Conseil confédéral de la CSN
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895 Conseil confédéral de la CSN Mandat 2008–2011 Procès-verbal de la 12e réunion tenue à Montréal les 28, 29 et 30 septembre 2010 Table des matières 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. Mot de la présidente ....................................................................................... 896 Accréditation des délégué-es......................................................................... 896 Adoption de l’ordre du jour ........................................................................... 896 Adoption du procès-verbal ............................................................................ 896 • Réunion des 9 et 10 juin 2010 ................................................................... 896 Conjoncture et priorités 2010-2011 ............................................................... 896 • Analyse de la conjoncture ........................................................................ 896 • Les finances publiques – Plan d’action................................................... 896 Journée mondiale pour le travail décent ..................................................... 897 Politique de prévention en matière de violence et de harcèlement au travail et guide............................................................................................ 897 Suivi des priorités 2009-2010 ......................................................................... 897 • Disparité de traitement ............................................................................. 897 Mémoire sur le projet de loi no 103, Loi modifiant la Charte de la langue française et d’autres dispositions législatives et Déclaration commune de la coalition contre la loi 103 .............................. 897 Questions de privilège et conflits en cours privilège ................................. 898 • Questions de privilège .............................................................................. 898 • Conflits en cours ........................................................................................ 898 Formation politique ........................................................................................ 898 Élections aux comités confédéraux .............................................................. 899 • Comité des relations interculturelles ..................................................... 899 Gaz de schiste .................................................................................................. 899 Finances : réorganisation du module informatique .................................... 900 Les rendez-vous de l’énergie ......................................................................... 900 Centraide .......................................................................................................... 900 Loi antibriseurs de grève ............................................................................... 900 Semaine nationale de santé et sécurité au travail ...................................... 901 Suivi de la résolution du congrès de 2008 concernant le droit de négociation et le droit de grève .............................................................. 901 La réunion débute à 10 h. Liste des présences en Annexe A page 903. 896 – Réunion du conseil confédéral des 28, 29 et 30 septembre 2010 1. Mot de la présidente (Annexe B, page 911) La présidente, Claudette Carbonneau, s’adresse aux délégué-es du conseil confédéral. 2. Accréditation des délégué-es Engelbert Cottenoir propose, appuyé par Marjolaine Côté d’accréditer les personnes suivantes : Jacques Robert (Commerce), Jean-Roch Albert, Mireille Labbé (Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine), Suzanne Audette, Jean-Hugues Bastien, Sophie Drapeau, Alain Favreau, Anick Ferland, Patrick Gauthier, Lyne Lapointe, Yves Leclerc, René Rochon, Caroline Tremblay (Montréal métropolitain), Gaétan LaDurantaye, Vincent Grenier, Sophie Rousseau (Québec-ChaudièreAppalaches), Nelson Isabel (Bas-St-Laurent), Louise Gauthier, Laval Perron (Saguenay-Lac-St-Jean). ADOPTÉ 3. Adoption de l’ordre du jour (Annexe C, page 923) Laval Perron propose, appuyé par Jean Lortie, d’adopter l’ordre du jour tel que présenté. ADOPTÉ 4. Adoption du procès-verbal • Réunion des 9 et 10 juin 2010 Gaétan Châteauneuf propose, appuyé par Jean-Pierre Tremblay, d’adopter le procès-verbal de la réunion du conseil confédéral des 9 et 10 juin 2010. ADOPTÉ 5. Conjoncture et priorités 2010-2011 (Annexe D, page 925) • Analyse de la conjoncture Louis Roy, vice-président, et Claudette Carbonneau, présidente, présentent l’analyse de la conjoncture de la CSN. Pierre Brassard propose, appuyé par Loraine Dugas, de recevoir la présentation sur l’analyse de la conjoncture. ADOPTÉ • Les finances publiques – Plan d’action Pierre Patry, trésorier, et Louis De Garie, adjoint au comité exécutif présentent le document Se donner le Québec qu’on veut, Les finances publiques - plan d’action (Phase 2). Pierre Roger propose, appuyé par Bernard Duchastel, d’adopter le plan d’action (phase 2) pour la priorité Finances publiques. ADOPTÉ Réunion du conseil confédéral des 28, 29 et 30 septembre 2010 – 897 6. Journée mondiale pour le travail décent Jacques Létourneau, adjoint au comité exécutif, informe les délégué-es du conseil confédéral sur la Journée mondiale pour le travail décent qui se tiendra le 7 octobre 2010. Véronique De Sève propose, appuyée par Patrick Gauthier, de recevoir la présentation sur la Journée mondiale pour le travail décent. ADOPTÉ 7. Politique de prévention en matière de violence et de harcèlement au travail et guide Lise Poulin, secrétaire générale, Céline Lefebvre directrice du Service des ressources humaines, et Patrice Savignac-Dufour président du STTCSN, présentent la nouvelle Politique de prévention en matière de violence et de harcèlement au travail et son guide. Claudette Carbonneau, présidente, invite l’humoriste Boucar Diouf. 8. Suivi des priorités 2009-2010 (Annexe E, page 975) • Disparité de traitement La présidente, Claudette Carbonneau, invite monsieur Jean Bernier, du département des relations industrielles de l’Université Laval, à s’adresser aux délégué-es du conseil confédéral. Lise Poulin, secrétaire générale, François Lamoureux, adjoint au comité exécutif, Anne Pineau, conseillère au Service juridique, Judith Carroll, adjointe à la direction du Service des ressources humaines présentent le texte La discrimination sur la base des statuts d’emploi À nous d’agir! Guillaume Tremblay propose, appuyé par Marc Corriveau, que le conseil confédéral adopte le texte La discrimination sur la base des statuts d’emploi À nous d’agir! ADOPTÉ 9. Mémoire sur le projet de loi no 103, Loi modifiant la Charte de la langue française et d’autres dispositions législatives et Déclaration commune de la coalition contre la loi 103 Claudette Carbonneau, présidente, Michel Forget, adjoint au comité exécutif, et Julie Audet, conseillère à la recherche au Service des relations du travail, présentent le Mémoire sur le projet de loi no 103, Loi modifiant la Charte de la langue française et d’autres dispositions législatives. Par la suite, ils présentent la Déclaration commune de la coalition contre la loi 103. 898 – Réunion du conseil confédéral des 28, 29 et 30 septembre 2010 Gaétan Châteauneuf propose, appuyé par Patrick Gauthier, de recevoir la présentation du mémoire sur le projet de loi no 103, Loi modifiant la Charte de la langue française et d’autres dispositions législatives et sur la Déclaration commune de la coalition contre la loi 103. ADOPTÉ 10. Questions de privilège et conflits en cours privilège • Questions de privilège ¾ STT du CSSS Jeanne-Mance Gilbert Binette et Éric Lechasseur, du STT du CSSS Jeanne-Mance (FSSS-CSN), présentent la question de privilège. Francine Lévesque propose, appuyée par Line Lapointe, que le conseil confédéral de la CSN donne son appui plein et entier à la lutte que mène le STT du CSSS Jeanne-Mance contre les compressions budgétaires et contre une réduction importante des services aux résidents de nos centres d'hébergement et à la population des quartiers que nous desservons. ADOPTÉ • Conflits en cours ¾ STT du Coq Rôti Germain Crête, président du syndicat, présente le conflit du STT du Coq Rôti. ¾ STT Alimentation de Cabano Carole Caron, présidente du syndicat, présente le conflit du STT Alimentation de Cabano. ¾ STT du Repos St-François d’Assise Jean-Marc Lizotte, président, et Luc Papillon, vice-président, présentent le conflit du STT du Repos St-François d’Assise. ¾ STT de la Librairie Martin Benoît Sabourin, vice-président du syndicat, présente le conflit du STT de la Librairie Martin. Jean Lortie propose, appuyé par Gaétan Châteauneuf, que le conseil confédéral donne un appui inconditionnel aux syndicats qui luttent pour le respect et l’obtention de conditions de travail décentes. ADOPTÉ 11. Formation politique La présidente, Claudette Carbonneau, invite monsieur Robert Laplante, directeur de l'Institut de recherche en économie contemporaine, à s’adresser au conseil confédéral sur le développement économique du Québec. Réunion du conseil confédéral des 28, 29 et 30 septembre 2010 – 899 12. Élections aux comités confédéraux La présidente, Claudette Carbonneau, et la secrétaire générale, Lise Poulin, agissent respectivement comme présidente et secrétaire d’élections. • Comité des relations interculturelles Mona Edma propose Gabriela Nedelcu, qui accepte par procuration. Elle est donc élue. 13. Gaz de schiste (Annexe F, page 989) La présidente, Claudette Carbonneau, invite Normand Mousseau, professeur titulaire au département de physique de l’Université de Montréal, à s’adresser aux membres du conseil confédéral. Isabelle Ménard et Michel Forget, adjoint au comité exécutif, présentent le texte Position de la CSN concernant l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste. Denis Marcoux propose, appuyé par Renée Levasseur, de recevoir la Position de la CSN concernant l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste et d’adopter les propositions suivantes • Que le mandat du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) soit élargi et que ce dernier dispose du délai nécessaire pour faire une analyse complète sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste notamment sur : les impacts sur la sécurité et l’indépendance énergétique du Québec; les impacts sociaux et économiques de l’exploration et de l’exploitation ainsi que sur leurs effets sur l’environnement; les impacts du développement de cette filière énergétique sur les terres agricoles ainsi que sur la production alimentaire. • Qu’un moratoire soit mis en place sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste, et ce, jusqu’à ce que les recommandations du rapport des études et des consultations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement soient rendues publiques. ADOPTÉ TEL QU’AMENDÉ Amendement 1 : Éric Boulay propose, appuyé par Mireille Labbé, de remplacer au 1er picot, page 9, l’exploitation des gaz de schiste par l’exploitation pétrolifère et gazière. REJETÉ 900 – Réunion du conseil confédéral des 28, 29 et 30 septembre 2010 Amendement 2 : Roger Valois propose, appuyé par Jean Lortie, d’ajouter au 2e picot, page 9, à la fin du paragraphe : et fasse l’objet d’un débat public large, incluant notamment les dimensions et la révision de la Loi des mines et des redevances. ADOPTÉ 14. Finances : réorganisation du module informatique (Annexe G, page 1003) Le trésorier, Pierre Patry, présente le texte sur la réorganisation du module informatique ainsi que la modification aux prévisions budgétaires. Marc Paquette propose, appuyé par Jean-Pierre Bourgault, d’adopter la modification aux prévisions budgétaires 2008–2011. ADOPTÉ 15. Les rendez-vous de l’énergie Roger Valois, vice-président, et Michel Forget, adjoint au comité exécutif, informent les délégué-es sur les Les rendez-vous de l’énergie qui se tiennent dans les différentes régions du Québec. Dominique Daigneault propose, appuyée par Richard Gauvin de recevoir la présentation sur Les rendez-vous de l’énergie. ADOPTÉ 16. Centraide La présidente, Claudette Carbonneau, invite Michèle Thibodeau-De Guire, directrice générale de Centraide Montréal, et Isabelle Thibault, de l’ACEF du Sud-Ouest, à s’adresser au conseil confédéral. Paul Lavergne propose, appuyé par Manon Perron, que le conseil confédéral reçoive les présentations de Centraide et de L’ACEF du Sud-Ouest, dans le cadre du lancement de la campagne de Centraide et réitère l’appui de la CSN à Centraide et invite ses organisations affiliées à faire de même. ADOPTÉ 17. Loi antibriseurs de grève (Annexe H, page 1019) François Lamoureux, adjoint au comité exécutif, présente le document La Loi antibriseurs de grève au Québec, Une modernisation s’impose. François Lamoureux, adjoint au comité exécutif, présente le document Plan d’action afin de moderniser les dispositions antibriseurs de grève du Code du travail. Chantale Larouche propose, appuyée par Véronique De Sève, de recevoir le document La Loi antibriseurs de grève au Québec, Une modernisation s’impose et d’adopter le plan d’action afin de moderniser les dispositions antibriseurs de grève au Code du travail. ADOPTÉ Réunion du conseil confédéral des 28, 29 et 30 septembre 2010 – 901 18. Semaine nationale de santé et sécurité au travail Roger Valois, vice-président, Michel Forget, adjoint au comité exécutif, et Andrée Bouchard, représentante de la CSN au conseil d’administration de la CSST, informent les délégué-es sur les différentes activités prévues dans le cadre de la Semaine nationale de santé et sécurité au travail. Réal Thibault propose, appuyé par Gilles Morin, de recevoir la présentation sur la Semaine nationale de santé et sécurité au travail. ADOPTÉ 19. Suivi de la résolution du congrès de 2008 concernant le droit de négociation et le droit de grève Louis Roy, vice-président, rappelle aux délégué-es les discussions entourant la résolution du congrès de 2008 concernant le droit de négociation et le droit de grève. Janick Rousseau propose, appuyée par Mona Edma, qu’une rencontre extraordinaire du CCGN se tienne cet automne en présence du comité exécutif de la CSN pour élaborer une proposition de travail visant à promouvoir auprès de nos affiliés le droit de négocier et le droit de grève. ADOPTÉ Ajournement à 15 h 23. Claudette Carbonneau, Présidente Lise Poulin, Secrétaire générale CSN Conseil confédéral de septembre 2010 Présence des délégué-es aux séances Séances CONFEDERATION DES SYNDICATS NATIONAUX 123 y y Boucher Denise Carbonneau Claudette Patry Pierre Poulin Lise Roy Louis Valois Roger v’ i.-] / v’ y v’ CONSEIL CENTRAL CÔTE-NORD CSN - 123 Tremblay Guillaume v v’ CONSEIL CENTRAL DE LA GASPESIE ET DES ILES DE LA MADELEINE 123 Albert Jean-Rock Boulay Eric Labbé Mireille : ‘1 v’ 1 y CONSEIL CENTRAL DE L’OUTAOUAIS 123 Baril Daniel Ferland Sylvie Quijada Michel ‘ 1 V y 1 CONSEIL CENTRAL DE LANAUDIERE 123 Chaussé Céline Corriveau Marc Longpré Alain Ranger Francine Tessier Daniel ‘ y y ,‘ y, v’ vi v’ y yi CONSEIL CENTRAL DES LAURENTIDES 123 Bastien Sylvain Céré Éric Jetté Louise Lachapelle Julie Paquette Marc Racette Johanne Annexe A y y y ./ V y 904 CONSEIL CENTRAL DU MONTREAL METROPOLITAIN 123 Achard Flavie Audette Suzanne Bastien Jean-Hugues Benoit Patrice Boisciair Linda Bourgauit Jean-Pierre Cantave Louis Carlo Châteauneuf Gaétan Courtemanche Lisa Daigneault Dominique De Sève Véronique Drapeau Sophie Edma Mona Favreau Alain Ferland Anick Ferland Madeleine Gauthier Patrick Lapointe Lyne Leclerc Yves Ledoux Richard Perron Manon Picotte Donald Rochon René Rousseau Janick Thomas Paul Tremblay Caroline V y’ y’ , y V y’ y’ y’ y’ , V y’ V V V V V .., y’ y’ V V V ‘/ ‘I y’ y’ ‘ V ‘ y’ y’ y’ y’ V’ y’ V’ y’ %‘ V y’ y’ .‘ V V’ y’ y’ y’ V y’ y’ y’ V V y’ V V V y’ y’ y’ 1 V V V V V V CONSEIL CENTRAL D’ABITIBI-TÉMISCAMINGUE-NORD DU-OU ÉBEC 123 Goyer Jacqueline Paquin Michel Rheault Donald V y’ V CONSEIL CENTRAL QUEBEC CHAUDIERE-APPALACHES 123 Boily Cari Castro Émilia Clavet Pierre De LaDurantaye Gaétan Delisle Nathalie Fortin Yves Gauvin Richard Gingras Ann Grenier Vincent Rousseau Sophie Thibault Réai V y’ V V V V y’ y’ V V y’ V V V’ 905 CONSEIL CENTRAL DU BAS ST-LAURENT 123 FiUion Daniei Isabel Neison Legendre Nancy Ross Marie-France ! V ‘‘1 , ..‘ ‘ V CONSEIL CENTRAL DU SAGUENAY LAC SAINT-JEAN 123 Biackburn Sylvie Cottenoir Engeibert Gauthier Louise Morel Pierre Perron Lavai , ‘ 1 VI V f V’ CONSEIL CENTRAL DE L’ESTRIE 123 Beaudin Denis Lacharité Jean St-Onge Marcei Tétreauit Michei s VI y, v’I v y’ CONSEIL CENTRAL DE LA MONTEREGIE 123 Carter Steve Desforges Ciaudine Harnois Pierre Herbeuvai Annette Lévesque Fernande Mallette Richard Morand Robert Morin Giiies Poirier Pierrette y’ y’ y’ Vi y’ y’ y’ ‘ y’ v VI ‘j ‘S’ V fI ‘ ,V V V VI CONSEIL CENTRAL DU COEUR DU QUEBEC 123 Bruie Odette Dugas Lorraine Lavergne Paui Levasseur Renee v s’III I v1 V V ‘I 1ï V ‘ y’ 906 FEDERATION DE LA CSN-CONSTRUCTION 123 Brassard Pierre Fortin Benoît Jobin Éric Paolinelli Aido Miguel Vary Jacques V V V V V V V V V V FEDERATION DU COMMERCE 123 Bergeron-Cyr David Bourbonnais Gabriel H. David Diane Fournier Serge Lagacé Johnny Lortie Jean Oueiiet René Paré Michei Renaud Jean-François Robert Jacques Tessier Guylaine V V V V V V V V V V V V 1 V V V V V V V V V V V V FEDERATION NATIONALE DES ENSEIGNANTES ET ENSEIGNANTS DU QUEBEC 123 Biais Marie de Repentigny Yves Sabourin Yves Senneviiie Caroiine Thibodeau Micheline Trembiay Claire Trudelie Jean V V V V V V V V V V V V s” V V V s” V FEDERATION DES PROFESSIONNÈLES 123 Corriveau Nancy Duceppe Yvan Langlois Ginette Roy Danny Tremblay Michel V V V V V V V V V V V V FEDERATION DE LA METALLURGIE 123 Gamelin Yvan Isabelle Denis Lampron Alain Laviolette Marc s” V V V V V V V V V V V 907 FEDERATION DE LA METALLURGIE 123 Robert Guy Tremblay Jean-Pierre FEDERATION DES TRAVAILLEURS DU PAPIER ET DE LA FORET 123 Fortin Michel Normandin Guy Parent Sylvain FEDERATION DE LA SANTE ET DES SERVICES SOCIAUX 123 Beaulieu Line Begley Jeif Bertrand Denis Bouchard Steve Cabana Jean-François Charette Daniel Cotten André Desmarais Reine Duguay Jacqueline Elina Guignard Gaouette Mélissa Goulet Laurier Grad Jean-Philippe Labrie Louise Lacasse Dany Lacasse Hélène Lambert Nadine Landry Yvonne Laurion Guy Lavoie Hélène Leblanc Bruno Léger Lucie Lévesque Francine Lévesque Yves Marcotte Josée Paradis Denyse Pearson Luc Provencher Johanne Quirion Louise Théorêt Sylvie Thibeault Louise Yergeau Guy V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V V 908 FEDERATION DES EMPLOYEES ET EMPLOYES DE SERVICES PUBLICS 123 Arguin Nathalie Beaulieu Danielle Christofferson-Dugré Linda Côté Marjolaine Doganieri Manon Duchastel Bernard Dufresne Ysabelle Fecteau Alexandre Forgues Jacques Godin Yvon Goyette Richard Gratton Stéphanie Lajoie André Marcoux Denis St-Georges Pierre Thiffault Alain y ‘ y s- s, s s’ s s’ s s’ s’ s’ s’ s- s’ s’ s’ s’ s’ s s- ss- s- s’ s’ y s- s’ s’ s’ s FEDERATION NATIONALE DES COMMUNICATIONS 123 Boivin Normand Duguay Gilles Larouche Chantale Roger Pierre Nombre de délégués Hommes Femmes Total 57.54% 103 42.46% 76 179 s- s’ s s’ s- s’ s- s’ s’ 909 Liste de présences – salarié-es et visiteurs/visiteuses Angers Pierre-Olivier, Archambault Louise, Arpoulet Dominique, Arsenault Marie-Eve, Asselin Micheline, Aubry Annick, Aubry Benoit, Audet Julie, Bady Dalila, Beauchamp Sylvain, Beaulé Julie, Beausoleil Ginette, Bédard Alain, Bédard Isabelle, Bédard Jean, Bélanger François, Bélanger Josette, Béliveau Luc, Belleau Nathalie, Bénard Mireille, Benoit Marie-France, Benoit Patricia, Bergeron Claire, Bergeron Kim, Bergeron Nicole, Bertin Raymond, Bertrand Louis, Bessette Luc, Betty Ginette, Bhérer Andrée-Anne, Bilodeau Ariane, Bilodeau Guy, Bilodeau Pierre-Luc, Bittar Priscilla, Blackburn Michel, Blais Lyne, Blandon Carla, Boileau Hélène, Boiteau Réjean, Bosset Claude, Bouchard Andrée, Boucher Micheline, Boulanger Jean, Bourgeois Martin, Bradette Daniel, Bradley Réjean, Brassard Lise, Brière Line, Brossoit Francis, Calderon Salvador, Caron Carole, Caron Isabelle, Carroll Judith, Casavant Richard, Cauchy-Charest Maxime, Chamberland Lyne, Chamberland Nathalie, Chantal France, Charest Daniel, Chouinard Marie-Claire, Cliche Helena, Cloutier André, Comby Marc, Côté France, Côté Frédéric-Martin, Côté Pascal, Côté Stéphane, Côté Suzanne, Côté Sylvain, Côté Sylvio, Courtemanche Jean-Marc, Cousineau Nicole, Coutu Jean-François, Couture Valérie, Crevier Philippe, Croteau Audrey, Cyr Ginette, Dalcé Jean, Dalpé Marie-Pier, De Garie Louis, Deblois Daniel, Delsemme Michelle, Delvecchio Hélène, Demers Claude, Demers Dominique, Demers Lucie, Demers Martin, Demers Pierre, Desaulniers France, Deschambault Robert, Desforges Josée, Dicaire Gilles, Dion Richard, Dionne Jean-Philippe, Drolet René, Dubreuil Sylvain, Duchesne Émile, Duchesneau Pierre, Dumas Hélène, Duval Marcel, Evangéliste Mario, Faucher Danielle, Faucher Johanne, Figaro Sherane, Fillion Ian, Filteau Michelle, Flibotte Liane, Fontaine Manon, Fontaine-B. Sophie, Ford Diane, Forget Michel, Fortier Joannie, Fortin Bernard, Fortin Manon, Fortin Réjean, Fortin Richard, Fréchette Monique, Fuentes Guy, Fuoco Robert, Gagné Gail, Gagné Jacinthe, Gagnier Jean-Claude, Gagnon Charles, Gagnon François, Gagnon Jannick, Gagnon Jeanne, Gagnon Steve, Gareau Louise, Gaumont Gaétane, Gauthier Anne, Gauthier Françoise, Gauthier Hélène, Gauthier Pierre, Gaydos Jean-Michel, Gendron Pierre, Germain Nicole, Gervais Éric, Giacondesi Marc, Girard Hélène, Gouger Colette, Grenier Jean, Guay Nathalie, Guérard Catherine, Guertin Johanne, Guertin Mario, Guindon Chantal, Guindon Gaétan, Hachey MarieClaude, Hamel Jacqueline, Hardy Lyne, Harpin Marlyne, Héroux Bruno, Houle Christiane, Houle Louis-Serge, Hudon Jean-Carle, Hudon Jean-Claude, Iaconelli Franco, Jacques Yves, Jean Pascal, Joly Caroline, Joly Sylvie, Joncas Nathalie, Kirouac Éric, L’Écuyer François, Laberge Benoit, Labonté Daniel, Lachance Christian, Lachance Pierre, Lalande Céline, Langevin Alain, Langlois Stéphane, Lanson Isabelle, Lapierre Andrée, Lapierre Gilles, Laplante Nadia, Lapointe Johanne, Laprise Natacha, Laroche Jean, Larocque Marc, Larose Nathalie, Larrivée Yves, Laurin Éric, Lawrence Annie, Lebel Judith, Leblanc Anne, Leblanc Blandine, LeBlanc Maryse, Leblanc Raymonde, Lecavalier Françoise, 910 Lecavalier Sylvie, Lecomte Michel, Lefebvre Céline, Lefebvre Nicole, Legault André, Legault Roselyne, Léonard Robert, Lepage Ninon, Lepage Yvonne, Lessard François, Lessard Lise, Létourneau Jacques, Lévesque France, Lévesque Josée, Lussier Josée, Mailloux Jean, Malenfant Benoît, Marquis Julie, Martel Denis, Martin Guy, Massie Daniel, Massie François, Mc Hogue Nathalie, Melançon Denise, Ménard Isabelle, Mercier Robert, Michaud Lucie, Morin France, Morin Francis, Noël Daphné, Noël Vincent, Nolet Sylvain, Normandin Karine, Olivier Serge, Ouellet Noémie, Ouellet Normand, Pagé Claire, Pagé Hélène, Paquet Valérie, Paquin André, Paradis Josée, Parent Pierre-Luc, Patrix Céline, Pelletier Ariane, Pelletier Gabrielle, Pelletier Martin, Perreault Annick, Phaneuf Alexandre, Picard Gaétane, Pilotte Robert, Pinard Marie-Eve, Pineau Denis, Pineault Anne, Poirier Cassandra, Pomerleau Lise, Ponce Rodolfo, Potvin Réjean, Pouliot Mélissa, Prégent Pierre, Proulx Emmanuelle, Proulx Louis, Provencher Gino, Prud’homme Lise, Quessy Marc, Quintal Catherine, Raymond Gilles, René Hélène, Roberge Claude, Rodrigue Jacinthe, Rodrigue Jacqueline, Rodrigue Linda, Roussy Constance, Roussy Gilbert, Roy Dany, Roy Nancy, Sarrazin Lise, Shams Nazarine, Simard Julie, Simard Martine, Simoneau Marie-Christine, St-Gelais Danny, Sylvestre France, Tanguay Dominique, Tapp Jo-Ann, Tardif Gaétan, Théoret Jean-Luc, Thibault-Bellerose Anne, Tremblay Diane, Trépanier Sonia, Tricot Jacques, Turcotte Robin, Vachon Chantal, Venne Annie, Vigneault Carmelle. Volpato Adriana. 911 Mot d’ouverture deClaudette Carbonneau Présidente de la CSN Conseil confédéral Montréal, du 28 au 30 septembre 2010 (seul le texte prononcé fait foi) Annexe B 912 Minute de silence Je vous invite à vous lever et à garder une minute de silence à la mémoire des travailleuses et des travailleurs qui ont lutté pour la cause syndicale, et plus particulièrement Jeanne Duval, ancienne vice-présidente de la CSN, Robert Lachance, salarié du mouvement, et Jean-Claude Martel, ancien président du Conseil central du Saguenay–Lac Saint-Jean. Mes camarades du comité exécutif, Chers délégué-es, Chers militants et militantes, Chers salarié-es, Bonjour et bonne rentrée! Oui, nous sommes réunis ce matin dans un format qui sort de l’ordinaire puisque l’ensemble des salarié-es de la CSN sont invités à participer activement au conseil confédéral, qui est la plus haute instance du mouvement entre les congrès. Je suis très fière de cette initiative. En effet, nous allons aujourd’hui partager la vision que nous nous faisons de la conjoncture dans laquelle l’action syndicale se déploie, au Québec, au Canada, ainsi qu’à l’échelle internationale. Cet exercice de tenter une lecture commune de la conjoncture et des priorités à mettre en avant n’a rien de banal puisqu’il permet de dégager les défis et les occasions qu’il faut saisir, non seulement pour être toujours collectivement plus pertinent, mais aussi pour que l’action de chacune et de chacun d’entre nous prenne tout son sens. Ce mouvement qui fait appel aux salarié-es comme aux élu-es est d’abord et avant tout un mouvement de militants. Un mouvement de militantes et de militants qui veut faire avancer la cause des travailleuses et des travailleurs, un mouvement qui est partie prenante de la démocratie en faisant entendre la voix du « monde ordinaire » et en proposant une alternative et des solutions différentes au discours dominant. Oui, la démocratie se nourrit de contre-pouvoir. Vous me permettrez de saluer les nouvelles et les nouveaux élus et de les assurer de tout notre appui. D’entrée de jeu, je voudrais souligner une entente de principe et un règlement qui concernent plus de la moitié de la centrale : celle du secteur public et celui de la construction, qui illustrent bien notre rôle en tant qu’acteur de changement social bien ancré dans le réel. 914 Dans le secteur public Le Front commun du secteur public souhaitait un règlement rapide parce que nous en avions soupé de 5 années de décrets, parce que le retard à signer devenait presque automatiquement prétexte à geler les salaires pour le temps écoulé avant la signature. Nous avions entrepris cette ronde de négociation dans un contexte politique et économique particulièrement difficile. Je me souviens du scepticisme qui régnait au début de la négociation alors que plusieurs entrevoyaient l’inéluctable retour des décrets! L’atteinte d’une entente négociée, quelques mois seulement après l’expiration des décrets, constitue un tour de force que nous avons accompli grâce à notre détermination, notre mobilisation et notre solidarité. Même si tous nos objectifs n’ont pas été atteints, nous pouvons affirmer que le Front commun a donné sa pleine mesure et a permis l’atteinte d’une entente satisfaisante sur plusieurs points : les reculs normatifs ont été évités, nous avons retrouvé notre droit de négocier, protégé nos services publics, amélioré nos conditions de travail, bonifié et consolidé notre régime de retraite et obtenu gain de cause à une de nos revendications historiques datant des années 1970, soit de pouvoir tirer notre part de la croissance de la richesse collective alors qu’ailleurs au Canada on parle plutôt de coupes et de gels. Je suis aujourd’hui en mesure d’annoncer qu’après quelques semaines de consultations dans les assemblées générales, trois de nos quatre fédérations concernées soit la FSSS, la FEESP et la FNEEQ ont d’ores et déjà atteint les majorités requises pour entériner les ententes de principe intervenues en début d’été. La FP complètera cet exercice dans les jours qui viennent puisque ce n’est qu’à la fin de cette semaine qu’une majorité d’assemblées auront été tenues. S’ouvre maintenant une série de travaux importants pour revoir l’organisation du travail, réduire les effets des pénuries et contrer l’augmentation du personnel provenant des agences de placement et les tentatives de privatisation toujours présentes. Nous avions inscrit cette négociation à l’enseigne de l’amélioration et de la consolidation des services publics. Nous sommes fiers du travail accompli, mais nous sommes aussi conscients qu’il nous faudra, dans le secteur de la santé, harmoniser les différentes pistes de solution mises en avant par chacune des organisations syndicales afin de concrétiser ces objectifs qui nous sont très chers. L’heure est à l’action et nous demeurons convaincus que nous avons les budgets nécessaires et de réelles possibilités d’améliorer la qualité de vie des travailleuses et des travailleurs du secteur public, tout en continuant activement à préserver nos services publics. Nous ne manquerons pas cette occasion! Dans le secteur de la construction À la suite de longs mois de discussions et de négociations souvent ardues, l’Alliance syndicale de la construction est parvenue à s’entendre avec les associations 915 patronales de tous les secteurs : institutionnel et commercial, industriel, résidentiel, du génie civil et de la voirie, ce qui a permis aux 146 000 travailleurs de la construction du Québec d’éviter les décrets tant convoités par certaines associations patronales et de se faire respecter sans avoir à recourir à la grève. Il s’agit là d’une victoire syndicale sans précédent à mettre au compte de l’unité syndicale la plus large jamais connue dans ce secteur. Bravo pour cet extraordinaire tour de force! La nouvelle convention collective qui est entrée en vigueur hier, se terminera à la fin avril 2013. Elle comporte plusieurs gains appréciables entre autres d’importantes bonifications au régime de retraite, une priorité très chère à la CSN-Construction. Le « fonds de pension » du secteur de la construction avait été passablement mis à mal lors de la ronde de négociation 2004 et devenait générateur d’intolérables iniquités entre les différentes catégories de travailleurs. Je salue aussi l’habileté de l’Alliance syndicale qui a réussi à combattre avec efficacité les nombreuses demandes de reculs des employeurs très tentés de profiter du contexte de la crise pour masquer qu’ils œuvrent dans un secteur toujours florissant et