Patrimoine Tremplin Rock Sakifo

Transcription

Patrimoine Tremplin Rock Sakifo
Tremplin Rock
Des Barrés et des Barbants
Patrimoine
Conversation avec Loulou Pitou
Le Bulletin
du
Pôle Régional
des
Musiques Actuelles
de
La Réunion -
numéro
24 -
gratuit juin
/
aout
2006
uzikalité
m
Sakifo
Zoom sur la Programmation
sommaire
Dans la Marmite
Un mur viendrait apparemment de tomber à Berlin…
C’est RFO, la seule chaîne officielle de l’île, qui l’annonce. Un certain Salman Rushdie craindrait également
pour sa vie, et seul le « Batman » de Tim Burton, qui
triomphe dans les salles du monde entier depuis quelques mois, semble pouvoir lui venir en aide. Au loin, on
peut voir l’ancêtre d’une voiture « tunée » se dandinant
au son d’une « house music » quelconque. Un peu plus
en retrait, dans un bâtiment plus calme, changement
d’atmosphère : c’est le tout récent « Cercle Des Poètes
Disparus » qui passionne les conversations. Une dizaine de jeunes gens se retrouvent ici depuis maintenant
plusieurs mois, dans une relative confidentialité. Une
discrétion plutôt de circonstance : à l’heure où le hiphop prend son envol et révolutionne les styles vestimentaires, au moment précis où le mythique « Appetite For
Destruction » des Guns N’ Roses fait des ravages dans les
baladeurs des futurs « métalleux »… Comment revendiquer son appartenance au club de poésie du lycée ?
17 ans plus tard, Davy Sicard évoque encore ce souvenir dans un grand éclat de rire. Le jeune musicien
réunionnais n’était à cette époque ni de la clique des
rappeurs, ni de la bande des rockers. Celui qui faisait
alors partie d’un groupe a cappella encore sans nom, et
qui allait plus tard se baptiser les « College Brothers » en
hommage à ces années scolaires, était bien un poète en
herbe et arborait déjà un sourire tranquille. Un sourire
qu’il arbore encore aujourd’hui, accroché à sa guitare de
gaucher, du haut d’une scène de concert où il distille sa
prose habillée d’une musique qui a su évoluer au fil des
courants.
Un parcours qui force aujourd’hui l’admiration de
tous ceux qui auront pu partager avec lui une salle de
cours. A l’heure où beaucoup ont raccroché les guitares,
assagi leurs looks de « B-Boys » et rangé leurs rêves de
lycéen, Davy Sicard se tient sur la scène d’un festival
international… Le regard éternellement bucolique. Car
notre apprenti poète n’aura jamais renoncé à ses rêves :
malgré la démise des « College Brothers » et en dépit
de la difficulté bien connue de mener de front vie professionnelle, vie familiale et activité artistique, Davy
Sicard a su préserver au fil des années son univers fait
de paroles et de musique.
Sur Nos Platines
Sur les chemins sinueux de la composition et de
l’autoproduction, Davy Sicard aura su mener « ti pas ti
pas » son projet artistique jusqu’à maturation. Et quelle
maturation ! De mémoire d’artiste réunionnais, jamais
un musicien « péi » n’avait bénéficié d’un tel engouement de la part d’une maison de disque.
À l’heure ou son album « Ker Maron » paraît chez Up
Music (label de Warner), c’est sur les ondes de FranceInter et Europe 1, entre autres, que Davy ira promener
son sourire et frotter ses compositions à celles des plus
grands, parfois même à celle des idoles de ses « années
lycée ». La boucle est-elle bouclée ? Loin s’en faut. Davy
Sicard semble au contraire au début d’un nouveau chemin qui, espérons le pour nos artistes, appellera sur ses
sentiers de nombreux autres rêveurs obstinés…
Fred Banor
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muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
p.
3
Le point sur les événements musicaux dans notre île.
p.
4/5
La Sélection de la rédaction
Disques incontournables ou galettes éphémères : tout s’écoute
et se discute dans les couloirs de la rédaction. L’actu des
sorties discographiques, et le coin des amateurs de nouveautés.
Patrimoine
p.
6/7
Une conversation avec Loulou Pitou
Existe-t-il un pont entre la musette et le séga ? Loulou Pitou
l’affirme, avec cette compilation d’extraits d’entretiens que le
regretté ségatier aura donné avant sa disparition en 2002.
Événement
p.
8/9
Sakifo : La voix du Chef
Le point avec Jérôme Galabert sur la programmation du
Sakifo 2006, festival émergeant de la zone Océan Indien.
Deuxième session des Rencontres du Répertoire avec La Voix Du Sud au Kabardock
Le Pôle Régional des Musiques
Actuelles et le Kabardock organisent du
7 au 15 juin 2006 les deuxièmes
Rencontres
du
répertoire,
en
collaboration
avec
« La Voix du Sud », l’association des ateliers chanson d’Astaffort.
Onze artistes, huit réunionnais et trois malgaches, tous issus de
la première session réalisée en 2005
sous le parrainage d’Enzo Enzo, vont
pouvoir
travailler
pendant
une
semaine
entière
en
internat
sur
l’écriture
de
chansons
originales.
Ils seront accompagnés par Jean-François Delfour, compositeur arrangeur (MC Solaar, Tonton David…),
Christian Alazard, arrangements et compositions (Théâtre Jules Julien) et Frédéric Kocourek parolier et auteur dramatique. Ce projet s’inscrit dans une démarche rare de professionnalisation d’artistes mettant au coeur de l’action la formation et la création. Les Rencontres se dévoileront ensuite sur les scènes réunionnaises aux côtés de la chanteuse Maurane les 15, 16 et 17 juin 2006 ainsi qu’à Madagascar le 21 juin pour la Fête de la musique. Trois stagiaires
réunionnais seront ensuite retenus pour une tournée métropolitaine qui les conduira aux Rencontres Francophones d’Astaffort en septembre 2006 en première partie d’artistes tels que Cali, Magyd Cherfi, Enzo Enzo et aussi Nathalie Natiembé,
Zong et Davy Sicard, au Théâtre de l’Alliance Française à Paris dans le cadre d’une semaine sur la Francophonie
et enfin à Troyes pour le festival »des Nuits de Champagne ».
©J. N. Enilorac/Kabardock - D.R.
La scène se passe dans un couloir d’un lycée dionysien, à la fin des années 1980. Ambiance potache. Les
cours sont terminés, et les discussions vont bon train.
dans la marmite
Quatre Questions à Lindigo
Une musique. Quatre questions. Lindigo nous parle de son
parcours et de sa conception du « M aloya L a Joie ».
En scène
p.
10/11
Tony Allen : Adepte du « No Future » ?
La légende le dit : les batteurs ne sont pas des bavards. Tony
Allen ne fais pas exception à la règle, avec un entretien
accouché dans la douleur, mais qui confirme que les «drummers» sont souvent à l’image de leur beat. Doucement décalés.
Tremplin Rock : Des Barrés et Des Barbants...
Faut-il avoir inventé la poudre pour pouvoir s’en servir ?
Néo-métal ou rock à papa ? La nouvelle génération rock réunionnaise fait feu de tout bois, et embrase le Bato Fou pour
cette nouvelle édition des T remplins Rock.
Sur le Feu
p.
12
Retrouvez toute l’actualité des groupes en tournées, des festivals et des événements musicaux proposés hors-département.
Jules Arlanda, officier des Arts et des Lettres
Le 20 juin 2006, jour de la Fête de la musique, Jules
Arlanda recevra la médaille d’ Officier des Arts et des Lettres
des mains du Directeur régional des affaires culturelles de
la Réunion Louis poulhès. Artiste majeur du patrimoine
réunionnais, Jules Arlanda a composé et enregistré une
multitude de ségas dont « Bichiques la montés », « Mon malbaraise » ou encore « Grillées, grillées pistaches ». Leader des
« Play Boys » et les « Rangers », il fut fondateur de
la troupe folklorique « Bourbon y Cause, Bourbon y
Danse ».
