Festivals et Saisons nouvelles
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Festivals et Saisons nouvelles
42 Du 15/06/11 au 13/07/11 | un gratuit qui se lit Festivals et Saisons nouvelles... Festivals Avignon, le Off Théâtre Danse Musique lyrique Musique classique, plurielle Jazz Actuelle 7, 8, 9 10, 11 12, 13 14, 15 16 à 19 20, 21 22 à 27 Saisons Gap Grasse Draguignan, Sainte-Maxime Durance, Cavaillon Scènes et Cinés, Port-de-Bouc, Arles Le Merlan, les Salins Le Toursky, le Gyptis La Criée Le Gymnase, le Jeu de Paume, le GTP Opéra de Marseille Pavillon Noir 28 29 30 31 32, 33 34 36 37 38, 39 40 41 Théâtre/Danse Au programme Fins de saisons 42 43 Musique Au programme 44, 45 Critiques Théâtre Avignon, Gap Cavaillon, Marseille, Avignon Les Informelles, Sirènes et midi net Marseille, Miramas Saison régionale rue et cirque, Piste d’azur 46 48 49 50 51 Danse Château-Arnoux, Marseille, Nîmes Marseille, Aix, Avignon, Nîmes 52 53 Musique FAIL 13, Trets, Le Panier Jazz, du monde Ollioules, MIM, GRIM, Autour des claviers, Festes d’Orphée GTP, Avignon, Festival de musique sacrée, OpéraBulles 54 55 à 57 58, 59 60, 61 Cinéma FID, Judaïcité, Rendez-vous d’Annie Alhambra, AFLAM, Cannes 62, 63 64, 65 Rencontres Au programme 66, 67 Philosophie La religion 68 Littérature Prix littéraire des lycéens et apprentis, Contes et jardins À vous de lire Festival du livre de la Canebière 69 70 71 Arts visuels Photomed, Innov’art Spécial photographie Arts éphémères, Sm’art Châteauneuf-le-Rouge, les Alpilles Les Baux-de-Provence, Gageron, Barjols Marseille, Silvacane Marseille Au programme 72 73 74 76 78 79 80 82, 83 Patrimoine Musée Calvet, Licra Châteauneuf-les-Martigues, Pont du Gard, Arles, La Celle Mécénat Adhérents Supplément Les Ateliers de l’EuroMéditerranée Festival du livre de la Canebière 84 86 87 88 Aliénation Les réjouissances de l’été et les programmations des saisons prochaines confirment nos inquiétudes. Partout, plus ou moins nettement, les ambitions sont élimées, les rêves ravalés, les révoltes éteintes. Dans les scènes et les musées subventionnés on cesse de produire, on renonce aux commandes publiques, on entérine la misère. Ou pire encore, on remplit les salles à coup de stars et comiques en guise de théâtre, de produits de tourneurs en guise de musique, et les cimaises avec des photos amateur, de l’interactif digne de Disneyland, des maîtres archi connus d’un autre temps. Quand vous le soulignez les programmateurs répondent, avec raison, que cela seul attire les visiteurs. Et que les tutelles exigent désormais du rendement, comme dans tous les services publics. De la démocratisation aussi : il faut offrir à chaque spectateur un produit culturel qui le concerne ! C’est-à-dire en clair ce qui passe à la télé : cela seul aujourd’hui remplit les salles sans médiation. L’estampille télé, le 20h, ou à défaut Arte ou Mezzo, voire LCM ou FR3 région. Alors les programmateurs renoncent, tentent le compromis, et glissent à contrecœur hors du service public. Les artistes vivent une véritable arnaque : l’échec prétendu de la démocratisation culturelle n’est pas de leur fait. L’accès à la culture doit s’envisager, aujourd’hui, en termes de désaliénation : ce n’est pas «l’intimidation» ressentie par le public populaire qui le maintient hors des lieux de culture. C’est la télé, ses normes imbéciles, abrutissantes, vulgaires, pitoyables. C’est l’excitation de la course à la consommation, le satisfait ou remboursé, l’impérieux besoin de «se vider la tête», de «s’éclater», «se lâcher». Sans «se prendre la tête» surtout, mais en offrant à leurs messages notre temps de cerveau disponible. La même aliénation mine le monde culturel et celui de l’éducation. Les artistes et les professeurs résistent, mais ils ne tiendront plus longtemps, avec leurs seules armes, contre l’entreprise d’abrutissement commun dont, comble d’ironie cynique, on les accuse d’être responsables. Le démantèlement de la pensée critique est en route depuis longtemps et relève d’une volonté, tout à fait consciente chez les décideurs et leurs idéologues, d’étouffer le sentiment de révolte, en prétendant que l’art est dans le divertissement, et le bonheur dans l’apaisement de la pulsion de consommation. AGNÈS FRESCHEL RetrouveZ nos éditions précédentes sur www.journalzibeline.fr AVIGNON FESTIVALS 07 En défiance du théâtre ? un bon endroit pour créer de l’art, continuer à rechercher et à apprendre», avec des batailles d’artistes dans des Sessions Posters, des expositions, des installations vidéo. tres retours encore avec Roméo Castellucci pour la première partie de son diptyque autour de la figure de Jésus, Jean-Michel Bruyère dans une installation en 3D au Gymnase Giera dans le quartier Monclar, en face de la prochaine Fabrique à spectacles. Un nouveau lieu de travail aux dimensions du plateau de la Cour d’Honneur, dont le projet d’architecte sera validé en septembre, qui signe une nouvelle aventure pour le Festival, devenant un «habitant du quartier». Enfance et mouvement Levee des conflits © Caroline Ablain Le 65e Festival d’Avignon suivra sa route estivale du 6 au 26 juillet : une quarantaine de spectacles programmés par Vincent Baudriller et Hortense Archambault qui poursuivent leur mandat, la nomination surprise, et pour le moins inélégante, d’Olivier Py à la tête de la manifestation n’étant effective qu’à partir de 2013 (voir calendrier p.42). Une édition particulière, puisque l’artiste associé au plus grand festival de théâtre du monde est un chorégraphe, directeur du Musée de la danse de Rennes, fougueux défenseur de la non-danse dans les années 90 : est-ce dans cette négation que le théâtre pourra trouver sa place ? Quoi qu’il en soit, avec Boris Charmatz, la thématique mettant l’enfance et la danse en résonance n’a rien d’un hasard : il joue sa pratique entre expérimentation et transmission, s’impliquant autant sur le plateau que dans sa pédagogie. À Avignon il confirme cet engagement en renforçant l’ancrage à L’École d’Art du Festival, «un lieu ressource de pratiques et de transmission, Préoccupé par l’éducation et la place sociale de l’enfant, il présentera en ouverture à la Cour d’Honneur la création Enfant avec 27 écoliers de Rennes et reprendra sur l’herbe du stade de foot Bagatelle, de l’autre côté du Pont, le canon chorégraphique Levée des Conflits dans «une version woodstock et sauvage.» Côté danse, une programmation de choix avec William Forsythe, François Verret, Rachid Ouramdane, Xavier Le Roy, Meg Stuart, Cecilia Bengolea et François Chaignaud ! Anne Teresa De Keersmaeker offrira un spectacle au lever du jour, Cesena, un dialogue entre la musique polyphonique de l’ars subtilior et l’architecture de la Cour. Seize enfants avignonnais seront seuls en scène dans une reprise du Petit projet de la matière d’Anne Karine Lescop, danseuse dans le projet initial d’Odile Duboc. Dans Sun, Cyril Teste et le Collectif MxM se pencheront également vers l’enfance pour relater un fait divers peu ordinaire, la cabale de trois gamins partis en Afrique «pour aller se marier au plus proche du soleil.» …et création dramatique Performances, installation… Mais du théâtre il y aura ! Celui qui regarde du côté de la performance : Vincent Macaigne dans Au moins j’aurai laissé un beau cadavre, propose «une version d’Hamlet qui crie, hurle et fait beaucoup de bruit.» L’espagnole Angélica Liddell, qui avait bouleversé l’édition 2010, revient avec Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme, un projet d’alphabétisation. D’auEnfant, photo de repetitions © Boris Brussey Et puis des textes, contemporains pour la grande majorité, mis en scène par des hommes (pour la grande majorité…) confirmés : même si l’attention médiatique n’a pas toujours porté vers eux durant les dernières éditions d’Avignon, les deux directeurs en ont toujours programmé, et persistent… Avec Guy Cassiers dans la Cour, qui met en scène Sang & Roses, un texte bouleversant de Tom Lanoye (ed. actes sud papiers, 2011) sur Jeanne d’arc et Gilles de Rais, Patrice Chéreau sera là, dans sa seconde mise en scène de Jon Fosse I am the wind (voir p 48). Et Wajdi Mouawad adaptera à la Carrière de Boulbon Les Trachiniennes, Antigone et Electre de Sophocle. Une attention aux Femmes comme sujet tragique, qui ne vient pas compenser l’écrasante majorité de créateurs et auteurs masculins… Ainsi Mademoiselle Julie de Strindberg sera l’objet de deux interprétations. La première, qui s’étend sur toute la durée du Festival, est signée Frédéric Fisbach avec Juliette Binoche (à l’initiative du projet) et Nicolas Bouchaud. La seconde, par Katie Mitchell avec la Schaubühne de Berlin, s’intéresse au portrait du 3e personnage de la pièce, Kristine, la fiancée du valet Jean. Auparavant, en (ré)ouverture de la Carrière, Patrick Pineau accompagné d’Anne Alvaro jouera Le Suicidé de Nicolaï Erdman, une pièce sur l’imposture, censurée par Staline en 1932. Arthur Nauzyciel adaptera l’histoire du résistant polonais Jan Karski (Mon nom est une fiction) d’après le roman de Yannick Haenel avec le génial Laurent Poitrenaux. Les tunisiens Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi présenteront la pièce prémonitoire Amnesia. Jeanne Moreau et Etienne Daho reprendront dans la Cour Le Condamné à mort, un concert-lecture en hommage à Jean Genet. Puis, pendant presque tout le Festival, les 40 ans du Théâtre Ouvert seront fêtés à la Chapelle des Pénitents Blancs. DELPHINE MICHELANGELI ET AGNÈS FRESCHEL Festival d’Avignon Du 6 au 26 juillet ouverture de la billetterie le 13 juin (le 11 juin pour les avignonnais) - voir le programme p42 04 90 14 14 14 www.festival-avignon.com 08 FESTIVALS OFF Le barouf du Off du 8 au 31 juillet Les vrais théâtres Trois lieux permanents d’Avignon commenceront avec un jour d’avance. Au Balcon, Serge Barbuscia propose Bats l’enfance, un huis clos entre une mère et sa fille. Se joueront également Bric à Brac de la Cie Marie-Lune et Métronome par le quintet musical Cinq de Cœur. Le Chêne Noir enchainera 11 spectacles dont Eclats de vie, un seulen-scène de Jacques Weber ; une ode à la liberté sexuelle des femmes Alaska Forever © Olivier Baco Que d'espoir © Delphine Michelangeli avec Pierre Santini et Julie Judd dans Ovide était mon maitre ou l’art d’aimer et Si Siang Ki ou l’histoire de la Chambre de l’Ouest, la dernière création de Gérard Gélas à Shangai. Aux Halles, Alain Timar reprend Rhinocéros de Ionesco monté avec une troupe de coréens, beau succès 2010. Agnès Régolo nous plongera dans un cabaret expressionniste avec l’excellent et jubilatoire Que d’Espoir de Hanokh Levin. Jean-François Matignon, dans son nouveau lieu partagé avec Inoui Productions à La Manutention (exHivernales), présente Forever young du 12 au 22, un montage d’œuvres qui raconte le parcours politique et amoureux d’une génération. Aux Carmes, du Benedetto bien sûr : Le Off © Delphine Michelangeli Pour communiquer sur le Off, Avignon Festival & Cie qui gère le «plus grand festival de théâtre du monde» selon son président Greg Germain, proclame les chiffres : 1143 spectacles, 6000 artistes, 969 compagnies (147 en PACA), 116 lieux, 3000 programmateurs, 30 millions d’euros de contrats. Le festival autofinancé, toujours sans direction artistique (théâtre, cirque, danse, concert, jeune public, marionnette, conte, humour…), ne cesse de «grandir» en quantité. Pas forcément en qualité, le tout venant étant par principe accepté. Un «eldorado» pour Marie-Josée Roig, maire d’Avignon, qui ne le dissocie d’ailleurs pas du In, reconnaissant qu’une harmonisation de dates serait souhaitable (du 8 au 31 juillet pour le Off, du 6 au 26 pour le In). Un «marché» pour son président, qui veut mettre en place un centre de ressources des lieux, une meilleure visibilité des régions et une ouverture à l’international (cette année, des échanges ont lieu avec la Chine) et s’insurge lorsqu’il entend le mot «trop». «Trop de quoi ? De pauvres, de chômeurs, d’artistes ? Le rôle de la culture est d‘interroger le monde et d’en repousser les horizons.» Mais la question du choix se pose avec acuité pour le public et les programmateurs, les compagnies mal préparées y perdent beaucoup d’argent tandis que restaurateurs, hôteliers et loueurs dégagent un chiffre d’affaire hallucinant. Mais si certains lieux d’accueil restent dans leurs pratiques en deçà de l’acceptable, d’attirantes propositions ressortent de ce magma gargantuesque. Urgent Crier par Philippe Caubère et Lear et son fou avec Jean-Claude Drouot. La Cie On est pas là pour se faire engueuler ouvrira la journée avec Les règles du savoir vivre de Lagarce et Les Carboni la clôtureront en musique avec Sarvil, l’oublié de la Canebière. La Manufacture propose une édition nourrie de théâtre documentaire (Faits divers à la recherche de Jacques B. et Julie telle que de Nadia Xerri L), de forme engagée (Un homme debout sur la réinsertion carcérale) ou mobile (performance Drive In, en voiture. On pourra y voir en particulier Alaska Forever de la Cie Artefact, création collective mise en scène par Philippe Boronad sous forme de «reality show stellaire et déjanté» qui dissèque les mécanismes du pouvoir et leur dérive écologique… Les Doms promettent une édition chaleureuse pour fêter leurs 10 ans et leur changement de «capitaine». Ne pas manquer, entre autres, Trop de Guy Béart tue Guy Béart, une visite déambulatoire dans la ville (jusqu’au 22). Bouffée d’oxygène sur la Barthelasse au Chapiteau théâtre fou des Onstap avec 25 spectacles en alternance sur le thème de la folie. Théâtre, danse, jeune public, scènes ouvertes, concerts, humour, débats, guinguette gourmande. Les attentifs D’autres lieux méritent toujours une attention particulière, parce qu’ils programment en leurs murs sur des critères esthétiques plutôt qu’au plus offrant : le Chien qui Fume, le BourgNeuf, Golovine, l’Entrepôt, la Fabrik’Théâtre, Au Bout là bas (ex la Poulie), les Béliers, l’Etincelle, le THÉÂTRE DELPHINE MICHELANGELI Festival Off d’Avignon Du 8 au 31 juillet Le programme papier sortira le 1er juillet Consultable en ligne à partir du 15 juin www.avignonleoff.com Le Village du Off se tiendra rue des Ecoles 09 L’itinérance à la croisée des chemins Huit ans que Villeneuve-lez-Avignon est le territoire d’accueil privilégié des artistes en itinérance. Chaque été le meilleur des compagnies nomades se produit devant des milliers de spectateurs (16 000 en 2010). Un Festival forain à part entière qui s’est monté en association en 2011, pour gagner en autonomie et élargir les financements. La région Languedoc-Roussillon met ainsi pour la première fois la main à la pâte. Une vraie satisfaction pour Frédéric Poty, le directeur artistique de Villeneuve en Scène, qui confirme : «aujourd’hui on a le plein de partenaires. Grâce à eux, on a réussi à exister au milieu du Festival d’Avignon, sinon on retombait dans la foire.» Moteur affirmé de l’économie locale, cette manifestation -l’une des rares dont les finances augmentent- se trouve à la croisée des chemins entre Midi Pyrénées et Provence, «à une marche du royaume», en face du géant avignonnais. 22 spectacles, dont 4 jeunes publics, rythmeront les 359 représentations du 5 au 27 juillet avec 200 artistes et techniciens qui prennent le risque de jouer à la recette. On pourra apprécier dans la plaine de l’Abbaye la reprise de la cie Tandaim, la Seconde surprise de l’amour, dans laquelle Alexandra Tobelaim, inspirée par l’introspection de Sophie Calle, enferme les amoureux de Marivaux dans une scénographie de mises en boîtes. Dans une très belle adaptation de l’Inconnu de Tod Browning, la cie Pile ou Versa revient cette fois au Clos de Villeneuve pour une tragédie au cirque digne de Shakespeare. Deux formes seront itinérantes : une balade sonore dans la ville proposée par le Begat Theater d’après les Diablogues de Dubillard, une visite guidée au cœur du Fort Saint André par les Cies A l’Abordage et l’Art mobile. Les Six Faux Nez raconteront dans l’Arnaque l’histoire vraie d’un clown roi d’Albanie. En partenariat avec le In et l’ISTS, dirigés par Matthias Langhoff, les étudiants de la 70e promotion de l’Ensatt et les artistes du Théâtre Aftaab formés à Kaboul par Mnouchkine, joue- La seconde surprise de l'amour par la Cie Tandaim © X-D.R. ront chacun leur version d’Œdipe dans Lyon Kaboul Thèbes, Aller retour. Et puis des artistes historiques de l’itinérance avec l’Agit, la Fabrique des Petits Utopies, la cie Conduite intérieure, le Théâtre Mu avec Molière2, une création franco-burkinabé. Le 15 juillet, la journée de l’itinérance animée par Emile Lansman abordera les problématiques du nomadisme en tables rondes participatives et le soir venu, un feu d’artifice, forcément théâtral et drôle, sera proposé par l’Agence de Voyages Imaginaires. Dans l’élan de la manifestation, pour la seconde édition, Pujaut sous Chapiteau accueille 4 compagnies. 23 jours dans un écrin de bonheur ! DELPHINE MICHELANGELI Villeneuve en Scène Du 5 au 27 juillet 04 32 75 15 95 www.villeneuve-en-scene.com Programmer les siens Depuis quatre ans le conseil général de Vaucluse soutient ses compagnies avec le dispositif Vaucluse en Scène organisé par Arts Vivants en Vaucluse. Du 1er au 7 juillet le festival investit la cour de la Chapelle Saint-Charles à Avignon mais aussi, et c’est une nouveauté, part en vagabondage dans le département. La cour de la Chapelle accueillera la soirée d’ouverture et le bal guinguette de Manu & Co qui marie le flamenco, le jazz manouche, la valse, le tango…, la soirée slam avec Dizzylez & Skub et R.A.P.H & John Valdez (le 2), le quintet Aksak et sa musique créative des Balkans (le 3), la cie ONSTAP avec Parce qu’on va pas lâcher, un spectacle qui mêle la danse à la percussion corporelle (le 4), le ciné-concert Maciste, super héros du cinéma muet italien des années 20 qu’accompagne le duo ArchiPass (le 5), une mise en lecture musicale des Effrayants de et par Jean-Yves Picq au son de la batterie de Guigou Chenevier (le 6) et la soirée jazz qui réunit le Kami quintet et Melc (le 7). En Et il me mangea de la cie Velo Theatre © X-D.R. Grenier à Sel, le Musée Fujak, le Verbe fou, la Tache d’encre et l’Espace Roseau qui programme, entre autres, La Vie de Galilée de Brecht, mis en scène par Antonia Malinova, un succès du festival 2010 dans lequel notre collaborateur Régis Vlachos incarne le scientifique et ses révolutions… À ne pas rater dans un tout petit lieu : la Storie di Italo, un solo émouvant de Marco Bocherini qui mêle mémoire intime et histoire italienne, au Laurette Théâtre à partir du 6 juillet. Certaines régions offrent à leurs compagnies une vraie visibilité au Off. Un soutien technique et financier, dans des lieux désormais repérés. Dans le cadre de l’opération Midi-Pyrénées fait son cirque en Avignon du 8 au 24 juillet, la cie Sacékripa présentera sous chapiteau Coulisses, un spectacle de haute volée à l’Espace Vincent de Paul sur l’Île Piot. Soutenu par le théâtre des Doms, le Théâtre d’un jour y présentera l’Enfant qui… (déconseillé aux jeunes enfants), un univers poétique pour un rituel circassien. Dans la Région Nord-Pas de Calais, six compagnies ont été sélectionnées et accompagnées dans un dispositif qui se tiendra à Présence Pasteur du 8 au 31, avec une programmation pluridisciplinaire. La cie Melting Pot présentera Hip Hop Aura, une revisitation humoristique des origines du hip hop par Farid Berki. Idem pour la Région Alsace qui soutient trois compagnies, les Méridiens au Théâtre Essaion, Jamaux-Jacquot à l’Espace Pasteur et la Cie les Zanimos aux Ateliers d’Amphoux. La Caserne des Pompiers est investie depuis les années 90 par la Région Champagne Ardenne, précurseur dans l’accompagnement des artistes dans le Off, qui y installe des jeunes compagnies et d’autres plus confirmées. Si la Région Paca pouvait en faire autant, cela limiterait d’autant les pertes sèches de nos compagnies les plus fragiles… FESTIVALS vagabondage le Vélo Théâtre, à Apt, accueille la cie Théâtre de l’Entrouvert pour des Traversées basées sur des extraits du livre Seuils de Patrick Kermann (les 8 et 9) et Il me mangea, dernière création de la cie résidente du lieu autour d’une déclinaison particulière du Petit chaperon rouge (les 8 et 9). Enfin, dans les carrières de Gargas découvrez la dernière création de la chorégraphe Françoise Murcia, Les Tangos (les 8 et 9), à Beaumes de Venise le Théâtre rural d’animation culturelle qui joue Caligula de Camus (le 3), et à Lourmarin, place Henri Barthélemy, la même cie dans Révolte dans les Asturies de Camus aussi (le 10). DO.M. Vaucluse en Scène Arts Vivants en Vaucluse Du 1er au 10 juillet 06 07 50 94 84 www.artsvivantsenvaucluse.fr 10 FESTIVALS THÉÂTRE Nomade si j'veux du Bouffou Theatre © Bouffou Theatre Sur mesure À la Maison du théâtre pour Enfants, tous les jours (sauf le dimanche) du 7 au 26 juillet, les enfants sont au paradis. La 29e édition du Festival Théatr’enfants leur est à nouveau entièrement dédiée, avec un accueil spécifique, une exposition interactive, des ateliers d’éveil artistique, un stage Jeune acteur/spectateur animé par Claire Massabo (du 18 au 22 juillet) et des rencontres avec les artistes. Plus besoin de courir dans la moiteur du centre ville, les parents pourront au fil de la journée, juste derrière la gare centrale, se détendre et profiter des 12 spectacles triés sur le volet par l’équipe de l’Eveil Artistique, très attentive au respect des tranches d’âge prescrites. Le rendezvous théâtral des tout petits (dès 10 mois) et des plus grands pour découvrir tranquillement les arts vivants. Réveil en musique à 9h30 avec Veillée douce de la cie FA7 suivi des Petites Fabulettes. Théâtre dansé avec la cie Piccola Velocita puis récité avec Mildiou, l’enfant du champ de patates. Contes traditionnels touaregs avec le Bouffou Théâtre, marionnettes avec Debout de la cie Arketal, gourmandise avec Gâteau 1, 2, 3 d’Hélice Théâtre. La cie aixoise Débrid’arts tricotera sur les histoires de Bernard Friot et Luigi Rignanese, magnifique conteur, présentera Knup, un conteconcert certainement squatté par les parents… DELPHINE MICHELANGELI Festival Théâtr’Enfants et tout public Monclar, Avignon Du 7 au 26 juillet 04 90 85 59 55 www.festivaltheatrenfants.com La magie du château Louis Jouvet à l’occasion du 60e anniversaire de sa mort, et dont l’action se situe en 1951 à Avignon. Avec Francis Perrin (Sganarelle) et la Troupe de France (le 9 juillet) ; enfin, en clôture, une comédie policière, tirée d’un chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock et qu’adapte Gérald Sibleyras, Les 39 marches. La mise en scène d’Eric Métayer est à l’image du comédien, rythmée, déjantée, drôle et bourrée de trouvailles ! (le 11 juillet). Divertir avec qualité, c’est toujours l’objectif du festival Théâtre Côté Cour qui se déroule au château salonnais de l’Emperi (dont la sonorisation, il faut le souligner, a été améliorée). Un bel esprit éclectique parcourt la programmation de cette 22e édition : ouverture du festival avec une mise en scène enlevée des Misérables de Victor Hugo signée Philippe Person, et «seulement» trois comédiens pour endosser la totalité des personnages (le 5 juillet) ; une évocation juste et poétique d’une jeunesse passée dans le quartier du Panier, la sienne en l’occurrence, de et par Ali Bougheraba dans Ali au pays des merveilles (le 7 juillet) ; le très attendu Dom Juan de Molière mis en scène par Francis Huster, qui endosse le rôle, en hommage à DO.M. les 39 marches © Lot Festival Théâtre Côté Cour Les 5, 7, 9 et 11 juillet Théâtre Armand, Salon-de-Provence 04 90 56 00 82 www.theatre-cote-cour.fr Terre d’aventures technologiques Le Centre national des écritures du spectacle présente, du 6 au 25 juillet, ses 38e Rencontres d’Eté. Un prolongement des aventures artistiques, culturelles, expérimentales menées pendant l’année à la Chartreuse. L’objectif pour son directeur, François de Banes Gardonne, étant de transmettre au public les enjeux spécifiques des scènes, confrontées aux autres pratiques culturelles, aux arts et technologies de son époque. Du 6 au 14, la cie Crew propose 2 rendez-vous journaliers avec Terra Nova, une démarche théâtrale inédite dans laquelle le spectateur se transforme en protagoniste d’une expérience multisensorielle rendue possible par la maîtrise et l’adaptation à la scène des technologies immersives les plus pointues. Une création qui s’appuie sur une complicité au travers des résidences et des Sondes conduites à la Chartreuse. Puis du 15 au 18, un spectacle multimédia conçu par Véronique Caye, où des illusions sonores et visuelles, dans une temporalité flottante, rendent à l’Eglise de la Chartreuse son Genius Loci, l’esprit du lieu. Finalement déprogrammé du Festival In, le spectacle Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci est remplacé par la projection du film Parsifal, dans le Tinel le 22 juillet (2 séances). Quand Genius Loci © Veronique Caye l’opéra de Wagner est mis en scène par Castellucci, attendons-nous à quelques déménagements poétiques. Autre partenariat avec le Festival d’Avignon, du 18 au 24, avec l’Indestructible Madame Richard Wagner, du théâtre performance par l’auteur metteur en scène Christophe Fiat. DE.M. Les 38e Rencontres d’été de la Chartreuse Du 6 au 25 juillet Centre national des écritures du spectacle, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org http://sondes.chartreuse.org Cap sur l’Égypte Un peu en avance cette année (du 7 au 9 juillet), le festival Caressez le potager initié par le Centre culturel itinérant SAREV, poursuit son exploration du «Continent Méditerranée» et s’attache toujours à mettre en avant les résultats de l’action de développement culturel mené toute l’année sur la vallée de l’Huveaune. Une nouveauté pour l’édition 2011, un regard complice avec AFLAM, as- sociation marseillaise qui s’emploie à faire connaître les cultures arabes au travers de l’image et du cinéma, pour l’Egypte (Aflam proposera Cinéma(s) d’Egypte en novembre). Outre une sélection de longs métrages, deux événements sont prévus en ce sens : une carte blanche donnée à l’Union des Familles Musulmanes des Bouches-du-Rhône (le 7 de 18h30 à 22h) avec notamment un spectacle de danse orientale, des tatouages au henné, des contes… ; une création d’Amélie Duval de la cie Hélas !, Souvenez-vous de moi, pour tenter de raconter autrement, loin des clichés, la danse orientale (le 8 juillet). Et puis bien sûr, comme chaque année, des contes, de la musique, un potager bio… dans le parc apaisant de la Mirabelle dont chaque brin d’herbe sera occupé ! DO.M. Caressez le potager Du 7 au 9 juillet Parc de la Mirabelle, Marseille 12e 04 91 42 20 50 www.caressezlepotager.net Djamila Hannan, le 9 juillet © X-D.R. Théâtre itinérant Actualité chargée pour la troupe des Carboni en ce début d’été ! Posée sur l’esplanade de la Major, à Marseille, leur Posada participant à la 6e édition des 13 Paniers, festival de théâtre forain qui se tient deux jours durant, les 17 et 18 juin. Au programme : après l’ouverture en fanfare à 19h le 1er soir, place au Cabaret des années 30 dans lequel les standards de ces années-là sont revisités, chantés et joués par Cristos Mitropoulos, Marc Pistolesi, Benjamin Falletto et Mathieu Becquerelle, membres de l’Orchestre Formidable des Carboni. Le lendemain soir changement de décor avec le théâtre d’Agit-Prop de Philippe Fenwick et son Est ou Ouest -entendez par là réunification des deux Allemagne et avènement du capitalisme- sous forme de procès d’intention. Puis la Posada prend la route jusqu’à Noves où a lieu Off in Noves (du 29 juin au 2 juillet), festival interdisciplinaire où se mêlent théâtre et musique. On retrouve là leur Cabaret, mais aussi Est ou Ouest de la cie de l’Escale, les impros des Bonimenteurs, le Coin de la rue du groupe Vis à Vies… En août, après la longue escale au Off à Avignon (ils jouent Sarvil, l’oublié de la Canebière aux Carmes), la Posada reprend la route pour sillonner le Queyras (05) dans le cadre des Queyrascènes, festival itinérant qui se pose cette année à Abriès (le 2 août). DO.M. Les Tréteaux du Panier/Les Carboni 04 91 90 35 52 www.lescarboni.com 12 FESTIVALS DANSE À l’unisson Ce que l'Amour me dit © BBL Francois Paolini Le Nouveau Festival 2011 de Châteauvallon se glisse dans les habits de la saison avec l’objectif de rassembler un vaste public dans le grand amphithéâtre… L’été, l’esprit est à la fête et aux têtes d’affiche internationales et intergénérationnelles. Après avoir ouvert le bal le 1er juin avec la grande figure malienne Salif Keita, la musique prend des accents ibériques : d’abord pendant La Nuit du Fado (1er juillet) qui révèle la jeune scène du blues portugais, Cristina Branco et Antonio Zambujo à la voix originale et à la sensualité «à fleur de cordes». Ensuite Luz Casal -découverte dans Talons aiguilles d’Almodovar- offrira un show cinématographique baigné de cuivres et de cordes… Et, en clôture, Les Nuits Flamenca (29 et 30 juillet) véritable trait d’union entre la musique et la danse : pour la 5e édition Juan Carmona convie Dorantes Trio et Manuela Rios, Fuensanta la Moneta, Nino de Los Reyes, Amador Rojas. La danse tient le haut du pavé du festival qui programme The Alwin Nikolais Centennial Show (17 et 18 juin), le Malandain Ballet Biarritz de retour à Châteauvallon avec Roméo et Juliette (8 juillet) et le Béjart Ballet Lausanne avec Ce que l’amour me dit, Mephisto Walzer et la nouvelle création de son successeur Gil Roman, Syncope (22 juillet). En première partie de soirée, le public le plus audacieux pourra découvrir le solo de l’Irlandais Colin Dunne dans Out of Time (24 juin) et les deux pièces sensuelles du tandem Fattoumi-Lamoureux : Walsa (solo)… ce qui relie et La danse de Pieze (1er juillet). Théâtre et cirque, mais à dose homéopathique ! Création en résidence de la Cie du Zerep, Oncle Gourdin, en avant-première du Festival d’Avignon (8 juillet) et, familial et festif, le Nouveau cirque vietnamien qui fait de Lang Toi un village universel grâce à ses prouesses acrobatiques et musicales, et son décor exotique (24 juin). M.G-G. Nouveau Festival 2011 Jusqu’au 30 juillet Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com La matière et les corps Comme chaque année le Centre de Développement Chorégraphique offre, durant toute la durée du off, une visibilité exceptionnelle aux compagnies d’alentour : Avignon est un carrefour artistique et géographique, et le dispositif Quand les Régions s’en mêlent allie les financements et les énergies de trois Régions -Rhône-Alpes, PACA, LanguedocRoussilon- et de leur DRAC respective. Ainsi des compagnies de ces trois régions se succèdent chaque jour sur le plateau et cette année la Collectivité territoriale de Corse et la région Piémont sont également invitées. Au programme, des pièces n’excédant pas une heure, pour un à quatre danseurs. Dès 10h un trio sur le la matière, le son et le paysage (Cie Art Mouv’, Corse) puis à 11h30 un très beau duo masculin inspiré par une Mémoire pour l’oubli de Darwich (Kawa, solo à deux, Rhône-Alpes), deux courts solos féminins à 13h15 (Daniele Ninarello, Piémont), et à 14h45 un couple mixte qui travaille sur le souffle, l’union et l’absence (Teatri del Vento, Rhône-Alpes). La région PACA programme quant à elle deux très belles pièces : Temps d’arrêt de Miguel Nosibor, où il invente un hip hop d’une intelligente et intime virtuosité (16h30) et un quatuor de Samir El Yamni, Cyclus, joliment entrainé par la pulsion vitale de Vivaldi (18h). C’est la Cie Vilcanota de Bruno Pradet (Languedoc Roussillon), familier des lieux, qui conclura chaque Art Mouv' © Ronan Lietar soir la programmation à 20h, avec un quatuor intitulé Des cailloux sous la peau. Pour clore une journée de souffle, de vent, de cercles et de pierre. AGNÈS FRESCHEL Quand les Régions s’en mêlent Du 10 au 23 juillet relâches 13 et 18 juillet 04 90 82 33 12 www.hivernales-avignon.com Voyage en première classe Maria pages - Autorretrato © Hiroyuki Kawashima Le festival de danse de Vaison-la-Romaine, pour satisfaire chaque année un public nombreux et divers, fait appel à des valeurs sûres de la danse : le festival aime l’excellence technique, point commun des compagnies de tous horizons invitées à se produire dans son sublime, et immense, amphithéâtre. Virtuosité des danseurs, et des conditions dans lesquelles ils se produisent : les lumières et le son, malgré les aléas du plein air, sont toujours parfaits… Le voyage autour du monde commence avec la danse d’Alvin Ailey, qui savait évoquer la mémoire du peuple afro américain sans folklore, grâce à la légèreté rythmée des négros spirituals, et la flamme du gospel, la nostalgie du blues. Le Ailey II, énergique et subtil, perpétue la révolte et la perfection de sa danse (les 8 et 9 juillet). Abou Lagraa quant à lui, avec 10 danseurs hommes du Ballet National d’Alger, métisse son univers contemporain de hip hop sur le lancinant Boléro, et des chants des Aurès (le 12 juillet). Sylvie Guilhem et Akram Khan entraînent quant à eux au pays de la rencontre et de la grâce absolue, entre Inde et Occident, mythe et modernité, accompagné par un quintet tout aussi métissé d’excellence classique, et de voix du monde (le 16 juillet). C’est le Ballet Biarritz qui enchaînera avec le Roméo et Juliette de Thierry Malandain : le chorégraphe perfectionniste s’est attaché à donner corps à la passion et à la violence à travers la musique de Berlioz, exactement là où l’amour fait mal (le 19 juillet). Après l’autoportrait flamenco de la divine Maria Pagès, accompagnée de ses neuf musiciens (le 22 juillet), Vaison danses se conclura avec un spectacle exceptionnel du Nouveau Cirque du Vietnam : un pays où danse, théâtre et acrobatie ne font qu’un, et qui a su produire avec Lang Toï un art contemporain arraché à ses rituels ancestraux, mais puisant dans sa culture pour la donner à voir au monde, en un ballet acrobatique et musical époustouflant (le 26 juillet). AGNÈS FRESCHEL Vaison danses Du 8 au 26 juillet Vaison la romaine (84) 04 90 28 74 74 www.vaison-danses.com 14 FESTIVALS MUSIQUE Vingt jours à Aix Un point d’interrogation médiatico-lyrique plane sur la Cour de l’Archevêché : que vaudra la prestation de la diva française Natalie Dessay pour sa première Violetta européenne, après Santa Fe et Tokyo où sa prise de rôle a divisé la critique ? On ne doute pas que sur le plan théâtral elle procurera au public du Festival d’Aix les frissons attendus dans l’incarnation de la demi-mondaine inspirée de Dumas. On espère seulement que ses cordes auront acquis la «pâte» vocale attendue pour offrir à La Traviata aixoise, en compagnie du London Symphonic Orchestra (dir. Louis Langrée), les ors espérés. À ses côtés (elle alternera avec Irina Lungu), on entendra l’un des meilleurs barytons français dans le rôle paternel de Germont : Ludovic Tézier. En parallèle au Verdi populaire, cette même prestigieuse phalange britannique, qui succède à Aix depuis l’an dernier à la résidence du Berliner Philharmoniker, occupera la fosse pour un opus tardif de Mozart, compositeur omniprésent à l’Archevêché depuis la création du festival : La Clémence de Titus sera dirigée par le chef attitré du «LSO» Sir Colin Davis et mis en scène par David McVicar. L’Académie Européenne de Musique servira la part baroque de la programmation de Bernard Foccroulle avec l’opéra pastoral Acis et Galatée (1718) d’Haendel mis en scène au Grand St-Jean par le chorégraphe Saburo Teshigawara (dir. Leonardo Garcia Alarcon). Puis on entrera de plain pied dans la musique du XXe siècle avec Le Nez (d’après Gogol) formidable opéra de Chostakovitch mis en scène au Grand Théâtre de Provence par William Kendridge. L’Orchestre de l’Opéra de Lyon sera dirigé par Kazushi Ono. Des créations Des concerts Le festival d’Aix propose une vingtaine de concerts fort attractifs, balayant de nombreux genres et styles musicaux à travers différents lieux de la ville et alentour. On butine dans le Slam et le Groove (mais oui !) ou les sonorités suaves du Quintette à vent du Berliner Philharmoniker, Chostakovitch et les cordes expertes du Jerusalem Quartett, dans les «airs d’opéras français» chantés par Véronique Gens avec Les Talent Lyriques de Christophe Festival d’Aix-en-Provence Du 5 au 25 juillet 08 20 922 923 www.festival-aix.com L’autre rive Le 24 juin 21h30 La Vieille charité, Marseille 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org JACQUES FRESCHEL Élévations de juillet Après ses stations initiales à la Tour Royale, le Festival estival de musique prend de la hauteur en juillet. On grimpe à la Collégiale de Six-Fours pour entendre le Requiem de Cimarosa et tout un programme varié par des musiciens locaux jouant «Au profit de Pharmacie Humanitaire Internationale Var» (1er juillet), une mise en miroir baroque des compositeurs Telemann et Vivaldi par le Florilegium de Le poeme Harmonique © Guy Vivien Joël Pommerat portera sur la scène du Jeu de Paume son propre livret, Thanks to my eyes, une commande du festival dont la musique, signée Oscar Bianchi, sera jouée en création mondiale. On peut regretter cette création d’un auteur français en anglais… Mais comme souvent à Aix, on a peu confiance dans le lyrisme de la langue française alors que la manifestation, largement subventionnée par les deniers de l’État, devrait permettre l’éclosion d’un répertoire également francophone. On aurait pu se réjouir de l’annonce de deux représentations au Jeu de Paume d’Austerlitz, pièce musicale et théâtrale de Jérôme Combier, mise en scène par le vidéaste Pierre Nouvel d’après le roman de W.G. Sebald. Cependant, cette seconde commande aixoise (également en création mondiale) s’annonce, a priori, plus théâtrale que lyrique. Le Nez de Chostakovitch © Ken Howard Rousset, chez Andreas Staier (clavecin) et Alexander Melnikov (piano) pour des Préludes et fugues de Bach et Chostakovitch en miroir, avec Musicatreize dans L’Autre Rive de Zad Moultaka à Sylvacane (que l’on pourra entendre également le 24 juin à la Vieille Charité, Marseille)… Comme l’an passé, le LSO fera salle comble au GTP avec Sir Colin Davis à la baguette dans la 6e symphonie de Nielsen en compagnie de Nelson Freire au piano pour le 20e concerto de Mozart. Valery Gergiev prendra aussi les commandes pour diriger La Mer de Debussy et la 8e Symphonie de Chostakovitch. Compositeur décidément en exergue à Aix en 2011, en dehors de tout anniversaire ! Londres (5 juillet), des Splendeurs du baroque mexicain par Françoise Atlan (chant – 7 juillet), Les Sept dernières paroles du Christ en croix de Haydn avec Michael Lonsdale (texte de Michel Serre) et le Quatuor Ysaÿe (9 juillet), le Poème harmonique dirigé par Vincent Dumestre sous la direction scénique de Benjamin Lazar qui célèbrent l’esprit vénitien au temps de Monteverdi (11 juillet), et l’on finit avec le Chœur du Monastère Saint Alexandre Nevsky de St-Petersbourg dans des pièces religieuses de la tradition monastique et des œuvres sacrées de compositeurs russes (29 juillet). J.F. 61e Festival Estival de musique de Toulon et sa Région Jusqu’au 29 juillet Collégiale St-Pierre, Six-Fours Concerts à 21h 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com FESTIVALS 15 Philémon au cloître Sarah Lavaud © Balazs Borocz Depuis 7 ans le très beau cloître du Couvent des Minimes à Pourrières (Var) accueille avec succès, grâce à une poignée de bénévoles ardents, des œuvres lyriques peu jouées portées par des artistes prometteurs. Sous les marronniers séculaires se dressent des tables pour des repas à thème, avec vins du terroir offerts par les vignerons locaux. Un cadre idyllique pour écouter Sarah Lavaud, pianiste prodige née en 1982, dans un programme Beethoven, Liszt, Janáček : le 19 juin à 19h. Le 6 juillet à 18h, une conférence à la médiathèque de Pourrières : Philémon et Baucis, l’archétype de l’amour éternel, d’Ovide à La Fontaine, par Laurent Melin et Georges Lalanne, précédera les soirées opéra des 16, 18, 20, 22 et 24 juillet sur l’ouvrage de Gounod Philémon et Baucis. Du conte mythologique d’Ovide et de la fable de La Fontaine, Barbier et Carré ont tiré un livret léger et comique. Cette Production de l’Opéra au Village permettra d’entendre des chanteurs talentueux (Bertrand di Bettino, ténor, Cyril Costanzo, Vive la voix ! Cette 7e édition du Festival De Vives Voix sera riche, pluriethnique, ouverte et chaleureuse Le 1er juillet à 20h30, les Voix citoyennes d’Alain Aubin, contre-ténor, et de Marie Démon, contrealto, rencontrent Purcell et Dalida, Ramona et Verdi dans l’intimité d’un salon, à la Maison du chant, pour un cabaret lyrique émouvant. Les 4 et 5 juillet, au Parc Longchamp à 20h, le groupe Enco de Botte nous invite à comprendre les chants d’amour polyphoniques de la Méditerranée. À 20h30 le 4 juillet, compositions personnelles de deux sœurs argentines, Las Hermanas Caronni, entre tango chaloupé et mélodies classiques. À 22h, Rassegna au fil du temps : chants corses, algériens, égyptiens, napolitains… : 50 ans de chansons revisitées. Le 5 juillet : les Gitans Dhoad du Rajasthan, spectacle puissant au pays des Maharadjas à 20h30, et à 22h les Chants sacrés des gitans de Provence : guitare, chants et danse… réjouissant ! Ces vives voix finiront à la cave… à Jazz, le 7 juillet à 20h30 (Cité de la Musique). Les Dissonantes, trio féminin décapant, tisseront voix populaires et contemporaines. Des stages de techniques vocales, improvisation, chants hispaniques, latinos, corses, occitans, diphoniques, polyphonies, polyrythmies du Monde… seront proposés pendant le Festival à la Maison du chant. Voix soliste, voix plurielle, a cappella, accompagnée, la meilleure voie contre l’intolérance ! Y.B. La Maison du chant, Marseille 1er Du 1er au 7 juillet 04 91 62 78 57 www.lesvoiesduchant.org basse, Jean Vendassi, baryton). Une histoire d’amour où les amants ne sont plus transformés en arbre comme dans le mythe, et qui renferme de belles surprises : les deux pauvres vieillards ayant accueilli Zeus et Vulcain sur terre retrouvent leur jeunesse… Un couple mythique, dans lequel Baucis (Élisabeth Aubert, soprano) est le moteur essentiel de l’intrigue. L’orchestration réduite de Frédéric Carenco collera parfaitement au plateau. Le maître des lieux depuis 1966, le peintre Jean de Gaspary, le chef Luc Coadou, le metteur en scène Bernard Grimonet, et les danseurs de la Compagnie la Parenthèse ont hâte de partager leur passion et leurs découvertes… YVES BERGÉ L’Opéra au Village Du 19 juin au 24 juillet Couvent des Minimes Pourrières 06 98 31 42 06 www.loperaauvillage.fr Dhoad © X-D.R. 16 FESTIVALS MUSIQUE Musique plectrale ! e Le 11 Festival de guitare de Lambesc ouvrira ses portes dans le cadre superbe du château de Pontet Bagatelle pour une série de concerts hauts en couleurs. Sept jours rythmés par le feulement du médiator des plus grands artistes internationaux ! Marilyse Florid © X-D.R Le concertiste argentin, directeur artistique, Jorge Cardoso, personnage emblématique du festival, que l’on pourra entendre en première partie du duo composé par Dominique Phillot et la chanteuse aux accents slaves Severina Stozanova (le 6 juillet), sera également à l’honneur pour le concert d’ouverture dans la Misa Criolla avec Sylvie Dagnac et la chorale Evasion (dir. Florence Blanc - le 3 juillet). Changement d’intonation et de territoire avec deux soirées cadencées par des rythmes slovaques portés par le duo flûte-guitare de Dagmar & Joseph Sapkal avant d’apprécier le jeu de l’artiste marseillaise Marylise Florid (les 5 et 8 juillet), concerts en alternance avec les guitaristes Eugenio Becherucci et María Esther Guzmán (les 4 et 7 juillet). Tous les artistes se donneront rendez-vous pour le concert de clôture (le 9 juillet) : un beau feu d’artifice en perspective ! CHRISTOPHE FLOQUET 11e Festival de guitare Du 3 au 9 juillet Lambesc 04 42 92 44 51 www.festivalguitare-lambesc.com Une larme furtive… Lors de la 5e édition des Nuits Musicales Sainte Victoire, on assiste derechef à la représentation d’un opéra populaire. Après La Bohème, Madame Butterfly, Tosca, ou La Traviata, c’est au tour de L’Elixir d’amour de Donizetti de tenir l’affiche au pied de la SainteVictoire, au théâtre de verdure de Peynier ou vers les Carrières de Rognes. L’orchestre, les chœurs de l’Opéra National d’Ukraine-Lviv y sont toujours dirigés par Grigori Penteleïtchouk, la mise en espace est signée par la basse Jean-François Vinciguerra Pastoral (Dulcamara) quand le casting vocal est sélectionné par Eve Ruggieri : Sonya Yoncheva (Adina), Domenico Menini (Nemorino), Alexandre Duhamel (Belcore) et Yuree Jang (Gianetta). Dame Ruggieri présente également une soirée consacrée à La Fabuleuse histoire des Castrats en compagnie du sopraniste Fabrice di Falco et de son alter-ego féminin, la soprano Mélanie Boisvert. Une Soirée Tchaïkovski (Concerto pour violon, Roméo et Juliette, Hamlet) complète la programmation. J.F. Grigori Penteleïtchouk © Pixeo Media L’Elixir d’amour. Peynier, les 23 et 25 juin et Rognes le 29 juin Soirée Tchaïkovski. Peynier, les 24 et 26 juin et Rognes