la fonte des glaces une question brûlante

Transcription

la fonte des glaces une question brûlante
NOTRE PLANETE
Revue du Programme des Nations Unies pour l’environnement - Mai 2007
LA FONTE DES GLACES
UNE QUESTION BRÛLANTE
Le changement climatique et la cryosphère
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
NOTRE
PLANETE
Notre Planète, la revue du Programme des
Nations Unies pour l‘environnement (PNUE)
PO Box 30552
Nairobi (Kenya)
Tél: (254 20)7621 234
Fax: (254 20)7623 927
Mél: [email protected]
Les numéros de Notre Planéte peuvent être
consultés sur le site du PNUE
www.unep.org/ourplanet
ISSN 101 - 7394
Directeur de Publication: Eric Falt
Rédacteur: Geoffrey Lean
Coordinateurs: Naomi Poulton, David Simpson
Collaborateur Spécial: Nick Nuttall
Responsable Marketing: Manyahleshal Kebede
Graphisme: Amina Darani
Production: Division de la communication et de
l‘information du PNUE
Impression: Naturaprint
Distribution: SMI Books
Les articles figurant dans cette revue ne reflètent
pas nécessairement les opinions ou les politiques
du PNUE ou des rédacteurs; ils ne constituent
pas non plus un compte rendu officiel. Les
appellations employées dans la présente
publication et la présentation des données qui y
figurent n‘impliquent de la part du PNUE aucune
prise de position quant au statut juridique des
pays, territoires, ou zones ou de leurs autorités, ni
quant au tracé de leurs frontiéres ou limites.
Helen Bjørnøy, Ministre de
l’environnement de Norvège...
une planète différente - page 7
Roberto Dobles, Ministre de l’environnement
et de l’énergie du Costa Rica et Président du
Conseil d’administration du PNUE et du Forum
ministériel mondial pour l’environnement...
programme d’action - page 9
Yvo de Boer, Secrétaire
exécutif de la
Convention-cadre des
Nations Unies sur les
changements climatiques...
Sheila Watt-Cloutier, PNUE
Champion de la Terre 2005
pour l’Amérique du Nord et
Présidente internationale de la
Conférence circumpolaire des
Inuits 2002–2006...
Qin Dahe, Coprésident, Groupe
de travail 1 du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution
du climat et, jusqu’en avril 2007,
Directeur de l’Administration
météorologique chinoise...
neige, glace et vie - page 18
et aussi
Basanta Shrestha, Chef de la
Division du système d’Informations
sur les ressources naturelles et les
montagnes du Centre international
de mise en valeur intégrée des
montagnes...
réflexions
people
verbatim et chiffres
livres
prix et événements
www
produits
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
...décrit de nouvelles solutions
à un problème qui prend
de l’importance et explique
comment son pays se propose
d’arriver à une production de
carbone zéro.
...demande aux dirigeants politiques de relancer les
négociations internationales — et de préserver les
glaciers du monde.
nouvelle dynamique - page 12
...estime que les effets des changements
climatiques sur l’Arctique et ses populations
devraient être considérés comme une
question de droits humains.
une question de
droits humains - page 14
...examine le défi auquel est confrontée la
nation à l’évolution la plus rapide
du monde.
chine : changements
climatiques et développement
- page 16
Susana Bischoff, Graciela Canziani et
Patricia Centurión, expliquent quelle est
l’importance de l’eau des glaciers et de la fonte
des neiges en Amérique latine et suggèrent
comment s’adapter à sa disparition.
* Dollars ($) s‘entend des dollars des Etats-Unis.
page 3
page 4
page 8
page 9
page 24
page 25
page 26
...lance un appel pour que les hommes
politiques, les entreprises et le grand
public se mobilisent pour lutter contre les
changements climatiques.
Linda Fisher, Vice-Présidente et
Responsable des questions de viabilité
chez Dupont...Responsable des
questions de durabilité chez Dupont...
...décrit la régression rapide des glaciers de
l’Himalaya et demande que des mesures
soient prises d’urgence pour faire face aux
dangers qui en découlent.
tsunamis de montagne - page 20
...plaide en faveur d’une approche
coordonnée au niveau mondial pour
réduire les émissions de gaz à effet
de serre.
l’action, ça marche - page 22
Peter Garrett, rock star,
promoteur de campagnes
et politicien...
...décrit les changements climatiques comme
“une occasion qui se présente une seule fois
dans une génération”.
bande sonore verte - page 27
réflexions
par Achim Steiner, Secrétaire
général adjoint des Nations Unies et
Directeur exécutif du Programme des
Nations Unies pour l’environnement
Le monde s’apprête peut-être à dire « merci et bonne nuit » à l’ampoule
électrique à incandescence, près de 130 ans après son invention par Thomas
Edison. L’Australie a annoncé son interdiction; Cuba, le Venezuela et l’Union
européenne figurent parmi les pays engagés dans la même direction. Cette
disparition mérite d’être célébrée car les milliards d’ampoules à travers le
monde — peu efficaces puisque 5 % seulement de l’énergie consommée est
transformée en lumière — entraînent des émissions massives de dioxyde
de carbone.
Certes, pour lutter contre le changement climatique il faut que les
gouvernements adoptent des réglementations fixant des objectifs de
réduction des émissions et encouragent des formes plus durables de
production et de consommation énergétiques. Mais une partie de la solution
se trouve également au coin de la rue, dans la boutique ou au supermarché
le plus proche, pas seulement dans les salles de conférences internationales.
Ce message — le pouvoir d’action appartient aussi bien aux consommateurs
qu’aux ministres et chefs d’Etat — est mis en avant par la Journée mondiale
de l’environnement, lancée cette année par le Gouvernement norvégien dans
la ville arctique de Tromsø.
L’élimination des lampes gaspilleuses d’énergie n’est que l’une des
nombreuses actions possibles. Par exemple, un rapport publié par l’Initiative
Construction durable du PNUE montre que même selon certaines estimations
prudentes, les émissions de CO2 des bâtiments à travers le monde pourraient
être réduites de 1,8 milliard de tonnes par an moyennant une combinaison
judicieuse de règlements gouvernementaux, une plus large utilisation des
technologies économes en énergie et des changements de comportement.
Une politique d’efficience énergétique plus vigoureuse pourrait entraîner une
diminution de plus de 2 milliards de tonnes — près de trois fois la réduction
totale prévue par le Protocole de Kyoto.
Comme le montrent clairement les derniers rapports du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le changement
climatique représente un énorme défi social, environnemental et économique.
Les régions polaires — auxquelles la Journée mondiale de l’environnement
2007 portera une grande attention — y sont particulièrement vunérables.
Dans l’Arctique, la fonte généralisée des glaces, les dégâts causés aux
bâtiments et infrastructures par les affaissements de terrain suite au dégel
de leur permafrost, l’érosion côtière et la perte des moyens de subsistance
traditionnels risquent fort de s’amplifier si l’on ne réduit pas de manière
décisive les émissions de gaz à effet de serre.
L’aspect positif est que le combat contre le changement climatique donne
également aux pays développés une bonne occasion de tenir les nombreuses
promesses qu’ils ont faites aux pays en développement en matière de
financement et de développement et offre de nouvelles parades possibles
Le PNUE encourage
les pratiques respectueuses de
l’environnement au niveau mondial et dans
ses propres activités. Cette revue est imprimée
sur du papier 100 % recyclé, en utilisant des encres
d’origine végétale et d’autres pratiques respectueuses
de l’environnement. Notre politique de distribution a
pour objectif de réduire l’empreinte carbone du PNUE.
aux problèmes environnementaux de grande ampleur comme la pollution
de l’air ou la déforestation. En effet, si nous voulons éviter une modification
dangereuse du climat et assurer la stabilité de l’Antarctique et de l’Arctique,
sans parler du reste du monde, il nous faut rassembler nos réflexions et
envisager toutes les solutions — de l’économie d’énergie au développement
d’approvisionnements en énergie plus efficaces et moins polluants en passant
par une gestion plus durable des terres et de la végétation.
Nous avons absolument besoin d’un régime mondial capable de produire,
à l’expiration du Protocole de Kyoto en 2012, une stratégie de réduction
des émissions à la fois juste, équitable et efficace. Les pays industrialisés
doivent être les premiers à agir et se montrer les plus audacieux. On peut se
féliciter que l’Union européenne se soit fixé comme objectif de réduire ses
émissions de gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2020. Il est temps que d’autres
relèvent le gant.
Le reste du monde industrialisé ne peut plus justifier son inaction en invoquant
un simple mythe : la réticence des pays émergents à contribuer aux efforts
de réduction des rejets de CO2. Le Brésil, par exemple, devrait réduire ses
émissions de gaz à effet de serre de 14 % d’ici 2020; si une aide lui est fournie,
cette diminution pourrait atteindre près de 30 %. Le scénario est identique
en Chine et dans certains secteurs de l’économie indienne, notamment celui
du transport.
A plus long terme, il faudra atteindre des réductions de 60 à 80 % pour
pouvoir stabiliser complètement l’atmosphère. Des nouvelles technologies
seront nécessaires : la mise en place d’un régime post-Kyoto vigoureux sera
sans aucun doute source d’inventions. Mais on peut déjà faire beaucoup
pour sauver les calottes glacières des pôles, et le reste de la planète, avec
quelques euros ou dollars, en utilisant des technologies déjà disponibles dans
le commerce.
L’Agence internationale de l’énergie estime qu’un passage total aux ampoules
fluorescentes compactes à l’échelle mondiale permettrait de réaliser des
économies de C02 de l’ordre de 470 millions de tonnes en 2010 — plus de la
moitié des réductions prévues par le Protocole de Kyoto. L’heure est venue de
confiner l’ampoule à incandescence aux livres d’histoire. Nous pourrons alors
peut-être commencer à reléguer à ces mêmes pages la dramatique fonte
des glaces polaires et les changements climatiques menaçants.
Photo de couverture © John Wilkes Studio/Corbis. La fonte des glaces est le sujet brûlant du présent numéro de Notre Planète. Le thème de la
Journée mondiale de l’environnement pour 2007 souligne l’importance des environnements froids du monde, depuis les pôles glaciaires jusqu’aux
sommets tropicaux enneigés d’Afrique et d’Amérique du Sud en passant par les glaciers himalayens situés sur le toit du monde qui, par leur fonte,
alimentent en eau une région où vit près de la moitié de la population mondiale. La fonte des neiges et des glaces de ces lieux d’importance vitale
fait aussi disparaître tout espoir d’échapper aux conséquences désastreuses de changements climatiques impossibles à maîtriser.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
people
OKOMBI SALISSA a été nommé Ministre
du tourisme et de l’environnement de la
République du Congo, ce qui en fait également
le nouveau Président de la Conférence
ministérielle africaine sur l’environnement
(CMAE). En qualité de président de cette
Conférence, il dirigera le processus de mise
en oeuvre du plan d’action concernant
l’initiative en faveur de l’environnement du
Nouveau partenariat pour le développement
de l’Afrique (NEPAD).
Présidente de la Commission mondiale de
l’environnement et du développement; elle
est connue surtout pour avoir développé
l’idée politique générale de développement
durable et pour avoir publié, il y a deux
décennies, le rapport mémorable intitulé «
Notre avenir à tous ». Le Président RICARDO
© Hubert Boesl/dpa/Corbis
OPRAH WINFREY, peut-être la célébrité
la plus influente d’Amérique, a organisé
son propre spectacle écolo en l’honneur
de la Journée de la Terre, le 22 avril, en
donnant des conseils sur la façon dont
les familles des simples citoyens peuvent
United Nations Secretary-General BAN
Le Secrétaire général des Nations Unies,
BAN KI-MOON, qui a fait de cette question
l’une de ses priorités principales, a nommé
trois Représentants spéciaux pour les
changements climatiques. Tous trois sont
des personnalités éminentes dans les affaires
internationales concernant l’environnement.
L’ex-Premier Ministre de Norvège, GRO
HARLEM BRUNDTLAND, est l’ancienne
JUANITA CASTAÑO a pris le poste de
Chef du Bureau du PNUE à New York.
Mme Castaño apporte au PNUE sa grande
compétence dans le domaine des relations
internationales car elle a été Ministre
plénipotentiaire et extraordinaire de la
Mission permanente de Colombie auprès
des Nations Unies de 1989 à 1993. Parmi
ses nombreuses responsabilités de l’époque,
elle avait été chef du Groupe des 77 pendant
les négociations sur la restructuration du
Fonds pour l’environnement mondial.
Mme Castaño a occupé ensuite plusieurs
fonctions
importantes
aux
niveaux
régional et national, notamment celle de
Vice-Ministre des affaires étrangères en
2001. En 2004, Mme Castaño a été nommée
membre du Conseil consultatif du Secrétaire
général des Nations Unies pour l’eau et
l’assainissement.
Pendant plus de 50 ans, SWAMI
SUNDARANAND, un saint homme de 79
HALIFA DRAMMEH a été nommé Conseiller
spécial du PNUE pour les affaires africaines
au Cabinet du Directeur exécutif afin de
renforcer la présence du PNUE en Afrique et
de la rendre plus efficace. Le PNUE aidera à
stimuler encore les processus panafricains
pertinents tels que l’Union africaine et sa
commission, la Conférence ministérielle
africaine sur l’environnement (CMAE) et le
Conseil des Ministres africains pour l’eau,
afin de promouvoir la coopération régionale
dans le domaine de l’environnement,
notamment le Nouveau partenariat pour
le développement de l’Afrique (NEPAD).
M. Drammeh a occupé plusieurs postes
importants au PNUE au cours des années,
notamment ceux de Directeur du Groupe
sur la gestion de l’environnement et de
Directeur adjoint (Division de l’élaboration
des politiques et du droit). Avant d’entrer au
service de l’Organisation des Nations Unies,
il était cadre supérieur du Ministère des
ressources naturelles du Gouvernement de
la Gambie.
Représenté par MARGARET BECKETT,
Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères,
le Royaume-Uni qui, en avril, a pris la
présidence du Conseil de sécurité composé
réduire leur empreinte sur l’environnement
et commencer à faire changer les choses
dans le monde. Oprah a organisé un débat
sur le réchauffement global avec Leonardo
DiCaprio, acteur et meneur de campagne
en faveur de l’environnement, et Michael
Oppenheimer,
autorité
mondialement
connue en matière de changements
climatiques. Au cours de ce débat, ils
ont abordé différents problèmes tels que
les conséquences de la dépendance des
combustibles fossiles, la contribution des
décharges à la production de gaz à effet de
serre et la nécessité de mesures politiques
fortes. Ils ont également visité « le modèle
dernier cri de maison familiale verte ».