Ces dernières années, différents acteurs culturels lui
ont déjà rendu hommage notament à travers un spectacle organisé par l’ODC en juillet 2003, la ré-édition de
ses enregistrements vinyles au sein du label Takamba,
l’édition d’un livret de partition par le PRMA (toujours
disponible) ou encore un film documentaire d’Anaa productions diffusé par RFO.
A écouter : Jules Arlanda et ses interprêtes - Taka 0306, dist :
PSB en métropole, Discorama à La Réunion.
Muzikalité, le bulletin d’information trimestriel du Pôle Régional
des Musiques Actuelles de la Réunion
Editeur : PRMA 6 bis rue Pasteur - BP 1018 - 97481 - Saint-Denis cedex
Tél : 02 62 90 94 60 - Fax : 02 62 90 94 61
email : [email protected] - site : www.runmusic.com
Directeur de la publication : Dominique Carrère
Rédacteur en chef : Fred Banor
Comité de Rédaction : Fred Banor, Alain Courbis, Jean Lafitte,
Fabrice Paulee, Fanie Précourt, Guillaume Samson
Rédaction : Fred Banor, Jean Lafitte,
Fabrice Paulee, Fanie Précourt, Guillaume Samson
Couverture : Tony Allen par Jean-Noel Enilorac/Kabardock
Mise en Page : Fabrice Paulee
Distribution gratuite - Tirage : 5000 exemplaires
ISSN : 1622-2598 - Dépôt légal n°3233 (juin 2006)
Imprimé par Graphica 305 rue de la Communauté
97440 Saint-André
La Lanterne Magique
C’est en juin que l’association « La Lanterne Magique
» consacre sa programmation audio-visuelle au monde de la musique. Après la projection de quatre documentaires tournant autour du blues, du flamenco,
de la création musicale et de la naissance de la chanson
« Sympathy For The Devil » des mythiques Rolling
Stones, c’est avec « Peau de Cochon », un moyen métrage de Philippe Katherine, que sera clôturé cette série
consacrée à la musique. En ultime bonus,
le groupe Ladiktifé
se produira le 29 juin
dans le cadre d’une
carte blanche offerte au
groupe, et ce après la
projection du documentaire « Circus Baobab »
consacré au premier cirque acrobatique aérien d’Afrique.
photo : D.R.
édito
Retrouvez toute la programmation sur
http://lalanternemagique.over-blog.com
Cinquième album pour Danyel Waro
C’est le 31 août 2006 que sortira en France métropolitaine « Gryn n Syel », le nouvel album de Danyel Waro. Enregistré au Tampon, à
quelques pas du lieu où il a passé son enfance, ce cinquième album de l’ambassadeur du maloya réunionnais est présenté comme un disque
« qui transpire l’émotion à grosses gouttes ». Une métaphore épidermique qui colle parfaitement à la pochette de ce disque très
attendu, puisqu’on y aperçoit en gros plan l’avant bras de Danyel Waro, arborant ses taches de rousseurs comme autant de signes de sa
« batarsité ». Produit par le label Cobalt et distribué par Harmonia Mundi en métropole et Piros à la Réunion, cette sortie nationale sera suivie d’une tournée européenne d’une dizaine de dates : le 22 juillet au Pays Basque, du 23 juillet au 3 août en
métropole, les 4 et 5 août en Suisse, le 6 août en Belgique, le 9 août en Hongrie, avec un retour sur la métropole les 11 et 12 août.
Plus d’infos sur www.africolor.com
Aides aux premières parties
L’Adami vient de compléter ses dispositifs de soutien aux artistes par la création d’une commission d’aide aux premières
parties.
Par ailleurs, pour bénéficier de l’aide à l’enregistrement, il sera désormais nécessaire que le projet concerne un deuxième album
ou plus, bénéficiant d’une distribution commerciale, d’un tirage minimum de 1000 exemplaires pressés et destinés à la vente.
Renseignements au 01 44 63 10 00 - www.adami.fr
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muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
sur nos platines
Cristyan Jalma
Ti Fred
Fruit Old Trees
Olivier Ker Ourio
Meddy Gerville
Melanz Nasyon
Riskab’
Alix Sellambron
T o u t e s
nouvelles
c i r c on s t a n ces de rencontre avec
Cristyan
Jalma est un événement.
La sortie de son album « Banoz
Nanbell » ne fait pas exception.
Artiste plein, polyvalent et
prolifique, Cristyan Jalma
avance avec la force d’une
œuvre généreuse, protéiforme
et poétique. Cinéma, théâtre,
écriture, concert, performance sont autant d’argiles entre
et au service de son imaginaire. Le disque l’est aussi à
sa manière comme peut en
témoigner ce dernier opus.
Banoz Nanbell est la musique d’un opéra Pok Poc. Album concept donc, kaléidoscope avant tout, il se déroule
comme un défilé de situations
poétiques, une traversée de
nuages sonores et textuels.
C’est un jeu de paroles où les
scènes sont distribuées au
gré de sons concrets, disposés dans l’espace avec à propos mais aussi insistance par
Jako Maron. Les éléments se
retrouvant repris et malaxés
au fil de l’écoute comme pour
mieux infuser ; chaque plage
s’ouvre et s’écoute comme on
peut le faire à la découverte
d’un nouveau livre, avec la
même attention, la même délicatesse. Des riffs de cordes
donnent la couleur ; sous les
doigts de Cristyan Jalma entouré de Fabrice Varin, Florent
Famataura ou Axel Réchombe,
ces « tourneries » ouvrent la
voie aux paroles : on reste alors
profondément saisi à chaque
apparition vocale de Christelle
de Louise, complaintes isolées
et tenues mystérieuses dans
la langue Ela Kawèz ; souvent
intrigués par les déclamations
et affirmations elliptiques de
Dominique Carrère ou David
Boileau , on se laisse aussi mener par les narrations (également dites par Dominique Carrère) touchant au plus juste
la question de l’identité. Les
mots de Floyd cherchent, se
juxtaposent, s’entrechoquent
jusqu’à l’éclosion de sens.
F r e d
Belhomme
(TiFred)
a
longtemps
été l’une des
voix maloya
du groupe de Danyel Waro.
« Sitantelman » est son
premier CD et c’est donc naturellement que cela c’est fait
avec la participation de son
« parin maloya » Danyel Waro.
Originaire du Tampon, c’est
vers les années 1970 et dans
le cadre de cérémonies et processions « malbar » que se fait
la rencontre avec cette musique qui errait, jusqu’à lors,
dans le cadre de l’interdit.
C’est
avec
la
troupe
« Flamboyan » que TiFred met
réellement le pied dans le
milieu musical réunionnais.
Vers la fin des années 1970
et début 1980, il évolue avec
le groupe « Lespwar » avec
qui il enregistre un titre
« Konyé » sur une K7 compilation « Lantant Maloya » qui
en 2002 est ressortie en CD.
Avec ce premier album,
TiFred laisse s’exprimer ses
textes qu’il a longtemps
laissés mûrir, des textes où
chaque mot et chaque sonorité expriment une vie et des
sentiments qui sont élevés
par une intense présence vocale invitant à l’écoute de ce
maloya réfléchi et expressif.
On sent l’influence de
Danyel Waro qui plane sur
« Sitantèlman » avec des titres comme « Donn amwin
la min », « Koméraz » et
« Tombé lévé ». Aussi, « Sitantèlman » réserve des
perles d’un intérêt particulier où TiFred nous livre
dans un registre intimiste
des titres plus personnels
comme : « Monmon » ou encore « Konyé » qui, sur un
phrasé bouleversant, raconte
le quotidien d’un « délinké ».
Un album courageux qui
s’acclimate très vite à notre
espace auditif dans un savant
mélange d’éléments traditionnels et une instrumentation
d’une justesse quasi infaillible qui pourrait faire entrer
TiFred dans la cour des grands.
