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13. NEUROSTIMULATION ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE Claire Charmetant, Bernard Laurent et Malou Navez MÉCANISMES DE CONTRÔLE DE LA DOULEUR DE LA TENS Différentes théories peuvent expliquer le mécanisme de contrôle de la douleur par la TENS avec des modalités de stimulations différentes selon la fréquence et l’intensité de la stimulation : - La théorie du contrôle de la porte aussi appelée « gate control », décrite par Wall et Melzak en 1965, suggère l’inhibition des fibres nociceptives par la stimulation des grosses fibres myélinisées du tact. En effet, la stimulation des grosses fibres périphériques au travers de la peau à des intensités bien tolérées et administrées directement par le NEUROSTIMULATION La neurostimulation électrique transcutanée (ou TENS, de l’anglais Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation) est une méthode d’analgésie non médicamenteuse par administration d’un courant électrique par voie transcutanée. Elle est réalisée à l’aide d’un stimulateur électrique relié par deux câbles à des électrodes appliquées sur la peau. Cette technique est utilisée depuis plus de 30 ans. Ses indications actuelles sont variées et vont de la douleur aiguë (post opératoire, dysménorrhée, angine de poitrine) à la douleur chronique (arthrose, lombalgie, douleur neuropathique) (26). ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE DÉFINITION 221 patient va soulager la douleur en inhibant la transmission du message au niveau de la corne postérieure de la moelle. Pour cela, la stimulation des grosses fibres se fait à haute fréquence et basse intensité. NEUROSTIMULATION ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE INHIBITION SEGMENTAIRE (CORNE POSTÉRIEURE DE LA MOELLE) 222 - La deuxième théorie concerne le relargage de substances opioïdes endogènes lors de la stimulation avec une augmentation du taux d’endorphines et de ses précurseurs dans le liquide céphalo-rachien, et une inhibition par la naloxone de l’effet antalgique de la stimulation en mode acupunctural (26). Le mode acupunctural signifie basse fréquence et haute intensité, donc stimulation des fibres de la douleur Aδ et C. Sur un modèle expérimental de rat mono-arthritique, la mise en évidence d’une tolérance aux molécules δ et m agonistes après une application de TENS sur 5 jours, respectivement pour les hautes fréquences et les basses fréquences, étaye l’hypothèse d’une médiation endorphinique et pose le problème de l’efficacité et de la tolérance croisée entre la stimulation et le traitement morphinique administré conjointement (5). L’augmentation de la tonicité du système opioïde endogène pourrait expliquer le post effet lors de la stimulation (26) alors que le « gate control » ne génère aucun post effet. - d’autres modes d’action sont possibles : la rapidité de l’analgésie fait entrevoir d’autres mécanismes comme la mise en action du contrôle inhibiteur diffus (avec certains courants de haute fréquence, haute intensité). Par ailleurs, une action périphérique de blocage-saturation des nocicepteurs cutanés a pu être évoquée ainsi que la participation du système sympathique. La façon dont s’articulent tous ces systèmes n’est pas claire actuellement. L’effet placebo participe également à l’effet antalgique. Les essais cliniques évaluant l’efficacité de la TENS ont été rendus difficiles en raison de cet effet placebo (4) et pourtant très peu d’études TENS ont utilisé une stimulation leurre pour contrôler cet effet. PARAMÈTRES DE STIMULATION Plusieurs paramètres de stimulation sont préconisés, variables en fonction de la fréquence des impulsions (de 1 à 100 Hz), de l’intensité du courant électrique (de 0 à 50 mA), et de la largeur de l’impulsion (de 0,1 à 0,5 ms). NEUROSTIMULATION Le matériel utilisé est composé de trois éléments : - Le stimulateur électrique, qui est autoalimenté par une pile ou une batterie rechargeable, ce qui permet l’application en ambulatoire ; - Les électrodes autocollantes, qui sont en élastomère siliconé, matériau conducteur, hypoallergique, souple et flexible. Leur taille peut varier de 1 cm2 à 160 cm2 ; - Les câbles de stimulation, qui permettent de relier les électrodes fixées sur la peau du patient au stimulateur électrique. Ils sont solides et souples, permettant un traitement ambulatoire prolongé. Leur longueur est choisie en fonction de la morphologie du patient et de la zone stimulée. ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE MATÉRIEL UTILISÉ 223 ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE NEUROSTIMULATION 224 Les deux modes de stimulation les plus couramment utilisés sont : - Le mode C-TENS (dit Conventionnel ou à effet « Gate control »), associant une stimulation continue à haute fréquence (80 - 100 Hz), des largeurs d’onde de 50 à 200 µs et des basses intensités. Il entraîne des paresthésies non douloureuses dans le territoire concerné. - Le mode AL-TENS (« Acupuncture Like » ou « Burst », générant des courants endorphiniques), associant des basses fréquences (1 - 4 Hz), des largeurs d’onde entre 100 et 400 µs et des hautes intensités, responsables de faibles secousses musculaires. Les stimulations de basses fréquences et hautes intensités en territoire extra-segmentaire procurent une analgésie rapide qui augmente durant la stimulation et persiste après l’arrêt de celle-ci. Le mécanisme est proche de celui de l’acupuncture et sollicite les fibres de la douleur C et Aδ. Les stimulations de hautes fréquences et basses intensités dans le territoire douloureux produisent un niveau d’analgésie équivalent mais cet effet ne persiste pas après la stimulation (7). Au cours de la stimulation, les fibres Aβ s’adaptent et leur interférence sur le barrage de la transmission des fibres C, en diminuant l’effet de porte et l’inhibition de la douleur, pourrait s’estomper. Cependant, en pratique, on ne constate pas de modification. Ce phénomène d’atténuation, voire de disparition, de la sensation pendant la stimulation électrique peut apparaître après 5 minutes environ, et n’interfère donc pas sur l’effet analgésique (10). Il est atténué par l’utilisation de la modulation des courants bien qu’aucune différence n’ait été rapportée que l’on utilise des courants fixes ou variables (10). IMPÉRATIFS ET MODALITÉS PRATIQUES DE LA TENS ◗ Conditions nécessaires Certains impératifs de stimulation sont à respecter et conditionnent l’efficacité de la technique. Leur prise en compte est indispensable avant d’affirmer l’échec de la technique. Le premier impératif est la présence d’un nombre suffisant de fibres myélinisées à stimuler. En effet, stimuler une zone trop désafférentée est source d’échec. Seules les fibres superficielles peuvent être stimulées. Pour le mode haute fréquence, les paresthésies doivent se situer dans la zone douloureuse. Les électrodes peuvent être placées soit sur le métamère douloureux, soit en zone extra-segmentaire. L’idéal est de stimuler le nerf correspondant à la zone douloureuse (sciatique, médian, etc.) Aucun consensus sur le bon placement des électrodes n’est trouvé dans la littérature mais, en pratique, les patients préfèrent souvent stimuler la zone douloureuse. Le conseil le plus utile est de placer les électrodes pour que les paresthésies évoquées couvrent le territoire de douleur spontanée. La seconde cause d’échec après la désafférentation trop complète est à l’inverse l’existence d’une allodynie mécanique trop importante ce qui n’est pas rare en cas de douleur neuropathique : parfois aucune stimulation n’est acceptable par le patient et on associe alors des techniques de blocage périphérique de la douleur (bloc, patch d’anesthésiques locaux) à la TENS pour la rendre tolérable. Dans tous les cas, une période d’apprentissage est fondamentale pour mettre le patient en confiance et trouver avec lui le mode de stimulation le plus adéquat : ceci implique une participation active à son traitement (HAS 2009). ◗ Contre-indications Selon la littérature (24), les contre-indications de la TENS sont les suivantes : - Application sur une région cutanée lésée ou insensibilisée ; le risque des lésions neuropathiques est de favoriser des réactions allergiques aux électrodes ou à la pâte intermédiaire ; - Applications sur une région cervicale antérieure (proximité des sinus carotidiens) et au niveau de l’abdomen chez la femme enceinte ; - Utilisation avec tout dispositif médical implantable actif ; - Utilisation durant un électrocardiogramme ou un électroencéphalogramme ; - Thrombose veineuse ou artérielle ou thrombophlébite. NEUROSTIMULATION Les effets secondaires de la TENS sont peu nombreux et essentiellement représentés par des irritations cutanées, voire des allergies liées aux électrodes. Le patient peut également se plaindre de myoclonies si l’intensité de stimulation est trop élevée, ou encore de paresthésies. ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE ◗ Effets secondaires 225 NEUROSTIMULATION ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE ◗ Quelle est la conduite à tenir et quel protocole utiliser ? 226 Il n’existe pas actuellement de consensus sur le meilleur type de stimulation à proposer. La plupart des études expérimentales et cliniques n’ont pas montré de différence entre les courants de haute et basse fréquence (17, 20, 22), une étude est en faveur des courants de haute fréquence (21) et une en faveur des basses fréquences (27,28). Parmi les essais réalisés en pathologie douloureuse chronique, on retrouve les mêmes résultats contradictoires (4). La difficulté rencontrée dans tous ces essais réside dans la constitution d’un vrai groupe contrôle. Plusieurs essais utilisant une TENS leurre avec une diode qui s’allume sans délivrer de courant, donc sans sensation transcutanée, ont été menés chez le volontaire sain et en situation de douleurs chroniques (6,12,15). Les résultats sont contradictoires dans la mesure où il y a des études positives et des études négatives contre placebo. La différence entre stimulation active et placebo n’est donc pas toujours significative. C’est ce qu’a montré récemment l’étude de Buchmuller et al. (3) dans une population de 236 patients présentant une lombalgie ou lombo-radiculalgie chronique. Cette étude multicentrique randomisée contre placebo analysait un programme de TENS appliqué pendant une heure quatre fois par jour durant trois mois. Les résultats ont montré une différence significative de l’intensité douloureuse (évaluée par l’Échelle Visuelle Analogique) avec une diminution de la douleur dans le groupe traité par la TENS active, que ce soit chez les lombalgiques ou chez les lombo-radiculalgiques, donc à la fois sur la composante lombaire mais, plus significativement, sur la composante radiculaire. Cette composante neuropathique attestée par le DN4 renforçait la probabilité d’effet antalgique, ce qui confirme l’effet classique essentiel de la TENS sur la composante neuropathique, mais l’on sait que certains interprètent en partie la composante lombaire par un mécanisme neuropathique. Aucune différence significative n’a été retrouvée concernant le statut fonctionnel, la qualité de vie et la prise médicamenteuse. Plus encore, la satisfaction globale était identique dans les deux groupes et le temps de stimulation quotidien restait identique à 4 heures quotidiennes dans le groupe placebo. Les autres études rapportant un bénéfice ont des faiblesses méthodologiques : critères d’inclusion et paramètres de la TENS non spécifiés, petite taille des échantillons de patients, durée de suivi variable (4,14). Les conditions de prescription (location, renouvellement et/ou achat) publiées par l’HAS en 2009 sont les suivantes : - prescription faite par un médecin exerçant dans une structure de traitement de la douleur ou ayant validé un Diplôme Universitaire de prise en charge de la douleur ou une Capacité d’évaluation et de traitement de la douleur ; - avis pluridisciplinaire choisi en fonction du type de pathologie traitée (impliquant l’avis d’au moins une des spécialités suivantes : rééducateur, chirurgien orthopédiste, gynécologue, psychiatre, rhumatologue, neurochirurgien) ; ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE ◗ Conditions de prescription et d’utilisation (HAS 2009) NEUROSTIMULATION En pratique clinique, on utilise des programmes associant ces deux courants. Les appareils proposent soit une alternance de ces courants en modulation sur un même programme, soit la possibilité d’associer deux programmes différents : TENS conventionnelle (C-TENS) et TENS acupuncturale (AL-TENS). Pour le positionnement des électrodes, cela dépend, comme on l’a vu, de la topographie douloureuse. Pour le mode de stimulation haute fréquence (C-TENS), les électrodes sont placées dans le territoire douloureux ou le territoire métamérique. Pour faire de la stimulation basse fréquence (AL-TENS), les électrodes sont placées sur des zones larges. Par exemple pour les lombalgies, les électrodes seront placées de part et d’autre de la zone para-lombaire douloureuse sur une peau saine et sèche (deux électrodes de chaque côté) en regard de la zone douloureuse. Pour les lombo-radiculalgies, on placera plutôt deux électrodes en para-lombaire et deux électrodes sur le trajet radiculaire. Et le mode de stimulation sera choisi en fonction de l’indication. De même, la durée quotidienne d’utiliExemple de disposition des électrodes dans sation est variable et est le cadre d’une lombalgie fonction de la pathologie. 