Renforcer la recherche sur le genre pour améliorer l
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Renforcer la recherche sur le genre pour améliorer l
Renforcer la recherche sur le genre pour améliorer l'éducation des filles et des femmes en Afrique Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 - 2010 Les études contenues dans cette publication ont été rendues possibles grâce au généreux soutien financier de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad). ©FAWE 2011 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Introduction Table des matières Introduction 3 Remerciements 5 Liste des tableaux et des graphiques 9 Liste des abréviations et des acronymes 12 Vue d’ensemble 14 Enseignement primaire : le lien entre les genres de l’élève et l’enseignant et les résultats scolaires 1. Genre et acquisitions scolaires en Afrique francophone : étude sur les performances des élèves dans le cycle primaire du SACMEQ 20 données probantes du projet SACMEQ II 51 Du secondaire au supérieur : les disparités entre les genres en matière d’accès, de 66 participation et d’achèvement 4. Renforcer la recherche sur le genre pour améliorer l'éducation des filles et des femmes au Lesotho, 6. Disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Zimbabwe 68 80 101 Enseignement supérieur : les stratégies de réussite académique et les perspectives de carrières des diplômées 116 en particulier dans les sciences, les mathématiques et la technologie 5. Causes des disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Swaziland 7. Les étudiantes dans les établissements d'enseignement supérieur en Ethiopie : difficultés et stratégies 8. Disparités de genre dans l’enseignement supérieur au Sénégal : défis et perspectives d’avenir 118 133 154 pour les surmonter Conclusion et recommandations de politiques Cependant, malgré le dévouement et l’engagement de la communauté internationale pour aborder les questions liées au genre dans l’éducation à tous les niveaux, les disparités entre les genres sont un rappel constant de l’échec des objectifs et des cibles définis par les conférences, les conventions et les déclarations internationales ratifiées par de nombreux pays africains. 41 3. Relation entre la qualité de l’enseignant et les résultats scolaires des filles dans les écoles primaires africaines : La Déclaration universelle des droits de l’homme ratifiée par les Nations unies en 1948 a élevé l’éducation au rang de droit humain fondamental. Tous les pays d’Afrique subsaharienne l’ont ratifiée comme ils l’ont fait pour l’agenda de l’Education pour Tous (EPT) en 1990 et la Déclaration du Forum mondial sur l’éducation (FME) organisé en 2000 à Dakar au Sénégal. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont un autre instrument pour aborder l’offre d’éducation à tous les niveaux pour éliminer toutes les disparités entre les genres d’ici 2005 et réaliser l’égalité des genres d’ici 2015. 18 2. Disparités entre les genres dans les résultats scolaires de 14 pays africains : données tirées des projets Renforcer la recherche sur le genre en éducation en Afrique Hormis dans quelques pays, l’utilisation de la recherche basée sur des faits pour l’intégration et l’institutionnalisation des questions de genre en Afrique subsaharienne demeure un défi important 1. Les politiques qui affaiblissent la recherche susceptible de produire des données fiables et actualisées sur le genre dans l’éducation en Afrique contribuent à négliger les droits fondamentaux des filles et à faire peu de cas des approches et des stratégies soutenant les droits des filles et des femmes à l’éducation. La faiblesse des interventions basées sur faits ciblant des questions spécifiques aux femmes conduit à un cercle vicieux dans lequel de nombreuses communautés d’Afrique subsaharienne continuent de produire et des femmes faiblement instruites qui engendrent à leur tour des filles faiblement instruites2. FAWE reconnaît la nécessité d’investir dans le développement de la recherche pour renforcer ses travaux de plaidoyer et de démonstration en matière de politiques et de pratiques éducatives. Le lien entre recherche et application est primordial. FAWE s’est par conséquent engagé à utiliser la recherche basée sur des faits non seulement pour démontrer aux responsables et aux décideurs politiques qu’ignorer les besoins éducatifs des femmes a un coût élevé, mais aussi pour instaurer un dialogue constructif avec les gouvernements, les responsables politiques et les instances régionales afin d’influer sur l’adoption d’approches et de stratégies pouvant aider à corriger ces effets négatifs En collaboration avec des chercheuses venant de toute l’Afrique et avec le soutien de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad), FAWE a lancé une initiative qui cherche à contribuer à la production de nouveaux paradigmes de recherche pouvant éclairer à la fois les politiques et les pratiques éducatives. Nous désirons saisir cette occasion pour remercier le Norad de son soutien financier. L’initiative de recherche cherche à offrir une plateforme destinée aux chercheurs universitaires visant à élargir leur engagement et leur influence sur les politiques et les pratiques éducatives à travers la recherche collaborative sur le genre. Elle cherche aussi à soutenir la recherche menée sur et par les femmes africaines pour éclairer le plaidoyer axé vers l’amélioration de l’éducation des filles. A travers ce programme de recherche appliquée, les objectifs du FAWE sont les suivants : • 1 2 2 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 produire des données qualitatives et quantitatives fiables et actualisées sur le genre dans l’éducation en Afrique pour éclairer les politiques et les pratiques en Afrique subsaharienne ; CHEGE F.N., SIFUNA D.N. (2006), Girls’ and women’s education in Kenya: Gender perspectives and trends, Nairobi, UNESCO. ABAGI, G. (2006). Schooling, Education and Underdevelopment in Africa: The Paradox of Western oriented Education in Africa, Nairobi, Romix Services Press Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 3 INTRODUCTION • soutenir les initiatives de plaidoyer basées sur les faits en coordonnant la publication des travaux produits par les chercheuses du réseau en vue de mobiliser les parties prenantes à la sensibilisation des responsables politiques et des praticiens sur la base des conclusions de la recherche. Dans le but de développer un réseau de chercheuses sur le genre sur le continent, FAWE s’est adressé à toutes les chercheuses contribuant déjà au domaine de la recherche sur le genre en Afrique pour mettre leur expertise au service de cette initiative. Un groupe de base de chercheuses très expérimentées venant des cinq institutions régionales ou nationales suivantes a été constitué pour contribuer aux études contenues dans ce volume : • l’association pour le renforcement de l’Enseignement supérieur des femmes en Afrique (ASHEWA) au Zimbabwe; • le Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation (SACMEQ) en collaboration avec l’Université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud ; • le Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar au Sénégal ; • l’Institut d’études sur le genre à Addis Abeba en Ethiopie ; • le Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage (PASEC/CONFEMEN) au Sénégal. Ces partenaires ont mené des recherches sur la relation entre le genre, notamment celui des enseignants/ administrateurs, et les résultats dans les écoles primaires d’un échantillon de pays francophones et anglophones3, sur les barrières à la participation féminine liées au genre dans les enseignements secondaire et supérieur au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe, sur les schémas d’admission et de réussite des étudiantes dans l’enseignement supérieur en Ethiopie et sur l’impact économique résultant de l’orientation des filles vers les filières courtes dans les universités sénégalaises. Les équipes composées par les partenaires de recherche du FAWE ont inclus au moins deux chercheuses mentorées qui étaient dirigées par une chercheuse principale et formées, si nécessaire, à l’analyse des données, à la rédaction des rapports et à la présentation des résultats. La composante du mentorat contribuera à renforcer les capacités de recherche des femmes africaines sur le genre dans l’éducation en Afrique et encouragera davantage de femmes à s’intéresser à ce domaine de recherche. Le FAWE est fier de présenter les conclusions qui ont émergé de la première phase de la recherche. Ces découvertes importantes valident notre travail de plaidoyer ciblant la discrimination exercée à l’égard des femmes qui étudient à tous les niveaux de l’éducation et sous toutes ses formes, physique et sociale. Les études révèlent qu’un nombre important de filles qui entrent dans les établissements d’enseignement primaire, secondaire et supérieur ne parviennent pas à achever leurs études. Un nombre assez important d’entre elles échouent et sont renvoyées en raison des différents types de problèmes qu’elles rencontrent. L’environnement éducatif de nombreux pays africains n’est tout simplement pas adapté ni sensible au genre. Ces conclusions renforcent l’urgence de consolider la recherche sur le genre dans l’éducation en Afrique, afin de produire de nouvelles preuves spécifiques éclairant les politiques et les pratiques. Un second volume de documents de recherche sera publié en 2012 pour continuer à stimuler la réflexion, le dialogue et l’action en faveur de l’égalité des genres dans l’éducation en Afrique subsaharienne. Oley Dibba-Wadda Directrice exécutive 3 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Remerciements Mme Etwin Madungwe, chercheuse mentorée, Zimbabwe FAWE tient à remercier les personnes suivantes pour leur contribution et leur soutien précieux à son initiative de recherche en général et à cette publication en particulier. Etwin Madungwe sert le ministère de l’Education du Zimbabwe depuis plusieurs années. Elle a été enseignante dans l’enseignement secondaire pendant 14 ans et est actuellement formatrice d’enseignant. Elle est également directrice du département ChiShona au Morgan Zintec College et poursuit des études en vue d’un doctorat au département des langues africaines de l’UNISA. Appui et conseils financiers Dr Anne Wetlesen, conseiller principal, département Education et Recherche, Norad Anne Wetlesen a joué un rôle décisif dans la facilitation et la rédaction de l’accord de financement conclu entre le FAWE et Norad et elle a donné des conseils sur la procédure. Norad soutient les travaux du FAWE par le biais d’un étroit partenariat financier depuis 1993. Mme Julia Pulane Lefoka et Dr Thuli J. Nhlengetfwa, ont été les chercheuses principales de l’équipe ASHEWA, respectivement pour le Lesotho et le Swaziland. Ms Ketsiwe Dlamini, Ms Sisana Simelane and Ms Futhi Nhlengetfwa were all members of the Swaziland team as research mentees. Mme Elizabeth Chikwiri a été l’une des chercheuses mentorées de l’équipe du Zimbabwe. Equipes de recherche Association pour le renforcement de l’enseignement supérieur des femmes en Afrique (ASHEWA) Institut d’études sur le genre, Université d’Addis Abeba, Ethiopie Dr Fay Chung, chef d’équipe Fay Chung est l’une des membres fondatrices du FAWE. Elle a exercé de nombreuses fonctions dans le secteur éducatif. Elle a notamment été directrice de la planification de l’éducation au Zimbabwe, directrice de la division Education de l’UNICEF à New York et directrice de l’Institut international de l’UNESCO pour le renforcement des capacités en Afrique. Elle est actuellement conseillère technique principale du ministre de l’Education de Namibie. Dr Emebet Mulugeta, chercheuse principale Dr Margaret Rukuni, chercheuse principale, Zimbabwe Mme Rokia Aidahis, chercheuse mentorée Emebet Mulugeta est professeure associée à l’Institut d’études sur le genre et à l’Institut de psychologie de l’Université d’Addis Abeba où elle enseigne à la fois le genre et la psychologie. Ses domaines de recherche incluent le genre, le développement de l’enfant et l’éducation. Elle est membre du conseil de plusieurs organisations régionales et nationales de la société civile comme le FAWE et le Forum for Social Studies. Rokia Aidahis Aberra est maître de conférence à l’Institut d’études sur le genre de l’Université d’Addis Abeba. Elle est aussi la coordonnatrice régionale de l’Institut régional du projet Genre, Diversité, Paix et Droits qui est un projet collaboratif entre l’Université Ahfad pour les femmes du Soudan, l’Université Mekerere en Ouganda et l’Université d’Addis Abeba en Ethiopie. Margaret Rukuni est une chercheuse et une militante en faveur du genre à l’Université des femmes en Afrique (WUA) et à l’UNIFEM. Elle a travaillé à la Zimbabwe Open University en tant que chercheuse, directrice de la recherche institutionnelle, présidente p.i. des sciences sociales, chargée du développement des programmes et spécialiste de l’orientation. Elle a aussi été maître de conférence à l’Université du Zimbabwe. Le PASEC et SAQMEC ont utilisé des données statistiques existantes pour effectuer leurs analyses 4 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 5 REMERCIEMENTS Mme Aynalem Megersa Gemechu, chercheuse mentorée Aynalem Megersa Gemechu est maître de conférence à l’Institut d’études sur le genre à l’Université d’Addis Abeba en Ethiopie. Elle prépare actuellement un doctorat d’études en subsistance rurale et développement à l’Université d’Addis Abeba. Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN, Université Cheikh Anta Diop, Sénégal Dr Fatou Sarr, chercheuse principale Dr Fatou Sarr est une chercheuse à l’Université IFANCheikh Anta Diop au Sénégal. Elle est la fondatrice et la directrice du Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’université qui apporte un appui financier et technique aux étudiantes chercheuses. Elle est membre du Comité exécutif du FAWE. Mme Lala Diagne, Mme Nogaye Gueye et M. Kader Mane ont été les chercheurs mentorés de l’équipe du Laboratoire Genre. Ils sont basés au Sénégal. Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage (PASEC/CONFEMEN) Mme Vanessa Sy, chercheuse principale Vanessa Sy est analyste des systèmes éducatifs au sein du PASEC. Elle a mené les évaluations des systèmes éducatifs primaires du Congo, de la Côte d’Ivoire et très prochainement du Cameroun. Elle a pu mener différentes études sur la qualité de l’enseignement primaire au Bénin, sur la qualité de l’éducation selon le genre en Afrique francophone et sur l’éducation à la citoyenneté en contexte canadien. Actuellement, Mme Sy travaille sur l’évaluation des pratiques enseignantes en classe dans les évaluations internationales. Mme Sophia Sagna Diouf, chercheuse mentorée Riche d’une expérience de sept années dans le métier du développement, tout particulièrement dans l’éducation et de la formation, Sophia Sagna Diouf a travaillé ces trois dernières années sur la problématique du genre. En 2009-2010, elle a réalisé successivement deux études sur les thématiques du genre et de l’éducation pour le compte de la CONFEMEN et du FAWE ainsi que 6 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e pour l’UA-CIEFFA. En 2011, elle co-signe un rapport pour le Bureau international du travail - Sénégal qui vise à une meilleure prise en compte de la question du genre dans la politique nationale de lutte contre le VIH/sida dans le monde du travail. Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation (SACMEQ)/ Université de Witwatersrand Dr Demus Makuwa, directeur p. i., Centre de coordination du SACMEQ Demus Makuwa a occupé le poste de planificateur principal de l’éducation à la direction de la Planification et du développement du ministère de l’Education de Namibie. Il a travaillé en tant que professeur de lycée, maître de conférence et directeur d’une école communautaire. Ses domaines de recherche incluent l’analyse des politiques éducatives et les études sur l’efficacité scolaire. Il a joué un rôle clé pour faciliter le partenariat de recherche entre le FAWE et l’Université de Witwatersrand dans le cadre de ce projet. Dr Tia Linda Zuze, chef de l’équipe de recherche Tia Linda Zuze a été maître de conférence principal à l’Université de Witwatersrand entre 2009 et 2010. Auparavant, elle a travaillé comme chercheuse résidente et conseillère technique pour l’Institut international de la planification de l’éducation de l’UNESCO. Elle continue de jouer un rôle consultatif auprès des départements régionaux de l’éducation. Mme Esme Chipo Kadzamira, chercheuse principale Esme Chipo Kadzamira est chargée de recherche au Centre pour la recherche et la formation en éducation de l’Université du Malawi. Elle a mené des recherches sur l’analyse des politiques éducatives, l’éducation des filles, le genre et l’éducation et les résultats et la réussite scolaires. Elle prépare un doctorat à la division des études sur le leadership et les politiques du secteur éducatif de l’Université Witwatersrand. Sa thèse porte sur les facteurs d’achèvement du cycle primaire au Malawi. Mme Monica Kiwanuka, chercheuse mentorée Monica Kiwanuka prépare un doctorat au Centre africain pour les migrations et la société à l’Université Equipe de revue par les pairs de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud. Son travail porte sur la migration, la violence liée au genre et l’offre de services ciblant les femmes immigrées victimes d’abus sexuels en Afrique du Sud. Elle a travaillé au sein d’organisations humanitaires en Ouganda dans les domaines du développement communautaire, de l’intégration du genre et de la coordination de l’éducation. Elle a également participé à des programmes sur la violence liée au genre dans les camps de réfugiés, les communautés d’accueil et les zones de retour. Dr N'Dri Thérèse Assié-Lumumba, Professeure, Centre d’étude et de recherche africaines, Université de Cornell N'Dri Thérèse Assié-Lumumba est membre de l’Académie mondiale de l’art et des sciences, chercheuse associée à l’Université de Cocody, co-fondatrice et directrice associée du Centre panafricain d’études et de recherches en relations internationales et en éducation pour le développement (CEPARRED), chercheuse associée à l’Institut pour la Loi sur l’enseignement supérieur et la gouvernance de l’Université de Houston au Texas. Elle a beaucoup publié sur les femmes et l’enseignement supérieur en Afrique. Mme Motseng Maema, chercheuse mentorée Motseng Maema est analyste de programme à l’unité de Planification du ministère de l’Education et la Formation du Lesotho. Ses responsabilités comprennent la mise à jour du Système d’information géographique du Lesotho à l’aide des données du recensement scolaire. Elle a travaillé auparavant au ministère de la Planification et de la Statistique. Elle a été impliquée dans tous les aspects du projet SACMEQ II et a co-rédigé le rapport SACMEQ II du Lesotho. Dr Barbara Ceptus, chercheuse postdoctorale de FAWE 2009/2010 Barbara Ceptus a coordonné la phase I de l’initiative de recherche et a soutenu les travaux des équipes de recherche qui ont contribué à ce volume. Elle a l’expérience de la recherche, de l’enseignement, du renforcement communautaire et élabore des programmes portant sur l’inscription des étudiants sous-représentés dans l’enseignement supérieur. Elle est chargée de cours au Centre Washington de l’Université de Californie et est actuellement directrice adjointe du bureau d’Education multi-ethnique au Collège Park de l’Université du Maryland. Mme Lusanda Ngcaweni, chercheuse mentorée Lusanda Ngcaweni est une rédactrice/réviseuse indépendante et une chercheuse. Elle s’intéresse particulièrement aux questions affectant les femmes et les filles des zones rurales et aimerait changer la façon dont les questions concernant le genre sont traitées dans les médias. Son projet de recherche le plus récent implique des entretiens avec des femmes de zones rurales qui ont des projets d’entreprise pour pourvoir aux besoins de leur famille. Dr Barrel Gueye-Abeidi, chercheuse postdoctorale de FAWE 2010/2011 Barrel Gueye-Abeidi est professeure adjointe en éducation à l’Université East Stroudsburg en Pennsylvanie. Ses domaines de recherche sont le genre et l’éducation, l’éducation multiculturelle, internationale et à la diversité, la recherche qualitative et les fondements socioculturels de l’éducation. Mme Lesego Ramose, chercheuse mentorée Lesego Ramose travaille à la direction de la Recherche, de la Coordination, du Suivi et de l’Evaluation du département national sud-africain de l’Education. Ses domaines de recherche portent actuellement sur la province du Gauteng en Afrique du Sud et incluent les thèmes sur les schémas migratoires et le comportement sexuel des femmes âgées de 15 à 29 ans. Dr Chi-Chi Undie, associée, Population Council Chi-Chi Undie est une associée des Services de santé reproductive et du Programme de recherche du Population Council. Elle a travaillé comme chercheuse scientifique associée au Centre de recherche sur la population africaine et la santé où elle a été l’enquêtrice principale pour différents projets de recherche sur la santé sexuelle et reproductive. Mme Toziba Masalila a été l’une des chercheuses mentorées de l’équipe. Elle travaille au ministère de l’Education du Botswana. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 7 REMERCIEMENTS Dr Ayo A. Coly, Dr Solange Bandiaky et Dr Moses Oketch ont aussi été membres de l’équipe de revue par les pairs. Equipe éditoriale Mme Irmin Durand, chargée de la communication, de la recherche et du plaidoyer du FAWE Irmin Durand est responsable du développement et de la coordination de la communication et des activités de recherche du FAWE. Elle a servi de point focal pour la mise en place de l’initiative de recherche et est la rédactrice en chef des Cahiers de recherche du FAWE. Elle a travaillé à l’UNESCO-IIPE, dans l’édition et comme journaliste. R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Elle a rédigé la section « Vue d’ensemble » avec la contribution d’Irmin Durand. Elle a travaillé comme enseignante de français, chargée de l’élaboration de curricula et inspectrice scolaire chargée de l’enseignement du français au Kenya. Elle a aidé à créer une organisation communautaire qui parraine aujourd’hui plus 30 enfants handicapés pour l’éducation, la thérapie et la chirurgie. Mme Nathalie Montagu, réviseuse, français Nathalie Montagu a assuré la révision de la version française de ce volume ainsi qu’une partie de la traduction. Elle est traductrice indépendante (anglaisjaponais-français) spécialisée dans l’éducation et le développement. Elle a travaillé pour des programmes de l’UNESCO et la BAD comme l’ADEA et le GT-COMED ainsi que pour des ONG comme le FAWE. Mme Miriam Jones, réviseuse, anglais Miriam Jones a assuré la révision de la version anglaise de ce volume. Elle a travaillé à l’Institut international de planification de l’éducation de l’UNESCO, notamment sur sa collection phare « Les principes de la planification de l’éducation » et sur les rapports du Groupe de travail international sur l’éducation entre autres. Elle a aussi été impliquée dans les publications de l’UNESCO sur l’eau et la paix, la bioéthique et les droits de l’homme. M. David Leye, traducteur, français-anglais David Leye a effectué la traduction en anglais des documents de recherche soumis par les équipes de recherche du Laboratoire Genre/IFAN et de PASEC/ CONFEMEN. Il dirige DCL Services, une société de traduction et d’interprétation basée à Dakar au Sénégal. Il a travaillé comme traducteur pendant 13 ans et comme interprète de conférence. Il s’intéresse particulièrement aux questions liées au développement, aux nouvelles technologies et aux arts visuels. Mme Claire Ulrich, traductrice, anglais-français Claire Ulrich a effectué la traduction en français des documents de recherche soumis par les équipes de recherche d’ASHEWA, de l’IGS et de l’Université de Witwatersrand/SACMEQ. Elle est journaliste, réviseuse, traductrice et enseignante pour des ONG basées à Paris en France. Elle plaide actuellement en faveur de l’alphabétisation numérique en Afrique francophone et de la préparation aux urgences et aux catastrophes naturelles à l’aide des nouvelles technologies. Photographie Toutes les images de cette publication ont été reproduites avec l’aimable autorisation de Nancy Wong pour le FAWE. Maquette, mise en page et impression Capital Colours Creative Design Ltd., Mme Lynne Mansure, rédactrice et réviseuse Lynne Mansure a travaillé comme réviseuse et conseillère des documents de recherche de ce volume. 8 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Nairobi, Kenya Liste des tableaux et des graphiques Tableaux Tableau 1.1 Répartition des filles dans les échantillons pour la 2ème et la 5ème année. 23 Tableau 1.2 Récapitulatif de l’échantillon de l’enquête qualitative 25 Tableau 1.3 Scores de fin d’année en français des élèves de 2ème année selon les évaluations PASEC VII, VIII et IX. 26 26 27 Tableau 1.6 Scores de fin d’année en mathématiques des élèves de 5ème année selon les évaluations PASEC VII et VIII 27 Tableau 1.7 Occurrences des effets de certains facteurs sur les acquis en français et en mathématiques des filles et des garçons dans onze pays d’Afrique en 2ème année du cycle primaire 30 Tableau 1.8 Occurrences des effets de certains facteurs sur les acquis en français et en mathématiques des filles et des garçons dans onze pays d’Afrique en 5ème année du cycle primaire 31 Tableau 1.9 Fréquence des redoublements selon la classe évaluée et selon le genre de l’élève 32 Tableau 1.10 % d’élèves (garçons et filles) effectuant des travaux extra scolaires en 5ème année (dans les neuf pays d’Afrique étudiés) 32 Tableau 1.11 % d’élèves de 5 année effectuant des travaux extra scolaires en milieu urbain et rural (dans les neuf pays d’Afrique étudiés) 32 Tableau 1.12 Récapitulatif des facteurs influents et de leurs effets selon le genre de l’élève 36 Tableau 1.13 Répartition des chefs de classe camerounais observés en fonction des tâches qu’ils assurent et de leur genre 37 Tableau 1.14 Répartition des chefs de classe sénégalais observés en fonction des tâches qu’ils assurent et de leur genre 37 Tableau 1.15 Coefficients de corrélation, SACMEQ II 47 Tableau 1.16 Caractéristiques des élèves, SACMEQ II 49 Tableau 1.17 Comparaison des moyennes obtenues en lecture et en mathématiques selon le lieu de résidence des filles les plus pauvres, SACMEQ II 49 Tableau 1.18 Profil des enseignants de lecture et de mathématiques de niveau 6 56 Tableau 1.19 Pourcentage total des femmes enseignant au niveau 6 par rapport au nombre total des enseignants de niveau 6 selon la matière et la situation géographique 56 Tableau 1.20 Comparaison des résultats en lecture et en mathématiques des enseignants de niveau 6 selon le genre de l’enseignant, SACMEQ II 59 Tableau 1.21 Comparaison des scores moyens en lecture et en mathématiques des enseignants selon le genre et la situation géographique, SACMEQ II 60 Tableau 2.1 104 Tableau 1.4 Scores de fin d’année en mathématiques des élèves de 2 évaluations PASEC VII et VIII. ème Tableau 1.5 Scores de fin d’année en français des élèves de 5 PASEC VII, VIII et IX. ème année selon les année selon les évaluations ème Inscriptions dans les universités, les instituts de technologie et les instituts de formation des enseignants au Zimbabwe en 2009 Tableau 2.2 Université du Zimbabwe – Nombre d’étudiants inscrits par sexe et faculté en 2006 105 Tableau 2.3 Répartition des étudiantes par faculté à l’Université NUST en 2006 109 Tableau 2.4 Les étudiantes en faculté de production industrielle de l’Université NUST en 2007 110 Tableau 3.1 Inscriptions dans le premier cycle de l’enseignement supérieur des établissements publics et privés (2003/2004-2007/2008) 119 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 9 L iste des tableaux et des graphiques R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Tableau 3.2 Admission et obtention du diplôme dans les établissements d'enseignement supérieur au cours de 5 années Graphique 2.14 : Qui paie les frais de scolarité des étudiants du SCOT? 96 123 Nombre d'étudiantes interrogées par université Graphique 2.15 : Résultats en mathématiques des étudiants du SCOT 96 Tableau 3.3 124 Distribution des répondantes par âge Graphique 2.16 : Résultats en anglais des étudiants du SCOT 96 Tableau 3.4 124 Structures de l’étude Graphique2.17 : Statut matrimonial des étudiants interrogés au NCN 97 Tableau 3.5 137 Effectif des filles et des garçons dans le 1er cycle de l’enseignement supérieur en 2008 Graphique 2.18 : Ventilation par âge des étudiants interrogés au NCN 97 Tableau 3.6 139 Répartition des étudiants dans les différentes universités publiques Graphique 2.19 : Ventilation par sexe des étudiants interrogés au NCN 97 Tableau 3.7 141 Répartition des étudiants selon le sexe et le cycle à l’UGB en 2008 144 Graphique 2.20 : Qualifications les plus élevées des filles à NCN 98 Tableau 3.8 Représentation des filles dans les différentes filières à Ziguinchor en 2008 Graphique 2.21 : Qualifications les plus élevées des garçons au NCN 98 Tableau 3.9 144 Tableau 3.10 Représentation des filles dans les différentes filières au CUR Bambey en 2008 Graphique 2.22 : Critères du choix de l'école secondaire 98 145 Tableau 3.11 Représentation des filles dans les différentes filières à Université de Thiès en 2008 Graphique 2.23 : Abandon de l'école au décès d'un parent 99 145 Graphique 2.24 : Cas de viols rapportés 99 Graphique 2.25 : Nombre d’heures consacrées aux tâches ménagères par jour 100 Graphique 2.26 : Règlement des frais de scolarité 100 Graphique 3.1 : Difficultés sociales rencontrées par les étudiantes 126 Graphique 3.2 : Analyse longitudinale de l’effectif des inscrits au baccalauréat de 2001 à 2009 139 Graphique 3.3 : Effectif des bacheliers selon la série et le sexe en 2007 140 Graphique 3.4 : Répartition des étudiants par secteur 140 Graphique 3.5 : Répartition des effectifs dans les universités 141 Tableau 3.12 Répartition des étudiants dans les écoles nationales de formation professionnelle enquêtées en 2008 148 Graphiques Graphique 1.1 : Relations entre le score en français et en mathématiques par genre (5ème année) 28 Graphique 1.2 : Répartition des élèves par niveaux de connaissance en fin de 5ème année du primaire pour l’ensemble des onze pays de l’étude 29 Graphique 1.3 : Résultats des examens relatifs à la lecture ventilés par genre 44 Graphique 1.4 : SACMEQ II – Différences selon les matières 46 Graphique 1.5 : Différences des statuts socio-économiques des élèves dans les pays du SACMEQ 46 Graphique 1.6 : Résultats scolaires et statuts socio-économiques 47 Graphique 1.7: Qualifications académiques des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre 57 Graphique 1.8: Qualifications professionnelles des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre 58 Graphique 1.9: Expérience professionnelle des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre 58 Graphique 1.10: Résultats des filles en fonction de la compétence de l’enseignant 61 Graphique 1.11: Résultats des filles en fonction de la qualification académique des femmes enseignantes 62 Graphique 1.12: Résultats des filles en mathématiques en fonction des qualifications professionnelles de l’enseignant 62 Graphique 1.13: Relation entre l’expérience de l’enseignement et les performances des filles 63 Graphique 1.14: Qualité de l’enseignant et résultats en mathématiques selon le genre dans les écoles primaires au Kenya, SACMEQ II 63 Graphique 2.1 : Résultats en mathématiques des étudiants du NCN 91 Graphique 2.2 : Résultats en sciences des étudiants du NCN 91 Graphique 2.3 : Résultats en géographie des étudiants du SCOT 92 Graphique 2.4 : Résultats en comptabilité des étudiants du SCOT 92 Graphique 2.5 : Résultats en physique des étudiants du NCN 93 Graphique 2.6 : Les recommandations des étudiant de l’école d’infirmières de Nazarene pour améliorer les mathématiques et les statistiques 93 Graphique 2.7 : Problèmes des étudiants entrainant l’abandon au SCOT 93 Graphique 2.8 : Les étudiants du SCOT suggèrent d’améliorer les mathématiques et les statistiques 94 Graphique 2.9 : Age des étudiants du SCOT 94 Graphique 2.10 : Statut matrimoniale des étudiants interrogés au SCOT 94 Graphique 2.11 : Etudiants interrogés au SCOT répartis par genre 95 Graphique 2.12 : Problèmes des étudiants du NCN affectant leurs progrès 95 Graphique 2.13 : Lieu de résidence des étudiants du SCOT 95 10 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Graphique 3.6 : Répartition des filles par filière au 1 cycle à l’UCAD en 2008 141 er Graphique 3.7 : Répartition des étudiants selon le sexe par filière, au 3 ème cycle à l’UCAD en 2008 142 Graphique 3.8 : Répartition des étudiants selon le sexe et le cycle à UGB en 2008 143 Graphique 3.9 : Effectif des étudiants du privé par filière en 2008 146 Graphique 3.10 : Répartition des filles par filière dans le 1 cycle en 2008 146 er Graphique 3.11 : Répartition des filles par filière au 3 ème cycle en 2008 147 Graphique 3.12 : Répartition des étudiants selon le sexe et la filière dans les écoles de formation professionnelle 2008 148 Graphique 3.13 : Evolution des écoles privées d'enseignement supérieur 149 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 11 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Liste des abreviations et des acronymes TBS Taux brut de scolarisation UA-CIEFFA Centre international pour l'education des filles et des femmes en Afrique de l'Union Africaine UCAD Université Cheikh Anta Diop UGB Université Gaston Berger de St. Louis UNESCO Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture UNICEF Fonds des Nations unies pour l’enfance UNISA Université de l’Afrique du Sud UNISWA Université du Swaziland ADEA Association pour le développement de l’éducation en Afrique ANSD Agence nationale de statistique et de la démographie ASHEWA Association pour le renforcement de l’enseignement supérieur des femmes en Afrique BAD Banque africaine de développement CEPARRED Centre panafricain d’études et de recherches en relations internationales et en éducation pour le développement CONFEMEN Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage VIH Virus d’immunodéficience humaine DANIDA Agence danoise pour le développement international WITS Université de Witwatersrand DPRE Direction de la planification et de la réforme de l’éducation WUA Université des femmes en Afrique EPT Education pour Tous FAWE Forum des éducatrices africaines FME Forum mondial sur l’éducation GT-COMED Groupe de travail sur la communication pour l'education et le développement IFAN Institut fondamental d’Afrique noire IGS Institut d’études sur le genre IIPE Institut international de planification de l’éducation IMOA Initiative de mise en œuvre accélérée de l’EPT ou Initiative Fast Track IPS Indice de parité entre les sexes Labo Genre Laboratoire Genre et Recherche scientifique ME Ministère de l’Education MESAC Ministère de l’Education, des Sports, des Arts et de la Culture MESP Ministère de l’Enseignement supérieur et professionnel NCC Centre national des curricula NCN Ecole d’infirmières de Nazarene NUST Université nationale des sciences et de technologie OEV Orphelins et enfants vulnérables OMD Objectifs du Millénaire pour le développement ONG Organisation non gouvernementales PASEC Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN PDEF Programme décennal de l’éducation et de la formation PDSE Programme de développement du secteur de l’éducation REM Ratio maître-élèves ROCARE Réseau Ouest et Centre africain de recherche en éducation SADC Communauté de développement d’Afrique australe SACMEQ Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation SCOT Collège technologique du Swaziland SHAPE Schools HIV and AIDS Programme Sida Syndrome d’immunodéficience acquis 12 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 13 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Vue d’ensemble Les disparités existant entre les genres en matière d’accès, de rétention et de performances au sein du secteur éducatif d’Afrique subsaharienne nous rappellent que la majorité des pays africains n’ont pas atteint les cibles définies par les conférences, les conventions et les déclarations internationales, en particulier le deuxième Objectif du Millénaire pour le développement, qui visait la parité en matière de scolarisation dans l’enseignement de base. Aujourd’hui, plus de la moitié des enfants déscolarisés sont des filles et plus de deux tiers de la population analphabète sont des femmes . Il est nécessaire de mener des actions de plaidoyer continues pour s’assurer que les filles et les femmes bénéficient des mêmes opportunités que leurs homologues masculins pour apprendre et être des membres actifs et productifs des sociétés. Faute d’interventions basées sur des faits qui ciblent les questions spécifiques aux femmes, le cercle vicieux des stéréotypes de genre compromettant la participation des filles et des femmes à l’éducation continuera. Cependant, la recherche sur le genre en éducation en Afrique est très limitée. Cela constitue des défis importants en ce qui concerne l’utilisation des résultats de la recherche pour intégrer et institutionnaliser les questions relatives au genre dans les politiques et les pratiques éducatives. La majorité des universités africaines luttent toujours dans le domaine de la recherche sur le genre, tandis que les gouvernements africains sont confrontés aux défis pratiques liés à l’adoption d’approches adaptées au genre dans l’éducation. Reconnaissant la nécessité d’actions de plaidoyer en faveur du genre dans l’éducation basées sur des faits, la FAWE a créé une initiative de recherche sur le thème « Renforcer la recherche sur le genre afin d’améliorer l’éducation des filles et des femmes en Afrique. Lancée en 2009, l’initiative vise à améliorer l’éducation des femmes à travers l’intégration du genre dans les politiques et les pratiques éducatives à l’aide des résultats de la recherche sur le genre menée sur et par des chercheuses africaines. L’une des composantes clés de l’initiative de recherche est le développement d’un réseau de chercheuses expérimentées en Afrique qui sont position de définir collectivement l’agenda sur le genre et l’éducation. Le FAWE a ainsi noué des partenariats avec les chercheuses de cinq institutions nationales et régionales qui ont entrepris les études qui composent ce volume. Les travaux conduits dans le cadre de cette initiative sont résumés ci-dessous. Le genre et les résultats scolaires dans l’enseignement primaire Le PASEC/CONFEMEN (Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN) a mené une recherche sur la relation entre le genre des enseignants/ administrateurs et les résultats des filles en lecture et en mathématiques dans les écoles primaires d’Afrique occidentale et centrale francophones. L’étude du PASEC/CONFEMEN a découvert qu’il existe des écarts entre les résultats d’apprentissage des filles et ceux des garçons et que ces écarts s’élargissent tout au long de leur scolarité. Au niveau 2, les résultats des garçons et des filles aux épreuves de français et de mathématiques ne différaient pas de manière significative : les résultats des garçons étaient meilleurs que ceux des filles seulement au Burkina Faso et au Cameroun. Cependant, au niveau 5, les filles ont obtenu des scores plus bas que les garçons en mathématiques dans sept des onze pays étudiés. De plus, les observations faites en classe et les entretiens avec les enseignants, les administrateurs, les élèves et les parents ont montré que les écoles participent à la reproduction des stéréotypes de genre de deux manières importantes : en confiant des rôles traditionnels aux garçons et aux filles et par la structure de « pouvoir » des écoles dans lesquelles la majorité des directeurs d’établissement sont des hommes et la plupart des enseignantes sont concentrées dans les niveaux d’éducation les plus bas. La recherche suggère que l’école est un « instrument de maintien de l’ordre social » et ces conclusions démontrent la nécessité d’une composante de genre forte dans la formation initiale et continue des enseignants. Il faut également accorder davantage d’attention aux questions de genre dans 1 UNESCO 2011. Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous 2011 – La crise cachée : les conflits armés et l’éducation. Paris. 2 UNESCO-BREDA, Quality Education for All in Africa: UNESCO's response, Dakar, 2010 14 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 de l’école. Cependant, dans certains pays, aucune différence n’a été constatée dans les performances des filles qui avaient une enseignante ayant des qualifications élevées et celles dont l’enseignante avait de faibles qualifications. Cela soulève la question de savoir si les enseignants qualifiés améliorent forcément les performances de leurs élèves. Une recherche plus approfondie est nécessaire pour trouver la réponse à cette question et à d’autres. les travaux de recherche à travers des comparaisons basées sur le genre des élèves, des enseignants et des directeurs. L’Université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud, en collaboration avec le SACMEQ, a mené deux études sur les données collectées dans les écoles primaires de l’Afrique australe et orientale. La première étude visait à évaluer le genre et la qualité de l’éducation, tandis que la seconde portait centrée sur la relation entre la qualité de l’enseignant et les performances scolaires des filles. Les disparités entre les genres en matière d’accès, de participation et d’achèvement dans l’enseignement secondaire ASHEWA a mené une étude en trois volets sur les disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe. Au Lesotho et au Zimbabwe, l’étude a accordé une importance particulière aux sciences, aux mathématiques et à la technologie. Bien que la recherche d’ASHEWA dans les trois pays se soit davantage intéressée à l’enseignement supérieur, elle a néanmoins produit des preuves claires du désavantage affectant les filles dans les écoles secondaires, en particulier dans le domaine des sciences, des mathématiques et de la technologie et du taux élevé d’abandon pour cause de grossesse. L’étude SACMEQ/Université de Witwatersrand a découvert que les filles étaient en retard sur les garçons dans les tests de lecture dans sept des pays enquêtés pendant la phase SACMEQ I de collecte des données, à l’exception du Zimbabwe où les filles réussissaient légèrement mieux que les garçons et de l’île Maurice où les filles réussissaient beaucoup mieux que les garçons. Pendant la phase SACMEQ II de collecte des données, les scores aux tests de lecture et de mathématiques ont été évalués. Les filles ont mieux réussi aux tests de lecture dans huit des quatorze pays étudiés, tandis que les garçons ont surpassé les filles en mathématiques dans neuf des quatorze pays. Dans deux tiers des pays, les scores des filles en mathématiques étaient plus bas que leurs scores en lecture. De manière générale cependant, tous les pays n’ont pas révélé un désavantage lié au genre dans le cycle primaire et quelques schémas ont émergé en termes de groupes géographiques et de pays aux histoires similaires. Cela suggère que les questions d’équité de genre et de scolarisation sont localisées et qu’il faut examiner le contexte unique de chaque pays. Dans l’enseignement secondaire au Lesotho, seuls 35 pour cent des enfants en âge d’aller à l’école secondaire étaient inscrits, mais les filles représentaient plus de la moitié (56 pour cent) des élèves de l’enseignement secondaire. Néanmoins, les biais de genre affectent toujours gravement l’expérience d’apprentissage des filles, en particulier en sciences et en mathématiques et aussi bien dans les écoles mixtes que dans les écoles de filles. Au Lesotho, les filles ont trouvé que les sciences étaient les matières les plus difficiles et ont fait observer que les femmes qui choisissaient d’étudier les sciences à l’université réussissaient rarement. La faible estime de soi des filles les empêchait d’apprécier les matières scientifiques. Les parents ont été critiqués pour contribuer au sentiment de leurs filles qui se sentent menacées par les mathématiques. Les étudiants de sexe masculin pensaient que les filles n’avaient aucun intérêt, peu de compétences et une confiance en elle insuffisante en sciences et en mathématiques. L’étude a recommandé des cours de remise à niveau et des activités après la classe entre autres stratégies pour aider les élèves filles à réussir dans ces matières. En ce qui concerne la qualité de l’enseignant et les performances des filles, l’étude de sept pays a montré que les enseignantes constituent moins de la moitié des enseignants de niveau 6 en lecture et en mathématiques. En général, une proportion plus élevée d’enseignantes que d’enseignants a suivi l’enseignement secondaire ou supérieur selon la situation géographique de l’école, mais les découvertes révèlent que contrairement à la croyance générale, ce sont les hommes qui dominent dans l’enseignement primaire. Ils ont aussi des compétences dans les matières relativement plus élevées en mathématiques et en lecture que leurs homologues féminines selon la situation géographique Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 15 V ue d ’ ensemble Au Swaziland où les filles représentent 50 pour cent des inscrits dans l’enseignement secondaire, on a constaté que le nombre limité d’établissements d’enseignement supérieur décourage l’esprit d’apprentissage dans l’enseignement secondaire et que de nombreux jeunes quittant l’école aspirent à entrer dans l’armée et dans la police plutôt que de se battre pour obtenir les quelques places disponibles dans l’enseignement supérieur. En outre, on constate le taux élevé d’abandon des orphelins, des filles enceintes et des autres enfants en situation vulnérable. Le rapport de recherche sur le Swaziland appelle à prendre des mesures pour répondre à la situation critique de ces enfants et permettre aux filles enceintes de poursuivre leurs études. Bien que le Zimbabwe ait incorporé le Protocole de la SADC sur le genre dans l’éducation qui cible l’égalité de l’accès et de la rétention à tous les niveaux de l’éducation, y compris dans les enseignements professionnel et non formel, des disparités importantes entre les genres existent dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Les filles représentaient presque 50 pour cent des inscrits du premier cycle de l’enseignement secondaire en 2009, mais seuls 42 pour cent de ceux du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, ce qui suggère un taux de déperdition significatif avant les deux années finales de l’enseignement secondaire et la transition vers l’enseignement supérieur. Les écoles secondaires échantillonnées n’avaient pas de politique ou de système de quotas pour les filles. De plus, les enseignants des écoles secondaires n’avaient pas connaissance des politiques de discrimination positive pour accroître l’accès dans l’enseignement supérieur des filles et, par conséquent, ne conseillaient pas les élèves filles sur la façon de bénéficier de ces politiques, aggravant encore les problèmes de transition. Tout comme au Swaziland, le taux d’abandon scolaire dû aux grossesses au Zimbabwe est significatif. 71 pour cent des étudiants de l’échantillon connaissaient au moins une fille qui avait arrêté l’école à cause d’une grossesse, mais 17 pour cent seulement connaissaient une mère en âge d’être scolarisée retourner à l’école après avoir accouché. Cela indique que la santé sexuelle et reproductive ne reçoit pas suffisamment d’attention dans les écoles secondaires. La recherche suggère qu’une approche adoptant une perspective familiale et communautaire pourrait avoir un impact positif. 16 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Les stratégies en faveur de l’équité et de la réussite académique dans l’enseignement supérieur Outre les recherches menées par ASHEWA sur l’enseignement supérieur, l’IGS de l’Université d’Addis Abeba a mené une étude sur les schémas d’admission et de réussite des étudiantes dans l’enseignement supérieur en Ethiopie. Au Sénégal, le Laboratoire Genre et Recherche Scientifique de l’Université Cheikh Anta Diop a examiné l’impact économique résultant de l’orientation des filles vers les filières courtes dans les universités nationales. Des évolutions positives dans l’enseignement supérieur ont émergé de toutes ces études. Au Lesotho, en 2003, les femmes représentaient 61 pour cent des étudiants de l’enseignement supérieur. Au Swaziland, les femmes représentent 49 pour cent des étudiants inscrits à l’Université du Swaziland, tandis qu’au Zimbabwe, l’Université des femmes en Afrique (WUA) a réussi à accroître l’inscription des femmes à 85 % de l’ensemble des inscrits. En Ethiopie, le gouvernement a mis en place un programme de discrimination positive grâce auquel les femmes sont admises dans l’enseignement supérieur avec une note moyenne plus basse que celles requises des étudiants de sexe masculin. Cela a accru le taux de scolarisation des femmes dans les établissements d’enseignement supérieur éthiopiens. L’étude du Laboratoire Genre a révélé une tendance intéressante selon laquelle les établissements d’enseignement supérieur privés au Sénégal répondent aux besoins spécifiques des femmes, attirant ainsi un grand nombre de femmes. Malgré ces tendances positives, un certain nombre de problèmes subsistent. En ce qui concerne les politiques de genre, dans la plupart des cas, les établissements d’enseignement qui ont fait l’objet de la recherche n’avaient pas de politique de genre clairement définie et les chercheurs ont recommandé de formuler et de mettre en œuvre ce type de politique et d’informer les étudiantes de leur existence. Des bureaux Genre doivent être créés ou renforcés quand ils existent. établissements prépare vraiment les diplômées à entrer sur le marché du travail. Le pourcentage des femmes inscrites en sciences à l’Université du Swaziland est de 30 pour cent et de 4 seulement pour cent en ingénierie automobile. Au Zimbabwe, les femmes représentent un pourcentage plus faible dans toutes les facultés. Les pourcentages les plus faibles sont en agriculture (28,8 pour cent), en études vétérinaires (26 pour cent), en sciences (25,3 pour cent), en commerce (23,2 pour cent) et en ingénierie (6,2 pour cent). Des études plus approfondies sont nécessaires pour déterminer les raisons de la sous-représentation des femmes en sciences et en technologie. S’engager dans le dialogue pour influencer les politiques Les documents de recherche rassemblés dans ce volume ne représentent que la première phase de l’initiative de recherche du FAWE. Au fil du temps, la somme des recherches produites par les partenaires de recherche du FAWE soutiendra les efforts du FAWE pour : L’Ethiopie est un cas intéressant. Malgré le programme de discrimination positive, les femmes continuent de souffrir de différents problèmes, notamment le harcèlement sexuel, et de nombreuses bénéficiaires de la discrimination positive n’achèvent pas leurs études en raison de leur faible niveau académique et de problèmes sociaux. Cela démontre qu’il ne suffit pas de mettre un programme de discrimination positive en place pour garantir l’équité. En d’autres termes, toute politique de discrimination positive doit être accompagnée d’une stratégie de mise en œuvre pour épauler les bénéficiaires. • Le dialogue constructif avec les responsables et les décideurs politiques sur les inégalités actuelles entre les genres qui empêchent les filles et les femmes d’exercer leur droit à l’éducation ; • Démontrer aux responsables nationaux et communautaires le coût élevé encouru par les sociétés qui ignorent les besoins éducatifs des femmes et ; • Sensibiliser les gouvernements, les responsables politiques et les instances régionales pour influer sur les approches et les stratégies pouvant aider à corriger les effets négatifs de ces inégalités. Les membres du FAWE sont composés de femmes qui sont ministres et vice-ministres de l’Education, vicerectrices et vice-rectrices adjointes, responsables politiques de haut niveau, éducatrices et chercheuses éminentes. Elles peuvent aider à faire avancer les résultats et les recommandations formulées dans ces études et dans d’autres d’un pas supplémentaire en plaidant pour leur traduction en mesures concrètes à tous les niveaux de l’éducation en Afrique subsaharienne. De telles mesures sont cruciales si l’Afrique veut répondre aux défis de développement du vingt et unième siècle. L’étude du Laboratoire Genre sur le Sénégal fait écho aux nombreux problèmes existant dans les établissements d’enseignement supérieur africains. Les universités publiques admettent un nombre croissant d’étudiants sans augmentation correspondante de leurs équipements. En outre, ces universités ne prennent généralement pas en compte les besoins spécifiques des femmes. D’un autre côté, les établissements privés offrent un exemple de pratiques éducatives que les universités publiques devraient suivre. Ces établissements ont diversifié leurs curricula et proposent des horaires de cours flexibles aux femmes qui travaillent et qui sont mariées. Cependant, les frais facturés sont trop élevés pour la majorité des femmes. Une recherche plus approfondie est nécessaire pour déterminer si l’enseignement offert par ces D’une manière générale, les femmes continuent d’être sous-représentées en sciences et en technologie au niveau de l’enseignement supérieur. Au Lesotho, alors que les femmes représentent la majorité des inscrits dans les facultés de sciences de l’éducation, de lettres et des arts et de la santé et du bien-être, elles sont minoritaires en sciences et en agriculture. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 17 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Le lien entre les genres de l’élève et de l’enseignant et les résultats scolaires Dans plusieurs pays d’Afrique, une proportion élevée d’enfants en dernière année d’école primaire n’a pas acquis le niveau de compétence de base lui permettant de savoir lire, écrire et compter correctement. Pour les filles, le désavantage dont elles souffrent en matière d’accès à l’enseignement primaire est tout aussi évident au regard de leurs résultats scolaires. En mathématique, par exemple, leurs performances sont inférieures à celles des garçons, même dans les sociétés les plus avancées du continent. recueillies à partir d’évaluations nationales au niveau de l’enseignement primaire dans un certain nombre de pays francophones et anglophones. Leurs analyses quantitatives ont souligné les différences dans les scores moyens obtenus aux épreuves de lecture et de mathématiques entre les filles et les garçons, qui sont en défaveur des filles, ainsi que les facteurs influant sur les différentiels, qui sont plus marqués à mesure que les enfants progressent dans le cycle primaire. L’approche qualitative de PASEC/CONFEMEN a exploré les considérations sociales créant des différences entre les filles et les garçons et pouvant influencer les résultats d’apprentissage des élèves. L’Université de Witwatersrand/SACMEQ a étudié les effets du milieu socio-économique des élèves sur l’équité en matière de genre à l’école et a exploré la relation entre le genre de l’enseignant, la connaissance de la matière enseignée et le rôle joué par ces facteurs dans les disparités entre les genres en matière de résultats. Quelle est la relation entre le genre d’un élève et sa réussite scolaire ? Quels sont les facteurs contribuant aux écarts entre les acquisitions scolaires des filles et celles des garçons ? Quelle est la relation entre le genre de l’enseignant et ses connaissances ? Existe-t-il un lien entre la présence d’enseignantes compétentes dans un établissement d’enseignement et la performance des filles ? Existe-t-il un schéma de ces relations et de ces facteurs dans les pays africains ? Les conclusions des deux équipes de recherche plaident en faveur d’une plus grande sensibilisation au genre dans la formation des enseignants et d’une intégration plus étroite des perspectives locales dans la formulation des politiques nationales d’éducation. Les études menées par PASEC/CONFEMEN et l’Université de Witwatersrand/les équipes de recherche du SACMEQ se sont concentrées sur la qualité de l’apprentissage et les désavantages des filles. Les deux équipes ont analysé les données Enseignement primaire : le lien entre les genres de l’élève et de l’enseignant et les résultats scolaires Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 19 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e niveau de vie, la fréquence des réunions et le fait d’être un enfant confié sont des facteurs qui agissent sur l’apprentissage des élèves, filles et garçons confondus ; Programme d’analyse des systèmes de la Conférence des ministres de l’Éducation ayant le français en partage (PASEC/CONFEMEN) 1 Genre et acquisitions scolaires en Afrique francophone : étude sur les performances des élèves dans le cycle primaire RÉSUMÉ Ainsi, l’accès des filles à l’école reste encore aujourd’hui problématique, même s’il est indéniable que des progrès ont été accomplis dans le cycle primaire 20 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 La CONFEMEN (Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage) et le FAWE (Forum des éducatrices africaines) se sont associés pour mener une étude sur le thème du genre et des acquis scolaires dans le cycle primaire. La présente étude se base sur les données de onze pays d’Afrique francophones collectées lors d’évaluations nationales par le PASEC (Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN) entre 2004 et 2009. L’analyse statistique des données sur les élèves, les enseignants et les directeurs révèle des différences en matière de réussite scolaire entre les filles et les garçons. Ces inégalités d’apprentissage s’expliquent par des facteurs scolaires et extrascolaires. Sur le plan quantitatif, les résultats de l’étude nous montrent que : • les filles ont des résultats scolaires inférieurs à ceux des garçons en mathématiques et cet écart s’accentue au cours de la scolarité ; • L’absentéisme des enseignants, la taille élevée des classes, l’alphabétisation des parents, le fait de parler la langue d’enseignement à la maison, et le fait de se trouver en zone rurale sont des facteurs influant sur la réussite scolaire des filles ; • Le redoublement, les travaux extrascolaires, l’aide aux devoirs à la maison, l’équipement de la classe, le • Le genre et la formation de l’enseignant présentent des effets contrastés ; • On observe de grandes disparités dans la répartition des enseignants et des directeurs selon le genre Ainsi, plus on avance dans le cycle primaire, moins on trouve d’enseignantes, car elles sont concentrées dans les petites classes. De même, les directrices sont largement sous-représentées par rapport aux directeurs dans le système éducatif primaire. Au-delà de l’accès, la question de la qualité de l’éducation reste également préoccupante. De rares études menées en Afrique montrent que les filles seraient désavantagées en termes d’acquisitions scolaires. C’est dans la perspective de mieux appréhender les écarts en matière de réussite scolaire entre les filles et les garçons dans l’enseignement primaire que la CONFEMEN a mené une analyse sur les données d’évaluations du PASEC recueillies dans onze pays d’Afrique francophones : Bénin, Tchad, Burkina Faso, Madagascar, Congo, Sénégal, Gabon, Cameroun, Côte d’Ivoire, Burundi, Comores. Cette étude tente donc de déterminer quels peuvent être les facteurs qui déterminent la réussite scolaire des filles dans le cycle primaire en Afrique. Afin de compléter l’analyse des données des évaluations du PASEC, une étude qualitative a été conduite au Sénégal et au Cameroun au travers d’entretiens et d’observations de classes. Cette étude complémentaire a permis d’explorer certaines pistes de réflexion concernant les interactions entre les élèves, les enseignants et les directeurs à l’école. Ainsi, l’analyse sociologique montre que l’école participerait à la fabrication des différences entre les genres en reproduisant les stéréotypes associés aux sexes et par conséquent, si l’école est un instrument puissant de transformation des rapports sociaux en général, elle s’apparenterait plutôt à un instrument de maintien d’un ordre social en ce qui concerne le genre. Cette étude montre enfin qu’il faudrait étudier davantage les questions relatives au genre dans les évaluations, en veillant à prendre en compte dans les analyses la comparaison des élèves, des enseignants et des directeurs selon leur genre. Cette problématique sous-tend plusieurs aspects: les résultats des filles et des garçons aux tests d’apprentissage, les processus et les facteurs agissant sur les apprentissages des élèves et la manière dont ces apprentissages sont véhiculés par les enseignants. L’analyse des acquisitions scolaires selon le genre doit tenir compte des rôles assignés et associés aux filles et aux garçons pour expliquer l’apprentissage différencié des élèves. Une simple analyse statistique des résultats des élèves et des facteurs leur étant associés ne saurait donner des indications sur les interactions et les représentations sociales que les enseignants ont sur leurs élèves ainsi que sur l’image, le rôle et le statut qu’ils véhiculent à leurs élèves selon leur genre. Pour prendre en considération tous ces aspects, l’étude se base donc sur une double analyse : 1. une analyse quantitative basée sur une méthodologie statistique afin de mettre en évidence les écarts de moyenne entre les filles et les garçons et dégager les facteurs pouvant influencer la variance des résultats des élèves ; INTRODUCTION L’Education primaire pour tous d’ici 2015 est un enjeu important pour la communauté internationale comme pour les pays émergents, notamment en ce qui concerne la parité de genre dans l’éducation. Dixhuit pays d’Afrique subsaharienne ont encore moins de 90 filles scolarisées pour 100 garçons1. L’accès limité des filles à l’école est particulièrement préoccupant en Afrique subsaharienne où 72 % des filles non scolarisées n’ont jamais été à l’école contre 55 % des garçons2. Ainsi, l’accès des filles à l’école reste encore aujourd’hui problématique, même s’il est indéniable que des progrès ont été accomplis dans le cycle primaire. 2. et une analyse qualitative basée sur une méthodologie sociologique afin d’explorer les questions liées aux représentations sociales des acteurs de l’éducation pouvant influer sur les acquisitions scolaires des élèves. 1. REVUE DE LA LITTERATURE / HYPOTHESES En Afrique subsaharienne, en 2007, le taux d’achèvement du cycle primaire des filles n’était que de 60 % contre 1 Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous (2003/2004), UNESCO, Paris. 2 Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous (2009), UNESCO, Paris. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 21 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE 70 %3 pour les garçons, ce qui montre que les filles sont plus souvent retirées de l’école en cas d’échec scolaire. M. F. Lange et J. Y. Martin4 le démontrent notamment en expliquant que les parents retirent plus facilement leur fille de l’école en cas d’échec pour la faire travailler dans de petites activités commerciales, pour la marier ou pour aider aux tâches domestiques. De plus, les familles considèrent que le garçon est le gardien des biens de la famille et ils vont donc beaucoup plus favoriser la scolarisation du garçon. L’étude d’A. Mingat (2006) effectuée sur quarante et un pays en Afrique subsaharienne indique que les disparités de genre existent au détriment des filles. En termes d’achèvement de l’enseignement primaire, pour 100 garçons qui achèvent le primaire, on ne compte que 87 filles. Pour compléter cette analyse, le retard des filles par rapport aux garçons dans le cycle primaire est plus important en matière d’accès que de rétention. Les disparités sont plus faibles dans le primaire et s’accentuent à mesure qu’on évolue dans les cycles supérieurs. 5 D’autre part, une étude menée par A. Bouya6 montre que les filles en Afrique réussissent aussi bien que les garçons, quand de bonnes conditions de scolarisation sont réunies ou lorsqu’elles viennent d’un milieu social élevé, et ce, même dans les matières scientifiques. Cette étude montre que les filles seraient plus performantes en science et technologie dans des écoles non mixtes. Plusieurs raisons sont avancées : le détournement de l'attention des filles par et vers les garçons qui conduit à un manque de concentration, la tendance à se faire « prendre en charge » par les garçons et à présenter leur côté faible ou le manque de confiance. Cela montre que la mixité scolaire n'a pas résolu les problèmes qu'elle était censée résoudre. Enfin, en ce qui concerne le genre de l’enseignant comme facteur pouvant influencer les résultats des élèves, Mapto-Kengue et Mingat (2002)7 tentent d’analyser le phénomène sur le plan international et plus particulièrement africain. Premier constat, la profession enseignante se féminise de plus en plus et cela partout dans le monde. Pour ce qui est de l’impact du genre sur les apprentissages, les auteurs observent que 10 points de plus dans la proportion de femmes enseignantes impliquent 3.8 points de plus dans le taux de rétention des filles. Ainsi, dans le souci de compléter la démarche d’analyse statistique du PASEC, l’étude sociologique explorera la piste de recherche suivante : les enseignants participeraient, notamment selon leur genre, à la construction des inégalités entre les élèves filles et garçons. Bernard (2006)8 note que les filles réussissent mieux en français qu’en mathématiques. Madagascar apparaît également comme un cas exceptionnel. L’auteur considère que les attentes de la famille quant à l’éducation de leur enfant sont plus déterminantes dans la réussite ou l’échec que la question du genre. La réussite des garçons est plus importante aux yeux des familles que celle des filles. L’auteur rend compte d’un autre point très important en lien avec la féminisation du corps enseignant selon lequel les femmes enseignantes sont souvent affectées aux petites classes, qui sont moins prestigieuses pour le corps enseignant, mais déterminantes dans le processus d’apprentissage. 