Voilà vingt
ans que le
reggae
est
solidement
implanté à
La Réunion.
Après la génération des Natty
Dread, Rouge Reggae et Kom
Zot, d’autres groupes viennent aujourd’hui grossir les
rangs de ce mouvement identitaire et musical. Fruit Old
Trees s’inscrit ainsi d’emblée
dans la continuité du reggae
réunionnais en proposant
une musique marquée par le
reggae international et mâtiné de Dub, des années 1970.
L’affiliation à Bob Marley est
claire dans la troisième chanson du disque. Interprétée
en français, elle semble directement adaptée du célèbre
« Crazy Baldheads », les Fruit
Old Trees ayant néanmoins
choisi de l’intituler « Crazy ».
A côté de cette influence
musicale marquante, qui
s’accompagne de références
textuelles au Rastafarisme,
les Fruit Old Trees proposent
quelques morceaux qui s’apparentent à ce que le groupe
semble vouloir nommer du
« Reggae Sun ». La chanson
« Rastaman Roots », qui donne son titre à l’album, dégage
ainsi, par les harmonies et un
texte résolument positif, une
fraîcheur et un optimisme
plutôt original dans le contexte du reggae réunionnais.
De ce disque, se dégage
donc une variété stylistique
qui laisse présager des développements intéressants. La
participation d’une section
de cuivres professionnelle et
la référence, parfois timide, à
d’autres styles musicaux que
le reggae (écouter en particulier la chanson « Zanfan la
Rénion » qui présente des
connotations « africaines »)
montre par ailleurs une volonté d’étoffer et de varier les supports d’expression. Le risque
d’une telle démarche est néanmoins de fragiliser la cohérence stylistique du groupe…
Qui a dit
qu’il
fallait
être nombreux
pour faire une
musique à la
fois dense et
intense ? Certainement pas
nous, ni tous ceux qui ont déjà
eu l’occasion de découvrir le
cinquième album d’Olivier Ker
Ourio, sorti au Printemps 2005,
et distribué par Nocturne.
Pour arriver à ce résultat plus
que plaisant, ne serait-ce que
pour les amateurs de jazz et
d’harmonica, il suffit en effet
d’être à trois et surtout aussi
complémentaires que le sont
le célèbre guitariste canadien
Ralph Towner (compositeur
et co-fondateur du groupe
« Orégon »), le bassiste Heiri
Kaenzig (co-fondateur du
« Vienna Art Orchestra » et
l’harmoniciste Olivier Ker
Ourio (notre fierté réunionnaise en terme de réussite
nationale). Cela dit, ne vous
y trompez pas, il s’agit bien
là d’un disque abordable pour
tous, dans la mesure où ces
musiciens, qui n’ont techniquement plus rien à prouver,
nous font revisiter des standards, découvrir des compositions originales et des influences qui ne nous sont pas
étrangères (blues, flamenco,
héritages
réunionnais...)
Ainsi, la force de cet album
réside essentiellement dans
l’expressivité la plus sincère,
la priorité portée aux sonorités raffinées, la sobriété des
improvisations, sans oublier
les dialogues parfaitement
maîtrisés entre instruments,
le dynamisme rythmique et
mélodique faisant que les
thèmes se retiennent naturellement, ou encore la fluidité
de l’ensemble, nous transportant sans aucune difficulté.
Notre seul regret restera
l’absence de livret, car les
novices et les non-avertis auraient certainement
voulu en savoir d’avantage
sur les démarches compositionnelles de ces trois artistes, même si nous concevons
aisément qu’il s’agit-là d’une
musique parlant d’elle-même.
Que
les
amateurs de
rencontres
jazz
se
réjouissent
après
les
concerts récents donnés par
Meddy Gerville, Jean Marie
Ecay, Dominique Di Piazza
et Horacio Hernandez, voici
« Jazz Amwin », l’album témoin de cette rencontre jazzrock qui aura mené en terre
réunionnaise ce casting prestigieux dans le cadre d’une résidence organisée par l’Office
Départemental de la Culture.
Le résultat, fidèle aux performances données en public
par le quatuor, est un disque
de jazz-rock honnête et propre… Presque trop propre aux
goûts de certains. Que l’on ne
s’y trompe pas, ce n’est pas la
virtuosité du combo qui est
ici en cause. Plus qu’une critique sur la forme, c’est peutêtre avec un pincement au
cœur que l’auditeur regrettera
un processus de création qui
n’est souvent pas allé plus loin
qu’un travail de reprise. Les
quatre musiciens s’échangent
en effet les politesses d’usage,
interprétant les compositions
des uns et des autres avec
beaucoup d’application et de
style, mais dans une atmosphère parfois trop consensuelle pour ne pas regretter
une orientation plus « free »
ou expérimentale. Car si nos
quatre jazzmen nous laissent
à rêver de croisements bien
plus hybrides en se montrant
parfaitement à l’aise dans les
balancements ternaires des
maloyas de Meddy Gerville,
que ne regrettons-nous que
le rayonnement latino de
Horacio Hernandez et de son
« clave » hypnotique n’ait été
ici mis d’avantage à contribution, à l’instar des emballées électriques dont on sait
Jean Marie Ecay capable. Le
tout sonne comme un disque de jazz-rock « classique
» dont on peut compléter
l’écoute par celle de l’opus
de chansons créoles « ti pa
ti pa n’alé » sorti simultanément par Meddy Gerville.
Pour
ret r o u v e r
l’origine de
Melanz Nasyon il faut
remonter
jusqu’en 1995 à un concert
de Gramoun Lélé. Thomas
et Stéphane, 25 ans à eux
deux, St Joséphois de naissance, tombent sous le charme de la musique de ce chantre du maloya traditionnel.
10 ans plus tard, l’enchantement fait toujours effet.
Ils nous livrent, sous forme
de best-off réenregistré, cet
album qui rend hommage à
la musique originelle de La
Réunion, aux « dalons » et
aux maîtres des kabars qui,
toujours présents, donnent le
courage et entretiennent la
volonté de toujours avancer.
De festivals en résidences, de concerts en kabars,
les Melanz Nasyon se sont
forgés malgré leur jeune
âge une très bonne réputation dans le monde culturel
et musical réunionnais. Ils
donnent cette impression
de garder toujours en tête le
maloya
dans
un
style
« tradition » tout en ouvrant
quelques portes à des sections cuivres qui amplifient le
côté festif et nous rappèlent au bon souvenir
de l’époque des bals populaires
en y distillant quelques
touches jazzy du meilleur
effet ne dénaturant en rien
leur originalité musicale. Des
invités prestigieux et talentueux tels que : Urbain
Philéas, Ruben Savariaye,
Prof Jah Pinpin pour ne citer
qu’eux, témoignent de l’importance que prend ce groupe dans
notre paysage en y apportant
chacun leur talent, et contribuent à faire de cet opus, une
pièce maîtresse dans le jeu de
ces jeunes musiciens, qui ne
demande qu’à se laisser
écouter.
De Riskab,
le public aura
d’abord gardé
le souvenir
de quelques
concerts
joués sur du velours. Surprenant par sa force tranquille et sa désinvolture, le
charme de Riskab a longtemps opéré uniquement en
« live » : mené par son charismatique bassiste chanteur
Steve Sautron, le groupe joue
alors entre obscurité et lumière avec son image sage et
son étonnante richesse musicale. Déjà bien rodé sur scène,
son répertoire de compositions se retrouve aujourd’hui
logiquement transposé en
studio, avec la parution de
« Rent’ Dan Mon blues », un 4
titres fidèle au style du quatuor : une blues tropical, à la
fois lancinant et subtilement
cadencé, toujours en équilibre entre mélodies jazzy et
textes en créole. Ajoutées au
classique trio guitare-bassebatterie, les sonorités des
cuivres et des claviers, bien
qu’omniprésentes, savent ici
soutenir l’atmosphère feutrée
de ces petites cartes postales
musicales sans jamais l’envahir. L’apport créatif de Steve
Sautron est ici évident : à la
fois auteur et compositeur, ce
multi instrumentiste discret a
su développer son propre style
avec les années, naviguant
entre rock et sonorités plus
traditionnelles. Le résultat
est aujourd’hui présenté sur
cette autoproduction réussie,
à la qualité sonore plus que
décente et dont le choix des
titres est assurément fidèle à
l’esprit de Riskab. Une galette
qui finit par se réinviter régulièrement sur les platines, tant
la séduisante simplicité des
textes et les mélodies jazzy de
Steve Sautron se révèlent dangereusement entêtantes.
