Cancers du sein
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frm_5897_couvOK_baf 18/12/03 11:56 Page 1 RECHERCHE & SANTÉ L a r e v u e d e l a F o n d at i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e p. 8 Vers des traitements plus personnalisés Cancers du sein n° 97 / 1er trimestre / janvier 2004 / 2,29 u Vos dons en action p. 20 Maladies cardio-vasculaires : enjeux de la recherche médicale p. 24 Point de vue p. 26 Peut-on breveter le vivant? Avec Maurice Cassier La Fondation à l’écoute p. 28 Journées de la FRM : à la rencontre des chercheurs p. 28 Questions-réponses p. 36 54, rue de Varenne 75007 Paris Tél. : 01 44 39 75 75 - www.frm.org ÉDITORIAL La recherche en prévention D DR ans la mythologie grecque, Asclépios, le dieu de la Médecine, a deux filles : Panacée (les soins, les médicaments) et Hygie (l’hygiène, la prévention). Au cours de l’Histoire, l’accent a été mis alternativement sur l’un ou l’autre de ces deux aspects de la médecine. À la fin du XIXe siècle, avec les découvertes de Pasteur sur les agents infectieux, les mesures de prévention sanitaire se sont développées. C’est l’hygiène qui a changé la condition humaine (le savon, les vaccins, la lutte contre les vecteurs de maladies, tels que les moustiques dans la lutte contre le paludisme). Au milieu du XXe siècle, la découverte des antibiotiques, les progrès de la biologie moléculaire ont, au contraire, mis les soins sur le devant de la scène, et ce n’est pas un hasard si, en 1945, à la création de la Sécurité sociale, la branche médicale s’est appelée la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), et non d’assurance santé. Depuis une vingtaine d’années, le balancier revient vers la prévention : l’épidémiologie a montré que les deux tiers des décès prématurés (avant 65 ans) par cancer ou par maladie cardio-vasculaire seraient potentiellement évitables grâce à quelques règles simples : ne pas fumer, boire modérément, surveiller son poids et son alimentation, faire chaque jour un exercice, par exemple marcher pendant une demi-heure. Chacun connaît ces règles et, cependant, elles sont peu appliquées : à 20 ans, la moitié des Français fume, la consommation d’alcool augmente chez les jeunes, l’obésité est de plus en plus répandue. En d’autres termes, les messages ne passent pas. Ce constat impose une stratégie ambitieuse où la recherche devrait jouer un rôle prédominant : mieux définir les groupes vulnérables, par exemple en fonction de l’alimentation ; développer les enquêtes psychosociologiques afin de comprendre pourquoi certains secteurs de la population (les plus démunis, les moins instruits, les plus fragiles) sont imperméables aux recommandations sanitaires, bien qu’ils connaissent les conduites à risques ; rechercher comment on peut, dès le plus jeune âge, chez l’enfant, développer le sentiment de responsabilité envers son propre corps. L’exemple de certains pays (la Suède, la Finlande, la Grande-Bretagne) montre que l’éducation à la santé, malgré ses difficultés, peut réussir. Mais il faut apprendre aux parents, aux enseignants et aux médecins à dispenser cette éducation. Ainsi, la réussite d’une politique de prévention dépend des moyens qui y sont consacrés. Si d’autres pays y sont parvenus, il dépend de nous de réussir à notre tour. 2 Maurice Tubiana, directeur honoraire de l’Institut Gustave-Roussy, membre de l’Académie des sciences, membre et ancien président de l’Académie de médecine. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 Recherche & Santé est la revue trimestrielle de la Fondation Recherche Médicale. Directeur de la publication: Pierre Joly, Président de la Fondation Recherche Médicale Directeur général: Éric Palluat de Besset Comité de rédaction: Pr Claude Dreux Joëlle Finidori Agnès Lara Marie-Françoise Lescourret Marielle Mayo Catherine Monnier Éric Palluat de Besset Claude Pouvreau Périodicité trimestrielle Copyright: la reproduction des textes, même partielle, est soumise à notre autorisation sur demande écrite préalable. Ont participé au dossier: Marc Espié Jean-Yves Bobin Pascale Romestaing Pierre Kerbrat Patricia de Cremoux Michel Marty François Bertucci Nicole Alby Jean Masson Ont participé à la rédaction: Louise Blottière (dossier) Clara Delpas Corinne Drault Chantal Guéniot Martine Lochouarn Photo de couverture: ISM/Sovereign Conception, réalisation: 26, rue du Sentier 75002 Paris (réf. 5897) Imprimeur: Tiempo 4, rue de Saône- 75014 Paris Usine: Carretera de Ajalvir 28864 Ajalvir Madrid- Espagne. Date et dépôt légal à parution: ISSN 0241-0338 Dépôt légal n° 8117 Numéro CP 62273 ✍ Pour tous renseignements ou si vous souhaitez vous abonner, adressez-vous à: Fondation Recherche Médicale 54, rue de Varenne 75007 Paris Service donateurs: 0144397576 Information scientifique: 0144397592 Publication: 0144397565 Prix de l’abonnement pour 4 numéros: 9,15 € Chèque à l’ordre de la Fondation Recherche Médicale Site Internet: www.frm.org La Fondation Recherche Médicale, établissement reconnu d’utilité publique par décret du 14 mai 1965, est membre fondateur du Comité de la Charte de déontologie des associations humanitaires. SOMMAIRE 4 É CHOS SCIENTIFIQUES Les métastases ganglionnaires détectées grâce à l’imagerie, une stratégie pour réparer la moelle épinière, deux nouvelles études sur les risques du traitement hormonal… À la découverte des recherches en cours. Page 7 CNRI Deux nouvelles études sur les risques du traitement hormonal. 8 D OSSIER Les cancers du sein Première cause de mortalité des femmes avant 65 ans, les cancers du sein ne sont jamais identiques. Il n’existe pas un traitement unique qui soit efficace sur tous les types de cancers. L’enjeu de la recherche est donc de cibler et de personnaliser les thérapies. 10 Une armada de traitements Dossier réalisé avec la collaboration du Dr Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. 15 Dépistage systématique… et après? BSIP/Laurent/Muriel L’avis du Dr Marc Espié. 16 Avec le concours du Pr Michel Marty et du Dr François Bertucci. Page 10 - Les femmes de plus de 50 ans peuvent bénéficier 18 d’un dépistage gratuit tous les deux ans. Cibler les traitements anticancéreux Panser ses blessures pour retrouver le sourire 20 V OS DONS EN ACTION Dans cette rubrique, la Fondation Recherche Médicale présente chaque trimestre une sélection des 700 travaux qu’elle soutient annuellement. 20 21 22 Page 21 DR Valérie Geoffroy et son étudiant, Didier Merciris, travaillent sur les mécanismes de l’ostéoporose. 23 24 Alzheimer: repérer les déficits d’attention au plus tôt Ostéoporose: élaborer de nouvelles stratégies thérapeutiques Le virus de l’hépatite C bientôt plus facile à démasquer? Deux études sur le rôle protecteur des aliments Maladies cardio-vasculaires: la FRM au cœur de la recherche 26 P OINT DE VUE Peut-on breveter le vivant? Entretien avec Maurice Cassier, sociologue au CNRS. 28 L A F ONDATION 28 29 31 Stéphane Laure 32 Page 28 - Anne Roumanoff, la marraine des Journées, 33 À L ’ ÉCOUTE Journées de la FRM : le public à la rencontre des chercheurs Anne Roumanoff, une marraine très engagée Les comités de la FRM très actifs du nord au sud Rencontre Santé: peut-on soigner les troubles du sommeil? Chronique d’une substance cancérigène annoncée 36 Q UESTIONS - RÉPONSES Avec le Pr Ph. Chanson et Pierre Joly, le président de la Fondation Recherche Médicale. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 3 ÉCHOS SCIENTIFIQUES MALADIES INFECTIEUSES Parce que nous souhaitons vous communiquer une information de qualité, hors des «effets d’annonce», indépendante des intérêts financiers, nous avons rassemblé, dans cette rubrique, les échos scientifiques et les faits les plus marquants de la recherche médicale mondiale de ces derniers mois. Une stratégie pour réparer la moelle épinière, une protéine au cœur des douleurs neuropathiques, les métastases ganglionnaires détectées grâce à l’imagerie, deux nouvelles études sur les risques du traitement hormonal de la ménopause… À la découverte des recherches en cours. Une nouvelle stratégie pour réparer la moelle épinière Un test lumineux P BSIP/Laurent/Vogin Lorsque la moelle épinière est atteinte, la paralysie est irréversible. 4 les influx nerveux jusqu’aux nerfs qui commandent les mouvements des membres. Si la moelle est réellement lésée, la paralysie est irréversible. En effet, les neurones qui passent dans la moelle sont incapables de se régénérer, car la cicatrice dense et impénétrable formée par l’accumulation des cellules qui les entourent (les cellules gliales) leur fait obstacle. En travaillant sur des souris génétiquement modifiées, l’équipe d’Alain Privat (unité Inserm 583, à Montpellier) a pu établir que deux protéines sécrétées par les cellules gliales sont responsables de cette réaction cicatricielle. Les chercheurs ont créé des souris transgéniques dépourvues des gènes permettant la fabrication de ces deux protéines. Après section de leur moelle épinière, non seulement ces souris n’ont pas formé de cicatrice, mais leur lésion a été réparée et elles ont récupéré leur capacité de mouvement. Cette découverte permet d’espérer aujourd’hui des traitements pour prévenir la formation de la cicatrice gliale et rétablir la connexion Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 interrompue après un traumatisme. L’équipe d’Alain Privat travaille actuellement avec l’équipe de Jacques Mallet, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), sur un procédé de thérapie génique destiné à bloquer transitoirement la production des deux protéines en cause. Ces résultats pourraient également avoir des implications pour d’autres maladies marquées par une réaction cicatricielle des cellules gliales, comme la maladie de Parkinson. ■ Paraplégie : paralysie touchant les deux membres inférieurs. Tétraplégie : paralysie touchant simultanément les quatre membres. Cellules gliales : appartenant au tissu de soutien de la moelle épinière, elles ont une fonction de protection des neurones. Source: PNAS, juillet 2003. La Fondation Recherche Médicale a soutenu ces travaux de recherche à plusieurs reprises pour un montant global de 64000 euros. Elle a notamment aidé à l’installation du laboratoire d’Alain Privat et à son équipement. Quand la douleur naît de l’atteinte d’un nerf L Colibacille (Escherichia coli) : bactérie de la flore intestinale. C’est aussi le germe infectieux le plus courant chez l’homme, à l’origine de diarrhées (turista), d’infections urinaires, etc. orsqu’un nerf a été endommagé, par exemple par un traumatisme (section ou pincement…), une infection (zona…), l’alcoolisme ou encore le diabète, il transmet parfois de manière erronée les messages sensitifs jusqu’au cerveau. Cela peut se traduire par des douleurs très fortes après un stimulus anodin, comme un simple effleurement de la peau. Ces douleurs, dites neuropathiques, sont très difficiles à traiter et leur mécanisme restait totalement mystérieux jusqu’à présent. Des chercheurs de l’Institut national des sciences de la santé, à Tokyo (Japon), viennent d’identifier une protéine qui semble jouer un rôle essentiel : le purinorécepteur P2X4. Cette protéine est produite par les cellules qui entourent les neurones de la moelle épinière et régulent leur activité. Les chercheurs ont montré qu’après section d’un nerf, chez des rats, ces cellules, et donc les récepteurs P2X4 qu’elles portent à leur surface, s’accumulent dans la région de la moelle où arrivent les fibres du nerf sectionné. Le seul fait d’injecter des cellules dans la moelle de rats normaux reproduit les douleurs neuropathiques. En revanche, ces douleurs disparaissent lorsqu’on bloque cette protéine. Celle-ci constitue ainsi une cible de choix pour un futur médicament contre ces douleurs exacerbées et rebelles. ■ Sources: Science, juillet 2003. Source: Nature, août 2003. CNRI PARAPLÉGIE lus de 40 000 personnes en France sont paraplégiques ou tétraplégiques et, chaque année, les accidents de la route ou autres chutes génèrent 1 500 nouveaux cas de handicaps moteurs. Chez les personnes atteintes, la moelle épinière blessée ne peut plus conduire NEUROLOGIE Des lymphocytes B ont été programmés pour émettre un signal lumineux en présence d’un agent pathogène. L e diagnostic de maladies infectieuses comme la pneumopathie atypique (SRAS) ou la détection d’agents du bioterrorisme comme le bacille du charbon (anthrax) auraient tout à gagner de la mise au point de tests rapides et efficaces. Celui qu’une équipe américaine vient d’élaborer émet un signal lumineux en présence d’un virus ou d’une bactérie. Le système est constitué de cellules immunitaires (lymphocytes B) «programmées» pour reconnaître spécifiquement un agent pathogène prédéterminé. L’astuce est d’avoir modifié génétiquement ces cellules de manière à leur faire fabriquer une protéine originaire d’un poisson tropical aux propriétés étonnantes : en présence de calcium, elle émet de la lumière (bioluminescence). C’est ce qui se produit lorsque ces cellules entrent en contact avec l’agent pathogène: leur teneur en calcium augmente et elles deviennent lumineuses. Ce système sensible – il est capable de détecter le colibacille en moins de cinq minutes quand il en faut trente à soixante par les techniques habituelles – a été baptisé Canary (Cellular analysis and notification of antigen risks and yields). Son champ d’application est vaste : diagnostic médical, défense contre la guerre bactériologique, contrôle qualité de la nourriture et de l’eau… ■ Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 5 ÉCHOS SCIENTIFIQUES La dépression, un trouble Un coin du voile est levé sous influence… génétique Le traitement hormonal substitutif (THS) prescrit après la ménopause a fait l’objet de deux nouvelles études: la première est française et porte sur le mode d’administration; la seconde est britannique et porte sur le risque de cancer du sein. PSYCHIATRIE TRAITEMENT HORMONAL L’ostéopontine stimule la destruction du tissu osseux. D ans la polyarthrite rhumatoïde, les structures articulaires (synoviale, cartilage, os) sont détruites par les propres défenses immunitaires de l’organisme : c’est une maladie auto-immune. Une équipe japonaise vient de dévoiler un maillon essentiel dans cette «erreur» du système immunitaire. Il s’agit d’une molécule abondante dans l’os, l’ostéopontine, qui stimule chez les malades la résorption osseuse et la réaction inflammatoire articulaire. Les replis de cette molécule dissimulent un récepteur particulier, qui ne devient apparent qu’après découpage de la molécule par une enzyme. L’ostéopontine, ainsi clivée, est présente à des taux plus élevés dans les articulations en cas de polyarthrite rhumatoïde. En masquant ce récepteur, les chercheurs ont pu neutraliser l’action de l’ostéopontine et prévenir la polyarthrite chez des souris. Une découverte qui ouvre de nouvelles pistes thérapeutiques pour agir au cœur même du mécanisme de la maladie. ■ Résorption osseuse: destruction du tissu osseux vieilli. Source : Journal of clinical investigation, septembre 2003. 