2.METHODOLOGIE Ainsi, quel que soit l’angle retenu, la perspective de genre s’avère pertinente dans l’analyse des problèmes éducatifs. L’inégalité entre filles et garçons semble structurer les valeurs et les normes sociales. Elle détermine le comportement des enseignants, le contenu des supports pédagogiques, les relations entre pairs, et l’organisation globale de l’espace scolaire. La perspective d’une analyse genre à partir des données récoltées par le PASEC permettra ainsi de déterminer selon la zone géographique de l’école, le statut de l’école, le niveau de la classe et la matière enseignée si : 2.1. Méthodologie statistique de l’étude • • il existe des disparités entre les acquisitions des filles et des garçons, notamment en mathématiques; les proportions de femmes/filles parmi les élèves, les enseignants et les directeurs sont inférieures à celles des hommes en Afrique francophone. • il existe des disparités entre les écoles et les classes dirigées par des femmes et celles dirigées par des hommes. • le genre de l’enseignant a un effet sur les acquis scolaires des filles. Tableau 1.1 : Répartition des filles dans les échantillons pour la 2ème et la 5ème année Année Les résultats d’évaluation de onze pays d’Afrique francophone ayant bénéficié d’une évaluation diagnostique du PASEC sont représentés dans cette étude qui vise à révéler les écarts d’apprentissage selon le genre des élèves. Une analyse statistique approfondie des scores aux tests et des facteurs influant sur ces mêmes scores a été menée sur l’ensemble des données disponibles. Afin de compléter la méthodologie d’analyse quantitative du PASEC, une étude qualitative à caractère exploratoire a été conduite au Sénégal et au Cameroun au travers d’entretiens et d’observations de classes. 6 BOUYA A. (1993) 7 MAPTO-KENGUE V. et MINGAT A. (2002) La démarche méthodologique du PASEC fait appel aux techniques de stratification (sondage stratifié à deux niveaux: école et élève) lors de l’établissement du plan d’échantillonnage. Les critères de stratification sont adaptés aux problématiques des pays et portent généralement sur le statut, le mode d’organisation, le lieu d’implantation et le type (cycle complet ou incomplet) des écoles. Pour plus d’information, consulter l’annexe sur la méthodologie du PASEC ainsi que les rapports PASEC de chaque pays sur le 8 BERNARD J.M. 2006 site : www.confemen.org. 4 LANGE M.F. et MARTIN J.Y. (1993) 5 MINGAT A. (2006) 22 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 % filles Borne(inf/sup) Tchad 1244 39,2 34,4 44 2005 Bénin 1698 45,2 41,4 49,1 2005 Cameroun 1733 44,8 41,8 47,8 2005 Madagascar 1881 52,3 49,1 55,5 2006 Gabon 1594 53,1 46,1 60 2007 Burkina Faso 2133 43,7 41 46,4 2007 Congo 1777 50,2 46,9 53,5 2006 Senegal 1963 50,5 47,8 53,1 2009 Burundi 2391 49,2 46.3 52 2009 Côte d'Ivoire 1949 51,2 47,8 54,6 2009 Comores 1897 52,2 48,4 56,1 Pays Effectif % filles Borne(inf/sup) 2004 Tchad 1237 35,7 31,7 39,8 2005 Bénin 1791 38,5 35.4 41,7 2005 Cameroun 1700 44 41 47 2005 Madagascar 1555 55,7 52,7 58,7 2006 Gabon 1487 49,3 45,8 52,8 2007 Burkina Faso 2230 43,4 40,9 46 2007 Congo 1883 48,5 45,7 51.3 2006 Senegal 1907 47,2 43,2 51,1 2009 Burundi 2343 48,2 45,4 51 2009 Côte d'Ivoire 1961 46 42,7 49,4 2009 Comores 1916 58,6 56,4 60,9 L’analyse statistique produite s’intéresse tout d’abord à la comparaison des scores des filles et des garçons aux tests PASEC de mathématiques et de français dans onze pays. A l’échantillon de neuf pays initialement retenu pour les besoins de la présente étude, les données de la Mauritanie dont le nombre d’items comparables avec les autres pays était trop faible ont été retranchées et les résultats aux tests des trois derniers pays ayant bénéficié d’une évaluation PASEC (Burundi, Côte d’Ivoire et Comores) ont été ajoutés. Les neuf pays précités ayant bénéficié d’une évaluation diagnostique entre 2004 et 2007 sont le Tchad, le Bénin, le Cameroun, Madagascar, le Gabon, le Burkina Faso, le 9 Données de la Banque mondiale consultables sur le site : http://donnees.banquemondiale.org/. 3 Effectif 2004 Année Les données analysées dans cette étude ont été collectées au moyen de tests normalisés de français et de mathématiques administrés aux élèves de 2ème et de 5ème année au début et à la fin de l’année scolaire sur la base d’un échantillon représentatif9 au niveau national. Les résultats aux tests sont complétés par des données socio-économiques et scolaires recueillies par le biais de questionnaires soumis aux élèves, aux enseignants et aux directeurs des écoles enquêtées. L’unité statistique de chaque échantillon pays est l’élève. La présente étude s’intéresse plus particulièrement à la dimension genre et aux différences entre les filles et les garçons en matière d’apprentissages, ce qui suppose l’utilisation d’échantillons représentatifs de la dispersion des filles et des garçons scolarisés en 2ème et 5ème année du cycle primaire dans chaque pays. Au regard des échantillons étudiés par le PASEC, nous supposons qu’en considérant exclusivement les filles ou les garçons, l’échantillon reste relativement représentatif au vu des statistiques nationales dont nous disposons (voir le tableau 1.1). Pays Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 23 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE Congo, le Sénégal, et la Mauritanie. L’échantillon ainsi composé compte 15 740 élèves en 5ème année dont 53,9 % de garçons et 46,1 % de filles. En 2ème année, la taille de l’échantillon s’élève à 16 279 élèves dont 52,6 % de garçons et 47,4 % de filles. La méthodologie du PASEC permet de calculer des scores moyens à huit tests : les tests de début (prétest) et de fin d’année (post-test) par matière (français et mathématiques) et par niveau (2ème ou 5ème année). On retient généralement les scores de fin d’année (posttest) pour établir les comparaisons internationales. Les scores présentés sont produits à partir des réponses aux items des tests normalisés du PASEC réajustés de façon à respecter la cohérence globale des tests sur l’ensemble des pays enquêtés. Les moyennes par pays ne sont donc pas tout à fait les mêmes que celles présentées dans les évaluations nationales. Elles tiennent compte les poids de pondération, conformément aux plans d’échantillonnages retenus, ce qui permet d’interpréter les résultats obtenus au niveau national. Dans un second temps, l’analyse se concentre sur les facteurs susceptibles d’influer sur les performances des filles et des garçons. La modélisation économétrique des résultats aux tests du PASEC par des variables scolaires et extrascolaires aux niveaux des élèves, des enseignants et des directeurs10, permet de relever le poids de l’ensemble des facteurs qui agissent sur l’apprentissage. Conformément à la méthodologie adoptée par le PASEC, l’identification des différents facteurs de qualité s’est basée sur les résultats d’analyse obtenus indépendamment pour chacun des onze pays de l’échantillon utilisé. À partir des modèles de régression stabilisés des évaluations PASEC VII, VIII et IX 11, des modèles supplémentaires ont été développés différenciant le genre de l’élève. Les variables significatives obtenues par les modèles produits ont été réunies dans un tableau d’occurrences par genre et par année d’enseignement. Ce tableau permet d’avoir une vue d’ensemble des facteurs qui influent de manière positive ou négative sur les acquisitions scolaires des filles et des garçons en 2ème et en 5ème année. Seuls les facteurs dont le caractère significatif revient dans plus de deux pays présentés dans ce rapport. Enfin, l’explication des facteurs prépondérants, selon le genre et l’année de scolarisation, se fonde sur l’analyse descriptive de la base de données des neuf pays initialement retenus pour participer à cette étude. Les analyses produites permettent de dégager des tendances expliquant les facteurs qui ressortent pour les onze pays, l’expérience des évaluations PASEC ayant montré que les statistiques dégagées pour les pays francophones convergent. 2.2. Méthodologie sociologique Pour compléter les analyses quantitatives, une analyse sociologique a été menée sur le terrain au Sénégal et au Cameroun suivant la piste de recherche suivante: les enseignants participeraient, notamment selon leur genre, à la construction des inégalités entre les élèves filles et garçons. Une seconde piste de recherche portant sur les politiques éducatives a été abandonnée au moment de l’analyse faute de données récoltées. Sur les neuf pays concernés initialement par l’étude, une première analyse des scores des garçons et des filles a permis d’identifier deux pays : le Sénégal dont les scores médians sont représentatifs de la sousrégion d’Afrique de l’Ouest et le Cameroun, un pays d’Afrique central, qui est l’un des pays présentant des scores légèrement plus élevés que la moyenne. Ainsi, dans chacun de ces deux pays, cinq écoles ont fait l’objet d’observations de classe en cours de français et en cours de mathématiques en 2ème année et en 5ème année du cycle primaire. Les écoles visitées étaient composées d’écoles de milieux rural et urbain dirigées par des directeurs et des directrices. Les enseignants interrogés étaient, pour la moitié, de sexe masculin et féminin. Des représentants d’associations de parents d’élèves (APE) ont également fait l’objet d’entretiens ainsi que des acteurs du ministère de l’Education aux niveaux local, régional et central (voir le tableau 1.2). 10 Les élèves, les enseignants et les directeurs sont soumis à des questionnaires lors des enquêtes terrain. Ces données constituent une mine d’informations sur les contextes scolaire et extrascolaire des systèmes éducatifs. 11 Cameroun, Tchad, Bénin, Côte d’Ivoire, Madagascar, Gabon, Burundi, Congo, Burkina Faso, Sénégal, Comores. 24 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Tableau 1.2 : Récapitulatif de l’échantillon de l’enquête qualitative Sénégal Cameroun Total Rural Nombre Enseignants 2ème Enseignants 5ème d'écoles année année 3 3 3 Directeurs 3 Urbain 2 2 2 2 Rural 3 3 3 3 Urbain 2 2 2 2 10 10 10 10 régional ainsi qu’avec les responsables administratifs et pédagogiques au niveau du ministère central de chaque pays. Nous sommes bien conscients qu’un tel échantillon ne permet pas de généraliser les phénomènes observés. Cependant, les résultats obtenus par le biais de cette étude qualitative complémentaire apportent des pistes de réflexion. Ils permettent notamment d’améliorer la perception de certains facteurs influents sur l’apprentissage dont l’interprétation est limitée par le seul biais des données quantitatives disponibles, plus particulièrement selon le genre du corps enseignant et des élèves. Les données supplémentaires recueillies lors de ces enquêtes de terrain relèvent des pratiques de classe et des interactions entre le corps enseignant, les élèves et la communauté éducative. Afin de faire ressortir les différentes interactions de genre au sein des établissements, la grille d’observation de classe s’est articulé autour de : • la fréquence et la nature des interactions verbales entre les enseignants et les élèves selon leur sexe en classe ; • l’occupation de l’espace physique par les élèves selon leur sexe en classe. En outre, le guide des entretiens a permis d’aborder les thèmes suivants : Dans chaque pays, l’enquête de terrain s’est déroulée sur deux semaines. Grâce aux lettres d’introduction émises par les ministères de l’Education du Cameroun et du Sénégal, l’approche dans les écoles a été facilitée. Les visites se sont faites au rythme d’un établissement par jour. Dès l’arrivée dans chaque école, une rencontre avait lieu avec le directeur afin de lui expliquer l’objet de l’enquête. Ainsi, la journée de travail débutait par deux séances d’observations, l’une en 2ème année et l’autre en 5ème année. Pour chaque école, il fallait veiller à alterner une leçon de mathématiques et une leçon de français pour les deux niveaux. A la suite des observations, les entretiens avec les enseignants des classes observées avaient lieu, puis avec les directeurs ou les directrices et enfin avec les membres du bureau de l’APE s’ils étaient disponibles. • les attentes de l’enseignant selon le sexe de ses élèves ; • la prise de conscience et la prise en compte des questions de genre dans sa pédagogie ; • la perception des comportements des élèves selon leur sexe ; • le leadership des enseignantes au sein de l’établissement ; • les résultats scolaires au sein de l’établissement ; • la répartition des rôles (décisionnel, consultatif, exécutif) selon le sexe de l’enseignant ; • la prise en charge des questions de genre au sein de l’établissement ; • l’implication effective des parents d’élèves en fonction de leur sexe dans la vie scolaire. Les enquêtés n’étaient pas informés de l’objet précis de la recherche afin de ne pas influencer leurs réponses et leurs pratiques en classe pendant les observations. Seuls les directeurs étaient informés de la démarche et de l’objet de l’enquête. En ce qui concerne les acteurs des ministères, les thèmes abordés étaient : La deuxième semaine était consacrée aux entretiens avec les inspecteurs aux niveaux départemental et • le niveau d’information des divers acteurs sur la politique définie au niveau national ; • l’application concrète des mesures décrites dans la politique nationale ; • le niveau d’appropriation des mesures prises en compte au niveau national. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 25 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE 3.RESULTATS 3.1.Les résultats des élèves aux tests PASEC Les scores présentés ici, selon le genre de l’élève, sont calculés à partir des réponses aux items des tests normalisés du PASEC. Ils concernent les onze pays ayant bénéficié d’une évaluation PASEC entre 2004 et 2009. Les items retenus pour produire les scores sont comparables entre eux pour l’ensemble des pays. En outre, les scores sont affectés d’un poids de pondération selon les plans de sondage respectifs des différents pays. Cela permet d’interpréter les résultats en respectant la structure des échantillons au niveau national. Les échantillons de départ n’ont pas été structurés équitablement selon la répartition filles/ garçons. Pour répondre aux besoins de la présente étude, il n’est toutefois pas possible d’inférer les résultats au niveau international, mais simplement au niveau de l’échantillon de l’ensemble des pays étudiés. Il convient de noter que les scores aux tests PASEC sont de manière générale assez faibles. Pour la 5ème année, une analyse des scores révèle (tous genres confondus) que dans sept pays sur onze, plus de 20 % des élèves éprouvent de graves difficultés scolaires et que dans seulement trois pays sur onze, plus de la moitié des élèves ont atteint le niveau de compétence de base dans Tableau 1.3 : Scores de fin d’année en français des élèves de 2ème année selon les évaluations PASEC VII, VIII et IX Score moyen comparable, pondéré en français 2ème année (sur 100) Année Pays Garçons 2004 Tchad 41,9 2005 Bénin 2005 Cameroun 2005 Madagascar 2006 Filles Intervalles de confiance Garçons Filles 41 37,1 - 46,4 35,7 - 46,4 37,7 37 33,9 - 41,5 32,5 - 41,4 66,7 64,2 62,6 - 70,8 60,6 - 67,7 49 49 45,9 - 52 44,9 - 53,1 Gabon 52,2 54,9 47,2 - 57,3 47,8 - 62,1 2007 Burkina Faso 38,9 38,6 36,7 - 41,8 35,2 – 42 2007 Congo 42,6** 45,8** 39 - 46,3 41,8 - 49,8 2007 Sénégal 43,8 44,4 39,4 - 48,1 40,2 - 48,6 2009 Burundi 36,4 37,4 33,7 - 39 35,2 - 39,7 2009 Côte d'Ivoire 37,7 40 35,1 - 40,4 2009 Comores 50,7 50,5 46,1 - 55,4 les deux matières. En outre, la relation linéaire établie entre les scores en français et en mathématiques suggère que l’apprentissage des disciplines, et notamment les mathématiques, dépendrait du niveau de maîtrise de la langue d’enseignement (ici le français). Les tableaux 1.3 et 1.4 présentent les scores moyens comparables obtenus aux tests PASEC en français et en mathématiques, pour la 2ème et la 5ème année de l’enseignement primaire. Ces scores ont été calculés séparément pour les filles et les garçons. ont tendance à avoir des résultats plus faibles que les garçons en mathématiques, mais ces écarts de moyenne ne sont significatifs qu’au Cameroun et au Burkina Faso12. Il n’y a qu’au Congo que l’on observe une légère avance significative des filles en français et mathématiques. Les différences de moyenne selon le genre apparaissent à la fin du cycle primaire comme le montrent les résultats aux tests en 5ème année présentés dans les tableaux 1.5 et 1.6 En 2ème année, les écarts entre les résultats en français et en mathématiques des filles et des garçons sont relativement faibles. En français, les moyennes sont sensiblement les mêmes. En général, les filles Les différences de score entre les filles et les garçons ont systématiquement fait l’objet d’un test selon la méthode de test des moyennes de Student. Lorsque l’écart de moyenne est significatif, le niveau de significativité est noté : *** pour 1%, ** pour 5% et * pour 10%. 12 Tableau 1.5 : Scores de fin d’année en français des élèves de 5 ème année selon les évaluations PASEC VII et VIII IX Score moyen comparable, pondéré en français 5ème année (sur 100) Année Pays Garçons Filles Garçons Filles 2004 Tchad 31,9 31,3 29,2 - 34,5 27,2 - 35,3 2005 Bénin 32,2 30,7 29,3 - 35,2 27,3 - 34,1 2005 Cameroun 52,6 54,5 49,9 - 55,3 51 – 58 2005 Madagascar 35,9** 37,7** 33,9 - 37,9 35,7 - 39,7 2006 Gabon 2007 Burkina Faso 61 61,6 56,1 – 66 57,9 - 65,6 38,9*** 36,2*** 36,6 - 41,2 33,8 - 38,6 2007 Congo 2007 35,3 - 44,7 Sénégal 2009 Burundi 41,9 46,4 - 54,5 2009 Côte d’Ivoire 36,6 2009 Comores 34,2 33.2 *niveau de significativité : 10 % ; ** niveau de significativité : 5 % ; *** niveau de significativité : 1 % Intervalles de confiance 36,9 36,9 34 - 39,9 33,8 - 39,9 41,7* 39,4* 39,4 - 44,1 36,7 - 42,1 41,3 39,6 - 44,2 39,3 - 43,4 38.2 34,3 - 38,8 34,8 - 41,5 30,2 - 38,2 28,9 - 37,6 *niveau de significativité : 10 % ; ** niveau de significativité : 5 % ; *** niveau de significativité : 1 % Tableau 1.4 : Scores de fin d’année en mathématiques des élèves de 2ème année selon les évaluations PASEC VII et VIII Score moyen comparable, pondéré en mathématiques 2ème année (sur 100) Intervalles de confiance Année Pays Garçons Filles Garçons Filles 2004 Tchad 44,2 40,9 40,6 - 47,7 35,5 - 46,4 2005 Bénin 2005 Cameroun 38 35 34,2 - 41,8 31,1 – 39 57,8*** 52,2*** 53,8 - 61,8 48,1 - 56,2 2005 Madagascar 55,2 54,4 51,9 - 58,5 51,5 - 57,2 2006 Gabon 54,4 53,2 49,8 - 59 47,7 - 58,6 2007 Burkina Faso 34,7** 32,5** 32 - 37,5 30 - 35,1 2007 Congo 44,2** 46,9 40,4 - 47,9 43,3 - 50,6 2007 Sénégal 47,8 47,7 43,9 - 51,7 43,3 - 50,3 2009 Burundi 54,5 53,4 52,3 - 56,7 51,3 - 55,4 2009 Côte d'Ivoire 28 27,8 25,8 - 30,3 24,8 - 30,8 2009 Comores 41,7 38,9 37,2 - 46,2 33,5 - 44,4 *niveau de significativité : 10 % ; ** niveau de significativité : 5 % ; *** niveau de significativité : 1 % 26 Tableau 1.6 : Scores de fin d’année en mathématiques des élèves de 5 ème année selon les évaluations PASEC VII et VIII Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Score moyen comparable, pondéré en français 5ème année (sur 100) Intervalles de confiance Année Pays Garçons Filles Garçons Filles 2004 Tchad 34,4 33,1 31 - 37,8 30,1 - 36,1 2005 Bénin 33,9*** 30,3*** 30,7 - 37,1 26,6 – 34 2005 Cameroun 46,7 47 43,8 - 49,5 44,1 - 49,9 2005 Madagascar 53,4 52 51,1 - 55,8 49,2 - 54,8 2006 Gabon 45,2 43,4 42,5 - 47,8 41,1 - 45,8 2007 Burkina Faso 39,9*** 38,1*** 37,7 - 42,2 34,4 - 38,8 2007 Congo 39,9*** 36,6*** 33,9 – 39 33,7 - 38,9 2007 Sénégal 43,7** 40,4** 40,3 - 47,2 38 - 42,7 2009 Burundi 46,9*** 42,9*** 44,2 - 49,6 40,5 - 45,2 2009 Côte d'Ivoire 27,8* 26,7* 26,2 - 29,3 25 - 28,3 2009 Comores 39,7** 34,2** 33,4 - 46,1 30,6 - 37,8 *niveau de significativité : 10 % ; ** niveau de significativité : 5 % ; *** niveau de significativité : 1 % Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 27 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE En 5ème année, on observe en français une différence significative en défaveur des filles dans deux pays sur onze (Burkina Faso et Sénégal). En revanche, ces dernières auraient de meilleurs résultats que les garçons en français à Madagascar malgré des résultats globaux faibles. C’est en mathématiques que les différences de résultats sont probantes. En effet, en 5ème année, les filles ont des scores en mathématiques inférieurs à ceux des garçons dans sept pays sur onze. La tendance des filles à enregistrer des performances inférieures en mathématiques est confirmée au Congo malgré une avance sur leurs camarades masculins en 2ème année dans les deux matières (voir le graphique 1.1). Graphique 1.2 : Répartition des élèves par niveaux de connaissance en fin de 5 ème année du primaire pour l’ensemble des onze pays de l’étude 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Graphique 1.1 : Relations entre le score en français et en mathématiques par genre (5ème année) 55 MDG 50 Scores sur 100 – mathématiques CAM 35 Filles 28 29 28 • BEN 30 CIV 29* 28* Garçons 27*** 24*** Filles Garçons 35 25-40 Mathématiques En effet, dans les deux pays enquêtés, lorsque l’on demande pourquoi, dans un cas ou dans l’autre, les filles ou les garçons réussissent mieux, les enseignants ont tendance à émettre un jugement purement subjectif. Ainsi, les garçons seraient naturellement plus doués que les filles en mathématiques et les filles naturellement plus brillantes que les garçons en français. les garçons sont plus nombreux à atteindre un niveau de compétence de base en mathématiques (score supérieur au seuil de 40 sur 100 qui représente le taux de connaissance de base). 25 30 23 0-25 seuil qui représente le score qu’obtiendrait un élève en répondant au hasard aux tests) ; COG TCD 48*** Garçons BEA COM 45*** Français GAB SEN 40 43 40-100 Filles BDI 45 43 40 45 50 55 60 65 Scores out of 100 – Français Ce graphique permet de visualiser les écarts enregistrés entre les filles et les garçons pour l’ensemble des pays enquêtés. Les résultats les moins bons des filles au test de mathématiques sont mis en évidence. Les pays pour lesquels les écarts en mathématiques sont significatifs en défaveur des filles sont associés à une étoile pleine. Ils sont au nombre de cinq. Pour le cas du Burkina et du Sénégal, les écarts sont significatifs pour les deux matières évaluées (deux étoiles pleines). Enfin, à Madagascar, seules les filles obtiennent des résultats significativement meilleurs en français (étoile transparente). D’après ces résultats obtenus dans onze pays d’Afrique francophones aux évaluations PASEC, on peut émettre l’hypothèse selon laquelle plus on avance dans le système scolaire, plus les écarts de réussite entre les filles et les garçons tendraient à se creuser, et plus particulièrement en mathématiques. Ce phénomène se retrouverait au niveau des études universitaires où les garçons sont surreprésentés dans les filières scientifiques par rapport aux filles13. Dans les pays évalués par le PASEC, les inégalités apparaîtraient dès la fin du primaire. Une analyse de la répartition des résultats révèle un écart significatif selon le genre, surtout en mathématiques, en défaveur des filles (voir le graphique 1.2). Ainsi, même si la représentation internationale de cette répartition cache les spécificités nationales, ce graphique montre que : • les filles présentent plus de réelles difficultés d’apprentissage en mathématiques et en français que les garçons (scores inférieurs à 25 sur 100, Les écarts de réussite entre filles et garçons ne se limitent pas à l’Afrique francophone. Comment expliquer ce phénomène ? Certains pensent que les filles auraient plus de difficultés en situation de compétition et qu’elles préfèrent une situation de travail régulier. Cependant, ce facteur ne peut pas expliquer à lui seul les écarts de genre en mathématiques ainsi que « l’aversion » plus forte qu’éprouveraient les filles à l’égard de cette matière. Au regard des observations de classe menées, en particulier les interactions maître/élèves, il semble que les enseignants aient en général tendance à davantage solliciter la participation des garçons et surtout en mathématiques. En ce qui concerne les félicitations, la pratique n’a pu être observée qu’au Cameroun. Les filles semblent plus félicitées que les garçons en mathématiques. Aucune différence notoire n’a été observée en français. Dans le cas des réprimandes, on observe un écart quasi nul entre les filles et les garçons au Cameroun, tandis qu’au Sénégal les garçons sont plus réprimandés que les filles de manière générale et surtout en français. Les réprimandes n’étant pas toujours liées à la pédagogie, il semble que les enseignants sénégalais interrogés soient plus compréhensifs avec les filles et plus durs avec les garçons. On retrouve cette différence de traitement également dans le châtiment corporel. L’enquête qualitative menée au Cameroun et au Sénégal montre que le comportement des enseignants serait différent face à la réussite des filles et des garçons en fonction de la matière enseignée. De même, les enseignants jugeraient les aptitudes des élèves, non pas en fonction de leurs performances et de leurs capacités réelles, mais en fonction de préjugés sur le genre. Ce serait donc les comportements et les préjugés, conscients ou inconscients, véhiculés non seulement par les enseignants, mais aussi par les adultes en général, qui influenceraient les écarts de réussite entre les genres. HOFFMAN-BARTHES A.M., NAIR S. et MALPED D., « Formation scientifique, technique et professionnelle des jeunes filles en Afrique », sommaire de 21 rapports nationaux, UNESCO, Consulté en septembre 2010 sur le site : http://www.unesco.org/education/educprog/ste/pdf_files/girls/reports-fr.pdf. 13 28 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 29 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE L’ensemble des informations recueillies au cours des enquêtes PASEC, qui concernent aussi bien les élèves, les enseignants ou les directeurs d’école, permettent de compléter l’étude en mettant en regard les résultats des élèves aux tests avec les facteurs socio-économiques pouvant expliquer leurs variations. Ces analyses plus approfondies sont effectuées selon le genre des élèves pour répondre à la problématique principale de la présente étude. 3.2.Les facteurs influant sur les résultats des élèves Les derniers travaux du PASEC, à partir de la revue des modèles de régression des évaluations effectuées dans 14 systèmes ou sous-systèmes éducatifs, ont permis de dégager une quinzaine de facteurs associés à une influence significative (négative ou positive) et récurrente sur les acquisitions scolaires des élèves sans distinction de genre. Pour les besoins de l’étude, des modèles de régression selon le genre de l’élève ont été développés pour les onze pays ayant bénéficié d’une évaluation PASEC entre 2004 et 200914. Selon la même procédure que décrite précédemment, deux tableaux d’occurrences ont été produits en 2ème et 5ème année, le premier pour les filles, le second pour les garçons. Tableau 1.8 : Occurrences des effets de certains facteurs sur les acquis de français et mathématiques des filles et des garçons dans onze pays d’Afrique en 5 ème année du cycle primaire Filles Facteurs influant les acquisitions scolaires L’élève a redoublé au moins une fois L’absentéisme des enseignants / temps scolaire La formation professionnelle initiale des enseignants Les travaux des champs, de commerce ou domestiques Le caractère rural de l’école Le fait de parler la langue d’enseignement à la maison L’enseignant est une femme Le fait d’être un enfant confié La formation continue de l’enseignant L’ancienneté du directeur Un âge plus élevé que l'âge normal L’ancienneté du maître équipement de la classe (tableau, craie…) La taille de classe élevée APE active L’inspection de l’école L'élève habite près de l'école, Le maître fait partie d'une association à vocation sociale Les facteurs sont relevés en indiquant le nombre de fois où ils influeraient de manière négative ou positive sur les acquisitions des filles et des garçons. Les facteurs ayant une occurrence élevée sont ceux qui mérite le plus d’attention en vue de l’amélioration des politiques éducatives, car ils sont les plus efficaces (voir les tableaux 1.7 et 1.8). Tableau 1.7 : Occurrences des effets de certains facteurs sur les acquis de français et mathématiques des filles et des garçons dans onze pays d’Afrique en 2ème année du cycle primaire Filles Facteurs influant les acquisitions scolaires L’élève a redoublé au moins une fois L’aide aux devoirs à domicile L'enseignant a reçu une formation professionnelle/ pédagogique initiale L’école est en zone rurale L’absentéisme des enseignants La taille de classe élevée (au dessus des normes de l’IMOA) L’enseignant est une femme La fréquentation de la maternelle Le fait de parler la langue d’enseignement à la maison Age plus élevé que l'âge normal Les travaux des champs, de commerce ou domestiques L’équipement de la classe en matériel didactique, pédagogique et meubles Réunions entre le directeur et les enseignants au moins une fois par trimestre Les classes multigrades L'élève habite près de l'école Formation académique des enseignants élevée (baccalauréat ou diplôme universitaire) L'enseignant a eu une formation continue/ complémentaire L’alphabétisation du père ou de la mère Garçons avec signe avec signe avec signe avec signe négatif positif négatif positif 4 3 4 4 3 4 4 3 1 1 2 2 3 3 30 2 1 1 1 1 1 1 4 2 3 1 3 1 3 1 1 2 2 3 1 1 1 2 Cameroun, Tchad, Bénin, Côte d’Ivoire, Madagascar, Gabon, Burundi, Congo, Burkina Faso, Sénégal, Comores Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 6 4 1 4 Source: PASEC 14 3 5 2 Garçons signe signe signe signe négatif positif négatif positif 5 5 2 6 4 1 1 2 8 1 1 5 1 1 3 1 1 1 1 5 1 4 2 3 3 3 1 1 3 4 2 2 1 1 3 2 1 2 4 1 1 3 1 2 2 2 3 2 1 2 2 1 3 Source: PASEC dysfonctionnement du système scolaire. En même temps, une simple diminution du redoublement ne saurait être une solution efficace pour remédier à l’échec scolaire si elle ne s’accompagne pas de dispositifs de soutien aux élèves en difficulté. Depuis quelques années, les gouvernements d’Afrique subsaharienne et les partenaires, préconisent la promotion automatique au sein de sous-cycles préétablis tout en initiant des mesures permettant aux élèves en difficultés de rattraper le retard accumulé. L’objectif à l’horizon 2020 vise à réduire les taux de redoublement nationaux à 10 %. Les pourcentages de redoublants dans les pays étudiés vont de 7,9 % au Sénégal, à 35 % au Burundi. Lorsque l’on s’intéresse des plus près à la fréquence des redoublements selon le genre et en fonction des classes évaluées, on remarque que les garçons ont davantage tendance à redoubler que les filles comme le montre le tableau 1.9. Ils seront décrits en considérant quatre catégories : les facteurs influant sur l’apprentissage indépendamment du genre, ceux qui ont une influence exclusivement pour les élèves filles et ceux qui ont une influence uniquement sur les apprentissages des élèves garçons. En dernier lieu sera traitée la question particulière de la formation des enseignants. 3.2.1 Les facteurs influant sur les acquisitions scolaires indépendamment du genre de l’élève. Ainsi, en se référant aux dernières études du PASEC, une quinzaine de facteurs influe de façon récurrente sur les acquisitions scolaires quel que soit le genre de l’élève. Parmi ces facteurs, certains ont un effet positif avéré sur les acquis des élèves, tandis que d’autres sont assurément des freins à l’évolution positive des apprentissages. 3 • Le redoublement Le redoublement de l’élève a un effet négatif sur les acquisitions scolaires dans les quatorze pays examinés. En effet, le redoublement est un signe de Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 31 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE Tableau 1.9 : fréquence des redoublements selon la classe lutter contre l’abus du travail des enfants hors de l’école (voir le tableau 1.11). évaluée et selon le genre de l’élève 2ème année Filles L'élève a redoublé au moins une fois 41 % L'élève a redoublé 2 fois et plus 7% Garçons 5ème année Filles 43 %*** 8,2 %** 61 % 15 % Garçons 61 % significance: 1% Les travaux extrascolaires concernent les travaux domestiques ou agricoles et le petit commerce. Les analyses montrent que les travaux effectués par les élèves auraient un effet négatif sur l’apprentissage dans cinq des onze pays indépendamment du genre. Il s’agit d’un facteur important favorisant l’échec scolaire des élèves. Le tableau 1.10 donne la répartition des élèves de 5ème année, selon le genre, participant aux trois types de travaux identifiés dans les évaluations PASEC. Il ressort de ce tableau que les pourcentages d’élèves effectuant des travaux extrascolaires sont très élevés : plus de la moitié des élèves participent aux travaux des champs en 5ème année et près d’un quart d’entre eux effectuent des activités de petit commerce. Les répartitions pour la 2ème année sont similaires. On remarquera également que les filles sont plus sollicitées pour les travaux domestiques et les garçons pour les travaux des champs. Tableau 1.10 : % d’élèves (garçons et filles) effectuant des travaux extrascolaires en 5 ème année (dans les neuf pays d’Afrique étudiés) Elèves 76,79 % Travaux des champs 53,72 % Commerce 22,9 % Garçons 45,6 % 59,75 % 47,56 % Filles 54,4 % 40,25 % 52,44 % Les élèves sont beaucoup plus sollicités en milieu rural pour les travaux des champs. La tendance est identique pour les travaux domestiques (55,6 % contre 44,4 % en milieu urbain). Il convient donc de concentrer davantage de ressources dans les zones rurales pour 32 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Travaux des champs Commerce Urbain 51,57 % 34,95 % 52,12 % Rural 48,43 % 65,05 % 47,88 % Total 100 % 100 % 100 % • Les travaux extrascolaires Travaux domestiques Travaux domestiques 16,4 %*** *level of significance: 10%; **level of significance: 5%; ***level of • Tableau 1.11 : % d’élèves de 5 ème année effectuant des travaux extrascolaires en milieu urbain et rural (dans les neuf pays d’Afrique étudiés) L’équipement de la classe L’équipement de la classe comprend la dotation en matériel didactique et pédagogique ainsi qu’un nombre suffisant de meubles. Les analyses effectuées dans chacun des onze pays étudiés indiquent qu’un équipement adéquat aurait un effet positif à tous les niveaux d’enseignement et qu’il bénéficierait autant à l’apprentissage des filles que des garçons : l’effet est positif respectivement pour quatre et trois pays en 2ème année, et deux et trois pays en 5ème année. Il est donc important d’encourager les politiques éducatives des pays d’Afrique francophones à la fourniture et à la bonne gestion du matériel dans le secteur primaire. Tous les Etats participant à cette étude ont fait de l’équipement une priorité. • Les réunions de travail entre les directeurs et les enseignants En 2ème année, on observe un effet positif sur les acquisitions scolaires des élèves, filles et garçons confondus, lorsque les réunions entre directeurs et enseignants se tiennent régulièrement, au moins une fois par mois. Ces réunions qui permettent un meilleur suivi des élèves et des enseignants constituent un facteur important pour le bon apprentissage des élèves. 3.2.2 Les facteurs influençant différemment les acquisitions scolaires selon le genre de l’élève. Le genre de l’élève est un facteur relevé dans dix pays sur quatorze pour expliquer les acquisitions scolaires des élèves en défaveur des filles dans sept cas sur dix. Ainsi, les analyses multivariées produites sur l’ensemble des élèves enquêtés par le PASEC entre 2004 et 2009 révèlent que les filles seraient désavantagées comparativement aux garçons. • L’aide aux devoirs scolaires en 5ème année. Ce facteur intervient pour les filles dans trois pays et pour les garçons dans deux pays. La supervision et l’appui aux directeurs et aux enseignants sont fondamentaux. En effet, lorsque de nombreux enseignants ont des lacunes par manque de formation ou s’ils sont régulièrement absents et si les directeurs ont des difficultés à mettre en place une gestion efficace dans leur école, un appui et un contrôle de proximité devraient être une réponse à ces difficultés. Cela permettrait également de créer un pont entre les administrations et les établissements scolaires et pallier ainsi le sentiment d’isolement ressenti par certains acteurs de l’école, surtout dans les zones rurales. Dans l’échantillon initial de l’étude des neuf pays, trois élèves sur cinq au moins bénéficiaient d’une aide aux devoirs à la maison de la part de leurs parents ou de leurs frères et sœurs. L’appui aux devoirs semble un peu plus fréquent en 2ème année (63 % contre 59 % en 5ème année). En ce qui concerne le genre des élèves qui reçoivent de l’aide chez eux, les filles semblent recevoir davantage d’attention que les garçons. Le fait que l’élève soit aidé dans ses devoirs a une influence positive et significative dans quatre pays pour les filles et cinq pays pour les garçons en 2ème année. C’est donc un facteur important et des dispositifs d’aides aux devoirs pourraient aider les élèves qui en ont besoin, surtout en début de cycle. Cette initiative représenterait également une solution d’appui pour pallier le redoublement. • • Parmi les facteurs se dégageant des analyses, le genre de l’enseignant influe différemment si l’élève est une fille ou un garçon. Les enseignantes sont plus souvent affectées dans les petites classes (45,2 % en 2ème année contre 26,1 % en 5ème année). Le fait que l’enseignant soit une femme est un levier pour l’apprentissage des élèves dans cinq pays, mais il semble que cet effet positif soit spécifique aux filles, mais peut être un frein pour les garçons. Les élèves confiés Le placement (ou confiage) aurait un effet positif sur les élèves, quel que soit leur genre, dans cinq pays sur quatorze. Plus précisément en 5ème année, le placement d’un élève dans une autre famille ou chez un tuteur (à l’exception des grands parents) aurait un effet positif sur les résultats des filles dans trois pays et un effet négatif dans un pays, tandis que l’effet est positif pour les garçons dans deux pays. En outre, les filles semblent être plus sujettes au placement que leurs camarades masculins (20,7 % contre 17,6 % pour les neuf pays de la base initiale de l’étude). Dans la plupart des pays évalués, les enfants sont confiés à des oncles ou à des frères et sœurs qui peuvent prendre en charge leur scolarité ou habitent plus près de l’école. Ainsi, la pratique de confier un enfant témoignerait de la volonté des parents de donner à leurs enfants une bonne éducation scolaire. • Lors des entretiens effectués dans les écoles du Cameroun et du Sénégal, l’ensemble des acteurs interrogés a reconnu que les enseignantes représentaient un modèle de réussite impactant positivement la scolarisation des filles, notamment en termes de rétention et d’achèvement du cycle. Dans ce sens, au vu des tâches fréquemment confiées aux enseignantes, on peut s’interroger sur le type de modèle qu’elles incarnent. Ainsi, l’enquête révèle qu’au sein des établissements, et notamment dans les écoles rurales, les tâches liées au nettoyage de l’école seraient souvent confiées aux femmes enseignantes. L’ancienneté du directeur L’ancienneté du directeur semble avoir un effet positif sur les résultats des élèves de 5ème année indépendamment du genre de l’élève. On peut imaginer que plus un directeur a acquis d’expérience, plus il maîtrise les aspects de la gestion incombant à son poste. Ainsi, un directeur ayant plus d’ancienneté est-il plus à même de disséminer un enseignement de qualité. • Le genre du maître En ce qui concerne les directeurs d’école du cycle primaire, la situation est critique : il n’y a que 16 % de directrices contre 84 % de directeurs que ce soit en 2ème ou en 5ème année. Il est intéressant de noter que les directrices ont tendance à affecter plus de femmes enseignantes en 5ème année que les directeurs. Ainsi, dans notre échantillon, les directrices comptent 57,9 % de femmes enseignant en 5ème année et seulement 20 % quand le directeur est un homme. Ainsi, les directeurs discrimineraient les enseignantes en les affectant dans les petites classes plutôt que dans les grandes classes. L’inspection de l’école L’analyse multivariée fait apparaître un effet significatif et positif de l’inspection des écoles sur les acquisitions Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 33 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE Selon les déclarations des enseignantes rencontrées sur le terrain, ce sont les femmes qui demandent les petites classes bien qu’elles soient plus pénibles au quotidien que les grandes classes qui sont des classes d’examen. Les classes de la fin du primaire demandent un investissement en temps supérieur aux horaires réglementaires, dont les femmes disposeraient moins compte tenu de leurs charges d’épouses et de mères. Ainsi, il ne s’agirait pas d’une discrimination consciente des directeurs hommes envers les femmes enseignantes. Cependant, les hommes seraient plus enclins à satisfaire les demandes des enseignantes à s’occuper des petites classes, tandis que dans une relation entre deux femmes, une directrice et une enseignante, l’argument de la surcharge de travail serait moins justifiable. D’après les entretiens conduits au Sénégal et au Cameroun, les directrices auraient d’ailleurs tendance à encourager les enseignantes. Enfin, les enseignantes sont surreprésentées en zone urbaine. Ainsi, on trouve en zone rurale moins de 40 % de femmes, enseignantes et directrices confondues. Lorsqu’on les interroge sur ce fait, elles évoquent leurs responsabilités conjugales. En effet, c’est le mari qui fixe le domicile conjugal et la femme est tenue de l’y rejoindre conformément à la loi. Les résultats contradictoires obtenus au sujet du genre de l’enseignant sur l’apprentissage des élèves selon les pays nécessitent d’examiner l’influence de ce facteur avec beaucoup de réserves. Il est tout de même souhaitable d’encourager le recrutement de femmes enseignantes, surtout dans les classes les plus élevées du primaire, non seulement afin de rétablir la parité, mais aussi de permettre aux élèves d’avoir des modèles de réussite tout au long de leur scolarité. Autrement dit, les enseignantes devraient être affectées aux endroits et niveaux où elles auront le plus d’impact sur la réussite des filles : dans le monde rural et dans les classes d’examen. 3.2.3 • Les facteurs influant sur les acquisitions scolaires des filles La localisation de l’école Il apparaît que la localisation de l’école en zone rurale aurait une influence négative importante sur les scores des élèves de 2ème année (5 occurrences dans les 14 pays). On retrouve la même tendance en 5ème année, mais uniquement pour les filles (4 occurrences). Près de la moitié des élèves enquêtés sont scolarisés en zone rurale. Lorsque l’on s’intéresse à la répartition des élèves par genre selon le niveau et la zone géographique, on constate que la proportion des filles dans les effectifs scolarisés en zone rurale diminue en 5ème année (de 45 % au total, elles ne sont plus que 40 % en zone rurale). En 2ème année, la répartition des filles entre les zones rurales et urbaines ne diffère pas de la répartition globale. Ce phénomène de désertion de l’école par les filles en milieu rural pourrait s’expliquer par le fait que dans ces zones, à mesure qu’elles grandissent, les filles seraient plus sollicitées par les tâches familiales. Elles seraient moins encouragées à poursuivre leurs études et dans certains cas, devraient se préparer au mariage. Les gouvernements nationaux doivent continuer à soutenir des politiques de promotion de scolarisation des filles en milieu rural afin de permettre l’accès à l’éducation à tous, indépendamment de la situation géographique et du genre. • La taille de la classe La taille de classe, en termes d’effectif des élèves, aurait un effet négatif sur l’apprentissage lorsqu’elle dépasse 40 élèves par classe (le seuil de 40 élèves par classe étant la norme internationale instituée par l’IMOA 15). Dans l’échantillon de base initial de neuf pays, la taille moyenne des classes de 2ème année est de 59 élèves et 26 % des élèves seulement sont scolarisés dans des classes dont le ratio élèves-maître est inférieur à 40. En 5ème année, les effectifs sont en moyenne plus raisonnables (47 élèves en moyenne et 40 % d’élèves dont le REM<40) et cachent de grandes disparités selon les régions et les pays. Ainsi, 13 % des élèves de 5ème année sont scolarisés dans des classes dont l’effectif dépasse 70 élèves. En 5ème année, ce facteur apparaît négatif et significatif pour les filles comme pour les garçons. En 2ème année, les effectifs pléthoriques défavoriseraient particulièrement les filles. Il faut espérer que ces chiffres diminueront, car la plupart des pays concernés par les études PASEC ont intégré dans leur politique éducative une réduction des effectifs scolaires par la construction de nouvelles salles de classe et le recrutement de nouveaux pour trois pays. Cependant, la langue d’enseignement est souvent peu parlée dans les familles. Ainsi, 16 % seulement des élèves de 2ème année enquêtés et 32 % des élèves de 5ème année ont déclaré parler régulièrement le français chez eux . D’autre part, on remarquera que ce facteur pourrait avoir un effet plus important pour les filles en raison de leur plus grande confiance pour participer en classe lorsqu’elles maîtrisent la langue d’enseignement. enseignants avec pour objectif d’atteindre un ratio élèves-maître de 40 à l’horizon 2015. • L’absentéisme des enseignants L’absentéisme est le détournement du temps scolaire. C’est un facteur qui a une grande influence sur les acquisitions scolaires des élèves. En 2ème année, l’absentéisme des enseignants a un effet négatif sur les acquisitions des filles et des garçons dans quatre pays. En 5ème année, ce facteur devient surtout un handicap pour les acquisitions des filles où il apparaît négatif dans cinq pays. De même, d’après une étude de la Banque mondiale , les filles seraient plus enclines à participer en classe quand la langue d’enseignement est la langue locale. Ainsi, la question de l’alphabétisation des parents et de la pratique de la langue d’enseignement à la maison est liée à la problématique de l’implantation des langues locales dans l’enseignement en Afrique. Pour les deux niveaux d’enseignement, c’est à partir de 10 jours d’absence au cours du dernier mois que l’on constate une baisse des résultats des élèves. Dans notre échantillon, 10,5 % des élèves de 2ème année et 9 % des élèves de 5ème année auraient eu des enseignants absents plus de 10 jours au cours du dernier mois. Le nombre moyen de jours d’absence des enseignants au cours du mois précédant l’enquête est de 3,3 jours, quels que soient le niveau d’enseignement et le genre de l’enseignant. Cette question renvoie à celles de la gestion de l’établissement, de la décentralisation de l’administration et au-delà, de la motivation des enseignants. • 3.2.4 Les facteurs influant sur les acquisitions scolaires des garçons •L’âge D’après les régressions issues des modèles PASEC, l’âge de l’élève, lorsqu’il est supérieur à l’âge normal, aurait un effet à la fois négatif et positif selon le pays. Plus précisément, l’âge de l’élève supérieur à l’âge normal serait un avantage pour les garçons en 2ème année, alors qu’il deviendrait un handicap en 5ème année pour l’ensemble des élèves. Dans notre échantillon, l’âge moyen des élèves en 2ème année est de 8 ans. Il est de 11,7 ans en 5ème année. L’âge légal pour ces deux classes étant respectivement de 7 et 10 ans. L’alphabétisation des parents et la pratique de la langue d’enseignement à la maison L’alphabétisation des parents est apparue comme un facteur bénéfique uniquement pour les filles en 2ème année dans deux pays. Ce résultat va de pair avec les études qui montrent que plus les parents sont instruits, plus les enfants ont de chances d’aller à l’école et de réussir leur scolarité. Dans le cas des filles, c’est surtout la mère, lorsqu’elle est alphabétisée, qui va contribuer à sa réussite scolaire. L’alphabétisation des parents est sous-jacente au fait de parler la langue d’enseignement à la maison, pratique qui influencerait positivement les scores des élèves de 2ème et de 5ème année. En effet, ce facteur a un effet significatif et positif pour les filles dans trois pays en 2ème année et dans quatre en 5ème année. Pour les garçons, le fait de parler la langue d’enseignement à la maison a un effet positif surtout en 5ème année comme cela ressort Il est difficile d’expliquer pourquoi les garçons plus âgés réussiraient mieux que les autres, alors qu’il n’en est rien pour les filles. Une des hypothèses possibles serait que les garçons, lorsqu’ils sont plus âgés que l’âge normal, seraient plus matures et plus motivés pour apprendre. Cette hypothèse reste cependant à vérifier. En revanche, en 5ème année, plusieurs hypothèses peuvent expliquer les difficultés que rencontrent les élèves ayant dépassé l’âge moyen : La langue d’enseignement de la plupart des pays évalués par le PASEC est le français. Cependant, dans certains pays comme Madagascar et le Burundi, les deux premières années du cycle primaire se font en langue nationale, à savoir en kirundi et en malgache. Les résultats des évaluations PASEC de ces deux pays tendent à montrer que les élèves auraient de meilleures acquisitions uniquement dans les pays utilisant le français durant les premières années du cycle primaire. 16 L’Initiative de mise en œuvre accélérée (IMOA) de l’Education pour Tous (EPT) ou Fast Track Initiative (FTI) est un partenariat mondial entre pays donateurs et pays en voie développement, qui a pour but d’accélérer les progrès vers la réalisation de l'Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) visant à assurer l’éducation primaire pour tous d'ici 2015. Consulter le site : http://www.educationfasttrack.org/fr/. 15 34 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 17 Banque mondiale (2000), Female School Participation in West Africa. Africa Region Findings. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 35 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE 1. un âge plus avancé est étroitement lié au redoublement et on remarque que les élèves qui redoublent présentent un état de faiblesse scolaire ; 2. dans le cas des filles, plus elles grandissent, plus on leur demande de participer aux travaux domestiques, en particulier dans les familles pauvres. • L’ancienneté du maître L’ancienneté de l’enseignant n’est apparue significative et négative que pour les garçons en classe de 5ème année, et ce dans quatre pays. Ce résultat est difficile à interpréter, d’autant plus qu’il ne touche que les garçons. On peut tout de même avancer l’hypothèse suivante : le maître, avec l’ancienneté, aurait plus de difficulté à tolérer certains comportements d’élèves. Or, les garçons étant souvent plus turbulents que les filles, ils seraient plus touchés par ce phénomène. • La formation des enseignants En 2ème année, on constate un effet négatif sur les résultats des garçons dans trois pays lorsque le niveau académique de l’enseignant est élevé (niveau équivalent ou supérieur au baccalauréat). Ce phénomène ne se retrouve pas en 5ème année et pourrait être dû à un manque de motivation des enseignants ayant un niveau académique élevé dans les petites classes ou à des pratiques pédagogiques qui ne serait pas bien adaptée aux élèves des petites classes. En ce qui concerne la formation professionnelle initiale, elle apparaît significative pour les élèves dans sept pays avec un effet plutôt contrasté. Il en va de même au niveau des filles et des garçons en 2ème année où ce facteur est positif ou négatif selon les pays. En 5ème année, l’effet positif de la formation professionnelle sur les acquis des garçons se confirme pour quatre pays, mais il reste mitigé pour les filles puisqu’il est négatif dans deux pays et positif dans deux autres. La formation professionnelle des enseignants est un facteur déterminant de l’apprentissage des élèves, car il est récurrent dans beaucoup de pays. Cependant, le fait que son effet soit tantôt négatif tantôt positif, voire même nul, renvoie à la question de la qualité de la formation initiale. Enfin, la formation continue des enseignants semble avoir un impact sur les acquisitions des élèves 36 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 puisqu’elle apparaît positive et significative pour les garçons dans 3 pays en 2ème année, ainsi que dans deux et trois pays respectivement pour les filles et les garçons en 5ème année (ce facteur n’apparaît négatif que dans un pays pour les filles en 2ème année et en 5ème année). (Pour un récapitulatif des facteurs influents, voir le tableau 1.12). différemment les performances des élèves en fonction de leur genre et non suivant des critères objectifs, certaines pratiques comme l’attribution de rôles et de responsabilités aux élèves peuvent également témoigner de comportements différenciés à l’égard des filles et des garçons susceptibles d’entretenir les inégalités et les préjugés liés au genre. Tableau 1.12 : Récapitulatif des facteurs influents et de leurs effets selon le genre de l’élève 3.3.1 Le leadership des chefs de classe selon le genre 2A Filles Garçons 5A F/G Filles Garçons F/G Redoublement - - Travaux extrascolaires - - Equipement + + Parler le français à la + + élèves maison Aide aux devoirs + Réunion enseignants/ + directeurs Enfant confié + Ancienneté directeur + Inspection de l'école L'enseignant est une - + Zone rurale - - - - - - Absentéisme de l'enseignant Père / mère La place de chef de classe est une position particulière qu’occupent un ou plusieurs élèves pendant une période déterminée. Il est élu soit par l’enseignant, soit par les élèves, et il a des droits et des devoirs que les autres élèves n’ont pas. Le Sénégal et le Cameroun semblent présenter des différences de pratiques en matière du rôle, des critères de choix et de l’appréciation du chef de classe par les enseignants. Au Cameroun, la pratique dominante serait d’avoir un chef unique par classe. La majorité des chefs de classe de l’échantillon camerounais sont des filles (7 filles contre 3 garçons), alors qu’au Sénégal, il s’agit généralement d’un duo garçon/fille. • - Discipline Leçon Propreté Total Filles 6 3 3 12 Garçons 3 1 1 4 En termes de différences de genre, on observe que les garçons assurent plus souvent le maintien de l’ordre dans la classe en l’absence de l’enseignant que celui de la leçon ou de la propreté. Au Sénégal, le rôle du chef de classe semble plus étoffé et en plus de la propreté, la leçon et la discipline, il assurerait également la distribution des fournitures, l’effacement du tableau et détiendrait les clés de l’armoire ou de la classe (voir le tableau 1.14). Bien qu’il s’agisse de duos garçons/filles, davantage de tâches sont confiées aux garçons. Dans le cadre des duos de chef de classe, soit 13 garçons et 7 filles, la discipline et la gestion des clés de la classe ou de l’armoire sont des tâches confiées exclusivement aux garçons ; la propreté est uniquement confiée aux filles. En ce qui concerne la leçon, les fournitures et le tableau, les deux sexes assurent cette responsabilité avec une légère prédominance des garçons sur les filles, en particulier pour effacer le tableau. Les pratiques du chef de classe dans l’échantillon camerounais sont plus harmonisées que dans l’échantillon du Sénégal. + + femme Taille de la classe Tableau 1.13 : Répartition des chefs de classe camerounais observés en fonction des tâches qu’ils assurent et de leur genre Le rôle du chef de classe Au Cameroun, le chef de classe semble assurer trois tâches principales : la propreté , la leçon et la discipline . Ainsi, la discipline constitue la tâche la plus récurrente, suivie de la leçon, puis de la propreté. En témoigne le tableau 1.13. + alphabétisé Age avancé + - Ancienneté maître - Maître association + Formation académique Formation initiale -/+ + Formation continue -/+ Tableau 1.14 :Répartition des chefs de classe sénégalais observés en fonction des tâches qu’ils assurent et de leur genre 3.3 La fabrication des différences entre garçons et Filles L’analyse suivante prend en compte les résultats de l’enquête qualitative menée dans les écoles du Sénégal et du Cameroun et vient compléter ce qui a déjà été abordé, à savoir que certaines pratiques à l’école joueraient un rôle dans la fabrication des différences et le maintien des stéréotypes sexuels. Si l’analyse qualitative a révélé que les enseignants pouvaient juger 18 19 20 Propreté Fournitures Discipline Tableau Clé Leçon Total Filles 4 1 0 1 0 1 7 Garçons 0 2 3 3 3 2 13 Total 4 3 3 4 3 3 Le (la) chef de classe supervise les groupes de balayages établis par l’enseignant(e). Le (la) chef de classe dirige la résolution de l’exercice laissé par le (la) maître(esse) au tableau lorsqu’il (elle) s’absente. Le (la) chef de classe prend le nom des bavards en l’absence du (de la) maitre(esse) Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 37 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE • Les critères de choix du chef de classe La plupart des enseignants camerounais interrogés ont déclaré choisir d’autorité leur chef de classe. Pour cela, ils se basent principalement sur trois critères : la participation et le dynamisme de l’élève, son âge et ses performances. Les enseignants expliquent qu’ils jugeraient le leadership du chef de classe sur sa capacité à imposer une domination physique sur ses camarades (capacité d’intimidation) ou une domination psychologique fondée sur le droit d’aînesse. En revanche, les enseignants qui justifient leur choix par les performances considèrent que le leadership du chef de classe est basé sur la domination intellectuelle. Le choix d’une fille pour occuper le poste de chef de classe peut se justifier par un certain « instinct maternel », ce qui ne devrait pas être un critère de choix, car il a une connotation sociale liée au rôle de la femme et participe à la reproduction des rôles sexués. Au Sénégal, la pratique pour choisir le chef de classe semble être le vote des élèves. Toutefois, c’est généralement l’enseignant qui définit au préalable les critères de choix des candidats. Une fois de plus, la pratique sénégalaise semble moins harmonisée que celle du Cameroun. • L’appréciation du chef de classe par l’enseignant selon son sexe Les déclarations des enseignants camerounais décrivent les garçons comme plus flexibles par rapport à la consigne donnée, tandis que les filles semblent respecter plus scrupuleusement les consignes. Elles semblent moins sujettes à l’influence de la camaraderie. Sur les 10 enseignants camerounais interrogés, seuls 3 enseignants ont formulé leur appréciation du chef de classe en fonction du genre, en attribuant des qualités et des défauts à l’un et à l’autre sexe. Le reste a déclaré ne voir aucune différence entre les uns et les autres. Par contre, l’échantillon du Sénégal ne présente aucune déclaration des enseignants sur l’appréciation du chef de classe en fonction du genre. 3.3.2 La répartition sexuée des responsabilités aux élèves A la question : « Responsabilisez-vous vos élèves sur des tâches précises ? », la réponse la plus récurrente est le ménage de la classe pour l’échantillon sénégalais comme pour l’échantillon camerounais. En ce qui concerne la pratique du balayage, sur les 9 enseignants camerounais qui attribuent des tâches de nettoyage à 38 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 leurs élèves, 6 ont déclaré que garçons comme filles constituent les groupes de balayage. Les autres font balayer exclusivement les filles. Au Sénégal, les déclarations des enseignants indiquent que le nettoyage de la classe est l’activité dominante des élèves. De plus, les filles semblent véritablement préposées au balayage. On n’enregistre qu’une seule déclaration disant que les groupes de balayage sont mixtes. Au vu de ces déclarations, on observe qu’il y a bien une répartition des tâches en fonction du sexe. Même lorsque les garçons sont associés au nettoyage de la classe, ils sont dispensés du balayage. On leur confie plus des tâches auxquelles l’enseignant associe l’effort physique. L’échantillon du Sénégal, plus encore que celui du Cameroun, rend compte de la répartition sexuée des tâches ménagères au sein même de la classe. 3.3.3 L’occupation des tables-bancs par les filles et par les garçons Au-delà des interactions entre enseignants et élèves, les inégalités de genre s’expriment également dans les interactions entre élèves. La manière dont les élèves, filles et garçons, sont disposés dans une classe n’est jamais le fruit du hasard. Que la décision soit prise par l’élève ou par l’enseignant, la répartition des sexes sur les tables-bancs a un impact certain sur leur socialisation respective. Dans les classes de CP observées au Cameroun et au Sénégal, les élèves de même sexe ont tendance à partager une table-banc, tandis qu’au CM1 la tendance est inversée. Au Cameroun, si les couples unisexes du CP sont majoritairement composés de garçons, au CM1, on constate une situation d’équilibre entre les sexes. L’échantillon sénégalais révèle qu’au CP comme au CM1 ce sont les garçons qui composent majoritairement les tables-bancs unisexes. Selon l’opinion des partisans de la mixité à l’école comme gage d’égalité des sexes, une socialisation qui tend vers la mixité serait plus favorable aux filles. Or, au vu de leur répartition sur les tables-bancs, les élèves camerounais observés semblent plus orientés vers une socialisation de mixité, tandis que les élèves sénégalais semblent plus orientés vers une socialisation de séparation des sexes. On peut ainsi conclure à travers l’analyse des pratiques de classe, mais également des interactions entre enseignants et élèves, que l’école reproduit les rapports poussant à prendre en charge des grandes classes où elles sont encore trop peu nombreuses. Enfin, il serait souhaitable que les enseignantes et les directrices soient affectées dans les zones rurales, afin que les filles des zones rurales aient les mêmes conditions et possibilités d’apprentissage que leurs camarades des zones urbaines. de genre déjà présents dans la société. Ainsi, le système éducatif n’est pas exempt du système patriarcal. Initialement conçus pour réduire les inégalités sociales et pour façonner des individus investis dans le développement social, les établissements sont à bien des égards le lieu de leur production, mais surtout celui de leur reproduction, notamment envers les filles et les femmes. Nos systèmes éducatifs contribuent à la formation des rôles et responsabilités socialement assignés aux hommes et aux femmes dans la société. La question enseignante est au cœur de l’analyse concernant la production des inégalités de genre. L’analyse indique que les enseignants auraient tendance à influer sur les acquis des élèves (de façon consciente ou inconsciente) en jugeant les capacités de ces derniers en fonction de stéréotypes sexuels. De même, les enseignants auraient tendance à « favoriser » tel ou tel sexe en fonction de leur propre genre. Enfin, ils participeraient à la reproduction des rôles sexués par l’assignation de tâches aux élèves qui font implicitement référence aux rôles socialement assignés aux hommes et aux femmes. Il serait judicieux que la formation des enseignants prenne en compte la question du genre et la fabrication des inégalités perpétuée à l’école, afin de transmettre aux enseignants de « bonnes pratiques de genre ». 4. CONCLUSIONS – RECOMMANDATIONS La plupart des études menées sur l’éducation des filles en Afrique traitent de l’accès des filles à l’éducation et non de la qualité des apprentissages. Les évaluations du PASEC nous renseignent sur la qualité des acquis scolaires et montrent que les filles auraient des résultats plus faibles que les garçons, surtout en mathématiques. Ainsi, le désavantage observé pour les filles en termes d’accès au cycle primaire se retrouve également au niveau des acquis scolaires. La dernière synthèse des études PASEC montre que dans sept pays évalués sur quatorze, 20 % des élèves éprouvent de graves difficultés scolaires. En effet, de nombreux pays d’Afrique francophones présentent une forte proportion d’élèves scolarisés en fin de cycle primaire qui n’atteignent pas le niveau de connaissances de base leur permettant de savoir lire, écrire et compter correctement. Parmi les facteurs ayant une influence sur les acquis des élèves, indépendamment de leur genre, un certain nombre de recommandations peuvent être formulées : Les inégalités de genre mises en évidence dans cette étude ne concernent pas exclusivement les élèves. Elles sont associées à des inégalités de genre chez les enseignants et les directeurs, que ce soit en termes de répartition ou d’apports éducatifs. Nous avons mentionné dans l’analyse que les élèves ont besoin de modèles de réussite, filles et garçons confondus, afin de les encourager dans leurs études. Or le premier modèle de réussite pour l’élève de cycle primaire, en dehors de la famille proche, est la maîtresse pour les filles et le maître pour les garçons. Ainsi, une des premières recommandations est d’encourager les ministères de l’Education à observer une plus grande parité dans le recrutement des enseignants. Ceci vaut d’autant plus pour la fonction de directeur d’école, où les femmes sont particulièrement sous-représentées. Au-delà du modèle de réussite qu’elles incarnent pour les filles, les directrices ont tendance à rétablir un équilibre dans la répartition des enseignantes en les • la baisse des taux de redoublement au profit de mesures de remédiation pour les élèves en difficulté tout au long de l’année scolaire ; • l’amélioration des équipements des classes ainsi que la dotation en livres de mathématiques et de français que l’élève peut emporter à la maison ; • la sensibilisation des parents, surtout en milieu rural, contre l’abus du travail des enfants ; • renforcer la formation professionnelle initiale et continue des enseignants et inclure un module sur la gestion du genre ; • renforcer l’appui aux écoles par un système d’inspection adapté aux besoins des enseignants et des directeurs et disponible sur le terrain. Parmi les facteurs ayant une influence sur les acquis des filles en particulier, nous pouvons décliner les recommandations suivantes : • réduire la taille des classes afin qu’elle ne dépasse pas 40 élèves ; Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 39 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e ÉTUDE SUR LES PERFORMANCES DES ÉLÈVES DANS LE CYCLE PRIMAIRE • • • • • • encourager la mise en place d’Associations de mères d’élèves (AME) ; renforcer les programmes d’alphabétisation des parents, notamment pour les femmes ; veiller au respect du temps scolaire, qu’il s’agisse des absences des enseignants ou des dates de démarrage de l’année scolaire. Le renforcement de l’inspection pourrait notamment servir à un meilleur contrôle du respect du temps scolaire ; renforcer la parité en matière de recrutement des enseignants et des directeurs d’école et de leur affectation aux différents niveaux d’enseignement; renforcer l’appui aux écoles des zones rurales en priorité, que ce soit au niveau de l’équipement des salles de classe comme de l’inspection ; inciter les écoles et les communautés des zones rurales à mettre en place un service pour accompagner les élèves qui habitent loin de l’école. REFERENCES 1. Banque mondiale (2000), Female School Participation in West Africa, Africa Region Findings, 164, Washington D.C. 2. BERNARD J.M. (2006) Gender and primary school achievements in francophone Africa: analysis based on PASEC data, Report for Human Development Network, Banque mondiale. 