A travers
son
album
Dor Dési Mon
Bato,
Alix
Sellambron
nous apparaît d’une sensibilité à fleur
de peau. Celle-ci transparaît
en effet à tous les niveaux,
que cela soit à travers les textes regorgeant d’une grande
foi, des arrangements harmoniques et rythmiques qui
se veulent raffinés, mais surtout une interprétation vocale teintée d’émotion, pour
ne pas dire bien souvent de
mélancolie. C’est ainsi sans
aucun doute son vécu, qui a
poussé cet artiste à exprimer
en chanson ses convictions,
de manière à les faire partager au plus grand nombre. Ce
pari sera très certainement
réussi, car Alix n’a pas de difficultés à transporter les mélomanes dans son tendre univers, sans pour autant que l’on
s’ennuie. Les arrangements
originaux ne le permettent
d’ailleurs pas, puisqu’ils évitent une trop grande linéarité.
Si nous devions définir le
style musical de cet artiste,
nous pourrions l’associer à
de la chanson réunionnaise
(sentimentale comme vous
l’aurez compris), étant donnée
la langue créole omniprésente
et les bases solides de séga
(instrumentation,
rythmique, forme strophique…) et
beaucoup plus lointaines du
maloya (utilisation du rouleur). Si vous êtes fan de Davy
Sicard (et même si vous ne
l’êtes pas d’ailleurs), n’hésitez
pas à écouter les compositions
d’Alix Sellambron, qui suit de
près les traces de celui qu’il
considère comme son maître.
Jean Lafitte
Fabrice
Guillaume
Fanie
Fred Banor
BANOZ NAMBEL
4
muzikalité numéro
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SITANTELMAN
RASTAMAN ROOTS
SIROKO
JAZZ A MOIN
DIZAN MALOYA
Fabrice
RENT DAN MON BLUES
DOR DESI MON BATO
Fanie
Fred Banor
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muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
patrimoine
Quand le séga flirtait avec la musette : Loulou Pitou raconte…
Loulou Pitou nous a quittés en Juin 2002. A l’occasion de la sortie prochaine de la réédition
de ses enregistrements originaux, l’équipe de Muzikalité a décidé de choisir quelques extraits
d’entretiens qui furent réalisés, quelques temps avant sa disparition, par Guillaume Samson. De
son enfance à Saint-Benoît, jusqu’aux enregistrements pour la maison de disque Festival, Loulou
Pitou retrace les années fastes de son parcours musical.
D’où vous vient ce petit nom
de Loulou ?
Dès ma naissance, ma
mère m’a appelé « mon p’tit
Loulou », et le surnom resté.
C’était courant en ce temps là.
Mon ami Granmoun Lélé s’est
fait appeler ainsi, parce que
sa mère l’appelait toujours
« Lélé », pour qu’il vienne
prendre son lait… La génération de nos parents avait l’habitude de donner des petits
noms comme ça.
De quelle région de l’Île êtesvous originaire ?
On a déclaré ma naissance
le 20 février 1924 à Saint-Denis… En fait, je suis né deux
mois plus tôt à Saint-Benoît !
Mon grand-père était brigadier
de police à la mairie de SaintBenoît et mon père a travaillé
là-bas aussi. Quand mon père
est mort, nous sommes restés
à Saint-Denis avec ma mère,
mais toute ma famille vient de
Saint-Benoît.
Comment en êtes-vous venu
à la musique ?
J’ai commencé à apprendre
la musique avec le « vieux
père » Arlanda, le père de Julot, et monsieur Jules Fossy
qui étaient professeurs de musique à Saint-Denis. C’était un
des seuls professeurs dans les
années 1930. Il était chef d’orchestre et dirigeait l’Orchestre
municipal de Saint-Denis. Le
père Arlanda jouait d’ailleurs
avec lui, et moi j’étais un peu
comme leur élève !
Y-avait-il d’autres musiciens
dans votre famille ?
Ma mère ne connaissait pas
la musique, mais elle aimait
beaucoup chanter, en parti6
muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
culier pour les mariages. Elle
chantait pour animer la journée. C’était vraiment bien.
Et vos frères ?
Roger, mon deuxième frère,
faisait de l’accordéon comme
moi. Il jouait d’ailleurs avec le
vieux père Arlanda. A partir
de l’âge de sept ans, j’ai donc
appris l’accordéon diatonique
car, à l’époque, ce n’était pas
encore la mode de l’accordéon
chromatique. J’ai d’abord joué
Quelles furent vos premières
expériences musicales ?
A l’âge de douze ou treize
ans, Jules Fossy m’a intégré
dans son orchestre. Il m’appelait d’ailleurs « le virtuose »…
On jouait alors pour les grands
bals populaires, comme le bal
de la mairie, le bal du onze
novembre,
du
quatorze
juillet. Nous étions également
sollicités pour les fêtes de
l’Ecole des Frères. Ensuite, j’ai
monté mon propre orchestre,
« … le séga,
c’est de la musette. »
sur l’accordéon de mon frère,
en cachette. Ensuite, le père
Arlanda avait un accordéon,
Julot et moi travaillions dessus en alternance.
Où alliez-vous à l’école ?
J’ai fait ma scolarité à l’École
des Frères à Saint-Denis. Mais
dès que les cours étaient terminés, je filais chez les Arlanda pour jouer de l’accordéon.
J’ai aussi essayé le banjo, la
guitare et le violon, mais mon
instrument, c’est avant tout
l’accordéon. J’ai toujours préféré le piano du pauvre !
et on a fait le tour de l’Île pour
animer des bals.
C’est devenu votre métier ?
Non, à côté de mes activités
musicales, j’exerçais comme
carrossier avec mon père, dans
un garage à Camp Ozoux. Après
sa mort, mon frère a pris la
relève. J’ai fait ce métier très
longtemps : peinture, tôlerie,
monter, démonter les voitures. Plus tard, j’ai été employé
communal à la mairie de SaintDenis.
Comment appreniez-vous les
morceaux ?
Et quand avez-vous commencé à enregistrer des
disques ?
J’ai eu une initiation au solfège assez tardive, et comme
je jouais avant tout d’oreille,
ce n’était plus vraiment nécessaire pour moi de savoir lire la
musique. En fait, je n’apprenais que les accords, sur les
partitions. Mais, pour la partie mélodique, je faisais tout à
l’oreille.
Pour les disques 78 tours,
tout a vraiment démarré pour
nous dans les années 1950.
C’était l’établissement Affejee
qui faisait ça à Saint-Denis.
Après, ils envoyaient les matrices en France pour le pressage,
chez Festival. Ismaël Affejee
travaillait un peu la technique
à la radio, et il a fait des enre-
gistrements qui, aujourd’hui,
peuvent
paraître
artisanaux. Si vous écoutez bien le
son, ça grince, « crin, crin,
crin »! Voilà c’était ça les premiers disques... C’était une
ambiance un peu spéciale car
on enregistrait souvent la
nuit. C’est d’ailleurs à ce moment là qu’on a lancé Benoîte
Boulard et Maxime Laope.
Les enregistrements de l’époque étaient-ils essentiellement consacrés au séga ?
