Édition 2011-09-01 (PDF document)

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Édition 2011-09-01 (PDF document)
Numéro 67 - septembre - octobre 2011
Les
NOUVELLEs
ROUMANIE
de
SOMMAIRE
A la Une
Lettre d’information bimestrielle
Baccalauréat, Nucléaire
Transports, Tsiganes
Actualité
Vie internationale
Economie, Politique
Social
6 et 7
8 à 11
12
Société
Evénements
Vie quotidienne
Enseignement
Santé, Minorités
Insolite, Religion
Sports
13 et 14
15 à 17
18 à 22
23 à 25
25 à 27
Dossier Moldavie
Agriculteurs, Viticulteurs
Professeurs de français
Langue moldave
Carnet de route, Photos
28 à 31
32 à 35
36 et 37
38 à 42
Connaissance
et découverte
Livres, Littérature
Musique, Cinéma
Tourisme
Francophonie, Echanges
Pratique, Humour
Coup de cœur
Un bac révolutionnaire !
2 et 3
4 et 5
43 à 45
46 et 47
48 à 51
52 à 55
56
C
e n'est pas la crise, mais un autre évènement, passé inaperçu ici, qui a marqué cet été "de tous les dangers" en Roumanie. Moins d'un candidat sur
deux au baccalauréat a été admis à la session de juin. Une révolution cette fois sans guillemets - dans un pays où il allait presque de soi qu'il suffisait de se
présenter à l'examen pour repartir avec son diplôme en poche, tricheries, bakchichs
pourvoyant aux carences des moins doués, avec la complicité de certains enseignants
et examinateurs. Voilà que le ministre de l'Education nationale a eu la fâcheuse idée
d'introduire des caméras de surveillance dans les salles où les élèves planchaient. Une
pratique sans précédent, provoquant un véritable tollé touchant jusqu'aux parents des
nombreux recalés qui avaient pris l'habitude de voir revenir leurs rejetons avec des
carnets de notes remplis de dix, de la maternelle à la terminale.
Quelle mouche avait pu piquer le téméraire ministre ? L'éducation, due à son seul
mérite, qu'il a reçue en France au sortir du lycée, poursuivie en tant que chercheur de
haut niveau en Californie, au Japon, puis en Allemagne, et qui lui rend insupportable
l'idée que la médiocrité aidée par l'argent puisse prévaloir sur la vertu et le talent ?
La lucidité qui lui a fait mesurer l'ampleur du désastre à venir pour une Roumanie
qui a déjà tant de mal à se reconstruire si elle devait s'appuyer sur des jeunes élevés
dans une société sans foi ni loi, bercés depuis leur plus tendre enfance dans une corruption endémique, triste synonyme de réussite ?
Il y avait le feu cet été pour Daniel Funeriu, le ministre vilipendé, dont des politiciens démagogues de tous bords ont demandé la tête. Mais surtout le feu pour la
Roumanie. Déjà de plus en plus d'universités européennes se montrent réticentes à
admettre des étudiants roumains sur la seule foi de leurs diplômes. Les équivalences
accordées automatiquement pourraient être remises en cause. Des employeurs rechignent à les embaucher, suspectant qu'on ne leur présente que des chiffons de papier.
Du coup, nombre d'étudiants partent tenter leur chance à l'étranger. Le risque est
ainsi grand de voir le pays se vider encore plus de ses forces vives.
Ramant à contre-courant d'une société où la facilité et les combines tiennent lieu
de viatique pour le succès, Daniel Funeriu a eu le courage de dire stop ! Un message
envoyé aussi aux enseignants, dont beaucoup souffrent du sort calamiteux réservé à
leur profession, pour qu'ils se ressaisissent, retrouvent la dignité d'un métier où ils sont
entrés par vocation. Ainsi, près de la moitié des candidats à un poste ou à une titularisation ont aussi été recalés ! Sentant le vent du boulet, les universités à scandales,
fabriques de planches à diplômes - leur agrément pourrait leur être retiré - essaient déjà
d'organiser des contre-feux. Et si la Roumanie décidait enfin de se ressaisir ?
Henri Gillet
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A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Baccalauréat
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CHISINAU
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BUCAREST
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CERNAVODA
Baisse
des inscriptions: les
universités inquiètes
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Moins d'un candidat sur
deux reçu à la session de juin
Triste record pour
le baccalauréat 2011
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SUCEAVA
TARGU
MURES
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le niveau du baccalauréat des
années précédentes est largement
remis en doute par les "résultats
honteux" (dixit les medias roumains)
de la session de juin 2011, surtout
quand l'on sait que la Roumanie se
classe à la 49ème place du dernier
classement Pisa, qui note la compétence des élèves de 65 pays membres et partenaires de l'Organisation
de coopération et de développement
économique (OCDE).
Le système scolaire roumain est
pourtant régulièrement soumis à des
modifications. La dernière loi en
date sur l'éducation est entrée en
vigueur en février dernier, alors que
depuis 2000, sept ministres différents ont dirigé ce portefeuille.
Daniel Funeriu, lui, est en place
depuis un an et demi et son siège
est déjà en train de tanguer.
Les universités cherchent d'ores
et déjà des solutions au manque à
gagner que va représenter la baisse
du nombre d'inscriptions pour la rentrée 2011, avec plus de 50% de
recalés au bac en juin, même si la
session d'automne apporte un correctif. La baisse considérable du
nombre d'inscrits va mettre en péril
bon nombre d'entre elles, car c'est
là l'une de leurs principales sources
de revenus. Beaucoup ont annoncé
dans l'urgence qu'elles allaient mettre en place une deuxième session
d'examen d'entrée à l'automne.
Certaines envisagent de baisser
leurs effectifs en conséquence.
C'est ce qu'a d'ailleurs annoncé Iosif
Urs, recteur de l'université Titu
Maiorescu qui envisage "une réduction du nombre d'enseignants à hauteur de 30 à 35%".
Alors qu'en France le taux de réussite au Baccalauréat 2011 frise les 90 %, la
Roumanie a fait ses comptes et ils ne sont pas brillants: moins d'un élève roumain
sur deux a réussi son examen à la session de juin ! c'est le taux de réussite le plus
faible enregistré de mémoire d'enseignant et qualifié de "miroir de la société" par le
ministre de l'Education, Daniel Funeriu. Une lutte sans merci contre la fraude
expliquerait notamment ces chiffres.
S
ur les quelque 200 000 inscrits, seuls 90 765, soit 44 %, ont obtenu leur diplôme du baccalauréat au mois de juin, 56 % des candidats étant donc obligés de
se représenter à la session d'automne. Le taux de réussite est nettement inférieur à celui enregistré l'année dernière, soit 69,3%, et surtout à celui de 2009, 81,4%.
Seuls trois lycées peuvent se vanter de réussir un sans faute avec un pourcentage de
reçus de 100% des candidats, dont le lycée Spiru Haret, établissement réputé de
Bucarest. 65 élèves dans tout le pays ont obtenu la note maximale de 10 sur l'ensemble
des épreuves. De véritables "héros" que le ministre
de l'Education Daniel Funeriu, lui même autrefois
brillant lycéen, étudiant de formation française, puis
chercheur de réputation internationale, a souhaité
féliciter personnellement. A l'inverse, 23 lycées ont
obtenu un taux de réussite nul à l'examen.
Les lycéens roumains
champions de la triche?
Au cœur de la tourmente, le ministre de
l'Education a dû faire front aux critiques. Outre la
lutte contre la fraude, il a pointé du doigt un niveau
général en chute libre, traduisant un désintérêt global pour les études de la part des élèves qui se
Dissimulation des "grattes"…
Heureusement pour la candidate, demandent à quoi servent les diplômes, ainsi qu'uDSK n’était pas examinateur. ne trop grande rigidité du système d'enseignement.
Pourtant, il a décidé de garder le cap en insistant sur le fait que les réformes intervenues
dans le système éducatif ces dernières années n'ont d'autre but que de "faire évoluer la
Roumanie, tant les mentalités que les comportements en vigueur".
En cause, les sempiternelles affaires de fraudes lors des examens. Des caméras de
surveillance ont ainsi été disposées dans la plupart des salles d'examen, surprenant les
candidats. Un soin tout particulier a également été apporté à la formation des surveillants
pour plus de transparence. Interdiction a été faite aux lycéens de se cotiser pour les
"amadouer". Ainsi, quelque 650 collégiens ont été éliminés après avoir été surpris en
train de copier, deux fois plus que l'année dernière. Dans l'un des cas rendus public, des
inspecteurs ont découvert que les résultats des questionnaires avaient été distribués à l'avance à 111 élèves d'un même lycée, sur 159. Une enquête a été ouverte alors que les collégiens pris en faute ont été éliminés. Il est à noter que les judets qui ont obtenu les
meilleurs résultats, avec 65 % d'admis, (Suceava et Harghita)… sont ceux où les autorités académiques n'avaient volontairement pas fait installer de caméras de surveillance.
Daniel Funeriu a justifié ces mesures spectaculaires dans un pays où la triche les
jours d'examens est un sport national en déclarant: "La nation doit choisir entre gens
corrects et travailleurs et ceux qui misent sur la malhonnêteté et la supercherie".
Aucun établissement roumain dans le "top"
des 500 meilleures universités du monde
Mécontents, les parents et les élèves n'ont pas manqué de monter au créneau, arguant
des difficultés à se concentrer et d'une trop grande pression exercée sur les candidats.
Des voix se sont mêmes élevées pour dénoncer "des pratiques policières". Autre argument des recalés: une trop grande difficulté des sujets au vu de la faiblesse du niveau général.
Notamment dans les matières scientifiques qui ne font plus
recette chez les jeunes. Argument balayé par les professeurs
qui sont, dans l'ensemble, d'accord pour affirmer le contraire.
"Il est clair que les étudiants qui entrent à la faculté n'ont pas
une culture générale suffisante. Pour améliorer cette situation,
il faut adapter les méthodes d'enseignement à l'heure de
l'Internet, qui change complètement la donne", a estimé Dan
Sumalan, président de l'association des professeurs.
Reste que pour Daniel Funeriu, les résultats de cette année
"montre le véritable niveau des lycéens roumains et plus largement de l'école roumaine". Les professeurs souvent décriés
pour leur faible motivation sont eux aussi en première ligne
sur le banc des accusés. Malgré ces critiques, le ministre de
l'Education a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de revoir à la
baisse les critères d'évaluation des cas de contestations et des
sessions de rattrapages. De quoi donner de l'eau au moulin des
détracteurs d'un système éducatif jugé dans son ensemble trop
Nucléaire
S
L'attente anxieuse des résultats
strict et dépassé. Ainsi, malgré des hausses budgétaires très
significatives ces dix dernières années, aucune université roumaine ne se classe dans le top 500 des meilleures universités
du monde et le niveau des diplômés du supérieur est pour
beaucoup d'employeurs roumains jugé très nettement inférieur
à la moyenne européenne.
Benjamin Ribout
(www.lepetitjournal.com/Bucarest)
La centrale se trouve près de la zone hautement sismique de Vrancea
uite à la destruction dans un
incendie de documents officiels concernant la sécurité
nucléaire de la Roumanie et, dans le
même temps, à un violent typhon qui
menaçait de nouveau la centrale de
Fukushima au Japon, la presse roumaine
s'est interrogée plus que jamais sur les
garanties qu'offre le site de la centrale de
Cernavoda en Dobroudja.
On était au courant depuis quelque
temps déjà de la disparition de documents
concernant la sécurité nucléaire en
Roumanie. Les informations qui filtraient
étaient cependant bien maigres. Mais, mijuillet, des déclarations officielles ont
commencé à apparaître. Il semblerait que
soixante-quinze documents classé secrets
touchant à la question du nucléaire roumain aient disparu dans un incendie à
l'automne dernier. Ces documents dans
leur forme écrite ont été déclarés "perdus
de manière irrémédiable" par la direction de la Régie autonome pour les activités nucléaires - Succursale de recherche
nucléaire de Pitesti (SCN).
Pour expliquer les causes de la disparition des documents, on évoquait au
départ un simple vol ou des pertes suite à
des déménagements. C'est apparemment
Le spectre de Fukushima sur Cernavoda
un citoyen qui aurait a posteriori avancé
l'hypothèse d'un incendie. Les autorités
sont pour le moment toujours très évasives quant à la cause de l'incendie et à la
nature des documents.
De tels événements invitent à la prudence lorsqu'il s'agit d'évoquer la situation de l'unique centrale nucléaire de
Roumanie située à Cernavoda (judet de
Constantsa). Celle-ci produit un peu
moins de 15% de l'énergie du pays et a
été construite dans les années 80 par une
société canadienne, en utilisant l'eau du
Danube pour refroidir les réacteurs.
Aujourd'hui, seuls deux réacteurs sont
fonctionnels - le premier ayant été inauguré en 1996 et le deuxième en 2007. Le
hic, c'est que les deux réacteurs en fonction ont déjà connu des problèmes de
fonctionnement par le passé et que des
contrôles se sont parfois faits avec du
retard. Alors forcément, on s'inquiète.
Trois autres réacteurs prévus
De nouvelles normes de sécurité ont
été annoncées fin juin par Pompiliu
Budulan,
directeur
général
de
Nuclearelectrica avec des investissements à hauteur d'environ 50 millions
d'euros. "Nous allons procéder à des analyses pour chaque réacteur en fonction,
a-t-il déclaré. Nous allons de plus augmenter la quantité de l'eau de refroidissement autour des réacteurs. Ces mesures
sont en effet nécessaires pour réussir les
"stress tests" (études des procédures de
gestion des risques pour les centrales
nucléaires décrétées par l'UE après
Fukushima) qui vont avoir lieu cette
année et l'an prochain", a déclaré
Pompiliu Budulan. A contrario des autres
pays européens, hormis la France, la
Roumanie compte développer son
nucléaire dans un futur proche et ouvrir
avant 2020 trois autres réacteurs sur le
même site. Bucarest invoque des besoins
en énergie grandissant et une baisse des
émissions en dioxyde de carbone.
En Roumanie, le facteur de stress
maximal se situe non loin de Cernavoda,
à une centaine de kilomètres, à Vrancea,
épicentre des tremblements de terre. Car
même si la direction actuelle de la centrale affirme qu'elle résisterait à un séisme
d'une amplitude de 9,2 sur l'échelle de
Richter, la centrale de Cernavoda se trouve bel et bien sur une zone sismique.
Benjamin Ribout
(lepetitjournal.com/Bucarest)
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A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Transports
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"Si vous voulez visiter la Roumanie…
louez un hélicoptère !"
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TULCEA
n
BUCAREST
Les profs aussi
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Tsiganes
Les candidats au baccalauréat ne
sont pas les seuls sous l'œil des
caméras. Alors que les années précédentes, les prétendants à un poste
d'enseignant étaient admis dans une
proportion dépassant les 90 %, cette
année seulement 54,6 % ont obtenu
une note supérieur à 5 sur 10, lors
de l'examen leur permettant de postuler, qui s'est déroulé début août.
Toutes les salles avaient été équipées de caméras de surveillance, ce
qui a permis de démasquer 26 fraudeurs. Mais la sélection a été aussi
beaucoup plus rigoureuse avec des
sujets nationaux et non à l'échelle
des judets et la suppression des évaluations basées sur des interviews
individuelles des candidats.
Seulement deux d'entre eux ont
obtenu la note 10 et 39 ont dû se
contenter du seul point attribué d'office à leur présence. Le processus
avait été appliqué avec la même
rigueur pour l'examen de titularisation tant redouté des enseignants, en
juin. Tirant un bilan des réformes en
cours, le ministre de l'Education,
Daniel Funeriu a tenu à mettre les
points sur les i : désormais aucun
enseignant ne sera recruté s'il n'a
pas le niveau.
Recalé, il se suicide
Un jeune d'Arad âgé de 19 ans a
été retrouvé mort chez lui par son
père dans la nuit de lundi à mardi. Le
lycéen tout juste recalé au baccalauréat s'est tiré une balle dans la tête
avec le fusil de chasse de son père.
Les proches de la victime ont affirmé
que "cet échec cuisant en dépit de
bonnes notes obtenues durant tout
son parcours scolaire est la seule
explication possible à un tel acte".
The Economist se demande si le président Roumain plaisantait, lors d'une visite d'investisseurs du Golfe Persique devant lesquels il s’est exclamé, évoquant l'état
des routes du pays : "Si vous voulez visiter la Roumanie… louez un hélicoptère !"…
E
n développant ce thème, l'hebdomadaire britannique ne se trompait pas beaucoup. Un rapport du Forum économique mondial sur la qualité des routes a
classé la Roumanie en 134ème position sur 139 pays évalués. Le journal
enfonce le clou en soulignant que le pays ne dispose que de 300 km d'autoroutes alors
que sa voisine hongroise, plus de deux fois plus petite, en a 1100 km. Et encore, la majorité d'entre elles ont été construites sous Ceausescu et sont aujourd'hui obsolètes.
La moyenne horaire des trains ne dépasse pas les 50-60 km… inférieure parfois à
celle qui prévalait lorsqu'on a construit les voies ferrées ! Pourtant "la Roumanie a compté plus de 3000 kilomètres d'autoroutes, autrefois" rajoute mi-sérieux The Economist
"mais c'était sur le papier, lors des projets mirifiques de Ceausescu et de ses plans".
Il ne jette d'ailleurs pas la pierre au "Conducator", rappelant que l'autoroute du
Soleil, censée relier la capitale à Constantsa, et qui n'en finit pas depuis vingt ans d'attendre de voir ses travaux achevés, a été lancée dans les années 80 et que les tronçons
les plus difficiles de ses 225 km, comprenant la construction de viaducs et ponts, ont été
terminés en 1987. 21 km ont été mis en circulation en juillet dernier et la ministre des
Transports, Anca Boagiu, a une nouvelle fois claironné que tout sera fin prêt dans un an.
Son ministère a réussi la performance de n'utiliser que 2,7 % des fonds européens mis à
sa disposition pour moderniser le secteur des transports en Roumanie. Record absolu !
Autre axe qui provoque l'incrédulité de The Economist, l'autoroute "Bechtel". En
2004, le gouvernement Nastase avait accordé, sans appel d'offres, la concession de l'autoroute de Transylvanie au géant américain, aux méthodes particulièrement controversées à travers le monde. Au passage, l'hebdomadaire rappelle que l'ancien Premier ministre, a été poursuivi pour corruption dans différents dossiers… mais jamais condamné.
Sur les 415 km reliant Bucarest à la Hongrie, la firme américaine n'en a construit que
54 km pour la somme impressionnante de 1,3 milliard d'euros.
Arrivé au pouvoir, quelques semaines après la signature du contrat, Traian Basescu
l'avait bloqué. Les choses sont restées en l'état jusqu'à tout dernièrement. Bechtel réalisera encore 60 km d'ici 2013 pour un coût de 3,8 milliards d'euros, ce qui en fera l'autoroute la plus chère du monde. Le gouvernement doit payer des pénalités pour les retards
pris, notamment dans le domaine des expropriations des terrains riverains de l'axe. La
construction des tronçons manquants sera confiée à d'autres firmes.
"Des têtes vont tomber !"
The Economist s'interroge sur les raisons de cette déliquescence. Bien sûr figurent
la corruption, avec des contrats et des normes qui ne sont pas respectés, des travaux faits
à minima, notamment dans le domaine de la sécurité, l'absence de transparence avec à la
clé des procédures à la limite de la légalité ou carrément illégales, comme le défaut d'appels d'offres ou concernant les expropriations, les conflits d'intérêts des politiciens…
Autant de considérations qui font réfléchir à deux fois les investisseurs, alors que la
Roumanie, mise sous surveillance par le FMI, l'UE et la Banque Mondiale, doit veiller à
ce que le déficit de son budget ne dépasse pas la limite qui lui a été consentie.
En cette période de crise, pratiquement tous les projets sont bloqués. Mais, comme
le note The Economist, même ceux qui sont déjà payés n'avancent pas. Ce qui a provoqué une belle colère d'Emil Boc en visite sur le chantier du tronçon Bucarest-Ploiesti
(60 km), qui devait être fini à Noël. "Des têtes vont tomber s'il n'est pas terminé à
temps!" a-t-il menacé. Nouvelle fanfaronnade ?
Mur, système vidéo de surveillance, poste de police…
Un ghetto voit le jour à Baia Mare
l
SUCEAVA
TARGU
MURES
ARAD
Le pays en 134ème position
dans le monde pour l'état de ses routes
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La construction à Baia Mare (Maramures) d'un mur pour séparer un quartier à majorité rom d'une route relance le
débat de l'intégration de cette communauté en Roumanie. Les riverains sont soulagés par cette initiative, alors que dans la
communauté rom, c'est la colère.
C
atalin Chereches, le maire de Baia Mare, enjambe
le coffrage en bois qui marque les fondations du
mur qui s'élèvera entre la route, légèrement en
contrebas, et les trois "blocs" qui composent le quartier rom de
la rue Horea. Il est habillé d'un costume sombre impeccable.
Par terre, les ordures se mélangent aux flaques d'eau. Les
enfants marchent pieds nus et s'amusent à ramasser de la boue.
nantes qui ont décidé Catalin Chereches à prendre une telle
mesure.
Du pas de la porte de sa maison coquette, à côté du quartier rom, Mariana, retraitée, regarde l'avancée des travaux.
"Depuis qu'ils ont commencé, je renais", dit-elle. La vieille
dame assure vivre un enfer depuis plusieurs années. "Il me
casse les vitres et entrent dans ma maison. Une fois, ils sont
repartis avec le tiroir du congélateur plein de viande. Ils m'ont
aussi volé mes 49 poules, raconte-t-elle. Je ne suis pas raciste et je ne trouve pas que les conditions dans lesquelles ils
vivent sont normales. Mais il faut que l'on puisse vivre en se
respectant entre voisins et là, ce n'est plus possible."
"Si nous avions un peu d'argent,
nous partirions demain en France"
Le mur édifié par la mairie de Baia Mare
Dans l'un des immeubles, il n'y a ni eau, ni électricité. A six,
sept ou huit, des familles s'entassent dans des garçonnières
sans sanitaires.
A l'extérieur, un cercle d'habitants intrigués
se crée rapidement autour du maire. "Quelqu'un
est-il contre ce mur?", lance l'élu. "Non, monsieur le maire, c'est très bien d'avoir fait un mur.
C'était trop dangereux pour les enfants!
Bravo", lui répondent plusieurs voix. Puis on
l'applaudit. "Ce qui m'énerve le plus, ce sont les
critiques des ONG de Bucarest, qui ne connaissent pas la situation et condamnent cette construction", affirme le maire.
Le scandale a éclaté début juillet, lorsque
des médias étrangers ont relaté l'affaire. A cela
s'est ajoutée la pression des ONG, qui ont critiqué la construction d'un nouveau ghetto. Tout
ce tam-tam médiatique n'a pas réussi à faire
changer l'avis du maire, convaincu de l'importance d'une telle mesure.
Des voisins excédés
La raison officielle invoquée pour justifier la construction
du mur est d'assurer la sécurité des enfants du quartier d'Horea
vu qu'il y a une route qui fait face aux blocs. Officieusement,
ce sont les jets de pierre sur les voitures et les maisons avoisi-
Le projet du maire pour le quartier d'Horea ne comprend
pas seulement un mur. Des lampadaires et des caméras de surveillance vont également être montés sur de grands poteaux en
béton, alors qu'un commissariat - "avec des policiers roms" a
promis l'élu - va prendre ses quartiers au rez-de-chaussée de
l'un des blocs. Dans le rang des habitants roms, des voix s'élèvent pour décrier la création d'un ghetto. "Si l'on construit un
mur pour nous empêcher de sortir et qu'on surveille nos allées
et venues, alors c'est comme si nous étions dans une prison!",
s'exclame Banta, père
de huit enfants. "Les
gens n'osent pas parler
car ils ont peur d'être
jetés à la rue par la
mairie, car ce sont des
logements sociaux",
continue-t-il.
Dans une petite
garçonnière, il vit avec
sa femme et ses six
enfants. "Si nous avions
un peu d'argent, nous
partirions demain en
France",
conclut-il.
Quelques jours plus
tard, les représentants
de plusieurs ONG roms
se sont déplacés à Baia
Le quartier d'Horea Mare où ils ont renconqui a provoqué la colère des riverains
tré le maire. Après les
discussions, les deux camps ont gardé les mêmes positions
sans trouver de terrain d'entente.
Jonas Mercier
(www.lepetitjournal.com/Bucarest)
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5
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Vie internationale
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C'est la grande et belle idée de l'UE : s'asseoir autour d'une table et dialoguer,
dans la tolérance et avec style. Tant pis si le monde avance plus vite que les discussions. L'historien roumain Mircea Vasilescu s'interroge sur la validité de ce modèle.
CONSTANTA
BUCAREST
l
L'incapacité
à prendre
des décisions
6
peine à devenir un acteur majeur dans la compétition mondiale"
des négociations
IASI
ORADEA
ARAD
Au paradis
BOTOSANI
l
l
BAIA MARE
L'historien Mircea Vasilescu : "L'UE
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Il existe le risque que, fascinée
par ce paradis des négociations
qu'elle a créé, l'UE devienne incapable de prendre des décisions... Il
existe le risque que les négociations
deviennent une fin en soi, souligne
Mircea Vasilescu : "Nous n'avons
pas pu aboutir à une solution, nous
avons reporté le sujet pour 2013.
Mais qu'est-ce que nous avons bien
négocié !". L’historien roumain poursuit: l’'UE se retrouve confrontée à
des pays où les décisions sont prises rapidement et facilement, "au
plus haut niveau", et sont immédiatement appliquées, comme la Chine.
Elle est confrontée à des pays où la
démocratie présente encore
quelques défauts, mais où l'évolution démographique et l'enthousiasme économique se portent bien
mieux - comme l'Inde ou le Brésil.
Et elle risque, comme le prédisent
certains politologues, de perdre "le
parapluie protecteur" des Etats-Unis,
au nom du "multilatéralisme". Ainsi,
l'UE n'est pas encore une grande
puissance mondiale et semble incapable d'en devenir une.
L'émergence sur la scène d'un président et d'un "ministre des Affaires
étrangères" de l'UE (Herman Van
Rompuy et Catherine Ashton) est
également le résultat de longues
négociations. Les personnes désignées pour ces fonctions - absolument respectables et pleines de
qualités - essuient les critiques, car
elles sont d'un genre "profil bas". Et
certaines voix malicieuses ont affirmé que c'était justement le trait
recherché, afin de ne pas éclipser
les chefs des Etats-nations...
A
u fil du temps, l'Union Européenne a élaboré un mécanisme de négociation
impressionnant. Les vagues successives de l'élargissement - et surtout l'intégration des pays d'Europe centrale et orientale - ont raffiné ce mécanisme à
l'extrême. Trouver un dénominateur commun - ou du moins acceptable - aux orgueils
politiques, aux frustrations historiques, aux ambitions économiques et aux réelles faiblesses de tant de pays qui ont guerroyé pendant des siècles est une vraie performance. Non
seulement politique, mais aussi, et surtout, culturelle et civilisatrice. L'Europe en est arrivée à une subtile stylistique de la négociation. Ce qui, dans notre monde bouillonnant et
imprévisible, se doit d'être salué. Rassembler à une même table, faire communiquer des
Etats qui traînent encore des querelles du passé et les faire regarder vers l'avant est l'une
des grandes victoires du projet européen.
Parler d'une seule voix
Cependant L'UE est
aujourd'hui au cœur d'un
dilemme. D'une part, elle
doit préserver le mécanisme compliqué des négociations, qui lui a assuré
un certain succès.
Elle ne doit pas abandonner le principe de la
"différence culturelle",
l'idée d'harmoniser au
sein d'une identité européenne (qui reste encore
un rêve) une multitude
d'identités nationales et
locales. D'autre part, elle doit devenir un acteur majeur dans la compétition mondiale, et
donc pouvoir prendre des décisions rapides et "parler d'une seule voix". Comment prendre plus aisément des décisions plus pragmatiques? La crise a montré que c'était possible. La création de l'euro fût une véritable aubaine, et la Banque centrale européenne a
fait ce qu'elle devait faire. Bien sûr, quelques voix soulèvent la question de la sortie (ou
de l'exclusion) de certains pays de la zone euro, ce qui peut éventuellement se discuter et
se négocier. Certes, c'est grave. Mais sans l'euro, la situation aurait été infiniment plus
grave: combien parmi les anciennes monnaies nationales auraient pu résister à la crise?
La tentation du double langage
Comment parler d'une seule voix ? Ici, les choses se compliquent. Les dirigeants
politiques nationaux doivent gagner des élections dans leurs pays respectifs et pratiqueront donc toujours un double discours. D'une part, ils parleront de construction européenne, de l'autre ils feront toujours appel aux intérêts nationaux, en particulier pendant les
campagnes électorales. Eventuellement, comme cela arrive souvent, quand quelque chose
ne va pas bien dans leurs Etats, ils accusent "les bureaucrates de Bruxelles".
Non seulement il y aura plusieurs voix (souvent contradictoires), mais elles chanteront parfois à contretemps de ces premiers solistes que devraient être le président du
Conseil européen et le Haut représentant pour les Affaires étrangères. En outre, les deux
hauts responsables apparus en application du traité de Lisbonne ont, pour l'instant, pour
mission de donner une identité à leurs fonctions, de les doter
d'un contenu. Seuls leurs successeurs auront une chance de
rendre la politique globale de l'UE visible dans le monde et de
jouer une partition plus ample.
L'UE est une métaphore de la globalisation
Il sera peut-être trop tard. D'ici-là, la dynamique de la
mondialisation aura peut-être relégué l'Europe au second plan
et l'on regrettera peut-être cette incapacité à prendre des décisions rapidement et fermement. Mais tel est le prix à payer
pour garder cet élément essentiel pour la substance, l'élégance
et la beauté du projet européen: la capacité de négocier, d'harmoniser les différents intérêts, de respecter jusqu'au bout les
différences culturelles et identitaires.
Peut-être l'UE restera-t-elle toujours dans la catégorie
"soft power", mais son pouvoir réside avant tout dans la culture et la civilisation, dans l'atmosphère, dans le style. Il ne s'agit pas seulement du patrimoine culturel en soi, de l' "inventaire" des œuvres d'art, de l'architecture, des compositions musicales ou des écrits littéraires. Il s'agit avant tout des idées qui
ont bâti l'espace européen et qui ont ensuite inspiré le reste du
monde. Parmi celles-ci, le savoir-vivre ensemble: les citoyens
d'un continent avec une histoire pleine de conflits ont appris à
vivre dans le dialogue et la tolérance. L'Europe n'est peut-être
pas encore une puissance mondiale. Mais, au regard de la
diversité ethnique européenne (y compris les immigrants du
monde entier), l'Union Européenne est, en soi, une métaphore
de la globalisation.
Mircea Vasilescu (Presseurop)
Cent milliards de mètres cubes de gaz
et dix millions de tonnes de pétrole en jeu
Delta
Bystroe : le canal de la discorde entre l'Ukraine et la Roumanie
L
e Delta du Danube, qui s'étend
sur près de 3500 km2 est le
théâtre de constantes rivalités
entre les deux pays riverains, la
Roumanie et l'Ukraine. Le Danube est en
effet un axe très fréquenté de navigation,
et les Roumains accusent notamment les
Ukrainiens d'avoir percé le canal de
Bystroe au mépris des règles environnementales.
En 2004, Kiev a entrepris des travaux
pour ouvrir à la navigation un bras naturel du delta situé en territoire ukrainien,
le canal de Bystroe. Depuis 2007, cargos
et porte-conteneurs peuvent rallier le
Danube et l'hinterland européen depuis la
Mer Noire. Des mois durant, des bulldozers ont dragué les sédiments et une
digue maritime de plusieurs kilomètres a
été construite dans l'estuaire ukrainien du
Danube.
Pour Kiev, l'objectif commercial est
de permettre à la centaine de navires
ukrainiens qui transitaient chaque année
par le canal de Sulina, en territoire roumain, de s'affranchir des taxes douanières
roumaines, et d'ouvrir une nouvelle voie
de navigation internationale susceptible
d'apporter quelques devises supplémentaires. "Sans même parler des conséquences environnementales, l'aménagement
de ce canal est une idée stupide. Avec
l'exploitation intensive des berges du
fleuve, le Danube charrie des tonnes de
sédiments qui font progresser le Delta
d'environ 40 mètres chaque année, ce qui
veut dire que maintenir une voie navigable en eau profonde nécessite de draguer
continuellement le canal", souligne le
professeur Berlinski, spécialiste roumain
de l'environnement. Une opération qui a
peu de chance de se révéler rentable sur
le long terme. Utilisé par la flotte soviétique à partir de 1958, le canal de Bystroe
avait été abandonné à son sort en 1992,
après l'indépendance de l'Ukraine, et s'est
rapidement envasé.
Bucarest obtient
gain de cause à La Haye
"La protection du Delta doit se faire
en coopération avec les autorités roumaines, les écosystèmes naturels ne connaissent pas les frontières", ajoute encore
Nikolai Berlinski. Les sédiments dragués
dans le canal de Bystroe sont rejetés à
cinq kilomètres des côtes, puis emportés
par le courant littoral qui se dirige du
nord vers le sud. Ces derniers viennent
donc se déposer à l'embouchure du canal
de Sulina, l'autre voie navigable du Delta,
située côté roumain, ce qui a le don d'agacer Bucarest, qui cultive déjà des relations pour le moins tendues avec
l'Ukraine. Après la chute de l'Union
Soviétique, les deux pays se sont en effet
disputés la possession de cinq îlots sur le
Danube et le contrôle de l'Ile aux
Serpents, située en pleine mer, à 45 km
du port roumain de Sulina.
En 1998, un arbitrage américain
avait confirmé l'appartenance de ces îles
à l'Ukraine. En échange de son intégration à l'Otan, la Roumanie avait renoncé
à ses revendications et signé un traité
avec Kiev. Depuis, le conflit s'est déplacé
sur la définition du tracé qui délimite la
frontière maritime et les eaux territoriales
des deux Etats. Une question fondamentale quand on sait que 100 milliards de
mètres cubes de gaz et 10 millions de tonnes de pétrole se trouveraient sous le plateau continental disputé.
Porté par la Roumanie devant la
Cour internationale de justice de La
Haye, le différent a trouvé son épilogue
en 2009. 20% de la zone contestée, soit
2500 km2, a été accordé par la Cour à
l'Ukraine et les 80% restant, soit
9700 km2, à la Roumanie, laquelle a proposé à l'Ukraine d'utiliser gratuitement le
bras de Chilia dans le Delta qui est entièrement en territoire roumain, pour le trafic de ses bateaux. Mais Kiev entend persévérer dans son intention de s'affranchir
de la tutelle de son voisin sur ce secteur.
J-A Dérens et Laurent Geslin
(Le Courrier des Balkans)
7
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'échec révélateur de la
vente de 9,84% des actions de Petrom
Economie
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T. MAGURELE
UE : financement à
la Roumanie facilité
8
La Commission européenne a
proposé lundi 1er août d'accroître les
financements de l'Union européenne
aux projets de six pays dont la
Roumanie mais aussi la Grèce,
l'Irlande, le Portugal, la Lettonie et la
Hongrie afin d'y soutenir la croissance. La Commission souhaite porter le
taux de cofinancement de l'UE de
85% à 95%. Le montant prélevé sur
les fonds structurels de l'UE resterait
le même, mais les Etats concernés
auraient à verser une somme moins
élevée qu'auparavant pour obtenir le
solde du financement d'un projet.
L'idée doit encore être approuvée
par les ministres de l'UE ainsi que
par le Parlement européen afin d'entrer en vigueur, ce que la
Commission espère obtenir avant la
fin de l'année.