3. BOUYA A. (1993), Les filles face aux programmes scolaires de sciences et technologie en Afrique. Etude socio psychologique, Dakar, UNESCO/BREDA. 4. HOFFMANN-BARTHES A. M., NAIR S. et MALPED D., Formation scientifique, technique et professionnelle des jeunes filles en Afrique, sommaire de 21 rapports nationaux, UNESCO, à partir de : http://www.unesco. org education/educprog/ste/pdf_files/girls/reports-fr. pdf, consulté en septembre 2010. 40 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 5. LANGE M.F. et MARTIN J. Y. (1993), « Le refus de l’école : pouvoir d’une société civile bloquée ? », Politique africaine, 27, sept-oct. 6. MAPTO-KENGUE V. et MINGAT A. (2002), Analyse comparative internationale de la féminisation du corps enseignant et de l’impact du sexe de l’enseignant sur la performance des systèmes éducatifs primaires en Afrique, Communication présentée au Colloque AFEC, Caen 23-25 mai 2002. 7. MINGAT A. 2006. Disparités sociales en éducation en Afrique subsaharienne : genre localisation géographique et revenu du ménage, IREDU-CNRS, AFTHD et Banque Mondiale, à partir de : http://halshs.archives-ouvertes fr/docs/00/08/64/45/PDF/06017.pdf. 8. PASEC (2010), Synthèse régionale des résultats PASEC, document de travail. 9. PASEC (2009/2010), Rapports PASEC du Burkina Faso, du Congo, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, des Comores SACMEQ (Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation) / Université de Witwatersrand 2 Disparités entre les genres dans les résultats scolaires de 14 pays africains : Données tirées des projets du SACMEQ et du Burundi, documents de travail. 10. PASEC (2008), Rapports PASEC du Gabon et de l’île RÉSUMÉ Maurice. 11. PASEC (2007a), Guide méthodologique 2007, document de travail. 12. PASEC (2007b), Rapports PASEC de Madagascar, du Cameroun et du Bénin. 13. PASEC (2007c), Guide méthodologique 2007, document de travail. 14. PASEC (2006), Rapports PASEC de la Mauritanie et du Tchad. 15. UNESCO (2003/2004), Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous – Genre et éducation pour tous : Le pari de l’égalité, à partir de : http://unesdoc.unesco. org/images/0013/001325/132550f.pdf. Sur le plan international, la reconnaissance de l’importance de la scolarisation des filles dans les régions en développement comme l’Afrique subsaharienne est en constante augmentation Ce rapport présente les résultats de deux projets de recherche menés en Afrique australe et orientale visant à évaluer la qualité de l’enseignement primaire en matière de genre et d’éducation. La première étude, menée entre 1995 et 1998, a porté sur 1 000 écoles et 20 000 élèves au Kenya, au Malawi, à l’île Maurice, en Namibie, en Zambie, à Zanzibar et au Zimbabwe. La seconde, menée entre 1999 et 2004, a porté sur 2 000 écoles et 40 000 élèves au Botswana, au Kenya, au Lesotho, au Malawi, à l’île Maurice, au Mozambique, en Namibie, aux Seychelles, en Afrique du Sud, au Swaziland, en Tanzanie, en Ouganda, en Zambie et à Zanzibar. L’objectif de ces projets était d’évaluer les performances des élèves en lecture et en mathématiques ainsi que les disparités de performances liées au genre dans les différents pays. Ce rapport présente les résultats des études et formule des hypothèses permettant d’expliquer de telles différences. EXPOSE Ce rapport fait partie d’une série d’études menées en collaboration avec la faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Witwatersrand, le Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation (SACMEQ) et le Forum des éducatrices africaines (FAWE). Le projet se fonde sur un réseau de recherche mis en place pour deux ans sur proposition du FAWE dans le but de faire avancer la recherche sur les questions relatives au genre et à l’éducation en Afrique Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 41 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités entre les g enres dans les résultats scolaires de 1 4 pays africains subsaharienne. Cette phase de l’étude a poursuivi trois objectifs spécifiques : (1) mesurer l’étendue du désavantage lié au genre pour les filles dans les établissements d’enseignement primaire africains à l’aide d’une même série de données sur les élèves des écoles primaires d’Afrique australe et orientale, (2) explorer les possibilités de réduire les disparités liées au genre en termes de performance dans les établissements d’enseignement primaire africains et, (3) développer les compétences des chercheuses africaines. L’équipe de recherche était composée de cinq membres représentant quatre pays de la région. De précédentes études ont démontré que la société a tout à gagner en permettant aux filles d’accéder à l’éducation. Toutefois, les avancées dans ce domaine ont été marquées par certaines réserves, notamment sur l’importance de leur permettre de bénéficier d’une éducation de qualité. Les oppositions ont pris de nombreuses formes et sont apparues dans toutes les tribus et les classes sociales. Elles découlent notamment de la crainte qu’une éducation formelle pour les filles interfère avec les normes et les pratiques traditionnelles. Pour de nombreuses filles en Afrique, choisir de suivre leurs ambitions en matière d’éducation reste un combat dans lequel peu sont soutenues. Malgré tout, il existe des filles qui réussissent leur parcours scolaire dans certaines parties d’Afrique, surpassant même parfois leurs pairs masculins. Les tendances varient selon les pays et au sein d’un même pays. Afin de permettre une meilleure compréhension du problème des disparités entre les genres dans l’enseignement primaire, ce rapport cherche à répondre aux questions suivantes : quel lien existe-t-il entre le genre d’un élève et ses résultats scolaires ? Peut-on distinguer une tendance commune pour différents pays et différentes époques ? Ce rapport s’articule en trois parties : (a) une brève introduction à l’étude menée par le SACMEQ et aux méthodes de collecte des données, (b) une présentation succincte des ouvrages pertinents en lien avec l’étude et, (c) la présentation des résultats en deux sections. La première traite de l’ampleur du désavantage lié au genre dans l’enseignement primaire pour la période concernée par l’étude ; la seconde étudie le lien entre statut socio-économique et égalité des genres dans l’enseignement. Enfin, le rapport se termine par un résumé des résultats et des suggestions pour de futurs travaux. Qu’est-ce que le SACMEQ ? Le Consortium SACMEQ est né en 1995. Il représente quinze systèmes éducatifs d’Afrique australe et orientale. Sept pays ont pris part au projet SACMEQ I, mené entre 1995 et 1998, qui a porté sur 1 000 écoles et 20 000 élèves1. Le projet SACMEQ II, mené entre 1999 et 2004, a porté sur 2 000 écoles et 40 000 élèves2. Le dernier projet du SACMEQ (SACMEQ III) a été lancé en 2005. Toutefois, les données relatives à ce projet, dont l’objectif premier est d’évaluer la qualité de l’enseignement primaire dans une sélection de pays africains, n’étaient pas disponibles lors de la rédaction de ce rapport. Des questionnaires ont été remplis par un échantillon représentatif d’élèves, d’enseignants et de directeurs d’établissements de chaque pays. De plus, une sélection d’élèves et leurs professeurs ont pris part à une évaluation sur la lecture et l’aptitude au calcul. L’étude a été conçue de manière à utiliser des instruments de sondage similaires dans tous les pays afin de faciliter les comparaisons entre eux. Les données du SACMEQ sont évaluées au regard des objectifs d’efficacité identifiés par les experts locaux3, de façon à améliorer la pertinence régionale. Elément crucial pour ce rapport, les données du SACMEQ ont été ventilées par genre pour pouvoir se focaliser sur cette variable. Les filles et l’enseignement en Afrique Sur le plan international, la reconnaissance de l’importance de la scolarisation des filles dans les régions en développement comme l’Afrique subsaharienne est en constante augmentation. Ce fait est motivé, en partie, par l’existence de preuves empiriques démontrant qu’une scolarisation plus longue retarde l’âge du mariage et de la maternité pour les filles. Les jeunes Africaines passent la plus grande partie de leur temps dans des communautés où les structures liées au genre sont strictement définies et ce schéma persiste à l’école. Pour des raisons d’efficacité, l’enseignement mixte est le modèle le plus largement répandu. La majorité des élèves ayant participé à cette Le projet SACMEQ I a étudié les pays suivants : Kenya, Malawi, île Maurice, Namibie, Zambie, Zanzibar et Zimbabwe. Le projet SACMEQ II a étudié les pays suivants : Afrique du Sud, Botswana, Kenya, Lesotho, Malawi, île Maurice, Mozambique, Namibie, Seychelles, Ouganda, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zanzibar. 3 GRISAY et GRIFFIN (2006). 1 2 42 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 les souligner. Dans une étude, il apparaît qu’un meilleur investissement des parents permet de réduire les différences dans les résultats obtenus par les filles et les garçons en mathématiques7. L’auteur de cette étude explique que l’importance de l’investissement sur les résultats scolaires et la question du genre dépendent de l’âge de l’enfant et diminuent lorsqu’il commence à devenir autonome et à effectuer ses propres choix, à l’école et dans la vie. étude sont de jeunes adolescents, l’âge auquel ils sont initiés à leur rôle social respectif. Au cours des quarante dernières années, les chercheurs ont accordé une attention considérable à la question des disparités entre les genres dans les résultats scolaires. Les pionniers ont été Maccoby et Jacklin (1974) suivis de près par Fennema et Sherman4. Le nombre d’ouvrages traitant des difficultés et des possibilités liées à l’éducation des garçons et des filles ne cesse de croître5. Il a été suggéré que de manière générale, les différences entre les genres en matière de résultats scolaires se réduisent avec le temps et qu’elles reflètent le statut des hommes et des femmes dans une société donnée6. Bien que les différences entre les genres semblent se réduire, les filles resteraient à la traîne en mathématiques et en sciences. En outre, dans les pays en développement, les filles obtiennent de manière générale des résultats scolaires inférieurs à ceux des garçons. C’est la raison pour laquelle une étude de l’éducation en Afrique ne saurait être complète sans tenir compte de l’influence du genre de l’élève sur ses résultats, sachant que les différences en termes de pouvoir et de statut entre femmes et hommes sont plus importantes en Afrique que dans les pays plus développés. Les élèves sont issus d’une société où les structures liées au genre sont clairement définies et ces schémas persistent à l’école. Le mode de socialisation des filles et des garçons affecte leurs résultats scolaires, les matières qu’ils choisissent d’étudier ainsi que leurs attentes à l’égard d’une matière donnée8. Les études menées pour comprendre l’effet des attentes sur la perception des mathématiques et des sciences9 montrent que l’attitude des filles et des garçons face aux mathématiques varie et que leurs points de vue sont influencés par la société. Dans une étude menée en Tanzanie, Peasgood et al (1997) ont découvert que le manque de confiance des parents dans les capacités scolaires de leur fille contribuait à l’obtention de faibles résultats. En outre, des études récentes suggèrent que la socialisation et les attentes des élèves jouent un rôle important sur l’attitude des filles et les garçons à l’égard des mathématiques. Les filles douées de très bonnes capacités ne parviennent pas à développer tout leur potentiel si elles sont conditionnées pour croire qu’elles sont, par nature, incapables de réussir en mathématiques10. Souvent, dès le début du parcours scolaire des filles, leur attitude à l’égard des mathématiques est modelée par les parents et les pairs de telle sorte qu’elles finissent par penser qu’elles ne sont pas au niveau des garçons dans cette matière. Invariablement, l’environnement scolaire reflète celui de la société à laquelle il appartient11 . Le lien entre le genre et le soutien à l’éducation offert à la maison dépend des tâches qui empiètent sur le temps consacré au travail scolaire. Si les filles doivent s’occuper d’un nombre plus important de tâches ménagères chaque matin et chaque soir (par exemple, les longues marches pour aller chercher l’eau ou le bois, la cuisine, le ménage, la garde ou les soins aux plus jeunes ou aux plus âgés), il leur restera moins de temps à consacrer à leurs devoirs et elles devront peut-être même manquer des jours d’école pour se consacrer aux tâches ménagères. En fonction de sa nature, l’investissement des parents peut aussi bien contribuer à réduire les disparités liées au genre que L’environnement éducatif d’un enfant peut également influencer les disparités entre les genres, mais le contexte scolaire est particulièrement important pour déterminer l’ampleur des différences entre les genres dans l’éducation. Selon Jimenez et Lockheed (1989) et Mensch et Lloyd (1998), les garçons reçoivent en classe FENNEMA et SHERMAN (1977 et 1978), MACCOBY et JACKLIN (1974). ALDERMAN, BEHRMAN, ROSS et SABOT (1996), BAKER et JONES (1993), FELSON et TRUDEAU (1991), FRIEDMAN (1989), FULLER, HUA et SNYDER (1994), JIMENEZ et LOCKHEED (1989), LEE et LOCKHEED (1998), LEE, MARKS et BYRD (1994) et MENSCH et LLOYD (1998). 6 FRIEDMAN (1989), BAKER et JONES (1993). 7 MULLER (1998). 8 PARSONS, KACZALA et MEECE (1982). 9 ADAMS (1984), FENNEMA et SHERMAN (1977) et KEEVES et KOTTE (1992). 10 DWECK (1986), FENNEMAN et SHERMAN (1977 et 1978). 11 ZUZE (2008). 4 5 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 43 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités entre les g enres dans les résultats scolaires de 1 4 pays africains Quelle est l’ampleur des disparités entre les genres dans l’enseignement primaire ? Données tirées des projets SACMEQ I et II davantage d’attention que les filles et les questions difficiles leur sont généralement adressées. De même, dans leur examen de cette différence de traitement, Peterson et Fennema (1985) ont découvert que les enseignants et l’organisation de l’environnement d’apprentissage favorisent les garçons. L’équipe a remarqué que les approches pédagogiques compétitives favorisant les garçons étaient plus largement utilisées que les approches coopératives. Il semble donc que l’intégration et la participation insuffisantes des filles soient la cause de leur retard d’apprentissage. SACMEQ I : Le graphique 1.3 présente un résumé des moyennes nationales aux examens portant sur l’alphabétisation en sixième année pour les sept pays concernés par le projet SACMEQ I en 1995. Les chiffres concernant les filles et ceux concernant les garçons sont présentés séparément de manière à obtenir des données par genre et par pays et à pouvoir les utiliser dans des comparaisons entre les pays. Comme indiqué plus haut, la moyenne obtenue pour l’ensemble des pays participants à une étude SACMEQ spécifique était de 500. En conséquence, les résultats supérieurs à 500 dépassent la moyenne régionale et les résultats inférieurs à 500 sont en dessous. Il est intéressant de noter que dans les pays ayant obtenu des résultats élevés (île Maurice et Zimbabwe), les filles surpassent les garçons sauf au Kenya. Par exemple, dans le cas de l’île Maurice, les filles devancent les garçons de 10 points en moyenne. En revanche, les filles arrivent derrière les garçons dans la plupart des pays dont les résultats sont bas (Malawi, Zambie et Namibie) à l’exception de Zanzibar. Ces faits pourraient impliquer un lien possible entre la qualité de l’enseignement et les inégalités entre les genres. Cette tendance peut dépendre de la matière. Toutefois, ce point est difficile à traiter, car le projet SACMEQ I s’est limité à évaluer les compétences en lecture dont il sera question plus tard. Bien que les disparités entre les genres dans les résultats scolaires résultent d’une combinaison complexe de facteurs, la plupart des études menées dans ce domaine se sont concentrées sur les facteurs liés à l’environnement des élèves de manière individuelle ou sur l’impact de l’environnement des élèves sur leurs résultats. Peu d’études se sont penchées sur la question de savoir de quelle façon l’interaction de facteurs externes et internes (y compris les différences des résultats selon les matières, le statut socio-économique et la localisation) influait sur les résultats scolaires en relation avec le genre. De plus, peu d’études ont comparé plusieurs pays pour évaluer le lien entre le genre de l’élève et les résultats scolaires. Cette étude vise donc à combler ce vide. Graphique 1.3 : Résultats des examens relatifs à la lecture ventilés par genre - 1995 0 100 200 300 400 500 545 542 Kenya Malawi 467 458 544 556 Maurice Namibie Zambie Zanzibar 600 475 472 Garçons Filles 480 475 488 490 Zimbabwe 501 502 SACMEQ 501 502 Dans la section suivante, nous présentons une analyse plus détaillée à l’aide des données du projet SACMEQ II. SACMEQ II : Le tableau 1.16 présente les résultats relatifs à la lecture par genre du projet SACMEQ II. Les filles ont obtenu des résultats clairement supérieurs dans 8 des 14 systèmes scolaires, la moitié dans les pays obtenant des moyennes basses (Lesotho, Namibie, Afrique du Sud et Ouganda) et l’autre dans ceux obtenant des moyennes élevées (Botswana, île Maurice, Seychelles et Swaziland). La disparité entre les genres est plus marquée aux Seychelles, pays dont le système éducatif obtient de bons résultats. Les garçons surpassent les filles en lecture dans quatre pays : deux pays aux systèmes scolaires performants (Mozambique et Tanzanie) et deux peu performants (Malawi et Zanzibar). Seuls deux pays ne présentent pas, ou très peu, de différences dans les résultats obtenus en lecture selon les genres : le Kenya et la Zambie. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les disparités entre les genres en mathématiques sont très visibles sur ce graphique. En effet, elles sont plus importantes pour les garçons que pour les filles dans les pays où les résultats en mathématiques sont meilleurs que ceux en lecture (île Maurice, Mozambique, Kenya et Ouganda). Cela implique que les garçons ont surpassé les filles en mathématiques dans ces pays. En revanche, dans les pays où les résultats en lecture étaient plus élevés, les filles ont obtenu de meilleurs résultats que leurs pairs masculins (Seychelles, Namibie, Tanzanie et Swaziland). Dans neuf pays sur quatorze, les filles ont obtenu de moins bons résultats en mathématiques qu’en lecture (Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zanzibar). Les garçons ont obtenu de meilleurs résultats en lecture qu’en mathématiques dans seulement quatre pays (Namibie, Seychelles, Swaziland et Tanzanie). La comparaison des résultats relatifs à la lecture obtenus dans les projets SACMEQ I et SACMEQ II permet de noter que les inégalités entre les genres semblent se réduire dans les six pays ayant participé aux deux projets, tant dans les pays obtenant de bons résultats que dans les autres à l’exception de l’île Maurice et de la Namibie où les différences en faveur des filles ont augmenté. Toutefois, la réduction des disparités entre les deux projets s’est faite au détriment de la qualité, puisque cinq des six pays ont constaté une baisse de la qualité de leur enseignement à l’exception du Kenya. Barrières socio-économiques à la parité entre les genres dans l’enseignement Des recherches antérieures ont montré que les élèves dont la famille dispose de davantage de ressources à consacrer à leur éducation obtiennent de meilleurs résultats scolaires12. Le graphique 1.5 présente une comparaison du statut socio-économique des filles et des garçons dans différents pays étudiés dans le cadre du SACMEQ. Le statut socio-économique a été mesuré en évaluant les caractéristiques structurelles du foyer des élèves, le parcours scolaire de leurs parents et les revenus du ménage. Les mesures du statut socioéconomique sont valables pour les filles selon les travaux existants. Dans l’optique de ce schéma, le statut socio-économique d’une valeur « 0 » représente la moyenne des pays concernés par le SACMEQ. Le graphique montre clairement que les garçons et les filles bénéficient de meilleures conditions socio- Le graphique 1.4 correspond à la comparaison des résultats obtenus par les garçons et les filles en lecture et en mathématiques dans le cadre de l’étude SACMEQ II. Chaque barre de valeurs représente la différence entre les moyennes nationales des examens de lecture et ceux de mathématiques. Cette différence a été calculée en soustrayant le résultat obtenu en lecture du résultat obtenu en mathématiques. Par conséquent, les valeurs positives (à droite du schéma) indiquent que la moyenne obtenue en mathématiques est plus élevée que celle obtenue en lecture, alors que les valeurs négatives indiquent un meilleur résultat en lecture. 12 44 Le graphique 1.4 montre que pour une même matière, les résultats diffèrent selon le genre. Chez les garçons, la différence est plus marquée pour l’île Maurice (56), l’Ouganda (29) et le Kenya (27). Chez les filles, la différence est plus nette pour les Seychelles (41), l’île Maurice (40) et la Tanzanie (31). Les résultats obtenus par les garçons étaient pratiquement égaux en mathématiques et en lecture en Zambie (1), au Botswana (1) et au Lesotho (0). Les résultats obtenus par les filles dans les deux matières étaient proches au Malawi. CASE et DEATON (1999), LEE et al, WEST et al, WILLMS et SOMERS (2001) et ZUZE (2008). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 45 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités entre les g enres dans les résultats scolaires de 1 4 pays africains Graphique 1.4 : SACMEQ II – Différences selon les matières Tableau 1.15 : Coefficients de corrélation - SACMEQ II Statut 40 20 0 17 Bot 20 40 13 -0,28 -0,23 Botswana -0,385 -0,362 -0,307 Kenya -0,161 -0,201 -0,148 Lesotho -0,409 -0,204 -0,117 Nam Malawi -0,091 -0,219 -0,201 Sey Maurice -0,289 -0,195 -0,118 3 7 40 5 4 6 Swa Tan 14 10 19 Zam 6 Filles économiques à l’île Maurice, aux Seychelles, en Afrique du Sud et au Swaziland. Parmi dans trois des pays les plus défavorisés (Malawi, Mozambique et Ouganda), les garçons ont des statuts socio-économiques inférieurs à ceux des filles en sixième année. Le contraire est notable dans un seul pays : la Zambie. Graphique 1.5 : Différences des statuts socio-économiques des élèves dans les pays du SACMEQ 1.5 1 0.5 Garçons Filles 0 Oug Zam -0.5 13 COLCLOUGH, AL-SAMMARRAI, ROSE et TEMBON (2003). 46 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Zan 29 1 6Zan Les Mal Mau Moz Nam Sey Af.S Swa Tan 56 19 Oug Bot Ken Sud 0 Af.Sud 19 31 Mathématiques -0,285 Moz 14 Afrique du 27 Mau 10 Lecture socioéconomique 5 Mal 22 80 1 Ken 6 Les 41 60 Garçons Quatre éléments sont à prendre en compte lors de l’interprétation des résultats. Premièrement, dans les pays où le taux de scolarisation est faible, il est probable que les enfants scolarisés sont issus d’un contexte socio-économique meilleur que ceux qui ne sont pas scolarisés. En outre, certaines données provenant de pays comme le Malawi, l’Ouganda et le Mozambique suggèrent que les filles issues de foyers défavorisés ont tendance à quitter l’école après quelques années ce qui expliquerait le profil socio-économique plus élevé des filles de sixième année. Deuxièmement, il est possible qu’un plus grand nombre de garçons que de filles ait intégré le système scolaire à cette époque. Dans certains pays, des politiques d’éducation de masse ont été mises en œuvre dans les années précédant l’étude SACMEQ II (par exemple, au Malawi en 1994 et en Ouganda en 1997). D’autres sources13 indiquent qu’un plus grand nombre de garçons ont rejoint les premiers niveaux du système scolaire à la suite de l’introduction de la politique en faveur de l’enseignement primaire universel au Malawi et en Ouganda. Troisièmement, il existe une forte corrélation entre l’âge et le statut socio-économique, l’âge et les compétences en lecture et en mathématiques (voir le tableau 1.15). Mozambique -0,347 -0,266 -0,227 Namibie -0,013 -0,004 -0,016 Seychelles -0,306 -0,334 -0,249 Swaziland -0,233 -0,293 -0,2 Tanzanie -0,352 -0,184 -0,113 Ouganda -0,274 -0,194 -0,142 Zambie -0,389 -0,27 -0,195 Zanzibar -0,251 -0,132 -0,018 Ce dernier point est représenté en détail dans le graphique 1.6 dont l’axe horizontal correspond au statut socio-économique de chaque pays et l’axe vertical à la moyenne des résultats obtenus en lecture par les filles. Dans la plupart des pays, la ligne rouge résumant le lien entre statut socio-économique et résultats est plane. Dans quelques-uns (Namibie, Afrique du Sud), elle s’élève pour les élèves bénéficiant d’un meilleur statut socio-économique. Cela signifie que le contexte socioéconomique a un plus grand impact sur les résultats scolaires des filles les plus aisées de ces pays. Graphique 1.6 : Résultats scolaires et statuts socio-économiques Les résultats en mathématiques et le statut socio-économique des filles de niveau 6, SACMEQ II Le score des élèves en mathématiques 60 De manière générale, les élèves au statut socioéconomique plus élevé et les élèves obtenant de bons résultats, tant en mathématiques qu’en lecture, sont les plus jeunes. C’est le cas dans tous les pays à l’exception des Seychelles où il n’existe pas de disparité entre les genres par âge, ni en lecture, ni en mathématiques. Quatrièmement, le lien existant entre le statut socio-économique et les résultats scolaires peut varier lorsqu’il est étudié au sein d’un même pays. Le statut socio-économique Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 47 48 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 454 471 440 451 481 508 490 518 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 urbaine * Les filles les plus pauvres proviennent du deuxième quintile de l’île Maurice et des Seychelles. 401 521 484 371 523 509 483 pauvres en zone Filles les plus rurale pauvres en zone 471 430 395 474 504 507 471 509 514 490 421 541 573 429 402 507 519 590 453 418 428 448 552 517 500 Toutes les filles Filles les plus Mathématiques urbaine 436 434 502 515 558 529 439 510 477 408 470 508 497 pauvres en zone Filles les plus rurale pauvres en zone 517 429 458 477 441 387 464 486 538 487 510 534 506 407 618 614 451 413 496 514 551 430 410 426 455 507 Filles les plus 547 534 Toutes les filles Lecture 433 Oug Tan Swa Af. S Sey* Nam Moz Mau* Mal Les Ken Bot *Source : Rapport EPT 2008 Tableau 1.17 : Comparaison des moyennes obtenues en lecture et en mathématiques selon le lieu de résidence des filles les plus pauvres - SACMEQ II 503 Zan Zam 1.01 0.96 1.04 1.02 1.01 1.07 0.79 1.01 0.98 1.12 1.04 IPS (1999)* 1.01 0.24 0.50 0.54 0.23 0.54 0.63 0.09 0.52 0.82 0.17 0.68 0.56 0.23 Filles 0.63 0.31 0.53 0.52 0.23 0.65 0.49 0.12 0.57 0.75 0.20 0.65 0.66 0.65 0.40 Garçons Redoublement -0.37 -0.40 -0.72 -0.25 -0.68 -0.46 -0.50 -0.48 0.18 0.21 0.52 0.51 1.30 1.25 -0.16 -0.14 -0.52 -0.26 1.14 1.14 -0.51 0.45 -0.32 -0.28 -0.22 0.04 Filles -0.18 0.04 Garçons Statut soc.-éc. 485 471 430 440 508 504 507 540 518 514 490 482 536 573 429 433 537 519 590 579 438 428 448 446 517 Filles 574 508 Garçons 552 477 478 435 440 485 506 522 538 533 517 486 504 614 554 431 451 514 530 585 550 425 432 447 454 513 Mathématiques 547 534 Filles 563 479 439 479 554 524 478 549 443 518 523 431 446 507 Garçons 547 52 478 440 48 45 482 545 52 52 530 492 53 50 Zan Zam Oug Tan Swa Af. S Sey 582 449 52 40 516 536 48 48 429 Dans les pays du SACMEQ, les filles sont issues de divers contextes socio-économiques, mais le 56 • 451 Il semble que les filles obtiennent de moins bons résultats en mathématiques. Cela pourrait s’expliquer par les programmes scolaires, les méthodes pédagogiques voire le matériel éducatif. Ce point requiert des études détaillées au niveau national. 50 • 546 Les questions relatives à l’égalité entre les genres et à l’enseignement varient nettement en fonction des régions et doivent être étudiées à la lumière du contexte propre à chaque pays. 51 • 521 Peu de tendances se dessinent entre les groupes régionaux et les pays partageant des histoires récentes similaires. Lecture • % filles En ce qui concerne la matière, une inégalité est visible. En effet, en mathématiques, les filles obtiennent des résultats inférieurs à ceux des garçons dans deux tiers des pays de l’étude. Moz • Mau Tous les pays ne présentent pas de disparités entre les genres dans l’enseignement primaire. En lecture, on a noté un désavantage lié au genre pour les fills au Malawi et en Zambie et pour les garçons à l’île Maurice. Mal • Nam La dernière partie de ce rapport résume les principales conclusions tirées de notre étude. Les Nous pouvons constater un net avantage en faveur des filles résidant en zone urbaine. Indépendamment du lieu de résidence, les filles issues de familles pauvres obtiennent des résultats inférieurs à la moyenne. Toutefois, dans quatre pays (l’Afrique du Sud en lecture et le Lesotho, le Mozambique et la Zambie en mathématiques), les filles vivant en zone urbaine appartenant à la tranche socio-économique la plus basse obtiennent des résultats supérieurs à la moyenne. Il est à noter qu’aux Seychelles, la moyenne obtenue par les filles les plus pauvres résidant en zones rurales est supérieure à celle de l’ensemble des filles en lecture. Les résultats obtenus en lecture par les filles les plus pauvres sont supérieurs en zones rurales dans neuf pays (Afrique du Sud, Kenya, Lesotho, île Maurice, Mozambique, Namibie, Swaziland, Tanzanie et Zambie). CONCLUSION Ken Nous avons approfondi l’analyse du genre et du statut socio-économique en examinant si les filles vivant en zone urbaine étaient plus avantagées que celles des zones rurales durant la période de l’étude. Il a été avancé que le recours au travail des enfants dans les ménages était moins important dans les zones urbaines que rurales. Le tableau 3 présente le rapport entre les résultats scolaires et le lieu de résidence des filles au statut socio-économique bas. Il compare les résultats obtenus par les 20 % de filles les plus pauvres des campagnes et des villes de chaque pays en lecture et en mathématiques à ceux de l’ensemble des filles ayant participé à l’étude. Les résultats en mathématiques sont plus mitigés. L’avantage dont bénéficient les élèves des zones urbaines se note dans un nombre moins important de pays. Les filles les plus pauvres vivant en ville ont obtenu de meilleurs résultats dans six pays (Afrique du Sud, Lesotho, île Maurice, Mozambique, Tanzanie et Zambie), alors qu’au Botswana, au Kenya, au Malawi, aux Seychelles, en Ouganda et à Zanzibar, celles résidant à la campagne ont obtenu de meilleurs résultats. Dans deux pays (Namibie et Swaziland), la différence est faible entre les résultats obtenus en mathématiques par les filles les plus pauvres des zones urbaines et celles des zones rurales. Bot Différences de résultats en fonction du statut socio-économique et de la zone de résidence pour les filles du projet SACMEQ II Dans quatre pays seulement (Botswana, Seychelles, Ouganda et Zanzibar), les filles les plus pauvres vivant en zones rurales ont surpassé celles vivant en zone urbaine. Au Malawi, où la moyenne en lecture est la plus basse, le lieu de résidence n’a pas d’importance sur les résultats des filles les plus pauvres. Tableau 1.16 : Caractéristiques des élèves - SACMEQ II L’indice de parité entre les sexes (IPS) de 1999 a été intégré au tableau 1.16 pour pouvoir évaluer si les tendances relatives à l’intégration en masse varient selon le genre. L’IPS représente la proportion de filles et de garçons intégrés dans le système scolaire primaire. Un chiffre supérieur à 1 indique une majorité de filles et un chiffre inférieur à 1 correspond à une majorité de garçons. Par exemple, le Lesotho compte 112 filles pour 100 garçons dans le système primaire alors que le Mozambique compte 79 filles pour 100 garçons. Si l’IPS traduit les tendances de l’ensemble des niveaux d’enseignement primaire, les données du SACMEQ ne portent en revanche que sur la sixième année. Lorsque les données du projet SACMEQ III seront disponibles, il sera intéressant d’étudier ce point de plus près, car le taux de participation est beaucoup plus élevé à travers la région. 441 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités entre les g enres dans les résultats scolaires de 1 4 pays africains 49 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités entre les g enres dans les résultats scolaires de 1 4 pays africains rapport semble indiquer que les filles scolarisées ne sont pas défavorisées par rapport aux garçons. • L’avantage résultant de la richesse personnelle est plus marqué dans certains pays que dans d’autres, en particulier pour les groupes les plus riches de la société. Dans de nombreux pays, il est clair que d’autres facteurs (vraisemblablement liés plus directement à l’enseignement) influencent les résultats des filles au niveau primaire. REFERENCES 1. ADAMS R.J. 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Linda (2008), Equity and Effectiveness in East African Primary Schools, thèse présentée pour l’obtention d’un doctorat de philosophie, département d’économie, Université du Cap. 3 Relation entre la qualite de l’enseignant et les resultats scolaires des filles dans les ecoles primaire africaines : donnees probantes du projet SACMEQ II La recherche a établi que les élèves vivant dans les zones urbaines obtenaient de meilleurs résultats que ceux vivant dans les zones rurales en raison de la présence d’enseignants qualifiés et de l’accès à des équipements Ce rapport est le second d’une série d’études connexes conduites dans le cadre de la collaboration entre la faculté des Sciences de l’éducation de l’université de Witwatersrand, le Consortium de l'Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation et le Forum des éducatrices africaines (FAWE). La genèse de ce travail de recherche est une initiative en réseau proposée par le FAWE et lancée voici deux ans afin de stimuler la recherche sur le genre et l’éducation en Afrique subsaharienne. Elle répond à l’objectif du programme de l’Education pour Tous visant à éliminer les inégalités entre les genres dans les enseignements primaire et secondaire pour parvenir à l’égalité entre les sexes. S’appuyant sur les données secondaires rassemblées par SACMEQ II entre 1999 et 2000, l’étude explore les moyens de combler l’inégalité existant entre les genres dans les résultats scolaires des écoles primaires africaines. Elle tentera aussi de déterminer quels sont les facteurs ayant un impact sur la réussite scolaire des élèves. Ces facteurs comprennent la situation géographique de l’école (zone rurale ou urbaine), le sexe de l’enseignant et les « indicateurs de qualité de l’enseignant » qui sont dans cette étude les qualifications académiques, les qualifications professionnelles, l’expérience de l’enseignement et la compétence de l’enseignant. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 51 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e R elation entre la q ualite de l ’ ensei g nant et les resultats scolaires dans les ecoles primaires 1.INTRODUCTION Ce travail de recherche se consacre à l’impact de la qualité des enseignantes sur la réussite scolaire des élèves de sexe féminin dans les écoles primaires en Afrique australe et orientale. Il étudie en particulier les aspects de la qualité de l’enseignant selon le sexe et la façon dont ces caractéristiques influent sur les résultats des élèves de sexe féminin en mathématiques. Pour répondre aux objectifs exposés ci-dessus, l’étude est circonscrite à deux questions centrales : • Quelle est la relation entre le sexe de l’enseignant et sa connaissance de la matière enseignée ? • Existe-t-il un lien entre la présence d’enseignantes compétentes et les résultats scolaires dans les écoles étudiées par SACMEQ ? Exposé du problème Les disparités entre les genres et les solutions à apporter pour combler cet écart dans la scolarité sont depuis longtemps sujettes à controverses en Afrique comme dans d’autres régions du monde. Comme dans les précédents travaux de recherche basés sur les données de SACMEQ II, nos résultats préliminaires font apparaître que les filles réussissent moins bien que les garçons en mathématiques dans la plupart des pays qui font l’objet de cette étude. Même dans les pays les plus développés, la sous-performance des filles par rapport aux garçons en mathématiques est mise en évidence, avec des écarts plus prononcés attendus durant l’adolescence. Lors des recherches conduites pour trouver des solutions à la disparité entre les résultats obtenus en mathématiques par les filles et les garçons, de nombreuses études ont examiné l’influence de la qualité de l’enseignant sur la réussite scolaire des élèves. Ces recherches se sont surtout employées à mesurer dans quelle mesure le sexe de l’enseignant, homme ou femme, influe sur la réussite en lecture et en mathématiques des élèves, garçons et filles. La recherche a rarement étudié le lien entre le sexe de l’enseignant, la connaissance de la matière enseignée et le rôle que ces facteurs jouent dans la diminution de l’écart de résultats constaté entre les sexes. Les données de l’étude SACMEQ offrent une opportunité unique d’étudier ces problématiques simultanément. Cette étude souhaite pallier le manque de connaissances sur ce point. 2. REVUE DE LA LITTERATURE Un nombre croissant de publications a démontré que des enseignants très compétents sont associés à de meilleurs résultats scolaires chez leurs élèves1. Améliorer la qualité de l’enseignement est un but à long terme du projet SACMEQ qui comporte des implications importantes pour les programmes de formation des enseignants en Afrique. L’environnement éducatif de l’enfant peut jouer sur l’écart entre les genres en matière de réussite scolaire, mais le contexte scolaire est très important pour déterminer l’amplitude des écarts de performance scolaire entre les genres. Des travaux récents ont consacré une grande attention à la relation entre le genre et les résultats en mathématiques, que ce soit en matière de résultats ou d’accès des filles et des garçons à l’éducation2. Certaines de ces études démontrent que les enseignants influent de manière positive sur la réussite scolaire de leurs élèves, tandis que d’autres n’ont pas relevé de corrélation entre le sexe de l’enseignant ou sa qualité et la réussite scolaire des élèves. 2.1 Le sexe de l’enseignant et la réussite en mathématiques Des résultats contradictoires apparaissent quand on cherche à déterminer si un enseignant du même sexe que l'élève apporte un niveau plus élevé de soutien scolaire et améliore les perspectives d'apprentissage des élèves de sexe féminin, en particulier dans les pays en développement. Dans une étude menée dans cinq états indiens et destinée à étudier la relation entre les résultats d'apprentissage des élèves et la présence d'enseignants de sexe féminin, Chudga et Sankar (2008) ont constaté que le sexe de l'enseignant n'avait eu aucun effet sur les résultats en mathématiques des élèves. La seule différence observée entre les enseignants hommes et femmes, d’après cette étude, concernait la que les filles quand leur professeur était un homme7. Cette étude n’a cependant concerné qu’un pays et nous apprend peu de choses sur les caractéristiques des enseignantes qui ont eu un impact sur l’amélioration des résultats des filles. manière de diriger leur classe et leur confiance dans les aptitudes d'apprentissage de leurs élèves. Toutefois, d'autres études indiquent que les enseignantes améliorent la réussite scolaire des filles comme des garçons3 et que les enseignantes compétentes peuvent incarner un modèle positif et conforter la motivation des filles à mieux travailler4. 2.2 Influence du sexe de l’enseignant et de la situation géographique de l’école sur les résultats en mathématiques En dépit de ces conclusions, d’autres travaux de recherche ont contesté le rôle positif des enseignantes en notant que certaines institutrices du primaire transmettaient à leurs élèves filles leur appréhension des mathématiques. Dans une étude à petite échelle menée aux États-Unis, on a observé que les enseignantes du primaire qui appréhendaient les mathématiques avaient une influence nettement négative sur les résultats en mathématiques et sur les stéréotypes véhiculés par leurs élèves filles en comparaison avec les enseignantes qui étaient à l’aise dans cette matière5. D’autres avancent l’argument que les enseignantes manquent de confiance en elles-mêmes et d’estime de soi ce qui tend à renforcer les stéréotypes de genre et affectent leur capacité à incarner des modèles dans les écoles ou à influer de façon positive sur la performance des élèves filles6. La recherche a établi que les élèves vivant dans les zones urbaines obtenaient de meilleurs résultats que ceux vivant dans les zones rurales en raison de la présence d’enseignants qualifiés et de l’accès à des équipements dans la plupart des écoles urbaines et de la pénurie de ces ressources dans les zones rurales8. Une étude s’intéressant au sexe de l’enseignant et à la réussite des élèves en quatrième et cinquième année du cycle primaire au Pakistan, qui a utilisé la modélisation linéaire hiérarchique, a conclu que le sexe de l’enseignant, ses méthodes pédagogiques et la situation géographique influençaient beaucoup la réussite des élèves. En ce qui concerne la situation géographique de l’école, cette étude a démontré que les enseignants de sexe masculin amélioraient les résultats scolaires des garçons et des filles aux épreuves de mathématiques dans les écoles rurales contrairement aux enseignantes. Les résultats suggèrent d’une part que la situation géographique de l’école et le sexe de l’enseignant exercent une influence sur les résultats des élèves et d’autre part, que les enseignantes pourraient être responsables de la médiocrité des résultats des élèves en mathématiques dans les écoles rurales. Dans les zones urbaines, même si les élèves des enseignantes de quatrième année du cycle primaire ont obtenu de meilleurs résultats en mathématiques que ceux des enseignants de sexe masculin, aucun écart significatif n’a été constaté9. Les problèmes de logement, d’accès aux transports et d’insécurité dans les zones rurales pourraient expliquer pourquoi les enseignantes compétentes préfèrent enseigner dans des écoles urbaines, ce qui expliquerait en partie les résultats médiocres des élèves des enseignantes des écoles rurales dans l’étude ci-dessus mentionnée. D’un autre côté, une étude menée en Ouganda et portant sur 3 950 élèves en dernière année d'école primaire dans 200 écoles a montré que les enseignantes exerçaient une influence positive sur la performance scolaire des élèves filles. Par exemple, les filles obtenaient de meilleurs résultats que les garçons aux épreuves de mathématiques et de lecture quand leur enseignant était une femme. En lecture, même si les filles obtenaient des résultats nettement meilleurs, on a constaté une amélioration des résultats des filles comme des garçons quand le professeur était une femme. Sans différences notables, les enseignantes avaient une plus grande influence dans l’amélioration des résultats aux tests de mathématiques des filles par comparaison avec les garçons. Néanmoins, les garçons ont obtenu de meilleurs résultats en mathématiques NANNYONJO (2007), DEE (2006) KIRK J. (2006), LEE et LOCKHEED (1998), MICHAELOWA K. (2001) BEILOCK S., GUNDERSON E., RAMIREZ G. et LEVINE S. (2010) 6 MIREMBE et DAVIES (2001), MENSCH et LLOYD (1998) 7 NANNYONJO (2007) 8 BANQUE MONDIALE (2004), MILNER (2001) 9 WARWICK et JATOI (1994) 3 4 5 1 DARLING-HARMOND (2000), BALL, HILL et BASS (2005), MANDAVILLE et LIU (1997). 2 GALLAHERE et KAUFMANN (2005). 52 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 53 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e R elation entre la q ualite de l ’ ensei g nant et les resultats scolaires dans les ecoles primaires 2.3 La qualité des enseignants et la réussite des élèves Les résultats concernant la qualité de l’enseignant et l’influence qu’elle exerce sur la réussite des élèves sont mitigés. La connaissance d’une matière par l’enseignant a été décrite comme un indicateur signifiant la réussite de l’élève. Certaines études ont montré que l’amélioration des résultats des élèves semble étroitement liée au fait que l’enseignant possède de bonnes qualifications académiques et professionnelles. Cependant, une étude portant sur l’équité, l’efficacité et la réussite scolaire dans les écoles de trois pays d’Afrique de l’Est a conclu globalement que les facteurs liés à l’amélioration de la réussite scolaire dans les écoles élargissaient au contraire l’écart de réussite entre les genres en faveur des garçons . Les résultats d’une étude connexe qui s’appuyait sur les données SACMEQ pour étudier la relation entre la formation de l’enseignant, sa connaissance de la matière enseignée, les pratiques pédagogiques et les résultats en mathématiques d’élèves de sixième année du cycle primaire en Namibie inclinent à penser que les professeurs de mathématiques avec une formation spécifique dans cette matière produisaient des résultats positifs sur les résultats en mathématiques des élèves. Cet effet était le plus prononcé chez les élèves issus de classes socio-économiques aisées, mais pas sur les plus modestes. Les conclusions suggèrent que la réussite en mathématiques des élèves dépend du niveau de compétences et de la formation professionnelle des enseignants en mathématiques. La reproduction de ces résultats à onze autres pays concernés par l’enquête SACMEQ a montré que le nombre d’années de formation de l’enseignant et son niveau de maitrise de la matière enseignée jouaient un grand rôle dans la réussite en mathématiques des élèves13. Toutefois, cette étude n’a pas pris en compte les effets du genre et de la qualité de l’enseignant, et la façon dont ce facteur influe sur la performance des élèves filles. De façon similaire, une analyse de la qualité des enseignants basée sur la maîtrise de la matière enseignée, l’expérience professionnelle et la 13 DUTHILLEUL et REBECCA (2005). 14 LEE, ZUZE et ROSS (2005). qualification académique conduite dans quatorze pays africains a révélé une relation marquée entre la qualité de l’enseignant et la lecture dans quatre de ces pays, mais pas dans les dix autres14. Cela tendrait à signifier que d’autres facteurs influeraient sur les résultats en lecture. Warwick et Jatoi (1994) soutiennent que, pour ce qui est de la qualité de l’enseignant, les élèves des enseignantes ont obtenu de meilleurs résultats que ceux des enseignants de sexe masculin, de façon significative et à niveau égal de qualifications. Bien que la plupart des enseignants du cycle primaire des pays en voie de développement n’aient pas de diplôme universitaire, on pourrait en déduire que les enseignantes ayant étudié à l’université ont le potentiel d’influencer la réussite des élèves. La différence dans les résultats ci-dessus pourrait s’expliquer par des différences dans les facteurs contextuels spécifiques. 3. METHODOLOGIE Les données utilisées dans cette étude sont extraites de la seconde vague du projet de recherche transnationale conduit par le SACMEQ 15. L’étude a utilisé des méthodes quantitatives pour traiter les données secondaires tirées de SACMEQ II afin d’étudier la relation entre la qualité de l’enseignant et les résultats scolaires obtenus par les filles dans les écoles primaires africaines. Le principal objectif de l’enquête SACMEQ II était d’évaluer la qualité de l’enseignement primaire dans quinze pays d’Afrique australe et orientale. Le SACMEQ a collecté les données complètes d’un échantillon représentatif d’élèves en dernière année d'école primaire et de leurs professeurs et directeurs d’école à l’aide de questionnaires normalisés dans tous les pays afin de pouvoir établir des comparaisons transnationales. De plus, les élèves en dernière année d'école primaire et les qualifications et les compétences des enseignants en lecture et en mathématiques de l’échantillon avaient été évalués. L’analyse présentée dans cette étude couvre sept des quinze pays pour tenir compte de la représentation géographique et des variations entre pays dans le Le Consortium SACMEQ a été lancé en 1995 et représente quinze ministères de l’Education d’Afrique australe et orientale. Les données SACMEQ II ont été collectées entre 1999 et 2000. 15 54 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 comme le sexe de l’enseignant et du directeur, la compétence des enseignants mesurée en terme de résultats aux évaluations en mathématiques ainsi que les qualifications et l’expérience académiques et professionnelles, afin de déterminer s’il existe une relation entre la qualité des enseignantes et les résultats des filles. Nous sommes allées plus loin pour explorer la relation entre le sexe des élèves et la qualité des enseignants au moyen de graphiques provenant de modèles linéaires hiérarchiques. Les données par élève ont été utilisées pour analyser ces relations. développement économique et les performances éducatives. Nous avions à l’origine l’intention de nous consacrer aux sept pays qui avaient participé à SACMEQ I et II16. Cependant, l’île Maurice a dû être exclue, car les données sur les compétences des enseignants n’ont pas été collectées. L’analyse inclut donc cinq pays ayant participé à SACMEQ I et deux autres pays de chaque sous-région ayant participé à SACMEQ II. Pour répondre aux deux questions circonscrites par la recherche, nous avons eu recours à des méthodes quantitatives. L’analyse préliminaire a été principalement descriptive et s’est basée sur les notes moyennes et le croisement des mesures choisies pour mesurer la qualité des enseignants comme les qualifications universitaires, le nombre d’années d’expérience dans l’enseignement et les résultats des élèves filles en mathématiques. L’analyse est allée plus loin pour explorer ces relations en fonction de la situation géographique de l’école. Les données SACMEQ sont ventilées par sexe ce qui a permis une analyse axée sur le genre. 3.1 Les limites de l’étude L’agrégation de données a impliqué que les estimations des enseignants se sont basées sur des variables agrégées et non individuelles, ce qui a réduit la solidité des estimations qui en ont été tirées. Les données agrégées ont aussi limité le type d’analyses que nous pouvions conduire pour étudier ces relations. Cela est dû aux modèles statistiques qui explorent ces relations et nécessitent des données restant au niveau individuel ou du groupe. Ne pas respecter cette règle aurait conduit à des résultats trompeurs. Afin de répondre à la première question, à savoir la relation entre le sexe de l’enseignant et la connaissance de la matière enseignée, les notes moyennes des enseignants de mathématiques et de lecture ont été comparées afin de déterminer s’il existait un écart de résultats entre les sexes, et si les différences entre les notes moyennes des enseignants de sexes masculin et féminin étaient significatives au plan statistique. Nous avons aussi recherché s’il existait une différence quelconque entre les genres selon la situation géographique de l’école en comparant les notes moyennes des enseignants des écoles rurales et urbaines. Les données SACMEQ ont été présentées au niveau de l’élève. De ce fait, les variables concernant les enseignants sont reportées au niveau de l’élève. Pour pouvoir étudier la relation entre le sexe de l’enseignant et la connaissance de la matière enseignée, nous avons regroupé les données individuelles au niveau des élèves à un niveau supérieur qui est l’école. 4. RESULTATS / CONSTATATIONS 4.1 Caractéristiques du constat de l’enseignant Cette étude s’intéresse à la relation entre la « qualité » de l’enseignant et le genre et la façon dont ces facteurs influent sur les résultats des filles en mathématiques. En tant que telles, les variables comprises dans les données de base sont utiles pour la compréhension des données et l’aide apportée à l'interprétation des résultats. Genre Dans l’échantillon d’enseignants de dernière année d'école primaire utilisé dans cette étude, les enseignantes constituent moins de la moitié du total de l’échantillon d’enseignants de mathématiques et de lecture. Le Malawi et l’Ouganda présentaient la proportion la plus élevée d’enseignants de sexe masculin, avec respectivement 83 % et 84 % enseignant la lecture et 74 % et 90 % enseignant les mathématiques (voir le tableau 1.18). Nous avons comparé les résultats des filles des quintiles des 20 % réussissant le moins bien et des 20 % réussissant le mieux en mathématiques à des indicateurs de qualité chez les enseignantes Les sept pays qui ont participé à SACMEQ I étaient le Kenya, le Malawi, l’île Maurice, la Namibie, la Zambie, Zanzibar et le Zimbabwe. L’île Maurice et le Zimbabwe ont été remplacés par le Botswana et l’Ouganda dans l’échantillon de pays étudiés dans cette étude. 16 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 55 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e R elation entre la q ualite de l ’ ensei g nant et les resultats scolaires dans les ecoles primaires Tableau 1.18 : Profil des enseignants de lecture et de mathématiques de niveau 6 Bot Ken Mal Nam Oug Zam Zan % Zones rurales 48,8 56,5 70,7 57,4 73,6 58,0 73,8 % Directrices 54,7 12,0 12,1 24,8 14,8 18,3 13,8 % Femmes 41,9 43,1 26,6 49,1 16,2 35,1 49,3 % Cycle complet de l’enseignement 42,7 96,0 56,1 77,0 93,7 78,7 88,5 92,3 97,1 50,4 90,2 87,4 93,4 71,2 94,4 86,2 67,7 69,5 57,6 69,0 72,1 Lecture secondaire & plus % ayant 2 ans ou plus d’années de Qualité de l’enseignant Le corps enseignant est majoritairement masculin, car dans la majorité des pays africains, moins de femmes se qualifient pour les programmes de formation des enseignants. Toutefois, la domination des enseignants de sexe masculin ne signifie pas nécessairement que l'enseignement est un choix professionnel. Elle pourrait être un indicateur de la baisse des qualifications académiques chez les enseignants de sexe masculin qui font de l'enseignement un choix professionnel de dernier recours. • Dans l'ensemble, la majorité des enseignants de mathématiques et de lecture ont terminé leurs études secondaires. Au Kenya et en Ouganda, plus de 95 % des enseignants ont achevé des études secondaires ou supérieures. Une proportion plus élevée d'enseignantes que d'enseignants de sexe masculin a fréquenté l'enseignement secondaire ou supérieur et en Ouganda et au Kenya presque toutes les enseignantes de dernière année d’école primaire avaient les diplômes requis (voir le graphique 1.7). formation des enseignants % ayant 5 ans ou plus d’expérience de l’enseignement Mathematiques % Femmes 41,1 20,1 25,7 42,4 9,6 34,9 36,9 % Cycle complet de l’enseignement 43,2 97,2 66,9 74,2 98,3 78,8 90,5 93,2 95,5 48,9 90,7 90,9 93,5 80,7 83,6 83,8 63,4 75,2 51,3 68,8 71,5 secondaire & plus % ayant 2 ans ou plus d’années de formation des enseignants % ayant 5 ans ou plus d’expérience de l’enseignement Cependant, la proportion de femmes enseignant la lecture dans les écoles urbaines était plus élevée dans cinq des sept pays (Zanzibar, Malawi, Kenya, Namibie et Zambie). Dans les écoles urbaines, Zanzibar avait la plus forte proportion de femmes enseignant les mathématiques. Le pourcentage est similaire en Zambie et au Malawi (voir le tableau 1.19). Tableau 1.19 : Pourcentage total des femmes enseignant au niveau 6 par rapport au nombre total des enseignants de niveau 6 selon la matière et la situation géographique Pays Bot Ken Mal Nam Oug Zam Zan Zones rurales 34,57 34,02 10,20 44,67 12,61 22,34 39,00 Zones urbaines 48,24 55,26 65,85 54,21 26,19 52,11 77,14 Lecture Mathématiques Zones rurales 34,15 12,12 15,46 42,48 6,17 22,11 28,87 Zones urbaines 47,06 30,00 51,28 42,86 18,75 52,11 60,01 En ce qui concerne la matière enseignée et le lieu d’enseignement, on a noté une plus forte proportion de femmes enseignant les deux matières dans les zones urbaines que rurales, à l'exception de la Namibie où le pourcentage d'enseignantes de mathématiques travaillant dans les zones rurales et urbaines est presque égal (voir le tableau 1.19). On a constaté dans les zones rurales une plus forte proportion d’hommes que de femmes enseignant la 56 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 lecture et les mathématiques, car la proportion de femmes enseignant en zones rurales est en général plus faible. Cette situation a été imputée au manque d'équipements de base, au sentiment d'insécurité ressenti par les femmes dans les zones rurales et au problème lié à l’éloignement du conjoint et des membres de la famille. La répartition de ces enseignants dans les données SACMEQ II reflète de manière générale la répartition urbaine/rurale et par genre des enseignants dans les pays africains. Qualifications académiques Dans les zones rurales de pays comme le Kenya, les enseignantes constituent 34 % du corps enseignant, mais seulement 12 % des enseignants de mathématiques. Une préférence par matière apparaît ici, peut-être basée sur les croyances culturelles et les stéréotypes sexistes sur les matières que les hommes et les femmes devraient enseigner ou sur la perception selon laquelle les femmes sont plus douées pour les langues et les hommes pour les mathématiques. En termes de localisation géographique, les résultats indiquent qu’en Namibie, en Ouganda, en Zambie et à Zanzibar, les enseignants de sexe masculin enseignant la lecture et possédant les qualifications requises étaient plus nombreux dans les écoles rurales que dans les écoles urbaines. Il n’y a qu’au Botswana, au Kenya et au Malawi que les enseignants les plus diplômés se trouvaient dans les zones urbaines (voir le graphique 1.7). Dans les pays de l'échantillon, à l'exception du Botswana qui comptait plus de 55 % de chefs d'établissement de sexe féminin, moins d’un quart des écoles était dirigé par une enseignante dans les autres pays (voir le tableau 1.18). Graphique 1.7 : Qualifications académiques des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre Pourcentage des enseignants de lecture ayant achevé le 2ème cycle du secondaire et plus selon la situation géographique et le genre 0 Bot Ken Mal Nam Oug Zam Zan 50 100 Pourcentage des enseignants de mathématiques ayant achevé le 2ème cycle du secondaire et plus selon la situation géographique et le genre 150 0 Zones rurales hommes Zones urbaineshommes Zones rurales femmes Zones urbainesfemmes Bot Ken Mal Nam Oug Zam Zan 50 100 150 Zones rurales hommes Zones urbaineshommes Zones rurales femmes Zones urbainesfemmes En ce qui concerne les enseignants de mathématiques dans les écoles urbaines, les enseignants de sexe masculin de l'échantillon avaient des qualifications plus élevées que leurs collègues des zones rurales du Botswana, du Kenya, du Malawi, de la Namibie et d’Ouganda. En Zambie et à Zanzibar, les enseignants de sexe masculin avaient des qualifications plus élevées dans les écoles rurales. La plupart des femmes enseignant les mathématiques et possédant une éducation secondaire et supérieure se trouvaient dans les écoles urbaines, avec une majorité en Ouganda, au Kenya et en Namibie. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 57 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e R elation entre la q ualite de l ’ ensei g nant et les resultats scolaires dans les ecoles primaires • En mathématiques, à Zanzibar, au Kenya et en Zambie, une proportion plus élevée d’enseignantes qualifiées se trouvaient dans les régions rurales par rapport aux écoles urbaines, à l'exception de l'Ouganda où l’on a trouvé des proportions égales de femmes enseignant dans les écoles rurales et urbaines. Au Botswana, au Malawi et en Namibie, une proportion plus élevée d’enseignantes ayant une éducation secondaire ou supérieure se trouvaient dans les écoles urbaines. Qualifications professionnelles Dans ce contexte, le terme de « qualifications professionnelles » se réfère aux enseignants ayant suivi deux ans ou plus de formation pédagogique, car il est généralement admis que les programmes de formation pédagogique de deux ans et plus forment des enseignants de bonne qualité. Dans tous les pays, la majorité des professeurs enseignant les mathématiques et la lecture étaient certifiés pour le faire. Malgré ce pourcentage élevé d'enseignants certifiés (93 % en lecture et 90 % en mathématiques), il n’y en avait que la moitié au Malawi qui avait suivi deux années ou plus de formation pédagogique (voir le graphique 1.8). Au Kenya, au Malawi, en Ouganda, en Zambie et à Zanzibar, la proportion d’enseignantes de sixième année du cycle primaire ayant une éducation secondaire et supérieure et enseignant la lecture était plus élevée dans les écoles rurales, tandis qu’au Botswana et en Namibie, la proportion était plus élevée dans les zones urbaines que dans les zones rurales. Graphique 1.8 : Qualifications professionnelles des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre Pourcentage des enseignants de lecture ayant 2 ans ou plus de formation des enseignants 0 50 100 Pourcentage des enseignants de mathématiques ayant 2 ans ou plus de formation des enseignants 150 0 Bot 50 100 150 Bot Ken Zones rurales hommes Mal Zones urbaineshommes Nam Mal Entre autres facteurs, le niveau de connaissance des enseignants de la matière enseignée a été considéré comme l’un des facteurs ayant une influence positive sur l'enseignement et l'apprentissage. Par conséquent, afin d'étudier la relation entre le sexe de l'enseignant et la connaissance de la matière enseignée, les résultats moyens des enseignants de dernière année d'école primaire en mathématiques et en lecture des sept pays de l'échantillon SACMEQ II ont été comparés par sexe et localisation de l'enseignant. Les résultats sont présentés dans le tableau 1.20. Expérience de l’enseignement La majorité des enseignants de dernière année d'école primaire de l’échantillon avait enseigné pendant plus de cinq ans et ils étaient susceptibles d’être expérimentés. Dans les sept pays, à l'exception de l'Ouganda, plus des deux tiers des enseignants de mathématiques et de lecture en dernière année d’école primaire avaient plus de cinq ans d'expérience, ce qui suggère un corps enseignant relativement stable dans ces pays et peu de mobilité sur le marché du travail. En Ouganda, un peu plus de la moitié des enseignants qui enseignaient les deux matières avaient plus de cinq ans d'expérience et les probabilités de trouver des enseignants expérimentés étaient plus grandes dans les zones urbaines que dans les écoles rurales. Le graphique 1.9 montre qu'une proportion plus élevée d’enseignants expérimentés de Zones rurales femmes Oug Zam Zones urbainesfemmes Zam • 4.2 Relation entre le sexe de l’enseignant et la connaissance de la matière enseignée Une comparaison entre les résultats moyens des enseignants de sexe masculin et ceux de leurs homologues féminines montre qu’en termes de compétence des enseignants, les enseignants de sexe masculin ont un niveau de connaissance plus élevé de la matière enseignée que les enseignantes, que ce soit en mathématiques ou en lecture. Zones urbaineshommes Nam Zones rurales femmes Oug Zones rurales hommes Ken mathématiques et de lecture en dernière année d’école primaire se trouve dans les écoles urbaines. L'avantage en faveur du milieu urbain dans la répartition des enseignants expérimentés est plus prononcé pour les enseignantes. En mathématiques, cinq de ces pays17 avaient une proportion plus élevée d'enseignants ayant deux années ou plus de formation pédagogique dans les zones urbaines par rapport aux écoles rurales. En lecture, la proportion d'enseignants de sexe masculin ayant suivi deux ans ou plus de formation pédagogique était plus élevée dans les zones urbaines que dans les écoles rurales. Pour les enseignants de sexe féminin, la proportion était plus élevée dans les écoles rurales dans seulement deux des pays : le Botswana et Zanzibar. Tableau 1.20 : Comparaison des résultats en lecture et en mathématiques des enseignants de niveau 6 selon le genre de l’enseignant : SACMEQ II Zones urbainesfemmes Zan Bot Ken Mal Nam Oug Zam Zan Tous les enseignants 758 791 712 730 701 762 649 Enseignants - Femmes 749 790 704 735 736 753 645 Zan Lecture Graphique 1.9 : Expérience professionnelle des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre Pourcentage des enseignants de lecture ayant plus de 5 ans d'expérience selon la situation géographique et le genre Enseignants - Hommes 774 794 715 726 694 770 653 3,39*** 0,50 0,88 -0,89 -2,21* 1,94* 0,57 755 960 771 746 833 757 701 Enseignants - Femmes 744 943 763 747 824 731 689 Zones urbaineshommes Enseignant – Hommes 775 966 774 745 837 780 711 3,08** 1,39 0,66 -0,13 0,35 4,22*** 1,25 Zones rurales femmes moyennes Pourcentage des enseignants de mathématiques ayant plus de 5 ans d'expérience selon la situation géographique et le genre Test-T pour l’égalité des moyennes Mathématiques 0 Bot Ken Mal Nam Oug Zam Zan 58 50 100 Zones rurales hommes Zones urbaineshommes Zones rurales femmes Zones urbainesfemmes Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 0 Bot Ken Mal Nam Oug Zam Zan 50 100 Tous les enseignants Zones rurales hommes Test-T pour l’égalité des *P <.05, **P<.01, ***P<.00118 Zones urbainesfemmes 17 GAYNOR (1998), WARWICK et JATOI (1997). Ils incluent le Botswana, le Kenya, le Malawi, la Namibie et Zanzibar. 