Cette question occupe une place de choix
sur le site web d’Oprah, notamment avec
un article intitulé « Réchauffement de la
planète 101 » qui donne un aperçu général
très clair des changements climatiques et
de ce que chacun peut faire pour éviter
qu’ils deviennent impossibles à maîtriser.
LAGOS ESCOBAR du Chili a créé la Fondation
pour la démocratie et le développement,
tandis que HAN SEUNG-SOO, ancien
Président de l’Assemblée générale, est
actuellement à la tête du Forum coréen de
l’eau qui s’occupe de la gestion durable des
ressources en eau en Asie.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
ans, le « Sadhu qui fait clic », a pris plus de
100 000 photos du glacier de Gangotri en
voie de régression dans la chaîne indienne
de l’Himalaya. Il parcourt maintenant l’Inde
pour sensibiliser les populations au risque
de disparition rapide du Gangotri. « En 1949,
lorsque j’ai vu le glacier pour la première fois,
j’ai eu l’impression que j’étais lavé de tous
mes péchés et que je renaissais véritablement
», dit le swami. « Mais maintenant, il est
impossible de faire la même expérience ». Le
Gangotri recule de plus de 30 mètres par an.
Les glaciers himalayens reculent peut-être
plus rapidement que dans toute autre partie
du monde, compromettant ainsi la sécurité
hydrique future de près de la moitié de la
population mondiale.
de 15 nations, a lancé le premier débat que
le Conseil ait jamais eu sur l’influence des
changements climatiques sur la sécurité.
Cette réunion d’une journée avait pour
objectif d’examiner la relation entre énergie,
sécurité et climat; plus de 50 délégations
représentant les Etats insulaires menacés
et les pays industrialisés responsables des
émissions de gaz à effet de serre, ont pris
part au débat.
un grand
défi
Message du roi de Norvège
Sa Majesté Harald V
La Norvège est extrêmement honorée d’avoir été choisie par le Programme
des Nations Unies pour l’environnement pour accueillir les célébrations
internationales de la Journée mondiale de l’environnement 2007. Cet
événement annuel est une reconnaissance importante de l’interdépendance
actuelle du monde et de la responsabilité que nous partageons tous d’assurer
le bien-être de l’humanité, aujourd’hui et demain.
En tant que nation polaire, la Norvège espère que le thème officiel de la
Journée mondiale de l’environnement 2007 — La fonte des glaces : une
question brûlante? — inspirera de multiples activités et événements dans le
monde. Le réchauffement planétaire dû à l’homme, dont la fonte des glaces
est une illustration, est l’un des problèmes les plus graves auquel le monde
doit aujourd’hui faire face.
à leurs effets. Le changement climatique se traduira différemment selon les
populations. Il pourra signifier la famine pour le paysan africain confronté à la
sécheresse. Ou la nécessité d’immigrer pour l’insulaire confronté à l’élévation
du niveau de la mer et aux tempêtes répétées. Ou encore la perte de la culture
et des modes de vie traditionnels pour les peuples autochtones, notamment
dans la région arctique où les produits chimiques toxiques en provenance
d’autres régions sont une menace de plus pour la vie et la santé.
La calotte glaciaire arctique diminue rapidement. La science nous met en
garde : la fonte des glaciers des régions polaires provoquera une sérieuse
élévation du niveau de la mer. Toute perturbation des régions polaires
modifiera leur rôle crucial dans la régulation du climat terrestre, les cycles
des océans et la fonction vitale des espèces migratrices. C’est fort à propos
que 2007 marque également le début de l’Année polaire internationale qui
verra des efforts coordonnés à l’échelle internationale pour promouvoir la
recherche polaire. La glace est en train de fondre dans toutes les régions du
monde. La fonte des glaciers de montagne en Afrique, en Asie, en Amérique
et en Europe aura des répercussions sur les ressources en eau douce, avec les
conséquences que l’on imagine pour la production alimentaire et la santé de
l’humanité.
La Norvège forme le vœu que les activités de la Journée mondiale de
l’environnement soient nombreuses et variées, à l’image des mesures qui
doivent être prises pour inverser l’évolution actuelle de l’environnement.
La Journée mondiale de l’environnement doit être créative et tournée vers
l’avenir, chercher les solutions possibles, instaurer de nouveaux partenariats
et de nouvelles alliances à tous les niveaux : dans chaque foyer, au travail et au
sein des communautés locales. La Norvège espère que la Journée mondiale
de l’environnement et les célébrations qui se dérouleront un peu partout
donneront une nouvelle impulsion aux efforts mondiaux pour résoudre les
problèmes mondiaux d’environnement dans le but d’assurer le bien-être de
l’humanité et notre avenir commun.
Le changement climatique et la dégradation de l’environnement
commandent la solidarité avec ceux qui sont particulièrement vulnérables
Je vous souhaite bonne chance pour les célébrations de la Journée mondiale
de l’environnement 2007.
© Catherine Cunnigham
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
© Duncan Walker/istockphoto
pour une
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
e planète différente
par Helen Bjørnøy
C’est un grand honneur pour le Gouvernement norvégien d’accueillir les célébrations
internationales de la Journée mondiale de l’environnement 2007 autour du sujet
« brûlant » de la fonte des glaces.
La glace joue un rôle critique par son influence sur l’environnement de la planète. Elle
renvoie une partie de la chaleur du soleil dans l’espace, ce qui refroidit la planète. Elle
renferme une grande partie des ressources en eau douce du monde et constitue une part
vitale des écosystèmes qui soutiennent la vie de l’homme et celle des espèces sauvages.
La couverture de glace de la Terre est en train de se modifier considérablement. Sa
diminution est un signe manifeste du réchauffement planétaire. Partout dans le
monde, la fonte des glaces s’est accélérée dans les années 1990, années qui ont aussi
été les plus chaudes jamais enregistrées. La glace fond sur la mer, sur la terre et dans
le sol, avec l’amenuisement des glaciers de montagne et le dégel du permafrost. La
fonte de la glace ne se limite pas aux régions polaires où elle se produit à un rythme
effarant. Le phénomène est observé dans toutes les régions.
Nous espérons que la Journée mondiale de l’environnement s’intéressera à tous les
effets que le changement climatique et la fonte des glaces ont sur la vie des populations
du monde entier, qu’il s’agisse de l’élévation du niveau de la mer, de l’érosion des sols,
de la sécheresse, des inondations, des tempêtes ou des autres menaces pesant sur
les moyens de subsistance et les modes de vie. Nous ne devons pas oublier qu’un
environnement sain et stable, doublé d’une riche base de ressources naturelles,
est essentiel pour le bien-être, le développement et la sécurité de l’humanité.
Nous devons unir nos forces pour faire passer le message qu’il s’agit d’une cause
importante qui mérite d’être défendue et pour laquelle il faut se battre, tant au niveau
de la communauté internationale qu’au niveau individuel. Nous nous le devons à
nous-mêmes et aux générations futures.
En tant que nation polaire, la Norvège est parfaitement consciente de la vulnérabilité
de l’Arctique et de son rôle majeur dans le système climatique mondial. L’Arctique,
qui est une région fragile, est l’ultime dépotoir des produits chimiques toxiques
persistants qui sont partout une menace pour la santé et la nature ; les produits
chimiques toxiques sont à ce titre une autre priorité mondiale. Les régions polaires
ont également une importance pour le monde entier en tant que lieu de reproduction
des poissons et des espèces migratrices.
Il est urgent de prendre des mesures. Nous devons inverser la tendance au
réchauffement d’ici une ou deux décennies. Faute de quoi, nous assisterons à des
bouleversements qui rendront la Terre méconnaissable. Un réchauffement de 1ºC
supplémentaire constitue un seuil critique. Pour rester en deçà de ce seuil, il faut
diminuer de moitié les émissions de gaz à effet de serre d’ici le milieu du siècle.
Pour faire face aux défis mondiaux de l’environnement, il faut une mobilisation non
seulement des milieux politiques mais aussi des entreprises et de tout un chacun.
Il n’y a pas UNE réponse à trouver, mais de nombreuses réponses. La Norvège est
par conséquent ravie d’unir ses forces à celles du Programme des Nations Unies pour
l’environnement afin que la Journée mondiale de l’environnement soit, partout dans
le monde, l’occasion d’une vaste mobilisation et action en faveur de la vie sur Terre.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
“L’espoir est né dans ce pays que le présent Congrès
des Etats-Unis se lèvera à cette occasion et opposera
des solutions porteuses de sens à cette crise ….
C’est notre bataille des Thermopyles.”
Al Gore, ancien vice-président des Etats-Unis d’Amérique, engagé
dans les campagnes sur l’évolution du climat
“Un passager voyageant en avion est responsable
en une heure des mêmes émissions de gaz à effet
de serre qu’un Bangladeshi ordinaire pendant toute
une année.”
Beatrice Schell, Fédération européenne pour le transport
et l’environnement
“Sur l’île où je vis, on peut jeter une pierre d’un bord
à l’autre. Nos craintes sur la montée du niveau de
l’océan sont très réelles. Notre Cabinet étudie la
possibilité d’acheter une terre dans un pays voisin
pour le cas où nous deviendrions des réfugiés du
changement climatique.”
Teleke Lauti, Ministre de l’environnement (Tuvalu)
“Nous ne pouvons pas laisser une consommation
humaine sans frein décider du sort de la nature.
C’est notre sort, après tout.”
Tsetsegee Munkhbayar, Prix de l’environnement Goldman 2007
(Mongolie)
“A moins que quelqu’un comme vous ne se donne un
mal énorme, rien ne va s’arranger. Rien.”
“J’ai escaladé cette montagne plus de 3 500 fois ces
59 dernières années. J’ai vu la glace diminuer de
moitié pendant cette période.”
The Lorax, Seuss
Mzee Emmanuel, guide de montagne, Kilimanjaro (Tanzanie)
2005
L’année la plus chaude jamais
enregistrée. Onze des années les plus
chaudes des 125 dernières années se
sont produites depuis 1990
33
Pourcentage de l’augmentation des
émissions mondiales de CO2depuis 1987
6
Nombre de gaz à effet de serre couverts par
le Protocole de Kyoto : dioxyde de carbone,
méthane, oxyde nitreux, hexafluorure de
soufre, hydrocarbures perfluorés (PFC) et
hydrofluorocarbones (HFC) - CCNUCC
5
Stephen Hawking, physicien théoricien britannique, auteur de
‘Une brève histoire du temps‘
Objectif total de réduction des
émissions de gaz à effet de serre par
les Parties au Protocole de Kyoto par
rapport aux niveaux de 1990 pendant
la période d’engagement 2008–2012
50
Estimation en dollars des pertes économiques dues à des
catastrophes de type météorologique telles que tempêtes
tropicales et incendies de forêts en 2005
Quantité d’électricité en mégawatts produite par des
éoliennes en 2005 – augmentation par rapport aux
4 800 mégawatts produits en 1995
“Le danger est que le réchauffement de la planète
ne réussisse à s’auto-entretenir, si ce n’est déjà
fait. La fusion des calottes arctique et antarctique
diminue la proportion d’énergie solaire renvoyée
dans l’espace, ce qui accroît encore la température.
Le changement climatique pourrait ravager
l’Amazone et d’autres forêts humides, et éliminer
ainsi l’un des principaux moyens par lequel
l’atmosphère est épurée de son dioxyde de carbone.
L’élévation de la température des océans pourrait
déclencher la libération d’énormes quantités
de méthane, piégées sous forme d’hydrates sur
les fonds océaniques. Ces deux phénomènes
augmenteraient l’effet de serre, et par voie de
conséquence le réchauffement planétaire. Nous
devons inverser d’urgence le réchauffement de la
planète, s’il en est encore temps.”
chiffres
200 000 000 000 000
59 000
© AFP/Gallo Images
verbatim
35 000
Pourcentage de la masse
des glaciers d’Europe
perdue depuis 1850
Nombre supplémentaire de décès en
Europe dus à la vague de chaleur de 2003
7
Nombre de mètres correspondant à
l’élévation du niveau de la mer si la
couche de glace du Groenland fondait.
Si toutes les glaces de l’Antarctique
fondaient, le niveau de la mer
s’élèverait de plus de 60 mètres
50 000 000
Nombre supplémentaire de personnes qui risquent
d’être victimes de la faim d’ici à 2020 si les
changements climatiques se poursuivent au même
rythme — Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat
Sauf indication contraire, toutes les données sont tirées des fiches d’information du PNUE concernant les changements climatiques et les questions polaires pour la Journée mondiale de l’environnement: www.unep.org/wed/2007
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
livres
Perspectives mondiales pour les glaciers et la neige
Tourisme durable dans les régions polaires
Le tourisme est une activité qui se développe dans les régions
polaires. Dans l’Arctique, il représente déjà un élément
important des économies du Nord. Dans l’Antarctique, le nombre
de touristes qui débarquent sur le continent antarctique continue
à augmenter fortement. Nombreux sont ceux qui craignent
que le tourisme favorise la dégradation de l’environnement des
régions polaires (en particulier dans l’Antarctique) en soumettant
la terre, la faune et la flore sauvages, l’eau et autres éléments
de première nécessité ainsi que les moyens de transport à des
pressions supplémentaires. Cette publication explique quels sont
les problèmes que pose le tourisme dans les régions polaires et
elle propose aux différentes parties prenantes concernées toute
une série de bonnes pratiques. Elle se fonde sur les 12 principes
du développement durable du tourisme établis par le PNUE et
l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies. Elle
donne un résumé des tendances et des schémas du tourisme
dans les régions polaires ainsi qu’un programme politique fondé
sur les conséquences qui en découlent.
Ozzy Ozone : défenseur de notre planète
— Ozzy va au pôle Nord
Ozzy Ozone et son ami Zoé arrivent au
pôle Nord et Tilman l’ours polaire leur sert
de guide. Ils apprennent ce qui arrive au
bouclier de protection de la Terre, la couche
d’ozone, et quelle est sa relation avec le
réchauffement de la planète. Ils rencontrent
aussi quelques scientifiques qui participent à
l’expédition à bord du Tara qui dérive dans la
mer de glace de l’Arctique pendant la durée
de l’Année polaire internationale 2007-2008.
w w w . u n e p . o r g / p u b l i c a t i o n s
Le thème de la Journée mondiale de l’environnement pour 2007,
“Fonte des glaces – Un sujet brûlant?”, reflète les liens étroits
qui existent entre glaces, neige et changements climatiques.