le 30 juin La Fabuleuse histoire des Castrats. Mimet, le 27 juin et Vauvenargues le 28 juin Spectacles à 21h 04 77 61 26 40 www.nuits-sainte-victoire.com Vanessa Wagner © Balazs Borocz e Pour sa 4 saison, Musique à la ferme reçoit une pléiade d’instrumentistes, pas tous en herbe… En ces temps de sécheresse où le foin vient à manquer, on se réjouit d’ouïr, dans la grange de la Chèvrerie Honnoré à Lançon-de-Provence, quelques jeunes pointures chevronnées comme les pianistes Vanessa Wagner, Hervé Billaut, le Quatuor Voce, le Trio Karénine (avec Paloma Kouider au piano), Amanda Favier au violon… On retrouve l’écurie de talents des sessions précédentes, la flûtiste Emmanuelle Calà, Isabelle Durin, Anne Gökel, Alexandre Lacour au violon, Robin Paillette au cor, le violoncelliste Louis Rodde ou les pianistes Jérémie Honnoré (directeur artistique), Camille Jauvion, Marina Milinkovitch, Iren Seleljo dans de belles pièces de musique de chambre balayant différents styles : de Piazzolla à Fauré, de Schubert à Villa-Lobos… Deux soirées sont gratuites : Tangos par le SpiriTango Quartet (le 13 juillet - 04 90 45 47 47) dans le jardin de la maison de retraite Saint-Jean à La Fare-les-Oliviers et Les songes de Hialmar, conte d’Andersen, raconté par François Castang à la médiathèque du Roulage, d’après une œuvre de Florent Schmitt pour piano à quatre mains (le 15 juillet - 04 90 42 98 30) J.F. Musique à la Ferme Du 12 au 19 juillet Lançon-de-Provence 06 49 87 22 63 www.musiquealaferme.com L’esprit Mozart La Tournée d’été de l’Orchestre Philharmonique du Pays d’Aix, propose, sous la direction de Jacques Chalmeau, une série de dix concerts à travers les cités du Pays de Cézanne. Au dessus de l’incipit Mozart for ever plane l’esprit de Wolfgang : un souffle qui devrait migrer des pupitres instrumentaux vers un public friand de manifestations estivales gratuites. Le programme s’articule autour de la Symphonie n°41 «Jupiter» modèle de classicisme, solaire et brillant, éminemment architecturé, mais dont le style conserve son absolue évidence, accessible et puissant. On sait la passion qu’éprouvait Tchaïkovski pour la musique de l’époque classique et en particulier de Mozart. Son influence est flagrante dans ses Variations Rococo, cheval de bataille virtuose des violoncellistes. La phalange méridionale s’étant tournée vers l’Est… y reste avec Dvorak et sa Suite Tchèque. Une musique slave qui mêle adroitement divers thèmes de cette Europe centrale proche du cœur du Salzbourgeois ! L’élégance s’y double d’une rigueur, d’une l’harmonie emprunte également au classicisme mozartien. J.F. AIX. Le 21 juin Théâtre de Verdure JOUQUES. Le 22 juin Cour de l’Ecole Maternelle MIMET. Le 25 juin Château-Bas LA ROQUE D’ANTHERON. Le 26 juin Cour de l’Ecole BOUC-BEL-AIR. Le 29 juin Jardins d’Albertas CABRIÈS. Le 30 juin La Trébillane LE THOLONET. Le 2 juillet Château du Tholonet COUDOUX. Le 3 juillet Château de Garidel TRETS. Le 6 juillet Cour du Château Concerts à 21h30 www.legrandtheatre.net FESTIVALS 17 Mémoire vive Le VIe Festival des Musiques Interdites investira début juillet le superbe château de la campagne Pastré, lieu emblématique de résistance face aux régimes totalitaires. En partenariat avec l’Opéra municipal de Marseille et le Forum Culturel Autrichien à Paris, la programmation concoctée par Michel Pastore s’annonce passionnante et singulière. Du 7 au 9 juillet seront mis à l’honneur des œuvres de compositeurs «bannis» par le régime nazi comme Mahler, Glanzberg et Weill. En ouverture du festival, les Kindertotenlieder et l’adagio de la 10e symphonie célèbreront le centenaire de la disparation de Mahler. Accompagnés par l’Orchestre Symphonique de Marseille dirigé par Johan Farjot, la mezzo Marie-Ange Mathias Hausmann © Wilfried Hosl, 2010 Todorovitch, le baryton Mathias Hausmann et le slameur Abd Al Malik croiseront le verbe chanté ou récités en se jouant des frontières artistiques (le 7 juillet à 21h45). Exilés sous le IIIe Reich, Glanzberg (dont le fils est invité d’honneur du festival) et Weill seront à l’affiche le lendemain dans les très émouvantes Paroles d’exil (dir. Antoine Marguier). La soprano Emilie Pictet donnera le change à la spécialiste du genre Ute Gfrerer au cœur des textes déclamés par Anouk Grinberg (le 8 à 21h45). Le festival se conclura par une nocturne, dédiée à Lili Pastré, mécène et protectrice des arts qui a tant œuvré «pour que l’esprit vive», et régulée par Frédéric Lodéon. Sous sa gouaille appréciée des mélomanes, de nombreux pianistes et chambristes de grande qualité se succèderont jusqu’à l’aube dans des pièces de Denisov, Schnittke, Korngold, Schreker, Antheil, Hindemith, Messiaen… De quoi faire perdurer cette mémoire jusqu’au bout de la nuit à la découverte de pièces surprenantes dans un lieu d’exception. FRÉDÉRIC ISOLETTA Préparez vos cimes ! S’il vous prend l’envie de vous acheminer cet été vers les vallées alpines, prévoyez de faire un tour au festival de Chaillol. Avec neuf programmes et 28 concerts, ce festival de toutes les musiques, classiques, du monde, jazz, anime le territoire du Champsaur et des Écrins de concerts variés. Si Julien Dieudegard et Laurent Wagschal s’attaquent à l’intégrale des sonates violon piano de Beethoven, on écoutera aussi de la musique argentine (Alter Quintet), du tango traditionnel (Flor de Lines), de la musique orientale (Ahmad AlKhatib et Youssef Hbeisch, oud et percussions), Tribute to Bill Evans par le trio Manuel Rocheman… Et une jeune génération de musiciennes classiques plus que prometteuses sera également présente : Hélène Tysman pour un récital (piano) et le formidable Quatuor Ardeo… Nous reviendrons sur ce festival original, mais préparez d’ores et déjà vos destinations de vacances… A.F. Festival des Musiques Interdites Du 7 au 9 juillet au Château Pastré 09 62 61 79 19 www.musiques-interdites.eu Espace culture 04 96 11 04 61 Festival de Chaillol Du 17 juillet au 12 août 04 92 50 48 19 http://festivaldechaillol.billet-web.com 18 FESTIVALS MUSIQUE Balade provençale en musiques Du 29 juin au 16 octobre, un festival riche et de qualité mêle concerts et gastronomie locale dans toute la région : plus de 20 concerts, classique, jazz, musiques du monde, et une démarche créative permanente : les Floraisons Musicales offrent de surcroît aux jeunes vainqueurs de prestigieux Concours l’occasion de débuter leur carrière dans les meilleures conditions. Un survol pour aiguiser des envies de belles rencontres ? Le 29 juin à Châteauneuf-du Pape le Quatuor Ludwig accompagne Alain Carré en récitant pour une lecture de Dernière lettre à Théo, immersion visuelle et auditive dans l’univers du peintre Vincent Van Gogh. Le 2 juillet à 18h un programme Autour du piano. Le 9 juillet c’est à Boulbon que se produira, à 21h30 au Parc de la Révolution, l’Orchestre Symphonique de Louvain La Neuve, direction Philippe Gérard, avec Antonio Di Cristofano au piano. Le 11 juillet à 21h30 à Moustiers-Sainte-Marie du Jazz manouche avec le Harp’s Wings Trio. Le 16 juillet, à 21h30, Pierre Hommage au violon et Daniele Alberti au piano interprèteront Les grandes sonates de Beethoven… Puis les Floraisons reprendront en septembre avec des Chansons espagnoles et Zarzuela, un récital de Nemanja Radulovic… Car exigence et convivialité semblent être un leitmotiv pour le directeur artistique Pierre Hommage ! YVES BERGÉ © Charlotte Coudert Les Floraisons Musicales 04 90 303 600 www.lesfloraisonsmusicales.com Comme des Pros ! Francois-Xavier Roth © Celine Gaudier Depuis 2010 le Festival d’Aix-en-Provence, en collaboration avec le London Symphony Orchestra (LSO), a créé une Académie d’Orchestre pour accueillir les musiciens de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Initiative qui ouvre de nouveaux horizons dans le cadre d’un dialogue interculturel entre les pays du Bassin méditerranéen et même au-delà puis- s’associe à la transmission des connaissances et aux actions de médiation. Cette année l’Académie d’Orchestre va plus loin en proposant à 13 membres de l’OJM d’intégrer l’ensemble qui interprète la musique de scène de La Traviata : 10 répétitions et 10 représentations seront données et les jeunes interprètes ont pour cela un contrat de travail ! que quelques jeunes viennent des États-Unis : l’OJM, depuis qu’il collabore avec le LSO, recrute de jeunes instrumentistes méditerranéens d’un très bon niveau, attiré par ce tutorat prestigieux, et par la direction de François-Xavier Roth. Pour la session de l’été 2011, 93 jeunes musiciens recrutés dans les conservatoires de 16 pays sont réunis pour une expérience unique : vivre la vie d’un orchestre symphonique avec répétitions et représentations. L’orchestre sera encadré par 9 musiciens du LSO. Lors de la conférence de presse, Bernard Foccroulle, directeur du Festival d’Aix, évoque avec plaisir un autre tutorat : les actions d’insertion professionnelle menées par des membres de l’OJM en direction des juniors. Une dizaine de musiciens-relais, ayant déjà une solide pratique orchestrale grâce aux sessions de répétitions intensives de l’OJM, jouent le rôle de tuteurs auprès des musiciens-juniors qui n’ont pas encore 4 ans d’expérience. Ainsi, l’excellence de la pratique CHRIS BOURGUE Orchestres des jeunes de la méditerranée Le 25 juillet GTP - Festival d’Aix-en-Provence Le 26 juillet Palais Princier de Monaco Le 27 juillet Théâtre Sylvain – Marseille La représentation de La Traviata (voir p 14) sera retransmise en direct au Théâtre Sylvain sur écran géant le 16 juillet La musique parle Côté Cour : cinq spectacles en juillet pour un pèlerinage essentiel sur l’harmonie des sons et du texte Carla Pires © Alexandre Almeida - kameraphoto Le 9 juillet, Musée Granet : l’Ensemble des Pays catalans de François Ragot -7 violoncelles, 1 contrebasse, et Lucie Roche, mezzo-soprano- voyage de l’unisson syllabique médiéval à la vocalité baroque, Tutti Bassi. Le 17 juillet, DjazzOratorio, une création au Cloître des Oblats. Sudameris de Robert Rossignol, l’Ensemble vocal de Marylène Olivier et le slameur Aïssa Malouk pour une féérie soul, gospel, jazz, avec et clins d’œil classiques. Le 19 juillet, La lettre dans l’art lyrique, une autre création aux Oblats : les solistes du Cnipal et JeanClaude Nieto, comédien explorent la lettre chantée, du XIIIe au XXe. Le 24 juillet, Récital de Fado aux Oblats. Carla Pires offre sa voix aux multiples couleurs, accompagnée d’un trio de guitares. Le 27 juillet, A Shakespeare Fantaisy, création dans la Cour de l’hôtel de Ville. Le comédien Jacques Chambon, la voix de Théophile Alexandre, et les musiciens baroques croisent les itinéraires passionnés de Purcell et Shakespeare. Ce jeune Festival déploie une programmation intéressante : les places à 22€ et la dialectique Parole et Musique brassant les époques et les genres, sont l’assurance d’un beau succès. Y.B. Festival Côté Cour Aix-en-Provence Du 9 au 27 juillet concerts à 21h15 06 83 60 19 80 www.festival-cotecour.org FESTIVALS MUSIQUE Plus gros que le bœuf Le festival Jazz des 5 continents n’a plus rien de la petite grenouille ! Désormais aussi grosse que les plus prestigieux festivals jazz de la région, sa douzième édition s’impose avec 8 jours de concerts. En douze ans le festival est passé de 5000 spectateurs en 5 concerts à 25 000 spectateurs l’an dernier, à guichets fermés sur le site de Longchamp, limité à 4000 personnes. Le tout pour des soirées qui alignent deux, voire trois concerts, avec des pass et des tarifs très abordables, une gratuité pour les enfants et un tram qui cette année restera en service toute la nuit… Ainsi, grâce à ce succès et malgré un prix des places modique par rapport aux festivals de Juan les Pins ou Nice, le FJ5C aligne 52% de recettes propres en billetterie (430 000 €) et partenariats (140 000€) sur 1.1 Md’€ de budget (520 000 € de subventions dont 470 000 de la Ville de Marseille). Au programme ! Une nouveauté cette année : un concert «assis» dans l’auditorium du Pharo : David Murray et le Cuban Ensemble jouent du Nat King Cole le 19 juillet. Avant cela, le 18 juillet, comme lors des dernières éditions, un concert gratuit . R D. Xr© ille M s cu ar M sur le Cours d’Estienne D’Orves, avec deux formations marseillaises, Macadam Transfert en ouverture et les Accoules sax pour finir la nuit… Entretemps, Virginie Teychené, une des très belles jeunes voix du jazz français, qui a déjà fait vibrer Juan les Pins et Marciac… Puis le festival s’installe dans les Jardins du Palais Longchamp, avec une pléiade d’événements : Herbie Hancock, Wayne Shorter et Marcus Miller, le 20 juillet, rendront hommage à Miles Davis… précédé du jazz africain du Ray Lema trio… Le 21 deux quartet de rêve : la musique éclectique d’Erik Truffaz ouvrira la soirée à Ahmad Jamal… Le 22 David Krakauer pour une session klezmer, avant le jazz jamaïcain de Monty Alexander, accompagné par l’orchestre HarlemKingston express. Le 23 on retrouvera la liberté d’Ahmad Compaoré en trio, avec un guitariste et un bassiste américains : Marc Ribot et Jamaaladeen Tacuma, avant la formation sax trombone and drums des Trombone Shorty, venus de la Nouvelle Orléans, pour finir, troisième concert en ce samedi, par la basse magique de Larry Graham. Le festival persiste et signe en deuxième semaine, avec le 25 juillet la chanteuse coréenne Youn Sun Nah accompagnée par son guitariste puis la trompette de légende de Wynton Marsalis, accompagné par le Lincoln Center orchestra. Pour finir le 26, un jazz mâtiné de tradition méditerranéenne, avec Dhafer Youssef et Tigran Hamasyan puis… Return Forever 4, avec les retrouvailles exceptionnelles d’une formation qui inventa puis mythifia le jazz-rock fusion dans les années 70 : Chick Corea, Stanley Clarke, Lenny White, Jean-Luc Ponty et Franck Gambale ! Le concert à ne pas manquer, si vous avez la légèreté de manquer les autres… Le festival organise également une kyrielle d’événements périphériques, conférences musicales, projections et expositions à l’Alcazar, bornes d’écoute chez les commerçants du centre-ville, bœufs au Radisson Blue hôtel… AGNÈS FRESCHEL Festival de Jazz des 5 continents Du 18 au 26 juillet 04 95 09 32 57 www.fj5c.com Ahmad Jamal © X-D.R. Signe de connivence Joachim Kuhn, Ramon Lopez et Majid Bekkas © Lutz Voigtlaender 20 C’est l’association Charlie Free qui envoie les premiers signes annonciateurs des festivals de jazz dans notre région. De nombreux concerts en trois soirées pleines d’excellentes surprises. Au tout début de juillet, au Domaine de Fontblanche à Vitrolles, on pourra d’abord entendre le saxophoniste légendaire Charles Lloyd et son New Quartet qui apportera l’expérience de sa longue carrière avec des ballades issues de son dernier enregistrement, Mirror. Puis un trio aussi improbable que magique avec l’immense pianiste Joachim Kühn, le percussionniste Ramon Lopez, et Majid Bekkas au chant, au oud et au guembri. Enfin l’Orchestre National de Jazz. Fanfares et compagnies seront aussi là pour une mise en oreilles ludique ou sensible d’avant concerts : les soirées chez Charlie commencent tôt, et ne finissent plus… D’autres talents seront présents dont l’excellente formation Méandres ainsi que Sidony Box, Musica Nuda ou encore Retroviseur. Le festival allie également les charmes d’une vraie convivialité et les efforts réitérés d’une organisation bien huilée, inscrite depuis l’an passé sous le label du développement durable. Claude Gravier, président de l’association, ne manquera pas d’ajouter sa note d’ambassadeur des connivences entre artistes et public. Trois soirées d’émotions intenses garanties... Qui prétendra encore que le jazz est élitiste ? DAN WARZY Charlie Jazz Festival Du 1er au 3 juillet Vitrolles 04 42 796 360 www.charliejazzfestival.com FESTIVALS 21 Navette pour le Paradis Le Fort Sainte Agathe sera le point chaud des soirées de concert de la 10e édition de Jazz à Porquerolles Le festival accueillera cette année Archie Shepp, Charles Lloyd, Chucho Valdès, Louis Sclavis, Aldo Romano, Henri Texier, André Minvielle et encore Marion Rampal, Sarah Quintana, les Krakens, Los Gojats... Ces artistes de la scène internationale ouvriront la route de cet espace paradisiaque vers le ciel étoilé pour marquer notre mémoire d’un merveilleux moment de jazz. À vivra également durant la journée au travers de rencontres avec les artistes, des sirènes, une exposition, des lectures, un bain en fanfare, ou encore une jam-session… Ca-nonge & Michel Zenino / Alain Jean Marie Biguine, Reflections invite Ju-lien Lourau (11/7) Gnawa Fire Music avec Archie Shepp (12/7) Charles Lloyd 4tet (13/7) Chucho Valdès & Archie Shepp Afro-cuban Project (14/7) André Minvielle & Lionel Suarez duo / La vie d’Issiba par André Minvielle 6tet (15/7) DAN WARZY La traversée en bateau est comprise dans le prix du billet. Au programme Kempachy 6tet / Stefano Bollani Ciné-concert (9/7) Aldo Romano, Danilo Rea, Rosario Bonaccorso Trio / Sclavis, Texier, Le Querrec, Romano Quartet (10/7) Nuit du piano antillais avec Mario Tous les concerts au Fort Ste Agathe sont à 21h Jazz à Porquerolles Du 9 au 15 juillet 0631 798 190 www.jazzaporquerolles.org Romano, Sclavis, Texier, Le Querrec © Sergine Laloux et après… Avant Jazz à Tout Var en août, les Varois pourront aussitôt enchainer avec le festival Jazz à Toulon : Rhoda Scott, Lavelle / Soul sisters (15/7), China Moses & Raphaël Lemonnier (16/7), Sweet System (18/7), Deborah Seffer Group (19/7,) Florence Fourcade 4tet (20/7), Sarah Murcia/Caroline (21/7), Ana Popovic (22/7), Liz McComb (23/7). Apéro-Jazz en divers point de la Ville du 16/7 au 24/7 à 17h30 ou 18h30. Tous les concerts à 21h30. D.W. Jazz à Toulon Du 15 au 24 juillet 04 94 09 71 00 www.jazzatoulon.com 22 FESTIVALS MUSIQUE Frioul Party The Vegetable Orchestra © Zoe fotografie Hors du temps et en pleine mer, voici les caractéristiques premières du Festival MIMI qui égrènera du 7 au 10 juillet sa 26e édition ! Et si vous n’avez jamais osé sauter dans la navette du vieux port en direction des Îles du Frioul pour y passer une partie de la nuit, il est temps de profiter de ce moment unique où se côtoient culture et site d’exception. Durant ces quatre nuits aussi étranges qu’attirantes, les vieilles pierres de l’Hôpital Caroline ne vont pas aller jusqu’à se trémousser mais… la Nuit Rouge et Noir (7) commence avec les britanniques Chris & Cosey, réminiscences provocatrices sadomaso- Renaissance Le Théâtre Silvain niché dans le Vallon de la Fausse Monnaie affiche de faux airs tragiques : dans l’amphithéâtre faussement antique, les pins abritent à peine du soleil brûlant et de la fraîcheur vespérale de la Corniche, à deux pas. Mais non pas de ses voisins, célèbres autrefois pour balan- cer leurs sonos à fond durant les spectacles… Depuis trois ans, le lieu magique sort de sa Sylve dormante pour proposer concerts et projections : «Nous programmons en concertation avec les habitants, en leur offrant des soirées gratuites, qui ne finissent pas trop tard, sans musique amplifiée, et chistes des années 70, mais pour que la nuit soit complètement noire il faudra compter sur l’hétéroclite Sarangy Strings Soundsystem. Autour des compétences de l’Ensemble Musiques Nouvelles et du violoncelliste Jean-Paul Dessy (récemment entendu avec l’ensemble Télémaque aux ABD) s’agrège un maître de violon indien, un as de l’électronique… Après cette première nocturne, place à la Nuit des Belles Plantes (8) où dialogueront la marseillaise Emilie Lesbros, la harpiste Rafaëlle Rinaudo et la violoncelliste Julia Kent avant de laisser la place à l’improbable Vegetable Orchestra. La Nuit contre le Truc Bidon (9) s’illuminera de la présence de la sirène post-folk Emmanuelle Parrenin et du spoken-words des Last Poets. Quant à la Nuit des Fondus (10), c’est le Congo qui est à l’honneur avec Faustin Linyekula et Flamme Kapaya (chorégraphie et guitare) pour un «more, more, more… future» à ne pas rater. Avant de rejoindre la dernière navette, Secret Chiefs 3 et ses multiples influences rock & ’n roll aura clôturé ce festival insulaire, qui s’annonce explosif. FRÉDÉRIC ISOLETTA Festival Mimi du 7 au 10 juillet 04 95 04 95 50 http://mimifestival2011.amicentre.biz Richard Galliano © Emmanuel Ducoulombier pour lesquelles nous organisons des transports pour éviter les problèmes de garage», explique Patrick Mennucci, maire de ce secteur marseillais qui aime sa tranquillité. Effectivement des navettes sont prévues au retour, des trajets en bateau depuis le Vieux Port, des parkings deux roues… et pour la tranquillité de tous l’essentiel de la programmation reste du cinéma (voir p 62). Avec quelques temps forts musicaux, en acoustique ou peu s’en faut : l’accordéon de Richard Galliano (le 11 juillet), la nuit de la guitare de Bireli Lagrene et Sylvain Luc (le 4 août), le violon d’Ivry Gitlis qui vibre plus que jamais (le 10 août), La Traviata d’Aix-en-Pce en retransmission gratuite (le 16 juillet). À ne pas rater : l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée (voir p18) et Le grand C de la Cie XY, un spectacle de portés acrobatiques absolument époustouflant, le 18 juin. Les pique-niques sont bienvenus, et la buvette est abordable ! AGNÈS FRESCHEL Saison du Théâtre Silvain Marseille 7e www.capsur2013.fr Signes de Fête Chaque année en juin les villes et leurs quartiers organisent des fêtes populaires, plus ou moins participatives, offrant aux habitants des moments à partager culturelles… Depuis 5 ans la Fête Bleue est un signe de l’arrivée de l’été : durant trois jours les Marseillais sont conviés à produire et consommer… du bleu ! Ce qui peut paraître un signe de ralliement un peu vain, symbole d’une identité qu’on ne sait définir… mais qui donne chaque année lieu à des initiatives citoyennes, et à quelques spectacles de qualité diverse sur la Place Bargemon. Au menu cette année, la Soirée Bleue Podium FG avec Dj’s de qualité aux platines, Bob Sinclar en tête, la Guinguette moderne du Cours Julien, de la danse avec la cie Acontretemps et ACODanse, les visites de l’Office de tourisme de Marseille avec dress code bleu obligatoire, parcours pedestre sur le thème du développement durable organisé par la Jeune Chambre Economique de Marseille dans le Parc Borely… La Fête bleue Du 24 au 26 juin 04 91 31 49 79 www.fetebleue.com En chanté Swing Singers © La Musique Enchantée Nouvelle édition du festival Est’ival les Musicales de la Moline, où la diversité est au rendez vous dans le site paysager champêtre de 11 hectares du Parc de la Moline. En après-midi ou soirée, petits et grands y trouveront des violoncellistes (avec l’école de violoncelle de La Valentine, le 18 juin), du jazz (avec le Garfield High School Jazz Band le 2 juillet), l’Orchestre philharmonique de Provence (le 1er juillet), des groupes folkloriques (du Népal, de Finlande et de Moldavie) lors du 47e festival international de folklore de Château Gombert (le 4 juillet) et du gospel, en clôture, avec le Très grand groupe de gospel dirigé par Cyrille Martial (le 8 juillet). A noter, le 20 juin à 20h30, l’associa- tion La Musique Enchantée dispose d’une carte blanche avec 4 ensembles vocaux dont les Swing Singers, un groupe peu ordinaire : dirigé depuis 10 ans par Fabienne Zaoui et Didier Normand, cet ensemble vocal de Marseille permet à un public amateur de s’initier à la pratique vocale du jazz, très agréable. En accès libre entièrement gratuit, cet «accès à la culture pour tous» est soutenu par la mairie des 11e et 12e arrondissements. DE.M. Est’ival Les Musicales de la Moline Jusqu’au 8 juillet Parc de la Moline, Marseille 12e 04 91 14 62 78 www.marseille.fr En langue d’Oc À l’occasion du dernier week-end de juin (25 et 26), la régie culturelle PACA organise une manifestation nouvelle dans un lieu connu de tous dans le cadre de la Fête bleue : dans les jardins du Palais Longchamp, Marseille sonnera occitan avec L’Assemblade ! Quatorze ensembles musicaux se croiseront dans une ambiance très festive et conviviale pour dire, chanter, et danser la Provence aujourd’hui. Mais une Provence qui ne serait pas cantonnée à ses frontières administratives, un pays d’Oc retrouvé au sens large, géographiquement et artistiquement : Rhodanienne, Piémontaise et traversant même la Méditerranée pour naviguer des chants de troubadours aux musiques d’aujourd’hui. Deux soirées de 18h à minuit pour retrouver la vocation marseillaise de traditions occitanes et méditerranéennes aux sons d’ensembles d’aujourd’hui, reconnus ou à découvrir : Lo Cor de la Plana, Nekouda, Moussu T e Lei Jovents, Lou Dalfin, Lo Cepon… FRÉDÉRIC ISOLETTA L’Assemblade les 25 et 26 juin www.laregie-paca.com © Lo Cor de la Plana 24 FESTIVALS MUSIQUE Richesses musicales La 6e édition des Musicales s’est installée sur les places et parvis et dans les théâtres de verdure du territoire d’Agglopole Provence, en partenariat avec le café-Musiques le Portail Coucou et l’Institut musical de formation professionnelle (IMFP) à Salon. Rendez-vous gratuits, en fin d’après-midi ou soirée, qui permettent à des artistes régionaux de se produire, et parmi eux quelques artistes locaux qui pour certains ne vous sont plus inconnus : Toko Blaze, l’«urban griot» marseillais mêlera son raggareggae bondissant à l’électro rock chanté en Bambara du groupe Electro Bamako (le 17 juin à la Barben), l’IMFP Big Band dans un répertoire jazz marseillaises, jazz blues et swing manouche (le 1er juillet à Lançon et le 2 juillet à Velaux)… Mais aussi la musique brésilienne de Paolo Da Luz (le 25 juin à Pelissanne et le 1er juillet à Vernègues), la salsa de La Guagua (le 2 juillet à Aurons), le jazz manouche de Tzwing (le 2 juillet à Salon)… des années 50 à nos jours (le 24 juin à Alleins), Les Chapacans, quintet jazz qui mélange opérettes Electro Bamako © X-D.R. DO.M. Jours de fête En juillet, à Port-Saint-Louis, les mercredis sont animés ! Initiés par le Centre national des arts de la rue Le Citron Jaune en partenariat avec la Ville, les Mercredis du port proposent une programmation éclectique qui mêle théâtre de rue, musique et arts Les Musicales d’Agglopole Provence Jusqu’au 12 juillet Divers lieux 04 90 44 77 41 www.agglopole-provence.fr Musique en plein air circassiens, et, pour des à-côtés tout aussi agréables, de quoi se sustenter entre les spectacles. Entre autres réjouissances, les réunionnais de Cirquons Flex proposent d’aller voir De l’autre côté avec trapèze, mât chinois, roue Cyr accompagnés de Fred Nevchehirlian ; le Cirque Inextremiste emporte tout le monde dans son délire acrobatique avec sauts aériens sur trampoline et marche verticale… ; le petit cirque sans chapiteau de Makadam Kanibal ; la musique colombienne de la Cumbiamba Parrandera ; la fanfare indienne Jaipur Kawa Brass Band ; sans oublier l’installation monumentale faite de bois de La générale des feux, Pharos, dressée tel un phare dès le premier mercredi, et qui, en clôture, s’embrasera lors d’une «mise en pyrographie» majestueuse… Pharos © X-D.R. Deux grandes dates à retenir pour la version 2011 de Musiques à Gardanne : le 25 juin avec Abd Al Malik et le 1er juillet avec Nicolas Peyrac. C’est le grand écart proposé cette année, qui a le mérite de rassembler deux générations de chanteurs français, deux styles très différents mais qui devraient attirer les foules. D’autant que les soirées (toutes deux gratuites !) en question accueillent aussi d’autres artistes : le 25 juin, dès 19h15, l’ensemble Les Festes d’Orphée ouvriront les festivités sur le Parvis de l’église, précédant Yusik, duo pop / reggae, Aéroplane et son blues rock au service de reprises des années 70 à nos jours et le groupe sOLAt, vainqueur du Tremplin local Courte-échelle, en 1re partie d’Abd Al Malik que l’on ne présente plus (sur le parking Savine). Le 1er juillet, le duo Soul Stuff chauffera la scène avant l’arrivée de Nicolas Peyrac, en grande forme depuis la sortie de son dernier album, Case départ, en 2009 (à Biver). Les Mercredis du Port Les 6, 13, 20 et 27 juillet Le Citron Jaune / Ilotopie, Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 www.lecitronjaune.com Musiques à Gardanne Les 25 juin et 1er juillet 04 42 51 79 00 www.ville-gardanne.fr L’Association Méditerranéenne d’Echanges Internationaux (AMEI) organise depuis 1996 le Festival Musique en Vacances à la Ciotat. L’objectif est de favoriser la diffusion musicale et de permettre aux plus démunis de participer à l’événement grâce à une politique tarifaire sociale et des concerts sous invitations. Ainsi, 10 concerts sur 17 seront accessibles gratuitement dans une grande diversité lieux (théâtres, églises, salle des fêtes mais également squares, places et rues). Un festival qui réunit des artistes du grand répertoire classique mais également contemporain, du jeune lauréat à la grande Opera Molotov © Aliette Cosset formation symphonique. Plusieurs temps forts rythmeront cette 16e édition avec notamment des soirées consacrées à l’année du Mexique en France, une conférence concert d’Hervé Deroeux, une soirée de prestige dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Franz Liszt et la très belle pièce de Frédéric Flamand, Métamorphoses, interprétée par Ballet National de Marseille. Récitals classiques, voire «lyrico-déjanté-allumé» avec le duo de l’Opéra Molotov, musique de chambre mais également jazz, polyphonies corses et bulgares, gospel et musiques du monde animeront les soirées. La guitare sera mise à l’honneur avec le spectacle Etat d’âme de la guitare. Une programmation «off», pendant la journée, proposera des animations, parades et apéritifs concerts dans les rues et places et le traditionnel Feu d’artifice musical clôturera les festivités. DE.M. XVIe Festival Musique en Vacances Du 13 au 26 juillet La Ciotat 04 42 83 08 08 http://amei-festival-laciotat.com Abd Al Malik © BFC La Ciotat bat la musique 26 FESTIVALS MUSIQUE Arles à la folie Pendant une semaine, quelques 60 000 festivaliers s’invitent à la rencontre de 200 artistes, pour un moment unique de musiques du monde ! Que ce soit au Théâtre Antique, à l’espace Van Gogh, la cour de l’Archevêché, au parc des Ateliers… chaque programme est pensé avec soin pour l’échelle de chaque lieu, et toute la cité arlésienne, de 10h à 4h du matin, vit au rythme de cette grande fête populaire qui sait être artistique. Et complète parfaitement les Rencontres Internationales de la Photographie et les Voies Off qui occupent les journées arlésiennes (voir p 73). Cette 16e édition du festival Les Suds se dirigera à la fois vers l’Orient et l’Occident, en s’affranchissant de toute frontière. Beirut, folk rock américain et musiques balkaniques, SoCalled, hip hop Yiddish, les cordes rock de Rodolph Burger, l’oud électrique de l’excellent Medhi Haddab, le trio Théron-Chemirani-Abdallah (Provence-Iran-Egypte)… Le menu est incroyablement appétissant et offre une diversité singulière alliée à une très grande qualité. Beirut © Samuel Kirszenbaum Le dialogue des cultures Bien sûr, la Méditerranée est toujours au cœur d’un propos qui n’a pas attendu les récentes modes, et sait ne pas s’y restreindre, offrant de nouvelles perspectives plus attrayantes les unes que les autres. Les Suds Du 11 au 17 juillet Arles 04 90 96 06 27 www.suds-arles.com FRÉDÉRIC ISOLETTA Watcha Clan © X-D.R. What do you want ? Beat Assaillant © Vincent Catala Dans le cadre d’exception de l’Étang des Aulnes, à deux pas de SaintMartin-de-Crau, la première édition du festival Want en terre camarguaise verra le jour les 8 et 9 juillet. Assis dans l’herbe au bord de l’eau ou au pied de la scène, chacun vivra à sa façon une programmation variée de grande qualité. Fred Nevchehirlian, bien connu dans la région, croisera lors de la première soirée le folk d’Herman Düne alors que le lendemain sera rythmé par la pulse intense de Beat Assaillant, à redécouvrir après le succès de Marsatac, sans compter Tiken Jah Fakoly, Deluxe… Le magnifique écrin de verdure camarguais s’attend à une naissance festive et jubilatoire ! F.I Herman Dune © Estelle Hanania Festival Want 8 et 9 juillet Saint-Martin-de-Crau 04 96 17 57 26 www.want-festival.fr 18e édition pour le festival des Nuits Métis du 17 au 21 juin, accueilli depuis 2009 par la Ville de Miramas, et du beau monde sur le plateau ! Entre autres, les grenoblois de Sinsemilia (18/6), les membres de Massilia Moussu T é lei Jovents (19/6), les toujours appréciés, forts de leur succès à Babel Med Music, Watcha Clan Méditerranée (20/6). Et les déjantés Sergent Garcia, de retour sur la scène nationale (21/6), animeront un intense vivier culturel autour de contributions algériennes, suédoises et ougandaises. Entre le plan d’eau Saint-Suspi et le centre ville, il fera bon tisser à l’envie les croisements endiablés d’un métissage toujours plus fort et exigeant, et surtout incroyablement festif. FI Les Nuits Métis du 17 au 21 juin Miramas 04 90 17 48 38 www.nuitsmetismiramas.fr Place aux Escapades Amsterdan Klezmer Band © Amsterdam Klezmer Band Après les Festives de Font Robert, voici un nouveau rendez-vous estival de musiques d’ici et d’ailleurs avec Les Escapades. Le concept de l’événement festif et populaire, revu en profondeur par les élus et les organisateurs, dont le Théâtre Durance, repose sur un itinéraire au cœur du territoire pour faire connaître les artistes émergents de la musique actuelle, en programmant sur 3 jours des concerts de qualité gratuits. Le 7 juillet, au cœur du village de Peyruis, la fanfare balkano-turque Haïdouti Orkestar ouvre le festival avec une déambulation explosive et jubilatoire sous le signe du partage et de la fête pour finir par un concert place de la République. Le 8 juillet à Château-Arnoux, place aux musiques d’Europe de l’Est avec Amsterdam Klezmer band, un mélange éclatant des sons d’Europe de l’Est et de cuivres de fanfares balkaniques. Auparavant, le folk rock de Melchior Liboà et les trois énergumènes de Ioanes Trio rempliront la scène de poésie, chanson, slam, musiques des Roms et des Balkans. La dernière soirée accueillera la chanson rock world de Macadam Bazar et le groove malien de Mamani Keita, entre instruments traditionnels mandingues et sonorités rock, dub ou afrobeat. Charmante escapade ! DE.M. Les Escapades Du 7 au 9 juillet Peyruis et Château-Arnoux Théâtre Durance 04 92 64 27 34 Office de tourisme du Val de Durance 04 92 64 02 64 Istres la Nuit Cyndi Lauper © X-D.R. Entre le 3 et le 12 juillet, le festival des Nuits d’Istres illuminera le magnifique Pavillon Grignan autour de cinq soirées à retenir. Les Brian Setzer’s Rocka-billy Riot ouvriront le bal (3/7), Anne Roumanoff (6/7) et la toute jeune et déjà célèbre Zaz (7/7), applaudie récemment à l’espace Julien complèteront un plateau éclectique. Après leur succès à la dernière Fiesta des Suds, Gotan Project rythmera à n’en pas douter la belle façade du XVIe siècle (9/7) qui n’en croira pas ses yeux, et ses oreilles à l’écoute des tubes de Cyndi Lauper (12/7). Avec l’exchanteur et guitariste du groupe mythique Stray Cats en ouverture et une icône de la pop aux 30 millions d’albums vendus en clôture de festival, Istres continue de grandir. Formule repas + concert possible. FRÉDÉRIC ISOLETTA Les Nuits d’Istres 04 42 81 76 00 www.istres.fr SAISONS GAP Salves de Maguy Marin © Christian Ganet 28 La maison dans la vallée La Scène nationale de Gap vit un moment de transition difficile : son compagnonnage avec le théâtre de Briançon s’est achevé dans la douleur, et Pierre-André Reiso, qui dirige La Passerelle depuis sa création, s’en va… L’occasion pour Alain Neddam, directeur adjoint du théâtre, et Catherine Marnas artiste associée, de parler des particularités de cette Scène Zibeline : Pourquoi a-t-on l’impression que la Passerelle n’est pas tout à fait un théâtre comme les autres ? Catherine Marnas : On se disait avec des collègues qu’on devrait établir un guide Michelin des théâtres, avec des critères objectifs sur la qualité de l’accueil, la compétence des équipes, mais aussi l’écoute du public, l’investissement financier… À Gap toutes ces choses là sont exceptionnelles : les techniciens sont des artistes, des musiciens, et tout le monde, les relations publiques, regarde réellement les spectacles, des coulisses ou de la salle, et vous en parle avec pertinence. Alain Neddam : François Cervantès dit que c’est une maison. Ici on s’occupe des artistes. C’est lié sans doute au caractère insulaire des Hautes-Alpes qui concrètement nous amène à prévoir des transports, à réserver des restaus. Mais cette chaleur relève surtout de la personnalité de Pierre-André Reiso. C’est un honnête homme, un humaniste, en 23 ans il n’y a pas eu un conflit social. C.M. : Il dit que son boulot consiste simplement à réunir les conditions pour que les artistes s’expriment au mieux sur le plateau. C’est devenu rare… Son départ à la retraite, qui est un renoncement en fait face à des difficultés politiques à Briançon puis à Gap, a une valeur d’alerte : le sens de ces formidables outils de diffusion est perdu, des élus gâchent cette chose-là par ignorance de ce qui s’y passe vraiment. De la magie et de la fragilité du lien créé avec un public. Vous en parlez en connaissance de cause ! C.M. : Oui, c’est la plus longue association entre un artiste et un équipement national. Ma première création à Gap date de 1992, Pierre-André était persuadé que seules des créations pouvaient donner une âme à ce lieu. Alors il les a coproduites. Toutes, depuis. Combien ? C.M. : Une quinzaine… A.N. : Plus que ça. (Ils énumèrent, je compte) Cela fait 23 créations de Catherine Marnas à Gap ! À ce point-là, cela a dû influencer votre esthétique… C.M. : Oui, certainement. Cela correspondait à cette idée de partage avec le public que Vitez m’avait transmise. À mon souci de lisibilité d’un spectacle, pour que personne ne soit laissé à la porte, même s’il n’a pas toutes les références culturelles qui lui permettent de comprendre chaque allusion. Ce qu’il y a de magnifique dans l’histoire de ma compagnie à Gap, c’est notre relation avec le public. La moitié nous connaît, nous fait la bise en entrant, nous parle du spectacle en sortant. À Paris j’ai retrouvé récemment un jeune comédien qui venait de Gap, et avait attrapé son virus à la Passerelle. Comment aurait-il fait sans la Scène nationale ? A.N. : Depuis que je suis arrivé il y 6 ans à la direction adjointe, j’ai pris la mesure de ce qui se passait ici. Rendez-vous compte ! Ici on vend entre 25 000 et 30 000 billets par saison pour une ville de 40 000 habitants. À Briançon le ratio était encore plus étonnant : 11 000 billets vendus pour 11 000 habitants. Le tout dans un département à peine peuplé comme un arrondissement marseillais. C.M. : Et avec une programmation sans concession au goût supposé du public, sans spectacle d’humour, sans tête d’affiche… A.N. : Oui. Parfois on s’est laissé prendre à programmer un spectacle à succès… le public n’a pas suivi ! Il s’attend à trouver ici quelque chose d’exceptionnel, pas ce qui passe à la télé. Le théâtre est si loin parfois, en hiver… À quoi sont dues les difficultés politiques ? A.N. : C’est difficile à préciser. Un ressentiment vague des deux villes, des reproches quant au léger déficit que nous avons eu ces dernières années après 20 ans de gestion sans faille, à cause d’un défaut imprévu de mécénat… Et aussi, de la part du nouveau maire de Briançon, l’impression d’être satellisé par Gap, sans doute. Vous avez pourtant établi un système de circulation qui fonctionne, et allez dans les communes voisines, avec les tournées excentrées. A.N. : Oui. Depuis 1995. La Passerelle était un pionnier, à présent de nombreux théâtres pratiquent cette décentralisation dans les petites communes. Aujourd’hui la Passerelle aurait besoin d’une petite salle, qui permettrait de programmer des spectacles différents que dans une salle de 820 places. Notre projet de l’Usine Badin va voir le jour, une véritable fabrique de spectacles qui pourra peut-être accueillir de petites formes. Le nouveau directeur sera nommé bientôt ? A.N. : Début juillet. Il reste une short list de 7 personnes. Dont vous faites partie. A.N. : Oui, j’ai postulé pour être directeur, en espérant pouvoir poursuivre le travail que j’ai mené ici depuis 6 ans avec Pierre-André. Et la saison qui s’annonce ? A.N. : Elle est bouclée, mais ne sera révélée au public que le 18 juin. Je peux vous dire d’ores et déjà que Renaud-Marie Leblanc, nouvel artiste associé, viendra créer le Malade Imaginaire et reprendre sa Conférence, que le BNM dansera Moving Target, que Catherine et Raoul Lay collaborent à nouveau pour créer une forme de théâtre musical jeune public, à partir du Jekyll de Stevenson… et qu’il y aura Olivier Cadiot, Maguy Marin, Camille Boitel… ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu GRASSE Vers l’État de Grasse ? Avec deux lieux permanents de création et de diffusion dans les Alpes-Maritimes -le Théâtre de Grasse et le CDN de Nice- l’offre théâtrale paraît réduite au regard de sa démographie : 1 million d’habitants environ. «Une situation particulière qu’il faut prend en compte» selon Jean Flores, directeur du Théâtre de Grasse, qui alerta Frédéric Mitterrand en mai 2010 «sur la nécessité d’une labellisation du théâtre en scène nationale afin de prolonger le développement constant de son projet artistique et culturel». Mais la réponse du ministère reste floue : «il nous attribuerait le label s’il pouvait établir un rapprochement avec Cannes et/ou Antibes sur le projet d’une scène nationale territoriale, à l’instar de Toulon/Ollioules ou Beauvais/Compiègne». Du coup l’ouverture du Théâtre d’Antibes en 2013 (1300 places) n’apaise pas la situation. «La programmation devrait être assurée à titre personnel par Daniel Benoin (directeur du CDN de Nice, ndlr) commente Jean Flores. On a entendu dire que son projet artistique serait musical et qu’il accueillerait des orchestres en résidence». Et d’ajouter : «on va essayer de s’approcher du projet antibois mais la difficulté actuelle est liée à la reconfiguration des communautés de communes»… Pour l’heure le Théâtre de Grasse espère toujours une labellisation qui, par l’augmentation des subventions de l’État (de 170 000 € à plus 500 000 €/an) lui permettrait de proposer plus de créations, plus de coproductions et plus de résidences. Et il est clair que le Théâtre de Grasse a d’ores et déjà, depuis plusieurs années, le budget (hors l’État !), la programmation, en termes de volume et de qualité, et le public d’une scène nationale. Nomade en son pays Play © Koen Broos Sur le chemin d'Antigone © Elian Bachini Avec un financement accru du Département, de la Communauté d’agglomération Pôle Azur Provence et du Club des partenaires désireux d’associer l’image de leur entreprise à celle du théâtre, plus de 35 spectacles sont programmés, sans compter l’ouverture champêtre à St Vallier avec Les Gandinis, experts en illusion, et les 2e Rencontres des musiques sacrées du monde. Autour d’un seul mot d’ordre, l’éclectisme, et d’un objectif : toucher un public familial ! Pari tenu puisque «depuis 15 ans nous avons des générations complètes et même des familles recomposées qui s’abonnent» s’enthousiasme Jean Flores. Depuis les tout-petits dès 18 mois avec une saison jeune public riche de propositions (Comment ai-je pu tenir là-dedans ?, théâtre visuel inventif et élégant de Jean Lambert-Wild et Stéphane Blanquet ; Le Chagrin des ogres, premier opus de Fabrice Murgia repris à l’Odéon à Paris l’an prochain ; la nouvelle création d’Olivier Letellier La Scaphandrière après l’admirable Oh, boy !…) jusqu’aux adultes amateurs de têtes d’affiches au service de très beaux textes : Catherine Frot et Beckett (Oh les beaux jours), Annie Duperey et Anouilh (Colombe), Bruno Abraham-Kremer et Romain Gary (La promesse de l’aube), Jean-Claude Dreyfus et Emmanuel Darley (Le mardi à Monoprix), Marilu Marini et Jean Genet (Les bonnes) au plus inattendu Éric Cantona et Alfred Jarry (Ubu enchaîné)… Amateurs d’artistes internationaux aussi : Wajdi SAISONS 29 Mouawad et son Temps aussi mythique que messianique, Sidi Larbi Cherkaoui en duo avec Shantala Shivalingappa dans Play dédié à Pina Bausch… Le théâtre fait aussi la part belle à la découverte de jeunes talents (la Cie Timbre 4 et son jeune metteur en scène Claudio Tolcachir, Julie Bérès…) et aux compagnies régionales (Castafiore, du Dire-Dire, Humaine, Yann Le Meignen, Vol plané…), s’engageant le plus souvent possible dans des coproductions. Il tente aussi les aventures nomades dans les collèges et les villages grâce à la Communauté d’agglomération Pôle Azur Provence, en compagnie d’Alexis Moati et de son fameux Malade imaginaire et de la Cie Circ’ombelico. Enfin, il s’engage auprès du Dynamo Théâtre durant 2 ans pour monter Jusqu’à la mer, financé à 90% par la Société Lyonnaise des Eaux. Projet qui introduit la pratique amateur, un travail de collectage de la parole des grassois, des ateliers d’écriture, une dramaturgie et une mise en scène : «un vrai propos sur le théâtre, et une grande humilité» qui ont séduit Jean Flores. M.G.