18 La valeur P indique une probabilité de 1 sur 100 que la différence des scores moyens soit le fruit du hasard et que plus la valeur est basse, plus le test est solide Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 59 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e R elation entre la q ualite de l ’ ensei g nant et les resultats scolaires dans les ecoles primaires En termes d’écart entre les enseignants hommes et femmes, l’écart en faveur des hommes est manifeste dans les résultats en lecture et en mathématiques des écoles urbaines et rurales. Toutefois, dans les En ce qui concerne les résultats en mathématiques des écoles rurales, les enseignants de sexe masculin ont eu l’avantage ; dans quatre des sept pays (Botswana, Malawi, Zambie et Zanzibar), les scores moyens étaient plus élevés pour les enseignants que pour les enseignantes. Dans tous les pays, les résultats des enseignants de sexe masculin des écoles urbaines ont dépassé ceux des enseignantes. En lecture, en Ouganda, les enseignantes ont eu l’avantage dans les Tableau 1.21 : Comparaison des scores moyens en lecture et en mathématiques des enseignants selon le genre et la situation géographique - SACMEQ II Ken Mal Nam Oug Zam Zones rurales 754 791 709 705 694 763 646 Femmes 744 787 699 701 734 752 634 Hommes 765 795 710 709 688 768 652 Zones urbaines 762 791 720 765 720 760 658 Femmes 752 791 706 770 739 755 655 Hommes 791 790 749 756 713 773 661 Mathématiques Zones rurales 754 967 776 713 824 759 699 Femmes 732 968 772 717 842 726 690 Hommes 776 967 776 709 824 774 703 Zones urbaines 756 952 759 791 855 752 707 Femmes 752 930 757 787 810 736 689 Hommes 772 965 761 794 872 793 762 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Compétence de l’enseignant et performance scolaire des filles La compétence des enseignants en mathématiques a été mesurée à l’aide des résultats des enseignants aux évaluations en mathématiques. Les résultats des enseignants ont été classés en cinq quintiles pour identifier les tranches des 20 % d’enseignants ayant les résultats les plus élevés et des 20 % ayant les résultats les plus faibles. Les résultats moyens des filles ont ensuite été analysés par groupes de compétence des enseignants. Le graphique 4 montre d’une part que la compétence des enseignants n'est pas toujours associée, comme on pourrait le penser, à la réussite des filles et d’autre part, qu'aucune tendance constante ne se dégage entre les pays. Dans trois pays seulement, à savoir le Botswana, le Malawi et la Namibie, les moyennes obtenues par les 20 % de meilleures élèves ayant des enseignants très compétents en mathématiques sont meilleures que celles des 20 % de bonnes élèves ayant des enseignants aux faibles compétences. Même dans ces trois pays, il n’y a qu’en Zambie que l’écart est prononcé de façon significative. Par ailleurs, les moyennes des 20 % de meilleures élèves ayant des enseignants aux faibles compétences étaient bien meilleures que celles qui avaient des enseignants très compétents. Au Kenya, en Zambie et à Zanzibar, on ne constate aucun écart de Pour étudier le lien entre la qualité de l'enseignant et les résultats en mathématiques des filles, une comparaison des notes moyennes de l’élève avec les quatre indicateurs de qualité de l’enseignant (qualification académique, qualification professionnelle, expérience de l’enseignement et compétence de l’enseignant) a été effectuée sur les 20 % des élèves ayant obtenu les meilleurs résultats et les 20 % des élèves vingt les plus faibles de chaque pays, classés en fonction de leurs résultats aux épreuves de mathématiques. Cette analyse a été effectuée uniquement pour les enseignantes. Nous avons également étudié la relation entre la réussite scolaire des élèves et le sexe des Zan Bot Lecture 60 • Graphique 1.10 : Résultats des filles en fonction de la compétence de l’enseignant 800 700 600 500 20 % les plus élevés / COMP-E élevée 400 20 % les plus élevés / COMP-E basse 300 20 % les plus bas / COMP-E élevée 200 20 % les plus bas / COMP-E basse 100 0 n En ce qui concerne les écarts de compétences selon la localisation, la comparaison globale montre que les résultats des enseignants des écoles urbaines étaient plus élevés que ceux des écoles rurales à l'exception de Zanzibar en lecture et du Kenya, du Malawi et de la Zambie en mathématiques (voir le tableau 1.21). La première question posée dans le cadre de cette recherche concernait la relation entre le sexe de l’enseignant et son niveau de connaissance de la matière enseignée. Les résultats montrent que même si la majorité des enseignantes avaient acquis le niveau requis de compétences en mathématiques et en lecture, les enseignants de sexe masculin avaient des compétences relativement plus élevées dans les deux matières selon la situation géographique de l'école. Cette partie s'appuie sur ces conclusions et sur les caractéristiques du parcours des enseignantes pour examiner s'il existe un lien entre la compétence des enseignants et les résultats des filles en mathématiques. Za Rendement du personnel enseignant par sexe et par localisation enseignants et du responsable d’établissement afin d'évaluer si la présence d'enseignantes et de directrices d’établissement pourrait expliquer une plus grande réussite des filles. La relation a également été analysée sur le plan géographique pour représenter à l’aide d’un graphique l'effet de la qualité des enseignants et la relation entre le sexe des élèves et les mathématiques. 4.3 Lien entre la compétence des enseignantes et la performance scolaire des filles dans les écoles de l'enquête SACMEQ Ou g Za m • La comparaison entre les enseignants des écoles rurales et ceux des écoles urbaines montre qu’en mathématiques, les enseignantes en milieu urbain ont eu des résultats plus élevés que les enseignantes en milieu rural. Il n’y a qu’au Kenya, en Ouganda et au Malawi que les enseignantes des écoles rurales ont surpassé les enseignantes des écoles urbaines. En matière de rendement en mathématiques des enseignantes, Zanzibar a eu la moyenne la plus faible dans les écoles rurales et urbaines, tandis que le Kenya et l'Ouganda obtenaient les meilleurs classements (voir le tableau 1.21). Dans tous les pays, alors que les résultats moyens en lecture étaient plus élevés dans les écoles urbaines, c’est en Namibie que l'écart entre les enseignantes des milieux urbain et rural a été le plus prononcé : 69 points. écoles rurales, tandis que celles des écoles urbaines ont eu l’avantage en Namibie et en Ouganda. Bo t Ke n M al Na m Dans tous les pays sauf la Namibie, les résultats moyens en mathématiques étaient plus élevés pour les enseignants que pour les enseignantes. En Ouganda, le résultat moyen en lecture était plus élevé pour les hommes, tandis qu’en mathématiques, il était plus élevé pour les femmes. Toutefois, l’écart entre les résultats des hommes et ceux des femmes n’est apparu dans les statistiques qu’au Botswana et en Zambie. écoles rurales et urbaines au Kenya, il semble n’y avoir aucune différence entre les résultats des enseignants et ceux des enseignantes dans les compétences en mathématiques et en lecture. Résultats des filles Globalement, les enseignants avaient des résultats plus élevés que les enseignantes en lecture dans cinq des sept pays (Botswana, Kenya, Malawi, Zambie). La différence entre les résultats moyens des enseignants et ceux des enseignantes n'était cependant significative au plan statistique que dans trois pays : le Botswana, la Zambie et l'Ouganda. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 61 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e R elation entre la q ualite de l ’ ensei g nant et les resultats scolaires dans les ecoles primaires Graphique 1.12: Résultats des filles en mathématiques en fonction des qualifications professionnelles de l’enseignant Graphique 1.13 : Relation entre l’expérience de l’enseignement et les performances des filles 800 800 Graphique 1.11: Résultats des filles en fonction de la qualification académique des femmes enseignantes 800 Résultats des filles 700 600 500 20 % les plus élevés / QUALIF-A élevée 400 20 % les plus élevés / QUALIF-A basse 300 200 20 % les plus bas / QUALIF-A élevée 100 20 % les plus bas / QUALIF-A basse n g m Za Za Ou Bo t Ke n M al Na m 0 200 20 % les plus bas / QUALIF-P basse 100 Za n Le graphique 1.12 indique que les filles obtenant les meilleurs résultats scolaires semblaient mieux réussir avec une enseignante ayant un nombre d'années de formation pédagogique plus élevé. Dans les sept pays, les résultats moyens des 20 % de meilleures élèves ayant des enseignants ayant des qualifications professionnelles élevées étaient plus élevés que ceux des meilleures élèves étudiant avec des enseignantes ayant de faibles qualifications professionnelles. Cependant, la qualité de l'enseignant mesurée par le critère des qualifications professionnelles semble avoir peu d'impact sur les 20 % de filles réussissant le moins bien. Au Botswana, au Malawi et en Ouganda, la tranche des 20 % de filles ayant les moins bonnes notes et ayant pour enseignant des femmes à faible qualification professionnelle avait des résultats plus élevés que les 20 % des élèves les plus faibles ayant des enseignantes très qualifiées. Par ailleurs, au Kenya, en Zambie et à Zanzibar, les enseignantes ayant de faibles qualifications professionnelles ont obtenu de meilleurs résultats avec la tranche des 20 % des élèves les plus faibles que celles qui avaient des qualifications professionnelles élevées. 400 300 20 % les plus élevés / EXP-E élevée 200 20 % les plus bas / EXP-E basse 100 20 % les plus bas / EXP-E élevée 0 t Ke n M al Na m avaient un faible niveau d'éducation. Des qualifications académiques élevées ne semblent pas réduire l'écart entre les bonnes élèves et les élèves faibles, ce qui laisse penser que les qualifications académiques n’ont pas nécessairement un effet sur la performance des filles en mathématiques (voir le graphique 1.11). 20 % les plus élevés / EXP-E basse Bo g Za m Ou M al Na m 0 500 n 20 % les plus bas / QUALIF-P élevée Za 300 600 m 20 % les plus élevés / QUALIF-P basse Za 400 Résultats des élèves 20 % les plus élevés / QUALIF-P élevée ceux qui n'avaient aucune ou peu d'expérience (0-5 ans) et ceux qui avaient plus de 5 ans d'expérience. Comme le montre le graphique 1.13, l'expérience de l'enseignement semble avoir peu d'effet sur la réussite scolaire des filles, quel que soit le groupe de classement par résultats auquel elles appartiennent. • Relation entre la qualité de l'enseignant et les résultats en mathématiques au Kenya Le graphique 1.14 montre la relation entre la qualité de l'enseignant et les résultats en mathématiques des élèves par sexe en utilisant les données SACMEQ II du Kenya et une modélisation multiniveaux. En termes de genre, le graphique montre clairement que les garçons réussissent mieux que les filles en mathématiques. Le graphique Graphique 1.14: Qualité de l’enseignant et résultats en mathématiques selon le genre dans les écoles primaires au Kenya, SACMEQ II 579.5 Résultats en mathématiques Alors que dans certains pays on a constaté une amélioration des résultats moyens en mathématiques des filles quand leurs enseignantes étaient très qualifiées, dans des pays comme le Botswana, le Kenya, la Namibie et Zanzibar, la différence avec les enseignantes qui avaient de faibles qualifications a été marginale. Dans les pays comme le Malawi et la Zambie, on n’a constaté aucune différence entre les performances des filles dont les enseignantes étaient qualifiées et celles dont les enseignantes 500 t Ke n Le graphique 1.11 montre la relation entre les performances scolaires des filles et les qualifications académiques des enseignantes. Les qualifications académiques des enseignantes ont été codées en deux groupes : celles qui avaient suivi des études secondaires ou supérieures et celles qui avaient un niveau d’études inférieur. L’enseignement secondaire est généralement le niveau minimum requis pour l’admission à la formation pédagogique des enseignants dans la plupart des pays du SACMEQ. Le graphique montre que le niveau de qualification académique élevé d'un enseignant n’est pas associé de façon significative aux performances des élèves, bonnes ou faibles, même s’il existe des preuves que les bonnes élèves bénéficient plus souvent d’enseignants de haute qualité. 700 600 Bo Réussite des filles en mathématiques et qualifications académiques des enseignantes Résultats des élèves 700 Ou g performance entre les 20 % de meilleures élèves qui avaient des enseignants très compétents et celles qui avaient des enseignants aux faibles compétences (voir le graphique 1.10). • Expérience de l'enseignement et réussite des filles QUAL-E = élevée 571.2 563.0 554.7 546.5 Les enseignants de dernière année d'école primaire présentaient un large éventail d'années d'expérience de l'enseignement. Nous les avons classés par groupes : QUAL-E = basse 0.00 1.00 Genre de l’élève 19 La qualité des enseignants est un facteur généré par l'analyse factorielle au moyen des résultats d’évaluation de l'enseignant en mathématiques, les diplômes universitaires et les qualifications professionnelles. 62 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 63 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e R elation entre la q ualite de l ’ ensei g nant et les resultats scolaires dans les ecoles primaires montre également que la qualité des enseignants ne semble pas réduire l'écart des résultats entre garçons et filles. Ce graphique confirme donc nos conclusions précédentes, à savoir qu'il existe un lien faible entre la qualité des enseignants et la réussite scolaire des filles. Il se pourrait que les méthodes pédagogiques soient plus importantes. Il est également possible qu'il y ait très peu de variations dans la qualité des enseignants et qu'elle ne soit donc pas susceptible d'avoir beaucoup d'effet. 5. CONCLUSIONS/DISCUSSION Le manque d’enseignantes en mathématiques peut être à l’origine du problème du nombre insuffisant de modèles féminins à la disposition des écolières. Il est clair, à l’examen des résultats, que l’enseignement dans les écoles primaires est majoritairement masculin contrairement à l’idée répandue qu’il s’agit d’un métier de femme. Ces résultats suggèrent donc que le sexe de l’enseignant n’est pas déterminant lorsqu’il s’agit de choisir l’enseignement comme carrière. D’autres facteurs peuvent jouer un rôle. La situation géographique l’école a une influence marquée sur la possibilité d’une enseignante de se trouver dans une école urbaine ou rurale. Si l’on se réfère à cette étude, même si les écoles urbaines comptaient globalement davantage d’enseignants, une proportion plus forte d’enseignantes qualifiées exerçait dans les écoles urbaines et elles enseignaient plus souvent la lecture que les mathématiques, contre une plus grande proportion d'enseignants qualifiés de sexe masculin dans les écoles rurales enseignant la lecture. Ces résultats suggèrent qu’une relation entre le sexe de l'enseignant et les matières enseignées ne s’observe qu’en mathématiques. Nous constatons dans l'échantillon total qu’il y a plus d'hommes en général enseignant les mathématiques que d’enseignantes, que ce soit dans les écoles rurales ou urbaines. L'écart entre les enseignants de sexes masculin et féminin en mathématiques et en maîtrise de la lecture n'est pas en faveur des enseignantes. Même lorsque les enseignantes avaient acquis le niveau de compétence minimum requis et ne présentaient pas de différences notables dans les résultats des tests par rapport à ceux de leurs collègues masculins, à l’exception de quelques pays, elles étaient toujours plus faibles en lecture, mais surtout en mathématiques. Les conclusions 64 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 suggèrent donc qu'il existe un écart de genre en matière de compétences des enseignants en faveur des enseignants hommes. Ce facteur n’était peut-être pas dû aux qualifications académiques des enseignantes en général, même quand elles étaient plus qualifiées que les enseignants hommes. Cela peut s’expliquer par des différences spécifiques à certains pays où les enseignants masculins de mathématiques avaient plus d'années d'expérience dans l'enseignement que les femmes (par exemple en Ouganda et en Zambie), et par d'autres facteurs parmi lesquels une plus grande exposition à la présence d’hommes, liée à l’image et au rôle de leur sexe, qui n’ont pas été étudiés par cette étude. Les enseignants des écoles urbaines ont obtenu de meilleurs résultats que ceux des écoles rurales en raison de la disponibilité de soutien à l'enseignement dans les écoles urbaines en comparaison avec les écoles rurales. L'avantage des enseignants de sexe masculin sur les femmes en mathématiques dans tous les pays était renforcé par la localisation. L'avantage en faveur des villes a donc pu contribuer à de meilleurs résultats pour tous les enseignants, mais a offert un avantage supplémentaire aux résultats des enseignants de sexe masculin. Les facteurs de la qualité des enseignants ne semblent pas influer sur la réussite scolaire des filles ce qui s’explique sans doute par le peu de différences existant dans la qualité des enseignants dans ces pays. Les conclusions de cette étude suggèrent qu'une plus grande attention devrait être accordée à l'enseignement et aux processus d'apprentissage. L'enseignement et l'apprentissage se déroulent dans des situations difficiles qui peuvent rendre impossible aux enseignants compétents d'avoir un impact. Ces défis incluent le manque de moyens des écoles, les classes surchargées et l’absence de soutien efficace aux enseignants après leur formation initiale. Le plus souvent, les politiques ont porté sur les problèmes faciles à résoudre comme la formation de plus d’enseignants ou le relèvement du niveau académique minimum pour devenir enseignant. En plus des processus, la dimension genre peut souffrir d’un déficit d’attention dans la formation traditionnelle initiale et la formation continue. Recommandations pour les politiques Les conclusions de l'étude ont des implications sur les politiques éducatives au niveau national ainsi que régional. La preuve que les enseignants les plus qualifiés n’améliorent pas nécessairement les performances des élèves est un appel à réexaminer la progression professionnelle des enseignants et leurs programmes de soutien. 8. GAYNOR C. (1998), Decentralisation of Education: teacher management, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, Banque mondiale, Washington DC. 9. HEYNEMAN S.P. et LOXLEY W. (1983), « The Effect of Primary-School Quality on Academic Achievement across Twenty-nine High-and-Low-Income Countries », The American Journal of Sociology, 8, 1162-1194. D’autres indices montrent que l’absence d’effet peut être due à d’autres facteurs relatifs aux processus d’enseignement et d’apprentissage. Les interventions politiques ont souvent rencontré l’échec en voulant intervenir sur le processus d’enseignement et d’apprentissage au niveau de l’école ou de la classe, parce qu’elles n’ont pas tenu compte des conditions de micro-apprentissage au niveau de l’école. Il est à l’évidence nécessaire d’accorder plus d’attention aux processus d’enseignement et d’apprentissage qui ont le plus de chances d’avoir un impact immédiat et direct sur les performances des élèves, et plus particulièrement celle des filles. Proposer aux enseignants un soutien constant en matière de progression professionnelle est important, mais ignorer les conditions dans lesquelles ils enseignent et le contexte social plus large de l’éducation des filles ralentira le rythme du progrès. 10. KIRK J. (2006), The Impact of Women Teachers on Girls’ Education - Advocacy Brief, UNESCO - Asia and Pacific Regional Bureau for Education Bangkok, Bangkok. 11. LEE V.E. et LOCKHEED M.E. (1998), « Single-Sex Schooling and Its Effects on Nigerian Adolescents », Women and Education in Sub-Saharan Africa - Power, Opportunities, and Constraints, Eds BLOCH M., BEOKUBETTS J. A. et TABACHNIK B. R., Lynner Rienner, Londres. 12. MANDEVILLE G.K. et LIU Q. (1997), « The effect of teacher certification and task level on Mathematics achievement », Teaching and Teacher Education, 13(4), 397-407. 13. MENSCH B.S. et LLOYD C.B. (1998), « Gender Differences in the Schooling Experiences of Adolescents in Low-Income Countries: The Case of Kenya », Studies in Family Planning, 29, 167-184. REFERENCES 14. MICHAELOWA K. (2001), « Primary Education Quality in Francophone Sub-Saharan Africa: Determinants of Learning Achievement and Efficiency Considerations », World Development (29)10, 1699-1716. 1. 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(2005), Gender differences in Mathematics an integrative psychological approach, Cambridge University Press, Cambridge. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 65 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Les disparités entre les genres en matière d’accès, de participation et d’achèvement Au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe, la participation des filles et des femmes dans les matières liées aux sciences, aux mathématiques et à la technologie sont gravement compromises tant dans l’enseignement secondaire que dans l’enseignement supérieur. Le taux de déperdition significatif des filles dans l’enseignement secondaire gêne leur accès à l’enseignement supérieur. Bien que le taux d’abandon des femmes dans l’enseignement supérieur ne soit pas aussi élevé que dans l’enseignement secondaire, de nombreuses femmes ignorent les mesures en faveur de l’égalité des genres existant dans les établissements d’enseignement supérieur et les universités qui pourraient contribuer à la réussite de leur participation et de leur achèvement ainsi qu’à leur sécurité et à leur bien-être. les capacités des filles et des femmes à réussir à poursuivre et achever leurs études, en particulier en sciences, en mathématiques et en technologie. Au Lesotho, malgré le pourcentage plus élevé de filles et de femmes inscrites dans les enseignements secondaire et supérieur que de garçons et d’hommes, il existe de nombreux préjugés dans la société concernant les matières et les filières censées convenir aux filles et aux femmes. Au Swaziland également, une proportion élevée de filles et de femmes sont inscrites dans l’enseignement post-primaire, mais l’étude d’ASHEWA a constaté que le manque de politique de genre claire au sein des établissements d’enseignement contribuait au faible taux d’inscription des femmes dans les matières comme les sciences et les mathématiques où les hommes sont prédominants. Au Zimbabwe, bien que les femmes représentent 45 pour cent de l’ensemble des inscrits dans les universités, les établissements d’enseignement supérieur et les instituts de formation des enseignants, et bien que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle dispose de politiques de genre explicites, seuls 27 % des étudiants de l’université nationale de science et de technologie sont des femmes. Quelles sont les politiques de genre mise en place pour permettre aux filles de poursuivre leurs études de manière effective au-delà de l’enseignement primaire? Pourquoi les filles et les femmes sont-elles moins susceptibles de choisir les sciences, les mathématiques et la technologie à l’école secondaire et à l’université? Quels sont les processus sociaux en œuvre dans les établissements d’enseignement pouvant favoriser la participation des filles et des femmes dans l’éducation? Ces disparités suggèrent qu’il est critique d’améliorer la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage des sciences, des mathématiques et de la technologie à tous les niveaux de l’éducation, y compris par le développement continu des compétences des enseignants. A travers une série de questionnaires, de discussions de groupe thématiques et d’entretiens, ASHEWA a cherché à réunir des preuves sur les facteurs affectant Du secondaire au supérieur : 66 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 les disparités entreles genres en matière d’accès, de participation et d’achèvement Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 67 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Association pour le renforcement de l’enseignement supérieur des femmes en Afrique (ASHEWA) 4 Renforcer la recherche sur le genre pour améliorer l'éducation des filles et des femmes en Afrique au Lesotho, en particulier dans les sciences, les mathématiques et la technologie RÉSUMÉ Les filles travaillent comme employées de maison ou dans des fabriques de vêtements, tandis que les garçons ont tendance à travailler comme chauffeurs de bus La présente étude a été entreprise afin d'examiner s’il existe des preuves démontrant que les filles et les femmes ont moins de chances de choisir les sciences, les mathématiques et la technologie comme sujet de leurs études secondaires ou supérieures au Lesotho. Elle s'est également intéressée à d'autres facteurs qui affectent la capacité des filles et des femmes à poursuivre et à réussir leurs études. En 2002/2003, les filles représentaient 56 % des effectifs de l’enseignement secondaire, tandis que le pourcentage de femmes dans l’enseignement supérieur s’élevait à 61 %. Cependant, dans l’enseignement supérieur, le nombre de femmes n’égale celui des hommes que dans les sciences sociales, le commerce et le droit (50 % pour chaque sexe). Les femmes sont majoritaires en sciences de l'éducation (68 %), en lettre et en arts (53 %) et en santé et dans les carrières sociales (94 %), mais elles sont minoritaires en sciences (30 %) et en agriculture (46 %) (UNESCO, 2005). Si l’on en croit les témoignages des chargés de cours et des administrateurs des établissements d'enseignement supérieur, aucun obstacle institutionnel empêcherait les filles et les femmes de choisir ces disciplines et les résultats de l'étude montrent qu’un préjugé largement répandu veut que le faible nombre de femmes et de filles inscrites dans les filières des sciences, des mathématiques et de la technologie s’explique par leur incapacité à réussir dans ces disciplines. Ce point de vue est largement partagé par les étudiants, garçons et filles confondus. En outre, un certain nombre de difficultés pousse les filles à abandonner l'école, en particulier les problèmes financiers et sociaux liés à la pauvreté. Certains enfants abandonnent l'école parce qu'ils doivent gagner leur vie lors du décès d'un de leurs parents très souvent provoqué par le sida. Parmi les autres problèmes socio-économiques qui affectent les jeunes figurent l'alcool, la drogue et le sexe. L'utilisation de méthodes pédagogiques inadéquates et de châtiments corporels fait partie des difficultés qui existent au sein du système scolaire. Une fois que les femmes atteignent l'enseignement supérieur, les abandons sont moins nombreux. Toutefois, bien des progrès pourraient contribuer à une meilleure réussite des femmes dans l’enseignement supérieur. La présente étude s'intéresse également aux conditions d'emploi du personnel de l'enseignement supérieur sous l'angle de l'égalité hommes-femmes. Les questionnaires ont été expérimentés et finalisés. 1 68 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les résultats ont été communiqués à d'autres chercheurs par l'intermédiaire du FAWE. Les discussions avec le groupe cible des enseignants de l’enseignement secondaire ont révélé qu'il existait de nombreux obstacles à la scolarisation affectant les jeunes de 13 à 18 ans. Citons notamment l'incapacité à payer les frais de scolarité parce qu'un des parents est sans emploi ou décédé. Parfois, les parents ne parviennent pas à encourager leurs enfants à faire leur travail scolaire. Dans les écoles où il existe une association de parents et d’enseignants, nombreux sont les parents qui ne participent pas aux réunions. Les autres obstacles peuvent être aussi la perte des parents, la fréquentation d’une école confessionnelle (en particulier pour les garçons) et l’abandon de l'école pour s'occuper de parents malades. On a dit que les filles abandonnent l'école pour s'occuper de leurs frères et sœurs quand un des parents meurt du sida. Cette étude a été réalisée dans les trois établissements suivants : l'Institut de formation des enseignants du Lesotho (Lesotho College of Education), l'Institut polytechnique Lerotholi (Lerotholi Polytechnic) et l'Université nationale du Lesotho. La méthodologie suivante a été utilisée : • • Des obstacles dans la société à la scolarisation des filles et des garçons Méthodologie Ces questionnaires ont fait l'objet de discussions avec d'autres chercheurs du Lesotho et du Zimbabwe. Les établissements témoins ont fait l'objet de visites qui ont inclus le remplissage des questionnaires, des discussions avec le groupe cible et des entretiens. Il y a plus de filles que de garçons dans les établissements secondaires du Lesotho : les filles représentent 56 % des effectifs. Toutefois, seuls 34,6 % d’un groupe d'âge poursuit sa scolarité dans l'enseignement secondaire1. Bien qu’il s’agisse d’un taux relativement élevé pour un pays africain, il est faible comparé au niveau mondial. Bien qu’il n’existe au Lesotho aucune politique visant à empêcher les filles et les femmes de se spécialiser dans les sciences, les mathématiques et la technologie, il existe cependant des préjugés très répandus à l'encontre des filles et des femmes qui choisissent ces disciplines. Cela s’applique aussi aux inscriptions dans l’enseignement supérieur. Des politiques et des stratégies doivent être mises en œuvre afin de redresser cette situation. Il faut notamment mettre en place un renforcement des capacités institutionnelles. • • 1. Dans l'enseignement secondaire Exposé du problème Des questionnaires sur les disparités entre les genres ont été élaborés pour les élèves et les enseignants de l’enseignement secondaire ainsi que pour les étudiants, les enseignants et les administrateurs de l’enseignement supérieur. Des établissements témoins ont été choisis. RESULTATS/CONSTATATIONS INTRODUCTION • • En dépit des aides de l'Etat qui attribue des bourses à la plupart des élèves, certains d'entre eux ne sont pas motivés pour aller en cours. Certains garçons se droguent et laissent tomber l'école. Dans certains cas, les élèves financés par l'Etat ou des donateurs finissent par abandonner, car le financement ne couvre pas les coûts de l’uniforme scolaire, des repas et du transport. Certaines élèves du secondaire tombent enceintes et n’osent pas continuer leurs études même si la politique de l'école les y autorise. Une grande partie des problèmes rencontrés par les élèves, notamment les responsabilités qui leur sont UNESCO (2005), 342-343. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 69 R enforcer la rec h erc h e sur le g enre pour améliorer l ' éducation des filles et des femmes en A fri q ue au L esot h o , en particulier dans les sciences , les mat h émati q ues et la tec h nolo g ie confiées ou la nécessité de faire face au coût de la vie, sont des coûts directs. Ont également été cités la fréquence du travail des enfants (les filles font la lessive pour d'autres familles ou les garçons gardent le bétail) ainsi que les mariages précoces. Les élèves cherchent à travailler pour surmonter leurs difficultés financières. Les filles travaillent comme employées de maison ou dans des fabriques de vêtements, tandis que les garçons ont tendance à se tourner vers les activités de taxis pour travailler comme chauffeurs de bus. Dans certaines familles riches, la scolarisation n'est pas considérée comme une priorité. Certains ont déclaré que les filles aiment qu'on s'occupe d'elles et lorsque les parents sont occupés, elles cherchent de l'attention ailleurs et finissent par tomber enceintes. Les garçons assument également un rôle important en s'occupant de leurs frères et sœurs. Certains enseignants ont déclaré que dans certains cas « leur nouvelle liberté leur monte à la tête » et entraîne un désintérêt pour les études. Les raisons pour lesquelles les filles ne choisissent pas les matières scientifiques À la question de savoir pourquoi les filles n'aiment pas les matières scientifiques, les réponses données par les élèves du secondaire montrent qu'il existe de nombreuses explications. Les réponses données dans les écoles mixtes ont été semblables à celles enregistrées dans les écoles de filles. Les élèves garçons ont répondu que les élèves filles étaient trop paresseuses pour réfléchir et travailler dur et qu'il fallait travailler dur dans les disciplines scientifiques, qu'elles avaient trop peur de poser des questions même lorsqu’elles ne comprenaient pas, qu'elles étaient effrayées par les personnes qui disaient que les sciences étaient difficiles, qu'elles ne se passionnaient pas pour les questions scientifiques, que les disciplines scientifiques nécessitaient une connaissance des mathématiques et que par conséquent les filles savaient qu'elles auraient des difficultés si elles n’étaient pas bonnes en mathématiques. Selon les garçons, les filles pensent que les sujets scientifiques sont extrêmement difficiles, qu'ils sont faits pour les garçons, qu'ils nécessitent beaucoup de temps pour être compris et que les filles n'ont pas le temps parce qu'elles sont plus préoccupées par leur apparence que par leurs résultats scolaires. Parmi les autres explications avancées, on peut citer : le sentiment que les sciences provoquent une pression importante sur les élèves et que les filles ne parviennent pas à supporter la pression et qu'elles ne 70 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 sont pas assez courageuses pour devenir, par exemple, des médecins. Certains ont affirmé que les élèves filles étaient paresseuses, qu'elles avaient la phobie des sciences et qu'elles pensaient que les sciences étaient réservées aux garçons parce qu'elles exigent de la concentration ou encore que les sciences étaient une discipline impie. D'autres ont déclaré que les filles avaient peur de faire des expériences en laboratoire. Beaucoup d'élèves filles pensent que les sciences sont les matières les plus difficiles. Elles ont remarqué qu'à l'université, les femmes ne réussissaient jamais lorsqu'elles choisissaient une discipline scientifique. Les parents ont aussi été critiqués, car ils menacent de punir les enfants en les privant de nourriture à cause des mathématiques, ce qui explique la mauvaise disposition des enfants envers les mathématiques à l’école. Selon certaines répondantes, les filles ont une faible estime d'elles-mêmes, ce qui explique pourquoi elles sont moins nombreuses à aimer les disciplines scientifiques. Elles préfèrent se tourner vers ce qui est facile et agréable et elles ont tendance par exemple à choisir les matières commerciales. Les disciplines dans lesquelles il est le plus difficile d'obtenir de bonnes notes Il a été demandé aux élèves d'indiquer les disciplines dans lesquelles ils considéraient qu'il était le plus difficile d'avoir de bonnes notes. Beaucoup d'élèves ont répondu que les mathématiques étaient la matière la plus difficile. Parmi les explications pour justifier leurs résultats médiocres en mathématiques, on peut citer l'incapacité à en saisir les principes, les châtiments corporels de la part des enseignants et les problèmes familiaux affectant la concentration. Les mathématiques, la physique et la biologie sont considérées comme exigeant beaucoup de travail. Certains élèves ont indiqué que l'absence de personnes capables de les aider à la maison aggrave leurs difficultés. La biologie est considérée comme une matière nécessitant beaucoup de lecture et de concentration et difficile à comprendre. Dans certains cas, les élèves ont reproché à leurs enseignants leur manque de compétence ou de les laisser se débrouiller seuls. Il est important de noter que les élèves ont aussi indiqué qu'ils avaient des difficultés à maîtriser l’anglais parce qu'ils n’étaient pas assez exposés à cette langue, en particulier chez eux. Ils n’ont pas un vocabulaire suffisamment étendu et maîtrisent mal l'orthographe et la construction des phrases. Il semblerait qu'une mauvaise maîtrise de l'anglais puisse perturber la R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e négatives, les enseignants ont remarqué que la situation change petit à petit grâce à l’organisation de concours scientifiques qui encouragent tous les élèves à participer. capacité des élèves à comprendre les mathématiques et les matières scientifiques. Les préjugés à l'encontre des femmes travaillant dans les disciplines scientifiques et techniques 2. Dans l'enseignement supérieur Il n'existe pas d'obstacle manifeste empêchant les femmes de suivre des études scientifiques ou techniques. D'après les opinions exprimées, les femmes intelligentes réussissent bien dans ces matières et les femmes sont encouragées en général à s’engager dans les disciplines scientifiques. Toutefois, certains élèves garçons dissuadent les filles de suivre des études scientifiques en affirmant que ces matières sont réservées aux hommes. Ils pensent que les femmes ne sont pas assez intelligentes pour s’y spécialiser et que seules les filles laides qui travaillent avec acharnement ont des chances d’y réussir. 2.1 La situation des étudiantes En 2002/2003, les femmes représentaient 61 % des effectifs de l'enseignement supérieur. Cependant, seuls 2 % des hommes et 4 % des femmes d’un même groupe d'âge accèdent à l'enseignement supérieur2. Le nombre de femmes n’égale celui des hommes qu'en sciences sociales, en commerce et en droit (50 % pour chaque sexe). Les femmes sont majoritaires en sciences de l'éducation (68 %), en lettre et en arts (53 %) et dans la santé et les carrières sociales (94 %), tandis qu'elles sont minoritaires en sciences (30 %) et en agriculture (46 %).3 Certains enseignants de l’enseignement secondaire pensent que les sciences ont toujours été des matières pour les garçons et que les élèves filles n'ont pas de modèles auxquels s'identifier. Ils ont admis qu'il existait des stéréotypes à l’égard de certaines matières. L'économie domestique est toujours considérée comme une discipline réservée aux filles et la menuiserie aux garçons. Ils ont affirmé que les filles étaient moins persévérantes et que résoudre les problèmes mathématiques demandait du temps. Selon eux, bon nombre d'élèves filles préfèrent les sujets théoriques aux sciences ou aux questions pratiques, et par conséquent, elles s’y investissent moins. De plus, les sciences sont des matières très « masculines » qui occupent généralement les élèves longtemps après la fin des cours et les élèves filles ne peuvent pas y consacrer autant de temps. Les garçons sont plus « pratiques » et donc excellent dans les disciplines scientifiques. Il faut aussi critiquer les enseignants, car ils ont tendance à encourager les garçons, alors que les parents et les adultes du voisinage transmettent aux filles, très jeunes, des façons de voir négatives sur les sciences qui réduit leur sentiment de pouvoir réussir dans ces matières. On parle des sciences et des mathématiques comme de « matières monstrueuses », même dans les cas où les écoles font l'effort d'organiser des expositions et des clubs scientifiques. Ces activités attirent invariablement les élèves garçons qui y participent avec enthousiasme. Malgré ces perceptions 2 UNESCO (2005), 350 et 358. 3 UNESCO (2005), 359. Les administrateurs, les enseignants et presque tous les étudiants qui ont répondu à la question concernant les obstacles empêchant les femmes d'étudier les matières scientifiques et techniques ont dit qu'il n'existait pas d'obstacle institutionnel. Les futures étudiantes peuvent présenter leur candidature et seront admises si elles remplissent les conditions requises, et certaines pourraient effectuer de brillantes études en sciences et en technologie. Celles qui ne s'inscrivent pas dans les facultés de sciences ou de technologie le font pour des raisons culturelles ou parce qu’elles pensent que les sciences sont des matières réservées aux hommes. Il a été également souligné qu'il existait moins de modèles féminins dans ces disciplines. Des différences de participation entre hommes et femmes Il a été observé que les étudiantes participaient pleinement aux cours magistraux, mais qu'elles avaient tendance à moins participer aux enseignements techniques. Certains répondants ont indiqué qu'elles participaient plus que les étudiants, tandis que d'autres ont jugé qu’elles avaient eu une attitude en retrait sur les questions pratiques. Certains ont affirmé que les étudiantes se faisaient beaucoup entendre lors des débats dans les cours grâce à leur bonne maîtrise de l'anglais. Une personne a cité cet exemple : « En physique, il n'y a aucune étudiante cette année, mais à chaque fois qu'il y en a, elles participent bien ». Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 71 R enforcer la rec h erc h e sur le g enre pour améliorer l ' éducation des filles et des femmes en A fri q ue au L esot h o , en particulier dans les sciences , les mat h émati q ues et la tec h nolo g ie La remise à niveau Beaucoup de répondants, qu'ils soient administrateurs, enseignants ou étudiants, ont déclaré que les séances de remise à niveau aidaient tous les étudiants, hommes et femmes confondus. Ces cours permettent aux étudiants de reprendre confiance dans les matières où leurs résultats n'étaient pas bons, ils sont initiés à la culture des établissements d'enseignement supérieur, ils mettent à niveau leurs connaissances et leurs compétences et ils sont orientés vers différentes spécialités. Le principal avantage est que les étudiants qui réussissent par l'intermédiaire de cet enseignement de remise à niveau sont ensuite admis dans les établissements supérieurs ou à l'université. Le soutien en dehors des cours magistraux Les enseignants ont expliqué que le soutien aux étudiants s’effectuait principalement par des séances de tutorat et en prévoyant des créneaux horaires réservés aux entretiens. Dans certains cas, des conseils sont prodigués. Les étudiants sont aussi orientés vers les bibliothèques. Certains établissements, comme ceux qui enseignent les disciplines commerciales, ont des programmes de stages au profit des étudiants. Améliorer les résultats des femmes dans les disciplines quantitatives Différents avis ont été exprimés sur la façon dont les universités devraient améliorer les résultats des femmes dans les matières quantitatives comme les mathématiques et les statistiques. Citons notamment : • Beaucoup d'enseignants et d'étudiants sont convaincus que les difficultés en mathématiques et en sciences commencent dès l'école primaire où les enseignants ne maîtrisent pas bien eux mêmes ces matières ou ne savent pas bien les enseigner. Ils estiment que ce problème devrait être abordé par les instituts de formation des enseignants. • Le partenariat avec les établissements secondaires est jugé important pour pouvoir renforcer les bases des élèves dans ces matières et corriger les façons de voir négatives. • Les élèves ne reçoivent pas toujours une orientation professionnelle convenable et manquent parfois d'informations sur les métiers et les perspectives d'emploi. • 72 La pédagogie mise en pratique dans les enseignements secondaire et supérieur est jugée médiocre, car elle n'est pas suffisamment pratique. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 L'utilisation d'Internet et la mise en œuvre du tutorat contribuent à faire progresser les apprentissages. • Il faut employer des formateurs d'enseignants qualifiés ou des chargés de cours titulaires d'un doctorat, formés en pédagogie et capables d’enseigner correctement leur matière. • Identifier les élèves ayant les capacités pour suivre ces matières dans l'enseignement supérieur peut contribuer à accroître la participation des femmes. Certaines formes d'incitations, comme des récompenses, devraient être mises en place pour les élèves qui réussissent exceptionnellement bien. • Les concours contribueront aussi à améliorer les résultats des élèves. • La possibilité d'obtenir des bourses contribuera à motiver les élèves. • Il est nécessaire de faire la promotion de ces matières auprès des filles. • • Compte tenu du manque de supports didactiques et pédagogiques, la mise en place de l'apprentissage en ligne permettrait aux élèves filles d'étudier chez elles. Accroître le nombre de séances de tutorat et de travaux pratiques et contribuer à rendre les élèves plus autonomes peut permettre d'améliorer les résultats. Les critères de choix des matières Les étudiants qui ont choisi de suivre les cours de sciences déclarent qu'ils aiment le défi que représente une matière considérée comme difficile par les autres étudiants, qu'ils aiment les sciences, qu'ils sont audacieux et qu'ils veulent prendre part à l'évolution de la science et qu'ils rêvent d'exercer une profession comme la médecine. Ceux qui se spécialisent en sciences et en mathématiques dans les instituts de formation des enseignants pensent qu'il y a plus de chances d'obtenir un poste d'enseignant en mathématiques ou en sciences étant donné la demande pour ce type d'enseignants dans le pays. Ils veulent également poursuivre leurs études. Les étudiants des établissements polytechniques et ceux des filières techniques des instituts de formation des enseignants déclarent qu'ils ont choisi les disciplines qu'ils aimaient et qui avaient aussi selon eux des perspectives d'avenir, par exemple pour monter leur propre affaire. Cependant, certains étudiants ont déclaré suivre ces cours parce qu'ils ne pouvaient en choisir aucun autre. Les étudiants des filières commerciales avaient fait R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e souvent le serveur ne fonctionne pas. Dans certains établissements, il existe un service chargé d'apporter une aide au personnel pour les problèmes relatifs aux TIC et à Internet. Toutefois, même dans ces établissements, le service est encore inadéquat. Plus positif, presque tous les répondants font état des efforts qui sont faits pour améliorer et faire progresser ces installations. ce choix parce que les perspectives leur semblaient intéressantes. Certains font remarquer que les bons résultats qu’ils ont obtenus au lycée dans les matières commerciales ont pesé sur leur choix. L'achèvement des études Le personnel des établissements qui ont participé à cette étude a donné un certain nombre de raisons expliquant pourquoi les étudiantes ne parviennent pas à terminer leurs études. A l'Institut polytechnique Lerotholi, on pense que les étudiantes considèrent que les emplois dans l’industrie sont destinés aux hommes. Citons parmi les autres explications : les étudiants s'orientent vers d'autres établissements, notamment les universités d'autres pays comme l'Afrique du Sud ; les étudiantes tombent enceintes et ont des difficultés à s'occuper de leurs enfants tout en poursuivant leurs études ou elles se marient et ont tendance à ne pas se sentir à l'aise dans des établissements comme les instituts polytechniques qui sont dominés par les étudiants de sexe masculin. Le personnel de deux des établissements concernés explique qu'on attend des étudiants qu'ils recherchent des informations et communiquent avec leurs professeurs à l’aide des TIC. Mais ils reconnaissent que le matériel inadapté, notamment les ordinateurs, est l’une des difficultés qui perturbent l'utilisation des TIC en soutien à la formation des étudiants. Ce point de vue est partagé par les étudiants de tous les établissements. Les étudiants qui expliquent leur utilisation d’Internet pour leurs études répondent qu'ils font des recherches, téléchargent des documents comme des notes de cours, des diapositives et des articles de revues et consultent les sites web qu'on leur demande de voir. Mais ils ajoutent qu'il y a de grosses difficultés pour accéder à Internet. Dans certains établissements, les postes de travail sont peu nombreux et il faut attendre pour pouvoir les utiliser. Dans d'autres cas, l’Internet est très lent, ce qui décourage les étudiants de l'utiliser. Un autre groupe des répondants pensent que la majorité des étudiants achève leurs études et que seul un petit pourcentage d'étudiants n'y parvient pas. Il a été mentionné par exemple que la majorité des étudiants à l’université sont des femmes. Pourquoi certains étudiants n'achèvent-ils pas leurs études ? Voici ce qu'en pensent les étudiants de la faculté ou de l'université. La raison principale est qu’ils ne reçoivent plus d'aide financière de l'Etat parce qu’ils ont échoué aux examens : de ce fait, ils doivent interrompre leurs études. Le versement des bourses est effectué avec du retard et les étudiants issus de milieux défavorisés sont dans l’incapacité de poursuivre leurs études sans cette aide. Certains étudiants suivent des enseignements qui ne les intéressent pas forcément et ils finissent par avoir de mauvais résultats. De plus en plus d'étudiants échouent à cause de leur consommation de drogues ou d'alcool. De nombreux autres facteurs existent comme les grossesses ou les problèmes familiaux. Les répondants ignorent la différence entre les taux d'achèvement des études par sexe. Améliorer les services aux étudiants Certains répondants pensent que tous les services aux étudiants doivent être améliorés. Les progrès demandés concernent aussi bien les études que les loisirs. Les administrateurs et les enseignants, comme les étudiants qui ont participé à cette étude, demandent une amélioration des bibliothèques et de l'accès aux ordinateurs et à l’Internet. Ils demandent l'amélioration d'infrastructures comme le système de chauffage dans les salles de cours et d'autres services comme le planning familial et les consultations. Les besoins des étudiantes qui tombent enceintes doivent également être pris en compte. Certains pensent que la communication des résultats d'examens doit être améliorée. En ce qui concerne les loisirs, il faut de meilleures installations sportives. Ils font observer que les retards de versement des bourses aux étudiants pauvres affectent leurs études et qu'il faut régler ce problème. Les technologies de l'information et de la communication (TIC) et les ressources sur Internet Tous les répondants déclarent qu'il y a des salles informatiques et l’accès à Internet, mais que Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 73 R enforcer la rec h erc h e sur le g enre pour améliorer l ' éducation des filles et des femmes en A fri q ue au L esot h o , en particulier dans les sciences , les mat h émati q ues et la tec h nolo g ie Les étudiants font en outre remarquer le besoin de disposer d'un point bancaire dans ces établissements qui n'en ont pas. Le nombre de salles de cours doit être augmenté afin de réduire leur surpeuplement et des repas nourrissants doivent être servis. Il faut employer un personnel plus compétent et motivé dans l’enseignement et dans les dispensaires. La communication entre les étudiants et l'administration doit être améliorée, en particulier dans les instituts de formation des enseignants. Enfin, les résultats d'examens doivent être communiqués à la fin de chaque semestre, contrairement à l'usage actuel qui oblige les étudiants à patienter jusqu'à la fin de l'année pour connaître leurs résultats. Les résultats des étudiants adultes comparés aux étudiants issus directement du cycle secondaire Le système d'inscription pour adultes permet à des personnes plus âgées d'accéder aux formations universitaires. Dans l'ensemble, les étudiants adultes ont de meilleurs résultats que les étudiants issus directement du cycle secondaire. Les étudiants adultes sont sérieux dans leur travail et se consacrent plus à leurs études. Ils ont clairement défini leurs priorités et leur expérience ou leur formation est un atout pour leur réussite. Il a été proposé qu'une étude consacrée aux résultats des étudiants adultes soit entreprise pour apporter la preuve des observations empiriques. L'un des étudiants adultes a déclaré ceci : « Cela m'a pris du temps pour m'habituer à un environnement où je me suis retrouvé avec de jeunes étudiants. Je pensais qu'ils étaient ouverts d'esprit, mais depuis je me suis rendu compte qu'ils sont surtout joueurs et irrespectueux ». Il existe le sentiment que les jeunes étudiants ont tendance à rejeter les étudiants adultes. Les étudiants adultes disent que la grande difficulté est de concilier les études avec les exigences familiales. Les problèmes sociaux provoqués par l'alcool ou les mariages imprévus ont également un impact négatif sur leurs résultats. Le soutien de la part des enseignants en dehors des cours Les sentiments sont mitigés concernant le soutien reçu par les étudiants en dehors des cours. Du côté des appréciations positives, les étudiants jugent que les enseignants leur apportent une aide dans beaucoup de domaines : ils écoutent les plaintes des étudiants, 74 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 leur apportent un soutien psychosocial, guident les étudiants dans leurs études et assurent un tutorat. Certains professeurs affichent à leur porte les horaires où ils sont disponibles pour du tutorat, une stratégie qui permet aux étudiants de les rencontrer. Du côté négatif, les étudiants disent que les créneaux horaires consacrés aux consultations ne sont pas adéquats et que certains enseignants n'apportent aucune aide. Politique de genre et questions connexes La majorité du personnel et des étudiants des facultés ou de l'université n'est pas informée de l'existence de politiques de genre ou d'intégration des questions relatives à l'égalité des sexes. La quasi-totalité des administrateurs et des enseignants pensent que l'intégration des questions relatives à l’égalité des sexes serait facilitée par l'existence d'une politique de genre. La pratique actuelle est le recrutement sur la base des qualifications et non en fonction du genre. Les rémunérations dépendent du mérite et cette façon de procéder est considérée comme neutre. Dans l'ensemble, aucun des établissements ayant participé à cette étude n'a de politique contre le harcèlement sexuel. La pratique générale est de se servir du règlement intérieur et/ou du Code du travail pour traiter de tels cas. Les répondants d'un établissement affirment que la pratique est d'orienter les victimes vers la police. Il a été toutefois affirmé que ce problème n'était pas courant. Le personnel d'un établissement a parlé d'une affaire impliquant une étudiante et un enseignant, mais celui-ci a démissionné avant la prise de sanctions contre lui. Parmi les étudiants, on trouve différentes opinions sur la façon de traiter le harcèlement sexuel. Dans certains établissements, il a été affirmé que le service social des étudiants a la responsabilité de s'occuper de ces affaires ou que les coupables étaient jugés lors d'une simulation de procès. Certains ont parlé d'injustice parce qu'on ne s'occupe pas toujours des étudiants hommes contrairement à leurs condisciples femmes. Il a aussi été rapporté que dans certains établissements, les étudiants sont renvoyés ou dénoncés à la police. Toutefois, certaines étudiantes ont affirmé qu'elles n'avaient jamais subi de harcèlement sexuel. Deux des établissements ayant participé à cette étude n'ont pas de politique concernant l'égalité de genre R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Les mesures contre les viols perpétrés par des connaissances à la faculté et à l'université dans le traitement des étudiants, hommes et femmes, séropositifs. L'établissement qui a une politique à ce sujet encourage les membres de sa communauté éducative à effectuer des tests de dépistage du VIH pour connaître leur éventuelle séropositivité. Cet établissement dispose également d'un conseiller Sida, dont la fonction principale au sein de son dispensaire est d'informer les gens sur la prévention. Un traitement est proposé à tous les étudiants et membres du personnel séropositifs, quel que soit leur genre. Par conséquent, l'égalité de genre dans le traitement des personnes séropositives est une réalité. Il n’y a que dans un établissement que les répondants ont déclaré que le viol perpétré contre un étudiant est un grave délit et que l'établissement a mis en place des règles pour contenir ce phénomène. Dans cet établissement, un règlement intérieur est utilisé pour lutter contre les viols commis par des connaissances. Les répondants des deux autres établissements ont déclaré qu'ils n'étaient pas informés de ce genre de problème, mais que si cela se produisait, il serait traité à l’aide du règlement intérieur ou l'affaire serait confiée à un procureur. Les problèmes de comportement des étudiants Bien que le concept de viol commis par une connaissance soit nouveau pour beaucoup d'étudiants, ceux qui le connaissaient bien ont affirmé que c’était un problème. Malgré cela, ils ont déclaré qu’en général les victimes ne se plaignaient pas. Le viol commis par une connaissance est associé aux protecteurs et aux protectrices qui ont tendance à se rendre sur les campus et à faire monter les étudiants dans des voitures. Les étudiantes sont critiquées parce qu'elles aiment prendre place dans des véhicules de luxe et avoir des relations avec des inconnus contre de l'argent. Quelques répondants ont déclaré ne pas être au courant de l'existence d'étudiants se prostituant ou ayant des protecteurs ou des protectrices et que les affirmations des médias étaient peut-être sans fondement. Les autres pensent que la pauvreté et le mauvais usage des bourses versées par l'Etat pour le paiement des frais de scolarité poussent les étudiantes à se prostituer, ce qui en retour entraîne de mauvais résultats dans leurs études, des grossesses et des infections causées par des maladies sexuellement transmissibles. Les étudiants sont au courant de l'existence de protecteurs et de protectrices. Selon eux, ce sont surtout les difficultés financières, le retard de versement des bourses par l'administration et l'influence du mode de vie urbain qui expliquent ce comportement. Les étudiants qui s'engagent dans ce type de vie en sont affectés de nombreuses façons : certaines étudiantes tombent enceintes et ont des enfants. Ces étudiants peuvent passer trop de temps avec leurs protecteurs ou protectrices au point que leurs études en sont affectées ou bien ils peuvent contracter des maladies sexuellement transmissibles comme le VIH et le Sida. Celles et ceux qui vivent avec des protecteurs ou des protectrices moins instruits ont tendance à être découragés de poursuivre leurs études après qu'on leur ait promis de l'argent, des vêtements et même des voitures. L'opinion générale est que l'argent des bourses ne suffit pas et que certains étudiants se tournent vers d'autres moyens pour en obtenir. Les étudiants de l'université pensent notamment que l'idée d'avoir un protecteur ou une protectrice se répand à une vitesse alarmante. Ils l'associent avec le fait d’avoir une trop grande liberté loin des parents et par le manque de maîtrise de soi dans l'utilisation de l'argent des bourses. Rendre efficace la politique de lutte contre la violence Les établissements ne possèdent pas de politique de lutte contre la violence en tant que telle. Il existe toutefois des stratégies pour gérer les comportements violents. Dans le cas où un comportement violent est rapporté, on suit généralement les règles qui figurent dans le guide des étudiants, le règlement intérieur, le service de conseils ou les règles en matière de discipline. Les étudiants sont également prévenus qu'aucun comportement violent ne peut être toléré. Les programmes et l'intégration des questions de genre Les programmes n’intègrent absolument pas les questions de genre. Ils sont unisexes. Les étudiantes sont libres de choisir le programme qui les intéresse. Les groupes de discussion des établissements de l’enseignement secondaire sur cette question ont confirmé qu’il n’y avait aucune discrimination en matière de programmes. Aucun des établissements ne propose de formation sur l'intégration des questions de genre. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 75 R enforcer la rec h erc h e sur le g enre pour améliorer l ' éducation des filles et des femmes en A fri q ue au L esot h o , en particulier dans les sciences , les mat h émati q ues et la tec h nolo g ie R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Les effets du planning familial institutionnalisé L'impact du mariage sur les études S'occuper d'enfants pendant ses études La majorité des administrateurs et des enseignants n'ont pas été capables de répondre à la question sur les effets du planning familial institutionnalisé, car ils ne savaient pas dans quelle mesure le planning familial était institutionnalisé. Toutefois, certains ont répondu que les questions liées à la santé sont traitées pendant l'orientation et que les dispensaires participent effectivement à ce genre d'initiatives. Le nombre des grossesses étant en augmentation, le planning familial donne l’impression d’être inefficace. Il est proposé de venir en aide aux services du planning familial en transmettant des valeurs morales plus fortes pour changer les comportements des étudiants. Bien que les étudiants mariés ne soient qu'une minorité, ils sont confrontés à différentes difficultés. Certaines femmes mariées bénéficient du soutien, en particulier financier, de la famille ou du conjoint. Elles essaient de travailler encore plus, afin de montrer que les femmes mariées peuvent réussir leurs études. Elles doivent toutefois partager leur temps entre les études et leur participation aux obligations familiales. D'autres ne disposent pas d'une aide financière suffisante et doivent utiliser l'argent des bourses qu'elles reçoivent pour aider leur famille. Certaines étudiantes font état de problèmes de santé, en particulier pendant la grossesse, et d'un manque de soutien moral de la part de la famille ou du mari. Les étudiantes mariées dépendent du soutien de leur famille, en particulier de leur mari, et doivent payer des personnes pour garder leurs enfants. Mais elles manquent parfois les cours pour les garder lorsqu'elles ont des difficultés avec les personnes qu'elles emploient ou lorsqu'un enfant tombe malade. Les avis exprimés par les étudiants des facultés et de l'université sur le planning familial institutionnalisé sont variés. D'un côté, quelques étudiants sont d'avis que le nombre de grossesses est en diminution et que le planning familial a un effet. La majorité des étudiants pense toutefois que le nombre de grossesses est en augmentation, ce qui signifie que le planning familial n'est pas pris au sérieux. Certains étudiants de l'université remarquent que davantage d'étudiantes de première année tombent enceintes, ce qui indique un manque d'orientation pour les nouvelles arrivantes. Le soutien scolaire apporté aux étudiantes pour l'achèvement de leurs études Les établissements apportent un soutien à tous les étudiants, hommes et femmes confondus, et ils soulignent qu'il n'y a aucune discrimination. Les étudiants passent des examens supplémentaires en cas d'échec, bénéficient de tutorat, et les étudiantes ne sont pas renvoyées des établissements si elles tombent enceintes. Devenir mère leur donne plutôt droit à des avantages. La sécurité des étudiants Certains établissements ont mis en place des mesures de sécurité comme la présence d’agents de sécurité ou la mise à disposition de repas aux étudiants qui se servent de la bibliothèque ou assistent à des cours du soir. Cette protection ne concerne que ceux qui résident sur le campus. Les étudiants de l'un des établissements affirment que les habitants des quartiers environnants sont très hostiles aux étudiants. Par conséquent, les étudiantes, qui sont plus vulnérables, évitent souvent d'utiliser les services de l'établissement le soir. 76 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Le temps nécessaire pour terminer ses études Certains étudiants achèvent leurs études en deux ans, d'autres en trois, quatre ou cinq ans, selon la filière, leur sérieux et les difficultés qu'ils rencontrent. L'influence de la famille sur le choix du métier Très peu d'étudiants ont répondu à cette question, l'un d'entre eux a affirmé qu'il s'était orienté vers les sciences parce que l'un de ses frères travaillait dans ce domaine et qu'il était pour lui un modèle. Un autre a déclaré qu'il voulait étudier la médecine, mais que sa famille l'avait persuadé de choisir une carrière d'enseignant. Les étudiants ont affirmé en majorité que le choix de leur filière d'études a été approuvé par leur famille, tant moralement que financièrement, ce qui leur permet de répondre aux exigences institutionnelles, entreprendre des recherches. L'impact des grossesses sur les études des étudiantes Les grossesses ont un effet négatif sur les études des étudiantes, car certaines sont malades pendant leur grossesse, souffrent d'anxiété ou échouent dans certaines matières et doivent les rattraper. Il peut leur arriver de manquer des cours pour consulter le médecin et se rendre à des consultations prénatales. Les étudiantes enceintes peuvent être dans un état dépressif, en particulier en cas de fausse couche. Au niveau de l'enseignement secondaire, les étudiantes qui tombent enceintes préfèrent le plus souvent arrêter l'école, bien que le règlement les autorise à poursuivre leurs études. L'estimation du coût de l'apprentissage et de l'enseignement Certains répondants ne connaissent pas les coûts des programmes d'apprentissage ou d'enseignement, ni leur mode de calcul. Ceux qui sont au courant expliquent que le secrétariat à la Formation de la main-d'œuvre nationale fournit une information sur l’estimation des coûts. Les étudiants paient les mêmes droits d'inscription dans un établissement indépendamment du fait qu'une discipline particulière peut nécessiter des équipements coûteux. Toutefois, l'un des répondants de la filière scientifique a indiqué qu’il a dû payer plus cher en raison de la cherté des produits et du matériel de laboratoire. Obtenir de quoi payer les frais d'inscription et de quoi vivre Presque tous les étudiants des facultés et de l'université sont soutenus financièrement par l'Etat par l'intermédiaire du secrétariat à la Formation de la maind'œuvre nationale qui dépend du ministère des Finances et de l’Elaboration du développement. Certains ne reçoivent pas cette aide, sans doute parce qu'ils n'ont pas obtenu des résultats suffisants à leurs examens. 