Chisinau :
pas d'histoire… avec
l'histoire roumaine
Le ministre de l'Education nationale de Moldavie a décidé que l'histoire
des Roumains, enseignée comme
matière à part entière dans les lycées
depuis deux ans, reformerait un tronc
unique et commun avec l'histoire universelle, dès cette rentrée, afin d'alléger les programmes. La décision a
provoqué des réactions diverses au
sein de l'actuelle coalition gouvernementale moldave, les libéraux la
dénonçant alors que leurs partenaires démocrates restaient silencieux.
Le Président Basescu a déclaré qu'il
n'y voyait pas là motif à s'indigner,
même si c'était son gouvernement
qui avait financé l'édition des
450 000 manuels d'histoire roumaine
remis aux élèves moldaves.
L
'Etat roumain n'a pas réussi à vendre en bourse 9,84% des actions de la compagnie pétrolière et gazière Petrom, qu'il codétient avec le groupe autrichien
OMV, et lancera une nouvelle offre au moment opportun, a annoncé vendredi 22 juillet le ministère de l'Economie. Lors de l'expiration du délai prévu, vendredi
à midi, moins de 80% des actions avaient été souscrites et le plafond minimum pour
clore l'offre n'avait pas été atteint. Bucarest espérait obtenir 610 millions d'euros de la
vente de ces actions, considérées comme les bijoux de la couronne. Pourtant peu avant
l'annonce officielle de cet échec, le Premier ministre Emil Boc avait déclaré que la
Roumanie ne se trouve pas dans une situation désespérée pour vendre à n'importe quel
prix. Les premiers signes d'un désintérêt des investisseurs étaient apparus en début de
semaine, lorsque le gouvernement s'était réuni en urgence pour décider d'un prix minimum de l'action, légèrement en-dessous du cours en bourse de la veille.
Premier producteur de pétrole et de gaz d'Europe centrale et de l'est, Petrom détient
d'importants gisements en Roumanie ainsi que 540 pompes à essence dans ce pays et
270 autres en Moldavie, Bulgarie et Serbie. La mise en bourse de ces actions devait être
la première d'une série d'opérations similaires visant des paquets de 10% à 15% de plusieurs sociétés énergétiques, dont la compagnie nucléaire Nuclearelectrica, le producteur de gaz Romgaz, les transporteurs d'électricité Transelectrica et de gaz Transgaz.
Le gouvernement va poursuivre son programme de privatisations convenu avec le
Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l'UE, a souligné le ministère. Au total ces transactions devraient rapporter à la Roumanie environ 4 milliards
d'euros, selon les analystes.
Mais l'échec de la vente de Petrom, survenant après d'autres opérations avortées du
même genre, illustre le manque de confiance des investisseurs étrangers dans l'avenir
de la Roumanie, dont l'état de corruption endémique a même été dénoncé publiquement
dernièrement par l'ambassadeur de France, Henri Paul, emboîtant le pas à ses collègues
américain et britannique.
A savoir
1,5 % de croissance
Le FMI a maintenu sa prévision de
croissance pour la Roumanie à 1,5 % en
2011 et a révisé légèrement à la baisse
celle de 2012 qu'il estime à 3,7 %, au lieu
de 3,9 %.
Centrales communes entre
la Roumanie et la Bulgarie
La Roumanie et la Bulgarie ont affirmé leur intention de construire deux
grands complexes hydroélectriques sur le
Danube, entre Nikiopol et Turnu
Magurele et entre Silistra et Calarasi. La
production annoncée est de 3800 GWh
d'électricité par an. Ce projet s'intègre
dans une volonté de plus grande coopération entre les deux pays au niveau énergétique avec à terme la possibilité de la mise
en commun de la gestion de l'énergie électrique. Un mémorandum devrait être signé
en septembre entre les deux pays. On ne
connaît pas encore le coût du projet.
La France
et les noix moldaves
Selon Fruit Inform Project, l'augmentation de la production de fruits frais et de
noix permettrait à la Moldavie de voir
progresser ses exportations dans le secteur. Elles atteindraient désormais
160 millions de dollars. Les échanges
commerciaux du secteur enregistreraient
ainsi un solde positif de 100 à
110 millions de dollars.
La Russie est le premier client de la
Moldavie pour les fruits frais et les noix.
En valeur, les exportations vers ce pays
représenteraient la moitié des recettes du
secteur. La France serait le deuxième
client grâce notamment aux volumes
importants de noix qu'elle importe.
Le Belarus qui importe des pêches,
des pommes, des raisins, des abricots et
des prunes serait le 3ème client de la
Moldavie. La Grèce arriverait en
4ème position avec d'importants volumes
de noix importés.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
EADS ouvre sa première usine en Roumanie
E
tape majeure dans sa stratégie européenne de dévedent d'EADS, lors de la cérémonie d'inauguration qui a annonloppement, Aerotec, filiale du groupe européen
cé que cette coopération, remontant aux années 70, se poursuid'aéronautique et de défense EADS, a inauguré
vra. "Nous sommes déterminés à créer un centre d'excellence
mardi 12 juillet à Ghimbav (près de Brasov) une usine de comglobal de maintenance et réparations pour des appareils civils
posants aéronautiques. La Roumanie est l'un des rares pays
et militaires et à intégrer Eurocopter Roumanie dans la chaîd'Europe centrale et de l'Est à avoir une industrie aérospatiale
ne globale d'approvisionnement", a-t-il précisé. "Mais nous
et de défense importante.
pouvons faire encore plus, soit
Fruit d'un investissement de
conclure un accord sur l'action40 millions d'euros, l'usine consnariat d'Eurocopter Roumanie,
truite à proximité d'un site
qui pourrait ouvrir la voie à une
Eurocopter (également filiale
nouvelle ligne d'assemblage" à
d'EADS) produit et assemble des
Ghimbav, a-t-il ajouté.
composants métalliques pour
Eurocopter coopère depuis
toute la série Airbus (A320,
1973 avec l'IAR de Ghimbav, le
A330, A380). Elle emploie enviplus ancien avionneur roumain,
ron 300 personnes et ce chiffre
créé en 1925. Cette coopération a
devrait monter à 500 fin 2012.
été renouvelée en 2004, lorsque
Avantage pour l'avionneur, qui a
Eurocopter a inauguré une chaîne
bénéficié d'une aide d'Etat rouLe Premier ministre Emil Boc et Louis Gallois, Pdg d'EADS. de production destinée à la
main de 19 millions d'euros, la
modernisation des hélicoptères
Roumanie a encore un coût du travail très inférieur à l'Europe
Puma. Mais plusieurs tentatives du groupe de racheter l'IAR
de l'Ouest avec un salaire moyen de 350 euros.
ont échoué ces dernières années.
"La Roumanie est le pays européen où EADS a investi le
EADS a par ailleurs fourni un complexe système de sécuplus, mis à part les pays d'origine du groupe (France,
risation des frontières roumaines pour des centaines de
Allemagne et Royaume-Uni)”, a souligné Louis Gallois, présimillions d'euros.
Lactalis prêt à aider les éleveurs moldaves à produire plus de lait
L
e groupe français Lactalis, qui
dispose d'une unité de production en République de
Moldavie, s'est déclaré prêt à fournir une
aide aux éleveurs moldaves pour la création de petites exploitations, l'achat de
machines à traire et la formation professionnelle en France. C'est ce qu'il resort
d'un entretien entre le Directeur général
industriel du Groupe Lactalis, Daniel
Pineau, et le Premier ministre moldave,
Vlad Filat, qui a eu lieu le lundi 18 juillet.
Cet entretien intervient après une
première rencontre entre les dirigeants du
Groupe français avec le Premier ministre
moldave lors de sa visite en France au 1er
semestre.
Lactalis s'était alors engagé à équiper
un laboratoire d'analyses afin de permettre aux autorités moldaves de tester la
teneur en matières animales et végétales
des productions laitières dans le pays et
mettre un terme à la mise sur le marché
local de productions dont la composition
n'est pas conforme à l'affichage des produits. Cet équipement est désormais opérationnel et n'attend plus que des évolutions de la législation locale et l'autorisation des autorités pour sa mise en service.
Lactalis souhaite aller aujourd'hui
encore plus loin. En effet, le groupe
Lactalis qui dispose en Moldavie d'une
importante capacité de production grâce à
son usine de Soroca, est néanmoins
confronté à une pénurie de lait frais et est
prêt à conclure des contrats à long terme
avec les agriculteurs.
Le groupe Lactalis est le leader mondial de la production de produits laitiers.
Il dispose d'une unité de production à
Soroca qui a bénéficié de plus de
17 millions d'euros d'investissements et
qui emploie 220 personnes.
En Moldavie, Lactalis (Alba Président) emploie au total 500 personnes en intégrant la force de vente. 80 tonnes de produits laitiers et 7 tonnes de fromage peuvent être produits quotidiennement par l'unité de Soroca. Dans le
monde, le groupe Lactalis dispose de
196 usines.
Les investisseurs américains se plaignent de la corruption à leur ambassade
L
'ambassadeur américain a avoué recevoir de nombreuses plaintes de la part des sociétés américaines qui ont investi ou
souhaitent investir en Roumanie, dans un entretien publié hier dans le journal Adevarul. Certains investisseurs auraient
même confié s'être heurtés au problème des pots-de-vin avec des "officiels roumains". "Il existe des compagnies américaines qui souhaitent investir en Roumanie et qui soit n'ont pas encore pris leur décision, soit ont peur d'investir du fait des accusations et problèmes significatifs de corruption et de transparence", a déclaré Mark Gitenstein. Selon lui, le principal problème est
celui des appels d'offre truqués. Le diplomate explique qu'il a pu, dans certains cas, s'adresser directement au gouvernement ou
aux agences gouvernementales. "Dans d'autres cas, les problèmes ont été inscrits sur une liste que je soumets de temps en temps
à l'attention du Premier ministre, du Président ou du ministre de la Justice", a-t-il ajouté.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
Actualité
Economie
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Un Sénat
compréhensif pour les
candidats malhonnêtes
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Actualité
investisseurs parmi les PME
intéresse les Chinois…
TARGU MURES
ORADEA
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Pourquoi la Roumanie
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BAIA MARE
Ils sont déjà les quatrièmes
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le Sénat roumain a voté (104 voix
pour, deux contre et deux abstentions)
la réduction des sanctions qu'encourt un
candidat qui a offert lors de sa campagne électorale de l'argent ou d'autres
biens pour influencer les électeurs. Pour
ce genre de délit, l'actuelle loi prévoit
des peines de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans, alors que le nouveau
texte, qui doit encore être approuvé par
la Chambre des députés, réduit ce maximum à trois ans. Les sénateurs ont par
ailleurs supprimé du projet de loi qui leur
avait été soumis la disposition prévoyant
que seuls les bannières, les affiches et
les documents imprimés étaient autorisés durant une campagne électorale.
Les candidats pourront donc continuer à
L
a Roumanie, avec ses usines à la dérive et son savoir-faire industriel, attire les investisseurs chinois. Une implantation discrète mais efficace.
Rasnov, en Transylvanie, au cœur des Carpates: sa citadelle, ses
15 000 habitants et... ses trois Chinois. Bercée par le rythme des vagues de touristes
venus visiter le château voisin de Dracula, Rasnov (à 15 kilomètres de Brasov) n'a
longtemps été qu'un lieu de passage. Depuis 2008, le destin de la bourgade a basculé, pour la seconde fois de son histoire après l'occupation par les chevaliers teutoniques, en 1215.
Cette fois-ci, ce sont les Chinois qui ont débarqué. L'usine de tracteurs qu'ils ont
inaugurée, en 2009, se dresse au pied de la citadelle. Un investissement de
50 millions d'euros, financé à 80 % par Hoyo-SHK Modern Agricultural Equipment
Co. Ltd. China. Pour figurer parmi les 500 futurs employés du site, les habitants de
Rasnov ont même remis des listes d'inscription à la direction ! Car Tractoare Hoyo
représente ici l'avenir: l'usine devrait assembler d'ici à 2012 plus de 20 000 unités à
destination de toute l'Europe. A terme, les composants seront aussi produits sur place.
Le 5 janvier, il martelait qu'il n'était pas question, pour son
pays, de succomber aux sirènes de l'argent chinois, à l'instar de ses
voisins, la Grèce et la Moldavie. Même si "la Chine est notre amie",
concluait-il, un brin embarrassé.
Iulia Badea Guéritée (L'Express)
8 000 Chinois vivent en Roumanie, selon l'Office roumain des
migrations, dont 6 000 à Bucarest. Ils sont investisseurs, entrepreneurs, mais aussi ouvriers dans des entreprises du secteur textile.
385 millions de dollars : tel est le montant des investissements
A Bucarest, le marché du Dragon rouge abrite
plus d'un millier de commerces chinois.
chinois en 2010 en Roumanie, selon le ministère de l'Economie.
“Chinezii din Romania”: c'est le journal de la communauté chinoise expatriée en Roumanie.
Les roseaux du Danube recouvrent les toits des villas huppées d'Europe
Un océan de roseaux ondule dans le vent jusqu'au bleu de la Mer Noire. Ici, dans le delta du Danube, sont récoltés
chaque hiver des roseaux utilisés pour les toits de chaume de luxueuses villas d'Europe du nord, comme le rapporte Isabelle
Wesselingh, correspondante de l'AFP à Bucarest.
Un institut roumano-chinois Confucius à Brasov
Une belle revanche pour les gens du cru : c'est dans leur région que se trouvait
la plus grande usine de tracteurs du pays à l'époque de Ceausescu. Malins, les Chinois
sont venus y chercher un savoir-faire. Loin d'être une curiosité, leur percée, discrète
mais efficace, a commencé en 1993 lorsque le département de Brasov a amorcé sa
collaboration avec la province de Liaoning. Des commerces ont peu à peu fleuri
autour du seul restaurant chinois de la région.
Aujourd'hui, l'université Transilvania Brasov accueille en son sein, depuis septembre 2010, un institut roumano-chinois Confucius. Les édiles de Brasov ne sont
pas les seuls à recevoir à bras ouverts les investisseurs chinois. A Timisoara, ces derniers ont racheté une fabrique de vélos; à Somes Dej, Avic International a promis
350 millions d'euros pour redresser une usine de cellulose et papier. La seule raison
qui empêche une implantation plus rapide des entreprises de l'empire du Milieu
en Roumanie semble être la lourdeur bureaucratique - un comble !
La plus grande China Town d'Europe près de Bucarest
En revanche, les Chinois se hissent déjà au quatrième rang parmi les petits
entrepreneurs étrangers : commerces, restaurants, à Bucarest, leurs affaires prospèrent. A tel point qu'aujourd'hui un vaste complexe de 13 hectares, le Dragon
rouge, abrite plus d'un millier de commerces chinois dans la capitale. Et ce n'est
pas fini: un groupe de promoteurs roumains et chinois vient de construire sur
50 hectares, une China Town, inaugurée à la mi-juillet dans la commune de
Afumati (15 km au nord-est de Bucarest) un complexe commercial comprenant
- Je vous interdis catégoriquement de penser que 1240 magasins. Il s'agit du plus grand complexe de type China Town d'Europe.
vous avez voté pour Basescu ! (Vali, J. National)
D'autres projets vont suivre sur le même site avec la construction d'immeubles
offrir aux électeurs des affiches, des
de bureaux, d'écoles, de banques, de zones résidentielles pour 15 000 familles et aussi
dépliants, des cartes postales, des bride 300 maisons chinoises inspirées de la période médiévale, les investisseurs misant
quets, des allumettes, des calendriers,
sur l'exotisme et le potentiel touristique du lieu.
des stylos, des casquettes, des maillots
La porte d'entrée du complexe China Town, assemblage de plusieurs types de
de corps, des foulards, des écussons,
bois, est la deuxième plus grande au monde. Les investissements s'élèvent à plus de
des fanions, des petits drapeaux ou des
100 millions d'euros pour l'ensemble du projet.
ballons imprimés aux couleurs de leur
Même si la ligne aérienne directe Bucarest-Pékin est suspendue depuis 2003, l'ofparti, et même des bicyclettes comme le
fensive chinoise a donc bel et bien traversé le Danube. Pour le plus grand bonheur
prévoit le PDL. La participation obligatoides hommes d'affaires, qui rêvent de voir un jour le port de Constanta briller de mille
re au vote a été également rayée du
lampions rouges. Mais au grand dam du président: Traian Basescu ne partage pas leur
texte initial voté par les sénateurs.
enthousiasme.
L
es roseaux de Roumanie ont aussi servi dans des
lieux reculés, les ouvriers dorment sur des hôtels flottants.
décors de films, notamment pour reconstituer un
théâtre dans un film sur Shakespeare tourné aux
500 personnes travaillent
studios Babelsberg, près de Berlin. Ce matériau autrefois utilipendant la récolte et 200 toute l'année
sé pour les maisons des paysans pauvres, les chaumières, est
aujourd'hui prisé dans les demeures cossues en quête d'authen"Les techniques ont beaucoup évolué pour protéger l'enviticité. "Le roseau est un matériau naturel qui est aussi un très
ronnement", rapporte Dan Baltaneanu qui a connu les ravages
bon isolant thermique et phonique. Avec l'intérêt croissant
de la récolte intensive quand, sous Ceausescu, des machines
pour les constructions écologiques, beaucoup de gens veulent
montées sur des chenilles en fer détruisaient les rhizomes.
aujourd'hui des toits en chaume", explique Octavian Popa,
300.000 tonnes étaient alors extraites du delta.
directeur de Delta Stuf Production.
Près du lac Sinoe, la récolte se fait
Cette société privée est l'une des
manuellement, à la serpe. "C'est un
deux seules autorisées à récolter les
métier difficile car les gens récoltent
tiges dorées dans le delta du Danube,
parfois les jambes plongées dans l'eau
plus grande roselière compacte au
glacée", reconnaît Octavian Popa. "Sans
monde. La quasi-totalité de la récolte de
le roseau, on n'aurait pas de quoi manla société, 20 000 tonnes, est exportée,
ger. Il n'y a pas d'autre activité dans la
principalement vers l'Allemagne et les
zone", explique Maria Scarlat, qui
Pays-Bas mais aussi au Danemark, en
extrait des bottes les mauvaises herbes et
Grande-Bretagne et en France. Le
les roseaux de l'année dernière, "plus
roseau du delta est connu pour sa solidigris et moins solides".
té même s'il fait face depuis quelques
500 personnes travaillent à la récolannées à la concurrence chinoise.
te, 200 toute l'année. "Cette récolte est
Avant d'arriver sur le toit des villas,
bénéfique pour l'environnement. Le
fermes ou moulins d'Europe du Nord, le
roseau a besoin d'être coupé pour croîtChaque famille du Delta a le droit
roseau est cueilli dans des conditions
de couper deux tonnes de roseaux re à nouveau sainement", commente
chaque année pour son propre usage. Silviu Covaliov, biologiste à l'institut
climatiques difficiles, dans des marécages coincés entre mer et fleuve et que l'on atteint parfois uninational du Delta du Danube, rappelant que les habitants
quement en bateau. "Ici, nous récoltons sur une île flottante",
cueillent le roseau depuis des siècles. Chaque famille du delta
indique Dan Baltaneanu, 77 ans, dont 52 dédiés à la récolte des
à le droit de récolter jusqu'à deux tonnes pour se chauffer,
roseaux. Le sol de l'île n'est profond que de quelques dizaines
construire étables et granges, donner à manger aux animaux ou
de centimètres. Quand le tracteur aux larges roues avance, la
refaire son toit. L'activité requiert 500 personnes au moment
terre ondule comme un matelas rempli d'eau.
de la récolte et 200 qui travaillent toute l'année. Mais curieuA une demi-heure en bateau, le long de la mer Noire, la
sement, les toits de chaume prisés des familles fortunées en
récolte se fait aussi mécaniquement. A l'avant de la machine,
Europe du nord sont signe de pauvreté dans le Delta, les habides mâchoires en fer coupent les tiges. Des hommes saisissent
tants préférant souvent des matériaux jugés plus modernes.
les fagots ainsi formés et les empilent à l'arrière. Dans ces
Isabelle Wesselingh
11
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Restriction de l'accès
des travailleurs roumains en Espagne
Social
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M. CIUC
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BRASOV
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SIBIU
TIMISOARA
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PITESTI
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GALATI
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BRAN
BRAILA
n
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CONSTANTA
BUCAREST
GIURGIU
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TULCEA
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Les chiffres
12
Evénements
CHISINAU
l
l
Population : 21 542 000 habitants
Superficie: 238 391 km 2
PIB: 119,7 milliards d'euros.
Croissance en % du PIB: - 1,2 %
Croissance estimée en 2009:
- 7,1 % (UE: 0,2 %)
PIB/habitant : 3806 €
Déficit public en % du PIB en 2009:
7,8 % (UE: 0,9 %)
Dette publique en % du PIB en
2007: 12,9 % (UE: 58,7 %)
Taux d'inflation en 2010: + 7,96 %
Chômage en % de la population
active en janvier 2010: 7,3 %
(UE: 7 %)
Salaire moyen : 462 €
-Le plus élevé (finances): 966 €
-Le plus faible (bois) : 181 €
Salaire minimum net : 164 €
(employés), 300 €
(cadres)
Retraite mensuelle moyenne: 150 €
Minimum vieillesse : 75 €
Espérance de vie (hommes/femmes): 69,5-77 ans
C
'est un nouveau coup de canif à la libre circulation en Europe: au nom du
marasme économique, Bruxelles a autorisé jeudi 11 août l'Espagne à restreindre l'accès des Roumains à son marché du travail jusqu'à la fin 2012. En
clair, Madrid peut désormais imposer des permis de travail aux Roumains, en faisant
jouer une "clause de sauvegarde" de son marché de l'emploi.
C'est la première fois que cette clause est invoquée en Europe. Pour l'Espagne, le
virage est net: en 2009, deux ans après l'élargissement de l'UE à la Roumanie et à la
Bulgarie, elle avait fait le pari de lever toutes les restrictions à l'arrivée de travailleurs
de ces deux pays. À l'inverse, dix États membres - dont la France et l'Allemagne avaient préféré une ouverture progressive de leur marché du travail, maintenant un régime de permis jusqu'à 2013.
30% de Roumains sans emploi
Mais la crise est passée par là, la croissance espagnole a reculé de 3,9% entre 2008
et 2010, et le taux de chômage dépasse 20% depuis mai 2010. "La hausse continue du
nombre de résidents roumains en Espagne et leur niveau de chômage élevé ont eu une
incidence sur la capacité du pays à absorber de nouveaux flux de travailleurs", note la
Commission. Le pays comptait plus de 800 000 Roumains au 1er janvier 2010 (soit plus
du double qu'en 2006), dont 30% sans emploi. Ceux qui se trouvent déjà sur place ne
sont pas concernés pas la mesure annoncée mi-août. Bruxelles voit dans cette décision
un cas de figure unique. Nous n'avons pas reçu d'autres demandes, nous ne nous attendons pas à en avoir d'autres", a affirmé une porte-parole de la Commission, en promettant de "continuer à défendre la libre circulation partout en Europe".
Bruxelles, tout en déplorant une entorse à "l'esprit" de Schengen, se prépare à en
ajuster les règles. Les États membres ont chargé la Commission d'élaborer des critères
permettant de déroger au principe de libre circulation en cas de pression migratoire
"forte et inattendue". Les conclusions sont attendues en ce mois de septembre.
Claire Gallen (Le Figaro)
-Eh oui…
Nous aussi
on a nos
assiettes
vides,
comme les
Grecs…
-Peut-être…
Mais eux, au
moins, ils les
cassent !
Gazdaru
U
ne enquête du bureau d'études GFK
révèle que deux tiers des Roumains
s'estiment plus pauvres en 2011 que
l'année précédente. Toutefois, ils ne sont plus que 43 % à penser que leur situation va encore empirer, contre 50 % en 2010.
15 % pensent qu'elle va s'améliorer et 36 % qu'elle restera
identique. Plus de la moitié des Roumains affirment qu'ils ont
beaucoup de mal à boucler leur fin de mois et un quart qu'ils
ont été obligés de s'endetter.
Moldavie*:
Population : 4 350 000
habitants
Habitants sur place : 3,56
millions
Superficie: 33 700 km2
PIB: 4,4 milliards d'euros
Croissance en 2010: 6,9 %
PIB/habitant : 1010 €
Inflation : 10 %
Salaire minimum : 36 €
Salaire moyen : 180 € à Chisinau,
80 € dans le reste du pays
Chômage (chiffre officiel) : 8 %
Espérance de vie (hommes/femmes): 62-70 ans
*Chiffres donnés sous réserves
Deux Roumains sur trois
plus pauvres qu'en 2010
Taxe auto illégale
L
a Cour de justice de l'UE (CJUE) vient de donner raison à un citoyen roumain
en prise avec l'Etat roumain. Celui-ci remettait en cause le paiement de la dernière taxe auto en vigueur depuis décembre 2009 alors qu'il avait immatriculé en Roumanie un véhicule acheté en Allemagne. Il a ainsi payé en vertu de la loi roumaine une taxe de pollution de 4431 lei (plus de 1000 €). En Roumanie, celle-ci ne s'adresse qu'aux véhicules étrangers dans le but de décourager l'importation de véhicules
d'occasion d'autres Etats-membres, soi-disant plus polluants. La CJUE vient de donner
tort à l'Etat roumain et propose la création d'une taxe de pollution annuelle pour tout type
de véhicule. Suite à cette décision, l'Etat roumain va par ailleurs devoir dédommager
tous ceux qui ont payé cette taxe.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'immigration principal moteur
de la croissance démographique en Europe
L
a population de l'UE totalisait 502,5 millions d'habitants au 1er janvier, selon les chiffres publiés,
jeudi 28 juillet, par Eurostat. Les Vingt-Sept se sont
peuplés de 1,4 million d'habitants supplémentaires en 2010;
5,4 millions d'enfants sont nés dans
l'Union en un an, soit un taux de natalité
stable, de 10,7 ‰. Mais plus que l'accroissement naturel, qui se solde par une
hausse de 514 000 habitants (+ 1 ‰),
c'est l'immigration qui a contribué à
grossir les rangs des Européens: le solde
migratoire affiche 854 000 personnes (+
1,7 ‰). Les dix-sept pays de la zone
euro, avec 332 millions d'habitants,
accueillent à eux seuls 1 million d'habitants en plus et, signe de leur attrait,
bénéficient de l'essentiel du solde migratoire (700 000 personnes).
La Roumanie parmi les 8 pays qui se dépeuplent
Ces totaux recouvrent de fortes disparités. Certains pays
conservent un taux de natalité élevé, comme l'Irlande
(16,5 ‰), le Royaume-Uni (13 ‰) ou la France (12,8 ‰), soutenant l'accroissement naturel de leur population. L'Irlande a
ainsi gagné 46 000 habitants par croissance naturelle, quand le
solde migratoire lui en a fait perdre près
de 34 000. Le Royaume-Uni ajoute à
un solde naturel de 245 000 habitants
un bilan migratoire de 163 000 personnes. La France a vu sa population augmenter de 284 000 habitants par
accroissement naturel et de 75 000
habitants par le solde migratoire.
Huit pays, parmi lesquels la
Lettonie, la Bulgarie, la Hongrie,
l'Allemagne et la Roumanie, enregistrent une croissance naturelle négative,
leur taux de natalité restant inférieur au
taux de mortalité. L'Allemagne a ainsi
perdu 50 000 habitants en 2010 mais elle demeure le pays le
plus peuplé de l'UE avec 81,7 millions d'habitants devant la
France (65 millions) et le Royaume-Uni (62,4 millions).
Grégoire Allix (Le Monde)
De son dernier combat en Roumanie, Laurence Demairé veut faire une loi 13
"Deux heures dans les bras de sa maman à la naissance"
Laurence Demairé se bat depuis plus de dix ans pour le droit des femmes roumaines à
mettre au monde leur enfant dans les meilleures conditions possibles. Elle a introduit en
Roumanie la maternologie, discipline entre science et psychologie, qui met en lumière l'importance du lien mère-enfant lors de la naissance. A 82 ans, la Lilloise vient de remettre son
tablier à ses condisciples et a rejoint définitivement la France.
L
aurence Demairé est fatiguée mais heureuse. Confortable-ment installée dans sa chaise,
au beau milieu du parc Cismigiu, au centre de Bucarest, elle regarde passer les amoureux. Les membres de son association, "Bébé bienvenu", s'activent autour d'elle. Ils doivent recueillir un maximum de signatures pour que leur pétition puisse être envoyée au Parlement.
"Nous voulons qu'une loi oblige toutes les maternités du pays à respecter le droit des parents à
avoir au moins deux heures d'intimité avec leur enfant dès la naissance", dit-elle calmement.
Le premier contact de Laurence Demairé avec la Roumanie a été une photo d'enfants abandonnés dans un mouroir. C'était en 1996. "Je serais partie le soir même, mais il m'a fallu trois ans pour
prendre cette décision", raconte-t-elle. Quand elle arrive en Roumanie en 1999, elle travaille pour une ONG et s'occupe des orphelins. Mais au fil de ses rencontres, elle s'aperçoit que le problème des abandons est directement lié à la façon dont est abordée la
naissance. "J'ai eu une révélation et j'ai décidé de me battre pour changer cela", lâche-t-elle. Elle se met alors à visiter des maternités dans tout le pays et observe. Quasiment partout, les nourrissons sont placés dans des nurseries communes dès leur naissance
et sont rendus à leur mère quelques heures plus tard. "Pour des questions d'hygiène", lui explique-t-on.
"Mais ce sont ces premières heures qui comptent le plus. Le bébé ressent une angoisse quand on vient le retirer des bras de
sa mère et il s'en souviendra toute sa vie!", s'emporte la Lilloise. "En Roumanie, les médecins apprennent à la faculté qu'il est plus
important d'enlever l'enfant des bras de sa mère le plus rapidement possible pour vérifier s'il est en bonne santé", explique Danut
Ciolompea, un médecin généraliste. Laurence Demairé décida alors de créer une association pour sensibiliser les médecins et les
former à la maternologie, cette discipline qui part du principe que les premières heures de vie d'un être humain sont très importantes. Quatre praticiens ont été formés en France grâce ses efforts. Ce n'est qu'un début. Mais Laurence Demairé est sereine.
Fatiguée par l'âge, elle a décidé de rentrer définitivement en France en juin dernier, assurée d'avoir rempli sa mission et de laisser derrière elle la relève nécessaire pour que son combat continue.
Jonas Mercier (La Croix)
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La Roumanie condamnée
par la CEDH de Strasbourg
Evénements
BAIA
MARE
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Vie quotidienne
La lutte contre la "malbouffe" marque le pas
Alors que la Hongrie vient d'officialiser sa "taxe sur le hamburger", en
Roumanie l'initiative pourtant pionnière en Europe n'est plus au goût du
jour. Que s'est-il passé ?
SUCEAVA
IASI
TARGU
MURES
l
ORADEA
Trop de chiens errants
l
l
CHISINAU
l
l
l
M. CIUC
l
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ARAD
BEZID
l
l
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SIBIU
TIMISOARA
BRASOV
GALATI
l
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
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TULCEA
l
n
BUCAREST
GIURGIU
l
CONSTANTA
l
l
Des bus de nuit
dans la capitale
14
La Cour européenne des droits de l'Homme a condamné le 26 juillet la
Roumanie pour n'avoir pas maîtrisé le problème récurrent des chiens errants dans
la capitale, donnant droit à la plainte d'une septuagénaire attaquée par une meute.
Depuis la mi-juillet, des bus de
nuit circulent dans Bucarest entre
23 h et 6 h du matin. La RATB
(Régie autonome des transports de
Bucarest) a mis en place 23 lignes
qui relient le centre-ville aux zones
périphériques de la ville. Le point de
départ des autobus se trouve Piata
Unirii. Entre 23 h et une heure du
matin, et entre cinq et six heures du
matin, les autobus partiront toutes
les 30 minutes, alors qu'entre une
heure et cinq heures du matin ils partiront toutes les heures.
Le prix du ticket sera le même
que pour un trajet normal en plein
jour, soit 1,3 leu. Les nouvelles
lignes nocturnes vont relier au centre-ville les quartiers Colentina,
Pantelimon, Titan, Berceni, Rahova,
Dristor, Giulesti, Cotroceni et Grivita.
Aménagement des
secteurs de Bucarest
Les maires des six secteurs de la
capitale seraient tombés d'accord
sur une nouvelle délimitation cadastrale. Certains Bucarestois qui possèdent leur chambre à coucher dans
un secteur se retrouvent dans un
autre secteur lorsqu'ils se déplacent
dans leur salon. C'est notamment le
cas sur le boulevard Unirii. Un constat qui date de la période communiste lorsque de nombreux immeubles
et boulevards ont été construits à la
place de maisons. Cela pose le problème de savoir où voter et où payer
ses impôts, par exemple. Une fois
entrée en vigueur, cette mesure obligera les Bucarestois qui "déménagent" dans un autre secteur à changer leurs pièces d'identité.
E
n octobre 2000, Georgeta Stoicescu, 71 ans, avait été attaquée, mordue et
jetée à terre par une meute d'environ sept chiens errants devant sa maison de
Bucarest. Elle avait été blessée à la tête et s'était cassé un fémur, et en avait
gardé des difficultés à marcher, jusqu'à son décès sept ans plus tard. A l'époque de cette
attaque, le grand nombre de chiens errants dans les villes roumaines était déjà un problème de santé et de sécurité publiques puisqu'on en dénombrait quelque 200 000 dans
la capitale.
Le 19 juin 2001, le tribunal départemental de Bucarest estima que l'administration
pour la surveillance des animaux (ASA), une institution publique, n'avait pas pris toutes les mesures pour protéger la population et que l'attaque dont Mme Stoicescu avait
été victime avait mis sa vie et sa santé en péril, lui causant des souffrances physiques et
mentales. Il ordonna à la mairie de Bucarest de lui verser une somme équivalent à
400 euros, mais la mairie forma un recours.
Dans son arrêt rendu à Strasbourg, la CEDH a estimé que "l'insuffisance des mesures prises pour traiter le problème des chiens errants, combinée au manquement à fournir un redressement adéquat pour les dommages subis, a violé le droit de la plaignante au respect de la vie privée". Les juges européens ont alloué 9000 euros pour préjudice moral à son mari qui avait poursuivi son action après son décès.
Le problème des chiens errants n'est toujours pas résolu puisque selon une statistique de la préfecture de Bucarest - mentionnée dans le jugement - 9178 personnes, dont
1678 enfants, ont été mordues par des chiens errants au cours des six premiers mois de
2009. 38% des chiens alors capturés étaient infectés par la leptospirose. De même source on évaluait en avril 2010 entre 40 000 et 100 000, le nombre de chiens errants à
Bucarest.
3700 bucarestois mordus en six mois
P
lus de 3700 Bucarestois, dont
1300 enfants, ont été mordus
par des chiens errants au cours
des six premiers mois de cette année.
Chaque semaine, des dizaines de plaintes
sont déposées, mais très
peu aboutissent. Deux
procès ont seulement eu
lieu en 2008 et sur les
5-6 affaires jugées jusqu'à maintenant, au
terme d'une longue procédure, les plaignants
ont obtenu au mieux
200 € de dommages et
intérêts, correspondant
au coût du traitement
médical qu'ils ont dû subir. De quoi
décourager toutes les victimes…
A Craiova, autre grande ville touchée
par le phénomène des maidanezi (chiens
errants), dont le nombre est passé, selon
les estimations, de 5000 à 8000 en un an,
ce sont 859 personnes qui ont été mordues
au cours du premier semestre. A
Constantsa, la situation étant encore pire:
fin juillet 1275 personnes mordues par des
chiens avaient été enregistrées, dont 200
pour ce seul mois.
