L`étude sur les modes de gestion des étangs - Avenir-Dombes

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L`étude sur les modes de gestion des étangs - Avenir-Dombes
Contribution à une meilleure
connaissance des modes de gestion
des étangs de la Dombes
Mai 2011
Photo : M Benmergui, N Brichler
Document réalisé sur la base des travaux des ingénieurs stagiaires Léa Mischler
(Montpellier Supagro, IRC) et Achraf Omrani, (institut agricole méditerranéen de
Montpellier) pour Avenir Dombes Saône, avec l’appui du comité technique ayant encadré
leur stage.
Partenaires :
Remerciements
Le syndicat mixte Avenir Dombes Saône, tient à remercier
-
les étudiants Léa MISCHLER et Achraf OMRANI pour la détermination qu’ils ont mis dans la
réalisation de ce travail.
-
Maurice BENMERGUI(ONCFS), laurence BERARD (CNRS), Gilles CAUVIN (Chambre
d’agriculture de l’Ain), membres du comité technique pour avoir suivi et encadré le travail
des stagiaires
-
le Syndicat des propriétaires et exploitants d’étangs de la Dombes, son président et ses
administrateurs, pour avoir collaboré à la réalisation de ce travail et facilité le travail
d’enquête des stagiaires.
-
le Syndicat de la propriété privée rurale de l’Ain, son président et ses administrateurs pour
avoir collaboré à la réalisation de ce travail.
-
les 37 personnes enquêtées qui ont acceptées de communiquer leurs données et sans qui ce
travail n’aurait pas été possible
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Préambule
Avenir Dombes Saône est une collectivité territoriale constituée de 52 communes, qui se sont
regroupées pour construire un projet de développement de leur territoire. D’une surface totale de
69 424 hectares, notre territoire couvre environ 80% des étangs de la Dombes (voir carte 1 en
annexe).
Cette étude sur les modes de gestion des étangs de la Dombes s’insère dans le cadre d’un large
travail de diagnostic de territoire mené par Avenir Dombes Saône entre 2009 et 2010, à partir des
réflexions de plusieurs groupes de travail, dans lesquels figuraient les principaux acteurs du
territoire.
Cette contribution permettra de préparer le futur Contrat de Développement Durable de Rhône
Alpes (CDDRA) établi sur 6 ans avec la Région (2011-2016), qui financera en partie ce projet de
développement. A travers ce CDDRA, un soutien financier sera apporté à un ensemble de projets
concourant au développement du territoire, sur des thématiques très diverses (économies, habitat,
tourisme, environnement, agriculture, culture,..).
L’ensemble des acteurs des étangs de la Dombes a souhaité cette étude pour :
•
valider des hypothèses sur la situation des étangs et de leurs gestionnaires
•
pour bénéficier d’un accompagnement dans l’élaboration des actions à mettre en œuvre
pour tenter de répondre aux problèmes rencontrés. Elle a été réalisée par deux élèves
ingénieurs, encadrés par un comité technique et suivis par un comité de pilotage, dont les
compositions et les rôles seront présentées plus loin dans ce document.
L’objectif de l’étude est de rendre compte des principaux modes de gestion des étangs mis en œuvre
aujourd’hui par les propriétaires et exploitant, en les caractérisant du point de vue technicoéconomique et en apportant un éclairage sociologique. Compte tenu du peu temps imparti aux deux
stagiaires (6 mois) pour traiter une problématique aussi complexe, il est évident que cette étude ne
constitue pas un état des lieux exhaustif de la situation actuelle en Dombes. En effet, même s’il
présente des modèles d’exploitations et des résultats économiques très variés, l’échantillon des
propriétaires et exploitants rencontrés (37 au total), ne peut être considéré comme totalement
représentatif de la diversité dombiste.
C’est pourquoi cette étude doit être considérée comme une contribution solide mais non exhaustive
complétant la riche bibliographie existante sur les étangs de la Dombes et qui, dans la perspective de
construire un programme d’action, aidera à identifier les principaux points sur lesquels intervenir.
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Sommaire
Glossaire .................................................................................................................................................. 5
Introduction............................................................................................................................................. 6
1.Les activités traditionnelles de la Dombes........................................................................................... 7
1.1 La Dombes et la pisciculture.............................................................................................................. 7
2. Méthodologie .................................................................................................................................... 12
2.1 Encadrement ............................................................................................................................... 12
2.2 Les entretiens .............................................................................................................................. 12
2.3 Valeur de l’échantillon et limites de l’analyse............................................................................. 13
2.4 L’analyse économique ................................................................................................................. 13
3. Résultats de l’étude........................................................................................................................... 14
3.1 Typologie ..................................................................................................................................... 14
3.2 Résultats économiques de l’échantillon...................................................................................... 16
3.3 Présentation des rendements piscicoles :................................................................................... 16
3.4 Caractéristiques des différents groupes...................................................................................... 17
3.5 Le ressenti et les préoccupations des propriétaires.................................................................... 24
4. Des possibilités d’évolution pour la Dombes .................................................................................... 27
4.1 La pisciculture peut être rentable ............................................................................................... 27
4.2 La difficile mise en location des étangs en eau ........................................................................... 30
4.3 Valoriser le potentiel de la production piscicole dombiste......................................................... 31
4.4 Maintenir une richesse cynégétique ........................................................................................... 33
Conclusion ............................................................................................................................................. 34
De R Bernigaud (Président de la commission Agriculture Environnement d’Avenir Dombes Saône).. 34
Bibliographie.......................................................................................................................................... 36
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Glossaire
- Aleviner/Empoissonner: peupler l’étang de jeunes poissons
- Assec: Période pendant laquelle l’étang est momentanément asséché. Une culture (maïs, avoine,
culture à gibier,...) est trés souvent implantée.
-Complémentation : pratique qui consiste à apporter un complément alimentaire (généralement un
mélange de céréales) pour compenser le manque de nourriture des poissons pendant les périodes
où la production naturelle d’aliment de l’étang est ralentie.
- Evolage : période durant laquelle l’étang est en eau pour la culture du poisson
- Feuille : carpe d’un été
- Indésirables : comprend les espèces nuisibles, invasives et celles qui ne sont pas appréciées sur le
territoire du fait des dommages qu’elles entrainent.
- « Retrouver le nombre de têtes” : expression dombiste ; pêcher autant de poissons en nombre que
ce qui a été mis dans l’étang lors de l’empoissonnage.
- Panot : carpe de deux été
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Introduction
Pisciculture, agriculture et chasse sont les trois activités traditionnelles exercées sur les étangs en
Dombes. Leur interactivité plus ou moins harmonieuse a permis le développement d’une biodiversité
animale et végétale des plus remarquables, reconnue officiellement au niveau européen depuis 2004
avec la création d’un site Natura 2000 « Etangs de Dombes ». Mais aujourd’hui, d’une voix unanime
les acteurs de la Dombes reconnaissent que cet équilibre est menacé.
Selon les propriétaires et exploitants d’étangs, ce sont les contraintes économiques et écologiques
dont ils se plaignent (augmentation des coûts d’entretien et de production piscicole, prélèvements
des oiseaux piscivores, dégâts des ragondins et rats musqués, raréfaction du gibier d’eau, circulation
et qualité de l’eau...) qui mettent en péril le maintien des activités traditionnelles et, par conséquent,
la biodiversité des étangs. Cependant ce constat repose sur très peu de données chiffrées.
Si l’ampleur et la hiérarchisation de tous ces problèmes sont à nuancer selon les acteurs des étangs
(en fonction de leurs attentes), ils sont tous d’accord sur la nécessité de proposer des actions, afin
d’agir pour l’intérêt socio-économique et environnemental de la Dombes.
Dans un tel contexte, et dans l’objectif de construire un plan d’action qui réponde aux réels besoins
du territoire, il était nécessaire pour Avenir Dombes Saône et ses partenaires locaux de mieux
appréhender la réalité du terrain grâce à une étude objective et chiffrée, nous permettant de
disposer de quelques éléments de compréhension sur les logiques des différents modes de gestion et
les problèmes que l’on rencontre aujourd’hui sur les étangs.
Dans ce travail la gestion des étangs est étudiée selon une approche technico-économique de
l’exploitation, complétée d’un éclairage sociologique sur les motivations et usages des propriétaires
et exploitants. Cette étude doit donc tenter d’identifier les freins techniques, économiques et
sociologiques au maintien de l’équilibre dombiste et proposer des actions pour les débloquer.
Une présentation du contexte local et de l’interactivité entre les différentes activités sera faite en
première partie. Dans une seconde partie la méthodologie de travail sera présentée. Une troisième
partie consacrée aux résultats de l’étude, exposera les caractéristiques des différents groupes de
propriétaires et exploitants identifiés. Enfin dans une quatrième et dernière partie, au regard des
différents éléments qui auront été présentés dans les parties précédentes, quelques pistes d’actions
pouvant intégrées le prochain CDDRA seront évoquées.
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1.Les activités traditionnelles de la Dombes
La mise en place et le fonctionnement des étangs dombistes ont entraîné d’importantes
répercussions sociales. D’emblée les modalités de création des étangs ont favorisé la noblesse et la
bourgeoisie. L’évolage appartenait à celui ou ceux qui pouvaient assumer les frais entraînés par la
construction de l’étang et devenaient propriétaires du sol inondé deux années sur trois. La
multiplication des étangs, système onéreux à mettre en place mais très rentable à une époque où le
poisson était recherché, est allée de pair avec des transformations importantes de la structure
foncière aboutissant à la mise en place de la grande propriété associée aux faire-valoir indirects.
Les étangs s’afferment comme n’importe quelle terre, mais dans les faits ils ont rarement ce statut.
Le type et le support si particuliers d’exploitation, sur un mode extensif qui plus est, n’en fait pas
une terre comme les autres pour les agriculteurs. Par ailleurs la chasse qui leur importe tant, incite
les propriétaires à en conserver l’usage global. Il n’en a pas toujours été ainsi et un pourcentage non
négligeable d’étangs a été affermé au XIXe et à la première moitié du XXe siècle à une époque où la
pisciculture était rentable et où les propriétaires étaient moins intéressés. Aujourd’hui environ 80%
des étangs sont exploités en faire-valoir direct par les propriétaires citadins les 20% restant sont très
majoritairement affermés ou exploités par des agriculteurs. Une proportion importante est exploitée
par des acteurs qui n’appartiennent pas à la société locale stricto sensu et ne considèrent pas
prioritairement l’étang comme un outil de travail.