227 - essai préalable ; - éducation du patient (le cas échéant en collaboration avec un autre professionnel de santé ayant validé un Diplôme Universitaire de prise en charge de la douleur : masseur kinésithérapeute, infirmier diplômé d’État, pharmacien, aide-soignant) ; - suivi à 1, 2, 3 et 6 mois après la prescription initiale (période de location). La location de l’appareil est mensuelle pendant six mois maximum, puis en cas d’efficacité de la technique, l’achat de l’appareil est pris en charge ; - suivi tous les six mois minimum après achat de l’appareil. NEUROSTIMULATION ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE ◗ Exemple de mise en place de la TENS dans un Centre de Traitement de la Douleur 228 Voici un exemple de protocole d’application de la TENS pour les patients : 1. Sortir les 4 électrodes du sachet et les mettre en place en fonction de la pathologie présentée par le patient. 2. Raccorder les électrodes au neurostimulateur en prenant soin de bien avoir enfoncé les fiches. 3. Mettre en marche le neurostimulateur. 4. Sélectionner le programme défini avec le soignant. 5. Débuter la stimulation puis augmenter régulièrement l’intensité jusqu’à apparition de fourmillements non désagréables. 6. Maintenir cette intensité pendant une heure puis arrêter l’appareil. Réaliser trois séances par jour. 7. Débrancher les fils des électrodes en tirant sur les fiches et non sur les câbles. 8. Enrouler les fils en prenant soin de ne pas les plier. 9. Décoller les électrodes sans tirer sur les fils et les replacer sur le papier support. 10. Conserver les électrodes dans le sachet et le placer dans le bac à légumes du réfrigérateur. Les documents suivants sont remis au patient pour l’application de la TENS à domicile : - le descriptif de la TENS ; - l’emplacement souhaité des électrodes sur un schéma d’une silhouette, avec les différentes consignes d’applications. NEUROSTIMULATION D’après les recommandations de l’HAS en 2009, la TENS est indiquée et prise en charge par l’assurance maladie pour « les douleurs chroniques, sans précision de l’étiologie, lorsqu’il y a insuffisance et/ou inadéquation des traitements médicamenteux ». L’analyse de la littérature montre un faible niveau de preuve des études cliniques, dans diverses applications de la TENS. Plusieurs revues ont été réalisées récemment concernant l’effet de la TENS dans différentes pathologies douloureuses, montrant des résultats parfois contradictoires. Concernant les douleurs chroniques en général, c'est-à-dire évoluant depuis plus de trois mois, la revue Cochrane réalisée en 2008 (23) a répertorié 25 études de faible qualité méthodologique et montrait que la majorité de ces études retrouvaient un effet bénéfique de la TENS active, que ce soit sur le mode haute ou basse fréquence de stimulation. Concernant les syndromes canalaires et les pathologies de l’appareil locomoteur, la méta-analyse de Johnson et al. (18) montrait une diminution de la douleur au repos significativement plus élevée dans le groupe traité par TENS active (p<0,0005). Concernant les douleurs d’origine cancéreuse, la revue Cochrane de 2008 (25) a répertorié 37 études contrôlées randomisées dont seulement deux ayant de bons critères méthodologiques. L’une ne rapportait pas de différence significative avec le placebo (avec l’application de la TENS 30 minutes par jour pendant 5 jours), et l’autre rapportait une diminution significative de l’intensité douloureuse dans le groupe traité par TENS active (en mode de stimulation basse fréquence, pendant trois semaines). Concernant les douleurs d’origine neuropathique, la revue de Cruccu et al. (8) a retrouvé seulement neuf études contrôlées, concernant les neuropathies diabétiques, les neuropathies périphériques, les douleurs post-zoostériennes et les cervicalgies. Cette revue souligne la faible qualité méthodologique de ces études et ne retient pas d’efficacité dans ces indications. Concernant les lombalgies chroniques, la revue Cochrane de 2005 (19) retenait seulement deux études contrôlées. L’une montrait une baisse significativement plus importante dans le groupe ayant réalisé une séance de 60 minutes de TENS active. Et l’autre, en revanche, ne ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE ◗ Indications cliniques 229 NEUROSTIMULATION ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE retrouvait pas de différence significative pour un traitement