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TAR ●●▶ WALTHER P1 WALTHER P1 Seconde carrière La grande et petite histoire du P1 Conséquence de l’avancée géographique des armées alliées et notamment de l’armée Delattre, les français prennent possession en avril 1945 des usines Mauser. Le butin est maigre ! A l’exception de quelques armes, les râteliers sont vides (et pour cause, tout ce qui pouvait encore être en état de tir avait été utilisé par les Allemands dans leur résistance jusqu’auboutiste). E n revanche, il reste des caisses remplies de pièces non montées et sur ordre des vainqueurs les allemands reprennent la production ou plutôt le montage des pièces car dans la réalité aucune fabrication n’est vraiment reprise. Mais de quelles « fabrications » d’armes a alors bénéficié l’arme française ? Essentiellement du fameux P 38 que fabriquait à l’époque l’usine Mauser à Oberndorf, Metallwaffenfabrik Speewerk à Berlin spandau et Walter. Signalons au passage que l’arrivée dans l’armée française de la fameuse carabine Mauser 45, devenue plus tard la MAS 45 a la même origine. Donc, grâce à ces différentes prises de guerre et au manque d’armes françaises, le P38 sera officiellement utilisé comme arme réglementaire dans l’armée française et la gendarmerie. Revenons maintenant à WALTHER. Situé dans la zone d’occupation soviétique, il déménage dés que possible et s’installe à Ulm sur le Danube. Rappelons que, juste après la seconde guerre mondiale, les usines allemandes avaient interdiction de produire et d'exporter des armes de guerre et de défense. Or, pour Walther ces dispositions contraignaient fortement sa capacité à répondre aux immenses besoins du marché américain notamment pour les PP, PPK et P1 (ex-P38). Ironie de l’Histoire, et seulement 1 TAR ●●▶ WALTHER P1 quelques années après sa défaite, le vaincu s’adresse à son vainqueur pour lui demander de l’aide. Un contrat de production est donc conclu entre WALTHER et MANURHIN de Mulhouse, qui en tant que firme française n’est évidemment pas sous embargo et est donc libre de produire et d’exporter. C’est ainsi qu’en 1950, MANURHIN obtint la licence exclusive de fabrication pour le marché européen pour les WALTHER PP et PPK (avec des machines provenant de chez WALTHER). En ce qui concerne le P1, la production démarra en 1957 et les pièces fabriquées en Allemagne par WALTHER sont expédiées à Mulhouse où elles sont assemblées. Les P1 ainsi « fabriqués » subissent le marquage WALTHERMANURHIN et le banc d’épreuve français, puis ils sont pour la plupart réexpédiés en Allemagne de l’Ouest pour le compte de la police et de l’armée. C’est ainsi que, sous la dénomination de P1 et avec quelques modifications, le P38 se retrouva à nouveau réglementaire dans l’armée allemande jusqu’en 1995, année à partir de laquelle il fut remplacé par le P8 de Heckler et Koch. Le P1 Il fut aussi chambré en 7,65 parabellum, calibre très apprécié notamment en Suisse et aussi en Italie. ploi d’alliages légers dans sa construction entrainant un gain de poids d’environ 240 grammes soit près de 20% du poids initial Rappel des caractéristiques réglementaires du P 38 avec munitions réglementaires de la Wehrmacht : - poids de la balle 8,0 g - charge de poudre 0,35 g - V0 350 m/s Energie cinétique de 50 kgm Longueur du canon 125 mm Poids de l’arme à vide 960 g (chargé ●●▶ P38 origine. Fabrication 1943 1050) - 2 séries de 5 coups de match à 1 Avant d’aborder le comportement main à raison de 7 minutes par du P1 dans le cadre du tir aux armes série, réglementaires, faisons un petit rappel des disciplines spécifiques à la 2ème partie dite « Gongs » sur catégorie Armes de poing. ●●▶ Notre P1 d’essai 1 Pistolet /revolver : Distance 25 m Caractéristiques techniques 1ère partie dite « précision » sur cible C50 Le P1 est strictement identique au P38 à la différence d’une poignée au dessin plus ergonomique et à l’em- - 5 coups d’essais sur C50 en 5 mn maximum arme tenue à 1 ou 2 mains, ●●▶ Mod. 329PD canon de 4’’ 2 TAR ●●▶ WALTHER P1 ●●▶ Eclaté du P1 gongs métalliques de 20 cm x 20 cm - pas de coups d’essais - 10 coups à 1 ou 2 mains en 2 séries de 5 cartouches à raison de 20 secondes par série. 