Ainsi les structures foncières propres à la Dombes ont des répercussions directes sur la filière
piscicole qu’elles contribuent à complexifier. Cette complexité réside dans la grande diversité qui
caractérise le monde des acteurs impliqués dans la production de poisson, liée aussi bien à l’origine
socio-professionnelle, au niveau d’implication ou au degré de compétence.
1.1 La Dombes et la pisciculture
Les premiers étangs ont été façonnés vers le XIIème siècle et se sont développés au fil des siècles
pour faire de la Dombes une zone de production piscicole majeure en France.
On compte aujourd’hui environ 1450 étangs qui occupent, potentiellement, une surface en eau de
10 000 à 12 000 hectares. Un réseau complexe de fossés et d’ouvrages permet une circulation de
l’eau d’étangs en étangs réunis pour une partie d’entre eux au sein de « chaînes d’étangs ». En
l’absence de source sur le territoire, l’approvisionnement en eau des étangs ne se fait que par les
eaux de ruissellement.
Chaque année, au moment des pêches, les étangs sont vidangés successivement les uns dans les
autres. Tous les trois ou quatre ans, l’étang n’est pas remis en eau. C’est le passage d’une période
d’évolage à une période d’assec d’un an pendant laquelle le fond de l’étang est souvent mis en
culture (maïs/avoine,…).
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Photo 1 : Equipe de pêche tirant le filet en direction de la pêcherie. Source : N BRICHLER
Aujourd’hui la pisciculture dombiste représente par ses volumes approximativement 20% de la
production nationale des principaux poissons d’étang (carpe, gardon, rotengle, tanche, brochet).
En Dombes, la carpe représente 62% de la production, le blanc (gardon et rotengle) 17 %, la tanche
16%, et le brochet 5 % (Source : PIDA poissons de la Dombes 2004-2007).
Localement, la filière piscicole dombiste est structurée autour de quatre types d’acteurs.
1. Les producteurs de poissons, qui présentent une grande hétérogénéité dans leurs profils et
leurs pratiques, sont au nombre approximatif de 350, et constituent avec les négociants les
acteurs majeurs de la filière.
2. Les négociants ou marchands de poisson sont au nombre de cinq, dont trois historiquement
implantés sur le territoire, ils pêchent les étangs des propriétaires-exploitants à qui ils
achètent la production, pour ensuite la commercialiser aux transformateurs, aux sociétés de
pêche, ou à d’autres marchands de poisson. Ils approvisionnent aussi les propriétairesexploitants en empoissonnage.
3. On compte deux transformateurs en Dombes et un troisième dans la Loire. Faute de quantité
suffisante, la production piscicole dombistes ne représente qu’une faible partie de leurs
volumes transformés.
4. Ces dernières années, en plus de l’écloserie « historique » existante et grâce au PIDA Poisson
des étangs de Dombes (2004-2007), une autre a été créée. Elles approvisionnent en jeunes
poissons de quelques semaines les exploitants, dont certains sont équipés de bassins. Cela ne
représente aujourd’hui qu’une faible part de l’empoissonnage des étangs de la Dombes
l’essentiel étant produit de manière extensive ou acheté à l’extérieur.
Le développement rapide des populations hivernantes de cormorans en Dombes à partir de la fin des
années 1980 a imposé aux propriétaires-exploitants d’étangs mais aussi aux négociants des
modifications importantes de leurs pratiques, afin de réduire l’impact sur les rendements piscicoles.
En pêchant plus tôt en automne et en empoissonnant plus tard au printemps, les exploitants
espèrent protéger leurs poissons des cormorans présents en grand nombre en période hivernale.
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Pour limiter l’impact de la prédation sur les rendements, l’effarouchement régulier des oiseaux
piscivores est devenu incontournable.
L’essentiel des pêches est donc regroupé sur la période qui va d’octobre à décembre. Ce qui n’est pas
sans conséquence sur la gestion de l’eau, les étangs devant être vidangés et remplis à nouveau dans
un délai très court.
Quelques exploitants ont créé des bassins de stockage pour mieux protéger leur poisson, ils peuvent
également être utilisés pour produire des alevins.
L’évolution des conditions de production et des pratiques piscicoles en dombes tendent à rendre
plus difficile la cohabitation entre pisciculture et chasse.
1.2 La chasse en Dombes
La Dombes est ce que l’on appellera une « région de chasse ». La réputation de la Dombes pour les
chasseurs de gibier d’eau a longtemps été justifiée. Le goût pour la chasse des grands capitaines
d’industrie de la région lyonnaise est en partie à l’origine du développement des grandes propriétés
et des grands rendez-vous de chasse en Dombes. Les locations de chasse, répondant soit à un
besoin, soit à une nécessité de valorisation du patrimoine sont plus récentes, et se sont sans doute
généralisées au cours des années 1970.
Le nombre de chasseurs en Dombes est relativement stable alors que la population cynégétique
nationale diminue. La Dombes accueillerait annuellement environ 2000 à 2500 porteurs de permis
de chasse dont 300 permis « 3 jours » le plus souvent des chasseurs invités.1
Cette chasse est essentiellement organisée autour de la propriété privée : ainsi on ne trouve que peu
de chasses communales en Dombes contrairement aux pays d’Ain voisins (Bresse, Plaine de l’Ain, Val
de Saône). Les coûts de location sont généralement élevés (environ 100 à 150 €/hectare d’eau).
Certaines « grandes » propriétés, n’éprouve pas la nécessité de tirer un revenu de la chasse. Elle se
réserve ce droit de chasse sur tout ou partie des étangs du domaine.
En fonction de son intérêt, cynégétique, naturaliste, patrimonial, pécuniaire, le possesseur du droit
de chasse, propriétaire ou locataire, préservera, autant qu’il lui est possible, une qualité des milieux
« naturels ». A la fois par souci d’esthétisme, (notion du « bel étang » proche de celle des
Environnementalistes), mais aussi parce que l’étang est le siège de production d’une part du futur
tableau de chasse : le lieu de reproduction spontanée de nombreux oiseaux d’eau, de canards,
notamment. Une autre part importante du tableau de chasse de la Dombes est fournie par les
courants migratoires entre Europe du Nord et Méditerranée/Sahel.
1
Selon une statistique rendue possible en partie par les validations de permis prises dans le département de
l’Ain, lorsque le timbre gibier d’eau était en vigueur, ce jusqu’au début des années 2000.
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Photo n°2. Source : M BENMERGUI
Les locataires ont des attitudes différentes vis-à-vis de la gestion du territoire. Ils sont aussi bien
capables de mettre en œuvre des plans de gestion rigoureux du gibier, que de blanchir des
populations avant de passer à un autre territoire.
Une grande partie des propriétaires dombistes, pour qui l’étang est plus un lieu de loisir qu’un outil
de production piscicole, entretiennent leur patrimoine en recherchant a priori moins le profit qu’une
forme de balance budgétaire. Cette forme de gestion, dont on ne sait si elle prévaut en Dombes mais
dont le rôle est sans doute prépondérant dans le maintien de la biodiversité, peut s’opposer, à
certains égards, à une forme de pratique piscicole plus dynamique, plus économiquement viable,
sinon rentable.
Sur un même domaine, il est difficile pour un pisciculteur et un chasseur de s’entendre lorsqu’il s’agit
d’écarter les oiseaux piscivores sans effaroucher la faune chassable, car les objectifs respectifs
s’opposent alors. La période automno-hivernale est tout autant la période des pêches que celle de la
chasse. De ce désaccord, naît un ennemi commun aux deux acteurs : le cormoran.
Depuis le milieu des années 1970 les populations de canards ont régressé de manière alarmante. Ce
constat est particulièrement vrai pour les espèces qui se reproduisent en Dombes et assurent le
tableau des ouvertures avant les arrivées des migrateurs septentrionaux. Certains mécanismes à
l’origine de cette régression semblent bien identifiés (modification des milieux, des pratiques
agricoles, recul des milieux favorables à la reproduction des oiseaux, prédation, sur-chasse).
Le rôle de la chasse dombiste, d’une part dans la conservation des milieux aquatiques, d’autre part
en tant que revenu supplémentaire de l’étang, est unanimement reconnu.
Notons que l’éventuelle incidence de la chasse, en termes de prélèvements, et son impact sur les
populations chassables n’est que rarement remise en question dans la recherche du consensus local.
Actuellement, le gibier d’eau se faisant plus rare, les pratiques cynégétiques s’adaptent en se
tournant vers une faune plus dynamique (sanglier). Il est à supposer que les modifications de ces
pratiques auront des conséquences écologiques et économiques (diminution des surfaces en eau,
baisse des prix des locations de chasse,...).
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1.3 L’agriculture en Dombes
La Dombes a subi de profondes modifications depuis un demi-siècle. Cette région est restée
longtemps d'une extrême pauvreté, alliant des structure foncières très contraignantes (métayage, et
dans une moindre mesure fermage), un manque chronique de main d'œuvre (le pays étant très peu
peuplé) et des sols pauvres et difficiles à travailler. Les domaines fournissaient de faibles
rendements. Puis la taille des exploitations, autrefois trop importante, est devenue un atout lorsque
l'emploi des engrais et des amendements a commencé à se généraliser. On peut situer le tournant de
cette évolution dans les années 60 ; il coïncide avec un développement important de la culture du
maïs, jusqu'alors très peu répandu. L’agriculteur dombiste, rarement propriétaire des terres qu'il
exploitait, a pu consacrer des capitaux plus importants à la modernisation de son domaine. La
nécessité de dégager annuellement la somme nécessaire pour acquitter le prix du fermage (ayant
peu à peu remplacé le métayage) a contribué à faire de cet agriculteur un entrepreneur dynamique
et compétent, sachant "prendre le train en marche".