A Giurgiu (frontière avec la Bulgarie), un
sexagénaire a obtenu
une indemnisation de
1000 € de la mairie,
une première. Il avait
été attaqué et mordu
férocement par une
meute d'une quarantaine de chiens, alors qu'il
rentrait chez lui à la
tombée de la nuit. Tentant vainement de
s'enfuir, il n'a dû son salut qu'à l'intervention d'un couple de voisins qui s'était précipité à son secours en entendant ses cris
et en jetant de la nourriture aux animaux
affamés.
I
l y a un
an
et
demi la
Roumanie faisait
la une de la presse étrangère. Et
pour une fois en
bien. "La Roumanie veut imposer la malbouffe en introduisant
une taxe sur les produits fast-food, sucreries et boissons
gazeuses afin de soutenir des programmes nationaux de
santé", titrait Le Figaro en janvier 2010.
L'Alliance européenne pour la santé publique transmettait
même son soutien officiel au Premier ministre Emil Boc et au
ministre de la Santé roumain, Czeke Attila, pour ce qui relève
"d'une initiative courageuse dans le but de décourager la
consommation d'aliments mauvais pour la santé". Il est vrai
qu'à l'instar de beaucoup de pays européens, la Roumanie est
touchée par le fléau que représente l'obésité. Les rapports officiels attestent qu'une personne sur quatre souffre d'obésité,
tandis qu'une sur deux serait en surcharge pondérale.
A Bucarest, toujours selon ces mêmes rapports, le nombre de cas d'obésité à l'école primaire a doublé au cours des huit
dernières années... D'où la recrudescence des maladies cardiovasculaires et autres diabète et hypertension. Les coûts liés à
ces maladies sont importants, plusieurs milliards d'euros au
niveau européen.
Lobbying des groupes alimentaires
En proie à de sérieux problèmes budgétaires, le ministère
de la Santé décidait donc de prendre le taureau par les cornes
et d'introduire cette taxe sur la "malbouffe" en Roumanie,
mesure inexistante dans les autres pays européens.
Mais ce sont désormais les Hongrois qui font la Une de la
presse européenne avec la mise en place d'une taxe à partir de
septembre qu'ils ont judicieusement nommé "taxe hamburger". L'opinion publique roumaine s'interroge. En effet, à l'époque du buzz médiatique, beaucoup louaient une taxe qui
allait en théorie permettre de limiter les effets néfastes sur la
santé de la nourriture de type fast-food et donc permettre à
terme des économies considérables. L'argent de la taxe devait
strictement être utilisé par le ministère de la Santé. Une aubaine lorsque les besoins dans le domaine sont énormes.
Malheureusement, en Roumanie, le projet est tombé aux
oubliettes. Principal argument des "anti-loi": l'augmentation
des prix des aliments. Car comme le rappelle Calin Ionescu,
directeur de la chaîne de fast-food KFC Roumanie, "outre le
côté pratique qu'ils représentent, les fast-food ont du succès en
Roumanie en premier lieu car ils permettent de se nourrir à
moindre frais. La mise en place d'une telle taxe va contraindre les gens à revenir au pain et à la pomme de terre !".
Rappelons que pour la perception de la taxe, l'Etat roumain prévoyait de négocier avec tous ceux qui produisent,
importent ou préparent des aliments contenant des quantités
importantes de sel, graisse animale, sucre et autres additifs alimentaires. C'est-à-dire avec des lobbys très puissants et évidemment réticents à l'idée d'une telle loi. Certains professionnels de la santé ont même retourné leur veste et qualifié cette
loi de chasse aux sorcières injustifiée à l'égard des fast-food.
Ainsi, à défaut de loi, on a annoncé qu'il était préférable
d'investir dans des campagnes éducatives et de lutter pour une
baisse des prix des aliments à base de produits sains. Si
quelques campagnes sont en effet apparues, pour ce qui est
d'une baisse des prix des produits dits sains, il y a encore des
progrès à faire puisque l'indice des prix à la consommation,
malgré une faible baisse en juillet, a augmenté de plus de 2%
depuis le début de l'année.
Benjamin Ribout (www.lepetitjournal.com/Bucarest)
Pompiers : on se retrousse les manches partout !
N
otre dossier consacré aux
pompiers roumains et l'aide
apportée notamment par
OVR Suisse, paru dans le dernier numéro
des Nouvelles de Roumanie, a provoqué
plusieurs réactions de lecteurs, montrant
que ceux-ci avaient bien conscience du
problème de sous équipement des centres
de secours de ce pays, mais aussi que plusieurs comités de jumelage ou communes
avaient d'ores et déjà décidé de prendre
les choses en mains.
C'est le cas du comité de Varades, en
Loire-Atlantique, dont le président,
Joseph Auray, nous a envoyé le petit mot
suivant: "Une cinquantaine d'amis de
Sângeorgiu-Bezid, sont venus récemment
fêter le 10ème anniversaire du jumelage
avec notre canton de Varades. Je vous
écris à propos de votre article sur les
échanges entre pompiers français et roumains et l'aide que nous pouvons apporter. Je confirme donc vos propos: les
Français aussi participent!
En 2006, nous avons conduit à
Sângeorgiu 3 véhicules de pompiers
offerts par le SDISS 44 (groupement
départemental des centres de secours).
Nous n'avons eu à l'époque, aucune difficulté de la part des autorités roumaines,
dans la mesure où toute la "paperasserie" était en ordre avant le départ! En
fait, le plus difficile fut sans doute de
trouver le financement pour acheminer
ces véhicules! Ce n'était pas si simple
pour notre petite association aux moyens
très limités! Mais nous avons réussi et
ces contacts se poursuivent.
Ainsi, nos amis de Bezid viennent de
nous quitter avec 3 mètres cubes de
tenues de pompiers flambant neuves,
d'une valeur...je vous laisse imaginer!
Toujours don du SDISS 44. Des rencontres sont à l'ordre du jour entre pompiers
et nous en sommes très heureux".
15
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Vie quotidienne
BAIA
MARE
Y-a-t-il une zone non fumeur?... demande un client dans un restaurant
de Bucarest. Le serveur sourit puis le rassure: ne vous inquiétez pas, vous
pouvez fumer partout. Pourtant, même si les bars de Roumanie sont encore enfumés, l'idée d'y interdire le tabac fait son chemin, comme dans d'autres pays des Balkans.
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BRAN
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Bucarest "la laide"
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Bucarest est la plus moche des capitales
européennes… C'est le titre, peu glorieux,
que vient de se voir décerner la ville, élue
plus laide des capitales d'Europe par le site
Tourism-review. com. Pour justifier ce vote,
le site a mis en avant les rues pleines de
trous, voire non asphaltées, les ordures empilées au milieu des avenues, le manque d'eau
chaude, l'absence de canalisations dans certains quartiers, les chiens errant… autant d'éléments qui font, selon ce site, "se sentir au
Moyen Age" dans certains coins de la ville.
L
La cigarette
e milliardaire
Remus Truica
défraie
la
chronique roumaine à la
suite de ses démêlés
conjugaux. Sa femme,
Ioana, arguant de ses infidélités, a quitté le domicile du lac de Snagov,
dans la banlieue bucarestoise, avec ses deux
filles, pour s'installer sur
l'ile de Saint Martin, dans
les Caraïbes, occupant
une luxueuse villa appartenant au couple. Son
mari lui a intenté un procès pour récupérer ses enfants dont elle a pourtant obtenu
la garde à la suite d'une décision d'un tribunal français lui octroyant également
une pension mensuelle de 3000 €.
Parmi les reproches de la belle Ioana
à son mari figure sa liaison avec Patricia
ne députée de l'opposition sociale-démocrate (PSD), Manuela
Mitrea, a proposé en février une interdiction totale de fumer dans
tous les lieux publics fermés comme les restaurants, bars et discothèques. La proposition est en discussion au Parlement. 46% des Roumains
sont favorables à une interdiction de fumer dans tous les lieux publics fermés y
compris clubs et bars (43% contre) et 57% dans les restaurants, selon une
enquête du ministère de la Santé de 2009. "La perception générale est de dire
que les Roumains s'opposent à l'interdiction de fumer dans les lieux publics,
mais les études montrent qu'une majorité veut une interdiction", a indiqué à
l'AFP Magda Ciobanu, pneumologue à l'Institut Marius Nasta. D'autant que le
nombre de fumeurs recule: 28% des Roumains de plus de 15 ans fumaient quotidiennement en 2009, contre 36% en 2003.
Il me semble impératif que nous suivions en Roumanie l'exemple d'autres
pays d'Europe, a expliqué Manuela Mitrea: "Ma proposition de loi n'interdit
pas de fumer en général. Chacun a le droit de faire ce qu'il veut de sa vie. Mais
il n'est pas normal qu'une personne qui fume rende malade les non fumeurs
autour de lui".
sur la sellette en Roumanie
Dans les bars et discothèques de Roumanie, on boit, danse
et devise dans une fumée à couper au couteau. Certes, les restaurants ont l'obligation de proposer des espaces non fumeurs
mais tous ne le font pas.
Certains patrons de bars ne sont pourtant pas opposés à
une interdiction du tabac. Travailler tout le temps dans une
ambiance enfumée n'est pas facile et dangereux pour la santé.
Et en raison du goudron qui se dépose, les équipements sonores se dégradent beaucoup plus vite. Mais, dans un pays aussi
corrompu que la Roumanie, un danger existe: il ne faudrait pas
que certains échappent aux contrôles grâce à des bakchichs.
La bataille promet d'être longue. Le 8 juin dernier, les
sénateurs ont adopté la proposition de loi, mais en y intégrant
un amendement qui permet de fumer dans les bars et restaurants de moins de 100 m2. Un amendement que Manuela
Mitrea espérait faire supprimer à la Chambre des députés où le
texte pourrait être examiné cet automne.
"Mon mec à moi"…c'est un milliardaire roumain
Kaas, que la chanteuse
raconte elle-même dans
son livre biographique.
Remus Truica était un de
ses admirateurs passionnés et l'avait conviée à
venir chanter au cours
d'une fête privée, lors de
son anniversaire.
Il avait mis à sa
disposition son propre
avion et versé un cachet
de 80 000 euros. "Au
cours de mon séjour, il
m'envoyait des bouquets
de fleurs extravagants,
trois fois par jour" confie la jeune
femme, "il était le premier à me saluer le
matin, me tenait compagnie toute la journée, m'envoyait des messages".
L'inévitable se produisit alors: la
chanteuse termina dans le lit de l'oligarque. "Je trouvais délicieuse cette
image de notre relation : moi, une artiste
célèbre, lui, un milliardaire".
Patricia Kaas ne cache pas qu'elle
était tombée sous son charme: "Je pensais à lui sans arrêt, il faisait toutes mes
volontés… et l'amour merveilleusement.
C'était un amant parfait"… bref "Mon
mec à moi". Elle ne précise pas toutefois
la durée de leur relation.
Remus Truica, ancien chef de cabinet
d'Adrian Nastase au début des années
2000, a débuté dans les affaires alors qu'il
avait 26 ans, créant sa propre firme. Sa
proximité avec le Premier ministre lui a
permis de signer de nombreux contrats
avec des sociétés publiques et de bâtir
une fortune colossale.
Aujourd'hui, il possède de nombreuses propriétés dont un palais à Snagov,
une villa à Saint Martin, un appartement
à Monte Carlo, de nombreuses voitures
de luxe, et un yacht d'une valeur de
7 M€… qui porte le nom de sa femme.
"Dans tous les pays, ce fut difficile et ce n'est pas arrivé
en l'espace d'une nuit, ce fut l'aboutissement d'un long travail
de préparation, puis d'application" relève Kristina MauerStender. "En l'absence de préparation adéquate, une telle
mesure peut échouer, comme en Bulgarie", note-t-elle. En
Albanie et en Grèce, c'est l'application de la loi qui fait défaut.
Mais même dans les Balkans, où le taux de tabagisme est
un des plus élevés d'Europe après la Russie ou l'Ukraine, selon
l'OMS, la lutte contre le tabac progresse. La Croatie a drastiquement réduit les espaces fumeurs, la Macédoine a banni la
cigarette des cafés et restaurants, emboîtant le pas à la Turquie,
pourtant connue pour l'expression "fumer comme un Turc".
"L'implication de dirigeants politiques de haut niveau
comme le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été
très importante" souligne Kristina Mauer-Stender. Interrogé
par l'AFP, le ministère de la Santé roumain n'a pas souhaité
commenter la proposition de loi de Manuela Mitrea.
Une campagne publicitaire provocatrice
fait sortir les Roumains de leurs gonds
Ne touche pas à mon chocolat !
Le remplacement du drapeau roumain par le drapeau américain sur l'emballage
de la barre de chocolat Rom, considérée comme un symbole national, avait enflammé
les esprits l'automne dernier. La campagne publicitaire à la base de cette controverse
vient d'être récompensée dans l'un des plus grands festivals du secteur
Le lobby du tabac espère se refaire une santé à l'Est
Comme les lois sont bien appliquées dans les pays de la vieille Europe, le
lobby du tabac se tourne vers les pays où leur application est plus faible. On
voit un déplacement vers l'Est selon Kristina Mauer-Stender, directrice de programme pour le contrôle du tabac à l'OMS.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
C
'est l'histoire d'une barre de
chocolat typiquement roumaine. Non seulement par
son nom, Rom, qui rappelle aussi le goût
de la crème au rhum dont elle est fourrée,
mais aussi par son emballage. Depuis sa
création en 1964, il se compose des trois
couleurs du drapeau national: bleu, jaune,
rouge. Symbole de l'"epoca de aur" (l'époque d'or) du communisme, le chocolat
Rom a survécu à la chute du dictateur
Nicolae Ceausescu.
"Notre client nous a demandé une
campagne de fierté nationale, ce qui était
impossible à réaliser dans le contexte
actuel où la jeune génération vote avec
ses pieds en Roumanie", a expliqué dans
les colonnes du quotidien “Gândul”,
Adrian Botan, directeur de création à l'agence de publicité McCann Erickson
Roumanie, en charge de la campagne de
communication.
Pour relancer les ventes, l'agence a
alors pris la décision de choquer les
esprits en attaquant de façon frontale ce
symbole national. Au lieu du traditionnel
drapeau roumain, les étoiles sur fond bleu
et les lignes rouge et blanche du drapeau
américain ont été imprimées sur l'emballage. Du jour au lendemain les étagères
des supermarchés se sont remplies de ces
"Rom américains" et l'effet escompté
s'est immédiatement produit. En moins
d'une semaine, le site Internet de la
marque a reçu la visite de 75 000 internautes.
De nombreux débats ont été lancés
sur la toile. Une émission de télévision a
même traité de la question. Du changement d'emballage, les internautes et téléspectateurs en sont arrivés à parler de l'identité nationale roumaine, alors que des
groupes se sont formés pour demander le
retour de l'emballage initial.
Primé à Cannes
Six jours plus tard, les Rom authentiques sont réapparus dans les magasins
et la campagne publicitaire a été conclue
par ce message: "Quoi qu'il arrive, Rom
restera toujours Rom, avec le tricolore
(drapeau roumain, ndlr) et tout le reste".
Et le 19 juin dernier, à Cannes, le festival
international du film publicitaire (festival
international de la créativité Lions) a
récompensé par deux fois cette campagne
de communication. Une première pour la
Roumanie, dans un rendez-vous considéré comme le plus important du secteur.
Le premier prix a été remporté dans
la catégorie "meilleur lancement ou
relancement de produit" et le deuxième
dans la catégorie "construction d'une
marque". "C'est la confirmation d'un
standard retrouvé. Les deux années de
crise ont mis un frein au développement
de la créativité dans le domaine publicitaire, mais j'espère que ces récompenses
vont marquer la fin de cette période", a
affirmé Mugur Patrascu, du département
Internet de l'agence de publicité Leo
Burnett Roumanie. "Il est très risqué de
faire des changements dans l'image d'une
marque comme Rom, a estimé pour sa
part
Madalina
Diaconescu,
de
Brandient. Mais c'est encourageant de
voir qu'on a osé repousser les limites
dans un domaine qui est habituellement
très conservateur". Et Adrian Botan de
conclure: "Nous avons retrouvé notre
inspiration dans l'adversité".
Jonas Mercier
(lepetitjournal.com/Bucarest)
17
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Enseignement
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BAIA MARE
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CHISINAU
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n
BUCAREST
CONSTANTA
l'argent, les livres, la vie...
Plus de 600 000 jeunes roumains étudient dans les universités du pays, dont le
fonctionnement et le niveau sont sans cesse critiqués. Comment vivent ces étudiants,
et à quoi aspirent-ils ? Pour Regard, Marion Guyonvarch a suivi les pas d'Ana
Maria Cretu, 21 ans, étudiante à Bucarest.
l
Discrimination :
un test éloquent
à l'entrée
des discothèques
18
Courir après le temps,
Société
d'une génération née après 1989
l
l
l
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Etudiants : les envies d'ailleurs
l
SUCEAVA
ORADEA
Société
Un Rom ne rentrera pas - ou
presque pas - dans les clubs de
Roumanie. Tel est le résultat d'un
test sur les pratiques discriminatoires à l'entrée des discothèques
réalisé par l'ONG Romani Criss,
dans le cadre d'une étude plus
large, à l'échelle européenne.
Samedi 11 juin, deux groupes de
jeunes ont décidé de sortir dans plusieurs clubs de la capitale roumaine.
Chacun est composé de jeunes étudiants, les filles portent un chemisier, des talons, un pantalon ou une
jupe. Les garçons, eux, ont revêtu
des jeans et des chaussures classiques. Seule différence notable,
mais décisive, entre les deux "équipes": la couleur de peau.
Le premier groupe est composé
de "personnes au teint clair", tandis
que le second est formé de jeunes
d'origine rom.
Un détail qui fait la différence
puisque les deux groupes n'ont pas
reçu le même accueil. Alors que le
premier a pu entrer sans encombre
dans les quatre clubs où il a tenté
sa chance, le second s'est vu refuser l'accès à trois reprises: au
Player, au Bellagio et à Kulturhaus.
Dans ces deux derniers établissements, les videurs ont invoqué
l'organisation d'une fête privée et
d'une fête étudiante pour refuser
l'accès aux jeunes roms.
Alors que leurs alter ego au teint
clair ont pu entrer sans problème et
n'ont jamais eu vent de l'existence
de telles soirées privées.
(Lire la suite page 20)
L
es yeux encore pleins de sommeil, Ana Maria se prépare rapidement un café
sur une petite plaque électrique, avale un bol de céréales. Elle s'est couchée à
l'aube, pour finir un essai, et s'apprête à affronter un séminaire de trois heures
sur la philosophie mathématique. Une nouvelle journée commence pour cette pétillante
étudiante en troisième année de philosophie, une journée à courir après le temps, l'argent,
les livres, la vie.
Il est huit heures et demie, elle verse son café dans un thermos, attrape un classeur,
enfile sa veste et file en cours, à la faculté de philosophie, située à une centaine de mètres de la cité universitaire de Grozavesti de Bucarest où elle loge cette année. Jusqu'à l'an
dernier la jolie rousse, inscrite en parallèle à la fac de droit, jonglait entre les cours et les
campus. "C'est très fréquent", sourit-elle en fumant son indispensable cigarette d'avantcours, "une pour l'avenir, l'autre pour le plaisir! Après le bac, j'ai été prise en droit, dans
le cursus payant, et
accepté en philo,
sur dossier, gratuitement. A la rentrée, j'ai décidé de
me consacrer entièrement à la philo,
pour bien faire les
choses". Même si
ses parents n'approuvent qu'à moitié son choix, car
"la philo, ça ne
mène à rien".
Agriculteurs à
Radu Voda, dans le département de Calarasi, ils auraient préféré que la petite troisième
de la famille "fasse ASE (économie, ndlr) et travaille dans une banque". Issue d'un milieu
modeste et rural, Ana Maria n'a pas le profil typique des étudiants, dont la majorité sont
"fils de fonctionnaires ou d'intellectuels", comme le constate le sociologue Mircea
Kivu. "La mobilité verticale et l'ascension sociale entre les générations est finalement assez réduite", soutient-il.
Vivre avec moins de 150 euros par mois
Certes, trois bacheliers sur quatre rejoignent les rangs de la fac. Mais c'est avant que
s'opère la sélection, surtout en milieu rural où seuls 10% des élèves rentrent à la fac. Avec
ses bulletins émaillés de "nota 10" (10/10) et sa passion des lettres - qu'elle doit "à
Mircea Eliade" - Ana Maria a fait partie des "heureux" élus. Bonne élève, elle a une bourse et une place en cité U. Mais galère quand même pour joindre les deux bouts. Chaque
mois, elle doit se débrouiller avec sa bourse de 350 lei (75 €) et l'argent que lui envoie
son père, qui finance aussi son frère. "250 ou 300 lei (60-70 €), obtenus à l'issue d'âpres négociations", raconte-elle en riant.
Pas de quoi jouer les étudiantes insouciantes. "Chaque mois, je paie 220 lei pour la
chambre, 150 lei de frais fixes, et puis il y a les photocopies, les livres, Internet... Je sors
peu, je ne peux plus m'acheter de livres chez les antiquaires comme avant, je m'habille
dans les second hand (boutiques de vêtements d'occasion). Mais dès que j'ai des frais
imprévus, ça devient compliqué".
Ce mois-ci, les visites chez le dentiste et le médecin ont
fait exploser son budget, de plus de 900 lei. "Et je dois trouver
600 lei pour passer le TOEFL (certificat de maîtrise de la langue anglaise). Une de mes copines peut me prêter de l'argent,
je la rembourserai avec mes deux prochaines bourses",
explique Ana. "L'argent, c'est un problème permanent mis à
part pour ceux qui ont des parents aisés. Mais ils ne sont pas
si nombreux. Les autres essaient de trouver un job, ou se
débrouillent comme ils peuvent".
Ana, elle, refuse pour le moment de chercher un boulot,
"j'ai été barmaid, la nuit, en première année. Je ne veux plus
faire ça, je veux avoir du temps pour mes études". Un discours
pas si répandu dans le milieu étudiant. Plus d'un tiers des
637 000 étudiants roumains travaillent en plus de leurs études,
affichant des emplois du temps de ministre, qui empiètent forcément sur leurs études.
Passage obligé par la BRD
pour toucher sa bourse
C'est le cas de Cristina Bobe. Inscrite en licence avec Ana,
elle ne hante que très rarement les couloirs de la fac. Il faut dire
que cette "ancienne élève
modèle" travaille le jour dans
une ONG et la nuit pour le
site d'informations Internet
Hotnews.ro. "Pour l'expérience et pour le salaire
(1500 lei au total)", explique
la jeune brunette, de passage
sur le campus.
"Le journalisme m'attire
et ce job à Hotnews, c'est une
opportunité pour l'avenir,
autant commencer maintenant. Et puis, je mets aussi
cet argent de côté pour partir
en France, faire un master".
L'étranger; Ana y a déjà goûté, l'an dernier; à Cracovie, où
elle a passé six mois grâce à un programme Erasmus. "C'était
incroyablement enrichissant", se souvient la jeune fille, les
yeux brillants. "J'ai découvert une autre façon d'enseigner, des
philosophes dont on ne nous parle jamais ici ; là-bas l'université est bien plus ouverte, plus avancée. Les seuls problèmes
que j'ai eus pendant ce séjour, c'est avec le secrétariat roumain
qui devait valider à distance nos équivalences !".
Si les voyages forment la jeunesse, ils permettent aussi
aux étudiants roumains de s'évader du système universitaire
sclérosé auquel ils sont habitués. Rien que d'y penser; Ana soupire, ses grands yeux clairs perdus dans le vague. "Ici, c'est
toujours tellement procédurier, bureaucratique... Tiens, par
exemple, je suis obligée de me faire une carte bancaire à la
BRD-Société Générale car depuis cette année, la fac a un
contrat avec eux et c'est le seul moyen d'obtenir ma bourse".
Son séminaire terminé, elle doit faire un crochet par le
secrétariat pour déposer une demande de soutenance de sa
licence. "Comme si le fait d'être inscrite ne suffisait pas...
Parfois j'ai l'impression d'être dans un théâtre de l'absurde...".
En verve, elle se lance dans une description par le menu de
tous les nœuds du système et des scènes parfois grotesques qui
émaillent son quotidien d'étudiante.
"La corruption n'est plus perçue que
comme un moyen parmi d'autres de paiement"
Instantanés croustillants; un amphithéâtre, en septembre,
où s'effectue la répartition des chambres dans les cités universitaires, en fonction de critères pas forcément logiques.
L'administrateur de la cité U qui joue les tyrans dans son petit
royaume. Les colocataires que le hasard lui a attribué et avec
qui elle doit cohabiter dans 10 m2 - la maniaque compulsive,
la traumatisée des courants d'air; la briseuse d'affaires personnelles. Les petits arrangements entre professeurs et étudiants...
Là, Ana Maria nuance. "En philosophie, nous sommes plutôtbien lotis. Les bonnes notes ne s'achètent pas, mais ailleurs ça
existe, bien sûr. Les diplômes qui s'achètent, les mémoires de
licence...". A l'image de la
société dans son ensemble, le
système universitaire roumain reste en effet gangrené
par la “spaga” (bakchich).
Une situation qui contribue à dévaluer un peu plus la
qualité de l'enseignement.
Les universités privées sont,
pour certaines, une manifestation exacerbée de la
déviance
du
système,
puisque l'étudiant qui y entre
est assuré d'obtenir son
diplôme, du moment qu'il
paie. Le scandale de l'université Spiru Haret avait révélé ce
problème au grand jour l'an passé. "La qualité de l'enseignement a baissé", admet Mircea Kivu, "à cause de l'explosion du
nombre d'universités alors que le nombre de professeurs compétents n'a pas augmenté, de la baisse du niveau des étudiants
due à la sélection plus faible à l'entrée. La multiplication des
places payantes dans le public accrédite l'idée qu'il suffit de
payer pour être diplômé. Au final, la corruption n'est plus perçue que comme un moyen parmi d'autres de paiement".
C'est le système et les étudiants dans leur ensemble qui
s'en trouvent affectés. Non seulement car la valeur des diplômes ne signifie plus grand-chose, mais aussi car les notes obtenues sont déterminantes pour l'attribution des bourses ou des
places en cité U. "Nous, en philo, on est noté plus sévèrement,
on a des moyennes plus faibles et donc moins de bourses ou
moins de places en cité U", témoigne Ana Maria.
(Lire la suite page 20)
19
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(Suite de la page 19)
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SATU MARE
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GIURGIU
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(Suite de la page 18)
Des pratiques répandues
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L'"hôpital des fous" de Câmpulung Moldovenesc n'a ni gardien
ni barreaux aux fenêtres, ni portes fermées avec des cadenas
VASLUI
BRAILA
l
l
TIMISOARA
Société
Un autre avenir pour les malades mentaux
l
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ARAD
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Santé
"Dans ma chambre, les fenêtres ne ferment pas
les murs sont pourris, les meubles aussi"
l
CPL. MOLD.
ORADEA
l
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Les résultats de ce test de discrimination grandeur nature sont éloquents selon Romani Criss. En province, où cette simulation a été aussi
menée, même constat.
Tous les clubs testés (deux à Cluj,
trois à Craiova et un à Dorohoi) ont
systématiquement refusé l'entrée au
groupe de Roms. "Ce n'est pas la
première fois que nous faisons ce
genre de tests", explique Marian
Mandrache, coordonnateur du département des droits de l'homme à
Romani Criss. "Cette étude a été
réalisée en parallèle en Serbie,
France, Italie, Norvège et Allemagne.
Et dans chaque pays, des pratiques
discriminatoires contre les minorités
ont également été enregistrées",
regrette Marian Mandrache.
Pour ce qui concerne la
Roumanie, où neuf clubs sur dix ont
refusé l'entrée au groupe de Roms,
"les résultats ne sont pas surprenants, malheureusement", poursuit-il.
"On n'a pas à faire à un cas isolé,
mais clairement à des pratiques
répandues, persistantes, qui n'ont pas
évolué depuis des années. Nous
espérons que cette fois-ci, vu l'ampleur de l'étude et des résultats, les
autorités vont se rendre compte de la
nécessité de prendre des mesures
pour arrêter ces pratiques, pourtant
interdites par la loi".
A l'heure actuelle, aucune plainte
n'a été déposée contre les clubs qui
ont interdit aux Roms d'entrer dans
leurs établissements. De même, la
publication de ces résultats n'a suscité aucune réaction de la part des
autorités roumaines.
M. G.
Ana Maria, cette année, a réussi à décrocher une chambre dans le très convoité
camin (cité universitaire) de Grozavesti, grâce à sa moyenne de 9,46. Propre, idéalement placé à quelques pas de sa fac. Au bout d'un immense couloir éclairé par la lumière froide des néons, l'on pénètre dans son repère. Un évier, un bureau, un lit, des citations philosophiques qui ornent les murs, une mini plaque électrique en guise de cuisine. Comme sa colocataire passe le plus clair de son temps chez son amoureux, elle a le
privilège de vivre seule dans 8 mètres carrés. "On n'a pas de cuisine commune, pas de
machine à laver, mais c'est bien mieux que tous les camin où j'ai été avant".
Cristina n'a pas eu cette chance. L'an dernier, prise par ses jobs, elle a moyennement réussi ses examens. Résultat, elle s'est vue attribuer une place à Leu, près de
Polytechnique. "Quand je suis entrée dans ma chambre, je n'en ai pas cru mes yeux,
les fenêtres ne ferment pas, les murs sont pourris, les meubles aussi, j'ai passé une
journée, avec Ana et ma colocataire, à
tout lessiver, repeindre. Les étudiants en
droit qui atterrissent là reçoivent 1000 lei
de leur fac pour refaire leur chambre, car
tout le monde sait dans quel état est le
bâtiment. Et je vous passe les problèmes
de chauffage, d'eau chaude...".
Pour contourner (ou profiter) ce système d'attribution hasardeux, beaucoup
n'hésitent pas à échanger leur place, parfois contre rémunération. D'autres vendent carrément leur place pour quelques centaines d'euros l'année. Ou quand le système universitaire s'avère n'être qu'une version en miniature de la société. Où blocages,
mentalités passéistes, manque de fonds, corruption laissent la part belle au système D,
aux inégalités, au nivellement par le bas.
Des syndicats étudiants existent pourtant, qui essaient régulièrement de défendre
les droits et les conditions des étudiants, mais ils peinent à faire évoluer un système
sclérosé. La réforme de l'éducation voulue par le gouvernement Boc ne parviendra sans
doute pas à révolutionner l'université roumaine, dont le principal problème reste le sous
financement.
"Le problème, c'est que ce sont les meilleurs qui partent"
Et l'avenir; comment l'imaginent les étudiants d'aujourd'hui, qui sont le futur de la
Roumanie ? Ces problèmes endémiques de l'enseignement, la crise qui touche le pays,
les débouchés qui rétrécissent comme peau de chagrin pour les diplômés - un diplômé
sur deux seulement a trouvé un emploi l'an dernier - tout cela a ravivé les envies
d'ailleurs de cette génération née après 89. Partir La majorité des étudiants en rêvent,
pour un semestre, un second cycle voire pour toute la vie, "Le problème, c'est que ce
sont les meilleurs étudiants qui partent - et qui parfois ne reviennent pas. Quant à ceux
qui restent, ils ont des perspectives peu réjouissantes sur le marché de l'emploi, à cause
de l'inflation du nombre de diplômes", analyse Mircea Kivu.
Assise à son bureau, Ana Maria avale rapidement une omelette, avant de s'atteler
à une dissertation. Loin de la majorité de ses camarades, qui espèrent décrocher un
emploi stable et un bon salaire, elle fréquente des cercles bohèmes et intellos, veut
apprendre, voyager; s'ouvrir, lire. Et repartir; c'est certain. "L'an prochain, je veux postuler à une bourse pour un master à Amsterdam, les conditions sont incomparables
avec ce que je peux avoir ici. Je ne sais pas bien ce que je ferai plus tard, je sais juste
que je veux une vie où aucun jour ne ressemble au suivant", lâche-t-elle dans un sourire. Sans savoir encore si elle choisira de la vivre ici.
Marion Guyonvarch (Regard)
Un hôpital psychiatrique roumain a créé une petite entreprise qui aide les patients à reprendre confiance en eux et tente
de changer l'image de la maladie mentale dans la société, comme le rpporte le “Monitorul de Suceava”.
N
ouveau! Visitez la collection printemps", annonce
va créer environ trente emplois et, sur un poste, on peut
le site de l'hôpital psychiatrique de Câmpulung
employer deux à trois personnes, car, étant sous traitement,
Moldovenesc (Suceava). D'un simple clic apparaît
nombre d'entre elles ne travailleront que deux à trois heures
une fenêtre dans laquelle sont proposés quantité d'articles :
par jour", explique le psychiatre. Cette démarche consistant à
icônes, poterie, vêtements, produits artisanaux… "Nous penintégrer le patient dans la vie professionnelle et à lui donner
sons même créer prochainement des robes de soirée…", confie
des responsabilités va même plus loin. Ainsi, à Câmpulung
l'administrateur de la "fabrique", le Dr Alexandru Paziuc. Ce
Moldovenesc, un ancien patient a longtemps fait partie du
site est l'un des maillons d'un projet - la création d'ateliers d'erconseil d'administration. "J'ai toujours dit que, lorsqu'on veut
gothérapie - qui a pour vocation de
faire quelque chose pour le patient, il
changer l'image de l'opinion à l'égard
faut d'abord s'adresser aux intéressés
des malades mentaux et de conduire
eux-mêmes", argumente le Dr Paziuc.
ces derniers à se sentir utiles.
Aujourd'hui, l'hôpital encaisse chaque
Dépasser les mentalités locales
mois plusieurs dizaines de milliers de
lei (quelques milliers d'euros) grâce à
L'unité médicale de Câmpulung
la vente des produits, et ces fonds sont
Moldovenesc peut traiter environ
utilisés pour financer de nouvelles
1 200 patients par mois. Présent à l'hôinstallations de l'unité médicale.
pital, le Dr Silberberger, médecin à
Cet "hôpital des fous" n'a ni garKaufbeuren en Allemagne, est l'un des
dien, ni barreaux aux fenêtres, ni porL'équipe de soignants de l'hôpital professionnels qui ont initié un systèpsychiatrique de Câmpulung Moldovenesc
tes fermées avec des cadenas. Parmi
me de soins psychiatriques commules patients, on croise des ingénieurs, des enseignants, des
nautaires. Il explique qu'outre les problèmes financiers, le plus
médecins ou des étudiants qui ont craqué à un moment donné.
gros problème dans les hôpitaux psychiatriques en Roumanie
"Nous avons aussi des journalistes, la maladie ne fait pas de
est lié aux mentalités locales. A Kaufbeuren (50 000 habidifférence", plaisante Alexandru Paziuc.
tants), le nombre de lits en hôpital psychiatrique a été réduit,
mais, en contrepartie, des services externalisés ont été déveDes idées importées d'Allemagne
loppés. La grande majorité des malades n'ont pas besoin d'aller jusqu'à l'hôpital: ils disposent de centres où ils se rencont"Malheureusement, nous avons encore cette idée ancrée
rent et passent leur temps libre, bénéficient de logements produ malade mental irrécupérable et dangereux. C'est complètetégés et travaillent dans des entreprises sociales. "Cela compment faux", poursuit le psychiatre. Le projet des ateliers d'erte beaucoup, car ils surmontent leur solitude, rencontrent
gothérapie a été lancé en 2002-2003 sur le modèle d'un autre
d'autres personnes et accroissent leur estime de soi. Ce genre
établissement du pays, ainsi qu'avec des idées "importées"
de prise en charge peut sembler cher, mais nous avons démond'hôpitaux en Allemagne. Le problème majeur, continue le
tré que la réduction de la durée d'hospitalisation allège les
médecin, reste que ces services ne se retrouvent plus à la sorcoûts par ailleurs. Il est important que ces personnes soient
tie de l'hôpital. "Dans l'idéal, ce genre de structures devraient
traitées au sein même de la société, où elles doivent apprendêtre financées par les services sociaux et mises en place en
re à mieux gérer la maladie", ajoute Klaus Silberberger.
ville… Malheureusement, notre travail s'arrête aux portes de
L'horizon semble donc s'éclaircir pour les hôpitaux psyl'hôpital. Nous ne pouvons pas construire un autre monde
chiatriques roumains. Pendant l'époque communiste, ils
pour malades mentaux ; notre devoir se limite à les comprenavaient retenu prisonniers des dissidents ou autres personnes
dre et à trouver les meilleures solutions pour les intégrer".
internées pour motifs politiques. Après la chute du communisToutefois, pour démontrer la faisabilité de son propos aux
me, en 1990, un scandale avait éclaté à la suite de la découverautorités et montrer que l'initiative est rentable tant pour la
te par une commission d'enquête mandatée par la Commission
communauté que pour les patients, le Dr Alexandru Paziuc
européenne que des dizaines de patients étaient morts de faim
met en place la première entreprise sociale de Câmpulung
et de froid dans l'hôpital spécialisé de Poiana Mare (Craiova).