-G. Théâtre de Grasse Saison 2011 2012 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com 30 SAISONS DRAGUIGNAN | SAINTE-MAXIME Une saison pour tous Le Grand C © Christophe Raynaud de Lage C’est en dessinant un grand C que Théâtres en Dracénie lancera sa saison avec les acrobatesporteurs-voltigeurs de la Cie XY, aussi alertes dans les airs que sur terre ! Une entrée vertigineuse donc, pour une saison ouverte à 360 degrés sur la musique insolente version Philippe Katerine ou version festival avec Le Nom Commun (conférence chantée entre polyphonies contemporaines et traditionnelles), Liu Fang (jeune virtuose de pipa et de guzheng), le trompettiste libanais Mazen Kerjab et Miqueu Montanaro, Catherine Jauniaux, Carlo Rizzo, Niké Nagy pour un G musical et poétique décliné en 7 thèmes. Autres sonorités avec Yael Naïm (Victoire de la musique 2011), A Filletta, Paolo Fresu et Daniele di Bonaventura pour une soirée spéciale Mistico Mediterranéo, Angélique Ionatos et Katerina Fotinaki, le groupe Bratsch (Bruno Girard) qui soufflera sur le pays dracénois la musique des Bal- kans et tzigane… Le cirque s’immisce avec éclat dans une programmation théâtrale et chorégraphique très «dense» : on retrouvera Foté Foré aussi vibrionnant que contorsionniste, on découvrira l’alliance inattendue de Rialto Fabrik Nomade et de la Cie L’Autra Main à l’occasion des Attractions extraordinaires de la femme chapiteau tout autant que les créations 2011 de la Cie Les Choses de rien, Les Fuyantes, curiosité visuelle mêlant danse acrobatique, cirque aérien, musique et technologie et de la Cie Yoann Bourgeois, L’art de la fugue, avec Bach pour complice de ses petites danses spectaculaires. Très «danse» aussi avec Folavi du Ballet d’Europe, le retour attendu de la Cie Sankai Juku, les nouveaux opus événements de Maguy Marin (Salves), Raphaëlle Delaunay (Eikon), Akram Khan (Vertical Road), Shantala Shivalingappa et Sidi Larbi Cherkaoui (Play). Quant à la création théâtrale, elle flirte avec la marionnette (Cie Flash Marionnettes, Yeung Faï et Yoann Pencolé, Dominique Pitoiset), et joue son propre tempo entre têtes d’affiche et talents émergents (Wajdi Mouawad, Panchika Velez, Eric Vigner, Théâtre Nouvelle Génération, Cie Hors Champ, Fadhel Jaïbi, Cie Sirènes, Cie Lacascade…). M.G.-G. Théâtres en Dracénie, Draguignan Saison 2011 2012 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com De la curiosité comme leitmotiv Avec 93% de remplissage pour sa deuxième saison (16 000 personnes dont 1200 abonnés), Le Carré à SainteMaxime réussit son pari : être un lieu de création pluridisciplinaire, de croisements et de vie (200 000 personnes circulent dans le complexe Léon Gaumont), avec 5600 participants aux ateliers, répétitions publiques, débats, stages et autres Rings qui font dialoguer artistes et chercheurs autour de la création numérique (cette année La Scaphandrière de Daniel Danis et la création en 3D musique-dessin avec Archie Shepp et le dessinateur Wosniak). Toute la spécificité du Carré est là : il montre au public le processus de fabrication des œuvres, lui dévoile les enjeux. Et ça marche ! Le festival d’automne Itinérances ouvrira les festivités, délaissant les ardeurs du soleil de la saison dernière pour les «Fragments de désir», avec la complicité de la compagnie associée Artefact : «trois opus qui placent le désir au cœur de la relation artiste/œuvre/public» selon Valérie Boronad, directrice du Carré, intitulés Corps à corps, Sans corps ni tête et À corps perdu où l’on retrouvera Boxe Boxe de Käfig, Le cirque invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thiérrée ou Jean-Claude Dreyfus dans Le mardi à Monoprix… Non seulement la programmation dessine un trait d’union entre les genres (théâtre et arts numériques principaleBoxe boxe © M. Cavalca ment), mais également entre les générations : Nuits singulières invitent le jeune public et leur famille à découvrir, entre autres, «une nouvelle génération d’artistes généreux comme Renaud Cojo» qui, dans Ziggy Stardust, interroge la notion du double et des avatars. Le public pourra même se déguiser, se masquer et jeter le trouble autour de lui… Les artistes circassiens (le Circus Cirkör…), les chorégraphes (Cherkaoui, Delaunay, Momboye, Egea…), les acteurs et metteurs en scène (Pommerat, Podalydès, Arstrup, Philippe Berling…), les orchestres (Quatuor Debussy, Raoul Lay, Orchestre régional de Cannes…) marqueront le réel ancrage dans le Var de cette «jeune scène» qui n’hésite pas à amplifier ses rendez-vous. M.G.-G. Le Carré, Sainte-Maxime Saison 2011 2012 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com CHÂTEAU-ARNOUX | CAVAILLON SAISONS 31 La maison Durance Moins visible aux yeux du public que sa programmation, l’accompagnement des artistes tient une place importante dans la vie du Théâtre Durance qui accueille en résidence de créations Thierry Baë (Je cherchai dans mes poches / Cie Traits de ciel), Maurizio Lupinelli (Appassionatamente / Nerval Teatro), Béatrice Massin (Fantaisies / Cie Fêtes galantes), Pierre Laneyrie et Thierry Raynaud (Une petite randonnée / Cie la Marche à suivre). Et innove avec la présence d’un «artiste associé», l’écrivain Sonia Chiambretto, dont on découvrira à l’occasion de plusieurs cartes blanches des textes achevés ou en devenir, des œuvres adaptées à la scène comme Une petite randonnée… L’écrivain participera également à des ateliers d’écriture, des apéros poétiques, des lectures publiques et d’autres rendezvous imaginés en chemin ! La programmation, ouvertement familiale, trouve un bel équilibre entre le théâtre de répertoire, l’écriture contem- Rage © Passerini poraine (Cet Enfant de Joël Pommerat), les compagnies régionales (Molière expliqué aux jeunes par la Cie Vol plané, le cabaret capillaire d’Eva Doumbia, Hubert Colas et sa prédilection pour les textes de Sonia Chiambretto 12 Sœurs slovaques et Mon képi blanc), osant même l’improbable rencontre entre l’écrivain Erri de Luca et l’auteur-compositeur Gianmaria Testa, l’adaptation de Casanova, Requiem for Love par la Bulgare Diana Dobreva d’après Kierkegaard et le rêve éveillé de La Fabrique imaginaire (Voyage, premier épisode). Bel équilibre encore entre la danse (Ballet national de Mar- Sur la route La Scène nationale de Cavaillon poursuit sa route dans la continuité, la fleurissant de quelques aventures nouvelles. Le directeur Jean-Michel Grémillet note avec regret une légère baisse de fréquentation (presque 20 000 spectateurs tout de même !) qu’il situe en début de saison, «peut être parce que le public du théâtre était mobilisé par les mouvements sociaux». C’est qu’avec ses 89 représentations de 38 spectacles, la plus petite Scène nationale de la région, en termes de budget, affiche de grandes ambitions. Cette nouvelle saison verra un renforcement de Sun © Patrick Laffont certaines lignes artistiques. Un nouvel artiste associé, Cyril Teste, que l’on pourra découvrir lors du Festival d’Avignon. Plus de danse contemporaine encore, et très féminine : Maguy Marin, A. T. de Keersmaeker, Odile Duboc, Nacera Belaza… Toujours beaucoup d’artistes d’ici : Catherine Marnas et ses Lignes de faille, Germaine Tillion de Xavier Marchand, La Veillée singulière de Christian Carrignon destiné au jeune public, et une musique de Raoul Lay, Nokto, pour les tout-petits… Car une attention spéciale sera portée au jeune public : «on se rend compte qu’il y a une vraie demande de spectacles jeune public spécifiques, et nous avons donc augmenté sensiblement le nombre de nos rendez-vous.» Une nouveauté de la saison, des temps forts culturels : le premier autour de la folie, avec en particulier la bouleversante exposition de Makhi Xenakis sur Les folles d’enfer de la Salpétrière, des films, des débats, des ateliers de création à l’hôpital de Montfavet, et bien sûr des spectacles. Le deuxième, pour commémorer les 50 ans des Accords d’Évian et la fin de la colonisation française (vraiment ?), une exposition photo sur la révolution tunisienne du collectif Dégage !, un texte de Benfodil, Amnésia, qui sera également passé par le Festival d’Avignon… Bref une saison résolument contemporaine, et heureusement militante ! AGNÈS FRESCHEL Scène Nationale de Cavaillon saison 2011 2012 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com seille, Anthony Egea), le cirque (version conte de fées moderne avec Akoreakro ou jubilatoire avec la Cie XY) et la musique (Titi Robin, Cristina Branco). Qui dit familles dit jeune public, et le Théâtre Durance se fait un plaisir de le gâter en lui offrant Nokto, spectacle musical de Jean-Pascal Viault et Raoul Lay (présent également avec Télémaque et La mort marraine), Macbett, farce tragique de Ionesco par la Cie des Dramaticules, Ooorigines, fresque philosophique par la Cie Tourneboulé, Traverse, dialogue danse-musique de la Cie Arcosm, et Qui dit gris ?, fantaisies poétiques de la Cie Jardins insolites. Leurs futurs «grands» spectateurs… M.G.-G. Théâtre Durance, Château Arnoux Saison 2011 2012 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr 32 SAISONS SCÈNES ET CINÉS | PORT-DE-BOUC | ARLES Exigeante et accessible La 6e saison concoctée par Scènes et Cinés Ouest Provence - qui regroupe les 5 théâtres et les 5 cinémas d’Istres, Miramas, Fos, Grans et Port-Saint-Louis, et le café-musique l’Usine- permet plus que jamais aux structures de rayonner sur le territoire et aux publics de s’approprier les propositions où qu’elles soient. Une formule ancrée dorénavant dans les habitudes des spectateurs, avec un taux de fréquentation en hausse (74% pour 2010-2011) même si que le nombre de spectateurs est en légère baisse en l’absence des Elancées, festival qui draine à lui seul plus de 12 000 spectateurs. Une saison qui est justement marquée par le retour des Elancées, un abondement supplémentaire ayant été obtenu de la part de Ouest Provence pour donner «un véritable ballon d’oxygène qui permet de maintenir la qualité de la programmation» explique Jean Hetsch, vice-président délégué à la Culture. On peut d’ores et déjà noter de belles propositions en cirque : Foté Foré, cirque mandingue, Psy de la cie Les 7 doigts de la main, Murmures des murs de Victoria ThierréeChaplin… Du cirque présent par ailleurs avec le retour de Madona Bouglione et de son Petimento créé l’an dernier à l’Olivier, Emma la clown et sa mauvaise foi sans limite… Le théâtre, qui représente 60% de la programmation, réserve quelques belles surprises avec les têtes d’affiche (Catherine Frot, Julie Depardieu, Judith Magre, Philippe Torreton, Jean-François Balmer…), mais aussi, entre autres, Le Suicidé de Nicolaï Erdman mis en scène par Patrick Pineau, Une Île des esclaves nourrie de vidéo par Paulo Correia, l’adaptation de Godefroy Ségal de Quatrevingt-treize de Victor Hugo dans une forme étonnante, le retour d’Hala Ghosn (Bey- Germaine Tillion mis en scène par Xavier Marchand… En danse aussi le programme est fourni, avec Mourad Merzouki et son Boxe Boxe, Hervé Koubi avec El Din, le Ballet de Biarritz qui danse Roméo et Juliette ou encore la rencontre entre Sidi Larbi Cherkaoui et Shantala Shivalingappa pour Play, pièce dédiée à Pina Bausch qui en était à l’origine. Enfin le jeune public, particulièrement choyé, y compris les tout-petits (dès 18 mois), se régalera avec du théâtre de marionnette lors d’une semaine «coup de projecteur» (avec le Tara Théâtre, Johnny d’après Jack London, Madame Bovary mise en scène par Agnès Limbos, une belle réflexion sur la maladie d’Alzheimer avec la cie Les Voisins du Dessus, Je me rappelle à toi), la cie Anima Théâtre avec Ikare et Le Rêve de la Joconde, une jeune cie italienne à suivre, Teatropersona et son Prince minuit… Tout ceci n’étant qu’un aperçu, il y a plus de 120 propositions cette année ! DOMINIQUE MARÇON Foté Foré aux Élancées © M. Szypura routh adrénaline) dans une adaptation des Identités meurtrières d’Amin Maalouf, Apprivoiser la panthères, et de nombreuses propositions de cies et metteurs en scène de la région : Immenses et minuscules de Bernard Colmet, La Farce de maître Pathelin d’Agnès Régolo, L’Avare de la cie Vol Plané, Il était une fois Scènes et Cinés Saison 2011 2012 Théâtre, Fos 04 42 11 01 99 L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 La Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis 04 42 48 52 31 Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr Fidélités et découvertes Le Sémaphore garde le cap contre vents et marées : à l’heure actuelle, la DRAC n’a encore donné «aucune réponse écrite quant au renouvellement de la convention qui prend fin le 31 décembre, explique Pierre Grafféo, directeur du lieu, mais n’a pas non plus laissé entendre l’inverse. Une incertitude qui pèse forcément lourdement sur l’avenir du théâtre, de même que le non engagement de la CAPM» (communauté d’agglomération du pays de Martigues qui comprend Martigues, Port-de-Bouc et Saint-Mitreles-Remparts). «La CAPM est la seule communauté d’agglomération du département qui n’a pas pris la compétence culturelle. Or le Sémaphore ne peut perdurer que si elle entre en scène» Pour l’heure, la CAPM y réfléchit… Ceci étant la programmation de la saison prochaine s’annonce alléchante, avec à peine moins de spectacles que les années précédentes, 22 annoncés, et, comme chaque année, une attention particulière apportée aux compagnies théâtrales de la région : le Malade ima- ginaire mis en scène par Renaud Marie Leblanc, la Veillée singulière du Théâtre de cuisine, la cie Clandestine qui revient avec Quoi ? C’est quoi ? créé cette année au Théâtre Durance, le cabaret capillaire d’Eva Doumbia, Moi et mon cheveu, le Poucet mis en scène par Jeanne Béziers, La Farce de maître Pathelin d’Agnès Régolo… Temps fort dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, la pièce que met en scène Moi et mon cheveu © Migué Mariotti Xavier Marchand à partir de l’œuvre de Germaine Tillion, et Le Café du bonheur du Gosto Théâtre (Algérie) mis en scène par Ziani-Chérif Ayad. La cie avignonnaise Mises en scène, en résidence au Sémaphore durant toute la saison, animera l’ensemble des ateliers de théâtre sur la ville et proposera Bon appétit ! dans les quartiers, et La Répartition des mouches un peu plus tard au théâtre. Enfin la manifestation Artistes aux collèges se fera avec l’Agence de voyages imaginaires et leur Antigone, tandis qu’Artistes aux lycées poursuit son aventure avec Philippe Delaigue et un Cahier d’histoires #2 créé au Maroc et en Algérie. Les abonnements sont d’ors et déjà possibles, faites vos choix ! DO.M Théâtre du Sémaphore, Port-de-Bouc Saison 2011 2012 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphoreportdebouc.com Souffle et vitalité Vivre sans but transcendant est devenu possible © X-D.R. 10 ans après sa réouverture, le Théâtre d’Arles affiche une santé éclatante. Avec un taux de fréquentation de 91%, la saison «est de loin la meilleure qu’a connue le théâtre» affirme Valérie Deulin qui en est la directrice, avec 11 600 spectateurs ayant répondu présent pour les spectacles, et les rencontres avec les artistes organisées ponctuellement durant l’année. De quoi aborder sereinement cette nouvelle saison enthousiasmante placée notamment sous le joug de la jeunesse -au travers de spectacles, montés ou joués par de jeunes équipes, qui interrogent les legs transmis, les limites qu’on s’impose ou qu’on nous imposeet du lien intergénérationnel. La programmation de cette scène conventionnée pour les écritures d’aujourd’hui aborde les formes d’écriture les plus diverses, croisant souvent les arts, et permet d’aborder des œuvres du répertoire revisitées, comme des propositions contemporaines plus intrigantes : Un Ivanov de Tchekhov monté par Jean-Pierre Baro dans lequel le corps des comédiens prend parfois le relais du texte ; Woyzeck de Büchner mis en scène par Marie Lamachère traité comme un drame d’aujourd’hui dans un dispositif circulaire ; Yvonne princesse de Bourgogne de Gombrowicz par le collectif lyonnais nÖjd ; Les Clowns de Cervantès placés au cœur du Roi Lear ; un dyptique d’Antoine Lemaire : Vivre sans but transcendant est devenu possible et Vivre est devenu difficile mais souhaitable abordent, à une semaine d’intervalle, les ambitions de la jeunesse et la mise à nu de la vieillesse ; le retour de l’argentin Claudio Tolcachir dans une comédie folle, El viento en un violin, qui dresse le portrait de familles indomptables ; la promesse d’une vision implacable avec la nouvelle création de Joël Pommerat, La grande et fabuleuse histoire du commerce… La danse avec Les Fauves de Michel Shweizer, adolescents en proie à leurs limites qui réinventent leur vie ; le Ballet Cullberg qui rend hommage à Janis Joplin dans JJ’s Voices ; un projet de Virgilio Sieni, Mères et filles, une création de chorégraphies basées sur les gestes du quotidien conçue dans le cadre d’une des résidences de création (les 2 autres sont la cie Choses de rien avec Les Fuyantes dans une mise en scène de Camille Boitel et la réjouissante cie Le Boustrophédon, dont le Théâtre accompagne le travail, avec leur nouvelle création Camélia). Enfin, l’ouverture de la saison, toujours ancrée dans les arts du cirque, est renommée Cirques indisciplinés et fera la part belle aux petites formes transdisciplinaires, entre cirque, danse, musique… Sans oublier une soirée anniversaire spéciale, et pleine de surprises, en octobre, pour les 10 ans de la réouverture… Tout vous sera dévoilé lors de 3 soirées hautes en couleurs, les 15, 16 et 17 juin au Théâtre ! DOMINIQUE MARÇON Théâtre d’Arles Saison 2011 2012 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com 34 SAISONS LE MERLAN | LES SALINS Le Merlan ne fait rien comme les autres ! La Scène Nationale avance un pré-programme, sans campagne d’abonnement, et sans cérémonie de dévoilement de la saison, celle-ci ne s’annonçant pour lors que jusqu’en mars… Mais n’est-ce pas dans le demi-dévoilement que les promesses sont les plus belles ? En attendant septembre, une quarantaine de représentations sont annoncées, pour quatorze spectacles. Avec quelques événements très attendus, comme le passage de la création de Maguy Marin, Salves, celui du dernier spectacle de la Cie les 7 doigts de la main (cirque québécois issu du Cirque du Soleil), le passage de Gemelos de la cie chilienne Teatrocinema (d’après le Grand cahier d’Agota Kristof), la venue du bouleversant Gardénia d’Alain Platel (en co-accueil avec le Gymnase). De la cuvée Avignon 2010 on retrouvera aussi ChoufOuchouf, la belle incursion en terre marocaine de Zimmerman & De Perrot. Plus quelques autres fidélités : avec les interrogations humaines de la danse de Virgilio Sieni (Dans les visages, L’Art du geste), avec la force de Seydou Boro (Le tango du cheval), les questions inattendues du GdRA (Nour), la folie renversante de Ildi ! Eldi !, l’impressionnant mentalisme illusionniste de Thierry Collet. D’autres traversées encore : avec le collectif Berlin, Mathias Poisson et le collectif SAFI autour d’une interrogation commune sur la ville, avec actOral (qui sans lieu devient miraculeusement doué d’une formidable ubiquité !) qui programme François Chaignaud et Cécilia Bengolea. C’est Hubert Colas qui cette année jouera le rôle de l’artiste «local» en création, avec STOP «tout est bruit pour qui a peur». Car le Merlan, fidèle à ses principes, soutient et finance la création contemporaine… AGNÈS FRESCHEL Le Merlan Scène nationale à Marseille Saison 2011 2012 04 91 11 19 20 www.merlan.org Psy, cie les 7 doigts de la main © X-D.R À demi dévoilée Le succès modeste Avec ses 34 000 billets payants émis au long de la saison, soit plus de 40 000 spectateurs, la Scène Nationale de Martigues affiche, malgré une légère baisse de fréquentation, des résultats plus que positifs en termes comptables. Mais Annette Breuil, la directrice, semble à peine consciente de la belle santé des Salins dans la morosité, voire le désespoir, qui règne dans la région… Et si elle prévoit «un peu moins de représentations» pour la saison prochaine, elle affiche toujours autant de spectacles, de coproductions et d’artistes associés. C’est que depuis des années Les Salins accueillent et choient 1/3 d’enfants et d’adolescents, 45% de Martégaux : un public se fabrique dans la fidélité et Martigues bénéficie de «la synergie d’une vie culturelle exceptionnelle, ponctuée d’événements puissants pour une commune de cette taille» (45 000 hab.). La programmation est volontairement très pluridisciplinaire : «Je dis souvent à mes collègues directeurs de scènes nationales qu’ils ont tendance à être trop théâtraux», explique Annette Breuil. Pourtant, sur 53 spectacles la saison affiche 21 propositions théâtrales ou croisées, dont quelques belles promesses : Oncle Vania mis en scène par Serge Lipszyc, Tartuffe par Eric Lacascade, Les femmes savantes par Marc Paquien, La Fausse Suivante par Nadia Vonderheyden se partageront le répertoire, à côté d’écritures contemporaines (Dans la compagnie des hommes de Bond mis en scène par Selim Alik), de nombreux spectacles jeune public (Mon petit poucet écrit et mis en scène par José Pliya, Moby Dick par les marionnettes de la cie Morisse). La création de Jekyll, opéra terrifiant tout public de Raoul Lay mis en scène par Catherine Marnas (artiste associée), sera un des temps fort d’une saison ponctuée par les interventions de Jean-Claude Berrutti (artiste associé) autour d’un texte de Carole Fréchette en particulier, et les soirées Incisifs initiées par le slameur Frédéric Nevchehirlian (artiste associé). Il y aura aussi 8 propositions de danse, dont les 20 ans de Grenade, et un chorégraphe à découvrir absolument : la danse d’Hofesh Schechter, israélien vivant et créant en Angleterre, est l’une des plus inventives, combattives, charnelles et puissantes du moment… Dans un autre genre le Ballet National de Lyon vient danser un programme Forsythe, Chicos Mambos s’amuse dans un registre plus léger… La musique aussi balaiera tous ses genres avec Bertrand Chamayou qui joue (si parfaitement !) Liszt, Thomas Dutronc, de la musique orientale, pas mal de jazz, un big band, de l’opérette… On peut regretter quelques propositions plus consensuelles, visant davantage à divertir qu’à donner à penser, et ressentir le monde. Les spectacles d’humour, en particulier, sont nombreux, de Fellag au Quatuor, d’Emmanuel Vérité à Cédric Marchal. Sont-ils opportuns sur une scène nationale, dans un Pôle Régional de Création relevant du service public ? Tant que les tutelles exigeront du rendement, pourra-t-il en être autrement ? A.F. Les Salins Scène Nationale de Martigues Saison 2011 2012 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr Les Femmes Savantes © B. Enguerand 36 SAISONS LE TOURSKY | LE GYPTIS Stars, humour et fidélité Le crepuscule du Che © Manuel Pascual Les saisons se succèdent au Toursky, et se ressemblent. Il y en a pour tous les goûts divers, et pléthore, afin que chacun y guette quelques-uns de ses amours : dans la famille fidélité on retrouve la danse de Marie Claude Pietragalla et le piano de Michel Bourdoncle, et Richard Martin lui-même bien sûr, qui sera cette fois accompagné par Michael Lonsdale pour une confrontation poétique entre un athée et un croyant. Gérard Gélas vient reprendre Le Crépuscule du Che, Edmonde Franchi ouvre la saison avec sa nouvelle création… qui sera par ailleurs marquée par la présence de l’humour. Avec deux escales de Festifemmes dont le récital déjanté Bizet était une femme, le nouveau spectacle de Fellag, le déliré musical des Cinq de cœur, Christophe Alévêque et son reste de Super Rebelle, l’humour politico marseillais de Kamel et le récital moins politico mais tout aussi marseillais de Quartiers Nord. Et puis quelques têtes d’affiche : Anny Duperey, Astrid Veillon dans une création de Michel Dossetto, Didier Lockwood, Marina Vlady, Jacques Weber… Philippe Torreton dans le Hamlet mis en scène par Jean-Luc Revol, Jean-Claude Dreyfus dans un Mardi à monoprix subtil et sensible (Emmanuel Darley mis en scène par Michel Didym)… Une autre très bonne surprise également : le Britannicus mis en scène par Tatiana Stepantchenko, virtuose des lumières et des contrastes… De la danse et de la musique des plus variés animeront la saison, depuis les claquettes jaillissantes de Shoebiz jusqu’au concert/monologue de Claire Diterzi (mes Marcial di Fonzo Bo), en passant par le récital de Jacques Mandréa, un très beau moment musical de tango, la Fanfare Vagabontu, deux grandes divas arabe et berbère (Dorsaf Hamdani et Houria Aichi)… Le festival de Flamenco réunira Maria et Ana Perez, plus belle l’une que l’autre… et on n’oubliera pas le Festival russe, ses cabarets, son cinéma, Ostrovsky et Gogol… et l’Opéra de Pékin en début de saison… Pour tous les goûts on vous disait ! AGNÈS FRESCHEL Le Toursky Saison 2011 2012 04 91 02 58 35 www.toursky.org Défendre la création théâtrale «C’est bien beau de construire des bâtiments mais si on laisse mourir les artistes on va mettre quoi dedans ? Des enfants avec un nez rouge, des moutons avec une clochette, et on appellera ça démocratisation culturelle ?» Ils ne mâchent pas leurs mots Andonis Vouyoucas et Françoise Chatôt en présentant leur saison. Fondée comme toujours sur des créations d’artistes d’ici, qu’ils produisent, coproduisent ou soutiennent. Et qui en ont besoin ! Quel choc d’entendre des metteurs en scène aussi doués qu’Alexandra Tobelaim, Alexis Moati ou Charles-Éric Petit déclarer que cette année, vraiment, ils ont été à deux doigts d’arrêter. De renoncer. Qu’ils étaient au bord du gouffre, que les joies du plateau ne compensaient plus les affres des recherches de financement, et qu’ils en avaient assez d’être appelés jeunes metteurs en scène à plus de quarante ans ! Le théâtre est un combat, dit la brochure de saison. Certainement, en ces temps de disette. Mais un plaisir aussi : on retrouvera avec joie le Malade Imaginaire si malicieux d’Alexis Moati, le Roméo et Juliette judicieusement repris par Françoise Chatôt, le beau texte de Mustafa Benfodil mis en scène par Julie Kreztschmar. Et Agnès Régolo viendra jouer, juste après sa création au Jeu de Paume (voir p 38), La Farce de Maître Pathelin. On verra également l’aboutissement du Quadrille amoché de Charles-Éric Petit -quatuor de trentenaire inspiré par Shakespeare- et du solo de Solal Bouloudnine sur un match de foot mythique Italie Brésil 3 à 2 mis en scène par Alexandra Tobelaim : deux textes qui avaient fait l’objet de lectRomeo et Juliette © Mathieu Bonfils ures mises en espace que Zibeline avait particulièrement appréciées. On aura aussi la joie de retrouver Alain Aubin dans les deux programmes musicaux de fin de saison, qui commencera par deux créations : un Bérénice mis en scène par JeanClaude Nieto, et le Journal d’un fou par Andonis Vouyoucas. Quelques spectacles d’ailleurs ? Un Ivanov qui a fait grand bruit à Paris, mis en scène par le «jeune» Jean-Pierre Baro avec une troupe de «jeunes» acteurs, et une pièce «à l’esthétique de happening» inspirée par la novlangue qu’Orwell inventa dans son 1984. Un texte écrit et mis en scène par la «jeune» Julie Timmerman. Qui n’est pas tout à fait une parisienne puisqu’elle sort de l’ERAC, mais qui y réussit très bien. Faudra-t-il choisir l’exil pour parvenir à s’exprimer sur les planches ? A.F. Le Gyptis Saison 2011 2012 04 91 11 41 50 www.theatregyptis.com À noter Les abonnements souscrits avant le 30 juin donneront droit à 4 spectacles au lieu de 3 ! LA CRIÉE SAISONS 37 Au centre la question du texte Notre Centre Dramatique National sera dès septembre dirigé par Macha Makeïeff, mais c’est Jean-Louis Benoit qui a entièrement conçu et programmé la prochaine saison de La Criée… Une situation paradoxale qui ne semble pas poser de problèmes majeurs, «le relais est heureux et fraternel» déclare la nouvelle directrice qui veut cependant infléchir la programmation en 2012 : «Je suis là pour défendre le patrimoine théâtral mais je veux déplacer les lignes, mélanger les genres. Je suis hantée par le burlesque et le non textuel… Durant cette transition j’accompagnerai la saison de Jean-Louis, mais avec des images et des couleurs différentes. Il faut casser le côté intimidant des théâtres, et proposer aux 42 communautés dénombrées à Marseille des spectacles qui puissent aussi les concerner, tisser des liens nouveaux avec d’autres maisons d’art dans la ville. Pour aller vers 2013 dans le plaisir et la complicité.» Pour l’heure, avec 27 spectacles programmés, La Criée retrouve le niveau d’avant le désamiantage : le grand et le petit théâtre proposent 125 représentations, soit une soixantaine dans chaque salle. En pariant que le nombre de spectateurs va retrouver les seuils atteints avant l’interminable fermeture, ce qui se profile au vu de l’excellente fréquentation de la grande salle ces derniers mois. La nouvelle saison s’annonce très attachée au théâtre de texte, mais le répertoire dit classique est loin d’être dominant : L’île des esclaves (Marivaux) mis en scène par Paulo Correia, Hamlet par Daniel Mesguish, la Place Royale (Corneille) par Eric Vigner, côtoieront le Dindon de Feydeau mis en scène par Philippe Adrien, et la création de Jean-Louis Benoit, Courteline amour noir, sa dernière coproduction dans la maison. Un auteur qu’il veut défendre contre sa mauvaise réputation dans le milieu professionnel : «Courteline est un anti vaudeville, il est d’une cruauté qui l’opposait violemment à Feydeau en son temps, il écrivait des saynètes sans anecdote qui lui ont valu d’être considéré comme un auteur d’avant garde.» Le répertoire du XXe siècle sera défendu par Dominique Pitoiset qui met en scène Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller, par Laurent Fréchuret qui crée L’Opéra de Quat’sous (1928) de Brecht (et Kurt Weill !) et Yves Beaunesne qui choisit de mettre en scène un des chefs-d’œuvre de celle qui fut sa compagne (et son nègre…) durant ces mêmes années : Pionniers à Ingolstadt de Marieluise Fleisser (1928). En dehors de cela beaucoup d’écritures très récentes : le début de saison accueille actOral avec trois propositions de choix d’Hubert Colas, Nicolas Bouchaud et Dieudonné Niangouna, Selim Alik met en scène Dans la compagnie des hommes de Bond (coproduction), Claudia Stavisky continue son exploration du théâtre de Roland Schimmelpfennig (dramaturge allemand lié à la Schaubuhne), Didier Bezace celle de Daniel Keene, tandis que Michel Didym met en scène Invasion ! de Jonas Hassen Khemiri, jeune auteur suédois d’origine tunisienne, que Denis Podalydès poursuit sa quête solitaire du Cas Jekyll sur le texte de Christine Montalbetti, Le Dragon d'or © Christian Ganet que Claude Régy s’attache aux superbes brumes de Tarjei Vesaas, et que Daniel Benoin raconte Le roman d’un trader de Jean-Louis Bauer. Frédéric Belier Garcia, quant à lui, met en scène des textes malicieux de Christian Oster, pour jeune public. Autre proposition jeune public, musicale cette fois, l’opéra de Raoul Lay sur un livret d’Olivier Py, mis en scène par Catherine Marnas : La jeune fille aux mains d’argent. D’autres spectacles musicaux seront présents : Il n’y a pas de cœur étanche sur des textes d’Arnaud Cathrine (mise en scène Ninon Bretécher), et Par hasard et pas rasé un spectacle de Philippe Duquesne sur Gainsbourg. La danse fera un passage rapide sur ce magnifique plateau qui lui convient tant, avec la recréation de Moving Target dans le décor reconstruit après l’incendie. Un autre théâtre sera donc présent, qui se nourrit d’écriture de plateau : la Trilogia degli occhiali, de la formidable auteur/metteur en scène sicilienne Emma Dante, et La Omisión de la familia Coleman, du non moins formidable Argentin Claudio Tolcachir, tandis que Jean François Peyret et Alain Porchaintz tissent ensemble les liens de la science et du théâtre (Ex vivo in vitro). Quant à Macha Makeïeff, elle viendra créer dans son théâtre Les Apaches, un spectacle sur le Gang de paris de la belle époque et comment les voyous sont liés, en terme de déclassement social, avec les artistes (Colette et Casque d’or !). Un spectacle in(ter)disciplinaire, pour comédiens, danseurs et acrobates. AGNÈS FRESCHEL La Criée Centre Dramatique National, Marseille Saison 2011 2012 04 96 17 80 00 www.theatre-lacriee.com 38 SAISONS LE GYMNASE | LE JEU DE PAUME | LE GTP In Acte we Trust Ça y est, ou presque. La fusion est opérée, et le Grand Théâtre de Provence, le Gymnase et le Jeu de Paume font programmation commune ! Du spectacle pour tous Comme toujours on trouve donc au Gymnase de quoi satisfaire tous les goûts théâtraux : des stars de plus ou moins bon aloi, de Julie Depardieu à Eric Cantona en passant par Anny Duperey, Sophie Marceau, Marina Fois, Jean-Louis Trintignant, Frédéric Beigbedder et Thierry Lhermitte. Trois pièces de Molière, et quelques textes contemporains. Des metteurs en scène qu’on attend avec impatience tels Michel Fau, Anne Laure Liégeois, Michel Didym, Emilie Valantin, Joel Pommerat, Lagarde pour le Mage en été de Cadiot… Martinelli monte Ibsen, et Marcel Bozonnet un texte édifiant de l’historien Gérard Noiriel sur le Clown nègre Chocolat. Sans compter la collaboration avec Hubert Colas pour son actOral malheureusement totalement hors ses murs, le Gymnase/Jeu de Paume coproduit quatre créations de metteurs en scène du territoire qui promettent de très beaux moments de théâtre : Le Malade Imaginaire par Renaud Marie Leblanc, Alexis Moati qui poursuit sa déconstruction mutine de Molière (voir p 36) avec L’Avare, la Farce de maître Pathelin par Agnès Régolo, et Poucet par Jeanne Béziers. Car le jeune public est choyé : on lui consacre sur les La Courtisane amoureuse © cie Emilie Valentin Le partenariat avec Radio France (Orchestre, Chœur et Maîtrise) se pérennise autour d’un projet sur la voix trois scènes 16 vraies propositions sans rabais, des créations pour la plupart, théâtrales, musicales, circassiennes. Avec en particulier la coproduction des spectacles Pinkpunkcirkus de Joel Jouanneau et Murmures des murs de Victoria Thiérrée-Chaplin. Et les 20 ans de Grenade (Josette Baïz). Car la danse sera sublime et drôle, noire et colorée, intime et spectaculaire, puisqu’elle embrassera du Lac des Cygnes (Ballet national de Perm) à Abou Lagraa, des Ballets de Nice dansant Béjart et Gene Kelly au délire trans des Ballets Trockadéro, de la dernière création de Platel à celle de Decouflé, en passant par Preljocaj, bien sûr : le plateau du GTP est magique pour la danse ! Musique : intorno al prete rosso ! La quatrième saison musicale du GTP, établie en liaison avec les théâtres du Jeu de Paume et, dans une moindre mesure, du Gymnase à Marseille, décline la liste des compositeurs dont le nom seul évoque, pour un large public, la musique classique. Après Mozart, Beethoven et Bach, c’est vers le sud de l’Europe que se tournent les oreilles de la région. Du Prêtre Roux vénitien, pôle baroque de l’affiche, on entend quelques-uns de ses concertos pour violoncelle (Jean-Guilhen Queyras), pour flûte (Philippe Bernold) ou des pièces moins courues par Concerto Soave… à côtés des incontournables Quatre saisons (c’est bien de Vivaldi dont il s’agit !) aux mélodies universellement fredonnées. Une collaboration avec les orchestres d’opéras de la région semble s’instaurer pour Marseille (Concerto de Barber avec le violoncelliste Marc Coppey), Avignon (avec la mezzo-soprano Stéphanie d’Oustrac) et Toulon qui coproduit un double opéra mozartien : Le Directeur de Théâtre et Bastien et Bastienne mis en scène par Frédéric Bélier Garcia. Un mage en ete © Marthe Lemelle Dominique Bluzet semble à la tête d’un consortium… qui n’a pas tout à fait les budgets à la hauteur cependant ! Voyez un peu : le Grand Théâtre avec ses 7.7 Md’€ de budget (dont 5M des Pays d’Aix) a trois fois moins d’argent que l’Opéra de Marseille… Le Gymnase a 2 petits millions de subventions, quand la Criée en affiche près du double. Quant au Jeu de Paume, il reste financièrement un théâtre municipal de taille modeste (1.376 Md’€ de subventions, dont 915 000 € de la seule Ville d’Aix, et 250 000 de la CPA). Bref, le trust Bluzet est condamné au succès, et son équilibre repose plus qu’ailleurs sur les recettes des spectacles : la fréquentation des trois maisons, en cette saison difficile, tourne autour de 90%. Le secret ? Ils sont multiples : une gestion de chef d’entreprise réaliste, qui fait appel aux fonds privés (même si ceux-ci s’avèrent timides…), ne produit qu’une création lyrique quand il n’a pas les moyens d’en faire davantage, et pratique une mutualisation intelligente des équipes ; moins remarqué sans doute, mais qui lui vaut l’estime de la profession, une attention militante, et un véritable soutien financier de coproducteur, aux artistes qui créent ici ; enfin un indéniable savoir-faire de programmateur, qui connaît ses publics et sait les satisfaire. Shigeko Hata © X-D.R. et la pratique amateur. On attend la venue de l’Orchestre de Paris (Concerto de Brahms avec la violoniste Viktoria Mullova) et le retour des Siècles dirigé par F.-X. Roth (La Mer de Debussy, Harold en Italie de Berlioz avec l’altiste Antoine Tamestit). Également en résidence, s’installent en 2011-2012 l’Orchestre Français des Jeunes (Petrouchka de Stravinsky, Don Quichotte de Strauss), celui des Jeunes Baroque («Italie et Europe baroque») que le public aixois commence à bien connaître, ainsi que l’ensemble Café Zimmermann, créé par le violoniste Pablo Valetti et la claveciniste Céline Frisch («Cantates comiques», «Tout sauf Vivaldi», Gloria avec Accentus). Parmi les artistes invités, certains remplissent les salles à l’annonce de leur seul patronyme, comme les violoncellistes Sonia Wieder-Atherton, Gautier Capuçon (Concerto de SaintSaëns avec l’Orchestre National de Lyon), les violonistes Anne-Sophie Mutter, Fabio Biondi, le pianiste Boris Berezovsky ou le contre-ténor Philippe Jaroussky… Mais d’autres comme Jorge Luis Prats, depuis que le Cubain a quitté son île où il était politiquement confiné, l’ensemble Voces8, la soprano Shigeko Hata ou le Ricercar Consort méritent une attention particulière. On cherche sans conteste du côté «jazz» (Michel Portal, Patricia Barber ou les «Leçons» d’Antoine Hervé…), «musique de chambre» (Quatuors Borodine, Diotima, Vlach de Prague) et «jeune public» (Jean-Francois Zygel, Opéra pour un flipper, Offenbach et la mouche enchantée, Le petit chaperon rouge d’Aperghis…) quelque perle à dénicher, histoire d’élargir encore le public de la musique. La (toute) petite tétralogie, quadruple opéra de chambre composé par Stéphane Collin, Raoul Lay, Jean-Paul Dessy et Pascal Charpentier, ose même de la musique contemporaine, cinq soirs, au Gymnase : mais c’est un «opéra drôle» sacrément réjouissant ! AGNÈS ET JACQUES FRESCHEL Gymnase, Marseille Jeu de Paume, Aix 0820 000 422 www.lestheatres.net Grand Théâtre de Provence, Aix 08 2013 2013 www.legrandtheatre.net 40 SAISONS OPÉRA DE MARSEILLE Grand répertoire lyrique Sur les sept opéras annoncés, cinq sont issus du romantisme musical et trois sculptés au fronton universel du genre : Le Trouvère de Verdi, La Bohème de Puccini et Roméo et Juliette de Gounod. On y attend Adina Aaron qui, après Aida en 2008, incarnera Leonora aux côtés de Guiseppe Gipali (Manrico), Carlos Almaguer (Conte di Luna)… Une prise de rôle pour Nathalie Manfrino dans Mimi et, après sa folie d’Ophélie en 2010, la diva Patrizia Ciofi dans l’aérienne Juliette. Le tableau dix-neuvième est complété par Roberto Devereux, splendeur belcantiste signée Donizetti (en version de concert) avec des spécialistes du genre : Mariella Devia, Béatrice UriaMonzon, Stefano Secco et Fabio Maria Capitanucci. Le Comte Ory, ouvrage en français, rare et cocasse de Rossini, mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia, présente une distribution non moins relevée : Annick Massis, Stéphanie d’Oustrac, Marie-Ange Todorovitch, Olga Borodina © Marty Umans Le comte Ory © Angers-Nantes Opera - Vincent Jacques Fort d’une fréquentation et d’un nombre d’abonnés en hausse, Marc Laho, Jean-François Lapointe. du soutien Enfin, le chef-d’œuvre universel de Mozart La Flûte enchantée clôturera indéfectible la saison lyrique. On y entendra, pour la première fois à Marseille, Sandrine de la Ville, Piau chanter la sensible Pamina. le directeur artistique de l’Opéra L’événement Un évènement devrait attirer, en février, médias nationaux : c’est l’exhude Marseille Maurice les mation annoncée de La Chartreuse de Xiberras s’appuie, Parme d’Henri Sauguet. En effet, la partition (disparue et restaurée à partir pour sa saison d’une version piano-chant et de la copie du conducteur original) n’a plus été 2011-2012, jouée depuis sa création en 1939. C’est Renée Auphan qui signera la mise sur un diptyque qui a fait ses preuves Place Reyer : de grandes voix dans de grands ouvrages populaires, et aucun opéra d’après guerre… François Heisser, à la soprano Maria Bayo, aux violoncellistes Anne Gastinel et Henri Demarquette, au violoniste David Grimal dans des opus plutôt familiers. On regrettera bien entendu l’absence d’incursion dans le répertoire contemporain, si ce n’est une unique commande au compositeur marseillais Régis Campo, dont on se réjouit, mais qui ressemble fort à un dédouanement. Une saison à Marseille c’est est aussi des récitals, des concerts de musique de chambre, des représentations «hors les murs» (festivals de Musique sacrée, Musiques interdites, Fête de la musique…), des hommages, des conférences et tout un volet pédagogique, culturel en direction des écoles et jusque dans les maisons de retraite, voire pénitentiaires... afin que la «grande» musique résonne pour tous. JACQUES ET AGNÈS FRESCHEL Programmes détaillés et informations pratiques disponibles sur le nouveau site opera.marseille.fr. Abonnements à partir du 14 juin et réservations à partir du 24 juin. 04 91 55 11 10 La Boheme © Stefan Flament en scène, Katia Duflot les costumes. Lawrence Foster dirigera un plateau royal avec Nathalie Manfrino, MarieAnge Todorovitch, Sophie Pondjiclis, Sébastien Guèze, Nicolas Cavallier, Jean-Philippe Lafont… Neuf concerts On n’oublie pas qu’à côté des productions lyriques, neuf grands concerts symphoniques sont à l’affiche avec, en sus, un récital exceptionnel de la grande soprano russe Olga Borodina. L’Orchestre Philharmonique de Marseille, doté du premier chef invité Fabrizio Maria Carminati, sera dirigé par d’éminentes baguettes à l’instar de Jean-Claude Casadesus… La phalange municipale sera associée aux pianistes Cyprien Katzaris, Jean- Romeo et Juliette © Opera de Lausanne Concert inaugural de la nouvelle salle du Silo avec Adina Aaron, Patrizia Ciofi, Béatrice Uria-Monzon, Vladimir Galouzine, Marc Barrard le 21 sept à 20h. Entrée gratuite sur réservation à partir du 6 sept. au 04 91 14 66 76 PAVILLON NOIR SAISONS 41 Une saison de danse Lalala Gershwin / José Montalvo - Dominique Hervieu © Laurent Paillier Sakhozi says «NON» to the Venus / Nelisiwe Xaba © Suzy Bernstein Comment faisait-on quand le Pavillon Noir n’existait pas ? Où s’abreuvait-on de danse ? Les 16 spectacles proposés durant la saison prochaine traversent les continents et les esthétiques, en un panorama varié de la danse d’aujourd’hui. Il y a donc fort à parier que les 56 représentations, mais aussi les répétitions publiques, feront comme les saisons précédentes salle comble… Quelques tendances ? Une attention redoublée à la nouvelle danse africaine : quelque chose se passe làbas, explique Angelin Preljocaj, qui programme les lauréats de la Biennale Danse l’Afrique danse ! qui a eu lieu à Bamako en novembre 2010. «Cette nouvelle danse africaine s’est totalement affranchie, en l’assimilant, de l’influence européenne mais aussi de ses propres traditions, qu’elle ne renie pas mais qu’elle ne prend plus comme la marque de son style. Il n’y a pas longtemps, on voyait de la danse africaine contemporaine lors de ces biennales. Aujourd’hui c’est de la danse contemporaine africaine qui s’invente, dans une grande liberté…» Au programme donc en avril un duo violent entre le Malien Aly Karembé et le malgache Junior Zafialison (Danse esprit, danse en corps et encore), et dès novembre les trois pièces lauréates à Bamako, pour 5, 6 et 1 danseurs. Mais c’est Nelisiwe Xaba qui ouvrira la saison africaine avec un solo hilarant et féroce : Sakhozi says «NON» to the Venus rapporte l’histoire extravagante de Saartjie Baartman, Vénus Hottentote (et callipyge) qui s’exhiberait aujourd’hui au Musée du quai Branly… Un autre voyage sera proposé par les six danseuses (et 5 musiciens) de Madhavi Mudgal, ambassadrice absolue da la danse indienne académique, et par Carlotta Ikeda, dans un solo exceptionnel : à l’invita- tion des écritures croisées on pourra la voir interpréter Médée sur les mots de Pascal Quignard, qui dira lui-même son texte… Un autre spectacle amoureux des mots, Dans le ventre du loup, un quatuor jeune public coécrit par la chorégraphe Marion Lévy et l’écrivain metteur en scène Marion Aubert, qui revisite malicieusement les Trois petits cochons. Vous pourrez voir également une pièce à l’esthétique très léchée, en trois couleurs, de l’italien Matteo