Leur présence constante sur le terrain et le matériel agricole dont ils disposent permettent aux
agriculteurs de diversifier leurs activités en exploitants des étangs. Il est difficile d’obtenir un chiffre
exact, mais on estime qu’aujourd’hui environ 20% des étangs dombistes sont exploités par des
agriculteurs. Ils sont par ailleurs les principaux exploitants des assecs, qu’ils cultivent généralement
en maïs.
Photo 3 : En dombes, l’activité d’élevage bovin fait partie intégrante de l’écosystème des étangs. Les prairies jouant un rôle
majeur dans la reproduction des canards. Source : M BENMERGUI
Comme toute activité économique, l’agriculture dombiste s’est inscrite dès les années 70 dans une
logique de compétitivité et d’évolution des pratiques. L’une des conséquences les plus visibles de
cette évolution des pratiques agricoles sur l’écosystème a été la diminution des populations de
canards nicheurs, phénomène accentuée par le fort développement des prédateurs.
Aujourd’hui, la fragilité économique des élevages bovins du territoire continue d’engendrer une
évolution des systèmes d’exploitation et parfois une réorientation céréalière. L’accroissement
constant des surfaces céréalières au détriment des surfaces en herbe et l’intensification des élevages
accentue la pression environnementale de l’agriculture sur un milieu naturel dombiste déjà
extrêmement fragilisé.
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Cependant on constate depuis quelques années une évolution des techniques culturales, une
multiplication des idées pour développer des pratiques agricoles plus respectueuses, et une prise de
conscience du monde agricole de la fragilité de l’écosystème de la Dombes.
2. Méthodologie
La méthodologie de l’étude a été définie par les deux étudiants, avec l’appui du comité technique, et
validée par le comité de pilotage.
2.1 Encadrement
Le comité technique :
Il s’est réuni périodiquement (1 fois/mois) pendant la période de réalisation de l’étude pour guider
les deux stagiaires dans le choix de leur méthode de travail et valider les différentes étapes
(échantillon, questionnaire, analyse des données, restitution publique) avant présentation au comité
de pilotage.
Le comité de pilotage :
Ce comité s’est réuni à deux reprises, lors du lancement de l’étude et avant la restitution publique du
28 septembre 2010. Sa mission était de valider les objectifs de l’étude et de définir des pistes
d’actions sur la base des propositions faites par les stagiaires.
Les compositions de ces deux comités se trouvent en annexe 1.
2.2 Les entretiens
L’étude se fonde sur 37 entretiens que les stagiaires ont menés avec des propriétaires/exploitants
d’étangs.
Les questionnaires qui ont servi lors des entretiens ont été élaborés par les étudiants et le comité
technique, en étroite collaboration avec le syndicat des propriétaires et exploitants des étangs de la
Dombes et le syndicat de la propriétée privée rurale de l’Ain.
Sélection des gestionnaires d’étang
Au départ, deux plaques d’étangs ont été retenues, afin de rencontrer l’ensemble des acteurs en
interaction sur chacune. Ensuite, les entretiens ont été complétés par des étangs ciblés (contact ou
repérage), afin de tenter de cerner toute la diversité des acteurs présents en Dombes. Deux mois et
demi d’enquêtes auprès des différents acteurs du territoire ont permis de réaliser 37 entretiens.
Objectif des entretiens
Le but des entretiens est à la fois de recueillir des informations :
• techniques (quelles sont les pratiques piscicoles et agricoles mises en place par les différents
exploitants ?)
• économiques (quelle est la rentabilité de l’étang ? Dépenses et recettes des différentes
activités)
• sociologiques (quelles sont les différents usages-motivations-intérêts, relations entre les
différents acteurs, quelles sont leurs préoccupations et leurs besoins ?).
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2.3 Valeur de l’échantillon et limites de l’analyse
Au total, 157 étangs sont abordés au travers des entretiens. En théorie, cet échantillon concerne plus
de 10% du parc dombiste. La représentativité de cet échantillon ne peut être démontrée,
notamment au regard des 350 exploitants d’étangs potentiels. On estimera a priori qu’il rend en
partie compte de la diversité présente en Dombes.
Compte-tenu de la disponibilité, de la qualité et de la quantité des données technico-économiques
collectées, l’analyse économique n’a pu porter que sur une vingtaine d’étangs.
Du fait du peu de représentativité absolue de cet effectif Il conviendra évidemment de porter toute
la réserve nécessaire aux commentaires qui en ressortiront.
Sur ces 20 étangs, l’approche sociologique du questionnaire a permis d’établir une typologie autour
de l’identification de différents groupes d’individus partageant les mêmes usages et les mêmes
intérêts vis-à-vis de leurs exploitations. La présentation des résultats de l’étude se fera en fonction de
ces différents groupes. Cette approche présente un intérêt pédagogique en proposant une lecture
simplifiée des modes d’exploitations des étangs dombistes.
2.4 L’analyse économique
L’ensemble de l’étude présente des résultats annuels en
euros par hectare cadastré (€/an/ha). C’est cette valeur qui
a servi de référence pour comparer la rentabilité des
différents étangs étudiés.
Le résultat net annuel moyen €\ha des étangs de
l’échantillon inclut les résultats des trois activités :
pisciculture, valorisation de l’assec et location de chasse.
Les produits et charges concernant chaque activité on été
identifiés sur l’ensemble d’un cycle de 3 à 4 ans d’évolage et
1 an d’assec.
Une fois identifiées les marges brutes (produit brut de
l’activité - charges brutes de l’activité) des différentes
activités, la somme de ces 3 marges constitue la marge
brute de l’étang sur un cycle.
Marge brute piscicole € (cycle)
(+) Marge brute Assec € (cycle)
Marge brute Chasse € (cycle)
(=) Marge brute étang € (cycle)
(-) Coût entretien de l'étang € (cycle)
(-) Prélèvements étang € (cycle)
(=) Résultat net étang € (cycle)
Résultat net moyen étang (€\an)
Résultat net annuel moyen (€\ha
cadastré)
De cette marge brute on déduit les coûts d’entretien de l’étang (curage du bief, curage de la
pêcherie, entretien des digues, des fossés,…) et les prélèvements (taxes foncières, coût du fermage,
cotisation MSA, annuités…) pour avoir le résultat net de l’étang (€) sur le cycle de l’étude. Ensuite, ce
résultat est reporté sur une année (résultat net annuel moyen €/an) puis à l’hectare cadastré
(résultat net annuel moyen €/ha).
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Par ailleurs :
•
Les droits à paiement unique (D.P.U) n’ont pas été pris en compte lors du calcul des produits
de l'assec, étant donné les incertitudes sur le devenir de ces aides au moment de l’enquête.
•
Le prix de location de chasse qui nous a été communiqué lors des entretiens (90€/ha) est
inférieur à la réalité (environ 150 €).
•
Les propriétaires valorisant leurs étangs autrement que dans le cadre du système
traditionnel n’ont pas été enquêtés (ex : pêche à la ligne)
3. Résultats de l’étude
3.1 Typologie
Les données techniques, économiques et sociales ont permis l’élaboration d’une typologie.
Les groupes sont différenciés suivant leurs intérêts pour l’étang (ont-ils en priorité un usage piscicole,
cynégétique, ou autre de leur étang ?), et suivant le niveau technique piscicole.
Le gradient de couleur apporte une information sur la rentabilité de l’exploitation piscicole des
personnes constituant les groupes :
- rouge : le résultat piscicole est négatif
- vert : le résultat piscicole est positif.
Cette présentation permet de comprendre visuellement qu’en fonction des intérêts et usages, les
pratiques piscicoles mises en place sont différentes et que le résultat piscicole est en conséquence.
On distingue sur la figure 1 page 15, quatre principaux groupes :
- les propriétaires chasseurs et exploitants piscicoles (1 et 2)
- les propriétaires ou locataires, agriculteurs/ exploitants piscicoles
- les propriétaires-chasseurs, dont les étangs sont exploités par des exploitants piscicoles
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Figure 1: Typologie - Répartition des acteurs suivant leurs intérêts, leur niveau technique et leur résultat
piscicole
Les formes des groupes témoignent de la diversité des intérêts et des niveaux techniques piscicoles
des propriétaires. Certains groupes ont été scindés en sous-groupes.
Les propriétaires des sous groupes 1 et 2 « propriétaires chasseurs et exploitants piscicoles » (flèche
rouge sur la figure 1) ont pour principal point commun de ne pas être agriculteurs. Ils se différencient
essentiellement par leur âge, la place de la pisciculture dans la gestion de l’étang, la technique
piscicole mise en œuvre, et l’intérêt que portent leurs héritiers à la reprise des étangs.
Le groupe 3 composés des sous-groupes « agriculteurs et exploitants piscicoles, propriétaires ou
locataires» et « locataires exploitants piscicoles » (flèche bleue sur la figure 1), ont pour
caractéristiques communes d’être très présents sur leurs étangs et de suivre un itinéraire technique
poussé. Contrairement aux « agriculteurs et exploitants piscicoles, propriétaires ou locataires», pour
les locataires exploitants piscicoles la pisciculture constitue l’unique revenu.
Le groupe 4 « Les propriétaires chasseurs » (flèche verte sur la figure 1), suivent un mode de faire
valoir piscicole indirect, en louant leurs étangs aux sous-groupes de la flèche bleue.
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3.2 Résultats économiques de l’échantillon
Figure 2: Répartition des résultats nets (€/an/ha) des étangs étudiés
La figure 2 nous permet de constater que sur l’échantillon des 20 étangs étudiés, il existe une grande
variabilité des résultats nets d’un hectare, qui varient de -153 €/ha à +420 €/an/ha.
Cet éventail ne constitue pas une représentation statistique de ce qu’est aujourd’hui la rentabilité
des étangs en Dombes. En revanche, il permet de donner une idée de la diversité des résultats
rencontrés d’un étang à l’autre.
Remarque : On peut supposer que certains propriétaires n’ont pas souhaité déclarer leur revenu de
location de chasse. Pour avoir une idée plus fine de leurs résultats réels, on peut estimer que le
revenu net de ces propriétaires doit être majoré, à minima, d’environ 100€ par hectare.