prospère. Bravo pour avoir mis les pendules à l’heure et obtenu des augmentations salariales variant de 10,5 % à 12 % sur trois ans, sans compter les efforts tangibles de rattrapage salarial pour les travailleurs du secteur résidentiel qui comptent parmi les moins bien payés. C’est à plus de 80 % que les membres de la CSN-Construction, de l’Inter, de la CSDConstruction, du Syndicat provincial de la construction et de la FTQ Construction ont entériné cette entente parce qu’elle atteint les objectifs syndicaux déterminés dès le départ. Sur la scène provinciale Inconnu du grand public, il y a quelques mois à peine, le dossier des gaz de schiste est en train de polariser le Québec et de faire déraper, avant même que ne commence le nécessaire débat de société sur l’exploitation de cette ressource naturelle. Il y a, d’une part, la vice-première ministre, Nathalie Normandeau, et son collègue de l’Environnement, Pierre Arcand, qui donnent carrément l’impression d’être à la solde des promoteurs privés et des amis du parti. Chaque jour apporte son lot de révélations. D’anciens conseillers libéraux sont nommés du jour au lendemain à l'Association gazière et pétrolière du Québec, présidée par André Caillé, lui-même associé à une entreprise qui détient des permis d'exploration sur une superficie de 400 000 hectares. D’autre part, l’ancien homme campagne de relation publique organismes, comme le BAPE, braquer la population et faire fort de la crise du verglas tente d’orchestrer une pour vendre l’idée de l’industrie avant même que des n’amorcent leurs travaux. Tout semble réuni pour dévier un débat de développement durable en une 916 levée de boucliers contre toute forme de développement. Bref, tout un gâchis qui s’annonce! Le traumatisant reportage de Radio-Canada où on voit un citoyen de la Pennsylvanie faire couler l’eau du robinet pour y mettre le feu, comme les études contradictoires sur le caractère polluant des gaz de schiste plaident pour une étude sérieuse et crédible sur l’impact environnemental de telles exploitations. Les révélations du journal La Presse à l’effet que le Québec exige des redevances 1 000 fois moindres que la Colombie-Britannique de la part des sociétés gazières et pétrolières ajoutent aux perceptions de copinage et donnent la fâcheuse impression d’un gouvernement à la Duplessis prêt à brader nos ressources naturelles pour un plat de lentilles. Alors qu’il faudrait une stratégie énergétique globale, mise en place dans un esprit de développement durable, les limites étroites du mandat confié au BAPE et le peu de temps dont il disposera, compte tenu de la complexité du sujet, constituent une véritable insulte à l'intelligence. Les nombreux cafouillages qui entourent la conduite de ce dossier amènent la CSN à réclamer à son tour un moratoire. Il faut prendre le temps d’étudier les tenants et aboutissants des gaz de schiste. Surtout, il faut s’assurer qu’il y a un pilote dans l’avion et que le bien commun et l’intérêt collectif sont au poste de commande. Ce temps d’arrêt s’impose pour que le jeu se calme et qu’on évite de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il ne s’agit pas de dire non a priori, il s’agit d’y voir clair avant de dire oui. La précipitation du gouvernement qui semble avoir fait son nid ne ramènera pas la confiance des électeurs malmenée par les allégations de malversations entourant l’octroi des contrats gouvernementaux, l’octroi des places dans les services de garde et le financement des partis politiques. Par-delà les versions contradictoires qui traversent la Commission Bastarache, le seul témoignage du premier ministre démontre à quel point le sens de l’État et du bien commun est en déroute. La déclaration de Jean Charest qui se dit tout à fait à l’aise avec l’omniprésence des collecteurs de fonds dans les officines de l’État est troublante. Les ravages laissés par des années de propagande sur la suprématie du privé sur le public prennent ici tout leur sens. S’il n’y a rien de scandaleux à ce que le fils d’un propriétaire d’entreprise privée fasse valoir les intérêts de la famille, l’absence de frontières étanches entre l’intérêt partisan et l’intérêt public est inacceptable. Espérons qu’on en tire des leçons. C’est plus qu’un problème éthique, il s’agit d’un véritable problème politique. Une chose est sûre, nous continuerons à dénoncer les mesures régressives adoptées dans le dernier budget. Devant l’ampleur de l’attaque, nous en faisons une priorité pour une deuxième année consécutive. Le recul du gouvernement sur le ticket 917 modérateur, sans tambour ni trompette, au milieu de la semaine dernière, montre que la mobilisation est loin d’être vaine. Le gouvernement doit maintenant revenir sur sa décision d’imposer sa taxe santé qui atteindra l00 $ l’an prochain, 200 $ en 2012, que vous gagniez 14 000 $ ou 200 000 $, ce qui est complètement inéquitable. Quelle solution trouvera le gouvernement pour financer le demi-milliard qui devait provenir du ticket modérateur? Comment les coupes de personnel administratif dans les établissements et les institutions publics affecteront-elles les services? Avec la loi 100, uniquement à Montréal, on parle de coupes de 33 millions $ seulement en frais de déplacement et de formation. Nous refusons que les budgets d’austérité et les réductions de services deviennent les moyens privilégiés de sortie de crise alors que nous avons toujours préconisé une sortie de crise fondée sur davantage de solidarité et de vision. Sur la question des PPP, nous sommes soulagés de voir le gouvernement mandater un comité d’experts indépendants en vue qu’il détermine si le PPP du CHUM constitue réellement une économie par rapport au mode traditionnel. En Montérégie, d’ailleurs, la bataille se poursuit alors que le premier centre pour personnes âgées construit en PPP peine à prendre son envol; le partenaire privé, généreux donateur au Parti libéral, éprouve des difficultés à recruter du personnel. Nous souhaitons aussi que l’éducation prenne la place qui lui revient dans une société comme la nôtre qui a besoin d’un système fort et ouvert pour assurer le développement social et économique. À ce titre, il faut garantir une politique de frais de scolarité qui ne freine pas l’accessibilité à la formation postsecondaire. Nous sommes particulièrement inquiets des objectifs de la rencontre annoncée par la ministre Beauchamp portant sur le financement des universités en lien avec leur performance. Nous continuerons à marteler notre message, au cours des prochains mois, puisque ces questions demeureront une priorité de la CSN cette année. Nous chercherons les coalitions les plus larges possible sur ces enjeux. Ainsi, avec les médecins québécois pour un régime public, les grandes centrales syndicales souligneront le 40e anniversaire de l’assurance maladie, le 30 octobre prochain. Il s’agira d’un temps fort pour marquer notre attachement à un système de santé qui demeure un exemple à travers le monde entier. Alors que le contexte sociopolitique actuel est inquiétant et que les idées conservatrices font leur chemin dans les valeurs sociales, nous estimons que l'heure est venue pour une mobilisation importante, telle cette grande marche, où les femmes et les hommes du Québec se porteront à la défense d'une société égalitaire soucieuse du bien-être de chaque personne. Du 12 au 17 octobre prochain, la Marche mondiale des femmes se mettra en branle au Québec. Le point culminant de cette grande mobilisation se tiendra à Rimouski, le 17 octobre. Des marches auront lieu dans 70 pays. Une des revendications importantes de la marche québécoise porte sur le refus du démantèlement des services publics par la privatisation et la hausse de la 918 tarification, notamment en santé et en éducation. Nous y serons! Loi antibriseurs de grève et Journal de Montréal La CSN compte accentuer, au cours des prochaines semaines, sa campagne pour obtenir des modifications au Code du travail concernant les briseurs de grève. Nous avons déposé le 21 septembre dernier, à l’ouverture de l’Assemblée nationale, une pétition de 23 000 signatures qui circulait depuis quelques mois dans le conflit du Journal de Montréal. La conjoncture favorable, depuis la récente prise de position des jeunes libéraux qui réclament aussi une mise à jour des dispositions antibriseurs de grève pour qu’elles s’adaptent aux nouvelles technologies de communication, renforce notre détermination. Le Parti libéral doit saisir la balle au bond et modifier la loi pour préserver un véritable droit de négociation. Au seul Journal de Montréal, nous pouvons constater à quel point l’absence de modernisation de cette loi crée des préjudices importants aux travailleuses et aux travailleurs en maintenant un déséquilibre inacceptable dans le rapport de force. La Loi antibriseurs de grève a été élaborée justement pour maintenir l’équilibre des forces lors d’un conflit. Faire fi des nouvelles technologies, c’est abandonner de plus en plus de travailleuses et de travailleurs, mais c’est aussi traiter différemment les entreprises, entre celles qui maintiennent intégralement leurs activités, malgré un conflit de travail. Au Journal de Montréal, malgré le lock-out qui dure depuis 20 mois, la production se poursuit comme si de rien n’était. Cette situation n’incite pas à rechercher une solution négociée. De n’importe où, un pigiste peut traverser virtuellement les piquets de grève et contribuer à la production du journal. Des recours juridiques ont été pris pour faire reconnaître ces derniers comme briseurs de grève. Malheureusement, la voie juridique est longue. Le gouvernement a tout en main pour agir. Il doit annoncer rapidement qu’il modernise la Loi pour redonner tout son sens aux dispositions antibriseurs de grève et restaurer le droit de négocier. Projet de loi no 103 Le 18 septembre dernier, un grand rassemblement a eu lieu contre le projet de loi no 103 sur les écoles passerelles, projet de loi qui est massivement décrié en commission parlementaire. Devant la Commission de la culture et de l’éducation, se sont succédé plusieurs groupes membres de la Coalition contre le projet de loi no 103, dont la CSN, qui avaient un message commun : Notre langue n’a pas de prix. La Loi 101 n’est pas à vendre! Comme le disait si bien Louis Bernard, ancien secrétaire général du conseil exécutif sous René Lévesque, le projet de loi a deux inconvénients majeurs. Le premier, c’est qu’en encadrant les écoles passerelles, on vient les légitimer. Le deuxième, c’est qu’on donne la recette à suivre. Le prix est connu d’avance pour tous ceux qui 919 voudront le payer. Quant à nous, à la CSN, jamais nous n’accepterons que l’épaisseur du porte-monnaie de certains puisse fragiliser la pérennité de la langue française au Québec. La CSN considère que l’approche du gouvernement est inacceptable parce qu’elle permet toujours de monnayer un droit autrement inexistant, même si le tremplin pour accéder à l’école anglaise subventionnée vise un nombre plus limité de personnes avec ce projet de loi. C’est une question de principe. L’État doit légiférer pour s’assurer que ses lois ne puissent être contournées. Avec le projet de loi no 103, nous demeurons pris dans le carcan du « parcours authentique » avalisé par la Cour suprême, concept des plus nébuleux, qui ne fait que rappeler la fragilité de nos droits linguistiques en régime fédéral alors que la Charte canadienne des droits et libertés, jamais sanctionnée par l’Assemblée nationale du Québec, a permis au fil des ans d’imposer quelque 200 amendements à la Loi 101. Exiger des parents qu’ils s’engagent à maintenir leurs enfants à l’école anglaise non subventionnée jusqu’à la fin du secondaire, comme le suggère Louis Bernard, ou renverser le fardeau de la preuve comme le propose le NPD, ne règle pas le problème de fond. Nous ne voyons qu’une solution : assujettir les écoles privées non subventionnées à la Charte de la langue française. Le gouvernement jette de la poudre aux yeux en brandissant pour rien le recours à la clause dérogatoire comme étant une honte internationale. Pour plusieurs, dont le Conseil supérieur de la langue française, rien n’indique qu’un recours à la clause nonobstant soit nécessaire, puisque aucun élément juridique découlant des droits et libertés ou du droit constitutionnel n’empêche le législateur d’assujettir les écoles privées non subventionnées à la Charte. D’ailleurs, l’article 23 sur la langue d’instruction de la Charte canadienne des droits et libertés ne fait aucune distinction à ce sujet. Pourquoi la communauté internationale serait-elle scandalisée de voir qu’une infime partie de la population bien nantie est assujettie au même régime de droit que la majorité? L’égalité des personnes devant la loi est un principe incontournable de toutes les sociétés libres et démocratiques. Le choix collectif d’assurer la pérennité du français comme langue commune de la société québécoise est parfaitement légitime et contribue de surcroît à notre cohésion sociale. Ce choix collectif, nous l’avons fait avec la Loi 101. À nous de la préserver! Sur la scène fédérale Il est désolant de voir se multiplier, sur la scène fédérale, les décisions marquées par l’arrogance, l’opacité, l’autoritarisme, le dogmatisme et le populisme. Nous avons joint, en juin dernier, la toute nouvelle coalition Pas de démocratie sans voix qui dénonce les attaques systématiques du gouvernement canadien contre tous ceux qui osent discuter ses politiques : retrait du financement à plusieurs organismes, 920 révocation de mandat à des individus trop critiques, recul d’enjeux aussi fondamentaux que le droit à l’avortement, l’égalité des sexes, les droits des gais et lesbiennes, des réfugiés, des autochtones, pour ne nommer que ceux-là; les politiques de droite du gouvernement Harper sapent la démocratie. À titre d’illustration, le contrôle des médias exercé par le premier ministre Harper semble atteindre des sommets. La demande de Quebecor d’étendre ses tentacules en créant la chaîne Sun TV News, sème la controverse. Or, Stephen Harper s'intéresse de près à ce dossier. Il a mangé l'an dernier à New York avec le patron de la très conservatrice Fox News, repas auquel a pris part Kory Teneycke, alors directeur des communications de M. Harper. Le premier ministre s'est aussi fait préparer des notes de synthèse concernant la demande de licence de Quebecor pour Sun TV – dont le CRTC a refusé, il y a quelques mois, la première mouture. Coup de théâtre, Teneycke recruté par Pierre Karl Péladeau pour mettre en place ce que tout le monde appelle la « Fox News du Nord » vient de démissionner pour mettre fin à la critique sur son intégrité, compte tenu de sa promiscuité avec le gouvernement conservateur. Alors que le nom de Luc Lavoie circulait pour le remplacement d’un vice-président sortant du CRTC, l’ancien bras droit de Pierre Karl Péladeau, a finalement abouti à la tête de la Sun TV News. Beau portrait de famille qui plombe le droit du public à une information diversifiée et de qualité. Cette montée de la droite s’accentue au Québec avec l’arrivée du Réseau LibertéQuébec, un nouveau mouvement qui veut remplir le vide de l’ADQ moribonde depuis le départ de Mario Dumont. Fondé par des anciens de l’ADQ, dont Joanne Marcotte qui a réalisé le film propagandisme L’Illusion tranquille, ce mouvement se veut un forum d'échanges et de discussions à travers les médias sociaux. Certaines de ses idées s’apparentent au Tea Party, mouvement d’extrême droite américain. Le Réseau Liberté-Québec caresse l'ambition de redonner ses lettres de noblesse aux idées de droite au Québec. Il risque de vouloir le faire avec des moyens qui dépassent largement ceux d’une simple coalition citoyenne. Entendons à cet égard Kory Teneycke, oui encore le même, déclarer sans scrupule sur le site de l’organisme : « une mentalité de troupeau parmi les journalistes et une couverture franchement biaisée de l'actualité expliquent que les Canadiens sont mal servis par les médias. Il est temps, dit-il, d'offrir une alternative ». L’abolition du caractère obligatoire du formulaire long du recensement et la pitoyable gestion des sommets des G-8 et G-20, où les arrestations arbitraires ont complètement occulté des enjeux centraux comme l’environnement et la taxe sur les transactions financières, commencent à avoir raison de la popularité de ce gouvernement qui se retrouve à égalité avec les libéraux dans les derniers sondages. 921 Sous le thème « Non à l’austérité, priorité à l’emploi et à la croissance », la Confédération européenne des syndicats organise demain le 29 septembre, une Journée d’action européenne. Durant cette journée, les syndicats manifesteront contre les mesures d’austérité récemment adoptées par de nombreux pays d’Europe et pour revendiquer des plans de relance pour des emplois de qualité et pour la croissance. Des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs sont attendues à l’Euro-manifestation de Bruxelles. Les syndicats espagnols appellent à la grève générale. Des manifestations auront également lieu au Portugal, en Italie, en Lettonie, en Lituanie, en République tchèque, à Chypre, en Serbie, en Roumanie, en Pologne et en Irlande. Toute notre solidarité les accompagne. Luttes et conflits Sur le front des luttes, les trois syndicats d’Héma-Québec affiliés à la CSN ont entériné une entente de principe en juillet dernier. Il s’agissait d’une première expérience de négociation regroupée qui se conclut par une victoire. Bravo! Les employé-es du Centre local de développement de la MRC de Maskinongé qui ont passé l’été en lock-out sont finalement retournés au travail au début septembre. Les syndiqué-es affiliés à la Fédération des professionnèles, sont généralement satisfaits de l’entente intervenue, tout en étant convaincus qu’ils seraient arrivés au même résultat sans un lock-out aussi inutile que néfaste. Devant le refus obstiné de la direction de la Librairie Martin, à Joliette, de reprendre la négociation, les 24 employé-es ont entrepris une grève générale, le 1er septembre dernier. Les questions monétaires demeurent en litige. La 2e vague de la négociation coordonnée dans les magasins d’alimentation se poursuit. Le Syndicat des travailleuses (eurs) de Provigo Alimentation Denis Nolet de Ville-Marie a adopté un mandat de grève à 92 %. Du côté du Syndicat des travailleuses et travailleurs en alimentation de Cabano, en grève depuis le 4 août, de nombreux points demeurent en litige, mais les rencontres en présence du conciliateur ont repris. Des lock-out perdurent toujours au Journal de Montréal et au Roi du Coq Rôti à Sherbrooke tandis qu’au cimetière du Repos St-Francois-D’assise, la suspension du président du syndicat et le refus de l’employeur de cesser de faire appel à un soustraitant qui effectue certaines tâches relevant des cols bleus enveniment le conflit. Dans le dossier des RSG, la négociation entre la CSN et les représentants du ministère de la Famille et des Aînés se poursuit cet automne. Elle se déroule rondement et nous gardons le cap sur des règlements dès cet automne. Bravo pour leur tournée nationale de mobilisation et pour le grand rassemblement de la fin de semaine dernière. 922 L’acceptation du plan d'arrangement d'Abitibi-Bowater par ses créanciers constitue une bonne étape franchie. Les travailleurs ne lâcheront cependant pas pour contrecarrer l’intention de l’entreprise d’offrir 6 millions de dollars en primes à ses cadres. Au chantier Davie, qui est sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers, nous attendons notre part des contrats provenant du gouvernement fédéral qui a injecté 35 milliards de dollars pour renouveler sa flotte. La CSN fera toutes les représentations nécessaires pour obtenir gain de cause. Je voudrais souligner deux événements d’importance dans notre mouvement. D’abord, la naissance d’une nouvelle Fédération de l’industrie manufacturière qui tiendra son premier congrès du 21 au 25 février prochain à la suite du regroupement de la Fédération du papier et de la forêt et de la Fédération de la métallurgie. Le développement de l’emploi dans ces deux secteurs d’activité constitue pour la CSN une réelle priorité. Le Colloque Gérard-Picard, qui se tiendra les 17 et 18 novembre prochain, portera d’ailleurs sur l’avenir du secteur manufacturier. Le 63e Congrès de la CSN du 15 au 20 mai prochain sera un moment privilégié de définir de nouvelles orientations. Les travaux préparatoires sont déjà en marche et diverses consultations auront lieu dans les mois à venir. Je vous invite toutes et tous à témoigner de notre attachement et de notre intérêt pour l’avenir de ce mouvement. En terminant, je voudrais souligner la Journée nationale du personnel de soutien en milieu scolaire qui aura lieu le 30 septembre et la Journée mondiale des enseignantes et enseignants qui aura lieu le 5 octobre prochain. Leur travail, ça compte dans la détermination du bien commun. Là-dessus, je vous souhaite une excellente rentrée! Bon conseil confédéral et vive la CSN! Claudette Carbonneau Présidente de la CSN 923 Annexe C Conseil confédéral Palais des congrès de Montréal 28, 29, 30 septembre 2010 28 septembre 29 septembre 30 septembre Horaire des séances 10 h à 12 h 30 14 h à 17 h 30 9 h à 12h 30 14 h à 17 h 30 9 h à 12 h 30 14 h à 17 h 30 Horaire des pauses santé 15 h 45 à 16 h 10 h 30 à 10 h 45 15 h 45 à 16 h 10 h 30 à 10 h 45 15 h 45 à 16 h Projet d’ordre du jour Le mardi, 28 septembre 2010 10 h 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Mot de la présidente Accréditation des délégué-es Adoption de l’ordre du jour Adoption du procès-verbal de la réunion des 9 et 10 juin 2010 Conjoncture et priorités de la CSN pour 2010-2011 Les finances publiques – Plan d’action Journée mondiale pour le travail décent Politique de prévention en matière de violence et de harcèlement au travail et guide Le mercredi, 20 septembre 2010 9. Suivi des priorités 2009-2010 • Disparité de traitement 10. Mémoire sur le projet de loi n 103, Loi modifiant la Charte de la langue française et d’autres dispositions législatives et Déclaration commune de la coalition contre la loi 103 11. Questions de privilège et conflits en cours 12. Formation politique : développement économique du Québec 13. Élections au comité des relations interculturelles o 11 h 30 14 h Le jeudi, 30 septembre 2010 9h 14. Gaz de schiste 15. Finances : réorganisation du module informatique 16. Les Rendez-vous de l’énergie 17. Centraide 18. Loi antibriseurs de grève 19. Semaine nationale de santé et sécurité au travail 20. Suivi de la résolution du congrès de 2008 concernant le droit de négociation et le droit de grève 21.Divers 924 925 Analyse de la conjoncture Texte adopté par le conseil confédéral des 28, 29 et 30 septembre 2010 Annexe D 926 927 PRÉAMBULE 5 1. CONJONCTURE INTERNATIONALE 6 A. Repères politiques 6 2. 3. 4. B. Repères économiques 11 CONJONCTURE CANADIENNE 14 A. Repères politiques 14 B. Repères économiques 18 CONJONCTURE QUÉBÉCOISE 21 A. Repères politiques 21 B. Repères économiques 26 RELATIONS DE TRAVAIL 29 A. Syndicalisation 29 B. Ententes négociées 30 C. Négociations à venir 31 D. Conflits de travail 32 E. Conseil consultatif du travail et de la main-d’œuvre 33 F. Les recours juridiques 34 G. Autres dossiers 34 H. Activités syndicales 35 CONCLUSION 36 Tableaux 1 à 4 39 928 929 Préambule La mémoire est une faculté qui oublie dit-on familièrement. Il semble que le phénomène s’accélère quand il s’agit des grands acteurs économiques. Il y a 18 mois la main invisible des forces régulatrices du marché s’étant fait prendre dans le tordeur de la spéculation débridée, l’heure était à la contrition. De tous les horizons, on entendait transformer et réglementer le système. La détermination : Le capitalisme ne serait plus jamais le même. Il y a 12 mois notre attention était attirée par un regain d’activités boursières et, signe indubitable d’une certaine reprise, les primes millionnaires recommençaient à être versées aux banquiers et autres courtiers pendant que les États appliquaient des remèdes de cheval pour soutenir l’économie. Le doute : Y avait‐il vraiment crise du capitalisme? Aujourd’hui, GM a remboursé les sommes des fonds publics et s’inscrit de nouveau à la bourse, les gouvernements sont à rééquilibrer leurs finances au prix de programmes d’austérité draconiens, l’immobilier repart, les consommateurs consomment. Bref, la vie reprend. L’oubli : Quelle crise? Il est désolant de constater à quel point la machine qui avait connu de si importants ratés redémarre sans que soit véritablement révisé son fonctionnement comme on s’était engagé à le faire pour éviter une nouvelle panne. Car ne nous y trompons pas. Les signes de reprise sont très fragiles et il est fort possible qu’une nouvelle récession frappe à nouveau. Dans une telle éventualité les effets seraient encore plus dévastateurs ne serait-ce que parce que le niveau qualitatif des emplois est loin de celui qui prévalait avant la crise et que les finances publiques des États sont aux soins intensifs. Aux États-Unis, 10 % seulement des emplois ont été retrouvés sur les 2 millions perdus dans le secteur industriel. Heureusement, des voix de plus en plus fortes se font entendre enjoignant les gouvernements à se libérer de leur obsession de la dette et des programmes d’austérité, en soutenant plutôt des mesures durables de développement économique. D’autant plus qu’à tous les promoteurs du « moins d’État », les événements des derniers mois font la démonstration, hors de tout doute, du rôle central des pouvoirs publics dans la dynamique économique. À travers la Confédération syndicale internationale, le syndicalisme dispose d’ailleurs d’outils importants pour promouvoir des modèles alternatifs de développement. Pendant ce temps à Ottawa le gouvernement conservateur, qui semble se complaire dans l’exercice minoritaire du pouvoir avec de moins en moins de gêne, réduit les 5 930 espaces démocratiques, muselle les déviants politiques et exerce un contrôle maladif sur l’information. Au chapitre des droits humains et du droit des femmes notamment, il sape des années de progrès social pour nourrir les racines réformistes-alliancistes de son parti. À Québec, englué dans des allégations de malversation de tout ordre le gouvernement Charest en refusant de faire la lumière sur le bien-fondé de ces accusations fait perdre un temps précieux à l’Assemblée nationale qui aurait des dossiers plus prioritaires à traiter; comme celui de corriger le tir de manière importante sur tout le dossier des finances publiques. Tout cela pendant que l’activité des secteurs manufacturier et forestier n’a pas véritablement retrouvé son rythme d’avant la crise et que les travailleurs de la papetière Abitibi Bowater entrevoient, pour la première fois depuis de longs mois, une lumière au bout du long tunnel de la restructuration de l’entreprise. Cependant, les nouvelles ne sont guère réjouissantes pour des milliers de travailleuses et de travailleurs mis à pied. Tout d’abord au chantier maritime Davie où la compagnie, à nouveau à la recherche d’un financement durable, s’est placée sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers. Le temps presse, car d’importants contrats fédéraux seront bientôt accordés. Les salarié-es de Bombardier à La Pocatière quant à eux sont victimes des retards dans la saga de l’octroi du contrat des voitures du métro de Montréal. Au chapitre des nouvelles plus heureuses, il faut souligner l’entente intervenue entre le gouvernement et les 450 000 salarié-es de l’État qui ont su faire preuve d’une véritable solidarité à l’intérieur d’un Front commun que l’on peut qualifier d’historique. Tout récemment, les 150 000 travailleurs de la construction, réunis eux aussi pour une première fois dans une alliance syndicale aussi large, sont parvenus à une entente satisfaisante pour tous les secteurs d’activités de l’industrie. Finalement dans quelques mois se tiendra le 63e Congrès de la CSN où nous pourrons faire le point sur notre action syndicale afin de redéployer nos stratégies dans l’avenir. 1. Conjoncture internationale A. Repères politiques Difficile de jeter un regard sur la situation internationale sans aborder l’avenir toujours incertain de l’économie mondiale, tout particulièrement dans le monde occidental. Alors que les économies émergentes sont en bonne partie responsables d’un certain redressement, nombreux sont les indices qui pourraient nous entraîner dans une nouvelle récession. Avec les crises géopolitiques et alimentaires qui 6 931 sévissent durement à l’échelle mondiale et l’entêtement des États à garder le cap sur les préceptes du libéralisme, la partie est loin d’être gagnée pour les tenants d’une plus grande justice sociale. L’Europe au bord du gouffre En Europe, après le quasi-effondrement financier des États grec, espagnol et portugais, les plans de sauvetage concoctés par l’Union européenne et le FMI imposent de lourds ajustements structurels. Bien que la croissance de l’Allemagne, ou plus faiblement des Pays-Bas et de la France compense les énormes difficultés des autres, les plans d’austérité budgétaire sont en vogue partout, indépendamment de la situation économique de chacun. Par exemple, le gouvernement français s’apprête à ramener son niveau de croissance des dépenses de 8 % à 3 % d’ici 2013. Alors que la situation économique allemande est plutôt bonne, l’État sabre les prestations allouées aux chômeurs. Ce qui fait dire à de nombreux observateurs que cette médecine de cheval appliquée aux finances publiques risque, non seulement d’être contre-productive, mais de faire plonger à nouveau ces économies dans une importante crise1. Des voix s’élèvent pour remettre en question les fondements mêmes de l’Union européenne et de sa monnaie unique qui a perdu près de 15 % de sa valeur au cours des derniers mois. L’Europe des vingt-deux vit la pire crise de sa jeune histoire. Les économies émergentes et la Chine La croissance des économies émergentes, particulièrement celle de la Chine, sera le moteur de l’économie mondiale. Malgré certains signes de ralentissement, les BRIC2 sont au centre d’une véritable recomposition du système mondial. La question chinoise demeure toujours importante dans la mesure où elle représente le chef de file de ces pays du Sud qui ont intégré pleinement le capitalisme mondial tout en portant en leur sein des contradictions politiques et sociales importantes. Si l’omniprésence d’un parti unique et l’immense contrôle exercé par la bureaucratie sur les différentes sphères de la production dénotent peu d’ouverture aux mutations, le terrain des luttes ouvrières s’intensifie et la multiplication des conflits sociaux ouvre la porte à des changements notables. On assiste dans certaines entreprises à des négociations qui permettent des augmentations salariales substantielles de l’ordre de 5 à 27 %. On parle même de reconnaissance des syndicats indépendants quant au monopole exercé par la Confédération syndicale chinoise, bras ouvrier du Parti 1 Selon la Revue Alternatives économiques des pays comme la Grèce, l’Espagne et l’Italie doivent économiser au cours des trois prochaines années des sommes colossales pour assainir leurs finances publiques. Alors que les Portugais doivent ramener leur déficit de 9,4 % du PIB à 4,6 % d’ici 2001, les Grecs, les Espagnols et les Italiens doivent économiser respectivement 30, 65 et 27 milliards d’euros! 