de la Sorbonne, le Baron Pierre de Coubertin propose le rétablissement des Jeux olympiques. La première Olympiade moderne se tient deux ans plus tard à Athènes. Pierre de Coubertin part à vingt ans pour l’Angleterre. Il y découvre les pratiques sportives et perçoit le sport comme facteur d’éducation de la jeunesse. Il ambitionne alors de réorganiser le mouvement sportif, d’abord national, ensuite international : c’est la grande aventure du mouvement olympique. " Pierre de Coubertin ", Maurice Guillaume, bronze, coll. MNS, inv. 2004.115.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 " Scribner's ", 1896, affiche, coll. MNS, inv. 80.18.1 © MNS / DR Les premiers Jeux olympiques s’ouvrent à Athènes le 6 avril 1896. 311 athlètes masculins s’affrontent dans neuf sports inspirés des épreuves antiques (athlétisme, lutte) ou liés au phénomène sportif moderne (cyclisme, tennis). Le couple Syers, médaillé de bronze JO 1908 ©CIO Une épreuve de sport d’hiver en patinage est proposée mais, pour des raisons techniques et par manque de temps, la patinoire n’est pas construite. Il faudra attendre les Jeux de Londres en 1908 pour que cette épreuve soit au programme. 3 Estampe, 1992, coll. MNS, inv. 1992.133.2 © MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Coubertin définit les principes de l’Olympisme dans une Charte toujours en vigueur aujourd’hui : "Le but de l’Olympisme est de mettre partout le sport au service du développement harmonieux de l’homme, en vue d’encourager l’établissement d’une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine". Partie I : Racines Les ”Jeux” d’hiver, une origine lointaine Au Moyen Age et à la Renaissance, skis, raquettes, traîneaux et patins à glace sont construits artisanalement pour servir principalement à la chasse, à la guerre, au transport et au commerce de marchandises. Mais ils sont aussi utilisés en guise de distraction et de jeu par les populations. Chaussure en cuir et patins en os carolingiens, coll. Unité d’Archéologie de Saint-Denis ©UASD, Photo Emmanuelle Jacquot Dans un texte de la fin du 12ème siècle relatif à la Vie de saint Thomas Becket, William Fitz Stephen décrit des scènes de patinage d’enfants sur la Tamise gelée. En France, des patins aménagés dans des radius de bœufs ont été retrouvés à Saint-Denis, près de Paris. Ces patins sont parfois fixés à la chaussure à l’aide d’une lanière de cuir. Le pied ne quittant jamais la glace, les patineurs se propulsent à l’aide de bâtons ferrés. " Lapon à ski ", dessin, 1678, Johan Scheffer, livre Les JO d’hiver France 1992, p.14, coll. MNS, inv. 80.29.7 ©MNS / DR Le Voyage septentrional de Francesco Negri (vers 1670) et l’Histoire de la Laponie de Johan Scheffer (1678) décrivent avec soin l’utilisation par les Lapons du ski dans leur vie quotidienne. " Les Plaisirs de l’hiver ", Pieter Brueghel, 16éme siécle, huile sur toile ©Musée Magnin de Dijon, photo RMN/RG Ojeda Dans les pays du Nord de l’Europe, le patinage se développe sur les canaux gelés à partir du Moyen Age, pratique largement représentée dans la peinture flamande du 16ème et 17ème siècle. " Vacances en Haute-Savoie ", Simont, 1919, lavis d’encre de Chine, coll. MNS, inv. 2005.105.3 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Dès la fin du 18ème siècle, les premiers alpinistes s’élancent à la conquête des montagnes enneigées : Jacques Balmat et Michel Gabriel Paccard foulent le sommet du Mont-Blanc en 1786. Quant à Marie Paradis, elle est la première femme à réussir cet exploit en 1808. 4 Partie I : Racines La naissance des “sports” d’hiver modernes Dès le 18ème siècle, les Alpes attirent en été une clientèle mondaine anglo-saxonne avide de sociabilité mais aussi de randonnée et d’alpinisme. A la fin du 19ème siècle, elles s’ouvrent au tourisme hivernal en Suisse, puis en France. La clientèle s’initie à de nouveaux loisirs sur neige et sur glace. En 1864, dans la station de Saint-Moritz (Suisse), l’hôtelier Johanes Badrutt lance la saison touristique hivernale. Il propose à sa clientèle habituée aux séjours estivaux de revenir à Noël pour continuer à se divertir. C’est la naissance du tourisme hivernal qui se développe aussi en France, notamment à Chamonix. " Cachat's-Majestic ", Faria, c.1910, affiche, coll. MNS, inv. 1990.129.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les sports d’hiver (curling, patinage, luge, bobsleigh) sont pratiqués à cette époque par un petit nombre de privilégiés, aristocrates et bourgeois britanniques et bientôt français, dans les stations de villégiature. " Le patinage ", Draner, faïence de Luneville, coll. MNS, inv. 2005.10.62.10 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 " Chemin de fer Chamonix-Montenvers ", affiche, coll. MNS, inv. MS 10715 ©MNS / DR Les premières stations de sports d’hiver (Davos, Chamonix) recréent l’ambiance festive des grands villes. Avec le prolongement de la saison touristique en hiver, de nouvelles infrastructures routières et ferroviaires voient le jour. " Skijöring à Leysin ", carte postale, coll. MNS, inv. 80.16.1.176 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le début du 20ème siècle voit l’invention de nouvelles pratiques : skijoering, ice-yatching, vélo-ski, tennis sur glace. Ces ”sports” connaissent un succès éphémère, hormis le skijoering en démonstration à Saint-Moritz en 1928 et toujours pratiqué. Ils témoignent de l’engouement pour les sports d’hiver. 5 Longtemps pratiqué exclusivement l’été, l’alpinisme hivernal va se développer lentement, à mesure que les peurs associées à la neige (froid, solitude, avalanches) disparaissent. " L'alpiniste ", statuette, métal sur quartz, coll. MNS, inv. 2005.8.2.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Partie I : Racines Du tourisme hivernal ompétitions aux premières compétitions Le besoin de mobilité des troupes alpines, la modernisation des installations d’accueil et des matériels, ainsi que l’introduction des premières compétitions sont autant de facteurs favorables besoindes desports mobilité des tro àLel’essor d’hiver à l’orée du 20ème siècle. Pour le ski, les exercices et concours militaires sont déterminants. " La belle Télémarkeuse ", Samivel, aquarelle et crayon sur papier, coll. MNS, inv. 86.32.3 ©MNS / DR A la fin de 19ème siècle, les moyens de déplacement sur neige et glace se transforment en matériels de compétition. Sondre Norheim invente une nouvelle façon de tourner, le “télémark”, révolutionnant la descente à ski. " Palais de glace ", Beauvais, c.1890, affiche, coll. MNS, inv. 76.1.6 ©MNS / DR Le patinage est l’un des rares sports d’hiver qui se pratique en toute saison dans les grandes villes. Avec le procédé de fabrication industrielle de la glace, les premières patinoires urbaines apparaissent dans les années 1860 au Canada. Ces ”Palais de glace”, qui surgissent à Paris comme en province, permettent une pratique mondaine et distinctive. Paire de skis, Norvège, c.1880, bouleau et cuir, coll. MNS, inv. MS 2144 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2003 Henri Duhamel et ses amis alpinistes grenoblois font venir des paires de ski des pays nordiques en 1889 pour les adapter aux reliefs pentus des Alpes. A partir de 1900, le Capitaine Clerc, dans la région de Briançon, prouve la supériorité des skis sur les raquettes pour le déplacement des soldats alpins. Le premier concours international de sports d’hiver, organisé par le Club Alpin Français, a lieu en 1907 à Briançon-Montgenèvre. Devant son succès, les compétitions se multiplient sur l’initiative de journaux, d’hôtels ou de syndicats d’initiative dans les ”stations” de montagne. " Concours international de ski ", 1907, carte postale, coll. MNS, inv. 80.16.1.169 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 6 Partie I : Racines L’instauration des J.O. d’hiver, un slalom semé d’embûches Avant 1924, quelques sports “d’hiver” sont déjà inscrits au programme olympique : le patinage à Londres (1908) et le hockey à Anvers (1920). Les Scandinaves s’opposent néanmoins à