Levaggi, et beaucoup de danse française : d’Alain Buffard à Maguy Marin, en passant par le joyeux La la la Gershwin de Montalvo/Hervieu ; la création du trop rare Georges Appaix, celle d’Hervé Chaussard, ex danseur du Ballet Preljocaj (entre autres !), qui seront tous deux en résidence durant la saison ; et la pièce de hip hop que Mickael le Mer est allé créer avec des danseurs russes, Na Grani. Sans oublier la reprise de Suivront mille ans de calme au Grand Théâtre voisin, et les magnifiques duos d’Angelin Preljocaj qui ouvrent la saison : Annonciation et Centaures sont des pièces majeures, et les duos amoureux de Blanche Neige sont des bijoux chorégraphiques. Enfin, une pièce vraiment magnifique d’Emanuel Gat : ses Brilliants Corners sont lumineux… AGNÈS FRESCHEL La Pavillon Noir Centre chorégraphique national, Aix Saison 2011 2012 0811 020 111 www.preljocaj.org 42 THÉÂTRE AU PROGRAMME MARSEILLE FESTIVAL de Marseille – 04 91 99 00 20 Salle Vallier : Ailey II, dir. artistique Sylvia Waters (16 au 18 juin) / Mues chor. de Nicole et Norbert Corsino (16 juin) La danse noire américaine : rencontre-débat avec Claire Rousier (17 juin) Family day, cie Merce Cunningham (19 juin) Présentation de l’installation Merce-Art Forever ! par Foofwa d’Imobilité (21 juin) Nearly 902 chor. de Merce Cunningham (21 et 22 juin) Rencontre autour de Merce Cunningham avec David Vaughan et Foofwa d’Imobilité (22 juin) Vertical Road, chor. d’Akram Kham (+ rencontre avec les danseurs) (24 et 25 juin) Mission, mes de Raven Ruëll (27 et 28 juin) Rencontre avec Rocio Molina (28 juin) Oro viejo, chor. de Rocío Molina (30 juin) Rencontre autour de Moi et mon cheveu (2 juillet) Southern Bound Comfort, chor. de Sidi Larbi Cherkaoui (Bound) et Gregory Maqoma (Southern Comfort) (2 et 3 juillet) Révolution, chor. d’Olivier Dubois (+ rencontre avec Olivier Dubois et les danseuses de la compagnie) (6 juillet) Amour, acide et noix, chor. de Daniel Léveillé (8 et 9 juillet) Studio la Friche la Belle de Mai : Master Class avec la Compagnie Merce Cunningham (19 et 20 juin) Théâtre du Centaure : Flux, dir. artistique de Camille & Manolo (19 au 21 et 23 au 26 juin) Place Bargemon : Dolorès, chor. de Jomar Mesquita (29 juin) Théâtre des Bernardines : On t’appelle Vénus, chor. de Chantal Loïal (1er juillet) GMEM : Présentation publique de l’Opéra Slam (25 juin) Théâtre du Gymnase : Moi et mon cheveu, mes d’Eva Doumbia (7, 8, 9 juillet) Cloître des Carmes : Au moins j’aurai laissé un beau cadavre, mes de Vincent Macaigne (9 au 13 et 15 au 19) Danses libres, chor. de François Malkovsky (22 au 26) Cloître des Célestins : Life and times : épisode 1, mes de Kelly Copper et Pavol Li ka (9, 10, 12, 13, 14, 15) Life and times : épisode 2, mes de Kelly Copper et Pavol Li ka (9, 10, 12, 13, 14, 15) Exposition universelle, chor. de Rachid Ouramdane (19, 20 et 22 au 24) Opéra-Théâtre : Jan Karski (Mon nom est une fiction), mes d’Arthur Nauzyciel (6 au 9 et 11 au 16) Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci (20 au 23 et 25, 26) Gymnase Aubanel : Mademoiselle Julie, mes de Frédéric Fisbach (8, 9, 11 au 16, 18 au 23 et 25, 26) Salle Benoît-XII : Sun, mes de Cyril Teste (7 au 9 et 11 au 13) Clôture de l’amour, mes de Pascal Rambert (17, 18 et 20 au 24) Gymnase du lycée Mistral : Petit projet de la matière, mes de François Berreur (6 au 8) Oncle Gourdin, mes de Sophie Perez (12 au 14 et 16, 17) Low Pieces de Xavier Le Roy (19 au 21 et 23 au 25) Salle de spectacle de Vedène : L’Entêtement, mes d’Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo (8 au 11 et 13 au 15) La Paranoïa, mes de Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier (9 au 11 et 13 au 15) Violet, chor. de Meg Stuart (19 au 22 et 24, 25) Auditorium du Grand Avignon-Le Pontet : Le Cabaret discrépant d’Olivia Grandville (8 au 11) (M)imosa de Cecilia Bengolea, François Chaignaud, Trajal Harrell et Marlene Monteiro Freitas (14 au 17) Ébauche d’un portrait, mes de François Berreur (20 au 23) AVIGNON FESTIVAL – 04 90 14 14 14 Du 6 au 26 juillet Cour d’honneur : Enfant, chor. de Boris Charmatz (7, 8 et 10 au 12) Cesena, chor. de Anne Teresa De Keersmaeker (16 au 19) Le condamné à mort avec J. Moreau et E. Daho (18) Sang et Roses, mes de Guy Cassiers (22 au 26) Carrière de Boulbon : Le Suicidé, mes de Patrick Pineau (6 au 10 et 12 au 15) Des Femmes, mes de Wajdi Mouawad (20, 21 et 23 au 25) Cour du lycée Saint-Joseph : Je suis le vent, mes de Patrice Chéreau (8 au 12) Courts-Circuits, mes de François Verret (16 au 19 et 21, 22) Fase, chor. de Anne Teresa De Keersmaeker (24 au 26) Salle de Montfavet : «Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme» : un projet d’alphabétisation, mes d’Angélica Liddell (8 au 10 et 12, 13) Yahia Yaïch – Amnesia, mes de Fadhel Jaïbi (15 au 17) Scène nationale de Cavaillon (initialement prévu à la Salle de Montfavet) : Christine, d’après Mademoiselle Julie, mes de Katie Mitchell et Leo Warner (22 au 24) Chartreuse de Villeneuve : Terra Nova – Compagnie Crew d’Eric Joris (6, 7 et 9 au 14) L’Indestructible Madame Richard Wagner, mes de Christophe Fiat (18 au 21 et 23, 24) Stade de Bagatelle : Levée des conflits, chor. de Boris Charmatz (16 au 18) Jardin de la vierge du lycée Saint-Joseph : Sujets à vif (huit rencontres entre interprètes et auteurs pour huit créations) : Trente-trois tours de David Lescot avec DeLaVallet Bidiefono (8 au 10 et 12 au 14) Voyage Cola de Bouchra Ouizguen avec Alain Buffard (8 au 10 et 12 au 14) Terre/Cri/Effarement de Guy Régis Jr avec Alain Mahé (8 au 10 et 12 au 14) How to become invisible d’Eduard Gabia avec Rui Catalão et Minus (8 au 10 et 12 au 14) Contes tordus de Julie Nioche avec Christophe Huysman (19 au 21 et 23 au 25) Sous les feux de Pedro Pauwels avec Jörg Müller (19 au 21 et 23 au 25) Nature aime à se cacher de Jacques Bonnaffé avec Jonas Chéreau (19 au 21 et 23 au 25) Still / Life de Qidus Onikeku avec Damien Jalet (19 au 21 et 23 au 25) École d’art : La Vingt-cinquième heure (rendez-vous des formes atypiques ou performatives du Festival) : Produits d’autres circonstances de Xavier Le Roy (8 et 9) Et nous brûlerons une à une les villes endormies de Sylvain George (11 et 12) Faire mettre (acte 2) (15) et Ecarte la gardine, tu verras le proscénium (17) de Sophie Perez et Xavier Boussiron Gonzo conférence de Fanny de Chaillé (17) Forecasting (21 et 22) et Tracks (22) de Barbara Matijevic et Guiseppe Chico Batailles (duos ou duels proposés par la Vingt-cinquième heure) entre : Erwan Keravec et Daniel Linehan (nuit du 13 au 14) ; Simone Forti et Benoît Lachambre (nuit du 16 au 17) ; Jeanne Balibar et Marlène Saldana (nuit du 18 au 19) ; Eleanor Bauer et François Chaignaud (nuit du 20 au 21) ; Alex Baczynski-Jenkins, Brendan Dougherty et Meg Stuart (nuit du 23 au 24) ; Boris Charmatz et Médéric Collignon (nuit du 24 au 25). Gymnase Saint-Joseph : Le Théâtre des idées (interventions dialoguées d’intellectuels, modération de Nicolas Truong) : L’enfance, sacrée ou sacrifiée ? avec l’essayiste et critique théâtral Georges Banu et la pédopsychiatre Marie-Rose Moro (9) Quel féminisme aujourd’hui ? avec la sociologue Dominique Méda et l’écrivaine Joy Sorman (10) Comment sortir de la catastrophe ? avec le philosophe Slavoj Zizek (11) Peut-on réinventer l’école ? avec l’historien Marcel Gauchet et le pédagogue Philippe Meirieu (13) Comment penser le commun aujourd’hui ? avec le philosophe Antonio Negri (16) Révolution et démocratie : la nouvelle méditerranée avec l’auteure et comédienne Jalila Baccar et le politologue Gilles Kepel (18) L’autre voie : comment lutter contre la tentation réactionnaire ? avec l’écrivain Stéphane Hessel et le sociologue et philosophe Edgar Morin (19) Dates du Festival de Marseille voir Zib 41 page 15 et Festival d’Avignon voir page 7. FIN DE SAISONS Ouverture THÉÂTRE/DANSE 43 Lumineux Stravinsky Fin de saison en déambulations théâtrales nocturnes Deux pièces majeures de Preljocaj sur la musique Andromaque © Christophe Raynaud de Lage - col.comedie-francaise En ouverture de la 40e édition des Chorégies, la Comédie Française fait son grand retour, après 60 ans d’absence, sur la scène du Théâtre Antique avec une représentation exceptionnelle d’Andromaque de Racine, mise en scène par Muriel Mayette. Andromaque Le 17 juin à 21h45 Théâtre Antique d’Orange 04 90 34 24 24 www.choregies.com Contemporain Le Théâtre Nô, à Aix-en-Provence, accueille une chorégraphie de Yasuyuki Endo, danseur et chorégraphe japonais, soliste du Ballet National de Marseille. Inspirée d’une légende du Théâtre Nô, le duo Dojyoji + symbolise une relation obsessionnelle qui conduit à une folie destructrice. Sur une musique de Charles, Grydeland, Wallumrod et Zach. Dojyoji + Les 24 et 25 juin Théâtre Nô, Aix-en-Provence 04 91 32 72 72 www.ballet-de-marseille.com © X-D.R. et amoureuses pour la Scène nationale de Cavaillon avec la cie Skappa !, artistes associés depuis trois saisons, qui propose des Sérénades cinq soirs de suite dans le centre-ville de Cavaillon. Une nouvelle œuvre chaque soir, au gré des événements incongrus qui naîtront lors du parcours jusqu’à une fenêtre éclairée… Chaque soirée sera précédée d’un pique-nique, histoire de vous mettre l’eau à la bouche avec le menu des spectacles 2011-2012 ! Sérénades Le 15 juin, départ à 21h45 place Cabassole Le 16 juin, départ à 21h45 devant le théâtre Le 17 juin, départ à 23h parking Verdun Le 18 juin, départ à 21h45 place Bouchet Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com Ça bouillonne L’idée est née peu à peu chez une bande de copains artistes (Olivier Pauls, Alain Aubin…) qui en avaient assez d’entendre que Marseille ne savait pas faire la fête ! Alors ils ont décidé de demander à leurs pairs de présenter, comme ça, des numéros autour d’un thème. Et avant après pendant de causer, chanter, danser, échanger. Pour participer il faut donc un peu ou beaucoup se déguiser, se rendre au point de rendez-vous et se laisser guider. Cette fois-ci ce sera à 18h30 Gare de l’estaque, pour 1 heure de jeux, 2 heures de spectacles, et à partir de 22h, la fête ! Belladonna 9ch, Irina Popovska, Drôle de Drame, Tchoune, Djam Deblues, Leda Atomica, Lison David, Mathieu Jacinto Red & Yellow Bikini, Dance Collect Club, Les murmureurs de l’entonnoir, Christine Fricker et Robin Jacquet vous présenteront gracieusement leurs numéros les plus Gypsy : les 5 euros de participation servent juste à couvrir les frais… Vos Itsy Bitsy Gypsy Days 4e Bouillon Marseillais Le 18 juin à 18h30 Lieu surprise à l’Estaque 06 20 55 43 69 www.bouillonmarseillais.org Ça bourdonne Il a remporté la mention spéciale du jury de la Biennale africaine «Danse l’Afrique Danse !» à Bamako en 2010, est en résidence au Pavillon Noir depuis 3 mois, y créera un spectacle l’an prochain, et offre pour l’heure un solo. 20 minutes pour découvrir ce jeune Malgache surdoué, qui danse La politique de l’autre ruche, refuse de mettre la tête dans le trou, et bourdonne d’idées et d’humour. Il s’appelle Junior Zafialison, un nom à retenir. La politique de l’autre ruche Le 24 juin à 19h Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org savamment sauvage du compositeur russe : Noces, qui a plus de 20 ans et n’a rien perdu de sa brutalité nuptiale et balkanique, Le sacre du printemps qui a tout juste 10 ans et affiche un vocabulaire chorégraphique plus étiré, mais tout aussi tellurique. Et un propos plus cynique, mais tout aussi féministe, sur le voyeurisme et le désir. Il n’y a que quatre soirées au Pavillon Noir, avant que le programme s’exile pour un long voyage vers d’autres théâtres. Noces. Le sacre du printemps Du 28 juin au 1er juillet Pavillon Noir, Aix 0811 020 111 www.preljocaj.org Noces © JC Carbonne 44 MUSIQUE AU PROGRAMME AIX Centre Franco-Allemand de Provence : concert du groupe vocal Deutscher Frauenchor dans un répertoire de musiques profanes et sacrées du XVIe au XXIe siècle (17/6 à la chapelle des Oblats), concert Oratorio, le zapping de l’ensemble Ad Fontes (28/6 aux Jardins d’Albertas à Bouc-Bel-Air, le 10/7 dans le parc du Château de Châteauneuf-Le-Rouge, résas au 04 42 93 22 98) 04 42 21 29 12 www.cfaprovence.com Théâtre et Chansons : Soirées Cabaret (23 au 26/6) 04 42 27 37 39 www.theatre-et-chansons.com ARLES Cargo de nuit : Richard Manetti trio (23/6), Bushman et No More Babylon (24/6) 04 90 49 55 99 www.cargodenuit.com AUBAGNE MJC L’Escale : Fête de la MJC avec Libre Mesure, soirée dansante avec Dj Izem… (18/6) 04 42 18 17 17 http://mjcaubagne.free.fr AVIGNON Théâtre des Doms : fête de la musique avec Violon Nomade (21/6) 04 90 14 07 99 www.lesdoms.eu CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE Akwaba : The Celtic Scooter Club organise le Celtic Run Ready Steady Go ! (17 et 18/6) 04 90 22 55 54 www.akwaba.coop ISTRES Centre d’art contemporain : dans le cadre de Images transversales et à l’occasion de la fête de la musique, hommage sonore et visuel à François de Roubaix avec Number 9 et Pompidou (19/6) 04 42 55 17 10 LYYNES Le Korigan : Dornenreich, Aabsinthe, Sounds of the, Continuum et Xciii (25/6), Monarque, Svart Crown, Nuit Noire, Aorlhac, Sektarism et Esus (26/6) 06 50 77 51 77 www.lekorigan.fr MARSEILLE Association Le Mille Pattes : Place au soleil : soirée de concerts gratuits avec la fanfare Vagabontu, Afrah, EFA, Shankara Gna, Eternal Erection (25/6 place des Halles Delacroix, quartier de Noailles) 04 91 55 70 60 www.lemillepattes.net Cabaret Aléatoire : Bring me the horizon (23/6), Digikid 84, French Fries, Manaré, Bambounou, Chaos in the CBD, Alan Gay (2/7) 04 95 04 95 09 www.cabaret-aleatoire.com Dan Racing : Blue’s on (17/6), PoNTyPOol (18/6), GoodHell (21/6), Insight (24/6), Middle Think, Nereïds (25/6), Stormy Monday (1er/7), First Day et Limited Edition (2/7) 06 09 17 04 07 http://guitarjacky.free.fr Dôme : Calogero (15/6), Eddy Mitchell (30/6), ZZ Top et Thin Lizzy (12/7) 04 91 12 21 21 Enthropy : Duo Abela & Merlo, Kadinsky, Léon & Andrea Parkins (15/6), Never Slave, Ladea, Ghost dog, Tim (16/6), Kêtu Records Sound System (17/6), La cumbiamba Parrandra (18/6), MonomaniaX (21/6), Alerta Kamarada (22/6), The Morrigans, The Magnets, Ultrateckel (25/6), Filthy Charity, Hard Charger (28/6), Sound of Town (30/6) http://enthropy.fr Espace Julien : Markovo (17/6), Flow Motion (15/6), Original Borojo (16/6), Markovo, Alcaline (17/6), Abdelkader Secteur (18/6), Destroyer (22/6), Das Simple, Jean Louis (24/6), Metigane (30/6), Phosphene, Edgar Pilot (2/7) 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com La Cité de la musique : Les Belsunciades (du 14 au 17/6), récital La voie nomade (17/6), duo de oud Charbel Rouhana et Elie Khoury (24/6), Cuarteto Mondo Yengue (29/6), 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com La Machine à Coudre : Le syndicat du Chrome (17/6), Almereyda (18/6), Antonio Negro (23/6), Angry Dead Pirates, Devilish (24/6), Big in Japan (25/6), The Tundra Fucks, Johnny Division, Modern Pets (4/7) 04 91 55 62 65 www.lamachineacoudre.com La Meson : Josele Miranda Y Su Grupo (25/6), Flamenco fait Meson avec tous les élèves et les professeurs de danse (26/6), Alpha Petulay & Sit Jean (29/6), apéro de clôture de saison avec Giloo & Tribaloya (30/6), Sam Karpienia & Ahmad Compaoré (3/7) 04 91 50 11 61 www.lameson.com Le Paradox : The Louisiana Funky Butts Brass Band, Wonderbrass (16/6), Paco Diola-Bi & Beguefall (17/6), la compagnie Cuanol (18/6), La Villa Ginette, Timek (19/6), Boolumbal (22/6), Fanta Mara (23/6), Diho & Dj Tony (26/6), Plastic Bag (28/6), Around the Funk (30/6) 04 91 63 14 65 www.leparadox.fr Le Poste à Galène : Nuit années 90 (18/6), U.S Bombs (20/6), nuit années 80 (25/6) 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com L’Intermédiaire : Poupa Seone, Hilyle, Konee7, King Milouz (25/6) 04 91 47 01 25 www.myspace.com/intermediaire Lollipop Music Store : Isaya (17/6), tribute Fridays : back to the 60’s (24/6) 04 91 81 23 39 http://lollipopstore.free.fr Planet Mundo Kfé : Tumbao Mapanare (17/6), Red Corner (18/6), Alerta Kamarada (24/6), Brk (25/6) 04 91 92 45 72 ORANGE Chorégies : Musiques en fête pour fêter leur 40 ans avec de nombreux artistes (20/6) 04 90 34 24 24 www.choregies.asso.fr SIX-FOURS Espace Malraux : Gente D’zona (13/7) 04 94 74 77 79 www.espace-malraux.fr VERS-PONT-DU-GARD Pont-du-gard : Lives au Pont, festival de musiques soul, électro, pop, rock… (8 et 9/7) 0 820 903 330 www.pontdugard.fr AGEND’JAZZ ARLES Cargo de Nuit : Richard Manetti Trio (23/6) 04 90 495 599 www.cargodenuit.com AUBAGNE MJC L’Escale : Nougarotrement trio (16/6) Travaux des Ateliers (18/6) Les Jeudis de L’Escale : Café-Jazz avec le trio LaDiMa tous les 3ème Jeudis du mois et Soirée-Boeuf tous les 2è jeudis du mois 04 42 181 717 www.mjcaubagne.fr BERRE L’ETANG Forum des Jeunes et de la Culture : Scène musicale concert des écoles et ateliers (20/6), Menu cabaret des bouches et concert des Ateliers / We used to have a Band avec MarionRampal et François Richez (25/6) 0442 102 360 et www.forumdeberre.com EMBRUN Jardin du Roc : Festival Trad’In, Compaoré, Karpienia et Friends (7/7) Espace Delaroche 04 92 43 72 72 MARSEILLE Cabaret Aléatoire : Musique Rebelle Round 10 «My Cabaret goes jazz» avec Ahmad Compaoré et 50 musiciens (18/6) 04 95 049 509 www.cabaret-aleatoire.com Centre Edmond Fleg Fiesta Latina avec Rico Naca y su tropical combo (30/6) 04 91 735 781 www.jazzclubprovence.com Cité de la Musique - Auditorium : Jazz en Cité (20/6) Electrochoc (21/6) Charbel Rouhana & Elie Khoury (24/6) Jazz et Musiques improvisées avec Raphaël Imbert, Gérald Cleaver, William Parker, Craig Taborn (27/6) Cuarteto Mundo Yengue (29/6) 04 91 392 828 Cité de la Musique - La Cave Bartokantes (30/6) Cité de la Musique – La Magalone La voix nomade (17/6) 04 91 392 828 www.citemusique-marseille.com Fnac Tête à tête avec Ahmad Compaoré (2/7) Inga des Riaux : AJ5 (17/6) Nadine Cohen Middle Jazz trio (24/6) Godfathers (30/6) Plage de l’Estaque 06 07 575 558 www.inga-des-riaux.fr/music.html Roll’ Studio : Hommage à JJ Johnson et Bud Powell (17/6) Monique Zuppardi trio (18/6) Yadès 4tet (25/6) Henri Florens (2/7) Takae Bouyssi-Kanaoka (9/7) 04 91 644 315 www.rollstudio.fr OLLIOULES Chateauvallon Luz Casal (17/6) Nuit du Fado avec Antonio Zambujo & Cristina Branco (1/7) 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com VITROLLES Moulin à Jazz Fête de la Musique : Concert de la classe de jazz suivi de Yakamoz 5tet (21/6) Voir également les festivals p. 20 et 21 MUSIQUE As-tu du cœur ? Mozart charitable Récital spectacle autour d’opéras de Mozart par Cyril Rovery (baryton) et Charles Bonnefon (piano) au bénéfice d’une association d’aide à Tchangué (Cameroun) pour soigner une petite fille handicapée. MARSEILLE. Le 18 juin à 21h. Eglise St-Cannat des Prêcheurs Espace culture 04 96 11 04 61 www.operatheatrepourtous.com O.L.R.A.P Le vieil hangar superbement ressuscité, ex-gare de triage d’une huilerie centenaire (sa charpente métallique est attribuée à Gustave Eiffel) accueille, pour la clôture de la saison de l’espace culturel du 14e arrondissement marseillais, l’Orchestre Lyrique de Région Avignon Provence dans Honegger (Pastorale d’été), Mozart (Concerto n°5 pour violon et orchestre) et Saint-Saëns (Symphonie n°2). Roberto Alagna © Alix Laveau En 1885, Massenet est le seul véritable héritier de l’opéra français. On a longtemps eu tendance à sousestimer une œuvre qui opère pourtant une symbiose naturelle entre la langue française et la ligne du chant, qui allie une orchestration virtuose, une harmonie sophistiquée et limpide à un sens aigu du théâtre. Le Cid pourrait être le chef-d’œuvre d’un compositeur de moindre envergure. Les productions récentes (rares !) de l’ouvrage ont buté sur l’impossibilité d’en distribuer les emplois dits héroïques, typiques de l’école française du Grand-Opéra, quasiment disparue. On pouvait difficilement rêver mieux aujourd’hui que d’entendre cette magnifique partition avec Roberto Alagna (Rodrigue) et Béatrice Uria-Monzon (Chimène). Ce sera à guichet fermé mais la première est retransmise sur grand-écran, en (quasi) direct, le 17 juin à 21h, Place Bargemon (gratuit). MARSEILLE. Les 17, 20, 23 juin à 20h et le 26 juin à 14h30. Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr Piano marathon Pour l’ultime manifestation de la saison au Théâtre de Nîmes, René Martin propose de partir sur les traces de Chopin à travers «ses influences, ses œuvres de jeunesse, ses œuvres de maturité.» Cinq concerts en plein air pour deux soirées dans les cours nîmoises en compagnie des pianistes Anne Queffélec, Momo Kodama, Philippe Giusiano et du Quatuor Renoir. NÎMES. Le 17 juin à 19h, 21h et le 18 juin à 17h, 19h, 21h. Club de l’Imperator, Cour de l’hôtel Boudon et Cloître des Jésuites. 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com MARSEILLE. Le 18 juin à 21h. Station Alexandre 04 91 00 90 00 www.station-alexandre.org Durance Luberon 45 L’Autre rive L’œuvre de Zad Moultaka s’organise de part et d’autre d’une ligne de haine, d’espaces gémellaires démarqués par les origines et la langue, invente une improbable migration… L’opus contemporain est chanté par l’ensemble Musicatreize (dir. Roland Hayrabedian) dans la foulée de la visite de l’exposition L’Orientalisme en Europe de Delacroix à Matisse à la Vieille Charité. MARSEILLE. Le 24 juin : l’entrée à l’exposition se prolonge jusqu’à 21h. Concert à 21h30 (billetteries indépendantes) 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org Reprise au Festival d’Aix le 21 juillet à Sylvacane Chambre en Cité Concert Schubert avec Alain Pelissier (alto), Benoît Salmon (violon), Elisabeth Guironnet (piano – le 24 juin), Festival de Musique de Chambre «Autour de la Hongrie» (les 28 juin, 1er et 5 juillet) et Récital Nathalia Romanenko (piano - le 8 juillet - entrée libre) MARSEILLE. Concerts à 20h30 à La Magalone. 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com En prélude au festival d’été : De Corette à Gainsbourg par les bois (bassons et hautbois) du Conservatoire d’Aix. MEYRARGUES. Le 19 juin à 18h. Eglise (Entrée libre) Petits chanteurs «L’heure de musique sacrée» par Les Petits Chanteurs de la Major (dir. Rémy Littolff) CASSIS. Le 19 juin à 17h. Eglise St-Michel (Entrée libre) Quai des brunes Jazz vocal années 30, piano, claquettes… MARSEILLE. Le 21 juin à 18h30 sur la goélette Liberté 3 dans le Vieux Port AIX. Le 23 juin à 20h30 au Drôle d’Endroit 04 42 38 95 54 Quatuor Renoir © Lyodo Kaneko Anches L’Arbre d’Ebène (anches, clarinettes…) et la Chorale Amadeus mêlent des musiques de films, classiques et tangos… MARSEILLE. Le 25 juin à 17h. Chapelle St-Joseph du Redon Aix en baroque Comme chaque été, Guy Laurent propose d’explorer le patrimoine musical d’«Aix-la-Baroque… siège de l’une des grandes maîtrises du Royaume de France». Œuvres religieuses à grand chœur d’Audiffren (Requiem), Jean-Baptiste Vallière (Magnificat) et Félicien David (Motets… Le 2 juillet). Suites instrumentales et cantate Les femmes de Campra, Symphonies de Pierre Gautier, Suite d’Alexandre Villeneuve (le 7 juillet). Polyphonies françaises du Moyen-Age au XXe siècle : Elégie & Psaume 51 de Darius Milhaud, Strophes sur le «Veni Creator» de Pierre Villette, Rondeaux d’Adam de la Halle / Chansons et motets de Machaut et Dufay, Chansons de Debussy, Ravel, Poulenc (le 3 juillet). Autour de Monteverdi : Lauda Jerusalem, Orfeo (extraits), Jephte (final) de Carissimi… (le 5 juillet). AIX. Du 2 au 7 juillet. Concerts à 18h Chapelle du Sacré-Cœur 04 42 99 37 11 www.orphee.org 46 THÉÂTRE AVIGNON | GAP Leçon de bonheur C’est quoi le bonheur ? Cette question, posée lors d’une conférence du philosophe Robert Misrahi au Théâtre des Halles, inspire à Alain Timar le thème de son prochain spectacle, Penser bonheur. Le spécialiste de Spinoza a consacré l’essentiel de ses recherches à ce questionnement et le metteur en scène veut les partager sous forme d’expérience théâtrale, étape après étape. Les écrits et paroles de Misrahi se distillent comme des devinettes porte-bonheur pour inciter la réflexion et le dialogue entre les deux comédiens aussi géniaux et charismatiques qu’en totale roue libre… se délectant d’être là visiblement. Paul Camus, le fidèle pilier des créations d’Alain Timar et la petite nouvelle, Pauline Méreuze, tout juste sortie de l’ERAC, absolument remarquable, donnent à voir la quête du bonheur, de sa désolation enfantine soupe au lait «tu crois que c’est facile de mourir» aux fous rire irrésistibles de son partenaire «mais tout ce qu’on veut c’est être heureux», des tentatives de définition «nous ne combattons le mal que parce que nous nous référons implicitement à la plénitude de l’existence humaine, et nous ne savons pas le dire», auxquelles se mêlent les mots de Koltès ou Claudel, aux témoignages d’inconnus, fameux, enregistrés au coin de la rue. Présenté comme un premier chantier de travail (le second aura lieu en septembre, la création en avril 2012), l’essai est un acte de joie bien maitrisé sous ses faux airs d’improvisation. Même l’ébauche de non-scénographie avec son tapis sans teint et ses tréteaux en bois signe le style Timar. Une plongée au cœur de la quête infinie du bonheur à laquelle on participe volontiers. DE.M. Penser bonheur © X-D.R. Le premier chantier public de Penser bonheur s’est joué du 26 au 29 mai au Théâtre des Halles, Avignon La compagnie Parnas a adapté son Banquet fabulateur pour lui faire traverser les Alpes. Il Convivio, qui a été créé à Gap du 19 au 22 mai, sera cet été à Turin. La version bilingue, parfaitement compréhensible grâce à des traductions en direct des passages en Italien (la gymnastique sera inversée en Italie), prend des tonalités différentes : Francesco Gargiulo ponctue le trajet de l’histoire de Pinocchio, remplaçant les dérisoires ponctuations de Cyrano du Banquet Fabulateur par une jolie naïveté de lutin. Ophélie disparaît, remplacée par une Lucrèce Borgia qui promet aux convives buvant tranquillement leur verre un lent empoisonnement, et quelques scènes demeurent, Platonov hurlant son torturant adieu à sa Anna Petrovna, et Olivier Pauls développant son hilarant numéro de close-up pitoyable… L’ancrage dans la mémoire archaïque des Fables est moins évidente que dans la version unilingue, mais les acteurs prennent visiblement plaisir à échanger leur culture littéraire et dramatique. Plaisir partagé, comme lors d’un toast commun. A.F. Il Convivio, Catherine Marnas © X-D.R Variation italienne Le vieux psy et la jeune fille Monsieur j'ai deux mots à te dire © Delphine Michelangeli/Zibeline Bertrand Hurault et Jane Bréduiliard ont présenté en toute discrétion, voire timidement, le premier acte de la pièce Monsieur, j’ai deux mots à te dire. Le co-fondateur du Théâtre des Carmes, avec André Benedetto, a accepté l’invitation de la jeune comédienne qui souhaitait travailler depuis longtemps avec lui, sur un texte qu’elle signe et met en scène, très sobrement, avec Alain Ubaldi. Le comédien ne cachait pas son émotion en présentant cette création en cours de la Nouvelle Compagnie, qui fête ses 50 ans et dont l’objectif était de mettre en lumière les textes de jeunes auteurs. Un travail en chantier suffisamment ouvragé pour donner l’envie d’en savoir plus et d’entendre l’épilogue de ce huis clos : ces deux êtres que tout semble opposer, un psychanalyste à la retraite et une jeune éditrice qui le convainc de lui dicter son autobiographie, s’y réconcilieront vraisemblablement avec leur passé… Un passé qui pourrait les relier davantage que le premier acte n’aura laissé entendre. Après des tergiversations et autres hésitations à ressasser ses fantômes intérieurs, le vieil homme abandonné soldera-t-il les comptes ? La jeune femme, «une pluie d’été» selon le psychanalyste qu’ellemême traite de «drôle de bonhomme», se trouveront-ils des points communs ? Des personnages à la Pagnol, entre bouquet d’anémones et omelette aux herbes, pour une histoire qui reflète l’âme humaine. DELPHINE MICHELANGELI Monsieur, j’ai deux mots à te dire s’est joué au Théâtre des Carmes, Avignon les 20 et 21 mai 48 THÉÂTRE CAVAILLON | MARSEILLE | AVIGNON Le plaisir des imbroglios dans un jeu d’enfants. Le tout sous l’œil d’un groin (si si) forcément rose, bruyant et goguenard. Bref du plaisir, du rire franc, sans jamais l’impression de se moquer salement ou de s’enliser dans une soupe Le propre des vaudevilles, surtout lorsqu’ils sont comme ici poussés tout au fond ultime de leurs derniers retranchements, est d’être inracontables. Le texte de Catherine Zambon est en tous cas délicieux, fusant à toute allure et regorgeant de clins d’œil hilarants. La mise en scène ne l’est pas moins, rythmée, osant les gadgets les plus kitchs, fignolant jusqu’à l’obsession les accessoires, les couleurs forcément saturées, et un décor qui n’en finit pas de receler des surprises et des détournements. Alexandra Tobelaim fait preuve ici d’un sacré métier ! Elle dirige au millimètre un quatuor d’acteurs d’exception, qui s’amuse comme rarement sur scène à emprunter l’accent russe ou corse, à tituber sous l’effet d’un calmant, à se méprendre, à désirer, jalouser, aimer, protéger, tromper, turgescer, démiurger, mentir sans jamais trahir, et puis à mourir pour de faux, comme grasse, juste parce que c’est astucieux, rythmé, que ça pastiche gentiment le vaudeville, les soaps policiers, et caricature les mœurs étranges des riches de la Côte : la Cie Tandaim est basée à Cannes, et connaît l’abondance et l’absurde de ses faits divers… Villa Olga © X-D.R AGNÈS FRESCHEL Villa Olga, pièce de plage, a été jouée en tournée Nomades autour de la scène nationale de Cavaillon du 19 au 25 mai À noter La Cie Tandaim jouera la Seconde surprise de l’amour de Marivaux du 5 au 27 juillet (21h15) dans le cadre de Villeneuve en scène (voir p10) 04 32 75 15 95 www.villeneuve-en-scene.fr noue est celle d’une coupure et tous les hommes y succombent, le fils, le mari et le père, tandis que les femmes, la mère et les deux épouses, se déchirent, mortes déjà de tous les cordons qu’elles ont dû rompre pour donner la vie ou l’amour. Alors le temps s’écoule. Lent. Avec de brutales ellipses, des raccourcis qui proscrivent le réalisme, et jouent magistralement avec les conventions dramatiques. Les femmes y règnent, insupportables, hystériques, possessives, et les hommes subissent, résignés, leur loi. Valeria Bruni Tedeschi compose une nerveuse maladroite souvent trop appuyée, tandis que Bulle Ogier dose et maitrise, jusqu’à l’insupportable, ses débordements assassins, et que Marie Brunel passe, superbe, délaissée, triomphante : Chéreau et Jon Fosse semblent partager la même méfiance envers les femmes… Patrice Chéreau a mis en scène les Rêves d’automne de Jon Fosse dans un cadre génialement inadéquat : la pièce de l’auteur norvégien, traversée de fantômes oniriques aux allures de personnages bergmaniens, se perd dans son décor surdimensionné, sous les tableaux et les murs monumentaux du Louvre. Les personnages isolés dans l’immensité cérémonieuse et glaçante y laissent leur chair… retrouvant ainsi l’exacte étrangeté du cimetière où sont censés se dérouler ces Rêves. C’est que la pièce de Jon Fosse parle de cet espace intermédiaire, celui où les vivants croient rendre visite aux morts. Dans ce musée les vivants sont aussi étrangers que dans les travées peuplées de fleurs coupées et de pierres gravées d’épitaphes muettes. Les corps s’y croisent, fantômes sans voix d’une grand-mère disparue, d’un fils fragile. Fantôme d’un amour aussi, qui croit pouvoir renaître, et qui entraîne vers le désespoir de tous et la mort de chacun. L’histoire de désir qui s’y AGNÈS FRESCHEL Scintillements fugaces Cabaret NoNo © Agnès Mellon Le Cabaret Nono, pièce maitresse et fondatrice de l’esprit de la compagnie, a toujours autant de charme : réunis au centre et encerclés d’artistes, les spectateurs sont des convives et partagent des numéros d’une qualité visuelle tout à fait hors du commun… Assumant et transcendant leurs physiques de freaks sublimés par des costumes délirants, et des lumières et effets spéciaux au cordeau, les acteurs enchainent de courts numéros entrecoupés de moments de groupe où ils jouent et chantent, et se révèlent des musiciens sacrément en place, encadrés qu’ils sont par le petit orchestre qui les suit tout au long du spectacle. Tout cela reluque avec une joie carnavalesque du côté de la mort, version zombie joyeux mais quand même, parfois un peu glaçant, comme une Famille Adams qui aurait fait un tour dans la poésie surréaliste et en serait revenue chargée de perles noires en formes de lapsus. Et cela fuse sans répit, enchainant tableaux vivants sur scène, numéro de vélo sur la piste colorée qui pour une fois encercle, chant commun, apostrophe oulipienne au centre du cirque, sans regarder à la dépense, avec Reves d'automne © Pascal Victor/ArtComArt Bergman au Louvre Rêves d’automne s’est joué à la Criée du 6 au 11 juin À noter Patrice Chéreau met en scène un autre texte de Jon Fosse lors du Festival d’Avignon (voir p7) force comédiens, danseuses, musiciens, costumes… On y plonge sans songer, attendant cependant un plat de résistance, un moment moins fugace qui nous amènerait vers un sentiment plus consistant, un moment esthétique plus bouleversant. Les délicieuses mignardises se succèdent jusqu’au bout, puis on rentre chez soi, les yeux encore remplis d’images et de musique, mais sans trop savoir, au fond, ce que l’on a vécu. AGNES FRESCHEL À noter Le Cabaret Nono se tient jusqu’au 25 juin Campagne Pastré, Marseille 9e 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com LES INFORMELLES | SIRÈNES ET MIDI NET Haut Bas Fragile 1 et 2 Burn out, Pascale Bongiovanni © Erik Damiano/le petit cowboy Quoi de neuf au théâtre ? L’omme sans h qui aurait avalé ses histoires pour mieux les recracher, comme celui de Jacques Rebotier face au poulailler de la Gare Franche. «Paraissez! Disparaissez!» dit le poète aux bêtes qui encombrent la terre et cette injonction dramatique pourrait finalement illustrer ces Informelles 2011 (on ne les décompte plus, on les millésime) déployées en deux semaines, articulées autour d’un dimanche de réflexion. Ce nouveau Discours aux Animaux de toutes espèces aura donné du poids au premier volet expatrié dans l’ancienne fabrique de fûts métalliques et le jardin attenant ; proférant avec une virtuosité égale de la langue et des pieds, sans cesse virevoltant aphorismes, imprécations et autres perles langagières, Rebotier dans un dialogue impromptu avec une oie de hasard, livre matière à rire haut de l’essentiel. Essentiel, dont tente aussi de nous parler mais en bafouillant encore La Maison, création de Marie Lelardoux, si sérieuse et si sévère, si dépouillée (belles ombres, cadres vides, espace morcelé, table survivante) que s’y déchiffre avec peine dans ces ruines de l’humain un tragique trop grand pour une scène que personne ne s’approprie vraiment, qui reste vide et génère bien vite ennui et agacement. La soirée s’était pourtant ouverte sur du bel canto sans façon a cappella, histoires sur le fil du rasoir vaguement cousues main par Christian Mazzuchini et ses compères de tchatche ; toutes choses plutôt sympathiques… mais que venaient faire là ces hommes à bois de cervidés, ces femmes aux corps écrits se terrant sous les fourrés ou traversant l’espace en patins à roulettes, sortis tout droit des happenings du vieux 20e siècle ? On les retrouve la semaine suivante tentant de semer le trouble sur un boulevard Garibaldi qui en a vu d’autres... puis sur la scène partagée des Bernardines qui accueille de nouveau Jacques Rebotier sans son oie mais avec de malicieuses compagnes : la grande Elise Caron fredonnant divinement sa petite musique de vie et la violoncelliste Adeline Lecce, peinant davantage à articuler cordes et voix, à trouver sa place tout simplement . On y retrouve aussi Christian Mazzuchini sans son chien, des plumes de poule plein les poches, modelant gentiment dans son costume de (r)om(me) la pâte-mot / la pâte-moi de Christophe Tarkos ; ten- Le doigt sur la couture ? Nouvel appel de la sirène : une musique tonitruante accompagne le surgissement de mannequins vêtus de vêtements disparates, bleus de travail, blouses de ménage - coiffés de sachets de papier ou de plastique, chaussés de brodequins ou de talons aiguilles. Une voix off monocorde parle d’un monde envahi par les images qui gère les rapports entre des gens préoccupés par leur seul reflet dans le miroir. Comment dépasser le monde des apparences ? C’est la question que nous pose Matthieu Bouchain avec ses 40 bénévoles que l’aventure semble réjouir, et qui portent des jambes sur leur tête en guise de parure ou une chaussure en couvre-chef. Le dernier tableau tient à la fois du défilé contestataire et de la procession ! Habillés de blanc après quelques esquisses de striptease, ils se rassemblent sous des étendards, dans des mouvements amples proches de l’aïkido. On se prend alors à rêver à une marche libératrice qui nous embarquerait pour un monde meilleur ! Le défilé des Marques par la Cie T.Public s’est donné le 1er juin sur le parvis de l’Opéra © Vincent Lucas CHRIS BOURGUE THÉÂTRE 49 dresse, émotion qui se nourrit des maladresses ; c’est toujours bon à prendre! Et tant qu’à parler de soi autant ne rien laisser dans l’ombre ; Pascale Bongiovanni fait exploser son métier et sa personne (éclairagiste ou créatrice lumière selon l’humeur) en éclats de voix ou stridences euphorisantes ; corps jeté dans l’arène elle s’expose jusqu’à l’épuisement de ses 400 000 volts avec beaucoup de générosité. Et le dimanche alors? Repos dans la création? Pas vraiment ! comme on le sait, c’est le jour du Philosophe : Heinz Wismann au centre du dispositif avec à sa droite des gens très bien, à sa gauche des gens très bien, suscite et conceptualise - terme fâcheux la parole des uns et des autres face à deux documentaires tout aussi nécessaires : Les Roses Noires d’Hélène Milano et Holunderblüte de Volker Koepp, l’un dévoilant à travers le choix d’un langage identitaire et réactif les difficultés de jeunes filles de banlieue à habiter leur sexe et à sortir d’un isolement mortifère ; intelligence des images et leçon de vie parfaitement universelle ; l’autre, tourné dans l’«exclave» russe de Kaliningrad, redonnant une histoire à des enfants emprisonnés dans le cycle des quatre saisons d’une nature impériale, victimes de l’incurie des adultes, sauvés par leur imagination et leur créativité ; comment oublier les aquarelles de la jeune fille muette commentée par sa sœur qui a tout compris de l’éternité qu’offre l’œuvre d’art? Alors quoi de neuf au théâtre ? MARIE-JO DHÔ Les Informelles se sont déroulées du 16 au 28 mai Holunderblute, film de Volker Koepp © Volker Koepp 50 CIRQUE MARSEILLE | MIRAMAS Ça commence par des tonnerres et des éclairs. Frissons parmi les enfants de grande maternelle et de CP. Un morceau d’arbre occupe le petit espace délimité sur la scène. Et voilà que déboule un énergumène qui trébuche, glisse sur le tronc, l’embrasse. Sans paroles, avec quelques borborygmes de temps en temps, un apprivoisement réciproque s’installe avec cabrioles et sauts qui défient la pesanteur. D’autres morceaux de bois de longueur et d’épaisseur différentes surgissent, parfois suspendus dans l’espace, manipulés à vue par une créatrice-régisseuse dans l’angle de la scène. Une musique électroacoustique participe à l’étrange ballet qui se déroule alors, entraînant le spectateur dans un univers à la fois proche du cirque et de la poésie. Sébastien Dault est d’une agilité déconcertante mêlée à cette pincée de gaucherie qui caractérise le burlesque ! Avec Katerini Antonakati il a su créer un spectacle étonnant, bel exemple du travail de recherches de l’association La Main d’oeuvres. CHRIS BOURGUE Debout de bois s’est joué au Massalia du 23 au 25 mai Nuit et lumière Tragédie ordinaire nés qui plongent d’entrée le spectateur dans un autre monde. Yaga’s fire est l’histoire d’une petite fille qui entreprend avec sa poupée un long périple initiatique à travers des forêts sombres. Leur route croise celle de personnages hallucinants : champignons géants, bêtes à plumes de toutes sortes, plantes carnivores, et surtout la sorcière hideuse Baba Yaga de la mythologie slave, qui habite une maison montée sur d’énormes pattes de coq. Un magnifique loup murmure les seules paroles audibles du spectacle avec un accent de cowboy ! Borborigmes, cris, mais aussi sons réels captés, musique originale accompagnent le voyage. Les marionnettes sont guidées par des manipulateurs masqués de noir qu’on oublie tout à fait. L’illusion est parfaite ! Les spectacles destinés au jeune public ménagent parfois des surprises immenses ! Le sujet traité par le Bouffou Théâtre dans La Mer en pointillé est éminemment sensible : un homme d’un pays de l’Est fuit pour aller voir la mer, qu’il n’a jamais vue, et traverse des contrées en vélo jusqu’à être arrêté sans papiers et renvoyé chez lui en avion alors que le but était presque atteint… En s’adressant aux enfants de La Mer en pointillé © Ouvrard Yaga's Fire, duo © Mafalda Camara Créée en 2004 à Barcelone la Compagnie Buchinger’s Boot est désormais installée à Marseille. Elle a développé un style très personnel, étrange et captivant, créant des marionnettes hybrides d’animal et de végétal, fabriquées à partir d’éléments hétéroclites et détour- Debout de bois © Mickael Troivaux Drôle de cirque 3 ans et plus, Serge Boulier prend le parti de la poésie, faisant du décor et de l’histoire un tout indissociable qui déroule, avec force rouages, manivelles, pluie de fourchettes et petit train, la candeur et l’émerveillement de ce cycliste pas comme les autres. Il ne parle pas français, mais son sabir est compréhensible, comme son raisonnement, si simple qu’il devrait le mettre à l’abri de toutes ces contingences administratives. Mais l’ordre est là qui règne, personnalisé par une douanière-partenaire de jeu finalement inflexible… Expliquer, autrement que par le seul verbe, les règles à suivre, c’est donner les outils nécessaires à la compréhension d’une lourde réalité… Lumineux ! DO.M. La Mer en pointillé a été jouée le 24 mai à la Colonne, à Miramas CHRIS BOURGUE Ce spectacle s’est joué au Massalia du 7 au 11 juin Tous les enfants grandissent... Alexis Moati a voulu «rendre Peter Pan aux enfants». Non pas les cinq petits Davies qui ont inspiré James Matthew Barrie, mais d’autres, des gosses d’aujourd’hui. Un travail effectué avec la complicité d’Aline Soler, réalisatrice sonore, et une classe de CM2 de l’école Cadenat. Les enfants sont sur scène comme dans leur école : derrière leurs pupitres, des chamailleries en sourdine avant de faire le silence et de commencer à dire chacun son texte. Et là, chapeau. Ils ont bossé ces minots, ça se voit. Ça s’entend surtout : ce sont bien leurs propres mots, leurs histoires farfelues et poignantes. On les entend même lorsqu’ils se taisent pour rejoindre les bancs du public, parce que la pièce est radiophonique et continue de résonner dans la salle. Leurs fraîches voix se mêlent, accents chantants, notes de musique... Peter Pan doit écouter dans les solives. Une demi-heure passe en un souffle, puis une rafale d’applaudissements explose. La Fondation de France qui a soutenu le projet est tellement ravie du résultat qu’une représentante est là avec un gros diplôme, qu’elle remet à la classe à titre exceptionnel. Bon pour passer en 6ème ! GAELLE CLOAREC Tous les enfants grandissent a été créé au Massalia le 31 mai Peter Pan (© James Matthew Barry), dont est inspirée la pièce radiophonique Tous les enfants grandissent SAISON RÉGIONALE RUE ET CIRQUE | PISTE D’AZUR CIRQUE 51 Cirque au kiosque grinçant, le duo titille nos nerfs ; il nous emporte aussi sur les ailes de la nostalgie, grâce aux bulles de savons, plumes, boîtes à musique et autres coiffures délirantes, comme ce casque orné de coquillages et surmonté d’un dinosaure en plastique ou ce sombrero-manège… Un univers singulier, plus adapté aux grands enfants qu’aux très jeunes. FRED ROBERT Llenties i Marabu a été joué par Jordi Aspa et Bet Miralta dans le kiosque à musique de La Canebière, à Saint-Rémy, Martigues et Salon À venir Saison régionale Rue & Cirque Le grand C, par la Cie XY Théâtre Silvain le 18 juin La Valette du Var (83) le 23 juin Pernes les Fontaines (84) le 24 juin Spectacle précédé le 17 des Impromptus de la compagnie XY dans les rues de Marseille www.karwan.info Llenties i Marabu, Escarlata Circus © Carles Castro Depuis peu, le haut de la Canebière voit fleurir un bouquet de spectacles gratuits. Une jolie éclosion, culturelle et festive, qui, on l’espère, survivra aux beaux jours et rendra à cet espace ses couleurs. C’est dans ce cadre qu’ont eu lieu les représentations de Llenties i Marabu, spectacle poétique et décalé mené en 30 minutes chrono par les Catalans de choc d’Escarlata circus. Après avoir reçu son ticket d’entrée, contre «un euro ou un grand sourire» (devinez ce qu’ont fait la plupart des gens), le public grimpe les marches et se juche sur les gradins d’un petit cirque qui épouse tout juste la rondeur du kiosque. Paille sur le sol, rideaux cramoisis et panthère, le décor est planté. Débute alors ce qui pourrait n’être qu’une sorte de revue parodique et cocasse… sauf que ce n’est pas tout. Ce bref spectacle met en scène nos représentations de la représentation circassienne. Rien d’étonnant alors que ce soient surtout les adultes qui se délectent des numéros ringards d’Alfonso, hercule de foire sur le retour, avec rouflaquettes, pantalon bouffant et bedaine triomphante, ou des coups de fouet et du rire menaçants d’une Ludmilla-Cruella à cheveux rouges et bottes compensées. De son humour Surtout pas lénifiant Le Bonheur est dans le chant, Les Grooms © Guillaume Baptiste Le Bonheur est dans le chant de la Cie les Grooms revient aux fondamentaux du spectacle de rue. Surprenant, participatif, festif, il n’en est pas moins militant… Commençant comme une cérémonie officielle accompagnée par une harmonie tout aussi (peu) municipale, le spectacle se présente comme une apologie du bonheur de vivre, rapidement interrompu par un horrible grincheux fascisant, un rasta béat qui aimerait connaître la saveur du malheur, un couple adultère, et quelques surprises de taille portées par des chorales de choc dissimulées… La petite fanfare des Grooms est excellente, s’amuse à danser, pince sans rire, participant pleinement à la théâtralité que les comé- C’est sous un ciel d’orage éclairci par les accords tonitruants de la fanfare du pays de Grasse 12°5 à l’ombre que le public fut invité à découvrir les Demoiselles en piste croisées, spectacle de la promotion 2009/2011 du centre régional des arts du cirque Piste d’Azur proposé par le Théâtre de Grasse en clôture de saison. Un «spectacle» qui n’en est pas un faute d’une mise en scène, d’une direction d’acteurs et d’une chorégraphie consistantes, et se perd dans une succession d’historiettes incompréhensibles et finalement pas très utiles. Car l’essentiel des Demoiselles en piste croisées n’est pas là, mais bien dans l’énergie et la générosité des jeunes artistes en formation, leur envie sincère de rencontrer le public, leur indéniable talent à passer d’une technique à l’autre en un tour de piste : fil d’équilibre, mât chinois, tra- pèze ballant… Sans compter que tous ou presque chantent (l’absence de sonorisation de la chanteuse est pénalisante), composent à la guitare et à l’accordéon, jouent la comédie avec un égal plaisir. Là encore la comédie se dilue : on aurait préféré que les situations cocasses, équivoques, voire absurdes se racontent à travers le jeu des corps prêts à en découdre avec l’équilibre, le vertige ou la contorsion… Bref, à force de trop vouloir nous raconter d’histoires, les numéros ont perdu un peu de leur saveur. M.G.