2 Les BRIC sont représentés par le quatuor Brésil, Russie, Inde et Chine pour désigner les nouvelles et futures puissances économiques mondiales. 7 932 communiste. De plus, les observateurs remarquent une certaine accalmie dans les moyens utilisés par le pouvoir unique dans la répression envers les mouvements de grève. Selon Jean-Louis Roca directeur des ateliers franco-chinois en sciences sociales de l’Université de Tsinghua (Pékin), l’explication de ces mystères est simple. Les autorités centrales, mais aussi des personnalités politiques ou académiques, militent depuis quelques années pour un changement radical de stratégie économique. En substance, les investissements étrangers dans les industries exportatrices devraient être remplacés par la demande intérieure comme moteur de croissance. Ce qui implique l’augmentation des salaires de l’énorme masse des migrants, une production de biens et de services à plus haute valeur ajoutée, une meilleure formation et de meilleures conditions de vie. En Amérique latine En Amérique latine, il faudra porter une attention particulière aux élections à venir au Brésil qui mettront en vedette la personne qui succèdera à Lula à la présidence du Parti des travailleurs (PT), Dilma Rousseff. Rappelons que si Lula a préféré gouverner modérément à gauche tout en introduisant des mesures aussi révolutionnaires que la « bourse familiale », garantissant ainsi à des millions de pauvres un revenu mensuel de base, sa feuille de route à l’échelle internationale est impressionnante. Le Brésil du PT sort des sempiternels sentiers battus où les gestes concrets ne suivent pas les idées reçues. Le leadership assuré du Brésil dans le gigantesque bond en avant de l’Amérique latine milite en faveur de la réélection d’un gouvernement progressiste. Un G20 peu régulateur de la crise économique L’opposition affichée à toutes les formes de régulation un tantinet sérieuse aux systèmes financiers mondiaux, confirme que les bonnes intentions annoncées au début de la méga crise économique se sont soudainement envolées en fumée! Ce qui fait dire, avec un brin de cynisme, à de nombreux observateurs européens que le G20 est devenu le G vain. Où sont donc passés les projets innovateurs qui devaient cette fois-ci dompter la bête de la spéculation? Alors que les chefs d’État promettaient des réformes majeures, collectives et surtout globales, voilà que les forums internationaux accouchent d’une souris et laissent à la discrétion des pays l’articulation de nouvelles formes de régulation. Le hic, c’est que nous savons que la finance et la spéculation voyagent à la vitesse de l’éclair et que la dimension transfrontalière nécessite des règles de gouvernance mondiale. Lors du dernier G20 de Toronto, il était plutôt désolant d’assister à la lamentable performance du gouvernement canadien dans un leadership affirmé contre une taxe sur les transactions financières. Alors que le Canada, depuis un certain temps, affiche une piètre figure dans les forums internationaux en défendant bec et ongle un programme politique ultraréactionnaire, le résultat final confesse une liberté laissée à chacun sur une régulation ou non des systèmes financiers. 8 933 La Confédération syndicale internationale invite ses membres à intensifier ses actions auprès des gouvernements nationaux, afin de forcer la main au prochain G20 qui se tiendra à Séoul les 11 et 12 novembre prochain. Une coopération internationale de plus en plus difficile Le gouvernement conservateur nous a imposé depuis sa première élection un changement de cap important dans la gouverne des affaires internationales. La réputation du Canada était aux yeux des autres plus axée sur le développement et la solidarité. L’arrivée au pouvoir de Stephen Harper a considérablement changé la donne. Les récentes coupes à la coopération internationale laissent présager un avenir sombre pour le monde de la solidarité internationale. Le commerce international entre parenthèses? La crise économique a quelque peu relégué la question du commerce international au second plan; particulièrement les négociations multilatérales qui sont gelées depuis l’échec de Doha dans le forum de l’OMC. Certes les pays sont engagés dans des échanges commerciaux, mais le modèle bilatéral de négociation a pris les devants sur la volonté d’unir l’ensemble des pays autour d’un modèle d’intégration commun. Au Canada, après une entente adoptée en quatrième vitesse avec les États-Unis pour régler le différend du « Buy American », les négociations se poursuivent avec l’Union européenne. Pour la première fois, les provinces sont à la table dans les matières qui relèvent de leur juridiction. Des rencontres ont eu lieu avec le gouvernement du Québec pour discuter d’un modèle commercial qui intègre les questions liées au travail. La CSN, la CSD et la FTQ ont même déposé une proposition restée, à ce jour, lettre morte. Bien que le discours gouvernemental se veuille rassurant sur la protection des services publics et du bien commun, la vigilance reste de mise à cet égard dans la mesure où le Canada demeure un magnifique marché public potentiel pour les investisseurs de l’Union européenne. Une présidence américaine qui en a plein les bras On ne peut nier les efforts de Barack Obama pour redresser la situation catastrophique dans laquelle l’ancienne administration Bush a plongé les États-Unis et le monde entier. Bien que les réformes visant la finance et la santé ne sont pas à la hauteur des projets initiaux, la gouverne actuelle tranche nettement avec les années de noirceur néoconservatrices. Mais la partie n’est pas gagnée pour le président Obama. Les élections de mi-mandat à la Chambre des représentants permettront certainement de mesurer si oui ou non les démocrates passent le test. 9 934 La crise environnementale sans précédent, qui vient tout juste de frapper le golfe du Mexique avec l’éclatement de la plateforme BP, confirme malheureusement le fragile équilibre entre le développement et la nature. Ce qui a même fait dire au Président que les Américains devaient réduire leur dépendance envers le pétrole. Si nous convenons que ce n’est pas demain la veille qu’un tel changement se réalisera, reconnaissons au moins le mérite d’une telle déclaration. Si l’irresponsabilité et l’arrogance de la multinationale tiennent à la logique du tout au profit, souhaitons que cette catastrophe abyssale pose aussi les limites de ce modèle de développement. La faillite de la guerre globale se poursuit Toute la stratégie militaire développée par la funeste administration de Georges W. Bush au lendemain du 11 septembre 2001 s’effondre comme un château de cartes. Alors que les militaires américains doivent quitter le sol irakien dès l’an prochain, le gouvernement de transition de Jalal Talabani demande aux « boys » de rester jusqu’en 2020! Loin de régler la situation, la guerre a laissé ce pays à feu et à sang tout en ouvrant béantes les plaies d’un conflit interethnique qui s’annonce très long et brutal. Si les États-Unis souhaitent investir davantage le terrain afghan, en y dépêchant des dizaines de milliers de nouveaux militaires, il devrait tirer les enseignements de la feuille de route de l’OTAN où la stratégie de prise en chasse des talibans est en train de s’enliser dans une défaite quasi certaine. Le retrait progressif des 100 000 soldats américains devrait commencer dès l’été 2011. Le plus étonnant dans cette histoire c’est que Washington et Kaboul sont ouverts à des négociations, à la réconciliation avec les talibans, parlant même d’offrir l’amnistie complète à ces derniers. Enfin, cette campagne militaire aura duré bientôt aussi longtemps que l’occupation russe et elle vise, faut-il le rappeler, la capture toujours infructueuse de Ben Laden. Les troupes canadiennes devant elles aussi plier bagage selon les engagements du gouvernement Harper, la pression sera énorme d’ici là pour le maintien des missions militaires. En effet, les talibans ont le vent dans les voiles et un revirement de situation à brève échéance semble quasi impossible. On assiste même à une remontée spectaculaire de l’intégrisme, particulièrement envers les femmes. Échec à la guerre tiendra un important colloque cet automne sur les stratégies militaires et le virage guerrier opéré par le gouvernement canadien. Rappelons que les dépenses militaires du Canada ont augmenté de 49 % depuis 2005! Le congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI) Le deuxième congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI) à Vancouver a permis l’adoption d’une série de résolutions constituant autant d’outils utiles à la construction d’un modèle alternatif. Si le projet qui sous-tend ces propositions est 10 935 ambitieux, il faut admettre que le congrès a eu des difficultés à définir un plan d’action syndicale permettant la jonction entre les enjeux nationaux et internationaux. Certes, la plupart des délégations ont plaidé pour un renouvellement du syndicalisme mondial, mais le poids des enjeux propre à chacun paraît l’emporter sur l’ensemble. Reste à venir une série d’actions comme celle liée au G20 ou encore aux changements climatiques pour mettre à contribution le mouvement syndical international, sans oublier la Journée mondiale sur le travail décent qui aura lieu en octobre prochain pour la troisième année.et qui représente certainement un défi à relever pour le syndicalisme. Le prochain forum social mondial Le 7e Forum social mondial qui aura lieu à Dakar au Sénégal va-t-il prendre lui aussi la mesure des défis qui s’imposent à nous? Créé dans le sillage des luttes de Seattle et contre le sommet de Davos, l’antimondialisme des débuts est devenu très tôt altermondialisme et vise clairement à construire un autre monde. La crise et son éventuelle sortie plutôt classique laissent présager des lendemains plus difficiles pour le mouvement. Sommes-nous rendus au bout d’un modèle organisationnel? Avonsnous fait le tour de ce jardin? Difficile à dire, mais une chose demeure certaine, la rapidité avec laquelle s’opèrent les changements structurels à l’échelle mondiale oblige l’altermondialisme à sortir des sentiers un peu flou de sa propre trajectoire. B. Repères économiques Où en sommes-nous? Si certains avaient cru que les économistes du courant dominant et les décideurs de ce monde avaient enfin compris que le « tout au marché » ne fonctionne pas, et que l’intervention de l’État était nécessaire pour une société juste et équitable, ils ont eu tort. Le discours était pourtant convaincant, mais les actions, beaucoup moins… Même si, au début de la crise, les organismes économiques internationaux (OCDE, FMI, etc.) et les économistes orthodoxes pressaient les gouvernements d’intervenir par des mesures de relance, nous faisant croire à une prise de conscience soudaine des limites de ce modèle économique, on constate aujourd’hui qu’il n’en était rien. Ils voulaient surtout limiter les dégâts et socialiser les pertes. Même si le sommet social du G8 des ministres de l’Emploi, en mars 2009, reconnaissait que « de bonnes politiques macroéconomiques doivent être liées à des politiques sociales et de l’emploi qui combattent le chômage »3, et qu’à la réunion des ministres de l’Emploi et du Travail d’avril 2010, on émettait une série de recommandations à l’intention des dirigeants des pays membres quant aux mesures à prendre afin « d ’accélérer la création d’emplois pour assurer une reprise durable et une 3 G8 Social Summit, People First, Tackling Together the Human Dimension of the Crisis 11 936 croissance pérenne » et de « préparer (les salariés) aux défis et aux opportunités de demain », on constate qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Au sommet du G20 de Toronto, la question de l’emploi était absente de l’ordre du jour initial. Pourtant, les crises antérieures nous enseignent que le décalage moyen entre le redressement de la production et la reprise de l’emploi est de quatre à cinq ans et que toute tendance à une hausse significative du chômage, et notamment celui de longue durée, est extrêmement difficile à renverser. Nous savons aussi, que cette crise n’est pas un accident de parcours et qu’elle ne peut se résorber par des mesures ou règlementations à la marge. La crise nous montre à quel point cette foi dans les marchés, qui a incité nos gouvernements à dérèglementer, privatiser, assouplir le marché du travail, diminuer les dépenses gouvernementales et les impôts, etc., a créé d’importants déséquilibres et de graves injustices. Dans les pays avancés, les salaires ont stagné au cours des 25 dernières années et le recours au crédit et à l’endettement est devenu le principal stimulant de la croissance. Pendant ce temps, la rémunération moyenne des patrons des grandes sociétés représente, plus de 250 fois la rémunération moyenne des travailleurs. Retour à une croissance mondiale inégale et fragile! Si les indicateurs semblent se rétablir dans la plupart des pays, rien n’est encore réglé. Le regain économique que nous constatons actuellement découle en grande partie des plans de relance mis de l’avant par les gouvernements pour soutenir l’économie en attendant que le secteur privé soit en mesure de prendre la relève. Mais on constate que le secteur privé éprouve encore beaucoup de difficulté, particulièrement dans le domaine du financement. Les banques, malgré l’aide publique reçue et le retour à des profits faramineux, n’ont pas délié les cordons de la bourse et continuent d’appliquer les critères de financement qu’elles avaient resserrés en début de crise pour atténuer leurs risques. Si l’économie des pays asiatiques se porte bien, elle ne pourra combler la déroute de la zone euro et de la timide reprise des États-Unis. Les taux de chômage sont encore à des niveaux extrêmement élevés un peu partout sur la planète et la réduction, voire le retrait dans certains cas, des plans de relance, viendront accentuer cette situation. Le monde Après avoir connu des taux de croissance autour de 5 % avant la crise, l’économie mondiale s’est contractée à 1,2 % en 2009, un peu moins cependant que ce que les analystes prévoyaient (entre -1,4 % et -2,2 %), grâce à une meilleure performance des 12 937 pays de l’Asie du Nord, qui représente près de 20 % du PIB mondial. Pour les années 2010 et 2011, on prévoit un retour à la croissance se situant entre 4,0 % et 4,5 %4. La zone euro sera la plus lente à sortir de sa léthargie : on prévoit une croissance de 0,9 % pour 2010 et de 1,4 % pour 2011. Ces prévisions s’expliquent par la crise des dettes souveraines de certains pays d’Europe (Grèce, Espagne, Portugal, Italie, Irlande). Cette crise, déclenchée par la perte de confiance des marchés financiers envers ces pays a provoqué des bouleversements importants dans la zone euro. À peine sortis de la crise, et affichant des taux de chômage élevés, plusieurs pays ont dû mettre en place des mesures d’austérité afin de rassurer les sacro-saints marchés financiers, suivant ainsi les recommandations du FMI et de l’OCDE. Ces coupes dans les dépenses publiques auront vraisemblablement un effet sur la croissance et l’emploi et mineront la confiance suscitée par ces mesures. Derrière ces données se cache une zone à deux vitesses, divisée entre les pays du Nord (notamment l’Allemagne, qui enregistre une reprise vigoureuse) et ceux du Sud. Pour les pays émergents et en développement, la croissance sera particulièrement forte comparativement à l’année 2009. Dans l’ensemble, le PIB devrait enregistrer une croissance autour de 5,8 % pour les années 2010 et 2011, loin du 1 % obtenu en 2009. 4 Prévisions du FMI, juillet 2010, de l’OCDE, mai 2010 et de Desjardins, juin 2010. 13 938 Par ailleurs, cette poussée de croissance n’est pas répartie également à travers ces pays. La Chine et l’Inde connaîtront encore une fois les plus hauts taux de croissance de ces pays (10,3 % et 8,2 % respectivement pour l’année 2010), alors que ceux d’Europe de l’Est enregistreront une croissance plus modeste (autour de 3 % pour l’année 2010). Aux États-Unis, la situation économique demeure précaire à cause de la faiblesse du marché de l’emploi où le taux de chômage est toujours autour de 10 % et du marché immobilier, encore en convalescence. Par conséquent, la consommation des ménages, qui générait auparavant près de 70 % du PIB, ne contribue désormais qu’à hauteur de 40 % du PIB. Les entreprises ont recommencé à investir en matériel et équipement, mais devant l’incertitude elles n’osent pas embaucher. La réserve fédérale américaine (FED) a d’ailleurs cru nécessaire, au début du mois d’août, de prendre de nouvelles mesures afin de rassurer les marchés (réinvestissement dans les bons du Trésor). En définitive, ce qui est le plus étonnant c’est que malgré les difficultés vécues dans la Zone euro, qui représente 15 % du PIB mondial, et la reprise incertaine aux États-Unis, les analystes semblent entrevoir une croissance économique mondiale que nous pourrions qualifier d’optimiste dans les circonstances. Mais cette croissance exceptionnelle est essentiellement le fait des pays asiatiques. Dans la même foulée, le FMI écarte d’emblée la possibilité d’une nouvelle récession mondiale, malgré les turbulences du secteur financier et des taux de chômage encore élevés dans plusieurs pays. 2. Conjoncture canadienne A. Repères politiques Alors que l’on croyait que tout avait été dit sur le gouvernement Harper, celui-ci ne cesse de nous surprendre, mais pour les mauvaises raisons. Des six ans consécutifs de gouvernement minoritaire à Ottawa, ce qui est une première dans l’histoire canadienne, plus de 4 ans et demi de gestion conservatrice ont maintenant marqué les travaux parlementaires. À la recherche d’une majorité en Chambre, Stephen Harper a pourtant bien tenté au cours de ces années de travestir ses valeurs profondes pour amadouer les irréductibles souverainistes du Québec ou les électeurs progressistes des autres provinces. Mais le jupon dépassait vraiment trop. Il semble maintenant résigné à gouverner au grand jour avec sa véritable personnalité. D’une certaine façon, son attitude des derniers mois complète sa sortie politique du placard. 14 939 Arrogance, opacité, autorité… la suite Une des caractéristiques générales de ce gouvernement réside dans son attitude à diriger le Canada comme s’il s’agissait d’une entreprise privée qui n’a de compte à rendre qu’à ses actionnaires en l’occurrence sa base réformiste-allianciste. Il est maintenant fréquent de constater que l’opposition est souvent incapable de confronter les décisions conservatrices dans les comités parlementaires parce qu’on s’y livre à une parodie de débat quand ce n’est pas carrément un boycottage des travaux par les représentants gouvernementaux. Dernière décision en ce sens, dorénavant les membres du personnel politique n’ont plus à répondre de leurs actes devant les comités de la Chambre. Les relations avec les médias ne sont guère mieux. Lors que le premier ministre ou ses ministres daignent s’adresser à la presse, peu de place est laissée à l’improvisation. Très souvent les questions doivent être limitées dans leur nombre et circonscrites à des aspects bien précis de la question à l’étude. Et soyez assurés que le cerbère du parti, l’ineffable Dimitri Soudas, veille au grain. Finalement si l’on est ombudsman des anciens combattants, responsable du registre des armes à feux ou statisticien en chef, il vaut mieux suivre le rythme de la partition conservatrice sinon vous devrez quitter l’orchestre pour des « motifs personnels ». Si une entreprise privée agissait de la sorte, on dirait qu’elle est un mauvais citoyen corporatif. Venant d’un parti au pouvoir à la Chambre des communes, il s’agit d’un dénie des valeurs d’une démocratie de droits. Une autre prorogation Aussitôt les travaux de la session enclenchée, les conservateurs s’empressent de la proroger. À peine un an auparavant ils avaient d’ailleurs eu recours à ce moyen pour éviter d’être défait par une coalition des partis d’opposition. La raison invoquée cette fois-ci est de permettre au gouvernement de mieux se redéployer pour faire face à la crise. Dans les faits Harper ne souhaitait pas que le triste spectacle de la période de questions en Chambre vienne faire d’interférences avec les Jeux olympiques de Vancouver et ses images lénifiantes et mondialement diffusées d’un Canada de cartes postales. Du pain et des jeux, oui. Du Parlement et des jeux, non. La preuve en est qu’à la reprise des travaux parlementaires six semaines plus tard, la plupart des projets de loi qui furent déposés, avaient été concoctés avant la 15 940 prorogation. Pas la moindre trace d’un redéploiement quelconque ou d’une seule nouvelle idée. Que du réchauffé. Peut-être qu’imbibés de l’esprit olympique, les conservateurs avaient compris que l’important était surtout de participer aux jeux… parlementaires. Les finances publiques La présentation du budget Flaherty en mars, illustre bien la futilité des motifs de prorogation. Il s’agissait en fait d’un recyclage des initiatives du Plan d’action économique de 2009. Même si le gouvernement avait la marge de manœuvre pour faire plus que les autres pays du G7, rien n’a été prévu pour soulager les victimes de la crise en améliorant le programme d’assurance emploi. Pas plus que l’équité n’a été rétablie dans l’aide accordée aux secteurs manufacturier et forestier au Québec, comparativement au secteur automobile ontarien. Rien dans le budget au chapitre de l’environnement, si ce n’est pour favoriser les intérêts de l’industrie des sables bitumeux. Ce faisant, il cristallise davantage à l’échelle internationale sa réputation de cancre de l’environnement d’autant plus que sa prestation à Copenhague n’avait rien fait pour redorer son blason. Enfin, alors qu’il plafonne le financement de l’aide internationale et que les salaires dans les ministères seront gelés pour deux ans, le budget de la Défense nationale continuera de progresser. Et ajoutant l’insulte à l’injure, après avoir réduit à plusieurs reprises les cotisations au régime de l’assurance emploi, il met fin prématurément aux dispositions spéciales mises sur pied pour accorder un certain répit aux victimes des licenciements en prétendant que la crise est maintenant derrière nous. Mais il n’y a aucun problème quand vient le temps de dépenser 1 milliard de dollars des fonds publics pour assurer la répression policière ayant mené à l’arrestation de près de 1 000 manifestants et la construction de forteresses au sommet du G20 à Toronto. Même que n’ayant pas peur de se mouiller avec l’argent des contribuables, Stephen Harper s’est payé un lac artificiel. Dogmatisme, populisme... la suite La session fut particulièrement médiocre du point de vue du rétrécissement de l’espace démocratique, mais également du recul au chapitre des droits humains et d’un certain progrès social. Nous pensons bien sûr au dossier Omar Khadr, à la crise chez Droits et démocratie, aux dossiers des détenus afghans remis aux autorités de leur pays. Mais le fait que Stephen Harper dépêche son ministre de la Sécurité publique plutôt que son ministre de l’Immigration pour accueillir à Vancouver les réfugiés en provenance du Sri Lanka en dit long également sur son ouverture d’esprit à l’égard des droits humains. Il en est ainsi lorsqu’il refuse de reconnaître l’avortement dans le financement du plan du G8 16 941 pour améliorer la santé des femmes et des enfants dans les pays en développement tout comme il laisse ses députés déposer des projets de loi privés relançant ainsi, de manière détournée, le débat sur le libre-choix. Cet été deux ministres du gouvernement Harper ont même plaidé pour l’abolition de la discrimination positive dans l’embauche du personnel de la fonction publique. Là encore, niant les avancées sociales en matière de discrimination systémique et refusant de se référer aux statistiques en la matière, ils invoquent que le mérite d’un individu quel qu’il soit ne doit pas être brimé par des mesures favorisant l’origine ethnique d’un candidat. Encore plus récemment, un dossier a soulevé une polémique assez surréaliste, mais qui est révélatrice par ailleurs. En amont de la décision d’abolir l’obligation de remplir le questionnaire de recensement, il y a là une caractéristique génétique de ce parti. Si pour un conservateur l’État ne doit exister pour le citoyen que pour assurer des fonctions régaliennes comme la sécurité publique et la justice, l’individu en retour n’a aucune obligation d’étaler sa « vie privée » à l’État. D’autant plus que des chercheurs désœuvrés et aux mobiles douteux pourraient utiliser ces informations pour éventuellement contester la pertinence des politiques conservatrices. Et cette même déresponsabilisation de l’individu par rapport à la collectivité est également à la source du projet de loi conservateur visant à abolir le registre des armes à feu. Même si le projet a été récemment battu par une courte majorité de député-es, Stephen Harper, pour des motifs électoraux, nous promet de revenir à la charge en alimentant la division entre régions rurales et régions urbaines. Minoritaire… mais heureux Mais malgré une telle feuille de route, ce gouvernement se maintient au pouvoir. Nous avons souvent exprimé l’idée qu’heureusement ils ne sont pas majoritaires. Mais à bien y penser, compte tenu de la désorganisation de l’opposition libérale notamment, Stephen Harper dispose sur un plateau d’argent du rapport de force nécessaire pour qu’il agisse de facto comme s’il était majoritaire. Tant que Michael Ignatieff n’aura pas en mains les sondages favorables qu’il espère, la donne restera la même. À moins bien sûr qu’il accepte de conclure des alliances. Mais une telle stratégie ne semble pas dans l’air du temps pour l’instant. On en vient presqu’à regretter « l’audace de Stéphane Dion » lorsqu’en décembre 2008 le PLC faisait alliance avec le NPD avec l’appui du Bloc, ce qui avait eu pour effet de secouer véritablement les colonnes du temple conservateur et de forcer le dépôt d’un plan de relance économique. On peut même imaginer Stephen Harper lui-même prendre les devants et déclencher des élections. Après tout s’il en sort encore une fois minoritaire, il retrouvera pour 17 942 quelques années supplémentaires la dynamique politique qu’il pratique depuis plus de 4 ans et à laquelle il semble prendre goût. Peut-être rêve-t-il même du jour où, ayant ajouté quelque 25 député-es supplémentaires en Ontario et dans l’Ouest comme il en a le projet, il n’aura plus besoin du Québec pour devenir majoritaire. Peut-être aussi que les sondages du début août auront refroidi les conservateurs qui ne font plus que 29,7 % dans les intentions de vote (dernier scrutin 37,7 %), mais avec les libéraux à 28,5 %, rien n’est moins sûr. Au-delà de ces considérations techniques, il demeure un fait incontournable. Stephen Harper n’est pas un simple d’esprit ou un homme distrait dans sa gestion des affaires de l’État. Il connaît très bien la portée de ses gestes et l’impact de ses stratégies. De plus en plus, il fait la démonstration des dangers que son parti représente pour la démocratie, pour les droits humains, pour les droits sociaux et pour l’État lui-même. Mais des voix se font entendre à travers des coalitions au Canada et au Québec pour stopper cette dérive politique. Nous devons joindre notre voix à ce mouvement. Car entre-temps pour défendre les intérêts du Québec et de la démocratie au sein du caucus conservateur, nous ne pouvons véritablement compter sur les Jean-Pierre Blackburn, Maxime Bernier, Josée Verner et Christian Paradis, sans oublier le très médiatique député de Lotbinière, Jacques Gourde. B. Repères économiques Indicateurs-clés de l’économie du Canada En (%) 2008 PIB réel 0,4 6 PIB nominal 4,4 IPC 2,4 Taux chômage 6,2 USD/CAD 0,94 Pétrole $US/baril 72 2009 -2,5 -4,5 0,3 8,3 0,88 99 Prévisions (%) 2010 2011 3,5 à 3,6 2,1 à 3,55 5,1 à 5,8 4,1 à 5,6 1,8 à 2,1 2,1 à 2,6 8,0 à 8,1 7,3 à 7,8 0,96 à 1,00 0,98 à 0,99 80 95 Sources : prévisions de RBC groupe financier, Banque Scotia, Banque nationale, Desjardins, Banque du Canada. 