3.3 Présentation des rendements piscicoles :
Compte tenu du peu d’information vérifiable disponible sur la pisciculture dombiste et l’importance
que représente cette activité dans le fonctionnement générale de la Dombes, le choix a été fait
d’effectuer une analyse plus précise de ses caractéristiques technico-économiques.
Il est important de rappeler que la vocation de cette étude est de présenter la diversité des modes
d’exploitation des étangs et leur rentabilité, et non pas de définir la moyenne des quantités pêchées
en Dombes.
Cependant, l’échantillon des étangs étudiés nous renseigne sur la variabilité des quantités pêchés en
Dombes (de 33 kg/ha jusqu’à 679 kg/ha), sans pour autant nous donner une idée précise du nombre
d’étangs qui appartiennent à chacun des modes identifiés.
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Figure 3: Répartition des rendements piscicoles des étangs
Sur la figure 3, qui présentent la répartition des rendements piscicoles des 20 étangs étudiés, on voit
qu’il existe un lien étroit entre les intérêts manifestés par les gestionnaires d’étangs et les quantités
de poisson pêchées à l’hectare. Plusieurs paramètres d’ordre technique, sociologique et économique
expliquent ce phénomène. Ils seront explicités dans la partie 3 « caractéristiques des différents
groupes »
3.4 Caractéristiques des différents groupes
Cette partie de l’étude s’attache à présenter les trois profils de gestionnaires d’étangs selon 4
paramètres:
-
les caractéristiques générales (intérêt principal, motivations, logiques de gestions)
les résultats économiques,
l’exploitation piscicole,
préoccupations et perspectives d’avenirs (transmission du patrimoine, investissement)
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3.4.1 Des propriétaires chasseurs et exploitants piscicoles
Dans ce groupe l’activité piscicole est exercée pour pouvoir subvenir à l’entretien de l’étang.
Ce sont des propriétaires héritiers de familles dombistes ou bien des personnes ayant acquis des
domaines avant tout pour chasser.
L’activité piscicole, si elle leur tient à cœur pour le maintien des traditions ou de la biodiversité,
représente une part négligeable de leur revenu. Ils exercent une autre profession, non agricole.
Pour ces propriétaires, les coûts d’entretien sont élevés, car ils ne possèdent pas le matériel et
doivent faire appel à de la prestation de service pour les travaux d’assec et d’entretien des fossés.
Au sein de cet ensemble, deux groupes présentés ci-dessous se distinguent. Tous sont préoccupés
par le devenir de leur domaine après la transmission à leurs héritiers.
Groupe 1
Caractéristiques générales
Dans ce groupe (flèches et cercles rouges
sur les graphiques ci-contre), les
propriétaires sont avant tout motivés par la
chasse et présente un faible niveau
technique piscicole.
L’objectif
piscicole
des
personnes
appartenant à ce groupe est de maintenir
l’exploitation piscicole, mais sans qu’elle ne
coûte de l’argent. Pour cette raison, leurs
pratiques piscicoles sont réduites au
minimum, afin de minimiser les coûts.
Résultats économiques
Les quantités pêchées étant faibles, la pêche ne
permet pas de couvrir les frais d’entretien et à
peine ceux de production. Les propriétaires
déplorent alors que l’activité ne soit pas rentable
et certains envisagent de l’abandonner.
Sur les huit étangs de ce groupe, six font l’objet
d’une culture de l’assec, dont quatre qui ne sont
pas récoltées, une qui est louée et une autre qui est récoltée et vendue par le gestionnaire.
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Deux exploitants ayant un résultat très négatif avec l’exploitation piscicole et l’assec (carré bleu)
arrivent à un résultat nul en louant leur chasse (triangle vert) à un tarif de 80 à 90 €/hectare.
Exploitation piscicole
Pratiques piscicoles
o Empoissonnage en
On peut voir sur les figures 5 et 6 situées en annexe que ce groupe
majorité acheté
empoissonne peu en quantité par rapport aux autres et que son
o Présence 2 fois/semaine
temps de présence est faible (donc le contrôle des indésirables est
réduit).
L’empoissonnage est acheté : comme il coûte cher, les quantités introduites dans l’étang sont faibles,
d’autant plus que la menace du cormoran fait peur. Pour ces propriétaires, plus la quantité
empoissonnée est élevée, plus le risque de perdre est grand. Surtout si le contrôle des piscivores est
faible. Même si ces propriétaires sont parfois aidés par un fermier voisin à la retraite, cela ne suffit
pas à lutter efficacement contre les piscivores, ni à intervenir assez rapidement en cas de problème
(anoxie estivale par exemple).
Préoccupations et perspectives d’avenir.
Certains propriétaires sont freinés dans leur volonté de s’impliquer plus fortement dans l’exploitation
piscicole, par le fait qu’ils ne savent pas si leurs enfants vont conserver le domaine et continuer
l’activité. Comment justifier des investissements en temps et en argent, sans réelle perspective
d’avenir ? Dans cet échantillon, 85% des enquêtés ne savent pas si leurs enfants souhaitent s’occuper
du domaine.
Seuls trois exploitants ont déclaré louer la chasse. Deux explications à cela : la chasse n’a pas été
déclarée, ou bien elle n’est effectivement pas louée car les propriétaires préfèrent se la réserver. Ils
perdent de l’argent avec la pisciculture, mais ils bénéficient ainsi d’un étang attractif sur lequel ils
peuvent chasser et inviter des amis chez lesquels ils iront également chasser. La perte piscicole est
compensée par le loisir de la chasse sur un domaine privée. Les frais liés à l’entretien de l’étang sont
élevés, mais sans domaine il faudrait louer des parts de chasse et se voir imposer des contraintes….
Cela pourrait coûter tout aussi cher, en étant plus contraignant.
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Groupe 2
Caractéristiques générales
Les personnes qui constituent ce groupe( flèche
rouge) souhaitent maintenir l’exploitation
piscicole afin qu’elle consolide les comptes du
domaine. Ainsi, ils mettent en place des
pratiques qui leur permettent de dégager un
résultat qui compense les charges de
production et à terme les charges d’entretien.
Résultats économiques
(Voir cercles rouges sur graphique ci-contre)
Les deux étangs qui ont des résultats négatifs (n°3
et 4) ont été placés dans ce groupe car ils se
trouvent dans une période de transition où ils ont
réalisé des investissements et à l’issu de laquelle
les propriétaires prévoient d’adopter le même
itinéraire technique que le troisième étang aux
résultats positifs.
Pratiques piscicoles
o
o
o
o
o
Amendement calcique
Amendement organique
Production d’une partie
de l’empoissonnage
Complémentation
alimentaire (300-500
kg\ha)
Présence 2 fois/semaine
Exploitation piscicole
Parmi ces propriétaires, les résultats élevés de l’étang n°14 peuvent
s’expliquer par la complémentation alimentaire (figure7 en annexe)
et une implication dans la lutte contre les nuisibles. Dans ce groupe
les propriétaires, ont réalisé des investissements financiers en
s’équipant avec des nourrisseurs et des dispositifs de lutte contre les
cormorans. En outre, ils sont plus souvent présents sur leurs étangs
que ceux du groupe 1 afin d’avoir un meilleur contrôle des nuisibles,
ce qui permet de « retrouver le nombre de têtes ».
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Préoccupations et perspectives d’avenir.
Ces propriétaires sont jeunes ou dans le cas contraire, sont convaincus que leurs enfants vont tirer
un bénéfice de leur investissement. Cette perspective d’avenir les motive à s’investir dans une
valorisation piscicole de leurs étangs.
Parmi eux, quelques-uns sont impliqués dans la structuration de la filière (Syndicat, APPED,…). Ils
apportent un certain dynamisme en Dombes, qui contraste avec l’atmosphère alarmiste relayée par
d’autres acteurs.
3.4.2 Groupe 3 : Agriculteurs/exploitants piscicoles, propriétaires ou locataires
Caractéristiques générales
Pour ce groupe, l’activité piscicole représente une
partie importante du revenu d’exploitation, voir la
totalité pour quelques locataires piscicoles. Leurs
pratiques piscicoles leur permettent de dégager
un résultat positif. Leur niveau technique est très
élevé et implique un temps de présence
important.
Parmi les agriculteurs/pisciculteurs, certains sont
propriétaires de leurs étangs, mais la plupart
exploitent en fermage. Parfois, ils sont
propriétaires d’une partie des étangs qu’ils
exploitent et en louent d’autres.
Résultats économiques
(Voir cercles rouges sur graphiques ci-joint)
Les bons résultats économiques de ce groupe
s’expliquent principalement par les hauts
rendements piscicoles (de 338 à 679 kg/ha) et
par le fait que certains vendent leur production
en direct. Comparativement aux autres
gestionnaires, pour les agriculteurs, les coûts
d’entretien de l’étang sont moindres car ceux-ci
réalisent
les
travaux
eux
même,
et
l’amortissement du matériel agricole se fait sur
l’ensemble du domaine exploité (cultures et
pisciculture). L’assec est systématiquement
valorisé lorsqu’ils en ont l’usage, souvent par des
semis de maïs, parfois en avoine pour remettre
l’étang en eau plus tôt dans la saison.
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Exploitation piscicole
Pratiques piscicoles
o Amendement calcique
Ces exploitants produisent eux même leurs empoissonnages, ce qui
o Amendement organique
diminue les frais de production, et leur maîtrise des piscivores leur
o
Production de la totalité
permet d’augmenter les quantités d’empoissonnage (cf. figure 6 en
de l’empoissonnage
annexe). Leurs rendements sont en conséquence beaucoup plus
o Complémentation
élevés que ceux des groupes précédents. Les pratiques mises en
alimentaire (300-500
place nécessitent un temps de travail très important, concernant
kg\ha)
notamment l’amendement (fertilisation et chaulage), la
o Aérateur
complémentation et le contrôle des nuisibles (piscivore +
o Présence 7 fois/semaine
ragondins). Il est tel qu’une personne seule peut difficilement
assurer agriculture et pisciculture: souvent, un parent retraité aide. Ou bien il s’agit d’agriculteurs à la
retraite.
Préoccupations et perspectives d’avenir.