2.2 La situation du personnel dans les établissements d'enseignement supérieur Les primes des enseignants Les primes que reçoit le personnel enseignant varient d'un établissement à l'autre. Il existe dans l'un des établissements une caisse de prévoyance à laquelle l'établissement contribue à hauteur de 10 %, tandis que les membres du personnel contribuent individuellement à hauteur de 5 %. Dans un autre, des indemnités de logement et des salaires attractifs sont considérés comme de bonnes incitations. Le troisième établissement propose des primes encore plus intéressantes parmi lesquelles une prime de maintien en poste pour les niveaux de maîtres de conférence et au-delà, des prêts-autos, des indemnités de formation et des indemnités de logement. Toutefois, malgré ces avantages, il demeure difficile de maintenir les enseignants. Devoir gagner sa vie et les conséquences sur les études La plupart des étudiants n'ont pas à gagner leur vie, car ils sont financés par l'Etat. Mais les quelques étudiants qui travaillent expliquent que cela présente des avantages et des inconvénients. L'argent qu'ils gagnent sert à payer les transports ou les produits de première nécessité. Travailler dans le domaine correspondant à ses études et accumuler un savoir utile est un autre avantage. L'inconvénient est que les étudiants qui doivent gagner leur vie manquent parfois des cours et finissent par échouer dans certaines matières. Le partage de son temps entre le travail et les études peut se révéler difficile. Résider à l'extérieur du campus et ses conséquences Les obligations contractuelles Les réponses à la question sur les obligations contractuelles ont fait apparaître que l'enseignement est considéré comme l'activité fondamentale de chacun des établissements. Les budgets, qui favorisent l'enseignement, illustrent ce propos. Les enseignants savent qu’ils ont l’obligation de conduire des activités de recherche, mais font remarquer que la recherche est limitée en raison du financement insuffisant et du nombre toujours plus grand d'étudiants auxquels ils doivent enseigner. Les étudiants qui résident à l'extérieur du campus peuvent éprouver des difficultés pour participer aux groupes de travail et de discussion, fréquenter les bibliothèques ou être à l'heure en cours. Certains peuvent résider dans des quartiers dangereux et ne pas parvenir à rendre leurs devoirs dans les délais, car ils doivent partir plus tôt pour des raisons de sécurité et des coûts de transport élevés ou bien ils ne peuvent pas étudier s'ils vivent dans des logements sans électricité. Néanmoins, certains continuent à préférer résider à l'extérieur du campus, car le logement y est moins cher ce qui leur permet de faire des économies. Le soutien apporté par l'établissement aux enseignants Différents points de vue ont été exprimés sur le soutien institutionnel reçu par les enseignants dans Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 77 R enforcer la rec h erc h e sur le g enre pour améliorer l ' éducation des filles et des femmes en A fri q ue au L esot h o , en particulier dans les sciences , les mat h émati q ues et la tec h nolo g ie les facultés ou à l'université. Les enseignants sont encouragés à approfondir leur formation. Il existe des réseaux professionnels ou universitaires avec d’autres établissements qui offrent des opportunités d'échange de travaux universitaires. Il existe des services qui apportent de l’aide, comme les services de conseil à la recherche et la participation à des conférences. Les enseignants peuvent participer à des associations de chercheurs. Des conférenciers sont invités. Enfin les bourses de recherche, malgré leur faiblesse, motivent les enseignants à entreprendre des recherches. Il existe dans l'un des établissements un centre pour l'apprentissage et l'enseignement qui organise des ateliers sur des questions clés. Le fait de disposer d'Internet dans les bureaux ainsi que dans les bibliothèques est très important. Cependant, certains des répondants ont déclaré ne pas recevoir une aide importante de la part des établissements et que les enseignants étaient au contraire accablés par des charges d'enseignement trop lourdes. L'impact des examens semestriels sur les résultats des étudiants Des sessions d'examen semestrielles présentent des avantages. Les administrateurs, les enseignants et les étudiants sont tous d'avis que les étudiants ont tendance à avoir de meilleurs résultats, car ils ont plus de temps pour étudier et moins de matières. Toutefois, si les résultats d'examens ne sont publiés qu'à la fin de l'année universitaire, cela signifie que les étudiants se retrouvent dans l'incertitude sur le plan émotionnel. Et s'ils ont échoué dans une matière, ils doivent repasser l'examen longtemps après avoir suivi le cours. Améliorer la place du personnel féminin au sein des postes de direction Les différents établissements emploient différentes méthodes pour faire progresser la place des femmes au sein des postes de direction. Dans l'un d’entre eux, le nombre de femmes occupant des postes d’administration est déjà plus élevé que celui des hommes, bien qu'aucun effort particulier n'ait été fait en ce sens. Le principe général est que la promotion de tous les membres du personnel se fait au mérite. Les personnes présentent leur candidature aux postes de direction et sont recrutées en fonction de leurs qualifications. Les membres du personnel ont la possibilité de poursuivre leurs études et d'obtenir une promotion lorsqu’ils remplissent les conditions requises. 78 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les administrateurs Les administrateurs et les enseignants ont été interrogés sur leurs qualifications professionnelles. Dans de nombreux cas, les administrateurs possèdent les qualifications spécifiques au domaine dans lequel ils travaillent. Par exemple, au service des ressources humaines, ils possèdent des qualifications en administration publique ou en ressources humaines. Cependant, d'autres administrateurs possèdent des qualifications qui ne sont pas nécessairement administratives. La majorité des personnes ayant participé à cette étude possède des qualifications universitaires élevées. Les membres du personnel des trois établissements ont été interrogés sur leurs ambitions professionnelles. Celles-ci vont de l'intention d'obtenir un doctorat ou une maîtrise dans leur domaine de spécialisation à l'envie de devenir professeur. Dans l'ensemble, la majorité des participants désirent améliorer leurs qualifications. D'autres expriment d'autres ambitions comme d'écrire dans leur domaine de spécialisation ou de participer à des recherches ou du conseil pédagogique. Des difficultés pour la recherche Bien que la majorité des répondants estiment qu’il n’a pas de problème en matière de recherche, une personne a déclaré que le manque de matériel, les informations dépassées et l’insuffisance des ressources posaient problème. Les enseignants pensent que les étudiants sont conseillés par leurs professeurs sur la façon d'accéder aux sources d'information dans les livres ou sur Internet. Les étudiants sont dans une large mesure d'accord avec eux. Ils déclarent que les enseignants les aident en vérifiant leur travail et en les orientant vers les documents de recherche et les sites web et en organisant des visites de terrain. Certains affirment cependant que certains enseignants ne leur apportent pas l'aide nécessaire et qu'ils se contentent de distribuer des notes sans donner d'explication aux étudiants. CONCLUSION Le Lesotho bénéficie d'un pourcentage plus élevé de filles et de femmes inscrites dans les enseignements secondaire et supérieur que de garçons et d'hommes. Toutefois, le pourcentage des femmes inscrites en sciences et en technologie dans l’enseignement supérieur est très inférieur à celui des hommes. Si les R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e établissements ne mettent pas intentionnellement en place des barrières pour empêcher les femmes de s’orienter vers ces disciplines, il existe néanmoins différents préjugés communément répandus dans la société sur les matières qui conviennent le mieux aux filles et aux femmes. Peu d’efforts ont été faits pour surmonter ces préjugés. Les politiques, les établissements et les structures ont aussi failli à leur devoir de gérer convenablement les difficultés subies par les étudiantes : la responsabilité imposée aux orphelines de s'occuper de leurs frères et sœurs, les difficultés relatives au planning familial et à la santé reproductive, les problèmes financiers, entre autres. Ni le personnel, ni les étudiants ne connaissent de politique de genre ou de stratégie d'intégration du genre. Ils sont persuadés que si ces actions existaient, cela permettrait de résoudre les problèmes. En ce qui concerne la situation du personnel dans l'enseignement supérieur, le personnel lui-même pense que le recrutement et les promotions s'effectuent de façon équitable et professionnelle. aux entretiens. Dans certains cas, des conseils sont prodigués. Les étudiants sont orientés vers la bibliothèque et certains établissements ont des programmes de stage qui sont très utiles aux étudiants. RECOMMANDATIONS 5. Améliorer les services apportés aux étudiantes 1. Mettre en place des politiques de genre et des institutions et des structures intégrant le genre au sein des établissements d'enseignement Il est recommandé d'améliorer les services apportés aux étudiantes. Parmi les progrès possibles, on peut citer : mettre en place des clubs de femmes capables de répondre à leurs besoins, proposer une politique de genre institutionnelle, sensibiliser aux besoins des étudiantes (par exemple disposer d’un quartier résidentiel pour les femmes mariées et d’une garderie pour leurs enfants), encourager les femmes et leur faire comprendre qu'elles sont capables de suivre un enseignement scientifique, mettre en place des programmes de mentorat et de tutorat supplémentaires pour les étudiantes, créer des postes d'agents administratifs dans les résidences pour étudiantes, disposer d'un service de conseil pour la protection des femmes et proposer des conseils d'orientation professionnelle. Il faut apporter de meilleurs services aux femmes très tôt, dès l'école primaire ou l'enseignement secondaire par l'intermédiaire de l'orientation professionnelle et des concours. 4. Améliorer les résultats des femmes dans les disciplines quantitatives Des actions positives peuvent être entreprises pour améliorer les résultats des femmes dans les disciplines quantitatives comme les mathématiques et les statistiques. Citons parmi elles : les primes et une reconnaissance accrue des bons résultats, l’amélioration de la qualité de l'enseignement dès l'école primaire, l'élaboration de programmes plus adaptés et plus engagés, la mise à disposition des instituts de formation des enseignants de ressources particulières en vue d'améliorer les connaissances, les savoir-faire et de faire progresser les méthodes pédagogiques, et de façon générale apporter davantage de soutien scolaire aux filles et aux femmes. Le personnel et les étudiants pensent que l'absence d'institutionnalisation des politiques de genre et d'intégration du genre fait obstacle à la réalisation de l'égalité entre les genres dans les sciences, les mathématiques et la technologie et à l'autonomisation des femmes en général. 2. Mettre en place des cours de remise à niveau pour permettre aux étudiantes de réussir leurs études Les cours de remise à niveau sont fortement recommandés, car ils aident les étudiants à améliorer leur maîtrise des sujets essentiels nécessaires à leurs études. Ces cours améliorent aussi la confiance des étudiants. 3. Prévoir des activités pour les étudiants en dehors des cours REFERENCES Les enseignants expliquent que les principaux moyens d'apporter une aide aux étudiants sont les séances de tutorat et prévoir des créneaux horaires réservés UNESCO (2005), Rapport mondial de suivi sur l’EPT 2006 : L’alphabétisation, un enjeu pour la vie, Paris. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 79 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e genre en traitant les questions des préjugés liés au genre dans l’éducation et des violences liées au genre. soient suivis par une majorité d’étudiants de sexe masculin. Parmi ces facteurs, nous pouvons citer les préjugés négatifs très ancrés à l’égard des filles et les femmes étudiant ces matières, mais aussi la faiblesse des bases acquises dans l’enseignement primaire, des programmes trop abstraits, du matériel éducatif inapproprié, de mauvaises méthodologies et la pauvreté. Les classes passerelles et les services d’orientation professionnelle ont été considérés comme des interventions permettant d’aider à résoudre ces problèmes. Les découvertes clés de la revue de la littérature ont révélé que le Swaziland obtenait de bons résultats en termes d’institutionnalisation des questions de genre dans les différentes arènes politiques, sociales, économiques et culturelles conformément au protocole relatif au genre et au développement de la SADC. La Constitution du Swaziland comporte certains articles concernant l’égalité entre les genres et la discrimination positive. S’il est vrai que ces articles se limitent à la représentation des femmes au sein du Parlement, ils représentent néanmoins un point de départ pour la réalisation des droits des femmes au Swaziland et ils sont protégés par le protocole de la SADC. L’obtention de ces droits requiert des actions de plaidoyer plus importantes au sein des communautés et des institutions du secteur éducatif. INTRODUCTION Définition du problème Association pour le renforcement de l’enseignement supérieur des femmes en Afrique (ASHEWA) 5 Causes des disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Swaziland RÉSUMÉ Certains enseignants, surtout les moins qualifiés, ne mettent pas en place un environnement favorable à l’apprentissage. Ils n’offrent pas une éducation de qualité 80 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Cette étude tente d’examiner les processus sociaux en œuvre dans les lycées et les établissements d’enseignement supérieur dans le but de renforcer les politiques et les pratiques pouvant développer la participation des filles et des femmes dans l’éducation en portant une attention spéciale à leur participation en sciences, en mathématiques et dans les matières liées aux technologies. Les données provenant d’étudiants, de chargés de cours et de responsables d’établissement ont été rassemblées à l’aide des formulaires 4 et 5 distribués dans les lycées et les établissements d’enseignement supérieur au Swaziland, de groupes de discussions thématiques, d’entretiens et de questionnaires. Alors que le pourcentage de filles et de femmes dans les enseignements secondaire et supérieur est élevé au Swaziland (50 % dans l’enseignement secondaire et 49 % à l’Université du Swaziland), les femmes ne représentent que 30 % des étudiants inscrits en sciences dans cette même université. Ce pourcentage est encore inférieur dans les cours techniques et d’ingénierie pour ne citer que ces exemples. En revanche, les femmes sont nombreuses dans les cours de secrétariat, de comptabilité, de réception, d’enseignement et de soins. Il semblerait que ces disparités s’expliquent par le manque de politique de genre au sein des établissements. Bien que ces derniers ne pratiquent pas consciemment de discrimination entre les genres, divers facteurs contribuent à ce que les cours de sciences, de mathématiques et de technologie Le Swaziland a atteint l’équité en termes de proportion d’étudiants de chaque sexe inscrits dans les enseignements secondaire ou supérieur, mais les disparités entre les genres sont marquées selon les matières étudiées et les spécialisations. Les jeunes filles et les femmes se concentrent dans les filières considérées comme « féminines », comme les cours de secrétariat, d’accueil, d’enseignement et de soins. Elles sont peu nombreuses dans les programmes de sciences, de mathématiques ou liés aux technologies. Cette étude se penche sur les facteurs contribuant à ce phénomène et propose des recommandations permettant d’apporter une solution à cette distribution inéquitable. Le gouvernement du Swaziland, à travers le ministère du Travail, est responsable de l’attribution des bourses d’études aux demandeurs possédant les qualifications requises pour intégrer les établissements d’enseignement supérieur. Les dépenses publiques de fonctionnement, par niveau et par type d’éducation, s’élevaient en 2005 à 37,6 % pour l’enseignement primaire, à 33,2 % pour l’enseignement secondaire, à 24,8 % pour l’Université du Swaziland, à 1,6 % pour la formation des enseignants, à 1,8 % pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP) et à 1 % pour la formation des adultes et l’enseignement spécialisé (source : Rapport 2009 de la Banque mondiale). Revue de la littérature/Contexte La revue de la littérature s’est concentrée sur les documents publiés et les recherches menées en matière de politiques par le gouvernement du Swaziland, les rapports annuels fournis par les établissements, les documents relatifs à l’éducation des filles et des femmes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), de l’UNICEF et de DANIDA. Le ministère de l’Education et de la Formation continue à financer l’éducation des orphelins et des enfants vulnérables par l’octroi de bourses dans les enseignements primaire et secondaire. Il a dépensé 18 571 428 US$ en 2009 à cet effet, ce qui représente une augmentation de 4 285 714 US$, soit 23 % par rapport à 2008. En ce qui concerne l’enseignement supérieur, le Swaziland est au-dessus de la moyenne des pays de la région en termes de représentation féminine. Le ministère de l’Education et de la Formation procède actuellement à la révision des Lois sur la Commission de l’enseignement et sur l’Education (Teaching Service Commission and Education Acts) afin de le mettre en conformité avec la Constitution du Swaziland et d’y intégrer les questions concernant les violences liées au genre. Le document révisé devra ensuite être porté à la connaissance des acteurs directement concernés en vue de sa mise en œuvre. Le ministère de l’Education et de la Formation devrait également prendre des mesures visant à adopter et à mettre en œuvre des programmes et des politiques favorisant une éducation sensible au Le ministère de l’Education et de la Formation introduit actuellement l’Initiative des Ecoles comme centre de soins et de soutien (Schools as Centres of Care and Support Initiative) visant à mettre en pratique Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 81 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland les principes d’une éducation adaptée aux besoins de l’enfant dans toutes les écoles primaires et secondaires du Swaziland. Le module 6 traite spécifiquement de l’institutionnalisation des questions de genre dans l’éducation. Les éléments qui sont intégrés dans les activités scolaires mises en œuvre dans les écoles sont: • la suppression des taxes scolaires qui devraient permettre une progression de l’accès à un enseignement de base de qualité ; • Le paquet de services intégrés dans les écoles (Essential Learning Package) qui fournit du matériel et des services et qui est conçu pour augmenter le nombre d’élèves intégrant le système scolaire et améliorer l’éducation dans les écoles adaptées aux besoins des enfants ; • L’initiative Apprendre Plus (Learning Plus Initiative) qui offre des services d’appui essentiels, comme l’aide aux écoles pour faire face aux problèmes liés au VIH/sida, à la nutrition, à l’eau et à l’assainissement, en étroite collaboration avec d’autres secteurs. L’initiative vise à réduire les problèmes liés au genre, au VIH/sida et à la pauvreté dans les communautés des écoles ciblées. Ces communautés seront appelées à participer et à se préoccuper du bien-être des enfants et les écoles à adopter et à mettre en pratique des approches adaptées aux besoins des enfants pour traiter les problèmes liés aux VIH/sida, aux violences liées au genre et à d’autres problèmes de ce type. Les enseignants seront formés dans ce but et un réseau d’ONG travaillant sur ce type de programmes scolaires sera créé. La mise en œuvre intègre les Objectifs du Millénaire pour le développement, les objectifs de la stratégie nationale pour le développement et ceux de la Convention relative aux droits de l’enfant. Le programme des Ecoles comme centres de soins et de soutien est une initiative du Swaziland en faveur des écoles adaptées aux besoins des enfants lancée et conduite dans 40 établissements du pays par le ministère de l’Education et de la Formation avec le soutien de partenaires internationaux en 2006. Le programme s’est étendu à 320 écoles en 2008/2009 en se fondant sur les leçons tirées de l’étape préliminaire. L’initiative vise à réduire les problèmes liés au genre, au VIH/sida et à la pauvreté dans les communautés des écoles ciblées. Ces communautés seront appelées à 82 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 participer et à se préoccuper du bien-être des enfants et les écoles à adopter et à mettre en pratique des approches adaptées aux besoins des enfants pour traiter les problèmes liés aux VIH/sida, aux violences liées au genre et à d’autres problèmes de ce type. Les enseignants seront formés dans ce but et un réseau d’ONG travaillant sur ce type de programmes scolaires sera créé. La mise en œuvre intègre les Objectifs du Millénaire pour le développement, les objectifs de la stratégie nationale pour le développement et ceux de la Convention relative aux droits de l’enfant. Le programme des Ecoles comme centres de soins et de soutien est une initiative du Swaziland en faveur des écoles adaptées aux besoins des enfants lancée et conduite dans 40 établissements du pays par le ministère de l’Education et de la Formation avec le soutien de partenaires internationaux en 2006. Le programme s’est étendu à 320 écoles en 2008/2009 en se fondant sur les leçons tirées de l’étape préliminaire. Dans un effort pour contribuer aux initiatives relatives à l’égalité entre les genres, le Centre national des curricula (National Curriculum Centre ou NCC) a introduit un programme d’évaluation continue au début des années 1990 qui avait pour slogan : Chaque enfant est un apprenant qui réussit. Lors de la mise en œuvre de ce programme, le personnel du NCC a été formé par l’UNICEF et ses partenaires pour intégrer le programme Former les filles (Girl Child Training). Le point fort de la création de compétences et du soutien a été la conception et la révision des manuels scolaires pour y intégrer la dimension d’égalité entre les genres. Un groupe d’experts a été formé pour contribuer à l’évaluation des nouveaux manuels. Ce groupe a utilisé une liste pour vérifier le contenu des manuels. La sensibilité au genre ainsi que les questions thématiques comme les abus, le handicap et la préparation à la vie active figuraient parmi les éléments de cette liste que les experts devaient étudier. L’explication ci-dessus démontre que le Swaziland a atteint l’objectif d’égalité entre les genres au sein de son système éducatif au regard du nombre d’étudiants inscrits dans les enseignements secondaire et supérieur. En outre, des efforts sont actuellement déployés pour améliorer la qualité de l’éducation en révisant les programmes scolaires. Toutefois, les recherches relatives aux questions de genre en général, en particulier dans l’enseignement supérieur, et à la spécialisation des filles et des femmes en sciences, majorité des filles) prennent soin de leurs parents malades souffrant du VIH/sida et doivent pour cela abandonner leur scolarité. Puis, en général, les parents décèdent et les enfants doivent alors faire face à la pauvreté ; l’aîné abandonne ses études pour trouver un emploi et pourvoir aux besoins des plus jeunes. Selon l’étude, ce sont les orphelins et les enfants vulnérables qui sont expulsés des écoles, car ils ne remplissent pas les conditions nécessaires (manque d’uniforme, de livres ou impossibilité de payer les taxes). en mathématiques et en technologies demeurent insuffisantes. Méthodologie La méthodologie suivante a été utilisée : • L’élaboration de questionnaires portant sur les disparités entre les genres destinés aux étudiants des enseignements secondaire et supérieur, aux enseignants, aux chargés de cours et aux responsables d’établissements ; • La discussion sur les questionnaires avec d’autres chercheurs du Lesotho et du Zimbabwe ; • L’expérimentation questionnaires ; • La sélection d’un échantillon d’établissements ; • La visite des établissements choisis, le remplissage des questionnaires, les discussions thématiques en groupes et les entretiens ; • Le partage d’expériences avec d’autres chercheurs par le biais du FAWE. et la finalisation Dans certaines familles, les parents minimisent souvent l’importance de la scolarisation, car ils sont eux-mêmes analphabètes ou ont reçu une mauvaise éducation et ils n’encouragent pas suffisamment leurs enfants. L’introduction de l’enseignement primaire gratuit au Swaziland est une excellente initiative qui offrira un accès à l’éducation à un plus grand nombre d’enfants, mais cette politique a besoin d’être appuyée. La prochaine étape doit être la scolarisation obligatoire, afin d’obliger les adultes irresponsables à envoyer leurs enfants à l’école. des L’étude a clairement montré que le travail des enfants est endémique. Les orphelins et les enfants vulnérables, les filles en particulier, sont les plus touchés. En outre, les filles sont parfois victimes de mauvais traitements ou d’abus sexuels par des membres de la famille. Elles peuvent tomber enceintes ou être contaminées par des maladies sexuellement transmissibles. Pour celles-ci, les chances de pouvoir réintégrer le système scolaire sont minimes, car la politique sur ces questions se résume au silence et aucun effort n’est déployé pour encourager leur réintégration. Pour ce qui est des garçons, certains doivent accompagner le bétail au bassin durant la matinée et ne se rendent à l’école qu’après la récréation. Le soir, évidemment, les garçons comme les filles sont trop fatigués pour pouvoir se concentrer sur leur travail scolaire. RESULTATS ET CONCLUSIONS 1. L’enseignement secondaire Les facteurs liés à la famille et au foyer Le rôle joué par les parents ou les tuteurs dans l’éducation de leurs enfants a été souligné. L’influence des parents est importante : elle pèse même sur le choix de carrière de leurs enfants. Les mères exercent une grande influence sur les garçons et les filles, mais surtout sur les filles, alors que les pères influent plus sur les garçons. Les enseignants et les frères et sœurs ne jouent pas un grand rôle dans le choix de carrière. D’après l’étude, les parents et les tuteurs prennent d’autres décisions importantes pour l’éducation de leurs enfants, puisque ce sont eux qui choisissent l’établissement secondaire dans lequel ils étudient. Ils sélectionnent les établissements en fonction de leur rang dans les classements indépendants, puis entre en compte le facteur de la distance avec la maison pour économiser sur le transport. En fréquentant une école proche, les étudiants restent vivre avec leurs parents ou leurs tuteurs qui suivent leurs résultats et les aiguillent durant leurs études. La charge des tâches domestiques que les enfants doivent accomplir les empêche de faire leurs devoirs, manquement pour lequel ils sont punis à l’école. La majorité des élèves, 68,6 % des garçons et 64,8 % des filles, consacrent moins de trois heures par jour aux tâches ménagères, 21,6 % de garçons et 29,6 % de filles y consacrent entre 4 et 6 heures, 9,2 % de garçons et 5,5 % de filles y consacrent plus de 7 heures par jour. Pour ce dernier groupe, cela correspond à un horaire de travail à plein temps. Il est donc évident que la lourde charge de travail des enfants interfère avec leur éducation. Le fossé séparant les plus aisés des plus pauvres semble se creuser, puisque les enfants de familles pauvres arrêtent plus souvent l’école que les autres. Selon les réponses obtenues, certains enfants (en Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 83 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland Les obstacles à l’apprentissage La distance entre le foyer des élèves et leur école affecte aussi leur participation, car ils marchent sur de longues distances et arrivent à l’école fatigués et en ayant faim. Il leur arrive même parfois de s’endormir pendant les leçons. Les participants à l’étude souhaiteraient que le gouvernement mette en œuvre des programmes adaptés aux besoins des enfants en leur fournissant un petit-déjeuner et un déjeuner dans les établissements scolaires. Selon les participants, les élèves qui sont envoyés loin de l’école pour diverses raisons en subissent les conséquences. Ils manquent des leçons et au moment où ils reviennent, ils éprouvent des difficultés à rattraper la matière étudiée. Il a également été indiqué que les filles qui sont renvoyées à la maison, car elles n’ont pas payé les taxes scolaires peuvent être victimes d’abus sexuels lorsqu’elles rentrent seules chez elles. Ils expliquent aussi que l’enseignement est trop académique et qu’il existe un réel besoin d’introduire des cours d’arts plastiques ou des cours à caractères pratiques. Ils pensent aussi qu’il faudrait intégrer le sport au programme secondaire, comme c’est le cas dans le programme du primaire. Les enfants, en particulier les filles, doivent avoir des modèles dans toutes les disciplines enseignées et en particulier en sciences, en mathématiques et en technologie, incarnés par des enseignantes. 70 % des participants des lycées avaient des enseignantes en science physique, 18 % en biologie, 8 % en mathématiques et 4 % en agriculture. Ces chiffres montrent le potentiel des femmes en sciences, sachant que dans les discussions de groupes, les participants ont souligné l’importance du mentorat, de l’imitation des rôles, de la motivation et de l’encouragement donné aux filles durant les premières années de la scolarité. Certains enseignants, surtout les moins qualifiés, ne mettent pas en place un environnement favorable à l’apprentissage. Ils n’offrent pas une éducation de qualité, font preuve d’inégalités de traitement parmi les élèves ou administrent de sévères punitions corporelles. De tels problèmes contribuent à l’abandon scolaire des élèves craignant les punitions ou les violences morales. Le fait que le Swaziland ne compte que peu d’établissements d’enseignement supérieur décourage 84 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 l’apprentissage dans l’enseignement secondaire, car les institutions admettent un nombre limité d’étudiants et les autres restent à arpenter les rues sans emploi productif. Les étudiants qui quittent le lycée cherchent alors à rejoindre l’armée ou les forces de police où les requis scolaires sont bas. La majorité des établissements, en particulier en zone urbaine, est capable de mettre à la disposition des garçons et des filles des équipements adaptés comme les laboratoires de sciences et les technologies de l’information. Les filles, tout comme leurs pairs masculins, sont encouragées à étudier les sciences, les mathématiques et les technologies. Il y a suffisamment d’eau, notamment pour répondre aux besoins des filles. Toutefois, l’enceinte de l’école ou les zones non surveillées tels les couloirs, les bibliothèques, les parkings ou les chemins menant à l’école sont les scènes d’activités comme l’abus de drogues, de violences physiques et morales et parfois de violences sexuelles. Cela a été confirmé par différents participants. En fait, nos conclusions indiquent que les écoles ne sont plus sûres. Cela est démontré par le nombre de cas où des enseignants entretiennent des relations avec leurs élèves. Il s’agit le plus souvent d’enseignants de sexe masculin qui entretiennent des relations avec des filles. Le rapport de la Commission de l’enseignement (2007) a confirmé cet état de fait et a indiqué le nombre d’enseignants quittant la profession à la suite d’abus sexuels commis sur les enfants. Une autre donnée inquiétante est l’intimidation des élèves dont usent les enseignants pour garder leur poste. Le rapport explique que ces enseignants opèrent en groupe ce qui rend les élèves encore plus vulnérables. Enfin, la politique éducative passe sous silence la question des violences liées au genre ; la plupart des enseignants nient donc avoir une quelconque connaissance de la politique de genre ou de l’institutionnalisation des questions de genre. Les études sur les violences liées au genre dans le secteur éducatif En 2003, une étude menée par le ministère de l’Education et de la Formation pour établir le degré d’abus au sein et aux alentours des écoles a révélé que les abus sexuels étaient fréquents, mais rarement dénoncés. Les responsables étaient généralement des oncles et des enseignants, le plus souvent des enseignants de sexe masculin abusant des filles. La raison pour arrivent en retard, car ils étaient retenus par des tâches ménagères, sont punis et manquent des leçons. Certaines filles détestent cela et finissent par arrêter l’école. laquelle les abus sexuels n’étaient pas dénoncés était que les autres enseignants craignaient que la relation avec leurs collègues ne se dégrade. L’étude indiquait que les violences physiques étaient également fréquentes dans les écoles, mais qu’elles étaient dénoncées, notamment car elles étaient perpétrées en public et que les blessures étaient visibles. Les participants à l’étude sur les établissements d’enseignement secondaire confirment les déclarations faites par les chargés de cours et les responsables d’établissement sur les mauvais résultats des filles en sciences, en mathématiques et en technologie. Près de la moitié des filles, contre un quart des garçons, jugent les mathématiques difficiles. Les différences sont moins marquées en sciences. Le programme scolaire Différents groupes de discussion ont observé que le programme scolaire devrait intégrer la culture dans l’enseignement et inclure les compétences pour la vie. Il a été proposé que l’enseignement ménager fasse partie du programme afin de permettre aux étudiants d’obtenir une meilleure compréhension des sciences par association. Le programme scolaire devrait aussi intégrer les activités que les enfants réalisent dans leur famille (par exemple les tâches ménagères) afin de leur permettre de faire le lien entre la vie quotidienne, les mathématiques et les sciences. Les filles sont généralement moins intéressées par l’éducation et le système devrait trouver des solutions pour diversifier le programme d’étude, lui donner plus de sens et éveiller l’intérêt des élèves, en particulier celui des filles. Les futures carrières doivent être nourries dès les premières années de la scolarité. Il a été mentionné que si les garçons obtenaient de bons résultats en mathématiques et en sciences, c’est parce qu’ils pouvaient associer ces matières à leurs activités hors de l’école comme la garde du bétail. Les grossesses et les problèmes de santé La section 10(5) du Règlement relatif à l’éducation stipule que « dans le cas où un élève est reconnu responsable d’une infraction mentionnée dans le paragraphe (4) ou qu’une élève tombe enceinte, l’enseignant principal peut immédiatement suspendre l’élève en question et en informer le directeur qui est habilité à prendre les mesures qu’il juge appropriées. » Le règlement charge donc l’enseignant de la punition immédiate à donner à une élève enceinte et l’autorise à la suspendre. Selon les participants, il y a, de manière générale, un manque de compréhension des questions de maturation et des étapes du développement humain. Les parents n’arrivent pas à donner à leurs enfants les informations et les conseils appropriés. En conséquence, les filles tombent enceintes et arrêtent l’école. Au moment de l’adolescence, les garçons et les filles se rebellent ce qui est une source de malentendus avec leurs parents. Ils cherchent parfois des conseils auprès de leurs amis et cèdent à la pression de leurs pairs, ce qui conduit à des problèmes comme les grossesses, les troubles mentaux, l’échec de nombreux garçons et un manque de sérieux dans les études. En ce qui concerne le rôle des modèles dans l’éducation, selon le rapport annuel de la Commission de l’enseignement (2006), les enseignants de sexe masculin sont majoritaires dans les établissements secondaires (65 % contre 35 % d’enseignantes). Sur 3661 enseignants possédant un diplôme, 35 % étaient des femmes, mais la majorité était des hommes. Selon ce même rapport, la plupart des responsables d’établissements d’enseignement secondaires étaient des hommes. Voici quelques déclarations faites par les participants au sujet de l’efficacité de la planification familiale dans les établissements d’enseignement supérieur : L’étude consacrée à l’école secondaire révèle qu’en moyenne, les garçons et les filles consacrent autant de temps au travail scolaire. Les familles reconnaissent l’importance de l’éducation aussi bien pour les filles que pour les garçons. Les leçons de mathématiques et de sciences commencent tôt et les élèves qui • « Nous avons toujours des cas d’étudiantes enceintes dans les universités » ; • « La planification familiale n’est efficace qu’à 50 %, car il y a de nombreux cas de grossesse, surtout parmi les étudiantes de 2ème et 3ème années » ; Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 85 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland • « Nous avons une équipe de conseil qui traite notamment de la planification familiale » ; • « La planification familiale est efficace de manière générale, car les préservatifs sont disponibles et utilisés et que le taux de grossesse a visiblement diminué dans les universités » ; • « Je n’ai aucune connaissance concernant la planification familiale, mais quelques étudiantes tombent encore enceintes et doivent abandonner leurs études ». Les filles ont accès à l’information, à l’enseignement, aux services et aux droits en matière de sexualité et de santé reproductive grâce aux clubs de santé dirigés par une ONG appelée Schools HIV and AIDS Programme (SHAPE). Le Swaziland ne possède pas encore de loi globale contre la traite des personnes, les violences et les abus sexuels. L’impact du VIH/sida sur l’éducation La stigmatisation du VIH/sida subie par les enfants dans les écoles et la communauté a des conséquences psychologiques sur eux qui nécessitent la présence d’un soutien psychologique. Un environnement scolaire favorable aux enfants devrait prendre en compte la santé de l’enfant et les effets du VIH/sida, comme dans certaines communautés où des ONG telles que Word Vision apportent des soins à des groupes d’orphelins ou aux personnes vulnérables sélectionnés dans le cadre des programmes de développement territoriaux. Les écoles organisent des débats, des pièces de théâtre et des jeux, dont le thème central est de fournir des informations sur le VIH/sida, notamment sur les dernières découvertes et les services de prévention disponibles, les soins et l’atténuation. Là où les enfants s’occupent de parents ou de frères ou sœurs malades, le risque de contracter le VIH est présent. Il est donc important de multiplier les soignants à domicile pour aider ces garçons et ces filles. A travers le programme des soignants et des motivateurs de santé en zones rurales, le personnel des écoles et les établissements d’enseignement supérieur devraient collaborer avec ces intervenants dans les communautés où ils travaillent pour aider les familles dont des membres sont malades. Les grossesses des adolescentes sont des vecteurs de la pandémie du VIH parmi la tranche d’âge la plus jeune et des cas de viol sont toujours signalés dans les établissements d’enseignement supérieur, comme l’a démontré l’étude. 86 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 La pénurie d’établissements d’enseignement supérieur Le gouvernement est confronté au défi d’augmenter le nombre d’établissements d’enseignement supérieur pour fournir des débouchés à ceux qui sortent du lycée avec de bons résultats, mais qui n’arrivent pas à trouver de place à l’université ou dans d’autres établissements. 2. L’enseignement supérieur L’enseignement supérieur au Swaziland comprend l’université, les instituts de formation des enseignants, les écoles d’infirmières ainsi que l’enseignement technique ou professionnel. L’enseignement universitaire Le Swaziland a une université : l’Université du Swaziland (UNISWA). Les inscriptions à l’UNISWA sont en constante augmentation depuis sa création. Pour l’année scolaire 2008/2009, les inscriptions d’étudiants se sont élevées à 5425 dont 49 % de femmes. Selon l’étude, les étudiants, hommes ou femmes, sont admis au mérite et bénéficient de l’égalité des chances pour s’inscrire dans n’importe quelle matière. Les inscriptions des étudiantes à l’UNISWA sont un peu inférieures à celles des étudiants (49 %) et moins nombreuses de façon plus marquée dans les facultés de sciences (30 %), de commerce (46 %), de sciences sociales (46 %) et d’agriculture (41 %). Les facultés des sciences de la santé et de l’éducation comptent plus de femmes (55 % et 51 % respectivement). Durant l’année scolaire 2008/2009, il y avait un peu plus de femmes (51 % et 55 %) en sciences sociales, à l’Institut d’enseignement à distance et parmi les étudiants de troisième cycle. Les trois campus de l’UNISWA (Kwaluseni, Luyengo et Mbabane) travaillent à améliorer l’équité entre les sexes et en 2008/2009, les étudiantes représentaient de 41 % à 55 % des inscrits. Une autre évolution positive, illustrée par le rapport du vice-recteur pour l’année scolaire 2005/2006, était que les femmes représentaient la majorité des diplômés : 64 % des titulaires d’un mastère et 55 % des titulaires d’une licence. Les stéréotypes de genre dans le choix des matières étudiées existent toujours au Swaziland. Les femmes sont très représentées dans les filières traditionnellement féminines comme les sciences de la santé dans lesquelles elles constituent 55 % des les effectifs féminins sont assez élevés. Il faut aussi envisager que la possibilité de loger en internat offerte par cet établissement favorise le nombre élevé d’élèves femmes. En 2008, l’école a néanmoins connu une énorme augmentation du nombre d’élèves hommes. Les inscriptions des hommes à l’école d’infirmière représentaient 47 % de l’effectif et le taux général d’inscription pour les hommes était de 40 %. Ceci pourrait indiquer un changement dans la composition des inscriptions. effectifs, alors qu’elles sont sous-représentées en sciences où elles ne sont que 30 %. Actuellement, la politique éducative ne comprend aucune disposition particulière à la dimension genre. Toutefois, la présente discussion devrait stimuler la sensibilité à ce sujet. De même, à l’Université du Swaziland, les femmes sont sous-représentées dans le corps professoral (rapport du vice-recteur 2005/2006). C’est en sciences de la santé que l’on trouve une proportion nettement plus importante de professeurs femmes (21 femmes contre 7 hommes, soit 75 %). L’enseignement technique et professionnel Les instituts de formation des enseignants L'un des objectifs principaux de l'enseignement technique et professionnel au Swaziland est le développement d'un système fonctionnel sensible au genre, abordable et efficace, doté de capacités suffisantes pour répondre aux besoins de l’économie, de la société et de l'individu. Cependant, la répartition des étudiants selon les genres entre 2003 et 2005 montre que la parité ne progresse pas. Les femmes sont majoritaires dans une filière (commerciale), tandis que les hommes sont majoritaires dans les autres filières. Globalement, les femmes représentent moins de 50 % des inscrits. C’est peut-être dû à l’idée que les matières techniques et professionnelles sont destinées aux hommes. Au Collège technologique du Swaziland (SCOT), le pourcentage de femmes en 2008 était faible en génie mécanique (4 %), en informatique (33 %), en génie automobile (4 %), en architecture (25 %) et en génie civil (18 %). Toutes ces filières exigent d’avoir étudié les sciences, les mathématiques et la technologie au lycée. Au SCOT, les hommes obtiennent de meilleurs résultats en mathématiques que les femmes. D’un autre côté, à l’école d’infirmière du Collège Nazarene, les femmes réussissent mieux en sciences. Des programmes spécifiques pour améliorer les résultats dans ces matières pourraient produire de meilleurs résultats. Le Collège Ngwane de formation des enseignants présente un taux d’inscription de femmes de 58 %, stable depuis 2006/2007, qui reflète la situation habituelle dans les écoles primaires. Au niveau des enseignants du cycle secondaire, le Collège William Pitcher a réussi à atteindre la parité avec 50 % de femmes et 50 % d’hommes grâce à une initiative volontaire pour établir l’égalité entre les genres et à des bourses octroyées par le gouvernement du Swaziland. Les participants au groupe de discussion ont affirmé que les qualités personnelles, comme l’empathie, devraient être prises en compte dans la sélection des futurs enseignants, afin de créer un environnement d’apprentissage propice aux enfants. Les enseignants devraient s’intéresser à chaque enfant, s’informer où et avec qui il vit et s’intéresser également à ses résultats scolaires et à sa vie sociale. Les écoles d’infirmières Les inscriptions à l’école d’infirmières du Collège Nazarene révèlent un biais de genre en faveur des femmes, bien que les sciences et les mathématiques soient exigées pour être admis. Les femmes, quand elles sont suffisamment motivées pour une carrière qui nécessite un certain niveau en sciences et en mathématiques comme l’école d’infirmières ou l’école de médecine, s’efforcent de réussir dans ces matières. Le collège reçoit une subvention du gouvernement du Swaziland. Tous ses étudiants reçoivent des bourses de l’Etat durant leur période de formation (pour les diplômes d’infirmière et de sage-femme par exemple). Entre 2000 et 2006, les femmes constituaient entre 69 % et 83 % des diplômés en soins infirmiers et entre 65 % et 91 % de ceux qui ont obtenu le diplôme de sage-femme. Les soins infirmiers étant une carrière associée aux femmes par tradition et par stéréotypes, Les préjugés contre les femmes en sciences, en mathématiques et en technologie Les groupes de discussion ont mis en lumière des préjugés largement répandus contre les femmes obtenant de bons résultats en sciences, en mathématiques et en technologie. Voici certains des points de vue exprimés : • « Le travail manuel nécessite des compétences pratiques et les filles se détournent de ces disciplines » ; Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 87 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland • • « Les femmes tendent à être meilleures en expression orale et en langues, alors que les hommes excellent dans les matières quantitatives»; « Les femmes ont été conditionnées culturellement à croire que certaines choses sont faites pour les hommes et d'autres pour les femmes » ; • « Certaines filles n'ont pas suivi ces cours au lycée et ne peuvent être admises à l'université » ; • « Les femmes pensent que les cours de sciences et de technologie ont été créés pour les hommes uniquement » ; • « Les femmes se sentent inférieures à cause de l'idée reçue qu'elles ne savent pas s’imposer et ne veulent pas faire d’expériences » ; • « La procédure de sélection pour la spécialisation est discriminatoire envers les femmes ». Ces préjugés hérités semblent peser sur les inscriptions et les résultats des jeunes filles et des femmes dans les filières des sciences, des mathématiques et de la technologie à l’exception des étudiantes dans les écoles d’infirmières où elles sont plus nombreuses que les étudiants. Bien que la Constitution du Swaziland mette l’accent sur l’égalité des sexes, ces préjugés existent toujours. Le problème de la prostitution Les enseignants et le personnel administratif ont des sentiments mitigés au sujet de la prostitution dans leurs établissements. Certains nient son existence, tandis que d'autres ont donné des raisons pour ce comportement en expliquant que ce sont surtout les étudiants vulnérables qui se livrent à la prostitution en raison de problèmes financiers, mais que d'autres s’y livrent par amour de l'argent. le contenu des programmes n’a été conduite ; il s’agit pourtant d’un champ d’intervention très important. On note des faits de harcèlement sexuel dans les enseignements secondaire et supérieur, mais la mise en œuvre d’une politique et d’une stratégie pour lutter contre ce problème semble être faible. Selon les répondants des collèges ou des universités, les cas de viols sont traités par le doyen du bureau des affaires des étudiants ou par des commissions disciplinaires spéciales dans les établissements. 176 répondants ont dit avoir entendu parler de cas de viols dans leur établissement. Les grossesses des élèves sont traitées au niveau de l’école par le chef d’établissement et les étudiantes enceintes sont généralement renvoyées et ne peuvent plus poursuivre leurs études. Un travail beaucoup plus poussé doit être fait sur les politiques, les stratégies, le renforcement des institutions et des structures relatifs aux politiques d’équité entre les genres. La faible application des politiques de genre Une approche sensible au genre traitant spécifiquement de ces questions a été introduite dans les établissements d'enseignement du Swaziland pour lutter contre les stéréotypes et présenter une nouvelle façon de percevoir les relations entre les hommes et les femmes. Pourtant, lorsqu'on les interroge sur la mise en œuvre de cette politique de genre, les enseignants et les administrateurs ne semblent pas en être informés. De plus, selon les rapports d’avancement du ministère de l’Education, aucune étude spécifique sur le genre et 88 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 • Les difficultés des filles et des femmes qui abandonnent l’école secondaire ou l’enseignement supérieur à cause d’une grossesse doivent être prises en considération. La plupart ne peuvent pas reprendre leurs études. • Un financement partiel et l’offre de davantage de • ressources de formation interventions importantes. • Il faudrait proposer des services de tutorat et d’évaluation constants. • Des services éducatifs viables doivent assurer la sécurité, offrir de la chaleur humaine et de la compréhension et avoir un bon niveau académique. Le gouvernement ne devrait recruter que des enseignants qualifiés. Des programmes de formation continue devraient être organisés pour que les enseignants se tiennent à jour des innovations et des enjeux contemporains. 3. l’amélioration des résultats en mathématiques et en technologie ; science, en 4. la sensibilisation des décideurs et des participants. des Des lois et des politiques existent pour protéger les filles et les femmes contre l’exploitation économique, la violence et les abus sexuels, mais leur application laisse parfois à désirer. Les observations suivantes sont formulées : • L’âge minimum requis pour le mariage des filles est trop bas et elles sont seules pour se défendre contre les pratiques culturelles néfastes. • Le Swaziland n’a pas encore de législation adéquate contre le trafic des êtres humains, les violences et les abus sexuels. • Les filles devraient avoir accès à l’information, à l’enseignement, aux services et aux locaux sur les droits et la santé reproductive. • Tous les établissements d’enseignement devraient intégrer des politiques, des stratégies et des structures relatives au genre. Actuellement, elles sont insuffisantes. 1. la rétention des étudiantes ; 2. la faible intégration du genre ; constituent 2. La faible intégration des questions de genre RECOMMANDATIONS Cette étude a été élaborée avec un certain nombre de recommandations concernant : Les groupes de discussions ont révélé que les étudiants qui abandonnent le plus fréquemment l’enseignement secondaire sont les orphelins ou les autres jeunes vulnérables (OEV). Les programmes pour répondre à la souffrance de ces jeunes sont d’une grande importance pour s’assurer qu’ils n’abandonnent pas l’école. • L’utilisation des TIC Les enseignants et les étudiants ont déclaré qu’ils découvraient l’existence des TIC par le biais de recherches sur Internet qu’ils doivent effectuer pour des devoirs et des exposés, par des formateurs en TIC disponibles pour les guider durant les heures de travaux pratiques ou par l’utilisation d’ordinateurs et de projecteurs pour donner des conférences. Ce sont quelques-uns des services qui, selon les répondants, permettent aux étudiants de se sentir à l'aise dans les établissements d’enseignement. Certains établissements sont fiers de leur laboratoire d’informatique ouvert sans interruption durant les horaires d’ouverture, du cybercafé ouvert pour les étudiants et du fait que les bureaux des enseignants sont équipés d’ordinateurs disposant d’un accès à Internet. 3. Améliorer les résultats en sciences, en mathématiques et en technologie 1. La rétention des étudiantes • Les cours de mise à niveau sont très importants| pour aider les filles à améliorer leurs résultats en sciences et en mathématiques. • Il est nécessaire de diversifier les programmes pour y introduire des matières à la fois pratiques et théoriques à tous les niveaux. • Il faudrait recruter des personnes pouvant servir de modèle dans les différentes disciplines pour visiter les écoles primaires et y donner des conférences de motivation et fournir ainsi très tôt des perspectives d’orientation professionnelle aux enfants. • Les méthodes disciplinaires à l’école comme les coups de cannes et les travaux manuels devraient être évitées et remplacées par des formes plus positives de discipline. Les châtiments corporels amènent les enfants, et surtout les garçons, à être brutaux et à recourir à la violence envers les autres. • Les prestataires de service en milieu éducatif devraient élaborer des programmes permettant de guider les enseignants sur les capacités des enfants, comme leur capacité d’écoute. • Les parents ou les tuteurs qui jouent un rôle essentiel dans l’éducation d’un enfant devraient être aidés par des programmes gouvernementaux qui les habilitent et leur permettent de soutenir l’apprentissage de leurs enfants. • Les répondants ont reconnu qu’il était impératif pour eux d’utiliser Internet afin d’accéder aux informations récentes introuvables pas dans les livres. Certains d’entre eux ont effectué avec succès des recherches et participé à des forums en ligne. 4. La sensibilisation des décideurs et des participants Il est nécessaire de sensibiliser les décideurs et les participants clés à l’intégration des problématiques de genre, comme décrit ci-dessous. • Les décideurs clés, y compris les ministres, lesparlementaires, les fonctionnaires et les médias doivent être sensibilisés à l’intégration des questions de genre. Il faudrait renforcer les capacités des chefs d’établissement, des prestataires de services et des établissements d’enseignement supérieur dans le domaine des composantes de la politique de genre. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 89 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland • • • • • 90 Le pays peut avoir à s’engager dans des campagnes de plaidoyer en faveur du genre afin de sensibiliser et d’éduquer sa population, et en particulier les décideurs des établissements d’enseignement, aux politiques de genre du pays et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Des dépliants et des affiches faciles à lire placés dans des lieux stratégiques ainsi que des jingles sur les médias électroniques peuvent jouer un rôle crucial dans la sensibilisation et l’éducation des Swazis à la politique de genre. Les réussites, comme celles observées dans les taux d’inscriptions, devraient être officiellement suivies et documentées pour permettre la continuité et le partage entre les établissements du pays et promouvoir de futures améliorations. D'après les conclusions de la revue de la littérature, des données ventilées par sexe sont nécessaires pour mieux comprendre les tendances en matière d’examens, les modes et les niveaux de participation à l'enseignement ou à l’emploi et pour rechercher les causes sous-jacentes des différences observées. Il existe un besoin important d’impliquer les parents et les tuteurs dans l’éducation de leur enfant à travers les associations parents-professeurs. Les maisons d’édition électronique peuvent être utilisées de façon efficace pour publier des messages courts et frappants à intervalles fréquents. Le ministre de l'Education et de la Formation a mis en place un numéro de téléphone gratuit que les jeunes ou d’autres personnes peuvent appeler de façon anonyme pour signaler les cas d'abus. Une fois ces alertes reçues, un agent chargé d'enquête est envoyé à l'école pour s'assurer de la véracité des faits signalés. Ces agents ont été formés à la collecte des preuves nécessaires pour engager une procédure disciplinaire susceptible d’aboutir auprès de la Commission de l’enseignement. Le Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 rapport publié en 2006 par cette instance confirme et rapporte avec inquiétude le nombre croissant de licenciements de professeurs jugés coupables d'avoir eu des relations intimes avec des élèves. Ce type d'abus peut entraîner un licenciement en vertu des Procédures de régulation du guide des écoles (School Guide Regulation Procedures). • Graphique 2.1 : Résultats en mathématiques des étudiants du NCN Les lois et les conventions sur les droits des enfants devraient être transposées dans la législation nationale et appliquées, afin que les gens puissent éduquer et prendre soin de leur enfant. CONCLUSION L'intégration de la dimension genre est un élément qui devrait contribuer au développement politique, économique, social et culturel national. Cela signifie que l'égalité des droits devrait être intégrée dans toutes les initiatives, les responsabilités sectorielles et les possibilités offertes aux hommes et aux femmes qui ne doivent pas dépendre du sexe de l’individu. 60 Fréquence • Les enseignants sont des personnes clés en matière d’amélioration du système éducatif, et notamment d’intégration de la dimension genre. Il faut les sensibiliser et améliorer leur méthodologie pédagogique afin qu’ils puissent exercer de façon optimale. Les enseignants et les parties prenantes de l’éducation devraient être davantage sensibilisés sur les différentes formes de violence et les conséquences qui en découlent. 49 40 Hommes Femmes 16 20 5 13 6 2 1 4 0 0 0 A B C D E Résultats L'égalité des sexes exige que les femmes et les hommes bénéficient à égalité des biens valorisés par la société, de ses possibilités, de ses ressources et de ses distinctions. Cela implique l’équilibre en matière d'égalité des chances dans tous les domaines. Outre les possibilités offertes, l'égalité des sexes concerne également les résultats. Assurer l'égalité entre les genres dans l'éducation exige des changements dans les pratiques d'apprentissage et les relations sociales des établissements. L'étude révèle que les différents établissements d'enseignement supérieur et les écoles secondaires du Swaziland offrent l'égalité des chances à l'inscription, mais qu’il y a des matières à prédominance masculine ou féminine. Graphique 2.2 : Résultats en sciences des étudiants du NCN 63 70 60 Fréquence • 50 40 Hommes 30 20 9 10 REFERENCES 1. Ministry of Education, Manuel de procédures réglementaires. 0 A 13 5 6 B Femmes 12 C 0 3 00 D E Résultats 2. Swaziland (2005), Constitution du Royaume du Swaziland. 3. UNICEF et Ministry of Education and Training of Swaziland (2008), Schools as Centres of Care and Support: Conceptual Framework. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 91 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland Graphique 2.5 : Résultats en physique des étudiants du NCN 70 60 50 40 30 20 10 0 Nbr d’étudiants Graphique 2.3 : Résultats en géographie des étudiants du SCOT 29 30 25 25 Fréquence 20 15 Hommes Femmes 9 13 6 B 3 0 C D Résultats 13 13 11 Hommes 8 Femmes 2 5 A 12 5 A 10 0 63 B C 1 0 1 D Graphique 2.6 : Les recommandations des étudiant de l’école d’infirmières de Nazarene pour améliorer les mathématiques et les statistiques E Résultats Nbr d’étudiants 30 25 20 7 10 1 Locaux adaptés Plus de travaux pratiques Hommes Travail en classe Femmes Graphique 2.7 : Problèmes des étudiants entrainant l’abandon au SCOT 18 20 19 9 11 Hommes 10 8 A B C Résultats Femmes 6 2 0 0 D E Nbr d’étudiants Fréquence Devoirs 33 30 0 7 6 6 0 Graphique 2.4 : Résultats en comptabilité des étudiants du SCOT 40 24 19 60 50 40 30 20 10 0 57 Hommes 4 8 11 5 18 Echec Manque de sérieux Femmes 1 Grossesses Problèmes 92 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 93 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland Graphique 2.11 : Etudiants interrogés au SCOT répartis par genre Nbr d’étudiants Graphique 2.8 : Les étudiants du SCOT suggèrent d’améliorer les mathématiques et les statistiques 30 25 20 15 5 0 Hommes 54 Femmes Locaux adaptés Plus de travaux pratiques Devoirs Hommes 49 Femmes Travail en classe Méthodes 4 3 3 0 Moins de 18 ans 19-39 ans 40-50 ans Âge 18 1 3 4 5 Femmes 11 1 0 Grossesses Femmes Hommes Troubles Mentaux Hommes 57 Manque De sérieux 31 60 50 40 30 20 10 0 Échec 62 Ressources insuffisantes 70 60 50 40 30 20 10 0 Graphique 2.12 : Problèmes des étudiants du NCN affectant leurs progrès Nbr d’étudiants Nbr d’étudiants Graphique 2.9 : Age des étudiants du SCOT Problèmes Graphique 2.10 : Statut matrimonial des étudiants interrogés au SCOT 80 70 60 50 40 30 20 10 0 67 63 Hommes 22 Femmes 1 Célibataires Mariés 0 2 Séparés 1 1 Divorcés Nbr d’étudiants Nbr d’étudiants Graphique 2.13 : Lieu de résidence des étudiants du SCOT 70 60 50 40 30 20 10 0 61 Hommes 16 17 Sur le campus 12 Femmes Hors du campus Statut matrimonial 94 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 95 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland Graphique 2.17 : Statut matrimonial des étudiants interrogés au NCN Graphique 2.14 : Qui paie les frais de scolarité des étudiants du SCOT ? 80 Nbr d’étudiants Nbr d’étudiants 61 60 Hommes Femmes 40 28 20 6 4 3 70 60 50 40 30 20 10 0 1 59 Hommes 26 Femmes 6 Célibataires 1 Mariés 0 2 0 1 Séparés 0 1 Divorcés 0 Veufs Statut matrimonial Donateur Graphique 2.15 : Résultats en mathématiques des étudiants du SCOT Graphique 2.18 : Ventilation par âge des étudiants interrogés au NCN 80 30 25 20 15 10 5 0 26 21 19 Hommes 10 7 6 4 A 3 B C Femmes 3 1 D 3 0 E Nbr d’étudiants Nbr d’étudiants 66 60 40 20 1 0 Femmes 0 2 Moins de 18 ans F Hommes 25 16 19-39 ans 2 40-50 ans Âge Résultats Graphique 2.19 : Ventilation par sexe des étudiants interrogés au NCN 35 30 25 20 15 10 5 0 30 22 17 16 Hommes 8 5 A Femmes 7 B C 2 D 4 2 E Nbr d’étudiants Nbr d’étudiants Graphique 2.16 : Résultats en anglais des étudiants du SCOT 80 70 60 50 40 30 20 10 0 69 Hommes Femmes 27 Sexe Résultats 96 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 97 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland Graphique 2.20: Qualifications les plus élevées des filles à NCN Graphique 2.23 : Abandon de l'école au décès d'un parent 1% 6% 1,000 Équivalent du baccalauréat 688 Équivalent du brevet 47% Diplôme Diplôme (titre) universitaire Fréquence 46% 500 0 1 Décrocheurs Graphique 2.21 : Qualifications les plus élevées des garçons au NCN 7% 26% Équivalent du baccalauréat Équivalent du brevet Diplôme Graphique 2.24 : Cas de viols rapportés 67% 176 200 195 200 180 152 160 Fréquence 140 Garçons 120 80 64 0 60 19 40 17 7 20 3 12 23 0 Proche de la maison 100 Filles 81 100 Fréquence Graphique 2.22 : Critères du choix de l'école secondaire École la moins chère Meilleure école Attirance pour une matière 1 Les cas de viol A réussi l'examen d'entrée Critères 98 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 99 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e C auses des disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au S wa z iland Graphique 2.25 : Nombre d’heures consacrées aux tâches ménagères par jour 50 45 47 44 39 40 Fréquence 35 31 28 30 Garçons 22 25 18 20 12 15 Filles 17 14 13 7 10 5 0 6 1 1 2 3 4 5 6 7 33 8 4 2 9 1 3 10 Association pour le renforcement de l’enseignement supérieur des femmes en Afrique (ASHEWA) 6 Les disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Zimbabwe Temps (H) RÉSUMÉ Graphique 2.26 : Règlement des frais de scolarité Donateur 16% Famille 25% Gouvernement 30% 100 ee ee Mère 17% eeeeee Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 e e ee bre e Père 12% L’école secondaire prépare l’individu à acquérir des compétences pertinentes et est également importante pour le changement social Cette étude examine les obstacles à l’accès, à la participation, et à l’achèvement des études des filles et des femmes dans les enseignements secondaire et supérieur. Les résultats sont analysés en fonction : (a) des facteurs au niveau macro, (b) des facteurs juridiques et politiques, (c) des facteurs liés à l’école et à l’institution, (d) des politiques et des stratégies en matière genre et enfin (e) des facteurs socioculturels. Le principal facteur au niveau macro est l’investissement insuffisant de l’Etat auquel s’ajoute l’impossibilité de la plupart des parents de faire face aux frais de scolarité. La pauvreté est donc le principal obstacle au niveau de l’enseignement secondaire ou supérieur. Parmi les facteurs juridiques et politiques figure le fait qu’environ 40 % des étudiants seulement peuvent accéder à l'enseignement secondaire, principalement en raison des frais inabordables. Au niveau de l’enseignement supérieur, les frais sont également un obstacle en raison de la rareté des bourses d'études. Les principaux obstacles sont les facteurs liés à l’école et à l’institution. Ils comprennent le manque de documents d’apprentissage, le manque de temps disponible que les filles peuvent consacrer au travail scolaire en raison de tâches domestiques ou agricoles prenantes, le choix malheureux des matières étudiées qui est la conséquence d’un manque de conseils et d’orientation, de mauvaises bases et un enseignement médiocre en mathématiques et en sciences. Pour ce qui est des politiques de genre, le ministère de l’Education, des Sports, des Arts et de Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 101 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au Zim b a b we la Culture (MESAC) ne semble pas en avoir. De son côté, le ministère de l’Enseignement supérieur et professionnel (MESP) a des politiques explicites, mais elles se révèlent globalement inefficaces dans trois des quatre établissements supérieurs concernés par cette étude. Seul un établissement, l’Université des femmes en Afrique (Women’s University in Africa ou WUA), a réussi à faire progresser le taux d’inscription des femmes jusqu’à 85 % du nombre total de ses inscriptions, mais elle n’a pas été en mesure d’assurer l’équité entre les genres de son personnel et en matière de promotions. Les facteurs socioculturels incluent le niveau d’instruction et le niveau socio-économique des parents, les responsabilités des femmes dans le foyer et les préjugés culturels à l’encontre des femmes qui étudient des matières « d’hommes ». Les informations sur le contrôle des naissances sont inexistantes dans les écoles secondaires et rares dans le cycle supérieur. En général, les élèves enceintes ne reprennent pas leurs études. INTRODUCTION Exposé du problème L’augmentation des inscriptions des filles et des femmes dans les enseignements secondaire et supérieur pourrait entraîner des changements notables dans la vie politique, économique et sociale des femmes en Afrique. Matsuura1 suggère que la parité et l’égalité entre les sexes dans l’éducation représentent une priorité en matière de développement social et économique. Les femmes les plus instruites se marient plus tard, espacent les naissances de leurs enfants et vaccinent leurs enfants. Les femmes et les filles moins instruites courent davantage le risque de vivre dans la pauvreté, de contracter le VIH/sida ou d’être exploitées professionnellement ou sexuellement. Alors que le Forum mondial sur l’éducation en 2000 avait annoncé l’élimination des inégalités dans l’éducation d’ici 2005, l’éducation des filles et des femmes est toujours un terrain d’inégalités profondes. Le Zimbabwe a traduit dans son droit le Protocole sur le genre dans l’éducation de la SADC qui vise à « promouvoir l’égalité de l’accès et du maintien à l’école dans les cycles d’enseignement UNESCO (2009). UNESCO (2010). 