5 Si on enlève les prévisions de la Banque nationale, les prévisions pour l’année 2011 sont entre 2,9 % et 3,5 %. Sources : prévisions de RBC groupe financier, Banque nationale, Desjardins, Banque du Canada 6 C’est le PIB en dollars courants, c’est‐à‐dire incluant l’inflation 18 943 Le Canada est le pays du G7 qui a le mieux résisté à la crise. Il affiche la plus forte croissance économique parmi ces derniers depuis 2009. Depuis le début de l’année 2010, stimulée par les plans de relance des différents gouvernements, la demande intérieure a été très vigoureuse, notamment du côté des dépenses de consommation, des investissements résidentiels et de la production des entreprises. Les exportations ont, elles aussi, enregistré une bonne croissance en dépit de la montée du dollar. On prévoit cependant qu’avec la fin progressive des plans de relance et la lutte aux déficits budgétaires annoncée par la plupart des paliers de gouvernements, cette poussée de croissance s’atténuera. C’est exactement pour contrer ces effets négatifs que plusieurs économistes d'envergure ont recommandé aux gouvernements de maintenir leurs interventions dans l’économie et de se guérir de leur obsession de la dette. Les disparités entre les provinces semblent s’atténuer en 2010. L’Ontario, la Saskatchewan et l’Alberta, dont la chute de croissance économique avait été brutale comparativement à leurs performances antérieures, affichent une très bonne reprise depuis le début de l’année. Sans grande surprise, c’est la Colombie-Britannique, profitant des retombées des jeux d’hiver, qui affiche la meilleure croissance. Le Québec, le Manitoba et les provinces de l’Atlantique ont enregistré, elles aussi, mais dans une moindre mesure, une bonne progression de leur économie. Toutefois, en 2011, toutes les provinces, sauf l’Alberta, connaîtront une baisse de régime. Les croissances attendues dans les provinces seront entre 2,5 % et 3,0 %. Seule l’Alberta affichera une croissance autour de 4,2 %. Les inquiétudes La demande intérieure n’atteint pas les résultats escomptés On compte beaucoup sur la demande intérieure pour alimenter la croissance à court terme. Cependant, il est fort possible que l’impact de la disparition des plans d’action, la réduction des dépenses publiques, la hausse de taxes et la hausse graduelle des taux d’intérêt, aient des effets plus importants que prévu sur les consommateurs et les entreprises. Par conséquent, la demande intérieure ne pourra faire contrepoids à la baisse du commerce international et la croissance économique en sera d’autant affaiblie. Toutefois, si tel est le cas, contrairement à la plupart des autres économies industrialisées, le Canada disposerait d’une marge de manœuvre pour revoir son plan d’assainissement des finances publiques. Mais le gouvernement Harper ne donne aucun signal qu’il compte emprunter cette voie. 19 944 Contamination financière provenant de la zone euro Comme la part des exportations vers l’Italie, le Portugal, l’Espagne et la Grèce représente moins de 1 % de l’ensemble des exportations canadiennes, il y a peu de risques que l’économie canadienne soit affectée par les effets des turbulences qui y sont observées. Cependant, un risque de contagion est possible du côté des marchés financiers; il aurait des conséquences sur l’économie réelle par le truchement des taux de change et des taux d’intérêt. La reprise aux États‐Unis plus lente que prévu Comme près de 70 % de nos exportations sont dirigés vers les États-Unis, une croissance moins élevée que prévu chez nos voisins du Sud, aura inévitablement des conséquences sur l’économie canadienne. L’emploi Au Canada, la croissance de l’emploi est de 1,3 % (219 100 emplois) pour les 7 premiers mois de l’année, par rapport à la même période de l’année 2009. Un peu plus de 70 % de ces gains d’emplois ont été enregistrés en Ontario (99 500) et au Québec (59 300), ce qui n’est guère étonnant puisque près de 75 % des emplois perdus provenaient de ces deux provinces. Ces gains d’emplois se sont majoritairement concentrés dans les secteurs des services de soins de santé et d’assistance sociale (76 300) et des services professionnels et techniques (68 800). On remarque cependant que le secteur de la fabrication a perdu 55 700 emplois pendant la même période. Malgré une augmentation du taux de chômage de 0,1 point de pourcentage en juillet, le taux de chômage est passé de 8,3 % à 8 % de janvier à juillet 2010. Au‐delà de ces chiffres – une autre réalité Bien que la situation du marché du travail puisse paraître enviable par rapport à d’autres pays, il est important de souligner qu’en tenant compte de ceux qui ont abandonné la recherche d’emploi, du groupe en attente d’emploi et des travailleurs à temps partiel involontaire, le taux de chômage en juillet passe de 8 % à 12 %7. Avant la crise, en 2008, alors que le taux de chômage officiel était de 6,1 %, le taux « supplémentaire8 » de chômage était de 8,8 %. Donc, malgré l’amélioration du marché du travail depuis le début de la crise, (64 % des emplois perdus durant la récession ont été récupérés), il reste encore du rattrapage à faire pour revenir au taux de 2008, surtout si on tient compte du taux de chômage « supplémentaire ». Il faut aussi savoir que les mesures de soutien à l’emploi mises de l’avant par les différents paliers de gouvernements ont grandement aidé, car plus de 80 % de la diminution du travail est attribuable à une réduction des horaires. 7 Statistique Canada, tableau 282‐0085 Taux de chômage incluant les chercheurs découragés, le groupe en attente d’emploi et les travailleurs à temps partiel involontaire. 8 20 945 Mais la disparition graduelle des mesures de soutien, pourrait retarder le rattrapage. Une vigilance s’impose. 3. Conjoncture québécoise A. Repères politiques Si au cours des derniers mois un professeur de sciences politiques avait voulu illustrer à ses étudiants la profondeur et la noblesse de débats parlementaires où s’ébauche le destin d’un peuple, il n’aurait probablement pas retenu l’Assemblée nationale du Québec. Tout ça pour ça À l’exception du dossier des finances publiques dont l’importance est dictée par la profondeur de la crise, ce que nous retenons essentiellement de l’activité parlementaire de la dernière session, ce sont les allégations de malversations entourant l’octroi des contrats gouvernementaux, l’octroi des places dans les services de garde et le financement des partis politiques. Le trait d’union notable de cette période a été le refus systématique du gouvernement Charest de tenir une enquête publique pour faire la lumière sur l’ensemble de l’œuvre. La commission Bastarache sur la nomination des juges, toute médiatique qu’elle soit, n’est finalement qu’un épiphénomène pour calmer le jeu et répondre aux accusations d’un ancien ministre libéral, dont la feuille de route n’est pas particulièrement édifiante. Mais avec la somme de méfiance accumulée envers le gouvernement, Jean Charest ne doit s’en prendre qu’à lui-même si la charge de la preuve lui revient constamment. Au mieux les travaux de cette commission ajouteront des motifs pour élargir le champ d’enquête réclamé quasi unanimement par la société. En ce qui a trait aux accusations de financement illégal du Parti libéral, Jean Charest s’en remet au directeur général des élections. Cynisme et méfiance La stratégie libérale a cependant un impact certain sur le degré de satisfaction de la population envers le gouvernement. La chute du Parti libéral dans les intentions de vote est essentiellement l’expression de la perte de confiance des électeurs envers une administration publique qui refuse de faire la lumière sur les faits allégués. La seule explication à cet entêtement, qui n’est pas pour nous rassurer par ailleurs, est que les conclusions d’une éventuelle commission d’enquête élargie auraient un potentiel encore plus dévastateur sur son avenir politique. Sur l’aspect strictement électoral, soyons prudents, car Jean Charest nous a habitués à des sondages dont l’amplitude a varié énormément dans le passé et il entreprend cette année sa huitième année dans un troisième mandat consécutif qui se terminera 21 946 dans deux ans. En définitive, ce qui est le plus déplorable, c’est que le cynisme de la population rejaillit également sur toute la classe politique et alimente une méfiance importante envers nos institutions démocratiques. Alors que dans la conjoncture les travaux de l’Assemblée nationale devraient être consacrés à des urgences criantes, la population du Québec est en droit de s’attendre à autre chose qu’à une foire d’empoigne sur des sujets aussi triviaux. Une des rares notes positives des derniers mois émanant de la mouvance libérale, provient de manière tout à fait inattendue d’une rencontre des jeunes libéraux en août qui ont demandé la modernisation des dispositions antibriseurs de grève afin de corriger les lacunes évidentes du Code du travail révélées notamment par les conflits au Journal de Québec et au Journal de Montréal. Nous entendons d’ailleurs maintenir la pression pour que ce dossier ne sombre pas dans l’oubli. Les finances publiques Il y a un an, nous avions fait du dossier des finances publiques une priorité dans les moyens à mettre en place pour sortir de la crise plus solidaire. Nous avions insisté dans nos représentations prébudgétaires pour que ce budget contienne des mesures structurantes et durables. La rencontre économique de Lévis en janvier avait été prometteuse en ce sens, car tous les intervenants, à commencer par le premier ministre, faisaient consensus en identifiant l’éducation comme étant le pilier sur lequel le développement à long terme de notre société devait s’appuyer. Nous souhaitions cependant juger l’arbre à ses fruits notamment à l’occasion du budget. Notre méfiance était de mise, car le budget déposé en mars est fort décevant et pas que sur l’absence de mesures substantielles en éducation. Ce budget constitue une rupture du pacte social qui s’est laborieusement construit au Québec depuis la Révolution tranquille. Affirmer que l’équilibre budgétaire sera atteint avec 60 % de l’effort provenant du gouvernement en réduisant notamment les services et 40 % provenant des contribuables est fallacieux. Car dans tous les cas c’est le citoyen qui est visé à 100 %. Taxe santé, projet de ticket modérateur, récupération dans les budgets de l’éducation, de la santé et du transport, gel dans tous les autres ministères, diminution du personnel administratif, etc. La crise aura servi de prétexte pour accentuer le virage à droite du gouvernement du Québec. Nous devons faire contrepoids aux dogmes économiques martelés par les omniprésents Gagné-Montmarquette–Fortin–Godbout et aux séances d’autoflagellation publiques des Lucien Bouchard et consorts. Car une autre économie est possible. 22 947 Nous allons poursuivre la lutte dans les alliances les plus larges afin de démontrer que ces mesures tout comme l’échéancier dans lequel elles s’inscrivent, sont source d’iniquité sociale tout en étant économiquement inappropriées. Le recul du gouvernement, devant la grogne populaire sur son projet d’instaurer un ticket modérateur en santé, démontre bien qu’une mobilisation appropriée peut modifier le cours des choses. Santé et services sociaux Le régime d’assurance maladie québécois célèbre son 40e anniversaire cette année. L’organisme Médecins québécois pour un régime public et les organisations syndicales, dont la CSN, collaborent à l’organisation d’un événement commémoratif qui permettra également de réitérer la nécessité d’un tel régime pour des services équitables pour la population, et ce, dans un contexte où il continue d’être malmené. Les problèmes d'accès aux services perdurent sauf pour quelques services spécialisés ciblés. Cette situation vaut autant pour la première ligne que pour les services sociaux et spécialisés. Dans le domaine des services diagnostiques, de plus en plus de patients sont orientés vers les services privés. Très peu d'information transparaît quant à la situation actuelle de la sous-traitance aux cliniques médicales spécialisées privées dans les suites de la mise en place des règlements qui découlent de la loi 33, qui a créé ces mêmes cliniques. Dans le secteur des services aux personnes âgées et en perte d'autonomie, le manque de lits de longue durée et de services à domicile fait régulièrement l'objet d'une couverture médiatique et de critique des acteurs sur le terrain. La privatisation passive des services se poursuit, et ce, largement sur le dos des clientèles et du personnel. Des investissements ont été annoncés pour la construction et l'agrandissement d'hôpitaux de même que pour le financement d'un nouveau programme de procréation assistée. Par ailleurs, le débat sur le maintien ou non des agences régionales de santé et services sociaux ou leur fusion n’est pas encore écarté. Un des éléments de conjoncture très préoccupants reste toutefois le changement majeur d'orientation dans le financement du secteur de la santé et des services sociaux induit dans le dernier budget du Québec. La contribution santé est déjà entrée en vigueur à 25 $ par adulte pour 2010 et sera de 200 $ par adulte en 2012, et ce, peu importe le revenu du contribuable. Il faudra demeurer vigilant quant aux moyens que le gouvernement privilégiera pour remplacer le financement du réseau que devait lui fournir le ticket modérateur qu’il vient de retirer sous la pression populaire. 23 948 Le maintien du financement fédéral est également remis en question. L'entente entre le fédéral et les provinces est renouvelable en 2014 et le ministre fédéral des Finances a déjà laissé entendre qu'il serait difficile de maintenir la hauteur des transferts. Éducation L'arrivée toute récente d'une nouvelle ministre, Line Beauchamp, n'aura certainement pas d'impact significatif sur les récentes orientations dans ce domaine où l’on semble, depuis quelques années, refaire sans cesse les mêmes débats. Quatre forums se tiendront cet automne; le premier sur l’intégration dans le système d’éducation des enfants élèves handicapés ou élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA); le second sur la performance et le financement des universités; le troisième sur l'adéquation entre la formation et le marché du travail; finalement le quatrième sur la démocratie scolaire. La démocratie scolaire a récemment fait l'objet d'une large consultation lors du débat sur le projet de loi no 88 dont les dispositions sont entrées en vigueur il y a à peine un an. Le financement des universités fait régulièrement l'objet de consultations et de débats depuis le début de la décennie. Il faudra voir si cela apportera du neuf. Le débat sur les frais de scolarité, qui semblait avoir du plomb dans l’aile devant une mobilisation majeure des tenants d'une hausse significative et rapide, reprend ces jours-ci avec les prises de position nuancées du recteur de l'Université Laval et président de la CREPUQ. Ce dernier avance l'idée d'une taxe dédiée à l'enseignement postsecondaire. Services de garde Ce dossier a pris énormément de place durant la dernière session parlementaire par toutes les questions soulevées sur la façon dont les places à contribution réduite sont accordées dans les garderies privées. Le départ du ministre Tomassi semble avoir mis un couvercle sur la controverse. Cependant, il faudra surveiller de près les mesures règlementaires correctrices annoncées avant son départ qui seront mises en place avec l'arrivée de la nouvelle ministre Yolande James. Il faut également rappeler que le dernier budget ne prévoit aucun argent précis pour la création des 15 000 places supplémentaires promises lors de la dernière campagne électorale. La négociation en cours des conditions de travail des éducatrices en milieu familial devrait constituer un pas en avant majeur et historique dans la reconnaissance de la valeur du travail de ces travailleuses qui interviennent auprès de la moitié des enfants qui fréquentent les services de garde à contribution réduite. Du côté des services de garde en milieu scolaire, nous attendons toujours les décisions que prendra la ministre d’Éducation, du Loisir et du Sport pour faire suite 24 949 aux recommandations du groupe de travail mis sur pied dans la foulée du rapport du Conseil supérieur de l’éducation. Le projet de loi no 103 et la langue française Depuis la décision de la Cour suprême, le 22 octobre 2009, qui déclarait inconstitutionnels les changements apportés à la Charte de la langue française en 2003 pour mettre fin entre autres au phénomène des écoles passerelles, la CSN ainsi que plusieurs organisations ont demandé au gouvernement d’agir rapidement pour éviter que des personnes puissent se payer des droits contrairement à l’esprit de la Charte de la langue française (Loi 101). En juin dernier, le gouvernement a déposé le projet de loi no 103 afin de modifier la règlementation existante. Malheureusement, ce projet de loi n’élimine pas le phénomène des écoles passerelles, il permet toujours à des citoyennes et des citoyens de se payer des privilèges allant à l’encontre des choix de la société québécoise pour eux et leurs descendants. Une large coalition œuvre pour que le projet de loi soit modifié et qu’ainsi les écoles privées non subventionnées soient assujetties aux dispositions de la Charte de la langue française, ce qui éliminerait le phénomène des écoles passerelles au Québec. Le projet de loi devrait être adopté d’ici le 19 octobre 2010. Environnement et mines Le printemps dernier nous avons produit un mémoire sur le projet de loi visant la révision de la Loi sur les mines dont plusieurs aspects sont désuets et qui confèrent d’énormes pouvoirs aux sociétés minières. À ce chapitre, la prospection liée à l’uranium et l’extraction des gaz de schistes sont deux enjeux qui font l’objet d’une forte mobilisation citoyenne. Sur la question particulière du gaz de schiste, le gouvernement en annonçant qu’il mandatait le BAPE pour se pencher sur ce dossier, mais dans des conditions qui rendent pratiquement impossible un travail en profondeur veut éviter de débattre des véritables enjeux liés à cette exploitation. Nous croyons qu’il faut un moratoire sur tout développement dans ces dossiers en exigeant plus de transparence de tous les acteurs impliqués le temps que des études indépendantes soient menées sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux liés à l’exploitation de telles ressources. Il faut que le gouvernement agisse de manière respectueuse des citoyens du Québec surtout lorsqu’il s’agit de choix politiques disposant du patrimoine collectif que représentent nos ressources naturelles. 25 950 Accommodements Que fera le gouvernement de son projet loi encadrant les demandes d’accommodement dans l’Administration gouvernementale et dans certains établissements? La consultation générale a été interrompue à la mi-mai après trois jours d'auditions, pour laisser la place aux travaux sur le projet de loi sur l'éthique qui devait être adopté avant la fin de la session. Mais celui-ci est également demeuré sur le carreau. B. Repères économiques Indicateurs-clés de l’économie du Québec En (%) PIB réel PIB nominal IPC Taux chômage Taux d’épargne 2008 1,0 1,6 2,1 7,2 2,1 2009 -1,4 -0,4 0,6 8,5 3,6 Prévisions (%) 2010 2011 2,8 à 3,5 2,3 à 3,3 9 3,8 4,5 1,7 à 2,0 1,8 à 2,7 7,8 à 7,9 7,2 à 7,5 3,0 3,5 Sources : Prévisions de la Banque nationale, Banque de Montréal, Desjardins et RBC groupe financier. Selon ces indicateurs, le Québec se tire relativement bien de la récession. L’investissement public et les mesures de relance ont contribué à atténuer les effets négatifs de la récession ainsi qu’à accélérer la reprise. On constate cependant que l’activité économique n’a pas été uniforme d’une industrie à l’autre. Si tout va pour le mieux dans la majorité des entreprises du secteur des services (le PIB a surpassé son sommet d’avant récession), il en est autrement pour le secteur de la fabrication, qui participe bien timidement à la croissance et continue d’enregistrer un retard par rapport à son niveau d’avant la récession. Ralentissement appréhendé du rythme de croissance La réduction des investissements publics, le retrait des mesures de stimulation de l’économie et l’incapacité du secteur privé à prendre le relais, associés aux programmes d’austérité des finances publiques ici et ailleurs dans le monde devraient ralentir le rythme de croissance. On s’attend à une croissance de 3,0 %10 et de 2,6 % en moyenne pour les années 2010 et 2011 respectivement. Le marché immobilier devrait connaître un certain fléchissement à compter du deuxième semestre de 2010 avec la montée des taux d’intérêt (bien que légère), 9 Les prévisions proviennent du Budget du Québec 2010‐2011, mars 2010.p.B.29, mais ces prévisions peuvent être modifiées avant la fin de la période estimée. 10 Prévisions Banque Royale, Desjardins, Financière Banque nationale, Banque de Montréal, Banque Toronto Dominion, Banque Scotia. 26 951 combinée au durcissement des critères qui s’appliquent aux prêts, dont la mise de fonds est de moins de 20 %. De plus, la hausse de la TVQ et de certains tarifs, combinée au taux d’endettement à la consommation (voir tableau 2), qui est passé à 38,1 % en 2009 comparativement à 36,7 % en 200811, ralentira la progression des dépenses des ménages. Cependant après avoir enregistré une croissance de 33 % en 2009 par rapport à 200812, le nombre de saisies de maison a chuté en juin pour un quatrième mois consécutif. L’emploi Recul en 2009 En 2009, au Québec, il s’est perdu 32 300 emplois à temps plein et 5 100 emplois à temps partiel, soit un total de 37 400 emplois. Le taux de chômage a enregistré une hausse de 1,3 point de pourcentage pour s’établir à 8,5 %. Les secteurs d’activité ayant subi les plus forts reculs sont le transport et l’entreposage (-16 200), l’hébergement et les services de restauration (-13 500), ainsi que le secteur de la fabrication (-11 500). Les secteurs dont les gains d’emplois ont été les plus importants sont ceux des soins de santé et de l’assistance sociale (11 300) et des services professionnels, scientifiques et techniques (8 800)13. Amélioration en 2010, mais au détriment des emplois à temps plein De janvier à juillet 2010, il s’est créé 32 500 emplois à temps plein et 26 800 emplois à temps partiel, par rapport à la même période de 2008, soit un gain total d’emplois de 59 300 (voir tableau 3). Cependant, en juillet, l’emploi a diminué de 21 000, faisant passer le taux de chômage de 7,8 % à 8,2 %. Sans nier la bonne performance du marché du travail depuis le début de l’année et la récupération des emplois perdus depuis le début de la récession, il est important de souligner que ce rattrapage de l’emploi s’est fait au détriment des emplois à temps plein. En effet, on constate que les emplois à temps plein affichent un déficit de 26 800 par rapport à la situation qui prévalait avant la récession, alors que la création d’emplois à temps partiel est supérieure de 54 900 à ceux perdus pendant la récession. De plus, si on inclut les personnes ayant abandonné la recherche d’emploi ou en attente d’un emploi et les travailleurs à temps partiel involontaire, le taux de chômage passe de 8,2 % à 11,1 %. 11 Source : Institut de la statistique du Québec. Source : GDL Crédit. 13 Information du marché du travail, L’emploi au Québec, Bulletin mensuel – volume numéro 12 – décembre 2009. 12 27 952 Gains d’emplois notables dans les secteurs suivants : - Commerce = 24 000 - Construction = 22 000 - Finances, assurances, immobilier et location = 19 300 Pertes d’emplois marquées dans les secteurs suivants : - Fabrication = (28 100) - Autres Services14 = (14 900 - Transports, entreposages = (14 100) Certaines régions plus affectées que d’autres Les régions ressources15, plus durement touchées par la récession, commencent à sentir certains effets de la reprise économique mondiale. Bien que le taux de chômage se soit amélioré en 2009 pour l’ensemble de ces régions, passant de 9,4 % en 2008 à 9,1 % en 2009, c’est surtout depuis le début de l’année 2010 que l’on remarque une nette amélioration due à la remontée de la demande et des prix des matières premières. Cependant, la région de la Mauricie qui affiche un taux de chômage de 9,6 % en 2009 comparativement à 8,4 % en 2008, demeure encore sous la loupe. Malgré une reprise de l’emploi dans le secteur de la construction, le secteur manufacturier continue d’enregistrer des pertes d’emplois. Les régions centrales16 sont des régions où l’économie est relativement bien diversifiée. Toutefois, au chapitre de l’emploi le secteur manufacturier occupe une place plus importante qu’ailleurs. Le taux de chômage moyen pour l’ensemble de ces régions, en 2009, est passé à 7,2 % alors qu’il était de 6,5 % en 2008. Les régions qui ont été les plus affectées en 2009 sont Lanaudière (8,2 %), la Montérégie (7,6 %) et l’Estrie (7,5 %). Le secteur des services (services de santé, enseignement, etc.) et le développement de nouveaux créneaux de pointes dans le secteur manufacturier (matériaux composites, matériel de transport, etc.), contribueront à remettre un peu de vitalité sur le marché du travail. À Montréal et à Laval, le secteur des services occupe une place prépondérante. Le secteur de la fabrication, comme dans le reste de la province, est en difficulté et a provoqué de nombreuses pertes d’emplois. En 2009, certaines entreprises de services 14 Comprend les services de réparation et entretien, les services personnels, les services blanchissage, les organismes religieux, les associations, ainsi que les services de ménage privés. 15 Comprend : le Bas‐Saint‐Laurent, le Saguenay‐Lac‐Saint‐Jean, la Mauricie, l’Abitibi‐Témiscamingue, la Côte‐ Nord, le Nord‐du‐Québec et la Gaspésie‐Îles‐de‐la‐Madeleine. 16 Comprend : L’Estrie, l’Outaouais, Chaudière-Appalaches, Lanaudière, les Laurentides, la Montérégie et le Centre-du-Québec. 28 953 (touristique, restauration, etc.) ont subi, elles aussi, les contrecoups de la crise. La région de Laval, qui affichait en 2009 un taux de chômage de 7,6 %, a été moins affectée que la région de Montréal avec 11,1 %. Depuis le début de l’année 2010, toutefois, la situation s’est nettement améliorée. Le plan de relance emploi Métropole, mis sur pied par le gouvernement du Québec, aidera également à améliorer la situation de l’emploi. La région de la Capitale-Nationale maintient le premier rang du taux de chômage le plus faible au Québec (5,2 % en 2009) et le plus haut pourcentage d’emplois dans le secteur tertiaire. 4. Relations de travail A. Syndicalisation En 2009, les taux de présence syndicale en Amérique du Nord ont peu fluctué par rapport à l’année 2008. Le Québec est la région où l’on retrouve, d’année en année, les plus forts taux. Ainsi, de 2000 à 2009, la moyenne observée au Québec a été de 40,5 %, comparativement à 31,3 % en Ontario, à 28,5 % dans le reste du Canada et à 14 % aux États-Unis. Secteur privé Entre les années 2000 et 2009, partout au Canada et aux États-Unis, la présence syndicale dans le secteur privé a fléchi. C’est en Ontario et dans le reste du Canada que l’on observe la plus forte baisse. Canada Ontario Québec États-Unis 2000 18,1 % 18,3 % 27,8 % 9,8 % 2009 15,6 % 15,2 % 26,3 % 8% Secteur public Pour la même période soit de 2000 et 2009, le taux de présence syndicale dans le secteur public a augmenté de 2,2 % au Québec (80, 0 % à 82,2 %) et de 1,9 % en Ontario (68,6 % à 70,5 %). Il a par ailleurs chuté de 1,3 % dans le reste du Canada (74,9 % à 73,6 %) et de 0,9 % aux États-Unis. À la CSN La CSN a été à l’origine de 53 requêtes en accréditation pour les 7 premiers mois de 2010, soit un pourcentage de 23,3 %. La CSN regroupe plus de 27 % des travailleuses et des travailleurs syndiqués au Québec 29 954 B. Ententes négociées Le nombre de conventions collectives en vigueur au Québec en 2010, sans égard à leur secteur d’activité économique, s’élevait à 8 781 établissant les conditions de travail de 978 134 salarié-es. Voir tableau 4. Répartition par secteur En 2009, les services d’enseignement, de santé et services sociaux et gouvernementaux couvraient moins du tiers des conventions collectives en vigueur (2070 conventions), mais 57,7 % des salariés (562 454 salarié-es). Les industries manufacturières (2145 conventions pour 191 631 salarié-es), le commerce de gros et de détail (1530 conventions pour 83 910) et les services personnels, l’hébergement et la restauration (1083 conventions pour 50 605 salariées). Ententes conclues Au cours de l’année 2009, des 1681 conventions collectives ayant été conclues 159 étaient une première convention. À l’instar des années précédentes, plus de 83 % des ententes ont été conclues à la suite d’une négociation directe entre les parties, c’est-à-dire sans arrêt de travail, ni intervention d’un conciliateur ou d’un arbitre. Secteur public Il faut souligner l’entente de principe survenue dans le secteur public en juin dernier et qui s’applique à plus de 160 000 membres des quatre fédérations du secteur public de la CSN. Il s’agissait d’un défi à plus d’un titre après le dur coup porté au droit de négocier par les décrets de 2005. Grâce à un Front commun historique des 450 000 salarié-es de l’État et à une mobilisation qui a permis de réunir plus de 75 000 manifestants au printemps dernier les syndicats ont pu atteindre plusieurs de leurs objectifs les plus importants. Les reculs normatifs ont été évités, les attaques aux services publics ont été contrées, les conditions de travail sont améliorées, le régime de retraite est bonifié et consolidé, les salaires seront rehaussés et le droit de négocier a été retrouvé. Les assemblées générales des différentes organisations concernées se tiennent actuellement afin de se prononcer sur la recommandation d’acceptation du contenu de l’entente. Le résultat final devrait être connu dans les prochaines semaines. CSN-Construction À la fin août, à la toute veille du déclenchement d’une grève, c’était au tour de la fédération de la CSN-Construction d’en arriver à une entente conclue elle aussi dans une alliance inédite de toutes les organisations du secteur représentant plus de 150 000 salarié-es. 30 955 Plusieurs améliorations ont été apportées aux conditions de travail, mais particulièrement au régime de retraite qui constituait un point majeur de la négociation et pour la première fois les augmentations du secteur résidentiel entreront en vigueur en même temps que pour les autres secteurs. La tournée des assemblées générales pour voter sur l’entente devrait se terminer à la fin du mois de septembre. C. Négociations à venir UCCO-SACC–CSN Les 7 200 agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC–CSN) ont déposé, le 15 juillet dernier, leur projet de convention collective. FNEEQ À la Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec, le cycle de négociation regroupée chez les chargé-es de cours reprend. Ceux de l’Outaouais, de l’Université du Québec à Rimouski ainsi que de l’Université Laval entameront leurs négociations respectives cet automne. Dans le secteur privé, le syndicat de Queen of Angels négociera sa première convention collective et plusieurs renouvellements auront lieu, entre autres au collège Mont St-Louis nouvellement accrédité. FSSS À la Fédération de la santé et des services sociaux, le secteur des centres de la petite enfance tente d’enclencher pour une première fois une négociation regroupée dans toutes les régions. Dans le secteur préhospitalier, la plupart des conventions collectives sont échues depuis mars 2010 et le conseil fédéral a adopté à la fin du mois d’avril le cahier de demandes en vue du renouvellement de la convention collective. En ce qui a trait aux secteurs des responsables des services de garde en milieu familial (RSG) et le secteur des ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF), la Fédération espère conclure les conventions collectives avant les fêtes. Finalement, un exercice d’harmonisation des échéances des conventions collectives et la mise en place d’une plate-forme salariale commune sont en cours dans les centres d’hébergement privés. FC À la Fédération du commerce, la négociation coordonnée du secteur des caisses populaires et des marchés d’alimentation est en cours. Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des entrepôts de Métro-Richelieu et le Syndicat des travailleurs et travailleuses de la station de ski de Mont-Tremblant renouvelleront leur convention collective 31 956 FEESP À la Fédération des employées et employés de services publics, il y aura négociation coordonnée pour une trentaine de syndicats du transport scolaire. Les syndicats d’une quarantaine de municipalités seront en négociation, dont ceux de Rimouski, Rivière-Du-Loup, Drummondville et les Îles-de-la-Madeleine. Nos syndicats du Port de Montréal renouvelleront leurs conventions collectives de même que ceux de l’Université Concordia FTPF À la Fédération des travailleurs et travailleuses du papier et de la forêt, les syndicats d’Abitibi Bowater, après avoir contribué de manière très significative à la survie de l’entreprise menacée de faillite, voient enfin le plan de restructuration de l’entreprise prendre forme. FNC À la Fédération nationale des communications, le lock-out décrété par Pierre-Karl Péladeau perdure depuis le 24 janvier 2009, une médiation spéciale est en cours et une campagne nationale pour une modernisation de la loi antibriseurs de grève a débuté. Les syndicats de la rédaction et de bureaux du Journal sont en renouvellement de conventions collectives de même que le syndicat des travailleurs de l’information du Journal le Droit. FP À la Fédération des professionnèles, négociations du Regroupement des sagesfemmes. FM À la Fédération de la métallurgie, les syndicats de l’aluminium de Baie-Comeau, de Bridgestone Firestone de Joliette, de Câble d’acier de Pointe-Claire, d’Alstom Énergie et de Transport Canada Inc. et d’Outillage Précision seront en négociation dans la prochaine année. D. Conflits de travail Avec seulement 36 conflits déclenchés en 2009, il s’agit du niveau le moins élevé des quarante dernières années. Cependant, le nombre de travailleurs touchés a augmenté de 33,7 % passant de 8 553 en 2008 à 11 434 en 2009 ce qui représente une troisième hausse consécutive depuis 2006. Parallèlement, le nombre de jours-personnes perdus (JPP) a aussi progressé continuellement depuis 2006. En 2009, il a atteint 349 443, comparativement à 285 848, en hausse de 22,2 %. Par ailleurs, à l’instar des dix dernières années, c’est dans le secteur tertiaire que se concentrait en 2009 le plus grand nombre d’arrêts de travail (43), de travailleurs touchés (9163) et de jours-personnes perdus (175 129). 32 957 Contrairement à l’année précédente, c’est la FTQ qui a été touchée par le plus grand nombre d’arrêts de travail, avec 33 conflits, précédant la CSN qui n’en a connu que 22 et la CSD 3. Nature des conflits La répartition des conflits de travail selon leur nature indique que 78,3 % (dont 73,3 % de compétence provinciale et 5 % de compétence fédérale) d’entre eux sont des grèves, 11,7 %, des lock-out et 10 %, l’une ou l’autre de ces formes. Motifs des conflits En 2009, un peu plus du tiers (36,7 %) des conflits, soit 22 sur 60, avaient pour motif l’augmentation des salaires. En terminant, soulignons que trois motifs de conflit sont à la source du plus grand nombre de jours perdus, soit l’horaire de travail, l’augmentation des salaires et l’attribution du travail. Dispositions antibriseurs de grève Plusieurs conflits de travail ont fait ressortir des lacunes importantes dans l’application de la Loi antibriseurs de grève (notion de bénévoles dans le secteur de l’hôtellerie, notion d’établissement dans le secteur des communications avec entre autres, le Journal de Montréal). Le temps est venu de moderniser cette loi quant aux nouvelles réalités du marché du travail et de revenir à son esprit, soit de rééquilibrer les forces en présence. La CSN a déjà entamé une campagne et entend faire une alliance avec les autres organisations syndicales pour mener ce projet à bon port. E. Conseil consultatif du travail et de la main-d’œuvre Abolition ou fusion d’organismes gouvernementaux Dans la foulée des compressions du dernier budget, le gouvernement sabre une trentaine d’organismes gouvernementaux, dont le CCTM et la Commission de l’équité salariale. Le CCTM dont la composition paritaire regroupe les principales organisations syndicales et patronales au Québec a donc mis sur pied un comité afin que le ministère du Travail maintienne les fonctions et pouvoirs dévolus au CCTM. En ce qui a trait à l’avenir de la Commission de l’équité salariale, le Conseil examine la meilleure façon d’assurer le traitement efficace du dossier de l’équité. Cette décision du gouvernement survient au moment où le CCTM a plusieurs dossiers à l’étude en réponse à des demandes d’avis du ministre du Travail. Les sujets qui font actuellement l’objet de travaux touchent au système d’arbitrage, au devoir de représentation (art.47,2 du Code du travail), au recours pour harcèlement psychologique ainsi que la question des agences de placement. 33 958 F. Les recours juridiques Loi 30 (santé et services sociaux) La loi 30 a été invalidée par la Cour supérieure en 2007, mais cette décision a été portée en appel par le procureur général du Québec; les audiences ont eu lieu les 21 et 22 avril 2009. Nous sommes en attente du jugement. Rappelons que cette loi avait été imposée dans le réseau de la santé et des services sociaux Équité salariale Le recours contestant l’article 38 de la Loi sur l’équité salariale sera entendu du 4 au 13 avril 2011. Rappelons que nous voulons établir que les travailleuses des CPE ne sont pas traitées équitablement parce que, n’ayant pas de comparateurs masculins dans leur secteur, elles sont privées de six ans de correctif salarial contrairement aux catégories d’emplois d’autres secteurs. Les décrets de 2005 (secteur public) La contestation de la loi 43, qui a nié le droit à la négociation collective et imposé une reprise du travail dans le secteur public, devrait être entendue au printemps 2011. Cliniques médicales spécialisées La contestation du règlement sur les traitements médicaux spécialisés dispensés dans les cliniques médicales spécialisées devrait être entendue devant la Cour supérieure au printemps 2011 G. Autres dossiers Régime de rentes du Québec À la suite de la consultation publique tenue l’automne dernier sur l’avenir du Régime de rentes du Québec, le gouvernement devrait faire part de ses orientations. Dans le contexte des finances publiques actuelles, nous allons réitérer l’importance d’avoir un régime universel de retraite tout en rappelant la nécessité d’actualiser nos régimes publics en tenant compte l’équité intergénérationnelle. Système de retraite au Canada La CSN participera à la consultation du ministre des Finances concernant le système de revenu de retraite au Canada. Nous avons produit un mémoire réitérant l’importance que le gouvernement du Canada adopte une loi reconnaissant le droit pour tous les salarié-es d’être couverts par un régime de retraite. Nous souhaitons également que le gouvernement favorise la mise sur pied de régimes sectoriels comme nous l’avons fait au Québec avec les CPE et les garderies privées. 34 959 Aides-domestiques Le suivi du projet de loi 110 modifiant le régime de santé et de sécurité du travail pour accorder une plus grande protection aux aides-domestiques. Journalisme et information Le dépôt du rapport du groupe de travail sur le journalisme et l’avenir de l’information au Québec (Commission présidée par Dominique Payette). H. Activités syndicales La marche des femmes Du 12 au 17 octobre prochain, des femmes de tous les horizons marcheront six journées au Québec. Le point culminant sera atteint le 17 octobre avec un grand rassemblement à Rimouski. Au cours de l’année des marches auront lieur dans 70 pays, sur les cinq continents. Colloque Gérard-Picard Les 17 et 18 novembre se tiendra à Trois-Rivières le colloque Gérard-Picard sur l’avenir du secteur manufacturier, sous le thème Fabriquer des emplois de qualité, un défi collectif. Fondation d’une nouvelle fédération à la CSN Une nouvelle fédération verra le jour à la CSN et portera le nom de Fédération de l’industrie manufacturière. Le congrès de fondation de cette fédération qui se tiendra du 21 au 25 février 2011 à Québec est l’aboutissement d’une démarche syndicale où les instances de la Fédération des travailleurs et travailleuses du papier et de la forêt et la de la Fédération de la métallurgie ont donné leur accord à un tel projet. Ce nouveau regroupement professionnel permettra d’insuffler un dynamisme syndical nouveau dans un secteur qui a été durement éprouvé par la crise, mais aussi par la transformation de la structure industrielle au Québec. Le 63e Congrès de la CSN Le 63e Congrès de la CSN se tiendra à Montréal du dimanche 15 mai au vendredi 20 mai. Les travaux préparatoires sont déjà en marche et diverses consultations auront lieu dans le mouvement dans les mois qui viennent. Renouvellement de la convention collective des salarié-es du mouvement Nous aurons ensemble à poursuivre les travaux afin d’assurer le renouvellement de la convention collective des salarié-es du mouvement qui est venue à échéance en mai dernier. 35 960 Conclusion Nous pouvons constater que la conjoncture est particulièrement préoccupante pour le mouvement syndical et les forces progressistes de notre société. Depuis l’automne 2008, la crise financière et économique qui a ébranlé le monde, particulièrement les sociétés occidentales, ne semble pas s’estomper au point de conclure à une véritable reprise. Au contraire, de nombreux indicateurs laissent croire que plusieurs pays demeurent extrêmement fragiles et qu’une nouvelle récession fait toujours partie des scénarios possibles. Même au Canada et au Québec, alors que les effets de la crise semblent moins importants que du côté américain ou européen, les dernières données de l’OCDE sur le niveau record d’endettement des ménages, font planer de sérieux doutes sur la viabilité d’une quelconque reprise. Les États ignorent aussi les conseils de plusieurs institutions et spécialistes qui recommandent de ne pas retraiter trop rapidement sur les mesures pour endiguer les conséquences de la crise sur l’emploi. Ne faisant qu’à leur tête, les dirigeants des principaux pays du G 20 mettent déjà de l’avant des plans de compression budgétaire pour ramener à zéro les déficits publics engendrés par le séisme financier. Et comme si cela n’était pas suffisant, plusieurs gouvernements, le Canada en tête, se montrent hostiles à toutes mesures de régulations visant à réduire les effets néfastes du capitalisme financier sur l’économie réelle. Ce mélange d’irresponsabilités hautement explosif pourrait bien nous précipiter à nouveau dans une débâcle économique pire que celle que venons de connaître. On le sait cette crise n’a rien de conjoncturel. Elle est plutôt inhérente au système capitaliste mondialisé dans lequel nous vivons. La promotion des solutions de rechange envers du modèle économique dominant est plus que jamais pertinente. Sur le plan politique, il faut noter les efforts de certains États qui tentent de rompre avec des années insensées de néolibéralisme. Nous pensons aux politiques proposées par le gouvernement américain (qui l’eut cru) ou encore par ces pays d’Amérique latine qui tentent d’inscrire à l’agenda politique une autre logique de développement économique et social! Malheureusement à l’échelle mondiale, la gauche est loin d’être au pouvoir et nous assistons au contraire à une montée importante des forces de droite, non seulement au plan économique, mais aussi aux plans moral, culturel et idéologique. La rhétorique néoconservatrice est toujours à l’œuvre et se manifeste de façon inquiétante au Canada, rompant ainsi avec longue tradition de libéralisme politique et démocratique. Au plan du travail, il faut retenir que les transformations inhérentes à la mondialisation et à la crise viennent directement interpeller notre vision du développement économique du Québec. La CSN doit être à pied d’œuvre pour concilier la question de l’emploi et de l’environnement, dans un contexte où d’importants débats ont cours en ce moment sur l’exploitation des richesses naturelles. L’enjeu du développement 36 961 durable demeure une priorité et doit faire l’objet d’une appropriation serrée de l’ensemble des composantes CSN. La question du développement nous renvoie à un autre enjeu de taille qui est celui de la place qu’occupe le secteur industriel et manufacturier dans l’économie canadienne et québécoise. La tenue du colloque Gérard-Picard sur cette question et la création d’une nouvelle fédération de l’industrie manufacturière nous amèneront à réfléchir sur le sens à donner à une politique syndicale de développement industriel du pays. Au Québec, si le taux de syndicalisation se maintient toujours sur la barre des 40 %, force est de constater qu’il repose sur un secteur privé plus syndiqué que dans le reste du Canada et aussi largement concentré dans le secteur public et celui de la construction. Nous ne répéterons jamais assez, qu’il est plus qu’urgent de se déployer dans des secteurs d’activité faiblement syndiqués et soumis à l’arbitraire patronal le plus éhonté. Les pénibles conditions que vivent les travailleuses et les travailleurs surtout dans le monde fleurissant de la précarité, du travail atypique et des agences de placement vont en s’accentuant. De nouvelles stratégies doivent être déployées afin de répondre syndicalement à ces défis. Enfin, la CSN est en route vers son 63e Congrès qui aura lieu à Montréal en mai 2011. Cet évènement qui nous permettra de faire le bilan de nos actions et de traiter des priorités du prochain mandat se déroulera aussi en plein 90e anniversaire de la CSN. Nous croyons qu’il s’agit là d’un moment fort pour l’avenir de notre mouvement qui nécessitera une mobilisation de l’ensemble de nos composantes, tout particulièrement des syndicats affiliés. 37 962 963 Tableau 1 Source : Desjardins, Prévisions économiques et financières, volume 15 /été 2010 39 964 Tableau 2 Source : Institut de la statistique du Québec 40 965 Tableau 3 41 966 Tableau 4 Conventions en vigueur au 27 août 2010 Nbre de % de Nbre d salarié‐ conventions conventions es visés collectives collectives % de salarié‐es visés CSD 465 5,3 23 067 2,36 CSN 2306 26,6 266 478 27,24 CSQ 333 3,79 104 322 10,67 CTC 23 0,26 709 0,07 FAT‐COI 27 0,31 594 0,06 FCT 48 0,55 893 0,09 FTQ 4 427 50,42 379 300 38,78 IND 1 152 13,12 202 771 20,73 TOTAL 8 781 978 134 42 967 Se donner le Québec qu’on veut Les finances publiques Plan d’action (phase 2) Conseil confédéral 28, 29 et 30 septembre 2010 968 969 Une lutte déjà amorcée….. Il y a un an, comme dans la plupart des pays industrialisés, nous vivions à l’heure des réflexions sur les stratégies de sortie de crise. Cette crise économique et financière, la pire des soixante dernières années, avait profondément meurtri la structure industrielle du Québec et entraîné la perte de milliers d’emplois de qualité dans le secteur manufacturier. De plus, les États fortement mis à contribution par les programmes de stimulation de l’économie en lieu et place du secteur privé se retrouvaient affaiblis avec des finances publiques exsangues. Les signaux en provenance des gouvernements convergeaient vers l’austérité budgétaire. À la CSN dès la rentrée 2009, nous avions résolu de nous mettre en mouvement et ne pas laisser le terrain au seul comité Gagné-Montmarquette-Fortin-Godbout chargé de conseiller le gouvernement, car on ne pouvait fonder beaucoup d’espoir dans cette bande des quatre pour générer des idées novatrices. D'ailleurs, les fascicules qu’ils produisirent dans les mois suivants confirmèrent l’orthodoxie de leurs solutions issues des ornières les plus profondes de la pensée néolibérale. Une priorité Nous avons donc fait des finances publiques une priorité dont le principal objectif consistait à infléchir la trajectoire du budget du Québec afin de protéger le caractère public de nos services, d’accroître la qualité et la quantité de ces services et de soutenir le développement durable du Québec au moyen d’une fiscalité équitable. Le coup d’envoi de notre plan d’action fut la tenue d’une réunion extraordinaire du conseil confédéral en novembre où nous avons tenté collectivement de prendre la mesure des enjeux liés à un tel objectif. Nous avons produit par la suite plusieurs documents et brochures afin de vulgariser certains aspects des finances publiques qui sont souvent présentés de manière rébarbative pour les non-initiés (les impôts, les taxes, les tarifs, la dette, les comparaisons internationales, etc.). Plusieurs activités ont été organisées dans les régions afin d’interpeller les député-es de tous les partis pour les confronter aux alternatives possibles au discours dominant. Plusieurs instances des fédérations, tout comme les congrès des conseils centraux furent également des occasions de sensibiliser les militantes et les militants à ces réalités qui interpellent tous les citoyens. Sans oublier bon nombre d’interventions médiatiques, dont plusieurs pressant le gouvernement de ne pas sabrer les dépenses de programmes, comme le lui recommandait son groupe-conseil. 3 970 Le budget de mars Malheureusement, nous devons constater que nos arguments et nos interventions, à l’instar d’autres groupes progressistes, n’ont pas réussi à modifier la trajectoire annoncée par le ministre des Finances. Bien au contraire, le budget déposé par le gouvernement libéral fut au-delà de nos désespérances. Ce budget sur plusieurs de ses aspects, constitue une négation des valeurs fondamentales qui ont forgé l’originalité du Québec depuis la Révolution tranquille dont dit pourtant s’inspirer Jean Charest. Rappelons-en quelques éléments Des compressions de croissance de dépenses de programmes pires que ce que suggérait le groupe-conseil. Une approche fallacieuse par le soi-disant partage de l’effort ÉtatContribuable pour retrouver l’équilibre budgétaire. Une fiscalité de moins en moins progressive par des hausses de taxes et de tarifs, tout en refusant d’ajouter ne serait-ce qu’un palier d’imposition pour les revenus supérieurs comme au fédéral. Un système de santé financé en partie par le principe de l’utilisateurpayeur. Etc. Poursuivre la lutte Il nous faut poursuivre la lutte, car le budget de mars dernier aura des impacts dévastateurs pour plusieurs années à venir. D’ailleurs, un certain nombre des mesures qui y sont prévues se déploieront à différents moments dans le temps jusqu’en 2014. Cela implique donc qu’il nous faut asseoir notre plan d’action sur des bases solides et durables. Il s’agit plus d’une course de fond que d’un sprint. Si nous voulons développer la pression nécessaire pour modifier les orientations gouvernementales, il faut nous assurer l’enracinement de nos orientations auprès du plus grand nombre de nos membres et ultimement rejoindre les plus larges segments de la population Il nous faut aussi élargir nos alliances pour mener la lutte. Or, depuis le printemps plusieurs organisations ou regroupements ont signifié leur détermination à changer le cours des choses dans une optique progressiste. 4 971 Cela nous ouvre donc des perspectives d’un meilleur rapport de force pour atteindre des objectifs que nous partageons bien souvent. Rencontre des réseaux progressistes C’est dans cette perspective que nous avons pris l’initiative de convoquer une rencontre des principaux réseaux actifs sur la question des finances publiques. Ainsi, le 22 septembre dernier ont répondu à notre invitation des représentantes et représentants de : ‐ La FTQ, la CSQ et la CSD ‐ La Coalition contre la privatisation et la tarification des services publics (Frapru-FFQ-MÉPACQ, etc.) ‐ Le réseau des autrement, etc.) ‐ Le réseau pour un discours alternatif sur l’économie (Centre St-Pierre, ATTAC, Centre de formation populaire, etc.) ‐ Le réseau étudiant collégial et universitaire (FECQ et FEUQ) ‐ Les médecins pour un réseau public de santé économistes progressistes (IREC-IRIS-Économie Cette rencontre fut très positive dans la mesure où elle nous a permis de partager nos plans de travail respectifs et de prendre une première mesure des jonctions possibles. Chaque groupe a, selon son champ de préoccupations, un certain nombre d’activités en chantier qui convergent à moyen terme vers le prochain budget du Québec en mars 2011. À titre d’exemples, cet automne la FTQ envisage des actions régionales. Pour les étudiants et pour la CSQ, la question des frais de scolarité et des forums convoqués par la ministre de l’Éducation seront au cœur de leurs activités. Alors que du côté des économistes des assemblées publiques thématiques sont prévues à Montréal, Québec et Trois-Rivières avec la tenue d’un colloque prébudget en février. La Coalition contre la privatisation envisage elle aussi des actions régionales avec une journée d’action fin novembre et une manifestation nationale en février ou mars. Sans parler d’un consensus, les thèmes que souhaitent aborder les économistes, dans les assemblées publiques, semblent suffisamment larges tout en évitant la dispersion des objectifs afin qu’ils constituent des balises pour notre action commune. 5 972 Ces thèmes pourraient se résumer ainsi : Fiscalité et tarification Services publics et programmes sociaux Relance économique et développement de l’emploi Bien sûr cette rencontre revêtait un caractère plus politique de démarrage d’une alliance potentielle qu’une réunion de travail pour opérationnaliser un plan d’action commun. C’est à la lumière des débats qui se tiendront dans les instances des différentes organisations, dont la nôtre, que se poursuivront alors nos rencontres Le plan de mobilisation Caractéristiques Compte tenu du nombre d’acteurs impliqués et par souci d’efficacité, il nous faut viser une convergence des réseaux dans une alliance à la fois large et souple permettant de traiter les divers angles de la campagne selon les intérêts et les caractéristiques de chacun. Cependant, nous devons assurer un arrimage et une coordination sur de grands objectifs communs qui mobilisent le réseau syndical tant dans le secteur public que dans le secteur privé ainsi que les réseaux sociaux du Québec. Nos objectifs 6 Élaborer des solutions de rechange au discours dominant sur la situation économique, notamment sur la gestion des finances publiques. Mettre de l’avant des propositions pour renforcer les secteurs de l’économie québécoise fragilisés par la crise, notamment son secteur manufacturier. Infléchir la trajectoire du budget du Québec principalement sur la diminution des dépenses de programme (à travers la loi 100 entre autres), sur l’échéancier de retour à l’équilibre budgétaire, sur la tarification du système de santé, sur le démantèlement des organismes de concertation sociale et assurer un partage fiscal équitable de toutes les composantes de la société. Contrer le discours sur la hausse tous azimuts des frais de scolarité. 973 Actions 2010 ¾ Mettre en œuvre dans chaque région CSN des activités choisies en lien avec les objectifs de la campagne, le plus possible en coordination avec les organismes de l’alliance, et ce, tout au long de l’automne. ¾ Joindre le réseau des économistes et le réseau pour un discours alternatif sur l’économie pour l’organisation et la participation aux trois débats publics : o 22 octobre à Québec o 18 novembre à Montréal o ? ? à Trois-Rivières ¾ Organiser pour le début décembre, période qui correspond aux consultations prébudgétaires, une journée nationale d’actions si possible avec l’alliance, mais qui se déploieraient dans chaque grande région du Québec. 2011 ¾ Joindre le réseau des économistes progressistes en février pour l’organisation et la participation à un colloque en vue du budget du Québec. ¾ Organiser un évènement d’envergure avec l’alliance, en février début mars. Communications ¾ Si l’alliance de tous les réseaux prend forme : lancement par une conférence de presse en octobre ¾ Nous avons déjà un matériel assez important sur les contenus (brochures thématiques) de la phase 1 de notre campagne et en produire d’autres au besoin. ¾ Mise en commun et diffusion des contributions provenant des réseaux de l’alliance. ¾ Utilisation dynamique du site de la CSN afin de transmettre des informations brèves et variées. ¾ Reprise de la formule d’une veille médiatique que nous avons déjà utilisée à d’autres moments et qui s’avère efficace pour être pertinent et constamment dans l’actualité. ¾ Production de capsules où la présidente de la CSN ou d’autres intervenants s’adressent aux membres et à la population via le site web. 7 974 Enfin d’autres activités de mobilisation ou de communication pourront se greffer à des évènements déjà en marche, mais ayant un lien avec cette campagne, comme le 7 octobre la Journée mondiale pour le travail décent, la Marche mondiale des femmes du 12 au 16 octobre, le 30 octobre qui marque le 40e anniversaire du Régime d’assurance-maladie, le 7 novembre la Journée de réflexion des étudiants sur les frais de scolarité et les 17 et 18 novembre le colloque Gérard-Picard sur l’avenir du secteur manufacturier. Responsable politique : Pierre Patry Chargé de projet : Louis De Garie Collaboration : Service des communications, Service d’appui aux mobilisations et à la vie régionale (SAMVR) et Services des relations du travail (SRT). 8 975 Annexe E La discrimination sur la base des statuts d’emploi À nous d’agir! Conseil Confédéral Montréal, 28, 29 et 30 septembre 2010 1 976 977 Table des matières Introduction .................................................................................................................. 5 Le travail atypique, hier et aujourd’hui .................................................................... 6 Des repères juridiques pour mieux comprendre la discrimination selon les statuts d’emploi ........................................................................................... 9 Des manifestations concrètes de discrimination .................................................. 10 Des raisons syndicales d’agir ................................................................................... 11 Une démarche syndicale s’impose .......................................................................... 12 3 978 979 Introduction Le 62e Congrès de la CSN s’est déjà approprié la question de la discrimination sur la base des statuts d’emploi. C’est d’abord en considérant que l’élimination de la discrimination en emploi fait partie des principes et des droits fondamentaux au travail, qui sont reconnus par l’Organisation internationale du travail, que la CSN a adopté des propositions qui doivent amener nos syndicats à s’engager dans des actions concrètes pour lutter contre les différentes manifestations de cette discrimination. Les femmes et les jeunes, chez qui la présence et l’importance du travail atypique sont plus importantes, militent pour faire de cette question une priorité de notre action syndicale. Certes, nous avons, par nos revendications, fait modifier la Loi sur les normes du travail concernant les clauses « orphelin », mais il faut reconnaître que ces changements n’ont pas permis d’éliminer toutes les formes de discrimination que l’on retrouve dans les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs. Temps partiel, travail temporaire, occasionnel, sur appel, télétravail ou à domicile et travail autonome : voilà autant d’échos aux transformations opérées par les entreprises qui se traduisent souvent par de la flexibilité organisationnelle liée à une réduction des coûts de main-d’œuvre. Il ne faut cependant pas être dupe devant ces transformations du marché du travail et des entreprises. Si certains peuvent considérer que ces différentes formes de travail répondent aux besoins des travailleurs et des travailleuses, nous estimons qu’elles répondent, d’abord et avant tout, aux besoins des entreprises. En cherchant à introduire plus de flexibilité pour s’adapter rapidement aux fluctuations des marchés, les entreprises ont fragilisé l’emploi. Nous assistons ainsi à une détérioration des conditions de travail, voire à une marginalisation de plusieurs travailleuses et travailleurs qui se retrouvent soustraits de l’application des normes de protection qui devraient s’appliquer à tous. Devant un tel constat, nous ne pouvons rester spectateurs. Le mouvement syndical doit agir. Cette urgence est d’autant plus ressentie que la situation qui prévaut actuellement sur le marché du travail ne nous permet pas de croire à une amélioration de la situation, bien au contraire. Crise, chômage, diminution de l’emploi sont autant de facteurs qui influencent les conditions que l’on retrouve sur le marché du travail et qui, de ce fait, accélèrent le phénomène de précarisation de l’emploi. Il est donc essentiel que nos « syndicats s’engagent, lors des négociations collectives, dans la lutte aux pratiques discriminatoires, basées sur les statuts d’emploi, présentes dans leurs milieux de travail »1. Par ailleurs, il revient à la CSN et à ses fédérations de déployer leurs ressources pour appuyer cette action syndicale contre la discrimination sur la base des statuts d’emploi. 