Moldovenesc. Avec l'appui d'une fondation, Horizons, et du
Aujourd'hui, certains "hôpitaux des fous", comme on les
Dr Klaus Silberberger, un psychiatre allemand, ce projet
appelle encore en Roumanie, ont eux aussi intégré à leur
emploie des personnes qui souffrent ou ont souffert d'un hanconseil d'administration des malades en voie de récupération,
dicap mental. L'entreprise a loué les serres de la ville et compà l'image de celui de Câmpulung Moldovenesc.
te produire des fleurs et des légumes, qui sont vendus. "Cela
Sergiu Rusu (Monitorul de Suceava)
21
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
En 2010, 9500 citoyens roumains
et bulgares ont été renvoyés
dans leur pays… pour revenir
Minorités
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ALBA IULIA
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HOBITA
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BUCAREST
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Tsiganes : un an après le discours
de Grenoble, "rien n'a changé"
SLOBOZIA
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CONSTANTA
Près d'un an après le tour de vis sécuritaire lancé par le gouvernement français, sur le terrain la situation demeure la même, constate le collectif Romeurope.
Pourtant, le 30 juillet 2010, Nicolas Sarkozy déclarait ouverte,
dans son discours de Grenoble, l'offensive sécuritaire contre les
Roms, qu'il amalgamait au passage aux gens du voyage.
A
22
l'époque, en bon soldat, Brice Hortefeux, alors ministre
de l'Intérieur, annonçait le démantèlement en trois mois
des 600 "camps ou squats" illicites recensés et "la reconduite quasi-immédiate des Roms qui auraient commis des atteintes à
l'ordre public" vers la Bulgarie ou la Roumanie.
Depuis, que s'est-il passé ? Rien, ni dans un sens ni dans l'autre,
répond un brin fataliste le collectif Romeurope, qui dressait fin juillet
son bilan de l'année. "Il y a bien eu une accélération des expulsions
en août et septembre 2010", mais au final, sur l'année, il n'y en a eu
Une famille dans un camp "ni plus ni moins qu'avant", a constaté ce groupement d'associations.
de Roms à Moulin-Galant dans l'Essonne
Romeurope estime toujours à 15 000 le nombre de Roms migrants
présents en France, dont la moitié d'enfants, "un chiffre stable depuis huit-dix ans".
Vol d'ogives
Pourtant, en 2010, comme d'ailleurs en 2009, environ 9500 citoyens roumains et bulgares ont été renvoyés dans leur pays d'origine, selon le ministère de l'Intérieur.
à destination
Autrement dit, le jeu des allers-retours se poursuit de plus belle. Les Roms,
de la Bulgarie
citoyens européens, ont un droit de séjour de trois mois en France, avant d'être expulLe Parquet militaire de Bucarest a
sables. Reconduits le plus souvent par le biais du "rapatriement humanitaire", qui perannoncé, mi-juillet, l'ouverture d'une
met de renvoyer chez eux avec 300 euros en poche les étrangers ayant la nationalité
enquête sur le vol de quatre caisses
d'un Etat membre de l'Union européenne en situation de dénuement (7000 Roumains
scellées contenant des ogives de
et Bulgares en 2010, sur les 9500 reconduits), rien ne les empêche de revenir illico.
missiles dans un train à destination
de la Bulgarie et dont la disparition a
été constatée à la suite d'un contrôle
de routine avant le passage de la
frontière en gare de Giurgiu. Jusqu'à
maintenant, plus de cinquante personnes ont déjà été interrogées dans
le cadre de cette affaire.
Les représentants de la gendarmerie roumaine chargée de surveiller
la cargaison militaire ont déclaré que
les pièces volées ne constituaient
"aucun danger", car elles ne contenaient pas d'explosifs. Selon des
sources judiciaires citées par la presse locale, la marchandise provenait
d'une usine d'armement privée de
Brasov. Le destinataire reste en
revanche inconnu. Pour la petite histoire le vol a eu lieu en rase campagne quand le chauffeur du train s'est
arrêté pour vendre a la sauvette 70
litres de gazole dérobés a la CFR
(SNCF roumaine) ...
Où un terrain disparaît, un autre renaît un peu plus loin
Résultat, "il y a toujours autant de terrains occupés, de situations insalubres, de
difficultés", résume Laurent El Ghozi, président de la Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les gens du voyage (Fnasat). Seule note
positive pour lui, "la mobilisation citoyenne née en réaction au discours stigmatisant
du gouvernement", qui se manifeste localement par la création de collectifs de soutien.
Mais les évacuations de terrain se poursuivent, comme le mercredi 20 juillet encore à Bobigny (Seine-Saint-Denis), mais "ni plus ni moins qu'avant". "75% des campements illicites ont été demantelés", chiffre l'Intérieur. Sauf que là où un terrain disparaît, un autre renaît un peu plus loin.
Une politique "absurde, imbécile et inefficace" martèle Alexandre Le Clève, de la
Cimade. "Inhumaine" aussi : harcèlement policier, peur, rupture de la scolarisation des
enfants et du suivi des soins à chaque évacuation. Et à la clé, une précarisation accrue.
Surtout, rien n'a changé dans l'accès à l'emploi, frein majeur pour les Roms qui, en
tant que ressortissants roumains et bulgares, restent soumis aux mesures transitoires
d'adhésion à l'UE. Pas de travail possible pour eux sans autorisation préalable, promesse d'embauche au sein d'une liste de 150 métiers, qui vient d'ailleurs d'être diminuée de
moitié, paiement d'une taxe par l'employeur, et carte de séjour.
Bref, mission quasi-impossible, surtout s'il s'agit de contrats courts. Or, la France,
qui pourrait en théorie lever ces mesures à tout moment, ne devrait pas, sauf surprise,
s'y plier avant fin 2013, l'échéance maximale.
Cordelia Bonal (Libération)
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Insolite
Seule Geisha étrangère du Japon
Isabella est devenue Fukutaro
he Japon Times a révélé avec surprise
à ses lecteurs qu'une Roumaine était
accréditée officiellement comme
Geisha à Nagaoka. La seule geisha étrangère de
tout le pays.
Isabella Onou, de Bucarest, 30 ans, a fait ses
débuts le 30 juin sur la scène du festival Genji
Ayame d'Izu-Nagoaka. Un évènement sur place…
Une trentaine d'hommes de Hamamatsu, à trois
heures de là, avaient fait spécialement le déplacement pour y assister. "Ils ont été vraiment gentils,
surtout quand je faisais de fautes… et j'en fais!" a
confessé la jeune femme qui n'en menait pas large,
mais savait dissimuler ses émotions, une qualité
essentielle des geishas. "Ce n'est pas facile pour
une Européenne" a-t-elle reconnu. La Roumaine avait commencé son apprentissage quinze mois auparavant dans une
T
maison de geishas, tenue par la mère d'une amie
japonaise, apprenant à jouer des instruments traditionnels et les pas et gestes des danses populaires.
Elle réalisait là un rêve d'adolescente, né de la lecture du roman de James Clavell, Shogun.
En 1999, la jeune fille avait eu l'occasion de
visiter le Japon dont elle était tombée tout de suite
amoureuse. Elle y est retournée quatre ans plus
tard, trouvant un emploi de serveuse dans un restaurant de sushis d'une amie, puis devenant cuisinière. De fil en aiguille, une cliente l'avait persuadée d'embrasser la carrière de geisha, "très loin des
stéréotypes ayant à voir avec l'industrie sexuelle"
précise-t-elle. La mère d'Isabella est venue la voir,
toujours pas très convaincue par son nouveau
métier, tout comme ses quatre frères, amusés cependant. La
famille a dû toutefois se faire à son nom japonais: Fukutaro.
Sur les pas de Brancusi
U
n poète roumain, Laurian Stanchescu, a entrepris lundi 4 juillet une marche depuis la
Roumanie jusqu'à Paris pour demander à
Nicolas Sarkozy le retour des restes de Brancusi dans son
village natal. Le sculpteur, mort en 1957, est enterré au
cimetière de Montparnasse. Cette marche d'environ
2000 kilomètres a commencé symboliquement le 21 mai
dans ce même village, à Hobita dans le sud-ouest de la
Roumanie. "Nous prions à genoux le peuple français de
remettre à la Roumanie les restes de Constantin Brancusi"
a-t-il déclaré alors qu'il se dirigeait vers la Hongrie.
Le poète est aussi le messager d'une centaine de descendants de l'artiste qui demandent le retour de ses restes
et leur ré-inhumation à Hobita. Stanchescu espèrait arriver
à Paris en septembre au plus tard. Brancusi, dont l'atelier
a été reconstitué en face du Centre Pompidou est le créateur de la "Colonne sans fin", de "La Porte du baiser"
et de la "Table du silence".
Né en 1876, il avait émigré en France en 1904 et y
était mort le 16 mars 1957. A plusieurs reprises il avait
tenté de revenir dans son pays natal mais les autorités
communistes l'en avaient empêché.
Profits collatéraux
U
ne prostituée roumaine exerçant à Madrid a
rapporté sur You Tube que la visite du Pape
et les Journées Mondiales de la Jeunesse, miaoût, lui ont permis de tripler "son chiffre d'affaires". "J'ai
gagné trois à quatre fois plus que d'habitude, me faisant
1500 à 2000 € en quelques jours" a-t-elle rapporté, ravie,
rajoutant qu'elle n'avait pas eu de problèmes: "Les jeunes
pèlerins étaient gentils, sages, bien élevés et payaient
sans faire d'histoires".
23
A vendre !
L
Divorce à la Roumaine
e New York Times a publié récemment un article où il
signale que de plus en plus de couples italiens se rendent
en Roumanie pour divorcer. Devant les difficultés rencontrées dans leur pays, où la procédure exige trois ans de vie séparée, une agence italienne leur propose, à partir de 5000 dollars de
s'occuper de tout, en six mois, y compris le prix d'un billet allerretour en avion pour un voyage éclair d'une journée à Bucarest afin
d'y signer un acte de résidence, légalisant la démarche. Lorsque la
sentence de divorce est prononcée, elle est transmise ensuite au
registre public italien.
Avec la législation européenne, cette pratique est possible dans
tous les pays de l'UE, la France, la Grande Bretagne et l'Espagne,
étant les autres destinations favorites des couples italiens se séparant. 8000 d'entre eux au moins l'ont choisie ces cinq dernières
années, même si on ne peut pas encore parler de "tourisme du divorce", comme du "tourisme médical" ou "dentaire", en vogue.
La préférence va toutefois à la Roumanie où les délais sont
moins longs et les frais moins élevés, le coût d'un divorce étant d'environ 500 €. L'agence organisatrice opère sous le nom de "Divorzio
Comodo", "Divorce commode".
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Religion
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ORADEA
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CLUJ
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CHISINAU
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SF. GHEORGHE
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BRASOV
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TIMISOARA
SIBIU
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BRAILA
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"Cherche
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BOTOSANI
TARGU
MURES
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Un site internet vient en aide aux
n
BUCAREST
GIURGIU
CONSTANTA
l
l
Mgr János Scheffler
a été béatifié
L'évêque catholique roumain
János Scheffler a été proclamé
bienheureux dimanche 3 juillet à
Satu Mare (nord de la Roumanie),
ville dont il avait été évêque de 1942
jusqu'à sa mort comme martyr en
1952 à Bucarest. Plusieurs milliers
de fidèles ont participé à la messe.
Les futurs prêtres orthodoxes sont obligés de se marier avant d'obtenir une
chaire de curé, afin de ne pas succomber à la tentation d'une paroissienne entreprenante ou bien d'entreprendre de séduire une de ses jolies ouailles. Mais il n'est
guère facile de rencontrer des jeunes filles qui répondent aux critères. D'où l'idée
d'un site de rencontres, écrit la quotidien Gândul.
S
i vous rêvez d'épouser un prêtre (orthodoxe), vous n'aurez plus à déambuler
dans les couloirs de la faculté de théologie en arborant une mine vertueuse.
Votre destin de femme de prêtre est désormais accessible en un clic. Il vous
suffit désormais d'aller sur le site matrimonial Cité chrétienne. Vous devrez vous inscrire et faire de vous une présentation pieusement détaillée, appuyer sur le bouton
"Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié !" et puis attendre d'être courtisée par les
serviteurs du Seigneur.
Sur le site matrimonial orthodoxe, créé voici un peu plus d'un mois, quelque 2 200
chrétiens orthodoxes se sont déjà mis en réseau. Bon nombre d'entre eux sont des étudiants* ou des diplômés en théologie qui ont besoin d'une épouse pour entrer dans les
ordres. Les administrateurs du site se présentent comme "un petit groupe de chrétiens
orthodoxes qui souhaitent soutenir la création de familles chrétiennes". Ces cupidons
ont cependant édicté des règles strictes concernant les conditions d'acceptation de membres dans la communauté virtuelle.
Il ne suffit pas d'être
"une bonne fille, honnête, craignant le Seigneur"
24
Né en 1887 dans ce qui est alors
la Hongrie, entré en 1905 au séminaire de Satu Mare, János Scheffler
a effectué des études de théologie à
Budapest avant d'être ordonné prêtre en 1910 puis d'effectuer ses études de droit canonique à Rome.
Après la Première guerre mondiale,
la Transylvanie étant intégrée à la
Roumanie, il apprend le roumain
pour pouvoir prêcher et confesser et
fait preuve d'une intense activité
apostolique.
Évêque de Satu Mare en 1942, il
dut faire face ensuite aux persécutions communistes contre l'Église.
Emprisonné à Jilava et soumis aux
travaux forcés, à toutes sortes d'humiliations, à des tortures (des douches bouillantes
Le régime lui proposa de devenir
"patriarche de Roumanie" s'il acceptait de passer à l'Église orthodoxe: il
tint bon et mourut le 6 décembre
1952, en priant et en pardonnant à
ses assassins.
De fait, pour être activé, votre compte ne se contente pas de vos assurances selon lesquelles vous êtes "une bonne fille, honnête, craignant le Seigneur" et qui "respecte les
quatre jeûnes de l'année". Si vous êtes à la recherche d'un partenaire de vie, vous devrez
préciser combien de fois vous assistez à la messe, si vous avez un confesseur et si vous
jeûnez véritablement. La pratique régulière de la confession est aussi une obligation à
laquelle vous devez vous conformer afin de vous rapprocher au plus près, même virtuellement, du cœur du futur élu.
Lorsque ces étapes sont franchies, la recherche d'un partenaire devient une procédure profane: les candidats, hommes et femmes, passeront des heures à sonder et à évaluer
les offres, à s'adresser des messages aux relents de péché, certains prenant même la tournure d'invitations fort peu orthodoxes, pour le coup, au domicile du futur prêtre. En clair:
des invitations tarifées… Les lettres d'amour désespérées, parfois longues comme un
jour sans pain, sont essentiellement l'œuvre d'étudiants en dernière année de théologie
qui ont besoin d'une conjointe pour pourvoir un poste de curé, mis à disposition par les
archidiocèses ou réservé par les parents en fonction. Evidemment, les futurs prêtres
recherchent une femme qui n'ait pas goûté aux plaisirs charnels. Mais il y a aussi bon
nombre de prétentieux qui désirent une partenaire indépendante, avec des études supérieures et vierge de surcroît. Les administrateurs du site prennent soin d'avertir les aspirantes que, parmi les chrétiens inscrits, pourraient se glisser des escrocs qui cherchent
seulement à profiter de la naïveté ou de la bonne foi de ces demoiselles.
"C'est comparable à un mariage par entremetteuse!"
Florin, un étudiant en quatrième année à la faculté de théologie, se représente ainsi
le profil de sa promise: "Une fille sociable qui aime lire la Bible." Pour entrer dans les
grâces des candidates, il reprend à son compte une des citations du Cantique des
Cantiques [XVIIe livre de la Bible dans l'Ancien Testament]: "A ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon je te compare, ô mon amie. Il souhaite aussi que sa "prêtresse"
ne soit adepte ni du maquillage, ni des tenues extravagantes. Le jeûne, même pendant la
grossesse, fait aussi partie de sa liste de prétentions.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
futurs popes obligés de se marier pour obtenir une paroisse
fiancée vertueuse"
Même s'il rêve d'amour, le garçon s'avoue disposé à un mariage d'affaires. Il a trop peur de se voir refuser, faute d'être marié, un poste de
prêtre après l'obtention de son diplôme. "Dès lors que nous avons choisi la section théologie pastorale, nous commençons à chercher une
épouse", explique-t-il. Les canons, textes régissant le culte de l'Eglise
orthodoxe roumaine, exigent en effet que le candidat en théologie pastorale connaisse à l'avance la voie qu'il empruntera: prêtre en charge d'une
paroisse ou prêtre célibataire, ce qui le conduit à devenir moine. "S'il
choisit d'être curé, il doit prendre femme", explique le père Vasian
Racaru, qui vit au monastère de Poienari (à l'est du pays).
Ce moine ne voit guère d'un bon œil le site Cité chrétienne. Pour lui, une bonne "prêtresse" ne saurait être dénichée sur un site
de rencontres, fût-il chrétien. Trouver une femme sur Internet n'est pas "viril", ajoute-t-il, "c'est comparable à un mariage par entremetteuse!". Le père Racaru pense qu'on ne peut pas connaître vraiment une personne dans l'environnement virtuel et que les risques
sont assez élevés, surtout pour les futurs prêtres : "Le mariage signifie communion, compréhension et cohabitation dans l'harmonie. Si vous vous séparez de votre prêtresse, vous ne pourrez plus être curé et vous devrez vous faire moine", prévient-il.
Aurel Stan (Gândul-Le Courrier International)
*L'Eglise orthodoxe roumaine comptait 17 000 prêtres en 2009. Le nombre des étudiants en théologie était en augmentation:
on en comptait 10 000, soit dix fois plus qu'en 1989. L'Eglise orthodoxe roumaine dispose d'un arsenal multimédia considérable.
Elle possède son propre quotidien, Lumina (La lumière), une agence de presse, une radio, une chaîne de télévision…
Sports
L
Roumanie-France pour l'inauguration du National Arena
'Argentine devait inaugurer le
"National Arena" de Bucarest,
équivalent du Stade de France,
le 10 août dernier, mais l'équipe de Mesi
a fait faux bond 3 semaines avant la date
retenue, provoquant la colère des nombreux supporters roumains qui avaient déjà
acheté leurs places et devraient être remboursées. Motif de l'annulation: le fiasco
de l'Argentine dans la coupe de
l'Amérique du sud, entraînant le limogeage de son sélectionneur Sergio Batista, et
la démotivation des joueurs argentins.
Le contrat prévoyait que la
Fédération roumaine versait 1,5 millions
de dollars à son homologue sud-américaine. Elle envisageait à contrario d'en réclamer 2 millions de dommages et intérêts à
son adversaire, mais finalement la rencontre sera reprogrammée ultérieurement. Il s'est agi aussi d'un coup dur pour
l'entraîneur roumain Victor Piturca, qui
comptait faire de ce Roumanie-Argentine
un galop d'essai important à ses joueurs
avant la rencontre décisive contre la
France du 6 septembre, dans le cadre de
la phase qualificative du championnat
d'Europe des nations. Le match a été rem-
Un Roumanie-Hongrie
qui promet pour le Mondial 2014
L
a Roumanie n'a pas été vernie lors du tirage au sort
des groupes de qualification de la zone Europe
pour le Mondial de football de 2014, au Brésil,
même si, pour une fois, elle évite la France comme cela était
devenu une habitude ces dernières années. La formation roumaine a hérité du groupe D où elle rencontrera les Pays-Bas,
la Turquie, la Hongrie, l'Estonie et Andorre.
D'ores et déjà son entraîneur a annoncé qu'il visait la
seconde place qui permet de disputer des barrages ou d'être
qualifié directement. Cela risque d'être difficile, car si les Pays
Bas semblent inaccessibles, la Turquie est un autre "gros morceau", surtout à domicile. Reste l'affrontement plus équilibré
avec la Hongrie qui prend une dimension passionnelle et promet de remplir les stades dans les deux pays.
placé par une rencontre contre… San
Marino, à Rimini (victoire 1-0), dernière
du classement mondial de la FIFA, seul
sparring-partner disponible ! Le match
contre l'Argentine devait aussi permettre
à la sélection roumaine de se familiariser
avec la pelouse du National Arena.
Finalement, le nouveau stade destiné
aux rencontres internationales et qui a
posé sa candidature pour accueillir la
finale de la coupe d'Europe des clubs
champions de 2012, sera inauguré en
situation réelle et non pas en match amical, lors de ce Roumanie-France.
Mutu et Tamas exclus à vie
O
n ne verra plus Adrian Mutu et Gabriel Tamas sous
le maillot de la Roumanie. Victor Piturca, le sélectionneur national, a annoncé que les deux joueurs
étaient exclus de l'équipe à vie. L'attaquant de Cesena et le
défenseur de West Bromwich avaient fait la fête et étaient rentrés en retard deux jours avant le match amical de la Roumanie
contre Saint-Marin. Les deux joueurs seront donc absents face
à la France le 6 septembre prochain à Bucarest.
On ne reverra pas non plus Cristian Chivu (30 ans) sous le
maillot de la sélection roumaine. Le capitaine de la Roumanie a
en effet décidé de mettre un terme à sa carrière internationale.
Le défenseur de l'Inter Milan l'a annoncé via une lettre envoyée
à la Fédération roumaine de football. "L'âge, les blessures, les
interventions chirurgicales subies ces dernières années m'empêchent de lutter sur plusieurs fronts", a-t-il expliqué.
25
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
Sports
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SATU
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l
l
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PLOIESTI
n
BUCAREST
Un Roumanie-France
CERNAVODA
l
La France mène
7 victoires à 3
La Roumanie et la France se
rencontreront pour la quinzième
fois. Le bilan est le suivant :
Roumanie : 3 victoires (2 à
domicile), 4 nuls (2) et sept défaites (2)
France : 7 victoires (5 à domicile), 4 nuls (2) et 3 défaites (1).
Victor Piturca, sélectionneur
roumain pour la deuxième fois a
e vendredi 2 septembre, quatre jours
avant la rencontre Roumanie-France
du mardi 6 septembre au National
Arena de Bucarest, la France ira affronter
l'Albanie, et la Roumanie, le Luxembourg, toujours dans le cadre de la phase qualificative de
l'Euro 2012, Groupe D. Dans ce groupe, la situation est la suivante, après 6 rencontres : 1er
France, 13 pts, 2. Belarus (12 pts, 7 matchs), 3.
Bosnie (10 pts), 4. Albanie (8 pts), 5. Roumanie (8 pts), 6. Luxembourg (1 pt, 7 matchs).
Déjà en 1995, pour le compte de
Accordez
L'amalgame chronique avec les Tziganes dans nos médias finit par exaspérer les
Roumains et il n'est pas recommandé d'en rajouter, comme le rapporte ci-dessous
Vincent Lefeuvre. Le Rennais, passionné de football, marié à une Roumaine, a assisté à la mémorable rencontre opposant la France à la Roumanie, en 1995 à
Constantsa, déjà dans le cadre du groupe qualificatif à l'Euro qui allait se dérouler
en 1996, en Angleterre.
L
26
été nommé en juillet. Il a déjà rencontré à 3 reprises la France, de
2004 à 2009, obtenant 3 matchs
nuls. L'ancien attaquant a terminé
sa carrière en France, au RC Lens
en 1989/90. Sous la direction de
Razvan Lucescu, son prédécesseur… et son successeur en 2009,
la Roumanie s'est inclinée 2-0 en
France, lors du match aller à Paris
du Groupe D le 9 octobre dernier.
La Roumanie n'a plus gagné
face à la France depuis neuf matches, et depuis près de 40 ans,
(2-0 en match amical à Bucarest,
le 8 avril 1972), mais c'est elle qui
a remporté les deux premières
rencontres entre les deux pays:
victoire 6-3 en match amical à
Bucarest le 12 juin 1932 et succès
2-1 à Paris le 22 mars 1967.
ors de la Coupe du Monde de
Football aux Etats-Unis en
1994, l'envoyé spécial de
l'Agence France Presse titre "Que la
musique tsigane est belle !" pour marquer
la qualification roumaine en quart de finale, concluant son article par "les Tziganes
roumains sont capables de jouer la même
musique aux Suédois…". Toute la presse
nationale et régionale française reprend en
cœur ce titre que les Roumains considèrent
comme une provocation sous forme d'injure… et les Français comme un compliment
dans lequel ils vont s'enferrer (1).
La presse roumaine fait ses choux gras
de cette affaire qui restera jusqu'à l'expulsion des Roms en 2010, la cause de la principale tension entre nos deux pays depuis
les évènements de 1989. L'Ambassade de
France est contrainte de couper son téléphone pendant près d'une semaine.
L'opinion publique a du mal à digérer cet
incident. La perspective d'une confrontation avec la France en éliminatoire de
l'Euro 96 anglais fait monter la pression.
Le choc aura lieu à Bucarest le 11 octobre 95. La Roumanie possède quatre points
d'avance sur la France avant de la recevoir.
Lors des neuf années précédentes, elle n'a
concédé à domicile qu'un nul et une défaite pour dix-sept victoires. Les Bleus
d'Aimé Jacquet sont contraints d'aller
gagner pour espérer se qualifier mais le
contexte conflictuel ne rend pas la tâche
facile. A l'approche du match, la presse fait
prendre conscience de l'enjeu pour ceux
qui en douteraient. L'Equipe titre "Tout
oser à Bucarest". "Fotbal plus" avec un
article intitulé (en français) "Allons enfants
!" rappelle l'incident de l'AFP et ironise sur
les explications françaises (hommage aux
virtuoses). De la presse roumaine en général ressort un fort relent nationaliste.
La France s'attend
à vivre l'enfer à Ghencea
Les médias français enchérissent dans
la polémique en rapportant les propos d'un
joueur du Steaua, Anton Dobos, affirmant
que l'absence de bananes avant 1989 pouvait expliquer une certaine infériorité physique par rapport aux joueurs occidentaux.
Nouvelle polémique sur la suspicion de
vouloir faire passer la Roumanie pour un
pays arriéré. Un débat est même organisé
sur Pro TV pour savoir s'il fallait reproduire ces déclarations.
Me trouvant à Bucarest à cette époque,
j'assiste à ce "match de l'année" en compagnie de mon père et de mon beau-père.
D'anciens bus vert bouteille de la RATP
(désormais marqués du sigle RATB)
déversent plusieurs heures avant le match,
leur cargaison humaine au pied du stade
utilisé habituellement par le Steaua. Les
billets se négocient au marché noir à 80
000 lei soit environ 200 F, correspondant
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
sans merci
Si la France est en bonne voie pour la qualification, elle
doit engranger cependant un maximum de points pour terminer en tête du groupe et obtenir directement son billet pour la
phase finale qui se déroulera en juin prochain, en Pologne et
Ukraine.
La Roumanie, elle, est quasiment éliminée mais n'a pas
perdu mathématiquement espoir de décrocher la deuxième
place qui lui permettrait de disputer un match de barrage et
accéder aussi à la phase finale. C'est donc à un RoumanieFrance sans merci qu'il faut s'attendre au National Arena.
Jusqu'ici dans le groupe D, la Roumanie a obtenu 2 victoires (Bosnie 3-0, Luxembourg 3-1), concédé 2 nuls (Albanie
1-1, Belarus 0-0), et deux défaites (Bosnie 1-2, France 0-2).
La France a obtenu 4 victoires (Bosnie 2-0, Roumanie
2-0, Luxembourg 2-0 et 2-0), concédé un nul (Belarus 1-1), et
une défaite (Belarus 0-1).
Les deux équipes ont encore deux rencontres à disputer,
les 8 et 11 octobre prochains. La Roumanie recevra le Belarus
et se déplacera en Albanie. La France recevra l'Albanie et la
Bosnie.
l'Euro 96 une rencontre passionnelle
vos violons !
au quart du salaire mensuel moyen d'un ouvrier.
Entraîneur à Nancy, Laszlo Bölöni prévient : "Ghencea est
un stade intimidant. Les spectateurs sont très proches du terrain. Ils portent l'équipe et ils mettent une grosse pression sur
l'adversaire. Tu as parfois l'impression d'étouffer". Lorsqu'on
demande à Hagi (le dieu du stade roumain): "Croyez vous que
la France va vivre l'enfer à Ghencea?", il confirme que cela
sera très chaud et qu'il s'est arrangé pour qu'il en soit ainsi".
La délégation de supporters français s'aperçoit dans un
coin de tribune derrière les buts. Ils sont les seuls à agiter du
bleu dans un stade en ébullition. On aperçoit même un drapeau
breton Dans une telle ambiance, il est cependant recommandé
de se faire discret et d'éviter tout signe distinctif. Six ans après
la révolution, les supporters roumains n'ont pas encore renouvelé tout leur stock de drapeaux. On peut ainsi encore apercevoir quelques étendards arborant un gros trou en leur milieu, à
l'endroit des armoiries communistes.
Marseillaise huée
au rythme des "Tsigani, Tsigani"
Dès l'arrivée au stade, Aimé Jacquet demande à ses
joueurs d'aller sur la pelouse défier en quelque sorte ce public
hostile. Avant le coup d'envoi, la Marseillaise est huée au rythme des "Tsigani, Tsigani". Aucune explication n'est donnée par
les compères Roland - Larqué qui commentent pour TF1 ce
(1) (NDLR : L'image des Tziganes avec un z à l'époque - est tout autre dans
l'Hexagone, entre merveilleux violonistes, comme Django Reinhard, ou voleurs
de chevaux de l'époque romantique du
XIXème siècle et des soulèvements contre l'empire austro-hongrois)
(2) Les deux équipes se qualifieront
finalement pour l'euro 1996 (la Roumanie
avec 21 pts et la France avec 20 pts). Lors
du premier tour, les roumains seront éliminés (0-1 contre la France, 0-1 contre la
Bulgarie, 1-2 contre l'Espagne) alors que
les Français se qualifieront pour les
Aimé Jacquet jubile après la victoire à Contantsa : "Tout est parti de là"
confiera-t-il après avoir remporté la coupe du monde de 1998.
match. La presse écrite française, directement impliquée dans
l'incident de l'AFP, n'en dira pas plus, laissant ternir un peu
plus l'image des Roumains.
Bien défendue par un Barthez qui fêtait pour l'occasion sa
première sélection, l'équipe de France, sous la baguette d'un
excellent Zidane, éteindra par sa maîtrise collective le
Ghencea en fusion. Le 3-1 infligé aux hommes de Iordanescu
leur ouvrira les portes de l'Euro (2).
De retour au foyer, mon beau-père présentera ses excuses
solennelles à mon père pour le traitement infligé à l'hymne
français. Cela aura pour effet de le faire sourire et d'accepter
une réconciliation à l'amiable autour d'un verre de tsuica.
Vincent Lefeuvre
quarts de finale (1-0 contre la Roumanie,
1-1 contre l'Espagne, 3-1 contre la
Bulgarie). En quarts de finale, les Bleus
élimineront les Pays-Bas (0-0, 5-4 aux
tirs aux buts) mais seront éliminés en
demi-finales par la République Tchèque
(0-0, 5-6 aux tirs aux buts).
Les deux équipes participeront au
mondial 1998 (la Roumanie avec 28
points lors des qualifications, la France
étant qualifiée comme pays organisateur).
Elles passeront le premier tour, la France
avec 3 victoires (3-0 contre l'Afrique du
Sud, 4-0 contre l'Arabie Saoudite, 2-1
contre le Danemark) et la Roumanie avec
2 victoires (1-0 contre la Colombie, 2-1
contre l'Angleterre) et 1 match nul (1-1
contre la Tunisie). En huitièmes de finale,
les français s'imposeront grâce au but en
or (1-0 aux prolongations contre le
Paraguay) alors que la Roumanie perdra
1-0 contre la Croatie. Elle sera donc éliminée lors des huitièmes de finale, la
France éliminera l'Italie (0-0, 4-3 aux tirs
aux buts) avant de venger les Roumains
en éliminant la Croatie (2-1 en demi-finale) et de remporter le trophée en finale
face au Brésil (3-0).
27
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
A l'initiative des retraités d'Agir,
A la découverte
Un demi-hectare
pour vivre
28
Agir Anjour-Maine avait préparé la
venue de la délégation de douze agriculteurs-viticulteurs moldaves sur les
bords de la Loire, en mars dernier,
par l'envoi d'une mission en septembre-octobre précédent, dont certains
membres sont restés trois semaines
sur place. Voici un extrait du compterendu fait à leur retour.
"La Moldavie se trouve dans une
situation difficile de part sa position
géographique entraînant sa dépendance vis à vis de la Russie pour ses
approvisionnements énergétiques et
ses débouchés commerciaux. On
assiste de ce fait à une dramatique
hémorragie de la population.
L'absence d'emploi et de perspectives
entraîne ce flux migratoire.
Dans un passé récent la dissolution d'un grand nombre de kolkhozes
et de sovkhozes (fermes d'Etat) a
déstructuré l'agriculture. Les plus
riches ou mieux placés ont pu récupérer de grandes surfaces. La masse
des petits paysans se retrouve dans
des situations difficiles, avec de très
petites fermes (1/2 ha ou plus) et peu
de moyens financiers, ceci ne permettant pas une amélioration de leur
revenu, ni une mécanisation. Le
regroupement de leurs biens en
coopérative est une solution utilisée
permettant un regroupement de ces
terres. Mais se posent des problèmes
de fonctionnement de ces organisations. Ce morcellement à l'extrême
des surfaces rend difficile une modernisation de l'agriculture (beaucoup de
travaux sont manuels), mais il est vrai
qu'elle assure en contre partie la subsistance alimentaire de très nombreuses familles par l'auto consommation.
(Suite page 30)
Des initiatives de coopération et d'échanges commencent à voir le jour entre
Français et Moldaves, témoignant d'une timide prise de conscience. Peut-on laisser seule et oubliée encore longtemps la petite République face à l'envahissante sollicitude de son ancien protecteur soviétique, alors qu'elle tourne de plus en plus
son regard vers l'Ouest, espérant y trouver une main tendue ? A Angers, l'association AGIR Anjou-Maine, animée par Jacques Ecuyer, a visiblement compris le
message, y répondant de manière plutôt inédite et riche de promesses, pour des
Moldaves qui découvraient une agriculture de "troisième type".
E
n mars dernier, une délégation de douze Moldaves, de la région de Ialoveni,
à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, Chisinau, prenait la
direction de la région angevine pour un stage de découverte d'une semaine.