3 Indice de prospérité Legatum (2010). 4 Ministère de l’Education, des Sports, des Arts et de la Culture (2010). primaire, secondaire, supérieur, dans l’enseignement professionnel et l’éducation informelle », mais dans les faits, on constate des inégalités de genre importantes dans le second cycle de l’enseignement secondaire et dans l’enseignement supérieur. En 2007, le Zimbabwe scolarisait 88 % des enfants en primaire, mais seulement 40 % d’une classe d’âge passaient dans le secondaire la même année2 et 4 % dans l’enseignement supérieur3. En 2009, les filles constituaient 49,8 % des inscriptions au collège contre seulement 42,2 % au lycée 4. Ces chiffres laissent deviner un taux de déperdition extrêmement important entre les trois niveaux d’enseignement, le primaire (sept ans), le collège (quatre ans), le lycée (deux ans) et l’enseignement supérieur. Les objectifs de l’étude étaient au nombre de trois : 1. Identifier les obstacles liés au genre compromettant l’accès, la participation et l’achèvement des programmes des filles et des femmes dans une sélection d’établissements secondaires et supérieurs du Zimbabwe. 2. Déterminer si les politiques éducatives et les programmes actuels promeuvent les filles et les femmes dans les enseignements secondaire et supérieur au Zimbabwe. 3. Enquêter sur le rôle des politiques de genre actuellement en place, leurs stratégies et leurs modèles. Les problématiques suivantes ont été posées : 1. Quels sont les obstacles empêchant les filles et les femmes d’accéder, de participer et d’achever les programmes scolaires et universitaires des enseignements secondaire et supérieur au Zimbabwe, particulièrement en mathématiques, en sciences et en technologie ? 2. Quelles sont les politiques et les stratégies relatives à l’accès, à la participation et à l’achèvement des études dans les enseignements secondaire et supérieur au Zimbabwe ? 3. Quelles sont les politiques, les stratégies et les modèles de genre améliorant l’éducation des femmes et des filles ? Revue de la littérature / Hypothèses Huggins et Randell ont prouvé que les rôles traditionnels dévolus aux filles dans leur foyer contribuaient à leur sous-performance scolaire à l’école secondaire. Il n’existe pas de politique d’égalité des sexes au Rwanda, même si ce pays offre l’environnement le plus favorable aux filles en Afrique subsaharienne. Les autres raisons qui expliquent pourquoi les filles n’accèdent pas à l’enseignement secondaire sont l’existence de croyances et de pratiques culturelles qui accordent plus de valeur au petit garçon qu’à la petite fille. Les facteurs socioculturels comprennent les modes de socialisation de chaque sexe, la violence sexuelle et sexiste ainsi que le préjugé selon lequel l’éducation des garçons a plus de valeur. Le mariage précoce, le travail des enfants et les stéréotypes socioculturels contribuent à l’idée reçue qu’il n’est pas utile de scolariser les filles qui deviendront le capital d’une autre famille par le mariage. La Campagne pour l’éducation des filles menée au Zimbabwe a relevé que de nombreuses filles sont exclues de l’enseignement secondaire en raison du manque d’argent pour régler les frais de scolarité ou parce qu’elles sont obligées d’effectuer des tâches domestiques ou agricoles, ce qui leur laisse peu de temps à consacrer au travail scolaire. Selon Etim , l’école secondaire prépare l’individu à acquérir des compétences pertinentes et est également importante pour le changement social. La possibilité d’accéder et de participer à l’enseignement supérieur peut dépendre des dynamiques mises en œuvre à l’école secondaire, car c’est elle qui assure la transition vers la participation de l’individu à l’enseignement supérieur. 5 Huggins et Randell6 ont identifié les facteurs qui conduisent à une sous-performance des filles à l’école secondaire et leur impact sur les chances des filles d’atteindre l’enseignement supérieur au Rwanda. Randell a identifié quatre niveaux où se manifestent les inégalités entre les genres : les facteurs au niveau macro, aux niveaux juridique et politique, au niveau de l’école et au niveau socioculturel. Les facteurs au niveau macro cités comprennent la pauvreté, le financement insuffisant de l’éducation, le VIH/sida, la dépendance économique ininterrompue à l’ancien pouvoir colonial et les écarts de ressources entre les zones urbaines et rurales. Randell examine ensuite les facteurs juridiques et politiques : l’insuffisance du financement des écoles et des enseignants par le gouvernement, le peu d’incitation financière à l’éducation des filles et le fossé entre les politiques et la pratique dans le domaine de l’éducation des filles. Ce dernier point a aussi été abordé par Masuko et Jirira. Bien que le gouvernement du Zimbabwe soit très ouvert à la promotion de l’éducation des filles, il ne dispose pas des moyens de la rendre gratuite. Les frais de scolarité, d’uniformes, de livres, de bibliothèque et de matériel de laboratoire sont un obstacle, surtout dans les écoles rurales. Le problème des frais de scolarité au Zimbabwe est préoccupant, sachant que seuls de rares élèves reçoivent des bourses. Bennett a identifié les politiques institutionnelles qui sont supposées faciliter un taux d’inscription plus important des filles dans l’enseignement supérieur. Citons notamment la discrimination positive ou le système des quotas dont elle a constaté l’inefficacité quand la culture de l’organisation était patriarcale et quand la politique était appliquée de façon différente suivant les départements ou les unités. Endely, Ngaling et Mulugeta ont étudié les problèmes liés au genre dans l’enseignement supérieur comme le harcèlement sexuel, la violence à l’encontre des femmes, les relations entre les chargés de cours de sexe masculin et les étudiantes ainsi que le nombre inférieur de femmes par rapport aux hommes au sein des personnels de direction des établissements du supérieur de deux universités. Endely et Ngaling ont noté qu’il était important d’instituer dans la durée un environnement favorable au genre à l’université à travers des politiques et des pratiques que chacun peut adopter au lieu de dépendre de quelques féministes enthousiastes. Le manque d’aide financière est un Randell a aussi identifié des facteurs liés à l’école, à savoir les programmes qui renforcent les stéréotypes traditionnels sur le genre, le manque d’équipements sanitaires, l’absence de fourniture de serviettes hygiéniques pour les filles, le harcèlement sexuel de la part des enseignants et des élèves de sexe masculin et le manque d’enseignantes pouvant incarner un modèle à suivre. 1 2 102 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 5 Etim (2007). 6 HUGGINS A. et RANDELL S. (2007). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 103 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au Zim b a b we autre obstacle sérieux. La question du genre dans l’enseignement supérieur doit être placée dans le contexte culturel de la société au sens large ainsi que dans celui d’un établissement donné. Au Zimbabwe, il existe une politique de discrimination positive nationale qui facilite l’admission des filles dans les établissements d’enseignement supérieur avec des notes plus faibles, mais il n’existe que très peu de preuves de leur application dans tous les établissements, même depuis la publication en 2006 d’une directive gouvernementale instituant la parité des inscriptions, avec 50 pour cent d’hommes et 50 pour cent de femmes7. Certaines filières revendiquent une politique de discrimination positive qui institue un quota de 30 % d’étudiantes, mais aucun plan de mise en œuvre n’était consultable sauf dans un établissement, l’Université des femmes en Afrique (WUA) où la politique est d’admettre 85 % d’étudiantes et 15 % d’étudiants. Les modèles pour les filles sont également rares. Les enseignantes représentaient 43,5 % du corps enseignant des écoles secondaires en 20098 . Il y avait 40,8 % de femmes dans l’administration scolaire, surtout dans les écoles primaires, et très peu dans les structures d’encadrement9. Dans l’administration, on recense seulement 20 % de femmes à des postes de décision10, tandis que dans les universités, la proportion de femmes chargées de cours était de 27,26 % en 200911 et elles enseignaient principalement dans les départements de lettres, d’arts et de sciences sociales12. L’iniquité et l’inégalité dans l’éducation sont l’une et l’autre des enjeux majeurs pour la recherche féministe. Les modèles de recherche, qu’ils soient quantitatifs ou qualitatifs, ont tous deux confirmé qu’au-delà du cycle primaire en Afrique subsaharienne, y compris au Zimbabwe, les filles et les femmes font face à des obstacles en matière de scolarisation, d’achèvement des études et de bons résultats scolaires. La présente recherche place l’étude des femmes et des filles dans l’éducation dans le cadre conceptuel « Genre et développement » qui présente un fort parti pris féministe. L’approche « Genre et développement » s’intéresse aux intérêts stratégiques et aux besoins pratiques des femmes et des filles, ce qui conduit le chercheur à rechercher des solutions aux problèmes fondamentaux qui empêchent les femmes et les filles d’être à égalité avec les hommes et les garçons dans le domaine de l’éducation. L’approche « Genre et développement » est sous-tendue par la volonté d’enclencher une démarche de transformation de l’éducation en faveur des femmes et des filles. Elle part du principe que la place des femmes est une construction sociale où les hommes prescrivent la façon dont les filles et les femmes sont traitées. Les inscriptions dans l’enseignement supérieur au Zimbabwe en 2009 montrent que les femmes ne sont majoritaires que dans les instituts de formation des enseignants, et en particulier des enseignants des écoles primaires, comme on le voit dans le tableau 2.1 ci-dessous. Tableau 2.1 : Inscriptions dans les universités, les instituts de technologie et les instituts de formation des enseignants au Zimbabwe en 2009 Type d’établissements Total des effectifs 2009 Universités 49 645 % d’étudiantes en 2009 19 621 39,52 Instituts de technologie 13 217 5 853 44,28 Ensemble instituts enseignants 11 574 8 035 69,42 74 436 33 509 45,01 formation Total Source : MESP (nov. 2009). 7 TICHAGWA (2009). 8 MESAC (2010). 9 TABETHE (2009). 10 104 Inscriptions de femmes 2009 Rapport de Gender Links (2009). 11 MESP (2009). 12 TICHAGWA (2009). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Une étude du pourcentage de femmes inscrites dans les différentes facultés de l’Université du Zimbabwe, la plus grande et la plus prestigieuse université du pays, a montré que les inscriptions de femmes dans les filières techniques et scientifiques restaient très faibles (voir le tableau 2.2 ci-dessous). Tableau 2.2 : Université du Zimbabwe – Nombre d’étudiants inscrits par sexe et faculté en 2006 Faculté Femmes Total % Femmes Arts Commerce Education Droit Sciences sociales. Agriculture Ingénierie Médecine Sciences Etudes vétérinaires Total 597 492 42 384 1035 189 60 611 276 57 3743 1445 2123 90 826 2673 656 971 1902 1093 228 12007 41,3 23,2 46,7 46,5 38,7 28,8 6,2 32,1 25,3 26,0 31,2 Source : TICHAGWA W. N. (2007). Le tableau 2.2 montre que les femmes représentent un pourcentage minoritaire dans toutes les facultés, le pourcentage le plus faible se trouvant dans les facultés de commerce, d’agriculture, d’ingénierie, de sciences et d’études vétérinaires, qui comptent toutes moins de 30 % d’étudiantes. Cette situation est similaire dans les autres universités. l’Institut polytechnique de Harare ont également été sélectionnés. L’étude s’est appuyée sur des méthodes d’enquête qualitatives et quantitatives pour collecter des données approfondies sur les obstacles à la participation des filles et des femmes dans les enseignements secondaire et supérieur. Les méthodes qualitatives ont compris des groupes de discussions thématiques autour de questionnaires semi-structurés avec des questions ouvertes. Les données quantitatives ont été recueillies au moyen de questionnaires. Les questionnaires ont d’abord été soumis à dix élèves du secondaire et à dix étudiants du supérieur. Les questions qui n’étaient pas claires ont été reformulées et le questionnaire a été réduit. L’équipe de recherche a ensuite débattu de la pertinence de chaque question avec l’objet de l’étude. Méthodologie La directrice de recherche a formé deux assistantes de recherches/mentorées avant que ne débute la collecte des données. Vingt écoles de deux régions, les Midlands et Harare, ont été sélectionnées : cinq écoles rurales et cinq écoles urbaines dans les Midlands, deux écoles rurales ou périurbaines, ainsi que huit écoles urbaines à Harare. Les écoles rurales devaient être situées dans un rayon de 40 kilomètres autour de la capitale régionale pour des raisons logistiques, l’essence étant sévèrement rationnée au Zimbabwe durant cette période. Certaines écoles rurales éloignées n’ont pas pu être sélectionnées et cette proximité de la capitale peut avoir faussé les données. L’échantillon réduit implique aussi que les résultats ne peuvent être interprétés comme représentatifs de l’ensemble du système éducatif. Cette étude doit plutôt être considérée comme une étude de cas à portée limitée. Dans tous les établissements, les chefs d’établissement ou leurs adjoints, les professeurs principaux et les responsables des départements de sciences et de mathématiques ont été interrogés. Dans les internats situés en zones rurales, les maîtres ou maîtresses d’internats, ainsi que la professeure principale, ont également été interrogés en tant que responsables du bien-être social de leurs élèves. Les questionnaires ont été administrés à 150 élèves de classes allant de la troisième et la sixième année. Les élèves des classes de quatrième et de sixième année révisant leurs examens finaux au moment de la collecte des données, l’équipe de recherche a travaillé avec les élèves du cycle supérieur qui étaient disponibles de façon à ne pas perturber ces classes. Des groupes de trente élèves par classe ont participé aux discussions générales des groupes de discussion. L’Université nationale de sciences et de technologie (NUST) à Bulawayo et l’Université des femmes en Afrique (WUA) à Harare ont été sélectionnées. La NUST était intéressante de par sa spécialisation en sciences, en ingénierie et en technologie qui sont des filières dans lesquelles peu de femmes s’inscrivent, tandis que la WUA, de son côté, est unique par sa politique d’inscription de 85 % d’étudiantes. Un institut de formation des enseignants, le Morgan ZINTEC et Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 105 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au Zim b a b we Dans les internats mixtes situés en zone rurale dans les Midlands, un élève sur dix de chaque sexe a été intégré dans un groupe de discussion comprenant un nombre égal de filles et de garçons. A Harare, les participants au groupe de discussion ont été sélectionnés par sexe de façon aléatoire. Le nombre de participants aux groupes de discussion a varié, les plus petits comprenant sept répondants. Dans toutes les écoles mixtes, les groupes comprenaient des garçons et des filles (des problèmes se sont posés pour obtenir une représentation identique de filles et de garçons dans les classes de sciences ou de technologie des instituts de technologie ou des universités.) Dans chacun de ces établissements d’enseignement supérieur, les responsables des inscriptions, les représentants des étudiants et les chargés de cours ont été interrogés et des groupes de discussion ont eu lieu ; au total, 65 étudiantes et 67 étudiants ont rempli les questionnaires dans les instituts de technologie et les universités. Des données secondaires ont également été réunies à partir de rapports gouvernementaux, de statistiques officielles et de rapports d’universités et d’instituts de technologie. Des relevés d’observation des infrastructures d’approvisionnement en eau et des installations sanitaires dans les établissements ont fourni des informations qualitatives sur l’environnement physique d’apprentissage. Ces informations ont été intégrées, car il s’est trouvé que des classes voire des écoles entières ont dû fermer durant un certain temps à cause de coupures d’eau ou de problèmes d’équipements sanitaires, que ce soit dans les écoles rurales ou urbaines, les instituts de technologie ou les universités. L’une des limites de l’étude est la taille réduite de l’échantillon. Elle propose un instantané de la situation dans les établissements de l’échantillon, mais ne peut décrire l’ensemble du système, le Zimbabwe comptant plus de 1 700 écoles secondaires, 13 universités, 14 instituts de formation des enseignants et 8 instituts techniques. La seconde limite a été la période durant laquelle s’est déroulée l’étude, juste avant les examens et lors d’une période de graves problèmes économiques dans le pays, qui a rendu difficiles les déplacements des enquêtrices ainsi que l’obtention de matériel comme par exemple des logiciels adaptés. 13 106 UNESCO (2010). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 RESULTATS/CONCLUSIONS Résultats Un total de 304 élèves d’écoles secondaires ont pris part à l’enquête : 200 filles et 104 garçons. Les plus jeunes élèves de l’échantillon avaient 14 ans et les plus âgés 20 ans ; l’âge moyen était de 16 ans. Un total de 132 étudiants de l’enseignement supérieur ont aussi participé : 65 femmes et 67 hommes. La majorité, soit 82,6 %, était âgée de 19 à 30 ans, tandis que 12,1 % étaient âgés de 31 à 40 ans. Un seul participant avait plus de 50 ans. Les résultats sont classés en cinq catégories : (a) les facteurs au niveau macro, (b) les facteurs juridiques et politiques, (c) les facteurs liés à l’école ou à l’établissement, (d) les politiques et les stratégies en faveur du genre et (e) les facteurs socioculturels. (a) Facteurs au niveau macro Pauvreté. Environ 40 % seulement d’une classe d’âge passent de l’école primaire à l’école secondaire au Zimbabwe13. Ce taux d’abandon élevé peut dépendre en grande partie de la pauvreté qui se manifeste par l’impossibilité de payer les frais de scolarité ou la nécessité de gagner sa vie. La politique de l’Etat qui propose principalement des écoles secondaires en externat signifie que de nombreux élèves des zones rurales parcourent quotidiennement à pied de longues distances, jusqu’à 12 km à l’aller comme au retour, selon certains témoignages. Les parents considèrent ces longs trajets dangereux pour les filles. De plus, les filles qui parcourent de longues distances souffrent de la faim, car elles ne mangent pas avant de partir pour l’école. Les enseignants ont rapporté que nombre de ces élèves étaient léthargiques et incapables de se concentrer. Etant donné la rareté des bourses permettant aux filles d’étudier en internat, dont le coût est inabordable pour la plupart des parents, beaucoup d’élèves fréquentent l’école la plus proche et la moins chère. Il n’y a pas de distribution de repas dans les écoles, un problème auquel devraient remédier par leurs efforts conjoints l’Etat, les ONG, les autorités de tutelle de l’école, les parents et les collectivités. VIH/sida. L’étude n’a pas intégré l’impact du VIH/ sida sur la scolarisation, mais 27 % des élèves, les écoles publiques ne représentent que 12,6 % de l’ensemble des établissements secondaires du pays, les écoles privées 3,5 % et les écoles communales 69,9%14. (Le biais de l’échantillon est dû au fait qu’il était nécessaire de rester à proximité des zones urbaines pour des raisons de transport). Les écoles publiques sont réparties entre des écoles de banlieue à forte et faible densité de population. Les écoles privées sont des écoles aux frais de scolarité élevés réservées à l’élite. Même si les écoles communales sont généralement les plus pauvres, celles situées en zones urbaines disposent en règle générale de beaucoup plus de moyens que celles des zones rurales. Bien que les vingt écoles de l’échantillon soient plus privilégiées que les écoles rurales isolées, leur situation n’en est pas pour autant très brillante. principalement les filles, ont dit avoir dû s’absenter de l’école pour s’occuper des malades de leur famille. 16 % supplémentaires ont répondu que le fait de devoir s’occuper de leurs frères et sœurs les obligeait à manquer l’école. Selon l’Office central des statistiques (2009), jusqu’à 25 % des enfants au Zimbabwe sont orphelins. (b) Facteurs juridiques et politiques Au Zimbabwe, l’enseignement secondaire n’est pas gratuit. Les élèves paient des « frais de scolarité » fixés par les autorités scolaires et une taxe de scolarité laissée à l’appréciation des parents. Seules 15 % des filles reçoivent une bourse et ce sont les parents ou les tuteurs qui s’acquittent des frais de scolarité des autres. Les « frais de scolarité » les moins élevés coûtaient de 10 à 20 US$ par trimestre pour 59,2 % des élèves. Les frais de scolarité les plus élevés s’élevaient à plus de 140 US$ par trimestre et concernaient 22 % des élèves. Les « taxes de scolarité » les moins élevées variaient de 5 à 20 US$, payées par 40,5 % des élèves, et les plus élevées étaient supérieures à 100 US$ et concernaient 6,6 % des élèves. La plupart des parents ne pouvaient pas se permettre de payer ces frais. Frais de scolarité. 37,2 % des élèves d’écoles secondaires ont cité le manque d’argent pour régler les frais de scolarité comme principal problème empêchant les élèves d’achever leurs études secondaires. Cette situation est aggravée par l’insuffisance du financement de l’éducation secondaire par l’Etat et le petit nombre de bourses disponibles pour les élèves issus de familles pauvres. Certains lycéens (31,6 %) ont suggéré que le taux d’achèvement augmenterait si les élèves travaillaient mieux. Ils ont qualifié les élèves qui n’ont pas réussi à achever leurs études de « paresseux ». Le montant des frais de scolarité constitue également un grave problème dans l’enseignement supérieur. Les frais de scolarité de l’Université NUST dépendent de la faculté choisie, les plus chères étant celles nécessitant un travail en laboratoire à 500 US$ par semestre. A l’Université WUA, les frais s’élevaient à 600 US$ par semestre. Les instituts de technologie et les instituts de formation des enseignants coûtaient 300 US$ par trimestre. Le pourcentage des étudiants de l’enseignement supérieur bénéficiant d’une bourse est de 7,6 % seulement, ce qui implique que le pourcentage d’élèves issus de familles pauvres fréquentant des établissements d’enseignement secondaire et supérieur est très faible. Pensionnat. 10,9 % seulement des élèves étaient pensionnaires. C’est la conséquence de la politique mise en place par le gouvernement après l’Indépendance en 1980 quand il a renforcé l’enseignement secondaire en construisant plus d’externats et moins d’internats. Les externats sont moins onéreux pour les parents comme pour l’Etat et permettent ainsi à un plus grand nombre d’élèves d’avoir accès à l’enseignement secondaire. Il faut cependant citer parmi les aspects négatifs de cette politique les longs trajets pour se rendre à l’école, le travail des enfants et une alimentation insuffisante qui font que les élèves filles sont trop fatiguées pour étudier. De plus, les longs trajets sont jugés risqués par les filles et leurs parents. L’une des solutions mises en place au Zimbabwe est appelée le modèle « Binga » (un district du Zimbabwe dont la population est dispersée et par ailleurs pauvre). Ce modèle comprend la construction de foyers d’étudiants de bonne qualité où les élèves sont surveillés, mais où ils doivent (c) Facteurs liés à l’école ou à l’établissement L’échantillon présente un biais en faveur des écoles urbaines et publiques dans la mesure où 79,6 % des étudiants de l’échantillon fréquentaient des écoles publiques, 7,9 % des écoles privées (Trust Schools), 11,1% des écoles communales (Council Schools) ; 1,6% n’ont pas spécifié le type d’administration. En réalité, 14 Office central des statistiques (2001). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 107 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au Zim b a b we fournir leur propre nourriture. Ceci diminue de façon considérable les frais de pension. Matériel pédagogique. Il a été demandé aux élèves des écoles secondaires leur opinion sur la façon d’améliorer leurs écoles. Un grand nombre (37,2 %) a estimé que le principal problème était le manque de matériel pédagogique. La pénurie de livres de lecture, par exemple, représentait un problème. Certains élèves (31,3 %) ont cité le manque d’accès aux technologies de l’information et de la communication qu’ils jugeaient importantes pour leurs recherches. Pour ce qui est des équipements pédagogiques, les élèves interrogés ont précisé qu’ils disposaient de salles de sciences jusqu’à la classe de 3ème dans 71 % des écoles, mais en terminale, seulement 59 % avaient des salles de sciences, ce qui implique que 40 % des élèves de terminale n’avaient pas accès à l’enseignement des matières scientifiques. Les salles de technologie existaient dans 82 % des écoles. Cependant, les bâtiments scolaires visités étaient de piètre qualité. La plupart des classes étaient bondées, les mesures de sécurité et les équipements sanitaires insuffisants pour les filles, avec par exemple, une seule toilette de type Blair pour toutes les filles de l’école. Temps consacré au travail. Le temps consacré au travail personnel est l’un des principaux indicateurs de la qualité de l’éducation. 77 % des élèves y consacraient au moins deux heures par jour. Cependant, plus de la moitié des élèves (54 %) passaient entre zéro et une heure par jour à la bibliothèque, et 28 % seulement y passaient entre 2 et 3 heures par jour. Des ordinateurs étaient accessibles à 61,5 % des élèves, mais 19,7 % seulement passaient une à deux heures à travailler sur un ordinateur. Cela peut s’expliquer par le fait que malgré la présence d’ordinateurs dans l’école, ils n’étaient pas en nombre suffisant pour permettre à tous les élèves de les utiliser fréquemment. Qualité de l’enseignement. Parmi les élèves interrogés, les garçons comme les filles étaient d’avis que les filles pouvaient réussir en sciences aussi bien que les garçons. Mais les filles ont souligné que leurs enseignants remplaçants étaient très inexpérimentés et jeunes et « ne savaient rien ». Des cours de soutien étaient nécessaires selon 25 % des élèves. D’autres ont préconisé des groupes d’étude où une personne compétente pourrait aider les élèves les plus faibles. Le problème des enseignants non qualifiés et inexpérimentés, surtout en mathématiques, en sciences et en technologie, doit être très rapidement résolu. Des cours et des systèmes de soutien permettant aux jeunes enseignants d’améliorer leur enseignement s’imposent d’urgence. Ce problème a été traité par le ministère de l’Enseignement supérieur et professionnel 15 qui a récemment mis en place des cours de formation continue à distance pour les enseignants en poste. Espérons que cela produira des résultats avec le temps. Choix des matières. La plupart des élèves (48 %) avaient choisi eux-mêmes les matières qu’ils étudiaient, l’école avait décidé pour 24 % d’entre eux et pour 22 %, ce sont les parents qui avaient pris la décision. Cela signifie que les jeunes sont laissés seuls pour faire leurs choix. La plupart des écoles ne possédant pas de service d’orientation professionnelle et de conseil, ces décisions sont prises de façon improvisée, alors que le choix des matières peut restreindre le choix d’une profession par la suite. Sciences, mathématiques et technologie. Quand il leur a été demandé quels étaient les sujets difficiles, les garçons ont été plus nombreux (50 %) que les filles (32 %) à estimer que les sciences étaient plus difficiles que les matières littéraires. Ce schéma s’est reproduit pour les matières littéraires : 45,2 % des garçons ont jugé les matières littéraires difficiles contre 22 % des filles seulement. Ces réponses indiquent que les filles rencontrent moins de difficultés que ce soit en sciences et dans les matières littéraires que les garçons. Les mathématiques sont une condition d’admission pour s’inscrire dans les facultés techniques à l’université et dans les instituts polytechniques. C'est la politique générale de toutes les universités et les instituts de technologie du Zimbabwe. Les étudiantes sont minoritaires dans la plupart des départements de sciences et de technologie à l’Université NUST (tableau 2.3) et à l’Université du Zimbabwe (tableau 2.2) Tableau 2.3 : Répartition des étudiantes par faculté à l’Université NUST en 2006 Matière Sciences Architecture appliquées Communication et sciences de 108 Total industrielle Femmes 304 53 78 412 115 962 Total 976 262 179 1441 736 3594 Pourcentage 31,1 20,2 43,6 28,6 15,6 26,8 25,3 (Sciences) n/d n/d 23,2 6,2 (Ingénierie) 31,2 femmes % à l’Université Zimbabwe du tableau 2.2 notable entre les résultats des hommes et ceux des femmes. A titre d’exemple, les résultats de l’examen de fin d’année indiquent que certains des meilleurs élèves étaient des femmes de la faculté de technologie industrielle de l’Université NUST. En premier lieu, le problème est que peu de femmes s’y inscrivent. D’autres chargés de cours ont déclaré que les femmes étaient plus appliquées dans leurs devoirs, étaient attentives aux détails dans leurs recherches et leurs devoirs à la maison et obtenaient d’aussi bons résultats que les hommes aux contrôles. Sur les 128 étudiants inscrits dans les instituts de technologie/universités qui ont répondu à la question sur les matières étudiées, 64 % étudiaient les sciences sociales, 12 % visait l’obtention d’un diplôme ou d’une certification dans des matières commerciales et 24 % se trouvaient dans une filière scientifique. Ces pourcentages confirment les statistiques ci-dessus qui montrent que l’inscription des femmes en sciences et en technologie est relativement faible, exception faite de la communication et des sciences de l’information. Le niveau de mathématiques et de sciences requis pour l’admission est reconnu comme un obstacle pour les femmes. Aux dires des chargés de cours, on ne compte que trois ou quatre étudiantes par classe. Une grande partie de ce problème découle des enseignements primaire et secondaire où les élèves n’acquièrent pas de bonnes bases dans ces matières. Les relations entre étudiants et enseignants de l’enseignement supérieur ont été décrites comme cordiales et les professeurs comme disposés à aider les étudiants. Les professeurs qui donnent des conseils amicaux et un soutien gratuit ainsi que des conseils et de l’assistance pour les devoirs difficiles ont été identifiés comme les professeurs préférés des étudiants. A l’Institut polytechnique, le nombre d’étudiantes en cours d’informatique était semblable à celui des étudiants et leurs résultats étaient similaires. Cependant, au cours de la décennie écoulée, le nombre de candidates a été très faible dans les domaines traditionnellement masculins comme l’ingénierie. Violence. En réponse à la question sur la violence à l’école, 91 % des filles et 92 % des garçons de l’enseignement secondaire ont admis qu’ils avaient été confrontés à une forme ou une autre de violence à l’école. 29 % des filles interrogées connaissaient au moins une fille qui avait été victime d’un viol à l’école ; 82,2 % des étudiants ont dit avoir reçu des châtiments corporels. Le problème de la violence, particulièrement des châtiments corporels, semble être endémique dans les écoles du Zimbabwe. Un programme pour faire cesser ou, au minimum, abaisser le niveau des châtiments corporels dans les écoles nécessite un changement de politique et une action du ministère de tutelle, des enseignants, des parents et des étudiants. Un degré tel de violence utilisé pour punir les élèves indique que les autorités sont incapables d’utiliser les méthodes modernes d’enseignement de l’autodiscipline Performance. Les filles ont nié avec véhémence l’idée qu’elles ne s’intéressaient qu’au mariage. Elles voulaient apprendre et obtenir de bons résultats, même si 71 % d’entre elles ont admis qu’elles rencontraient des problèmes à l’école. Elles présentaient un fort taux d’absentéisme, 20 % à cause des douleurs des règles et 27 % parce qu’elles devaient s’occuper d’un proche malade. MESP (2010). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Technologie l’information Tous les professeurs de l’enseignement supérieur interrogés ont déclaré qu’il n’y avait pas de différence 15 Commerce Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 109 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au Zim b a b we aux élèves. Une démarche concertée s’impose pour s’assurer que ces pratiques rétrogrades soient abandonnées et remplacées par des méthodes plus adaptées aux enfants. Bien que cette étude ne se soit pas intéressée spécifiquement au viol, sa fréquence est importante d’après les témoignages. Le problème des viols doit être affronté, de même que celui des grossesses et des châtiments corporels, dans les écoles secondaires. Ces problèmes semblent ignorés au détriment de l’avenir des filles qui en sont victimes. où il y a plus d’hommes que de femmes. Le tableau 2.4 ci-dessous atteste du faible pourcentage de femmes inscrites dans la filière de production industrielle de l’Université NUST en 2007. Cette répartition illustre aussi les difficultés du recrutement et de la rétention des femmes Tableau 2.4 : Les étudiantes en faculté de production industrielle de l’Université NUST en 2007 Partie Étudiantes Total des Pourcentage étudiants femmes I (jour) 7 42 16.7 I Parallèle (soir) 2 22 9.1 (d) Politiques et stratégies de genre II (jour) 6 29 20.7 Discrimination positive. Il n’existait pas de politique ou de stratégie dédiées au genre dans les écoles de l’échantillon et aucune d’entre elles n’avait institué un système de quotas pour les filles. Même si le ministère de l’Enseignement supérieur et professionnel (MESP) possède de fait une politique explicite et une stratégie en matière de genre, seuls 24 % des étudiants de l’enseignement supérieur connaissaient l’existence de la politique de discrimination positive de leur collège ou de leur université. Les professeurs des écoles secondaires ne connaissaient pas la politique de discrimination positive du MESP et n’informaient pas leurs étudiantes des modalités pour en bénéficier. II Parallèle (soir) 0 25 0 III (jour) 4 41 9.8 III Parallèle (soir) 1 15 6.7 IV (jour) 1 30 3.3 IV Parallèle (soir) 0 9 0 V (jour) 4 29 13.8 V Parallèle (soir) 4 34 11.8 29 276 10.5 Les personnels de l’enseignement supérieur étaient au courant de la politique de genre, mais l’application de cette politique semble se heurter à de sérieuses difficultés. A l’Université NUST, bien que le département de technologie industrielle admette les étudiantes avec seulement cinq points, comparés aux onze points exigés des étudiants, le nombre d’inscriptions des femmes va en diminuant. L’Université WUA applique une politique de discrimination positive consistant à recruter 85 % de femmes et 15 % d’hommes. Elle commence par admettre d’abord les candidates les plus âgées, ensuite des femmes plus jeunes, puis dans un troisième temps des hommes plus âgés et enfin des hommes plus jeunes. Il existe cependant une différence marquée entre les différents départements. Par exemple, en agriculture, en zootechnie et en horticulture, on compte cinq hommes pour une femme. Cet état de fait s’explique par les conditions d’admission, à savoir qu’il faut être titulaire d’un diplôme en agriculture, une qualification que peu de femmes possèdent. Un problème similaire existe dans le département de technologie informatique 110 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Total De façon générale, même si les instituts universitaires étaient censés avoir des politiques de discrimination positive, la plupart des futures étudiantes n’en étaient pas informées. Par conséquent, il ne semble pas y avoir de volonté délibérée d’augmenter le nombre de femmes dans les différentes filières, même si les secteurs traditionnels comme les études de secrétariat et le travail à domicile comptent plus de femmes. De plus, comme les étudiantes potentielles ne sont pas informées du programme de discrimination positive, elles n’entrent pas directement en contact avec le bureau des admissions pour signaler leur cas. La plupart des enseignants de l’enseignement secondaire n’étaient pas au courant de la politique de discrimination positive dans l’enseignement supérieur. Par conséquent, les bénéfices de cette politique de discrimination positive ont été jusque-là négligeables. Sciences, mathématiques et technologie. L’Université NUST a lancé une initiative novatrice en partenariat avec le bassin d’écoles situées autour de Bulawayo, afin que davantage de filles soient informées des cursus qui leur sont proposés en sciences et en mathématiques. Le projet vise à changer les attitudes et les idées reçues ou arrêtaient l’école pour s’occuper de leur bébé, tandis que les garçons poursuivaient leur scolarité même s’ils étaient responsables d’une grossesse. La politique actuelle du gouvernement autorise les filles à retourner à l’école après avoir accouché, mais dans une école différente. Il ressort des entretiens que cette politique est un échec, car il n’existe pas de mesure de soutien à l’égard de ces adolescentes en termes de sensibilisation des chefs d’établissement, des parents ou des élèves. Même si ce problème semble courant, rien n’a été fait. Ni l’Etat, ni les ONG n’ont affecté de fonds à ce genre d’initiatives. dans ces écoles, tant chez les enseignants que chez les élèves, à l’égard des mathématiques et des sciences dans l’optique d’élargir la base de recrutement de filles à l’université. Le projet étant dans sa phase pilote, il faudra conduire une autre recherche pour voir si le passage du lycée à l’université peut en être influencé de façon positive. Directrices et enseignantes. Les établissements fréquentés par 68 % des répondants étaient dirigés par des hommes et 17 % des élèves seulement avaient déjà étudié dans une école ayant une directrice adjointe. Pourtant, en 2009, les enseignantes représentaient 54,2 % de l’ensemble du corps enseignant de l’enseignement secondaire au Zimbabwe16. La prédominance masculine aux postes de décision caractérise le système éducatif. Une approche plus volontaire tenant compte du genre est essentielle dans le recrutement des chefs d’établissements, car le petit nombre de femmes chefs d’établissement influe de façon négative sur la scolarisation des filles. Les hommes comme les femmes dans les établissements d’enseignement supérieur considèrent qu’une grossesse n’affecte pas les résultats scolaires. Le représentant des étudiants de l’Université WUA a cependant noté qu’il était difficile d’organiser les examens de façon à permettre aux femmes enceintes de les passer. Certains étudiants considèrent que la grossesse est le problème de la femme ou bien ils croient que les parents et les proches assumeront la responsabilité de la femme qu’ils ont mise enceinte. D’autres étudiants, hommes et femmes, pensent qu’une grossesse affecte les résultats scolaires en raison du manque de temps à consacrer aux études. Les grossesses non planifiées demeurent un problème dans ces établissements. La seule femme maître de conférences du département des sciences appliquées de l’Université NUST a jugé que ses sérieux efforts pour soutenir les femmes dans la filière avaient échoué et que le concept du « modèle » semblait ne pas fonctionner. Elle était d’avis qu’aussi longtemps que le nombre d’enseignantes titulaires en écoles d’ingénieurs et en sciences resterait faible, il serait difficile d’attirer les filles vers les études d’ingénieurs. A ce jour, elle était l’unique femme titulaire d’un doctorat à enseigner dans une école d’ingénieurs. Elle était d’avis qu’une politique de discrimination positive ne pourrait fonctionner que si elle était appliquée quand les élèves étaient encore au lycée (la proportion femmes/hommes à l’Université NUST était généralement de 2 pour 15). Harcèlement sexuel. Le problème du harcèlement sexuel a été abordé durant les entretiens du groupe de discussion et dans les questionnaires. Même s’ils n’ont pas pu confirmer l’étendue du problème, certains étudiants de l’Université WUA ont dit que des professeurs masculins sans scrupule attribuaient des notes élevées aux étudiantes qui remettaient des travaux médiocres en échange de faveurs sexuelles. Les étudiants ne savaient pas si l’Université WUA avait, ou non, mis en place une politique contre le harcèlement sexuel. Grossesse. Pour ce qui est de la politique en matière de grossesse, si la majorité des élèves de l’enseignement secondaire (71,1 %) connaissait le cas d’une fille qui avait quitté l’école en raison d’une grossesse, seuls 17,1 % pouvait citer celui d’une fille qui était ensuite revenue à l’école. Les membres du groupe de discussion ont révélé qu’aucune fille ne souhaitait revenir dans la même école après avoir accouché, car elle craignait que les autres ne se moquent d’elle. Ils ont déclaré qu’au lieu de cela, les filles enceintes se mariaient 16 Les professeurs et les administrateurs des établissements d’enseignement supérieur dans leur ensemble ne considéraient pas que le problème du harcèlement sexuel comme important. Au contraire, ils étaient plutôt d’avis que les étudiants étaient des adultes libres de faire leurs propres choix. 32 % seulement des étudiantes étaient d’avis que les MESAC (2010). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 111 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au Zim b a b we professeurs abusaient de leur autorité pour harceler les étudiantes. Ces résultats montrent qu’il n’existe pas de politique claire et détaillée contre le harcèlement sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur et que les mentalités excusent le harcèlement sexuel comme faisant partie du comportement normal entre des femmes et des hommes adultes. Soutien aux étudiantes. L’environnement économique restreint du Zimbabwe peut expliquer la diminution du nombre de femmes accédant à l’enseignement supérieur. Un programme plus ambitieux de bourses aiderait celles qui, sans cela, passeront à travers les mailles du filet. Les établissements qui accueillent déjà des étudiantes devraient leur accorder une attention particulière pour qu’elles n’abandonnent pas leurs études. Le personnel, et surtout les femmes, devrait aussi s’intéresser à elles de façon proactive. Des classes à effectifs moins lourds permettraient aussi aux professeurs d’université d’aider les femmes à réussir. Enfin, l’importance de travailler en concertation avec les parents et la famille des étudiantes a été soulignée, afin qu’ils puissent leur apporter le soutien social nécessaire. L’Université WUA n’a pas de service de conseils ou de bureau des étudiants pour les aider et aucune trace des raisons pour lesquelles les étudiants ont abandonné leur filière ou l’université avant la fin de leur cursus n’est conservée. Ce manque de suivi des étudiants semble être un problème récurrent dans tous les établissements. (e) Facteurs socioculturels Niveau d’instruction des parents. Au niveau de l’école secondaire, la moitié des parents environ avaient effectué tout ou partie du cycle secondaire et avaient des emplois formels. Les pères étaient plus instruits que les mères ; la moitié des pères avaient effectué tout ou partie du cycle secondaire contre un tiers des mères. Davantage de pères avaient un emploi formel (44,1 %) que les mères (30,6 %). Il en ressort que l’enseignement est plus accessible aux enfants des parents les mieux instruits et qui occupent un emploi formel. Dans cette situation, où de nombreux parents, et en particulier de nombreuses mères, n’ont pas eu euxmêmes la possibilité de fréquenter l’école secondaire, 112 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 il est important que l’école et la société soutiennent ces parents afin de leur permettre de contribuer à l’éducation de leurs enfants. Les comités de développement de l'école qui existent dans chaque école peuvent aider les parents à jouer un plus grand rôle qu’aujourd’hui (il se limite à régler les frais de scolarité) pour encourager et soutenir l’éducation de leurs enfants. Les parents devraient être plus proactifs, non seulement dans l’éducation de leurs enfants, mais aussi dans l’orientation et le choix de leur profession, un rôle pour lequel ils ont eux-mêmes besoin de disposer d’informations. Tâches domestiques. Les tâches domestiques ont une influence sur les résultats scolaires par le temps qu’elles soustraient aux devoirs. Ces tâches pèsent plus sur les filles que sur les garçons et comprennent les soins apportés aux frères et sœurs, la prise en charge des malades, les tâches ménagères et le travail aux champs. Choix des matières. La majorité des filles fréquentant les écoles secondaires (49,3 %) privilégie les matières littéraires, suivies par les sciences (30,6 %), les moins prisées étant les disciplines commerciales (20,1 %). Cependant, quand il leur a été demandé quel métier elles souhaitaient faire, 42,5 % d’entre elles ont choisi les sciences, 24,5 % les matières littéraires, et 23 % ont préféré des emplois commerciaux, ce qui est contraire à l’idée répandue selon laquelle les filles ne souhaitent pas travailler dans le domaine scientifique. De toute évidence, le choix des matières qu’elles étudient rendra difficile, voire impossible, leur orientation vers les carrières scientifiques qu’elles disent désirer. Âge des étudiantes. Quand il a été demandé aux femmes pourquoi elles fréquentaient l’Université WUA à 25 ans passés, elles ont pour la plupart répondu que jusque-là elles n’avaient pas pu se permettre de payer les frais de scolarité. Certaines ont indiqué que leurs parents avaient préféré payer les études de leurs fils avant celles de leurs filles. Certaines ont dit qu’elles avaient dû travailler après avoir obtenu un certificat ou un diplôme avant de pouvoir s’inscrire à l’université. D’autres s’étaient mariées tôt ou avaient eu des enfants dont elles avaient dû s’occuper (l’Université WUA a mis en place une procédure d’admission spéciale destinée aux femmes de plus de 25 ans.) Les étudiantes ont dit qu’elles avaient été attirées par l’Université WUA, car elle offrait des horaires de cours pratiques pour les femmes plus âgées : trois cursus parallèles sont proposés par exemple à l’Université WUA, avec des cours qui ont lieu le soir, durant les vacances scolaires et les week-ends. De plus, elles se sont aperçues que les grèves d’étudiants y étaient rares (alors qu’elles sont fréquentes dans les autres universités depuis 2005). Pour ce qui est du choix du cursus, l’intérêt pour la discipline choisie a été le critère de choix le plus cité. capable de payer la totalité de leurs frais, pourquoi condamner la prostitution ? ». Obstacles à la réussite des filles. Quand il a été demandé aux étudiants quels étaient, à leur avis, les obstacles qui s’opposaient à la réussite des filles dans l’enseignement supérieur, 65 % ont cité la famille et les problèmes culturels, tels que les préjugés répandus dans la société sur le type d’études que les femmes peuvent entreprendre. L’une de ces causes est la répartition des tâches au foyer qui enracine l’idée que certaines formations sont réservées aux hommes et d’autres aux femmes. D’autres voient comme obstacle la priorité donnée aux rôles de mères et de soignantes des femmes au détriment de l’éducation. Les parents ont été critiqués de ne pas autoriser leurs filles à quitter la maison, de peur qu’elles ne tombent enceintes et perdent leur intérêt matrimonial potentiel. Certaines étudiantes ont d’elles-mêmes interrompu leur progression universitaire, car une belle réussite aurait pu signifier qu’elles ne se marieraient pas, les femmes très instruites devenant moins « mariables ». Pour ce qui est des conditions d’admission, le groupe de discussion a indiqué que les femmes obtenaient des notes plus faibles au lycée ou n’étudiaient pas les sujets techniques requis pour être admissibles dans les instituts polytechniques, dans les écoles techniques ou à l’université. Les administrateurs ont noté cependant que les femmes ne demandaient pas à être admises dans ces filières même quand elles avaient de bonnes notes. La pauvreté a été citée comme facteur par un responsable des inscriptions. Il pensait que les études supérieures étaient envisageables pour les femmes au sein d’une famille tant qu’elle n’entrait pas en compétition avec les garçons et hommes du foyer pour l’utilisation des finances disponibles. CONCLUSIONS Il n’existe pas d’éducation au contrôle des naissances dans les écoles secondaires, mais elle existe dans l’enseignement supérieur. 40,2 % des étudiants de l’enseignement supérieur disent que des informations sur le contrôle des naissances sont disponibles dans l’enseignement supérieur. Cependant, cette question mériterait une enquête plus approfondie. L’étude valide l’hypothèse selon laquelle le choix des matières étudiées à l’école secondaire a une influence importante sur celles choisies dans l’enseignement supérieur. Des conseils et un suivi de l’orientation dans l’enseignement secondaire sont cruciaux pour que les filles soient conscientes de la relation entre le choix d’une matière et leur future orientation professionnelle. Des liens doivent être établis entre les écoles du second cycle de l’enseignement secondaire de façon à ce que les élèves du secondaire soient mieux préparées à tirer parti des possibilités offertes par les établissements d’enseignement supérieur. La qualité de l’éducation acquise par les filles et les femmes dépend des ressources et du matériel d’apprentissages ainsi que des infrastructures physiques que le gouvernement et les intervenants peuvent fournir ; un enseignement de qualité dans les écoles secondaires, particulièrement en mathématiques, en sciences et en technologie, est également primordial. Enfin, pouvoir s’identifier à des modèles féminins est important et le fait qu’il y ait moins de femmes que d’hommes dans les services administratifs et aux postes de décision peut expliquer le choix de matières effectué par les filles et les femmes. RECOMMANDATIONS 1. Presque tous les élèves des écoles secondaires ont dit que le manque de matériel pédagogique comme les livres de classe, les livres de bibliothèque, les ordinateurs et l’accès à Internet était un obstacle important à la réussite des études. Cela a été particulièrement souligné pour les matières scientifiques. L’attribution de matériel pédagogique est une intervention peu onéreuse qui pourrait être facilement conduite. Une attention particulière devrait être accordée aux documents qui mettent en avant les questions de genre. Santé reproductive et comportement. Certaines étudiantes se livrent à la prostitution pour payer leurs frais de scolarité. Ce fait a été cité comme se produisant par 59,1 % des étudiants interrogés. Parmi les étudiants interrogés, une personne a dit : « Si rien de mal n’arrive aux étudiantes et que quelqu’un est Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 113 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es disparités entre les g enres dans les ensei g nements secondaire et supérieur au Zim b a b we 2. Le problème le plus important ensuite est la nécessité d’améliorer la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage en mathématiques, en sciences et en technologie. Des formations courtes pour les élèves de l’enseignement secondaire peuvent aider les filles à obtenir de meilleurs résultats dans ces matières. Il est aussi urgent de mettre en place des cours de perfectionnement à l’attention des enseignants en exercice. en faveur de l’égalité des genres, son application est très faible. Il devrait travailler en relation avec les lycées afin que les élèves soient correctement informées sur l’université et les débouchés professionnels avant qu’elles ne s’inscrivent. Il est aussi nécessaire de mettre en place des interventions plus proactives pour aider les étudiantes déjà inscrites dans les établissements d’enseignement supérieur. 3. Il faut résoudre le recours endémique à la violence dans les écoles secondaires, notamment l’administration de châtiments corporels. La fréquence des viols dans les écoles est également considérable : ce problème, qui est en général ignoré, exige l’attention. 7. Les deux ministères doivent élaborer et mettre en œuvre des guides et des règlementations détaillées afin de faire diminuer la fréquence des cas de harcèlement sexuel et de viols. 4. Les grossesses touchent une minorité importante d’adolescentes, ce qui indique que l'éducation au contrôle des naissances ne reçoit pas beaucoup d'attention dans les écoles secondaires. Les filles qui tombent enceintes ne reviennent pas à l’école en général, en dépit de la politique mise en place qui les y autorise. Les autorités scolaires, en liaison avec les Comités de développement de l’école, devraient s’occuper de ce problème dans une démarche associant la famille et la communauté. Actuellement, il est traité principalement à travers une directive centrale du ministère et les responsables effectifs au niveau local ne sont pas associés. 5. Le ministère de l’Education, des Sports, des Arts et de la Culture devrait élaborer une politique de genre, pour renforcer la scolarisation des filles dans les écoles secondaires. 8. Les parents, et surtout les mères, peuvent jouer un rôle pivot pour guider leurs filles dans les enseignements secondaire et supérieur et vers des carrières gratifiantes. Les Comités pour le développement de l’école peuvent avoir un rôle important dans la sensibilisation des parents, en particulier des mères, à ce rôle important. Des documents devraient être rédigés pour épauler ces Comités dans leurs programmes d’éducation parentale. REFERENCES 1. BENNETT J. (2002), « Exploration of a "Gap" : Strategising Gender Equity in African Universities », Feminist Africa, 1, CAMFED, à partir de : http://us.camfed.org/where/zimbabwe/response.html, téléchargé le 14 octobre 2009. 2. Central Statistical Office of Zimbabwe (2009), Multiple Indicator Monitoring Survey, Harare. 3. ENDELY J.B.M. et NGALING N.M. (2007), « Challenging gender inequality in higher education: Attitudes and perceptions of teaching staff and administrators at the University of Buea, Cameroon », Feminist Africa, 9, 63 -84. 4. ETIM J. (2007), « Education for sustainable development: The junior secondary school in Nigeria », Journal of Sustainable development in Africa, 9(1), à partir de : http://www.jsd-africa.com/Jsda/Spring2007PDF/ARC_EducationForSustDev.pd. 5. HUGGINS A. et RANDELL S. (2007), Gender equality in education in Rwanda : What is happening to our girls?, communication présentée à la Conférence de l'association sud-africaine des diplômées, Le Cap. 6. MASUKO L. et JIRIRA K.O. (2009), A gender analysis of the Zimbabwe Education Sector‘s policies, programmes, and budget : Special focus on primary and secondary levels, communication préparée pour le Centre et le réseau de documentation des femmes du Zimbabwe. 7. MHTE (2009), Baseline study on the status of human capital development and training institutions in Zimbabwe, unpublished. 8. MULUGETA E. (2007), « Trajectory of the Institute of Gender Studies at Addis Ababa University », Feminist Africa, 9, 85 – 94, Ethiopia. 9. TICHAGWA W. N. (2007), Students’ Enrollment at Tertiary Institutions in Zimbabwe, ASHEWA. 10. THABETHE S. N. (2009), SADC Gender Protocol Barometer Baseline Study - Zimbabwe, à partir de : www.genderlinks.org. za/attachment.php?aa_id=10142. 11. UNESCO (2009), Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous Education – Vaincre l’inégalité : l’importance de la gouvernance, Paris. 9. La stratégie de l’Université WUA, qui est d’admettre d’abord les femmes avant de prendre en considération les candidatures masculines, peut être reprise à bon escient dans d’autres établissements d’enseignement supérieur. 10. Les préjugés socioculturels doivent être combattus pour que de brillants résultats scolaires chez les filles et les femmes soient perçus comme un atout pour leur famille et la société. 6. Le ministère de l’Enseignement supérieur et professionnel a beau disposer d’une politique claire 114 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 115 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Les stratégies de réussite académique et les perspectives de carrière des diplômées par l’Institut d’études sur le genre de l’université a mis en évidence les problèmes, incluant le harcèlement, la violence, les stéréotypes de genre, qui contribuent à l’échec académique des femmes. Toutefois, les femmes ont mis au point des stratégies pour surmonter ces défis et assurer leur réussite académique et leur bienêtre. L’accès à l’éducation et l’achèvement à tous les niveaux sont le premier défi que les pays en voie de développement doivent relever s’ils veulent réaliser leurs objectifs de développement. En conséquence, les pays d’Afrique subsaharienne ont pris des mesures pour s’assurer que les jeunes femmes disposent d’opportunités éducatives égales au niveau de l’enseignement post-secondaire. Cependant, les étudiantes sont confrontées à des défis qui compromettent leur réussite académique, leur bien-être et leurs perspectives de carrière. Au Sénégal où les femmes représentent environ 35 pour cent des inscrits dans l’enseignement supérieur, la demande d’enseignement post-secondaire est bien plus grande que les capacités d’accueil des établissements. Le Laboratoire Genre et Recherche Scientifique de l’Université Cheikh Anta Diop au Sénégal a découvert que le développement rapide d’établissements d’enseignement supérieur privés a ouvert des possibilités académiques aux femmes. Le pourcentage élevé des femmes inscrites dans ces établissements baisse toutefois de manière importante après la première année d’étude et la recherche menée par le Laboratoire Genre signale un certain nombre de domaines dans lesquels l’enseignement du secteur privé n’est pas favorable aux étudiantes. Les universités publiques peuvent-elles prendre en charge le nombre croissant de jeunes femmes qui ont à présent accès à l’enseignement supérieur ? Quels sont les schémas d’admission et les taux de réussite des femmes dans l’enseignement supérieur ? Quels sont les facteurs qui contribuent à l’échec académique des femmes et quelles stratégies utilisent-elles pour s’assurer de réussir leurs études universitaires ? Quelles sont leurs perspectives professionnelles lorsqu’elles sont diplômées de l’enseignement supérieur ? En Ethiopie, les femmes représentent 24 pour cent de l’ensemble des inscrits de l’enseignement supérieur ; nombre d’entre elles bénéficient de la politique de discrimination positive du gouvernement qui soutient l’admission des femmes. Cependant, rien qu’à l’Université d’Addis Abeba, 9 pour cent des femmes ont été renvoyées pour cause d’échec académique à la fin du deuxième semestre de l’année 2007/2008 par rapport à 4 pour cent d’étudiants de sexe masculin. L’étude menée Enseignement supérieur : 116 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les études indiquent que les politiques visant à accroître les inscriptions des femmes dans l’enseignement postsecondaire doivent être accompagnées de mesures qui soutiennent les femmes à bien achever leurs études et à acquérir des compétences pertinentes aux contextes des marchés du travail. les stratégies de réussite académique et les perspectives de carrière des diplômées Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 117 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e emploient toute une série de stratégies pour surmonter ces difficultés afin de pouvoir réussir leurs études. au niveau élémentaire, et le nombre d'inscriptions dans l'enseignement supérieur a progressé doucement. Par exemple, selon les statistiques du ministère de l’Education, le taux brut de scolarisation (TBS) à l'école primaire était de 95,6 % en 2007/2008 ; une fois ventilé par sexe, le TBS des filles s’élève à 90,5 % et celui des garçons à 100,5 %. Si l'on examine les établissements secondaires, le TBS du premier cycle (c'est-à-dire les classes des niveaux 9 et 10) est de 37,1 %. Les données ventilées par sexe indiquent que le TBS est de 29,6 % pour les filles, alors qu'il est de 44,4 % pour les garçons. Le TBS chute dans le second cycle de l'enseignement secondaire, c'est-à-dire les niveaux 11 et 12, où le TBS total est de 5,8 % : 7,8 % pour les garçons et 3,8 % pour les filles. Les chiffres montrent que le taux de scolarisation a augmenté au cours des cinq dernières années (ministère de l’Education, 2009). CONTEXTE Institut d’études sur le genre Université d'Addis-Abeba 7 Les étudiantes dans les établissements d'enseignement supérieur en Ethiopie : Difficultés et stratégies pour les surmonter RÉSUMÉ Les discriminations à l'encontre des étudiantes dans l'enseignement supérieur se manifestent en prenant des formes matérielles et sociales 118 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Le taux d'inscription des femmes dans les établissements d'enseignement supérieur éthiopiens est en augmentation, en grande partie grâce à la politique de discrimination positive permettant aux femmes d’être admises dans les établissements avec une note moyenne plus basse que celle requise des étudiants de sexe masculin. Toutefois, de nombreuses étudiantes, en particulier celles qui sont admises grâce à la discrimination positive, n’achèvent pas leurs études. Elles peuvent abandonner en raison d’un niveau scolaire insuffisant, de difficultés financières ou de problèmes d'adaptation, surtout si elles viennent de régions rurales. L'environnement des établissements d'enseignement supérieur éthiopiens n'est pas favorable aux étudiantes. Et cela pour une raison : elles sont en très grande infériorité numérique. De plus, le harcèlement et les violences à leur égard sont fréquents tout comme les stéréotypes qui les incitent à se comporter de façon traditionnelle. En dépit de cela, la plupart des universités n'ont aucune politique contre le harcèlement et celles qui en ont une ne la mettent pas en œuvre de façon rigoureuse. Les étudiantes se plaignent aussi du manque d'installations comme les toilettes, de la rareté de l'eau, du manque de place dans les bibliothèques et des équipements de loisir. Elles évitent d'aller dans certains endroits considérés comme réservés aux hommes. Cependant, beaucoup d’entre elles ne sont pas des victimes et des observatrices passives. Elles L'un des objectifs essentiels de l'Education pour Tous (EPT) est l'élimination des inégalités entre les hommes et les femmes d’ici 2005 et l'égalité entre les genres dans l'éducation d’ici 2015. Etant pleinement engagée dans l'EPT, l'Ethiopie a pris un certain nombre de dispositions pour étendre l'accès à l'éducation et accroître le taux d'achèvement des études de tous les enfants en général, et des filles en particulier. La Constitution de la République fédérale d'Éthiopie stipule de façon claire que les femmes et les filles disposent du droit de jouir de la pleine égalité dans tous les aspects de leur vie. La politique d'éducation et de formation actuelle vise à offrir une éducation devant permettre la disparition des dispositions d'esprit, des stéréotypes et des coutumes qui pénalisent l'éducation des femmes. Elle mentionne en outre qu’il faut prendre en compte les questions relatives au genre lors de la conception et de la préparation de documents pédagogiques, y compris les programmes et les manuels scolaires. Des quotas ont été également fixés en vue d’accroître le nombre d'enseignantes en formation ainsi qu’une aide financière à l’attention des femmes et des groupes vulnérables. Le taux de scolarisation en augmentation des filles dans les établissements d'enseignement supérieur est présenté ci-dessous. Tableau 3.1 : Inscriptions dans le premier cycle de l’enseignement supérieur des établissements publics et privés (2003/2004-2007/2008) Année Tous les programmes de développement du secteur de l'éducation (PDSE) comportent des mesures visant à réduire l'écart entre les genres. Le PDSE III (2005-2011) en cours a pour but d'augmenter les taux d'accès à l'école, d'achèvement des études et de passage en classe supérieure des filles et de diminuer l'écart entre les genres. Parmi ces mesures, on peut citer la construction d'écoles à proximité des populations afin de réduire le taux d'abandon, l'élaboration de documents de référence qui mettent en valeur des modèles féminins de réussite, la mise en place d'une responsabilité au sein du système scolaire pour les inscriptions et les résultats des filles et le renforcement des aides données aux femmes inscrites dans les établissements d'enseignement supérieur. Hommes et femmes Femmes % de femmes 2003/04 98 404 20 418 20,7 2004/05 138 159 33 146 19,1 2005/06 173 901 43 066 24,8 2006/07 203 399 52 869 26,0 2007/08 263 001 63 317 24,1 Source : ministère de l’Education, 2009. Cependant, les chiffres de la scolarisation n'indiquent pas le degré de réussite des filles dans ces établissements. Par exemple, les données de l'Université d'AddisAbeba pour le second semestre de l'année universitaire 2007/2008 révèlent que sur les 5 965 étudiantes inscrites au second semestre de l'année universitaire, 9 % ont été renvoyées avant la fin du semestre en raison de résultats insuffisants. Par ailleurs, sur les 12 586 étudiants de sexe masculin inscrits, seuls 3,9 % ont été renvoyés pour cause de résultats insuffisants (Université d'Addis-Abeba, 2009). En conséquence, la présente étude pose la question suivante : quelles sont les difficultés contribuant au taux d'échec élevé des femmes à l’université et quelles stratégies les femmes adoptent-elles pour les surmonter et réussir dans l'enseignement supérieur ? En outre, le ministère de l'Education (ME) a ouvert un bureau Genre et Egalité dont l'une des responsabilités est de s'occuper des problèmes de genre dans l'éducation. A la suite des différentes mesures prises par l'administration, les ONG et le secteur privé, le taux de scolarisation des filles a augmenté, en particulier Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 119 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es étudiantes dans les éta b lissements d ' ensei g nement supérieur en E t h iopie OBJECTIFS L'objectif général de la présente étude est d'enquêter sur les problèmes contribuant à l'échec des étudiantes dans les établissements d'enseignement supérieur éthiopiens et de proposer des mesures envisageables afin d'atténuer ces difficultés. Les objectifs particuliers sont : • Observer les profils d'admission et de réussite des étudiantes dans différents établissements d'enseignement supérieur en Éthiopie ; • Etudier les différents problèmes auxquels sont confrontées les étudiantes dans les établissements d'enseignement supérieur ; • Enquêter pour savoir si ces difficultés sont différentes pour les étudiantes des régions urbaines et celles des régions rurales ; • Examiner les stratégies que les étudiantes emploient pour surmonter les difficultés ; • Proposer des mesures stratégiques pour diminuer les obstacles observés. REVUE DE LA LITTERATURE Cette section passe en revue les études effectuées sur les problèmes rencontrés par les étudiantes dans les établissements d'enseignement supérieur et les stratégies adoptées pour les surmonter. 