6 De nouvelles évaluations des risques Neurotransmetteur: messager chimique impliqué dans la communication entre neurones. Source : Science, juillet 2003. Les métastases ganglionnaires détectées grâce à une technique d’imagerie CANCER C ertains cancers de la prostate évoluent très lentement et peuvent, de ce fait, être traités de manière moins agressive. Le choix d’un traitement dépend pour beaucoup de la présence de facteurs de gravité et, en particulier, d’un envahissement des ganglions. On le recherche actuellement en prélevant et en examinant les ganglions, technique assez lourde, qui ne permet pas d’explorer tous les ganglions. Des chercheurs américains et hollandais ont mis récemment au point une technique d’imagerie par résonance magnétique (IRM) qui permet de détecter 100% Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 des métastases ganglionnaires. L’IRM est associée à l’injection de minuscules particules qui s’accumulent dans les ganglions atteints par les métastases. Cette méthode pourrait être appliquée à d’autres cancers. Elle pourrait conduire également à de nouveaux traitements, couplant des médicaments à ces particules pour atteindre spécifiquement les ganglions malades. ■ Métastases : foyers de cellules cancéreuses apparaissant à distance de la tumeur initiale. Source : New England Journal of Medicine, juin 2003. Phanie/Voisin CNRI/Barts Pictures I l est fréquent qu’un deuil ou la perte d’un être cher déclenchent une dépression. En étudiant un groupe de 850 jeunes gens de 26 ans qu’elle suivait depuis la naissance, une équipe internationale a constaté que le risque de développer une dépression était plus élevé chez les sujets présentant une version anormalement courte d’un gène. Celui-ci intervient dans l’action d’un neurotransmetteur, la sérotonine, dont l’implication dans les troubles de l’humeur est connue. Le travail de cette équipe explique aussi pourquoi le rôle de ce gène trop court dans la dépression n’avait jamais pu être démontré: il n’agirait qu’en conjonction avec des événements extérieurs, lesquels n’étaient jusqu’à présent pas pris en compte. Ces données démontrent l’action conjointe de la génétique et de l’environnement dans la dépression. ■ La prise d’un traitement hormonal par patch entraînerait moins de risques d’accident cardiovasculaire que la prise orale. I l y a quelques années, le traitement hormonal substitutif (THS) était vivement conseillé aux femmes ménopausées pour prévenir des troubles tels que les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur et, surtout, l’ostéoporose. Mais dans les derniers mois, la publication d’une vaste étude américaine, qui a fait apparaître un surcroît de risques d’accident cardio-vasculaire lié au THS, a fait grand bruit. Ce risque, par ailleurs spécifique aux États-Unis (voir Recherche & Santé n° 95), est-il influencé par le mode d’administration du traitement ? C’est ce qu’a voulu savoir une équipe de recherche française dirigée par Pierre-Yves Scarabin. Soutenue par la Fondation Recherche Médicale, elle cherchait à établir si le risque de thrombose veineuse était plus élevé chez les femmes recevant un THS sous forme orale que chez celles traitées par voie transdermique (gel ou patch). Entre 1999 et 2002, 536 femmes ont été suivies, dont certaines avaient déjà présenté un premier épisode de thrombose veineuse. Ce travail a permis d’établir que seule la prise orale est associée à une augmentation du risque de formation de caillot, la prise transdermique apparaissant comme une alternative plus sûre. Mais qu’en est-il du risque de cancer du sein, également mis en avant par plusieurs études ? L’étude Million Women Study, qui a porté sur plus d’un million de femmes britanniques âgées de 50 à 64 ans, vient de montrer qu’il varie en fonction de la nature du traitement. En l’absence de THS, 50 femmes sur 1 000 développent un cancer du sein entre 50 et 65 ans ; le recours, pendant dix ans, à une combinaison de deux types d’hormones féminines (œstrogènes et progestatifs) entraînerait 19 cas supplémentaires de cancer du sein, contre 5 cas supplémentaires pour un traitement à base d’œstrogènes seuls – un risque moindre mais non absent. Bien sûr, on ne peut ignorer ces nouvelles données, mais il faut noter que cet impact négatif du THS est négligeable les cinq premières années du traitement et se manifeste surtout chez les femmes les plus âgées. En France, il est recommandé d’évaluer au cas par cas l’intérêt du THS, compte tenu du rapport bénéfice/risque, et de réévaluer ce risque après cinq années de traitement. ■ Thrombose veineuse: occlusion brutale d’un vaisseau (souvent l’artère pulmonaire) due à la migration dans la circulation sanguine d’un caillot sanguin formé dans une veine. Sources: The Lancet, août 2003. CNRI POLYARTHRITE RHUMATOÏDE L’ostéoporose est un des troubles traités par le THS. La Fondation Recherche Médicale a financé l’étude Esther coordonnée par Pierre-Yves Scarabin durant trois ans pour un montant global de 206355 euros (1,3 million de francs). Cette étude visait à déterminer si l’administration transdermique (patch ou gel) des œstrogènes pouvait réduire le risque de thrombose chez les femmes recevant un traitement hormonal substitutif de la ménopause. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 7 DOSSIER Grâce à la mammographie, les tumeurs du sein peuvent être détectées à un stade très précoce. Vers des traitements plus personnalisés Obésité : LES CANCERS DU SEIN Quand un cancer du sein est diagnostiqué, la réponse médicale est prompte et pluridisciplinaire. La masse tumorale est ôtée chirurgicalement, puis la chasse est donnée aux éventuelles cellules cancéreuses restantes : elles sont détruites par des rayons X ou attaquées par différentes substances chimiques. Mais il n’existe quasiment pas deux cancers semblables, et une thérapie efficace sur l’une peut être inopérante sur l’autre… D’où l’espoir mis dans le ciblage des traitements, domaine que la recherche est en train d’explorer. UNE ARMADA DE TRAITEMENTS p. 10 DÉPISTAGE SYSTÉMATIQUE… ET APRÈS ? p. 15 CIBLER LES TRAITEMENTS ANTICANCÉREUX p. 16 CNRI/GJLP PANSER SES BLESSURES POUR RETROUVER LE SOURIRE p. 18 8 Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 9 D O S S I E R Les modes d’action des hormonothérapies Les cancers du sein Avec le concours du Dr Patricia de Cremoux, laboratoire de physiopathologie et pharmacologie, Institut Curie (Paris). Dossier réalisé en collaboration avec le Dr Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. 1) Synthèse des œstrogènes Une armada de traitements C BSIP/Laurent/Muriel hez les femmes des pays occidentaux, les cancers du sein détiennent un triste palmarès : ce sont les cancers les plus fréquents et la première cause de décès par cancer. La grande majorité d’entre eux – les carcinomes – débutent dans les lobes de la glande mammaire producteurs de lait et dans les canaux qui véhiculent le lait jusqu’au mamelon. «Avec le temps, des mutations s’accumulent dans le génome des cellules qui se mettent à proliférer de manière anormale puis acquièrent un pouvoir métastatique (la capacité d’aller coloniser d’autres tissus) qui fait toute la dangerosité de ces cancers», explique le Dr Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein à l’hôpital SaintLouis, à Paris. Il est donc essentiel de détecter les tumeurs à un stade très précoce. La mammographie, en voie de devenir un examen systématique pour toutes les femmes de plus de 50 ans, grâce au plan cancer (voir aussi Opinion page 15), remplit efficacement cet office. La fréquence des cancers du sein augmentant avec l’âge, et surtout après la ménopause, le dépistage gratuit tous les deux ans est proposé, en France, à toutes les femmes de 50 ans et plus depuis le 1er janvier 2004. Chez certaines femmes, toutefois, la préexistence de mutations clés (prédisposition génétique) accélère le processus de formation des tumeurs, et le dépistage doit donc commencer plus tôt (voir encadré Prédisposition génétique page 14). De nombreux facteurs de risque is à part l’âge et les prédispositions génétiques, d’autres facteurs de risque M ont été avancés, comme certaines maladies bénignes (par exemple, un kyste ou une tumeur bénigne du sein), la consommation d’alcool et l’obésité chez la femme ménopausée. La vie génitale joue aussi un rôle : des premières règles précoces ou une ménopause tardive augmentent le risque de cancer tandis que des grossesses précoces ou nombreuses le diminuent. «La pilule est globalement innocentée : toutes femmes confondues, elle n’augmente pas le risque de cancer du sein. Il reste cependant une incertitude pour les adolescentes et les femmes prédisposées génétiquement, indique le Dr Espié. Les traitements hormonaux substitutifs (THS), eux, favorisent, chez un faible pourcentage de femmes, la multiplication de cellules cancéreuses préexistantes, mais leurs effets cessent avec l’interruption du traitement [voir Échos scientifiques page 7].» Enfin, le mode de vie lui-même (alimentation, influences culturelles…) a un impact sur la genèse du cancer mammaire. «Le mode de vie français pourrait d’ailleurs, en s’éloignant du modèle latin (grossesses plus précoces et plus nombreuses, alimentation de type méditerranéen) et en se rapprochant du modèle anglo-saxon, expliquer, Les œstrogènes sont des hormones, c’est-à-dire des messagers chimiques, qui jouent un rôle important dans le développement des caractères sexuels féminins, la reproduction ainsi que d’autres mécanismes. Chez la femme non ménopausée, ils sont synthétisés par les ovaires, sous le contrôle de l’hypothalamus, centre de commande des sécrétions hormonales situé à la base du cerveau et dont les «ordres» sont d’abord transmis par le biais d’une hormone, la LHRH (Luteinizing hormone releasing hormone), à l’hypophyse, une petite glande située juste en dessous, avant d’être répercutés aux ovaires. Chez la femme ménopausée, les œstrogènes proviennent de la transformation des androgènes (sécrétés par les glandes surrénales) par une enzyme, l’aromatase, principalement retrouvée dans le tissu graisseux. Modes d’action des hormonothérapies Les œstrogènes favorisent la croissance de certaines cellules tumorales mammaires. Différentes stratégies ont été élaborées pour interrompre cet effet: les analogues de la LHRH et les progestatifs agissent au niveau des structures cérébrales pour interrompre la synthèse ovarienne; les inhibiteurs de l’aromatase empêchent l’aromatase d’effectuer la conversion des androgènes en œstrogènes; et les anti-œstrogènes comme le tamoxifène agissent directement au niveau des cellules tumorales, en bloquant le mécanisme d’action des œstrogènes. 2) Étapes de la formation d’une tumeur Initiation: à l’origine, une lésion dans le patrimoine génétique d’une cellule déclenche une multiplication cellulaire incontrôlée, la prolifération tumorale. État précancéreux (dysplasie): en proliférant, les cellules tumorales cumulent d’autres anomalies génétiques (mutations). Leur comportement se dérègle. Cancer non invasif: la tumeur est encore limitée au tissu d’origine. Elle se vascularise. Formation des métastases: des cellules cancéreuses migrent via la circulation sanguine et colonisent d’autres organes. ●●● Les femmes de plus de 50 ans peuvent bénéficier d’un dépistage gratuit tous les deux ans. 10 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 Génome: ensemble des gènes d’un organisme. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 11 D O S S I E R Les cancers du sein En chiffres «Aujourd’hui, grâce à un repérage de type scanner, les toxicités liées à l’irradiation sont négligeables» ●●● L’offensive chirurgicale e premier angle d’attaque de la tumeur mammaire est généralement chirurgical. L«Pionnière dans le domaine de la chirurgie BSIP/Ermakoff conservatrice, la France a commencé dès les années 1960-1970 à préférer l’ablation chirurgicale de la tumeur seule (tumorectomie) à celle du sein dans sa totalité (mastectomie totale) : quand la taille de la tumeur le permet, elle est ôtée, et le sein est conservé», explique le Pr Jean-Yves Bobin, chef du service chirurgie-oncologie du centre hospitalier Lyon-Sud. Ces traitements dits «conservateurs» sont de plus en plus souvent pratiqués, grâce à l’efficacité de la radiothérapie complémentaire (voir cicontre) et à la généralisation du dépistage, qui rend possible la détection des tumeurs alors qu’elles sont encore de petite taille. La précocité de la détection est donc gage d’un bénéfice médical mais aussi d’un bénéfice esthétique, psychologique et économique. L’ablation de la tumeur est accompagnée de celle des ganglions de l’aisselle. Ils sont en effet susceptibles d’avoir été colonisés par L’ablation chirurgicale de la tumeur demeure le traitement le plus efficace contre le cancer du sein. 12 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 des cellules cancéreuses de la tumeur mammaire à partir de la circulation lymphatique du sein. Ils constituent un indicateur fiable du pouvoir de la tumeur d’essaimer à distance de nouveaux foyers de cellules cancéreuses, ou métastases. Toutefois, quand la tumeur est petite, les ganglions sont rarement atteints et leur ablation s’avère donc souvent inutile a posteriori. D’où l’intérêt de la stratégie dite du «ganglion sentinelle», en cours d’évaluation. «L’idée est d’identifier, à l’aide d’un marqueur coloré ou radioactif, celui qui, dans la chaîne de ganglions, est le premier à filtrer la lymphe provenant du sein malade, d’y chercher la présence de cellules cancéreuses et, en fonction du résultat, de pratiquer ou non l’ablation de la chaîne ganglionnaire.» Si cette technique est validée, la durée d’hospitalisation et les effets néfastes de l’ablation des ganglions (risque d’œdème du bras notamment) pourront être diminués pour de nombreuses femmes. La radiothérapie en renfort rradier le sein malade après l’ablation chirurgicale de la tumeur permet d’éliminer des cellules Icancéreuses résiduelles et fait passer le risque de récidive locale à cinq ans de 30-35% à moins de 5%, annonce le Dr Pascale Romestaing, chef du service de radiothérapie aux Hospices civils de Lyon. La radiothérapie est donc systématiquement associée aux traitements conservateurs et suit souvent les mastectomies.» Les faisceaux de rayons X envoyés détruisent sans discernement les cellules qu’ils rencontrent, qu’elles soient saines ou cancéreuses. C’est pourquoi des recherches ont été menées afin d’optimiser les protocoles et d’améliorer les appareils. Le rythme des séances (5 fois par semaine pendant cinq à six semaines) est étudié pour permettre le repeuplement de l’espace irradié par les cellules saines entre deux irradiations, mais Circulation lymphatique : circulation de la lymphe – liquide translucide intervenant dans l’immunité – au sein d’un réseau constitué de vaisseaux lymphatiques et de ganglions. • Près de 11000 décès par an sont dus au cancer du sein, soit 40% des décès féminins prématurés (avant 65 ans). • 1 femme sur 10 est touchée par le cancer du sein au cours de sa vie. Phanie/Alix avec le vieillissement de la population et l’élargissement du dépistage, l’augmentation de l’incidence des cancers du sein observée.» En France: • Plus de 40000 nouveaux cancers du sein en 2000, dont près de 3 000 sont associés à une prédisposition génétique. La radiothérapie intervient après l’ablation chirurgicale de la tumeur de manière à diminuer au minimum le risque de récidive. pas par celui, plus lent, des cellules cancéreuses. Le faisceau de rayons a été rendu plus pénétrant, afin de générer moins de réactions cutanées. La mesure des doses d’irradiation a été affinée, afin de les ajuster précisément à la zone à traiter. Enfin, la «balistique» a été améliorée : «Grâce à un repérage de type scanner, la visée est devenue plus précise, et les toxicités liées à l’irradiation involontaire du cœur et des poumons sont aujourd’hui négligeables.» Quelques effets secondaires cutanés peuvent survenir (rougeurs, peau «cartonnée»), mais un bon résultat esthétique est obtenu chez plus de 80% des femmes traitées. La curiethérapie est un complément de la radiothérapie dans lequel la source d’irradiation n’est plus externe mais interne, sous forme de fils d’iridium radioactif placés dans la cicatrice de l’ablation de la tumeur. Cette technique est réservée à des cas particuliers avec des indications bien spécifiques. Les alliés anti-hormonaux e 60% à 70% des cancers du sein sont sensibles aux hormones : leurs cellules D possèdent des récepteurs sur lesquels les œstrogènes (hormones «féminines») peuvent se fixer et favoriser le développement tumoral (voir aussi le schéma page 11). Plusieurs stratégies ont donc été élaborées pour réduire cette influence hormonale néfaste et sont proposées en complément de la chirurgie à toutes les patientes dont l’analyse de la tumeur a montré qu’elle contenait ces récepteurs. «Il est tout d’abord possible de supprimer la fabrication des œstrogènes par les ovaires chez les femmes non ménopausées, explique le Pr Pierre Kerbrat, responsable du département d’oncologie médicale à la faculté de médecine de Rennes. Ceci passait autrefois par l’ablation des ovaires et est maintenant obtenu par un traitement chimique, aux effets transitoires et le plus souvent réversibles.» Ensuite, la liaison de l’hormone sur son récepteur peut être empêchée: c’est le mode d’action du tamoxifène, le plus classique des traitements anti-hormonaux actuels, utilisé depuis vingt-cinq ans en dépit de ses effets secondaires (entre autres, légère augmentation du risque de cancer de l’endomètre et bouffées de chaleur). Enfin, un moyen de bloquer une autre source d’œstrogènes que la production ovarienne a été découvert récemment: «Au sein des tissus graisseux et des glandes surrénales, des androgènes (hormones “masculines” fabriquées en petite quantité chez la femme) sont convertis en œstrogènes par ●●● Endomètre: muqueuse qui tapisse la cavité de l’utérus. • Près de 300000 femmes vivent avec un cancer du sein. • Environ 60% des cancers du sein sont soignés par traitement conservateur. • Chez 75% des femmes atteintes, aucun facteur de risque ne peut être déterminé. • 73% : c’est le taux moyen de survie à cinq ans après diagnostic d’un cancer du sein (59% à dix ans). • Une baisse de 30% de la mortalité due au cancer du sein est attendue de la généralisation de la mammographie. Sources: Prs Espié et Bobin, www.sante.gouv.fr Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 13 D O S S I E R Les cancers du sein Opinion Dépistage systématique… et après? ●●● L’avis du Dr Marc Espié, responsable du centre des maladies du sein à l’hôpital Saint-Louis, à Paris, et co-auteur avec André Gorins du livre Le Sein, éditions Eska. Les armes chimiothérapiques nouvelle famille de médicaments anticancéreux a été isolée puis synthétisée : les taxanes. Cette famille comprend le Taxol® et le Taxotere®, deux molécules issues de l’if (conifère). «Les résultats préliminaires obtenus avec le Taxotere® sont encourageants, et il est probable que cette molécule complétera l’arsenal thérapeutique adjuvant d’ici un à deux ans», annonce le Pr Kerbrat. À l’instar des autres agents chimiothérapiques, le Taxotere® agit en altérant les cellules qui se divisent. C’est pour cela qu’il est très actif sur les cellules cancéreuses, mais il génère aussi quelques effets secondaires redoutés. «La perte des cheveux, heureusement temporaire, est difficile à contrôler, explique le Pr Kerbrat. > Prédisposition génétique De 5% à 10% des cancers du sein sont d’origine génétique : des mutations dans des gènes cruciaux (BRCA1 et BRCA2 notamment 1) transmises par les parents existent chez certaines femmes et favorisent la cancérogenèse. Ces cancers surviennent souvent avant 45 ans, mais leur pronostic est identique à celui des autres cancers du sein. En cas d’antécédents familiaux, les femmes se voient proposer très tôt une surveillance rapprochée qui pourra faire intervenir dans un futur proche l’IRM (imagerie par résonance magnétique), une technique plus sensible que la mammographie. Dans certains cas, les médecins conseillent une ablation préventive des ovaires (ovariectomie) car ces mutations particulières favorisent aussi les cancers de l’ovaire et, plus rarement, une ablation des deux seins (mastectomie bilatérale) préventive. 1 Voir également le Point de vue, page 26. 14 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 Phanie/Alix u côté des chimiothérapies il y a aussi du nouveau. Après les anthracyclines, D les alkylants et les antimétabolites, une En chimiothérapie, la pose d’un cathéter central s’est généralisée. En revanche, depuis les années 1990, des médicaments très efficaces contre les troubles digestifs sont donnés systématiquement. Quant à la baisse du taux de globules blancs, souvent sans conséquences, elle peut être désormais combattue à l’aide de facteurs de croissance stimulant leur production.» La qualité de vie des malades a aussi été améliorée par la simplification des protocoles, qui permet aux patientes d’être traitées en hôpital de jour, et par la généralisation de la pose d’un cathéter central relié à une chambre implantable. Ce petit appareillage implanté sous anesthésie locale sous la peau, au-dessus de la poitrine, préserve les veines de la toxicité des agents chimiothérapiques injectés et facilite les soins infirmiers. Combiner les thérapies hirurgie, radiothérapie, hormonothérapie, chimiothérapie…, l’efficacité de la lutte C contre les cancers du sein tient aux progrès effectués dans chacune de ces spécialités. Mais elle tient aussi à la conjugaison de différentes stratégies et à l’élaboration de nouvelles armes : pour être combattues, les cellules cancéreuses doivent être attaquées – successivement ou dans le même temps – sur plusieurs fronts. Grâce à la recherche, l’éventail des traitements à la disposition des cancérologues ne cesse de s’élargir. I Traitement adjuvant : traitement complémentaire ou secondaire. En l’occurrence, il est destiné à prévenir les récidives locales ou à distance après la chirurgie. Grâce au dépistage systématique des cancers du sein organisé dans le cadre du plan cancer, toute la population féminine française de 50 à 74 ans va progressivement être conviée à passer une mammographie gratuite tous les deux ans. Par le biais de ces mesures, on espère réduire de 20% à 30% la mortalité par cancer du sein des femmes de plus de 50 ans. Mais si des moyens conséquents sont débloqués pour mener à bien ce dépistage, «l’après-dépistage» est négligé, et c’est une grave erreur. En effet, quand une mammographie s’avère suspecte, il reste une masse imposante de travail à effectuer, coûteuse en termes de moyens matériels et humains et aussi en temps. Tout d’abord, une biopsie nécessitant des équipements spécifiques (mammotome, table à biopsie stéréotaxique…) doit être effectuée, et il faut former des professionnels de santé à leur manipulation. Une fois l’échantillon de tissu prélevé, il doit être analysé par un spécialiste de la pathologie mammaire. Si la tumeur détectée le justifie, un chirurgien, un radiothérapeute et/ou un chimiothérapeute habitués à la pathologie mammaire devront intervenir. Une seconde analyse de l’ensemble de la tumeur pourra être effectuée si nécessaire. Parallèlement, les patientes angoissées devront pouvoir faire appel à un psychologue si elles en éprouvent le besoin. Avec la progression du dépistage systématique, on peut s’attendre, dans les prochaines années, à un afflux considérable de patientes dans les services de cancérologie. Or, actuellement, en France, nous manquons déjà d’équipements et de professionnels de santé formés à la cancérologie mammaire. Pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste, il faut aujourd’hui compter sur un délai de deux à six mois. Combien de temps les patientes devront-elles attendre à l’avenir pour commencer un traitement ? Comment allons-nous, tout simplement, pouvoir répondre à la demande ? Les équipes n’ont pas été renforcées, ni en médecins, ni en infirmières. Un gros contingent de cancérologues partira à la retraite dans cinq à dix ans. Seront-ils remplacés ? Très peu de cancérologues sont formés actuellement, conséquence du numerus clausus et du caractère ingrat de cette discipline : la charge de travail, la rémunération relativement faible, la rareté des postes dans les hôpitaux et le fait d’être confronté quotidiennement à la mort découragent un grand nombre d’étudiants en médecine. C’est dès maintenant, en prévision des conséquences du dépistage systématique des cancers du sein et avant l’engorgement du système, qu’il faut prendre des mesures énergiques, par exemple en mettant en place des cliniques du sein comme il en existe déjà ailleurs en Europe. « DR Le dépistage systématique est un élément de réponse au problème de santé publique que représentent les cancers du sein. Mais établir des diagnostics ne suffit pas. Qu’en est-il des mesures qui devraient être mises en place pour assurer la prise en charge médicale des nombreuses malades que ce dépistage va révéler ? une enzyme : l’aromatase. Des inhibiteurs de cette enzyme sont en fin d’évaluation en tant que traitement adjuvant et devraient obtenir leur autorisation de mise sur le marché (AMM) dans les prochains mois. Ils supplanteront peut-être le tamoxifène car ils semblent être au moins aussi efficaces et entraîner moins d’effets secondaires.» On peut s’attendre à un afflux considérable de patientes dans les services de cancérologie. Comment allons-nous, pouvoir répondre à la demande ?» Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 15 D O S S I E R Recherches Avec le concours du Pr Michel Marty, directeur de la recherche thérapeutique à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif), et du Dr François Bertucci, oncologue médical et moléculaire à l’Institut Paoli-Calmettes (Marseille). > Virus et cancer, des recherches soutenues par la FRM L a plupart des traitements anticancéreux actuels agissent de manière plus ou moins indistincte sur différents types de cellules tumorales mais aussi sur des cellules saines. Éliminer les cellules malignes Un meilleur rapport efficacité/tolérance du traitement serait obtenu s’il était possible de supprimer spécifiquement les cellules malignes. Ceci implique d’identifier des anomalies biologiques et moléculaires responsables de la prolifération tumo- rale et de trouver un moyen de les exploiter pour le traitement. Grâce aux avancées de la biologie, de nombreuses pistes de traitements ciblés émergent. «Les cellules tumorales ont besoin de différents facteurs de croissance pour se multiplier, explique le Pr Michel Marty, directeur de la recherche thérapeutique à l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif. Des traitements anti-hormonaux existent déjà et visent à empêcher l’action des œstrogènes, qui peuvent être considérés comme des facteurs de croissance vis-à-vis Inserm/M. Depardieu Pour devenir cancéreuse, une cellule peut emprunter de très nombreuses voies. Deux objectifs pour la recherche: définir ces voies et trouver comment les bloquer; concevoir l’outil qui permettra d’identifier les voies empruntées par chaque tumeur, afin de donner à chaque patiente le traitement approprié. Le séquençage de l’ADN des cellules cancéreuses permet d’identifier les anomalies impliquées dans la prolifération tumorale. 