La publication “Perspectives mondiales pour les glaciers et la
neige” donne une évaluation faisant autorité et actualisée de
l’état actuel de la cryosphère et de l’importance globale des
changements - aujourd’hui et dans les années à venir. Cette
publication est le deuxième rapport thématique d’évaluation du
PNUE de la série L’Avenir de l’environnement mondial et il a été
rédigé par des spécialistes connus du monde entier.
L’économie des changements climatiques;
L’étude Stern
Nicholas Stern (Cambridge University Press, 2007)
Une analyse complète et accessible des aspects économiques
des changements climatiques réalisée par le chef du Service
économique du Gouvernement britannique et ancien
économiste en chef à la Banque mondiale. Les sujets
traités comprennent la nature des aspects économiques et
scientifiques des changements climatiques, leur impact sur
la croissance et le développement du Nord et du Sud, les
aspects économiques de la réduction et de la stabilisation
des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les
politiques d’atténuation et d’adaptation et les difficultés d’une
action internationale collective soutenue.
Rêveries Arctiques
Barry Lopez
(Vintage Books USA,
édition 2001)
Encore l’un des plus
beaux livres jamais écrit
au sujet de l’Arctique - à
la fois écosystème, terre
des peuples autochtones
qui y vivent et lieu
empreint de beauté et
de mystère. Pendant
cinq ans, dans les années
1980, ayant sillonné la
partie nord-américaine
de l’Arctique entre le Détroit de Davis à l’est et le Détroit de
Béring à l’ouest, Barry Lopez , auteur et lauréat d’un prix, a
accompagné des biologistes, des géologues, des archéologues
et des chasseurs inuits alors qu’il étudiait l’histoire, la faune et
la flore sauvages, les traditions et l’avenir de cette région.
Inondations Extrêmes:
Une histoire de changement climatique
Robert Doe. (Sutton Publishing, 2006).
L’éditeur en chef du Journal international de météorologie, luimême expert dans le domaine de la recherche sur les tempêtes
et les inondations, décrit le phénomène toujours plus répandu
des « inondations extrêmes » et ouvre des perspectives sur la
façon dont l’eau, comme les changements climatiques, devient
le plus grand ennemi de l’humanité
Equité dans l’adaptation aux
changements climatiques
Edité par W. Neil Adger, Jouni Paavloa, Saleemul Huq et
M.J.Mace (The MIT Press, 2006).
Des spécialistes en sciences politiques, économie, droit,
géographie humaine et sciences du climat évaluent
des questions de justice sociale dans l’adaptation aux
changements climatiques, en examinant les défis que lance la
nécessité de veiller à ce que les réactions politiques n’imposent
pas un fardeau injuste à des populations déjà vulnérables.
L’ouvrage décrit les bases philosophiques des différents
types de justice, les inégalités actuelles et les charges futures
par rapport aux changements climatiques et les applique à
des exemples d’adaptation au Bangladesh, en Tanzanie, au
Botswana, en Namibie et en Hongrie.
De Kyoto à la mairie :
Faire en sorte que les politiques internationales
et nationales en matière de changements
climatiques soient applicables au niveau local
Edité par Lennart J Lundqvist et Anders Biel (Earthscan 2007)
La mise en oeuvre des accords internationaux et des politiques
nationales dans le domaine des changements climatiques est
souvent compromise par différents obstacles aux niveaux
sous-national, local et — peut-être plus important encore
— individuel. Cet ouvrage étudie ces obstacles, en partant des
recherches originales de la Suède, chef de file mondial pour des
solutions environnementales efficaces. Les problèmes étudiés
sont notamment les structures de gouvernance, les relations entre
« experts » et grand public, les politiques possibles, les mesures
fiscales, les perceptions des notions « équité » et intérêt personnel et
l’importance des valeurs environnementales.
Neige silencieuse
Marla Cone
(Grove/Atlantic, édition 2006)
Considéré traditionnellement
comme le dernier grand
territoire préservé de la Terre,
l’Arctique est en réalité le foyer
de certains des peuples et des
animaux les plus contaminés
de la planète. Marla Cone a
traversé l’Arctique, du Groenland
jusqu’aux îles Aléoutiennes, pour
découvrir pourquoi cette région
est toxique. Des tonnes de substances chimiques et de pesticides
dangereux provenant des Etats-Unis, d’Europe et d’Asie y sont
transportées par les vents et les vagues qui vont vers le Nord et elles
se développent dans la toile alimentaire de l’océan. De ce fait, on
trouve dans le lait des Esquimaudes qui consomment de la viande
de phoque et de baleine des concentrations beaucoup plus fortes de
polychlorobiphényles (PCB) et de mercure que dans celui des femmes
qui vivent dans les régions du monde les plus industrialisées; elles
transmettent ainsi ces poisons à leurs nourrissons ce qui les rend
vulnérables aux maladies.
Véritablement Vert
Bien souvent l’ampleur des
problèmes environnementaux
auxquels nous sommes
confrontés peut nous donner un
sentiment d’impuissance – mais
c’est faux. Dans « Véritablement
vert », Kim McKay et Jenny
Bonnin, membres de l’équipe
Clean Up Australia, proposent 100 petites astuces qui peuvent vous
permettre de changer vraiment quelque chose, à la maison, dans le
jardin, au travail, en voyage ou au sein de votre communauté. Enfilez
un pull au lieu d’allumer le chauffage pour réduire les émissions de
carbone. Eteignez les appareils électriques en enlevant la prise – et
diminuez votre consommation (et vos factures !) d’énergie. Refusez
les sacs en plastique et diminuez le gaspillage. Prenez des douches
plus rapides et économisez de l’eau. Allez faire vos courses à pied
ou en bicyclette et réduisez la pollution. Pratique, positif et facile
à faire, Véritablement vert vous montre comment l’introduction de
simples changements dans votre vie quotidienne peut contribuer à
une planète plus saine. www.betruegreen.com”.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
© Kazuyoshi Nomachi/Corbis
un programme d’action
par Roberto Dobles
Il ne reste pas beaucoup de temps pour s’attaquer au changement climatique.
Nous ne pouvons attendre davantage. Bien que ce soit l’un des plus grands
défis que l’humanité ait jamais affrontés, les mesures appropriées n’ont pas
encore été prises. Nous devons reconnaître que, tout en ayant des causes
spécifiques pour chaque pays, ses conséquences sont mondiales et ont des
effets cumulatifs. Personne ne peut prédire ces effets avec une absolue
certitude, mais nous avons maintenant suffisamment de preuves scientifiques
pour comprendre que les bénéfices d’une action précoce et forte surpassent
sans nul doute l’ampleur des coûts de l’inaction, et de ses risques.
L’évolution du climat n’est pas une simple question d’argent. Un écheveau
complexe de catastrophes entremêlées (environnementales, économiques,
humaines, sociales, éthiques et politiques – et concernant la santé, l’équité
et la justice, entre autres facteurs) est au cœur du problème, compliqué de
surcroît par la relation entre pays développés et pays en développement. Le
monde est en danger et il faudra prendre rapidement d’importantes mesures
pour changer le cours des choses. Alors que les émissions de gaz à effet de
serre ont pendant longtemps affecté le climat, nos actions (ou notre inaction)
pendant les deux prochaines décennies auront des conséquences profondes
dans la deuxième moitié de ce siècle, et au-delà.
Les politiques nationales et mondiales doivent être modifiées. Nous ne
pouvons, en effet, espérer inverser les tendances actuelles avec les politiques
et les mécanismes qui en sont à l’origine. Pour obtenir des résultats différents,
10
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
il faut agir autrement. Et l’inaction n’est pas même envisageable. Nous devons
concevoir des outils créatifs et novateurs pour attaquer le problème de front.
Nous devons tout faire pour engager les économies développées et celles
en développement dans des actions plus fortes, respectant le principe de
responsabilités communes mais différenciées. Définir un ensemble équitable
de responsabilités, relier les stratégies entre elles et élaborer un système
efficace de gouvernance mondiale sont les parties essentielles d’une équation
qui reste à définir d’urgence. Et nous devons apprendre comment aligner
les priorités de nos pays sur l’action mondiale, en harmonisant les stratégies
nationales avec la mise au point d’un nouveau système de gouvernance
mondiale plus efficace.
Un pays, le Costa Rica, a décidé de se lancer seul dans la bataille, proclamant
sa volonté d’accéder à la « neutralité carbonique ». Une stratégie climatique
intégrée sera conçue à cet effet, dont pourront s’inspirer les pays similaires qui
se fixeraient les mêmes objectifs.
Cette initiative amènera le climat aux avant-postes du programme
gouvernemental. La majorité élue l’année dernière en a fait une priorité de
son Plan de développement national. D’importants segments du secteur
privé et des médias affichent déjà un soutien enthousiaste et la société
costaricienne commence à partager le sentiment qu’une économie neutre au
plan du carbone est aussi une économie compétitive.
La stratégie, clairement orientée vers l’action, s’articule autour de
cinq éléments:
prise de décision s’en trouvera en retour augmentée, ce qui leur permettra
d’entreprendre les actions nécessaires pour faire la différence.
Mesure des résultats : Elaboration d’une méthode précise, fiable et vérifiable,
assortie d’un mécanisme de suivi.
Renforcement des capacités : Si nous voulons appliquer une stratégie
nationale d’ensemble, nous devons renforcer les capacités à tous les niveaux
de la société afin de répondre au changement climatique, mesurer et
atténuer ses causes et apprendre – et faire savoir – comment nous adapter à
ses conséquences.
Atténuation : Le Costa Rica entend devenir un pays de « neutralité carbonique »,
doté d’une vision globale intégrant aux stratégies nationales touchant à la
compétitivité tous les aspects de la question : environnementaux, sanitaires,
économiques, humains, sociaux, éthiques, moraux, culturels, éducatifs et
politiques. Promouvoir la neutralité carbonique auprès des entreprises,
des régions et des communautés, et autres parties prenantes, ira de pair
avec la mise en place d’incitations à l’action et l’apparition d’un élément
supplémentaire de différenciation dans la concurrence.
Le programme d’action comportera principalement les éléments
suivants : réduction des émissions à la source; renforcement des puits de
carbone par la reforestation et la régénération des forêts naturelles; et
développement des marchés du carbone aux niveaux de la production
et des produits locaux et internationaux. Notre programme visant à éviter
la déforestation (qui comporte notre participation à la Coalition des pays
à forêts tropicales humides) et notre nouvelle campagne de plantation
d’arbres, qui sera aussi liée à la Campagne pour un milliard d’arbres de
Wangari Maathai, sont parties intégrantes de nos actions planifiées sur
l’évolution du climat. La relation du changement climatique avec la
stratégie de compétitivité du pays compte beaucoup dans notre concept.
Nous voulons créer les conditions induisant des comportements responsables
et compétitifs.
La communauté d’affaires internationale – comme le reconnaissent les
sociétés du Projet de diffusion des informations sur le carbone (Carbon
Disclosure Project) – convient que les grands risques économiques, financiers
et concurrentiels liés au changement climatique sont :
* Les risques concurrentiels, dus au passage de services et produits à haute
intensité de carbone à d’autres, assurant une neutralité carbonique ou
une faible consommation de carbone.
* Les risques touchant à la réputation, dus à la perception que les
consommateurs peuvent avoir de l’inaction des entreprises.
* Les risques réglementaires, dus à la sujétion à des réglementations locales
ou internationales...
* Les risques économiques et financiers, dus aux effets des phénomènes
climatiques extrêmes sur les biens et les infrastructures.
Face à ces risques apparaissent aussi des occasions d’agir très importantes,
liées à l’innovation, au ressenti des consommateurs, aux préférences des
investisseurs, aux rapides mutations technologiques dans les secteurs de
l’économie existants, et à l’émergence de secteurs nouveaux liés aux questions
du changement climatique.
Adaptation : La stratégie d’adaptation concernera essentiellement les
ressources en eau, la santé, l’agriculture, les infrastructures, les zones côtières,
les écosystèmes forestiers et la diversité biologique terrestre et océanique.
Elle inclura la gestion des risques et la préparation aux catastrophes.
Education, culture et sensibilisation du public : Le pays veut que son
peuple participe, qu’il soit engagé et partie prenante dans la lutte contre
le changement climatique, et qu’il édifie un système sociétal de prise de
décision pour la mise en œuvre de la stratégie. Les habitudes personnelles,
les préférences des consommateurs et les modes de consommation doivent
être rendus compatibles avec les impératifs du changement climatique.
Nous voulons des citoyens informés et sensibilisés, dotés de connaissances leur
permettant de participer plus activement et plus efficacement aux questions
relatives à l’évolution du climat. Leur capacité à peser sur les mécanismes de
La gouvernance mondiale sera mise à l’épreuve lorsqu’il faudra résoudre
l’un des plus grands défis de l’Histoire de l’humanité et les mécanismes qui
ont abouti à l’actuelle crise du changement climatique devront alors être
réexaminés. Nous n’obtiendrons pas des résultats différents en refaisant les
mêmes choses et en nous appuyant sur les anciennes méthodes. Développer
de nouvelles technologies pour aller vers une économie à consommation
de carbone faible voire nulle – et stabiliser le dioxyde de carbone dans
l’atmosphère – est une priorité qu’il faut intégrer à l’équation.
Les pays devront se mettre d’accord, en particulier les principaux émetteurs. Si
l’on veut sortir de l’impasse, les pays doivent ouvrir la voie en construisant un
nouveau régime climatique international doté des objectifs et des calendriers
nécessaires pour nous amener en sécurité et intelligemment dans le futur.
Pour ouvrir le champ à une solution mondiale véritable, il faudra définir des
engagements complémentaires et nouveaux et dissiper le climat de méfiance
entre les pays.