l’organisation de véritables Jeux olympiques d’hiver pour ne pas concurrencer leurs propres “Jeux du Nord”. Mais le succès de la “Semaine internationale des sports d’hiver”, qui se tient à Chamonix en 1924, lance l’aventure olympique hivernale. Les ”Jeux du Nord” sont créés en 1900 par les Scandinaves. Célébrés jusqu’en 1926, ils comportent des épreuves de ski nordique, de bandy (variante du hockey sur glace), d’escrime, de course à cheval et de natation. " Nordiska spelen ", Gunnar Widholm, 1925, affiche, coll. MNS, inv. 79.28.3 ©MNS / DR, Photo Georges Poncet, 2004 Après le succès du patinage à Londres (1908), on pense l’accueillir aussi à Stockholm en 1912, mais les pays scandinaves s’y opposent. Il faut attendre les Jeux olympiques d’été d’Anvers (1920) pour que des épreuves de patinage aient à nouveau lieu, et que le hockey sur glace soit au programme. " L'athlète victorieux ", sculpture remise aux médaillés olympiques, Léandre Grandmoulin, JO 1920, coll. MNS, inv. 2005.10.3 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 " Histoire du ski ", Arnold Lunn, 1953, coll. MNS, inv. 2000.12.129 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Diplôme de participation de Charles Denis, membre du Comité olympique français, JO 1924, coll. MNS, inv. Rc 96 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les Scandinaves refusent les projets d’organisation de Jeux d’hiver réitérés par les Canadiens, Suisses et Français. En 1921, une solution intermédiaire est trouvée : une “semaine internationale des sports d’hiver” sera organisée par le CIO à Chamonix en 1924, mais indépendamment des Jeux olympiques tenus durant l’été à Paris. 7 L’introduction du ski alpin aux Jeux est liée à l’acceptation par les Scandinaves des épreuves de ”slalom” et de descente inventées par l’Anglais Arnold Lunn dans les années 1920. Il faudra attendre 1936 et Garmisch-Partenkirchen pour que le ski alpin soit enfin au programme olympique. Partie II : 1924-2002, les différentes éditions Chamonix (1924), les premiers Jeux olympiques d’hiver Station réputée pour l’alpinisme, Chamonix connaît un développement important à la période de la Belle Epoque avec l’arrivée du chemin de fer. Même si Chamonix est principalement une station estivale, le ski s’installe peu à peu. On pense naturellement à cette ville pour organiser du 25 janvier au 5 février 1924 la “Semaine internationale des sports d’hiver”, complément des Jeux olympiques d’été de Paris. Deux ans plus tard, au congrès de Lisbonne, cette semaine sera officiellement considérée par le CIO comme les “premiers Jeux olympiques d’hiver”. Le programme comprend 16 épreuves dans différents sports : le ski nordique (course de fond et saut à ski), le hockey, le patinage de vitesse, et le patinage artistique. " Aux vainqueurs du concours de la VIIIe olympiade ", Auguste Matisse, 1924, affiche, coll. MNS, inv. 78.29.4 ©MNS / DR Cérémonie d'ouverture, entrée de la délégation française dans le stade olympique, JO 1924 ©CIO/Auguste Couttet Pour assurer la réussite de cette première édition, Chamonix réalise à ses frais les installations sportives nécessaires : un stade olympique de 30.000 m2 recouvert de glace, une piste de bobsleigh de 1.400 m de long et un tremplin de saut. " Tourbillon blanc ", affiche, coll. MNS, inv. MS 15812 ©MNS / DR C’est le patineur de vitesse américain Charles Jewtraw qui remporte la première médaille d’or de l’histoire des Jeux d’hiver. En patinage artistique, la Norvégienne Sonja Henie, future star à Hollywood, marque les esprits par sa jeunesse (11 ans) et sa virtuosité. Les Jeux renforcent le prestige de Chamonix, tout en donnant aux sports d’hiver un nouvel élan. La création des fédérations nationale et internationale de ski la même année consacre le ski comme le premier des sports d’hiver. " Le skieur ", Henri Fugère, c.1930, statuette, coll. MNS, inv. 86.20.1 ©MNS / DR Andrée Joly et Pierre Brunet, JO 1924 ©CIO/Auguste Couttet La seule médaille française (de bronze) est remportée en patinage par le couple Andrée Joly et Pierre Brunet. Ils débutent une longue carrière à succès, puisqu’ils remporteront l’or olympique en 1928 et 1932. 8 Partie II : 1924-2002, les différentes éditions Grenoble (1968), l'année du triomphe français A partir des années 1950, le développement des sports d’hiver dynamise l’économie du massif alpin. Pour la ville de Grenoble, choisie par le CIO pour la jeunesse et le dynamisme de ses habitants, les Jeux sont l’occasion de rattraper son retard, notamment en matière d’infrastructures. Au plan sportif, l’histoire retient le succès éclatant de la délégation française. Grenoble a joué la carte de la modernité. Les transformations s’achèvent après quatre années de travaux : développement routier et autoroutier, gare, aéroport, hôpital, Palais des glaces, etc. Un Village et une Cité Olympiques sont spécialement construits pour accueillir les athlètes et la presse mondiale. " Grenoble ville olympique ", 1968, affiche, coll. MNS, inv. MS 15508a ©MNS / DR " Saint Brundage chassant l’amateur marron du paradis olympique", Roger Blachon, 1969, coll. MNS, inv. D.85.8.17 ©MNS / DR Les Jeux de 1968 connaissent maintes innovations : images télévisées en couleur, création de la première mascotte, vente de produits dérivés. Cette commercialisation, qui va de paire avec la professionnalisation des stars du ski (contrats publicitaires), est vivement critiquée par le président du CIO, Avery Brundage. Les fournisseurs de l’Equipe de France se regroupent pour améliorer la performance des équipements. Après Toni Sailer en 1956, Jean-Claude Killy réalise un Grand Chelem historique avec trois médailles d’or en ski (descente, slalom, géant). Paire de skis d’entrainement de Jean-Claude Killy, JO 1968, coll. MNS, inv. MS 2492 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2003 Peggy Fleming (EU) médaille d’or devant Gabriele Seyfert et Hana Maskova, JO 1968 ©CIO D’autres Français s’illustrent également : Marielle Goitschel, Annie Famose, Isabelle Mir et Guy Périllat cumulent les médailles dans les épreuves de ski ; Patrick Péra finit troisième en patinage artistique. Patrick Péra, JO 1968, coll. MNS ©ADNP / DR 9 1968 athlètes participent à ces Jeux. L’URSS et la Norvège font la meilleure moisson de médailles (5 en or, 5 en argent et 3 en bronze). Mais les spectateurs sont sous le charme de la patineuse américaine Peggy Fleming. Partie II : 1924-2002, les différentes éditions Albertville (1992), les Jeux "de la Savoie" Dans les années 1970-80, le département de la Savoie devient un des centres majeurs des sports d’hiver au monde. La candidature d’Albertville et de la Savoie pour accueillir les Jeux de 1992 constitue donc une sorte d’aboutissement. Treize stations sont mobilisées pour organiser les épreuves autour d’Albertville. Malgré le coût élevé de l’organisation, ces Jeux permettent une amélioration substantielle des infrastructures locales. Michel Barnier et Jean-Claude Killy interviewés par Daniel Pautrat, JO 1992 ©CIO/Jean-Jacques Strahm C’est le champion français Jean-Claude Killy et le député de la Savoie Michel Barnier qui lancent l’idée d’accueillir les Jeux d’hiver en Savoie. Ils soutiennent sa candidature et participent activement à l’organisation d’un événement qui mobilise toute une région. " Hall de glace d’Alberville ", JO 1992, ouvrage Alberville 1992, Comité de canditure, dessin ©DR Une optimisation des infrastructures s’avère nécessaire. Pour Albertville, l’accent est mis sur les transports afin d’améliorer les liaisons avec le reste du territoire et faciliter les déplacements entre les sites de compétition. Une liaison TGV est prolongée jusqu’à Bourg Saint Maurice. Les Français remportent neuf médailles dans trois sports différents. Trois médailles d’or sont gagnées en biathlon (relais 3x7,5 km associant Anne Briand, Véronique Claudel et Corinne Niogret), en ski de bosse (Edgar Grospiron) et en combiné nordique (Fabrice Guy). " Fabrice Guy ", affiche, coll. MNS, inv. 2005.44.5 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 La cérémonie d’ouverture est préparée par Philippe Découflé, chorégraphe réputé dans le milieu de la danse contemporaine. Son spectacle est regardé par plus de deux milliards de téléspectateurs. Les costumes très originaux sont dessinés par Philippe Guillotel. Costume de cérémonie d’ouverture, Philippe Guillotel, JO 1992, coll. MNS, inv. 2005.25.58 ©MNS/ DR, Photo Georges Poncet, 2005 Deux Norvégiens deviennent les “héros“ de cette Olympiade : Kjetil Andre Aamodt remporte deux médailles (or en Super G et bronze en slalom) alors que Björn Daehlie repart avec quatre médailles en ski de fond. Kjetil Andre Aamodt (Norvège), JO 1992, coll. Zoom ©Zoom 10 Partie II : 1924-2002, les différentes éditions 80 ans de Jeux olympiques d’hiver 11 1924 : Chamonix (France) 1928 : Saint Moritz (Suisse) 1932 : Lake Placid (Etats-Unis) 16 épreuves - 16 nations - 258 athlètes (11 femmes, 247 hommes) Les premiers Jeux d’hiver de l’histoire. 