16 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 de certains cancers du sein. Mais, à titre d’exemple, 20% des tumeurs mammaires sont capables de tirer profit d’autres facteurs de croissance – les facteurs de croissance épithéliale (EGF) –, en exprimant à leur surface un grand nombre de récepteurs.» Un anticorps spécifique, l’herceptine, a été élaboré pour bloquer spécifiquement ces récepteurs. Son activité (bloquer la stimulation de la croissance des cellules cancéreuses) est prouvée dans le traitement de cancers en phase de métastases et il est en cours d’étude en traitement complémentaire de la chirurgie. «Ensuite, pour que la liaison d’un facteur de croissance sur son récepteur aboutisse à la multiplication effective de la cellule, un signal doit être transmis par de nombreux intermédiaires : ils constituent encore autant de cibles potentielles à étudier.» Des médicaments ciblés – efficaces, à faible toxicité mais à spectre d’action réduit – existent déjà et pourraient donc venir enrichir la pharmacopée d’ici deux à cinq ans. ISM/Gopal Murti/Phototake Cibler les traitements anticancéreux Le virus d’Epstein-Barr a été détecté dans la moitié des cancers du sein. L’apport des puces à ADN Le fait qu’un traitement ne soit actif d’emblée que dans un cas sur cinq s’explique par la difficulté actuelle à connaître à l’avance le type précis de tumeur auquel on a affaire. Tout l’enjeu de l’étude génomique des cancers est justement de pouvoir prédire quelles personnes seront sensibles à tel ou tel traitement, afin de leur donner les meilleures chances de guérison. À ce jour, seuls quelques paramètres, comme l’envahissement des ganglions de l’aisselle et la présence de récepteurs hormonaux, sont utilisés pour prédire l’évolution d’un cancer du sein après l’ablation chirurgicale de la tumeur et choisir la thérapeutique. Or, l’agressivité d’une cellule cancéreuse et sa sensibilité à un traitement sont déterminées, pour tout ou partie, par une combinaison de plusieurs de ses gènes. Comment décrypter rapidement les caractéristiques génétiques clés d’une tumeur ? «À l’aide des puces à ADN, répond le Dr François Bertucci, oncologue médical et moléculaire à l’Institut Paoli-Calmettes, à Marseille. Il s’agit de petits supports solides d’une surface de quelques cm2 sur lesquels sont immobilisés, de façon ordonnée, des centaines ou des milliers de gènes dont on souhaite mesurer l’activité dans un échantillon biologique complexe tel qu’un extrait de cellules tumorales.» Pour l’instant, grâce aux puces à ADN, un ensemble de 70 gènes, paraissant prédictif de l’agressivité de la tumeur, a été identifié. Une étude est en cours pour voir si, en se fiant à ces 70 gènes, on peut distinguer les femmes qui ont besoin d’une chimiothérapie adjuvante après l’ablation de leur tumeur du sein de celles qui peuvent s’en passer. «De notre côté, nous avons défini un “jeu” de 40 gènes qui semble être prédictif de l’efficacité d’une chimiothérapie. S’il est validé, il permettra à des patientes de ne pas subir en vain un traitement aussi pénible que coûteux et de se voir proposer plus rapidement un autre traitement.» Dans l’avenir, les traitements anticancéreux seront donc de plus en plus personnalisés, adaptés aux caractéristiques intrinsèques, moléculaires, des tumeurs. Certains virus pourraient jouer un rôle dans la formation des tumeurs. C’est peut-être le cas du virus d’Epstein-Barr (EBV), de la famille des virus de type herpès, dont la présence a été détectée dans 50% des cancers du sein et plus fréquemment dans ceux de mauvais pronostic. Pour confirmer cette supposition, il est nécessaire de mieux connaître ce virus et de découvrir, par exemple, les raisons de sa persistance dans certaines cellules et pas dans d’autres : ces recherches ont été initiées dans le laboratoire du Pr Fabien Calvo, à l’Institut de génétique moléculaire de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, grâce au soutien de la FRM. Au cours de ces trois dernières années, la Fondation a ainsi financé 7 programmes de recherche sur l’implication de virus dans les mécanismes de cancérogenèse, et ceci à hauteur de 147 300 euros. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 17 frm_5897_18a19_baf D 18/12/03 11:45 Page 18 O S S I E R Adresses utiles VIE QUOTIDIENNE • Europa Donna 14, rue Corvisart 75013 Paris Tél.: 0144300766 www.europadonna.org Avec la collaboration de Nicole Alby, présidente de l’association Europa Donna, et du Dr Jean Masson, chirurgien plasticien à l’hôpital Saint-Louis (Paris). Panser ses blessures pour re trouver le sourire • Vivre comme avant 14, rue Corvisart 75013 Paris Tél.: 0153552526 Les cancers du sein et leurs remèdes meurtrissent les corps et les esprits. La prise en charge de cette pathologie ne s’arrête donc pas à l’élimination des cellules tumorales, elle vise également à restaurer, autant que possible, l’intégrité physique et morale de la patiente. Des structures et des moyens existent pour lui permettre de retrouver sa silhouette après une amputation, de cacher des stigmates et de renouer le fil de sa vie. • Dépistage organisé du cancer du sein Le site web officiel www.rendezvoussante plus.net ESTHÉTISME Des aides temporaires P Phanie/Burger endant les quelques mois qui, souvent, séparent l’ablation du sein de la chirurgie mammaire réparatrice, une prothèse externe en silicone, placée dans le soutien-gorge, restaure la silhouette. Quant à la perte temporaire des cheveux provoquée par certaines chimiothérapies, elle peut être discrètement et efficacement dissimulée par une perruque, dont l’achat est remboursé en partie par la Sécurité sociale. La chute des cheveux est en effet rarement contrecarrée par le port d’un casque réfrigérant, très difficile à supporter. Pour minorer cette chute, il est recommandé d’éviter les colorations et d’adopter une coupe courte. GARDER LE MORAL APRÈS LA MASTECTOMIE La prise en charge psychologique Reconstruire le sein L BSIP/Villareal Phanie/Demri/Sellem/Joubert L a chirurgie réparatrice restitue aux femmes la part de féminité qu’elles ont perdue avec l’ablation de l’un ou de leurs deux seins. Elle fait donc partie intégrante du traitement des cancers du sein et est, à ce titre, prise en charge par la Sécurité sociale. Une prothèse remplie de gel de silicone est en général utilisée et positionnée derrière le muscle pectoral. Dans 20% des cas, lorsque la peau thoracique a été abîmée par la radiothérapie, une greffe peut être pratiquée. Devant le résultat esthétique obtenu et le bénéfice psychologique qui en découle, les douleurs occasionnées par les prothèses sont généralement bien acceptées. Les prothèses en silicone, parfaitement tolérées dans plus de 90% des cas, doivent être changées tous les quinze ans. 18 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 e mot cancer est encore synonyme de mort et de souffrance; s’agissant du sein, il constitue en plus une atteinte à la féminité et à la sexualité. Le retentissement psychologique de cette maladie en est d’autant plus fort. À l’annonce du diagnostic, la femme perd le sentiment d’invulnérabilité dont nous avons tous besoin. Une période difficile commence avec l’arrêt des traitements, quand la patiente sait qu’elle est «en rémission», non «guérie», et qu’elle entame le suivi, lequel peut être vécu comme un encadrement rassurant ou, au contraire, comme la preuve de la persistance d’une menace. Un psychologue peut alors l’aider à assumer son traumatisme et à rétablir la continuité psychique entre l’avant et l’après-cancer. Le nombre de services hospitaliers dotés d’une équipe de professionnels de la prise en charge psychologique va croissant, même s’il est encore trop faible. • Écoute cancer Service d’écoute, d’information et d’orientation des personnes confrontées au cancer. 0810 810821 (numéro azur) Du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h. • Accueils cancer de la ville de Paris Lieux d’accueil, ouverts du lundi au vendredi de 9 h à 18 h et une fois par semaine de 9 h à 20 h. Renseignements auprès des mairies d’arrondissement de Paris ou www.paris.fr Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 19 EN ACTION Vos dons jouent un rôle capital dans l’avancement des travaux de recherche médicale. Explorer de nouvelles pistes de recherche, multiplier les échanges entre les disciplines et les chercheurs, déceler plus précocement certaines pathologies graves pour mettre en place plus rapidement les traitements, découvrir la meilleure prise en charge diagnostique puis thérapeutique…, tels sont les principaux objectifs que s’est fixés la Fondation Recherche Médicale en multipliant ses programmes. Cette rubrique «Vos dons en action» présente quelques exemples des 700 projets que vous soutenez chaque année à travers la Fondation. Alzheimer: repérer les déficits d’attention au plus tôt NEUROLOGIE BSIP/Mendil cérébrales reste l’espoir le plus solide. Or, un traitement sera d’autant plus efficace qu’on saura repérer très tôt la maladie. 1500 personnes de plus de 65 ans ont été recrutées pour l’étude menée par Hélène Amieva. L a maladie d’Alzheimer frappe aujourd’hui 6% des plus de 65 ans, et on estime qu’elle va progresser de 25% d’ici 2010. Les médicaments actuels retardent la maladie, mais un vaccin thérapeutique capable de résorber les lésions Déficits de l’attention : premier signe d’Alzheimer «À côté des déficits de la mémoire, ceux de l’attention sont tout aussi précoces et doivent être pris en compte», explique Hélène Amieva, qui, grâce à l’aide de la Fondation Recherche Médicale, intègre le CNRS comme chargée de recherche. Son but : évaluer la place des troubles de l’inhibition dans les déficits attentionnels. «Planifier une tâche demande au cerveau de bloquer l’arrivée de nombreuses informations pour ne traiter que les plus pertinentes, c’est-à-dire celles qui sont nécessaires pour cette action. Des tests montrent que ce processus de sélection, appelé inhibition, devient moins efficace très tôt dans la maladie : le sujet est pris dans un brouhaha d’informations qui parasitent sa pensée et contribuent aux déficits d’attention.» L’objectif 20 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 est donc d’arriver à définir un véritable profil de ces déficits annonçant l’entrée dans la maladie. «Nous avons recruté 1 500 personnes de plus de 65 ans, non malades, que nous allons suivre durant plusieurs années. Certaines développeront une maladie d’Alzheimer, et comme toutes auront été suivies par des tests réguliers, nous pourrons connaître la chronologie d’apparition des troubles de la mémoire ou de l’attention. Par ailleurs, l’étude en imagerie fonctionnelle du fonctionnement cérébral des personnes atteintes par cette maladie permettra d’identifier plus tôt les anomalies associées à ces troubles précoces de l’attention. Nous espérons ainsi pouvoir maximiser l’efficacité des traitements dans l’avenir.» ■ Les travaux d’Hélène Amieva ont été financés grâce à un partenariat entre Réunica Prévoyance et la Fondation Recherche Médicale à hauteur de 18300 euros. Élaborer de nouvelles stratégies thérapeutiques OSTÉOPOROSE L ’ostéoporose est une maladie fréquente qui conduit à une fragilité des os et à une augmentation du risque de fracture. Une prise en charge médicale est indispensable pour réduire ces risques dont les conséquences s’aggravent avec l’âge. Les traitements actuels sont d’une efficacité réduite (moins de 50% de diminution des fractures) et des effets secondaires limitent leur prescription (voir Échos scientifiques, p. 7). Dans ce contexte, trouver de nouveaux traitements apparaît essentiel… Une protéine qui inhibe la résorption osseuse C’est précisément l’objectif du projet de recherche, soutenu par la Fondation Recherche Médicale, que mène Valérie Geoffroy au sein du centre ViggoPetersen de l’hôpital Lariboisière, dirigé par Marie-Christine de Vernejoul. «Ma stratégie est fondée sur la détermination in vivo des mécanismes permettant d’obtenir une balance positive du remodelage osseux», explique Valérie Geoffroy. L’os, tissu dynamique, est continuellement détruit et reformé par les cellules qui le composent (ostéoclastes et ostéoblastes). Un déséquilibre entre ces deux mécanismes de résorption/formation (balance négative) entraîne la diminution de la masse osseuse, à l’origine de l’ostéoporose. Valérie Geoffroy étudie des souris atteintes d’ostéoporose et qui servent de modèle à l’étude de cette maladie. «Elles seront utilisées DR DONS Valérie Geoffroy et son étudiant, en haut. Coupes de vertèbres caudales montrant la perte de la masse osseuse survenue chez la souris atteinte d’ostéoporose (O) et non chez la souris normale (N), ci-contre. pour évaluer le potentiel thérapeutique de molécules», résume-t-elle. Parmi ces molécules, l’OPG, une protéine sécrétée par les ostéoblastes, est connue pour inhiber la résorption osseuse en bloquant la formation des ostéoclastes. Les premiers essais menés sur la souris ont même montré une réversion de l’ostéoporose. Autre molécule, la PTH, ou parathormone, produite par les glandes parathyroïdiennes lorsque le taux de calcium est diminué, est plus ambivalente, augmentant la résorption de l’os ou bien sa formation selon les doses et le mode d’administration. «Il s’agit aussi de mettre en évidence de nouveaux gènes impliqués dans la dégradation osseuse», poursuit Valérie Geoffroy. En effet, plusieurs gènes contrôlent ou modulent la sécrétion par les ostéoblastes de facteurs impliqués dans la 4 mois 16 mois DR VOS N O résorption osseuse. La comparaison des gènes actifs dans diverses populations de souris (normales ou malades, traitées avec de fortes ou de faibles doses de PTH…) devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes de l’ostéoporose, et surtout d’envisager d’autres possibilités thérapeutiques. ■ Ostéoclastes : cellules responsables de la destruction du tissu osseux vieilli (résorption). Ostéoblastes : cellules responsables de la formation de l’os. Sous contrôle hormonal, elles fabriquent sa «trame protéique». Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 21 L e virus de l’hépatite C (VHC) est un ennemi d’autant plus dangereux qu’il avance masqué. Parmi les personnes infectées, huit sur dix vont développer sans s’en apercevoir une hépatite chronique. Une fois sur cinq, celle-ci évoluera en quinze à vingt ans – toujours silencieusement – vers une cirrhose, qui, à son tour, dégénérera dans 10% à 15% des cas en cancer du foie. L’hépatite C : un enjeu de santé publique Il n’existe à ce jour aucun vaccin, aucun traitement spécifique contre cette maladie qui frappe 600 000 personnes en France. Seule l’association de deux médicaments, l’interféron et la ribavirine, est réellement efficace chez certains malades, au prix d’effets secondaires importants. L’hépatite C constitue donc un enjeu de santé publique considérable. Pourtant, les progrès thérapeutiques restent assez lents. Comme tout virus, le VHC doit se reproduire pour survivre, et il ne peut le faire seul. Il doit pour cela détourner à son profit la machinerie biologique de la cellule qu’il infecte. C’est par ce point faible (la reproduction) que les chercheurs veulent attaquer le virus. Mais cela suppose de bien en connaître les mécanismes. Or, «contrairement aux autres virus, le VHC résiste à toute tentative de culture en laboratoire. C’est un obstacle considérable car nous avons besoin de virus en grande quantité pour étudier son mode de reproduction, étape indispensable à la conception de nouveaux médicaments. Cette situation nous oblige à créer d’abord des modèles artificiels, 22 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 L a prévention des maladies par l’alimentation est une voie prometteuse de la recherche en nutrition. À côté de vastes études épidémiologiques, qui évaluent le rôle protecteur des aliments, certaines recherches plus fondamentales plongent au cœur même des cellules… Polyphénols: l’atout cœur ? Les polyphénols sont des antioxydants puissants, contenus à hautes doses dans le thé, les légumes, les pommes, les agrumes, les fruits rouges, le vin ou le chocolat. Leur consommation modifie-t-elle le risque de maladie cardiovasculaire ? Pour le savoir, une étude épidémiologique a été entreprise avec le soutien de la Fondation Recherche Médicale. «Chez nous, des études préliminaires avaient notamment permis de montrer un effet protecteur potentiel chez les femmes», rappelle Louise Mennen, de l’Institut scientifique et technique de la nutrition (Cnam, Paris). Son laboratoire a évalué par Équipe accueillie par l’unité Inserm U.544 à la faculté de médecine de Strasbourg. 1 L’équipe de recherche de Catherine Schuster a bénéficié du soutien de la Fondation BNP Paribas (15 245 euros par an durant trois ans) dans le cadre d’un programme de jumelage avec la Fondation Recherche Médicale (45 000 euros à l’installation). DR DR DR Catherine Schuster et son équipe étudient la reproduction du virus pour mieux la bloquer. simplifiés de la multiplication du virus dans la cellule pour pouvoir l’étudier», explique le Dr Catherine Schuster, qui, avec l’aide de la Fondation Recherche Médicale, installe une nouvelle équipe de recherche à Strasbourg1. Grâce à de tels modèles, les différents gènes impliqués dans la reproduction du virus ont été identifiés. Mais le mode d’action des protéines mises en jeu dans ce mécanisme reste encore à décrypter. Or, «cette étape est indispensable à la mise au point d’inhibiteurs, c’est-à-dire d’agents chimiques capables de bloquer l’action de ces protéines et donc d’empêcher le virus de se reproduire. Certains de ces futurs médicaments sont d’ailleurs déjà en cours d’essai chez l’homme. Notre objectif est donc d’étudier les interactions entre protéines essentielles pour la multiplication virale, car elles sont autant de cibles potentielles pour ces inhibiteurs», explique Catherine Schuster, qui parachève la mise au point de son propre modèle. Ce modèle permettra également de tester l’efficacité de ces futurs médicaments contre le virus. ■ Deux études sur le rôle protecteur des aliments NUTRITION Louise Mennen a collaboré à l’étude SU.VI.MAX. questionnaire la consommation moyenne journalière en polyphénols de 1 159 sujets habitant dans la région parisienne et âgés de plus de 50 ans, recrutés parmi les 12 735 participants de l’étude SU.VI.MAX (voir Recherche & Santé n° 95). Parallèlement, un programme de suivi médical a été mis en place pour identifier les maladies cardio-vasculaires chez les participants, avec, en particulier, des examens cardiologiques (dont une échographie de l’artère carotide, qui permet de détecter la présence éventuelle de plaques d’athérome). «Le suivi médical a permis de déceler un problème cardio-vasculaire chez 725 personnes parmi tous les participants de SU.VI.MAX», précise Louise Mennen. L’analyse statistique en cours devrait permettre de conclure prochainement si les polyphénols protègent ou non contre les maladies cardio-vasculaires. La prévention des cancers vue sous un nouvel angle Il est maintenant établi que les cellules cancéreuses sont des cellules qui ont «échappé» au mécanisme physiologique qui régule habituellement leur prolifération en limitant leur durée de vie grâce au mécanisme de l’apoptose, une mort cellulaire naturelle programmée. «L’étude de la régulation du processus d’apoptose peut permettre de rendre compte de certaines relations entre aliments et cancer, des molécules activatrices d’apoptose, donc protégeant du cancer, pouvant se trouver dans l’alimentation», DR Le virus de l’hépatite C bientôt plus facile à démasquer ? MALADIES INFECTIEUSES Les agrumes contiennent des polyphénols qui protégeraient des maladies cardio-vasculaires. rappelle Jean Menanteau, du département de recherche en cancérologie de l’Inserm, à Nantes. Son équipe, animée par François Vallette, accueille depuis un an Lisenn Lalier, jeune chercheuse soutenue par la Fondation Recherche Médicale, qui étudie le rôle des prostaglandines. Rappelons que ces molécules sont produites par l’organisme à partir d’acides gras fournis en partie par les graisses alimentaires. Lisenn Lalier a démontré sur des cellules cancéreuses humaines que certaines de ces prostaglandines, comme PGE2, préviennent les proliférations cellulaires anarchiques caractéristiques des tumeurs en coopérant avec une protéine activatrice d’apoptose. Cette découverte offre un nouvel angle d’étude pour les recherches en prévention des cancers par la nutrition. ■ Antioxydant : substance protégeant la cellule des effets néfastes de l’oxygène (oxydation). SU.VI.MAX : SUpplémentation en VItamines et Minéraux Anti-oXydants. Plaques d’athérome: amas fibreux et graisseux rigidifiant la paroi des artères et diminuant leur diamètre. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 23 DONS EN ACTION Enjeux: maladies cardio-vasculaires > Bloquer les processus initiaux de l’athérosclérose Si d’importants progrès ont permis, grâce à la recherche, de faire reculer les maladies cardiovasculaires, celles-ci restent tout de même la première cause de mortalité en France. C’est pourquoi la Fondation Recherche Médicale en a fait l’un de ses axes prioritaires. e la prévention de l’athérosclérose à la réparation des dommages lors d’un infarctus, la Fondation Recherche Médicale couvre l’ensemble des voies de recherche les plus prometteuses dans le domaine des maladies cardio-vasculaires. Elle y consacre d’ailleurs près du quart de son budget. Une meilleure prévention et des avancées chirurgicales La cardiologie est aujourd’hui l’une des disciplines qui ont marqué les plus belles victoires de la médecine moderne. En effet, l’espérance de vie des personnes souffrant d’une maladie cardio-vasculaire a augmenté de vingt ans en cinquante ans. Évidemment, les raisons de ce succès sont multiples et complexes. Une meilleure prévention, de prodigieuses avancées en chirurgie – avec, par exemple, la pose quasi routinière de stents – y ont largement contribué. Mais c’est surtout l’arrivée de nouveaux traitements ciblant deux facteurs de risque clés, à savoir le cholestérol en excès et une pression artérielle trop élevée, qui a véritablement fait reculer l’ensemble des maladies du cœur et des vaisseaux. Les statines, nouvelle classe médicamenteuse anticholestérol (hypocholestérolémiante), apparues voilà quinze à vingt ans, ont ainsi joué un rôle capital dans la régression des accidents coronariens. Mais, en dépit de ces progrès remarquables, les maladies DR > Réduire les dommages sur le cœur lors d’un infarctus Lorsqu’un caillot de sang bouche de manière durable une artère coronaire, les cellules du cœur sont privées d’oxygène. Dès lors, en quelques heures, voire quelques minutes, et malgré la mise en place de techniques de reperfusion, des lésions irréversibles atteignent le muscle cardiaque: c’est l’infarctus. Comment minimiser ces dommages? Pour le patient, il s’agit d’augmenter les chances de survie mais aussi de pouvoir retrouver une vie la plus normale possible après l’infarctus. 24 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 Pionniers, le Pr Alain Berdeaux (photo ci-contre) et son équipe (Kremlin-Bicêtre, Inserm EO1) travaillent sur une piste qui pourrait déboucher sur de futurs médicaments cardio-protecteurs: «On savait que les cellules cardiaques meurent par un mécanisme dit d’apoptose, ou mort autoprogrammée. Or, nous avons montré in vitro qu’il est possible de bloquer ce phénomène en agissant sur des canaux chlore dans les cellules.» Reste à confirmer ces données in vivo. C’est ce à quoi s’emploie activement Maud Laporte, jeune médecin soutenu par la FRM. Aujourd’hui, les statines, médicaments anticholestérol de référence, exercent un effet préventif efficace contre les maladies cardiovasculaires. Le fait moins connu jusqu’ici est qu’elles auraient aussi une action anti-inflammatoire, au niveau de la paroi vasculaire, susceptible de freiner la progression de l’athérosclérose, indépendamment de leur action sur le taux de cholestérol. Soutenu par la Fondation Recherche Médicale, Denis Bernot (photo ci-dessous), qui réalise sa thèse de doctorat dans l’équipe de Gilles Nalbone (Inserm E9936, faculté de médecine, Marseille), a en effet montré récemment, in vitro, que les statines réduisent l’adhésion des monocytes, cellules de l’inflammation, sur les parois des vaisseaux. Résultat clé car «on sait que les monocytes, qui favorisent l’accumulation des lipides dans la paroi des artères, sont impliqués dans les mécanismes initiaux de la formation de la plaque athéromateuse et, donc, dans la genèse des maladies cardiovasculaires», explique le Dr Nalbone. CNRI La FRM au cœur de la recherche D La thrombose artérielle provoque plus de 600000 décès par an. cardio-vasculaires demeurent le premier fléau des sociétés occidentales, tuant chaque année des milliers de personnes dans le monde, dont près de 180 000 en France. De nombreuses pistes de recherche restent à explorer Si les armes thérapeutiques se multiplient, les maladies (infarctus du myocarde, arythmie, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, etc.), elles aussi, ne cessent de progresser avec l’allongement de l’espérance de vie. Il faut savoir qu’avec les années les parois de nos artères s’altèrent, gênant la circulation sanguine, et notre cœur finit par se fatiguer. Il en résulte des pathologies plus ou moins graves, tels l’infarctus du myocarde ou l’hypertrophie ventriculaire, qui peuvent évoluer vers une insuffisance cardiaque, affection qui frappe aujourd’hui 500 000 à 600 000 personnes. De nombreuses pistes de recherche restent donc à explorer pour préserver ou réparer les vaisseaux. Ainsi, le rôle des statines dans la prévention de la formation de plaques d’athérome (encadré cicontre) est actuellement à l’étude, de même que la possibilité de réparer les vaisseaux altérés par la thérapie cellulaire ou génique (voir R & S n° 93), ou encore la réduction des dommages produits sur le cœur par l’infarctus (encadré p. 24). Consciente du nombre de vies en jeu, la Fondation se veut au cœur de la recherche, soutenant les voies les plus prometteuses dans ce domaine, de l’étude des mécanismes initiaux impliqués dans la formation des plaques d’athérome à la réparation des dommages lors d’un infarctus du myocarde. ■ Athérosclérose: maladie dégénérative des artères, secondaire aux plaques d’athérome. Stents: petits cylindres placés dans les artères pour les maintenir dilatées. Plaques d’athérome: amas fibreux et graisseux rigidifiant la paroi des artères et diminuant leur diamètre. DR VOS Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 25 POINT DE VUE procédé inventé. Ayant construit une véritable «usine» à tests à Salt Lake City, Myriad Genetics entend y réaliser les tests pour le monde entier. Or une offre de tests génétiques s’est mise en place en Europe depuis la découverte des gènes de prédisposition aux cancers du sein, BRCA1 et BRCA2 (de l’anglais Breast cancer), et se poursuit à ce jour. Des laboratoires hospitaliers ont développé leurs propres méthodes, d’abord à des fins de recherche, puis dans le cadre de consultations, pour offrir une information médicale aux patients. En cas de maintien des brevets européens, le refus de Myriad Genetics d’accorder des licences imposerait l’envoi des échantillons d’ADN