Après 2012, il faudra prendre en considération non seulement l’expérience
acquise dans le cadre du Protocole de Kyoto mais aussi celle d’autres secteurs
et méthodes d’action novateurs et complémentaires. Un cadre plus vaste
est nécessaire pour inverser les tendances actuelles. Une combinaison
d’engagements, certains de vaste portée et d’autres de portée plus restreinte,
encouragerait les pays en développement à mieux intégrer les préoccupations
sur le climat dans la planification de leur développement. Cela permettrait
d’adapter les politiques aux contextes nationaux et, en même temps,
de donner aux pays la reconnaissance internationale qui accroîtrait leur
compétitivité en attirant les investissements étrangers directs.
Le Protocole de Kyoto contient des éléments essentiels, notamment la
démarche dite de « plafond et échange » des objectifs contraignants pour les
Parties visées à l’Annexe I, les mécanismes souples (échange des émissions
et mise en œuvre conjointe), et le Mécanisme pour un développement
propre, qui permet aux pays en développement de créer des crédits
négociables, projet par projet. Il est absolument fondamental de maintenir
le Mécanisme pour un développement propre après 2012 afin d’encourager
les investissements dans un secteur vital du marché. Mais cela n’autorise les
crédits que pour des projets de petite taille; c’est pourquoi des approches
programmatiques différentes face à ces crédits sont nécessaires pour réaliser
des réductions d’émissions plus ambitieuses et plus larges dans les pays en
développement. Il en va de même pour les incitations et les mécanismes
nouveaux renforcés.
Le champ d’investissement du Mécanisme pour un développement propre
devrait aussi être élargi pour couvrir des activités sectorielles ou fondées
sur les orientations gouvernementales – fixant des objectifs de réduction
d’émissions pour des secteurs ou des pans économiques entiers à partir
d’estimations de départ validées par des organes internationaux accrédités
– de manière telle qu’un secteur entier puisse avoir le droit de négocier des
quotas et des réductions d’émissions certifiées.
Nous le voyons, tous les pays sont responsables de l’action sur le changement
climatique et non simplement les plus grands. L’action doit être conforme
au principe de responsabilités communes mais différenciées. Le Costa Rica
poursuit une stratégie cohérente avec ses propres responsabilités aux plans
local, régional et mondial.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
11
© Tui De Roy/Minden/Getty Images
une dynamique
12
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
nouvelle
Le réchauffement planétaire est indéniable. Le quatrième rapport d’évaluation
du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
affirme que la hausse de la température moyenne du globe depuis le
milieu du XXe siècle est très probablement due à l’augmentation observée
des concentrations anthropiques de gaz à effet de serre. Dans l’Arctique,
cette hausse a provoqué une diminution de 2,7 % des glaces océaniques
par rapport à leur niveau de 1978. Ailleurs, les glaciers de montagne et la
couverture neigeuse reculent. En Bolivie et au Pérou, par exemple, la surface
des glaciers a régressé d’un tiers depuis les années 1970. L’évolution du
climat est l’un des défis mondiaux les plus critiques de notre époque. Ses effets
se font sentir sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, l’approvisionnement
en eau, la montée du niveau des mers et la propagation des maladies
transmises par des vecteurs.
Pendant que la glace continue de fondre, la Convention-cadre des
Nations Unies sur les changements climatiques rencontre de sérieuses
difficultés à convenir de ce qu’il faudra faire à l’expiration de la première
période d’engagement du Protocole de Kyoto, après 2012. Les discussions
internationales visant à mettre en place un régime climatique à long terme
sont entravées par un désaccord de fond sur la manière d’avancer. Il est
difficile de généraliser la position des différents groupes de Parties, car
les situations face au réchauffement de la planète varient grandement.
Les pays en développement souffrent le plus des effets négatifs liés au
climat, mais ils craignent que les limites aux émissions ne compromettent
leur développement économique. Les pays industrialisés, mus par leur
souci de compétitivité, rechignent à s’engager dans de nouvelles mesures de
réduction des émissions si les pays en développement ne bougent pas.
L’évolution du climat est un phénomène mondial qui, en tant que tel, nécessite
une réponse mondiale embrassant les intérêts et les besoins de tous les pays.
Les actions individuelles ne peuvent être qu’incohérentes et inefficaces.
La communauté internationale a besoin d’un accord à long terme pour aborder
la question du changement climatique, et d’un consensus sur la direction
à suivre. La nécessité d’une réponse multilatérale est la principale raison
pour laquelle le débat sur le changement climatique doit être ravivé au sein
des Nations Unies.
Plus de dix années de diplomatie ont mûri le mécanisme et mis en place
le marché du carbone, l’un des plus puissants leviers de la politique
internationale en matière d’environnement. En 2007, il faudra revigorer les
négociations relatives à un futur régime climatique, pour éviter de négliger
un quelconque volet de l’action contre le changement climatique, et pour
offrir une stabilité politique au marché du carbone. La communauté
internationale devrait rechercher la participation des décideurs économiques
et financiers, car les nouvelles préoccupations relatives à la sécurité
énergétique et à la croissance économique sont étroitement liées aux actions
à la lutte contre le réchauffement de la planète. Pour instaurer un climat de
confiance, les Parties devraient fixer des limites à leurs délibérations, en se
mettant d’accord sur d’importants éléments consensuels, exprimés sous la
forme de principes. Par exemple :
* La nécessité d’une réponse mondiale à long terme tenant compte des
dernières découvertes scientifiques et compatible avec les stratégies de
planification à long terme du secteur privé.
* L’importance de voir les pays industrialisés continuer de montrer le
chemin en réduisant fortement leurs émissions, compte tenu de leur
responsabilité historique, de leur pouvoir économique et de leurs capacités.
* Des engagements supplémentaires des pays en développement, en
particulier les grands pollueurs.
par Yvo de Boer
* La nécessité que les pays en développement bénéficient d’incitations les
encourageant à limiter leurs émissions, et d’une assistance pour s’adapter
aux conséquences du changement climatique, de façon à préserver les
actions de développement économique et d’éradication de la pauvreté.
* La totale souplesse du marché du carbone pour garantir son
fonctionnement optimum au plan coûts-efficacité et pour mobiliser les
ressources nécessaires à l’encouragement des pays en développement.
Il est temps de modifier la dynamique du mécanisme de la Conventioncadre des Nations Unies sur les changements climatiques, pour faire de la
session de la Conférence des Parties à Bali, en décembre, le début d’une
nouvelle phase dans les politiques relatives à l’évolution du climat. Le débat
autour du lancement, ou non, de nouvelles négociations, doit céder la
place à une réflexion approfondie sur la manière dont les Parties envisagent
la Convention à plus long terme. La première tâche, et la plus importante,
est d’ouvrir les discussions qui façonneront un régime climatique futur.
Entreront dans ce cadre, au premier chef, des négociations sur de plus
amples engagements des pays industrialisés (actuellement sous la
responsabilité d’un groupe de travail spécial au titre du Protocole de Kyoto)
et une discussion plus large sur une coopération à long terme pour aborder
la question du changement climatique, qui pourra prendre la forme d’un
dialogue sous l’égide de la Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques. Ce dialogue ouvert et non contraignant doit
permettre aux Parties de voir la Convention sous un angle plus large et
de retenir quatre thèmes : faire progresser le développement de façon
rationnelle; envisager des mesures d’adaptation; concrétiser tous les
potentiels technologiques; réaliser tout le potentiel des occasions offertes
par le marché.
Cette perspective plus large doit fournir aux pays l’occasion d’identifier les
composantes d’un prochain régime. La technologie devra y être privilégiée,
dans la mesure où elle fournit les moyens matériels de s’attaquer au
changement climatique. La Convention pourrait, par exemple, renforcer
ses activités de déploiement et de transfert de technologie, et songer à
mettre en place des accords et des partenariats de recherche-développement
en matière de technologie. L’adaptation doit ensuite être vue comme
une priorité, car on ne pourra pas maîtriser entièrement les effets de
l’évolution du climat. Il faudra donc créer des mécanismes pour soutenir
et renforcer l’évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation, et intégrer
l’adaptation à la planification du développement. Des connaissances
précieuses ont déjà été rassemblées en l’espèce, dans le cadre du
programme de travail de Nairobi sur les incidences des changements
climatiques, la vulnérabilité et l’adaptation à ces changements. Enfin,
la mise en œuvre de la Convention exigera des ressources financières
durables, suffisantes et prévisibles. Les Parties se lanceront dans une
évaluation globale des ressources financières nécessaires pour traiter
tous les aspects du changement climatique, dans le but de dégager
ces ressources.
Ce qui se passera en 2007 au niveau politique est vital pour l’avenir. Au
fur et à mesure du temps qui passe, d’autres initiatives visant à traiter
d’aspects particuliers du réchauffement de la planète se joindront
probablement à celles déjà en place. La communauté internationale a la
responsabilité de faire de ces initiatives des actions communes et d’éviter
leur dispersion. Les gouvernements devraient consentir de grands efforts
pour orienter les politiques internationales dans ce sens. La politique du
changement climatique doit se réchauffer si l’on veut que les glaces de la
planète demeurent gelées.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
13
un problème humain
par Sheila Watt-Cloutier
Pour les habitants de l’Arctique, les changements climatiques ne sont
certainement pas de la théorie : il s’agit purement et simplement d’une réalité.
Les changements climatiques induits par l’homme fragilisent l’écosystème
dont nous, les Inuits, dépendons pour notre survie physique et culturelle.
Trop souvent les discussions relatives au réchauffement de la planète
ont tendance à se focaliser sur des questions politiques, économiques et
techniques plutôt que sur ses incidences et ses conséquences pour l’homme.
Mais les Inuits et les autres peuples du Nord en subissent déjà directement
l’influence et ils se voient confrontés à des problèmes dramatiques qui, au
cours des années à venir, pourraient entraîner un bouleversement social
et culturel.
Pendant de nombreuses générations, nous avons observé l’environnement
de près, en faisant des prévisions météorologiques précises afin de pouvoir
nous déplacer en toute sécurité sur la mer gelée pour aller à la chasse des
mammifères marins, des morses et des ours polaires. Nulle part ailleurs
la mobilité ne dépend autant de la glace et de la neige que pour nous.
Elles sont nos autoroutes qui nous conduisent à nos supermarchés —
l’environnement — et nous relient à d’autres communautés.
Parmi les dommages dus à la fonte de la glace et du permafrost,
nous retiendrons ceux causés aux habitations, aux routes, aux
aéroports et aux oléoducs, l’érosion des paysages, l’instabilité
des pentes et les glissements de terrain, la pollution de
l’eau potable, le retrait des côtes de plusieurs mètres par
an dû à l’érosion, la fonte des caves naturelles en glace
destinés au stockage des produits alimentaires, la
fonte du permafrost qui provoque l’affaissement
des plages et une plus forte érosion, des chutes
de neige plus nombreuses, des saisons sans mer
gelée plus longues, l’apparition de nouvelles
espèces d’oiseaux, de poissons et d’insectes,
des conditions de gel de la mer imprévisibles
et la fonte des glaciers, des cours d’eau
remplacés par des torrents. Ces changements
de grande envergure menacent d’effacer
de nos mémoires le souvenir des lieux où
nous étions, celui de notre identité et de
tout ce que nous souhaitons devenir.
L’Arctique est la sonnette d’alarme, le
baromètre de la santé de la planète. Tout
ce qui arrive dans le monde se produit
d’abord ici. Si vous souhaitez voir
comment se porte la planète, venez ici
pour prendre son pouls.
La science a récemment rattrapé le retard
qu’elle avait sur les changements que
nos chasseurs — qui étaient de véritables
scientifiques — ont observés pendant
des décennies. En 2004, la publication
de l’Evaluation de l’impact du climat sur
l’Arctique a permis de diffuser les résultats
de l’évaluation régionale la plus détaillée
du monde sur les changements climatiques,
préparée par près de 300 chercheurs de
15 pays sous la houlette des Etats-Unis. La
Conférence circumpolaire des Inuits et autres
14
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
organisations autochtones du Nord a veillé à ce qu’elle englobe les savoirs
traditionnels, qu’elle ne soit pas simplement un exercice scientifique et que
des recommandations politiques y soient annexées.
Ses principales conclusions étaient les suivantes :
I. Les espèces marines tributaires des glaces des mers, notamment les ours
polaires, les phoques vivant sur la glace, les morses et quelques oiseaux
de mer vont vraisemblablement diminuer et certaines seront menacées
d’extinction.
II. Pour les Inuits, le réchauffement va probablement bouleverser ou même
détruire leurs traditions de chasse et d’alimentation, la diminution des
superficies de glace entraînant le déclin ou la disparition des populations.
Plus récemment, le Groupe intergouvernemental sur les changements
climatiques qui comprend plus de 2 000 chercheurs est pratiquement arrivé
aux mêmes conclusions. C’est un signe favorable : il semble que le monde
soit enfin sur la même longueur d’onde.
Dans l’Arctique, les changements climatiques ne sont pas simplement un
problème d’environnement aux conséquences économiques défavorables.
C’est une question de subsistance, une question de nourriture et une
question de survie individuelle et culturelle. C’est un problème humain
qui touche nos enfants, nos familles, nos communautés. L’Arctique
n’est pas le « désert » ou une « frontière ». C’est notre patrie et c’est là
que nous vivons.
Malgré les conclusions indiscutables de l’Evaluation de l’impact du
climat sur l’Arctique, nous avons continué à avoir des problèmes
avec la communauté mondiale à propos de cette question
urgente. A l’époque, en ma qualité de Présidente de la Conférence
circumpolaire des Inuits, j’ai examiné les régimes internationaux
des droits humains existants pour protéger les peuples de
l’extinction culturelle — or c’est exactement ce à quoi les
Inuits seraient exposés avec les changements climatiques.
La question qui se posait à nous était de savoir comment
préciser le but et l’orientation d’un débat qui semble
toujours s’enliser dans
des arguments
techniques et des
idéologies économiques
concurrentes à court terme.
J’étais profondément
convaincue, et je le
suis toujours, qu’il
serait important au
niveau international
que les changements
climatiques dans le
monde fassent l’objet
d’un débat et d’un examen
dans le cadre des droits de
l’homme — que de nombreux
gouvernements, en particulier dans
le monde développé, prennent
au sérieux.
En décembre dernier, après deux
ans de préparation, moi-même et 62
autres Inuits du Canada et de l’Alaska
avons déposé une plainte en justice.