1. Scolarisation et renvoi En Ethiopie, le pourcentage d'étudiantes dans les établissements d'enseignement supérieur est bien inférieur à celui de leurs condisciples masculins. Comme nous l’avons mentionné plus haut, pendant l'année universitaire 2007/2008, le pourcentage d'étudiantes inscrites dans les établissements publics ou privés n'était que de 24 % (ministère de l’Education, 2009). Cette sous-représentation s'aggrave si l'on se penche sur les filières des second et troisième cycles. Le même document indique que pendant l'année universitaire 2007/2008, le pourcentage d'étudiantes inscrites dans les cursus de second cycle n'était que de 10,9 % et de 2,8 % en doctorat. Une autre étude montre que parmi les étudiants inscrits à l'Université Debub (Sud de l'Ethiopie) en 2003/2004, les étudiantes ne représentaient que 23,6 % des inscrits en agriculture, 18,41 % en génie, 16,0 % en sciences naturelles, 28,5 % en sciences sociales et 25,6 % en sciences de la santé. De plus, une proportion importante de femmes ont été 120 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 renvoyées avant la fin de l'année universitaire : 46,7 % et 45,0 % respectivement ont été renvoyées avant la fin du semestre en agriculture et en sciences naturelles. les hommes. Elles soulignent en outre que les étudiants sont persuadés que les filles ne peuvent pas refuser de sortir avec eux, et celles qui refusent sont insultées et maltraitées physiquement. Dans nombre des cas où les femmes sont harcelées sexuellement, on leur reproche de ne pas s'habiller de façon convenable, de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et d'une façon générale d'être provocantes. d'un minimum d’argent afin d’acheter leurs produits hygiéniques. 2.3 Difficultés personnelles Outre ce taux élevé de renvoi des établissements d’enseignement supérieur, les étudiantes ne peuvent pas s’inscrire dans certaines disciplines en raison de leur incapacité à obtenir la note moyenne requise. En conséquence, nombre d'entre elles se retrouvent en sciences sociales et en sciences de l’éducation (Yelifign, 2001). Plusieurs études indiquent que les étudiantes citent le mal du pays, les problèmes familiaux et les difficultés relationnelles comme cause de leurs soucis. Ces problèmes, ajoutés aux autres, contribuent à la tension émotionnelle qu'elles éprouvent et ont un impact négatif sur leurs résultats universitaires. 2. Difficultés rencontrées par les étudiantes 2.4 Difficultés sociales : environnement social, harcèlement et socialisation 2.1 Difficultés universitaires L'une des causes principales de l'échec universitaire des filles est le faible niveau de formation que beaucoup d'entre elles, en particulier celles issues des régions rurales, reçoivent au cours de leurs années passées à l'école primaire et dans les écoles secondaires. De nombreuses étudiantes se plaignent de ne pas avoir reçu de préparation suffisante pour la faculté en raison de la pénurie d'enseignants bien formés et qualifiés et de l’insuffisance des supports pédagogiques et des autres équipements et matériels indispensables. Une fois qu'elles entrent à l'université, les filles font face à de nombreuses contraintes liées à l'enseignement. Citons notamment l’absence de soutien scolaire et de services d'orientation et de conseil, le manque de supports pédagogiques comme les ouvrages de référence et les enseignants peu qualifiés. Les problèmes liés à l'enseignement sont aggravés par des difficultés d'adaptation : être loin de chez soi, changer de groupe de pairs et devoir se faire de nouveaux amis. Les contraintes universitaires et la nécessité d'adaptation à un nouvel environnement provoquent une tension nerveuse chez tous les étudiants et en particulier chez les étudiantes. 2.2 Difficultés financières Dans les établissements d'enseignement supérieur éthiopiens, de nombreux étudiants doivent également faire face à des difficultés financières. Il leur arrive de ne pas pouvoir acheter le nécessaire pour leurs études ou pour eux-mêmes. Les étudiants survivent d'une façon ou d'une autre avec des ressources financières très limitées à l'université, car le logement et la nourriture sont fournis, mais les étudiantes ont besoin La vision dominante des rôles attribués à chaque sexe influe également sur les attentes à l’égard du comportement des femmes et de leurs relations avec les hommes. Les personnes interrogées à l'Université d'Addis-Abeba expliquent que les étudiantes qui défendent leurs droits sont d'ordinaire insultées par les étudiants. Tesfaye, dans son étude d'une université en Ethiopie, raconte que l'aide scolaire apportée par des étudiants aux étudiantes s'accompagne habituellement de l'attente d’être remercié en retour par des relations sexuelles. L'auteur précise ensuite que les étudiantes privilégient d'ordinaire leur relation avec leur petit ami. Il conclut qu'une socialisation envahissante défavorisant les étudiantes persiste dans les écoles et les établissements d'enseignement supérieur. Les établissements d'enseignement supérieur éthiopiens peuvent paraître dominés par les hommes. Par exemple, dans les trois universités étudiées, on comptait pendant l'année universitaire 2007/2008 davantage d'étudiants inscrits que d’étudiantes. Les femmes ne représentaient que 32,7 % des effectifs de l'Université d'Addis-Abeba, 22,0 % de ceux d'Hawassa et 21,0 % de ceux de Gondar (ministère de l’Education, 2009). La pénurie d'enseignantes est une autre caractéristique des universités éthiopiennes. Au cours de l'année universitaire 2006/2007, les enseignantes ne représentaient que 9,8 % du personnel enseignant de l'Université d'Addis-Abeba, tandis qu'elles atteignaient respectivement 9,8 % et 9,2 % dans les universités de Hawassa et de Gondar (ministère de l’Education, 2009). Par conséquent, peu de femmes pouvaient prodiguer des conseils et servir d'exemples aux étudiantes. 3. Discrimination positive La discrimination positive est un droit des femmes consacré par la Constitution éthiopienne. Dans son article 35, elle stipule clairement que les femmes ont des droits égaux à ceux des hommes dans tous les domaines, y compris l'éducation, l'emploi et l'accès aux ressources. Il déclare en outre que les femmes doivent bénéficier d'une discrimination positive afin de compenser les privations passées. La prescription d'une discrimination positive en faveur des femmes, des handicapés et des autres personnes défavorisées est rappelée par la Déclaration de l'enseignement supérieur (Article 6.3). Les discriminations à l'encontre des étudiantes dans l'enseignement supérieur se manifestent en prenant des formes matérielles et sociales. A l'Université d'Addis-Abeba, les étudiantes ont observé qu’au restaurant universitaire, les places étaient séparées entre hommes et femmes et les femmes devaient attendre que d’autres femmes aient fini leur repas avant de pouvoir s'assoir. Il semble exister une règle non écrite interdisant aux femmes d'accéder au foyer des étudiants et les graffitis sur le campus sont désagréables et inquiétants pour les femmes. Conformément à ce principe, les étudiantes sont autorisées à intégrer les établissements d'enseignement supérieur avec une note moyenne plus basse de 0,2 point que celle requise des étudiants de sexe masculin. En conséquence, le nombre de femmes admises à l'université a augmenté. Cela n'a pas toutefois apporté de changements importants, étant donné que le taux d'échec de ce groupe est supérieur à la moyenne. Le harcèlement et les violences sont aussi fréquents. A l'Université d'Addis-Abeba, les femmes expliquent qu'elles ne peuvent pas travailler à la bibliothèque parce qu'elles sont continuellement importunées par Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 121 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es étudiantes dans les éta b lissements d ' ensei g nement supérieur en E t h iopie Une analyse des données longitudinales de 289 étudiants admis à l'Université d'Addis-Abeba en 1994 révèle que le taux de survie des étudiantes est en général faible, et que le taux de survie de celles admises grâce au système de quotas est encore plus faible. Ce rapport indique en outre que le taux de survie à l'issue de la première année des étudiantes admises grâce aux quotas est d'environ 50 %, tandis qu'il est d'environ 64 % pour celles admises normalement. Et au bout de 4 ans, le taux d'obtention du diplôme est respectivement de 40 % et de 50 %. Plusieurs facteurs contribuent à ce taux d'échec élevé des bénéficiaires de la discrimination positive. Le manque de soutien scolaire et d'aide sociale accordé aux étudiantes des universités est l'un d'entre eux. Les établissements doivent par conséquent mettre au point des stratégies pour compenser les lacunes scolaires de ces étudiantes et leur fournir des services de conseil pour développer leur confiance. Dans une autre étude réalisée par Tesfaye, les étudiantes qui sont entrées à l'université grâce à la discrimination positive déclarent qu'elles ne réussiront peut-être pas à rivaliser avec ceux qui ont satisfait aux critères normaux d'admission. Elles font part de l'angoisse qu'elles ressentent lorsqu'elles doivent passer des examens qui affectent gravement leur bien-être psychologique. La discrimination positive est controversée et provoque du ressentiment. Certains pensent qu'elle compromet l'excellence de la formation. Les bénéficiaires de la discrimination positive sont traitées de façon humiliante et reçoivent des surnoms qui augmentent leur impression d'être « différentes ». METHODOLOGIE En raison de la politique de développement de l'enseignement supérieur menée par le gouvernement éthiopien, le nombre d'universités a fortement augmenté, passant de 11 il y a quelques années à 21 actuellement (ministère de l’Education, 2008). Pour la présente étude, les auteurs ont choisi quatre universités en prenant en compte leur date de création, de l'excellence de leurs résultats et de leurs environnements physique et social. Sur la base de ces critères, le plus ancien établissement (Université d'Addis-Abeba), deux universités issues de la transformation récente de facultés (Université de Hawassa et Université de Gondar) et une université 122 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 récemment ouverte (Université de Debre Berhan) ont fait l'objet de la présente étude. Les chercheuses ont recueilli à la fois des informations brutes et des données préexistantes. Un questionnaire d'enquête a constitué l'une des sources d'informations brutes. Le questionnaire a été distribué à des étudiantes sélectionnées dans les quatre universités. Les questions portaient sur des sujets comme les caractéristiques démographiques des répondantes, leurs acquis scolaires, leur domaine d'études actuel, leur situation familiale (niveau de formation et de revenus des parents), les problèmes auxquels elles font face dans leurs universités respectives et les mécanismes qu'elles utilisent pour les surmonter. Afin d'assurer la fiabilité de cet outil de collecte des informations, ce questionnaire a été expérimenté et les corrections nécessaires ont été apportées avant sa distribution pour la collecte des informations. En plus de ce questionnaire, des entretiens approfondis ont été menés afin de recueillir des informations détaillées sur les étudiantes. Les informations provenant de ces entretiens ont été utilisées pour déterminer les problèmes soulevés par le questionnaire quantitatif, enquêter plus en détail sur ces problèmes et recouper les informations obtenues par l'enquête. Le guide d'entretien insistait sur les questions comme les difficultés universitaires, sociales et financières auxquelles sont confrontées les étudiantes, les mécanismes qu'elles utilisent pour les surmonter et l'aide des établissements. Pour rassembler les données préexistantes en rapport avec le sujet, des travaux publiés et non publiés ont été utilisés. Ont été aussi consultés des articles de revues, des ouvrages, des documents d'orientation, des rapports publics, des résumés statistiques, des témoignages d'étudiantes et d'autres documents sur ce sujet. année et qu'elles pouvaient ainsi mieux décrire les difficultés auxquelles elles étaient confrontées et les mécanismes qu'elles utilisaient pour les surmonter. La technique d'échantillonnage dirigé a été utilisée pour identifier les facultés couvertes par la présente étude. Le critère de sélection fixé était qu'une faculté devait exister dans au moins deux universités. Cette condition a été définie pour faciliter les comparaisons entre les universités. En outre, l'école de Commerce de l'Université d'Addis-Abeba a été volontairement incluse dans l’étude, car elle n’offre pas d'hébergement à ses étudiants et que les difficultés rencontrées par les étudiantes et leurs stratégies pour les surmonter pouvaient être différentes. Ainsi, huit facultés ont été sélectionnées pour l'étude dans les quatre universités : la faculté de Commerce et d'Economie, l'école de Commerce, la faculté des Sciences de l’éducation, la faculté de Sciences sociales, la faculté de Sciences, la faculté de Technologie, la faculté de Médecine et des Sciences de la santé et l'institut de Langues. La statistique descriptive a été employée pour résumer les données et dégager les caractéristiques générales du groupe cible. Afin de faciliter l'analyse des données quantitatives, un logiciel statistique approprié (SPSS) a été utilisé. Les informations provenant des entretiens ont fait l'objet d'un enregistrement audio, ont été transcrites et été analysées par thème. CONSTATATIONS ET ANALYSE Cette partie présente le contexte dans lequel vivent les participantes à l'enquête, les informations générales utiles, les types de problèmes qu'elles rencontrent à l'université et leurs stratégies pour les surmonter. La technique d'échantillonnage aléatoire à plusieurs degrés a été utilisée pour sélectionner les répondantes parmi les étudiantes de deuxième année ou plus. Lors d'une première étape, une section a été choisie au hasard dans les facultés. La seconde étape a consisté à choisir de façon aléatoire les répondantes individuelles parmi les étudiantes des sections sélectionnées. 1 158 répondantes ont été identifiées dans les quatre universités. La taille de l'échantillon de chaque université a été déterminée proportionnellement au nombre d'étudiantes de deuxième année ou plus de chacune des universités. 1. Le contexte Les étudiants de sexe masculin sont majoritaires dans les universités éthiopiennes. Le tableau cidessous présente les données concernant l'admission et l'obtention du diplôme pour les étudiants des établissements d'enseignement supérieur pendant les années 2003/2004 à 2007/2008 Le nombre total des étudiants ordinaires admis dans le premier cycle des établissements publics Tableau 3.2 : Admission et obtention du diplôme dans les établissements d'enseignement supérieur au cours de 5 années No. Année Admission Hommes Les auteurs ont employé une combinaison d'échantillonnages dirigé et aléatoire pour sélectionner les étudiantes de l'enquête. Le critère retenu pour faire partie de l'échantillon dirigé était d'être une étudiante de deuxième année ou plus. Il a été choisi en pensant que ces étudiantes seraient capables d'exprimer clairement un point de vue sur leurs universités respectives, puisqu'elles la fréquentaient depuis au moins une Pour les entretiens approfondis, la technique d'échantillonnage en boule de neige a été utilisée pour choisir les étudiantes. Les services pour l'égalité entre les sexes, les associations d'étudiantes ou les clubs féminins (le cas échéant) ont été contactés pour en identifier dix au total (quatre de l'Université d'Addis-Abeba et deux dans chacune des trois autres universités). Des efforts ont été faits pour intégrer des étudiantes de plusieurs facultés issues de milieux socio-économiques différents et présentant des résultats universitaires variés. Femmes 1 2003/04 18 906 6 751 2 2004/05 23 429 10 135 Diplômés % d'augmen % % tation (total) (femmes) (hommes) Hommes Femmes % % (femmes) (hommes) 26,31 73,69 4 336 629 12,67 87,33 30,82 30,20 69,80 6 419 961 13,02 86,98 3 2005/06 26 668 9 665 8,25 26,60 73,40 18 284 3 087 14,44 85,56 4 2006/07 31 042 12 128 18,82 28,09 71,91 19 290 4 077 17,45 82,55 5 2007/08 40 332 16 234 22 103 4 736 Moyenne 31,03 28,70 71,30 22,23 28,40 71,60 17,65 82,35 15,64 84,36 Source : ministère de l’Education, Résumés annuels 2003/2004, 2004/2005, 2005/2006, 2006/2007 et 2007/2008. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 123 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es étudiantes dans les éta b lissements d ' ensei g nement supérieur en E t h iopie d'enseignement supérieur a augmenté en passant de 25 657 à 56 566, soit une augmentation moyenne de 22,23 % de 2003/2004 à 2007/2008. Les étudiantes ne représentent que 28,4 % du total des admissions contre 71,6 % d’hommes. Un léger progrès est observé pour le nombre d'étudiantes, puisque leur pourcentage est passé de 12,67 % à 17,65 % au cours des cinq années. Toutefois, les femmes ne représentent encore que 15,64 % du nombre total de diplômés au cours des mêmes années. De même, le nombre d'enseignantes est très faible. Le personnel enseignant est presque entièrement masculin. Par exemple, à l'Université d'Addis-Abeba, les enseignantes ne représentent qu'environ 10 % du personnel enseignant (ministère de l'Education, 2009). Certains secteurs du campus sont considérés par défaut comme le domaine des étudiants de sexe masculin. Par exemple, les étudiantes vont plus tard au restaurant scolaire, une fois que les étudiants hommes ont fini de manger. Il existe également des endroits inaccessibles aux étudiantes. Les femmes, à l'Université d'Addis-Abeba, ont raconté ce qui s'est passé quand elles ont essayé d'aller dans le foyer des étudiants : les étudiants hommes ont commencé à crier après elles et elles ne sont plus jamais revenues. Parmi les autres endroits qu'elles ne fréquentent pas figurent la piscine et les terrains de volley et de basket qui sont considérés comme des « territoires réservés aux hommes ». Beaucoup d'universités ne disposent pas d'installations adéquates. Les places manquent dans les bibliothèques et les femmes déclarent que les places assises sont d'ordinaire occupées par les hommes. Certaines universités ne disposent pas de documents de lecture adéquats. De plus, dans certaines universités, les espaces de travail sont insuffisants et il n'y a pas de salle informatique. Les toilettes ne sont pas suffisantes et les sanitaires ne sont guère recommandables dans la plupart des universités. En raison de leur situation marginale, ce sont les étudiantes qui en souffrent le plus. La majorité des étudiantes interrogées a répondu que d'habitude ce sont les étudiants hommes qui participent activement en cours en posant des questions et en répondant aux questions posées par les enseignants, alors que la participation des femmes en cours est 124 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 faible. C'est dans cet environnement dominé par les hommes que les étudiantes s'efforcent de réussir dans les quatre universités concernées par la présente étude. 2. Renseignements généraux sur les participantes à l'étude L'enquête a concerné au total 1 158 étudiantes des universités d'Addis-Abeba, de Gondar, de Hawassa, et de Debre Berhan comme l’indique le tableau 3 cidessous. Tableau 3.3 : Nombre d'étudiantes interrogées par université Université Fréquence Université d'Addis-Abeba Pourcentage 497 44,1 Université de Gondar 213 18,9 Université de Hawassa 210 18,6 Université de Debre 208 18,4 1128 100 Berhan Total Les répondantes étaient des étudiantes inscrites de la seconde à la cinquième année d'études. La majorité d'entre elles (55,2 %) étaient des étudiantes de deuxième année, suivies par des étudiantes de troisième année (30,4 %). Plus de la moitié des répondantes (53 %) avaient été admises grâce à la discrimination positive. La majorité des répondantes étaient âgées de 17 à 20 ans ; elles étaient suivies de celles âgées de 21 à 24 ans. L'âge moyen des répondantes était de 20,2 ans. La plus jeune avait 17 ans et la plus âgée 42 ans. Le tableau 3.4 ci-dessous présente des informations détaillées sur la répartition par âge. 3.Difficultés Trois quarts des répondantes (74,3 %) sont nées dans des régions urbaines. 49 % d'entre elles ont fréquenté l'école primaire publique et 35 % une école privée. De même, la majorité des répondantes (64 %) venaient de lycées publics et 29 % de lycées privés. L'enquête a aussi montré que plus de la moitié des répondantes (52 %) venaient d'établissements secondaires situés hors des grandes villes. Le fait que les étudiantes viennent d'écoles situées hors des grandes villes et d'écoles publiques, par rapport aux écoles privées, a des conséquences sur leur niveau et leurs résultats scolaires. En général, les établissements situés en dehors des grandes villes ne disposent pas d'enseignants qualifiés et leurs installations nécessaires sont insuffisantes. Les écoles privées ont de meilleurs enseignants et de meilleures installations. C’est la raison pour laquelle les étudiants venant des établissements des grandes villes et des écoles privées sont mieux représentés à l'université. Par exemple, dans une étude effectuée par Emebet en 1998, sur les 118 établissements d'où provenaient les étudiantes des quatre établissements d'enseignement supérieur dont traite cette étude, treize étaient des écoles privées ou des écoles catholiques et ils étaient presque tous situés dans la capitale. Un tiers environ (34,9 %) des étudiantes des universités venaient de ces treize écoles. L'étude a repéré un certain nombre de difficultés auxquelles sont confrontées les femmes dans les établissements d'enseignement supérieur. 3.1 Difficultés liées à l'enseignement 3.1.1 Difficultés liées aux cours La grande majorité des répondantes (78,6 %) ont déclaré éprouver des difficultés en cours à cause de leur incapacité à suivre les cours magistraux : 22,1 % ont invoqué la langue et la vitesse des cours, tandis que 18,8 % ont expliqué leur inattention par des problèmes personnels. Viennent ensuite parmi les difficultés citées l'incapacité à prendre des notes convenablement, l'angoisse provoquée par leur faible niveau général et la timidité (7,5 % environ pour chaque problème). Pendant les entretiens, le faible niveau scolaire de nombreuses femmes est cité comme la raison de leur échec dans les études. Une étudiante de l'Université d'Addis-Abeba a rapporté qu'il y avait douze femmes dans son cours en première année, mais qu'il n'en restait que quatre en quatrième année. Savoir que leur niveau scolaire est faible rend les étudiantes anxieuses, en particulier celles admises grâce à la discrimination positive. Des problèmes d'adaptation liés à la nouveauté du type d'enseignement et des méthodes de travail aggravent les difficultés. La distribution de documents et les manuels scolaires (normalement un par matière) auxquels les étudiants étaient habitués au lycée ne font pas partie du fonctionnement des établissements d'enseignement supérieur qui demandent aux étudiants de prendre des notes et de lire différents ouvrages pour une seule matière. Le nouvel environnement social composé d'étudiants d'origines variées, ainsi que les grands amphithéâtres dans lesquels les étudiantes peuvent se sentir écrasées et isolées en raison des règles de socialisation strictes imposées des filles qui insistent sur la timidité, la réserve et une activité sociale limitée, sont à l’origine des problèmes d’adaptation. Notre étude a constaté que près d'un quart des répondantes (22,4 %) ont des mères analphabètes, tandis que 11,5 % seulement font état d'un père analphabète. La proportion de répondantes dont le père a un niveau de formation supérieur est de 46,24 %, tandis que ce chiffre s’élève à 33,39 % pour la mère des répondantes, ce qui montre que les pères ont un meilleur niveau d'études que les mères. Tableau 3.4 : Distribution des répondantes par âge Âge Fréquence Pourcentage 17-20 ans 759 68 21-24 ans 347 31,1 25 et plus 10 0,9 1116 100 Total Les répondantes étaient en majorité célibataires (87 %) et 10 % d'entre elles environ étaient mariées. 70 % des répondantes étaient des chrétiennes orthodoxes et 18 % des protestantes. La moitié environ des répondantes (51,6 %) ont déclaré que leur mère est femme au foyer, tandis que 20,6 % sont fonctionnaires et 6,3 % petites commerçantes. Par ailleurs, un tiers des répondantes environ (30 %) ont déclaré que leur père est fonctionnaire, tandis que 20,6 % sont agriculteurs, et 16 % des salariés du secteur privé ou associatif. Le niveau d'études et la profession des parents ont une relation avec le niveau de formation de leur fille : plus les parents ont un bon niveau d'études et de bons revenus, en particulier les mères, plus grandes sont les chances que les filles réussissent leurs études. Bien que le manque de concentration dû à des problèmes personnels soit souvent cité par les répondantes des régions rurales et urbaines confondues, on observe des différences dans les problèmes rencontrés selon le lieu de naissance des répondantes. Par exemple, la langue est citée comme un problème par 20,1 % des répondantes originaires des régions rurales et seulement par 8,4 % des répondantes des régions Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 125 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es étudiantes dans les éta b lissements d ' ensei g nement supérieur en E t h iopie Comme on pouvait s'y attendre, les répondantes des régions rurales sont plus nombreuses (90 %) à déclarer qu'elles ont des difficultés avec leur travail personnel que celles issues des régions urbaines (77 %). Cela s'explique par le fait que de nombreuses étudiantes urbaines ont leur famille en ville et rentrent chez elles pour étudier ; certaines louent même des chambres à l'extérieur du campus pour y étudier. Dans ces conditions, les femmes des régions rurales, qui disposent de moins d'argent, souffrent manifestement 126 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les résultats de l'enquête montrent que 83,3 % des répondantes rencontrent des difficultés sociales à l'université. Le problème le plus fréquemment évoqué est le sentiment de solitude ou le manque d'amitiés solides, suivi par l'incapacité à vivre en bonne entente avec leurs condisciples ou leurs camarades et l'incapacité à équilibrer les pressions sociales et les études, comme le montre le graphique 3.1 ci-dessous. L'augmentation rapide des inscriptions à l'université ne s'est pas accompagnée du développement des installations dans les campus. Par conséquent, les Graphique 3.1 : Difficultés sociales rencontrées par les étudiantes 400 385 350 231 174 150 120 100 76 50 3.2.3 Harcèlement et violences Une autre difficulté, à savoir l'incapacité à équilibrer vie sociale et études, est souvent citée par de nombreuses étudiantes interrogées. Ce problème présente deux aspects. Le premier est lié à l'envie de sortir, de s'amuser et d’être belle, provoquée dans une large mesure par la pression des pairs, et le second est la relation avec leur petit ami. Les étudiantes interrogées expliquent qu'une fois que les étudiants de sexe masculin ont fini leur travail personnel, ils invitent leur petite amie à sortir. Les filles acceptent habituellement, même si elles n'ont pas terminé leur propre travail. Il a été souvent répété que les filles font beaucoup de sacrifices pour conserver leur relation et que cela a un effet négatif sur leurs études. Le harcèlement ressort fortement dans les données qualitatives. Il fait partie de la vie quotidienne des femmes dans tous les campus étudiés. Une étudiante de l'Université d'Addis-Abeba a expliqué que lorsqu'une fille refusait une relation sexuelle, le garçon le disait à son « Jesba1 » dont les membres la harcelaient sans cesse, l'insultaient et l'injuriaient. Le harcèlement affecte la vie sociale des étudiantes et leurs résultats universitaires, car il se produit partout et tout le temps. Les filles peuvent être harcelées pour la façon dont elles s'habillent, qu'elles soient légèrement vêtues ou trop habillées. Elles sont insultées, ridiculisées et victimes d’attouchements. Toutefois, dans la plupart des cas, le harcèlement n'est pas considéré comme un problème, puisqu'il fait tout simplement partie de la vie et il est même considéré comme une façon pour les hommes de démarrer une relation. 3.2.2 Difficultés liées aux relations avec les enseignants 250 200 avec les enseignants. L'un d'entre eux est le nombre limité d'enseignantes dans les universités. Un autre facteur possible cité plus haut est l'impression que les étudiantes établissent des relations avec les enseignants de sexe masculin pour obtenir de l’aide en échange de faveurs sexuelles. Cela revient à l'idée que les filles sont avant tout considérées comme des partenaires sexuelles potentielles et non pas comme des étudiantes compétentes qui peuvent exceller dans les études supérieures. Les étudiantes des régions rurales (78 %) sont plus nombreuses à rencontrer des difficultés sociales que celles des régions urbaines (63 %). Pour de nombreuses étudiantes rurales, venir à l'université représente leur premier contact avec la ville où l'on rencontre des personnes de cultures et de langues différentes. Les universités accueillent des étudiants de toute l'Ethiopie et par conséquent, les étudiants suivent des cours et vivent dans un dortoir avec des jeunes gens d’origines ethniques, de situations socio-économiques et de religions différentes. 379 300 54 Aucun problème Autre Harcèlement des étudiants/enseignants de sexe masculin 0 Absence d’amitié solide Ces difficultés ressortent également des entretiens réalisés avec les étudiantes. Plusieurs d'entre elles expliquent qu'elles suivent les conseils de plusieurs personnes qui proposent des méthodes d’étude différentes ce qui peut les embrouiller. Certaines mentionnent également leur incapacité à gérer leur temps efficacement ce qui provoque une certaine émotion et de la nervosité à l’approche des examens. Le manque de place pour étudier est un autre problème qui ressort des entretiens. Certaines femmes tentent d'étudier dans les dortoirs, ce qui n'est pas pratique, car elles sont dérangées par leurs condisciples qui n'étudient pas. 3.2.1 Rapports sociaux généraux Incapacité à équilibrer ma vie universitaire et ma vie sociale Sentiment de solitude 85,2 % des répondantes environ déclarent avoir rencontré des difficultés relatives aux devoirs à rendre et aux études. Citons notamment : le manque de méthodes d'apprentissage (19,4 %), de place pour étudier (17,4 %) et de documents de lecture (14,3 %). Un examen des réponses données dans les différentes universités montre que ces difficultés figurent parmi les trois principaux problèmes dans les quatre universités. 3.2 Difficultés sociales classe demandes des étudiants de sexe masculin, et autres, de faveurs sexuelles 3.1.2 Difficultés liées au travail personnel plus. D'autres différences existent dans les difficultés liées au travail personnel en fonction de la répartition géographique (zone rurale ou zone urbaine) du groupe. Citons notamment le manque de concentration à cause de problèmes financiers (20,4 % pour les rurales et 5,8 % pour les urbaines) et le manque de concentration à cause de problèmes personnels (18,5 % pour les rurales et 10,8 % pour les urbaines). Incapacité à vivre en harmonie avec des camarades de dortoir urbaines. La timidité et la crainte d'un niveau scolaire faible sont d’autres difficultés pour lesquelles on observe le même genre de différences entre les étudiantes venant des régions rurales et celles des régions urbaines. Ces problèmes sont compréhensibles compte tenu du contexte socioculturel dans lequel ces filles sont élevées. Le processus de socialisation strict qui veut que les femmes soient supposées être réservées et timides domine davantage dans les régions rurales que dans les villes où les familles sont plus instruites et exposées à un mode de vie moderne. En outre, le mauvais équipement des écoles rurales désavantage les étudiants qui viennent de ces régions, en particulier en anglais. dortoirs et les équipements sont en nombre insuffisant. Un dortoir prévu à l'origine pour héberger quatre étudiants est actuellement occupé par huit ou plus. Cette promiscuité et le fait de devoir vivre avec des personnes de différentes origines posent des problèmes, en particulier pendant la première année sur le campus, et ont été identifiés comme l'un des problèmes sociaux rencontrés par les étudiants, surtout ceux provenant de régions éloignées de l'université. Les deux tiers des répondantes (63,2 %) ont signalé qu'elles rencontraient des difficultés pour communiquer avec leurs enseignants. Ce taux varie toutefois en fonction de leur région d'origine. 72 % environ des répondantes des régions rurales reconnaissent ce problème contre 56 % de celles venant des régions urbaines. En outre, les étudiantes des régions rurales (43,2 %) sont plus nombreuses que celles originaires des régions urbaines (27,4 %) à avoir peur de demander de l'aide à leurs enseignants. En général, le problème le plus important observé est la peur des répondantes de parler aux enseignants (27,6 %), suivi par la crainte des femmes que les autres puissent penser qu'elles ont une relation avec l'enseignant (13,1 %) et par le sentiment qu'on ne peut pas approcher les enseignants (13,1 %). Les données de l'enquête font état d'exemples de violences sur les campus et à l'extérieur des locaux de l'université. Parmi les universités, le pourcentage de répondantes rapportant avoir subi une certaine violence à l'extérieur du campus de l'université va de 73,6 % (Université d'Addis-Abeba) à 92 % (Université de Gondar). Le vol est un autre type de violence subie par les étudiantes de l'Université de Gondar (44,1 %) et de l'Université de Hawassa (40,6 %). C'est à l'Université de Hawassa qu'on trouve la plus forte proportion de répondantes faisant état d'un viol (30,4 %). Outre les dommages physiques et psychologiques qu’elle provoque, cette situation empêche les étudiantes d'utiliser les bibliothèques et les autres services des universités, ce qui entraîne de mauvais résultats universitaires. Par exemple, plus du tiers des répondantes (38,9 %) ont affirmé qu'elles avaient des Plusieurs facteurs contribuent aux difficultés que les étudiantes rencontrent dans leurs rapports 1 Un groupe d'étudiants connus pour ne pas respecter les conventions et pour provoquer des problèmes, éventuellement fumeurs ou consommateurs de drogues légères Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 127 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es étudiantes dans les éta b lissements d ' ensei g nement supérieur en E t h iopie difficultés à étudier tard dans la bibliothèque ou dans les salles de cours. Il a été déclaré que c’était dû à la violence des étudiants de sexe masculin (47 %). 3.3 Difficultés financières Les résultats de l'enquête montrent que 40,0 % environ de l'ensemble des répondantes éprouvent des difficultés financières. Les données qualitatives confirment également l'existence de problèmes financiers dans toutes les universités étudiées. Par exemple, une étudiante de l'Université d'Addis-Abeba interrogée a déclaré que certaines filles n'avaient pas assez d'argent même pour faire des photocopies des documents distribués. Une autre a raconté qu'il y avait des étudiantes qui arrivaient à l'université sans chaussures et que le Club pour l'Egalité entre les hommes et les femmes mobilise des ressources pour leur fournir les produits les plus essentiels, y compris des produits hygiéniques. Les conséquences des difficultés financières peuvent être plus graves pour les femmes que pour les hommes à cause de leurs besoins différents, notamment en matière d’hygiène, et parce qu’elles peuvent choisir des stratégies peu souhaitables pour y remédier. De nombreuses répondantes (64 %) venant des régions rurales rencontrent des problèmes financiers, alors que seulement 39 % de celles des régions urbaines subissent ce type de problèmes. Les graves difficultés financières que certaines filles des régions rurales éprouvent sont corroborées par l'étude qualitative. L'une des étudiantes interrogées a déclaré : « J'ai vu des étudiantes qui, au sens propre, mendient ». Les entretiens révèlent en outre que dans certains cas, les étudiantes arrivent au campus après avoir emprunté de l'argent pour le transport. Dans une telle situation, il est peu probable qu'elles aient l'argent nécessaire pour les fournitures et d'autres produits essentiels comme les produits hygiéniques. Le fait que de nombreuses familles rurales dépendent de l'agriculture vivrière explique cette situation. 4. Stratégies pour surmonter les difficultés Les étudiantes inventent des stratégies pour surmonter les problèmes qu’elles rencontrent et qui viennent d’être exposés. 128 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Quand on demande aux répondantes quelles sont les stratégies qu'elles utilisent pour effectuer leurs devoirs personnels, la stratégie la plus fréquemment citée est de demander de l'aide à leurs condisciples femmes (22,2 %). Ensuite viennent la prière (18 %) et essayer d'obtenir des livres et de lire sur le sujet (16,2 %). Les résultats de l'enquête sont toutefois différents des constatations faites lors des entretiens, au cours desquels beaucoup d'étudiantes ont déclaré qu'elles demandaient aux étudiants de les aider. Celles qui demandent de l'aide aux hommes ne trouvent pas que les femmes soient d'une grande aide, peutêtre à cause de leur manque de confiance en elles. Mais demander de l'aide à des hommes présente un inconvénient, puisque les répondantes soulignent que l'aide apportée par beaucoup d'étudiants s'accompagne habituellement de l'attente que les filles sortent avec eux pour les remercier. L'un des principaux mécanismes employés par les étudiantes pour s'adapter au manque de documents de référence est de photocopier ceux des étudiants qui en ont. Plus d'un tiers des répondantes (35,9 %) ont déclaré agir ainsi. Les deux stratégies les plus utilisées qui viennent ensuite sont de les emprunter à ceux qui y ont accès (28,3 %) et d'acheter le livre (12,8 %). Seulement 6,4 % répondent qu'elles ne font rien face au manque de documents de référence. Presque toutes les répondantes (95,5 %) emploient différentes méthodes pour faire face au problème du manque de place pour étudier. Les trois méthodes les plus répandues sont de dormir tôt et de se lever tard le soir pour étudier (29,9 %), d'étudier dans le dortoir (19,6 %) et de rentrer chez soi (18,2 %). Les étudiantes qui rentrent chez elles sont celles qui ont des parents qui vivent dans la ville où est située l'université. Bien qu'utiliser une salle de cours vide soit une solution alternative au manque de place pour étudier, de nombreuses étudiantes sont contraintes de ne pas y recourir par peur du harcèlement et des violences. C'est un problème qui revient tout le temps dans les entretiens. Une étudiante de l'Université d'Addis-Abeba a raconté comment un de ses condisciples hommes, qui avait accepté de l'aider pour un devoir dans une salle de cours vide le soir, a tenté de la harceler. Pour faire face au harcèlement et à la violence, les trois principales méthodes citées sont de se plaindre auprès du service des Affaires féminines (26,0 % pour la violence et 27,1 % pour le harcèlement), d'en parler avec ses amies (20,6 % pour la violence et 21,2 % pour le harcèlement) et d'en parler dans sa famille (18,9 % pour la violence et 18,8 % pour le harcèlement). 50 % des étudiantes qui participent à des activités en relation avec le genre, et 34 % de celles qui n'y participent pas, affirment qu'elles ont signalé des faits de harcèlement et de violence au service pour l'Egalité entre les sexes du campus. pour résoudre des difficultés financières. Une étudiante de l'Université d'Addis-Abeba a par exemple déclaré : « Il y a des filles qui sortent avec beaucoup de types pour avoir de l'argent en plus, étant donné que leurs parents ne peuvent pas leur donner tout ce qu'il leur faut », tandis que d'autres étudiantes interrogées ont affirmé que même des étudiantes ayant assez d'argent continuent de sortir avec des protecteurs parce qu’elles « partent du principe qu'aller à l'université veut dire avoir la liberté de tout faire ». 5. Action des femmes Les rapports sociaux mettent d'ordinaire en jeu des rapports de pouvoir. Les rapports que les femmes ont dans la société et les rapports que les étudiantes ont avec les établissements d'enseignement supérieur peuvent être considérés comme des rapports de pouvoir. La représentation des femmes dans les universités en tant qu'étudiantes, enseignantes et administratrices en est l'image. Le peu de cas qui est fait des besoins spécifiques des étudiantes le montre encore. Comme nous l’avons répété, les femmes semblent invisibles, leur participation en cours est minimale et leur participation active aux activités universitaires, périscolaires et extérieures à l'université est insignifiante. C’est la conséquence de leur faible nombre, du harcèlement et de la violence qu’elles subissent et du manque de réaction de la part des établissements. Il arrive parfois, comme l'une des étudiantes interrogées l'a expliqué, que leurs condisciples masculins réagissent mal lorsqu’elles ont de meilleurs résultats qu'eux. Cela ne signifie pas toutefois que les étudiantes restent sans rien faire. Comme l'explique Emebet, malgré les conditions oppressantes dans lesquelles elles vivent, elles trouvent le moyen de s'exprimer et essaient de modifier et de manœuvrer leur environnement social. Les étudiantes interrogées ont déclaré utiliser plusieurs autres stratégies pour se protéger du harcèlement et des violences. Certaines choisissent tout simplement d'ignorer le harcèlement ou bien elles tentent de ne pas attirer l'attention en « se rendant invisibles ». Une autre méthode employée par beaucoup est de se déplacer en groupe avec d'autres filles, en particulier lorsqu'elles veulent travailler tard à la bibliothèque. La dernière stratégie repérée grâce aux entretiens est que certaines femmes ont un petit ami pour les protéger du harcèlement et des violences. On dit qu’avoir un petit ami, c’est comme avoir un garde du corps. En cas de harcèlement, c'est le petit ami qui se bat avec les autres hommes. Les trois principales méthodes employées par les répondantes pour faire face aux difficultés financières sont de demander de l'aide à leur famille (68,4 %), demander de l'argent à leurs amis (12,2 %) et demander de l'argent à des proches (6,4 %). Les étudiantes interrogées ont aussi indiqué que les étudiantes obtenaient un soutien financier des étudiants qui viennent de la même localité qu'elles ou de petits amis ou d'étudiants qui prient dans la même église qu'elles. La présente étude montre que 96 % des étudiantes font différentes choses pour améliorer leur situation, par exemple, en demandant à leurs condisciples de les aider, en trouvant et en lisant des livres sur le sujet et aussi en priant. Elles s'engagent activement dans la résolution de leurs difficultés. Pour faire face au manque de documents de lecture, celles qui le peuvent les achètent, d'autres les photocopient, et les autres les empruntent auprès d'amis. Le problème du manque de place pour étudier est surmonté par la mise en œuvre d'un système de roulement, certaines étudiantes travaillent pendant que les autres dorment. Elles vont Les répondantes ont également été interrogées sur les méthodes employées par les autres étudiantes pour résoudre leurs difficultés financières. Les quatre méthodes les plus citées sont l'aide de la famille (23 %), demander de l'argent à des amis (10,6 %), se prostituer ou se trouver un protecteur (15,6 %) et avoir un petit ami qui leur donne de l'argent (13,81 %). Les données qualitatives montrent des points de vue variés sur le fait d'avoir des relations sexuelles tarifées Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 129 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es étudiantes dans les éta b lissements d ' ensei g nement supérieur en E t h iopie dans des salles de cours vides en soirée, lorsqu’elles sont libres. Les autres, qui ont des membres de leur famille à proximité, rentrent chez elles pour étudier. Les filles n'arrêtent pas de changer leurs stratégies pour surmonter leurs difficultés : leur démarche est une adaptation continuelle de différentes techniques. Par exemple, bien qu'utiliser des salles de cours vides soit une bonne idée pour compenser le manque de place pour étudier, cette stratégie est dangereuse à cause de la possibilité d’être la victime de harcèlement et de violences. Comme nous l’avons dit plus haut, 47 % des répondantes ont déclaré que c'est la peur de la violence des étudiants de sexe masculin qui pose problème dans le fait de rester tard à la bibliothèque ou dans une salle de cours vide. C'est pourquoi elles commencent à se déplacer en groupe et à s'attendre les unes les autres. Les cas de violence ou de harcèlement sont signalés au service pour l'Egalité entre les sexes, ou bien on en parle entre amis ou avec les membres de sa famille. Les étudiantes s'engagent dans deux types de stratégies pour surmonter leurs difficultés : une réponse matérielle avec des actions concrètes pour régler leurs problèmes et une réponse émotionnelle avec un comportement qui peut soulager en réduisant l'anxiété et la tension nerveuse qui accompagnent le problème, comme en parler ou prier (EMEBET, 2008). Beaucoup font part de leur détermination à affronter les difficultés à court terme, parce qu'elles pensent avant tout à leur objectif à long terme de réussir leurs études. Les étudiantes venant des régions rurales, en particulier, pensent aux sacrifices que leur famille a faits pour qu'elles puissent aller à l'université et elles savent qu'elles représentent un espoir pour leur famille. Savoir ce qu'on veut, avoir un but dans la vie et des objectifs, et travailler beaucoup pour y parvenir en évitant de se laisser distraire sont les principes observés par les étudiantes. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS quelques étudiantes sont au courant de l'existence du service pour l'égalité entre les sexes et des services qu'il rend. Il faut par conséquent faire des efforts pour le renforcer, accroître les services qu’il offre et faire connaître son existence. Le harcèlement et la violence sont des problèmes qui ressortent fortement et ils affectent la participation des étudiantes aux activités universitaires, périscolaires et sociales. Malgré cela, la plupart des universités n'ont aucune politique contre le harcèlement et celles qui en ont une ne la mettent pas en œuvre de façon rigoureuse. Cette situation exige que toutes les universités mettent en place une politique contre le harcèlement et qu'elles en surveillent la mise en œuvre. De nombreuses étudiantes, surtout celles qui viennent des régions rurales, ont besoin de soutien dans leurs études, de conseils et d'une aide sociale. Les services d'orientation et de conseil doivent être informés des préoccupations spécifiques aux femmes et élaborer des stratégies pour leur apporter l'aide nécessaire. Les établissements doivent améliorer les services d'orientation et de conseil, afin de leur permettre de mieux répondre aux besoins des étudiantes. Les services pour l'égalité entre les sexes, les directeurs des services aux étudiants et les services d'orientation et de conseil doivent aussi coordonner leurs activités ciblant les étudiantes. L'étude révèle que, bien que plus de la moitié des étudiantes soient admises grâce à la discrimination positive, elles ne reçoivent pas de soutien adéquat comme une formation aux méthodes d'étude, des services de tutorat et des conseils. Il faut par conséquent que la politique de discrimination positive soit accompagnée de la mise en œuvre d'une stratégie mettant clairement en évidence les différentes actions à entreprendre afin de permettre la réussite universitaire de ces étudiantes. Recommandations Les constatations montrent que le bureau pour l'égalité entre les sexes prend la responsabilité dans les différentes universités d'aider les étudiantes de différentes façons : en leur donnant une orientation lorsqu'elles arrivent à l'université, en coordonnant la mise en œuvre de services comme le tutorat et en mobilisant des ressources pour les étudiantes financièrement dans le besoin. Cependant, seules 130 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 De nombreuses étudiantes interrogées ont décrit de façon claire ce qu'il faut pour réussir dans les études supérieures. Elles disent qu’il faut avoir des objectifs, persévérer, être patiente, ne pas se laisser distraire et avoir confiance en soi. Tout cela est possible si on présente aux étudiantes des expériences qui les aident à développer ces perspectives et ces qualités. Il est par conséquent nécessaire de prévoir des programmes tels Certaines étudiantes éprouvent un certain nombre de difficultés dans leurs études, comme l'incapacité à prendre des notes, à étudier et à bien se comporter aux examens. Tous ces problèmes sont liés à un faible niveau scolaire, au manque de méthode d'étude et à des difficultés d'adaptation à un système d'enseignement inconnu et à un nouvel environnement physique et social. Les difficultés dans les études sont aggravées par l’insuffisance des documents de lecture et des espaces d'étude. Les dortoirs sont surpeuplés et ne sont pas des endroits adaptés pour étudier. L'alternative que constitue le fait de rester tard à la bibliothèque ou dans une salle de cours vide expose les étudiantes aux risques du harcèlement et des violences. que des ateliers de formation, d’échange d'expériences avec des étudiantes qui ont réussi et de présenter des modèles féminins au sein du programme d'orientation destiné aux étudiantes en première année. Ces actions pourraient être coordonnées par les services pour l'égalité entre les sexes. Les étudiantes de toutes les universités se plaignent également du manque d'installations comme les toilettes, la rareté de l'eau, le manque de place dans les bibliothèques et dans les équipements de loisir. Ces problèmes varient d'une université à l’autre. Ils sont pires dans les universités récemment ouvertes. Les étudiantes en souffrent particulièrement en raison de leurs besoins en matière d’hygiène et de la situation marginale qu'elles occupent par rapport à leurs condisciples masculins. Les établissements d'enseignement supérieur doivent par conséquent régler ces problèmes en mettant à la disposition des étudiantes des espaces et des services supplémentaires. Beaucoup d'étudiantes se sentent seules. Elles ont du mal à vivre en bonne entente avec leurs condisciples ou leurs camarades. Elles éprouvent des difficultés à équilibrer leur vie sociale et leurs études. Certaines considèrent leurs enseignants comme inabordables et évitent de leur demander l'aide dont elles ont besoin. Celles qui sont les plus touchées par ces difficultés sont celles qui viennent des régions rurales et celles qui ont fréquenté les écoles publiques. Conclusion Le taux de scolarisation des filles dans les établissements d'enseignement supérieur éthiopiens augmente petit à petit. La politique de discrimination positive y contribue beaucoup. Toutefois, un examen plus attentif de la situation révèle que toutes les filles qui entrent dans les établissements d'enseignement supérieur ne terminent pas leurs études : un nombre assez important d'entre elles échoue et est renvoyé en raison de plusieurs types de difficultés. L'environnement social des universités ne tient pas compte des problèmes de genre. Le harcèlement et la violence qui y existent empêchent les filles de profiter des services limités offerts par les universités comme les bibliothèques, les salles de cours vides pour étudier, les foyers d’étudiants et les installations sportives et de loisir. Les filles sont supposées céder aux demandes des étudiants de sexe masculin et celles qui refusent d'avoir des relations sexuelles sont pénalisées. Tous ces problèmes sont encore compliqués par les difficultés financières rencontrées par un nombre important des étudiantes. L'environnement dans les établissements d'enseignement supérieur n'est pas favorable aux étudiantes. Et par conséquent, elles sont en très grande infériorité numérique. Les installations et les services répondant aux besoins hygiéniques des étudiantes manquent. Les stéréotypes sexistes qui incitent les étudiantes à se comporter d'une façon traditionnelle sont répandus. Les étudiantes évitent d'aller à certains endroits parce que ces lieux sont considérés comme appartenant aux étudiants hommes et elles évitent donc de participer à des activités qui sont considérées comme essentiellement masculines. Les étudiants de sexe masculin sont les acteurs dominants, en cours comme à l'extérieur des cours, mais ils sont parfois contrariés lorsque les étudiantes ont de meilleurs résultats qu'eux. Toutefois, ces femmes ne sont pas simplement des victimes et des observatrices passives. Elles se servent de leur rôle pour comprendre les problèmes et agissent pour modifier et influer sur leur situation, afin d'améliorer leurs chances de réussite. Elles travaillent beaucoup, trouvent un moyen d’acquérir les documents dont elles ont besoin, dorment par roulement et prévoient des moments pour étudier, vont dans les salles de cours vides et les bibliothèques et se déplacent en groupe pour se protéger du harcèlement et des violences. Parfois, elles ignorent le harcèlement Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 131 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e L es étudiantes dans les éta b lissements d ' ensei g nement supérieur en E t h iopie pour s'occuper de leur propre travail. Elles se plaignent auprès de leur service pour l'égalité entre les sexes quand elles l’estiment que c'est efficace. Les étudiantes suivies par la présente étude essayent de comprendre leur environnement, évaluent leurs besoins et agissent de la meilleure façon selon elles. Leur comportement étant lié aux expériences passées, certaines adoptent des stratégies négatives pour surmonter leurs difficultés, par exemple en se prostituant ou en se faisant entretenir par un protecteur pour atténuer leurs difficultés financières. Elles ont quand même une façon d'agir, qui doit être prise en compte par toute intervention, afin de réorienter l'attention dans la bonne direction et de mettre en place des stratégies instructives et sources de progrès. REFERENCES Development Programme III – 2005/2006 – 2010/2011, Ministry of Education, Addis Ababa, Ethiopia. 5. Ministry of Education (février 2008), Education Statistics Annual Abstract 2006/2007 (1999 dans le calendrier éthiopien), Education Sector Development Program Planning and Policy Analysis Department, Ministry of Education, Addis Ababa, Ethiopia. 6. Ministry of Education (janvier 2009), Education Statistics Annual Abstract 2007/2008 (2000 dans le calendrier éthiopie), Education Sector Development Program Planning and Policy Analysis Department, Ministry of Education, Addis Ababa, Ethiopia. 7. République démocratique fédérale d'Ethiopie (août 1995), Constitution de la République démocratique fédérale d'Ethiopie, Addis-Abeba. 8. TESFAYE S. (2007), « Identification of Factors 1. DELMAR R. (1986), « What is feminism? », FRANZ C.E. Contributing to Gender Disparity in an Ethiopian et STEWART A.J. (sous la direction de), Women Creating University », Eastern Africa Social Science Review, 23(2), Lives: Identities, Resilience, and Resistance, Westview 71-94. Press, Boulder. in higher education in Ethiopia: Impacts of gender role experiences and coping strategies of female students in socialization and prior academic préparation », Ethiopian rural Ethiopia, thèse de doctorat non publiée, Université Journal of Development Research, 30(1), 85-132. 3. EMEBET M. (2008), « Negotiating poverty: problems and (2000 dans le calendrier éthiopien), inscriptions, Université d'Addis Abeba. Presses universitaires de l'Université d'Addis-Abeba, Addis-Abeba. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Cette étude analyse la représentation des étudiantes au Sénégal dans les filières de l’enseignement supérieur et leurs perspectives d’avenir. Il s’agit d’étudier la répartition des filles et des garçons dans les différents niveaux et filières d’enseignement en lien avec le marché de l’emploi, afin d’identifier les défis à relever et les contraintes qu’il faudra affronter à l’avenir. - Second semestre de l’année universitaire 2007/2008 EMEBET (sous la direction de), Urban Poverty in Ethiopia: Bureau 8 Disparités de genre dans l’enseignement supérieur au Sénégal : Défis et perspectives d’avenir RÉSUMÉ 10. Université d'Addis-Abeba (2009), Rapport statistique coping strategies of women in five cities of Ethiopia », The Economic and Social Adaptations of Women, 10-66, Laboratoire Genre et Recherche Scientifique de l’IFAN, Université Cheikh Anta Diop 9. TESFAYE S. (2008), « Predicaments of female success 2. EMEBET M. (1998), Against the odds: The educational de Cincinnati, Ohio. 132 4. Ministry of Education (août 2005), Education Sector des 11. YELFIGN W. (2001), « Ethiopia: From Bottom to Top in Higher Education, International Journal of Sociology and Social Policy, 21(1) et (2), 98-104. La faible présence des femmes, qui représentent plus de la moitié des ressources humaines du pays, dans les domaines des mathématiques, des sciences et de la technologie constitue une opportunité manquée pour le Sénégal Cette recherche de type descriptif repose essentiellement sur la collecte et l’analyse de données statistiques sur la situation des filles et des garçons dans l’enseignement supérieur afin d’identifier les écarts de genre. La méthodologie repose sur une revue de la littérature et une enquête de terrain. L’enquête de terrain a porté sur les établissements d’enseignement supérieur des secteurs public et privé et les écoles nationales de formation professionnelle en vue d’examiner la répartition des bacheliers selon le sexe et les offres de formation. Les résultats montrent que les universités qui garantissent le meilleur enseignement, faute d’infrastructures adéquates, ne sont plus en mesure d’accueillir tous les candidats et proposent peu de filières dans les séries littéraires où les filles se retrouvent majoritairement. Les politiques des universités publiques ne tiennent pas compte de la spécificité des filles, tant en ce qui concerne les conditions de vie dans les cités universitaire qu’au niveau des textes et des règlements. Ainsi, ces dernières ont-elles Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 133 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir tendance à se tourner vers le privé, plus flexible, qui leur offre davantage d’options sur le plan de la carrière. Néanmoins, les frais de scolarité parfois onéreux limitent l’accès à ces établissements. En outre, la forte concentration de filières dans le secteur tertiaire et la saturation des formations compromettent leurs chances d’intégrer le marché du travail. En conclusion, cette étude fait émerger de nouvelles questions qui méritent une attention particulière. IINTRODUCTION L’accès à l’éducation universelle à tous les niveaux d’enseignement constitue le premier défi à relever pour les pays du Sud afin d’atteindre les objectifs du développement. Fort de ce constat, le Sénégal s’est engagé à améliorer son système éducatif, ce qui s’est traduit par une réduction des écarts entre garçons et filles au niveau des enseignements primaire et secondaire. Depuis Beijing, des progrès importants ont été réalisés pour atteindre l'objectif de la parité des sexes dans l’enseignement primaire. En 2004, l’indice de parité a subi un changement en faveur des filles : à la suite d’une politique volontariste en faveur de l’éducation des filles dans l’enseignement primaire, il est passé de 1,01 à 1,07 en 2007. Dans l’enseignement secondaire, l’indice de parité F/G a augmenté dans toutes les régions. Il est passé de 0,73 en 2003 à 0,85 en 2007. En ce qui concerne l’enseignement supérieur, peu d’études ont été menées sur cette question. C’est pourquoi le Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar,1 a voulu porter un regard prospectif sur le devenir des filles au terme des cycles secondaires. Les tendances montrent que les filles, qui constituaient 42 % des bacheliers en 2009, seront de plus en plus nombreuses à obtenir le baccalauréat. Cependant, l’insuffisance des infrastructures dans l’enseignement supérieur public empêche l’accès à l’université d’une bonne partie des bacheliers, filles et garçons, ce qui a favorisé la prolifération d’écoles et d’établissements supérieurs privés. Cependant, les diplômes délivrés par certains de ces établissements ne garantissent aucun avenir à leurs détenteurs et détentrices. La libéralisation progressive de l’enseignement supérieur s’est amorcée à la fin des années 1990, car les structures traditionnelles ne pouvaient plus accueillir les bacheliers et aussi en raison de la pression d’institutions internationales comme la Banque mondiale. Cette dernière estimait que l’enseignement supérieur public, non seulement ne pouvait satisfaire toute la demande, mais coûtait trop cher pour une piètre performance. Ainsi, l’Etat ne s’est pas préoccupé au départ des questions de qualité dans le secteur privé, de la cohérence des offres de formation avec les besoins du marché du travail et encore moins des questions de genre, ce qui explique la multiplication d’établissements d’enseignement supérieur dans le secteur privé sans aucune politique de suivi. La présente recherche tente d’examiner comment les filles et les garçons sont représentés dans les différents niveaux et filières de l’enseignement supérieur public et privé, et si ces programmes offrent aux filles comme aux garçons, les mêmes chances d’accéder au marché de l’emploi. Le rapport est structuré comme suit : • • La première partie présente la problématique de l’étude. Elle examine, dans un premier temps, la situation de l’enseignement supérieur au Sénégal en tenant compte des questions de disparité de genre, notamment dans les secteurs public et privé. Dans un second temps, elle présente les hypothèses de recherche, les objectifs et la démarche méthodologique. La seconde partie est consacrée à la présentation et la discussion des résultats de l’enquête avant d’en tirer les conclusions et de formuler des recommandations. II GENRE ET ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU SENEGAL Cette partie examine la situation de l’enseignement supérieur au Sénégal en général et la progression Créé en 2004, le Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN de l’Université Cheikh Anta Diop a entrepris depuis 2007 de former des étudiant(e) s en maîtrise à la prise en compte du genre dans la recherche scientifique avec l’ambition de les conduire au doctorat. Cette étude, outre qu’elle entre dans les objectifs de recherche fixés par le Labo, constitue d’une part une opportunité d’exercice pratique pour les étudiants et permet d’autre part à une étudiante spécialisée dans l’éducation de produire une thèse de doctorat sur la question spécifique du secteur privé, pour faire le lien entre les questions de l’éducation et de l’emploi, tout en ayant en perspective la situation spécifique des filles. Face aux problèmes récurrents, le Sénégal a élaboré en 1996 une politique sectorielle de l’enseignement supérieur et de la recherche universitaire afin de désengorger les universités publiques et d’élargir les offres de formation vers de nouvelles filières professionnelles. En effet, les programmes proposés jusque-là n’étaient pas conformes aux besoins du marché du travail, ce qui a amené le gouvernement sénégalais à mettre en place le programme d’amélioration de l’enseignement supérieur avec l’appui de la Banque Mondiale dans le but de réorienter sa politique d’enseignement supérieur. C’est dans ce contexte que le secteur privé s’est développé au niveau de l’enseignement supérieur. 2.1. Situation de l’enseignement supérieur au Sénégal L’enseignement supérieur connaît actuellement de nombreuses difficultés liées en premier lieu à une demande largement supérieure à l’offre. En effet, la demande de formation croît d’année en année. Selon les estimations de l’Agence nationale de statistique et de la démographie (ANSD), le Sénégal comptait en 2007 un effectif de 91 359 étudiants : 59 110 hommes et 32 249 femmes2. 