Les ségas constituaient en
effet le coeur de la production des frères Affejee. En fait,
quand j’ai commencé à faire
des disques, j’ai décidé de me
consacrer principalement au
séga. A cette époque le séga
n’était pas vraiment médiatique, et il n’était pas toujours
recommandé d’en jouer… Alors
les orchestres rejouaient les
succès français et internationaux : musette, petites valses,
rumba, biguine… D’ailleurs,
j’ai souvent pris comme base
le rythme de la biguine pour
moderniser le séga. A SaintDenis, on jouait cette musique
entre nous, mais c’était mal vu
de le faire danser. Aujourd’hui,
ça peut paraître surprenant,
mais, dans les années 1950,
beaucoup de gens ne voulaient
pas danser le séga ! Maintenant certains groupes tiennent des concerts entiers avec
le séga…
Si le séga était si problématique, pourquoi ne pas avoir
choisi d’enregistrer d’autres
répertoires ?
On ne pouvait pas faire
ça ! On ne pouvait pas prendre,
par exemple, un morceau de
Tino Rossi et le réenregistrer.
Personne n’aurait acheté ces
Photo : D.R.
« Aujourd’hui, ça peut paraître surprenant,
mais, dans les années 1950, beaucoup
de gens ne voulaient pas danser le séga ! »
chansons que tout le monde
avait déjà à La Réunion. Le
créneau à travailler, c’était
le séga, dans la mesure où il
fallait faire quelque chose
qui n’existait pas sur disque.
Alors on a mis en avant notre
folklore. Jusqu’à la fin des
années 1960, la production de
disques de séga s’est ensuite
beaucoup développée.
Avez-vous transmis votre savoir-faire ?
Mes fils Harry et Teddy
jouent à l’heure actuelle en
métropole. Par ailleurs, mon
neveu Narmine Ducap a beaucoup marqué la musique réunionnaise à travers sa collaboration avec Max Dormeuil
et la carrière de sa fille, Michou. Dans les années 1950,
Narmine jouait dans mon or-
chestre, avec Guy Pitou, un
autre de mes neveux. C’est moi
qui dirigeais l’orchestre et je
leur ai appris le métier. A côté
de ça, Narmine apprenait des
morceaux modernes à la guitare. Il travaillait vraiment
son instrument et a introduit
des styles nouveaux tels que
le Rock n’ Roll ou le Limbo…
Que pensez-vous du séga
d’aujourd’hui ?
Quand j’écoute mes ségas
et que je les compare avec
le séga d’aujourd’hui, ça n’a
plus grand chose à voir. Il y a
beaucoup d’instruments nouveaux et la façon de jouer, et
aussi de chanter, a beaucoup
changé.
Ce qui a mis le séga en valeur, c’est l’accordéon. Dans
un orchestre, il fallait impérativement un accordéoniste.
D’après moi, le séga, c’est de
la musette. Mon séga s’apparente au séga musette inventé
par les frères Lacaille. C’est du
tonnerre, quand j’en joue, ça
me donne des frissons !
Propos recueillis par
Guillaume
Bientôt dans les bacs
Nous l’avions déjà annoncé dans le numéro précédent, mais cette fois-ci,
la chose se concrétise :
plus que quelques mois à
attendre avant de trouver
dans les bacs la réédition des
enregistrements
originaux
de
Loulou
Pitou
et
Benoîte
Boulard
sous
forme d’un double album
de la collection Takamba.
Pour vous, qu’est-ce qu’un
bon séga ?
7
muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
événement
Sakifo 2006 : La Voix du Chef
Dernière ligne droite avant le lancement du Sakifo 2006 :
lors d’une conférence de presse parisienne fin mai a été révélée la programmation officielle de sa troisième édition.
Muzikalité a fait le point avec Jérôme Galabert, directeur de
Sakifo production, sur ce festival émergeant de la zone Océan
Indien.
permettra de fluidifier toute cette lourde mécanique
d’acheminement des artistes jusqu’à notre public. L’autre difficulté actuelle a été bien évidemment les problèmes causés par
l’épidémie de chikungunya : nous avons la chance de ne pas avoir
beaucoup souffert de désistements liés à cette situation, une
preuve supplémentaire de l’attachement actuel des artistes à notre
festival.
Muzikalité : Pour sa troisième édition, le Sakifo Festival a
choisi de donner une conférence de presse à Paris. Pourquoi
ce choix ?
M : Quel est justement l’attrait de la Réunion pour ces artistes ? Existe-t-il un effet « Réunion, destination de rêve »
pour certains d’entre eux ?
Jérôme Galabert : Le choix de la Maroquinerie à Paris a été fait
dans la suite logique de notre volonté de renforcer la présence du
Sakifo Festival au niveau national : face à la notoriété grandissante de notre événement, nous avons pris le parti de médiatiser notre festival avec les moyens qu’il mérite désormais. Sakifo
dispose maintenant de sa propre attachée de presse à Paris, et
c’est tout naturellement que notre choix s’est posé sur la salle de
la Maroquinerie, qui nous permettait à ce moment du calendrier
d’ajouter à notre « Sakiteuf » des prestations de Zong et Nathalie
Natiembé alors en tournée en métropole.
J.G. : Si le choix de Sakifo reste bien évidemment un choix artistique pour nos artistes programmés, il est vrai que certains
d’entre eux n’hésitent pas à prolonger leur séjour sur l’île après
le festival. La Réunion est une destination intéressante, et le
Sakifo Festival offre une opportunité évidente d’ajouter un côté
« pur plaisir » à la présence de nos artistes à la Réunion.
M : Après deux éditions et un « buzz » médiatique quasi-unanime, quels sont les chiffres à retenir du Sakifo Festival ?
J.G. : Le Sakifo, c’est 18000 entrées payantes la première année, 21000 pour la seconde édition et quelque 35000 personnes
réunies dans la ville de Saint Leu pour cet événement musical.
C’est aussi cinq scènes de concerts, et près de 250 personnes
travaillant au montage du festival. C’est aussi cette année une
structure dédiée, Sakifo Production, qui a son siège à Saint Leu
depuis début 2006.
M : Sakifo propose, comme chaque année, une programmation internationale. Quelles sont les difficultés liées à l’éloignement géographique de nôtre île lors de la préparation de
ce festival ?
J.G. : Les difficultés rencontrées sont bien évidemment celles
liées à la venue des musiciens extérieurs, qui nécessitent un
travail d’approche et un budget transport important. Nous avons
l’avantage d’être en partenariat avec une compagnie aérienne
locale qui nous apportera à terme un soutien logistique et nous
Vendredi 04 Aout
LEE scratch PERRY
OSB CREW
KOM ZOT FAMILY
JULIETTE
LEILLA NEGRAU
ILENE BARNES
MARKOUSOV
CHEIKH LO
LES BOUKAKES
M : Quelle est la politique artistique du festival concernant la
programmation des artistes locaux ?
J.G. : Il n’existe pas de règles établies. Mon souci principal est de
présenter au public la programmation la plus cohérente possible.
De fausses idées circulent à ce sujet, notamment sur la supposée
présence de groupes réunionnais uniquement sur les scènes gratuites du Sakifo, et de groupes extérieurs sur les scènes payantes.
Cela ne se passe évidemment pas comme ça. Si l’on fait le bilan
de nos deux précédentes éditions, ce sont près de 30% de notre
programmation qui ont été consacrés à des groupes locaux. Je
n’ai jamais aimé les quotas, et le choix des artistes pour Sakifo
obéit également à cette règle.
M : Quels sont les coups de cœur à retenir pour cette édition
2006 du Sakifo Festival ?
J.G. : Les artistes du Sakifo sont, dans leur ensemble, tous des
coups de cœur. Difficile d’en sortir un du lot, car ils sont tous là
pour une bonne raison. Nous sommes fiers de notre programmation, et de continuer à prendre des risques au niveau artistique.
Des choix souvent risqués qui ont su porter leurs fruits les années précédentes.