Les résultats ne sont pas toujours bons sur tous les étangs car pour un locataire piscicole, qu’il soit
agriculteur ou non, il est parfois difficile techniquement de réaliser certains aménagements
(aménagement d’une chaussée favorable pour le camion des collecteurs,…). En outre, il doit aussi
prendre en compte les exigences du propriétaire qui louent les étangs, en termes de chasse ou de
location de chasse (ne pas vider l’étang trop tôt, ne pas intervenir à certaines périodes de l’année,…).
Dans le groupe des agriculteurs/pisciculteurs, une partie a été très impliquée dans la filière, mais le
manque de structuration de celle-ci et les difficultés auxquelles ils doivent faire face les ont
démotivés. Parmi ceux-là, certains ont choisi de trouver leurs propres circuits de commercialisation.
Une autre partie continue de travailler avec les structures déjà existantes, et contribuent à dynamiser
la filière.
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3.4.3 Des propriétaires qui délèguent l’activité piscicole
Caractéristiques générales
Il peut s’agir de propriétaires dont les
étangs
étaient
économiquement
déficitaires, et qui décident de changer de
mode d’exploitation, ou bien de nouveaux
acquéreurs qui ne souhaitent pas
s’impliquer dans l’activité piscicole, mais
toutefois la maintenir.
Ces propriétaires répondent ainsi à la
demande qui existe du coté des
agriculteurs/pisciculteurs et des locataires
purement piscicoles (groupe du paragraphe
précédent). La pisciculture est ainsi confiée
à des professionnels. D’un coté, les propriétaires rentabilisent leur patrimoine en louant l’étang en
eau, de l’autre les locataires développent une activité rentable.
Ces propriétaires peuvent choisir de s’investir plus ou moins dans l’exploitation piscicole, suivant la
forme des contrats. Il existe des solutions différentes du bail, comme des conventions, dont les
modalités de mise en place varient suivant les exigences des parties.
Ce genre de situation nécessite évidemment des compromis entre les acteurs, permettant à chacun
d’exercer son activité : comme l’ont fait remarquer les différents enquêtés, ce sont avant tout les
relations humaines et les capacités à travailler ensemble qui font la réussite de ces modes
d’exploitation.
La situation peut se compliquer dans le cas où les étangs sont également loués, en parallèle, à des
locataires de chasse. Une fois de plus, cela peut fonctionner sous la seule condition qu’il y ait un
dialogue entre les différents acteurs.
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3.5 Le ressenti et les préoccupations des propriétaires
Outre la quantité importante de données technico-économiques qui ont pu être collectés, les
entretiens menés par les deux élèves ingénieurs ont permis de recueillir de nombreuses informations
sur le ressenti des propriétaires vis à vis de la situation actuelle et à venir des étangs dombistes. Il en
ressort globalemement un certain nombre d’inquiétudes pour lesquelles il est proposé dans ce
chapître d’apporter un éclairage technique et sociologique.
3.5.1 Le désarroi des exploitants d’étangs vis à vis de la production de poisson
Le désarroi général est, aux dires des 37 personnes enquêtées un sentiment partagé par l’ensemble
des exploitants d’étangs, face à la difficulté de produire du poisson en Dombes et aux conséquences
économiques que celà entraîne. “L’étang coûte cher, et ça ne va pas en s’améliorant” (dixit un
propriétaire enquêté). Les principales raisons évoquées sont pêle-mêle : la prédation du grand
cormoran, les dégâts des ragondins sur les digues, les coûts d’entretien des étangs, le bas prix du
poisson,... Les plus découragés, ceux pour lesquels les pertes financières engendrées par
l’exploitation piscicole ne sont plus tolérables, envisagent même de cesser cette activité. Les
propriétaires et exploitants de l’échantillon qui présentent les meilleurs résultats économiques se
plaignent, quant à eux, de l’énergie dépensée pour obtenir des rendements piscicoles convenables.
Bien que ce désarroi des propriétaires et exploitants soit partagée par la grande majorité, les
problèmes et la volonté de s’adapter ne sont pas les mêmes pour tous.
L’accroissement des populations d’oiseaux piscivores, notamment celle du Cormoran, a
profondemment bouleversé la pisciculture et le fonctionnement de la Dombes. Auparavant la,
pisciculture garantissait au propriétaire une rentabilité minimum ou suffisante en échange de
quelques interventions simples. Les exploitants les plus performants tiraient parti de façon beaucoup
plus rentable de ce système d’élevage qui pour être extensif n’en repose pas moins sur un système
de pratiques cohérent et efficace. Aujourd’hui les pratiques de bases d’antan sont de moins en moins
mises en oeuvres, alors que la pisciculture dombiste est devenu une activité plus exigeante
qu’auparavant. Les résultats économiques sont aléatoires et, comme le montre cette étude,
étroitement liés au suivi quotidien des étangs et aux techniques de productions mises en place.
Seul un petit nombre semble avoir continué à mettre en œuvre ces pratiques traditionnelles et a su
s’adapter pour protéger les poissons des attaques des piscivores mais aussi pour optimiser la
production de biomasse de l’étang.
L’éloignement du lieu de résidence de nombreux propriétaires ne leur permet pas d’assurer un
suivi régulier des étangs, d’éffaroucher les prédateurs, de surveiller les prises d’eau, ou de compléter
l’alimentation du poisson lorsque c’est nécessaire. Les gardes privés peuvent avoir un rôle important
à jouer dans une telle situation, mais il semble qu’ils soient de moins en moins à oeuvrer sur le
territoire.
L’éloignement géographique devient parfois chez les nouvelles générations un éloignement culturel
qui entraine un délaissement de la gestion piscicole et de l’entretien des étangs qui l’accompagne.
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L’incompatibilité de ces nouveaux modes de production avec la pratique de la chasse est une autre
explication de ce désintérêt pour la pisciculture. Les propriétaires d’étangs qui trouvent leur
principales motivations dans la pratique de la chasse, souhaitent minimiser au maximum les
interventions sur leurs étangs afin de ne pas déranger le gibier. Cette préférence pour la chasse vis-àvis de la pisciculture est aussi l’une des raisons pour laquelle peu de propriétaires louent leurs étangs
à des pisciculteurs professionnels. L’autre raison souvent évoquée est celle des contraintes, pour le
propriétaire, qu’implique le statut du fermage.
Certaine fois il existe un désaccord entre exploitant piscicole et bénéficiaire du droit de chasse, relatif
à l’entretien de l’étang, des milieux végétaux notamment. Il s’agit essentiellement d’un défaut de
communication et de sensibilisation, car la végétation aquatique, correctement gérée, pour partie
conservée, sera tout aussi favorable à la production piscicole et à la protection des poissons, qu’à
l’ensemble de la biodiversité.
Il ressort donc de ces enquêtes que le principal motif d’inquiétude et de destabilisation des
propriétaires est la difficulté à produire du poisson. Cette difficulté s’explique principalement par la
pression accrue des oiseaux piscivores et les limites de leur technicité et de leurs invetissements pour
y faire face. Pour certains, les intérêts portés à la pisciculture ont justifié la mise en oeuvre de
nouvelles pratiques, une implication personnelle accrue, et des investissements dans l’outil de
production. Les autres, qui semblent être majoritaires, estiment que les efforts à fournir pour
optimiser la production piscicole ne se seront pas compensés par les résultats éventuels.
3.5.2 Transmission des domaines et nouveaux acquéreurs
Certains propriétaires s’inquiètent du devenir de leur domaine car leurs enfants ne sont pas
intéressés par la gestion des étangs, et notamment par l’exploitation piscicole. Ils ne souhaitent pas
la maintenir en perdant de l’argent. Que vont –ils faire de leur héritage? Si chaque enfant récupère
sa part et la vend, qu’advient-il de la cohérence d’exploitation du domaine (l’unité idéale
d’exploitation piscicole étant la chaîne d’étang)? Le même problème se pose pour la gestion
cynégétique, le morcellement ayant sans doute augmenté la pression de chasse en Dombes.
Ce problème du morcellement des domaines lié à leur transmission est une réalité en dombes,
cependant on peut supposer qu’il puisse être atténué par le phénomène inverse de création de
nouvelles grandes propriétés de la part de quelques personnes fortunées investissant sur le très long
terme.
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3.5.3 Circulation de l’eau
L’eau est le point essentiel de l’exploitation piscicole, mais aussi de la chasse. Au cours des 37
entretiens deux cas de conflit entre voisins liés à la circulation de l’eau, ont été évoqués, et quatre
autres personnes ont parlé de détournements d’eau avec des pompes mais sans que ça leur soit
préjudiciable.
D’autres sources confrontées de façon plus permanente à la problématique du partage de l’eau,
relatent régulièrement des témoignages de conflits de voisinages, relatifs à la circulation de l’eau, au
remplissage ou à la vidange des étangs, suite à des changements de propriétés, des changements de
niveaux des étangs, etc.
L’exploitation de la ressource en eau devient une priorité, dont la Loi cadre sur l’eau est garante.
C’est donc un sujet d’avenir, une préoccupation qui doit être anticipée. Il est à noter que les forages
ne sont désormais plus possibles en Dombes, et que l’application de la réglementation aura sans
doute des répercussions sur l’utilisation des ressources provenant de forages antérieurs.
Dans un tel contexte, il apparaît utile sur certaines chaînes d’étangs sur lesquelles des conflits liés à
l’eau sont connus, de mener un travail de médiation auprès des propriétaires, de les informer sur les
usages et droits à l’eau, notamment en reprécisant servitudes et voisinages sur les actes de
propriétés, mais aussi de proposer un diagnostic du fonctionnement hydraulique des étangs.
3.5.4 Qualité de l’eau
C’est un sujet sensible, compliqué, sur lequel il existe peu de données, mais pour lequel les acteurs
du territoire (élus, professionnels, associations, habitants) sont demandeurs d’information. Des
propriétaires et exploitants d’étangs, rejoignant en cela le point de vue d’écologistes et d’une part de
la communauté scientifique, suspectent fortement les intrants agricoles d’avoir un impact sur le
fonctionnement de l’étang, mais ils ne souhaitent pas aborder publiquement le sujet.