-G. Demoiselles en piste croisées a été joué les 7 et 8 juin sous le chapiteau Piste d’Azur à La Roquette/Siagne Demoiselles en piste croisees © Piste d'Azur 12°5 à l’ombre diens/chanteurs pratiquent avec brio. Enfin se pose, pertinemment, la question du bonheur aveugle qui peut abolir la révolte. Rire et chanter dans le plaisir partagé de la surprise, sous le soleil, a entrainé au long de la promenade un public nombreux et complice. Mais qui à la fin prend l’allure d’une manif contre la consommation, les Rollex et la réussite : si Le Bonheur est dans le chant, il s’entonne aussi le poing levé. A.F. Le Bonheur est dans le chant s’est joué à Marseille et dans le Var du 31 mai au 7 juin dans le cadre de la tournée RIR et de Reg’arts 52 DANSE CHÂTEAU ARNOUX | MARSEILLE | NÎMES La Ville, le Virtuel, et le bel aujourd’hui Château Arnoux a eu le privilège de voir la concrétisation d’une année de recherches, de tâtonnements du collectif Nomade Village Une place, la nuit. Des colonnes de cartons, immeubles lumineux, écrans sur lesquels les villes s’animent, Savigliano, Marseille, Osaka… Les images débordent des écrans, superposent d’autres villes d’autres lieux sur les façades, les cartons constituent de nouveaux supports aux images des danseurs, comme défragmentées, étirant leurs bras vers d’inatteignables horizons… Les foules tournoient entre des lignes de béton abstraites, la musique émerge des bruits de la foule, gestes, simples, répétés, qui s’emportent soudain jonglant entre le dérisoire de la condition humaine, et ses aspirations à survivre dans des lieux qui la nient. La musique de Philippe Domengie, de Timbre Timbre ou de Lounge Lizzard, enveloppe tout cela, tisse de nouvelles correspondances. Quelques spectateurs s’intègrent à la chorégraphie, on se déplace au gré des évolutions, l’appréhension du spectacle est dynamique, vivante. Nous sommes tous des corps de ville, évoluant dans le prisme des informations des panneaux publicitaires, des lumières, des architectures. Les danseurs grimpent à l’assaut des murs, émergent du béton, soulignent la dichotomie irréductible entre l’humain et le monde minéral dans lequel il évolue. Le monde contemporain lui échappe, la ville dédaigne ces corps qui ne savent même plus trouver le confort d’un fauteuil, le cheminement d’une route, la main tendue d’un ami. Des corps de ville © Le Nomade Village où la place de la danse s’était comme dissoute dans la fascination de l’outil vidéo, avec un propos éloigné du spectacle présenté en danse de rue dès juillet 2010. Aussi est né un diptyque, Des corps de ville et Ubik, qui sera plus axé sur la performance multimédia et qui verra le jour à Martigues au printemps prochain (voir p 34). Il sera monté en collaboration avec le collège Wallon et le lycée Lurçat. Le collectif Nomade Village réalise ici un projet d’une belle envergure qui concernera ensuite trois capitales culturelles Maribor (Slovénie) Guimarães (Portugal) et Marseille Provence. Mais, parler d’achèvement est réducteur pour cette troupe polymorphe, chaque spectacle étant conçu comme une étape dans la réflexion, sur le monde ses rapports avec l’art, la vie. Aboutie, cependant… Les moments chorégraphiques, fragmentés dans les différents lieux, virtuels et réels, trouvent ici une unité profonde qui interroge le public, à la fois spectateur et acteur, qui constate le non sens de l’individualisme que la ville induit par sa nature même. Intéressante parabole que la reprise du thème des chaussons rouges par un danseur aux castagnettes qui l’entraînent dans un mouvement sans échappatoire… Parfois le propos se teinte d’humour, joue sur la polysémie des clichés, ce qui ajoute au charme de ce spectacle dans lequel 5 danseurs venus d’horizons différents, cirque, acrobatie, danse classique, contemporaine, croisent leurs techniques en un travail très maîtrisé. En fait, ce projet, qui chemine depuis avril 2010 à Savigliano, dans le cadre du projet transfrontalier CAT, est d’une si grande richesse qu’il n’arrivait pas à tout rassembler, comme on avait pu le voir lors de la représentation du 9 octobre dernier à Savigliano, MARYVONNE COLOMBANI Dernier hommage au mythe La musique ouvrait la manifestation le 16 mai au Carré d’Art avec les prestations sonores des alchimistes du son : David Berham (QSRL 2), Jesse Stiles (For Scutopus, on the Rooftop) et Kosugi (Cycles), précédés de Four (Cage), œuvre dans laquelle la clarinettiste Carol Robinson, fidèle à l’esthétique de Cage, rajoute une touche électro-acoustique dans ses interventions aléatoires. Les élèves auraient-ils dépassé le maître en produisant une ambiance sonore saisissante, générée par une installation électronique interactive relayée par une amplification polyphonique exemplaire ? De quoi ouvrir nos sens à des créations sonores insoupçonnées dans des conditions optimales de sonorisation : Event, création commune, le confirmait. Les 17 et 18 mai, la MCDC faisait revivre l’esthétique Pondway, Merce Cunningham Dance Company © Carol Pratt Le duo Cage-Cunningham a revécu au Théâtre de Nîmes, pour un spectacle d’autant plus émouvant qu’il marque une des dernières représentations de la Merce Cunningham Danse Company de l’enfant chorégraphique du Black Mountain College : Pond Way sur un fond sonore minimaliste de Brian Eno évoquait une plastique sensuelle et collective par ses déséquilibres récurrents, adoucis par des costumes blancs évanescents. Plus centré sur l’individu et ses dédoublements, Quartet faisait renaître la présence du chorégraphe sous les traits de l’un des danseurs au mimétisme frappant catalysé par la bande son de David Tudor. Sur fond de scène baroque matérialisé par des drapés savamment plissés, c’est à nouveau une musique puissante de Tudor aux allures de volière buissonnante qui générait des envolées finement combinées. Cette dernière chorégraphie de 1975, nous faisait mesurer l’évolution de notre perception et soulevait à nouveau, ne serait-ce que par son titre Sounddance, les rapports musique/ dance remis en question par Cage et Cunningham. PIERRE ALAIN HOYET À noter Le MCDC dansera Nearly 902 lors du Festival de Marseille (voir p 42) MARSEILLE | AIX | AVIGNON | NÎMES DANSE 53 Comme on ne la verra plus… Martine Pisani, as far as the eye can hear, Friche Belle de Mai 2011 © Francis Blaise et cette inscription en néons écrite en majuscules, V.I.D.E., qui résonna étrangement… ligne en se focalisant sur la construction de l’espace. Après une rencontre-repas aux Grandes Tables de la Friche avec Patrick Bouchain et Jean-Luc Brisson en maîtres de cérémonie, les plus intrépides et les moins affamés se retrouvèrent sur le toit-terrasse avec le Groupe Dunes. Car la friture d’épluchures en apéritif, la soupe de légumes bue à même la feuille de chou et le breuvage servi dans la brouette ne pesèrent guère sur leur estomac… Bref, la fin de soirée fut calme sur les hauteurs de la Belle de Mai, entre jardins minimalistes, vague lumineuse, installation sonore, Barbara éternelle Solo danse autour des chansons de Barbara, Marie-Helene Desmaris © X-D.R Gageure que de rendre hommage à Barbara, l’indéfinissable… Les chansons de la dame en noir ne passent guère sur les ondes. L’oubli insidieux guette les enfants de Göttingen, la pluie qui tombe toujours sur Nantes, l’aigle noir et ses yeux couleur rubis, le mal de vivre, la légèreté de l’amoureuse et de la malheureuse… MarieHélène Desmaris se laisse porter par les mots, les rythmes… ses immobilités se nourrissent de sens, puis le corps s’emporte soudain, quand Barbara interprète Sur la place de Brel. Grâce à la mise en lumière, le regard accroche les spectateurs, les interroge, anime les textes de tensions nouvelles. Puis la voix parlée de la chanteuse évoque son travail, ses aspirations… Il y a quelque chose de profondément vrai dans ce spectacle, avec le choix d’interviews, d’enregistrements en public, dans lesquels la voix se développe avec son grain, son épaisseur humaine. Dimension que la semaine de résidence à Théâtre et chansons a permis de peaufiner, même si la danse pourrait gagner à s’affranchir du minimalisme. MARYVONNE COLOMBANI Spectacle donné à Théâtre et chansons, Aix les 28 et 29 mai À venir Festival off du 8 au 31 juillet à 21h15 (relâche les 19 et 24 juillet) Théâtre Isle 80, Avignon 04 88 07 91 68 http://isle80.wordpress.com M.G.-G. Le temps fort Entrez c’est le chantier ! se déroula du 21 au 25 mai Le nouveau directeur de Système friche Théâtre vient d’être nommé, il s’agit d’Alain Arnaudet. Portrait de l’homme et du lieu dans le prochain numéro de Zibeline. Le corps, l’image et le discours Le duo théâtre et danse de Yan Gilg et Hamid Ben Mahi relève d’une entreprise édifiante plus que nécessaire : joué à l’Espace Busserine au cœur des HLM du Merlan devant un public de jeunes des cités, il porte une parole documentaire historiquement juste et intimement sensible, sans agressivité ni dérive, avec ce qu’il faut de révolte et de distance. Le travail sur les images documentaires est parfait, la musique passe avec pertinence du souvenir traditionnel au rap qui, en France, est né de l’immigration. Yan Gilg slame et joue avec l’histoire de la décolonisation algérienne, disant avec une belle sensibilité l’humiliation des «indigènes», et toutes celles qui ont suivi. Mais trop de faits tuent l’effet, et il perd parfois son public dans ces énumérations successives qui toutes disent le même besoin de reconnaissance. Hamid Ben Mahi, avec sa danse toujours aussi magique, si fluide, précise et virtuose, attrape aux corps ces jeunes plus efficacement. Entraînés par cette souffrance et cette révolte incarnées, assimilées, réfléchies, apaisées sans reniement, il est le portrait vivant, en mouvement, de l’histoire de leurs pères. Visible soudain, et acceptable, comme une filiation enfin possible. © X-D.R La Friche la Belle de Mai rivalisait d’imagination en ces temps d’au-revoir, comme ce 25 mai où le public courut le marathon à l’invitation de Système Friche Théâtre, du Groupe Dunes et de Marseille Objectif Danse ! D’abord «dedans» avec MOD pour découvrir l’installation vidéo de Daniel Larrieu, Ice Dream, prétexte à une expérience de la marche silencieuse. Une parenthèse de zenitude sur cette planète affolée, sur les traces d’un chorégraphe-arpenteur des paysages de la côte Est du Groenland où toute présence humaine pourrait paraître comme une odieuse faute de goût. Sauf que Daniel Larrieu est homme des espaces vierges, que sa caméra caresse l’herbe et la glace sans les déflorer et que sa danse se fond dans l’immensité : il dérive, seul, sans jamais bousculer l’ordre naturel des choses. L’ex-directeur du CCN de Tours s’offre une virée au pays de la lenteur, de la contemplation, tel une vigie inattendue : son travail, scénographié avec soin pour la Friche, en laissa plus d’un décontenancé : tant de silence, tant d’images simples, de mouvements imperceptibles… Ensuite «dehors», toujours avec MOD, mais de manière plus bruyante et chaotique : le public s’amusa dans un premier temps des pérégrinations du trio performatif de Martine Pisani, as far as the eye can hear, rencontre improbable sur le parking de la Friche entre les Pieds Nickelés et un Buster Keaton désorienté, avant de réaliser que cette proposition qui «ambitionne la construction du temps» avait dévié de sa A.F. Beautiful Djazaïr a été dansé à l’Espace Busserine, Marseille 15e, le 28 mai 54 MUSIQUE FAIL 13 | TRETS | LE PANIER Tournée générale ! Ils sont jeunes, ils sont fougueux, ils ont senti l’appel des planches, mais c’est dans la rue qu’ils ont crié à pleins poumons les textes choisis d’un répertoire urbain. Élèves du Conservatoire d’art dramatique de Marseille, encadrés par le Théâtre de la Mer, les Crieurs Publics se sont emparés du fruit de trois ans d’ateliers d’écriture à La Joliette. Sur le parvis de l’Hôpital Desbief, dans la cour de l’école Vincent Leblanc, on a pu les entendre clamer les mots des habitants du 2e arrondissement. Aucune structure sociale dans le quartier d’Euroméditerranée, qui abrite pourtant, une fois les costumes-cravates enfermés pour la nuit dans leurs résidences, une population qui en aurait besoin. Qu’à cela ne tienne ! La culture résiste encore, ici comme ailleurs à Marseille, grâce à l’œuvre de fond menée par les artistes avec l’équipe du Contrat urbain de cohésion sociale. Au programme de la Tournée des arts, une magnifique exposition de sténopés (toute une réflexion sur la thématique de l’enfant dans la ville), des projections, des installations, et une qualité d’écriture travaillée sur le long terme. Les textes criés à l’école ont ainsi été retenus par des comités de sélection composés de représentants des élèves, des parents, des instituteurs. Tout le monde a participé, et le résultat est frappant : voir une fillette oser déclamer son texte devant une assemblée d’adultes attentifs alors qu’elle ne parlait peut-être pas français il y a seulement un an, c’est non seulement touchant, mais c’est beau. GAËLLE CLOAREC La Tournée des arts s’est déroulée les 24 et 25 mai dans les quartiers Joliette-Pelletan Crieurs publics à l’école Vincent Leblanc © Laura Cardile Fous d’équilibre Le service culturel de Trets organisait pour la troisième année une journée Perform’Art, consacrée cette fois à l’équilibre. Les installations dans la salle voûtée du château évoquent par leurs architectures les équilibres délicats de la lumière, des formes ou des sons. Les fiches de commentaires conduisent à de délicieuses dérives vers le Tétraktys de Pythagore, l’harmonie des sphères platonicienne ou à la linguistique structurale… sans pédantisme cependant, seulement l’invite provocatrice à penser plus loin que le Equilibre © X-D.R. regard… Équilibre aussi avec une initiation au slackline, un sport neuf ludique entre deux arbres. La population participe à la fête, chorégraphies répétées par des primaires, promenade avec la cie Tutti Frutti entre les averses… Et le clou de la journée, le spectacle Ivre d’équilibre de Pascal Rousseau sur des compostions originales d’Éric Bono. Poésie puissante du texte (Anne de Commines), souplesse, élégance de chaque geste, inscrit dans l’espace comme une évidence. Maîtrise, délicatesse du rapport aux choses. Le corps devient une sculpture vivante, dont chaque pose s’accorde au souffle et au monde. Le minéral dessine de nouveaux symboles, sable qui s’écoule indéfiniment, pierres qui s’équilibrent : le temps, l’immobilité… entre les deux, la quête peut commencer, rythmée par les sages paroles du grand-père. La vie est une montagne qu’il faut escalader, marche difficile, mât, rouleaux, fil… au sommet, il faut encore grimper… dépassement de soi pour se connaître enfin… Le public participe à cette élévation, les gros bras tendent les cordes, portent la planche d’équilibre… Magique, à la fois beau et intelligent ! MARYVONNE COLOMBANI Perform’Art a animé la journée du 4 juin à Trets Plein Panier 18 ans, la majorité : on est encore très naïf, mais on entre dans l’âge adulte. Pour une fête de quartier, c’est très honorable, on a fait ses preuves, ça ne vaut pas les vingt ans mais on y est presque. Alors cette édition 2011, qu’a-t-elle donné ? De la procession religieuse aux saucisses grillées, en passant par la fanfare, le bal des enfants et les concerts nocturnes, on peut dire que les traditions ont été respectées ! Les associations du Panier, parfois plus vieilles que la fête elle-même (comme la fameuse SA du Raï, pour «Smala Active du Rayon Animat Incolore», qui fête ses 20 ans d’actions dans les rues, elle), entendaient bien ne pas laisser leur territoire aux hordes de touristes assoiffés. «On a bloqué la place du Refuge complètement. Les jeunes préparent les sardinades, on a invité la population. Ça fait trois mois qu’on est dessus, les enfants ont participé, les adultes, les papys, les mamies.» Et la présidente de râler : «Puisqu’on y est, on peut parler du quartier ? Ils sont en train de nous le changer, et on en a marre parce qu’il n’y a que les gens qui ont des sous qui viennent, et nous on n’en a pas. On est un peu regardés de travers. Mais on tiendra le coup, on ne partira pas de notre quartier parce qu’il est à nous !» Fete du panier 2010 © Mathieu Mangaretto Ah ça, on peut dire qu’il a un peu changé : entre la boutique de Plus belle la vie et les boouh-rgeois bohèmes qui s’installent à tour de bras... mais sous les flon-flons de la Fête, et tous les jours de l’année, la résistance s’organise. Ils ne laisseront pas les riches tenir le haut du Panier ! GAELLE CLOAREC La Fête du Panier s’est tenue les 10 et 11 juin JAZZ MUSIQUE 55 Wesley se la joue jazz Le tromboniste acolyte de feu James Brown était l’un des invités du festival Tighten up, à Marseille délicatesse. À bientôt 70 ans, Fred Wesley garde le sourire ébahi d’un enfant lorsqu’il écoute les solos de ses complices ou qu’il engage avec eux quelques pas de danse, sur la scène d’un Cabaret aléatoire insuffisamment garni pour l’événement. Inventeur d’un phrasé au trombone reconnaissable entre tous, celui qui travailla également au côté de Maceo Parker, Pee Wee Ellis puis avec la grande tribu de George Clinton, sait aussi se distinguer par ce qu’on appellerait de nos jours un flow, qui en fait le modèle de toute une génération de hip-hop comme de R’n B. Ce qu’il confirma sur un de ses tubes : We gonna have a funky good time. L’apothéose d’une Il aura fallu attendre la dernière demi-heure de concert pour replonger dans la grande époque où il dirigeait les JB’s. Ces années où son compagnon de route, le parrain de la soul en personne, l’avait déclaré «tromboniste le plus funky de tous les temps». Mais c’était oublier que Fred Wesley, qui entra à la fin des années 50 dans le Count Basie Orchestra, était capable d’assumer la double casquette du jazz et du funk. Que ce soit avec ses New JB’s qui l’accompagnent aujourd’hui ou les anciens, il n’a perdu ni la main, ni le souffle. Et encore moins le nez de dénicher des musiciens d’exception pour former un jazz-funk band qui fait monter le mercure, tout en Fred Wesley © X-D.R. soirée qu’il allait finir assis derrière une table, à dédicacer son dernier album. Difficile de résumer un demi-siècle de légende en une heure et demie. THOMAS DALICANTE Progressif du Nord Douzième édition pour Prog’Sud, festival dynamique qui s’inscrit dans la grande lignée du rock progressif né dans les années 60. Une soirée supplémentaire -le festival s’étale sur quatre soirées au lieu de trois- et une pléiade de groupes internationaux, venus pour une fois plutôt de notre Nord (Belgique, Pays-Bas, Finlande, Hongrie, Cuba et France) à raison de trois groupes par soir. Jeunes et moins jeunes, mais avec la même énergie, se retrouvent sur scène comme dans la salle. Le public est au rendez-vous, l’ambiance bon enfant, on vient pour écouter une musique de qualité que les ondes ignorent. Le 3 juin a vu un bel enchaî- rock symphonique et progressif : hormis la belle prestation des différents solistes, on avait plaisir à entendre la voix du chanteur du groupe, son ample tessiture et son interprétation nuancée. Enfin, Pat O May conjugue rock prog et musiques ethniques, le celte s’envole en superbes riffs de guitare, la batterie crée des ponts entre les genres… Une énergie communicative ! M.C. The black noodle project © X-D.R. nement des groupes, chacun avec son timbre propre : classique avec une tonalité psychédélique pour The Black Noodle Project (France), de bons solos Le chant profond de la mémoire de guitare, un sacré tempo, un enthousiasme juvénile ; Anima Mundi apportait la preuve que Cuba ne danse pas que la salsa et la samba, avec un Fuensanta La Moneta © Luca Fiaccavento Le VIIe festival international de Flamenco a donné des accents de Jerez, le berceau du flamenco. Le public amateur souligne les voltes, les solos de guitare, la justesse des palmas de Fuensanta «La Moneta», toute de tensions, corps arqué à l’extrême, doigts modelant l’air, visage expressif. Intériorité des gestes, élans sauvages. Une danse comme un exercice de tauromachie, précise et emportée. La Moneta emplit l’espace avec puissance, portée par le jondo, le chant profond du flamenco superbement interprété par Enrique «El Extremeño», et à la guitare par Miguel Iglesias et Miguel «EL Cheyenne» aux percussions. La qualité des musiciens se retrouvait aussi pour le spectacle Los puertos de mi memoria, qui retrace l’évolution du danseur Juan Ogalla, son esthétique d’arrêts sur image, avec des variations soudaines de vitesse. On retrouve dans ses pas la belle influence d’Antonio Gades pour lequel il dansa à maintes reprises. Almudena Serrano apportait par ses sa vivacité un certain humour, ah ! ce geste précis du pied renvoyant la traîne ! Un soupçon de légèreté face aux chants tragiques… MARYVONNE COLOMBANI Ces spectacles se sont déroulés les 19 et 21 mai au Toursky Le Festival Prog Sud a eu lieu du 1er au 4 juin à la salle Jas Rod (Les Pennes Mirabeau) 56 MUSIQUE JAZZ | DU MONDE Jazz / Découvertes Avec des cris d’oiseau DAN WARZY À l’initiative de l’équipe du Cri du Port, le premier tremplin-jazz est tout d’abord un moyen pour les formations musicales de partager un travail collectif et de rencontrer un public. Trois lauréats pour la finale. Le trio de Félix Marret démarre et produit un set plein d’énergie avec d’excellentes parties improvisées ; le trio toulonnais One Step envoie un très bon programme de standards. Le quartet d’Elsy Fleriag donne par la voix de la chanteuse quelques beaux scats, parfois en créole de Martinique, avec une batterie toute en finesse à l’écoute de cette voix. La robe d’Elsy est rouge et verte, couleurs complémentaires qui lui ont porté chance au final, puisqu’elle a remporté ce Tremplin. Une mention spéciale est attribuée par le jury, au contrebassiste Adrien Coulomb du One Step pour sa présence, et son intuition créative. Emilie Lesbros © Dan Warzy Nous invitions nos lecteurs, après l’écoute du CD d’Émilie Lesbros, à son concert au Cri du Port le 24 mai (Zib’41). Ayant encore en mémoire auditive les diverses pistes musicales, certains ont ainsi pu assister à la cuisine visuelle de la chose. La chanteuse les entraîne dans son monde à coup d’archet déglingué en guise de baguette magique : une guitare basse est jouée avec des percussions ou bien à l’archet ; penchée, la tête dans le piano, Emilie Lesbros fait résonner une petite musique mécanique qui évoque de lointains moments de l’enfance. Ou lance un cri d’oiseau, Fruiti-ti-ti-ti-ti ! L’utilisation détournée des instruments accentue l’effet d’irréalité. Le concert se termine dans l’intensité et la concentration, Emilie accompagnant elle même son chant au violon, et emportant l’adhésion du public subjugué. D. W. Poétique du subconscient Raulin, pianistes à la longue connivence, ont invité Christophe Monniot aux saxophones, Jean-Marc Folz aux clarinettes et Sébastien Boisseau à la contrebasse dans un projet musical et visuel sur le petit personnage de Little Nemo © Dan Warzy Nemo et de ses folles aventures. C’est lors du festival Jazz in Arles que ce dispositif d’images animées par Fred Ladoué, à la fluidité relativement étrange, est projeté au public. Le talent des musiciens est en parfaite symbiose avec l’imaginaire fantastique de Winsor McCay. Ce dialogue inspiré se construit avec de belles évasions en improvisations ayant pour fil conducteur les pérégrinations de ce héros de BD qui finissent toujours par le réveil brutal de Little Nemo au pied de son lit. Un très beau voyage musical. D.W. Ce concert a eu lieu au Méjan le 18 mai Little Nemo réalisé par Orietta Garzanti en 1969 et édité par Pierre Horay en 1974 So many splendid sundays – Sunday Press Book maquette de Philippe Ghielmetti Elsy Fleriag 4tet © Dan Warzy Winsor McCay est l’auteur de la bande dessinée Little Nemo in Slumberland : le grand livre des rêves qui paraissait épisodiquement dans deux journaux new-yorkais durant les années 1905 à 1914. Stephan Oliva et François Le 1er Tremplin Jazz 2011 a eu lieu le 26 mai au Cri du Port, Marseille Voyages afghans En ouverture d’un nouveau festival de musique indo-persane, Marseille accueillait deux légendes vivantes d’Afghanistan Un maître de la musique traditionnelle afghane en lancement de saison. La mairie du premier secteur de Marseille n’a pas choisi la facilité en entamant la programmation de l’été au Théâtre Silvain par la soirée d’ouverture du premier Festival de musique et contes indo-persan, proposé par l’association Ushpizin. Le site en plein air, jusque là sous-exploité bien qu’à deux pas de la Corniche, s’est pourtant révélé en écrin idéal pour accueillir Door Mohammad Keshmi. Virtuose du ghishak, vièle originaire de la province du Badakhan, au nord-est de l’Afghanistan, maître d’un chant porté par sa voix pénétrante, il est accompagné de Gada Mohammad, autre référence, mais du dotâr cette fois, luth à deux cordes. Puisant alternativement dans les répertoires savant et populaire, les deux mémoires vivantes de la musique afghane entourées d’autres musiciens de renom, ont vite fait oublier les clichés dont souffre depuis trop d’années leur pays, et ont permis d’entrevoir la réalité de son histoire et de sa culture : un carrefour de civilisations où se croisent et s’entremêlent les influences persanes, indiennes ou d’Asie centrale. Dans le public, de nombreux membres de ces communautés ont envahi à plusieurs reprises la piste pour y danser leur joie… THOMAS DALICANTE Door Mohamad Keshmi © Kamrouz show 58 MUSIQUE OLLIOULES | MIM | GRIM | AUTOUR DES CLAVIERS | LES FESTES Poétique du Oud Mahmoud Darwich, le poète engagé pour la cause palestinienne, reste après sa disparition le ferment d’inspiration de nombreux artistes, dont les trois frères Joubran, joueurs d’oud issus d’une longue lignée de luthiers et musiciens de Palestine. Leur collaboration avec Darwich était toute naturelle, et aujourd’hui encore ils donnent leur voix, «douleur du cœur et de l’âme» pour la Palestine : l’aîné et initiateur Samir, Adnan, le cadet, et Wissam, formé à l’école de lutherie Stradivarius de Crémone est celui qui crée de ses mains les instruments que le trio utilise. Aujourd’hui, un nouvel hommage est rendu au poète avec ce spectacle qui rencontre un grand succès. Le dialogue des trois ouds s’établit par des motifs et dans les modes de la musique tradition- d’amour à la femme aimée et à la Palestine qui se confondent : «...Je suis le voyageur et le chemin... J’exerce mon cœur pour qu’il contienne les roses. Avec sept coussins remplis de nuée légère. Attends-la...» Le trio Joubran entre alors en conversation musicale et en communion parfaite avec un extraordinaire percussionniste Youssef Hbeisch. Un spectacle envoûtant ! DAN WARZY Trio Joubran © X-D.R. nelle arabe, retrouvant ses rythmes et ses mélodies qui s’agrémentent sans rupture de modernité, pendant que s’élève la voix retrouvée de Mahmoud Darwich, dont la traduction est assurée par Elias Sanbar. Comme un poème Ce concert a été donné au CNCDC de Chateauvallon à Ollioules le 21 mai CD+DVD A l’ombre des mots Le concert de Ramallah 2009 CD AsFâr 2011 Label World Village / Harmonia Mundi MIM. Sous l’acronyme un laboratoire, un groupement d’artistes mus par une même fièvre créatrice à la recherche d’un ailleurs. Derrière le palindrome, l’expression et le désir de mettre en regard, en écho, différentes formes d’expression artistique. Le thème du concert : l’attente. Six pièces pour symboliser cet arrêt du temps, frontière invisible entre un passé révolu et un futur à venir. Deux œuvres pour piano, Cinque variazione de Berio et Ballade de Frémiot servirent de marqueur temporel à la soirée. Souvenirs du geste musical des années soixante : éclats de notes, fragmentation de l’espace, temps éclaté, musique plastique sous les doigts agiles de Jacques Raynaut. Entre ces brisures du temps, Immémorial de Pascale Weber pour dispositif multimédia ; l’enfance : scories d’un monde évanoui, échographie de moments lointains, mémoire individuelle de chacun sous fond d’images floutées. Régression totale avec Dolomythe de Nicolas Bauffe : immersion dans le monde sonore, entre ordre et chaos, dans un temps avant l’Histoire. Stance. Contresens de Claude et Jean-Pierre Moreau : instant de poésie pure où le texte se dépouille de son signifié, formant avec la vidéo la bande et l’accordéon un univers syncrétique concrétion d’images de verbe et de son. Puis S’en va le temps, création de Lysey et Solange Baron, univers nostalgique bercé par le souffle d’une éolienne. Puis le Théâtre et chansons (Aix) qui servit pour l’occasion de salle «d’attentes» put reprendre le cours normal de son existence… CHRISTOPHE FLOQUET Concert donné le 30 mai par le laboratoire de Musique et Informatique de Marseille Immemorial de Pascale Weber © X-D.R L’intuition de l’instant Des Skeletons de l’espace Invité par le Grim, le trio new-yorkais a offert aux Marseillais une part de sa créativité © Pierre Gondard On ne s’étonne plus des audacieuses surprises de la programmation du Grim, à Marseille. Fermé pour travaux, c’est donc hors les murs, au Poste à Galène, que la scène musicale de Montévidéo, a exporté le concert des Skeletons. Le trio new-yorkais y a offert un concert racé, poly-rythmé où afro-funk, free jazz, grunge, électro et autres bruitages domestiques ont rivalisé dans un univers fantastique aux effluves psychédéliques. C’est lorsqu’ils étaient encore étudiants que le chanteur Matt Mehlan et les multiinstrumentistes Jason McMahon et Jonathan Leland ont rassemblé leurs ossements pour former ces squelettes aux mélodies défragmentées. Le vaisseau Skeletons a le gaz à tous les étages et plane dans une atmosphère déjantée, où la notion d’espace et de temps n’a plus lieu d’être. Et même lorsqu’un de leurs morceaux dure vingt minutes, comme c’est le cas sur leur dernier album People, ils ne prévoient pas d’escale. Une soirée à la palette sonore infinie, qui avait d’ailleurs bien commencé avec les riffs électriques au goût de sable du phocéen Johnny Hawaï, avec en guest Kid Francescoli aux claviers et Oh ! Tiger Mountain à la guitare. THOMAS DALICANTE Le poète parle… Duchâble au sommet de son art, dans un lieu d’exception… C’est dans une ancienne église reconvertie en atelier de peinture par l’artiste François Aubrun, que s’ouvrit le 5e festival Autour des claviers. Dans ce lieu englouti par les collines boisées du Tholonet, François-René Duchâble et Alain Carré proposèrent un concert épistolaire autour d’œuvres et écrits de Franz Liszt. Plus de deux heures d’immersion dans le XIXe, entre lettres, poèmes de Lamartine et musique de Chopin, Schumann, Beethoven ! Sous le regard des toiles de lumière, le temps se mua en instant, métamorphose du verbe en son et du son en verbe. Les premières notes liquides de l’étude Les gammes de Liszt, distillées par le pianiste, perlèrent sur l’auditoire médusé, prodrome d’un concert à venir d’anthologie. Sans rupture, les mots s’enchaînèrent aux sons pour ne plus former qu’une guirlande de signes. Le comédien, tantôt assis à son bureau éclairé par un candélabre ou debout, jetant des éclats de vers à l’assemblée, habita l’espace de sa présence. Et que dire de ce moment de poésie pure, hymen d’un extrait de texte de Lamartine et d’une pièce empreinte de mysticisme du maître hongrois ? Rien Airs de Festes L’ensemble baroque Les Festes d’Orphée livre un programme éclectique en ces mois de mai juin : le 31 mai, des œuvres de Monteverdi pour Grand chœur, solistes et basse continue, donné en l’église du Saint-Esprit. Expressivité de la soprano Laure Bonnaure dans les plaintes de la fille de Jephté (Carissimi), souples enchaînements des «lamentamiGrand choeur des Festes d'Orphee © X-D.R Francois-Rene Duchable et Alain Carre © X-D.R. de l’ordre du dicible, juste l’expression de l’ataraxie de la solitude. Violenté par la musique dionysiaque de la Méphisto Valse ou cajolé par la douceur apollinienne de La Lorelei, le public ressortit du lieu envoûté par la prestation de Duchâble, la tête dans les étoiles et le corps en lévitation à l’image de la dernière pièce du concert Saint François de Paul marchant sur les flots. Unique ! CHRISTOPHE FLOQUET À noter Autour des claviers se poursuit jusqu’au 19 juin 04 42 96 96 96 www.autourdesclaviers.com ni» de la déploration du chœur… Belles articulations, diction juste, délicatesse du Pianto della Madonna, entrain du Venite e videte. Un Jacques Losse en grande forme, un chœur enthousiaste, avec une circulation fluide des thèmes entre les pupitres, une vraie fête baroque où l’on goûte avec plaisir le Grand Motet (Lauda Jerusalem) et des extraits du premier acte de l’Orfeo de Monteverdi… Le 4 juin, place était laissée à la société de Musique Ancienne de Nice en la Chapelle du Sacré Cœur pour un concert dédié à Jean Sébastien Bach. Alternance de concertos (Brandebourgeois, BWV 1052), extraits de la messe en la majeur et de passages solistes avec des Cantates. Les célèbres Ich habe genug ou Deine Sachsen, dein bestürztes Meißen étaient portées par la voix bien placée, toute de nuances de Claire Gouton, flûtes au jeu délié et aérien, violon virtuose de Flavio Losco qui dirige aussi l’ensemble. Un spectacle d’une grande qualité. M.C. Concerts donnés le 31 mai par les Festes d’Orphée, dirigée par Guy Laurent et le 4 juin par la Société de Musique ancienne de Nice 60 MUSIQUE GTP | AVIGNON | FEST. DE MUS. SACRÉE | OPÉRABULLES L’Opéra façon «world» © Piero Tauro Prenez une flûte, de préférence enchantée, un Orchestra di Piazza Vittorio (ensemble cosmopolite mêlant le trombone, la flûte des Andes, le djembe, la kora…), quelques chanteurs, indiens, anglais… et un montage vidéo (dessins, peintures…). Brisez l’œuvre de Mozart en petits morceaux, incorporez un narrateur et faites fondre l’histoire. Ajoutez un Papageno, grand, noir, treillis, rangers, gibus rouge vermeil, une Pamina, type chanteuse hippie pieds nus sortie tout droit du concours de l’Eurovision 1978, une Reine de la nuit hystérique mi Nina Hagen mi Edith Piaf , un Tamino et un Sarastro c’est trop ! Reconstituez une trame à grands coups de pinceau en éludant toute la dimension symbolique et ésotérique. Constituez différentes couches à partir de chansons variétés, pop, choral à la manière de Kurt Weill et jazz métissé façon Uri Caine. Liez l’ensemble avec des arrangements de Leandro Piccioni mâtinés de synthétiseur et cordes à la Morricone. Saupoudrez abondamment de rythmiques afrocubaines, mélodies arabo-andalouses et arrosez le tout voluptueusement de pastiche. Laissez le dernier zeste au chef Marion Tronco et dégustez. Un dessert de fin de saison à consommer sans modération. CHRISTOPHE FLOQUET La Flûte enchantée a été réinterprétée au GTP les 24 et 25 mai Heureuse relecture ! Bulles de Champagne D’emblée, dans un décor aux murs tagués, quelques enfants gitans sur scène maîtrisent guitare et chant et ajoutent un prologue à l’Ouverture. Plus de soldats courtois, de jupes affriolantes et de couleurs vives, d’affectations hispanisantes : c’est d’une vieille voiture parquée dans un hangar, visité pour l’occasion par une foule populaire, que sort Beatrice Uria-Monzon, superbe Carmen, vêtue d’une simple robe noire. Dès les premières notes de la Habanera, la magie opère : sa voix chaude, profonde et très sensuelle, colle merveilleusement au personnage ! Tous les airs et duos sont applaudis avant qu’au dernier acte, la mise en scène ne bouleverse le dénouement traditionnel : Micaëla (Sophie Marin-Degor), si discrète d’ordinaire, assistant à la dispute entre Carmen et Don José (merveilleux Jean-Pierre Furlan) sort un revolver d’une de ses poches et tue Carmen d’une balle… Du début à la fin, il semble qu’on n’ait jamais vu Carmen auparavant, l’œuvre lyrique pourtant la plus jouée dans le monde depuis plus d’un siècle. «Apprendre et réapprendre la liberté de Carmen, voilà une rude tâche» dit Nadine Duffaut. Malgré quelques «sifflets» discrets en fin de spectacle, le public a salué vivement et longuement les chanteurs, chef d’orchestre et metteure en scène qui souhaitent «ne jamais oublier que ce chefd’œuvre de Bizet doit continuer de vivre». Vivre en Champenois accorde sans doute certaines prédispositions, le sens de l’humour, de la fête, de la légèreté… C’est ce que tendrait à démontrer l’ensemble vocal OpéraBulles, sous la direction de Cyrille Serio. Appréhension gourmande du chant pour un concert d’une grande qualité. Les six voix sonnent comme un chœur, le Lacrimosa du Requiem de Mozart emplissent de leurs harmoniques les voûtes de l’église Saint Esprit, et offrent un festival de solos, duos, scènes de groupe, avec un allant et un enthousiasme communicatif. Pas de partitions, qui rendent les représentations statiques, mais une mise en scène pleine de fantaisie, agrémentée de commentaires riches et drôles, cultivant le goût de l’anecdote. Comme celle de la partition de César Frank perdue 50 ans sous la masse immobile d’un harmonium… De la Séguedille de Carmen à Over the rainbow, l’Ave Maria de Donizetti ou Harry Potter, les morceaux populaires se succèdent, avec des voix bien placées, de superbes pianissimi… Une capacité d’émerveillement d’une délicieuse fraîcheur, le tout accompagné avec brio par le piano. © Cedric Delestrade La mise en scène osée du chef-d’œuvre de Bizet signée Nadine Duffaut a fait sensation fin mai en Avignon CHRISTINE REY M.C. Le concert d’Opérabulles s’est donné à Aix, Salon et Arles du 9 au 11 juin OperaBulles © X-D.R. Oratorios sacrés The King's Consort © Keith Saunders L’Oratorio sacré constitue la forme par excellence de la dramatisation d’événements religieux. Proche de l’Opéra, il s’en distingue par son exécution sans décor ni action scénique : une sorte d’opéra de concert sur un sujet religieux. Ces ouvrages constituent les piliers des Festivals de Musique Sacrée qui fleurissent partout. Pour la clôture de sa 16e édition, le 1er juin à St-Michel, celui de Marseille programmait un oratorio de jeunesse de Haendel, représenté en italien à Rome en 1708, une bonne trentaine d’années avant les fresques qui firent son succès à Londres et dont Le Messie (1741) demeure l’archétype. La Resurrezione fait revivre deux actions du Vendredi Saint et du jour de Pâques, Marie-Madeleine et MarieCléophas pleurant la mort de Jésus, consolées par Saint-Jean, et le combat symbolique de l’Ange et de Lucifer précédant la «Bonne Nouvelle». Le célèbre et trentenaire King’s Consort (l’ensemble britannique compte une centaine d’enregistrements !) a servi cet ouvrage rare avec métier. Au hautbois baroque, à la viole de gambe ou au théorbe, sur l’orgue, le clavecin ou à la trompette naturelle, les instrumentistes ont révélé les talents de coloriste du jeune Haendel, de superbes contrastes sonores et dynamiques, quand les cinq solistes ont rivalisé en vocalises furieuses, en expressions tendres ou tristes au service d’une écriture «symboliste». On regrette cependant l’absence d’un sur-titrage qui aurait permis de mieux comprendre le sens des récits et des airs. Le Festival de Musique Sacrée de Marseille offre aussi des concerts gratuits donnés par les élèves du Conservatoire de Marseille. Ainsi le programme d’Airs sacrés romantiques, présenté par la Classe de Chant d’Isabelle Vernet, a fait se lever d’un bond l’auditoire (venu en foule le 30 mai à la Basilique du Sacré-Cœur) aux derniers accords tonitruants de Gallia, oratorio composé par Gounod en 1871. Cette élégie biblique, tirée de Lamentations de Jérémie, mêle les sentiments religieux et patriotique après la défaite de 1870. L’effet produit à l’époque fut considérable et aujourd’hui l’œuvre, servie par une superbe phalange vocale, conserve tout son apparat. JACQUES FRESCHEL Concert donné en clôture du festival de musique sacrée le 1er juin 62 CINÉMA FID | JUDAÏCINÉ | RENDEZ-VOUS D’ANNIE Marseille, en prise réelle avec le monde Depuis le 8 juin, l’Institut de l’Image à Aix propose, comme chaque année, une programmation de rééditions : Bloody Mama de Roger Corman ; Je veux seulement que vous m’aimiez de Fassbinder ; Le Guépard de Visconti ; trois films rares de David Lean en copies neuves : Brève rencontre, Oliver Twist et L’Esprit s’amuse ; La Main au collet d’Hitchcock ; The Swimmer de Frank Perry ; Nathalie Granger de Marguerite Duras. Institut de l’Image, Aix 04 42 26 81 82 www.institut-image.org United red army de Koji Wakamatsu, selection Ecrans paralleles © Wakamatsu Production, Inc. Vidéochroniques (voir p80), l’Aspas, Reflets… Se déroulera aussi la 3e édition de FIDLAB, un dispositif qui permet d’aider à la production de 11 projets de films sélectionnés sur les 320 reçus. Cette 22e édition donnera lieu à des nouveautés : la mise en place du Prix Renaud Victor attribué par un jury de détenus des Baumettes en partenariat avec Lieux fictifs ; l’invitation d’étudiants de 5 écoles d’art et de cinéma de la Méditerranée avec MP 2013 et l’accueil des Rencontres nationales de lycéens et apprentis au cinéma avec Cinémas du Sud. La grande salle étant rouverte, le FID revient enfin à la Criée où aura lieu l’ouverture, le 6 juillet, avec Poussières d’Amérique d’Arnaud des Pallières qui, à partir d’histoires réelles ou fantasmées, extraites d’un vivier d’images d’amateurs, compose un voyage à travers les États-Unis. Des projections auront aussi lieu au cinéma Variétés, à la Maison de la Région, à l’Alcazar, au Théâtre Silvain ainsi que des installations et expositions dans d’autres lieux de la ville. Plus de 130 films à découvrir ! De grandes lettres blanches sur fond rouge : «22e Festival International de CINEMA» apparaissent dans Marseille, annonçant l’édition du FID Marseille du 6 au 11 juillet et confirmant la ligne artistique prise il y a trois ans par Jean-Pierre Rehm et son équipe : accueillir des documentaires ET des fictions en prise avec le réel. «Malgré les moyens modestes de la manifestation, le FID a acquis une réputation internationale et est devenu un modèle pour d’autres festivals. La preuve : la confiance que nous font les réalisateurs.» En effet, le FID a reçu plus de 2500 films venant de 94 pays. Parmi eux 19 premières mondiales, dont 7 premiers films, sont en Compétition Internationale dont le jury est présidé par Julio Bressane, réalisateur et producteur brésilien. Le travail sur la mémoire, sur les images du passé et leurs échos au présent semble être