Ces agriculteurs et viticulteurs répondaient à l'invitation de la délégation Anjou-Maine
de l'association des retraités AGIR. Ils lui rendaient la visite effectuée au mois d'octobre précédent par un groupe de ses adhérents mais aussi de spécialistes de l'agriculture,
venus sur place défricher le terrain d'un projet de coopération entre les deux pays qu'elle pilote. Les Moldaves ont été répartis en trois groupes, chargés chacun d'étudier un
secteur d'économie, essentiel pour leur pays comme la viticulture, ignoré comme les
relations entre producteurs et consommateurs, ou prometteur comme le tourisme rural.
Visites d'exploitations, de fabricants de matériels, de fermes-auberges, se sont succédées, avec la perspective d'intensifier les échanges dans les mois qui viennent.
Cette initiative n'est pas
passée
inaperçue
en
Moldavie. Au retour, des journaux titraient, avec fierté ou
surprise, "Les nôtres en
France", "Des fermiers moldaves en France !", "Invités
par les Français !"… donnant
des compte-rendus du périple
effectué, illustrant les attentes
de ceux qui veulent moderniser leur pays et leurs activités
Ion Bîrsa, responsable de la fédération des fermiers et avaient entrepris ce long
moldaves de la région de Chisinau (à gauche),
dans la vigne de Mihai Sava, lui aussi du voyage à Angers. voyage en terre inconnue.
"Là-bas, l'étiquette de la bouteille porte même le nom du viticulteur"
"La technologie de vinification est beaucoup plus développée et simple que chez
nous" a confié, impressionné, Ion Bîrsa aux journalistes. Le responsable de la
Fédération des fermiers moldaves pour la région de Chisinau a particulièrement insisté
sur le contrôle entier de la chaîne de fabrication revenant au viticulteur français… de
l'entretien de sa vigne jusqu'à la commercialisation de ses bouteilles, n'en revenant pas
qu'il vende 80 % de sa production dans sa cave, 20 % seulement partant vers des circuits extérieurs. Et de s'exclamer, admiratif mais aussi un peu envieux: "le paysan de
là-bas peut vendre son vin sous sa propre marque, l'étiquette porte même son nom !
C'est lui le maître de sa production ! Dès que la qualité de son vin est certifiée par un
groupe d'experts dans le cadre d'une association regroupant les fermiers, il peut en
faire ce qu'il en veut!". Ce n'est pas le seul enseignement que Ion Bîrsa a ramené de
l'Anjou, espérant bien en faire profiter les membres de sa fédération. "Les viticulteurs
disposent d'outillage et de techniques agricoles performants. Si un matériel leur
manque, leur coopérative leur fournit. Et puis, rien ne se perd… même les déchets accumulés au cours de la vinification sont réutilisés. Ils en font de la peau de saucisson, de
l'huile de pépins ou des engrais !".
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
l'Anjou-Maine tend la main aux viticulteurs et fermiers moldaves
d'une agriculture de troisième type
Séduits par les chambres d'hôtes
Mihai Voloh, un ancien journaliste de la télévision moldave, mis longtemps à l'index par le pouvoir communiste pour
ses penchants démocratiques et obligé de s'exiler de longues
années à Bucarest, était chargée avec sa femme, Stela - tous les
deux parfaits francophones - de faire le compte-rendu du voyage. Le journaliste a observé le volet "tourisme rural".
"Notre délégation était hébergée dans le gîte rural de
Jean-Claude et Martine Colibet. Un véritable mini-hôtel qui
peut accueillir jusqu'à quinze personnes. Mais c'était beaucoup mieux parce qu'on était accueilli par des gens du crû, on
mangeait et passait les soirées ensemble. L'endroit était beau,
calme. Il en existe 70 de la sorte rien que dans la région et
80 000 dans toute les France. S'il n'y a plus de place, on vous
donne une adresse pour vous loger. Et ils vous y emmènent!".
Mihai Voloh a surtout noté que le tourisme rural est un
complément qui permet aux agriculteurs de rester sur place et
continuer leur activité, ces derniers ayant beaucoup d'autres
idées: "Jean-Claude et Martine cultivent des semences de
fleurs. Quant vient la saison des boutons, ils reçoivent beaucoup de visiteurs qui viennent en acheter".
Les Moldaves ont bien compris tout l'intérêt de l'agro-tourisme. "Vous avez un pays pittoresque, un accueil de qualité,
tout comme vos vins et votre cuisine… Ce serait bien dommage de ne pas en profiter" les ont encouragés les Angevins, leur
promettant le support de leur expertise. "On a besoin de met
tre au point une carte avec un tracé touristique, de disposer d'une base de données
avec toutes les adresses sur un site
Internet, d'une brochure qui serve de
guide, d'entrer dans les circuits touristiques européens" analyse Mihai Voloh,
ajoutant "mais pour cela, il faut qu'on se
structure".
gues, des
voisins, et
s'engage
à
leur
fournir
différentes denrées
et
Gheorghe et Maria Malcoci sont déjà
eux à les
rompus aux techniques modernes.
a c h e t e r.
Comme çà, Alain Guiffes a 220 familles à nourrir chaque
semaine. Elles viennent par groupe de 60, à une heure dite,
chercher leur sac rempli, soit directement à la ferme ou à l'école d'agriculture d'à côté qui a prêté ses locaux" raconte l'ancien kolkhozien qui conclut : "En France, ils appellent çà l'agriculture à visage humain".
Et de commenter les avantages de cette solution directe.
"Les paysans n'ont pas besoin d'aller vendre au marché. Il n'y
a plus d'intermédiaires, de magasins à approvisionner, et le
producteur gagne trois fois plus". Autre atout souligné:
"Comme çà, les Français savent ce qu'ils mangent. Ils veulent
de plus en plus de produits biologiques dans leurs assiettes".
Belles cylindrées de l'Anjou
contre vieilles charrettes moldaves?
Les Moldaves ont ainsi touché du doigt l'importance donnée à l'écologie en France. "De plus en
plus de viticulteurs français abandonnent
les fongicides et herbicides et choisissent
des pratiques plus naturelles pour soigner
leurs vignes" rapporte Gheorghe Malcoci,
"çà leur permet d'obtenir des vins de
meilleure qualité qui sont, certes, plus
cher, mais ne restent pas sur les rayons
des magasins".
A Saumur, l'ancien maire vert de la
"En France, on appelle çà
ville, Jean-Michel Marchand, également
l'agriculture à visage humain"
conseiller général, leur a expliqué que
Mihai et Stela Voloh, chargés de rapporter dans un groupe de villages de son canton,
Gheorghe Malcoci et sa femme Maria
en Moldavie le compte rendu
du voyage en terre angevine. les agriculteurs, avaient décidé de remiser
faisaient partie du troisième groupe, chargé de se pencher sur les relations producteurs-consommateurs.
leurs voitures au garage pour leurs activités professionnelles.
L'ancien directeur de kolkhoze, aujourd'hui à la tête de l'orgaN'en croyant pas leurs oreilles - chaque Moldave rêve d'avoir
nisation des agriculteurs de sa région, n'était pas au bout de ses
une voiture - ils l'ont entendu expliquer que, désireux de retrosurprises. AGIR-Anjou-Maine a fait rencontrer aux Moldaves
uver un cadre de vie plus respectueux de la nature et moins
Alain Guiffes qui élève des vaches, des porcs, produit son lait,
stressant, ils souhaitaient ne voir plus circuler que des chardu fromage, du beurre, de la crème, des yaourts, ainsi que de
riots sur leurs chemins de campagne.
la farine grâce à son moulin. Cet échange n'allait pas sans la
Alors à quand un nouvel échange où les Angevins troqueprésence de Francine Freulon, animatrice locale de
raient leurs belles cylindrées contre de vieilles charrettes moll'Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne
daves? Gheorghe Malcoci, lui, envisage plutôt d'envoyer 60
(AMAP), à laquelle l'agriculteur appartient aussi, puisque son
nouveaux "stagiaires" dans cette région de la "Douce France"
objet est la vente directe entre producteur et consommateur.
que lui-même et ses compatriotes ont tant appréciée, pour
"Au début de la saison, le fermier signe un contrat avec un
essayer d'enraciner dans son pays cette agriculture de "troisiègroupe de clients, souvent des parents, des amis, des collème type" qu'il y a découverte.
29
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
C'est le combat de David contre Goliath,
Le vin peut
La Moldavie est l'un des principaux producteurs de vin d'Europe. Considéré
comme la "cave de l'ex URSS", avec la Géorgie et les républiques du Caucase, sa production était entièrement tournée vers les pays de l'Est. Les relations avec Moscou
n'étant plus au beau fixe, ce secteur essentiel de l'économie moldave est menacé. Voilà
comment naît le combat de David contre Goliath, des petits propriétaires indépendants contre les grosses coopératives parrainées par Moscou.
(Suite de la page 28)
Difficulté
à travailler ensemble
30
M
ihai Sava et son ami Constantin Plamadeala sont voisins. Tous deux exploitent une parcelle de vigne. Et tous deux suivent avec attention les péripéties
électorales de leur pays. Après une longue nuit de près de 70 ans à l'ombre
du "protecteur" soviétique, guère interrompue par l'intermède de l'indépendance, obtenue
en 1991, la Moldavie hésite depuis deux ans entre le retour dans le giron moscovite et l'appel du grand large européen. Les urnes n'arrivent pas à trancher de manière claire.
Pour les deux viticulteurs, la question est vitale. Ils ont eu le culot de se lancer dans la
production indépendante, défiant le monopole des mastodontes d'état qui ont la main mise
sur la quasi-totalité du vignoble moldave, aux premiers rangs desquels les caves coopératives de Cricova, la plus grande d'Europe, et celle de Milestii Mici, qui dispose de la plus
grande vinothèque au monde.
Avec elles, la Moldavie a été la plus grande cave de l'URSS, comme ses fruits et légumes en faisaient le plus grand jardin. La petite république avait été réduite à l'état de satellite agricole, chargé d'approvisionner l'empire qui commençait derrière les barbelés, à l'est
de la ligne Oder-Neise. Une véritable rente de situation
dont d'ailleurs elle ne se plaignait pas, sa population ayant
un niveau de vie enviable par rapport à ses voisins, surtout
celui du sud, la Roumanie de Ceausescu.
Un exemple type de ferme dans
la région de Ialoveni: parfois une
vache ou deux, quelques chèvres,
quelques moutons (dont une partie
du lait de ces animaux est transformée en fromage), troupeaux
d'oies et de canards. Tous ces animaux vont en pacage collectif
dans les bas fonds (avec bergers);
des poules, un grand jardin, des
vergers et de la
vigne (généralement quelques
rangs de vigne à
l'intérieur de très
grandes parcelToujours le chantage du Kremlin
les, le travail du
sol est souvent
Mais la Moldavie paie aujourd'hui le prix de cette
mis en prestation
dépendance. Dès que le nouveau pouvoir, ouvert sur
à des gens équil'Europe, semble désireux de voler de ses propres ailes,
pés). Les parcelMoscou menace de cesser son approvisionnement,
les de grandes
comme ce fut le cas voici deux ans. .. Et la Moldavie n'a
cultures (blé,
Constantin Plamadeala lie le développement guère que ses ressources agricoles pour subsister.
de la Moldavie à celui de sa démocratie.
maïs, tournesol,
Cricova et Milestii Mici, dans lesquels les hiérarques
colza, luzernes) sont la plupart du
communistes d'aujourd'hui, dont la famille de l'ex-président et général du KGB Voronine,
temps mis en coopératives de seront d'importants intérêts, se font volontiers l'auxiliaire de ce chantage. Persistance de leurs
vices, qui se chargent de l'ensemanciennes amitiés… Brejnev a été gouverneur de la République moldave avant de faire son
ble des travaux. La récolte (maïs
chemin au Kremlin. Il revenait d'ailleurs de temps en temps soigner sa cirrhose à Cricova.
notamment) est parfois assurée
Isolés, les petits exploitants indépendants sont à la merci des coopératives, chargées
manuellement par les familles.
de par la loi de commercialiser toute la production. Et cette législation ne leur permet pas
Un début de mécanisation pour
non plus de se constituer en groupement pour défendre leurs intérêts. Alors, tant bien que
un certain nombre de travaux
mal, ils tentent de s'organiser, profitant du vent favorable qui souffle dans les allées du
serait possible (par exemple
pouvoir à Chisinau. Une quinzaine d'entre eux se sont regroupés dans le vignoble de
trayeuse, préparation des sols des
Ialoveni et essaient tout de même de mettre sur pied une fédération nationale de viticuljardins), mais pas individuelleteurs indépendants, comme cela est aussi entrepris dans d'autres régions. Une initiative
ment. Cela se heurte à leur grande
courageuse car Milestii Mici et Cricova, dans le secteur, veillent… au grain.
méfiance et difficulté à travailler
ensemble".
Plaire au goût slave…
Extrait du rapport fait par Jean
mais aussi aux palais occidentaux
Claude Colibet pour la délégation
d'Anjou-Maine d'AGIR abcd, à la
Comme leurs confrères, Mihai Sava et Constantin Plamadeala savent qu'ils doivent
suite de son séjour en Moldavie à
diversifier la commercialisation de leur vin, se tourner vers l'Occident, s'ils veulent desserl'automne 2010.
rer l'emprise de Moscou... tout en étant conscient que la Russie, la Pologne, la République
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
des petits propriétaires indépendants contre les coopératives à la solde de Moscou
avoir un goût de liberté
Tchèque et autres anciens pays de l'Est, resteront longtemps
encore leurs principaux clients. Mais ce virage n'est pas seulement une question de marketing. Les vins moldaves ont été
fabriqués depuis des décennies pour plaire au goût des slaves.
Surtout les rouges, lourds, sucrés. Rien à voir avec l'exigence
des palais occidentaux, même si on trouve quelques bons vins
secs. D'où une diversification à entreprendre, qu'il faut doubler
en travaillant la qualité et la constance, lesquelles font souvent
malheureusement défaut.
Une véritable révolution à venir. Du voyage en Anjou,
Mihai Sava et Constantin Plamadeala ont retenu qu'ils avaient
besoin de coopérer avec les viticulteurs français pour la réussir. Ils ont été impressionnés par leur savoir-faire. Les deux
amis ne veulent pas se cacher derrière leur petit doigt, comme
trop de leurs collègues, qui mettent sur le compte du raisin ou
du mauvais temps la mauvaise qualité de leurs produits. Ils
savent que la technique et un bon matériel sont indispensables.
Chacun de leur côté, ils s'y mettent, même si la vigne ne
suffit pas à les faire vivre. Ils cultivent aussi des fruits et légumes, et un ravissant potager entoure leur coquette maison,
assurant avec la basse-cour et quelques animaux le quotidien
de la subsistance de leurs familles.
Bière et cognac ont détrôné le vin
Maire démocrate de sa petite commune, Vasieni,
Constantin Plamadea sait qu'il s'agit d'un vrai défi. Il y est
habitué. Pendant cinq ans, il s'était exilé en Israël. Une expérience dure, qui ne lui laisse pas que de bons souvenirs, notamment sur la manière dont les Roumains et les Moldaves étaient
considérés. Comme tous les villageois moldaves que l'on voit
travailler le dos courbé à longueur de journée dans les champs,
il paie de sa personne. Ce qui ne l'empêche pas de déborder de
projets. Dernièrement, il a récupéré une ancienne cave de kolkhoze où il compte stocker ses cuves et du vieux matériel et,
collectionnant les objets ayant trait à son métier, il envisage de
constituer un musée consacré à la viticulture. Le pari de ces
viticulteurs indépendants est d'autant plus compliqué qu'il
s'inscrit dans une période où le vin est passé de mode.
Consommé par l'ensemble des Moldaves jusqu'à l'indépendance de 1991, on ne le voit pratiquement plus sur les tables des
noces, banquets ou autres fêtes où il est remplacé par la bière
et le rachiu, cognac local. Il faut donc convaincre la population
de revenir à cette tradition, en jouant en outre sur deux
tableaux: le goût d'autrefois… et celui de demain.
Toutes ces difficultés dictent une politique de prudence
aux producteurs indépendants. Ne pas mettre tous ses œufs
dans le même panier. C'est ce que fait Ana Turcanu, elle aussi
du voyage en Anjou et qui ne veut pas s'en laisser compter par
les anciens communistes quand ils essaient de dorer la pilule
de leurs compatriotes en leur susurrant "que c'était mieux
autrefois". A ses yeux, la liberté et la liberté d'entreprendre
sont des biens trop précieux et trop chèrement acquis pour y
renoncer. Courageusement, avec son mari, elle développe leur
Ana Turcanu et son mari ont choisi la niche de l'apiculture.
petite exploitation agricole familiale, près du village d'Horesti.
On sent bien que les temps sont durs. Le couple a trouvé
cependant un créneau complémentaire, l'apiculture. Il a installé des ruches dans la forêt et va y récupérer le miel, dont les
produits dérivés, comme le propolis, aux vertus médicales
appréciées, est très utilisé dans la région.
Entre la Russie qui menace
de couper le gaz... et l'Occident, les vivres
Gheorghe Malcoci, personnage imposant et également
important, a su se reconvertir vers l'économie de marché.
Ancien directeur de Kolkhoze, il est devenu naturellement président de la coopérative des agriculteurs du secteur, laquelle
regroupe environ un millier de familles de paysans. "En
Moldavie, la notion de coopérative n'a pas provoqué le même
rejet qu'en Roumanie après la Révolution… car chez nous,
elles n'existaient pas et elle ne présente pas le même caractère obligatoire", explique-t-il.
Grâce à ses fonctions, Gheorghe Malcoci a pu voyager à
travers le monde et observer : USA, Europe occidentale, dont
Angers en mars dernier, etc. Tout naturellement, son attention
a été attirée par les marchés porteurs, encore absents de
Moldavie. Se retroussant les manches, il a décidé d'installer
des serres et de se lancer avec sa femme, Maria, dans la commercialisation des plants de légumes, concombres, poivrons,
tomates, etc., qu'il vend sur les marchés.
En 2010, les résultats avaient été moyens, le pépiniériste
a donc revu ses prévisions à la baisse pour cette année. Mal lui
en a pris, car ses stocks ont été dévalisés au printemps. Pour
que son activité se développe sur une plus grande partie de
l'année, ses serres abritent aussi quantités de fleurs que l'on
peut offrir en plein hiver, notamment au moment des fêtes, et
aussi des espèces rares, plantes exotiques, tropicales, méditerranéennes, océaniques… de plus en plus prisées par ceux qui
en ont les moyens, car les conserver revient cher en chauffage.
Fort de son expérience, Gheorghe Malcoci n'est pas loin
de penser, comme nombre de ses compatriotes que, pour réussir, la Moldavie doit se prêter à un délicat exercice de funambulisme. Si elle tourne le dos à la Russie, celle-ci lui coupe le
gaz et n'achète plus ses produits… si elle tourne le dos à
l'Occident, ce sont l'UE, le FMI, la Banque Mondiale qui lui
coupent les vivres !
31
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
Seulement 10 % des professeurs
de français sont venus en France
32
La viticulture en Moldavie bénéficie à la fois d'un climat continental,
d'un sol fertile et d'une topographie
des collines très favorables.
Elle est à la même latitude que la
Bourgogne (45 - 48° Nord) avec les
influences de la mer Noire.
La superficie du vignoble moldave
était de 147 000 hectares en 2007,
soit une diminution de 25 % par rapport à 1995. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse :
- la faiblesse des investissements: un hectare de vigne supplémentaire demande un investissement de 8000 euros environ, ce que
la plupart des agriculteurs ne peuvent se permettre. De plus, les
vignerons n'ont pas les moyens de
traiter chimiquement les plants pour
les protéger, ce qui a conduit à la
disparition de plusieurs vignes. On
estime que 70% des vignes ne
reçoivent pas tous les traitements
chimiques nécessaires.
- les vignobles ont été fragmentés
durant le programme de privatisation, ce qui a nui à la productivité.
Des plants ont été déracinés et
beaucoup d'agriculteurs ont préféré
ne rien replanter .
- la baisse de la consommation
moldave, conjuguée à la baisse des
exportations (due à la politique antialcool menée par Gorbatchev dans
les années 90), n'a pas contribué à
relancer les ventes de vin.
La superficie totale des vignobles
en Moldavie représente 1,9% de la
superficie du vignoble mondial total.
La Moldavie fait partie des états
membres de l'organisation internationale de la vigne et du vin.
Vera, 65 ans, ment à ses élèves pour ne pas les décevoir
La Roumanie compte 9300 professeurs de français… la Moldavie 2300, soit
quasiment le double, avec une population sept fois inférieure. Une statistique qui
fait de la République moldave le pays le plus francophone d'Europe, ce qui ne
saurait cacher le fait qu'il est aussi le plus oublié des Français.
Q
uasiment tous les professeurs de français roumains ont eu l'occasion de
venir, ne serait-ce qu'une fois, découvrir la France, la Belgique ou la
Suisse. Depuis 1989, de nombreux programmes ont vu le jour, permettant
l'intensification de ces visites. Ils sont financés directement par les états, divers organismes, l'Union Européenne ou s'appuient sur des échanges entre départements, communes, associations et comités de
jumelage. Sans oublier les invitations individuelles, concrétisant
des relations personnelles.
Il en va tout autrement pour la
Moldavie. Au mieux, 10 % de ses
professeurs - une trentaine chaque
année - ont eu l'occasion de voir
ce pays dont ils s'efforcent de faire
aimer la langue à des centaines de
milliers de leurs élèves, dont un
sur deux fait encore du français sa
Remise de prix à l'Alliance française de Chisinau langue principale.
Depuis 2003, seulement 135 enseignants moldaves ont bénéficié d'une bourse ou
d'une aide leur permettant de venir en France, pour une période de trois-quatre semaines pendant l'été. Ils y suivent un stage de formateurs pour leurs collègues restés sur
place, au Centre de Linguistique Appliquée de Besançon. En 2010, seulement 12
bourses de perfectionnement de professeurs d'un mois ont été attribuées.
Des associations, comme Solidarité Laïque, se sont engagées dans ce genre d'initiatives, multipliant aussi leurs actions pédagogiques en Moldavie, le plus souvent
avec le concours actif de l'Alliance française de Chisinau qui s'implique fortement.
Certes, en Moldavie même, quasiment tous les professeurs de français ont eu la
possibilité de recevoir une formation… au chef-lieu de leur judet. Cela remplace-t-il,
la charge émotionnelle d'un voyage en France? Cela renforce-t-il le lien sentimental,
le pacte serait-on tenté de dire, noué avec elle quand, dès la fin de l'adolescence, on a
pris l'engagement de consacrer toute sa carrière à enseigner sa langue, à faire apprécier sa culture ?
Apprendre à conjuguer “Aimer la France”
Si les jeunes professeurs peuvent espérer, même plus tard, avoir l'occasion de se
promener sur les Champs Elysées… il y a quelque chose de pathétique à voir leurs collègues plus anciens ou à la retraite, renoncer au rêve de toute une vie : un jour flâner
sur les quais de la Seine ou sur les grands boulevards. Pour beaucoup, des décennies
passées au milieu de ses élèves, sans jamais avoir eu l'occasion, ne serait-ce qu'une
fois, de parler français, de voir un seul français ou Francophone dans son village !
…Comme cette professeur de Chirileni qui a entrepris d’apprendre à ses élèves la
conjugaison des verbes du premier groupe en écrivant au tableau "Aimer la France"…
A décliner tout au long de l'année, à tous les temps et à toutes les personnes !
N'est-il pas possible de se mobiliser pour accueillir tous ses amis, avec lesquels on
a tant à échanger ?
"Oui, j'ai vu la France ! "… mais la professeur
de 65 ans parle de celle entrevue dans ses rêves
Moldavie
Le pays le plus francophone
…est le plus oublié des Français
Comme deux
gouttes… de vin
avec la Bourgogne
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
P
our Vera Damaschin, c'est la
seconde fois de sa vie qu'elle
rencontre un Français et, en
conséquence, qu'elle pratique notre langue. Avec appréhension… alors que son
expression est parfaite. Pourtant la professeur de français a 65 ans. Bien qu'en
retraite, elle continue à donner des cours.
Ses jeunes collègues ont déserté un pays
qui ne leur assure qu'un maigre salaire,
140 € en moyenne, pour s'exiler dans les
pays occidentaux ou à Moscou. Il faut
bien que l'école continue à fonctionner.
Zimbreni, le village de Vera vote
communiste. Après la victoire de l'opposition démocratique, voici deux ans, sa
remplaçante a choisi de s'envoler pour
l'Angleterre. Drôle de choix pour une
supportrice de Voronine, mais l'idéologie
ne rentre plus en compte quand il s'agit de
survivre.
La retraitée a donc repris du service.
Huit heures de cours par jour à l'école et
huit heures à travailler dur dans le jardin
et la maison avec son mari, Ion, profes-
seur de roumain, également à la retraite. Des "travaux des champs" qui leur
permettent de subvenir à leurs besoins.
A eux deux, pensions et heures supplémentaires réunies, ils gagnent 160 €
par mois. Leurs mains calleuses ressemblent plus à celles des paysans du
coin qu'à celles des fins intellectuels
prenant plaisir à lire Alexandre Dumas
et Victor Hugo dans le texte.
Les travaux domestiques ne leur
laissent guère le loisir de se cultiver,
comme ils leur désireraient. "J'aimerais
encore écouter Jo Dassin, Dalida,
Aznavour, revoir des films avec Catherine
Deneuve, Jean Gabin" soupire Vera.
Mais le soir, les yeux se ferment devant le
vieil écran de télévision et le couple n'a
plus la force de surfer sur internet. Il se
tient juste au courant de l'actualité.
Une quarantaine de ses élèves
sont devenus profs de français
Dans un sourire contrit, Vera avoue
qu'elle ment à ses élèves quand ils lui
réclament: "Madame, Madame, vous avez
vu la France ?". "Je ne veux pas les décevoir et puis çà me ferait perdre de mon
autorité… Alors je leur raconte celle de
mes rêves, de mes lectures, ou celle que
j'ai vue à la télé". Car la professeur n'a
jamais visité le pays auquel elle a consacré toute sa vie. Sans illusion, elle confie
qu'elle ne le verra jamais. Sans illusion?
Vite dit… car une flamme s'allume dans
son regard lorsqu'elle évoque Notre
Dame de Paris, Esmeralda. L'espoir ne
renonce jamais.
Au cours de ses plus de quarante
années d'enseignement, Vera a transmis le
virus de la langue française à une quarantaine de ses élèves qui sont devenus par la
suite professeurs de français. Beaucoup
ont quitté le métier pour devenir interprètes ou traducteurs auprès de firmes étrangères. L'aspect économique est d'ailleurs
la principale motivation qui conduit à
opter pour le Français, avec les facilités
offertes à l'émigration par le Canada.
Mais certains de ses élèves choisissent le français par amour de la langue. A
Zimbreni, il était obligatoire à partir de 78 ans, mais ce n'est plus le cas. Il le redevient au lycée à partir de 14 ans, comme
deuxième langue, la seule d'ailleurs au
programme.
Pour l'enseigner, Vera doit faire avec
le pauvre matériel pédagogique dont elle
dispose. Heureusement, l'école a été
dotée de seize ordinateurs dernièrement,
et puis une habitante de Pau est passée
dans le village, voici deux ans. La première Française qu'elle rencontrait! De
quoi remonter le moral! Par la suite, elle
a fait parvenir des livres et toute une collection de "J'aime lire" qui a eu un véritable succès auprès des élèves. "Et de moi
aussi", rajoute Vera qui y appris plein de
choses. Elle contemple la vieille carte
physique de la France, accrochée au mur
et repart dans se rêves: les Alpes, la
Bretagne, la Provence, la Loire. Oh oui…
surtout les châteaux de la Loire !
Paris
Dieu a sacrifié à la Terre un coin de paradis.
Il a donné vie à la beauté, puis l'a appelée Paris.
Oui, Paris, symbole de la Terre,
Chez toi se trouve l'idéal éphémère.
Paris a bouleversé mes croyances.
Paris a ressuscité toutes mes espérances.
Paris a ébloui tout mon être,
Et a fait naître en moi le désir de le connaître.
Je voudrais vivre à Paris,
Embrasser son image pour toute la vie.
Je voudrais tant humer l'arôme des Champs Elysées,
Entrer dans la vieille église de Saint Germain des Prés.
Je voudrais tant voir Notre Dame de Paris,
Me promener dans le jardin des Tuileries.
Mais plus encore, je voudrais conquérir la Tour Eiffel,
Et me sentir tout près de l'azur du ciel.
Au Louvre, je pourrais découvrir ton histoire,
Et à l'opéra Bastille chanter tout un soir.
Au Palais Royal, à la Géode, découvrir la cité,
Et aussi me promener dans tes vieux quartiers.
Je désirerais tant admirer les Invalides, le Panthéon,
Flâner sur les quais de la Seine, à l'Odéon.
Je désirerais baiser la terre de ce coin de paradis,
De cette merveille que Dieu a appelé Paris.
Lucia Popescu, 15 ans, lycée de Molesti, Moldavie
33
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
Dès son retour de France
Tatiana Cojocaru était bombardée
de questions par ses élèves
"Non, je n'ai pas mangé de grenouilles !"
E
Quatre régions
viticoles
34
Les principales régions viticoles
moldaves sont :
- Balti (au Nord): cette zone
manque de très grands vignobles permettant une production industrielle. Ici
sont produits essentiellement des
matériaux pour le "divin" (le "cognac"
local) et les vins fortifiés. Il y a très
peu de vins de table.
- Codru (au Centre): c'est la zone
viticole la mieux développée de la
Moldavie. Elle possède 60% de tous
les vignobles du pays et la plupart des
entreprises vinicoles, y compris la
célèbre "Romanesti" S.A. Les collines
boisées de la zone centrale protègent
les vignes des gels hivernaux et de la
sécheresse estivale, caractéristiques
du climat continental.
- Nistreana ou Purcari (au Sud-Est).
- Cahul (au Sud) : le climat se
caractérise par des sécheresses fréquentes, favorisant la culture des
cépages destinés à la production de
vins rouges et liquoreux.
Les vins
Chaque année, la Moldavie produit
plusieurs centaines de vins différents.
Vins mousseux moldaves : extrabrut et rouge doux Lion Gri,brut
Symposium.
Vins blancs: le vin blanc est majoritairement cultivé, avec près de 70%
des surfaces. Parmi les cépages
blancs les plus cultivés, on compte le
Chardonnay, l'Aligoté, le Sauvignon
blanc, cépages d'origine française et
parmi les variétés locales la Feteasca
alba, l'Oliver Irsay et le Rkatsiteli.
Vin rouge: les variétés rouges principalement cultivées sont le Cabernet
Sauvignon, le Negru de Purcari, le
Rosu de Purcari, le Merlot et le Pinot
noir.
lle-même professeur, Tatiana Cojocaru assure la formation de ses collègues
qui enseignent le français dans la région de Stefan Voda, au sud de la
Moldavie. Elle s'efforce de les convaincre de faire travailler leurs élèves sur
un mode ludique pour les intéresser que ce soit à l'écrit ou à l'oral en utilisant les méthodes qu'elle a ramenées de France ou que lui fournit l'Alliance Française. "Les enfants
doivent apprendre avec plaisir. Nos méthodes sont trop classiques, littéraires" plaidet-elle. Et d'appuyer sa démonstration en ouvrant les sites internet consacrés à l'apprentissage du français: "On trouve des leçons toutes prêtes, des fiches pédagogiques, on
peut utiliser des chansons, des
reportages. On peut même s'entraîner à corriger son accent!" s'enthousiasme-t-elle. Le français occupe une
place centrale dans la vie familiale
de Tatiana. Au mois d'août, elle est
venue rendre visite à sa fille, étudiante à Poitiers, et qui, ayant trouvé
un boulot d'été, ne pouvait pas revenir au pays. "Quand elle nous a quittés, elle venait juste de passer son
Tatiana Cojocaru parmi les ordinateurs bac. Elle n'avait que 18 ans. Les
qu'elle vient de récupérer auprès
des médecins français de l'AAMM. cœurs étaient gros de chagrin et d'angoisse quand avec mon mari on l'a vue monter dans le bus d'Eurolines, à Chisinau".
L'enseignante a suivi à deux reprises les stages d'été de Besançon pour professeurs
moldaves. Cela lui a permis aussi de découvrir Paris, Strasbourg et même, suite à une
invitation, de pousser jusqu'à Bordeaux et Agen. A ses retours, chaque fois ses élèves
se montraient de plus en plus curieux. Elle prenait les devants, en leur lançant d'emblée:
"Non, je n'ai pas mangé de grenouilles !".
"Quand le prof se débrouille… les élèves aussi !"
L'expérience a conduit Tatiana à une conclusion simple: "Quand le prof se
débrouille… les élèves aussi!". Alors… elle se débrouille. Avec Solidarité Laïque,
Gérard Broussaud et ses amis, qui lui ont fourni des cartons de livres, des BD très
appréciées, permettant de constituer l'embryon d'une bibliothèque, avec les médecins
français de l'AAMM (Association Aide Médicale Moldavie) auxquels elle a servi d'interprète. Ceux-ci lui ont rendu la pareille, en venant animer des tables rondes avec ses
élèves, en apportant des affiches publicitaires, puis en récupérant dernièrement quinze
ordinateurs, destinés à la classe de français.
"En Moldavie, on n'a pratiquement rien. Surtout dans les villages" constate-t-elle,
"alors, on récupère à droite ou à gauche. Un magnétophone par ci, un magnétoscope
par là. C'est comme çà que les élèves du lycée ont pu voir le film "Tanguy". Ils ont bien
ri, mais çà les a aussi fait réfléchir". Avec les moyens du bord ses classes ont monté en
français, dans une version raccourcie, "Le médecin malgré lui" de Molière.
Tatiana a bien du mérite à garder le moral. Ces quatre dernières années, seulement
cinq nouveaux professeurs de français sortis de l'université de Chisinau sont revenus
s'installer dans la région. Bien sûr, il faut compter avec le problème démographique :
les parents partent, moins d'enfants… moins de professeurs. C'est valable aussi pour
l'anglais. Mais elle a du mal à cacher un mouvement d'humeur: "En fait, dans les villages, les élèves apprennent ce qu'on leur donne. A Stefan Voda (8000 habitants), maintenant c'est l'anglais le premier. Normal, les Anglais, les Américains se sont occupés
des écoles primaires et les Français ont laissé faire depuis vingt ans. De toutes façons,
on n'en voit jamais !".
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
Dossier
Natalia et Larisa : six heures de cours par jour
et huit heures dans les champs, à ramasser poireaux et choux
"Nous, on garde la foi, notre premier métier, c'est le français"
N
atalia Cujba a eu de la chance. Elle fait partie de
Dans le rayon (judet) de Ialoveni, l'anglais a pris le dessus
ces professeurs de français invités à suivre un
sur le français, à la demande des parents, mais celui-ci reste
stage de trois semaines à Besançon. Près d'un tiers
bien présent. Et, phénomène impensable, on a vu dernièrement
de siècle après s'être mise à l'apprentissage de la
des villages revenir
langue. La Moldave, 43 ans, mariée, deux
au français intégral.
enfants, en a profité pour en garder le maximum
Des parents, qui
d'images : Paris bien sûr et Strasbourg. Heureuse
avaient appris le
idée, car la première chose que lui demandent
français et en garses élèves, c'est: "Madame, vous êtes allée en
daient la nostalFrance ?". Alors, ils se pressent tous derrière son
gie… ne compredos et elle tourne les pages de son album photos.
naient rien aux
Son emploi du temps est partagé entre les
devoirs en anglais
champs - 8 heures chaque jour à ramasser les
de leurs rejetons et
poireaux, pommes de terre, choux, concombres enrageaient de ne
et ses six heures de cours. L'hiver, quand la campas pouvoir les
pagne est gelée, elle souffle un peu. "Ici, dès que
aider ou les surLarisa Munteanu (à gauche) et Natalia Cujba (au centre), veiller !
la classe est finie, tout le monde court vers son
avec une jeune collègue: dès l'école finie,
les travaux des champs prennent le relais.
bout de terrain, parfois deux-trois hectares.