2.2.L’enseignement privé L’analyse de la situation de l’offre dans l’enseignement supérieur laisse apparaître une forte concentration à Dakar qui abrite l’essentiel des structures. C’est pourquoi l’Etat a créé une deuxième université dans la région de St Louis en 1990. Il a également essayé d’étendre l’enseignement supérieur avec la création en 2007 des Centres universitaires régionaux dans trois autres zones du pays : à Thiès, Diourbel et Ziguinchor. Cependant, toutes ces mesures n’ont réglé de manière effective ni le problème d’absorption des bacheliers dans les établissements universitaires, ni celui du rendement et de la pertinence. L’insuffisance de l’offre face à la demande a entraîné à la fin des années 1990 la libéralisation progressive et intense du secteur, favorisant la multiplication d’établissements d’enseignement supérieur dans le secteur privé grâce à la Loi 91-22 du 16 février 1991 qui encourage l’initiative privée et collective. En 1995, le ministère de l’Education nationale du Sénégal a mis en place un accord-cadre favorisant l’émergence de structures privées. Cet accord, signé le 2 mai 1995 entre le gouvernement sénégalais et le secteur privé, définit l’orientation et le statut des établissements privés d’enseignement supérieur . Depuis lors, le pôle privé a connu un boom fulgurant ; le nombre d’établissements d’enseignement supérieur3 est passé de 4 en 1994 à 70 en 2007 (NIASSE, 2008) et cette étude en a dénombré 86. Les flux estudiantins augmentent d’année en année, alors que Dakar, la principale université, a dépassé sa capacité d’accueil. Elle est ainsi passée d’un effectif de 15 000 étudiants dans les années 1960 à 80 000, trente ans plus tard (NIASS, 2008, 17). Cet important accroissement du nombre d’étudiants, qui ne s’est pas accompagné d’une amélioration des conditions d’enseignement et d’accueil, explique les nombreuses crises dans l’enseignement supérieur. Les signes précurseurs de cette crise remontent aux années 19801990 et sont liés à des revendications d’ordre social et pédagogique (insuffisance des bourses, problèmes de logement, déficit du taux d’encadrement, etc.). Depuis lors, la situation ne s’est pas beaucoup améliorée et les mouvements de grève continuent de rythmer les années académiques en dépit des efforts déployés par le gouvernement. NIASSE (2008) a estimé qu’en 1994, les effectifs du privé s’élevaient à 500. Selon les statistiques du ROCARE, les effectifs en 1999/2000 étaient de 5 000 et selon le rapport de l’ANSD, en 2007, le privé comptait 13 268 étudiants. Si l’on note une progression réelle du secteur privé, qu’en est-il de la qualité ? Comment se présente l’offre de formation par rapport au marché du travail ? Est-ce que les programmes offerts permettent aux filles comme aux garçons de s’insérer convenablement sur le marché de l’emploi ? Les écoles privées sont généralement dans le domaine du secteur tertiaire (comptabilité, gestion, secrétariat, 1 134 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 2 DPRE et ANSD (2007), Situation économique et sociale du Sénégal, 66. 3 GUEYE Mamadou et al (2009), « Rentrée académique 2009, quelles filières, pour quels diplômes ? », Quotidien le Soleil de Dakar du 20 octobre 2009. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 135 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir administration, tourisme, gestion hôtelière, etc.), mais elles sont moins bien présentes dans les métiers techniques (froid, électronique, électricité, bâtiment, industrie, etc.). Le secteur privé est cependant critiqué en raison de ses procédures de recrutement du personnel enseignant. En outre, les diplômes délivrés n’offrent pas toujours de garantie aux étudiants, car certains ne sont pas reconnus par l’Etat. Ainsi, nombreux sont ceux qui sortent avec un diplôme en poche sans pour autant trouver de travail. Un rapport de la Banque mondiale estime que les résultats du secteur privé ne sont pas encore probants, surtout dans les filières scientifiques et techniques. Selon ce rapport, les taux de réussite pour l’obtention d’un diplôme d’Etat dans la filière de l’enseignement technique sont estimés à moins de 50 % pour le CAP, 30 % pour le BEP et 20 % pour le BTS. Ainsi, cette filière ne produit que quelques 3 000 diplômés par an, toutes spécialités et tous niveaux confondus, alors que les besoins estimés du marché du travail en 2004 étaient dix fois supérieurs. 2.3. Un système éducatif en inadéquation avec le marché de l’emploi La pertinence des formations offertes dans l’enseignement supérieur au Sénégal continue à susciter des interrogations. La Banque mondiale constate que les filières scientifiques sont négligées par la majorité des élèves. Elles ont attiré à peine plus d’un tiers des garçons et des filles de l’ensemble du pays en 2005 (Banque mondiale, 2007, 52). La formation n’est pas en adéquation avec les besoins du marché du travail ce qui explique les difficultés d’insertion professionnelle des diplômés. Elle est essentiellement organisée pour répondre aux besoins du secteur moderne, alors que les perspectives d’emploi dans ce secteur sont très limitées. D’ailleurs en Afrique, « moins de trois formés sur cinq arrivent à s’insérer dans le secteur moderne » (UNESCO-BREDA, 2008, 3). Selon la Banque mondiale, entre 1995 et 2004, la création nette d’emplois dans le secteur formel se situait autour de 1,1 % par an (stimulée surtout par l’expansion de l’éducation et de la santé), alors que les emplois dans le secteur informel étaient en pleine explosion. Le secteur moderne s’est caractérisé par une 136 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 relative inélasticité de l’emploi, qui n’a pas dépassé une moyenne de 0,06 pendant la période de 1995 à 2004, un taux 10 fois plus faible que celui du secteur informel (Banque mondiale, 2007, 31). Par ailleurs, le secteur formel ne comporte qu’un nombre réduit de PME qui sont les entreprises les plus créatrices d’emplois. Or, ces structures représentent moins de 20 % de l’emploi total du secteur formel. Nous pouvons en conclure que c’est dans le secteur informel qu’il existe le plus de création d’emplois. Cependant, le système éducatif dans sa globalité ne prend pas en compte ce dernier. 2.4. Une faible proportion de filles dans l’enseignement supérieur De nombreux travaux ont démontré le lien entre l’éducation des filles et la productivité économique, notamment lorsque celles-ci atteignent l’enseignement supérieur. Au Sénégal, l’Etat et les organismes du secteur éducatif ont pris de nombreuses mesures pour stimuler l’éducation des filles et relever le pari de l’éducation universelle. Ainsi, grâce au programme de scolarisation des filles, les effectifs féminins augmentent annuellement. La volonté d’offrir une éducation à tous et à tous les niveaux s’exprime à travers la politique du gouvernement formulée dans le programme décennal d’éducation et de formation et la loi d’orientation. Cependant, l’essentiel des initiatives se concentre sur les cycles primaire et moyen. Toutefois, la réduction des disparités de genre dans l’enseignement supérieur demeure un défi majeur dans la mesure où selon l’ANSD, les filles ne représentent que 35,3 % des effectifs de l’enseignement supérieur. Comparativement aux garçons, elles sont davantage tournées vers l’enseignement privé. Hypothèse L’hypothèse soulevée est que les filles sont plus nombreuses à ne pas être orientées vers les universités et plus nombreuses à se diriger vers l’enseignement privé et les filières de courte durée. Si cette tendance se poursuit, cela défavorisera à l’avenir les femmes sur le marché du travail, parce qu’elles occuperont les postes les moins qualifiés et les moins bien rémunérés. Objectif L’objectif est d’étudier comment les filles et les garçons sont représentés dans les écoles de formation et à l’université, selon les niveaux d’enseignement et les filières, et d’examiner quelles sont leurs chances d’insertion dans la vie active. du baccalauréat, de l’ANSD et des établissements d’enseignement supérieur. Ayant démarré en 2009, l’étude prend comme année de référence les résultats du baccalauréat de 2007 et les données des établissements en 2008. La population étudiée est constituée par les étudiants des cinq universités publiques, de 85 établissements privés et des 19 écoles nationales (voir le tableau 3.5). Cadre conceptuel et théorique Le cadre conceptuel et théorique repose sur l’analyse selon le genre qui considère que les inégalités entre hommes et femmes, caractérisées par une domination masculine, sont le fruit d’une construction sociale et que les systèmes éducatifs reproduisent ces inégalités héritées de l’organisation sociale. Au-delà des injustices liées au modèle de représentation sociale des rôles masculins et féminins, les différences entre les genres en matière d'éducation peuvent avoir un impact négatif sur la croissance économique. La faible présence des femmes, qui représentent plus de la moitié des ressources humaines du pays, dans les domaines des mathématiques, des sciences et de la technologie constitue une opportunité manquée pour le Sénégal de disposer de ressources humaines qualifiées pour stimuler le développement des pays. Tableau 3.5 : Structures de l’étude Universités publiques Identifié Réalisé 5 5 Institutions privées 85 75 Ecoles nationales 19 13 109 93 Total Une liste de départ de 109 établissements privés a été établie à partir des bases de données des directions de l’Enseignement supérieur et de l’Enseignement professionnel et d’informations recueillies sur Internet. Dans cette liste, trois écoles n’existent plus et 21 demeurent introuvables, faute d’adresse précise ou pour cause de déménagement sans laisser de coordonnées4. Généralement, les questions de genre dans l’enseignement supérieur sont étudiées sous l’angle de l’accès des filles au système, aux disciplines scientifiques, etc. Cette recherche met l’accent sur le concept d’écart de genre entre le nombre de filles et de garçons ayant accès à l’enseignement supérieur selon les filières, tout en se référant aux représentations socioculturelles des rôles masculin et féminin dans le contexte sénégalais. Sur les 85 établissements restants, quatre ont refusé de répondre au questionnaire et six n’ont pas rendu le questionnaire à temps. En définitive, l’étude a porté sur 75 établissements représentant 88,3 % des établissements privés identifiés et 100 % des universités publiques. Sur les 74 écoles interrogées, 70 ont obtenu leur agrément, soit 94 % d’entre elles. En ce qui concerne les écoles nationales, sur les 19 répertoriées, seules treize ont été enquêtées , soit 68,42 %. La privatisation de l’enseignement constitue une autre préoccupation de cette étude. Avec l’ouverture des marchés, il y a un risque de « marchandisation » de l’enseignement et il faut être vigilant pour veiller à ce que les motivations commerciales ne l’emportent pas sur les priorités du système éducatif. Etant donné l’incapacité du gouvernement à réglementer l’enseignement supérieur, il se peut que les couches les plus défavorisées et les filles soient exclues ou victimes d’une privatisation mal maîtrisée. 3.1. La revue de la littérature Elle a permis de faire un état des lieux de la situation de l’enseignement supérieur au Sénégal et de voir comment le genre y est pris en compte. Les différentes politiques éducatives entreprises par le Sénégal ont été analysées à travers les documents majeurs que sont : la Constitution, la Déclaration des chefs de gouvernement qui se sont succédé de 1960 à 2008, le Document stratégique de réduction de la pauvreté, la III METHODOLOGIE La méthodologie repose essentiellement sur la collecte de données statistiques auprès de l’Office 4 Cela souligne l’importance de la mise à jour régulière de la base de données de la direction de l’Enseignement supérieur. 5 Les écoles relevant de la sécurité n’ont pu être approchées ainsi que l’école des arts. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 137 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir Lettre de politique de l’éducation, et les documents du Programme décennal de l’éducation et de la formation. L’analyse montre qu’au début des années 1960, les préoccupations portaient sur les tendances macroéconomiques englobant l’éducation. Dans les années 1980, les politiques s’intéressaient à l’adaptation du système éducatif aux réalités nationales ; ce n’est qu’à partir des années 1990, à la suite de la conférence de Beijing, que la problématique de l’éducation des filles est devenue centrale dans les politiques d’éducation. Depuis les années 2000, le gouvernement s’est fixé entre autres objectifs, la parité des garçons et des filles pour atteindre les OMD. La Lettre de Politique sectorielle de 2005 renforce cette perspective. L’analyse des données statistiques officielles a permis d’examiner les disparités de genre dans les résultats au baccalauréat toutes séries confondues ainsi que dans la répartition des étudiants dans les différentes filières de formation offertes par les établissements publics. 138 Pour valider les informations recueillies sur le terrain, deux stratégies de vérification ont été adoptées : l’exigence du cachet de l’établissement attestant que les données ont été fournies par la hiérarchie ainsi que des appels téléphoniques aux responsables. Des entretiens ont été réalisés auprès de quelques chefs d’établissement et de quelques étudiants du secteur privé pour expliciter des questions soulevées dans l’exploitation du questionnaire. Pour finir, le traitement des données a été effectué à partir de la version 15.0 du logiciel SPSS. 3.3. Les difficultés et les limites de l’étude Les difficultés rencontrées au cours de cette étude ont été de nature administrative. Il a fallu des allersretours incessants avant que les établissements privés acceptent de remplir correctement le questionnaire. Beaucoup d’entre eux ne possèdent pas de statistiques désagrégées selon le sexe. Il a fallu faire un travail de dépouillement avant de reporter les données. Il a été parfois difficile de retrouver certains établissements qui ont changé d’adresse sans le signaler à la direction de tutelle. D’autres n’avaient pas d’adresse physique ou bien le numéro de téléphone fourni ne fonctionnait pas. Quelques établissements ont refusé de répondre au questionnaire ou ont tardé à le remettre. Ils ne sont pas inclus dans l’étude. • Les données recueillies auprès de l’ANSD ont fourni des indications sur l’évolution de la situation des structures d’enseignement supérieur. • Les directions de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle et technique ont fourni le répertoire des établissements d’enseignement supérieur privés agréés par l’Etat du Sénégal. • L’office du baccalauréat a communiqué les résultats du baccalauréat. IV LES FILLES DANS L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR • Les services administratifs du rectorat des cinq Universités du Sénégal ont fourni des données sur la répartition des étudiants selon le sexe et les filières. L’analyse des résultats porte sur la progression des filles détentrices du baccalauréat et leur représentation dans les différents établissements de l’enseignement supérieur privé et public. 3.2.L’enquête de terrain 4.1.Des écarts entre filles et garçons bacheliers L’enquête a été menée dans la région de Dakar qui abrite l’essentiel des établissements d’enseignement supérieur ainsi que dans les régions de Thiès, SaintLouis, Ziguinchor et Diourbel. Un questionnaire a été administré aux responsables des établissements du secteur privé et dans les écoles nationales de formation. Il est axé sur les informations générales concernant l’établissement (statut, date de création, agrément, coût de la scolarité), les offres de formation et la répartition des étudiants diplômés par cycle selon le genre. On assiste à une progression constante, mais lente, des filles obtenant le baccalauréat. De 38,3 % en 2001, elles représentent 42 % des bacheliers en 2009 (voir le graphique 3.2). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 L’analyse des effectifs de l’enseignement supérieur révèle une moindre présence des filles à l’université. En 2007, le Sénégal comptait 47 136 bacheliers, dont 19 092 filles. Elles représentaient 40,5 % des bacheliers, mais elles n’étaient plus que 34,2 % dans les premiers cycles en 2008, tous systèmes confondus. C’est la Les mêmes raisons socioculturelles qui poussent les filles à devoir se marier les amènent aussi à s’orienter vers les établissements privés et les écoles de formation professionnelle offrant des cycles de courte de durée, afin de pouvoir rejoindre plus rapidement le marché du travail (voir le tableau 3.6). Cependant, les filières dans lesquelles elles s’inscrivent dans le secteur privé ne sont pas les plus porteuses en matière d’offres d’emploi. Graphique 3.2 : Analyse longitudinale de l’effectif des inscrits au baccalauréat de 2001 à 2009 80 60 40 20 0 2001 2002 2003 2004 Filles 2005 2006 2007 2008 2009 Garçons Les filles sont plus nombreuses à obtenir le baccalauréat en série littéraire, avec 67 % de leurs effectifs (voir le graphique 3.3). Or, l’université offre peu de possibilités en termes de filières pour cette série. Même si cette situation n’est pas spécifique aux filles, elles en pâtissent plus que les garçons, car elles sont moins nombreuses à aller jusqu’au troisième cycle et les diplômes délivrés dans le premier cycle sont des formations générales qui offrent peu de chances de s’insérer sur le marché de l’emploi. Source : Statistiques, office du baccalauréat (2008). conséquence des problèmes liés à la scolarisation des filles dans l’enseignement primaire et des abandons dans l’enseignement secondaire. Comme l’expliquent de nombreux auteurs, la sous-scolarisation et la déperdition des filles sont généralement liées aux facteurs économiques et socioculturels qui les affectent plus que les garçons. Lorsque la famille est pauvre et qu’elle éprouve des difficultés à scolariser tous ses enfants, elle mise davantage sur le garçon, car ce dernier est socialement appelé à assumer le rôle de chef de famille et à prendre la relève du père (NOGAYE Guèye, 2008). En 2007, les filles étaient majoritaires en série G (gestion) avec 57,2 % des effectifs de bacheliers. Cette série offre l’avantage d’une insertion plus rapide sur le marché de travail par le biais des formations professionnelles de courte durée. Malheureusement, cette série n’a accueilli que 7,4 % des filles s’étant présentées au baccalauréat et 4,8 % pour les garçons. En série scientifique et technique, les filles représentaient 24,8 % des effectifs en 2008 et les garçons 37,9 % (voir le graphique 3.3). Dans la société sénégalaise comme dans beaucoup d’autres, la femme a des responsabilités sociales qui tournent autour de la maternité, de l’éducation des enfants et de l’entretien du foyer. En outre, la jeune fille constitue une main d’œuvre considérable que certains parents n’hésitent pas à exploiter pour augmenter les revenus du ménage. A côté de ces facteurs, il faut ajouter les stéréotypes sexistes contenus dans les manuels d’enseignement qui mettent les hommes au premier plan et qui renvoient toujours les femmes au bas de l’échelle. Tableau 3.6 : Effectifs des filles et des garçons dans le 1er premier cycle de l’enseignement supérieur en 2008 1er Cycle Féminin Effectifs Privé Masculin % Effectifs Total % Effectifs % 1,842 51,6 1,724 48,4 3,566 100 790 32,5 1,643 67,5 2,433 100 Universités 13,777 32,8 28,204 67,2 41,981 100 Total 16,409 34,2 31,571 65,8 47,980 100 Ecoles nationales Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 139 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir Graphique 3.5 : Répartition des effectifs dans les universités Graphique 3.3 : Effectif des bacheliers selon la série et le sexe en 2007 Femme Séries S et T 24.8 37.9 Moyenne 7.4 3.4 7.4 0% 2.5 1.8 86.7 62.3 CA Diop Série G 1.6 32.9 58.7 67.8 Séries L Homme G. Berger Thiès Bambey Ziguinchor 4.8 Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009). 20% 40% 60% 80% 100% Source : Statistiques, office du baccalauréat (2008). En observant le graphique 3.4, on constate que les étudiants se trouvent essentiellement dans les universités publiques qui absorbent 89,5 % des effectifs, suivies par les écoles professionnelles nationales (6 %) et du secteur privé qui n’en absorbent que 4,5 % Exception faite de Bambey, les filles constituent moins d’un tiers des effectifs de toutes les universités. Dans ces établissements, elles sont majoritaires en santé communautaire et représentent 38,32 % en gestion (voir le tableau 3.7). Tableau 3.7 : Répartition des étudiants dans les différentes universités publiques Etablissement Féminin Effectifs Cheikh Anta Diop Total % Effectifs % 31,2 38 973 68,8 56 620 100 1340 27,8 3472 72,2 4 812 100 Thiès 241 23,1 804 76,9 1 045 100 Bambey 549 33,8 1 073 66,2 1 622 100 Ziguinchor 272 22,6 933 77,4 1 205 100 20 049 30,7 45 255 69,3 65 304 100 Total 4.5 Effectifs 17 647 Gaston Berger Graphique 3.4 : Répartition des étudiants par secteur Masculin % Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009). 6 89.5 0 10 20 30 Univ publi 40 50 Instit privés 60 70 80 90 Ecole nat prof Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009). 4.2.1. L’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) A l’Université Cheikh Anta Diop, les filles sont présentes partout dans le premier cycle, mais elles sont plus nombreuses dans les filières de la santé, de l’enseignement et des archivistes-documentalistes (voir le graphique 3.6). Graphique 3.6 : Répartition des filles par filière dans le 1er cycle en 2008 100 80 4.2.Un déséquilibre notoire des effectifs des universités au profit de la capitale 60 L’Université Cheikh Anta Diop accueille l’essentiel des bacheliers des universités, soit 86,7 % au premier cycle. Gaston Berger, la deuxième université créée en 1990, n’accueille que 7,4 % des étudiants, Bambey, 2,5 %, Ziguinchor, 1,8 % et Thiès, 1,6 % (voir le graphique 3.5). 40 20 0 1 2 3 4 F 42.4 40.8 44.4 34.5 H 57.6 59.2 55.5 5 6 45 7 8 9 35.1 36.6 17.9 10 19.9 37.5 11 13.5 65.5 54.9 64.9 63.4 82.1 80.1 62.5 86.5 Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009, services du Rectorat UCAD, 2009 140 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 141 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir Légende Légende 1. Centre d'études des sciences et techniques de l'information 2. Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes 1. Centre d'études des sciences et techniques de l'information 3. Ecole normale supérieure d'enseignement technique et professionnel 2. Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes 4. Ecole supérieure polytechnique 3. Ecole normale supérieure d'enseignement technique et professionnel 5. Faculté de médecine, de pharmacie et d'odontostomatologie 4. Ecole supérieure polytechnique 6. Faculté des lettres et sciences humaines 5. Faculté de médecine, de pharmacie et d'odontostomatologie 6. Faculté des lettres et sciences humaines 7. Faculté des sciences économiques et de gestion 7. Faculté des sciences économiques et de gestion 8. Faculté des sciences et techniques 8. Faculté des sciences et techniques 9. Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation 10. Faculté des sciences juridiques et politiques 11. Institut national supérieur de l'éducation populaire et du sport Au troisième cycle, elles disparaissent pratiquement des filières scientifiques où elles constituent une infime minorité. C’est le cas de l’école supérieure polytechnique (15,3 %) et des sciences et techniques (16,5 %). A la faculté des Sciences et Technologies de l'éducation et de la formation, elles ne constituent que 13,3 % des effectifs. Dans ce même cycle, elles sont davantage présentes dans les filières de la santé et sont majoritaires en population et développement (61,5 %), à l’Ecole normale supérieure d'enseignement technique et professionnel (46,7 %), de même qu’en médecine et pharmacie (33,6 %) (voir le graphique 3.7). Graphique 3.7 : Répartition des étudiants selon le sexe par filière, dans le 3 ème cycle à l’UCAD en 2008 9. Faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation 10. Faculté des sciences juridiques et politiques 11. Institut national supérieur de l'éducation populaire et du sport 4.2.2. Université Gaston Berger de St Louis Créée en 1990, l’Université Gaston Berger de St Louis est la deuxième université du Sénégal. Les filles constituent 27,8 % des effectifs et sont plus représentées en lettres et sciences humaines (32,8 %), ainsi qu’en sciences économiques et en gestion (29,5 %). Elles continuent à être minoritaires en sciences et techniques et en sciences appliquées et technologie (14,8 %). Graphique 3.8 : Répartition des étudiants selon le sexe et le cycle à UGB en 2008 100 Sciences Economiques et Gestion 80 Lettres et Sciences Humaines 60 40 0 F H 0 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 35.7 46.7 15.3 33.6 26.3 27.5 16.5 13.3 28.3 61.5 15.7 85.2 14.8 0 10 20 H 30 40 50 60 70 80 90 100 64.3 53.3 84.7 66.4 73.7 72.5 83.5 86.7 71.7 38.5 84.3 Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009), services du Rectorat UCAD, 2009. 142 M 71.2 28.8 Sciences appliquées et techniques 1 67.2 32.8 Sciences Juridiques et Politiques 20 70.5 29.8 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Globalement, les écarts se creusent dans le deuxième cycle. On note toutefois que dans deux filières, les écarts se réduisent dans le troisième cycle : en sciences appliquées et technologie et en sciences économiques et gestion (voir le tableau 3.8). Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 143 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir 4.2.4. Centre universitaire régional de Bambey Tableau 3.8 : Répartition des étudiants selon le sexe et le cycle à l’Université Gaston Berger de St Louis en 2008 1er cycle FILIERES/UFR Féminin Eff. 2e cycle Masculin % Eff. % 63 16,1 328 83,9 154 29,7 365 446 35,4 97 760 UFR SAT (Sciences Féminin Eff. 3e cycle Masculin Féminin Eff. Masculin % Eff. % % Eff. % 50 12,5 350 87,5 20 18,7 86 81,1 70,3 77 28,9 189 71,1 8 17,4 38 82,6 815 64,6 101 30,1 234 69,9 34 19,4 141 80,6 34,5 184 65,5 242 27,8 630 72,2 48 30 112 70 31,0 1692 69,0 470 25,1 1403 74,9 110 22,6 377 appliquées et Technologie) Sciences juridiques et Politiques Lettres et Sciences Le Centre universitaire régional de Bambey, mis en place en 2007, a pour mission d'assurer la diversification de l'offre de formation et d'assurer une formation de premier cycle dans les disciplines enseignées dans les universités, en vue de permettre l'entrée des étudiants dans le deuxième cycle. Ainsi, l'UB-CUR de Bambey propose 10 licences professionnelles dans des domaines divers. Les filles représentent 33,84 %, mais elles sont 55,9 % à s’inscrire en santé communautaire où elles représentent 50,8 % des effectifs. Elles désertent presque entièrement les domaines scientifiques et techniques (voir le tableau 3.10). Tableau 3.10 - Représentation des filles dans les différentes filières à CUR Bambey en 2008 Filières humaines Sciences économiques et Statistiques et Informatique décisionnelle Economie et gestion 77,4 Filières Féminin Masculin Total N % N % N % 8 16,3 41 83,7 49 4,1 40 26,1 113 73,9 153 12,7 Economie - Gestion 22 23,9 70 76,1 92 7,6 Géographie 31 15,5 169 84,5 200 16,6 Informatique appliquée 50 21,8 179 78,2 229 19,0 Langues étrangères appliquées 10 34,5 19 65,5 29 2,4 Lettres modernes 41 27,5 108 72,5 149 12,4 7 4,9 136 95,1 143 11,9 Mathématiques - Physique - 89,3 56 135 91,2 148 124 38,2 201 61,8 325 81 27 220 73 301 2 12,5 14 87,5 16 16 9,3 156 90,7 172 informatique Tableau 3.9 : Représentation des filles dans les différentes filières à Ziguinchor en 2008 Droit des affaires 50 8,8 Administration et maintenance de réseaux télé Créée en 2007, l’Université de Ziguinchor a pour mission de former les cadres supérieurs du Sénégal et des autres pays africains. Elle veut contribuer à la recherche scientifique aux niveaux national et international et développer les valeurs culturelles africaines. Dans cette région, la représentation des filles est en dessous de la moyenne nationale parce qu’au baccalauréat, elles sont 27,9 % là où la moyenne nationale est de 34,1 % (ANSD, 2007). Elles représentent 22 % des effectifs et sont plus nombreuses en sociologie (41,6 %), en tourisme (35 %) et en langues étrangères appliquées (34,5 %). Elles sont peu présentes dans les filières scientifiques, avec seulement 4,9 % d’entre elles en mathématiques, physique, chimie et informatique. Ziguinchor est la seule région du Sénégal où les hommes sont plus nombreux que les femmes selon le dernier recensement national de 2002 (voir le tableau 3.9). Agroforesterie 10,7 Création Multimédia 4.2.3. Université de Ziguinchor Total 6 Développement et administration d'applications Web Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009), donnée des services de la scolarité de l’UGB. H 13 Mathématiques - Physique - Chimie - Informatique Gestion Total F Chimie - Informatique Santé communautaire 307 50,8 297 49,2 604 Total 549 33,8 1073 66,2 1622 Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD, 2009, services de la scolarité du CUR de Bambey, 4.2.5. Centre universitaire de Thiès • Créée en 2007, l’Université de Thiès regroupe en son sein les établissements suivants : L’Unité de formation et de recherche en sciences de la santé ; • L’Institut supérieur de formation agricole et rurale. • L’Ecole nationale supérieure d'agriculture ; • L’Ecole Supérieure des sciences de la terre et de l’environnement ; • L’Unité de formation et de recherche en sciences économiques et sociales ; • L’Unité de formation et de recherche en sciences et technologie ; L’Université de Thiès comprend des écoles nationales supérieures et des unités de formation et de recherche. Les filles y constituent 23,1 % des effectifs, toutes filières confondues, mais on les retrouve surtout en sciences économiques sociales (35,8 %). Elles continuent à être minoritaires en sciences et techniques, avec 9,9 % des effectifs (voir le tableau 3.11). Tableau 3.11 : Représentation des filles dans les différentes filières à Université de Thiès en 2008 Filière Effectifs Féminin Institut supérieur de formation agricole et rurale Total Masculin 15 10,6 126 89,4 141 13,5 Sociologie 42 41,6 59 58,4 101 8,4 (ISFAR) ex ENCR Tourisme 21 35,0 39 65,0 60 5,0 Ecole polytechnique de Thiès (Génie civil) 23 21,1 86 78,9 109 10,4 272 22,6 933 77,4 1205 100 Ecole polytechnique de Thiès (Génie 10 11,8 75 88,2 85 8,1 26 18,3 116 81,7 142 13,6 Total Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD, services de la scolarité du CUR de Ziguinchor (2009). électromécanique) Ecole normale supérieure d’agriculture (ENSA) Sciences et technologie (SET) 13 9,4 125 90,6 138 13,2 Sciences économiques sociales (SES) 154 35,8 276 64,2 430 41,1 Total 241 23,1 804 76,9 1 045 100 Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD, 2009, services de la scolarité du CUR de Thiès. 144 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 145 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir 4.3. Des écoles privées dominées par la présence des filles dans le premier cycle Dans les écoles privées, les filles sont majoritaires dans le premier cycle. Elles sont 1 842 pour 1 724 garçons, (51 %), mais leur nombre diminue progressivement dans les second (46,9 %) et troisième cycle (33,3 %) (voir le graphique 3.9). Graphique 3.9 : Effectif des étudiants du privé par filière en 2008 F M 80 70 60 66,7 53,1 51,7 50 40 48,3 46,9 33,3 Légende 1. Informatique –Réseaux, web, etc. 2. Assistanat de direction 3. Finance - Banque 4. Affaires - Commerce 5. Comptabilité et gestion 6. Gestion des ressources humaines 7. Génie civil 8. Transport 9. Infirmier 10. Communication - Journalisme 11. Management 12. Marketing 20 13. Développement 10 14. Sécurité 30 0 1er cycle 2e cycle 3e cycle Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009) L’enseignement supérieur privé offre davantage de possibilités aux filles. Il est plus flexible dans les conditions d’accès aux programmes de formation et propose davantage de filières de courte durée que l’université qui a des formations générales et aussi très longues. Il est à noter que les écoles supérieures du secteur privé offrent des formations qui, après seulement deux ans, permettent d’être employable. Les écoles privées, dans leur grande majorité, ne peuvent pas offrir d’enseignement dans les cycles supérieurs. Toutefois, elles offrent plus de flexibilité en proposant des cours du soir et même du week-end, qui s’adressent aux professionnels et qui attirent davantage de filles dans le second cycle, même si la tendance ralentit dans le troisième cycle. En effet, le nombre de filières diminue et sur les quatorze identifiées dans le premier cycle, il n’en reste plus que cinq (voir le graphique 3.11). Graphique 3.11 : Répartition des filles par filière dans le 3 ème cycle 2008 Les femmes dominent dans les filières traditionnellement féminines, comme assistantes de direction (79,7 %) ou infirmières (90 %), mais on sent leur présence significative dans presque toutes les filières avec plus d’un tiers des effectifs, exception faite du génie civil où elles ne sont que 11,4 % et de l’informatique où elles représentent 27,5 % des effectifs. Les hommes, en revanche, sont plus nombreux en gestion des ressources humaines, transport et génie civil, et surtout, en informatique où ils constituent l’écrasante majorité, notamment dans les domaines de la maintenance et du web, avec 72,5 % des effectifs (voir le graphique 3.10). Graphique 3.10 : Répartition des filles par filière au 1er cycle 2008 80 60 40 20 0 100 Informa tique Banque Finance Manage ment Audit et contrôle Droit fiscalité F 37.5 33.3 42.1 26.3 29.4 H 62.5 66.7 57.9 73.7 70.6 80 Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009) 60 40 4.4. Evolution dans les écoles nationales de formation professionnelle 20 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 F 27.5 79.7 59.1 45.6 49.5 33.3 11.4 43.4 90 59.2 52.3 59.2 28.6 41.7 H 72.5 20.3 40.9 54.4 50.5 66.7 88.6 56.6 10 40.8 47.7 40.8 71.4 58.3 Les écoles nationales de formation professionnelle se sont surtout développées dans les années 1970. A l’origine, elles formaient les agents de la fonction publique. Avec les programmes d’ajustement structurel, elles ne garantissent plus l’emploi à leurs diplômés. Depuis 2000, de nouvelles catégories d’écoles de formation professionnelle et technique ont vu le jour avec l’appui de partenaires étrangers et ces écoles continuent à préserver une certaine crédibilité quant à la validité de leurs diplômes (voir le tableau 3.12). Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009) 146 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 147 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir Tableau 3.12 : Répartition des étudiants dans les écoles nationales de formation professionnelle enquêtées en 2008 Femmes Hommes Total 1. Centre de formation professionnelle et technique Sénégal/JAPON (CFPT) 17 194 211 2. Centre d'entreprenariat et de développement technique (CEDT"G15") 64 516 580 3. Centre national de formation de techniciens des pêches maritimes et de 2 11 13 l'aquaculture (CNFT/PMA) 4. Ecole des douanes 3 48 51 5. Ecole nationale de formation en économie familiale et sociale (ENFEFS) 4 13 17 6. Ecole nationale de formation hôtelière et touristique (ENFHT) 71 54 125 7. Ecole nationale de la statistique et de l'analyse économique (ENSAE 3 73 76 81 111 192 Sénégal) 8. Ecole nationale d'économie appliquée (ENEA) 9. Ecole nationale des travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS) 148 116 264 10. Ecole supérieure multinationale des télécommunications (ESMT) 242 470 712 11. Ecole nationale de développement social et sanitaire (ENDSS) 297 288 585 12. Ecole nationale de formation maritime 1 19 20 13. Ecole nationale d'administration (ENA) 57 297 354 990 2,210 3,200 Total Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009) L’examen de treize écoles montre qu’il existe des écoles à dominante masculine comme les écoles techniques et d’autres à dominante féminine. Les filles sont plus nombreuses dans les filières à caractère social telles que la santé, le travail social et le tourisme, mais elles sont moins bien représentées dans les filières techniques comme la statistique, la mécanique et la pêche. On constate aussi un écart croissant entre filles et garçons au fur et à mesure que l’on avance dans les cycles supérieurs, même si très peu de ces écoles nationales de formation professionnelle offrent des formations de troisième cycle. Graphique 3.12 Répartition des étudiants selon le sexe et la filière dans les écoles de formation professionnelle 2008 F 100 80 81,1 73,6 67,5 H 60 40 32,5 26,4 18,9 camarades du public. Quant au nombre d’étudiants par professeur, il est de 10 étudiants par professeur en moyenne dans le privé contre 41 à l’UCAD. Dans cette dernière, ce ratio peut s’élever à un enseignant pour 112 étudiants dans la seule faculté des lettres et des sciences humaines. que les garçons et d’obtenir un emploi, car c’est aussi le moment où elles se marient. Cependant, quel que soit le secteur, privé ou public, les filles sont moins bien représentées dans les filières scientifiques et dans les cycles supérieurs. Cette situation s’explique par les politiques éducatives qui ont ignoré pendant longtemps les spécificités des filles, de l’enseignement primaire à l’enseignement secondaire, et n’ont pas pris en compte leurs problèmes. L’université sénégalaise se révèle sexiste dans son fonctionnement en raison du modèle classique d’orientation. A cause de sa rigidité dans l’accès aux filières, elle offre moins de chances aux filles de poursuivre leurs études dans les cycles supérieurs. En fait, il n’existe pas de politique de prise en compte du genre. Par exemple, l’inscription au DEA n’est valable qu’une seule année et l’étudiante, mariée ou non, qui tombe enceinte, risque l’exclusion du programme si elle n’arrive pas à suivre convenablement ses cours ou à rédiger son mémoire dans les délais impartis6. 5.1.Un enseignement supérieur public peu sensible aux spécificités des filles et un secteur privé mal maîtrisé L’enseignement supérieur, dans le secteur public comme dans le secteur privé, comporte de nombreuses limites qui défavorisent les filles. Elles sont liées à la faiblesse des infrastructures d’accueil dans les universités publiques, au développement anarchique du secteur privé et à la faible capacité d’accueil des écoles nationales de formation professionnelle. Graphique 3.13 : Evolution des écoles privées d’enseignement supérieur 40 35 30 25 20 15 10 5 0 La faiblesse des infrastructures d’accueil dans le secteur public, plus défavorable aux filles L’inadéquation entre les structures universitaires et le nombre croissant d’étudiants, notamment à Dakar, n’est pas prête d’être résolue, vu la part importante des étudiants orientée à l’UCAD (86 % des effectifs des universités). Les conditions d’étude y sont de plus en plus difficiles, surtout pour les filles confrontées à des problèmes de logement. Ce sont les garçons qui contrôlent les amicales où se décide l’octroi des chambres et leur facilitent l’accès aux bourses d’études. Ainsi, ils résistent plus que les filles à l’échec en première année, parce qu’ils ont plus d’accès aux ressources. Quant aux filles, elles ont tendance à abandonner. ND 1er cycle 2e cycle 3e cycle Source : Enquête Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN-UCAD (2009) V DISCUSSION DES RESULTATS Les résultats de l’étude confirment l’hypothèse de départ d’une meilleure représentativité des filles dans les écoles privées et les filières de courte durée. Toutefois, elles ne sont majoritaires que dans le premier cycle. En effet, le secteur privé a des modalités d’entrée plus faciles pour les étudiants provenant des séries littéraires. Il offre des filières dans le secteur des services, ce qui favorise l’arrivée des femmes, contrairement à l’université dont la rigidité limite les choix de formation. En outre, les filles sont plus soucieuses de terminer rapidement leur formation 148 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 90-95. 96-00. 01-05. 06-08. Années Un développement mal maîtrisé du secteur privé préjudiciable aux filles Un type d’encadrement du secteur public moins performant que celui du privé et plus sexiste Le secteur privé connaît un développement croissant. Le décollage amorcé dans les années 1990 s’est accentué durant la dernière décennie. En effet, 10,8 % des écoles ont ouvert leurs portes entre 1990 et 1995 et 18,9 % entre 1996 et 2000. Depuis lors, le taux a considérablement augmenté, puisque 29,7 % des écoles de l’étude se sont installées entre 2001 et 2005 et 33,8 % ont été créées entre 2006 et 2008. Au niveau pédagogique, l’insuffisance de l’encadrement du public entraîne des échecs très importants. En effet, si on se réfère à l’étude de NIASSE (2009), les étudiants du secteur privé sont globalement mieux lotis que leurs Le secteur privé possède encore une bonne marge d’évolution. Si l’on se réfère à l’UNESCO qui a fixé à 2 % de la population totale d’un pays l’effectif minimum 20 0 79-82. 6 Le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop a pris conscience de cette situation grâce au plaidoyer du programme leadership FAWE Laboratoire Genre de l’IFAN et un processus de réaménagement des textes est en cours pour faire face à cette situation. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 149 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir de ses étudiants (UNESCO, 1998), le Sénégal, avec une population estimée en décembre 2007 à 11 343 328 millions d’habitants devrait compter en gros au minimum 226 867 étudiants, enseignements public et privé confondus, au lieu des 91 359 en 2007 selon les données de l’ANSD, soit un écart de 136 328 étudiants. S’il existe des écoles qui ont acquis une solide réputation, ce n’est pas le cas pour d’autres établissements dont les coûts varient entre 200 000 et 500 000 CFA par an, mais qui n’offrent aucune garantie à l’étudiant de terminer le cycle dans lequel il s’est inscrit. Les coûts de scolarité varient au premier cycle entre 200 000 et 1 750 000 CFA. Au deuxième cycle, ils vont de 300 000 à 1 825 000 CFA et au troisième cycle, de 600 000 à 4 150 000 CFA. Dans les bonnes écoles, le coût de la scolarité est en moyenne de 1 000 000 (un million) pour l’année. Ainsi à l’Institut supérieur de management, la scolarité revient à 950 000 CFA par an au premier cycle, 1 000 000 au second cycle et 5 000 000 au troisième cycle. Certains établissements disposent d’une deuxième année, mais n’ont pas d’élèves en première année. Ils le justifient par un faible taux d’inscription. En effet, faute de masse critique d’étudiants, il est difficile pour un établissement de faire face à ses charges, ce qui explique la fermeture de certaines écoles après un ou deux ans d’exercice. Les filles sont les plus nombreuses à se trouver dans les écoles les moins crédibles. Il existe des écoles qui n’ont fait aucun investissement et se contentent de louer des maisons dont ils peuvent être expulsés à tout moment, s’ils ne s’acquittent pas de leur loyer. Parfois, des publicités mensongères circulent, promettant aux étudiants des stages à l’étranger, et ce n’est qu’une fois les études entamées et après avoir dépensé beaucoup d’argent que l’étudiant se rend compte de la réalité. La seule condition requise pour ouvrir une école est la déclaration préalable. Même si la direction de l’éducation nationale affirme assurer le suivi pour garantir le respect des cahiers des charges, il y a lieu de s’interroger sur les modalités de contrôle. D’après Niass, certains établissements ne sont que des « moulins à diplômes », c'est-à-dire qu’ils distribuent des parchemins de complaisance à tour de bras. Lorsqu’ils ne disposent pas de suffisamment d’enseignants qualifiés, ces établissements ont recours à des 150 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 étudiants inscrits au Diplôme d’étude approfondie de l’UCAD qui n’ont pas les compétences requises pour dispenser un tel enseignement. En dépit des problèmes du secteur privé, les filles y sont mieux représentées, car ce secteur offre des filières qui renvoient au secteur tertiaire, notamment le commerce, les affaires et l’informatique et qui sont ouvertes aux filles, même celles provenant des séries littéraires. Malgré une plus grande ouverture à des métiers nouveaux, l’offre du secteur privé est peu diversifiée en raison de la concentration dans les métiers de gestion, du management et du commerce. Les formations offertes ne sont pas toujours en adéquation avec les besoins des secteurs réels de l’économie c’est-à-dire l’agriculture, la pêche et la transformation des produits locaux. Même s’il existe une forte demande des étudiants pour les filières de gestion et management, cela ne veut pas dire qu’il existe un marché pour les absorber, à l’exception de ceux qui sortent de grandes écoles reconnues pour la qualité de leur formation. En fait, de nombreuses écoles qui se lancent dans la formation professionnelle ne produisent en général que des chômeurs. En outre, les coûts de formation des écoles qualifiées, en moyenne de 1 000 000 CFA par an, ne sont pas à la portée de tous les étudiants, surtout des filles qui ne sont pas issues de familles aisées. L’Etat donne des subventions aux établissements privés et des bourses à ses étudiants. L’enquête révèle qu’en fait 55 % des institutions privées accueillent des étudiants subventionnés par l’Etat. Néanmoins, il s’agit des formations dont le coût est faible. Quant aux diplômes, certains établissements privés font cosigner leurs diplômes par la direction de l'enseignement supérieur, le décret d'application de la Loi 94-82 pour la reconnaissance des diplômes n'étant pas encore publié. Les établissements d’enseignement professionnel et technique font passer les examens d'Etat à leurs étudiants pour leur donner de la crédibilité, mais d’après un enseignant dans le secteur, cette recherche de crédibilité génère des pratiques de corruption qui entachent la valeur de ces diplômes. Tout cela nous montre que le marché de l’enseignement privé est porteur, mais qu’il convient d’être vigilant face aux dérives. Les écoles nationales de formation professionnelle Certains établissements mettent en place une cellule de suivi et d’autres un département chargé du placement de leurs étudiants. Toutefois, à partir du moment où elles offrent pratiquement les mêmes formations, on assiste à une saturation rapide dans certaines branches comme le marketing. Or, ce sont dans ces filières que l’on trouve le plus de filles. Les écoles nationales de formation professionnelle ont pris leur essor dans les années 1970 pour former les cadres de l’administration, mais les programmes d’ajustement structurel ont mis fin au recrutement automatique par l’Etat. Toutefois, elles continuent à avoir une crédibilité et offrent des compétences que leurs étudiants peuvent monnayer sur le marché, même si l’Etat, principal employeur, a du mal à les absorber. Pour les écoles interrogées qui accueillent surtout des professionnels, le problème d’insertion ne se pose pas. De manière générale, les responsables déclarent avoir des taux importants d’insertion dans le marché de travail, mais cela reste à vérifier, car beaucoup d’étudiants affirment n’obtenir que des stages et pas des emplois de longue durée. Depuis 2000, on constate l’arrivée de nouvelles écoles professionnelles qui sont plus en phase avec les exigences du marché du travail, mais les filles y sont faiblement représentées. Elles ne sont que 8 % au Centre de formation professionnelle et technique Sénégal/Japon et 11 % au Centre d'entreprenariat et de développement technique. Les écoles de formation professionnelle ont des coûts moyens annuels d’environ 50 000 CFA, ce qui n’est pas très élevé, mais leur capacité d’accueil est faible. Elles n’admettent que 4,5 % des bacheliers. En outre, ces écoles commencent à offrir des cours du soir. Certaines filles sorties des écoles enquêtées ont déclaré avoir ouvert leur propre affaire : ateliers de couture, de coiffure, etc. L’une d’elles qui gère un salon de coiffure affirme être mieux armée pour gérer sa petite entreprise, mais avoue qu’en optant pour cette formation, elle pensait uniquement à s’insérer dans le marché du travail. 5.2.Formation, marché du travail et dimension genre 5.3.Conclusions et recommandations Il est important de s’interroger sur le lien entre les formations dispensées et le marché du travail, mais aussi d’examiner comment les femmes s’en sortent dans les filières qu’elles choisissent en général. Au Sénégal, il y a une quasi-stagnation de l’emploi dans le secteur formel. Le secteur public recrute surtout dans l’éducation et la santé. L’emploi est davantage porté par la demande du secteur primaire (agriculture, élevage et forêt) et par l’informel, mais les écoles de formation n’offrent pas de programmes en direction de ces secteurs. Cette étude descriptive avait principalement pour but de faire un état des lieux de l’enseignement supérieur pour voir comment les filles et les garçons y sont représentés, afin d’identifier les disparités de genre qui mériteraient d’être prises en compte par les autorités en vue d’améliorer les politiques publiques d’éducation dans l’enseignement supérieur. Il s’agissait aussi d’interroger l’offre de formation par rapport au marché du travail. Au terme de cette étude, l’hypothèse d’une arrivée marquée des filles dans l’enseignement supérieur se confirme. Face au déficit d’infrastructure du secteur public, le privé s’avère plus disposé à les accueillir et leur offrir de meilleures conditions d’épanouissement. Toutefois, ce secteur a son lot de problèmes. Les questions identifiées tant pour le secteur public que pour le secteur privé méritent une plus grande attention des autorités. Les établissements publics ne se préoccupent pas de l’insertion de leurs diplômés. Quant aux écoles de formation privée, les stratégies d’insertion sont diversifiées. Elles intègrent le développement personnel, la préparation au recrutement et l’aide à la recherche de stages et à l'emploi. Certaines écoles appuient leurs étudiants à développer des projets et à rechercher des financements pour créer leur propre entreprise. Elles créent des réseaux relationnels avec des entreprises et des ONG, afin de favoriser la familiarisation des étudiants avec le milieu professionnel à travers des rencontres et des stages. • Dans le public comme dans le privé, la faible présence des filles dans les filières scientifiques et techniques est encore notoire, alors que ce Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 151 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e D isparités de g enre dans l ’ ensei g nement supérieur au S éné g al : D éfis et perspectives d ’ avenir sont elles qui mènent aux qualifications les plus porteuses pour le marché du travail. Ces disparités relèvent des lacunes de la politique globale d’éducation depuis le primaire, voire le préscolaire. • • L’université constitue encore le premier espace d’accueil des bacheliers et il est important que l’Etat et les diverses institutions contribuent à l’amélioration des conditions de vie des filles sur les campus universitaires et leur maintien à tous les niveaux d’enseignement. A cet égard, la mise en place d’une législation tenant compte de leurs spécificités est indispensable. Les universités publiques, même si elles commencent à diversifier leurs filières, devraient s’inspirer de la flexibilité du privé qui offre plus de facilités aux femmes qui travaillent et sont mariées pour suivre des cours en dehors des heures habituelles. Il est vrai que les institutions universitaires commencent à offrir des services aux bacheliers pour faire face à la concurrence du privé, mais cela reste très limité. • La concentration des filles dans les filières de la gestion et du marketing du secteur privé risque la saturation et d’entraîner un sous-emploi des sortantes. En effet, la plupart des écoles offrent les mêmes profils de formation et c’est dans ces filières que l’on trouve le plus de filles. • Le contrôle par l’Etat de la qualité de l’enseignement dans les établissements privés est nécessaire, car les coûts sont relativement élevés. Il serait dès lors désastreux d’investir dans une formation qui n’ouvrira aucune perspective. • Les nouvelles offres de formation du secteur privé, notamment dans le domaine des technologies, peuvent constituer une niche pour les jeunes filles, mais elles doivent être davantage soutenues afin de lever des barrières d’entrée liées aux coûts. • Les écoles de formation professionnelle conçues au départ pour la fonction publique, malgré la qualité de l’enseignement, n’arrivent pas à s’adapter à leur nouvel environnement. Il y a lieu d’être attentif aux nouvelles filières qui se mettent en place afin de faire plus de place aux filles. • Cette étude soulève les questions suivantes qui méritent d’être examinées : • Le plus petit investissement effectué par les parents en faveur de leurs filles observé dans le primaire et le secondaire semble s’inverser dans l’enseignement supérieur. Tout laisse croire qu’à partir du moment où les filles témoignent de leur capacité à poursuivre des études, leurs familles ne sont plus disposées à miser sur elles, même si elles ont tendance à s’orienter vers des filières de courte durée. • • Même si les filles accèdent difficilement aux cycles supérieurs, une fois le pas franchi, elles se maintiennent de manière significative. Dans le secteur public, la présence des filles s’avère importante dans le troisième cycle, dans les filières de l’enseignement et de la santé où elles sont majoritaires, tandis que dans le secteur privé, elles sont de plus en plus nombreuses dans de nouvelles filières comme la gestion, les TIC et l’ingénierie. Ces mutations méritent d’être l’objet d’une étude approfondie. REFERENCES 1. ANSD (2007), Rapport national sur la situation de l’éducation, direction de la Planification et de la Réforme de l’éducation (DPRE), Dakar. 2. Banque mondiale (2007), Sénégal à la Recherche de l’Emploi - Le Chemin vers la Prospérité Mémorandum Economique sur le Pays, Rapport n° 40344-SN, PREM 4, Région Afrique. 3. DPRE et ANSD (2007), Situation économique et sociale du Sénégal. 4. GUEYE Mamadou, MANE Daouda, SANE Idrissa et NDIAYE Papa Méthiour (2009), « Rentrée académique 2009, quelles filières, pour quels diplômes ? », Quotidien le Soleil, 20 octobre 2009. Dakar. 5. GUEYE Nogaye (2008), La scolarisation des filles dans la ville de Thiès: les difficultés de poursuites scolaire, mémoire de maîtrise, département de Sociologie, faculté de lettres et des sciences humaines, Université Cheikh Anta Diop de Dakar. 6. NIASSE Babacar (2009), L’enseignement supérieur à l’heure de la mondialisation : état des lieux, stratégies et qualité dans les établissements privés d’enseignement supérieur au Sénégal, mémoire de maîtrise, FASTEF-UCAD, Dakar. 7. ROCARE (2007), La libéralisation du sous-secteur de l’enseignement supérieur au Sénégal : obstacles, atouts, tendances, Dakar. 8. ROCARE (2007), Disparités de genre dans l’enseignement supérieur au Togo : causes et approches de solutions, rapport d’étude, version provisoire. 9. UNESCO (1998), Enseignement supérieur en Afrique : réalisations, défis et perspectives, Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur : l'enseignement supérieur au XXIe siècle, Paris. 10. UNESCO-BREDA (2008), Réformes de l’enseignement supérieur en Afrique : éléments de cadrage, Dakar. A défaut d’une analyse de la qualité de l’enseignement dans le secteur privé, une étude plus systématique mérite d’être entreprise qui consisterait à observer l’insertion des diplômés sur le marché du travail en sélectionnant quelques écoles. En effet, comme le souligne Hindriks, le marché est le meilleur juge de la pertinence et de la qualité des formations7 (NIASS, 2009). L’indicateur le plus utilisé pour la pertinence des programmes est le taux d’emploi après 6 mois (HINDRIKS (2003), 5-6. Un diplôme n’a pas de valeur intrinsèque: elle est fixée par le marché du travail. 7 152 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 153 R e n f o r c er la re c h er c h e s u r le g e n re e n A fr i q u e Conclusions et recommandations de politiques et de pratiques Les filles à l’école primaire en Afrique sont confrontées à des défis qui les empêchent d’acquérir les compétences en lecture et calcul dont elles ont besoin pour un enseignement primaire valide. La faiblesse de leurs bases les poursuivent dans l’enseignement secondaire ou nombre d’entre elles se débattent en particulier avec les sciences et les mathématiques, ce qui diminue ainsi leurs chances de continuer ces matières au niveau postsecondaire et de parvenir à entreprendre des carrières dans des domaines scientifiques et technologiques. Les filles qui ont achevé avec succès le cycle secondaire ne vont pas toutes dans l’enseignement supérieur. Celles qui le font rencontrent des difficultés liées à leurs performances académiques, à l’achèvement ainsi qu’à des problèmes sociaux liés au biais sur le genre, au harcèlement et même à la violence. Une fois que ces jeunes femmes ont terminé leurs études, elles rencontrent une autre série de défis sur le marché du travail. Bien que la lecture du paragraphe ci-dessus ne soit pas gaie, la recherche rassemblée dans ce volume a identifié des résultats positifs en matière d’éducation des filles et des femmes ces dernières années et a proposé un certain nombre de recommandations en matière de politiques et de pratiques éducatives qui peuvent s’ajouter aux tendances encourageantes si des efforts concertés sont faits pour les adopter. Enseignement primaire – améliorer les résultats scolaires des filles Les résultats d’apprentissage des filles peuvent être améliorés par la mise en œuvre de politiques garantissant la parité entre les genres, non seulement dans le recrutement des enseignants et des directeurs d’établissement, mais aussi dans les rôles qui leur sont attribués aux différents niveaux du système éducatif. A l’extérieur de l’unité familiale, le premier modèle que les enfants rencontrent et qui les influence est l’enseignant. Il est par conséquent crucial d’établir un équilibre entre les enseignants féminins et masculins tout au long de l’enseignement primaire. Les directrices ont tendance à influer sur l’équilibre entre les genres dans le corps enseignant en encourageant les enseignantes à enseigner à des niveaux plus élevés où elles sont 154 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 actuellement sous-représentées. Les ministères de l’Education doivent aussi être encouragés à accroître le nombre de femmes enseignant dans les zones rurales, afin que les filles des zones rurales puissent bénéficier des mêmes conditions et opportunités que celles des zones urbaines. À l’heure actuelle, on trouve une proportion plus importante d’enseignantes qualifiées dans les écoles urbaines. Les attitudes et les pratiques des enseignants contribuent à créer ou à corriger les inégalités entre les genres dans les écoles. Les enseignants ont tendance à influencer les résultats scolaires des élèves en jugeant les capacités des enfants sur la base de stéréotypes de genre et en leur confiant des tâches qui reflètent implicitement les rôles que la société attribue aux hommes et aux femmes. Les programmes de formation des enseignants doivent intégrer les questions de genre et sensibiliser à la question de la création des inégalités à l’école afin de rendre les pratiques pédagogiques plus adaptées au genre. Le modèle pédagogique adapté au genre de FAWE peut devenir une composante précieuse de la formation initiale et continue des enseignants. Cependant, en ce qui concerne à la fois la relocation des enseignants en zones rurales et les interventions de développement professionnel pour tous les enseignants, il faut accorder une attention particulière aux conditions de micro-apprentissage au niveau de l’école susceptibles d’avoir un impact direct sur les performances des filles. Les situations difficiles, comme les écoles qui manquent de ressources, la taille importante des classes et le manque de soutien des enseignants, peuvent rendre impossible à des enseignants compétents d’avoir un impact. Ignorer les contextes dans lesquels les enseignants travaillent et le contexte social plus large d’éducation des filles risque de ralentir le rythme des progrès. Une autre approche pour améliorer les résultats d’apprentissage des filles recommandée par les études est de renforcer les programmes d’alphabétisation, en particulier des mères, et d’encourager la création d’association de mères. Plus les parents sont alphabétisés, plus grandes sont les chances de leurs enfants d’aller à l’école et de réussir leurs études. Pour les filles en particulier, les mères alphabétisées jouent un rôle important pour contribuer à leur réussite académique. des tutoriels ainsi qu’un temps de consultation pour aider les étudiantes à améliorer leur compréhension des concepts clés, à les tester au travers d’applications pratiques et à améliorer leur confiance en elles, leur indépendance et leurs performances académiques. Enseignement secondaire – créer un environnement propice à l’apprentissage pour les filles en sciences, en mathématiques et en technologie Enseignement supérieur – promouvoir l’équité et soutenir la réussite académique des femmes Les politiques de discrimination positive ont créé des opportunités pour permettre à davantage de femmes d’accéder à l’enseignement supérieur, cependant ces femmes ne reçoivent pas toujours le soutien dont elles ont besoin pour réaliser de solides performances académiques. La mise en œuvre réussie des politiques de discrimination positive pourrait inclure des stratégies pour garantir la réussite académique de ces étudiantes, notamment la formation à la méthodologie, les services tutoriels et le conseil. Les performances des filles en sciences, en mathématiques et en technologie peuvent être renforcées si des politiques de genre axées sur l’établissement de l’égalité dans ces matières sont institutionnalisées au sein des structures d’apprentissage tant au niveau de l’enseignement secondaire que de l’enseignement supérieur. Bien trop souvent, ni le personnel, ni les étudiants ne connaissent les politiques de genre ou les stratégies d’intégration du genre existant au sein de leur établissement. Les politiques de genre adoptées par les autorités éducatives doivent être effectivement mises en œuvre par les universités, les établissements d’enseignement supérieur et les autres centres d’apprentissage si l’on veut que l’égalité entre les genres dans l’enseignement supérieur devienne une réalité. Les mesures visant à sensibiliser les décideurs, les personnels enseignants et administratifs et les autres parties prenantes clés de l’enseignement supérieur et à renforcer leurs capacités à intégrer les politiques de genre sont essentielles. Elles pourraient inclure des campagnes de plaidoyer sur les politiques de genre et des études basées sur des données désagrégées par sexe qui souligneront les tendances éducatives à partir de la perspective du genre. Les campagnes de sensibilisation sur les questions relatives au genre dans l’enseignement supérieur doivent également cibler les étudiants et leurs parents. Il est crucial de renforcer les capacités des enseignants du primaire à comprendre et à enseigner les sciences et les mathématiques au niveau de leur formation initiale pour améliorer les performances au niveau de l’enseignement post-primaire. Le désavantage des filles en mathématiques s’aggrave tout au long du cycle primaire et de faibles bases en sciences et en mathématiques affectent au final leurs performances dans ces matières au niveau de l’enseignement secondaire. De plus, afin d’améliorer la méthodologie d’enseignement et les résultats d’apprentissage dans les écoles secondaires, le corps enseignant ne doit pas seulement être formé dans la matière concernée, mais aussi en pédagogie. Les curricula doivent aussi être adaptés aux contextes dans lesquels les élèves vivent et apprennent. Nouer des partenariats entre les écoles secondaires et les universités est un moyen précieux de renforcer les bases des étudiants en sciences, en mathématiques et en technologie et de corriger les attitudes négatives. Les écoles secondaires peuvent aider à stimuler la participation des étudiantes au niveau de l’enseignement supérieur en identifiant celles capables de bien réussir et en offrant des encouragements, comme des prix, à celles qui réussissent bien. Les établissements d’apprentissage doivent aussi offrir des programmes connexes, des cours de remise à niveau et Une politique clairement définie sur le harcèlement sexuel doit aussi être institutionnalisée dans les centres d’enseignement supérieur et appliquée avec rigueur. La violence et le harcèlement sexuel sont de graves défis à la participation des étudiantes aux activités académiques, extra-curriculaires et sociales. De plus, les politiques éducatives doivent faciliter la réadmission des femmes qui ont eu des enfants dans leur cycle d’études. Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 155 C onclusions et recommandations de politi q ues et de prati q ues Les services de soutien aux étudiantes sont essentiels au sein des établissements d’apprentissage, y compris pour les femmes qui se déplacent des zones rurales aux zones urbaines pour poursuivre leurs études. Les bureaux Genre, les clubs de femmes, les garderies pour les étudiantes qui ont de jeunes enfants, les services de santé sexuelle et reproductive et de droits, le conseil et l’orientation professionnelle peuvent tous contribuer à construire un environnement d’apprentissage plus sûr et plus propice aux étudiantes. Les services auprès desquels les étudiantes peuvent rapporter les cas de violence, d’abus sexuels, de harcèlement et les autres questions qui les préoccupent sont tout 156 Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010 aussi importants. De plus, les infrastructures et les équipements incluant l’hébergement et les installations sanitaires doivent être sensibles au genre et offrir des conditions de vie sûres et saines pour les femmes sur les campus. Les recommandations formulées ci-dessus forment la base du dialogue et de l’engagement à tous les niveaux des systèmes éducatifs d’Afrique subsaharienne. On espère que des actions de plaidoyer nourries basées sur ces recommandations influeront sur les parties prenantes de l’éducation pour agir de manière plus sensible au genre sur le continent.