des patientes aux Etats-Unis et soulèverait des problèmes de confidentialité des données. Frédérique Bertrand DR Les brevets sur les gènes et sur leurs applications médicales soulèvent des problèmes de coût et d’accessibilité aux soins qui peuvent constituer un frein à la recherche et à l’innovation. Ces enjeux ont été mis en lumière par la polémique au sujet des gènes de prédisposition au cancer du sein, dont la société américaine Myriad Genetics revendique le monopole mondial. Peut-on breveter le vivant ? Entretien avec MAURICE CASSIER, SOCIOLOGUE AU CNRS (VILLEJUIF) D epuis 1998, la société Myriad Genetics détient des brevets américains qui lui confèrent le contrôle de l’offre de tests génétiques permettant de dépister la prédisposition au cancer du sein aux États-Unis. En 2001, elle a obtenu des brevets européens l’autorisant à faire valoir ses droits dans les pays de l’Union. Des procédures d’opposition, actuellement en cours, ont été engagées auprès de l’Office européen des brevets à l’initiative des acteurs de la santé 1, qui n’acceptent pas que la mise au point et l’offre de tests soient limitées par des brevets. Il est certes légitime que l’inventeur d’un test puisse se l’approprier et valoriser ainsi son invention. Il faut d’ailleurs signaler que, sur le plan économique, la stratégie adoptée par un vrai problème de santé publique à laisser entre les mains d’une seule société une technique médicale, surtout si celle-ci n’est pas totalement satisfaisante. À terme, les brevets sur les gènes peuvent s’avérer coûteux pour l’innovation et la recherche, rendues bien plus difficiles si tout le matériel de recherche devient privé. Il n’existe qu’un seul génome, indépendamment de l’action de l’homme… Si des brevets sur des inventions mécaniques n’empêchent pas des perfectionnements ultérieurs, la propriété sur les gènes ne peut être contournée, et cela peut freiner les programmes de recherche. Le patrimoine génétique devrait donc rester à la disposition de tout Myriad Genetics constitue un modèle intéressant pour les sociétés de biotechnologie: en effet, les applications diagnostiques permettent un retour sur investissement relativement rapide. Mais la question posée ici est celle de l’étendue des brevets octroyés qui conduisent à l’émergence d’un monopole dans le domaine de la santé, à l’échelle mondiale, en plus des questions spécifiques liées à l’appropriation exclusive d’un matériel biologique d’origine humaine. Un monopole coûteux pour les patients Certains de ces brevets couvrent le gène en tant que nouvelle substance utile, mais aussi toutes les applications de cette substance. D’autres portent sur le principe même des applications diagnostiques, quels que soient la technique utilisée et le 26 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 Seuls des procédés d’application ou d’utilisation des gènes devraient être brevetés Dans cette hypothèse, l’une des conséquences serait une augmentation du coût du diagnostic, le prix du test étant très élevé, en partie à cause de la technique choisie, en partie du fait du monopole conféré par le brevet. La firme américaine justifie ses revendications par la fiabilité de son procédé, censé être le meilleur. Mais, en 2001, l’Institut Curie a détecté une mutation dans l’ADN d’une malade américaine que la méthode de Myriad Genetics n’avait pas permis de déceler… Laisser les gènes en libre accès Plusieurs types d’enjeux des brevets sur les gènes sont mis en lumière par «l’affaire Myriad». Un premier enjeu concerne l’accessibilité des produits de santé qui en dérivent. Au Canada, le gouvernement de l’Ontario a souligné que la multiplication de produits de santé couverts par ce type de brevet poserait des problèmes de financement au système de santé. On imagine les conséquences dès lors qu’il s’agirait d’applications d’utilité médicale majeure… Ce type de brevet renforce aussi les inégalités Nord-Sud : actuellement, l’essentiel des gènes humains connus et la quasi-totalité des brevets sont propriété d’une quinzaine de sociétés des pays du Nord. Enfin, il y a le monde et ne pas faire l’objet de droits exclusifs. Seuls des procédés d’application ou d’utilisation des gènes seraient brevetables afin de stimuler les inventions médicales. Selon la directive européenne de juillet 1998 sur la protection juridique des inventions biotechnologiques, la séquence d’un gène peut constituer une invention brevetable dès lors qu’il est isolé du corps humain. Une position contestée en France : on ne peut pas connaître un gène sans l’isoler et, puisque le gène préexiste, il est difficile de soutenir que sa découverte constitue une invention. La loi de bioéthique de 1994 précise par ailleurs que le corps humain et ses éléments ne sont pas appropriables, un principe non compatible avec la brevetabilité. Une nouvelle loi de bioéthique est en discussion mais la directive européenne n’est toujours pas, à ce jour, transposée dans la législation française. ■ 1 En France, l’Institut Curie, l’Assistance publique–Hôpitaux de Paris et l’Institut Gustave-Roussy. Maurice Cassier, sociologue au CNRS, travaille au Centre de recherche médecine, sciences, santé et société. Ses travaux portent sur les relations entre la science, l’industrie et la santé, aujourd’hui et au XIXe siècle. Il poursuit des travaux sur les brevets de gènes humains et de tests génétiques, sur l’expérience brésilienne de copie des médicaments anti-sida et sur les relations entre les brevets, l’innovation et la santé publique depuis le XIXe siècle. Il vient de publier Brevetabilité du vivant et du génome humain, Regards sur l’Actualité, n° 291, mai 2003, La Documentation française. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 27 LA F O N D AT I O N À L’ É C O U T E Anne Roumanoff, une marraine très engagée Vous faire découvrir nos actions d’information, nos partenaires presse et entreprise, partager l’enthousiasme des bénévoles des comités régionaux pour réunir donateurs et chercheurs autour et en faveur de la FRM. Être ensemble pour mieux encourager la recherche et mieux se connaître. Tels sont les objectifs de cette rubrique, qui, chaque trimestre, nous réunit. Rejoignez-nous… Matthieu Bichat «Quelle est la part des gènes dans le cancer ?», «Quels sont les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer ?», «Quels sont les espoirs de la recherche sur l’anémie de Fanconi ?»… De très nombreuses questions ont enfin trouvé leurs réponses. Les Prs Gérard et Benchimol et le Dr Milano sont venus parler du cancer à Nice. D u 9 au 23 septembre 2003, plus de 1 500 personnes sont venues poser leurs questions aux Journées de la Fondation Recherche Médicale (JFRM). Au cœur du dispositif : 23 chercheurs mobilisés pour participer à 7 débats dans 6 villes de France sur des sujets aussi variés que les cancers, la douleur, les maladies rares… La 2e édition de ces rencontres proposées par la FRM visait 28 28 à favoriser le dialogue entre le public et les chercheurs. Tout comme l’année dernière, elles ont connu un véritable succès grâce à leur concept original : des débats construits à partir des seules questions du public. Un événement enrichi par la sortie du livre Santé: 100 idées reçues. L’avis des chercheurs 1 que la Fondation vient d’écrire et le lancement d’une campagne sur «le don utile» mettant en avant le rôle de la Fondation Recherche Médicale. «Cette 2e édition des JFRM avait pour principale vocation de développer la notoriété de la Fondation Recherche Médicale et de faire comprendre les enjeux de sa mission: collecter des fonds pour financer la recherche médicale», explique Catherine Monnier, directrice des Ressources. Mission accomplie ? Il semblerait que oui! Les indicateurs du succès sont multiples pour cette édition 2003 qui a bénéficié «de la présence chaleureuse de Laurent Romejko, animateur des débats, et d’Anne Roumanoff, la marraine de ces Journées [voir article ci-contre]». Les JFRM ont fait salle comble et les intervenants de grande qualité ont su apporter satisfaction, par leurs réponses précises, à un public avide de savoir. Les médias ont également suivi de près cet événement national et se sont fait l’écho des messages de la FRM. L’édition 2004 des JFRM est déjà en cours de préparation et s’annonce en bonne voie avec les demandes de nombreuses villes pour accueillir la Fondation et la préparation d’un nouveau guide sur les idées reçues qui abordera 10 nouveaux domaines de la santé. ■ 1 Ce livre est maintenant disponible en librairie (voir détails page 39). > Les comptes rendus de ces débats sont disponibles sur le site www.frm.org Stéphane Laure Journées de la FRM: le public à la rencontre des chercheurs Pourquoi la FRM? Anne Roumanoff a rencontré le Pr Xavier Nassif dans son laboratoire à l’hôpital Necker. J e suis régulièrement sollicitée pour être la marraine d’actions caritatives, mais pour la Fondation Recherche Médicale j’ai dit oui tout de suite. Je la connaissais peu jusqu’alors et quand j’ai découvert tout ce qu’elle faisait, j’ai eu envie d’apporter ma contribution pour la faire connaître un peu plus.» «Parce que je trouve qu’il y a une vraie éthique. Le Comité scientifique est un véritable garant. Il finance les meilleurs projets. Et je trouve bien, par ailleurs, que les frais de fonctionnement soient payés par les intérêts de la dotation de la Fondation, ce qui permet d’attribuer le maximum de dons au financement des recherches. Ce n’est pas le cas de nombreuses associations… Et puis c’est sympathique qu’il y ait beaucoup de dons modestes, même de 10 €, car ce sont eux, par leur nombre, qui font avancer la recherche.» Rencontre avec les chercheurs à l’hôpital Necker «Cette démarche n’est pas facile pour moi, car j’ai un emploi du temps très chargé. Mais en faisant cela, je m’implique vraiment et puis, de cette manière, je sais de quoi je parle. Quand on voit ces chercheurs qui travaillent dans des conditions très modestes, souvent dans l’ombre, on a envie de les aider. Ce sont des personnes passionnées, des artistes à leur manière ! Ils font de la recherche avec très peu de moyens (locaux, équipements). Je m’attendais à autre chose de la part de la recherche française, et je les en admire d’autant plus.» Ses convictions «Alors qu’on a vu cet été qu’il y a de si gros problèmes à l’hôpital, cela me paraît important d’aider la recherche médicale… C’est le parent pauvre d’un secteur déjà lui-même en souffrance.» ■ ag2r et Groupama, partenaires actifs des JFRM 2003 > Les médias présents pour les Journées 2003 C De nombreux médias ont relayé cet événement national et se sont fait l’écho des messages de la Fondation Recherche Médicale. ette année, deux fidèles partenaires ont soutenu activement la Fondation Recherche Médicale dans l’organisation de ses Journées. En plus de leur habituel soutien financier à la recherche médicale, ils ont mis leur expérience et leur savoir-faire logistique au service de ces rencontres entre public et chercheurs. La Fondation Groupama a contribué à la réussite de la Journée du 23 septembre 2003 dédiée aux maladies rares. Un engagement bien légitime, puisque cette Fondation est très présente et active dans la lutte contre ces maladies. Elle agit tout à la fois en apportant son soutien financier à la recherche et en accompagnant l’action des associations auprès des malades. Le groupe ag2r, lui aussi présent dans le financement de la recherche, a souhaité s’associer à ces Journées en mettant à disposition de la Fondation son réseau commercial. Il a assuré la promotion et la visibilité de ces Journées auprès du public des villes concernées. La Fondation remercie ces deux partenaires d’avoir répondu présent, contribuant ainsi au succès de ces Journées. ■ Radio et presse nationales: Presse régionale: Le Dauphiné Libéré, La Montagne, Sud-Ouest et Ouest-France. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 29 F O N D AT IO N À L’ÉCOUTE Livre-témoignage Le comité du Nord très actif L’été indien d’un Parkinson «Cette petite flamme en moi, allumée comme l’aube d’un été indien, je ne veux pas qu’elle vacille. Je refuse qu’elle s’éteigne. Alors j’en ai fait un brasero, un foyer qui m’enflamme.» É crire un livre – L’Été indien d’un Parkinson – a su entretenir cette flamme qui anime Daniel Maître depuis qu’il a appris, en 1995, qu’il était atteint de la maladie de Parkinson 1. À travers le récit d’un parcours atypique où se mêlent souvenirs d’enfance et réflexions sur la vie, il apporte également un regard sur cette maladie du cerveau – une nouvelle épreuve à surmonter – « ajoute-t-il. Un vrai message d’espoir et de soutien qui ne s’adresse pas seulement aux parkinsoniens, mais qui nous concerne tous. Daniel Maître a souhaité que cet ouvrage soit plus qu’un simple livre de poche. Il est ainsi illustré par des photographismes – photographies retraitées grâce aux techniques numériques – qu’il a lui-même réalisés et avec lesquels «il fait naître la vie» comme il se plaît à l’écrire. Les bénéfices de la vente de ce livre seront reversés à la Fondation Recherche Médicale pour financer des travaux de recherche innovants sur le traitement de la maladie de Parkinson. ■ 1 La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative caractérisée par des tremblements au repos, l’absence ou la pauvreté des mouvements et une rigidité musculaire. Avec L’Été indien d’un Parkinson, Daniel Maître nous rappelle que chacun d’entre nous est doté de ressources souvent insoupçonnées qu’il peut utiliser pour faire face aux difficultés, voire aux épreuves qui jalonnent son chemin de vie.» Pierre Joly, président de la Fondation Recherche Médicale > Un hymne à la vie, l’été indien d’un Parkinson, témoignages et photographismes de Daniel Maître, textes de Jean-Pierre Cuisinier. Préface du Pr Alim-Louis Benabid, avant-propos de Pierre Joly. • 108 pages, format 30x30 cm. • Prix: 30 euros TTC • En vente dans les librairies et les Fnac. > Commande par courrier possible en adressant un chèque bancaire ou postal de 30 euros à l’ordre de ADRM et en précisant vos coordonnées postales à «Association pour le développement de la recherche médicale - ADRM», 19, boulevard Verd-de-Saint-Julien, 92190 Meudon. 