Le seul fait qu’ils ne souhaitent pas s’exprimer à ce sujet est d’ailleurs significatif des rapports et
fonctionnements de la société dombiste, soucieuse de certaine forme de consensus, malgré son
manque d’unité le plus souvent décrié. Des études sont en cours et d’autres vont être menées (IsaraLyon, ONCFS,…). La diffusion de leurs résultats auprès des acteurs locaux apportera plus d’objectivité
dans les nombreux débats que suscite cette question.
3.5.5 Structuration de la filière piscicole
Au cours des entretiens de nombreux gestionnaires d’étangs se sont plaint du “manque de
structuration de la filière”. Pour la plupart des gestionnaires qui évoquent ce problème, ce qui
symbolise le plus ce phénomène est la stagnation du prix de la carpe. Selon eux, cette stagnation est
engendrée par “la guerre “ que se livrent les négociants pour obtenir des marchés. Il semble que le
“manque de structuration de la filière” ne soit pas l’explication la plus évidente. La pisciculture
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dombiste avec ces différentes acteurs (producteurs d’alevins, pisciculteurs,négociants,
transformateurs, prestataires de services, syndicats) présente une certaine forme de structuration.
La stagnation du prix de la carpe à environ 1.2€ /Kg (sortie d’étang) depuis prés de trente ans est liée
à différents facteurs, et notamment l’incapacité de la carpe à séduire de nouveaux consommateurs
et à conquérir de nouveaux marchés.
A cet égard, il est vrai que la filière piscicole dombiste, du fait de sa difficulté à se structurer
collectivement dans un projet de promotion et de labelisation, a une part de responsabilité.
Du côté des négociants, le problème majeur c’est l’irrégularité des productions, de leur qualité , du
calibrage et le manque de professionalisation des gestionnaires.
4. Des possibilités d’évolution pour la Dombes
Les résultats de cette étude nous ont montré que la rentabilité économique des étangs est
principalement conditionnée par la mise en œuvre de pratiques piscicoles adaptées au contexte
d’aujourd’hui (prédation, diminution de la productivité des étangs,…).
Nous verrons, que pour les propriétaires peu enclins à s’engager dans ce type gestion piscicole mais
soucieux de parvenir à l’équilibre économique de leurs étangs, la location des étangs en eau est une
solution envisageable mais qui, pour diverses raisons, peine à se développer.
Enfin nous verrons que la production piscicole dombiste présente de sérieuses potentialités qui
méritent d’être plus amplement exploitées.
4.1 La pisciculture peut être rentable
Comme on a pu le voir dans la partie 2.4 certains exploitants dégagent un bénéfice financier de leur
étang grâce à l’exploitation piscicole et en mettant en place les pratiques adéquates et au prix
d’efforts financiers (équipement, main d’œuvre,..) et personnels (temps passé sur les étangs,
technicité).
Les groupes présentés par la typologie ne sont pas figés, chaque acteur qui le souhaiterait pourrait
évoluer d’un groupe à l’autre.
D’après la figure 4, on peut voir qu’en face de chaque choix de pratiques, correspond un rendement
et un résultat piscicole sur l’étang. Il est possible de changer ses pratiques, en passant d’un niveau à
l’autre, mais cela exige à chaque fois des investissements financiers et personnels.
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Figure 4: Rentabilité et pratiques piscicoles (L. Mischler)
La figure 5 en annexe nous montre que la présence du gestionnaire sur l’étang est un élément
essentiel dans la réussite de l’exploitation piscicole.
Le lieu de domiciliation de l’exploitant est donc un paramètre majeur qui explique en partie pourquoi
les propriétaires ou locataires agriculteurs, qui ont leur habitation à proximité des étangs exploités,
ont un résultat piscicole positif.
Le rôle des gardes est primordial dans la gestion des étangs en Dombes. Fortement attachés à leur
territoire, ils connaissent les us et coutumes de la Dombes et le fonctionnement des étangs. Par leur
présence constante sur le territoire, ils assurent sur les étangs un ensemble de tâches à la demande
des propriétaires absents en échange d’un simple accès à l’étang ou d’un droit de chasse. Selon les
propriétaires et les étangs concernés les gardes peuvent être amenés à gérer l’exploitation piscicole
à des degrés divers, piéger les ragondins, entretenir les ouvrages, organiser l’équipe de pêche, etc.
La disparition des plus anciens gardes, mais surtout leur non-renouvellement, pose de sérieux
problèmes aux propriétaires n’habitants pas en Dombes qui ne trouvent plus personne pour assurer
ces tâches indispensables au bon fonctionnement des étangs et de la Dombes dans son ensemble.
Pour les gestionnaires d’étangs qui n’ont pas la volonté d’investir financièrement ou ne peuvent pas
accorder du temps à l’exploitation piscicole, il existe la possibilité de confier celle-ci à un
professionnel par le biais de location.
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4.1.1 Quelle possibilité de développer la technique piscicole ?
La pisciculture d’étang est différente de l’aquaculture classique (élevage de truite et élevage en mer)
du fait de son caractère extensif. Ce système de production, qui comporte une part d’aléa est
aujourd’hui mis à mal pour un certain nombre de raisons, dont l’arrivée du cormoran.
Toutefois, on peut se donner les moyens de produire dans les meilleures conditions et augmenter les
rendements en fonction des procédés mis en place.
C’est pour cette raison que la Chambre d’agriculture de l’Ain, avec l’embauche d’un conseiller
aquacole, et le Syndicat des propriétaires et exploitants d’étangs se sont investis dans l’appui
technique dans le milieu des années 1990 (mise en place du Pôle d’expérimentation et de progrès en
aquaculture, 1er Programme intégré de développement agricole sur les étangs - PIDA). Un noyau
d’exploitants motivés s‘est impliqué et a développé sa production, il représentait une petite partie de
l’ensemble des exploitants. Ces bonnes techniques sont globalement connues aujourd’hui, au moins
par ceux qui vivent de la pisciculture.
En plus, au début des années 2000, tout en continuant à développer la production, les exploitants se
sont engagés dans une démarche collective pour mieux valoriser leur production piscicole dont les
prix bas stagnent depuis 30 ans. Cette démarche est toujours en cours. Elle est accompagnée par des
moyens humains de la Chambre d’agriculture, qui a recruté une personne avec un profil d’animateur
de projet collectif. Aujourd’hui, certains acteurs de la filière souhaiteraient bénéficier d’un plus grand
appui technique, or ce sont quasiment les mêmes que dans les années 1990, ceux qui étaient alors
réunis au sein du Groupe d’étude aquacole en Dombes – GEAD et que l’on pourrait rattacher au
groupe 3 (chapitre 2.4.2) de cette étude.
De plus, aujourd’hui l’appui technique est dispensé en direct par le négociant (comme les
Coopératives agricoles le font auprès des agriculteurs), lequel n’est pas toujours prêt à partager son
savoir-faire, celui-ci étant une plus-value pour son entreprise dans le cadre de sa concurrence avec
ses collègues. Enfin, l’étude des motivations des gestionnaires du groupe 1 (chapitre 2.4.1) nous a
permis de constater que globalement ils sont peu enclins à s’investir dans la pisciculture.
La vulgarisation technique reste donc d’actualité mais il faut s’interroger sur la forme qu’elle doit
prendre : outils documentaires de vulgarisation, accompagnement humain, … ?
Compte tenu du profil « piscicole » des gestionnaires du groupe 1, qui sont, pour la majorité, peu
présents sur place, d’un niveau technique bas et démotivé du fait de la difficulté à produire du
poisson de manière rentable, il est probable que la vulgarisation technique ne pourra déboucher sur
une augmentation de la production qu’à condition que les négociants se donnent les moyens de
convaincre et d’’accompagner humainement « leurs » gestionnaires. Ne sont-ils pas les plus légitimes
pour le faire ?
Et il est probable que des outils documentaires de vulgarisation technique qui seraient transmis
directement au gestionnaire d’étangs auraient peu d’effets puisque pour mettre en œuvre les
techniques il faut être sur place et pour qu’elle porte leur fruit il faut acquérir de l’expérience...
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
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Par contre, dans la lignée de la présente étude, la création d’un référentiel technico-économique,
comme cela existe dans d’autres filières agricoles, ne pourrait-il pas apporter aux gestionnaires
d’étang une plus grande visibilité du retour économique d’un plus grand investissement financier et
technique ? Ce type d’outil ne fait-il pas défaut aujourd’hui ?
Enfin ne faut-il pas considérer que l’intérêt piscicole de certains gestionnaires, notamment ceux du
groupe 1, est limité et s’orienter vers la recherche de solutions qui donneraient davantage de
possibilité d’exploitation à ceux qui maîtrisent les techniques (groupe 3), cela sans déposséder le
propriétaire de son usage de l’étang (chasse, sentiment d’être maître chez soi,…) ?
Une autre piste sérieuse de développement pourrait être la mutualisation de moyens humains par
les gestionnaires d’étangs pour recréer un réseau de gardes privés, comme autrefois, mais cette fois
géré de manière collective et qui interviendrait principalement sur la production piscicole, la lutte
contre les indésirables. Le fonctionnement de ce type d’organisation est difficile à trouver et
nécessite une forte motivation des parties prenantes. Dans la mesure où l’objectif serait de renforcer
la production piscicole sur des étangs peu productifs, l’implication des négociants dans une telle
démarche est indispensable. La réussite d’un projet de garde mutualisé dépendra bien évidemment
des résultats économiques générés par le travail de cette personne mais également de la bonne
cohabitation entre l’activité piscicole et les autres intérêts des propriétaires (chasse, tranquillité,...).
4.2 La difficile mise en location des étangs en eau
Compte tenu de sa durée d’engagement (période de 9 ans reconductible) et de son incidence
économique négative lors de la revente du bien, la location de l’étang via la signature d’un bail rural
(bail à ferme), effraie les propriétaires. Les conditions du statut du fermage (jouissance agricole de
l’exploitant, caractère onéreux,...) restreignent fortement la mise en en place d’autres formes de
location des étangs.
Sur quelques étangs, propriétaires et exploitants professionnels ont expérimenté d’autres formes de
location (location forfaitaire par exemple) qui permettent d’optimiser l’exploitation piscicole et
répondent aux exigences de chacun.