© James Balog/Stone/Getty Images
Militante écologiste et Présidente de la Conférence circumpolaire inuit entre 2002 et 2006, Sheila Watt-Cloutier a été, en 2005, récompensée par le
Prix Champions de la Terre du PNUE. Ce prix est attribué chaque année à sept leaders qui se sont distingués dans le domaine de l’environnement et
ont exercé une influence notable sur la protection et le développement durable de l’environnement de la planète.
Chaque numéro de Notre Planète contient un article de fond présentant les vues d’un des lauréats de ce prix. Pour en savoir plus au sujet de ce
dernier, voir http://www.unep.org/champions/.
Nous sommes convaincus que la Déclaration américaine de 1948 sur les
droits et les devoirs de l’homme, appuyée par la Commission interaméricaine
des droits de l’homme, peut nous donner un moyen efficace de défendre
notre culture et notre mode de vie. Nous ne demandons pas aux Etats-Unis
et au monde de prendre des mesures économiques rétrogrades. Nous disons
simplement que les gouvernements doivent développer leurs économies
en utilisant des technologies appropriées qui limitent substantiellement les
émissions de gaz à effet de serre. Les Inuits et les autres peuples du Nord
sont en danger du fait que quelques-uns adoptent les vues à court terme que
privilégient certains milieux d’affaires.
Mon objectif est d’éduquer et d’encourager la communauté mondiale à
s’unir pour lutter contre des menaces globales. Par notre travail, nous avons
placé l’aspect humain au premier plan et au centre de nos préoccupations.
Nous avons changé le discours international en l’orientant vers des débats sur
les valeurs humaines et les droits de l’homme au lieu de questions purement
techniques et nous avons donné aux conférences des Nations Unies une
impulsion et un sens renouvelé de l’urgence. Nous l’avons fait en rappelant
aux peuples lointains que les chasseurs Inuits qui disparaissent à travers une
couche de glace trop mince ont des liens avec les véhicules qu’ils conduisent,
les industries qu’ils soutiennent et les politiques qu’ils choisissent d’élaborer
et d’appliquer.
Nous n’avons été ni agressifs ni provocateurs. Nous voulons établir des
liens, pas les couper. Le message des Inuits est un « don », un acte de
générosité venant d’une ancienne culture encore profondément attachée
à l’environnement naturel, à un monde urbain, industriel et moderne qui a
largement perdu ses liens avec elle.
Au début, la Commission a choisi de ne pas « donner suite immédiatement »
à notre pétition. Lorsque nous avons insisté, elle a décidé de tenir une
audience sur les aspects juridiques des changements climatiques et les
droits de l’homme. Ce fut vraiment un moment historique pour nous et pour
le monde.
Nous, les Inuits, avons vécu dans l’Arctique pendant des millénaires. Notre
culture et notre économie sont le reflet de notre terre et de tout ce qu’elle
donne. Nous avons des liens avec la terre et c’est d’elle que nous savons
qui nous sommes — c’est d’elle que viennent nos connaissances et notre
sagesse d’un autre âge. La lutte que nous menons pour prospérer dans
l’environnement le plus dur qui soit nous a donné les perspectives dont
nous avons besoin pour survivre dans le monde moderne. Ces perspectives
respectueuses de l’être humain qui voient des liens avec toute chose
devraient inspirer le débat sur les changements climatiques. N’est-ce pas
parce que les peuples du monde ont perdu les liens qui existent entre eux et
leurs voisins, entre leurs actes et l’environnement, que nous nous trouvons
dans l’obligation de faire face aux changements climatiques ?
Nous nous adapterons le mieux possible. Mais je crois fermement, comme
beaucoup d’autres qui connaissent bien la question, qu’il y a dans les 10 à 15
prochaines années une possibilité de changer efficacement notre façon de
vivre en tant que communauté mondiale. Il est encore temps d’empêcher
que se réalisent les sombres prédictions de l’Evaluation de l’impact du climat
sur l’Arctique : la disparition de notre culture de chasseurs pendant l’existence
de mon petit-fils.
Nous devons nous unir en tant que communauté mondiale et comprendre
qu’elle est notre lot commun — de façon à assumer nos responsabilités et à
prendre des mesures d’urgence pour résoudre ce problème si important de
notre temps.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
15
Les changements climatiques ne suscitent pas simplement des
préoccupations environnementales, mais constituent aussi un problème
de développement majeur. Les grands changements climatiques et
environnementaux liés au réchauffement de la planète au cours du siècle
dernier ont revêtu une ampleur supérieure à la variabilité naturelle et
représentent désormais une grave menace pour la survie de l’humanité et
pour un développement socio-économique durable. Ils sont devenus un défi
imminent pour chacun d’entre nous dans le monde.
Ils ont eu également des incidences graves sur le climat et l’environnement
de la Chine et ont fait obstacle à son développement. Une réaction
appropriée aux changements climatiques s’impose donc dans le cadre
des efforts nationaux déployés pour assurer l’harmonie entre l’homme
et la nature et pour édifier une société harmonieuse.
changeme
Les dernières conclusions figurant dans la contribution du Groupe de travail
1 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat au
quatrième Rapport d’évaluation de ce dernier mettent en évidence une
augmentation marquée de la température moyenne à la surface du globe,
une élévation continue du niveau de la mer et un rétrécissement régulier
de la couverture neigeuse dans la plupart des zones de l’hémisphère Nord
– évolutions qui dénotent toutes une tendance au réchauffement de la
planète. Entre 1906 et 2005, la température moyenne à la surface du globe
a augmenté de 0,74ºC (à l’intérieur d’une fourchette de 0,56ºC à 0,92ºC). Au
cours de la deuxième moitié du XXe siècle, les températures moyennes dans
l’hémisphère Nord ont été très probablement supérieures à celles enregistrées
pendant toute période de 50 ans durant les 500 dernières années et sans
doute les plus élevées que l’on ait connues depuis au moins 1,300 ans.
Dans le cadre du réchauffement de la planète, le climat et l’environnement
de la Chine ont également évolué profondément. Comme d’autres régions
du globe, la Chine connaîtra une augmentation continue de la température à
l’avenir. Le régime des précipitations évoluera également.
Au cours des 100 dernières années, la température moyenne annuelle en
surface a augmenté sensiblement en Chine (de 0,5ºC à 0,8ºC environ). L’année
2006 a connu la température moyenne annuelle la plus élevée enregistrée dans
tout le pays depuis 1951 et s’est classée au deuxième rang après 1998 pour
ce qui est de la température hivernale moyenne pendant la même période.
Les prévisions concernant les changements climatiques futurs donnent à
penser que la température de surface en Chine est susceptible d’augmenter
notablement pour différents scénarios d’émissions au cours des 20 à 100
années à venir. Les précipitations tendront également à augmenter, mais de
façon très variable aussi bien dans le temps que dans l’espace. Le nord de la
Chine connaîtra davantage de jours de précipitations, tandis que les pluies
seront plus abondantes dans le sud du pays. Dans certaines régions, les
précipitations pourraient être excessives.
Au cours des cinq dernières décennies, la Chine a aussi enregistré une
évolution profonde à la fois de la fréquence et de l’intensité des événements
météorologiques et climatiques extrêmes, qui ont augmenté aussi bien
en nombre qu’en force. En 2006, elle a connu un nombre sans précédent
d’événements météorologiques extrêmes, tels que la température élevée
et la sécheresse qui ont sévi dans les provinces du Chongqing et du
Sichuan; le typhon « Saomai », le plus violent depuis 1951, qui s’est abattu
sur la province du Zhejiang; la grave sécheresse qui a touché le nord de la
Chine; et la retombée de 330 000 tonnes de poussière sur Beijing en une
seule nuit. Le réchauffement climatique accroît en outre le risque de feux
16
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
de forêt dans les régions sèches et arides, et l’on a enregistré l’an dernier les
incendies les plus graves depuis 1987 dans le nord-est de la Chine.
En Chine, les températures journalières maximales et minimales
augmenteront à l’avenir. Le nombre de journées extrêmement froides
diminuera probablement, mais la période estivale de grande chaleur durera
sans doute plus longtemps et les températures extrêmement élevées, les
vagues de chaleur et les sécheresses seront plus fréquentes.
Les changements climatiques renforcent le caractère fluctuant de la
production agricole et accroissent les pertes de récolte et de bétail dues
aux catastrophes météorologiques. Si des mesures d’adaptation ne sont pas
prises, la production végétale totale de la Chine pourrait diminuer de 5 à 10 %
d’ici 2030. Le blé, le riz et le maïs seraient particulièrement touchés.
Ils entraînent également une pénurie de ressources en eau de plus en plus
grave en Chine. Les mesures du débit des six principaux fleuves depuis
les années 1950 donnent à penser qu’il diminue. Dans le nord de la Chine,
ents climatiques et développement
par Qin Dahe
certains cours d’eau s’assèchent complètement et certaines zones souffrent
d’une baisse dramatique de la nappe phréatique. A l’avenir, le déséquilibre
entre l’offre et la demande d’eau s’accentuera, en particulier lors des années
sèches et dans le nord et nord-ouest de la Chine.
des lacs, la baisse du niveau des eaux, la réduction des zones humides, la
dégradation des prairies, l’extension de la désertification, la détérioration de
la diversité biologique et la dégradation des écosystèmes marins, notamment
des mangroves et des récifs coralliens.
Les changements climatiques pourraient avoir de lourdes conséquences
pour de grands aménagements en menaçant toujours davantage leur bon
fonctionnement. Ils pourraient par exemple accroître les précipitations
dans le cours supérieur du Yangtze, ce qui entraînerait probablement des
catastrophes géologiques telles que coulées de boue et glissements de
terrain dans la zone de captage du Réservoir des Trois Gorges. L’élévation
de la température à laquelle on s’attend sur le plateau du Qinghai-Tibet
pourrait dégrader encore le permafrost le long de sa voie de chemin de fer
en déstabilisant probablement certaines parties de la liaison ferroviaire.
Les changements climatiques constituent une menace sombre et bien
réelle pour l’économie de la Chine et sa société, menace persistante qui
a toutes chances d‘aller de mal en pis. Le Gouvernement chinois attache
une grande importance à la protection du climat et a pris diverses mesures
pour s’attaquer à cette question. En cette période sujette aux catastrophes
fortuites, extrêmes et prolongées, il est plus impératif que jamais de prévenir
et d’atténuer. Il faut faire face activement à cette menace et combattre les
catastrophes climatiques extrêmes grâce à un solide système d’intervention
et à une meilleure protection climatique, écologique et environnementale
pour pouvoir contribuer comme il convient à l’application du « concept de
développement scientifique », à l’édification d’une société harmonieuse,
à un développement économique amélioré et plus rapide ainsi qu’à un
développement socio-écomique durable en Chine.
Les impacts des changements climatiques sur les systèmes naturels et les
écosystèmes de la Chine – et sur son économie et sa société – se manifestent
aussi sous diverses autres formes, telles que le rétrécissement de la superficie
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
17
© China Photos/Stringer/Getty Images
chine
neige, glace et vie
Les fleuves d’Amérique du Sud représentent 35 % des ressources en eaux de
ruissellement du monde. Et pourtant, la neige et la glace représentent encore
une source supplémentaire importante d’eau puisqu’elles alimentent les
vallées de montagne et les régions arides et semi-arides voisines. Les glaciers
des Andes et la calotte glaciaire de Patagonie alimentent les fleuves, les lacs
et les bassins de retenue. Les rivières qui se déversent dans l’océan Pacifique
ont un régime saisonnier remarquable, avec la fonte des neiges et des glaces
à la fin du printemps et en été. Le paysage de la côte du Pacifique sec et
désertique qui s’étend de l’équateur jusqu’au centre du Chili et celui des hauts
plateaux du Pérou et de Bolivie sont, dans une large mesure, tributaires des
eaux provenant de la fonte des neiges.
A l’extrémité la plus australe de l’Amérique du Sud à partir de 29º de latitude
sud, c’est dans la partie orientale des Andes, au sud des fleuves Negro et
Colorado que se trouvent les régions sèches et arides. Du fait de faibles
précipitations, les rivières dépendent de la fonte des glaces et de la calotte
glaciaire importante située entre 48º et 52º de latitude sud. Bien que les
précipitations y soient plus abondantes, la fonte des neiges contribue aussi à
alimenter les rivières du nord de la Patagonie. Les régions économiquement
riches de Cuyo, au centre-ouest de l’Argentine, et du centre du Chili — où les
populations urbaines sont nombreuses et où l’agriculture, surtout la culture
des fruits (principalement de la vigne), l’énergie hydroélectrique et l’industrie
sont importantes — dépendent aussi fondamentalement de la fonte des
neiges et des glaces. A vrai dire, les plus anciens habitants de la région, les
Huarpes, l’appelaient Cuyum ce qui signifie « Désert de l’enfer ». L’activité
humaine n’a pu s’y développer que lorsque les immigrants européens
ont introduit l’irrigation, ce qui a permis à la région de commencer à
se développer.
Les civilisations pré-colombiennes les plus avancées de la région andine
inter-tropicale ont remarquablement bien réussi à gérer leurs ressources
en eau. Les cultures pré-incas les plus développées complétaient l’eau de
pluie sporadique et amélioraient leur approvisionnement en eau grâce à des
travaux d’ingénierie efficaces comme une distribution judicieuse de l’eau pour
l’irrigation, et en reliant les bassins versants de l’Atlantique et du Pacifique
– par la construction d’un canal de 74 kilomètres de long pour transporter de
l’eau à quelques 3 000 mètres dans le Cumbemayo.
Les changements climatiques commencent déjà à se faire sentir de façon
critique sur les conditions de vie des communautés autochtones des Andes,
sur les activités de l’homme tributaires de l’eau et sur les écosystèmes
naturels. La quantité d’eau de fonte disponible va diminuer de plus en plus
et, partant, compromettre le développement durable. Selon des études
récentes, les glaciers du Pérou risquent de disparaître complètement au cours
des prochaines décennies.
Pour les populations locales, en particulier les communautés autochtones
des hauts plateaux de Bolivie, d’Equateur et du Pérou, le recul rapide des
glaciers andins inter-tropicaux présente encore d’autres risques, par exemple
avalanches et inondations dues au débordement des lacs glaciaires. Plus de
la moitié des glaciers des zones tropicales du monde se trouvent dans les 19
chaînes de montagne recouvertes de glace du Pérou, principalement dans la
Cordillère blanche. Ce danger est bien moindre plus au sud, dans les Andes
de Patagonie où le recul est plus lent; bien que la diminution de la taille des
glaciers y soit encore importante, elle ne présente pas les mêmes dangers et
les mêmes risques.