Propos recueillis par Fred Banor
Samedi 05 Aout
CALI
OLIVIA RUIZ
SPLEEN
BEAT ASSAILANT
MAYRA ANDRADE
NATHALIE NATIEMBE
KONONO N°1
JAOJOBY
Dimanche 06 Aout
SUSHEELA RAMAN
ZISKAKAN
MAYRA ANDRADE
ANIS
SMOOTH
BELMONDO QUINTET
MEDDY GERVILLE
ORANGE BLOSSOM
ZONG
Retrouvez la programmation sur www.sakifo.com
Avec plus de 26 artistes répartis sur 3 soirées, ce Sakifo 2006 ne laisse aux amateurs de musique que des choix dans les dates.
À l’heure où nous imprimons, la liste des artistes préssentis pour cette troisième édition du Sakifo est encore sujette à modification
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muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
Quatre Questions à… Lindigo
À la veille de leur programmation au Sakifo Festival 2006, Muzikalité a rencontré les membres du groupe Lindigo qui seront
sur la scène du Massalé le dimanche 6 août 2006. Quatre questions posés à Olivier Araste, ex-membre du groupe El Diablo et
aujourd’hui leader fondateur du groupe Saint-Andréen.
Nous avions laissé Lindigo à la sortie de l’album « Misaotra
Mama » en 2004. Où en est le groupe deux ans après ?
Lindigo regroupe à ce jour 9 musiciens sur scène, et nous avons
baptisé notre style musical « African Mada » : des racines réunionnaises, malgaches et globalement africaines. Notre parcours
a commencé en 2004 avec des programmations sur des concerts
qui sont devenus de plus en plus importants : de petites scènes, nous sommes passés à des lieux plus ciblés comme le K, le
Kabardock et récemment La Ravine Saint Leu dans le cadre de
l’événement Maloya All Stars. Parallèlement, nous avons autoproduit notre premier album, qui est distribué par Piros. Grâce
à la scène et à ce disque, nous sommes aujourd’hui contents
de voir que nous avons pu rassembler un public enthousiaste
autour de Lindigo. Voilà aujourd’hui où nous en sommes, dans
un processus continuel de création et en quête de producteurs éventuels, puisque notre métier c’est la musique, pas le
« business » (rires). Il nous faudrait maintenant des professionnels pour nous encadrer.
Que représente pour vous cette programmation au Sakifo
2006 ?
Cette participation au Sakifo, c’est une nouvelle étape pour
Lindigo, un “gros zafer” (rires). Nous avions bien évidemment
assisté à des concerts lors des éditions précédentes, des prestations de groupes qui sont
nos « dalons », donc nous
connaissions le festival.
Son esprit nous convient
parfaitement : à la fois local et large d’esprit, ouvert
sur l’international. C’est
aussi une preuve de reconnaissance pour nous, et l’opportunité
de nous produire devant un public composé de connaisseurs. Ce
concert sera notre première programmation sur un festival de
ce genre, et le début d’une série qui, on l’espère, sera longue
car nous enchaînerons en fin d’année avec une participation au
festival Africolor à Paris. Encore une grande étape pour nous
puisqu’il s’agira de notre premier « sauté la mer », notre premier
déplacement hors département avec le groupe. C’est un grand
pas en avant pour Lindigo : une avancée de plus vers un horizon
qui, je l’espère, nous conduira à nous exporter de plus en plus et
à faire voyager la culture réunionnaise.
d’un jeune réunionnais qui parle le créole, mais qui aussi appris
le français, l’anglais, et l’espagnol à l’école. Toutes ces langues
sont aujourd’hui des outils pour la promotion de notre culture.
Le renfermement sur soi-même ne nous aidera pas à avancer : par
exemple, comment profiter d’un concert en Afrique du Sud pour
un artiste réunionnais s’il ne parle pas l’anglais ? Ce n’est pas un
problème de globalisation ici, il n’y a pas de peur à avoir pour
notre culture et son intégrité. Si l’on sait d’où l’on vient, je pense
que l’on voit mieux où l’on va. Et l’ouverture à l’extérieur ne doit
pas être vue comme une trahison de nos racines. Au contraire,
j’y vois une formidable occasion de promouvoir notre message et
notre spécificité réunionnaise.
Cette ouverture d’esprit peut-elle mener Lindigo à envisager
des collaborations avec des artistes internationaux, tels que
ceux qui seront présents sur le Sakifo 2006 ?
C’est quelque chose de tout à fait envisageable, et nous serons
bien sûr intéressés par toutes les rencontres que nous ferons
lors du Sakifo Festival. Je pense que notre musique est de toute
façon une bonne matière à expérimentation. Alors pourquoi pas
une collaboration avec un artiste électro, world ou rock, même
au niveau local ? C’est quelque chose que nous aimerions faire dans le futur. J’ai toujours eu un penchant pour la musique
« bizarre », les choses un peu expérimentales. Mes débuts en
musique ont toujours tourné autour du maloya-rock et des mélanges un peu hors normes.
Et encore une fois, je pense
que cela ne va pas à l’encontre de notre attachement à
nos racines et à notre tradition musicale. Notre premier
album, « Misaotra Mama » a
été pour nous une façon de dire merci à nos ancêtres. C’est très
important pour nous, en tant qu’artistes. Remercier les gramounes et leur dire que leur héritage a bien été transmis et qu’il est
maintenant temps de le faire avancer. Nous pensons avoir assez
bien compris l’esprit et l’âme du maloya pour pouvoir aujourd’hui
le transcender, l’emmener vers une nouvelle destination.
C’est le « Maloya la joie », comme nous l’appelons, un maloya
respectueux du message et des souffrances passées, mais qui
aujourd’hui est libre de toute entrave, et peut se permettre de
partir dans de nouvelles directions musicales, d’englober d’autres
musiques. Les artistes réunionnais ont cet avantage qui leur permet de se produire à l’extérieur avec leur musique traditionnelle,
et de pouvoir en plus jouer d’autres musiques, d’autres styles.
À l’inverse d’un musicien extérieur qui découvrirait le maloya
à la Réunion, un artiste réunionnais a l’extraordinaire avantage de pouvoir non seulement exporter le maloya, mais aussi
« d’entrer » dans un répertoire jazz, blues, rock ou autre s’il le
veut. Car nous avons plus ou moins tous une connaissance de ces
styles, en plus de notre spécificité locale. C’est à mon avis une
chance extraordinaire, et peut être la clé d’un succès futur pour
notre musique locale.
« J’ai toujours eu un penchant
pour la musique bizarre »
On parle beaucoup des effets néfastes de la globalisation et
du danger que cette dernière représente pour les différentes
cultures du monde. N’est-il pas aujourd’hui un peu paradoxal
pour un groupe à connotation « traditionnelle » de parler
d’exportation à tout prix ?
Contrairement à certains discours d’artistes que l’on peut entendre à la Réunion, nous avons toujours été attirés par l’idée d’internationalisation, d’exportation de notre musique. Nous faisons
partie d’une nouvelle génération d’artistes locaux, la génération
que j’appelle « Maloya 20 ans ». Ce sont tous ces groupes locaux
qui, dans le plus grand respect de leurs aînés et sans jamais
renier leurs racines, se refusent à s’enfermer dans une démarche purement insulaire. Nous pratiquons ce que nous prêchons,
c’est-à-dire l’ouverture d’esprit et l’ouverture à d’autres cultures.
Si tu prends le cas de notre génération, moi je suis l’exemple type
Propos recueillis par Fred Banor
À écouter : album « Misaotra mama » distribuer par Piros.
www.piros.net
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muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
en scène
Les Tremplins Rock 2006 se sont déroulés comme à
l’habitude dans une ambiance bon-enfant au Bato Fou
de Saint-Pierre. Inévitablement, l’événement a charrié
son lot de bonnes surprises et de déceptions. Nous ne
parlerons ici que des « élus » qui auront l’honneur
de faire la première partie de PARABELLUM (punk rock
- France) et MENALOOTSA (rock fusion - Madagascar)
les 22 et 23 septembre 2006 et bénéficieront de l’enregistrement d’une maquette.