un des thèmes récurrents de cette sélection. C’est Luc Moullet qui préside le jury de la Compétition Française comportant 10 films en première mondiale, dont 3 premiers films. À côté des compétitions, des Écrans parallèles : Une autre histoire du cinéma mexicain, Souffrance et cruauté, Portraits croisés, Conversations secrètes (le son dans tous ses états), En chantier et les Sentiers avec Fotokino. Des Séances spéciales également, en partenariat avec l’ACID, ANNIE GAVA La main au collet d'Alfred Hitchcock Du 15 au 25 juin, The B-Side présente Se révolter, filmer, une rétrospective des films de JeanPierre Thorn : au CRDP, le 15 juin à 20h, Faire kiffer les anges, et le 22 Le dos au mur. Au Polygone Etoilé, le 16 à 19h, Oser lutter, oser vaincre et Les ouvriers de la Margoline ; le 18, Allez yallah ! et le 23, Je t’ai dans la peau. Au Merlan, le 17 à 19h, On n’est pas des marques de vélo et au Centre social La Busserine, le 24 à 22h, 93 La belle rebelle. Toutes les projections sont suivies d’un débat en présence du réalisateur. The B-Side, Marseille 04 84 25 04 02 www.thebside.org ` FID Marseille 04 95 04 44 90 www.fidmarseille.org Films d’Israël à Marseille Du 15 au 21 juin, Judaï Ciné organise les 12e Regards sur le cinéma israélien de Marseille au cinéma Le César : une semaine de projections, d’échanges et de rencontres avec des invités. Au programme, huit longs métrages dont Hearat Shulayim (Footnote) de Joseph Cedar, prix du scénario à Cannes, Footnote de Jeseph Cedar présenté en ouverture le 15 juin à 20h30. Le lendemain, Naomi, en présence du réalisateur Eitan Zur et du producteur Elie Meirovitz. Il y aura aussi Andante d’Assaf Tager en présence de l’actrice Sarah Adler, The Matchmaker d’Avi Nesher, Infiltration de Dover Kosashvili, et Gei Oni en présence de Dan Wolman, auteur aussi du documentaire, Yolande, une héroïne méconnue. Le Livre de la grammaire intérieure de Nir Bergman et les huit courts métrages par des cinéastes palestiniens et israéliens de la jeune génération, Café entre réalité et imagination, projet initié par Yael Perlov, seront présentés en clôture le 21 juin au cinéma Les Variétés. A.G. 04 91 37 40 57 www.judaicine.fr Je t'ai dans la peau de Jean-Pierre Thorn Le 16 juin à 20h30, en partenariat avec l’Association France Amérique Latine, au cinéma Renoir à Martigues, Les Couleurs de la montagne de Carlos César Abélaez : dans un village colombien Manuel et Julian envoient leur ballon neuf sur un champ de mines, et malgré le danger toute la bande de gamins veut le récupérer coûte que coûte… Cinéma Jean Renoir 04 42 44 32 21 http://cinemajeanrenoir.blogspot.com CINÉMA Du 24 juin au 29 juillet, l’Alhambra Cinémarseille propose Ecrans sous les étoiles, 13 séances de cinéma en plein-air dans les 15e et 16e arr. de Marseille et à Septèmes-les Vallons : Adèle blanc Sec de Luc Besson, Tout ce qui brille de Géraldine Nakache… Le 15 juillet, projection du premier film de Guédiguian, Dernier été. Alhambra Cinémarseille 04 91 46 02 83 63 Dans le cadre du 3e Festival Les Nouveaux mondes qui se déroule à Cassis du 6 au 14 juillet, projection de documentaires à 16h : entre autres, le 7, Waste land de Lucy Walker ; le 9, Lumière de P.A. Straubinger ; le 10, Severn de Jean Claude Jaud… Centre Culturel de Cassis 04 42 01 77 73 www.associationlesnouveauxmondes.com Adele Blanc-Sec de Luc Besson © Europacorp Matrimonio all'italiana de Vittorio de Sica L’Institut Culturel Italien continue sa rétrospective sur les divas italiennes des années 50 et 60 avec Sofia Loren dans Matrimonio all’italiana de Vittorio de Sica le 16 juin à 18h et La Ciociara de Mario Soldati, le 23 juin à 18h, pour lequel elle a reçu l’Oscar de la meilleure actrice en 1961. Institut Culturel Italien, Marseille 04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it Le 20 juin à 20h30, à l’Alhambra Cinémarseille dans le cadre du Festival de Marseille, en partenariat avec le Festival Reflets, quatre courts films de l’artiste sud-africain Steven Cohen, en sa présence. Réservation nécessaire au 04 91 99 00 20. Le 23 juin à 19h, en partenariat avec Couleur Cactus, un long métrage du cinéaste burkinabé S. Pierre Yaméogo, Delwende, lève-toi et marche, en sa présence. Alhambra Cinémarseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com Du 24 au 26 juin, l’association Planète Honnête propose aux Gardis à Cadenet la 3e édition du Festival International du Documentaire et Rencontres sur la Biodiversité et les Peuples Premiers : des conférences, des concerts, des films autour du thème l’éco-féminin ! De l’espoir pour notre terre à chercher du côté des femmes ! Véronique Jannot présentera Dakinis, des portraits de femmes bouddhistes ; en avant-premières nationales, Pink Saris, une œuvre féministe engagée contre les injustices et les inégalités de sexes et de castes de Kim Longinotto et Super mémés de Magnus Isacsson… Association Planète Honnête 04 90 08 88 08 www.planetehonnete.org Dans le cadre de la conférence internationale Religion et économie dans un monde global qui aura lieu à Aix du 30 juin au 3 juillet (voir p 66), projection de documentaires, en présence des réalisateurs, sur le thème du religieux dans la salle vidéo de Sciences Po Aix : Les Chemins de la Baraka de Khamis Mesbah et Manoël Penicaud, Les porteurs de la Vierge de Miguel Ángel Rodríguez Lizana… Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence Durant tout l’été, TILT propose la 16e édition de Ciné plein air : pas moins de 30 soirées de projections dans 9 lieux de Marseille… Les mairies de secteur (1er/7e, 2e/3e, 13e/14e), la bibliothèque départementale, les centres sociaux de Bois Lemaître et de la Capelette s’associent à Tilt pour proposer des séances à entrée libre, à la tombée de la nuit… L’occasion de voir ou revoir classiques du cinéma comme Le diable au corps de Claude Autant-Lara, ou des films plus récents comme Séraphine de Martin Provost, Million Dollar Baby de Clint Eastwood, Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Welcome de Philippe Lioret, Volver de Pedro Almodóvar, The Ghost Writer de Roman Polanski… Jusqu’au 13 août TILT 04 91 91 07 99 http://cinetilt.blogspot.com www.sisr.org/0117/fr/Conference Du 6 au 12 juillet passera la Caravane des cinémas arabes en Région : projections en plein air de films venant d’Irak, d’Egypte, de Palestine et d’Algérie. Ainsi pourra-t-on voir Coup d’envoi de Shawkat Amin Korki aux Mées ; Femmes du Caire de Yousry Nasrallah à Gap, au Luc-en-Provence et à Arles ; Le temps qu’il reste d’Elia Suleiman à Nice ; Voyage à Alger d’Abdelkrim Bahloul à Apt et au Théâtre Silvain à Marseille. Aflam 04 91 47 73 94 www.aflam.fr The ghost writer de Roman Polanski Attac Pays d’Arles et le Festival Les Suds organisent un 14 juillet Internationaliste à l’Espace Van Gogh, à Arles : à 10h, projection de Le Chaos de Youssef Chahine et Khaled Youssef ; à 17h, débat animé par Gus Massiah sur le thème Peuples en Révolution. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. local.attac.org/13/arles 64 CINÉMA ALHAMBRA | AFLAM Sept ans de projections Corpo celeste d'Alice Rohrwacher Comme depuis sept ans, deux jours seulement après la clôture du festival cannois, l’AlhambraCinéMarseille a projeté douze films de la Quinzaine des réalisateurs. Ouverture en numérique -une première à St Henri- avec El Velador, documentaire mexicain de Natalia Almada et Après le sud de J.-J. Jauffrey, long métrage soutenu par la Région PACA. Deux mises à nu qui osent prendre le temps. Le premier immerge le spectateur jour après nuit dans le quotidien répétitif du baroque narco-cimetière de Culiacan. Des maçons posent le dôme d’une chapelle, une jeune femme lave névrotiquement le prétentieux mausolée d’un caïd, le veilleur arrose la terre rouge, pulvérulente et assoiffée, des bougies vacillent dans la nuit pourvoyeuse des morts du lendemain tandis que la vieille télé crachotante énumère les victimes d’une guerre hors champ. Le second, based on true story, autopsie avec la précision du légiste un fait divers banal. Excédé par le bruit, un retraité a tiré sur un jeune homme et l’a tué. Jauffrey déconstruit le drame, croise les itinéraires spatiaux et psychologiques de chaque protagoniste, différant l’instant tragique vers lequel ils convergent inéluctablement. Face à tant de noirceur, tendres et décalés, deux films belges offrent des contes à sourire assis. Résolument rétro, tourné au Havre, La Fée du trio burlesque Abel, Gordon et Romy, enchaîne les gags visuels, hommages à la maladresse, au bancal, à l’inachevé, au déséquilibre, à la persévérance des rêves qui donnent la force de transformer la vie. Les géants de Bouli Lanners, récompensé par l‘Art Cinema Award et le prix SACD, suit la fugue initiatique de trois adolescents livrés à eux-mêmes dans l’immensité paradoxale des forêts luxembourgeoises. Pas de services sociaux, d’adultes responsables pour ces trois petits cochons dont les abris s’effondrent. Ces Poucets sans cailloux qui coupent les ponts, dérivent au fil de l’eau, fument de l’herbe, se teignent en blond, font leurs quatre cents coups, rencontrant un grand méchant loup dealer et une fée providentielle. Plus réaliste et satirique, mais tout aussi initiatique, le premier film d’Alice Rohrwacher Corpo Celeste met en scène une ado à peine pubère qu’on prépare à sa confirmation. Croire au miracle, s’intégrer, grandir, la jeune fille le voudrait bien mais la Calabre catéchisante qu’à son arrivée de Suisse elle découvre, sale, laide, glorifiant les simagrées religieuses de directeurs de conscience qui ont perdu la leur, ne l’aide guère. Mention spéciale pour La nuit elles dansent d’Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault, documentaire québécois tourné au Caire. Un nocturne d’une vitalité folle qui met en lumière à travers les portraits croisés de quatre danseuses de baladi peu avant l’éclosion des printemps arabes- les contradictions de la société égyptienne. Quand la vie nourrit le cinéma, qui le lui rend bien. ÉLISE PADOVANI Printemps arabe Du 23 au 31 mai, AFLAM a présenté à la lumière du printemps arabe, films longs et courts très divers, venus d’une dizaine de pays. Heureuse initiative qui permet de voir des films dont certains n’ont pas de distributeurs en France. C’est le cas du deuxième long métrage d’Ahmed Abdallah, Microphone, qui devait sortir sur les écrans du Caire… le 25 janvier 2011 ! Les Egyptiens n’étaient pas dans les salles obscures mais sur la place Tahrir, comme l’a rappelé l’acteur principal, coproducteur, le charmant Khaled Abou Nadja, invité le 27 mai au cinéma Variétés. Le film, au départ, devait être un documentaire ; Khaled retourne à Alexandrie après des années d’absence et découvre les graffitis de la jeune Aya Tarek qui lui présente des artistes underground, musiciens et chanteurs de hip hop, de rock, de métal rock. Cela devient un film de fiction où chacun joue son propre rôle. Khaled s’intéresse à ces artistes qui n’ont pas de scène et envisage d’organiser un grand concert qui n’aboutit pas. De son côté, la fille qu’il aime décide d’aller poursuivre ses études à l’étranger et les liens qu’il crée avec les quatre troupes, Massar Egbari, Y Crew, Mascara et Sout fil zahma lui permettent de surmonter cette déception. On le suit dans les dans les salles de répétition, dans la rue, dans leurs locaux exigus, filmé par deux jeunes cinéastes, film dans le film. Cette œuvre à l’écriture particulière, dense, au montage et au rythme saccadés, qui se regarde à la manière d’un puzzle qu’on reconstitue, a obtenu Le Tanit d’Or à Carthage «pour son audace, sa jeunesse, l’efficacité de sa musique et la richesse Microphone d'Ahmad Abdalla de ses personnages dans une société qui refuse d’octroyer à des jeunes musiciens la place qu’ils revendiquent» ainsi que prix du meilleur film arabe à la 34e édition du Festival international du film du Caire. Microphone est sur le catalogue de la nouvelle société de distribution panarabe de films indépendants, Pacha Pictures, (www.pachapictures.com) lancée au festival de Cannes : souhaitons qu’il soit bientôt distribué dans les salles ! ANNIE GAVA Aflam 04 91 47 73 94 www.aflam.fr À venir Du 6 au 12 juillet, la Caravane des cinémas arabes en Région (voir p. 62) CANNES CINÉMA 65 On y court toujours ! Ils ont bien de la chance les «marathoniens» de Cinécole ! Point d’attente pendant des heures, dans des queues, sous le soleil, aucun problème de choix de films, d’horaires ! Le Festival de Cannes dans un (seul) fauteuil ! La commission Cinécole, composée de six enseignants, a sélectionné -particulièrement bien cette année- 14 films de toutes les sections du Festival, que les 350 enseignants et étudiants, dont 32% d’Aix-Marseille, ont regardés les 21 et 22 mai, durant une trentaine d’heures, dans la salle du Miramar, prenant la suite des spectateurs de la Semaine de la Critique. Leur première étape, un voyage en utopie, les a conduits à Lorient où s’est déroulé un événement encore plus étonnant qu’une invasion de coccinelles : 17 filles, enceintes en même temps. Inspiré d’un fait divers, en 2008, dans le Massachussetts, le premier long métrage de Delphine et Muriel Coulin, qui brossent ici un portrait de l’adolescence et de son désir de liberté et de responsabilité, est très maîtrisé, bien construit et lumineux. Deuxième étape, un retour dans l’histoire du cinéma, au moment où il devient parlant, avec le brillant The Artist de Michel Hazanivicius, où Jean Dujardin incarne une vedette du cinéma muet, dépassé par cette «révolution» et… sauvé par l’amour. Un film en noir et blanc, truffé de trouvailles scénaristiques et de clins d’œil. Les étapes se sont succédé jusqu’au matin, emmenant les marathoniens cinéphiles au Havre -un havre de paix- en compagnie d’un ex-écrivain cireur de chaussures (André Wilms) qui soigne sa femme, Arletty (Kati Outinen, la muse de Kaurismaki), et a décidé de sauver un jeune immigré clandestin. Kaurismaki filme le port, les containers, les rues avec le talent qu’on lui connaît ; chaque plan est un tableau. Le Havre a reçu le Michel Vauzelle et les lyceens marseillais du lycee Diderot, à Cannes le 21 mai lors de la montee des marches © X-D.R. Prix de la Critique internationale. Autre conte filmé au Havre, La Fée, dont les auteurs interprètes, le trio Abel-Gordon-Rémy, sont venus rencontrer le public… juste après les derniers coups de minuit ! Un moment très agréable avant les deux heures et demie d’horreur du film The Murderer du Coréen Na Hong-jin que seuls les amateurs de cinéma d’action, de courses-poursuites, d’explosions de violence sanguinolente auront apprécié. Vers 6 heures du matin, la centaine de spectateurs encore éveillés ont accompagné dans une Vienne pâle et triste la quête de Roman Kogler (excellent Thomas Schubert) abandonné à sa naissance, meurtrier par colère à 15 ans, côtoyant quotidiennement la mort et le chagrin de par son emploi aux pompes funèbres, qui veut retrouver sa mère… Atmen, un premier film de l’acteur autrichien Karl Markovics, sobre, réaliste et plein d’humanité auquel le Jury de la Quinzaine des réalisateurs a attribué, à juste titre, le Label Europa Cinemas, visant à développer la promotion des films européens dans les salles. Dimanche matin, l’ultime étape s’est faite à bord d’un vieux camion rouge qui transporte des troncs d’acacias en compagnie de Rubén, Germán De Silva, blindé dans la douleur d’une perte, qui emmène, de Puerto Falcon au Paraguay jusqu’à Buenos-Aires, une mère et sa fille, un bébé de quelques mois. Ils ne se parlent pas ou très peu ; il ne se passe pas grand-chose ; le voyage est long mais on ne s’ennuie pas. Le talent de Pablo Giorgelli est de nous faire participer à ces échanges de regards, à ces changements presque imperceptibles, à l’ouverture de cet homme au monde. Et le bébé est formidable ! Sélectionné à la Semaine de la Critique, Las Acacias a obtenu la Caméra d’Or qui a pour objet de mettre en valeur un premier film. Point de Prix Éducation Nationale cette année à Cannes, mais encore le Coup de Cœur du public de cette manifestation organisée par Cannes Cinéma et la Délégation académique à l’éducation artistique et culturelle (DAAC) de Nice : le film de Nadine Labaki (voir ci-dessous). ANNIE GAVA www.ac-nice.fr/daac/cinema www.cannes-cinema.com Livrer la cité aux femmes Une première séquence d’une grande beauté : des femmes vêtues de noir, certaines portant un crucifix, d’autres un voile, dans la poussière d’une plaine désertique, s’avancent vers nous en dansant puis s’arrêtent, se divisent ; les unes vont vers un cimetière chrétien, les autres vers les sépultures musulmanes. Dès cette image, on sent la détermination de ces femmes, placées au centre de l’histoire, qui vont tout faire pour que la guerre ne se rallume pas dans ce village isolé de la montagne libanaise- mais le pays n’est pas précisé- pour éviter qu’il y ait à nouveau violence, mort et douleur. Saboter le téléviseur, recruter de jeunes danseuses ukrainiennes aguichantes pour divertir les hommes, se «convertir» à la religion de l’autre, elles ne reculent devant rien pour Et maintenant on va ou de Nadine Labaki empêcher les mâles de reprendre le combat devant les incidents qui se multiplient : invasion d’animaux dans la mosquée, croix brisée, sang de poule dans le bénitier. Elles sont brillantes, ma- lignes et drôles. Car vous l’aurez compris, ce thème grave de la guerre, Nadine Labaki l’a traité en s’appuyant sur le désir de paix des femmes, comme dans Aristophane dans Lysistrata, et avec humour mélangeant les genres: comédie à l’italienne avec les personnages du curé et de l’imam, comédie musicale, fable, conte. Comme dans Caramel elle interprète une des protagonistes, la superbe Amal (la Paix, en arabe) alors que la majorité des interprètes du film sont des acteurs non professionnels, formidables, recrutés à Taibe où ce film, plein d’émotion a été tourné. Un vrai Coup de cœur pour Et maintenant on va où? présenté dans la sélection Un certain Regard. A.G. 66 RENCONTRES Libraires du sud /Libraires à Marseille 04 96 12 43 42 Rencontres : avec Geneviève Roux le 16 juin à 18h30 à la librairie Saint-Paul (Marseille) ; avec Martine de Nardi pour La gymnastique sensorielle périnatale (Le souffle d’or) le 16 juin à 19h à la librairie La Carline (Forcalquier) ; avec Eugène Nicole, animée par Pascal Jourdana, pour la sortie de son dernier ouvrage L’œuvre des mers (L’Olivier) le 18 juin à 18h à la librairie Apostille (Marseille) ; avec Antonio Altarriba pour sa bande dessinée L’Art de voler (Denoël Graphic) le 18 juin de 14h à 16h à la librairie Maupetit (Marseille) ; avec Mary Lou Longworth pour Death at the Chateau Bremont le 23 juin à 17h et L. John Harris pour Foodoodles le 28 juin à 17h30 à la librairie Book in Bar (Aix) ; avec Jacques Abeille pour la sortie de son roman Les Barbares (Attila) le 24 juin à 19h à la librairie Masséna (Nice). Escales en librairies : rencontre avec Delphine Chedru, auteure illustratrice des livres à jouer L’Arbrier (Albin Michel) et Le Chevalier courage (Hélium), le 15 juin à 10h à la librairie L’Etoile Bleue (Aubagne) et à 16h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille). AIGUILLES Association Les Passeurs de mots – 04 92 46 82 55 3e édition des Passeurs de mots : rencontres d’auteurs et d’illustrateurs, les 16 et 17 juin. AIX Centre Franco-Allemand de Provence – 04 42 21 29 12 Exposition de l’artiste allemande Lotte Reiniger, jusqu’au 3 octobre au musée des Tapisseries. Vernissage le 23 juin à 18h30 en présence d’Evamarie Blattner, Conservatrice du Stadtmuseum de Tübingen. Rencontres franco-allemande avec Cordula Bardtke au café de la Mairie, le 20 juin et le 11 juillet de 18h à 20h. Voyons Voir – [email protected] Des pliages : Présentation des travaux d’ateliers réalisés par les stagiaires en formation au Centre de rééducation professionnelle Richebois sous la conduite de l’artiste Arnaud Vasseux, jusqu’au 30 juillet au Centre Richebois (Marseille). Cité du livre – 04 42 91 98 88 Conférence Education et Habitat des architectes Fabienne Magnan et Guy Antonietti du cabinet Archipel ; ils interviennent sur leurs réalisations des Cités Universitaires de l’Arc de Meyran et du Lycée Cézanne, le 23 juin à 18h30. Journées Soljénitsyne organisées par l’association Datcha Kalina : débats, témoignages, tables rondes, les 17 et 18 juin. Rencontre avec Dominique Sampiero, écrivain et poète, Prix du roman populiste pour son livre Le Rebutant (Gallimard, 2003), précédée d’une lecture de ses textes par les membres de l’association Histoire d’écrire et par l’auteur lui-même. Le 5 juillet à partir de 16h. Le lendemain à 10h rencontre avec les enfants autour de deux de ses livres : P’tite mère et Le Jeu des 7 cailloux. Galerie La Non-Maison – 06 29 46 33 98 Exposition inédite du photographe John Cohen, du 29 juin au 24 septembre. Exposition de Jeremy Laffon, Le trésor de Mexico, réalisée dans le cadre de la résidence de l’artiste au lycée militaire d’Aix avec le soutien de la Drac. Du 15 au 18 juin. Groupement des galeries indépendantes d’Aix – 04 42 24 03 03 2e édition de la nuit des musées : les galeries Alain Paire, Ardital, Vincent Bercker, Imbert, Art Top Gallery, Franck Marcelin, La Non Maison, Carré d’artistes, Atelier de Conti, du Lézard Serpentine, La Fontaine obscure, CMJN design, Atelier Nicolas Lahaye, Eric du Maroussem, La Maison de Dora Maar, Portalis, 200 RD, Regard Contemporain, Susini NM, des 3 Ormeaux, Saltiel, Fondation Blachère, 200RD10 Arteum, Atelier des épinaux Manuela Noble sont ouvertes de 10h à 23h le 7 juillet. Sciences Po – 04 42 16 95 45 31e conférence de la Société Internationale de Sociologie des Religions : Religion et Economie dans un monde global : session d’ouverture avec Raphaël Liogier, Sciences Po Aix, et Philippe Portier, groupe Sociétés-Religions-Laïcité du CNRS ; session plénière I avec Marion Maddox de la Victoria University de Wellington et Nicolas De Bremond D’ars, EHESS ; session plénière II avec Peter Van Der Veer de l’University of Utrecht et Marika Viczian du Monash University. Du 30 juin au 3 juillet. Exposition photos Des Dieux, des lieux, des hommes au Centre de documentation recherche de Sciences Po. Corsica Calling – 06 88 80 62 83 L’association vise à promouvoir les œuvres artistiques et littéraires corses, hors de l’île. Le 15 juin à 20h30, à l’Institut de l’image, projection du documentaire de José Cesarini et M. Duffau, Paroles sur images. avec Elisabeth Cestor, auteur du texte, et Inaki Martin Diez, fondateur de Carnets méditerranéens qui l’éditent. Exposition du 12 au 23 juillet. AVIGNON Collection Lambert – 04 90 16 56 20 Exposition de photographies de Cy Twombly et artistes invités, Le Temps retrouvé. Jusqu’au 2 octobre. BOLLÈNE Association café littéraire – 04 90 40 46 17 Rencontre-débat avec Thomas B. Reverdy autour de son livre L’Envers du monde (Seuil, 2010), le 17 juin à 18h30 au restaurant La Belle écluse. BRIGNOLLES Pôle culturel du Palais des comtes de Provence – 04 94 86 22 14 Exposition de Jean-Claude Meynard, Babel, utopie en marches. Du 8 juillet au 3 septembre. CABRIÈRES D’AVIGNON Association Culture au soleil – 06 81 27 03 32 3e fête du livre sur le thème Le goût du voyage en présence d’auteurs, d’éditeurs, de libraires, d’artistes, de conteurs, de conférenciers... le 2 juillet sur la place du marché de Coustellet. CARPENTRAS Association Lire ensemble – 09 64 39 45 61 4e fête du livre jeunesse sur le thème des Droits de l’enfant, jusqu’au 18 juin. FORCALQUIER Forcalquier des livres – 04 92 75 09 59 Atelier de lithographie animé par Philippe Moreau, les 25 et 26 juin. ALLAUCH Musée – 04 91 10 49 00 Exposition Petits miracles à Mexico, ex-voto mexicains et contemporains, jusqu’au 30 octobre. GINASSERVIS Association Sans Tambours ni Trompettes – [email protected] 3e festival Bons baisers d’Espigoule : concerts, projections, expositions, ateliers et animations, sur la place de Ginasservis, renommé Espigoule le temps d’un week-end. Les 8 et 9 juillet. ARAMON Office de la culture et du patrimoine 04 66 62 97 28 12e Festival de théâtre, danse et musique avec le Cuedro flamenco de Luis de la Carrasca, ateliers gladiateurs aux arènes, fête romaine… Les 25 et 26 juin. JOUQUES Quartier boisé de Citrani (195 chemin Saint Julien) Balade art et nature : 50 artistes peintres, sculpteurs… exposent leurs œuvres dans 5 lieux sur 2 km. Circuit balisé. Le 19 juin de 10h à 19h. ARLES Atelier Archipel – 06 21 29 11 92 Exposition vidéo, sculpture et photo de Pierre-Yves Freund, C’est Ainsi, jusqu’au 26 juin. Salle Jean et Pons Dedieu – 04 90 96 59 93 À l’occasion de la parution du livre La Vie en Oc, musique !, exposition des photographies d’Augustin Le Gall. Inauguration le 12 juillet à 10h30 en présence de l’artiste et LA SEYNE-SUR-MER Galerie 1/52 – 06 81 31 78 98 Exposition de carnets de croquis et dessins de Fabrice Violante, jusqu’au 2 juillet. Dojo-Théâtre – 06 89 90 93 48 9e Conviviales des Arts : parcours artistique de porte en porte, dans les rues de La Seyne ; danse, théâtre, musique, performances, expositions… Le 25 juin, départ du DojoThéâtre à 14h30. LA TOUR D’AIGUES Château – 04 90 07 50 33 Exposition Un territoire et des hommes, photographies de David Simon, jusqu’au 18 septembre. LE LAVANDOU Ville – 04 94 00 41 72 Prix de la création peinture contemporaine : vernissage et remise des prix le 8 juillet à 18h30. Exposition du 9 juillet au 31 août dans la salle d’honneur de l’Hôtel de Ville. LES BAUX Château - 04 90 54 55 56 Les Médiévales : le tournoi des Chaëls ( 25 et 26 juin), les montreurs d’ours (2,3 et 14 au 17 juillet), les aigles (9 et 10 juillet), tirs à l’arbalète, à la catapulte... LE THORONET Abbaye – 06 89 33 01 93 Dans le cadre des Leçons du Thoronet, le Centre des monuments nationaux invite l’architecte portugais Eduardo Souto de Moura, prix Pritzker 2011. Conférence le 30 juin à 18h. MARSEILLE Association Passage & Co – 04 42 29 34 05 Balades littéraires à Marseille sur les traces d’Antonin Artaud : départ sur la place Edmond-Audran devant l’église des Chartreux le 19 juin à 10h. Durée 2 heures environ. BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00 Exposition de photos de jazz de Jean-Pierre Leloir, Objectif Leloir. Du 5 juillet au 26 août. Exposition de vinyles Les Métamorphoses de Miles, du 5 juillet au 12 août. Dans le cadre du cycle L’information : une nouvelle culture, conférence d’Alexandre Coutant, maître de conférence en ciences de l’information et de la communication à l’université de Franche Comté sur l’identité numérique, le 23 juin à 18h30. Conférence de Stany Cambot initiateur du projet et fondateur d’Echelle inconnue : Comment le projet Re-dessiner le plan de la Smala d’Abd El Kader a-t-il résonné dans une ville comme Marseille ?. Le 30 juin à 17h. Conférence de Franck Frégosi ; L’Islam au prisme de la République : entre libre exercice du culte et domestication de la religion. Le 1er juillet à 17h. Conférence musicale de François Billard : le jazz, un couple à trois ? suivie d’une rencontre avec Ahmad Jamal, le 19 juillet à 17h. ABD Gaston Deferre - 04 91 08 61 00 Exposition de Thérèse Le Prat, photographe exploratrice des années 30 : Visages Outre Mer, jusqu’au 13 juillet. Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59 Les Mots à l’air avec le performeur poète Railtiss, la cie Le Coq est mort et le violoniste Pascal Delallée. Les 17, 20 et 30 juin. Librairie Apostille – 09 51 83 15 27 Rencontre-lecture avec Eugène Nicole, animée par Pascal Jourdana, le 18 juin à 18h La Mer parle – 06 07 36 91 98 Voyage à Epicure en compagnie du poète Gorelli, le 19 juin (embarquement navette Vieux-Port à 9h). Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Cours d’italien intensifs d’été : du 20 juin au 1er juillet de 18h à 21h (pour débutants et personnes ayant acquis les bases élémentaires de l’italien) ; du 16 au 29 août de 9h30 à 12h30 (idem) ; spécial enfant : stage de 5 à 10 ans du 4 au 8 juillet de 10h à 12h ; stage de remise à niveau lycéens et étudiants, du 22 au 26 août de 10h à 12h. Atelier Juxtapoz – 06 63 82 00 76 Zamartelier fête ses 10 ans. Vernissage et séance de dédicace le 17 juin à partir de 17h. Exposition du 17 juin au 30 juillet. Passage de l’art – 04 91 31 04 08 Résidence d’artiste Ecriture de lumière de Jean Daviot au lycée du Rempart : projet pour le parc du palais du Pharo, Lieu Lien. Vernissage sur la pelouse du Palais du Pharo le 9 juin à partir de 18h. Maison de l’Architecture et de la Ville – 04 96 12 24 10 2e édition de l’expo Les villes en mouvement – Vers une ville en mutation (2011-2014) : expo itinérante où entreprises, organisations professionnelles et collectivités présentent leurs innovations et réponses à l’évolution du cadre de vie, du 15 juin au 1er juillet ; débat sur la thématique Marseille, une dimension nouvelle pour la nature en ville, le 22 juin de 19h à 20h30. Espace Leclere – 04 91 50 00 00 Conférence de Laurent Le Bon, son directeur, sur Le Centre Pompidou Metz, présentée par Jean-Noël Bret, le 27 juin à 18h. Présentée par Jean-Noël Bret, rencontre avec Michel Guérin autour de son ouvrage La peinture effarée. Rembrandt et l’autoportrait. Le 4 juillet à 18h. Galerie Françoise Estran – 04 88 04 59 37 Exposition d’Olivier Charlot, Japanese conjecture, jusqu’au 25 juin. Galerie Fabrik 89 – 04 91 55 58 29 Exposition collective Bulles temporelles : sélection de planches originales d’auteurs du 9e art à l’occasion de l’ouverture de La Gallery Marseille. Du 23 juin au 23 juillet. Galerie du Tableau – 04 91 57 05 34 Exposition de dessin de Yifat Gat. Jusqu’au 25 juin. AtelieRnaTional – 09 52 63 54 58 99 balloons : exposition-performance de Mehdi A. et du public. Du 24 juin au 5 juillet. MuCEM - 04 96 13 80 90 Les mardis du MuCEM : Tunisie, le temps des libertés ? par Sana Benachour, Lina Ben Mhenni et Yves-Aubin de la Messuzière CCI Marseille Provence – 0810 113 113 Exposition Sur tous les océans… Pour tous les continents. Publicités des Messageries Maritimes, jusqu’au 31 août au Palais de la Bourse. Place pour le rajout Mardis du Mucem dont tu as la pub et moi aucune info MARTIGUES Musée Ziem – 04 42 41 39 60 Exposition Les Ziem du Petit Palais, Paris, du 29 juin au 30 octobre. SAINT-REMY-DE-PROVENCE Musée Estrine – 04 90 92 34 72 Exposition rétrospective Lucio Fanti Peinture et Théâtre, jusqu’au 19 juin. SAINTE-CECILE-LES-VIGNES Association Lire entre les vignes – 04 90 70 78 78 4e édition de Lire entre les vignes, salon pluridisciplinaire de l’édition indépendante : sous le parrainage de Franz Olivier Gisberg, rencontres avec les auteurs et éditeurs, lectures, rencontre-débats entre éditeurs, atelier d’écriture… Le 19 juin de 10h à 18h en plein air. SAUSSET-LES-PINS Hôtel restaurant Le Paradou – 04 42 45 18 79 L’association Regards sur la peinture organise une conférence-débat d’Olivier Bernex sur L’exécution de la peinture. Le 24 juin à 19h. SEPTÈMES-LES-VALLONS Jardin des arts – 04 91 96 31 83 Exposition d’instruments de musique d’Asie, collection André Gabriel, jusqu’au 12 juillet. Conférences d’André Gabriel : Imaginaire chinois : contes, croyances et légendes, le 28 juin à 18h. Soirée de clôture animée par André Gabriel le 12 juillet à 18h autour des arts du son. TOULON Espace Castillon – 04 94 93 47 33 Exposition Autour du végétal avec les œuvres de P. Dourry, C. Donjerkovic, Bernard, S. Ginoux, N. Rodriguez, A. Foret, A. Sernis et C. Colombo. Jusqu’au 30 juin. VERDON Parc naturel régional – 04 92 74 68 00 Stage de formation aux techniques de restauration en pierre sèche, avec le concours de René Sette de l’école d’Avignon : pierre sèche, calade et maçonnerie à la chaux sur le chantier de la chapelle Notre-Dame de Châteauneuf-les-Moustiers, du 17 au 19 juin. VERS-PONT-DU-GARD Pont du Gard – 0 820 903 330 Mémoires de garrigue : atelier familial Pif et Peinturlure pour découvrir les odeurs, les textures et les couleurs de la nature méditerranéenne, le 12 juillet à 10h30 ; atelier familial Des plantes pour écrire et teindre à l’époque romaine, les 19 juillet et 2 août à 14h30 ; Visites théâtralisées du Musée, à 18h les 13 juillet et 10 août ; atelier Bricol’eau avec réalisation d’un petit moulin, le 26 juillet à 14h30. 68 PHILOSOPHIE LA RELIGION La philosophie appartient-elle au philosophe ? Comment se fait-il que le professeur de philosophie soit le premier à demander à ses élèves si les mathématiques sont vraies ? Si l’utilité d’une discipline est sa seule légitimité ? Pourquoi l’histoire n’est pas objective ? Comment on l’écrit d’ailleurs ? Et à expliquer que la science contredit frontalement la Bible et le Coran ? Point n’est besoin de faire de la philosophie pour aborder ces questions-là. Et pourtant… Il y a un malaise diffus dont on ne sait que faire : une pratique baroque de l’Islam s’impose dans les banlieues ; les élèves des classes défavorisées, ghettoïsés souvent, sont croyants, et de plus sont livrés à des courants extrémistes. Le plus souvent sur internet et par le ouï dire qui s’en suit. Pour combattre ce fait il faut poser la religion comme un phénomène social et politique. Si on continue à la présenter comme un enjeu métaphysique il ne faut pas s’étonner que des jeunes refusent la théorie de Darwin et se bouchent les oreilles en cours de philo, quand le prof émet des réserves sur la toute puissance de Dieu et la non scientificité du Coran. La religion est aujourd’hui un phénomène politique : notre système économique ne peut fonctionner que sur la ségrégation sociale, et l’affaiblissement des valeurs politiques ouvre des boulevards aux valeurs religieuses. L’école reste dans ces lieux le seul ferment social, le lien républicain si l’on veut, la marque matérielle d’une société civilisée dans un environnement de misère. Les professeurs se battent avec leur moyen : apprendre, toujours apprendre, et surtout calmer les tensions ; et ne pas froisser. Car pour les quelques jeunes des cités qui arrivent en terminale, la philosophie est un choc. Un manuel de combat d’athéologie s’impose pour le professeur, et pour l’instant il n’en existe pas : la philosophie a des racines chrétiennes dans son institutionnalisation française. Alors chacun bricole. Onfray est pour le coup une bouffée d’air frais à défaut de mieux ; mais il énerve, et s’y prend mal. Apprendre à penser Appel aux professeurs ! C’est toute la connaissance qu’il faut apprendre à repenser à ces élèves, et bien avant la Terminale. Commençons par la science. Il faudrait que les professeurs de biologie arrêtent de dire que l’homme descend du singe ; c’est stupide puisque le singe existe et cela revient à se prêter au ridicule de nos jeunes croyants. Le vivant subit des modifications génétiques aléatoires et certaines sont conservées qui présentent un avantage. L’homme est une espèce du hasard. Mais il faudrait surtout que les profs de maths arrêtent de présenter leur matière comme vraie et utile : a-t-on vérifié expérimentalement la racine carrée de neuf ? est-elle plus vraie que la couleur de ciel ou le sentiment amoureux ? Par ailleurs les mathématiques ne servent à rien, comme la musique, et c’est tant mieux ! Mais peut-on passer sur l’Histoire et son écriture ? Que le professeur de philosophie soit le premier à dire que son écriture est subjective est catastrophique… d’autant que les jeunes issus d’autres cultures le savent d’expérience ! Bref les élèves devraient faire plus de philosophie, mais dans les autres matières. Et dieu et le Coran dans tout ça ? ils devraient être affrontés bien avant la philosophie et le cours sur la croyance et la religion ; peut-on supporter qu’un élève sorte du lycée en pensant, littéralement, que Dieu a créé Adam et Eve il y a 5000 ans ? En France aussi le créationnisme gagne… © 2010-2011 *TsaoShin Rappel historique Faut-il rappeler que le dieu monothéiste est l’invention d’un peuple il y a plus de 3500 ans, peuple qui décréta au passage qu’il les avait élus ? Moment historique de la fin des polythéismes que Nietzsche décrit ainsi : « les dieux sont morts à cet instant là, mais ils sont morts de rire, en entendant l’un d’eux dire qu’il était le seul ». Faut-il mentionner encore qu’un type bien plus tard a prétendu un jour qu’il était littéralement le fils de Dieu fait homme, et qu’on l’a cru ? et qu’un autre en 700 a affirmé que Dieu lui avait parlé à l’oreille grâce à l’ange Gabriel ? Cette historicisation des légendes religieuses les démystifie plus efficacement que toute dialectique sur la nature de vérité… qui somme toute se dissout très bien dans le Coran ou la Bible. On peut aussi continuer et rappeler que le monothéisme fut un fléau, dans le prosélytisme qui lui est consubstantiel et amène forcément à des affrontements. Et que ses formes douces demeurent dangereuses, en par- ticulier quant à la contraception, l’avortement, la ségrégation des sexes, le rejet de l’homosexualité. Car la religion, au sens étymologique, est ce qui relie : chaque peuple a donc sa religion, c’est à dire son histoire et ses valeurs propres. Vouloir que le peuple voisin ait la même histoire-religion que soi est une aberration, historiquement meurtrière. Les professeurs de philo peuvent continuer à se réconcilier avec leurs élèves musulmans en leur rappelant que la pratique religieuse est le fait des catégories sociales défavorisées, ce qu’ils ne vont pas nier… Car la nouvelle laïcité prônée par l’Etat français dissimule mal son calendrier, ses références, son substrat catholiques : Saint Thomas, Pascal, Descartes, Kant demeurent des vaches sacrées. Tandis qu’Averroès, Avicenne et surtout les matérialistes sont encore perçus comme des philosophes à la marge ! Comment apprendre à penser dans ces conditions ? RÉGIS VLACHOS PRIX DES LYCÉENS ET APPRENTIS | CONTES ET JARDINS LITTÉRATURE 69 Livres à dévorer ! Le 7ème Prix Littéraire des Lycéens et des Apprentis de la Région Paca a été décerné dans l’allégresse C’est une tradition désormais : les Docks de Marseille ont accueilli un millier d’élèves venus de 29 établissements de la Région Paca pour cette Fête des auteurs. Ils les avaient vus déjà au cours des Forums organisés dans l’année, mais aussi rencontrés de façon plus intime dans leurs établissements au cours d’échanges fructueux, pertinents, dont les auteurs se réjouissent. Durant cette journée chaque établissement a proposé un retour en images ou en mots, théâtre, projections... autour des 6 romans et des 6 BD de la sélection. Inventivité assurée ! Le CFA hôtelier d’Avignon a réalisé un grand livre en chocolat : couverture en chocolat noir, feuilles en chocolat blanc, motifs en pâte d’amandes et impressions avec des colorants alimentaires ; le but : donner envie de «dévorer les vrais livres». Des sculptures en carton ont été proposées par le lycée Méditerranée de La Ciotat mettant en volumes des objets-phares des ouvrages. Très remarqués : une immense chaussure rouge à talon, un bouzouki géant, un cercueil... Des ateliers d’écriture ont proposé des suites aux différents récits et des travaux autour de la BD témoignaient de la précision des apprentissages. L’ensemble a été actions culturelles en milieu scolaire, tant au niveau du Ministère de l’Education que de celui de la Culture, le Prix Régional continue d’établir un lien essentiel, et direct, entre auteurs et lycéens. Dès septembre 12 nouveaux livres seront soumis à leur choix souverain. Et une fois encore, sacrément pertinent ! Gregoire Hervier (roman) et Alfred (BD), laureats du Prix autour de Patrick Menucci © Marina Pollas installé par Annabelle Arnaud, du FRAC, chargée de Projets en milieu scolaire. Les auteurs distribuaient autographes et dessins sur la musique d’un tout nouveau groupe, Teental Project, avec zarb iranien, tablas, sitar et violon, puis se sont livrés à des prestations musicales : Maël (guitare et chant), Philippe Carrese et Grégoire Hervier (guitare), Ahmed Kalouaz ont repris Brassens puis un succès des Rolling Stones. L‘ambiance était chaude à l’arrivée de Patrick Mennucci, Vice-Président de la Région venu remettre les Prix de 3000 € à Grégoire Hervier et Alfred. En ces contextes de fortes restrictions budgétaires des Le jardin des fables Contes & Jardins a battu son record de fréquentation avec 7000 spectateurs en 4 jours ! Il faut dire que la 9e édition réunissait tous les ingrédients : le parc des Troènes inondé de soleil, les spectacles gratuits, les animations abondantes et la programmation de qualité. De quoi faire de La Valette du Var «LA» destination préférée des enfants et des familles ce long week-end du 19 au 22 mai pour savourer un conte. Non, un bouquet de contes puisque 3 spectacles étaient offerts simultanément chaque jour sans discontinuer (sauf pause pique-nique), y compris en soirées. Sans relâche donc, 6 conteurs colportaient leurs histoires : Sylvie Vieville et sa drôle de petite souris Cacahuète ; Jean-Claude Contes & Jardins © X-D.R Botton hilarant dans l’histoire (presque) improvisée de La mobylette de ma grandmère qui mêle passé et présent, autobiographie et délire imaginaire ; à l’ombre de la yourte marocaine, l’écossaise Fiona Macleod chantait une douce musique à l’oreille des tout-petits et entraînait les parents dans son jeu ; dans un jeu très physique Anne Deval et ses deux musiciens interprétaient une succession d’historiettes jubilatoires à la manière d’un slam ; Serge Valentin invitait dans ses balades contées occitanes le facteur-conteur québécois Pierre Labrèche pour une rencontre «au sommet» ; encore une fois la souris s’est taillé la part du lion avec Catherine Caillaud et sa petite Lili sortie de son panier à histoires… Les contes, c’est la parole libre, les mots biscornus, tordus, ceux que l’on invente ou que l’école interdit ! Les conteurs s’en donnèrent donc à cœur joie et les enfants aussi qui répondirent du tac au tac et inventèrent la fin d’une intrigue… entre deux tours de piste sous les chapiteaux, ils se répandirent dans les espaces ludiques aménagés, prirent place sur les manèges animés ou découvrirent avec étonnement le Parc des Nains de jardins et son écriteau : «Il est interdit de donner à manger aux nains» ! Mais ça c’est pour les plus grands. M.G.