Même les enfants ! Il suffit de regarder leurs mains…". Sa colUne leçon de démocratie
lègue, Larisa Munteanu, 54 ans, quatre enfants, 32 ans d'enseiet un chèque de 150 000 €
gnement et qui n'est jamais venue en France, paraît épuisée.
Toutes les deux relèvent la tête avec un même mouvement de
Natalia et Larisa aimeraient bien donner un coup de pouce
fierté: "Mais on garde la foi. Notre premier métier, c'est le
supplémentaire à leurs ouailles. Elles rêvent de pouvoir leur
français!".
distribuer des bons points pour les récompenser : des photos de
Jo Dassin, Laura Fabian, Patricia Kass, venue à Chisinau où
elle a fait un malheur, de footballeurs, des casquettes, des
"Madame, pourquoi vous faites ce métier…
t-shirts avec des inscriptions en français. Surtout, elles vouavec tous les diplômes que vous avez ?"
draient pouvoir correspondre avec des écoles de France. Les
Les deux professeurs dissertent entre elles sur la meilleupetits Moldaves ne tiennent pas en place à cette idée… mais,
re façon de motiver leurs élèves. "Pour les petits, c'est assez
là-bas, où on a tout, c'est autre chose. Bien sûr, elles aimeraient
simple. Il faut leur donner des notes encourageantes. On leur
aussi que des Francophones de passage fassent une petite halte
met 7-8 (sur dix), puis
dans leur classe. Jusqu'ici, elles n'en ont vu que
9… et ils veulent 10 !
deux: l'un de Bourges, l'autres de Rennes.
Avec les grands, çà ne
Molesti est pourtant une petite bourgade de
marche plus. Mais ils
4000 habitants qui ne reste pas les deux pieds dans
sont poussés par leur
le même sabot. Voici trois ans, l'UNICEF a lancé
proche avenir, l'envie de
un concours primé par Veolia, visant à promouvoir
réussir et beaucoup veul'exercice de la démocratie en Moldavie, invitant
lent partir au Canada".
les communes à déposer un projet qu'elles souhaiAu point parfois d'en
taient réaliser.
être cruels: "Madame,
Molesti s'est portée candidate ainsi qu'une
pourquoi vous faites ce
vingtaine d'autres concurrents. Ses habitants se
métier… avec tous les
sont réunis, ont longuement discuté pour finalediplômes que vous
Natalia, Larisa, des collègues et le maire de Molesti. ment tomber d'accord: la priorité, c'était de rénoavez?".
ver le lycée, parce que cela concernait l'ensemble
Pourtant, les enfants se révèlent parfois les meilleurs
des familles et représentait l'avenir des générations futures.
aiguillons. Fatiguée, Natalia voulait faire le minimum lors de
Pour bien montrer leur détermination, les habitants se sont
la dernière fête de la Francophonie. Ce fut une véritable révolengagés à faire eux-mêmes les travaux et ont versé 12 € d'ente dans la troupe. "Pas question! Nous, on veut nos jeux, nos
gagement - une somme en Moldavie - par foyer. C'était suffipoèmes, nos chansons, nos films!". Mai 68 à Molesti!
sant pour emporter la conviction du jury. Molesti a été désigné
Requinquée, Natalia leur a passé "Les Choristes" de Gérard
comme l'un des deux gagnants au niveau national et a reçu un
Jugnot. Un triomphe! La journée a pris fin avec un pot pourri
chèque de 150 000 € pour son lycée qu'on n'appelle plus que
de chansons françaises que toute l'école a repris en chœur…
le "lycée Unicef", servant aussi à embellir la classe de français.
35
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
Ballotés entre deux cultures
Parlez-vous
Les hommes politiques moldaves - proroumains contre prorusses - se déchirent depuis des années et le pays est privé de président depuis deux ans. Pendant
ce temps, la société évolue... Pour en savoir plus, le Courrier International a
envoyé deux reporters roumains sur place. Impressions de leur court séjour à
Chisinau, la capitale, où la population russophone se concentre et la nostalgie de
l'époque soviétique, où elle bénéficiait de privilèges, est encore bien présente.
Six frontières
avec la Roumanie
36
La Moldavie compte seulement six
frontières routières avec la
Roumanie, du nord au sud : RadautiPrut -Lipcani, Stânca Vama, Sculeni,
Râsesti-Leuceni, Oancea-Cahul,
Giurgiulesti-Galati, deux frontières
ferroviaires : Ungheni, BogdanestiCantemir.
Des vols quotidiens, pas très
chers, relient Bucarest à Chisinau en
une heure et on peut louer dès l'aéroport un véhicule (25-30 €/jour).
Un passeport dont la durée de validité doit être supérieure de plus de 6
mois à la date d'entrée sur le territoire
moldave est exigé. Les Français,
comme l'ensemble des ressortissants
des pays de l'Union Européenne, des
Etats-Unis, du Canada, de Suisse et
du Japon, peuvent entrer sans visa.
La période de séjour ne peut excéder
90 jours par semestre.
Il faut vérifier avant son départ que
l'assurance verte étend bien ses
garanties à ce pays, ce qui n'est pas
toujours le cas, à cause du conflit
larvé avec la Transnistrie. Sinon, il
faut prendre une assurance (pas très
chère) à la frontière. Si vous louez
une voiture à Bucarest, demandez
l'extension de l'assurance à la
Moldavie avec les attestations spécifiant bien la durée de la garantie.
A la frontière, demandez à acquitter la taxe d'environnement (1 €/jour)
obligatoire et qui peut être un prétexte pour être rançonné par la police si
vous ne la possédez pas.
Quand on quitte la Moldavie, une
taxe de sortie est exigée pour les
véhicules autres que les voitures de
tourisme (pas chère, mais pensez à
conserver des lei).
(Suite page 38)
C
rise d'identité" est une expression souvent utilisée par les analystes roumains lorsqu'ils évoquent la République de Moldavie. Ils dépeignent une
société tiraillée entre deux mondes. Une visite à Chisinau, la capitale,
dévoile cependant une autre facette du problème. Souvent, les identités semblent plutôt s'épanouir dans la diversité, se mélanger et interagir. De même que les cultures. Les
chaînes de télévision russes sont plus regardées que les roumaines. La presse russe est
plus présente dans les kiosques que celle venue de Roumanie. Dans les librairies, la
production russe - éditions exceptionnelles d'auteurs classiques ou modernes, mais
aussi de nombreuses traductions - submerge l'offre roumaine. Il arrive même que la
bière soit servie "à la russe", avec du poisson salé et séché. Sur les étalages s'empilent,
aux côtés des célèbres vins moldaves, des eaux de vie de la
Transnistrie séparatiste et des
bouteilles de vodka russe, du plus
bas de gamme à la plus luxueuse.
Au Muz Cafe de Chisinau,
un club très populaire, les jeunes
mangent des blinis, boivent de la
vodka et dansent sur des chansons romantiques russes ou sur la
musique du célèbre groupe moldave O-zone. Dans la rue, il ne
De culture russe, Natalia Morari travaille
comme journaliste de langue roumaine et faut pas s'étonner qu'on vous
est devenue une figure de proue des jeunes
Moldaves engagés contre la nomenklatura communiste. réponde en russe quand vous
demandez votre chemin en roumain ! Les dialogues bilingues sont monnaie courante.
Dans les talk-shows politiques, à Chisinau, il arrive qu'on donne des répliques tantôt en roumain, tantôt en russe. L'ancien président Vladimir Voronine, le nouveau stratège des communistes Mark Tkachuk ou le bachkhan (chef, président - contraction de
bach, tête et khan, roi) de la région autonome de Gagaouzie, Mihail Formuzal, répondent en russe lorsqu'on leur pose une question en roumain.
Personne ne se considère offensé et personne ne prend la peine de traduire. Doiton y voir les signes d'une occupation culturelle? Ou, plutôt, les premiers éléments d'une
identité différente? La Moldavie est un Etat jeune.Elle a fêté le vingtième anniversaire
de sa déclaration d'indépendance le 27 juin. Comment sera-t-elle dans deux décennies?
Anti-communiste… formée à Moscou
Près de l'ancien parc du Komsomol vient d'être inauguré le siège de Publika TV,
la plus récente station de télévision sur le marché des médias en Moldavie. C'est une
chaîne d'information créé par Realitatea TV de Bucarest. Les journalistes et les animateurs sont tous des citoyens moldaves. Un cinquième des émissions est diffusé en
russe, le reste en roumain ou dans les deux langues, en fonction des invités.
Natalia Morari, une journaliste de la nouvelle génération, anime un talk-show du
soir. "J'ai commencé ma carrière à Moscou, en tant que journaliste de langue russe.
J'avais fait une demande de nationalité russe et j'étais très proche de son Je n'aurais
jamais pensé retourner un jour à Chisinau et travailler comme journaliste de langue
roumaine. Avant, j'écrivais uniquement en russe." confie-t-elle, enchaînant "J'ai été
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dossier
les Moldaves font leur propre synthèse
le roumano-russe ?
expulsée de Russie, sans soute pour avoir écrit des articles sur
les ravages de la corruption au sommet de l'Etat, c'est pourquoi je suis rentrée en Roumanie. Je m'étais bien intégrée, à
Moscou, et je travaillais sur une publication importante, mais
je sentais toujours que je n'étais pas de là-bas. Pourtant, j'ai
grandi à Chisinau dans un milieu russe, et je suis allé à l'école russe. Je ne parlais roumain qu'avec ma grand-mère".
Rentrée à Chisinau, Natalia a été l'une des jeunes qui ont
servi de catalyseur aux manifestations anticommunistes d'il y
a deux ans, par leurs notes postées sur Internet. Une évolution
que les autorités russes ne pouvaient pas prévoir. Voronine,
l'ancien président, correspondant du KGB, lui-même n'aurait
pu s'attendre à ce que l'un des membres les plus actifs de la
révolution anticommuniste de 2009 vienne de Moscou !
"Quand le problème de la réunification
se posera, les Roumains trouveront la recette"
Nous passons en vitesse à travers les salles du musée,
pressés par les gardiens. L'heure de la fermeture approche et
personne n'imagine rester ne serait-ce qu'une seule minute
supplémentaire - c'est la coutume à Chisinau. Nous avons toutefois encore deux minutes à accorder à la pièce de résistance
du musée : un diaporama présentant l'offensive Iasi-Chisinau
d'avril à juin 1944. Sur fond de crépitement de mitrailleuses et
grondement d'avions, l'Armée rouge passe comme un rouleau
compresseur sur les troupes roumaines et allemandes en fuite.
Mais la lumière s'éteint rapidement, le musée ferme.
Nous sortons et allons dîner dans un restaurant proche,
fréquenté par quelques expatriés et hommes d'affaires locaux.
Jeux vidéos dans les deux langues
En guise d'apéritif, vodka Ruski Standard avec pain noir et
poisson fumé. Ensuite, zama de
Au centre de la capitale, aupui cu tocmagi, c'est-à-dire
dessus du McDonald's, les adobouillon de poule aux vermicellescents et les jeunes se renconles, et enfin lapin rôti accompatrent au cybercafé. Sièges
gné d'un vin rouge moldave de
confortables, équipements de
Purcari. Une petite merveille.
dernière génération. Il faut juste
Alors, la Moldavie est-elle
s'adapter aux claviers, certains
plutôt roumaine ou plutôt russe?
étant en russe. Mais cela ne
En tout cas, elle est différente de
dérange personne. Les gamins
la Roumanie. Qu'en pensent
engagés dans des affrontements
donc les partisans de la réunifimortels contre les monstres des
cation? Nous avons demandé à
jeux vidéo se débrouillent facil'ancien président par interim du
lement dans les deux langues.
pays, Mihai Ghimpu, partisan
Le Théâtre national joue des
déclaré de la réunification avec
pièces classiques, mais aussi de
la Roumanie."Quand le problèMatei Visniec, dramaturge rouDifficile parfois de trouver des journaux en roumain à Chisinau. me se posera, les Roumains
mano-français vivant à Paris. Le
trouveront la recette", a été sa
divertissement est hétéroclite: on peut entendre la chanteuse
réponse. Peut-être, mais cette recette devra inclure l'acceptaroumaine Mirabela Dauer; sur une autre affiche présentant une
tion de la diversité.
photo vieille de trente ans sourit le comédien Mihai
Ovidiu Nahoi et Ion Ionita (Le Courrier international)
Constantinescu. L'offre est complétée par un ensemble folklorique d'Arménie et un récital de Sergueï Trofimov, chanteur et
Bonnes adresses en Moldavie
poète russe très populaire.
Quant au musée national d'Histoire, il passe pour l'instant
Restaurants à Chisinau :
très vite sur les périodes qui pourraient poser des problèmes.
Symposium, strada 31 Decembrie, en plein centre, derrièLa "grande union" de 1918 avec la Roumanie est traitée rapire le Parlement. Cher, mais c'est vraiment bien. Descendre
dement en quelques photos. Il y en a encore moins pour juin
dans la cave voutée.
1941 (libération de la Bessarabie, occupée par les Russes à la
Délice d'ange, strada 31 Decembrie, de l'autre côté de la
suite du pacte Ribbentrop-Molotov), et le rétablissement de
rue, pâtisserie française extra ou on peut manger aussi des quil'administration roumaine jusqu'en 1944, date à laquelle le
ches et tartes à l'oignon.
pays revient de nouveau à l'URSS.
Résider
Par contre, une grande attention est accordée à Dimitrie
Complexe turistic Purcari, au cœur même du célèbre
Cantemir, le prince moldave ami du tsar réformateur Pierre le
vignoble, près de Stefan Voda, dans le sud est du pays (00 373)
Grand. Une gardienne, remarquant que nous nous attardons
22 59 50 50, [email protected], www.purcari.md. Cher:
sur la carte de l'Europe et du Levant du début du XVIIIe siè90 € une chambre double (mais il existe des promotions pour
cle, et nous entendant parler roumain, s'approche et explique :
2 nuits à 50 € chacune; repas dégustation à 30 €. Classe,
"Ieta Moldova. Rumania niet".
calme et beauté du site, de l'établissement, garantis.
37
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Carnet de route
Le soleil commence
Après avoir arpenté d'est en ouest et du nord au sud la Roumanie (voir
le n° 66), Henri Gillet a franchi une nouvelle fois la frontière moldave. Il nous livre
son carnet de route sur ce petit pays mystérieux et singulier qui séduit immanquablement ses visiteurs et regarde de plus en plus vers l'Ouest.
endredi 27 mai.-L'appréhension grandit au fur et à mesure que je me rapproche de la Moldavie. C'est chaque fois la même chose, aggravée par toutes les mises en garde que l'on peut entendre. D'autant plus que cette fois,
j'ai choisi de passer par le nord et Vama Stanca. En effet, je suis pratiquement la seule
voiture à emprunter ce passage. Superbe douane, côté roumain, Versailles financé par
l'UE pour le contrôle Schengen… Désormais remisé, l'ancien poste, à cent mètres,
plongé dans un profond sommeil, me ramène à mes lectures des romans de la comtesse de Ségur et du Général Dourakine… à cette époque où l'Europe n'avait pas institué
de contrôles aussi tatillons et parfois humiliants à ces frontières.
Je passe sans encombre, côté roumain. Côté moldave, c'est une autre paire de manches. Casquette soviétique, arrogance soviétique, ordres donnés en russe… Le décor a
changé du tout au tout. Un occidental circulant dans une voiture immatriculée à
Bucarest ne peut qu'être suspect. J'ai l'impression qu'ici on n'a jamais vu un passeport
français car on me réclame avec insistance ma carte d'identité. D'emblée on me conduit
au guichet de la banque, où je suis contraint de changer une certaine somme par jour je n'ai pas compris laquelle… Sans importance car le cours, d'Etat, est correct et, de toutes façons, je comptais changer davantage.
Vérification interminable sur internet du numéro de la voiture et de celui du moteur
qui se trouve caché dans une trappe sous le tapis de sol du siège du passager avant. On
en apprend des choses en passant les frontières et Fernand Reynaud avait bien raison
de proclamer avec fierté "J'suis douanier… J'suis pas un idiot… puisque j'suis douanier". J'en déduis qu'un trafic de voitures volées est surveillé.
V
(Suite de la page 36)
Police intraitable
38
Vous êtes obligé de changer une
somme minimum de 250 dollars à la
frontière. Ne pas s'inquiéter car le
cours est pratiquement toujours le
même dans tout le pays (entre 16 et
17 lei pour un euro). Ne pas oublier
de reconvertir vos lei moldaves en
repartant, car vous ne pourrez plus
les changer ailleurs.
L'essence est un peu moins chère
qu'en Roumanie, mais frise l'euro par
litre. Sur la route, la police est intraitable. Il faut donc respecter les limitations de vitesse au km près, surtout à proximité des
postes frontières, où
L'œil de Moscou
elle se cache,
sachant y trouver de
J'avais oublié que le maître, ici, était Moscou,
bons clients. En
voici encore peu… et que le pays n'avait vraiment
général, les Moldaves
tourné son regard vers l'Europe que depuis la révols'arrangent de la
te de la jeunesse de Chisinau, en avril 2009, les commain à la main, pour
munistes restant toujours tapis dans l'ombre.
la moitié du montant
Dans la capitale, et plus on monte vers le nord
du PV dont ils sont
de la Moldavie, cette prégnance soviétique se fait de
redevables. Sinon, il
plus en plus pesante. Fonctionnaires condescendants
faut aller payer l'aqui ignorent les demandes formulées en roumain,
mende à la mairie
Russes prétentieux qui vous toisent et dont on deviprincipale du secteur.
ne la colère rentrée de ne plus disposer du statut qui
La tolérance à l'al- Vitalie et Lucia Guzun: un couple moldave plein d'entrain leur assurait une supériorité sur leurs compatriotes
qui a ouvert une des premières pensions de la région.
cool est de zéro. Les
roumains, pourtant entre trois et quatre fois plus
policiers n'ont pas d'alcooltest et vérinombreux. Tout cela me donne froid dans le dos et je dois réfréner une irrésistible envie
fient à l'haleine ( ne pas se priver de
de faire demi-tour.
manger de l'ail… il n'y a pas de petiToutefois les contrôles terminés, un semblant de sourire renaît sur les visages des
te vengeance !). En cas de doute, ils
douaniers et je suis même gratifié d'un "Bon voyage!" en français. Finalement, çà m'a
vous emmènent à l'hôpital pour un
pris 35 minutes et j'en avais pronostiqué 30. Mais pourquoi, vingt ans après, quand on
prélèvement sanguin immédiat.
rentre dans ces pays, on a toujours l'impression de pousser une porte de prison ?
Les taxis à Chisinau ne sont pas
chers, 3 à 5 € la course et les miniPlaines et vallées qui embaument l'acacia
bus ou maxi taxis encore meilleurs
marchés (un demi-euro pour 20 km
La route, sur laquelle je circule pratiquement seul, me déstresse un peu. J'aime ces
dans la campagne, 0,2 € dans
paysages déserts, ces longues plaines bordées de collines lointaines où on aperçoit une
Chisinau) et efficaces (ils roulent à
charrette rentrant le foin, deux-trois bœufs se vautrant dans une mare, un berger poustombeau ouvert).
sant son troupeau, et de loin en loin, un couple de paysans retournant la terre à la bêche.
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
à se lever… à l'Ouest
Le paysage s'éclaircit régulièrement de lacs et retenues
d'eau, devient de plus en en plus vallonné au fur et à mesure
qu'on se rapproche de Chisinau. Je circule toutes vitres ouvertes, car, en cette saison, les vallées embaument l'acacia, dont
elles sont recouvertes.
Samedi 28 mai. -J'ai trouvé à loger dans une adorable fermette, à Milestii Mici, un petit village au cœur d'un des plus
importants vignobles du pays, à une trentaine de kilomètres au
sud de Chisinau. C'est Ion Bîrsa qui me l'a dénichée. Directeur
de la Fédération des fermiers du centre de la Moldavie, il faisait partie de cette délégation de paysans-viticulteurs venus
dans la région angevine en mars, à l'invitation des retraités
d'AGIR-Anjou, pour découvrir ce qu'est le développement
rural en France. Une initiative envers les Moldaves encore peu
courante chez nous et au cours de la laquelle je l'avais rencontré. Les stagiaires moldaves ont été particulièrement impressionnés par l'inventivité des paysans français soucieux de rentabiliser et pérenniser leurs exploitations : chambres d'hôtes,
vente directe aux consommateurs, accueil des classes de
découverte, préparation de plats cuisinés, etc. Le tourisme
rural semble être devenu le maître-mot de leur avenir.
"Maison de poupée"
Ion Bîrsa est donc tout fier de me conduire chez Vitalie et
Lucia Guzun, un couple d'une quarantaine d'années qui a
ouvert une des premières chambres d'accueil du pays, voici
tout juste trois ans.
Je dispose à moi tout seul d'une "maison de poupée", typiquement moldave, restaurée, aménagée avec amour, entourée
d'un jardin potager et fleuri, débordant de pivoines, dahlias,
œillets d'Inde, où l'on peut rêvasser sous un kiosque en bois.
Bricoleur dans l'âme, Vitalie y a apporté tout le confort moderne. C'est vraiment touchant de voir combien il devance les désidératas des futurs hôtes qu'il voit déjà débarquer chez lui…
venus de cet Occident lointain et indifférent. Lucia a brodé
coussins, oreillers et dessus de lit, disposé sur la table des napperons faits au crochet, des tapis dans la chambre et sur les
murs. Dans cette ambiance nostalgique et apaisante, fleurant
bon la Moldavie d'antan, je m'étonne cependant à peine de
faire connaissance avec la fillette de la maison, Doina, 14 ans,
affairée à pianoter sur Internet à haute vitesse, tant cette
famille modeste respire le dynamisme. D'ailleurs tout le pays
paraît être passé à Internet.
Ne serait-ce cette dernière percée foudroyante du progrès
dans la campagne moldave, je me retrouve propulsé vingt ans
en arrière, dans les campagnes roumaines, quand nous autres
Occidentaux, à bord de nos camions humanitaires, découvrions, étonnés et ravis, ce que voulait encore dire convivialité, accueil, temps de vivre.
Dallas à la moldave
Dimanche 29 mai.- Quel plaisir de retrouver Chisinau,
ses rues ombragées, ses parcs, ses terrasses. Le calme et le
charme d'une capitale de province qui font souvent défaut dans
nos grandes villes. Bien sûr, je ne manque pas de faire une longue pause à la pâtisserie française "Délices d'ange", certainement l'une des meilleures des ex-pays de l'Est. Les démêlés
judiciaires de sa belle propriétaire, Ina Vieru, avec son exmari, Calin, fils du
grand poète national
Grigore Vieru, décédé dans un accident
de voiture voici dixhuit mois, alimentent
toutes les conversations et sont devenus
un véritable feuilleton "Dallas" à la
Moldave.
Femme d'affaires avisée, Ina a
récupéré trois restaurants, appartenant
Les démêlés de la belle Ina Vieru, avec
son mari, fils du grand poète national
auparavant à la Grigore
Vieru… ont donné naissance à un
véritable Dallas à la sauce moldave.
famille du poète.
Calin, auquel il reste cinq night-clubs, se bat pour qu'ils rentrent dans son giron. Député, de l'actuelle majorité, il espère
bien obtenir gain de cause, grâce à ses appuis politiques. Ina ne
l'entend pas de cette oreille et s'apprête à saisir la Cour
Européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg.
Certes, ce n'est pas l'affaire Dreyfus… mais la Moldavie
se partage en deux, les motivations étant bien différentes,
mélangeant politique, guerre des sexes et mauvaise foi. Les
hommes voient dans Ina Vieru, une nomenklaturiste liée aux
communistes… les femmes, considèrent son ex-mari comme
un coureur de jupons invétéré, qui l'a trompée à de nombreuses reprises et récolte ce qu'il mérite.
Un goût étrange, venu d'ailleurs
Je suis venu aussi en Moldavie avec l'idée bien arrêtée de
savourer ma bière préférée, la Baltika, supérieure encore à
l'Ursus. Le garçon auquel je la commande prend un air désolé:
il n'a à sa carte que la bière d'or de Chisinau dont il me vante,
avec raison, la douceur, rajoutant dans un élan patriotique…
"Et elle est moldave !".
C'est vrai, mais la Baltika c'est autre chose. Un goût étrange, venu d'ailleurs. Je déguste d'abord des yeux sa belle robe
dorée, la finesse de son design. Et j'y vois danser dans ses bulles de sveltes espionnes blondes venues du froid. Je revis les
échanges d'agents secrets sur le pont de Glienicke à Berlin.
Toute la guerre froide, l'inconnu, le mystère d'un autre
monde... La Baltika, c'est la nostalgie de cette époque, ses
peurs, l'ours soviétique enfermé dans une bouteille à
50 kopeks - même si le leu l'a remplacé aujourd'hui. C'est une
page de ma jeunesse qui s'éloigne… c'est çà la magie de la
Baltika !... Du moins c'était çà, car les Russes ont décidé d'arrêter sa production sur place et de la rapatrier chez eux.
(A suivre page 40)
39
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Carnet de route
"C'est toujours la fête, ici"
ardi 31 mai.- Ici, dans les villages, un mois après Pâques, nombre de
Moldaves se saluent encore par le traditionnel "Hristos a inviat" ("Le
Christ est ressuscité"). La religion a fait un retour en force, comme en
Roumanie. Ce ne sont toutefois pas des églises qui poussent dans les communes, mais
des calvaires, à de nombreux croisements. La forte présence de l'église orthodoxe a
limité la percée des églises protestantes américaines.
Depuis deux ans, la Moldavie vit dans une crise politique permanente, le pays,
installé dans le provisoire, les coalitions gouvernementales, ne réussissant pas à élire un
président. Peu à peu, l'influence des communistes recule, mais avec encore environ 40
% des voix, leur parti conserve un fort pouvoir de nuisance et de blocage. Dimanche,
c'est la quatrième ou cinquième élection depuis avril 2009. Il s'agit des municipales.
Cortèges de voitures, musique à tue-tête, meetings se succèdent. "C'est toujours la fête,
ici", rient jaune les Moldaves qui ont pourtant tant de mal à survivre. La politique les
enflamme. Il est vrai que la perspective de voir revenir à la tête du pays les anciens maîtres ne peut laisser indifférent. Pour beaucoup, cela signifierait la fin de tout espoir et
l'émigration accélérée des enfants, dont un sur quatre est déjà parti. Quelques uns
conservent cependant la nostalgie de l'ancien régime, aux repères bien établis.
A la question "Comment trouvez-vous la Moldavie?", j'ai la maladresse de répondre qu'elle me semble sortie d'un roman de Tolstoï, m'apparaissant comme suspendue
dans le temps. Plusieurs de mes hôtes hochent la tête, déplorent que le pays en soit resté
là… ce qui provoque l'ire de l'un d'entre eux "Comment çà… ? Qui a distribué la terre
aux paysans ? Qui leur a
donné des écoles, des
dispensaires ?". Sans citer
le mot "communiste" une
seule fois, on s'empoigne
autour de la table, le ton
monte. Je me sens dans
mes petits souliers. Mais
heureusement, tout le
monde semble m'avoir
oublié, emporté par la
passion des élections touVive la mariée… et son papa qui a les moyens
tes proches.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dossier
Au détour des routes
M
L'homme
qui parle aux chèvres
40
Lundi 30 mai.- Déjeuner chez
Anca Turcanu, à Horesti. Du voyage
à Angers, cette fermière vit d'apiculture et de l'élevage de ses chèvres,
dont elle fait un savoureux fromage
qu'elle recouvre de crème. Son mari
regrette que je ne sois pas venu l'accompagner la veille dans sa collecte
de miel au cœur de la forêt. Je l'ai
échappé belle… Il a les bras couverts d'une teinture de sa confection
censée adoucir les multiples piqûres
dont il a été victime. Il m'explique
qu'il ne dispose pas d'une protection
intégrale, comme en France.
Autour de la table, tous les convives ont effectué le stage de mars en
Anjou. Mihai Volos, 69 ans, ancien
journaliste de la télévision, chassé de
son poste sous le communiste
Voronine pour "idées non conformes"
et exilé douze ans à Bucarest, est le
seul avec Stela, sa femme, a parlé
français. La douceur de son regard
témoigne des épreuves endurées et
de la philosophie de la vie qu'il en
tire. Une sérénité qu'il a transmise à
sa chèvre, avec laquelle il parle.
Tous les neuf jours, il part dans
les champs pour la journée afin de
surveiller le petit troupeau qu'il a
regroupé avec quatre voisines. Un
tour de garde au prorata du nombre
d’animaux confiés et qui s'avère bien
plus calme quand Mihai les a en
charge.
Comme dans de nombreux autres
villages moldaves, les propriétaires
de bétail se partagent la garde de
leurs animaux à tour de rôle ou les
font garder, et il n'est pas rare de
croiser des troupeaux de 80 ou 100
vaches qui, le soir, retrouvent seules
le chemin de l'étable.
dans une Moldavie où le salaire minimum est de 50 € !
Sapins de Noël sur talons aiguilles
Mercredi 1er juin. -Au moins, le régime soviétique - la Moldavie était une des
quinze République de l'URSS - aura eu un avantage sur celui de Ceausescu. On n'y voit
pas de chiens errants. La raison est simple. Ces derniers sont apparus et se sont multipliés sans contrôle après la décision de "systématiser" la Roumanie, en regroupant les
populations rurales et urbaines dans des blocs, conduisant les propriétaires de chiens à
les abandonner.
Autre différence avec le pays voisin : les filles. Les Roumaines sont belles, mais
naturelles. Dans les rues de Chisinau, on circule dans un concours perpétuel de beauté.
C'est un défilé de top-modèles, blondes effilées, maquillées, ongles faits et surfaits,
démesurés… figées dans les mêmes canons, stéréotypes de la féminité, glamour à la
façon d'Elle ou Marie-Claire. De véritables sapins de Noël, juchés sur des talons
aiguilles de 20 centimètres. Il leur manque juste une étoile. Des filles de décor, artificielles… on se retourne à peine sur leur passage. Même dans les villages, on les voit,
monter sur leurs échasses, appliquées à éviter de se tordre les pieds sur les chemins
défoncés. Ah, vive les petites brunes… qui ne comptent pas pour des prunes !
Sont-elles préoccupées à trouver un mari ? Le mariage a perdu bien de sa valeur…
Du temps de l'URSS, un jeune couple pouvait espérer collecter jusqu'à 20 000 roubles
auprès des invités de la noce. De quoi se payer presque une maison. Aujourd'hui, il
devra se contenter de 3-4000 euros.
(Suite page 42)
41
Dossier
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Carnet de route
"C'est illégal? Tant mieux!"
endredi 3 juin.- Je ne regrette pas de m'être équipé de mocassins plutôt que
de chaussures à lacets. Les planchers des maisons moldaves sont recouverts
de tapis… Il faut se déchausser sans arrêts. Je reviens du magasin central
d'Orange de Chisinau où j'ai acheté un portable. Quelle différence avec Bucarest, où les
visages sont fermés, les vendeurs répondant à peine, à la limite de la politesse. Ici, on
prend le temps de m'expliquer, avec sourire, n'hésitant pas à recommencer. Pourtant un
Moldave a dix fois plus de raisons de se montrer renfrogné qu'un Roumain.
Mon vendeur m'explique que je peux changer la carte Sim de mon nouveau téléphone pour pouvoir l'utiliser non seulement en Moldavie, mais dans le monde entier. Je
n'en reviens pas… çà fait des sous en moins pour Orange, pourtant sa compagnie! Il
hausse les épaules: elle fait assez de profits comme çà sur le dos des usagers, régulièrement dénoncés d'ailleurs par les associations de consommateurs et les instances européennes. Il ne peut pas trafiquer lui-même mon portable, mais m'indique l'adresse toute
proche d'un bricoleur qui se chargera du travail.
Je lui demande: "C'est illégal?". "Oui" me répond-il sans barguigner, avec un large
sourire entendu… Aussitôt dit, aussitôt fait, à l'aide de scanners… çà m'a coûté deux
euros et surtout procuré le sentiment de faire un joli pied de nez aux symboles de notre
société ultra-libérale, et de ses profiteurs patentés. Renseignement pris, l'opération est
tout aussi facile en Roumanie… sourire en moins. Je l'ai vérifié à Vaslui où le vendeur
Orange m'a envoyé également dans une petite boutique, à proximité, cette fois-ci pour
débrider ma carte 3 G me permettant de capter Internet partout. Toujours pour 2 €.
V
Barrique
à vins de l'URSS
42
Jeudi 2 juin .- La Moldavie est un
grand pays de vins. J'en profite pour
visiter la cave de Milestii mici. Sa
vinothèque, de deux millions de bouteilles est la plus grande du monde.
Les vins y sont conservés 25 ans
pour les blancs et 50 ans pour les
rouges. Elle occupe tout le sous-sol
du village et on y circule en voiture.
Un véritable labyrinthe de 60 km de
routes souterVoir Balti… et mourir d'ennui
raines. Les
coffres sont
Samedi 4 juin.-Dernière nuit en
vérifiés à la
Moldavie. J'ai poussé jusqu'à Balti,
sortie. Il suffit
capitale du nord. Cette ville de 140 000
de cacher la
habitants, plutôt russophone respire
bouteille subl'ancienne URSS. D'ailleurs, les figures
tilisée dans la
de Marx, Engels et Lénine ornent encovoiture même.
re les frontispices de certaines adminisOn ne précise
trations.
pas si celui
Autre signe des temps immuables:
qui est pris
les hôtels de l'époque soviétiques, somdoit recompmairement rénovés, pratiquent le double
ter la totalité
tarif, 30 € pour les Européens, 20 €
pour savoir
pour les autres clients. C'est la règle en
combien ont
Moldavie, comme en Roumanie après la
disparu…
“Révolution”. Si on veut un peu plus de
Milestii Mici, 60 km de caves souterraines et la plus grande confort, il faut compter débourser
Ici, celui
vinothèque du monde avec deux millions de bouteilles classées.
qui possède
100 €. Il n'y a pas trop le choix, Balti
un lopin de terre fait son propre vin,
compte seulement trois hôtels. Se loger est un véritable problème en Moldavie quand
une "piquette" de 8-9°. La Moldavie
on veut voyager à un coût raisonnable.
a été la barrique à vins de l'URSS,
Sur place, il n'y a vraiment pas grand-chose à voir. Je fais un tour au marché qui
jusqu'à ce que Gorbatchev entreregorge de stands de vêtements "second hand" (d'occasion) et de quelques rayons de
prenne sa lutte contre l'alcoolisme,
vieux livres. Mon accompagnatrice, une professeur de l'université locale, m'indique
en 1989. Le traumatisme y est encoqu'il y a de bonnes chances qu'il s'agisse de dons humanitaires détournés, revendus à
re vivace. Les milices traquaient les
bas prix à une population particulièrement démunie.
pieds de vignes jusque dans les jarElle n'a qu'une envie… partir. Depuis dix ans ! Elle en a trente-deux et je crois que
dins, les arrachant ou les sciant.
le climat de découragement qui pèse sur la ville l'a fortement imprégnée. Voir Balti…
Pour autant, l'ancien Secrétaire
et mourir d'ennui.
général du PCUS ne provoque pas
Je retrouve la frontière roumaine. Je me rends compte que j'ai eu le plus grand mal
le rejet qu'il suscite en Russie pour
à trouver ma bière préférée. La Baltika a repris le chemin de Moscou, où elle sera désavoir fait chuter de son piédestal
ormais produite. Peut-être le signe du long cheminement que la Moldavie entreprend,
l'ancienne URSS, mais seulement
se tournant pas à pas vers l'Ouest.
l'indifférence.