1 Proposition adoptée par le 62e Congrès de la CSN. 5 980 p souten nir cet engagement que nous prroposons d’analyser d l situation la n des C’est pour emploiis atypique es sur le marché m du travail, t de définir d les contours juridiques de d la discrim mination se elon les sta atuts d’emp ploi, d’explorer les ra aisons synd dicales d’ag gir et d’expo oser des ex xemples concrets de disparité d de traitemen nt que l’on n retrouve dans d les conventions collectivess. Enfin, nous n prése enterons le es premierrs jalons d’une d démarche syndic cale visant à contre er la prése ence de discriminat d tions selon n les statutss d’emploi. Le tra avail atyp pique, hie er et aujou urd’hui Depuiss les anné ées 1970, le marché du travaill québécoiis s’est, le entement, mais inélucttablement, transform mé. De typiique qu’il était, c'estt-à-dire à temps t pleiin et permanent, l’emploi est au ujourd’hui de plus en e plus ide entifié com mme atypiq que : poste à temps pa artiel, emploi tempora aire, travaill autonome e, occasionnel, saison nnier, etc. En n 1976, que elque 16,7 % des posstes dans l'emploi to otal étaientt atypiquess; en 2009, ce c taux ava ait atteint 37,2 %. Cepe endant, ce phénomèn ne n’est pass nouveau. Il ne caracté érise pas les années 2000. Déjà à, dans les années 199 90, on obse ervait des taux d’emplloi atypiqu ue élevés. En E effet, en n 1997, le taux d’emploi atypiqu ue était déjjà de 37,4 %. Cependan nt, si une lé égère diminution de ce taux s’e est amorcée au débutt des ous le seu uil de 36,5 %, les don nnées des trois t derniières annéess 2000, en passant so annéess montrent une reprisse de la pro ogression de d l’emploi atypique. Évoluttion du taux d’emploi d atyp pique au Québec, 1 1997 à 2009 8.0 38 37.5 Taux 37.0 36 6.5 6.0 36 35.5 1996 1998 2000 2002 2004 Année 6 2006 2008 2010 981 La pré écarisation du march hé du travail ne touc che pas to ous les tra availleurs de d la même manière. Nous som mmes familiiers avec les analyses différen nciées selo on le genre et, e là comm me ailleurs, ces analysses s’avèrent utiles d’enseignem ment. Ainsi, on ne sera a pas surp pris d’apprrendre que e 40,3 % de es femmes travaillentt, en 2009, dans d des emplois e aty ypiques comparativem ment à 34,3 % des ho ommes pou ur la même année. Co onstat éton nnant : à la a fin des an nnées 1990 0 et au déb but des années 2000, près de 20 2 % plus de femmes que d’’hommes occupaientt des emp plois atypiques, alors qu’aujourd q d’hui, ce no ombre passse à un peu u moins de 15 % de plu us. Il faut do onc compre endre que la croissan nce de l’em mploi atypiq que des de ernières années a été plus p imporrtante chezz les homm mes. Sans pouvoir p en faire une démonstra ation sans éq quivoque, il nous sem mble raison nnable de soumettre s l l’hypothèse e de l’existence d’un liien étroit entre ce constat c et les difficultés rencon ntrées dan ns les sectteurs manufa acturiers et e les stra atégies d’a adaptation des entre eprises; ou u encore d’un déplac cement dess emplois de ce se ecteur verss un autre e secteur soit celui des service es. Un auttre élémentt importantt qui ressorrt des inforrmations sttatistiques est la varia ation du taux de présence de l’em mploi atypiique selon les groupe es d’âge. Si c’est parm mi les plus je eunes que e l’on retrrouve le ta aux d’emp ploi atypiq que le plus élevé, ill est surpre enant de co onstater qu ue la haussse du taux d’emploi d atypique ca ache, en réa alité, une dim minution de d ce taux chez c les 25 5 à 54 ans et e une augm mentation pour les moins m de 25 ans et less plus de 55 5 ans. Do oit-on en déduire d que les trava ailleuses et les travailleurs les plus p vulnérables sont une fois de d plus les premiers à faire les frais ustements du marché é du travail?? Poser la question, q c c’est y répo ondre. des aju Taux d’emplloi atypique au a Québec Selon le gro oupe d’âge (19 997-2009) 65.0 60.0 55.0 50.0 45.0 40.0 35.0 30.0 25.0 199 97 200 09 20 009 15 5‐24 ans 1997 7 44 ans 25‐4 4 ans 45‐54 55 anss et pluss 7 982 En corollaire avec les données sur l’âge, soulignons le développement important de cette forme de précarité chez les gens qui occupent des emplois depuis très longtemps. L’analyse des données renvoie aux oubliettes les idées préconçues selon lesquelles la précarité serait un passage obligé, mais temporaire, pour l’acquisition d’une stabilité d’emploi. On dénombre plus de 27 % d’emplois atypiques chez les gens qui sont en emploi depuis plus de 20 ans et 30 % chez les gens qui sont en emploi depuis plus de 10 ans, mais moins de 20 ans. Nous sommes bien loin d’une réalité passagère, d’un dur moment à passer. La présence des emplois atypiques est bien réelle et ne semble pas vouloir s’estomper. Au contraire, elle s’amplifie chez les plus jeunes. Elle est toujours plus présente chez les femmes et un long historique sur le marché du travail n’est pas un gage de stabilité d’emploi. Nous l’avons dit, plusieurs raisons expliquent cette situation. La recherche d’une plus grande flexibilité pour s’adapter aux changements, par les entreprises, a amené celles-ci à multiplier les formes d’emploi. Mais d’autres considérations motiveraientelles aussi les employeurs à poursuivre dans cette direction, comme celle de se soustraire à leurs obligations légales? Ou encore, réduire de manière importante leurs charges sociales et en conséquence leur masse salariale? La responsabilité sociale des entreprises est remise en cause par ces nouveaux modèles où ce sont les travailleurs qui s’engagent sans contrepartie de la part de l’entreprise, que ce soit sur le plan de la sécurité d’emploi ou d’autres éléments traditionnels de la rémunération, comme les régimes de retraite mis à mal au cours des dernières décennies. Par nos luttes, nous avons réussi à réguler certains aspects du marché du travail et à obliger les employeurs à offrir des conditions de travail décentes. Or, la mise en place de plusieurs de ces formes d’emploi atypique ne vise qu’à contourner les normes minimales du travail et à accentuer la vulnérabilité des travailleuses et des travailleurs par rapport aux entreprises. Ainsi, ces derniers se verront confinés à des normes minimales inadéquates et, bien évidemment, qui ne seront pas assujetties aux régimes publics (Régie des rentes, assurance emploi, etc.) Ici, emploi atypique est pour ainsi dire synonyme de docilité, de travailleuses et de travailleurs de seconde zone. Il est vrai que les conditions sociales ont également changé : on retrouve un nombre égal de femmes et d’hommes sur le marché du travail, la conciliation famille-travail fait de plus en plus l’objet de revendications, certaines personnes peuvent ellesmêmes solliciter des plages horaires atypiques, etc. Mais il y a tout un monde entre adapter la réalité du travail pour tenir compte des besoins de certains travailleurs et imposer à plus du tiers d’entre eux des conditions d’emploi et de travail qui les maintiennent dans une précarité qui favorise leur discrimination. 8 983 Des repères juridiques pour mieux comprendre la discrimination selon les statuts d’emploi Pour bien comprendre la notion de discrimination selon les statuts d’emploi, il est impératif de bien cerner l’univers juridique dans lequel se retrouvent ces emplois. Au Québec, trois lois vont particulièrement nous aider à bien définir cet encadrement légal soit le Code du travail, la Loi sur les normes du travail (LNT) et la Charte des droits et libertés de la personne. D’entrée de jeu, cependant, il est important de préciser que toute disparité de traitement, sur la base du statut d’emploi, n’est pas nécessairement illégale ou prohibée. Ainsi, le Code du travail précise les obligations du syndicat à l’égard de ses membres et, notamment, l’obligation de ne pas agir de façon discriminatoire2. À l’analyse des décisions des tribunaux, il faut comprendre que cette obligation inclut « toutes les tentatives de défavoriser un individu ou un groupe sans que le contexte des relations de travail dans l’entreprise ne le justifie »3. Comme on peut le constater, un traitement différencié est donc permis si la distinction s’explique par le contexte des relations de travail. Pour sa part, la Loi sur les normes du travail (LNT) interdit deux formes de disparités de traitement en emploi4. D’une part, elle interdit le versement d’un salaire moindre pour une personne qui travaille à temps partiel et qui effectue les mêmes tâches qu’un employé régulier au seul motif que cette personne travaille moins d’heures. Cette parité doit aussi être garantie en ce qui a trait à la durée du congé annuel et à l’indemnité de vacances. D’autre part, la LNT interdit aussi l’établissement de conditions de travail moindres en fonction de la seule date d’embauche. Hormis ces timides dispositions, cette loi qui fixe les normes minimales à respecter quant aux conditions de travail au Québec, n’offre aucune garantie à l’égard d’une quelconque parité de traitement entre les salarié-es, et ce, sans égard à leur statut d’emploi. Dernier élément de notre cadre légal, la Charte des droits et libertés ne prévoit la présence de discrimination que si un ou plusieurs des motifs prohibés de discrimination, qui y sont nommément prévus, sont en cause. Ils sont au nombre de treize, par exemple le sexe, la race, la religion, l’âge, la langue, etc.. Mentionnons également que la Charte interdit toute discrimination en emploi si les distinctions reposent sur un des motifs prohibés. Ainsi, on peut dire que toute distinction en emploi pour un motif interdit pourrait être considérée comme discriminatoire si elle compromet le droit à l’égalité. 2 3 4 Nous nous référons à l’article 47.2 du Code du travail Noël c. Société d’énergie de la Baie-James, [2001] 2 RCS 207, par. 49. Nous nous référons ici aux articles 41.1, 74.1 et 87.1 de la loi 9 984 Notre analyse de la situation doit aussi inclure certains éléments de la jurisprudence. Sans les nommer, il faut souligner les impacts importants qu’ont eus certaines décisions des tribunaux. Ainsi, il est maintenant établi5 qu’un syndicat peut, tout comme l’employeur, engager sa responsabilité s’il négocie une clause discriminatoire à la convention collective. Ces dernières années, les tribunaux ont multiplié les condamnations6 à l’endroit de syndicats, leur reprochant la conclusion de conventions collectives ou de lettres d’entente discriminatoires au regard de motifs prohibés tels le sexe, l’âge ou l’état civil. À proprement parler, comme nous l’avons dit, la Charte n’interdit pas la discrimination fondée sur le statut d’emploi. Mais dans la mesure où les statuts atypiques ou précaires d’emploi sont plus souvent le lot des jeunes et des femmes, la disparité de traitement qu’ils impliquent est susceptible d’être l’objet d’attaques sous l’angle de la Charte des droits. Qui plus est, une jurisprudence se dessine selon laquelle la condition sociale – motif prohibé de discrimination – inclurait possiblement le statut d’emploi. Comme on peut le constater, actuellement les lois offrent des recours limités pour combattre la discrimination selon les statuts d’emploi. L’avenue à privilégier, la plus porteuse, consiste à réclamer des modifications législatives qui nous permettront d’inclure dans les lois déjà existantes des dispositions qui interdisent cette forme de discrimination. Des manifestations concrètes de discrimination Cette faiblesse de notre encadrement légal explique, en partie, la présence de disparités de traitement dans nos conventions collectives. Disparités qui malheureusement ne font pas l’objet de justes compensations et, de ce fait, pourraient être assimilables, dans certains cas à de la discrimination. Elles y prennent différentes formes; tantôt il s’agira d’exclure une ou des catégories de salarié-es de certains avantages; tantôt la convention n’accordera certains bénéfices qu’aux salarié-es réguliers. La distinction de traitement peut concerner une foule de conditions de travail : l’ancienneté (règles de calcul ou de cumul différentes), les congés payés, les avantages sociaux (non-assujettissement aux régimes d’assurance ou de retraite), les heures supplémentaires (règles différentes de calcul), congés sans traitement, procédure de grief (droit d’accès), activités syndicales (droit aux libérations), etc. 5 Nous nous référons à l’arrêt Renaud, Central Okanagan School District no. 23 c. Renaud, [1992] 2 RCS 970. 6 Citons par exemple les décisions de Québec c. Ville de Laval, 2009 QCTDP 4, décision portée en appel.500-09-019546-092 et celle de CDPDJ c. Syndicat des constables spéciaux, 2010 QCTDP 3, jugement porté en appel 500-09-020488-102. Ces deux décisions ont été portées en appel 10 985 Certes, une convention collective peut établir différents statuts d’emploi : en soi, cela n’a rien de discriminatoire si les besoins du travail justifient de telles distinctions. C’est lorsque le statut d’emploi devient prétexte à l’octroi de conditions de travail inférieures que le problème se pose. À tout le moins l’exclusion de certains avantages devrait-elle faire l’objet d’une juste compensation (monétaire ou autre) pour le salarié ainsi exclu. Des raisons syndicales d’agir Nous l’avons dit, généralement, les emplois atypiques sont précaires, très mal protégés par les lois du travail, lorsqu'ils n'en sont pas carrément exclus et cette situation a de graves conséquences pour des centaines de milliers de personnes : peu d'avantages sociaux et de protections juridiques, régime de retraite mince ou inexistant, pas ou peu d'accès à des programmes d'assurance salaire, rapport de force inégale face à des employeurs abusifs ou malhonnêtes, accès interdit ou limité à la syndicalisation et aucun droit aux prestations d'assurance-emploi, etc. À sa face même, les conditions inhérentes aux emplois atypiques interpellent le mouvement syndical dans sa fonction fondamentale de défense des droits des travailleuses et des travailleurs. Mais la question de la discrimination sur la base des statuts d’emploi doit nous conduire, non seulement à faire le constat de la précarité et de ses conséquences, mais aussi l’examen de nos pratiques syndicales. En effet, nous pourrions croire qu’en présence d’un syndicat la discrimination relative au statut d’emploi est inexistante et qu’aucun préjudice n’est possible puisque les conditions de travail sont établies par une convention collective, assurant ainsi une protection aux travailleuses et aux travailleurs qu’elle couvre. Or, cette assertion ne subit pas l’épreuve des faits. Les travaux de Jean Bernier7 ont révélé que plusieurs conventions collectives, dans plusieurs secteurs, prévoient des conditions de travail inégales selon les différents statuts d’emploi qu’on y retrouve, et ce, sans pour autant offrir une juste compensation aux titulaires de ces emplois. La recherche d’une plus grande flexibilité par les employeurs ne s’est pas arrêtée aux seules entreprises non syndiquées, elle s’est aussi manifestée dans les entreprises où nous sommes présents. Il ne s’agit pas de lancer la pierre, mais bien de prendre la juste mesure de cette situation et d’y remédier. Les pressions des employeurs sont toujours présentes en la matière et elles ne sont pas près de disparaître, il faut chercher des réponses collectives à cet enjeu de taille. Lorsque la convention collective est porteuse de dissensions, il est bien difficile de construire une solidarité. BERNIER, Jean, Guylaine VALLÉE et Carol JOBIN. Rapport Les besoins de protection sociale des personnes en situation de travail non traditionnelle, gouvernement du Québec, 2003. 7 11 986 De plus, au moment où le mouvement syndical se questionne sur sa capacité réelle d’amener les jeunes à s’investir dans le syndicalisme, de susciter l’adhésion de tous à son projet syndical et de les mobiliser autour des grands idéaux qu’il défend, il doit bien évaluer les effets des différents changements. Il est indéniable que la multiplication des statuts d’emploi et son corollaire, la discrimination, par la fragilisation des conditions de travail qu’elle impose, par les différenciations qu’elle induit entre les travailleurs, par la ségrégation qu’elle produit (jeunes/vieux, femmes/hommes, débutants/expérimentés) mettent à mal les conditions de vie de milliers de travailleurs. Mais elle handicape aussi grandement notre capacité de développer des solidarités, et de ce fait, notre capacité de changer notre société8. Une démarche syndicale s’impose En 2003, le rapport Bernier, les besoins de protection sociale des personnes en situation de travail non traditionnelle, déterminait trois principes directeurs qui soutenaient les recommandations du rapport : la définition de la relation entre un employeur et un employé est d'ordre public, les régimes de protection sociale doivent être accessibles au plus grand nombre et il est socialement inacceptable d'imposer un traitement différent (salaire, conditions de travail, etc.) à une travailleuse ou à un travailleur du seul fait qu'il n’a pas le statut d’employé-e régulier à temps plein. Nous devons faire nôtres ces principes directeurs et les intégrer aux analyses qui guident nos actions syndicales. Les contextes de négociation sont souvent difficiles et il nous faut informer et sensibiliser nos membres aux effets néfastes des différences que l’on observe dans nos contrats de travail, ou dans celles que l’employeur tente d’y introduire. Plus encore, il faut outiller nos syndicats pour qu’ils procèdent à l’analyse de leur convention collective et y déceler les dispositions qui introduisent une discrimination sur la base des statuts d’emploi. Nous savons que des différences existent, certaines sont même indispensables, mais en toutes situations elles devraient faire l’objet d’une juste compensation. Et la négociation de ces compensations relève de notre responsabilité syndicale. 8 En 1999, Murray et Verge, précisait que : la plus grande diversité démographique de la maind’œuvre, la multiplication des statuts d'emploi, l'affirmation de nouvelles appartenances professionnelles, l'émergence de nouvelles formes de participation directe des salariés, l'affirmation des projets et droits individuels, notamment sous l'influence des instruments affirmant les droits fondamentaux de la personne, la tendance à la diversification des identités collectives et une remise en cause conséquente des pratiques syndicales homogènes traditionnelles constituent autant de facteurs qui militent à l'encontre de l'exclusivité absolue de la représentation syndicale la représentation syndicale 1999, p.130-131 12 987 C’est dans cet esprit que la CSN entend produire pour son conseil confédéral en décembre prochain un guide permettant à ses syndicats affiliés de faire une meilleure analyse des conventions collectives et ainsi assurer une plus grande équité pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs, et ce, sans égard à leur statut d’emploi. Cet outil devient d’autant plus pertinent dans le contexte où les tribunaux interviennent de plus en plus pour condamner des syndicats pour avoir négocié des clauses de conventions collectives ou des lettres d’entente discriminatoires. Pour la CSN, il y a urgence d'agir sur le plan légal. Ne nous y trompons pas, s’il n’y a plus de clause « orphelin » dans les conventions collectives, c’est grâce à l’intervention du législateur. En ce sens, le législateur doit intervenir à nouveau afin que les régimes de protection sociale soient accessibles au plus grand nombre. C’est uniquement de cette façon que les personnes non syndiquées pourront, à leur tour, profiter de ces couvertures sociales. À défaut d’une telle intervention législative, tous les éléments typiques de la précarisation de l’emploi se poursuivront. De mauvaises conditions de travail et des disparités de traitement continueront d’être le lot de milliers de travailleuses et de travailleurs qui sont dans ces emplois atypiques. Cela ne veut pas dire par ailleurs que nous devons nous croiser les bras en attendant une intervention législative. C’est par notre action syndicale et la négociation des conventions collectives que nous parviendrons à forcer une telle intervention. Il nous faut, comme mouvement, mesurer l’impact réel de la discrimination sur la base des statuts d’emploi, pour ceux qui vivent cette discrimination, pour notre organisation syndicale et pour la société. Il nous faut nous y opposer sur tous les fronts. 13 988 Ann nexe F Positio on de la CSN C co oncernant l’explorration et l’exp ploitation n du gaz de schiste Tex xte adopté par le conseil confé édéral Montré éal, les 28, 29 et 30 se eptembre 20 010 Depuis quelques mois, des citoyennes et des citoyens de plusieurs régions du Québec ont eu la surprise de constater que le sous-sol de leur propriété ne leur appartenait pas : des entreprises en possédaient les droits d’exploration et éventuellement les droits d’exploitation. Ils se sentent démunis devant cette invasion de territoires, et ce, même si les entreprises doivent conclure des ententes de gré à gré avec tous les propriétaires fonciers des terrains où les travaux seront menés. Le gouvernement du Québec, au lieu de rassurer la population sur les risques liés à l’exploration de ce gaz et de montrer que le développement de cette filière énergétique s’inscrit dans un projet de développement bien structuré sur le plan économique, social et environnemental, laisse voir qu’il est totalement pris au dépourvu devant la réaction et les questionnements de la population. Il s’aventure peu préparé dans une expérience qui risque d’aller à l’encontre des intérêts du Québec. À première vue, seules les entreprises exploitantes semblent y trouver leur compte. De plus, pour atténuer les réactions des citoyens, le gouvernement a confié au Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) un mandat restreint avec un délai imparti qui, au lieu de rassurer, nous questionne sur ses véritables intentions. Stratégie énergétique du Québec Il faut rappeler que la décision du gouvernement de soutenir l’industrie gazière découle de la stratégie énergétique du Québec 2006–2015 « L’ÉNERGIE pour construire le Québec de demain ». Celle-ci avait comme objectifs de : • • • • • • renforcer la sécurité de ses approvisionnements en énergie; utiliser davantage l’énergie comme levier de développement économique (la priorité étant donnée à l’hydroélectricité, au potentiel éolien, aux gisements d’hydrocarbures et à la diversification de nos approvisionnements en gaz naturel); accorder une plus grande place aux communautés locales et régionales et aux nations autochtones : consommer plus efficacement l’énergie; devenir un leader du développement durable; déterminer un prix de l’électricité conforme à nos intérêts et à une bonne gestion de la ressource. Pour atteindre ces six objectifs, le gouvernement s’est donné des orientations et des priorités d’action : 1. Relancer et accélérer le développement du patrimoine hydroélectrique. Entre autres par la mise en œuvre de 4 500 MW de nouveaux projets, dont celui de « La Romaine ». 2. Développer l’énergie éolienne, filière d’avenir. À l’horizon de 2015, le potentiel d’énergie éolienne économiquement rentable devrait se situer à 4 000 MW soit environ 10 % de la demande de pointe en électricité. De plus, 3 100 MW d’énergie éolienne supplémentaires seront ajoutés pour chaque 1 000 MW nouveaux d’hydroélectricité si les conditions sont favorables et en fonction de l’évolution technologique et des coûts d’intégration au réseau d’Hydro-Québec. 3. Utiliser l’énergie de façon plus efficace. On vise, entre autres : à multiplier par huit la cible globale en efficacité énergétique par rapport à celle de 2005; à favoriser les carburants renouvelables comme l’éthanol-carburant, soutenir le transport en commun et améliorer l’efficacité énergétique du transport des marchandises; à multiplier la consommation du gaz naturel pour atteindre 350 millions de mètres cubes en 2015 (98 millions de mètres cubes en 1998), etc. 4. Innover en énergie. Par un plan d’aide aux nouvelles technologies énergétiques, dont l’éthanol-carburant, par la pénétration du biodiesel sur le marché, par la promotion et le soutien à la géothermie et à l’énergie solaire, etc. 5. Consolider et diversifier les approvisionnements en pétrole et en gaz naturel. Par la mise en valeur des ressources pétrolières et gazières du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent avec une approche respectueuse de l’environnement, par une diversification des sources d’approvisionnement en gaz naturel, en assurant la disponibilité des produits pétroliers et en essayant de protéger les consommateurs de mazout et de propane contre les conséquences d’un affaiblissement des réseaux de distribution. 6. Moderniser le cadre législatif et règlementaire. En définissant mieux les processus d’analyse des projets énergétiques afin de favoriser un développement durable c’est-à-dire garantir la pérennité de la ressource, protéger l’environnement et tenir compte de l’avis des citoyennes et des citoyens et des communautés concernées tout en assurant la rentabilité économique et la création d’emplois recherchés.etc. La sécurité et l’avenir énergétique du Québec Lors des audiences de la commission parlementaire de l’économie et du travail sur « La sécurité et l’avenir énergétique du Québec » qui ont servi de consultation préalable à la mise en place de la stratégie énergétique du Québec, la CSN a indiqué qu’elle devait s’inscrire dans une perspective de développement durable, viser un développement économique et social à long terme et évidemment, assurer la préservation de l’environnement. C’est dans cette perspective que nous avons indiqué qu’il était essentiel de maîtriser la demande d’énergie, par une meilleure efficacité énergétique dans les secteurs sur lesquels nous pouvons avoir une influence (plan d’urbanisme, organisation des transports urbains, chauffage des espaces, normes de construction, etc.); que le premier choix de développement de l’électricité doit demeurer l’hydroélectricité tant que le coût des projets demeure acceptable, mais qu’il apparaissait important, pour assurer notre sécurité énergétique, de diversifier les sources de production en 4 favorisant la filière éolienne, d’encourager le développement local d’énergie renouvelable (solaire, géothermie, biomasse) et de diversifier les sources d’énergie par l’extension du réseau de gaz naturel pour des fins de chauffage de l’espace. En ce qui a trait à l’énergie thermique et aux énergies fossiles, nous avons indiqué qu’il n’y avait aucune logique à favoriser le développement d’une filière thermique pour produire de l’électricité, si ce n’est que de diversifier nos sources de production d’électricité, choix que nous ne privilégions pas. Par ailleurs, nous avons mentionné qu’il fallait favoriser, dans une perspective à moyen terme, l’exploration pétrolière et gazière, et ce, sous réserve des précautions d’usage et des recommandations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. L’importation de la totalité de notre consommation de gaz et de pétrole nous rend dépendants et nuit à notre sécurité énergétique. Malgré tous les efforts pour réduire notre consommation de pétrole et de gaz, il faut constater qu’elle durera pendant un certain nombre d’années. La CSN a également dénoncé le type de consultation (dans sa forme et les délais attribués) que le gouvernement avait mis en place pour définir un enjeu aussi important que la stratégie énergétique. Nous avons indiqué que le Québec aurait avantage à démocratiser le processus et à tout mettre en œuvre pour maximiser la participation citoyenne afin de dégager les consensus nécessaires et ainsi tendre vers une implication des citoyens dans les choix qui seront retenus et minimiser le phénomène du « pas dans ma cour ». La réduction des émissions de gaz à effet de serre La CSN a participé à la consultation sur les cibles de réduction des gaz à effet de serre que le Québec devait se donner à l’horizon de 2020. Nous avons conseillé vivement l’ajout des recommandations émises par le groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC) comme critère afin de déterminer les cibles minimales de réduction de GES à atteindre. Rappelons que le GIEC recommandait de diminuer de 25 à 40 % d’ici 2020 et de 80 % en 2050 les émissions pour tenter de stabiliser le réchauffement de la planète. Concernant la réduction des GES et la consommation d’énergie, l’accent a été mis sur trois secteurs d’activité : le transport, l’industrie et le bâtiment (résidentiel, commercial et institutionnel). D’une part, ces secteurs sont responsables de la majorité des émissions de GES au Québec puisqu’on y utilise des combustibles fossiles (dont le pétrole) comme source d’énergie; d’autre part, tous les analystes prédisent la fin de l’époque du pétrole à bon marché. Nous sommes persuadés que les économies faibles en émission de carbone et moins dépendantes des hydrocarbures seront mieux positionnées pour contrer les augmentations du coût de ces ressources et du marché. Dans le secteur des transports (40 % des GES), plusieurs mesures et orientations ont été proposées telles que : diminuer le parc automobile en orientant la mobilité des personnes autour du transport en commun et du transport actif; favoriser l’arrimage 5 du transport collectif et du transport actif de même que le partage de la route entre cyclistes et autres utilisateurs; exploiter le potentiel de développement du transport collectif électrifié pour le transport urbain et interurbain; diminuer significativement le transport des marchandises par camion et le limiter aux courtes distances (accentuer le transport ferroviaire et le transport naval); déployer des mesures fiscales incitatives orientant la mobilité des personnes vers le transport collectif. Nous avons également indiqué que, pour diminuer l’utilisation de l’automobile, pour développer les circuits courts de distribution et une alimentation de proximité, nous devons revoir nos modèles d’aménagement du territoire, augmenter la densité du tissu urbain, protéger les terres fertiles et rompre avec le modèle d’étalement urbain qui caractérise plusieurs développements. Sur le plan industriel, nous avons reconnu les efforts faits par le secteur de l’aluminium pour diminuer de façon appréciable ses émissions, nous avons invité le gouvernement à poursuivre les efforts avec les autres sous-secteurs afin d’atteindre les objectifs initiaux de réduction pour 2012. De plus, étant donné que 59 % des émissions du secteur industriel proviennent de la combustion, nous avons recommandé de déployer des mesures favorisant la conversion des industries vers des sources d’énergie moins polluante, dont l’électricité. Compte tenu de l’augmentation de 41 % des émissions de GES pour les bâtiments commerciaux et industriels, nous avons suggéré qu’un effort particulier vienne des bâtiments institutionnels et que l’objectif de réduction soit similaire à celui consenti par les réductions de GES pour les bâtiments résidentiels. Ces augmentations d’émissions étant attribuables à la demande croissante d’énergie pour le chauffage de nouveaux bâtiments, nous encourageons le transfert des systèmes au mazout vers l’électricité et l’implantation de système à haute efficacité énergétique favorisant la baisse de consommation d’énergie. Enfin, nous avons encouragé le gouvernement à se doter d’une véritable politique de construction écologique et à apporter les modifications nécessaires au Code du bâtiment. À quelques semaines de la conférence de Copenhague, le gouvernement du Québec s’est donné comme objectif de réduire de 20 % les émissions de GES. Cela est inférieur aux recommandations faites par le GIEC, mais représente l’objectif le plus ambitieux en Amérique du Nord calqué sur celui de l’Union européenne. Lors de l’annonce de sa cible de réduction, le gouvernement a indiqué certaines pistes de travail sur lesquelles des efforts devaient être consentis pour atteindre cet objectif : le transport des personnes et des marchandises; l’urbanisme et l’étalement urbain; l’élimination graduelle des systèmes de chauffage au mazout; l’efficience énergétique; la valorisation énergétique de la biomasse; l’utilisation accrue du bois dans les bâtiments. Le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, M. Pierre Arcand, nous indiquait que son ministère travaillait sur un plan d’action visant à atteindre cet objectif de réduction. 