-G. Contes & Jardins s’est déroulé du 19 au 22 mai à La Valette-du-Var CHRIS BOURGUE Zen City, Grégoire Hervier, Au diable Vauvert, 18,50 € (voir Zib’38) Je mourrai pas gibier, Alfred, Delcourt, 15 € (voir Zib’40) Tous les ouvrages de la sélection ont été chroniqués dans Zibeline 70 LITTÉRATURE À VOUS DE LIRE Correspondance en gare de Marseille Salle fervente, voire fébrile ; il fait chaud au Conservatoire en ce 26 mai et le maître, penché encore sur les élèvescomédiens de Jean Pierre Raffaeli auxquels il fait la classe, tarde à se manifester. Ce fut bien sûr comme une apparition et, Michael Lonsdale a déjà ouvert de son pas mesuré un sentier de murmures et de frissons avant de s’asseoir à la table de lecture. Se saisissant du micro («j’ai l‘impression de manger une glace») la voix des voix évoque doucement un souvenir lié à Marseille : un paquebot en partance pour le Maroc avec des serviteurs en turban... Auditoire acquis, un brin déçu bientôt par la lecture des quelques lettres tirées de la correspondance fleuve (520 lettres retrouvées dans un sens, 270 dans l’autre) entre Stefan Sweig et Romain Rolland ; 19 octobre 1914, la barbarie a commencé et nos deux pacifistes démènent leur plume pour se prouver mutuellement que leur confiance en l’homme n’est pas entamée ; la voix fatiguée, lointaine, un peu sourde, très au-dessus de la mêlée file parfois dans une accélération inattendue vers d’autres horizons comme pour signifier que c’est bien de lecture qu’il s’agit et qu’elle n’incarne personne... Murmures appuyés, accentuations murmurées laissent l’auditeur un peu seul à tenter de ne pas trop s’affranchir du sens. Respiration puis plongée dans la Lettre d’une inconnue, glaçante nouvelle de Stefan Sweig ; le détachement du lecteur fait tourner les mots en circuit fermé, à l’intérieur de la voix même, avec soupirs, césures et syncopes, suspensions du souffle qui peu à peu agissent en rendant paradoxalement toute son énergie à ce texte dévastateur. Et le charme agit au moment même où la voix se tait : secret des dieux ! À quai Deux jours plus tard les étudiants du Conservatoire, soulevés par l’enthousiasme festif de la fanfare Vagabontu, emmenaient leur fraîcheur de lecteurs de l’Alcazar à Saint Charles, lisant quelques textes à l’oreille des passants dont certains s’accrochaient au wagon, ramassant les salves de mots propulsés par les canons de Générik Vapeur sur l’escalier monumental. Récoltant en approchant des quais les regards de sup- Michael Lonsdale © X-D.R lectures… Dont une très émouvante d’Agnès Regolo, Stefan Zweig encore, un peu plus tardif, quand les nazis brûlent ses livres sous ses fenêtres, quand il découvre les vertus du voyage (forcé !) À Vous de Lire 2011 © Patrick Bedrines pièces rarissimes, inestimables, tablettes d’argiles, papyrus, parchemins, premiers manuscrits papier, incunables et leurs enluminures, tapuscrit original et illustré du Petit Prince… le tout déroulant une histoire limpide, superbement scénographiée, de l’objet livre, jusqu’aux rotatives, et au numérique. Trois wagons passionnants qui ont fait le tour de France, mais qui auraient dû s’attarder davantage à chaque étape pour que les «provinciaux» puissent un peu approcher ces pièces parisiennes, enfermées d’ailleurs le plus souvent loin des vitrines publiques, dans le cœur saint de la BNF… D’autres lectures en sortant de ce précieux voyage : Anne Alvaro qui déambulait, Vénus Khoury-Ghata, Agnès Régolo encore, attiraient passants et voyageurs hors des salles d’attente vers un temps peuplé de mots lus, caresses inattendues de l’esprit… Plus de mille personnes y sont passées, paraît-il ! MARIE-JO DHÔ ET AGNÈS FRESCHEL porters de Rugby rentrant chez eux, de supporters de Football attendant le match du soir, tous attentifs à ce surgissement de jeunes illuminés des mots de blanc vêtus… qui montèrent dans l’Orient Express entendre d’autres Denis Lavant © Delphine Michelangeli/Zibeline Liberté obsessionnelle en exil à Londres. Ou quand il vante, ému, le plaisir (déjà !) disparu de la pratique épistolaire… Dans les autres wagons, une exposition exceptionnelle descendue de Paris pour un tout petit jour ! Quel dommage ! des Inscrite dans le cadre d’À vous de Lire ! et organisée par Les Nouvelles Hybrides, la manifestation Le Bruit des mots a offert une journée de parcours littéraire sur le thème de la correspondance. Des lettres d’amour et de résistance, réelles ou imaginaires, distillées dans les villages de La Bastidonne, Mirabeau et La Tour d’Aigues, avec des invités-lecteurs de marque : Nathalie Quintane, Marie-Noëlle Viviani, Sarah Dropsy et Denis Lavant. Ce dernier, installé dans la petite cour à ciel ouvert de la mairie de la Tour d’Aigues, s’est transformé en Mikhaïl Boulgakov, cet auteur russe censuré par le pouvoir soviétique. Spolié, confronté à la misère, désespéré, détruit, il relate dans Les Lettres à Staline sa longue descente aux enfers, pendant laquelle il envoya cinq lettres à Staline pour qu’il intervienne en sa faveur, oscillant entre espoir, soumission, fascination, courage et lâcheté. Qualifié «d’auteur satirique portant atteinte au régime Ces lectures, cafés littéraires et exposition ont eu lieu dans le cadre de la manifestation nationale A vous de lire coordonnée à Marseille par Les Écritures Croisées soviétique», il n’aura de cesse de réclamer l’exil, qui ne lui sera jamais accordé. «Un écrivain qui se tait est condamné à périr» hurle Denis Lavant, formidable, incandescent, animal poétique aussi violent que tendre. Un comédien rare, à couper le souffle par sa vérité et son énergie communicative, qui tire de sa poche un pipeau ou un bandonéon pour exprimer, entre rire et colère, sa révolte ou sa résignation. Un rebelle brisé qui plaidera, avant d’abandonner, pour le retour au pays de son ami exilé, le dramaturge Erdman. DELPHINE MICHELANGELI Les Lettres à Staline ont été lues le 28 mai à la Tour d’Aigues FESTIVAL DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE LITTÉRATURE71 Des mots pour la route Durant trois jours, le Festival du livre de la Canebière a investi le square Léon Blum Fete du Livre de la Canebiere © Agnes Mellon gistralement interprété par Virginie Aimone. Quant aux rencontres littéraires, de qualité, elles ont permis cette année encore d’entendre de nouvelles voix venues d’ailleurs, entre autres de Tunisie, avec l’historienne et romancière Sophie Bessis et son éditrice Elizabeth Daldoul. La discussion, animée par notre collaboratrice Aude Fanlo, a bien sûr fait la part belle aux récents événements et à tous les espoirs que la liberté d’écrire et de parler suscite là-bas aujourd’hui. Le dernier soir, le festival a embarqué au Vieux-Port sur le Don du vent, afin de célébrer l’année des Outremers au son de la littérature et de la poésie antillaises et des tambours de Massilia Ka. De belles rencontres et de beaux voyages donc, au fil des mots, au cœur des livres. Le Festival du livre de la Canebière s’est déroulé à Marseille les 10, 11 et 12 juin. Comme l’année dernière, Zibeline, partenaire de la manifestation, publie la nouvelle et l’illustration lauréates du concours (voir en dernières pages) À lire Sophie Bessis, Dedans Dehors (Elyzad, coll. Eclats de vie) Joëlle Sambi, Le monde est gueule de chèvre Wilfried N’sondé, Le silence des esprits (Actes Sud) Lémy Lémane Coco, Grand Café (Ibis rouge) Alexandre Clément, Sournois (L’Ecailler et depuis peu en version audio chez Porte-Voix). FRED ROBERT Lecture poétique Courte mais intense rencontre avec Hélène Sanguinetti. Elle rappelle qu’elle habitait au 47 avenue de la Libération, anciennement Bd de la Madeleine, quand elle a écrit son premier poème à l’âge de 12 ans, à quelques pas du 135 où avait habité Artaud. Émotion à l’évocation du port, de sa lumière, ce «caillou». Sa voix s’élève avec assurance malgré la rumeur de fond, et séduit d’emblée. Le regard bleu vous traverse et vous séduit. Battant parfois la mesure d’une main, tapant un coup sonore de l’autre, Hélène Sanguinetti fait vibrer les différentes voix qui traversent ses textes, échanges familiers ou mots de la chair et des larmes, et les personnages qu’elle évoque surgissent, fulgurants. Elle a choisi de nommer ces moments «Vivances», néologisme qui souligne son plaisir au partage de sa parole. CHRIS BOURGUE À lire D’ici, de ce berceau, Flammarion 2003 Le héros, Flammarion 2008 Helene Sanguinettil Lecture Festival du Livre La Canebiere © Dan Warzy/Zibeline Cette 3ème édition, intitulée Carnets de route, a invité les enfants des écoles d’abord puis le public en général aux voyages, dans le temps, l’espace, l’imagination. Avec la volonté affichée de multiplier les approches et les rencontres sous le signe de la diversité et de l’altérité, deux notions chères à l’association Couleurs Cactus, organisatrice de l’événement. Un festival qui, au fil des ans, gagne en profondeur littéraire et sait se renouveler. Fidèles au poste, les nombreuses associations parmi lesquelles Cultures du Cœur 13, qui animait cette année 2 ateliers d’écriture pour adultes sous la houlette de l’écrivaine Elise Blot ou Peuple et Culture Marseille, dont 5 membres du Cabinet des lecteurs ont lu des extraits de Joëlle Sambi et de Wilfried N’sondé, en ouverture de la rencontre avec les deux auteurs. Fidèles aussi les libraires du secteur, les éditeurs indépendants et les auteurs, qui dédicacent, discutent avec leurs lecteurs et leurs collègues, à l’ombre des micocouliers, en toute simplicité. Fidèle enfin François Thomazeau et sa presque légendaire balade culturelle sur la Canebière. Parmi ces invariants, qu’on regretterait bien de ne pas retrouver, quelques innovations 2011. Ainsi cette autre balade le long de la Canebière, au fil des lectures nomades que la comédienne Bénédicte Sire a concoctées. Emmenant le public dans des endroits insolites de part et d’autre de la célèbre avenue (salon de coiffure en étage, salle de PMU, chambre d’hôtel ou hall de théâtre…), elle lui offre des extraits littéraires, de Stendhal à Sarah Vidal en passant par Seghers ou Cendrars, en résonance avec les lieux choisis. Une très jolie façon de faire entendre les voix des écrivains et découvrir le quartier selon un angle inattendu. Autre nouveauté du côté des animations littéraires, le Café nomade, sorte de bistrot où l’on vous saoule de mots. Vous vous asseyez à une table, un lecteur de la Cie Orphéon théâtre intérieur vous y rejoint et vous y propose une lecture à la carte ; lecture pour vous seul, murmurée les yeux dans vos yeux, délicieux voyage sur les mots des autres. Entre deux déambulations littéraires, on a aussi pu découvrir la poésie d’Hélène Sanguinetti (voir ci-dessous) et de nouvelles maisons d’édition, telles Elan Sud venue d’Orange ou PorteVoix, créée à Marseille par la comédienne de la lecture Anne-Marie Mancels. Celle-ci, qui dit avoir été inspirée par le film La lectrice, a choisi de mettre sa voix au service de textes essentiellement marseillais et à destination d’un public de non-voyants ainsi qu’aux jeunes que la lecture rebute. On a également vu avec grand plaisir le spectacle Le massacre des Italiens, mis en scène par Jérémy Beschon à partir du texte de l’historien Gérard Noiriel et ma- 72 ARTS VISUELS PHOTOMED | INNOV’ART Boy diving into the water at the Playa de la Caleta beach © Richard Kalvan/magnum Photos Coup de chapeau ! Ceci n'est pas une cité méditerranéenne, Angel Albarran et Anna Cabrera © Barcelone Lancer un festival de la photographie méditerranéenne à Sanary, Six-Fours, La Cadière, les Embiez et Bendor était un projet ambitieux (Zib 41) ! Mais les attentes ont été comblées grâce à la direction artistique de Jean-Luc Monterosso de la Maison européenne de la photographie, et la vingtaine d’expositions agit comme un formidable kaléidoscope sur les cultures, le patrimoine, l’environnement, les sociétés, les générations. La diversité thématique et stylistique de Photomed 2011 - hors workshops, lecture de portfolios et prises de vue de cabanes éphémères par Nicolas Henry - est un atout de taille, comme l’invitation faite à la Turquie, riche de talents. À l’Espace Saint-Nazaire, à côté des célèbres clichés du non moins célèbre Martin Parr, la photographie stambouliote fait des ravages avec les regards croisés d’Ara Güler, âgé de 83 ans et surnommé «l’œil d’Istanbul», sa fresque humaniste d’un peuple en noir et blanc, figé pour l’éternité dans des perspectives saisissantes, et de Bruno Bar- bey qui traque en couleurs la ville et la vie aujourd’hui. Place aussi à la nouvelle génération qui appréhende le médium «tantôt comme un relais d’émotions, tantôt comme un outil de dénonciation» : Ali Taptik (dont on découvre sur le port de grandes bâches Sur les traces de Pacha), les portraits de femmes noires et blanches affublées d’entrailles fraîches de Pinar Yolacan ou le reportage de Kürsat Bayhan sur les dernières élections irakiennes. Autres rives méditerranéennes avec Grand hôtel Villa de France à Tanger du libanais Alain Kantarjian qui emprunte à Matisse le cadrage, l’utilisation de la couleur dans une photographie plasticienne ; avec le duo barcelonais Angel Albarran et Anna Cabrera qui pointe les contradictions de la ville à travers des tirages au platine (vision patrimoniale) et argentiques (vision acerbe et réaliste) dans Ceci n’est pas une cité méditerranéenne. Ce même tandem qui révèle à la Maison du Cygne la série Blow up inspirée du film d’Antonioni. La Maison Flotte aborde les rivages de l’Adriatique en croisant l’œuvre de la dynastie albanaise Les Marubi avec Stratos Kalafatis, Manca Juvan ou Marie Bovo… Philippe Ramette encore dont une vidéo révèle le making off de ses troublantes postures sous-marines prises dans des conditions extrêmes ; Carolle Benitah, l’une des trois femmes réunies à l’Atelier des Artistes autour du travail de mémoire, ses photos brodées, perlées, découpées, recomposées à partir de son album de famille. Et tant d’autres qui nous font souhaiter longue vie à Photomed. M.G.-G. Photomed jusqu’au 19 juin Sanary, Six-Fours, La Cadière, Bendor, Les Embiez www.phestivalphotomed.com La couleur c’est pas du sport ? Démocratisée par les technologies numériques, la photographie se positionne aujourd’hui comme une des premières pratiques culturelles des Français. Dans ce domaine la région Paca possède une offre importante et diversifiée tant pour les activités régulières que pour la fréquentation évènementielle. Chaque année voit de nouveaux évènements qui lui consacrent leurs cimaises. Photomed, et encore tout récemment Innov’Art Festival qui se positionne comme le festival de la photogra- phie noir et blanc numérique. Un choix évident pour son initiateur, Jean-Marc Veillon pour qui «le noir et blanc c’est la base, l’essence même de la photographie» d’autant qu’ «aujourd’hui, photographier en noir et blanc est devenu abordable». Innov’art est conçu pour s’adresser © Francois Flamand Première pour Innov’art, festival pour la photographie numérique en noir et blanc. Pas de couleur mais du sport de haut niveau à tous les publics amateurs et professionnels. Pour cette première édition sur le thème du sport, des photographes amateurs de l’association Creapassion ont été associés à des reporters spécialistes venant du journal L’Équipe et l’agence DPPI. Ils exposeront en binômes en divers lieux du territoire de Barbentane et de la communauté de communes Rhône Alpilles Durance. Des rencontres sont prévues en accès libre comme pour les expositions tout au long du festival. Vernissage le 25 juin 17h, salle de la Salamandre de Barbentane. C.L. Innov’Art Festival du 25 juin au 3 juillet Barbentane et autres lieux www.innovart-festival.com SPÉCIAL PHOTOGRAPHIE ARTS VISUELS 73 RAP tout et les autres Les Rencontres d’Arles Photographie, les Voies Off, les «petites» structures arlésiennes et d’ailleurs font, montrent, pensent la photo, toutes les photos, et les autres Étendues plus encore cette année en temps et espace les Rencontres d’Arles (pour les retardataires les RIP c’était hier ! voici les RAP deuxièmes du nom !) se veulent le lieu des découvertes. En récupérant in extremis les expositions de l’Année du Mexique annulées en France, les RAP nous offrent quelques cerises dans leurs bagages dont la mythique «valise mexicaine» de Robert Capa, égarée pendant la guerre civile espagnole et retrouvée en 2007 au Mexique. Des 126 pellicules représentant 4500 clichés pris par Capa, Gerda Taro sa compagne, Chim (alias David Seymour) et Fred Stein, le musée de l’Arles antique expose 100 planches contact, 70 tirages encadrés, 60 issues de magazines, deux films et la projection du documentaire de Trisha Ziff le 5 juillet au Théâtre antique. À l’autre extrémité esthétique, l’art du numérique et Internet continuent sur leur lancée singulière dans le domaine de l’image. Le vétéran Chris Marker se connecte sur Second Life. Et le peintre Cy Twombly qui fait de la photo depuis 60 ans est à Avignon chez Yvon Lambert. Faites donc aussi un crochet ! Converse Ballerina, aux Ateliers Agora, Eyguieres © Cedric Migroyan À Arles, l'Atelier du midi, Nihad allongée © Romain Carreau AIX ARLES Rencontres d’Arles Photographie www.rencontres-arles.com Voies Off Festival, du 4 au 7/07 www.voies-off.com, Le coureur, Gilles Gerbaud, Raphaël Chipault, du 4 au 9/07, La Vitrine http://lavitrinearles.tumblr.com Le temps retrouvé /Douglas Gordon jusqu’au 18/09, Chapelle du Méjean, Arles www.lemejan.com, voir aussi Collection Lambert en Avignon Entrevues # 2 : Maia Flore et Adrian Woods, jusqu’au 17/09, Le Magasin de Jouets www.lemagasindejouets.fr La Fiancée du Nord, Romain Carreau, jusqu’au 18/09, L’Atelier du Midi www.atelierdumidi.com Espace vital, Laura Jonneskin et Ondes de rives, Marc Limousin, à partir du 3 juillet, galerie Archipel en Arles www.archipelenarles.com Portrait, M. Olmeta, G. Chamahian, R. Schumacher, M. Lafille, L. Luce du 04/07 au 20/08, L’Hoste art contemporain www.lhosteart.blogspot.com Objectifs Camargue, photographies en 3D de Gaston Bouzanquet, Musée de la Camargue www.parc-camargue.fr AVIGNON Le temps retrouvé, Cy Twombly photographe et artistes invités, jusqu’au 02/10, Collection Lambert www.collectionlambert.fr , voir aussi à Arles Le Méjan Degas, Bonnard, Vuillard photographes, jusqu’au 18/09, Musée Angladon www.angladon.com The Little Red Something, à la Fontaine obscure, Aix © Pascale Peyret John Cohen «There is no eye», Bob Dylan et les poètes de la Beat Generation, jusqu’au 24/09, La Non-Maison www.galerielanonmaison.com The Little Red Something, Pascale Peyret, du 06 au 26/07, La Fontaine Obscure www.fontaine-obscure.com Autres Festival d'Avignon, Stéphane Couturier à la Maison des vins © Stéphane Couturier MARSEILLE Hors Série, collectif de photographes, jusqu’au 01/07, La Poissonnerie http://lapoissonnerie.free.fr Visions d’un Orient méditerranéen, Fernand Detaille, Michèle Maurin, Edwin Fauthoux-Kresser, jusqu’au 29/07, Galerie Detaille www.galeriedetaille.com Des artistes à l’école, jusqu’au 01/07, Les Ateliers de l’Image-La Traverse www.ateliers-image.fr Faces, F. Semiramoth et F. Donadieu, du 07/07 au 06/08, galerie Saffir www.saffirgalerienomade.com Visages outre-mer, Thérèse Le Prat, une exploratrice des années 30, jusqu’au 13/07, ABD Gaston-Deferre www.archives13.fr Cambodge 1958-1964 de Micheline Dullin, photographe attitrée du prince Norodom Sihanouk, jusqu’au 23/09, Martigues, salle de l’Aigalier. www.martigues.fr Wall For, Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Henry, diaporama géant sur les falaises de Cassis le 02/07 et Sous les pas, expo des 4 lauréats du concours Talents Européens des Ecoles de la photo-Wallfor 2011, jusqu’au 04/07 www.wallfor.fr Cédric Migroyan, jusqu’au 30/07, Ateliers Agora, Eyguières http://ateliers-agora.fr Nîmes : La photographie chilienne contemporaine, jusqu’au 17/07, galerie Negpos et autres lieux http://negpos.fr La photographie continue avec les mêmes, et prend aussi le plaisir du nouveau : nouveaux projets des artistes reconnus, singularité des photographes émergents, explorations des nouvelles technologies, élargissement du champ amateur via le numérique et les réseaux sociaux, nouveaux lieux et évènements comme Innov’Art et le très prometteur Photomed. À l’heure de la culture pour chacun faut-il rêver à cette réclame pour Kodak des établissements Nadar au début du siècle dernier: la photographie par tous et pour tous ? CLAUDE LORIN 74 ARTS VISUELS ARTS ÉPHÉMÈRES | SM’ART Le Bel éphémère La 3ème édition du festival des Arts éphémères a pris ses aises à Maison Blanche Guillaume Gattier, Pour une etincelle d'Éternité dans un Bûcher de durée, 2011 © X-D.R frappante ; de même que la violence de l’œuvre d’Anita Molinero, ses garde-corps de chantier attaqués au chalumeau évoquant la fusion monstrueuse d’un paysage post-nucléaire. D’autres attirent le regard, comme ce zèbre Vague à l’âme qui, mélancolique, fait du surf sur le lac (Victoria Klotz), ou cette expansion rouge de Jean-François Roux, burlesque chewing-gum qui déborde de la blessure d’un arbre, et mettant en doute la nature (chimique ?) de sa sève…. Puis les flûtes d’Erik Samakh chantent au gré du vent dans les Anita Molinero, Sans titre, 2011 © X-D.R Avec 14 plasticiens, un duo du Ballet National, et les nombreux amateurs des ateliers de l’École des BeauxArts (Esbam), le Parc de la mairie des 9/10e s’est transformé en un lieu d’art fort couru… tout en continuant de célébrer des mariages et d’accueillir familles et enfants ! Une rencontre des publics et des pratiques qui, sous le commissariat renouvelé de Thierry Ollat le directeur du [MAC], s’est révélée esthétiquement remarquable. Parce que cette année les artistes ont pris la dimension du Parc et du projet, et qu’ils ont conçu leurs œuvres pour habiter cette enclave verte dans la ville, ses dimensions et ses recoins, et répondre à cette thématique de l’éphémère. Non que les œuvres soient toutes destinées à disparaître… mais toutes parlent du travail du temps. La forêt calcinée de Guillaume Gattiez, avec ses squelettes d’arbres debout comme autant d’ossements noirs dressés vers le ciel, est particulièrement arbres, Pascale Stauth et Claude Queyrel déploient de grandes lettres insensées et plastiques autour des mariés de passage qu’ils photographient, dans la Spirale végétale dessinée et plantée par le Service des espaces verts. Destinée à durer, quant à elle ! Dans la mairie Susanne Strasmann propose aux visiteurs de les peindre en couple avec la star de leur choix, mariages d’un jour qu’elle interroge de son hyper réalisme. Et dans les recoins du Parc les Ateliers de l’Esbam exposent de très belles œuvres parfois, et toujours exigeantes. Les ex-voto dédiés aux arbres osent avec talent la couleur et l’anecdote (Atelier Codaccioni), tandis que les constructions fragiles des ateliers de Christiane Parodi accrochent leur légèreté aux arbres, non loin d’une superbe naïade en argile crue qui se dissout dans l’humidité sombre du sous bois (atelier la Rouvière). Décidément, ces amateurs-là ont bien du talent, et les Arts éphémères savent conjuguer exigence artistique et pratique démocratique des Arts ! AGNÈS FRESCHEL Le festival des Arts Ephémères s’est déployé du 19 au 29 mai Il court, il court… Pour sa 6e édition, le Sm’art entraîne avec lui 170 artistes et 14 galeristes ! Pas de comité de sélection artistique mais un comité d’organisation, d’où un éclectisme inégal, et un coût locatif élevé (de 1155 à 1725 euros/stand, de 2880 à 3110 euros l’espace galeristes) : mais que diable vont-ils faire au Domaine de la Baume ? Alain Paire, galeriste et critique d’art invité, estime que toutes les opportunités sont bonnes pour que l’art existe : «À Aix, les musées et les galeries ont fait des progrès. Si le Sm’art en fait aussi c’est bien, je ne vais pas bouder mon plaisir». Même s’il a du changer in extremis sa programma- tion en raison de la météo, préférant aux peintres paysagistes les sculptures de Georges Guye «d’une rigueur et d’une beauté fabuleuse» et de Myriam Paoli, qui donne du fil à retordre à des saynètes dessinées dans l’espace. Alfons Alt figure en bonne place, désolé «de ne pas exposer plus souvent dans la région» et avide «de rencontrer un autre public, de le fidéliser en lui montrant son travail, sa technique et partager les réflexions qui le traversent depuis 2007». Son stand, conçu comme un tableau dont on découvre les détails en s’approchant au plus près, est le fruit de sa rencontre avec son mécène, l’assureur Frédéric Blanchard, qui vit le Sm’art «comme un challenge et un plaisir du cœur partagé». Autre point de vue avec l’Artistic Agency Liom’s - présente en Chine et à Paris - qui a fait le pari du Sm’art pour pénétrer le marché du sud et trouver une vitrine à ses artistes chinois. Bref, autant de raisons de croire à des lendemains qui chantent. M.G.-G. Le Sm’art s’est tenu du 3 au 6 juin au Domaine de la Baume à Aix-en-Provence Les Boxeurs, 2010, Myriam Paoli © Elodie Perriot © Alfons Alt, 1960.2009 De Leonis 76 ARTS VISUELS CHÂTEAUNEUF-LE-ROUGE | LES ALPILLES Grandeur nature Installation de Jean-Marc Lefevre dans les jardins d'Arteum, 2011© JML Là où le marcheur averti découvre les fabrications in situ de Max Sauze issues de sa cueillette d’escargots «défunts bouffés par les vers, les fourmis et les araignées» ; coquilles vides nettoyées, triées, rangées, alignées selon sa logique poétique, en résonance avec les contreforts de la montagne Sainte-Victoire. Christophe Péron, lui, a pour matériau de prédilection la pierre qu’il ramasse, numérote, assemble en tas improbable ou suspend ; cailloux funambules parfois photographiés en plein vol. Minutieux travail sur la fragmentation minérale et aquatique (il réalise aussi des trous dans l’eau…) peaufiné à longueur de marche. Si toutes ces œuvres caressent la nature dans le sens du feuillage, Aporie relative de Thomas Sabourin s’impose à elle avec une certaine violence : sa cabane en planches recouverte de bâches imprimées dénonce l’idée de la copie, de l’artifice et de l’usage de la nature comme une vulgaire tromperie. Un travail radical «métaphore de la perte de sens et de repères» selon Christiane Courbon, commissaire de l’exposition. Tous investissent le parc et le musée dans un jeu de miroir, sauf Bernard Pourrière qui installe à l’intérieur son labyrinthe sonore interactif : une cage vide en métal qui fait entendre le chant des oiseaux. Seule présence d’une nature occultée. Deuxième édition du festival Apart pour six semaines de déambulations estivales dédiées à l’art contemporain sur le territoire des Alpilles. Incontournable, contemporain et festif shida, une sélection d’artistes belges (dont Ann Veronica Janssens) proposée par la Fondation Hippocrène ; les ouvertures d’ateliers d’artistes installés dans les Alpilles (Marc Nucera, Gérard Drouillet…) ; sont aussi attendus Bertrand Lavier pour le discours d’ouverture (Maussane le 7 juillet), Gérard Fromanger (expo au musée Estrine) et Michel Onfray le 10 juillet pour un débat sur l’art contemporain, lecture de J.L. Parant le 13 juin, la nuit Apart le 21 juin interventions de J. Blaine, M. Couturier, J. Daviot, J.B. Gaubert, N. Pasquier, F. Turpin et Skall… La programmation peut subir quelques variations mais l’accès pour l’ensemble de la manifestation est indéfectiblement gratuit. Des fenêtres d’Arteum, on aperçoit le labyrinthe de buis dans le parc du château. Le regard s’y perd, attiré par quelques «accidents» de paysage. Comme le fil plastique tendu depuis le musée jusqu’à la prairie, prenant la pose dans une condensation nuageuse, avant son retour d’entre les branches, visible à l’œil ou noyé dans la feuillure. L’œuvre-parcours est signée Jean-Marc Lefèvre - repéré au Domaine d’Avignon à l’occasion de Aire de repos -, l’un des six artistes invités à interroger la nature, le labyrinthe et notre imaginaire. Comme l’installation de Daniel Van de Velde à l’entrée de l’allée de platanes qui recompose l’arbre, réinvente ses formes par segmentation du tronc, rondins évidés et bûches polies agencés comme un puzzle, et offre une autre expérience visuelle de la forêt. Deux signes extérieurs qui conduisent au cœur du labyrinthe. M.G.-G. Le labyrinthe et notre imaginaire jusqu’au 18 septembre Arteum-Centre d’art contemporain, Châteauneuf-le-Rouge 04 42 58 61 53 www.mac-arteum.net Un cas Apart La première édition en 2010 avait déjà dépassé les premières espérances que confirme la programmation de cette année. Initiatrice du projet, Leïla Voight a souhaité partager avec Christine Blanchet (historienne de l’art et curatrice d’expositions) le com- Paca Sanchez, Projet in situ pour le Festival Apart, Serre du chateau de Roussan, St-Remy-de-Provence, 2011 © Paca Sanchez missariat de ce festival appelé sans doute à être un des évènements incontournables pour l’art contemporain dans la région. Festival Alpilles-Provence’Art se structure pour 2011 autour de cinq itinéraires de Saint-Rémy à Tarascon (nouveau venu) et des horaires aménagés notamment pour les rencontres avec les artistes, les intervenants et lors des soirées dans plusieurs domaines privés. En effet depuis l’origine la majorité des propositions consiste en des créations spécifiques, in situ, éphémères ou parfois pérennes (George Rousse, Miguel Chevalier…) rendues possibles par les partenariats publics et privés. Les artistes de renom côtoieront de moins connus : Jean-Michel Othoniel, Ben, Jean-Luc Parant, Jean Daviot (Lien/Lieu actuellement au Pharo, Marseille), Yazid Oulab, Fred Perié, Kimiko Yo- C.L. Festival Apart du 7 juillet au 17 août Saint-Rémy-de-Provence et autres lieux www.festival-apart.com 78 LES BAUX DE PROVENCE | GAGERON | BARJOLS ARTS VISUELS Baux gestes S’inscrivant dans l’actualité de Paris et Bâle, les Baux de Provence proposent un projet original autour de l’œuvre d’Arman. Une visite estivale pour amateur et en famille Si l’artiste n’avait aucune attache particulière avec la cité baussenque «nous voulions poursuivre l’expérience de l’art contemporain dans la suite de l’exposition Combas de 2010, qui avait eu du succès auprès de nos visiteurs» indique le maire des Baux, Michel Fenard. La carte blanche a été confiée à la Fondation A.R.M.A.N. qui a conçu un parcours s’adressant à l’amateur d’art et au visiteur patrimonial. À la fois didactique et artistique, Arman s’installe aux Baux de Provence propose plusieurs niveaux d’accès. Au Musée Brayer, une exposition chronologique en forme de best of rassemble une soixantaine d’œuvres des premières peintures, Cachets et Allures puis Accumulations (libres et fixes), Colères, Inclusions, Combustions ou Shooting color… comme autant de gestes caractéristiques de l’artiste. Des scénarisations évoquent les ateliers (dont celui de Bidonville, maison de famille à Vence) et Arman au travail. À destination des enfants des ateliers sont assurés par deux assistants de la fondation. Une intéressante sélection de films documentaires complète la présentation de l’artiste et des projections nocturnes terminent les soirées. Le catalogue Arman, au boulot ! contient tous les détails utiles à la visite. Au lieu de commettre une énième grande exposition, la commune des Baux a fait le pari d’un projet portant au-delà de l’évènement estival. D’un montant représentant 20% du budget annuel communal le projet vise selon l’élu «…à étendre la fréquentation des Baux à des visiteurs plus culturels que Arman, La chute des courses, accumulation de caddies, 1996 © C. Lorin/Zibeline touristiques, avec un évènement fort, en alliant patrimoine et modernité. Si cet essai est réussi nous pensons à une biennale d’art contemporain pour les années à venir». On l’espère ! Arman s’installe aux Baux de Provence jusqu’au 16 octobre Les Baux de Provence 04 90 54 55 56 www.lesbauxdeprovence.com C.L. Gageure à Gageron Extinction des feux Chaque fin de printemps l’association Cultures Nomades Production propose des rencontres autour du Land Art. Avec les rizières de Camargue comme horizon In Situ accueille une dizaine d’artistes suite à appel à projets puis résidences. Avec des hauts et des bas. Finances et météo n’ont pas favorisé cette sixième édition placée sous le joug des aléas budgétaires et des envolées météorologiques. Avec regret : la thématique - œuvres mobiles et bioénergies - laissait imaginer des propositions jouissives. Passée la palissade de photos de Paula BiLuciano Di Rosa, La lecon de Boockchin, sculpture, In situ 03, 2011 © C. Lorin/Zibeline reche, dans les rizières les Cubes lumineux d’Elsa Massari et l’Ecran de lumière d’Audrey Dumont sont prévus pour utiliser la lumière et l’énergie solaire (mais qui s’aventurerait là nocturnement ?) et jouer avec le site tandis que des patates produisent le courant nécessaire à la lumière fatale aux moustiques pour Christine Boillat. Dans le champ, les Corps Humains de Cicero, le Cocon de moisissures de Mourad Messoubeur (protégé dans la bergerie), la Leçon de Bookchin de Luciano Di Rosa en forme de toupie réfléchissante, les moustiques géants d’Anne Sarda, le Mobile de Sandrine Deumier comme les frêles girouettes de Reeve Schumacher (canne locale, bouchon, plumes) ont dû subir les bourrasques fantasques. In Situ 2012 se fera sous le signe du son, pourvu qu’il ne soit pas réduit au silence. C.L. In Situ 0.6 6ème Rencontre Land Art, Arts Visuels en Camargue jusqu’au 15 juillet Mas du Grand Arbaud, Gageron 04 90 49 89 10 www.culturesnomades.com Le 17 juin, ce qui aurait dû être un nouveau rendezvous de printemps avec un résident sera finalement le chant du cygne pour La Tannerie, l’espace d’explorations culturelles et artistiques sis à Barjols depuis 2002 à l’initiative de Caroline Brotons et René Sacchini. Dans cet espace blanc, tout en La Tannerie © X-D.R voûtes, propice à d’audacieux compagnonnages, il revient à Sébastien Ly (Cie Kerman) de donner le clap de fin à l’occasion de la présentation de sa prochaine création, Contes Éphémères, au titre funestement prémonitoire… Barjols, commune rurale du Var, sera ainsi privée de l’une des rares structures culturelles à offrir toute l’année aux habitants des spectacles, des concerts, des rencontres. Faute de soutien financier pérenne, sans ronds de jambes ni grands pliés, La Tannerie tirera sa révérence. Et le dialogue artiste-œuvrepublic sera rompu. M.G.-G. Contes Éphémères 17 juin à 19h30 La Tannerie, Barjols 04 94 59 74 60 www.latannerie.fr MARSEILLE | SILVACANE ARTS VISUELS LIVRES 79 79 La tête haute Déjà en 2008 à l’Atelier de Visu l’Autrichien Peter Granser avait fait sensation avec son reportage Sun City sur un village de riches retraités américains. D’un univers clos à l’autre, il s’est intéressé aux malades atteints d’Alzheimer puis aux aliénés mentaux dans J’ai perdu ma tête. Enfermement physique ou psychique, Peter Granser pose la question de la frontière entre «eux» et «nous» pas si nette que ça… Un titre magnifique pour dire la blessure de l’âme, la perte du moi, la différence, la solitude, l’oubli. Portraits solo ou en groupe, de face ou de dos, visages dissimulés maladroitement ou en gros plan, le regard inquiet ou perdu dans le vague : chaque cliché respecte l’intégrité des personnes pour lesquelles le photographe a une empathie manifeste. Une seule immersion lui aura d’ailleurs suffi pour sonder leur fragilité et, sans exhibitionnisme, capter leur intimité quotidienne : des verres alignés sur un plateau annonciateur d’un plaisir partagé ; un ballon oublié près de matelas épars ; des cœurs graffités sur le mur. Et toujours des couleurs pastel, une lumière enveloppant de douceur un état d’être dramatique. Scotchée en haut de l’escalier, une vidéo déroule à l’infini le mouvement obsessionnel d’un plafonnier clignotant : imperceptiblement on lève les yeux au ciel et le ciel est bouché. Leur univers est irrémédiablement clos. L’Atelier de Visu accompagne cette «personnalité sérieuse et attachante qui ne porte aucun jugement» comme il accompagne Antoine d’Agata, qui dirige depuis 2008 des workshops avec des étudiants en 3ème année d’écoles de photographie internationales. Le projet Studio Vortex, réalisé avec l’ESBAM et la galerie Montgrand, est un tremplin à la professionnalisation et à l’émergence de jeunes artistes. On peut suivre leur itinéraire à travers trois Journaux, mais il faudra attendre 2013 pour découvrir tous les travaux et le livre collectif publié sous la houlette d’Antoine d’Agata. M.G.-G. J’ai perdu ma tête Peter Granser jusqu’au 2 juillet Atelier de Visu, Marseille 04 91 47 60 07 www.atelierdevisu.fr L’exposition Studio Vortex 2 s’est déroulée du 12 mai au 4 juin à la galerie Montgrand. © Peter Granser, Portrait Saintes ampoules Christophe Berdaguer et Marie Pejus, Jardin d'addiction (2009). Abbaye de Silvacane, install. transept droit de l’église, 2011 © D. Lorin/Zibeline Avant le musée du Quai Branly, l’Abbaye de Silvacane accueille une création de Berdaguer et Péjus peu montrée à ce jour. Un jardin de verre malheureusement privé de ses parfums Déposée dans le transept droit de l’abbaye cistercienne l’œuvre est d’une transparence captivante. Visuellement, Marie Péjus et Christophe Berdaguer ont réussi une pièce exceptionnelle commandée en 2009 par le Musée International de la Parfumerie de Grasse, en partenariat avec le FRAC Paca. La virtuosité de la réalisation a été rendue possible par les ateliers du Cirva1 : un écheveau complexe de tubes et tiges de verre translucides appuyés les uns sur les autres installés sur quelques mètres carrés, à hauteur moyenne d’homme. Vient ensuite sa puissance d’évocation : formes synaptiques (c’est le rapport voulu par les artistes), biomorphiques, végétales aussi rappellent l’effusion décorative des enluminures ou bien les mises en scènes baroques. La matière verre capte la lumière, évoque la transcendance divine des vitraux, les multiples reliquaires sous cloche de verre, la Sainte Ampoule car plusieurs efflorescences se terminent par un bulbe contenant des exhalaisons particulières conçues par Les Christophs parfumeurs créateurs. Celles des addictions humaines : whisky, tabac, café, héroïne… Pour des raisons de sécurité, les bouchons ont été fixés au silicone, privant le visiteur de sa relation corporelle. Doit-on s’en étonner lorsqu’on sait comment la chrétienté a malmené la part charnelle de la création divine, et exacerbé la méfiance envers nos sens ? Rompu aussi le lien puissant de cet objet contemporain avec la liturgie ancestrale s’accompagnant d’encens purificateur : le rituel comme remède au mal de l’addiction n’a pu malheureusement avoir lieu. L’oeuvre perd ici finalement une part de charge symbolique au profit du ravissement visuel. Qu’en sera-t-il au musée du Quai Branly ? Qu’on se rappelle les polémiques sur la dépréciation des objets rituels par l’espace muséal. Le jardin retrouvera-t-il ses addictifs effluves ? C.L. Jardin d’addiction jusqu’au 27 juillet Abbaye de Silvacane 04 42 50 41 69 www.abbaye-silvacane.com voir aussi à la Galerie of Marseille jusqu’au 16 juillet www.galerieofmarseille.com CIRVA : Centre International de Recherche sur le verre et les Arts plastiques, Marseille 1 80 ARTS VISUELS MARSEILLE Auberge orientale Après l’Orient des Provençaux en 1982, Marseille se rappelle aux rivages de l’Afrique du Nord. À la Vieille Charité, l’Orient est peint, mis en scène ou fantasmé par les européens du XIXe siècle Alors que l’exposition de Lyon1 s’ouvre aux différentes expressions des arts plastiques et décoratifs de l’Orient, à Marseille le choix s’est orienté vers la picturalité dans la lignée des expositions précédentes2. Heureusement, malgré les enfilades et cheminements forcément monotones de la Vieille Charité, les œuvres nous transportent en des contrées parfois dramatiques, tantôt exquises, ethnocentriques ou ethnologiques, furieusement exotiques, hormis lorsque la modernité s’annonce avec quelques Matisse, Renoir, Klee ou Macke. Les 114 œuvres s’ordonnent selon différentes thématiques des campagnes napoléoniennes à l’égyptomanie, le harem, les religions, le désert… Le visiteur peut ainsi confronter les variations de regards, de style, de facture mises en œuvre par les peintres orientalistes européens (exit Ziem ?) et les rares locaux (le Turc Osman Hamdi Bey) et plusieurs sculptures au réalisme typologique confondant de Charles-Henri-Joseph Cordier. Aussi ces œuvres nous en disent-elles plus sur les visions d’artistes happés à la suite de la colonisation entre romantisme, réalisme, naturalisme et affabulations d’atelier (d’après photo souvent) que sur l’Orient lui-même. Quels écarts entre Le Rêve d’un croyant selon Achille Zo, la Bataille d’Héliopolis vue par Léon Cogniet, Une rue de l’oasis de Chetma par Bompard, La mort de Sardanapale enlevée par Delacroix ! De cette période il aurait pu être instructif de présenter en contrepoint le regard de photographes (Du Camp,Le Gray, Harnoux…) même si leurs objectifs subjectifs n’échappent pas non plus au pittoresque. Kandinsky, Ville arabe, tempera sur carton, 1905. Coll. Centre Pompidou-musee national d'art moderne/CCI © Adagp, Paris 2011 Goûtons donc l’orient photographié en 1900 par Fernand Detaille et celui revu par Michèle Maurin dans les années 2000, à la galerie Detaille3. Pour Hugo, l’Orient était «une préoccupation générale». Il l’est encore aujourd’hui. C.L. L’Orientalisme en Europe : de Delacroix à Matisse jusqu’au 28 août Centre de la Vieille Charité, Marseille 2e 04 91 14 58 80 www.vieille-charite-marseille.org Concert L’autre rive Zad Moultaka par Musicatreize le 24 juin à 21h30 Pour le jeune public au Préau des Accoules L’Orient en tapis volant, prolongée jusqu’au 13 septembre 1 Le génie de l’Orient, jusqu’au 4 juillet, Musée des Beaux-Arts de Lyon, www.mba-lyon.fr 2 L’exposition étant réalisée par les musées de Bruxelles, Munich et Marseille/Rmn-Grand Palais, certaines œuvres n’apparaissent pas d’une ville à l’autre ; voir le catalogue réalisé avec la Réunion des Musées Nationaux. 3 Visions d’un Orient méditerranéen, jusqu’au 29 juillet, www.galeriedetaille.com À la bonne distance Malgré un deuxième cambriolage en février, Vidéochroniques ne baisse pas les bras : «On ne va pas abandonner le projet aujourd’hui ! Surtout avec l’installation de Marseille Expos dans les anciens locaux de Red District et la redynamisation du quartier de Lorette». Du coup, l’exposition Penchants, Glissements, Dérives de Jérôme Dupin est maintenue. Pour la première fois l’artiste opère des entrecroisements entre vidéos inédites et peintures - le Musée de Toulon en 2005 et l’Hôtel des arts en 2010 exposèrent exclusivement ses peintures - et prend le risque de montrer de la vidéo de peintre. Un choix expérimental que Vidéochroniques rend accessible par une démonstration pédagogique : ici la scénographie invite le visiteur à poursuivre le geste imaginaire du pinceau à la caméra leurs. Son œuvre interroge : «que reste-t-il de la peinture quand on a tout enlevé ?». Réflexion réinvestie par ses réalisations in situ sous forme de signes apposés sur le mur. Dans ses vidéos, le monochrome s’impose par l’utilisation du plan fixe : il ne se passe rien d’extraordinaire, seulement des variations infimes comme une fragmentation du temps, des images aspirées par un déroulement hypnotique. Si son œuvre penche, glisse, dérive, elle bascule aussi, se distord, voire se désintègre… M.G.-G. Exposition Jérôme Dupin à Vidéochroniques, 2011 © Vidéochroniques et inversement, à découvrir deux manières différenciées d’appréhender la couleur, la matière, la distance. Dans sa peinture analytique («il peint la peinture»), Jérôme Dupin annihile toutes traces, tronque parfois les châssis jusqu’à déséquilibrer les lignes de force et les aplats de cou- Penchants, Glissements, Dérives Jérôme Dupin jusqu’au 9 juillet Vidéochroniques, Marseille 09 60 44 25 58 www.videochroniques.org 82 ARTS VISUELS AU PROGRAMME Grands desseins Des Cézanne, Dufy, Picasso, Monet, Dubuffet, Léger, Aloïse, Klee, Tàpiès, Tobey, Clavé et… Jean Planque. Agent d’art, collectionneur et peintre aussi. Après de nombreuses expositions en France et à l’étranger, sa collection comme ses propres œuvres sont désormais déposées au musée Granet pour quinze ans. Sur les 300 peintures, dessins, sculptures qui devraient être réunis dans la chapelle des Pénitents Blancs rénovée et scénographiée pour 2013, près de 120 œuvres sont à découvrir cet été au musée. C.L. Collection Planque, l’exemple de Cézanne jusqu’au 2 octobre Musée Granet, Aix 04 42 52 88 32 www.museegranet-aixenprovence.fr Paul Klee, Mit der rotierenden schwarzen Sonne und dem Pfeile, 1919 Gouache et tempera, 24,5 x 31,5 cm, Fondation Jean et Suzanne Planque © Luc Chessex Comme à la maison L’artiste Martine Cazin reçoit chez elle, à La Maison de Brian, des artistes dont elle se sent proche. Et comme l’été est propice aux douces conversations, deux temps forts rythment la saison : du 1er au 31 juillet dialogue entre Anny Bareilles (voyage pictural et sensoriel), la céramiste Agathe Larpent (pierres de nuit, pierres de jour) et la sculptrice Claudine Meyer (le fil de fer comme armature du corps) ; puis du 2 au 31 août entre Jacqueline Duperrex, Alix Paj et Dominique Soussi-Roth. M.G.-G. La Maison de Brian, Simiane-la-Rotonde 04 92 75 91 49 www.lamaisondebrian.fr Claudine Meyer, sculpture © X-D.R Bargème sur la carte du monde Bargème, village médiéval du Haut Var, magnifié par l’un des maîtres actuels du paysage photographique l’Anglais Michael Kenna : tourmenté dans le ciel d’orage, invincible aux assauts du temps, dressé fièrement sur son piton rocheux, et toujours révélé dans un puissant duel de gris, de noirs et de blancs. Pourtant aguerri aux paysages les plus invraisemblables, Michael Kenna y revient sans cesse depuis 1995, pris dans les mailles de la magie des lieux… Le Souffle des arts l’accueille en retour comme pour le remercier de son attachement. M.G.-G. Bargème Michael Kenna jusqu’au 10 octobre Galerie Le Souffle des arts, Bargème 06 50 18 51 55 www.michaelkenna.com Amandier de nuit, Bargème © Michael Kenna Corps à corps Déjà en 2004, N + N Corsino présentait Amorces intimes au Festival de Marseille. Titre prémonitoire puisque, aujourd’hui, Mues est une installation inédite composée de cinq écrans et d’un face à face sensuel des corps nus… Se mouvoir, changer de peau, se matérialiser, tels sont quelques-uns des questionnements abordés par ces «chorégraphes de l’image et réalisateurs du mouvement» qui atomisent la notion de frontière entre le corps et le paysage. M.G.-G. Mues Nicole et Norbert Corsino du 16 juin au 9 juillet Palais Longchamp-muséum d’histoire naturelle, Marseille 04 91 99 00 20 www.festivaldemarseille.com Mues, N + N Corsino © N + N Corsino Miriam Pranti © X-D.R Réel/Abstraits En 1930, Théo Van Doesburg, un des théoriciens de l’abstraction, déclarait que «rien n’est plus concret, plus réel qu’une ligne, qu’une couleur, une surface». Existe-t-il pour autant une dimension spirituelle de l’Art Concret qui nous permette une meilleure appréhension du réel ? Les œuvres de Miriam Prantl, Michael Fagerlund et Wolfram Ullrich l’expérimentent. Être abstrait, rien de plus concret aujourd’hui. C.L. Interférences jusqu’au 31 août Fondation Vasarely, Aix 04 42 20 01 09 www.fondationvasarely.org Bernar Venet, Gold Triptych with Two Saturations, 2009, Acrylique sur toile, 247 x 592.5 cm © ADAGP, Paris 2011 La belle image À l’heure où Bernar Venet tend ses arcs de fer et d’acier dans les allées des jardins du Château de Versailles et de la Fondation Salinger au Thor, l’Hôtel des arts de Toulon révèle son œuvre peint. Moins connu mais tout autant radical dans sa rigueur conceptuelle et son élégance formelle. Sauf que ces dernières années la couleur a fait son entrée dans ses toiles saturées de sigles et d’équations, et que l’artiste assume de faire une «belle image»… M.G.