Contrairement au fermage, ce type de contrat de location à courte durée (1 an), semblable à un
contrat de vente d’herbe, n’est reconductible que si le propriétaire le souhaite. Malgré cette
souplesse les propriétaires d’étangs s’y sont très peu engagés. Les raisons évoquées sont le manque
d’information sur l’existence de ces contrats, et surtout le flou portant sur leur valeur juridique. Mais
pour de nombreux propriétaires principalement intéressés par la chasse, il semble que les réticences
soient principalement liées « aux inconvénients que représente la location de l’eau en termes de
cohabitation entre chasse et pisciculture, et au sentiment de ne plus être tout seul chez soi » (dixit un
propriétaire enquêté).
Cependant on peut penser qu’à travers un travail de concertation, de communication et
d’information auprès de l’ensemble des acteurs des étangs (propriétaires, négociants, régies,..) il
serait possible de diffuser plus largement ces modes de locations et ainsi de mieux exploiter le
potentiel de production piscicole des étangs.
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
Avenir Dombes Saône
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L’appui juridique pour le développement d’une forme contractuelle de location adaptée aux étangs
de la Dombes pourrait être un levier à l’amélioration de cette situation. Initiée localement et relayée
à l’échelon régional et national par les structures légitimes, cette démarche pourrait permettre de
faire reconnaître auprès du législateurs la particularité de la pisciculture d’étang, les enjeux
environnementaux (entre autre le cadre d’application Natura 2000) et économiques liés à son
maintien, et la nécessaire évolution du cadre réglementaire de la mise en location des étangs.
Sur certains étangs où la cohabitation des différentes activités pose problème, la signature de
conventions
multipartites
engageant
les
différents
usagers
(chasseurs/pisciculteurs/propriétaires/agriculteurs) pourraient être une solution.
Cette entente permettrait d’éclaircir les principaux droits et obligations de chacun, mais aussi de
coordonner les différentes interventions sur les étangs de façon à ce que les principales activités
(notamment chasse et pisciculture) ne soient pas en concurrence.
4.3 Valoriser le potentiel de la production piscicole dombiste
Aux dires des négociants il existe une demande en poisson de Dombes supérieure à l’offre.
Les rendements piscicoles de la majorité des étangs sont insuffisants pour permettre aux négociants
locaux de répondre pleinement aux demandes des sociétés de pêches, qui sont obligés de trouver
les compléments d’alevinage ailleurs
Les deux ateliers de transformation installés sur le territoire pourraient être plus amplement
approvisionnés avec du poisson produit en Dombes. Actuellement, ils ont recours à du poisson
d’importation en complément de la production locale. En outre, dans un contexte international de
diminution des ressources halieutiques les caractéristiques de la pisciculture dombiste en font une
activité durable. Par ailleurs les poissons produits sont susceptibles de répondre à la demande de
consommateurs de plus en plus attentifs à l’origine et au mode d’obtention des produits. En effet le
poisson de Dombes, se nourrit essentiellement naturellement, et sa production ancrée dans le
territoire, est à l’origine de paysages recherchés et d’une riche biodiversité.
Il se dégage la nécessité de développer des structures adaptées permettant à la Dombes d’être autosuffisante en matière d’alevinage, mais aussi d’assurer l’ensemble de la production et pouvoir ainsi
valoriser sans ambigüité son origine.
4.3.2 Est-il opportun d’encourager la production locale d’alevins
Il ne suffit pas de produire des alevins, il faut les vendre. Or, dans ce document, il a été dit à plusieurs
reprises que les propriétaires qui ne sont pas sur place ne veulent plus empoissonner car ils ne
retrouveront pas leurs têtes.
Il est globalement difficile de quantifier la part de l’empoissonnage dombiste produit sur le territoire
et celle acheter à l’étranger. Certains exploitants produisent encore leur alevinage dans des étangs
de pose, mais il est très difficile d’évaluer leur nombre et les tonnages concernés.
Les « alevins » importés ne sont pas toujours des « petits » poissons (type feuille) mais parfois des
panots que la Dombes n’arrivent pas à produire car les cormorans prédatent les feuilles avant
qu’elles deviennent des panots.
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
Avenir Dombes Saône
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Le développement de l’alevinage ne pourra permettre le développement de la production que si les
étapes de production des stades biologiques suivant sont davantage sécurisées. Cependant, afin de
sécuriser la filière du point de vue sanitaire, le développement d’une production locale d’alevins est
un enjeu majeur pour la pérennité de la pisciculture dombiste.
4.3.3 Valoriser l’image des poissons de Dombes
La production piscicole en Dombes, si elle fait face à des difficultés liées entre autres au manque de
professionnalisation des producteurs et au manque d’union entre négociants, reste une activité
d’avenir.
C’est aussi pour cette raison que l’on rencontre des exploitants motivés, qui s’engagent pour
produire en qualité et en quantité et rassembler les différents acteurs dans un but commun : celui de
la promotion du poisson. Ces acteurs dynamiques représentent un intérêt majeur pour la filière
piscicole en Dombes.
L’association pour la promotion du poisson de la Dombes (APPED) a pour objectif d’accroître la
notoriété du poisson en s’appuyant sur les autres acteurs du territoire qui travaillent dans le même
sens (Route de la Dombes, Pisciculteurs de Dombes,...). Cette association regroupe les principales
structures de la pisciculture dombiste (Aquaculture Liatout, Coopépoisson, Dombes étangs, Vivo
Douce, Ecloserie S Grand, syndicat des propriétaires et exploitants) un collège de pisciculteurs,
l’association Dombes Qualité, et la Chambre d’agriculture de l’Ain.
Suite à l’abandon du projet d’Indication géographique protégée « carpe et brochet de la Dombes »,
les administrateurs de l’APPED se sont orientés vers la création d’une marque collective « Poissons
de la Dombes » .Parallèlement, l’association travaille également sur d’autres projets visant à affirmer
l’identité piscicole de la Dombes. La carpe répond parfaitement aux critères du développement
durable, et elle possède certainement un bilan carbone très bas lorsqu’elle est vendue localement.
Cependant, elle est affublée de divers préjugés sur ses qualités gustatives, rarement fondés.
La situation des ressources halieutiques, bien qu’inquiétante,
n’oriente pas encore
le
consommateur vers la carpe, fusse-t-elle un produit du terroir, alors qu’il peut avoir du merlan pour
le même prix.
Aujourd’hui, il y a peu de demande pour un produit comme la carpe, en partie à cause d’une
stratégie de communication très limitée. La Dombes en tant que principale zone de production
piscicole d’étang en France à un rôle moteur à jouer dans la promotion de ce poisson et globalement
celle du poisson d’eau douce.
Localement, aux vues des enjeux que représentent le maintien d’une pisciculture durable en
Dombes, cette question de la promotion du poisson de la Dombes occupe une place essentielle dans
la stratégie de développement du territoire. L’amélioration de la notoriété du poisson dombiste est
un travail de longue haleine qui à terme devra aboutir sur une augmentation de la demande et
profiter à l’ensemble de la filière.
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
Avenir Dombes Saône
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4.4 Maintenir une richesse cynégétique
De l’aveu de tous les acteurs du territoire, la chasse est aujourd’hui au cœur de l’équilibre
économique et écologique de la Dombes. La situation délicate que connaît la pisciculture ne fait que
renforcer son poids économique. La chute des populations d’oiseaux d’eau, qui ont fait la réputation
de la chasse en Dombes, constituent à tout point de vue une menace sérieuse pour le devenir de
cette activité. Aujourd’hui, du fait de la raréfaction du gibier d’eau, un étang ne représente plus le
même intérêt cynégétique pour un locataire de chasse et le prix élevé des parts de chasse en
Dombes ne se justifie plus. Cette perte de valeur marchande de l’étang est un risque pour les
nombreux propriétaires dont les rentes générées par la location de la chasse permettent l’entretien
des étangs et compensent souvent la faible rentabilité de l’exploitation piscicole.
Dans cette typologie les groupes marqués par les
flèches rouges et vertes, sont composés de
propriétaires d’étangs dont la principale
motivation est la chasse. Certains de ces
propriétaires
ont
acquis
leurs
étangs
essentiellement pour leur pratique personnelle
de la chasse.
Les conséquences éventuelles de la diminution
des populations de canards et de l’évolution des
pratiques de chasse (développement de la
chasse au sanglier) chez ces propriétaires sont
multiples : désintérêt pour les étangs, diminution des surfaces en eau, baisse des prix de location de
chasse, moins d’entretien, rupture des cycles traditionnels de vidange, arrêt de la pisciculture,...
Dans un tel contexte, la reconquête de la biodiversité en Dombes est donc un véritable enjeu de
développement du territoire. La pérennité de tout le système dombiste dépendra en partie de la
capacité des acteurs locaux à inverser cette tendance, qui chaque année voit diminuer le nombre de
canard nicheurs et de diverses autres espèces.
Les mécanismes sur lesquels agir pour atteindre cet objectif sont connus. L’amélioration des habitats
en est un. Les mises en œuvre successives de différents programmes et dispositifs agroenvironnementaux nationaux et européens sur la Dombes, ont eu des résultats variables dans ce
domaine. Contrairement aux précédents CTE, CAD, MAET et M Aqua2, le CDDRA Avenir Dombes
Saône n’a pas pour vocation à soutenir les démarches individuelles d’adaptation des pratiques
agricoles ou piscicoles. Cependant, il pourra accompagner les acteurs du territoire dans l’émergence
de projets complémentaires aux études et dispositifs opérationnels existants, et qui ambitionnent
d’apporter des réponses aux problèmes de dégradation des habitats naturels.