Vendredi 21 avril, le batteur Tony Allen se
produisait au Kabardock avec sa formation
parisienne au complet.
Le concert fit la part belle au répertoire de l’Afrobeat, style urbain originaire du Nigeria, et dont Tony
Allen contribua à la création aux côtés de Féla Kuti
dans les années 1970. Produit par Yellow Moon, ce
spectacle présentait d’emblée un intérêt particulier
dans le contexte de la musique réunionnaise, dans
la mesure où l’Afrobeat influença clairement de nombreux artistes, dont Ti Fock dans les années 1980.
Malgré un retard de trois quart d’heures, les deux
heures de concert furent globalement plaisantes :
le répertoire historique du groupe s’est mélé aux
compositions plus récentes issues de son dernier
album (« Lagos No Shaking » - 2005). Le savoir faire
et la présence scénique, discrète mais solide, de Tony
Allen n’est plus à démontrer ainsi que sa façon
de « mener la danse » sans en avoir l’air. Rythmiquement, cette musique est construite sur
une interdépendance du couple basse-batterie,
à laquelle se superposent des riffs très ciselés de
guitare et/ou de cuivres. On regrettera à ce propos que la précision de cette interaction n’ait pas
toujours été bien rendue aux auditeurs, question de culture des autres musiciens peut-être ?
Notons aussi l’intervention surprenante de François
Baptisto qui, après avoir exécuté un maloya des
plus dynamiques, intégra la formation de Tony
Allen en fin de concert en bénéficiant des conseils
persistants du bassiste.
Ziskakan ou Noir Désir ?
Nous arrivons à la salle de concert en compagnie de l’équipe
technique du Bato Fou et de ses dirigeants, ainsi que des autres
membres du jury.
Les groupes se succèdent, les titres s’égrènent. La confusion commence à nous envahir... trouble de goûts et de genres... Andémya ou Risk Ø ?... Une bière et une réunion de
jury plus tard (la première d’une série qui se révèlera fort
animée) : Andémya rafle la mise suivi de très près par
Risk Ø qui, à la fin des trois sessions, sera finalement repêché.
Il n’y a pas photo, à eux seuls, ces deux groupes ont accaparé
la majorité des suffrages. Le choix du jury et du public ne fut
donc pas cornélien, loin de là. La fusion musicale maloya/rock
de Andémya, sa melting « folie’z » pot, la profondeur des textes et la VGM (voix génétiquement musicale) troublante du
chanteur, qui fait se rencontrer Gilbert Pounia et Thom Yorke,
de même que le professionnalisme carré, à la Française façon
« noirdez » de Risk Ø ont fait de ces deux formations les
« machines » victorieuses de cette première nuit…très longue
et puissante.
Guillaume
Fabrice et Guillaume.
M : Quels seraient les musiciens avec qui vous souhaiteriez
jouer ?
T.A. : Je n’ai pas d’idées précises de rencontre mais je reste évidemment ouvert. Ce qui me semble important dans une rencontre,
c’est qu’il y ait du désir et de la volonté, qu’on soit sur la même longueur d’onde et la même dynamique de jeux. A partir de ce moment
là, je peux partir sur toute sorte de musique et avec n’importe qui,
avec toutefois, le jeu de batterie qui me caractérise, l’afro beat.
Je ne crois pas qu’il y ait à adapter le style de l’un à l’autre et
réciproquement. Je ne pense pas qu’on puisse même parler
24 - juin / aout 2006
Photo : Jean Noel Enilorac/Kabardock - D.R.
d’influence de l’un sur l’autre. En tous cas, en ce qui me concerne,
je n’ai pas la prétention de pouvoir influencer qui que ce soit. Je
ne me considère pas suffisamment parfait pour cela. J’apprends
encore tous les jours.
M : Pendant le concert au Bato Fou à Saint Pierre, le son
du groupe nous est apparu assez décevant. De là où nous
nous trouvions, par exemple, nous percevions difficilement
la grosse caisse avec l’impression que c’était aussi le cas pour
les musiciens sur scène. Tant et si bien que la paire batteriebasse véritable pilier de votre musique ne fonctionnait pas
très bien. Quel est votre sentiment à ce sujet ?
T.A. : J’ai éprouvé en effet ces difficultés. Mais le groupe ce
soir là n’a pas aussi été très bon. Il est difficile de jouer toujours
à son meilleur niveau. Certains jours nous jouons bien, d’autres
moins bien. D’ailleurs, je ne comprends pas comment font certains pour jouer toujours de façon excellente. Pour ma part, je ne
joue bien qu’à deux conditions. Je dois avoir bien dormi et bien
mangé. C’est tout. Je ne crois à aucune recette ou autre drogue.
C’est mécanique. Si ton corps est fatigué, il n’est pas présent
réellement et tu ne peux pas en tirer le meilleur.
Propos recueillis par Jean et Fabrice
Après les prestations de la veille nous nous attendions à
autant d’énergie, d’âme et d’acouphène, la suite nous donna raison… Sortez le kit de protection auditive !
Incontestablement Backstroke, venu avec un bus de groupies, nous montre comment, par la force des décibels on peut
prendre le contrôle d’une foule qui, de toute façon, leur était
corps et dock marteen’s dévouée, on parle ici de death metal !
La chorégraphie monumentale est exécutée sur les ordres d’un
chanteur chargé à bloc et d’une section rythmique gonflée aux
riffs géométriques avec un mur de son à « délocker » un rasta à
jeun. On regrettera cependant une batterie un peu trop claire,
peut-être un effet voulu ? Un bémol que seul l’ingénieur du son
pourra nous expliquer…
Les Shaamans nous ont surpris par leur originalité expérimentale mais un manque de cohérence dans le choix des titres
les ont relégués à la deuxième place. Il faudra à l’avenir compter
avec ce jeune groupe prometteur tant leur look et leur façon
bizarre d’occuper la scène est antinomique avec ce qui nous est
proposé habituellement en matière de rock. Le chanteur-guitariste, malgré son visage poupon, nous aura capté avec son
couvre-chef n’ayant rien à envier à celui de Linda Perry (ex 4
Non Blonde). Son style guitaristique emprunté tantôt à Jimi
Hendrix, tantôt à Randy California se mêle de façon souvent
originale, mais parfois maladroite, à celui du second guitariste,
aux accents électro frugivores.
Le Pire et le Meilleur
Une semaine de boulot plus tard nous re-voilà... après le passage obligé chez Gros-Louis avec la « Bato-fou’s team » et un
jury malheureusement différent des deux précédentes nuits de
ce tremplin.
Soleïman (Shaamans) - Photo : julien MAILLOT- D.R.
Muzikalité : Tony Allen, vous venez de sortir le remarquable « Lagos No Shaking », vous préparez la sortie d’un
album avec Damon Albarn (Blur et Gorillaz). Après cela, comment voyez-vous l’avenir pour votre musique ?
Tony Allen : Je ne pense pas au futur. Je n’attends rien de
l’avenir. Je me contente du présent, de ce que j’ai sous la main,
de jouer comme je sais le faire. Et c’est tout. Si je me mets à penser ou à espérer pour le lendemain, comment pourrais-je terminer ce que j’ai commencé ? Je ne vis avec aucun rêve de musique.
Le rêve ne vient qu’à compter de l’instant où j’ai assez travaillé.
Courir derrière un rêve est dangereux. Au moment où tu penses
le tenir dans la main, il t’échappe, il s’envole pour disparaître.