6 Interrogations et position de la CSN sur le gaz de schiste La CSN croit que tout développement de source ou de projet énergétique doit s’inscrire dans une stratégie énergétique qui vise un développement économique et social à long terme au même titre que le développement de l’hydroélectricité eut un impact majeur sur le développement du Québec et de ses régions. Il doit également être acceptable sur le plan environnemental et rencontrer une adhésion des citoyennes et des citoyens. Sur le plan de sa sécurité énergétique, le Québec a tout avantage à favoriser une diversification de ses sources d’énergie. À l’heure actuelle, environ 40 % de l’énergie consommée au Québec provient de l’électricité. Sur le plan de son indépendance énergétique, il doit tout mettre en œuvre pour diminuer sa dépendance au pétrole étant entendu que la totalité ou presque de notre consommation en hydrocarbure provient de l’importation. Le développement et l’exploitation de nouvelles sources d’énergie, en particulier les énergies propres (éolien, géothermie, biomasse) sont donc nécessaires ainsi qu’il peut être utile de développer les filières gazières et pétrolières, puisque ces sources d’énergie seront encore utilisées pendant quelques décennies. Le gaz de schiste provient de roche (appelée schiste ou shale) formée par le dépôt de sédiments composé de très fines particules qui se caractérise par son aspect en strates. Le gaz est emprisonné dans des espaces (ou pores), dans la roche sédimentaire, et nécessite des techniques d’extraction différentes (par fragmentation) de celles utilisées pour extraire le gaz dit « conventionnel » associé à l’exploitation pétrolière. Ce sont celles–ci qui sont principalement mises en cause compte tenu de leur impact sur l’environnement. Est-ce que l’exploration et une éventuelle exploitation de la filière gaz de schiste correspondent à ce que nous préconisons comme développement énergétique? Les informations disponibles, puisqu’il y en a peu, nous laissent perplexes et semblent indiquer le contraire. Sur le plan économique, nous apprenions que les permis d’exploration et de recherche concernant presque la totalité de la Rive-Sud du Saint-Laurent ont été cédés à 10 cents l’hectare (environ deux terrains de football), à titre de comparaison la Colombie-Britannique a obtenu de 1 000 $ à 10 000 $ l’hectare en déterminant des territoires qu’elle a soumis (pas tous au même moment) à l’encan. En 2008 et 2009, l’industrie du gaz de schiste a versé 1,5 milliard à la Colombie-Britannique pour avoir le droit d’explorer le sous-sol, contrairement aux 5 millions qu’aurait récoltés le Québec pour les permis d’exploration pour les années 2008-2009 et 2009-2010. Il en va de même pour les redevances ainsi que l’encadrement de l’exploitation gazière qui feront l’objet d’un éventuel projet de loi et de règlements. Si on se base sur les redevances sur l’exploitation des mines, celles-ci ont été établies dans le dernier budget à 14 % pour atteindre 16 % en 2012 (elles ont déjà été à 18 % en 1994). Mais les compagnies exploitantes peuvent déduire certains coûts d’exploitation. En 7 2009, le Québec arrive bon dernier comparativement aux autres provinces canadiennes en ce qui concerne les redevances minières. À l’heure actuelle, les redevances provenant de l’exploitation des gaz se situeraient entre 10 et 12,5 %, selon le niveau de production aux puits. Le développement de cette filière, dans le but de substituer notre consommation de produits pétroliers importés comme le mazout et le gaz, est à première vue positif pour le Québec sur le plan économique et social. La consommation du gaz naturel représentait 11 % des besoins énergétiques du Québec en 2008. Sa seule source d’approvisionnement provient du bassin sédimentaire de l’Ouest canadien et elle est en déclin. En ce qui concerne l’emploi, cette industrie étant nouvelle au Québec, il semble que la majorité des emplois (qualifiés du moins) sont détenus par des salarié-es possédant une certaine expertise; ils proviendraient principalement des provinces de l’Ouest, du moins pendant la phase d’exploration. Il semblerait que la phase d’exploitation requiert peu de personnel. Dans le document technique remis au BAPE par le MRNF, on nous indique que dans un contexte économique favorable, 250 puits horizontaux pourraient être forés chaque année et qu’à ce rythme, 7 000 emplois directs et 3 000 emplois indirects pourraient être créés. Sur le plan social, la réaction des citoyens résidant près des lieux où se feront les explorations ainsi que celle des maires de plusieurs des municipalités concernées tendent à démontrer qu’il n’y a pas d’acceptation sociale de ces projets. En effet, les retombées envisagées à court terme pour ces résidents semblent plutôt négatives : tensions entre agriculteurs; qualité de vie des riverains perturbée; utilisation accrue des infrastructures municipales; baisse de la valeur des maisons, etc. Il en va de même pour l’ensemble des citoyennes et des citoyens du Québec, qui en bonne partie, croient qu’ils ne tireront collectivement peu d’avantage de ces projets et que les véritables bénéficiaires de ce développement seront les entreprises gazières. Autrement dit, ils ont l’impression de se faire avoir. Trop de questions restent en suspens et le manque de retombées positives fait en sorte que cette filière ne peut être acceptée socialement. Sur le plan environnemental, l’impact pourrait être majeur : • • • • • • 8 Production importante des gaz à effet de serre lors de l’exploration (autant que sa combustion minimalement); Augmentation des gaz à effet de serre si l’utilisation du gaz n’est pas jumelée à une stratégie de substitution du mazout; Utilisation de produits chimiques (solvants) et danger potentiel de contamination de la nappe phréatique; Utilisation abondante de l’eau; Incapacité de traiter adéquatement des eaux usées (qui peuvent contenir des additifs chimiques, des eaux saumâtres ou des métaux lourds); Contamination des sols. Le bilan environnemental pourrait être important et, dans le cas où il serait moindre, il n’est pas évident qu’i soit compensé par des gains sociaux et économiques suffisants. D’ailleurs, certains incidents survenus aux États-Unis ont mené à une enquête de l’Environnemental Protection Agency (EPA) sur les impacts de la technique de fracturation hydraulique. L’État de New York a décrété un moratoire suspendant la délivrance de nouveaux permis de fracturation hydraulique dans des formations géologiques comme celle d’Utica jusqu’au 15 mai 2011. Trois facteurs clés font l’objet de l’étude d’impact (supplémentaire à celle déjà faite en 1992) menée par le ministère de la Protection de l’Environnement de l’État de New York, soit : les volumes d’eau requis; la proximité des lieux de forage des sources d’approvisionnement en eau potable; l’augmentation du nombre de puits par lieu de forage. Les conclusions de cette étude ne sont pas encore connues, mais une version préliminaire de l’étude fait présentement l’objet de consultations. En fonction de ce qui précède, et compte tenu des nombreux questionnements restés sans réponse, nous réclamons : • Que le mandat du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) soit élargi et que ce dernier dispose du délai nécessaire pour faire une analyse complète sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste notamment sur : les impacts sur la sécurité et l’indépendance énergétique du Québec; les impacts sociaux et économiques de l’exploration et de l’exploitation ainsi que sur leurs effets sur l’environnement; les impacts du développement de cette filière énergétique sur les terres agricoles ainsi que sur la production alimentaire. • Qu’un moratoire soit mis en place sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste, et ce, jusqu’à ce que les recommandations du rapport des études et des consultations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement soient rendues publiques et fassent l’objet d’un débat public large incluant, notamment, les dimensions et la révision de la Loi des mines et des redevances. De plus, il nous apparait essentiel, compte tenu des enjeux qui sont en cause, que les citoyennes et citoyens de l’ensemble du Québec soient associés à ces consultations. Cela leur permettrait de parfaire leurs connaissances sur les sujets traités et de s’approprier les recommandations du BAPE. Nous sommes persuadés qu’adopter une telle approche favorisera les consensus et atténuera le phénomène du « pas dans ma cour ». Nous réclamons donc : • Que les consultations publiques ne se limitent pas uniquement aux régions administratives concernées, mais qu’elles s’adressent à l’ensemble de la population. Documents et sites consultés • La sécurité et l’avenir énergétique du Québec, janv.2005, mémoire CSN présenté à la Commission parlementaire de l’économie et du travail. 9 10 • Le Québec et les changements climatiques, novembre 2009, mémoire CSN présenté à la Commission parlementaire de l’environnement et du transport. • L’ÉNERGIE pour construire le Québec de demain, 2006, www.mrnf.gouv.qc.ca/energie • LE DÉVELOPPEMENT DES GAZ DE SCHISTE AU QUÉBEC, 15 septembre 2010, Document technique déposé au BAPE. • Québécoises et Québécois, dormons-nous au gaz de schiste, document de travail du Regroupement des citoyens « Mobilisation gaz de schiste ». http://mobilisationgazde schiste.com/ • Quelle place pour le gaz de schistes dans la lutte aux changements climatiques?, septembre 2010, Analyse préliminaire présenté par Equiterre. • Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, http://www.bape.gouv.qc.ca/ • Rue Frontenac.com • L’actualité.com • Le Devoir.com • Cyberpresse.ca • Le Courrier Parlementaire.com • Nature Québec, www.naturequebec.org Annexe 1 — Extrait de La stratégie énergétique du Québec 2006—2015 5) CONSOUDER ET DIVERSURER LES APPROVISION NEMENTS EN PÉTROLE ET EN GAZ NATUREL Le gouvernement souhaite la mise en valeur des ressources pétrolières et gazières du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent. L’approche retenue par le gouvernement sera respectueuse de l’environnement. Elle comprend les pistes suivantes: - - - appliquer le Guide des bonnes pratiques en matière de levés sismiques en milieu marin qui est actuellement en préparation avec d’autres provinces canadiennes et le gouvernement fédéral; procéder à une évaluation environnementale stratégique de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent afin de mieux encadrer le développement dans le respect des milieux marins; assujettir les levés sismiques à l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement, en intégrant dans les éventuels certificats d’autorisation les résultats de l’évaluation stratégique qui aura été réalisée. Le gouvernement collaborera avec le gouvernement fédéral pour régler le différend territorial concernant la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent. Les ententes conclues avec Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Ecosse par le gouvernement fédéral constituent des précédents dont le Québec souhaite se prévaloir. • En ce qui concerne les terminaux méthaniers, ceux-ci permettraient de diversifier nos approvision nements et renforcer notre sécurité énergétique face à des approvisionnements en gaz naturel provenant de l’Ouest canadien qui sont soumis à de fortes pressions, et qui sont acheminés par un seul système de transport. • Pour le gouvernement, il importe cependant de souligner que les analyses et les évaluations actuellement en cours sur ces projets soient effec tuées de la façon la plus rigoureuse qui soit. Il veillera en outre à ce que les citoyens puissent s’exprimer et recevoir toute l’information pertinente sur les projets. • Pour assurer la disponibilité des produits pétroliers, le gouvernement entend: - - faire déposer par les sociétés pétrolières un plan de sécurité des approvisionnements en cas de difficulté dans la disponibilité des produits pétroliers; examiner avec l’industrie comment protéger les consommateurs de mazout et de propane contre les conséquences d’un affaiblissement des réseaux de distribution. 6) MODERNISER LE CADRE. L GISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE • Afin de mieux répondre à la situation des ménages à faible revenu, le gouvernement veillera à la mise en place de diverses mesures. • Le développement durable sera mieux pris en compte lors de l’analyse des projets énergétiques. Le gouvernement confiera à la Régie de l’énergie la responsabilité d’évaluer la justification énergétique et économique des projets. - Le Bureau d’audiences publiques sur l’environne ment (BAPE) continuera à s’intéresser à l’aspect environnemental des projets énergétiques assu jettis à la Loi sur la qualité de l’environnement. • La Régie de l’énergie sera dotée du pouvoir de surveiller l’application des normes de fiabilité du transport d’électricité, donnant ainsi suite aux recommandations du groupe de travail Canada Etats-Unis sur la panne d’électricité du 14 août 2003. — Annexe II 1003 Modification à la prévision budgétaire 2008–2011 Réorganisation du module informatique du Service de l’administration Conseil confédéral 28, 29 et 30 septembre 2010 Annexe G 1004 1005 Introduction Un important travail d’analyse des tâches et de l’organisation du module informatique a cours depuis près de deux ans à la CSN. Ceci a commencé à l’hiver 2009 par une analyse interne des charges de travail des personnes œuvrant dans ce module. Un rapport a été remis au trésorier et responsable politique du module, en avril 2009. Les principales conclusions de ce rapport étaient à l’effet que si l’on tient compte de l’évolution de l’informatique à la CSN (ordinateurs, logiciels, etc.) le nombre de salarié-es n’avait pas suivi celle-ci et qu’en conséquence il était nécessaire d’ajouter du personnel pour tenir compte de cette évolution. Le comité exécutif de la CSN après avoir pris connaissance des conclusions de ce rapport a décidé d’octroyer un contrat à un consultant pour l’assister dans ces travaux afin qu’il puisse avoir une idée plus claire des changements nécessaires devant être apportés au module informatique. Monsieur Marc Gagnon de la firme Victrix s’est vu octroyer ce contrat. Son mandat était d’aviser le comité exécutif sur le niveau de ressources, mais aussi sur les compétences que devrait avoir le module informatique pour d’une part répondre aux besoins des usagères et des usagers mais aussi pour assurer notre développement en ce domaine. Les travaux Afin de se forger une opinion, il fut décidé d’élaborer un sondage, lequel a été transmis à l’ensemble des équipes de travail du mouvement. Ceci avait notamment pour but de mesurer les besoins et attentes des personnes à l’égard de l’informatique. Parallèlement à cela, monsieur Gagnon, assisté de la coordonnatrice du Service de l’administration, Lise Sarrazin, a étudié l’organisation du module informatique, c’est-à-dire les processus utilisés, le traitement des demandes, l’établissement des priorités, etc. Les résultats des travaux Les principales conclusions du sondage sont les suivantes : • Les délais de résolution de problèmes sont jugés trop longs; • Les usagères et les usagers souhaitent qu’il y ait une meilleure prise en charge des demandes; • Ils souhaitent également que l’on améliore l’approche « clientèle »; • Enfin, ils veulent obtenir un meilleur soutien aux applications spécialisées. 1006 En fait, 80 % des améliorations souhaitées portent sur les points mentionnés plus haut. Des travaux sont déjà enclenchés par les salarié-es du module pour résoudre ces questions. Par ailleurs, l’évaluation de la prestation de services nous amène à conclure que les perceptions et les attentes sont très variées à l’égard du module. De plus, nous devons diversifier notre expertise, améliorer nos processus notamment en ce qui a trait à la gestion des priorités. Une grande partie de ces questions sera clarifiée par la publication d‘un catalogue de service. Enfin, le fait qu’il y ait manque de personnel nous maintient dans une dynamique réactive et non proactive, ce qui doit être corrigé si nous ne voulons pas compromettre notre développement en informatique. Le niveau de personnel Afin d’établir le nombre de salarié-es que nous devrions allouer à ce module, nous avons comparé notre situation à celle qui prévaut ailleurs dans ce « marché ». Nous avons notamment considéré le nombre d’usagères et d’usagers, le nombre d’ordinateurs, le nombre de serveurs à entretenir et les ratios nombre d’employé-es à l’informatique / employé-es totaux et les dépenses en technologie par employé-e. Toutes ces mesures nous amènent à conclure qu’il y a un grand manque de personnel au module informatique. De plus, nous avons tenu compte de la situation spécifique de la CSN qui crée une pression supplémentaire sur le module informatique. Nous pensons par exemple au fait qu’il y a une grande dispersion des équipements au Québec et au Canada ainsi qu’un grand nombre d’imprimantes pour le nombre d’usagères et d’usagers. Tout ceci nous démontre qu’il y a effectivement un besoin de salarié-es. Encore faut-il effectuer les bons choix au sujet des compétences recherchées et de l’organisation du module si l’on veut répondre aux attentes et assurer un développement cohérent de l’informatique à la CSN. La réorganisation proposée Actuellement, il y a 6 postes réguliers au module informatique : 2 techniciens à l’assistance informatique, 2 techniciens en ordinique et 2 personnes à l’administration des réseaux, soit 1 conseillère syndicale et 1 technicien. De plus, 2 postes temporaires ont été autorisés, 1 secrétaire administrative et 1 technicien. La réorganisation proposée se décline comme suit : • Ajout au Service de l’administration d’un poste de coordination professionnelle dédiée au module informatique, ceci dans le but d’assurer un plus grand leadership quant à la gestion des priorités et de 1007 l’équipe. Celle-ci est suffisamment sous pression pour qu’une personne connaissant le domaine s’y consacre à temps complet. • Rendre permanent le poste de secrétaire administrative, ce qui permet de dégager les autres membres de l’équipe des tâches administratives qu’ils accomplissaient auparavant. • Rendre permanent l’ajout temporaire du technicien en ordinique et création d’un poste de conseiller en ordinique. Il fut aussi convenu avec l’équipe de travail qu’un technicien ordinique serait disponible en permanence pour assister les 2 techniciens du centre d’assistance informatique pour répondre aux débordements téléphoniques et répondre à leurs questions pour enrichir leurs connaissances au besoin. • Le poste de technicien en administration des réseaux sera remplacé par un deuxième poste de conseiller administrateur de réseaux. • Enfin, il y aurait ajout d’un poste de conseiller analyste-programmeur. Son travail ne serait pas de faire de la programmation, mais plutôt d’être en contact étroit avec des programmeurs externes pour s’assurer qu’on réponde aux besoins identifiés par la CSN. Bref, il aurait le mandat, assisté de la coordination professionnelle et du reste de l’équipe, d’aviser la CSN sur son développement informatique et d‘en assurer la cohérence. Ainsi, nous passons de 6 postes réguliers soit 5 techniciens et 1 conseillère syndicale à 12 postes réguliers soit 5 conseillères et conseillers syndicaux (dont la coordination professionnelle), 6 techniciennes et techniciens et une secrétaire administrative. Modification à la prévision budgétaire 2008–2011 Il est proposé d’adopter la modification aux prévisions budgétaires 2008–2011. Voir le budget modifié aux pages suivantes. 1008 1009 CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX BUDGET MODiFIÉ Budget Budget 2008-2011 modifié Nombre moyen de cotisantes et cotisans 270 214 270 800 Taux moyen 21.10$ 21.10$ 1010 CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX BUDGET CUMULATIF 2008-2011 Budget 2008-2011 Budget modifié REVENUS Per capita Intérêts et divers 205 287 209 $ 2400000 205 680 363 $ 2400000 207 687 209 208 080 363 38 581 080 21 655 684 26 648 762 9132072 29819 109 11 022 445 42 040 000 24 602 655 4356000 38 581 080 DÉPENSES Direction p.5 Syndicalisation p.6 Relations du travail p.7 Communications p.8 Appui aux mobilisations et à la vie régionale p.9 Administration p.l0 Appui aux luttes p.l2 Appui à la négociation p.12 Appui à nos revendications p.12 Créances douteuses recouvrées 207 857 807 EXCÉDENT DES REVENUS SUR LES DÉPENSES (DÉPENSES SUR LES REVENUS) (170598)5 2 21655684 26 648762 9132072 29819 109 11245001 42040000 24 602 655 4356000 208 080 363 - s 1011 CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX BUDGET DE FONCTIONNEMENT BUDGET 2008—2011 Budget Budget modifié 2008—2011 REVENUS Per capita Intérêts 136184880 $ 300 000 136441522 $ 300 000 136484880 136741 522 38 581 080 21 655 684 38 581 080 DÉPENSES Direction— p. 5 Syndicalisation p. 6 Relations du travail p. 7 Communications p. 8 Appui aux mobilisations et à la vie régionale p. 9 — — — — Administration—p. 10 Créances douteuses recouvrées 26648762 21 655684 26 648 762 9 132 072 9132072 29819109 11 022 445 29819109 11 245 001 136 859 152 137 081 708 (EXCÉDENT DES DÉPENSES SUR LES REVENUS) (374 272) $ (340 186) $ 4 1012 CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX BUDGET DE FONCTIONNEMENT BUDGET 2008-2011 DÉPENSES ADMINISTRATION — Budget 2008—2011 Budget modifié ADMINISTRATION 1 comptable I coordination 9 conseillères et conseillers syndicaux (5) 18 employé-es de bureau (16) I préposé-e à la maintenance 9 préposé-es aux immeubles 1 stagiaire Finances informatique p. 34 Immeuble de Montréal p. 35 Immeuble de Québec p. 36 — — — — 7 932 735 $ 198 054 220 446 8 155 291 $ 198 054 220 446 8351 235 8573791 501 210 180 000 190 000 500 000 1 300 000 501 210 180 000 190 000 500 000 1 300 000 2671210 2671210 Dépenses administratives Amortissement du mobilier Vérification des livres Assurances diverses Intérêts sur emprunts à court tenue Aide aux syndicats provinciaux 11022445 $ 11245001 $ 10 1013 CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX FONDS DE DÉFENSE PROFESSIONNELLE BUDGET 2008—2011 Budget 2008—2011 Budget modifié REVENUS Per capita Intérêts et divers 62090310 $ 1 300 000 62213 171 $ 1 300 000 63 390 310 63513 171 24024000 24024000 DÉPENSES APPUI AUX LUYES Prestations de grèves Prestations de suspensions et de congédiements pour activités syndicales Dépenses de congédiements Frais juridiques Dépenses de fonctionnement Allocations aux syndicats pour dépenses de grèves Dépenses de fermetures et de maintien des emplois APPUI À LA NÉGOCIATION Péréquation p. 13 Négociations regroupées et locales — — p. 14 APPUI À NOS REVENDICATIONS - p. 15 1716000 1716000 1200000 1200000 3500000 8300 000 3500 000 8 300 000 800000 800000 2500000 2500000 42040000 42 040 000 13 152 632 11 450 023 13152632 11450023 24 602 655 24 602 655 4356000 4356000 70 998 655 70 998 655 (7 608 345) $ (7 485 484) $ Créances douteuses recouvrées (EXCÉDENT DES DÉPENSES SUR LES REVENUS) 12 1014 1015 CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX FONDS DE SOUTIEN EXTRAORDINAIRE BUDGET 2008—2011 Budget Budget modifié 2008—2011 REVENUS Percapita Intérêts 7012019 $ 800 000 7025670 $ 800 000 EXCÉDENT DES REVENUS SUR LES DÉPENSES 7 812 019 $ 7 825 670 $ 17 1016 CONFÉDÉRATION DES SYNDICATS NATIONAUX BUDGET DE FONCTIONNEMENT BUDGET 2008-2011 RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES Budget 2008—2011 FINANCES — Budget modifié INFORMATIQUE Salaire: 1 coordination I comptable 9 conseillères et conseillers syndicaux (5) 18 employé-es de bureau (16) 1 stagiaire 4784540 $ 4 962 744 $ Avantages sociaux Formation continue Séjour et déplacement Loyer Téléphone Informatique Dépenses de bureau 2 158 828 47 845 300 000 995 082 125000 825 000 430 000 2 201 398 49627 300 000 995 082 125000 825 000 430 000 9666295 9888851 400 000 950 000 378 000 1 500 000 1 250 000 35 000 150 000 50 000 400 000 950 000 378 000 1 500 000 1 250 000 35 000 150 000 50 000 14 379 295 14601 851 310000 6 136 560 310000 6 136 560 6446560 6446560 7 932 735 $ 8 155 291 $ Entretien de l’équipement Honoraires professionnels Mise à jour des logiciels Réseau intranet internet Amortissement Documents et formulaires Frais juridiques Frais de caisse - Revenus: Administration Facturation 34 Technicien ordinique Technicien ordinique Technicien ordinique Technicien soutien informatique Fonction de débordement des appels Conseiller ordinique Conseiller administrateur de réseaux Conseiller administrateur de réseaux Administration des services réseaux Secrétaire administrative Coordination professionelle informatique Technicien ordinique Service technique informatique Technicien soutien informatique Centre d’assistance informatique Nouveaux postes Postes temporaires à rendre permanents Trésorier Conseiller analyste programmeur Soutien aux développements des applications spécialisées 1017 1018 1019 Annexe H La Loi antibriseurs de grève au Québec Une modernisation s’impose Conseil confédéral Montréal, 28, 29 et 30 septembre 2010 1020 1021 Table des matières Préambule................................................................................................................................ 5 Le contexte entourant l’adoption des dispositions antibriseurs de grève au Québec . 6 1977 : une date importante dans l’histoire des relations de travail................................. 8 L’intention du législateur....................................................................................................... 9 Les objectifs de la loi selon les tribunaux ......................................................................... 10 Problématique liée aux faux bénévoles et au terme « embauche » à l’article 109.1a) C.tr. .......................................................................................................... 11 Problématique liée au terme « utilisé » à l’article 109.1b) C.tr........................................ 12 Problématique liée au terme « établissement » ................................................................ 12 Le Journal de Québec ............................................................................................................ 13 Conclusion ............................................................................................................................. 15 1022 1023 Préambule Le congrès tenu au mois d’août dernier par la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec a remis à l’avant-plan de l’actualité, les problématiques liées à l’application de la Loi antibriseurs de grève au Québec, et ce, sur fond de conflit au Journal de Montréal. La CSN, pour sa part, était déjà intervenue l’automne dernier auprès de l’ex-ministre du Travail, M. David Whissel, pour lui faire part des difficultés importantes : soit l’application des dispositions antibriseurs de grève en ce qui a trait à la question des faux bénévoles dans le secteur de l’hôtellerie et la notion d’établissement dans le secteur des communications. Au printemps dernier, dans le cadre de la campagne nationale de publicité en soutien aux lock-outés du Journal de Montréal, nous avons lancé une pétition demandant l’intervention du gouvernement. Qu’il mette en œuvre tous les moyens dont il dispose, dont celui d’une intervention législative à la Loi antibriseurs de grève afin de rééquilibrer le rapport de force. À cet effet, nous avons rencontré le ministre du Travail, M. Sam Hamad, en compagnie des représentants de la Fédération nationale des communications (FNC) et du président du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal afin qu’il intervienne dans ce conflit pour moderniser la Loi antibriseurs de grève, entre autres dans le secteur des communications en actualisant la notion d’établissement. À la suite de l’adoption de la résolution mise de l’avant par les jeunes libéraux à l’effet de moderniser la notion de briseur de grève, le Conseil du patronat est intervenu promptement pour dénoncer cette prise de position en indiquant que de telles modifications nuiraient à la compétitivité des entreprises. Nous avons répondu par une lettre ouverte, dans le journal La Presse, et ce, avec l’appui de la FTQ, la CSQ et la CSD que la proposition de la Commission-Jeunesse des jeunes libéraux visait simplement à moderniser le Code du travail pour s’assurer qu’aucun employeur ne puisse échapper à l’esprit de la loi et faire en sorte, par exemple, qu’un travailleur en grève ou en lock-out puisse être remplacé par un autre simplement parce que les nouvelles technologies ont changé la façon de travailler. La CSN entend mettre de l’avant une campagne nationale afin de moderniser la Loi antibriseurs de grève. Pour ce faire, elle compte proposer dans le cadre de ce conseil, un plan de travail afin de faire pression sur le gouvernement pour qu’il intervienne rapidement. Nous pensons qu’il est important d’identifier et de comprendre les difficultés d’application depuis l’adoption de cette loi pour la réussite d’une telle campagne. Nous vous proposons donc de faire un retour sur les origines des dispositions de la loi, le contexte lors de son adoption et l’intention du législateur. 