2 Vitesse militaire : Distance 25 m L’auteur utilise volontairement les « guillemets » pour certaines expressions pour souligner la marge d’interprétation qu’entraînent ces termes. En effet, comment définir avec précision une version « standard » ? Un P38 Kurz au canon de 70 mm version particulière utilisée un temps dans la police allemande est il « standard » ? Un guidon dérivable comme celui de notre P1 est-il « fixe » ? ●●▶ Détail de la chambre et de la rampe d’alimentation - 5 coups d’essais sur cible Vitesse en 20 secondes maximum arme tenue à 1 ou 2 mains, - 2 séries de 5 coups de match à 1 ou 2 mains à raison de 20 secondes par série, - 2 séries de 5 coups de match à 1 ou 2 mains à raison de 10 secondes par série. Les armes utilisées doivent être en « version standard » munies d’organes de visée « fixes et ouvert » et utiliser des munitions de calibre « réglementaire » compris entre 7,62 mm et 11,60 mm. 3 TAR ●●▶ WALTHER P1 Environnement des essais. ●●▶ Clavette de verrouillage du canon en position haute Le chargement est de type réglementaire français pour PA (du temps où l’intendance avait la bonne idée de fournir des cartouches de 9 mm aux charges de poudre différenciées pour PA d’une part et pour PM d’autre part ; avant d’aligner la charge de la 9 mm parabellum sur la norme PM ce qui eu de fâcheuses conséquences sur la santé de nombreux MAC 50 entre autres). Donc balle blindée de 8 grammes et 0,35 grains de Ba9, étuis Winchester et amorces small rifle de la même marque. L’arme : un P1 dans son jus, i.e en configuration standard ●●▶ Clavette de verrouillage du canon en position basse Enfin, le terme « réglementaire » est on ne peux plus imprécis. Implique t’il seulement un emploi « réglementé » par un texte, une ordonnance d’adoption ou autre dans n’importe quel corps civil (police, douane …) ou militaire ? Ou bien, plus restrictivement se limite t’il au concept militaire d’arme « d’ordonnance » ou de « corps de troupe »? Ainsi on observe « jouant dans la même cour » des armes assez éloignées les unes des autres telles les Pistolets automatiques de type P08, P38, Colt 1911, Tokarev TT33 et d’autres beaucoup plus modernes telles les Glock, SIG P226 et autres… Le dernier règlement adopté en octobre 2008 s’efforce cependant de lever le maximum d’ambiguïtés par une liste d’accessoires non admis et un exemple d’armes autorisées. Quoiqu’il en soit, notre P1 figure maintenant parmi les « Papys » mais il est loin de faire mauvaise figure et tire assez bien son épingle du jeu, voyons comment. L’arme est bien équilibrée avec toutefois un recul vers l’arrière du centre de gravité d’environ 2 cm par rapport au P38 et la poignée bien adaptée à une main moyenne. Le recul est assez important, beaucoup plus sensible que celui du P38, tout simplement à cause de la différence de poids entre les deux armes. Plus léger le P1, pour une même quantité de mouvement, a une vitesse plus grande et donc une énergie de recul conduisant à un relèvement plus conséquent. Par rapport au P38, le retour en batterie est moins aisé et le réalignement correct des organes de visée plus laborieux. L’arme tire sous le point visé d’environ 5 cm et avec un décalage d’environ 12 cm sur la gauche. Les 5 ●●▶ Vue du dessous du bloc supérieur démonté 4 TAR ●●▶ WALTHER P1 une nouvelle série de 5 balles, cette fois à bras franc à une seule main. Ce deuxième tir confirme le premier ●●▶ Gros plan sur les 2 ressorts récupérateur Conséquences et remèdes à apporter : Le guidon du P1, comme celui du P38, est monté à queue d’aronde et donc dérivable. Nous pourrions donc le déplacer légèrement de 2 ou 3 mm vers la gauche (en application du principe immuable : on déplace toujours le guidon dans le sens de l’erreur), que Nenni sur une arme de prêt... Deuxième grand principe : on ne corrige qu’un élément à la fois impacts de la série d’essais se répartissent très honorablement autour du 3 à 7h (cf cible 1). 1 2 N 50 3 mais avec une légère différence. Si la déviation latérale et confirmée, la déviation verticale est moins importante, le point moyen se trouvant approximativement dans le 5 à 8h (cf cible 2) 4 5 Fort heureusement, dans notre cas le principe « tir trop bas = guidon trop haut » ou en d’autres termes, pour monter le tir, il faudrait diminuer la hauteur du guidon. Certes mais de combien ? Pour simplifier, considérons que : o la distance hausse – cible est de 25 000 mm 6 7 Enseignements immédiats : 8 9 1 2 3 4 5 6 7 8 9 9 8 7 6 5 4 3 2 1 9 8 7 6 Le tir est précis et le cercle de dispersion n’excède pas l’équivalent de la zone 9 de la C50 ? 