30 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 S DR qui le plonge régulièrement dans un état «off» : ces moments où la maladie prend le dessus sur les médicaments. «Cet ouvrage est le fruit d’un travail d’un an, le résultat d’une démarche tout autant collective que personnelle. Neurologue, kinésithérapeute, psychiatre, ma femme, mon fils…, tous ceux qui m’ont aidé et m’aident encore à lutter contre la maladie m’ont en quelque sorte incité à partager mon expérience, mon vécu, mon ressenti», déclare-t-il. L’auteur aborde la maladie avec beaucoup de recul – tâche d’autant plus difficile quand on en est soi-même atteint – et un grand optimisme : «Face à un événement, aussi négatif soit-il, il y a toujours matière à l’accepter sans le subir, en mobilisant notre résilience pour continuer à vivre. Quand on est atteint de la maladie de Parkinson, il y a des jours de pluie, de froid et de tempête. D’autres sont radieux comme un printemps. À moi, il me reste mon été indien au fond d’une étincelle», L’art au service de la recherche dans le Gard Vente aux enchères d’objets anciens au profit de la Fondation Recherche Médicale à Roubaix. L e comité du Nord-Pasde-Calais de la Fondation Recherche Médicale a reconduit cette année son soutien financier à deux chercheurs : le Dr Julie KerrConte, pour ses travaux sur la thérapie cellulaire du diabète de type I, et le Pr Régis Bordet, pour ses recherches sur les mécanismes neuroprotecteurs susceptibles de minimiser les conséquences neurologiques des accidents vasculaires cérébraux. Rappelons que ces aides sont attribuées pour deux ans, afin d’assurer une continuité des travaux de recherche sélectionnés. La cérémonie de remise des aides, qui a été organisée cette année le 23 octobre, revêt, depuis sa création, un prestige tout particulier grâce à la générosité de la joaillerie Lepage, qui met ses salons à la disposition de la Fondation. À cette occasion ont été également présentés les chercheurs sélectionnés par le Conseil scientifique pour bénéficier des sommes qui seront collectées en 2004. Il s’agit du Pr Natalia Prevarskaya et du Dr André Vincentelli pour leurs recherches respectives dans le domaine du cancer de la prostate et celui de la chirurgie cardio-vasculaire. Trois semaines plus tard, le 13 novembre, les bénévoles du comité se sont à nouveau mobilisés pour assurer le succès d’une vente aux enchères d’objets anciens et insolites. Cette opération originale, élaborée depuis de nombreux mois par une collecte d’objets auprès de généreux donateurs, a permis aux participants de joindre au plaisir de l’acquisition celui d’une contribution à la recherche médicale. Toutes ressources ainsi dégagées ont été optimisées grâce à l’aide de maître Thierry May, qui a mis gracieusement au service de cette cause ses compétences de commissaire-priseur, ainsi que la nouvelle salle des ventes de Roubaix. ■ ur l’initiative du comité du Gard, élément constitutif important du comité Languedoc-Roussillon-Rouergue de la FRM, une exposition de peinture s’est déroulée fin septembre pendant trois jours à l’hôtel Atria de Nîmes, qui a mis gracieusement à disposition une partie de ses locaux. Trois peintres régionaux de renom, Georgette Lutrand-Valibouse, Jean Claude Ennabli et Isabelle Reinaldos, ont mis leur talent au service de la recherche médicale. En effet, outre la présentation d’une large gamme de leur production respective, chaque artiste a offert l’une de ses œuvres pour une loterie. Les visiteurs ont ainsi pu acquérir des billets pour la tombola, dont le tirage a été réalisé à l’issue de la compétition de golf du 16 novembre 2003, organisée par le Golf Club de campagne de Nîmes. Les recettes de ces deux manifestations ont été reversées à la Fondation Recherche Médicale, et l’intégralité contribuera à aider la recherche médicale dans la région. ■ DR LA Les recettes du tournoi de golf organisé par le Golf Club de campagne de Nîmes ont été reversées à la Fondation Recherche Médicale. F o nFd o tni oRne c h e• &n uS m a nétréo n7°9 9•7 È• tjrainmvei setrr e2 0-0È4 oantdi a ph oe urrc lhae rM e céhdei rccahl ee •mRéedcihcear lce 31 LA F O N D AT IO N À L’ÉCOUTE Ethel Moustacchi Peut-on soigner les troubles du sommeil ? Chronique d’une substance cancérigène annoncée Apnées du sommeil, insomnies… étaient au cœur de la Rencontre Santé organisée en octobre dernier par la Fondation Recherche Médicale. Des pathologies à part entière expliquées par trois spécialistes du sommeil. Les travaux d’Ethel Moustacchi ont abouti à des recommandations en santé publique qui évitent aujourd’hui de nombreux cancers de la peau et sauvent autant de vies. Retour sur les découvertes de la lauréate du Prix Rosen 2003 de la Fondation Recherche Médicale. De gauche à droite, Michel Cymes, animateur des débats, et les docteurs Sylvie Royant-Parola, Hélène De Leersnyder et Jean-Louis Valatx. L es troubles du sommeil (insomnies, apnées du sommeil, etc.) touchent environ 20% de la population de manière récurrente. Des maux fréquents, y compris chez les enfants, et pourtant largement ignorés. La majorité des patients les subit en silence, abusant de somnifères et négligeant les gestes simples qui pourraient les aider à retrouver un bon sommeil. Le 17 octobre dernier, la Fondation Recherche Médicale réunissait à la maison de la Radio les docteurs Jean-Louis Valatx, directeur de recherche au laboratoire de neurobiologie des états de sommeil et d’éveil, Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialisée dans les troubles du sommeil, et Hélène De Leersnyder, pédiatre spécialiste des troubles du sommeil chez l’enfant, pour expliquer ces pathologies et répondre aux nombreuses questions du public. «Tous les ronfleurs font-ils des apnées du sommeil? Les apnées du sommeil peuvent-elles être responsables d’un syndrome de fatigue chronique? L’hyperthyroïdie peut-elle être à l’origine d’insomnies? Je ne dors que trois ou quatre heures par nuit mais suis en forme dans la journée, suis-je insomniaque? Comment aider mon enfant à se rendormir seul la nuit?» ■ > Toutes les réponses à ces questions et bien d’autres figurent dans le compte rendu disponible sur le site Internet www.frm.org, ou par courrier, en écrivant à: Fondation Recherche Médicale - 54, rue de Varenne - 75335 Paris Cedex 07. Apnées du sommeil: ronflements avec suspensions respiratoires répétées au cours de la nuit. >Prochaines Rencontres Santé • jeudi 22 janvier 2004: Cancer du sein • jeudi 8 avril 2004: Obésité, conséquences et prévention • vendredi 25 juin 2004: Pollution et santé Pour assister à ces débats, vous devez vous inscrire par téléphone au 0820 09 10 11 (ligne ouverte durant les quinze jours précédant les débats). Entrée gratuite. Toutes les Rencontres Santé ont lieu de 17 h 30 à 19 h 30 au studio Charles-Trénet de la maison de Radio-France - Entrée B, rue de Boulainvilliers - Paris 16e. 32 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 > Quelques idées reçues «Qui dort dîne» > FAUX: Une nuit de sommeil n’a jamais remplacé un bon repas. Cette expression provient en fait d’une injonction que l’on pouvait lire autrefois dans les auberges: «Qui dort (à l’auberge) dîne (dans cette même auberge)», aucun rapport, donc, avec une quelconque valeur nutritive du sommeil. «Le sommeil avant minuit compte double» > VRAI-FAUX: Les premières heures passées à dormir sont plus profitables à la récupération physique, mais cela n’a rien à voir avec l’heure! En effet, les cycles de sommeil sont plus courts en première partie de nuit, privilégiant les phases de sommeil lent profond. Or, c’est au cours de ce sommeil qu’a lieu la récupération de la fatigue physique. «On a besoin de moins de sommeil avec l’âge» > FAUX: Les rythmes de sommeil se modifient avec l’âge: cela se traduit généralement par des éveils plus fréquents au cours de la nuit et un réveil plus matinal. Ces modifications sont normales mais n’entraînent pas forcement une réduction de la durée du sommeil. Sénat Radio France / C. Abramowitz Rencontre Santé Ethel Moustacchi, lauréate du Prix Rosen 2003. Vos travaux ont mis en lumière l’implication de certains traitements médicaux et de produits cosmétiques dans l’apparition de cancers de la peau. Comment avez-vous effectué ce rapprochement? Ethel Moustacchi: Depuis les années 1960, nous étudiions le mode d’action de certains agents thérapeutiques. Nous voulions savoir si ces substances entraînaient des altérations de l’ADN et si elles pouvaient avoir un effet cancérigène. L’association psoralènes/UVA, appelée puvathérapie, était alors utilisée en dermatologie pour traiter le psoriasis, le vitiligo et d’autres maladies dermatologiques. Les psoralènes étaient également employés dans les crèmes solaires à base de bergamote comme agents bronzants et produisaient leurs effets grâce aux rayons ultraviolets du soleil. Nous avons montré dès la fin des années 1970 que ces psoralènes, en combinaison avec les UVA, provoquaient des mutations sur l’ADN et qu’ils étaient cancérigènes chez la souris. Une équipe de recherche américaine a confirmé nos résultats en montrant qu’ils étaient responsables de cancers chez des patients traités par puvathérapie. Et, qui plus est, les tumeurs de ces patients présentaient les mêmes mutations, au niveau de l’ADN, que celles que nous avions trouvées dans des cellules humaines en culture. Cela apportait pour la première fois la preuve que ces mutations détectées in vitro étaient bien à l’origine du développement de tumeurs malignes chez les patients. Quelle a été votre réaction face à ces risques de santé publique? E. M.: Nous avons tiré la sonnette d’alarme quant aux risques liés à l’utilisation des psoralènes dans les crèmes solaires. Les dermatologues ont ensuite vérifié qu’il y avait bien une corrélation entre l’utilisation de ces crèmes et l’apparition de cancers de la peau. Les pouvoirs publics ont alors émis des recommandations visant à diminuer fortement les quantités de psoralènes et à rajouter des filtres dans les crèmes solaires. Si aujourd’hui quelques-unes d’entre elles contiennent encore de faibles doses de psoralènes, elles ne présentent plus de danger pour la santé. Quelles ont été les applications les plus concrètes de vos travaux? E. M.: Nos résultats et une étroite collaboration avec les dermatologues ont permis d’adapter les traitements du psoriasis : les enfants ne sont plus traités par puvathérapie et, chez les adultes, on utilise des molécules de psoralène moins agressives pour l’ADN, dont les doses ont été ajustées. Nous avons également pu établir des liens de cause à effet entre agents mutagènes (responsables de lésions spécifiques sur l’ADN) et apparition de cancer (rayons ultraviolets solaires et cancers de la peau, benzopyrènes de la fumée de cigarette et cancer du poumon, etc.). Si bien que, aujourd’hui, lorsqu’une personne est atteinte d’un cancer, il est souvent possible de savoir s’il est ou non d’origine professionnelle. C’est très important pour la prise en charge de ces maladies. ■ UVA: rayons ultraviolets A, composante de la lumière du soleil. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 33 LA F O N D AT IO N À L’ÉCOUTE Vos dons et legs à la Fondation Recherche Médicale Réponses à vos questions sur les nouvelles dispositions fiscales Les règles fiscales étant souvent un peu techniques et ardues à comprendre, nous avons proposé à l’une de nos donatrices, Denise C., de nous faire part de ses questions après avoir parcouru les nouvelles dispositions légales (entrées en vigueur le 2 août 2003 – article 200 du code général des impôts) dont bénéficie notre Fondation. Elle s’est aimablement prêtée au jeu, nous permettant ainsi de vous apporter des réponses simples et claires. J’ai lu que la possibilité de déduction passe de 50% à 60% du revenu imposable. Que cela signifie-t-il exactement ? Jusqu’ici, lorsque vous faisiez un don à la Fondation Recherche Médicale, vous pouviez déduire 50% de ce don de vos impôts, à condition de joindre le justificatif à votre déclaration de revenus. Afin de favoriser le mécénat, le gouvernement vient de faire passer ce pourcentage de 50% à 60%. Ainsi, lorsque vous faites un don à la Fondation Recherche Médicale, comme à d’autres œuvres d’intérêt public, vous bénéficiez maintenant d’une déduction fiscale plus importante. > Exemple pour un don d’un montant de 40 € Réduction d’impôts de 60%: -24 € Don de 40 € Coût réel du don: 16 € J’ai lu également que le plafond de la déduction est augmenté. Qu’en est-il réellement ? C’est extrêmement simple : jusqu’à présent, la réduction d’impôts à laquelle vous donnait droit votre don était limitée à 10% de votre revenu annuel imposable. Or, ce plafond vient d’être porté de 10% à 20%. Pour un revenu annuel identique, vous pouvez ainsi bénéficier de la pleine déduction fiscale pour un don plus important. Oui, tout cela me semble maintenant plus clair, mais je n’ai pas bien compris la possibilité d’étalement sur cinq ans. Comment cela fonctionne-t-il? Jusqu’ici, lorsque vous faisiez des dons importants et nombreux sur l’année, vous risquiez de perdre une part de l’avantage fiscal, puisque celui-ci était limité à 10% de votre revenu imposable. Maintenant, non seulement la limite passe de 10% à 20% mais, au-delà de cette limite, vous pouvez reporter l’avantage fiscal sur les années suivantes. 