5 1024 Le contexte entourant l’adoption des dispositions antibriseurs de grève au Québec Le début des années 60 a été marqué par une série de grandes réformes économiques, législatives et sociales qui visaient à moderniser les structures et les institutions de la société québécoise. Cette révolution tranquille a permis une réforme des lois du travail qui a, notamment, accordé le droit de grève aux salarié-es du secteur public et parapublic. Ces changements ont provoqué une forte croissance des effectifs syndicaux. Ainsi, en 1960, le total des effectifs représentait 30 % de la main-d’œuvre active. En 1970, ce taux est passé à 39 %; aujourd’hui, il dépasse les 40 %. À la suite des changements de gouvernement, les positions syndicales se sont durcies. Au début des années 70, en réaction à l’élection de Robert Bourassa et à l’imposition de la Loi des mesures de guerre, où de nombreux militants syndicaux furent emprisonnés, les syndicats se sont dissociés de l’État. Une grève du Front commun, regroupant près de 210 000 travailleuses et travailleurs du secteur public, cristallisait l’émergence d’une nouvelle solidarité. Le 28 mars 1973, ils déclaraient une grève de 24 heures. Le 21 avril suivant, après 10 jours de grève marqués par la désobéissance des syndicats à plusieurs injonctions obtenues par le gouvernement Bourassa, celui-ci promulgua une loi forçant le retour au travail sous peine de fortes amendes. Le 8 mai 1973, pour avoir conseillé de passer outre aux injonctions ordonnant le retour au travail, les présidents des trois principales centrales syndicales du Québec, Marcel Pepin pour la CSN, Louis Laberge pour la FTQ et Yvon Charbonneau pour la CEQ sont condamnés à un an de prison. Cette condamnation a provoqué une grève générale de solidarité. Plus de 300 000 travailleuses et travailleurs syndiqués participaient à ce mouvement qui a duré une semaine. Les arrêts de travail se sont produits dans les services publics et dans le secteur privé. Le 23 mai 1973, les chefs syndicaux sont sortis de prison, mais ils y retournèrent le 2 février 1974 après que la Cour d’appel eut confirmé le jugement de première instance. Ils ont finalement été libérés le 16 mai 1974. Des grèves extrêmement dures ont eu lieu vers le milieu des années 70. On peut se rappeler les grèves de Firestone et la Canadian Gypsum de Joliette, sans oublier une autre grève difficile entre la United Aircraft de Longueuil et les 2 000 syndiqués des Travailleurs unis de l’automobile et de l’aéronautique. Cette dernière grève a duré 22 mois et fut empreinte d’actes particulièrement violents. Tout comme à la Canadian Gypsum, la compagnie, qui avait l’intention de casser le 6 1025 syndicat, a continué sa production à l’aide de briseurs de grève qui ont remplacé les travailleurs en grève, et ce, dès le début du conflit. Au printemps 1975, la violence s’amplifie : bris de voitures, arrestations de grévistes, explosions sur les terrains de la compagnie. Ulcérés, épuisés, les grévistes, dans un ultime effort, occupent l’usine afin de hâter un règlement. Cent mille travailleurs participent à une grève de 24 heures par solidarité avec les syndiqués de la United Aircraft. Finalement, les parties parviennent à trouver un terrain d’entente à la suite du rapport du médiateur Gilles Laporte, rapport déposé le 23 mai 1975. Toutefois, la négociation du protocole de retour au travail prolonge le conflit de 4 mois supplémentaires, et ce n’est que le 25 août 1975 que les travailleurs retournent au travail. À la suite de ces conflits, le gouvernement devait réagir. Ainsi, le ministre du Travail de l’époque, Jean Cournoyer, a présenté un avant-projet de loi destiné à implanter des mesures antibriseurs de grève au Conseil consultatif du travail de la main-d’œuvre (CCTM). Il rejeta cet avant-projet de loi vers la fin du mois de mars 1974, considérant qu’il allait trop loin, du point de vue du patronat, et pas assez loin, selon celui des syndicats. Devant ce refus, le ministre Cournoyer mit son dossier en veilleuse et le gouvernement libéral s’est retrouvé démuni. Le climat social et économique intensifiait les luttes des syndicats contre le gouvernement Bourassa, alors perçu comme représentant de « l’establishment » patronal. Le Parti québécois, qui comptait dans ses rangs des membres provenant de syndicats a adopté dans son programme l’idée de la formule Rand et des dispositions antibriseurs de grève. Il est important de rappeler que, lors d’une grève à la compagnie Robin Hood, le 22 juillet 1977, soit une semaine avant le dépôt du projet de loi antibriseurs, des agents de sécurité ouvraient le feu sur des grévistes et en blessaient huit. Plusieurs historiens s’accordent pour dire que ces événements ont poussé le gouvernement québécois à accélérer la présentation de sa Loi antibriseurs de grève destinée à prévenir la violence sur les piquets de grève. Ainsi, le 29 juillet 1977, le législateur déposa en première lecture le projet de loi 45, qui est devenu la Loi modifiant le Code du travail et la Loi du ministère du Travail et de la Main-d’œuvre, L.Q. 1977, c. 41. À la suite d’un débat en deuxième lecture, le projet de loi a été transmis à la Commission parlementaire permanente du travail de la main-d’œuvre et de l’immigration. Il fut finalement adopté en troisième lecture le 22 décembre 1977. Les dispositions antibriseurs de grève sont quant à elles entrées en er vigueur le 1 février 19781. 1 (1978) Gazette officielle, partie II, p. 491. 1026 Cette loi ne se limitait pas à introduire des dispositions antibriseurs de grève, elle visait également à imposer aux employeurs l’obligation de prélever les cotisations syndicales sur les salaires de tous les salarié-es visés par l’unité d’accréditation, qu’ils soient membres ou non du syndicat. De plus, cette loi accordait à tout salarié le droit de recouvrer son emploi à la fin d’une grève ou d’un lock-out. Afin de bien circonscrire les objectifs des dispositions antibriseurs de grève, il est important de connaître les intentions du législateur lors de son adoption ainsi que celles déclarées par les tribunaux. La compréhension de ces objectifs nous apparaît essentielle, car la portée exacte des dispositions antibriseurs de grève est difficile à dégager du texte de la loi, puisqu’il est général et vague et surtout qu’il ne comprend aucune définition. 1977 : une date importante dans l’histoire des relations de travail En 1977, à la suite d’une période où les relations de travail au Québec étaient à tout le moins orageuses, au regard du contexte des relations de travail depuis le début des années 60, le législateur québécois a incorporé dans le Code du travail des mesures visant à interdire l’utilisation des briseurs de grève pendant une grève ou un lock-out. Ces mesures sont maintenant communément appelées « les dispositions antibriseurs de grève ». Jusqu’à tout récemment, ces mesures législatives étaient propres au régime québécois des relations du travail et, à ce jour, seulement une autre province canadienne a promulgué une loi semblable, la Colombie-Britannique. En effet, le 15 décembre 1992, cette province a adopté un nouveau « Labour Relations Code », S.B-C.C. 82, afin de remplacer la « Industrial Relations Act ». Les dispositions pertinentes se retrouvent à l’article 68 de ce code, nous en analyserons la portée plus tard. Les dispositions antibriseurs de grève interdisent à un employeur d’utiliser, pour remplir les fonctions d’un salarié en grève ou en lock-out, lors d’une grève déclarée conformément au Code du travail ou d’un lock-out : — toute personne embauchée après le début de la phase des négociations et avant la fin de la grève ou du lock-out (art. 109.1a) C. tr.); — dans l’établissement, tout salarié d’un autre entrepreneur et tout entrepreneur (art. 109.1b) C.tr.); — dans l’établissement, tout salarié en grève; sauf les exceptions prévues aux sous-paragraphes i), ii) et iii) (art. 109.1c) C.tr.); — dans un autre établissement, tout salarié en grève (art. 109.1d) C.tr.); — dans l’établissement, tout salarié que l’employeur emploie dans un autre établissement (art. 109.1e) C.tr.); 8 1027 — dans l’établissement, tous les cadres qu’il emploie dans un autre de ses établissements, sauf si la grève sévit dans cet autre établissement (art. 109.1f) C.tr.); — dans l’établissement, tout autre salarié pour remplir les fonctions d’un salarié en grève (art. 109.1g) C.tr.). Ces dispositions prévoient des mécanismes d’application et de conservation des biens de l’employeur ainsi qu’un mécanisme d’enquête permettant d’en vérifier le respect. Toute contravention pourra faire l’objet de plaintes pénales à la Cour du Québec ou d’une ordonnance de sauvegarde à la Commission des relations du travail. Lors de leur adoption, ces dispositions n’ont pas été bien reçues par les employeurs. Il s’agissait de mesures législatives qui ont fait l’objet de grandes polémiques. Encore aujourd’hui, elles provoquent de vifs débats. C’est pourquoi il est important de connaître le contexte de l’époque pour mieux en saisir la portée. Il s’agit ici, de faire état des facteurs qui ont incité le législateur à adopter ces dispositions et de bien circonscrire les objectifs qu’il poursuivait afin de savoir s’il y a eu des avancées réelles ou des reculs. L’intention du législateur En adoptant des dispositions antibriseurs de grève, quelle était l’intention du législateur? Visait-il la réduction de la durée des conflits ou encore l’élimination de la violence sur les piquets de grève? Lors de la conférence de presse qui a suivi le débat sur le projet de loi, le ministre du Travail de l’époque, Pierre-Marc Johnson, affirmait ce qui suit relativement aux dispositions antibriseurs de grève : « Cette mesure n’a pas pour but de fermer automatiquement les usines au moment d’un lock-out ou d’une grève légale. Elle vise plutôt à rétablir un sain équilibre entre les parties et à éliminer des pratiques qui sont source de tensions et de violences au moment des conflits... ce sont les travailleurs, et non les entreprises, qui sont les premiers à souffrir d’un arrêt de travail et que de laisser (sic) l’employeur agir comme si de rien n’était au moment d’un lock-out ou d’une grève légale crée un déséquilibre fondamental entre les parties. » 2 Ces dispositions visaient à maintenir l’équilibre des forces existant entre les parties au début de la phase de négociation et à créer un climat de grève plus serein en 2 Le Devoir, 30 juillet 1977, p. 1 1028 évitant les réactions violentes engendrées par un climat tendu, de façon à réduire la durée des grèves. Le législateur reliait la diminution de la violence à une réduction éventuelle de la durée des conflits, car cette violence durcissait les positions des parties, ce qui avait pour effet de retarder la conclusion de la convention collective. Il voulait également faire subir un certain fardeau économique à l’employeur afin qu’un arrêt de travail lui soit moins supportable. Les objectifs de la loi selon les tribunaux Les tribunaux, lors de leur interprétation des dispositions antibriseurs de grève, ont émis des commentaires sur leur perception de l’intention du législateur. La première décision qui traite de la question remonte à 1979 dans l’affaire Métallurgistes unis d’Amérique, local 6833 (FTQ) c. Société d’énergie de la Baie-James3, où le juge Claude Benoit de la Cour supérieure soutenait dans le cadre d’une requête en injonction interlocutoire provisoire : « Le Législateur a entendu rétablir l’équilibre des forces entre les parties patronale et syndicale. Il est clair que si le Législateur n’a pas voulu fermer les établissements, il a voulu paralyser considérablement leurs opérations. S’il a légiféré en ce sens, il faut présumer qu’il recherchait le bien commun. À quelle fin a-t-il voulu ce nouvel équilibre des forces en conflit? Nul doute que le but est d’amener la conclusion de conventions collectives plus raisonnables dans les meilleurs délais sans que n’interviennent la violence contre les personnes et le vandalisme contre les biens. » (p. 744) Toutes les autres décisions de la Cour supérieure ont repris par la suite les deux éléments qui ressortent de ce passage concernant l’interprétation judiciaire de l’objectif du législateur. Le maintien de l’équilibre des forces en présence au début de la phase de négociation et la diminution de la frustration et la tension due à l’utilisation de briseurs de grève et, par conséquent, la diminution de la violence qui peut en découler. En ce qui a trait au Tribunal du travail, le juge René Beaudry déclarait, dans l’affaire Travailleurs unis du pétrole, local 2 c. Shell Canada Ltée4 : « Ces dispositions ont été adoptées dans le but de mettre un terme aux actes de violence suscités par la présence d’intervenants de l’extérieur de l’entreprise, communément appelés “scabs” et dont l’activité a pour effet de diminuer, du 3 4 (1979) C.S. 738 TTM, 500‐28‐080043‐802, 9 janvier 1981 10 1029 côté syndical l’impact économique ou même psychologique d’une grève efficace. » Le tribunal alléguait, quelques années plus tard, que le but des dispositions antibriseurs de grève était de maintenir, depuis le début de la phase de négociation jusqu’à la fin de la grève ou du lock-out, le rapport de force existant dans l’entreprise entre l’employeur et le syndicat. Selon le tribunal, le maintien du rapport de force permet de minimiser les tensions durant un conflit de travail et d’éviter le plus possible des provocations pouvant dégénérer en manifestations de violence sur les piquets de grève5. À notre avis, ces jugements permettent de constater que les tribunaux ont adopté et entériné les objectifs soutenant l’adoption des dispositions antibriseurs de grève par le législateur. Ils ont reconnu les objectifs du maintien de l’équilibre des forces existant entre les parties au début de la phase de négociation ainsi que la réduction de la frustration et de la violence qui peuvent découler de l’utilisation de briseurs de grève par l’employeur. Voyons maintenant si les objectifs initiaux ayant conduit à l’adoption sont respectés. Problématique liée aux faux bénévoles et au terme « embauche » à l’article 109.1a) C.tr. La problématique reliée à la question des faux bénévoles tient au libellé de l’article 109.1a) C.tr. et d’un dérapage jurisprudentiel. L’article 109.1a) C.tr. vise à prohiber l’utilisation de personnes embauchées après le début de la phase des négociations pour remplir les fonctions d’un salarié en grève ou en lock-out. Les interprétations équivoques du terme « embauche » visent notamment les cas de bénévolat, de remplacement et de promotion; de sorte que les vrais bénévoles ne sont pas, à proprement parler, interdits par le libellé de 109.1a). Il a donc été décidé que le terme « embauche » vise les personnes payées pour leur travail et non celles qui offrent volontairement et à titre gratuit leurs services. Ainsi, le terme « personne embauchée » ne comprend pas les bénévoles. À notre avis, une telle interprétation nous apparaît erronée puisque les employeurs bénéficient des services de ces personnes comme s’ils avaient embauché des cadres après le début des négociations. Des modifications s’imposent pour redonner aux dispositions antibriseurs de grève leur sens véritable. 5 Voir Tremblay c. Société nationale de fiducie, (1989) T.T. 78 et Gauthier c. Société des Hôtels Méridiens (Canada) Ltée, DTE 90T‐1144 1030 Problématique liée au terme « utilisé » à l’article 109.1b) C.tr. À l’article 109.1b), il est expressément prévu qu’on ne peut « utiliser », dans l’établissement où la grève ou le lock-out sévit, les services d’une personne à l’emploi d’un autre employeur ou ceux d’un entrepreneur pour remplir les fonctions des salariés faisant partie de l’unité de négociation en grève ou en lock-out. Dans le dossier Place des Arts6, après plusieurs mois de conflit, l’employeur a décidé de cesser de fournir à ses locataires les services des techniciens de scène — techniciens qui justement faisaient partie de l’unité de négociation en conflit! De ce fait, l’Orchestre symphonique de Montréal, l’un des locataires de la PDA, fait appel à une firme de production afin de lui fournir des techniciens de scène pour monter ses équipements. Des plaintes pénales ont été déposées par le syndicat alléguant violation de l’article 109.1b) C.tr. La société Place des Arts répond en indiquant qu’elle n’a pas personnellement « utilisé » les services de personnel de remplacement, puisqu’elle ne fournit plus de tels services et que c’est son locataire qui a contracté avec une autre firme afin qu’elle lui fournisse les services de techniciens pour faire le travail à la PDA. Le Tribunal du travail donnera une interprétation large et libérale du terme « utilisé » en indiquant que la Place des Arts, en laissant un entrepreneur fournir des services dans son établissement pour remplir des fonctions de grévistes, contrevient à la loi. La Cour supérieure et la Cour d’appel maintiendront ce jugement, mais malheureusement la Cour suprême interviendra plus tard pour déclarer que la PDA n’avait pas violé les dispositions antibriseurs de grève. Selon elle, la PDA a véritablement et définitivement mis fin à ses activités de services de techniciens. Ce n’est donc pas elle qui « utilise » les services de techniciens pendant la grève, mais ses locataires. Le fait pour la PDA de bénéficier indirectement des services n’équivaut pas à utiliser les services de briseurs de grève. Il faut espérer maintenant que la Commission des relations de travail, qui n’existait pas à l’époque, revienne à l’interprétation du Tribunal du travail en redonnant une interprétation large et libérale de la loi. À défaut de quoi, des modifications législatives seront nécessaires pour retourner aux objectifs initiaux de l’adoption des dispositions antibriseurs de grève. Problématique liée au terme « établissement » Le terme établissement est utilisé par le législateur dans les paragraphes b) à g) de l’article 109.1 C. tr., et il n’a pas fait l’objet d’une définition au Code du travail. Malgré l’ambiguïté de la portée juridique du terme, peu de décisions nous permettent de 6 DTE 2000T‐497. 12 1031 circonscrire cette notion. Pourtant, ce terme a une importance déterminante dans l’application et l’interprétation des dispositions antibriseurs de grève. Il en constitue la pierre angulaire puisque toutes les interdictions, sauf celle du paragraphe 109.1 a), s’y réfèrent. La définition jurisprudentielle et doctrinale du terme « établissement » laisse encore place à interprétation. En effet, il n’est pas précisé si l’établissement de l’employeur et les opérations de l’entreprise doivent se situer dans un endroit qui est sa propriété. Cette situation pose le problème d’une entreprise qui exerce ses activités dans le domaine public. Par exemple, quel est l’établissement d’une entreprise de transport public ou privé? S’agit-il du garage ou de l’entrepôt où sont remisés ou d’où partent les camions ou les autobus, de l’ensemble du territoire géographique couvert par l’entreprise ou encore l’établissement se déplace-t-il au fur et à mesure que le camion ou l’autobus se déplace? À notre avis, l’évolution des modes de production et de l’organisation du travail pourrait bien menacer l’effet des dispositions antibriseurs de grève, compte tenu des possibilités qu’offre l’article 109.1 b) C. tr. Lors de l’adoption des dispositions antibriseurs de grève, le législateur basait le libellé des articles 109.1 à 109.4 C. tr. sur une structure de production principalement industrielle. Depuis ce temps, le secteur des services a pris de l’ampleur et a modifié substantiellement la structure de production québécoise. Avec la controverse du secteur des services et des changements technologiques, nous assistons à un problème qu’on pourrait qualifier de « dématérialisation de la production ». Dorénavant, l’information et l’informatisation dominent et la production n’est plus nécessairement exécutée matériellement dans un lieu physique particulier. À ce phénomène s’ajoute celui de la sous-traitance, de la mondialisation et de la délocalisation. On voit aussi, dans le secteur industriel, une sous-traitance généralisée et dans le secteur des services, une décentralisation caractérisée par une production qui peut se faire à partir de plusieurs endroits en même temps, puisqu’autonome. Dans cette perspective, la notion « d’établissement » introduite dans le droit du travail québécois par l’adoption des dispositions antibriseurs de grève correspond de moins en moins à la réalité de la structure de production actuelle et future. À notre avis, il est temps que le législateur réagisse afin de s’adapter à la réalité de l’économie et à l’évolution de la technologie et aux changements dans la structure de production. Le Journal de Québec C’est exactement dans cet état de fait que la commissaire Myriam Bédard rendait jugement dans le dossier du Journal de Québec en indiquant ce qui suit sur la notion d’établissement : 1032 « [277] Compte tenu de tous ces principes, il apparaît que, dans les circonstances particulières de la présente affaire, le moyen le plus approprié, sinon le seul moyen, de déterminer ce qu’est l’“établissement ”, est de comparer le fonctionnement de la rédaction du Journal avant et après le début du lock-out : le même travail est-il effectué? Le cas échéant, comme le souligne Robert P. Gagnon, au paragraphe 629 précité de son ouvrage, l’employeur fait-il exécuter ce travail ailleurs? L’employeur qui peut faire exécuter le travail “ailleurs ” étant avantagé comme l’explique Me Gagnon. [278] Les journalistes de Keystone et de Nomade couvrent les mêmes événements aux mêmes endroits dans les mêmes conditions que le faisaient les journalistes et photographes du Journal avant le conflit. [282] Les journalistes et photographes, comme ceux du Journal avant le conflit, se rendent sur les lieux des événements à la recherche des acteurs de l’actualité. Ils ne travaillent pas “ailleurs ” que ne le faisaient les journalistes et photographes du Journal avant le conflit. Ils rapportent les faits et transmettent le résultat de leur travail par des moyens électroniques. [300] Le Journal a donc utilisé, dans l’établissement où le lock-out a été déclaré, pendant ce lock-out, les services de personnes à l’emploi d’un autre employeur (les photographes de Keystone, les journalistes de Nomade et le messager de Côté Tonic inc.) et ceux d’un entrepreneur (Nathalie Bissonnette) pour remplir les fonctions des salariés faisant partie de l’unité de négociation en lock-out. Il s’agit là d’une contravention à l’article 109.1 b) du Code du travail. » Malheureusement, la Cour supérieure du Québec cassait la décision rendue par la Commission des relations du travail en préférant y aller d’une interprétation restrictive de la notion d’établissement, le juge St-Pierre déclarait que : « [36] La décision de la C.R.T. va plus loin que le jugement de l’Honorable Bernard Lesage de 1981, en supprimant le lien avec l’établissement physique situé à l’adresse civique mentionnée au certificat d’accréditation, pour plutôt prendre en considération les endroits où la plupart des fonctions des journalistes et photographes en lock-out étaient exécutées avant le déclenchement du conflit. » Si la Cour d’appel du Québec maintient le jugement de la Cour supérieure, le déséquilibre du rapport de force ira en s’accentuant, et ce, au détriment des travailleurs, car il ne faut pas se bercer d’illusions : avec les nouvelles dispositions de l’article 45 C. tr. et l’interprétation restrictive de l’article 39 C. tr. donnée par les instances du travail, beaucoup de difficultés se pointent à l’horizon. Il est urgent de redéfinir la notion d’établissement afin de retourner aux objectifs initiaux du législateur lors de l’adoption des dispositions antibriseurs de grève. 14 1033 Conclusion Les mesures antibriseurs de grève visaient à diminuer les risques d’affrontement parfois violent lors de grève ou de lock-out. L’introduction de ces nouvelles dispositions a modifié en profondeur le rapport de force entre les salarié-es et les employeurs. Le législateur répondait à une demande des syndicats qui ne voyaient plus, dans la grève traditionnelle, un moyen efficace de faire pression sur l’employeur. En effet, la grève, dans son concept, est basée sur l’idée que le refus par les salarié-es d’effectuer leur prestation de travail devrait convaincre l’employeur d’offrir de meilleures conditions de travail. Il est apparu à l’usage, que la grève devenait plus ou moins utile et souvent très violente lorsqu’un employeur pouvait remplacer, à sa guise, les employé-es alors sur le piquet de grève. Par ailleurs, nous croyons que cette loi doit être adaptée aux nouvelles technologies de l’information et aux nouvelles réalités du travail. Nous pouvons constater à quel point l’absence d’une telle modernisation de la loi maintient un déséquilibre inacceptable dans le rapport de force dans le dossier du Journal de Montréal. La Loi antibriseurs de grève a été adoptée justement pour maintenir l’équilibre des forces lors d’un conflit. Faire fi des nouvelles technologies et des nouvelles réalités du travail, c’est abandonner de plus en plus de travailleurs, mais aussi traiter différemment les entreprises, car certaines, impunément parviennent à maintenir leurs activités. Nous n’accepterons pas plus que de supposés bénévoles viennent déséquilibrer le rapport de force dans nos conflits. Le bénévolat est un acte altruiste de bienfaisance qui n’a pas de logique dans les opérations commerciales d’un hôtel en situation de grève. C’est une simple question de justice. Justice pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs. Une nécessité pour le bien commun. 1034 Annexe 1 Dispositions antibriseurs de grève au Québec (Art.109.1 du Code du travail) 109.1. Pendant la durée d'une grève déclarée conformément au présent code ou d'un lock-out, il est interdit à un employeur : a) d'utiliser les services d'une personne pour remplir les fonctions d'un salarié faisant partie de l'unité de négociation en grève ou en lock-out lorsque cette personne a été embauchée entre le jour où la phase des négociations commence et la fin de la grève ou du lock-out; b) d'utiliser, dans l'établissement où la grève ou le lock-out a été déclaré, les services d'une personne à l'emploi d'un autre employeur ou ceux d'un entrepreneur pour remplir les fonctions d'un salarié faisant partie de l'unité de négociation en grève ou en lock-out; c) d'utiliser, dans l'établissement où la grève ou le lock-out a été déclaré, les services d'un salarié qui fait partie de l'unité de négociation alors en grève ou en lock-out à moins : i. qu'une entente ne soit intervenue à cet effet entre les parties, dans la mesure où elle y pourvoit, et que, dans le cas d'un établissement visé à l'article 111.2, cette entente ait été approuvée par le Conseil des services essentiels; ii. que, dans un service public, une liste n'ait été transmise ou dans le cas d'un établissement visé à l'article 111.2, n'ait été approuvée en vertu du chapitre V.1, dans la mesure où elle y pourvoit; iii. que, dans un service public, un décret n'ait été pris par le gouvernement en vertu de l'article 111.0.24. d) d'utiliser, dans un autre de ses établissements, les services d'un salarié qui fait partie de l'unité de négociation alors en grève ou en lock-out; e) d'utiliser, dans l'établissement où la grève ou le lock-out a été déclaré, les services d'un salarié qu'il emploie dans un autre établissement; f) d'utiliser, dans l'établissement où la grève ou le lock-out a été déclaré, les services d'une personne autre qu'un salarié qu'il emploie dans un autre établissement sauf lorsque des salariés de ce dernier établissement font partie de l'unité de négociation alors en grève ou en lock-out; g) d'utiliser, dans l'établissement où la grève ou le lock-out a été déclaré, les services d'un salarié qu'il emploie dans cet établissement pour remplir les fonctions d'un salarié faisant partie de l'unité de négociation en grève ou en lock-out. 16 1035 Plan d’action afin de moderniser les dispositions antibriseurs de grève du Code du travail Conseil confédéral 28, 29 et 30 septembre 2010 1036 1037 Introduction Adoptées en 1977, les dispositions antibriseurs de grève interdisent à une entreprise en grève ou en lock-out d’utiliser des briseurs de grève dans ses établissements. C’est cette notion d’établissement que nous remettons en cause, en raison des nouvelles technologies et de l’émergence du télétravail. Au Journal de Montréal, malgré le lock-out qui dure depuis 20 mois, la production se poursuit comme si de rien n’était. De n’importe où, des collaborateurs externes peuvent traverser virtuellement les piquets de grève et contribuer à la production du journal puisqu’ils envoient leurs textes électroniquement. Comme CSN, nous réitérons que la Loi antibriseurs de grève a été élaborée pour maintenir l’équilibre des forces lors d’un conflit. Faire fi des nouvelles technologies, c’est abandonner les travailleurs et les travailleuses devant une loi désuète. Accomplissement des moyens d’action actuels Pétition de 23 000 signatures Le 21 septembre dernier, la présidente de la CSN, la présidente de la FNC et le président du Conseil central du Montréal métropolitain accompagnaient les 253 lock-outés du Journal de Montréal à l’Assemblée nationale du Québec. Une pétition de 23 000 signatures a été déposée afin de moderniser la loi antibriseurs de grève pour l’adapter aux nouvelles technologies. Adoption d’une motion à l’Assemblée nationale L’Assemblée nationale a adopté lundi le 21 septembre dernier à l’unanimité une motion afin que le gouvernement étudie la possibilité de modifier le Code du travail afin d’empêcher des entreprises comme Quebecor d’engager des briseurs de grève qui travaillent à distance lors d’une grève ou d’un lock-out. La motion se lit comme suit : « Dans la perspective d’avoir un Code du travail qui reflète les nouvelles réalités du monde du travail, que l’Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec d’étudier la possibilité de moderniser le Code du travail, particulièrement en ce qui concerne les dispositions antibriseurs de grève afin notamment de tenir compte de l’impact des nouvelles technologies. » Pistes d’action • Préparation d’un document de travail CSN élaborant les grands principes nécessaires à la modernisation de la Loi antibriseurs de grève 1038 concernant le volet des nouvelles technologies et celui des faux bénévoles, par exemple dans le secteur de l’hôtellerie • Rencontre par la CSN des caucus des député-es de chacun des partis nationaux afin de discuter du texte élaborant les grands principes d’une modernisation de la loi; • Rencontre des député-es libéraux provinciaux par les représentants des régions de la CSN afin de les presser à amender la loi. Ces visites pourront donner lieu à des rencontres avec les médias locaux. • Manifestation, au besoin, pour forcer le dépôt d’un projet de loi pour moderniser la Loi antibriseurs de grève; • Mise sur pied d’une coalition des principales organisations syndicales en appui avec cette revendication.