-G. Peintures 2001-2011 Bernar Venet jusqu’au 18 septembre Hôtel des arts, Toulon 04 94 91 69 18 www.hdatoulon.fr 84 PATRIMOINE MUSÉE CALVET | LICRA L’Egyptologie à portée de main Cet été, la ville d’Avignon sera égyptienne ! Sarcophage (détail) issu de l'exposition Fabuleuse Égypte au musée Calvet Avignon © Delphine Michelangeli/Zibeline Conçue à l’occasion du bicentenaire de la création du Musée Calvet et initiée par Sylvain Boyer, conservateur en chef du patrimoine et directeur du musée, l’exposition Fastueuse Egypte ouvre ses portes dès le 25 juin. Et revêt pour l’occasion ses plus beaux atours, après la rénovation de 5 salons classés et d’une vaste campagne de restauration des œuvres (94 pièces restaurées sur les 400 présentées). 5 ans de travaux, pour un coût total d’1,3 M€ (avec l’ambitieuse muséographie de l’architecte Philippe Pumain, la menuiserie, le catalogue etc…). Ces travaux auront permis également de faire des avancées scientifiques importantes, grâce aux études anthropologiques réalisées notamment sur la pièce phare de l’exposition, la momie d’enfant. Une fillette romaine morte à deux ans et demi (il y a près de 3000 ans) d’un traumatisme crânien et dont «le soin apporté à la momification est exceptionnel» selon la commissaire d’exposition Odile Cavalier. Parmi les pièces majeures et les restaurations les plus marquantes, figurent un médaillon hémisphérique en pierre à l’effigie d’Ammon (inv G 155), des papyrus reconstitués, un ensemble de 18 tissus coptes, des statuettes antiques. Les sarcophages, dont le cercueil féminin «d’une honorable maitresse de maison du 6e siècle avant J.C.» illustre l’affiche de l’exposition, font référence à la place importante tenue par le culte des morts dans la société de l’Egypte ancienne. Des figures centrales du mobilier égyptien, en sycomore stuqué et peint, dévoilées dans leur totalité (mais dont les momies sont absentes, en raison de pillages réguliers), dans un état de conservation exceptionnel. Dans un décor de boiseries sculptées, dorées et peintes, à travers un parcours thématique et chronologique, neuf sections retracent un pan de l’histoire «de la plus vénérable de toutes les civilisations qui se sont succédé autour de la Méditerranée». Les 400 pièces égyptiennes, pharaoniques, grecques, romaines et musulmanes ont été sélectionnées dans le legs d’Esprit Calvet, médecin et érudit avignonnais de l’époque des Lumières, auxquelles se rajoutent des prêts de musées parisiens (le Louvre, la Malmaison), de musées régionaux (Orléans, Moulins, Gap) et de bibliothèques (BNF, Institut Catholique de Paris). À l’issue de l’exposition, le 14 novembre, deux salles resteront permanentes. Une occasion pour la ville d’Avignon de renouer avec les expositions de prestige… DELPHINE MICHELANGELI Fastueuse Egypte du 25 juin au 14 novembre Ouvert tous les jours (sauf mardi) de 10h à 13h et de 14h à 18h. Musée Calvet, Avignon 04 90 86 33 84 www.avignon-egypte.com Le monstre n’est pas mort L’obscurantisme gagne à nouveau. Il faut rappeler, inlassablement, ce qu’inlassablement on cherche à nous faire oublier. La remarquable exposition de la Licra évoquant L’antisémitisme du Moyen Âge à nos jours fait partie de ces outils de résistance salutaires. En trente panneaux, une terrible fresque historique se développe. Cela commence aux croisades, avec les persécutions à l’encontre des Juifs, considérés comme infidèles, obligés de vivre dans des ghettos sans droit de séjour permanent dans les villes, limités aux métiers du commerce du colportage et du prêt sur intérêt… qui génère un motif de ressentiment. Les mythes antijuifs naissent, de la profanation d’hostie aux enlèvements d’enfants, à la propagation de la peste ! L’antisémitisme perdure, s’enracine dans l’imagerie populaire, se voit ravivé par la montée des nationalismes, explose avec l’affaire Dreyfus, se nourrit de la publication des «Protocoles de Sion» (abominables faux, copie de pamphlets édités contre Napoléon III en 1864) qui étayent la thèse d’un complot des dirigeants juifs pour dominer le monde, débouche enfin sur l’horreur de la Shoah… Horreur si absolue qu’on pensait qu’elle signait la fin de l’histoire, de celle-là du moins… Mais l’hydre obscure ne connaît pas de repos : propagande antijuive dans les pays musulmans, négationnisme en Europe, publications racistes et antisémites dans Vue de l’exposition à l’I.P.S.A.A © X-D.R les pays de l’ancien bloc soviétique, avec la reprise de motifs iconographiques des siècles derniers, jusqu’au Brésil où certains rendent un nouveau culte au nazisme. La toile Internet dans son infinie variété permet aussi à ces mouvements de diffuser. L’exposition s’appuie sur des reproductions de documents, photographies, affiches, journaux, fresques, tableaux, gravures, des commentaires riches et précis. Les écoles, les collèges et lycées en sont d’assidus visiteurs. Présentée dans le monde entier, elle apporte par la présentation de faits concrets les moyens d’une prise de conscience et lutte avec intelligence pour la défense des droits de l’homme. Un seul regret : la durée très brève de son passage à Aix-en-Provence.... MARYVONNE COLOMBANI Cette exposition a été visible à Aix du 23 au 25 mai à l’I.P.S.A.A. 86 PATRIMOINE Le patrimoine s’anime Il y a tant et tant d’activités ! Allez sur les sites des musées, prenez le temps de vous glisser dans les conférences La région regorge de sites, et ces lieux sont animés d’une vie passionnante par l’accroissement régulier des collections, leur rénovation et leur sauvegarde. C’est le musée bleu d’Arles qui pérennise certaines pièces majeures de ses expositions en les incluant dans leur fond propre, comme le célébrissime buste de César, c’est l’abbaye de La Celle qui connaît un programme de restauration (de 2010 à 2012), ce sont les opérations de restauration régulières sur le Pont du Gard ou les Antiques de Saint-Rémy-de-Provence. Projets, dossiers, réalisations s’enchaînent… À cet intérêt patrimonial s’ajoutent avec imagination des actions variées, expositions temporaires qui viennent donner de nouveaux prétextes pour retourner au musée, conférences, visites guidées, spectacles… et permettent aux habitants de la région et aux touristes des approches renouvelées. Musée de Castrum Vetus De petits trésors, souvent en dehors des grands passages, recèlent d’étonnantes richesses. Ainsi, le petit musée de Castrum Vetus à Châteauneuf-lesMartigues. Imaginez une bâtisse en ruines, ancien hôtel des marquis de Caumont (XVIIème), un groupe d’amis, fous de préhistoire… Conjonction des volontés, aujourd’hui le bâtiment, debout dans sa parure de calcaire tendre, est dédié aux collections, géologie, archéologie (matériel provenant en grande partie de la Font aux Pigeons, du camp de Laure ou de l’oppidum de Fourques), réparties en 7 salles d’exposition. Si vous avez la bonne idée de demander les conseils du médiateur Toomaï Boucherat vous aurez une foule de renseignements sur la composition des poteries, mélange d’argile et de dégraissant, sur la colle préhistorique, largement aussi résistante que n’importe quelle colle néoprène dérivée de pétrole (60% de résine, 40% de cire d’abeille), la fabrication des perles - les hommes du néolithique aimaient eux aussi les bijoux - le tannage des peaux, la fabrication de la corde … Puis il vous guidera à la Font aux Pigeons, l’un des plus anciens sites préhistoriques connus du pourtour de l’étang de Berre, et qui marque une étape décisive dans le passage de la civilisation nomade à la sédentarisation. Il suffit de prendre rendez-vous… Quelques choix… et pyrotechnie se conjuguent pour l’émerveillement des spectateurs. Un autre évènement passera par le pont, Total Festum, le 24 juin, qui permet de valoriser les cultures catalanes et occitanes. Concerts joyeux et festifs pour la fête de la Saint-Jean… Une autre manière d’envisager l’été ! MARYVONNE COLOMBANI Musée de Castrum Vetus, Chateauneuf les Martigues 04 42 79 81 56 www.documentation-provence.org/1375 Pont du Gard 0 820 903 330 www.pontdugard.fr Musée départemental de l’Arles Antique 04 90 18 89 08 www.arles-antique.cg13.fr Abbaye de la Celle 08 99 23 04 48 www.gralon.net/tourisme/a-visiter/info-abbayede-la-celle-la-celle-19114.htm Un pont de lumière Plus à l’Ouest encore le Pont du Gard sera mis en lumière tous les soirs, du 1er juillet au 20 août, par une féerie de couleurs et de lignes qui souligneront les caractéristiques de son architecture, dans une mise en lumière poétique et symbolique par Claudette Viguier. Auparavant, les vendredis et samedis de juin auront connu le nouveau spectacle du Groupe F, où composition musicale et flammes, vidéo © X-D.R Dans le Var, le patrimoine se met en scène : à l’abbaye de la Celle, avec, après les concerts de mai des Nine Spirit (de Bach à Coltrane), une conférence au titre paradoxal, Le monastère comme expression de la liberté pour les femmes au Moyen-Âge, le 26 juin à 16h. Puis le 3 juillet à 15h30 Le conte de Troie, spectacle de marionnettes par Massimo Schuster. À la chapelle de l’Observance du côté de Draguignan, le 18 juin à 20h30 les poèmes d’Omar Khayyam chantés par Alireza Ghorbani et Dorsaf © T.Nava Groupe F Hamdani, une magnifique fusion entre le chant Arabe et Persan ; à l’abbaye du Thoronet, le 26 juin à 17h, concert de Chant Byzantin par Dvina et le chœur Mélodi… À l’ouest de la Provence, les Suds pour leur 16e édition s’invitent au Musée départemental de l’Arles Antique, avec des projections de films dans l’auditorium, du 11 au 17 juillet (Benda Bilili, Le premier rasta, Bodega Buf de vida, Zanzibar, l’extraordinaire leçon de Ravi Shankar), des salons de musique, le 11 le lundi de Mediapart avec Edwy Plenel, le 12 Mercedes Péon, le 13, Kimmo Pohjonen le 14 Socalled, le 15 Ahmad al Khatib… enfin, le 15 de 10h30 à 12h, le spectacle le Rhône dans la cité fait escale dans le jardin Hortus et s’achève sur le parvis du musée. Des archéologues, des slameurs, des danseurs hip hop sont réunis pour une promenade atypique au fil du Rhône… À noter : une superbe exposition a commencé depuis le 4 juin autour de l’épave du chaland gallo-romain (1er siècle), expliquant le contexte de la fouille et interprétant ses résultats ainsi que de nombreux objets mis au jour. Tous les premiers dimanches du mois à 11h, des conférences illustrées : le 3 juillet elle conduit dans le Saint-Tropez de l’Antiquité, Baïes (baie de Naples), le 7 août elle évoque Auguste, le nom du mois y invite ! Des sujets spécialisés sont abordés simplement, comme Le mécanisme d’Anticythère, un ordinateur antique ? le 9 juin, la conservation in situ des mosaïques le 23 juin, La navigation antique le 30 juin (de 18h 30 à 19h30)… MÉCÉNAT87 Faut-il croire au mécénat culturel ? Nous posions la question dans notre numéro précédent, après la convention d’Admical qui avait mis au jour sans détour les faiblesses d’un mécénat culturel en berne, qui répercute et amplifie le désengagement de l’État, et concentre ses quelques restes sur des manifestations prestigieuses, ou des actions de diffusion plus sociales qu’artistiques. Le tout en privant l’État d’une part de ses recettes fiscales (60% des dons se déduisent directement de l’impôt sur les sociétés). Mais ce constat global et ponctuel est-il inéluctable, ou peut-on imaginer un mécénat culturel intelligent et efficace ? L’exemple des Mécènes du Sud Les Mécènes du Sud commencent une nouvelle mandature qui les mènera jusqu’en 2013, occasion pour eux de revenir sur leurs actions, et leurs ambitions. Fondé en 2003, le collectif compte aujourd’hui 32 entreprises adhérentes1 qui cotisent selon leur nombre de salariés (5000 € pour une entreprise de moins de 500 salariés). Leurs moyens en mécénat restent très limités, mais ils consacrent environ 100 000 € à financer directement des projets d’artistes et des compagnies. Une contribution négligeable face aux subventions publiques, ou à certaines actions de mécénat prestigieuses, mais qui a une véritable force d’exemplarité. Tout d’abord parce que ces fonds vont exclusivement à la création artistique contemporaine du territoire, dans les domaines du spectacle et des arts plastiques. Les Mécènes du Sud ont d’ores et déjà aidé à la naissance de 70 projets d’artistes émergents, qui pour certains ont connu ensuite un bel avenir, soutenus conjointement par d’autres financements : on peut ainsi citer dans le domaine du spectacle France do brasil d’Eva Doumbia, Evelyn House of Shame de Christophe Haleb, tous deux programmés par exemple au Festival de Marseille. Ou Le cabaret discrépant d’Olivia Grandville, programmé cette année au Festival d’Avignon. Pour les arts plastiques la pertinence est encore plus nette puisque Marie Reinert, Vincent Beaurin, Suzanne Hetzel, Mathieu Clainchard, Karine Rougier ont bénéficié de leur soutien ces dernières années. Cette pertinence est due à la totale indépendance du comité de sélection auquel aucune entreprise ne participe, et qui est composé de professionnels parfaitement souverains. Pour plus de visibilité cependant, et d’efficacité, les Mécènes du Sud ont décidé d’attribuer désormais non plus une dizaine d’aides par an, mais de répartir leur 100 000 € sur 5 projets annuels, qu’ils pourront suivre plusieurs années, afin d’en être réellement les moteurs. Les projets En dehors de ce soutien au projet, Mécènes du Sud, initiateurs dès 2006 des Ateliers de l’EuroMéditerranée (voir pages suivantes), organise des résidences d’artistes du territoire en entreprise, en accom- It's like a jungle sometimes, Mathieu Clainchart © X-D.R rant nettement les cotisations… Car aujourd’hui, avec environ 50% de frais de fonctionnement et de communication, les MDS investissent moins dans l’artistique (50% de leur budget global) que leur ristourne fiscale (60% de leur IS). Pour modifier cet équilibre, des recettes complémentaires qui n’alourdiraient pas les frais de fonctionnement sont nécessaires. Car ce mécénat est exemplaire sans aucun doute. Mais est-il pour l’heure efficace ? AGNÈS FRESCHEL Evelyn House of Shame, Cie Christophe Haleb © X-D.R pagnant les artistes dans leur démarche. Leurs ambitions ? favoriser l’émergence d’un label MDS et ouvrir un lieu, être un véritable acteur de MP2013, et poursuivre au-delà une véritable association entre artistes et entreprises, en associant en particulier les salariés lors des résidences. Ambitions louables pour un projet esthétiquement et éthiquement irréprochable ! Mais la hauteur du financement de Mécènes du Sud reste dérisoire : avec un budget artistique de 100 000 €, comment espérer compter sur le territoire ? Les 32 entreprises s’engagent actuellement dans MDS pour des sommes modiques… qui ne permettent au collectif que d’avoir des orientations indicatives pour la politique de mécénat de chaque entreprise. Ainsi, c’est pour 1,5 Md’€ que la SMC, un des Mécènes du Sud, s’engage à titre personnel dans MP2013… MDS, qui défend l’idée d’un financement autonome exclusivement privé, ne pourra «être un partenaire financier déterminant» qu’avec des moyens nettement plus importants. En augmentant spectaculairement le nombre d’entreprises adhérentes, ou en majo- 1 Altergis, Astime, axa Art, Axe Sud, Beau Monde, Bleu Ciel, Cabinet Phocéen d’Assurances, Cabus & Raulot, Caisse d’Epargne P.A.C, Christian CarassouMaillan, Laurent Carenzo, Courtage de France Assurances, Dial Invest, Féraud CFM Entreprises, Anthony Ginter, High Co, IBS group, IDM, Joaillerie Frojo, Le Péron, Mc Donald’s B.I., Marbour, Marfret, MGM, Olympique de Marseille, Pébéo, Pullman Palm Beach, Ricard, Safim, Scotto Musique, SMC, Vacances Bleues Les Ateliers de l’EuroMé Cela agace certains, en inquiète d’autres : Marseille Provence 2013 travaille dans l’ombre et n’attire pas forcément l’attention sur ses actions souterraines. Pourtant, l’un des dispositifs les plus novateurs de la capitale européenne de la culture est opérationnel depuis 2008, avant même la nomination marseillaise : les Ateliers de la candidature, puis les Ateliers de l’EuroMéditerranée, ont bel et bien commencé sur le territoire, installé des artistes dans de nombreuses entreprises, et produit des œuvres. Mais pas seulement… Zibeline a décidé de rendre compte régulièrement des avancées et résultats de ces Ateliers. Sandrina Martins, responsable du projet, nous explique leur fonctionnement et leurs ambitions. En quoi consistent ces Ateliers ? Il s’agit de soutenir des artistes, et plus largement la création contemporaine, en mettant en place des résidences d’artistes dans des espaces non dédiés à l’art. C’est-à-dire des entreprises, privées ou publiques, du territoire : le monde économique, mais aussi de la santé, de l’enseignement, des services publics. Au début nous avions fixé l’objectif de 200 ateliers d’ici à 2013. Mais nous modulons en avançant : par exemple nous nous sommes rendu compte que les ateliers dans des entreprises en lien avec l’art avaient moins d’intérêt. Aujourd’hui on pense plutôt à une centaine : une cinquantaine sont d’ores et déjà prévus, une douzaine d’autres sont réalisés, cinq sont actuellement en cours, et plusieurs vont débuter cet été. Comment sont-ils financés, et quelle est leur durée ? Il n’y a pas de format prédéfini, chaque atelier génère sa forme… ce qui est passionnant, et difficile à mettre en place ! Une résidence peut durer de 6 mois à 3 ans, en continu ou discontinu, et peut coûter selon son ampleur quelques milliers d’euros, ou beaucoup plus. Qui finance ? Là encore c’est variable : Marseille Provence 2013 peut prendre en charge jusqu’à 50 %, surtout s’il s’agit de services publics par exemple qui ne bénéficient pas des avantages fiscaux du mécénat. Les entreprises privées financent environ 70 % des ateliers. Mais chacun fonctionne selon des modalités et une convention particulière, tripartite, est signée soit directement entre l’entreprise, MP2013 et l’artiste, soit avec un opérateur culturel qui représente l’artiste et fait office de production déléguée. 1 Et comment sont choisis les artistes ? Il n’y a pas eu d’appel à candidatures, contrairement aux autres projets de Marseille Provence 2013. Mais nous recevons des suggestions de ces opérateurs culturels, des propositions directes aussi émanant des artistes, et nous en sollicitons d’autres avec lesquels nous avons envie de travailler. En fait il y a deux prospections : celle du projet artistique, et celle de l’entreprise. À ce niveau-là nous sommes très pragmatiques. Ainsi un artiste peut arriver avec un projet pour lequel on va chercher une entreprise : Anne-Valérie Gasc, qui filme des explosions, devait trouver une entreprise comme CEBTP Démolition. En revanche Vacances bleues est arrivé avec une culture d’entreprise, un centre d’intérêt pour lequel nous avons cherché des artistes. Tandis que certains projets conceptuels pourraient voir le jour dans un grand nombre d’entreprises, d’autres doivent être adaptés à un environnement particulier et l’intégrer dans leurs œuvres. La Logirem, par exemple, propose des résidences à La Bricarde, dans ses logements sociaux, ce qui suppose des projets tournés vers les habitants. Les artistes sont essentiellement des plasticiens ? Oui, les arts du spectacle étant plus difficiles à installer en entreprise que les arts visuels. Il y a donc des cinéastes, vidéastes, photographes, des plasticiens et sculpteurs. Quelques résidences d’écriture, moins nombreuses parce que des dispositifs existent déjà dans la région. Mais des résidences de compositeurs sont prévues également : il s’agit dans tous les cas de créer des œuvres. Quels sont vos critères de choix de ces artistes ? Comme leur nom l’indique le but de ces ateliers est de créer des liens entre Europe et Méditerranée. Donc nous avons choisi un certain nombre d’artistes du pourtour méditerranéen, en particulier de la rive sud, où les conditions de production des œuvres sont plus que précaires. Offrir à un artiste Égyptien un lieu de résidence, un salaire et le matériel pour produire son projet, lui donner les moyens concrets de travailler, contribue sans conteste au rapprochement durable entre Nord et Sud. Notre second vivier est tout simplement ici : nous avons sélectionné plusieurs très bons artistes locaux. Et puis nous faisons venir également quelques artistes du reste du monde… Est-il prévu un temps de restitution publique de ces œuvres ? Il n’y aura pas d’exposition collective globale, et les œuvres produites par ces ateliers seront visibles, ou audibles, d’une manière ou d’une autre au cours de 2013. Nous réfléchissons aux modalités. Il n’est pas question en tous les cas qu’elles restent dans les entreprises, ce n’est pas le but. Justement, quel est le but ? Ils sont multiples. Le premier est de produire des œuvres contemporaines, et de donner pour une fois aux artistes, qui souvent ne sont pas des plus reconnus, de bonnes conditions de production : un atelier doit prendre en charge les honoraires de l’artiste, ses frais de logement, de repas, de voyage, et ses frais de production. Les frais de médiation également de la production déléguée. diterranée C’est-à-dire ? Les artistes ne sont pas généralement, en tant que personnes, reconnus d’utilité publique, ce qui est nécessaire pour mettre en place un mécénat. Sextant et Plus, Triangle, le Bureau des Compétences et Désirs, l’ensemble Télémaque, Le Citron Jaune par exemple qui sont signataires des conventions, proposent et suivent des artistes dans leur processus de création au cœur des entreprises. Ils mettent en place aussi des plans de médiation à l’intention des salariés, des publics. Car un de nos objectifs principaux est que ces ateliers puissent fonctionner après 2013, sans nous, et que les opérateurs culturels puissent signer des conventions directement avec les entreprises. Et les entreprises, dans quel but participent-elles à l’aventure ? Ce sont généralement les chefs d’entreprise eux-mêmes qui sont au départ les plus convaincus. Ils redoutent parfois que les salariés trouvent cela inutile… et on ne peut envisager un Atelier que dans une entreprise qui va bien, sans tension sociale. Mais on peut déjà mesurer l’impact à l’intérieur des entreprises de la présence d’un artiste : les dirigeants vous en parleraient mieux que moi, mais visiblement ils ressentent une envie, pas forcément formulée, qu’un ailleurs de l’ordre du rêve pénètre dans leurs murs. Ils cherchent bien sûr à bénéficier d’un impact à l’extérieur, en terme d’image, mais ils comprennent assez vite que ce n’est pas l’essentiel : l’un d’entre eux m’a confié que la présence d’artistes au cœur de son entreprise lui avait fait économiser un an de management ! Les salariés quant à eux sont souvent surpris de voir que les artistes travaillent. Qu’ils assemblent, font des plans, des prises de vues, de sons. Qu’ils répètent, matériellement. Cela dissipe donc des malentendus. Certainement, cela crée indéniablement des liens inédits. Parfois aussi les ateliers parlent de la vie de l’entreprise. Ce qui peut la faire avancer, mais nourrit aussi leur production artistique. Sonia Chiambretto va faire une résidence dans les Bureaux Municipaux de Proximité qui alimentera certainement son écriture à la fois poétique et documentaire. À La Tour du Valat Les Pheuillus participent à leur manière à l’étude de la biodiversité… Mais au-delà de ces motivations, pragmatiques ou relationnelles, notre idée est d’inventer un nouveau mode de production de l’art. Que d’autres pourront appliquer ailleurs, et qui perdurera ici. Et puis l’ensemble du territoire doit s’impliquer dans la Capitale Culturelle. Parce que le monde économique va bénéficier des retombées, mais aussi parce que plus globalement Marseille Provence 2013 veut concerner chacun, et que tous les lieux deviennent les lieux de l’art. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL Quadrissimo © Stephan Muntaner De perceptions en impressions Ils sont grapheurs, graphistes et performers. Robert Bilbil, Vincent Castellin, Guillaume Vinrich et Guillaume Kaercher sont revenus de leurs périples dans les futures capitales européennes de la culture et de Gdansk dans le cadre du projet Marseille Téléport avec l’envie de traduire leurs perceptions en impressions. Les Ateliers de la candidature ont transformé leur projet en réalité : grâce à ses toutes dernières techniques de reproduction numérique, la société Quadrissimo leur a donné la possibilité de réaliser des tirages très grand format sur support aluminium à partir de la matière compilée (photographie et vidéo). Résultat ? Un atelier Quadrissimo transformé en lieu de production et en galerie d’art, exposant le fruit des échanges et des expérimentations entre les artistes et ses créatifs, techniciens, reprographes et opérateurs. M.G.-G. Dans le secret de Pascal Martinez Repéré en 2009 parmi les artistes du Show Room d’Art-O-Rama, Pascal Martinez est en 2010 l’artiste invité du salon international d’art contemporain de Marseille avec une œuvre en lien avec l’idée d’écriture : Hortus conclusus, installation composée de 100 pavés de verre moulés (avec feuille d’argent et feuille de mika), structure métallique et documentation (les pavés enferment les secrets livrés par ses amis). Pièce réalisée à l’occasion d’une collaboration entre Art-O-Rama et le Centre international de recherche sur le verre, dans le cadre des Ateliers de l’EuroMéditerranée. Pièce qui a permis à l’artiste d’entrer «dans le secret de l’atelier du Cirva» pour travailler avec les techniciens, «dans la concentration de son idée et des efforts mis à sa concrétisation» : de là est née une bibliothèque de l’intime où l’écriture est bijou, et chose précieuse à protéger… M.G.-G. www.pascalmartinez.net © Pascal Martinez 2 Les Ateliers de la candidature Le point de vue de l’entrepreneur Raymond Vidil est président de Marfret, compagnie maritime familiale fondée en 1951, aujourd’hui un des armateurs et transporteurs maritimes les plus actifs du Port de Marseille. Mais Raymond Vidil est également Vice Président de Mécènes du Sud, et aime à se définir comme «un armateur d’art» ! Il pense qu’une entreprise ne peut «se définir par son seul objet social», et qu’elle doit «participer à l’attractivité de son territoire, tout en apportant de la créativité à ses collaborateurs». Ainsi il s’est engagé très tôt dans la candidature de Marseille Provence 2013, accueillant dès 2008 Marie Reinert dans son entreprise. Où elle a pu prendre le pouls des machines, et en restituer les vibrations mécaniques. En y apportant un supplément d’âme ! Précurseur des Ateliers de l’EuroMéditerranée, le projet des Ateliers de la candidature a été profondément déterminant dans le choix de la ville lauréate car il garantit la pérennité, au-delà de 2013, des réalisations engagées dès 2008 et que son concept original s’appuie sur une idée forte, sans équivalent en Europe : l’affirmation et le développement de la dimension nord-sud des échanges culturels et artistiques, des rencontres des créateurs, de leurs projets et de leurs œuvres grâce à la mobilisation du monde économique. Dès 2008, avec le concours de leurs salariés, des entreprises se sont engagées auprès des artistes en leur proposant in situ des lieux de résidence, des studios de travail et de répétition ; entreprises auxquelles se sont ajoutés, en 2009, des laboratoires de recherche et des pôles de compétitivité. Si le projet initial a évolué (dimension workshop accrue), les fondamentaux demeurent identiques ; l’artiste invité au cœur de l’entreprise est soutenu dans la production et la création d’une œuvre qui, selon sa nature et sa pertinence, pourra être présentée dans la programmation 2013. Les premières expériences témoignent par leur diversité, justement, de cette politique spécifique de commandes dédiées aux nouvelles écritures artistiques : entre l’ensemble Symblêma Percussions qui pose ses instruments chez Cabus & Raulot pour faire jouer ses salariés, Suzanne Hetzel qui photographie le personnel de l’Hôtel Pullman pendant que Tanguy Moyet lui dispense des cours de magie ; entre Michèle Sylvander qui réinvente la vie d’Isadora Duncan sur pellicule à l’invitation de la boutique Marianne Cat et le studio Quadrissimo qui partage son savoir-faire avec Robert Bilbil, Vincent Castellin, Guillaume Vinrich et Guillaume Kaercher. Ou encore Marie Reinert immergée dans la société de transport maritime Marfret pour des traversées au long cours… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Extrait de Roll-On, Roll-Off © Marie Reneirt Marie Reinert, lauréate 2008 Mécènes du Sud, vit à Berlin ; de 2008 à 2010 elle fut accueillie en résidence par Marfret pour des périodes de 4 à 6 semaines. Repérages, exploration de la réalité portuaire et de l’entreprise, expérimentation de 4 traversées Marseille-Alger, rencontres avec les salariés hors de l’entreprise : après sa longue immersion dans l’univers clos des navigants, la plasticienne a réalisé le film Roll-On, Roll-Off, plongée poétique aux mouvements obsessionnels qui collent à la respiration mécanique des porte-containers Ro-Ro et à la rudesse du travail de l’équipage. Roll-On, Roll-Off a été présenté au Festival de Marseille 2010 en collaboration avec le FRAC Paca. M.G.-G. www.mariereinert.com 3 Percussif et festif L’ensemble Symblêma Percussions (lauréat 2007 Mécènes du Sud) a été la première structure culturelle à participer au dispositif des Ateliers de la Méditerranée lancé dans le cadre de la candidature de Marseille en 2008. Le cadre : l’entreprise Cabus & Raulot. L’objectif : faire découvrir aux salariés inscrits à l’atelier les différentes façons d’aborder les percussions dans toute leur diversité (instruments à peau, claviers et autres objets usuels détournés de leur fonction première pour devenir instruments de musique). Le tempo : un atelier hebdomadaire de mai à novembre animé par deux percussionnistes. Cette expérience inédite et ludique autour de la découverte et de la pratique de la musique contemporaine a entrainé les salariés à devenir eux-mêmes les acteurs d’une performance musicale et publique au cœur de l’entreprise. Au vu du succès remporté par cette double aventure humaine et artistique, l’ensemble Symblêma Percussions était invité en novembre 2010 à «rythmer» la signature d’une convention de partenariat entre la Société Marseillaise de Crédit, l’association Marseille-Provence 2013 et la CCIMP… au siège de la SMC ! Symblêma chez Cabus & Raulot © MP2013 M.G.-G. www.symblema.free.fr Contes des marais Le Phun, compagnie toulousaine d’arts de la rue, a été accueillie en résidence de longue durée par Le Citron Jaune/Ilotopie Centre des arts de la rue pour la réalisation d’un projet croisant installation plastique et spectacle/rencontre publique dans le cadre de l’un des premiers Ateliers de l’EuroMéditerranée. C’est le domaine de La Tour du Valat, organisme scientifique pour la préservation des zones humides, qui en est le terrain d’expérimentation depuis une année et demie. La création contemporaine s’est emparée depuis bien des années de la nature et des questions environnementales. Land Art, art des jardins, éco-conception architecturale, les créateurs Hans Haacke, Andy Goldsworthy, Nils Udo, Erik Samakh, Gilles Clément entre autres... Les collaborations entre les artistes et les institutions scientifiques mènent aussi à des projets originaux comme ces Pheuillus venus d’un autre monde en Camargue. Mannequins anthropomorphes constitués de feuilles séchées contenues dans une structure de grillage, les quatre vingt Pheuillus valent moins par leurs qualités plastiques que par leur rôle de drôles d’objets transitionnels. Disséminées en différents points du domaine, dans l’étang du Verdier près du Sambuc et laissées aux aléas naturels, ces sculptures d’apparence primitive font partie d’une mise en parcours théâtralisée par les comédiens de la compagnie. Support d’échanges ouverts avec des publics variés, visiteurs occasionnels, habitants alentour, jeunes scolaires, scientifiques, ils sont les sujets de fictions amenées et construites avec l’auditoire dans la spontanéité du moment. Entre affabulations et vérités scientifiques, rien n’est vraiment sûr. L’incertitude, c’est justement le thème générique des Envies Rhônements 2011. Les Pheuillus y font escale pour trois dates de rencontres insolites théâtralisées. Chaque soirée sera suivie d’une conférence «Ciel ! Ma Camargue» de Jean Roché qui a photographié la Camargue vue d’en haut, et pourra être prolongée avec les installations de Jean-Pierre Brazs au domaine de la Palissade aux Salins de Giraud et Guillaume Laidain dans les marais du Vigueirat près de Mas Thibert. La Tour du Valat : Centre de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, fondation privée créée en 1954 par Luc Hoffmann. Réservée à la communauté scientifique, la Tour du Valat ouvre ponctuellement ses portes au public extérieur lors de journées particulières. Les Pheuillus en Camargue les 28, 29, 30 juillet en soirée Tour du Valat, Le Sambuc 04 90 97 20 13 www.tourduvalat.org www.lephun.net Le Citron Jaune 04 42 48 40 04 www.lecitronjaune.com CLAUDE LORIN Cie Le Phun, Les Pheuillus, Tour du Valat, Camargue, 2010/2011 © Jean E. Roché 4 Comme l’an dernier Zibeline s’associe au Festival du livre de la Canebière (voir p71) et publie la nouvelle de Dominique Pion, lauréate du concours de la Bonne Nouvelle de la Canebière ouvert à des auteurs n’ayant jamais publié. Cette nouvelle a été écrite, en l’occurrence, en écho avec une photographie de Zineb Sedira. Retour aux sources Enfin ! Elle l’avait retrouvée. De la maison, il ne restait que la terrasse, surplombant la falaise où la mer bat sans fin les rochers. Certes, elle est en ruine. Le carrelage autrefois si chatoyant est terni, et par endroits complètement arraché. Pourtant, face à ce décor majestueux, le regard embrasse la mer à perte de vue, et elle retrouve son âme d’enfant quand, insouciante et heureuse, elle jouait avec ses sœurs et frères sous le regard attendri de sa grand-mère. Combien de fois, assise aux pieds de la vieille femme, elle demandait : - Mémé, raconte-moi quand tu étais jeune ! Alors, d’une voix douce et voilée, la vieille femme lui racontait son enfance, les jouets désuets qui la faisaient rire, la rencontre avec grand-père qu’elle n’a pas connu, mais dont la photo orne le buffet : avec ses grosses moustaches, il l’impressionnait. Et aussi la guerre avec son lot de souffrances. Elle était la dernière de la fratrie. Celle que l’on n’attendait pas. Le cadeau. Elle fut gâtée, choyée, aimée par toute la famille. Ses frères s’érigèrent en protecteurs - ils le sont toujours - ses sœurs furent ses mamans - cela n’a pas changé. Au fur et à mesure de sa déambulation, ses souvenirs affluent. Elle se revoit adolescente, échangeant son premier baiser, cachée dans un recoin de la terrasse, tremblant de peur d’être surprise. Fermant les yeux, elle retrouve le goût du plaisir défendu. Puis il y eut ce jour funeste où ils durent quitter leur terre. Elle se souvient de la force de ses mains agrippant le rebord de la terrasse quand son père l’arracha à son sanctuaire. POURQUOI ? Pourquoi devaient-ils partir ? Ils n’avaient rien fait. C’est vrai qu’elle n’allait plus au lycée à cause des attentats. Les volets de la maison étaient constamment fermés. Elle ne jouait plus sur la terrasse, même Mémé ne racontait plus d’histoires. On entendait le bruit des bombes, les rafales des mitraillettes. Pourtant, papa allait toujours travailler. Alors pourquoi partir ? - C’est la guerre dit papa. Sur le pont, elle regarde s’éloigner sa terre. Ses sanglots sont déchirants. Il lui semble que son cœur explose. Elle tombe à genoux. La tête entre les mains, elle pleure à en mourir. La main de sa grand-mère se pose sur sa tête «Chut ma douceur, ma lumière chut». Entre ses bras, elle la berce. ARRIVÉE MARSEILLE. La ville est sale. Éclatée de soleil. Sur le quai, les bagages à leurs pieds, ils attendent de passer la douane. C’est long. Il fait chaud. Les relents lui donnent mal au cœur. Enfin ils peuvent partir. Direction un hôtel rue Thubaneau. Ils vont y rester deux mois, avec interdiction pour les filles de sortir seules. Elle ne comprend pas pourquoi. Elle les trouve belles les femmes avec leur maquillage. Septembre 62. Direction La Rose. Ils vont habiter dans un H.L.M. C’est un grand appartement avec toutes les commodités. C’est aussi la rentrée. Pour la première fois, mais non la dernière, elle entend le mot «pied-noir». C’est une fille qui l’appelle comme ça. Là encore elle ne comprend pas pourquoi. Mes pieds sont propres. Et d’autres insultes. Que nous venons manger le pain des vrais Français, prendre leur travail. Que nous aurions dû rester dans notre pays. On se moquait de mon accent. De ma façon de parler. Sous prétexte que là-bas nous ne suivions pas le même programme j‘ai même dû redoubler ma troisième. C’était faux. Alors, j’ai mis les bouchées doubles. J’allais leur montrer que la «piednoir» était la meilleure. Ce fut une année solitaire. Je n’avais pas Zineb Sedira Framing-the-view III d’amies. Même les profs étaient différents avec moi. PUIS, LE TEMPS A PASSÉ. On m’oublia. Je me fis même deux amies. Après le bac, je choisis le droit. Je rêvais de la magistrature. Mes amies prirent le même chemin et nos parents nous trouvèrent une pension de famille à Aix-en-Provence. Ma première année fut studieuse. Je sortais peu. J’avais toujours la rage de réussir. Cet été-là, pour la première fois, je partis en vacances, seule avec mes deux amies. Quinze jours de randonnées dans les gorges du Verdon. Ma récompense. Ce fut en Décembre, que mon frère présenta à la famille son ami Antoine - ils avaient fait leur service militaire ensemble dans les chasseurs alpins. Il avait 27 ans, il était grand, brun, les cheveux coupés court… Ses yeux noisette paraissaient presque d’or dans son visage encore hâlé par le soleil de la montagne. Une bouche bien dessinée, le rire toujours au bord des lèvres. Je le trouvais séduisant et sympathique. Mes parents l’appréciaient. Nous avons commencé à sortir, cinéma, théâtre, bal, toujours accompagnés d‘un de mes frères. En août 1973, nous nous sommes mariés. À la rentrée, je n’ai pas repris mes études. Puis les enfants sont arrivés : quatre nous comblant de bonheur. Ma vie était bien remplie, pleine de vie et de joie. Avec bien sûr des moments difficiles, auxquels nous avons su tous les deux faire face. Les enfants grandirent sans difficulté. Et petit à petit prirent leur envol. Des petits-enfants sont venus, nous apportant tellement de joie. Pendant les vacances, la maison se remplissait de vie, de rires, de fête. En 2006, Antoine nous a quittés. Pour la première fois en 33 ans il me faisait de la peine. Malgré les enfants et les petits-enfants, j’éprouvais un grand vide. Et doucement, l’idée a germé. Je voulais, non je devais retourner chez moi, de l’autre côté de la Mé- Zibeline publie également l’illustration de Sebastian Sarti, lauréat du Prix du Jury d’une valeur de 400 € attribué à une illustration de la nouvelle Yanvalou de l’auteur haïtien Lyonel Trouillot © S. SARTI Aujourd’hui, je suis devenu comme la ville où je suis né. La ville où je suis né était un bord de mer composé de maisons droites et étroites soudées par des murs mitoyens. Les murs y avaient des oreilles. C’était une ville aveugle. On n’y cultivait pas le regard. Je suis devenu comme la ville où je suis né. diterranée. Je ressentais ce besoin comme une urgence. Les enfants essayèrent de m’en dissuader. Étrangement mes petits-enfants eux m’approuvaient, comprenant mon désir, et m’encourageaient. En juillet 2008, quarante-six ans après, je prenais le bateau me ramenant à Alger. Sur le pont, je voyais la ville blanche s’offrir à moi, étincelante de lumière. ALGER À peine est-elle débarquée que les souvenirs surgissent pêle-mêle comme un kaléidoscope créant une kyrielle d’images. La chaleur est étouffante et bénéfique. Ins- tinctivement, elle retrouve la marche lente de sa mère se rendant au marché sous un soleil de plomb. Soleil qui rend la lumière si blanche. Elle ôte ses lunettes noires, buvant de tous ses yeux cette ville qui lui a tant manqué. Jamais elle n’a vraiment parlé à sa famille de sa vie ici. Juste quelques bribes. Comment leur raconter les odeurs des épices ? le parfum lourd des femmes ? de la mer ? Comment leur faire partager les soirées sur la terrasse avec les femmes, partageant mille secrets. Comment leur dire cette luminescence de l’air ? Comment leur raconter le premier plongeon dans cette mer si bleue, si chaude ? Comment leur faire sentir les nuits parfumées par le jasmin en fleur? Comment expliquer cette tristesse qui parfois voilait son regard? Comme un cheval elle s’ébroue, chassant ses pensées. Elle veut être seule, pour mieux se retrouver. Pour la première fois, depuis ces années passées loin de sa terre, elle savait qu’elle était en paix. Elle avait retrouvé son sanctuaire. DOMINIQUE PION 88 ADHÉRENTS Nos Partenaires vous offrent invitations, réductions et avantages ! Pour les places gratuites, téléphonez-leur rapidement pour réserver, puis présentez votre carte de membre (1 place par carte nominative). Pour les réductions, présentez simplement votre carte (réduction valable seulement pour l’adhérent) Carte Flux Les Bancs Publics Librairie L’écailler Librairie Prado Paradis 5 cartes offertes sur la base de 1 carte achetée = 1 carte offerte (1 carte = 7 manifestations du 4 mai au 11 juillet) Auprès de Marseille objectif danse, le Festival de Marseille, Le GMEM, l’AMI, les Bernardines, le FID et le BNM. 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Demande par mail : [email protected] ou au 04 91 48 51 94 La Pensée de Midi vous offre 3 exemplaires de Histoires d’un 20 janvier, n° des 10 ans de la revue par mail : [email protected] Compagnie Campo (Avignon) Librairie Apostille 1 place offerte pour une achetée Dans le cadre du Festival Off Pour Le storie di italo au Lorette Théâtre Du 6 au 31 juillet Résas : [email protected] (Marseille 6e) 104 Cours Julien 5% de réduction sur l’ensemble du magasin La Minoterie Tarif réduit pour toutes les représentations 8€ au lieu de 12€ 04 91 90 07 94 Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Edité à 30 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Edité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse | n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Agnès Freschel Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture Cabaret Nono © Agnès Mellon Conception maquette Max Minniti Rédactrice en chef Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34 Librairie Maupetit (Marseille 1er) La Canebière 5% de réduction sur tous les livres Le Greffier de Saint-Yves (Marseille 1er) librairie générale et juridique 10 rue Venture 5% de réduction sur tous les livres Librairie Regards (Marseille 2e) Centre de la Vieille Charité 5% de réduction sur tous les livres L’histoire de l’œil (Marseille 6e) 25 rue Fontange 5% de réduction sur tous les livres Librairie Imbernon (Marseille 8e) spécialisée en architecture La Cité Radieuse 280 bd Michelet, 3e étage 5% de réduction sur tous les livres Librairie Arcadia (Marseille 12e) Centre commercial Saint Barnabé Village 30 rue des électriciens 5% de réduction sur tous les livres Musique et disques Jacques Freschel [email protected] 06 20 42 40 57 Polyvolantes Chris Bourgue [email protected] 06 03 58 65 96 Frédéric Isoletta [email protected] 06 03 99 40 07 Maryvonne Colombani [email protected] 06 62 10 15 75 Dan Warzy [email protected] Delphine Michelangeli [email protected] 06 65 79 81 10 Arts Visuels Claude Lorin [email protected] 06 25 54 42 22 Cinéma Annie Gava [email protected] 06 86 94 70 44 Marie-Jo Dhô [email protected] Livres Fred Robert [email protected] 06 82 84 88 94 Élise Padovani [email protected] Maquettiste Philippe Perotti [email protected] 06 19 62 03 61 Secrétaire de rédaction spectacles et magazine Dominique Marçon [email protected] 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Jeunesse, livres et arts visuels Marie Godfrin-Guidicelli [email protected] 06 64 97 51 56 Histoire et patrimoine René Diaz [email protected] Philosophie Régis Vlachos [email protected] Sciences et techniques Yves Berchadsky [email protected] Librairie de Provence (Aix) 31 cours Mirabeau 5% de réduction sur tous les livres Librairie Au poivre d’Âne (La Ciotat) 12 rue des frères Blanchard 5% de réduction sur tous les livres Art-Cade – Les Grands Bains Douche de la Plaine Une adhésion et une consommation au bar de la galerie 04 91 47 87 92 L’imprimeur Magenta 10% de remise sur tous travaux d’impression 04 91 32 64 54 Auto Partage Provence 6 mois d’abonnement gratuit d’essai vous disposez d’une voiture quand vous le souhaitez, à réserver par téléphone ou Internet, 24h/24, 7j/7, selon vos besoins 04 91 00 32 94 www.autopartage-provence.com Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, PierreAlain Hoyet, Gaëlle Cloarec, Christophe Floquet, Christine Rey, Thomas Dalicante Photographe Agnès Mellon 095 095 61 70 photographeagnesmellon.blogspot.com Directrice commerciale Véronique Linais [email protected] 06 63 70 64 18 Chargée de développement Nathalie Simon [email protected] 06 08 95 25 47
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