34 34 Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 Lors d’une rentrée d’argent importante (vente d’un bien, héritage…), vous pouvez ainsi augmenter le total habituel de vos dons en étalant l’avantage fiscal sur plusieurs années, à concurrence de cinq ans. J’ai lu aussi que les nouvelles dispositions fiscales prévoient une réduction des droits de succession. Est-ce exact ? Extrait article 8 «Pour la perception des droits de mutation par décès, il est effectué un abattement sur la part nette (*) de tout héritier, donataire ou légataire, correspondant à la valeur des biens du défunt, évalués au jour du décès et remis par celui-ci à une fondation reconnue d’utilité publique […]. Cet abattement s’applique à la double condition : 1 – Que la libéralité soit effectuée, à titre définitif et en pleine propriété, dans les six mois suivant le décès. Oui. Comme vous le savez, en cas de décès, l’État prélève des droits de succession qui peuvent, dans certains cas de transmissions, atteindre 60% de la part reçue ! La nouvelle loi prévoit que les héritiers pourront, dans le cadre de la succession d’un ami ou d’un parent, sur la part leur revenant, céder tout ou partie de cette part à la Fondation Recherche Médicale, ainsi qu’à d’autres fondations d’intérêt public. Dans ce cas, ils ne paieront pas de droits de succession sur les sommes versées à la FRM. Pour bénéficier de cet avantage, il suffit que ce versement soit effectué dans les six mois suivant le décès. Mais les héritiers ne pourront alors bénéficier en même temps de la réduction d’impôts sur le revenu prévue dans l’article 200 du code général des impôts. Vous trouverez ci-contre un extrait de l’article 8 de cette loi. Le texte sur la donation temporaire d’usufruit m’a intéressée. Pourriez-vous m’en expliquer exactement le mécanisme? Toute personne, qui détient des valeurs mobilières, un bien immobilier ou tout autre bien produisant 2 – Que soient jointes à la déclaration de succession des pièces justificatives […] attestant du montant et de la date de la libéralité, ainsi que de l’identité des bénéficiaires.» (*) La «part nette» représente l’actif de la succession diminué du passif. un revenu, peut en donner l’usufruit à une œuvre d’intérêt général, pour une durée déterminée, tout en conservant la nue-propriété. Cela signifie que vous restez propriétaire du bien et que vous acceptez que la Fondation bénéficie des revenus de ce bien pendant la durée que vous avez décidée. Pour les personnes assujetties à l’impôt de solidarité sur la fortune, cette donation temporaire d’usufruit permet de sortir le bien de sa déclaration ISF pendant toute la période de donation. C’est, en effet, l’usufruitier qui devient imposable. ■ > Pour tout renseignement complémentaire sur la nouvelle loi fiscale, vous pouvez appeler Isabelle Fleury au 0144397576 ou Céline Ponchel au 0144397567. Pour des informations sur les legs et les donations, demandez notre brochure à l’aide du coupon ci-dessous. Demande d’information à retourner à: Céline Ponchel, Fondation Recherche Médicale, 54, rue de Varenne, 75335 Paris Cedex 07 OUI, je désire recevoir, sans aucun engagement et sous pli confidentiel, la brochure «Léguez aux générations futures le plus beau des héritages, le progrès médical». Nom : Adresse : Ville : Code postal : E-mail : Prénom : Tél. (facultatif) : Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectification ou suppression ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation. 35 frm_5897_36a38_baf 18/12/03 11:40 Page 36 QUESTIONS-RÉPONSES Luc Benevello Quelles sont les caractéristiques du diabète chez l’enfant ? L e mot diabète désigne une maladie dans laquelle du sucre (glucose) est présent dans les urines. Ceci est dû à une élévation du taux de sucre dans le sang (glycémie). Or le sucre est fourni par l’alimentation, soit sous forme de sucre raffiné, soit sous forme de glucides complexes (pain, céréales, pommes de terre ou autres féculents). Entre les repas, l’organisme stocke le sucre absorbé dans le foie et les muscles. La quantité de sucre dans le sang est précisément régulée par différentes hormones, dont la principale est l’insuline, qui permet de stocker le sucre absorbé dans ces deux organes. Chez l’enfant, la survenue d’un diabète est liée à la diminution, voire à l’arrêt, de la sécrétion d’insuline par le pancréas. Ce diabète, dit insulinodépendant (DID), est dû le plus souvent à une maladie auto-immune : le système immunitaire produit anormalement des anticorps contre les cellules du pancréas qui fabriquent l’insuline, entraînant leur destruction. La cause déclenchante de la maladie n’est pas claire : des facteurs génétiques et d’environnement entrent probablement en jeu. Phanie/Alix L’injection d’insuline Un enfant peut effectuer seul ses injections d’insuline dès l’âge de 8 à 10 ans, mais un adulte doit toujours l’aider à contrôler ses doses. L’absence d’insuline entraîne une élévation importante de la glycémie, responsable de signes cliniques comme une soif intense avec envies d’uriner fréquentes, une fatigue importante, un amaigrissement. Dans ces cas, seules les injections quotidiennes d’insuline peuvent rétablir le bon fonctionnement de l’organisme : la nature et la fréquence des 36 F o n d a t i o n R e c h e r c h e M é d i c a l e • R e c h e r c h e & S a n t é n ° 9 7 • j a n v i e r 2 0 0 4 injections (fonction des repas et de l’activité) sont fixées par le médecin, et la dose d’insuline peut être modifiée par le patient lui-même en fonction des résultats de la glycémie mesurée sur une goutte de sang obtenue par piqûre du bout du doigt de façon quotidienne. Chez le petit enfant, les autocontrôles des glycémies et les injections d’insuline doivent être effectués par les parents. Cependant, l’adaptation des doses d’insuline est parfois difficile : il faut en effet éviter d’avoir des glycémies trop élevées, mais aussi éviter les hypoglycémies trop fréquentes. Ces hypoglycémies peuvent être dues à une dose d’insuline trop forte, à une alimentation insuffisante en glucides ou à une activité physique importante ou inhabituelle. Or, chez l’enfant, il est difficile d’obtenir une régularité parfaite des prises alimentaires. De même, l’activité physique est souvent imprévisible. Dès l’âge de 8 à 10 ans, l’enfant peut commencer à effectuer seul le contrôle de la glycémie au bout du doigt et les injections d’insuline, mais il aura encore besoin de l’adulte pendant quelques années pour l’aider à adapter ses doses. Il deviendra complètement autonome progressivement. Avec l’adolescence, le diabète passe souvent au second plan des préoccupations, avec parfois un rejet des contraintes liées à cette maladie. L’équilibre glycémique est alors très difficile à obtenir. Il ne faut pourtant pas oublier que les progrès techniques concernant, notamment, la surveillance de la glycémie et l’utilisation des stylos injecteurs d’insuline ont beaucoup amélioré la qualité de vie des diabétiques insulinodépendants. ■ > Erratum Dans le numéro 96 de Recherche & Santé, la photographie illustrant le cancer de la prostate a été placée à l’envers. Nous remercions le Dr Vignes de Versailles de nous l’avoir signalée et vous prions de nous en excuser. Cancer de la prostate : quels sont les traitements disponibles ? Y a-t-il des effets secondaires ? E n cas de cancer localisé, une surveillance sans traitement immédiat est parfois le meilleur choix. Cette solution est envisagée quand le cancer est petit, peu agressif et qu’il ne cause aucun symptôme, ou bien quand le patient est très âgé, affaibli ou atteint d’une autre maladie. L’évolution du cancer est alors surveillée régulièrement par des dosages du taux de PSA. Cette surveillance permet au patient de continuer à mener une vie normale et d’éviter ainsi les effets secondaires éventuels d’un traitement. Dans tous les autres cas, le traitement dépend de l’âge du patient, de son état de santé général, de la présence d’une pathologie associée, du volume et de l’agressivité de la tumeur. Il est tout d’abord conseillé au malade de réduire sa consommation de graisses animales BULLETIN (viandes, beurre, charcuteries), d’augmenter celle de fruits et légumes, et d’avoir une activité physique régulière. La prostatectomie Les traitements les plus répandus sont actuellement la prostatectomie, la radiothérapie et le traitement hormonal. L’ablation de la prostate, ou prostatectomie, donne de très bons résultats pour les cancers localisés chez les patients D’ABONNEMENT de moins de 70 ans, puisque l’on arrive à une guérison dans presque 80% des cas. Cependant, les effets secondaires restent assez fréquents (risque d’impuissance et d’incontinence, notamment), même si on arrive de mieux en mieux à les éviter. L’ablation par ultrasons (ultrasonothérapie) est encore au stade expérimental, mais les premiers tests cliniques ont montré qu’elle était efficace pour ✁ Le Pr Philippe Chanson, du service d’endocrinologie et des maladies de la reproduction du CHU Bicêtre, vous donne une information, mais en aucun cas un diagnostic, un pronostic ou un conseil d’ordre thérapeutique. Seul le médecin traitant est habilité à le faire, et c’est lui que vous devez consulter. Oui, je m’abonne ou j’offre un abonnement d’un an à «Recherche & Santé» (4 numéros) pour 9,15 e que je joins par chèque bancaire ou postal libellé à l’ordre de: Fondation Recherche Médicale. Voici mes coordonnées ou celles de l’ami(e) à qui j’offre cet abonnement. Nom Prénom N° Code postal Rue Ville E-mail Merci de retourner ce bulletin accompagné de votre règlement à l’adresse suivante: Fondation Recherche Médicale - Recherche & Santé - 54, rue de Varenne 75335 Paris Cedex 07 Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectification ou suppression, ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation. Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 37 les cancers localisés. Elle repose sur la destruction des tissus tumoraux par des ultrasons de haute intensité émis par voie rectale. Moins invasive que l’ablation chirurgicale, cette technique entraîne moins d’effets secondaires et diminue la durée d’hospitalisation. La radiothérapie Après 70-75 ans, la chirurgie s’efface au profit de la radiothérapie. Il peut s’agir d’une radiothérapie externe qui, grâce à un accélérateur, envoie des rayons de façon très précise sur la prostate. Efficace dans de nombreux cas, elle peut toutefois donner lieu à des complications dues aux rayons en plus de celles observées lors d’une prostatectomie : des troubles intestinaux (diarrhée, colite) et des troubles urinaires pendant le traitement (envies pressantes et fréquentes d’uriner, BON Page 38 diminution du jet, brûlures, présence de sang dans les urines). Elle peut également être source de fatigue. La radiothérapie peut être interne en cas de tumeurs de petite taille. On parle alors de curiethérapie ou de brachythérapie. Dans ce cas, des grains d’iode radioactifs sont implantés dans la prostate au cours d’une intervention sous anesthésie générale. Ces grains libèrent alors leur énergie sur une durée de deux à trois mois, détruisant les cellules tumorales de l’intérieur. Le traitement hormonal En cas de cancer métastasé ou bien chez l’homme très âgé, un traitement hormonal par comprimés ou injections sous-cutanées peut être envisagé. C’est un traitement palliatif qui peut améliorer la survie et la qualité de vie du malade. Le traitement du cancer par curiethérapie consiste à implanter dans la prostate des grains d’iode radioactifs qui détruisent les cellules tumorales. Il se compose d’antiandrogènes et/ou d’analogues de la LH-RH. Les anti-androgènes bloquent l’action de la testostérone (hormone mâle) qui favorise le développement de la tumeur. Quant aux analogues de la LH-RH, ils empêchent sa production par les testicules. En fait, ces traitements ont pour effet de diminuer la quantité d’hormones mâles dans le corps. Cette diminution affecte toutes les cellules cancéreuses d’origine prostatique, y compris celles qui ont envahi d’autres organes. En cas d’insuffisance du traitement, une castration chirurgicale (ablation de la pulpe des testicules) permet également de supprimer la sécrétion de testostérone. ■ PSA: en anglais, prostate specific antigen. Marqueur sanguin permettant de suivre l’évolution de la maladie. LH-RH: en anglais, Lutheinizing hormone - releasing hormone. Hormone produite par le cerveau qui stimule la production d’androgènes par les testicules. DE SOUTIEN Oui, je souhaite aider la recherche en faisant, par chèque bancaire ou postal à l’ordre de la Fondation Recherche Médicale, un don de: 20 r 25 r 30 r 40 r 50 r autre……………r Oui, je souhaite recevoir, sans engagement, une brochure sur les donations et les legs. DÉDUCTION FISCALE: 60% de votre don est déductible de vos impôts à concurrence de 20% de votre revenu imposable. Vous recevrez un reçu fiscal. M. Nom Mme Mlle Prénom Adresse Code postal Ville E-mail Merci de retourner ce bon sous enveloppe affranchie, accompagné de votre règlement, à l’adresse suivante: Fondation Recherche Médicale - Recherche & Santé - 54, rue de Varenne 75335 Paris Cedex 07 38 Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectification ou suppression, ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation. 38 Fondation Recherche Médicale • Recherche & Santé n° 97 • janvier 2004 FRM n° 97 - janvier 2004 11:40 Phanie/Chauvaint-Chapon 18/12/03 ✁ frm_5897_36a38_baf 100 idées reçues L’avis des chercheurs SANTÉ “ Pour les femmes enceintes, passer une radio est déconseillé ” “Les vaccins ne protègent pas à 100% contre les maladies infectieuses ” “L’œuf fait mal au foie ” Avec un test génétique, “on peut dépister la maladie d’Alzheimer ” N ENEFNI ! IRIE A R B LI Voici quelques-unes des 100 idées reçues analysées dans cet ouvrage. Ce guide, préfacé par Hélène Cardin, journaliste santé sur France Inter, donne également un coup de projecteur sur la recherche médicale actuelle, en présentant une vingtaine de programmes de recherche financés par la Fondation Recherche Médicale. Écrit par la Fondation en collaboration avec onze spécialistes en cancérologie, nutrition, imagerie médicale, neurologie, etc., il offre un concentré de connaissances sur notre santé. Disponible en librairie 144 pages - Format : 13 x 18 cm Prix : 12 € Éditions Textuel Distribué par Seuil Diffusion