18
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
La meilleure utilisation possible des ressources et du potentiel énergétique
de l’immense quantité d’eau que renferment encore les glaciers situés le
plus au sud consisterait à délocaliser les systèmes de production dans les
500 000 km2 et plus du plateau semi-aride de Patagonie. Ceci exigerait de
conserver la diversité biologique précieuse de la région, de développer la
technologie appropriée et d’utiliser rationnellement et judicieusement les
grandes quantités d’eau de ruissellement et souterraine résultant du recul des
glaciers. A cette fin, on pourrait s’inspirer de l’expérience de l’utilisation du
bassin supérieur du Rio Negro à des fins industrielles qui, depuis les années
1930, a permis d’en faire le remarquable exportateur de fruits et de vins qu’il
est aujourd’hui.
Après avoir planifié l’adaptation des cultures céréalières dont les rendements
vont baisser dans les campagnes du nord de l’Argentine, celles-ci pourraient
par Susana Bischoff,
Graciela Canziani and Patricia Centurión
© Michael Ochs Archives/Corbis
Tout ceci doit être complété par des mesures tenant compte des nouvelles
conditions climatiques qui prévaudront dans l’océan Austral et l’Antarctique,
tous deux soumis aux effets des changements climatiques qui ont des
conséquences d’importance capitale pour les écosystèmes naturels dont
dépend l’avenir de beaucoup d’espèces. Les changements environnementaux
sont déjà manifestes et ils auront de sérieuses répercussions sur la chaîne
alimentaire tributaire du phytoplancton.
L’abondance du krill dépend de la température de la mer et de la disponibilité
de phytoplancton. Le réchauffement de la planète risque de diminuer la
production de krill et les sources d’aliments des poissons, des mammifères
marins, des oiseaux de mer et autres espèces marines. Les pêcheries de l’océan
Austral représentent une partie importante de la production alimentaire
mondiale, aussi des programmes de recherche spécifiques doivent d’urgence
être entrepris, des mesures appropriées de renforcement des capacités prises
et des règlements adéquats élaborés pour assurer la protection de la vie de la
faune et de la flore marines.
Comme le souligne le Groupe intergouvernemental sur les changements
climatiques, il est urgent à la fois d’atténuer l’augmentation constante de
la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et de mettre au
point des stratégies d’adaptation pour faire face aux effets des changements
climatiques. Toutes les mesures possibles doivent être envisagées et prises
pour protéger les écosystèmes naturels de la Terre.
Pour sauver les glaciers d’Amérique du Sud, il faut que les gouvernements et
les entreprises privées agissent sans retard. Des mesures urgentes doivent
être prises pour atténuer les dangers et les risques pour les populations qui
dépendent encore de la fonte des neiges – et qui subissent actuellement les
effets du recul rapide des glaciers de leurs montagnes. En même temps, il
serait opportun de tirer parti de la disponibilité de l’eau qui, pendant un siècle
ou davantage, bénéficierait au plateau de Patagonie.
Une intervention rapide est indispensable pour protéger la vie et les biens de
ceux qui sont déjà exposés aux effets catastrophiques des avalanches et des
débordements des lacs glaciaires et pour planifier l’utilisation des ressources
en eau provenant des glaciers avant qu’elles ne finissent par disparaître au sud
du continent. Pour cela, il faut aussi élaborer des plans nationaux appropriés
afin d’évaluer les conditions climatologiques locales, aujourd’hui et demain,
d’utiliser judicieusement la terre et l’eau et de programmer la délocalisation des
espèces les plus touchées par le réchauffement dans leurs habitats actuels.
être délocalisées vers le bassin inférieur du Rio Negro et des terres irriguées
d’autres sous-régions de la Patagonie. L’Institut pour le développement
du Bassin inférieur du Rio Negro a déjà entrepris les études de faisabilité
nécessaires. L’énergie indispensable à une telle entreprise pourrait être fournie
par des usines hydroélectriques locales et par les vents d’ouest constants dont
l’exploitation a déjà commencé.
Les manifestations d‘ El Niño s’accompagneront d’importantes chutes de neige
dans les Andes en dessous de 29º de latitude sud. Il y a donc lieu de planifier
l’utilisation des eaux de fonte, de sélectionner des espèces végétales mieux
adaptées au nouveau climat de la Patagonie, de fonder le développement
sur la gestion intégrée des eaux et les études pédologiques appropriées
et d’adopter des techniques agricoles permettant de tirer le meilleur parti
possible du potentiel de cette région éloignée du globe.
Pour les gouvernements et les entreprises privées d’Argentine et du Chili,
l’adaptation constitue le défi le plus immédiat au niveau de la planification du
développement durable. Bien pensée, elle permettrait d’utiliser au mieux la
ressource la plus critique de notre siècle – l’eau, de sauvegarder la production
alimentaire en analysant judicieusement les possibilités d’amélioration de la
productivité avec l’eau provenant de la fonte des neiges et des glaces. Les
chercheurs sont peut-être en mesure de prévoir de nouveaux scénarios
environnementaux mais les décideurs doivent les réaliser.
L’objectif de la Journée mondiale de l’environnement ne doit pas être
simplement de décrire les difficultés résultant du réchauffement de la planète
et de la perte de ses glaciers et de ses neiges qui en est la conséquence. Il doit
aussi définir les grandes lignes de l’action future sur une planète qui se dirige
vers un nouveau régime climatique au niveau mondial.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
19
des tsunamis da
par Basanta Shrestha
Les glaciers de l’Himalaya, qui s’étirent sur 4 000 km de l’Afghanistan, à
l’Ouest, jusqu’à la Chine et au Myanmar, à l’Est, sont une source de vie
pour des centaines de millions de personnes vivant dans cette région
montagneuse et dans les plaines adjacentes. La chaîne de montagnes la plus
élevée du monde — dont le nom allie les deux mots sanskrits ‘hima’ (neige)
et ‘alaya’ (séjour) — s’enorgueillit de plus de 30 sommets dépassant 7 600
m et possède la plus vaste concentration de glaciers en dehors des pôles.
Réserve inépuisable d’eau douce, ces glaciers sont la source d’immenses
réseaux hydrographiques baignant toute l’Asie. A l’instar d’autres glaciers
dans le monde, ils offrent un cadre unique à l’exploration scientifique et
aux études sur la complexité du système climatique.
Dans le monde entier, les glaciers reculent devant l’accélération du
réchauffement de la planète, cependant que les activités humaines
provoquent une croissance régulière des concentrations de gaz à effet de
serre. Leur fonte est un indicateur important du changement climatique.
Selon certaines prévisions, jusqu’au quart de la masse des glaciers de
montagnes pourrait disparaître d’ici 2050, et jusqu’à la moitié d’ici 2100.
Les changements de température sont plus prononcés à haute altitude
et plusieurs études ont révélé que les glaciers himalayens fondent
aujourd’hui à un rythme jamais vu. Les régimes d’écoulement des eaux
douces s’en trouveront radicalement modifiés, ce qui aura des effets
spectaculaires sur l’approvisionnement en eau potable, la biodiversité,
la production hydroélectrique, l’industrie, l’agriculture et les moyens
de subsistance.
D’importantes données de référence sur les glaciers himalayens ont été
rassemblées grâce à une étude réalisée pour le programme de recherche sur
le changement climatique du Centre international de mise en valeur intégrée
des montagnes, en partenariat avec le PNUE et le réseau Asie-Pacifique
et en étroite collaboration avec des organisations partenaires nationales.
Cette étude a recensé quelque 15 000 glaciers couvrant une superficie
totale de 33 340 km2 au Bhoutan, au Népal et au Pakistan, ainsi que certains
bassins hydrographiques de Chine et d’Inde. L’observation individuelle des
glaciers montre que, pour certains, la cadence du recul a doublé depuis le
début des années 70, bien que des variations existent d’un bassin à l’autre.
La publication d’études sur le Bhoutan et le Népal, en 2001, a suscité une prise
de conscience mondiale sur ce phénomène et ses conséquences.
Un inventaire des glaciers chinois, étude à long terme de l’Académie chinoise
des sciences, a conclu à une diminution de 5,5 % du volume des 46 928
glaciers du pays au cours des 24 années écoulées ce qui revient à la perte de
plus de 3 000 km2 de glace. Cette étude prédit que, d’ici 2050, les deux-tiers
auront disparu et, d’ici 2100, la quasi-totalité, si le climat continue d’évoluer au
rythme actuel. Pendant ce temps, une étude du Centre international de mise
20
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
en valeur intégrée des montagnes concluait que la surface des glaciers dans le
bassin du Poiqu, dans la Région autonome du Tibet, a diminué de plus de 5 %
entre 1988 et 2000. Certains ont reculé de plus de 50 m par an. De même,
le front du glacier de Gangotri, dans l’Himalaya indien, a remonté d’environ
2 km entre 1780 et 2001, et son recul se poursuit à un rythme inquiétant.
Au Bhoutan, la comparaison de 66 glaciers sur une carte de 1963 avec une
image satellite de 1993 montre qu’ils ont rétréci de 8,1 %, et que les plus petits
ont totalement disparu.
Alors que les glaciers reculent, des lacs se forment derrière leurs moraines
frontales, nouvellement dégagées. La plupart des lacs glaciaires de l’Himalaya
sont apparus au cours des cinquante dernières années. Ces lacs peuvent
s’agrandir à une vitesse effrayante : les lacs glaciaires Imja Tsho et Tsho Rolpa,
au Népal, s’élargissent d’environ 41 et 66 m par an respectivement. Une
aussi rapide accumulation d’eau peut conduire à des ruptures soudaines de
leurs barrages naturels, instables. D’énormes quantités d’eau et de débris
seraient alors libérées, engendrant des phénomènes dits « Inondations
provoquées par le débordement des lacs glaciaires ». Certaines de ces
inondations ont déjà été signalées dans la région; en 1985, celle du lac Dig
Tsho, dans le parc national de l’Everest, au Népal, a tué plusieurs personnes et
détruit des chemins, des ponts, des maisons, des terres arables et une usine
hydroélectrique en construction. Les inondations futures pourraient avoir
des effets plus catastrophiques encore, et devenir des « tsunamis de
montagnes » qui mettraient en danger des millions de personnes en aval.
L’inaccessibilité, la rudesse du terrain en altitude et la dureté des conditions
climatiques rendent difficile la surveillance des glaciers himalayens à l’aide
des méthodes conventionnelles. La taille et l’éloignement de la plupart
des glaciers de montagnes amènent à faire reposer leur surveillance et
leur évaluation sur l’observation par satellite. Des efforts concertés sont
constamment nécessaires pour surveiller les glaciers, atténuer les dangers
qu’ils pourraient constituer, et mettre en place un système d’alerte rapide
contre les possibilités d’inondations provoquées par les lacs glaciaires.
Ce type de catastrophe est souvent transfrontalier; une coopération
régionale est donc nécessaire pour élaborer une stratégie coordonnée
permettant de traiter à la fois ces problèmes et ceux de la gestion de l’eau.
Les glaciers himalayens font partie intégrante du système d’entretien de la
vie dans la région et leur recul apporte la preuve irréfutable de la nécessité
d’agir d’urgence pour contrer l’évolution du climat mondial. Il est difficile de
prédire exactement comment les glaciers vont fondre dans l’avenir, mais
il est temps d’agir collectivement pour éviter les pires conséquences.
La communauté internationale doit agir immédiatement pour préserver les
précieuses ressources naturelles de cette région du monde relativement
inexplorée, et pourtant l’une des plus spectaculaires.
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
21
© Steve Razzetti/Taxi/Getty Images
ans la montagne
l’action,
ça marche
par Linda Fisher
Un article récemment publié par une équipe de scientifiques
spécialistes de l’atmosphère a montré que les actions issues du
Protocole de Montréal de 1987 ont eu des effets significatifs sur
la protection du climat terrestre et de la couche d’ozone. Les
scientifiques ont conclu que les réductions des émissions de
substances qui appauvrissent la couche d’ozone, telles que les
chlorofluorocarbones (CFC), ont compensé dix années de rejets
de dioxyde de carbone.
Ce sont là de bonnes nouvelles, pour plusieurs raisons. On voit
d’abord que la communauté internationale a agi à bon escient sur
les CFC. Mais, et c’est plus important, cela démontre que nous
pouvons agir concrètement sur le changement climatique, et que
l’action, ça marche.
Le réchauffement de la planète constitue aujourd’hui un défi en
tous points aussi grave, mais beaucoup plus complexe, que la
question de l’ozone sur laquelle avaient précédemment travaillé
les concepteurs du Protocole de Montréal. La nécessité d’une
action planétaire concrète est tout aussi impérative, d’autant
plus que nous savons maintenant que cela marche. Nous devons
travailler ensemble à élaborer une approche mondiale coordonnée
et porteuse de sens. Nous sommes fermement convaincus du
bien-fondé des principes tracés par la Table ronde mondiale sur
le changement climatique et le Partenariat des États-Unis pour
l’action sur le climat, deux coalitions qui ont récemment défini des
cadres d’orientation pour s’attaquer aux questions de l’évolution
du climat. Nous encourageons d’autres organisations à soutenir
ces efforts pour faire progresser l’action au niveau mondial.
Depuis près de 20 ans, DuPont s’efforce de réduire les émissions
de gaz à effet de serre sur tous ses sites, dans le monde entier.
Depuis 1991, l’entreprise a réduit de plus de 70 % ses émissions,
économisant ainsi plus de trois milliards de dollars de dépenses
énergétiques. Nous avons fixé aujourd’hui nos propres objectifs,
ambitieux, en matière de durabilité, en visant des réductions plus
poussées encore des émissions de gaz à effet de serre, et la mise
sur le marché de nouvelles technologies et de nouveaux produits
22
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
plus efficaces. Nous avons ainsi élargi nos engagements en faveur
de la durabilité au-delà de la réduction de notre propre empreinte
environnementale, pour développer le marché en améliorant
le revenu des produits et en investissant davantage dans la
recherche-développement directement liée à la croissance du
marché — en particulier le développement de produits plus sûrs
et plus écologiques pour les marchés mondiaux.