Henri Gillet
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Connaissance et découverte
Catherine Cusset : Un brillant avenir
Livres
Elena… forte femme qui refoule ses origines
Au cœur de ce roman qui a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 2008 se trouve le parcours d'une femme née en
Bessarabie, qui a épousé un juif roumain et qui émigre en Israël, puis aux États-Unis, au milieu des années 70. C'est une
page d'histoire du XXème siècle qui se déroule ainsi au travers d'une vie particulière.
E
lena ne garde que de vagues souvenirs de sa
Bessarabie natale: "...des animaux de la ferme...
une église en bois blanc avec sa longue flèche... les
koltunach, des raviolis au fromage que Bunica préparait...".
Une grand-mère donc, qui survivra à son enfance, mais pas de
mère. Tout au plus "une image de mère qu'elle a dû voir, plus
tard, dans un livre pour enfant". Pas de père, non plus, bien
qu'il existe et qu'elle retrouvera bien plus tard avec ses deux
frères. Ce ne seront alors, pour elle, que des étrangers.
Cette enfant orpheline quitte la Bessarabie dans les
bagages de la grand-mère, d'un oncle et d'une tante; oncle et
tante qui l'adopteront d'ailleurs quelque temps plus tard. On est
dans les années 43-44. L'Armée Rouge avance en territoire
roumain. L'installation de la famille se fait finalement à
Bucarest après des étapes par maintes villes: Aiud, Turda,
Craiova, Braïla...
L'appartement habité est partagé avec Madame Weinberg,
seule membre d'une famille juive à avoir survécu pendant la
guerre "en se cachant dans un sous-sol avec son fils Rubin, sa
fille mariée, Doïna, et son mari".
"Tous les gouvernements
tyranniques sont corrompus"
Le communisme s'abat sur la
Roumanie d'après-guerre. Elena
grandit sagement et mène une scolarité studieuse. En 1958, elle fait la
connaissance de Jacob qui lui fait
partager ses lectures d'Eminescu:
"A lui je dois ces yeux qui regardent l'aurore,
A lui je dois ce cœur où est née la pitié;
Quand souffle la tempête, résonne sa voix d'or
parmi toutes les voix qui chantent l'hymne sacré (une
prière dace) ".
Jacob lui parle aussi de sa mère et de son enfance "dans
une petite ville près de Iasi peuplée de Juifs et décimée par la
guerre". Il lui explique que ses parents ont émigré en Palestine
en 1948 mais que lui est resté à Bucarest pour y faire ses études d'ingénieur.
Elena aime Jacob mais ses parents ne l'entendent pas de
cette oreille. Il est juif et, un jour, il partira en Israël. Ils ne
veulent pas faire le malheur de leur fille: "Qu'irait-elle faire
dans un désert?". Elena renonce donc à Jacob mais le destin
les réunit une nouvelle fois dans le parc Cismigiu de Bucarest
et, cette fois, Elena ne renonce plus à Jacob. Le mariage a lieu
"dans l'intimité" en 1960. Un enfant naît en 1962.
En 1973, le frère de Jacob, Doru, vient leur rendre visite
en provenance d'Israël. Son verdict est implacable et Elena
l'entend dire ce qu'elle souhaitait entendre: "Il faut qu'on vous
sorte d'ici. On ne va pas vous laisser moisir dans cette prison!
Tous les gouvernements tyranniques sont corrompus. Il doit y
avoir une faille. On va la trouver. ".
La faille sera l'argent. Une forte somme versée cash par la
famille de Jacob "à un général roumain rencontré à l 'ambassade de Roumanie à Vienne". Et l'appartement en sus, "donné
à un membre du parti, officiellement vendu, s'ils voulaient être
autorisés à partir". La procédure prendra un an et, en 1974,
Elena, Jacob et leur fils s'installent à Haïfa, sur la colline du
Carmel.
Devenue Helen, l'Américaine
Mais Israël et son état de guerre permanent ne conviennent pas à Elena: "il faut être juif pour comprendre ce pays",
lui dit sa belle-mère canadienne. Jacob se résout à faire les
démarches pour émigrer vers les États-Unis "en dépit de leur
âge (38 et 43 ans)". La tâche n'est pas aisée auprès des services en charge de l'émigration juive
car Elena n'est pas juive. Ce n'est
qu'à Rome, en 1975, après un contact
avec une association américaine,
qu'ils reçoivent l'acceptation de leur
prise en charge à New-York.
Leur émigration vers les ÉtatsUnis va donc bien avoir lieu. Elena
va devenir Helen et la Roumanie un
pays lointain dont seule la télé lui
rappellera l'existence lors de la chute
du régime communiste. Elle tiendra
à distance ses propres parents "pour
qu'ils ne menacent pas l'équilibre qu'elle avait construit avec
Jacob" et envisagera un brillant avenir pour son fils dont la
femme sera longtemps considérée par elle comme une rivale
dangereuse.
Avec ce portrait d'une femme forte et déterminée jusqu'aux confins de l'autoritarisme et de la névrose, Catherine
Cusset souligne le trait spécifique de certains migrants, notamment roumains, qui visent plus l'assimilation que l'intégration
dans leur pays d'accueil. En refoulant de manière quasi maladive tout ce qui a trait à son pays d'origine, Elena/Helen ne se
prive-t-elle pas ainsi de cette richesse qui fait l'épaisseur et la
beauté d'une personnalité? N'est-ce pas plutôt en assumant
pleinement ses origines, et en les transmettant sans rien omettre de leur complexité, que peut s'assurer pour la génération
suivante la certitude d'un brillant avenir ?
Bernard Camboulives
Un brillant avenir, Catherine Cusset, Éditions Gallimard
2008. Prix Goncourt des lycéens 2008. Folio N°5023
43
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Littérature
SAPÂNTA
l
l
l
BAIA
MARE
l
CHISINAU
IASI
ORADEA
BACAU
l
l
l
TIMISOARA
TÂRGOVISTE GALATI
BRAILA
l
PITESTI
CRAIOVA
l
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Les "Dada's girls"
44
et du surréalisme étaient issues de familles juives roumaines
artistes dans le danger
l
BRASOV
l
Connaissance et découverte
l
TARGU
MURES
ARAD
Dada et ses
SUCEAVA
l
Les grandes figures du dadaïsme
Les NOUVELLES de ROUMANIE
En 1920, Le Roumain Tristan
Tzara nomme des "présidentes
dada", les plus anticonformistes
possibles et à l'originalité débridée.
Les "jeunes filles dada", les "Dada's
girls" dansent en solo avec ou sans
masque, comme Sophie Taeuber.
Elles font tourner les têtes et suscitent l'enthousiasme, mais aussi les
huées.
Une "Dada dance" bien connue
consiste à mettre ses bras en l'air
(épaule perpendiculaire au tronc et
avant-bras perpendiculaire au corps)
et à sauter en même temps. Emmy
Hennings, compagne de Hugo Ball,
fonda avec lui, le cabaret Voltaire à
Zurich, dont elle devint l'âme en animant ses soirées, par la danse, le
chant et la poésie.
L'américaine Clara Tice, peintre
caricaturiste et poète, horrifie la
prude société américaine avec ses
dessins de femmes nues accompagnées d'animaux, illustrant de
manière érotique les Fables de La
Fontaine. Ses œuvres seront confisquées par la police. Une autre
américaine, Beatrice Wood réalise aussi des œuvres à forte
connotation érotique. Valeska
Gert crée ses "danses" lors de
certaines soirées berlinoises.
Bien loin du classique Lac des
cygnes, elles ouvrent la voie à la
libération du corps des femmes
et au nudisme.
Renée Dunan, élevée au couvent, mais grande admiratrice du
marquis de Sade, se libère, se proclame "dadaïste de la première
heure", et défraie la chronique, sous
divers pseudonymes, dont "Marcelle
La Pompe" et "M. de Steinthal", en
hommage à Stendhal et à l'écrivain
aventurier Casanova de Seingalt.
Le Joods Historisch Museum d'Amsterdam propose jusqu'au 2 octobre une
exposition sur les racines roumaines du dadaïsme et du surrealisme, baptisée "Van
dada tot surrealisme", montrant l'influence décisive que les intellectueles juifs originaires de ce pays ont exercé sur ce mouvement artistique, considéré comme une
dégénérescence de la civilisation occidentale par les états totalitaires de l'Entre
Deux Guerres et les mouvements fascisants de l'époque, qui ont donné libre cours
à leur antisémistisme.
L
e 5 février 1916, au Cabaret Voltaire, à Zurich, a lieu la première manifestation de Dada. Parmi les protagonistes majeurs de l'événement, il y a le poète
Tristan Tzara, né Samuel Rosenstock en
1895 à Moinesti, en Roumanie, et l'artiste Marcel
Janco, né en 1895 à Bucarest. Parmi les proches de
Dada, se trouve Arthur Segal, né en 1875 à Iasi, qui,
quelques années plus tard, aura pour élève à Berlin
Maximilian Herman, dit Maxy, né en 1895 à Braila.
Un peu plus tard encore, tous rencontrent Victor
Brauner, né à Pietra-Neamt en 1903, grande figure du
surréalisme, puis Jules Perahim, né à Bucarest en
1914, surréaliste de la deuxième génération.
Tous sont issus de familles juives roumaines. Le
catalogue de l'exposition "De Dada au surréalisme"
au Joods Historisch Museum d'Amsterdam s'est donc
ouverte sur un texte du commissaire, Radu Stern, intitulé "Pourquoi tant de juifs ?". Le sous-titre de l'exposition est aussi explicite: "Les avant-gardes artisTristan Tzara
tiques juives de Roumanie, 1918-1938". La façon dont elle pose des questions généralement esquivées est exemplaire. On ne peut qu'espérer la voir reprise en France, car elle
marque une date dans l'étude de l'antisémitisme artistique et dans celle de Dada.
Avant-garde et judaïsme liés dans les discours antisémites
Dans l'entre-deux-guerres, l'association des notions, avant-garde et judaïsme, est
immédiate dans les écrits et les discours antisémites. Il est entendu pour leurs auteurs que
les mouvements modernes ont pour but de détruire les principes de la beauté classique,
qu'ils ruinent toute tradition nationale et expriment l'"esprit nihiliste juif" - expression d'époque
-, à moins qu'ils ne relèvent de l'asile.
Radu Stern cite les théoriciens du nationalisme artistique roumain d'alors, animés par la haine
du juif comme le fut à ses débuts Cioran, né en
Roumanie lui aussi. Des textes similaires ont été
largement publiés dans l'Allemagne prénazie puis
nazie, celle de la proscription de l'art "dégénéré".
Ceux du critique français Camille Mauclair vitupérant les "métèques" étaient du même ordre.
Cela, on le sait depuis longtemps. Mais, jusqu'ici, il a été plus rarement rappelé combien
Dada fut la cible préférée de ces discours et combien ce sont les artistes venus de
Roumanie qui ont été systématiquement visés.
L'exposition d'Amsterdam a pour mérite de revenir sur ces faits avec toute la clarté
nécessaire, à travers citations et photographies. En une centaine d'œuvres, elle donne de
ces artistes la vision la plus complète que l'on ait vue. Les prêts des musées roumains,
israéliens et français, mais aussi d'une collection privée de Bucarest, qui a traversé sans
dommages la guerre et le communisme, sont soit des confirmations, soit des révélations.
Les toiles de Janco à Zurich au temps de Dada, d'un cubofuturisme dansant, et les masques grotesques qu'il réalise pour
les spectacles du Cabaret Voltaire, ont été souvent montrés.
Mais pas la suite: ses reliefs polychromes rehaussés de collages entre cubisme et abstraction et ses toiles inspirées de
Beckmann méritent autant l'attention.
Même remarque pour Brauner, mais pour ses débuts cette
fois. Ses œuvres surréalistes, très présentes en France, puisqu'il y a vécu la deuxième moitié de sa vie, ne surprennent pas.
Mais observer ses essais des années 1920, entre cézannisme et
symbolisme, aide à comprendre son œuvre ultérieure, son dessin découpé, son fantastique menaçant, sa dureté froide.
Vilipendés par la critique roumaine
Pour Segal et Maxy, c'est plus simple: ils sortent de la
pénombre. Le premier a ici son chef-d'œuvre, la Femme qui lit
de 1920, cubiste et pointilliste à la fois. Le deuxième est un
virtuose du syncrétisme moderniste. Cubisme encore, futuris-
me, primitivisme et
suprématisme sont par
ses soins fusionnés.
Vilipendés par la
critique roumaine tout
au long de l'entredeux-guerres, tous ont
subi l'antisémitisme
Gellu Naun et Victor Brauner
du régime roumain à
partir de 1938. Tzara et Brauner se sont cachés dans le sud de
la France. Segal, réfugié en Grande-Bretagne, est mort dans un
bombardement. Maxy passa dans la clandestinité et Perahim
en URSS. Janco réussit à gagner la Palestine. Le premier
tableau de lui, sur lequel s'ouvre l'exposition, a pour sujet deux
funambules au-dessus de la foule. Difficile de ne pas y voir
l'allégorie de ces artistes en danger.
Philippe Dagen (Le Monde)
Van dada tot surrealisme, Joods Historisch Museum,
Nieuwe Amstelstraat 1, Amsterdam. Jusqu'au 2 octobre.
Dada… ou oui-oui en roumain
Dada, dit aussi dadaïsme, est un mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui, entre 1916 et 1925, se caractérisa
par une remise en cause, à la manière de la table rase, de toutes les conventions et contraintes idéologiques, artistiques et
politiques. Malgré la Première Guerre mondiale, Dada connut une rapide propagation internationale.
C
e mouvement a mis en avant
l'esprit d'enfance, le jeu avec
les convenances et les
conventions, le rejet de la raison et de
la logique, l'extravagance, la dérision
et l'humour. Ses artistes se voulaient
irrespectueux, extravagants, affichant
un mépris total envers les "vieilleries"
du passé comme celles du présent qui
perduraient.
Ils recherchaient la plus grande
liberté de créativité, pour laquelle ils
utilisèrent tous les matériaux et formes
disponibles. Ils recherchaient également cette liberté dans le langage,
qu'ils aimaient lyrique et hétéroclite.
Le terme Dada est né en mai 1916
à Zurich (Suisse) par la grâce des poètes
Hugo Ball, Tristan Tzara et des peintres
Jean Arp, Marcel Janco, Sophie TaeuberArp. Ils investissent une grande taverne,
celle de la Spiegelgasse 1 dans le quartier
du Niederdorf, la transforment en café littéraire et artistique et la rebaptisent
"Cabaret Voltaire".
La version la plus courante quant à
l'origine du mot est celle du hasard
ludique: un dictionnaire ouvert au hasard
et un coupe-papier qui tombe sur le mot
"dada". En réaction à l'absurdité et à la
Selon Giovanni Lista, il s'agirait plutôt d'une volonté délibérée d'ancrer le
mouvement dans un retour aux
valeurs de l'enfance. Hugo Ball déclara, avant guerre, qu'il devait "sauver le
petit cheval de bois".
Ce qui l'incitera à donner ce nom
au mouvement. Il note dans son journal à la date du 18 avril 1916: "Dada
signifie "oui, oui" en roumain, "cheval
à bascule" et "marotte" en français.
Pour les Allemands, c'est un signe de
naïveté un peu folle, de lien très étroit
entre la joie de la procréation et la préoccupation pour la voiture d'enfant".
Le cabaret Voltaire à Zurich est devenu le "temple"
de la mémoire du dadaisme et du surréalisme.
tragédie de la Première Guerre mondiale,
ils baptisent le mouvement qu'ils viennent de créer en ce nom et aussi en opposition avec tous les mouvements se finissant en -isme. Dada n'est "ni un dogme, ni
une école, mais plutôt une constellation
d'individus et de facettes libres", précisait
à l'époque Tristan Tzara. Hétéroclite et
spontané, Dada s'est aussi imposé comme
un mouvement sans véritable chef de file.
Tous les dadaïstes étaient présidents.
"Une douleur d’adolescents
née pendant la guerre de 1914"
En 1963, Tzara a dit: "Dada n'était
pas seulement l'absurde, pas seulement
une blague, Dada était avant tout l'expression d'une très forte douleur des adolescents, née pendant la guerre de 1914.
Ce que nous voulions c'était faire table
rase des valeurs en cours, mais, au profit,
justement des valeurs humaines les plus
hautes".
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Musique
En Transylvanie, des
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Versions sous-titrées
... de préférence
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dizaines de Bach et Corelli méconnus
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composaient et jouaient de la musique baroque à la lumière des bougies
l
CAMPULUNG M.
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Les maîtres d'école des petits villages
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Une proposition de loi visant à
imposer le doublage en roumain des
films étrangers pour leur diffusion en
Roumanie a suscité une levée de
bouclier dans un pays qui a toujours
promu la diffusion en langue originale
sous-titrée.
"Même si le grand public se réjouit
d'entendre les films dans sa propre
langue (...), le doublage des films
mène à l'isolement et à l'intolérance",
s'est insurgé dans le quotidien
Adevarul le cinéaste roumain Cristi
Puiu, primé à Cannes.
Autre figure de la nouvelle vague
du cinéma roumain, Corneliu
Porumboiu, estime qu'il serait "dommage de ne plus entendre la voix originale des acteurs. J'ai grandi avec
des films sous-titrés et ils m'ont énormément aidé notamment à apprendre
des langues étrangères".
Le député social-démocrate Victor
Socaciu a mis le feu aux poudres en
déposant une proposition de loi qui
veut imposer "que les oeuvres cinématographiques en langue étrangère
soient traduites par le procédé de
doublage". Il estime que cette mesure
"protègera l'identité nationale".
Une pétition lancée contre cette
proposition a recueilli plus de 400
signatures en quelques heures. Elle
met en garde contre "les effets
toxiques à long terme" de cette mesure, outre son coût financier dans un
pays qui a subi une sévère crise économique.
Un des acteurs roumains les plus
célèbres, Victor Rebengiuc, a estimé
qu'il s'agissait d'"une grande bêtise",
des acteurs comme Robert de Niro
ou Al Pacino ne pouvant jamais être
doublés de manière satisfaisante.
Plusieurs milliers de partitions de musique baroque récemment découvertes
se trouvent aux Archives nationales de Sibiu. Kurt Philippi, conseiller musical de
l'Eglise évangélique et chef de la chorale Bach de cette cité, s'est donné pour mission de sauver le patrimoine encore méconnu de cet art raffiné qui a fleuri en
Transylvanie, il y a trois siècles.
D
ans une pièce de 16 m2, Kurt Philippi, penché sur une petite table, fredonne, tout en griffonnant les notes sur une portée. Il semble assis là depuis
la nuit des temps, hypnotisé par les partitions baroques qu'il s'applique à
déchiffrer. "Il y en a que j'arrive à transcrire en une semaine, mais d'autres peuvent
prendre trois mois, explique-t-il. Ce travail ne demande pas beaucoup de savoir, mais
il faut s'armer de patience pour dénicher les partitions qui ont de la valeur". Ces dernières années, Kurt Philippi en a transcrit une vingtaine. "Regardez les boîtes sur ces
étagères, dit-il en montrant du doigt les murs couverts de manuscrits. Rien que dans
ce bureau, il y en a un millier".
"Après la chute de la dictature
communiste, une grande partie de la
communauté allemande de Roumanie
a émigré en Allemagne, et les villages
ont été désertés, continue-t-il. Nous
avons décidé de réunir tout ce qu'on
pouvait trouver dans les archives de
nos églises. Je n'imaginais pas les trésors qui se cachaient dans ces
feuillets". Une adaptation méconnue
Kurt Philippi s'est donné pour mission de sauver
le patrimoine encore méconnu de cet art raffiné du fameux Stabat Mater de Pergolèse,
qui a fleuri en Transylvanie, voici trois siècles.
une Cantate de Bach arrangée par ce
dernier pour les églises luthériennes de Transylvanie, des œuvres de Johann Sartorius,
Knall, Correlli, et une panoplie de compositeurs transylvains.
"On découvre, même dans de simples
hameaux, des orgues magnifiques"
Cette musique a déjà été exécutée sur les grandes scènes par l'ensemble Ausonia,
qui réunit des musiciens français, belges et roumains sous la baguette du claveciniste
français Frédérick Haas, professeur au Conservatoire royal de Bruxelles. En mai, le
groupe Ausonia s'est produit sur les scènes de Bucarest et de Cluj, chef-lieu de la
Transylvanie, et fait découvrir aux Roumains un patrimoine qu'ils avaient oublié.
"La Transylvanie est une région très riche, on y voit partout des églises splendides, témoigne Frédérick Haas. Lorsqu'on pénètre à l'intérieur, on découvre, même
dans les petits villages, des orgues magnifiques. Qui dit orgue dit musique, et s'il y a
de la musique, il y a forcément quelque part des partitions qui nous feront rêver. Une
partie des œuvres contenues dans notre programme n'a pas été jouée depuis deux à
trois cents ans".
Cette richesse découverte depuis peu était celle de la communauté allemande.
Installée en Transylvanie au XIIIe siècle, elle s'est épanouie à l'époque de l'Empire
austro-hongrois. Le régime communiste, qui a pris le pouvoir après la seconde guerre
mondiale, a stoppé l'effervescence musicale de cette région. Fuyant une administration
hostile, les Allemands sont repartis dans leurs pays d'origine. Après la chute de la dictature de Nicolae Ceausescu, en 1989, la Roumanie a connu à nouveau une véritable
hémorragie, avec le départ massif des Allemands. Dans les villages transylvains désertés, les belles maisons allemandes furent occupées par la minorité rom en manque de
logements. Les églises évangéliques avec leurs trésors furent abandonnées et tombèrent en ruine.
Au début des années 1990, la ville de Sibiu s'est vidée de
90 % de ses Allemands. Aujourd'hui, leur communauté ne
compte plus que 1 400 habitants. Avec Kurt, son époux, Ursula
Philippi, organiste, tente de redonner vie à la musique qui fit
jadis la fierté des Transylvains. "Les partitions que nous avons
découvertes nous permettent de comprendre les pratiques
musicales de l'époque, dit-elle. La musique était écrite par les
maîtres d'école dans les petits villages. Ils composaient et
jouaient cette musique très raffinée à la lumière des bougies.
Ils n'ont pas fait une révolution, mais les partitions qu'on a
retrouvées montrent qu'elles n'avaient rien à envier à la
musique savante que l'on jouait en Europe occidentale. J'ai
l'impression d'avoir découvert un trésor".
Entouré de manuscrits, dans sa petite pièce, Kurt Philippi
continue à transcrire les notes en remontant les siècles. C'est
un travail de longue haleine, car à l'époque chaque instrument
Un "circuit Rouge" sur la trace des Ceausescu
Tourisme
E
lena Udrea, la ministre du tourisme a annoncé son intention
de créer un "circuit Rouge"
qui emmènerait les visiteurs sur les traces
de Ceausescu et du communisme en
Roumanie. Au programme: les lieux où a
vécu le "Conducator": sa maison natale
de Scornicesti, la prison de Doftana
(judet de Prahova, près de Ploiesti) où
furent détenus les futurs dirigeants communistes, dans les années 30 - Gheorghiu
Dej, Ceausescu, etc. ainsi que la leader
fasciste Codreanu- , la maison du Peuple
(palais de Ceausescu), le quartier
Primaverii où vivait la nomenklatura
d'hier… et d'aujourd'hui, le balcon du
avait son cahier et il
n'y avait pas de partition d'ensemble.
Quand des notes
manquent, Kurt doit
consulter des compositeurs pour les réinventer en restant au
plus près de l'esprit de l'œuvre. "Aujourd'hui, c'est le moment
de comprendre qu'une nation peut retrouver son histoire à travers la musique. Bien sûr, nous n'allons pas changer le monde
avec ces partitions, mais quand on voit quelle belle musique
on faisait dans ces villages il y a trois cents ans, cela te donne
l'énergie de continuer". Et Kurt a bien l'intention de continuer.
Un millier de manuscrits l'attendent.
Mirel Bran (Le Monde)
Comité central du Parti d'où Ceausescu a
prononcé son dernier discours avant de
s'envoler en hélicoptère, la salle de la
caserne de Târgoviste où le couple a été
jugé et le mur devant lequel il a été fusillé
(inaccessibles actuellement et qui doivent
être rénovés), leurs tombes, le Mémorial
sur les victimes du communisme de
Sighetu-Marmatiei, dans le Maramures…
Conçu sur le même modèle que le
"circuit Dracula" existant déjà, le "circuit
Rouge" sera confié à des agences privées.
D'après la ministre, il devrait intéresser
les touristes Chinois.
Un problème toutefois : ceux-ci ne
viennent pas en Europe pour visiter la
seule Roumanie mais tout le Vieux
Continent et Bucarest ne fait toujours pas
partie de l'Espace Schengen. Toutefois
une disposition du visa Schengen permet
de transiter pendant cinq jours sur le sol
roumain.
Par ailleurs, Le PDL (parti de
Basescu et d'Elena Udrea) a décidé de
soutenir l'initiative gouvernementale
d'ouvrir un musée national consacré à l'époque communiste. Il devrait accueillir
des objets de l'époque, des photos, des
documents et présenter des scènes
comme l'exécution des époux Ceausescu,
reproduite ci-dessus par l'artiste plasticien Mircea Suciu.
Bucarest en autobus à impériale
D
epuis la fin juillet, quatre autobus à impériale, d'une capacité chacun de 77 places, permettent désormais aux touristes de découvrir Bucarest. Circulant tous les
quarts d'heure, de 10 h à 22 h, chaque jour, ils partent de la Piata Presei Libere
(maison de la Presse) et effectuent un circuit de 15 km, jalonné de 14 stations où les usagers
peuvent le prendre à tout moment et descendre à leur guise pour le reprendre plus tard.
Le trajet emprunté est le suivant: Piata Presei Libere-Bulevardul Kiseleff - Piata Victoriei
- Bulevardul Libertatii - Piata Unirii - Universitate - Piata Romana - Bulevardul Lascar
Catargiu - Bulevardul Aviatorilor, avec retour Piata Presei Libere. Les principaux points d'intérêt qu'ils permettent de découvrir sont: la maison de la Presse, l eparc Herastrau, le musée des villages, l'Arc de Triomphe, le
musée Antipa, de Géologie, du Paysan, d'Art, l'église Cretulescu, l'immeuble des télécommunications, le palais de la Caisse d'épargne, le musée national de l'Histoire, le palais de Ceausescu, le palais du Patriarcat orthodoxe, l'ancien caravansérail Hanul luii
Maniuc, Curtea Veche, l'Université, l'hôpital Coltea, le musée de la ville de Bucarest, le Théâtre national, le musée de la Littérature,
le Palais royal, l'Athénée roumain, l'Académie des Sciences économiques.
Le billet, valable 24 heures après sa première validation, que l'on se procure à bord des bus, coûte 25 lei (6 €) pour les adultes, 10 lei (2,3 €) pour les 7-14 ans et est gratuit en dessous de 7 ans.
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Francophonie
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220 millions de
Francophones
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La Roumanie compte
9300 professeurs de français, la Moldavie 2300
OIF : défendre
et promouvoir la Francophonie
l
CHISINAU
-220 millions de Francophones
dans le monde, dont 70 millions de
locuteurs partiels
-Le français, 9ème langue la plus
parlée et la seule, avec l'anglais, à l'être sur les cinq continents
-900 000 professeurs de français
dans le monde (dont plus de la moitié
en France, Belgique, Suisse, Canada)
-100 millions de Francophones
dans les pays africains membres de
l'Organisation Internationale de la
Francophonie (OIF). En 2050,
l'Afrique représentera le tiers de
l'Humanité (3,5 milliards d'hommes).
-L'OIF regroupe 70 états et gouvernements (dont 14 pays observateurs),
répartis sur les cinq continents, soit
plus du tiers des pays membres de
l'ONU, et qui regroupent 900 millions
d'habitants, représentant 13,8 % de la
population mondiale
- Le français est langue officielle
dans 32 états membres ou observateurs de l'OIF, seul ou avec d'autres
langues. Il est la deuxième langue
maternelle de l'UE
-L'espace francophone représente
19 % du commerce mondial des marchandises
-31 organisations internationales et
régionales sont partenaires de l'OIF,
77 parlements ou organisations interparlementaires francophones sont
membres de l'Assemblée
Parlementaire de la Francophonie
(APF), 184 villes et 19 associations
de villes de 37 pays adhèrent à
l'Association des Maires
Francophones, 710 établissements
francophones d'enseignement supérieur et de recherche de 85 pays sont
membres de l'Agence Universitaire de
la Francophonie.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
"Nous courons le risque de voir s'instaurer, à l'échelle mondiale, une partition
hiérarchisée des rôles et des fonctions des langues. D'un côté une hyper langue,
imposée par une hyper puissance, à laquelle il reviendrait de concevoir et de diffuser
les transformations, les innovations, les normes et les valeurs du monde. De l'autre
des langues indigènes, figées, ghetthoïsées, vouées à ne plus exprimer que la réalité
environnante, la mémoire, les traditions locales, le folklore"… Ainsi s'exprimait en
2007 l'ancien président sénégalais Abdou Diouf, actuel secrétaire général de
l'Organisation Internationale de la Francophonie, qui a assuré en 2002 la succession de l'Egyptien Boutros-Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'ONU.
E
n 2010, la Francophonie fêtait ses quarante années d'existence. Elle avait
pris son essor le 20 mars 1970 avec la signature par 21 Pays, à Niamey, du
traité instituant l'Agence de Coopération Culturelle et Technique, à l'initiative de quatre chefs d'Etat : le Sénégalais Léopold Senghor, le Tunisien Habib Bourguiba,
le Cambodgien Norodom Sihanouk, le Nigérien Hamani Dori.
La Francophonie revendique aujourd'hui 220 millions de locuteurs, présents dans
70 pays des cinq continents, 56 états membres (mais pas l'Algérie), et 14 pays observateurs (Autriche, Croatie, Géorgie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Mozambique, Pologne,
République tchèque, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Thaïlande, Ukraine). A eux tous, ils
représentent plus du tiers des membres des Nations Unies.
Environ 150 millions d'entre eux (dont 85 millions en France, Belgique, Suisse et
Canada) sont capables de s'exprimer en français dans les situations
les plus courantes, un chiffre qui
est en constante progression, et 70
millions, chiffre qui a tendance à
diminuer, de façon partielle.
Avec l'explosion démographique en Afrique, on estime que
le Français comptera 500 millions
de locuteurs en 2040-2050. Une
diffusion de la langue qui s'explique par l'histoire coloniale et les
flux migratoires.
Faisant partie des cinq langues
Basé à Bucarest, le Suisse David Bongard représente
la Francophonie pour le sud-est de l'Europe.
internationales utilisée dans les
instances mondiales (anglais, français, espagnol, portugais, russe), le français est la langue officielle, seul ou avec une autre langue, dans 32 pays et est la seule langue, avec
l'anglais, a être parlée sur les cinq continents. On pourrait rajouter et même les six…si
on compte le continent antarctique, avec la Terre Adélie. (Merci Dumond d'Urville !
Adélie, du nom de sa femme Adèle. L'explorateur avait aussi auparavant découvert la
Vénus de Milo qu'il fit envoyer en France).
Le français est aussi la 3ème langue sur internet, avec 5 % des pages, après l'anglais (45 %) et l'allemand (7 %), devant l'espagnol (4,5 %) et l'espace francophone
représente 19 % du commerce mondial des marchandises.
Onzième sommet à Bucarest en 2006
Instance politique internationale, à travers l'Organisation Internationale de la
Francophonie, la Francophonie exerce son action dans des domaines aussi divers que la
culture, le sport (les jeux de la Francophonie ont eu lieu successivement au Maroc,
1988, en France, 1994, Madagascar, 1997, Québec, 2001, Niger, 2005, Liban, 2009, les
prochains sont prévus à Nice, en 2013), l'éducation, la solidarité ou le développement
durable.
Cependant, si tous ses membres ont signé la chartre des
droits des Enfants, il n'en est pas de même pour les Droits de
l'Homme, qui ne sont toujours pas respectés par plusieurs d'entre eux. Ainsi, lors du sommet de la Francophonie de Bucarest,
en 2006, la presse roumaine se gaussait de n'avoir jamais vu
autant de dictateurs ou de représentants de régimes autoritaires déambuler dans les rues de la capitale.
Depuis 1986, à Versailles, des sommets réunissent en
effet, en principe tous les deux ans, les chefs d'état membres
de l'OIF. Ils ont
eu lieu successivement à Québec
(1987), Dakar
(1989),
Paris
(1991), GrandBaie, Ile Maurice
(1993), Cotonou,
Bénin (1995),
Hanoï (1997),
Moncton, Canada-Nouveau Brunswick (1999), Beyrouth
(2002), Ouagadougou, Burkina Faso (2004), Bucarest (2006),
Québec (2008), Montreux, Suisse (2010). Le quatorzième est
prévu à Kinshasa en 2012.
L'équivalent de l'ambassade
de France à Washington
L'OIF est représentée par 330 fonctionnaires dans le
monde, soit l'équivalent de l'effectif de la seule ambassade de
France à Washington. Elle fonctionne avec un budget annuel
de 90 M , financé à 60 % par la France. Le Canada-Québec,
dont l'ambassadeur auprès de l'OIF est le représentant personnel du Premier ministre canadien, la Belgique, avec sa délégation de Wallonie très présente, et la Suisse, sont les principaux
autres pourvoyeurs de fonds.
La France essaie tant bien que mal de faire oublier sa prééminence dont ses partenaires estiment qu'elle lui permet de
récupérer beaucoup plus que sa mise, que ce soit sur un plan
financier, commercial ou d'influence par la représentation de
la Francophonie dans les instances internationales.
Dix délégations représentent l'OIF dans le monde:
-quatre représentations permanentes, à Bruxelles pour
l'UE, à New York et Genève auprès des instances mondiales
(ONU, OMC, Unesco, etc.) et à Addis-Abeba, Ethiopie,
auprès de l'OUA (Organisation de l'Union Africaine).
-Trois bureaux régionaux, dotés d'un directeur (Hanoï
pour l'Asie-Pacifique, Lomé-Togo pour l'Afrique de l'Ouest et
Libreville-Gabon pour l'Afrique Centrale et l'Océan indien).
-Deux antennes : dans les Caraïbes à Port au Prince-Haïti,
et l'APECO (Antenne Régionale pour les Pays de l'Europe
Centrale et Orientale) à Bucarest.
Le Suisse David Bongard a en charge l'APECO et les six
pays qui en sont membres à part entière: outre la Roumanie, la
Moldavie, la Bulgarie, l'Albanie, la Macédoine et l'Arménie.
Connaissance et découverte
Véritable mosaïque de peuples, cet ensemble regroupe 38 langues ou dialectes, utilisant trois alphabets différents.