14 épreuves – 25 nations - 464 athlètes (26 femmes, 438 hommes) Hommage à l’une des patries des sports d’hiver 14 épreuves - 17 nations - 252 athlètes (21 femmes, 231 hommes) Les premiers Jeux d’hiver hors d’Europe 1936 : Garmish Partenkirchen (Allemagne) 17 épreuves - 28 nations - 646 athlètes (80 femmes, 566 hommes) Les “Jeux Nazis“ ou : “du sport à la propagande”. L’ouverture officielle des Jeux est proclamée par le chancelier Adolf Hitler. 1948 : Saint Moritz (Suisse) 1952 : Oslo (Norvège) 1956 : Cortina d’Ampezzo (Italie) 22 épreuves - 28 nations - 669 athlètes (77 femmes, 592 hommes) Ces Jeux de 1948, ayant lieu dans un pays épargné par la guerre, se revendiquent comme les “Jeux de la Paix”. 22 épreuves - 30 nations - 694 athlètes (109 femmes, 585 hommes) La flamme olympique brûle pour la première fois aux Jeux d’hiver. Le ski nordique s’ouvre aux femmes. 24 épreuves - 32 nations - 821 athlètes (134 femmes, 687 hommes) Arrivée aux Jeux, et domination, de l’URSS. Les Jeux de Cortina sont les derniers Jeux où les compétitions de patinage artistique se déroulent en plein air. 1960 : Squaw Valley (Etats-Unis) 1964 : Innsbruck (Autriche) 1968 : Grenoble (France) : 27 épreuves - 30 nations - 665 athlètes (144 femmes, 521 hommes) Introduction de l’épreuve de biathlon. Les organisateurs refusent de construire une piste de bobsleigh : cette discipline disparaît pour la première fois du programme. 34 épreuves - 36 nations - 1 091 athlètes (199 femmes, 892 hommes) Pour la première fois aux Jeux d'hiver la flamme est allumée à Olympie. Introduction du chronométrage au centième de seconde en ski alpin. 35 épreuves - 37 nations - 1 158 athlètes (211 femmes, 947 hommes) Retransmission en couleurs et en direct des épreuves. Débat sur la question du professionnalisme et de la “commercialisation “ des Jeux. Partie II : 1924-2002, les différentes éditions 80 ans de Jeux olympiques d’hiver 1972 : Sapporo (Japon) 1976 : Innsbruck (Autriche) 1980 : Lake Placid (Etats-Unis) 1984 : Sarajevo (Yougoslavie) 35 épreuves - 35 nations - 1 006 athlètes (205 femmes, 801 hommes) Premiers Jeux Olympiques d'hiver organisés sur le continent asiatique. 37 épreuves - 37 nations - 1 123 athlètes (231 femmes, 892 hommes) Deux flammes olympiques furent allumées afin de célébrer le fait qu'Innsbruck accueille les Jeux d'hiver pour la seconde fois. La danse sur glace devient discipline olympique. Les premiers Jeux paralympiques d’hiver sont organisés parallèlement en Suède. 38 épreuves - 37 nations – 1 072 athlètes (232 femmes, 840 hommes) La neige artificielle est utilisée pour la première fois. 39 épreuves - 49 nations - 1 272 athlètes (274 femmes, 998 hommes) Première Olympiade hivernale se déroulant dans un pays socialiste. Premiers Jeux de “l'ère Samaranch”. 1988 : Calgary (Canada) 1992 : Albertville (France) 1994 : Lillehammer (Norvège) 46 épreuves - 57 nations - 1 423 athlètes (301 femmes, 1122 hommes) Inscription du super-G au programme. Christa Luding-Rothenburger (Allemagne) est la seule athlète, tous sports confondus, à avoir remporté, la même année, des médailles aux Jeux d'hiver et d'été (or et argent en patinage de vitesse à Calgary ; bronze en cyclisme sur piste à Séoul). 57 épreuves - 64 nations - 1 801 athlètes (488 femmes, 1313 hommes) Derniers Jeux à s’être déroulés la même année que les Jeux d’été. Le patinage de vitesse sur piste courte et le ski acrobatique sont intégrés dans le programme olympique. Les Jeux paralympiques se déroulent sur les mêmes sites. 61 épreuves - 67 nations - 1 737 athlètes (522 femmes, 1215 hommes) Axés sur le respect de l'environnement, ces Jeux sont baptisés "Jeux blanc-verts" selon l’expression du Président Samaranch. Yoon-Mi Kim (Corée du Sud) remporte la médaille d’or en short-track à l’âge de 13 ans et 83 jours. 2006 TURIN 12 1998 : Nagano (Japon) 2002 : Salt Lake City (Etats-Unis) 2006 : Turin (Italie) 68 épreuves - 72 nations - 2 176 athlètes (787 femmes, 1389 hommes) Les Jeux d'hiver sont de retour au Japon après 26 années d'absence. Le snowboard et le curling deviennent des disciplines officielles. 78 épreuves - 77 nations - 2 399 athlètes (886 femmes, 1513 hommes) Retour du skeleton aux Jeux. La Chine et l'Australie gagnent leur première médaille d'or de l'histoire des Jeux d'hiver. Un seul et même comité d'organisation est chargé de l'accueil des Jeux olympiques et des Jeux paralympiques. Vonetta Flowers (or en bobsleigh) devient la première championne américaine d’origine africaine de l’histoire des J.O. d’hiver. 2 500 athlètes de 85 nations sont attendus. Le 19 juin 1999 à Séoul, la 109ème Session du CIO élut Turin (Italie) ville hôte des XXèmes Jeux Olympiques d'hiver en 2006 parmi un total de six villes candidates. Partie III : L’envers du décor Le mouvement olympique, codes et symboles Le Comité International Olympique (CIO) a été créé en 1894 au Congrès de la Sorbonne préparé par Pierre de Coubertin. Cette organisation, actuellement dirigée par Jacques Rogge, fixe les conditions de célébration des Jeux : désignation des villes organisatrices, préparation des compétitions, et promotion des rites et symboles olympiques. Ces derniers, inscrits dans la Charte olympique, participent au renforcement de l’identité et du prestige de l’événement. Flamme olympique portée par le dernier relayeur Egil Nansen, petit-fils de l'explorateur, JO 1952 ©CIO Torche olympique, JO 1998, coll. MNS, inv. 1998.13.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2003 La flamme symbolise des valeurs de solidarité, de paix et d’espérance. La flamme olympique brûle pour la première fois durant les Jeux d’hiver à Oslo (1952). Le choix du dernier relayeur du pays hôte, généralement un grand sportif, est l’objet d’intenses négociations en raison de sa portée symbolique, voire politique. Surya Bonayi prête serment au nom des athlètes, JO 1992 © CIO/Jean-Jacques Strahm 13 Depuis 1920, le serment des athlètes est prononcé, au nom de tous les participants, par un athlète du pays hôte lors de la cérémonie d’ouverture. Il a été modifié en 2000 afin de condamner le dopage. " Et Didon créa la devise des jeux olympiques ", Alain Arvin-Bérod, 1994, coll. MNS, inv. 1994.41.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 La devise des Jeux Olympique est “citius, altius, fortius”, qui signifie “plus vite, plus haut, plus fort“. Elle a été créée en 1891 par le Père dominicain Henri Martin Didon, ami de Pierre de Coubertin. Diplôme de médaillé de bronze de Didier Bouvet, slalom, JO 1984, coll. MNS, inv. 2005.97.