Nous mettons au point les combustibles de demain, à haut
rendement, et d’autres solutions bioénergétiques de remplacement
pour élargir le choix des consommateurs, et nous fournissons
déjà du matériel hautement performant dans le secteur des
panneaux solaires photovoltaïques et des piles à combustible.
Nous travaillons sur des solutions de remplacement des
réfrigérants, présentant un moindre potentiel de réchauffement
de la planète, et nous avons annoncé l’an dernier la mise au point
d’un nouveau réfrigérant pour la climatisation des automobiles
afin de satisfaire aux nouvelles réglementations de l’Union
européenne.
Nous avons récemment lancé la première
membrane respirante de sous-toiture qui, conjuguée à un autre
de nos produits, enveloppe entièrement la maison, épargnant
ainsi jusqu’à 20% des dépenses énergétiques.
Ce type d’action peut tout aussi bien être adopté par les
fournisseurs, les clients et les consommateurs tout au long des
chaînes de valeurs dans lesquelles nous opérons. Nous devons
tous prendre des mesures contre le changement climatique
dans le cadre de nos entreprises, notre travail et nos modes
de vie. Nous encourageons le dialogue entre les sociétés, la
communauté scientifique, les gouvernements et les organisations
de défense de l’environnement — et demandons instamment à
chacun d’agir. DuPont est engagée dans une politique mondiale
sur le climat, qui est à la fois efficace au plan de l’environnement
et économiquement viable. Alors que l’action gouvernementale
reste concrètement à définir, nul ne conteste que l’action soit
nécessaire. Sur ce point, le débat devrait s’apaiser, parce que
les premiers résultats sont engrangés et qu’ils confirment notre
intuition: l’action, ça marche.
© Catherine Cunnigham
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
23
prix et événements
Cette année, les célébrations de la Journée mondiale de l’environnement ont lieu
en Norvège – à Oslo et à Tromsø. Parmi les évènements les plus marquants organisés
à Tromsø, il y aura un service œcuménique célébré par S.E. l’Archevêque Desmond Tutu
dans la cathédrale arctique en présence des représentants de différentes confessions,
la cérémonie de remise du prix du Concours international de peintures pour enfants et
un débat télévisé sur le thème de la fonte des glaces et des changements climatiques.
Le 5 juin, les célébrations se poursuivront à Oslo avec la cérémonie de remise du Prix
environnemental Sophie qui sera décerné à cette occasion à l’ex-Premier Ministre de
Suède, Goran Persson. L’après-midi, une exposition artistique sur les changements
climatiques organisée par le PNUE et le Musée d’histoire naturelle du monde aura lieu au
Centre Nobel de la paix.
http://www.wed.npolar.no/world-environment-day-2007/
journée mondiale
de l’environnement
changements climatiques
La Journée mondiale de l’environnement a été instituée par l’Assemblée générale
des Nations Unies en 1972 pour marquer l’ouverture de la Conférence de Stockholm sur
l’environnement humain. Par une autre résolution, adoptée le même jour, l’Assemblée
générale a créé le Programme des Nations Unies pour l’environnement, PNUE. Célébrée le
5 juin de chaque année, la Journée mondiale de l’environnement est l’un des principaux
moyens permettant à l’Organisation des Nations Unies de sensibiliser davantage le monde
à l’environnement et d’attirer l’attention des milieux politiques sur la nécessité de prendre
des mesures. Le slogan de la Journée mondiale de l’environnement retenu pour 2007 est
“La fonte des glaces : une question brûlante?”. A l’appui de l’Année polaire internationale,
le thème de la Journée mondiale de l’environnement pour 2007 est axé sur les effets des
changements climatiques sur les écosystèmes et les communautés des régions polaires et
sur les conséquences qui en résultent dans le monde.
http://www.unep.org/wed/2007/english/
Mars 2007 a vu le début de l’Année polaire internationale 2007–2008, effort déployé
au niveau mondial pour mieux faire comprendre comment les régions polaires les plus
éloignées de la Terre affectent les systèmes climatiques du globe. Organisée par le Conseil
international pour la science (ICSU) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM),
l’Année polaire internationale 2007-8 comprendra plus de 200 projets et des milliers de
savants de plus de 60 pays étudieront toute une série de sujets de recherche physique,
biologique et sociale. Dans le cadre de cette Année, le PNUE soutient le projet ambitieux
sur la dérive de l’Arctique dans le cadre duquel la goélette polaire Tara va dériver pendant
deux ans, piégée dans les glaces de l’Arctique, offrant ainsi une plate-forme inédite aux
observations et à la recherche scientifiques sur l’évolution de l’environnement arctique
et communiquant ses constatations aux hommes de science, aux décideurs et au grand
public. Il est possible de suivre la progression du Tara sur les pages consacrées à cette
expédition sur le site web du PNUE www.unep.org.
année polaire internationale
prix « energy globe »
24
Après avoir aidé plus de 100 000 personnes dans 18 000 ménages indiens à financer
l’énergie propre tirée de leurs systèmes solaires photovoltaïques domestiques, le
Programme de prêts du PNUE pour la production d’énergie solaire en Inde, représenté par
l’administrateur de projet Jyoti Prasad Painuly, a remporté le prix « Energy Globe ».
Cette récompense est décernée chaque année à des projets du monde entier qui “font une
utilisation prudente et économique des ressources et emploient des sources d’énergie
alternatives”. Le Programme de prêts pour la production d’énergie solaire en Inde, d’une
durée de quatre ans, lancé en 2003 avec l’appui de la Fondation des Nations Unies et de la
Fondation Shell, est un partenariat entre le PNUE, le Centre Risoe du PNUE pour l’énergie,
le climat et le développement durable et deux des plus grands groupes bancaires de l’Inde;
il a pour objectif de mettre en place un marché du crédit à la consommation pour financer
des systèmes solaires domestiques en Inde du Sud où le réseau électrique classique
est inexistant ou peu fiable. Ayant commencé en 2003 comme une petite entreprise
n’acceptant que des espèces, le marché du secteur domestique de l’énergie solaire voit
actuellement plus de 50 % des ventes financées par les banques, dont 20 ont des réseaux
de plus de 2 000 succursales qui offrent maintenant un financement pour le solaire
domestique. Le PNUE s’est inspiré de la réussite du Programme de prêts pour la production
d’énergie solaire en Inde pour l’étendre à d’autres régions, notamment sous forme de
programmes de prêts pour le chauffage de l’eau à l’énergie solaire au Maroc et en Tunisie
et d’autres encore en cours d’élaboration en Algérie, en Indonésie, au Mexique et au Chili.
http://www.uneptie.org/energy/act/fin/india/
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
Le « Goldman Environmental Prize » est la plus haute récompense mondiale
attribuée à de simples écologistes, en remettant chaque année 125 000 dollars aux
lauréats de chacun des six continents habités du monde.
Les lauréats du Goldman Environmental Prize 2007, annoncés le 22 avril, sont
les suivants :
* Amérique du Nord : Sophia Rabliauskas, 47 ans, Manitoba, Canada, pour avoir
assuré à titre intérimaire la protection de la forêt boréale du Manitoba.
* Afrique : Hammerskjoeld Simwinga, 45 ans, Zambie, pour la création d’un
programme de développement communautaire novateur qui a permis de
rétablir des populations de faune sauvage.
* Asie : Tsetsegee Munkhbayar, 40 ans, Mongolie, pour sa collaboration avec les
pouvoirs publics et des organisations populaires afin de mettre un terme aux
opérations d’extraction minière destructrices le long des rares voies d’eau
de Mongolie.
* Amérique du Sud et Amérique centrale : Julio Cusurichi, 36 ans, Pérou, pour avoir
obtenu l’établissement d’une réserve nationale dans la région éloignée de
l’Amazonie péruvienne afin de protéger les écosystèmes délicats des forêts pluviales
et les droits des peuples autochtones.
* Europe: Willie Corduff, 53 ans, Irlande, pour avoir mis fin à la construction d’un
oléoduc traversant leur terre et approuvé illégalement.
* Iles et Etats insulaires : Orri Vigfússon, 64 ans, Islande, pour avoir négocié le
rachat des droits de pêche internationaux avec des gouvernements et des sociétés
de l’Atlantique Nord afin d’arrêter les opérations commerciales destructrices de la
pêche au saumon.
http://www.goldmanprize.org/
Avec quelques 35 millions de volontaires
de plus de 100 pays, selon les estimations,
la campagne Nettoyons la planète
est le partenaire le plus important du
PNUE pour promouvoir des activités de
sensibilisation et des actions en faveur de
l’environnement dans le monde. Chaque
année, cette campagne, qui atteint son
apogée en septembre lors du week-end
Nettoyons la planète, est liée au thème de
la Journée mondiale de l’environnement;
elle fournit à ses membres des feuilles
d’information sur les problèmes et leur
indique les liens sur son site web avec
le PNUE. Les membres de Nettoyons la
planète participent aux activités de la
Journée mondiale de l’environnement sur
tous les continents et, cette année, ils sont
encouragés à contribuer à la Campagne
pour un milliard d’arbres. www.unep.
org/billiontreecampaign.
campagne nettoyons la
planète
Changements Climatiques : Liens Utiles
Cette page contient des liens avec les sites web de gouvernements,
d’organisations internationales, d’organisations non gouvernementales,
d’entreprises commerciales, de médias et d’autres groupes du monde entier pour
vous aider à faire des recherches sur le phénomène complexe des changements
climatiques. Nous avons compilé ces liens à partir de l’étude que nous avons
faite de la grande quantité d’informations disponibles sur l’Internet afin de vous
aider à trouver les sources les plus pertinentes pour vos recherches. La revue
Notre Planète, cependant, ne souscrit aucunement aux points de vue de l’un
quelconque des groupes avec lesquels nous avons des liens et nous ne pouvons
en aucun cas garantir la précision des informations données sur ces sites. Nous
espérons plutôt vous offrir un large éventail d’opinions et de perspectives.
www
www.unep.org
Google Earth fait connaître les bureaux du PNUE - Vous êtes-vous jamais demandé à quoi ressemble le siège du PNUE à Nairobi? Ou
encore où se trouvent les nouveaux bureaux du PNUE à Panama City ou à Paris? Et qu’en est-il du PNUE au Japon? Grâce à Google Earth et à
la technologie de Google en matière de cartographie, le PNUE a maintenant simplifié la localisation de ses bureaux partout dans le monde. Si
vous naviguez sur l’Internet avec Google Earth, vous pourrez bientôt vous rendre virtuellement en mission dans n’importe quel bureau régional,
bureau extérieur, centre collaborateur ou secrétariat du PNUE, en téléchargeant simplement un petit fichier sur www.unep.org. Les logos du
PNUE apparaîtront sur votre globe virtuel et en cliquant sur l’un d’entre eux vous serez transporté au bureau situé à cet endroit où vous trouverez
l’adresse et les informations nécessaires pour prendre contact avec le bureau en question. Selon les détails des images satellitaires disponibles,
vous pourrez peut-être même faire un zoom sur le bâtiment précis dans lequel il se trouve.
Il faut savoir que
www.ipcc.ch/
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé par l’Organisation
météorologique mondiale (OMM) et le PNUE pour évaluer les informations scientifiques, techniques et
socio-économiques pertinentes pour la compréhension des changements climatiques, leurs conséquences
potentielles et les options offertes par des mesures d’adaptation et d’atténuation.
www.grida.no/climate/vital/
Les graphiques climatiques d’importance vitale, produits par la base de données du PNUE sur les ressources
mondiales (GRID-Arendal), donnent des informations graphiques claires et faciles à comprendre sur les
changements climatiques, tirées des rapports d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat et destinées aux scientifiques, aux décideurs, aux éducateurs et au grand public.
unfccc.int/
La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et son Protocole de Kyoto servent
de base aux efforts déployés dans le monde pour inverser la tendance au réchauffement de la planète en
réduisant ou en compensant les émissions de gaz à effet de serre.
www.unep.org/themes/climatechange/index.asp
Le site du PNUE sur les changements climatiques donne des informations sur les activités du Programme
des Nations Unies pour l’environnement dans ce domaine et sur ses liens avec ses partenaires.
www.unep.org/wed/2007
Des informations concernant le thème de la Journée mondiale de l’environnement en 2007, « La fonte
des glaces : un sujet brûlant », et aussi des détails sur la façon de planifier la Journée mondiale de
l’environnement dans le monde ou d’y participer.
etre partie prenante à la solution
www.stopglobalwarming.org/
“Il n’est pas de cause plus importante que l’appel à l’action pour sauver notre planète. Il s’agit d’un
mouvement en faveur du changement, auquel participent les individus, les pays et la communauté
mondiale. Nous contribuons tous au réchauffement de la planète et nous devons tous être partie
prenante à la solution du problème”.
www.avaaz.org/en/climate_action_g8/
« Tous les habitants de la Terre interviennent pour trouver des solutions aux problèmes urgents du monde ».
Avaaz a présenté les 100.000 premières signatures d’une pétition sur les changements climatiques à
une réunion des Ministres de l’environnement du G8, en mars; il continue à en recueillir d’autres pour le
Sommet des dirigeants des pays membres du G8 qui se tiendra en juin. Angela Merkel, Chancelière de
l’Allemagne et Présidente du G8, a fait des changements climatiques une question prioritaire de l’ordre du
jour de ce Sommet.
www.carbonfund.org
« Réduisez ce que vous pouvez, compensez ce que vous ne pouvez pas ». Le Fonds pour le carbone a
pour mission d’arriver à un niveau mondial zéro de carbone. Il est possible de réduire les risques des
changements climatiques en donnant aux citoyens et aux entreprises des moyens simples et abordables
pour réduire leur empreinte carbone et soutenir des projets respectueux du climat.
www.myclimate.org
Le Partenariat pour la protection du climat se fonde sur le concept de solutions volontaires et novatrices
pour protéger le climat et promouvoir les sources d’énergie renouvelables et l’efficacité énergétique.