A l'antenne Bucarestoise - trois personnes - de veiller sur
eux ainsi que sur le centre de formation en français basé à
Sofia, qui en dépend. Deux tiers de l'activité consiste en représentation politique et diplomatique, le reste en coordination
des initiatives très diverses : manifestations, mise sur pied du
prix des journalistes francophones, aide au théâtre d'Arad pour
ses pièces en français, envoi d'observateurs au récent référendum en Moldavie,
ouverture d'une
maison du savoir
francophone
à
Chisinau, aide à la
formation de fonctionnaires internationaux, à l'accueil
de
volontaires
internationaux…
TV5 Monde : 55 millions
de téléspectateurs hebdomadaires
L'OIF n'est pas le seul organisme au service de la
Francophonie. Il faut compter aussi avec :
-l'AUF (Agence Universitaire de la Francophonie)
-l'Assemblée Parlementaire de la Francophonie qui
regroupe des députés et sénateurs des 70 pays membres et se
réunit régulièrement sur des thèmes définis
-l'Association Internationale des Maires Francophones,
dont le président est Bertrand Delanoë, le maire de Paris,
assisté des maires de Montréal, Dakar, Phnom Penh, Genève,
Tunis, Beyrouth, Casablanca, Liège, etc.
-La Conférence des ministres de l'Education des Pays
francophones
-l'Université Senghor d'Alexandrie, en Egypte, chargée de
former les hauts fonctionnaires des pays francophones… sans
oublier, bien sûr, TV5 Monde, née en 1984, réunissant des
opérateurs de France, Suisse, Belgique, Canada, deuxième
réseau international de télévision, diffusé auprès de plus de
200 millions de foyers dans 200 pays et territoires, avec une
audience hebdomadaire cumulée de 55 millions de téléspectateurs et un site internet devenu un outil de choix pour l'apprentissage du français et la découverte de la culture francophone.
Douze millions d'Européens de l'Est apprennent ou pratiquent le français actuellement. Plus de la moitié se trouvent en
Roumanie, Moldavie et Bulgarie. Autant de pain sur la planche pour David Bongard et sa modeste équipe. Il peut compter sur les 9300 professeurs de français que compte la
Roumanie, où notre langue a rétrogradé à la seconde place
depuis la "Révolution", et les 2300 de sa voisine moldave où
elle demeure toujours en tête, épaulés par le site internet
vizaFLE (français langue étrangère) et ses fiches pédagogiques.
(Suite page 50)
49
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Francophonie
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(suite de la page 49)
Voltaire battu par Mac'Do
50
Toutefois, les enseignants pointent du doigt un obstacle à l'apprentissage du français. Bien que l'apprenant, beaucoup de jeunes hésitent à l'employer, intimidés à l'idée
de trahir la langue de Voltaire et
Victor Hugo. Trop élitiste ! Ils n'ont
pas les mêmes états d'âme devant
l'anglais, langue de Mac'Do.
Le français connaît cependant
un regain d'intérêt… qui n'a cependant rien à voir avec son pays d'origine. Sa connaissance est un atout
supplémentaire pour les jeunes qui
veulent émigrer vers le Canada,
aux bras grand ouverts.
En haut fonctionnaire expérimenté, David Bongard a un autre
argument à avancer - certes pas
glorieux - pour justifier l'usage et
l'utilité du français. Les conflits
dans le monde exigeant des interventions pour rétablir la paix se
déroulent à 55 % dans des pays
francophones. Seulement 17 % des
intervenants (armée, humanitaires,
organisations internationales) sont
francophones…
O
E
n ce mois de septembre 2011, l'AUF, Agence Universitaire de la Francophonie,
fête le cinquantième anniversaire de sa naissance. Apparue en pleine période de
décolonisation - 17 pays africains accèdent à l'indépendance au cours de l'année 1960 - et après le retour du général De Gaulle au pouvoir, elle apparaît aujourd'hui
comme le fleuron de la Francophonie.
Si l'invention du terme Francophonie revient au géographe français Onésime Reclus,
qui l'utilise dès 1880, la naissance de la première association francophone remonte à 1926.
Il s'agit de l'Association des Ecrivains de Langue française (Adelf). Dans la même veine
apparaîtront en 1950, l'Union Internationale des Journalistes et de la Presse de langue
française puis, en 1955, la Communauté des radios publiques de langue française
(CRPLF). Après le lancement, en 1960, de la Conférence des ministres de l'Education des
pays francophones (Confémen), nait en 1961 à Montréal, l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française, qui se transformera en AUF, Agence
Universitaire de la Francophonie. Elle a pour principale mission le soutien de l'enseignement supérieur et de la recherche en français.
L'AUF jouit d'un double statut :
-elle est une association universitaire et un "réseau de réseaux" regroupant près de
780 universités et établissements de recherche, répartis dans 90 pays sur les cinq continents, à travers 65 bureaux régionaux, délégations, antennes, instituts, campus numériques
-elle est l'opérateur de la Francophonie pour l'enseignement supérieur et la recherche.
Son bureau régional pour l'Europe centrale et orientale a été ouvert en 1994, après la
chute du communisme. Il comprend 8 implantations, son siège se situant à Bucarest.
Chisinau, en Moldavie accueille une antenne de l'AUF et aussi un campus numérique que
l'on retrouve également à Tirana (Albanie), Erevan (Arménie) et Tbilissi (Géorgie), tout
comme à Sofia. La capitale bulgare abrite aussi l'Institut de la Francophonie pour l'administration et la gestion, formant les futurs cadres supérieurs et haut fonctionnaires francophones de la région.
Le siège de Bucarest est chargé de coordonner les activités de plus de 85 universités
membres de l'AUF, réparties dans 30 pays, couvrant une vaste aire géographique :
Albanie, Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie,
Estonie, Géorgie, Hongrie, Kazakhstan, Kirghizistan, Lettonie, Lituanie, Moldavie,
Mongolie, Monténégro, Ouzbékistan, Pologne, Roumanie, Russie, Serbie, Slovaquie,
Slovénie, Tadjikistan, République Tchèque, Turkménistan, Turquie, Ukraine.
La Francophonie doit tout à Onésime Reclus
nésime Reclus est connu pour être l'inventeur du mot "francophonie". Né à Orthez en
1837 et mort à Sainte-Foy-la-Grande en 1916, il est issu d'une famille protestante du
Béarn, d'un père pasteur. Après de brève études en Allemagne, il rejoint l'université
de Poitiers, étudiant le droit et les lettres. Renonçant ensuite à la carrière universitaire, il s'engage
à vingt ans dans le 1er Zouaves en Algérie. Toutefois, sa santé l'oblige à renoncer au métier des
armes, et il entre en 1860 à la maison Hachette. Pendant dix ans, il mène une existence laborieuse, entrecoupée de voyages à travers la France pour les Guides Joanne. En 1869, il fait paraître une
Géographie, qui connaît le succès, grâce à son style, à la formule nouvelle de la présentation, à ses
qualités scientifiques et descriptives.
Durant la guerre franco-allemande de 1870, il sert au corps des francs-tireurs béarnais. Engagé
dans la Commune de Paris, il s'expatrie après son écrasement. En 1872, il épouse Marie-Louise
Schmahl (1850-1915),et a huit enfants. Ce géographe est le premier à employer le mot "francophone" dans son ouvrage France, Algérie et colonies paru en 1886 chez Hachette. Représentant de
la littérature coloniale, il croit à l'excellence de la France et de sa langue et définit les francophones comme "tous ceux qui sont ou semblent être destinés à rester ou à devenir participants de notre langue". Le choix du critère
linguistique, de préférence aux critères ethnique et économique, pour classer les populations, représente alors une innovation.
Des Bretons introduisent l'herbe
d'éléphant au pied des Carpates
Fin avril, une délégation bretonne a pris le chemin d'Avrig, près
de Sibiu avec 250 kg de semences de pommes de terre dans les coffres des voitures. Une nouvelle étape dans une coopération particulièrement originale entre les deux régions, commencées voici dix ans.
l
TÂRGOVISTE
PITESTI
Echanges
Bucarest veille sur
plus de 85 universités et 30 pays
SUCEAVA
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Les 50 ans de l'Agence
Universitaire de la Francophonie
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Au printemps, 25 bénévoles de la Belle du Lié
se sont retrouvés près de Saint Brieuc pour préparer
la prochaine livraison de plants de pommes de terre à Avrig.
L
es pommes de terre bretonnes primeur sont savoureuses. Les Briochins en avaient emmené huit espèces différentes, 25 kg de chaque, pour justement
permettre à leurs amis roumains de choisir celles qui conviendraient le mieux à leur goût, mais aussi qui s'acclimateraient le
plus facilement.
Les relations entre les deux régions remontaient à plus de
dix ans, quand la commune de Plerin, dans les environs de
Saint Brieuc, avait entrepris d'établir des relations suivies avec
Tara Oltului, un regroupement de dix communes autour de la
petite cité d'Avrig, à une trentaine de kilomètres de Sibiu.
Echanges de pompiers, enseignement, culture… une coopération fructueuse s'était établie dans divers domaines, mais c'est
dans l'agriculture qu'elle a véritablement pris son essor.
Les Bretons avaient noté que les agriculteurs roumains
utilisaient des semences hollandaises, avec des rendements
faibles et des problèmes de commercialisation, la collecte des
récoltes n'étant pas assurée, faute de la présence de coopératives. La pomme de terre étant une des spécialités de l'agriculture bretonne, une voie semblait toute dessinée pour un échange économique où chaque partenaire trouverait son intérêt.
Pourquoi ne pas implanter au cœur des Carpates son joyau, la
Belle du Lié, à laquelle la commune bretonne de Ploeuc Sur
Lié, 3 200 habitants, doit une grande partie de sa prospérité ?
C'est l'initiative qui se concrétise aujourd'hui, au niveau de
tout le Pays sud de Saint Brieuc, dans les Cotes d'Armor.
Dans le cadre du programme Leader, une coopération a
donc été lancée entre plusieurs communes du pays de Saint
Brieuc (SIVOM "Bréhand-Gouëssant", Communauté de communes du Pays de Moncontour, Centre Armor Puissance 4 et
Quintin Communauté), sur le thème des "Cultures alimentaires et énergétiques", initiative soutenue par le Conseil
Régional de Bretagne à l'aide d'un contrat de pays.
Ici Parmentier s'appelle Bruckenthal
Des analyses de terre ont été faites avant l'expédition des
semences en avril… et, une nouvelle fois, on a eu recours à la
stratégie de Parmentier : quatre agriculteurs roumains se sont
déclarés intéressés par l'expérience et les ont plantées. A eux
de convaincre leurs voisins. Mais 2011 est une année particu-
lièrement symbolique : voici 225 ans que le baron Samuel von
Bruckenthal (1721-1803), gouverneur de la Transylvanie et
amant de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, dont le château se trouve à Avrig, introduisait la pomme de terre en
Roumanie. En 1786, un an avant que sa culture ne commence
réellement en France. En ce mois de septembre 2001, une fête
de la pomme de terre marquera l'évènement à Avrig et aussi à
Ploeuc Sur Lié.
Les Bretons entendent bien aller plus loin. Ils veulent
encourager la création d'une bourse des semences de pommes
de terre, sorte de coopérative permettant leur commercialisation au-delà des judets que la réglementation roumaine entrave jusqu'ici. Ils ont également entrepris de créer à Porumbacu,
dans les environs même d'Avrig, un centre pilote destiné à pratiquer des tests de génétique afin d'adapter localement, ultérieurement, des vaches à viande de race normande, limousine,
montagnarde, et aussi des chèvres. Un parc d'outillage agricole devrait également voir le jour.
Des briquettes qui brûlent mieux que le bois
L'initiative la plus originale revient cependant sans
conteste à l'aspect du programme Leader consacré au développement des cultures énergétiques. Parmi elles, le miscanthus,
plus connu sous le nom d'herbe d'éléphant, plante régénérable
qui atteint deux mètres de haut et peut être conditionné sous
forme de briquettes, brûlant mieux que le bois, sans odeur, et
servant au chauffage. Une forme de bio-énergie que les bretons ont déjà expérimenté chez eux avec succès, et a l'avantage d'éviter les déforestations, de pouvoir pousser sur les terrains en friche, d'économiser gaz et pétrole. 250 m2 suffisent
à chauffer une maison pendant un an.
Plusieurs espèces existent, polonaise qui n'a pas résisté
aux tests, anglaise, autrichienne, française. Il semble que ce
soit la variété allemande qui donne les meilleurs résultats. La
mairie d'Avrig en a donc passé commande de 20 000 plants,
livrés aussi en avril par les Briochins, réservant un hectare
pour créer et chauffer une pépinière. Il faudra trois ans avant
de juger les premiers résultats et les récoltes se feront ensuite
chaque année pendant 20 ans.
A Avrig, les élus étaient si impatients de se lancer dans l'aventure, une première en Roumanie, qu'ils ont décidé de se
passer du financement européen sollicité qui tardait à venir.
Dans la commune et ses environs, 3000 hectares pourraient
être utilisés à cette fin.
Bruckenthal n'aurait certes pas désavoué cet esprit inventif et audacieux. Le baron n'avait-il pas aussi introduit en son
temps des plantes exotiques dans cette partie de l'Europe, dont
le tulipier que les Russes appelaient les fruits du diable !
51
Infos pratiques
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A savoir
Plusieurs possibilités de communiquer à pas cher depuis la Roumanie vers le
reste de l'Europe, voire le monde entier, existent, tout comme on peut regarder
nombre de chaînes de télévisions françaises depuis son fauteuil quand on a quitté l'Hexagone. Voici quelques pistes, qui demandent cependant à être travaillées.
SUCEAVA
l
l
l
BAIA
MARE
l
IASI
ORADEA
TARGU
MURES
l
l
ARAD
l
l
BRASOV
TIMISOARA
CRAIOVA
l
l
M. CIUC
SIGHISOARA
l
TÂRGOVISTE
PITESTI
l
GALATI
BRAILA
l
l
l
TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Le programme
Leader à Saint Brieuc
52
Téléphoner à pas cher
Leader est un programme européen destiné aux zones rurales qui
permet en France de soutenir 203
territoires porteurs d'une stratégie de
développement.
L'Europe confie aux acteurs locaux
une enveloppe financière (1,6 M€
pour la région de saint Brieuc, sur
cinq ans). Cette manne est ensuite
distribuée sur le territoire pour des
projets de développements rural.
Pour la distribution des fonds, l'association respecte les règles des financements européens ainsi que les
priorités qu'elle s'est fixée pour les
cinq ans du programme.
Ces fonds constituent un levier
important pour le financement et la
mise en place de projets innovants
sur le territoire. Le précédent programme a par exemple vu 160 projets
se concrétiser. Autant d'initiatives permettant de maintenir la qualité de vie
en milieu rural.
La stratégie retenue pour le nouveau Leader s'articule autour de trois
axes : Eco-innovation, maintien de la
qualité de vie et exploration de nouvelles voies agricoles.
Concrètement, les crédits ont été
affectés à 25% pour l'agriculture
(économies d'énergie, diversification
des sources…), 25% pour le patrimoine naturel et culturel (préservation
des ressources naturelles, restauration du patrimoine bâti…) et 50%
pour les services à la personne en
milieu rural (petite enfance, vieillesse, transport...).
L'originalité de l'initiative briochine
réside dans la volonté de la faire fructifier en la partageant avec Tara
Oltului, en Roumanie.
P
our téléphoner, l'une consiste à utiliser Skype depuis son ordinateur ou son
e-phone et d'obtenir une communication encore meilleure que celle du téléphone. On peut mémoriser les numéros qu'on appelle souvent, en les classant en favoris, et les obtenir d'un seul click. Les utilisateurs francophones installés en
Roumanie prennent un crédit sur Internet de 10 € (le maximum qu'on peut souscrire),
payable par carte bancaire - et non pas un abonnement - qui leur dure souvent plus de
trois mois et permet de téléphoner à peu près partout dans le monde, à des prix évidemment différents. Le site de Skype indique qu'il en coûte 0,116 € la minute (TVA
incluse) vers le reste de l'Europe, ce qui assure près de 15 heures de conversation pour
10 €, 0,092 € même, si on téléphone depuis Bucarest, et 0,271 € vers un mobile. Une
communication de 10 mn avec la France revient à environ 0,1 €. En outre les conversations entre usagers de Skype sont gratuites.
Pour pouvoir bénéficier des services de Skype, il faut créer un compte. La démarche est simple : taper Skype sur Google, puis, une fois entré dans le site, cliquer sur
téléchargement. Le logiciel s'installe tout seul et offre même au départ quelques communications gratuites. Ensuite on créée son compte en choisissant une adresse internet
et on achète un crédit de 10 € avec sa carte.
Skype est aussi utilisable dans le sens France vers le reste du monde. Cela mérite
de voir de plus près les tarifs, avec quelqu'un qui s'y connaît pour savoir si cela en vaut
la peine et notamment de se faire expliquer la différence entre Skype et Skype out,
beaucoup moins cher. C'est à l'usage qu'on peut se rendre compte de son intérêt… Le
risque, si on ne prend pas d'abonnement est tout de même limité: une mise de 10 €.
Autre préoccupation, exprimant une frustration souvent exprimée par les
Francophones installés en Roumanie ou les Roumains francophones: capter les chaînes de télévision française. Un souci d'autant plus compréhensible qu'il faut bien
reconnaître que les chaines roumaines sont d'un intérêt limité et ont pris le mauvais pli
américain avec des coupures publicitaires intempestives.
Certains ont donc décidé de s'équiper pour pouvoir capter le réseau de Canal satellite. Ils ont chargé un technicien d'acheter une parabole de 90 cm et de la régler, pour
un coût global d'environ 350 €.
Proverbes de crise
E
n ces temps de crise, la seule
chose que les Roumains ne
perdent pas, c'est bien leur
sens de l'humour, comme le montrent les
proverbes suivants qu'ils ont dénaturés
(en caractère gras, le proverbe original):
-Fie pâinea cât de rea, tot mai bine-n
tara mea.
-Même si le pain de chez moi est mauvais, c'est encore celui que je préfère
-Fie painea cit de rea, tot ti-o fura cineva.
-Même si le pain de chez moi est mauvais, il y a toujours quelqu'un pour te le
voler.
depuis la Roumanie et regarder les chaines françaises
Ils ont pris un abonnement à Canal Satellite (125 € la première année, 95 € les années suivantes, 30 € de plus si on veut
les quatre chaînes cinéma du bouquet proposé). Ils ne captent
pas toutes les chaînes du réseau mais suffisamment pour
replonger dans l'atmosphère hexagonale. D'ailleurs, en consultant le site www. Bis.TV, on peut choisir un programme Canal
satellite allégé proposant jusqu'à 30 chaînes, pour un abonnement mensuel allant de 5 à 15 €. Le mieux est d'avoir recours
à un installateur (dans la région de Bucarest, on peut s'adresser
à Stefan Balanica, habitué de ce genre d'opération et parlant en
outre très bien français, tel: 0744 83 69 75), mais les bricoleurs
pourront se débrouiller par eux-mêmes.
Les plus exigeants pourront capter toutes les chaînes de
Canal Satellite. Mais il leur faudra amener un décodeur de
France, l'y faire initialiser, installer une antenne de 2 m de haut
et procéder à un câblage, et bien sûr prendre un abonnement.
Dans ce cas, l'installation peut revenir à 2-3000 €.
Autre solution, beaucoup moins onéreuse, voire gratuite:
capter sur Internet les chaînes désirées (TF1, Antenne 2, la 3,
LCP, BFM TV, etc.) et les chaînes de la TNT, et les transférer
-Omul intelept isi face vara sanie si
iarna caruta.
-Le sage fabrique son traineau l'été et sa
charrette l'hiver.
-Omul intelept isi face vara sanie si iarna
o pune pe foc.
-Le sage fabrique son traineau l'été et se
chauffe avec lui l'hiver.
-Cum iti asterni, asa dormi.
-Comme tu fais ton lit, tu te couches.
-Cum iti asterni, cum vine altul si se culca
in locul tau.
-Comme tu fais ton lit, y'a tout de suite
quelqu'un d'autre qui s'y couche.
sur son écran de télévision en se procurant un transmetteur
ordinateur-TV (de 30 à 50 €) ou, tout simplement, en reliant
les deux appareils par un câble auxiliaire (HDMI, le mieux
pour la qualité, ou VGA ou Componant, compter 40 € pour 20
mètres), l'ordinateur ayant une sortie adaptée (HDMI, etc.).
On a finalement son ordinateur sur son écran de télé et on
procède également avec la souris. L'image est quasi-parfaite si
on a une bonne connexion internet. On peut consulter la liste
des chaînes disponibles sur adsl.tv.org (plus de 9000 chaînes
accessibles d'un clic, voir le site pour le mode d'emploi), mais
aussi sur d'autres sites (playtv.fr*) et obtenir également des
chaînes étrangères et roumaines, ce qui est valable pour les
Roumanophiles de France !Autant de pistes à explorer et expérimenter. Il en existe certainement beaucoup d'autres !
*Pour regarder la télévision sur Play TV, vous devez
disposer des logiciels Adobe Flash Media Player et Windows
Media Player. Si vous disposez d'une Freebox ou d'une
Neufbox, vous avez accès à plusieurs chaînes supplémentaires.
Afin de pouvoir profiter de ces chaînes, vous devez installer le
plugin du logiciel VLC.)
Résidence des ressortissants de l'UE en Roumanie
Publiée au Journal officiel roumain du 24 juin dernier, une nouvelle ordonnance établit et complète les conditions de
libre circulation, ainsi que du droit de résidence temporaire et permanente sur le territoire roumain des citoyens de l'Union
Européenne et de l'Espace Economique Européen.
D
Capter Canal satellite ou bien brancher
son ordinateur sur son écran TV
Infos pratiques
Les NOUVELLES de ROUMANIE
roit de libre circulation sur le
territoire
roumain:
les
citoyens de l'UE et de
l'Espace Economique Européen peuvent
entrer librement en Roumanie depuis tous
les postes frontières munis d'un document d'identité valable: carte nationale
d'identité ou passeport.
Droit de résidence sur le territoire
roumain: par rapport à la réglementation
antérieure, obsolète, le délai de 15 jours
pendant lequel un citoyen européen arrivé en Roumanie devait se présenter aux
autorités roumaines pour déclarer sa présence en Roumanie a été supprimé.
Selon les nouvelles dispositions, les
citoyens de l'UE qui entrent sur le territoire roumain bénéficient d'un droit de
résidence pour une période de maximum
6 mois (par rapport au délai antérieur de
3 mois), sans devoir accomplir d'autres
formalités.
Par contre, pendant leur séjour en
Roumanie, ces citoyens de l'UE doivent
informer l'Office roumain de l'immigration, sous 30 jours, de toute modification
concernant leur état civil: nom, prénom
ou citoyenneté.
Au-delà de 3 mois, les citoyens de
l'UE peuvent bénéficier d'un droit de résidence au cas où ils se trouvent dans l'une
des situations suivantes :
- S'ils travaillent en Roumanie (activités dépendantes ou indépendantes);
- S'ils ont suffisamment de ressources pour y vivre, au moins par rapport au
revenu minimum garanti en Roumanie, et
une assurance santé reconnue par le système des assurances sociales de santé de
Roumanie.
Dans un délai de 3 mois à partir de la
date de l'entrée sur le territoire roumain,
les citoyens de l'UE qui souhaitent obtenir une carte de séjour roumaine doivent
déposer auprès l'Office roumain de l'immigration un dossier attestant qu'ils remplissent les conditions requises pour
séjourner en Roumanie. Le certificat
d'enregistrement est désormais valable
pour minimum 1 an et maximum 5 ans.
Rubrique juridique du Petitjournal
(réalisée par le cabinet Gruia Dufaut,
Avocats - Paris & Bucarest)
Les Nouvelles de Roumanie sur Internet !
Les Nouvelles de Roumanie disposent désormais d'un site internet www.lesnouvellesderoumanie.eu sur lequel vous
pouvez consulter sans exception tous les numéros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins
d'un an, réservés aux abonnés, dont les internautes peuvent cependant retrouver la présentation.
Les articles parus dans nos colonnes peuvent être repris librement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un
sens partisan ou à des fins commerciales, et en précisant leur source. Nous voulons ainsi répondre aux sollicitations de lecteurs, d'associations, de comités de jumelage, de chercheurs, d'étudiants, etc., qui souhaitent se servir de cette base de données pour leurs travaux, leurs bulletins, et que nous mettons volontiers à leur disposition.
www.lesnouvellesderoumanie.eu
53
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Blagues à la roumaine
Humour
Promesses
Basescu se rend chez le médecin :
-Docteur, j'ai un mal de dos qui m'ennuie beaucoup.
-Vous avez fait des efforts dernièrement, augmenté votre activité.
-Ben oui, j'ai augmenté les prix.
-Quoi encore ?
-Les taxes aussi.
-Il faut arrêter immédiatement !
-Ah ben çà tombe bien… moi qui
avait promis d'augmenter les salaires !
Pro
Gheorghe entre dans un magasin
d'articles de chasse:
-Bonjour, vous avez des tenues de
camouflage ?
-Oui… mais on ne les retrouve plus.
se, dit à son amant :
-Oh, mon amour, comme j'aimerais
que tu me présentes à ta famille.
-C'est impossible ma chérie; mes
enfants sont à la campagne avec leur
grand-mère et ma femme partie faire un
stage à l'étranger.
Expéditif
Le pope se presse de terminer la
messe d'enterrement d'un Tsigane pour ne
pas rater une minute de Steaua-Dinamo,
télévisé en direct. Sur le chemin du cimetière, il accélère de plus en plus, laissant
loin derière lui le cortége essouflé. Un
proche du défunt le rattrape au pas de
course et le supplie humblement:
-Mon Père, ce n'est pas la peine d'aller aussi vite... On ne l'a pas volé.
Confraternité
Vertus
54
Après un terrible accident d'autocar
qui envoie toute l'équipe de football roumaine au paradis, son capitaine frappe à
la porte de Saint Pierre pour demander la
permission d'entrer :
-Oh là, pas si vite… je vous ai entendu tous jurer sur les terrains !
-Bon, c'est vrai… Mais au moins, on
n'a jamais battu personne !
Apparences trompeuses
Un homme entre dans le cabinet d'un
psychiatre, avec un câble de l'épaisseur
d'une laisse entre les dents et tout un
fourbi sous les bras.
-Oh, regardez le petit chaton qui
vient chez nous, entre mon mignon…
L'homme ne bronche pas, inspecte la
pièce et se dirige vers un coin.
-Non, je vois que tu es un petit chienchien à sa maman qui veut faire ses
besoins. Attends je vais te chercher une
caisse.
L'homme pose son fourbi et son
câble:
-T'arrête tes conneries et tu me dis où
je t'installe internet ?
Bonnes raisons
Après une aventure de deux mois, une
jeune maîtresse, dans un élan de tendres-
Maria vient à la confesse :
-Mon Père, j'ai pêché avec le pope de
la paroisse voisine…
-Ah ben çà, ce n'est pas bien. Pour ta
punition, tu réciteras 30 pater noster… et
la prochaine fois, n'oublies pas que ta
paroisse, c'est ici !
Robinson
Naufragé depuis des années sur une
île déserte, un marin roumain voit s'approcher un bateau arborant les couleurs
de son pays. Il saute de joie, fait des
grands signes et une barque vient le sauver. A bord, il demande au capitaine de
lui communiquer les derniers journaux
roumains en sa possession. Après une
lecture rapide, il soupire: "Je vous en
prie… ramenez moi sur mon ilot ".
Monnaie d'échange
Parti travailler à l'étranger, Ion écrit à
sa femme: "Ma chérie, ce mois-ci je ne
peux pas t'envoyer d'argent, mais je t'envoie cent baisers. Tu es mon grand
amour! Ton mari".
Quelques jours plus tard, il reçoit la
réponse: "Tu trouveras ci-dessous les
comptes du mois:
Le laitier a bien voulu me faire crédit
pour deux baisers, l'électricien en a récla-
mé 7, le propriétaire est passé tous les
jours pour encaisser le loyer et çà m'a
coûté chaque fois 2 à 3 baisers. Pour les
dépenses courantes, il m'a fallu encore 40
baisers…si bien qu'il ne me restait pratiquement plus rien pour faire les courses
au supermarché et que j'ai dû donner
autre chose, mais le directeur est très gentil et il remplit mon caddy chaque fois
que j'y retourne.
Est-ce que tu peux me dire ce que tu
veux manger quand tu vas revenir?
Ta petite femme qui t'adore et te couvre
de baisers".
Elle est bien bonne !
Faisant la queue depuis des heures,
sous Ceausescu, un plaisantin blague:
-Quelle est la différence entre un
cochon et une charcuterie ?
C'est simple, le cochon il a une petite queue et beaucoup de viande, tandis
qu'à la charcuterie…
Un “camarade" dans la queue
enchaîne: -Et qu'elle est la différence
entre une montre et toi ?
-Alors là, je cale… Je ne sais pas !
-C'est simple… Une montre, elle
marche toute seule, tandis que toi, tu
marches avec moi jusqu'au commissariat.
Suis-moi !
Pas de doute
Bula chez le médecin :
-Docteur, je me sens mal à l'aise, je
ne suis jamais sûr de moi…
-Ne t'en fais pas mon garçon, il n'y a
que les imbéciles qui sont sûrs d'euxmêmes !
-Vous êtes sûr docteur ?
-Absolument !
ABONNEMENT
CHANGE*
(en nouveaux lei, RON**)
Euro
Franc suisse
Dollar
Forint hongrois
= 4,24 RON
(1 RON = 0,24 €)
= 3,70 RON
= 2,94 RON
= 0,02 RON
(1 € = 272 forints)
*Au 27 août 2011 ** 1 RON = 10 000 anciens lei
Les NOUVELLES
de ROUMANIE
Numéro 67, sept.-Oct. 2011
Permis de tuer
Maria vient de passer son permis et
conduit pour la première fois en compagnie de son mari. Au bout d'un moment,
celui-ci explose :
-Tu ne peux pas aller moins vite!
C'est la troisième fois que tu manques de
me tuer !
-Je t'en supplie mon chéri… Donnemoi encore une chance !
Infos pratiques
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Laurent Courderc, Jonas Mercier,
Marion Guyonvarch, Claire Gallen,
Benjamin Ribout, Mircea Vasilescu,
Jean-Arnault Dérens, Laurent Geslin,
Iulia Badea Guéritée, Sergiu Rusu,
Isabelle Wesselingh, Grégoire Allix,
Cordelia Bonal, Vincent Lefeuvre,
Ovidiu Nahoi, Ion Ionita, Mirel Bran,
Bernard Camboulives, Gazdaru, Rif,
Philippe Dagen, Vali.
Autres sources: agences de presse et
presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions
roumaines, Roumanie.com, Le
Courrier des Balkans, sites internet.
Impression: Helio Graphic
2 rue Gutenberg
44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex
Numéro de Commission paritaire:
1112 G 80172; ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: nov. 2011
Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle,
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Associations et particuliers : 80 € TTC / an
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Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous
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Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est
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Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à
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Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas
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Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les
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directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui
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44 300NANTES - France.
55
Les NOUVELLES de ROUMANIE
J'ai même rencontré
des Moldaves heureux
V
italie court. Il n'arrête d'ailleurs pas de la journée. Distiller sa tsuica, arroser le potager,
répondre au téléphone, filer donner un coup de main à un collègue, laver les tonneaux où
il stockera sa piquette, soigner ses arbres fruitiers, tondre la pelouse, enfourcher sa motocyclette pour
aller récupérer Lucia, sa femme, à la sortie du travail, terminer le kiosque installé dans le jardin. Le
Moldave apparaît par une porte pour disparaître ranger la cave et ressortir au milieu de son carré de pommes de terre. Vitalie donne
le tournis. Impossible de lui mettre la main dessus… si sa forte voix ne lui servait de bracelet électronique, à moins que ce ne soit
les airs qu'il entonne avec entrain. D'ailleurs peut-être s'entraîne-t-il ainsi pour la noce du samedi suivant qu'il animera jusqu'à six
heures du matin, à la tête de son petit orchestre de copains, ramenant un cachet d'environ 80 € à la maison.
Vitalie le Moldave, 43 ans, est un phénomène. Toujours joyeux, gai comme un pinson. Difficile d'imaginer plus Roumain dans
cette petite Moldavie, où les Russes frappent par leur réserve. D'ailleurs il a obtenu la double nationalité, après 4 à 5 aller-retours
à Bucarest. Vitalie est curieux de tout, sautant d'une idée à l'autre, ouvert à tous avec son large sourire engageant qu'on trouverait
un peu roublard si on ne comprenait vite qu'il n'est que l'expression d'un cœur "gros comme çà".
Vitalie est cuisinier à la coopérative vinicole d'état de Milestii Mici - le petit Milestii. Pas si petit que çà ! Sa commune natale est célèbre à travers toute la Moldavie et connue des œnologues de la planète entière. Sous le village courent 60 km de galeries.
Autant de caves que l'on sillonne en camions ou voitures, qui abritent la plus grande vinothèque du monde. Deux millions de bouteilles des meilleurs crûs, conservées au minimum 25 ans pour le blanc et 50 ans pour le rouge. Vitalie est très fier de la faire découvrir. Il s'arrange pour faire passer la voiture de ses hôtes en tête de la colonne de visiteurs, les faisant profiter des passe-droits des
cortèges officiels, "confisquant" leur guide et ses explications pour l'installer à ses côtés.
Qu'y a-t-il de mieux que de cultiver son jardin ?
56
Voici 3-4 ans, un Allemand a eu le coup de foudre pour le
village et a proposé d'y lancer le tourisme rural. Une nouveauté, un mot presque inconnu ici. Il promettait de fournir les
matériaux pour transformer une vingtaine d'habitations en gîte
rural… Aux propriétaires d'entreprendre les travaux. Le nombre a été ramené à dix, puis à cinq... avant que le "mécène" ne
disparaisse.
Aujourd'hui, seules deux pensions subsistent réellement à
Milestii Mici dont, bien sûr, celle de Vitalie, immédiatement
partant. Le Moldave ne s'est pas découragé. Son énergie et son
imagination ont fait merveille. Le cuisinier s'est fait plombier,
électricien, menuisier, décorateur, pour aménager une partie de
sa maison en chambre d'hôte indépendante, engageant les économies du couple ou empruntant à hauteur de 3000 €.
L'endroit est devenu un petit paradis, immergeant le touriste
dans la Moldavie traditionnelle. Un adorable jardin lui permet de se reposer sur une balancelle à l'ombre des arbres fruitiers et d'un
puits artésien. Lucia, 38 ans, technicienne à la coopérative, le principal employeur de la commune, a brodé napperons, tapis, en
dentelle et macramé, apportant une chaleur intérieure à la maisonnette.
La petite pension, portant le nom des deux enfants, Ioan 17 ans et Doina 14 ans, a ouvert en 2009, une bonne année. Mais
déjà la crise pointait son nez et 2010 s'est révélée franchement médiocre, 2011 ne promettant pas d'amélioration. Pourtant Vitalie
ne ménage pas sa peine pour faire connaître l'adresse: publicité à la coopérative, CD de promotion fourni aux agences tourisme.
Qu'importe ! Le regard de Vitalie se met à pétiller lorsqu'il évoque les quelques Français, Allemands, Belges ou Suisses hébergés,
devenus souvent des amis.
Le couple vit avec 220 euros de revenus mensuels. Vitalie, comme nombre de Moldaves aurait pu quitter son pays considéré
comme le plus pauvre du continent, et aller monnayer ses nombreux talents à l'étranger ? Apprendre de nouvelles techniques pour
trouver de nouvelles idées n'aurait d'ailleurs pas été pour lui déplaire. Mais un simple coup d'œil suffit à le convaincre… Lucia
s'affaire à remplir les pots de confitures maison, les conserves de fruits et légumes qu'elle fera goûter à ses hôtes. Il doit terminer
la charrette qu'il a entrepris de garnir de pétunias, giroflées, pots de géranium. Ioan s'apprête à disputer un match de foot. Doina,
papote sur son mobile avec ses copines ou leur envoie des messages sur Face book … Alors, pourquoi aller cultiver le jardin des
autres ? J'ai même rencontré des Moldaves heureux !
Henri Gillet