La réalité - la mienne - est déjà un rêve. Je joue la musique que
j’aime… je vis au quotidien avec ce rêve. Cela me suffit.
muzikalité numéro
La soirée commence dans une ambiance mitigée jusqu’à l’arrivée du groupe Le Pire. Ces vieux routards (30 ans de moyenne)
du rock réunionnais ont encore des choses à dire et sont toujours bourrés d’énergie. Partageant son lead entre deux chanteurs, dont le premier est batteur s’il vous plait, et le second
hurleur (pardon !). Ce groupe, doté depuis quelques temps d’un
DJ, a traversé et résisté à dix ans de rock avec des modifications profondes mais cohérentes. Avec une rythmique concise
et dynamique, et une harmonie assez présente, la musique du
Pire est la preuve que le rock n’est pas qu’une musique enfermée
dans des riff distordus et caches misère. Messieurs, nous vous
applaudissons des deux bracelets cloutés.
Jaboticaba fut, de cette soirée, le groupe le plus décalé par
rapport aux propos de l’événement. C’est un touchant duo acoustique, bluesy et tribal. Jouant assis, la chanteuse et le guitariste nous ont bercés sur leurs « bitter sweet melodies ». Chansons
douces et amères en effet et qui ne pourront les faire accéder à
la première partie des groupes de métal par déficit de décibels et
d’électricité. Ils ont malgré tout créé la surprise puisqu’ils sortiront vainqueurs et feront la première partie de Loïc Lantoine le
8 septembre 2006 au Bato Fou. Remporter la victoire lors d’une
soirée dédiée au rock, au métal et autres musiques puissantes
quand votre musique s’apparente plus à Ben Harper et Susheela
Raman. C’est peut-être bien cela que l’on appelle avoir du talent.
A découvrir … absolument !
La Death Academy contre les Peaux-Rouges
Entretien avec un Menhir
10
Les Tremplins Rock 2006 - Des Barrés et Des Barbants...
Tony Allen : Adepte du « No Future » ?
11
muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006
sur le feu
Davy Sicard dans la cour des grands
« Ker Maron », le deuxième album* de Davy Sicard, sortira le 12 juin 2006 sur Up Music, label du groupe Warner. Cette sortie s’accompagnera pour l’occasion d’une médiatisation exceptionnelle, une première pour un artiste réunionnais : Davy Sicard assurera en effet la promotion de son album dans les colonnes de la presse nationale avec des articles à paraître ou déjà parus dans
« Libération », « Le Monde », « Mondomix », ou encore « Vibrations ». Sa présence sur les ondes radios n’est pas moindre avec en
prévision des participations aux émissions « le Fou du roi » sur France Inter, « on connaît la musique » sur Europe 1 ainsi que sur de
nombreuses playlists. Le chanteur réunionnais, également en contrat chez Garance production, partira ensuite pour une tournée métropolitaine qui le conduira entre autres sur les scènes des Francofolies de la Rochelle, du Nice Jazz festival, des Voix du Gaou à Six
Fours ou encore du Zèbre de Belleville.
Une belle consécration pour la découverte réunionnaise 2005 du Printemps de Bourges, et un parcours à suivre…
Plus d’info : http://www.davysicard.com
* premier album « Ker Volkan » 2003 épuisé
René Lacaille adepte du «featuring»
Deuxième Festival Océan Indien à Nancy
C’est le 1er juin 2006 que la scène du Divan du Monde (Paris) a accueilli
le label anglais World Music Network pour un concert exceptionnel :
cette soirée a été l’occasion de présenter au public parisien une rencontre musicale inédite entre Bob Brozman et le sénégalais Nuru Kane. René
Lacaille, l’éternel comparse de Bob Brozman, était bien évidemment de la
fête : après un concert anniversaire à la Maroquinerie, une « escapade »
au Printemps de Bourges 2006, et une collaboration sur le dernier album
de Lo’Jo, l’accordéoniste réunionnais se prépare déjà à partager d’autres
scènes estivales, avec notamment André Minvielle (le 9 juin à Sête) et
le contrebassiste Fantazio (le 8 juillet au Festival Musique et Jardins
- Paris). Malgré ces collaborations multiples, « Tonton Lacaille » n’en
oublie pas pour autant son groupe attitré, puisque c’est avec sa propre
formation qu’il se produira le 18 juillet au Cabaret Frappé de Grenoble,
dans le cadre d’une soirée « Carte Blanche » qui lui sera consacrée.
Comme nous l’annoncions dans notre précédente lettre
d’information, le festival Ti Piment refait son apparition cette année pour une seconde édition les 9, 10 et 11
juin. Outre les expositions de plasticiens, débats, films,
spectacles de danse et de contes faisant intervenir des
artistes ou auteurs de notre région, le programme musical proposera des concerts gratuits dans le parc SainteMarie de Nancy le samedi et le dimanche. La Réunion y
sera représentée par Les Tambours Sacrés et le groupe de
maloya traditionnel TiFred. On pourra également écouter
Mikidache de Mayotte, Abdou Day, Chila, et Mavana de
Madagascar.
Infos sur : www.tipiment.com
Tapok en résidence avec La Rue Kétanou
Le troisième album du groupe Tapok, édité par le label « Cinq Planètes », a reçu un très
bon accueil en métropole. A tel point que son dirigeant, Philippe Krumm, en a lancé
un retirage quinze jours après sa mise sur le marché. Du jamais vu pour Tapok, qui,
localement, doit malheureusement encore faire face à des problèmes de distribution.
Ainsi, à La Réunion, le mieux à faire pour se procurer son « Tapokopat » reste encore
de se rendre à un des concerts du groupe. Des concerts où l’on aura pu retrouver récemment Tapok aux côtés du groupe parisien La Rue Kétanou, dans le cadre d’une
résidence organisée par le Bato Fou à l’occasion de la venue du groupe métropolitain :
une expérience qui aura permi de mêler séga-maloya et musette, grâce à une instrumentation commune aux deux groupes.
Enfin, pour les « Tapokers » invétérés, il est à noter qu’une vidéo consacrée au groupe
est à découvrir sur le site de Réseau Printemps :
http://www.reseau-printemps.com/vid2006-chwo.htm
Plus d’infos sur le site du groupe : www.tapok.fr
Tapok - photo : Bruno Bamba - D.R.
*Découverte réunionnaise Printemps de Bourges
Les Z’ears emmenent « Superhero » en tournée
Baster toujours sur la route
Suivant la sortie de leur premier album auto-produit
« Superhero », les rockers de Z’ears seront en tournée hexagonale du 30 juin au 13 août 2006. Une initiative qui mérite
d’être soulignée, puisque le groupe aura entièrement financé
son disque et sa tournée sur des fonds propres, issus de la
vente d’un précédent DVD (déjà auto-produit) et des recettes
des concerts distillés un peu partout dans l’île.
Le groupe de Thierry Gauliris continue sa tournée métropolitaine et
sera en concert du 28 juin au 22 juillet 2006, une tournée qui s’arrêtera notamment à Paris, Bordeaux, Toulouse, Perpignan et Montpellier.
Infos sur : www.acareunion.com
Les Artistes Réunionnais dans les médias nationaux.
Vibrations juin 2006 - Davy Sicard / « Bwarouz » Danyel Waro et « Paraboler » Alain Peters parmi les 50 albums essentiels • Chorus hiver 2005-2006 « Sanker » Nathalie Natiembé, « Fanm » Salem Tradition • Zurban 25 janvier 2006 – René Lacaille • Vibrations février 2006 - Nathalie Natiembé
• Libération.fr 8 février 2006 – Salem Tradition • Musique Hebdo 24 février 2006 – Davy Sicard • Les Inrockuptibles mars 2006 – « Fanm » Salem Tradition /
« Sitantelman » TiFred • Chorus printemps 2006 – Salem Tradition • mondomix.com – Christine Salem, Nathalie Natiembé, Françoise Guimbert • Pollen
(France-Inter) 7 avril 2006 – Leilla Negrau • mondomix.com mai/juin 06 – Davy Sicard / « Sitantèlman » Tifred
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muzikalité numéro
24 - juin / aout 2006