5 4 3 2 1 CIBLE N. . . . . . . . . . . . . . M.................... ●●▶ Cible 1 Nous ne sommes pas en concours mais en situation de prise de contact avec l’arme et nous nous autorisons Le tir est trop bas, sous la ligne de visée à deux mains, mais donne un tir de type point visé – point touché en tir à bras franc à 1 main ce qui est la conséquence d’un relèvement plus important de l’arme au moment du tir. Le tir est trop à gauche dans tout les cas. ●●▶ Cible 2 1 o la distance hausse – guidon est de 155 mm o la correction en site à obtenir est de 125 mm (approximativement la distance séparant le 6 du 10 de la cible). o « X » est la correction de hauteur à apporter au guidon L’application d’une simple règle de trois résoudra ce petit problème d’homothétie, laquelle 2 N 50 3 4 5 6 7 8 9 1 2 3 4 5 6 7 8 9 9 9 8 7 8 7 6 5 4 3 2 1 Ce n’est pas acceptable en l’état pour les tirs sur cible et encore moins pour le tir sur gongs 6 5 4 3 2 CIBLE N. . . . . . . . . . . . . . M.................... 1 ●●▶ Guidon monté sur queue d’arronde professe que : 125 / x = 25 000 / 155 ou encore que x = 125 x 155 / 25 000 soit 0,775 mm 5 TAR ●●▶ WALTHER P1 Prudemment dans un premier on diminuera proprement à la lime la hauteur de 0,6 mm. Ensuite l’affinage final ne se fera qu’entrecoupé et validé par des essais de tir. Avec une diminution de la hauteur du guidon de 0,68 mm nous arriverions à grouper dans le centre de la cible avec la prise de visée conventionnelle du « 6 à 6h ». Attaquons maintenant une série complète « Pistolet / revolver » A – Précision . résultat 46 + 47 = 93/100 ce qui est fort honorable. Les organes de visée sont nets bien que de design ancien (cran de mire en « U » et guidon fin (relativement aux standards actuels). La position du crochet de chargeur situé sur le talon de crosse est déconcertante pour un habitué du système Colt et similaires mais ne constitue pas un handicap pour cette première partie de précision au temps généreusement alloué. B – « Gongs » 3 gongs sur 5 la première passe et également 3 sur 5 la seconde passe. Là c’est un peu plus rapide et un peu plus « stressant ». La prise de visée se fait « objectif découvert » soit base du gong posée sur le guidon et la légèreté de l’arme et sa délicate reprise d’alignement organes de visée / objectif se fait sentir. Dans notre cas présent, contrevisée à 2h au niveau du bord haut/droit du gong. Passons maintenant à laVitesse militaire : geur pendant que les 4 autres doigts serrent sur la paume le chargeur plein – le chargeur vide se dégage et libère la place – le chargeur plein est introduit – le pouce de la main droite abaisse l’arrêtoir de culasse – le tir reprend. Vous verrez un peu de pratique et ça va aussi vite qu’avec un Colt et assimilé. En conclusion Là ça se corse ! Il faut vraiment avoir une routine bien rodée pour le changement de chargeur entre les deux séries et ce dès la première partie à 20 secondes ! Conseil : avoir d’avance le deuxième chargeur dans la main gauche, pendant que la droite exécute le tir – En fin de tir, le pouce de la main gauche dégage le crochet de char- ●●▶ Détail arrière, on notera l’indicateur de chargement juste en dessous de la hausse Beaucoup de plaisir à tirer « réglementairement « avec cette arme, Précision très satisfaisante capable de « podiumer » Même si les sensations de tir par rapport à un P38 d’origine sont sensiblement différentes à cause du recul supérieur du P1, celui-ci sera pour les « puristes » qui désirent pratiquer le TAR avec des armes d’époque, une superbe alternative. Idéologiquement c’est une arme « française » non entachée par les fameux « corbeaux à pédale », sa précision et sa solidité le classe dans le haut du panier. De plus un aspect non négligeable, vous pouvez toujours en trouver sur le marché dans un état plus que convenable (voir les photos de notre modèle d’essai) pour un prix avoisinant les 300€. Nous lui souhaitons grâce à vos scores, une belle seconde fin de carrière. Nous remerçions les Ets TIR 1000, 90 rue Jeanne d’Arc à Paris, pour le prêt de l’arme qui nous a servi a réaliser cet article, ainsi que RUAG AMMOTEC pour la fourniture des munitions GECO Jacky DEJONCKHEERE Crédits photos :Frédéric Coune 6