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Même s’il est moins précieux aux yeux d’un champion que la médaille remportée, le diplôme constitue la seule preuve officielle de sa victoire puisque le nom de l’athlète y est clairement inscrit. Partie III : L’envers du décor Les villes d’accueil des Jeux Olympiques Pour accueillir les Jeux d’hiver, les villes candidates suivent une procédure précise prévue par la Charte olympique. Certains éléments sont déterminants pour le choix de la ville hôte comme les qualités des infrastructures sportives, du village olympique ou des transports. Mais d’autres critères sont propres aux Jeux d’hiver comme l’existence de montagnes enneigées, l’importance de la pratique des sports d’hiver sur le territoire d’accueil, ou le prestige des stations. Revue olympique, n° XXVI-27, juin-juillet 1999, coll. MNS ©MNS / DR Une seule ville par pays peut être candidate à chaque Olympiade. La ville hôte est élue par les 115 membres du CIO sept ans avant la célébration des Jeux pour lui laisser le temps de réaliser les équipements nécessaires. Cartes des sites des JO d’hiver, 2005 ©Thomas Lemot / L’Alpe Si le CIO essaie de répartir équitablement les Jeux sur les continents, ceux-ci se concentrent le plus souvent dans l’hémisphère Nord pour des raisons climatiques, culturelles et économiques. Les sites olympiques européens se trouvent principalement sur le massif alpin. Quelques éditions se sont déroulées dans les Balkans (Sarajevo, 1984) ou sur les reliefs doux et vallonnés de la Norvège (Oslo, 1952 ; Lillehammer, 1994). " À Sapporo ", Kuriyagawa, 1968, affiche, coll. MNS, inv. 2004.16.12 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 14 Les Jeux d’hiver s’ouvrent au continent américain en 1932 avec Lake Placid. Ce n’est qu’en 1972 que l’Asie accueille ces Jeux pour la première fois (Sapporo, Japon, déjà canditate pour l’Olympiade de 1968). " Lillehammer’94 ", affiche, coll. MNS, inv. 1995.56.2 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Turin accueille en 2006 la vingtième édition des Jeux olympiques d’hiver. Les Olympiades hivernales, depuis Lillehammer (1994), ne se déroulent plus la même année que les Jeux d’été afin de renforcer leur impact médiatique et leur prestige. Partie III : L’envers du décor L’organisation des sites olympiques La Charte olympique recommande que les épreuves sportives se déroulent sur un même lieu, c’est-à-dire au sein de la ville hôte, ce qui est impossible pour les Jeux d’hiver. Au-delà des installations nécessaires aux épreuves, les villes s’engagent à accueillir, loger, nourrir et transporter des milliers de personnes : athlètes, entraîneurs, bénévoles, officiels, journalistes, spectateurs. Sites des JO d’Alberville, Editions André, 1992, carte postale, coll. MNS, inv. 1992.6.11 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Il est parfois difficile de concentrer les Jeux d’hiver sur un site unique pour des motifs tant géographiques que climatiques : les Jeux d’Albertville (1992) ont été appelés “Jeux de la Savoie” en raison de leur répartition sur tout le département. “Villages”, journal Olympique des athlétes, JO 1992, coll. MNS, inv. 1992.75.3 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Athlètes suisses au village olympique de Garmisch-Partenkirchem, JO 1936 ©CIO/Lothar Rübelt L’histoire du village olympique débuta avec la construction à Colombes d’un camp de baraques en bois pour l’accueil des athlètes des Jeux d’été de Paris de 1924. Le concept de village olympique a ensuite été appliqué aux Jeux d’hiver. Carte d’accréditation de Denis Pérez et permis de port d’armes de Corinne Niogret, JO 2002, coll. MNS, inv. 2005.98.1/2 et 2005.19.2 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les contraintes sécuritaires, mais aussi le besoin de tranquillité, obligent le comité d’organisation des JO à l’établissement d’une stricte politique d’accréditation des athlètes et de leurs entraîneurs pour l’accès au village olympique. " Le système olympique de Torino 2006 ", don. CNOSF ©TOROC / DR Pour Turin 2006, 2.500 athlètes et 2.500 officiels de 85 Comités Nationaux Olympiques seront hébergés dans trois villages olympiques : Turin, Bardonecchia et Sestrières. Huit sites de compétition différents accueilleront les épreuves. 15 Partie III : L’envers du décor Des équipements sportifs spécifiques La pratique des sports d’hiver se déroule sur neige, sur glace, en plein air ou à l’abri des intempéries. Elle nécessite la construction d’installations spécifiques : patinoire, anneau de vitesse, tremplin de saut à ski. Pistes de bobsleigh et de luge, pistes de ski alpin et de fond sont elles aménagées en montagne dans la nature. Pendant longtemps, le déroulement des épreuves en plein air est resté dépendant des aléas climatiques. Depuis l’arrivée de la glace et de la neige artificielle, la disponibilité des équipements est assurée pour les épreuves. Tremplin de Saint-Nizier, 2005 ©MNS Vue du Tremplin de saut de 90 m, JO 1968 ©CIO A l’opposé, le grand tremplin de Saint-Nizier construit pour les Jeux de Grenoble a été laissé à l’abandon, témoignage de la difficulté parfois de reconvertir ce type d’édifice monumental appartenant au patrimoine sportif national. Le tremplin de saut à skis de Holmenkollen, JO 1952, coll. CIO ©CIO La rentabilisation de ces aménagements, coûteux, après les Jeux, posent de nombreux problèmes aux collectivités ayant réalisé ces investissements. Le tremplin de saut de Holmenkollen (construit pour les Jeux d’Oslo de 1952) bénéficie depuis d’une valorisation touristique importante avec la mise en place de visites guidées, la création d’un musée du ski et d’un simulateur de sauts. Palais de glace de Grenoble, 2005 ©MNS Seules les épreuves sur glace (patinage artistique et de vitesse) nécessitent la construction de bâtiments architecturaux adaptés. Ces “palais de glace” servent par la suite de patinoire pour le grand public comme à Alberville, ou sont reconvertis, comme à Grenoble, en salle de spectacle. 16 " Sports d'hiver en Suisse ", Colombi, 1904, affiche, coll. MNS, inv. 85.35.9 ©MNS / DR A l’origine, les pistes de bobsleigh étaient naturelles. La première piste de bobsleigh artificielle avec glace naturelle fut inaugurée en 1904 à Saint Moritz. La plupart des pistes de bob existant actuellement dans le monde, aussi utilisées par la luge et le skeleton, ont été créées à l’occasion de Jeux olympiques. Partie III : L’envers du décor Les Jeux des arts et de la culture Les jeux d’Olympie réunissaient non seulement les meilleurs athlètes mais aussi des sculpteurs, des poètes, des écrivains, des orateurs et des hommes politiques, façon d’associer étroitement le sport et la culture. Le CIO s’efforce aujourd’hui de moderniser cet héritage par des manifestations culturelles et artistiques. " Hockey sur glace ", Adrienne Jouclard, JO 1932, huile sur toile, coll. MNS, inv. MS 181 ©MNS / ADAGP Entre 1912 et 1948, des “concours d’art” mettent en compétition artistes et écrivains dans le but d’associer le muscle et l’esprit aux Jeux olympiques. Certaines œuvres présentées étaient directement inspirées par les sports d’hiver. Cérémonie d’ouverture, les sumotori, JO 1998, coll. CIO ©CIO/Giulio Locatelli La dimension “esthétique” des Jeux est visible lors des cérémonies d’ouverture qui permettent aux artistes (musiciens, chorégraphes) de faire preuve de création en mêlant culture locale et valeurs olympiques. Exposition Ottorino Mancioli (Italie), musée olympique, Lausanne, 2004 ©CIO/Jean-Paul Maeder Depuis la disparition des concours d’art olympiques, des expositions d’art et de multiples événements musicaux et théâtraux sont organisés à chaque Olympiade pour doter les Jeux olympiques d’une réelle dimension culturelle. " Speed skater ", Andy Warhol, JO 1984, carte postale, coll. MNS, inv. CP 257 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Torche olympique, Philippe Stark, JO 1992, coll. MNS, inv. 1992.61.1 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 La torche du relais de la flamme, l’affiche officielle ou les tenues des délégations nationales sont autant d’occasions de laisser s’exprimer l’inventivité et l’esprit créatif des sculpteurs, designers, graphistes ou couturiers. 