effectué à domicile pendant un mois. L’étude contrôlée plus récente de Buchmuller et al. (3) montre cependant l’efficacité de la TENS sur l’intensité douloureuse chez des patients présentant une lombalgie ou lombo-radiculalgie chronique. Concernant la polyarthrite rhumatoïde des mains, la revue Cochrane de 2003 (2) retient également peu d’études, et de faible qualité méthodologique ne donnant pas de résultats concluants. Concernant les douleurs post-opératoires, une méta-analyse réalisée en 2003 (1), avec 21 essais randomisés concernant différentes chirurgies (abdominales, thoraciques, gynécologiques et obstétricales) et un total de 1 370 patients, retrouvait une efficacité de la TENS sur les douleurs, avec une diminution de la consommation d’antalgiques. L’intérêt de l’utilisation de la TENS en mode de stimulation haute fréquence pour les douleurs post-opératoires après chirurgie de hernie inguinale a été également montré (11). D’autres études ont montré l’intérêt de la TENS pour des douleurs aiguës comme les douleurs post-thoracotomie (13,29), les douleurs réfractaires d’angine de poitrine (9). Mais ces études sont de faible niveau de preuve et nécessiteraient d’être poursuivies afin de préciser l’effet de la TENS dans ces diverses indications. 230 CONCLUSION Le groupe d’experts de l’HAS souligne l’intérêt de la TENS, en particulier dans les douleurs chroniques, par plusieurs arguments (HAS 2009) : - Elle offre une option de prise en charge de patients pour lesquels le traitement médicamenteux seul n’est pas satisfaisant. - Ses risques et effets indésirables sont faibles dans les conditions normales d’utilisation. - Il est possible de pratiquer un essai avant prescription (permettant d’identifier les patients répondeurs et motivés). - Il est possible de louer un appareil avant de valider l’intérêt d’un achat. - Le coût d’un appareil TENS est inférieur à celui d’un neurostimulateur implantable. - Dans un certain nombre de cas, la TENS peut être envisagée dans l’attente d’un neurostimulateur implantable. Bibliographie 1. Bjordal J, Johnson M, Ljunggreen A. 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Il nous semble que l’adjonction des caractéristiques neuropathiques, telles que peut le caractériser le DN4, est un argument supplémentaire d’efficacité. >>> ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE En résumé 233 ÉLECTRIQUE TRANSCUTANÉE NEUROSTIMULATION 234 • En pratique, la TENS est une méthode fréquemment utilisée chez le patient douloureux chronique. Elle a l’avantage d’être simple d’utilisation, peu onéreuse et sans danger. De plus, elle favorise la participation du patient à sa prise en charge, élément déterminant dans la réponse thérapeutique de toute douleur chronique. Elle doit donc faire partie de l’arsenal thérapeutique proposé au patient douloureux chronique, en étant une composante du projet thérapeutique. Elle doit échapper à deux excès : excès de louanges conduisant à des surprescriptions et un effet placebo qui finira par s’épuiser ; excès de doute que percevra inconsciemment le patient et qui conduira à l’échec annoncé. • L’éducation thérapeutique est primordiale ; elle doit être faite par un soignant compétent dans le domaine, faute de quoi le traitement ne sera pas correctement appliqué et suivi : il est illusoire de penser prescrire une TENS sans une explication longue de l’ordre d’une heure et un suivi de plusieurs séances avant que le patient ait sa propre maîtrise de l’appareil. Cela éviterait sans doute les nombreuses boîtes de TENS qui finissent dans les placards. • Les limites sont nombreuses, et peuvent être soit liées au mécanisme de la douleur (par exemple douleur neuropathique avec allodynie ou désafférentation importante), soit liées à sa localisation (douleurs étendues inaccessibles au champ des 4 électrodes, douleurs des muqueuses, douleurs de la face avec difficultés techniques de maintien des électrodes), soit liées à un épuisement d’effet. • S’il existe une bonne efficacité de la TENS, persistant dans le temps, cela peut être un argument pour la discussion d’une stimulation médullaire (SM). Mais il faut souligner plusieurs faits cliniques : une TENS inefficace ne prédit pas l’échec de la SM. La SM permet d’évoquer des paresthésies sur l’ensemble du corps stimulé en dessous du site de stimulation (dorsolombaire voire cervical) donc de traiter une douleur neuropathique bilatérale (par exemple une polynévrite des membres inférieurs) ou des muqueuses.