2
Contrat territorial d’exploitation, contrat d’agriculture durable, mesures agro environnementales territorialisées,
mesures aquacoles territorialisées,
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
Avenir Dombes Saône
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Conclusion
De R Bernigaud (Président de la commission Agriculture Environnement d’Avenir
Dombes Saône)
Les résultats de ce diagnostic ne sont pas aussi alarmants que l’atmosphère en Dombes le laissait
croire. Ils montrent qu’il existe différents modes de gestion des étangs associant pisciculture,
agriculture et chasse, qui permettent d’obtenir une rentabilité financière. Un certain nombre de
facteurs clés de cette rentabilité ont été identifiés : présence sur les étangs, technicité piscicole, mise
en location de l’étang, location de la chasse,... Cette étude apporte des éléments contradictoires à la
rumeur locale (largement relayée) qui affirme que 40% des étangs dombistes ne sont plus
empoissonnés. Lors des 37 enquêtes, les étudiants n’ont rencontré qu’un seul étang non
empoissonné, et « entendu parler » de 10 étangs qui pourraient ne plus l’être. A partir de cet
échantillon, on peut dire que seulement 7% des étangs ne sont pas empoissonnés.
La typologie proposée par les étudiants met en lumière une très grande diversité de profils de
propriétaires et exploitants, avec des intérêts, des attentes, et des volontés différentes qui influent
sur leur mode de gestion des étangs. L’action du CDDRA s’aidera de cette typologie pour identifier,
chez les différents propriétaires et exploitants, les leviers à actionner pour pérenniser les activités
traditionnelles et préserver la biodiversité sur les étangs.
Même s’il n’a pas été possible de vérifier statistiquement la représentativité des différents profils de
la typologie, il semble que le groupe 1 est celui dans lequel se classe la majorité des propriétaires et
exploitants de la Dombes. Ce groupe se caractérise (entre autre) par une rentabilité piscicole peu
élevée et un certain découragement vis-à-vis du maintien de la pisciculture sur leurs étangs. Il est
donc primordial pour la réussite de notre projet de territoire de proposer des actions qui
encourageront ce type de gestionnaire à maintenir une activité piscicole sur leurs étangs.
Au regard des dispositifs d’aides publiques déjà mis en place en Dombes et de l’éclairage socioéconomique apporté par ce travail, il est évident que l’appui du CDDRA doit s’orienter vers un
encouragement des exploitants de ce groupe 1 à optimiser durablement leur production piscicole et
ainsi à rendre rentable cette activité.
L’ambition de cette action sera de montrer aux propriétaires/exploitants qu’il est possible de
produire du poisson en quantité suffisante pour générer une rentabilité, tout en conciliant ses autres
intérêts. Différents outils sont à imaginer pour optimiser la production piscicole et le CDDRA ne devra
fermer aucune porte (création d’un référentiel, appui humain pour développer la technique, aide à la
mutualisation des moyens humains,...). Le choix des projets à soutenir dans le cadre de cette action
dépendra de leur capacité à toucher le plus grand nombre de propriétaires, de leur faculté à être
reproduits, et surtout de leur caractère structurant pour le territoire.
Cette étude met également en évidence la nécessité d’accompagner d’autres types de projets qui
agissent sur des mécanismes différents que l’action précédente et qui concernent potentiellement
l’ensemble des groupes identifiés dans cette typologie. Dans ce registre, la promotion du poisson de
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
Avenir Dombes Saône
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Dombes est à considérer comme une action majeure et structurante pour le territoire, car à moyen
terme elle pourrait profiter à l’ensemble de la filière.
Parmi les différentes pistes évoquées, celle de la mise en location des étangs présente un intérêt
particulier. Les modalités de sa mise en œuvre sont diverses et souvent complexes. Mais dans un
contexte local où la pratique de la pisciculture est de plus en plus exigeante, il est important de
considérer toutes les possibilités qui permettraient aux propriétaires les moins motivés par cette
activité de déléguer la gestion piscicole de leurs étangs à ceux qui la maitrisent.
La pratique de la chasse au gibier d’eau en Dombes est fortement menacée par la chute
spectaculaire des populations de canards nicheurs. Compte tenu du rôle socio-économique majeur
que joue la chasse en dombes et des conséquences écologiques néfastes qu’engendrerait sa
disparition sur les étangs, le CDDRA devra accompagner les projets apportant des réponses aux
problèmes de dégradation de l’écosystème dombiste.
La lutte contre les espèces nuisibles et prédatrices en Dombes (cormoran, ragondin, corvidés,...)
revête un double intérêt écologique et économique. Il convient d’imaginer de nouveaux modes de
lutte qui s’appuieront sur les techniques les plus performantes et les modes d’organisation les plus
adéquats (campagne de veille, communication, formation d’équipe d’intervention).
On retrouve d’autres propositions intéressantes dans ce travail. Sa vocation était d’apporter aux élus
locaux et aux acteurs des étangs de la Dombes un éclairage leur permettant de cibler les pistes
d’actions répondant à la fois, aux enjeux du territoire et aux besoins des gestionnaires d’étangs. Les
conclusions et propositions d’actions ici faites, ont été très largement approuvées par les principaux
acteurs et représentant de la pisciculture, de l’agriculture et de la propriété dombiste. Cette
approbation était souhaitable car les acteurs dombistes ont un rôle prépondérant à jouer dans la
mise en œuvre du CDDRA pour les six années à venir.
Le CDDRA est un outil financier au service d’un projet. Pour fonctionner il doit être saisi par les
acteurs du territoire. C’est pourquoi il est important de rappeler que la réussite de ce programme
autour des étangs dépendra principalement de la capacité des acteurs et structures représentantes à
se saisir de cet outil et à porter des projets répondant aux problèmes de la Dombes et de ses
gestionnaires.
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
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Bibliographie
Avocat, Charles, 1975, La Dombes, milieu naturel ou milieu en équilibre ? Introduction à une
éco-géographie de l’espace dombiste, revue de géographie de Lyon. Vol 50 n°1
Barbe Jacques, Olivier Schlumberger & Nicolas Bouretz, 2000 Evalaution de la production
piscicole potentielle des étansg, Ingénieries-EAT- n°22 Juin 2000
Bérard Laurence, 1982 terre et eaux en Dombes, Presse unniversitaires de Lyon, Editions de
la Maison des sciences de l’homme
Bérard Laurence, 1985, La culture par innondation en Dombes, effets idéologiques et
incidences sociales, le Monde alpin et rhodanien
Bérard laurence & Philippe Marchenay, 2003, « un exemple de non patrimonialisation : la
carpe en Dombes ». Actes du colloque « systèmes agroalimentaires localisés : produits,
entreprises et dynamiques locales. Montpellier, 16-18 octobre 2002.
Bernard Alain & Philippe Lebreton, 2007, Les oiseaux de la Dombes : une mise à jour, revue
Dombes de la Fondation Pierre Vérots n°27
Broyer Joêl, 2001, La Dombes espace d’équilibre ou simple substrat pour la culture
céréalière ? Le courrier de l’environnement n°43.
Deneuvy Philippe, 2002, adjoint au directeur régional de l’environnement Rhône Alpes, « Les
perspectives de la filière piscicole de la Dombes »Rapport à Monsieur le Préfet de l’Ain,
Dufloux Cyril, 2003, élève ingénieur ESA Anger, mémoire de fin d’étude 2003, Pratiques
agro-piscicoles et diversité des habitats des étangs de la Dombes
Gros Mickaël, 2009, « La difficile mise en valeur d’un produit de terroir : exemple des
poissons de la Dombes » Université Lumière Lyon 2, Mémoire de fin d’étude,
Manceron Vanessa, Une terre en partage : liens et rivalités dans une société rurale, Edition
de la Maison des sciences de l’homme, Paris
Vallod Dominique, M Flandin, P Chavallard, L Fourrié & B Sarrazin, 2008, Etude des facteurs
de transfert des produits phytosanitaires vers des étangs piscicoles en Dombes, Zone
Humide continentale associant prairies et cultures.
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
Avenir Dombes Saône
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Annexes
Carte 1 : Périmètre du syndicat mixte Avenir Dombes Saône
Figure 5 : L'impact de la présence de l'exploitant sur son étang vis-à-vis de la rentabilité piscicole
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
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Figure 6: La relation entre le rendement et l'empoissonnage de l'étang
Les étangs les mieux empoissonnés (>69kg/ha) possèdent les meilleures rendements. Mais une
augmentation de la quantité d’empoissonnage n’implique pas forcement une augmentation de la
quantité pêchée si elle n’est pas couplée à d’autres paramètres de production (complémentation
alimentaire, présence et surveillance de l’étang).
Figure 7 : L'impact de la complémentation alimentaire sur le rendement de l'étang
La complémentation alimentaire est un élément important pour avoir une bonne pêche, mais pour
qu’elle soit efficace, elle doit être accompagnée d’autres pratiques (quantité d’empoissonnage
importante, bien équiper l’étang, présence sur l’étang).
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
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Composition du comité technique et du comité de pilotage
Composition du comité technique :
-
Maurice Benmergui (ONCFS),
Laurence Bérard (CNRS)
Gilles Cauvin (Chambre d’agriculture de l’Ain)
Samuel Lavieille (Avenir Dombes Saône)
Composition du comité de pilotage :
- Le président (ou son représentant) du syndicat mixte Dombes val de Saône
- Le président (ou son représentant) du conseil général de l’Ain
- Le président (ou son représentant) du conseil local de développement
- Le président (ou son représentant) de la chambre d’agriculture de l’Ain
- Le président (ou son représentant) du syndicat des propriétaires et exploitants
d’étangs
- Le président (ou son représentant) du syndicat de la propriété rurale de l’Ain
- Le président (ou son représentant) du syndicat des propriétaires forestiers
- Le président (ou son représentant) du CAP
- Le président (ou son représentant) de la fédération départementale de la chasse
- Le président (ou son représentant) du groupement des chasses en Dombes
- Le président (ou son représentant) de l’union des offices de tourisme de la Dombes
- Le président (ou son représentant) de l’association des piégeurs de l’Ain
- Le directeur (ou son représentant) de l’antenne local de l’ONCFS
- Le directeur (ou son représentant) de la direction départementale des territoires
- En tant que représentants du monde associatif local : le président de la fondation
Vérot, le président de l’association Crans Environnement
Contribution à une meilleure connaissance des modes de gestion des étangs de la Dombes.
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Contribution à une meilleure
connaissance des modes de gestion
des étangs de la Dombes
Contact :
Syndicat mixte Avenir Dombes Saône
Samuel Lavieille
BP 49
01480 Jassans-Riottier
04 74 09 84 27
s.lavieille@avenir-dombes-saône.fr
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