Avec myclimate.org., le site comprend une section de références sur les organisations et organisateurs de
manifestations qui compensent déjà les émissions de CO2.
en français
www.greenfacts.org/en/climate-change-ar4/index.htm
Ce site offre un résumé du rapport de 2007 du groupe de travail 1 du Groupe intergouvernemental sur
l’évolution du climat. Le site permet aux lecteurs de sélectionner les détails correspondant le mieux à
leurs besoins.
www.ecologie.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=960
Le site web du Ministère français de l’environnement et du développement durable donne des informations
détaillées sur les questions liées aux changements climatiques.
www.changement-climatique.fr
Créé par le Conseil économique et social, le site offre un blog aux hommes de sciences, aux experts et au
grand public pour échanger des idées et discuter sur les changements climatiques.
mineco.fgov.be/energy/climate_change/home_fr.htm
Le site contient des documents qui s’efforcent d’expliquer les aspects économiques et scientifiques
des changements climatiques. Une section destinée aux enseignants propose un jeu-concours sur les
changements climatiques.
www.carbonneutral.com
La société CarbonNeutral prétend être l’une principales entreprises de consulting du monde en matière
de climat et de compensation, qui aide des milliers de personnes et des centaines de grandes entreprises
dans le monde à mesurer, réduire et compenser leurs émissions de CO2. Le site donne des liens pour des
entreprises, des acheteurs de carbone, des projets concernant le carbone et des produits respectueux
du climat.
www.carbonfootprint.com
L’empreinte carbone est une mesure, exprimée en unités de CO2, de l’impact que les activités de l’homme
ont sur l’environnement par rapport à la quantité produite de gaz à effet de serre. Le site web encourage
les utilisateurs à prendre trois mesures simples : 1) calculer leur empreinte carbone, 2) la réduire et 3)
compenser leur empreinte carbone.
enviro-cool
www.global-cool.com
Soutenu par des célébrités, des musiciens, des hommes politiques et des capitaines d’industrie, ce nouveau
mouvement mondial a pour objectif d’inverser les effets du réchauffement de la planète en demandant
à un milliard de personnes de réduire leurs émissions de carbone d’une seule tonne par an pendant la
prochaine décennie en faisant des choses aussi simples que débrancher leur
I-Pod ou le chargeur de leur téléphone portable lorsqu’elles ne les utilisent pas.
www.ec.gc.ca/default.asp?lang=En&n=6EE576BE-1
Environnement Canada, le site web des organismes canadiens chargés de l’environnement, offre
un aperçu général détaillé de l’approche multiple adoptée par le Canada pour lutter contre les
changements climatiques.
www.ecorazzi.com
« Le dernier des potins verts ». Ecorazzi est en quelque sorte un « canal pour faire circuler les derniers potins
concernant des célébrités qui se lancent dans l’activisme et veulent inspirer le changement... Nous attirons
aussi l’attention sur les efforts humanitaires, les campagnes salutaires, les collecteurs de fonds et les actes
de bienfaisance ».
ec.europa.eu/environment/climat/campaign
La campagne de la Commission européenne « A vous de contrôler les changements climatiques » aide les
individus à contribuer à la lutte contre les changements climatiques.
www.treehugger.com
TreeHugger se décrit comme « principal centre des médias consacré à l’intégration de la durabilité. Ayant un
faible pour l’esthétique moderne, nous faisons notre possible pour être un guichet unique pour tout ce qui
touche à l’écologie : nouvelles, solutions et informations concernant les produits verts. »
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
25
produits
Changer le présent
Eco bouilloire
« Changer le monde, un don à la fois »,
http://ChangingThePresent.org vous
permet de protéger un acre de forêt
pluviale, d’investir dans un programme
d’assainissement ou de promouvoir
l’éducation en faveur de l’environnement.
Vous pouvez investir dans la recherche sur
l’environnement, faire un don à un avocat
qui défend les droits fonciers ou aider à
lutter contre les changements climatiques.
Et ceci ne concerne que l’environnement.
ChangingThePresent offre des possibilités
pratiquement pour n’importe quelle cause.
D’après le Ministère de l’environnement, de
l’alimentation et des affaires rurales (DEFRA) du
Royaume-Uni : « Si chacun faisait bouillir seulement
la quantité d’eau dont il a besoin pour faire une tasse
de thé au lieu de « remplir » la bouilloire chaque fois,
nous pourrions économiser assez d’électricité pour
éclairer pratiquement toutes les rues du RoyaumeUni ». La bouilloire écologique a un double réservoir
breveté , dont un a une contenance de 1,5 litres d’eau,
avec un dispositif de mesure qui permet de verser
n’importe quelle quantité – depuis une tasse jusqu’à
tout son contenu – dans un compartiment séparé, ce
qui permet au consommateur d’économiser jusqu’à
30 % d’énergie par rapport à une bouilloire ordinaire.
Cette bouilloire comporte un élément dissimulé en
acier inoxydable de 3 kilowatts, un filtre lavable en
argile et un couvercle verrouillable.
ChangingThePresent.org
www.ecokettle.com
Smile
Le projet de modèle durable d’éclairage pour tous (SMILE), fer
de lance de la Royal Philips Electronics, a pour but de d’offrir
un moyen d’éclairage abordable, de grande qualité et d’une
grande efficacité énergétique là où il est le plus nécessaire. Deux
solutions d’éclairage sont au cœur du projet SMILE : une lanterne
portable rechargeable et une torche électrique LED actionnée
manuellement. En partenariat avec le lauréat du prix Sasakawa du
PNUE pour l’environnement, Development Alternatives, la Fondation
Development of Humane Action et MART Rural Solutions, Philips
met au point un modèle commercial qui permettra aux familles
d’éclairer leur foyer sans polluer l’air à l’intérieur ni risquer de
provoquer un incendie. Actuellement mis en oeuvre dans quatre
Etats de l’Inde, le programme sera bientôt lancé dans huit autres.
Les produits sont également utiles aux commerçants, aux pêcheurs
qui travaillent de nuit et aux enfants qui étudient à la maison.
www.philips.com/About/sustainability/Section-15220/
article-16680.html
Plantic
Bus scolaire hybride
« Modifier la nature des plastiques »,
tel est le slogan de Plantic, la société
australienne de technologie des
matières plastiques biodégradables.
Plantic Technologies a mis au point
un produit de remplacement des
matières plastiques conventionnelles
qui est entièrement biodégradable,
soluble dans l’eau et organique et tiré
du maïs non modifié génétiquement.
L’une de ses utilisations les plus
récentes est celle de Sainsbury pour
des « œufs de Pâques si organiques ».
Selon un article paru dans le London
Times, l’utilisation de ce nouvel
emballage respectueux de la biologie
par Sainsbury pourrait permettre
d’éviter de rejeter sept tonnes de
déchets dans des décharges.
L’un des symboles les plus tenaces des Etats-Unis – le bus scolaire – va être
converti grâce à IC Corporation, le plus grand fabricant de bus scolaires des
Etats-Unis, et à Enova Systems, un fournisseur de premier plan de systèmes
de transmission hybrides. Suite à une initiative appelée Projet de bus scolaire
électrique hybride branché sur le secteur, 19 autobus hybrides ont été attribués
à des Etats du pays par Advanced Energy, entreprise à but non lucratif qui a lancé
un consortium d’achat de districts scolaires, d’agences publiques de fourniture
d’énergie et de fournisseurs de transports scolaires. La nouvelle technologie
hybride de bus scolaire pourrait réduire les émissions de 90 %. Autre avantage
: comme les bus scolaires ne sont généralement pas climatisés, les fenêtres sont
habituellement ouvertes lorsqu’il fait chaud. Les enfants sont donc exposés aux
gaz des tuyaux d’échappement lors du ramassage à l’aller et au retour. Ce système
hybride promet de diminuer l’exposition aux particules de diesel.
www.enovasystems.com/
www.plantic.com.au
26
TracElite
NOTRE PLANETE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LA CRYOSPHERE
L’abattage illicite est une activité lucrative qui
contribue en même temps à l’évolution du
climat. Mis au point par la société de gestion
de la forêt tropicale, TracElite est un système
informatisé mondial qui suit le bois, de la souche
jusqu’au magasin, aide à lutter contre l’abattage
illicite et aide les consommateurs à choisir des
produits durables. Avec ce système qui a été
mis à l’essai en Indonésie, un arbre destiné à
l’abattage autorisé reçoit un code barre unique,
indiquant la variété à laquelle il appartient et
le lieu où il se trouve, qu’il porte pendant tout
le processus, depuis la forêt jusqu’au meuble.
Lorsque le code barre est scanné, un serveur à
Londres vérifie les informations. Du fait que le
système fonctionne sur l’Internet, il est toujours
activé. Les grossistes et les détaillants peuvent
immédiatement intervenir pour identifier les
problèmes avant que des produits contenant du
bois d’origine inconnue soient manufacturés,
emballés et expédiés.
www.tracelite.com
Allègement de la facture d’électricité
Le Ministre australien de l’environnement,
Malcolm Turnbull, a fait la une de la presse
mondiale en février 2007 lorsqu’il a annoncé
que l’Australie éliminerait progressivement
les ampoules électriques à incandescence
pour tenter de réduire les émissions de gaz
à effet de serre. Les ampoules jaunes à
incandescence, utilisées pratiquement sans
aucun changement depuis qu’elles ont été
inventées au XIXe siècle, seront remplacées
par des ampoules compactes fluorescentes
plus efficaces d’ici à 2009. Environ 95 %
de l’énergie consommée par une ampoule
électrique à incandescence est émise sous
forme de chaleur plutôt que de lumière
visible. L’efficacité d’une ampoule électrique
à incandescence étant inférieure à 5 %, elle
est approximativement équivalente au quart
de celle d’une lampe fluorescente qui est de
l’ordre de 20 %. L’interdiction des ampoules
à incandescence permettrait à l’Australie de
réduire, d’ici à 2012, ses émissions actuelles
de carbone de 800 000 tonnes de carbone
et de faire baisser le coût de l’éclairage des
foyers de 66 %.
http://www.environment.gov.au/minister/
env/2007/pubs/mr23apr07.pdf
Né il y a 54 ans à Wahroonga, une banlieue de Sydney, il a grandi en jouant
dans le bush qu’il aimait explorer et il a réussi à vaincre en partie son asthme
en pratiquant le surf. Il explique à Notre planète « Je crois que ces expériences
ont éveillé en moi l’amour de la nature ».
A vingt ans, il participe à la création d’un groupe de rock progressif, qui allait
devenir Midnight Oil, en 1976. Très proche de la communauté des surfeurs de
Sydney — et présentée par le magazine Rolling Stone comme « l’un des groupes
les plus importants que l’Australie ait jamais vu naître » — cette formation s’est
rendue tout aussi célèbre par l’indépendance farouche de ses prises de position
et de ses engagements que par sa musique. « Nous avons toujours été intéressés
par ce qui se passait autour de nous », ajoute-t-il, « en tant que musiciens et
auteurs, nous avons beaucoup voyagé et c’est ainsi que nous avons constaté
que l’environnement se détériorait partout où nous allions ».
Leurs chansons et leurs albums sont inspirés des thèmes de leurs campagnes,
mais ils ont surtout acquis leur célébrité grâce à leurs concerts de solidarité et
de bienfaisance. En 1990, ils se sont produits à New York
sur un camion, face
à l’immeuble
Exxon, sous
une
banderole proclamant « Midnight Oil vous fait danser, Exxon Oil nous rend
malades » pour protester contre la marée noire de l’Exxon Valdez en Alaska.
Ils ont organisé des manifestations similaires à la mine d’uranium de Jubiluka,
dans la région d’Arnhem (Australie); à Clayoquot, sur l’île de Vancouver
(Canada), site d’une bataille épique concernant l’avenir de la forêt pluviale
tempérée; et à São Paolo (Brésil) contre la pollution de l’air.
Garrett rappelle que de nombreux autres artistes se sont ralliés à la cause de
la défense de l’environnement mais il constate : « Je pense que nous faisions
partie de ce changement d’attitude concernant l’environnement, qui s’est
imposé au début des années 90, c’et pourquoi d’une certaine manière notre
musique est devenue le symbole sonore de cette période ».
Mais l’action la plus percutante de Midnight Oil est peut-être celle qui a marqué
la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Sydney, en 2000, lorsque
le groupe est monté sur scène en portant des combinaisons sur lesquelles
était inscrit le mot « Sorry » pour demander pardon pour la génération «
d’enfants aborigènes volés », arrachés à leurs parents par des organismes
gouvernementaux et des missions religieuses pendant les sept premières
décennies du XXe siècle. Comme il le fait remarquer : « Il existe un lien très
étroit entre l’état de l’environnement et la capacité des peuples autochtones
à disposer de moyens de production qui assurent leur subsistance ainsi qu’à
jouer un rôle déterminant dans la vie de leur communauté ».
Pendant ses deux mandats en tant que président de l’Australian Conservation
Foundation, il a aidé cette organisation à se renforcer considérablement
tant en termes de capacités que d’influence, à nouer des partenariats avec
d’autres associations de protection de la nature, le secteur agricole et les
milieux d’affaires — et à remporter d’importantes victoires, notamment
pour la protection de l’Antarctique et la conservation de la forêt humide du
Queensland. En 1984, il s’est présenté aux élections sénatoriales australiennes
comme candidat du Parti pour le désarmement nucléaire, qu’il a contribué à
fonder, mais ce n’est qu’en 2004 qu’il est entré au Parlement sous l’étiquette
travailliste. Il est aujourd’hui membre du cabinet fantôme, chargé du
Changement climatique, de l’Environnement et du Patrimoine national ainsi
que de la culture.
« Le changement climatique, avec son omniprésence et ses conséquences
probables, constitue un ultime avertissement, déclare-t-il. « C’est
une occasion qui ne s’offre qu’une fois par génération, celle de
conjuguer tous nos efforts pour construire une économie à faible
consommation de carbone, ouvrant de bonnes perspectives
aux générations futures ».
Peter Garrett
© Will Burgess/Reuters/ The Bigger Picture
Le changement climatique sonne comme « un dernier avertissement » déclare
Peter Garrett—et il sait de quoi il parle, lui qui, en son temps, a tiré plusieurs
fois la sonnette d’alarme. Chanteur et derviche tourneur du groupe de hard
rock/punk Midnight Oil, il a contribué à secouer l’industrie de la musique.
Engagé en faveur de la protection de l’environnement et des droits humains,
il milite depuis longtemps pour des causes variées telles que le mouvement
contre les mines d’uranium, les droits des peuples autochtones, les jeunes
sans domicile fixe et la protection des forêts tropicales humides. Aujourd’hui,
devenu homme politique, il consacre une grande partie de son énergie à la
lutte contre le réchauffement de la planète.
www.unep.org/ourplanet