17 Partie III : L’envers du décor Médias, marketing et publicité autour des Jeux Avec 202 nations affiliées au mouvement olympique, chaque Olympiade concerne potentiellement plusieurs milliards de personnes. Les Jeux olympiques sont donc des enjeux majeurs pour les médias, les annonceurs publicitaires et les sponsors. Les partenaires olympiques soutiennent mondialement le CIO en apportant une aide financière importante, mais aussi leur technologie et leur expérience, à l’organisation des Jeux. " Cette sensation s'appelle Coke ! ", 1992, affiche, coll. MNS, inv. 1992.26.1 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Le soutien des sponsors se fait par l’intermédiaire du programme TOP (The Olympic Partner Program) : créé en 1985, il contractualise une association quadriennale entre le mouvement olympique et de grandes multinationales. Le parrainage représente plus de 40% des revenus du marketing olympique. " On va tous se prendre aux Jeux ", 2002, affiche, coll. MNS, inv. 2002.20.2a ©MNS/CNOSF, Photo Georges Poncet, 2003 Les recettes de billetterie sont aussi importantes dans le financement des Jeux. A Salt Lake City (2002), il a été vendu 1,525 millions de billets, soit 95 % des billets disponibles. Lampion " Sapporo 1972, papier, coll. Mylène Niquet ©DR, Photo Georges Poncet, 2005 Mascotte JO Alberville, Logitoys, 1992, fibre synthétique, coll. MNS, inv. 1992.31.3 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Dossard Cortina d’Ampezzo, JO 1956, coton, coll. MNS, inv. 2003.29.40 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Depuis Cortina d’Ampezzo en 1956, la télévision est le moteur de la croissance du Mouvement olympique. Les droits télévisés constituent actuellement 53 % des recettes totales du CIO. L’événement a été suivi par 2,1 milliards de téléspectateurs à Salt Lake City (2002). 18 La concession des licences permet de développer des produits et des marchandises sous licence officielle. Ces articles sont le support des emblèmes et mascottes qui commémorent les Jeux et les équipes olympiques. Pin’s Lillehammer 1994, coll. MNS/DR, inv. 2003.88.4 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Partie IV : La famille des disciplines olympiques Le ski alpin, la star des Jeux d’hiver Contrairement aux disciplines nordiques, l’entrée du ski alpin aux Jeux olympiques est tardive. La première épreuve autorisée est une épreuve combinant slalom et descente. L’explosion du tourisme hivernal, privilégiant la pratique du ski alpin à partir des années 60, légitime l’introduction de nouvelles épreuves olympiques. La première course de ski alpin s’est déroulée en Suisse en 1911, à l’instigation des Britanniques. La première épreuve apparentée à un slalom moderne s'est elle tenue à Mürren (Suisse) en 1922. " Skieur en descente ", Ludes, figurine en bronze, coll. MNS, inv. 2003.122.24 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 " Deutschland 1936 ", Ludwig Hohlwein, JO 1936, affiche, coll. MNS, inv. 80.30.7 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2004 Bien après le ski nordique, présent dès 1924, le ski alpin fait son entrée au programme olympique aux Jeux de Garmisch-Partenkirchen, en 1936. " La reine Marielle redescend dans l'arène ", 1969, encre de Chine, Pellos, coll. MNS, inv. 2002.39.35 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Marielle et Christine Goitschel marquent les esprits à Innsbruck (1964) en récoltant quatre médailles, les premières dans l’histoire du ski alpin féminin français. Photo du podium du combiné alpin : James Couttet, Henri Oreiller et Karl Molitor, JO 1948 ©CIO 19 A partir de 1948, des épreuves distinctes de descente et de slalom sont établies. Henri Oreiller et James Couttet donnent alors à la France leurs premières médailles. Paire de lunettes de slalom géant de François Bonlieu, JO 1964, coll. MNS, inv. MS 1999 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les Français Jean Vuarnet (or en 1960), François Bonlieu (or en 1964), Jean-Claude Killy (1968) et Guy Périllat (argent en 1968) deviennent les maîtres de “l’alpin” dans les années 60. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Le ski alpin, une concurrence exacerbée Le nombre d’épreuves de ski alpin augmente avec le retour du combiné (slalom et descente) et l’arrivée du Super-G à Nagano (1988), offrant des chances de nouvelles médailles aux skieurs. Après la domination française des années 1960, il faut attendre vingt ans pour que la discipline donne à la France de nouveaux titres olympiques. Il est vrai qu’entre temps la concurrence s’est durcie avec l’affirmation du talent des skieurs autrichiens, norvégiens, italiens ou américains. Le Super-G est la dernière épreuve devenue olympique : combinant la vitesse propre à la descente et la précision des trajectoires propre au slalom géant, il est au programme depuis les Jeux de 1988. Franck Piccard est, à ce jour, le seul Français médaillé d’or dans cette épreuve. Paire de skis de Franck Piccard, Super-G, JO 1988, coll. MNS, inv. 1989.69.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2003 Casque de Laure Pequegnot, JO 2002, coll. MNS, inv. 2003.91.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2003 Perrine Pelen (trois médailles entre 1980 et 1984), Florence Masnada (bronze en 1992 et 1998), Carole Montillet (or en descente en 2002) et Laure Pequegnot (argent en slalom en 2002) sont, depuis vingt ans, les dignes héritières des sœurs Goitschel. Janica Kostelic (Croatie), document Salomon ©Salomon Alberto Tomba (Italie) et Kjetil Andre Aamodt (Norvège) ont remporté chacun depuis 1988 trois médailles d’or. Mais les “stars” du moment se nomment Bode Miller (Etats-Unis) et Janica Kostelic (Croatie). Globe de cristal de Luc Alphand, 1er du classement général Coupe du Monde 1997, replica, don FIS, coll. MNS, inv. 2005.107.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Paire de chaussures de Jean-Pierre Vidal, JO 2002, coll. MNS, inv. 2005.43.9 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 20 Le renouveau du ski masculin français est initié dans les années 1980 par le slalomeur Didier Bouvet (bronze en 1984) suivi par Franck Piccard et Jean-Pierre Vidal. Malgré ses 6 “globes de cristal“ obtenus en Coupe du monde, Luc Alphand n’a jamais remporté de médaille olympique. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Les petites dernières alpines : surf des neiges et ski acrobatique Les Jeux olympiques sont aussi l’occasion de faire découvrir des disciplines hivernales moins répandues. Le ski acrobatique et le surf des neiges, nés aux Etats-Unis, sont significatifs des nouvelles pratiques de glisse qui privilégient les sensations fortes. Ces disciplines sont très prisées des Français qui y récoltent de nombreuses médailles olympiques. Le surf des neiges se composait jusqu’à maintenant de deux épreuves : le slalom géant parallèle (deux skieurs descendent parallèlement un même parcours), et le half pipe (skieur exécutant des figures aériennes de part et d’autre d’une piste en forme de demi-cercle). Une troisième épreuve est désormais inscrite à Turin : le cross. Combinaison JO 2002 et planche de surf de Karine Ruby, coll. MNS, inv. 2003.94.0/16 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Doriane Vidal, " Le snowboard français acteur des jeux ", Association Française de Snow Board, 2005 ©Studio Artaïs Karine Ruby est la première championne olympique française de snowboard (Nagano 1998). Doriane Vidal obtient l’argent en 2002 en half pipe. En ski acrobatique, le skieur doit exécuter deux sauts intégrant des figures aériennes au cours d’une descente abrupte de 200 m chronométrée. Edgar Grospiron devient champion olympique en 1992 à Alberville. 21 " Edgar Grospiron, le fou des neiges ", François Missen, 1996, coll. MNS, inv. 1999.47.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 " Toutes les raisons de se câbler ", 1998, affiche, coll. MNS, inv. 1998.22.46a ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Pour l’épreuve de sauts acrobatiques, les athlètes sont évalués techniquement sur leur envol, l’originalité de la figure exécutée, et la qualité de la réception. Sébastien Foucras obtient l’argent à Nagano en 1998. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Les épreuves d’endurance : ski de fond et combiné nordique Le ski nordique est depuis très longtemps un sport national dans les pays scandinaves, notamment en Norvège. Dans les années 1880-90, la pratique compétitive s’ouvre aux femmes et les épreuves se multiplient : combiné, saut à ski, course de fond et biathlon. Intégrée dès les premiers Jeux d’hiver de 1924, la discipline reste largement dominée par les Scandinaves. " Le skieur ", statuette, cuivre et marbre, coll. MNS, inv. 2005.8.2.2 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Björn Daehlie (Norvège) à Birkebeineren, JO 1994 ©CIO/Jean-Jacques Strahm Le Norvégien Björn Dæhlie est l’un des plus grands fondeurs de tous les temps. Il est le seul athlète de sports d'hiver à avoir remporté douze médailles olympiques, dont huit en or. Les Jeux d’hiver comptent actuellement douze épreuves féminines et masculines où se mêlent la technique classique (ski alternatif ou classique) et technique libre (“pas de patinage” ou skating). Les distances parcourues vont de 5 km (par équipe) à 50 km. Diplôme de Hélène Simond, course de fond, Chamonix, 1909, coll. MNS, inv. Ra30 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les compétitions de ski de fond apparaissent en 1879 sous la forme de courses à Huseby, près d'Oslo. Les épreuves se généralisent ensuite en France au tournant du 20ème siècle. Fabrice Guy et Sylvain Guillaume, Le Parisien, 13/2/92, coll. MNS, inv. 1992.146.45 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le combiné nordique associe ski de fond, qui exige endurance et résistance, et saut à ski, qui demande force physique (course de ski longue de 15 km en individuel et de 5 km par équipe) et maîtrise technique. Le Français Fabrice Guy est médaillé d’or de cette discipline en 1992, devant son compatriote Sylvian Guillaume. 22 Partie IV : La famille des disciplines olympiques Les épreuves nordiques de précision : biathlon et saut à ski A côté des courses de ski de fond, le biathlon et le saut à ski sont deux épreuves “nordiques” qui permettent à d’autres nations que les pays scandinaves de s’illustrer : la France, l’Allemagne et la Russie en biathlon ; la Suisse, le Japon ou l’Autriche en saut à ski. Carabine de biathlon, crosse de Sandrine Bailly (bronze, JO 1994), coll. MNS, inv. 2005.47.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le biathlon, qui associe ski de fond et tir à la carabine, a une origine militaire : les soldats scandinaves étaient entraînés à skier en portant des carabines pour être à même de se défendre. Les tirs s'effectuent couchés ou debout sur un polygone. A chaque arrêt, les 5 tirs doivent toucher la cible (placées à 50 m) sous peine de pénalités. D’abord sport de démonstration, le biathlon est intégré aux Jeux à Squaw Valley en 1960. Raphaël Poirée est double médaillé de la discipline (2002). Sa compagne, Liv Grete, obtient l’argent au cours de cette même Olympiade. " Liv Grete et Raphaël Poirée ", 2004, agence Zoom, affiche, coll. MNS, inv. 2005.42.12a ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 " Le saut ", Rivierre, c.1930, plaque bronze sur bois, coll. MNS, inv. 84.97.1 ©MNS / DR En 1998, à Nagano, le sauteur japonais Masahiko Harada réalise un saut à plus de 135 m, non mesuré car le système électronique n’avait pas prévu d’enregistrer une telle distance ! Paire de skis de saut d’entrainement de Fabrice Guy, JO 1998, coll. MNS, inv. 2005.44.3 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Championnes olympiques françaises de biathlon féminin, JO 1992, carte postale, coll. MNS, inv. 2005.19.5 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le biathlon féminin a été inscrit tardivement aux Jeux. Corinne Niogret a ouvert la voie : à Alberville, avec Anne Briand et Véronique Claudel, elle obtient la médaille d’or du relais ; elle s’adjuge à nouveau le bronze par équipe quatre ans plus tard. 23 Trois types d’épreuves existent en saut à ski : saut sur tremplin normal (107 m de hauteur), saut sur grand tremplin (138 m) ; saut par équipe de quatre sur grand tremplin. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Le patinage artistique : la grâce sur glace Depuis sa première apparition aux Jeux de Londres (1908), quatre épreuves de patinage artistique se sont imposées : l’individuel masculin, l’individuel féminin, le couple et, plus récemment, la danse sur glace. Le patinage artistique reste une des disciplines préférées des Jeux d’hiver par le spectacle qu’il offre au public : originalité et esthétique des costumes, des musiques et des figures exécutées. Tenue de Philippe Candeloro, JO 1998, coll. MNS, inv. P2005.1.1 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Philippe Candeloro, patinage artistique-programme libre, JO 1998 ©CIO/Steve Munday (Allsport) Les tenues des patineurs sont adaptées au thème chorégraphique choisi. Le conformisme n’est désormais plus de mise avec les innovations vestimentaires de certains patineurs tels que Philippe Candeloro (transformé en Robin des bois, Zorro ou d’Artagnan). " Décembre ", assiette céramique, coll. MNS, inv. MS 5220b ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les premières compétitions de patinage artistique furent organisées dans les années 1880. L'Union internationale de patinage fut créée en 1892, ce qui en fait le premier véritable organe international sportif. Dessin prototype de la tenue de Gwendal Peizerat par son créateur, Roberto Rosello, aquarelle et encre de Chine, 2002, coll. MNS, inv. 2005.2.8 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 La France a été à l’honneur en couple avec Andrée et Pierre Brunet (or en 1928), puis plus récemment avec les danseurs sur glace Isabelle et Paul Duchesnay (argent en 1992) et Marina Anissina et Gwendal Peizerat (bronze en 1998, or en 2002 ). Tenues de Gwendal Peizerat et Marina Anissina, JO 2002, coll. MNS, inv. 2003.118.42 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 24 Partie IV : La famille des disciplines olympiques Le patinage de vitesse, l’étoile filante des JO Le patinage de vitesse naît au 13ème siècle aux Pays-Bas. Il est intégré aux Jeux olympiques à Chamonix en 1924 pour les hommes et à Squaw Valley en 1960 pour les femmes. Le patinage de vitesse est le sport dans lequel l’homme atteint la vitesse la plus élevée sur une surface plane sans l’aide de moyens mécaniques. Deux types de patinage de vitesse existent : sur piste longue (400 m) et sur piste courte (110 m). " Le patineur de vitesse ", figurine en bronze, c.1910, coll. MNS, inv. 2002.6.10 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 " Jewtraw ", médaille d’or sur 500 m, JO 1924, Louis de Fleurac, crayon noir, coll. MNS, inv. 83.27.10 ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Initiateurs du patinage de vitesse, les Hollandais firent connaître la discipline à leurs voisins européens au 19ème siècle. C’est en 1863, à Oslo, que les premières épreuves officielles de patinage de vitesse eurent lieu. Sur des distances allant de 500 m à 10 km, les patineurs essayent de réaliser le meilleur temps. La qualité du patinage, mais aussi de l’équipement, sont essentielles pour gagner des millièmes de secondes. Marco Bella, équipe de France ©Marco Bella Eric Heiden (EU), JO 1980 ©CIO Le plus grand patineur est sans doute l’américain Eric Heiden : en 1980 à Lake Placid, il réalise l’exploit de remporter les cinq médailles d’or. Se tournant ensuite vers le cyclisme, il participe au Tour de France en 1986. Le patinage de vitesse sur piste courte (short-track), ajouté au programme olympique en 1992 après avoir été en démonstration à Calgary en 1988, offre du spectacle avec un départ groupé propice aux coudes à coudes et aux bousculades. Patins et gants de Bruno Loscos, JO 2002, coll. MNS, inv. 2005.102.1/2 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 25 Le short-track se compose de huit épreuves : 500 m, 1000 m et 1500 m (hommes et dames) ; 5000 m relais hommes et 3000 m relais dames. Les Français Marco Bella (bronze à Calgary, 1988) et Bruno Loscos ont été parmi les leaders français de cette jeune épreuve olympique. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Les bolides sur glace : le bobsleigh Tous les trois dérivés du séculaire traîneau, le bobsleigh, la luge et le skeleton sont progressivement intégrés au programme olympique. Type de matériel et positionnement sur l’engin sont différents, mais un principe commun les unit : dévaler le plus vite possible jusqu’au bas d’une piste glacée. Des trois engins, le bobsleigh fait figure de “formule 1 des glaces”. Le bobsleigh est un engin lourd qui comporte freins et directions. A deux ou à quatre, les athlètes effectuent une poussée sur 50 m avant de sauter dans le bobsleigh pour atteindre les 150 km/h sur les 1.200 m de la piste. " Le bob ", Hamin, 1899, estampe, coll. MNS, inv. G.I.506 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Dès les origines, cette discipline est réservée aux plus fortunés, mais aussi aux plus courageux, tant les pistes et le matériel utilisés sont précaires. Dessin schématisé de l’intérieur d’un bob à 4, Revue olympique, XXVI-19, 1998, p.47 , détail ©CIO / DR Eugenio Monti est une légende de la discipline. L’Italien a obtenu 6 médailles olympiques (dont deux en or) entre 1956 et 1968. Podium du bob à 2, médaille d’or pour Monti et de Paolis (Italie), JO 1968, ©CIO Anorak d’Eugenio Monti (Italie), JO 1968, coll. MNS, inv. MS 891 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Bob à deux Jamaïcains, Winston A. Watt et Lascelles O. Brown, JO 2002 ©CIO/Yo Nagaya Le bobsleigh est l’occasion d’intégrer aux Jeux d’hiver des nations habituellement absentes, telles que la Principauté de Monaco ou la Jamaïque restée célèbre grâce à son équipe des “Reggae Rocket” (Calgary, 1988). 26 La France a remporté sa première médaille en bobsleigh à Nagano (1998). Bruno Mingeon, Emmanuel Hostache, Eric Le Chanony et Max Robert gagnent alors la médaille de bronze. Bruno Mingeon est le porte-drapeau de la délégation française à Turin en 2006. Casque de Bruno Mingeon, JO 1998, coll. MNS, inv. 2005.55.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Partie IV : La famille des disciplines olympiques Les bolides sur glace : luge et skeleton Régis par deux fédérations distinctes (Fédération Internationale de Luge, Fédération Internationale de Bobsleigh et de Tobogganing), la luge et le skeleton se sont croisés aux Jeux : si le skeleton était discipline olympique en 1928, la luge a dû attendre 1964 pour faire son entrée. Depuis 2002, ces sports sont tous deux inscrits au programme olympique. Masaru Inada (Japon) et Lea Ann Parsley (EU), JO 2002 ©CIO/Steve Munday (Allsport) Logiquement, les deux Olympiades organisées à Saint-Moritz (1928, 1948) vont mettre cette discipline, où le lugeur est couché à plat ventre sur son engin, au programme. Descente en skeleton, c.1914, carte postale, A.G. Wehrli, coll. MNS, inv. 1990.154.164 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le skeleton a pour origine la ville suisse de Saint-Moritz à la fin du 18ème siècle. Le sport a pris son nom, en 1892, lorsqu'une nouvelle luge en métal a été introduite : les observateurs trouvaient qu'elle avait la forme d'un squelette (skeleton en anglais). Contrairement au skeleton, les compétiteurs de luge sont couchés sur le dos, jambes allongées. Seuls ou en couple, ils descendent une piste de glace longue de 1200 m environ à près de 140 km/heure. Luge et tenue de Johan Rousseau, équipe de France de luge, coll. MNS, inv. 2005.95 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Issue d’une pratique ludique et récréative, la première course internationale de luge a été organisée en 1883 à Davos. Malgré cette ancienneté, la luge n’a fait ses débuts olympiques qu’en 1964. " Luge ", Plum, c.1910, lithographie aquarellée, coll. MNS, inv. 2005.10.59.7 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 27 George Hackl (Allemagne) , coll. CIO ©CIO/DR L’Allemand George Hackl est la star de la discipline : il remporta trois titres olympiques entre 1992 et 1998, et fut encore médaillé en 2002. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Le hockey sur glace : puissance et solidarité Le mot hockey vient du vieux français “hocque” qui signifiait “crosse”. Ce sont les Britanniques qui ont introduit ce sport en Amérique du Nord vers 1890. Le hockey sur glace masculin a été admis aux Jeux olympiques d’été en 1920, à Anvers. Le hockey féminin fait son entrée à Nagano en 1998. Les joueurs, équipés chacun d’une crosse, doivent faire entrer un palet (ou puck) dans les buts du camp adverse. Le poids important des tenues de protection et la vitesse très fatigante de patinage obligent à des changements réguliers de joueurs. Patins JO 1998 et crosse NHL de Philippe Bozon, coll. MNS, inv. 2005.100.1/2 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le match Canada - Etats-Unis d'Amérique, JO 1924 ©CIO/Auguste Couttet Sans casque et avec peu de rembourrage, l’équipe canadienne – en fait celle des “Toronto Granites”, remporte aisément le premier tournoi olympique de 1924 : 6-1 contre les Etats-Unis en finale, après avoir écrasé la Suisse 33-0 ! Crosse de hockey soviétique, JO 1968-, coll. MNS, inv. 1997.31.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 La victoire en 1980 de l’équipe américaine contre celle d’URSS eut un fort retentissement : elle mit fin à l’hégémonie soviétique dans ce sport tout en étant des plus symboliques quelques semaines après l’entrée des troupes russes en Afghanistan. Photo de l’équipe des Etats-Unis marquant en finale, J0 1980 ©CIO 28 " Font-Romeu ", Tony George Roux, 1923, affiche, coll. MNS, inv. 76.4.3 ©MNS / DR Match de l’équipe de France féminine, championnat du monde 2003, FFSG ©FFSG/DR Pendant longtemps, les patinoires qui accueillaient les tournois de hockey étaient en plein air. Pierre de Coubertin a lui-même pratiqué ce sport en amateur dans les années 1890 sur le canal gelé du château de Versailles. Nagano (1998) est une rupture dans l’histoire du hockey : les joueurs professionnels d’Amérique du Nord participent au tournoi olympique et les équipes féminines sont pour la première fois admises. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Le curling : l’esprit d’équipe Né au 16ème siècle en Ecosse, le curling figurait aux Jeux de Chamonix en 1924. Discipline peu pratiquée, le curling disparaît ensuite du programme des Jeux ou n’est inscrit qu’en tant que “sport de démonstration”. Il revient officiellement aux Jeux d’hiver en 1998 (Nagano). " Curling in the north ", c.1880, estampe, coll. MNS, inv. G.I.512 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le premier club connu a été le Royal Caledonian Curling Club, créé en 1843. Au 19ème siècle, la pratique du curling s'est étendue à de nombreux pays d'Europe, ainsi qu'aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande et surtout au Canada. Le but du jeu est de placer la pierre aussi près que possible du cœur de cible. Pour influer sur la vitesse de la pierre, les joueurs utilisent un balai pour réchauffer la glace. Pierres et balais de curling, don Club de Viry-Chatillon, coll. MNS, inv. 2005.99.1/2/3/4 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le curling oppose deux équipes de quatre joueurs chacune. Les compétiteurs poussent à tour de rôle sur une piste glacée une pierre de 20 kg vers une cible (appelée “maison”) composée de larges cercles concentriques. Thomas Dufour, équipe de France de curling, Championnat du monde, 2001, coll. FFSG ©FFSG/DR L’équipe du Canada, finale contre le Danemark, JO 1998 ©CIO/Steve Munday (Allsport) Les équipes de Suède (argent) et de Grande-Bretagne (or), JO 1924 ©CIO 29 Lors des jeux de 1924, l’épreuve est remportée par la Grande-Bretagne. La France termine à la troisième place. Les balais utilisés sont alors des plus rudimentaires. Lors de son retour officiel aux Jeux de Nagano, le tournoi voit la victoire de l’équipe du Canada emmenée par Sandra Schmirler : triple championne de monde, cette athlète devint une héroïne populaire à son retour au Canada. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Les Jeux d’hiver paralympiques Introduits en 1960 (Rome) pour les épreuves d’été, il faut attendre 1976 pour que les premiers Jeux paralympiques d'hiver soient organisés à Örnsköldsvik, en Suède, parallèlement aux Jeux olympiques d’Innsbruck. Longtemps marginalisés, ces Jeux sont maintenant désormais pleinement associés au mouvement olympique, passant d’un objectif de réhabilitation à celui de performance sportive. Quatre sports sont au programme : ski alpin, hockey sur luge, ski nordique, curling en fauteuil roulant. Délégation française paralympique, JO 1998 © Photo Sylvie Chappaz La reconnaissance de statut d'athlète à part entière des champions paralympiques franchit un cap avec la tenue des Jeux paralympiques dans la ville qui accueille les Jeux olympiques et avec l’utilisation du même village olympique. Quelques 590 athlètes paralympiques de plus de 40 pays sont ainsi attendus pour l’édition de Turin 2006. Médaille d’or de biathlon paralympique de Didier Riedlinger, JO 1994, coll. MNS, inv. 2005.94.2 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Tenue et luge de Didier Riedlinger, ski de fond, JO 1994 coll. MNS, inv. 2005.93 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Didier Riedlinger est l’un des athlètes français les plus récompensés en ski nordique : médailles d’or en ski de fond sur 5 km, 10 km, 15 km et en biathlon en 1994 ; bronze en individuel et en relais 3x2,5 km en 1998. Il est choisi comme porte-drapeau de la délégation française à Salt Lake City (2002). Couronne de laurier d’André Favre, médaille d'or du 10 km ski, JO 1998, coll. MNS, inv. 2005.96.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 André Favre (trois médailles d’or en biathlon et ski de fond) a marqué la discipline nordique à Nagano en 1998. Pascale Casanova, ski alpin, Fédération Française de Handisport ©FFH / DR Lors des Jeux paralympiques d’hiver de Salt Lake City, la France s’est classée 13ème sur 40 pays participants avec un total de 19 médailles. Deux médailles d’or ont été remportées par Pascale Casanova et son guide Michael Genin (descente), et par Denis Barbet (slalom). 30 Combinaison, bob et patinette de Denis Barbet, JO 2002, coll. MNS, inv. 2005.86.1/2/3/7/14/16 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Partie IV : La famille des disciplines olympiques Un matériel de plus en plus performant Pour pratiquer leur discipline, les athlètes utilisent un matériel et des équipements vestimentaires spécifiques. Pour les skis, de fond, de saut ou alpins, les fabricants déploient d’importants moyens pour mettre en place de nouveaux matériaux qui bénéficient, à terme, aux skieurs de loisir. La recherche est identique en ce qui concerne les vêtements. Fixation de télémark norvégien, c.1870, frêne et osier, replica, coll. MNS, inv. MS 2145 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2003 L’équipement des athlètes, skieurs ou patineurs, est longtemps resté fragile, inconfortable et peu performant compte tenu des matériaux (cuir, bois) utilisés. Progressivement, de véritables industries à hautes technologies se sont développées pour optimiser le matériel des champions. Les innovations formelles et en matériaux (kevlar, fibre de verre, graphite) sont permanentes, tout comme les produits de fartage. Test de ski Rossignol, coll. Pressse-sport ©Presse-sport Premiers skis de slalom en fibre de verre et polyuréthane fabriqués par Léo Lacroix, c1968, coll. MNS ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Combinaison de Johann Olav Koss (Norvège) portée lors de sa médaille d’or du 10.000 m, JO 1994, coll. MNS, inv. 1995.52.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Après avoir été testé par les athlètes de haut niveau, le matériel (skis, chaussures) est largement diffusé auprès du grand public. Publicité chaussures Salomon à technologie Spaceframe ©Salomon/DR 31 Les skis et bâtons ne sont pas les seuls à être l’objet de toutes les attentions. Les combinaisons des athlètes évoluent tout autant pour un meilleur confort (absorption de la transpiration) ou pour optimiser la pénétration dans l’air des skieurs. Partie IV : La famille des disciplines olympiques Une fiabilité des matériels accrue Tout comme le ski nordique et alpin, les autres disciplines des Jeux d’hiver ont connu de profondes mutations, depuis la première Olympiade de Chamonix, en ce qui concerne leur matériel. Bobsleighs, luges, patins à glace ou crosses de hockey ont gagné en fiabilité et en sécurité. Bobsleigh à quatre, c.1900, bois et métal, coll. MNS, inv. MS 7149 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Le bobsleigh est l’un des sports d’hiver qui a connu le plus d’évolution technologique des origines à l’aube du 21ème siècle. D’abord en bois, il est ensuite métallique, ce qui lui confère plus de solidité. Les engins sont composés aujourd’hui d’un châssis en acier recouvert d’une coque en fibre de verre. Leur poids est important : 630 kg pour le bob à quatre et 290 kg pour le bob à deux. Equipe de France de bobsleigh, affiche, coll. MNS ©MNS/DR, Photo Georges Poncet, 2005 Paires de patins : Williams & C°, c.1920, Alain Calmat, JO 1964, Stéphane Bernadis, JO 1998, coll. MNS, inv. 1992.42.1/MS 704/2005.128.1 ©MNS, Photo Georges Poncet, 2005 Les évolutions sont moins visibles dans des disciplines telles que le patinage artistique : d’Alain Calmat (argent à Innsbruck en 1964) à Stéphane Bernadis (6ème en couple aux Jeux de 1998 avec Sarah Abitbol), les lames sont toujours en métal et les bottines en cuir. 32 Les Jeux olympiques d’hiver demain ? Les Jeux olympiques d’hiver constituent une aventure humaine forte qui met en scène trois grands types d’acteurs : des organisateurs, des champions, un public. Tous trois interagissent pour créer un événement sportif à portée universelle, riche en émotions et en ambiances féeriques. Médailles d’or, d’argent et de bronze non attribuées, JO 1992, coll. MNS ©MNS Plus que pour les Jeux d’été, les Jeux olympiques d’hiver, malgré leur médiatisation et leur commercialisation accrues, semblent encore de taille humaine et moins liés aux contingences géopolitiques : nul boycott ou tragédie n’a d’ailleurs été à déplorer depuis 1924. Timbre " Turin 2006 ", plaquette La Poste, coll. MNS La montagne, d’abord crainte, est devenue montagne aimée et domestiquée, les Jeux d’hiver assurant la promotion des sports d’hiver au plan national et international. Au niveau local, chaque édition valorise les infrastructures du site d’accueil : l’accueil des Jeux olympiques d’hiver représente en effet un enjeu majeur de développement, notamment à travers la modernisation des équipements routiers, ferroviaires, hôteliers et sportifs. C’est aussi une opportunité de valorisation économique et culturelle, grâce à la diffusion d’une image positive et attractive du territoire et de son pays auprès des entreprises et visiteurs potentiels. De quelles façons les Jeux olympiques d’hiver vont-ils évoluer à l’avenir ? La notion de “développement durable” est entrée dans les “mœurs” olympiques: la nouvelle Charte olympique du CIO, revisitée en 1996, préconise ainsi un développement respectueux des générations futures, par une interaction équilibrée des sphères économiques, sociales et environnementales. Cette politique devrait préserver l’environnement des futurs sites d’accueil des Jeux d’hiver. De même, il est envisagé que les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques se déroulent à l’avenir non seulement sur le même site, mais également au même moment, façon d’unir vraiment tous les athlètes, sans aucune distinction, autour des valeurs de l’Olympisme. Après Turin en 2006, c’est la ville de Vancouver (Canada) qui, dans quatre ans, sera l’hôte des XXIèmes Jeux olympiques d'hiver. Pour le futur, Grenoble et Annecy (Alpes du Nord), et Gap (Alpes du Sud) envisagent déjà leur candidature pour l’édition de 2018 ; façon de poursuivre l’aventure initiée en 1924 par les pionniers de Chamonix… Logo Torino 2006 ©TOROC/DR 33 Logo de Vancouver 2010 ©COVAN / DR